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Procédure pénale

Introduction
« Nul ne peut se faire justice à soi-même ». Cet adage illustre le lien étroit entre le DP et sa procédure.
Il n’y a pas d’application spontanée des règles du DP au contraire par exemple du droit des
contrats. L’efficacité du DP dépend de la qualité de ses règles de procédure.

La procédure pénale est définie comme l’ensemble des règles applicables au procès de
l’infraction. Elles permettent de collecter des preuves, de constituer le dossier pénal, de rechercher
et d’identifier les auteurs pour entrer en phase de jugement puis d’exécution. La PP est le DP en
action.

Cet adage permet de mesurer l’importance de l’évolution historique qu’a connu notre système qui
repose sur les principes directeurs inspirés par le respect des droits fondamentaux. L’efficacité de
la répression ne peut pas se faire à n’importe quel prix, il faut respecter les DF.

1ère partie : l’évolution historique de la PP française


A. Les temps anciens

L’histoire de la PP est caractérisée par un mouvement constant entre deux objectifs irréconciliable :
la sécurité et la liberté. On parle d’un mouvement de balancier.

Cette opposition se concrétise par deux modèles procéduraux qui sont la procédure inquisitoire et
la accusatoire :

• La procédure accusatoire est plus favorable aux libertés individuelles. Elles se caractérise par
un juge arbitre qui exerce un rôle plus passif dans la procédure. Le rôle actif est joué par les
parties qui sont chargées de collecter les preuves et de les soumettre aux juges. Elle est oral,
publique et contradictoire.

• La procédure inquisitoire privilégie d’intérêt social. Le juge joue un rôle actif pour collecter les
preuves et diriger la procédure. L’accusé n’est pas considéré comme l’égal de l’accusateur et
bénéfice de droits diminués. La procédure est écrite, secrète et non contradictoire.

Selon les périodes de l’histoire la PP obéit tantôt à l’un de ces modèles tantôt à l’autre. La PP la
plus ancienne est de type accusatoire. Le mot pénal dérive du mot « ponea » qui désigne la
compensation pécuniaire accepté par la victime en contrepartie d’un outrage. La PP est pourtant
souvent associé au modèle inquisitoire illustré par la procédure ecclésiastique des tribunaux de
l’Inquisition. Ce type de procédure a été développé sous l’Ancien Régime.

L’origine du caractère inquisitoire remonte à St Louis qui en 1254 a rompu avec le système des
ordalies (= soumet les accusés à des épreuves qui dépassent la condition humaine). Il pose le
principe selon lequel le jugement doit être précédé d’une phase de collecte de preuves par des
enquêteurs spécialisés. Il s’agit d’une procédure secrète et non contradictoire.

1
Au XIVème siècle est créé le Procureur du Roi (ancêtre du Procureur).

En 1670 est adopté l’ordonnance criminelle de Colbert qui généralise la torture pour obtenir des
aveux.

B. Les réformes de la codification

1. Le code d’instruction criminelle de 1808

Le code réalise un compromis entre la procédure inquisitoire et accusatoire. Plutôt inquisitoire


avant d’entrer dans la phase de jugement (enquête et instruction) et accusatoire pendant le
jugement.
Cette dichotomie est parfaitement respectée : pas de droit de la défense avant le jugement,
procédure secrète et non contradictoire avant.

Ce code était réputé sévère (comme le CP) c’est pourquoi il a été critiqué (Hugo, Balzac Splendeur et
misère des courtisanes).

Dès 1808, sont créées 3 juridictions : le tribunal de police, le tribunal correctionnel et des cours
d’assises.

Il faudra attendre près d’un siècle pour qu’une réforme importante soit adoptée et vienne
introduire un peu de contradictoire dans les procédures de l’avant-procès pénal (dans le sens des
libertés individuelles) et notamment dans la phase d’instruction. Il s’agit d’une loi par Enerst
Constans du 8 décembre 1897. Elle autorise la présence de l’avocat auprès de l’inculpé dans le
cabinet d’instruction. Elle introduit certains droits de la défense et c’est un mouvement qui sera
toujours conforté jusqu’à nos jours.

Il y a un mouvement constant de développement des droits de la défense dans toutes les phases de
la PP (elles deviennent de plus en plus accusatoires).

2. Le Code de procédure pénale de 1958

Il a été adopté pour intégrer l’ensemble des modifications ponctuellement apportées au Code
d’instruction criminelle et rééquilibrer la PP dans un sens plus favorable aux libertés. En 1958 il
suivait cette logique pour présenter la phase présententielle (enquête, instruction), phase de
jugement, voies de recours et d’exécution.

Depuis la réforme de 2000, un article préliminaire a été ajouté qui rassemble des principes
directeurs applicables à l’ensemble des phase de la PP.

Le livre 4 est consacré aux procédures particulières et n’a cessé de s’enrichir. Mvt général de
spécialisation.
C. Les réformes ultérieures

La PP est une matière particulièrement évolutive, elle fait l’objet de réforme très fréquente. On a en
moyenne 2 à 3 réformes par an. Cette tendance s’est accentuée depuis le début des années 1990.
Cette accélération alimente des critiques récurrentes de la part des professionnels et de la doctrine.

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- Loi du 4 janvier 1993 : loi progressiste dans le sens de renforcement des libertés (6 mois après
certaines avancées ont été supprimées). Elle a introduit l’avocat pendant la procédure de garde à
vue à partir de la 21h.

- Loi du 15 juin 2000 relative à la présomption d’innocence : droit de solliciter un avocat à partir de
la 1ère heure de garde à vue.

- Loi du 15 juin 2000 qui introduit l’appel en matière criminelle. Création du juge des libertés et de
la détention (JLD) qui statue sur les placements provisoires.

- Loi du 9 mars 2004 Perben II a créé une nouvelle procédure de jugement la CRPC, (comparution
sur reconnaissance préalable de culpabilité) inspirée de la procédure américaine. Elle a aussi
créé les infractions de criminalité et de délinquance organisées (art 706-73 et suivants du CPP).

- Loi du 14 avril 2011 relative à la réforme de la garde à vue : elle consacre un droit à l’assistance
par l’avocat en GÀV. L’avocat peut être présent pendant les auditions.

- Loi du 3 juin 2016 vient renforcer la lutte contre le crime organisé et le terrorisme. Elle complète
la loi Perben II pour renforcer le caractère dérogatoire de procédure pénale notamment en
matière de terrorisme. Cette loi a généralisé les perquisitions nocturnes et a autorisé des
procédés de preuves plus attentatoires aux libertés individuelles. Technique de l’IMSI Catcher
qui permet de mettre sur écoute.

- Loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXI ème siècle. Elle concerne
l’ensemble des procédures. Elle a systématisé l’assistance de l’avocat en GÀV pour les mineurs.

- Loi du 30 octobre 2017 a mis fin à l’état d’urgence de 2015 et a transposé en droit commun un
certain nombre de mesures comme les perquisitions administratives.

- Loi du 23 mars 2019 de réforme pour la justice vient prolonger la loi de 2016. C’est une loi globale
qui porte sur les trois procédures c,a et p. Elle accompagne la transformation numérique de la
justice pénale avec la création de la procédure de dépôt de plaintes en ligne. Elle renforce un
certain nombre d’évolution engagée antérieurement. Elle permet d’accroire les prérogatives du
parquet, accélération et simplification des procédures (procédures alternatives : conciliateur,
arbitre).

- Loi de programmation de 2019 accentue les distinctions entre les enquêtes de dt commun et les
enquête de criminalité organisée. Elle a été à l’origine de l’adoption par voie d’ordonnance du
code de la justice des mineurs entrée en vigueur le 30 septembre 2021.

- Loi du 24 décembre 2020 : mise en oeuvre des règles relatives au parquet européen.
- Loi du 22 décembre 2021 loi pour la confiance dans l’institution judiciaire : renforcement de la
transparence du fonctionnellement de la justice. Procédure d’enregistrement et de diffusion des
audiences devant toutes les juridictions. Elle vient généraliser l’institution des cours criminelles
départementales en matière de crimes (jugés sans juré populaire).

- Loi relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure du 16 décembre 2021 (déférée au


CC) irresponsabilité pénale en matière de troubles mentales. Usage pour les forces de l’ordre de
drones.

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2ème partie : les principes directeurs de la PP française
Les PR constituent des guides, des grandes règles qui fixent les éléments caractéristiques d’une
procédure. Ils sont inspirés des sources constitutionnelle et européenne, de l’article 6 de la
conventions européennes de droits de l’Homme. Ils fixent aujourd’hui les principales garanties
d’une bonne justice.

Depuis la loi du 15 juin 2000, ces principes figurent dans un article liminaire du CPP et
reproduisent les principales garanties inspirées du dt à un procès équitable de l’art 6 de la CEDH.

A. Les principes relatifs au procès équitable

On range classiquement cinq catégories de garanties :

- Le droit à un juge
- Le droit à un juge indépendant et impartial
- La publicité des débats
- Le délai raisonnable de la procédure
- Les droits de la défense

1. Le droit à un juge

Il englobe le droit d’accès à un juge, cela prémunit le judiciaire contre le risque de délit de justice.
Cela garantit aussi le droit à un recours effectif. Il s ‘agit du droit de contester toute mesure
défavorable devant un organe investi du pouvoir de réformation.

Le droit d’accès à un juge a été posé un arrêt de la CEDH Golder c/ UK de 1975.

En matière pénale, ces principes s’illustrent à travers le droit à la sureté (art 5 CEDH et 7 DDHC).
Cela implique que toute personne privée de liberté le soit en vertu d’une mesure conforme à la loi
et que celle-ci puisse être contrôlé par un juge.

L’article préliminaire de CPP indique que ces mesures doivent être prises sur décision ou sous le
contrôle de l’autorité judiciaire.

En pratique, la q° se pose à propos des mesures de contrainte avant son jugement. En matière de
détention provisoire la question n’est pas compliquée puisque c’est une mesure décidée par un
juge.

Au contraire, c’est l’officier de PJ qui place en GÀV. Cela pose la question de la compatibilité de
notre procédure avec l’art 5 CEDH. Dans sa traduction française elle prévoit que la personne
privée de liberté doit être aussitôt traduite devant un juge. Or la version anglaise fait référence «
promptly ». Sur le fondement de cette version anglaise, la CEDH a développé une interprétation
plus souple. Elle estime que la personne privée de liberté ne doit pas être sans délai traduite
devant un délai, il peut y avoir un bref délai. Selon la JP la plus récente, le délai est de 2 à 3 jours.
Arrêt de la CEDH du 4 décembre 2014 Ali Samatar c/ Fr.

La Cour de cassation dans un arrêt du 15 décembre 2010 de la chambre criminelle a pu valider le


système français de GÀV qui respecte cette tolérance. 24h renouvelé une fois soit 48h donc ça
correspond à la marge de 2 à 3 jours.

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La question s’est également posée à propos des conditions de détention dont il est admis qu’elles
ne doivent pas constituer un traitement inhumain ou dégradant.

Loi du 8 avril 2021 tendant à garantir le droit au respect de la dignité en détention. Toute personne
détenue peut saisir un juge afin qu’il soit mis fin à ses conditions de détention indigne : article 803-
8 CPP.

2. Le droit à un juge indépendant et impartial

a. L’indépendance

Principe de séparation entre le judiciaire et le législatif/exécutif. Difficulté par rapport au statut du


ministère public français. Les magistrats du parquet ne sont pas statutairement indépendants par
rapport à l’exécutif et notamment par rapport au garde des sceaux auquel ils sont subordonnés.

NB : Magistrat du siège ≠ du parquet (représentant de la société, ont pour rôle de requérir l’application de la
loi pénale). Les magistrats du siège (instruction, juge du TJ) sont indépendants de l’exécutif. En revanche les
magistrats du parquet (Procureur de la République) sont hiérarchiquement subordonnés au ministère de la
justice.

La difficulté est venue d’un arrêt de la CEDH Medvedyev c/ France rendu le 29 mars 2010 et d’un
arrêt Moulin c/France du 23 novembre 2010. La CEDH considère qu’en raison de ce lien qui
rattache le parquet français à l’exécutif, le parquet ne garantissait pas les garanties d’un procès
équitable et n’était pas un juge au sens européen du terme (art 6 CEDH). La nomination des
magistrats du parquet doit intervenir sur avis conforme du garde des sceaux, de même les
sanctions et l’avancement de carrière dépendent de ce dernier. Ainsi pour la CEDH, les magistrats
du parquet ne sont pas compétents pour prononcer une mesure privative de liberté.
Cette position n’est cependant pas partagée par le Conseil constitutionnel qui en se fondant sur
l’unité du corps de la magistrature met en avant les garanties d’indépendance des magistrats
français en général qu’ils appartiennent au siège ou au parquet. C’est ce qui résulte d’une décision
QPC du 8 décembre 2017 Indépendance des magistrats du parquet.

La CJUE a rendu un arrêt le 12 décembre 2019 qui dans le cadre d’une q° préjudicielle, a reconnu
l’indépendance du parquet français. Elle a considéré que le statut du ministère public français était
compatible avec la notion d’autorité judiciaire d’émission dans le cadre d’une procédure d’un
mandat d’arrêt européen.

Compte tenu de cette divergence de position, la q° reste aujourd’hui en suspend.

b. L’impartialité

Se rapporte au principe de séparation des fonctions de poursuite et de jugement. Selon l’article


préliminaire du CPP, la procédure doit garantir la séparation des autorité chargées de l’action
publique et des autorités de jugement. L’action publique renvoie à l’accusation exercée par la
ministère public pour réclamer l’application de la peine

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L’impartialité du juge s’apprécie au regard des liens qui unissent l’autorité judiciaire dans son
ensemble et les parties. Pour garantir l’impartialité du juge, il faut de façon général que le
magistrat qui connait l’affaire n’ait aucun préjugé sur celle-ci (connait personnellement l’une des
parties, a déjà connu l’affaire lors d’une de ses fonctions précédentes).

La Cour EDH a dégagé 2 catégories d’impartialité : objective et subjective.

• L’impartialité subjective est celle qui tient aux idées personnelles du magistrat. En principe, le
juge doit faire abstraction de ses convictions personnelles pour rendre une décision dans un
dossier. Ex : sensibilité politique, environnementale, PMA… Elle peut également être relative aux
relations personnelles entre le juge et les parties. Article 668 du CPP. Ex : lien de parenté…

• L’impartialité objective est une impartialité fonctionnelle, plus facile à caractériser. Elle résulte
de la connaissance antérieure du dossier que le magistrat peut avoir en raison de ses fonctions.
Selon la CEDH, l’impartialité n’est pas automatique et doit être démontrée : arrêt du 24 mai 1989
Hauschildt c/ Danemark. On recherche si le juge par ses fonctions antérieures a dû porter une
appréciation sur la culpabilité de l’auteur des faits. Par exemple, entre les fonctions de juge
d’instruction et juge de la formation de jugement.

Cette même exigence se retrouve dans une décision QPC du 8 juillet 2011 où le Conseil conclue que
le texte qui autorise le juge des enfants qui a instruit le dossier et qui a participé à la juridiction de
jugement est contraire à la Cst.

3. La publicité des débats

Elle se rattache à la procédure accusatoire. Il s’agit d’une exigence liée au droit de la défense et à la
démocratie qui impose la transparence dans l’oeuvre de justice pour développer la confiance des
justiciables. La justice est rendue au nom du peuple français sous son regard indirect. Principe du
droit anglo-saxon : « La justice ne doit pas être seulement rendue mais on doit voir qu’elle est rendue ».

Concrètement, la publicité se traduit par l’admission du public lors des audiences et au moment
du prononcé du jugement. En outre, les débats peuvent être reproduits par les médias à la
condition d’être fidèle et de bonne foi. Loi du 29 juillet 1881 règlemente la liberté de la presse.

Le pr de la publicité des débats se retrouve au niveau législatif au CPP à l’art 306 pour les Cour
d’assisse ou au niveau supra-législatif à l’article 6 CEDH. Le CC le rattache à la DDHC.

Comme toute garantie fondamentale, elle fait l’objet de tempéraments. Dans certains cas la loi
prévoit que les audiences ne sont pas publiques notamment pour préserver l’OP, la vie privée des
personnes, la sécurité nationale, les bonnes moeurs, la protection des personnes (terrorismes), l’âge
des personnes (mineurs => huis clos, NB : avec les portes fermées).
Des circonstances exceptionnelles telles que la crise sanitaire peuvent opposer une restriction à la
publicité des débats.
La question de l’enregistrement et de la diffusion des procès se pose également. Deux grands
textes régissent la q°. Le pr posé par une loi du 6 décembre 1964 est celui de l’interdiction, article
38ter de la loi.

Un premier tempérament est adoptée par une loi du 11 juillet 1985 à l’initiative de Robert Badinter
qui vient autoriser l’enregistrement des débats judiciaires lorsqu’ils présentent un intérêt pour les
archives historiques de la justices. Depuis cette loi, seulement 11 procès ont été filmés : Klaus
Barbie ou le procès des attentats de janvier 2015. Pas de diffusion possible avant 50 ans.

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La loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l’institution judiciaire est venue créer un nouvel
article 38 quater. Elle vient étendre les possibilités de reproduction des procès. Par dérogation, un
enregistrement sonore ou audiovisuel des audiences peut être décidé pour un motif « d’intérêt
public d’ordre pédagogique, informatif, culturel ou scientifique ».

Si l’audience n’est pas publique, l’enregistrement suppose un accord préalable et écrit des parties.
Quant à la diffusion, elle est possible après le jugement définitif de l’affaire. Elle ne doit pas porter
à la sécurité, la vie privée et à la présomption d’innocence. Elle doit être accompagnée d’éléments
d’explication.
Pour la Cour de cassation et le CE, un dispositif spécifique est prévu. Les audiences publiques
peuvent être enregistrées et filmées le jour même.

NB : les audiences du CC sont déjà filmées et diffusées.

Critique : certains craignent une justice spectacle…

Il existe également des enregistrements destinées à l’autorité judiciaire seule qui interviennent
plutôt dans les phases d’enquête des d’instruction. Les GÀV sont systématiquement filmées
lorsqu’il s’agit d’un mineur ou lorsque l’infraction suspectée est un crime.

4. Le délai raisonnable des procédures


La référence au délai raisonnable est prévu à l’art 6 de la CEDH. Elle a été reprise par l’article
préliminaire du CPP.

Selon la JP de la Cour européenne, 3 critères permettent d’apprécier le caractère


raisonnable : - La complexité de l’affaire
- Le comportement du requérant
- Le comportement des autorités compétentes

L’exigence du délai raisonnable ne fait pas l’objet d’une sanction très efficace. Il n’y a pas là un
motif d’annulation des procédures. En revanche, une procédure anormalement longue peut être
sanctionnée par l’engagement de la responsabilité de l’État pour dysfonctionnement du SP de la
justice (dommages et intérêts).

De plus en plus, le législateur a tendance à prévoir des procédures alternatives comme la CRPC
ou la comparution immédiate.
D’autre part, le législateur multiplie les délais butoirs pour limiter dans le temps les recours à
certains mécanismes.

5. Les droits de la défense

C’est le principe premier sur lequel repose toute l’équité de la procédure et selon lequel chacune
des parties doit pouvoir présenter sa cause dans des conditions qui ne la placent pas dans une
situation de net désavantage par rapport à l’autre.

Il n’y a pas de définition légale de dt de la défense. Ils sont définis par la doctrine comme étant les
droits que possèdent toute personne pour se protéger contre la menace que constitue un procès.

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Ils désignent l’ensemble des prérogatives qui garantissent à la personne poursuivie la possibilité
d’assurer la défense dans le procès pénal et dont la violation constitue une cause de nullité de la
procédure.

Le respect des droits de la défense constitue un principe ancien qui avait même de devenir un droit
fondamental a été reconnu par la Cour de cassation comme un droit naturel dès 1828. Les droits
de la défense sont aujourd’hui reconnu à toutes les strates de la hiérarchie des normes : - Niveau
conventionnel : art 6 CEDH
- Niveau législatif : article préliminaire CPP
- Niveau constitutionnel : décision du 2 décembre 1976 => PFRLR

Plus la garantie est fondamentale moins elle est clairement définie. Il n’y a pas de liste officielle.
Néanmoins certains droits fondamentaux sont objectivement rattachés à ce principe : - Droit à une
assistance par un avocat
- Droit de se défendre soi-même
- Droit à l’information : il faut une connaissance des charges et des principaux éléments de
preuve qui peuvent être reconnus contre nous
- Droit au silence
- Droit de disposer du temps nécessaire à la préparation de la défense
- Droit de convoquer et d’interroger des témoins
- Droit à la traduction et l’interprétation
- Droit au contradictoire de la procédure

a. Le principe du contradictoire

Le contradictoire garantie le droit de discuter les arguments de son adversaire. Il y a une


obligation de communication des éléments de preuve et la possibilité de formuler des
observations.
Traditionnellement, le principe du contradictoire est respecté pendant la phase de jugement.
L’avant-procès pénal, d’essence inquisitoire est moins compatible avec le principe du
contradictoire. Néanmoins, on assiste à un renforcement constant du principe du contradictoire
dans les phases d’instruction et d’enquête. La loi pour la confiance de l’institution judiciaire de
2021 renforce cette tendance (organisation à un droit de communication une fois l’enquête
terminée).

b. Le droit à l’assistance par un avocat

L’assistance correspond à la mission confiée à l’avocat qui consiste à conseiller la partie et à


présenter sa défense. Il ressort de cette définition qu’à l’origine le droit à l’assistance était réservé à
la phase de jugement. En pr elle est facultative mais peut être obligatoire (contre les mineurs,
devant la Cour d’assise, CRPC).

Depuis la fin du XIXème siècle, càd depuis la loi Constans, on constate un glissement des droits de
la défense de la phase de jugement vers la phase préparatoire. Tout d’abord, en faveur de
l’instruction préparatoire avec l’introduction du droit à l’assistance par un avocat au profit de
l’inculpé (= mise en examen).

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Depuis la loi du 14 avril 2011 relative à la réforme de la GÀV, un nv glissement s’est opéré depuis
la phase d’instruction à la phase d’enquête. Avant le GÀV n’avait pas le droit à l’assistance par un
avocat.

B. Les principes relatifs à la preuve en matière pénale

1. La présomption d’innocence

La présomption d’innocence concerne la charge de la preuve (qui doit prouver). Toute personne
suspecte est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été définitivement établie (décision
passée en force de chose jugée).

C’est un PR fondamental, consacré par l’article préliminaire du CPP et consacré par l’article 6 de la
CEDH et l’article 9 DDHC.

La charge de la preuve pèse sur le ministère public. Il doit soutenir l’accusation, démontrer que
l’infraction est constituée et qu’elle est imputable à son auteur. L’accusé n’a donc rien à prouver, il
ne doit pas prouver sa non-culpabilité. (Théorique). Toutefois, le suspect n’est pas cantonné à un
rôle purement passif. C’est à lui que revient la charge de la preuve de ses moyens de défense, par
exemple un fait justification ou une cause d’imputabilité (trouble psychique ou neuropsychiatrie).

La présomption d’innocence n’est pas absolue puisque le droit français admet des présomptions
de culpabilité. C’est le cas en matière routière (infraction au stationnement, d’excès de vitesse, à
l’encontre du détenteur d’un produit contrefait).

2. Les modes de preuve

a. La liberté de preuve

Le principe de liberté de la preuve est prévu à l’article 427 du CPP. Pour certaines infractions, la loi
impose un ou plusieurs mode de preuve.
Exemple : en matière de conduite, après usage de stupéfiants, le code de la route impose que la
preuve doit rapportée uniquement par analyse sanguine.

Au delà, lorsque la preuve est libre, cette preuve résultera d’aveux, d’indices, de témoignages ou
d’éléments techniques ou scientifiques, des expertises d’ADN, balistique, des relevés
d’information. En raison des développements techniques, la police scientifique a renforcé
l’importante de ces différents éléments scientifiques et techniques.

Néanmoins, ils n’impliquent pas que la personne identifiée soit nécessairement l’auteur du crime.
Se pose la q° de la valeur probante de ces différents modes de preuve. Lorsque la preuve est libre,
ils sont tous recevables et aucun ne lie le juge répressif. Il sont donc soumis à son appréciation.

La liberté de la preuve ne dispense pas du respect d’un formalisme particulier qui sera prescrit à
peine de nullité notamment lorsque ces éléments de preuve sont collectés par l’autorité publique.
Tel est le cas en matière d’audition et de poursuite, de perquisition et de saisie, d’interception de
correspondante, de captation de données informatiques.

b. La loyauté de la preuve

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La loyauté de la preuve permet d’opérer une sélection des modes de preuve lorsque certains
d’entre eux sont obtenus de manière irrégulière.

La loyauté permet de s’opposer à la recevabilité des preuves obtenues en ayant recours à la


violence contre les personnes (hypothèse des brutalités policières). Arrêt rendu par la CEDH 27
novembre 1992 Tomasi c/ Fr.

La loyauté permet de s’opposer à la recevabilité des preuves obtenues de manière illicite càd en
application d’un stratagème (piège) ou en violation d’un droit fondamental.

La loyauté de la preuve a un contenu à géométrie variable selon que la preuve ait été obtenue par
les autorités publiques ou par les parties privées.

• À l’encontre des autorités publiques


Il s’applique avec un force moindre qu’en droit civil. La JP fait une distinction entre la provocation
à l’infraction qui est en principe interdite et la provocation à la preuve (autorisée). La provocation
à l’infraction consiste pour les autorités de poursuite à participer à la commission de l’infraction
pour pouvoir la constater et en arrêter les auteurs (infiltration). Interdit sauf en matière de
criminalité et de délinquance organisée (proxénétisme) 706-81 CPP. La provocation à la preuve
consiste pour les enquêteurs à rester en dehors du processus infractionel.

Les exigences de la loyauté de la preuve ont paru se renforcer à la suite de l’arrêt d’assemblée
plénière du 6 mars 2015. Dans cette affaire, des policiers avaient placé des micros dans les cellules
de GÀV. Au visa de l’article 6 de la CEDH et l’article préliminaire, la Cour a considéré que cette
preuve était déloyale. Très critiqué par la doctrine.

Arrêt d’assemblée plénière du 10 novembre 2017 affaire dite Roi du Maroc + arrêt d’AP du 9
décembre 2019
Il n’y a pas provocation à l’infraction lorsque des policiers dissimulent leur identité pour obtenir
des informations. Tout stratagème employé par l’autorité publique n’est pas en lui-même déloyal.
Pour cela, il faut démontrer que le stratagème constitue un détournement des règles de procédure
et qu’il porte atteinte aux dts de la pers.

• À l’encontre des personnes privées

La loyauté ne s’applique pas à l’encontre des parties privées à la preuve administrée. Ce principe a
été posé dans un arrêt de la Cour de cassation Turquin le 6 avril 1994. Dans cette affaire, la Cour de
cassation a admis la validité d’enregistrement de conversation privée.
Rappel récent dans un arrêt du 1er décembre 2020 Benala.

La Cour de cassation admet même que pour les parties privées, la provocation de l’infraction peut
être utilisé par les parties privées. Elle a admis en matière preuve de discrimination avec le procédé
du « testing » dans un arrêt du 11 juin 2002 qui a été consacré par la loi en 2006 à l’article 225-1-3
du CP.

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PARTIE I : LE CADRE DU PROCÈS


TITRE I : LES ORGANES DU PROCÈS

Plusieurs organes interviennent et les organes du procès pénal renvoient essentiellement à


l’institution judiciaire répressive. On distingue les autorités de police et de poursuite auquel
s’associent les autorités d’instruction, et les autorités de jugement.

Chapitre I : Les autorité de police, de poursuite et d’instruction

La phase de l’avant procès pénal est gouvernée par un principe de séparation des autorités de
poursuite et de jugement. La phase préparatoire doit être confiée à des organes différents de ceux
qui seront amenés ensuite à juger l’affaire. C’est la raison pour laquelle on peut identifier ces
autorités, l’enquête est confiée aux autorités de police (police nationale et gendarmerie). La
poursuite est l’oeuvre du ministère public (magistrat du Parquet) et l’instruction est confiée à un
ou plusieurs juges d’instruction (magistrat du siège).

Section I : Les autorités de police et de poursuite

Les missions de police interviennent sous la direction du procureur de la République selon l’article
12 CPP.

§1. Les autorités de police

A. Les missions de la police

De façon générale, les règles de police renvoient à celles imposées par l’autorité publique pour tous
les actes de la vie courante ou pour l’exercice d’une activité déterminée. Ces règles sont imposées
par un impératif de protection de la sécurité et de l’OP.

Les missions de la police se distinguent selon que l’on envisage la PJ ou la PA. - La PA a une
finalité de prévention. (L 2000 212 du Code des CT) . Elle vise à assurer la protection avant la
commission d’une infraction.
- La PJ a pour finalité la répression des infractions qui ont été constatées, finalité répressive.
(Article 14 CPP).

En pratique, la distinction est plus complexe pour différentes raisons, les actions de PA et PJ sont
exercées par les mêmes organes et la frontière entre la prévention et la répression est fine. Une
opération de PA peut se transformer en PJ. Exemple : contrôle d’identité + fouille => infraction commise.

De même la frontière se brouille au regard de certaines évolutions en matière de lutte contre le


terrorisme puisque le législateur a renforcé les compétences de l’autorité administrative pour venir
exercer certains actes autrefois réservés à l’autorité judiciaire. (Ex : les percussions administratives qui
ont été autorisées sous le régime de l’état d’urgence et qui ont été généralisé par une loi du 30 octobre 2017).

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B. Les membres de la police judiciaire
La PJ est une mission qui englobe des fonctionnaires de police qui appartiennent soit à la police
nationale soit à la gendarmerie. Selon l’article 15 CPP, la PJ comprend les officiers de PJ, les agents
de PJ et les autres fonctionnaires.

1. Les officiers de police judiciaire

La liste est fournie à l’article 16 CPP. Sont OPJ les officiers et les gradés de la gendarmerie
(lieutenant, commandant, colonel) et les commissaires de police ainsi que les lieutenants,
capitaines et commandants.
Ils reçoivent les plaintes et les dénonciations. Ils exercent les principaux pouvoirs d’enquête. Ils
décident du placement en GÀV du suspect. Ils exécutent les commissions rogatoires du juge
d’instruction.

2. Les agents de police judiciaire

Article 20 CPP. Sont APJ, tous les gendarmes policiers qui n’ont pas le statut d’OPJ. CÀD, les
gardiens de la paix, les brigadiers et brigardiers chefs, les majors d police , les sous officiers
(sergent, sergent chef).
Ils ont pour mission d’assister les OPJ. Ils ont des missions de terrain, peuvent constater les c, d, c
et peuvent dresser des procès verbaux.

3. Les fonctionnaires et agents auxquels sont attribués par la loi certaines fonctions de
police judiciaire

Article 22 à 28-1 du CPP. Ingénieurs et agents des eaux et forêts, les inspecteurs du travail, les
inspecteurs des impôts…

§2. Les autorités de poursuite

Est celle qui accomplit tous les actes procéduraux nécessaires à la constatation d’une infraction et
au jugement de leurs auteurs. En principe, c’est le ministère public qui a compétence. Il obéit à une
organisation particulière.

A. Le Ministère public

Le ministère public renvoie au magistrat du Parquet, aussi appelé la magistrature debout.

- Devant le tribunal correctionnel, le ministère public est représenté par le Procureur de la


République et ses substituts.
- Devant le tribunal de police, la représentation dépend de la nature de la contravention. Pour les
contraventions de 5ème classe, => Procureur ou ses substituts. Pour les 4 autres classes, c’est un
commissaire de police qui représente le ministère public.
- Devant la Cour d’assises, il s’agit d’un membre du parquet général (Procureur général ou
substitut) si la Cour d’assises siège là où il y a une cour d’appel. À défaut, il s’agit du procureur
de la République ou de l’un de ses substituts.
- Devant les juridictions pour mineurs, il s’agit d’un magistrat spécialisé aussi bien en 1ère instante
qu’en cours d’appel.
14
Il existe des parquets spécialisés :

• Depuis une loi du 6 décembre 2013, il existe un procureur de la Rép financier qui est chargé de
lutter contre la grande délinquance financière en matière de fraude fiscale de délits boursiers ou
de corruption.
• La loi du 23 mars 2019 a créé un Procureur national anti-terroriste (le PNAT). Il comprend une
30 de magistrats sous sa direction.
• La loi du 24 décembre 2020 a modifié le CPP (livre 4) pour intégrer le parquet européen. Il a été
créé par un règlement de l’UE du 12 octobre 2017. Il est compétent pour rechercher, poursuivre et
renvoyer en jugement les auteurs de certaines infractions qui portent atteinte aux intérêts
financiers de l’UE. Cette réforme est intéressante notamment sur le plan du statut du Ministère
public. Elle offre le modèle d’un parquet indépendant parce que le principe est posé de l’absence
de lien entre les membres du parquet européen et l’exécutif européen.

B. L’organisation du Ministère public

1. La structuration hiérarchique du Ministère public

a. Manifestations

Le lien hiérarchique qui guide l’organisation du parquet français se manifeste essentiellement à


travers les règles de nominations du magistrat du parquet (ils sont nommés par décret du
président de la République sur proposition du Garde des sceaux et le Conseil supérieur
magistrature (CSM) donne un avis consultatif) et par le régime disciplinaire applicable à ces
magistrats (l’autorité compétente pour les sanctionner est le Garde des sceaux (alors que c’est le
CSM pour les magistrats du siège. Ordonnance du 22 décembre 1958 relative au statut de la
magistrature.

C’est en raison de cette organisation hiérarchique que la CourEDH a condamné la France pour
convention de l’article 6 de la ConvEDH en raison de l’absence d’indépendance du Parquet fr à
l’égard de l’exécutif. (Moulin et Medvedyev). Cette position sévère n’est ni partagée par le CC ni
par la CJUE.

b. Limites

Une loi du 23 juillet 2013 est venue modifier les rapports entre le Ministère public et l’exécutif en
prévoyant des mesures destinées à renforcer l’indépendance fonctionnaire (dans l’exercice de ses
fonctions). L’article 30 du CPP a inscrit dans la loi l’interdiction des instructions individuelles par
le Garde des sceaux. Le ministre de la justice ne peut pas intervenir personnellement pour donner
des orientations dans une instruction. En revanche, il peut adresser des instructions générales qui
permettent de définir une politique pénale (ex : lutte contre violences faites aux femmes).

L’article 31 a été modifié et dispose que« le ministère public exerce l’action publique et requiert
l’application de la loi dans le respect du principe d’impartialité ».

Une loi du 3 juin 2016 a ajouté un article 39-3 CPP al 2 « le Ministère public veille à ce que les
investigations tendent à la manifestation de la vérité et ce qu’elle soient accomplies à charge et à décharge ».
Rapproche à la mission de juge d’instruction. Or le Ministère public est une partie du procès, il ne
peut pas être objectif. Rôle ambivalent.

15
À l’ensemble de ces garanties, en ajoute une autre exprimée par un adage « si la plume est serve la
parole est libre ». Si le MP dans ses réquisitions écrites doit suivre des directives il est totalement
libre pendant l’audience. Cet adage est presque devenu inutile avec toutes les dernières lois.

2. La protection du Ministère public

a. Irrécusable

C’est une différence avec les magistrats du siège. Il ne peut pas être récusé càd on ne peut lui
retirer un dossier parce que le MP n’a pas pour fonction de juger mais parce ce qu’il représente
l’une des parties.

b. Irresponsable

L’irresponsabilité signifie qu’on ne peut pas engager la responsabilité d’un magistrat du parquet en
raison de la solution finale retenue par le juge. Si des fautes sont commises dans le fonctionnement
de la justice pénale, responsabilité de l’État. C’est pourquoi ce mot doit être entendu dans un sens
particulier.

c. Indépendance fonctionnelle

Pas indépendant à l’égard du pouvoir exécutif (voir ci-dessus). En revanche, le MP est


indépendant par rapport à tous les autres acteurs du procès pénal (victime, personne poursuivie,
juge du siège etc…).

Section II : Les autorités d’instruction

§1 : La définition de l’instruction

L’instruction consiste dans la recherche des preuves de l’infraction et de son auteur par un organe
juridictionnel indépendant appelé à déterminer si les charges sont suffisantes pour traduire la
personne mise en examen devant la juridiction de jugement. L’instruction est une enquête qui est
menée par un magistrat du siège. ≠ magistrats du Parquet

Selon l’article 81 CPP, l’instruction a pour but de parvenir à la manifestation de la vérité. Il faut
rechercher les preuves de la commission des faits, l’identification du ou des auteurs et des
complices éventuels et il a l’obligation d’instruire à charge et à décharges, c’est pour celui qu’il
n’est pas un accusateur.

Ainsi l’instruction est également présentée comme un préalable au jugement qui est réservé aux
affaires les plus graves et les plus complexes : obligatoire pour les crimes, facultative pour les
délits.
Aujourd’hui, l’instruction préparatoire est en déclin : 3 à 5% des affaires.

L’instruction porte sur les faits et non sur la personne. Le juge d’instruction est saisi in rem. Il est
saisi des faits et non de la qualification.

§2 : L’organisation juridictionnelle de l’instruction

A. Le premier degré : juge d’instruction et juge des libertés et de la détention 16

1. Le juge d’instruction

En principe, le juge d’instruction intervient seul dans le cadre de son dossier. Plusieurs reproches
ont été formulés à l’égard du juge d’instruction :
- Source d’erreur judiciaire
- L’importance des pouvoirs reconnus au juge d’instruction (pouvoir de placer l’inculpé puis le
mise en examen (depuis 15/06/2000)).

Depuis une loi du 5 mars 2007 qui est intervenuE après le scandale de l’affaire D’outreau et a tenté
de mettre en oeuvre une collégialité de l’instruction. Cet réforme a été un échec pour des raisons
budgétaires. Néanmoins, il existe qq mécanismes qui permettent d’éviter au juge d’instruction
d’intervenir seul.
En effet, cette même loi a aussi créé (à titre transitoire qui a été pérennisé) les pôles de l’instruction
qui ont pour objet de rassembler différents cabinets d’instruction afin de coordonner leur activité.
L’objectif est de réfléchir une meilleure répartition des affaires en fonction de la spécialisation des
juges.

Ce mécanisme se complète par le mécanisme de la co-saisine (83-1 CPP) qui prévoit en présence
d’une affaire grave ou complexe que le président du tribunal peut adjoindre au juge d’instruction
de saisir un ou plusieurs autres magistrats instructeurs. (Que dans les cas les plus graves à titre
exceptionnel). C’est une mesure d’administration judiciaire qui est insusceptible de recours,
décidée par le président du tribunal.

Depuis les années 50, il est q° de supprimer le juge d’instruction, à voir dans les années futures si
ça va se faire…

2. Le juge des libertés et de la détention

Institué par la loi du 15 juin 2000. Le JLD a reçu la compétence du placement en détention
provisoire. L’objectif était de séparer les missions d’enquête d’une des fonctions juridictionnelles.
Il statut après un débat contradictoire. En principe, la mission de JLD est exercée par le président
du tribunal ou par un juge délégué ayant au moins le rang de vice-président. Il a aussi compétence
en matière de prolongation de GÀV.

B. Le second degré : la chambre de l’instruction

Il se déroule devant une chambre de la cour d’appel : la chambre de l’instruction. Cette chambre a
été créée par la loi du 15 juin 2000, elle est venue remplacer l’ancienne chambre d’accusation. Ce
changement d’appellation est la conséquence de l’introduction de former un appel contre les
décisions de Cour d’assisses.
Avant cette réforme, il y avait double degré d’instruction en matière criminelle. Après une
première instruction, la chambre d’accusation devait déterminer s’il y avait des éléments suffisants
pour saisir la Cour d’assises. Ce double degré est devenu facultatif avec la loi de 2000. La chambre
de l’instruction a d’autres compétences : appels formés contre les ordonnances du juge
d’instruction, seconde instruction lorsqu’elle est saisie, et compétence pour les nullités de
procédure.

17
Chapitre II : Les autorités de jugement

Section I : Les juridictions de premier degré

Selon le Code pénal, 3 catégories d’infraction :

- Crime : devant la Cour d’assises, composée d’un jury populaire de 6 jurés + 3 magistrats
professionnels. Cette procédure fait l’objet d’une réforme importante depuis la loi du 23 mars
2019 parce que cette loi a mis en place une expérimentation (celle des cours criminelles) pour
juger les crimes punis de 15 ou 20 ans de réclusion criminel (ex viol sans circonstance
aggravante). Cette expérimentation touchait 15 départements (dont la Haute-Garonne) pendant
une durée de 3 ans sans jurée populaire. La loi Dupont-Moretti vient généraliser cette institution
des cours criminelles à compter du 1er janvier 2023. Cela permet de créer des juridictions plus
rapides. Cette loi réforme globalement la cour d’assises puisqu’elle modifie sa composition, on
passe de 6 à 7 jurés en première instance. (En appel toujours 9 jurés). De même, on vient créer
des pôles spécialisés ou des cold case pour les crimes en série ou pour les crimes non résolus.

- Délits : jugés par les tribunaux correctionnels, composés de magistrats professionnels. En


principe, le TC siège de façon collégiale (en réunissant 3 magistrats : 1 président et 2 assesseurs)
mais dans certaines hypothèses, le TC peut statuer à juge unique, mais il ne peut pas prononcer
une peine d’emprisonnement supérieur à 5 ans.

- Contraventions : jugés par le tribunal de police, rattachés au TJ. L’appel n’est pas toujours
possible, il est limité à 3 cas (art 546 CPP).
- Lorsque l’amende encourue est celle prévue pour les contraventions de 5ème classe (soit
1500),
- Lorsque la suspension du permis a été prononcée
- Lorsqu’une amende de 150€ a été prononcée.

Section II : Les juridictions de second degré


La juridiction compétence est la cour d’appel. Les appels sont examinés par la chambre des appels
pour les appels formés par les T de police et correctionnels.

Section III : La chambre criminelle de la Cour de cassation

Ce n’est pas un 3ème degré. Elle est compétente pour connaître des pouvois formés contre les
décisions rendues en dernier ressort. En principe, l’audience est composée de 5 conseillers. Le
pourvoi en cassation est suspensif d’exécution (pas en civil que en pénal).

Par ailleurs, la chambre criminelle abrite la Cour de révision et de réexamen qui est compétente
pour statuer sur les demandes de réexamen pénal suite à une décision de la Cour EDH.

18
TITRE II : LES ACTIONS NÉES DE L’INFRACTION

Toute infraction peut donner naissance à deux rapports de droit : l’un de nature public entre
l’auteur et l’IG et l’autre dénaturé privé entre l’auteur de l’infraction et la victime. L’infraction fait
naître deux instances, l’une ayant un objet pénal et l’autre un objet civil. Ces deux actions sont
conçues de manière hiérarchique en raison de la priorité donnée à l’intérêt général. L’objet premier
du procès pénal est le jugement de l’infraction, là où l’action civile apparait comme un objet plus
accessoire.

Chapitre I : L’action publique

L’action publique est définie dès l’article 1er du CPP. Il s’agit de l’action qui a pour objet
l’application des peines. Elle est exercée par le ministère public au nom de la société et qui a pour
objet l’application de la loi pénale par une juridiction pénale. Il y a des parties : le demandeur est
représenté par le ministère public et un défendeur, la personne poursuivie.

Section I : La mise en mouvement de l’action publique

Elle renvoie à la notion de poursuite. Poursuivre est une décision du ministère public de saisir une
juridiction d’instruction ou de jugement. Les poursuites déclenchent ou mettent en mouvement
l’action publique. En principe, c’est le domaine réservé du MP mais il faut distinguer la mise en
mouvement et l’exercice de l’action publique. En effet, en principe, une fois mise en mouvement,
l’AP est placée sous le contrôle du MP. Il n’existe que des rares cas particuliers dans lesquels
l’exercice de l’AP peut être déléguée à des fonctionnaires (en matière d’impôts, de douanes, de
ponts et forêts).
La victime peut également déclencher l’action publique.
§1 : La mise en mouvement par le Ministère public

A. Le principe de l’opportunité des poursuites

Deux grandes possibilités sont appliquées dans différents pays :


• Système de légalité des poursuites dans lequel c’est la loi qui décide, poursuites obligatoires,
absence de marge d’appréciation, cas de l’Allemagne.
• Système d’opportunité des poursuites, malgré la qualification pénale des faits, le MP conserve
la liberté de poursuivre ou non selon un certain nombre de critères appréciés au cas par cas
(directives de la chancellerie, coût de la procédure, difficultés d’investigation).

Dans quelques cas particuliers, les poursuites sont subordonnées à une plainte de la victime :
diffamation ou en matière fiscale.
Toutes ces règles sont fixées aux article 40 et 40-1 CPP.
Deux solutions peuvent être proposées par le MP :
- Classement sans suite, ce qui revient à une décision de refus de poursuivre. Il s’agit d’une
décision administrative, susceptible d’un recours hiérarchique devant le procureur général.
Cette décision n’est pas définitive et tant que les faits ne sont pas couverts par la prescription, le
parquet peut revenir sur sa décision.
- Décision de poursuite, saisine d’une juridiction d’instruction (réquisitoire introductif d’instance)
ou de jugement.

19
Plusieurs procédés sont à la disposition du MP, il peut recourir à une citation directe, à la modalité
de la comparution volontaire ou mettre en oeuvre une procédure rapide : convocation par procès
verbal, comparution immédiate ou CRPC.

Depuis qq années, il existe entre poursuivre et ne pas poursuivre une 3ème

voie. B. Les alternatives aux poursuites

Comme en matière civile, on constate un développement de nouveaux modes de règlement des


infractions, encouragées par les dernières lois notamment celle du 23 mars 2019 de programmation
de la justice. L’objectif est de désengorger les juridictions.

1. Le classement sous conditions

C’est un classement « non sec ». L’absence de poursuite dépend d’un certain nombre de
procédures. Ces hypothèses sont principalement prévues à l’article 41-1 CPP.

-
Le rappel à la loi qui est devenu l’avertissement pénal probatoire.
- Demander à l’auteur de régulariser sa situation
- Demander à l’auteur de réparer le dommage causé à la victime
- L’orienter vers une structure sanitaire sociale ou professionnelle pour favoriser sa réinsertion.

La loi de programmation de 2019 a ajouté une nouvelle hypothèse : le procureur peut demander à
la personne de ne pas paraître dans certains lieux (lieu de résidence de la victime, lieu de
commission de l’infraction), article 41-1 7èmement.

2. La médiation pénale

Une des première mesure : loi du 4 janvier 1993. C’est le 5èmement de l’article 41-1 CPP. MEP à
l’initiative du MP. Avec l’aide d’un médiateur, qui doit être rémunéré, la procédure ne peut pas
être mise en oeuvre avec l’accord de l’auteur. Il s’agit de mettre en face à face les protagonistes de
l’infraction, donc l’auteur et la victime. L’objectif est de parvenir à une solution négociée qui doit
permettre la réparation du préjudice et la ré-insertion pour le délinquant. En cas de succès de la
médiation, les poursuites ne seront pas engagées. À défaut, le MP peut décider de poursuivre les
poursuites.

Le domaine n’est pas précisé par les textes mais la médiation est concevable que pour les petites
infractions : contravention et petits délits. Dépend de la politique pénale du parquet. En pratique,
elle est très souvent pratiquée pour les mineurs délinquants, les conflits de voisinage, les conflits
de famille, les dégradations et blessures légères.

3. La composition pénale

Introduite par une loi du 23 juin 1999 et est prévue aux articles 41-2 et 41-3 CPP. Elle constitue
également une procédure négociée, consensuelle. Cette fois, la négociation intervient entre l’auteur
et le MP. Le délinquant doit reconnaître sa culpabilité. Elle permet au délinquant de se soumettre
à une obligation prévue par la loi (remise aux greffe de son permis, accomplir stage citoyenneté ou
obligation pécuniaire : une amende de composition).

20
L’exécution de la composition éteint l’action publique, càd les poursuites ne sont plus possibles. En
revanche, la victime conserve le droit de saisir un tribunal (demander des DI) et la composition
pénale est inscrite au premier bulletin du casier judiciaire.

Le domaine de la composition est plus encadré par les textes. Elle est applicable pour les délits
punis d’une peine d’amende et ceux punis d’une peine d’emprisonnement de moins 5 ans. Elle
s’applique également à toutes les contraventions connexes à ces délits. Il y a néanmoins quelques
limitations : diffusion et injure, homicide involontaire et infractions politiques. Elle peut être
appliquée aux mineurs à partir de 13 ans et est applicable aussi bien aux personnes physiques que
morales.

La procédure de composition se déroule à l’initiale et sous le contrôle du Procureur de la


République. L’auteur des faits peut consulter un avocat avant de donner son accord, qui doit être
recueilli par procès-verbal. La composition doit être validée par le président du tribunal sinon elle
est caduque et des poursuites peuvent être engagées.

La loi du 23 mars 2019 est venue dans certains cas supprimer la nécessité d’une validation du
président de la juridiction, ainsi la procédure est entièrement sous le contrôle du MP. C’est le cas
pou les délits punis d’une peine d’emprisonnement d’une durée < ou =à 3 ans lorsqu’a été proposé
une amende de composition n’excédant pas 3000€.

Pas de peine d’emprisonnement

4. La convention judiciaire d’intérêt public (CJIP)

Loi sapin II du 9 décembre 2016. Introduction dans le code de l’art 41-1-2 du CPP. Elle ne peut être
engagée qu’à l’encontre des personnes morales dans une certaines liste : corruption, trafic
d’influence, fraude fiscale, blanchissement de ces infractions. Depuis la loi du 24 décembre 2020,
cette procédure est applicable à un certain nombre d’infractions environnementales, insertion de
l’article 41-1-3 du CPP.

C’est une procédure qui donne lieu à des applications à l’encontre de grands groupes (Airbus
janvier 2020, LVMC dernièrement).

La convention judiciaire d’intérêt public intervient avant mise en mvt de l’action publique. À la
différence de la composition pénale, elle ne requiert pas une reconnaissance de culpabilité de
l’auteur des faits qui accepte de se soumettre à certaines obligations pour régler les poursuites.
Garanti à ces acteurs une certaine discrétion. Les obligations sont une amende d’intérêt public et
dans la soumission à un programme de mise en conformité qui consiste à se soumettre au respect
de règles.

L’accord doit être validé par le président du tribunal. L’exécution éteint l’action publique et n’est
pas inscrite dans le casier judiciaire.

§2 : La mise en mouvement par la victime

Le pouvoir reconnu à la victime de déclencher l’action publique peut surprendre au regard de


notre conception d’un système de justice publique. Il s’agit d’une résurgence d’un système
d’accusation privé qui donne à la victime certains droits dont la procédure qui tend à sanctionner
l’infraction.

21
Pourtant reconnaitre des droits à la victime peut présenter des avantages :
- D’un PDV psycho, fonction cathartique du procès qui permet d’offrir un moyen de traverser me
traumatisme.
- D’un PDV technique et juridique, consiste une sorte de contre-pouvoir face au principe de
l’opportunité des poursuites. Cela permet de suppléer une carence du MP dans tel ou tel dossier.

A. Les modalités de mise en mouvement de l’action publique par la victime

1. La plainte avec constitution de partie civile

Cette expression désigne la possibilité pour la victime de saisir un juge d’instruction des faits qui
ont été commis à son égard et qui lui semble constituer une infraction. CÀD après une décision de
classement sans suite la victime peut directement saisir le juge d’instruction qui a pour effet de
déclencher l’AP.
À l’origine cette possibilité n’était pas prévue par les textes. Elle a été reconnue par un arrêt Crim 8
décembre 1906 Laurent Atthalin. La solution de cet arrêt est aujourd'hui inscrite à l’article 85 CPP.
Puisqu’il faut saisir un juge d’instruction, on ne peut le saisir que lorsqu’il est compétent, ce moyen
procédural n’est applicable qu’en matière criminelle et délictuelle. Formellement, cette demande
doit être réalisée par un courrier recommandé adressé au doyen des juges d’instruction.

2. La citation directe

C’est l’acte par lequel la personne poursuivie est assignée directement devant la juridiction de
jugement compétent. La voie de la CD est applicable uniquement en matière de contraventions et
de délits, saisine du tribunal de police ou correctionnel. Elle peut être délivrée dans les mêmes
conditions, par le Parquet ou par la victime. Elle se présente sous la forme d’un exploit d’huissier
et doit respecter un certain nombre de mentions obligatoires prévues aux art 550 et suivants CPP.

Comme pour la plainte avec constitution de partie civile, la CD donne lieu à consignation, elle
interrompt la prescription et saisi irrévocablement la juridiction de jugement.

B. L’encadrement du pouvoir de la victime de déclencher l’action publique

Cet encadrement concerne exclusivement la plainte avec constitution de partie civile. Ainsi une loi
du 5 mars 2007 est venue fixer les limites en matière correctionnelle qui se retrouvent à l’article
85CPP :

-
La plainte avec constitution de partie civile n’est possible que si au préalable une plainte simple
avait déjà été déposée.

-
La constitution de partie civile n’est alors possible que si la victime démontre que le Parquet
n’entend pas poursuivre ou qu’un délai de 3 mois s’est écoulé depuis le dépôt de la plainte.
CÀD que la victime ne pourra elle-même déclencher l’AP qu’à la condition de démontrer une
réelle inaction du MP qui se traduit par une décision de classement sans suite où un dépôt de
plainte pas suivi d’une décision de poursuite dans un délai de 3 mois.
Ces conditions ne trouvent pas application en matière de crime.

La loi du 23 mars 2019 a ajouté deux restrictions à l’article 86CPP :

-
Le procureur de la République peut demander un délai supplémentaire de 3 mois afin de
poursuivre l’enquête avant qu’il ne prenne sa décision relativement aux poursuites.

22
-
En matière correctionnelle toujours lorsque les faits mettent en cause une personne majeure et dès
lors que l’AP n’a pas été mise en mouvement par le procureur de la République ce dernier peut
requérir le juge d’instruction de rendre une ordonnance de refus d’informer tout en invitant la
victime à engager des poursuites par voie de citation directe.

Section II : L’extinction de l’action publique


Sont prévues aux articles 6 à 9-3 CPP. On peut les distinguer entre des causes relatives à la
survenance d’un événement et celles relatives à la prescription de l’action publique.

§1 : Les causes liées à la survenance d’un évènement

A. La mort du prévenu
Les poursuites sont exercées in personam. La mort est une cause d’extinction de l’action publique.
C’est une conséquence du principe de personnalité des peines. On est pas responsable en tant
qu’héritier. En recherche, l’action civile subsiste, la dette peut se léguer. La victime peut demander
des DI.

B. L’amnistie
L’amnistie se caractérise par une décision législative ou règlementaire d’effacement de certains
faits. En conséquence, les infractions visées disparaissent rétroactivement. De moins en moins
utilisé. Elle est sans incidence sur l’action civile.

C. L’abrogation de la loi pénale


Principe de la rétroactivité in mitius, donc de la loi pénale plus douce qui explique la solution. Le
législateur fait disparaitre une incrimination. La solution étant favorable au délinquant, elle doit
profiter pour tous.
Dans la cadre de la QPC, le CC peut abroger une disposition législative : par exemple l’abrogation
en matière de harcèlement sexuel.

D. La chose jugée
Elle renvoie à une condamnation qui devient définitive après épuisement de toutes les voies de
recours. La force de chose jugée interdit de revenir sur la décision, extinction de l’action publique.
Non bis in idem, on ne peut pas être jugé 2 fois pour les mêmes faits.
Toutefois, des procédures de révision pour apparition de faits nouveaux, après un condamnation
de la CEDH (623 CPP) ou possibilité de révision lorsque jugement établi sur la base du faux (6 al 2
CPP) sont encadrées par le CPP.

E. La transaction et la composition pénale


Prévu à l’article 6 al 3 CPP. Le succès d’une mesure d’alternative aux poursuites telle que la
composition pénale éteint l’AP.

F. Le désistement de la partie civile


En raison de l’autonomie de l’AP, le sort de l’action civile est sans incidence sur la procédure
pénale. Le désistement de la partie civile n’emporte pas de conséquence de l’AP, art 2 al 2 CPP. Il y
a qq exceptions lorsque les poursuites sont subordonnées à une plainte préalable de la victime.
C’est le cas en cas d’abandon de foyer, d’atteinte à la vie privée ou en matière de diffamation et
d’injure

§2 : Les causes d’extinction liées à l’écoulement du temps : la prescription de l’action publique

2
3

La prescription permet d’éteindre ou de créer un droit par le seul écoulement du temps. Appliquée
à l’action en justice, c’est un mode d’extinction de l’action en justice. Cette prescription est justifiée
par l’idée d’oubli et par l’idée qu’avec l’écoulement du temps, le trouble à l’ordre public, l’atteinte
aux valeurs sociales sont de moins en moins importants. Le procès raviverait plus de tensions qu’il
ne viendrait en apaiser.
Les règles de prescription ont fait l’objet d’une réforme majeure par une loi du 27 février 2017.
- Quels sont les délais applicables ?
- Quelles sont les causes d’interruption ou de suspension de ce délai ?

A. Les délais de prescription de l’action publique

Les délais dépendent de la nature de l’infraction. Art 7 à 9 CPP. Ils ont été rallongés par la réforme
de 2017.
- 20 ans crimes (avant 10)
- 6 ans délits (avant 3)
- 1 an pour les contraventions

La loi est entrée en vigueur le 1 mars 2017 et selon l’article 112-2 4èmement du CP, les lois relatives
à la prescription sont d’application immédiate dès lors que les prescriptions n’ont pas été
définitivement acquises en application de la loi ancienne.
Une QPC a été soulevée sur la conformité de cette règle. Dans une décision du 9 sept 2021, le CC a
validé ce dispositif.

Le point de départ commence en principe à courir au jour de la commission des faits. La


prescription se calcule de quantième en quantième, càd indépendamment du nb de jours dans le
mois et indépendamment des jours fériés.

Au delà de ce principe, il existe de nb particularités :


- Délais spéciaux en matière de crime : 30 ans prescription pour crimes terroristes, trafics de stup,
crime de guerre, viol quand victime mineure (c’est la loi Schiappa de 2018). - Crimes contre
l’humanité imprescriptibles !
- Aussi en matière de délits…

Point de départ du délai de la prescription pour les infractions pour les mineurs : reporté à la
majorité, notamment pour le crime de viol, délit d’agression sexuelle.

Depuis une loi du 21 avril 2021, le législateur a adopté le mécanisme de la « prescription glissante
». Il permet de faire face à l’hypothèse où le même auteur commet sur une victime différente la
même infraction. Le délai de prescription de la 1ère infraction est prolongé jusqu’à la date de
prescription de la dernière. Il faut que la première infraction ne soit pas prescrite (utilité ?).

La réforme de 2017 a consacré une solution particulière pour les infractions occultes ou
dissimulées (9-1 al 3 CPP). Le délai commence à compter du jour où l’infraction est apparue ou a
pu être constatée dans des conditions permettant l’exercice de l’AP. Exemple : abus de confiance, de
biens sociaux.
Le législateur a en plus fixé un délai de forclusion càd un délai butoir au delà duquel il n’est plus
possible d’agir en justice : 12 ans délits et 30 ans crimes.

Il existe une solution pour les infractions d’habitude ou continue. Exemple : recel, harcèlement. La JP
considère que la prescription commence à compter du dernier acte matériel.

24
B. Les causes d’interruption et de suspension de la prescription de l’action publique

• En cas d’interruption, le temps déjà écoulé est effacé, un nv délai recommence à courir. L’article
9-2 du CPP prévoit les causes d’interruption : on y retrouve les actes accomplis par le MP, la
partie civile, la décision de mise en mouvement, actes d’enquête et d’instruction.

• En cas de suspension, le temps est simplement suspendu, il repart après la cause de suspension
terminée. L’article 9-3 du CPP vient spécialement envisager des cause de suspension de la
prescription et notamment prévoir que tout obstacle de droit prévu par la loi ou obstacle de fait
insurmontable et assimilable à la force majeure et qui rend impossible la mise en mvt de l’AP
suspend la prescription. Consécration de l’arrêt du 7 nov 2014 sur une affaire de mort de 8/9
nouveaux-nés.

Cette notion ne devrait pas remettre en cause un arrêt qui s’était opposé au report du point de
départ de la prescription en raison de l’amnésie traumatique invoquée par la victime (Cass. crime
18 déc. 2013).

Chapitre II : L’action civile

Article 2 CPP alinéa 1er « L’action civile est l’action en réparation du dommage causé par l’infraction ».
De manière générale, les règles relatives à l’action civile (AC) traduisent un renforcement du rôle et
des droits de la victime dans le procès pénal. À rebours de l’évolution historique, qui a conduit à
l’avènement d’une justice publique, la victime est devenue un personnage centrale du procès
pénal. Dernièrement, ce mouvement s’est traduit par l’introduction de certaines dispositions pour
venir consacrer les droits des victimes (art. 10-2 et suivants CPP introduit par une loi de 2015 qui
introduit une directive).
Il convient de distinguer l’objet et les sujets de l’action civile.

Section I : L’objet de l’action civile

§1. Une action en réparation

L’AC est une action en responsabilité civile qui a pour objet la réparation du préjudice causé par
l’infraction. Le fait générateur de responsabilité civile est représentée par l’infraction qui renvoie à
une catégorie de faute civile et impliquera la mise en oeuvre de la responsabilité du fait personnel.
Diverses demandes peuvent être formulées, le plus souvent il s’agit d’une demande réparation qui
prend la forme d’une réparation par équivalent càd des DI. Peuvent être aussi formulées des
demande de restitution (vol, escroquerie), une demande de remise en l’état antérieur à l’infraction.

L’AC ne doit pas être confondue avec les actions à fins civiles. Cela renvoie à toutes les actions qui
ont un autre objet que l’infraction. Par exemple, pour faire constater le licenciement du salarié suite
à une infraction, faire caractériser l’indignité de l’héritier.

§2. Une action en réparation particulière

A. L’exercice de l’action

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1. Le droit d’option de la victime

Il est régi aux articles 3 et 4 (et 5) du CPP. La victime peut à son choix porter son action en
réparation devant le juge du TJ ou elle peut joindre son action civile à la procédure pénale et porter
son action devant le juge répressif compétent. L’AC est alors exercée accessoirement à l’AP. Le
plus fréquemment, la victime décide d’agir devant la justice pénale, qui est plus rapide, elle peut
bénéficier des facilités de preuves récoltées dans le cadre du procès pénal. Les vraies raisons sont
plutôt d’ordre psychologique puisqu’elle peut être présente dans le cadre du procès de l’auteur de
l’infraction.

Le choix de la victime n’intervient que lorsqu’une AP a déjà été engagée. Il est subordonné à la
mise en mvt de l’AP. Lorsqu’elle a exercé son action, elle ne peut pas revenir en arrière « electa una
via » (art 5 CPP). Mais à l’inverse, si elle a choisi le juge pénale et qu’elle choisi finalement le juge
civil elle peut revenir en arrière car c’est le juge naturel.

La loi du 23 mars 2019 est venue apporter un complément, une dérogation à l’art 85 al 3 CPP. Si
dans le délai de 3 mois après le dépôt de plainte, elle a saisi une juridiction civile et qu’une AP est
ensuite mise en mvt alors la victime pourra se joindre exceptionnellement à cette AP.

2. L’autorité du criminel sur le civil

Quelque soit la voie choisie par la victime, la particularité du fait générateur place l’action en
responsabilité civile sous une forme de dépendance par rapport à l’AP.

a. Manifestations

• Les manifestations procédurales :


Exprimées par un célèbre adage, selon lequel « le criminel tient le civil en l’état ». Cet adage impose
une obligation de sursis à statuer sur le plan pénal. Le juge pénal doit d’abord se prononcer avant
le juge civil, qui doit attendre la solution de l’AP. Si le juge pénal est saisi sur les 2 demandes, il
doit quand même rendre d’abord la demande sur l’AP. Article 4 alinéa 2 CPP.

La primauté du pénal sur le civil justifie une autorité de la chose jugée au pénal sur le civil. Une
fois la décision connue, celle-ci ne peut pas être contredite par le juge civil. La décision relative à
la caractérisation de l’infraction ne peut pas être remise en cause par juge civil.
Ce principe n’est pas écrit expressément dans le CPP (sauf 4 al 2). Ce principe repose
traditionnellement sur une conception selon laquelle le procès pénal est relatif à l’intérêt général
tandis que le procès civil est relatif à l’intérêt privé. Controversé car aussi de l’IG dans procès
civils.

• Les manifestations substantielles :


Se manifeste par un pr classique celui de l’identité entre les fautes civiles et pénales. Arrêt du 19
décembre 1912. La caractérisation de l’infraction (faute pénale) permet de caractériser
automatiquement une faute sur le plan civil.

b. Déclin : vers une plus grande autonomie de l’action civile ?

S’il y a un déclin, le lien de dépendance entre les deux actions est moins fort. En droit positif,
plusieurs évolutions manifestent un certain relâchement du rapport d’autorité entre les deux
actions :

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- Réduction du domaine du sursis à statuer, qui est intervenue par l’effet d’une loi du 5 mars
2007. Elle a introduit un nouvel alinéa 3 à l’art 4 du CPP. Cette obligation de sursis à statuer ne
vaut que pour l‘action civile en réparation du préjudice causé par l’infraction. Avant, elle
s’appliquait aussi aux actions à fins civiles. Le juge prudhommal acquiert une autonomie
puisqu’il peut se prononcer en premier.

- La loi de programmation du 23 mars 2019 a encore renforcé cette évolution en introduisant un al


4 à l’art 10 CPP : cas particulier d’une victime confrontée à un auteur qui invoque un trouble
psychique ou neuro-psychique. La juridiction qui ne peut pas statuer sur l’AP peut statuer sur
l’AC dans l’attente de la décision sur l’AP.

- Les règles de prescription peuvent attester d’un certain déclin. L’art. 10 al. 1 du CPP prévoit que
lorsque l’AC est exercée devant juge civil, elle se prescrit selon les règles de l’AC. Sinon si l’AC
est exercée accessoirement à l’AP, il faut appliquer les règles de prescription de l’AP.

- Les rapports entre les autres fautes civiles et pénales. Classiquement, selon le pr d’identité, la
qualification pénale, infraction ou non, emporte la qualification civile, faute civile ou absence de
faute civile. Ce rapport d’autorité correspond cependant de moins en moins à la réalité et ceux
en raison de deux éléments, une réforme législative et d’un revirement de jp :

Depuis la loi du 10 juillet 2000, qui a redéfini la notion de faute pénale non intentionnelle, elle a
distingué la nature du lien de causalité directe (faute simple suffit) ou lien de causalité indirecte
(faute qualifiée, faute manifestement délibérée ou faute caractérisée), il y a également une rupture
du pr d’identité entre les fautes civiles et pénales en matière non intentionnelles. Selon l’art 4 -1
CPP, il n’y a plus d’identité entre les fautes civiles et pénales non intentionnelles. La relaxe au
pénal n’empêche pas à caractériser une faute sur le plan civil sur le fondement de 1241 du CC.
Lorsque le juge statut sur l’action civile, il est libre de la qualification de la faute. La définition de
la faute non intentionnelle n’est plus la même entre le droit civil et le droit pénal.

Selon un revirement JP, « le dommage dont la partie civile seule appelante d’un jugement de relax, peut
obtenir réparation, résulte de la faute civile démontrée à partir et dans la limite des faits, objet de la poursuite
» extrait d’un arrêt du 11 mars 2014. La Cour de cassation ne fait plus référence à la faute pénale
mais à la faute civile seule pour déterminer si la partie civile a droit à réparation. Confirmé à de
nombreuses reprises.

Avant cette jurisprudence séculaire, en cas d’appel par la partie civile, qui est la seule appelante
d’un jugement de relax le juge pénal saisir de la demande de réparation devait rechercher si les
faits étaient constitutifs d’une infraction pour apprécier cette demande en réparation. Le TC s’est
prononcé et a considéré que l’infraction n’était pas constituée, ainsi pas de condamnation au pénal.
La demande de réparation a été rejetée. La partie civile forme un appel seul, càd ni le ministère
public ni le prévenu font appel et donc la décision de 1ère instance est définitive.

Jusqu’à 2014, existait un principe d’identité entre les fautes civiles et pénales. Ce raisonnement a
été sanctionné par la CEDH, c’est pourquoi la Cour de cass a procédé à ce revirement de jp en 2014
qui impose un véritable changement de raisonnement qui va dans le sens d’une plus grande
autonomie de l’AC.
En effet, désormais, en appel, le juge doit apprécier si les faits sont constitutifs d’un manquement
au devoir de prudence de diligence, selon les critères de la responsabilité civile. Il doit rechercher
si les faits constituent non pas une infraction mais une faute civile au sens de 1240 et 1241 càd la
violation d’une prescription textuelle ou un manquement au devoir général de prudence et de

27
diligence. À la différence de DP, il n’existe pas de principe de légalité civile, le CC ne donne pas
une liste limitative des comportements qui peuvent être constitutifs d’une faute civile. Dans le
respect de la logique des deux droits, un même fait peut ne pas être constitutif d’une infraction
mais être constitutif d’une faute civile. Le champ d’application de la faute civile est plus large que
celui de la faute pénale.

Ce revirement de jp marque une plus grande autonomie de l’AC dans le raisonnement menant à la
caractérisation d’une faute. Il en résulte un certain infléchissement entre les fautes civiles et pénales
étant entendu que depuis la loi du 10 juillet 2000, ce principe a été maintenu pour les fautes
intentionnelles. Le principe en matière intentionnelle ne disparaît pas, simplement il devient plus
nuancé, moins automatique. Dans l’hypothèse où les faits seraient qualifiés d’infraction par les
juges pénales, la faute civile est automatiquement caractérisée car le domaine de la faute civile est
plus large. Mais dans l’hypothèse inverse, lorsque relaxe ou acquittement, l’automaticité entre les
fautes est rompue.

Cette plus grande autonomie de l’AC n’est pas pleinement consacré en droit positif car la Cour de
cass refuse de tirer pleinement toutes les leçons de revirement de JP de 2014. Certes, elle ne fait
plus référence à l’infraction mais en pratique pour déterminer si les faits sont constitutifs d’une
faute civile au sens du droit civil, on continue à rechercher si ceux-ci rentrent dans le champ
d’application d’un texte d’incrimination. Si on regarde les faits de 2014 : séparation de concubins
tous les deux professeurs qui avaient des enfants en commun. La femme avait incité un des élèves
de son ex à dénoncer des faux propos de violence sur un enlève. Il s’est suicidé pendant la GÀV.
Omission de témoigner en faveur d’un innocent. Toutefois ce texte n’est pas applicable pour la
GÀV. Du PDV pénal, pas de faute.
On peut critiquer la position de la Cour de cass car le fait pour une personne d’avoir dénoncé des
faits mensongers est constitutif d’une faute civile.
Récemment, la JP a abandonné le principe de concentration des moyens depuis un arrêt rendu
par la 2ème chambre civile le 15 novembre 2018. L’hypothèse concerne le cas où la victime agit de
manière distincte devant le juge civil. En application de ce pr, tous les moyens juridiques au
fondement de la demande qui n’ont pas été invoqués dès le début de l’instance ne peuvent plus
être invoqués. En matière pénale, lorsque la victime n’avait pas invoqué tous les moyens devant le
juge pénal et qu’elle agissait devant le juge civil, la demande était irrecevable. Dans cet arrêt, la
Ccass estime que la relaxe prononcée par le juge pénal, dans le cadre de poursuite pour faute non
intentionnelle ne fait plus obstacle à la compétence du juge civil pour statuer pour la demande.
Plus grande autonomie de l’AC.

B. La confusion entre les finalités réparatrice et répressive

L’AC n’est pas une action en réparation comme les autres parce qu’elle permet à la victime de
participer à la condamnation de l’auteur de l’infraction. Plusieurs éléments traduisent cette
confusion.

1. La possibilité de déclencher les poursuites (rappel)


C’est déjà là de reconnaitre un effet exorbitant de la participation de la victime. Elle peut mettre en
mvt l’AP. Grosse confusion des finalités.

2. La constitution de partie civile à fins vindicatives


Idée que la victime pourrait n’être présente que pour demander la condamnation de l’auteur de
l’infraction. En effet, depuis un arrêt (imp) Randon-Flandin du 22 janvier 1953, la Ccass a admis la
recevabilité de la constitution de partie civile lorsque la victime ne demande aucune réparation.

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Pas de finalité réparatrice. Ce principe de substruction a été repris par la JP notamment un arrêt
crim. 16 décembre 1980. Il y a une autonomie de la constitution de partie civile par rapport à l’AC.

3. Les voies de recours


En principe, si la victime peut mettre en mvt l’AP, une fois les poursuites engagées, la victime perd
toute maîtrise de la procédure pénale. Les voies de recours ouvertes à la victime (appel ou
cassation) sont limitées à ses seuls intérêts civils. Néanmoins, une évolution est intervenue à la
faveur d’une décision QPC, rendu par le CC le 23 juillet 2010. Cette QPC était relative à l’art 575 du
CPP qui régie la possibilité de la partie civile de se pourvoir contre un arrêt de la chambre de
l’instruction. La partie civile ne pouvait former un pourvoi que si le MP le faisait également. Le CC
a censuré cette décision. La victime peut former un pourvoi de manière autonome aussi bien sur le
plan pénal que sur le plan civil.

Section II : Les sujets de l’action civile

L’AC, concernant le défendeur, est en pr dirigée contre l’auteur de l’infraction, le prévenu ou


l’accusé. Néanmoins, la qualité de défendeurs peut être plus variée dans certaines circonstances.
Elle peut être dirigée contre les héritiers de l’auteur, contre des civilement responsables comme des
parents/tuteurs sur leurs enfants ou elle peut faire intervenir un assureur pour les homicides et
violences involontaires (puisque la faute intentionnelle n’est pas assurable). Elle peut encore être
dirigée contre l’administration. Les choses sont plus complexes pour identifier le demandeur. En
principe, c’est la victime mais elle peut être plus ou moins directe.

§1. L’action civile de la victime

Ce principe de l’AC est posé à l’art 2 CPP. Ce texte vise prioritairement les victimes directes. L’AC
obéit à des conditions strictes de recevabilité qui renvoie à la capacité (seule la victime, personne
physique ou morale) et à l’intérêt à agir (appréciation du préjudice).

§2. L’action civile des proches de la victime

On admet que les victimes indirectes ou victimes par ricochet puissent agir en responsabilité
civile. Le plus souvent, les proches invoquent un préjudice moral lié à la souffrance ressentie par
répercussion de celle de la victime.

Après plusieurs hésitations, le principe a été posé en DP dans un arrêt crim.Cass, 9 fév. 1989.
Désormais cette solution ne fait plus débat et résulte de la combinaison des articles 2 et 3 CPP. Pour
que l’action des proches de la victimes puissent être engagée devant le juge pénal, il faut que
l’action publique soit en mvt (sinon ils doivent agir devant le juge civil).

Cette action des proches de la victime ne doit pas être confondue avec l’action successorale dans
lequel les proches peuvent demander au nom de la victime le préjudice que celle-ci a subi.

§3. L’action civile des groupements agissant au nom d’un intérêt collectif

L’admission de ses actions soulèvent en général un problème de qualité pour agir car au sens strict,
ces personnes ne sont pas des victimes ni directes ni indirectes de l’infraction. C’est la réponse de
principe pour les groupements en général. Malgré tout, des solutions ont été admises.

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B. Les groupements professionnels

On vise ici le cas des syndicats et des ordres professionnels qui se sont vus reconnaitre le droit de
se constituer partie civile afin de défendre les intérêts collectifs qu’ils représentent, càd l’intérêt de
leur profession.
Pour les syndicats, la solution a été admise par un arrêt des chambres réunies le 5 avril 1913.
Depuis, la solution a été consacrée par la loi à l’art L 2132-3 Code du travail. Cependant, la
recevabilité de l’AC est subordonnée à la démonstration que l’infraction commise a porté atteinte à
l’intérêt collectif de la profession.
Par exemple, la Ccas a admis une infraction de travail dissimulé mais a exclus l’hypothèse d’un cas
de harcèlement sexuel.

C. Les associations

C’est le cas le moins cohérent car le principe est l’irrecevabilité des AC collectifs. Toutefois,
multiplication des exceptions prévues par la loi. Des art 2-1 aux art 2-24 du CPP. Certaines sont
difficilement contestables comme art 2-1 lutte contre le racisme, de même 2-3 association de
l’enfance martyrisée. Aussi asso de défense de l’environnement, des consommateurs, en sachant
que ces 2 dernières hypothèses sont prévues en dehors du CPP. On a introduit dernièrement les
associations de victimes de bizutage.

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PARTIE II : LE DÉROULEMENT DU PROCÈS

TITRE I : LA PHASE PRÉPARATOIRE

Chapitre I : L’enquête policière

Section I : Les types d’enquête

« En quête ». Renvoie à une phase de recherche d’éléments, d’informations dont la finalité est la
manifestation de la vérité. Elle correspond donc à la phase préparatoire par excellence et dans une
procédure de type inquisitoire, elle manifeste le rôle de la collectivité publique dans la préparation
du procès. L’objectif est de procéder à des constats matériels, de collecter des indices, d’entendre
des personnes (suspect, témoins, victime) dans la perspective de constituer un dossier qui
permettra de déterminer si une ou plusieurs infractions ont été commises et d’en identifier les
auteurs et les complices éventuels. L’ensemble doit permettre d’éclairer le MP : poursuivre ou non
pas poursuivre, saisir un JI ou classer sans suite, alternatives aux poursuites.

On assiste à une diversification du cadre de l’enquête, notamment depuis la loi Perben II du 9 mars
2004 qui a créé une catégorie particulière, la criminalité et délinquance organisée qui met en place
une enquête dérogatoire.

§1. Les enquêtes de droit commun

On distingue l’enquête de flagrance et préliminaire.


- L’enquête de flagrante vient de flagrant délit, elle supporte une évidence a pour but de réunir les
preuves d’une infraction avérée
- L’enquête préliminaire repose sur un soupçon, elle tend à révéler une infraction supposée. En
conséquence, les pouvoirs des enquêteurs, comme la durée de l’enquête, ne sont pas les mêmes.

A. L’enquête de flagrance

1. Les cas de flagrance


Est ouverte en présence d’une infraction grave, càd un crime ou un délit. Au delà, les règles de la
flagrance sont définies aux articles 53 et suivants CPP.

L’alinéa 1er prévoit deux cas de flagrance :


- En présence d’un crime ou délit commis actuellement. Infraction commise à la vue de tous, en
présence d’un ou plusieurs témoins directs.
- Lorsque dans un temps voisin de l’action, la personne est poursuivie par l’acclameur publique,
lorsque personne possède objet de l’infraction.

La JP a précisé que la flagrance devait reposer sur des indices apparents d’un comportement
délictueux révélant l’existence d’une infraction actuelle : arrêt Cass. crim, 23 janvier 1991. Il faut
que l’infraction ait été commise dans un temps très court avant l’ouverture de l’enquête : critère
d’urgence.

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Un renseignement anonyme corroboré par des indices objectifs peut suffire à déclencher une
enquête de flagrance.

Arrêt Cass. crim, 11 déc 1999 : arrêt d’un chien devant une porte d’un appartement suffi.

2. La durée de la flagrance
Temps très court mais grand pouvoir des enquêteurs. Durée à l’art 52 al 2 CPP : ne peut excéder 8
jours. Elle peut être prolongée dans certains cas pour 8 jours de plus par le Proc de la Rep si deux
conditions sont remplies : les investigations sont nécessaires à la manifestation de la vérité et si
l’infraction suspectée est punie d’une peine supérieure ou égale à 5 ans.
Au delà de ce délai, il faut basculer dans le régime de l’enquête préliminaire ou vers l’instruction
préparatoire.

3. Les pouvoirs des enquêteurs


La contrainte est au coeur du régime de la flagrance. C’est un régime vers lequel les OPJ peuvent
agir de manière autonome mais ils doivent rendre compte de tous les actes. L’OPJ, s’il n’est pas
déjà sur les lieux, doit y aller pour procéder à toutes les constatations utiles. L’ OPJ pourra ensuite
accomplir tous les actes nécessaires (perquisitions et saisies sans le consentement du concerné,
expertises, auditions de témoins, victimes, suspects, placer en GÀV, mesure de géolocalisation,
etc…). Le Proc doit être informé de l’infraction et il peut lieu même se transporter sur les lieux,
dans ce cas il dessaisit l’OPJ.

B. L’enquête préliminaire

Règles légalisées avec le CPP de 1958. Art 75 à 78 CPP.

1. Le domaine de l’enquête préliminaire


Tout ce qui n’est pas flagrance est préliminaire. L’enquête est la catégorie résiduelle d’enquête
policière de droit commun qui peut être utilisée dans tous les cas où pas de flagrance et pas
d’information judiciaire.

2. La durée de l’enquête préliminaire


Jusqu’à récemment, période pas règlementée. Loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans
l’institution judiciaire a introduit art 75-3 CPP qui prévoit que toute enquête préliminaire ne peut
pas excéder une durée de 2 ans à compter du 1er acte d’enquête. Ce délai peut être prolongé pour
un an, sur autorisation écrite et motivée du Proc de la Rép.

Des dérogations sont prévues lorsque faits relèvent criminalité ou délinquance organisée ou encore
de la compétence du PNAT. Cette durée est portée à trois ans avec une possibilité de prolongation
pour une durée de 2ans.

Tous ces délais sont prescris à peine de nullité. Peu contraignant : en 2020 seul 3,2% ont dépassé de
3 ans.

3. Les pouvoirs des enquêteurs


En principe, l’enquête préliminaire repose sur le consentement de la personne soupçonnée et non
la contrainte. Néanmoins, ce principe est de plus en plus infléchi depuis la loi du 9 mars 2004 qui a
introduit des dérogations qui modifient la distinction entre les deux enquêtes. Par exemple, en
matière de perquisition, l’article 76 al 4 du CPP prévoie que si l’enquête porte sur un délit d’une
peine d’emprisonnement sup ou = à 3 ans (le vol), le Proc de la Rep peut demander au JLD
d’autoriser des perquisitions sans consentement.

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§2. Les enquêtes de droit spécial

A. L’enquête pour rechercher les causes d’un décès ou de blessures graves

Art 74 du CPP. Procédure déclenchée à la découverte d’un cadavre ou d’une personne grièvement
blessée lorsque la cause de ses blessures est inconnue ou suspecte.
Objectif de déterminer si une procédure pénale doit être ouverte. Cette enquête, en raison de
l’urgence liée à la découverte d’un fait grave (mort ou blessure) est très largement inspirée par le
régime de la flagrance. Pour cette raison, l’enquête est en principe limitée à 8 jours et dans la
grande majorité des cas, elle aboutit à un classement sans suite lorsqu’une infraction n’est pas
constatée. Ces investigations peuvent également se poursuivre dans les formes de l’enquête
préliminaire.

B. L’enquête sur les disparitions inquiétantes de mineurs ou de certains majeurs

Art 74-1 CPP. Ce régime s’applique en cas de disparition d’un mineur mais également pour les
majeurs protégés et certains autres majeurs en raison de leur âge, de leur état de santé ou des
circonstances de leur disparition. Comme pour flagrance, durée de 8jours. Peut se poursuivre par
une enquête préliminaire.

C. L’enquête aux fins de recherche d’une personne en fuite

Art 74-2 CPP. Créée par la loi du 9 mars 2004 Perben II. Domaine application large : en présence de
toute personne qui tente de se soustraire à une décision pénale prononcée contre elle. (Ex : pendant
un mandat d’arrêt, ou personnes qui se soumettent pas à la peine). Pas de durée limite (sauf prescription
des peines). Cf texte.

D. L’enquête de criminalité organisée

Art 706-73 et suivants CPP. Créée par la loi du 9 mars 2004 Perben II. À titre principal, on a le trafic
de stupéfiants, proxénétisme, terrorisme et toute une série d’infractions commises en bande
organisée. Cette règlementation, relative à la délinquance et la criminalité organisée a été renforcée
par la loi du 3 juin 2016 (sur la lutte contre le terrorisme) et avec la loi du 23 juin 2019
programmation justice. À chaque intervention, le législateur renforce les prérogatives des
enquêteurs. Cela pose un problème de principe sur le plan des droits fondamentaux : si la gravité
des infractions poursuivies peut justifier des atteintes exorbitantes aux libertés individuelles et si
oui jusque’à quel point ? Les interventions sur le plan de la constitutionnalité sont fréquentes.

- Les délais de GÀV sont allongés à 96h (4jours), en matière de terrorisme on peut aller jusqu’à 6
jours.
- Les preuves : les techniques de provocation à l’infraction sont exceptionnellement autorisées -
Possibilités de perquisitions élargies en dehors des heures légales (normalement entre 6h et 21h).
Elles pourront ici intervenir de nuit.
- Les interceptions de communication, les captations de données électroniques, les sonorisations et
captation d’images, y compris dans des lieux privés sont autorisées. La loi du 3 juin 2016 a
admis le recours au IMSI catcher, qui autorise à ce que nous soyons tous sur écoute, que nous
soyons suspecté ou non. Permet de contreparer les techniques de brouille. Admis en matière de
criminalité organisée et de lutte contre le terrorisme. Toutes ces techniques ont été qualifiées de
techniques spéciales d’enquête (TSE). La distinction la plus importante est si on est dans une
enquête de criminalité organisée ou non.

33
Section II : Les actes d’enquête

§1. La garde à vue

A. Les origines de la réforme de la garde à vue

Le professeur Jean Pradel définit la GÀV comme « c’est une détention sous contrainte d’une personne
suspecte au fin d’audition dans les locaux de la police judiciaire ». La GÀV est une mesure privative de
liberté qui intervient dans les tous premiers temps de l’enquête (ce qui fait d’elle la plus attentive à
la présomption d’innocence), applicables dans tous les types d’enquête. Pendant très longtemps,
elle n’était pas prévue par le CPP. Ces dernières années, elle a fait l’objet d’un cycle de réformes
particulièrement importantes qui ont eu pour objet de renforcer les droits de la défense au profit
du suspect placé en GÀV. Ces réformes résultent de la combinaison des lois du 14 avril 2011, du 27
mai 2014 et du 3 juin 2016.

1. L’évolution historique en faveur des droits de la défense

Il existait un véritable vide juridique, la GÀV était simplement une pratique policière, encadrée par
les pratiques judiciaires (pas de loi). Il faut attendre 1959, elles sont prévues par le CPP, bien que ce
soit embryonnaire, pas de définition.

- La loi du 4 janvier 1993 autorise pour la 1ère fois l’intervention de l’avocat pendant la GÀV à
partir de la 21h pour un entretien de 30min sans accès au dossier.
- La loi du 15 juillet 2000 vient autoriser la présence de l’avocat dès la 1ère h. - La loi du 14 avril
2011, le droit de la GÀV connait une évolution majeure à l’image de ce qu’a connu l’instruction
préparatoire avec la loi Constant de 1897 (introduit l’avocat dans le cabinet d’instruction). Le
suspect peut demander à ce que son avocat soit présent pendant les interrogatoires, il n’est plus
seul.

2. L’impulsion des sources européennes et constitutionnelles

La réforme de la GÀV en faveur d’un plus grand respect des droits de la défense sans la pression
des sources européennes puis constitutionnelles.

a. Les décisions de la CEDH

Arrêt Salduz c/ Turquie du 27 novembre 2008 + Arrêt Dayanan c/ Turquie le 13 octobre 2009 Ces
deux arrêts procèdent à un revirement de jp quant à l’interprétation de l’article 6 de la CEDH, et
notamment le droit à une assistance par un avocat. Traditionnellement, la CEDH procédait à une
appréciation globale de la procédure et de l’enquête au jugement pour déterminer s’il avait une
violation des droits de la défense, et notamment du droit de l’assistance par un avocat. La Cour
rompt avec ces méthodes, elle conclue à une violation de l’article 6 dès lors que les requérants
n’ont pas pu être assisté par leur avocat pendant la GÀV. Toute personne suspecte doit être
représentée par un avocat.

b. Les décisions du Conseil constitutionnel

Avant la réforme de 2011, deux décisions QPC ont eu une importante particulière : - Décision
QPC30 juillet 2010 Daniel W et autres : le CC a dû se prononcer sur la constitutionnalité des règles
de GÀV applicables en droit commun, (càd hors des infractions de criminalité organisée). Ces
dispositions sont contraires à la Cst dans la mesure où elles

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n’autorisent pas l’assistance d’un avocat pendant la GÀV et au moment de l’interrogatoire. Le
CC a prévu de reporter les effets de cette décision au 1er juillet 2011 pour permettre au
législateur de procéder à une réforme.
- Décision QPC du 22 septembre 2010 Bulent A et autres : saisi du régime de délinquance, le CC a
confirmé la validation du régime spécial applicable en matière de criminalité organisée,
notamment que l’intervention de l’avocat pouvait être systématiquement reportée de 24h ou de
72h en matière de terrorisme.

c. Les directives de l’Union européenne

Les directives de l’UE sont une illustration du rôle renforcé de l’UE depuis le traité de Lisbonne. Le
droit de l’UE est devenu une source importante de droit et procédure pénales. 2 directives
adoptées dans le cadre du protocole de Stockholm ont eu un impact en sur la GÀV : - 22 mai 2012,
relative aux droits à l’information dans le cadre des procédures pénales - 22 octobre 2013, relative
aux droits d’accès à un avocat dans le cadre des procédures pénales.@@

Ces 2 directives ont été transposées par deux loi : 27 mai 2014 et 3 juin

2016. B. Le nouveau droit de la garde à vue et de l’audition libre

1. Les conditions et le déroulement de la garde à vue

a. L’encadrement de la garde à vue (définition et motifs)

Cet encadrement résulte essentiellement de la loi du 14 avril 2011, avant cet réforme, il n’y avait
pas de réel encadrement de la GÀV. Elle a tout d’abord introduit une définition à l’article 62-2 CPP
à l’alinéa 1er « La garde à vue est une mesure de contrainte décidée par un officier de police judiciaire, sous
le contrôle de l'autorité judiciaire, par laquelle une personne à l'encontre de laquelle il existe une ou
plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre un crime ou un délit puni
d'une peine d'emprisonnement est maintenue à la disposition des enquêteurs ».

Cet définition met en avant le caractère policier de la mesure : prise par un OPJ. Met en avant le
critère de la suspicion. Pas possible à l’encontre d’un simple témoin qui n’est pas suspect. Cette
suspicion repose sur l’existence d’une ou plusieurs raisons plausibles de la commission d’une
infraction. En outre, cet définition fixe un domaine de la GÀV : que pour les crimes et délits punis
d’emprisonnement.

La loi rappelle également le caractère subsidiaire de la GÀV qui s’explique par le principe de la
présomption d’innocence. Il est rappelé à l’art 62 du CPP qui laisse entrevoir que tout suspect ne
doit pas automatiquement placé en GÀV, le principe est celui de la liberté. C’est la raison pour
laquelle il existe un autre régime : celui de l’audition libre, désormais règlementé à l’article 61-1.

La question des motifs qui justifient le placement en GÀV est importante et la loi de 2011 apporte
des précisions. Les OPJ doivent respecter l’un des 6 motifs limitatifs inscrits à l’alinéa 2 de l’art 62-2
CPP :
- Permettre l’exécution des investigations,
- Éviter la fuite de l’auteur,
- Éviter la destruction des preuves,
- Empêcher les pressions sur les témoins et ou les victimes,
- Éviter la concertation avec des co-auteurs ou complices,
- Faire cesser le crime ou le délit.

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Ces motifs ne sont pas très contraignants et correspondent à la codification de la pratique
antérieure. Néanmoins, l’introduction de ces motifs relativisent le caractère discrétionnaire du
placement en GÀV.
Un arrêt rendu par la chambre criminelle le 28 mars 2017 la Ccass a rendu une solution qui va dans
le sens d’une contrainte relative pour les enquêteurs. Le motif invoqué au moment de la GÀV peut
être subsidié par les autorités de poursuite ou les autorités judiciaires. Il peut être modifié en cours
de procédure. Cet arrêt montre qu’il y a une possibilité de critiquer mais largesse des motifs. Peut
être à l’avenir il y aura un plus gros contentieux.

Les règles de placement sont fixées aux art 63-1 et 77 CPP.

b. La durée de la garde à vue

α. Les délais de la garde à vue

• Pour les majeurs :

En droit commun, le délai de GÀV est de 24h renouvelable une fois selon l’art 63 II CPP. Le
placement en GÀV est décidé par l’OPJ mais le renouvellement suppose une autorisation du
Procureur la Rep.

S’agissant de la délinquance et de la criminalité organisée, des délais spécifiques sont prévus à l’art
706-88 CPP. Les délais de droit commun peuvent être doublés ce qui porte la GÀV à 96h. Le
renouvellement intervient par tranche de 24h. Pour respecter les exigences européennes quant au
statut du MP, le 1er renouvellement intervient sur autorisation écrite du Procureur. Au delà de 48h,
la décision doit être prise par le JLD ou le juge d’instruction si une instruction a été ouverte.

En matière de terrorisme l’art 706-88-1 prévoit exceptionnellement une prolongation


exceptionnelle de 48h ce qui peut porter le délai à 144h soit 6 jours.

• Pour les mineurs :

Avant les règles était prévues dans l’ordonnance de 1945, maintenant elles sont contenues dans le
Code de la justice pénale pour mineurs à l’article L 413-1 et suivants. Avant 10 ans, aucune mesure
privative de liberté ne peut être prise à l’encontre d’un mineur suspect. Entre 10 et 13 ans, aucune
GÀV ne peut être prononcée, est seulement possible une rétention pour une durée maximale de 12
heures, le temps d’entendre le mineur en cas de suspicion d’un crime ou d’un délit punis d’une
peine d’emprisonnement supérieure à 5 ans. Le temps de la rétention est limitée strictement au
temps nécessaire à l’audition. À partir de 13 ans, la GÀV devient possible. De 13 à 16 ans, elle ne
peut excéder 24h sans prolongation possible sauf s’il s’agit d’un crime ou d’un délit punis d’un
crime ou d’un délit punis d’une durée sup à 5 ans. De 16 à 18 ans, on applique les règles de droit
commun applicable aux majeurs.

Dans tous les cas, même en cas de rétention, l’assistance par un avocat est

obligatoire. β. Le point de départ du délai de la garde à vue

- Si la personne est interpelée par les forces de l’ordre et qu’elle est ensuite placée en GÀV, le
temps de départ est l’arrestation.

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- Si la personne se présente librement devant les enquêteurs, en répondant à une convocation ou
en venant déposer plainte. Si à l’issue d’une audition, l’OPJ décide de sa GÀV, le point de départ
est fixé à l’heure d’arrivée.
Ce sont des solutions qui figurent à l’article 63 III CPP.

c. Le principe du respect de la dignité de la personne

Nouveauté apportée par la réforme du 14 avril 2011. Introduction d’un article 63-5 qui pose le
principe selon lequel la GÀV doit s’exécuter dans des conditions conformes au respect de la
dignité de la personne humaine. De façon générale, la question de la dignité renvoie à l’article 3
CEDH qui prohibe les ttt humains et dégradants. La Cour européenne en a déduit que pour toutes
les personnes privées de liberté, les conditions de détention ne doivent pas la placer dans la
situation de subir un ttt inhumain ou dégradant. Par exemple : surface par détenue, accès aux toilettes,
au jour naturel, aération des cellules ou mise à disposition de kit hygiène.

Loi récente en avril 2021 sur ce sujet. Le principe de dignité a permis de réglementer la pratique
des fouilles corporelles qui fait l’objet d’un art 63-7 CPP. Les fouilles corporelles ne sont pas
automatiques, doivent être justifiée par les nécessités de l’enquête. Les fouilles internes doivent
être exercées par une personne de même sexe.

2. Les droits du gardé à vue

La personne placée en GÀV bénéficie de plusieurs droits :


- Il a le droit à la notification de ses droits, dans une langue qu’elle comprend, dès le début sauf en
cas d’un obstacle insurmontable (art 63-1 du CPP).
- Elle doit être informée de son placement en GÀV, de la durée prévisible, de la nature et de la
date présumée de l’infraction qu’elle est supposée avoir commise. L’OPJ doit informer dès le
début le Proc (à peine de nullité). C’est un avis à procureur.
- Le droit de faire prévenir un tiers par téléphone (employeur, un proche, conjoint, parents ou
frères et soeur). Depuis la réforme du 3 juin 2016, il a en outre dans des cas exceptionnels le droit
de communiquer directement avec un tiers sous le contrôle de l’autorité judiciaire. - Il a le droit à
un examen médical.

Enfin, il y a un enregistrement audiovisuel des déclarations faites pendant la GÀV pour les
mineurs (protection), pour les crimes.

a. L’apport de la loi du 14 avril 2011

α. Le droit au silence

Il est désormais consacré à l’art 63-1 3°au CPP qui prévoit que la personne placée en GÀV est
informée au début de son audition entre soit répondre aux auditions soit se taire. Renvoie au droit
de ne pas contribuer à sa propre incrimination ou droit de ne pas s’auto-incriminer.

C’est une autre conséquence des condamnations de la Cour EDH qui a rendu plusieurs arrêts dont
un contre la France imposant la notification de ce droit au silence dès le début de la procédure
pénale. C’est pour éviter toute difficulté par rapport à l’article 6 CEDH que ce droit à été consacré
dès 2011 dans le CPP. L’arrêt concernant la France rendu par la Cour EDH Brusco c/ France 14
octobre 2010.

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β. Le droit à l’assistance par un avocat

Question au cœur des arrêts Salduz et Dayanan. Ce droit est inscrit de manière solennelle dans
l’article préliminaire CPP depuis la loi de 2011. Ainsi l’article préliminaire 1er alinéa prévoit que «
nul ne peut être condamné sur le seul fondement de déclarations qu’elle a faite sans avoir pu s’entretenir
avec un avocat et être assisté par lui ». Le droit n’est pas obligatoire mais le gàv doit en avoir la
possibilité.

Selon l’article 63-3-1CPP, le gardé à vue peut demander l’assistance d’un avocat dès le début de la
GAV en principe. En l’état des textes tels qu’adoptés en 2011, trois prérogatives étaient rattachées à
l’assistance de l’avocat en GAV :


Selon l’article 63-4 CPP le gav pouvait s’entretenir de manière confidentielle avec un avocat

pendant 30 min et ce dès le début de la procédure et également une nouvelle fois en cas de
prolongation.


Les deux autres prérogatives ont été introduites en 2011, selon l’article 63-4-1 CPP l’avocat

peut accéder à certaines pièces du dossier à sa demande et ces pièces sont limitativement
énumérées par le texte et sont au nombre de trois :
- -
Le procès-verbal de placement en GAV dans lequel figure la notification des droits du gav
Le certificat médical si le gav a été examiné par un médecin
-
Aux procès-verbaux d’audition du gav et uniquement du gav.

Dernière prérogative selon l’article 63-4-2CPP l’avocat du gav peut participer aux auditions

et aux confrontations, CAD l’avocat peut être physiquement présent lors des
interrogatoires du gav. Cependant l’avocat à un rôle passif et ne peux pas s’opposer à une
question ou demander qu’elle soit formulée autrement.

Pour rendre le droit à l’assistance par un avocat effectif, le législateur a mis en place en 2011 le
mécanisme du délai de carence. C’est un délai laissé à l’avocat pour lui permettre de se rendre sur
le lieu de la GAV. Selon l’article 63-4-2 ce délai est de 2 heures pendant lequel en principe aucune
audition sur le fond ne peut intervenir tant que l’avocat n’est pas arrivé. Ce délai peut être écarté
en cas d’urgence et toute dérogation à ce délai pour débuter des auditions sur le fond doit faire
l’objet d’une autorisation écrite du Proc de Rép.

De même le droit à l’assistance par un avocat est soumis à certaines exceptions :

- Il existe tout d’abord une dérogation générale prévue à l’article 63-4-2 al 4,5 et 6 CPP selon lequel
la participation de l’avocat aux auditions et confrontations peut être reportée pour une durée de
12h par une autorisation écrite et motivée du proc rep. Et ce report doit être motivé par « des
raisons impérieuses tenant aux circonstances particulières de l’enquête ».

- Lorsque l’enquête porte sur un crime ou un délit punis d’un peine d’emprisonnement supérieur
à 5 ans, le JLD peut encore prolonger ce report d’une durée supplémentaire de 12h. Il peut être
reporter la participation de l’avocat ou la consultation des 3 pièces qu’il peut avoir accès (dossier
médical, …). Mais pas le droit à un entretien confidentiel de 30mins.

- Exception en matière de criminalité organisée, prévue à l’art 706-88 alinéa 6,7 et 8. La durée des
reports change, le rapport de l’intervention des avocats peut aller jusqu’à 48h voire 72h en
matière de terrorisme et de trafic de stup. Le report est décidé par le Proc de la Rep jusqu’à 24h
et au delà, par le JLD ou le jeu d’instruction. En outre, au delà des délais, le contenu du report

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est différent. Exceptionnellement, en matière de criminalité organisée, l’intégralité de
l’intervention de l’avocat est reporté, y compris l’entretien de 30 mins.

b. L’apport de la loi du 27 mai 2014

Elle vient transposer une directive de l’UE : la directive du 22 mai 2012 relative au droit à
l’information dans les procédures pénales.

α. Le renforcement de l’information du gardé à vue

50% des GÀV demandent à être assisté par un avocat. Mise en place d’un formalisme qui impose
la communication d’un certain nombre d’éléments et de les porter à la connaissance de gàv. Depuis
cette loi, les OPJ doivent remettre un formulaire rassemblant l’ensemble des droits et des
informations notifiées que le gardé à vue pourra conserver pendant toute la durée de la mesure
dans le but d’assurer l’effectivité de ses droits. Résulte de la combinaison des art 63-1 al 13 et 803-6
CPP. Formalité prescrite à peine de nullité.
L’art 63-1 a été modifié par la loi de 2014 et il prévoit que le gàv doit être informé de son
placement, de la durée et des prolongations éventuelles de la mesure. Il doit être informé de la
qualification de la date et du lieu présumé de l’infraction, des motifs (sur les 6) de son placements
et de l’ensemble des droits dont il peut bénéficier (médecin, proche et employeur, avocat,
interprète, consulter pièce dossier, silence , demander la fin de la mesure).

β. Un droit d’accès personnel à certaines pièces du dossier

Pour être très concret, depuis cette loi, le suspect selon l’article 63-1 3° CPP peut accéder lui-même
aux pièces de la procédure auquel l’avocat peut accéder depuis 2011. Cette évolution est imposée
par la directive de 2012 dans un soucis d’égalité entre les suspects entre celui qui est assisté par un
avocat et celui qui ne l’est pas.

c. L’apport de la loi du 3 juin 2016

La loi du 3 juin 2016 est beaucoup plus large. Elle étend les prérogatives de l’avocat au titre de sa
mission d’assistance dans le cadre d’un GÀV. Cette extension est réalisée par l’article 63-3 CPP
(nouveau). Il prévoit que l’avocat peut désormais être présent dans le cadre de deux actes
d’enquête qui peuvent être réalisés dans le cadre d’une GÀV :
- Séances de reconstitution
- Séances d’identification du suspect, appelées séance de « tapissage ».

Ces possibilités s’ajoutent aux trois prérogatives de la loi de 2011. Elles sont également applicables
au suspect libre, qui fait l’objet d’une audition libre.

d. L’apport de la loi du 23 mars 2019, loi de programmation justice

En matière de GÀV, elle comble un vide juridique en prévoyant un régime particulier qui se veut
plus protecteur pour les incapables majeurs. Il s’agit de tirer les enseignements d’une décision
QPC du 14 septembre 2018.
Création d’un nouveau texte à l’art 706-112-1 CPP. Le tuteur ou le curateur doit obligatoirement
être avisé de la GÀV. Cette formalité intervient afin de garantir l’effectivité des droits du gàv. Le
tuteur ou le curateur peut lui-même demander la désignation d’un avocat et à ce qu’un examen
médical soit réalisé.

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3. Le régime de l’audition libre

Statut intermédiaire entre le simple témoin et le gàv. Consacré par la loi du 27 mai 2014. Jusqu’à
cette date, cette pratique relevait de la pratique policière, aucun encadrement donc le suspect ne
pouvait se prévaloir d’aucun droit. Le législateur nomme cette pratique, ainsi il fixe des critères
pour le différencier de la GÀV.

a. Notion et origine

L’audition libre consiste pour les enquêteurs à entendre une pers suspectée sans la placer en GÀV
dès lors qu’elle y consent. Comme la GÀV, elle renvoie à l’origine à une pratique policière qui
s’explique par le fait qu’une GÀV n’est pas obligatoire dès lors que la personne est suspecte. La
pratique de l’audition libre, à partir de la loi du 14 avril 2011, pouvait être suspectée d’être utilisée
par les enquêteurs pour contourner les nouveaux droits des gàv. De même, cette audition libre sans
droit avait à l’origine était prévu dans les travaux parlementaires de la loi de 2011. Sous la pression
des avocats, notamment du CNB, qui ont dénoncé une atteinte des droits de la défense, la notion
d’audition libre a été retiré par la loi de 2011. Décision garde à vue 2 du 18 novembre 2011 : le CC
s’est prononcé sur les dispositions de la loi de 2011. A réintroduit l’audition libre. Dans la loi de
2011, il y avait que deux régimes, le témoin et le gàv. Comment faire la distinction entre le témoin
suspect et le témoin pas suspect ?

Le régime de l’audition du témoin était prévu par l’article 62 CPP :


- L’alinéa 1er précisait que le simple témoin pouvait être entendu le temps nécessaire à son
audition.
- L’alinéa 2 prévoyait que si au cours de son audition, le témoin devenait suspect, il ne pouvait être
maintenu sous la contrainte que sous le régime de la GÀV.
Le CC s’est prononcé et a validé cet alinéa. Il a toutefois mis une double réserve d’interprétation.
Il considère que le texte est valable à la condition que soit notifié au témoin devenu suspect son
droit de quitter les locaux à tout moment et à la condition que la personne ait été informé de la
nature et de la date de l’infraction qu’on la soupçonne d’avoir commise. À partir de cette réserve,
le CC a dégagé la notion d’audition libre qui avait été écarté par le législateur. Il est rapidement
apparu que l’audition libre était insuffisamment protectrice et que la notion méritait un
encadrement législatif plus direct.

b. L’encadrement de l’audition libre

Loi du 27 mai 2014. L’objectif est de reconnaitre à tout suspect au stade de l’enquête policière, qu’il
soit privé de liberté ou non, un ensemble de droits minimum. Frontière plus nette entre le témoin
et le suspect. Dans cette loi, c’est la qualité de suspect qui devient le critère de déclenchement des
droits de la défense.

Le législateur s’inspire du régime de la GÀV qu’il a consacré en 2011 pour plus ou moins venir le
transposer au cas de l’audition libre. L’article 61-1 du CPP (à lire !) énumère tous les droits de la
personne qui fait l’objet d’une audition libre :

- Droit à la notification de ses droits ;


- Information sur la qualification la date et le lieu présumé de l’infraction ; - Le droit de quitter les
lieux à tout moment (droit critiquable, dès qu’on l’exerce, on est mis en GÀV) ;
- Droit d’être assisté par un interprète ;
- Droit au silence ;

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- Droit à l’assistance par un avocat, n’est reconnu qu’en cas de suspicion de crime ou délit punis
d’une peine d’emprisonnement (comme la GÀV, on vient diminuer ce droit pour cause de
budget), ainsi si suspecté de contravention ou délit non puni d’emprisonnement, pas le droit à
l’assistance par un avocat ;

Les deux droits consacrés à l’article 61-3 CPP autorisent l’avocat soit présent lors des séances de
reconstitution et de d’identification.
Depuis la loi du 23 mars 2019, des règles spécifiques ont été introduites pour l’audition libre des
mineurs. L’article L.412-1 et suivants du Code de la justice pénale des mineurs prévoit une
obligation d’informer de l’audition libre les parents ou tout autre représentant légal. De même,
règles spécifiques pour l’audition des majeurs protégés (706-112-2 CPP).

L’évolution est-elle terminée ? Deux grandes questions demeurent posées et feront l’objet d’évolution.
Tout d’abord, celle du régime des perquisitions et celle de l’accès à l’intégralité du dossier pour les
avocats au stade de l’enquête policière.

• L’avocat doit-il être présent lors des perquisitions ? À l’heure actuelle, la réponse de principe est
négative, il n’y a pas de droit à l’assistance par un avocat au stade de la GÀV dans le cadre
d’une perquisition. Pas de vraie prise de position de la CEDH et la directive d’octobre 2013 ne
vise pas la perquisition.

La Cour de cass semble bien s’attacher à une lecture stricte de ces sources supra-législatives pour
limiter les droits de la défense à d’autres actes de procédure.
Cass. crim 12 janv 2021 : GÀV, demande code d’accès au téléphone. Acte assimilé à une
perquisition. L’avocat a soulevé la nullité cat non respect des droits de la défense. Pour la cass,
l’acte par lequel l’enquêteur demande l’accès au téléphone ne constitue pas une audition sur le
fond. Elle est assimilée à une perquisition donc l’absence de l’avocat ne constitue pas une une
atteinte aux droits de la défense. Mais qu’est ce qu’une audition ? Marge d’appréciation des juges.

• L’accès à l’intégralité du dossier est une revendication du gàv et des avocats. Permettrait l’accès
à tous les procès-verbaux de l’enquête.

Une timide avancée a été réalisée avec la loi du 22 décembre 2021 avec la réécriture de l’article 77-2
du CPP. Toute personne qui a fait l’objet d’une GÀV ou d’une audition libre et qui un an après la
mesure n’a pas eu de nouvelle quant à la suite de la procédure peut demander l’accès à la
procédure.

§2. Les autres actes d’enquête

A. Les perquisitions et les saisies

La JP assimile la pratique des fouilles à corps depuis un arrêt de principe depuis un arrêt du 22
janvier 1953 Isnard. La perquisition constitue une fouille inclusive dans un lieu fermé où sont
susceptibles de se trouver des indices sur l’infraction ou sur l’auteur. Les saisies s’inscrivent dans
la continuité des perquisitions pour d’épauler un certain nombre de documents.

Lorsque les enquêteurs peuvent obtenir des documents sans fouiller donc sur demande, pas de
perquisition. La perquisition est un principe contraignante en enquête de flagrance et requiert le
consentement de l’intéressé dans l’enquête préliminaire.

41
La référence au domicile est importante puisque le plus souvent les perquisitions se déroulent au
domicile du suspect ou dans le bureau d’une personne physique ou le siège d’une personne
morale. Cette notion de domicile a été interprété largement pour renforcer la protection du suspect.
Il s’agit de tout lieu où une personne a son principal établissement, qu’elle y habite ou non et assoit
son titre d’occupation. (Ex : véhicule transformé, chambre d’hôtel). La référence au domicile est
importante pour déterminer le moment de la perquisition puisque selon l’article 59 CPP la
perquisition n’est possible qu’entre 6h et 21h. Toutefois, la qualification de criminalité organisée
permet de procéder à des perquisition nocturnes.

Lors d’une perquisition, la personne doit être en principe présente. À défaut, elle peut désigner un
représentant. À défaut l’OPJ peut désigner 2 témoins. Prévu par l’art 57 CPP.

- Il existe en outre des règles spécifiques pour les fouilles de véhicules prévues par l’art 78-2-2 du
CPP. La perquisition y est admise plus facilement que dans le domicile (sauf s’il peut être
qualifié de local d’habitation).
- Règles spécifiques pour les locaux professionnels pour faire respecter la législation sociale (Art
78-2-1 CPP).
- Il existe également des règles spécifiques pour perquisitions dans un cabinet d’un professionnel
tenu au secret professionnel (56-1 à 56-3 CPP).

Saisie s’inscrit dans la continuité des perquisitions pour déplacer des objets et des documents.

B. Les arrestations

L’arrestation est un acte de coercition qui consiste à priver de liberté de mouvement un individu.
Elle est possible uniquement en cas de suspicion de crime ou de délit à partir de l’appréciation qui
peut être faite au moment des faits. Ne doit pas être confondu avec la GÀV. L’hypothèse de
l’arrestation concerne les infractions flagrantes et ce pouvoir de coercition n’est pas propre aux
policiers puisqu’il est reconnu à tout citoyen - art 73 CPP qui définition la procédure de
l’appréhension. Cela donne lieu à un contrôle sur la nécessité et la proportionnalité des moyens
mis en oeuvre.

C. Les contrôles d’identité

Il s’agit de procédures prévues aux articles 78-1 et suivants du CPP. Elles peuvent être exercées de
manière préventive dans le cadre d’une opération de PA ou en cas de suspicion d’infraction par la
PJ. Quelque soit le type de contrôle, il repose sur l’obligation selon laquelle toute personne doit
être en mesure de justifier son identité sur le territoire de la République.

• Les contrôles de PA sont plus précisément prévus à l’art 78-2 al 3,4 et 5 du CPP. Il s’agit d’une
mesure justifiée au regard du risque de trouble à l’OP avec un domaine d’application assez
large, cela justifie les contrôles au frontières, dans les gares, les ports, les aéroports ou dans tout
autre lieu pour garantir les personnes et les biens.

• Les contrôle de PJ sont prévus à l’art 78-2 al 1. La mesure est destinée à faciliter l’identification
de l’auteur d’une infraction ou d’une infraction sur le point de se commettre. Les OPJ peuvent
contrôler l’identité de toute personne contre laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles
de soupçonner :
- qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction
- qu’elle se prépare à commettre une infraction,
42
- qu’elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à l’enquête
- qu’elle a fait l’objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.

Le législateur a tendance à multiplier des régimes spéciaux de contrôle d’identité. Tel est le cas
depuis la loi du 3 juin 2016, l’article 78-2-2 prévoit une procédure particulière dans le cas de la
prévention des actes terroristes. De même la loi de programmation du 23 mars 2019 est venue
prévoir une nouvelle procédure en matière de contrôle d’identité sur les navires.
L’article 78-3 si la personne refuse de donner son identité ou n’est pas en mesure de justifier son
identité, elle peut faire l’objet d’une mesure de rétention qui ne peut excéder 4h, le temps de
procéder aux recherches nécessaires pour l’identifier.

D. Les auditions de témoins et de victimes

S’agissant des témoins, ils renvoient à toutes personnes qui ne sont pas suspectent et qui sont
susceptibles de fournir des renseignements à l’enquête. Les OPJ peuvent entendre toutes les
personnes susceptibles de donner des renseignent utiles, et à ce titre il s’agit d’un devoir qui
s’impose à tout citoyen. En cas de refus de se rendre à une convocation, le Proc peut peut autoriser
l’utilisation de la force pour auditionner la personne. En revanche un simple témoin ne peut être
privé de liberté et donc ne peut être placé en GÀV. Selon l’art 78 al 2 CPP, un simple témoin ne
peut être retenu que le temps nécessaire à son audition, max 4h. Si en cours d’audition, des raisons
de suspecter que la personne a participé à l’infraction, elle peut être placée en GÀV sauf si elle
consent à être entendue librement (audition libre).

S’agissant des victimes, l’article 61-2 CPP définit que les victimes peuvent être assistées par un
avocat uniquement en cas de confrontation avec un suspect.

E. Les mesures de surveillance

Rentre dans cette catégorie


- Les interceptions de correspondance par la voie de communication électronique (art 100 et
suivants CPP),
- Les sonorisations et captations d’image càd placement sur écoute, procédure très utilisée en
criminalité organisée (art 706-96 CPP).
- La géolocalisation, règlementée depuis 2014 (art 230-32 et suivants du CPP),
- La captation de données informatiques, (706-102-1 suivants),
- IMSI catcher (706-95-4 et suivants).

La plupart de ces mesures, sauf la géolocalisation ne sont possibles qu’au stade de l’instruction
parce qu’elles sont intentatoires aux libertés. Elles sont interdites sous peine de nullité lors des
enquêtes policières pour les infractions de droit commun. En revanche, toutes ces mesures
deviennent possibles au stade de l’enquête policière en cas de crime ou de délit organisé.

F. Les investigations corporelles

Procédures comme des prélèvements externes sur le corps, un relevé d’empreinte digitales
palmaires ou photographiques, des fouilles corporelles, des investigations corporelle internes, des
prélèvements biologiques ou à une autopsie judiciaire.

G. Les examens techniques et scientifiques

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Rentre dans cette catégorie toutes les formes d’expertises. Il peut s’agir d’une expertise balistique,
de mandater un administrateur judiciaire chargé de vérifier la situation financière d’une sté, un
professionnel du bâtiment pour identifier les causes d’un sinistre en matière immobilière,
expertises psychiatrique. Les expertises ne lient pas le juge.

Chapitre II : L’enquête judiciaire

Le juge d’instruction est une figure particulièrement emblématique de notre procédure pénale ; il
n’a pas de JI dans tous les pays d’Europe. Il est l’héritier du modèle inquisitoire qui s’est imposé
depuis l’ordonnance de Colbert. Néanmoins, depuis la fin du XIXème siècle notamment depuis la
loi Constans de 1897, l’instruction s’est considérablement ouverte aux droits de la défense et la
procédure est devenue plus accusatoire en consacrant au profit du suspect le droit à l’assistance
par un avocat. Cette procédure est obligatoire pour tous les crimes et est facultative pour les délits
(pluralité d’auteurs, infractions techniques comme la délinquance d’affaire). Néanmoins, elle est en
déclin puisqu’elle représente moins de 5% des affaires pénales. De plus en plus critiqué et certains
envisagent la suppression du JI.
En principe, il intervient seul. Il est un magistrat investi de pouvoirs importants et par le passé un
certain nombre d’erreurs judiciaires ont été commises et ont interrogé sur la pertinence de ce
système.

Section I : La procédure de l’instruction

§1. Le déroulement de l’instruction

A. L’ouverture de l’instruction

Le JI ne peut pas s’auto-saisir. Deux modes de saisine définis l’article 51 CPP


: - À l’initiative du MP par un réquisitoire introductif,
- Plainte avec constitution de partie civile

Le Président du TJ procède à la désignation d’un JI qui sera chargé de l’affaire avec le respect des
pôles de l’instruction et des règles de la co-saisine.

B. La clôture de l’instruction

1. La durée de l’instruction

La procédure, une fois ouverte, n’est pas totalement laissée sous le contrôle du JI. L’objectif est tout
à la fois d’assurer une enquête de qualité et de rapidité. Il y a eu des condamnations, notamment
de la CEDH sur la durée. C’est pourquoi elle est désormais réglementer par la loi. Il y a un double
contrôle :

- Les parties peuvent dans certaines conditions, demander au juge de clore l’instruction (art 175-1
CPP). C’est le cas pour le mis en examen, du témoin assisté ou de la partie civile soit à
l’expiration du délai prévisible d’achèvement de l’instruction soit lorsqu’aucun acte de
l’instruction n’a été accompli depuis 4 mois. Le JI doit y répondre dans un délai d’un mois.

- L’instruction doit respecter un délai raisonnable rappelé à l’article 175-2 du CPP. Ce délai est fixé
à deux ans à compter de l’ouverture de la procédure et au delà le JI doit rendre une ordonnance
motivée expliquant les raisons pour lesquelles il est nécessaire de poursuivre l’instruction.

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2. L’ordonnance de règlement

Sa décision s’appelle ordonnance car le JI est un juge unique. Si formation collégiale : jugement. A
l’issue de l’instruction, le JI rend une ordonnance de règlement, il peut rendre plusieurs catégories
d’ordonnances :
- Ordonnance de non-lieu s’il n’y a pas lieu à poursuivre la procédure pénale. Il n’y aura pas de
renvoie devant une juridiction de jugement. En principe, elle éteint l’action publique. Plusieurs
causes possibles : pas de charges suffisantes à l’encontre de la personne mise en examen, un fait
justificatif…

- Une ordonnance d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. Dans ce cas, le JI
considère que la personne fait l’objet d’un trouble psychique abolissant son discernement en
application de l’art 122-1 du CP : elle ne peut pas être sanctionnée pénalement.

- Ordonnance de transmission de pièces : c’est le nom spécifique de l’ordonnance qui autrefois


(avant réforme du 15 juin 2000), permettait de saisir la chambre d’accusation pour procéder à un
double degré d’instruction qui était à l’époque obligatoire en matière criminelle. Cette
ordonnance a été conservée mais elle correspond à un cas particulier ; une décision qui permet
de transmettre le dossier à la chambre de l’instruction : elle peut être utilisée dans 2 hypothèses :
• Une irresponsabilité pénale pourrait être prononcée : les éléments sont moins précis,
moins caractérisés
• En matière criminelle, il transmet le dossier au Proc général pour qu’il vérifie si un double
degré d’instruction doit être réalisé.

- Ordonnance de renvoie au Proc de la Rép aux fins de CRPC : elle intervient en matière de délit.
C’est une hypothèse dans laquelle le JI propose une réorientation vers cette procédure rapide. Le
Proc prend la décision in fine.

- Ordonnance de renvoie devant le tribunal correctionnel ou devant le tribunal de police. Il


renvoie le jugement du délit ou de la contravention.

- Ordonnance de mise en accusation, qui est le renvoie devant la Cour d’assises en cas de crime.

§2. Les actes de l’instruction

Le juge d’instruction présente une double compétence dans la mesure où il est à la fois : -
Enquêteur (chargé de réaliser des actes d’investigation, instruire à charge et à décharge), c’est une
mission d’investigation.
- Compétence juridictionnelle : c’est un juge donc il va être amené à prendre des décisions de
nature juridictionnelle à l’encontre de la personne qui fait l’objet de la procédure : le mis en
examen.
Il y a donc deux types d’actes : les actes d’investigation et les actes juridictionnels.

A. Les actes d’investigation

Ces actes renvoient aux mêmes actes qui peuvent également être accomplis par les policiers et les
gendarmes dans le cadre de l’enquête préliminaire ou de flagrance.

1. La compétence générale en matière d’enquête

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Le JI a une compétence générale en matière d’enquête, qui va l’amener à accomplir tous les actes
utiles à la manifestation de la vérité. Ainsi, sous le contrôle du JI, pourront intervenir tous les actes
d’enquêtes que nous avons précédemment vus : audition libre, GAV, confrontations…

2. Les commissions rogatoires

Le plus souvent, ces actes d’enquêtes ne seront pas directement réalisés par le JI, il sollicite les OPJ,
pour réaliser en son nom les actes matériels d’enquête sur le terrain. Dans ce cas, on dit que les
policiers et les gendarmes agissent sur commission rogatoire du JI.
C’est ce terme qui modifie le cadre procédural : on est dans le cadre d’une enquête judiciaire et les
actes d’enquête réalisés sous le contrôle du JI et non du Parquet.

3. Les mandats

Le JI peut intervenir dans le cadre des mandats. Les mandats sont des ordres écrits par lesquels le
JI porte atteinte à la liberté d’une personne. L’objectif du mandat est de permettre la comparution
ou l’incarcération (arrestation) de la personne soupçonnée. Il y a 5 variétés de mandats qui existent
en droit français :

- Le mandat de recherche : donner l’ordre de rechercher une personne suspectée pour lui
permettre d’être entendue,
- Le mandat de comparution : on lui demande de répondre à une convocation - Le mandat
d’amenée : permet de requérir les forces de l’ordre d’utiliser la force pour permettre de l’entendre
et vient en général après un mandat de comparution infructueux. - Le mandat de dépôt : c’est une
injonction de conduire la personne à la maison d’arrêt. - Le mandat d’arrêt : il permet de donner
l’ordre à la force publique de rechercher et d’arrêter la personne pour la conduire à la maison
d’arrêt. Ce mandat contient un mandat de dépôt mais il permet en plus de procéder à des
investigations pour rechercher la personne, l’arrêter et la mettre à la disposition de la justice.

B. Les décisions relatives aux personnes mises en cause

Le JI prend assez rapidement une décision relativement au statut de la personne mise en cause, ce
qui permet de déterminer le régime juridique de cette personne et les droits dont elle va bénéficier.
1. Le statut des personnes mises en cause

Une des décisions les plus emblématiques et les plus controversées du JI est celle relative à la mise
en examen d’un suspect. Elle conditionne le régime d’audition des personnes pendant
l’instruction et elle fait varier l’étendue des droits de la défense dont les suspects peuvent
bénéficier.

- Depuis la loi Constans de 1897, les droits de la défenses ont été introduits dans la procédure
d’instruction, dont l’assistance par un avocat et depuis, les droits n’ont jamais cessé de s’étendre. -
Depuis loi du 15 juin 2000, il n’existe pas un seul statut pour le suspect, mais 2 dans le cadre de
l’instruction préparatoire : le statut de mis en examen (ce qui correspond à l’ancien statut
d’inculpé), et témoin assisté (ajout de la loi). Statut intermédiaire entre le simple témoin et le mis
en examen.

a. La mise en examen

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Selon l’art 80-1 du CPP, le JI doit mettre en examen la personne à l’encontre de laquelle il existe des
indices graves et concordants de participation aux faits.

La mise en examen conditionne l’application des droits de la défense au profit de la personne qui
fait l’objet de cette décision, et parmi ces droits, figurent le droit à l’assistance par un avocat, le
droit au silence, le droit d’accéder au dossier. On applique les droits de la défense quasiment de la
même manière que durant la phase de jugement et le principe du contradictoire.

Pendant très longtemps, le contrôle du respect des critères de la mise en examen était relativement
limité. Évolution à la faveur de la procédure : l’arrêt de la Chambre criminelle du 9 fev 2021 a
accentué le contrôle des conditions de la mise en examen, il faut vérifier les éléments de faits
graves et concordants qui justifient la mise en examen car après une décision de mise en examen,
la personne est susceptible de faire l’objet d’une détention provisoire.

Il y a deux statuts de suspects mais seul celui qui est mis en examen peut faire l’objet d’une
détention provisoire de qq mois ou qq années de privation de liberté avant un procès.

Autre fondement : art 105 du CPP par rapport à la mise en examen.

Mais la mise en examen ne peut auj se comprendre qu’avec le nouveau statut mis en place dans la
loi de 2000 : le témoin assisté.

b. Le témoin assisté

Loi du 15 juin 2000 relative au respect de la présomption d’innocence. Le législateur a donné la


priorité au statut de témoin assisté car il veut limiter et encadrer le recours à la détention
provisoire.

L’art 80-1 du CPP indique que le JI ne peut procéder à la mise en examen que s’il estime ne pas
pouvoir recourir au statut de témoin assisté.
L’art 113-1 du CPP prévoit que tout suspect qui n’est pas mis en examen ne peut être entendu que
comme témoin assisté. C’est une disposition qui a été adoptée pour faire en sorte que tous les
suspects bénéficient de certains droits de la défense, et éviter ce dilemme qui connu en matière
d’enquête policière : être obligé de priver le suspect de sa liberté pour pouvoir l’entendre. Le
témoin assisté dispose d’à peu près les mêmes droits que le mis en examen. Il a le droit :
- À l’assistance par un avocat
- Droit au silence
- Droit d’accéder au dossier
- Il peut formuler des observations
- Il peut demander une confrontation avec la victime, un témoin

La seule différence tient au fait que le témoin assisté n’a pas la qualité de partie à la procédure. Il
ne peut alors pas former de recours contre les ordonnances du JI. Néanmoins, les mesures de
contrainte ne sont pas non plus applicables à l’encontre du témoin assisté. En effet, une fois cette
décision prise relative au statut, en découle la possibilité de prendre des mesures contraignantes à
l’encontre du suspect.

2. La contrainte à l’égard des personnes mises en cause

a. Esprit général du dispositif

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Depuis près de 30 ans, le législateur n’a cessé d’intervenir pour essayer de réduire le nombre des
détentions provisoires en France, qui sont considérées comme étant très attentatoires à la
présomption d’innocence. Mais ce nombre ne diminue pas, malgré les efforts. L’incarcération en
maison d’arrêt peut durer plusieurs mois voire plusieurs années. Si condamnation : le temps
incarcéré est déduit de la peine finale.

Le législateur a tenté de proposer des alternatives à la détention provisoire. Il a essayé de


diversifier les mesures de contrainte qui peuvent être prononcées dans l’intérêt des investigations.
Les principes sont aujourd’hui contenues dans l’art 137 du CPP. Cet article commence par rappeler
que toute personne mise en examen est présumée innocente et qu’elle demeure libre. Le 2eme
alinéa : « Toutefois… » : les nécessités de l’instruction peuvent justifier les mesures de sûreté
(=mesure restrictive de liberté). Sont prévues dans l’ordre (des mesures les moins attentatoires aux
plus attentatoires) :
- Contrôle judiciaire
- L’assignation à résidence sous surveillance électronique : créée en 2009.
- Détention provisoire.

Toutes ces mesures ne peuvent être prononcées qu’à l’égard des personnes mises en examen. Le
témoin assisté ne peut faire l’objet d’aucune de ces mesures : la liberté est un principe absolu pour
lui.

b. Le contrôle judiciaire

Cette mesure est prévue aux art 138 et suivants du CPP. Elle a été créée par une loi du 17 juillet
1970 : avant cette date, aucune alternative à la détention provisoire n’existait, qu’on appelait
d’ailleurs la détention préventive. La loi de 2000 a changé le vocabulaire pour présomption
d’innocence.

Cette mesure offre au JI une mesure intermédiaire entre la liberté et la privation de liberté dans
l’objectif de soumettre le suspect à des mesures de surveillance pour éviter qu’ils ne se soustraient
à l’enquête sans pour autant aller jusqu’à le priver de sa liberté d’aller et venir.

La décision relève du JI et a une nature juridictionnelle. Elle est susceptible d’un recours et d’un
appel.
Le JI soumet le mis en examen à une ou plusieurs obligations ou interdictions prévues par la loi
(Art 138 CPP) :
- Interdiction de sortir de certaines limites territoriales. Ex : le périmètre de sa résidence.
- Ne pas fréquenter certains lieux : écoles, résidence de la victime…
- S’abstenir de voir certaines personnes
- Ne pas se livrer à certaines activités professionnelles
- Se présenter périodiquement dans les locaux de la police : venir pointer…

Le contrôle judiciaire ne doit pas être confondu avec le suivi socio-judiciaire, qui est une mesure
post-peine (qui intervient après la condamnation et l’exécution d’une peine privative de liberté).

c. L’assignation à résidence sous surveillance électronique

Résulte de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, articles 142-4 et suivants du CPP. Oblige la
personne à demeurer à domicile ou dans une résidence fixée par le juge compétent. Elle est
prononcée avec l’accord ou à la demande de l’intéressé par le juge d’instruction ou le JLD si la
personne mise en examen encoure une peine d’emprisonnement d’au moins 2 ans. Elle est

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applicable pour certaines infractions : pour violences ou menaces punis d’au moins 5 ans
d‘emprisonnement à l’encontre du conjoint, concubin ou de ses enfants. L’ordonnance, prise après
un débat contradictoire doit être motivée. Ne peut excéder 6 mois mais est renouvelable dans la
limite de deux ans.
En cas de non-respect, la personne peut faire l’objet d’un mandat d’arrêt ou d’amenée et être
placée en détention provisoire.

d. La détention provisoire

Depuis la réforme du 15 juin 2000, la compétence de placer la personne en détention provisoire a


été retirée du juge d’instruction au profit du JLD. Ces dernières années, depuis le début de la
période COVID, le régime de la détention provisoire a fait l’objet de nombreuses modifications en
raison de la conjonction de différents moments de l’actualité :

- Dans les premières ordonnances COVID de mars 2020, les dirigeants ont fait le choix de
prolonger automatiquement toutes les détentions provisoires. A été reconnu constitutionnel et
inconventionnel. A compliqué les choses.
- Sous la double influence des sources constitutionnelles et européennes, un débat s’est développé
sur le respect du PR de dignité. Plusieurs QPC. Une abrogation qui a entrainé la loi du 8 avril
2021 qui a consacré un recours pour les personnes en détention provisoire et personnes
incarcérées après condamnations pénales (cf au dessus).
- Courant favorable au renforcement du contrôle de la détention provisoire.

α. Les conditions de la détention provisoire

• Conditions de fond :

Article 144 du CPP prévoit une liste de motifs qui peuvent justifier le placement en détention
provisoire. (NB : Même esprit que pour la GÀV). On y retrouve :
- La nécessité de sauvegarder des preuves,
- Empêcher la pression sur les témoins ou les victimes,
- Éviter les concertations frauduleuses entre les auteurs et complices,
- Protéger la personne mise en examen (criminalité organisée),
- Garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice,
- Mettre fin à l’infraction ou prévenir son renouvellement,
- Mettre fin au trouble à l’OP provoqué par l’infraction, la gravité de l’infraction et les
circonstances de sa commission.

Ce texte a notamment été modifié par la loi du 5 mars 2007 qui est venu réformer l’instruction
préparatoire à la suite de l’affaire d’Outreau. La liste des motifs a été rallongée pour mieux
encadrer les cas de recours à la détention provisoire. Désormais, le juge est tenu à une motivation
concrète du placement, il doit démontrer que la mesure est justifiée à partir d’éléments précis et
circonstanciés. Il doit également exposer en quoi la détention provisoire est l’ultime moyen de
satisfaire l’un des objectifs énoncés par la loi.

Pour répondre à l’émotion suscité par l’affaire d’Outreau, on a apporté une précision
supplémentaire selon laquelle la détention provisoire ne peut être ordonnée pour mettre fin à un
trouble qui résulterait du seul retentissement médiatique de l’affaire.

Elle est enviable que pour les crimes et délits dont la peine encourue est supérieure ou égale à 3
ans sauf les délits en matière de presse.

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Dernièrement, depuis 2 ans, la Cour de cassation est venue intensifier le contrôle du respect de la
détention légale. Depuis un arrêt rendu par la chambre criminelle du 20 octobre 2020. CF mise en
examen. Les deux sont liés mais il y a des conditions strictes pour justifier la mise en examen «
indices graves et concordants » et qu’à l’occasion du contrôle du placement en détention
provisoire, la chambre a l’occasion de vérifier la mise en examen.

Dans un arrêt de la chambre criminelle du 9 février 2021, la Cour de cassation a précisé que la
chambre de l’instruction devait s’assurer que les conditions légales de la détention provisoire
étaient réunies et notamment l’existence d’un indices graves ou concordants rendant
vraisemblable la participation de la personne mise en examen aux faits reprochés.

Un arrêt récent rendu par la chambre criminelle le 18 janvier 2022, la Cour de cassation a considéré
que l’arrêt de la chambre de l’instruction qui se borne à retenir que la détention provisoire
constitué de l’unique moyen de parvenir à plusieurs des objectifs énumérés par l’article 144 du
CPP n’est pas suffisamment justifié.
JP importante qui montre que le juge d’instruction et le JLD sont de plus en plus soumis à des
justifier leurs décisions. + formalités. Soit respect des droits et libertés mais frein dans l’efficacité.

Équilibre à deux vitesses entre sécurité et liberté. Ne s’équilibre pas toujours au même endroit
selon qu’on est dans une procédure de droit commun ou de criminalité organisée.

• Conditions de forme :

- Il faut qu’il y ait une réquisition du MP,


- Doit intervenir une ordonnance motivée du juge d’instruction formulant une demande de mise
en détention pour saisir le JLD,
- Devant le JLD, intervient un débat contradictoire entre MP et accusé.
- Le placement intervient par une ordonnance (juge unique) qui doit être motivée.

Contentieux sur le droit au silence. Dans une décision QPC du Conseil constitutionnel du 30
septembre 2021, celui-ci a déclaré inconstitutionnel l’alinéa 6 de l‘article 145 parce qu’il ne
prévoyait pas la notification du droit au silence du mise en examen préalablement au débat
contradictoire.
Le législateur, dans la loi Dupont Morreti du 22 décembre 2021, a corrigé cette irrégularité. Il est a
modifié l’article préliminaire, il est prévu qu’en matières de crime et de délit, qu’il doit être notifié
à la personne poursuivie son droit au silence préalablement à tout recueil d’information, et aux
interrogatoires. Réécriture de l’alinéa 6 de l’article 145.

• Les recours :

L’ordonnance du JLD peut faire l’objet d’un appel devant la chambre de l’instruction. Elle peut
faire l’objet d’un référé liberté pour saisir le président de la chambre de l’instruction si lendemain
de la décision ??

β. Les délais de la détention provisoire

Soumise à une exigence générale, ne peut pas excéder un délai raisonnable. Article 144-1 du CPP.
Est indéterminé. Les lois successibles ont transformé la matière en un enchevêtrement de délais.

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Il y a tout d’abord des durées initiales. En principe, la durée est de 4 mois en matière de délit et
d’un an en matière de crime avec des prolongations possibles par période de 4 mois pour les délits
et de 6 mois pour les crimes.

Le législateur a fixé des durées maximales. En matière correctionnelle, elle ne peut excéder un an,
avec des exceptions à deux ans pour certains délits énumérés. En matière criminelle, le délai
buttoirs est de 2 ans pour les crimes punis moins de 20 ans, 4 ans pour crimes contre les personnes
ou la nation et 3 ans dans tous les autres cas.
Dépassement des délais butoirs autorisées par la chambre de l’instruction. 145-1 et suivants.
Délits Crimes

Durée normale 4 mois 1 an

Prolongation Par période de 4 mois Par période de 6 mois

Durée maximale 1 an, avec des exceptions à - 2 ans pour les crimes
2 ans pour délits punis pour de 20 ans
énumérés - 4 ans pour crimes
contre personnes ou la
nation
- 3 ans dans les autres cas

La loi du 22 décembre 2021 contient notamment un article 5 intitulé « disposition tentant à limiter le
recours à la détention provisoire ». La loi propose de durcir les conditions de prolongation de la
détention provisoire (art 137-3 CPP). On vient renforcer l’obligation de motivation. Les décisions
de prolongations au delà de 8 mois qui rejettent une demande de mise en liberté pour une
détention de plus de 8 mois doivent comporter l’énoncé des considérations de faits sur le caractère
insuffisant de la détention provisoire.

Section II : Le contrôle de l’instruction

Deux types de contrôle :


- Contrôle des décisions, passe par l’exercice des voies de recours
- Contrôle des actes, par contentieux de la nullité.

§1. Le contrôle des décisions : l’appel

Avant la loi du 15 juin 2000, il y avait un double degré d’instruction obligatoire en matière
criminelle et en autorisant l’appel des arrêts d’assisses, la loi a supprimé ce double degré
d’instruction. Ce faisant, il a généralisé les voies de recours.

L’appel peut être formé par le MP, qui a un droit d’appel général car il peut contester toutes les
ordonnances du juge d’instruction (art 185 du CPP). La personne mise en examen peut former un
appel seulement dans celles visées par l’art 186 CPP (refus de statut témoin assisté). La partie civile
a un droit d’appel encore plus restreint, elle peut faire appel contre une ordonnance de non- lieu.

Pour ces deux dernières personnes, l’appel est subordonné à un filtre du président de la chambre
de l’instruction.
La loi de programmation en décembre 2019 a uniformisé les délais, il est de 10 jours à compter de
la notification de l’ordonnance.

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§2. Le contrôle des actes : les nullités
Les règles de nullité sont prévues à la section 10 du chapitre consacré à l’instruction. Elles sont en
réalité applicables aussi bien aux règles de l’enquête policière qu’aux règles de l’information
policière. Elles sont prévues aux articles 170 et suivants du CPP.

De façon générale, le contentieux de la nullité vise à contrôler la régularité formelle de tous les
actes qui ne peuvent faire l’objet d’un recours. Peuvent être contestée la régularité d’une
commission rogatoire, une réquisition, tous les procès-verbaux…

En principe, peu importe que l’acte d’enquête vise la personne mise en examen ou un tiers dès lors
que l’acte porte atteinte aux droits. Il y a qq aménagements :

- La Cour de cassation a posé une exception en matière de GÀV. Arrêt de la chambre criminelle le
14 février 2012. Elle considère que qu’un gàv ne peut pas se prévaloir de la nullité d’un acte
réalisé au cours de la GÀV d’un tiers.
- La chambre criminelle dans un arrêt du 7 sept 2021 a admis une extension de la qualité pour agir
dans le cadre d’une perquisition. Seul le titulaire d’un droit, comme le droit de propriétaire sur
le local perquisitionné avait qualité à agir. Dans cette affaire chambre d’hôtel. Toute partie a
qualité pour évoquer la méconnaissance de l’absence de signature du PV de perquisition et de
saisie.

A. Les conditions de l’annulation

1. L’irrégularité (nullités textuelles et substantielles)

Cette exigence du respect de la légalité formelle des actes est rattachée à l’article 171 CPP (imp). Au
delà, on distingue deux types de nullité selon que la formalité omise est expressément prévue par
un texte (le texte doit dire que le non-respect est sanctionné par la nullité) ou non. On distingue
ainsi les nullités textuelles ou substantielles (virtuelles).

• Les nullités textuelles correspondent à un grand principe de procédure selon lequel il n’y pas
de nullité sans texte. Le législateur devrait toujours prévoir la sanction de l’irrespect de telle ou
telle formalité. Il y a une vraie sécurité juridique en présence de nullité textuelle. Nombreuses
hypothèses :
- Perquisitions et saisies : art 59 CPP et 706-92 CPP pour CO,
- Formalité en matière de contrôle d’identité : art 78-3 CPP,
- Interception de correspondance : art 100-1 CPP,
- Formalisme mise en examen : art 80-1 CPP.

• Nullités substantielles ou virtuelles. Article 171 du CPP prévoit que certaines formalités sont
des formalités substantielles. Certaines formalités seront plus importantes que d’autres pour
assurer la protection des libertés individuelles et il ne serait pas nécessaire de prescrire la nullité
en cas de non-respect. Toutes les règles de procédure peuvent être sanctionnées par la nullité si
l’irrégularité est jugée suffisamment grave pour constituer une formalité substantielle. Introduit
une insécurité juridique puisque dépend des évolutions des JP de la chambre crim. En pratique,
ces hypothèses viennent du non-respect des principes directeurs et notamment toutes les règles
relatives aux droits de la défense. Ce n’est pas toujours le cas, la JP a reconnu le défaut de
signature d’un réquisitoire introductif.
2. Le grief (nullités d’ordre privé et d’ordre public)

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Pas de nullité sans grief. Le législateur a recherché un compromis pour que les actes de procédure
ne sont pas trop facilement annulés. Rattache à l’article 802 du CPP. Néanmoins, la JP considère
que la condition d’un grief n’est pas toujours applicable. On distingue les nullités d’ordre privé et
les nullités d’ordre public.

• Nullités d’ordre privé. Sont celles qui en principe sont subordonnées à la démonstration d’un
grief. Elles visent à protéger les intérêts des parties concernées par l’acte. Par exemple, le non
respect des droits de la défense est une nullité substantielle. Le bien-fondé de la demande est
subordonné à la démonstration d’un grief (absence de notification du droit au silence). Cette
exigence vaut pour les nullités textuelles et substantielles.
Crim. 7 sept 2021 (pas le même que l’autre).

Pour éviter cette difficulté tenant à la preuve d’un grief, la Ccass admet qu’il peut être présumé, ce
qui revient à dispenser la partie demanderesse à apporter cette preuve. Admis par un arrêt du 30
avril 1996 à l’occasion d’un procédure de GÀV où il n’y avait as eu de notification des droits. Cette
absence porte nécessaire atteinte aux droits de la personne de telle sorte quelle nullité est
automatiquement encourue.

Il faut examiner la JP de la Ccass pour connaître les cas où la présomption est admise. Il est certain
que les formalités relatives aux droits de la défense sont concernées par les présomptions. - Arrêt
du 14 mai 2019 : la présomption de grief est applicable en cas d’absence de notification du droit de
se taire.
- Arrêt du 17 juin 2020 : la présomption de grief est applicable au non-respect de l’information du
représentant légal du mineur en cas de placement du mineur.
- Arrêt du 18 juin 2022 : applicable en cas de non-respect de la règle selon laquelle le mise en
examen doit avoir la parole en dernier.

• Nullités d’ordre public. Elles sanctionnent les irrégularités les plus essentielles de la PP et qui
dépassent le strict intérêt des parties à la procédure. Le critère est peu défini, parce qu’il n’est
posé par aucun texte et résulte de la seule interprétation JP. L’article 802 n’est pas applicable
donc la condition du grief n’est pas exigée.

- L’absence de serment de l’interprète est une nullité d’OP. Arrêt du 2 février 1977.
- Non respect des règles de compétence.
- Procédure à respecter pour former une demande de réquisition d’un opérateur de téléphonie
(placement sur écoute etc…). Arrêt du 1er sept 2005.

B. Les effets de la nullité

Il revient à la juridiction de déterminer si l’annulation d’un acte de procédure en particulier doit


s’étendre à d’autres actes de procédures et éventuellement à l’ensemble des actes de procédure.
L’article 174 al 2 et 206 CPP. À partir de ces textes, la JP a posé le critère du support nécessaire. La
Cour de cassation se demande si l’acte annulé est le support nécessaire des actes subséquents
(théorie des dominos). À titre d’exemple, le non-respect du nouveau droit du silence ou du
nouveau droit à être assisté par un avocat, introduit en 2011, ne constituait pas le support
nécessaire de tous les actes accomplis en GÀV. Le PV d’une audition intervenu sans la présence
d’un avocat devait être annulé mais ce PV n’était pas le support nécessaire donc pas d’annulation
de l’intégralité de la GÀV. Arrêt de la chambre crim du 27 mai 2014.

53
En pratique, l’acte annulé est retiré du dossier mais il peut n’être que cancellé, càd raturé lorsque le
vice n’affecte pas la totalité de l’acte.

C. Le moment de la nullité

Aucune nullité ne peut être soulevé au stade de l’enquête policière. Il n’y a tout de même un
contrôle postérieur. Le moment précis dépend de l’existence ou non de l’instruction.

• En cas d’instruction, on applique la règle de la purge des nullités prévue à l’article 173 du CPP.
Dans ce cas, la personne prise en examen doit soulever dans un délai de 6 mois tous les moyens
pris de la nullité des actes accomplis avant son interrogatoire de première instruction. Càd, dans
les 6 premiers mois de l’instruction. Ensuite, on applique la même règle pour tous les moments
de la procédure. S’applique à la partie civile et au mise en examen. En revanche, la chambre de
l’instruction peut quant à elle relever d’office à l’occasion de l’examen de la régularité de la
procédure sans contrainte de délai.

• Dans les autres cas, la nullité doit être invoqué in limine litis, càd avant toute défense au fond.
Article 385 CPP.
54
TITRE II : LA PHASE DÉCISOIRE

Chapitre I : Le jugement

Phase de la procédure considérée comme le berceau historique des droits de la défense, évolution
des droits de la défense depuis plusieurs années. Les droits de la défense réservés à cette phase là.

Dualité devant les procédures :


- Procédure ordinaire, la plus respectueuse des droits de la défense
- Procédure rapide, simplifiée

Depuis 5 ans obligation de motivation du jugement s’est renforcée.

Section I : La procédure de jugement

§1. Les règles communes

La procédure de jugement est inspirée du modèle de la procédure accusatoire. La procédure de


jugement est par ppe une procédure orale, publique et contradictoire.

Elle repose sur le débat, l’échange des pièces et les témoins doivent être présents. C’est la phase de
jugement qui garantie le plein exercice des droits de la défense et parmi ceux-ci figurent :

• Le droit d’être assisté par un avocat, qui est rattaché à l’article 6§3 de la CEDH, à l’article
préliminaire du CPP.
Selon l’article 417 du CPP, l’assistance du prévenu est par principe facultative. Présence
obligatoire lorsque :
- Lorsque prévenu mineur ou majeur incapable,
- ou attentif infirmité de nature à compromettre sa défense ou
- lorsque on a recours à la CRPC, comparution immédiate l’assistance est obligatoire En matière

criminelle, selon l’article 317 CPP, l’assistance est obligatoire devant les Cour d’assises.

• Le droit au silence a été récemment renforcé. Selon l’article 406 du CPP, le droit de se taire est
reconnu devant l’ensemble des juridictions pénales.

Dernièrement, dans un arrêt rendu par la chambre criminelle du 17 novembre 2021, la Cour de
cassation s’est prononcé sur le périmètre du droit au silence.
Il n’est pas applicable lorsque la juridiction n’était saisi que d’une prétention sur la peine. Le droit
de se taire n’avait pas été notifié au prévenu. La cour de cassation a considéré que le droit de se
taire n’a pas à être notifié dans procédure de jugement sur la peine.
Justification : le droit au silence a pour but d’éviter qu’une personne contribue à sa propre
accusation. Or en l’espèce, la culpabilité est déjà établie.
NB :
GÀV : suspect
Procédure d’instruction : mise en examen ou témoin assisté
Juridiction de jugement : prévenu ou accusé
55
§2. La procédure de jugement des crimes devant la Cour d’assises

A. La saisine de la Cour d’assises

En matière criminelle instruction préparatoire est obligatoire, elle ne peut être saisi qu’à la fin de
l’instruction. La Cour d’assise ne peut être saisi que par une ordonnance du JI ou par un arrêt de la
Cour d’instruction.

Elle est saisie in rem (saisie des faits et non pas des qualifications) et in personam (elle ne peut
statuer qu’à l’encontre des personnes dont elle est saisie).

B. La procédure préparatoire

Désigne la préparation de l’audience publique. Elle est organisée sous le contrôle du Président de
la cour d’Assises.

Il doit, une fois la mise en accusation définitive, procéder à un interrogatoire de l’accusé au moins
5 jours avant la date de l’audience pour s’assurer de la régularité formelle du dossier et que la
procédure est un état d’être jugé. S’il estime que le dossier n’est pas en état, il peut ordonner des
investigations complémentaires comme des expertises, désigner à un JI pour procéder à un
supplément d’information ou ordonner le renvoi à une cession ultérieure.

C. Le procès d’assises

Le procès d’assises se déroule sous l’autorité du président de la Cour qui assure la police et la
direction des débats. Le déroulement est très encadré : cf 310 et suivants CPP.

- La procédure commence par la désignation des jurés, tirés au sort. Et éventuellement de la


récusation des jurés
- Lecture des accusation
- Interroger et observation de l’accusé
- Discussion des preuves, présentation des scellés
- Phase d’audition des témoins et des experts
- Phase des réquisitions du MP et des plaidoiries (la défense en dernier)
- Délibération publique du jury sauf huis clos

Depuis la loi de programmation qui a introduit cette réforme à titre d’expérimentation et la loi
Dupont-Morreti qui l’a généralisé, le jury populaire n’est plus présent pour les crimes punis d’une
peine de réclusion jusqu’à 20 ans.

Devant la cour d’assises, aujourd’hui, il n’existe pas de procédure simplifiée et


accélérée. §3. La procédure de jugement des délits devant le tribunal correctionnel

A. La saisine du tribunal correctionnel

Plus diversifiée, elle peut intervenir de deux manières :

- Si instruction, le tribunal peut être saisi par une ordonnance de renvoi ou un arrêt de la Chambre
de l’instruction

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- De manière directe :
- Dans le cadre d’une comparution immédiate
- D’une comparution volontaire
- D’une compétition par procès verbal
- Une citation directe (à l’initiative du parquet ou de la victime qui se constitue partie civile)

Aussi saisi in rem et in personam.

B. La procédure ordinaire

La procédure ordinaire s’inspire du modèle du procès d’assises. Procédure orale, audience


contradictoire, président qui dispose du pouvoir police et de direction.

Présentation des faits + auditions de témoins d’experts + phase de réquisition et de plaidoirie +


Délibération publique sauf huis-clos.

En principe, il s’agit d’une décision collégiale, 1 président + 3 assesseurs.

Dans certains cas, prévus par les articles 398-1 et suivants du CPP, l’affaire peut être jugée à juge
unique. Tendance vers l’extension de la liste de ces infractions. La dernière extension remonte à la
loi de programmation-justice du 23 mars 2019.

Depuis la loi du 23 mars 2019, l’intervention du juge unique est désormais permise pour tout délit
puni d’une peine d’emprisonnement inférieure ou égale à 5 ans et cette procédure peut être utilisée
en appel si elle l’a été en première instance. Cette évolution amène beaucoup de discussions
lorsqu’on sait que l’une des raisons principales qui motivent cette obligation est une raison
budgétaire « justice managériale ».

Près de 58% des délits sont jugés à juge unique.

C. Les procédures simplifiées

1. Les procédures simplifiées de l’ordonnance pénale

L’ordonnance pénale est une procédure non contradictoire. Possibilité que la décision soit rendue
en l’absence du prévenu. Décision notifiée sans le respect du PR du contradictoire.

- À l’origine, il s’agit d’une procédure développée en matière de délit routier. - Depuis la loi 9
mars 2004 Perben II, d’autres délits ont été ajoutés. Ex : infraction en matière de concurrence, usage
de stupéfiant, occupation d’immeuble et de partie commune. - La loi du 23 mars 2019 loi de
programmation a étendu considérablement le domaine de ordonnance pénale : procédure
applicable pour tous les délits qui peuvent être jugés à juge unique.

Procédure est succincte et le MP transmet au président du tribunal et décide : - Soit de ne pas


prononcer une peine emprisonnement (donc amende ou peine complémentaire), alors la
procédure d’ordonnance pénale suit son cours. Le président prend une ordonnance = 1 seul
magistrat) motivée et envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception au prévenu. Le
prévenu n’est donc pas amené à s’expliquer. Il dispose d’un délai de 45j à compter de la réception
pour former une opposition.

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- Prononcer une peine d’emprisonnement, bascule vers la procédure ordinaire (car pas de
contradictoire dans ordonnance pénale)

Une autre procédure vient d’être étendue à la matière correctionnelle : la procédure de l’amende
forfaitaire. Procédure étendu par la loi du 24 janvier 2022. Il s’agit d’une amende forfaitaire
applicable en matière de vol quand le montant du préjudice est < 300 euros.

2. Comparution immédiate

La comparution immédiate est une procédure plus rapide, introduite par la loi du 10 juin 1983 . Il
s’agit d’un héritage de la procédure de flagrant délit de la loi du 20 mai 1883.

La comparution immédiate permet une audience immédiate des affaires ne nécessitant pas
d’investigations particulières. Il n’y a pas de dispense des audiences contradictoires, mais il y a
une contraction du temps d’enquête qui est réduit au strict minimum pour infractions flagrantes.

Les art 395 et suivants du CPP règlemente la comparution immédiate. Utilisée dans 2 cas :
- En cas de flagrant délit : peine encourue de 6 mois emprisonnement,
- En cas de délit non flagrant quand la peine est au moins de 2 ans d’emprisonnement.

Déroulement de la procédure, 2 cas de figures :

- Tribunal correctionnel tient l’audience le jour où le prévenu est présenté au parquet et est
immédiatement déféré et jugé immédiatement,

- Tribunal correctionnel ne se réunit pas le jour même, le Procureur doit traduire le prévenu
devant le JLD pour statuer sur demande de détention provisoire. Après la détention provisoire,
la comparution du prévenu devant le tribunal intervient au plus tard devant le 3ème jour
ouvrable suivant.

Comment préparer la défense dans un délai si court ?


Il existe des difficultés sur l’exercice des droits de la défense en raison de la contraction du temps
de la procédure. Les droits de la défense maintenus mais aménagés.

Le législateur pose des garanties pour assurer effectivité de la procédure :


- Accès au dossier garanti avant la comparution : art 393 CPP.
- Assistance par un avocat est obligatoire pour le prévenu. Le prévenu doit donner son accord
pour être jugé en CI et cet accord ne peut être recueilli qu’en présence de avocat.

Dans ce contexte, le premier des droits de la défense est de renoncer à la procédure de CI. En cas
de refus le tribunal doit renvoyer l’affaire à une ordonnance de jugement qui interviendra selon
procédure ordinaire.

3. La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité

Depuis la loi Perben II du 9 mars 2004 (qui a instituée la procédure de criminalité organisée).
Procédure inspirée du « plaidé coupable » américain. Modifie la répartition des compétences entre
magistrats du siège et du parquet. La procédure est entièrement sous la maitrise du Parquet qui
acquiert le pouvoir de proposer une peine à la personne poursuivie qui doit reconnaitre les faits et
accepter de se soumettre à cette peine.

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L’accord ne peut jamais porter sur la culpabilité mais uniquement sur la peine. Une fois l’accord
conclu, celui-ci doit être homologué par le juge du siège.

Attention : ne pas confondre avec la composition pénale, qui est une alternative aux poursuites,
donc aucune mesure privative de liberté ne peut être invoquée.

Selon les articles 495-7 et s. du CPP, la procédure est applicable à la quasi totalité des délits, sauf
les atteintes volontaire et involontaires aux personnes (violences, homicide, agression sexuelle dès
lors que peine encourue > 5ans, délits politiques et de presse). La procédure est réservée aux
majeures.

La loi de programmation du 23 mars 2019 est venue renforcer les prérogatives du MP dans le
cadres d’une CRPC. Avant 2019, le Procureur, s’agissant des peines d’emprisonnement, ne pouvait
proposer qu’une peine allant jusqu’à 1 an. Depuis 2019, les peines d’emprisonnement peuvent aller
jusqu’à 3 ans. Effet incitatif pour le MP à recourir aux CRPC.

Comme en matière de CI, certaines garanties sont posées pour préserver les droits de la
défense : - La présence d’avocat est obligatoire : art 495-6 CPP,
- Délai de réflexion de 10 jours pour la victime,
- Le prévenu a la possibilité de refuser la proposition de peine et par conséquent la CRPC, - En cas
de refus, selon l’art 495-14 du CPP, ni le MP ni le prévenu ne peuvent faire état des documents ou
des déclarations faites dans le cadre de la procédure.

§4. La procédure de jugement des contraventions devant le tribunal de police

A. La saisine du tribunal de police

Exceptionnellement il peut être saisi par une ordonnance de renvoi du JI mais très rare. Sinon 2
modes de saisie :
- La comparution volontaire
- La citation directe

Saisi in rem et in personam.

B. La procédure ordinaire

Cf Tribunal correctionnel
Temps d’audience et contradictoire.

C. Les procédures simplifiées

Sont parfois qualifiées de jugements sommaires, traitement expéditif, et parfois par de jugement.

- L’ordonnance pénale : article 424 et s. du CPP. Mêmes conditions et caractéristiques qu’en


matière correctionnelle (non contradictoire). Le partage entre le procédure rapide de
l’ordonnance pénale et la procédure ordinaire repose sur une appréciation en opportunité de
recourir ou non à un débat contradictoire

- L’amande forfaitaire : procédure quasi administratif dans laquelle le juge et le TP est quasiment
absent. Pour les contraventions des 4 premières classes, elles sont traitées par le biais d’une
amende forfaitaire. Versement d’une amende, forfaitaire car montant fixé de manière

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administrative, amende est acquittée entre les mains du verbalisateur ou en s’acquittant du
paiement dans un délai de 45 jours. Si délai respecté, le montant de l’amende est minorée et en
cas de non-respect, elle est majorée.

La contravention peut être contestée par le biais d’une requête en exonération prévue à l’article
529-2 ou par le biais d’une réclamation motivée (art 530 CPP). C’est uniquement en cas de
contestation que l’exercice des droits de la défense.

Section II : La motivation du jugement

§1. L’obligation de motivation

Les décisions de justice doivent être motivées. En matière pénale, l’obligation générale de
motivation est rattachée à l’art 485 du CPP qui elle-même peut être rattachée à l’art 6 de la CEDH.
Permet l’effectivité du droit à un recours judiciaire, importante pour apprécier l’opportunité d’une
décision de justice.

Selon l’article 485 al 1er du CPP : « tout jugement doit contenir des motifs et un dispositif ».

Elle est applicable pour les tribunaux correctionnels. La Cour de cassation que cette obligation était
applicable pour les tribunaux de police. Le juge ne peut pas entrer en voie de condamnation sans
constater la réunion des éléments constitutifs de l’infraction ainsi que les circonstances de fait qui
permettent d’établir la réalité de cette infraction. Principe rappelé depuis très longtemps crim. 30
oct 1924, rappelé à très nombreuses reprises tel que crim. 6 mars 1996.
Le jugement des crimes quant à la motivation a toujours constitué un cas particulier pour deux
raisons : la présence d’un jury populaire et un jury souverain. Le souverain n’a pas de compte à
rendre. Constitué de non-professionnels ce qui rend techniquement difficile la motivation +
politiquement difficile car souverain.

Selon l’article 353 du CPP (à lire) le choix repose sur l’intime conviction, c’est une notion qui invite
à fonder la condamnation sur un sentiment. Traditionnellement les arrêt d’assises n’étaient pas
motivés.

Cette absence de motivation a progressivement suscité des difficultés par rapport à l’art 6 de la
CEDH :
- Arrêt du 16 novembre 2010 de la grande chambre Taxquet c/Belgique
- Arrêt Agnelet c/France du 10 janvier 2013

Il n’y avait pas une absence totale de motivation un certain nombre de q° étaient posées sur la
culpabilité —> réponses par oui ou non (ex procès Maurice Papon plus de 700). Dans ces arrêts, la
CEDH a adopté une position très nuancée qui a dissocié motivation et compréhension de l’arrêt.
Dès lors que le nombre de q° et le libellé des q° étaient suffisamment précis pour que la décision
permettent au condamné de comprendre les raisons de sa condamnations, pas d’atteinte au procès
équitable.

§2. Le renforcement récent de l’obligation de motivation

L’article 485 du CPP n’impose la motivation que sur le plan de la culpabilité. Jusqu’en 2017, la
motivation de la peine n’était pas imposée aux juridictions pénales.

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Des revirements de JP ont progressivement étendu à toutes les infractions devant toutes les
juridictions l’obligation de motivation de la culpabilité à la peine :

• D’abord en matière correctionnel, avec 3 arrêts rendus par la chambre criminelle du 1er février
2017. Elle rompt avec le PR selon lequel le choix de la peine est une décision souveraine du juge
ou de la formation de jugement. Elle étend l’exigence de motivation à toutes les peines
correctionnelles principales et complémentaires. Cette obligation est inscrite dans la loi, depuis la
loi du 23 mars 2019, à l’article 485-1 du CPP. Le juge doit justifier son choix de la peine.

• De manière inattendue, cette obligation de motivation a ensuite été étendu en matière


criminelle, à la faveur d’une décision QPC du 2 mars 2018 et qui a été immédiatement traduite
dans la loi, par la loi de programmation du 23 mars 2019. Modification de l’art 365-1 du CPP.

• Enfin, depuis un arrêt du 30 mai 2018, la Cour de cassation a étendu cette JP aux contraventions.

Désormais, au regard de cette évolution, toutes les questions ne sont pas réglées. Il reste à
déterminer quels sont les éléments qui permettront de justifier le choix de la peine et quel sera le
contrôle opéré sur le fond par la cour de cassation sur la motivation des juges du fond.

En s’inspirant des critères de l’individualisation de la peine, la Cour de cassation a très tôt précisé
que la motivation soit intervenir au regard de 3 éléments :
- Les circonstances de l’infraction,
- La personnalité de l’auteur,
- Sa situation matérielle, familiale et sociales.

Arrêt 17 octobre 2018 : une peine de 2 ans d’emprisonnement n’est pas suffisamment motivée
lorsque les juges ont simplement fait référence à la gravité des faits et à la situation de la victime
dans intégrer des éléments relatifs à la situation perso du condamné.

Arrêt du 14 janvier 2020 : Ccass a considéré que peine ne put pas être motivé par rapport au fait
d’arracher un adolescent à l’amour de sa famille.

JP encore en construction.

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Chapitre II : Les voies de recours

Section I : Les voies de recours ordinaires

§1. L’appel

La plus importante. Pas soumise à des conditions de validité spéciales. Est en principe applicable
sauf dans les cas où l’appel n’est pas autorisé. Toujours possible ne matière correctionnelle, aussi
en matière criminelle et est limité par la loi en matière contraventionelle (art 546 al 1er du CPP)

Le délai pour former un appel est de 10 jours à compter du prononcé du jugement

contradictoire. §2. L’opposition

Section II : Les voies de recours extraordinaires


Pourvoi en cassation devant chambre criminelle. Selon l’article 548 CPP est de 5 jours francs à
compter du jour où la décision a été prononcée.

NB : oral du plus général vers le spécifique. Faire un plan. Finir par actualité, le plus discuté les remises en
cause l’autorité du criminel sur le civil. 10 min de préparation. Questions de cours.

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