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UNIVERSITE ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR

UFR DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES


DEPARTEMENT DE DROIT DES AFFAIRES

LA RESPONSABILITE

Dr. Geneviève BREMOND SARR


Traditionnellement le droit des obligations opère une distinction dans concurrence aux autres commerçants, il leur cause un dommage qu’il
les obligations en tenant compte de leur sources en faisant une n’est pas tenu de réparer.
dichotomie entre l’obligation née du contrat et celle née du délit La responsabilité délictuelle occupe une place de plus en plus
rattachée à la faute. importante dans la société.
Cette distinction du contrat et du délit (acte juridique et fait juridique) Traditionnellement on distingue la responsabilité délictuelle de la
doit cependant être complétée par l’obligation nées ex variae causarum responsabilité contractuelle. Le Code ne distinguait pas les deux. Mais
figurae (de diverses causes). Dans ces diverses causes se retrouvent des malgré leur affinité il existe une différence de taille entre les deux.
situations dans lesquelles le débiteur est tenu « quasi ex contractu teneri Dans la responsabilité contractuelle il s’agit de l’inexécution d’une
videntur » (il n’est pas engagé formellement par un contrat, mais est obligation contractuelle. Tout dépend en principe de ce que les
tenu de l’exécution comme si l’obligation est née d’un contrat) ou contractants ont voulu.
« quasi ex delicto teneri videntur » (il n’est pas engagé en raison d’un La responsabilité délictuelle c’est toutes les autres responsabilités
fait illicite entrant dans la catégorie des délits, mais il est responsable civiles ne relevant pas du contrat.
comme si l’obligation est née d’un délit. Cette classification complète Un bref rappel historique nous permettra de voir que dans un premier
les sources des obligations en imposant la réparation du dommage temps il y a eu la vengeance privée ou vindicte. Ainsi la victime d’un
provenant de l’imprudence ou de la négligence vol ou d’un meurtre se vengeait par elle-même ou par les siens afin
d’apaiser le mal qui l’avait frappée, puis pour punir le coupable. La
responsabilité est ainsi une réparation qui apporte un remède au mal et
Livre 2. Les engagements qui se forment sans convention une punition. Aucune différence n’est alors faite entre la responsabilité
civile et la responsabilité pénale.
Titre 1. Le dommage causé à autrui comme source La confusion diminua quand la vengeance se transforma en argent. Les
d’obligation (la responsabilité civile) lois germaniques énumérèrent les différents délits en chiffrant pour
chacun d’eux le prix de la vengeance .
La responsabilité consiste à répondre de ses actes. Elle est une La dernière étape fut franchie le jour où l’autorité publique assura elle-
condition essentielle de la liberté : un individu irresponsable est un même le châtiment des coupables. L’aspect pénal se dissocia de
facteur de troubles et un être humain diminué. L’homme libre est celui l’aspect civil, la répression de la réparation, la faute pénale de la faute
qui a conscience des conséquences de ses actes et en répond. civile. Une distinction fut ainsi posée entre la responsabilité civile qui
La responsabilité a divers objets, elle peut être morale, politique ou n’apparaissait que s’il existait un préjudice qu’elle avait pour objet de
encore pénale. Elle peut aussi être civile. C’est cet objet que nous réparer, et la responsabilité pénale qui intervenant même s’il n’y avait
retiendrons. pas atteinte aux personnes ou aux biens, et avait pour objet la punition
Pour la jurisprudence « le propre de la responsabilité civile est de du coupable.
rétablir exactement que possible l’équilibre détruit par le dommage et Au XVIIIème siècle le Code civil dégagea le principe général obligeant
de replacer la victime aux dépens du responsable, dans la situation où à réparer tous les dommages qu’une personne avait causés à autrui par
elle se serait trouvée si l’acte dommageable n’avait pas eu lieu ». sa faute. Par ailleurs le rédacteur du Code civil avait précisé que le
La responsabilité civile fonde ainsi l’obligation de réparer le dommage propriétaire est responsable du dommage causé par ses animaux.
qu’une personne cause à une autre. Le fait qu’une personne éprouve un A la fin du XIXème siècle le nombre croissant des accidents industriels
dommage ne lui donne pas toujours droit d’en obtenir réparation : en puis de la circulation entraîna un fort courant remettant en cause le
d’autres termes, le seul fait d’avoir causé un dommage à autrui n’oblige principe de la responsabilité basée sur la faute. En effet la justice
pas toujours son auteur à le réparer (ex lorsqu’un commerçant fait
commandant de réparer les dommages éprouvés par les victimes de la Dans la responsabilité objective, il suffit que la victime prouve que le
société industrielle. Or la victime avait beaucoup de mal à exercer son dommage a été matériellement engendré par l’activité du défendeur.
action, en raison de la nécessité de prouver la faute. Afin de lui La preuve de la faute impliquant une recherche psychologique et une
permettre d’obtenir réparation de son préjudice il fallait la dispenser de appréciation morale est à première vue plus difficile que celle toute
la prouver. Ainsi c’est développée la théorie du risque qui a consisté à matérielle d’un rapport de causalité tout en laissant à la charge de la
chercher ailleurs que dans la faute le fondement de la responsabilité. Le victime les dommages dont la cause demeure inconnue.
fondement était basé sur le fait que chacun doit supporter les risques de L’antinomie entre les deux systèmes est atténuée par le jeu de
son activité. La préoccupation cette théorie est basée sur la réparation. présomption et de preuves contraires, ce qui laisse place à des systèmes
Cette orientation a influencé le Code CIMA et la réparation des intermédiaires. Si la faute est présumée à partir de certains faits
dommages causés aux victimes de la route. matériels (cheval qui est au galop, la défaillance de la machine…), la
victime n’a plus à prouver la faute, et l’on se rapproche de la
responsabilité fondée sur le risque.
Si à l’inverse, il est permis à celui qui assume un risque de s’en
Sous-Titre 1. Les conditions de la responsabilité civile décharger en prouvant une certaine attitude de sa part ou de la part des
Ces conditions peuvent être conçues différemment selon que l’on autres, la considération de la faute se réintroduit dans le système.
donne pour fondement à la responsabilité la faute ou le risque. La Il faut distinguer les régimes de responsabilité franchement fondés sur
responsabilité fondée sur la faute est une responsabilité subjective. Elle le risque, rendant l’exploitant de plein droit qui font partie de l’étude de
a son siège dans le sujet, dans l’individu responsable et même peut-on lois spéciales. Le dispositif sur les accidents de la circulation part de la
dire dans son état d’âme. La faute est une défaillance dans la conduite théorie du risque mais a un fondement beaucoup plus complexe car
qui suppose une défaillance dans la volonté. Elle ne peut être reprochée, c’est une loi avant tout d’indemnisation et non de responsabilité.
imputée qu’à celui qui a une volonté raisonnable et libre. La réparation
du dommage dans ce système, est subordonnée à une recherche Le régime de responsabilité qui a valeur de principe est à l’article 118
psychologique et à une appréciation morale. du COCC, il est expressément fondé sur la faute, la faute que la victime
La responsabilité fondée sur le risque est une responsabilité objective, doit prouver sans le recours d’aucune présomption. Mais ce régime est
causale : elle a son siège dans le rapport de causalité objective qui suivi par des régimes subsidiaires qui représentent par le jeu variable de
remonte du dommage à celui qui l’a causé. Peu importe dans quelles présomptions et de preuves contraires des combinaisons intermédiaires
conditions psychologiques il l’a causé : sans l’avoir voulu, sans l’avoir entre la faute et le risque.
pensé, sans avoir pu l’empêcher. Cette responsabilité n’implique aucun Malgré cette diversité des régimes, certaines conditions de la
jugement de valeur sur les actes du responsable. Il suffit que le responsabilité sont partout et uniformément requises. Ce sont les
dommage se rattache matériellement à ces actes, car celui qui exerce constantes de la responsabilité civile : le dommage et la causalité.
une activité doit en assumer les risques. A plus forte raison si cette Mais elles ne peuvent à elles-seules déterminer un responsable : un
activité est pour lui, une source de profit : la réparation des dommages élément variable plus malaisé à saisir doit s’y ajouter, que l’on peut
qu’elle cause sera la contrepartie des profits qu’elle procure. Ces deux génériquement appeler fait dommageable ; c’est par lui que les
systèmes diffèrent quant au fardeau de la preuve. différents régimes de responsabilité civile se séparent les uns des autres.
Dans la responsabilité subjective, la victime ne peut obtenir réparation
qu’à charge de prouver la faute, la défaillance de conduite et de volonté Chapitre I Les éléments généraux de la responsabilité
qui est à l’origine du dommage. civile : le dommage et la causalité
La responsabilité suppose trois éléments : un fait générateur, un somme d’argent l’autre question soulevée a été celle de l’évaluation de
dommage et un rapport de causalité entre le fait et le dommage. En plus ce préjudice.
de ces trois éléments il faut l’existence d’une personne responsable. Mais la jurisprudence civile a admis la réparation du préjudice moral
qui permet de ne pas laisser impuni l’auteur du dommage.
Article 118 est responsable celui qui par sa faute cause un dommage à
autrui. § 2. Caractère du dommage réparable

Pour donner lieu à réparation, le dommage doit avoir porté sur un


Section 1 : Le dommage intérêt légitime juridiquement protégé, être certain et direct.

Les dommages sont très variables mais pour être réparés doivent
présenter certains caractères A. Un dommage ayant porté atteinte à un intérêt légitime
juridiquement protégé
Mais cette obligation n’est plus retenue. (ex la prostituée ne peut pas
§1. La variété des dommages demander réparation pour avoir contracté le Sida dans le cadre de ses
activités professionnelles.
On peut distinguer le dommage matériel et le dommage moral, chacun
pouvant prendre des formes variées dont les frontières ne sont pas B. Un dommage certain
toujours très précises.
Définir le dommage certain

A. Le dommage matériel 1. Le dommage futur

Le dommage matériel prend des formes variées : il recouvre le Un dommage actuel est certain, la difficulté provient du dommage
dommage matériel au sens strict, c’est-à-dire l’atteinte au patrimoine, le futur.
dommage corporel, l’atteinte à la personne. La jurisprudence affirme que s’il n’est pas possible d’allouer des
Il peut s’agir d’une perte subie damnum emergens ou d’un gain manqué dommages-intérêts en réparation d’un préjudice purement éventuel, il
lucrum cessans. en est autrement lorsque le préjudice bien que futur apparaît au juge du
fait comme la prolongation certaine et directe d’un état de fait actuel et
B. Le dommage moral comme susceptible d’évaluation immédiate.
Ex : l’indemnité versée à une victime frappée d’invalidité répare le
Le dommage moral est celui qui ne porte pas atteinte au patrimoine préjudice qu’elle va subir dans les années avenir.
d’une personne. Il peut prendre des formes très variées : douleur
physique, souffrance psychologique, atteinte à un droit Les dommages futurs simplement éventuels ne donnent pas lieu à
extrapatrimonial, atteinte aux sentiments. réparation.
La définition même du dommage moral a suscité la controverse quant à
sa réparation : il est choquant de réparer un préjudice moral par une 2. Perte d’une chance
La jurisprudence a relativisé l’exigence de certitude du préjudice par la Section : 2 La causalité
notion de perte d’une chance. Lorsque la perte d’une chance est admise,
la réparation du dommage dépend de la chance perdue et ne peut être Cette condition qui paraît être une exigence de la raison semble
égale à l’avantage qu’aurait procuré cette chance si elle s’était réalisée. exprimée par le mot cause. Elle se manifeste dans le procès en
responsabilité sous deux formes différentes.
C. Un dommage direct Positivement la victime pour obtenir réparation devra établir l’existence
d’un rapport de causalité entre le dommage dont elle justifie et le fait
Seul le dommage direct peut être réparé quand est-il du dommage par fautif (fautif ou non) auquel la loi attache une responsabilité.
ricochet. Négativement : pour écarter la responsabilité de l’auteur pour cause
d’incapacité
Outre un fait générateur de responsabilité et un dommage, la troisième
D. Le dommage par ricochet
condition exigée pour qu’il y ait responsabilité c’est l’existence d’un
a. Le principe de la réparation rapport de causalité entre l’un et l’autre.

Le dommage par ricochet apparaît lorsque les tiers sont affectés par le Parmi l’ensemble des causes préalables au dommage il faut rechercher
dommage causé directement à la victime : décès d’un enfant, accident celle dont on peut considérer qu’elle en est la véritable cause. On
du père de famille. estime qu’un évènement est la cause d’un autre lorsqu’il est habituel
La jurisprudence admet le dommage par ricochet, considérant même qu’il le produise.
que le droit de réparation des proches n’impose pas à un lien de parenté L’article 128 pose le principe de la cause directe entre la faute et le
ou d’alliance avec la victime. dommage. Dès lors que ce lien n’est plus direct, la responsabilité de
l’auteur de la faute est atténué voit anéantie.
b. Opposabilité de la faute de la victime à la victime par ricochet Pour qu’il y ait causalité il faut un fait générateur du dommage c'est-à-
dire un fait qui a été la condition nécessaire sans lequel le dommage
On peut opposer la faute de la victime afin de diminuer son droit à n’aurait pas existé.
réparation. Peut-on aussi l’opposer à la victime par ricochet ? Cependant un dommage peut en entraîner d’autres. Le dommage subi
La réponse est affirmative, les proches ne pouvant être traitées que par par la victime immédiate ou principale, peut produire des dommages
la victime elle-même. éprouvés par une autre personne dite la victime médiate ou par ricochet.
Le préjudice par ricochet est réparable. Le préjudice par ricochet
constitue la conséquence du dommage éprouvé la victime première. Sa
E. le dommage collectif réparation dépend de conditions presque identiques à celles auxquelles
est soumise la réparation du dommage principal. Le préjudice par
Par application de l’adage « nul ne peut plaider par procureur », les ricochet n’est réparable que dans la mesure où celui éprouvé par la
associations ne peuvent demander réparation pour le groupe de victime première l’est aussi. Le préjudice par ricochet est souvent moral
personne qu’elles représentent. Cependant elles peuvent demander (peine éprouvée du fait de la perte de la victime principale). Le
réparation pour tous les faits portant sur un préjudice direct ou indirect préjudice économique par ricochet résulte du fait que la victime
à l’intérêt collectif de la profession. immédiate interrompt soit les subsides qu’elle versait soit la profession
qu’elle exerçait.
comportement sera apprécié par le juge au regard du modèle standard
du bon père de famille. Le comportement sera apprécié de façon
abstraite par référence au modèle : c’est l’appréciation in abstracto.
Chapitre 2 : Le fait générateur de la responsabilité
B. La diversité des fautes
Ce principe trouve son fondement dans l’article 118 « Est responsable
celui qui par sa faute cause un dommage à autrui » Le législateur ne fait pas référence à l’intention de l’auteur de la faute,
que l’auteur ait ou non voulu le dommage, c'est-à-dire que le dommage
Ce principe a vocation à s’appliquer à tout fait qui n’est pas visé et résulte d’une intention ou encore d’une négligence ou d’une
réprimé par une loi spéciale. imprudence.
Il faut définir la notion de faute.
Aux termes de l’article 119 du COCC « la faute est un manquement à C. Gravité de la faute
une obligation préexistante de quelque nature qu’elle soit ». La réparation ne dépend pas non plus en principe de la gravité de la
La faute consiste en un manquement donc peu importe qu’il s’agisse faute, mais certains régimes spéciaux de responsabilité distinguent
d’une obligation légale ou d’une obligation conventionnelle. divers degrés de faite pour déterminer l’ampleur de la réparation.
Cette définition entraîne l’unicité de régime entre la responsabilité
contractuelle et la responsabilité délictuelle. D. Faute d’action et faute d’omission
La notion de faute sera non seulement analysée au regard de l’article La faute d’action résulte d’un acte positif engageant son auteur à
119 mais aussi de l’article 121 du COCC qui exonère la personne dont réparer le dommage causé.
les capacités mentales ne lui permettent pas d’apprécier son acte soit du On peut se demander si une personne peut engager sa responsabilité du
fait de l’âge soit du fait de leur altération. fait de sa passivité, de son abstinence ou encore de son omission.
Ces deux éléments combinés font ressortir deux éléments de la faute : La jurisprudence exigeait dans un premier que cette passivité soit
l’élément matériel et l’élément moral ou psychologique. légalement sanctionnée par la loi, mais cette position s’est assouplie :
§1. L’élément matériel de la faute ex l’omission de mention du nom de l’auteur après avoir cité ses écrits.

A. Définition de la faute §2. L’élément psychologique de la faute

La faute peut revêtir divers aspects tels que le manquement, la A. Faute et absence de discernement
transgression, la violation ou encore l’omission au regard d’une
obligation préexistante (article 119). Quelque soit le type de faute, elle L’article 121 précise « qu’il n’y a pas de faute si l’auteur du dommage
sera retenue par rapport à l’obligation préexistante soit légale soit était par son état naturel dans l’impossibilité d’apprécier son acte ». Cet
contractuelle. Une difficulté va survenir lorsque l’obligation violée ne article exonère la responsabilité des majeurs malades mentaux et des
découle ni de la loi ni du contrat. enfants. Le revers de cette exonération c’est l’impossibilité pour la
La doctrine considère que la faute est une erreur ou une défaillance de victime d’obtenir réparation de son dommage.
conduite, le juge à qui est soumis l’appréciation du comportement en Afin de sauvegarder le droit de la victime l’article 121 Alinéa 3 précise
vue de sa qualification devra procéder à une comparaison entre le que « tout acte est de nature à engager ou à atténuer la responsabilité de
comportement de l’auteur du dommage et celui qu’il aurait dû avoir. Le son auteur ».
L’élément moral n’est plus un élément indispensable pour caractériser Le commandement doit provenir de l’autorité légitime. Mais malgré
la faute. cela l’autorisation n’empêche pas pour autant les voisins de demander
la réparation des dommages résultant de l’implantation d’un
B. Faute d’une personne morale établissement polluant (ex la SOCOCIM)
Une personne morale peut commettre une faute susceptible d’engager Les Ciments du Sahel
sa responsabilité. Il faut par ailleurs que le commandement soit licite et provienne de
La faute de la personne morale susceptible d’engager sa responsabilité l’autorité légitime.
n’enlève rien à la faute des dirigeants. La jurisprudence admet la faute En droit pénal le fait pour le préposé d’agir conformément aux ordres
de la personne morale indépendamment du comportement de ses de son commettant le met à l’abri de toute responsabilité sous réserve
dirigeants, étendant ainsi le champ de la responsabilité des personnes que l’ordre donné ne soit pas manifestement illicite.
morales. Ce parallèle est discutable puisque l’employeur n’est pas le représentant
de l’intérêt général.
Section 4 : Les causes d’irresponsabilité (ou moyens de défense) B. L’état de nécessité
Le responsable d’un dommage va tout faire soit pour que sa L’état de nécessité comme nous l’avons précédemment précisé relève
responsabilité soit écartée soit à défaut diminuée par trois moyens : du droit pénal, où il rend irresponsable l’auteur d’une infraction. Il a
- les faits justificatifs des répercussions sur la responsabilité civile qu’il exclut généralement
- l’attitude de la victime mais pas toujours.
- l’élément étranger ayant entraîné le dommage L’état de nécessité c’est l’hypothèse dans laquelle une personne afin
d’éviter un dommage est obligé d’en commettre un moins grave.
§1. Les circonstances justificatives
La jurisprudence considère qu’il y a état de nécessité excluant la faute
de l’auteur d’un dommage lorsque le seul moyen d’échapper à un mal
L’auteur ne conteste pas le dommage mais considère que son
présent et certain est d’en causer un moins grand. On peut se demander
comportement a été guidé par des causes étrangères.
si la victime n’a pas droit pour autant à la réparation de son dommage.
La légitime défense comme l’ordre de la loi ou l’état de nécessité ont
été empruntés au droit pénal qui permet de justifier l’infraction. C. L’attitude de la victime
La légitime défense est l’application d’un principe général en vertu
duquel « on n’est pas responsable du dommage que l’on cause pour la 1. La légitime défense
défense de sa personne ou de ses biens.
La légitime défense est le seul fait justificatif légalement prévu par le
COCC article 131 « Il n’y a pas de responsabilité si le fait
A. L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime dommageable a été commis de façon raisonnable pour la légitime
défense de soi-même ou d’autrui, ou pour la garantie de biens que
L’ordre, la permission de la loi et le commandement de l’autorité l’auteur détient légitimement ».
légitime sont des causes d’exonération en matière pénale. La responsabilité de l’auteur du dommage est écartée dés lors qu’il se
protégeait ou protégeait ses biens sous réserve que les actes à l’origine
du dommage soient proportionnés par rapport à l’agression initiale. Il D. L’existence d’une cause étrangère
appartient au juge d’apprécier cette proportionnalité.
Le préjudice peut être la résultante d’une cause étrangère. Dans cette
2. La faute de la victime hypothèse nous retenons essentiellement la force majeure. Elle ne peut
constituer une cause d’exonération de responsabilité que si elle présente
La victime a concouru en totalité ou partiellement à la réalisation du trois caractères : imprévisible, irrésistible et insurmontable.
dommage. Ces éléments s’apprécient au moment de la réalisation du dommage.
Lorsque la faute de la victime a été partiellement la cause du dommage, Est imprévisible une tempête tropicale en raison de la rapidité des
elle entraîne en règle générale un partage de la responsabilité. Le évènements qui l’ont précédés et des prévisions météorologiques.
partage de responsabilité suppose que le fait de la victime a été fautif ;
il n’existe pas si le fait de la victime pour causal qu’il ait été n’a pas été
fautif (en raison de l’absence de discernement de la victime du fait de Chapitre 2. Les responsabilités complexes
son jeune âge).
La faute de la victime peut absorber celle de son auteur et être la cause Section 1. La responsabilité du fait d’autrui
exclusive du dommage.
La responsabilité du fait d’autrui est une responsabilité d’exception
3. Le consentement de la victime puisque le principe c’est la responsabilité individuelle et personnelle.
La responsabilité du fait d’autrui est limitativement énumérée au
a. Acceptation du dommage
COCC dans son article 142 « on est responsable non seulement du
dommage qu’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est
En droit civil, l’obligation de réparer disparaît quand la victime a
causé par le fait des personnes dont on doit répondre ».
consenti au dommage.
L’article renvoie à trois catégories de personnes qui renvoient-elles
Le consentement de la victime se manifeste de manières diverses et
mêmes à autant de responsabilités du fait d’autrui.
produit des effets variés. Parfois, la victime consent au dommage ;
parfois sans consentir au dommage lui-même, elle accepte de courir §1. La responsabilité parentale
certains risques générateurs du dommage. Mais le consentement ne
vaut que pour les dommages matériels et ne s’applique pas dans le cas La responsabilité parentale est prévue à l’article 143 du COCC.
de dommage corporel puisque le corps humain est hors du commerce « Est responsable du dommage causé par l'enfant mineur habitant avec
lui, celui
b. L’acceptation des risques
de ses père, mère ou parent qui en a la garde. »
La victime sans consentir le dommage, accepte de courir certains La responsabilité des parents à l’égard de leurs enfants mineurs
risques. Cette théorie est essentiellement appliquée dans le domaine implique :
sportif. En effet la participation à une compétition sportive comporte Des parents (père ou mère) ou tout parent qui en a la garde c'est-à-dire
nécessairement une part de danger, même si les règles du jeu sont celui qui est titulaire de l’autorité paternelle
respectées. Dés lors la victime lorsqu’elle est un autre sportif ne peut se Il faut un fait fautif ou non à l’origine du dommage.
plaindre de tout geste dommageable. L’acceptation des risques repousse Dés lors que ces conditions sont réunies la loi présume que les parents
le seuil de la faute. de l’enfant auteur du dommage ont failli à leur devoir de surveillance
ou d’éduction. Mais cette présomption tombe devant la preuve
contraire, ils peuvent s’exonérer de leur responsabilité par la preuve - Une automobile conduite par un chauffeur de maître renverse un
qu’ils n’ont pas pu empêcher le fait dommageable. piéton ; le maître est responsable car il est le commettant du
chauffeur.

§ 2. La responsabilité des maîtres et artisans - Cette solution est fondée sur l’article 148 du COCC aux termes
duquel les commettants sont responsables du dommage causé
Dans cette hypothèse on parle des élèves et apprenti. Concernant l’âge, par leurs préposés dans les fonctions auxquels ils les ont
la loi ne prévoit pas des conditions d’âge. Comme pour la employés.
responsabilité des parents la loi exige une faute ou un comportement
fautif à l’origine du dommage. Dans ces deux cas de responsabilité la Cette responsabilité du fait d’autrui est objective, le commettant ne peut
loi exige une faute à l’origine du dommage. s’en décharger en démontrant qu’il n’a pas commis de faute. La
Article 150 COCC « Les maîtres et artisans sont responsables du responsabilité du commettant est donc lourde en raison de son
dommage causé par les personnes qui leur ont été confiées en vue de fondement et de ses conditions.
leur formation professionnelle pendant le temps où elles sont sous leur La responsabilité du commettant est en sorte une consécration de la
surveillance. Ils peuvent se dégager de cette responsabilité en théorie du risque soit du risque-profit, c'est-à-dire que le commettant est
rapportant la preuve qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui a causé le responsable parce qu’il profite de l’activité du préposé soit du risque-
dommage. » autorité du fait de l’autorité qu’il exerce sur le préposé.

Afin que la responsabilité du commettant soit engagée par le fait du


§3. La responsabilité du commettant du fait de ses préposés
préposé deux types de conditions sont à réunir :
- Il faut un commettant
L’article 146 COCC
- Le préposé doit avoir agit dans le cadre de ses fonctions.
« Les commettants, ou patrons, répondent des dommages causés par
une personne soumise à leur autorité, lorsque celle-ci encourt dans A. Définition du commettant
l'exercice de ses fonctions une responsabilité à l'égard d'autrui. Les
personnes agissant pour le compte d'une personne morale engagent La jurisprudence retient comme élément essentiel le pouvoir de donner
dans les mêmes conditions la responsabilité de celle-ci. » des ordres, c’est-à-dire l’autorité du commettant ou en d’autres termes
Les commettants sont responsables du dommage causé par leurs la subordination du préposé. Le commettant est celui qui a le pouvoir
préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés. Cette de donner des instructions à une autre personne sur la manière
responsabilité du fait d’autrui est objective : le commettant ne peut s’en d’exercer une mission.
décharger en démontrant qu’il n’a pas commis de faute. Le problème peut se poser lorsque dans l’entreprise le pouvoir est
La responsabilité du commettant est lourde en raison de son fondement, délégué à un préposé qui a alors un pouvoir de commandement sur ses
de ses conditions et de ses effets. subordonnés. La jurisprudence fera ici un cumul de théorie celle de la
Exemple : théorie autorité puis de la théorie profit pour le pouvoir délégué.
- Une automobile conduite par un chauffeur de taxi renverse un Le juge pour qualifier la relation fera appelle à un faisceau d’indices.
piéton ; le client n’est pas responsable, car il n’est pas le
commettant du chauffeur. Il y a des situations dans lesquelles, le rapport de préposition est sous-
jacent en raison notamment de l’état de subordination qui nait du
contrat tel est le cas du contrat de travail. Mais il existe biens d’autres La chose peut être la bouteille de Coca qui explose…
situations notamment dans le cadre familial. Tout est question La responsabilité du fait des choses inanimées peut être résumée en
d’appréciation. autre règles :
- La victime doit établir que la chose a eu un rôle causal dans le
B. La fait dommageable du préposé dommage ;
- La victime est dispensée de prouver un fait du maître dont la
Le commettant n’est responsable que dans la mesure où le préposé a chose a causé le dommage ;
commis un fait générateur de responsabilité. Ce fait dommageable doit - Le gardien ne peut s’exonérer en démontrant son absence de
se rapporter à ses fonctions ou être dans le cadre de ses fonctions, ou faute. On peut parler de présomption de responsabilité ou de
encore le préposé a agi au moins apparemment dans l’exercice de ses responsabilité de plein droit ;
fonctions. - Le maître peut s’exonérer en s’attaquant au rôle causal de la
Pour éviter que le commettant ne cherche à exclure sa responsabilité, le chose, en démontrant, de manière positive que la véritable cause
COCC précise en son article 148 que « en cas d’abus de fonction, un de l’accident est la force majeure, le fait d’un tiers ou le fait de
lien de causalité ou de connexité avec l’exercice des fonctions suffit à la victime.
rendre le commettant responsable ». Cette précision fait appel à la
théorie profit. § 2 . Le régime spécial des victimes d’accident de la circulation
(le droit français considère l’abus de fonction comme une cause
d’exonération ce qu’apparemment le législateur sénégalais n’a pas pris
en considération). Il s’agit d’un régime spécial de responsabilité du fait des choses qui est
issu de la loi 95-022 du 12 juin 1995 portant Code CIMA. Il s’agit, par
C . Les effets ce texte, d’assurer l’intégration juridique africaine par le droit des
assurances tout en apportant une amélioration à la situation des
Le commettant est responsable des activités de son préposé. Le victimes de dommages causés par des véhicules terrestres à moteur.
préposé bénéficie d’une immunité malgré sa faute dés lors qu’il est C’est d’abord un code d’intégration parce que le Code CIMA
resté dans les limites de sa mission ou que le juge démontre soit le lien s’applique de Dakar à Brazzaville. Il est applicable à tous les pays
de connexité ou de causalité. africains qui ont ratifié le texte.
C’est ensuite un texte qui améliore la situation des victimes d’accident
Section 2. La responsabilité du fait des choses de la circulation, amélioration par rapport au droit commun de
l’article 137 du COCC. En effet, désormais, de telles victimes ont droit
§ 1. Le principe général de la responsabilité du fait des choses
à une indemnisation quasi-automatique, indemnisation qui ne peut être
paralysée par les causes d’atténuation ou d’exonération classiques tels
La responsabilité du fait des choses est à l’origine de la théorie du
que la force majeure, le fait d’un tiers ou la faute même de la victime.
risque. La responsabilité du fait des choses vise avant tout à réparer les
C’est l’assurance qui va supporter l’indemnisation parce que tous les
dommages subis par la victime.
véhicules doivent être obligatoirement assurés. L’assurance qui doit
La responsabilité du fait des choses vise toutes les choses inanimées
indemniser ne peut invoquer aucun moyen de défense, même pas la
actionnées ou non par la main de l’homme en précisant cependant
faute de la victime sauf si cette victime a intentionnellement recherché
qu’est responsable celui qui a la maîtrise de la chose (en droit français
son dommage. Donc, sauf la faute intentionnelle de la victime est de
la garde).
nature à écarter l’indemnisation que devait payer l’assurance.
Titre 2 Les effets de la responsabilité civile : la réparation
Il faut donc convenir que par rapport au droit commun, il y a là, sur ce du dommage
point, une profonde amélioration. Cette amélioration se manifeste
même lorsque le conducteur du véhicule n’était pas habilité, soit parce Lorsque le personne est déclarée responsable, quelque soit le fondement
qu’il n’avait pas son permis de conduire, ou encore parce qu’il de cette responsabilité (du fait personne, du fait d’autrui ou du fait des
s’agissait d’une conduite à l’insu du propriétaire. Dans toutes ces choses) elle est tenue de réparer le dommage subi par la victime.
hypothèses, l’assurance est tenue à payer. Et s’il arrivait par La mise en œuvre de la responsabilité passe souvent par un procès qui
extraordinaire que le véhicule ne soit pas assuré ou que l’on ne puisse va aboutir à la réparation du dommage
identifier le conducteur qui a pris la fuite, même dans ce cas la victime
va être indemnisée par un organisme que l’on appelle le Fonds de Chapitre 1. Les parties au litige
garantie automobile. Le demandeur à l’action c’est principe la victime, le créancier de
l’obligation. L’action est ouverte à la victime du dommage, victime
Il s’y ajoute que le régime mis en place jure avec la lenteur de la directe ou victime par ricochet dans la mesure où son droit à agir est
procédure judiciaire, parce que la compagnie d’assurance appelée à reconnu. Elle est reconnu aux héritiers ou aux personne subrogées dans
payer est tenue de faire une offre d’indemnisation dans un délai d’un les droits de la victime notamment la compagnie d’assurance.
an, et s’il y a urgence, avant que les parties ne s’entendent sur cette Le défendeur est la personne déclarée responsable ses ayants droits,
offre, une provision peut être allouée à la victime. Le juge ne peut être notamment la compagnie d’assurance surtout lorsque le dommage a été
saisi qu’au-delà du délai d’un an lorsque les parties ne se sont pas causé par un accident de la circulation du fait d’un véhicule terrestre à
entendues sur l’offre qui a été faite. Il y a donc désormais une certaine moteur.
célérité dans la procédure extrajudiciaire d’indemnisation.
Manifestement, ces dispositions du Code CIMA améliorent la situation Chapitre 2. L’effectivité de la réparation
des victimes dès l’instant que leur dommage a été causé par un
véhicule terrestre à moteur. Cette effectivité suppose que l’action soit exercée devant une
En droit français, dès l’instant qu’un véhicule a été impliqué dans la juridiction civile. Mais il peut arriver que l’action soit exercée devant la
réalisation du dommage. juridiction répressive
L’indemnisation attribueé est une indemnisation forfaitaire, c’est ce Mais, il peut arriver que l’action soit exercée devant la juridiction
que l’on appelle le système de barrélisation. Ce système constitue un répressive parce que l’acte dommageable est en même temps constitutif
recul par rapport au droit commun de la responsabilité où il existe le d’une infraction pénale. La victime peut par voie principale agir en
principe de la réparation intégrale du dommage. Mais ce recul ne responsabilité civile en se constituant partie civile, ce qui a pour effet
remet pas en cause tous les avantages véhiculés quant aux dispositions de déclencher en même temps l’action publique.
du Code CIMA au regard du sort de la victime. Mais, la victime peut aussi intervenir à l’instance pénale après le
déclenchement de l’action publique. Lorsque la responsabilité est
« Arrêt Démarres » reconnue au plan pénal, elle le sera aussi nécessairement au plan civil
en vertu de la règle selon laquelle « Il y a une identité entre la faute
pénale et la faute civile ».
L’absence de faute pénale non intentionnelle ne fait pas obstacle à ce
que le juge civil retienne une faute civile (article 457 CPP).
La reconnaissance de la responsabilité civile a pour effet d’opérer la limiter leurs obligations, à condition de ne pas faire disparaître
condamnation à des dommages intérêts de la personne déclarée totalement leur responsabilité ».
responsable. Il restera alors à préciser l’étendue de cette réparation. Les clauses qui limitent la responsabilité sont appelées clauses
limitatives de responsabilité civile.
Chapitre 3 : L’étendue de la réparation De telles clauses sont nulles en matière de responsabilité délictuelle
parce que les règles y sont d’ordre public.
Il y a à cet égard un principe, c’est celui de la réparation intégrale
(paragraphe 1er). Mais, il arrive que ce principe de la réparation Par ailleurs, il existe aussi ce que l’on appelle les clauses pénales (art
intégrale subisse quelques influences dues à l’existence de clauses 153 COCC), ce sont des clauses par lesquelles les parties fixent à
relatives à la responsabilité civile (paragraphe 2). l’avance de façon forfaitaire le montant des dommages et intérêts à
payer en cas d’inexécution totale, partielle ou défectueuse. De telles
clauses s’imposent non seulement aux parties, mais aussi au juge.
Section 1 : Le principe de la réparation intégrale

La personne qui subit un dommage a le droit de bénéficier d’une


réparation intégrale comme si elle n’avait jamais subi de dommage. Il
faut que la réparation recouvre exactement la totalité du dommage, tout
le dommage, mais seulement le dommage (art.134 du COCC).
Cette réparation se fait sous forme de dommages et intérêts. Les
dommages et intérêts qui tendent à effacer le dommage sont appelés
dommages et intérêts compensatoires.
Lorsqu’il s’agit de dommages et intérêts dus au retard, on parle de
dommages et intérêts moratoires.

En principe, le juge, pour apprécier le préjudice, doit se situer au jour


du jugement prononçant la condamnation. Il doit tenir compte, le cas
échéant, de toutes les circonstances de l’espèce. Mais, il ne peut allouer
à la victime ni plus ni moins que l’étendue de son préjudice sous
réserve de l’existence de certaines clauses limitatives de responsabilité.

Section 2 : Les clauses limitatives de la responsabilité civile

Il y en a plusieurs variétés. Certaines de ces clauses tendent à limiter ou


à écarter la responsabilité civile. Ces clauses sont prévues par les
articles 151 et suivants du COCC qui disposent que « Sont valables les
clauses par lesquelles les parties, d’un commun accord, tendent à
Section 2. Les effets
Le COCC ne retient pas l’expression de quasi-contrat pour classer la La gestion d’affaires fait naître des obligations réciproques entre le
gestion d’affaires et l’enrichissement sans cause qu’elle range sous gérant et le maître de l’affaire.
l’expression générale « d’autre sources d’obligations », qui sont dans
d’autres législations regroupées sous la notion de quasi-contrat. Les obligations du gérant : il est débiteur d’une obligation de moyens
c’est ainsi qu’il « doit agir en bon père de famille pour l’administration
Titre 2 L’avantage reçu d’autrui comme source d’obligation de toute l’affaire ». Sa faute est appréciée in abstracto mais le juge
devra tenir compte des circonstances qui l’ont amené à s’immiscer dans
Chapitre 1 La gestion d’affaires
la gestion d’autrui. Les circonstances vont être appréciées au regard de
C’est le fait d’une personne (le gérant) qui sans en avoir été chargé,
accomplit un acte ou une série d’actes au profit du maître de l’affaire l’évaluation dommage.
(ou géré).L’initiative du gérant a pour effet de faire naître des Le gérant est tenu de « poursuivre sa gestion jusqu’à ce que le maître de
obligations à la charge du gérant et du géré (art 157). l’affaire ou ses héritiers puissent y pourvoir ». Cette obligation vise à
décourager les interventions ou immixtions intempestives des tiers
Section 1. Conditions dans la gestion d’autrui inspirées par la curiosité ou la jalousie.
Les conditions touchent l’acte de gestion, le gérant et le maître de Le gérant est tenu de rendre compte de sa gestion.
l’affaire.
L’acte de gestion : L’acte de gestion peut consister en un acte juridique Les obligations du maître : Le maître de l’affaire est tenu de
ou un acte matériel. L’acte peut être un acte d’administration ou de
rembourser les dépenses engagées par le gérant (art 159) sous réserve
disposition. que l’acte de gestion ait été utile et faite dans l’intérêt de l’affaire.
Le gérant : il doit avoir la volonté d’accomplir des actes pour autrui et Si les actes de gestion ont été accomplis au non du maître seul ce
non dans son intérêt propre. dernier est engagé à l’égard des tiers, si au contraire le gérant a agi en
Il n’y aura pas de gestion d’affaires quand une personne croit agir pour
son nom propre il reste alors personnellement obligé à l’égard du tiers.
son propre compte et sans le vouloir rend service à un tiers. C’est cette
intention qui va permettre de faire la distinction entre la gestion Chapitre 2 Le paiement de l’indu
d’affaire et l’enrichissement sans cause.
Le Maître : la gestion d’affaires suppose l’existence du maître mais Chapitre 3 L’enrichissement sans cause
peu importent son ignorance, son indétermination et son incapacité. Il
ne peut y avoir gestion d’affaires lorsque le maître a donné accord à Cette action découle du principe « d’équité qui défend de s’enrichir au
l’acte ou au contraire son désaccord. détriment d’autrui » sous réserve que cet enrichissement ne découle pas
d’une obligation. On ne peut parler d’enrichissement sans cause dans le
cadre de la vente commerciale. Le commerçant s’enrichit en vertu d’un
contrat passé entre lui et son client.
Section 1. Conditions Section 2. Les effets
L’exercice de l’action est subordonné à l’enrichissement d’une L’appauvri a droit a une indemnité soumise à une double limite.
personne et l’appauvrissement corrélatif d’une autre. L’indemnité ne peut dépasser la plus faible des deux sommes que
constituent l’enrichissement et l’appauvrissement. Ces sommes suivent
§1. Un enrichissement et un appauvrissement corrélatif le régime des dettes de valeur, c'est-à-dire qu’elles sont évaluées au jour
où le juge statue.
Un enrichissement : Il y a enrichissement lorsqu’il y a accroissement
de l’actif du patrimoine sans contrepartie. Il y a également
enrichissement en cas de réalisation d’économie ou de diminution du
passif c'est-à-dire de la dette.
Un appauvrissement : il y a appauvrissement en cas de diminution du
patrimoine (perte d’un bien…), mais également en cas de manque à
gagner.
Un lien entre l’enrichissement et l’appauvrissement : le législateur
pose l’hypothèse du lien direct et mais aussi celui du lien indirect c'est-
à-dire que l’enrichissement transite par le patrimoine d’un tiers.

§2 . Absence de cause de l’enrichissement

L’enrichissement doit être sans cause. La notion de cause c’est toute


justification juridique de l’enrichissement. L’expression doit être prise
au sens le plus large (si l’appauvri a agi dans son intérêt personnel,
l’enrichissement trouve une cause dans cet intérêt)

§3 . Absence d’une autre action au profit de l’appauvri


L’enrichissement sans cause ne doit pas détourner l’application d’autres
règles juridiques. Il ne joue qu’à défaut de tout autre moyen de droit,
qu’importe qu’ils ne puissent plus être mis en œuvre du fait notamment
de la prescription. Ainsi, l’enrichissement sans cause ne peut suppléer
une action prescrite.
L’action est par ailleurs irrecevable en cas de faute de l’appauvri.
Livre 4 Le régime des obligations A Les conditions

Le titre II du Livre 2 du COCC aborde la question de la transmission et 1. Les conditions de validité


de la transformation de l’obligation. Le consentement du débiteur n’est pas requis.
Il y a une seule condition de spécifiques : la créance doit être cessible (
il ne faut pas que la cession soit interdite par la loi ou soit intuitu
Titre 1. La circulation et la transformation de l’obligation personae). A cette condition de fond s’ajoute une condition de forme :
la cession doit être constatée par écrit
Une obligation, c’est un lien de droit entre deux personnes. Mais c’est
2. L’opposabilité aux tiers
aussi une valeur patrimoniale, un « bien ». Cette qualité lui donne la
Pour être opposable aux tiers au contrat de cession, la cession doit être
possibilité de circuler soit sous la forme de la cession de créance soit la
signifiée au débiteur cédé.
forme de la cession de contrat.
Avant la signification le cédé peut librement payer au cédant (son
Chapitre 1 La circulation des obligations créancier) ou refuser de payer le cessionnaire

Section 1 la cession de créance B. Les effets

1. Dans les rapports du cessionnaire et du débiteur cédé


La cession de créance est la convention par laquelle un créancier, le
Le cessionnaire acquiert tous les droits du cédant (il devient créancier
cédant (A), transmet sa créance contre son débiteur, le cédé (B), à un
en lieu et place du cédant, il bénéficie des droits et sûretés attachés à la
tiers, le cessionnaire. La cession de créance peut permettre au cédant de
créance.
se procurer des liquidités avant l’échéance et au cessionnaire de réaliser
un bon placement. 2. Dans les rapports du cessionnaire et du cédant

La cession de créance met en scène trois personnes, mais seuls le Le cédant doit garantie au cessionnaire. Le cédant garantit seulement
cédant et le cessionnaire sont parties à la convention. Le cédé reste qu’il est créancier du cédé au moment de la cession ainsi que de
tiers. l’existence éventuelle à l’époque de la cession des sûretés accessoires
Cette opération permet au cédant de se procurer du liquide, de mobiliser de la créance.
sa créance, et elle simplifie par ailleurs les relations comptables.
§ 2. La cession des titres négociables
Certaines créances ont vocation particulière à circuler : actions,
§1 Les règles de droit commun obligations, effets de commerce. Elles sont constatées dans des titres
négociables.
Les articles 241 à 243 définissent les conditions et les effets de cette Ces titres peuvent être nominatifs, à ordre ou à la personne.
cession de créance.
Section 2 La cession de contrat La subrogation consentie par le créancier
Dans ce cas elle naît d’un accord entre le solvens et le créancier. Le
C’est une convention par laquelle un contractant (cédant) transmet à solvens qui paie à la place du tiers a intérêt à récupérer les droits du
une autre personne (cessionnaire) ses droits et ou ses obligations à créancier contre le débiteur, et le créancier qui reçoit paiement n’a
l’égard de son cocontractant. aucune raison de les lui refuser.
Il peut s’agir d’un contrat unilatéral ou synallagmatique. Le cédé doit La subrogation doit être expresse et elle doit être faite en même temps
donner son consentement à la cession. Cette cession ne lui est que le paiement, concomitance qui constitue un élément de fait dont
opposable que si son consentement est constaté par écrit (art 244 l’appréciation relève du pouvoir souverain d’appréciation des juges du
COCC). L’acquéreur d’un immeublr est lié par les baux passés par le fond. Elle ne peut jouer que si le paiement est le fait d’un tiers
vendeur La subrogation consentie par le débiteur c’est l’acte par lequel le
Les effets : débiteur pour rembourser sa dette envers A, emprunte à un tiers C et le
Du côté de la créance, il y a une cession de créance du côté de la dette, subroge dans les droits que A avait contre lui (article 250 COCC)…
le cédé devient créancier du cessionnaire et ce dernier devient le seul
débiteur du cédé. Il y a substitution de débiteur. §2. Les effets de la subrogation

Section 3 Le paiement avec subrogation La subrogation a un effet translatif de droits.


Le subrogé succède à tous les droits du créancier c’est-à-dire à tous les
accessoires et sûretés attachés à la créance, mais aussi à la créance elle-
§1. Les différentes formes de subrogation même.
Le subrogé dispose de deux actions :
La subrogation est l’opération qui substitue une personne ou une chose - L’action du créancier dans les droits duquel il est subrogé
à une autre. La nouvelle ayant le même régime juridique que - Une action personnelle qu’il peut exercer contre le débiteur sur
l’ancienne. la base du mandat ou du contrat de prêt.
On parle de subrogation réelle lorsqu’il y a remplacement d’une chose
par une autre et de subrogation personnelle lorsqu’il y a remplacement Chapitre 2 La délégation de l’obligation
d’une personne par une autre. Lorsqu’un tiers solvens C paie à la place
du débiteur B le créancier A, C est subrogé dans les droits de A à La délégation c’est l’opération par laquelle une personne, le délégué sur
l’encontre de B. l’ordre d’une autre (le délégant) s’engage envers une troisième (le
La subrogation peut être légale ou conventionnelle délégataire).
L’article 251 prévoit les cas de subrogation légale. La subrogation a A est débiteur de B et B débiteur de C. Il doit recevoir paiement de A
lieu de plein droit au profit: pour payer C. Il délègue sa créance à C.
- des personnes tenues avec d’autres (obligation solidaire ou Après l’opération de délégation, le délégué a changé de créancier, et le
indivisible) ou pour d’autres (caution) délégataire a changé de débiteur. La délégation requiert le
- Du créancier qui paie un autre créancier du débiteur d’un rang consentement de tous les intéressés à l’opération (art 255 al2).
préférable au sien. Le délégué ne peut opposer au délégataire les moyens de défense, les
- Dans toutes les hypothèses prévues par des lois spéciales. exceptions qu’il aurait pu opposer au délégant pour refuser le paiement
La subrogation peut aussi être conventionnelle. (art 255 al3).
La subrogation peut être consentie par le créancier ou par le débiteur. Le délégataire change t’il de débiteur.
Les deux solutions sont possibles.
Dans le cadre de la délégation imparfaite, le délégataire accepte le
délégué comme un nouveau débiteur, mais il ne perd pas sa créance
contre le délégant. Il ajoute à sa créance originaire une créance
nouvelle. Il a ainsi deux codébiteurs.
Dans le cadre de la délégation parfaite, c’est-à-dire lorsque le délégant
déclare expressément libérer son débiteur il y a alors extinction de
l’obligation antérieure.
Si la délégation est parfaite la créance du délégant contre le délégué est
éteinte dans le cas contraire elle subsiste.

Délégant (A)
Créancier-débiteur

Débiteur délégué (B) Créancier délégataire (C)


Titre 2. L’extinction des obligations L’accipiens c’est à dire celui qui reçoit le paiement est en principe le
créancier. Le paiement peut également être fait au représentant du
L’extinction normale de l’obligation se produit par son exécution, le créancier, à condition qu’il ait valablement reçu pouvoir d’encaisser ce
paiement mais il existe d’autres modes d’extinction mais si celui-ci est paiement (pouvoir légal, judiciaire ou conventionnel). A défaut le
récalcitrant, il peut y avoir paiement forcé. paiement n’est pas valable sauf si le créancier en a tiré profit.

§2. L’objet du paiement


Chapitre 1. Le Paiement
Le débiteur doit exécuter l’obligation sans que le créancier puisse être
Section 1 Le paiement volontaire contraint de recevoir une prestation différente (art 174 COCC) en
qualité ou en quantité.
Au sens juridique du terme, le paiement est l’exécution d’une S’il s’agit d’une chose de genre, le débiteur doit fournir la quantité
obligation. L’acceptation juridique est donc plus large que le sens prévue de la qualité prévue cette qualité sera moyenne sauf disposition
courant qui ne vise que l’exécution d’une obligation de somme contraire des parties (art 174 al 3)
d’argent. Nous étudierons les parties au paiement, l’objet du paiement, S’il s’agit d’un corps certain le débiteur doit le remettre tel qu’il se
les modalités du paiement, la preuve et les effets du paiement. trouve lors de la livraison. Si des détériorations sont intervenues, on
appliquera les règles sur la responsabilité.
Le paiement doit s’exécuter en une seule fois sauf dispositions
§1. Les parties au paiement contraires de la loi ou d’une convention des parties ou encore du fait
A. Le solvens d’une décision de justice.

§3. Les modalités du paiement


Le solvens c'est-à-dire celui qui effectue le paiement est en principe le
débiteur ou son représentant. L’obligation peut également être acquittée La date du paiement : le paiement doit être fait au terme fixé par les
par toute personne qui y a intérêt. Ce paiement par un tiers s’impose au parties. L’article 172 prévoir que la dette devient immédiatement
créancier sauf s’il s’agit d’une obligation de faire dont le créancier exigible dès lors que le débiteur a été mis en demeure de s’exécuter
aurait intérêt à obtenir l’exécution de la part du débiteur lui-même. sauf convention contraire ou dispositions spéciales de la loi et des
Le paiement fait par un tiers libère le débiteur originaire envers son usages commerciaux art 172 al2.
créancier, mais ouvre un recours du tiers contre le débiteur. L’article 173 permet au juge d’accorder des délais de grâce ou un
Pour effectuer un paiement valable, le solvens doit être propriétaire de moratoire ne pouvant excéder une année (art 173)
la chose donnée en paiement. Le paiement fait avec la chose d’autrui
est nul.
L’incapable qui procède au paiement d’une obligation ne peut soulever
sa propre incapacité pour demander la nullité du paiement (art 165 al 2 Le lieu du paiement :
COCC) Le paiement doit se faire au domicile du débiteur (la dette est quérable).
B. L’accipiens S’il s’agit d’un corps certain ou déterminé le paiement doit se faire dans
le lieu où se trouvait la chose lors de la conclusion du contrat.
§4. La preuve du paiement pas l’autre partie peut le contraindre à le faire : c’est l’exécution forcée
du contrat.
Elle obéit au droit commun de la preuve art 179.
La charge de la preuve incombe au débiteur.
La rédaction des articles 179 à 181 fait présumer que le paiement est un
acte juridique dans ce cas sa preuve se fait par écrit sous la forme d’un
reçu ou d’une quittance, remis au débiteur par lequel le créancier
reconnait avoir reçu le montant de sa créance ou encore la remise du
titre à l’origine de la dette au débiteur.

Section 2. Le paiement forcé

Jadis, le créancier impayé pouvait tuer son débiteur indélicat ou le


réduire en esclavage. Si le Code civil prévoyait encore la contrainte par
corps (qui permettait d’emprisonner le débiteur), les moyens de
pression contre la personne du débiteur ont rapidement disparu (L. 22
juillet 1867), de sorte qu’il ne reste que des moyens d’action contre son
patrimoine.
L’article 2092 Code civil dispose en effet que « quiconque s’est obligé
personnellement est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers, présents ou à venir ».
Article 220 COCC « Le débiteur répond de sa dette sur tous ses biens
présents et à venir ».
Le créancier peut donc s’emparer de chacun des biens de son débiteur.
Il ne faut cependant pas se faire d’illusion sur l’efficacité de ce droit de
gage général : le créancier chirographaire sera toujours supplanté par
les créanciers nantis de sûretés réelles (cf. cours de droits des sûretés).
Il le fera par l’action en responsabilité.

L’inexécution du contrat est une atteinte à la force obligatoire du


contrat. Elle peut se manifester de différentes façons :
L’inexécution peut être totale, elle peut être partielle ou correspondre à
une exécution défectueuse soit en qualité (ex non respect d’un cahier
des charges) soit en terme de délais (retard dans la livraison).
La défaillance d’une des parties ne laisse pas pour autant le créancier de
l’obligation totalement démuni. Lorsque l’une des parties ne s’exécute
§1. Les moyens d’action du créancier contre son débiteur levé l’option, l’obligation du promettant ne constitue qu’une obligation
de faire » de sorte qu’on ne puisse procéder à la réalisation forcée de la
A. La réparation dépend de la nature de l’obligation vente mais uniquement octroyer au bénéficiaire des dommages-intérêts
(Cass. civ. 3ème, 15 décembre 1993, D. 1994, 507, note F. BENAC-
Principe SCHMIDT ; JCP 1995, éd. G, II, 22366, note D.MAZEAUD).
L’article 194 du COCC dispose que « tout débiteur mis en demeure qui • D’une part, voir dans la situation du promettant une obligation de faire
ne s’exécute pas peut y être contraint par les voies de droit ». La est discutable (cf. note D. Mazeaud et cours de droit des contrats
jurisprudence distingue cependant entre obligation de faire et de ne pas spéciaux) ;
faire et l’obligation de donner. L’obligation de faire et de ne pas faire se • D’autre part, si tant est qu’il s’agisse d’une obligation de faire, on
résout en dommages-intérêts, en cas d’inexécution de la part du peine à trouver le caractère personnel rendant l’exécution en nature
débiteur » (Nemo praecise potest cogi ad factum, application du impossible.
principe nul ne peut être contraint à faire quelque chose). Y-a-t-il une primauté du droit à l’exécution en nature
On retrouve ici l’intérêt principal de la distinction entre les obligations du contrat ?
de donner, de faire et de ne pas faire : si on peut contraindre le débiteur L’examen de la jurisprudence montre donc que les magistrats
d’une obligation de donner à l’exécuter en nature (par exemple, si le préfèrent souvent l’exécution forcée (en nature) du contrat à l’allocation
vendeur refuse de transférer la propriété du bien vendu, il pourra y être de dommages-intérêts. Par exemple, la Cour de cassation a condamné
contraint), on ne peut, en revanche, contraindre le débiteur à faire ou à un entrepreneur à recommencer les travaux alors qu’il manquait 33cm à
ne pas faire quelque chose contre sa volonté. la maison, objet du contrat.
Jurisprudence :
Par exemple, le peintre qui ne réalise pas le tableau promis ne pourra y Jurisprudence :
être contraint ; de même, l’employeur ne peut être contraint de Cass. civ. 3ème, 11 mai 2005, RTD civ. 2005, p. 596, obs. J. MESTRE
réintégrer le salarié qu’il a abusivement licencié ; il ne lui paiera que et B. FAGES ; RDC 2006, p. 323, obs. D. MAZEAUD : « la partie
des dommages-intérêts (Cass. mixte, 21 juin 1974, D. 1974, 593, concl. envers laquelle l’engagement n’a point été exécuté peut forcer l’autre à
TOUFFAIT). l’exécution de la convention lorsqu’elle est possible»
La solution s’explique par un souci de respect de la liberté des La doctrine déduit cette primauté de l’exécution en nature de l’article
personnes. 1134 al. 1 du Code civil :
obligé à fournir ce à quoi il s’était engagé, le débiteur doit y être
Le cas de l’exécution forcée des avant-contrats condamné afin de fournir au créancier la satisfaction qu’il attendait du
Cette distinction a été obscurcie par le contentieux des avants-contrats. contrat.
L’hypothèse est celle d’une personne qui promet de vendre un Y.-M. Laithier estime que cette présentation revient à confondre le
immeuble à un bénéficiaire. Ce dernier dispose alors d’un délai pendant contenu du contrat et la sanction de son inexécution (Y.-M. LAITHIER,
lequel il peut, ou non, lever l’option. La prétendue primauté de l’exécution en nature, RDC 2005, p. 161).
Quelle solution retenir lorsque le promettant refuse de procéder à Pourtant, réplique N. Molfessis, la primauté de l’exécution en nature se
la vente (souvent parce qu’il a entre temps trouvé un acquéreur déduit de l’article 1184 alinéa 2 (N. MOLFESSIS, Force obligatoire et
offrant un prix plus important) et se rétracte ? exécution : un droit à l’exécution en nature ? RDC 2005, p. 37 et s.).
Jurisprudence : Plus que la primauté de l’exécution en nature ou sous forme de
Dans des arrêts très controversés, la Cour de cassation a décidé que, « dommages-intérêts, il est essentiel de s’interroger sur le rôle du juge et
dans une promesse unilatérale de vente, tant que le bénéficiaire n’a pas
des parties. Il semble que le créancier puisse exiger l’exécution en cette décision est inutile car le créancier dispose d’arguments rendant
nature si elle ne contrevient pas aux droits fondamentaux du débiteur ; incontestable l’existence de la créance :
En revanche, le débiteur ne saurait l’imposer au créancier qui n’en lorsqu’il se prévaut d’un titre exécutoire, d’un effet de commerce ou
veut pas. d’une créance de loyer impayée s’il existe un contrat écrit.
Jurisprudence : La mesure conservatoire est une mesure d’attente ; elle est temporaire.
Cass. civ. 3ème, 28 septembre 2005, RTD civ. 2006, p. 311, obs. J. A peine de caducité, le créancier doit l’exécuter dans un délai de trois
MESTRE et B. FAGES, JCP 2006, éd. G, II, 10010, obs. C. NOBLOT ; mois à compter de l’autorisation judiciaire et engager une procédure sur
RDC 2006, p. 818, obs. G. VINEY : en l’espèce, le propriétaire n’avait le fond pour obtenir un titre exécutoire contre le débiteur.
plus confiance dans l’entrepreneur et voulait confier des travaux de Elle est en outre précaire. Le juge peut toujours, même lorsque son
réfection à un tiers mais aux frais de l’entrepreneur ; ce dernier voulait autorisation n’a pas été requise, ordonner que la mesure conservatoire
faire lui-même les travaux et une Cour d’appel l’avait admis. Cassation soit levée ou que d’autres mesures, plus pertinentes soient prises. Ces
: « vu l’article 1147, attendu qu’en statuant ainsi, alors que mesures peuvent consister en une saisie conservatoire générale ou en
l’entrepreneur, responsable des désordres de la construction, ne peut l’octroi de sûretés judiciaires.
imposer à la victime la réparation en nature du préjudice subi par celle-
ci, la cour d’appel a violé le texte susvisée » - C. L’astreinte
Adde, B. FAUVARQUE-COSSON, Regards comparatistes sur
l’exécution forcée en nature, RDC 2006, p. 529. L’astreinte est une condamnation judiciaire du débiteur à payer une
somme d’argent fixée par rapport au retard mis dans l’exécution.
B. Les mesures conservatoires Réglementée à l’article 196 du COCC, l’astreinte a uniquement pour
but de faire pression sur le débiteur et se distingue des dommages-
Le créancier peut parfois craindre que son débiteur ne fasse disparaître intérêts avec lesquels elle peut se cumuler.
les biens, objet de son droit de gage général. L’objet des mesures Domaine
conservatoires est alors de pallier cette évaporation de l’actif du L’astreinte peut être prononcée par tout juge (tribunal de droit commun
débiteur. ou d’exception, statuant au fond ou en référé), même d’office, pour
L’article 194 du COCC précise Tout débiteur mis en demeure qui ne assurer l’exécution de sa décision. Elle peut viser tant des obligations
s'exécute pas peut y être contraint par les voies de droit. de faire (terminer un chantier), que des obligations de ne pas faire (ne
Il pourra faire pratiquer à des mesures conservatoires. pas concurrencer) ou de donner. La seule limite est que le juge ne peut
ARTICLE 195 Modes d'exécution pas condamner, sous astreinte, un débiteur à exécuter une obligation
Indépendamment des mesures conservatoires prévues par la loi ou mettant en cause sa liberté.
autorisées par le juge, l'exécution forcée de l'obligation peut être
poursuivie par voie de saisie conformément aux dispositions du Code §2. Les moyens d’action du créancier contre un tiers
de procédure civile.
A. L’action oblique
Le créancier doit d’abord exciper d’une créance « fondée en son
principe » et de circonstances susceptibles d’en menacer le B. L’action paulienne
recouvrement. Il n’est donc pas nécessaire que la créance soit liquide,
certaine et exigible. Le créancier doit ensuite obtenir une décision de C. L’action directe
justice l’autorisant à prendre la mesure conservatoire. Dans certains cas,
Livre 3. La Responsabilité .................................................................. 2 A. L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité
Titre 1. Les éléments généraux de la responsabilité .......................... 3 légitime ............................................................................... 7
Chapitre1 Le principe de la responsabilité personnelle .... Erreur ! B. L’état de nécessité .......................................................... 7
Signet non défini. C. L’attitude de la victime .................................................. 7
Section 1 Le fait générateur de la responsabilité ....................... 6 D. L’existence d’une cause étrangère ................................. 8
§1. L’élément matériel de la faute .......................................... 6 Chapitre 2. Les responsabilités complexes ..................................... 8
A. Définition de la faute ...................................................... 6 Section 1. La responsabilité du fait d’autrui ............................... 8
B. La diversité des fautes ................................................... 6 §1. La responsabilité parentale ............................................... 8
C. Gravité de la faute .......................................................... 6 § 2. La responsabilité des maîtres et artisans .......................... 9
D. Faute d’action et faute d’omission ................................. 6 §3. La responsabilité du commettant du fait de ses préposés . 9
§2. L’élément psychologique de la faute ................................ 6 A. Définition du commettant .............................................. 9
A. Faute et absence de discernement .................................. 6 B. La fait dommageable du préposé ................................. 10
B. Faute d’une personne morale ......................................... 7 C . Les effets ..................................................................... 10
Section 2 Le dommage ............................................................... 4 Section 2. La responsabilité du fait des choses ......................... 10
§1. La variété des dommages .................................................. 4 § 1. Le principe général de la responsabilité du fait des choses
A. Le dommage matériel ..................................................... 4 .............................................................................................. 10
B. Le dommage moral ......................................................... 4 § 2 . Le régime spécial des victimes d’accident de la
circulation ............................................................................. 10
§ 2. Caractère du dommage réparable ..................................... 4
Titre 2 Les effets de la responsabilité civile : la réparation du
A. Un dommage ayant porté atteinte à un intérêt légitime dommage........................................................................................... 11
juridiquement protégé ......................................................... 4
Chapitre 1. Les parties au litige .................................................... 11
B. Un dommage certain ...................................................... 4
Chapitre 2. L’effectivité de la réparation ...................................... 11
C. Un dommage direct ........................................................ 5
Chapitre 3 : L’étendue de la réparation ........................................ 12
D. Le dommage par ricochet ............................................... 5
Section 1 : Le principe de la réparation intégrale ..................... 12
E. le dommage collectif ...................................................... 5
Section 2 : Les clauses limitatives de la responsabilité civile .. 12
Section 3 Le lien de causalité entre le fait générateur et le
dommage ..................................................................................... 5 Livre 4 Le régime des obligations ........................................................ 14
Section 4. Les causes d’irresponsabilité (ou moyens de défense) Titre 1. La circulation et la transformation de l’obligation .............. 16
..................................................................................................... 7 Chapitre 1 La circulation des obligations ..................................... 16
§1. Les circonstances justificatives ......................................... 7 Section 1 la cession de créance ................................................. 16
§1 Les règles de droit commun ............................................. 16
A Les conditions ............................................................... 16
B. Les effets ...................................................................... 16
§ 2. La négociation des titres négociables............................. 16
Section 2 La cession de contrat ................................................. 17
Section 3 Le paiement avec subrogation................................... 17
§1. Les différentes formes de subrogation ............................ 17
§2. Les effets de la subrogation ............................................ 17
Chapitre 2 La délégation de l’obligation ....................................... 17
Titre 2. L’extinction des obligations ................................................. 19
Chapitre 1. Le Paiement ................................................................ 19
Section 1 Le paiement volontaire.............................................. 19
§1. Les parties au paiement ................................................... 19
A. Le solvens..................................................................... 19
B. L’accipiens ................................................................... 19
§2. L’objet du paiement ........................................................ 19
§3. Les modalités du paiement .............................................. 19
§4. La preuve du paiement .................................................... 20
Section 2. Le paiement forcé..................................................... 20
§1. Les moyens d’action du créancier contre son débiteur ... 21
A. La réparation dépend de la nature de l’obligation ........ 21
B. Les mesures conservatoires .......................................... 22
C. L’astreinte ..................................................................... 22
§2. Les moyens d’action du créancier contre un tiers ........... 22
A. L’action oblique ........................................................... 22
B. L’action paulienne ........................................................ 22
C. L’action directe............................................................. 22
1169). Par exemple, « je te vends ma maison demain, s’il pleut » est
L’objet désigne ici le montage économique qu’ont voulu réaliser les une condition casuelle. Ces conditions sont valables.
parties. Cette opération doit (ou peut) présenter certaines
caractéristiques : on évoquera alors les modalités de l’opération (A), la 2. La condition simplement potestative est celle qui dépend en partie de
durée de l’opération (B), l’équilibre de l’opération (C), la sincérité de la volonté d’une partie : par exemple, « je te vends ma maison, si je me
l’opération (D). marie avant le 31 décembre 2010 » est une condition simplement
potestative : la réalisation de la condition dépend de ma volonté… mais
A. Les modalités de l’opération : la condition aussi de celle de mon futur conjoint. Les conditions simplement
La condition est un événement incertain auquel est suspendue la potestatives (on dit encore mixtes) sont valables.
naissance (condition suspensive) ou la disparition (condition
résolutoire) d’une obligation. Les conditions sont très utilisées en 3. La condition purement potestative est celle qui ne dépend que de la
pratique. volonté d’un contractant : par exemple, « je te vends ma maison, si je
Exemple un acheteur qui signe un contrat de vente à condition qu’il veux » est une condition purement potestative. Les conditions purement
obtienne un crédit lui permettant de financer son acquisition. potestatives sont valables quand elles sont le fait du créancier de
On examinera la notion de condition (a) et le régime de la condition (b). l’obligation : ainsi, le bénéficiaire d’une promesse unilatérale de vente
est libre de lever ou non l’option ; s’il le fait, la vente est formée.
a. La notion de condition En revanche, la validité de la condition purement potestative est
inconcevable quand elle est le fait du débiteur (C. civ., art. 1174 : «
L’événement érigé en condition doit présenter trois caractéristiques toute obligation est nulle lorsqu’elle a été contractée sous une condition
évoquées aux articles 1168 et 1172 du Code civil : il doit être futur, potestative de celui qui s’oblige »). Cela reviendrait à abandonner la
possible et incertain. formation de l’obligation à la seule volonté du débiteur
• Un événement futur. L’événement suspendant la naissance ou la
disparition de l’obligation doit être futur. Est donc nulle la condition b. Le régime de la condition
lorsque l’événement est déjà réalisé, même à l’insu des parties. Le régime de la condition peut être étudié en distinguant deux phases :
• Un événement possible. avant que la condition soit réalisée et après que la condition soit
Toute clause contraire aux bonnes mœurs ou prohibée par la loi rend réalisée.
nulle la convention qui en dépend. Avant la réalisation de la condition, il faut distinguer selon que la
• Un événement incertain. Par nature la condition est incertaine. C’est condition est résolutoire (la réalisation de l’événement entraînera la
là le principal point de différence d’avec le terme (cf. infra). Ainsi, le disparition de l’obligation) ou suspensive (la réalisation de l’événement
décès, parce qu’il est inéluctable est un terme et non une condition. entraînera la naissance de l’obligation :
L’exigence de ce caractère incertain peut encore être approchée par les
différents degrés de la condition. On distingue en effet les conditions 1. L’obligation affectée d’une condition résolutoire
casuelles, simplement potestatives et purement potestatives.
Exemple : Par exemple, une société accorde un prêt à un salarié et
1. Les conditions casuelles sont celles « qui dépendent du hasard et qui prévoit une disposition précisant que le prêt sera résolu (condition
ne sont nullement au pouvoir du créancier ni du débiteur » (C. civ., art. résolutoire) si le salarié quitte, pour quelque raison que ce soit,
l’entreprise (Cass. civ. 1ère, 21 mars 1984, RTD civ. 1985, p. 381, obs.
J. MESTRE). Le principe est ici que l’obligation est valablement En tout état de cause, le terme se distingue de la condition car il est un
formée et doit être exécutée immédiatement : le créancier peut exercer événement certain : par exemple, la clause aux termes de laquelle « je
toutes ses prérogatives ; si le contrat est translatif de propriété, mets fin à notre accord s’il pleut le 4 février 2009 » est une condition ;
l’acquéreur devient propriétaire du bien. en revanche, « notre accord sera rompu à mon décès » institue un
terme…puisque nul n’est immortel.
2. L’obligation affectée d’une condition suspensive Jurisprudence :
Souvent confus, les contrats supposent l’interprétation du juge.
Par exemple, une vente est conclue, sous condition suspensive que
l’acheteur trouve un financement. Le principe est que l’obligation
n’existe pas encore tant que la condition n’est pas réalisée : le créancier - Le moment de l’échéance de terme
(l’acheteur) ne peut donc exiger l’exécution de l’obligation; les risques En principe, le moment de l’arrivée du terme est l’échéance
demeurent à la charge du débiteur. contractuellement convenue. On peut se demander si les parties
disposent de la possibilité de renoncer au terme et si elles peuvent en
être déchues.
B. La durée de l’opération
• La renonciation au terme.
Tous les contrats ne s’inscrivent pas dans la durée : il est des contrats Par principe, la partie en faveur de laquelle le terme a été stipulé
instantanés, d’autres à exécution successive. Parmi les contrats dont dispose de la possibilité d’y renoncer.
l’opération s’inscrit dans la durée (un bail, un accord de distribution, un Exemple : Dans un contrat de prêt, le prêt est généralement stipulé en
contrat de travail, un contrat de coopération commerciale, un contrat faveur du débiteur ; lui seul peut donc renoncer au terme et rembourser
d’abonnement…), il faut distinguer les contrats à durée déterminée (1) le montant du prêt de façon anticipée. Cependant, les parties peuvent
et ceux à durée indéterminée (2). aussi préciser que le terme est stipulé dans l’intérêt des deux parties :
toujours dans le contrat de prêt, il est assez évident que le délai favorise
a. Les contrats à durée déterminée aussi le prêteur, puisqu’il fait courir des intérêts.

Les contrats à durée déterminée sont ceux qui sont affectés, par la • La déchéance du terme. De façon exceptionnelle, le débiteur peut être
volonté des parties, d’un terme extinctif. Il convient alors de préciser déchu du terme, ce qui a pour conséquence de rendre l’obligation
les différents types de terme, le moment de l’arrivée du terme et les immédiatement exigible. Ainsi, dans les contrats de crédit, le fait que
effets de l’arrivée du terme. l’emprunteur ne rembourse pas une échéance a pour conséquence la
déchéance du terme : toutes les sommes non encore remboursées
- Les différents types de terme peuvent être exigées par le prêteur. Parce qu’elle est trop radicale pour
Le terme se définit comme l’évènement futur et certain qui éteint le le débiteur, la déchéance du terme est souvent paralysée, notamment
contrat. lorsqu’il fait l’objet d’une procédure collective (Article 7- Acte
Exemple : uniforme des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
Ce terme peut être déterminé (ex : je vous loue ma maison du 1er au 31 d’exécution :
août) ou indéterminé (ex : je vous embauche jusqu’à la fin des « La décision d’ouverture ne rend exigibles les dettes non échues qu’en
vendanges). cas de liquidation des biens à l’égard du débiteur seulement ».
En revanche, la théorie générale des obligations reste silencieuse. La
jurisprudence a donc admis que, sauf indication contraire du législateur,
- Les effets de l’arrivée du terme la rupture peut se faire par simple manifestation unilatérale de volonté
Lorsque le terme arrive, le contrat s’éteint sans rétroactivité et cesse de et sans aucune formalité particulière.
produire ses effets. Cette cessation de principe du contrat peut Jurisprudence :
cependant être aménagée par les parties qui peuvent prévoir sa Ce principe est cependant, là encore, assorti de limites... comme la
reconduction ou sa prorogation. prohibition de l’abus (Cass. civ. 1ère, 5 février 1985, Bull. civ. I, n°54 :
« il résulte de l’article 1134 al. 2 que, dans les contrats à exécution
• La reconduction, qu’elle soit expresse ou tacite, entraîne la création successive dans lesquels aucune terme n’a été prévu, la résiliation
d’un nouveau contrat. Par exemple, les baux d’habitation contiennent unilatérale est, sauf abus sanctionné par l’alinéa 3 du même texte,
souvent une clause par laquelle « faute d’avoir été dénoncé par LRAC offerte aux deux parties »).
trois mois au moins avant son troisième anniversaire, le présent contrat Abuse ainsi du droit de mettre fin au contrat celui qui cherche à nuire à
sera renouvelé pour une période identique ». Dans ce cas, c’est un son contractant, celui qui ne respecte pas un préavis raisonnable (Cass.
second contrat de bail qui va venir succéder au premier. La com., 8 avril 1986, Bull. civ. IV, n°58 : en l’espèce, un couturier avait
conséquence pratique de cette succession de contrats tient aux indiqué à son distributeur que la collection été 1981 ne lui serait pas
accessoires (contrats de cautionnement) qui affectaient le premier confiée quelques jours avant sa présentation).
contrat. Cependant, le respect d’un préavis ne met pas à l’abri le contractant qui
Faute de stipulation contractuelle, ils ne garantissent pas l’exécution du met fin au contrat (Cass.civ. 1ère, 21 février 2006, RDC 2006, p. 704,
second contrat. obs. D. MAZEAUD : « si la partie qui met fin à un contrat de durée
indéterminée dans le respect des modalités prévues n’a pas à justifier
• La prorogation, au contraire, consiste en un étirement, en un d’un quelconque motif, le juge peut néanmoins, à partir de l’examen
allongement du même contrat. des circonstances établies, retenir la faute faisant dégénérer en abus
L’extinction du contrat se trouve donc décalée et c’est le même contrat l’exercice du droit de rompre »).
qui continue.
Exemple un concessionnaire automobile désire continuer le contrat et
l’autre (le fabriquant d’automobiles) souhaite y mettre fin dès l’arrivée
du terme. Le principe est que l’arrivée du terme entraîne extinction du
contrat.

b. Les contrats à durée indéterminée

Les contrats à durée indéterminée sont ceux qui ne sont affectés


d’aucun terme extinctif. Ces contrats peuvent s’éteindre par le mutuus
dissensus ou par une résiliation unilatérale.
Exemple : La rupture par volonté unilatérale est organisée dans certains
contrats spéciaux : par exemple, le mandat, le dépôt (C. civ. art. 1944)
font l’objet d’une réglementation précise.
Plan du cours de Droit des Obligations Chapitre 3 L’enrichissement sans cause
(La répartition du cours est donnée à titre indicatif)
Semestre 1 Semestre 2
Livre premier – Les actes juridiques Livre 3 La responsabilité
Préambule Titre 1 Les éléments de la responsabilité personnelle
Section 1 la classification des obligations Section1 Le fait générateur de la responsabilité
Section 2 L’intérêt de la matière Section 2 Le dommage
Titre 1 Le contrat Section 3 Le lien de causalité entre le fait générateur et le dommage
Chapitre préliminaire La notion de contrat Section4 Les causes d’irresponsabilité
Section 1 Les fondements du contrat Chapitre 2 Les responsabilités complexes
Section 2 La classification des contrats Section 1 La responsabilité du fait d’autrui
Sous-titre 1 La formation du contrat Section 2 La responsabilité du fait des choses
Chapitre 1 Les conditions de formation Titre 2 Les effets de la responsabilité civile : la réparation du dommage
Section 1 Le consentement Chapitre 1 Les parties au litige
Section 2 La capacité des parties Chapitre 2 L’effectivité de la réparation
Section 3 L’objet Chapitre 3 L’étendue de la réparation
Section4 La cause de l’engagement Section 1 Le principe de la réparation intégrale
Section 5 Le formalisme contractuel Section 2 Les clauses limitatives de la responsabilité civile
Chapitre 2 La sanction des conditions de formation du contrat : l’annulation Livre 4 Le régime des obligations
Section1 La distinction entre nullité relative et nullité absolue Chapitre 1La circulation et la transformation de l’obligation
Section 2 Les effets de la nullité Section 1 La cession de créance
Sous-titre 2 Les effets du contrat Section 2 La cession de contrat
Chapitre 1 La force obligatoire du contrat entre les parties Section 3 Le paiement avec subrogation
Section 1 La force obligatoire du contrat entre les parties Chapitre 2 La délégation de l’obligation
Section 2 La force obligatoire du contrat vis-à-vis des tiers Chapitre 3 Le paiement
Chapitre 2 L’effet relatif du contrat Section 1 Le paiement volontaire
Section 1 Le principe de l’effet relatif Section 2 Le paiement forcé
Section 2 Les dérogations tacites au principe de l’effet relatif
Section 3 Les dérogations expresses
Sous-titre 3 L’inexécution du contrat
Chapitre 1 La responsabilité du contractant défaillant
Section 1 Les conditions de la responsabilité contractuelles
Section 2 La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle
Chapitre 2 Les règles spécifiques à l’inexécution d’un contrat synallagmatique
Section 1 L’exception d’inexécution
Section 2 La résolution pour inexécution
Chapitre 3 Les groupes de contrats
Section 1 Les chaînes de contrats translatives de propriété
Section 2 Les chaînes de contrat non translatives de propriété
Titre 2 Les autres actes juridiques
Chapitre 1 L’acte unilatéral
Chapitre 2 L’acte collectif
Livre 2 Le quasi-contrats
Chapitre 1 La gestion d’affaires
Chapitre 2 Le paiement de l’indu

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