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Thème 2.

Les principes directeurs du procès pénal


Ajd, la doctrine reconnait généralement l’existence d’un drt du procès, ce qu’on appelle le drt
processuel qui vise les règles fondamentales transversales à tout type de procès (civil, pénal,
adm).
C’est pk des pcp directeurs du procès ont émergé pour répondre aux exigences du modèle du
procès équitable.
En PP française, pdt lgtps, on n’a pas vu la nécessité de consacrer textuellement des pcp
directeurs parce-que la PP est soumise au pcp de légalité crim et que ces règles fondamentales
étaient affirmées et consacrées dans des normes supra-législatives comme la C°EDH, le
PIDCP (art. 14), et également dans la jp du CC°el (par ex : a consacré les drts de la défense,
l’indépendance de l’autorité jud, l’équilibre des drts des parties).
Il a fallu attendre la loi du 15 juin 2000 relative à la présomption d’innocence et aux droits
des victimes pour que soit énoncé dans le CPC, des pcp directeurs dans un art préliminaire.
Mais cet art est très long, et certains auteurs se sont alors interrogés sur son utilité.
Mais d’autres y ont vu un intérêt pédagogique et symbolique en considérant que cet art se
présente comme un guide pour le législateur et le juge qui se voient rappeler les objectifs de la
PP et y trouvent appui pour éclairer le sens des autres art du Code. Puis, énoncer
expressément les pcp directeurs permet également de souligner la nécessaire cohérence des
règles de la PP tout au long du procès pénal.
En réalité, ces règles énoncées sont surtout des garanties procédurales puisqu’un premier
élément apparait indispensable n’est pas expressément cité : le droit de solliciter l’autorité
judiciaire gardienne de la liberté individuelle.
Section 1. L’intervention de l’autorité judiciaire
Le droit au juge est un principe directeur qui permet l’application des autres pcp, et Louis
Favoreu le considérait d’ailleurs comme un droit garanti, càd une garantie des droits
fondamentaux.
Ce droit n’est pas explicitement formulé dans l’art. préliminaire. Mais l'article préliminaire
fait référence à l'autorité judiciaire et l’art. 6 §1 de la C°EDH garanti implicitement un droit
au juge.
L’autorité judiciaire intervient à des stades différents de la procédure, si bien que le droit au
juge prend un sens particulier. Mais, pour que ce droit soit effectif, encore faut-il que
l’autorité judiciaire soit impartiale et indépendante.
§1. Le principe d’intervention du juge judiciaire
C’est un pcp qui s'applique à tous les stades de la procédure mais pas nécessairement avec la
même force.
A) Lors de l'arrestation
Ce principe d’intervention a de solides fondements :

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-Fondements supra législatifs : Article 2 de la DDHC : « nul ne peut être arbitrairement
arrêté ni détenu ». Article 5 de la C°EDH : « la personne arrêtée ou détenu doit être conduite
devant l'autorité judiciaire compétente » ou encore « la personne doit être traduite devant le
juge au un autre magistrat habilité par la loi à exercer les fonctions judiciaires ».
-Fondements législatifs :

 Article préliminaire CPP : Les mesures de contrainte imposées à la personne


suspectée ou poursuivie sont prises sous le contrôle effectif de l’autorité judicaire.

 Art 63 CPP relatif à la garde à vue qui est une mesure de contrainte faisant l’objet
d’une information au procureur de la République dès son commencement et d’une
autorisation du proc pour une prolongation.

Mais la q° s’est posée de la compatibilité entre l'exigence d'intervention de l'autorité


judiciaire par la CEDH et notre procédure pénale qui fait intervenir le Procureur de la
République qui est susceptible de mener les poursuites contre la personne placée en garde à
vue. Autrement dit, le procureur de la Rép. est-il une autorité judicaire au sens de la
ConvEDH ?
Dans un arrêt du 4 décembre 1979 Schiesser C/Suisse et dans un arrêt du 23 octobre
1990 Hubert C/Suisse, la CEDH a d’abord considéré que le magistrat intervenant ne pouvait
pas être le magistrat en mesure d'exercer l'action publique à l'encontre de la personne privée
de liberté.

Mais dans un arrêt rendu en 1992, la chambre criminelle a relevé que le procureur de la
République avait la qualité de magistrat habilité par la loi à exercer des fonctions
judiciaires.

Et, par la suite, dans une décision du 11 août 1993 le CC°el est venu confirmer que
l’autorité judiciaire française comprenait l’ensemble des magistrats du siège et du
parquet, tous étant gardiens de la liberté individuelle.

Mais il reste qu’au sens de la jp de la CEDH, le procureur de la République n'est pas une
autorité judiciaire du fait de son manque d’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif. C’est
la solution qu’elle a retenu dans un arrêt du 10 juillet 2008 arrêt Medvedyev C/France qui
a fait l'objet d'un recours devant la Grande chambre qui s’est prononcée le 29 mars 2010 en
considérant que : « le contrôle juridictionnel de l'arrestation doit être réalisé par un magistrat
qui doit présenter les garanties requises d'indépendance à l'égard de l'exécutif et des parties ce
qui exclut notamment qu'il puisse agir par la suite contre le requérant dans la procédure
pénale à l'instar du ministère public ».
Cette solution a ensuite été confirmée dans un arrêt Moulin c./ France du 23 novembre
2010.
Dans un arrêt rendu le 15 déc. 2010, la chambre criminelle a alors admis que « c'est à tort

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qu'une chambre de l'instruction a retenu que le ministère public est une autorité judiciaire au
sens de l'article 5 §3 de la CEDH alors qu'il ne présente pas les garanties d'indépendance et
d'impartialité requises par ce texte et qu'il est partie poursuivante ».
Ttefois, dans la loi du 14 avril 2011, le législateur n’est pas venu en tirer les csq, puisque le
procureur demeure l’autorité de contrôle initial des gardes à vue.

NB : Dans le cadre des régimes dérogatoires, tel que le crime organisé ou le terrorisme,
quand la GAV dépasse les 48 heures c’est un magistrat du siège (le JLD) qui intervient
pour autoriser la prolongation de la mesure. Et l’autorisation du JLD est également
nécessaire pour procéder à des mesures particulièrement contraignantes ou intrusives, comme
la captation de données informatiques ou les perquisitions de nuit… Autrement dit, quand les
mesures de contrainte pesant sur la personne mise en cause sont particulièrement lourdes,
c’est un magistrat du siège qui doit intervenir et donc une autorité judiciaire au sens de l’art. 5
§3 de la ConvEDH.
B) Lors de la mise en accusation
La nécessité de cette intervention découle de l’art. 6 de la C°EDH : il faut garantir le droit au
juge.
Et, en droit interne, cette phase de mise en accusation correspond à la phase d'instruction.
Par csqt, la garantie du droit au juge s’exerce par une juridictionnalisation du contrôle
de la mise en accusation qui produit 2 conséquences :
– L'intervention des magistrats du siège.
– Le droit à un recours contre la décision de ces premiers juges (chambre de l’instruction
étudiera ces recours).
C) Lors de la phase du jugement
Le droit au juge s’applique aussi lors de l'audience de jugement, ce qui semble aller de soi.
Pourtant, l'expérience démontre que cela n'est pas si évident puisque la JP et le législateur
ont parfois eu à se prononcer sur l’effectivité du droit au juge pendant la phase de
jugement.
Ex 1 : pour définir l’autorité judiciaire qui est celle qui doit juger, en 1995, dans une décision
relative à l’injonction pénale, le CC°el a censuré une disposition législative qui prévoyait que
le procureur de la Rép. pouvait seul, à la suite de la caractérisation d’une infraction reconnue
par la personne mise en cause dans le cadre d’une procédure alternative aux poursuites,
définir une sanction, sans l’intervention d’un magistrat du siège. Donc, à la suite de cette
censure, un nouveau texte relatif à la composition pénale (qui est une alternative aux
poursuites) a été adopté et qui veut que, dans une telle situation, le parquet propose une
sanction et qu’un magistrat du siège la valide ou non.
-Ex 2 sur le droit au recours dans la phase de jugement : jusqu'à la loi du 15 juin 2000, le
CPP obligeait l'accusé qui formait un pourvoi en cassation à se mettre en état (se constituer

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prisonnier) avant l'audience de la chambre criminelle. A défaut il était déchu de son
pourvoi.
Mais, dans un arrêt du 23 novembre 1993 Poitrimol c./ France, la CEDH a considéré que
cela constituait une violation au droit au procès équitable. Pendant longtemps, l'article 380-11
du CPP prévoyait à son alinéa 5 que l'appel de l'accusé était caduc si le Président de la Cour
d'assise constatait que l'accusé avait pris la fuite ou n'avait pas pu être retrouvé avant
l'ouverture de l'audience ou au cours de son déroulement. Ainsi, l'accusé était privé du droit à
un recours effectif.
C’est pourquoi, dans une décision QPC du 13 juin 2014, le CC°el a abrogé cette disposition
reconnue inconstitutionnelle, celui-ci considérant que cet alinéa privait l’accusé de son droit
à un recours effectif.
CCL° : Le principe de l’intervention de l’autorité judiciaire doit être effectif pour pouvoir
garantir le respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles. Mais, encore faut-il
que cette autorité revête certaines garanties pour que son intervention soit effective.
D) Lors de l'application de la peine (non-traitée)
§2. Les garanties d’intervention du JJ
Ces garanties prennent appui sur le principe de la séparation des fonctions (à chaque phase
du procès pénal, des autorités différentes interviennent).
A) L'indépendance de l'autorité judiciaire
Cette indépendance est une exigence que l'on retrouve à l'article 6 de la Conv°, mais
aussi à l’article 64 de la Constitution : « le Président de la République est garant de
l'indépendance de l'autorité judiciaire ». Cette indépendance est fondamentale puisqu’elle est
la marque d'un État de droit.
Mais il faut aussi appréhender l'indépendance par rapport aux autres pouvoirs et plus
particulièrement à l'égard de l'exécutif mais aussi des parties.
1) L’indépendance à l'égard du pouvoir exécutif
Le pouvoir exécutif ne peut pas s'immiscer dans l'activité judiciaire. Le Conseil
constitutionnel a eu l'occasion de le rappeler dans une QPC du 2 juillet 2010 au sujet de la
composition des tribunaux maritimes (délits) dans laquelle il rappelle que le principe
d'indépendance est indissociable de l'exercice des fonctions juridictionnelles.
Cette indépendance est assurée par plusieurs règles :
-Par le statut sui generis des magistrats dans la fonction publique qui relève d’une loi
organique du 22 décembre 1958 -> qui prévoit les règles d’avancement de carrière, et
l’existence du CSM.
-Par la règle de l’inamovibilité des magistrats du siège (art 64 C°).

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-Par les règles de nomination des magistrats du siège sur avis conforme du CSM. Le CE
le 8 juin 2016 a considéré que cette exigence prévue par l’art 65 de la C° était une garantie
essentielle de l’indépendance de l’autorité judiciaire et concourait au bon fonctionnement de
l’institution judiciaire.
NB 1 : La compo° du CSM a suscité des interrogations quant à son indépendance, et donc
celle des magistrats du siège.
Jusqu’à la loi C°elle du 23 juillet 2008, c’était le PR qui présidait le CSM et qui
participait à la nomination des magistrats.
Mais, depuis cette loi c’est le premier président de la Cass qui a remplacé le PR à ce
poste. On pourrait alors penser à une meilleure indépendance. Mais, pour autant, cela n’est
pas forcément le cas puisqu’il y a des personnalités extérieures qui composent le CSM au
nombre de 8 : un conseiller d’état, un avocat, et 6 personnalités nommées par le PR, du
Sénat et de l’AN.
Et, pour les postes les plus importants (conseillers de la Cass, présidents des juridictions), le
CSM fait des propositions qui sont soumises à l'agrément du Président de la République.
NB 2 : Le CSM a un pouvoir disciplinaire sur les magistrats et se réuni en formation plénière
pour répondre à des demandes d’avis formulées par le garde des sceaux.
Pour le parquet, le statut du ministère public pose aussi des difficultés :
Organisation du parquet :

- Devant la Cass : le parquet comporte un proc général, un premier avocat général,


des avocats généraux et des avocats généraux référendaires : le parquet rend des
avis et éclaire la cour sur la portée de la décision.

- Devant la CA : parquet général comporte un proc général, des avocats généraux


et des substituts du procureur général. Entre avocats généraux et substituts pas de
subordination hiérarchique.

- Devant le Tribunal correctionnel : le parquet comporte un proc et des substituts


parfois il y a aussi des délégués du procureur. Il existe des parquets spécialisés
dont la compétence est nationale qui ont été créés près le tribunal correctionnel de
Paris (ex : parquet financier, parquet antiterroriste). Leur compétence est concurrente
de façon générale.

- Devant le Tribunal de police : pas de parquet spécialement attaché à cette


juridiction : les fonctions y sont exercées par les représentants du ministère public
(commissaire de police, proc de la république du TJ).

Il existe une subordination hiérarchique au sein du ministère public à la différence des


magistrats du siège. Tous les membres du ministère public sont placés sous l’autorité du

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garde des sceaux. Le garde des sceaux ne fait pas partie du ministère public : son rôle
consiste à veiller à la cohérence de la politique pénale sur le territoire.
Le ministre de la justice exerce sur les membres du ministère public un droit de surveillance
puisque les membres du ministère public ne sont pas inamovibles.
Tous les membres du ministère public sont hiérarchisés entre eux. Ainsi, le procureur
général près la cour d’appel a autorité sur les avocats généraux et substituts. Il a aussi
autorité sur le procureur de la R. Le procureur de la R a autorité sur les substituts et les
membres du ministère public. Le procureur général près la cour de cassation n’est pas
l’autorité supérieure des autres.
Le devoir d’obéissance existe mais est limité :

- Par les pouvoirs propres des chefs de parquet puisque le supérieur ne peut pas se
substituer au subordonné pour agir à sa place même si ce dernier n’exécute pas les
instructions reçues.

- Par la règle : la plume est serve mais la parole est libre : càd que le subordonné est
tenu d’obéir pour les actes écrits concernant la procédure mais lors du développement
de l’accusation à l’audience il n’est pas tenu de suivre les instructions et donc de
suivre ce qu’il a écrit.

NB : Inamovible = qui ne peut être révoqué ou déplacé qu’en vertu d’une procédure
spécifique offrant des garanties renforcées.
L’indépendance du ministère public pose question par rapport à la hiérarchie. 2 pb relevés
généralement :
- Un pb de dépendance organique du fait de la subordination des parquets. Les
membres du parquet sont nommés par décret du PR sur proposition du garde des
sceaux après avis simple du CSM (càd purement consultatif). Et s’agissant de la
sanction des membres du parquet, elle appartient au garde des sceaux après avis du
CSM. Les magistrats du parquet sont amovibles, ils peuvent être mutés sans leur
consentement même pour un avancement.

- Un pb de dépendance fonctionnelle : art 30 al. 2 du CPP prévoit que le garde des


sceaux peut adresser au magistrat du ministère public des instructions générales
de politique pénale. Sauf qu’en réalité même si les instructions individuelles
n’existent plus, cette impossibilité doit être relativisée. Par ex, le PM a pu se fonder
sur l’art 40 CPP pour porter à la connaissance du proc de paris des faits susceptibles de
constituer une injure publique à caractère raciste. C’est le PM qui a informé le proc de
Paris.

Art 39-1 et 39-2 CPP : le parquet doit mettre en œuvre les instructions générales :
le parquet est le bras de l’exécutif. Cela a suscité des critiques.

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Cass 17 janvier 2017 : le ministère public bénéficie d’une indépendance fonctionnelle.
La parole du ministère public est libre, partie au procès il est indépendant dans ses
fonctions et q le droit de dire à l’audience tout ce qu’il croit convenable de dire pour la
justice sauf le droit des parties de combattre les arguments présentés par lui.

A transmis une QPC au CC°el à laquelle il a répondu le 8 décembre 2017 en


concluant sur la C°nalité l’art. 5 de l’ordonnance de 1958 qui pose le principe de
subordination du parquet. Il rappelle l’appartenance à la magistrature des
magistrats du parquet tout en soulignant que leur indépendance n’est pas assurée
par les mêmes garanties applicables aux magistrats du siège.
Il tempère l’argument fonctionnel en disant que le ministre de la justice ne peut
adresser aucune instruction au magistrat du parquet dans les affaires individuelles (art.
31 CPP).

Le ministère public développe librement les observations orales qu’il croit convenable
au bien de la justice (art. 33 CPP). Il veille à ce que les investigations de police
judicaire tendent à la manifestation de la vérité et qu’elles soient accomplies à charge
et à décharge dans le respect du droit de la victime, du plaignant et de la personne
suspectée. Il décide librement de l’opportunité d’engager les poursuites (art. 40-1
CPP).
Il existe des hypothèses où le parquet est partiellement lié quoi qu’en dise le CC car le
parquet ne pourra pas poursuivre ou ordonner une simple enquête de police si l’adm
fiscale n’a pas pu ou voulu porter plainte.

-> Cette QPC a amené la doctrine à se demander s’il était utile d’avoir une
magistrature unifiée.

La CEDH a essayé de dégager une déf° de l’organe indépendant. C’est celui qui est
indépendant à l’égard de l’exécutif et des parties. Cette déf° résulte de 2 arrêts : 18 juin 1971
arrêt Wilde contre Belgique et 28 juin 1984 Campbell et Fell contre R-U. la CourEDH a
donné des critères de l’indépendance le 25 février 1997 dans l’arrêt Findlay contre RU : 4
critères de l’indépendance :

- Le mode de désignation des membres de la juridiction : la nomination des juges par le


parlement ou l’exécutif n’est pas en soi une entrave à l’indépendance pour la cour. Selon elle,
il importe seulement que les juges ne soient pas soumis à des pressions de l’exécutif.

- Durée du mandat : si le mandat est long, l’individu n’est pas soumis à des pressions.

- Les garanties contre les pressions : par des collègues, supérieur hiérarchique…

- L’apparence d’indépendance : il n’est pas suffisant que la juridiction soit effectivement


indépendance, il faut également que pour l’extérieur (les citoyens) le tribunal semble être
indépendant.

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2) L’indépendance à l’égard des parties
Cette indépendance se manifeste par l'existence d'un régime de responsabilité civile protecteur
pour les magistrats qui échappent au PG de responsabilité pour faute.
Leur responsabilité repose sur un mécanisme de substitution de l’Etat et 2 systèmes de
responsabilité sont ainsi mis en place en raison du fonctionnement défectueux de la justice :
- La responsabilité de l’Etat pour faute de service prévue par l’article L. 141-1 du COJ.
- La responsabilité des magistrats pour faute personnelle prévu par l'article 11-1 de
l’ordonnance de 1958 selon que la faute est dissociable du service public de la justice ou
non.

B) L'impartialité de l'autorité judiciaire

Impartialité = Absence de parti pris, de préjugés.


Cette impartialité est consubstantielle à l’idée même de juge. Et d’ailleurs, S. Guinchard la
qualifiait de vertu du juge.

Cette exigence se retrouve dans les grands textes internationaux :

-Art 6§1 CEDH


-Art 14-1 Pacte de NY
-Art 10 DUDH
NB : En 1982, dans un arrêt Piersack c./ Belgique, la CEDH est venue distinguer entre
impartialité subjective et objective.

1) L'impartialité subjective (ou personnelle)

a) Définition

C’est l’impartialité la plus simple puisqu’elle est entendue comme le parti pris du juge dans
son intérêt personnel. Cette forme d’impartialité est propre à un juge en particulier et pas à
un autre.

Ex : Une des parties est la fille de l’un des juges.

L’existence d’une partialité peut avoir plusieurs origines. Elle peut par ex être le fait d’une
opinion préconçue sur la culpabilité ou l’innocence d’une personne. C’est la solution que
la CEDH avait pu retenir dans un arrêt Remli c./ France du 23 avril 1996, où il s'agissait
d'un membre du jury d’une Cour d'assises qui en avait entendu un autre dire « en plus je suis
raciste » alors même qu'il devait juger deux co-accusés maghrébins.

Il peut aussi s’agir d’une situation objective qui va s’opposer à ce que le magistrat puisse
se charger de l’affaire. Ex : s’il existe un lien de parenté ou d’alliance entre le juge et l’une
des parties.

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Cela pose un pb sur le terrain de la preuve puisque l’impartialité est présumée jusqu’à preuve
du contraire, une solution qui a été rappelée dans un arrêt du 15 déc. 2005, Kyprianou c./
Chypre.

b) Domaine

Logiquement, l’impartialité subjective vaut tant pour les juridictions d’instruction que de
jugement. Ainsi, s’agissant de l’instruction, le juge doit procéder à tous les actes nécessaires
à la manifestation de la vérité (art0 81 CPP) et rechercher les éléments à charge et à
décharge.

La juridiction d’instruction doit alors se faire sa propre opinion en se fondant uniquement sur
les éléments de fait qu’elle aura recueilli. S’il y a défaut d’impartialité, il y a atteinte au procès
équitable.

Ex : le fait qu’un magistrat ait à instruire sur le fait qui lui a été dénoncé après avoir opposé à
l’intéressé un refus d’informer injustifié constitue un élément objectif de nature à faire naître
un doute sur son impartialité.

S’agissant de la juridiction de jugement : elle doit être exempte de toute idée préconçue
de l’affaire. Les magistrats qui la composent doivent statuer sur la présomption d’innocence
selon leur intime conviction en tenant uniquement en tenant compte des pièces du dossier.

Mais, on peut douter de l’impartialité de la J° de jugement si son président est l’adversaire de


l’accusé dans une procédure parallèle.

Ex : Arrêt rendu par la CEDH le 28 nov. 2002, Lavents c./ Lettonie dans lequel un magistrat
avait déclaré avant la décision qu'il ne savait pas si il y aurait une condamnation ou un
acquittement partiel. Il exclut dès le départ un acquittement total et il se demande
publiquement pourquoi les accusés s’obstinent à plaider non coupable à propos de certaines
accusations.

2) L’impartialité objective (fonctionnelle)

Il s'agit ici de rechercher si l'impartialité est assurée dans la fonction même de la juridiction
indépendamment des convictions personnelles du juge et de son attitude. Tout juge placé dans
la même situation verra son impartialité appréciée de la même façon.

Le plus souvent, il y a une atteinte à cette forme d'impartialité en cas de participation


successive d’un même juge pour une seule et même affaire dans 2 juridictions différentes.
Ex : On est jugé par le juge Dubos devant le Tribunal correctionnel, on perd alors on interjette
appel et on retombe sur Dubos qui est monté en grade.

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Cette impartialité est la conséquence de la séparation des fonctions, mais elle peut aussi
concerner l’exercice de la même fonction juridictionnelle.

a) Impartialité et séparation des fonctions

Les fonctions J°elles sont des fonctions qui doivent rester séparées.

La csq à cela est que :

-Le magistrat qui a instruit une affaire ne peut pas participer ensuite au jugement de
cette affaire : arrêt du 22 avril 2010 Chesne c./ France : Un magistrat avait siégé en tant
que membre de la chambre d’instruction dans une affaire et par la suite au cours de la même
affaire il avait siégé au sein de la chambre des affaires correctionnelles.

-Le magistrat qui a déclenché des poursuites contre une personne ne peut pas ensuite
siéger comme membre dans une juridiction de jugement.

-Le magistrat qui a déclenché des poursuites ne peut pas instruire l’affaire.

b) Impartialité et exercice de la même fonction juridictionnelle

Un même magistrat ne peut exercer ses fonctions plusieurs fois au cours de la même affaire.

1ère illustration : Un magistrat intervient dans une même affaire dans un même degré de
juridiction.

-> Un même magistrat connaît des mêmes faits à propos des mêmes accusés mais pour
des motifs différents :

La CEDH considère qu’il n’y a pas d’atteinte à l’impartialité. La Cass estime qu’il n’y a pas
d’atteinte car elle considère qu’aucune disposition légale n’interdit aux membres de la
chambre d’accusation qui s’est prononcé sur la recevabilité de la plainte avec constitution de
partie civile de refaire partie de la même juridiction chargée d’examiner l’ordonnance de non-
lieu.

-> Un même magistrat connaît des mêmes faits mais avec des participants différents :

Dans un arrêt du 16 novembre 2000 Rojas-Morales c./ Italie, la CEDH a conclu à une atteinte
au principe d'impartialité dans lequel deux membres d’un tribunal avaient participé au
jugement d’une affaire alors qu’ils avaient déjà participé au jugement d’un tiers impliqué dans
une autre affaire et dans laquelle figurait des éléments relatifs au rôle de la personne qu’ils
avaient désormais à juger.

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-> Un même magistrat connaît des mêmes accusés mais pour des poursuites ou des faits
différents :

Dans cette hypothèse, la Cass considère qu’un magistrat qui a participé à la composition
d’une cour d’assises qui a condamné un individu pour complicité de meurtre peut valablement
siéger dans une autre cour d’assises pour des poursuites exercées contre la même personne en
tant qu’auteur d’une autre infraction. Autrement dit, dans ce cas, il n’y a pas d’atteinte à
l’impartialité.

2e illustration : Lorsqu’un même magistrat exerce les mêmes fonctions juridictionnelles


à des degrés de juridiction différents (atteinte à l’impartialité) :

Cette situation peut se produire :

-> Dans le cadre d’une instance pénale

-> Dans le cadre d’une instance civile au premier degré qui est pénale au second degré.

Le parquet :

Le parquet n’est en principe pas soumis à l’exigence d’impartialité personnelle en raison de sa


fonction de représentant des intérêts de la société (c’est une partie au procès). En tant que
partie, il a des arguments à faire valoir. Son rôle est de démontrer que la société a été lésée et
qu’elle doit réclamer la condamnation de la personne déférée devant la juridiction de
jugement.

Il n’a pas à apprécier le bien-fondé de l’accusation, il n’instruit pas, il ne juge pas, il accuse. Il
a donc une idée sur la culpabilité du prévenu ou de l’accusé. La garantie d’impartialité visée à
l’art 6§1 ne le concerne pas. La CCass a souvent rappelé cela avec arrêt du 6 décembre 1996
par ex cela n’affranchit pas le respect de certaines règles par le parquet : il ne doit pas passer
outre les règles de respect de bonne conduite : CEDH 16 janv. 2007 Farhi c./France : un
procureur de la R était allé parler au jury pendant la suspension de l’audience.
Le PR est garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire ce qui légitime ses pouvoirs sur le
parquet même lorsqu’il est partie au procès : sous Sarkozy et confirmé par l’ass plénière dans
un arrêt du 15 juin 2012 où la Cass réaffirme que le droit à un tribunal impartial et
indépendant ne vise que le juge et non pas le représentant de l’accusation.

Arrêt Moulin : CEDH a considéré que le magistrat doit avoir une indépendance à l’égard des
parties. Cette q° est relative à l’indépendance mais elle est à la lisière de l’impartialité
subjective/personnelle car la q° qui va se poser c’est : est-ce que le représentant du ministère
public peut librement apprécier la culpabilité ou innocence de l’accusé quand la victime est le
PR ?

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En 2013, le législateur est intervenu et crée à l’art 30 CPP : « le parquet doit agir dans le
respect du principe d’impartialité auquel il est tenu ».

La loi du 3 juin 2016 crée un article 39-3 du CPP : « le proc veille à ce que les investigations
tendent à la manifestation de la vérité et qu’elles soient accomplies à charge et à décharge ».
Mais aucune contrainte associée à ces articles : le ministère public ne peut pas être récusé et le
juge d’instruction instruit à charge et à décharge mais ce n’est pas contraignant.

30/01 :

3) Les garanties contre le risque de partialité


a) L’abstention volontaire du juge

Cette abstention est prévue par l’art. L. 111-7 du COJ. Dans cette hypo, on fait confiance au
juge puisqu’on suppose qu’il s’abstiendra de lui-même s’il se rend compte qu’il risque d’être
partial.

b) La récusation

C’est l’hypothèse où le juge ne s’est pas abstenu de lui-même, et qu’une partie va demander à
ce qu’un membre de la J° soit récusé, càd qu’il ne pourra pas juger de l’affaire et sera donc
remplacé. Elle peut viser un ou plusieurs juges, mais considérés individuellement.

Elle est envisagée aux art. 668 et s. du CPC qui visent les motifs de récusation. Il en existe 9
qui sont plus ou moins précises, en sachant que la jp a déjà créé de nouveaux motifs de
récusation.

L’art. 669 précise que les magistrats du parquet ne peuvent pas être récusés.

c) Le renvoi pour cause de suspicion légitime

C’est la même hypothèse que la récusation, sauf que l’on demande à tte la J° de se dessaisir
d’une affaire et non pas à un seul juge. Elle est prévue à l’art. 669 al. 1.

d) L’infraction de prise illégale d’intérêts

C’est une infraction prévue à l’art 432-12 du Code pénal. Elle a été modifiée avec la loi pour
la confiance dans l’I° jud, et l’art. vise désormais un intérêt de nature à compromettre
l’impartialité de son auteur, là où elle visait avant un intérêt quelconque. Or, l’art. est
applicable aux magistrats.

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Et pour renforcer l’indépendance et l’impartialité de la J, l’art. 434-25 du Code pénal réprime
le fait de jeter le discrédit publiquement par des actes, paroles, écrits ou images de toute
nature, sur un acte ou une décision J°elle dans des conditions de nature à porter atteinte à
l’autorité de la J ou à son indépendance.

Cette infraction vient restreindre la liberté d’expression, mais pour la chambre crim, cette
restriction est légitime dans la mesure où elle vient garantie l’autorité et l’impartialité du
pouvoir judiciaire.

Section 2. Les pcp directeurs : des garanties procédurales au déroulement d’une bonne
justice pénale

Les garanties procédurales se déclinent au cours du procès pénal et elles vont s’articuler
autour de deux pts fondamentaux :

-La bonne adm° de la J.


-Le pcp des drts de la défense.

Sous-section 1 : Les principes tenant à une bonne administration de la justice


§1. Le principe de célérité
Ce pcp de célérité a un écho particulier en PP eu égard à l’enjeu du procès puisque les
retentissements sur l’ordre public comme sur les personnes sont importants.
1er enjeu : Quand l’honneur ou la lib de la pers poursuivie sont en cause, la J pénale ne peut
pas tarder pour établir la vérité sur les faits reprochés.
2ème enjeu : L’obtention des preuves est de plus en plus difficile avec le temps.
3ème enjeu : Le procès pén au sens large peut mettre en œuvre des mesures de privation de
liberté. La détention provisoire doit ainsi être limitée dans le temps, d’autant plus qu’elle est
attentatoire à la présomption d’innocence.
4ème enjeu : La personne lésée par l’infraction doit pouvoir prétendre rapidement à son
indemnisation.
5ème enjeu : Lorsqu’une infraction grave a porté atteinte à l’ordre public, l’opinion pq peut
réclamer un verdict rapide pour signaler la réprobation d’un tel comportement.
-> Le pcp de célérité s’impose donc.

Ce pcp de célérité doit malgré tout être distingué de la notion d’urgence ou de précipitation.
La J pénale ne peut pas être une J expéditive, au risque de violer les droits de la personne
poursuivie qui doit disposer du temps suffisant pour préparer sa défense, mais aussi de la
partie lésée, qui a besoin d’un délai pour réunir les pièces nécessaires à l’évaluation de son

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préjudice.
Puis, une J expéditive serait également contraire aux intérêts de la société qui ne retrouvera sa
sérénité que si la vérité est effectivement mise au jour, la précipitation pouvant être source
d’erreurs judiciaires et donc de désordre.
-> La célérité c’est donc vite mais pas trop vite -> notion de délai raisonnable par la C°EDH
et l’art. préliminaire du CPP.
A) L’énoncé du pcp
1) Les fondements du pcp
-La C°EDH évoque le pcp de célérité dans ses art 5 et 6 selon le stade de la procédure
concernée.
L’art 5 concerne l’arrestation -> l’art. précise que la pers arrêtée doit ê informée dans les +
brefs délais des raisons de son arrestation, doit ê aussitôt traduite devant un juge, et pouvoir
introduire un recours devant un tribunal afin qu’il statue à bref délai sur la légalité de sa
détention.
Ensuite, lors de la mise en accusation, elle a le droit d’être jugée dans un délai raisonnable, ou
d’être informée dans le plus court délai de la nature et de la cause de l’accusation portée
contre elle. D’ailleurs, la CEDH précise que le respect de ce délai raisonnable est nécessaire à
l’efficacité et à la crédibilité de la J (CEDH, 24 oct. 1989, H c./ France).
Le second fondement est la loi du 15 juin 2000 et l’art. préliminaire du CPP qui prévoit qu’il
doit être définitivement statué sur l’accusation dont cette personne suspectée ou poursuivie
fait l’objet dans un délai raisonnable.
Enfin, l’art. L. 111-3 du COJ énonce le pcp de manière général en précisant que les décisions
de J sont rendues dans un délai raisonnable.
2) L’appréciation du délai raisonnable
Le délai n’est pas fixé précisément. Il est apprécié in globeux (sur l’ensemble de la procédure)
et surtout, selon la Cour euro, il doit être apprécié in concreto, càd au regard de la complexité
de l’affaire ou des difficultés de la procédure.
En droit interne, ce délai est aussi apprécié in concreto selon 3 critères conformément à la J de
la CEDH :
-La complexité de l’affaire.
-Le comportement de la personne qui dénonce le non-respect du délai raisonnable.
-Le fonctionnement des I° judiciaires (regarder notamment s’il y a eu une inertie des
services.)

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B) La mise en œuvre du principe
1) Les procédés
Q° : Comment rendre le pcp de célérité effectif ?
-Augmenter le budget de la J
-dépénaliser un certain nb d’infractions
-Eviter le processus pénal malgré l’existence d’un infraction en mettant en œuvre des
alternatives aux poursuites (l’avertissement solennel, la médiation pénale ou la composition
pénale).
-Raccourcir le processus pénal grâce aux procédures accélérées (la CI, la CRPC) ou grâce aux
procédures simplifiées que sont l’ordonnance pénale ou les amendes forfaitaires.
-Fixer des délais pour encadrer les phases de la procédure. La loi prévoit ainsi des délais pour
la GAV ou en matière de détention provisoire (4 mois maximum en matière correctionnelle, et
1 an en matière criminelle).
2) La sanction
Le délai moyen des procédures restent toujours conséquent malgré les moyens mis en œuvre.
D’ailleurs, la France s’est régulièrement faite condamnée par la CEDH pour non-respect du
délai raisonnable sur le fondement de l’art. 6 et pour des durées excessives de détentions
provisoires sur le fondement de l’art. 5 §3.
Dans un arrêt du 24 avril 2013, la chambre criminelle, a considéré que « si la
méconnaissance du délai raisonnable peut ouvrir droit à réparation, elle est sans
incidence sur la validité des procédures ». Autrement dit, la chambre criminelle refuse de
sanctionner le non-respect du délai raisonnable par une annulation de la procédure qui aurait
trop durée, seul un droit à réparation est ouvert aux justiciables se plaignant de la lenteur de la
J.
La réparation se fait sur le fondement de l’art. L. 141-1 du COJ qui vise la réparation du
dommage causé par le fonctionnement défectueux de la J ayant pour origine une faute lourde
ou un déni de J.
Cette solution a été confirmée dans un arrêt récent du 9 nov. 2022 dans lequel la chambre
criminelle va confirmer sa jp selon laquelle une durée excessive de la procédure ne peut
entrainer une annulation de celle-ci. Et par ailleurs, elle vient préciser l’office du juge quand il
est saisi du jugement d’une affaire dont la durée a été excessive. Elle indique ainsi 3
possibilités :
-Elle rappelle d’abord qu’il appartient à la J° de jugement de prendre en compte l’éventuel
dépérissement des preuves dans le cadre de son examen de la valeur probante des éléments
qui lui st soumis et débattus contradictoirement dev elle en appli° de l’art. 427 du CPP.
L’éventuellement dépérissement des preuves peut conduire à une relaxe.

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-Elle rappelle ensuite qu’une suspension de l’action pq est possible lorsqu’il est constaté que
l’état mental ou physique du prévenu rend durablement impossible sa comparution perso dans
des conditions lui permettant d’exercer sa défense. Dans cette hypothèse, la durée du procès
peut durer plus lgtps, mais dans ce cas, il y aura une cause suspension de l’action pq.
-Enfin, elle ajoute que les critères d’individualisation de la peine prévus par l’art. 232 du CPP
permettent de prendre en compte la durée excessive de la procédure qui peut même entrainer
une dispense de peine.
§2. La publicité de la procédure
A) Présentation du principe
Ce pcp signifie que la procédure doit se déroule et ê rendue publiquement, càd en présence
d’un public. Le public doit donc être largement autorisé à entrer dans tte salle d’audience. On
dit ainsi que la J est rendue porte ouverte.
Les justifications de ce pcp sont nombreuses, et la première d’entre elle est l’idée d’un
contrôle des citoyens sur la manière dont la J est rendue. En effet, la J est rendue au nom du
peuple français ce qui implique que le peuple puisse vérifier ce que l’on fait en son nom.
En raison de ces justifications, le pcp de publicité possède une valeur fonda puisqu’il est
consacré dans diff textes : la DUDH, l’article 6 §1 de la C°EDH, et en tant que PFRLR dans
une décision du CC°el du 2 mars 2004.
B) La mise en œuvre du principe
1) Le domaine d’application du pcp
La publicité s’entend d’une part à propos des débats qui ont lieu tout au long de la procédure,
et d’autre part, à propos du jugement, ce qui signifie que le public ou la presse a accès à la
salle d’audience. Et d’ailleurs, la presse peut rendre compte des débats, et exceptionnellement,
des films autorisés peuvent être archivés.
NB : La loi pour la confiance jud de 2021 prévoit que les audiences de la J civile, pénale, éco
ou adm pourront être enregistrées pour un motif d’intérêt public d’ordre pédagogique,
informatif, culturel ou scientifique. L’autorisation est donnée après avis du ministre de la J par
les chefs de J°. Les audiences ne pourront être diffusées sur le SP qu’une fois l’affaire
définitivement jugée et avec l’accord et le respect des droits des parties.
La publicité est une règle d’ordre public si bien qu’il ne peut y être dérogé que dans les cas
limitativement prévus par la loi.
2) Les restrictions au pcp de publicité
-> Hypothèses où la publicité est écartée, alors qu’en pcp, elle devrait être admise.
Selon la CEDH, la personne mise en cause peut renoncer à la publicité des débats, à condition
que ce renoncement soit libre, sans contrainte, et exprimé de manière non équivoque (arrêt du
30 nov. 1987, H. c./ Belgique).

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En outre, en droit interne, des restrictions à la publicité sont prévus devant les J° de jugement.
Devant la cour d’assises, l’art. 306 du CPP précise que si la publicité est dangereuse pour
l’ordre ou les mœurs, elle est écartée. De plus, le huis clos peut ê de droit si la partie civile le
demande pour certaines infractions (infractions de viol ou tortures et actes de barbarie
accompagnées d’agressions sexuelles). Et aussi, l’accès à la salle d’audience peut être
interdite à des mineurs.
Devant le tribunal correctionnel, c’est l’art. 400 du CPP qui énonce le pcp de publicité et
l’écarte quand le tribunal constate que la publicité est dangereuse pour l’ordre, la sérénité des
débats, la dignité de la personne, ou l’intérêt d’un tiers.
Devant le tribunal de police, c’est l’art. 535 du CPP qui renvoie lui-même à l’art. 400.
Enfin, les audiences devant les J° pour mineurs ne sont pas pq. Seules les personnes
concernées sont admises devant la J°.
La loi du 5 juin 2016 a ajouté une nouvelle restriction au pcp de publicité, en admettant le
huis clos le temps de l’audition de témoin si la déposition pq de celui-ci est de nature à mettre
gravement en danger sa vie, son intégrité phys ou celle de ses proches dans le cadre des
crimes et délits de guerre, crimes contre l’hum, crimes pour disparition forcée, crimes de
torture et de barbarie (art. 306-1 et 400 du CPP). Cela permet de protéger le témoin et de
faciliter le recueil des preuves à l’encontre des auteurs de ces infractions.
Sous-section 2. Le principe des droits de la défense
Ce pcp est un PFRLR, ce que le CC°el a consacré dans une décision du 2 déc. 1976, et qu’il a
réaffirmé à plusieurs reprises, notamment dans une décision des 19 et 20 janvier 1981 ou
encore du 23 janvier 1987.
Le non-respect de ce pcp entraine la nullité de la procédure, mais surtout, il est tellement
important qu’il est devenu un véritable fait justificatif spécial en droit pénal, ce qui veut dire
qu’une personne qui a commis une infraction peut voir celle-ci justifiée si elle a été commise
pour l’exercice des droits de la défense. Par exemple, un médecin traduit en J peut trahir le
secret médicale, si cette violation du secret médical était strictement nécessaire à l’exercice
des droits de la défense.
On a également considéré qu’un employé qui vole des docs dans son entreprise pour les
photocopier et les produire ensuite dans une instance prudhommale l’opposant à son patron,
est justifiée, si ce vol était strictement nécessaire à l’exercice des droits de la défense.
Les droits de la défense sont donc des droits qui peuvent voir une valeur supérieure au droit
de pté ou au secret professionnel.
§1. La notion
Les droits de la défense est un concept processuel. Mais il ne sont pas définis par le législateur
et la Cass évoque « Les droits de la défense » sans plus de précision. Quant au CC°el, il
considère que « les droits de la défense impliquent une procédure juste et équitable » sans
plus de précision.

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Pour Gérard Cornu, ce sont l’ens des prérogatives qui garantissent à l’inculpé, la possibilité
d’assurer sa défense dans le procès pénal.
La limite de cette déf° est qu’elle n’évoque le procès pénal, alors que ces droits ne se limitent
pas à la phase préparatoire et à l’instruction.

Il est donc possible de retenir la déf° plus complète de Jean Pradel qui les défini comme
« l’ens des prérogatives accordées à une personne pour lui permettre d’assurer la protection de
ses intérêts tout au long du procès face aux actes d’investigation, de poursuite, ou de J° d’une
autorité pq qui portent atteinte à sa situation ».
Cela signifie que les droits de la défense se définissent plus par leur contenu qu’en tant que
tel.
§2. Le contenu des droits de la défense
Les droits de la défense sont une notion dynamique, si bien que leur contenu est évolutif. En
effet, la théorie des droits de la défense est très riche et cela explique que la doctrine ne
propose pas une liste figée ou exhaustive de droits, puisque c’est l’O° du procès pénal et ses
évolutions qui induisent aussi la construction des droits de la défense.
La notion inclus notamment le droit à un avocat, le droit à l’info° (= le droit de connaitre le
contenu de la poursuite et du dossier), le pcp du contradictoire, l’égalité des armes, le pcp de
loyauté, ou encore, le droit à un interprète.
A) Le droit à un avocat
Le CPP consacre à plusieurs reprises le droit à la présence et à l’assistance d’un avocat qui
peut consulter le dossier, et c’est pk ce droit va de pair avec le droit à l’info°.
Par exemple, lors de l’enquête, pour la GAV ce droit est consacré par l’art. 63-3-1 du CPP.
Lors de l’instruction, il s’agir de l’interrogatoire du mis en examen (art. 114), interrogatoire
du suspect avant la mise en examen (art. 116), audience de jugement (art. 417).
Tribunal correctionnel : l’assistance d’un avocat n’est pas obligatoire.
En effet, l’art. 6 §3 de la C°EDH précise que la présence de l’avocat relève du choix de la
personne. Mais la présence de l’avocat est obligatoire dans certaines hypothèses : pour
certaines personnes et procédures.
Obligation avocat :
-Pour les mineurs et les majeurs protégés.
-En CRPC pour s’assurer que l’individu a bien compris les csq de son aveu.
-Cour d’assises à l’égard des enjeux.

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-Et enfin, lors de l’audience de jugement (art. 417).
De façon générale, la jp veille au respect de ce pcp et tente d’en assurer l’effectivité. Elle
s’attache à ce que la possibilité d’avoir un entretien avec un avocat soit respectée (ex :
chambre crim, 10 mai 2001 où elle considère que le délai d’une heure qui s’est écoulé entre la
demande faite par l’intéressé et l’info° donnée au service de permanence des avocats
contrevient aux prescriptions (art. 63-4 CPP) et constitue une violation des droits de la
défense.
La confidentialité des correspondances entre l’avocat et le mis en examen doit ê garantie.
Ainsi, dès lors qu’elle se rapporte à m’exercice des drts de la défense, ces correspondances
sont confidentielles : il en résulté que leur prescription est interdite comme le rappelle l’art.
100-5 du CPP.
Cette interdiction, dans un arrêt du 13 sept. 2022, la Cass a étendu la solution aux
correspondances échangées avec les proches du suspect. Elle précise même que cette
interdiction s’applique, y compris lorsque le suspect n’était pas encore le client de l’avocat au
même moment où la convoc° s’est tenue. L’interdiction ne concerne pas en revanche les
conversations avec le secrétariat du cabinet.
La personne mise en examen doit avoir la parole en dernier.
B) Le contradictoire
Le contradictoire est l’action de contredire, de discuter, de contester. Toute la procédure est
donc imprégnée par cette exigence. Cornu disait ainsi que la contradiction est l’âme du
procès.
Cela permet la discussion et l’échange des arg des parties, de confronter les éléments avancés
par les parties pour faire émerger la vérité et forger la conviction du juge, les parties, doivent
pouvoir exprimer leur pdv.
CEDH, 20 février 1996, Lobo Machado c./ Portugal donne la déf° du contradictoire -> le pcp
du contradictoire implique la faculté pour les parties à un procès pén ou civil de prendre
connaissance de tte pièce ou observation présentée en vue d’influencer sa décision et de la
discuter.
S’agissant des fondements du pcp, il n’est pas visé dans la C°EDH mais indirectement présent
dans l’art. 6. C’est un élément du procès équitable.
CEDH, arrêt du 23 juin 1993, Ruiz c./ Espagne : le pcp d’équité englobe le droit fondamental
au caractère contradictoire de l’instance.
L’art préliminaire du CPP consacre ce pcp dès la première phase.
-La mise en œuvre du pcp :
-Au cours de l’enquête, la seule marque du contradictoire était au départ de prévoir que la
personne mise en cause doit être informée des charges pesant sur elle. Pdt, lgtps, il n’était pas
envisagé l’accès au dossier, et ce fût la l’un des enjeux de la réforme de la GAV avec la loi du

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14 avril 2011. Et ce pt a également été l’un des enjeux de la loi du 27 mai 2014. En effet,
l’accès au dossier qui est certainement l’élément clé de la mise en œuvre du pcp du
contradictoire est restreint à qlq pièces au cours de la phase d’enquête.
Et pour la jp, cet accès restreint n’est pas de nature à priver la personne d’un droit effectif au
procès équitable.
Petit à petit, cet accès restreint a tout de même été étendu à travers diverses lois.
Avec la loi pour la confiance dans l’I° judiciaire l’art. 77-2 du CPP a été modifié et prévoir un
accès facilité au dossier pour le suspect et la victime. Donc dès la phase d’enquête, on va vers
de plus en plus de contradictoire, ce qui tend à un rapprochement entre la phase d’enquête et
la phase d’instruction.

-Au cours de l’instruction, au fil des réformes, le pcp du contradictoire s’est immiscé dans la
phase d’instruction. Ex : le placement en détention provisoire se fait à l’issue d’un débat
contradictoire ; les parties peuvent demander l’exécution d’actes (art. 82-1).
-Au stade du jugement, c’est là où le pcp du contradictoire s’affirme véritablement et qu’il
s’applique pleinement, notamment grâce à l’oralité de la procédure, avec cpdt qlq limites
matérielles au cours des procédures accélérées comme la comparution immédiate.
Cela signifie que les parties doivent pouvoir discuter librement à l’audience, les preuves qui
sont ensuite soumises à discussion (art. 427 CPP). D’ailleurs, le contradictoire est ici assuré
par le fait que le ministère public et les avocats des parties peuvent directement poser des q° à
la personne poursuivie, à la partie civile ou aux témoins.
Les parties ont aussi accès aux info° utiles à la construction de leur défense. Et le tribunal doit
aussi respecter le contradictoire lorsqu’il opère une requalification des faits ce qui veut dire
que le juge ne peut pas retenir une autre qualif° jique que celle initialement envisagée sans en
avoir informé les parties et sans les avoir invitées à présenter les leurs observations. La CEDH
veille au respect de cette exigence, puisqu’elle considère qu’être poursuivi en tant qu’auteur
puis être poursuivi en tant que complice nécessite le respect du contradictoire. Arrêt Pélicier
c./ France du 25 mars 1999.
Dans un arrêt du 26 sept. 2006, elle condamne la France dans une affaire où une Cour
d’assises avait condamné pour viol un individu devant elle pour tentative de viol : donc
atteinte au droit de la défense.
C) Le droit au silence
Droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination
1) Le fondement
Ce droit est reconnu par le CPP à l’art. 63-1 3° relatif à la GAV et qui impose à l’OPJ
d’informer la personne placée en GAV de son droit de se taire.
2) La valeur

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Dans une décision du 4 novembre 2016, le CC°el a reconnu le droit de se taire comme un
droit substantiel et autonome, et il fait découler ce droit de l’art. 9 de la DDHC.
CEDH affirme aussi ce droit au silence, même si l’art. 6 n’y fait pas expressément référence
(arrêts du 25 fév. 1993, Funk c./ France et 8 fév. 1996, Murray c./ RU dans lesquels elle
affirme que le droit de garder le silence er de pas s’incriminer soi-même sont des normes
internationales généralement reconnues qui sont au cœur de la mission de procès équitable.
Ces droits se justifient par la protection de l’accusé contre une coercition abusive de la part
des autorités, ce qui évite les erreurs judiciaires et permet d’atteindre les buts de l’art. 6.
Art 14 §3 du PIDCP : toute personne accusée d’une infraction pénale a le droit de ne pas être
forcée à témoigner contre elle*même ou de s’avouer coupable.

3) Les manifestations de ce droit


Lors du placement en GAV, ce drt doit être notifié.
L’art. 116 al 4 exige que la notif° de ce drt au mis en examen au moment de l’interrogatoire de
première comparution.
La notif° doit aussi être faite au prévu lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel
et à l’accusé envoyé devant la cour d’assises.
D) L’égalité des armes
1) Enoncé du principe
Pcp déduit de l’art. 6 de la C°EDH : ce pcp veut que chaque partie se voit offrir une
possibilité d’exposer sa cause : Arrêt 27 oct. 1993, Donbo c. Pays-Bas ……..
Le rattachement de l’article 6 a d’ailleurs été relevé dans un arrêt de la CEDH du 12 avril
2012, Gardère c./ France dans lequel elle retient que la notion de procès équitable garanti par
l’art. 6 intègre le respect de l’égalité des armes.
2) la mise en œuvre du pcp
Le pcp d’égalité de traitement des parties n’est pas nécessairement comprise comme une
égalité formelle. En effet, la CEDH n’exige pas une égalité objective qui imposerait que les
parties aient exactement les mêmes droits.
Elle préfère en effet s’attacher au déroulement de l’ens de la procédure (in globo), et elle
vérifie si chaque partie a pu effectivement exercer ses droits sans être désavantagé par rapport
à l’autre.
Ainsi, les drts de l’accusé et de la partie civile peuvent être différenciés, malgré le pcp de
l’égalité des armes. Elle a notamment retenu cela dans un arrêt du 3 déc 2002, Berger c./
France et du 14 juin 2005, Mené c./ France.
La chambre criminelle oscille en exigeant parfois une stricte égalité ou en se conformant à la

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CEDH -> ex : elle a considéré qu’il n’y avait pas d’atteinte à l’égalité des armes dans le fait
que la personne mise en examen puisse faire appel contre l’ordonnance du juge d’instruction,
mais pas la partie civile.
Le législateur a conféré une valeur didactique à cette notion en l’intégrant dans l’art.
préliminaire du CPP qui prévoit que « la PP doit préserver l’équilibre des droits des parties ».
E) Le droit à un interprète
Ce droit est en réalité une garantie puisqu’il permet de rendre effectifs les drts de la défense.
En effet, la CEDH considère que tout accusé a le droit d’être assisté par un interprète s’il ne
comprend pas la langue employée lors de la procédure.
L’art préliminaire reprend la même disposition en précisant que ce drt comprend également la
trad° des pièces essentielle à l’exercice des droits de la défense.
Ce droit a lieu à tous les stades de la procédure.
CCL° : La personne poursuivie a toujours la parole en dernier lors des audiences (art. 346 ou
513 du CPP) et la Cass y veille scrupuleusement et souligne même que cette règle est
applicable, même en l’absence du prévenu dont l’avocat se présentant pour s’assurer sa
défense, doit être entendu s’il en fait la demande, même s’il est démuni du mandat de
représentation.

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