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Les contrats administratifs constituent une catégorie juridique très hétérogène, au sein de laquelle les
contrats de marchés publics et les concessions de service public ont longtemps eu une place particulière.
Au début des années 1990, l’introduction de la délégation de service public, ainsi qu’en 2003, celle de
plusieurs modalités de partenariat public-privé a fortement diversifié le régime des contrats
administratifs.
L'entrée en vigueur, en 2019, du Code de la commande publique a permis de retrouver, sous l'influence
du droit de l'Union européenne, une structuration plus cohérente. Les contrats de commande publique,
dont les marchés, les concessions et les marchés de partenariat sont des modalités particulières, ne
recouvrent toutefois qu'une partie du champ contractuel, et ne doivent pas faire oublier les multiples
autres formes contractuelles, d'origine tant législative que jurisprudentielle.
La concession est l'une des formes les plus anciennes d'exercice de l'activité administrative. Dès l'Ancien
Régime, elle consiste, pour la personne publique, à confier la gestion d'une activité ou de travaux à une
personne privée, qui en assure la charge de façon autonome, quoique sous le contrôle de la personne
publique. La différence entre le marché et la concession tient donc à la démarche de l'autorité
administrative: dans le premier cas, la personne publique fait l'acquisition d'un bien ou d'un service; dans
le second, elle confie à un tiers la réalisation d'une mission ou d'un bien dont elle a la charge. Le droit
actuel des concessions, substantiellement remodelé à la suite d'une directive du 26 février 2014, assure
une forme de retour à ces principes traditionnels. L'ordonnance du 29 janvier 2016, complétée par le
Code de la commande publique, a en effet procédé à une réunification du droit des concessions. Aux
concessions de travaux, qui avaient fait l'objet d'une première refonte par une ordonnance du 15 juillet
2009, le Code de la commande publique ajoute désormais les concessions de service, notion nouvelle en
droit français. Modalité importante d'exécution du service public, la délégation de service public est
désormais considérée comme une catégorie particulière de concession de services.
Dès le xix° siècle, il existait des contrats ayant pour objet de confier à des sociétés privées l'exploitation
de services publics, qu'il s'agisse de concessions de services publics, de contrats d'affermage ou de
gérance. Ces formes de gestion déléguée du service public ont toujours été largement pratiquées, au
moins pour les services publics locaux, et elles connaissent même au niveau national un récent
renouveau, lié à l'idée que l'administration peut efficacement démultiplier son action, si elle se fait moins
souvent prestataire elle-même de services mais s'attache précisément à publics, sous son contrôle.
définir les modes et conditions selon lesquels devront être gérés certains services. Les concessions sont
les contrats par lesquels une personne publique charge le plus souvent une personne privée de gérer un
service public à sa place. La personne privée se substitue à la personne publique.
Ces concessions traditionnellement étaient conclues pour une très longue durée afin de permettre à la
personne privée d’amortir les travaux réalisés et nécessaires au service public. Ces concessions n’étaient
soumises à aucune publicité, aucune mise en concurrence. Ces contrats étaient des contrats conclus «
intuitu personae » c'est-à-dire des contrats conclus en considération de la personne. Ces contrats étaient
conclus pour une longue durée, les deux parties doivent nouer en elle des relations de confiances.
⇥ Pour qu’il y ait relation de confiance, la personne publique doit choisir librement l’entreprise à qui
elle confie le contrat.
En l'espèce, la nature juridique du contrat conclu entre l’hôpital et la société SMIC est un contrat de
concession, en effet l’hôpital s’est engagé à mettre un local gratuitement à disposition du cocontractant.
Ce local permet aux patients et visiteurs de se restaurer et d’acheter des journaux, cadeaux et autres
souvenirs.
M. Paul ALARUE, directeur de l’hôpital de la Tour Grise situé à Issoudun, a signé, en mai 2019, un contrat
avec la société des Magaz’IN Cafétaria
Ce contrat est soumis aux règles de la commande publique et doit respecter les principes d'égalité de
traitement, de transparence et de mise en concurrence.
Le contrat de concession administrative est réglementé par le Code de la commande publique et doit
être conclu pour une durée déterminée.
Quel pouvoir le responsable d’un service public peut-il invoquer pour justifier une demande
d’ouverture ?
Le pouvoir de modification unilatérale des contrats a été reconnu très tôt par la jurisprudence. Le Conseil
d'État a admis, en 1910, qu'un préfet pouvait modifier le service d'une compagnie de tramways, tel qu'il
figurait pourtant dans le contrat (CE 21 mars 1910, Compagnie générale française des tramways), car il
avait le pouvoir de prescrire les modifications et les additions nécessaires pour assurer, dans l'intérêt du
public, la marche normale du service. Ce pouvoir de modification unilatérale a été ensuite érigé au rang
de règle générale des contrats administratifs par l'arrêt du 2 février 1983 Union des transports publics
urbains et régionaux, précité.
Ce pouvoir de modification est cependant encadré, comme le laissait déjà entendre la décision de 1910.
Il faut que la modification ait pour justification un motif d'intérêt général, ce qui signifie que les clauses
financières du contrat ne peuvent, du moins en tant que telles, faire l'objet d'une modification (CE 11
juill.1941, Hôpital-hospice de Chauny). La modification doit, en outre, ne pas porter atteinte à l'économie
générale du contrat. Ce n'est que dans ce cas que le cocontractant a droit de la refuser et,
éventuellement, de demander au juge la résiliation judiciaire de la convention; à défaut, le cocontractant
de l'administration ne peut refuser les modifications qui lui ont été imposées, et commet une faute de
nature à entraîner la résiliation du contrat s'il n'apporte pas la preuve que ces modifications auraient
bouleversé l'économie du contrat (CE 27 oct. 2010 Synd. intercommunal des transports publics de
Cannes); il a, en revanche, droit au maintien de l'équilibre financier du contrat.
En l’espèce, pour appuyer sa demande d’ouverture du service les samedis, dimanches et jours fériés, le
directeur peut invoquer le pouvoir de modification unilatérale. L’administration, pour les contrats de la
commande publique présentant le caractère de contrat administratif, a toujours la possibilité d’user de
son pouvoir de modification unilatérale. Cette faculté, dégagée par la jurisprudence (CE, Sect., 11 mars
1910, Cie générale française des tramways, n° 16178 ; CE, Sect., 2 février 1983, Union des transports
publics, n° 34027) , a été codifiée à l’article L. 2194-2 pour les marchés publics et à l’article L. 3135-2 pour
les contrats de concession lesquels prévoient que lorsque l’administration procède à une telle
modification le cocontractant a droit au maintient de l’équilibre financier.
Selon la Jurisprudence, le contrat administratif est le contrat conclu par une personne publique ou pour son
compte et qui comporte des clauses exorbitantes ou qui fait participer le cocontractant à l’exécution même
du service public. La jurisprudence a donc dégagé deux critères : un critère organique, la personne qui
passe le contrat et un critère matériel qui renvoie au contenu du contrat. Ce critère est alternatif, soit la
présence de clauses exorbitantes soit la participation au service public. Pour qu’il y ai contrat
administratif, il faut au min une personne de droit public. La Jurisprudence est très fidèle à ce critère
organique (TC, 3 mars 1969, société interlait). Peu importe que le critère matériel soit rempli, si le critère
organique n’est pas rempli, il n’y a pas de contrat administratif. Un contrat conclu entre 2 personnes
privées avec des clauses exorbitantes n’est pas administratif (TC, 26 mars 1990, société AFPA). Un
contrat conclu entre 2 personne privées dont l’une gère un service public est un contrat de droit privé :
(CE, 13 décembre 1963, syndicat des praticiens de l’art dentaire du département du Nord). Au niveau
contractuel, la Jurisprudence applicable aux actes unilatéraux n’est pas transposable. Une personne privée
ne conclut pas de contrat adm. Pour les actes réglementaires d’organisation du service public et pour les
SPA. Cette Jurisprudence n’est pas applicable en matière de contrat. A contrario, dès lors qu’un contrat est
conclu entre 2 personnes publiques, la Jurisprudence a posé une présomption de contrat administratif (TC,
21 mars 1983, UAP). Le contrat est présumé administratif quand il est conclu entre 2 personnes publiques.
Cette présomption simplifie le travail du juge car le critère organique est le plus facile à établir.
Simplification aussi du travail du juge car dès lors que cette présomption peut jouer le juge n’examine pas
le critère matériel. En 1982, les lois de décentralisation ont été adoptées, l’Etat commence à déléguer des
compétences aux collectivités territoriales qui vont passer plus de contrats et le contentieux va être plus
important et cette présomption va permettre de mieux gérer ce contentieux.
Dès lors que le critère organique est rempli, le juge n’a pas besoin de vérifier le critère matériel. La
présomption posée en 1983 est une présomption simple.
Elle peut tomber c'est-à-dire que le contrat conclu entre deux personnes publiques peut être un contrat de
droit privé si l’objet du contrat fait naître entre les parties des rapports de droit privés. Les deux critères se
cumulent mais le critère matériel est alternatif. Il est composé de deux branches : une seule suffit dès lors
que le critère organique est rempli.
Soit le critère matériel renvoie au service public, soit le critère matériel renvoie à l’existence de clauses
exorbitantes du droit commun.
Ces deux branches du critère matériel n’ont pas toujours occupé la même place dans la qualification du
contrat. Le premier critère matériel apparu est le critère du service public. A partir de la JP Blanco
jusqu’au début des années 1920, d’une manière générale, non limitée au contrat, cette période représente
l’âge d’or du service public.
Le service public permet de qualifier toutes les grandes notions du droit administratif.
En matière contractuelle, le critère du service public est apparu avec 2 arrêts : CE, 6 février 1903, Terrier
et CE, 4 mars 1910, Thérond.
Dès lors qu’il y a un lien entre le contrat et le service public, cela entraîne la qualification administrative
du contrat.
Le domaine privilégié de l’application du critère du service public concentre les contrats de recrutement
des agents. Les agents de l’administration peuvent être des fonctionnaires, c’est un statut légal et
réglementaire qui s’applique à ces agents.
Sinon l’administration peut également recruter des agents par la voie du contrat. Par une décision du 4 juin
1954 (CE, 4 juin 1954, Affortit et Vingtain), le Conseil d’État a précisé que le contrat de recrutement d’un
agent est un contrat administratif si le cocontractant participe directement au service public. Il faut qu’il y
ait service public. Mais la présence du service public n’est pas suffisante. L’agent doit participer au
service public de manière intense. Le juge doit examiner au cas par cas la mission de l’agent pour qualifier
le contrat. Cette qualification était très complexe. Dans une décsion du 25 novembre 1963 (TC, 25 nov
1963, dame veuve Mazerand), une personne recrutée par une commune comme femme de ménage dans
une école. Par la suite, le contrat a été modifié et on lui a donné une nouvelle mission : la garderie des
enfants avant/après les heures d’école. Un litige survient entre la commune et Mme Mazerand. La
détermination du juge compétent suppose de qualifier le contrat. Quand Mme Mazerand fait le ménage,
c’est un contrat de droit privé, donc du juge de droit privé. Lorsqu’elle accueille les enfants, c’est un
service public, contrat administratif, donc c’est du ressort du juge administratif. Le juge a simplifié cette
jurisprudence par une décision du 25 mars 1996 (TC, 25 mars 1996, Berkani). Tout contrat de recrutement
d’un agent d’un service public administratif est un contrat administratif. Le juge n’examine plus l’intensité
du lien avec les services publics. La qualification est simplifiée. Le critère du service public est tellement
utilisé que l’on s’est demandé si à nouveau ce critère du service public n’avait pas évincé le critère des
clauses. Il apparaît que ces 2 critères sont alternatifs, le juge les place à égalité comme l’a affirmé une
décision : TC, 7 juillet 1980, société d’exploitation de la faute Maurienne.
En l’espèce, les contrats de travail du médecin et de la femme de ménage travaillant au sein d’un centre
hospitalier sont des contrats administratifs. En effet en travaillant pour un service public, le contrat est
nécessairement un contrat administratif, comme précisé dans l’arrêt Berkani (TC, 25 mars 1996, Berkani).
C’est ainsi que la juridiction des conflits a déclaré que tous les personnels non statutaires et qui travaillent
pour le compte d’un service public à caractère administratif sont nécessairement des agents contractuels
de droit public, et ce, quel que soit leur emploi. Depuis cet arrêt Berkani, le Tribunal des conflits et le
Conseil d’État usent de l’expression imprécise « personnels travaillant pour le compte d’un service public
».Le Tribunal des conflits jugera finalement en ces termes que "les personnels non statutaires travaillant
pour le compte d'un service public administratif sont des agents contractuels de droit public, [peu
importe] leur emploi.”. Les deux contrats, au nom du personnel travaillant pour le compte d’un service
public sont alors des contrats de recrutement d’un agent du service public. Ainsi par une décision du 4 juin
1954 (CE, 4 juin 1954, Affortit et Vingtain), le Conseil d’État a précisé que le contrat de recrutement d’un
agent est un contrat administratif si le cocontractant participe directement au service public.
Dans les jardins de l’hôpital, un magnifique bâtiment du XIXe siècle est laissé à l’abandon. Le
directeur souhaite effectuer des travaux de réaménagement pour en faire un musée dédié à
l’histoire de la médecine. Il vous explique disposer d’un budget de 7 millions d’euros pour
effectuer les travaux. La société « Les Chtits charpentiers » est choisie comme entité
contractante. Malheureusement, alors que les travaux ont débuté, l’entreprise découvre que la
zone est hautement radioactive. Après quelques recherches, on apprend que le bâtiment abritait
autrefois le vieux hangar dans lequel Pierre et Marie CURIE ont commencé leurs travaux sur le
radium et le polonium. C’est à la fois une nouvelle formidable mais également une énorme «
tuile » car les travaux prendront du retard… Un premier devis estime à 2,8 millions d’euros les
travaux de dépollution liés au polonium. Les travaux de réaménagement du bâtiment prendront
un retard d’environ six mois .
L’administration est elle vraiment libre de choisir la personne avec laquelle elle souhaite
contracter?
A tout moment , l’administration peut résilier unilatéralement le contrat même sans faute de la
part du cocontractant. Elle peut y mettre fin quand bien même le contractant n’aurait pas
commis de faute. Ici donc ce n’est plus seulement une résiliation-sanction. Pour être valable
cette résiliation doit notamment être fondée sur des raisons d’intérêt général CE 1958 Distillerie
de Magnac Laval. A noter que les parties ne peuvent pas renoncer à ce pouvoir Enfin en
principe pour compenser son préjudice subi en raison de la résiliation du contrat le contractant a
droit à une indemnisation intégrale du préjudice subi ( pertes subies , manque à gagner en
raison de la résiliation. CE 1982 SFEI . Dans leur contrat les parties peuvent se mettre d’accord
pour aménager l’indemnisation du préjudice CE 2011 CCI de Nimes. En effet la résiliation au
nom de l’intérêt générale n’est pas une sanction. Cette solution est logique puisque lorsque la
résiliation intervient pour un motif d’intérêt général le cocontractant n’as pas commis de faute.
Bien au contraire , il est victime de l’intérêt général.
En l’espèce dans ce cas là il est préférable d’envisager une résiliation en effet même si le
contractant n’a commis aucune faute. Cela entrave l’intégralité du contrat pour une durée
beaucoup trop longue par rapport au contrat initial.