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SEMESTRE 4

DROIT PENAL

SECTION 2 : Les fautes non intentionnelles délictuelles

Ces fautes ont pris une grande importances ces dernières années à causes de la
multiplication des accidents (de la route, domestiques, de santé publique...). Si l’évolution a
d’abord touché le droit civil, il petit à petit contaminé le DP car aujourd’hui, lorsqu’il y a un
accident qui se produit, on ne se contente plus d’une simple réparation, on va chercher à
déclencher une responsabilité pénale qui se traduit par le prononcé d’une peine. Ces fautes
sont définies à l’article 121-3 du CP, plus précisément aux alinéas 2, 3 et 4 de cet article. Il
s’agit dans cet article d’exceptions au principe et les exceptions ne sont admises qu’en
matière délictuelle. Tout comme le domaine de la responsabilité civile, on va rechercher en
DP, une faute, un dommage et un lien de causalité entre les deux. En DP, il y a cependant
une difficulté, car on cherche à caractériser l’élément matériel et moral alors que de base il y
a 3 éléments (faute, dommage et lien de causalité). Il faudra donc regrouper certains
éléments pour arriver à la structure classique de l’infraction. Dans le cadre du DP, on adopte
un raisonnement spécifique car on retient tout d’abord le dommage qui nous permet de
caractériser l’infraction. Par exemple, si on a un accident de la circulation, cet accident
provoque le décès de la victime, dans ce cas on a un HI, si la victime est seulement blessée
on a des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne. Selon le dommage, la qualification
retenue est différente.

● Le dommage est un élément de droit pénal spécial qui nous permettra de choisir la


qualification. Néanmoins, la chose essentielle à retenir est que le dommage rentre
dans le cadre de l’élément matériel.

● Ensuite, il y a la faute qui intervient en amont du dommage. La faute est un élément


qui s’inscrit dans le cadre de l’élément moral en DP. Dans chaque faute, il y a une
composante matérielle et une composante morale.

● Le lien de causalité s’inscrit dans le cadre de l’élément matériel. En DP, on part du


dommage, ensuite on examine le lien de causalité car on étudie d’abord l’élément
matériel avant l’élément moral.

SOUS-SECTION 1 : Le lien de causalité

Ce lien est la condition sine qua non (indispensable) de la qualification pénale des fautes
non-intentionnelles. Les juges doivent caractériser le LdeC et ne peuvent pas se reporter ici
aux conclusions des experts. La loi du 10 juillet 2000 est le texte essentiel. On a eu une
évolution importante. Les fautes non-intentionnelles ont été redéfinies dans le CP de 1994,
ensuite elles ont subi une réforme en 1996 et la dernière réforme importante est celle due
par la loi du 10 juillet 2000 (loi Fauchon). Cette loi a distingué deux types de causalité
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(directe et indirecte). Il faut toujours se souvenir que ce qu’il y a de plus important en DP est
de s’assurer de la certitude du lien de causalité.

§1 : La certitude du lien de causalité


Le LdeC doit être certain, on ne peut pas condamner sur le fondement de simples
probabilités ou possibilités car « Le doute profite toujours à la personne poursuivie »

A. La définition générale
La définition générale met l’accent sur la continuité du lien causale et cette certitude doit
être vérifiée par les juges avant même de caractériser la nature du lien de causalité. Cette
règle de base a été rappelée par la CC dans 3 arrêts rendus le même jour le 5 octobre 2004,
reproduits au bulletin sous les numéros 230, 235 et 236 :

● Dans la première espèce, un automobiliste renverse un piéton qui est blessé à la


jambe. Il sera opéré et lors de son opération contracte une infection et décèdera de
cette infection. L’automobiliste qui l’a renversé est poursuivi pour HI. Les juges du
fond condamnent l’automobiliste pour HI alors que les juges affirment que la cause
du décès est l’infection. Il forme donc un pourvoi en cassation. Néanmoins, la
chambre criminelle de la CC casse l’arrêt par substitution de motifs ce qui veut dire
qu’elle va utiliser ici ses propres règles de raisonnement et d’appréciation juridique.
La chambre criminelle dira « La qualification pénale exige que soit constaté
l’existence certaine d’un lien de causalité entre la faute du prévenu et le décès de la
victime. » La première obligation du juge est donc de s’assurer de la certitude du lien
causale. Or la chambre criminelle dit au juge que si la chaine de causalité est rompue
dans le raisonnement des juges, la certitude n’est plus assurée et donc on ne peut
pas qualifier pénalement. Il faut nécessairement que l’enchainement des causes soit
un raisonnement logique.

● Dans la deuxième espèce, il s’agissait d’une moissonneuse batteuse mal entretenue.


La moissonneuse batteuse s’est enflammée ce qui a nécessité l’intervention de
pompier dont deux sont décédés. Les juges du fond ont qualifié une faute du
propriétaire car sa faute a causé l’incendie. Ici, la chaine de causalité a été
parfaitement dessinée par les juges du fond donc la CC a maintenu la qualification
pénale.

● Dans la troisième espèce, une personne loue un jet ski. Le loueur de jet ski le loue à
une personne qui n’avait pas son permis bateau. La personne qui loue le jet ski
adopte une vitesse excessive et percute un autre jet ski dont le conducteur est blessé
et l’épouse du conducteur est décédée. Le conducteur est donc directement
responsable d’un HI. Il y a donc une certitude du lien de causalité directe. Mais on
engage aussi la responsabilité pénale du loueur dans le cas de d’un lien de causalité
indirecte. Les juges considèrent que s’il n’avait pas loué le jet ski, le conducteur
n’aurait pas causé de faute et donc il n’y aurait pas eu de décès.
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La certitude pose plus particulièrement des difficultés en cas de problèmes techniques ou


scientifiques. Un exemple, dans un arrêt de la chambre criminelle du 20 novembre 2012.
Dans cet arrêt, les juridictions d’instruction ont rendu des décisions de non-lieu confirmées
par la chambre criminelle. La chambre criminelle a considéré qu’il était impossible d’établir
un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache
radioactif de Tchernobyl.

La certitude est la caractéristique centrale du LdeC et est appréciée assez souplement par la
jp qui a conçu une méthode de qualification particulière.

B. La perte de toute chance de survie


Cette jp particulière a été conçue par la jp en matière médicale mais qui a été généralisée et
qui s’applique aujourd’hui à tous les domaines d’activité. On a deux formules :
● Lorsque la jp affirme que la faute a fait perdre à la victime « une chance de survie ».
Cela veut dire que les juges considèrent qu’il n’y pas de certitude du lien de causalité.
Dans cette hypothèse, on relaxe l’individu.

● En revanche, lorsque la CC affirme que la faute a fait perdre à la victime «  toute


chance de survie », cela signifie qu’il y a certitude du LdeC et donc on peut entrer en
voie de condamnation parce que la qualification pénale est possible ici.

Cette formule est importante car elle rappelle la certitude du LdeC mais ne doit en aucun cas
être confondue avec le dommage. Dans un arrêt de la chambre criminelle du 1er avril 2008 :
En l’espèce, une société commercialisait un produit contenant des herbes de Chine. Ces
produits ont été commercialisés. Les patientes qui ont absorbé ces gélules ont été atteintes
d’insuffisance rénale. A été condamné le représentant légal qui commercialisait les gélules et
le pharmacien. Concernant le représentant légal, on a considéré qu’il avait un lien direct
avec le décès des victimes, les juges ont considéré qu’il avait fait perdre à la victime « toute
chance de survie ». Quant au pharmacien, il a aussi été condamné pour HI car les bonnes
pratiques officinales leur imposent de procéder à la vérification des produits et de la
composante des produits mais le pharmacien ne l’avait pas fait et avait donc privé la victime
de « toute chance de survie ». La jp dira que la prédisposition de la victime au dommage ne
fait pas disparaitre la certitude du LdeC. Cette règle a été illustrée par un arrêt de la
chambre criminelle du 30 janvier 2007 : En l’espèce, il s’agissait d’ado qui faisaient une
sortie proposée par un centre. L’animateur a laissé 4 adolescents se baigner dans un bassin
de très hautes profondeur normalement interdit à la baignade. Un des ados a montré des
signes de fatigue et a donc coulé. Une autopsie a démontré que l’ado souffrait d’une
anomalie cardiaque qui a été à l’origine de la syncope qui était la cause du décès. Les juges
du fond ont donc considéré qu’il n’y avait pas de certitude du LdeC. Pourtant la chambre
criminelle a cassé les faits en se demandant s’il y avait un LdeC.

§2 : La nature du lien de causalité

Si la certitude du LdeC doit être certain, il ne doit pas être direct, immédiat ou exclusif. Cela
veut dire qu’on peut retenir plusieurs fautes en lien de causalité certain avec le dommage. La
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loi du 10 juillet 2000 a ainsi introduit au sein de l’article 121-3 du CP deux types de causalités
qui sont indépendants l’une de l’autre :
● La causalité directe

● La causalité indirecte

A. La causalité directe
La difficulté de la causalité directe est qu’elle n’est pas définie par le CP et son champ
d’application n’est pas expressément déterminé par le CP. Cependant, l’alinéa 4 de l’article
121-3 définie les hypothèses de causalité indirecte et indique qu’il s’applique contrairement
à l’alinéa précédent. Cela veut donc dire que la causalité directe s’applique dans le cadre de
l’alinéa 3, on fait donc un raisonnement a contrario. Si l’alinéa détermine les fautes qui sont
exigées dans le cadre de la causalité directe, il ne définit pas de type de causalité.

I. La définition
En droit civil, on utilise 3 théories juridiques de la causalité :
● La théorie de la causa proxima considère que dans le cadre des évènements ayant
concourus à la survenance du dommage, on doit retenir la cause la plus proche du
dommage.
● La théorie de la causalité adéquate, parmi les différents facteurs ayant concourus à
la survenance du dommage, on doit retenir celui qui contenait la probabilité du
résultat de façon prévisible.
● La théorie de l’équivalence des conditions, dans cette théorie, on peut retenir tous
les évènements ayant concourus à la survenance du dommage. Cette théorie est la
définition de la causalité indirecte.
Dans le cadre de la causalité directe, il faudra choisir entre les deux premières théories.

a. Définition initiale étroite


Finalement, la loi du 10 juillet 2000 n’a pas tranché entre les deux conceptions. Mais en
regardant les travaux parlementaires, on constate que le législateur a entendu privilégier la
causa proxima. Cette interprétation qui est une interprétation téléologique est confirmée
par la circulaire du 11 octobre 2000 qui définit la causalité directe en affirmant qu’il « n’y
aura causalité directe que lorsque la personne en cause aura soit elle-même frappée ou
heurtée la victime, soit initiée ou contrôlée le mouvement d’un objet qui aura heurté ou
frappé la victime. » il doit donc y avoir ici contacte directe dans la première hypothèse et un
contacte presque directe dans la deuxième hypothèse. La théorie de la causa proxima peut
être appliquée très facilement. Par exemple, dans un arrêt de la chambre criminelle du 30
octobre 2017 : En l’espèce, un médecin procède à une ablation des absidales mais tranche
une artère et la personne décès. On est dans le cadre d’une causalité directe selon la causa
proxima.

b. Conception prétorienne extensive


Contrairement aux travaux parlementaires, les juges ont privilégié dans le cadre de la théorie
directe, la théorie de la causalité adéquate. Ils ont choisi de retenir « la faute essentielle et
déterminante ». Pour cela, les juges remontent la chaine de la causalité et privilégient la
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faute qui contenait de façon prévisible le dommage mais en remontant la chaine de la


causalité, ils ne retiennent plus l’évènement qui touche le dommage. Les juges utilisent donc
ici une théorie qui est la théorie du paramètre déterminant. Cette théorie est apparue dans
un arrêt de la chambre criminelle du 25 septembre 2001 bulletin numéro 188 : En l’espèce,
un conducteur roulait en excès de vitesse. Un sanglier surgit sur la chaussé, pour l’éviter il
donne un coup de volant vers la gauche et percute un véhicule. Il tuera donc l’automobiliste.
L’automobiliste (excès de vitesse) est poursuivi pour HI. Les juges du fond le condamnent
pour HI et la chambre criminelle rejette son pourvoi et considère que la vitesse excessive a
été le paramètre déterminant de l’accident. Ce qui est intéressant dans cet arrêt est qu’un
évènement d’apparence secondaire, est considéré par les juges comme déterminant et
devient donc directement causale alors que ce n’est pas l’évènement qui touchait de plus
près à l’accident. Le professeur Mayaud considère que la causalité directe est appréciée par
la jp comme un « tremblement de terre ». Cette conception extensible de la causalité directe
l’a conduit à absorber des hypothèses qui a conduit à la causalité indirecte.

II. Les conséquences


La qualification du LdeC est aujourd’hui primordiale et c’est le principal critère de répression
car la loi du 10 juillet 2000 a modifié les règles, en cas de causalité directe, une faute simple
suffit alors qu’en cas de causalité indirecte, la loi exige une faute qualifiée.

a. Le critère de répression
Arrêt de la chambre criminelle du 26 novembre 2002 : En l’espèce, il s’agissait d’une classe
de neige. Le lendemain, était prévu une balade en raquette et la classe était accompagnée
par un guide de haute montagne et malgré le risque d’avalanche très élevé, le guide a décidé
de maintenir la sortie. Son passage sur une plaque de neige fragilisée a déclenché une
avalanche qui a causé la mort de 11 enfants. Sera poursuivi le guide de haute montagne
mais aussi le directeur de l’école. On constate en l’espèce que :
● Pour le guide de haute montagne son passage sur la plaque de neige a déclenché
l’avalanche et produit un LdeC directe avec le décès des enfants donc cette faute
d’imprudence suffit.
● Pour le directeur de l’école, il a aussi commis une faute d’imprudence car a maintenu
la sortie. Simplement, la faute commise par le directeur a un lien de causalité
indirecte. Le directeur échappe donc à la répression.

Les juges peuvent en revanche, artificiellement, manipuler la qualification juridique. Ils


peuvent donc disqualifier un lien de causalité indirecte en lien de causalité directe ce qui
renvoi donc à une faute simple.

b. La technique de disqualification du lien de causalité directe en lien de causalité


indirecte
Cette technique du lien de causalité indirecte en lien de causalité directe permet au juge de
se contenter d’une faute simple en l’absence d’une faute qualifiée. Les juges de la CC ont
parfaitement assumé cette technique. En 2005, le PR de la chambre criminelle de la CC ainsi
que le procureur général de la CC ont publié des notes en expliquant cette technique de
disqualification. Un arrêt de la chambre criminelle du 13 novembre 2002 illustre bien cette
technique : En l’espèce, il s’agissait d’un accouchement. Le médecin a constaté que la trace
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qui était sur la tête de l’enfant était une trace superficielle et a donc prescrit un examen
complémentaire. L’état de l’enfant s’est aggravé mais est décédé à la fin de la nuit.
L’autopsie démontrait que l’enfant souffrait d’un hématome cérébral sous cutané qu’il était
impossible de diagnostiquer lors d’un examen. Pourtant, la pédiatre a été poursuivi pour HI.
Elle admet avoir commis une faute de diagnostique qui est constitutif d’une faute simple. La
faute commise par le pédiatre a un lien indirect avec le décès de l’enfant. Cependant, les
juges du fond l’ont condamné pour HI, la CC a rejeté son pourvoi car a considéré qu’elle avait
commis une faute simple en lien de causalité direct avec le dommage.

III. L’appréciation
Cette technique de disqualification est contraire à l’esprit de la loi du 10 juillet 2000 car cette
loi est une loi de dépénalisation. L’objectif de cette loi était de permettre aux auteurs
indirects de fautes simples d’échapper à la qualification pénale. La CC s’affranchie de la lettre
et de l’esprit de la loi ici. L’application normale de cette loi devrait conduire à l’impossibilité
de qualifier pénalement la conduite ou les fautes simples commises par des auteurs
indirects. Arrêt de la chambre criminelle du 10 décembre 2002 : En l’espèce, un enfant de
primaire avait souffert d’une occlusion intestinale. L’enfant demande à sa maitresse d’aller
aux toilettes mais n’est pas revenu à la fin du cours, la maitresse est allée à la recherche de
l’enfant mais elle l’a retrouvé pendu. Elle a été poursuivie pour HI (foutaises !) pour faute de
négligence dans la surveillance de l’enfant qui est reproché à l’institutrice. Mais cette
obligation de surveillance est seulement prévue par les circulaires. On retient donc à son
égard une faute simple. La faute de l’institutrice est-elle en LdeC directe ou indirecte avec le
dommage ? Les juges considèrent qu’en l’espèce la conduite de l’institutrice a un lien de
causalité indirecte avec le dommage donc les juges doivent caractériser une faute qualifiée
qui n’existe cependant pas en l’espèce, donc l’institutrice sera relaxée. La théorie du
paramètre déterminant permet de privilégier certaines circonstances secondaires qui sont
pourtant considérer comme ayant un impact direct dans la survenance du dommage.

B. La causalité indirecte
La causalité indirecte est définie à l’article 121-3 al. 4. La causalité indirecte est définie
positivement (c’est la première partie de la phrase) mais est aussi défini négativement car
on peut retenir « les personnes qui n’ont pas pris les mesures permettant d’éviter la
réalisation du dommage. » Cette double définition est très importante car elle nous indique
que dans le cadre de la causalité indirecte on peut retenir aussi bien une faute de
commission qu’une faute d’omission. Dans cette causalité on applique la théorie de
l’équivalence des conditions. Selon cette théorie, on peut prendre en compte la totalité des
fautes constituant l’enchainement des causes ayant conduit à la réalisation du dommage.

SOUS-SECTION 2 : Les différentes fautes

La loi du 10 juillet 2000 distingue les fautes selon une gradation de gravité qui prend appuie
sur la nature du lien de causalité.

§1 : La définition de la faute


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L’intention de commettre l’infraction est absente. C’est pourquoi, certains membres de la


doctrine désignent ces infractions comme étant les infractions par imprudence. Le
législateur a choisi de punir l’attitude insouciante de la personne.

La liste des fautes non-intentionnelles est une liste limitative car les crimes et délits sont en
principe intentionnels.

Enfin, est puni la faute de commission que la faute d’omission.

I. La faute simple

La faute simple suffit en cas de LdeC directe.

A. La définition des fautes simples (FS)


La liste des fautes simples est contenue à l’article 121-3 al.5. Ce texte énumère 3 fautes
simples mais les deux premières FS, l’imprudence et la négligence seront regroupées. Ces
fautes sont les deux facettes du même comportement, l’imprudence est la faute de
commission (comportement positif) et la négligence est la faute d’omission (comportement
négatif) mais ces deux FS se caractérisent par les mêmes éléments constitutifs :
● L’imprévoyance de la part de l’auteur car n’a pas prévu les conséquences négatives
de ces actes
● Une indiscipline sociale qui renvoie à une négligence des règles de prudence de la
part d’une personne
La troisième FS est le manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévu par
la loi ou le règlement. C’est ici la violation d’une règle préétablie par un texte. Ce troisième
type de FS est nécessairement définie par rapport à un texte de loi ou de règlement. Il faut
donc interpréter la source de ces obligations conformément aux articles 34 et 37 de la C.
Cela veut dire qu’il est impossible de sanctionner une faute de manquement d’une règle
prévue par le règlement intérieur d’une entreprise par exemple car ce n’est pas un
règlement au sens de l’article 37 de la C. Les juges doivent rechercher le texte qui est source
de cette obligation violée. Les articles 221-6 et 222-19, on constate que ces articles qui
renvoient à l’article 121-3, on reprend les 3 fautes mais en plus de ces 3 fautes, on en
rajoute deux autres qui sont la maladresse et l’inattention. Les juges ont décidé que ces
deux nouvelles fautes ne constituaient des fautes non-intentionnelles que si elles relèvent
de la négligence. Cela veut dire que la négligence a absorbé la maladresse et l’inattention.

B. L’appréciation juridique
Traditionnellement, les fautes non-intentionnelles étaient appréciées in abstracto ce qui
veut dire ici qu’on se réfère à une norme abstraite qui est constituée par la conduite de
l’homme prudent et diligent. Cette appréciation a des conséquences importantes car elle
conduit à une très grande sévérité d’application des fautes non-intentionnelles aux
professionnels. Lorsque les juges ont commencé à appliquer ces maximes aux décideurs
économiques, il y a eu une trop grande sévérité de la jp pénale et la loi du 13 mai 1996 a
modifié le mode d’appréciation des fautes pénales simples. Ainsi, on a ajouté à la fin de l’al.3
une directive d’appréciation des fautes simples. La formule figurant à l’al.3 a été interprétée
par les juges comme imposant un mode d’appréciation in concreto. Donc le ministère public
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doit prouver en quoi le comportement de la personne n’a pas été conforme au requis. La
quasi-totalité des auteurs considèrent que l’al.3 impose un mode d’appréciation in concreto.
Néanmoins, il y a quelques auteurs qui considèrent que l’al.1 se satisfait plutôt d’un mode
d’appréciation in abstracto. La position majoritaire retient le mode d’appréciation in
concreto qui reprend les 3 critères qui sont la compétence, l’autorité et les moyens. La loi du
13 mai 1996 a conduit les juges à mieux motiver leurs décisions mais ont continué à adopté
une vision très répressive et donc à étendre la répression des fautes non-intentionnelles.
C’est pourquoi le législateur adopte la loi du 10 juillet 2000 qui est une loi de dépénalisation
car cette loi exige une faute qualifiée dans le cadre d’un lien de causalité indirecte.

II. La faute qualifiée


Il existe deux fautes qualifiées :
● La faute délibérée

● La faute caractérisée
Ces fautes sont indépendantes l’une de l’autre et sont définies à l’al. 4 et apparaissent à l’al.
2. La faute délibérée peut être aussi punie en l’absence d’un résultat. Alors que la faute
caractérisée exige la présence d’un résultat.

A. La faute délibérée (FD)


La FD apparait aux al. 2 et 4 de l’article 121-3 mais elle est définie à l’al. 4. Les auteurs
considérèrent que la FD est la faute non-intentionnelle la plus grave. La FD est une FD dans
le comportement ce qui veut dire que l’auteur a choisi de violer le texte. En revanche, la
faute reste non-intentionnelle dans la survenance du dommage. A aucun moment, l’auteur
ne voulait la réalisation du dommage. Il ne faut pas confondre la FD avec le dol éventuel !
Pourquoi ? Car le dol éventuel est une hypothèse d’intention.

1. La nature juridique
A l’origine du nouveau CP, la FD a été créée par le législateur afin d’aggraver la répression
des comportements dangereux. On a voulu punir plus sévèrement les fautes non-
intentionnelles qui sont indépendantes de la réalisation du dommage. La FD, à l’origine,
répond à un intérêt de prévention qui l’emporte sur la volonté de répression. Ici, on puni un
comportement d’un risque grave par la violation délibérée d’une obligation alors même que
le risque ne s’est pas réalisé. Ce caractère répressif est contredit par loi du 10 juillet 2000 qui
utilise la FD dans une volonté de dépénalisation. La FD qui est une faute grave permet donc
de limiter la qualification pénale. Ainsi, la loi du 12 juin 2003, renforçant la lutte contre la
sécurité routière utilise la FD comme circonstance aggravante des autres fautes non-
intentionnelles lorsqu’elles sont commises à l’occasion de la conduite d’un véhicule terrestre
à moteur. La FD est appréciée in concreto car la personne transgresse ici, consciemment, une
règle imposée par loi, les juges prennent donc en compte les circonstances de fait et il faut
apporter la preuve de la conscience de la violation de l’arrêt.

2. La définition juridique
Si le dommage n’est pas recherché par l’agent, il choisit volontairement de violer une
obligation. La FD se compose en réalité d’un élément matériel et d’un élément morale.

a. Une violation manifestement délibérée


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Cette violation entre dans le cadre psychologique de la faute délibérée. L’auteur a la volonté
de violer l’obligation mais pour que l’on puisse considérer cela, il faut préalablement prouver
qu’il avait connaissance de l’obligation. Cet élément psychologique est très difficile à
déterminer car il nécessite une analyse de la psychologie des faits. Les travaux
parlementaires indiquent deux méthodes de preuves :
● Soit par la répétition d’agissement de nature identique

● Soit par l’accumulation de comportement de nature différente


Dans cette hypothèse, le juge utilise une présomption car il va déduire d’un fait inconnu des
faits connus.

1) La répétition de comportement de nature identique : arrêt de la chambre criminelle


du 18 mars 2007 : les juges considèrent en l’espèce qu’il y a une répétition des faits
de même nature

2) L’accumulation de comportements de nature différente : arrêt de la chambre


criminelle du 18 novembre 2008 : il s’agissait d’un accident d’avion. Les expertises
ont démontré que l’avion était mal entretenu

b. Une obligation particulière de prudence et de sécurité


L’article 121-3 al. 4 est parfaitement clair : la violation doit porter sur une obligation
particulière de prudence ou de sécurité prévu par la loi ou le règlement. D’une part on
précise la source et d’autre part le caractère de l’obligation.

i. La source de l’obligation
Quand on regarde la définition de la faute délibérée à l’article 121-3 al. 4 elle renvoie à une
obligation prévue par la loi ou le R. L’emploi du singulier indique qu’il faut respecter la
définition de la loi ou de R. On applique les articles 34 et 37 de la C. Par exemple, dans un
arrêt du 12 septembre 2000 de la chambre criminelle : En l’espèce, c’était un accident de L
mortel, le chef d’entreprise était condamné car il a violé une obligation prescrite dans le
décret du 8 janvier 1965. Dans le cadre de cette faute, on a une précision intéressante
apporté par un arrêt de la chambre criminelle le 30 octobre 2007 : En l’espèce, il s’agissait
d’une entreprise de recyclage de batterie automobile implanté à 500 mètres d’un village et
cette entreprise ne respectait pas les normes en vigueur et le préfet a pris un arrêté de
conformité. Une enquête judicaire a révélé une forte concentration de plomb dans l’air, le
sol et dans l’eau. Certains salariés étaient atteints et la société était poursuivie pour mise en
danger d’autrui. L’entreprise avait délibérément violé une obligation qui était contenu dans
un AAI. Peut-on assimilé à un R un AAI ? La chambre criminelle précise que le R s’entend
bien comme un AA à portée générale et absolue. Cependant, la CC considère que lorsque
l’AAI se borne à appliquer des prescriptions techniques fixées par des actes à caractère
règlementaire, on peut puiser la source de la FD car le véritable fondement de l’obligation
c’est le R qui définit les normes par les différents AAI. Ce raisonnement utilisé par la chambre
criminelle dans cet arrêt a été utilisé aussi dans une affaire très médiatisée qui est l’affaire
Azedef : il s’agit d’un accident qui a lieu le 21 septembre 2001 sur le site de l’usine Azedef. Il
a eu des HI et des dégradations involontaires multiples. Il y a eu 7 décès en tout. Dans cette
affaire, la CA de Toulouse qui s’est prononcé le 24 septembre 2012 a retenu la responsabilité
pénale de la personne physique que la responsabilité pénale de la personne morale. Les
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juges de la CA de Toulouse ont retenu une faute caractérisée mais aussi une FD en LdeC
indirecte avec le dommage. La chambre criminelle dans un arrêt du 13 janvier 2015 a cassé
l’arrêt de condamnation dans l’affaire Azedef. La cassation a été justifié par un motif de
caractère pénal. En effet, la PR de la CA faisait partie d’une association d’aide aux victimes
dans cette affaire et il y avait donc un défaut de partialité. Ce qui nous intéresse ici est la
possibilité de retenir une faute délibéré, en l’espèce, de retenir la violation d’une obligation
prévue par la loi ou le R. Peut-on retenir la violation d’une obligation prévue par le loi ou le
R alors qu’en espèce il s’agissait de la violation de l’arrêté préfectoral autorisant
l’exploitation du site ? En l’espèce, la chambre criminelle a rappelé la solution qu’elle avait
retenu en 2007 en rappelant que la forme de l’acte importe moins que son contenu et que si
un AAI reconduit des prescriptions générales réglementaires on peut considérer que ce texte
soit le support de la violation d’une obligation contenu dans la loi ou le R. En fin de compte,
le procès Azedef a eu lieu auprès de la CA de Paris entre le 25 janvier et le 24 mai 2017 car il
s’agissait d’une application de la compétence des juridictions interrégionale spécialisés en
matière d’accident collectif. La CA de Paris a rendu son arrêt le 31 octobre 2017. Le directeur
a été condamné pour HI à 15 mois d’emprisonnement et 10000 euros d’amende.

ii. Le caractère particulier de l’obligation violée


Non seulement l’O doit être fondée sur la loi et le R, encore faut-il qu’elle représente un
caractère particulier. Mais ce caractère n’a pas été défini par le législateur. On a pu
remarquer que les juges opposaient le caractère particulier au caractère général. Les juges
semblent définir l’obligation particulière comme étant une obligation précise imposant un
mode de conduite circonstancié. Par exemple, dans un arrêt du 17 septembre 2002 : En
l’espèce, un ouvrier décède aux commandes d’une machine de ponçage de pierre. La
carrière de pierre avait subi une inspection de L et cette inspection avait montré des lacunes.
Une autopsie pratiquée sur le salarié a démontré que la cause du décès était un infarctus.
Cependant, il y a eu des poursuites engagées pour mise en danger de la personne. Ces
poursuites considéraient que les mises en œuvre insuffisantes des dispositions de sécurités
auraient pu avoir un LdeC avec l’infarctus. Les juges du fond ont condamné pour HI en
considérant que pèse sur l’employeur une obligation de sécurité à l’égard de ses salariés. La
chambre criminelle a cassé l’arrêt car l’obligation générale de sécurité ne suffit pas pour
fonder la FD, il aurait fallu que les juges identifient une obligation particulière. Cependant, il
ne faut pas réduire l’obligation particulière à une obligation précise car la définition de la FD
porte sur un élément constitutif et non sur la qualité de formulation légale. Mais on constate
que la chambre criminelle exige que les juges démontrent :
● La source de l’obligation (loi ou R)

● Le caractère particulier
En revanche, l’obligation particulière ne doit pas être pénalement sanctionnée et ne doit
donc pas constituer une infraction. Cependant, cela veut dire que le juge peut l’identifier au
sein de toutes les disciplines juridiques. Par exemple, dans un arrêt du 25 avril 2017 : En
l’espèce, il s’agissait d’un étudiant de 19 ans qui était embauché dans une société d’intérim.
Il a été placé sur un emploi de manutentionnaire, il a été victime d’un accident de L. A la
suite de l’accident, la société a été poursuivie devant un tribunal correctionnel. Les juges
prenaient l’application qu’on trouve dans le CP mais cette atteinte repose sur une FD défini
par l’article 121-3. Le juge a utilisé comme source de l’obligation l’article L 4142-2 du Code
de travail. Cet article pose les obligations particulières pour les salariés temporaires qui
SEMESTRE 4

doivent bénéficier d’une formation renforcée à la sécurité. Pour les juges, l’obligation de
formation est une obligation générale qui pèse sur l’employeur. Mais le juge considère qu’à
l’égard des salarié temporaires il a une « obligation de formation renforcée ». On condamne
ici la société pour atteinte involontaire à l’intégrité de la personne. La FD est soumise à des
conditions très strictes qui ne permettent pas de punir tous types de comportement au sein
de la FD. Par exemple, dans un arrêt du 18 mars 2008 : En l’espèce un médecin est appelé au
chevet d’un de ses patients. Le médecin a diagnostiqué une gastro. On signale au médecin
l’aggravation du patient. L’hôpital a constaté que le patient souffrait d’une complication
post-opératoire grave. Le médecin a été condamné pour mise en danger de la vie d’autrui.
Le médecin a violé l’obligation de prudence contenu dans le de déontologie médicale qui a
été incorporé dans le Code de santé public. La CC casse l’arrêt car l’obligation de prudence et
de sécurité est une obligation générale.

iii. Faculté de substitution


La FD est difficile à caractériser par les juges et aussi très difficile à prouver. Pour éviter qu’il
y ait des lacunes dans la répression, le législateur a prévu un autre type de faute dans le
cadre de la causalité indirecte qui est la faute caractérisée. La FC a une définition plus large
et le juge a parfaitement compris que dans certaines hypothèses la FC avait une vocation
supplétive et peur se substituer à la FD. Arrêt du 4 octobre 2005 : En l’espèce, il s’agissait de
proposer à des collégiens dans le cadre de leur cour d’EPS des cours d’initiation à la voile. Le
prof les a amenés dans un centre de navigation où leur était enseigné les dériveurs (il y avait
11 dériveurs). Lors d’un cours, deux dériveurs sont entrés en collision et cela a provoqué le
décès d’un enfant. Le prof a été poursuivi pour HI et a été condamné par les juges du fond. Il
a formé un pourvoi en cassation rejeté par la Cour de cassation mais la chambre criminelle
récapitule 3 renseignements importants du point de vue de la FC et de la FD :
● On avait poursuivi le professeur d’EPS pour la violation d’un arrêté relatif aux
« garanties de sécurité des centres et écoles de voile ». Cet arrêté pose une obligation
particulière qui est que, pour plus de 10 dériveurs, il faut la présence d’un enseignant
qualifié pour plus de 10 dériveurs. Le prof était accompagné par le prof de biologie.
S’agit-il d’une FD ? On est en présence d’un arrêté donc il s’agit d’un R et d’une
obligation particulière à la navigation. Mais l’arrêté ne lui ait applicable car il
intervient dans le cadre de l’Éducation nationale donc on ne peut pas lui appliquer
l’arrêté car le prof n’est pas dans l’application du texte.

● La chambre criminelle, elle, dira que « l’inapplicabilité du texte au prévenu


n’empêche pas que soit retenu contre lui une FC. » Donc, si la lettre du texte ne lui est
pas applicable, il doit en revanche en tant qu’enseignant qualifié se conformer à
l’esprit du texte donc on passera par l’intermédiaire de la FC.

● Le pourvoi critique la qualification pénale puisque les juges du fond se seraient


trompés en retenant comme dommage non pas le décès mais « la perte de toute
chance de survie ». La CC rejette le moyen car la perte de toute chance de survie
désigne la certitude du LdeC.

B. La faute caractérisée
SEMESTRE 4

La FC est définie à l’article 121-3 al. 4. C’est la faute qui expose autrui au risque d’une
particulière gravité que la personne ne pouvait ignorer. Cette faute est intéressante car dans
son principe, c’est une imprudence mais de par sa gravité, elle devient une défaillance
inadmissible et rejoins le même degré de gravité de la FD.

I. La définition
La chambre criminelle a défini la FC dans un arrêt de principe du 12 décembre 2000. Selon la
chambre criminelle la FC s’analyse « comme un manquement caractérisé à des obligations
professionnelles essentielles ou comme l’accumulation d’imprudence ou de négligence
successive ». Ces deux hypothèses ne reposent jamais sur une obligation préexistante.

a. La légalité de la définition
Plusieurs QPC ont critiqué la définition de la FC contenu dans cet article. La chambre
criminelle dans plusieurs décisions, plus particulièrement dans celle du 24 septembre 2013 a
refusé de transmettre la QPC au CC car elle a considéré que l’infraction est rédigée en
termes suffisamment clairs et précis pour permettre que son interprétation se fasse sans
risque d’arbitraire. La FC ne découle pas d’une obligation préexistante. Cela veut dire que
son existence ne repose pas sur un texte donc la faute peut être déduite de toutes règles par
exemple une règle contenue dans une circulaire mais il se peut aussi qu’elle ne soit définie
dans aucun texte. Par exemple, dans un arrêt du 2 décembre 2003 : Le maire d’une
commune a été poursuivie pour HI mais les juges ont considéré qu’en laissant sur un terrain
des buses non fixées, il avait manqué à une règle de bon sens ce qui constitue une FC.

b. Faute de commission ou d’omission


Cela veut dire que la FC peut être constituée par une action (aspect positif) ou par une
abstention (aspect négatif). Les deux sont punies par le juge ici. Souvent quand il y a une
abstention, les juges parlent de « fatale inertie ». Par exemple, arrêt du 13 novembre 2002 :
Il s’agissait de tronc de bois découpés et stockés sous forme de pyramide. Un enfant s’est
appuyé sur les troncs de bois et se sont effondrés et ont écrasé l’enfant. L’agent technique
de l’office national des forêts a été poursuivi pour HI. La cause directe de l’accident était
l’écrasement de la boite crânienne de l’enfant. On était dans le cadre d’un LdeC indirecte
donc les juges recherchent soit une FD soit une FC. Les juges constatent qu’en ayant stockés
les troncs de bois sans s’assurer de leur sécurité, l’ANF avait produit une faute de fatale
inertie. Dans un arrêt du 6 décembre 2005 : En l’espèce, il s’agissait d’un accident dans une
école. Pendant que l’instituteur organisait une sortie scolaire, une fille s’est assise sur le
rebord de la fenêtre et a basculé. L’instituteur a été poursuivi pour HI. S’il existe une
obligation de surveillance qui pèse sur les enseignants, celle-ci est prévue par une circulaire.
Donc la FD ne peut être retenue en l’espèce car l’obligation n’est pas prévue par la loi ou le
R. Peut-on retenir une FC ? Les juges ont considéré que l’enseignant par sa conduite a
exposé l’enfant à un risque d’une particulière gravité. On lui reproche concrètement à
l’enseignant le fait qu’il ait maintenu les fenêtres fermées. Son abstention à refermer les
fenêtres constituent une FC.

c. Accumulation de fautes simples et successives


Le raisonnement est le suivant : on a une accumulation d’imprudence ou de négligence. Ces
deux éléments font partie de la FS mais cette FS ne suffit pas dans le cadre d’un LdeC
indirecte. La chambre criminelle dit que si une FS ne suffit pas, l’accumulation des FS
SEMESTRE 4

constituent une FC qui peut donner lieu à qualification pénale dans le cadre d’un LdeC
indirecte. Arrêt du 10 janvier 2006 : En l’espèce, un navire a fait naufrage et a causé le décès
de certains membres de l’équipage. Les armateurs sont poursuivis pour HI. La faute qui peut
leur être reprochée en en LdeC indirecte avec le dommage. Les juges du fond constatent
l’imprudence et la négligence :
1) : Ces deux armateurs se sont lancés dans l’activité sans avoir connaissance du
domaine vers l’âge de 50 ans

2) : Ils ont acheté un navire à bas coût dans un mauvais état

3) : Ils n’ont pas toujours bien entretenu leur bateau mais ils ont embauché un
capitaine français qui était proche de la retraite ce qui constituait un affaiblissement
de ses compétences qui était caractérisé par ses faibles exigences salariales
 
4)  : Les armateurs avaient embauché un équipage hétérogène composé d’ukrainiens et
de sénégalais qui ne parlaient pas la même langue.

Les armateurs forment un pourvoi en cassation qui sera rejeté car ils ont commis « une série
de négligence et d’imprudence qui entretiennent chacune un LdeC certain avec le dommage
et dont l’accumulation permet d’établir l’existence d’une FC. » La singularité de la FC peut
être déduite de la pluralité des FS qui la compose. C’est uniquement le fait de cumuler les
FS qui permet de déduire la FC et donc d’aboutir à la qualification pénale. Cette technique de
la FC a été utilisé dans un arrêt du 25 septembre 2012, l’affaire de l’Erika : Les juges ont
considéré qu’il y avait plusieurs responsabilités pénales à retenir et ont considéré que pour
les personnes physiques, les juges ont retenu une FC qui reposait sur l’accumulation de
plusieurs faute d’imprudence ou de négligence.

d. Manquement caractérisé à des obligations professionnelles essentielles


La FC est devenue le domaine privilégié de la responsabilité pénale professionnelle. Sa
qualification pénale est facilitée car les juges répressifs font preuve d’une rigueur accrue à
l’égard des professionnels. Par exemple, dans un arrêt du 18 novembre 2008 : En l’espèce
une explosion provoquée par une fuite de gaz détruit un immeuble tuant 4 personnes. Est
poursuivie la propriétaire de l’appartement d’où était partie la fuite de gaz. Les juges du fond
l’ont condamné en considérant qu’elle avait commis une accumulation de négligence et
d’imprudence en lien directe avec le dommage. Elle forme un pouvoir en cass. qui sera
rejeté mais la Cour de cass. lui donne satisfaction sur une critique car elle démontre que le
LdeC entre son comportement et les dommages ne peut être qu’un LdeC indirecte ce qui est
exacte. La chambre criminelle constate que les juges ont retenu « une accumulation de
négligence et d’imprudence » qui constituent une FC en LdeC avec le dommage et donc la
qualification pénale ne peut être retenue. Ensuite, ont été poursuivi les deux agents du gaz
de France. Ils ont été appelés par une voisine en raison d’une forte odeur de gaz au 4 ème, ils
ont détecté une fuite de gaz qu’ils ont réparé au 5 ème. Ils considèrent qu’ils ont mis en œuvre
tous les moyens qui étaient leur en pouvoir pour réparer la fuite de gaz. Cependant, les juges
rejettent leur pourvoi car ils ont été appelés pour une odeur de gaz au 4ème.

3. Gravité intermédiaire
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Du point de vue des concepts, la FC présente une gravité intermédiaire entre la faute
d’imprudence simple et la FD car elle n’atteint pas la dimension antisociale de la FD mais en
même temps, c’est une imprudence qualifiée. Les juges ont compris cette gravité et en tirent
donc bénéfice. Ainsi, la FC, dans certaines hypothèses, est utilisée comme une FD imparfaite
ce qui veut dire que si une des conditions de la FD fait défaut, on peut retenir la FC. Par
exemple, arrêt du 15 octobre 2002 : En l’espèce, un avion a subi une panne de moteur au-
dessus de l’océan et le pilote insuffisamment formé a commencé à feuilleter de manière
frénétique le manuel de bord mais entre-temps, le deuxième moteur s’est arrêté. Mais le
manuel de bord n’était pas à jour et n’a pas trouvé de procédure d’urgence. 10 morts. Les
responsables de la compagnie ont été poursuivi pour HI. Il y a un Code de l’aviation civile qui
n’a pas été publié donc il ne peut pas s’appliquer ce qui veut que la FD n’a plus de source
légale. Mais les juges considèrent qu’il y a une FC. Ici, c’est la source de l’obligation qui fait
défaut. Dans d’autres exemples, ce qui fait défaut est le caractère délibéré de la violation
émanant de la loi ou du R. Par exemple, arrêt du 31 janvier 2006 : Un chantier de rénovation
d’un immeuble. Une entreprise avait pris l’engagement de mettre en place un échafaudage.
Le salarié de la société de pose des fenêtres essaye de poser une fenêtre a basculé de
l’échelle et a fait une chute mortelle. Des poursuites ont été engagées à l’encontre du chef
d’entreprise et tout démontre qu’il avait fait un choix financier de ne pas mettre en place
l’échafaudage. La violation délibérée portait sur une obligation particulière dont la source
était un contrat. Donc le juge pénal considère qu’il s’agit d’une FC. Donc ici, la FC est en
réalité une FD imparfaite car on ne peut pas identifier la source exigée par la loi.

II. Les éléments constitutifs


Ils sont définis à l’article 121-3 al.4, il y en a deux :
● Exposition à un risque

● L’impossibilité d’ignorer le risque

1. L’exposition à un risque d’une particulière gravité (élément matériel)


Pour déterminer cet élément, il faut tenir compte de la nature du risque mais aussi de sa
probabilité.

La nature du risque : Sa nature est appréciée par rapport aux conséquences éventuelles de
la faute. Les juges ont parfaitement entendu cette exigence de gravité. La mort, la
mutilation, d’infirmité et de blessure grave constitu des risques d’une particulière gravité. Ici,
le risque est apprécié en amont du dommage donc on ne tient pas compte du dommage lui-
même.

La probabilité du risque : On apprécie aussi le risque par rapport à un degré de probabilité


élevé selon le texte. Ce degré de probabilité élevé repose aussi en grande partie, sur la
connaissance ou la conscience du risque par la personne.

2. La conscience du risque
Si on regarde l’article 121-3 al.4, on parle d’un « risque que la personne ne pouvait ignorer ».
Cette formulation exige-t-elle la conscience ou la connaissance du risque ? Ici, on a un
degré de l’élément psychologique qui est important. La formule légale signifie ici que les
juges peuvent se contenter de la conscience du risque, il suffit de démontrer que le risque
SEMESTRE 4

n’était pas ignoré par la personne. Cette interprétation a pour objet aussi de faciliter la
preuve de la faute non-intentionnelle. On peut constater, cependant, que la conscience se
déduit automatiquement de la connaissance car la conscience est un degré inférieur à la
connaissance. La connaissance contient en quelque sorte la conscience. Or, la connaissance
peut être prouvée par les éléments de faits. Par exemple, arrêt du 22 janvier 2008 : En
l’espèce, un étang municipal a été emménagé en bassin de baignade et on avait séparé cet
étang en deux bassins de baignade séparés par un muret en ciment. L’incident est remonté
vers les pompiers qui en ont informé le maire car il est responsable de la sécurité des
espaces de loisir. Le maire réagit et commande une ligne de vie qui permettait de montrer
l’emplacement du muret. Elle a choisi de ne pas interdire la baignade mais a pris un arrêté
en interdisant aux enfants de se baigner sans claquettes. Ici, un ado a sauté et s’est fracturé
deux vertèbres. Les expertises démontrent un LdeC certain entre les blessures et l’infirmité
permanente. Le maire est poursuivi pour atteinte involontaire. Peut-on caractériser une
FC ? ici, on peut prouver que le maire avait connaissance du risque. L’incident préalable est
un élément de fait qui permet de démontrer la connaissance du risque. La formule retenue
par le législateur permet de donner des indications de fond (la conscience du risque) et de
forme (l’appréciation de l’élément de la conscience du risque). Cette appréciation est in
concreto et repose sur les éléments de faits mais cela n’empêche pas les juges de déduire la
conscience du risque de la prévisibilité du dommage. Par exemple, arrêt du 12 janvier 2010 :
Des élèves apprentis, majeurs, fêtaient leur fin d’année. L’enseignant a introduit des
boissons alcoolisées malgré le fait que le R intérieur interdisait l’introduction des boissons
alcoolisées. Un des élèves ayant consommé beaucoup d’alcool est partie de la soirée alors
même que l’enseignant responsable du groupe n’était pas présent, pris son véhicule et
décède dans un accident. Est poursuivi pour HI le formateur. On est dans le cadre d’un LdeC
indirecte donc on doit prouver une faute qualifiée. On a ici une violation délibérée d’une
obligation particulière qui est prévue par le R intérieur qui ne peut pas être assimilé au R au
sens de l’article 37 de la C. on écarte donc la FD. Peut-on retenir une faute caractérisée ?
Oui selon les juges. Il a commis un certain nombre d’imprudence et de négligence. Il forme
un pourvoi en cassation car considère qu’il ne pouvait pas avoir conscience du risque.
Cependant, la Cours de cas. rejette le pourvoi car ce qui est important est le risque. Or, toute
autre personne qui avait assisté à cette soirée était soumise au même risque. Lorsque la
faute crée une faute grave implique de facto la connaissance du risque. Cette analyse
juridique est confirmée par un arrêt du 14 décembre 2010 : Ici est poursuivi l’ami qui lui a
prêté le véhicule. Peut-on retenir l’HI ? Les juges considèrent qu’il y a une faute caractérisée
et la gravité du risque emporte ici conscience.

III. L’appréciation juridique


Si on regarde l’al. 4, il n’y a aucune directive d’appréciation juridique.

a. La méthode d’appréciation
La faute caractérisée est appréciée comme la faute d’imprudence simple. La faute
caractérisée est appréciée in concreto. Certains auteurs de la doctrine considèrent que la
méthode d’appréciation pour les FS et les FC est une méthode d’appréciation in abstracto.
Mais on remarque que le juge transpose à la FC la méthode d’appréciation définie à l’al. 3 in
fine. Cet al. retient 3 critères d’appréciation.

b. Les critères d’appréciation


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Les juges retiennent :


● La compétence

● L’autorité

● Les moyens
Arrêt du 2 décembre 2004 : Il s’agit d’une personne qui fait un malaise à son domicile. Le
médecin régulateur ne peut pas établir de diagnostic fiable et envoi sur place un médecin
qui arrive au domicile de la victime 50 minutes après. Ce dernier constate une crise
cardiaque mais ne peut pas réanimer la victime. On engage des poursuites contre le médecin
régulateur pour HI. Le LdeC est indirecte, il faudra retenir ici la FC :
● Exposition à un risque d’une particulière gravité : Ce risque pouvait-t-il être ignoré
par le médecin régulateur du Samu ? Les juges vont appliquer les 3 critères :
⮚ La compétence : Le médecin du Samu est compétent.

⮚ L’autorité : Le médecin a autorité pour décider car il peut déterminer les


moyens de secours adéquats.

⮚ Les moyens : Au moment où il a reçu cet appel, les juges constatent qu’il y
avait 3 ambulances qui étaient prêtes à partir
Il sera donc condamné pour HI en présence de ces 3 critères.

c. Sévérité accrue à l’égard des professionnels


Les professionnels sont obligés d’être compétent. Cette obligation postule la compréhension
et l’anticipation des risques inhérents à son activité. On a en quelque sorte une présomption
de conscience de risque qui pèse sur le professionnel. Cependant, les juges ne peuvent pas
en déduire une règle explicite mais la simple différence entre la qualité de profane et de
professionnel qui permet d’appliquer certaines décisions. Lorsque les juges apprécient la
faute commise par le professionnel, ils présument sa compétence et son autorité, alors que
s’il s’agit d’une faute commise par une personne profane, il faut des éléments de fait
supplémentaires pour permettre d’assortir les 3 critère d’appréciation. Par exemple, arrêt
du 3 novembre 2004 : En l’espèce, un gardien d’immeuble vient rebrancher un disjoncteur
et il y avait une fuite de gaz au moment où il remet l’électricité, il y a une explosion et le
gardien perd la vie. Le chauffagiste est poursuivi du chef d’HI. Le chauffagiste a la
compétence et l’autorité et il avait un LdeC indirecte avec le dommage.

A l’inverse, le profane ne subit pas la même rigueur, arrêt du 10 janvier 2006 : Un


appartement est loué par un particulier qui n’avait pas la qualité de bailleur professionnel.
Le bailleur demande le remplacement de l’installation de chauffage. Ici, il y a un
disfonctionnement ce qui cause le décès du locataire. Le propriétaire de l’appartement est
poursuivi pour HI et les juges considèrent qu’en l’espèce s’agissant d’un particulier bailleur
non pro, la réparation insuffisante ne peut pas constituer la faute caractérisée à son
encontre.
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Le professionnel est soumis à une véritable obligation d’anticipation des risques. Par
exemple arrêt du 9 juin 2009 : En l’espèce il s’agissait d’un chantier de réhabilitation des
salles municipales. Le coordonnateur de chantier est poursuivi suite à un décès d’un enfant.
La chambre criminelle a considéré qu’il y avait un LdeC indirecte avec le dommage en
constatant qu’il « incombe au coordonnateur en matière de sécurité d’anticiper les situations
de risque ». Cette appréciation in concreto a des conséquences sur la répression et permet
des responsabilités multiples.

d. Des responsabilités multiples


Lorsque plusieurs fautes ont été commises on peut assister à un partage ou cumul de
responsabilité. La solution la plus fréquente est le cumul de responsabilité.

1. Le cumul de responsabilité
Lorsque plusieurs personnes ont commis des fautes non-intentionnelles en lien de causalité
avec le dommage, leur responsabilité peut être retenue. Ce cumul est compatible avec le
principe de responsabilité pénale personnelle. Par exemple, arrêt du 16 janvier 2007 : Il
s’agissait de deux patients qui étaient placés en caissons hyperbare. L’infirmier est poursuivi
mais aussi le médecin pour HI. On reprochait au médecin une surveillance insuffisante et à
l’infirmer la décision d’avoir accéléré la décompression. Leurs deux comportements
constituaient des fautes non-intentionnelles distinctes. On peut aussi avoir un cumul de
responsabilité. Alors que les fautes commises par les différentes personnes intervenant dans
le de LdeC distinctes. Par exemple, arrêt du 4 juin 2013 : la conductrice sera poursuivie, on a
retenu sa responsabilité car elle avait commis une FC. Ensuite, poursuite pour HI, engagée à
l’encontre du maire car il n’avait pas correctement apprécié la dangerosité de la disposition
des lieux. Les juges ont aussi retenu la responsabilité du maire en considérant qu’il avait été
informé de plusieurs accidents.

2. Incidence de la faute de la victime


Si la faute de la victime produit des effets sur la responsabilité civile, en matière de
responsabilité pénale, la faute de la victime ne fait pas disparaitre la faute non-
intentionnelle commise par une autre personne. La chambre criminelle l’affirmé dans un
arrêt du 12 novembre 2014 : La chambre criminelle considère que la faute de la victime
n’efface pas la faute de l’employeur qui doit s’assurer des consignes de sécurité sur les lieux
de L. cela a été confirmé par un arrêt du 30 mars 2016 : A été poursuivi l’employeur car il
n’avait pas prévu sur le chantier le sens de circulation du sens des engins de travaux qui est
une obligation prévue par le Code de travail. La Cour de cass. a dit que « le comportement
fautif de la victime n’est pas de nature à exclure la responsabilité pénale du prévenu sauf si
ce comportement était la cause exclusive du dommage. »

C. La particularité de la mise en danger


La mise en danger est définie à l’article 223-1 du CP. La MenD est constitué par le délit de
risque causé à autrui. Cette mise en danger cumule la FD et la FC. La philosophie qui a guidé
le législateur est intéressante car il a voulu punir les fautes non-intentionnelles sans attendre
qu’il y ait survenance du dommage. C’est pourquoi ce délit particulier est affecté de
conditions strictes. D’une part, il est constitué par la FD et cette FD se double d’une FC qui
entraine exclusivement une exposition à un risque de mort ou de mutilation ou d’infirmité
permanente. Chaque qualificatif de cette définition est important car on voit que la
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combinaison entre ces deux fautes nous permet de punir un comportement considéré
comme le comportement le plus élevé dans la hiérarchie des fautes non-intentionnelles.
Mais, le législateur a fixé des conditions strictes et le juge applique avec rigueur ces
conditions. Néanmoins, une décision est revenue sur la particularité de la MenD : c’est
l’affaire de l’amiante. C’est un arrêt rendu par la chambre criminelle le 19 avril 2017 : Il
s’agissait d’un chantier de construction et la société qui avait obtenu le contrat de
construction devait évacuer au décombre des anciens immeubles. Plusieurs procès-verbaux
ont détecté des défaillances de prévention. Notamment, il y avait une absence de protection
propre à faire obstacle à la dispersion des poussières d’amiante. Les procès-verbaux ont
constaté que les travailleur et les riverains étaient exposé à l’amiante. La société a donc été
poursuivie pour mise en danger. Les poursuites ont été engagées sur le fondement de
l’article 223-1. Les juges du fond ont d’abord relevé une FD, c.à.d. une violation
manifestement délibérée car il y avait un maintien des dispositifs défaillants malgré les mise
en garde de l’inspection du travail. On a ici une obligation particulière reposant sur le décret
du 30 juin 2006 applicable aux travailleurs exposés aux poussières d’amiante. Il faut aussi
démontrer qu’il y a une exposition directe à un risque immédiat de mort ou blessure,
mutilation ou infirmité. Or, les juges du fond, pour retenir la MenD ont considéré qu’ils
pouvaient s’appuyer sur « l’état des données de la science ». En cet état au moment du
jugement, les juges constatent qu’il était certain qu’il y avait un degré de probabilité très
élevé de développer un cancer du poumon dans les 30 ou 40 ans. Il y avait donc pour eux
une FC. De la rencontre de la FD et de la FC, ils retiennent la mise en danger d’autrui. Les
individus condamnés forment un pourvoi en cass. en considérant que la probabilité de
développer un cancer dans les 30 ou 40 ans est incompatible avec le caractère immédiat et
direct du risque. La chambre criminelle rejette le pourvoi et confirme ainsi la compatibilité
de la mise ne danger avec la potentialité d’un dommage qui s’inscrit dans un dommage
éloigné. La chambre criminelle applique ici l’article 223-1 qui exige que ce soit le risque qui
doit être immédiat et non pas la mort. La chambre criminelle confirme que cette infraction
que cette infraction est une infraction formelle, c.à.d. l’infraction qui ne prend pas en
compte le résultat dans ses éléments constitutifs. C’est pourquoi on voit donc que seul le
risque doit être certain ce qui renvoi ici au LdeC mais pas le dommage. La chambre criminelle
a rappelé cette règle dans un arrêt du 4 octobre 2005 : C’était une raffinerie qui pendant
une nuit avait excédé le rejet dans l’atmosphère des particules interdites. Ici, elle a été
poursuivie pour le délit de mise en danger. Les juges avaient considéré que le délai de mise
en danger n’était pas confirmé car des expertises avait été faites par la raffinerie et cette
expertise démontrait que le taux de rejet sur une durée courte ne pouvait pas affecter la vie
des individus. Donc la mise en danger si elle punie l’exposition à un risque immédiat, elle
doit aussi se caractériser par un comportement particulier et la simple violation d’une
obligation préexistante ne suffit pas. Arrêt du 16 décembre 2015 : Il s’agissait d’un excès de
vitesse (215km/h). Ici, la personne a été poursuivie pour mise en danger et la CA a confirmé
la condamnation pour mise en danger car « il n’avait pas manifestement pris en compte les
autres usagers de la route, nombreux à cette heure de la journée ». La chambre criminelle a
cassé l’arrêt en considérant qu’en l’espèce il ne s’agissait d’une mise en danger de la vie
d’autrui donc in ne pouvait pas retenir l’article 223-1 « sans caractériser un comportement
particulier s’ajoutant à la vitesse autorisée ou l’existence de circonstances de faites
particulières ». Cette position de la chambre criminelle consiste à dire que le délit prévu à
l’article 223-1 n’est pas susceptible de s’appliquer à toutes les violations de dispositions
particulières qui sont par ailleurs sanctionnées par des contraventions. En effet, la chambre
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criminelle est très attentive à ne pas permettre la correctionnalisation des nombreuses


contraventions en utilisant un artifice de qualification. L’article 223-1 sanctionne un
impératif de sécurité et ne doit pas être le réceptacle des nombreuses contraventions qui
émaille la vie en société.

§2 : Les caractéristiques des fautes pénales

La faute doit nécessairement être prouvée et la charge de la preuve pèse sur le ministère
public. Mais la loi du 10 juillet 2000 a bouleversé les caractéristiques des fautes pénales
autant par rapport aux personnes morales que dans ses rapports avec le droit civil.

I. La faute pénale de la personne morale


La loi du 10 juillet 2000 n’a pas modifié les conditions d’engagement de la responsabilité
pénale. Cela veut dire que la limitation de la responsabilité pénale aux fautes qualifiées en
lien de causalité indirecte avec le dommage s’applique exclusivement aux personnes
physiques. Cela veut dire que la FS en LdeC indirecte avec le dommage continue d’engager la
RP de la personne morale. On voit donc ici qu’il y a une rupture d’égalité entre les personnes
physiques et morales. Le régime juridique est plus favorable pour les personnes physiques ce
qui s’explique doublement :
● Le DP met en place une rigueur croissante au regard des personnes morales

● La nature de sanction car les sanctions applicables aux personnes morales sont
essentiellement des sanctions financières

Cette rupture d’égalité a fait l’objet de plusieurs QPC. La chambre criminelle a


systématiquement refusé de les transmettre au Conseil constitutionnel. La dernière QPC de
ce type a fait l’objet d’une décision rendue par la ch. criminelle du 21 mars 2017. La QPC
critiquait la rupture d’égalité dans le cadre de l’article 121-3 al.4. Cet alinéa limite la
qualification pénale dans le cadre de la causalité indirecte uniquement à l’égard des
personnes physiques. Donc seules les personnes physiques ont bénéficié de la
dépénalisation. La QPC fait valoir ici une méconnaissance des principes constitutionnels
d’égalité devant la loi, la justice et des articules 6 et 16 de la déclaration de 1789. La
chambre criminelle a rejeté la critique et a considéré que la QPC n’avait pas de caractère
sérieux puisqu’elle constate que le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur
règle de façon différente des situations différentes, à ce qu’il déroge à l’égalité pour des
motifs d’intérêt général, à une seule condition, que la différence de traitement qui en résulte
soit en rapport avec la loi qui l’établie. Or, la CC constate que la différence de traitement
entre les personnes morales et physiques dans le cadre de la faute non-intentionnelle
résulte d’une loi ayant pour objet de redéfinir les fautes pénales. Il est donc incontestable
qu’il y ait un rapport avec l’objet de la loi ; on peut constater que la ch. criminelle en rejetant
ces QPC obéit à la philosophie de la loi du 10 juillet 2000 car c’est une loi de dépénalisation à
l’égard des personnes physiques mais la loi qui ne veut pas procéder à une dépénalisation
aveugle. C’est pourquoi la dépénalisation des personnes physiques est compensée par la
responsabilité des personne morales.
SEMESTRE 4

II. Les rapports des fautes pénales et civiles


La faute pénale d’imprudence est élément constitutif d’une infraction. Mais en même temps,
la faute d’imprudence constitue aussi une faute civile qui ouvre droit à une réparation.

a. Unité traditionnelle des fautes pénales et civiles


Pendant près d’un siècle, les juges ont considéré qu’il y avait une unité entre les FP et les FC
d’imprudence. Depuis un arrêt de principe rendue par la première chambre civile du 18
décembre 1912, on considère qu’il y a unité des FP et civiles d’imprudence. Mais ce système
d’unité a été critiqué car dans ce système, l’allocation des D et I dépend de la constatation
de la faute pénale d’imprudence. En vertu du principe de la chose jugée du pénale sur le
civil, la décision pénale s’impose au juge civil. Cela veut dire qu’en cas de relaxe, le juge civil
ne peut accorder des D et I.

b. La loi du 10 juillet 2000


Avant cette loi, on avait observé des assouplissements de la règles. On a introduit dans le
CPP l’article 470-1. En vertu de cet article, le tribunal correctionnel peut accorder des D et I à
la victime alors même qu’il prononce la relaxe de la personne poursuivie. Cela veut dire qu’il
constate l’absence de la faute pénale mais qu’en même temps il accorde une réparation
pour la faute civile. La loi du 10 juillet 2000 a totalement bouleversé le système car cette loi
retient un système dualiste des fautes pénales et civiles d’imprudence. D’où résulte ce
système dualiste ? En exigeant une faute qualifiée en LdeC indirecte avec le dommage, loi
du 10 juillet 2000 admet qu’il puisse exister une FS en LdeC indirecte avec le dommage.
Cette FS n’est pas susceptible de qualification pénale mais elle constitue une faute civile qui
ouvre le droit à des réparations. Les fautes pénales et civiles sont devenues indépendantes
l’une de l’autre. Cependant, on remarque du point de vue de la loi du 10 juillet 2000, cette
indépendance s’exerce dans le cadre de la causalité indirecte seulement mais forcé de
constater qu’il n’y a aucune limitation formelle et donc le juge civil a posé un principe
d’autonomie de la faute civile. Il a rendu un arrêt de revirement spectaculaire, 1ère Civ. 30
janvier 2001 : Dans cet arrêt la chambre déclare « La déclaration par le juge répressif de
l’absence de faute pénales non-intentionnelles ne fait pas obstacle à ce que le juge civil
retienne une faute civile d’imprudence ou de négligence. » Le juge civil acquiert donc une
autonomie dans la réparation des fautes civiles sans plus tenir compte des décisions prises
par le juge pénal. Par la multiplication des décisions allant dans ce sens, le juge civil a opéré
une triple extension de la faute civile d’imprudence au détriment de la faute pénale :
● D’une part, l’autonomie du juge civile se manifeste aussi bien dans le cadre de la
causalité directe que dans le cadre de la causalité indirecte ce qui veut dire que
l’indépendance affecte aussi bien les fautes simples que les fautes qualifiées

● D’autre part, l’autonomie de la faute civile est prise en compte par le juge civil mais
pas exclusivement ; on peut donc aujourd’hui appliquer ce principe d’autonomie
devant d’autres juges et plus particulièrement devant le juge social

● Enfin, l’autonomie de la faute civile s’applique aujourd’hui aux personnes morales


aussi alors que dans la loi du 10 juillet 2000, elle affectait exclusivement les
personnes physiques.
SEMESTRE 4

La dualité des fautes pénales et civiles abouti à un affaiblissement de la faute pénale sur
le civil et à un élargissement du domaine de compétence et des pouvoirs du juge civil au
détriment du jugé pénal.

c. La loi du 5 mars 2007


Cette loi a totalement réécrit l’article 4 du CPP qui régit les rapports juridictionnels entre la
faute pénale et la faute pénale d’imprudence. Il est aujourd’hui structuré en 3 al. En
principe, l’action civile en réparation du préjudice causé par l’infraction peut être exercée
aussi devant la juridiction civile. Cependant, si elle est exercée devant la juridiction civile, le
juge civil est obligé de surseoir à statuer lorsque l’action publique a été engagée tant qu’une
décision définitive n’a pas été rendue. On voit que le sursis est obligatoire pour assurer la
cohérence des décisions entre la justice pénale et la justice civile. C’est ici une application du
principe « le criminel tient le civil en l’état ». Mais ce principe n’a plus un valet absolu car
l’al.3 précise que les autres actions exercées devant la juridiction civile de quelque nature
qu’elles soient ne sont pas affectées par l’obligation de surseoir à statuer. Cette liberté de la
juridiction civile est reconnue « même si la décision à intervenir au pénal est susceptible
d’influencer directement ou indirectement la solution du procès civil. »

SECTION 3 : La faute contraventionnelle (FC)

La FC est la faute la moins grave. Elle résulte de la simple inobservation d’une prescription
légale ou réglementaire. Cela veut dire que la qualification de la contravention est
indépendante d’une quelconque faute d’imprudence ou de négligence. La contravention
peut être qualifiée pénalement dès que le comportement est matériellement constaté. Cela
vaut dire que la qualification pénale ici est indifférente à l’état d’esprit dans lequel se
trouvait l’auteur de la contravention. C’est pour cette raison qu’on appelle les
contraventions des infractions matérielles. Les contraventions sont des infractions
matérielles mais cela ne veut pas pour autant dire qu’aucune contravention ne peut exiger
une faute. Par exemple, il y a la contravention de violence volontaire n’ayant pas entrainé
d’incapacité totale de travail inférieur à 8 jours. Ici, il faudra prouver la faute mais elle sera
expressément exigée par le législateur. En revanche, le fait que la qualification pénale soit
indifférente signifie qu’on ne peut pas combattre la qualification juridique par la preuve de la
bonne foi. Cependant, le dernier al. de l’article 121-3 dispose que « Il n’y a point de
contravention en cas de force majeur. » On ne peut pas donc pas retenir la contravention en
cas de force majeur car elle doit être commise avec une volonté libre et éclairée. En
revanche, la FC est punie indépendamment du dommage car la FC protège les valeurs
techniques de notre société.

PARTIE 2 : La responsabilité pénale (RP)

La répression cible le coupable, il est donc fondamental de pouvoir identifier la personne


pénalement responsable. Si l’application du DP est déclenchée par une infraction,
l’application de la peine exige l’identification de la personne pénalement responsable.

SECTION PRELIMINAIRE : Imputabilité et culpabilité


SEMESTRE 4

L’imputabilité est la première étape de la RP. On considère donc que la responsabilité se


compose de deux éléments constitutifs : imputabilité et culpabilité. La difficulté vient du fait
que ces deux composantes ne sont pas définies par la loi, ce sont des constructions
doctrinales et les auteurs de la doctrine ne s’accordent pas sur la définition. Cependant, il y a
un point d’accord, même si elles ne sont pas définies par loi, elles ont été admises par le CP
car ce sont ces deux notions qui expliquent les causes de responsabilité.

L’imputabilité se définie à partir d’une relation psychologique entre l’infraction et l’auteur.


L’imputabilité renvoi à la liberté et à la volonté de l’individu car on considère qu’on ne peut
mettre l’infraction à la charge de qqn que si celui-ci a agi avec « intelligence et volonté ». Ces
deux éléments d’intelligence et de volonté sont extraits d’un arrêt de principe de la
chambre criminelle du 13 décembre 1956, arrêt Laboube : Il faut que la personne ait la
capacité de comprendre et de vouloir l’acte pour qu’on puisse le lui reprocher. La doctrine
considère que dans l’imputabilité on vérifie la liberté qui permet à la personne de vouloir ces
actes et l’intelligence qui lui permet de comprendre qu’elle commet un acte interdit. De plus
en plus souvent, certains membres de la doctrine ont pensé qu’il y aurait aussi une
imputabilité matérielle désignée dans la doctrine sous le nom d’imputation qui reposerait
sur le LdeC qui uni le comportement de la personne et l’infraction commise. L’imputation
tend à se confondre avec la culpabilité.

La culpabilité repose sur la participation fautive à l’infraction de la part de son auteur. C’est
le LdeC matériel que l’on établit entre le comportement et l’auteur. Une certitude,
l’imputabilité précède la culpabilité car on ne pourra considérer qu’une personne est
coupable que si elle a eu la capacité de comprendre et de vouloir l’acte. Néanmoins, il y a
une divergence en doctrine sur la place à donner à ces deux notions car certains auteurs
considèrent que les notions d’imputabilité et de culpabilité affectent les éléments
constitutifs de l’infraction. Ainsi, ces auteurs considèrent que tout ce qui touche à
l’imputabilité affecte l’élément moral et que l’absence d’imputabilité efface l’élément moral.
Alors que pour la culpabilité, celle-ci, aurait comme effet d’effacer l’élément légal. Les
auteurs parlent des faits justificatifs. Si on retient cette explication, on est dans le cadre de la
première étape qui affecte la qualification pénale sauf que cette interprétation n’est pas
conforme au CP. Les causes d’irresponsabilité qui reposent sur l’imputabilité ou la culpabilité
font disparaitre la RP mais pas l’infraction elle-même.

En partant de ces deux notions, la doctrine a formulé la notion de capacité pénale qui est la
capacité à subir et à tirer profit de la sanction pénale. En partant du CP, on constate qu’aux
côtés de la RP des personnes physiques qui est une responsabilité classique, le nouveau CP a
introduit la RP des personnes morales.

TITRE PREMIER : La responsabilité pénale (RP)

Le CP de 1810 a choisi de restreindre la RP uniquement aux personnes physiques vivantes.


Avant le CP de 1810 on pouvait retenir à la RP des animaux mais on a refusé cela car le DP
est un droit spiritualiste et la RP puise sa légitimité dans le libre arbitre de l’individu. Mais
SEMESTRE 4

petit à petit, la diversité des activités et notamment l’importance de l’économie ont fait
prendre conscience de l’irruption des personnes morales dans la vie quotidienne. C’est
pourquoi, le nouveau CP a choisi d’introduire la RP des personnes morales ce qui est une
innovation majeure en droit positif.

CHAPITRE 1 : La responsabilité pénales des personnes physiques

Le DP français a très rapidement formulé un principe qui est le principe de RP pénale


personnelle. Ce principe a été affirmé dans un arrêt de principe de la chambre criminelle du
3 mars 1859 : la chambre criminelle affirme que « Nul n’est punissable qu’en raison de son
fait personnel. » Cette règle prétorienne a été consacrée par le nouveau CP à l’article 121-1
du CP. Le CC ne s’est pas directement prononcé sur la valeur de ce principe, néanmoins, les
auteurs lui accorde une valeur constitutionnelle car le CC a déjà confirmé la valeur
constitutionnelle du principe de la personnalité des peines qui n’est qu’une manifestation de
la responsabilité pénale personnelle. Ce principe a des conséquences importantes car on
exclut par ce principe la RP du fait d’autrui ainsi que la responsabilité collective. Pour qu’une
personne soit pénalement responsable, il faut qu’elle ait participée à l’infraction. Sa
participation peut être directe ou indirecte mais il faut qu’elle existe. La personne qui
participe à l’infraction peut jouer plusieurs rôles (auteur ou complice).

SECTION 1 : L’auteur

L’auteur est défini à l’article 121-4 du CP. L’auteur est la personne qui « commet les faits
incriminés ou tente de commettre l’infraction. » Cette définition apparemment simple
recouvre une réalité plus complexe.

§1 : La qualité d’auteur

Pour déterminer le rôle de la personne, il faut examiner le LdeC entre son comportement et
l’infraction. De manière générale, on considère que l’auteur est celui qui commet
matériellement les faits incriminés avec la conscience de violer la loi pénale.

A. L’infraction involontaire
On doit distinguer entre l’auteur directe et indirecte. L’auteur directe est l’auteur qui a
commis l’acte ayant comme conséquence directe et immédiate le dommage. L’auteur
indirect est celui qui intervient en amont de la chaine de causalité ayant abouti au
dommage. Il faut reprendre la loi de 2000 et retenir exclusivement la RP de l’auteur d’une
faute qualifiée.

B. Les infractions volontaires


On peut aussi distinguer l’auteur direct de l’auteur indirect. L’auteur indirect est ici l’auteur
qui n’a pas matériellement commis l’acte il est donc souvent l’auteur intellectuel de
l’infraction. L’auteur intellectuel est parfois plus dangereux que l’auteur matériel car il
pousse à la commission de l’infraction et se cache derrière l’auteur matériel. La législature
SEMESTRE 4

peut punir expressément l’auteur intellectuel. Par exemple, l’article 211-1 du CP défini le
génocide « celui qui commet ou celui qui fait commettre. » L’auteur intellectuel pour être
pénalement responsable, doit être expressément désigné par le texte légal. Le législateur a
le monopole pour punir l’auteur intellectuel car sinon l’instigateur en droit français est
considéré comme un complice. L’infraction commise par voie de presse, on retient un
système de responsabilité en cascade. La responsabilité du directement de publication et les
prestataires commerciaux, la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la press prévoit un
système spécifique. L’article 42 de la loi prévoit qu’on doit considérer comme auteur de
l’infraction le directeur de la publication. L’article 43 prévoit que la RP de l’auteur de l’article
peut être retenu mais seulement au titre de la complicité. Ce mécanisme nous montre déjà
qu’on a des hypothèses dans lesquelles l’infraction peut être commise à plusieurs.

§2 : Les co-auteurs

C’est l’hypothèses dans laquelle l’infraction est réalisée par plusieurs personnes.
Historiquement, le DP archaïque connaissait une forme de responsabilité collective ainsi
pour la commission de l’infraction on retenait la RP de tous les membres du groupe. Cette
responsabilité de solidarité qui est une responsabilité collective a totalement disparue du
droit positif. La responsabilité collective serait contraire au principe de responsabilité pénale
personnelle. Néanmoins, il demeure encore en droit français des infractions collectives. Par
exemple, un vol commis par 5 personnes, ce sont des coauteurs. La coaction est une
situation dans laquelle plusieurs personnes participent simultanément à la commission
matérielle de l’infraction en possédant l’élément moral exigé par le texte. Chaque auteur
peut voir les éléments constitutifs de l’infraction commise à son égard mais en plus, la
chambre criminelle a mis l’accent sur la simultanéité de l’infraction. Dans le cadre de la
coaction, nous ne sommes pas dans le cas d’une responsabilité collective. Chacun est
personnellement responsable de sa participation à l’infraction.

A. La participation collective dans la loi


Il y a plusieurs types de participations collectives mais ce qui est intéressant est que le
législateur utilise aujourd’hui la participation collective comme élément de politique
criminelle l’utilise tantôt comme une dimension répressive et tant comme une dimension
préventive.

1. La participation collective : dimension répressive


La participation collective est utilisée dans un but répressif.

a. Les infractions collectives par nature


La définition légale de l’infraction impose la participation de plusieurs personnes pour
retenir ces qualifications. Par exemple, l’infraction de participation à un complot défini à
l’article 412-2 du CP.

b. La circonstance aggravante de participation collective


Dans les autres circonstances, la participation collective aura commis effet d’aggraver la
répression de l’infraction. Ici, la PC est utilisée comme circonstance aggravante. Il convient
de distinguer deux circonstances aggravantes :
SEMESTRE 4

● La bande organisée : définie à l’article 131-71 du CP « Un groupement formé ou une


entente établie en vue de la préparation caractérisée par un ou plusieurs faits
matériels d’une ou plusieurs infractions ». En vertu de cette définition légale, la bande
organisée suppose la participation d’au moins 3 personnes et elle suppose en plus
une préméditation et une préparation de la réalisation.

● La réunion : Dans la réunion il n’y a pas d’organisation ou de préméditation. Cela


correspond souvent à un mouvement spontané de foule. La réunion pose une
difficulté majeure. Cela veut dire qu’il y a participation de plusieurs personnes à
l’infraction. Pour pouvoir retenir leur RP il faut démontrer leur culpabilité en
établissant le LdeC entre le comportement de la personne et l’infraction commise. S’il
y a un doute sur le fait que l’acte soit imputable à l’individu, le doute ne permet pas
de retenir la RP. Arrêt du 22 mars 1966 : Incendie d’une grange provoqué par le fait
qu’une personne appartenant à un groupe avait jeté une cigarette sur une botte de
foin. Les juges ont prononcé des relaxes car ils ne pouvaient pas retenir une RP.

2. La participation collective : mécanisme préventif


Le DP a choisi d’utiliser la participation collective pour punir certains actes en raison de leur
dangerosité sans attendre la survenance d’un résultat dommageable. Souvent, on fait
obstacle à l’infraction comme étant plus grave. Par exemple, l’article 450-1 du CP punit
l’association de malfaiteur. Cet article punit un acte préparatoire collectif à commettre un
crime ou un délit. Si cet acte avait été commis à titre individuel, on ne pourrait pas le punir
car l’infraction n’est pas encore entrée en phase de commencement d’exécution. La
tentative n’est donc pas constituée et l’acte n’est pas punissable. Ce qui permet de le punir
est la participation collective. Ce mécanisme a été élargie par le législateur à d’autres
hypothèses. Par exemple, dans la loi du 2 mars 2010. Cette loi a ajouté l’article 222-14-2
dans le CP. Cet article permet de punir « le fait pour une personne de participer sciemment à
un groupement même formé de façon temporaire en vue de la préparation. » Le CC a validé
la création de cette incrimination et a considéré qu’il y avait nécessité de créer cette
incrimination car la tentative de violence volontaire n’est pas punie et d’autre part, il fallait
intervenir en amont pour empêcher la généralisation de ces comportements dangereux.

B. La participation collection dans la jurisprudence


Lorsqu’il y a un doute sur le LdeC, les juges ont choisi de renforcer sa certitude et sa nature
pour pouvoir retenir une RP.

1. Les infractions volontaires (IV)


Dans le cadre de ces infractions, la jp applique la solution de la scène unique de violence. En
application des PGD, lorsqu’on a des coauteurs pour retenir leur RP, il faut identifier l’auteur
du coup mortel car il sera le seul à engager sa RP personnelle. Dans cette hypothèse il y a
une difficulté à identifier la personne responsable du coup mortel. Cette difficulté peut
conduire à considérer qu’il y a un doute sur son identité. La chambre criminelle considère
que les personnes « sont volontairement pris part au fait unique de constituer une seule et
même scène de violence. » Toutes les personnes voient leur RP engagée pour le résultat
effectif. On considère que l’ensemble forme une action unique et chaque participant est
considéré comme l’auteur de cette action unique. Arrêt du 25 mars 2010 : Voiture d’une
SEMESTRE 4

personne a été heurtée par le véhicule appartenant à ses neveux. Les neveux sont
descendus et ont attaqué leur oncle. Leur RP est retenue ici.

2. Les infractions involontaires (II)


Dans un arrêt du 7 mars 1968, il s’agissait en l’espèce de deux personnes qui avaient tirés
sur des passants avec des clous. Un des passants a été atteint à l’œil. Ici la chambre
criminelle a considéré qu’ils étaient coauteurs puisqu’ils c’étaient rendus coupable « d’une
commune imprudence créant un risque grave qui s’est réalisé. » Cette solution crée une
présomption de causalité entre le comportement d’une personne et le dommage car l’une
des deux personnes n’a aucun lien avec les faits. Cependant, la chambre criminelle a
confirmé son choix dans un arrêt du 19 mai 1978 : Il s’agissait de deux personnes qui se sont
entrainés au tir dans une forêt, une des deux a tué un enfant. Les juges ont retenu la RP des
deux tireurs. Les juges renforcent donc le LdeC.

SECTION 2 : La responsabilité pénale des chefs d’entreprise

On va constater une différence entre le droit civil et le DP. Le droit civil, aux côtés de la RP
du fait personnel admet aussi la responsabilité du fait d’autrui. Ici, une personne est tenue
de réparer le préjudice qui résulte de la faute commise par un tiers. Ce principe permet de
mesurer les réparations et on constate que la plupart des mesures sont des mesures
pécuniaires. En revanche, en DP le principe posé est le principe de la RP personnelle. Cela
veut dire que le DP exclut la responsabilité du fait d’autrui et il ne peut y avoir de dérogation
à ce principe. Il y a cependant une hypothèse analysée par certains auteurs qui est la RP du
chef d’entreprise. Cette analyse n’est pas pertinente pour plusieurs raisons :
● On ne peut admettre une dérogation a à un principe prévu par l’article 121-1

● Il est pertinent ici d’introduire dans l’analyse juridique la prise en compte des auteurs
indirectes définis par loi de 2000 qui permet aujourd’hui de régler une grande partie
des difficultés suscité par la RP des chefs d’entreprise

● On peut remarquer que l’analyse répressive retenues par les juges ne s’applique plus
exclusivement aux chefs d’entreprise car elle s’applique maintenant aux décideurs
privés mais aussi aux décideurs publics

§1 : Le domaine d’application

L’hypothèse la plus fréquente est l’hypothèse type d’un accident du L qui survient sur un
chantier. Dans cette hypothèse, peut-on retenir la RP du chef d’entreprise alors que dans la
plupart des cas l’infraction a été matérielle commise par l’un de ses salariés et dans la
plupart des cas le chef d’entreprise n’est ni présent sur les lieux ni au courant des infractions
commise. Mais on peut engager sa RP car il lui incombe une obligation de responsabilité.

I. Les sources
SEMESTRE 4

Il n’y a pas de consécration générale de la RP du chef d’entreprise mais on peut trouver des
textes spéciaux. S’il n’y a pas de généralisation la jp a procédé à une extension de la RP du
chef d’entreprise.

A. Les textes
Il n’y a pas de textes généraux mais il y a des textes spéciaux et il y a une utilisation du Code
du L.

1. Les textes spéciaux


Par exemple l’article L223-22 du Code de commerce qui s’applique spécifiquement aux
sociétés à responsabilité.

2. Le Code du travail
Ce code n’a pas mis en place un système de RP générale du dirigeant pour les fautes en
matière de sécurité, santé et hygiène. Ce code retient néanmoins la RP de l’employeur mais
il l’appuie sur une faute personnelle. Le dispositif se trouve aujourd’hui à l’article L4741-1 et
suivant du Code du travail. Cet article est issu de la réforme opérée par la loi du 21 janvier
2008. On retient ici une responsabilité du dirigeant qui s’appuie sur sa faute personnelle
mais ici le CP emploie le terme d’ « employeur ». L’article appartient à une section
s’intitulant « Les infractions commises par l’employeur ou ses représentants ». Cela veut dire
qu’on ne peut pas cumuler la RP de l’employeur ou du représentant. Le représentant
renvoie ici au délégataire de pouvoir. L’article L4741-2 va encore plus loin puisque l’article
prévoie ici une parfaite coordination du Code de L avec le CP, ainsi cet article prévoit que
lorsque l’une des infractions a commis la mort ou blessure, il faut procéder par renvoie au CP
(article 121-3). Le Code du L n’emploi plus que le vocable d’ « employeur ». Ici, l’employeur
désigne la personne morale. Peut-on transposer les solutions jptielle d’avant 2008 à
l’employeur car c’est la seule personne désignée aujourd’hui par le Code du L. On a
maintenu la jp pour 3 raisons :
● Le Code du L appui la RP de l’employeur sur une faute personnelle, or cette faute est
nécessairement commise par une personne physique

● La codification et la modification de 2008 s’est faite à droit constant ce qui veut dire
qu’on a maintenu la jp engendrée par les anciens articles

● Le Code du L prévoir une responsabilité alternative de l’employeur ou de son


représentant, or le représentant ne peut être qu’une personne physique

B. La jurisprudence
Pour étudier la jp, nous allons nous arrêter sur un arrêt de principe rendu par la chambre
criminelle le 28 février 1956 qui pose les principes en matière de RP du chef d’entreprise. En
l’espèce, une usine de papeterie a déversé les eaux usées dans une rivière. Ici, il y a eu une
atteinte à la faune. Des poursuites ont été engagées contre le gérant de l’usine. Les
poursuites reposant sur une incrimination spécifique. Les juges du fond relaxent le chef
d’entreprise, relaxe reposant sur :
SEMESTRE 4

● Le fait que le chef d’entreprise témoignait d’un intérêt pour la protection de


l’environnement
● Au moment des faits, le chef d’entreprise était absent
Cependant, la chambre criminelle casse l’arrêt par un arrêt de principe et dispense une
véritable leçon de droit au juge du fond. Tout d’abord, elle énonce « Si en principe nul n’est
passible de peine qu’en raison de son fait personnel, la RP peut cependant naitre du fait
d’autrui dans des cas exceptionnels où certaines obligations légales imposent le devoir
d’exercer une action directe sur les faits d’un subordonné. » Une fois que la chambre
criminelle a énoncé cette exception, elle indique les conséquences « La RP remonte
essentiellement au chef d’entreprise à qui sont personnellement imposées les conditions
d’exploitation de l’industrie ». On voit l’affirmation du principe et les conséquences qu’il
faut en déduire. Dans cet attendu, la chambre criminelle pose 3 règles :
● La RP remonte au chef d’entreprise parce qu’il lui incombe personnellement de
respecter les règles posées par la loi ou le R en la matière

● La chambre criminelle considère que la RP du chef d’entreprise n’est pas exclusive de


celle du subordonné qui a matériellement commis l’infraction

● Sa RP prend appui sur son obligation de surveillance et pas sur les faits matériels qui
ont été commis. Ce qui veut dire que sa présence ou son absence au moment de
l’infraction est indifférente

Ce n’est pas la première fois que les juges répressifs retenaient la RP d’un chef d’entreprise.
La première illustration de cette RP est une décision de 1838 dans laquelle on avait
condamné le boulanger car sa femme avait vendu du pain au-dessus du prix légal du pain.
L’affirmation du principe de la RP du chef d’entreprise par la chambre criminelle a été
considérée comme importante car un parallèle a été établi entre le droit civil et le DP. Le DC
est allé de plus en plus vers une R objective qui se détache de la faute pour mieux
indemniser les dommages. La RP peut-elle connaitre la même évolution ? En tenant compte
de risque, elle allait tenir compte de la RP du fait d’autrui. L’évolution du DP n’est pas
parallèle au DC car c’est un droit encré dans la faute et dans la culpabilité. C’est pourquoi, le
DP ne retenait pas la RP du fait d’autrui étant une R objective. Donc la RP du chef
d’entreprise a été de plus en plus recentrée sur la faute commise sur le dirigeant qui est une
faute personnelle même si elle est déclenchée par le fait commis par son préposé.

§2 : Le régime juridique (RJ)

I. Les conditions d’engagement de la responsabilité


Ce sont les conditions positives qui sont nécessaires pour que l’on puisse engager la RP du
chef d’entreprise. De manière générale, cette R est déclenchée par la commission d’une
infraction par un préposé mais la R repose sur une faute commise par le chef d’entreprise
lui-même.

A. L’infraction commise par un subordonné


SEMESTRE 4

Il doit y avoir une infraction commise par un préposé et ce préposé est un subordonné du
chef d’entreprise. Tous les types d’infraction sont-ils susceptibles d’engager la RP du chef
d’entreprise ? Certains membres de la doctrine considèrent que toutes les infractions
peuvent engager la RP du chef d’entreprise. Néanmoins, on peut faire deux remarques :
● Quand on regarde la jp, on s’aperçoit que le domaine privilégié de la RP du chef
d’entreprise est constitué par les infractions non-intentionnelles
● Quand on inclut dans le champ d’application les infractions intentionnelles, on
s’aperçoit que les décisions retenues à titre d’illustration, sont des décisions datant
d’avant le nouveau CP. Or, pour la plupart, ces décisions étaient constituées par des
infractions matérielles (infractions pour lesquelles ont avait pas besoin de prouver
l’existence de l’élément moral). L’exemple type d’infraction matérielle est le délit de
pollution. Or, on peut constater que depuis l’entrée en vigueur du nouveau CP, les
délits matériels n’existent plus puisque l’article 121-3 al. 3 du CP exige que l’on
prouve l’élément moral. Donc ces infractions dites matérielles se sont transformées
en infractions non-intentionnelles.

Le mécanisme joue essentiellement pour les infractions non-intentionnelles.

B. La faute personnelle du dirigeant


Le chef d’entreprise est déclaré pénalement responsable car on fait peser sur lui une faute
personnelle. Cette faute personnelle qui lui est reprochée est généralement une faute
d’omission. On lui reproche de ne pas avoir respecté les obligations légales et
réglementaires qui pesaient sur lui. Ici, le chef d’entreprise a été négligeant et n’a pas pris
toutes les mesures nécessaires pour éviter la survenance du dommage et dans ce cas-là, il a
commis une faute personnelle qui est susceptible d’engager sa RP. Cette exigence de
raisonnement démontre qu’à aucun moment la RP du dirigeant suit le modèle la R du fait
d’autrui car la R est fondée sur sa propre faute même si l’élément déclencheur a été commis
par qqn d’autre. C’est pourquoi, on peut retenir ici plusieurs RP : c’est la RP des auteurs
successifs. Dans ces hypothèses, on a un cumul des responsabilités.

C. Le concours de RP
La RP du chef d’entreprise est un mécanisme tout à fait compatible et favorable avec le
cumul de RP. Tout d’abord, on cumul, la RP du chef d’entreprise avec la RP du subordonné
auteur matériel de l’infraction. Mais on peut aussi ajouter un cumul des RP des auteurs
successifs (chaque personne ayant commis une faute personnelle engage sa RP sans que ces
différentes R exonèrent le chef d’entreprise de sa propre R). Cependant, l’étude de la jp
démontre que dans une hypothèse on favorise l’engagement exclusif de la RP du chef
d’entreprise lorsqu’il y a infraction sur la législation relative et la sécurité et à l’hygiène au L.
La jp a aussi précisé la nature de la RP du dirigeant.

D. La nature de la RP du dirigeant
La loi ne précise la nature de la RP du dirigeant. La jp ne le fait pas non plus de manière
directe. Il faut donc essayer de trouver des indications qui permettront d’en déterminer la
nature de manière indirecte. Pour cela, on se rapport ici au Code du travail et plus
particulièrement à l’article L4121-1 du Code du L. Cet article fait obligation à l’employeur de
« prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé ». Faut-il de
SEMESTRE 4

cet article en déduire un régime spécifique en DP ? Ce n’est pas tant l’existence de cette RP
qui est exceptionnelle mais le régime juridique qui est réservée par la jp. La jp considère que
dans le cadre des infractions commises par les subordonnés, la faute du dirigeant est
présumée. La fonction de la présomption est de renverser la charge de la preuve, cette
présomption opère un renversement de la charge de la preuve et c’est donc au dirigeant de
prouver qu’il n’a pas commis de faute et plus au Ministère public. Beaucoup d’auteurs
constatent que la faute qui pèse sur le chef d’entreprise est une présomption irréfragable.
Arrêt du 20 septembre 1980 : Il s’agissait d’un accident de L provoqué par un employé qui
avait plus de 20 ans de pratique professionnelle et qui avait désobéi à son employeur. On a
retenu la RP du chef d’entreprise. Les chefs d’entreprise doivent donc veiller
personnellement sur chaque employé dans l’accomplissement de sa tâche pour échapper à
sa RP. Cependant, les présomptions irréfragables ne sont pas autorisées en droit pénal en
vertu d’une jp émanant du CC, de la CEDH, les présomptions en droit pénal doivent céder
devant la preuve contraire.

II. L’exonération : la délégation de pouvoir


Un seul moyen permet aujourd’hui au chef d’entreprise d’échapper à la RP : il doit prouver
qu’il a délégué ses pouvoirs. En effet, il peut se trouver dans l’impossibilité matérielle de
surveiller la mise en œuvre de toutes les dispositions légales et réglementaires qui pèsent
sur lui. C’est pourquoi, la jp a admis que le chef d’entreprise puisse s’exonérer de sa RP
lorsqu’il délègue ses pouvoirs. Dans ce cas, la RP pèse sur le bénéficiaire de la délégation de
pouvoirs dans les mêmes conditions. Aucun texte ne prévoit l’existence de la délégation de
pouvoir. Cependant, la jp est ancienne en la matière. La délégation de pouvoir a été un
mécanisme en droit public et a été admise par un arrêt de principe du CE, 2 septembre
1892. En s’inspirant de ce mécanisme, la chambre criminelle a aussi admis la délégation de
pouvoir dans un arrêt de principe rendu le 28 juin 1902 : On voit que la chambre criminelle
admet la délégation de pouvoir qui opère un transfert de RP sur le représentant qui devient
« le chef immédiat avec la compétence et l’autorité nécessaire pour y veiller efficacement. »

A. Le fondement de la délégation de pouvoir


Cette délégation de pouvoir n’a pas été consacrée par un texte donc la légitimité du
mécanisme est puisée dans une jp constante depuis 1902. Cette absence de texte s’explique
par le fait que le dirigeant apprécie librement l’opportunité de la délégation de pouvoir et
aucun texte ne peut lui impose d’en effectuer une. Néanmoins, certains auteurs considèrent
que le mécanisme puise indirectement sa légalité dans un mécanisme prévu par le Code du L
à l’article 4741-1 du code du L. Cet article prévoit que la RP incombe aux employeurs et à
leurs représentants. La délégation de pouvoir n’étant pas défini par la loi, elle obéit à un
régime juridique qui est jptielle qui est donc évolutif. Cependant, on doit souligner l’effort et
la qualité de la jp pour à la fois définir la délégation de pouvoir ainsi que ses conditions. Mais
la délégation de pouvoir reste une décision personnelle du dirigeant, en aucun cas il ne faut
opérer un glissement qui conduirait à considérer que l’absence de délégation constituerait
une faute personnelle du dirigeant. La chambre criminelle a voulu le faire dans un arrêt du
1er octobre 1991. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau CP il y a un effort de qualité dans la
motivation de décisions.

B. La définition de la délégation de pouvoir


SEMESTRE 4

La délégation de pouvoir est un transfert de pouvoir exercé par le chef d’entreprise à un de


ses subordonnés. Le transfert de pouvoir au profit d’un salarié lui permet d’exercer
librement ses missions mais cela l’engage aussi car engage sa RP dans les mêmes conditions
que le chef d’entreprise.

1. Le domaine de la délégation
Ce domaine a beaucoup évolué car dans un premier temps, la chambre criminelle énumérait
les pouvoirs qui pouvaient être délégués. Un revirement a été opéré par la chambre
criminelle dans 5 arrêts en date du 11 mars 1993 : La chambre criminelle considère « sauf si
la loi en dispose autrement, le chef d’entreprise peut s’exonérer de sa RP s’il rapporte la
preuve qu’il a délégué ses pouvoirs à une personne pourvu de la compétence, de l’autorité et
des moyens nécessaires. » La chambre criminelle inverse les raisonnements car tous les
pouvoirs peuvent être délégués par le chef d’entreprise, sauf si la loi en dispose autrement.
On a pu voir apparaitre une nuance puisque dans un arrêt du 15 mai 2007, les juges ont
considéré qu’il y avait des pouvoirs réservés au chef d’entreprise et les pouvoirs visés par cet
arrêt sont notamment tous les pouvoirs en lien avec le fonctionnement des institutions
représentatives du personnel qui est un pouvoir propre de direction qui ne peut faire l’objet
de délégation de pouvoir.

2. Les personnes visées par la délégation


Le délégant, nécessairement, est le chef d’entreprise. En ce qui concerne le délégataire,
c’est une personne soumise à son pouvoir de direction, c’est un subordonné. Mais la
question est de savoir si ce subordonné doit appartenir à l’entreprise ou peut-il s’agir d’un
tiers ? Depuis un arrêt du 26 mai 1994, la CC admet que le chef d’une entreprise dominante
puisse déléguer ses pouvoirs au salarié d’une filiale. C’est une solution spécifique aux
groupes de sociétés mais a pu être élargie à d’autres domaines d’activité. Ainsi, on a pu voir
par exemple que dans le cadre des sociétés en participation dépourvues de personnalités
morales, dans cette hypothèse, il a été admis que les chefs de chacune de ses entreprises
puissent déléguer leurs pouvoirs à un coordonnateur unique. Arrêt de la chambre
criminelle du 9 juin 2009 : Le coordonnateur des travaux a été condamné pour HI. Il
anticipait les risques mais on a pu remarquer que l’ensemble des chefs d’entreprise lui
avaient délégué leurs pouvoirs en matière de sécurité.

3. La pluralité de délégation
La pluralité de délégation est-elle valable ? Deux types de pluralités de délégation peuvent
être notées :
● La pluralité de délégation verticale qui est exercée à travers la subdélégation ce qui
veut dire que le chef d’entreprise délègue ses pouvoirs à son directeur. Son directeur
décide à son tour de déléguer ses pouvoirs à son chef de service. Il n’est pas
nécessaire que le chef d’entreprise qui est le primo délégant autorise la
subdélégation.

● Le codélégation, la pluralité de délégation est ici horizontale. La codélégation n’est


admise que si elle porte sur des domaines différents. On ne peut pas déléguer le
même pouvoir à plusieurs personnes. La chambre criminelle explique que cela n’est
pas possible car ces personnes s’entraveraient mutuellement dans l’exercice de ces
SEMESTRE 4

pouvoirs. En revanche, on peut procéder à une codélégation dans des domaines


différents. L’important étant ici que le pouvoir doit être exercé de manière effective.
Toute délégation de pouvoir n’entraine pas l’exonération, seule la délégation de
pouvoir valable produit des effets et donc opère le transfert de RP.

C. Les conditions de la délégation de pouvoirs

1. Les conditions de forme


Le principe est que l’on n’impose aucune condition de forme à la délégation de pouvoirs car
en DP le principe est le principe de la liberté probatoire qui signifie que la preuve dans le
procès pénal peut être apporté par tous moyens. La délégation de pouvoir doit-elle être
écrite ? Non, car on ne peut pas lui imposer une forme. Néanmoins, si la preuve est libre, on
constate que la jp privilégie l’écrit car l’écrit vérifie en quelque sorte l’acceptation de la
délégation par le délégataire.

2. Les conditions de fond

a. Quant à la délégation elle-même


Toutes les entreprises peuvent mettre en œuvre des délégations et ce peu importe la forme
sociale, peu importe le domaine d’activité. Cependant, la délégation de pouvoir doit être
nécessaire, ce qui veut dire que le dirigeant ne doit pas pouvoir accomplir la totalité des
obligations qui pèsent sur le lui. Cela tient à la taille de l’entreprise. La délégation de pouvoir
n’est admise que dans les entreprises d’une taille suffisante.

La délégation ne peut pas porter sur la totalité des pouvoirs du chef d’entreprise. Par
exemple, le chef d’entreprise ne peut pas décider de déléguer à ses directeurs ses pouvoirs.

La délégation de pouvoir doit être précise et doit donc porter sur un pouvoir qui est
précisément désigné. Il y a par exemple, dans certaines entreprises des chartes générales de
délégations de pouvoir mais elles ne sont pas valables. La délégation de pouvoir doit être
dotée d’une part d’un objet précis, et d’autre part, d’un sujet précis.

La délégation de pouvoir doit être antérieur à la commission de l’infraction. Elle doit aussi
être durable et stable pour permettre au délégataire d’acquérir une compétence.

La délégation de pouvoir doit nécessairement être acceptée par le délégataire. Il faut


s’assurer de l’acceptation de délégation et cela est une application du principe de la légalité
pénale. Le chef d’entreprise ne doit avoir accompli aucun acte dans la commission de
l’infraction, si c’est le cas, on considère que la délégation de pouvoir a été violée et donc elle
n’est plus valable et le chef d’entreprise encore la responsabilité pénale pour l’acte (arrêt de
la chambre criminelle du 20 mai 2003).

3. Quant au délégataire
Les conditions qui doivent être remplies par les délégataires sont systématiquement
rappelées par tous les arrêts. Pour que la délégation de pouvoirs soit valable, le délégataire
doit être pourvu de la compétence, de l’autorité et des moyens nécessaires pour remplir la
mission qui lui ont été confié.
SEMESTRE 4

i. La compétence
La compétence vise l’état des connaissances techniques et juridiques du délégataire. Il s’agit
de prouver que les connaissances avaient un rapport avec l’objet de la délégation. Il devait
avoir une compréhension des obligations légales et réglementaires qui pèsent sur lui. On
vérifie sa formation professionnelle mais aussi sa formation continue.

ii. L’autorité
La condition de l’autorité se dédouble :
● D’une part, la personne doit disposer d’un pouvoir de commande et disciplinaire.
Ces pouvoirs se vérifient à l’égard des salariés placés sous l’autorité du chef
d’entreprise. Il doit pouvoir donner des ordres et adopter des sanctions disciplinaires
à leur égard.

● D’autre part, le chef d’entreprise doit disposer d’une autonomie à l’égard de sa


propre hiérarchie.

iii. Les moyens


La délégation de pouvoir ne peut exonérer le chef d’entreprise de sa RP que s’il a
concrètement et matériellement donné les moyens au délégataire de mettre en place la
mission qui lui a été confié. Les juges tiennent compte des moyens financiers, matériels et
personnels. La condition des moyens est la condition la plus discutées devant les juges.

III. Les effets de la délégation de pouvoir


La délégation de pouvoir emporte délégation de responsabilité. Ce qui est logique lorsqu’on
délègue le pouvoir et qu’on délègue les conséquences de son exercice. Pour le DP, c’est
important car cela veut dire qu’on transfert la RP qui pesait sur le dirigeant sur les épaules
du délégataire. À de très nombreuses reprises, les juges du fond ont rappelé les règles qui
doivent être appliquées ici :
● Tout d’abord, la RP du délégataire doit être engagée dans les mêmes conditions
qu’étaient engagée la RP du dirigeant. Cela veut dire que l’infraction commise par le
préposé peut donner lieu à la RP du délégataire.

● Ensuite, ce mécanisme est un mécanisme de substitution car le délégataire se


substitue au chef d’entreprise. Si on retient la RP du délégataire, il faut exonérer le
chef d’entreprise. La RP est une RP exclusive du délégataire. Il n’est absolument pas
possible de cumuler la RP du chef d’entreprise et la RP du délégataire pour la même
faute. Arrêt du 14 mars 2006 : Les juges du fond avaient constaté que la délégation
de pouvoir était valable. Ils avaient retenu la RP du délégataire et celle du chef
d’entreprise. La CC a cassé l’arrêt en rappelant que ce système de RP est exclusif. En
revanche, si on peut retenir des fautes différentes, on peut cumuler leur RP.

SECTION 3 : La complicité


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La complicité illustre une certaine hiérarchie entre les participants à l’infraction parce que le
complice est un participant accessoire par rapport à l’auteur de l’infraction principale. Mais
le droit français a retenu un système d’unité entre l’infraction principale et la complicité. La
complicité dépend de l’infraction principale. La complicité n’est pas une infraction
autonome. Cette idée commande la définition de la complicité ainsi que son régime
juridique.

Selon l’article 121-7 du CP, et l’article R610-2 du CP, ces deux conditions exigent l’existence
d’une infractions principale punissable et la commission de certains actes de complicité.

§1 : Une infraction principale punissable


Il n’existe pas de complicité sans infraction principale punissable. C’est pourquoi on dit que
la complicité est régie par la règle de l’emprunt de criminalité. Si les faits principaux ne
constituent pas une infraction, la complicité n’est pas punissable. L’article 121-6 prévoie les
règles de répression de la complicité et l’article 131-6 prévoie qu’est puni le complice de
l’infraction. D’autre part, s’il est vrai que l’infraction ne doit pas être punie, elle doit être au
moins être punissable.

I. La nature de l’infraction principale


La complicité de crime et délit est punissable en général. Mais l’article 121-7 distingue deux
types de complicité. Ces deux types de complicité ne sont pas punis de la même manière
selon la classification tripartite. Il y a ici l’introduction d’une forme de hiérarchie entre les
actes de complicité. La première forme de complicité est la complicité par instigation est
définie à l’article 121-7 al. 2 est punie pour les crimes, délits ou contraventions. La deuxième
forme de complicité est la complicité par collaboration défini à l’article 121-7 al. 1er. Cette
complicité ne vise que les crimes et délit mais peut être punie dans le domaine
contraventionnel que si elle expressément est prévue par un texte.

II. Les caractéristiques de l’infraction principale


L’infraction principale doit être punissable mais ne doit pas être punie. On doit donc établir
un lien objectif entre les actes et non un lien subjectif entre les protagonistes. Ce qui compte
est qu’une qualification pénale puisse être retenue même si l’auteur principal n’est pas puni.

A. Un fait principal punissable


On applique ici strictement la règle de l’emprunt de criminalité. La complicité tire sa
criminalité de l’infraction principale.

1. La qualification principale
Si le fait principal n’est pas ou n’est plus punissable, la complicité ne peut pas être punie non
plus. Par exemple, la prescription de l’infraction principale. La prescription éteint l’action
publique ce qui veut dire que la complicité ne peut plus être poursuivie. Tout ce qui permet
au fait principal de redevenir normal, se répercute sur la complicité. Mais cela veut aussi dire
que l’acte de complicité endosse la criminalité de l’infraction principale même si le complice
ne pouvait commettre l’infraction. Arrêt du 19 mars 2008 : Dans le cadre d’une infraction
d’habitude, si le complice participe à un seul acte peut-on le punir ? La chambre criminelle
a donné une réponse positive. Une personne exerçait illégalement la profession de banquier,
l’exercice illégal de profession est une infraction d’habitude. Les juges du fond affirment que
SEMESTRE 4

« Le complice empreinte sa criminalité au fait principal initial ». La chambre criminelle a dit
que la répétition n’est pas exigée pour la complicité mais seulement pour l’infraction
principale.

2. La complicité de tentative
Lorsqu’on parle d’infraction principale punissable on entend les infractions consommées et
celles tentées. On peut être complice d’une tentative. Arrêt de la chambre criminelle du 12
décembre 2007 : La fille poursuivie. A été poursuivie pour tentative de destruction
volontaire, il y avait un commencement d’exécution. Mais le projet n’avait pas abouti en
raison de circonstances indépendantes de sa volonté. La complicité de tentative est
punissable. En revanche, la tentative de complicité n’est pas punissable. L’hypothèse de la
tentative de complicité est l’hypothèse où l’infraction principale n’est jamais entrée en
phase de commencement d’exécution. C’est pourquoi, les juges considèrent que le complice
a tenté de se rendre complice d’une infraction qui n’a jamais existé. Cependant, le
législateur peut considérer que dans certaines hypothèses l’instigateur est dangereux,
tellement dangereux qu’il faut réprimer ses actes de manière autonome.

3. Répression autonome de certaines provocations


La loi a décidé d’incriminer certaines provocations de manière autonome afin de ne pas
attendre qu’il y ait passage à l’acte. Le législateur peut décider de punir de manière
autonome la provocation. Dans la loi du 31 décembre 1987 a réprimé de manière
autonome la provocation au suicide par exemple. L’article 221-5-1 du CP a été introduit par
la loi du 9 mars 2004, l’article puni la personne qui provoque la commission d’un assassinat
ou d’un empoisonnement alors même que cet acte n’aurait été ni commis, ni même tenté.
Cette provocation est punie de 10 ans d’emprisonnement. Néanmoins, il faut apporter deux
précisions importantes :
● Une précision terminologique : Dans un grand nombre de manuel ce dispositif de
l’article 121-1-5 est appelé le mandat criminel qui correspond à la provocation de
commettre tout crime.

● Le dispositif mis en œuvre dans cet article vise spécifiquement l’assassinat et


l’empoisonnement ce qui veut dire que de nombreux autres actes y compris des
crimes ne peuvent pas se voir accomplir cet article.

B. L’infraction principale n’a pas à être punie


Cela veut dire que l’auteur principal n’a pas à être puni. La qualification est suffisante. En
revanche, les RP de l’auteur principal et du complice sont personnelles à chacun d’entre eux.
On a donc de nombreuses hypothèses où on peut punir le complice mais pas l’auteur
principale. Les hypothèses les plus fréquentes sont celles dans lesquelles l’auteur principal
reste inconnu mais on connait le complice, hypothèse où l’auteur est mort ou alors
hypothèse où l’auteur principale bénéfice d’une cause subjective de responsabilité. Toutes
les causes personnelles à l’auteur principal ne rejaillissent pas sur le complice. Il faut
distinguer deux hypothèses :
SEMESTRE 4

● Hyp 1 : Absence de répression de l’auteur principal est justifiée par l’absence de
l’infraction. Ici, on doit considérer que la complicité n’est pas punissable. Application
de cette règle dans un arrêt du 27 juin 1967.

● Hyp 2 : Une infraction principale a été commise mais il est impossible de condamner
l’auteur principal. Arrêt du 31 janvier 1996 : La chambre criminelle accepte que
l’instigateur qui est complice soit condamné pour l’infraction commise.

L’arrêt du 8 janvier 2003 semble avoir brouillé la frontière entre ces deux hypothèses. Ici, on
a une implication et des poursuites sont engagées à l’encontre de l’auteur du trafic et de
l’organisateur du trafic qui voit sa RP engagée en vertu de la complicité/ les juges du fond
considèrent que l’auteur principal doit être relaxé pour défaut d’intention coupable mais
l’organisateur sera condamné pour complicité. Dans cet arrêt la chambre criminelle a porté
atteinte à la règle des articles 121-6 et 121-7 du C en violant la légalité pénale.

§2 : Les actes de complicité

L’article 121-7 du CP donne une liste limitative des actes de complicité.

I. La nature des actes de complicité


L’article 121-7 distingue deux types de complicité.

A. La complicité par instigation


Le choix de politique pénal de droit français est de considérer que l’instigateur est un
complice. Dans de nombreux autres droits, il est considéré comme l’auteur. L’instigation est
définie à l’al.2. Il faut insister sur la conjonction de coordination « ou » dans cet al. Deux
formes d’instigation peuvent être mises sur le même plan.

1. La provocation
La provocation est définie à l’al. 2. La provocation intervient par un des actes figurant à la
liste limitative contenu dans l’article. La P doit être circonstanciée. La P doit nécessairement
être suivie d’effets, donc elle doit déterminer le comportement de l’auteur principal. Elle
doit être suivie soit de l’infraction consommée, soit au moins d’une tentative. En revanche,
s’il n’y a pas de passage à l’acte, on ne peut pas la punir. C’est pourquoi, le législateur pour
parer à cette difficulté, a prévu dans certaines hypothèses de punir la provocation alors
même qu’elle ne serait pas suivie d’effets : c’est l’incrimination autonome de la
provocation. Sure la liste on a plusieurs comportements qui sont visés, ils ne posent pas
toutes les mêmes difficultés d’appréciation. On a tout d’abord le don et la promesse (remise
d’argent), ensuite, il y a la menace qui vise la personne elle-même, il y a ensuite l’abus
d’autorité ou de pouvoir (arrêt de la chambre criminelle du 15 mai 1987 : Un responsable
syndical a organisé certaines actions et a incité les salariés grévistes à commettre des
violences à l’encontre des salariés non-grévistes).
SEMESTRE 4

L’ordre a été interprété largement par le JP pour retenir un grand nombre de participants
dans le cadre de la R pénale. On voit un élargissement dans l’interprétation de l’ordre en
deux étapes :
● Arrêt du 6 juin 2000 : Le conducteur a été poursuivi pour délit de risque causé à
autrui. Le maire a été poursuivi au titre de la complicité par instigation car on lui a
reproché la provocation par ordre. Les juges du fond ont retenu la RP du maire ce qui
a été approuvé par la CC. Le lien de subordination hiérarchique entre l’instigateur et
l’auteur principal permet d’expliquer cette solution jptielle. Mais la chambre
criminelle a choisi d’aller plus loin et de retenir l’ordre alors même qu’il n’y a pas ce
lien de subordination hiérarchique.

● Arrête du 18 mars 2003 : Le conducteur a été poursuivi pour violences volontaires


aggravées. Ce qui est intéressant et que l’on a poursuivi le passager pour avoir donné
l’ordre, au titre de la complicité par provocation par ordre. Il n’y avait pas de relation
hiérarchique entre ces deux personnes. Pourtant, la chambre criminelle a approuvé
les juges du fond qui ont retenu en l’espèce la provocation par ordre.

L’ordre aujourd’hui se défini comme l’injonction de commettre un acte précis adressé à une
personne déterminée.

2. Les instructions
La fourniture d’instruction est sanctionnée en elle-même ce qui veut dire qu’elle ne doit pas
recevoir une forme particulière comme la provocation. Elle n’est pas définie dans le texte,
pourtant la doctrine propose une définition : les instructions sont constituées par des
directives claires et précises. On doit retenir ici des directives et les simples conseils ne
suffisent pas. La chambre criminelle dans un arrêt du 31 janvier 1974 a rappelé que les
instructions consistent à donner des renseignements ou des directives de nature à faciliter la
commission de l’infraction qu’elle qu’en soit le mode d’exécution.

B. La complicité par collaboration


Cette complicité est définie à l’article 121-7 al. 1er. L’al. est rédigée ainsi « Celui qui par aide
ou assistance en a facilité la préparation ou la consommation. » La conjonction « ou »
permet de mettre sur le même plan deux types de collaborations.

1. Définition des actes de collaboration


Dans la collaboration, le premier type de comportement est constitué par l’aide ou la
consommation. L’aide est relative à la préparation de l’infraction. Le deuxième type de
collaboration qui est l’assistance, survient à la commission de l’infraction et c’est un acte
concomitant à l’infraction principale. La complicité le plus répandue est la fourniture de
moyen. Mais on peut aussi avoir des hypothèses plus originales dans le cadre de la
complicité. Par exemple, dans l’arrêt du 14 décembre 2010 : Un individu consomme
beaucoup d’alcool et demande à son ami de lui prêter son véhicule. L’amis a refusé à
plusieurs moments mais a cédé ensuite. Les amis mettent leurs ceintures mais pas le
conducteur ivre. Un des amis qui n’a pas mis la ceinture est décédé. Ici, l’ami qui a prêté le
véhicule, sa R a été retenue. Cet ami a été poursuivi pour complicité de conduite sans permis
et a été condamné.
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La fourniture de moyen est punie en elle-même, peu importe que les moyens n’aient pas été
utilisés ou qu’ils aient été inefficaces.

II. Les caractéristiques des actes de complicité


Dans la collaboration, les conditions sont nécessairement remplies. Cela veut dire que les
juges ne les vérifient pas. En revanche, dans le cadre de la collaboration doivent
systématiquement être vérifiées par les juges. Les 3 caractéristiques rappelées par la jp
sont :
● Les faits positifs

● Antérieurs ou concomitants

● Conscients

A. Les actes de complicité doivent être des actes positifs


Traditionnellement, la chambre criminelle considérait que l’acte de complicité engageait la R
à condition qu’il soit positif et qu’il ne résulte pas d’une simple abstention. Cette interdiction
judicaire d’assimilation de l’omission à la commission rejailli sur la complicité. Cependant, on
a pu noter certains assouplissements et ceux-ci s’élargissent. Pourquoi ? Certaines
abstentions, lorsqu’elles résultent de la volonté de la personne de ne pas remplir une
obligation qui pèse sur elle, peuvent être constitutives d’acte de complicité. Il est très facile
de caractériser ces abstentions à l’égard des professionnels. Dans ces hypothèses, on a
considéré que lorsque le tiers a connaissance de l’infraction projeté et qu’il garde le silence,
on peut retenir la complicité (Arrêt du 10 avril 1975). Ici, c’est une hypothèse de laisser faire
en toute connaissance de cause. Mais l’assouplissement de la règle apparait dans le cadre de
professionnels car ils sont soumis à certaines obligations. Cependant, cet assouplissement a
été généralisé. Arrêt du 4 mars 1994 : Des parents voulaient tuer leur nouveau-né, le père
décide de le jeter dans un canal et la mère ne s’y oppose pas. La mère est donc complice
d’assassinat. La loi évolue aussi, même si l’article 121-7 continue d’exiger un acte positif, il
existe des hypothèses où on reconnait la complicité par abstention. Ainsi, la loi du 10 août
2010 dans le CP l’article 213-4-1. Cet article prévoit qu’on peut considérer comme complice
d’infractions commises par ses subordonnés, le chef militaire qui soit savait, soit aurait dû
savoir que ses subordonnés allaient commettre ce crime et qu’il n’a pas pris les mesures en
vue de les en empêcher.

B. Les actes de complicités doivent être des actes antérieures ou concomitants à la


réalisation de l’infraction
En principe, les actes postérieures à la réalisation de l’infraction échappent à la complicité.
Néanmoins, il y a une difficulté qui survient à propos d’actes se plaçant après la commission
de l’infraction. La jp a admis un assouplissement à cette règle. Lorsque l’acte de complicité
est postérieur à l’infraction mais qu’il intervient en exécution d’un accord préalable à celle-
ci, il est possible de retenir la complicité (Arrêt du 30 avril 1963).

C. Les actes matériels doivent être faits en toute connaissance de cause


On voit cette condition à l’al. 1er. Pour l’instigation on considère que cette conscience est
comprise dans la nature même de l’instigation car la provocation et les instructions servent à
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commettre les infractions. Pour la collaboration, il faut donc vérifier en quelque sorte
l’élément moral de la complicité qui est la volonté du complice. Il faut faire attention car le
complice ne doit pas partager l’élément moral de l’infraction principal. L’élément moral de la
complicité ne se confond pas avec l’élément moral de l’infraction principale. La difficulté
majeure ici est celle de la preu :ve. C’est pourquoi, la chambre criminelle a opéré un
assouplissement de la preuve lorsque l’acte de complicité émane d’un professionnel. Elle
considère que la connaissance de l’infraction principale ne pouvait leur échapper et leur
participation est nécessairement consciente. Arrêt du 31 janvier 2007 : Un expert-
comptable certifie des comptes sincères qui ne l’étaient pas. Les juges ont donc retenu sa
complicité. Dans certaines hypothèses, l’infraction projetée dans l’esprits du complice ne
coïncide pas avec l’infraction effectivement réalisée. Dans l’hypothèse d’une discordance,
peut-on retenir la RP du complice ? La solution de principe est une solution donnée dans un
arrêt de principe du 31 décembre 1947 : « Le complice devait prévoir toutes les
qualifications dont le fait était susceptible, toutes les circonstances dont il pouvait être
accompagné. » Cela veut dire que toutes les complications doivent être prévisibles pour le
complice et en endosse la RP. Néanmoins, il faut toujours s’assurer de l’existence de
l’intention du complice. Il faut tout de même distinguer deux hypothèses :
● Discordance totale

● Discordance partielle

1. Discordance totale
L’hypothèse de la DT est celle où il n’y a aucun rapport entre l’infraction à laquelle le
complice veut participer et l’infraction qui a été effectivement réalisée. Du point de vue
juridique, l’infraction consommée n’a pas de rapport avec l’infraction à laquelle le complice
voulait se joindre. L’infraction à laquelle il veut participer n’est même pas entrée en voie de
commencement d’exécution. Dans cette hyp. on considère que la complicité ne peut être
retenue. Arrêt du 10 mars 1977 : Une personne confie une arme à un tiers pour aller le
lendemain faire pression à l’égard d’un débiteur. L’homme de main, se dispute avec le
gardien de l’immeuble, sort l’arme de sa poche et le tue. Celui qui a fournis l’arme peut-il
voir sa RP engagée au titre de la complicité ? La chambre criminelle considère que dans
cette hyp. il est impossible de retenir la RP du complice parce que l’infraction projetée par lui
n’est pas entrée en phase de commencement d’exécution. Une complicité, ici, en l’absence
d’un fait principale punissable, on ne peut pas retenir la RP complice : c’est la tentative de
complicité.

2. Discordance partielle
La DP porte sur les moyens d’exécution de l’infraction. L’infraction n’est pas consommée de
la manière prévue par le complice. Néanmoins, on peut retrouver ici un schéma commun.
Arrêt du 31 janvier 1974 : Deux codétenus partageaient la même cellule. Un des codétenus
est tombé amoureux de la sœur de l’autre codétenu. Lorsqu’il a été libéré la relation a
continué. Mais la sœur était mariée. Le frère et l’amant ont décidé de supprimer le mari et
ont prévu de mettre en scène une agression de nuit. Entre temps, le frère est parti et le mari
a pris connaissance de la relation extra conjugale de sa femme. L’amant s’est donc introduit
dans la maison et a tué le mari. Il a été tué par des moyens différents. On condamne
l’auteur de l’infraction principale mais des poursuites sont aussi engagées à l’encontre du
complice au titre de l’instigation et des instructions qu’il avait donné pour commettre l’acte.
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Les juges ont retenu la complicité du frère et la chambre criminelle a approuvé cet arrêt car
l’infraction commise correspond à l’infraction projetée par le complice. La discordance se
basait sur les moyens d’exécution. Il y a donc une discordance partielle qui portent sur les
moyens d’exécution de l’infraction ce qui ne permet pas de s’exonérer de sa RP.

III. Des applications particulières de la complicité


On peut retenir la complicité mais on doit émettre un raisonnement particulier.

1. La complicité indirecte
Ce sont des actes de complicité commis par des personnes qui ont un rapport lointain avec
l’auteur de l’infraction principale. L’article 121-7 n’exige pas un rapport direct de complicité.
La chambre criminelle a confirmé cette solution dans un arrêt du 15 décembre 2004 : Il
s’agissait de l’employé d’une société d’assurance qui montait de faux dossiers de crédit. Le
juges le condamne pour complicité d’escroquerie. Les juges affirment plusieurs règles :
● La répression de la CI est générale et s’applique donc à toutes les infractions

● Les juges visent l’article 121-7 ce qui veut dire que la CI peut être punie dans le cadre
de l’instigation que dans celui de la collaboration
● La chambre criminelle semble mettre l’accent sur deux nouvelles conditions :

⮚ Le rapport causal entre l’acte de complicité et l’infraction principale, cela veut


dire que les juges doivent scruter les rapports objectifs et non les rapports
entre le complice et l’auteur principal

⮚ L’élément intentionnel qui anime le complice, il doit se joindre en toute


connaissance de cause au projet criminel. Son attention doit-elle être
déterminée ou indéterminée ? Aujourd’hui, on peut se contenter d’une
intention indéterminée. Il suffit donc que le complice veuille participer au
montage in fractionnelle.

Arrêt du 15 janvier 2017 : La chambre criminelle confirme d’une part la répression de la


complicité par abstention et d’autre part, la répression de la CI.

2. La complicité des infractions non-intentionnelles


Il parait difficile de retenir la complicité dans le cadre des infractions non intentionnelles car
dans le cadre de ces infractions on punit l’imprudence. La CC a posé le principe de
répression de la complicité dans le cadre des infractions non intentionnelles dans un arrêt
de principe du 4 février 1898 : Les dispositions relatives à la complicité sont « générales ».
On est ici dans le cadre particulier de la faute délibérée. Dans le cadre de cette faute, la
violation de la règle est manifestement délibérée. Cette répression a été confirmé par un
arrêt du 13 septembre 2016 : Une séance d’épilation au laser. A la suite de cette séance la
patiente a eu des brulures cutanées. Le gérant de la société a été poursuivi mais le médecin
responsable a été poursuivi pour complicité d’exercice illégale de la médecine et pour
atteinte involontaire d’intégrité de la personne. Pour la complicité pour atteinte involontaire
à la complicité de la personne été reproché au seul médecin. Puisqu’il y avait eu un
manquement à l’obligation de prudence et de sécurité, le médecin avait l’obligation
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d’intervenir, ce qu’il n’avait pas fait et on a donc retenu la RP pour complicité de la faute
délibérée.

3. La présomption de complicité de violence volontaire


C’est une solution originale qui tient compte d’un pb qui est celui de happy-slaping
(« joyeuse-gifle »). On avait une difficulté car on aurait pu soit :
● Considérer que celui qui film était coauteur, sauf que d’un point d vue juridique on
ne peut pas retenir sa RP car il n’a aucun acte de participation matérielle

● Retenir une incrimination autonome

● Considérer que la personne qui film l’agression entre dans le cadre de la complicité
sauf que ce comportement ne remplit pas les formes de la complicité

C’est pourquoi la loi du 5 mars 2007 a introduit l’article 222-33-3 dans le CP. Cet article
introduit une présomption légale de complicité. Ainsi, cet article considère qu’on peut
retenir comme étant complice de l’infraction principale commise le fait qu’une personne
enregistre sciemment par quelque moyen que ce soit sur tout support, des images relatives
à la commission de certaines infractions. Dans cette hypothèse, celui qui film est considéré
comme complice car cela veut dire qu’il encore les mêmes peines que celles prévues pour
l’infraction principales. Deux possibilités sont laissées à la personne pour s’exonérer de sa
RP :
● Lorsque l’enregistrement résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour
résultat d’informer le public (profession de journalisme

● Pour servir de preuve en justice, si on veut que l’enregistrement serve de preuve on


doit le communiquer aux autorités et non au public. Dans cette hypothèse, la loi a
prévu que la diffusion de cet enregistrement constitue un délit distincte puni de 5
ans d’emprisonnement.

La création de la présomption légale de complicité démontre la volonté du législateur de


retenir une solution très répressive. On punit celui qui enregistre aussi sévèrement que celui
qui commet l’infraction car souvent l’enregistrement est le mobile véritable de l’infraction
principale. Le texte met l’accent sur l’élément intentionnel de la complicité car
l’enregistrement doit être fait en toute connaissance de cause. Mais il suffit qu’il y ait une
intention indéterminée. On considère que le complice engage sa R pour toutes les
circonstances ayant entourées l’infraction principale même celles qu’il n’a ni prévu ni même
voulu.

§3 : La répression de la complicité

La répression de la complicité avec le nouveau CP. Avant le nouveau CP, on appliquait le


principe de l’emprunt de pénalité. Cela voulait dire qu’on punissait le complice comme
l’auteur principal. Le doyen Carbonnier disait que l’auteur principal et le complice étaient
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cousus dans le même sac. Le nouveau CP applique le principe de l’assimilation du principe à


un auteur. L’article 121-6 dispose que « Le complice st puni comme auteur de l’infraction
principale. » Cela veut dire qu’on a rompus tous liens pouvant exister entre l’auteur principal
et le complice, on maintient simplement le lien entre les actes. Néanmoins, la répression des
actes de complicité diffère selon. Leur nature. Ainsi, la complicité par instigation est punie
pour toutes les infractions, alors que la complicité par collaboration n’est punie en principe
que dans les domaines criminels et délictuelles. Pour être punie dans le domaine
contraventionnel, le législateur doit le prévoir expressément. Par exemple, l’article R625-1
al.3 du CP prévoit la complicité de violence volontaire par aide ou assistance. On a des
difficultés quant à l’application des causes d’irresponsabilité dans le cadre de la complicité.
S’il s’agit d’une cause objective d’irresponsabilité ou de circonstances aggravantes, on va
distinguer selon leur caractère objectifs ou personnels pour savoir s’il elle produisent des
effets sur la complicité. Pour les circonstances aggravantes personnelles et pour les causes
subjectives d’irresponsabilités elles sont propres à leur auteur et ne se transmettent pas au
complice. De la même manière, les circonstances aggravantes personnelles ne se
transmettent pas au complice. En revanche, les causes objectives d’irresponsabilité ainsi que
les circonstances aggravantes réelles qui prennent leur source dans les actes se transmettent
au complice.

La complicité est un système complexe car il repose sur le lien intrinsèque entre l’infraction
principale et l’acte de complicité. Le législateur a choisi de maintenir ce lien entre l’infraction
principale et la complicité dans le cadre du nouveau CP. La complicité reste encore
aujourd’hui une modalité de participation accessoire à l’infraction.

D’autres entités peuvent-elles voir leur responsabilité pénale engagées ?

CHAPITRE 2 : La responsabilité pénale des personnes morales

La RP des personnes morales a été introduite dans le nouveau CP.

SECTION 1 : Le principe de la responsabilité morale des personne morales

Le droit pénal issus de l’ancien CP était légaliste et rationaliste on retenait la RP de la


personne car elle avait choisi de violer le pacte social. Une personne collective est-elle
capable d’exprimer sa volonté de violer le pacte social, hypothèse dans laquelle on
pourrait retenir sa RP ? Ce raisonnement qi refuse la RP des personnes morales a dominé
tout le 19ème et le 20ème siècle.

§1 : Les arguments traditionnels défavorables

Le principe fondamental est l’article 121-1. Ce principe nourrit l’idée selon laquelle le
groupement en tant que tel ne peut pas engager sa RP. Les juristes du 19 ème siècle ont
systématiquement rejeté la RP des personnes morales en retenant des arguments
défavorables :
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● Le groupement était une fiction juridique donc incapable de volonté personnelle et


sans cela on ne peut pas lui imputer l’infraction
● On observait que la personnalité morale en droit civil suppose l’existence d’un objet
social licite. La volonté de la personne morale étant représentée par son objet social,
elle ne pouvait jamais devoir commettre l’infraction.
● L’inadéquation des peines : Le CP de 1810 avait conçu de nombreuses peines portant
atteintes aux personnes et on mettait l’accent sur les peines privatives de liberté
● La RP de la personne morale risquait de porter atteinte au principe de RP pénale
personnelle car en rendant la personne morale pénalement responsable, on allait
appliquer une peine qui allait frapper indistinctement tous ces membres.

Arrêt du 8 mars 1983 : « L’amende est une peine et cette peine est personnelle. » Elle ne peut
être prononcée contre un être moral, lequel ne peut encourir qu’une RC.

L’ordonnance du 5 mai 1945 déclare pénalement responsable les entreprises de press


coupables de collaborations avec l’ennemi.

§2 : La consécration de la notion

On a plusieurs plaidant en faveur de la RP de la personne morale :


● Argument historique : La RP des personnes morales n’est pas totalement connue en
droit français car elle était appliquée dans l’ancien droit. L’ordonnance criminelle de
1670 prévoyait la RP des communautés, bourgs et villages
● Argument de droit comparé : Les pays de droit anglo-saxon appliquent la RP des
personnes morales avec des résultats répressifs intéressants.

La théorie de la réalité a été consacrée par les chambres réunies de la CC car on considère
qu’une personne morale a une volonté et un patrimoine propre et qu’elle est dotée de
moyens d’expression indépendants. Ensuite, chaque argument défavorable a été démontés
par la doctrine. Concernant l’argument de l’objet social licite, la doctrine a démontré que
l’objet social peut être dévoyé de sa définition initiale et dans cette hypothèse participe à la
commission de l’infraction. Ensuite la RPPM ne viole pas le principe de la RP personnelle car
une peine provoque toujours des effets sur son entourage. Concernant l’inadéquation des
peines, on introduire des nouvelles peines adaptées aux personnes morales.
La PM pouvait être partie civile mais ne peut être visée par l’action pénale ce qui conduit à
une inégalité. Existe une pratique constituait une violation de la RP s’est beaucoup
développée. Comme on n’avait pas la RP des personnes morales, on engageait la RP des
dirigeants. Le professeur Gaston Jèze a dit qu’il n’a « jamais déjeuné avec une personne
morale ». Ici, on assistait sur la réalité économie qui met les personnes morales au centre de
leur activité. Le nouveau CP a décidé d’introduire le principe de RP de la personne morale. Le
garde des Sceaux indiquait que « Les personnes morales qui agissent dans les mêmes
domaines que les personnes physiques doivent subir les mêmes contraintes juridiques
qu’elles. »
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SECTION 2 : Application de la RP des personnes morales

Depuis le nouveau CP, certains auteurs rappellent que le nouveau CP n’a pas été soumis au
contrôle de constitutionnalité et certains auteurs soutenaient l’inconstitutionnalité du
dispositif de la RP des personnes morales. Le CC a indirectement admis la constitutionnalité
du mécanisme dans une décision du 5 mai 1998. Il valide donc certaines peines pouvant être
appliquée au PM.

§1 : Le champ d’application

La RP des PM est définie à l’article 121-2 du CP. Le nouveau CP a d’emblée installé une R
quant aux personnes morales concernées mais spéciale quant aux infractions visées.
Aujourd’hui, la RP des PM est devenue générale d point des personnes comme du point de
vue des infractions.

I. Les personnes morales visées


Le législateur a voulu privilégier le principe d’égalité de toutes les personnes devant la loi
pénale.

A. Les personnes morales de droit public


Toutes les PM de DP peuvent voir leur RP engagé mais le texte procède à une exclusion et à
une exception :
● Exclusion : L’E ne peut jamais voir sa RP engagée car d’une part c’est une nouvelle
manifestation du principe de la légalité pénale. La RP de l’E porterait atteinte à la
séparation des pouvoirs.

● Exception : L’article 121-2 al.2 prévoie un mécanisme exceptionnel pour les CT. 

Aujourd’hui, on constate qu’il y a une convergence de la jp criminelle et du CE et cette


définition figure aujourd’hui à la loi du 11 décembre 2001. Mais en DP on continue d’utiliser
la définition tirée d’un arrêt de principe du 12 décembre 2000 : la chambre criminelle défini
les activités susceptibles de faire l’objet de délégation de service public qui doivent être
déterminé en fonction de leur nature, en l’absence de dispositions légales ou règlementaires
contraires et si l’activité peut rémunérer le délégataire pour une part substantielle. On
considère comme activité délégable la gestion de certains services. En revanche, on a des
activités qui part nature ne peuvent être délégués qui sont toutes les activités qui participent
des pouvoirs régaliens de l’E.

Concernant les activités scolaires, elles ne peuvent faire l’objet de délégation. Pour les
activités périscolaires, on se demande si elles pouvaient être déléguées ? La chambre
criminelle a donné une réponse de principe dans son arrêt du 12 décembre 2000 : La
chambre criminelle a cassé l’arrêt en énonçant que « l’exécution même u service périscolaire
qui participe du service de l’enseignement public n’est pas par nature susceptible de faire
l’objet de délégation de service publics. » Ici, on ne peut pas engager la RP de la CT. La
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chambre criminelle indique que « l’exécution ne peut être déléguée » car il faut distinguer
entre l’organisation de l’activité et l’exécution de l’activité. Dans certaines hypothèses, il est
possible de déléguer l’exécution mais on garde le pouvoir de l’organisation de l’activité. Dans
ce cas-là, si la faute est commise dans l’organisation étant insusceptible de délégation, on ne
peut pas retenir la RP. Arrêt du 6 avril 2004 : On a poursuivi le département pour HI. Mais si
le département peut déléguer l’exécution du transport scolaire, il ne peut pas déléguer
l’organisation du transport scolaire.

B. Les personnes morales de droit privé


L’objectif de la réforme du CP était de viser la RP des sociétés. On considère donc que toutes
PM de droit privé peut voir sa RP engagée. Il peut s’agir se sté à caractère industriel,
commercial ou financier. Il peut s’agir de personnes morales à but lucratif ou non et surtout,
peu importe la forme de la sté. La seule exigence est l’existence de la personnalité morale. Il
y a donc des difficultés dans la phase de constitution ou dans la phase de disparition de la
PM. Il est impératif de vérifier que le groupement était bien doté de la personnalité
juridique :
● La société en participation n’est pas dotée de la personnalité morale

● La fusion-acquisition : L’infraction est commise par une sté absorbée par une autre
société. Peut-on retenir la RP de la sté absorbante pour cette infraction ?
⮚ Hypothèses dans laquelle l’infraction a été définitivement jugée à l’égard de
la sté absorbée.

⮚ Hypothèse dans laquelle la procédure pénale est en cours : la sté absorbante


peut-elle se substituer à la sté absorbée. La chambre criminelle dans un arrêt
du 14 octobre 2003 : La chambre criminelle a cassé l’arrêt sans renvoie car le
principe de RP personnelle s’oppose à ce que la RP de la sté absorbée soit
transférée à la sté absorbante.
La CJUE dans un arrêt du 5 mars 2015 a considéré que la fusion par absorption entraine la
transmission de l’obligation de payer une amende infligée par une décision qui interviendrait
l’opération. La chambre criminelle de la CC s’est prononcée dans un arrêt du 25 octobre
2016 va à l’encontre de la jp européenne en considérant que l’article 121-1 s’interprète
comme interdisant que des poursuites soient engagées à l’encontre de la sté absorbante. La
CC précise qu’il faut tenir compte de la date radiation de la sté au registre du commerce et
des stés.

II. Les infractions visées

Le champ d’application de la RP des personnes morales était déterminé par les personnes
visées et par rapport aux infraction ns visées. Si le champ d’application du point de vue des
personnes visée est resté stable cela n’est pas le cas du l’autre. La RP des personnes morales
veut dire qu’elle ne pouvait être engagé que dans l’hypothèse dans laquelle le législateur
l’avait prévu. Cela signifie que le législateur a fait le choix de choisir infraction par infraction,
incrimination par incrimination dans quelles hypothèses on pouvait engager la RP des
personnes morales. Les juges dans un arrêt du 18 avril 2000 ont affirmé que lorsque le texte
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d’incrimination vise comme auteur « toute personne » cela ne serait entrainer la RPPM car
pour elles il faut une disposition expresse. Mais le législateur a fait un effort pour prévoir
cette R dans un grand nombre de cas. Néanmoins, ce système présentait 3 défauts majeurs :
● Manque de clarté et de cohérence du système car dans certaines hypothèses le
législateur avait prévu la RPPM alors qu’il l’avait oublié dans d’autre cas. Le
législateur avait envisagé la RPPM pour l’infraction de viol en revanche, lorsqu’on a
fait le bilan des 5 d’application de la nouvelle loi sur la RPPM on s’est aperçu que le
domaine privilégié est le droit pénal du L.

● Le législateur devait le prévoir à l’avance, or il oubliait de le prévoir à l’avance dans


un certain nombre de cas. En vertus du principe de légalité et de son corolaire qui est
l’interprétation stricte de la loi pénale, le juge ne pouvait pas corriger ces défauts
donc ils demeuraient en droit positif

● Dans un certain nombre de cas, pour refuser l’impunité, le juge appliquait le texte
prévu pour une situation à une situation voisine qui n’entrait pas dans les prévisions
légales normalement : le juge faisait de l’interprétation par analogie qui est interdite
en DP sauf lorsqu’elle favorable à la personne poursuivie.
La loi du 9 mars 2004 relative à la criminalité organisée a supprimé à l’article 121-2 a
supprimé le principe de spécialité ce qui veut dire que depuis l’entrée en vigueur de la loi (31
décembre 2005), la RPPM est devenu générale elle est donc engager pour toutes les
infractions. Donc, de ce point de vue, il y a une égalité entre les personnes physiques et les
personnes morales.

On peut souligner deux avancées majeures :


● Le travail se trouve facilité car il n’a plus besoin de prévoir à l’avance pour quelles
infractions la RPPM peut être engagée

● Le travail du juge se trouve aussi facilité car il n’aura plus besoin d’utiliser des
artifices de qualification juridique
On peut considérer que cette évolution est positive pour le DP.

§2 : Les conditions d’application

Les conditions d’application se trouvent à l’article 121-2. On peut engager la RPPM


lorsqu’elles les infractions sont commises « pour leur compte, par leur organe ou
représentant ».

I. Une infraction commise par un organe ou un. Représentant de la


personne morale
Seul l’organe ou le représentant par son action ou son omission peut engager la RP de la PM.
Cela veut dire que ce n’est pas toute personnes physiques qui engage la RP de la personne
physique mais c’est ici une personne physique qui a la qualité d’organe ou de représentant.
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A. Un organe
Le terme « organe » renvoie à l’idée d’organe de droit de la personne morale. Ces organes
sont constitués par une ou plusieurs personnes physiques auxquels la loi et les statuts
donnent une fonction particulière au sein de l’organisation de la PM. Les organes sont
chargés de l’administration, de la direction et de la surveillance. Le terme « organe » désigne
en premier lieu aux mandataires légaux. Un organe collégial peut-elle engager la RPPM ?
Oui. Doit-on identifier les personnes physiques ayant composée l’organe collégial pour
engager la RPPM ? Cela n’est pas nécessaire car il suffit d’identifier l’infraction commise par
l’organe. En revanche, dans certaines hypothèses, on peut identifier les personnes physiques
et engager leur R en tant que personnes physiques et on est donc dans la recherche d’une
addition d’une R individuelle des personnes physiques. Le dirigeant de fait est-il considéré
comme un organe en DP ? Non car il est considéré en DP comme un représentant.

B. Un représentant
La notion de « représentant » est plus large que la notion d’organe car elle englobe celle
d’organe. Un organe est le représentant légal de la société. Mais si l’article 121-2 emploi les
deux termes, c’est pour donner de contenues différents aux deux notions. Cette notion est
plus large car elle comprend les actes commis par des personnes qui agissent avec le pouvoir
d’engager la société. L’hypothèses de la délégation de pouvoir a un autre effet car le
délégataire parce qu’il exerce le pouvoir du chef d’entreprise devient un représentant et
l’infraction commise par lui a donc le pouvoir d’engager la RPPM. De la même manière, on
raisonne pour toutes les subdélégations. Le simple salarié n’a pas le pouvoir d’engager la
RPPM. On s’est demandé si dans cette hypothèse il fallait se contenter d’une délégation de
pouvoir formelle. En d’autres termes, lorsqu’un salarié agit avec le pouvoir d’engager la
société, engage-t-il la RP ? La chambre criminelle de la CC a accepté d’ouvrir le domaine de
la RPPM et a permis à des personnes qui ne bénéficient pas de délégation de pouvoir mais
dont les fonctions participent des pouvoir de direction de la société d’engager la RPPM. Pour
savoir si ces personnes alors qu’elles n’ont pas de délégation de pouvoir ont la capacité de
déclencher le mécanisme de l’article 121-2, la chambre criminelle utilise les 3 critères de la
délégation de pouvoir et s’intéresse donc ici à la compétence, à l’autorité et aux moyens
dont dispose le salarié au soin de la société. Depuis un arrêt du 23 juin 2009, la chambre
criminelle fonde cette qualité de représentant sur 3 critères :
● L’individu dispose du pouvoir de représentation de la société vis-vis- des tiers

● D’une autorité pour prendre des décisions au nom de l’entreprise

● Une autorité pour exercer un contrôle au sein de l’entreprise


On assiste à une extension de la notion de représentant car on accepte les délégations de
fait car on considère que même s’il n’y pas d’acte formel de délégation, à partir du moment
où la situation en rempli les situations substantielles, il doit être considéré comme un
représentant et engage la RPPM. Cette extension a atteint son point culminant avec l’affaire
de l’Erika. Cette affaire a donné lieu à un arrêt du 25 septembre 2012 : Il s’agissait en
l’espèce d’un salarié de la société Totale qui avait été chargé de l’inspection de navires. On a
considéré qu’il a commis une négligence car n’avait pas détecté les signes de corrosion
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avancée du bateau. Mais ce salarié ne bénéficiait d’une délégation de pouvoir. Cependant, la


chambre criminelle a considéré qu’il pouvait engager la RP de la société car il était chargé de
« la représenter à l’occasion des opérations maritimes en disposant de la compétence, de
l’autorité et des moyens que lui conféraient ses hautes fonctions au sein de la société. ». Ici,
les hautes fonctions exercées au sein de la société présument de la compétence de l’autorité
et des moyens.

Il y a une condition, la délégation du pouvoir doit être effective et concomitante à la


commission de l’infraction. La chambre criminelle le rappel dans un arrêt du 17 octobre
2017. Dans cet arrêt la délégation de pouvoir postérieur à l’infraction ne serait pas engager
la RPPM.

II. Une infraction commise pour le compte de la personne morale


La condition est posée par l’article 121-2 mais n’est pas définie, il a fallu que les juge la
définisse. Dans un premier temps, les juges n’ont pas donné de définition mais on a vu
apparaitre la définition à travers les comportements qui donnait lieu à la RPPM. Lorsque
l’infraction est commise dans l’intérêt exclusif de la personne physique, elle ne permet pas
d’enger la RPPM. D’ailleurs, dans la plupart des cas, l’infraction est commise au préjudice de
la personne qui est donc victime. Par exemple, l’abus de biens sociaux. En revanche, pour
les infractions. Qui, permettent d’engager la RPPM, la chambre criminelle se dirige vers une
définition large des activités qui permettent d’engager la RPPM. Ainsi dans un arrêt du 10
avril 2013, la chambre criminelle considère que l’infraction engage la RPPM si l’acte relève
des activités, de l’organisation, du fonctionnement ou de la politique de l’entreprise même si
la personne morale n’y a trouvé aucun bénéfice et aucun profit concret.

SECTION 3 : La répression des personnes morales

§1 : Le mécanisme d’imputation de l’infraction à la personne morale

A. Dérogation au principe d’égalité devant la loi pénale


Dès l’introduction de la RPPM, dans l’exposé des motifs du nouveau CP, le garde des Sceaux
avait affirmé que les personnes physiques et morales qui agissent dans le même doivent
subir la RP dans les mêmes conditions. La justification de la réforme a été le principe
d’égalité de tous devant la LP. Sauf que cette égalité ne peut pas être parfaite mais la
chambre criminelle l’a parfaitement assumée. Dans une QPC du 21 mars 2007, était critiqué
les dispositions de l’article 121-3 al.4 qui exclut les personnes morales du régime de
dépénalisation adopté par la loi du 10 juillet 2000 et cette exclusion serait selon la QPC une
« atteinte aux principe constitutionnel d’égalité devant la loi, d’égalité devant la justice et de
garantie des droits. » La chambre criminelle rejette cette QPC en considérant que le principe
d’égalité ne s’oppose pas à ce que législateur règle de manière différente des situations
différentes, ni à ce qu’il déroge au principe au principe d’égalité pour des raisons d’IG. Dans
ces deux hypothèses, il doit respecter le fait que la différence de traitement doit être en
rapport avec l’objet de la loi qu’il établir. Or, la chambre criminelle constate que la loi du 10
juillet 2000 a instauré une différence de traitement entre les PP et les PM mais cette
différence de traitement est insaturée dans le cadre de la faute non-intentionnelle qui est
l’objet de la loi de 2000. La chambre criminelle considère donc que la QPC ne présente pas
de caractère sérieux. La loi de 2000 ne devait pas masquer toute RP et justement, la RPPM
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dans cette hypothèse est considéré comme un contrepoids à la dépénalisation qui a été
accordée aux PP. C’est donc une forme de compensation qui est autorisée et justifiée.

B. Un mécanisme d’imputation indirect de l’infraction à la personne morale


L’article 121-2 est un mécanisme R par représentation c’est l’infraction commise par la PP
(organe ou représentant) qui est l’auteur matériel de l’infraction qui permet d’engager la
RPPM. On a toujours l’intervention de la PP. Dans ce mécanisme, on identifie donc un
mécanisme d’imputation indirect. Cela veut dire que l’infraction est matériellement
commise par une PP mais cette infraction est imputée indirectement à la PM et engage la
RPPM. C’est un mécanisme d’imputation indirecte car elle est déclenchée par l’infraction
matérielle commise par la PP. l’article 121-2 contient une dérogation à l’article 121-1.
Lorsqu’on recherche la RPPM, on ne peut pas choisir librement, on est obligé d’appliquer le
mécanisme de 121-2 car c’est un mécanisme dérogatoire à 121-1.
1. Tentative d’imputation directe de l’infraction à la personne morale
Suffit-il d’identifier une faute diffuse de la société pour engager la RPPM auquel cas on lui
imputerait directement l’infraction ? faut-il démontrer une infraction commise par un
organe ou un représentant ?

Le choix entre ces deux options est essentiel car les mécanismes auxquels on aboutit ne sont
pas absolument pas les mêmes.

● Dans un premier temps, la CC a strictement appliqué l’article 121-2 et a exigé


l’identification de l’organe ou du représentant ayant commis l’infraction (arrêt du 29
avril 2003). On voit donc le respect strict de l’article 121-2 : c’est un système
anthropomorphiste car au centre le RP, on place la PP. Cette interprétation a été
critiqué par certains auteurs car amoindrissait la force répressive de la RPPM. On a
remarqué un revirement de la chambre criminelle dans un aarrêt du20 juin 2006 : Un
accident du L, les juges du fond ont retenu la RP de la sté mais il n’y avait pas de
démonstration commise par un organe ou un représentant. La chambre criminelle a
rejeté le pourvoi et a repris une formule qui introduit une présomption de
commission de l’infraction par les organes ou les représentants. Dans cet arrêt la
chambre criminelle affirme que « l’infraction n’a pu être commise pour le compte de
société que par ces organes ou ses représentants. » La chambre criminelle se
contente seulement d’une présomption ce qui modifie la lettre de l’article 121-2. La
jp de la chambre criminelle a confirmé le RdeJP mais l’application de la présomption
a été généralisé ce qui veut dire qu’elle a été appliquée aux infractions non-
intentionnelles et à celles intentionnelle.

● Dans un deuxième temps, la chambre lui a reconnu un caractère quasi irréfragable


en affirmant dans plusieurs arrêts que l’infraction a été « nécessairement commise
pour le comte de la société par ses organes ou ses représentants. » Cette
présomption vide de toute substance le lien de représentation mais elle favorise la
RP de la PM autonome, totalement détachée d’une infraction commise par une PP.
C’est pourquoi émerge dans la jp de la chambre criminelle une RP des PM
indépendante de ces personnes physiques. Arrêt du 22 février 2011 : la chambre
SEMESTRE 4

criminelle autorise les juges du fond à a cratérisé les éléments constitutifs des
infractions directement à l’égard de la société et donc de la PM.

Ce mécanisme est contraire à l’article 121-2. Ici, l’infraction est imputée directement à la PM
ce qui veut dire qu’on ne se place dans le cadre de l’article 121-2 mais dans celui de l’article
121-1. La société est donc responsable ici de son propre fait. Par l’utilisation de cette
présomption, la chambre criminelle efface du CP l’article 121-2. Cette interprétation contra
legem est soulevé dans une QPC qui a fait l’objet d’un arrêt du 11 juin 2010 : Dans cet arrêt,
la ch. Criminelle refuse de renvoyer au CC la QPC car elle constate que la QPC critique
l’interprétation jptielle qui est faite de l’article 121-2 et pas l’article lui-même. En même
temps, les QPC de ce type démontrent que l’interprétation faite par la chambre criminelle
est contraire à la loi.

2. Retour à l’imputation indirecte


La ch. criminelle a choisi d’opérer un nouveau revirement et donc de revenir à
l’interprétation ns stricte de l’article 121-2. Elle l’a fait dans un arrêt du 11 octobre 2011 :
Chute mortel d’un travailleur. La CA a aussi retenu la RP d’EDF (personne morale ici) en
considérant que l’infraction n’a pu être commise pour son compte que par ses organes ou
représentants. Donc la CA a repris la solution de la ch. criminelle. Pourtant, la CC a cassé
l’arrêt en considérant qu’il n’est pas possible de retenir la RPPM sans s’expliquer sur
l’existence effective d’une délégation de pouvoir ou sur le statut et les attributions des
agents mis en cause qui auraient pu permettre de les considérer comme représentant au
sens de l’article 121-2. Dans cet arrêt, la ch. Criminelle renonce à la présomption de
commission par les organes et représentants mais aussi à toute réécriture de l’article 121-2.

On ne peut pas utiliser une présomption de fond. En revanche, le juge pourra toujours
utiliser des présomptions probatoires (présomption utilisée par le juge). Depuis l’arrêt de
2011, chaque arrêt fait l’objet de multiples commentaires. Il y a un arrêt intéressant qui est
celui du 31 octobre 2017 : On est dans le cadre d’un accident de L. Un agent de maintenance
d’une sté pétrolière a été mortellement blessé par l’explosion d’une pompe. En première
instance, la sté pétrolière est condamnée du chef d’HI mais ma CA infirme le jugement et
relaxe la sté en considérant que les conditions de la RP ne sont pas remplies car même s’il y
a « un défaut d’entretien ancien et inhabituel », cette faute n’est pas le fait d’un organe ou
d’un représentant de la sté. La CC casse l’arrêt de relaxe et dispense une véritable leçon de
droit car elle fait peser un certain d’obligation sur les juges. Tout d’abord, le juge ne peut pas
imputer directement l’infraction à la personne morale, il doit nécessairement passer par
l’intermédiaire d’une PP. cela nous conduit à l’exigence d’identification de la PP pour vérifier
qu’elle avait bien la qualité d’organe ou de représentant pour pouvoir engager la RPPM. Si la
procédure ne fait pas apparaitre la PM, le juge ne peut pas se contenter de l’indétermination
pour prononcer la relaxe. La ch. criminelle de la CC fait obligation aux juges d’ordonner un
supplément d’information. Le juge a donc une obligation de moyen qui pèse sur lui. On voit
à travers cet arrêt que la ch. criminelle reste attachée au mécanises d’imputation indirecte
imposé par l’article 121-2.

§2 : Une répression conforme aux principes généraux du DP


SEMESTRE 4

A. La classification tripartite applicable

Selon l’article 111-1 du CP, les infractions sont classées en crime, délit et contravention
selon leur gravité. Les peines de référence sont inapplicables aux personnes morales car
elles visent exclusivement les PP. mais on est donc appliqué la classification tripartite. On
procède donc par référence en tenant compte des peines encourues par les PP pour les
mêmes infractions. Le système repose ici sur un parallélisme entre les PP et les PM.

B. Cumul des RP des personnes physiques et morales


Le CP retient un modèle cumulatif de RP des PP et des PM. Il est donc tout à fait possible de
retenir à la foi la RP de la personne physique auteur matérielle de l’infraction et de la PM
pour le compte de laquelle elle a agi. Le cumul est prévu à l’article 121-2 al.3. Mais cela
exige que l’infraction soit caractérisée dans tous ses éléments à l’égard de la personne
physique. Néanmoins, cela n’exige pas que la PP soit poursuivie ou condamnée. La pratique
judicaire va-t-elle développer un système alternatif ou un cumul systématique ? Aujourd’hui,
on constate que la ch. criminelle adopte une solution répressive est privilégie le cumul
systématique des RP des PP et des PM. Mais cette règle de cumul est posée sous réserve de
l’article 121-3 al. 4.

C. L’autonomie de la faute non intentionnelle simple en lien de causalité indirecte


On a une exception qui est celle de l’article 121-3 al.4. Dans le cadre d’un LdeC indirecte cet
alinéa exige une faute qualifiée mais cette limitation de la qualification pénale vise
exclusivement des PP. il est donc tout à fait possible d’engager la RPPM en cas de FS en LdeC
indirecte avec le dommage. Mais cette hypothèse ne constitue pas une infraction commise
par la PP car la qualification pénale est impossible. Donc, ici, le législateur a introduit un
mécanisme d’imputation directe de l’infraction à la personne morale. C’est une ébauche
d’autonomie de la RPPM mais dans un domaine très limité et expressément défini par le
législateur. On a une application de cette hypothèse dans un arrêt du 28 avril 2009  : Les
juges ont retenu la RPPM en cas de FS en LdeC indirecte alors que la RP de la PP a été
dégagée en absence d’une FD ou d’une faute qualifiée.

Néanmoins, il existe des hypothèses dans lesquelles il est possible d’exonérer la personne de
la RP.

TITRE 2 : Les causes d’irresponsabilité et d’atténuation de la RP

Le législateur a prévu des hypothèses dans lesquelles la RP de la personne peut être soit
réduite soit totalement effacée. Traditionnellement on distinguait deux catégories :
● Les causes subjectives d’irresponsabilité (non-imputabilité) : Ce sont des causes
dans lesquelles la volonté de la personne ne s’exprime pas

● Les causes objective d’irresponsabilité (faits justificatifs) : Une circonstance


particulière de commission de l’acte permet de le justifier et donc le caractère
infractionnel de l’acte est mis en cause.
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Normalement cette appellation a été remise en cause par le CP car dans cette terminologie,
les auteurs considèrent que les causes de non imputabilité efface l’EM de l’infraction alors
que les faits justification effacent l’élément légal de l’infraction. A partir de l’article 122-1 du
CP tous les articles commencent par « n’est pas pénalement responsable... » Cela veut dire
que l’infraction est maintenue, simplement on exonère la personne de RP et pour cela soit
elle a agi sans la capacité de comprendre et de vouloir et donc une utilise les causes
subjectives d’irresponsabilité, soit la personne a agi avec la volonté simplement on a dans les
circonstances de l’acte quelque chose qui a justifié sa participation à l’infraction et donc sa
participation n’est plus fautive, on déclenche donc ici les causes objectives le RP. Ces
distinctions n’apparaissent dans la loi car le CP traite toutes les causes d’irresponsabilité.

SOUS-TITRE 1 : Les causes subjectives d’irresponsabilité ou d’atténuation de la


RP

L’emploie du qualification « subjectif » renvoyer au fait que les causes sont directement liées
à la personnalité de l’individu. Du point de vue du régime juridique, cela veut dire qu’elles
sont propres à leur auteur. Si l’auteur subi une cause subjective de R et qu’il y a deux
complices, les complices n’en bénéficient pas. Dans le CP il y a 4 cause de CSI  : les deux
premières sont alternatives et reposent sur le discernement :
● Le trouble mental

● La minorité
On a deux autres causes qui reposent alternativement sur une des composantes de
l’imputabilité :
● La contrainte qui repose sur la capacité de vouloir

● L’erreur de droit qui repose sur l’incapacité de comprendre

CHAPITRE 1 : Le trouble psychique ou neuropsychique (le trouble mental)

Ce trouble est défini à l’article 122-1 du CP qui distingue deux situations dans les deux al.de
l’article.

SECTION 1 : Le trouble mental total

Ce trouble repose sur l’abolition du discernent ou de la volonté qui déclenchent des effets
radicaux en FDP puisqu’on aboutit à une exonération de RP.

§1 : Les éléments constitutifs

Ces éléments sont définis à l’article 122-1 al.1er. Il s’agit ici d’un trouble mental ayant abolit
le discernement peu importe sa nature qui soit concomitant aux faits. Cet article pose donc 3
conditions :

A. La nature du trouble mental


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La TM est définie par le CP comme un trouble psychique ou neuropsychique. Les TP ou le


TNP nous indiquent que peu importe la nature du trouble et peu importe la forme que
présente ce trouble.

B. Abolition du discernement ou de la volonté


L’article 122-1 défini le TP ou NP comme « ayant abolit le discernement ou le contrôle de ces
actes ». Soit la personne a perdu la capacité de comprendre ses actes (abolition du
discernement) soit la capacité de contrôler ses actes (capacité de vouloir). Les deux
hypothèses sont envisagées de manière indépendante par le législateur ce qui veut dire
qu’une des deux hypothèses suffit.

C. Concomitance à l’action
Le trouble mental doit exister au moment de la commission de l’infraction. Cette règle est
logique car pour produire des effets sur la RP, le trouble mental doit être en relation avec
l’infraction

§2 : Les effets

Le trouble mental total entraine une exonération de la RP pour toutes les infractions. Les
infractions les plus graves ou les moins graves quel que soit la catégorie tripartite. Si cet effet
d’exonération est stable, sa prise en compte a été remanié par la loi du 25 février 2008.

A. L’exonération de RP
Avant la loi du 25 février 2008, le TMT entrainait des effets radicaux car il entrainait une
décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement. La décision judiciaire équivalait ici à une
absence de l’infraction. Le JJ ne pouvait donc prononcer aucune mesure puisqu’il n’y avait
pas de commission de l’infraction, tout au plus, il pouvait y avoir une information du préfet
et celui-ci assisté de la Commission des internements d’office pouvait prononcer
l’internement de la personne mais le JJ ne pouvait prononcer aucune mesure. On ne pouvait
pas confondre les fonctions de juge et de médecin. La loi du 25 février 2008 considère qu’il
faut changer la philosophie su système. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, on n’efface
plus l’infraction. La juridiction saisie rend une décision d’irresponsabilité pénale pour cause
de trouble mental. Ici, on est dans le cadre d’une exonération de RP qui est justifié par le
trouble mental. Donc la personne est pénalement irresponsable mais l’infraction a été
commise et est judiciairement constatée. Cela apporte deux modifications :
● Le JP peut donc accorder des D et I à la victime

● Le JP peut prononcer certaines mesures

B. Les mesures de sûreté


Aujourd’hui, le JP a la possibilité de prononcer certaines MdeS se trouvant aux article 706-
135 et 706-136 du CPP.

1. Leur contenu
La plupart des MdeS sont en réalité des mesures qui peuvent être prononcés dans le cadre
du sursis avec mise à l’épreuve. La liste la plus longue figure à l’article 706-136 qui énonce
l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, interdiction d’exercer certaines activités,
SEMESTRE 4

etc...l’article 706-135 permet au juge de prononcer une hospitalisation d’office. Donc lorsque
le juge déclare la personne irresponsable pour cause de trouble mental, il peut aujourd’hui
prendre les mesures adéquates. Mais pour cela, il est soumis à 3 conditions :
● La décision de placement est nécessairement une décision collégiale

● Il doit y avoir une expertise psychiatrique

● La décision des juges doit être motivée

Lorsque le placement en établissement de soin est prononcé par le JJ, il doit en aviser le
préfet qui est assisté de la Commission des hospitalisation psy et c’est le préfet qui applique
les mesures d’exécutions. La loi du 5 juillet 2011 impose que ces mesures d’hospitalisation
sous contrainte soient contrôlées automatiquement et périodiquement par le juge des
libertés et détentions (JLD) il y a donc ici une intervention obligatoire de l’autorité judicaire.
La réforme du 25 février 2008 a été diversement appréciée en doctrine. D’autres auteurs ont
souligné l’avancée importante d cette loi car il est plus protecteur pour la liberté individuelle
que l’hospitalisation soit prononcée et contrôlée par l’autorité judicaire. L’article 706-139
prévoit qu’en cas de violation des mesures de sûreté, la personne s’expose à un délit
punissable de deux ans d’emprisonnement. Les juges ont répondu à cette critique, on
examine la situation de la personne au jour de la commission de l’infraction.

2. Application dans le temps


Les lois pénales de formes s’appliquent immédiatement. De surcroit, pour les lois pénales de
fond, il y a certaines dérogations et parmi celles-ci il a les MdeS. Ces mesures dérogent à la
non-rétroactivité car ces mesures reposent sur la dangerosité de l’individu qui est mesuré au
moment du jugement. Elle ne repose pas sur l’infraction commise. Puisqu’elles sont
déclenchées par la dangerosité quo dont concomitantes au jugement peuvent s’applique
directement car leur critère d’appréciation n’est pas l’infraction qui a été commise. Or, la jp
a beaucoup fluctué :
● Arrêt du 29 janvier 2009 : La ch. criminelle a refusé l’application immédiate des
MdeS prévu par la loi du 25 février 2008. La CC constate que le principe de légalité
des délits et des peines fait obstacle à l’application immédiate d’une procédure qui a
pour effet de faire encourir à une personne les peines prévues à l’article 706-136. Cet
attendu appel plusieurs remarques :
⮚ La ch. criminelle se place sur le terrain de la légalité pénal et pas sur celui du
principe de non-rétroactivité

⮚ Elle refuse l’application d’une procédure et va donc à l’encontre du principe


d’application immédiate des loi pénales d formes

⮚ Elle qualifie les mesures de sûreté de peine


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● Arrêt du 16 septembre 2009 : Individu déclaré pénalement irresponsable car sous


emprise d’un TMT mais les juges. La chambre criminelle considère que le principe de
non-rétroactivité posé par l’article 112-1 du CP ne s’applique pas aux MdeS prévus
par les articles 706-136 et 136 et la procédure prévue à l’article 706-119 s’applique
immédiatement à la répression des infractions commises avant son entrée en
vigueur. Cette décision a été rendue par la chambre criminelle en assemblée plénière
et a donc une forme solennelle.

La CEDH dans un arrêt du 3 septembre 2015, arrêt Berland contre France a considéré que
les mesures prévues par loi du 25 février 2008 ne constituent pas une peine mais bien des
MdeS donc elles ne sont pas soumises au principe de non-rétroactivité. La CEDH a validé ici
l’application immédiate des MdeS la décision d’irresponsabilité pénale prononçant une
MdeS est inscrite au casier judicaire. En revanche, s’il y déclaration d’irresponsabilité sans
mesure de sûreté, la décision n’est pas inscrite au casier judicaire car le cc a considéré qu’il
s’agissait d’une atteinte excessive à la vie privée et la loi du 10 mars 2010 a introduit cette
disposition dans le CP. Lorsque le TM est total ces effets sont radiaux car la RP disparait.

SECTION 2 : Le trouble mental partiel (altération du discernement ou de la


volonté)

Ce trouble est défini à l’article 122-1 al.2. Dans l’ancien CP, on ignorait cette situation de
TMP et surtout il y a eu une modification de la prise en compte des effets du TMP par la loi
du 15 août 2014.

§1 : Les éléments constitutifs

Il y avait un parallélisme entre le trouble mentale et le trouble mental partiel. Le TMP est un
diminutif du TMT.

A. La nature du trouble
Il s’agit d’une maladie qui produit des effets soit sur la compréhension soit sur sa volonté. On
écarte ici toutes les hypothèses de folies morales, le DP n’en tient pas compte. Cette
hypothèse est une hypothèse dans laquelle la personne discerne le bien du mal mais choisi
de commettre le crime et de faire du mal. On a une hypothèse autre qui n’a jamais reçu
d’application qui est celle du somnambulisme. Puisque cette personne n’a pas conscience
des actes commis, sa RP ne peut pas être engagée. Les infractions commises sous l’emprise
d’un trouble qui serait dû à une intoxication volontaire. Cette forme d’intoxication anéantie
parfois toute volonté. Peut-on retenir une atténuation de la RP ? Deux thèses s’affrontent :
● Comme la volonté n’est pas parfaite, cet état produirait des conséquences sur la RP
et cela permettrait d’amoindrir la RP de la personne

● Cet état n’étant pas subi par la personne résulte d’une faute antérieure qui est la
consommation de substance et puisqu’il y a une faute antérieure on ne peut pas en
tenir compte pour amoindrir la RP
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La jp ne tient pas compte de ces états d’intoxication volontaire pour amoindrir la RP des
personnes. Cette même analyse est adoptée par le législateur qui ne considère pas que
l’état d’ivresse puisse être considéré comme une cause permettant d’amoindrir la RP de
la personne. Ainsi, par exemple les articles 221-6-1 prévoient un nombre de
circonstances aggravantes en cas d’HI prévu en cas de conduite d’un VTM, cet article
retient les hypothèses d’ivresses. Le choix est ici de tenir compte du TMP uniquement
lorsque l’état est subi. En revanche, lorsque l’état est choisi, il y a en quelque sorte une
faute antérieure qui ne lui permet pas de bénéficier de cet état qu’elle a elle-même
créée. On reconnait le principe selon lequel « Nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude ».

B. Altération du discernement ou de la volonté


On voit un parallélisme d’écriture entre l’al. 1 et 2 car le 2 considère que le trouble doit avoir
« Altérer son discernement ou entraver le contrôle de ses actes. » Dans un cas ou dans
l’autre, on est en présence d’une simple altération alors que dans la première hypothèse on
était dans le cadre d’une abolition. Il existe encore un degré comme on parle simplement
d’altération, ce qui suscite une difficulté supplémentaire de preuve car les juges n’ont pas les
capacités médicales pour mesurer les degrés de conscience ce qui demeure. On fait
systématiquement appel à des expert donc. On a des expertises psychiatriques ou
psychologiques. En théorie, les conclusions de l’expert ne lient pas le JP ce qui veut dire qu’il
garde toute liberté dans l’appréciation de l’altération. Mais en pratique, il suit souvent les
conclusions de l’expert. En revanche, l’existence du trouble relève du pouvoir souverain
d’appréciation des juges du fond, ce qui veut dire que la ch. criminelle n’exerce pas de
contrôle.

C. La concomitance aux faits


L’altération doit être concomitante aux faits. Elle doit donc être concomitante à la
commission de l’infraction ce qui suscite une difficulté particulière de preuve pour les
affections intermittentes ou partielles. Il faut pouvoir déterminer si la personne a commis
l’infraction en étant en état de crise. Il y a aussi des tendances de politiques criminelles ce
qui veut dire qu’il y a des affections qui peuvent être diagnostiquées mais qui ne sont pas
prise en compte par le DP pour alléger la RP. L’exemple type est celui de la pyromanie.

§2 : Les effets

Il y a une difficulté de preuve mais il y a ensuite une difficulté quant à déterminer les effets
que ce trouble produit sur la RP. Traditionnellement, on voulait établir des degrés de
conscience du malade qui aurait une échelle correspondante de RP. Par exemple, une
personne qui avait un degré de 40% encourait 40%. De la peine. Cependant, cette échelle est
difficile à mettre en œuvre. C’est pourquoi, le nouveau COP a retenu une cause
d’atténuation de la RP de la personne morale. Ainsi, l’article 122-1 al.2 dispose que « La
juridiction tient compte du trouble mental pour déterminer la peine et en fixer le régime
d’exécution. » Incontestablement, cette indication constitue une cause d’atténuation de la
peine. En aucun cas, la juridiction ne peut tenir compte du trouble pour aggraver la peine car
elle est tenue par le maximum légal prévu pour l’incrimination. La pratique judicaire s’est
éloignée de cette lecture, notamment celle de la cour d’assise car les jurys populaires en
présence de peines qui souffraient. De TP ont considéré qu’ils étaient empreints d’une plus
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grande dangerosité, le reflexe devant cette dangerosité a été de prononcer les peines
maximales et s’est donc développé un degré de sévérité alors que le TP aurait conduit à une
atténuation de la RP. La loi du 1er août 2014 sur l’individualisation des personnes a
complété l’al.2 car figure à cet al. L’obligation de réduire la peine d’un tiers lors qu’on
identifie un TP. Si la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité, le maximum est
ramené à 30 ans. Simplement cette mesure a été prise dans le cadre de la loi sur
l’individualisation de la peine qui a supprimé les peines planchées car ces peines
représentent une contrainte pour le juge. Ce pouvoir d’individualisation judicaire a été
préservée car le juge peut décider d’écarter la réduction de peine par une décision
spécialement motivée. Qu’il s’agisse d’un TMT ou partielle, les effets produits sur le RP sont
assez radicaux mais en tout cas, son existence repose essentiellement sur le discernement.

CHAPIRTRE 2 : La minorité

La minorité n’est pas une notion de DP donc le DP n’a pas de définition propre pour cette
notion. Elle reçoit donc la même définition qu’en DC. La minorité est déterminée par deux
seuils juridiques :
● Celui de la naissance qui permet d’acquérir la personnalité juridique

● Celui de 18 ans qui permet de passer le cap de la majorité

Le CP contient un article qui sert de fondement à la RP des mineurs qui est l’article 122-8 du
CP. Cet article contient deux al. qui prévoit deux mécanismes. La minorité est un système
alternatif tout comme le TM, soit l’irresponsabilité soit l’atténuation de la RP. Comme dans
le TM, ce qui est pris en compte par le DP n’est pas tant la minorité en elle-même, que le
discernement soit inexistant soit imparfait par nature dont est doté le mineur.

SECTION 1 : L’autonomie du DP des mineurs

Les statistiques font état d’une progression importante de la délinquance des mineurs. On
se demande donc comment traiter la délinquance des mineurs ? Autrefois, on parlait de la
délinquance juvénile, aujourd’hui on parle de la délinquance des mineurs car en DP on a
besoin d’un critère objectif et ici on tient compte du critère objectif de l’âge.

§1 : La prépondérance de la prévention sur la répression

On a deux idées ici :


● Ces infractions commises par des mineurs même si elles ne sont pas objectivement
moins graves, elles peuvent être plus facilement pardonnées car les personnes les
commettant être plus facilement éduquées.
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● Même si ces infractions sont plus faciles à pardonner, il est nécessaire de déclencher
une réaction sociale pour marquer l’interdit de l’acte et l’impunité totale ne ferait
que favoriser l’impunité de la délinquance c’est pourquoi l’infraction doit déclencher
une réaction sociale.
Aujourd’hui, on considère que la fonction de rééducation doit primer sur celle de la
répression.

A. La valeur constitutionnelle de la règle


Le DP des meneurs est guidé essentiellement par la fonction de prévention. Son but principal
est la rééducation et la réinsertion des mineurs délinquants. Si les sanctions pénales sont
possibles, le CC a conféré une valeur constitutionnelle a conféré une valeur constitutionnelle
à la primauté de l’action éducative dans une décision du 29 août 2002. C’est la loi du 9
septembre 2002 qui a fixé le contenu de l’article 122-8 du CP. Le CC a repris à l’identique la
formule dans une décision du 3 mars 2007 sur la loi du 5 mars 2007 ce qui a permis de
cristalliser l’autonomie du DP des mineurs. Le CC fait ressortir deux principes
fondamentaux :
● Le principe de l’atténuation de la RP en fonction de l’âge du mineur

● Le principe de la nécessité de rechercher le relèvement éducation et moral du mineur


délinquant par des mesures adaptées à leurs âges et à leurs personnalités
prononcées par une juridiction spécialisée et selon une procédure appropriée
L’autonomie du DP des mineurs ne le soustrait pas au droit commun puisque les principes
généraux restent applicables. Donc on n’écarte pas toute forme e répression ce qui permet
de maintenir la RP des mineurs.

B. La valeur internationale
Le texte majeur ratifié par la France a été la convention internationale de droit de l’enfant
qui pose des règles irréductibles quant à la justice des mineurs :
● La subsidiarité de l’action de la justice des mineurs

● La spécialisation et la professionnalisation de la justice de mineurs

● La proportionnalité de l’intervention pénale

● La nécessité d’un traitement « efficace, équitable et humain. »


Cette convention est entrée en vigueur en 1990 et pose la règle de la spécificité de la justice
pénale des mineurs. Au niveau européen, un texte a été adopté par le conseil de l’Europe
qui est la déclaration de Erevan en Arménie adoptée le 21 octobre 2010. Dans ce texte on a
5 principes fondamentaux :
● L’intérêt supérieur de l’enfant

● Le droit de l’enfant de participer à la procédure

● Le droit d’être informé de ses droits

● De bénéficier à un accès à la justice


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● La dignité de l’enfant

§2 : Le principe de RP du mineur

Le système conçu par le droit français repose en partie sur la minorité. Les législations ont
oscillé entre une R de droit commun et une irresponsabilité de doit.

A. Le principe de RP du mineur
Depuis le CP de 1810, on a vu se dégager un statut pénal du mineur. Dans le CP de 1810, on
avait une différence entre la majorité pénale et civile. La MP était fixée à 16 ans. Mais si le
juge voulait retenir la RP du mineur, il devait poser la question du discernement au moment
de l’acte. Il devait donc vérifier que le mineur au moment de l’acte était « pleinement lucide
et conscient. » Si le juge répondait affirmativement à la question du discernement, il pouvait
prononcer une peine qui était calculée selon l’excuse de minorité. S’il répondait
négativement à la question, il ne pouvait pas prononcer de peine. Mais, la majeure difficulté
venait du fait que même si on prononçait une peine spécifique au mineur, il y avait quand
même une absence d’établissement spécialisé donc les mineurs et les majeures exécutaient
leurs peines au même endroit. La loi du 22 juillet 1912 qui a pris en compte la spécificité de
le RP des mineurs car cette loi a instauré une juridiction spécialisée en créant le Tribunal
pour enfant et cette loi prévoyait que le mineur de 13 ans bénéficiait d’une présomption
absolue d’irresponsabilité pénale et ne pouvait être condamné qu’à des mesures éducatives.
En revanche, pour les mineurs de 13 à 18 ans, on continuait à poser la question du
discernement et si la réponse était affirmative, la peine était calculée en fonction de l’excuse
de minorité qui était une excuse atténuante.

B. Le principe d’IP du mineur


La loi de 1912 n’a pas totalement extrait le mineur au DP commun. C’est l’ordonnance du 2
février 1945 qui a modifié le droit applicable au mineur. Cette ordonnance a supprimé la
question du discernement et a donc présumé tous les mineurs comme « irresponsables
pénalement. » Sauf que la force de la présomption varie avec l’âge du mineur. Le mineur de
13 bénéficie d’une présomption irréfragable d’IP. Le mineur de plus de 13 ans bénéficie
d’une présomption simple d’IP mais la force cd e cette présomption simple vair selon un
seuil d’âge car si le mineur a moins de 16 ans, le juge peut écarter l’excuse de minorité en
raison « des circonstances ou de la personnalité. » En revanche, s’il a plus de 16 ans, le juge
peut l’écarter par une motivation spéciale quel que soit sa nature. De manière générale, le
mineur quel que soit son âge est considéré en situation de danger et on doit donc privilégier
les mesures éducatives aux mesures répressives. Mais la jp se fonde aussi sur le critère de
discernement. L’arrêt de principe de la ch. criminelle du 13 décembre 1956, l’arrêt Laboube
rappelle l’importance du critère du discernement. Ici, la ch. criminelle dit qu’on ne peut
retenir la RP que si « Il a la capacité de comprendre et de vouloir. » Le nouveau CP ne
contenait pas dispositions spécifiques visant les mineurs mais on avait réservé
l’emplacement de l’article 122-8 au DP des mineurs. La loi du 9 septembre 2002 a retenu la
RP des mineurs selon un schéma alternatif d’IP ou d’atténuation de la R qui repose à la fois
sur le discernement et sur l’âge.

SECTION 2 : L’aménagement de la RP des mineurs


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L’article 122-8 du CP dans la rédaction a été fixé par la loi du 9 septembre 2002 dont les
principes ont été consacré par la décision du CC du 29 août 2002. Cette loi prévoit la
primauté de l’action éducative sur l’action répressive. La minorité ne constitue pas en elle-
même une cause d’IO. Le CP précise que le mineur non pourvu de discernement est
irresponsable pénalement. En revanche, la minorité est en elle-même une cause
d’atténuation de la RP.

§1 : La minorité sans discernement

L’article 122-8 al.1er prévoie que les mineurs capables de discernement sont pénalement
responsables des infractions commises. A contrario, on en déduit que les mineurs incapables
de discernement sont pénalement irresponsables. En droit pénal français, on n’a pas un âge
minimal de la RP. La loi du 9 septembre 2002 a donc consacré la jp Laboube puisque dans cet
arrêt, la ch. criminelle avait exigé que les juges vérifient l’existence du discernement avant
de prononcer une sanction pénale. En vertu de l’article 122-8, seul le mineur incapable de
discernement qui est appelé l’infans, est irresponsable pénalement. On n’a peu d’illustration
d’infans qui seraient pénalement irresponsables jusqu’à un arrêt récent qui a été rendu par
la chambre criminelle le 14 novembre 2007 (n°17-80893) : Il s’agissait d’un mineur de 5 ans
qui était titulaire de la carte grise d’un véhicule et a été poursuivi. Puisqu’on avait constaté
par procès-verbal l’existence de ces infractions, les amendes sont payées par le titulaire de la
carte grise. Ici, le juge de proximité l’a déclaré coupable et lui appliqué les peines d’amende
et les a divisées par deux. Ses représentants légaux forment un pourvoi en cass. La chambre
criminelle casse l’arrêt au visa de l’article 122-8 du CP en rappellent que seuls les mineurs
capables de discernement peuvent être déclaré pénalement R des crimes, délits et
contraventions dont ils ont été reconnus coupables. Or le juge de proximité n’a pas
recherché si l’infans était capable ou non de discernement. Lorsque le mineur est déclaré
capable de discernement, il peut engager sa RP.

§2 : Le mineur discernant

Lorsque le mineur est doté de discernement, l’article 122-8 al. 2 prévoie une cause
d’atténuation de la RP qui contient un mécanisme progressif. Ici, le législateur a consacré un
concept échafaudé par la doctrine qui le concept de capacité pénale. Ce concept permet de
mesure la capacité de l’individu à comprendre, à subir et à tirer profit de la sanction
prononcée. Le système progressif repose sur l’âge car l’âge permet de tenir compte de la
capacité pénale. Dans le cadre de la cause d’atténuation de la RP par la minorité, on
distingue deux effets :
● La minorité limite les mesures susceptibles d’être prononcée à l’égard d’un mineur
en tenant compte des seuils d’âge. Il existe 3 types de mesures applicables aux
mineurs :
⮚ Les mesures éducatives : Elles sont applicables à tous les mineurs capables de
discernement qui ont vu leur RP retenue
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⮚ Les sanctions éducatives : Ce sont des mesures hybrides qui empreintes à la


fois aux mesures éducatives et aux peines. Les sanctions éducatives sont
applicables seulement au mineur âgé de plus de 10 ans. On a par exemple, la
confiscation de la chose ayant servi à commettre l’infraction ou encore
l’obligation de suivre un stage civil.

⮚ Les peines : Elles ne peuvent être prononcées qu’à l’égard des mineurs de
plus de 13 ans.

● Le deuxième effet de l’atténuation s’observe dans le cadre des peines car il s’agit ici,
d’une réduction de la peine de moitié. La peine encourue par un mineur est réduite
de moitié par rapport à la peine encourue par le majeur. Si la peine encourue par le
majeur est la perpétuité, la peine pour le mineur est ramenée à 20 ans. On voit donc
une déduction de la peine tenant compte de l’atténuation de la RP. En revanche, il
faut bien parler de réduction de la peine et non plus d’excuse de minorité qui a
disparu avec le nouveau CP. En revanche, la réduction de peine de moitié n’a pas la
même force à l’égard de tous les mineurs. Ainsi, pour les mineurs de 13 à 16 ans, la
réduction de peine de moitié est obligatoire. Pour les mineurs de plus de 16 ans,
l’atténuation représente le droit commun mais elle peut être écartée en vertu d’une
motivation spéciale. Cela veut dire que, si le juge ne dit rien, il doit appliquer la
réduction. De la peine de moitié. En revanche, il peut l’écarter pour les mineurs de
moins de 16 ans mais le juge devra motiver le refus d’atténuation de la R. certaines
peines sont écartées et ne peuvent jamais être prononcées à l’encontre de mineurs
tel la peine d’interdiction de territoire, l’interdiction d’exercer une fonction publique
ou encore les jours amendes. Si la minorité est une cause d’IP elle n’est pas une
cause d’irresponsabilité civile.

Est toujours attendu une grande réforme du DP des mineurs parce qu’il y a eu des projets de
création d’un Code de justice pénale des mineurs. Il y a donc une volonté de rendre le DP
des mineurs encore plus autonome avec la création de ce code. Il se pourrait que la RP des
mineurs évolue très vite dès cette année par ricochet.

On a deux autres causes subjectives d’IP qui ne reposent plus sur le discernement et la
volonté cumulativement mais soit sur la prise d’une de ces deux composantes
alternativement.

CHAPITRE 3 : La contrainte

L’article 122-2 du CP dispose « N’est pas pénalement R la personne qui agit sous l’empire
d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister. » Ici la personne a la capacité
de comprendre l’acte, elle sait qu’elle commet une infraction mais sa volonté de la
commettre est ici contrainte. La contrainte joue pour toutes les infractions mais dans le
domaine contraventionnel l’article 121-3 al. 5 dispose « Qu’il n’y a point de contravention en
cas de FM. » Mais en réalité, la FM recouvre la contrainte dans la mesure où elle est définie
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comme un évènement imprévisible et insurmontable. La doctrine et la jp distinguaient entre


la contrainte physique et morale. Le nouveau CP a consacré implicitement la distinction car
l’article 122-2 parle d’une force qui évoque la contrainte physique alors que l’emploi du
terme « contrainte » renvoie à la contrainte morale.

SECTION 1 : La définition de la contrainte

La contrainte peut être physique ou morale selon qu’elle s’exerce sur l’organisme ou sur la
volonté de la personne.

§1 : La contrainte physique

La CP s’exerce sur l’organisme même de l’auteur de l’infraction. En revanche, elle peut avoir
une cause externe ou interne.

A. La contrainte externe
Cette contrainte est une cause extérieure à l’individu qui peut être dû à un évènement
naturel mais aussi le fait d’un tiers donc cette cause de contrainte peut émaner d’une autre
personne.

B. La contrainte interne
Cette contrainte est une cause inhérente à l’individu et cause beaucoup plus de problème
car dans certaines hypothèses, elle n’est pas indépendante de la volonté de l’individu. Par
exemple, on peut considérer qu’il y a une contrainte physique interne en cas de malaise de
l’individu.

§2 : La contrainte morale

La CM a un effet sur la volonté de l’individu. Elle peut avoir une cause externe et interne.

A. La contrainte externe
La contrainte morale externe est appréciée de manière assez libérale par la jp qui considère
que les menaces contre la personés elle-même ou les menaces à l’encontre d’un enfant du
conjoint de l’auteur de l’infraction peuvent être considéré comme exonératoire de
contrainte. En revanche, la jp se montre stricte dans l’application des conditions comme
dans l’arrêt du 15 mai 2008. Il s’agissait d’un patron de discothèque qui a été placé en
détention provisoire et sa comptabilité a été saisi et a été poursuivi pour fraude fiscale
pendant l’année e d’incarcération. La CC considère que de manière générale la saisi ou
l’incarcération pourrait constituer des causes de contrainte mais la chambre criminelle
refuse d’accorder la contrainte car en réalité s’il y avait eu saisi de la comptabilité c’est parce
qu’il avait refusé de répondre à de questions portant sur l’origine de ses revenus.

B. La contrainte morale interne


Cette contrainte devrait être exclue de la cause d’exonération car elle n’est pas étrangère de
la volonté de la personne. Généralement, cette contrainte est refusée. Arrêt du 11 avril
1908 : femme ayant invoqué la contrainte pour prouver qu’elle écrivait ces lettres sous
l’impulsion d’une pression irrésistible.
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L’ordonnance de non-lieu rendu le 25 février 2006 rendu par le TGI de Boulogne-sur-Mer


dans l’affaire Vincent Imbert. Dans cette affaire a été poursuivi la mère et le médecin. Ici, les
juges ont considéré que la mère avait agi sous contrainte et ils lui ont donc accordé le
bénéfice d la contrainte et l’on donc exonéré de sa RP. La contrainte était ici une contrainte
morale interne « l’envahissement de ses sentiments et son devoir de loyauté envers son fils. »
Mais ils ont aussi retenu la contrainte morale externe constituée par la pression médiatique
qui s’est exercée ensuite. Pour le médecin, les juges ont ici retenu une cause de contrainte
en affirmant que le médecin n’avait pas agi « avec l’intention dolosive de lui donner la
mort mais de préserver sa dignité. » On a ici un glissement de l’intention vers le mobile mais
le juge d’instruction affirme qu’il n’y a pas d’intention et il n’y a donc pas d’infraction
commise. Le juge d’instruction continue en considérant que le médecin doit être exonéré de
sa RP car il a été soumis à de multiples contraintes (pression médiatique, la compassion pour
la mère). le médecin a aussi bénéficié de la contrainte et a été exonéré de sa RP. Ce qui
laisse perplexe dans le raisonnement du juge est l’utilité d’une cause d’irresponsabilité alors
que l’infraction n’est pas caractérisée.

SECTION 2 : Les conditions

La contrainte est acceptée que si elle est soumise à des conditions strictes.

A. L’imprévisibilité et l’irrésistibilité
La CC a elle-même défini les conditions de la contrainte puisqu’il s’agit « d’un évènement
que l’individu n’a pu ni prévoir (imprévisibilité) ni conjurer (irrésistibilité) ». Arrêt du 8 mai
1974 : Une personne a perdu connaissance au volant de sa voiture. Elle tue 3 piétons et est
poursuivi pour HI. Il a été soumis à une contrainte physique interne. Les juges répressifs
rejettent sa défense en considérant que la contrainte physique ne peut résulter que d’un
évènement indépendant de sa volonté qu’il n’a pu ni prévoir ni conjurer. En l’espèce, cette
personne souffrait d’épilepsie et avait conduit 7 heures de suite sans pause ce qui l’a poussé
à un état de fatigue extrême et elle pouvait donc prévoir cet état. Il y donc une conception
stricte qui conduit à une application relativement rare de la contrainte mais peu tout à fait
jouer. On a des hypothèses, souvent dans le cadre des accidents de la circulation :
● Arrêt du 9 mai 1967 : Une personne arrive sur une scène d’accident, il ne peut pas
s’arrêter et tue un des passagers de la voiture qui était sur le côté. il fait valoir la
contrainte. Les juges du fond l’exonèrent de sa RP en admettant la contrainte. La ch.
criminelle casse car elle rappelle que le Code de la route impose au conducteur qu’il
doit rester maitre de sa vitesse et doit l’adapter en fonction des conditions de
circulation.
La contrainte s’apprécie in concreto aussi :
● Arrêt du 18 décembre 1978 : La présence d’une plaque de verglas peut-elle
constitué une cause de contrainte ? En mois de juillet, cela pourrait constituer une
cause de contrainte mais une plaque en ce mois de février n’est pas une cause de
contrainte en vertu des températures.
En revanche, un arrêt a été abondamment commenté en revenant sur les conditions de la
contrainte, arrêt du 15 novembre 2005 : Un conducteur perd connaissance. Sa femme prend
le volant et percutent un véhicule et cause la mort de 4 personnes. Le conducteur demande
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de bénéficier de l’E de contrainte. Les juges ont dit qui n’y avait aucune cause permettant de
prévoir de cet évènement. La personne a bénéficié de l’E de contrainte ce qui a permis de
s’exonérer de la RP car la maladie n’était pas connue.

B. L’absence de fautes antérieures


La personne qui se prévaut de la contrainte ne doit pas avoir commis de faute avant la
survenance de l’évènement qualifié de contrainte. Par exemple, si l’accident de la circulation
est dû à une défaillance mécanique de la voiture qui est due à une cause entretient du
véhicule, on ne peut pas accepter la contrainte. Cette condition pose néanmoins une
difficulté car certains auteurs critiquent cette condition car les éléments de la contrainte tout
comme les éléments de l’infraction doivent « être appréciés au moment de l’action. » Or, cet
élément tient compte du comportement en amont de l’infraction. Il y a donc des hypothèses
où on modifie parfois les qualifications pénales. Cette condition est justifiée car elle se
confond avec la prévisibilité. Si la personne commet une faute antérieure, cela veut dire que
l’évènement n’est plus imprévisible et donc l’infraction plus justifiée par l’E de contrainte
dans lequel elle se trouve. Arrêt du 28 octobre 2009 : Une personne est verbalisée car
conduit sans ceinture. Cette personne produit un certificat qui fait état d’une plaie au niveau
de l’épaule qu’il a subi dans un accident la veille. La juridiction de proximité considère qu’il a
été dans un E de contrainte et l’exonère de sa RP en considérant que l’E de santé constitue
une cause de contrainte. La ch. criminelle casse et considère que pour pouvoir retenir la
contrainte il faut caractériser une défaillance physique concomitante. Ici, l’E de santé
invoqué par le prévenu était antérieur donc l’automobiliste savait qu’il ne pouvait pas
boucler sa ceinture donc l’évènement n’est plus imprévisible et ne peut pas être exonéré de
sa RP.

CHAPITRE 4 : L’erreur de droit

L’erreur de droit est une des grandes nouveautés de nouveau CP. Elle est plus importante
sur le plan des principes que du point de vue de la pratique judiciaire. Elle est importante sur
le point des principes car a modifié la conception de la légalité mais peu appliqué en
pratique. Cette erreur est définie à l’article 122-3 du CP. Ce qui est en cause ici est la
connaissance de la personne de la commission de l’infraction. Au moment où elle a commis
l’infraction, la personne n’a pas compris qu’elle commettait un acte interdit.

SECTION 1 : Le principe

L’article 122-3 admet l’erreur de droit (aussi appelé erreur sur le droit) ce qui permet de la
distinguer de l’erreur de fait.

§1 : Distinction de l’erreur de droit et de fait

L’erreur de droit est une méprise des règles juridiques et de leur portée. L’erreur de fait est
une méprise sur certaines circonstances ou éléments de l’infraction. La question juridique à
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laquelle il faut répondre est intéressante car si l’erreur de droit est prévue par le CP, telle
n’est pas le cas de l’erreur de fait.

A. L’erreur de fait dans les infractions intentionnelles


L’erreur de fait porte ici sur un élément de l’infraction. Cette erreur sur la personne est une
erreur de fait qui porte sur un élément essentiel de l’infraction qui est ici la victime mais cet
élément de l’infraction ne fait pas partie de l’élément constitutif. A partir du moment où
l’erreur de fait n’affecte pas l’élément constitutif de l’infraction, elle ne produit de
conséquences ni sur la qualification de l’infraction ni sur la RP. On considère que l’intention
de tuer est présente.

En revanche, si l’erreur de fait porte sur un élément constitutif de l’infraction, la qualification


pénale n’est plus possible et donc il n’y a pas de RP.

B. L’erreur de fait dans les infractions non-intentionnelles


Ici, l’erreur de fait est toujours indifférente donc elle ne produit de conséquence ni sur la
qualification ni sur la RP.

§2 : La définition

L’hypothèse est singulière, c’est celle dans laquelle la personne a voulu commettre l’acte
mais ne savait pas que cet acte constitue une infraction. Ici, cette analyse est une analyse
révolutionnaire pour le droit français car ce droit repose sur la présomption de connaissance
du droit car nul n'’st censé ignorer la loi. Cette présomption de connaissance de la loi est
relativisée par l’admission de l’erreur de droit car on admet que la personne ait pu ignorer
une règle. Ce caractère relatif de la présomption de connaissance de droit est justifié.
Certains auteurs ont qualifié cette cause d’irresponsabilité de « bombe à retardement » pour
quelques années après se pencher sur son application effective par l’application judicaire.

SECTION 2 : Les conditions

Si la nature de la RDD sur laquelle peut porter l’erreur ne semble pas être restrictivement
définie par le texte, en revanche, les caractères de l’erreur semblent très restreints.

§1 : La nature de la règle de droit

L’erreur de droit peut porter sur un texte pénal ou sur un texte non pénal et à l’intérieur du
DP, l’erreur peut porter à la fois sur une infraction intentionnelle ou non-intentionnelle. La jp
élargie encore plus l’article 122-3 car cet article emploi l’expression « accomplir un acte » ce
qui semble renvoyer à un acte de commission. Néanmoins, la jp lui donne un champ
d’application plus large puisque l’erreur de droit pourrait s’appliquer aussi bien à une
infraction de commission qu’à une infraction d’omission. Quant au domaine d’application,
c’est celui DP technique (droit de l’U, du L...) car en la matière, on a une multitude de règles
diverses qui ne sont pas même pas maitrisées par les différents professionnels. En revanche,
il semble inconcevable que l’erreur de droit puisse être utilisée dans le cadre des infractions
naturelles, par exemple il semble inconcevable que qqn dise qu’il ait tué sa grand-mère car il
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ignorait qu’on ne pouvait pas tuer autrui. La personne qui se prévaut de l’erreur doit
démontrer qu’elle pensait accomplir un acte légitime et que l’erreur de droit était inévitable.

§2 : Une erreur invincible

L’EI ou inévitable est un aspect essentiel de l’application de l’article 122-3 car est définie de
manière étroite par le texte et la circulaire d’application du 14 mai 1793 a souligné que
seules deux hypothèses permettent d’envisager l’application de l’erreur de droit.

A. L’information erronée
Cette hyp. Est délivrée par une autorité administrative qui a été interrogée préalablement à
l’acte.

1. Obligation de vérification
L’erreur ne peut être considérée comme inévitable seulement s’il a fait l’objet de
vérifications nécessaires auprès des autorités compétentes. Cela veut dire que s’il y a un
défaut de diligence de la part du prévenu, il ne plus se prévaloir de l’erreur de droit. Arrêt du
15 octobre 2002 : Le directeur d’une grande surface était poursuivi pour exercice illégal de
pharmacie. Il a été condamné par les juges du fond et la ch. criminelle a maintenu la
condamnation car il ne pouvait pas se contenter de renvoyer à une liste ou à un dictionnaire
mais aurait dû « s’entourer de conseils appropriés. » Cette jp a été confirmé par un arrêt du 4
octobre 2011 : Poursuite pour exercice illégale de pharmacie mais il s’agissait de produit
vétérinaire. La RP est retenue même si sur le dictionnaire officiel ces produits n’étaient pas
couverts par le monopôle. La source de l’information est le critère principal de qualification
pénale.

2. Source de l’information
L’erreur de droit peut provenir de plusieurs types d’autorités mais il doit s’agir d’une
autorité publique.

a. L’autorité administrative
L’information erronée émanant de l’AA peut recouvrir de forme diverse et émaner de
multiples organismes. Mais la ch. criminelle retient une appréciation très stricte. Arrêt du 10
avril 2002 : Elle considère qu’une réponse ministérielle ne pouvait pas être retenue comme
source de l’information erronée notamment lorsqu’elle était invoquée par un maire qui avait
une certaine expérience qui présumait sa compétence. La chambre criminelle a affirmé qu’il
était impossible de retenir une circulaire contraire à la loi comme source de l’erreur de droit.
Elle apporte cette réponse dans un arrêt du 18 janvier 2005 : Un boulanger fait travailler son
apprentis un dimanche. Le boulanger est poursuivi et invoque pour sa defence plusieurs
circulaires qui disaient qu’on pouvait faire travailler les apprentis en cas de besoin. Les juges
ont rejeté l’erreur den droit en considérant que de simple circulaire ne seraient remettre en
cause un texte de loi clair en lui-même. En revanche, la chambre criminelle a apporté une
précision dans un arrêt du 13 mai 2003 : Elle indique dans cet arrêt que l’application
partielle d’une RDD ne peut être couverte par l’erreur de droit. Il s’agissait de la mention qui
doit figurer sur tous les paquets de cigarettes « Nuis gravement à la santé ». Plusieurs
fabricants de tabac utilisent cette mention en visant la loi mais la loi française prévoit que
doit figurer sur les paquets la mention sans aucune adjonction mais d’autres pays admet
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l’adjonction de la loi.la chambre criminelle rejette l’erreur de droit qui serait causée par la
réglementation applicable dans d’autres pays de l’UE. La CC casse l’arrêt qui avait accordé
l’exonération de RP en considérant que l’application seulement partielle d’une RDD ne peut
donner lieu à l’utilisation de l’erreur sur le droit. En 1994, on a utilisé l’a utilisé l’erreur de
droit deux fois (arrêt 24 novembre 1998 : Erreur de droit résultait d’une information
erronée fournie par l’administration et arrêt du 11 mai 2006 : Un ressortissant français avait
perdu tous ces points sur son permis. Il demande à un officier de police s’il pouvait continuer
de conduire en France avec son permis internationale. Le policier a donné une réponse
positive mais a été poursuivi pour conduite sans permis de conduire et a fait état de la
réponse qui lui avait été donné par l’officier judicaire qui avait ré pondu par l’intermédiaire
de l’attestation. Il s’agit d’une erreur de droit puisque la réponse émanait incontestablement
d’une autorité publique et ma CC a maintenu la relaxe puisqu’on était dans l’hypothèse
d’une erreur de droit.).

b. L’autorité judicaire
L’hypothèse la plus intéressante est celle de la jp. La jp a de plus en plus de valeur au titre
des sources du DP. La jp peut-elle de venir source de l’erreur de droit ? Qu’en est-il d’une
divergence de jp ? On ne retient pas n’importe quelle divergence de jp mais ne divergence
de jp entre deux chambres de la CC. La chambre criminelle a indirectement répondu à cette
hypothèse dans deux arrêts rendus le 11 mai 2004. Ces deux arrêts ont été rendus sur des
faits identiques : Un salarié photocopie des documents appartenant à son employeur et les
photocopie pour les produire devant le conseil des prud’hommes en cas de litiges l’opposant
à son employeur. Ce comportement soit l’infraction de faux ou d’abus de confiance car
pendant le temps nécessaire au photocopiage, il s’est substitué au propriétaire. Pendant 40
ans, la qualification pénale du comportement vol ou abus de confiance est possible. Le mobil
avancé par le salarié ne peut pas être pris en compte car le mobil est indifférents à la
qualification pénale. Ici, ces preuves produites devant le Conseil des prud’hommes sont
obtenus grâce à la commission de l’infraction, ce sont des preuves illégales et en droit civil
les preuves illégales doivent être écartées. Pourtant, par une jp constante, la chambre
sociale de la CC considère ces preuves recevables et donc valables. La CA de Paris a
considéré que ces divergences de jp au sein de la CC rendait la RDD applicable incertaine et à
ce titre pouvait constituer une erreur de droit et a donc exonéré le salarié de la RP. La
chambre criminelle refuse l’erreur de droit car sa jp est constante depuis 40 ans mais en
même temps elle refuse l’erreur de droit en considérant que l’erreur, si elle peut exister,
n’était pas en l’espèce invincible car la qualification pénale des faits était constante depuis
plus de 40 ans. La chambre criminelle n’a pas écarté l’application de l’erreur de droit en
revanche l’erreur de droit n’est pas invincible.

c. Exclusion de l’autorité privée


L’erreur de droit ne peut jamais émaner d’une autorité privée. Seule l’information donnée
par une autorité publique peut être source de l’erreur de droit car cette autorité peut être
assimilée à l’autorité légitime. Cela a été affirmé dès l’entrée en vigueur du nouveau CP et
dans un arrêt du 11 octobre 1995 : Il s’agissait d’un litige opposant des époux séparés. La
procédure de divorce était en cours mais la demande formée par l’épouse avait été rejetés.
L’appartement familiale avait été attribué à l’épouse. La femme part en vacances avec ses
enfants. Le mari contacte son avocat pour regagner le logement familial. L’avocat lui dit qu’il
peut et s’introduit dans l’appartement familiale et en a profité pour changer les serrures. Ila
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été poursuivi pour violation de domicile et a fait valoir le fait que son avocat lui avait dit qu’il
était possible de regagner son domicile. Il a été relaxé sur le fondement de l’erreur de droit
mais la ch. criminelle a cassé en disant que l’erreur émanait d’un avocat qui est une autorité
privée qui ne permet pas de déclencher l’article 123-3.

B. Le défaut de publicité
Cette deuxième hypothèse est celle dans laquelle la règle n’a pas été publiée donc elle ne
peut être imputée au prévenu. Bien évidemment, cette hypothèse ne concerne pas la loi et
le R car tant que ceux-ci ne sont pas publiés, ils ne sont pas en vigueur. Ici, on est dans
l’hypothèses de certaines annexes techniques, si elles ont fait l’objet d’aucune publicité, il
serait envisageable de déclencher le bénéfice de l’article 122-3.

Pour que l’erreur de droit joue son rôle exonératoire, il faut que la personne soit convaincue
d’accomplir un acte légitime.

§3 : La légitimité de l’acte

L’erreur doit être absolue dans l’esprit de la personne ayant commis l’infraction. Si la
situation est ambiguë et si la personne a un doute sur la légalité de l’acte, elle ne peut être
exonérée de sa RP. Cette règle a conduit la chambre criminelle à déduire une conséquence
car l’erreur doit être absolue dans l’esprit du prévenu, cela veut dire que seul le prévenu
peut s’en prévaloir. Cette règle a été affirmé par la chambre criminelle dans un arrêt du 28
juin 2005 : Il a été poursuivi pour l’infraction d’achat d’oiseau appartenant à une espèce
protégée. Les juges du fond ont relevé l’article 122-3 et l’on exonéré de sa RP. La CC casse
l’arrêt car elle considère que pour que la personne puisse bénéficier de l’exonération de RP,
elle doit prouver qu’elle était intimement persuadée de commettre un acte légitime ce qui
veut dire que la preuve ne peut émaner que de la personne poursuivie. En aucun cas les
juges ne peuvent la relever d’office car cela retire le caractère de la légitimité de l’acte ici.
L’erreur perd son caractère exonératoire si elle ne légitime que partiellement l’acte. L’acte
commis doit nécessairement être un acte légal et légitime.

SECTION 3 : L’appréciation juridique

L’erreur de droit est appréciée in concreto, donc par rapport à la situation personnelle,
intellectuelle et culturelle de l’individu. Pour apprécier l’erreur de droit les juges tiennent
compte du niveau d’instruction de la personne mais aussi de son niveau de connaissance
juridique car les juges mesurent ici son aptitude à éviter l’erreur. Cette appréciation in
concreto aune conséquence sur la situation de professionnel car sont soumis à une plus
grande sévérité et sont censé connaitre les « règles de l’art » et ne pourront pas se prévaloir
de l’ignorance de ces règles dans ’exercice de leur profession.

SOUS-TITRE 2 : Les causes objectives d’irresponsabilité pénale

Ces causes objectives d’IP trouvent leur source dans l’infraction elle-même ou dans des
circonstances entourant la commission de l’infraction. Ces causes sont donc appelées par la
doctrine des « faits justificatifs ». Ces causes d’irresponsabilité font disparaitre la culpabilité
et il n’y a donc plus de participation. Fautive de l’auteur de l’infraction. Ces causes opèrent in
SEMESTRE 4

rem et se rattachent donc à l’acte ce qui veut dire qu’elles se transmettent à tous les
participants à l’infraction (auteur, co-auteur, complice). Il existe 4 cause objectives
d’irresponsabilités. Les 4 sont inspirées par la nécessité de commettre une infraction. Cette
nécessité peut être admise préalables et donc imposée par la loi ou une autorité légitime,
soit la nécessité de commettre l’infraction émane des circonstances de l’espèce.

CHAPITRE 1 : L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime

L’ordre de la loi et le commandement sont définis à l’article 122-4 du CP. Ce sont des causes
qui s’appliquent à toutes les infractions mais les deux causes d’I sont indépendantes l’une de
l’autres car figurent dans deux al. autonome car la loi donne des ordres directement sax
particuliers et n’a pas besoin de passer par l’intermédiaire hiérarchique.

SECTION 1 : L’ordre ou l’autorisation de la loi

L’obligation ou l’autorisation de la loi est définie à l’article 122-4 al. 1er. Dans cet article
l’infraction est justifiée par l’application croisée de plusieurs textes dont un donnera lieu à
une exonération de RP. Mais cet article ne peut jamais opérer de manière isolée, cet article
est nécessairement utilisé avec un autre texte. Cet article opère par renvoie.

§1 : La source

L’infraction se trouve justifiée par un texte de loi qui vient paralyser la RP née de la
commission de l’infraction. Mais on voit bien que l’article vise comme source de la cause d’I
« les dispositions législatives et réglementaires. » On retrouve ici la dualité de la légalité
pénale.

I. La loi
La loi peut justifier n’importe quelle infraction. Elle créée des crimes et délits mais aussi des
contraventions. L’hypothèse de travail est celle d’un conflit entre plusieurs textes de loi donc
une loi impose une obligation. La violation de cette obligation constitue une infraction
pénale mais une autre loi autorise la violation de cette obligation dans certaines
circonstances. Dans cette hypothèse, l’infraction est justifiée par le deuxième texte mais on a
ici un conflit entre une norme prohibitive et une norme justificative. Laquelle de ces deux
normes l’emporte ?

A. Conflit entre des lois de nature identique


La règle qu’on devrai appliquer et celle selon laquelle « Le spécial l’emporte sur le général. »
La loi spéciale qui autorise la commission de l’infraction dans certaines circonstances
l’emporte sur la loi de prohibition générale. L’article 73 du CPP, par exemple veut dire que
lorsqu’on assiste à une infraction flagrante on peut en appréhender l’auteur et
généralement lorsqu’on fait cela, l’auteur n’est pas ravi et l’auteur peut être violence. Cet
article veut dire qu’on n’organise jamais de procès sur la place publique. Arrêt du 28 mars
2006 : Il s’agissait d’un cambriolage. Les juges ont examiné la comptabilité de son acte avec
la permission de la loi et ont constaté que la permission était limitée au fait d’appréhender.
La ch. criminelle constate que l’usage de la force n’est pas exclusif de la permission accordée
par la loi.
SEMESTRE 4

B. Conflit entre des lois de nature différente


On est dans l’hypothèse où les lois appartiennent à des disciplines différentes. Il y a toujours
une loi qui appartient au DP, celle qui prévoit l’infraction et l’autre loi qui est prévue par une
autre discipline juridique. Généralement, la loi pénale qui est la norme prohibitive l’emporte
sur la loi d’une autre nature. Dans l’hypothèse du viol entre époux, il s’agit du conflit entre la
loi pénale, plus précisément l’article 222-23 interdit les rapports sexuels imposé par
violence, contrainte, menace ou surprise. Arrêt du 5 septembre 1990 : L’époux avait imposé
à son épouse un rapport et se prévalait du cc car par le mariage les époux s’obligent à une
communauté de vie qui implique des relation charnières. La CC consacré le viol entre époux
puisqu’à relever que l’article 222-23 a comme fin de protéger la liberté de chacun et n’exclus
pas de ses prévisions légales les personnes unies par les liens du mariage. La loi du 4 avril
2006 a consacré cette analyse car a précisé que les qualifications d’agression sexuelles et de
viol s’appliquent dans le cadre du mariage et a précisé que la présomption de consentement
des époux à l’acte sexuel est une présomption simple. La loi du 9 juillet 2010 sur les
violences faites aux femmes a supprimé l’indication sur la présomption puisqu’on a
considéré que symboliquement elle avait une portée juridique désastreuse. Néanmoins,
l’article 222-22 dispose que le viol et les agressions sexuels sont constitués quels que soit la
nature des relations sexuelles existants entre l’agresseur et sa victime y compris s’ils sont
unis par les liens du mariage.

C. Conflit entre une loi pénale et d’autres sources


Ces autres sources sont les coutumes et les usages. La RDD imposée par la loi pénale
l’emporte sur les coutumes et les usages. Cela est incontestable lorsque la coutume est
contraire à la loi pénale et donc la RP est maintenue. La chambre criminelle a une jp
constante et qui a été une des illustrations le plus souvent retenu. En revanche, il s’agit de
réfléchir aux coutumes qui sont des coutumes praeter legem (qui complètent la loi) et qui
sont donc acceptées par les juges. On a l’hypothèse du droit de correction des parents et des
enseignants qui est accepté en cas de violence très légère, c’est l’éternelle débat de la
fessée. On peut aussi avoir des coutumes qui complètent la loi en étant parfaitement
admises par celle- ci. L’article 521-1 du CP réprime les actes de cruauté envers un animal
domestique. Ces actes de cruauté constituent un délit puni de deux ans d’emprisonnement
et cet article prévoit que les dispositions ne sont pas applicables « aux courses de taureaux,
lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoqué et ne sont pas non plus
applicables dans les combats de coqs ». Ces deux H renvoient à une tradition locale
ininterrompue qui est l’usage et la coutume. Le CC a été saisir sur la constitutionnalité de cet
article et lui a été posé la question de la violation du principe d’égalité devant la loi puisque
la prise en compte d’une tradition locale ininterrompue viole la légalité pénale. Le CC a
rejeté cette critique car il ne faut pas traiter de manière identique toutes les situations
juridiques et surtout, le CC constate que la référence à certaines pratiques traditionnelles ne
porte pas atteinte à un droit constitutionnellement garanti. Cette appréciation de l’usage et
de la coutume est donc confiée au JJ. Arrêt de la deuxième chambre civile du 10 juin 2004 :
Organisation d’une course de taureaux. Les juges du fond acceptent l’organisation de cette
course. La CC casse l’arrêt car les juges du fond ont caractérisé la coutume dans la région or
le texte, fait référence à une tradition ininterrompue dans un « ensemble démographique
locale. »
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II. Le règlement
Le R peut justifier, normalement, la commission d’une contravention car le R peut créer une
contravention donc par un parallélisme des formes, le R pourrait faire disparaitre la RP née
de la violation d’un autre R. Le R peut-il faire disparaitre la RP né de la commission d’un
crime ou d’un délit ? La circulaire d’application de nouveau CP a envisagé cette H. Cette
circulaire a précisé qu’une prescription découlant d’un R peut justifier la commission d’un
délit et même d’un crime si le R qui la revoir se borne à mettre en œuvre un texte législatif
en fixant les modalités d’application. On peut voir qu’on se détache du parallélisme mais si le
R est illégal, il est impossible de lui donner des effets et donc il ne peut pas exonérer la
personne de sa RP. Arrêt du 14 décembre 2005 : Une personne avait fait des courses pour
un montant de 50 euros et a voulu payer avec un billet de 500 euros, le responsable du
magasin refuse et est poursuivi pour une contravention de deuxième classe (article R642-3
du CP) et a été condamné par la CA. On a aussi l’article L112-5 du Code monétaire et
financier impose au débiteur de faire l’appoint, on a donc aussi une contradiction. La CC
casse l’arrêt de condamnation car ici, le texte législatif l’emporte sur le texte réglementaire
et le responsable a été exonéré de sa contravention qu’il a tout de même commise.

§2 : L’ordre ou l’autorisation

La jp a choisi d’interpréter strictement cette cause d’I et ajoute des conditions qui
n’apparaissent pas dans la lettre de l’article 122-4 al.1er. On voit d’emblée que l’al. 1er
distingue deux H :
● Soit la loi ordonne la commission de l’infraction

● Soit elle l’autorise

A. L’ordre de la loi : les injonctions


Dans cette hypothèse, la loi ordonne de commettre qui est constitutif d’une infraction ce qui
permettra de justifier l’exonération de RP. Par exemple, les professionnels sont soumis à
l’obligation de confidentialité. Le CP puni la violation du secret professionnel. Néanmoins, de
nombreux texte obligent les professionnels à dénoncer certains comportements mais
comme c’est la loi qui les oblige, on ne peut pas retenir la RP. L’article 223-6 al. 2 puni la non
insistance à personne en péril. C’est l’hypothèse d’une personne confrontée à un péril
immédiat grave, la loi oblige dans cette H de porter secours à cette personne mais cette
obligation a des limites car ne permet pas de justifier toute infraction. Arrêt du 17
septembre 2003 : A la suite d’un coup de fil, une infirmière accepte qu’on lui amène du
Portugal une personne blessée par balle. Cette personne a participé à un braquage. Elle le
reçoit chez elle et l’abrite et est donc poursuivie pour recel de malfaiteur et invoque l’article
223-6 al. 2 et considère que cette personne était en péril. Les juges lui refusent le bénéfice
de la cause d’I car le péril n’était imminent car cette personne a été amené en voiture du
Portugal. Les injonctions sont relativement rares.

B. Les autorisations de la loi : les permissions


Dans cette hypothèse, l’acte a été seulement autorisé par la loi. Pour que la cause d’I
produise ses effets, l’acte doit être normalement exercé. On se pose souvent la question de
dépassement de la permission accordé par la loi.
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1. L’exercice de la médecine
Cet exercice peut conduire à la commission d’infraction graves. Par exemple, une opération
constitue une infraction d’une violence volontaire aggravée du point de vue du DP. Les actes
médicaux, sont justifiées par le consentement du patient mais son consentement n’est pas
suffisant. L’application de la RP est guidée par la notion d’urgence et d’intérêt médical.

L’IM est considéré par les juges comme étant constitué par l’objectif thérapeutique
poursuivi. On a une appréciation délicate car si l’intérêt scientifique n’est pas une cause
d’exonération de la RP. Arrêt du 30 mai 1990 : Un homme avait le sentiment d’appartenir au
sexe féminin. Un médecin a procédé à l’ablation de l’appareil externe masculin. Le patient
est déçu de l’intervention et donc porte plainte contre celui-ci. Le médecin recommence et
est toujours déçus, maintient ses plaintes et se suicide. Le médecin est poursuivi pour
violences volontaires avec préméditation et est condamné par les juges car ils considèrent
que l’opération a été faite dans un intérêt scientifique du médecin et pas dans un intérêt
thérapeutique du patient. L’intérêt thérapeutique est aujourd’hui défini par le Code de la
santé publique et repose sur la nécessité thérapeutique pour la personne elle-même mais
aussi sur la nécessité thérapeutique pour autrui. Cela renvoie aux actes de prélèvements
d’organe.

L’urgence est prise en compte et justifie certains exercices illégaux de la médecine alors
même que les autres conditions ne sont pas remplies. Par exemple, pour l’exercice de la
médecine, il faut avoir le titre de médecin. Mais une autorisation est admise par la loi car un
maitre-nageur bénéficiera de l’autorisation de la loi. La seule H d’urgence est l’hypothèse du
péril vital imminent. Lorsqu’il y a ce péril, il est même possible de passer outre le
consentement de la personne soit parce qu’elle n’est pas en état de le donner ou parce
qu’elle ne le donne pas. Dans l’exercice de la médecine il y a l’hypothèse de qualification
pénale nombreuses qui peuvent être retenues. Il y a une autre H qui est celle de la fin de vie.
Depuis la loi du 22 avril 2005, le droit français contient des autorisations qui exonèrent les
médecins de leur RP, on peut retenir de nombreuse qualification pénale tels que la non-
assistance à personne en danger ou HI. La loi du 22 avril 2005 a introduit dans le Code de la
santé publique certaines autorisations de la loi qui permettent de cesser tout traitement
lorsque le traitement est inutile, disproportionné ou n’a d’autre effet que le maintien
artificiel de la vie. Cette loi interdit l’acharnement thérapeutique. Cette loi constitue donc
une autorisation de commettre une omission de porter secours à personnes en péril.
D’ailleurs, la loi du 2 février 2016 est allée encore plus loin dans cette autorisation car elle a
introduit le droit à la cédassions terminale continue. Lorsqu’une personne demande l’arrêt
de traitement, cela s’accompagne d’une cédassions terminale continue ce qui provoque la
perte de connaissance pour cesser les traitements. Ces lois n’autorisent en aucun cas un acte
positif de donner la mort à autrui. Ces actes positifs donnant la mort à autrui continuent
d’être qualifiés pénalement d’HV. Le traitement antidouleur à double effet est autorité par
ces lois même si ce traitement peut avoir comme effet secondaire d’abréger la vie. En aucun
cas cet effet ne peut être ni voulu ni recherché.

2. Les sports violents


Il peut y avoir commission d’infractions diverses et on avance ici un certain nombre de
justification. Une des justification systématiquement avancée porte sur le consentement de
SEMESTRE 4

la victime car en participant au jeu, la personne a par avance consenti au risque. Mais le
consentent n’est pas suffisant, il faut en plus une autre justification et on considère ici qu’il y
a une autorisation implicite de la loi mais la loi n’autorise que l’exercice normal de sport. Ce
qui veut dire qu’en cas de dépassement ou de risque anormal, on peut enger la RP d’un
joueur belliqueux. Souvent les juges distinguent les fautes dans le jeu et les fautes contre le
jeu qui peuvent donner lieu à la mise en œuvre de la RP.

3. Le droit de correction
Le droit de correction puise sa légitimité dans la coutume mais il est régulièrement remis en
cause. Ce droit est exercé en général par les éducateurs et par eux on entend les parents et
les enseignements. Les corrections légères sont admises au bénéfice des parents dans des
limites raisonnables et lorsque les violences n’entraient aucunes conséquences physiques.
En revanche, toutes violences laissant des traces est considéré comme étant une
qualification pénale qui maintient la RP. Les violences légères constituent une contravention,
donc par le juge de circonstances aggravantes on arrive dans le cadre de qualification de
violences volontaires qui font encourir à leurs auteurs 5 ans d’emprisonnement. En
revanche, dès qu’il y a des suites on condamne et on maintient la RP. Par exemple, un père
casse la guitare sur la tête de son fils ce qui entraine un hématome et donc entraine la RP du
père. Arrêt du 7 novembre 2017 : Un agent territorial spécialisé des écoles maternelles
poursuivie de violences physiques et morales sur des enfants. Des témoignages révélaient
que l’assistance pratiquait des méthodes éducatives violentes. Cette personne demande à
bénéficier de l’exonération d’I. la chambre criminelle dit que les violences physiques,
psychologique ou verbales excèdent le pouvoir disciplinaire dont dispose les enseignants.

4. Le droit de tirer des forces de l’ordre


Les forces de l’ordre qui englobent la police et la gendarmerie. Le droit de tirer des forces de
l’ordre est le droit d’engagement de l’arme par ces forces qui est une des questions les plus
importante mais aussi les plus délicates.

a. Les régimes spéciaux traditionnels


Ces régimes distinguaient selon les de force de l’ordre qui en bénéficiait. On distinguait entre
la force de police et de gendarmerie. Il faut inscrire cette autorisation sous l’égide de l’article
2 de la C°EDH qui protège le droit à la vie mais qui autorise un certain nombre d’exception
dans lesquelles on trouve le recours à la force mais accompagné de deux conditions que sont
l’absolue nécessité et la proportionnalité. Les gendarmes avaient le droit de tirer selon le
décret du 20 ami 1903, les gendarmes pouvaient engager l’arme afin d’immobilier une
personne lorsqu’ils ne pouvaient pas faire autrement. La jp considérait qu’il y avait une
autorisation de la loi. Il fallait que le gendarme soit en uniforme, doté de son arme de service
et en mission, il pouvait engager l’arme. En revanche, les forces de police ne pouvaient
engager l’arme que dans le cadre des conditions de droit commun, c.à.d. en cas de légitime
défense. La CC a précisé les contours de la permission aux forces de gendarmerie dans un
arrêt du 18 février 2003. Il s’agissait en l’espèce de deux motards de la gendarmerie qui ont
demandé à un véhicule de s’arrêter, le conducteur refuse. Les motards suivent le véhicule.
Ici, le gendarme a été poursuivi du chef d’HI. Le gendarme a demandé à être exonéré de sa R
pénale car il remplissait de toutes les conditions d’engagement de son arme. Les juges du
fond l’exonèrent de sa R pénale. Néanmoins, la CC casse l’arrêt de relaxe du gendarme et
l’arrêt appel 3 remarques importantes :
SEMESTRE 4

● Dans cet arrêt, la CC opère bien une unification du régime juridique des gendarme et
des policiers mais dans le sens d’une restriction du droit des gendarmes

● Cette permission de tirer résultait ici d’un décret, or, il peut être considéré par la CC
qu’un décret ne soit suffisant pour porter au droit à la vie qui le droit la plus
importante garantie par la loi pénale

● Dans cet arrêt, la CC modifie les règles d’appréciation de l’article 1212-4 car les 3
conditions ne suffisent plus maintenant pour déclencher l’exonération de RP. Les
juges doivent en premier lieu s’assurer que l’usage de la force était « absolument
nécessaire ». La chambre criminelle impose au juge répressif de procéder à un
contrôle de proportionnalité ce qui est très important car l’article 122-4 ne contient
pas de contrôle de proportionnalité. La CC opère donc par contagion avec les autres
causes objectives d’irresponsabilité qui se trouvent dans les articles voisins (122-5 et
122-7).

On peut retenir plusieurs éléments :


● Une évolution de la jp européenne qui a développé les conditions d’absolue
nécessité et de stricte proportionnalité de l’engagement de l’arme. La CEDH a affermi
ses exigences dans des arrêts concernant d’autres pays, notamment l’arrêt Ulufer
contre Turquie mais aussi de l’arrêt Guerdner contre France dans lequel la CEDH est
revenu sur le régime spécial applicable au gendarme.

● Sont aussi intervenus les attentats commis en France et les questions de


l’engagement de l’arme dans un contexte terroriste. Les autres forces de l’ordre, il
fallait attendre que les assaillant fassent usage de leurs armes à feu pour pouvoir
riposter. Dan de contexte, on a eu une tentative législative qui s’est manifestée dans
la loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé qui a introduit dans
le CP l’article 122-4-1. Cet article introduit une disposition générale qui concerne les
policier et gendarme mais aussi les militaires déployés dans le cadre de l’opération
Sentinelle qui peuvent engager l’arme mais cet usage doit être « absolument
nécessaire et strictement proportionné. » En revanche, l’usage de l’arme peut être
utilisé pour empêcher la réitération de l’infraction : c’est l’hypothèse du périple
meurtrier. Cette disposition a aujourd’hui disparue car la loi du 28 février 2017 a
prévu un régime général d’engagement de l’arme à feu.

b. Le régime général d’engagement de l’arme


La loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique a totalement redéfini les conditions
de l’engagement de l’arme. Cette loi s’est placée sous l’égide de l’article 122-4, il s’agit donc
de la loi spéciale de permission. Cette loi s’inspire directement de la légitime défense et de
l’état de nécessité mais elle a choisi de traiter globalement toutes les hypothèses sous
l’angle de l’article 122-4. Cette loi a choisi d’unifier le régime juridique des forces de police et
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de gendarme rie mais, aussi de toutes les forces de l’ordre engagée à un titre général ou
particulier du maintien de l’ordre. Le texte aujourd’hui ne figure plus dans le CP mais on a un
texte de référence qui est l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure. Ce texte vise les
policiers, les gendarmes, les militaires, les douaniers et de manière partielle seulement les
agents de police municipale seulement lorsqu’ils portent une arme et lorsqu’ils en font
usage en cas de défense absolue et proportionnée et les personnels de surveillance de
l’administration pénitentiaire qui peuvent utiliser les armes dans les hypothèses de légitime
défense, de tentative d’évasion ou de résistance par la violence. L’article permet d’utiliser
l’arme uniquement dans certains cas. Cet article établie une liste limitative de 5 cas dans
lesquels les forces de l’ordre peuvent engager l’arme :
● L’arme est engagée lorsque des atteintes ou menace sont portées à leur vie, intégrité
physique ou contre autrui

● L’arme peut être engagée après deux sommations faites à haute voix lorsqu’ils ne
peuvent défendre autrement les lieux ou les personnes qui leur sont confiées

● Immédiatement après deux sommations adressées à haute voix, lorsqu’ils ne


peuvent contraindre à s’arrêter des personnes qui cherchent à échapper soit à leur
garde, à leurs investigations et qui sont susceptible de perpétrer dans leur fuite. Des
atteintes à la vie ou à l’intégrité d’autrui

● Ils peuvent tirer pour immobiliser tout véhicule, embarcation ou moyens de


transports dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et qui sont
susceptible dans leur fuite de commettre des atteintes à la vie et à l’intégrité
physique d’autrui

● Ils peuvent faire usage de la force armée dans le but exclusif d’empêcher la
réitération dans un temps rapproché d’un ou plusieurs types de meurtre : c’est
l’hypothèse du périple meurtrier prévue anciennement à l’article 122-4-1.

L’article permet l’engagement de l’arme en posant des conditions formelles et


substantielles.

Les conditions formelles : Non seulement les force de l’ordre doivent agir en tant que tel
mais cela doit se voir. Le texte exige que les agents agissent « dans l’exercice de leur
fonction, revêtu de leur uniforme ou des assignes extérieurs et apparents de leur qualité et ils
doivent faire usage de leurs armes. » ce qui désigne expressément leurs armes de service.

Les conditions substantielles : La loi exige que l’usage des armes soit fait « en cas d’absolue
nécessité et de manière strictement proportionnée ».
SEMESTRE 4

SECTION 2 : Le commandement de l’autorité légitime

Ce commandement est défini à l’article 122-4 al.2 du CP. Cet alinéa permet à la personne
qui a exécuté un ordre illégal de s’exonérer de sa RP dans des cas qui sont strictement
prévus par la loi parce qu’il faut nécessairement que l’ordre ne soit pas « manifestement
illégal ». Donc la cause d’irresponsabilité s’explique par la position subalterne qui déclenche
l’exonération mais pour cela il faut d’une part que l’auteur de l’infraction soit soumis à une
autorité légitime, et d’autre part, il doit se soumettre à son commandement saut si cet ordre
est manifestement illégal.

§1 : L’autorité légitime


Cette autorité est nécessairement une autorité publique. Le commandement de l’autorité
privée ne justifie jamais l’infraction. Arrêt du 12 janvier 1977 : En l’espèce, des parents
avaient poussés des enfants à causer des infractions et la jp considérait qu’il s’agissait d’une
R privée et ne pouvaient pas s’exonérer de leur R. cependant, un employeur privé qui
ordonne à son employé de commettre une infraction, ne permet à ce dernier de se dégager
des conséquences pénales de son acte, arrêt du 26 juin 2002 : En l’espèce, le propriétaire
d’un magasin refusait de payer le solde des travaux. Le gérant de la sté de travaux a
demandé à un de ses employé de recouper une partie du matériel installé dans ladite
boutique. L’homme en question a été poursuivi pour dégradation et cet employé pour
s’exonérer à démontrer qu’il n’a fait qu’exécuter l’ordre. La chambre criminelle refuse le
bénéfice de la causez d’exonération car exécuter l’ordre du supérieur hiérarchique ne
permet pas de s’exonérer de sa RP, lorsqu’il s’agit d’une autorité privée.

§2 : Le commandement
Le commandement permet au subordonné de s’exonérer de sa RP mais pas en toutes
hypothèses cat le subordonné est toute de même pourvu du libre arbitre, donc l’exonération
ne joue pas en toutes hypothèses.

A. Exécution de l’ordre
L’exonération est incontestablement accordée lorsque l’ordre est légal parce qu’il y aurait ici
une double justification :
● L’ordre légale (122-4 al.2)

● Le commandement légitime (122-4 al.2)

Qu’en est-il lorsqu’on obéit à un ordre illégal ? On distingue généralement deux systèmes :
● La théorie de l’obéissance passive dans laquelle on considère que le subordonné à
une obéissance aveugle. Tous ses actes sont justifiés par l’ordre qu’il a reçu, même
illégal, il est considéré un peu comme un instrument.

● La théorie des baïonnettes intelligentes dans laquelle on considère que dans


l’hypothèses d’un ordre illégal, le subordonné doit refuser de l’exécuter et s’il
l’exécute, il ne bénéfice plus de la justification. Dans cette théorie, on a une
obligation d’appréciation de la légalité de l’ordre.
SEMESTRE 4

Le droit français a choisi une conception nuancée entre ces deux théories. Ainsi, l’article 122-
1 tient compte ici de l’ordre manifestement illégal.

B. L’exclusion de l’ordre manifestement illégale


Cela veut dire que les personnes qui reçoivent l’ordre ont l’obligation de l’apprécier, il y doc
une exigence de discernement de la part du subordonné et en cas d’illégalité manifeste, ils
ont l’obligation de refuser de l’exécuter. Autrement la cause d’irresponsabilité prévue par
l’article 12-4 al.2 ne permet pas de les exonérer de leur RP. Un exemple d’ordre
manifestement illégal sont les ordres donnés par des chefs de bande armées de procéder à
des crimes contre l’humanité. E droit pénal, cette conception est nuancée car c’est
l’évidence de l’illégalité qui est pris en compte. Donc du point de vue de l’al.2 ce qui est il y a
de plus important est l’adverbe « manifestement » car si certains ordres peuvent être
validés dans des situations exceptionnelles, c’est l’évidence du degré d’illégalité qui exclut le
mécanisme ici. Arrêt du 30 septembre 2008 : Écoutes téléphonique sur des personnalités de
la sté civiles. Ces écoutes étaient commanditées par le chef de l’E de l’époque (F.
Mitterrand). Ces écoutes étaient opérées par des chefs de la gendarmerie et de la police et
ont été poursuivi pour atteinte à la vie privée et on fait valoir l’ordre émanant de PR. Les
juges ont refusé l’exonération d’irresponsabilité à toutes ces personnes car les juges ont
considéré qu’il ne leur était imposé « aucune obéissance inconditionnelle à des ordres
manifestement illégaux ».

Arrêt du 13 octobre 2004, affaire des paillotes corses : En 1999, après l’assassinat d’un
préfet en Corse. On nomme un nouveau préfet avec des pouvoirs exceptionnels. Il s’agissait
de détruire des restaurants qui ont été construits sur le littoral corses. La plupart des
procédures aboutissent mais en 1999, une paillote restaurant est détruite par un incendie
nocturne. Sur le lieu du sinistre on trouve des tracts, divers objets dont un poste radio et
l’expertise montre que cette radio appartenait à un gendarme placé sous les ordres d’un
gendarme chef-colonel. Sont poursuivi et condamnés le colonel de gendarme et le préfet de
région. Le colonel de gendarmerie est condamné pour destruction volontaire par moyen
dangereux comme auteur principal et le préfet de région est condamné comme complice. Le
colonel de gendarmerie pour se défendre invoquait l’article 122-4 al.2 et démontrait en
premier lieu qu’il avait exécuté l’ordre émanent de l’autorité légitime et en effet, le préfet
est fondé à donner des ordres qui est une autorité publique. Les juges lui refusent
l’exonération d’irresponsabilité en considérant qu’il n’a pas pu se méprendre sur le caractère
manifestement illégal même dans une situation de crise dans la mesure où il disposait de
suffisamment d’éléments pour apprécier ses ordres. Les juges dégagent ici deux critères qui
permettent de mesure l’ordre manifestement illégal :
● Critère objectif qui repose sur la nature de l’infraction ordonnée, sa nature
intrinsèque.

● Critère subjectif qui invite à se penser sur la qualité de la personne de l’agent


subordonné. Ce critère tient compte de la qualité et de la position hiérarchique du
subordonné. Les juges considèrent « qu’un colonel de gendarmerie ne pourrait pas
se méprendre » et ensuite les juges apprécient in concreto cette condition, car le
prévue considérait qu’on pouvait tenir compte du contexte particulier de la situation
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car le préfet avait élu par dans des circonstances exceptionnelles avec des pouvoirs
exceptionnels. Or, ici, l’auteur de l’infraction considérait que cette situation lui
conférait une image exceptionnelle aux yeux de ses collaborateurs et on pouvait
estimer que l’ordre n’était pus de toutes évidence illégale. Cette argumentation est
rejetée par la CC car les juges ont considéré que les destructions ce sont faites de
manière clandestine, e utilisant un moyen dangereux, sans recourir à la force
publique ce qui est manifestement illégale en toute situation exceptionnelle.

SECTION 3 : La légitime défense

La LD est définie à l’article 122-5 du CP. L’idée générale est celle selon laquelle une
personne est agressée et en réagissant contre son agresseur, elle commet à son tour une
infraction. Lorsque la riposte constitue une infraction pénale, peut-elle s’exonérer de sa
RP ? La LD est une situation qui est admise depuis toujours et c’est une des causes
d’irresponsabilité qui est universelle. La CEDH admet la LD qui constitue une exception
au droit à la vie. Cependant, la LD est encadré strictement par la loi car cela n’est pas le
droit de se faire justice soi-même. C’est la raison pour laquelle si la LD est entendu
largement par le CP, elle est encadrée dans des conditions strictes.

§1 : Les conditions de la légitime défense

La LD est une riposte née en réaction à l’atteinte initiale. Il faut étudier successivement
l’attaque et ensuite la riposte.

I. L’atteinte initiale
La LD est nécessairement déclenchée par une attaque qui émane exclusivement d’un tiers.
Cela permet de distinguer la LD de l’état de nécessité. Cette atteinte peut viser les personnes
ou les biens.

A. L’atteinte aux personnes


Cette atteinte renvoie à l’hypothèses classique de la LD qui est définie à l’article 122-5 al.1er.
Le législateur ici, exige que l’atteinte présente un caractère injuste mais en même temps,
l’atteinte peut viser l’auteur de la LD mais aussi autrui. On retrouve donc ici la véritable
philosophie de la LD qui est l’utilité sociale. C’est pourquoi la LD a un champ d’application
large car c’est aussi un acte de solidarité sociale. Arrêt du 19 juillet 1989 : Une personne
assiste à l’agression d’une autre personne. Un témoin intervient et blesse l’agresseur qui
porte plainte. La personne qui l’a blessée est exonérer de sa RP. Lorsque l’atteinte initiale
porte sur l’intégrité physique de la personne, elle est incontestable. Quid en cas d’atteinte à
un intérêt moral ? L’article 122-5 al. 1er ne précise pas la nature de l’atteinte initiale. C’est
pourquoi, les juges, ont pu dans des hypothèses très limitées étendre la LD à des atteintes à
un intérêt moral. Arrêt du 18 juin 2003 répond à cette question mais ce n’est pas un arrêt de
principe : Une altercation oppose une élève mineure à son professeur d’EPS. Cette élève
décide de quitter le cours, le professeur se met devant la porte de la salle de sport et barre le
passage physiquement de la porte. L’élève avance vers lui, se heurte à lui et face à la
résistance elle tombe, insulte donc son prof et balance son sac en direction de son
professeur de son EPS. Il s’approche delle et lui donne un coup léger de pied dans le tibia.
Les parents amènent leur fille consulter un médecin mais ici il y a des violences volontaire
SEMESTRE 4

commises sur une mineur par une personne ayant une autorité dans un établissement
scolaire. La mère porte plainte et le professeur fait valoir la LD. Les juges du fond
considèrent qu’il y a eu LD car il y a eu une défense physique à une agression verbale
violente. La chambre criminelle a rejeté le pourvoi mais elle ne retient pas ici une formule
générale permettant de consacrer cette forme de LD. I semble que cette riposte soit admise
sous réserve de l’appréciation des juges. Les juges du fond admettent que la gravité de
l’atteinte morale justifie une riposte physique légère.

B. L’atteinte aux biens


La LD des biens est prévue à l’article 122-5 al.2. Ici, l’atteinte contre les biens est visée
expressément. On a une évolution jptielle et législative à la fois. Néanmoins, la jp a introduit
la LD des biens car les juges ont constaté qu’il y avait une porosité entre les deux situations.
La chambre criminelle admettait aussi la LD des personnes. L’auto défense par l’utilisation
d’engin n’étaient pas admis au titre de la LD. L’article 122-5 al.2 a consacré cette jp en
introduisant dans la loi la LD des biens. On peut voit qu’elle est admise uniquement en cas
de crime ou délits contre les biens, elle est exclue en cas de contravention. Décision de la CA
de Toulouse : une altercation entre deux voisins à propos du passage d’un véhicule sur une
voie privée. Les coups n’étaient pas graves, donc il a commis une contravention de violences
volontaires et a été poursuivi pour cela et a fait valoir la légitime défense en disant qu’(il a
frappé son voisin car avait donné un coup de pied à son véhicule. Il n’a donc pas été exonéré
de sa RP.

II. L’acte de défense


L’acte de défense doit présenter certaines caractéristiques pour être légitimes. S’il y a une
condition commune, de manière générale, la LD des biens est soumis à des conditions plus
strictes.

A. Le caractère intentionnel de l’acte


L’acte de défense est nécessairement une infraction intentionnelle. La ch. criminelle dans un
arrêt de principe du 16 février 1967 a posé le principe selon lequel la LD est incompatible
avec les infractions involontaires. Il faut comprendre que dans certaines hypothèses, le choix
de la qualification est fait par le juge et ce choix permet bd de déterminer la possibilité
d’utiliser la LD ou non. La différence la plus importante porte sur le choix qui serait entre
l’HIU et les violences voltaires qui entraient la mort dans intention de la donner. Arrêt du 2’
mars 2009 : Une personne est agressée par un coup de tête lui provoquent une fracture du
nez. Il a riposté par une prise de combat qui a causé une lésion de la colonne vertébrale de la
victime ce qui a causé une paralysie et le décès deux ans après (triste vie...). Les témoignages
démontrent qu’au moment où la prise a été effectuée, l’agresseur n’était plus armé. Le juge
retient la qualification d’HV qui n’est pas contestée. La personne poursuivie, devant le
tribunal correctionnel, fait valoir la LD et la personne demande la requalification des faits en
violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner. La chambre
criminelle casse l’arrêt en considérant que la juridiction du fond doit s’interroger sur le
caractère intentionnel des faits.

B. La défense des personnes


L’article 122-5 al.1er poses plusieurs conditions, au nombre de 3, l’acte de défense légitime
doit être
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● Nécessaire

● Concomitant

● Proportionné aux faits

1. La nécessité
L’article dispose que l’acte doit être commandé par la nécessité. C’est donc une condition
sine qua none qui est d’appréciation délicate car elle est d’appréciation in concreto. Arrêt du
6 décembre 1995 : Les juges considèrent que le coup porté n’était pas nécessaire à la
sauvegarde de sa personne car elle était entourée de son compagnon qui est intervenu pour
stopper l’agresseur. Dans les hypothèses des atteintes putatives, la nécessité est très difficile
à apprécier. L’atteinte putatives une atteinte qui n’existe dans l’esprit de la personne mais a
posteriori, les circonstances démontrent que l’acte de défense n’était pas nécessaire. On se
demande si l’atteinte doit présenter un caractère d’absolue certitude objective ? La ch.
criminelle semble accepter la LD dans le cadre des atteintes putatives. Dans le cadre des
atteintes putatives, il y a deux éléments pris en compte par les juges :
● Les circonstances étaient-elle vraisemblables ?

● L’erreur d’appréciation était-elle justifiée ?

2. La concomitance
L’article exige « la personne accomplie dans le même temps. » Cela signifie que la riposte ne
doit pas intervenir après l’attaque car serait analysée comme une vengeance et ne serait
donc plus nécessaire. Mais de la même manière, si on ne peut pas riposter après l’attaque,
on ne peut pas non plus agit préventivement donc il est impossible de frapper l’auteur de
menace. On a régulièrement des problèmes sur l’appréciation de la concomitance. Par
exemple, dans l’affaire Jacqueline Sauvage, la question était celle d’une LD intervenu après
les violences.

3. La proportionnalité
La P est la condition la plus délicate. La défense ici doit être proportionnée à l’agression.
L’article 122-5 al. 1er rejette la LD lorsqu’il y a « disproportion entre les moyens de défense
employés et la gravité de l’atteinte. » La P est la continuation naturelle, logique de la
condition de nécessité. La P relève du pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond.
En revanche, il peut y avoir proportionnalité même lorsqu’il y a usage de l’arme compte tenu
des moyens violents employés par l’atteinte. Arrêt du 5 juin 1984 : Il s’agissait d’un
cambriolage de nuit. Le propriétaire entend des voix en bas et reconnait la voix d’un détenu
libéré. Il tire 3 coup de feu après avoir été blessé à la tête par l’un des cambrioleurs. Les
juges considèrent que le propriétaire a agi dans le cadre de la LD.

Une étude a été faite sur deux ans sur les décisions rendues par les grandes juridictions et on
a constaté que la P résulte souvent d’un parallélisme de moyen, par exemple altercation
armée entre voisin tous armés de balais. En revanche, dès que l’usage de moyen est plus
violent, il n’y a plus de P.

C. La défense des biens


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On va retrouver les mêmes conditions mais aussi bien la rédaction de l’al.2 que
l’interprétation jptielle nous conduisent vers une définition beaucoup plus stricte.

1. La nécessité
L’appréciation est plus stricte ici car elle est imposée par la loi.la LD doit être « strictement
nécessaire au but poursuivi » selon l’al.2. L’enjeu étant moindre, il est logique que la
nécessité soit appréciée plus sévèrement. Le choix d l’adverbe « strictement » nous indique
que l’acte de défense doit être l’unique moyen pour interrompre l’infraction contre les
biens. La situation.

2. La concomitance
La C est aussi plus strictement appréciée car la LD des biens doit avoir pour but
« d’interrompre l’exécution de l’in fraction dirigée contre un bien » selon l’al.2. Non
seulement la défense intervient dans un temps plus court, ici, elle s’inscrit dans une
temporalité stricte car elle doit avoir comme but d’interrompre l’infraction.

3. La proportionnalité
Ici, l’al.2 reprend la condition de P qui est plus strictement appréciée mais aussi assortie
d’une limite. En effet, l’acte de défense admissible ne peut jamais être in HV. On considère
qu’il y aurait une trop grande disproportion entre la défense du bien et l’atteinte à la vie de
la personne. Cette limite est symboliquement très importante. Du point de vue juridique,
elle constitue un garde-fou louable mais ne constitue pas une limite absolue. La seule limite
absolue est celle de l’exclusion des pièges à feu. Dans cette hypothèse, les conditions de la
LD des biens (N, C, et la P) ne sont pas remplies. Du point de vue juridique, il y a une
différence de rédaction entre le 1 er al. et le deuxième al. si le 1 er al. fait référence à la
disproportion, le deuxième al. exige que les moyens employés soient « proportionnés ». Cela
a une conséquence très importante car on en tire une conséquence du point de vue de la
charge de la preuve. En matière de LD des personnes (al. 1 er) c’est le Ministère public qui a la
charge de la preuve de la disproportion des moyens. En revanche, dans LD des biens (al.2),
c’est la personne qui a accompli l’acte de défense légitime qui doit prouver que les moyens
employés étaient proportionnés à l’atteinte. Pour faciliter la preuve, il y a des présomptions.

§2 : Le régime juridique

Le RJ présente certaines spécificités qui produisent des effets radicaux.

A. Les présomptions de LD
L’article 122-6 du CP prévoie des présomptions de LD dans des hypothèses qui sont
considérées comme particulièrement dangereuses, deux hypothèses sont retenues ici :
● Défense contre les auteurs de vols et de pillages exécutés avec violence

● Défense pour repousser de nuit l’entrée par effraction, violence pou ruse dans un lei
habité

Arrêt du 21 février 1996 : Il s’agissait d’un cas de tapage nocturne. Un voisin appel la police
qui se déplace. Après le départ de la police, deux convives se sont rendus chez plusieurs
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voisins à la recherche du dénonciateur. Mais ils arrivent à identifier la personne qui a appelé
la police. A 3 heure du matin, ils se présentent de nouveau chez le voisin, casse une vitre,
entre dans la maison, le voisin se munit d’un pistolet. Les juges considèrent que l’état de LD
était présent et la personne n’a pas eu besoin de le prouver la LD car entrait dans les
conditions de l’article 122-6. Néanmoins, la présomption, même si elle est prévue par la loi
est une présomption simple qui cède devant la preuve contraire qui est l’atteinte de danger
ici. Arrêt de principe du 19 février 1959 : Un individu ivre escalade le mur d’une maison, le
propriétaire se munit d’une arme et lui tire dessus. Le propriétaire invoque la LD. Mais les
juges ont estimé qu’il manquait la N et en absence de N la présomption de LD cède et on a
retenu sa RP.

B. Les effets de la LD
Les effets de la LD sont radicaux car le premier effet un effet d’irresponsabilité pénale mais
les effets civils sont tout aussi radicaux. La LD fait disparaitre la RP mais aussi la R civile donc
l’auteur de l’agression initiale ne peut pas bénéficier de la réparation du dommage pour
deux raisons :
● Une raison juridique car la LD exclut toute faute de la part de la personne agressée
of la RC repose sur une faute
● Une raison morale car il serait inéquitable que la personne agressée doive des DetI à
son agresseur

SECTION 4 : L’état de nécessité (EN)

L’état de nécessité est défini à l’article 122-7 du CP. L’hypothèse définie par le CP est celle
dans laquelle la personne commet l’infraction pour éviter un danger grave et imminent. Ce
choix de commettre l’infraction est justifiée par la volonté d’éviter un danger grave et
imminent. Dans cette hypothèse, la personne a subi une forme de contrainte qui l’a conduit
à commettre l’infraction. D’ailleurs, certains auteurs considèrent que la pluralité des causes
d’irresponsabilité sont artificielles.

§1 : Une définition générale de l’état de nécessité

L’EN a une inspiration ancienne. C’est une justification de l’infraction déjà connu en droit
romain. Ce droit autorisait certains actes lorsqu’on était confronté à l’EN. Par exemple, on
pouvait détruire la maison d’autrui pour éviter la propagation d’un incendie. Mais c’est le
droit canon qui a créé l’adage « Nécessité n’a point de loi ». Ensuite, l’ancien CP n’a pas
repris l’EN néanmoins, il y avait des applications spéciales de l’EN. Par exemple, il pouvait y
avoir une justification du fait de l’abatage d’animaux domestiques pour se nourrir. Mais sans
doute, la manifestation la plus célèbre de l’EN a été la justification de l’avortement par l’IVG
qui est une manifestation de l’EN. Mais en dehors de ces manifestations spéciales, il n’y avait
pas de reconnaissance générale de la cause d’irresponsabilité. C’est la jp qui a admis cela
pour la première fois dans un arrêt du 25 juin 1958 qui admet une justification générale de
l’EN. Dans cet arrêt un homme en voiture avait à côté de lui, sa femme et son enfant sur les
genoux. La porte était mal fermée et la femme et l’enfant était projeté dans la chaussé. Le
conducteur a été poursuivi pour HI et pour faire valoir son acte il a mis en exergue ce danger
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grave. Ici, les juges du fond l’on relaxé car « il c’était trouvé dans la nécessité d’agir ainsi ».
La chambre criminelle a cassé l’arrêt, néanmoins, elle a tout de même admis l’existence
d’une cause générale de nécessité et a défini cet état dans cet arrêt comme « la situation
dans laquelle se trouve une personne qui pour sauvegarder un intérêt supérieur n’a d’autres
ressources que d’accomplir un acte défendu par la loi pénale ». L’article 122-7 du CP fait le
choix de consacrer cette cause d’irresponsabilité.

§2 : Les conditions de l’état de nécessité

La rédaction de l’article 122-7 est très proche de l’article 1232-5 mais, il y a une différence
qui est celle que dans la LD il y a aussi une réaction à un danger mais dans la LD, le danger
émane nécessairement d’une autre personne alors que dans l’EN, le danger n’émane pas
d’une activité humaine. L’EN repose sur une réaction de sauvegarde d’un intérêt légitime
face à un danger.

A. Le danger
L’article 122-7 a repris les conditions posées par la jp, le danger doit être :
● Actuel

● Imminent

1. Un danger réel
En aucun cas le danger ne peut être simplement éventuel et la chambre criminelle l’a affirmé
à plusieurs reprises dans un arrêt du 1er juin 2005. En l’espèce, une bijouterie n’avait pas
déposé ses comptes au greffe du tribunal de commerce. Or cette omission constitue une
infraction punit par le Code de commerce. La gérante de la sté a été poursuivie et explique
qu’il s’agissait d’un choix de sa part car elle avait subi 7 cambriolages en 3 ans et le fait de
déposer les comptes montrait l’entrée de cette collection importante de bijou. La gérante
sera relaxée par la CA qui admet l’EN. La CC casse l’arrêt car il s’agissait d’un danger
simplement éventuel. Le danger doit menacer un intérêt sauvegardé par l’infraction.

2. L’intérêt sauvegardé (IS)


Le danger vise une personne, soit même ou autrui mais aussi un bien. L’IS peut être un
intérêt physique, matériel ou moral. Mais surtout, l’intérêt protégé doit être un intérêt
immédiat. En aucun cas, l’EN ne peut tenir compte d’un intérêt à long terme. Cela a été
exprimé par la chambre criminelle dans un arrêt du 21 novembre 1974. En l’espèce un
éducateur spécialisé dans les mineurs délinquants avait conduit pour une sortie en forêt 4
ados et les a laissés se promener durant 2 heures. Les ados se sont introduits dans une villa
et ont pris les occupants de la villa en otage. Un des occupants s’est sauvé et a croisé
l’éducateur et lui a demandé de mettre fin aux violences. L’éducateur a refusé d’intervenir et
pour échapper à la R pénale, il a fait valoir la relation de confiance avec les ados. Les juges
ont considéré que cette relation de confiance était intérêt qui s’inscrit dans la durée et ont
donc considéré qu’il n’était pas possible d’utiliser l4EN fa ce à un intérêt qui s’inscrit dans le
temps.

3. L’absence de faute antérieure


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La jp rendue sous l’empire de l’ancien CP exigeait que le danger n’ait pas été provoqué par la
personne qui se prévalait de l’EN. En d’autres termes, si la personne avait commis une faute
qui la plaçait dans une situation de danger et qui la conduisait à commettre l’infraction, elle
devait subir les conséquences de cette infraction. Cette condition utilisée par les juges était
critiquée par la doctrine car normalement, pour qualifier les faits on se place au moment de
l’action. C’est poursoi, le CP n’a pas reprise cette condition car il devait une interprétation
stricte de l’EN car l’infraction est justifiée dans l’EN. Malgré cette évolution que l’on note
dans le nouveau CP, la CC a préféré maintenir la sa jp dans un arrêt du 22 septembre 1999.
Dans cet arrêt, la ch. criminelle a considéré que la faute antérieure qui est pas placée dans la
situation de danger conduisant à la consommation de l’infraction ne lui permet plus de
bénéficier de l’EN. Cette condition d’absence de faute antérieure a été confirmée par un
arrêt du 1er juin 2010, il s’agit de l’arrêt Cannelle. Néanmoins cet arrêt rappel deux
enseignements :
● L’EN est compatible avec une infraction involontaire ce qui n’est pas le cas de la LD.
Son champ d’application couvre aussi les fautes non intentionnelles

● La chambre criminelle maintient et consolide la condition de l’absence de faute


antérieure lorsqu’on s’est placé soit même dans la situation de danger à la suite d’un
comportement fautif, le danger n’est plus imprévisible et ne permet plus de
bénéficier de l’EN.

B. La réaction
La réaction constitue une infraction mais c’est à la fois une infraction volontaire ou
involontaire. Le CP et la jp exigent que l’infraction soit nécessaire et proportionnée au
danger.

1. La nécessité
L’utilité sociale de l’infraction doit être incontestable ce qui veut dire que la commission de
l’infraction doit être nécessaire. Si la personne avait à sa disposition d’autres moyens pour
éviter le danger, il ne peut bénéficier de l’exonération de R. l’infraction doit avoir été la seule
possibilité qu’avait ici la personne. Arrêt du 12 janvier 1983 : Il s’agissait de la modification
de la réglementation du paiement des allocations chomages.la mise en œuvre de cette
nouvelle réglementation nécessitait plus d’heures de L. le directeur a donc choisi de faire L
ses agents le samedi et dimanche. Il a été pour violation de la législation de L et il fait valoir
un moyen de défense en expliquant qu’il avait essayé d’éviter de faire continuer à payer les
allocations à des personnes qui en avaient besoin. Néanmoins, les juges l’ont condamné car
il avait d’autres solutions en demandant une dérogation au Ministère du L par exemple.

2. La proportionnalité
L’infraction doit être proportionnée à la gravité du danger mais la proportionnalité conduit à
un calcul particulier parce que l’IS doit être supérieur à l’intérêt sacrifié. En revanche, l’article
122-7 emploi encore une fois le terme de « disproportion ». La conséquence de ce terme a
une conséquence de la charge de la preuve qui pèse donc sur le Ministère public car il doit
prouver que les moyens employés par l’auteur étaient disproportionnés à la gravité de la
menace. Traditionnellement, les premières illustrations de l’EN sont apparus dans le cadre d
vol de nourriture (Arrêt du Tribunal correctionnel du 4 mars 1899 = une dame a volé du
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pain pour nourrit son enfant). Cependant, l’application aux vols de nourritures ne sont plus
automatiques aujourd’hui, la chambre criminelle et les juges du fond ont retenu le contraire
par un arrêt par la CA de Poitiers du 11 avril 1997 : En l’espèce, une mère de famille a été
poursuivie pour des vols de denrées alimentaires, elle fait valoir l’EN. Les juges se sont
penchés sur la situation financière de la mère, la mère avait un compte créditeur alimenté
par de nombreux versements de prestations sociales et dans le contenu du caddy les juges
ont remarqué que des aliments de luxes et ont considéré que l’EN ne pouvait être retenu.
Dans l’affaire du sang contaminé dans l’arrêt du 18 juin 2003, la chambre de l’instruction
avait exonéré les médecins de leurs R pénale en application de l’EN. Le calcul de
proportionnalité fait le juge avait été validé par la ch. criminelle. Dans cette affaire il y avait
l’IS (la survie immédiate des malades) et l’intérêt sacrifié était le bon état de santé à plus
long terme. La situation est plus difficile lorsque les intérêts en présence sont égaux.
L’égalité des intérêts en présence conduit normalement au rejet de l’EN.

Qu’en est-il de la destruction de champ cultivés à base de plan génétiquement modifiés ?


Les faucheurs volontaires détruisent le champ d’autrui mais demandent de bénéficier de
l’EN car considéraient qu’ils sauvegardaient un intérêt supérieur.

Arrêt du 19 novembre 2002 : Des personnes qui ont détruit des champs ont demandé de
bénéficier de l’EN. La chambre criminelle refuse l’EN parce que d’une part les conditions de
l’article 122-7 ne sont pas remplis et il d’autre part, il n’y avait pas d’autres moyens
d’exprimer son désaccord que la destruction. Donc pas d’exonération de R pénale. La
question a rebondi avec la constitutionnalisation de la charte de l’environnement. Cette
constitutionnalisation lui donne-t-elle le statut d’un intérêt supérieur ? Les juridictions se
sont prononcées de manière dispersée car certaines juridictions admettaient l’EN dans ce
cas, d’autre la rejetaient. La chambre criminelle a répondu à cette question dans un arrêt du
7 février 2007 : La ch. criminelle a considéré que les conditions de l’EN ne sont pas remplis
en l’espèce. Tout d’abord, les faucheurs volontaires font valoir le respect pour
l’environnement et la sante. Cela démontre qu’il n’y a pas de danger actuel. Ensuite, l’acte
n’est pas nécessaire car il existe des voies de droit quoi n’ont pas été utilisées. Enfin, la
proportionnalité n’est pas non plus respectée car les champs ont été entièrement détruits
alors qu’ils contenaient seulement 10% de culture OGM.

Dans ces arrêts, l’utilisation de principe de précaution n’est pas pertinente pour l’EN. Car ce
principe de précaution qui repose sur un risque exclut l’utilisation de l’EN.

§3 : Les effets de l’état de nécessité

L’EN supprime la R pénale. Lorsqu’il est invoqué par une personne, le juge a l’obligation de
l’examiner. Encore une fois, l’EN maintient la R civile à la différence de la LD. Dans
l’hypothèse de la LD, le danger émane de la victime elle-même. En revanche, dans l’EN la
victime n’a pas joué de rôle moteur dans la survenance du danger.

SECTION 5 : Les lanceurs d’alerte

La loi du 9 décembre 2016 (loi relative à la transparente, à la lutte contre la corruption et


modernisation de la vie économique). Cette loi a introduit l’article 122-9 dans le CP. Le
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législateur a choisi ici de créer une nouvelle cause d’irresponsabilité qui est une cause
d’irresponsabilité autonome alors même qu’il renvoi à la loi de 2016 ce qui veut dire que
l’article 122-9 est une hypothèse particulière de l’article 122-4 al. 1 er. Le législateur a voulu
élever la protection des lanceurs d’alerte au rang des valeurs sociales protégées par le DP. En
DP français il existait déjà certains dispositifs spéciaux de protection, par exemple la loi du
13 novembre 2007 avait introduit un dispositif des protections de salariés lanceurs d’alerte
pour des faits de corruption. La loi du 9 décembre 2016 a choisi de forger un régime
juridique général qui protège tous les lanceurs d’alerte peu importe les domaines d’activité.
Mais pour utiliser l’article 122-9 il faut se reporter à la loi de 2016. L’article 6 de la loi de
2016 défini le lanceur d’alerte qui est une personne physique qui révèle et qui signale de
manière désintéressée et de bonne foi un crime, un délit, une violation d’un engagement
international ou une menace ou un préjudice grave pour l’IG. Mais la loi exige que le lanceur
d’alerte doive avoir eu connaissance personnellement des faits qu’il a dénoncés. En
revanche, la loi considère qu’il y a 3 types de secrets intangibles :
● Le secret de la défense nationale

● Le secret médical

● Le secret des relations entre un avocat et son client

La loi détermine aussi le déroulement du signalement à l’article 8 de ladite loi. On a 2


étapes :
● Le signalement de l’alerte à la connaissance du supérieur hiérarchique direct ou
indirect dans un délai raisonnable. C’est le juge qui déterminera ce délai. S’il n’y a pas
de réaction de la part du supérieur hiérarchique, la personne peut porter
connaissance de ces informations à l’autorité judicaire ou administrative. L’autorité
dispose de 3 mois pour le traité du signalement. Lorsque les 3 mois dépassé, la
personne peut rendre public le signalement. S’il s’agit d’un danger grave ou
imminent, on passe à la deuxième étape.
● Porter les faits à la connaissance des autorités et rendre les faits publics. L’obstacle à
la transmission du signalement est puni aussi des mêmes peines.

Le défenseur des droits était chargé d’orienter, de protéger mais aussi d’apporter une aide
financière aux lanceurs. Le CC a considéré que la compétence attribuée au défenseur des
droits lui donnant mission d’accorder une aide financière était inconstitutionnelle. Le lanceur
d’alerte est défini en droit français de manière restrictive car il ne peut s’agir que d’une
personne physique. Ensuite, le lanceur agit de bonne foi mais aussi de manière
désintéressée. La loi a donc prévu que le fait que la divulgation de faits que l’on sait
totalement ou partiellement inexactes continue de constituer le délit de dénonciation
calomnieuse. Il ne faut pas confondre le statut de lanceur d’alerte avec les journalistes
d’investigation.

PARTIE 3 : La peine


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La peine est la caractéristique principale du droit pénale. C’est pourquoi il a souvent été
proposé de ne plus parler de peine mais de sanction sauf que le terme de « sanction » a une
connotation neutre. En revanche, le concept de sanction aujourd’hui est commune à toutes
les disciplines juridiques. Le titre 3 du livre 1er du CP est intitulé « Des peines » et traite aussi
bien de la nature des peines que du régime juridique des peines.

TITRE 1 : La définition de la peine

La peine n’est pas un acte arbitraire. Beccaria dira « Pour que n’importe quelle peine ne soit
pas un acte de violence exercé par un ou plusieurs contre un cty, elle doit absolument être
publique, prompte, nécessaire, al moins sévère possible dans les circonstances données,
proportionnée aux délits et déterminée par la loi. » la peine doit être prévue par la loi qui
renvoie au principe de légalité pénale.

SOUS-TITRE 1 : Les sanctions pénales

Dans le CP nous avons un éventail très large de peines prévues par le législateur mais ce qui
manque est la définition de la peine. Néanmoins, les peines ont été concurrencée par les
mesures de sureté et même si le CP ne définit pas ces deux catégories de sanction pénales,
on doit les étudier de manière distincte.

CHAPITRE 1 : Les caractéristiques des sanctions pénales

SECTION 1 : Les catégories de sanctions pénales

De manière traditionnelle, le DP défini la peine étant défini comme le châtiment infligée au


délinquant en rétribution de l’infraction commise. Cette notion a évolué et s’est trouvée par
une catégorie de sanctions pénales que sont les mesures de sûreté.

SOUS-SECTION 1 : La peine

§1 : Les fonctions traditionnelles

Traditionnellement la peine remplissait 3 fonctions.

I. La fonction de prévention
Le législateur a conçu la peine afin de protéger la sté des troubles engendrées par
l’infraction. La fonction se dédouble en deux branches :
● La fonction de prévention générale qui se traduit par la fonction d’intimidation. On
considère que la crainte d’un châtiment exemplaire peut faire hésiter les personnes
de passer à l’acte. C’est pourquoi on prévoit les peines les sévères pour les actes les
plus graves.
SEMESTRE 4

● La fonction de prévention spéciale a pour but d’empêcher la récidive. On considère


que le délinquant qui a subi une fois le traumatisme du procès pénal et de la peine ne
voudra plus le revivre et la peine a donc une fonction dissuasive individuelle.

II. La fonction de rétribution


La peine est considérée comme la juste sanction de la faute commise, donc la peine repose
sur l’infraction. De cette fonction de rétribution on tire la notion de proportionnalité puisque
la peine doit être proportionnée à la gravité de l’infraction commise. Dans la fonction de
rétribution, la peine est tournée vers le passé car le délinquant par la peine, paye sa dette à
la sté.

III. La fonction de réadaptation


Dans cette fonction, la peine est tournée vers l’avenir du délinquant donc la peine doit
contribuer à l’amendement et à la resocialisation du délinquant. Ces fonctions
traditionnelles ont connu une évolution assez chaotique.

§2 : L’évolution de la hiérarchie des fonctions

Selon l’inspiration criminologique, la peine n’a pas la même importance mais elle n’a pas non
plus la même hiérarchie des fonctions.

A. Les différentes inspirations


Selon les courants légalistes et utilitaristes, ces courants considèrent que le délinquant doit
subir la peine qui doit être incertaine, intervenir avec célérité, et être proportionnée à
l’infraction commise. Bentham considérait qu’il fallait que la peine dépasse le mal du délit
d’aussi peu que possible mais il considéré aussi que si la peine perdait en certitude, elle
devait gagner en sévérité. Selon les théories positivistes, la peine est totalement inutile car le
criminel est prédéterminé à commettre l’infraction. (Vol au-dessus d’un nid de coucou, film à
regarder why not). Retour ensuite des théories rationalistes selon lesquelles la peine est
nécessaire pour maintenir la vie en sté. Bentham considérait que la peine était un mal
nécessaire mais aussi une dépense nécessaire pour une sté en vue d’un bien hypothétique et
le bénéfice qu’on en attend est aussi hypothétique. De plus en plus souvent on parle de
« traiter la délinquance » qui renvoie au vocabulaire médical.

B. L’évolution légale
L’évolution légale renvoie à de nombreuses étapes :
● La loi du 13 décembre 2005 a introduit à l’article 132-24 al.2 une nouvelle définition
des fonctions de la peine puisque la peine est déterminée en fonction « de la
protection effective de la sté fonction générale), de la sanction du condamné, des
intérêts de la victime (fonction de rétribution) ainsi que de la nécessité de favoriser
l’insertion ou la réinsertion du condamné (fonction de réadaptation) et de prévenir la
commission de nouvelles infractions (prévention spéciale) ». Le texte était fidèle à
l’ordre traditionnelle des fonctions de la peine. Les auteurs disaient que la première
fonction de la peine devait devenir la réadaptation.
SEMESTRE 4

● Cette polémique a été relancée avec la loi du 24 novembre 2009 relative à la loi
pénitentiaire qui contenait un seul article qui était une véritable déclaration de
principe. Cette loi a repris à l’identique la formule du 12 décembre 2005, elle a
consacré l’ordre traditionnelle des fonctions de la peine. Mais tout comme la loi de
2005, elle a modifié la fonction de réadaptions a toujours été traduite par
l’« amendement ». Or, la loi de 2005 et celle de 2009 ont renoncé au terme
d’amendement qu’elles ont remplacé par l’« insertion ou la réinsertion ».
L’amendement avait une connotation négative alors que les deux autres termes
avaient une connotation neutre. Néanmoins, l’utilisation de ce terme pose une
difficulté car l’amendement est un processus et par ce terme, la sté met à disposition
de la personne subissant la peine les moyens de s’amender. Alors que si l’on parle
d’insertion ou de réinsertion, on parle déjà du résultat. Aussi, c’est la première fois
qu’on introduite l’insertion.

§3 : Le droit positif (D+)

Le D+ est constitué par la loi du 15 a out 2014 qui a abrogé l’al. 2 qui figurait à l’article 132-2’
al. 2. En revanche, la loi a créé un nouvel article qui est l’article 130-1 qui se positionne au
début du titre 3. Cet article inspire la définition et l’application des peines.

A. Les fonctions et les objectifs de la peine


La loi du 15 août 2014 distingue les foncions des objectifs. A la lecture de cet article on a
deux fonctions :
1) La sanction (sanction de rétribution) 
2) L’amendement, l’insertion ou la réinsertion

L’innovation de cette loi est qu’elle alloue des objectifs à la peine. En réalité on retient deux
objectifs :
1) La prévention : On retrouve ici la protection de la sté (prévention générale) et la
prévention de la commission de nouvelles infractions anciennement la fonction de
prévention spéciale. On n’emploi plus le terme de récidive car elle avait une
connotation négative.
2) La justice restauratrice : la JR va de pair ici avec ici le respect des intérêts de la
victime. La JR est un nouveau modèle de justice. Ce n’est pas un modèle classique de
justice pénale car ce n’est ni une justice punitive ou réabilitative mais c’est un
système de justice qui a pour objet de « réparer l’accroc que l’infraction a causé dans
le tissu social ». Ici, les protagonistes de l’infraction (auteur et la victime) ne subissent
plus le procès mais mettent en place un dialogue au sein de la communauté qui leur
permet de restaurer la paix sociale. L’article 130-1 du CP est transposée dans la
procédure pénale puisque la loi introduit l’article 10-1 dans le CPP et prévoit qu’à
tout moment de la procédure, le juge peut proposer une mesure de justice
restaurative.

B. L’appréciation du système
SEMESTRE 4

Ce système présente des difficultés majeures. On a tout d’abord deux difficultés d’ordre
théorique :
● Comment distinguer les fonctions des objectifs ? La loi fixe comme objectif une des
anciennes fonctions de la peine. Si la fonction est la mise en œuvre pratique des
mesures permettant d’atteindre l’objectif, à ce titre, elle pourrait donc constituer une
obligation de moyen alors que l’objectif traduit simplement une obligation de
résultat ?
● La confusion entre les R pénales et civiles parce que, auparavant, la prise en compte
des intérêts de la victime se faisait dans le cadre de la fonction de rétribution car la
rétribution. Renvoie au paiement de l’infraction commise. Or, aujourd’hui, la prise en
compte des intérêts de la victime se fait dans le cadre de la justice restaurative
apriori.

Il y a aussi des difficultés pratiques. La justice restaurative est-elle soluble dans la justice
pénale ? L’E aurait le rôle la régulation des relations sociales. La justice restaurative est-elle
applicable à toutes les infractions peu importe leur gravite ?

§4 : Les caractères fondamentaux de la peine

Ces caractères étaient la traduction des fonctions de la peine en droit positif.


Traditionnellement, on considérait que la peine avait un caractère afflictif et infamant. Ce
caractère afflictif et infamant inspire toujours la peine mais n’apparaissent plus dans la
législation. Le caractère afflictif signifie que la peine est un châtiment. Ensuite, la peine avait
un caractère infamant qu’elle a gardé de manière moindre. Ce caractère consiste à susciter
la réaction, plus précisément le blâme social. Autrefois, la peine était matérialisée par des
marques physiques sur le corps. Ce caractère infamant n’existe plus aujourd’hui, néanmoins
il y a un marquage social de la peine car la peine est inscrite au casier judicaire. Ensuite, la
peine a un caractère déterminé donc au moment où il commet l’infraction, l’individu connait
la répression qui sera mise en œuvre. Deux garanties sont offertes au délinquant pour
l’assurer de ce caractère déterminé :
● Le principe de légalité pénale et de non rétroactivité

● L’autorité de la chose jugée, cela renvoie au fait que la peine est définitive.

SOUS-SECTION 2 : Les mesures de sûreté (MS)

Dans la jp de la chambre criminelle on trouvera plutôt l’expression de « mesure de police et


de sécurité ».

§1 : Les fonctions traditionnelles

Les fonctions de la MS sont des fonctions sociales et médico-sociales. Ici, les MS sont une
inspiration courants positivistes. On part donc du postulat que le délinquant est
SEMESTRE 4

prédéterminé à commettre l’infraction. Les Ms ont comme but de prévenir la commission de


l’infraction par un individu. Or, pour les appliquer, il faut identifier l’état dangereux de
l’individu. Idéalement, dans la vision des écoles positives, pour que la MS soit efficace, il
faudrait avant le passage à l’acte.

A. La fonction de neutralisation
La fonction de neutralisation se traduit par la mise à l’écart de la sté de l’individu dangereux
et pour cela on utilisait :
● La peine de mort

● La relégation
Dans la conception des écoles des défenses sociales, ces mesures qui sont des mesures de
neutralisation doivent être déclenchées avant même le passage à l’acte comme cela permet
d’éviter la criminalité. Dans cette inspiration, la Ms devrait être appliquée ante delictum
(avant la commission de l’acte).

B. La fonction de traitement et resocialisation


L’objectif de la mesure de traitement est un objectif de réadaptions par le traitement. C’est
pourquoi, au fur et à mesure dans le cadre de la MS, on a remplacé les termes juridiques par
des termes à connotation médicale. La criminologie clinique a dévoyé cette fonction de la
réadaptation et l’a concentrée sur le traitement. Le traitement est devenu. Un but en soi et il
n’a plus d’intérêts par rapport à l’infraction.

§2 : Une définition complexe

La MS n’est pas définie en elle-même mais se défini par rapport à la peine (méthode de
définition négative).

A. Proposition de définition
Les MS ont un caractère hybride. Elles empruntent à plusieurs catégories de mesures sans se
confondre avec elles. C’est une catégorie distincte des peines car les MS n’ont pas de
caractère distributif, elles sont aussi distinctes des mesures de prophylaxies. Elles sont aussi
distinctes des mesures d’assistance car elles ont un caractère coercitif. Les MS sont des
mesures individuelles coercitives sans coloration morale imposées à des individus dangereux
pour l’ordre social afin de prévenir les infractions que leur état rend probable. La MS est
entièrement tournée vers l’avenir et à aucun moment elle ne prend en compte l’infraction
commise. Par exemple, l’inscription au fichier judiciaire autamisée des auteurs d’infractions
sexuelles est une MS. La chambre criminelle le 10 octobre 2007 a reconnu que cette
inscription dans un fichier constitue une MS.

B. La définition par rapport à la peine


Cette définition a été proposée par la CEDH. S’il y a un lien entre la déclaration de culpabilité
et la mesure prononcée, cette dernière constitue une peine. La CEDH s’est prononcée dans
un arrêt rendu le 17 décembre 2009, M contre Allemagne. La CEDH, dans cet arrêt a
considéré que si des MS sont envisageables elles ne peuvent être décidées que pour
empêcher une infraction concrète et déterminée. En aucun cas, « ce motif de détention ne
se prête pas à une politique de prévention générale dirigée contre une personne ou catégorie
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de personne qui se révèle dangereuse par la propension continue à la délinquance ». La


C°EDH a prévu que la notion de « peine » prévu à l’article 7 de la CEDH est une notion
autonome qu’elle maîtrise. La CEDH en revanche, n’interdit pas les MS. En effet, elle l’a
affirmé dans un arrêt du 21 octobre 2010. Dans cet arrêt, la CEDH a considéré que le
placement en détention de sûreté était admis car en l’espèce il s’agissait d’un but préventif
et la durée totale de la privation de liberté n’avait pas excédé le maximum légal prévu et la
Ms fait l’objet d’un réexamen périodique pour s’assurer de l’absence d’éléments nouveaux.

§3 : Les caractère fondamentaux de la mesure de sûreté

La MS repose sur la dangerosité de l’individu et nullement sur l’infraction commise. La MS


développe d’autres caractère en raison de son but préventif :
● La MS a un caractère amoral ce qui veut dire que la MS ne repose pas sur la
culpabilité ou la R de l’individu et ne fait donc pas naitre de blâme social. Elle
développe des moyens éducatifs, préventifs, curatifs ou de surveillance.

● La MS a un caractère indéterminé quant à son contenu et quant à sa durée. Le


législateur ne peut pas fixer le contenu de la MC parce qu’elle dépend de la
dangerosité de l’individu.

● La MS a aussi un caractère évolutif. Le juge réévalue systématiquement la MS en


fonction de l’amélioration ou de la dégradation de la dangerosité de la personne.

SOUS-SECTION 3 : Le système juridique positif

L’analyse du DP français démontre que le système français est un système dualiste même s’il est
possible de remarquer un rapprochement juridique des deux catégories de sanctions.

§1 : La nature dualiste du système juridique français

A. Les modèles de droit pénal


On a un modèle unitaire qui repose sur la fusion entre les peines et les mesures de sûretés.
En pratique, l’une des deux catégories absorbe l’autre. Ce système peut être facile à mettre
en œuvre. D’autre part, il y a le modèle dualiste dans lequel les deux catégories coexistent et
sont caractérisé e à un régime juridique particulier. Cette analyse juridique repose sur la
séparation entre le concept de peine et celui de mesure de sûreté. Le système dualiste est
très répandu dans le monde.

B. Le système dualiste français


Le système est dualiste même si l’affirmation est récente et a pu être contestée à certaines
époque. Il est intéressant de remarquer que le nouveau CP a voulu instaurer un système
unitaire tourné entièrement vers la peine « Au fin de simplification, toutes les sanctions
pénales relèvent d’une seule catégorie, celle des peines ». Néanmoins, l’analyse des
sanctions pénales retenues par le nouveau CP suscite des interrogations. Par exemple, la
confiscation de la chose ayant servi à commettre l’infraction est une sanction pénale a un
SEMESTRE 4

but préventif. Donc, sous une affirmation unitaire, de nombreuses mesures de sûreté
demeuraient. L’analyse dualiste a été affirmé par la loi du 12 décembre 2005 qui a
réintroduit dans le CP l’expression de mesure de sûreté. Cette loi a introduit l’article 131-36-
9 du Code pénal. La nature dualiste du système a été confirmé par la loi du 24 novembre
2009, la loi pénitentiaire. Le choix du droit français est aussi le choix de la simplicité car ce
système est très facile à mettre en œuvre dans la mesure où les peines et les mesures de
sûretés coexistent. Cette coexistence se traduit doublement en droit positif :
● D’une part, le législateur prévoit à la fois des sanctions pénales à visée punitives

● D’autre, part, il peut prononcer des sanctions à mesure préventives

Pour la même infraction, le juge peut cumuler une peine et une mesure de sûreté pour une
infraction. Il peut prononcer à la fois une peine privative de liberté mais aussi une
interdiction professionnelle ou un suivi socio-judiciaire.

§2 : Le régime juridique majoritairement unifié

On constate qu’aujourd’hui, les deux catégories des peines que les mesures de sûreté
poursuivent la lutte contre l’arbitraire et la garantie des libertés individuelles ce qui se
traduit par une unification du régime juridique sauf une différence majeure.

A. Les principes communs


Les grands principes du DP s’appliquent aux deux catégories

1. Le principe de la légalité pénale


Le juge ne peut prononcer une mesure de sûreté que si elle a été préalablement prévue par
le législateur. C’est pourquoi, les mesures de sûretés indéterminées ne sont pas autorisées
en droit français mais le doit français autorise des mesures de sûreté définitives. Par
exemple, l’interdiction d’exercer une profession peut être à durée limitée mais peut aussi
être prononcée à titre définitif. Le CC a considéré que cela était compatible avec la C°.

2. Le respect de la dignité humaine


Aujourd’hui, toutes les sanctions qui porteraient atteinte à la dignité humaine en étant
cruelles ou inhumaines est inacceptable au titre de sanction appliqué par un État de droit.

3. Le critère objectif de l’infraction


La principale différence entre les peines et les mesures de sûreté est que la peine s’appuie
sur l’infraction commise et la MdeS s’appuie sur la dangerosité. En droit positif, cependant,
cette dangerosité ne peut être examinée que si une infraction a été commise ici. Il est
absolument d’appliquer des MdeS au titre des sanctions pénales avant même l’abolition de
l’infraction. Le législateur réduit parfois cette exigence grâce à 3 techniques :
● La commission d’une infraction peu grave peut déclencher des mesures relativement
contraignantes
● Le législateur peut ériger l’état dangereux lui-même à l’infraction
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● Certains comportements objectivement dangereux peuvent déclencher des MdeS


même lorsqu’ils n’y pas des infractions commises. Ces mesures sont des mesures à
caractère administratif.

4. Le principe de proportionnalité
Parmi les principes communs est beaucoup utilisé le principe de proportionnalité qui signifie
que la sanction pénale n’est pas vraiment détachée de l’infraction et c’est la gravité de
l’infraction qui justifie la MdeS.

5. L’intervention de l’autorité judicaire


Cette intervention est la garantie de l’intervention d’un professionnel qui est impartial et
indépendant. Le juge a un double pouvoir en matière de sanction pénale :
● Il choisit la sanction pénale quoi est la plus adaptée selon lui

● Il peut aussi aménager la peine

B. Une application dans le temps différenciée


Les lois de fond sont les lois relatives à l’incrimination ou à la peine. Étant une loi de fond, on
les soumet à l’interprétation stricte et à la non rétroactivité de la loi pénale. Donc, une peine
plus sévère ne peut rétroagir. Mais les MdeS font exception à ce principe et cette exception
est admise par les juridictions européennes et français. La justification de l’exception est que
la MdeS repose sur la dangerosité telle qu’elle se manifeste au jour du jugement. Il semble
donc pertinent d’appliquer les règles en vigueurs au jour du jument.

1. L’analyse de la Cour de cassation


La CC admet depuis que les MdeS puissent rétroagir car elles sont prises pour canaliser la
dangerosité du délinquant et doivent donc être considérée comme lui étant plus favorable
et il faut accepter de les faire rétroagir. La contrainte pénale introduite par la loi du 15 juin
2014 est en réalité une MdeS mais la chambre criminelle a accepté que la contrainte pénale
puisse rétroagir mais comme le législateur l’avait qualifié de peine, le ch. criminelle a décidé
qu’il s’agissait d’une peine plus douce. La loi qui instaure une MdeS peut rétroagir. La ch.
criminelle a considéré que lorsque la mesure est attachée au prononcé préalable d’une
condamnation, elle s’applique non seulement au cadre dans lequel la condamnation est
postérieure à la date d’entrée en vigueur de la loi, mais elle s’applique aussi dans les cas
dans lesquels la condamnation est antérieure à l’entrée en vigueur de la loi. Par exemple,
dans un arrêt du 22 juin 2004, il s’agissait en l’espèce de la loi du 15 novembre 2001. Cette
loi prévoit pour un certain nombre de personne qu’il était possible de perdre les empreintes
génétiques que sera introduite dans des fichiers. La loi prévoit que si la personne refuse le
prélèvement biologique, elle s’expose à une peine d’emprisonnement de 6 mois. Ici, des
personnes condamnées avant la loi de 2001 ont refusé ce prélèvement. On se demande
donc si on pouvait lui appliquer les sanctions alors qu’ils avaient été condamnés avant
2012 ? La chambre criminelle dit qu’il est possible d’appliquer la loi qui introduit une
nouvelle MdeS à des condamnations antérieures.
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2. L’analyse du Conseil constitutionnel


Le CC se positionne par rapport à l’article 8 de la DDHC. Dans de nombreuses décisions, le
CC a considéré que l’application rétroactive de la MdeS est compatible avec l’article 8 de la
DDHC. Décision du CC du 21 février 2008 relative à la loi du 25 février 2008. Cette loi a créé
deux nouvelles MdeS :
● La surveillance de sûreté : Le CC affirme que la surveillance de sûreté n’est « ni une
peine, ni une sanction ayant le caractère d’une punition ». Le CC n’emploie jamais
l’expression de MdeS. Cette MdeS rétroagit donc.

● La rétention de sûreté : Elle est qualifiée de MdeS par le législateur. Le CC constate


que la rétention de sûreté, n’est « ni une peine, ni une sanction ayant le caractère
d’une punition ». Cela veut dire qu’il s’agit d’une MdeS. Cette mesure ne repose pas
sur la culpabilité de la personne mais sur la dangerosité de la personne une fois
qu’elle aura purgée sa peine. Le CC soumet cette rétention au principe de non-
rétroactivité. Ainsi, la rétention de sureté ne peut s’appliquer qu’aux personnes qui
ont commis les faits après l’entrée en vigueur de cette loi. Le CC explique les raisons
de ce régime dérogatoire, la rétention de sûreté est une mesure privative de liberté.
Cette mesure a un caractère limité dans le temps (1 an) mais elle est renouvelable
sans limite. Aujourd’hui, en droit pénal français, on a en réalité les peines, les MdeS
et les mesures-peines.

3. L’analyse du la CEDH
La CEDH s’est aussi penchée sur cette distinction et la question à laquelle elle a répondu est
la question de savoir si une prolongation de peine sous la forme d’une MdeS est acceptable
d’un point de vue de l’article 7 et si elle peut rétroagir ? L’arrêt de référence est celui du 17
décembre 2009, M contre Allemagne. Dans cet arrêt, la CEDH accepte que les MdeS
dérogent au principe de non-rétroactivité. A ce titre, elles peuvent donc rétroagir.
Néanmoins, la CEDH précise qu’il faut distinguer entre les MdeS privatives de libertés
soumises au principe de non-rétroactivité et les MdeS restrictive de droit qui elles, peuvent
rétroagir. Cette distinction a été confirmé par la CEDH dans des arrêts entre 2010 et 2012.
Les jp européennes et conditionnelles semblent dégager une solution nuancée. Si les MdeS
sont privatives de liberté, la gravité de leur nature justifie qu’on leur applique la non-
rétroactivité. En revanche, si les MdeS sont seulement restrictive de doit, il est possible de
les faire rétroagir.

CHPAITRE 2 : Les classifications principales

SECTION 1 : Classification des sanctions selon leur fonction

Selon la fonction assignée par le législateur, on peut classer les sanctions pénales en peine
principales et peines complémentaire.

§1 : Les peines principales


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Les PP sont les peines qui ont été attaché par le législateur au comportement et qui
permettent e déterminer la classification tripartite de l’infraction. Les PP en droit français
sont les peines privatives de liberté et la mort. Il est intéressant de souligner qu’il s’agit ici de
la peine encourue mais le juge garde une grande liberté car il peut décider de ne prononcer
une peine parmi toutes les peines encourues. De la même manière, il peut moduler le
quantum de ma peine.

§2 : Les peines complémentaires

A. La définition juridique
Il est possible que le juge cumule la peine principale et la peine complémentaire. Ces peines
complémentaires ont été conçues comme des peines de substitution ce qi veut dire que
dans certains cas, le juge peut les prononcer à la place d’emprisonnement ou d’amende.
Parmi les peines complémentaires on distingue :
● Les peines complémentaires obligatoires : Peines que le juge a l’obligation de
prononcer. Il s’agit des droits civils, civiques.

● Les peines complémentaires facultatives qui ne peut être prononcée par le juge que
si un texte spécial les prévoir. Elles sont plus nombreuses.

La difficulté ici sera celles des peines accessoires. Une peine accessoire est une peine qui est
déclenchée automatiquement par le prononcé d’une peine principale ce qui veut dire que le
juge a juste besoin de prononcer la peine principale. Le nouveau CP a renoncé aux peines
accessoires de l’article 131-17 pose ce principe. Le CC a considéré que le principe de
nécessité et de proportionnalité des peines s’opposait à l’automaticité des peines dans ou à
l’extérieur du CP. Dans une décision du 11 juin 2010, le CC a considéré que l’interdiction
d’inscription sur les listes électorales attachées de plein droit à certaines peine principale
était contraires à la C°. Néanmoins, dans une décision du 29 septembre 2010, le CC a
considéré que le législateur peut introduire des peines obligatoires qui doivent respecter le
pouvoir d’individualisation du juge pénal. Si certaines peines sont obligatoires, le juge doit
déterminer le contenu ou leur durée de ces peines. Dans ces conditions, l’’obligation pour le
juge devient acceptable. C’est pourquoi le CC distingue deux catégories :
● Les peines complémentaires obligatoires qui sont autorisées puisque le juge peut
individualiser le contenu ou la durée et

● Les peines accessoires qui sont automatiques sont interdites en doit français car
contraire au principe d’individualisation de la peine.

SECTION 2 : La typologie des sanctions

La typologie des sanctions a été bouleversé par l’introduction de la R pénale d’une personne
morale (RPPM).
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§1 : Les sanctions applicables aux personnes physiques

Les peines suivent tune hiérarchie selon la gravité de l’infraction qui les déclenche. Mais elles
présentent souvent un contenu différent selon le but poursuivi.

A. Les sanctions encourues en matière criminelles


Les peines criminelles sont prévues aux articles 131-1 et 131-23 du CP. Les peines de
références sont la réclusion et la détention criminelles. La peine de mort a été abolie et à la
suite de deux décisions du CC du 13 octobre 2005 qui étaient relatives à la ratification de
convention internationale, il est apparu nécessaire d’introduire l’interdiction de la peine de
mort dans la C°. Ainsi, la loi du 23 février 2007 a introduit l’article 66-1 dans la C°, article qui
constitutionnalise l’interdiction de la peine de mort. L’amende peut exister en matière
criminelle mais il ne s’agit pas d’une sanction spécifique ici puisque l’objectif est de
sanctionner à travers la liberté individuelle du délinquant.

B. Les sanctions délictuelles


L’article 131-3 du CP établit la liste des peines correctionnelles qui sont communes aux
infractions de droit commun et aux infractions politiques. De nombreuses peines sont
prévues ici mais en réalité, le fait qu’il y ait autant de peines démontre qu’il y a une
confusion entre les peines principales et complémentaires. Les deux peines correctionnelles
principales de référence sont les peines d’emprisonnement et d’amende. L’article 131-4
instaure une échelle d’une peine d’emprisonnement (8 degrés). Le maximum est de 10 ans.
Le sursis est de droit commun. Lorsque le juge refuse d’accorder le sursis, il doit motiver
spécialement sa décision ce qui veut dire que le sursis est de droit commun et que le refus
est l’exception qu’il faut motiver (article 131-19 al. 2 du CP). La ch. criminelle de la CC
interprète strictement cet article car elle considère que le juge doit apporter une double
motivation :
● Le juge doit motiver pourquoi il a choisi l’emprisonnement

● Le juge doit motiver pourquoi il refuse le sursis

L’amende est une peine patrimoniale qui doit excéder 3750 euros. Les dernières lois
privilégient la méthode de calcul proportionnel de l’amende. La loi du 21 juin 2016 qui punit
le délit d’initier prévoit une peine d’amende de 100 millions d’euros mais le juge peut
prononcer une peine égale au décuple du montant de l’avantage retiré du délit. Sachant
qu’ici, la peine ne peut pas être inférieure au montant de l’avantage. Ces deux peines sont
concurrencées par de nombreuses mesures de substitutions crées par la loi du 11 juillet
1975 :
● La contrainte pénale a été créé par la loi du 15 août 2014 : Cette peine de contrainte
pénale est définie à l’article 131-4 d-1 du CP. Il s’agit d’une peine qui se compose de
certaines mesures qui sont des mesures de contrôle et d’assistance et d’un certain
nombre d’interdiction ou d’obligations. Ces mesures s’appliquant déjà au sursis avec
mise à l’épreuve. La contrainte pénale doit devenir une peine de référence.
SEMESTRE 4

● Le jour amende est défini à l’article 131-5 du CP. Le jour amende correspond à une
contribution quotidienne pendant un certain nombre de jour. Le montant global de
l’amende est exigible lorsque la période à expirer c’est un système d’amende à crédit
ici. Il y a des limites car le juge doit tenir compte des ressources et des dépenses de la
personne et le jour amende ne peut excéder 360 jours amende d’un montant
maximum de 300 euro par jour.

● Le stage de citoyenneté est défini à l’article 131-5-1. Ce stage a pour objet de


rappeler les valeurs républicaines de tolérance et de respecter de la dignité humaine.
C’est ici une peine ce qui veut dire que le coût du stage est supporté par le condamné
et le coût ne peut pas excéder 450 euros.

● Le travail d’IG est défini à l’article 131-8 du CP. Il s’agit d’un L non rémunéré effectué
soit au profit d’une personne morale de droit public, soit d’une association. La durée
du L d’IG est entre 20 heures et 280 heures. La personne qui fait l’objet de cette
mesure doit expressément l’accepte lors de l’audience sinon, l’utilisation du L d’IG
serait considéré comme un L forcé et cela constituerait une violation de l’article 4 de
la C°EDH. Cette peine est le prototype même de la peine de substituions et ce par
rapport à son objectif. Une fois que le L d’IG est accompli, la peine est considérée
comme exécutée. L’article 434-42 prévoit une peine en cas de non-exécution ou
violation du L d’IG, peine qui peut aller de deux ans d’emprisonnement à 30 000
euros d’amende.

● On a des peines privatives et restrictives de droit qui sont énumérées à l’article 131-
6 du CP. Il y a 15 peines privatives de droit (la suspension du permis de conduire
pour 5 ans, la confiscation du véhicule, l’interdiction pendant 5 ans d’émettre des
chèques, l’interdiction pendant 56 ans d’exercer une activité professionnelle...). Ces
peines prévues par l’article 131-6 sont de peines qui, selon l’article 131-9 sont des
peines qui peuvent être prononcées à la place de l’emprisonnement mais pas
cumulativement avec l’emprisonnement. On a aussi des peines complémentaires qui
sont prévues à l’article 131-10 qui sont des peines restrictives de droit et peuvent
aussi être utilisées comme peines complémentaires. Il y a par exemple l’interdiction
de détenir un animal.

● La sanction réparation a été introduite par la loi du 5 mars 2007. La sanction


réparation consiste en l’obligation pour le condamné de procéder à l’indemnisation
du préjudice de la victime ou à une réparation en nature. Or, la difficulté tient ici, du
fait que, lorsque la sanction en réparation est prononcée seule, il y. aune confusion
entre le RC et la RP car la peine ici est l’indemnisation du préjudice. Cette confusion
est tout à fait regrettable et elle est généralement très critiquée par l’ensemble des
auteurs.

C. Les sanctions contraventionnelles


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Ces sanctions sont prévues à l’article 131-12 qui prévoit la peine d’amende en matière
contraventionnelle. Le peine d’amende suit une échelle fixée à l’article 131-13, échelle
suivant les 5 classes de contravention (1 ère classe= 38 euros à la 5 ème classe= 1500 euros). A
part la peine d’amende, il y aussi des peines privatives ou restrictives de droit (article 131-14
et 131-15). Ces peines privatives ou restrictives de droit peuvent se cumuler entre elles mais
elles ne peuvent pas se cumuler avec l’amende. La loi prévoit aussi des peines
contraventionnelles complémentaires prévues aux article 131-16 et 131-17 (par exemple, la
suspension du permis de conduire de 3 ans maximum).

§2 : Les sanctions applicables aux personnes morales

Ces sanctions sont prévues aux articles 131-37 et suivants du CP. Il faut faire attention ici à
la liste générale des peines mais aussi au texte spécial d’incrimination. C’est ce texte qui
renvoi à la peine car la loi du 9 mars 2004 a supprimé le principe de spécialité des
infractions. En revanche, la loi a maintenu le principe de spécialité des peines ce qui veut
dire que c’est le législateur qui détermine quelle peine s’applique expressément à
l’infraction commise. Donc ici, on ne distingue pas entre les peines criminelles et
contraventionnelles et on ne distingue pas entre les peines principales et complémentaires.

A. La peine de droit commun : l’amende


L’amende est la seule sanction qui s’applique à toutes les infractions commises par les
personnes morales qu’elle ait été prévue ou non par le législateur. Selon l’article 131-37-7 la
peine d’amende est la seule peine de droit commun pour les personnes morales l’amende
encourue par la personne morale représente le quintuple de l’amende encourue par la
personne physique. S’il n’y a pas de peine d’amende pour la personne ne physique, on
retient le montant d’1 million d’euro peut-on utiliser les amendes proportionnelles ? La loi
du 9 décembre 2016 a mis en place la convention judicaire d’intérêt public. Cette loi a créé
dans le CPP, l’article 41-1-2. Cet article permet de proposer aux personnes morales qui
auraient commis des faits de corruption, avant qu’il y ait mise en mouvement de l’action
publique de conclure une convention judicaire d’intérêt public qui impose une ou plusieurs
obligations. La première obligation est de payer une amende d’intérêt public. Le montant de
l’amende est fixé de manière proportionnée aux avantages tirées des manquements
constaté dans la limiter de 30% du CA (chiffre d’affaire) moyens annuel calculé sur les 3
derniers CA annuels. Ici, le Ministère public propose à la personne morale une amende, en
cas d’acceptation, cette amende est validée par le président du TGI. La première convention
judicaire d’intérêt public date du 14 novembre 2017. Cette convention a été passée par
HSBC et ont accepté de payer une amende de 800 millions d’euros.

B. Les peines spéciales


Les peines de l’article 131-39 ne peuvent être prononcée par le juge que si elles sont
expressément envisagées par le texte d’incrimination. Cependant, la sanction en réparation
se généralise car elles sont applicables à tous les délits. Les peines sont clasées en deux
catégories selon l’objectif visé.

1. Les sanctions atteignant l’actif de la personne morale


On a ici les peines de nature patrimoniale tel que la confiscation qui connait une forme de
généralisation puisque selon l’article 131-39 avant dernier aliéna, la confiscation peut être
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prononcée pour tous les crimes et les délits punit d’un an d’emprisonnement. La
confiscation peut porter sur les immeubles et meubles qui sont divis et indivis et peut porter
sur les biens dont le condamné est P ou dont il a la libre disposition.

On peut avoir des restrictions à la liberté financières telle que l’interdiction d’utiliser certains
moyens de paiement et l’exclusion des marchés publics.

Enfin, on a la sanction médiatique qui autorise l’affiche ou la publication de la décision de


condamnation. Toutes les peines contenues dans le CP étaient des sanctions de nature
négatives et s’expriment toutes par une interdiction. Aucune peine à l’égard des personne
morales ne consistait en une injonction de peine. La loi du 9 décembre 2016 a introduit dans
le cadre de l’article 433-26 une peine complémentaire et elle a introduit l’article 131-39-2.
Cette nouvelle peine est le programme de mise en conformité.

C. Les sanctions atteignant la structure de la personne morales


Ces sanctions mettent en péril l’existence même de la personne morale. On a des atteintes
directes à la structure de la PM. C’est dans ce cadre que s’inscrit la peine de dissolution.
Cette peine est maintenue car elle est justifiée par le législateur car dans cette hypothèse la
PM a été détournée de son objet social initial qui était licite. Cependant, la dissolution ne
peut être prononcée qu’à l’égard de certaines personnes morales et on ne peut la prononcer
à l’égard des partis politiques et des syndicats. Pour pouvoir prononcer la peine de
dissolution, elle doit être expressément prévue par le texte d’incrimination.

Le placement sous surveillance judicaire ne peut excéder 5 ans et se traduit ici par la
désignation d’un mandataire de justice. On a ensuite des atteintes indirectes à la structure
de la PM et il s’agit des interdictions qui peuvent être prononcées telles que des indictions
d’exercer certaines activités qui peuvent être totales ou partielles et il peut aussi y avoir des
fermetures d’établissement.

TITRE 2 : L’application de la peine

SOUS-TITRE 1 : La détermination de la peine

Le juge bénéfice d’une grande liberté mais est limité par le principe de légalité pénale.

CHAPITRE 1 : La mesure de la sanction

Pour fixer la mesure de la sanction les règles sont différentes selon que le juge soit en
présence d’une ou de plusieurs infractions. Lorsqu’il y a une pluralité d’infraction, cela est
plus difficile.

SECTION 1 : Le concours réel d’infraction (CRI)

Le CRI est défini à l’article 132-2 du CP. On est en présence ici de plusieurs infractions qui ne
sont pas séparées entre elles par une condamnation définitive. Le CP prévoir deux
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hypothèses selon que le juge intervient dans le cadre d’une procédure unique, ou selon qu’il
y a eu plusieurs procédures.

A. L’unité de procédure
C’est l’hypothèse dans laquelle toutes les infractions ont été découvertes et font toutes
l’objet d’une procédure unique. Dans cette hypothèse, la personne est jugée pour toutes les
infractions qu’elle a commise. Selon l’article 132-3 « Chacune des peines encourues peuvent
être prononcée ». La règle s’applique pour les peines de nature différente. Le deuxième
alinéa du même article, vise spécifiquement les peines de même nature. C’est ben quelque
sorte un raisonnement à contrario. Il peut y avoir cumul des peines de nature différente
mais une limite est posée par l’article « Le cumul des peines différentes doit respecter le
maximum légal prévu ».

En revanche, si les peines encourues sont de même nature, la solution énoncée par l’article
est claire, il ne peut être prononcé une seule peine de même nature dans la limite du
maximum légal le plus élevé encouru. La formulation de l’article indique qu’il s’agit ici d’une
exception, puisque l’article commence par « Toutefois » ce qui veut dire que la règle est le
cumul mais l’exception permet lorsque des peines de même nature sont encourus de n’en
prononcer qu’une. Le juge tient compte pour déterminer les peines de même nature de la et
pas de classification tripartite.

B. La pluralité de procédure
Ici, la personne a été jugée plusieurs fois pour des infractions distinctes mais aucunes des
infractions jugées n’a donné lieu à une condamnation définitive. On juge plusieurs fois la
personne car les in fractions n’ont pas été découvertes. C’est souvent lors de l’exécution de
la peine qu’on s’aperçoit de la multitude d’infractions poursuivies et de la multitude de
peines prononcées. Est- ce les peines prononcées par plusieurs juridictions peuvent-elles
toutes être exécutées ? L’article 131-4 prévoit que les peines prononcées en concours
s’exercent cumulativement dans la limite du maximum légal le plus élevé encouru. Cela veut
dire que si les peines prononcées sont de nature différente, cela ne pose aucune difficulté
car chaque peine peut être exécutées. Mais lorsque les peines prononcées sont de même
nature, le CP retient la règle du cumul plafonné. Cela veut dire qu’on va additionner les
peines de même nature prononcées mais le cumul total ne pourra dépasser la peine la plus
élevée encourue pour la peine la plus sévère. La principale difficulté intervient dans le cadre
de ma réclusion criminelle à perpétuité. L’article 132-5 prévoit que lorsque la perpétuité n’a
pas été prononcé, le maximum légal du cumul est de 30 ans. La question se pose de savoir
quels mécanismes il faut utiliser lorsque le cumul dépasse le plafond autorisé ? Le
mécanisme est prévu à l’article 132-4 du CP. Lorsque plusieurs peines sont prononcées, elles
sont en concours et une confusion peut donc être prononcée. Elle est prononcée
normalement par la dernière juridiction à statuer sinon, il y a une procédure spéciale. La
confusion obéit à des règles particulières. La confusion des peines de même nature signifie
l’exécution simultanée des peines en concours. La confusion peut être totale (peine la plus
forte absorbe toutes les autres peines), ou partielle. La confusion est facultative ce qui veut
dire que la confusion est décidée par le juge pénal sauf dans l’hypothèse où la confusion
devient obligatoire, c’est lorsque le cumul des peines prononcées dépasse le maximum légal
le plus élevé encouru. Dans cette hypothèse, le juge est obligé d’utiliser la confusion. Il y a
une dérogation à cette règle du cumul plafonné. En effet, l’article 131-7 prévoit que les
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amendes contraventionnelles peuvent se cumuler entre elles avec les amendes


correctionnelles et criminelles.

SECTION 2 : La réitération d’infraction (RI)

Cette notion a été introduite par la loi du 12 décembre 2005 à l’article 132-16-7. La RI est
définie comme la situation dans laquelle la personne définitivement condamnée commet
une nouvelle infraction qui ne répond pas aux conditions légales de la récidive. Les peines
s’ajoutent les unes aux autres sans qu’il y ait possibilité de confusion. Les infractions en
réitération sont traitées comme des infractions uniques.

SECTION 3 : La récidive

La récidive est une circonstance aggravante générale mais le CP a prévu des cas spécifiques
de récidives.

§1 : La définition

La récidive vise la situation d’une personne qui après avoir été définitivement condamnées
pour une infraction commet une nouvelle infraction dans les conditions fixées par la loi.
Parce que les conditions sont fixées par la loi, on parle de récidive légale.

A. La philosophie de la récidive
La récidive est une situation où la peine est aggravée par ce que l’on considère que le
délinquant n’a pas tenu compte de premier avertissement solennel qui lui a été donné par la
sté. Donc ici, parce qu’il n’en a pas tenu compte lors de la commission de la nouvelle
infraction, la peine prononcée est plus sévère. Il existe 3 systèmes concevables qui
permettent de tenir compte de la récidive :
● Le système de la peine fixe obligatoire qui est une peine qui s’impose lors qu’on a
commis une nouvelle infraction lorsqu’on a déjà été condamné

● Le système de la circonstance aggravante qui oblige le juge à dépasser le maximum


légal prévu pour l’infraction

● Le système de la peine minimale est le système dans lequel il est interdit de


descendre en dessous d’un certain seuil et il faut savoir que le système français était
un système mixte entre ces deux derniers systèmes puisque la peine est aggravée
mais on avait aussi en même temps, une application des peines planchées (peines
supprimées par la loi du 15 août 2014).

B. Les conditions légales


La récidive s’applique lorsqu’une personne après été condamnées définitivement (1 ère terme
de la récidive) commet une nouvelle infraction (2 nd terme de la récidive). Le second terme de
la récidive renvoie aux conditions légales. La récidive selon l’article 132-8 du CP produit un
doublement de la peine encourue.
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1. Les termes
Le premier terme de la récidive est constitué par la condamnation de nature pénale
prononçant une sanction pénale et qui doit être prononcée par une juridiction pénale. Cette
condamnation doit être une condamnation définitive. Plusieurs précisions ont été apportées
par le CE. En effet, jusqu’à une époque récente, seules les condamnations prononcées par
els juridiction français été prises en compte. Aujourd’hui, selon l’article 131-23-1 on tient
compte aussi des condamnations prononcées par les juridictions pénales des autres E
membres. Les sanctions prononcées doivent être une peine. Les sanctions disciplinaires ou
administrative ne constituent pas le premier terme de la récidive.

Le second terme de la récidive est constitué par une infraction commise postérieurement.
Cette nouvelle infraction doit être indépendante de l’infraction qui a suscité la
condamnation. Si cela n’est qu’une conséquence de la condamnation de l’ancienne
infraction, on n’en tient pas compte.

2. Les conditions
Les conditions sont des conditions de temps et de nature de l’infraction. Est-ce que le
second terme de la récidive doit intervenir dans un laps de temps déterminé ? la récidive
est soit perpétuelle lorsque l’intervalle n’a aucune importance ou la récidive peut être
temporaire lorsque le législateur fixe un. Délai pendant lequel le second terme de la récidive
doit intervenir.
Est-ce que le premier et le second de la récidive doivent être de même nature ? La récidive
est dite générale lorsqu’il ne doit y avoir aucun lien entre le premier et le second terme de la
récidive. On a aussi une récidive spéciale dans laquelle le législateur exige que le second
terme de la récidive soit constitué par une infraction identique ou assimilée.

§2 : Les cas de récidive

A. Récidive de crime ou délits punit de 10 d’emprisonnement à crime (article 131-8 du


CP)
L’article 132-8 défini ce cas, le premier terme est une condamnation pour crime ou un délit
punit d e10 ans d’emprisonnement. Le second terme de la récidive est ici nécessairement un
crime. Cette récidive est générale et perpétuelle, il n’y a pas de délai défini ici. Les effets de
cette récidive sont particuliers car ici, si les peines de réclusion criminelles à 20 ou 30 ans
sont encourues, on ne double pas, on passe donc au stade supérieur qui est la perpétuité.
Aucune forme d’aggravation n’est prévue pour les amendes.

B. Récidive de crime ou délit puni de 10 d’emprisonnement à délit (article 132-9 du CP)


Si le second terme est un délit faisant encourir 10 ans d’emprisonnement, la récidive est
générale mais elle est temporaire car doit intervenir dans les 10 ans (al. 1 er). L’alinéa 2
prévoit que si c’est un délit faisant courir une peine supérieure à 1 an, la récidive est
générale mais elle est temporaire avec un délai plus court car le délai est de 5ans. Les effets
sont simples, les peines sont doublées.

C. La récidive de délit à délit (article 133-10)


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Ici, le premier terme de la récidive n’est pas clairement défini par le texte mais ici, on retient
comme premier terme tous les délits punit d’une peine inférieure à 10 ans de prison. Le
second terme de la récidive est un délit qui doit aussi être punit d’une peine inférieure à 10
ans. L’article 132-10 prévoit que la récidive est spéciale et est donc constituée que si le
second terme est un délit identique ou assimilé. Pour les délits assimilés, seul le législateur a
compétence pour assimiler les infractions un point de vue de la récidive. L’article 132-16
assimile le chantage, l’escroquerie et l’abus de confiance. Le CP prévoit qu’il est possible
d’assimiler les délits de violence volontaire et toutes les infractions commises avec la
circonstance aggravante de violence (article 132-16-4 du CP).

D. La récidive contraventionnelle
Cette récidive est doublement spéciale parce qu’elle ne peut qu’intervenir que pour les
contraventions de 5ème classe et doit être expressément prévue par le texte d’incrimination
ou de pénalité. La récidive est spéciale dans le sens où il doit s’agir de la même
contravention. Elle entraine le doublement de la peine mais il y a ici un mécanisme
intéressant pour certaines contraventions. Pour certaines contraventions, le législateur
considère que la récidive est d’une telle gravité que la contravention se transforme en délit
(article L413-1 du Code de la route).

THE END

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