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L’intégration européenne se fait par la norme. C’est un droit qui s’applique au niveau
du droit interne des pays européen. Ce rapport entre l’ordre juridique européen et l’ordre
juridique interne amène des tensions. Le droit européen a une forte ambition de souveraineté.
L'arrêt Costa contre Enel du 15 juillet 1964, à la différence des traités internationaux
ordinaires, a institué un ordre juridique propre intégré aux systèmes juridiques des États
membres. C’est un droit propre, la source du droit européen est la même pour tous les pays,
c’est ensuite à eux de le mettre en œuvre.
Les États membres considéraient que pour certaines matières, l’Union serait plus
compétente. Par exemple des compétences économiques sur le marché. La classification
des compétences a été faite par les différentes jurisprudences au fil du temps. Le traité de
Lisbonne s’attache à cette classification.
Article 13 §2 TUE : « Chaque institution agit dans les limites des attributions qui lui sont
conférées dans les traités. »
➜ Article 1 du TUE : « Par le présent traité, les hautes parties contractantes instituent
l’Union européenne à laquelle les États membres attribuent des compétences pour atteindre
leurs objectifs communs. »
Dès 1957, les rédacteurs des traités ont considéré qu’il ne fallait pas que les textes soient
trop rigides.
Article 352 TFUE : lorsqu’une action de l’Union apparaît nécessaire dans le cadre de ses
objectifs, finalités politiques et que rien n’est prévu dans les traités, le Conseil à l'unanimité,
sur proposition de la Commission et sur validation du Parlement peut prendre des
dispositions appropriées.
Le Conseil adopte alors les dispositions appropriées « pour atteindre l’un des objectifs visés
par les traités ». Cette adaptation des compétences doit reposer sur des bases juridiques.
Pour éviter les abus, le traité de Lisbonne apporte 2 grandes limites :
Quand les institutions européennes agissent, elles le font sur une base juridique
mais aussi dans les limites des compétences qu’on lui a attribuées.
La base juridique est en général choisie par la Commission, cela détermine le rôle des
institutions. Il y a des situations où c'est compliqué de déterminer la base juridique.
La Cour de Justice détermine si l’acte est valide et la base juridique, elle regarde le but et le
contenu de l’acte, en fonction de cela elle pourra déterminer la bonne base juridique.
On a compétence par compétence et même parfois pour une même politique, on va
trouver différentes modalités d’application. La détermination de la base juridique est
essentielle.
La CJ a considéré que le choix de la base juridique devait être objectif. Il faut donc faire une
différence entre l’accessoire et le principal. Dans certaines situations, il va être difficile de
différencier le principal de l’accessoire.
➜ CJ nous indique qu’il est possible de cumuler les bases juridiques mais on peut
cumuler que lorsque la même procédure décisionnelle est suivie.
Dans un arrêt du 1er décembre 2015 du Parlement & Commission c/ Conseil, la CJUE a
apporté des précisions : elle considère que ce principe de parallélisme joue sauf lorsqu’il y
a une disposition autonome qui vient modifier l’acte de base.
Aujourd’hui, les conflits se sont déplacés hors du TFUE, vers le TUE. Dans le TUE, il n’y a
pas d’actes législatifs et le Conseil doit se prononcer à l'unanimité.
Exemple : un des objectifs de la PESC est la lutte en faveur de la paix et sécurité. Mais
dans le TFUE, il y a une partie « espace de liberté, de sécurité et de justice » qui a aussi la
sécurité. On pourrait dire que l’un concerne l’extérieur de l’UE et l’autre l’intérieur. Mais dans
le cadre du terrorisme ? Il y a les deux. Dans ce cas quelle base juridique choisir ? Dans
l’arrêt Parlement européen c/ Conseil du 24 juin 2014 sur le transfert de personnes
suspectées de piraterie, la CJUE rejette le rapport du Parlement et choisit la PESC car elle a
identifié un objectif principal qui est rattaché à la PESC.
Il n’y a pas comme en France de clause générale de compétence. Pour éviter que ce
contentieux ne se développe, le traité de Lisbonne a innové et clarifié les compétences. Le
titre 1 de la partie 1 du TFUE s’intitule “catégories et domaines de compétence de l’Union”.
Le traité établit donc différentes catégories de compétences.
Les compétences internes sont des compétences entre l’Union et les États
membres.
Les compétences externes sont les relations de l'Union, l'Union peut signer des
conventions, des traités qui engagent les communautés (personnalité juridique donc elle
peut contracter) envers les pays tiers.
- L’article 47 du TUE affirme la personnalité juridique de l’Union.
- L’article 116 du TFUE autorise l’Union à conclure des accords avec des pays tiers.
Très souvent, ce que l’Union prévoit pour l’intérieur, elle le prévoit aussi pour l'extérieur.
L’Union a une personnalité juridique et c’est la seule membre de plusieurs autres
organisations internationales. Les organisations internationales sont fondées par les
États. Elle exerce seule des compétences qui relèvent en général des États. Si l’Union a une
compétence externe, c’est que les États membres l’ont perdu. On peut considérer qu’une
compétence externe est exclusive. En général, l’Union européenne est membre de
l’organisation mais les États membres aussi. La compétence de l’Union est une compétence
d’attribution, l'article 191 du TFUE prévoit la possibilité pour l’Union de prendre part à des
accords sur l’environnement.
Le traité de Rome de 1958 prévoit une politique européenne des transports au niveau
interne seulement. Cette politique des transports implique une compétence externe des
communautés, les États ne pourront donc plus passer d’accords internationaux sur cette
matière, ce sera l’Union qui devra exercer cette compétence. Il faut que la compétence
externe revienne aux communautés de l’Union. Les règles communes sont affectées, pour y
mettre un terme il faut que cela relève de la compétence européenne. La compétence
interne peut assécher les compétences externes des États. Au plus la législation
européenne croit, plus sa compétence externe croit. Cependant, les compétences des États
seront touchées. En général cette compétence externe est exclusive, l’Union est la seule à
agir.
Le traité de Lisbonne recense les hypothèses ou il peut y avoir une compétence externe,
mais elle n’est pas expressément prévue.
● Article 216 TFUE : l’Union peut conclure un accord lorsque la conclusion d’un
accord est nécessaire pour permettre la réalisation d’un objectif visé par les traités.
● Article 3§2 TFUE : L’Union peut conclure un accord international lorsque c’est prévu
dans un acte juridiquement contraignant de l’Union. L’union peut conclure un accord
lorsqu’il est susceptible d’affecter la législation européenne. Les traités prévoient un
objectif interne et externe. L’acte interne se projette sur le plan externe.
En principe les compétences externes sont exclusives mais pas tout le temps. Quand il y a
un accord avec des compétences externes partagées, c’est un accord mixte : l’accord se fait
entre l’Union et les pays membres mais aussi avec le pays tiers. L’accord doit être ratifié par
tous les pays membres de l’Union.
Arrêt du 26 novembre 2014, Green Network : La Cour de justice a déduit d’une
compétence interne, une compétence externe exclusive pour l'Union en matière d’énergie
renouvelable.
L’union économique et monétaire pour les États dont la monnaie est l’euro : les
États membres ayant adopté l’euro ont perdu la compétence monétaire qui a été
transférée à l’Union.
La conservation des ressources biologiques de la mer : les États ont perdu toute
compétence législative pour les quotas de pêche.
Article 4 §1 TFUE : C’est le principe de droit commun. Le droit européen vient encadrer
et les législations nationales complètent. L’Union et les États peuvent légiférer et adopter
des actes juridiquement contraignants. Ce n’est pas un partage équitable, l’Union est
prépondérante dans la plupart des cas. L'espace de liberté et de sécurité de justice est une
compétence partagée mais l’Union n’agit que très peu, en réalité la législation reste très
largement posée par les États.
Le traité prévoit que lorsque l’Union a exercé sa compétence partagée, cela peut avoir pour
effet de supprimer la compétence des États.
→ L’exercice d’une compétence partagée va vider la compétence nationale de sa
substance.
Le traité va prévoir que les États membres et l’Union prennent des mesures pour développer
la coopération pénale (mandat d'arrêt européen). La France peut passer un accord
d’extradition avec un pays tiers à l’Union mais pas avec un pays membre de l’Union. La
compétence partagée peut devenir exclusive. On parle de Spin Over, cela participe à
l’intégration européenne. Ces compétences partagées sont les plus nombreuses.
➔ La santé publique
➔ Politique de cohésion
➔ L’espace de sécurité, de liberté et de justice (espace judiciaire européen)
➔ L’énergie
Il peut y avoir une compétence partagée alors qu’elle n’est pas dans ce champ-là : c’est
lorsque les États n’exercent plus leur compétence nationale, compétence partagée par
extinction. Le traité de Lisbonne est venu encadrer le phénomène de compétence
partagée par extinction.
L’Union peut aussi faciliter la coopération. Elle est un objet du marché, elle est construite sur
le marché.
Il y a 4 grands domaines qui ne nous disent rien sur la compétence mise en avant :
- L’industrie
- La culture
- La santé humaine
- Le sport
La Cour de justice considère que les médicaments sont des marchandises comme les
autres, l’agence européenne du médicament donne une autorisation de vente sur le marché
pour tous les États. On applique le droit européen alors que c’est une compétence partagée.
→ L’emploi
Le Conseil européen fixe les grandes orientations politiques, ces 2 politiques sont des
politiques sensibles. Les États de la zone euro ont une politique monétaire commune, elle
est fixée par la Banque Centrale européenne. La monnaie est un élément fédéral, l’aspect le
plus intégré est la monnaie. La politique économique et de l’emploi est une compétence à
part.
La PESC est la définition d’une politique de défense commune. L’idée est de coopérer en
matière de défense externe. C’est aussi une compétence à part, c’est une politique de
coopération.
→ Ces compétences sont prévues par les traités mais les États souhaitent garder la même.
Article 1 alinéa 1 du TUE : “Les décisions sont prises le plus près possible du citoyen". Ce
principe joue en faveur des États car ce sont eux qui représentent la proximité.
Ce principe de subsidiarité met en avant un critère négatif (ce n’est pas suffisant pour les
États membres) puis un critère positif (c’est mieux l’Union), il ne joue donc que pour les
compétences partagées.
La mise en œuvre du principe de subsidiarité a été faite par la Commission (car elle
propose la législation européenne) dans les années 1990.
Mais les États membres vont mettre en place un protocole (protocole n°2) sur la
subsidiarité qui apparaît dans le traité d’Amsterdam : il prévoit une série d’éléments →
chaque institutions veillent au principe de subsidiarité car elles ont le monopole de
l’initiative.
Les institutions sont toutes visées singulièrement, on va avoir une précision des critères
relatifs à la mise en œuvre du principe.
Depuis 2000, la Commission émet un rapport qui s’intitule « mieux légiférer », bilan
annuel de la mise en œuvre du principe de la subsidiarité. On comprend que la
Commission est juge et partie.
De nos jours, on associe davantage les premiers concernés par la subsidiarité qui sont les
États. Ce principe est inutile car l’action européenne va de soi.
Le moteur est la crise, en règle générale la compétence est placée au niveau de l’Union.
Exemple : Les États ont considéré que la compétence était nationale et non européenne
pour le droit de grève → Arrêt Viking (11 décembre 2007) et Laval (18 décembre 2007).
La Commission a fait une proposition mais elle l’a ensuite retirée et depuis on ne parle plus
du tout de législation européenne du droit de grève.
➜ Le principe de subsidiarité ne sert à rien car les États sont co-législateurs, il n’y a pas de
législation européenne sans les États. Une proposition de la Commission peut être
rationalisée par les États pour qu’ils puissent garder des droits.
Ce principe a une forte connotation politique avec une quinzaine d’arrêts : c’est
peu car la CJUE est peu saisie.
Ceux qui ont intérêt à la saisir sont ceux qui font l’acte un État est minoritaire au sein
du Conseil, il n’a pas pu influencer la législation et donc comme il n’est pas d’accord avec le
texte, il saisit la CJUE. Aucun acte n’a été jugé comme étant en violation au principe de
subsidiarité.
La Cour de justice effectue un contrôle minimum, limité à l’erreur manifeste d’appréciation.
Le contrôle du principe de subsidiarité ne se fait que si l’erreur est flagrante, cela n’est donc
pas très utile.
→ Un État ne conteste pas l’action de l’Union mais bien le contenu de l’action de
l’Union.
Article 5 TUE + protocole n°2 : « Les contrôles nationaux sont les gardiens du
principe de subsidiarité ».
C’est une revendication qui émane de la Conférence des organes spécialisés dans les
affaires communautaires (COSAC) : groupe de pression des Parlements nationaux.
Jusqu’à nos jours, les Parlements ont ressenti le besoin de mettre en place une commission
spécialisée et permanente pour la construction européenne : coopération
interparlementaire.
On peut dire que chaque Parlement est habilité par sa Constitution pour faire un contrôle
politique individuel, c’est le droit d’alerte, système d’alerte précoce. En d’autres termes, un
mécanisme permettant aux parlements nationaux de veiller à ce que les propositions
législatives respectent le principe de subsidiarité. La Commission envoie tous ses
documents, notamment les propositions législatives, qui disposent d’un délai minimum pour
l’examiner. Dans ce délai, les Parlements peuvent alerter.
Il peut y avoir une action collective des Parlements. Sauf qu’il y a plusieurs types de
Parlements (une ou deux chambres) : chaque Parlement a 2 voix (56 au total).
C’est arrivé une première fois en 2012 avec les arrêts Viking et Laval (2007) : il y eut
restriction du droit de grève des employés, ce qui n’est pas une compétence de l’UE.
La Commission a néanmoins maintenu sa proposition mais les États ne l’ont pas du tout
relayée.
La deuxième fois, c’est pour le parquet européen. C’est un parquet qui poursuit ce qui
intéresse la violation des intérêts de l’UE. En 2013, on brandit un carton contre lui mais le
texte est finalement adopté.
Enfin en 2016, 14 assemblées avec 22 voix, examinent un projet sur le travail détaché. Les
États ont voulu une révision du travail détaché au détriment des États que cela concerne
(pays de l’Est). Ils ont donc jugé que cela violait le principe de subsidiarité mais cela n’a pas
fonctionné.
B/ Le principe de proportionnalité
Le principe de subsidiarité apparaît en 1992 avec le Traité de Maastricht, alors que celui de
proportionnalité est plus ancien, il apparaît avec l’arrêt KÖSTER du 17 décembre 1970. De
manière générale, on trouve une application de ce principe dans toutes les institutions :
lorsqu’elles prennent des mesures, ces mesures doivent être proportionnelles. Le principe
de proportionnalité est plus étendu dans son champ d’application, il vaut pour toutes les
compétences.
Ce principe est un Principe Général du Droit (PGD). Il n’est pas créé, mais il est découvert
par le juge car c’est un principe commun au droit des États membres.
On pose leur définition (PGD) dans un arrêt du 24 septembre 1985, The Queen : ce
principe permet de « vérifier si les moyens mis en œuvre sont appropriés et nécessaires
pour atteindre le but recherché ».
En tant que PGD d’origine jurisprudentielle, le principe de proportionnalité est consacré par
le Traité de Maastricht en 1992. Les deux principes sont ainsi consacrés : on détermine
quel est le bon échelon du pouvoir (UE ou Etats) et une fois l’UE identifiée, les
institutions doivent agir. Il va sans dire que le principe de proportionnalité, dans la
mesure où il doit sa naissance au juge, s’applique devant le tribunal : il est justiciable.
Il y a une réciprocité dans ce principe : les institutions de l’UE doivent aussi jouer le jeu.
L’UE doit coopérer loyalement avec les États : principe de fidélité fédérale.
La réciprocité avancée par le juge est introduite à l’article 4 paragraphe 3 TUE : « l’Union et
les Etats membres se respectent et s’assistent mutuellement dans l’accomplissement des
missions découlant des traités ».
L'arrêt central est l'arrêt du 15 juillet 1964, l'arrêt Costa qui institue un ordre
juridique propre intégré aux ordres juridiques des États. Cet ordre juridique est beaucoup
plus intégré que l’ordre juridique international. C’est un droit ordonné avec une norme
suprême, le droit primaire mais aussi le droit dérivé qui découle de ce premier.
Le traité de Maastricht crée l’Union. Le traité de Rome, le traité de Lisbonne sont des
traités fondateurs. Les traités forment le droit primaire.
B/ Les protocoles annexés aux traités
Les protocoles ont la même valeur que les traités, ils sont négociés et discutés en même
temps que les traités. Ils sont nombreux, dans le traité de Maastricht il y a 17 protocoles. Le
protocole sur la subsidiarité et sur la proportionnalité. Dans le traité de Lisbonne il y a 37
protocoles. Il y a aussi des déclarations annexées aux traités qui ont une portée informative
et non normative.
Le droit primaire est la loi suprême, fondamentale du droit de l’Union. C’est au sommet de la
hiérarchie des normes. Dans un arrêt du 23 avril 1986 Parti écologiste les Verts, la Cour
de justice parle de charte constitutionnelle de base des communautés. Dans un arrêt du 11
septembre 2003 Autriche c/ Conseil : la CJ a considéré que l’acte d’adhésion devait être
interprété en tenant compte des traités originels, des fondements et du système de la
communauté tel qu’il ressort des traités originels.
Les rapports entre le TUE et le TFUE : indépendance réciproque, il arrive que l’un renvoie à
l’autre mais ils sont indépendants.
Les traités d’adhésion et traités fondateurs : dans l'arrêt du 29 mars 1979 l’acte d’adhésion
doit être interprété à la lumière des traités.
Les traités européens et les traités internationaux : ce sont des traités mais la CJUE a une
politique jurisprudentielle favorable à la spécificité de l’ordre juridique européen.
Le droit de l’Union s’inscrit dans le droit international, il y a une aspiration internationale. Dans
l’arrêt Racke du 16 juin 1988 la CJUE affirme que lorsqu’elle adopte un acte de droit dérivé il
convient de respecter le droit international. La CJUE ne traite pas des rapports entre les
traités.
La Cour de justice reconnaît qu’elle peut examiner la conformité d’un acte international, elle
juge la validité du droit de l’Union.
Ce sont les accords dont l’Union est partie. Ils occupent une place intermédiaire
inférieure au droit primaire, mais supérieure au droit dérivé. La construction européenne
est essentiellement un objet économique et ces accords se retrouvent dans le champ de
la PCC. Ces accords commerciaux (entre puissance égale) occupent une place importante.
On trouve aussi les accords d’associations. 3 grandes catégories : accords commerciaux,
les accords d’associations (accord privilégié avec les pays plus proche de l’Union). Les
accords de coopération sont plutôt avec des puissances moins fortes.
Article 216 paragraphe 1 TFUE : « L'Union peut conclure un accord avec un ou plusieurs
pays tiers ou organisations internationales lorsque les traités le prévoient ou lorsque la
conclusion d'un accord, soit est nécessaire pour réaliser, dans le cadre des politiques de
l'Union, l'un des objectifs visés par les traités, soit est prévue dans un acte juridique
contraignant de l'Union, soit encore est susceptible d'affecter des règles communes ou d'en
altérer la portée. »
Accords de partenariats : Les accords conclus par l’Union lient les institutions et les États
membres, elles peuvent produire du droit dérivé.
Avant qu’un traité soit conclu la Cour de justice peut être saisie pour vérifier si cet accord
respecte bien le droit primaire, son avis est contraignant. La Convention européenne des
droits de l’Homme régit tous les pays mais pas l’Union en tant que telle. La Cour de justice
interprète le droit de l’Union pour savoir si il est compatible avec la CEDH → Contrôle de
comptabilité
Le droit issu des accords externes ne peut pas être contredit par le droit dérivé.
Ce sont les actes unilatéraux, la législation européenne. Les traités habilitent les
institutions de l’Union à adopter des actes unilatéraux donc la législation européenne. Ils
procèdent d’une hiérarchie organique, le droit primaire est le droit des États, adopté par les
traités. Dans le cadre européen le droit primaire est le droit le plus élevé, il crée des
institutions et leur fixe des missions. Le droit des États est supérieur au droit des institutions
car ce sont eux qui les créent. Le droit dérivé est produit par les institutions de l'Union.
A/ Les actes de droit dérivé, créateurs de droit prévus par les traités
Il y a une production de normes unilatérales de l’Union européenne, le cadre
international est lui multilatéral.
Les institutions créent du droit unilatéral, cette production législative est quantitativement
considérable. Qualitativement, le droit de l’Union est supérieur au droit national. Les règles
sont harmonisées pour les États membres. Il y a un processus législatif européen.
1. La nomenclature
Le règlement est une loi, dans le cadre du traité constitutionnel on avait d’ailleurs
prévu que les règlements s'appellerait loi. La France a un rôle important dans l’Union
européenne, on s’inspire donc de la France pour l’activité réglementaire. L’acte central de
ces communautés, dans le traité de Rome est nommé règlement. Elle porte sur des aspects
techniques réglementaires, les populations et assemblées ne sont pas perturbées par cela.
Règlement : acte général et impersonnel qui envisage les personnages de manière générale
et abstraite. Il vaut pour des situations déterminées. → 11 juillet 1968, arrêt Zuckerfabrik
de la Cour de justice.
Le règlement a une portée erga omnes, il vaut pour les relations entre particuliers
(horizontal) mais aussi entre les États et les particuliers (vertical). Le fait qu’il soit
directement applicable n'empêche pas qu’un droit national soit nécessaire.
Il y a des lois d’adaptation qu’on peut adapter à 2018. A partir de 2018, des décisions du
Conseil constitutionnel exigent des transpositions des directives ou une adaptation pour les
règlements.
Elle fixe une obligation de résultat mais liberté quant aux moyens → article 288 du
TFUE.
C’est un instrument de législation indirecte : elle lie tout État membre destinataire quant
aux résultats à atteindre, tout en laissant aux instances nationales le choix quant à la
forme et aux moyens.
Cela peut être une loi ou un décret. Cette directive a une complexité plus grande que le
règlement. Elle lie tous les États membres, elle a une portée générale. La CJUE a considéré
que la directive avait une portée générale, elle s’adresse à toutes les autorités publiques.
Elle ne concerne pas les particuliers.
La directive est un vecteur, elle est issue de l’ordre juridique de l’Union et elle passe ensuite
dans l’ordre juridique interne, son contenu doit être repris par la législation nationale. Elle
fixe des objectifs précis.
Les États transposent mal ce qui amène des tensions. La directive fixe tout le temps un délai
de transposition (2-3 ans).
Tous les actes doivent être motivés, motivation importante au regard du principe de
subsidiarité. Il y a toujours la même structure (visa, motif, dispositif). La CJUE considère que
la motivation est une formalité substantielle de l’acte. La violation de la motivation est
susceptible d’annuler l’acte. Il y a aussi une obligation de publication dans le Journal officiel
de l’Union pour les règlements et de manière subsidiaire pour les directives et les décisions
qui elles ont un destinataires. Article 297 TFUE.
3. La place des actes de droit dérivé dans la hiérarchie des normes du l’Union
Arrêt du 17 décembre 1970, Koster, la CJUE distingue les actes de bases et les
actes d’exécution. La Cour dégage ici une hiérarchie des actes.
Il y a une hiérarchie entre l’acte qui va poser un cadre général et le même règlement mais
qui va l’exécuter. La hiérarchie des normes renvoie à une hiérarchie des fonctions
européennes. Cette hiérarchie apparaît formellement en 2007 avec le traité de Lisbonne
de manière tardive. Il emploie les termes “procédure législative” et “acte législatif”. Article
289 §3 TFUE “Les actes juridiques adoptés par procédure législative constituent des actes
législatifs”.
Par rapport à la situation interne, on a une situation spéciale, il y a du non législatif dans
lequel il y a du réglementaire et des dispositions autonomes. Il n’y a pas de séparation entre
la loi et le règlement. L’acte non législatif est pris par une institution non législative.
3 catégories d’actes non législatif :
- acte délégué (=ordonnance française) : le Parlement et le Conseil vont délégué une
prise de décision à la Commission.
→ Acte non législatif de portée générale, il est adopté par la Commission. Ces actes vont
modifier ou interpréter “des éléments non essentiels de l’acte législatif”, article 290 TFUE.
essentiel : objectifs, contenu, portée et durée de la délégation de pouvoir.
La CJUE nous dit ce qu’est un acte non législatif, elle considère qu’il y a 2 catégories d’actes
délégués : ceux qui ajoutent et ceux qui modifient. Il s’agit de concrétiser l’acte. La
Commission est autorisée à concrétiser cet acte, son mandat est limité au développement
en détail. Les actes législatifs délimitent explicitement les objectifs, le contenu, la portée et la
durée de la délégation de pouvoir. Les éléments essentiels d'un domaine sont réservés
à l'acte législatif et ne peuvent donc pas faire l'objet d'une délégation de pouvoir.
- actes qui mettent en œuvre le traité directement sans passer par le législateur :
→ La Commission est la gardienne du marché : elle peut prendre des actes en matière de
concurrence et d’aide des États. À la différence de l’acte délégué et de l’acte d’exécution, ce
type d’acte n’indique pas son caractère non législatif dans son intitulé. Les actes
non-législatifs mettant en œuvre directement le traité apparaissent essentiellement dans le
domaine de la PESC. Le Conseil peut adopter directement un certain nombre d’actes
juridiques, mais qui ne sont pas législatifs, tel est le cas des mesures individuelles par
exemple.
1. Avis et recommandations
Les avis et recommandations ne lient pas. L’idée est d’inviter les États membres à
adopter une attitude plutôt qu’une autre, les orientés. Il s’agit d’un instrument qui permet
aux institutions de l’UE de faire une déclaration, sans imposer d’obligations juridiques
au destinataire. Il y a des avis pour les déficits des États. La Commission publie un avis sur
cet État en déficit. S’apparente à la soft law.
Tous les actes créateurs de droit ne sont pas dans la nomenclature. Ces
règlements ont une portée juridique interne, ils ne sont pas opposables aux tiers.
Les actes atypiques sont différents des actes de la nomenclature mais qui ont le
même nom. Des actes s’appellent règlements, décision, avis, etc mais qui ne font pas partie
de l’article 288 du TFUE.
D/ Les actes des institutions non prévus par les traités
Dans le cadre international, il y a des traditions différentes mais les États sont dans
des positions égales. La soft law dans le système européen a une place, les relations sont
importantes. Aujourd’hui on retrouve la soft law en droit interne, pour mettre en avant une
internationalisation de notre droit (europe et pays anglo saxons). Au lieu de la
réglementation on parle de régulation dans laquelle on peut inclure de la soft law.
Dans le cadre du droit de l’Union cette notion permet aux institutions de ne pas brusquer les
États membres en passant par des actes de soft law : orientations générales, lignes
directrices, programme d'action, mesure d’encouragement…
La soft law désigne des règles de conduite qui ne produisent pas d’effets juridiques,
mais qui peuvent en produire indirectement. Tout se passe comme s’il s’agissait du droit,
tout en sachant que ce n’est pas du droit. L’intérêt de la soft est double : il n’y a pas de
contentieux (réduction du coût éco, car contentieux coûte de l’argent) et on peut faire
intervenir les acteurs du marché.
- Actes prélégislatifs : Commission publie des actes qui fixent de grandes orientations
qui parfois vont préfiguer le droit à venir (livre vert, livre blanc).
- Actes post législatif : indiquer de quelle manière les États peuvent mettre en œuvre
le droit de l’Union.
IV- La jurisprudence
La construction européenne se fait par le droit. Les premiers juges sont des militants
de la cause européenne. Les juges qui siègent sont des juges nationaux, expérimentés. La
jurisprudence occupe une place particulière dans l’Union.
Il y a peu de spécialistes du droit européen. La Cour de justice des communautés se réunit
en 1952 pour la première fois, elle est bâtie sur le modèle du Conseil d’État → création
prétorienne. C’est le juge qui crée le droit. Les méthodes d'interprétation du Conseil d’État
se retrouvent dans la Cour de justice européenne.
La Cour de justice met en avant un bon nombre de principes généraux du droit. Le droit
communautaire qui est exclusivement économique ne prévoit rien pour les droits
fondamentaux. C’est la Cour de justice qui met en place ces droits par les principes
généraux du droit.
Ces PGD s’imposent aux institutions, il lie l’Union et les États.
3 grands principes :
- principe inhérent à tout système juridique organisé (sécurité juridique, non
rétroactivité, respect des droits de la défense, droit au juge, droit à une bonne
administration…)
- principe du droit commun des États membres (enrichissement sans cause, secret
des affaires, responsabilité extracontractuelle…)
- principe déduit de la nature de l’Union, (coopération loyale, équilibre institutionnel…)
Ces grands principes comme participant de la défense des droits fondamentaux. C’est
important pour comprendre le développement des PGD au début des années 70.
C’est un droit qui vient compléter le droit des traités, c’est un droit à côté. Il y a des
accords, des traités conclus à côté des traités pour les appliquer. L’accord de Schengen
signé en 1985, il y a un protocole en 1990 : c’est un traité fait par les États pour compléter,
aller plus loin.
Il est subordonné au droit primaire
→ Norme générale.
Article 291 TFUE : Les États membres prennent toutes les mesures de droit interne
nécessaires pour la mise en œuvre des actes juridiquement contraignants de l’Union.
→ L’exécution se fait au niveau des États. Les États exécute, applique le droit européen,
c’est l’administration des États qui fait respecter le droit de l’Union.
Arrêt Koster du 17 décembre 1970, système législatif des traités : distinction entre actes
de base (législatif) et actes dérivés, d’exécution (exécutif).
On élit des représentants qui vont fixer des normes. C’est ce que met en avant le traité de
Lisbonne.
Dans l’Union il y a 2 représentants : le Conseil qui représente les États et le Parlement
européen qui représente le peuple des États. Il y a un dualisme fonctionnel.
→ triangle législatif
La lutte contre le réchauffement climatique passe par la taxation des activités polluantes, ce
domaine est de l’unanimité. Protection de l’environnement = majorité qualifiée.
- fiscalité
- propriété intellectuelle
- citoyenneté européenne
- les capitaux
- coopération pénale
- ressources propres de l’Union
B/ La portée de la procédure de consultation l’aménagement de la procédure sous
influence juridictionnelle
Le Parlement a essayé de donner une portée à son avis. Le Conseil devait attendre
l’avis du Parlement mais il doit coopérer loyalement avec le Conseil, c’est-à-dire rendre son
avis dans un temps raisonnable.
2 procédures :
2 procédures :
- procédure ordinaire
- procédure spéciale
→ Parlement colégislateur
Procédure spéciale, elle apparaît en 1986, elle est contenu dans l’Acte unique mais
c’est une procédure d’avis conforme. Le Parlement possède un droit de véto, c’est un pouvoir
qui se prête à une comparaison avec l'autorisation de ratification des Parlements nationaux. Il
exerce une influence sur le contenu de l’acte, il donne ou pas son accord. En 1986 la
procédure d’avis conforme vise les traités d’adhésions et les accords d’associations. Le
pouvoir d’avis conforme est à la base limité. La procédure d’approbation s’est développée au
fil des traités.
Pour l’essentiel, le Parlement européen doit donner son approbation pour que ces
accords soient adoptés. Article 217, 218 TFUE, pour la quasi totalité des accords on trouve
un pouvoir d'approbation du Parlement européen. Pour les traités d’adhésion, article 49
TUE, il y a aussi un pouvoir d’approbation. Les accords de politique commerciale commune,
le Parlement va simplement être consulté mais pour la mise en œuvre de la politique
commerciale commune il y aura une procédure législative ordinaire.
Dans des domaines législatifs, l’auteur de l’acte est le Conseil, la procédure d’approbation
associe au maximum les États au sein du Conseil et le Parlement européen. Pour fixer le
cadre financier pluriannuel de l’Union est arrêté par le Conseil à l’unanimité et il faut une
approbation du Parlement. La coopération pénale et judiciaire (espace de liberté et de
sécurité de justice) se soumet aussi au Parlement mais les États conservent la maîtrise de
cette coopération. Tout ce qui touche aux personnes concerne le Parlement sans qu’il ne
touche la maîtrise du Conseil.
Une fois que l’acte a été arrêté, il y a un accord sur le contenu de l’acte. La Conseil va être
chargé de communiquer ce texte au Parlement européen. Pour les négociations d’un accord
externe, le Parlement est saisi. Le Parlement demande à être informé de ces négociations.
La Commission est chargée d’informer le Parlement de l'avancée des négociations. Jamais le
Parlement a refusé de donner son approbation. Plutôt qu’il y ait une absence d’accord, le
Parlement préférera donner son accord plutôt que de ne pas avoir de texte. L'intérêt est
d’avoir des accords entre l’Union et des pays tiers.
Il y a une grande activité externe, entre 30 et 40 accords externes de l’Union par an, 90%
sont soumis à la procédure d’approbation. Le Conseil est auteur de l’acte après
l’approbation du Parlement européen.
Il y a une centaine d’actes adoptés par an par une procédure législative ordinaire.
Les intitulés des actes renseignent sur la procédure. Le Conseil est le seul auteur des actes
de procédures législatives spéciales. Tout le reste, les actes législatifs de l’Union sont des
règlements du Parlement et du Conseil et ici ce sera une procédure législative ordinaire.
Plus une institution a de pouvoirs, plus elle s’oppose et plus elle est responsable. Dans cette
situation, le Parlement, quand il n’a un pouvoir que consultatif, est radical : position très
ambitieuse. Quand il y a des responsabilités c’est plus difficile.
Les trilogues informels sont mis en place entre le rapporteur du Parlement européen, un
représentant de l’État qui préside le Conseil de l’Union et un commissaire. Ils allègent la
lourdeur de la procédure de conciliation.
Procédure très lourde pour éviter les blocages, l’essentiel de la législation européenne est
adopté avant la 2ème lecture.
L’autonomie procédurale et institutionnelle des États signifie que la manière dont les États
s'administrent n'intéresse pas le droit communautaire.
→ Prise en compte des réalités locales.
Le Conseil délègue sans déléguer, la Commission n’a pas vraiment la main sur l’exécution.
Les États adoptent la norme générale et gardent la main sur l’exécution avec cette
comitologie.
Finalement le régime actuel est basé sur un règlement du 16 février 2011, c’est le règlement
central pour comprendre comment sont exécutés les actes législatifs de l’Union. Ce
règlement fixe le droit positif à la lumière du traité de Lisbonne.
Il y a 2 grandes dispositions de ce traité :
- article 17 TUE, fixe le portrait institutionnel de la Commission et prévoit qu’elle
exerce des compétences d’exécution
- article 290 TFUE
Un acte délégué est un acte non législatif de portée générale qui complète ou
modifie certains éléments non essentiels de l’acte législatif qui délègue.
Le règlement de 2011 va préciser les modalités de cette délégation. Le Parlement et le
Conseil peuvent s’opposer aux actes délégués dans un délai de 2 mois.
La CJUE a précisé cette notion “d'éléments non essentiels”, elle examine si ya une
dimension politique ou pas. Les éléments non essentiels désignent des éléments techniques
et non politiques.
Dans un arrêt du 5 septembre 2012, le juge va considérer que le choix de la délégation
peut faire l’objet d’un contrôle juridictionnel.
Il peut aussi y avoir révocation : l’acte délégué n’entre pas en vigueur ou alors le Parlement
et le Conseil reprennent la main. Le Conseil n’a jamais révoqué, en revanche le Parlement
européen a fait depuis le traité de Lisbonne a fait 5 objections. La Commission consulte les
États mais il n’y a pas ici de comitologie.
La pratique des actes délégués fait voir qu’ils sont importants, on trouve entre 400 et 500
par législatures (5 ans).
Ces actes d’exécution sont principalement générés par ces comités. On distingue les
actes délégués des PRAC (procédure relative aux actes d’exécution de la Commission)
2 procédures de comitologie :
- procédure consultative : procédure de droit commun, de principe. Le comité
d’experts nationaux ne donne qu’un avis.
- procédure d’examen : procédure qui porte sur des mesures générales d’exécution.
Le domaine est une exécution par des mesures générales, avec des implications
budgétaires notables et des mesures qui peuvent avoir une incidence majeure dans
plusieurs domaines (domaines sensibles : l’agriculture, l’environnement, la santé, la
fiscalité…)
Arrêt 21 septembre 1989, Commission c/ Grèce : L’obligation pour les États membres de
prendre des mesures pour garantir l’exécution des obligations. Les États doivent appliquer le
droit de l’Union, tout repose sur eux.
Cette exécution se fait selon les États, en France il y a un Conseil d'État, un ordre
administratif. En Belgique ou en Allemagne il n’y a pas de juridiction se rapprochant du
Conseil d’État.
Aujourd’hui, les État n’ont pas l’obligation de créer des organes spécifiques pour
l’application du droit de l’Union. Le but est de concilier cette autonomie avec le principe
d’uniformité du droit de l’Union et il revient à la Cour de justice de poser les limites de
cette autonomie.
Arrêt du 15 décembre 1971, International Fruit Company : la manière dont les États se
conforme au droit de l’Union n’est la préoccupation que de son système constitutionnel. En
France, l’application du droit de l’UE se fait par le pouvoir exécutif. L’agent est la SGAE
(secrétariat général des affaires européennes) service interministériel qui dépend
directement du Premier ministre.
En 1948, la France crée l’ancien SGCI afin de recevoir le Plan Marshall. Il est réellement
devenu le SGAE en 2005, référendum du traité constitutionnel est négatif. Il centralise toute
la législation européen et regarde quelle autorité est compétente pour l’exécuter. Il est aussi
chargé de la transposition des directives, identifier quel ministère est chargé de cela.
Chaque année, la Commission fait un rapport sur la transposition des directives → aspect le
plus sensible. Aujourd’hui, déficit de transposition très faible : 0,3%.
L’exécution va très loin, la CJUE est sévère. Si le juge d’un État est soumis au pouvoir
gouvernemental, alors on comprend qu’il appliquera mal le droit de l’Union. L'exécution par
le juge peut subir des dommages liés à une perte de l'indépendance du juge.
Le droit au juge → arrêt Johnston
Arrêt 1972, Commission c/ Grèce : une application uniforme du droit communautaire doit
se concilier avec les nécessités d’une application uniforme du droit communautaire.
2 test de l’uniformité :
Arrêt REWE prévoit l’absence de réglementation communautaire. En l’absence de ces
réglementations, il appartient aux États de désigner les juridictions compétentes, ces
modalités ne peuvent pas être moins favorables que celles concernant des recours
similaires internes.
→ 1er test de l’équivalence, le recours ne doit pas être moins favorable.
Test de l’effectivité : absence d’harmonisation, il faut que l'accès au juge soit effectif. Pour
dénoncer ces modalités qui rendent impossible le recours on s’en tient à l’effectivité
Principe général du droit initialement (la plupart des principes généraux ont été
repris par la charte des droit fondamentaux)
Principe repris à l’article 47 de la Charte des droit fondamentaux : CJ est venue préciser
les conséquences :
- Question procédurale de relever d’office : obligation pour le juge de soulever un
point de droit.
- Le juge national est tenu de soulever 1 noyau du droit quand il y a une
violation du droit UE, le juge va soulever d’office. Arrêt 14 décembre 1995,
Peterbroeck
Application du mandat d'arrêt européen, on demande son exclusion car on considère qu'il
porte atteinte à nos droits fondamentaux.
→ recours effectif
Ce principe de primauté du droit de l’UE apparaît en 1960. Les raports entre le droit
de l’Union et le droit national dépendent du point de vue. La d'où l'on regarde, il y a des
approches différentes.
L’autonomie est centrale car cela distingue l’Union des autres droits. L'article 55 de la
Constitution élève les traités au-dessus des lois ; cet article ne dit par contre rien pour les
relations entre les traités et la Constitution, la Constitution est la norme supérieure, elle est
au-dessus des traités. Cela démontre qu’il n’y a pas vraiment de primauté.
Le juge destinataire de l’article 55 est le juge ordinaire car le Conseil constitutionnel s’est
déclaré imcompétent. L'intérêt de l’autonomie est que le droit de l’UE n’est pas appliqué
comme les autres droits.
Dans le traité constitutionnel de 2005, l’article 1-6 prévoyait ce principe de primauté. Une
déclaration annexée au traité de Lisbonne rappelle que les traités et les droits adoptés par
l’Union sur la base des traités prime sur le droit des États membres dans les conditions
définies par la jurisprudence. Plus on étend les compétences de l'Union, plus on étend les
situations de conflit entre le droit interne et le droit national.
La primauté à un objectif, sans elle il n’y a plus de droit commun. Si les systèmes
nationaux peuvent échapper à la règle commune, alors il n’y a plus de règles communes.
L'arrêt Costa du 15 juillet 1964 affirme ce principe de primauté. Cet arrêt est prudent, la
primauté n’est pas clairement exprimée : “issu d’une source autonome, le droit naît du traité
ne pourrait donc en raison de sa nature spécifique originale se voir judiciairement opposer
un texte interne quel qu'il soit sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mis
en cause la base juridique de la communauté”. Le juge national doit écarter le texte interne,
c’est lui qui règle les conflits entre les droits.
➜ Pour qu'il y ait l'application du droit communautaire il faut violer le droit national
Les traités instituent une Union d’une durée illimitée, avec des institutions propres, une
capacité juridique, une capacité internationale et plus particulièrement des pouvoirs réels.
Article 288 TFUE relatif au règlement : “Le règlement a une portée générale. Il est
obligatoire dans tous ses éléments et il est directement applicable dans tout État membre”.
B/ La portée du principe de primauté du droit de l’Union
La primauté est générale et interne, elle vaut pour toutes les normes. Dans l'arrêt
Costa, il y a l’expression de “droit naît du traité” donc la primauté vaut aussi pour le droit
dérivé, les accords externes et les traités.
→ Primauté vaut pour l’ensemble des sources.
Dans l'arrêt Variola de 1973, la CJUE explique que la primauté est un principe fondamental
du droit communautaire.
Quand il y a compétence exclusive, il n’y a pas de droit national donc il n’y a pas de conflit.
La primauté vaut à l'encontre de toutes les normes.
→ Arrêt Internationale Handelsgesellschaft, 17 décembre 1970
→ Arrêt Melloni, 26 février 2013
Une catégorie de normes y échappe, ils ne sont pas affectés par la primauté : les traités
conclus entre les États avant le 1 janvier 1958. Le traité du BENELUX de 1948 est le seul
encore concerné. Ce principe concerne tous les juges.
Arrêt Phobia de 1981 la CJUE considère que “le juge national remplit en collaboration avec
la Cour une fonction qui leur est attribuée en commun en vue d’assurer le respect du droit
dans l'interprétation et l’application des traités”.
Le mandat d'arrêt européen est un coin du droit de l’Union. Il existe depuis 2002 et
depuis il n’y a plus d’extradition dans l’Union, c’est automatique. Le juge du lieu de
commission du crime envoie un mandat d'arrêt à notre juge national. On touche au pénal et
c’est un contact avec les droits fondamentaux, le droit pénal met en danger nos libertés. Le
mandat d'arrêt européen est donc le droit de l’Union, ce qui vaut pour ce mandat d'arrêt vaut
pour tout le droit de l’Union.
→ ébauche de droit pénal européen.
La CJUE dans cette situation ou l'application du droit européen limite les droits
fondamentaux l'arrêt de principe est un arrêt du 26 février 2013, l'arrêt Melloni : la CJUE
s'appuie sur l’article 53 de la Charte des droits fondamentaux et affirme que la Charte
confirme que lorsque qu’un acte de l’Union appelle les mesures nationales de mise en
oeuvre le juge national peut prendre des mesures pour appliquer les standards nationaux
pour vu que cette application soit au moins équivalente à la Charte dans la protection de
droits et qu’elle ne remette pas en cause la primauté, l’effectivité du droit de l’Union.
Arrêt du 5 avril 2016 Aranyosi : la CJUE va concrètement ouvrir la possibilité pour le juge
national de ne pas appliquer le mandat d'arrêt européen et donc le droit de l’Union.
3 grandes remarques :
- D’une certaine manière, il y a une hiérarchie du droit de l’Union. C’est au nom des
standards de protection des droits fondamentaux de l’Union que l’on n’applique pas
le droit européen. La hiérarchie est appréciée par le juge national (donc moins
uniforme).
- On parle de convergence des droits : s'il y a un problème entre le mandat d'arrêt
européen et les libertés fondamentales, la CJUE va européaniser le débat.
- Il y a une reconnaissance des autres droits européens de la part des États membres.
La coopération judiciaire est le fait de considérer les autres juridictions européennes
comme les siennes.
Le juge national doit être en présence d’éléments objectifs, fiables, précis et dûment
actualisés (soit des enquêtes faites par des institutions indépendantes) témoignant de
l'existence de défaillances systématiques ou généralisées soit touchant certains groupes de
personnes soit encore certains centres de détention. Il doit vérifier de manière concrète et
précise s'il existe de motifs sérieux et avérés de croire que la personne concernée par le
mandat d'arrêt courra un risque réel de traitement dégradant. Il y a bien cette primauté qui
est assouplie au nom du droit de l’Union.
Depuis le traité de Maastricht, l’article 4 §3 du TUE est apparu, le traité de Lisbonne l’a
précisé : “L'Union respecte l'égalité des États membres devant les traités ainsi que leur
identité nationale, inhérente à leurs structures fondamentales politiques et
constitutionnelles.”
L'arrêt de principe est l'arrêt Simmenthal du 9 mars 1978 : la CJUE va fixer des
obligations au juge. Elle fait une relation entre le principe de primauté et les normes qui sont
directement applicables. Le juge national doit rendre inapplicable de plein droit toutes
disposition contraires de la législation nationale existante mais aussi d'empêcher la formation
valable de nouveaux actes législatifs nationaux. Le juge national a l’obligation de ne pas
appliquer la loi nationale de sa propre autorité. C’est seulement le juge qui est habilité à cela.
La CJUE fait confiance au juge, elle croit en la puissance du droit. L'intérêt est que le juge
est indépendant, la CJUE s’affranchit du législatif et de l’exécutif.
Les autorités politiques sont aussi destinataires de la primauté, celles-ci ne dispensent pas
l’État d’éliminer les dispositions incompatibles.
La CJUE va donner des critères que le pays devra respecter. La violation du principe
de primauté engage la responsabilité de l’État. Le juge national se doit de remédier
intégralement à cela. La Cour de justice pose des critères limitant la marge de manœuvre de
l’État. Cette réparation doit se faire selon le critère d’une violation suffisamment caractérisée
du droit de l’Union. Il faut identifier le comportement de l’État et un lien de causalité. Le juge
doit écarter la norme nationale, suspendre l’exécution du droit national et engager la
responsabilité de l’État.
Les Cours nationales disent qu’elles s’affranchissent du principe de primauté car l’Union et
ses institutions sont hors du champ de leurs compétences.
A la fin des années 70, ces tensions sont nourris par l’élection du Parlement européen au
suffrage universel direct : le Parlement français le voit comme un rival. Elles sont aussi
nourries par le holisme, des présidents qui s'intéressent à l’Union.
A partir d’un certain temps, il y a eu un recul de la France à l’égard du droit généré au niveau
de l’Union. Aujourd’hui, les autorités gouvernementales ont des difficultés car le droit de
l’Union correspond moins aux besoins de la Nation, les déficits financiers persistants de la
France amène des tensions. Cela a des incidences sur le juge national.
La doctrine s’est interrogé sur l'article 55, qui est son destinataire ?
Est ce le Conseil constitutionnel ou le juge ordinaire ?
Arrêt IVG, 15 janvier 1975 : le Conseil constitutionnel considère que l’article 55 a pour
destinataire le juge ordinaire.
Ces 2 dispositions traduisent la position moniste de la France, pas de séparation entre les
ordres juridiques, cette tradition on la remonte au moins à la IV° République.
Article 61 premier rapport entre Constitution et traités. La démocratie n’existe qu'à l'échelle
nationale. En substance, le Conseil constitutionnel met en avant cette contrariété de
l’élection au suffrage universel direct et la Constitution. La France consent à des limitations
de souveraineté. Le traité de Rome n’a pas été soumis à un contrôle préventif puisqu’il est
entré en vigueur sous la IV° République. La première saisie de l’article 54 est le traité
Maastricht, le Conseil constitutionnel abandonne la référence aux limitations de
souveraineté car sa référence repose sur une distinction entre des transferts et des
limitations de souveraineté. 3 incompatibilités : élection et droit de vote des citoyens
européens ; la monnaie ; visa, circulation des personnes.
Le constituant en 2008 ne connaît pas la primauté car le contrôle de conventionnalité est fait
par le juge ordinaire, il assure la primauté du droit de l’Union sur la loi. Ce contrôle de
conventionnalité fait en sorte que le droit de l’Union est mieux protégé que la Constitution, le
droit de l'Union permet la mise à l’écart de la loi par le juge ordinaire alors que le Conseil
constitutionnel n’effectue à cette époque qu’un contrôle a priori. La QPC est introduite en
2008 donc le constituant prend connaissance de ce principe de primauté.
Le droit de l’Union va sur le terrain des droits fondamentaux qui est la spécificité des
institutions constitutionnelles.
Arrêt rendu en 2009 : intégration européenne mais pas d’ultra vires. Ces limites avancées
par le juge allemand étaient dessinées mais jamais considérées comme appliquées.
Arrêt du 5 mai 2020 : 2 institutions sont jugées comme violant les compétences : la Banque
centrale européenne a acheté des actions d’organes publics pour venir en aide aux
entreprises publiques de ces États. Le traité ne permet pas à la BCE de soutenir
financièrement les États. La CJUE met en avant que la BCE a outrepassé ses compétences
en achetant des actifs publics sur un marché secondaire.
Renvoi préjudiciel → Arrêt Weiss du 11 décembre 2018 : elle exerce un contrôle limité à
l’erreur manifeste d’appréciation. La Cour constitutionnelle allemande a jugé que la CJUE
était en deçà de sa compétence, elle n’a pas correctement contrôlé la BCE.
La CJUE a fait un communiqué de presse dans lequel elle rappelle qu’elle est la seule
compétente pour contrôler si un acte d’une institution est contraire ou non au droit de
l’Union.
La BCE et la CJUE ont violé leur compétence donc on applique pas le droit de l’Union.
La Commission a introduit le 9 juin 2021 un recours en manquement aux motifs que la Cour
allemande a privé un arrêt de la CJUE de son exécution.
Dans un arrêt du 24 juin 2019, la CJUE considère qu’il y a un manquement. Elle considère
que le juge polonais n’est pas impartial.
Il y a aussi une réforme du système judiciaire polonais qui limite la possibilité de faire un
renvoi préjudiciel. Un juge polonais pose une question à la CJUE qui porte sur cette réforme.
Dans un arrêt du 2 mars 2021, la CJUE considère que l’équivalent de notre conseil supérieur
de la magistrature peut conduire à une absence d’apparence d’indépendance ou
d’impartialité. Le principe de primauté doit être interprété dans le sens de laisser inappliqué
les dispositions en cause. Les juges du fond n’ont donc pas à appliquer cette réforme car elle
porte atteinte à la primauté du droit de l’Union.
Il y a une riposte : arrêt du 7 octobre 2021 : Les États souverains ne peuvent pas mettre
leur destin entre les mains de la CJUE.
Il y a donc véritablement des tensions entre les Cours constitutionnelles des États et la
CJUE sur l’application de ce principe de primauté.
Article 55 : Les traités ont une valeur supérieure aux lois. Le droit dérivé n’est pas abordé.
Le CC est compétent pour l’article 54 seulement avant que le traité entre en vigueur. Le CC
va être saisi dans le cadre de l’article 61, il va être saisi de lois qui contiennent du droit de
l'Union. Il est confronté indirectement à la constitutionnalité du droit de l’Union.
Le contrôle de constitutionnalité du droit dérivé : contrôle préventif.
En 2004, le CC a fait apparaître dans une décision du 10 juin 2004 l’exigence
constitutionnelle des transpositions des directives. Elle apparaît en 2004 car le socle de
cette décision est l’article 81 de la Constitution. En 1982, révision constitutionnelle qui
insère l’article 88-1, article purement déclaratoire. Le CC dans sa décision considère que
cet article a quand même une portée forte.
La QPC (article 61-1 de la Constitution) est mise en place car le droit de l’Union était
mieux protégé que la Constitution. Le juge national pouvait écarter le droit interne contraire
au droit de l’Union mais pas la Constitution.
→ Priorité du droit de l’Union sur le droit national
Lors des débats, on choisit le mot prioritaire (QPC) car c’est prioritaire par rapport au droit
de l’Union. Assurer un contrôle de constitutionnalité avant un contrôle de conventionnalité.
La QPC peut être prioritaire mais elle ne doit pas empêcher le justiciable de demander
l’application du droit de l’Union.
La QPC renouvelle la question de rapport entre droit constitutionnel et droit de l’Union. La
Cour de cassation est saisie d’un litige par rapport à 2 ressortissants, elle pose une question
à la Cour de justice : Arrêt du 22 juin 2010. La Cour de justice répète que le fonctionnement
de l’article 267 TFUE exige que le juge soit libre de saisir la Cour de justice.
Loi qui transpose une directive, sa constitutionnalité est contestée par la QPC.
La CJUE ne reconnaît pas au CC le pouvoir de priver d’effet une directive aux motifs qu’elle
porte atteinte à l’identité constitutionnelle de la France
Le caractère prioritaire de cette procédure ne peut avoir pour effet d'empêcher la juridiction
nationale d’exercer la faculté ou l’obligation de mettre en œuvre l’article 57 du TFUE.
Si elle est prioritaire, le juge national ne doit pas conduire à un contrôle de conventionnalité,
dans le cadre de ce contrôle il peut y avoir un doute sur la compatibilité entre le droit national
et le droit de l’Union. Il peut aussi avoir un doute sur le sens donné par ce droit de l’Union.
→ renvoi préjudiciel
Cela ne doit pas empêcher les juridictions nationales, à tout moment de la procédure, de
saisir la Cour de toutes questions préjudicielles. Le juge peut directement laisser
inappliquée.
La QPC témoigne d’une ouverture du CC à l’égard du droit de l’Union. La QPC est un délai
de 3 mois. Pour la première fois le CC a posé une question préjudicielle à la CJUE. Dans la
décision QPC du 4 avril 2013, Jeremy F : le CC a posé une question préjudicielle à la CJUE
en matière de mandat d'arrêt européen.
Arrêt Kamel D du 17 décembre 2010.
Dans le cadre de la QPC, il y a eu une application de ce qui pouvait être un principe inhérent
à l’identité constitutionnelle de la France.
→ Décision QPC n°2021940 du 15 octobre 2021
Depuis cette décision nous savons que l'article 12 de la DDHC est un principe inhérent à
notre identité constitutionnelle.
Arrêt Fraisse du 2 juin 2000 de la Cour de cassation : les traités ne sont pas
supérieurs à la Constitution mais incertitudes car ça concerne les traités
internationaux et non les traités européens.
→ Cour de cassation va-t-elle faire un traitement à part pour droit UE ? Est-ce qu’elle
considère le droit de l’Union comme du droit international ?
Si on se met du côté de la CJUE, elle met en avant l’autonomie du droit de l’Union.
Le CE était dans une position qui ne respectait pas la jurisprudence du CC mais aussi de la
CJUE. En 1989, il fait un revirement de jurisprudence. Si on est devant le juge judiciaire et
qu’on obtient la mise à l’écart de la loi.
Les droits vont changer en fonction de si l’on va devant le juge judiciaire ou le juge
administratif.
Il n’y a que le juge judiciaire qui écarte la loi.
Le justiciable français se trouvait dans une position discriminatoire par rapport à d’autres
États qui contrôlaient la conventionnalité de la loi.
Depuis 1989 assure la primauté de tout le droit de l’Union sur la loi française. Le CE s’appuie
sur l’article 55, supériorité des traités : il y a une source du droit de l’Union qui sont les PGD
qui ne sont pas des droits écrits.
Arrêt Aquarone de 1997 du Conseil d’État : le juge a écarté l’application du droit
international coutumier.
Arrêt SNIP de 2001 du Conseil d’État : a mis en avant la supériorité des PGD déduite du
traité instituant la communauté européenne et ayant la même valeur juridique.
La jurisprudence va évoluer avec l'arrêt Arcelor de 2007 du Conseil d’État : le droit de l’UE
est originaire du droit international. Arcelor saisit le CE et demande de faire un contrôle de
constitutionnalité (il fait du contrôle de légalité).
L'arrêt Arcelor met en avant la violation du principe d’égalité devant la loi. Il demande au CE
de censurer l’acte administratif, ce décret transpose une directive.
L’acte administratif n’est pas contraire à la Constitution en lui-même mais le décret est
contraire car il transpose la directive. C’est l’insertion du droit de l'Union dans l’ordre
constitutionnel français qui vient contaminer le droit français. Depuis 2004, on doit
transposer une directive que ce soit par la loi ou par décret. Le CE est confronté à cette
question de la constitutionnalité. Le CE s’est reconnu compétent en prenant en compte la
spécificité du droit de l’UE, il le fait car il y a un contrôle de constitutionnalité du droit dérivé.
Le CC dit on doit transposer mais la transposition ne peut pas violer la Constitution, à un
principe inhérent de l’identité constitutionnelle française. On lui demande d’examiner un
décret de transposition par rapport à la Constitution. Dès lors qu’un décret transpose une
directive c’est un contrôle de constitutionnalité. Le CE prend en compte la spécificité car il y
a une obligation de transposer. La Constitution prévoit une obligation de transposer.
Le CE pose une question préjudicielle en demandant si la directive viole le principe d’égalité
ou non. La CJUE répond qu’il n’y a pas de dispositions précises mais que nous sommes
dans une Union de droit et donc cette directive respecte le principe d’égalité en droit de
l’Union. Le CE dit qu’il exerce un contrôle particulier, des modalités particulières car il juge un
acte réglementaire qui découle de l’exigence constitutionnelle de transposer des directives. Il
examine ensuite la constitutionnalité de l’acte et il regarde s'il n’y a pas de principe équivalent
en droit de l’Union. Si il n’existe pas de principe comparable en droit de l’Union alors il
examinera directement la constitutionnalité.
La législation d'un État ne peut pas à titre préventif prévoir une conservation généralisée et
indifférenciée des données relatives au trafic et à la localisation. Cette règle va faire l’objet
devant la CJUE d’une modération qui est “sauf en cas de sauvegarde de la sécurité
nationale”.
L'arrêt du 21 mai 2021 est intéressant car le CE se saisit de cette ouverture de la CJUE. Le
Conseil d’État va s'appuyer sur cette ouverture pour assurer l'application du droit de l’UE. Il y
a une équivalence entre les objectifs de sécurité nationale. Dans cette affaire, le Premier
ministre va demander à ce que le Conseil d’État ne tienne pas compte du précédent arrêt de
la CJUE aux motifs qu’elle a outrepassé sa compétence → cet argument de l’ultra vires est
rejeté par le CE. Le CE ne peut pas être juge de l’ultra vires car cela reviendrait à dire que
l’UE n’est pas compétente face aux États membres, dans le respect du droit dérivé du droit de
l’Union ce serait à la CJUE de juger de cela.
Arrêt Septfonds de 1923 du tribunal des conflits prévoit que le juge judiciaire ne
peut pas apprécier la légalité d’un acte administratif réglementaire. Nécessairement, il y a
une question préjudicielle au juge administratif.
Le tribunal des conflits rend un arrêt SCEA du chéneau du 17 octobre 2011 et prend
appuie sur l'article 88-1 de la Constitution et sur l’application de la jurisprudence
Simmenthal dans l’hypothèses ou le juge judiciaire aurait à examiner un acte administratif
reprenant le droit de l’Union, le juge judiciaire est libéré de son obligation de saisir le juge
administratif pour apprécier la validité du décret. Dès lors que la conformité d’un acte
administratif se pose au regard du droit de l’Union, le juge judiciaire est déchargé de cette
obligation de saisir le juge administratif.
Du point de vue du tribunal des conflits il y a 2 types d’actes administratifs : les actes
administratifs qui concernent sa conformité au regard du droit de l’Union et ceux n’ayant
aucune disposition européenne.
La différence avec la primauté c’est qu’on l’on peut demander l’application du droit de
l’Union alors qu’il n’y a pas de contrariété avec le droit national. Dans ce cas, le droit de
l’Union confère des droits que le droit national ne donne pas.
Le droit de l’Union ne nécessite pas, pour produire des effets, de véhicules internes.
L’effet direct est le droit international qui produit des effets sans passer par un acte interne.
Ce principe guide la CJUE dans l'arrêt fondateur.
Le préambule du traité au-delà de viser les États vise aussi les justiciables. L’article 177 du
traité CEE permet au juge national de poser une question préjudicielle. La CJUE considère
que cet article 177 démontre que le droit communautaire peut être invoqué devant le juge
national. Il y a un effet direct car le juge national est concerné par ce droit de l’Union. La
communauté constitue un nouvel ordre juridique de droit international.
L'arrêt Costa est intéressant car il montre le pas que fait la CJUE entre l'arrêt Van Gend en
loos et l'arrêt Costa qui évoque “un nouvel ordre juridique propre”. La CJUE met en avant
que le traité prévoit une obligation de ne pas faire. La CJUE établit un cadre jurisprudentiel
posant des conditions jurisprudentielles.
● le droit primaire
Le droit primaire, les traités, au fil de la jurisprudence on trouve des dispositions qui
vont au cas par cas être reconnu comme ayant un effet direct.
Cet effet direct des traités est un effet vertical et horizontal (un particulier peut invoquer le
droit primaire devant un autre particulier).
Dans le TFUE il y a 17 articles reconnus comme étant d’effet direct : articles sur la
citoyenneté européenne ; dispositions relatives à la libre circulation des travailleurs ; liberté
d’établissement ; libre prestation des services… Cette jurisprudence a eu un effet
accélérateur sur le marché commun. L’effet direct du droit primaire reste donc limité.
Un accord externe n’a pas l’ambition de l’effet direct, il ne crée pas d’ordre juridique.
Dans un arrêt du 25 novembre 1999, Portugal c/ Conseil, la CJUE renforce sa
jurisprudence sur le droit primaire. Quand une obligation est claire, précise et inconditionnée
elle peut être considérée comme d’effet direct.
Il est possible de permettre un effet direct, devant le juge national on s’appuie sur un accord
externe de l’Union.
Arrêt Gloszczuk du 27 septembre 2001 reconnaît même un effet direct aux actes dérivés
adoptés au titre d’un accord externe.
Accord d’association → le comité d'association peut produire des actes unilatéraux. Droit
dérivé de l’accord d’association. Certaines de ses dispositions pourront avoir un effet direct.
● le droit dérivé
Le règlement est directement applicable dans les États membres et leur laisse une marge
d’appréciation. Le règlement directement applicable a un effet erga omnes. L’autorité
nationale pourra prendre différentes formes.
C’est pour cela qu’il existe des lois ou des décrets d’adaptation. Il y a une exigence de
transposition des directives et aussi une exigence constitutionnelle d’application.
Les directives n’ont pas d’effet direct car elles fixent une obligation de résultat à un État mais
ne lie que l’État. C’est un véhicule qui transporte du droit de l’Union mais qui ne sert à rien si
l’État ne considère pas cette directive. Elle ne peut pas être invoquée par un particulier. Elle
oblige l’État à prendre une décision car sinon la directive n’a pas d’effet.
Arrêt du 4 décembre 1974, Van Duyn : Une dame demande l’application d’une directive.
La CJUE a jugé que l’effet contraignant sera affaibli si les directives ne sont pas
transposées. Si elles ne sont pas transposées, les directives sont susceptibles d'être
invoquées par les justiciables devant lesdites juridictions.
La CJUE a mis en avant plusieurs formes d’invocabilité pour essayer de faire produire à la
directive le plus d’effets possibles :
- L’invocabilité d’exclusion (la + forte) : on exclut les effets du droit national, très
largement soutenu par le principe de primauté qui vise à l’emporter sur le droit
national. → Arrêt Simmenthal
- L’invocabilité de substitution (la + protectrice) : la directive se substitue au droit
national, elle permet de produire des effets même s'il n’y a pas de droit national.
- L’invocabilité d'interprétation conforme : casse l’absence d’effet horizontal. Le juge
national est tenu d'interpréter son droit à la lumière du droit de l’Union. La directive ne
s’applique pas directement donc on demande au juge de faire produire des effets à la
directive en appliquant le droit national. → Arrêt Mau de 2003 ; Arrêt de principe
Marleasing de 1990 : invocabilité des interprétations conformes. Comme on applique
le droit national et pas la directive on peut être dans une relation horizontale. La
CJUE met en avant l’interprétation conforme et qu’elle ne peut pas atteindre la
sécurité juridique (L'arrêt Pupino du 16 juin 2005).
- L’invocabilité de réparation : Arrêt de 1991, Francovich : en ne transposant pas il
viole le droit de l’Union cela crée un préjudice. Le préjudice doit être réparé. La
directive doit comporter des droits qui puissent être identifiés par le juge national. La
violation est suffisamment caractérisée : clarté et précision de la règle violée : pouvoir
d’appréciation de l’État ; l’intégralité du préjudice doit être réparée.
L’application du droit de l’Union par le CE est parfaite par principe mais il faut une bonne
volonté du CE
Arrêt du Conseil d’État du 1 avril 2019, affaire Spedding : le CE lorsqu’il ne fait pas
renvoie préjudiciel pourra avoir une application légicentré du droit national.
1. La notion de manquement
La notion de traité désigne tout le droit de l’Union. Le manquement n’est donc pas
seulement à l'encontre d’un traité mais contre tout le droit européen.
Ce manquement provient d’un État, cette notion d’État est aussi très large. En réalité, c’est
une autorité publique : autorité centrale et autorités déconcentrées mais aussi autorités
décentralisées ou encore une autorité constitutionnellement indépendante (Conseil d’État :
arrêt de 2003 Commission c/ France).
Arrêt du 24 novembre 1992 : Commission c/ Irlande
2. Les moyens exonérant l’État de sa responsabilité
Il ne s’agit pas de punir les États. La notion de faute est étrangère au manquement.
Les moyens pour un État de s'exonérer de sa responsabilité est très limité. Un seul moyen :
la force majeure. Arrêt du 11 juillet 1985 Commission c/ Italie, la Cour rejette, elle n’a
jamais considéré la force majeure.
Le principe de coopération loyale va renforcer les obligations qui pèsent sur les États.
La Commission est la gardienne des traités. Les États sont les maîtres des traités, ce
sont eux qui les créent. Les États hésitent à introduire des recours à l’encontre d’autres États
→ Tension diplomation entre Slovaquie et Hongrie.
La Commission introduit cette action contentieuse, en pratique elle voit son attention attirée
par les particuliers (entreprises). Il y a un registre central des plaintes. Seule la Commission
a véritablement le droit d’introduire cette action contentieuse. Une phase précontentieuse
peut durer plusieurs années sauf pour les contentieux d’aides d’État.
Il y a l’envoie d’une lettre, la Commission fait une réunion avec les chefs de l’État (réunion
paquet) ; entre cette lettre et la mise en demeure de l’État membre, il y a un long moment.
La mise en demeure doit déterminer ce que la Commission reproche à l’État, à partir de
cette mise en demeure l’État dispose d’un délai d’un mois pour y répondre.
Dans la phase contentieuse la sanction ne compte pas véritablement, elle dure 18 mois
environ.
La charge de la preuve du manquement incombe à la Commission. Très souvent la
Commission se désistera alors même que la phase contentieuse avait été engagée. Il y a
des sanctions financières qui peuvent être prononcées par le juge à l’encontre de l’État, la
décision de la CJUE peut avoir un effet pédagogique.
Arrêt 12 juillet 2005 Commission c/ France : Cet arrêt sanctionne la France de manière
inédite car l’article 260 prévoit une somme forfaitaire ou une astreinte. Ici la CJUE
condamne la France aux 2 sanctions. La gravité du manquement motive les sanctions car
elles ont une finalité différente. La somme forfaitaire va plutôt venir sanctionner le
manquement passé (en l’espèce 20 millions d’€) alors que l’astreinte vient empêcher que le
manquement se perpétue (en l’espèce 57 millions d’€).
En 1991 il y a un premier arrêt pour un manquement de la France.
Le traité de Lisbonne en 2007 a renforcé la portée de ces arrêts. Article 163 TFUE prévoit
que la CJUE dès le premier arrêt en manquement peut infliger une sanction. Elle peut le faire
pour défaut d’une transposition d’une directive. La phase précontentieuse pour défaut de
transposition des directives sera raccourcie.
Les requérants privilégiés n’ont pas d'intérêt à agir pour que leur action soit recevable.
Les requérants ordinaires sont les particuliers : 3 cas de figure pour l’action soit recevable : -
destinataire de l’acte : décision individuelle qui nous est adressée, intérêt à agir car
cela modifie la situation juridique.
- être directement et individuellement concerné (Arrêt Plaumann, 1963) : le
caractère individuel est rare, une loi peut avoir effet sur notre situation mais
on ne sera jamais directement visé par cette loi. Elle doit être individualisée
comme si on était destinataire. La CJUE admet les recours collectifs (Arrêt
Codorniu, 1994).
- l’article 263 s’est enrichi d’un alinéa 4 qui prévoit que toute personne physique
ou morale peut former un recours si destinataire direct et individuel sur les
actes réglementaires qui la concerne directement et qui ne comporte pas de
mesure d’exécution. Un acte réglementaire = acte de portée générale. Lorsque
acte réglementaire (donc portée générale), affectation directe (donc
modification de situation juridique lorsqu’on subit un changement).
- l’acte est sans mesure d’exécution : nécessité par un justiciable de violer le droit
national pour permettre d’engager un recours confrontant le droit de l’Union au droit
national. On attaque le droit national et le juge national opère un renvoi préjudiciel et
ainsi on pourra bénéficier du droit européen.
Exception d’illégalité : à l’occasion d’un litige on soulève une exception d’illégalité, procès
fait à un acte.
La CJUE peut examiner un acte au terme de l’exception d’illégalité dans un délai de 5 ans.
● L’incompétence
C’est un moyen d’ordre public c’est-à-dire qu’il peut être soulevé à tout moment par
le juge.
→ L’incompétence ratione materiae : un acte a été adopté par une institution mais la
matière ne relève pas de ces attributions
La validité du traité ne peut pas être appréciée, on ne peut pas faire un recours
contre celui-ci.
● Le détournement de pouvoir
Le principe est que l’acte en annulation a pour effet d’anéantir l’acte, il est réputé n'avoir
jamais existé.
Le traité autorise pour les règlements, la Cour a moduler dans le temps les effets d'un
règlement annulé. La CJUE l’a étendue aux directives et aux décisions. La CJUE laisse un
délai au Conseil pour qu’il adapte sa décision, elle diffère les effets d’un arrêt.
Les traités permettent une grande production d’actes unilatéraux. Si les dispositions des
traités ne sont pas mises en œuvre dans le sens du droit dérivé, il y a une carence. Ce
recours en carence donne lieu a très peu d'arrêt à ce jour et ce depuis 1950. Les situations
dans lesquelles il y a obligation d’agir sont limitées. L’inertie sera fautive, en aucun cas le
contenu d’une action sera jugé.
La recevabilité quant aux requérants (article 265 TFUE) : prévoit qu’un recours en
carence peut être engagé par un État membre et les autres institutions de l’Union.
Pour les particuliers la carence est aussi possible mais il faut être destinataire d’un acte qui
nous lie, qui modifie notre situation juridique.
Article 265 TFUE précise que l’institution doit avoir été préalablement invitée à agir. Il y a
ensuite un délai de 2 mois, si l’institution n’a pas pris position dans le délai, le recours pourra
être engagé.
B/ Les moyens du recours en carence
Le seul moyen de la carence est une violation du traité au sens strict. Mais aussi la
violation de la législation européenne (droit dérivé). Lorsque ce recours est engagé, la CJUE
renvoie un arrêt constatant la carence. La CJUE abstention de statuer avec ce caractère
déclaratoire. Une fois que cet arrêt aura été prononcé, l'institution devra mettre fin à la
carence dans un délai raisonnable → délai standard.
Depuis 1995, la CJUE a rendu moins d’une centaine d'arrêts de recours en carence. Il y a
aussi moins d’une dizaine pour le tribunal.
Arrêt du 13 juillet 2004, Commission c/ Conseil : le France et l’Allemagne font face à des
déficits publics → recours en carence de la Commission contre le Conseil qui n’avait pas
sanctionné la France et l'Allemagne. Le CJUE a considéré que le Conseil possédait un
pouvoir discrétionnaire et il n’était pas tenu d’engager un recours.
Les recours des fonctionnaires de l’Union sont nombreux. Il y a plus d’une centaine
d’affaires par an.
Qualitativement ce contentieux est d’une qualité très faible et a bénéficié d’une juridiction
spécialisée : le tribunal de la fonction publique de l’Union qui a cessé d’exister en 2018. →
Article 19 TUE
Il y a 2 catégories.
Il y a en droit de l’Union une procédure en référé. C’est l’urgence qui permet au juge
de ce prononcer. C’est aussi des ordonnances, c’est un acte qui vient clore la procédure en
référé. Ici, il y a la question de mesures provisoires (article 279 du TFUE) car les actions
engagées devant le juge n’ont pas d’effet suspensif. Cette application de l’acte dont on
conteste la légalité peut entraîner un préjudice. On peut donc obtenir à l’issue d’un référé
une décision qui vise la suspension de l’application de l’acte.
Il existe aussi l'intervention. C’est une partie qui justifie d’un intérêt au litige.
Possibilité pour un tiers au litige (EM, institutions, particuliers) d’intervenir dans un litige. En
matière institutionnelle, souvent, les EM interviennent au soutien d’autres États sur des
questions touchant la primauté.
Il y a tout d’abord des voies de rétractation contre les décisions du juge de l’Union.
- L’opposition est une voie de rétractation pour faire opposition à un arrêt dans lequel
on a pas été en mesure d’assurer notre propre défense.
- La tierce opposition : un arrêt qui porte préjudice alors que l’on est pas partie au
litige.
- Recours en interprétation : vise à demander au juge de préciser, d’interpréter, de
clarifier son arrêt.
- Recours en révision : découverte d’un fait nouveau
Il y a aussi une voie de réformation très originale contre les décisions du tribunal :
→ clause de réexamen
L’article 257 du TFUE qui permet à la CJUE de réexaminer de sa propre initiative les
décisions du tribunal. L’avocat général pourra se saisir de cette décision du tribunal pour que
la CJUE décide à sa place, le premier cas était en 2007.
Aujourd’hui le pourvoi n’existe plus qu'à l'encontre des arrêts rendus par le tribunal.
La recevabilité du pourvoi : 9 pourvois sur 10 sur irrecevable. Il y a moins d’un pourvoi par
an. Le pourvoi ne doit porter que sur des questions de droit. Le plus souvent, c’est l’erreur
de droit du tribunal qui est mise en avant. Le cas échéant les parties intervenantes mais
aussi sans être partie : les États membres et les institutions.
Moyens :
- incompétence du tribunal
- erreur de droit, violation
- irrégularité de la procédure
Issu du pourvoi : soit la CJUE tranche elle-même, soit elle renvoie au tribunal.
“dialogue des juges” : expression apparue en France dans les conclusions de l’affaire Cohn
Bendit.
Plus il y a une diffusion, une application du droit de l’UE ; plus il y a de questions qui se
posent. Il y aussi des terrains nouveaux qui nécessitent des précisions (mandat d'arrêt
européen). Le juge de l’Union va interpréter le droit pour toutes les juridictions.
Le CBD est le renvoie préjudiciel, cela provient de l’effet du droit européen. La CJUE a
considéré que le CBD est une marchandise et qu’il n’y a aucun effet psychotrope ou encore
nocifs pour la santé. → Arrêt novembre 2020
Quelques affaires dans lesquelles les juridictions rattachées à des États membres mais
relevant d'entités qui ont une grande autonomie vont pouvoir procéder à des renvois
préjudiciels.
Exemple : juridiction de l’ile de Man
Dans l’application de ces critères la CJUE fait preuve d’un grand libéralisme. La CJUE veut
dire le droit, appliquer le droit européen et donc apprendre au juge national à faire cela.
Dans certaines situations, le juge doit faire un renvoi préjudiciel et dans d’autres il peut en
faire un.
Lorsqu’il statue en dernier ressort, il est tenu de faire un renvoi préjudiciel. Lorsqu’il y a une
question qui met en place les aspects du droit de l’Union, il faut que la haute juridiction
nationale puisse s’informer.
La CJUE, dans un arrêt du 6 octobre 1982, CILFIT, va donner corps à la théorie de l’acte
clair. Le juge national est dénié ne pas renvoyer lorsque le droit s’impose avec une énorme
évidence.
La CJUE a considéré que le renvoi préjudiciel n’avait pas d'intérêt si elle a déjà répondu à la
question.
CE, Groop, 2006 : il y a des renvois préjudiciels qui peuvent avoir lieu dans le référé-liberté.
Du point du vue de la CJUE, elle déclare irrecevable des renvois préjudiciels. Jusqu’au
début des années 1990, car la question n’est pas pertinente. Au fur et à mesure des
élargissements, des juges vont poser n’importe quelle questions. La CJUE a considéré
qu’elle devait répondre à une question qui concernait la solution du litige et non une question
accessoire.
Dans quels cas le juge qui n’est pas tenu de faire un renvoi préjudiciel devra en faire un ?
Arrêt du 22 octobre 1987, Foto Frost : La CJUE a considéré que le juge national du fond
devra saisir la Cour d’un renvoi en appréciation de validité, lorsqu’il aura un doute sérieux
sur le droit européen. Il transforme la faculté en obligation lorsqu’il a un doute sérieux sur la
validité.
Il n’y a que la CJUE qui peut apprécier la validité du droit communautaire, le juge national ne
le peut pas.
Pour la première fois le 4 avril 2013, le Conseil constitutionnel a posé une question
préjudicielle à l’occasion d’une QPC. C’est important car la CJUE ne peut répondre qu’à des
juridictions ce qui veut dire que le CC a été considéré comme une réelle juridiction.
Pour le renvoi en interprétation, la CJUE va lever le doute sur toutes les dispositions
du droit de l’Union. Il ne s’agit que d’interpréter. Le droit dérivé sont les actes pris par les
institutions mais aussi par les organes ou organismes du droit de l’Union ; cela a été précisé
par le traité de Lisbonne.
Comme il s’agit de donner une interprétation, elle va être limitée au litige. Le champ est très
large. On s'est interrogé sur l’interprétation des accords externes de l’Union. Dans certaines
circonstances, la CJUE pourra interpréter les stipulations d’un accord de l’Union.
Pour le renvoi en appréciation de validité, il va avoir des normes de référence qui seront
moins nombreuses mais surtout moins intéressantes. La CJUE ne peut pas apprécier la
validité des traités ni la validité des accords externes de l’Union. Ce renvoi porte donc
exclusivement sur le droit dérivé. Par principe, les accords internationaux en sont exclus.
La libre appréciation se fait par le juge national. Les juridictions nationales ont la
faculté la plus étendue de saisir la CJUE. On voit apparaître la question de la primauté. La
liberté ne peut pas être entravée, y compris par la Constitution nationale.
- très récurrent : le juge national doit permettre à la CJUE de connaître de tous les
éléments de faits et de droits qui peuvent être importants.
- très exceptionnelle : la CJUE tranche les questions
Depuis le 6 novembre 2102, il y a des recommandations à l’intention des juridictions
nationales relatives à l’introduction de procédure préjudicielle.
La CJUE va indiquer dans quelle situation le juge national va prendre des mesures
provisoires dans l’attente de la réponse.
Le juge de l’Union peut aussi prendre des mesures provisoires → article 278 TFUE.
La CJUE considère que le juge national peut prendre des mesures provisoires dans le cadre
du renvoi préjudiciel quelle que soit sa nature. Dans l'interprétation ou dans la validité.
Dans le cadre du droit national : le juge national peut suspendre l’application du droit
national dans le cadre d’un renvoi préjudiciel en attente : sur le terrain de la primauté du
droit UE. (arrêt Factortame).
Dans le cadre du droit communautaire : le juge national peut suspendre l’apparition du droit
communautaire (arrêt Zuckerfabrik). Lorsque le juge national a un doute sérieux sur la
validité et lorsqu'il y a urgence et menace d’un préjudice grave et irréparable il pourra
suspendre l’application du droit de l’Union mais il devra prendre en compte l'intérêt de
l’Union. Il faut une application uniforme dans les 27 États membres.
La CJUE s’est aussi centré sur le sursis à exécution. Arrêt Atlanta du 9 novembre 1995 :
vaut pour le renvoi préjudiciel en appréciation de validité. Elle fait un parallèle entre ce
renvoi préjudiciel et le recours en annulation. Les deux permettent de contrôler la légalité
des actes des institutions de l’Union. Puisque le droit européen le prévoit, ça peut être
possible dans le cadre du renvoi préjudiciel et à partir de ce qui est possible pour le sursis à
exécution. La CJUE a considéré que le juge national peut accorder des mesures provisoires.
Dans cet arrêt la CJUE précise qu’il faut prendre en considération l'intérêt de la communauté
et avance cette idée d’application uniforme.
Il y a toute une jurisprudence sur la manière dont est encadré le renvoi préjudiciel par
le juge national : hiérarchie, dialogue de juges à juges, renvoi obligation, juridictions…
Depuis le traité de Nice, il est prévu que le statut de le tribunal peut se voir attribuer une
compétence en matière de renvoi préjudiciel, pour certains sujets.
La CJUE est saisie par le juge national. La décision de renvoyer, de saisir le juge de
l’Union est uniquement régi par le droit national.
Arrêt du 9 février 1999, Dilexport : la CJUE affirme qu’il ne lui appartient pas de vérifier si
la décision par laquelle elle a été saisie a été prise conformément aux règles d’organisation
et de procédure judiciaire du droit national.
La CJUE a mis en avant qu’elle doit être saisie d’un litige réel et non hypothétique. Elle a pu
demander à une juridiction de vérifier que le litige était toujours pendant.
La CJUE va être saisie et va conduire des opérations d’interprétation pour le renvoi qu’il
s’agisse du renvoi en interprétation ou en appréciation de validité.
Le choix de la méthode emporte souvent le fond, le résultat. Quelque soit les méthodes
employées, la CJUE rencontre un obstacle d’ordre linguistique. La CJUE a 24 langues de
procédure, le juge national saisie dans sa langue.
La CJUE est totalement étrangère au cas d’espèce. Elle détermine la manière dont au fond
le droit sera appliqué.
Le protocole sur le statut de la CJUE qui va dans le détail. Ensuite chaque juridiction
arrête son propre règlement de juridiction.
La CJUE sait très bien que le renvoi préjudiciel suspend la procédure au principal. Une fois
qu'elle est saisie d’un renvoi préjudiciel, cela est notifié aux parties, aux États membres et à
la Commission. Ces États et institutions ont 2 mois pour présenter leur positionnement.
Il est prévu que la CJUE puisse se prononcer à la suite d’une ordonnance, elle statue par
voie d’ordonnance.
L'arrêt préjudiciel est un arrêt qui n’est pas à l’issue d’un contentieux direct.
La réponse de la CJUE lie le juge national. Cet arrêt ne vient pas trancher un conflit.
La CJUE commence en général par “dit pour droit”, elle est bien l'interprète du droit de l’UE
et en apprécie la validité.
Arrêt 3 mars 1994, Eurico : Une juridiction nationale si elle le juge opportun peut toujours
déférer à nouveau à la Cour des questions d’interprétation.
Arrêt en appréciation de validité : si l’acte n’est pas déclaré invalide, d’autres dispositions,
d’autres motifs vont être mis en avant. L’acte est déclaré invalide alors le juge national du
renvoi doit écarter l'application de l’acte invalidé. La CJUE se contente de dire qu’il est
invalide, elle constate mais elle ne l’annule pas. L’acte ne disparaît pas de l’ordonnancement
juridique.
Arrêt du 13 mai 1981, ICC : La CJUE considère que la réponse faite à un juge par la voie
du renvoi préjudiciel en appréciation de validité emporte des effets sur tout autres juges. Elle
précise qu’il appartient au juge national de soulever une question déjà tranchée sur
l'étendue et les conséquences du l'invalidité.
Même si la CJUE ne fait que répondre à une question pour l’invalidité il est clair qu’elle a
considéré que les institutions devaient prendre les mesures nécessaires pour remédier à
l’illégalité constatée.
L’Union agit sur les compétences qui lui sont données. La base juridique donne un titre à agir,
il y a aussi des compétences implicites. Dès lors qu’il y a une compétence de l’Union, le juge
de l’Union est compétent.
→ effet dynamique
La primauté :
La primauté repose sur l’idée que le droit commun des États lie les États ; y compris
sur le plan constitutionnel. Sinon les objectifs du marché commun ne seraient pas possibles.
Pour atteindre les objectifs que se sont fixés les États, ils ne peuvent pas se délier de ce
projet commun. Cette primauté, cette autonomie du droit européen motive la CJUE dès lors
qu’il y a une application du droit de l’UE alors compétence de l’UE.
Si le juge n’est pas indépendant et impartial il ne peut pas bien appliquer le droit de l’UE.
Van Gend en loos reconnaît que les traités peuvent être invoqués par des particuliers
directement devant le juge national. Le juge national est le juge commun du droit de l’Union.
Quand il y a dans les traités et le droit de l’UE ainsi qu’une stipulation claire, précise et
inconditionnelle, le juge peut l’appliquer dans son affaire.
Costa, 14 mois après dit qu’en plus il y a la primauté. Le droit de l’Union chasse le droit
national.
Fondements
Les effets dans le temps des arrêts en invalidité. Le traité prévoit que pour le recours en
annulation l’acte est anéanti, il n’a jamais existé → effet rétroactif.
mesures d’harmonisation :
Les systèmes juridiques sont harmonieux, pas nécessairement identiques mais dans
lesquels les États ont une marge de manœuvre pour agir.
Arrêt Becker 1981 effet direct : mesure inconditionnelles à partir de cet arrêt