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Chapitre 6.

La protection des droits fondamentaux


Q° s’est posée dans les ordres juridiques internes avant d’être appréhendée au sein de l’UE.
S’agissant du droit fr, la DDHC consacre ces droits mais aussi le préambule de la C° de 46.
Ces droits existent dans tous les états membres de l’UE et en principe garantis par le juge
C°nel. L’existence d’un juge pour garantir ces droits est un pilier de la démocratie = état de
droit.
La CEDH adoptée en 1950 dans un ordre juridique distinct, celui du Conseil de l’Europe.
Objectif de coopération et non intégration. CEDH prévoit une liste de droits ainsi qu’un
mécanisme juridictionnel qui se traduit par l’existence d’une Cour EDH qui garantit le fait
que les états respectent bien la Convention. Révélatrice de l’interdépendance entre ces
différents ordres juridiques, se traduit par le fait que lorsque l’UE va réfléchir à son propre
système de protection des droits fondamentaux elle va s’inspirer des C° des états membres
ainsi que de la CEDH.
Section 1. Le développement des droits fondamentaux
Initialement, les droits fondamentaux étaient absents de la construction européenne, aucune
référence dans les traités mais néanmoins ne veut pas dire que certains droits et libertés
n’étaient pas présents, certains ont été reconnus par le juge comme la libre circulation ou le
droit à la non-discrimination qui est présent depuis assez longtemps mais dont les fondements
ont évolué. Au départ envisagé par rapport à la nationalité, sa portée a été étendue à la
discrimination des diplômes.
Assez vite, apparu insuffisant au regard de ce qu’il existait dans les états membres.
§1. Un enjeu pour la primauté et la légitimité de l’Union
Un des premiers éléments qui a justifié que le droit évolue sur cette Q° est le fait que la
primauté du droit de l’UE était en jeu.
A partir des années 1970, certaines Cours C°elles notamment allemande qui était insistante
sur cette Q°, a menacé de remettre en cause la primauté du droit communautaire donc de ne
pas le respecter tant que celui-ci n’assurerait pas une protection équivalente des droits
fondamentaux. C’est ce qui ressort de la décision du 29 mai 1974 Solange, la Cour n’assurera
plus la primauté du droit de l’Union « aussi longtemps » qu’une protection des droits
fondamentaux ne serait pas assurée en droit communautaire.
La Cour a pris acte des évolutions qu’il y a eu entre les années 70 et 80 donc dans l’arrêt
Solange 2 de 1986 elle présumera l’équivalence entre le système communautaire et le système
allemand de protection des droits fondamentaux.
§2. La réponse de la Cour de Justice : les PGD
CJUE 17 décembre 1970, réponse a été de recourir aux PGD, va le faire avant même que la
Cour C°elle allemande se prononce. Dans cet arrêt, le juge a dit que « le respect des droits
fondamentaux fait partie intégrante des PGD dont la Cour assure le respect ». Point de départ
théorique car peu de concrétisation. Q° de savoir comment la Cour allait faire. Une réponse
était déjà envisagée car la Cour à ce moment dit qu’elle peut s’inspirer des traditions C°elles
communes aux états membres.

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Un arrêt de la CJCE du 14 mai 1974 Nold, elle va plus loin en réaffirmant la source
d’inspiration des traditions C°elles communes aux états membres mais aussi peut se trouver
dans certains traités internationaux relatifs aux droits de l’H.
Arrêt du 28 octobre 1975, arrêt Roland Rutili c/ ministre de l’intérieur, référence explicite à la
Cour EDH. Devait répondre à une Q° préjudicielle concernant un ressortissant italien dont la
liberté de circulation était menacée, portait sur le fait de savoir si cette liberté pouvait être
limitée. La CJUE a répondu que les limitations devaient respecter les principes de la CEDH.
Arrêt du 29 juin 1991, Cour considère que la CEDH devient la source d’inspiration privilégiée
et la Cour ajoute qu’elle revêt une signification particulière.
Le premier PGD énoncé par la CJUE était en 1969 dans l’arrêt Stauder, droit au respect de la
vie privée et familiale.
Arrêt du 15 juin 1978 Gabrielle Defrenne, a généré une évolution de la législation sur les
discriminations fondées sur le sexe.
Arrêt Les verts c/ PE 23 avril 1986, droit à un recours juridictionnel effectif, moment où le
parlement ne pouvait pas faire de recours.
Evolution dans la prise en considération des droits reconnus au niveau des états membres et
de l’instrument utilisé par la CJUE. A été pris en considération par le traité de M, l’existence
de droits fondamentaux est reconnue dans les traités. Synthétisé dans l’art 6.
Section 2. La Charte des droits fondamentaux
Elaboration particulière de la Charte, n’est pas classique des traités car lorsqu’un traité est
envisagé la méthode classique tient au fait que les représentants des états se réunissent pour
réfléchir à l’objet et contenu du traité. Ici, autre logique retenue, le Conseil euro en 1999 a
décidé de mettre en place une instance originale sans équivalent en droit de l’UE. Sa
dénomination était celle d’une convention et au sein de celle-ci on trouvait des représentants
des états membres, un représentant de la commission euro, des parlementaires euro et
nationaux.
Cette Convention avait un objectif, celui de réfléchir à un catalogue de droits fondamentaux
de l’UE. Au-delà de cette idée, objectif plus général qui était de proposer une lisibilité et
visibilité plus grande des droits fondamentaux dans l’UE.
En 2000, lors du Conseil euro de Nice cette Charte est proclamée. S’en est suivie une période
pendant laquelle il y avait une Q° juridique autour de la valeur de cette charte. Les états en
proclamant cette charte, reconnaissaient l’importance d’une déclaration spécifique pour l’UE
mais sur le moment ne souhaitaient pas que ce texte ai une valeur juridique contraignante.
Pour autant ils n’excluaient pas que ce texte puisse avoir un caractère contraignant. Entre
2000 et 2009, une période d’incertitude qui s’est traduite par des jurisprudences assez
contrastées. Le tribunal de l’UE en mai 2002 dans un arrêt Jego Quéré considère qu’il peut se
fonder sur cette charte cad examiner la validité d’un acte au regard d’une disposition de la
Charte. Sauf que, quelques semaines après la Cour dit que les juridictions en l’état actuel
n’étaient pas compétentes pour se fonder sur la Charte.
Le traité établissant une C° euro devait refondre les traités et la Charte faisait partie intégrante
de ce projet de traité qui la reprenait. Le traité de Lisbonne reprend une partie des éléments de

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ce traité mais clarifie la valeur juridique de cette Charte avec l’art 6§1 qui dit que l’UE
reconnait les droits, libertés et principes de la Charte qui a la même valeur juridique que les
traités.

§1. Le contenu de la Charte


S’articule entre différents titres qui regroupent des catégories de droits : droit à la vie, à
l’intégrité de la personne…
Titre I  : La dignité
Titre II : Les libertés
Titre III : L’égalité
Titre IV : Solidarité
Titre V : Citoyenneté
Titre VI : Justice
Titre VII : Dispositions générales
A) Au-delà de la distinction entre 1ère et 2ème génération
Cette Charte des droits fondamentaux reprend des distinctions classiques et apporte des
nouveautés importantes. Les éléments classiques sont des droits dits de première génération
cad les premiers soit reconnus et garantis dans des textes internationaux (CEDH) soit dont
l’importance a été relevée par les juges internes. Ces droits sont notamment le droit à la vie ou
interdiction de la torture et de l’esclavage. On trouve des droits procéduraux comme les droits
de la défense, droit à un recours effectif, droit à un tribunal indépendant et impartial.
A côté, on trouve les droits de seconde génération cad droits rattachés à une dimension
économique et sociale. La reconnaissance des droits économiques et sociaux a toujours été
plus compliquée que la reconnaissance des droits civils et politiques c’est ce qui explique que
dans les négociations préalables à la CEDH, il était prévu que celle-ci comporte des droits
civils et politiques mais aussi des droits économiques et sociaux sauf que les états se sont
trouvé bloqués car n’ont pas trouvé d’accord sur l’importance effective de ces droits. La
CEDH est donc essentiellement composée de droits civils et politiques, il a fallu attendre
quelques années pour que le Conseil de l’euro n’adopte et négocie un texte sur les droits socio
et éco : une charte spéciale mais pas de mécanismes juridictionnels attachés à cette Charte.
Cette difficulté est également identifiable au niveau international ou le premier texte qui
prévoit une déclaration de droits adoptée par l’ass générale de l’ONU mais celle-ci n’a pas de
valeur juridique contraignante car l’ass G de l’ONU n’a pas de compétence pour adopter des
actes contraignants.
 Valeur morale et symbolique.
L’assemblée G a encouragé les états à conclure une autre déclaration de droit donc en 1966
l’ONU adopte deux pactes :

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 Un sur les droits civils et politiques
 Un sur les droits économiques, sociaux et culturels
S’il y avait un consensus sur le premier pacte, + compliqué pour les droits éco…
Le RU était opposé à ce que les droits éco et socio figurent dans cette Charte. Les droits éco et
socio ne sont reconnus que comme des principes.
Cette Charte dépasse ces droits de 1ère et 2nd générations car certains ne figurent dans aucune :
droits liés à la citoyenneté euro, droits liés à l’évolution de la société et des nouvelles
technologies. Cette Charte recense des droits, les rappelle et les élève au rang de droits
fondamentaux.
B) La distinction entre les droits et les principes
Juge peut directement garantir les droits si d’effet direct. La Charte consacre des libertés.
Distinction entre droits et libertés : libertés peuvent être limitées pour des motifs importants
contrairement à un droit. La Charte contient des principes, ces derniers doivent pouvoir être
mis en œuvre soit au niveau de l’UE soit au niveau des états, ne peuvent être invoqués devant
le juge que les actes qui ont mis en œuvre ces principes. Les principes ne peuvent être
invoqués directement devant le juge. Dans la pratique, les frontières peuvent être complexes à
déterminer.
§2. L’interprétation de la Charte
Art 52 CDFUE : Titre VII
Idée est que toute limitation de l’exercice des droits doit être prévue par la loi, les limitations
doivent être nécessaires et répondre à des objectifs d’intérêt général. Le sens et la portée des
droits de la Charte sont les mêmes que leur octroie la CEDH. Effectivement, plusieurs droits
dans la Charte sont définis de la même façon que dans la CEDH notamment les droits
essentiels. La jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE a été audacieuse : arrêt Volker de
2010 dit que sur le fondement de l’art 8 de la Charte qui n’a pas d’équivalent textuel dans la
CEDH est étroitement lié au droit au respect de la vie privée de cette Charte lequel correspond
à l’Art 8 CEDH. Ce droit peut faire l’objet de limitation dans une logique similaire à la
CEDH.
Art 51§1 : Charte s’adresse aux I° de l’UE ainsi qu’aux états membres uniquement lorsqu’ils
mettent en œuvre le droit de l’Union.
Arrêt Aklagaren c/ Hans Akerberg Fransson : Charte ne s’applique que lorsque les états
mettent en œuvre le droit de l’UE. Les droits énoncés dans le droit de l’UE ont vocation à
s’appliquer dans des situations concernant le droit de l’UE et non externes à l’UE. En
revanche, dès lors qu’une telle règlementation entre dans le champ d’application du droit de
l’UE, la Cour doit fournir les éléments d’interprétation nécessaires à l’appréciation par la J°
nationale de la conformité de cette règlementation avec les droits fondamentaux dont elle
assure le respect. Dans cet arrêt, la Cour dit que la Charte est applicable à partir du moment
où le droit interne est en lien avec le droit de l’UE.
 Interprétation extensive de l’art 51
La CJUE le 26 février 2013 a rendu un autre arrêt Melony qui touche à cette Q°, qui est
centrée sur le niveau de protection de la Charte sachant qu’un citoyen en Italie avait fait

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l’objet d’un mandat d’arrêt européen et qui contestait celui-ci afin d’obtenir une révision de
son procès ce que le droit espagnol lui donnait comme possibilité. La CJUE a considéré que le
droit national ne pouvait pas écarter un acte européen même si c’était dans l’objectif de
proposer un standard de protection + élevé. Autre dit, les standards nationaux même si plus
élevés que les standards euro ne peuvent être un obstacle à la primauté de l’Union.

Section 3. L’UE et la CEDH


§1. L’influence de la CEDH sur l’UE
A) L’interprétation
CEDH et CJUE se sont influencées mais d’abord la CJUE s’inspire de la CEDH, à la
jurisprudence de celle-ci avec l’idée d’essayer de construire un système cohérent de la CJUE
par rapport à la Cour EDH.
Ex : il est arrivé à la CJUE de rouvrir une procédure suite à un arrêt important de la Cour
EDH sur la même Q°, s’est passé comme tel dans l’arrêt Menci de mars 2018 ou elle a tiré les
conséquences d’une interprétation plus souple de la Cour EDH.
Parfois, attitude moins explicite ces dernières années, sur cette Q° des droits fondamentaux la
CJUE fait parfois des références légères voire n’en fait plus ou ne fait que des références
rapides sans citer de jurisprudences.
Ex : Dans l’arrêt Fransson, sur le fond principe non bis in idem de la Cour EDH mais la CJUE
fait une brève référence seulement. Autre arrêt dit Schrems de 2020, important sur le principe
et dans la pratique car concernait la Q° de la protection des données et du transfert de données
entre l’UE et les USA. Cet arrêt a invalidé ce système en disant que les atteintes portées à la
vie privée des personnes dont les données étaient transférées, étaient disproportionnées eu
égard aux exigences de la Charte. Arrêt LM qui portait sur la Q° de la reconnaissance du droit
au procès équitable définit dans l’art 47 de la Charte, juge se penchait pour la 1ère fois sur le
contenu de ce droit mais aucune référence à la CEDH ou jurisprudence de celle-ci.
Même si les divergences de jurisprudences sont rares elles existent quand même. Elles
peuvent conduire à reconnaitre des standards de protection + élevés dans un système que dans
l’autre.
Ex : Arrêt Tarakhel c/ Suisse de novembre 2014, dans cet arrêt la Cour EDH a condamné la
Suisse qui avait renvoyé en Italie un demandeur d’asile malgré l’insuffisance des conditions
d’accueil dans cet état.
Il existe une règlementation : le principe du règlement Dublin, déterminer quel état est
responsable de l’examen ou du traitement d’une demande d’asile. S’agissant des entrées
irrégulières sur le territoire européen, le principe le + souvent est que l’état compétent pour
examiner la demande d’asile est celui sur lequel le ressortissant est entré. Les états les +
confrontés aux arrivées de migrants sont l’Italie et la Grèce. Ces états ont des systèmes d’asile

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surchargés. Si une personne arrive par l’Italie et souhaite demander asile en France, Grèce ou
autre, elle ne peut pas car elle doit s’adresser à l’Italie selon le règlement Dublin.
En 2011, aussi bien la Cour EDH que la CJUE avaient estimé qu’un état ne devait pas
renvoyer un demandeur de protection dans l’état d’entrée, le ressortissant allait être soumis à
des mesures dégradantes. Ne peut pas être renvoyé dans l’état d’entrée un demandeur d’asile
qui risque d’être soumis à un préjudice du fait des défaillances systémiques du système
d’asile. La Cour EDH s’affranchit de cette exigence de défaillance systémique et pour la Cour
EDH peu importe l’origine du risque, le seul élément qui doit être pris en compte est le fait
que le demandeur de protection risque de subir des préjudices.

La CJUE va opter pour un standard plus élevé : même faits qui ont donné lieu à deux arrêts
différents. Migrants retenus dans une zone de transit entre la Serbie et Hongrie. La Cour EDH
a considéré dans un arrêt Ilias et Ahmed c/ Hongrie que les requérant n’étaient pas privés de
leurs libertés dans la mesure où ils n’étaient pas emprisonnés et physiquement empêchés de
sortir de la zone. La CJUE a considéré dans l’arrêt FMS que cette situation devait être
analysée comme une privation de libertés.
La Cour EDH fait parfois référence à des arrêts de la CJUE, parfois elle s’appuie sur certains
droits qui sont reconnus dans la Charte.
Ex : Arrêt Moustaquim de 1991, elle devait répondre à la Q° de savoir si le traitement
préférentiel des ressortissants communautaires était constitutif d’une discrimination ou non,
s’est appuyée sur la jurisprudence de la CJUE.
Parfois, il lui est arrivé de se référer à la jurisprudence de la CJUE pour faire évoluer sa
jurisprudence, voire un revirement.
Ex : Affaire Eskelinen c/ Finlande ou la Cour EDH s’est appuyée sur l’art 47 de la Charte
pour interpréter l’art 6 de la Convention et l’appliquer en matière de fonction publique.
S’agissant de l’interprétation respective des différents textes, rapports de dialogue et de
coordination même si parfois des distancions. On peut relever une tendance de la CJUE à
s’émanciper des références systématiques de la Cour EDH.
B) Le contentieux des mesures nationales d’exécution
Q° de savoir dans quelles mesures la Cour EDH peut être amenée à contrôler des actes
nationaux qui mettent en œuvre le droit de l’Union ?
Une mesure d’exécution d’un acte de l’UE prise par un état est présumée conforme à la Cour
EDH tant que l’UE propose une protection équivalente des droits de l’H.
§2. L’adhésion à la CEDH
Cette Q° s’est posée dans le courant des années 1990 avec l’objectif d’assurer une plus grande
cohérence dans la protection et garantie de la protection des droits fondamentaux.
Les fondements juridiques de l’adhésion : Au départ rien dans les traités à ce sujet. N’a pas
empêché le Parlement et la Commission de se montrer très favorable à une telle adhésion et

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avec le Conseil de réfléchir à des modalités d’adhésion et sont tombés d’accord avec les états
membres sur un projet d’adhésion des communautés à la CEDH. La CJUE est saisie pour avis
qu’elle rend en mars 1996 et elle répond clairement de façon négative, les communautés ne
peuvent pas adhérer à la CEDH car sont incompétentes et que cette adhésion ne rentre pas
dans ses compétences, une telle adhésion nécessite une base juridique spécifique qui pour
l’heure n’existait pas dans les traités. La CJUE renvoi la Q° aux états membres.
Depuis le traité de Lisbonne, il y a une base juridique explicite, l’art 6§2 prévoit que
« l’Union adhère à la CEDH ». Coté convention euro, le protocole numéro 14 autorisait cette
adhésion de l’UE à la Conv. Il ne s’agit pas pour l’Union d’adhérer au Conseil de l’Europe.

L’intérêt de l’adhésion : Cette adhésion de l’Union viendrait parachever le système européen


de protection des droits de l’H et aurait pour conséquence de renforcer la cohérence dans les
jurisprudences de l’Union. Si l’Union adhère à la CEDH les actes de droit dérivé de l’union
pourraient alors être contestés devant la Cour EDH. Intérêt du recours en annulation, ouvert
aux I°, aux états, n’est pas fermé aux particuliers mais limité. Intérêt tenant au fait que l’UE
pourrait être associée lorsqu’un acte de celle-ci est contesté devant la Cour EDH.
Procédure : Les états membres de l’UE et du Conseil de l’Europe ont négocié entre eux. En
Avril 2013 l’UE est parvenue à un accord avec le Conseil de l’Europe. Cet accord a associé
également les différentes I° de l’UE.
CJUE rend un avis le 18 décembre 2014 qui ferait l’objet d’évolutions. L’avocat général avait
donné un avis positif à l’adhésion avec quelques réserves. La CJUE dit que l’adhésion n’est
pas possible et identifie plusieurs incompatibilités :
 L’atteinte à l’autonomie du droit de l’Union quant aux conditions de son
contrôle (compétence exclusive)
 Lié à l’essence de l’Union, principe de la confiance mutuelle entre les états membres
(Cour conditionne que l’Union ne peut être considérée comme les autres états
membres de la CEDH car statut spécial)
 Q° des compétences et exclusivité de celle-ci, principe de l’obligation de coopération
loyale. (Pour la Cour pas possible que La CEDH puisse être saisie d’une affaire qui
concerne le droit de l’union)
 Incompatibilité quant à la politique étrangère et de sécurité commune
SYNTHESE :
Le + gros obstacle pour l’adhésion à la C°EDH est de remettre en cause le principe
d’exclusivité de la CJUE quant aux actes de droit dérivé.
ACTUALITE :
Pas d’adhésion, les avis de la Cour rendus au sujet d’accords internationaux sont
contraignants, les I° ne peuvent pas passer outre. Reprise des négociations depuis 2019 et
formellement, un mandat de négociation est défini depuis 2020, les I° retravaillent sur un
autre traité d’adhésion.
Chap 7. L’ordre juridique de l’UE

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Dans l’UE, la hiérarchie des normes est la suivante :
-Droit originaire
-PGD de l’UE
-Accords internationaux
-Droit dérivé
Section 1. Le droit primaire
Le droit primaire est formé de l’ensemble des traités fondateurs fondamentaux de l’UE. Ce
sont les normes de bases. Dans leurs formes ces traités sont des actes de droit international
classique qui ont été négocié par des Etats mais leur contenu se distingue du droit
international classique.

I) Le contenu du droit primaire


Tel qu'il existe ajd, le droit primaire s’est formé au fil des révision successives. Ils
représentent donc aujourd'hui un ensemble complexe composé en réalité de 4 catégories de
textes :
-Les traités de base : Ces sont les 3 traités traité créant les communautés (traité de Paris 1951,
Traité Rome 1957 et EURATOM).
-Les traités de révision : sont venus modifier les traités de base (acte unique européen 1986,
Maastricht 1992, Amsterdam 1997, Nice 2001, Lisbonne 2007).
-Les annexes et les protocoles à ses traités qui ont la même valeur que ces traités.
-Certains actes du conseil des ministres ont acquis valeur de droit primaire c’est le cas de la
décision du 21 avril 1970 : crée les ressources propre de l’union européenne (avant
contribution des Etats membres) ou encore la décision du 20 septembre 1976 qui permet
l'élection du parlement européen au suffrage universel direct.
II - L'autorité du droit primaire
Le droit primaire se situe au sommet de la hiérarchie des normes européennes. Il bénéficie
d’une primauté absolue sur toute les autres normes européennes. Parmi les 4 catégories y a-t-il
une hiérarchie ? NB : Attention endroit européenne on ne parle pas de supériorité mais de
primauté. Même si cette primauté semble évidente, cette dernière n’est pas explicitement
affirmée par les traités. Cette primauté se déduit de certaines dispositions des traités et surtout
elle a été affirmée par la cour de justice de l’union européenne. S'agissant tout d’abord des
traités certains articles confère à la CJUE le pouvoir d’annuler les actes des institutions pour
violation du traité. Si on considère que ces actes doivent être annulé lorsqu'ils sont contraires
au droit primaire c’est que nécessairement on considère que le droit primaire est supérieur à
ses actes.
S’agissant de la primauté du droit primaire sur les traités internationaux, l’union européenne
signe des traités internationaux (Tafta°.
Il faut distinguer deux hypothèse :

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-les accords internationaux conclu par les Etats membre de l’UE entre eux ou avec des Etats
tiers : (Allemagne signe avec EU ou Allemagne et France) la règle est que le droit primaire
prime sur ces traités (accords internationaux) lorsqu’ils sont postérieure aux traité de base.
Les accords internationaux conclu avant les traités européen. Les accords internationaux
conclu avant les traités continuent à prévaloir pour préserver les droit des Etats tiers.
-Les accords internationaux conclu par l’union elle-même : le traité indique que lorsque
l’union envisage de signer un accord international et que la cour déclare qu’il est contraire au
droit originaire l'accord international ne pourra être signé qu'après révision du traité
originaire. Comme en droit interne la doctrine est divisée sur l'interprétation de cette
procédure. La jurisprudence de la CJUE sous-entend que le droit primaire prime.
Les 4 catégories de textes qui composent le droit primaire sont autonome les uns par rapport
aux autres bien qu’il existe une très large interdépendance. Mais existe-t-il une hiérarchie
entre eux ?
A priori non, ils ont tous la même valeur, cependant la CJUE laisse planer un doute dans son
avis du 14 décembre 1991 relatif à l’espace économique européen, (EEE) la cour a estimé que
l’accord était incompatible avec le traité et la cour a estimé qu’une révision du traité ne
permettra pas de réduire cette incompatibilité de traité parce qu’elle touche au « fondement
même de l’union ».
Une partie de la doctrine en a déduit que certaine disposition du traité ne pouvant pas être
révisé, sont supérieures aux autres. Il existerait ainsi une sorte de supériorité au sein même du
droit primaire. Néanmoins cette jurisprudence de 1991 n’a pas eu de suite et son interprétation
est délicate. En droit de l’UE on considère qu'il n’y a pas de hiérarchie entre les différentes
normes du droit primaire.
Section 2. Les principes généraux du droit
Ils sont non-écrits dégagés par le juge de l’Union Européenne, donc il n’y a pas de liste
définie. Les principes généraux du droit lui permettent de combler certaines lacunes. La Cour
de justice a eu recours à ces instruments à de multiples reprises, car le droit communautaire
comportait de nombreuses lacunes.
Grâce aux révisions, on a pu codifier les principes généraux du droit afin de les rendre plus
accessibles et visibles. Cela a permis d’aller chercher des choses existant ailleurs et pouvant
être fortement utile.
Cette inspiration lui a surtout permis d’introduire dans le droit de l’Union Européenne des
droits fondamentaux. Il y avait eu des conflits entre des juridictions constitutionnelles
nationales (Italie par exemple) et la Cour de justice. Dans les années 1970, il apparaît que les
compétences conférées aux Commissions européennes sont tellement importantes qu’elles
touchent à tous les aspects de la vie d’un Etat ; les juges allemand et italien expriment des
inquiétudes, notamment par rapport au fait que l’on ne peut porter atteintes aux droits
fondamentaux pour des prétextes économiques. En effet, on pourrait porter atteinte à l’égalité
entre les hommes/femmes, etc. Les juges pensent que la Cour de justice peut contrôler le droit
européen au regard de ces droits fondamentaux. Ils ne voient pas pourquoi il n’y aurait pas de
protections des libertés et droits, comme cela est le cas au niveau national. Le juge européen a
alors peur que cela porte atteinte au fonctionnement des communautés européennes. Il laisse

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alors entendre aux Etats et à leur juridiction constitutionnelle, qu’il va s’en occuper, grâce aux
principes généraux du droit.
La Cour de justice a affirmé clairement quelles étaient les sources d’inspiration utilisées pour
créer cette liste de principe généraux du droit. Elle a choisi deux sources principales, les
traditions constitutionnelles communes, ou les traités internationaux auxquels les Etats
membres sont partis.
Dans l’arrêt NOLD de 1974, la Cour de justice fait entendre qu’elle va s’inspirer des
instruments internationaux relatifs à la protect° des drts de l’H auxquels les EM ont adhéré.
La CJ a attendu que la Fr ratifie la C°EDH en 74 pour faire une 1 ère référence à cette conv°
dans son arrêt Rutili en 75. Mais cette jp de la Cour concernant la protect° des drts de l’H n’a
pas empêché la Cour C°elle all d’affirmé dans son arrêt Solange (1974), que temps que la
communauté euro n’a pas adopté un catalogue codifié de drts fondamentaux, elle est
compétente pour contrôler la conformité des actes de l’Union par rapport aux drts
fondamentaux garantis par la C° all. Pour répondre à cette réserve de la Cour C°elle all, la CJ
a multiplié les références aux drts fondamentaux dans sa jp, par le biais des PGD et par des
références explicites à la C°EDH.
Section 3. Le droit dérivé
Le droit dérivé comprend l’ensemble des actes des institutions européennes fondés sur les
traités. Ce sont des actes qui dérivent les traités d’où leur appellation de « droit dérivé » qui
indique que leur adoption découle du droit primaire. Le droit dérivé désigne les actes
unilatéraux adoptés par les institutions européennes. Evidemment, ces actes ne peuvent être
adoptés que dans le champ de compétence de l’UE.
S’agissant de la procédure d’adoption des actes de droit dérivé, l’acte est communément
adopté sur proposition de la Commission par le Conseil de l’UE en coopération avec le
Parlement européen. Certains actes sont néanmoins adoptés par la Commission seule dans le
cadre de sa fonction d’exécution.
Dans la hiérarchie des normes européennes, les actes de droit dérivé sont inférieurs à toutes
les autres normes. Cela signifie qu’ils doivent respecter toutes les normes supérieures sinon ils
seront annulés par la CJUE. Cependant, en principe, il n’existe aucune hiérarchie entre les
actes de droit dérivé : ils ont tous la même valeur car il n’y a pas au sein de l’UE de séparation
des pouvoirs comparable à ce qui existe en droit interne, donc les actes de droit dérivé ne sont
pas définis par un critère organique.
En droit de l’UE les actes de droit dérivé ne sont définis et distingués que par leurs effets
juridiques donc, le même type d’actes peut être adopté par des organes différents avec des
contenu divers (par exemple, un règlement peut être adopté soit par le Conseil seul, soit par la
Commission seule, soit par le Conseil avec le Parlement et le règlement peut définir de
grandes orientations dans un domaine ou au contraire être un acte d’application comportant de
nombreux détails).
Cette absence de hiérarchie entre les actes de droit dérivé est problématique car le système
n’est pas très lisible. Aussi, il existe aujourd’hui un consensus pour que soit introduite en droit
de l’UE une dichotomie, une distinction entre les actes « législatifs » et « non législatifs ».
Section 4. Les normes internationales

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L’UE est un sujet de droit international, et donc comme tous les sujets de droit international
l’Union est liée par le droit international.
I) Quelles normes internationales s’imposent ?
Les traités, la coutume internationale et les principes généraux du droit international.
Article 63 de la Convention de Vienne sur le droit des traités : « jus cojens » : normes
impératives auxquelles les Etats ne peuvent déroger (sorte d’Ordre public). Il s’agit
essentiellement du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et l’interdiction de la torture.
II) Quels sont les effets de ces normes internationales dans l’ordre juridique interne (de
l’Union) ?
A) L’invocabilité
Un traité international ne peut être invoqué devant la CJUE uniquement s’il est doté d’un effet
direct. La CJUE apprécie l’effet direct de l’accord en étudiant l’objet et l’économie de
l’accord. (comme dans l’arrêt FAPIL).
B) Le conflit
Le conflit entre le droit international et le droit de l’Union : si c’est le droit dérivé qui est en
cause, le droit international s’impose. En revanche, s’il y a un conflit entre le droit originaire
et le droit international, il y a un mécanisme préventif qui permet de mettre en harmonie le
droit originaire et le droit international de sorte à ce que la CJUE fasse primer sa Constitution
(le droit originaire) sur le droit international.

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