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FICHE N°8

LES COMPÉTENCES DE l’UNION

1. Historique
1. Les compétences de l’Union se fondent, 2. Une jurisprudence favorable à l’extension des compétences communautaires
initialement, sur le traité de Rome, les leviers de la
clause de flexibilité et les dispositions de l’acte La CJCE a cherché a comblé le vide juridique découlant des traités en forgeant une
unique qui étendent le champ d’action de la distinction entre :
« Communauté » - les compétences exclusives de la Communauté, qui interdisent toute intervention
parallèle des États (CJCE, 11 novembre 1975, avis 1/75)
Le traité de Rome ne contenait aucune définition - les compétences partagées/concurrentes, dont la caractéristique est de conserver
générale des compétences communautaires. Dans la compétence des États tant que, et dans la mesure où, la Communauté n’a pas
ce cadre, les compétences étaient définies par exercé la sienne (CJCE, 1978 , Commission c/Irlande)
matières ou par objectifs à atteindre.
Se fondant sur le principe de l’effet utile, la CJCE a considéré que la Communauté
Néanmoins, l’article 352 du TFUE ouvre la possibilité devait être en mesure d’exercer des compétences non explicitement prévues par les
pour la Communauté, sur décision unanime du traités dès lors qu’elles étaient nécessaires pour mettre en œuvre ses objectifs. Ainsi,
Conseil et après consultation pour avis du Parlement alors que le traité de Rome ne donnait compétence à la Communauté européenne de
européen, d’agir dans des domaines non prévues ne signer, avec des pays tiers, que des accords commerciaux et des accords
par les traités lorsque cela s’avéré nécessaire « pour d’association, la CJCE lui a reconnu le pouvoir de signer des accord externes dans
réaliser, dans le fonctionnement du marché d’autres domaines lorsque :
commun, l’un des objets de la Communauté ». - elle est compétente sur le plan interne pour adopter des règles communes (CJCE,
1971, AETR) ou pour réaliser des objectifs de la Communauté (CJCE, 1977, Fonds
Appelée clause de flexibilité ce dispositif a été européen d’immobilisation de la navigation intérieure)
largement utilisé – notamment dans les années
1970-1980 – afin d’étendre l’action communautaire Par la suite, la CJCE a semblé restreindre la portée de sa jurisprudence liant la
aux domaines encore non couverts par les traités. compétence externe de la Communauté à l’adoption effective de règles communes
Ex : Sommet de Paris de 1972. au plan interne. Ainsi, et compte tenu du fait que les questions relatives aux
Toutefois, l’entrée en vigueur de l’acte unique – transports n’ayant pas d’ores et déjà fait l’objet de règles communes, la compétence
notamment en ce qu’il étend le champ d’action de la exclusive de la Communauté a ainsi été écartée en ce qui concerne les accords de
Communauté – est concomitante d’un recul de l’OMC (CJCE, 1994, avis 1/94).
l’utilisation de la clause de flexibilité car étant de Plus concrètement, dans son avis du 7 février 2006, la Cour a clarifié sa position en
moins en moins nécessaire. jugeant que la reconnaissance d’une compétence exclusive pour conclure un accord
n’est possible qu’au terme d’ « une analyse globale et concrète » de la nature et du
Ainsi, les dispositions de ce traité – l’acte unique – contenu de l’accord envisagé.
prévoyant l’harmonisation des réglementations dans
le but d’établir un marché commun, ont également Cette théorie des compétences implicites a pu également conduire la Cour a étendre
été utilisés pour étendre l’action de la Communauté, largement le champ des compétences communautaires au plan interne.
puis de l’Union, à des secteurs pour lesquels il
n’existe pourtant pas de base juridiques justifiant In fine, le traité de Maastricht s’est efforcé d’encadrer l’exercice des compétences de
leur intervention l’Union en consacrant le principe des compétences d’attribution et le principe de
subsidiarité.

2. Connaissances de base
1. Les règles d’attribution des compétences 2. Les principes de subsidiarité et de proportionnalité

Tel que le mentionne l’article 5§2 du TUE, l’Union « n’agit que dans Le principe de subsidiarité
les limites des compétences que les États membres lui ont attribuées
dans les traités pour atteindre les objectifs que ces traités La subsidiarité est avant tout un principe de réassurance des
établissent », et que « toute compétence non attribuée à l’Union citoyens. Consacré par le traité de Maastricht, ce principe signifie que
dans les traités appartient aux États membres ». l’échelon inférieur doit conserver les compétences qu’il est capable
de gérer efficacement et transférer celles qu’il n’est pas en mesure
Les compétences de l’Union sont reparties en 3 catégories, en d’exercer d’une façon satisfaisante à l’échelon supérieur.
fonction du degré de dessaisissement des États. Introduite par le L’objectif est ici à la fois politique (désamorcer les craintes des
traité de Lisbonne, cette classification distingue : citoyens face à la croissance des compétences communautaires) et
juridique (protéger les prérogatives des États)
- les domaines de compétences exclusives de l’Union, qui sont ceux
pour lesquels l’Union est seule à pouvoir adopter des actes Formellement, l’article 5§3 du TUE stipule qu’ « en vertu du principe
juridiquement contraignants. Les États demeurent néanmoins de subsidiarité, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa
compétents à titre résiduel pour prendre des mesures d’exécution ou compétence exclusive, l’Union intervient seulement si les objectifs de
pour intervenir sur habilitation expresse des institutions l’action envisagée ne peuvent être atteint de manière suffisante par
communautaires (article 3 du TFUE). les États membres ».
Ainsi, le principe de subsidiarité ne concerne que les compétences
- Les domaines de compétences partagées qui sont ceux pour partagées et les compétences d’appui, de coordination ou de
lesquels « les États membres exercent leur compétence dans la complément.
mesure où l’Union n’a pas exercé la sienne ou dans la mesure ou
l’Union a décidé de cesser d’exercer la sienne » (article 4 du TFUE). Le principe de proportionnalité
Toutefois, par exception à cette définition, le traité de Lisbonne
prévoit que dans 2 domaines de compétence partagée (R&D, Issu de l’article 5§4 du TUE, le principe de proportionnalité exige que
coopération au développement et à l’aide humanitaire), « le contenu et la forme de l’action de l’Union n’excèdent pas ce qui
l’intervention de l’Union ne met pas un terme à la compétence des est nécessaire pour atteindre les objectifs des traités ».
États
Le but : Choisir le moyen d’action laissant le plus de liberté aux
- les domaines de compétences d’appui, de coordination ou de États.
complément (article 6 du TFUE). Il s’agit des domaines pour lesquels
la compétence de l’Union se limite à appuyer, coordonner ou - Si l’adoption d’un acte de droit dérivé est rendue nécessaire, il
compléter l’action des E-M à l’exclusion de toute harmonisation des s’agit, en vertu de ce principe, de privilégier les directives au profit
dispositions législatives ou réglementaires. des règlements.

- Si l’adoption d’une règle contraignante est indispensable, son


contenu ne doit pas aller au-delà de ce qui est nécessaire.

3. Bilan
Le défaut de mise en œuvre du principe de subsidiarité

Tout d’abord, la Commission procède à un examen très formel du respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité. De ce fait,
chaque proposition législative comprend une fiche présentant des « éléments circonstanciés » sur le respect de ces principes (évaluation
d’impact financier, implications de la réglementation)

Dans ce cadre, la Commission publie chaque année un rapport dénommée « mieux légiférer » qui fait le point sur les mesures prises pour
satisfaire à l’exigence de subsidiarité et de proportionnalité, ce qui a abouti à une diminution depuis le début des années 2000. À plusieurs
reprises (1992, 1993, 2006), la Commission a même retiré des « paquets » de propositions législatives, voire abrogé des actes législatifs.

Il reste que la Commission n’est, par nature, guère portée à appliquer un principe qui aurait pour effet de réduire son champ
d’intervention. De même, le Parlement européen n’a aucun intérêt à être le garant de la subsidiarité. Il est donc rare que les députés
européens justifient leurs amendements au regard de l’exigence de subsidiarité

Le conseil demeure un des premiers responsables des débordements législatifs de l’Union. L’échelon européen reste un moyen pour les
gouvernements de faire passer des mesures difficiles tout en s’affranchissant des procédures de droit interne.

Enfin, le contrôle juridictionnel n’intervient qu’à posteriori et reste assez prudent. La CJCE ne contrôle que l’obligation de motiver l’acte au
regard de la subsidiarité et de la proportionnalité. Dans son arrêt Tobacco (CJCE, 2002, British American Tobacco), elle a ainsi estimé que les
différences entre les législations nationales justifient une action de l’Union en raison des entraves que ces différences pouvaient constituer
pour les échanges au sein du marché intérieur.

4. Perspectives
Le principe de subsidiarité doit faire l’objet d’un processus politique de suivi spécifique

Il faut des « garde-fous » contre la tendance naturelle des institutions européennes à réglementer de façon trop détaillée ou à empiéter sur
le terrain des États.
La mise en place d’un mécanisme de contrôle doit tenir compte des attentes contradictoires qui entourent le principe de subsidiarité. En
effet, l’opinion publique critique l’Union pour ses excès de règlementation mais elles souhaitent également, au détriment parfois de
l’exigence de subsidiarité, qu’elle agisse pour freiner les délocalisations.

Les E-M protestent contre les empiètements de compétences mais ils sont attentifs à ce que la mise en œuvre de la subsidiarité ne
remettent pas en cause les programmes financiers ou les dérogations dont ils bénéficient.
Par ailleurs, l’action législative commune est un moyen de garantir le bon fonctionnement du marché intérieur et une application uniforme
du droit de l’Union.

Néanmoins, au-delà de la subsidiarité, d’autres moyens d’agir existent pour limiter les débordements communautaires. En effet, si l’on
veut empêcher l’Union d’empiéter sur les domaines d’interventions des États, il s’agira de délimiter les champs de compétences de l’Union
définis par les traités.
De même, s’il s’agit de limiter l’adoption de directives trop détaillées, il fait centrer la loi européenne sur les éléments essentiels et renvoyer
les dispositions techniques à des actes délégués ou d’exécution.

Les progrès réalisés par le traité de Lisbonne dans ces deux domaines devraient permettre un meilleur exercice des compétences de l’Union.

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