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Q1 : Les normes constitutionnelles : sources de la procédure pénale

Tout d’abord, on peut observer une emprise croissante de la Constitution sur la procédure pénale,
notamment à partir des années 1970, années durant lesquelles le rôle du Conseil constitutionnel en
matière de protection des droits fondamentaux s’est considérablement développé. Cette
constitutionnalisation de la procédure pénale se traduit tant par l’existence de textes constitutionnels
qui sont directement source de normes dans la procédure pénale, que par le rôle accru du Conseil
constitutionnel en matière de contrôle des lois.

Ainsi, concernant les textes, certains ressortent de la Constitution de 1958 elle-même

L’article 34 de la Constitution précise que la procédure pénale relève de la loi. Dès lors le CPP est un
ensemble de loi. Et le législateur est le seul compétent afin d’édicter les règles. Ensuite, les articles 61
et 68 de la Constitution prévoient l’existence d’une Cour de justice Républicaine. Cette Cour est une
juridiction spécialisée pour juger les membres du Gouvernement qui auraient commis des infractions
pendant l’exercice de leur fonction.

Pour autant, il existe des règles réglementaires dépourvu de pouvoir autonome (comme par exemple
l’article 66 de la Constitution). En effet, la notion d’autorité judiciaire est une notion important :
article 5 ConvEDH fait référence à la notion d’autorité judiciaire au titre des privations de liberté qui
peuvent survenir au cours de la procédure pénale.

De plus, à propos de la GAV, un arrêt du 18.01.2011 de la Cour de cassation a retenu que le magistrat
du parquet n’est pas une autorité judiciaire habilitée à contrôler le déroulement de la GAV au titre de
l’article 5 de la ConvEDH. En effet, le procureur ne présente pas les garanties d’indépendance et
d’impartialité en tant que partie poursuivante. Cette position trouve sa source dans plusieurs arrêts
de la CEDH comme MOULIN c/ France du 23.11.2010. Parce que les magistrats du siège ne sont pas
inamovibles et placé sous contrôle de leur chef hiérarchique et sous l’autorité du Garde des Sceaux,
La Ccass a confirmé sa propre JP dans deux arrêts de 2013, la Ccass se fonde sur l’article 8 relatif à la
vie privée de la ConvEDH, elle vient dire que la géolocalisation est une atteinte grave est nécessite
qu’elle soit supervisée par un juge. Le législateur a réagi assez vite pour cadrer le système de
géolocalisation par les magistrats du parquet.

Également, il faut évoquer un certain nombre de disposition à valeur constitutionnelle de la DDHC qui
concerne la procédure pénale : article 7 (principe d’égalité), article 9 (présomption d’innocence) ainsi
qu’au PFRLR (principe de la liberté individuelle ou des principes relatifs à la spécificité de la juridiction
pénale des mineurs).

Enfin, le Conseil à lui-même dégagé un certain nombre de principes fondamentaux reconnus par les
lois de République, et qui concernent également, pour certain, la procédure pénale. On peut ainsi
noter le principe de la liberté individuelle, qui doit être protégée par le juge judiciaire, ou encore le
principe de la spécificité de la justice pénale des mineurs consacrés dans une décision du 29 août
2002

Au surplus, le CC peut être saisi, afin de contrôler la conformité des textes de lois aux règles
constitutionnelles, soit par voie d’action soit par voie d’exception c’est-à-dire par le biais d’une QPC.
En effet, soit la loi est déclarée conforme à la constitution et reste ne vigueur, soit elle est
inconstitutionnelle et est abrogée, soit elle est déclarée conforme sous réserve.

S’agissant les principes constitutionnels on peut évoquer le principe de l’inviolabilité du domicile ( 29


décembre 1983) et le principe des droits de la défense (2 février 1995).
Q2 : Place et application des lois et règlements en procédure pénale

Tout d’abord, le législateur dispose d’un monopole d’édiction des règles de procédure pénale. Et la
plupart de ces règles sont codifiées au sein du code de CPP ou encore le code du travail et celui des
douanes.

On constate un morcèlement de la procédure pénale et donc une spécialisation qui entraîne la


création de procédure pénale spéciale qui vont donner un certain nombre de pouvoir à des acteurs
nouveaux. La conséquence est que les citoyens sont incapables de connaitre l’ensemble des règles
applicables, renforçant donc la fiction juridique.

En effet, il y a une application de la loi dans le temps comme dans l’espace.

Dans le temps : ce principe a pour conséquence que la loi nouvelle succède à l’ancienne sans que l’on
remette en cause les actes anciens fait conformément à la loi ancienne. Il existe tout de même une
exception avec les mineurs (L’ordonnance du 11 septembre 2019 a prévu une survie partielle de
l’ordonnance du 2 février 1945 pour les affaires ayant débuté avant l’entrée en vigueur du CGPM).

De plus, les lois et procédures qui fixent les règles de procédures ou les lois de compétences
judiciaires sont soumises au principe d’application immédiate, mais ceci tant qu’un jugement au fond
n’a pas été rendu en 1ère instance.

Concernant les lois de prescription de la peine, elles s’appliquent immédiatement à la seule condition
que la prescription qui était alors prévue par la loi ancienne ne soit pas déjà acquise.

Avant une loi de 2004, le CPP prévoyait qu’une loi nouvelle s’appliquait immédiatement aux instances
en cours sauf si ces lois nouvelles avaient pour effets d’aggraver la situation de l’auteur des faits. La loi
du 9 mars 2004, désormais les règles de prescriptions s’appliquent, peu importe qu’elles soient
défavorables ou non.

Concernant les lois relatives à l’application et l’exécution des peines, ces lois s’appliquent
immédiatement en principe, sauf si la loi nouvelle est plus sévère. Et donc cette loi ne s’applique que
pour des faits commis après son entrée en vigueur (si plus sévère).

Les lois relatives au droit de recours, l’article 112-3 du CPP nous indique que la voie de recours
applicables est celle qui est prévue au jour où la décision pouvant faire l’objet d’un recours est
rendue.

Dans l’espace :

La loi pénale s’applique sur le territoire national et donc les juridictions pénales n’appliquent que la
procédure pénale française quel que soit le lieu de commission de l’infraction. Et, si l’infraction a été
commise à l’étranger, par un Français alors on applique la procédure pénale française.

Loi du 3 juin 2016 créer une hypothèse d’extension fictive du territoire français, la loi française est
applicable à tous crimes ou tout délit commis au préjudice d’une personne physique qui réside en
France ou d’une personne morale dont le siège social se situe en France. Dans ces hypothèses,
l’infraction sera réputée commise sur le territoire français.

De plus, la loi pénale est d’interprétation stricte, et le juge pénal ne peut interpréter le texte que dans
les limites de ce dernier. Or, en procédure pénale ce n’est pas toujours le cas et donc la tendance est
plutôt de constater une interprétation extensive, en procédure pénale, il n’y a pas la même rigueur.
Q3 : Les conventions internationales en tant que source de procédure pénale : Identification et
application

Les lois et les articles de la Constitution ne sont pas les seules sources de normes en procédure pénal.
En effet, la France a ratifié divers traités internationaux, qui ont une valeur juridique supérieure à la
loi et peuvent donc être directement invoqués devant les juridictions par les justiciables.

En procédure pénale, certains traités ont des domaines généraux et ont généralement pour objet de
protéger des principes devant guider la procédure pénale.

Le traité le plus important en la matière est la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales de 1950.

On peut ainsi citer par exemple son article 5 sur le droit à la liberté et à la sûreté, qui prévoit, à son
troisième alinéa, que la personne doit être traduite devant un magistrat habilité à exercer la
poursuite pénale, et doit être jugée dans un délai raisonnable.

L’article 6 le droit à un procès équitable prévoit la présomption d’innocence ainsi que le fait que toute
personne à le droit d’être assister par un défenseur de son choix, à que sa cause soit entendue
équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial,
qui décidera du bien fondé de tout accusation en matière pénale.

On peut également citer l’article 7 prévoyant le principe de légalité des délits et des peines. L’arrêt de
la Cour européenne des droits de l’homme, Norman c/ Russie a consacré ce principe dans la
procédure pénale, en indiquant que l’article 7 doit être interprété et appliqué de manière à fournir
des garanties efficaces contre les poursuites, les condamnations et les sanctions arbitraires.

Également, certaines directives européennes concernant aussi la procédure pénale, telles que la
directive B de 2012, relative au droit à l’information dans le cadre de la procédure pénale, et la
directive C de 2013, relative au droit à un avocat.

La France a également adopté en 1966 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui
prévoit un certain nombre de texte en matière de procédure pénale.

Ainsi, son article 6 limite l’usage de la peine de mort aux crimes les plus graves et prévoit un droit de
grâce en la matière. L’article 7 interdit le recours à la torture ou à des traitements cruels, inhumains
ou dégradant. L’article 9 prévoit le droit à la liberté, à la sécurité des personnes en interdisant les
arrestations et détention arbitraires. L’article 10 prévoit le respect de la dignité humaine, et enfin,
l’article 14 prévoit que la cause d’un individu doit être entendue équitablement et publiquement par
un tribunal indépendant et impartial.

En revanche, il n’existe aucune juridiction en charge de s’assurer de la bonne application de ces


articles.

Ensuite, certains traités en procédure pénale ont des domaines beaucoup plus précis.

Par exemple, la Convention européenne d’extradition de 1957, signée dans le cadre du conseil de
l’Europe et complété par l’accord de Schengen en 1990 prévoit que les États Parties s’engagent à se
livrer réciproquement les individus poursuivis ou recherchés aux fins d’exécution d’une peine.
L’extradition fait l’objet d’une réglementation par le Code de procédure pénale, qui ne s’applique qu’à
défaut d’application de toute convention en matière d’extradition.

Cette convention a perdu de son importance en raison de la création du mandat d’arrêt européen, de
2002, qui remplace le droit de l’extradition entre les État membres de l’Union européenne
uniquement. Ces règles sur le mandat ont été transposées en droit français aux articles 1695 et
suivant du Code de procédure pénale.

On peut également citer la convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale de 1959,
portant sur une aide judicaire entre États, la plus large possible, dans toutes procédures visant les
infractions dont la répression est la compétence d’une autorité judiciaire étrangère. Cela permet de
faciliter l’exécution de commissions rogatoires (ayant pour objet d’effectuer des actes d’instruction et
de communiquer des pièces du dossier…).

Enfin la Convection européenne de répression du terrorisme de 1977, entrée en vigueur en 1987 en


France, prévoit que chaque État Partie s’engage à soumettre l’auteur d’un acte de terrorisme aux
autorités compétentes pour l’exercice de l’action en justice en matière pénale.

Quoi qu’il en soit, les traités, en vertu des articles 54 et 55 de la Constitution, ont une valeur supra-
législative mais infra-constitutionnelle. Plus précisément, l’article 55 de la Constitution prévoit
l’applicabilité directe des traités en droit interne

Ains, la Cour européenne des droits de l’homme a pour mission de faire respecter la Convention
européenne des droits de l’homme par les États Parties. Ses décisions ont souvent un impact sur la
procédure pénale française. Mais régulièrement, la position de la Cour de cassation est de considérer
que le droit français est parfaitement conforme à la Convention, ce qui est une hypocrisie.

Il arrive toutefois que la Cour de cassation reconnaisse le retard du droit français.

Par exemple, pendant longtemps, aucun texte précis ne réglementaient les écoutes téléphoniques : il
s’agissait d’une pratique des juges d’instruction qui se fondaient sur l’article 81 du Code de procédure
pénale, selon lequel le juge d’instruction peut procéder à tous les actes utiles à la manifestation de la
vérité.

La Cour de cassation, dans un premier temps, avait été saisie de la question de savoir si cette pratique
était conforme à l’article 8 de la convention, relatif au droit à la vie privée, et avait estimé que oui. La
Cour n’était pas de cet avis et a condamné la France dans deux arrêts du 24 avril 1990, Kruslin et
Huvig contre France.

Le législateur est donc rapidement intervenu pour réglementer les écoutes, notamment par une loi
du 10 juillet 1991, qui créé les article 100 et suivant du Code de procédure pénale.

Aussi, la Cour européenne exigeait l’assistance par un avocat des personnes en garde à vue, en se
fondant sur l’article 6, ce qui était notamment affirmé dans des arrêts du 27 novembre 2008, Salduz
contre Turquie ; et du 13 octobre 2009, Danayan contre Turquie.

La Cour de cassation considérait qu’un simple entretient avec l’avocat était suffisant. Puis, le Conseil
constitutionnel, dans une décision du 30 juillet 2010 a emboité le pas de la Cour européenne des
droits de l’homme et déclare les textes comme contraires à la Constitution.

Dans trois arrêts du 19 octobre 2010, la Cour change de position et dit la même chose que le Conseil
constitutionnel, mais au regard de la convention. Cependant, elle refuse d’appliquer immédiatement
la règle nouvelle de l’assistance par un avocat.

Tout cela entraine la loi du 14 avril 2011 de réforme de la garde à vue, qui devait entrze en vigueur le
1er juin 2011. Mais jour de la publication de la loi, l’assemblée plénière de la Cour de
cassation contredit la position de la chambre criminelle et impose l’assistance par un avocat avant
même que la loi soit effectivement applicable.
Q4 : Le modèle procédural

La procédure pénale est l’ensemble des règles qui ont pour objet de constater les infractions pénales,
d’en rechercher les auteurs et les preuves, et de juger ces auteurs pour leur faire appliquer une
sanction pénale. Ainsi, on parle de modèle procédural pour désigner le cadre précis dans lequel ces
règles sont placés. Ce modèle permet de comprendre l’organisation des juridictions pénales et la
place qu’elles réservent aux différents acteurs du procès. Généralement, on distingue deux modèles
principaux qui s’opposent : le système accusatoire et le système inquisitoire.

1. Dans un premier temps, le système accusatoire est le système souvent présenté comme étant le
plus protecteur des droits des deux parties, qui sont toutes deux placées sur un pied d’égalité. En
effet, ce modèle, qui est très proche de celui du procès civil, repose sur l’opposition de la victime
prétendue à l’auteur de l’infraction, en présence d’un juge qui est arbitre et passif.

L’infraction est réduite au seul aspect du dommage causé par un individu sur un autre : il n’y a pas de
ministère public qui représenterait les intérêts de la société tout entière et la poursuite est en fait
exercée par un accusateur, la victime, qui est un simple particulier qui saisira le juge en raison de
l’infraction commise par l’autre partie. Le juge lui n’est pas professionnel, mais est souvent un
individu tiré au sort ou élu par ses pairs.

Ensuite le procès se déroule en une seule phase, sans instruction et il appartient à la victime
d’apporter les preuves de ce qu’il prétend.

Enfin, la procédure est orale ; par conséquent, aucune voie de recours est prévue, faute de trace
écrite. La procédure est également publique et contradictoire, ce qui présente des garanties, mais
également des risques.

En effet, la publicité des débats permet aux citoyens de contrôler ce qu’il se passe au sein des
juridictions. En revanche, le caractère privé de l’accusateur a pour conséquence qu’il n’y a pas de
répression au nom de l’État, et surtout, qu’il n’y a pas de certitude de répression puisque l’action en
justice dépend de cet accusateur privé, qui peut se désister de son action, ce qui mettrait fin au
procès.

Néanmoins, l’avantage de l’absence d’autorité publique est que cela garantie une impartialité puisque
cette autorité ne pourra pas être soupçonnée d’influencer le procès par des pressions sur l’une ou
l’autre des parties. En revanche, le risque est que la partie la plus puissante économiquement tente
de monnayer son crime, en payant la partie la plus faible pour qu’elle se déiste du procès.

Enfin, concernant la preuve, si le caractère contradictoire garantie une égalité entre l’accusateur et
l’accusé, dans la mesure ou chaque partie peut consulter les éléments de preuve apportés par l’autre
et les contester, l’absence de pouvoir du juge dans la recherche des preuves risque de jeter un doute
sur la découverte de la vérité.

2. Ce modèle s’oppose donc au modèle inquisitoire puisque là où l’enquête est inexistante dans le


modèle accusatoire, elle essentielle dans le système inquisitoire.

En effet, le procès de déroule en deux phase. Tout d’abord, une phase d’instruction, ou un juge,
chargé de l’enquête, recherchera la vérité à l’aide de témoignage et interrogera le mis en cause.
Ensuite, une phase d’audience du jugement, où le mis en cause est renvoyé devant la juridiction de
jugement compétente, qui statuera sur la culpabilité et la peine au regard des éléments de preuve
réunis lors de la première phase.

La procédure quant à elle est écrite, ce qui suppose que les voies de recours sont envisageables. Elle
est secrète, et non contradictoire.

Ainsi, dans ce système, le juge est le pivot du procès, qui n’est pas la chose des parties à l’inverse du
système accusatoire. Le litige ne constitue plus un litige d’ordre privé, mais un litige d’ordre public et
le ministère public devient dès lors indispensable.

3. La France n’a choisi ni l’un ni l’autre de ces modèles, mais à opter pour un modèle mixte, après de
nombreuses hésitations.

En effet, sous l’Ancien régime, Louis XIV souhaitait une justice forte et avait donc consacré un modèle
inquisitoire des plus pur par une ordonnance criminelle de 1670. Ensuite, la Révolution française
consacra l’apparition d’une nouvelle organisation judiciaire, ou la justice comme la loi devint
l’expression de la nation, ce qui entrainât le basculement dans un système accusatoire.

Le système actuel commence finalement à se mettre en place avec la création du ministère public,
par une loi du VII pluviôse an IX, puis l’apparition du Code d’instruction criminelle de 1808, sous
Napoléon, qui consacre pour la première fois un modèle mixte. Dès lors, le procès pénal est divisé en
deux phase. La première phase est inquisitoire, donc le ministère public est le seul à pouvoir
déclencher les poursuites et la victime à un rôle subsidiaire. Ensuite, la deuxième phase est une
phase de jugement, revêtant les caractères du modèle accusatoire.

Enfin, une ordonnance du 23 décembre 1958 créé le Code de procédure pénal, qui prend la place du
code de l’instruction criminel, et qui entre en vigueur le 2 mars 1959. Ce Code reprend globalement
le même modèle mixte avec une phase inquisitoire au titre de l’enquête et de l’instruction, qui reste
secrète pendant la première phase, puis une phase accusatoire au titre du jugement.

Le CPP est particulièrement instable. Il fait l’objet de nombreuses réformes, dont les objectifs sont de
concilier deux impératifs contradictoires : la protection des libertés individuelles, c’est-à-dire la
présomption d’innocence, et la favorisation de la cessation du trouble causé à l’ordre public, en
trouvant une réponse pénale rapide et systématique à toutes les infractions connues, afin d’éviter
l’engorgement des juridictions.

Actuellement, une commission de réforme du code de procédure pénal est en cours. Son but serait
donc de simplifier la procédure pénale.
Q5 : Le principe de l’unité des justices civile et pénale

La procédure pénale repose avant tout sur une série de principe généraux, les « principes directeurs
de la procédure pénale ». Certains de ces principes sont davantage relatifs à la forme de la
procédure : les principes gouvernants la procédure pénale. D’autres, sont d’avantages des principes
qui s’attachent au fond de la procédure : les principes de protection en procédure pénale.

Ce principe est consacré dès le code de justice criminelle. En effet, il découle de la volonté de
Napoléon d’avoir une magistrature forte mais tout de même soumise à son autorité. Dès lors, les
tribunaux pénaux appartiennent à l’ordre judiciaire comme les tribunaux civils. Ces juridictions ne
peuvent pas juger des litiges dans lesquels l’Etat serait mis en cause dans le cadre de ses prérogatives
de puissance public.

L’exception d’illégalité d’un règlement administratif est l’exception dans lequel le Juge pénal peut
apprécier lui-même la légalité de ce règlement au regard de la loi ou de toutes autres règles
supérieures au règlement. S’il estime illégal le règlement il pourra écarter celui-ci des débats. En
aucun cas le juge pénal ne pourra annuler le règlement administratif, il n’en a pas le pouvoir.

De plus, Il y a identité des juridictions et des magistrats, ce sont les mêmes magistrats qui rendent la
justice civile et la justice pénale. En effet, la loi J21 a fusionné le TGI avec le tribunal d’instance, et la
loi de programmation de la réforme a transformé le TGI en Tribunal judiciaire. Les cours criminelles
départementales ont été créée.

Les cours d’assises et cours criminelles départementales sont des émanations au niveau de la CA,
s’agissant des juridictions pénales d’instruction, le juge d’instruction comme le juge des enfants sont
des juges du siège du TJ. La chambre d’instruction est une chambre spéciale de la CA.

Le ministère public s’occupe aussi bien des affaires pénales que civiles. Le magistrat peut exercer
n’importe quelle fonction, le magistrat de l’ordre judiciaire est en principe généraliste, d’où le
caractère large de révision au concours de l’ENM.

Il existe des phénomènes de spécialisation dans certaines villes. Certains magistrats sont spécialisés,
le juge des enfants, le juge de l’application des peines, le cas de certains parquets ou de certains juge
d’instruction qui se spécialise dans le terrorisme
Q6 : Les  principes de séparation des fonctions, d’indépendance et d’impartialité

Le principe de séparation des fonctions et celui d’indépendance sont tous deux d’ordre institutionnel,
tandis que celui d’impartialité est une notion plus large, soit plus généra

En effet, le procès pénal comprends 3 étapes distinctes :

- La phase de l’enquête de police, l’action publique va être exercée par le ministère public, son
rôle sera d’aiguiller la procédure selon le principe de l’opportunité des poursuites, qui
gouverne son action.
- La phase d’instruction, est soumise au juge d’instruction. Ce juge exerce une enquête
approfondie à charge ou à décharge.
- La phase de jugement appartient au juge de décider de la culpabilité ou non du mis en cause
et auquel cas de prononcer une peine.

En effet, le principe de séparation des fonctions repose sur un fondement politique : il s’agit de
diluer les différents pouvoirs confiés à l’autorité judiciaire. La crainte est que la réunion de tous ces
pouvoirs dans les mêmes mains soit trop dangereuse pour les libertés individuelles.

 Le ministère public, parce qu’il exerce l’action publique, est placé sous l’autorité du Garde des
sceaux (art. 30 CPP). Il est donc dépendant du pouvoir exécutif. En revanche, le juridictions
pénales, d’instruction ou de jugement, sont des juges du siège, et sont constitutionnellement
indépendantes du pouvoir politique. 

Pour autant, il existe une dépendance entre le Procureur, et le magistrat du siège, dans le sens où le
Procureur ne peut rien imposer au juge d’instruction ou à la juridiction de jugement, et ne peut
requérir l’application de la loi.

De même, les juridictions de jugement sont libres de leur décision : le procureur ne peut que faire
des réquisitions de jugement, que les juridictions ne sont pas obligées de suivre. Elles peuvent
d’ailleurs librement requalifier les faits sur lesquels elle a été saisie par le Parquet.

La séparation des fonctions a des conséquences précises :

 Une incompatibilité des fonctions successives : interdiction pour une même autorité
d’exercer successivement les fonctions de poursuite, d’instruction et de jugement dans une
même affaire. Cette règle est déclinée par l’art. 49 CPC qui empêche le juge d’instruction de
participer au jugement des affaires qu’il a connu en matière d’instruction, et l’art. 137-1 CPP
qui pose la même règle à propos du JLD.

En effet, ce principe d’incompatibilité des fonctions successives n’était pas absolu pendant très
longtemps : notamment pour le juge des enfants, sous l’empire de l’ordonnance de 1945, possédait
une fonction d’instruction et une de jugement, dès lors qu’il n’entendait pas infliger une sanction
pénale aux mineures. En revanche, lorsqu’il estimait qu’une sanction pénale était opportune, il devait
saisir le tribunal pour enfant.

Dans un arrêt de 2011, le CC considère indique que ce n’est pas un problème que ce soit le juge des
enfants qui instruise et qui prononce ka mesure éducative. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’il
ne s’agit pas d’une peine. Or, il y a violation du principe d’impartialité dès lors que ce juge des enfants
qui a instruit l’affaire est ensuite amené à présider le Tribunal des enfants qui prononcera la peine.

Dès lors, Le CC, dans le cadre de cette QPC, a donc abrogé l’art. L251-3, qui sera corrigé par le
législateur avec l’adoption de la loi du 26 décembre 2011 : désormais, le Tribunal pour enfant est
présidé par un juge des enfants, mais ce dernier ne peut pas être celui qui a renvoyé le mineur devant
le Tribunal pour enfant.

 L’impartialité suppose que le juge ne doit pas avoir de parti pris, positif ou négatif, vis-à-vis
de l’accusé. Et cette impartialité est liée à l’indépendance des juges : si le magistrat est
indépendant alors il y a une garantie de son impartialité.

Indépendance qui relève du statut de la magistrature ainsi que de l’article 4 de la Constitution qui
indique que le président de la République est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. En
outre, ce principe est rappelé par l’article 6 Conv. EDH, selon lequel toute personne poursuivie à le
droit à un procès équitable devant une juridiction indépendance et impartiale.

En France, cette indépendance n’existe que pour les magistrats du siège.

Or cette impartialité est difficile à faire respecter, par la présence de conception objective et
subjective :
- Objective : le juge est considéré comme susceptible d’être partial, même si dans son for
intérieur ne l’est pas, en fonction des apparence. Cette conception est plutôt favorable au
justiciable. Dans ses décisions, le CC retient globalement cette conception.

- Subjective : recherche si au-delà des apparences, le juge était partial ou pas. Il faut
rechercher son for intérieur, son sentiment. Cette conception est celle plutôt retenue par la
Cour EDH.

Loi du 25 juillet 2013 : a modifié l’article 31 du CPP. Prise au moment d’une tendance claire des
magistrats du parquet à revendiquer une indépendance fonctionnelle c’est-à-dire une rupture avec le
pouvoir politique (le Garde des sceaux).
 Ce nouvel article prévoit que le ministère public exerce l’action publique et requiert
l’application de la loi dans le respect du principe d’impartialité auquel il est tenu.

En revanche, le ministère public est représentant de la société ; donc il lui incombe de déclencher et
d’exercer l’action publique. C’est-à-dire que les magistrats du Parquet constituent la partie principale
du procès pénal puisque c’est lui le demandeur à l’action.

 Comment une partie au procès, qui a donc un parti pris, pourrait être en même temps
impartial ? Le législateur a plus ou moins sciemment confondu impartialité et indépendance.
Q7 : la collégialité

La procédure pénale repose avant tout sur une série de principe généraux, les « principes directeurs
de la procédure pénale ». Certains de ces principes sont davantage relatifs à la forme de la
procédure : les principes gouvernants la procédure pénale. D’autres, sont d’avantages des principes
qui s’attachent au fond de la procédure : les principes de protection en procédure pénale.

Ainsi, parmi les principes gouvernant la procédure pénale se trouve celui de la collégialité. Ce principe
vise le fait que la juridiction est composée de plusieurs magistrats, généralement trois, siégeant et
délibérant ensemble dans le but de préserver l’impartialité de la juridiction.

Si ce mode formation des juridictions possède de multiples avantages, il trouve cependant dans la
pratique une application contrastée. En effet, tout d’abord, ce principe souffre de nombreuses
exceptions.

En effet, certaines juridictions sont toujours composées à juge unique, telles que le juge d’instruction,
le juge des libertés et de la détention, le juge du tribunal des enfants, le juge du tribunal de police, ou
encore le juge d’application des peines.

Ensuite, d’autres juridictions, qui sont en principe collégiales, peuvent être amenée à statuer à juge
unique.

 Ainsi, en matière correctionnelle, le tribunal est en principe une juridiction collégiale


composée de trois juges, mais l’article 398 du Code de procédure pénale, à son alinéa 3,
prévoit que ce tribunal peut statuer à juge unique dans un but de célérité, pour certaines
infractions, prévues à l’article 398-1.

Cette liste est constamment alourdie par le législateur. On peut noter par exemple une loi du 24
janvier 2022. Cela a pu amener la doctrine à considérer qu’en pratique, le principe est plutôt celui du
juge unique et la collégialité l’exception. Cela constituait alors, selon les auteurs, une atteinte au
principe de collégialité et à l’impartialité de la décision.

Lais cette position peut être relativisée dans la mesure où le plus souvent, lorsque la juridictions
statue en formation collégiale, un seul magistrat connaît véritablement le dossier.

Il y a en outre des tentatives de rendre collégiales des juridictions qui ne le sont pas en pratique, mais
ces tentatives ont échoué.

On peut noter par exemple la volonté de lutter contre l’isolement du juge d’instruction à plusieurs
reprises, tel qu’en 1985, ou 1987. Consécutivement à l’affaire d’Outreau, affaire dans laquelle le juge
d’instruction n’était pas impartial, une loi du 5 mars 2007 devait réformer cette juridiction en deux
temps. Donc en créant des pôles d’instruction, puis en créant un collège d’instruction, en lieu et place
du juge d’instruction, avec trois juges au moins, qui devait donc mener l’enquête de façon collégiale.
Il se serait agi en réalité d’une fausse collégialité car il y aurait en principe qu’un seul juge
d’instruction et les autres n’auraient qu’aidé.

Finalement, cette réforme a été reportée en raison de difficulté de mise en œuvre pour que
finalement la loi J21 de modernisation de la justice, du 18 novembre 2016, l’enterre complétement.

Enfin, on peut noter que la collégialité ne constitue ni un droit pour le justiciable, ni un principe
fondamental du procès. Le Conseil constitutionnel considère ainsi qu’elle ne possède pas de valeur
constitutionnelle. Il s’agit plutôt d’un mode d’organisation traditionnel des juridictions.
Donc en pratique, ce principe ne revêt finalement pas une importance majeure dans le procès pénal.
Q8 : Les principes directeurs de protection de la société

La procédure pénale est une discipline de conflit puisqu’il faut veiller entre l’équilibre de deux
impératifs contradictoires : la nécessité de mettre un terme au trouble causé à l’OP en raison de la
commission de l’infraction, et la nécessité de protéger les libertés individuelles des personnes mises
en cause.

Ainsi, il existe des principes de protection de la société, afin de rendre la justice pénale efficace, soit il
être plus rapide et adaptées aux nouvelles technologies, afin de pouvoir détecter d’avantage les
infractions ou faciliter le jugement.

1. Dans un premiers temps, il existe un principe de célérité de la procédure pénale

Ce principe fait l’objet d’adage régulier tels que «  justice tardive équivaut à injustice  » rappelant que
plus le temps passe, plus les preuves de l’infractions sont difficiles à découvrir et qu’il ne fait pas
laisser un sentiment d’insécurité ou une absence de réponse pour la société, la victime, ou même
pour le mis en cause.

C’est l’article 6§1 ConvEDH qui fonde ce principe, selon lequel les affaires doivent être entendues
dans un délai raisonnable. Délai raisonnable qui est une notion qui influe le droit de la procédure
pénale, et est intégrée au sein de l’article préliminaire du CPP. Cette notion de délai raisonnable est à
double sens :
- il s’agit d’obtenir une réponse pénale rapide, pour les affaires simples
- et à l’inverse, de pouvoir prendre son temps pour juger les cas les plus délicats.
Il existe une sanction en cas de violation de cet impératif de célérité, dans le sens où la
méconnaissance du délai raisonnable peut ouvrir droit à réparation (art. L 141-1 COJ), mais cette
méconnaissance est sans conséquence sur la validité de la procédure.

Ainsi, le meilleur moyen de remplir cet objectif de célérité est de mettre en œuvre des règles
dérogatoires aux jugements classiques. Tel est le cas :
 de la création des procédures alternatives aux poursuites pénales : (art. 41 et 41-2 CPP) : la
médiation pénale, la composition pénale
 de la création procédures accélérées de jugement : il y aura bien une saisine de juridiction et
un acte de poursuite, un déclenchement de l’action publique : l’impasse peut aussi être faite
sur l’instruction. Tel est le cas de la procédure de comparution sur reconnaissance préalable
culpabilité

2. Dans un second temps, il existe un principe d’adaptation des procédures


Il s’agit d’une volonté régulière du législateur d’adapter la justice aux nouvelles technologies. Comme
le recours à la visio-conférence, qui n’était prévu initialement que pour l’audition ou l’interrogatoire
d’une personne dans le cadre d’une présentation devant le procureur ou devant le juge d’instruction
(loi 9 mars 2004).
AVANTAGES : gain de temps et mesure de sécurité.
INCONVÉNIENTS : Ce recours a pu faire l’objet de censure récente. Il a en effet fait l’objet d’une
utilisation extrêmement large durant la crise sanitaire.
Q9 : Les principes directeurs de protection de l’individu
La procédure pénale est une discipline de conflit puisqu’il faut veiller entre l’équilibre de deux
impératifs contradictoires : la nécessité de mettre un terme au trouble causé à l’ordre public en raison
de la commission de l’infraction, et la nécessité de protéger les libertés individuelles des personnes
concernées par le procès pénal.

Ainsi, différents principes existent, dans le but d’assurer la protection des libertés individuelles, tels
que le droit à un juge, le principe de la présomption d’innocence, ou encore les droits de la défense.
Ces principes se fondent généralement sur l’article 6 de la Convention européenne des droits de
l’homme.

1. Tout d’abord, le principe du droit au juge est un principe à valeur constitutionnelle, consacré tant
au niveau européen que par le Conseil constitutionnel.

Ce principe a donc d’abord été consacré dans un sens favorable à la victime. Cette dernière a donc la
possibilité de saisir un juge d’instruction face à l’inertie du parquet, et par ce biais, déclencher l’action
publique et contraindre le parquet à agir. La victime peut également faire citer directement l’auteur
devant le tribunal correctionnel ou le tribunal de police. Elle bénéficie en outre de l’aide
juridictionnelle si elle ne dispose pas des moyens nécessaires pour fonder son action.

Le principe du droit à un juge concerne également le mis en cause au travers de l’obligation de saisir
un juge en cas de mesures attentatoires aux libertés. Ainsi par exemple, la prolongation de la garde à
vue au-delà de 48h nécessite l’accord du juge des libertés et de la détention.

Enfin, ce principe signifie également que les justiciables ont le droit à un recours effectif.

On peut citer à titre d’exemple le dialogue entre les juges de la Cour européenne des droits de
l’homme, de la Cour de cassation et Conseil constitutionnel, en 2020, à promos des conditions de
détention indigne pour lesquelles le seul recours qui existait était un recours indemnitaire n’ayant
aucune influence sur les conditions de détention. Ce dialogue a abouti à la création de l’article 803-8
du Code de procédure pénale, par une loi du 8 avril 2021, consacrant la possibilité pour le détenu de
saisir le juge des libertés et de la détention s’il considère qu’il est détenu dans des conditions
indignes.

2. En deuxième lieu, le principe de la présomption d’innocence est également un principe consacré


tant au niveau interne, dans le Code de procédure pénale et dans la Déclaration droits de l’homme et
du citoyen de 1789, qu’au niveau international, dans la Convention européenne des droits de
l’homme ou la déclaration universelle des droits de l’homme.

Ce principe signifie que la personne poursuivie ou seulement soupçonnée d’avoir commis une
infraction, demeure juridiquement innocente tant que sa culpabilité n’a pas été décidée
définitivement par une juridiction de jugement en matière pénale.

Ce principe se justifie par la volonté d’éviter les erreurs judicaires, de prendre en compte la situation
d’infériorité du mis en cause ou encore la dignité humaine.

Son effectivité se retrouve au sein de différents principes tels que celui de l’impartialité, de
l’indépendance ou de la séparation des fonctions, ou encore les principes selon lesquels la preuve
incombe au demandeur à l’action et le doute profite à l’accusé.
Néanmoins, ce principe fait l’objet de nombreuses atteintes. Ces atteintes peuvent être de faits. Par
exemple, les mesures coercitives, privatives de libertés en cours de procédure, telles que la Garde à
vue ou la détention provisoire, sont une atteinte de fait à ce principe. Mais ces atteintes peuvent
également être réelle dans la mesure ou en droit français, il existe des présomptions de culpabilités
prévues par la loi. Par exemple, l’article 225-6 du Code pénal assimile directement à un proxénète
personne qui vit habituellement avec un individu qui se livre à la prostitution et qui ne peut pas
justifier des ressources correspondant à son train de vie. Toutefois, si ces présomptions de
culpabilités sont admises, leur recours sont limités : recours : il faut qu’il s’agisse d’infraction de faible
gravité, elles ne doivent pas revêtir un caractère irréfragable.

3. Enfin, les droits de la défense sont également un principe protecteur de l’individu. Ce principe
n’est pas précisément défini ni par la loi ni par la jurisprudence, mis à part une décision du Conseil
constitutionnel de 1995 qui énonce que les droits de la défense supposent l’existence d’une
procédure juste et équitable.

La doctrine n’a pas vraiment plus tenté de définir ces droits de la défense.

Mais à défaut de définition, il est possible de rattacher ce principe à d’autres principes, tel que le
principe du contradictoire qui suppose que toutes les parties puissent prendre connaissance des
pièces transmises par l’autre et pouvoir discuter ces pièces transmises au juge, afin d’orienter la
procédure.

Les droits de la défense font également référence au concept d’égalité des armes qui suppose que la
personne inquiétée ait accès aux mêmes droits que l’autorité de poursuite, ou encore à la notion de
procès équitable selon laquelle il ne faut pas que la personne inquiétée se retrouve dans une
situation de nette désavantage par rapport au procureur.

Enfin il faut noter que ce principe suppose une diversité de prorogatives offertes à la personne
poursuivie tels que le droit à la présence d’un avocat, le droit de connaître la nature de la poursuite et
le contenu de son dossier, en vertu de l’article 114 du Code de procédure pénal, le droit aux voies de
recours ou encore le droit de garder le silence.
Q10 : La police nationale et la gendarmerie

Tout d’abord, il existe deux types de police : la police judiciaire (PJ) de la police administrative (PA) :
leurs missions respectives sont exercées par les mêmes individus (police nationale et gendarmerie
nationale).

En effet, la police judiciaire comprend deux corps : la police nationale et la gendarmerie nationale.

1. La police nationale :

L’unité de base de la police nationale est la circonscription de sécurité publique, dirigée par un
commissaire ou un commandant, et dépendant aujourd’hui de la direction départementale de la
sécurité publique, qui sera changée en directions départementale de la police nationale par la loi
LOPMI. Et cette circonscription comprends un commissariat ou un hôtel de police, un service de
sécurité pour les affaires judiciaires de petite importance, notamment composé de service de quart,
et contient également des brigades pour les contentieux de masse. Elle contient en outre les services
de PJ, regroupés au sein des directions interrégionales de PJ.

Au-dessus de tout ça, il y a la DCPJ, sous les ordres directs du ministre d’Intérieur.

Historiquement, la police en France était municipale, de même sous Napoléon. La police était assurée
par les Gardes champêtres, assistés d’agents communaux placés sous l’autorité du maire. A Paris, il y
avait déjà un préfet de police qui dépendait du pouvoir central, donc de l’État.

Progressivement, cette police s’est étatisée notamment pour les villes de plus de 10 000 habitants.
Une loi du 23 avril 1941 centralise l’administration de la police. Désormais deux corps principaux
constituent la police : la sûreté nationale pour la province et la préfecture de Paris. Cette même loi
confie à l’État le soin de recruter et de former son personnel, et donc de créer le statut et la
hiérarchie. La loi 9 juillet 1966 réalise une fusion entre la sûreté nationale et la préfecture de Paris,
les deux formant désormais la police nationale, placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, dont
à la tête se trouve le directeur général de la police national. Cela est tout de même assez relatif.

Classiquement, la police nationale était organisée en 5 directions et encore actuellement, mais elles
n’ont pas toutes la même importance :
 la direction centrale de la police judiciaire : en charge des infractions les plus graves
 la direction centrale de la sécurité publique : assure le maintien de l’ordre et est chargée de
la petite et moyenne délinquance, organisée territorialement en direction pour chaque
département, et est sous l’autorité du préfet.
 La direction centrale de la police au frontière : lutte contre toute forme d’immigration
illégale
 La direction générale de la sécurité interne : Ses missions essentielles sont la lutte contre
l’espionnage, le terrorisme, et en matière de cybercriminalité. Son organisation précise et son
lieu d’exercice sont couverts par le secret de la défense nationale.
 la direction centrale des compagnies républicaine de sécurité (CRS) a pour mission de
renforcer la sécurité sur le territoire lorsque c’est nécessaire
Avec des services à part comme :
 la préfecture de police de Paris : maintien OP Paris et autres départements)
 le service national de la police technique et scientifique dont la compétence est nationale et
dépend de la direction générale de la police nationale.
 La direction de coopération internationale de sécurité vise à l’application à l’étranger de la
politique étrangère de la France en matière de sécurité intérieure.
 l’inspection générale de la Police nationale  (IGPN) est chargée du contrôle de l’ensemble des
policiers en service actifs et des établissements de formations de la police.

La police nationale dispose aussi d’un code de déontologie intégré au sein du code de la sécurité
interne, depuis 2014 :
 Il ressort des textes que la Police nationale garantie les libertés et la défense des institutions
de la République : elle a pour objectif de maintenir la paix, l’OP et la protection des
personnes.

Par ailleurs le policier ou le gendarme est loyal envers les institutions républicaines. Il est
intègre et impartial, et est placé au service du public, avec lequel il se comporte de manière
exemplaire. Il a le respect absolu des personnes. En outre il ne doit employer la force que
dans le cadre fixé par la loi. Par ailleurs, le Code prévoit que le policier ne doit faire subir
aucune violence ou aucun traitement inhumain ou dégradant.

2. La gendarmerie nationale

Initialement nommée la Marée-chaussée en 1991, la gendarmerie représente encore actuellement


une formation militaire, auparavant rattachée au ministère de la Défense. Finalement une réforme
du 1er janvier 2009 rattache désormais la gendarmerie au ministère de l’Intérieur.

L’unité de base est la brigade territoriale (BT), qui a des missions de PJ, de police de la route, de
renseignement judiciaire (enquête), et qui peut recueillir les dépôts de plainte. Elle exerce
essentiellement en zone rurale. Les BT sont regroupées en communautés de brigade, elles-mêmes
réunies en compagnies, dans lesquelles on peut trouver des brigades de recherche.

En revanche, au niveau régional, les gendarmeries sont organisées en section de recherche en charge
de mener des enquêtes en matière d’infractions très graves.

Les deux cadres de base de la gendarmerie sont :

 la gendarmerie départementale
 la gendarmerie mobile, qui est le pendant des CRS et a donc pour but d’assurer le maintien
de l’OP et intervient également en renforts. Elle est organisée en groupements, eux-mêmes
organisés en groupes > escadrons > pelotons.

Au-delà, quelques formations spécialisées des gendarmes existent : la Gendarmerie de l’air, la


Gendarmerie maritime, la Gendarmerie des transports aérien, la Garde républicaine, et au-delà de
cette dernière, le groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) (créé en 1974), et
qui intervient en matière de lutte anti-terroriste
Il y a donc un risque de concurrence entre la police nationale et la gendarmerie nationale.
Q11 : L’officier de police judiciaire
La police judiciaire aujourd’hui comprend deux corps : la police nationale et la gendarmerie
nationale, les deux étant composé d’officiers ou d’agents de police judiciaire, ou depuis la loi du 24
janvier 2023, d’assistants d’enquête, en vertu de l’article 15 du Code de procédure pénale. On va
donc voir les personnes ayant la qualité d’officiers de police judiciaire, puis leur rôle et enfin leur
compétence territoriale.

1. C’est donc l’article 16 du Code de procédure pénale qui indique qui sont les personnes qui ont la
qualité d’officier de police judiciaire. On compte donc parmi eux : les maires et leurs adjoints, les
officiers et gradés de la gendarmerie et les gendarmes comptant au moins 3 ans de service et
nominativement désignés par arrêté du ministre de la justice et du ministre de l’intérieur, les
inspecteurs généraux, sous-directeurs de police active, contrôleurs généraux, commissaires de police
et officiers de police, les fonctionnaires du corps d’encadrement et d’application de la police nationale
comptant au moins 3 ans de services dans ce corps, nominativement désignés par arrêté
interministériel, et les directeurs ou sous-directeurs de la police judiciaire et de la gendarmerie.

À cette liste, il faut ajouter, depuis une loi du 24 janvier 2022, relative à la responsabilité pénale et à
la sécurité intérieure, les officiers de police judiciaire, qui, en vertu d’un nouvel article 16-1 A du Code
de procédure pénale, peuvent conserver la qualité d’officier de police judiciaire dès lors qu’ils sont
habilités pour 5 ans afin de servir au sein de la réserve opérationnelle de la police et de la
gendarmerie nationale, et ce jusqu’à leurs 72 ans. Auparavant, ces retraités n’avaient plus que la
qualité d’agents de la police judiciaire.

Enfin, il faut noter que les fonctionnaires de police, les militaires ou gendarmes ne peuvent exercer
les attributions d’officier de police judiciaire, et donc se prévaloir de cette qualité, que s’ils sont
affectés à un emploi qui comporte cet exercice, c’est-à-dire qu’ils doivent être habilités
personnellement par le procureur général de la Coup d’appel.

2. Sur le rôle des officiers de police judiciaire : l’article 17 du Code de procédure pénal leur prévoit
un rôle particulièrement important, puisqu’ils reçoivent les plaintes, les dénonciations, procèdent aux
enquêtes, qu’elles soient préliminaires ou de flagrance. En outre, les officiers de police judiciaire
peuvent dresser les procès-verbaux ou encore décider d’un placement en garde à vue.

En vertu de l’article 19 du Code de procédure pénale, les officiers de police judiciaire sont soumis au
Parquet : ils doivent informer sans délai le procureur des infractions ont-ils connaissance. Ils
transmettent les procès-verbaux dressés, qui doivent mentionner leur qualité d’officiers de police
judiciaire.

Ils peuvent exécuter les actes d’instruction, c’est-à-dire les commissions rogatoires du juge
d’instruction. Les officiers de police judiciaire ont également le droit d’effectuer des réquisitions
judiciaires, ou en requérir au Parquet. Ils ont la possibilité de de requérir directement au concours de
la force publique pour l’exercice de leurs fonctions.

Sur ce point d’ailleurs, l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure prévoit cinq cas dans lesquels
les policiers nationaux et les gendarmes peuvent utiliser leurs arme, à savoir la légitime défense,
lorsqu’ils ne peuvent pas défendre autrement les lieux qu’ils occupent ou les personnes qui leurs sont
confiées, ou arrêter une personne qui cherche à leur échapper, lorsqu’il y a un refus d’obtempérer
d’un conducteur qui ne peut pas s’arrêter et enfin dans le but d’empêcher une réitération de meurtre
ou de tentative de meurtre.

3. Enfin, l’article 18 du Code de procédure pénale précise les règles en matière de compétence
territoriale des officiers de police judiciaire. En vertu de cet article, ils donc ont compétence dans les
limites territoriales ou ils exercent leurs fonctions habituelles, qui va donc dépendre de leur place
dans la hiérarchie.

L’article 18 prévoit un certain nombre d’extensions de la compétence territoriale. Les officier peuvent
donc se transporter sur toute l’étendue du territoire national. Il faut pour cela qu’il informe le
procureur ou le juge d’instruction, normalement territorialement compétente, ainsi que le procureur
du territoire dans lequel il se déplace.
Q12 : Les agents de police judiciaire et les agents de police judiciaire adjoints

La police judiciaire aujourd’hui comprend deux corps : la police nationale et la gendarmerie


nationale, les deux étant composé d’officiers ou d’agents de police judiciaire, ou depuis la loi du 24
janvier 2023, d’assistants d’enquête, en vertu de l’article 15 du Code de procédure pénale. On va
donc voir les personnes ayant la qualité d’agent de police judicaire ou d’agent de police judiciaire
adjoint.

1. Tout d’abord, les agents de police judiciaire sont visés par l’article 20 du Code de procédure
pénal, selon lequel les personnes détenant cette qualité sont globalement les fonctionnaires qui ne
sont pas des officiers de police judiciaire. Cela peut donc être des militaires de la gendarmerie
nationale autres que les volontaires, n'ayant pas la qualité d'officier de police judiciaire, ou des
fonctionnaires des services actifs de la police nationale, titulaires et stagiaires, n'ayant pas la qualité
d'officier de police judiciaire.

En outre, depuis une loi du 24 janvier 2022, l’article 20-1 prévoit que les agents de police judiciaire à
la retraite peuvent faire partie de la réserve opérationnelle.

Leurs fonctions, également prévues à l’article 20 du Code de procédure pénale, sont de seconder les
officiers de police judiciaire dans l’exercice de leurs fonctions, de constater les infractions et d’ne
dresser leur procès-verbal. Ils peuvent en outre recevoir les déclarations faites par toutes personnes
qui peuvent fournir des indices ou des preuves sur les auteurs de l’infraction. En revanche, ils ne
peuvent en aucun cas décider d’une garde à vue.

Enfin, l’article 21-1 du même code prévoit leur compétence territoriale. Les agents de police
judiciaire ont donc compétence dans la limite territoriale dans laquelle ils exercent leur fonction ainsi
que dans la limite territoriale où l’officier de police judiciaire peut exercer. Ainsi, les agents de police
judiciaire peuvent bénéficier des mêmes extensions de compétences territoriales que les officiers de
police judiciaire, prévues à l’article 18 du Code de procédure pénale. Donc en vertu de cet article, les
officiers, donc également les agents, peuvent se transporter sur toute l’étendue du territoire national,
si l’officier a informé le procureur ou le juge d’instruction, normalement territorialement compétente,
ainsi que le procureur du territoire dans lequel il se déplace.

2. En second lieu, les agents de police judiciaire adjoints sont visés par l’article 21 du Code de
procédure pénale. Ce sont concrètement ceux qui n’ont ni la qualité d’officier, ni la qualité d’agent de
police judiciaire, à savoir par exemple des fonctionnaires des services actifs de police nationale, des
volontaires servant en qualité de militaire dans la gendarmerie, des agents de police municipale ou
encore des militaires servant au titre de la réserve opérationnelle de la gendarmerie nationale.

Leur rôle, au même titre que les agents de police judiciaire, est de seconder les officier de police
judiciaire, en vertu de l’article 21. Ils peuvent donc rendre compte à leur chef hiérarchique des
crimes, délits ou contravention dont ils ont connaissance. Ils peuvent également constater les
infractions à la loi pénale et recueillir tous renseignements ou découvrir les auteurs. Ils ne dressent
pas de procès-verbal sauf pour les contraventions à la route.

S’agissant plus spécifiquement des policiers municipaux, qui sont donc des agents de police
judiciaire adjoints en vertu de l’article 20, l’article 21-2 du Code de procédure pénale prévoit qu’ils
doivent rendre compte de leurs actes au maire, mais aussi immédiatement à tout officier de police
judiciaire territorialement compétent, pour toutes les infractions dont ils connaissance. L’officier de
police judiciaire lui, devra transmettre au procureur de la République.

La création de la police municipale peut provenir d’une décision du Conseil municipal, à l’initiative du
maire. L’objectif est d’assurer les missions confiées au maire, telles que le maintien de l’ordre public.

Les policiers municipaux demeurent des fonctionnaires territoriaux. Leurs pouvoirs sont donc limités :
ils exécutent les tâches relevant de la compétence du maire, dans un ressort territorial limité à celui
de la commune, ou aujourd’hui d’inter communauté, ils sont chargés de l’exécution des arrêtés de
police du maire et peuvent constater par procès-verbaux les contraventions à ces arrêtés ou au code
de la route dès lors que ces infractions ne nécessitent aucune enquête.

Depuis ces dernières années plusieurs projet et proposition de lois marquent une tendance du
Gouvernement à vouloir accroître les pouvoirs des policiers municipaux. À ce titre, une proposition
de loi du 21 juillet 2020 souhaitait faire de ces policiers municipaux des agents de police judiciaire, ou
encore, une loi du 15 mai 2021 pour une sécurité globale prévoyait des prérogatives pour les policiers
municipaux qui les auraient rapprochés des agents de police judiciaire. Mais le Conseil constitutionnel
a systématiquement censuré ces tentatives, en raison du faible niveau de formation qu’ont ces
policiers.

Il faut enfin noter qu’une loi du 15 avril 1999 a, après un long débat, prévu que le préfet peut
autoriser nominativement les policiers municipaux à être armés, lorsque la nature de leurs
interventions et les circonstances le justifient, donc globalement en cas de légitime défense.
Actuellement, 19 307 policiers municipaux sur 24 221 ont l’autorisation de porter une arme.
Q13 : Le contrôle de la police judiciaire

La police judiciaire désigne l'autorité chargée de constater les infractions, d'en rechercher les auteurs
et de rassembler les preuves. Elle comprend deux corps : la police nationale et la gendarmerie
nationale, les deux étant composés d’officier ou d’agent de la police judiciaire, et s’assistants
d’enquête.

Cette autorité disposant de prérogatives importantes pour faire appliquer la loi, et notamment
l’emploi de la force, son contrôle revêt une place importante.

1. Ainsi, depuis un décret du 18 mars 1985, la police judiciaire est soumise au contrôle hiérarchique
de l’inspection générale de la police nationale, soit l’IGPN. Ce décret a été intégré au sein du Code de
la sécurité intérieure, à l’article R434-25. Donc, De manière générale, l’autorité investie du pouvoir
hiérarchique contrôle l’action de ses subordonnés.

Ainsi, le ministre de l’Intérieur est habilité à prononcer des sanctions envers un membre de la police
judiciaire. Ces sanctions doivent être précédées d’enquêtes par l’inspection générale de la police
nationale, sur plainte d’un justiciable.

Le policier mis en cause ne pourra pas invoquer le fait qu’il ne faisait qu’obéir aux ordres, puis qu’en
vertu de l’article R434-5 du Code de la sécurité intérieure, le policier doit obéir aux ordres, sans si
ces ordres sont manifestement illégaux.

En outre, depuis une loi du 23 mars 2019, le législateur a prévu, à l’article 15-2 du Code de procédure
pénale, que l’enquête administrative associe désormais l’inspection général de la justice à
l’inspection générale de la police générale. Ces enquêtes sont décidées par le Garde des sceaux et
seront dirigées par un magistrat.

2. En outre, la police est également soumise au contrôle de l’autorité judicaire, en vertu de l’article
R434-23 du Code de la sécurité intérieure, qui affirme que La police nationale et la gendarmerie
nationale sont soumises au contrôle des autorités désignées par la loi et par les conventions
internationales. En vertu de l’article 13 du Code de procédure pénale, la police judiciaire est dinc
placée sous la surveillance du procureur général et sous contrôle de la Chambre de l’instruction.

L’article 14 du Code de procédure pénale affirme cette soumission en ajoutant que lorsqu’une
instruction est ouverte, la police judiciaire exécute les délégations des juridictions d’instruction et elle
défère à leur réquisition.

Ainsi, tout d’abord, le ministère public a un pouvoir de direction de la police judiciaire, en vertu de
l’article 19-1 du Code de procédure pénal. Cet article précise que la notation de l’officier de police
judiciaire est effectuée par le procureur général et est prise en compte pour toute décision
d’avancement. Cela veut dire que le policier est noté et cette note va présider à son évolution de
carrière.

En outre, ce contrôle du ministère public réside également dans le fait que pour avoir la qualité
d’officier de police judiciaire, il faut être habilité spécialement, être nommé par le Parquet, ce pouvoir
n’appartient qu’au procureur général.
On peut également noter qu’en vertu de l’article 12 du Code de procédure pénale, le procureur de la
république dirige aussi la police judiciaire. Il a par exemple le pouvoir, dans le cadre des enquêtes de
police de prolonger une Garde à vue ou d’autoriser certaines investigations, réquisitions à personne…

Enfin, les article 75 et suivants du Code prévoient que les policiers peuvent décider d’office d’une
enquête préliminaire en cas de suspicion d’une infraction. Cependant ils devront informer le
procureur de l’état d’avancement de cette enquête lorsqu’elle a commencé depuis plus de 6 mois. Le
code prévoit que l’officier de police judiciaire devra prévenir le Procureur de la République dès qu’il a
identifié une personne sur laquelle pèse des indices faisant présumer qu’elle a commis une infraction.

Puis, la chambre d’instruction contrôle également l’activité des officiers de police judiciaire, en vertu
des articles 224 à 230 du Code de procédure pénale.

Cette chambre peut procéder à une enquête portant sur des faits que l’on peut reprocher aux
policiers et elle peut être saisie à ce titre de multiple manière : soit par le procureur général, par le
président de la chambre de l’instruction, ou encore elle peut se saisir d’office.

La chambre d’instruction dispose ainsi d’un certain nombre de pouvoir de sanctions :

Elle peut à ce titre décider qu’un officier de police judiciaire ne pourra plus exercer ses fonctions à
titre temporaire ou définitif, dans le ressort de la cour d’appel ou sur l’ensemble du territoire. Si les
faits sont constitutifs d’une infraction, la chambre d’instruction transmet au procureur de classer sans
suite ou de poursuivre le policier suspecté.

La décision de la chambre de l’instruction est notifiée à l’autorité dont dépend le policier par le
procureur général, et peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Les décisions de la chambre de
suspension des fonctions sont immédiatement exécutoires.

Enfin, depuis la loi du 3 juin 2016, il existe une procédure d’urgence, en cas de manquement
professionnel grave. Ainsi, le président de la chambre de l’instruction peut décider immédiatement
que le policier concerné ne pourra plus exercer ses fonctions, pour une durée maximale d’un mois
pour que la chambre de l’instruction puisse rendre sa décision.
Q14 : Le statut du ministère public

Tout d’abord, en vertu de l’article 64 de la Constitution de 1958 : le Président de la République est


garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire et est assisté par le Conseil supérieur de la
magistrature (CSM) qui intervient au titre de la nomination des magistrats et au titre de l’exercice du
pouvoir disciplinaire.

Le Conseil supérieur de la magistrature est composée de deux formations distinctes, l’une


compétente pour le CSM siège et l’autre CSM Parquet. Au titre de ces deux formations spécifiques, il
existe des différences.

Le CSM siège est présidé par le 1ER président de la Ccass et comprend 5 magistrats du siège, un du
Parquet, un conseiller d’Etat et 6 personnalités qui n’appartiennent ni à l’ordre judiciaire, ni à l’ordre
administratif (qui sont désignés par le PDR, le PAN et le prés du Sénat).

Le CSM Parquet est présidé par le Procureur général auprès de la Cour de cassation et comprend 5
magistrat du Parquet, 1 magistrat du siège, un conseiller d’Etat et 6 personnalités qui n’appartiennent
ni à l’ordre judiciaire, ni à l’ordre administratif (qui sont désignés par le PDR, le PAN et le prés du
Sénat).
Dans ces deux formations, les magistrats eux-mêmes ne sont plus majoritaires.

Le CSM siège fait des propositions pour les nominations des magistrats aux postes les plus
importants. Pour les autres magistrats du siège, ils sont nommés sur avis conforme du CSM et donc
c’est le Garde des Sceaux qui procède au nomination et il devra suivre l’avis conforme du CSM.

Le CSM Parquet dispose d’un pouvoir d’avis simple qui ne lie pas le ministre de la Justice pour toutes
les nominations à des postes du Parquet. Les procureurs généraux sont nommés en Conseil des
ministres. S’agissant du rôle disciplinaire, le CSM donne simplement son avis, les décisions seront
prises in fine par le Grade des Sceaux. Les magistrats du Parquet sont donc dépendants au Garde des
Sceaux, en raison de la souveraineté à l’Etat, cela suppose que seul le GVT qui définit la politique de
la Nation, peut définir la politique pénale nationale (art 30CPP )

Avant le ministre pouvait donner des ordres dans des affaires particulières, par l’intermédiaire du
procureur générale qui devait transmettre au procureur de la république  Ce pouvoir a disparu
dans un objectif de faire disparaitre toute soumission des parquetiers au pouvoir politique.

Pour certains auteurs, il est légitime de considérer que les magistrats du parquet soit subordonné par
le GVT car c’est lui qui a la charge de définir la politique pénale. Cependant le code de procédure
pénale lui-même prévoit des atténuations aux procédures pénales prévu par le GVT. art 35 CPP : les
instructions générales peuvent faire l’objet d’aménagement par le procureur général au regard du
contexte propre à son ressort. Ou encore à l’Art 39-1 CPP

La question de l’indépendance du Parquet pose tjrs question, lors de l’adoption de la loi du 14 avril
2011, le législateur a maintenu le mécanisme antérieur d’un contrôle judiciaire de la GAV par le
procureur et non par un magistrat du siège, ce qui veut dire que la France sera à nouveau condamnée
dans les années à venir par la CEDH pour les mêmes raisons (pb d’indépendance des magistrats) …

Q15 : Les caractères du ministère public

Tout d’abord, les magistrats du parquet, reçoivent des ordres de leurs supérieur hiérarchique. En
effet, le Garde des Sceaux est le Chef du ministère public, et donne donc des instructions générales.

Le Procureur général, lui, veille à l’application pénale de son ressort et veille au bon fonctionnement
des Parquets de son ressort. Dès lors, il anime et coordonne l’action des Procureurs de la république
en matière de répression et de préventions des infractions. Il peut, également, donner des
instructions individuelles au Procureur de la République de son ressort d’engager ou non des
poursuites et de saisir telle ou telle juridiction.

De plus, les Procureurs de la République ont autorités sur leurs substituts et sur les Officiers du
Ministère Public, qui représente le Ministère Public devant les tribunaux de Police. Cette
subordination entraine pour le subordonné de toujours informer son supérieur hiérarchique direct.

Dès lors, un manquement à l’obéissance peut entrainer des sanctions disciplinaires, d’autant plus
que les magistrats du Parquet ne sont pas indépendants, soit amovibles et révocable. Si le magistrat
estime que la sanction est contestable alors il ne pourra pas le faire car le CE dans un arrêt d’ORLY du
26 juin 1953 a estimé que le REP était irrecevable car le CE s’estime incompétent pour examiner ce
recours en raison de la séparation des pouvoirs. Donc les magistrats du Parquet sont soumis au
pouvoir discrétionnaire du ministre.

En outre, cette subordination connait des limites, car le Procureur de la République est investi d’un
pouvoir propre. Ainsi, s’il décide de poursuivre le Procureur Général de la CA, cette poursuite restera
valable, sans remise en cause de la poursuite. Également, les magistrats du Parquet doivent dans
leurs conclusions écrites se conformer aux ordres qu’ils ont reçu de leur supérieur. Cependant, à
l’oral, ce subordonné peut librement exprimer ses convictions personnelles et donc se délier de ses
conclusions écrites.

De plus, les magistrats sont juridiquement considéré comme une seule et même personne. Le
magistrat qui agit, le fait au nom du Parquet tout entier, au nom du Ministère Public en général. S’il
déclenche des poursuites mais échue dans les démonstrations de la preuve, l’individu ne peut pas se
retourner contre le parquet pour demander des réparation.

D’ailleurs, l’irresponsabilité n’est pas absolue, car les magistrats peuvent voir leurs responsabilités
civiles mises en jeu par une procédure de « prise à parti ». La victime pourra, ainsi, assigner l’Etat
devant une juridiction de l’ordre judiciaire et l’Etat disposera d’une action récursoire contre le
magistrat fautif.

Les magistrats du parquet et du siège peuvent commettre des fautes disciplinaires, c’est l’ordonnance
du 22 décembre 1958, qui prévoit les sanctions encourues.

Depuis la réforme de 2008, l’art 50-3 prévoit désormais que tout justiciable peut saisir lui-même le
Conseil supérieur de la magistrature, s’il lui apparait que le comportement du magistrat du siège
constitue une faute disciplinaire. L’art 63 de l’ordonnance présente la même faute disciplinaire pour
les magistrats du parquet.

Enfin, la plainte ne peut être dirigé contre un magistrat lorsque le Parquet demeure chargé de la
procédure, on ne pourra agir que lorsque la procédure en cours sera finie.
Q16 : Le rôle du ministère public

Tout d’abord, il est à la charge du Ministère Public de déclencher l’action publique. La loi du 5 mars
2007 a inséré un article 39-2 au CPP qui confie un nouveau rôle au magistrat du parquet en matière
de prévention.

Dans un premier lieu, le Ministère public est une autorité de poursuite. Et, la mise en œuvre, en
mouvement de l’action publique est l’acte initial de la poursuite pour saisir une juridiction de
jugement ou d’instruction.

Ainsi, l’exercice de l’action publique comprend l’ensemble des actes par lesquels l’action une fois mise
en mouvement se poursuit jusqu’à la décision définitive rendue par la juridiction de jugement. Cet
exercice consiste le plus souvent dans des réquisitions prises par le Procureur durant toute la
procédure. Seul le Ministère Public est compétent pour exercer cette action. A côté de cela, il peut
s’ajouter une intervention de la victime qui souhaite obtenir réparation, mais elle n’exerce pas
d’action publique. De plus, ce sont les magistrats du parquet qui vont prendre la décision, dès lors le
Ministère Public est une partie au procès.

En effet, le Parquet est une partie originale du procès pénal, le magistrat agit au nom de la société. Le
Procureur est toujours parti principale au procès, ce qui n’est pas le cas de la victime qui n’est
qu’accessoire. Le MP, quant à lui, peut être représenté devant certains contentieux civils (bigamie).

Le Ministère Public bénéficie que certaines prérogatives : c’est le demandeur au procès pénal, il
requiert l’application de la loi ainsi qu’une peine. Au-delà, il dispose d’un nombreux droits durant
l’instruction et l’audience de jugement.

 Lors de l’instruction : le Procureur dispose d’un pouvoir de direction sur l’instruction, et


a une influence sur celle-ci. Le procureur devra aussi donner son avis en cas de « main
levé » (abandon du contrôle judiciaire) et en cas de détention provisoire (décidé par le
juge de la détention et de la liberté). Le procureur devra présenter ses réquisitions, y
compris quand le mis en examen lui-même demande une mise en liberté. Lorsque le juge
des libertés et de la détention ou le juge d’instruction décide de la mise en liberté du mis
en examen, le Parquet peut interjeter appel de l’ordonnance de ce juge en saisissant le
1er Président de la CA via un référé détention.

Le Procureur peut requérir, du juge d’instruction, tous les actes utile à la manifestation de la vérité.
Mais, le juge d’instruction peut refuser de le faire. Le Procureur assiste aux interrogatoires et
confrontations de mise en examen.

 C’est le seul à pouvoir demander la réouverture de l’instruction pour charges nouvelles. La


partie civile ne pourra pas interjeter appel des ordonnances portant sur la détention
provisoire.

Pendant l’audience, le procureur va présenter ces conclusions à l’audience, dans le cadre d’un
réquisitoire oral, qui va contenir l’exposé des faits, des preuves recueillit pendant l’enquête et au
regard de ces éléments, il va demander à la juridiction d’entrer dans une voie de condamnation
(requérir une peine) ou demander la relaxe de la personne poursuivit, ou une dispense de peines, au
regard des éléments du dossier.
Le magistrat du ministère public doit être présent à l’audience et à la lecture de la décision par le
Tribunal. Il peut interjeter appel, et a la possibilité de demander à la CA de prononcer une peine plus
sévère que celle qui a été prononcé en première instance. Le Parquet est chargé de l’exécution des
peines et toutes exécutions de justice en matière pénale.

De plus, étant une partie principale au procès, le MP doit être représenté au sein de toute juridiction
pénale. Ainsi, lors des juridictions pénales de droit commun, les fonctions du MP sont exercées par
les personnes cité aux articles 45 et suivants du CPP.

Devant, la Cour de cassation, le MP est une partie jointe au pourvoi, sauf dans le cas où le pourvoi en
cassation est formé dans l’intérêt de la loi et dans ce cas il est demandeur. En bref le Parquet n’exerce
pas l’action public devant la Cour de cassation, il va simplement donner son avis.

En outre, lors des juridictions pénales spécialisées, la Haute Cour est compétente pour juger le PDR
en cas de manquement ç ces devoirs. Elle est composée de parlementaire.

La Cour de justice de la république est compétente pour juger les membres du GVT pour crime et
délit exercé durant l’exercice de leurs fonctions. Et, c’est le Procureur général près de la Cass qui
représente le parquet.

En effet, on remarque une spécialisation des parquets par regroupement de spécialisation « de
fait ». Par ailleurs le législateur a consacré à plusieurs reprises des spécialisations de certains Parquet
au niveau national, tel est le cas ne matière économiques et financières. Deux lois du 6 décembre
2013, à la suite de l’affaire CAHUZAC, ont créé le Parquet National financier, avec le Procureur de la
République financier à sa tête.

 Pour être nommé PRF, ce magistrat devra occuper au jour de sa nomination les fonctions
d’avocat général auprès de la Cour de cassation ou avoir été concomitamment à ce poste.

Il est compétent en matière d’escroquerie sur la TVA, dispose d’une compétence concurrente avec le
Procureur local, il est compétent en matière de délit d’initié et de manipulation des cours de la
bourse, ainsi TJ de Paris qui est toujours compétent.

Enfin, la loi Beloubé de 2019 a crée le Parquet nation anti-terroriste compétent pour la poursuite
des crimes et délits terroriste, ainsi qu’en matière de crime contre l’humanité et crime de guerre. Le
principe en matière terroriste est la centralisation des affaires, à Paris.
Q17 : Pôles d’instruction et collégialité

Tout d’abord, la juridiction d’instruction est celle du premier degré. Dès lors, le juge d’instruction
constitue un juge du tribunal judiciaire, statuant à juge unique. Lorsqu’il existe plusieurs Tribunaux
judiciaire dans un même département, un décret peut fixer la liste des tribunaux dans lesquels il n’y a
pas de juge d’instruction.

En effet, une loi du 5 mars 2007, a modifié sensiblement les modalités de désignation du juge
d'instruction lorsqu’une information (synonyme d’instruction) est ouverte par le parquet. Ceci dans le
but de renforcer l’équilibre de la procédure pénale, qui était destinée à corriger les
dysfonctionnement constatés lors de l’affaire d’Outreau.

Ainsi, il était prévu que les juges d’instructions soient regroupés dans des pôles de l’instruction et que
l’instruction deviendrait collégiale.

Alors, les règles relatives aux pôles de l’instruction sont entrées en vigueur le 1er mars 2008.
Contrairement à la collégialité, qui elle, n’a sans cesse été reportée. Et c’est finalement, une loi du 18
novembre 2016-17 qui a définitivement abandonné la collégialité de l’instruction en raison des
considérations économiques et des difficultés à mettre en œuvre cette réforme.

Concernant le pôle de l’instruction, l’article 52-1 al.3 CPP prévoit que dans certains TJ, les juges
d’instruction sont regroupés au sein d’un pôle de l’instruction. En pratique, il y a aujourd’hui 92 pôles
de l’instruction.

 Les juges d’instructions composant un pôle de l’instruction sont seuls compétents pour
connaître des informations en matière criminelle et des informations donnant lieu à une
co-saisine.

L’article 80 CPP prévoit que le juge d’instruction doit être saisi par le procureur de la République
pour pouvoir instruire. En matière criminelle, ou dans le cas où il requiert une co-saisine, le Procureur
de la République près du TJ où il n’y a pas de pôle d’instruction est compétent pour requérir
l’ouverture d’une information devant les magistrats du pôle territorialement compétents pour les
infractions relevant de sa compétence.

Le réquisitoire introductif peut être pris par le Procureur de la République au sein duquel se trouve le
pôle d’instruction qui est à cette fin territorialement compétent sur l’ensemble du ressort de
compétence de ce pôle, y compris pour diriger et contrôler les enquêtes de police judiciaire.

 Disposition tendant à créer des « supers procureurs » dans les juridictions où il y a un pôle de
l’instruction, et dont la compétence territoriale est élargie. Les juridictions initialement
compétentes traiteront l’affaire si à la fin de l’instruction l’affaire est renvoyée pour être
jugée.

La co-saisine est prévu lorsque la gravité ou la complexité de l’affaire le justifie. Elle consiste pour le
président du tribunal judiciaire dans lequel il existe un pôle de l’instruction à désigner, dès l’ouverture
de l’information, soit d’office, soit si le procureur de la République le requiert dans son réquisitoire
introductif, un ou plusieurs juges d’instruction pour être adjoints au juge d’instruction chargé de
l’information. Il est prévu qu’à tout moment de la procédure, le président du tribunal judiciaire peut
désigner un ou plusieurs juges d’instruction cosaisis soit à la demande du juge chargé de
l’information, soit, si ce juge donne son accord, d’office ou sur réquisition du ministère public ou
encore sur requête des parties.
Si l’information est ouverte dans un tribunal sans pôle de l’instruction, le Président du TJ désigne le
juge d’instruction chargé de l’information ainsi que le juge cosaisis, après que le juge d’instruction
initialement saisi s’est dessaisi au profit du pôle.

L’article 83-2 CPP prévoit qu’en cas de co-saisine, le juge d’instruction chargé de l’information
coordonne le déroulement de celle-ci. Il a seul qualité pour saisir le juge des libertés et de la
détention, pour ordonner une mise en liberté d’office et pour rendre l’avis de fin d’information prévu
par l’article 175 et l’ordonnance de règlement. Toutefois, cet avis et cette ordonnance peuvent être
cosignés par le ou les juges d’instruction cosaisis.

Dès lors, le système des pôles de l’instruction, assez complexe à mettre en œuvre, n’instaure pas
une collégialité de l’instruction, même en cas de co-saisine. Il permet seulement de rompre la
solitude du juge d'instruction pour les affaires criminelles et les affaires délictuelles graves. Et, la co-
saisine ne s’impose pas nécessairement en matière criminelle.
Q18 : Le juge des libertés et de la détention

Le juge des libertés et de la détention est une juridiction créée par la loi du 15 juin 2000, dans le but
de restreindre les pouvoirs du juge d’instruction (retirer le pouvoir de placer en détention
provisoire).

Depuis la loi organique du 8 août 2016, le juge des libertés et de la détention dispose d’un statut de
juge spécialisé. De plus, les magistrats du 1er grade ou hors hiérarchie peuvent être nommées aux
fonctions de JLD. C’est un magistrat expérimenté.

Au moins un JLD par TJ, et il peut en avoir plusieurs puisque la loi ne l’interdit pas. De plus, le juge
des libertés et de la détention ne peut, à peine de nullité, participer au jugement des affaires pénales
dont il a connu. C’est une règle expresse d’incompatibilité identique à celle prévue pour le juge
d’instruction par l’article 49 alinéa 2.

De plus, le JLD peut être désigné afin d'exercer concurremment ces fonctions dans, au plus, deux
autres tribunaux judiciaires du ressort de la cour d'appel. Et, cette désignation est faite par
ordonnance du premier Président de la CA, et précise le motif et la durée, ainsi que les tribunaux
pour lesquels elle s’applique. Cette désignation ne peut durer que 40 jours au cours de l’année
judiciaire.

En effet, au cours de l’instruction, le pouvoir essentiel du JLD consiste à décider du placement en


détention provisoire des personnes mises en examen et de la prolongation de celle-ci. Il statut dès
lors, après un débat contradictoire public en principe, et par ordonnance motivée. Normalement, le
JLD est saisi par le JI d’une demande en placement en détention provisoire, demande requise par le
Procureur. Mais, en matière criminelle ou pour les délits graves, si le JI ne veut pas saisir le JLD alors le
parquet demande la détention provisoire, le Procureur de la république peut saisir directement le
JLD à certaines conditions.

Règle issue le la loi du 9 mars 2004, rompt la philosophie du système prévue par la loi du 15 juin
2000, voulant lutter contre le trop grand nombre de détentions provisoires. Désormais, l’avis du JLD
suffit.

Le juge des libertés et de la détention peut aussi, inversement, décider la remise en liberté d’une
personne placée en détention, alors que le juge d'instruction aurait refusé cette remise en liberté.

Cependant, le rôle du juge des libertés et de la détention ne s’arrête pas à l’instruction proprement
dite puisqu’il intervient fréquemment pour autoriser des mesures de coercition dans le cadre des
enquêtes de police, comme pour autoriser une perquisition dans le cadre d’une enquête préliminaire
portant sur un crime ou un délit puni d’au moins 3 ans d’emprisonnement.

Enfin, dans des domaines particuliers comme les enquêtes en matière de fraude fiscale, il peut aussi
autoriser des visites domiciliaires. Il possède encore d’autres fonctions en dehors de toute procédure
pénale
Q19 : La cour d’assises

La cour d’assises est la juridiction de première instance compétente pour juger les crimes, qui trouve
son origine dans les idées révolutionnaires. C’est tout d’abord une juridiction départementale qui
siège en principe au chef-lieu du département. Contrairement aux autres juridictions, ce n’est pas une
juridiction permanente en raison de la présence des jurés, juges non professionnels. La cour d’assises
se réunit en effet en session ; il y aura des sessions autant de fois qu’il est nécessaire selon l’article
236 du Code de procédure pénale.

La particularité de cette cour est donc qu’elle est une juridiction collégiale et échevinale, composé
d’une cour et d’un jury. Il s’agira de voir donc son organisation puis les pouvoirs respectifs de la cour
et du jury, et enfin la motivation des décisions de cette cour.

1. Donc tout d’abord, sur son organisation, la cour est formée de trois magistrats professionnels : un
président et deux assesseurs. Mais elle est également formée d’un jury, avec 6 jurés en première
instance et 9 en appel. Sur ce point, il convient jusqu’à une loi du 15 juin 2000, les décisions de la cour
d’assises échappait au principe du double degré.

Les jurés appelés à se prononcer sur la culpabilité de l’accuser doivent remplir certaines conditions
d’aptitudes, à savoir être un citoyen français, âgé de plus de 23 ans, sachant lire et écrire en français ;
ne pas être frappé d’interdiction des droits civils, politiques et familiaux, et enfin, ne pas exercer une
fonction incompatible avec celle de juré. Dans certaines hypothèses, certaines personnes remplissant
ces conditions pourront être dispensées, à leur demande, des fonctions de jurés.

En effet, les jurés sont nommés, et ce par une procédure de désignation complexe. Tout d’abord, une
liste annuelle est établie au niveau départemental par tirage au sort à partir des listes électorales des
communes. Cette liste comprend un juré pour 1300 habitants. Ensuite, est constitué une liste de
session par tirage au sort, de 35 jurés, et de 10 jurés suppléants, 30 jours au moins avant l’ouverture
des assises. Enfin, le jury sera constitué pour chaque affaire par tirage au sort sur cette liste de
session.

2. Ensuite, sur les pouvoirs respectifs de la cour et du jury, au moment de sa création, en 1791, le
jury était un organe indépendant des magistrats, et avait un rôle bien distinct de celui de la cour. En
effet, le jury était juge du fait et décidait uniquement de la culpabilité de l’accusé, tandis que les
magistrats étaient juge du droit et appliquaient la loi d’après la déclaration du jury.

Ce système a beaucoup évolué en raison de sa conséquence qui était un fort taux d’acquittement lié
au fait que les jurés se méfiaient de la sévérité des magistrats et préféraient donc déclarer l’accusé
non coupable. Ainsi, diverses réformes ont abouti au système actuel qui consiste à associer
totalement le jury à la cour proprement dite tant sur la culpabilité que sur la peine, en vertu de
l’article 356 du Code de procédure pénale.

Selon l’article 359, toute décision défavorable à l'accusé se forme à la majorité qualifiée des deux
tiers. Depuis loi Confiance du 22 décembre 2021, il faut 7 voix.

En revanche, selon l’article 362, la décision sur la peine se forme à la majorité absolue, mais le
maximum de la peine privative de liberté encourue ne peut être prononcé qu'à la majorité de sept
voix au moins lorsque la cour d'assises statue en premier ressort et qu'à la majorité de huit voix au
moins lorsque la cour d'assises statue en appel.
Si la majorité requise n’est pas atteinte pour prononcer le maximum de la peine encourue, il ne peut
être prononcé une peine supérieure à trente ans de réclusion criminelle lorsque la peine encourue
est la réclusion criminelle à perpétuité, et il ne peut être prononcé une peine supérieure à vingt ans
de réclusion criminelle lorsque la peine encourue est de trente ans de réclusion criminelle.

En revanche, la décision sur l’action civile et les décisions sur les incidents contentieux, notamment
tout ce qui concerne les questions procédurales, sont prises par la cour sans les jurés.

3. Enfin, depuis une loi du 10 août 2011, la cour d’assises doit rendre des décisions motivées. En
effet, selon l’article 365-1 du Code de procédure pénale, le président ou l’un des magistrats
assesseurs désigné par lui rédige la motivation de l’arrêt.

En cas de condamnation, la motivation consiste dans l’énoncé des principaux éléments à charge qui,
pour chacun des faits reprochés à l’accusé, ont convaincu la cour d’assises. Ces éléments sont ceux
qui ont été exposés au cours des délibérations menées par la cour et le jury en application de l’article
356, préalablement aux votes sur les questions.

La loi du 23 mars 2019 a modifié ce texte et indique désormais que la motivation consiste également
dans l’énoncé des principaux éléments ayant convaincu la cour d’assises dans le choix de la peine. -.

La motivation figure sur un document annexé à la feuille des questions appelé feuille de motivation,
qui est signée conformément à l’article 364. Dans un arrêt du 20 octobre 2021, la Cour de cassation a
rappelé qu’en application de l’art. 365-1, la motivation des décisions de la cour d’assises consiste sur
la culpabilité dans l’énoncé des principaux éléments à charge qui pour chacun des faits reprochés ont
convaincu la cour d’assises et qui ont été exposés au cours des délibérations.

Lorsqu’en raison de la particulière complexité de l’affaire, liée au nombre des accusés ou des crimes
qui leur sont reprochés, il n’est pas possible de rédiger immédiatement la feuille de motivation, celle-
ci doit alors être rédigée, versée au dossier et déposée au greffe de la cour d’assises au plus tard dans
un délai de trois jours à compter du prononcé de la décision.

L’obligation de motivation des arrêts de cour d’assises constitue donc une innovation considérable.
Elle met fin à la suspicion qui pèse sur les cours d’assises de rendre des décisions de condamnation
sans preuves. D’ailleurs, la motivation sera exigée pour les acquittements également. Cependant,
l’obligation de motivation pose toutefois un sérieux problème puisque les votes de la cour d’assises se
font à bulletins secrets, ce qui apparaît comme incompatible avec la rédaction d’une motivation.

Par ailleurs, le texte n’impose pas une motivation précise et exhaustive. On peut en déduire que les
magistrats professionnels vont tenir un rôle prépondérant.
Q20 : Pourvoi en révision et pourvoi en réexamen des condamnations définitives jugées contraires
à la CESDH

Tout d’abord, les juridictions pénales sont placées, comme toutes les autres juridictions judiciaires,
sous le contrôle de la Cour de cassation et, plus précisément sous le contrôle de sa chambre
criminelle. Chambre criminelle qui comprends un président, des conseillers avec des voix
délibératives comme ses conseillers référendaires dans les affaires sur lesquelles ils rapportent, ainsi
que des avocats généraux.

En effet, la chambre criminelle est saisie de 2 sortes de pourvois :

 Tout d’abord, du pourvoi en cassation, soit constater que les juges du fond ont commis ou
non une erreur de droit. En effet, selon l’article 598 CPP, l’objectif est d’éviter de renvoyer
inutilement devant une juridiction de fond.

Or, la chambre criminelle fait une interprétation extensive de ce texte, et refuse de casser lorsque les
juges ont commis une erreur de qualification des faits au motif que la peine prononcée aurait pu
l’être s’ils avaient retenu la bonne qualification

 Ensuite, des pourvois en révision et en révision : avec une distinction de deux types de
recours : le pourvoi en révision stricto sensu, et le recours en réexamen en cas de
condamnation de la décision d’une juridiction française par la CEDH.

Ces deux types de recours connaissaient deux régimes juridiques distinct inscrits aux articles 622 et
s c.pr.pén. pour le pourvoi en révision et 626-1 et s. c.pr.pén., pour le recours en réexamen.

Cette distinction a pris fin par une loi du 20 juin 2014 relative à la réforme des procédures de révision
et de réexamen d’une condamnation pénale. Ceci suite à la création d’une procédure unique formée
devant la seule Cour de révision et de réexamen.

La loi continue malgré tout à distinguer l’hypothèse de la révision de celle du réexamen.

Concernant la révision : l’ancien article 622 issue de la Loi Seznec, prévoyait que la révision pouvait
être demandée dans 4 cas 
 Après une condamnation pour homicide
 Après une condamnation pour crime ou délit
 Un des témoins entendus a été, postérieurement à la condamnation, poursuivi et condamné
pour faux témoignage contre l’accusé ou le prévenu.
 après une condamnation, vient à se produire ou à se révéler un fait nouveau ou un élément
inconnu de la juridiction au jour du procès, de nature à faire naître un doute sur la culpabilité
du condamné.
 Cas élargi par la loi Seznec. Or, le nouvel art. 622 dispose en effet que la révision peut
être demandée lorsque vient à se produire, après une condamnation, un fait nouveau
ou à se révéler un élément inconnu de la juridiction au jour du procès, de nature à
établir l’innocence du condamné ou à faire naitre un doute sur sa culpabilité.

Concernant les cas d’ouverture du recours en réexamen : il s’agit de demander le réexamen d'une
décision pénale définitive en cas de condamnation de la décision interne par la cour européenne des
droits de l'homme.
Il peut ainsi être demandé au bénéfice de toute personne reconnue coupable d'une infraction
lorsqu'il résulte d'un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme que la condamnation
a été prononcée en violation de la CESDH et des libertés fondamentales ou de ses protocoles
additionnels, qui entraine pour le condamné des conséquences dommageables.

Le recours en réexamen est enfermé dans une condition de délai, il doit être demandé dans le délai
de 1 ans à compter de la décision de la CourEDH. En revanche, selon le texte, si la violation de la
convention s’est produite au stade du pourvoi en cassation, le réexamen demeure possible.

La révision ou le réexamen peuvent ainsi être demandés :


 Par le ministre de la justice,
 Par le procureur général près la Cour de cassation,
 Par le condamné ou, en cas d'incapacité, par son représentant légal,
 Après la mort ou l'absence déclarée du condamné, par son conjoint, le partenaire lié par un
pacte civil de solidarité, son concubin, ses enfants, ses parents, ses petits-enfants ou arrière-
petits-enfants, ou ses légataires universels ou à titre universel.

La loi de 2014 crée une nouvelle juridiction nommée Cour de révision et de réexamen, c’est une
émanation de la Cour de cassation. Composée de 18 magistrats (6 de la Cass). Présidée par le
Président de la chambre criminelle. Les 17 magistrats composant la CRR sont nommés pour une
durée de 3 ans renouvelable une fois ( son Pdt pour 10 ans).

Cinq membres de la CRR constituent la commission d’instruction (art. 623-1) qui est chargée
d’apprécier le bienfondé de la demande. La commission peut procéder à toutes recherches,
auditions, confrontations et vérifications utiles. Le demandeur peut d’ailleurs solliciter
l’accomplissement de certains actes si un tiers parait impliqué dans l’infraction. Elle reçoit les
observations, de la partie civile ou de son avocat, du requérant ou de son avocat et celles du
ministère public.

De plus, dans un souci d’impartialité les magistrats ayant déjà connu de l’affaire soit au sein de la
commission, soit au sien de la juridiction ayant rendu la décision qui fait l’objet de la voie de recours,
ne pourront siéger au sein de la CRR.
La procédure devant la CRR est publique, orale et contradictoire. Elle rend un arrêt motivé
insusceptible de recours. Si la CRR estime la demande mal fondée, elle la rejette. Dans le cas
contraire, elle annule la condamnation prononcée.

Pendant la procédure, la commission d’instruction de la CRR peut demander à la Chambre criminelle


de prononcer la suspension de l’exécution de la condamnation pénale frappée du recours. Et le
demandeur peut formuler la même demande qui sera transmisse à la chambre criminelle.

De plus, en matière de réexamen, en cas de renvoi devant la Cour de cassation ou devant une
juridiction du fond, lorsque la suspension de l’exécution n’a pas été prononcée, la juridiction de
renvoie dispose d’un délai d’un an pour statuer conformément aux dispositions de la ConvEDH. A
défaut, le demandeur est mis en liberté. En cas d’innocence du demandeur, il a droit à une
indemnisation intégrale du préjudice matériel et moral que lui a causé la condamnation.
Q21 : Les juridictions pour mineurs

Dans certains cas, il est nécessaire d’avoir recours à des juridictions ayant une composition
particulière, soit pour juger certaines personnes, comme les mineurs, soit pour juger des infractions
particulières. Ainsi, il existe des juridictions spécialisées au jugement des mineurs.

L’ordonnance du 2 février 1945 prévoyait initialement un régime essentiellement orienté vers la


socialisation et d’éducation du mineur. L’idée fondamentale, à la base, est que le mineur commet des
infractions est avant tout un enfant en danger, ce que le conseil constitutionnel avait considéré
comme principe fondamental reconnu par les lois de la République. Cependant, les récentes
modifications de l’ordonnance tendent clairement à atténuer cette spécificité pour traiter les
mineurs.

En octobre 2020, l’ordonnance du 2 février 1945 a été abrogée et remplacée par l’Ordonnance du 11
septembre 2019 portant Code de justice pénale des mineurs. Le Code de justice pénale des mineurs
prévoit donc désormais l’existence de 3 juridictions spécialisées pour les mineurs. Il s’agit donc du
juge des enfants, du tribunal pour enfants, et de la cour d’assises des mineurs. L’article L. 12-1 y
ajoute les juges d’instruction spécialisé et la chambre de l’instruction spécialement composée,
chargés des affaires concernant les mineurs, ainsi que la chambre spéciale des mineurs de la cour
d’appel.

1. Ainsi, en premier lieu, le juge des enfants est un magistrat du tribunal judiciaire nommé par
décret du président de la République sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature et il
ne peut rester dans cette fonction plus de 10 ans.

Ce juge possède des compétences à la fois civiles et pénales, puisque, selon le Code civil, il peut
prendre des mesures d’assistance éducative et selon l’ordonnance de 1945, il a un rôle central dans le
traitement de la criminalité et de la délinquance des mineurs.

Le juge des enfants est en effet compétent pour juger les mineurs auteurs de contraventions de 5 ème
classe et, en principe, de délits. Pour les contraventions des 4 premières classes, le mineur est jugé
par le tribunal de police qui peut prononcer l’amende contraventionnelle ou certaines mesures
éducatives.

Le juge des enfants présente la particularité de cumuler les fonctions d’instruction et de jugement.
Cependant, le procureur peut saisir le juge des enfants ou un juge d’instruction, selon l’article 5 de
l’ordonnance.

La compétence du juge des enfants dépend, en principe, des mesures qu’il va prononcer à l’égard du
mineur.

En vertu de l’article 8 de l’ordonnance, s’il entend relaxer, dispenser de peine ou prononcer des
mesures d’éducation non répressives, il peut le faire seul et en chambre du conseil, c’est-à-dire en
audience non publique. Si le juge des enfants envisage de prononcer des sanctions pénales à l’égard
du mineur, il ne peut le faire lui-même et doit saisir, à cette fin le tribunal pour enfants.

2. En second lieu, le tribunal des enfants est, selon l’article L. 251-3 du Code de l’organisation
judiciaire, présidé par un juge des enfants, qui ne peut pas être celui qui a renvoyé devant le tribunal
le mineur.
Le tribunal pour enfants possède une compétence d’attribution en partie commune avec le juge des
enfants puisqu’il peut aussi juger les contraventions de 5 ème classe et les délits commis par les
mineurs sur renvoi du juge des enfants ou du juge d’instruction.

Ce tribunal est saisi pour prononcer des mesures répressives sans pour autant être obligé de les
prononcer puisqu’il peut aussi prendre des mesures éducatives, en vertu de l’article 2 de
l’ordonnance. En outre, il est aussi chargé de juger les crimes commis par les mineurs de 16 ans qui
ne relèvent donc pas, normalement, d’une cour d’assises des mineurs.

En principe, le tribunal pour enfants est saisi après une instruction. Celle-ci est toujours nécessaire en
matière criminelle. En revanche, alors qu’initialement, l’instruction était aussi toujours imposée pour
les délits, les réformes récentes de l’ordonnance permettent désormais de saisir directement le
tribunal pour enfants. Ainsi, le législateur a créé la procédure de présentation immédiate devant la
juridiction pour mineurs, applicable aux mineurs de 16 à 18 ans à certaines conditions.

La loi du 10 août 2011 permet également au procureur de poursuivre devant le tribunal pour enfants,
selon la procédure de convocation par officier de police judiciaire, soit un mineur âgé d’au moins
treize ans lorsqu’il lui est reproché d’avoir commis un délit puni d’au moins cinq ans
d’emprisonnement, soit un mineur d’au moins seize ans lorsqu’il lui est reproché d’avoir commis un
délit puni d’au moins trois ans d’emprisonnement.

Il faut cependant que le mineur ait déjà été poursuivi selon une procédure ordinaire de l’ordonnance
de 1945, sans être nécessairement récidiviste et il faut également qu’il n’y ait pas d’investigations à
réaliser sur les faits ni sur la personnalité du mineur.

3. La Cour d’assises des mineurs est quant à elle compétente pour juger les crimes commis par les
mineurs âgés, au moment des faits, de 16 à 18 ans.

Elle peut également juger les crimes et délits commis par le mineur avant qu’il ait atteint l’âge de
seize ans révolus lorsqu’ils forment avec le crime principalement poursuivi un ensemble connexe ou
indivisible. Cela suppose donc que le mineur ait commis un crime ou un délit avant 16 ans et qu’il ait
commis un crime après 16 ans. Il pourra être renvoyé pour le tout devant la cour d’assises des
mineurs.

4. Ensuite, la cour d’assises des mineurs peut juger des faits commis par des majeurs si ces derniers
étaient coauteurs ou complices du mineur mais le juge d’instruction peut aussi renvoyer séparément
les majeurs devant la cour d’assises classique. La spécificité essentielle de la cour d’assises des
mineurs est l’absence de publicité des débats, principe applicable devant toutes les juridictions pour
mineurs. 

5. Il existe enfin une chambre spéciale de la Cour d’appel pour juger les appels formés contre les
décisions de toutes les juridictions pour mineurs du premier degré. Elle a aussi une compétence civile
en matière d’assistance éducative.
Q22 : La Cour de justice de la République

En effet, la Cour de justice de la République est une juridiction pour les membres du Gouvernement.

Le Président de la République n’est pas concerné par cette juridiction. En effet, selon l’article 67 de la
Constitution, il n’est pas responsables des actes accomplis en cette qualité.

Toutefois, l’article 68, institue une procédure politique de destitution lorsque le président commet
un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat.
Destitution prononcé par le Parlement constitué en Haute Cour saisie pour des faits ne constituant
pas des infractions pénales.

Donc, la Constitution prévoit une véritable juridiction pénale : la Cour de Justice de la République.
Cette juridiction a été créée par une loi constitutionnelle du 27 juillet 1993 et se compose de 12
parlementaires élus par l’AN et le Sénat, ainsi que 3 magistrats du siège de la Cass dont l’un est
président.

De plus, le MP est exercé par le Procureur Général de la Cass, assisté d’un 1er avocat et de deux
avocats généraux qu’il désigne.

En effet, cette cour est compétente pour juger les membres du gouvernement pour les infractions
commises dans l’exercice de leurs fonctions. Ainsi, toute personne qui se prétend lésée par un crime
ou un délit commis par un membre du gouvernement dans l’exercice de ses fonctions peut porter
plainte auprès d’une commission des requêtes.

Cette commission des requêtes, composée de 3 magistrats du siège de la Cour de cassation, de 2


conseillers d’Etat et de 2 conseillers maîtres à la Cour des comptes, désignés pour 5 ans, ordonne
soit le classement de la procédure, soit sa transmission au procureur général près la Cour de
cassation aux fins de saisine de la cour de justice. Elle fonctionne finalement comme une instance de
filtrage en appréciant en droit et en opportunité la suite à donner à la procédure.

En cas de poursuite de la procédure, une commission d’instruction est saisie, et se compose de 3


magistrats du siège de la Cass. Cette commission peut procéder à tous les actes qu’elle juge utiles à
la manifestation de la vérité selon les règles édictées par le CPP et spécialement celles relatives aux
droits de la défense. Cette commission instruit en vertu d’un réquisitoire du procureur général près la
Cour de cassation, contre personne dénommée, soit à la suite de la décision de la commission des
requêtes, soit, quand il agit d’office comme il en a le pouvoir, avec l’avis conforme de cette
commission. Dès lors, dans ce domaine, elle a les pouvoirs du juge d’instruction.

Quand l’instruction lui paraît terminée, la commission d’instruction communique le dossier au


procureur général pour qu’il prenne ses réquisitions, et les membres du G mise en examen et leurs
avocats en sont avisés.

La commission peut ensuite prononcer un non-lieu ou au contraire ordonner le renvoi de l’affaire


devant la Cour de justice de la République. Les arrêts de la commission d’instruction peuvent faire
l’objet de pourvois en cassation qui sont portés devant l’assemblée plénière de la cour de cassation.

Enfin, Les règles du CPP concernant les débats et le jugement sont applicables devant la cour de
justice de la République. Celle-ci statue sur la culpabilité puis sur la peine à bulletins secrets. Ses
arrêts peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation qui est porté devant l’assemblée plénière
Q23 : Les principes régissant la compétence territoriale

Tout d’abord, les juridictions possèdent une compétence sur une partie du territoire français
seulement. L’article 113-2 du code pénal pose un principe de territorialité. Dès lors, la loi pénale
française, y compris celle de la procédure, s’applique à toutes les infractions commises sur le
territoire de la République ou encore toutes les infractions réputées commises en France (élément
constitutif réaliser en France, pareil pour tous les navires qui battent batillons français et aéronef
immatriculé en France).

En effet, il y a plusieurs critères de rattachement qui varient en fonction de la personne.

 Critère relatif à la personne physique :


 S’agissant des crimes et délit, les textes applicables se réfèrent à la compétence des
différents acteurs (art 43 CPP, Art 52 CPP, 382 CPP)
 Critère du lieu de commission des faits, critère du lieu de l’arrestation de la personne,
critère du lieu de résidence de la personne impliquée, ou le critère du lieu de détention
de la personne lorsque l’auteur des faits est dit DEPAC « détenue pour d’autre cause »
(crée par la loi du 9 mars 2004)

Une exception est, tout de même, prévu par l’article 382 CPP qui prévoit une règle spécifique de
compétence territoriale en matière de délit d’abandon de famille. Le tribunal compétent peut être
le tribunal du domicile ou de la résidence de la personne qui devait recevoir une pension
alimentaire.

S’agissant des contraventions : le lieu de commission de l’infraction, le lieu de la constatations de


l’infraction et le lieu du lieu où réside le prévenu

 Les critères relatifs à la personnes morales (art 706-42 CPP) : Lieu de commission de
l’infraction ou encore le lieu du siège sociale de la personne morale : ce critère peut poser
problème car il n’est pas rare qu’une personne morale dispose de plusieurs établissement.
Bizarrement le code ne prévoit pas de règles spécifiques et la JP n’a jamais été saisit de la
question.

Le code pénal prévoit que la loi pénale française et les juridictions françaises peuvent être
compétente alors même que l’infraction a été commise à l’étranger. Le code pénal retient un double
système :
- personnalité active (dans ce cas la loi française est applicable en raison de la nationalité
française de l’auteur, pour tous les crimes, délits commis par un Français à l’étranger dès
lors qu’il y a une double incrimination (punissable à l’étranger et en France))
- et personnalité passive (la juridiction française sera compétence en raison de la nationalité
française de la victime au moment des faits).

L’art 113-8 CP prévoit que la poursuite des délits commis à l’étranger par un auteur français ou sur
une victime française suppose une plainte préalable cependant il est fait exception à cette exigence
lorsque la poursuite est exercée devant une juridiction pénale qui dispose d’une compétence
territoriale spécialisée.
La loi française est aussi compétente pour les crimes et délits punit d’au moins cinq ans
d’emprisonnement commis à l’étranger par un étranger qui s’est réfugié en France et dont
l’extradition a été refusé par la France.

De plus, lorsque la sanction porte atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou l’état ou la paix
publique ou lorsqu’il s’agit de crime ou de délit commis à l’encontre des agents diplomatique ou
locaux diplomatiques français. Pour toutes ces infractions le critères de rattachement est compliqué.
Il faut se référer à l’article 693 du CPP 
Q24 : Connexité, indivisibilité et renvoi

La compétence territoriale détermine la juridiction devant être saisie d'une affaire en fonction de
critères de localisation géographique. Il existe certaines exceptions aux principes de compétence
territoriales, nécessaire pour les intérêts de la bonne administration et de la bonne justice. Ainsi, la
connexité, l’indivisibilité et le renvoi font partie de ces exceptions.

1. Ainsi, en premier lieu, l’article 203 du Code de procédure pénale définit et listes les infractions
connexes. Ainsi, le lien de connexité existe soit en raison d’une unité de lieu ou de temps entre les
différentes infractions, soit en raison d’une unité de but criminel, même si la commission ne se fait
pas au même endroit ou en même temps, soit en raison d’un rapport de causalité entre les
infractions : l’une est commise afin de réaliser l’autre.

La Cour de cassation adopte une position extensive de cet article et indique que la liste qu’il dresse
n’est pas limitative : il suffit pour la Cour que les juges découvrent entre les différents faits des
rapports étroits qui sont analogues à ce prévu par ce texte.

La connexité constitue une exception aux règles de compétence territoriales puisque sa conséquence
directe est une extension de la compétence territoriale au profit de la juridiction saisit. Par exemple,
si le tribunal judiciaire de Lille est saisi par une personne de son ressort, mais des complices ont
commis des actes similaires dans le ressort d’autres juridictions, le tribunal judiciaire de Lille restera
saisi et pourra juger toute l’affaire. Si d’autres juridictions avaient été saisi, il pourra y avoir jonction
des procédures.

Une autre conséquence de la connexité concerne la prescription de l’action publique puisqu’un acte
de procédure concernant l’une des infractions aurait pour conséquence d’interrompre le délai de
prescription de l’action publique de toutes les autres infractions connexes.

2. Ensuite, l’indivisibilité est plus large que la connexité, mais le législateur n’a jamais défini cette
notion. Il y a indivisibilité lorsque la même personne commet plusieurs infractions dans des ressorts
différents ou bien lorsque la même infraction est commise par des personnes différentes, qui ont agi
dans des ressorts différents. Cette indivisibilité dépend surtout de l’appréciation des juges et elle
produit les mêmes effets que la connexité.

3. En troisième lieu, la loi prévoit que certaines situations impliquent le dessaisissement d’une
juridiction valablement saisit au profit d’une autre, laquelle n’est normalement pas compétente
territorialement. Il s ‘agit du renvoi.

Il existe différentes causes de renvoi.

Ainsi, l’article 662 du Code de procédure pénale prévoit le renvoie pour cause de suspicion légitime.
Cela signifie la Chambre criminelle de la Cour de cassation, saisie par le ministère public, les parties
privées, ou le procureur général, peut dessaisir et renvoyer l’affaire à une autre juridiction de même
ordre, dès lors qu’existe une suspicion légitime relative de partialité qui pèse sur la juridiction saisit

L’article 655 du Code prévoit le renvoi pour cause de sureté public, qui peut être ordonné par la
chambre criminelle. Ensuite, l’article 665-1 prévoit le renvoi pour cause d’interruption du cours de la
justice ou d’impossibilité de constituer la juridiction normalement compétente. Enfin, l’article 664 du
Code de procédure pénale prévoit le renvoi pour l’hypothèse d’une personne détenue à la demande
du ministère public.
Q25 : La compétence matérielle (principes et exceptions)

Lorsqu’une juridiction est saisie, se pose la question de savoir si elle est compétente en raison des
faits commis. Il s’agit de la compétence ratione materiae, soit la compétence matérielle.

Pour rappel, selon la classification tripartite des infractions, les cours d’assises sont compétentes pour
juger des crimes, les tribunaux correctionnels pour juger des délits, et les tribunaux de police pour
juger des contraventions.

1. En principe, les juridictions sont d’abord saisies de fait, soit in rem, et non d’infractions même s’il
est évident que ces faits doivent recevoir une qualification infractionnelle. Les juridictions saisies ne
peuvent jamais statuer sur d’autres faits que ceux dont elles sont saisies et ne peuvent pas
s’autosaisir.

Le code prévoit à l’article 675 que la juridiction de jugement peut juger d’office les faits.

Cependant la requalification des faits est possible. En effet, la juridiction de jugement ne peut pas
relaxer au motif que les faits ne correspondent pas à la qualification des actes retenues dans l’acte de
poursuites. Mais dans certains cas la requalification n’est pas possible. C’est le cas des infractions de
presse, tels que pour les infractions de diffamation ou injure, qui ne peuvent pas être requalifiée en
principe.

En tout cas, dès lors qu’il y a requalification, le juge doit veiller au principe du contradictoire. Il devra
donc informer le prévenu afin qu’il ait le temps de préparer sa défense au titre de la nouvelle
qualification.

2. A ces principes existent des exceptions, légalement prévues, mais également certaines qui sont
consacrées par la jurisprudence.

Ainsi, tout d’abord, quant aux cas d’exceptions légaux, il est prévu que la juridiction peut retenir une
qualification qui ne relève normalement pas de sa compétence, tel que par exemple retenir au lieu
d’un délit un crime, ou l’inverse.

Dans le cas d’une disqualification, soit la qualification d’un fait en une infraction moins grave, alors la
juridiction saisie garde sa compétence. C’est le cas par exemple d’un tribunal des conflits qui
requalifie le délit en contravention.

En revanche, dans le cas d’une requalification des faits en fait plus grave, la juridiction initialement
saisie devra se déclarer incompétente et donc charger le ministère public de saisir la juridiction
compétente. C’est le cas par exemple d’un Tribunal de police qui va qualifier des faits en délits et qui
devra donc se déclarer incompétent pour saisir le tribunal correctionnel.

En cas de connexité et d’indivisibilité. Donc par exemple, routier accompagné de plusieurs


contraventions au code de la route. La solution est de donner la compétence à la juridiction saisie
pour l’infraction la plus grave. Par exemple, l’article 382 du Code de procédure pénale prévoit que le
tribunal correctionnel est compétent pour juger le délit et les contraventions connexes. La Cour
d’assise a plénitude de juridiction, elle est toujours compétente en cas de connexité, elle peut tout
juger une fois valablement saisit.
En outre, le principe selon lequel « Le juge de l’action est le juge de l’exception » autorise le juge
pénal à statuer sur des questions qui ne relèvent pas en principe de sa compétence, puisque la
question est de nature administrative ou civile.

2. En outre, la jurisprudence admet qu’une juridiction puisse passer outre les règles de compétence,
afin de juger des faits qui normalement relèvent des faits d’une autre juridiction. Il s’agit de la
correctionnalisation judiciaire.

Cette correctionnalisation est une pratique des Parquets, des procureurs, qui sont en premier lieu en
charge de qualifier des faits. Il s’agit en fait de retirés certains fait, de retenir une qualification moins
sévère que celle prévue par les textes afin d’éviter l’encombrement de la Cour d’assise et de
permettre un jugement plus rapide.

Bien souvent la correctionnalisation judiciaire supposera l’omission d’une ou plusieurs circonstances


aggravantes. Par exemple, plutôt que de retenir un vol avec usage d’une arme, le Parquet peut
préférer vol avec violence, qui relève de la matière délictuelle.

La correctionnalisation ne peut avoir lieu que si toutes les parties au procès l’acceptent. Si l’un des
acteurs à la procédure ne l’accepte pas alors il peut toujours demander à la juridiction de se déclarer
incompétente.

Le législateur est cependant intervenu à plusieurs reprises, notamment par la création des cours
criminelles départementales, permettant d’éviter la correctionnalisation tout en gardant la rapidité
de jugement.

En outre, la loi du 21 avril 2021 prévoit une hypothèse nouvelle de viol, disqualifiant également la
correctionnalisation, à l’article 222-23-1 du Code pénal, selon lequel constitue également un viol tout
acte de pénétration sexuelle commis par un majeur sur un mineur de 15 ans lorsque la différence
d’âge entre les deux est d’au moins 5 ans.

La Cour de cassation dans un arrêt de 2023 a estimé cependant que la correctionnalisation d’un viol
incestueux en agression sexuelle incestueuse ne viole pas les règles applicables en matière de
compétence matérielle car le juge saisit d’un crime de viol mais qui condamne pour délit l’agression
sexuelle, ne statue pas sur des faits dont il ne serait pas saisi.

Le législateur a par ailleurs pu parfois consacrer la pratique de la correctionnalisation, tel que dans
une loi du 9 mars 2004. 
Q26 : Les conflits de compétence matérielle

Les conflits de compétence matérielles concernent les hypothèses où plusieurs juridictions se


considèrent en même temps compétentes en raison de la matière même qui est jugée. Il ne s’agit pas
de conflit entre plusieurs juridictions pénales, mais entre une juridiction pénale et une extra-pénale.

Dans certains cas, l’hypothèse des question préjudicielles, le juge pénal pourra être saisie, mais il
devra renvoyer au juge compétent, donc la juridiction extra-pénale une question particulière. Dans
d’autres cas, il pourra il y avoir conflit entre deux ordres juridictionnel, judiciaire et administratif, qui
amènera parfois le juge pénal à se dessaisir au profit du juge administratif.

1. En principe, le juge pénal est compétent pour statuer sur toutes les questions qui se posent à
l’occasion des faits dont il est saisi, même si elles relèvent a priori d’autres matières.

Cependant, par exception, le législateur prévoit que, pour certaines questions précises, souvent
d’ordre technique, la juridiction pénale ne pourra pas trancher elle-même cette question, qui ne
pourra être tranchée que par le juge normalement compétent. Il s’agit des questions préjudicielles,
qui peuvent être de nature variée.

Ces questions peuvent ainsi être de nature civile. Il existe donc trois cas dans lesquels le juge pénal
doit sursoir à statuer et donc renvoyer cette question au juge civil, qui est exclusivement compétent.

Tout d’abord, l’article 384 du Code de procédure pénale prévoit l’hypothèse où le prévenu invoque
une exception qui porte sur un droit réel immobilier. Ensuite, l’article 39 du Code civil prévoit qu’une
question de nationalité ne peut être tranché que par une juridiction civile ou par la Cour d’assise.
Enfin, l’article 319 du Code civil prévoit que le juge civil est exclusivement compétent en la matière de
délits qui portant atteinte à la filiation et qu’il ne pourra être statuer sur l’action pénale qu’après
jugement passé en force de chose jugé.

Ces questions peuvent également être de droit public. En effet, hormis le cas de l’illégalité de l’acte
administratif, le juge pénal doit sursoir à statuer lorsqu’une question de droit administratif se pose : il
doit donc attendre que le juge administratif tranche cette question.

Tel est le cas lorsqu’il s’agit de savoir si un bien fait partie ou non du domaine public, ou pour une
question portant sur la validité ou non d’un contrat administratif. En outre, le juge pénal ne peut pas
apprécier lui-même la constitutionnalité des lois. Cependant, depuis la réforme constitutionnelle de
2008, la QPC est possible : le justiciable, à l’occasion d’une instance pénale, pourra soulever la
contrariété d’une disposition légale à une règle constitutionnelle.

Enfin, ces questions peuvent toucher au droit communautaire. EN effet, la lecture de l’article 267
Traité sur le fonctionnement de l’union européenne, la Cour de justice de l’union européenne est la
seule compétente pour interpréter le droit de l’Union.

Quoi qu’il en soit, la question préjudicielle doit être soulevée avant toute défense au fond, devant la
juridiction de jugement, sauf la question prioritaire de constitutionnalité, qui peut être soulevée
devant une juridiction d’instruction et ne peut être soulevée devant une cour d’assise.

La question préjudicielle n’est recevable que si elle est de nature à retirer aux faits poursuivis le
caractère d’une infraction. Il faut donc que la question posée ait un lien très étroit avec l’infraction. À
défaut, alors il s’agit de questions dilatoires. Il appartiendra donc à la juridiction pénale d’apprécier le
bien fondée de la question préjudicielle.

Si la question est admise par le juge, le juge pénal fixera un délai dans lequel la personne poursuivie
devra saisir la juridiction compétente. Si le prévenu ne saisit pas la juridiction compétente dans le
délai, alors il sera passé outre la question et l’instance pénale reprendra jusqu’à son terme. Si
l’exception est rejetée par le juge pénal, les débats continuent sans difficulté.

Dans le cas de la QPC, en revanche, ce n’est pas le justiciable qui saisira le Conseil constitutionnel,
mais la juridiction elle-même, qui transmettra à la Cour de cassation, à charge pour cette dernière de
filtrer les QPC pour transmettre à son tour au Conseil.

Enfin, en matière de droit de l’Union, les questions préjudicielles peuvent être présentées à tous les
stades de la procédure, et le juge pénale pourra même saisir d’office la CJUE.

2. En second lieu, en France, les juridictions administratives et judiciaires exercent leurs fonctions sur
le principe de séparation de ces juridictions. Ainsi, l’autorité administrative peut faire respecter ce
principe en réclamant qu’une question qu’elle estime relever de sa compétence, soit soustraite à
l’appréciation du juge judiciaire, notamment répressif. Il s’agit alors des conflits d’ordre
juridictionnels.

Quel que soit le conflit, positif ou négatif, il appartiendra au Tribunal des conflits de trancher, donc de
déterminer, si c’est le juge pénal qui est compétent ou le juge administratif

Il faut alors distinguer les conflits qui portent sur l’action publique de ceux qui portent sur l’action
civile.

Concernant l’action publique, on peut être en face d’un conflit positif lorsque se pose une question
de nature administrative. La juridiction administrative estime qu’elle est compétente et la juridiction
pénale refuse de sursoir à statuer. Dans ce cas, le préfet adresse à la juridiction pénale un déclinatoire
de compétence par lequel il revendique la compétence de la juridiction administrative, et demande
donc au juge judiciaire de se déclarer incompétent. Si celui-ci refuse, le préfet prend un arrêté de
conflit qui aura pour effet de contraindre le Juge judiciaire à sursoir à statuer, et donc de saisir le
tribunal des conflits qui rendra une décision dans un délai de deux mois.

Concernant l’action civile, il peut y avoir hypothèse de conflit dès lors que le juge pénal est saisi
d’une infraction commise par un agent public, infraction ayant entrainé un ou plusieurs dommages.
Le principe est que l’État est responsable. Le Juge judiciaire ne pourra donc pas condamner
civilement l’auteur du dommage, sauf en cas de faute détachable du service. Pour l’action civile, le
conflit pourra toujours être élevé, sauf dans deux hypothèses, ou le Juge judiciaire est toujours
compétents, selon la loi. Tel est le cas pour réparer les dommages causés par un véhicule appartenant
à une personne morale de droit public. Également, les juridictions judiciaires sont seules compétentes
en matière d’atteinte à la liberté individuelle.
Q27 : Les demandeurs à l’action publique

L'action publique est l'action en justice portée devant une juridiction répressive pour l'application des
peines à l'auteur d'une infraction. Ainsi, le défendeur à l’action publique est donc par principe la
personne poursuivie.

Les demandeurs à l’action publique en revanche sont visés par l’article 1 su Code de procédure
pénale, et peuvent être le ministère public, ce qui est l’hypothèse la plus courante, mais également
certaines administrations dans certains cas définis par la loi.

1. Pour ce qui est, en premier lieu, du ministère public : il joue plusieurs rôles dans le cas de la
poursuite pénale.

Il est donc tout d’abord l’autorité de poursuite. C’est-à-dire qu’il dispose du pouvoir de déclencher
l’action publique et peut le faire en presque toute liberté.

En effet, en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale, le principe gouvernant l’action du


ministère public est celui de l’opportunité des poursuites. Ainsi, le parquet n’est pas contraint de
poursuivre dès lorsqu’il est saisi de faits constituant une infraction il peut également décider de
classer sans suite.

Toutefois, ce principe est limité par l’existence du recours hiérarchique, prévu par l’article 36, et
permettant au procureur général de la Cour d’appel d’enjoindre le procureur de la République
d’exercer des poursuites dans telle affaire. En outre, une loi du 9 mars 2004 a créé un article 40-1 du
Code de procédure pénale, assouplissant ce principe. Concrètement, le procureur, lorsqu’il est saisi
de faits constituant une infraction, devra d’abord mettre en œuvre les poursuites. S’il ne souhaite pas
déclencher l’action publique, il devra apporter une autre forme de réponse par le biais d’une
procédure alternative aux poursuites, et enfin, de façon exceptionnelle, il pourra décider de classer
sans suite.

En outre, il faut noter que l’opportunité des poursuites subsistent même après le déclenchement de
l’action publique. En effet, cette dernière est par principe indisponible, c’est-à-dire que lorsque le
parquet la déclenche, il ne peut plus l’abandonnée. Cependant, même déjà déclenchée, rien
n’empêche au parquet de requérir à l’audience de non-lieu devant une juridiction d’instruction, ou
encore à la relaxe.

Ensuite, le parquet est également partie au procès pénale, en vertu de l’article 31 du Code. Il est en
effet chargé d’exercer l’action public et donc de requérir l’application de la loi. En ce sens, le parquet
est une partie indispensable au procès pénal, qui ne peut avoir lieu s’il n’est pas présent, et ce même
lorsque l’action publique est exercée par certaines administrations.

Puisqu’il est partie principale au procès, il dispose des même droit que les parties : il peut demander
au juge d’instruction d’effectuer certains actes, il peut faire appel des ordonnances du juge
d’instruction ou du juge des libertés et des peines, ou encore il peut former des voies de recours
contre les décisions rendues par les juridictions du fond.

2. En second lieu, l’article 1 du Code de procédure pénale indique que l’action publique peut
également être mis en mouvement par certains fonctionnaires lorsque la loi le prévoit
expressément. C’est-à-dire que certaines administrations disposent d’un pouvoir concurrent avec le
ministère public au titre de l’action publique.
C’est donc le cas de l’administration des eaux et forêt, en matière d’infractions environnementales, et
de l’administration des ponts et chaussées, en matière de voierie routière, qui ont la faculté de
déclenchement des poursuites est concurrentes à celle du Ministère public.

En outre, l’administration des douanes et l’administration des contribution indirectes peuvent


également déclencher l’action pour l’application des sanctions fiscales. Cependant le procureur de la
République reste, sur ce point, le seul compétent pour demander le prononcé de sanction pénale.

En plus de ces pouvoirs concurrents avec le ministère public, les administrations disposent également
d’un pouvoir de transaction, malgré le principe selon lequel l’action publique est exercée au nom du
corp social et ne peut donc pas faire l’objet de transactions.

En effet, l’article 6 du code de procédure pénale prévoit que la transaction est un mode d’extinction
de l’action publique lorsque la loi le prévoit.

Concrètement, cette transaction consistera le plus souvent dans le paiement d’une somme d’argent,
et d’un certain nombre d’obligations mises à la charge de l’auteur, de réparer le dommage qui
découle de l’infraction, et d’obligations ayant pour but d’éviter la réitération des faits.

Si l’individu n’exécute pas ces obligations, alors l’action publique est déclenchée, et l’individu est
pénalement poursuivi. En cas d’exécution pleine et entière de la transaction, cet accord
transactionnel aura un effet extinctif de l’action publique.

Si l’action publique est déjà déclenchée par le parquet, l’administration ne pourra transiger que si
l’autorité judiciaire est d’accord. Après jugement définitif, il n’y a plus de transaction possible.

Il faut également noter la transaction municipale, prévue à l’article 41-1, qui existait depuis une loi du
31 mars 2006 et n’était pas souvent mis en œuvre. Elle fait actuellement l’objet d’un regain par le
législateur.

Depuis environ 10 ans, le législateur a multiplié ces hypothèses dans lesquelles la transaction est
possible : en matière environnementale, en droit du travail, en matière de discrimination… Cette
possibilité est assez néanmoins souvent critiquée puisqu’elle fonderait une inégalité entre les
justiciables, dans la mesure où permettrait à ceux qui ont les moyens de payer une somme et
d’échapper aux poursuites et aux condamnations pénales, et aussi dans la mesure où l’administration
est seule compétente pour décider de la transaction.
Q28 : L’interruption et la suspension du délai de prescription de l’action publique

L'action publique est l'action en justice portée devant une juridiction répressive pour l'application des
peines à l'auteur d'une infraction. Il existe cependant certains obstacles à la mise en œuvre de l’action
publique, qui sont en fait des causes d’extinction de celles-ci. La principale cause d’extinction de
l’action publique est la prescription, visée à l’article 6 du Code de procédure pénale. Elle consiste en
fait en l’extinction d’une action en justice par l’effet de l’écoulement du temps. Le point de départ de
la prescription et sa durée varient selon que l’infraction est criminelle, correctionnelle ou
conventionnelle.

Quoi qu’il en soit, le délai de prescription peut, dans certains cas, être interrompu ou suspendu.

1. En premier lieu, l’interruption du délai de prescription est le fait de remettre à zéro le délai déjà
écouler à compter de l’acte interruptif. Différents actes d’interruption peuvent se succéder, ce qui
permet d’observer une forme d’imprescriptibilité de fait.

Les causes d’interruption du délai de prescription ont toujours été connues au sein du Code de
procédure pénal : l’article 7 énonçait en effet que la prescription est interrompue par tout acte
d’instruction ou de poursuite.

L’article 9-2 du Code de procédure pénale, issu de la réforme de 2017, précise aujourd’hui qu’il s’agit
de tout acte qui émane du parquet ou de la partie civile, tendant au déclenchement des poursuites,
et de tout acte relatif à l’exercice de cette action publique. Deux arrêts de la chambre criminelle de la
Cour de cassation précisent qu’il n’y a pas de caractère limitatif à l’article 9-2.

Les actes interruptifs de la prescription sont de manière général des actes démontrant une volonté
répressive. Cela pourra donc être tout acte d’enquête émanant du ministère public, tout procès-
verbal dressé par un officier de police judiciaire ou un agent habilité, exerçant des pouvoirs de police
judiciaire ou encore tout acte d’instruction, c’est-à-dire qui émane d’un juge d’instruction, ou de la
chambre de l’instruction. Il peut aussi s’agir de tout jugement ou arrêt même non définitif, sauf si ce
jugement ou cet arrêt est entaché de nullité.

Ainsi par exemple, le soit-transmis qui émane du parquet, par lequel le parquet donne des
instructions d’enquête sont des actes interruptifs. Sont également interruptifs la citation à
comparaitre, les mandats, ou encore une plainte adressée à la police, si elle fait l’objet d’un procès-
verbal qui dénonce une infraction.

A contrario, ne sont pas interruptifs la plainte simple déposée par la victime, une opération
d’expertise, ou encore une demande d’aide juridictionnel.

S’agissant de l’effet de l’interruption, l’article 9-2 précise que les actes interruptifs entraînent un
nouveau délai de prescription d’une durée identique au délai initial. L’interruption du délai vaudra
également pour les infractions connexes et pour tous co-auteurs ou complices, même non visés par
l’acte.

2. En second lieu, la suspension du délai de prescription vise les cas où le délai s’arrêt de courir au
moment de l’événement suspensif, et reprend lorsque cet élément suspensif a cessé.

Différents articles du Code de procédure pénale prévoient cette suspension du délai de prescription.
Par exemple, l’article 6 alinéa 2 précise si des poursuites ayant entraîné condamnation ont révélé la
fausseté du jugement ou de l'arrêt qui a déclaré l'action publique éteinte, l'action publique pourra
être reprise ; la prescription doit alors être considérée comme suspendue depuis le jour où le
jugement ou arrêt était devenu définitif jusqu'à celui de la condamnation du coupable de faux ou
usage de faux.

Aussi, l’article 6-1 prévoit l’hypothèse où un crime ou un délit a été commis à l’occasion d’une
poursuite judiciaire en violation d’une disposition du Code de procédure pénale. Ce texte prévoit que
le délai de prescription est suspendu tant que le caractère illégal de la poursuite n’a pas été
définitivement constaté par la juridiction saisie.

De façon générale, la jurisprudence utilise tout obstacle de faits, de droit, pour déclarer le délai de
prescription suspendu.

Cette jurisprudence a été consacrée par l’article 9-3 issu de la loi de 2017, qui indique que tout
obstacle de droit prévu par la loi, ou tout obstacle de fait insurmontable et assimilable à la force
majeure, lorsqu’ils rendent impossible la mise en mouvement ou l’exercice de l’action publique,
suspendent la prescription. La loi ne définit pas l’obstacle de droit ; il appartient donc au juge
judiciaire de l’apprécier.

La jurisprudence a par ailleurs a étendu des hypothèses de suspensions au cas où une partie est
empêchée d’agir par un obstacle juridique, tel qu’un pourvoi en cassation, ou un obstacle de pur fait,
tel qu’une situation de force majeure.

En outre, les mesures d’alternatives aux poursuites peuvent aussi constituer des causes de
suspension du délai de prescription de l’action publique.

Ainsi, en vertu de l’article 41-1, si le parquet propose une médiation pénale, qui réussit, alors la
réussite de cette médiation n’entrainera pas une extinction de l’action publique, donc le parquet
pourra quand même poursuivre pendant le délai de prescription.

On peut aussi noter l’article 85, relatif à la plainte avec constitution de partie civile, permettant à la
victime de saisir un juge d’instruction et de déclencher l’action publique, sauf si le parquet l’a déjà
saisi. Ce texte prévoit que pour pouvoir porter plainte avec constitution de partie civile, il faut d’abord
: soit que le procureur ait classé sans suite, soit qu’il n’ait pas pris de décision sur cette plainte
pendant plus de 3 mois à compter de son dépôt. Dans cette hypothèse, la loi prévoit que le délai de
prescription de l’action publique est suspendu au profit de la victime, à compter du dépôt de plainte,
jusqu’à la réponse du procureur ou jusqu’à l’écoulement du délai de 3 mois si le procureur ne répond
pas.
Q29 : Les conditions de constitution de partie civile

Le procès pénal oppose en principe la personne poursuivie à la société tout entière, représentée par
le ministère public, représenté lui-même par les magistrats du parquet. L’objet premier du procès
pénal est donc l’action publique. Cependant, il est évident que très souvent l’infraction cause un
dommage à une victime. Il a donc été admis depuis longtemps que la victime puisse demander
réparation devant le même juge pénal, ce qui entraîne une dualité du juge pénal : à la fois répressif
mais aussi réparateur.

En vertu de l’article 2 du Code de procédure pénale, l’action civile appartient à tous ceux qui ont
personnellement souffert du dommage, lequel doit être directement causé par l’infraction. Ce texte
ne vise que les victimes au sens stricte. Ainsi, d’autres personnes, qui ne seraient pas de victimes à
proprement parler, pourront quand même se constituer partie civile, mais à certaines conditions.

1. ainsi, en premier lieu, les victimes, pour se constituer partie civile, doivent répondre à trois
conditions : la capacité d’agir en justice, la démonstration d’un dommage actuel personnellement
causé à la victime, et enfin un lien de causalité entre l’infraction et le dommage.

Tout d’abord, la capacité d’agir en justice. est un principe général du droit. Ainsi, les incapables, selon
les règles du droit civil, ne peuvent pas agir en leur nom propre. C’est le cas des mineurs non
émancipés ou des majeurs placés sous tutelle.

En revanche, si les représentant légaux ne peuvent pas représenter l’incapable, parce qu’il serait par
ex eux-mêmes les auteurs de l’infraction, alors la loi prévoit, à l’article 706-50, que le procureur de la
République ou le juge peut désigner un administrateur ad hoc qui exercera les droits reconnus à la
partie civile au nom de l’incapable.

Ensuite, il faut que la victime démontre qu’elle souffre personnellement d’un dommage découlant de
l’infraction. Il n’est pas possible de demander la réparation d’un dommage causé à un tiers : dans ce
cas-là le demandeur serait dépourvu de qualité et d’intérêt à agir. En générale la preuve d’un
dommage subi personnellement ne pose pas beaucoup de problème.

Cependant, certaines infractions ne causent pas de préjudice à des personnes privées, parce qu’elles
protègent les intérêts de la seule Société. Ce sont les infractions d’intérêt général. Il s’agit
concrètement des atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation. Pour ces infractions, la
jurisprudence interdit à toute partie privée de se constituer partie civile.

Aussi, le dommage exigé doit être actuel, et non pas simplement éventuel. Donc il faut que le
préjudice soit déjà réalisé au moment où la victime se constitue partie civile. Il est tout de même
admis, par la jurisprudence civile comme pénale que la simple perte de chance de la survenance d’un
événement favorable qui était escompté par la victime peut constituer un préjudice réparable, si la
chance était sérieuse et si la perte est bien réelle. C’est donc une question de fait appréciée
souverainement par les juges.

Enfin, le dommage doit prendre directement sa source dans l’infraction. Cette condition est parfois
difficile à distinguer de la précédente. En effet, lorsque le dommage est personnel, c’est qu’il est
nécessairement directement causé par l’infraction, et si le dommage est indirect, alors il n’est pas
personnel.
En revanche, un dommage direct peut ne pas être personnel. C’est le cas de la détérioration d’un
véhicule lors d’un accident : le dommage est direct mais il n’est pas personnel si la victime de
l’accident de la route n’était que locataire du véhicule.

La condition de la causalité directe signifie donc que la partie civile ne peut réclamer la réparation
que du dommage qui découle directement de l’infraction et non pas un dommage quelconque qui
serait sans rapport avec l’infraction. Cependant, la jurisprudence admet que les proches de la victime,
de blessure par imprudence par exemple, peuvent subir un dommage direct et personnel, alors qu’on
pourrait considère que leur préjudice n’est indirect.

Lorsque la victime a intenté une action, mais qu’elle décède en cours d’instance, alors les héritiers
sont admis à poursuivre cette action, puisque cette action fait désormais partie de leur patrimoine.

En outre, la Cour de cassation considère, notamment depuis deux arrêts du 9 mai 2008 que si la
victime directe n’a pas agi elle-même de son vivant devant le juge pénal, les héritiers ne pourront plus
obtenir réparation devant le juge répressif et devront se tourner vers le juge civil, sauf si le parquet a
lui-même déclenché l’action publique.

2. En second lieu, il est possible dans certaines hypothèses de se constituer partie civile sans être
victime. Il s’agit de la question de groupement qui défend des intérêts collectifs, qui doivent alors
remplir également certaines conditions.

En effet, a priori, ces groupements ne devraient pas pouvoir se constituer partie civile dans un procès
pénale car il n’y aurait pas de préjudice personnel ni directe. En outre, la défense d’intérêt collectif
correspond en grande partie à celle de l’intérêt de l’ensemble de la société, or cet intérêt est déjà
défendu par le ministère public.

Cependant, le législateur a permis, petit à petit, d’exercer des droits reconnus aux parties civiles :

Ainsi, à la lecture du Code du travail, les syndicats professionnels peuvent agir devant les juridictions
répressives, s’agissant de faits qui causent un préjudice, direct ou indirect, à l’intérêt collectif de la
profession qu’ils représentent. La question est de déterminer l’intérêt collectif de ces syndicats : il ne
peut pas s’agir de la somme des intérêts personnels de ces membres, ni de celui d’un seul des
membres, il ne s’agit pas non plus de l’intérêt général, qui est protégé par le ministère public. Il faut
donc découvrir que l’infraction commise ait porté préjudice à l’ensemble de la profession.

Ensuite, les article 2-1 à 2-24 du Code de procédure pénale prévoient une liste de plus en plus longue
de cas dans lesquels certaines associations défendant certains intérêts peuvent se constituer partie
civile, alors même qu’elles n’ont pas subi un préjudice personnel, telles que des associations de lutte
contre le racisme par exemple. D’autres textes extérieurs au Code de procédure pénale prévoit cette
même possibilité pour d’autres associations : le Code de la consommation ou celui de
l’environnement.

Le législateur impose une certaine durée d’existence de l’association, généralement 5 ans, et


l’association doit avoir obtenu l’accord de la victime directe de l’infraction considérée pour pouvoir
agir.
Q30 : Les défendeurs à l’action civile

Les défendeurs à l’action civile sont en principe de l’auteur des faits ou du complice, mais il peut s’agir
d’autres personnes comme :

1. Les héritiers

Les héritiers continuent la personne de leur auteur, et donc la dette de réparation née de l’infraction
leur ai transmise. En principe, ils seront poursuivis devant les juridictions civiles. Par exception,
devant le juge pénal, si les poursuites avaient déjà été déclenchée et que la juridiction pénale avait
déjà rendu une première décision au fond. Également, si le tribunal correctionnel avait déjà
condamné l’individu, les héritiers pourront tout de même être appelés à réparer devant la Cour
d’appel

2. Les personnes civilement responsables

Il s’agit des personnes visées par l’article 1242 C.civ. Ces personnes seront citées directement devant
le tribunal, en qualité de civilement responsable, par la partie civile ou le ministère public. Elles
pourront même intervenir volontairement en cours d’instance.

Elles ne disposent d’aucun doit pendant l’instruction, mais peuvent se défendre à l’audience, et
pourront exercer des voies de recours, seulement sur les intérêts civils.

3. L’administration

L’administration peut être défendeur civile, notamment lorsque l’infraction a été commise par un
fonctionnaire. En principe, le fonctionnaire n’est pas tenu de réparer personnellement, sauf en cas de
faute personne détachable de sa fonction. La faute personnelle sera un manquement volontaire ou
inexcusable à des obligations professionnelles ou déontologique.

Les fautes dont l’administration est responsable sont des fautes de service qui engagent sa
responsabilité. Lorsqu’une qu’une faute de service est démontrée, seules les juridictions
administratives sont en principe compétentes pour indemniser.

Pour autant, ik existe des exceptions : notamment lorsque le dommage est causé par un membre de
l’enseignement public ou par un véhicule appartenant à l’administration, l’action peut être menée
devant le juge pénale et sera dirigée contre l’état. En cas d’atteinte aux libertés individuelles
commise par un fonctionnaire, alors la juridiction judiciaire sera compétente.

4. L’assureur de l’auteur d’un homicide ou de blessures par imprudence

L’assureur de l’auteur peut intervenir au procès pénal mais son domaine d’intervention est limité par
l’art. 388-1 (vérif) au cas d’infraction d’homicide ou de blessure par imprudence  ; l’assureur est
assimilé à un civilement responsable.

Il peut se défendre en démontrant que l’assuré n’est pas responsable, ou bien en déniant sa garantie
(c’est-à-dire en indiquant que le contrat ne couvre pas le dommage survenu).

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