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Partie 4 : le contrat administratif

Introduction :
Le contrat est l’une des variétés de l’acte administratif avec l’acte unilatéral. Des catégories
prêtent à la discussion. On parle de contrat administratif. Les contrats publics sont des contrats
parfois mis en avant dans le cadre d’ouvrages. Derrière les contrats publics, on envisage les
contrats de l’administration dans leur ensemble, qu’ils soient administratifs ou de droit privé.
L’administration peut aussi conclure des contrats de droit privé. CE, Société des granits
porphyroïdes des Vosges. Il est question dans cet arrêt d’un intérêt général mais le CE considère
que le contrat a été conclu dans les conditions d’un contrat entre particuliers et malgré l’intérêt
public, il est considéré comme contrat de marché prié. Lorsque l’administration contracte, quel
que soit le contrat conclu, il existe toujours des caractéristiques exorbitantes du droit commun.
Le contrat doit être préparé, conclu, donne lieu à des informations au sein d’une personne
publique. Ce cadre institutionnel est lui-même inséré dans des règles de droit public, repose sur
des formes particulières, obéit à des procédures spécifiques. Les contrats de droit privé de
l’administration font donc intervenir des considérations administratives. Certains ouvrages ont
mis la focale sur des contrats publics.

Le droit des contrats administratifs s’est développé de manière assez tardive au regard du droit
des contrats privés. Cela tient à la lente gestation du droit administratif en comparaison avec les
origines anciennes du droit privé. Les premiers ouvrages sur les contrats des personnes
publiques apparaissent à la fin du XIXème notamment un ouvrage de Perriquet. Au départ, les
auteurs calquent l’analyse des contrats des personnes publiques sur les principes du droit civil
des contrats. Il y a toutefois dans le contrat administratif qu’on ne retrouve pas dans le contrat
de droit civil. Il y a même une originalité frappante qui tient à ce que les tiers au contrat peuvent
compter plus que les propres parties au contrat. Quand on conclut un contrat portant sur un
service public, ce qui est en jeu sont les usagers de ce service et on comprend que les
obligations pesant sur les parties ont une finalité dépassant leur intérêt, c’est la satisfaction des
tiers au contrat. Le cocontractant de l’administration a toujours été représenté comme une
partie faible au contrat.

Il faut attendre le début du XXème et l’œuvre de Gaston Jèze pour que soit enfin consacrée au
contrat une œuvre doctrinale. Ce qu’il met en évidence est qu’il existe un particularisme du
contrat administratif en comparaison avec le contrat privé. Jèze concentre même son propos
sur les divergences plutôt que sur les convergences. Le service public fonde l’inégalité
structurelle du droit du contrat administratif entre les parties. Les obligations des
cocontractants sont interprétées en fonction de ce qui est nécessaire pour le service public. Le
particulier cherche son intérêt et l’administration agit dans un but de service public. Il y a un
droit des contrats administratifs qui est exorbitant du droit commun des contrats. Cette
exorbitance tient à la finalité du contrat, à son régime. On assite au XXème à la construction
d’un grand nombre de principes des contrats administratifs qui permettent l’adaptation, la
résiliation, etc.

S’est développée la thèse de l’autonome du contrat administratif avec certaines limites qui
tiennent à ce que le contrat administratif ne doit pas être un repoussoir. L’administration est
attachée à ce que des personnes privées apportent leur concours à des missions d’intérêt
général.

Le droit privé n’est pas non plus totalement homogène, qu’il contient lui aussi des éléments
d’inégalité entre les parties, de l’unilatéralisme, que l’explication de l’autonomie du contrat
administratif est parfois démentie par les faits. Le contrat administratif reste un contrat et si
autonomie il y a, il y a l’idée d’un contrat.

Quant à la question de l’autonomie structurelle, il existe dans les contrats administratif un


unilatéralisme. Il y a des clauses de cette nature dans les contrats de droit privé, des travaux de
doctrine sur ce sujet.

Il faut distinguer ce qui est autonome (liberté de fixer les règles) et ce qui est spécifique (degré
d’originalité des règles).

Les sources juridiques ont été renforcées avec la montée en puissance du droit européen qui est
venu encadrer le droits des contrats publics au sein des États avec une jurisprudence
pléthorique sur les règles de la concurrence, la soumission des contrats aux règles de la
concurrence européenne. On peut aussi mentionner l’exubérance de la pratique contractuelle.
On a un modèle d’administration qui recourt au contrat presque dans les mêmes conditions
qu’un acte unilatéral.

On observe aussi que la démarche contractuelle s’est développée au sein des administrations
publiques entre des structures souvent dépourvues de personnalité juridique. Se sont
développés des engagements, des contrats. Les TA peuvent contracter. Ce sont ainsi des
conventions d’administration. On parle de contractualisation plutôt que de l’usage de contrats.

Il y a des liens avec l’acte unilatéral. Il s’agit dans les deux cas d’un acte administratif mais il
arrive parfois que le contenu d’actes unilatéraux soit négociés avec les destinataires de l’acte.
Quand il s’agit de parler des honoraires pratiqués par les médecins, il y a des négociations entre
l’État et les représentants d’une profession réglementée. On a même recours à des conventions
qui scellent par écrit l’accord conclu au terme de la négociation. Mais ce n’est pas un contrat qui
déterminera les honoraires, mais un acte unilatéral. On aura formellement un acte unilatéral et
la mission de l’État sera d’y fixer le contenu de l’acte négocié. Le décret ici approuve une
convention, sert de formalisation de la convention, laquelle convention n’a aucune portée
juridique car l’État ne peut s’engager juridiquement par une convention quand il est prévu
qu’un décret doit intervenir. CE, 1994, Confédération nationale des syndicats de biologistes. En
réalité, cette convention ne révèle que la volonté de l’administration et ne peut être considérée
comme vrai contrat.
Il arrive aussi que le contrat administratif soit caractérisé par un climat de droit public et
d’unilatéralisme. Certes, on a un contrat mais il est prévu que l’administration peut le modifier
unilatéralement. Certes, on a un contrat mais il contient des clauses, un cahier des charges qui
revêt souvent un caractère réglementaire ( : acte général et impersonnel). Il y a donc des actes
unilatéraux à l’intérieur d’un contrat. Arrêt de 1906 concernant un litige ou Léon Duguit avait
été le rédacteur de la requête, CE, 1906, Syndicat des propriétaires et contribuables du
quartier Croix de Seguey Tivoli. Il avait été jugé dans cet arrêt que les usagers d’un service
public peuvent se prévaloir du cahier des charges ayant des effets réglementaires au sein d’un
contrat à l’encontre d’un recours contre une décision de l’administration partie au contrat. Dans
cet arrêt, la Compagnie concessionnaire du réseau de tramways de Bordeaux avait décidé de
remanier les lignes et de supprimer celle qui desservait le quartier en question. Les habitants
ont décidé de faire un recours contre le préfet qui refuse aux habitants la demande qu’ils ont
adressée de contraindre la compagnie à exécuter le service en respectant le cahier des charges.
Le CE reconnaît aux usagers un intérêt à exercer un REP contre les actes qui méconnaissent
leurs droits en se prévalant du cahier des charges ayant des effets réglementaires.

Dans ce même esprit, on peut rappeler qu’un certain nombre de contrats sont très fortement
définis au regard d’énoncés réglementaires au point qu’en doctrine, la question s’est posée de
savoir s’il ne s’agissait pas d’actes unilatéraux sous forme contractuelle. Le contrat de
concession s’apparente à de nombreux égards à un contrat relatif à des modalités de
l’organisation du service public. La dimension contractuelle existe mais il n’est pas certain
qu’elle soit première. On a donc un contrat fortement réglementaire dans son écriture. Quand
on évoque les contrats des agents publics, la même remarque court. Quand ils forment un
contrat au nom de l’administration, ils ont certes quelques marches de manœuvres mais
l’administration pour forger ces contrats doit prendre un grand nombre de textes de la fonction
publique qui fixent des cadres à tous les niveaux.

Se pose aussi la question des contrats administratifs dont le contenu n’est pas forcément
obligatoire. Se pose aussi la question de la dimension véritablement contraignante des contrats
que l’État conclut et qui implique des engagements financiers, comme les contrats État-région.
La question a été posée de savoir si c’était de vrais contrats et non de déclarations d’intention
sans réelle portée juridique, CE, 2007, région du Limousin ; un protocole d’accord est signé et il
est considéré qu’il fixe un objectif qui devra être concrétisé par des conventions ultérieures.
Chapitre 1 : La notion de contrat administratif
Section 1 : Le contrat administratif par détermination législative

Pendant longtemps, la définition du contrat relevait surtout de la jurisprudence et la tendance


contemporaine est de procéder à des définitions par voie législative. La source législative monte
en puissance pour les qualifications mais n’est pas pour autant la seule source. Le contrat est un
accord de volonté qui crée des obligations entre les parties mais parfois au profit de tiers
comme l’arrêt de 1906. Le contrat ne s’appelle contrat qu’à partir de sa signature. Avant, c’est
un projet de contrat. Le contrat peut aussi revêtir un caractère oral, CE, 1956, Époux Bertin.
Parfois, des textes exigent que le contrat soit écrit.

Lorsque le législateur décide de qualifier un contrat, il peut lui conférer un caractère de droit
public ou de droit privé et dans ce cas, il n’est pas tenu par les règles jurisprudentielles de
qualification des contrats donc un contrat qui selon la jurisprudence devrait être de droit privé
peut être qualifié de droit administratif par le législateur. Le juge ne requalifie pas le contrat si la
loi a décidé qu’il est public ou privé mais il peut le requalifier s’il a été mal qualifié.

De nombreux contrats ont une physionomie différente et qui attirent l’attention de la doctrine
les contrats de la commande publique (les marchés publics, les concessions) mais attention, ils
ne sont pas les seuls contrats.

Les contrats qualifiés d’administratifs en vertu de la législation sont les marchés publics et les
concessions.

Les marchés publics : On a depuis 2019 un Code de la commande publique qui donne une
définition de ce que sont les marchés publics. Sont des marchés publics au sens du CCP les
marchés, marchés de partenariat, de défense ou de sécurité. Ce qui les caractérise comme
marchés publics (L.1111-1) est que ce sont des contrats conclus par un ou plusieurs acheteurs
avec un ou plusieurs opérateurs économiques pour répondre-à leurs besoins en matière de
travaux, fournitures ou services en contrepartie d’un prix ou de tout équivalent. Certains
contrats échappent à cette qualification, L.1100-1.

Les marchés publics sont le plus souvent conclus par des personnes morales de droit public
(article L.6). Pour autant, des personnes privées peuvent conclure des marchés publics car elles
sont sous influence publique. Sont visées des personnes créées pour satisfaire spécifiquement
des besoins d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel et commercial et qui sont
liées à l'administration en raison de financements, de modalité de contrôle. Sont aussi visées les
personnes privées qui ont été constituées par des pouvoirs adjudicateurs pour réaliser des
activités en commun.

Le marché public est conclu à titre onéreux (L.2 du CCP). La contrepartie est donc le versement
d’un prix par l’acheteur. Ce n’est pas toujours un prix. Il peut en effet être question de revenus,
de la publicité sur du mobilier urbain. Les marchés ont aussi une durée limitée (L.5 du CCP).

L.1111-2 du CCP. Il s’agit ici soit de l’exécution, soit de la conception et l’exécution de travaux,
d’ouvrages. Marchés de fourniture : L.1111-3 ; sont concernées des installations, des poses.
L.1111-4, marchés de service.

Article L.1111-5 « Lorsqu’un marché porte sur des travaux et sur des fournitures ou des services,
il est alors un marché de travaux si son objet principal est de réaliser des travaux. Si un marché a
pour objet les services et les fournitures, il est un marché de service si la valeur de ceux-ci
dépasse la valeur des fournitures achetées. »

On a également au-delà de ces marchés des marchés de partenariat. Le marché de partenariat


est un marché public et son objet est une mission globale à géométrie variable du point de vue
de son étendue. Souvent, cette mission a pour objet la construction, la transformation, la
rénovation, le démantèlement, la destruction d’ouvrages, d’équipements nécessaires au service
public ou à une mission d’intérêt général et tout ou partie de leur financement. L’intérêt est
qu’elle n’aura pas énormément d’interlocuteurs d’un coup.

On a aussi des marchés de défense ou de sécurité qui sont des marchés publics. Ls sont conclus
par l’État ou un établissement public de l’État et ils ont pour objet des équipements, des
fournitures, des services, des travaux ayant des finalités militaires même s’ils ont pu être conçus
dans le cadre du civil avant d’être adaptés. L.1112-3.

Les concessions : Ce sont des contrats définis dans le CCP (article L.1121-1). « Dans ce contrat,
une ou plusieurs autorités dites concédantes confient l’exécution de travaux ou la gestion d’un
service à un ou plusieurs opérateurs économiques à qui est transféré un risque lié à
l’exploitation de l’ouvrage ou du service en contrepartie soit du droit d’exploiter l’ouvrage ou le
service qui fait l’objet du contrat soit de ce droit assorti d’un prix. La part de risque transféré au
concessionnaire implique une réelle exposition aux aléas du marché de sorte que toute perte
supportée par le concessionnaire ne doit pas être purement théorique ou négligeable. Le
concessionnaire assure le risque d’exploitation lorsque dans des conditions d’exploitation
normale, il n’est pas assuré les investissements ou les coûts liés à l’exploitation de l’ouvrage ou
du service qu’il a supporté. » L’objet de la concession est les travaux ou la gestion d’un service
public, mais pas nécessairement. Le risque d’exploitation est déterminant, c’est là qu’est la
distinction avec le marché public. Dans le marché public, le cocontractant ne subit pas de risque
alors que dans la concession si qui est réel. Ce risque a une contrepartie, c’est que le
concessionnaire (celui qui se voit bénéficiaire de la concession) exploite l’ouvrage, le service.

L’objet de la concession sont des travaux, des services, c’est la défense ou la sécurité. Pour la
concession de travaux, article L. 1121-2 ; c’est la conception ou l’exécution de travaux ou
d’ouvrages. La concession de service, gestion de service, gestion de service dit public. On peut
aussi avoir dans la concession la construction d’un ouvrage et la gestion d’un service. On aussi
des règles sur la qualification des contrats en cas de combinaison entre travaux et services
(L.1121-4). On a les concessions de défense et de sécurité.

Il y a la question de la délégation de service public. Avant que le droit européen aborde la


question des concessions, avant qu’on soit des directives transposées par des ordonnances
donnant lieu à une codification, avant le CCP, on avait déjà en droit interne de manière
ancienne (AR) toute une tradition consistant à confier des missions à des tiers. L’expression
générique utilisée pendant longtemps est la délégation de service public. Il importe de
comprendre que la taxinomie européenne (marchés concessions) n’a pas mis fin à la taxinomie
qui préexistait. Elle l’a à la fois englobée et complétée, tout d’abord car la taxinomie ancienne
existe toujours. La taxinomie européenne de concession vient compléter mais en même temps,
s’il y a complément, il y a aussi un chapeau européen posé sur cette ancienne taxinomie car la
taxinomie européenne a complété et absorbé. Le CCP dit que les délégations de service public
sont des contrats de concession au sens du CCP. On a donc gardé le concept de délégation de
service public. L’expression délégation de service public contient plusieurs modalités
contractuelles elle-même. Article L.1411-1 du CGCT « Les collectivités territoriales, leurs
groupements, leurs établissements publics peuvent confier la gestion d’un service public, dont
elles ont la responsabilité, à un ou plusieurs opérateurs économiques par une convention de
délégation de service public définie à l’article L. 1121-3 du CCP. » L. 1121-3 « La délégation de
service public mentionnée à l’article L.1411-1 du CGCT est une concession de service ayant pour
objet un service public. »

Dans le CCP, on ne parle pas de concession publique mais de concession de service car les
Français ont l’habitude que le service public structure l’administration. Le concept français de
service public n’est pas celui qui domine dans la représentation des actions de l’État. Il n’y a pas
dans tous les États la même histoire. Lorsqu’il a été question de discuter des textes, il n’a pas
été admis qu’on parle de concession de service public au niveau européen mais de concession
de service. Mais la France n’a pas abandonné la délégation de service public. On a ainsi combiné
deux logiques dans le CCP qui ne sont pas contradictoires. On maintient l’idée de la délégation
de service public tout en appliquant le droit européen. On dit bien que ces délégations sont des
concessions qui ont un objet de service public.

Comment définir les différents modèles contractuels au sein de la délégation de service


public ?

Le premier modèle est la concession de service public qui existe au niveau de la vie des
collectivités territoriales, leurs groupements, leurs établissements publics. La concession de
service public charge un particulier ou une société d’exécuter un ouvrage ou d’exécuter un
service public à ses frais, avec ou sans subvention, avec ou sans garantie d’intérêt et que l’on
rémunère en lui confiant l’exploitation de l’ouvrage public ou l’exécution du service public avec
le droit de percevoir des redevances sur les usagers de l’ouvrage ou ceux qui bénéficient du
service public, CE, 1916, Gaz de Bordeaux. Le concessionnaire exploite le service à ses risques et
périls car cela relève de la catégorie des concessions dont le risque revient au concessionnaire.

L’autre modèle est l’affermage. Le fermier se voit uniquement confier l’exploitation du service à
l’exclusion des travaux. Les équipements sont mis à sa disposition et celui-ci paye une
redevance à la collectivité.

On a un troisième modèle, la régie intéressée. Dans ce modèle de contrat, l’autorité publique


finance les dépenses liées au service public mais elle confie la gestion de service à un
délégataire privé qu’elle rémunère. Ce délégataire est appelé le régisseur et il est intéressé
financièrement au succès du service public car il reçoit une part de résultat. C’est lui qui collecte
la redevance, qui la reverse à la collectivité, et sa rémunération dépend des résultats de
l’exploitation. Une collectivité peut faire un contrat mais ne pas bien le qualifier. S’ils ont prévu
un prix trop élevé en complément de l’exploitation et qu’il apparaît qu’il n’y a pas de vrai risque
qui pèse, le juge requalifiera le contrat de marché public.

Section 2 : Le contrat administratif par détermination jurisprudentielle

Il y a des tas d’hypothèses où on est face à des contrats qui ne rentrent pas dans les
qualifications législatives. Dans ce cas, il faut le qualifier et on s’appuie ainsi sur des critères
jurisprudentiels. Pour qu’un contrat dans le silence de la loi soit administratif, il y a deux critères
posés par la jurisprudence, un organique et un matériel.

Le critère organique : Ce qui est en jeu à travers ce critère est la présence directe ou indirecte
d’une personne publique au contrat. Il faut qu’une personne publique soit partie au contrat
pour qu’il soit administratif. C’est le principe. Il y a d’ailleurs une présomption d’administrativité
du contrat conclu entre personnes publiques, CE, 1983, UAP. Il indique que dans ce cas, le
contrat est réputé administratif à moins qu’il ne fasse naître entre les parties que des rapports
de droit privé. Le CE ajoutera plus tard « et qu’il ne contienne aucune clause exorbitante », CE,
2000, Commune de Morestel.

A contrario, un contrat conclu entre personnes privées est un contrat de droit privé. C’est un
principe classique reconnu par le CE, 1963, Syndicats des praticiens de l’art dentaire du Nord. Il
existe des exceptions puisque dans plusieurs hypothèses où des contrats sont conclus entre
personnes privées, il est possible qu’il soit administratif. Le premier cas est quand un des
cocontractants a un mandat d’une personne publique. Il agit au nom et pour le compte d’une
personne publique. Ce mandat est express, formalisé, écrit (CE, 1936, Prade) puis mandat
implicite avec un faisceau d’indices (CE, 1975, Société d’équipement de la région
montpelliéraine) et puis prise de distance du CE, abandon du mandat implicite (CE, 2011,
Communauté d’agglomération du grand Toulouse).

En-dehors de tout mandat express, pendant longtemps a été jugé comme un contrat
administratif le contrat de travaux autoroutiers ou routiers passé par un concessionnaire avec
un sous-traitant privé, TC, 1963, Société entreprise Peyrot. Ce que l’on disait pour justifier cette
qualification est que les travaux routiers et autoroutiers relevaient par nature de l’État et que
dès lors, les contrats relatifs à leur exécution devaient être administratifs. Il s’agissait ici d’une
affirmation d’un lien en quelque sorte ontologique mais qui ne reposaient pas sur un critère
juridique déclinable dans d’autres domaines, TC, 2015, Rispal contre Société autorite du Sud de
la France qui a abandonné cette jurisprudence Peyrot. Ce que dit le TC est que quand une
société concessionnaire d’autoroute conclut avec une autre personne privée un contrat sauf
condition particulière ne peut être regardée comme ayant agi pour le compte de l’État que dès
lors que c’est le juge judiciaire qui est compétent, donc ce sont des contrats de droit privé. Le TC
ajoute que cette nouvelle règle s’applique aux contrats conclus dès la date de cet arrêt (donc
pas antérieurement). Cela met fin à une exception fondée sur un argument inexplicable.

En l’absence de mandat, le contrat peut être administratif lorsque l’un des contractants privés
est une personne privée transparente. On dit que la personne privée est transparente quand
elle est créée par une personne publique qui en contrôle l’organisation, le fonctionnement, lui
procure ses ressources. Le CE considère que dans ce cas-là, le contrat est administratif, CE,
2007, Commune de Boulogne-Billancourt.

Le quatrième cas est l’hypothèse où un contrat entre deux personnes privées pourrait être
administratif en tant qu’il serait un contrat accessoire d’un contrat de droit public. Au nom de
l’accessoire, l’administrativité passerait d’un contrat à l’autre. Cette hypothèse a été reconnue
par le TC, 2013, Société d’exploitation des énergies photovoltaïques contre ERDF. La question
était de savoir si le contrat de raccordement était accessoire du contrat d’achat de l’énergie. Le
TC dit que ce n’est pas un accessoire mais s’il l’avait été, il aurait été administratif.

Le critère matériel : En-dehors d’une qualification législative, le contrat est administratif s’il
remplit le critère organique et le critère matériel auquel correspondent plusieurs hypothèses
alternatives. Le premier critère est celui de l’objet de service public du contrat. À ce titre, le
contrat est administratif si son objet est de confier au cocontractant l’exécution-même du
service public, de le faire participer à cette exécution. Au départ, la jurisprudence était plus
exigeante. Le contrat est administratif s’il a un objet de service public (arrêts Terrier, Thérond).

La jurisprudence met ensuite l’accent sur l’exécution même du service public. Il ne peut pas être
question qu’un contrat soit administratif au seul motif qu’il participe à la satisfaction des
besoins du service public, TC, Société Codiam, 2007. La seconde hypothèse concerne le cas où
la conclusion du contrat est un moyen pour l’administration de remplir sa mission de service
public. Le contrat consiste dans l’accomplissement de l’exercice du service public. Il exécute sa
mission, le contrat est alors un moyen de l’exécution de la mission de service publique CE, 1976,
dame Culard. Il s’agit de prêts sous conditions par l’administration aux rapatriés français des
territoires devenus indépendants.

Le second critère est la clause exorbitante du droit commun. Sont des contrats administratifs
ceux qui satisfont au critère organique et qui contiennent une clause exorbitante du droit
commun, CE, 1912, Société des granites porphyroïdes des Vosges. La définition a changé avec le
temps. Dans une décision de 1950, le CE dans un arrêt Stein énonce que c’est la clause ayant
pour objet de conférer aux parties des droits ou de mettre à leur charge des obligations
étrangers par leur nature à ceux qui sont susceptibles d’être librement consentis par quiconque
dans le cadre des lois civiles et commerciales. Elle postule donc ici que dans le contrat
administratif, on a une clause exorbitante du droit commun si on ne la trouve pas dans un
contrat de droit privé.

Cette explication de l’arrêt correspond à une vision qui est fausse par méconnaissance suffisante
du droit privé par les membres de la juridiction administrative. Le TC donne donc une nouvelle
définition, TC, 2014, Société Axa France Iard. Le TC dit que le contrat litigieux ne comporte
aucune clause qui notamment par les prérogatives reconnues à la personne publique
contractante dans l’exécution du contrat, implique, dans l’intérêt général, qu’il relève du régime
exorbitant des contrats administratifs. L’idée demeure cependant la même. En 2020, éclairage
supplémentaire, TC, Société Eveha. Si une clause est « exorbitante » et donne des prérogatives à
la personne privée cocontractante et non à la personne publique, cela ne fait pas regarder le
contrat comme administratif.

Il y a une exception à la règle. Elle concerne les contrats des SPICS avec leurs usagers. Les
contrats passés avec les SPICS sont toujours des contrats de droit privé quelles que soient leurs
clauses CE, 1961, Établissements Campanon-Rey.

Le troisième critère est celui du régime exorbitant du droit commun, CE, 1973, Société
d’exploitation électrique de la rivière du Sant. Le principe posé est que s’il existe un acte
unilatéral qui fixe le régime d’un contrat au point que lorsque les parties passent le contrat,
elles sont soumises à un cadre juridique qui s’impose à elle et est extérieure au contrat. Le
contrat est alors administratif car soumis à un régime exorbitant car soumis à un décret. Il y a
donc non une clause exorbitante mais un régime exorbitant. Le contrat est soumis à un décret.
Chapitre 2 : La passation des contrats
La compétence est un moyen d’ordre public (MOP) et ce moyen, s’il est soulevé à l’encontre
d’un contrat, il entache le contrat de nullité, dans le cas de l’incompétence du signataire du
contrat, CE, 1961, Alfred-Joseph.

Il faut opérer les distinctions selon le niveau d’administration. Si ce sont les contrats de l’État,
sauf texte contraire, les ministres signent les contrats nationaux dans leur champ de
compétence. Les préfets signent les contrats passés au nom de l’État à objet territorialement
limité. S’agissant des collectivités territoriales, le principe est que l’assemblée délibérante
autorise la signature, la délibération est transmise au préfet dans le cadre du déféré préfectoral
(le préfet contrôle la légalité des actes des collectivités) et une fois transmise, l’exécutif signe le
contrat. Pour les établissements publics, en fonction des textes qui le constitut, c’est l’exécutif
seul ou l’exécutif après autorisation de l’organe délibérant.

On a différentes catégories de procédure pour les cocontractants, les formalisées d’une part et
adaptées d’autre part. Dans le cadre des formalisées, il est obligé pour la personne publique d’y
recourir si la commande publique remplit certains critères. Ces procédures constituent en
quelque sorte le droit commun. On a l’appel d’offre dans le cadre duquel on choisit l’offre la
moins disante (?) avec la meilleure garantie, le dialogue compétitif dans le cadre duquel une
procédure de compétition est lancée avec l’expression d’un besoin mais aussi un dialogue avec
les candidats pour approfondir la formulation du besoin. On a aussi une procédure spécifique
pour certains objets comme les marchés conceptions/réalisation.

Pour l’adaptée, le recours à elle n’est possible que soi certains seuils financiers sont respectés et
qu’on est en-dessous des seuils des procédures formalisées.
Chapitre 3 : L’exécution du contrat administratif
Introduction :

L’administration dispose à l’égard de ses cocontractants de prérogatives sans équivalent dans


les contrats privés. Les cocontractants quant à eux, bénéficient de droits qui tendent à assurer
un équilibre financier conforme aux prévisions initiales. Aux prérogatives existe donc une
contrepartie.

Section 1 : Les prérogatives de l’administration

Un certain nombre de principes sont fixés dans le CCP au L.6, qui dispose que l’autorité
contractante exerce un pouvoir de contrôle sur l’exécution du contrat. Les contrats qui portent
sur l’exécution d’un service public respectent la continuité du service public lorsque survient un
événement extérieur aux parties, imprévisible et bouleversant temporairement l’équilibre du
contrat, le cocontractant qui poursuit l’exécution a droit à une indemnité. L’autorité
contractante peut modifier unilatéralement les contrats sans en bouleverser l’équilibre. Le
contractant a le droit à une indemnisation. L’autorité contractante peut résilier le contrat. »

Ces éléments de nature législative existent pour garantir l’adaptation et la continuité du service
public. Ce sont des prérogatives administratives. Elles valent même en l’absence de stipulations
expresses. Ce sont des règles générales applicables au contrat administratif. Elles tiennent à la
nécessité pour l’administration de prendre des mesures, nécessitées par l’intérêt général lequel
peut évoluer.

Néanmoins, il est fréquent que des clauses contractuelles contiennent le rappel ou la précision
de ces principes.

Pouvoir de direction et de contrôle : L’administration peut diriger le cocontractant, contrôler


l’exécution du contrat. Elle peut adresser des ordres de service au cocontractant, principes fixés
par le CE, 1937, Caire. C’est pour imposer de nouvelles modalités d’exécution non-prévues au
contrat si le besoin s’en ressent.

Pouvoir de sanction : L’administration peut sanctionner le cocontractant en cas de faute. Ce


qu’on appelle faute peut revêtir des visages différents, comme des négligences, un retard, une
malfaçon, une fraude, un manquement générique. Ce pouvoir existe en-dehors de toute
stipulation contractuelle. CE, 1907, Deplanque. En pratique, l’autorité administrative met en
demeure le cocontractant d’exercer ses obligations et le sanctionne après cette mise en
demeure s’il n’a pas agi. La jurisprudence considère que l’administration ne peut renoncer à son
pouvoir. CE, 1970, ministre de l’équipement.

Une sanction est une palette de possibilités, sanctions pécuniaires, des dommages intérêts, des
pénalités spécifiques pour retard, sanctions de substitution provisoire au cocontractant
défaillant aux risques et aux frais de ce dernier. L’objectif est de garantir l’exécution du contrat
en faisant appel à un autre prestataire sur demande de l’administration soit l’administration
elle-même se substitue. Il existe ici des dénominations pour définir cette substitution. On parle
par exemple de mise en régie (l’administration prend en main les choses pour exécuter elle-
même) pour des marchés de travaux. On peut aussi parler d’achats par défaut pour … Le CE,
2007, société SEA Invest Bordeaux accepte que de manière provisoire qu’un nouveau contrat
soit conclu quand le prestataires est défaillant sans respecter les règles de mise en concurrence.

Cette possibilité est inhérente aux règles générales du contrat administratif. Elle ne suppose pas
qu’ait lieu résiliation du contrat avec le premier prestataire. CE, 2016, Société Fosmax.

Il y a aussi la sanction de résiliation unilatérale pour faute grave. Les fautes graves
correspondent à l’interruption du service, à un fonctionnement durablement défectueux. En
matière de contrats administratifs, il n’y a pas d’exception d’inexécution (elle correspond à la
possibilité pour une partie au contrat de justifier son absence d’exécution du contrat par
l’absence d’exécution du contrat de l’autre partie). Lorsqu’il y a une faute de l’administration
contractante, le cocontractant reste tenu d’exécuter le contrat, CE, 1976, Ville d’Amiens. Cela ne
l’empêche pas de saisir le juge d’une action en dommages et intérêts ou d’une demande de
résiliation mais il ne peut pas soulever l’exception d’inexécution.

Si l’administration résilie, y compris à raison, elle peut se retrouver tenue de se substituer au


cocontractant de plein droit dans certains cas, notamment si le contrat porte exécution d’un
service public, CE, 2014, Commune de Propriano. Cette résiliation sanction peut avoir lieu après
que l’administration a mis en oeuvre des mesures de substitution en raison de l’inertie du
cocontractant, CE, 2020, Société Treuils et Grues Labor. L’apport de l’arrêt est de rappeler le fait
qu’une administration ait mis en oeuvre des mesures de substitution ne l’empêche pas après
d’envisager concrètement une résiliation.

Le pouvoir de modifier unilatéralement le contrat : L’administration a le pouvoir même dans le


silence du contrat de modifier unilatéralement le contrat. C’est une règle générale applicables
au contrat administratif. Le CE l’a rappelée en 1983, Union des transports publics urbains et
régionaux. Avant cette jurisprudence, il avait déjà reconnu le principe et même de manière
ancienne, CE, 1902, Compagnie nouvelle du gaz de Déville-lès-Rouen. C’est un pouvoir
considérable. C’est pour cela que des milites ont été fixées. La modification peut porter sur
l’organisation du service mais pas sur les clauses de nature financière. L’objet du contrat ne
peut être dénaturé. La modification ne peut porter atteinte à l’équilibre financier du contrat
sans contrepartie. La modification doit être motivée par la satisfaction de l’intérêt général. le
cocontractant a droit à une indemnité qui compense de manière totale le surcoût, CE, 1978,
Société compagnie française d’entreprise. Si ces règles ne sont pas respectées, il peut être
demandé au juge une résiliation par le cocontractant, des dommages et intérêts.

La résiliation unilatérale au nom de l’intérêt général : Même sans faute du cocontractant, et


dès lors que l’intérêt général l’exige, l’administration peut résilier un contrat à tout moment de
son exécution y compris sans le consentement du cocontractant. C’est un pouvoir qui existe
même sans texte. C’est une règle générale applicable au contrat administratif, CE, 1958,
Distillerie de Magnac-Laval. Tous les contrats sont concernés et ce pouvoir ne peut être écarté
par des clauses contractuelles, CE, 1985, Association Eurolat. Ce pouvoir existe même entre
personnes publiques contractantes. Si un contrat est conclu entre deux personnes publiques,
chacune peut résilier le contrat pour motif d’intérêt général, CE, 2014, Commune d’Aubigny-les-
Pothées.

Le CE a précisé qu’en matière de convention conclue entre deux personnes publiques relative à
l’organisation du service publique ou aux modalités de réalisation en commun d’un projet
d’intérêt général, ne peut être résiliée unilatéralement par l’une des personnes publiques si au
cours de l’exécution de la convention apparaît seulement un déséquilibre dans les relations
entre les parties, CE, 2015, Commune de Béziers III.

Ce pouvoir de résiliation doit toujours reposer sur un motif d’intérêt général. IL considère que
notamment être impérative la nécessité de mettre fin à une convention de délégation de service
public qui dépasse la durée prévue par la loi, CE, 2013, Société auxiliaire de parcs de la région
parisienne.

Quand cette résiliation a lieu, une indemnisation est là (des prestations par exemple, du
manque à gagner qui correspond au profit qui aurait été réalisé si le contrat était allé à son
terme), CE, 1962, ministre des finances. Le CE vérifie si l’indemnisation du cocontractant n’est
pas manifestement disproportionnée. S’il contrôle cela, c’est parce qu’il existe un principe du
droit public français qui est très classique, c’est que les personnes publiques ne peuvent
consentir des libéralités (c’est payer des sommes qu’elles ne doivent pas). On le retrouve dans
le droit des fonctions publiques par exemple. Il y a des subtilités de la jurisprudence avec la
possibilité de prendre en compte le bénéfice que le requérant a pu tirer à la suite de la
résiliation, de la situation qu’il avait avec un nouveau contrat, grâce à des prestations réalisées,
CE, 2018, Société Balineau. L’administration peut aussi être obligée de se substituer au
cocontractant. Si la résiliation a été fondée pour des motifs autres que d’intérêt général, on
peut saisir le juge pour mettre fin à cette résiliation, CE, 1987, Société TV6. À la suite intervient
un arrêt Commune de Béziers II, 2011, CE. L’arrêt introduit la possibilité d’introduire un recours
devant le juge du contrat visant à la reprise des relations contractuelles et permettant au
cocontractant de contester une décision de résiliation du contrat.

La résiliation peut être tacite, CE, 2020, Société Copra Méditerranée.

Section 2 : Les droits du cocontractant

Le CE conscient du déséquilibre entre l’administration et son cocontractant a rééquilibré un peu


le droit du contrat administratif. Il l’a rééquilibré d’une manière satisfaisante au point de vue de
l’indemnisation à laquelle le cocontractant peut prétendre pour être aidé à exécuter le contrat
lorsque des conditions difficiles se présentent et puis le rééquilibrage a eu lieu de manière un
peu marginale au-delà de ce cadre d’indemnisation par rapport à la résiliation.
Le droit à l’indemnisation : IL arrive que les conditions d’exécution d’un contrat soient
bouleversées et qu’en raison d’un grave déséquilibre financier le cocontractant éprouve de
graves difficultés voire une incapacité à exécuter le contrat. Selon la nature de l’aléa, à l’origine
de ce bouleversement, le CE a admis que le cocontractant a droit à une indemnisation totale ou
partielle.

L’indemnisation totale intervient dans deux cas de figure. Le premier cas est les sujétions
imprévues. Ce sont des charges supplémentaires non-prévues au contrat qui tiennent à des
difficultés matérielles dans ‘exécution. On les retrouve en matière de travaux quand les
difficultés ont un caractère exceptionnel, imprévisible, qu’elles ont une cause extérieure aux
parties. Le principe est que le cocontractant doit poursuivre l’exécution du contrat mais il n’y
arrivera pas s’il n’est pas aidé. Il peut donc forcer l’administration à l’aider avec des
indemnisations pour couvrir intégralement les frais engagés pour résoudre les difficultés. il fait
que les critères soient réunis, CE, 1990, Société Rapetto.

Le second cas est le fait du prince. Il est caractérisé lorsque la personne publique contractante
cause un bouleversement de l’équilibre du contrat en changeant ses conditions d’exécution
mais par l’exercice d’une compétence étrangère à sa qualité de partie au contrat. Par exemple,
une commune en zone montagneuse établie sur un rocher auquel on accède par un pont entre
deux pan de montagne pour un côté et un pont d’une autre pan pour l’autre côté. La commune
fait un contrat avec une entreprise de nettoyage des rues. Un modèle économique est conçu
pour fixer le contrat et l’entreprise le signe en considérant que ses frais sont remboursées par
les sommes perçues dans le cadre du marché. Mais un jour, quand les camions sont envoyés,
elle découvre le pont fermé pour travaux car le maire a ordonné la fermeture pour trois mois
pour en reconstruire un. Les condition d’exécution du contrat ne sont donc plus possibles et les
frais sont trop importants pour faire le tour. la commune a changé les conditions d’exécution du
contrat mais en-dehors de sa qualité de contractante car ici le maire a uniquement en tant que
maire fermé un pont pour qu’il ne soit pas utilisé. Il a donc utilisé une autre casquette que celle
de contractant. CE, 1924, Tanty.

L’indemnisation partielle correspond à l’imprévision. Elle est une théorie jurisprudentiel


apparue avec un arrêt du CE, 1916, Compagnie du gaz de Bordeaux. Il y a trois caractères
cumulatifs nécessaires. Le premier est le caractère imprévisible. Il faut aussi un événement
extérieur aux parties (donc ni le contractant ni le cocontractant ne sont impliqués). Le troisième
est le bouleversement de l’équilibre financier du contrat (on exclut une perte de bénéfice, un
déficit simple). dans la jurisprudence, ce qui a été admis renvoie notamment à une crise
économique suite à une guerre, CE, 1982, pro pétrole.

Le cocontractant demeure tenu d’exécuter. Ensuite, le cocontractant à le droit à une


indemnisation. Cependant, cette indemnisation n’est pas totale. Elle est soit fixée par les parties
soit déterminée par le juge et ce que le cocontractant peut légitimement espérer est
l’indemnisation non pas de tout aléa maos de l’aléa extraordinaire. Si par exemple se
conjuguent une baisse générale de consommation et une crise économique liée à la guerre, le
juge regarde alors dans ce qu’il considère quelle peut être la part d’aléa et ce qu’est l’aléa
extraordinaire. Le juge partage le poids de cet aléa entre contractant et cocontractant car à la
charge du deuxième on laisse 5 à 10%. L’objectif de cette indemnisation est de surmonter
l’orage, un bouleversement temporaire de l’équilibre du contrat. Si la situation ne devait pas
être temporaire, on envisagerait ainsi une résiliation.

Comment se combinent la modification des clauses et l’imprévision ? On le retrouve dans


l’actualité avec la hausse des matières premières. Avis du CE, 15 septembre 2022, qui porte sur
les contrats de la commande publique ; il indique que les clauses financières des contrats de la
commande publique peuvent être modifiées, toutefois le cocontractant n’a pas droit à une
modification des clauses financières, il peut le demander à l’administration et celle-ci doit
l’accepter. L’administration n’est donc pas obligée de prendre l’initiative. L’avis rappelle aussi
qu’en cas de circonstances imprévisibles reste la théorie de l’imprévision donc l’indemnisation
des charges extracontractuelles, qui n’étaient pas prévues au contrat. Le CE dit qu’on peut
combiner les deux (modification des clauses et imprévision) si la modification des clauses
financières n’a pas permis de résorber la totalité du préjudice d’imprévision.

Le droit à la résiliation notamment en cas de force majeure : La force majeure est réunie à


plusieurs conditions, les conditions de l’imprévision. À ces conditions s’ajoute une condition
complémentaire, le caractère insurmontable de l’événement. Le principe est fixé dans un arrêt,
CE, 1909, Compagnie des messageries marines. CE, 1932, Compagnie des tramways de
Cherbourg. L’imprévision dure toujours. Dans ce cas, mieux vaut arrêter. En cas de désaccord, le
juge tranchera pour prononcer la résiliation, CE, 2000, Commine de Staffelfelden. Dans cet
arrêt, il était question de l’approvisionnement en eau potable d’une commune et l’entreprise
d’approvisionnait dans un lieu proche d’une voie de transport. A lieu un accident et des produits
contaminants rentrent dans la source exploitée. Une autre source possible était beaucoup plus
loin et elle fait donc valoir la force majeure et le CE accepte la résiliation.
Il est possible que le cocontractant bénéficie d’un droit à la résiliation du contrat, CE, 2014,
Société Grenke Location. Cet arrêt constitue un pastiche (sorte de faux droit à résiliation) car les
conditions sont tellement restrictives que la déclaration selon laquelle le cocontractant a droit à
la résiliation est plus attentatoire que réelle. Cette résiliation à l’initiative du cocontractant
n’existe pas dans les contrats qui ont pour objet l’exécution du service public. Cette résiliation
n’a lieu qu’en cas de méconnaissance par l’administration de ses obligations contractuelles. On
a donc ici deux cas, deux motifs qui limitent le périmètre du droit à résiliation.

Le cocontractant est tenu de prévenir la personne publique de son intention et le CE estime que
celle-ci peut s’opposer à la résiliation pour un motif d’intérêt général tirée notamment des
exigences du service public. Le CE dit aussi que si un motif d’intérêt général lui est opposé, il
doit poursuivre l’exécution du contrat., que s’il y manque, il s’expose à une résiliation à ses torts
exclusifs. Il peut contester le motif d’intérêt général devant le juge pour obtenir la résiliation.

Les parties peuvent procéder à une résiliation amiable sous réserve que le contrat ne contient
pas le principe de l’allocation au cocontractant d’une indemnisation qui excède le préjudice subi
et qui résulte du gain dont il a été privé et des dépenses exposées sans qu’elles soient
couvertes, CE, 2022, Société grasses vacances.
Chapitre 4 : Le contentieux des contrats administratifs
Introduction :

C’est l’une des parties du droit administratif qui a connu le plus grands nombres de
changements en quinze ans. entre dix et quinze ans, on a observé un profond changement dans
les règles du contentieux contractuels. Ces changements ont eu pour principal objectif de
simplifier la typologie des recours dans un contexte où le contentieux contractuel qui
fondamentalement mélangeait contentieux d l’acte unilatéral et celui du contrat avait atteint un
niveau de complexité énorme. On a donc aujourd’hui des recours qui sont plus simples mais
aussi de nature à renforcer les droits des cocontractants de l’administration.

Section 1 : Le référé précontractuel

Ce référé a été introduit il y a une trentaine d’années par des droits de 1992-93, eux-mêmes
issus de directives transposées. Ce référé porte un nom, précontractuel. Il ne peut donc être
exercé jusqu’à la signature du contrat. Si le contrat est signé on ne peut plus faire ce référé, CE,
1995, CCI de Tarbes et des Hautes Pyrénées. Si en court d’instance, le doucement a été signé, le
juge du référé précontractuel ne peut plus poursuivre son office. Ce référé porte uniquement si
la violation des règles de publicité et de mise en concurrence. Le référé est organisé dans le CJA
avec le L.551-10. Le L.551-14 apporte des précisions.

La jurisprudence a apporté des précisions en disant que l’entreprise attributaire ne pouvait pas


de référé précontractuel, CE, 2011, Département de la Guadeloupe. Afin que le contrat ne soit
signé, on précise qui est l’entreprise choisie. Dans un autre arrêt, le CE dit que les entreprises
qui peuvent faire le recours sont les candidates à l’obtention du contrat mais aussi celles
dissuadées de candidater en raison de la violation des règles de publicité et de mise en
concurrence, CE, 2015, Syndicat de valorisation des déchets de la Guadeloupe. En revanche,
l’opérateur économique qui n’est pas susceptible de passer le contrat ne peut agir, CE, 1996,
Conseil régional de l’ordre des architectes de la Martinique.

Quels moyens peut soulever le requérant ? Le CE a rendu un arrêt qui les limite. On peut
soulever uniquement des manquements qui eut-égard à leur portée et au stade de la procédure
auxquels ils se rapportent sont susceptibles d’avoir léser le requérant ou risquent de le léser,
fussent de façon indirecte en avantageant une entreprise concurrente. Il n’est pas suffisant
qu’une irrégularité existe pour qu’on puisse s’en prévaloir. Il fait démontrer qu’au regard de sa
portée et du stade la procédure elle a un impact sur lui. L’arrêt du CE, 2008, Smirgeomes qui a
reconnu ce principe a donné lieu à un néologisme car maintenant l’encadrement de ces moyens
est appelé le phénomène de la smirgeomisation des moyens. Il exige que les moyens aient un
vrai impact sur le requérant.

Le juge peut ordonner à l’administration de se conformer à ses obligations, suspendre


l’exécution de toure décision liée à la passation du contrat, sauf s’il pense que cela aurait un
bilan négatif, il peut aussi annuler des décisions qui concernent la passation du contrat,
supprimer des clauses ou prescriptions qui ont vocation à figurer dans le futur contrat et qui
méconnaissent lesdites obligations. Dès que ce recours est exercé, donc que le juge est saisi, le
contrat ne peut être signé. Si l’administration signe, il y a non-lieu à statuer.

Section 2 : Le recours en excès de pouvoir

Le principe est qu’il n’y a pas de REP possible recevable contre un contrat administratif.
L’irrecevabilité du REP contre les contrats administratifs : CE, 1905, arrêt Martin. Ce que dit
l’arrêt en 1905 est qu’on ne fait pas de REP contre un contrat. En revanche, on peut attaquer en
REP l’AAU qui est détachable d’un contrat (comme l’autorisation de signer le contrat) et on peut
par la suite saisir le juge du contrat pour le faire tomber. Aujourd’hui, cette idée a été
abandonnée par un arrêt d’Assemblée de 2014, Département Tarn-et-Garonne. Avant cette
jurisprudence, on pouvait faire un REP contre deux types de décision détachable du contrat : la
décision préalable, détachable, et la décision postérieure au contrat, détachable. La
jurisprudence Tarn-et-Garonne prévoit que « la légalité du choix du cocontractant de la
délibération autorisant la conclusion du contrat et de la décision de le signer ne peuvent être
contestées qu’à l’occasion du RPC contre le contrat ». La légalité de ces mesures ne peut plus
être contestée de manière directe mais par voie d’exception avec le RPC. On a fermé le REP
cintre l’acte détachable, on a abandonné la jurisprudence Martin.

Pour les décisions postérieures au contrat, sont concernés l’exécution du contrat, CE, Syndicat
des propriétaires et contribuables du quartier Croix de Seguey Tivoli 1906. Sont concernées la
résiliation d’une clause, les mesures de modification unilatérale, CE, 1987, Société TV6. CE,
2022, Centre hospitalier d’Ajaccio. Sont concernées l’approbation d’un contrat signé pour qu’il
puisse entrer en vigueur. CE, 2022, Monsieur B (ou D ?). Pour tout cela, le REP demeure possible
car ils sont postérieurs, car l’arrêt de 2014 ne les concerne pas.

Il n’est plus possible d’attaquer un AAU détachable au contrat administratif mais il reste possible
d’attaquer un acte antérieur détachable du contrat de droit privé de l’administration, CE, 2014,
Demain c’est aujourd’hui. Le principe est que le JA est saisi pour annuler l’acte AAU détachable,
il examine s’il y a une illégalité, si cette illégalité peut être régularisée, si c’est le cas il enjoint à la
personne publique de régulariser. Si elle ne peut l’être, il apprécie au regard des conséquences
d’une annulation à venir potentielle du contrat sur l’intérêt général et au regard de la nature de
l’illégalité. S’il faut donner l’ordre à la personne publique de saisir le juge du contrat qui est le
juge judicaire puisque c’est un contrat de droit privé.

Les exceptions à l’irrecevabilité du REP contre les contrats administratifs : Une a disparu quo
concerne le cadre du déféré préfectoral qui a longtemps été considéré comme REP jusqu’à ce
qu’un arrêt du CE dise que c’est un RPC, CE, 2011, Ministre de l’intérieur.

La seconde exception toujours d’actualité concerne les clauses réglementaires des contrats
administratifs. Contre un acte réglementaire, quand bien même il est une clause de contrat, on
peut l’attaquer en REP, CE, 1996, Cayzeele. Si c’est un refus de modifier ces clauses, c’est aussi
un REP, CE, 1999, Sabaty.
La troisième exception est le fait qu’en matière de contrat d’agents publics locaux, le recours est
un REP. Il est fixé dans un arrêt du CE, 1998,Ville de Lisieux. Tarn-et-Garonne n’aborde par cette
question demeurée en suspens dans l’arrêt et le CE ôte un doute car il confirme que c’est
toujours le REP, CE, 2015, Joissains.

Section 3 : Le recours de pleine juridiction devant le juge du contrat

Il y a tout d’abord le recours que les parties au contrat forment. Il y a un recours qui peut
concerner la formation du contrat, son exécution, et puis il y a un recours spécifique à la reprise
des relations contractuelles. Il y a aussi le recours par les tiers au contrat.

Le recours des parties au contrat : Elles peuvent contester la validité du contrat pour que le
contrat soit frappé de nullité donc n’ait pas pu faire naître d’obligation entre les parties. Si on
obtient l’annulation, on règlera le litige sur le terrain extracontractuel. Jusqu’à un arrêt
Commune de Béziers I de 2009, la plupart des illégalités entraînaient la nullité du contrat.
C’était la sanction normale. Avec Béziers I, la nullité n’est plus la solution normale. C’est l’un des
éléments de solution que le juge peut retenir. En effet, il a une panoplie de solutions. Il vérifie
d’abord que les irrégularités dont les parties se prévalent sont de celles qu’elles peuvent
invoquer. On parle ici de loyauté contractuelle. Le juge n’accepte pas qu’une partie invoque une
illégalité si soit elle a conclu en parfaite connaissance de cette illégalité soit elle en est à l’origine
et l’a dissimulée à l’autre partie. La loyauté est une solution à envisager parmi d’autres. Le juge
opère une balance et peut décider une panoplie de solutions.

La poursuite du contrat est possible mais régularisation. La seconde étape est qu’on résilie pour
l’avenir éventuellement avec effet différé dans le temps pour la continuité du service public.
Ensuite, annulation du contrat, mais si l’irrégularité la justifie (ce sont le caractère illicite du
contenu du contrat ou un vice d’une particulière gravité relatif notamment aux conditions dans
lesquelles le consentement a été donné).

On a ensuite la question de l’exécution et du renouvellement du contrat. La plupart des litiges


portent sur l’exécution. il est possible que se greffe un moyen relatif à la validité du contrat et
qu’une partie demande la résolution du contrat au cours de l’exécution. Béziers I fournir un
mode d’emploi. Lorsque les parties soumettent au juge un litige qui porte sur l’exécution du
contrat, le juge eut-égard à l’exigence de loyauté doit faire application du contrat. Toutefois,
dans le cas seulement où une irrégularité invoquée par une partie ou relevée d’office par lui
tient au caractère illicite du contrat ou à un voce d’une particulière gravité relatif notamment
aux conditions d’expression du consentement, il doit écarter le contrat et régler le litige sur le
terrain extracontractuel.

Sur le refus de renouveler le contrat, CE, 2017, ONF qui dit que le juge du contrat est compétent
pour un litige portant sur une décision qui rejette une demande de renouvellement d’un
contrat. Auparavant c’était le REP qui s’exerçait.

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