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I. INTRODUCTION
L’administration des peines dans un pays se fonde sur les dispositions de la loi pénale.
Celle-ci est exprimée par écrit dans un livre appelé Code pénal. C’est ainsi que cet article
s’intéresse à la manière dont les peines sont administrées en République Démocratique du Congo.
Il ne cherche pas à résoudre tous les problèmes relatifs à l’administration de la justice pénale dans
cet immense pays d’Afrique centrale. Par contre, il essaie de réfléchir sur ce qu’on peut appeler un
autre regard orienté vers la politique pénale. Il est un autre regard, car le premier regard est de plus
en plus contesté, considéré comme ayant des limites manifestes. Voilà pourquoi, cet article se situe
dans un débat ouvert par les criminologues et juristes pénalistes congolais et étrangers quant aux
problèmes relatifs à la peine, aux individus et aux institutions pénales.
Le Décret-loi du 30 janvier 1940 portant sur le Code pénal congolais a été adopté vingt
ans avant l’indépendance de la RD Congo. Il a été adopté dans un contexte colonial. Cependant,
depuis son entrée en vigueur jusqu’à maintenant, quatre-vingt ans après il n’a pas connu des
modifications substantielles. Or les circonstances pour lesquelles il a vu les jours ont bien changés
et la société congolaise a évoluée. Il est alors important de s’interroger sur les obstacles qui
empêchent la révision du Code pénal congolais plusieurs années après son adoption et surtout,
tenant compte de l’évolution sociale. Il est connu que le droit doit s’adapter à l’évolution et aux
réalités sociales, car comme il n’y a pas de société sans droit, il n’y a pas non plus de droit sans
société.
Il existe plusieurs peines applicables aux infractions selon le Code pénal congolais.
Celui-ci dispose de son article 5 du livre premier que les peines applicables aux infractions sont
entre autre : « la mort, les travaux forcés, la servitudes pénale, l’amende, la confiscation spéciale,
l’obligation de s’éloigner de certains lieux ou d’une région déterminée, la résidence imposée dans
un lieu déterminé, la mise à la disposition de la surveillance du conseil exécutif national ». [1]
Il en résulte que le modèle type correspondant à ce genre des peines est tout
simplement synonyme de châtiment, qu’on qualifierait autrement de retributif, archaïque, dépassé.
Ce modèle retributif trouve le fondement dans une perspective d’infliger le mal pour le mal sans
pour autant vouloir une dimension plus socialisable.
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Ce constat réalisé sur la dimension sociale, fait preuve d’interpellation aux exigences
humanistes. Parce que les institutions pénales instituées par l’Etat orientent le plus souvent leurs
décisions vers ces peines. Ce fait de vouloir punir à tout prix, en se fondant sur l’exemple laissé
par les colons qui semble être un des obstacles et résistance à toute réforme du Code pénal. Cet
obstacle est un indice de résistance au changement et à l’adaptation. Et cet indice nous intrigue.
I. DEFINITION
Un premier volet devra être consacré à l'étude des termes qui en leur temps ont rendu
compte de << politique pénale >> avant que l'expression n'ait été consacré, il s'agira de rappeler
les débats terminologique et de restituer leur signification.
Avant de définir la notion de politique pénale et de décrire les étapes qui ont marqué
le processus de sa création, il emporte de dégager les pratiques sur lesquels elle repose ainsi que
les justifications qui fondent légitimité.
Ces questions sont essentiels et complexe car le terme « politique pénale » n'est ce pas
inscrit expressément dans la loi ni en fonction, défini par elle.
L'analyse des textes, des circulaires et des différents rapports des commissions traitant
du rôle des parquets et de la politique d'action publique servira de base à l'examen de cette
problématiques.
Il s'agira de dresser un bilan de ce qu'on pu être la politique pénale au cours des derrière
décennies, au moyen d'approche général et thématiques.
Seront envisagée les politiques pénales, générale ou particulier qui se sont succédé de
1970 à aujourd'hui, les principales étapes de la création et du développement des politiques pénales
devront être décrite, en faisant ressortir systématiquement les adjectifs initiaux, les axes forts les
Constance, les ruptures, les champs couverts et ceux qui ne le sont pas.
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La loi du 9 mars 2004 fait obligation aux parquets sont signalées et pour lesquels les
auteurs ont été identifiés, c'est désormais une contrainte légale et plus seulement une prescription
contenues dans une circulaire.
Il paraît donc nécessaire de mieux élucider les infractions pour mieux répondre,
l'intérêt général le commande et l'obligation de répondre est désormais inscrite dans l'article 40_1
du code de la procédure pénale.
Toute fois, les réponses pénale tendent à se diversifier, il y a plus seulement un choix
binaire, mais grâce au développement de la troisième voie, il existe désormais trois types de
réponse pénale :
* La poursuite
* Classement qui est donc devenu une mesure exceptionnelle qui ne peut intervenir que si des
circonstances liées à la commission de l'infraction le justifient par la personnalité de l'auteur
par exemple.
Une diversification des poursuites a été opéré par la loi du 9 mars 2004 avec la
comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
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Les adjectifs fixés sont nombreux. Ils s'agit d'abord d'augmenter le taux de réponse
pénale, calculé à partir des affaires poursuivables.
Les alternatives aux poursuites permettent quant à elle de convoquer à bref délais dans
les maisons de justice et du droit, devant les délégués du procureur ou les médiateurs.
Enfin, il faut également tendre à une plus grande célérité dans l'exécution des peines
ce qui se traduit en premier lieu par une juridictionnalisation de l'application des peines, et en
second lieu par la mis en place du barreau de l'exécution de peines qui permet de faire ramener à
l'exécution de peine dès la fin de l'audience.
C’est pour ce faire, que cette analyse se donne pour objectif de procéder à l’élucidation
de ce qui serait à la base d’une persistance du modèle retributif, dans le système pénal congolais.
Il faut souligner, qu’il existe toujours un mécanisme archaïque dans la société congolaise qui se
caractérise par le désir de vengeance publique. Certes, la vengeance publique est souvent
spectaculaire et semble être un besoin viscéral, un besoin de l’homme « animal ».
La justice qui est une vertu de la volonté portée par une intelligence, ne devrait plus
se résumer en une vengeance. Car la justice comme une forme de vengeance avait remplacé la
vengeance individuelle. Elle doit à son tour faire un saut qualitatif vers l’amélioration des
conditions des vies des citoyens et l’administration des peines rationnelles et adaptées à la
société.Cependant, il est manifeste que la sévérité des peines n’a pas amélioré système pénal
congolais. Les peines, prises dans le sens de « la sanction [devaient] tenir compte dorénavant de
la personnalité du délinquant en vue de son amendement ». [2]
La réforme est une modification ou une adaptation qu’on apporte à un texte de loi dans
le sens de son amélioration. Elle consiste en un changement qui vise l’amélioration d’un texte de
loi et qu’à son tour celle-ci devait modifier le contexte social.
Cependant, comme le dit Le Roy : « Les africains n’avaient pas et n’ont pas encore de
manière générale, la même conception de la justice que les occidentaux » [3]. Selon cet auteur, le
droit pénal colonial n’en était pas un pour les africains. Mais curieusement, le Code pénal congolais
est entré en vigueur depuis 1940, soit 20 ans avant l’indépendance de la RD Congo et demeure le
même jusqu’à aujourd’hui.
Ce premier point, traitant de la sacralité du droit pénal, porte son regard sur la source
ou encore les origines du droit congolais. Il faut souligner que le droit congolais est de la famille
romano-germanique. Ce droit est d’une inspiration judéo-chrétienne (commun au judaïsme et au
christianisme). Dans la religion chrétienne, c’est Dieu qui dicte à son peuple une conduite. Les
règles de la conduite émanent de Dieu. C’est celui-ci qui institue les instances judiciaires. Cela
transforme « le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce
n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui
qui fait le mal » [4].
De ce fait, le système pénal congolais est dominé par la puissance de l’église romaine
qui consacre toute une partie de l’histoire où les choses de l’église et de l’Etat sont intouchables et
indiscutables. Comment ce droit est arrivé en République Démocratique du Congo ? Il faut savoir
que ce pays a été colonisé par la Belgique. Celle-ci a puisé ce droit dans le droit français.
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Or les français puisent aussi leur droit dans le droit romain dominé par des expressions
latines et bibliques. C’est de manière progressive que ce droit nous est parvenu ou cette
considération a beaucoup influencé la représentation que se font les hommes de la justice [7].
Par contre, il est aussi évident que l’œuvre de législateur soit entachée d’erreurs ou de
vétusté. Dans la Bible précisément le livre d’Exode, il est remarqué qu’à un certain moment le
commandement de Dieu change. Il faut parler de la loi qui s’appelait « la loi de Talion »,
mentionnée dans le livre d’Exode « Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour
pied ». [9]. Celle-ci, était considérée comme un progrès immense. La bible fait rappeler qu’on peut
dépasser la loi de la vengeance des hommes pour aller vers l’évolution d’une justice proportionnée
au préjudice subi.
Cette évolution de la pensée devait animer l’aspect étatique de la justice pour restaurer
un régime souple. C’est-à-dire une justice qui se fonde sur une pensée humaniste. Rien n’est besoin
d’une vengeance portée par la passion, la colère, car celle-ci est déjà dépassée. La justice est
maintenant portée par l’intelligence et applique des peines proportionnées au préjudice.
Mais alors si le commandement de Dieu peut changer, qu’est ce qui empêcherait, à nos
jours, au législateur congolais d’amender le Code pénal et mettre sur pied un autre qui reprendra
les valeurs sociales non seulement universelles mais aussi congolaises en particulier ?
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Cette question ne saurait être répondue sans aborder le deuxième point qui traite des
obstacles d’ordre politique.
Les années 1960 sont marquées par le problème de légitimité du pouvoir lié au
phénomène d’indépendance dans notre pays. Ce phénomène a créé un afflue de la pénalité qui
s’est véritablement accentué. C’est vers les années 1972 dans un contexte du tournant punitif, pour
gérer les populations inutiles en contexte de déclin de l’Etat social, de l’émergence d’une justice
artérielle en vue de la surveillance et du contrôle des groupes à risques, de la quête d’une nouvelle
légitimé de l’Etat par pénalisation du social, de l’influence du populisme pénal [10], qu’il a été
vécu une attitude du pouvoir publique et des gouvernants notamment consistants à considérer que
punir est une bonne chose.
Par contre, en toute objectivité ces punitions n’étaient que pour la popularité, les succès
électoraux et la conservation du pouvoir politique de ceux qui défendent cette politique
caractérisée par l’adoption des lois qui ne confèrent aucune légitimé.
Cette situation, héritage de la politique coloniale, devient alors profitable pour ce siècle
pour asseoir les pouvoirs et dissuadés la population par usage de la loi. C’est pourquoi on retiendra
les pratiques diverses qui contribuent à la création de la ressource juridique pénale et sa
mobilisation dans les processus institutionnels voués à sa mise en œuvre [11]. C’est de cette façon
que le droit pénal congolais a toujours été utilisé comme un instrument du pouvoir. C’est dans
cette objectivité que les pouvoirs publics s’en saisissent pour s’en servir à leur tour. Car, il a été
plusieurs fois démontré la tendance à réitérer les pratiques des discours en imposition de la
souffrance derrière la scène de la vie sociale.
Cela est démontré par la croissance de la population carcérale. Cet espace carcéral est
dominé par une logique post-coloniale ou encore celle qui consiste à faire valoir tout politiquement
que juridiquement un impératif autoritaire du pouvoir public.
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Ces éléments conduisent à la notion du populisme pénal qui est employée pour
indiquer une instrumentalisation politique sur les appareils judiciaires, peu importe que la politique
pénale soit jugée inefficace ou longue et coûteuse par le constat. Cette notion du populisme pénale
renvoie habituellement à des rhétoriques multiples convergeant des intérêts électoralistes, et dans
la gouvernance des jugements pénaux.
Comment se défaire de ce qui, au fil de l’histoire, est devenu l’héritage commun des
Congolais ? La bonne lisibilité de la justice en RD Congo, dans son efficacité, passe avant tout par
une rupture avec la logique institutionnelle coloniale.
En effet, les pratiques punitives mettaient en place une domination mentale des
autochtones. Les peines comportaient ainsi une association entre la punition physique et
l’humiliation publique, renforçant de cette manière la soumission de l’autochtone de même que
son processus de déshumanisation.
Cependant, aujourd’hui l’accès à la justice est l’une des bases primordiales sur
lesquelles repose une société démocratique. Car le degré de civilisation d’un peuple se mesure à
la qualité de sa justice. Il est aussi dit que la justice garantie la sécurité juridique. Son organisation
doit être à la fois performante, compréhensible voire accessible pour tous les justiciables de
manière équitable.
C’est fort que les juristes affirment : « les palais de justice sont les hôpitaux du droit
malade ». Cette formule, bien connue de tout juriste moyen, est devenue vide de sens. Car, en
réalité ces palais ne sont que des cimetières du droit.
Cela a pour conséquence, la pérennisation du modèle retributif qui est renforcé par le
ténor de la logique ancienne, de la logique dictatoriale et des colonisateurs. Ceux-ci considèrent le
crime comme une atteinte aux interdits sociaux et au caractère sacré de la peine telle que considérée
dans la famille judéo-chrétienne du type romano-germanique de notre droit.
Selon cette approche, la peine oubli les victimes. L’acte que pose le délinquant doit
être analysé et réfléchi par rapport aux dommages financiers, moraux, physiques que subit
l’autorité plutôt que la victime. Ceci est contraire à l’idée que la souffrance de la victime nourri et
réfléchi sur la peine. Car, cette justice coloniale était autoritaire, imposée, hiérarchisée, centralisée
et inégalitaire.
En cela, il s'adresse non seulement aux spécialistes de sciences sociales, mais aussi à
tout citoyen qui s'interroge sur le sens à donner aux politiques, aux pratiques et aux attentes de
justice de référence aux tensions et incertitudes accompagnant la réalisation du projet
démocratique.
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Justice politique : accoler ces deux termes, c’est déjà faire apparaître l’ambivalence de
la notion travaillée par l’indépendance recherchée des pouvoirs politique et judiciaire. Justice de
l’entre deux, elle offre une vaste palette de procédés se déclinant sur des registres variés en fonction
de la place respectivement attribuée à la justice de droit commun et aux considérations politiques.
Ce riche nuancier ne peut donc être ramené à une typologie construite à partir de quelques
paramètres institutionnels tant les combinaisons concrètes sont variées et tributaires des pratiques
suivies : à structure constante, la politique jurisprudentielle comme la poliique pénale peuvent
sensiblement changer, au point de ne plus permettre la caractérisation d’une justice comme étant
politique.
Plusieurs facteurs concourent à cette dépolitisation. Le premier tient aux effets induits
sur la longue durée par l’exigence d’égalité de traitement de tous les justiciables, consubstantielle
de traitement de tous les justiciables, consubstantielle au processus de démocratisation. Soulignée
par Tocqueville, l’élévation de cette sensibilité aux différences de traitement mine la légitimité de
la justice politique, perçue comme accordant des avantages exorbitants et infondés aux
gouvernants. Est également jugé essentiel le droit de chacun à ce que sa cause soit entendue par
un tribunal indépendant et impartial, selon des règles garantissant le caractère équitable du procès.
À mesure que les valeurs découlant du principe d’égalité s’imposent dans l’univers de la justice,
il devient inadmissible que les dirigeants soient purement et simplement soustraits au droit, ou que
les victimes de leurs agissements ne puissent pas les traduire en justice.
exigences minimales de cette justice. Ce phénomène est renforcé par les transformations
auxquelles conduit la mondialisation du droit ; se développe en effet un « dialogue des juges »
intervenant dans la production du droit à l’échelle internationale et invoquant pour ce faire une
légitimité commune6. L’universalisation du modèle d’une justice dépolitisée va de pair avec la
relativisation de la légitimité du politique dans les sociétés démocratiques, et spécialement dans la
démocratie représentative. Dès sa création, celle-ci a commencé à être discréditée par le jeu des
partis, des intérêts particuliers dont ils assurent le courtage, et des rivalités entre hommes politiques
lancés à la conquête des positions de pouvoir.
Au lieu d’être l’enceinte dans laquelle, à l’issue d’une discussion raisonnable, l’intérêt
général est dégagé, le Parlement apparaît comme le théâtre de tractations entre les intérêts
particuliers des électeurs dont la majorité gouvernementale a obtenu le soutien et qu’elle doit
satisfaire en leur attribuant des avantages spécifiques si elle veut conserver leur appui7. Ces
marchandages incessants au cours desquels sont admises les prétentions d’un groupe en échange
de celles d’un autre débouchent sur des compromis indispensables pour gouverner, mais qui ne
satisfont véritablement personne et dont le résultat n’aurait sans doute pas reçu l’assentiment
populaire8. Bref, les productions normatives issues de telles coalitions d’intérêts n’ont que peu à
voir avec l’intérêt général ; et il y a dans la révélation publique de ces pratiques si éloignées des «
fictions fondatrices »9 lors des scandales politiques, mais aussi dans les mécanismes quotidiens
de la « politique politicienne », tous les ingrédients d’un désenchantement de la politique10. Le
déclin de la « légitimation par les urnes », la « désacralisation de l’élection » et le souci de respecter
le droit des minorités, indissociable de l’exigence de pluralisme, ont structurellement affaibli le
politique. En France, cette relativisation du politique s’est accélérée au cours de la Ve République.
À la fin des années 1960, c’est l’idée de proximité qui commence à s’imposer comme condition
d’une gestion légitime. Déclinée sous les thématiques de la participation, puis de l’établissement
d’une véritable décentralisation et enfin de l’approfondissement d’une démocratie participative,
cette approche remet en cause la capacité de la loi abstraite et générale à se saisir des situations
concrètes dans leur diversité et leur complexité11. Se trouve ainsi contestée la capacité même d’un
gouvernement centralisé, d’essence jacobine, à traiter des affaires locales ; c’est l’aptitude d’une
institution à prendre en compte les intérêts particuliers et à arbitrer entre eux au plus près qui fonde
sa légitimité à intervenir.
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Dans les années 1970 avec l’accession au pouvoir d’un courant politique plus libéral
– la neutralité et l’indépendance de certaines institutions vis à vis des autorités gouvernementales
sont érigées en qualités indispensables pour assurer des fonctions de régulation, de contrôle et de
médiation12. Voient alors le jour les premières autorités administratives indépendantes dont le
champ d’intervention a depuis lors été considérablement étendu.
Quant aux solutions jurisprudentielles qui lui déplaisent ou legênent comme les règles
de prescription en matière d’abus de biens sociaux, il n’hésite pas à les neutraliser en réformant la
loi et si besoin est, la constitution. Enfin, dans une autre perspective, la gravité de la menace
terroriste attestée par les attentats du 11 septembre, a favorisé le développement d’une politique
sécuritaire dont la conduite passe par un contrôle renforcé de l’exécutif sur la justice, par
l’intermédiaire des parquets. La lutte contre le terrorisme, désormais « hyper criminalisée »24,
justifie une relativisation de l’ensemble des libertés fondamentales par ses exigences, la définition
d’infractions largement entendues et de procédures spéciales pour les poursuivre qui, au-delà des
mouvements terroristes euxmêmes, permettent d’atteindre des mouvements sociaux et
politiques25 et de les soumettre ainsi à une nouvelle justice politique d’exception qui tait encore
son nom. Dans le contexte de relativisation généralisée des règles de vie collective, accentuée parla
remise en cause de la légitimité du politique à les forger, apparaît aussi une politisation de la justice
par les juges eux-mêmes26.
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CONCLUSION
C’est ici la fin de cette dissertation qui a porté sur le regard de la politique pénale
congolaise. Il a été constaté que la politique pénale congolaise demeure encore celle de l’époque
coloniale belge pourtant la société congolaise a largement évolué. D’où il était question ici de
déceler les obstacles qui empêchent son amendement.
De ce fait, deux obstacles majeurs ont été trouvés : le premier est lié au caractère
dogmatique de la sphère judiciaire, le second est lié à l’instrumentalisation de la justice par les
politiques qui instaurent une continuité du régime autoritaire, héritage de la politique coloniale
belge. Cet héritage s’insère dans des théories occidentales coloniales, considérant le criminel
comme quelqu’un qui a fait des choses assez graves et dont la réinsertion est quasi impossible.
Cette considération s’est enracinée jusqu’à aujourd’hui dans notre système pénal. Et cela a
constitué un obstacle qui a permis de qualifier le système pénal Congolais de « retributif ».
La théorie qui guiderait cette politique pénale congolaise, devrait être celle de protéger
définitivement la société pour ne pas offrir la récidive. Cela ne peut être possible que par
l’amendement ou la modification substantielle du Code pénal congolais.
Par ailleurs, la politique pénale devrait avoir d’autres finalités. Il ne faudra plus
seulement la vengeance sociale comme finalité, mais aussi la justice. C’est par-là qu’on peut
atteindre la protection de la société. Mais l’idée inspirée par la politique pénale congolaise actuelle
est celle de la vengeance.
Le concept « justice » devrait de plus en plus être tempéré par une autre considération
qui est celle de la « miséricorde ». Cette notion religieuse a une considération qui se rapporte au
concept qu’on qualifierait d’« humanisme ». C’est-à-dire que la politique pénale doit s’orienter
dans le sens de protéger la société, en défendant les droits de l’homme et en instituant une politique
pénale dans laquelle la dignité de tout homme doit être insérée. Cette considération est
humanisante, contrairement à la théorie de la politique criminelle qui considère l’homme criminel
« sadique » comme celui qui ne se réinsère jamais. Cette théorie fut avancée par l’auteur Italien
Lombrozzo.
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Cette considération de l’auteur italien Lombrozzo est une pensée à l’inverse de l’idée
et de l’évolution dans le domaine pénal actuel. Mais alors, avec l’instauration de la justice
restauratrice, selon laquelle aucun homme ne peut manquer d’être reinsérable, la politique pénale
congolaise devrait avoir l’image d’une peine réparatrice du mal infligé à la société et à la victime.
Cela se fait à partir d’une étude de la personnalité du délinquant et savoir ce qui lui conviendrait
comme peine.