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INTRODUCTION

Trois questions principales seront abordées dans le cadre de cette introduction : quel
est l’objet de la procédure pénale, quelles sont ses finalités et quelles sont ses
sources.

Mais il importe au préalable de nous intéresser sur l’importance de la procédure


pénale. En effet, lorsqu’une infraction est réalisée, l’auteur de celle-ci ne pourra être
condamné qu’après avoir été jugé par les institutions judiciaires de la République. La
réaction sociale est ainsi organisée, elle n’est ni aveugle, ni instinctive, elle se fait
dans le respect des règles établies par la société, appelées règles de la Procédure
pénale. Elles organisent le déroulement du procès pénal (sur le fond et sur la forme)
ainsi que la composition et le rôle des autorités qui vont intervenir dans la procédure.

Les règles de la procédure pénale constituent également le lien entre l’infraction et la


sanction : elles sont indispensables à l’application du droit pénal. Sur le plan
politique, la procédure pénale le respect de l’intérêt général et ceux de l’individu qui
sont souvent contradictoires car d’un côté l’Etat veut une sanction rapide et efficace
alors que de l’autre les droits doivent être assurés (ex, présomption d’innocence,
principe du contradictoire, etc.). En ce sens, la procédure pénale assure l’équilibre
entre les intérêts divergents de la collectivité et ceux de l’individu en présence. Les
intérêts des différentes parties sont également assurés sur le plan moral car
contrairement au procès civil qui porte le plus souvent sur des questions d’ordre
patrimonial, le procès pénal met souvent en jeu la liberté, l’honneur de la personne
poursuivie.

L’importance de la procédure pénale ne fait aucun doute, celle-ci se vérifie à travers


son objet (I) et ses finalités (II).

I- L’objet de la procédure pénale

Tous les systèmes juridiques ont mis en place des mécanismes afin de faire face au
phénomène criminel. C’est dans cette optique que E. Durkheim soulignait que le
crime est un phénomène social normal en ce sens qu’il est impossible de trouver une
société qui en serait exempte.

Cependant, la réaction sociale face au phénomène criminel ne peut se faire que


dans le cadre d’une procédure qui aboutira à un procès à l’issue duquel la sanction
sera prononcée. Ainsi, le procès pénal qui constitue l’objet de la procédure est
considéré comme la manière dont la société organise le processus de réaction au
phénomène criminel.

Ce processus ne se limite pas simplement au procès devant le juge pénal, il le


déborde largement et intègre plusieurs étapes qui vont de la constatation de
l’infraction au prononcé de la condamnation en passant par la recherche des auteurs
de l’infraction, la recherche des preuves, l’instruction et le jugement.

Etudier la procédure pénale revient donc à s’intéresser à toutes ces étapes du


processus de réaction sociale. Mais plus encore à l’ensemble des règles qui
gouvernent le déroulement du procès pénal, l’organisation des juridictions pénales et
le rôle des différents acteurs qui interviennent dans le procès pénal (ministère public,
juge, personne poursuivie, victime).

II- Les finalités de la procédure pénale

L’objectif de la procédure pénale est d’assurer la fiabilité du procès pénal (1) et de


concilier sécurité et liberté (2).

1- La garantie de la fiabilité du procès

Au regard de la gravité de la sanction pénale à l’égard de la personne soupçonnée


d’avoir commis une infraction, la procédure pénale vise à assurer à la personne
poursuivie la garantie de la fiabilité de son éventuelle condamnation. Cette garantie
se manifeste par la mise en place de règles et principes directeurs qui permettent de
réduire au maximum les risques d’erreurs. Elle se manifeste aussi par l’organisation
et le fonctionnement de la justice qui permet d’assurer, à tous les niveaux,
l’indépendance des organes judiciaires.

A côté de la garantie de la fiabilité du procès pénal à travers l’indépendance des


organes judiciaires et la mise en place de règles destinées à réduire les risques
d’erreurs judiciaires la procédure pénale vise également à concilier la sécurité et la
liberté des citoyens.

2- La conciliation de la sécurité et de la liberté

La procédure pénale assure la sécurité des individus par la mise en place de règles
et mécanismes destinées à rechercher et punir les personnes qui ont enfreint l’ordre
social. D’un autre côté, elle assure la garantie des droits et libertés des individus.
Ainsi, la recherche d’un compromis entre ces deux exigences fondamentales peut
poser de difficultés. En effet, la protection de la société contre les délinquants appelle
la mise en place de mesures répressives rapides et efficaces.

Cependant, l’impératif de sécurité ne doit pas remettre en cause les libertés


fondamentales et conduire à une négation des droits des individus. A cet effet, la
défense de l’individu est au cœur des préoccupations de la procédure pénale. En
fait, elle est même un des principale caractéristique de la procédure pénale dont
l’une des finalités est la recherche permanente du chute d’équilibre entre ces deux
exigences contradictoires.

III- Les sources de la procédure pénale

Certaines sources sont nationales (1), d’autres internationales (2).

1- Les sources nationales

Parmi les sources nationales, on distingue les sources écrites (a) des sources non
écrites (b).

a- L es sources écrites
 Le bloc de constitutionalité

En premier lieu, il faut d’abord citer la Constitution du 20 mars 2016. Plusieurs


articles constitutionnels formulent des règles de procédure pénale. Il en est ainsi des
article 91 qui consacre l’autorité judiciaire comme gardienne de la liberté individuelle,
ce qui suppose que seul un juge peut prendre des mesures qui portent atteinte à la
liberté des personnes (exemple : détention provisoire ou emprisonnement). De
même, le régime de la garde à vue à désormais en droit sénégalais une valeur
constitutionnelle, ce qui est une innovation majeure.

Mais, certaines règles et même certains principes de la procédure pénale viennent,


non pas de la Constitution au sens strict, mais des textes à valeur constitutionnelle
visés dans le préambule de la Constitution. Ainsi, la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 consacre, parmi ses dispositions, la légalité
des citoyens (art. 6), la légalité procédurale (art. 7 et 8), la présomption d’innocence
(art. 9).
Font également partie du bloc de constitutionnalité les principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République, parmi lesquels on retrouve le respect des
droits de la défense.

 La loi

Autre source nationale textuelle, la loi est la source par excellence la procédure
pénale. En effet, l’article 67 de la Constitution précise que la procédure pénale relève
du domaine de la loi, et non du pouvoir réglementaire. La loi est entendu, ici, au sens
strict, c’est-à-dire, celle votée par l’Assemblée nationale, promulguée par le Président
de la République et publiée au Journal officiel.

Le code de procédure sénégalais est issu de la loi 65-61 du 21 juillet 1965 portant
code de procédure pénale.

Cette loi a fait l’objet de plusieurs modifications. Parmi les plus importantes, on peut
citer :

- La loi 85-25 du 27 février 1985 1985 (JORS n°5062 du 11 mai 1985, pp.
249-259).Vise essentiellement le renforcement de la garantie des libertés
individuelles durant les phases de garde à vue et d’instruction (pour
approfondir la question : Elisabeth Michelet, Flash sur la procédure pénale
sénégalaise issue de la loi du 27 février 1985, CPP ed. EDJA, p.29 et s. ou
bien RIPAS n° 12-13 de janvier-juin 1985.
- la loi n° 99-06 du 29 janvier 1999 modifiant certaines dispositions du CPP
(JORS n°5847, pp. 836-840). Elle s’inscrit également dans le même sillage
que la loi de 1985. Elle a introduit la possibilité pour l’avocat d’intervenir
dès la phase de garde à vue.
- Loi 2007-05 du 12 février 2007 relative à la mise en œuvre du Traité de
Rome instituant la CPI.
- La loi 2008-50 du 23 septembre 2008 qui met l’accent sur l’instruction et le
jugement des crimes. Elle avait professionnalisé les Cours d’Assises en
estimant qu’elles seront composées d’un président et de deux assesseurs.
- La loi 2014-28 du 03 novembre 2014 porte réforme de la carte judiciaire.
Cette loi est venue supprimer les Cours d’Assises pour les remplacer par
les chambres criminelles.

b- Les sources non écrites


A côté des sources écrites, existent des sources non écrites qui occupent une place
non négligeable. Ces sources non écrites consacrent des principes qui régissent la
procédure pénale. Ce sont des règles que les tribunaux jugent fondamentales alors
qu’aucun texte ne les consacre formellement.
Il en est ainsi du principe en vertu duquel une personne mise en examen dans le
cadre d’une instruction ne peut être renvoyée en jugement sans avoir été au
préalable entendue par le juge d’instruction (crim. 12 oct. 1972 D. 1973, p. 170, note
Padel) ou encore de la règle selon laquelle la personne mise en examen et son
conseil doivent avoir la parole en dernier devant la chambre de l’instruction (crim. 28
sept. 1983, D. 1983, p. 156, note Pradel).
2- Les sources internationales
Ces sources sont constituées par les traités auxquels est partie le Sénégal. Elles
concernent des questions spécifiques, notamment l’extradition ou d’autres questions
de procédure pénale. Les sources internationales de la procédure pénale peuvent
découler des traités internationaux (a) ou des dispositions communautaires (b).
a- Les traités internationaux
En dehors des conventions internationales repris dans le préambule de la
Constitution et qui posent des principes régissant la procédure pénale (Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, Charte, africaine des droits de l’homme, etc), le
Sénégal a signé plusieurs traités internationaux qui régissent la procédure pénale.
Ceux-ci sont à la fois bilatéraux (exemple : traité bilatéral sur l’entraide judiciaire avec
des pays étrangers, traité sur l’extradition, etc) ou multilatéraux (traité mettant en
place des organisations internationales (exemple CPI) ou des principes communs
régissant la matière pénale. Exemple : article 11.2 de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme, article 3.4 du Pacte Internationale relatif aux Droits Civils et
Politiques ; l'égalité devant la loi et devant la justice consacrée par les articles 7 et 10
de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les articles 14.1 et 26 du Pacte
International relatif aux Droits Civils et Politiques, l'indépendance de l'autorité
judiciaire consacrée par les articles 10 et 11 de la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme, l'article 14 du Pacte International relatif aux droits Civils et Politiques, le
recours effectif affirmé à l'article 8 de la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme.

b- Les traités communautaires

Dans le cadre du droit communautaire, certaines dispositions intéressent la


procédure pénale. En effet, le Sénégal est un Etat-partie de plusieurs organisations
communautaires de la sous-région telles que la CEDEAO, l’UEMOA. Ces
organisations communautaires ont des domaines de compétences qui exercent une
influence importante sur le droit national des Etats-membres dont la procédure
pénale.

Ainsi, récemment, un règlement de l’UEMOA est venu poser un principe essentiel de


la procédure pénale relativement à la garde à vue. En effet, Le règlement de
n°05/Cm/UEMOA relatif à l’harmonisation des règles régissant la profession d’avocat
dans l’espace UEMOA comporte une disposition prévoyant que «les avocats
assistent leurs clients dès leur interpellation, durant l’enquête préliminaire, dans les
locaux de la police, de la gendarmerie, ou devant le Parquet».

Les dispositions issues de ces organisations communautaires permettent aux


juridictions chargées de les appliquer de dégager des standards du bien juger qui
imposent au législateur comme au juge un modèle du procès équitable.A ce titre, on
peut citer, la non rétroactivité de la loi pénale consacrée par les articles 7.2 de la
Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples; l'indépendance de l'autorité
judiciaire consacrée par l'article 1 de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples.
Chapitre préliminaire : L’encadrement de la procédure pénale (a compléter)

Avant d’envisager les principes régissant le procès pénal, nous nous intéresserons
d’abord à la distinction entre la procédure pénale et les autres branches du droit qui
peuvent parfois avoir, plus ou moins des connexités avec elle.

Section 1 : Les rapports entre la procédure pénale et d’autres branches du


droit

Paragraphe 1 : Procédure pénale et procédure civile

La principale différence entre la procédure pénale et la procédure civile est que le


procès civil oppose deux parties, personnes privées. Dans le procès pénal l’Etat est
partie au procès par l’intermédiaire du parquet, demandeur au pénal.

La ressemblance entre procédure pénale et procédure civile est que celui qui, en
dernière analyse va décider, est un tribunal indépendant de l’exécutif de l’ordre
judiciaire. Il y a des règles qui tendent à assurer l’impartialité du juge et l’égalité des
parties, règles de droit processuel communes aux trois procédures. Elles vont poser
plus de problèmes dans le domaine pénal, notamment en ce qui concerne la règle
d’égalité des parties dans la mesure où dans le procès pénal il faut éviter un
déséquilibre trop important entre un magistrat doté de pouvoirs importants
(procureur) et un auteur présumé d’une infraction dont on veut prouver la culpabilité.
C’est en ce sens qu’il semble dangereux de demander aux parties pénales
d’apporter elles-mêmes les preuves de la thèse qu’ils avancent. Ainsi par exemple,
l’auteur présumé aurait en général plus de difficultés à démontrer son innocence en
raison de ses moyens financiers limités.

De plus, dans ces deux types de procès la solution dépend des preuves. La preuve
est encore plus essentielle en matière pénale. En effet, en matière civile les preuves
préexistent au procès la plupart du temps (il existe des actes juridiques, notamment),
tandis qu’en matière pénale la preuve, bien que déterminante, n’a pas pu être
préconstituée avant même que soit lancée la procédure. C’est en raison de cette
particularité que le droit pénal nécessite un juge qui a pour but, dans un certain
nombre d’affaires, de récolter des preuves à charge et à décharge.
Paragraphe 2 : Procédure pénale et droit pénal

Dans son aspect sanctionnateur, le droit pénal n’existe pas sans procédure pénale.
En principe, aucune sanction ne peut être prononcée pour la commission d’une
infraction sans qu’un procès pénal ait eu lieu. Tout ce qui concerne le droit pénal
général passe en principe par la procédure pénale.

Paragraphe 3 : Procédure pénal et libertés publiques

La justice pénale a un rôle inquisiteur, pour rechercher les preuves elle va


inévitablement avoir recours à des procédés de contrainte. La question centrale est
alors de savoir jusqu’où les autorités qui recherchent les preuves pourront aller.

La procédure pénale donne des pouvoirs de contrainte aux policiers, au parquet et


éventuellement au président du tribunal en jugement. En même temps, elle donne
des limites à ces pouvoirs de contrainte.

Lorsque l’infraction vient de se commettre, on est alors dans le cadre d’une enquête
de flagrant délit, la police est autorisée à perquisitionner sans autre accord, à
condition de ne pas agir entre 21h et 6h du matin, sauf exceptions. La procédure
pénale peut donc autoriser les acteurs du jeu pénal à aller à l’encontre de certaines
libertés publiques dans certains cas.

Dans l’enquête préliminaire en revanche, ce n’est que très exceptionnellement que la


police peut perquisitionner de force. Elle ne peut le faire qu’avec l’autorisation d’un
juge indépendant (juge des libertés et de la détention).

En d’autres termes, la procédure pénale, tout en donnant des droits et obligations


aux autorités, règlemente le droit des individus face aux autorités qui recherchent les
preuves (art. 9 constitution). Parmi ces droits on comptabilise notamment le droit à
l’intimité de la vie privée, le droit à la présomption d’innocence, etc.

En France, jusqu’à une période récente (loi du 15 juin 2000), une personne placée
en détention provisoire pendant la procédure et reconnue innocente au terme de la
procédure ne pouvait prétendre à une indemnité systématique. Cette loi permet
dorénavant à toute personne placée à tort en détention provisoire d’obtenir une
indemnité. Cela explique l’importance des principes généraux parmi les sources de la
procédure pénale.
Malheureusement, cette solution n’est pas encore consacrée en droit sénégalais.
Mais, au regard des longues détentions provisoires, il serait souhaitable que le
législateur sénégalais s’oriente dans ce sens. Ceci, afin de renforcer la protection
des droits des personnes.

Section 2 : Les principes régissant le procès pénal

Paragraphe 1 : Les garanties relatives à l’autorité judiciaire

Première de ces garanties, le droit à un juge ou droit d’accès à un tribunal est


évidemment un droit fondamental, commun à toutes les matières. En matière
pénale, il est reconnu de manière plus large, en amont du jugement, à certaines
opérations de police et, en aval, à l’application des peines. Les mesures
d’arrestation ou de détention doivent ainsi pouvoir être vérifiées par un juge ou un
magistrat habilité, de même que les visites, perquisitions et saisies. Un tribunal
doit pouvoir juger les recours contre de telles mesures d’arrestation ou de
détention. La présomption d’innocence jusqu’au jugement de fond doit aussi être
protégée par un juge. L’accusation doit être portée devant un juge qui, en cas de
condamnation, fixera la peine prononcée. C’est un juge qui doit fixer les modes
effectifs d’application de la peine. La garantie d’une voie de recours et le droit
d’accès à un juge de cassation est garantie

Des garanties institutionnelles tendent à assurer la qualité de la justice rendue,


son indépendance et son impartialité. L’impartialité commande pour sa part que le
même juge ne connaisse pas des mêmes faits pour les mêmes parties à des
instances différentes. Les garanties d’indépendance sont assurées pour
l’ensemble des magistrats, par leurs conditions de recrutement, la protection
statutaire et l’institution d’organes de garanties de l’indépendance, mais selon une
intensité différente pour les magistrats du siège et ceux du parquet. Elles se
traduisent au pénal, dans l’organisation de l’institution judiciaire, par le principe de
séparation des fonctions de poursuite, d’instruction et de jugement. C’est ainsi que
l’article 23 du CPP délègue les fonctions de poursuite au parquet tandis que les
fonctions d’instruction sont dévolues par l’article 39 du CPP au juge d’instruction.
Cependant, ces règles, visant à assurer la séparation des fonctions de jugement
et d’instruction, et destinée à garantir l’impartialité des juges souffrent de certaines
exceptions. Pour des raisons d’organisation judiciaire, l’article 44 du CPP confère
au président du tribunal d’instance la possibilité de cumuler les fonctions
d’instruction et de jugement. En effet, selon cette disposition, « lorsque le tribunal
départemental ne comprend qu’un magistrat, celui-ci, qu’il se soit saisi d’office des
affaires de sa compétence ou qu’il ait été requis d’informer par le procureur de la
république, remplit les fonctions d’instruction puis juge les affaires qu’il a
instruites ». En ce sens, la jurisprudence estime que les prescriptions de l’article
39 n’interdisaient pas au juge d’instruction de remplir les fonctions de ministère
public dans les affaires par lui instruites (C. sup. 19 janvier 1977)

Cependant cette exigence d’impartialité fonctionnelle ne concerne pas le parquet,


qui peut être représenté par le magistrat ayant précédemment assumé les
fonctions d’instruction dans l’affaire en cause. Bien plus, la partialité personnelle
de l’accusation ne semble pas, selon la jurisprudence, susceptible de porter
atteinte à l’impartialité du tribunal.

Enfin, dans la procédure pénale, la juridiction collégiale constituait le principe,


sans pour autant avoir jamais eu de valeur constitutionnelle. Les exceptions à ce
principe sont aujourd’hui nombreuses. La collégialité ne constitue plus
nécessairement, aux yeux du législateur, la forme du « bon juge » pénal.

Paragraphe 2 : Les garanties relatives à la procédure

C’est ici que la distance peut être la plus grande entre les principes du procès
équitable et les réalités concrètes de la procédure pénale. Le droit absolu au
respect de la dignité humaine, la prohibition absolue de la torture et des
traitements inhumains ou dégradants constituent des droits substantiels dans la
procédure pénale.

En premier lieu, l’égalité devant la justice, constitue l’une des garanties régissant
la procédure pénale. Elle est un corolaire du principe d’égalité devant la loi qui
trouve sa source dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789
et constitue l’une des valeurs fondamentales dans un Etat de droit. Au Sénégal, il
est consacré par la Constitution qui dispose la République (…) assure l’égalité
devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de
religion… Le principe d’égalité devant la justice et le principe d’égalité
entretiennent des relations complémentaires dans le sens où l’accès à la justice
permet une concrétisation du principe d’égalité devant la loi. En somme, le
principe d’égalité est « un principe carrefour, un droit tuteur qui vient renforcer la
mise en œuvre d’autres droits et libertés comme le droit de propriété et les droits
de la défense » (G. Canivet, L’égalité d’accès à la Cour de cassation, in Rapport
2003 de la Cour de cassation française).

Ensuite, le respect des droits de la défense constitue une garantie indispensable


au bon déroulement du procès pénal. Il serait utopique en effet de considérer un
procès pénal dans lequel le juge statue sur une affaire qui lui est soumise sans
avoir au préalable entendre les parties, surtout le prévenu. Les droits de ce
dernier sont en effet garantis car la loi lui permet de se défendre en apportant la
contradiction sur les arguments avancés par le parquet ou le juge dans toutes les
étapes de la procédure. La doctrine les définit comme l’ensemble des prérogatives
qui garantissent à l’inculpé la possibilité d’assurer effectivement la défense dans le
procès pénal. Ces droits se traduisent d’une part par le droit à un procès
contradictoire et le droit à un procès public, d’autre part. Le respect des droits de
la défense est garanti par la Constitution qui dispose que la défense est un droit
absolu dans tous les états et à tous les degrés de la procédure. Exemple article
101 et s. CPP et 164 et s. CPP durant la phase d’instruction.

La publicité, la célérité, qui ne se confond pas avec la précipitation, et l’équité,


l’équilibre de la procédure, qui, au pénal, implique le respect des droits de la
défense, constituent les standards internationaux de ces garanties. Mais pour
indispensable qu’elle soit, la publicité supporte des exceptions légales
nombreuses. La célérité est requise à diverses étapes de la procédure et son
obligation s’impose de plus en plus aux diverses parties au procès pénal. De
même, l’article 127 bis issu de la loi 99-06 du 29 janvier 1999 limite la durée du
mandat de dépôt, délivré en matière correctionnelle, à un maximum de six mois
non renouvelables. Ceci, afin de lutter contre l’inertie du juge d’instruction privant
ainsi le justiciable de son droit fondamental d’accès à un juge. Désormais, ce
dernier dispose d’un délai de six mois pour terminer son instruction. Au-delà, s’il
ne la clôture pas et renvoyer l’inculpé devant la juridiction de jugement ou rendre
un non-lieu, le régisseur de l’établissement dans lequel se trouve l’inculpé est tenu
de libérer ce dernier. Il en est différemment en matière criminelle où le juge
d’instruction n’est enfermé dans aucun délai à cause de la complexité des affaires
criminelles.

Quant à l’équité, elle devrait contraindre à la motivation des décisions de justice,


mais on est, dans les faits, souvent loin du compte. Elle emporte aussi l’égalité
des armes dans l’exercice des voies de recours comme dans l’examen
contradictoire des charges de l’accusation et le droit de se taire et de ne pas
s’auto-incriminer.

Le droit d’être informé des raisons de son arrestation, de la nature et de la cause


de l’accusation, le droit de préparer sa défense, de l’exercer soi-même ou avec
l’assistance d’un avocat, de convoquer et d’interroger des témoins, le droit à
l’assistance gratuite d’un interprète constituent l’expression des droits de la
défense en matière pénale.

Les questions de la charge et les moyens de la preuve sont au cœur du procès


pénal. La présomption d’innocence impose de laisser la charge de la preuve à la
partie poursuivante, mais ce principe peut souffrir des exceptions. À la liberté de
l’accusation et de la victime dans la production de la preuve répond la liberté pour
le juge d’admettre ou non cette preuve, selon son intime conviction. Pour autant,
la liberté de la preuve pénale subit toutes les limites posées par la loi, au travers
des règles d’administration de cette preuve. Dans ce domaine, la loyauté n’est pas
une exigence absolue pour les preuves rapportées par les parties civiles. Mais, en
revanche, la procédure organise avec précision les conditions légales dans
lesquelles doit être recueillie la preuve (auditions, interrogatoires, expertises,
perquisitions, interceptions de correspondances, etc.).

Entre les intérêts de la société, ses exigences de sécurité et les intérêts de la


personne poursuivie, dont l’honneur et la liberté sont en cause, la procédure
Première partie : Le déclenchement du procès pénal

Chapitre 1 : L’action publique

Section 1 : Les titulaires

L’action publique est exercée au nom de la société ; elle a pour objet l’application
de la loi pénale par une juridiction répressive à l’auteur d’une infraction afin de
réparer le dommage causé par l’infraction à la société. Cependant, les juridictions
de jugement ou d’instruction n’ont pas la faculté de se saisir elles-mêmes des
plaintes et dénonciations ni des infractions sur lesquelles il a été enquêté. Qui va
dès lors pouvoir réclamer l’application de la loi pénale? Dans le système
procédural mixte à dominante inquisitoire qui existe au Sénégal, l’exercice de
l’action publique est dévolu au ministère public dirigé par le procureur de la
République, chargé de l’accusation, et exceptionnellement à certaines
administrations.

Paragraphe 1 : Le ministère public

Le ministère public est caractérisé par son indivisibilité. Il est représenté auprès de
chaque juridiction. Il est chargé de l’exercice de l’action publique. Avant de nous
intéresser à son caractère (B), nous verrons d’abord sa composition (A).

A- La composition du ministère public

Le ministère public est composé de manière variable selon les différentes juridictions.

Au niveau de la Cour suprême, les fonctions de ministère public sont


personnellement confiées au procureur général près la Cour suprême (art. 47 Décret
2009-35 du 8 aout 2009 sur la Cour suprême). Il est assisté par le premier avocat
général, les avocats qu’il affecte dans les différentes chambres de la Cour.

Dans les Cours d’appel, on y trouve le procureur général près la Cour d’appel et ses
substituts (art. 26 loi 85-25 du 27 février 1985). Il représente en personne, ou par ses
substituts, le ministère public auprès de la Cour d’appel et auprès des chambres
criminelles.

Dans les TGI, le procureur de la république représente en personne ou par ses


substituts le ministère public près le TGI sans préjudice des dispositions prévues par
les lois spéciales.

Enfin au niveau des TI, le délégué du procureur de la république représente le


ministère public auprès du TI. En cas d’absence du délégué du procureur de la
république près le TI, les fonctions de ministère public sont assurées par le président
de cette juridiction sous le contrôle direct du procureur de la république
conformément à l’article 38 (art 24 al. 2)

B- Les caractères du ministère public


Les magistrats du ministère public sont soumis aux règles suivantes :

- La hiérarchie : ce caractère trouve son fondement dans la loi organique 92-


27 du 30 mai 1992 portant statut des magistrats en son article 6 ainsi que
les articles 28 et 29 du CPP.
L’article 6 de la loi organique dispose que « les magistrats du parquet sont
placés sous la direction et le contrôle de leurs chefs hiérarchiques et sous
l’autorité du Garde des Sceaux, ministre de la justice ». ce texte fait du
ministre de la justice le supérieur hiérarchique de tous les magistrats du
parquet.

A cet effet, les articles 28 et 29 du CPP précisent d’une part que « Le Garde des
Sceaux, Ministre de la Justice peut dénoncer au Procureur général les infractions à
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire engager les
poursuites, ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le
Ministre juge opportunes » et d’autre part que « Le Procureur général a autorité sur
tous les représentants au ministère public du ressort de la Cour d’appel.

A l’égard de ces magistrats, il a les mêmes prérogatives que celles reconnues au


Ministre de la Justice à l’article précédent ».

Cependant, cette subordination connait des limites car les magistrats du parquet ont
la liberté de parole à l’audience et l’harmonisation, par la loi 92, des règles
d’avancement et des règles de discipline de tous les magistrats qu’ils soient debout
ou assis. Il y a aussi les pouvoirs conférés à certains magistrats comme ceux du
procureur général ou du procureur de la république qui peuvent poursuivre sans s’en
référer à leur supérieur hiérarchique.

- L’indivisibilité du ministère public : cela signifie que les magistrats du


parquet sont interchangeables et qu’ils représentent tous la même
institution. Chacun d’eux représente le ministère public tout entier : ils
peuvent se remplacer mutuellement au cours d’un procès, contrairement
aux magistrats du siège qui sont tenus d’assister à toutes les audiences de
l’affaire qu’ils jugent.
- L’irrécusabilité : le ministère public ne peut pas être récusé, c’est-à-dire,
écarté du procès pénal car c’est lui qui exerce l’action publique même si
c’est la victime qui l’a mise en mouvement.
- L’irresponsabilité : c’est-à-dire que s’il se trompe dans l’exercice de l’action
civile, il ne sera pas tenu pour responsable. On ne peut donc le poursuivre
ni en pénal, ni en réparation du dommage qu’il aurait commis en exerçant
l’action publique à tort. Le ministère public n’est pas une partie ordinaire au
procès.

Paragraphe 2 : L’exercice de l’action publique par certaines administrations

La loi offre la possibilité à certaines administrations d’exercer l’action publique. Cette


possibilité est prévue par l’article 1er du CPP qui dispose que « l’action publique pour
l’application des peines est mise en mouvement et exercée par les magistrats ou les
fonctionnaires auxquels elle est confiée par la loi ». Ces fonctionnaires concernés
relèvent de l’administration de la douane, le fisc, les eaux et forêts et le service
d’hygiène.

Concernant l’administration douanière, le code des douanes prévoie des dispositions


conférant à celle-ci des pouvoirs en matière de contestation et de poursuite des
infractions douanières. Lorsque le procureur de la république met en œuvre l’action
publique, il est tenu de retenir la qualification des faits donnée par l’administration de
la douane ainsi que l’évaluation de la valeur des marchandises faite par le receveur
poursuivant (art. 240 code des douanes). En plus, les agents de la force publique ou
les autres administrations qui sont amenés à constater des infractions à la législation
douanière doivent obligatoirement se dessaisir de la procédure en cours au profit de
l’administration douanière compétente si celle-ci en fait la demande (art. 220). En
outre, lors de la phase d’instruction, le code des douanes en son article 262 interdit
toute liberté d’appréciation au magistrat instructeur lorsqu’il est amené à connaitre
des infractions douanières. Selon cette disposition, lorsqu’une information est
ouverte en matière de contrebande ou de fraude douanière, le juge d’instruction est
dans l’obligation de délivrer un mandat de dépôt contre l’inculpé si la valeur de la
fraude est égale à 2 500 000 frs CFA.

Section 2 : L’exercice

Paragraphe 1 : Les principes régissant l’action publique

A- Le principe de l’opportunité des poursuites


L’article 32 al. 1 du CPP dispose que « le procureur de la république reçoit les
plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner ». En effet, lorsque le
procureur de la république est informé de la commission d’une infraction, il a le choix
de poursuivre, de recourir à une procédure alternative ou de classer sans suite. Dans
un système d’opportunité, le parquet n’est pas tenu de poursuivre toutes les
infractions portées à sa connaissance. Toutefois, la poursuite de certaines de
certaines infractions est subordonnée à la plainte de la victime exemple : diffamation,
atteinte à la vie privée, etc. le système prévu par l’article 32 ne concerne que la
poursuite et non l’exercice de l’action publique. En outre, le ministère public ne peut
mettre en jeu l’action publique sans vérifier la légalité des poursuites.

B- Le principe de la légalité des poursuites

Ce principe signifie que le ministère public n’a pas la libre disposition de l’action
publique. L’exercice de celle-ci est soumise au principe de la légalité des poursuites
qui permet d’éviter les inconvénients qui peuvent entrainer les poursuites. Ce
principe impose au procureur de la république de vérifier d’abord la réalité des faits,
ensuite les qualifier et enfin vérifier s’il n’existe pas d’obstacles procéduraux à
l’exercice de l’action publique (cause d’extinction, chose jugée, etc).

Le principe de la légalité entraine ainsi deux conséquences importantes : d’une part,


le ministère public ne peut abandonner les poursuites et dessaisir la juridiction saisie.
Cette conséquence renvoie au principe de l’indisponibilité de l’action publique. En
effet, l’action publique appartient à la société et non aux magistrats chargés par la loi
de l’exercer. Toutefois, le principe d’indisponibilité connait certaines limites car les
écritures lient le ministère public mais à l’audience la parole est libre et le ministère
public peut, malgré les poursuites, requérir la relaxe ou l’acquittement, ce qui
correspond à l’abandon des poursuites. D’autre part, le ministère public ne peut
renoncer aux voies de recours qui lui sont offertes par la loi, ni se désister de ceux
qu’il aurait formés.

Paragraphe 2 : Les modalités d’exercice de l’action publique

A- La poursuite

Le MP prend la décision de poursuivre et de mettre en conséquence, l’action


publique en mouvement lorsque la procédure alternative, la médiation notamment
n’a pas connu de succès ou lorsque tout simplement il a choisi de ne pas recours à
une telle procédure. Deux possibilités s’offrent ainsi à lui, soit il saisit la juridiction
d’instruction aux fins de l’ouverture d’une information (1), ce qui est d’ailleurs
obligatoire en matière criminelle, soit il traduit directement la personne poursuivie
devant la juridiction de jugement (2).

Mais, il faut souligner qu’il existe des situations qui retardent ou empêchent l’action
du MP lorsqu’il désire lancer des poursuites. On peut relever deux catégories de
situations : action publique subordonnée à la plainte de la victime et infractions ayant
un caractère familial ou privé. C’est la solution pour l’abandon de famille, la
diffamation, l’adultère et l’injure. Dans d’autres cas le MP doit, pour poursuivre,
effectuer un certain nombre de formalités. Quelque fois il lui faut demander
l’autorisation de certains organes avant de poursuivre. D’après l’art.61 de la
Constitution, pendant la durée de session un député ne peut être poursuivi pour
crime ou délit sans autorisation de l’Assemblée Nationale. Le procureur de la
République est obligé de présenter à l’Assemblée Nationale une demande de main
levée de l’immunité parlementaire. Le même texte précis qu’aucune poursuite ne
peut être dirigée en dehors des sessions contre un député que sur autorisation du
bureau de l’Assemblée Nationale. Mais comme dans le cas précédent, le MP n’est
pas tenu de demander l’autorisation de poursuivre lorsque l’infraction est fragrante.
D’autre fois encore, la poursuite ne peut intervenir qu’après la décision du juge civil
sur la question de droit porté à sa connaissance. On parle dans ce cas de question
préjudicielle à l’action publique. On peut citer à titre d’exemple l’enlèvement d’une
fille mineure suivi de son mariage avec son ravisseur (art.348 al.2 CP). Dans cette
hypothèse, les poursuites pénales ne peuvent être intentées contre le ravisseur que
si le juge civil prononce la nullité de ce mariage.

1. La saisine de la juridiction d’instruction


La saisine du juge d’instruction pour l’ouverture d’une information fait
généralement suite à une enquête diligentée par le PR qui peut être plus ou moins
longue en fonction de la complexité ou non de l’affaire. L’article 70 du CPP en
précisant que « L’instruction préparatoire est obligatoire en matière de crime; sauf
dispositions spéciales », ne donne pas le choix au PR. Ce dernier doit
obligatoirement saisir le juge d’instruction par un réquisitoire à fin d’information
lorsque les faits supportent une qualification criminelle. En revanche, en matière
délictuelle et contraventionnelle, l’ouverture d’une information est facultative.

Le réquisitoire à fin d’informer ou réquisitoire introductif est l’acte qui saisit la


juridiction d’instruction et par lequel cette dernière est requise d’informer contre une
personne déterminée ou inconnue concernant la ou les infractions résultants des
procès-verbaux, de la plainte ou de la dénonciation joints au réquisitoire. Sans cet
acte le juge d’instruction ne peut informer, puisqu’il ne peut se saisir d’office. C’est ce
qui ressort d’ailleurs de l’article 71 alinéa 1er du CPP selon lequel « Le juge
d’instruction ne peut informer qu’en vertu d’un réquisitoire du Procureur de la
République même s’il a procédé en cas de crime ou de délit flagrant. ». Le juge
d’instruction lorsqu’il est saisi d’un réquisitoire introductif ne peut informer que sur les
faits qui sont visés par ce dernier. On dit qu’il est saisi in rem. (art. 71 al.6). Cela
n’empêche pas cependant le juge d’instruction d’inculper toute personne ayant pris
part comme auteur ou complice aux faits qui lui déférés. (art. 71 al. 5).

2. La saisine de la juridiction de jugement


La saisine directe de la juridiction de jugement s’effectue soit par le bais de la
citation directe soit par celui de la comparution immédiate.

a. La citation directe
La citation directe est l’acte par lequel, le MP saisit le tribunal correctionnel ou
le tribunal de simple police si l’infraction commise constitue un délit ou une
contravention (art.376 pour les délits et art. 519 pour les contraventions) Il s’agit d’un
exploit d’huissier puisqu’il est délivré par cet officier ministériel selon les formes
prescrites par la loi, à la requête du MP. Elle doit contenir le fait poursuivi et viser le
texte de loi qui le sanctionne. (art. 539 CPP) Mais comme tout acte d’huissier, la
citation doit respecter certaines formalités sans lesquelles elle peut encourir la nullité.

Explication des conditions

Article 376

Le tribunal correctionnel est saisi des infractions de sa compétence soit par le renvoi
qui lui est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution volontaire des
parties, dans les conditions prévues à l’article 377, soit par la citation délivrée
directement au prévenu et aux personnes civilement responsables de l’infraction, soit
enfin par application de la procédure de flagrant délit prévue par les articles 381 à
385.

Article 538

Les citations et significations, sauf disposition contraire des lois ou décrets, sont
faites par exploits d’huissier.

Les notifications sont faites par voie administrative.

L’huissier ne peut instrumenter pour lui-même, pour son conjoint, pour ses parents et
alliés, et ceux de son conjoint, en ligne directe à l’infini, ni pour ses parents et alliés
collatéraux, jusqu’au degré de cousin issu de germain inclusivement.

Article 519

Le tribunal de simple police est saisi des infractions de sa compétence soit par le
renvoi qui lui en est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution
volontaire des parties, soit par la citation délivrée directement au prévenu et à la
personne civilement responsable de l’infraction.

Article 539(Loi n° 77-32 du 22 février1977)

La citation est délivrée à la requête du ministère public ou du président du tribunal


départemental investi des pouvoirs du Procureur de la République, de la partie civile,
et de toute administration qui y est légalement habilitée. L’huissier doit référer sans
délai à leur réquisition.

La citation énonce le fait poursuivi et vise le texte de loi qui le réprime.

b. La comparution immédiate
La comparution immédiate comme la citation directe, constitue un mode du
tribunal correctionnel et du tribunal de simple police. Il s’agit d’une procédure rapide
de saisine de la juridiction répressive que le PR peut utiliser lorsque l’infraction est
qualifiée de délit ou de contravention. C’est cette procédure qui est également
utilisée en matière de flagrant délit puisque la personne arrêtée est traduite sur le
champ à l’audience du tribunal ou à l’audience du lendemain, le cas échéant. (art.
381 à 385 CPP).

B- Le classement sans suite


Aux termes de l’article 32 infine : « Le Procureur de la République peut décider de
classer l’affaire sans suite. Il doit adresser au plaignant un avis de cette décision
dans les huit jours de celle-ci. Cet avis comporte notamment la mention que le
plaignant peut, s’il le désire, prendre l’initiative de mettre l’action publique en
mouvement en se constituant partie Civile » (Loi n° 99-88 du 3 sept. 1999).

Le classement sans suite est la décision prise par le PR lorsqu’il estime qu’il
n’est pas opportun de poursuivre. Il s’agit d’une administrative et non
juridictionnelle qui se traduit par l’archivage du dossier au parquet. Il ne peut
faire l’objet d’un recours. Le ministère public peut d’ailleurs revenir sur sa
décision de classer sans suite une affaire et mettre l’action publique en
mouvement. Ce peut être le cas notamment lorsqu’il existe des éléments
nouveaux qui gravent le caractère du fait ou permettent de qualifier en infraction
à ce qu’on aurait cru être un fait impunissable (ex. le suicide qui se révèle être
un meurtre).

La décision de classer sans suite relève du pouvoir d’appréciation du PR qui


dispose d’une liberté quasi-totale en la matière. La seule limite est à cette règle
est doit en informer la partie plaignante par un avis. C’est ce qui découle de
l’article 32 al. infine du CPP qui dispose « Le Procureur de la République peut
décider de classer l’affaire sans suite. Il doit adresser au plaignant un avis de
cette décision dans les huit jours de celle-ci. Cet avis comporte notamment la
mention que le plaignant peut, s’il le désire, prendre l’initiative de mettre l’action
publique en mouvement en se constituant partie Civile ». En France cette
question a connu une évolution notoire puisqu’il est désormais fait obligation au
PR de motiver sa décision de classer sans suite et il est institué un recours
contre sa décision qui peut être attaquée devant le PG. Ce dernier peut
enjoindre le PR d’engager des poursuites ou décider que le recours n’est pas
fondé. (40-3 du CPPF Loi n°2004-204 du 9 mars 2004).

En principe, le MP est libre de classer ou de poursuivre. Plusieurs tempéraments


affectent la décision du MP. Le premier tempérament est inhérent à l’organisation
hiérarchique du MPDans l’hypothèse par exemple où un procureur de la République
souhaiterait classer une affaire, il serait au contraire tenu de poursuivre si le
procureur général de la Cour d’Appel lui donne l’ordre de poursuivre. Le second tient
à la victime,elle peut se constituer partie civile et déclencher l’action publique même
dans les cas où le MP n’avait pas souhaité poursuivre.

C- La médiation pénale

Les procédures alternatives aux poursuites sont essentiellement constituées par la


médiation pénale qui peut se présenter sous trois formes que Madame Christine
LAZERGES a systématisées, en distinguant « la médiation judiciaire à proprement
parler », « la médiation sociétale sous contrôle judiciaire » et « la médiation sociétale
sans contrôle judiciaire ». Les deux premières en tant qu’elles font intervenir l’autorité
judiciaire, participent du service public de la justice alors que la dernière est
purement informelle puisque ce sont les protagonistes de l’infraction pénale que sont
délinquant et victime qui ont eux-mêmes recours à un tiers comme médiateur. C’est
pourquoi, nous nous focaliserons uniquement sur les deux premières formes de
médiation que le législateur sénégalais a d’ailleurs consacrées.

« La médiation judiciaire à proprement parler » correspond à celle prévue notamment


par l’article 32 alinéa 2 issu de la loi 99-88 du 3 septembre 1999 modifiant le CPP et
instituant la médiation pénale alors que « la médiation sociétale sous contrôle
judiciaire » renvoie à celle instituée par le décret 99-1124 du 17 novembre 1999
relatif aux maisons de justice, à la médiation et à la conciliation.

La médiation de l’article 32 al.2 est une médiation qui se déroule à l’intérieur même
de l’institution judiciaire puisque exercée par un magistrat du ministère public. Cette
forme de médiation pénale peut être analysée en un classement sans suite sous
condition qu’une solution négociée soit trouvée par l’auteur de l’infraction et sa
victime avec l’aide du médiateur. La procédure est prévue par l’article 32 al. 2 qui
dispose : « le Procureur de la République peut, préalablement à la décision sur
l’action publique, et avec l’accord des parties, soumettre l’affaire à la médiation
pénale s’il apparaît qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la réparation du
dommage causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction, et
contribuer au reclassement de l’auteur ».

Il résulte ainsi de ces dispositions, d’une part, que le recours à cette technique de
résolution des conflits n’est qu’une faculté dont dispose le Procureur de la
République, maître de l’opportunité des poursuites et qui apprécie souverainement
s’il doit déclencher l’action publique ou proposer une médiation aux protagonistes. Le
texte pose d’autre part, des conditions sans lesquelles, la médiation ne peut avoir
lieu. Ces dernières qui sont cumulatives et non alternatives sont relatives, d’abord, à
l’existence d’un accord des parties qui doivent adhérer à la proposition de médiation
qui leur est faite par le procureur. Cette exigence est un préalable nécessaire qui se
comprend aisément dans la mesure où la médiation est une technique négociée de
résolution des conflits dans laquelle le tiers médiateur, même s’il intervient de façon
plus ou moins active dans le processus, son action se limite à amener les parties à
discuter du différend en rétablissant la communication entre elles. Il ne peut donc en
aucune manière imposer une solution aux parties en discussion qui doivent trouver
elles-mêmes une solution à leur litige. Les résultats auxquels la médiation doit
aboutir doivent, ensuite, consister à assurer la réparation du dommage causé à la
victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction et contribuer au reclassement de
l’auteur. Ces conditions renseignent sur les finalités de la médiation qui apparaît ici
comme une justice réparatrice qui permet, lorsqu’elle aboutit, d’indemniser
correctement la victime de l’infraction et de renouer le lien social qui a été rompu par
l’effet de la commission de l’infraction.

L’accès à cette forme de justice négociée qu’est « la médiation judiciaire à


proprement parler » n’est cependant pas toujours garanti aux protagonistes d’une
infraction en raison du rôle prépondérant qu’y joue le ministère public qui, en fonction
de la gravité de l’infraction et des chances de réussite de la médiation, apprécie de
manière souveraine s’il doit au non la proposer aux parties. Il en va de même
d’ailleurs de la « médiation sous contrôle sociétale » qui est exercée par un
médiateur autre que les membres de l’institution judiciaire. L’article 14 du décret
n°99-1124 relatif aux maisons de justice, à la médiation et à la conciliation qui fixe les
conditions que doit satisfaire tout médiateur pénal, précise, dans son paragraphe 1er
que le médiateur : « ne peut pas exercer d’activités judiciaires à titre professionnel ».
Il en va de même de l’article 570 al.4 du CPP qui dispose : « Lorsqu’il est recouru à
la médiation pénale à la suite de faits reprochés à un mineur, la médiation pénale
sera dans la mesure du possible, confiée à un service ou un médiateur pénal
spécialement qualifié pour les problèmes de jeunesse ». Les maisons de justice ont
été créées dans le but de rapprocher la justice du justiciable et sont placées, d’après
l’article 5 du décret, sous l’autorité du Procureur de la République près le tribunal
régional de leur lieu d’implantation. Ce dernier choisit les affaires qu’il leur transfert
pour médiation et supervise leurs activités.

Sources textuelles

Article 32

Le Procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la


suite à leur donner.

Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de
ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner
avis sans délai au Procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous
les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs (Loi n° 85-25 du 27
fév. 1985).

Le Procureur de la République peut, préalablement à la décision sur l’action


publique, et avec l’accord des parties, soumettre l’affaire à la médiation pénale s’il
apparaît qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la réparation du dommage
causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction, et contribuer au
reclassement de l’auteur (Loi n° 99-88 du 3 sept 1999).

Le Procureur de la République peut procéder lui-même à la médiation pénale ou


déléguer tout ou partie de la tâche à un médiateur pénale tenu à une obligation de
neutralité et de secret. Le médiateur pénal vérifiera l’accord des parties en litige sur
le principe du recours à la médiation pénale, les aidera à trouver une solution
acceptée par elles. Cette solution ne doit être contraire ni à l’ordre public ni aux
bonnes mœurs. Le médiateur pénal contrôlera si nécessaire la bonne exécution des
engagements (Loi n° 99-88 du 3 sept. 1999).

La tentative de médiation pénale doit intervenir dans les 15 jours de la saisine du


médiateur.

Le procès-verbal de l’accord ainsi que le rapport du médiateur pénal dressé à cet


effet sont transmis immédiatement au Procureur de la République.
En cas d’échec de la médiation pénale par refus de comparaître, non comparution de
l’auteur des faits ou pour toute autre raison, le médiateur pénal adresse son rapport
au Procureur de la République.

Celui-ci apprécie alors l’opportunité d’engager des poursuites. (Loi n° 99-88 du 3


sept. 1999).

Les informations recueillies dans l’exécution de la mission ne peuvent être utilisées


contre l’une ou l’autre partie (Loi n° 99-88 du 3 sept. 1999)

Section 3 : L’extinction

Paragraphe 1 : Les événements naturels

A- Le décès du prévenu

IL empêche non seulement de mettre en mouvement l’action publique, mais encore


de la continuer si elle a déjà été engagée. Retenons que le décès de l’auteur
principal de l’infraction n’a aucune incidence sur l’action publique à l’égard des autres
coauteurs ou des complices.

B- La prescription

L’institution existe en droit civil. Elle existe également en droit pénal tant pour la
peine que pour l’action publique. La prescription peut se définir comme l’extinction du
droit d’action par l’écoulement d’un délai. Par l’idée de prescription, la loi entend
rappeler le MP et à la victime que les poursuites ne peuvent être engagées dans les
délais normaux de l’action publique. IL convient d’examiner le fondement avant
d’étudier le régime juridique de la prescription.

1- Le fondement de la prescription

En faveur de la prescription diverses raisons ont été avancées. Tout d’abord on


a pensé à l’idée d’amendement et d’expiation chez le délinquant. Ensuite, on a
invoqué qu’au bout d’un certain temps, il est inutile de raviver les souvenirs d’une
infraction déjà tombée dans l’oubli. On a soutenu qu’il y a prescription à cause du
dépérissement des preuves. Ces justifications ne sont pas exemptes de critiques.
D’abord, on a fait remarquer que l’idée d’une expiation résultant de l’angoisse
imposée au délinquant n’est pas très convaincante car le temps n’a pas le même
effet chez tous les délinquants. Ensuite, on a soutenu que la prescription nuit à la
protection de la société dans la mesure où elle profite aux grands délinquants
comme aux petits délinquants alors que le temps ne saurait atténuer les dangers des
premiers. Devant ces critiques, faut-il pour autant supprimer cette cause d’impunité ?
On peut en douter tant il parait difficile d’imaginer que le temps qui s’écoule puisse
n’avoir aucun effet. Le législateur sénégalais en est tellement conscient qu’il a choisi
de conserver la prescription dans les art.6 à 9 CPP. La remarque est également
valable pour le droit français. Quant à la jurisprudence, elle reconnaît l’existence de
la prescription mais lui confère un régime juridique empreint d’une certaine défaveur
à l’égard du délinquant.

2- Le régime juridique de la prescription

L’analyse de ce régime suscite un examen du délai, de l’interruption et de la


suspension de la prescription.

a- Le délai de la prescription
 La durée
Le délai de prescription de l’action publique est plus court que celui de la peine.
IL varie avec la nature de l’infraction. IL est de dix ans pour les crimes, de trois ans
pour les délits d’un an pour les contraventions. A coté de ces délais de droit
commun, la loi a prévu des délais de prescription pour certaines infractions.
Exemple, en matière de détournement de deniers publics la prescription est de sept
ans révolus à compter du jour où le délai a été retenu.

 Le point de départ du délai de prescription


Le délai de prescription commence à courir à partir du moment où l’infraction
est définitivement réalisée et non au jour où l’agent est entrain de la commettre. En
principe, il est facile de connaître le point de départ de la prescription. IL suffit de
connaître le jour où l’infraction a été commise ou réalisée. Pour les infractions
instantanées, le point de départ est fixé au jour de l’acte délictueux. Pour celle
continue, le délai ne commence à courir qu’à compter du jour de la cessation de
l’acte délictueux. Enfin pour les infractions à éléments matériels multiples, la
prescription ne commence à courir qu’à compter qu’à parti du jour du dernier acte
matériel. Ces règles fort simples ne sont pas toujours respectées par la
jurisprudence. Par exemple, en matière d’abus de confiance, elle repousse le délai
de prescription jusqu’au jour où l’infraction a pu être constatée. En fixant ainsi le
point de départ de la prescription à une date postérieure à la commission de
l’infraction, la jurisprudence recherche à lutter avec efficacité contre une forme
particulière de délinquance. Mais sur le plan légal, son analyse est discutable car elle
aboutit tout simplement à enlever tout intérêt à la notion de prescription. C’est encore
la même tendance qui apparaît dans sa démarche lorsqu’on s’intéresse à
l’interruption et à la suspension de la prescription

b- L’interruption de la prescription
IL y a interruption de la prescription lorsque le délai déjà partiellement écoulé se
trouve anéanti qu’il faut en recommencer un autre. Les causes d’interruption sont
énumérées par la loi. IL s’agit des actes d’instruction et ceux de poursuite.

 Les actes de poursuite


Sont considérés comme acte de poursuite la citation directe, le réquisitoire, la
plainte avec constitution de partie civile. En définitive, les actes de poursuite sont les
actes de mise en mouvement de l’action publique, qu’ils émanent du MP ou de la
partie civile. La jurisprudence va plus loin car elle assimile aux actes de poursuite
une enquête prescrite par le parquet pour constater une infraction.

 Les actes d’instruction


Ce sont les actes accomplis par un juge d’instruction ou par un officier de police
judiciaire et qui ont pour objet la recherche ou la réunion des preuves à partir du
moment où une information est ouverte. Exemple : un interrogatoire une audition de
témoins, un transport sur les lieux, une perquisition. La jurisprudence élargit encore
ces causes d’interruption. En effet, elle considère comme acte d’instruction de
simples actes d’enquête préliminaire. Exemple des PV constatant une infraction.
Cette assimilation est discutable car le CPP distingue très nettement l’enquête de
police de l’instruction. Cependant, on comprend l’attitude de la jurisprudence. En
multipliant les causes d’interruption elle cherche simplement à assurer la sanction de
la personne poursuivie.

 Les effets de l’interruption


L’interruption de la prescription entraîne plusieurs conséquences. En premier
lieu la portée de l’interruption varie selon que l’on considère les personnes ou les
infractions. Dans le premier cas l’interruption a un effet absolu. Elle joue à l’égard de
tous les auteurs, coauteurs et complices, connus ou inconnus, même si les
poursuites ont été dirigées contre l’un d’entre eux ou contre X. Dans le second cas
l’effet est relatif c’est-à-dire limiter iniquement aux faits délictueux visés dans l’acte
d’instruction ou dans l’acte de poursuite. En second lieu, elle entraîne
l’anéantissement du délai écoulé et marque le point de départ d’un nouveau délai.

c- La suspension de la prescription
Le CPP connaît deux causes de suspension. Ce sont les obstacles de droit et
les obstacles de fait.

 Les obstacles de droit


Ce sont des événements dressés par le législateur qui empêchent la
prescription de courir. IL y a par exemple obstacle de droit lorsque l’action publique
ne peut être exercée qu’après un jugement préalable. C’est les problèmes des
questions préjudicielles à l’action publique. Dans ce cas la prescription est
suspendue pendant toute la durée de l’instance engagée devant le juge civil.
Exemple le délit de suppression d’état. Ce cas de délit exige pour sa constitution un
faux soit commis dans l’acte de naissance d’un enfant pour modifier sa filiation
.L’action criminelle contre ce délit ne pourra commencer qu’après le jugement définitif
sur la question d’état. IL faudra donc commencer par saisir le juge civil pour que
celui-ci statue sur la filiation véritable de l’enfant. C’est seulement après la décision
du juge civil que le MP pourra agir devant le juge pénal.

 Les obstacles de fait


L’obstacle de fait est une difficulté résultant d’événement accidentel qui dans
une affaire déterminée empêche de déclencher ou d’exercer l’action publique. Sont
considérés comme obstacles de fait la guerre, l’occupation du territoire national.

 Les effets de la suspension

Dès l’instant qu’il y a suspension, la prescription ne commencera à courir


qu’une fois la cause de suspension achevée. Dans ce cas le délai ancien s’ajoutera
au délai restant à courir pour le délai de prescription. Exemple la démence du
délinquant est un obstacle de fait si elle survient un an après la commission d’un
délit. Aucune poursuite ne pourra être engagée pendant ce temps. Mais la démence
terminée la prescription va recommencer à courir. Pour la calculer, il faudra prendre
en considération le délai d’un an déjà écoulé et le délai de deux ans qui reste à
courir. Ce qui signifie que pendant le délai de deux ans si aucune poursuite n’est
engagée, le délinquant bénéficiera de la prescription.

3- Les effets de la prescription

Lorsque le délai de la prescription est expiré, l’action publique ne peut plus être
exercée. IL en résulte plusieurs conséquences. D’abord la prescription joue à l’égard
de toutes les personnes participant à l’infraction. Ensuite la prescription étant d’ordre
public, le délinquant ne peut y renoncer. Dans le cas où il ne s’en prévaut pas la
prescription doit être invoquée d’office par le juge d’instruction ou à par la juridiction
de jugement.

Paragraphe 2 : Les événements volontaires

A- La volonté du législateur
1- L’amnistie

Elle éteint l’action publique mais non l’action civile car le fait amnistié s’il n’est plus
délictueux reste un fait dommageable dont la victime peut demander réparation
devant la juridiction civile à moins que le tribunal répressif n’ait été saisi de l’action
publique avant la loi de l’amnistie.

2- L’abrogation

Elle enlève en l’acte son caractère délictueux et fait disparaître l’élément légal de
l’infraction. Lorsque la loi pénale qui prévoyait et punissait une infraction est abrogée,
l’action publique ne plus être exercée. IL y a là une simple application du principe
selon lequel la loi nouvelle plus douce est applicable aux faits commis
antérieurement à sa mise en vigueur.

B- La volonté des parties


1- La transaction

La loi accorde un droit de transaction à certaines administrations qui peuvent


proposer aux délinquants l’abandon des poursuites moyennant le versement d’une
somme d’argent dont elles fixent elles-mêmes le montant. L’amende forfaitaire est
également considérée par la loi comme une sorte de transaction entre le coupable et
l’autorité publique. C’est ce que décide l’art.517 CPP selon lequel « l’action publique
née d’une contravention à la police de la circulation peut être éteinte par le paiement
d’une amende forfaitaire » c’est par le paiement d’une amende entre les mains de
l’agent verbalisateur.

2- Le désistement

En règle générale, la plainte de la victime n’exerce aucun rôle sur la décision du MP.
Cependant, lorsque l’infraction porte atteinte à des intérêts privés, la loi subordonne
l’exercice de la poursuite au dépôt préalable d’une plainte de la partie lésée. C’est le
cas de l’adultère, de l’abandon de famille. Dans toutes ces hypothèses
expressément prévues par la loi, le retrait de la plainte entraîne l’extinction de l’action
publique.

Chapitre 2 : L’action civile

L’étude de l’action civile pose le problème de la place de la victime dans le


procès pénal. Il faut dire que la victime, en tant que partie privée au procès pénal,
s’est vue reconnaître des prérogatives importantes aussi bien dans le déclenchement
des poursuites que dans la gestion de celles-ci. L’action publique dont la mise en
œuvre permet de déclencher les poursuites pénales à l’encontre du délinquant
présumé, est confiée au ministère public, qui en est le titulaire principal, mais, la
victime, dispose également du droit de mettre en mouvement cette action dont elle
est considérée comme un titulaire accessoire. Ce droit qui est une faculté ouverte à
la victime de provoquer le déclenchement des poursuites, constitue une prérogative
d’autant plus importante qu’elle lui permet de vaincre l’inertie du ministère public qui,
fort de la règle de l’opportunité des poursuites, peut choisir de classer sans suite
toute affaire dont il est saisie sans pour autant être obligé de motiver sa décision.

C’est par le bais de l’action civile, définie comme l’action en réparation du


dommage directement causé par une infraction que la partie civile peut déclencher
les poursuites pénales. A s’en tenir uniquement à cette définition de l’action civile, on
serait tenté de penser qu’elle ne vise que la réparation du préjudice résultant de
l’infraction. Mais, bien plus qu’une simple réparation, la victime en portant son action
devant la juridiction répressive, vise autre chose que l’obtention d’une indemnisation.
En effet, comme l’a si bien fait observer Roger MERLE, « si le législateur autorise la
personne lésée par l’infraction à s’immiscer dans le procès répressif, c’est pour lui
permettre d’y exercer des prérogatives pénales, un véritable pouvoir de poursuite
distinct des droits ordinaires attachés à l’action civile : pouvoir de provoquer le
déclenchement de l’action publique, pouvoir de discuter et de contredire les moyens
de défense du prévenu ou de l’accusé, pouvoir de faire entendre sa voix
accusatrice ; en un mot, selon la formule inventée par la Chambre criminelle, pouvoir
de « corroborer l’action publique ». D’où l’ambiguïté de l’action civile qui présente
une double nature, indemnitaire et vindicative. Sous réserve de cette précision, il
sera examiné dans le cadre de ce chapitre les titulaires de l’action civile et les
modalités d’exerce de l’action civile.

Section 1 : Les titulaires de l’action civile

L’article 2 alinéas 1ers du CPP vise uniquement les personnes qui ont
directement souffert de l’infraction. Il s’agit, selon l’expression employée par la
doctrine, de « victimes pénales », celles qui sont en mesure d’apporter la preuve
qu’elles ont subies un préjudice que le législateur voulait éviter en incriminant le fait à
l’origine du dommage. Ce dernier, qui résulte obligatoirement de l’infraction dont elles
prétendent avoir personnellement souffert, doit, par conséquent, consister dans un
intérêt légitime légalement protégé. Ces conditions très strictes de recevabilité de
l’action civile, lorsqu’elle est portée devant le juge répressif, trouvent leur explication
selon la chambre criminelle de la cour de cassation française dans le fait que
« l’action civile est un droit exceptionnel qui, en raison de sa nature, doit être
strictement renfermé dans les limites fixées par la loi ». Il faut toutefois préciser que
la Chambre criminelle a fini par assouplir les conditions de recevabilité de l’action
civile, en admettant celle des héritiers et proches de la victime. Cette évolution de la
jurisprudence s’est faite en deux temps. Dans un premier temps, la chambre
criminelle n’admettait l’action des héritiers et proches que lorsque la victime était
décédée (Cass. Crim. 28 janv. 1986, Bull. crim. N°35) ; dans un second temps, elle
finit par admettre, l’action des proches de la victime que celle-ci soit décédée ou non
en exigeant, tout de même, que le dommage invoqué, « découle directement des
faits objets de la poursuite » (Cass. Crim. 9 févr. 1989, Société Ford France et a.,
D.1989, 614, note C. BRUNEAU et somm. 389, obs. J. PRADEL.).

Cette rigueur observée par la jurisprudence française dans l’examen des


conditions de recevabilité de l’action civile intentée devant le juge criminel est de
mise également dans la jurisprudence sénégalaise, puisque l’article 2 alinéa 1 er du
CPP s’est fortement inspiré du texte français dont il a fidèlement repris les termes.
En effet, la première chambre de la Cour de cassation, statuant en matière pénale, a,
eu à censurer une décision de la Cour d’appel de Dakar qui avait admis l’action civile
d’une personne qui se prétendait victime d’un délit de vente illégale sur la voie
publique sans autorisation administrative. Pour cela, elle s’est fondée, d’une part, sur
le fait que « la justification d’un préjudice ne suffit pas à autoriser l’exercice de
l’action civile devant les tribunaux répressifs » et qu’il « il faut encore que ce
préjudice trouve sa source directement dans l’infraction poursuivie » ; d’autre part,
elle a estimé que le préjudice moral invoqué par le plaignant ne résultait pas
directement de l’infraction puisque le délit de vente sur la voie publique, sans
autorisation préalable, ne le visait pas personnellement.

Section 2 : L’exercice de l’action civile

La victime de l’infraction pénale a le choix, entre plusieurs techniques


procédurales, pour faire réparer le dommage qu’elle a subi et qui résulte directement
de l’infraction. Elle peut ainsi, choisir de porter son action devant le juge répressif, en
se constituant partie civile, ou en citant directement l’auteur de l’infraction devant la
juridiction de jugement. Il faut, toutefois, préciser qu’elle ne pourra user de la citation
directe comme moyen d’obtenir réparation de son dommage que lorsque l’infraction
à l’origine de ce dernier constitue un délit ; auquel cas, il pourra citer le délinquant
présumé directement devant le tribunal correctionnel. Lorsqu’il s’agit d’un crime, la
seule issue qui lui est offerte est la voie de la constitution de partie civile en déposant
plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction (voie d’action)
avant toute poursuite ou lorsque l’affaire est en jugement devant la cour d’assises
(voie d’intervention). Dans ce dernier cas, il interviendra comme partie civile pour
demander réparation de son préjudice. La victime peut également saisir directement
le juge civil, qui est, d’ailleurs, considéré comme le juge normal de l’action civile.
Cependant, nous allons simplement nous limiter dans le cadre de cette section à
étudier les modalités d’exercice de l’action civile par la voie répressive en
envisageant d’abord la plainte avec constitution de partie civile et ensuite la citation
directe.
Paragraphe 1 : La plainte avec constitution de partie civile devant le juge
d’instruction

La constitution de partie civile est considérée comme « l’exercice par la victime


d’une infraction pénale, de son droit d’action civile par la saisine d’une juridiction
d’instruction ou de jugement ». Devant le juge d’instruction, c’est par la voie d’action
que la victime se constitue partie civile, lorsque c’est elle-même qui prend l’initiative
de la saisine. Il s’agit d’une technique de mise en œuvre du droit d’ester en justice
qui confère une prérogative très importante à la partie lésée qui, même lorsque le
ministère public n’a pas encore poursuivi, peut, par cette action, déclencher l’action
publique.
Cependant, contrairement à celle du parquet, l’action de la victime est une
action civile qui vise la réparation d’un dommage, même si elle permet, par ailleurs,
de déclencher les poursuites. Elle est prévue par l’article 76 du CPP et consiste à
porter plainte devant le juge d’instruction « soit en comparaissant personnellement
ou par ministère d’avocat, soit par lettre ». Son domaine est assez large puisqu’il
concerne aussi bien les crimes que les délits. Le ministère d’avocat n’étant pas,
d’après les dispositions de l’article 76, obligatoire, on pourrait penser que la mise en
œuvre de cette technique est assez simple et facile pour la victime mais celle-ci doit
tout même accomplir certaines formalités qui rendent un peu plus complexe cette
voie.

Lorsqu’elle se constitue partie civile, la partie qui s’estime lésée par l’infraction
doit supporter les frais de la procédure en consignant au greffe, le montant
nécessaire à celle-ci. Ce montant est fixé, d’après les dispositions de l’article 79 du
CPP, par ordonnance du juge d’instruction. Cette formalité est requise sous peine
d’irrecevabilité de l’action civile de la victime. Ainsi ce mode de saisine du juge n’est
pas aussi simple qu’on pourrait le penser puisqu’il n’est pas toujours à la portée des
victimes surtout celles indigentes. Il s’y ajoute le risque que celles-ci encourent en
usant de cette voie, de se voir condamner à une amende civile pour abus du droit de
constitution de partie civile et même pour dénonciation calomnieuse lorsque le
magistrat instructeur a rendu une décision de non-lieu.
La victime dispose d’une autre technique de saisine du juge répressif en citant
directement le prévenu devant la juridiction de jugement.

Paragraphe 2 : La citation directe

À l’image du parquet, la victime peut également, si elle le souhaite, saisir


directement la juridiction de jugement par la voie de la citation directe. Cette dernière
est définie comme « l’acte par lequel la victime d’une infraction pénale saisit une
juridiction de jugement ». Le champ d’application de la citation directe est plus
restreint que celui de la plainte avec constitution de partie civile car la victime ne peut
l’emprunter comme voie de saisine du juge que dans le cas des délits et des
contraventions. Mais elle constitue tout de même la voie la plus rapide si, bien
évidemment, la partie lésée a déjà identifié l’auteur de l’infraction génératrice de son
dommage.

Il ne suffit pas, cependant, à la victime d’identifier la personne auteur de


l’infraction pour que la citation soit régulière. Elle est aussi soumise à des formalités
qui doivent nécessairement être accomplies. En effet, comme pour la constitution de
partie civile, la victime devra verser au greffe de la juridiction saisie, le montant de la
consignation destinée à couvrir éventuellement l’amende civile. La consignation est
exigée sous peine d’irrecevabilité de l’action. Son importance est telle que, dans la
pratique, la première audience à laquelle devront comparaître les parties est, en
général, consacrée à la consignation.

En plus de cette formalité, la partie lésée devra nécessairement recourir aux


services d’un huissier de justice car les citations sont, d’après les dispositions de
l’article 538 du CPP, faites par exploit d’huissier. Cette obligation faite à la victime de
servir la citation par acte d’huissier et qui participe du caractère formaliste de cette
technique de saisine du juge répressif n’est pas de nature à faciliter l’accès du juge
aux justiciables. De plus, nonobstant le caractère non obligatoire du ministère
d’avocat pour cette procédure, la victime, pour qu’elle ait plus de chance de voir son
action aboutir, devra s’attacher les services d’un conseil en raison notamment de
toutes les mentions obligatoires que cet acte doit contenir et qui le rend
particulièrement technique.

Ces conditions, une fois remplies par la victime, la saisine de la juridiction


répressive devient régulière et le juge doit, par conséquent, remplir sa mission, qu'il
s'agisse d'informer en cas de plainte avec constitution de partie civile, ou de juger
lorsqu'il est saisi par voie de citation directe. C’est ainsi que le juge d'instruction qui a
reçu une plainte déposée avec constitution de partie civile, conformément aux
dispositions de l'article 77 du Code de procédure pénale, est tenu d'informer comme
s'il était saisi par un réquisitoire introductif du procureur de la République. Il en va de
même de la juridiction de jugement qui a l’obligation de statuer sur l'action publique
et, le cas échéant, sur l'action civile. Leur refus pourrait être considéré comme un
déni de justice.

L’action civile est un droit, celui d’obtenir réparation mais il ne s’agit pas d’un
droit absolu puisque des limites à l’exercice de l’action civile devant le juge répressif
existent. Voltaire, dans un de ses vers resté célèbre, écrivait : « Un droit porté trop
loin devient une injustice ». Le titulaire du droit d’accès à la justice, qu’il soit
demandeur ou défendeur à l’action, s’il pousse sa demande ou sa défense « trop
loin » risque de voir son droit d’agir dégénérer en abus du droit d’ester en justice.

L’abus de constitution de partie civile qui est une forme d’abus de droit d’agir en
justice.

La Cour de cassation, notamment la première chambre statuant en matière


répressive, a eu l’occasion de combler cette lacune du législateur dans ce domaine.
En effet, la Cour a considéré, dans une décision rendue le 21 décembre 1999, que :
« l’abus de constitution de partie civile ne saurait se déduire du seul fait de l’exercice
du droit de citation directe légalement ouvert à cette dernière par les articles 1 er
alinéa 2 et 539 du CPP mais doit être caractérisé par la mauvaise foi ou la témérité
du plaignant ». Il résulte ainsi de cet attendu de principe, que pour que l’abus du
droit de se constituer partie civile soit suffisamment caractérisé, l’action du plaignant
doit être intentée soit de mauvaise foi, soit avec témérité. La mauvaise foi ou la
témérité étant considérées par la jurisprudence sénégalaise comme les critères
d’appréciation de l’abus du droit d’agir en justice, du moins en matière répressive. Il
s’agit par conséquent de critères alternatifs et non cumulatifs puisque la présence de
l’un d’eux suffit à mettre en branle les diverses sanctions prévues par le législateur
dans ce domaine.

Le CPP même s’il n’a pas défini l’abus du droit d’intenter une action devant la
juridiction répressive, a néanmoins prévu des sanctions assez dissuasives contre le
plaideur qui a usé de façon abusive de son droit de se constituer partie civile. En
effet, l’article 82 alinéa 1er permet à l’inculpé, lorsque le juge répressif a rendu une
décision de non-lieu, suite à une plainte avec constitution de partie civile, non
seulement d’obtenir des dommages-intérêts mais aussi d’intenter une action en
dénonciation calomnieuse contre l’auteur de la plainte. Ces actions sont également
ouvertes, d’après les dispositions de l’article 82, à toutes les personnes visées dans
la plainte, celles-ci pouvant obtenir la réparation de leur préjudice soit devant le juge
civil, soit devant celui répressif.

Ce que nous de voir c’est dans l’hypothèse où l’action civile est exercée
simultanément avec l’action publique mais elle peut être intentée de manière
séparée. C’est lorsqu’elle intentée devant le juge civil qui est le juge naturel de
l’action civile.

Mais le législateur a prévu une double limitation. En effet, l’article 4 précise que
« l’action civile peut être aussi exercée séparément de l’action publique.

Toutefois, il est sursis au jugement de cette action exercée devant la juridiction civile,
tant qu’il n’a pas été prononcé définitivement sur l’action publique, lorsque celle-ci a
été mise en mouvement ». Cette disposition consacre le principe selon lequel le
criminel tient le civil en état.

En outre, l’article 5 précise que « La partie qui a exercé son action devant la
juridiction civile compétente ne peut la porter devant la juridiction répressive.

Il n’en est autrement que si celle-ci a été saisie par le ministère public avant que le
jugement sur le fond ait été rendu par la juridiction civile ».

pénale a la charge de garantir une bonne justice, une justice fiable. Dans le cadre
ainsi défini par les principes, aujourd’hui internationaux, d’un droit processuel,
dont le champ est bien plus large que celui du seul procès pénal, même si celui-ci
a ses exigences particulières, le dossier pénal va « aller en avant », traduction
littérale du latin procedere.

Deuxième partie : La préparation du procès pénal

La phase préparatoire du procès pénale au cours de laquelle le dossier de


procédure est mis en état d’être jugé est une phase qui va de la constatation des
faits au renvoi de personne poursuivie devant la juridiction de jugement. L’expression
mise en état n’apparaît dans le code de procédure pénale, mais on l’a retrouvé dans
le code de procédure civile avec l’institution récente du juge de mise en état. En
France, le rapport de la commission justice pénale et Droit de l’homme la considère
comme ayant pour fonction « d’établir sans équivoque qu’une infraction a bien été
commise, d’identifier les auteurs et de cerner leur personnalité afin de permettre à un
tribunal de statuer sur leur sort ». La mise est donc la phase de procédure qui
commence à partir de la connaissance d’une infraction par les autorités compétentes
et ayant pour but de préparer le dossier en vue de son jugement par un tribunal. Elle
regroupe l’enquête et l’instruction.

Chapitre 1 : L’enquête

L’enquête est constituée par la phase procédurale qui intervient à la suite de la


découverte ou du signalement d’une infraction. Elle précède la mise en mouvement
de l’action publique et est, en principe, conduite par la police judiciaire sous l’autorité
et la supervision du Procureur de la République. On distingue l’enquête préliminaire
de l’enquête de flagrance.

Section 1 : Les autorités chargées de l’enquête

Il faut distinguer la police judiciaire de la police administrative. Si la police


administrative est chargée de veiller à la préservation de la sécurité et de l’ordre
public, la police judiciaire a, quant à elle, pour mission de constater les infractions,
d’en rassembler les preuves et de rechercher leurs auteurs (art.14). La police
administrative est donc préventive alors que la police judiciaire est répressive.

Les membres de la police judiciaire sont déterminés par le code de procédure


pénale qui distingue les officiers de police judiciaire des agents de la police judiciaire.
L’article 15 (lire et commenter l’article) donne la liste des officiers de police judicaire
et l’article 19 celle des agents (lire et commenter l’article) de la police judiciaire.
Paragraphe 1 : Les missions confiées aux officiers de police judiciaire. (art.16)
 Exercice des pouvoirs définis à l’article 14 ;
 reçoivent les plaintes et dénonciations ;
 procèdent à des enquêtes préliminaires dans les conditions prévues par les
articles 67 à 69 ; (effectuent des perquisitions, visites domiciliaires et des
saisies de pièces à conviction (art.68), peuvent garder à vue quelqu’un pour
les nécessités de l’enquête (art.69) ;
 art. 46 en cas de flagrant délit, se transporte sans délai sur le lieu du crime et
procède à toutes les constatations utiles ;
 Il veille à la conservation des indices susceptibles de disparaître et de tout ce
qui peut servir à la manifestation de la vérité ;
 saisit les armes et instruments qui ont servi à commettre le crime ou qui
étaient destinés à le commettre ;
 interdit à toute personne non habilitée de modifier l’état des lieux où un crime
ou un délit a été commis avant les premières opérations de l’enquête (art.47);
 ont le droit de requérir directement le concours de la force publique pour
l’exécution de leur mission ;
 peuvent recevoir les déclarations des victimes désireuses de se constituer
partie civile ;
Paragraphe 2 : Les missions confiées aux agents de police judiciaire.
Art.20

 seconder, dans l’exercice de leurs fonctions, les officiers de police judiciaire;


 rendre compte à leurs chefs hiérarchiques de tous crimes, délits ou
contraventions dont ils ont connaissance;
 De constater, en se conformant aux ordres de leurs chefs, les infractions à la
loi pénale ;
 de recueillir tous les renseignements en vue de découvrir les auteurs de ces
infractions, le tout dans le cadre et dans les formes prévus par les lois qui leur
sont propres.
Sources textuelles

CHAPITRE PREMIER : DE LA POLICE JUDICIAIRE SECTION PREMIERE –


DISPOSITIONS GENERALES
Article 12 : La police judiciaire est exercée sous la direction du Procureur de la
République par les officiers et agents de police judiciaire, ainsi que par les
fonctionnaires et agents auxquels sont attribuées par la loi certaines fonctions de
police judiciaire.

Article 13 : Dans le ressort de la Cour d’appel, elle est placée sous la surveillance du
Procureur général et sous le contrôle de la Chambre d’accusation conformément aux
articles 30 et 210 et suivants.

Article 14 : La police judiciaire est chargée, suivant les distinctions établies au


présent titre, de rechercher et de constater les infractions à la loi pénale, d’en
rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs, tant qu’une information
n’est pas ouverte.

Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute les délégations des juridictions
d’instruction et défère à leurs réquisitions.

SECTION Il – DES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE

(Loi n° 81-71 du 25 novembre 1981 modifiée par la Loi n° 85-25 du 27 février 1985)

Article 15 : Ont la qualité d’officier de police judiciaire:

1. les officiers de gendarmerie;

2. les sous-officiers de gendarmerie exerçant les fonctions de commandant de


brigade;

3. les commissaires de police;

4. les officiers de police;

5. les élèves officiers et les sous-officiers de gendarmerie nominativement désignés


par arrêté conjoint du Ministre chargé de la Justice et du Ministre chargé des Forces
armées après avis conforme d’une commission;

6. les fonctionnaires du cadre de la police nominativement désignés par arrêté du


Ministre chargé de la Justice, sur proposition des autorités dont ils relèvent, après
avis conforme d’une commission.
La composition des commissions prévues aux paragraphes 5 et 6 est déterminée par
arrêté conjoint du Ministre chargé de la Justice et du Ministre intéressé.

Article 16 (Loi n° 77-32 du 22 février 1977) : Les officiers de police judiciaire exercent
les pouvoirs définis à l’article 14; ils reçoivent les plaintes et dénonciations. Ils
procèdent à des enquêtes préliminaires dans les conditions prévues par les articles
67 à 69.

En cas de crime et délit flagrant, ils exercent les pouvoirs qui leur sont conférés par
les articles 45 à 59.

Ils ont le droit de requérir directement le concours de la force publique pour


l’exécution de leur mission.

Ils peuvent recevoir les déclarations des victimes désireuses de se constituer partie
civile.

Celles-ci peuvent, soit par procès-verbal, soit par lettre, fixer le montant de la
réparation demandée pour le préjudice qui leur a été causé.

La déclaration doit contenir élection de domicile dans le ressort du tribunal du lieu de


l’infraction, à moins que la partie civile n’y soit domiciliée.

Article 17 : Les officiers de police judiciaire ont compétence dans les limites
territoriales où ils exercent leurs fonctions habituelles.

En cas de nécessité, ils peuvent poursuivre leurs investigations hors de ces limites à
charge d’en rendre compte au Procureur de la République territorialement
compétent.

Dans toute circonscription urbaine divisée en arrondissements de police, les


commissaires exerçant leurs fonctions dans l’un d’eux ont néanmoins compétence
sur toute l’étendue de la circonscription. Les commissaires peuvent, sur délégation
judiciaire expresse ainsi qu’en cas de crime ou délit flagrant, procéder à des
auditions, perquisitions et saisies dans le ressort du tribunal où ils exercent leurs
fonctions ainsi que dans les ressorts des tribunaux limitrophes.

Les officiers de gendarmerie jouissent des mêmes pouvoirs dans le ressort des
tribunaux limitrophes à leurs propres circonscriptions.
Lorsqu’un officier de police judiciaire se trouve légitimement empêché, tout autre
officier de police judiciaire de la même circonscription territoriale ou d’un
arrondissement voisin est tenu de le suppléer, sans qu’il puisse retarder le service
pour lequel il sera requis, sous un prétexte quelconque.

Article 18 (Loi n° 85-25 du 27 février 1985) : Les officiers de police judiciaire sont
tenus d’informer sans délai soit le Procureur de la République près le tribunal
régional, ou son délégué près le tribunal départemental, soit le président de ce
tribunal exerçant les fonctions de ministère public en vertu de l’article 37, des crimes,
délits et contraventions dont ils ont connaissance.

Dès la clôture de leurs opérations, ils doivent faire parvenir directement au ministère
public l’original des procès-verbaux ainsi que tous actes, et documents y afférents.
Les objets saisis sont tenus à sa disposition au greffe de la juridiction.

Une copie certifiée conforme des procès-verbaux est envoyée au Procureur de la


République dans tous les cas où il n’est pas saisi de la procédure.

Les procès-verbaux doivent énoncer la qualité d’officier de police judiciaire de leur


rédacteur.

SECTION III - DES AGENTS DE POLICE JUDICIAIRE

Article 19 (Loi n° 77-32 du 22 février1977 modifiée par la loi n° 81-71du 19 décembre


1981) : Sont agents de police judiciaire lorsqu’ils n’ont pas la qualité d’officiers de
police judiciaire:

- les militaires de la gendarmerie;

- les membres des forces de police.

Article 20 (Loi n° 66-18 du 1er février 1966) : Les agents de police judiciaire ont pour
mission:

- De seconder, dans l’exercice de leurs fonctions, les officiers de police judiciaire;

- De rendre compte à leurs chefs hiérarchiques de tous crimes, délits ou


contraventions dont ils ont connaissance;

- De constater, en se conformant aux ordres de leurs chefs, les infractions à la loi


pénale et de recueillir tous les renseignements en vue de découvrir les auteurs de
ces infractions, le tout dans le cadre et dans les formes prévus par les lois qui leur
sont propres;

Cependant les gendarmes sont habilités à dresser procès-verbal des infractions


qu’ils constatent et à recevoir dans la forme les déclarations qui leur sont faites par
toutes personnes susceptibles de leur fournir des indices, preuves et renseignements
sur les auteurs et complices de ces infractions. Ils n’ont cependant pas qualité pour
décider des mesures de garde à vue.

SECTION IV – DES FONCTIONNAIRES ET AGENTS CHARGES DE CERTAINES


FONCTIONS DE POLICE JUDICIAIRE

(Loi n° 66-18 du 1er février 1966 complétée par la loi n°85-25 du 27.2.1985)

Article 21 : Les fonctionnaires et agents des administrations et services, auxquels


certains pouvoirs de police judiciaire sont attribués par des textes spéciaux, exercent
ces pouvoirs dans les conditions et limites fixées par ces textes. Dans tous les cas,
ils peuvent suivre les choses constituant le corps de l’infraction dans les lieux où
elles ont été transportées et peuvent les mettre sous séquestre.

Ils ne peuvent cependant pénétrer dans les maisons, ateliers, bâtiments, cours
adjacentes et enclos qu’en présence d’un officier de police judiciaire qui ne peut se
refuser à les accompagner et signe le procès-verbal de l’opération à laquelle il a
assisté.

Pour l’accomplissement de leur mandat, ils peuvent requérir main-forte des services
de police ou de gendarmerie du ressort dans lequel ils opèrent.

Leurs procès-verbaux dans tous les cas doivent être adressés dans les huit jours,
soit au parquet du tribunal régional dans le ressort duquel l’infraction a été commise,
ou au délégué du Procureur de la République près le tribunal départemental ou au
président de cette dernière juridiction exerçant les fonctions de ministre public en
application de l’article 37, soit au parquet de la juridiction où le corps de l’infraction a
été gardé.

Une copie certifiée conforme des procès-verbaux est en outre envoyée au Procureur
de la République dans tous les cas où il n’est pas saisi de la procédure.

Section 2 : L’enquête préliminaire


L’enquête préliminaire est prévue et réglementée par les articles 67 à 69 du
CPP. L’article 67 dispose : « Les officiers de police judiciaire et les gendarmes, soit
sur les instructions du Procureur de la République, soit d’office, procèdent à des
enquêtes préliminaires ».

Il s’agit donc d’une procédure de caractère policier, diligentée d’office ou sur


les instructions du Ministère public par les officiers de police judiciaire ou les
gendarme. Elle vise à réunir et à rapporter les preuves nécessaires à la
manifestation de la vérité.

Paragraphe 1 : Les caractères

L’enquête préliminaire est généralement considérée comme une enquête non


coercitive. Ce caractère s’explique par le fait que presque tous les actes coercitifs qui
sont pris à l’encontre des particuliers par les officiers de police judiciaire dans le
cadre de la mise en œuvre d’une telle enquête nécessitent le consentement de ces
derniers.

C’est pourquoi la doctrine a qualifié l’enquête préliminaire d’enquête à


coercition conditionnelle ou coercition acceptée. L’acception de la mesure de
coercition doit d’ailleurs être expresse d’après les dispositions de l’article 68 du CPP
qui l’assentiment expresse de la personne chez qui les opérations de perquisition, de
saisi et de visite domiciliaire ont lieu.

Paragraphe 2 : Les conditions

Les actes matériels qui peuvent être effectués par les officiers de police
judiciaire dans le cadre de l’enquête préliminaire sont prévus par l’article 68 du CPP.
Il s’agit principalement des perquisitions et saisies de pièces, des auditions et de la
garde à vue.

A. Les perquisitions et saisis.


La perquisition est une mesure visant à rechercher, dans une maison ou un
endroit clos, des indices ou des pièces à conviction nécessaires à la manifestation de
la vérité. La perquisition qui permet la saisie de ces objets obéit à des conditions de
fond et de forme.
Selon l’article 68 issu de la Loi n° 85-25 du 27 février 1985 : « Les perquisitions,
visites domiciliaires et saisies de pièces à conviction ne peuvent être effectuées sans
l’assentiment exprès de la personne chez qui l’opération a lieu.

Cet assentiment doit faire l’objet d’une déclaration écrite de la main de l’intéressé. Si
celui-ci ne sait pas écrire, le procès-verbal en fait mention ainsi que de son
assentiment.

Les formes prévues sur les articles 48 et 51 (premier alinéa) sont applicables ».

Ces actes sont effectués sous le contrôle du procureur général. Selon l’article 67 de
la Loi n° 66-18 du 1er février 1966 « Les officiers de police judiciaire et les
gendarmes, soit sur les instructions du Procureur de la République, soit d’office,
procèdent à des enquêtes préliminaires.

Ces opérations relèvent de la surveillance du Procureur général ».

B. La garde à vue
Si, pour les nécessités de l’enquête, l’officier de police judiciaire est amené à retenir
une ou plusieurs personnes contre lesquelles existent des indices de culpabilité, il ne
peut les retenir plus de quarante-huit heures.

Avant l’expiration de ce délai, il doit rendre compte au parquet compétent qui peut
autoriser de prolonger la garde à vue d’une nouvelle période de quarante-huit heures
à l’issue de laquelle les personnes ainsi retenues devront être immédiatement
conduites devant le Procureur de la République.

Les délais prévus au présent article sont doublés en ce qui concerne les crimes et
délits contre la sûreté de l’Etat; ils sont également doublés pour tous les crimes et
délits en période d’état de siège, d’état d’urgence ou d’application de l’article 47 de la
Constitution, sans que ces deux causes de doublement puissent se cumuler.

Dans tous les cas, les dispositions des articles 55 alinéas 9 et 56 à 58 sont
applicables.
La nouvelle constitution du 20 mars 2016 confère désormais les dispositions relatives
à la garde à vue une valeur constitutionnelle.

Section 3 : L’enquête de flagrance

En matière de flagrant délit, la police a des pouvoirs de contrainte qu’elle n’a pas
dans les enquêtes préliminaires et peut donc procéder à des perquisitions sans
l’accord de l’occupant. En effet, il y a urgence à intervenir afin de préserver
d’éventuelles preuves. Par ailleurs, comme on est plus près temporellement de
l’infraction, il est plus difficile de se tromper.

Le flagrant délit est défini à l’article 45 du Code de procédure pénale. Il n’y a


enquête de flagrance qu’en cas de crime ou de délit. Selon cet article, est qualifié
crime ou délit flagrant, le crime ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de
se commettre. Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin
de l’action, la personne soupçonnée et poursuivie par la clameur publique, ou est
trouvée en possession d’objets, ou présente des traces ou indices laissant penser
qu’elle a participé au crime ou au délit. Est assimilé au crime ou délit flagrant tout
crime ou délit qui, même non commis dans les circonstances prévues à l’alinéa
précédent, a été commis dans une maison dont le chef requiert le Procureur de la
république ou un officier de la police judiciaire pour le constater ».

Ainsi, l’officier de police judiciaire ou le procureur de la république se transporte sur


les lieux sans délai pour faire les constatations utiles (art. 46 CPP).

En principe, l’enquête de flagrance ne peut durer que huit jours. Si l’enquête porte
sur un crime ou un délit dont la peine encourue est au moins égale à cinq ans,
l’enquête de flagrance peut être prolongée de huit jours supplémentaires sur décision
du procureur lorsque les investigations ne peuvent pas être différées.

Bon nombre d’infractions sont « occultes » (détention de stupéfiants par exemple,


que l’on n’expose pas au grand jour). Certaines infractions occultes sont continues,
comme la détention de stupéfiants. Avec la définition donnée par l’article 45 du Code
de procédure pénale il est possible de procéder à une perquisition en considérant
qu’il y a un flagrant délit de détention de stupéfiants. C’est pourquoi la jurisprudence
exige un élément sous-entendu dans l’article 45. Pour que la perquisition forcée ou la
fouille à corps soit possible il faut qu’il y ait un indice apparent du crime ou du délit
qui est en train de se commettre ou qui vient de se commettre. Une dénonciation
anonyme, parce qu’elle est invérifiable, ne constitue pas un indice suffisant.

Chapitre 2 : L’instruction

Aux termes de l’article 70 du CPP, l’instruction préparatoire est obligatoire en matière


de crime ; sauf dispositions spéciales, elle est facultative en matière de délit, elle
peut également avoir lieu en matière de contravention ». Elle est l’une des
institutions les plus originales et les plus controversées de la procédure pénale. Elle
constitue, par la gravité des dossiers qui sont concernés, un enjeu essentiel des
débats contemporains. Elle est assurée par le juge d’instruction, en appel par la
chambre de l’instruction et, le cas échéant, par le juge des enfants pour les mineurs.

Contrairement au droit sénégalais, en France, depuis la loi du 15 juin 2000 la


fonction juridictionnelle du juge d’instruction qui était celle de décider de la détention
provisoire est désormais confiée, entre autres compétences, à un autre juge du
siège, le juge des libertés et de la détention. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal car
l’article 71 « le juge d’instruction a le pouvoir d’inculper toute personne ayant pris
part, comme auteur ou complice, aux faits qui lui sont déférés ».

Section 1 : La conduite de l’instruction

La fonction de l’instruction est de mettre en état le dossier pénal dans les affaires
graves ou complexes : réunir les preuves, identifier ou exclure les auteurs possibles
et les complices, réunir des éléments sur la personnalité des personnes poursuivies
mais aussi sur les victimes, préparer la tâche des juridictions de jugement sur les
questions de droit par l’analyse juridique des faits dont le juge d’instruction est saisi.
Fonction d’enquête donc, mais qui se poursuivra au terme de l’information, après
réquisitions du ministère public, par une décision de renvoi devant la juridiction de
jugement ou au contraire de non-lieu. Cette décision-là relève d’une fonction de
poursuite.

La fonction se traduit encore par le fait que le juge d’instruction possède le pouvoir
de dresser des procès-verbaux, de prendre des mandats tel le mandat d’arrêt, et
de rendre des ordonnances.
Pensée initialement sur le modèle inquisitoire, la procédure d’instruction se teinte
de plus en plus d’accusatoire. Elle offre à la défense et à la partie civile un rôle
plus actif dans le choix des investigations à mener, et un caractère beaucoup plus
contradictoire. Les parties peuvent ainsi réclamer au juge d’instruction des
mesures très diverses d’expertise, de confrontations. La défense peut demander
l’interrogatoire d’un témoin ou de la partie civile en sa présence. Toutefois ce
caractère contradictoire manque encore largement en matière d’expertise.

Le secret de l’instruction est souvent mis à mal par la médiatisation des affaires
judiciaires. La présomption d’innocence oblige donc à une graduation savante des
statuts des personnes impliquées ou soupçonnées, et des droits distincts pour le
témoin, le témoin assisté ou le mis en examen. Le mis en examen, naguère appelé
inculpé, est une personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants
rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer comme auteur ou complice à la
commission d’une infraction. Les restrictions de liberté imposées au mis en examen
se sont aussi diversifiées (contrôle judiciaire, détention provisoire en prison ou sous
la forme de la surveillance électronique).

Section 1 : Le contrôle de l’instruction

Procédure écrite, entourée de garanties au bénéfice des personnes mises en


examen, la procédure d’instruction atteint une très réelle complexité. Ce qui
amène un contrôle de plus en plus fréquent de sa conformité par la chambre de
l’instruction et a conduit le législateur à organiser les actions en annulation des
actes d’instruction sous des conditions de délai de plus en plus strictes pour les
parties.

La notion de délai raisonnable, importante aux yeux des pouvoirs publics mais
aussi des organismes internationaux, a conduit aussi le législateura organiser plus
strictement le déroulement de l’instruction dans le temps, tout comme bien sûr la
durée de la détention provisoire.

A cet effet, l’article 72 du CPP impose au juge d’instruction un ensemble de


mesures à prendre dans le cadre de l’exécution de son travail. Cette disposition lui
confère également des pouvoirs importants en matière d’instruction. Le juge
d’instruction peut prendre ou ordonner toutes mesures utiles à la manifestation de
la vérité. Plusieurs juges d’instruction peuvent être nommés pour instruire dans les
dossiers complexes (art. 74 CPP).

Enfin, le procureur de la république peut demander le dessaisissement du juge


d’instruction au profit d’un autre juge. Cette demande est faite auprès du président
du tribunal qui dispose d’un délai de 8 jours pour rendre une décision par
ordonnance non susceptible de recours. En cas d’urgence, tout juge d’instruction
peut suppléer un autre juge d’instruction a charge d’en informer le procureur de la
république immédiatement (art. 75 CPP).

Ce contrôle est important car le juge d’instruction a un énorme pouvoir sur d’une part
la liberté individuelle de présumé innocent et d’autre part sur le droit à la vie privée
de tout individu. Il va être donc être contrôlé dans sa double activité c'est-à-dire dans
son activité de recherche de preuves et dans son activité décisionnelle (de juge).
C’est la chambre de l’instruction qui contrôle ces deux aspects. Elle va connaître
l’appel des décisions du juge d’instruction et du JLD mais dans son contrôle des
actes de recherche des preuves, ce qu’elle va essentiellement contrôler c’est la
régularité de ces actes faits conformément aux conditions légales. Quand on invoque
l’irrégularité des actes, on cherche l’annulation donc la chambre de l’instruction va
connaître des actions en nullité.

Paragraphe 1 : Le contrôle des pouvoirs d’instruction.

C’est le contrôle des pouvoirs d’enquête. Dans ce contrôle, il y a le contrôle très


important de la régularité de chaque acte de preuves qu’ils soient d’enquête ou
d’instruction mais il y a aussi des personnes qui vont avoir un droit de regard sur la
façon dont le juge d’instruction mène son instruction. Le but est de savoir si le juge
d’instruction est un bon enquêteur.
A- Le contrôle de la conduite de l’instruction.
On contrôle la façon dont le juge d’instruction mène son travail de recherche des
preuves. Les parties ont d’une certaine façon un droit de regard sur la conduite de
l’instruction puisque si elles trouvent que le juge d’instruction devrait faire tel ou tel
acte, elles ont le pouvoir de demander au juge d’effectuer tel ou tel acte de
recherche des preuves ou telle ou telle expertise. Le juge d’instruction doit rendre
une ordonnance motivée s’il refuse de rechercher les preuves demandées par les
parties. Cette ordonnance est en principe susceptible d’appel devant la chambre de
l’instruction.
Le Président de la chambre de l’instruction a certains pouvoirs de contrôle qui
le conduit parfois à saisir sa chambre entière. Ce pouvoir, il le tient essentiellement
de deux textes : article 221 du CPP. En vertu de ce texte, le président de la chambre
de l’instruction doit s’assurer du bon fonctionnement des cabinets d’instruction de
son ressort. Il doit vérifier notamment qu’il n’y a pas un emploi exagéré des
commissions rogatoires c'est-à-dire une délégation pour faire les actes de recherche
des preuves essentiellement aux policiers et il s’emploie à ce que les instructions ne
subissent aucun retard injustifié. Si il y a un retard car le juge a trop de dossiers est-
ce un retard injustifié ? Le président de la chambre de l’instruction a-t-il vraiment le
temps e voir dans les détails ? Spécialement le texte précise que lorsque 4 mois se
sont écoulés sans aucun acte d’instruction, d’office ou à la demande des parties, le
président de la chambre de l’instruction peut saisir la chambre toute entière et celle-ci
peut soit évoquée l’affaire c'est-à-dire s’en saisir elle-même, soit renvoyée le dossier
au juge d’instruction initial ou à un autre juge d’instruction. La loi du 5 mars 2007 a
ajouté une possibilité de contrôle au profit du président de l’instruction qui existe
dans le cas où il y a des détentions provisoires en donnant du temps et des moyens
au président d’exercer un contrôle réel. Quand une détention provisoire dure depuis
3 mois et on ne voit pas le bout de l’instruction, le président de la chambre de
l’instruction peut de lui-même ou à la demande des parties saisir la chambre de
l’instruction pour qu’elle examine l’ensemble de la procédure. Elle peut tout de suite
décider d’une remise en liberté, elle peut évoquer totalement ou partiellement
l’affaire, elle peut renvoyer au juge d’instruction en lui imposant de faire tel ou tel acte
en lui adjoignant un autre juge d’instruction par la Co-saisine ou décider d’un
changement de juge d’instruction. La chambre de l’instruction dispose de 3 mois pour
décider.
De façon encore plus générale, à l’occasion de l’appel d’une ordonnance du
juge d’instruction sauf celles qui concernent le contentieux de la liberté, la chambre
de l’instruction peut ordonner tout acte d’information complémentaire, la mise en
liberté d’office du mis en examen et elle peut ordonner la mise en examen d’autres
personnes.
B- Le contrôle de la régularité des actes d’instruction.
La chambre de l’instruction contrôle la régularité des actes de recherche des
preuves faits dans l’enquête de police et faits dans l’instruction. La nullité est une
sanction de l’irrégularité. C’est une sanction intéressante pour le mis en examen
quand elle fait tomber un acte qui a fourni des éléments contre lui et si à la suite de
cet acte, on peut en annuler d’autres.
Ex : audition de témoin irrégulière qui a envoyé à une perquisition = si audition
annulée, perquisition annulée car elle n’aurait jamais été faite sans le témoin.
Les règles et les garanties qui entourent la recherche des preuves sont
essentiellement faites pour la protection des règles de la défense. Il y a aussi un
risque que le mis en examen ou son avocat invoque des nullités auxquels ils ne
croient pas eux-mêmes pour retarder la procédure. Les nullités ont donc été
règlementées aux articles 164 et suivants du CPP et elle vaut pour les nullités de
l’instruction mais aussi de l’enquête.
- Les cas de nullité.
Dans quelques hypothèses, la loi elle-même quand elle prévoit la réglementation
d’un acte, indique que les règles doivent être respectées à peine de nullité. On
appelle ça une nullité textuelle mais cela est rare. C’est pourquoi, il n’y a nullité
chaque fois qu’il y a une violation d’une formalité substantielle c'est-à-dire
essentielle. C’est ce qu’on appelle les nullités substantielles. Là-dessus, vient se
greffer un texte qui est l’article 802 qui est la traduction générale « pas de nullité
sans griefs ». Pour obtenir la nullité, la partie qui invoque une irrégularité doit prouver
que celle-ci lui a causé un préjudice. La jurisprudence applique ce principe aux
nullités textuelles mais aussi aux nullités substantielles. La jurisprudence a prévu une
exception à l’article 802. Sont exclus de la preuve d’un grief, les nullités d’ordre
public qui touchent à l’organisation et à la composition des tribunaux.
Cass. Crim., 8 juillet 2004 : experts inscrits ou non sur la liste, au moment de
l’inscription sur la liste, les experts prêtent serment donc les non inscrits doivent
prêter serment, le juge a oublié donc la chambre criminelle a considéré que
l’obligation pour l’expert non inscrit de prêter serment était une règle d’ordre public
qui touchait à l’organisation des tribunaux. Du coup, l’annulation est encourue sans
qu’il y ait besoin d’une preuve d’un grief.
Ex: avocats pré stagiaires qui avaient participé au délibéré d’une chambre
d’accusation avec une voix consultative, il y a eu une annulation d’ordre public car ils
peuvent seulement assister au délibéré sans donner leur avis.
Parmi les irrégularités qui exigent la preuve d’un grief, il y a une sous
distinction. Pour la plupart des irrégularités, la jurisprudence exige la preuve d’un
grief effectif. La jurisprudence est souvent exigeante sur la preuve du grief. Pour
certaines règles, la jurisprudence a admis que leur méconnaissance portait
« nécessairement atteinte aux droits de la défense ». Concernant certaines règles, la
jurisprudence admet une présomption de grief. Ex : réglementation de la GAV=
méconnaissance de la formalité de faire part des droits il y a atteinte aux droits de la
défense. Pour les nullités pour lesquels il faut prouver le préjudice, il y a donc
certaines qu’il faut prouver effectivement et d’autres tellement énormes que la
jurisprudence admet qu’elles ont nécessairement porté atteinte aux droits de la
défense.

- La mise en œuvre de la nullité.


Les nullités peuvent être demandées non seulement par les parties privées et par
le procureur de la République mais également par le témoin assisté. Le juge
d’instruction peut également invoquer une nullité devant la chambre de l’instruction.
Celle-ci peut relever d’office les nullités quand elle est saisie d’un appel de toutes
questions qui ne concernent pas la détention.
Le code a prévu un certain nombre de règles pour éviter les manœuvres
dilatoires. Toutes les nullités antérieures doivent être invoquées dans les 6 mois qui
suivent chaque interrogatoire c'est-à-dire que l’irrégularité du mis en examen et de la
procédure doit être invoqué dans les six mois de la mise en examen. Les nullités de
la phase de l’instruction qui se déroulent entre la mise en examen et les
interrogatoires suivants doivent être invoquées dans les six mois suivants cet
interrogatoire. La demande en nullité couvre à l’égard d’une partie ou d’un mis en
examen tous les vices de la procédure précédente.
- Les effets de la nullité.
Les actes annulés doivent être retirés du dossier ou s’il s’agit d’une annulation
partielle, ce qui est annulé doit être rayé. Il reste ce qui était avant. Si les actes
suivants reposent sur les actes annulés, ils doivent également être annulés. Si en
revanche, ils en sont indépendants, ce n’est pas nécessaire de les annuler.
C’est la chambre de l’instruction qui détermine la portée de l’annulation c'est-à-dire
qu’elle annulera tous les actes qui reposent sur l’acte irrégulier. La chambre de
l’instruction peut renvoyer le dossier sans l’acte annulé, soit se saisir elle même de
l’affaire c'est-à-dire évoquer l’affaire.
Paragraphe 2 : Le contrôle des pouvoirs juridictionnels.
C’est le contrôle des décisions prises par le juge d’instruction. Ce contrôle se fait
donc par l’appel de l’ordonnance devant la chambre de l’instruction.
A- Le domaine de l’appel.

Le ministère public gardien de l’ordre public est très favorisé dans son droit d’appel
qui est tout à fait général (art. 179 CPP). Les parties privées ont le droit d’appel des
ordonnances qui les concernent c'est-à-dire leurs intérêts et uniquement de celle-là
donc forcément le mis en examen a un droit d’appel plus étendu que la partie civile
(art. 180 CPP).
Il peut faire appel de toutes les ordonnances rendues tant par le juge d’instruction,
même celles rendues conformément à ses réquisitions.

Le mis en examen peut faire appel de toutes les ordonnances qui vont contre ses
intérêts (celles admettant une constitution de partie civile, décisions ayant trait à la
compétence, ordonnance de placement en détention provisoire, de prolongation
provisoire, etc.). En d’autres termes, il peut faire appel de toutes les ordonnances
relatives à la détention provisoire et au contrôle judiciaire. Il peut également faire
appel de toutes les ordonnances refusant un acte de recherche des preuves
réclamées par lui, un refus d’expertise ou d’un examen médical. Il pourra faire appel
des ordonnances de mise en accusation. L’idée générale est qu’il n’y a pas d’appel
possible des ordonnances de renvoi devant le Tribunal correctionnel puisque c’est
devant ce tribunal lui même que le mis en examen, devenu prévenu, discutera de sa
culpabilité. Cependant, il est possible de contester la compétence matérielle du
Tribunal correctionnel, si le mis en examen invoque une qualification criminelle. Cet
appel doit avoir lieu dans les dix jours de la notification de la décision par déclaration
au greffe ou au chef de l’établissement pénitentiaire.
La partie civile peut faire appel de toute ordonnance lui portant préjudice,
notamment une ordonnance d’irrecevabilité de la constitution de partie civile. Elle
peut faire appel d’un refus d’expertise qu’elle a demandé, mais ne peut pas faire
appel des ordonnances relatives à la détention provisoire et au contrôle judiciaire.
Cependant, il existe un juge délégué aux victimes par l’intermédiaire duquel la partie
civile peut faire valoir ses craintes (notamment en ce qui concernerait une éventuelle
interdiction d’approcher). S’il y a une ordonnance de renvoi devant un Tribunal
correctionnel et que la partie civile estime qu’il s'agit d’un crime elle peut faire appel
de la décision. La partie civile peut également faire appel de l’ordonnance de non-
lieu.

B- Les effets de l’appel


En principe, sauf exception concernant les ordonnances rendues en matière de
liberté et de détention, l’appel d’une ordonnance du juge d’instruction est suspensif et
dévolutif.
L’appel n’empêche pas la poursuite de l’instruction, seule l’exécution de l’ordonnance
qui fait l’objet de l’appel étant suspendue.
Il y a une exception à ce caractère suspensif pour toutes les ordonnances qui
concernent la détention provisoire et la remise en liberté. Lorsque le juge décide de
placer en détention provisoire, même si le mis en examen fait immédiatement appel
de la décision il doit attendre le résultat de l’appel en prison. Il existe ici une
possibilité de référé-liberté (art. 180 al. 6 CPP).

En ce qui concerne les ordonnances de remise en liberté le principe est là encore


l’exécution immédiate nonobstant l’appel. Il existe ici une possibilité de référé-
détention dans lequel est incluse une décision temporaire de maintien en détention,
c'est-à-dire de suspension de l’ordonnance de remise en liberté.

L’appel est de surcroit dévolutif c'est-à-dire qu’il est transmis à la Chambre de


l’instruction qui va être à même de contrôler le dossier au-delà de ce qui lui est
demandé. En d’autres termes, à l’occasion de l’appel d’une ordonnance, la Chambre
de l’instruction va contrôler l’ensemble du dossier, notamment des remises en liberté
d’office ou des nouvelles mises en examen. S’y ajoute le pouvoir d’évocation, c'est-à-
dire le pouvoir pour la Chambre de l’instruction de prendre elle-même en charge la
poursuite de l’instruction.

Cette règle de l’effet dévolutif ne joue pas quand l’ordonnance dont il est fait appel
concerne la détention et le contrôle judiciaire.
Troisième partie : Le déroulement du procès pénal

Chapitre 1 : L’établissement d’une première décision.

Selon les juridictions il y a plus ou moins de formalisme. Les juridictions pour mineur
sont marquées par peu de formalisme.

Section 1 : La procédure suivie devant les tribunaux correctionnels ou de


police ou même devant le juge de proximité.

Paragraphe 1 : La procédure ordinaire

La plupart des procédés de saisine du Tribunal nous sont connus (ordonnance de


renvoi devant lui, citation directe par le parquet ou la victime, etc.).

La juridiction de jugement est saisie du cas de telle personne qui a commis des faits
et est là pour juger de sa culpabilité. Elle est donc saisie in personam, est liée par les
personnes qui lui sont déférées et ne peut juger d’autres personnes.

Il y a néanmoins une possibilité pour le Tribunal correctionnel comme le Tribunal de


police de saisine d’office sans réquisition du ministère public pour les infractions
commises devant eux. Ils peuvent se saisir d’office d’infractions commises à leur
audience et qu’elles sont compétentes pour juger. Le Tribunal de police ne pourra
ainsi juger que des contraventions commises à son audience (violences volontaires
ayant entraîné une incapacité temporaire de travail inférieure à huit jours).

Il existe une possibilité de comparution volontaire. Cela signifie que, lorsqu’une


personne est d’accord, elle comparait devant le tribunal physiquement (ou dans
certains cas représentée par son avocat). Si elle y consent une irrégularité de la
citation pourra être couverte. De la même façon à l’audience, si une personne
comparait volontairement et spontanément, la saisine pourra être étendue à d’autres
faits lors de l’audience s’il y a des réquisitions du ministère public en ce sens.
La saisine peut également être étendue à d’autres personnes présentes, avec leur
accord, s’il y a des réquisitions en ce sens du ministère public.

Dans une affaire un prévenu était jugé pour destruction de biens d’autrui, destruction
de maïs transgénique. Des militants de sa propre cause se sont accusés et ont
demandé à être jugés en même temps que lui. Le ministère public a refusé de
requérir en ce sens. En l’absence de citation, le juge devait donc refuser de les juger.

Les débats sont publics. En vertu du Code de procédure pénale le huis clos peut
être déclaré par le tribunal en cas de danger pour l’ordre public, la dignité des
personnes poursuivies et de la victime, pour les intérêts d’un tiers ou la sérénité des
débats. Cela n’est pas contraire à l’article 6 de la convention européenne de
sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, qui prévoit en effet
des exceptions si elles sont nécessaires et proportionnées.

Les débats ont un caractère oral. On souhaite que les juges aient la connaissance de
la réalité humaine de l’affaire. Les experts peuvent s’aider de notes, et les témoins
peuvent être autorisés à utiliser des notes.

Ils ont un caractère contradictoire. Les parties et leurs avocats discutent les preuves
sur un pied d’égalité sous le contrôle du président du tribunal. La partie civile peut
toujours ne pas être présente elle-même et se faire représenter par un avocat. Le
prévenu a en principe obligation de comparaitre. Il existe des exceptions en matière
de contravention (normalement, devant le Tribunal de police on peut se faire
représenter ou demander d’être jugé en son absence), en matière correctionnelle
(lorsque le prévenu ne peut comparaitre en raison de son état de santé) où le
tribunal peut alors décider de faire procéder à l’audition du prévenu là où il se trouve
ou de repousser l’audience. En matière correctionnelle le prévenu peut également
toujours demander au président du tribunal d’être jugé en son absence d’être
représenté par son avocat, le tribunal ayant ici le droit de refuser.

Si le prévenu ne se présente pas le jour de l’audience sans s’être excusé, la


jurisprudence suivie par la loi, son avocat peut se présenter à l’audience et doit alors
être entendu. Si la peine encourue est au moins égale à deux ans, le tribunal peut le
faire chercher de force en décernant un mandat d’amener ou d’arrêt et, s’il y a lieu à
détention, c’est le juge des libertés et de la détention qui prendra la décision.
Si le prévenu est là, l’assistance de l’avocat devant le tribunal correctionnel n’est pas
obligatoire (sauf pour les mineurs).

S’en suit une phase administrative (vérification d’identité, convocation d’un


interprète, etc.). Le président interroge le prévenu, les témoins sont entendus,
suivent les experts et ensuite la discussion par les parties des éléments de preuve
venant d’être présentés. C’est la partie civile qui parle en premier, ensuite le
ministère public et enfin l’avocat du prévenu ou le prévenu. Il existe un droit de
réplique et un droit de supplique.

Le jugement lui-même commence par une délibération en principe secrète (hors la


présence du ministère public, partie, et du greffier). Les auditeurs de justice peuvent
exceptionnellement assister à la délibération. Il est possible de faire parvenir des
notes en délibéré au tribunal, devant être soumises au contradictoire.

Le jugement est prononcé en audience publique et est ensuite rédigé avec ses
motifs. Le jugement porte tant sur l’innocence et la culpabilité (la présomption
d’innocence tombe à la majorité simple), sur la sanction en cas de déclaration de
culpabilité et éventuellement sur les intérêts civils (en cas de condamnation
évidemment, en cas de relaxe c’est la partie civile qui peut être condamnée pour
dénonciation téméraire). En cas de relaxe pour infraction d’imprudence, le Tribunal
correctionnel peut de lui-même accorder des dommages et intérêts à la partie civile
sur un fondement purement civil.

Paragraphe 2 : Les procédures sommaires en matière de contraventions

L’article 4 du décret du n° 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et la


compétence des cours d’appel, des tribunaux de grande instance et des
tribunaux d’instance dispose que « Les tribunaux d’instance connaissent de tous
les faits qualifiés de contravention, commis dans l’étendue de leur ressort. Ils
connaissent également des délits pour lesquels la loi leur a donné compétence ».
L’article 5 dudit décret précise également que « Les tribunaux d’instance connaissent
de l’action civile, engagée conjointement à l’action publique mise en œuvre pour la
poursuite des infractions relevant de leur compétence quel que soit le montant de la
demande ». Cette compétence du tribunal de police est régie par les articles 509 et
s. du CPP. Ce tribunal est constitué par le président du tribunal d’instance et un
greffier (art. 511 CPP). Peu de contraventions sont jugées contradictoirement à
l’audience. On adopte souvent une procédure plus rapide et moins onéreuse. Parfois
elle a un aspect judiciaire mais pas forcément contradictoire. Parfois il s'agit d’une
procédure administrative. Le requérant peut toujours demander un débat
contradictoire.

A- L’ordonnance pénale.

Elle n’entraine pas automatiquement la comparution du contrevenant à l’audience,


mais celui-ci peut demander à être présent. Elle laisse à un juge un pouvoir
d’appréciation sur la culpabilité et sur le montant de l’amende.

Le tribunal de police est saisi soit par la juridiction d’instruction, soit par la
comparution volontaire des parties, soit par la citation délivrée directement au
prévenu et à la personne civilement responsable de l’infraction (art. 519 CPP). Si le
tribunal estime que le fait constitue une contravention, il prononce la peine. Il statue
s’il y a lieu sur l’action civile, conformément aux dispositions de l’article 451 » (art.
527). Cependant, s’il estime que les faits constituent un crime ou un délit, il se
déclare incompétent (art. 528).

Le ministère public peut faire appel des décisions rendues par le tribunal de police
(art. 534). Cette disposition précise d’ailleurs que la faculté d’appeler appartient au
prévenu et au civilement responsable, lorsque le jugement prononce une peine
d’emprisonnement ou une peine d’amende supérieure à 5000 francs CFA. Il en est
de même lorsque des dommages et intérêts ont été alloués.

Les dispositions relatives aux jugements par défaut sont également applicables. Le
décret de 2015 précise en son article 5 que « L’appel des jugements rendus par les
tribunaux d’instance dans les affaires correctionnelles réservées à leur compétence
et sur l’action civile engagée conjointement à l’action publique dans lesdites affaires
est porté devant la cour d’appel ».

B- L’amende de composition.

La compétence du tribunal de simple police est prévue aux articles 509 et s. du


Code de procédure pénale. Elle s’applique à des contraventions que la loi punit
d’une peine d’un mois d’emprisonnement au plus et de 20 000 francs CFA d’amende
au plus ou de l’une de ces deux peines seulement, qu’il y ait ou non confiscation des
choses saisies et qu’elle qu’en soit la valeur. Elle s’applique aussi aux infractions
auxquelles la loi donne expressément compétence au tribunal de simple police.

Concernant l’amende, « avant toute citation devant le tribunal de simple police, le


juge saisi d’un procès-verbal constatant une contravention fait informer le
contrevenant de la faculté qu’il a de verser, à titre d’amende de composition, une
somme qui est fixée, conformément aux mode de calcul déterminé par un décret »
(art. 512 CPP). Si le contrevenant s’exécute dans les délais et forme prévus, l’action
publique est éteinte (art. 513 CPP). La décision fixant l’amende de composition n’est
susceptible d’aucun recours de la part du contrevenant (art. 514 CPP).

A défaut de paiement dans le délai imparti, le tribunal de simple police procède et


statue, conformément aux dispositions de l’art. 519 et s. CPP.

Section 2 : La procédure suivie devant la Chambre criminelle

Aux termes de l’article 2018 (issu de la loi 2014-28 du 3 novembre 2014) Il est
institué au sein de chaque Tribunal de grande instance une Chambre criminelle qui a
plénitude de juridiction pour juger en premier ressort les personnes renvoyées devant
elle soit par une ordonnance du juge d'instruction, soit par un arrêt de la Chambre
d'accusation pour des infractions qualifiées crimes et toutes autres infractions
connexes ». Elle est composée du président de la chambre et de deux magistrats qui
exercent leurs fonctions dans le ressort du Tribunal de Grande Instance (art. 226
CPP). La présidence de la chambre est assurée par le président du TGI (art. 230
CPP).
Selon l’art. 232 CPP, « Il est adjoint aux membres titulaires de la Chambre criminelle
un ou plusieurs membres supplémentaires.
Les membres supplémentaires siègent aux audiences. Ils ne prennent part aux
délibérations qu'en cas d'empêchement d'un membre titulaire constaté par
ordonnance motivée du président de la Chambre criminelle ». Et, les art. 233 et 234
CPP d’ajouter que « Les membres de la Chambre criminelle sont choisis parmi les
vice-présidents ou juges du tribunal de grande instance ou parmi les juges des
tribunaux d'instance du ressort du tribunal de grande instance », « Les membres
supplémentaires sont désignés par le président du tribunal de grande instance pour
la durée d'une session ».
Enfin, l’art. 236 CPP précise que « Ne peuvent faire partie de la Chambre criminelle,
les magistrats qui, dans l'affaire soumise à la Chambre, ont, soit fait un acte de
poursuite ou d'instruction, soit participé à la décision de renvoi ou à une décision sur
le fond relative à la culpabilité de l'accusé.
La procédure devant la chambre criminelle est très formaliste, et si les formes ne
sont pas respectées il pourra y avoir infirmation en appel voire annulation de l’arrêt
par la Chambre criminelle près de la Cour d’appel instituée par la loi de 2014. En
effet, aux termes de l’article 219 du CPP modifié il est institué au sein de chaque
Cour d'appel une Chambre criminelle pour connaître de l'appel interjeté contre les
décisions des Chambres criminelles des tribunaux de grande instance ».
Relativement à la procédure de jugement, l’art. 237 stipules que « Dès que la
décision de renvoi est devenue définitive, l'accusé, s'il est détenu, est transféré à la
maison d'arrêt du lieu où doit se tenir la session de la Chambre criminelle.
Les pièces à conviction sont également transportées au greffe dudit tribunal ».
La session de la chambre criminelle peut se tenir au siège du tribunal d’instance (art.
221 : Exceptionnellement, lorsque les circonstances l'exigent, le Premier président
de la Cour d'appel peut, par ordonnance, après avis du Procureur général, décider la
tenue de la session de la Chambre criminelle au siège d'un tribunal d'instance du
ressort ». V. aussi art. 241 CPP.
Aux termes des art. 242 et s. l'accusé mis en liberté ou qui n'a jamais été détenu doit
se présenter, au plus tard la veille de l'audience, au greffe qui s'assure de sa
représentation en justice. S’il ne se présente pas au jour fixé pour être interrogé par
le président de la Chambre criminelle, sans motif légitime, une ordonnance de prise
de corps est prise à son encontre et exécutée. L'ordonnance de prise de corps est
également exécutée sur décision motivée du président de la Chambre criminelle
lorsqu'il estime que la détention de l'accusé est nécessaire. Cette décision est sans
recours. L’accusé doit obligatoirement être assisté par un défendeur (art. 273 et s.).
L’art. 240 CPP précise que « Si l'accusé ne peut être saisi ou ne se présente pas, il
est statué contre lui par contumace ».
Les débats ne peuvent s'ouvrir moins de trois jours après l'interrogatoire par le
président de la Chambre criminelle. L'accusé et son conseil peuvent renoncer à ce
délai. Sur l’interrogatoire V. art. 242 et s.
Le Ministère public et la partie civile signifient à l'accusé et celui-ci au Ministère
public et, s'il y a lieu, à la partie civile, vingt-quatre heures au moins avant l'ouverture
des débats, la liste des personnes qu'ils désirent faire entendre en qualité de
témoins.
L'exploit doit mentionner les prénoms, nom, profession et résidences de ces témoins.
Avant l’ouverture des débats, si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments
nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, le président de la chambre peut
ordonner tous actes d'information qu'il estime utiles.
Lorsqu'à raison d'un même crime, plusieurs décisions de renvoi ont été rendues
contre différents accusés, le président peut, soit d'office, soit sur réquisitions du
Ministère public, ordonner la jonction des procédures.
La jonction de procédures peut également être ordonnée par le président quand
plusieurs décisions de renvoi ont été rendues contre un même accusé pour des
infractions différentes (art. 254 et 255 CPP).
Il assure la direction des débats comme il l’entend (art. 263 CPP), dans l’ordre où il
l’entend (à condition que l’accusé ait la parole en dernier) et à condition de respecter
le principe du contradictoire. Les débats sont oraux et si un expert utilise des notes
cela doit être mentionné au procès-verbal. Les débats sont publics sauf s’il existe un
risque d’atteinte à l’ordre public (art. 258 CPP). En matière de viol la victime peut
imposer le huis clos tout autant que la publicité des débats. En effet, l’art. 259 CPP
précise que « Dans le cas où la publicité paraît dangereuse pour l'ordre public et les
mœurs, la Chambre criminelle le déclare par un jugement rendu en audience
publique et ordonne le huis clos ». Cependant, « Le jugement sur le fond doit en tout
état de cause être toujours prononcé en audience publique » art. (261 al. 2 CPP).
Il y a par la suite continuité des débats oraux sous réserve des suspensions pour le
repos des membres de la chambre criminelle, des avocats ou encore parties (art.
262 al. 2 CPP). Sans suspension au bout d’un certain temps alors que l’avocat l’avait
demandé il existe une violation du droit au procès équitable et à l’égalité des armes.
En revanche si l’avocat n’a rien demandé il n’est pas fondé à demander la
constatation de l’inconventionnalité de la procédure.

Aux termes des articles 267 et s. CPP, Le Ministère public prend, au nom de la loi,
toutes les réquisitions qu'il juge utiles. La Chambre criminelle est tenue de lui donner
acte et d'en délibérer.
Elles sont mentionnées sur le registre des audiences par le greffier lorsqu’elles sont
prises dans le cours des débats. Toutes les décisions auxquelles elles ont donné lieu
sont signées par le président et par le greffier.
Lorsque la Chambre criminelle ne fait pas droit aux réquisitions du Ministère public,
l'instruction ne peut être ni arrêtée, ni suspendue ou le jugement différé (art. 268
CPP).
L'accusé, la partie civile et leurs conseils peuvent déposer des conclusions sur
lesquelles la Chambre criminelle est tenue de statuer (art. 269 CPP).
Tout incident contentieux est réglé par la Chambre criminelle, le Ministère public et
les parties ou leurs conseils entendus (art. 270). La Chambre criminelle saisie de
l'action publique est compétente pour statuer sur toutes les exceptions soulevées par
l'accusé pour sa défense, à moins que la loi n'en dispose autrement ou que l'accusé
n'excipe d'un droit réel immobilier (art. 271). Les jugements rendus sur les exceptions
soulevées par l'accusé ne peuvent préjuger du fond. Ils ne peuvent être attaqués par
la voie de l'appel qu'en même temps que le jugement rendu par la Chambre
criminelle sur le fond (art. 272).
Le président déclare les débats terminés. En effet, l’art. 315 CPP dispose que
« Après l'interrogatoire de l'accusé, l'audition de la partie civile et des témoins le
réquisitoire du Ministère public et les plaidoiries des conseils, le président déclare les
débats terminés ».
La décision de la Chambre criminelle est rendue soit à l'audience même à laquelle
ont eu lieu les débats, soit à une date ultérieure de la même session.
Dans ce dernier cas, le président informe les parties du jour où le jugement sera
prononcé (art. 316 CPP).
Dans le cas où le président entend juger l'affaire à l'audience même à laquelle ont
lieu les débats, il fait retirer l'accusé de la salle d'audience.
Il invite le chef du service d'ordre à faire garder les issues de la salle des
délibérations, dans laquelle nul ne peut pénétrer pour quelque cause que ce soit,
sans autorisation du président.
Le président déclare l'audience suspendue (art. 317 CPP).
Par la suite la Cour revient et le président lit la décision. En effet, l’art. 318 CPP
précise que « A la reprise de l'audience, le président fait comparaître l'accusé et
donne lecture de la décision portant condamnation, absolution ou acquittement.
En tout état de cause, les textes de loi dont il est fait application sont lus à l'audience
par le président; il est fait mention de cette lecture dans la décision ».La Chambre
criminelle prononce, lorsque les faits sont totalement ou partiellement établis, soit
une peine criminelle, soit une peine correctionnelle; dans ce dernier cas, elle peut
ordonner qu'il soit sursis à l'exécution de la peine (art. 319).
La Chambre criminelle statue également sur les peines complémentaires (art. 320).
La Chambre criminelle prononce l'acquittement lorsque le fait retenu contre l'accusé
ne tombe pas ou ne tombe plus sous l'application de la loi pénale ou lorsque l'accusé
est déclaré non coupable (art. 321).Elle prononce son absolution lorsque l'accusé
bénéficie d'une excuse absolutoire (art. 320)
Si l'accusé est absous ou acquitté, il est mis immédiatement en liberté s'il n'est
détenu pour une autre causé (art. 323)
Les magistrats ont ensuite à statuer sur l’action civile. En effet, « Après décision sur
l'action publique, la Chambre criminelle statue sur les demandes en dommages-
intérêts formées soit par la partie civile contre l'accusé, soit par l'accusé acquitté
contre la partie civile, les parties et le Ministère public entendus (art. 330).
Section 3 : La procédure suivie devant les juridictions pour mineurs.

Cette procédure est prévue par les articles 572 et s. CPP. Il existe alors deux
spécificités essentielles. La publicité des débats est extrêmement limitée. En principe
l’assistance à l’audience est interdite à tous, à l’exclusion du personnel judiciaire, des
témoins, de la famille, des victimes et des représentants des services sociaux. La
victime d’un viol commis par un mineur ne peut pas s’opposer à cela. La Chambre
criminelle a ici estimé que cette restriction de publicité était d’ordre public. La
reproduction des débats est en outre interdite. Le jugement peut être publié mais
sans le nom du mineur.

Par ailleurs il y a moins de formalisme que le juge des enfants se charge seul des
affaires (pour les mesures éducatives seulement) ou que l’on soit devant les
juridictions pour enfants ou la Cour d’assises des mineurs. Il existe alors des règles
particulières. Les mineurs poursuivis doivent toujours être entendus séparément. Le
tribunal pour enfant peut se dispenser de la faire comparaitre et même les faire sortir
de l’audience.

Chapitre 2 : Les voies de recours


Ces voies de recours sont conformes aux droits de la défense mais aussi à l’intérêt
général. En principe il existe donc toujours des voies de recours, qu’elles soient
ordinaires ou extraordinaires.

En principe les voies de recours ont un effet suspensif, mais les nombreuses
exceptions remettent en cause cette affirmation.

Section 1 : L’opposition : le défaut ou l’absence du défendeur à l’audience.

En matière correctionnelle le prévenu absent fait opposition tandis qu’en matière


criminelle l’arrêt tombe automatiquement lorsque la personne est retrouvée. L’article
347 CPP dispose que « L'appel n'est pas ouvert au contumax ».

Paragraphe 1 : En matière correctionnelle ou de police.

Le prévenu peut former opposition au jugement rendu contre lui lorsqu’il n’a pas
comparu devant le tribunal car il a été empêché. Cela couvre deux hypothèses :
l’individu n’a pas reçu en main propre la convocation (il n’a pas été cité à personne)
et qu’il n’est pas établi qu’il a eu connaissance de la citation ; l’individu avait
connaissance de sa convocation mais il fournit une excuse reconnue valable pour ne
pas s’être présenté (article 474 du Code de procédure pénale).

Si la signification du jugement a été faite à la personne, l’opposition est normalement


faite dans les 30 jours à partir du moment où le prévenu a compter de la signification
du jugement si le prévenu réside sur le territoire de la république, 45 jours dans les
autres cas (art. 478 CPP). Si la signification n’a pas été faite au prévenu, l’opposition
doit être formé, dans un délai de 30 jours à compter de la signification à domicile, à la
mairie ou au parquet, si le prévenu réside sur le territoire national, 45 jours s’il réside
hors du Sénégal (art. 479 CPP).

L’opposition annule le jugement qui avait été rendu par défaut (art. 476 CPP). Un
nouveau jugement en présence du prévenu est alors organisé. S’il y a itératif défaut
on considère qu’il s’agit d’un moyen dilatoire. L’opposition est considérée nulle et le
premier jugement reprend sa valeur. L’article 481 du Code de procédure pénale
prévoit que le tribunal peut renvoyer lui-même à une prochaine audience et donner
l’ordre à la force publique de rechercher le prévenu et de le faire comparaitre.

Paragraphe 2 : En matière criminelle.


Contrairement au droit français qui consacre la procédure de défaut criminel, le
législateur sénégalais organise la procédure de contumace. Il s'agit de l’hypothèse
où l’individu était en fuite à l’ouverture des débats. Dès lors la Cour peut décider le
renvoi de l’affaire à une session ultérieure après avoir délivré un mandat d’arrêt, ou
elle peut statuer sur l’accusation. Aucun conseil ne peut se présenter pour la défense
de l'accusé contumax.
Toutefois, si l'accusé est dans l'impossibilité absolue de déférer à la citation, ses
parents, ses amis et son conseil peuvent proposer son excuse.
Si la Chambre criminelle trouve l'excuse légitime, elle ordonne qu'il soit sursis au
jugement de l'accusé » (art. 342 CPP). Dans ce cas, elle doit forcément entendre la
personne qui se présente pour l’accusé et peut ensuite rendre son arrêt. Si l’accusé
réapparait avant prescription de la peine, la décision initiale est anéantie et il y a une
nouvelle procédure devant la Chambre criminelle en présence de l’accusé. En effet,
« Si les accusés jugés par contumax se constituent ou s'ils viennent à être arrêtés
avant les délais de prescription, l'arrêt de condamnation est anéanti de plein droit et il
est procédé à nouveau dans les formes ordinaires à moins que le contumax déclare
expressément, dans un délai de dix jours, acquiescer à la condamnation » (art. 341
CPP).
Section 2 : L’appel

Paragraphe 1 : En matière correctionnelle

Le principe du double degré de juridiction est un principe fondamental en procédure


pénale. L’article 483 du CPP dispose que les jugements rendus en matière
correctionnelle peuvent être attaqués par voie de l’appel Il existe une exception pour
les décisions du juge de proximité qui ne peuvent que faire l’objet d’un pourvoi en
cassation.

Chaque partie peut faire appel en ce qui concerne ses intérêts, et le ministère public
dans tous les cas. La partie civile ne peut donc faire appel qu’au regard de l’action
civile. L’appel se fait par déclaration au greffe dans les dix jours du prononcé du
jugement. Si une partie a fait appel dans les dix jours, les autres ont un délai de cinq
jours de plus pour faire appel incident.

En vertu de l’article 485 du Code de procédure pénale, les parties ont, à partir d’un
jugement, un délai de 30 jours pour faire appel. Toutefois, le délai d’appel ne court
qu’à compter de la signification du jugement quel qu’en soit le mode. Le délai d’appel
du procureur de la république est de 45 jours à l’égard des jugements rendus par les
tribunaux départementaux à partir du jour du prononcé (art. 486 CPP).

En France (où le procureur disposait d’un délai de deux mois), des avocats ont
soulevé la contradiction de ce délai avec le principe d’égalité des armes. La Chambre
criminelle a estimé que ce délai n’était pas contraire au droit au procès équitable du
moment que le prévenu a lui aussi le droit de faire appel, même à degré moindre
(Cass. Crim., 27 juin 2000). Par deux fois la Cour européenne des droits de l’homme
a condamné la France dans des cas où le procureur général avait fait appel pour
contrariété à l’article 6 de la convention européenne de sauvegarde des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales à l’égalité des armes (CEDH, 3 octobre 2006
et 22 mai 2008).

La Chambre criminelle a modifié sa jurisprudence et a estimé que cette différence de


délai était contraire à l’article 6 de la convention européenne de sauvegarde des
droits de l’Homme et des libertés fondamentales (Cass. Crim., 17 septembre 2008 et
Cass. Crim., 10 février 2009).

L’appel a normalement un effet suspensif avec des exceptions. Le tribunal peut


(voire doit) ordonner par décision spéciale et motivée la mise en détention en dépit
de l’effet suspensif de l’appel.

On dit également que l’appel a un effet dévolutif. Cela signifie que la cour d’appel
n’est saisie que de l’objet de l’appel. L’effet dévolutif est limité par la qualité de
l’appelant. L’appel de la partie civile ne porte que sur l’action civile. Lorsque l’appel
est formé par le ministère public, la cour d’appel peut prendre n’importe quelle
décision en aggravant le sort du détenu mais aussi l’adoucir. En revanche, l’appel
formé par une partie privée ne peut conduire à une augmentation de la peine donc
l’appel ne peut que lui profiter. Si seule la partie civile fait appel, les dommages ne
pourront être qu’augmentés.

Si le prévenu fait appel, la peine peut être diminuée et il peut éventuellement être
relaxé mais sa peine en peut être alourdie.

Il n’est pas toujours conseillé de faire appel car l’appel d’une partie peut entrainer
l’appel incident d’une autre partie et à partir de ce moment-là, l’appel sera
susceptible de nuire à la personne qui la première avait fait appel. La procédure en
appel est la même que devant le Tribunal correctionnel avec le prévenu qui conserve
le droit de parler en denier. Il y a d’abord un rapport oral d’un conseiller pour rappeler
les précédentes étapes de la procédure (article 501 du Code de procédure pénale) et
en principe la cour doit entendre tous les témoins cités par le prévenu dès lors qu’ils
n’ont pas déjà entendus en première instance. Le ministère public peut s’opposer à
toute nouvelle audition sachant que le dossier verbal de première audition se trouve
dans le dossier.

La décision de la cour d’appel peut être soit une confirmation du jugement du


Tribunal correctionnel/de police, soit une infirmation totale, soit une infirmation
partielle.

Si une partie civile fait appel de la sanction, l’appel est irrecevable. Il s'agit ici d’une
décision initiale d’irrecevabilité et non une décision sur le fond.

Paragraphe 2 : En matière criminelle.

Selon l’art. 354 CPP, « Les décisions rendues par la Chambre criminelle du tribunal
de grande instance peuvent faire l'objet d'appel.
Cet appel est porté devant la Chambre criminelle de la Cour d'appel territorialement
compétente. Sous réserve des dispositions particulières de la première instance,
l'audience devant cette chambre se déroule selon les mêmes règles qu'en première
instance »
En principe, seuls les arrêts de condamnation peuvent faire l’objet d’un appel de la
part de toutes les parties. Cet appel se fait par déclaration au greffe dans les 15 jours
du prononcé de l’arrêt ou de sa signification aux parties absentes. L'appel est
interjeté dans un délai de quinze jours à compter du prononcé du jugement.
Toutefois, le délai ne court qu'à compter de la signification du jugement, quel qu'en
soit le mode, pour la partie qui n'était pas présente ou représentée à l'audience où le
jugement a été prononcé (art. 360).
En cas d'appel d'une partie pendant le délai ci-dessus, les autres parties ont un délai
supplémentaire de cinq jours pour interjeter appel (art. 361). Il doit se faire au greffe
du TGI (art. 362).
La nouvelle loi précise que « La procédure suivie devant la Chambre criminelle de la
Cour d'appel est celle applicable devant la Chambre criminelle du tribunal de grande
instance (art. 365). Et, « Les arrêts rendus par la Chambre criminelle de la Cour
d'appel peuvent faire l'objet d'un pourvoi en cassation dans les formes et délai
prévus par la loi organique sur la Cour suprême ».
En effet, « Après avoir prononcé l'arrêt de la Chambre criminelle de la Cour d'appel,
le président avertit, s'il Y a lieu, l'accusé de la faculté qui lui est accordée de se
pourvoir en cassation et lui fait connaître le délai prévu » qui est de 2 mois.
En principe l’appel en matière criminelle a un effet suspensif. En réalité pour tout ce
qui concerne la liberté ou la détention il y a exécution immédiate.

En ce qui concerne l’effet dévolutif on retrouve la règle correctionnelle. Il est limité


par l’objet de l’appel (il peut y avoir appel sur un seul point), par la qualité de
l’appelant (la partie civile ne peut faire appel que de ses intérêts civils et l’appel formé
par une partie ne peut que lui profiter). Une Cour d’appel saisie de la décision de
condamnation ne peut par exemple augmenter la somme allouée au titre de l’action
civile.

Section 3 : Le pourvoi en cassation

Il s'agit ici d’opposer ce pourvoi à une procédure exceptionnelle qui intervient


quand une décision pénale a déjà acquis l’autorité de la chose jugée : le pourvoi en
cassation dans l’intérêt de la loi.

On dit qu’il s'agit d’une voie de recours extraordinaire car elle ne peut intervenir que
dans des cas précis. Il ne s’agit pas d’une nouvelle décision sur l’affaire mais juste la
confirmation de l’annulation de la décision critiquée devant la Cour de cassation.

Les cas d’ouverture peuvent être les erreurs sur le fond (insuffisance ou contradiction
de motifs, etc.) ou sur la forme (incompétence de la juridiction ayant rendue la
décision attaquée par exemple).

Toutes les décisions ayant un caractère juridictionnel, et rendues en dernier ressort


sont susceptibles d’un pourvoi en cassation.

La procédure devant la Cour de cassation est essentiellement écrite. Il y a d’abord


un dépôt de mémoire par les parties, un rapport écrit d’un conseiller et conclusions
de l’avocat général devant la Cour de cassation.
La Cour de cassation peut soit considérer qu’il n’existe pas d’erreur de droit, tant sur
la forme que le fond et la motivation, et elle rejette alors le pourvoi, soit considérer
qu’il y a motif à cassation. Elle annule alors l’arrêt de la juridiction d’appel. Le plus
souvent elle renvoie l’affaire devant une juridiction de même degré. Il se peut en
revanche parfois que la Cour casse sans renvoi.

Chapitre 3 : L’autorité de la chose jugée.

Quand une juridiction pénale a l’autorité de la chose jugée, ce qu’elle a jugé ne peut
pas être contredit par toute juridiction non pénale.

Section 1 : L’autorité de la chose jugée sur le pénal.

Elle découle de l’article 6 du Code de procédure pénale qui prévoit que « l’action
publique s’éteint part la chose jugée ». Cela signifie qu’on ne peut être jugé deux fois
pour les mêmes faits, même sous une autre qualification (non bis in idem). En
principe, cette règle n’a qu’un effet en droit interne. Cette autorité de la chose jugée
ne s’applique qu’aux décisions de jugement qui ne peuvent plus faire l’objet d’une
voie de recours ordinaire. Elle ne s’applique pas aux décisions d’instruction lorsqu’il
s'agit de décisions de renvoi en jugement.

En principe, une décision de non-lieu motivée par l’insuffisance de charges n’a pas
l’autorité de la chose jugée. Cela signifie que l’instruction pourrait être rouverte si l’on
découvre des charges nouvelles dans le délai de prescription, mais seulement à la
demande du ministère public. Les décisions de non-lieu motivées en droit ont en
revanche l’autorité de la chose jugée.

Cette autorité de la chose jugée est une autorité relative dans la mesure où de
nouvelles poursuites sont impossibles uniquement lorsqu’elles ont pour objet de
répondre d’une accusation pénale avec les mêmes parties et avec la même cause,
c'est-à-dire les mêmes faits.

Section 2 : L’autorité de la chose jugée sur le civil

C’est un essentiel en procédure pénale. En effet, le juge pénal dispose de plus de


pouvoirs de recherches de la preuve et sa décision s’impose donc logiquement au
juge civil.
Cette autorité ne s’attache évidemment qu’aux décisions définitives. Quand le juge
d’instruction déclare qu’il ne poursuivra pas ou que la personne est irresponsable,
son ordonnance de non-lieu n’aura pas d’autorité sur le civil.

La chambre sociale de la Cour de cassation française dans un arrêt du 13 janvier


2009 : une infirmière qui travaille à côté d'un cabinet d'un autre infirmer. Ils
s'arrangent pour qu'elle travaille pour lui. Puis tout dérape et elle réclame des
sommes à son égard et des indemnités de licenciement. Elle maintient qu'il y avait
un certificat de travail, lui dit que non. L'infirmière porte plainte. Le procureur fait
convoquer l'infirmier qui l'avait engagé et lui propose une composition pénale pour
travail au noir. Il paye l'amende. Par conséquent, au pénal il est tranquille.
L'infirmière utilise l'ordonnance de composition pénale en poursuivant au civil pour
demander les paiements. Les prud'hommes disent que la composition a autorité de
la chose jugée et l'infirmière obtient gain de cause. La Cour de cassation déclare que
l'ordonnance de validation de la composition pénale n'avait pas autorité de la chose
jugée par conséquence elle ne s'appliquait pas au conseil des prud'hommes.

Si cela avait été une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité : là il y


aurait eu autorité de la chose jugée.

Qu'est ce qui s'impose au juge civil dans ce qui a été décidé au pénal ?

Cette autorité s'attache à la décision sur l'innocence ou la culpabilité et à tout ce qui


en est fondement nécessaire. Si la décision est une relaxe, le fondement est qu'il n'y
a pas de faute constitutive d'une infraction pénale, à ce moment-là ça signifie qu'un
juge civil ne peut pas accorder des dommages et intérêts sur la base d'une faute
pénale, il peut accorder des dommages et intérêts sur un autre fondement que la
faute et il peut accorder des dommages et intérêts sur le fondement d'une faute non
constitutive d'une infraction.

Parfois, les auteurs d'infraction sont insolvables et donc leur condamnation ne


donnera pas forcément lieu aux dommages et intérêts.

Parfois, la victime peut essayer de saisir un juge d'instruction, si l'auteur n'a jamais
été trouvé. Dans ce cas-là, qui va l'indemniser quand l'auteur sera insolvable ou
introuvable ?

En France un fonds de garantie pour l'indemnisation des victimes d'infraction lorsque


la victime ne peut pas obtenir l'indemnisation de l'auteur de l'infraction pour ces 2
causes a été mis en place. Cette indemnisation peut fonctionner pour tout préjudice
corporel dès lors que l'incapacité de travail est au moins égale à 1 mois, pour
préjudice matériel résultant de certaines infractions (vol, dégradation de bien) lorsque
l'absence d'indemnisation mettrait la victime dans une situation matérielle ou
psychologique grave. Cela ne marche que pour les personnes physiques.

30 mai 2007, Ccass, Dalloz 2007 page 1728 : association victime d'un vol avec
effraction. Elle saisit la commission d'indemnisation mais on lui a dit que ce n’était
pas possible.

Les personnes physiques demandent cette indemnisation auprès d'une commission


chargée de ce faire, placée dans chaque TGI et présidée par un juge du siège : le
juge délégué aux victimes. Ce juge décidera ou non de l'indemnisation par le fond de
garantie et décidera du montant.

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