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Trois questions principales seront abordées dans le cadre de cette introduction : quel
est l’objet de la procédure pénale, quelles sont ses finalités et quelles sont ses
sources.
Tous les systèmes juridiques ont mis en place des mécanismes afin de faire face au
phénomène criminel. C’est dans cette optique que E. Durkheim soulignait que le
crime est un phénomène social normal en ce sens qu’il est impossible de trouver une
société qui en serait exempte.
La procédure pénale assure la sécurité des individus par la mise en place de règles
et mécanismes destinées à rechercher et punir les personnes qui ont enfreint l’ordre
social. D’un autre côté, elle assure la garantie des droits et libertés des individus.
Ainsi, la recherche d’un compromis entre ces deux exigences fondamentales peut
poser de difficultés. En effet, la protection de la société contre les délinquants appelle
la mise en place de mesures répressives rapides et efficaces.
Parmi les sources nationales, on distingue les sources écrites (a) des sources non
écrites (b).
a- L es sources écrites
Le bloc de constitutionalité
La loi
Autre source nationale textuelle, la loi est la source par excellence la procédure
pénale. En effet, l’article 67 de la Constitution précise que la procédure pénale relève
du domaine de la loi, et non du pouvoir réglementaire. La loi est entendu, ici, au sens
strict, c’est-à-dire, celle votée par l’Assemblée nationale, promulguée par le Président
de la République et publiée au Journal officiel.
Le code de procédure sénégalais est issu de la loi 65-61 du 21 juillet 1965 portant
code de procédure pénale.
Cette loi a fait l’objet de plusieurs modifications. Parmi les plus importantes, on peut
citer :
- La loi 85-25 du 27 février 1985 1985 (JORS n°5062 du 11 mai 1985, pp.
249-259).Vise essentiellement le renforcement de la garantie des libertés
individuelles durant les phases de garde à vue et d’instruction (pour
approfondir la question : Elisabeth Michelet, Flash sur la procédure pénale
sénégalaise issue de la loi du 27 février 1985, CPP ed. EDJA, p.29 et s. ou
bien RIPAS n° 12-13 de janvier-juin 1985.
- la loi n° 99-06 du 29 janvier 1999 modifiant certaines dispositions du CPP
(JORS n°5847, pp. 836-840). Elle s’inscrit également dans le même sillage
que la loi de 1985. Elle a introduit la possibilité pour l’avocat d’intervenir
dès la phase de garde à vue.
- Loi 2007-05 du 12 février 2007 relative à la mise en œuvre du Traité de
Rome instituant la CPI.
- La loi 2008-50 du 23 septembre 2008 qui met l’accent sur l’instruction et le
jugement des crimes. Elle avait professionnalisé les Cours d’Assises en
estimant qu’elles seront composées d’un président et de deux assesseurs.
- La loi 2014-28 du 03 novembre 2014 porte réforme de la carte judiciaire.
Cette loi est venue supprimer les Cours d’Assises pour les remplacer par
les chambres criminelles.
Avant d’envisager les principes régissant le procès pénal, nous nous intéresserons
d’abord à la distinction entre la procédure pénale et les autres branches du droit qui
peuvent parfois avoir, plus ou moins des connexités avec elle.
La ressemblance entre procédure pénale et procédure civile est que celui qui, en
dernière analyse va décider, est un tribunal indépendant de l’exécutif de l’ordre
judiciaire. Il y a des règles qui tendent à assurer l’impartialité du juge et l’égalité des
parties, règles de droit processuel communes aux trois procédures. Elles vont poser
plus de problèmes dans le domaine pénal, notamment en ce qui concerne la règle
d’égalité des parties dans la mesure où dans le procès pénal il faut éviter un
déséquilibre trop important entre un magistrat doté de pouvoirs importants
(procureur) et un auteur présumé d’une infraction dont on veut prouver la culpabilité.
C’est en ce sens qu’il semble dangereux de demander aux parties pénales
d’apporter elles-mêmes les preuves de la thèse qu’ils avancent. Ainsi par exemple,
l’auteur présumé aurait en général plus de difficultés à démontrer son innocence en
raison de ses moyens financiers limités.
De plus, dans ces deux types de procès la solution dépend des preuves. La preuve
est encore plus essentielle en matière pénale. En effet, en matière civile les preuves
préexistent au procès la plupart du temps (il existe des actes juridiques, notamment),
tandis qu’en matière pénale la preuve, bien que déterminante, n’a pas pu être
préconstituée avant même que soit lancée la procédure. C’est en raison de cette
particularité que le droit pénal nécessite un juge qui a pour but, dans un certain
nombre d’affaires, de récolter des preuves à charge et à décharge.
Paragraphe 2 : Procédure pénale et droit pénal
Dans son aspect sanctionnateur, le droit pénal n’existe pas sans procédure pénale.
En principe, aucune sanction ne peut être prononcée pour la commission d’une
infraction sans qu’un procès pénal ait eu lieu. Tout ce qui concerne le droit pénal
général passe en principe par la procédure pénale.
Lorsque l’infraction vient de se commettre, on est alors dans le cadre d’une enquête
de flagrant délit, la police est autorisée à perquisitionner sans autre accord, à
condition de ne pas agir entre 21h et 6h du matin, sauf exceptions. La procédure
pénale peut donc autoriser les acteurs du jeu pénal à aller à l’encontre de certaines
libertés publiques dans certains cas.
En France, jusqu’à une période récente (loi du 15 juin 2000), une personne placée
en détention provisoire pendant la procédure et reconnue innocente au terme de la
procédure ne pouvait prétendre à une indemnité systématique. Cette loi permet
dorénavant à toute personne placée à tort en détention provisoire d’obtenir une
indemnité. Cela explique l’importance des principes généraux parmi les sources de la
procédure pénale.
Malheureusement, cette solution n’est pas encore consacrée en droit sénégalais.
Mais, au regard des longues détentions provisoires, il serait souhaitable que le
législateur sénégalais s’oriente dans ce sens. Ceci, afin de renforcer la protection
des droits des personnes.
C’est ici que la distance peut être la plus grande entre les principes du procès
équitable et les réalités concrètes de la procédure pénale. Le droit absolu au
respect de la dignité humaine, la prohibition absolue de la torture et des
traitements inhumains ou dégradants constituent des droits substantiels dans la
procédure pénale.
En premier lieu, l’égalité devant la justice, constitue l’une des garanties régissant
la procédure pénale. Elle est un corolaire du principe d’égalité devant la loi qui
trouve sa source dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789
et constitue l’une des valeurs fondamentales dans un Etat de droit. Au Sénégal, il
est consacré par la Constitution qui dispose la République (…) assure l’égalité
devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de
religion… Le principe d’égalité devant la justice et le principe d’égalité
entretiennent des relations complémentaires dans le sens où l’accès à la justice
permet une concrétisation du principe d’égalité devant la loi. En somme, le
principe d’égalité est « un principe carrefour, un droit tuteur qui vient renforcer la
mise en œuvre d’autres droits et libertés comme le droit de propriété et les droits
de la défense » (G. Canivet, L’égalité d’accès à la Cour de cassation, in Rapport
2003 de la Cour de cassation française).
L’action publique est exercée au nom de la société ; elle a pour objet l’application
de la loi pénale par une juridiction répressive à l’auteur d’une infraction afin de
réparer le dommage causé par l’infraction à la société. Cependant, les juridictions
de jugement ou d’instruction n’ont pas la faculté de se saisir elles-mêmes des
plaintes et dénonciations ni des infractions sur lesquelles il a été enquêté. Qui va
dès lors pouvoir réclamer l’application de la loi pénale? Dans le système
procédural mixte à dominante inquisitoire qui existe au Sénégal, l’exercice de
l’action publique est dévolu au ministère public dirigé par le procureur de la
République, chargé de l’accusation, et exceptionnellement à certaines
administrations.
Le ministère public est caractérisé par son indivisibilité. Il est représenté auprès de
chaque juridiction. Il est chargé de l’exercice de l’action publique. Avant de nous
intéresser à son caractère (B), nous verrons d’abord sa composition (A).
Le ministère public est composé de manière variable selon les différentes juridictions.
Dans les Cours d’appel, on y trouve le procureur général près la Cour d’appel et ses
substituts (art. 26 loi 85-25 du 27 février 1985). Il représente en personne, ou par ses
substituts, le ministère public auprès de la Cour d’appel et auprès des chambres
criminelles.
A cet effet, les articles 28 et 29 du CPP précisent d’une part que « Le Garde des
Sceaux, Ministre de la Justice peut dénoncer au Procureur général les infractions à
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire engager les
poursuites, ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le
Ministre juge opportunes » et d’autre part que « Le Procureur général a autorité sur
tous les représentants au ministère public du ressort de la Cour d’appel.
Cependant, cette subordination connait des limites car les magistrats du parquet ont
la liberté de parole à l’audience et l’harmonisation, par la loi 92, des règles
d’avancement et des règles de discipline de tous les magistrats qu’ils soient debout
ou assis. Il y a aussi les pouvoirs conférés à certains magistrats comme ceux du
procureur général ou du procureur de la république qui peuvent poursuivre sans s’en
référer à leur supérieur hiérarchique.
Section 2 : L’exercice
Ce principe signifie que le ministère public n’a pas la libre disposition de l’action
publique. L’exercice de celle-ci est soumise au principe de la légalité des poursuites
qui permet d’éviter les inconvénients qui peuvent entrainer les poursuites. Ce
principe impose au procureur de la république de vérifier d’abord la réalité des faits,
ensuite les qualifier et enfin vérifier s’il n’existe pas d’obstacles procéduraux à
l’exercice de l’action publique (cause d’extinction, chose jugée, etc).
A- La poursuite
Mais, il faut souligner qu’il existe des situations qui retardent ou empêchent l’action
du MP lorsqu’il désire lancer des poursuites. On peut relever deux catégories de
situations : action publique subordonnée à la plainte de la victime et infractions ayant
un caractère familial ou privé. C’est la solution pour l’abandon de famille, la
diffamation, l’adultère et l’injure. Dans d’autres cas le MP doit, pour poursuivre,
effectuer un certain nombre de formalités. Quelque fois il lui faut demander
l’autorisation de certains organes avant de poursuivre. D’après l’art.61 de la
Constitution, pendant la durée de session un député ne peut être poursuivi pour
crime ou délit sans autorisation de l’Assemblée Nationale. Le procureur de la
République est obligé de présenter à l’Assemblée Nationale une demande de main
levée de l’immunité parlementaire. Le même texte précis qu’aucune poursuite ne
peut être dirigée en dehors des sessions contre un député que sur autorisation du
bureau de l’Assemblée Nationale. Mais comme dans le cas précédent, le MP n’est
pas tenu de demander l’autorisation de poursuivre lorsque l’infraction est fragrante.
D’autre fois encore, la poursuite ne peut intervenir qu’après la décision du juge civil
sur la question de droit porté à sa connaissance. On parle dans ce cas de question
préjudicielle à l’action publique. On peut citer à titre d’exemple l’enlèvement d’une
fille mineure suivi de son mariage avec son ravisseur (art.348 al.2 CP). Dans cette
hypothèse, les poursuites pénales ne peuvent être intentées contre le ravisseur que
si le juge civil prononce la nullité de ce mariage.
a. La citation directe
La citation directe est l’acte par lequel, le MP saisit le tribunal correctionnel ou
le tribunal de simple police si l’infraction commise constitue un délit ou une
contravention (art.376 pour les délits et art. 519 pour les contraventions) Il s’agit d’un
exploit d’huissier puisqu’il est délivré par cet officier ministériel selon les formes
prescrites par la loi, à la requête du MP. Elle doit contenir le fait poursuivi et viser le
texte de loi qui le sanctionne. (art. 539 CPP) Mais comme tout acte d’huissier, la
citation doit respecter certaines formalités sans lesquelles elle peut encourir la nullité.
Article 376
Le tribunal correctionnel est saisi des infractions de sa compétence soit par le renvoi
qui lui est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution volontaire des
parties, dans les conditions prévues à l’article 377, soit par la citation délivrée
directement au prévenu et aux personnes civilement responsables de l’infraction, soit
enfin par application de la procédure de flagrant délit prévue par les articles 381 à
385.
Article 538
Les citations et significations, sauf disposition contraire des lois ou décrets, sont
faites par exploits d’huissier.
L’huissier ne peut instrumenter pour lui-même, pour son conjoint, pour ses parents et
alliés, et ceux de son conjoint, en ligne directe à l’infini, ni pour ses parents et alliés
collatéraux, jusqu’au degré de cousin issu de germain inclusivement.
Article 519
Le tribunal de simple police est saisi des infractions de sa compétence soit par le
renvoi qui lui en est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution
volontaire des parties, soit par la citation délivrée directement au prévenu et à la
personne civilement responsable de l’infraction.
b. La comparution immédiate
La comparution immédiate comme la citation directe, constitue un mode du
tribunal correctionnel et du tribunal de simple police. Il s’agit d’une procédure rapide
de saisine de la juridiction répressive que le PR peut utiliser lorsque l’infraction est
qualifiée de délit ou de contravention. C’est cette procédure qui est également
utilisée en matière de flagrant délit puisque la personne arrêtée est traduite sur le
champ à l’audience du tribunal ou à l’audience du lendemain, le cas échéant. (art.
381 à 385 CPP).
Le classement sans suite est la décision prise par le PR lorsqu’il estime qu’il
n’est pas opportun de poursuivre. Il s’agit d’une administrative et non
juridictionnelle qui se traduit par l’archivage du dossier au parquet. Il ne peut
faire l’objet d’un recours. Le ministère public peut d’ailleurs revenir sur sa
décision de classer sans suite une affaire et mettre l’action publique en
mouvement. Ce peut être le cas notamment lorsqu’il existe des éléments
nouveaux qui gravent le caractère du fait ou permettent de qualifier en infraction
à ce qu’on aurait cru être un fait impunissable (ex. le suicide qui se révèle être
un meurtre).
C- La médiation pénale
La médiation de l’article 32 al.2 est une médiation qui se déroule à l’intérieur même
de l’institution judiciaire puisque exercée par un magistrat du ministère public. Cette
forme de médiation pénale peut être analysée en un classement sans suite sous
condition qu’une solution négociée soit trouvée par l’auteur de l’infraction et sa
victime avec l’aide du médiateur. La procédure est prévue par l’article 32 al. 2 qui
dispose : « le Procureur de la République peut, préalablement à la décision sur
l’action publique, et avec l’accord des parties, soumettre l’affaire à la médiation
pénale s’il apparaît qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la réparation du
dommage causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction, et
contribuer au reclassement de l’auteur ».
Il résulte ainsi de ces dispositions, d’une part, que le recours à cette technique de
résolution des conflits n’est qu’une faculté dont dispose le Procureur de la
République, maître de l’opportunité des poursuites et qui apprécie souverainement
s’il doit déclencher l’action publique ou proposer une médiation aux protagonistes. Le
texte pose d’autre part, des conditions sans lesquelles, la médiation ne peut avoir
lieu. Ces dernières qui sont cumulatives et non alternatives sont relatives, d’abord, à
l’existence d’un accord des parties qui doivent adhérer à la proposition de médiation
qui leur est faite par le procureur. Cette exigence est un préalable nécessaire qui se
comprend aisément dans la mesure où la médiation est une technique négociée de
résolution des conflits dans laquelle le tiers médiateur, même s’il intervient de façon
plus ou moins active dans le processus, son action se limite à amener les parties à
discuter du différend en rétablissant la communication entre elles. Il ne peut donc en
aucune manière imposer une solution aux parties en discussion qui doivent trouver
elles-mêmes une solution à leur litige. Les résultats auxquels la médiation doit
aboutir doivent, ensuite, consister à assurer la réparation du dommage causé à la
victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction et contribuer au reclassement de
l’auteur. Ces conditions renseignent sur les finalités de la médiation qui apparaît ici
comme une justice réparatrice qui permet, lorsqu’elle aboutit, d’indemniser
correctement la victime de l’infraction et de renouer le lien social qui a été rompu par
l’effet de la commission de l’infraction.
Sources textuelles
Article 32
Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de
ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner
avis sans délai au Procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous
les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs (Loi n° 85-25 du 27
fév. 1985).
Section 3 : L’extinction
A- Le décès du prévenu
B- La prescription
L’institution existe en droit civil. Elle existe également en droit pénal tant pour la
peine que pour l’action publique. La prescription peut se définir comme l’extinction du
droit d’action par l’écoulement d’un délai. Par l’idée de prescription, la loi entend
rappeler le MP et à la victime que les poursuites ne peuvent être engagées dans les
délais normaux de l’action publique. IL convient d’examiner le fondement avant
d’étudier le régime juridique de la prescription.
1- Le fondement de la prescription
a- Le délai de la prescription
La durée
Le délai de prescription de l’action publique est plus court que celui de la peine.
IL varie avec la nature de l’infraction. IL est de dix ans pour les crimes, de trois ans
pour les délits d’un an pour les contraventions. A coté de ces délais de droit
commun, la loi a prévu des délais de prescription pour certaines infractions.
Exemple, en matière de détournement de deniers publics la prescription est de sept
ans révolus à compter du jour où le délai a été retenu.
b- L’interruption de la prescription
IL y a interruption de la prescription lorsque le délai déjà partiellement écoulé se
trouve anéanti qu’il faut en recommencer un autre. Les causes d’interruption sont
énumérées par la loi. IL s’agit des actes d’instruction et ceux de poursuite.
c- La suspension de la prescription
Le CPP connaît deux causes de suspension. Ce sont les obstacles de droit et
les obstacles de fait.
Lorsque le délai de la prescription est expiré, l’action publique ne peut plus être
exercée. IL en résulte plusieurs conséquences. D’abord la prescription joue à l’égard
de toutes les personnes participant à l’infraction. Ensuite la prescription étant d’ordre
public, le délinquant ne peut y renoncer. Dans le cas où il ne s’en prévaut pas la
prescription doit être invoquée d’office par le juge d’instruction ou à par la juridiction
de jugement.
A- La volonté du législateur
1- L’amnistie
Elle éteint l’action publique mais non l’action civile car le fait amnistié s’il n’est plus
délictueux reste un fait dommageable dont la victime peut demander réparation
devant la juridiction civile à moins que le tribunal répressif n’ait été saisi de l’action
publique avant la loi de l’amnistie.
2- L’abrogation
Elle enlève en l’acte son caractère délictueux et fait disparaître l’élément légal de
l’infraction. Lorsque la loi pénale qui prévoyait et punissait une infraction est abrogée,
l’action publique ne plus être exercée. IL y a là une simple application du principe
selon lequel la loi nouvelle plus douce est applicable aux faits commis
antérieurement à sa mise en vigueur.
2- Le désistement
En règle générale, la plainte de la victime n’exerce aucun rôle sur la décision du MP.
Cependant, lorsque l’infraction porte atteinte à des intérêts privés, la loi subordonne
l’exercice de la poursuite au dépôt préalable d’une plainte de la partie lésée. C’est le
cas de l’adultère, de l’abandon de famille. Dans toutes ces hypothèses
expressément prévues par la loi, le retrait de la plainte entraîne l’extinction de l’action
publique.
L’article 2 alinéas 1ers du CPP vise uniquement les personnes qui ont
directement souffert de l’infraction. Il s’agit, selon l’expression employée par la
doctrine, de « victimes pénales », celles qui sont en mesure d’apporter la preuve
qu’elles ont subies un préjudice que le législateur voulait éviter en incriminant le fait à
l’origine du dommage. Ce dernier, qui résulte obligatoirement de l’infraction dont elles
prétendent avoir personnellement souffert, doit, par conséquent, consister dans un
intérêt légitime légalement protégé. Ces conditions très strictes de recevabilité de
l’action civile, lorsqu’elle est portée devant le juge répressif, trouvent leur explication
selon la chambre criminelle de la cour de cassation française dans le fait que
« l’action civile est un droit exceptionnel qui, en raison de sa nature, doit être
strictement renfermé dans les limites fixées par la loi ». Il faut toutefois préciser que
la Chambre criminelle a fini par assouplir les conditions de recevabilité de l’action
civile, en admettant celle des héritiers et proches de la victime. Cette évolution de la
jurisprudence s’est faite en deux temps. Dans un premier temps, la chambre
criminelle n’admettait l’action des héritiers et proches que lorsque la victime était
décédée (Cass. Crim. 28 janv. 1986, Bull. crim. N°35) ; dans un second temps, elle
finit par admettre, l’action des proches de la victime que celle-ci soit décédée ou non
en exigeant, tout de même, que le dommage invoqué, « découle directement des
faits objets de la poursuite » (Cass. Crim. 9 févr. 1989, Société Ford France et a.,
D.1989, 614, note C. BRUNEAU et somm. 389, obs. J. PRADEL.).
Lorsqu’elle se constitue partie civile, la partie qui s’estime lésée par l’infraction
doit supporter les frais de la procédure en consignant au greffe, le montant
nécessaire à celle-ci. Ce montant est fixé, d’après les dispositions de l’article 79 du
CPP, par ordonnance du juge d’instruction. Cette formalité est requise sous peine
d’irrecevabilité de l’action civile de la victime. Ainsi ce mode de saisine du juge n’est
pas aussi simple qu’on pourrait le penser puisqu’il n’est pas toujours à la portée des
victimes surtout celles indigentes. Il s’y ajoute le risque que celles-ci encourent en
usant de cette voie, de se voir condamner à une amende civile pour abus du droit de
constitution de partie civile et même pour dénonciation calomnieuse lorsque le
magistrat instructeur a rendu une décision de non-lieu.
La victime dispose d’une autre technique de saisine du juge répressif en citant
directement le prévenu devant la juridiction de jugement.
L’action civile est un droit, celui d’obtenir réparation mais il ne s’agit pas d’un
droit absolu puisque des limites à l’exercice de l’action civile devant le juge répressif
existent. Voltaire, dans un de ses vers resté célèbre, écrivait : « Un droit porté trop
loin devient une injustice ». Le titulaire du droit d’accès à la justice, qu’il soit
demandeur ou défendeur à l’action, s’il pousse sa demande ou sa défense « trop
loin » risque de voir son droit d’agir dégénérer en abus du droit d’ester en justice.
L’abus de constitution de partie civile qui est une forme d’abus de droit d’agir en
justice.
Le CPP même s’il n’a pas défini l’abus du droit d’intenter une action devant la
juridiction répressive, a néanmoins prévu des sanctions assez dissuasives contre le
plaideur qui a usé de façon abusive de son droit de se constituer partie civile. En
effet, l’article 82 alinéa 1er permet à l’inculpé, lorsque le juge répressif a rendu une
décision de non-lieu, suite à une plainte avec constitution de partie civile, non
seulement d’obtenir des dommages-intérêts mais aussi d’intenter une action en
dénonciation calomnieuse contre l’auteur de la plainte. Ces actions sont également
ouvertes, d’après les dispositions de l’article 82, à toutes les personnes visées dans
la plainte, celles-ci pouvant obtenir la réparation de leur préjudice soit devant le juge
civil, soit devant celui répressif.
Ce que nous de voir c’est dans l’hypothèse où l’action civile est exercée
simultanément avec l’action publique mais elle peut être intentée de manière
séparée. C’est lorsqu’elle intentée devant le juge civil qui est le juge naturel de
l’action civile.
Mais le législateur a prévu une double limitation. En effet, l’article 4 précise que
« l’action civile peut être aussi exercée séparément de l’action publique.
Toutefois, il est sursis au jugement de cette action exercée devant la juridiction civile,
tant qu’il n’a pas été prononcé définitivement sur l’action publique, lorsque celle-ci a
été mise en mouvement ». Cette disposition consacre le principe selon lequel le
criminel tient le civil en état.
En outre, l’article 5 précise que « La partie qui a exercé son action devant la
juridiction civile compétente ne peut la porter devant la juridiction répressive.
Il n’en est autrement que si celle-ci a été saisie par le ministère public avant que le
jugement sur le fond ait été rendu par la juridiction civile ».
pénale a la charge de garantir une bonne justice, une justice fiable. Dans le cadre
ainsi défini par les principes, aujourd’hui internationaux, d’un droit processuel,
dont le champ est bien plus large que celui du seul procès pénal, même si celui-ci
a ses exigences particulières, le dossier pénal va « aller en avant », traduction
littérale du latin procedere.
Chapitre 1 : L’enquête
Article 13 : Dans le ressort de la Cour d’appel, elle est placée sous la surveillance du
Procureur général et sous le contrôle de la Chambre d’accusation conformément aux
articles 30 et 210 et suivants.
Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute les délégations des juridictions
d’instruction et défère à leurs réquisitions.
(Loi n° 81-71 du 25 novembre 1981 modifiée par la Loi n° 85-25 du 27 février 1985)
Article 16 (Loi n° 77-32 du 22 février 1977) : Les officiers de police judiciaire exercent
les pouvoirs définis à l’article 14; ils reçoivent les plaintes et dénonciations. Ils
procèdent à des enquêtes préliminaires dans les conditions prévues par les articles
67 à 69.
En cas de crime et délit flagrant, ils exercent les pouvoirs qui leur sont conférés par
les articles 45 à 59.
Ils peuvent recevoir les déclarations des victimes désireuses de se constituer partie
civile.
Celles-ci peuvent, soit par procès-verbal, soit par lettre, fixer le montant de la
réparation demandée pour le préjudice qui leur a été causé.
Article 17 : Les officiers de police judiciaire ont compétence dans les limites
territoriales où ils exercent leurs fonctions habituelles.
En cas de nécessité, ils peuvent poursuivre leurs investigations hors de ces limites à
charge d’en rendre compte au Procureur de la République territorialement
compétent.
Les officiers de gendarmerie jouissent des mêmes pouvoirs dans le ressort des
tribunaux limitrophes à leurs propres circonscriptions.
Lorsqu’un officier de police judiciaire se trouve légitimement empêché, tout autre
officier de police judiciaire de la même circonscription territoriale ou d’un
arrondissement voisin est tenu de le suppléer, sans qu’il puisse retarder le service
pour lequel il sera requis, sous un prétexte quelconque.
Article 18 (Loi n° 85-25 du 27 février 1985) : Les officiers de police judiciaire sont
tenus d’informer sans délai soit le Procureur de la République près le tribunal
régional, ou son délégué près le tribunal départemental, soit le président de ce
tribunal exerçant les fonctions de ministère public en vertu de l’article 37, des crimes,
délits et contraventions dont ils ont connaissance.
Dès la clôture de leurs opérations, ils doivent faire parvenir directement au ministère
public l’original des procès-verbaux ainsi que tous actes, et documents y afférents.
Les objets saisis sont tenus à sa disposition au greffe de la juridiction.
Article 20 (Loi n° 66-18 du 1er février 1966) : Les agents de police judiciaire ont pour
mission:
(Loi n° 66-18 du 1er février 1966 complétée par la loi n°85-25 du 27.2.1985)
Ils ne peuvent cependant pénétrer dans les maisons, ateliers, bâtiments, cours
adjacentes et enclos qu’en présence d’un officier de police judiciaire qui ne peut se
refuser à les accompagner et signe le procès-verbal de l’opération à laquelle il a
assisté.
Pour l’accomplissement de leur mandat, ils peuvent requérir main-forte des services
de police ou de gendarmerie du ressort dans lequel ils opèrent.
Leurs procès-verbaux dans tous les cas doivent être adressés dans les huit jours,
soit au parquet du tribunal régional dans le ressort duquel l’infraction a été commise,
ou au délégué du Procureur de la République près le tribunal départemental ou au
président de cette dernière juridiction exerçant les fonctions de ministre public en
application de l’article 37, soit au parquet de la juridiction où le corps de l’infraction a
été gardé.
Une copie certifiée conforme des procès-verbaux est en outre envoyée au Procureur
de la République dans tous les cas où il n’est pas saisi de la procédure.
Les actes matériels qui peuvent être effectués par les officiers de police
judiciaire dans le cadre de l’enquête préliminaire sont prévus par l’article 68 du CPP.
Il s’agit principalement des perquisitions et saisies de pièces, des auditions et de la
garde à vue.
Cet assentiment doit faire l’objet d’une déclaration écrite de la main de l’intéressé. Si
celui-ci ne sait pas écrire, le procès-verbal en fait mention ainsi que de son
assentiment.
Les formes prévues sur les articles 48 et 51 (premier alinéa) sont applicables ».
Ces actes sont effectués sous le contrôle du procureur général. Selon l’article 67 de
la Loi n° 66-18 du 1er février 1966 « Les officiers de police judiciaire et les
gendarmes, soit sur les instructions du Procureur de la République, soit d’office,
procèdent à des enquêtes préliminaires.
B. La garde à vue
Si, pour les nécessités de l’enquête, l’officier de police judiciaire est amené à retenir
une ou plusieurs personnes contre lesquelles existent des indices de culpabilité, il ne
peut les retenir plus de quarante-huit heures.
Avant l’expiration de ce délai, il doit rendre compte au parquet compétent qui peut
autoriser de prolonger la garde à vue d’une nouvelle période de quarante-huit heures
à l’issue de laquelle les personnes ainsi retenues devront être immédiatement
conduites devant le Procureur de la République.
Les délais prévus au présent article sont doublés en ce qui concerne les crimes et
délits contre la sûreté de l’Etat; ils sont également doublés pour tous les crimes et
délits en période d’état de siège, d’état d’urgence ou d’application de l’article 47 de la
Constitution, sans que ces deux causes de doublement puissent se cumuler.
Dans tous les cas, les dispositions des articles 55 alinéas 9 et 56 à 58 sont
applicables.
La nouvelle constitution du 20 mars 2016 confère désormais les dispositions relatives
à la garde à vue une valeur constitutionnelle.
En matière de flagrant délit, la police a des pouvoirs de contrainte qu’elle n’a pas
dans les enquêtes préliminaires et peut donc procéder à des perquisitions sans
l’accord de l’occupant. En effet, il y a urgence à intervenir afin de préserver
d’éventuelles preuves. Par ailleurs, comme on est plus près temporellement de
l’infraction, il est plus difficile de se tromper.
En principe, l’enquête de flagrance ne peut durer que huit jours. Si l’enquête porte
sur un crime ou un délit dont la peine encourue est au moins égale à cinq ans,
l’enquête de flagrance peut être prolongée de huit jours supplémentaires sur décision
du procureur lorsque les investigations ne peuvent pas être différées.
Chapitre 2 : L’instruction
La fonction de l’instruction est de mettre en état le dossier pénal dans les affaires
graves ou complexes : réunir les preuves, identifier ou exclure les auteurs possibles
et les complices, réunir des éléments sur la personnalité des personnes poursuivies
mais aussi sur les victimes, préparer la tâche des juridictions de jugement sur les
questions de droit par l’analyse juridique des faits dont le juge d’instruction est saisi.
Fonction d’enquête donc, mais qui se poursuivra au terme de l’information, après
réquisitions du ministère public, par une décision de renvoi devant la juridiction de
jugement ou au contraire de non-lieu. Cette décision-là relève d’une fonction de
poursuite.
La fonction se traduit encore par le fait que le juge d’instruction possède le pouvoir
de dresser des procès-verbaux, de prendre des mandats tel le mandat d’arrêt, et
de rendre des ordonnances.
Pensée initialement sur le modèle inquisitoire, la procédure d’instruction se teinte
de plus en plus d’accusatoire. Elle offre à la défense et à la partie civile un rôle
plus actif dans le choix des investigations à mener, et un caractère beaucoup plus
contradictoire. Les parties peuvent ainsi réclamer au juge d’instruction des
mesures très diverses d’expertise, de confrontations. La défense peut demander
l’interrogatoire d’un témoin ou de la partie civile en sa présence. Toutefois ce
caractère contradictoire manque encore largement en matière d’expertise.
Le secret de l’instruction est souvent mis à mal par la médiatisation des affaires
judiciaires. La présomption d’innocence oblige donc à une graduation savante des
statuts des personnes impliquées ou soupçonnées, et des droits distincts pour le
témoin, le témoin assisté ou le mis en examen. Le mis en examen, naguère appelé
inculpé, est une personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants
rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer comme auteur ou complice à la
commission d’une infraction. Les restrictions de liberté imposées au mis en examen
se sont aussi diversifiées (contrôle judiciaire, détention provisoire en prison ou sous
la forme de la surveillance électronique).
La notion de délai raisonnable, importante aux yeux des pouvoirs publics mais
aussi des organismes internationaux, a conduit aussi le législateura organiser plus
strictement le déroulement de l’instruction dans le temps, tout comme bien sûr la
durée de la détention provisoire.
Ce contrôle est important car le juge d’instruction a un énorme pouvoir sur d’une part
la liberté individuelle de présumé innocent et d’autre part sur le droit à la vie privée
de tout individu. Il va être donc être contrôlé dans sa double activité c'est-à-dire dans
son activité de recherche de preuves et dans son activité décisionnelle (de juge).
C’est la chambre de l’instruction qui contrôle ces deux aspects. Elle va connaître
l’appel des décisions du juge d’instruction et du JLD mais dans son contrôle des
actes de recherche des preuves, ce qu’elle va essentiellement contrôler c’est la
régularité de ces actes faits conformément aux conditions légales. Quand on invoque
l’irrégularité des actes, on cherche l’annulation donc la chambre de l’instruction va
connaître des actions en nullité.
Le ministère public gardien de l’ordre public est très favorisé dans son droit d’appel
qui est tout à fait général (art. 179 CPP). Les parties privées ont le droit d’appel des
ordonnances qui les concernent c'est-à-dire leurs intérêts et uniquement de celle-là
donc forcément le mis en examen a un droit d’appel plus étendu que la partie civile
(art. 180 CPP).
Il peut faire appel de toutes les ordonnances rendues tant par le juge d’instruction,
même celles rendues conformément à ses réquisitions.
Le mis en examen peut faire appel de toutes les ordonnances qui vont contre ses
intérêts (celles admettant une constitution de partie civile, décisions ayant trait à la
compétence, ordonnance de placement en détention provisoire, de prolongation
provisoire, etc.). En d’autres termes, il peut faire appel de toutes les ordonnances
relatives à la détention provisoire et au contrôle judiciaire. Il peut également faire
appel de toutes les ordonnances refusant un acte de recherche des preuves
réclamées par lui, un refus d’expertise ou d’un examen médical. Il pourra faire appel
des ordonnances de mise en accusation. L’idée générale est qu’il n’y a pas d’appel
possible des ordonnances de renvoi devant le Tribunal correctionnel puisque c’est
devant ce tribunal lui même que le mis en examen, devenu prévenu, discutera de sa
culpabilité. Cependant, il est possible de contester la compétence matérielle du
Tribunal correctionnel, si le mis en examen invoque une qualification criminelle. Cet
appel doit avoir lieu dans les dix jours de la notification de la décision par déclaration
au greffe ou au chef de l’établissement pénitentiaire.
La partie civile peut faire appel de toute ordonnance lui portant préjudice,
notamment une ordonnance d’irrecevabilité de la constitution de partie civile. Elle
peut faire appel d’un refus d’expertise qu’elle a demandé, mais ne peut pas faire
appel des ordonnances relatives à la détention provisoire et au contrôle judiciaire.
Cependant, il existe un juge délégué aux victimes par l’intermédiaire duquel la partie
civile peut faire valoir ses craintes (notamment en ce qui concernerait une éventuelle
interdiction d’approcher). S’il y a une ordonnance de renvoi devant un Tribunal
correctionnel et que la partie civile estime qu’il s'agit d’un crime elle peut faire appel
de la décision. La partie civile peut également faire appel de l’ordonnance de non-
lieu.
Cette règle de l’effet dévolutif ne joue pas quand l’ordonnance dont il est fait appel
concerne la détention et le contrôle judiciaire.
Troisième partie : Le déroulement du procès pénal
Selon les juridictions il y a plus ou moins de formalisme. Les juridictions pour mineur
sont marquées par peu de formalisme.
La juridiction de jugement est saisie du cas de telle personne qui a commis des faits
et est là pour juger de sa culpabilité. Elle est donc saisie in personam, est liée par les
personnes qui lui sont déférées et ne peut juger d’autres personnes.
Dans une affaire un prévenu était jugé pour destruction de biens d’autrui, destruction
de maïs transgénique. Des militants de sa propre cause se sont accusés et ont
demandé à être jugés en même temps que lui. Le ministère public a refusé de
requérir en ce sens. En l’absence de citation, le juge devait donc refuser de les juger.
Les débats sont publics. En vertu du Code de procédure pénale le huis clos peut
être déclaré par le tribunal en cas de danger pour l’ordre public, la dignité des
personnes poursuivies et de la victime, pour les intérêts d’un tiers ou la sérénité des
débats. Cela n’est pas contraire à l’article 6 de la convention européenne de
sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, qui prévoit en effet
des exceptions si elles sont nécessaires et proportionnées.
Les débats ont un caractère oral. On souhaite que les juges aient la connaissance de
la réalité humaine de l’affaire. Les experts peuvent s’aider de notes, et les témoins
peuvent être autorisés à utiliser des notes.
Ils ont un caractère contradictoire. Les parties et leurs avocats discutent les preuves
sur un pied d’égalité sous le contrôle du président du tribunal. La partie civile peut
toujours ne pas être présente elle-même et se faire représenter par un avocat. Le
prévenu a en principe obligation de comparaitre. Il existe des exceptions en matière
de contravention (normalement, devant le Tribunal de police on peut se faire
représenter ou demander d’être jugé en son absence), en matière correctionnelle
(lorsque le prévenu ne peut comparaitre en raison de son état de santé) où le
tribunal peut alors décider de faire procéder à l’audition du prévenu là où il se trouve
ou de repousser l’audience. En matière correctionnelle le prévenu peut également
toujours demander au président du tribunal d’être jugé en son absence d’être
représenté par son avocat, le tribunal ayant ici le droit de refuser.
Le jugement est prononcé en audience publique et est ensuite rédigé avec ses
motifs. Le jugement porte tant sur l’innocence et la culpabilité (la présomption
d’innocence tombe à la majorité simple), sur la sanction en cas de déclaration de
culpabilité et éventuellement sur les intérêts civils (en cas de condamnation
évidemment, en cas de relaxe c’est la partie civile qui peut être condamnée pour
dénonciation téméraire). En cas de relaxe pour infraction d’imprudence, le Tribunal
correctionnel peut de lui-même accorder des dommages et intérêts à la partie civile
sur un fondement purement civil.
A- L’ordonnance pénale.
Le tribunal de police est saisi soit par la juridiction d’instruction, soit par la
comparution volontaire des parties, soit par la citation délivrée directement au
prévenu et à la personne civilement responsable de l’infraction (art. 519 CPP). Si le
tribunal estime que le fait constitue une contravention, il prononce la peine. Il statue
s’il y a lieu sur l’action civile, conformément aux dispositions de l’article 451 » (art.
527). Cependant, s’il estime que les faits constituent un crime ou un délit, il se
déclare incompétent (art. 528).
Le ministère public peut faire appel des décisions rendues par le tribunal de police
(art. 534). Cette disposition précise d’ailleurs que la faculté d’appeler appartient au
prévenu et au civilement responsable, lorsque le jugement prononce une peine
d’emprisonnement ou une peine d’amende supérieure à 5000 francs CFA. Il en est
de même lorsque des dommages et intérêts ont été alloués.
Les dispositions relatives aux jugements par défaut sont également applicables. Le
décret de 2015 précise en son article 5 que « L’appel des jugements rendus par les
tribunaux d’instance dans les affaires correctionnelles réservées à leur compétence
et sur l’action civile engagée conjointement à l’action publique dans lesdites affaires
est porté devant la cour d’appel ».
B- L’amende de composition.
Aux termes de l’article 2018 (issu de la loi 2014-28 du 3 novembre 2014) Il est
institué au sein de chaque Tribunal de grande instance une Chambre criminelle qui a
plénitude de juridiction pour juger en premier ressort les personnes renvoyées devant
elle soit par une ordonnance du juge d'instruction, soit par un arrêt de la Chambre
d'accusation pour des infractions qualifiées crimes et toutes autres infractions
connexes ». Elle est composée du président de la chambre et de deux magistrats qui
exercent leurs fonctions dans le ressort du Tribunal de Grande Instance (art. 226
CPP). La présidence de la chambre est assurée par le président du TGI (art. 230
CPP).
Selon l’art. 232 CPP, « Il est adjoint aux membres titulaires de la Chambre criminelle
un ou plusieurs membres supplémentaires.
Les membres supplémentaires siègent aux audiences. Ils ne prennent part aux
délibérations qu'en cas d'empêchement d'un membre titulaire constaté par
ordonnance motivée du président de la Chambre criminelle ». Et, les art. 233 et 234
CPP d’ajouter que « Les membres de la Chambre criminelle sont choisis parmi les
vice-présidents ou juges du tribunal de grande instance ou parmi les juges des
tribunaux d'instance du ressort du tribunal de grande instance », « Les membres
supplémentaires sont désignés par le président du tribunal de grande instance pour
la durée d'une session ».
Enfin, l’art. 236 CPP précise que « Ne peuvent faire partie de la Chambre criminelle,
les magistrats qui, dans l'affaire soumise à la Chambre, ont, soit fait un acte de
poursuite ou d'instruction, soit participé à la décision de renvoi ou à une décision sur
le fond relative à la culpabilité de l'accusé.
La procédure devant la chambre criminelle est très formaliste, et si les formes ne
sont pas respectées il pourra y avoir infirmation en appel voire annulation de l’arrêt
par la Chambre criminelle près de la Cour d’appel instituée par la loi de 2014. En
effet, aux termes de l’article 219 du CPP modifié il est institué au sein de chaque
Cour d'appel une Chambre criminelle pour connaître de l'appel interjeté contre les
décisions des Chambres criminelles des tribunaux de grande instance ».
Relativement à la procédure de jugement, l’art. 237 stipules que « Dès que la
décision de renvoi est devenue définitive, l'accusé, s'il est détenu, est transféré à la
maison d'arrêt du lieu où doit se tenir la session de la Chambre criminelle.
Les pièces à conviction sont également transportées au greffe dudit tribunal ».
La session de la chambre criminelle peut se tenir au siège du tribunal d’instance (art.
221 : Exceptionnellement, lorsque les circonstances l'exigent, le Premier président
de la Cour d'appel peut, par ordonnance, après avis du Procureur général, décider la
tenue de la session de la Chambre criminelle au siège d'un tribunal d'instance du
ressort ». V. aussi art. 241 CPP.
Aux termes des art. 242 et s. l'accusé mis en liberté ou qui n'a jamais été détenu doit
se présenter, au plus tard la veille de l'audience, au greffe qui s'assure de sa
représentation en justice. S’il ne se présente pas au jour fixé pour être interrogé par
le président de la Chambre criminelle, sans motif légitime, une ordonnance de prise
de corps est prise à son encontre et exécutée. L'ordonnance de prise de corps est
également exécutée sur décision motivée du président de la Chambre criminelle
lorsqu'il estime que la détention de l'accusé est nécessaire. Cette décision est sans
recours. L’accusé doit obligatoirement être assisté par un défendeur (art. 273 et s.).
L’art. 240 CPP précise que « Si l'accusé ne peut être saisi ou ne se présente pas, il
est statué contre lui par contumace ».
Les débats ne peuvent s'ouvrir moins de trois jours après l'interrogatoire par le
président de la Chambre criminelle. L'accusé et son conseil peuvent renoncer à ce
délai. Sur l’interrogatoire V. art. 242 et s.
Le Ministère public et la partie civile signifient à l'accusé et celui-ci au Ministère
public et, s'il y a lieu, à la partie civile, vingt-quatre heures au moins avant l'ouverture
des débats, la liste des personnes qu'ils désirent faire entendre en qualité de
témoins.
L'exploit doit mentionner les prénoms, nom, profession et résidences de ces témoins.
Avant l’ouverture des débats, si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments
nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, le président de la chambre peut
ordonner tous actes d'information qu'il estime utiles.
Lorsqu'à raison d'un même crime, plusieurs décisions de renvoi ont été rendues
contre différents accusés, le président peut, soit d'office, soit sur réquisitions du
Ministère public, ordonner la jonction des procédures.
La jonction de procédures peut également être ordonnée par le président quand
plusieurs décisions de renvoi ont été rendues contre un même accusé pour des
infractions différentes (art. 254 et 255 CPP).
Il assure la direction des débats comme il l’entend (art. 263 CPP), dans l’ordre où il
l’entend (à condition que l’accusé ait la parole en dernier) et à condition de respecter
le principe du contradictoire. Les débats sont oraux et si un expert utilise des notes
cela doit être mentionné au procès-verbal. Les débats sont publics sauf s’il existe un
risque d’atteinte à l’ordre public (art. 258 CPP). En matière de viol la victime peut
imposer le huis clos tout autant que la publicité des débats. En effet, l’art. 259 CPP
précise que « Dans le cas où la publicité paraît dangereuse pour l'ordre public et les
mœurs, la Chambre criminelle le déclare par un jugement rendu en audience
publique et ordonne le huis clos ». Cependant, « Le jugement sur le fond doit en tout
état de cause être toujours prononcé en audience publique » art. (261 al. 2 CPP).
Il y a par la suite continuité des débats oraux sous réserve des suspensions pour le
repos des membres de la chambre criminelle, des avocats ou encore parties (art.
262 al. 2 CPP). Sans suspension au bout d’un certain temps alors que l’avocat l’avait
demandé il existe une violation du droit au procès équitable et à l’égalité des armes.
En revanche si l’avocat n’a rien demandé il n’est pas fondé à demander la
constatation de l’inconventionnalité de la procédure.
Aux termes des articles 267 et s. CPP, Le Ministère public prend, au nom de la loi,
toutes les réquisitions qu'il juge utiles. La Chambre criminelle est tenue de lui donner
acte et d'en délibérer.
Elles sont mentionnées sur le registre des audiences par le greffier lorsqu’elles sont
prises dans le cours des débats. Toutes les décisions auxquelles elles ont donné lieu
sont signées par le président et par le greffier.
Lorsque la Chambre criminelle ne fait pas droit aux réquisitions du Ministère public,
l'instruction ne peut être ni arrêtée, ni suspendue ou le jugement différé (art. 268
CPP).
L'accusé, la partie civile et leurs conseils peuvent déposer des conclusions sur
lesquelles la Chambre criminelle est tenue de statuer (art. 269 CPP).
Tout incident contentieux est réglé par la Chambre criminelle, le Ministère public et
les parties ou leurs conseils entendus (art. 270). La Chambre criminelle saisie de
l'action publique est compétente pour statuer sur toutes les exceptions soulevées par
l'accusé pour sa défense, à moins que la loi n'en dispose autrement ou que l'accusé
n'excipe d'un droit réel immobilier (art. 271). Les jugements rendus sur les exceptions
soulevées par l'accusé ne peuvent préjuger du fond. Ils ne peuvent être attaqués par
la voie de l'appel qu'en même temps que le jugement rendu par la Chambre
criminelle sur le fond (art. 272).
Le président déclare les débats terminés. En effet, l’art. 315 CPP dispose que
« Après l'interrogatoire de l'accusé, l'audition de la partie civile et des témoins le
réquisitoire du Ministère public et les plaidoiries des conseils, le président déclare les
débats terminés ».
La décision de la Chambre criminelle est rendue soit à l'audience même à laquelle
ont eu lieu les débats, soit à une date ultérieure de la même session.
Dans ce dernier cas, le président informe les parties du jour où le jugement sera
prononcé (art. 316 CPP).
Dans le cas où le président entend juger l'affaire à l'audience même à laquelle ont
lieu les débats, il fait retirer l'accusé de la salle d'audience.
Il invite le chef du service d'ordre à faire garder les issues de la salle des
délibérations, dans laquelle nul ne peut pénétrer pour quelque cause que ce soit,
sans autorisation du président.
Le président déclare l'audience suspendue (art. 317 CPP).
Par la suite la Cour revient et le président lit la décision. En effet, l’art. 318 CPP
précise que « A la reprise de l'audience, le président fait comparaître l'accusé et
donne lecture de la décision portant condamnation, absolution ou acquittement.
En tout état de cause, les textes de loi dont il est fait application sont lus à l'audience
par le président; il est fait mention de cette lecture dans la décision ».La Chambre
criminelle prononce, lorsque les faits sont totalement ou partiellement établis, soit
une peine criminelle, soit une peine correctionnelle; dans ce dernier cas, elle peut
ordonner qu'il soit sursis à l'exécution de la peine (art. 319).
La Chambre criminelle statue également sur les peines complémentaires (art. 320).
La Chambre criminelle prononce l'acquittement lorsque le fait retenu contre l'accusé
ne tombe pas ou ne tombe plus sous l'application de la loi pénale ou lorsque l'accusé
est déclaré non coupable (art. 321).Elle prononce son absolution lorsque l'accusé
bénéficie d'une excuse absolutoire (art. 320)
Si l'accusé est absous ou acquitté, il est mis immédiatement en liberté s'il n'est
détenu pour une autre causé (art. 323)
Les magistrats ont ensuite à statuer sur l’action civile. En effet, « Après décision sur
l'action publique, la Chambre criminelle statue sur les demandes en dommages-
intérêts formées soit par la partie civile contre l'accusé, soit par l'accusé acquitté
contre la partie civile, les parties et le Ministère public entendus (art. 330).
Section 3 : La procédure suivie devant les juridictions pour mineurs.
Cette procédure est prévue par les articles 572 et s. CPP. Il existe alors deux
spécificités essentielles. La publicité des débats est extrêmement limitée. En principe
l’assistance à l’audience est interdite à tous, à l’exclusion du personnel judiciaire, des
témoins, de la famille, des victimes et des représentants des services sociaux. La
victime d’un viol commis par un mineur ne peut pas s’opposer à cela. La Chambre
criminelle a ici estimé que cette restriction de publicité était d’ordre public. La
reproduction des débats est en outre interdite. Le jugement peut être publié mais
sans le nom du mineur.
Par ailleurs il y a moins de formalisme que le juge des enfants se charge seul des
affaires (pour les mesures éducatives seulement) ou que l’on soit devant les
juridictions pour enfants ou la Cour d’assises des mineurs. Il existe alors des règles
particulières. Les mineurs poursuivis doivent toujours être entendus séparément. Le
tribunal pour enfant peut se dispenser de la faire comparaitre et même les faire sortir
de l’audience.
En principe les voies de recours ont un effet suspensif, mais les nombreuses
exceptions remettent en cause cette affirmation.
Le prévenu peut former opposition au jugement rendu contre lui lorsqu’il n’a pas
comparu devant le tribunal car il a été empêché. Cela couvre deux hypothèses :
l’individu n’a pas reçu en main propre la convocation (il n’a pas été cité à personne)
et qu’il n’est pas établi qu’il a eu connaissance de la citation ; l’individu avait
connaissance de sa convocation mais il fournit une excuse reconnue valable pour ne
pas s’être présenté (article 474 du Code de procédure pénale).
L’opposition annule le jugement qui avait été rendu par défaut (art. 476 CPP). Un
nouveau jugement en présence du prévenu est alors organisé. S’il y a itératif défaut
on considère qu’il s’agit d’un moyen dilatoire. L’opposition est considérée nulle et le
premier jugement reprend sa valeur. L’article 481 du Code de procédure pénale
prévoit que le tribunal peut renvoyer lui-même à une prochaine audience et donner
l’ordre à la force publique de rechercher le prévenu et de le faire comparaitre.
Chaque partie peut faire appel en ce qui concerne ses intérêts, et le ministère public
dans tous les cas. La partie civile ne peut donc faire appel qu’au regard de l’action
civile. L’appel se fait par déclaration au greffe dans les dix jours du prononcé du
jugement. Si une partie a fait appel dans les dix jours, les autres ont un délai de cinq
jours de plus pour faire appel incident.
En vertu de l’article 485 du Code de procédure pénale, les parties ont, à partir d’un
jugement, un délai de 30 jours pour faire appel. Toutefois, le délai d’appel ne court
qu’à compter de la signification du jugement quel qu’en soit le mode. Le délai d’appel
du procureur de la république est de 45 jours à l’égard des jugements rendus par les
tribunaux départementaux à partir du jour du prononcé (art. 486 CPP).
En France (où le procureur disposait d’un délai de deux mois), des avocats ont
soulevé la contradiction de ce délai avec le principe d’égalité des armes. La Chambre
criminelle a estimé que ce délai n’était pas contraire au droit au procès équitable du
moment que le prévenu a lui aussi le droit de faire appel, même à degré moindre
(Cass. Crim., 27 juin 2000). Par deux fois la Cour européenne des droits de l’homme
a condamné la France dans des cas où le procureur général avait fait appel pour
contrariété à l’article 6 de la convention européenne de sauvegarde des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales à l’égalité des armes (CEDH, 3 octobre 2006
et 22 mai 2008).
On dit également que l’appel a un effet dévolutif. Cela signifie que la cour d’appel
n’est saisie que de l’objet de l’appel. L’effet dévolutif est limité par la qualité de
l’appelant. L’appel de la partie civile ne porte que sur l’action civile. Lorsque l’appel
est formé par le ministère public, la cour d’appel peut prendre n’importe quelle
décision en aggravant le sort du détenu mais aussi l’adoucir. En revanche, l’appel
formé par une partie privée ne peut conduire à une augmentation de la peine donc
l’appel ne peut que lui profiter. Si seule la partie civile fait appel, les dommages ne
pourront être qu’augmentés.
Si le prévenu fait appel, la peine peut être diminuée et il peut éventuellement être
relaxé mais sa peine en peut être alourdie.
Il n’est pas toujours conseillé de faire appel car l’appel d’une partie peut entrainer
l’appel incident d’une autre partie et à partir de ce moment-là, l’appel sera
susceptible de nuire à la personne qui la première avait fait appel. La procédure en
appel est la même que devant le Tribunal correctionnel avec le prévenu qui conserve
le droit de parler en denier. Il y a d’abord un rapport oral d’un conseiller pour rappeler
les précédentes étapes de la procédure (article 501 du Code de procédure pénale) et
en principe la cour doit entendre tous les témoins cités par le prévenu dès lors qu’ils
n’ont pas déjà entendus en première instance. Le ministère public peut s’opposer à
toute nouvelle audition sachant que le dossier verbal de première audition se trouve
dans le dossier.
Si une partie civile fait appel de la sanction, l’appel est irrecevable. Il s'agit ici d’une
décision initiale d’irrecevabilité et non une décision sur le fond.
Selon l’art. 354 CPP, « Les décisions rendues par la Chambre criminelle du tribunal
de grande instance peuvent faire l'objet d'appel.
Cet appel est porté devant la Chambre criminelle de la Cour d'appel territorialement
compétente. Sous réserve des dispositions particulières de la première instance,
l'audience devant cette chambre se déroule selon les mêmes règles qu'en première
instance »
En principe, seuls les arrêts de condamnation peuvent faire l’objet d’un appel de la
part de toutes les parties. Cet appel se fait par déclaration au greffe dans les 15 jours
du prononcé de l’arrêt ou de sa signification aux parties absentes. L'appel est
interjeté dans un délai de quinze jours à compter du prononcé du jugement.
Toutefois, le délai ne court qu'à compter de la signification du jugement, quel qu'en
soit le mode, pour la partie qui n'était pas présente ou représentée à l'audience où le
jugement a été prononcé (art. 360).
En cas d'appel d'une partie pendant le délai ci-dessus, les autres parties ont un délai
supplémentaire de cinq jours pour interjeter appel (art. 361). Il doit se faire au greffe
du TGI (art. 362).
La nouvelle loi précise que « La procédure suivie devant la Chambre criminelle de la
Cour d'appel est celle applicable devant la Chambre criminelle du tribunal de grande
instance (art. 365). Et, « Les arrêts rendus par la Chambre criminelle de la Cour
d'appel peuvent faire l'objet d'un pourvoi en cassation dans les formes et délai
prévus par la loi organique sur la Cour suprême ».
En effet, « Après avoir prononcé l'arrêt de la Chambre criminelle de la Cour d'appel,
le président avertit, s'il Y a lieu, l'accusé de la faculté qui lui est accordée de se
pourvoir en cassation et lui fait connaître le délai prévu » qui est de 2 mois.
En principe l’appel en matière criminelle a un effet suspensif. En réalité pour tout ce
qui concerne la liberté ou la détention il y a exécution immédiate.
On dit qu’il s'agit d’une voie de recours extraordinaire car elle ne peut intervenir que
dans des cas précis. Il ne s’agit pas d’une nouvelle décision sur l’affaire mais juste la
confirmation de l’annulation de la décision critiquée devant la Cour de cassation.
Les cas d’ouverture peuvent être les erreurs sur le fond (insuffisance ou contradiction
de motifs, etc.) ou sur la forme (incompétence de la juridiction ayant rendue la
décision attaquée par exemple).
Quand une juridiction pénale a l’autorité de la chose jugée, ce qu’elle a jugé ne peut
pas être contredit par toute juridiction non pénale.
Elle découle de l’article 6 du Code de procédure pénale qui prévoit que « l’action
publique s’éteint part la chose jugée ». Cela signifie qu’on ne peut être jugé deux fois
pour les mêmes faits, même sous une autre qualification (non bis in idem). En
principe, cette règle n’a qu’un effet en droit interne. Cette autorité de la chose jugée
ne s’applique qu’aux décisions de jugement qui ne peuvent plus faire l’objet d’une
voie de recours ordinaire. Elle ne s’applique pas aux décisions d’instruction lorsqu’il
s'agit de décisions de renvoi en jugement.
En principe, une décision de non-lieu motivée par l’insuffisance de charges n’a pas
l’autorité de la chose jugée. Cela signifie que l’instruction pourrait être rouverte si l’on
découvre des charges nouvelles dans le délai de prescription, mais seulement à la
demande du ministère public. Les décisions de non-lieu motivées en droit ont en
revanche l’autorité de la chose jugée.
Cette autorité de la chose jugée est une autorité relative dans la mesure où de
nouvelles poursuites sont impossibles uniquement lorsqu’elles ont pour objet de
répondre d’une accusation pénale avec les mêmes parties et avec la même cause,
c'est-à-dire les mêmes faits.
Qu'est ce qui s'impose au juge civil dans ce qui a été décidé au pénal ?
Parfois, la victime peut essayer de saisir un juge d'instruction, si l'auteur n'a jamais
été trouvé. Dans ce cas-là, qui va l'indemniser quand l'auteur sera insolvable ou
introuvable ?
30 mai 2007, Ccass, Dalloz 2007 page 1728 : association victime d'un vol avec
effraction. Elle saisit la commission d'indemnisation mais on lui a dit que ce n’était
pas possible.