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CONFERENCE INTERAFRICAINE DES MARCHES D’ASSURANCES (CIMA)

INSTITUT INTERNATIONAL DES ASSURANCES (IIA)


BP: 1575 Yaoundé – Cameroun
Tél : (+237) 22 20 71 52- Fax : (+237) 22 20 71 51
www.iiacameroun.com

Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Assurance


(DESS-A)

LES ASSURANCES
DE
RESPONSABILITE
CIVILE

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Professeur : Monsieur EKOMIE AFENE César.

JUIN 2011
INTRODUCTION

Définition de la responsabilité civile

La responsabilité civile évoque l’idée d’un dommage et de sa réparation, ou encore


l’indemnisation des victimes .C’est l’obligation de répondre du dommage que l’on a causé à
autrui.
Compte tenu de sa fonction la responsabilité civile relève du domaine des risques
assurables.

Elle vise non pas à sanctionner, mais à réparer. Elle est régie, sous réserve de quelques
exceptions, par des textes à caractère général qui permettent de saisir le maximum de
situations.
La responsabilité civile est soit délictuelle soit contractuelle.
On parle de responsabilité délictuelle stricto sensu quand le dommage résulte d’une faute
volontaire et de responsabilité quasi délictuelle lorsque le dommage résulte d’une faute non
volontaire (imprudence, maladresse, négligence).
Exple :
- Un enfant blesse un camarade de jeu ;
- Un chien mord un visiteur.

Différence de la faute volontaire avec la faute intentionnelle qui elle est non garantie par
l’assureur de responsabilité civile: 
« La Jurisprudence définit la faute intentionnelle qui exclut la garantie de l’assureur
comme celle qui suppose la volonté de causer le dommage et seulement d’en créer le
risque ».Ceci implique la volonté chez l’assuré de provoquer le dommage avec la
conscience de ses actes.
- Cas de la rixe avec coup de poing, chute sur un caillou entrainant le décès et
utilisation de la hache. (Qualification pénale en fonction de la détermination de
l’intention.)

La responsabilité civile est dite contractuelle si le dommage causé résulte de l’inexécution


d’une convention liant le responsable et la victime. (Travaux mal exécutés, objet vendu non
conforme…). Cette convention peut être matérialisée par un écrit ou être tacite, orale.
Citer l’exemple :
 Du plombier venu réparer une robinetterie défaillante ;
 De la personne qui se rend en consultation chez un médecin ;

La victime est créancière d’une obligation non respectée par son débiteur. Selon l’article 1134
du code civil, « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites »

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La responsabilité civile contractuelle est, en conséquence, régie par les clauses du contrat,
sous réserve du respect des dispositions légales impératives.
Outre la responsabilité civile, il existe deux sortes de responsabilités autres pouvant obliger
une personne à répondre de ses actes :
La responsabilité Administrative et la responsabilité Pénale.
La Responsabilité Administrative est celle qui incombe à une personne de droit public pour
les dommages causés aux particuliers dans le cadre d’un service public ou dans l’exécution de
travaux publics.(Exemple de mauvaise organisation du service dans une administration
public :hôpital, Mairie, Justice…).
La Responsabilité Pénale est celle qui vise à sanctionner une personne qui commet une
infraction, c’est à dire qui enfreint une règle de droit destinée à protéger la société toute
entière.
Les dommages sociaux sont érigés par la loi en infractions. Il s’agit d’atteinte à l’ordre public
provocant la réprobation sociale. Ainsi, cette responsabilité suppose la commission d’un acte
expressément interdit par les lois répressives : l’infraction.
On ne peut sanctionner un individu sans texte précis. « C’est le principe fondamental de la
légalité des incriminations et des peines. 

Nous observerons que la sanction pénale consiste en des peines dont la fonction est
essentiellement punitive et répressive. Cette répression étant d’ordre public, elle est par
nature inassurable. Par contre la responsabilité civile recherche à assurer aux individus la
réparation de leurs dommages privés afin de remettre les choses en l’état.
Il est important de retenir que le droit de la responsabilité civile dépend essentiellement de
la jurisprudence, à savoir l’interprétation de la loi par les tribunaux. (Quand peut on parler
de tendance jurisprudentielle et ou de revirement jurisprudentiel)

Description de l’organisation judiciaire à cette occasion :


 Tribunaux : (Grande instance, correctionnels, cour d’assises)
 Cours d’appel Chambres civiles, chambre des appels correctionnels  cour d’assises)
 Cour de cassation :(5 chambres civiles, 1 chambre criminelle)

Importance de la responsabilité civile

L’évolution du principe de la R.C peut être ramenée à trois volets.

 Le premier tenant de la révolution industrielle et la mécanisation des activités humaines.


Aujourd’hui la machine est partout et l’homme est de plus en plus victime de ses
défaillances.
 Du fait de la multiplication des activités dangereuses, l’homme accepte moins bien les
coups du destin. Il refuse le malheur et demande réparation de tout dommage qu’il subit.
La réparation des dommages devient un droit.

 Ce dernier volet consacre la manifestation de l’évolution Objective de la responsabilité


civile. En effet, la faute, comme fondement unique de la responsabilité civile, semble être
désormais un vêtement étriqué, pour l’indemnisation de toutes les victimes. Il s’agissait
de substituer à la faute, l’idée de risque.

Cette objectivation de la responsabilité se heurte tout de même au fait que les patrimoines
individuels se montrent bien étroits pour garantir la réparation effective de tous les dommages
dont chacun peut être déclaré responsable indépendamment de sa faute. C’est ici qu’apparaît

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l’importance de la collectivisation de la responsabilité civile permettant de diluer la charge
de l’indemnisation et de la rendre plus supportable.

Toute cette évolution objective n’a été possible qu’en raison du développement d’un autre
phénomène social important : Les Assurances de Responsabilité civile.
En vertu de la mutualisation des risques que réalise l’assurance, le poids de la réparation
repose sur la collectivité des assurés à travers les primes qu’ils se versent.
L’assurance produit cependant d’autres effets sur la responsabilité :
Le responsable jouit d’une totale irresponsabilité, ce qui affaiblit la fonction de prévention
des dommages que prétend exercer la responsabilité civile.

Par ailleurs dans le procès en responsabilité, l’assureur joue le rôle essentiel, le responsable
n’étant présent que pour la forme.

Bref ! La responsabilité individuelle se dilue dans le groupe et l’existence même de la


responsabilité civile se trouve ainsi menacée.
A présent nous allons aborder notre étude en examinant successivement trois parties :
 Le droit de la responsabilité,
 Les Assurances de Responsabilité
 Assurances de Responsabilité spécifique à certaines professions.

……………………………………….

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PREMIERE PARTIE

LE DROIT DE LA RESPONSABILITE CIVILE

Chapitre 1

Les conditions de la Responsabilité civile

Elles sont au nombre de trois et se rapportent à l’existence :


 D’un dommage ;
 D’une faute ;
 D’un lien de causalité.

Section 1 : Le Dommage.

§ 1 Nature du Dommage :

Nous retiendrons une distinction tripartite du dommage :

 Dommage Matériel : Il s’agit d’une atteinte aux biens et au patrimoine d’une manière
générale. (Immeuble détruit, pertes financières, meuble endommagé…)
Précisons que les pertes du genre privation de jouissances et pertes d’exploitation sont
appelées dommages immatériels par les assureurs. :

 Dommage  moral : Il s’agit ici de l’atteinte à un droit extra- patrimonial :

 L’honneur
 Lien affectif. (Pretium Afectionis)

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 Dommage Corporel : Il s’agit de l’atteinte à l’intégrité physique d’un individu. Les
dommages corporels peuvent revêtir un caractère matériel et ou moral selon qu’il y a
atteinte ou non au patrimoine.

-Dommages corporels patrimoniaux (les frais de soins, transports, rééducation, incapacité


temporaire correspondant à la perte de revenus….).

-Dommages corporels extra-patrimoniaux (prix de la douleur/esthétique / agrément).


Enfin il nous faut préciser que pour que le dommage soit indemnisable, il faut que soient
réunis un certain nombre de caractères.
§ 2 Les Caractères du Dommage :
Il doit être simultanément certain, personnel et direct en consistant en la violation d’un intérêt
légitime.
 Caractère certain du Dommage :
Ceci exclut toute indemnisation sur la base d’un préjudice éventuel ou hypothétique. Le
préjudice doit être déjà réalisé. Toutefois il peut être futur. Dans ce dernier cas de figure
nous pouvons prendre l’exemple des frais futurs en cas d’accident corporel ayant fait
l’objet d’un premier paiement.
Notons le cas de la Perte d’une chance est admise et indemnisable dès lors que celle-ci
apparaît sérieuse, c’est à dire que la probabilité est suffisante :
- Candidat empêché de se présenter à un concours ou à un examen ;
- Perte de chance professionnelle ;
Ceci pour autant que la chance ait été réelle et sérieuse et que l’avantage escompté ait été à
bref délai.
On indemnise au titre de la perte d’une chance, non pas la totalité du dommage futur mais
seulement la probabilité de sa réalisation, soit une partie du dommage.

« La réparation de la perte d’une chance doit être mesurée à la chance perdue et ne peut être
égale à l’avantage qu’aurait procuré cette chance si elle s’était réalisée »
 Caractère Personnel du Dommage :
Celui qui invoque la responsabilité civile doit être personnellement victime du dommage.
La victime ou son représentant légal peut invoquer la responsabilité civile et par
conséquent agir en réparation. Par ailleurs, ce caractère est reconnu aux héritiers, vis à vis
du défunt, et aux proches suite à un accident corporel mortel.
 Caractère direct du Dommage :
Ne sont indemnisés que les seuls dommages causés par les agissements du responsable et
qui sont la suite immédiate et directe de la faute de l’auteur du dommage.
Cependant, le dommage par ricochet subi par d’autres personnes que la victime elle-
même, du fait du dommage frappant la victime immédiate, est réparable qu’i s’agisse d’un
dommage matériel ou moral.

L’application du principe peut poser certaines difficultés : (à commenter)

- Cas d’une personne qui a subit des blessures engageant la responsabilité d’un autre
individu. Lors du transport de la victime à, en ambulance, jusqu’à l’hôpital, un
accident survient et provoque son décès. Que doit indemniser le responsable ?

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La jurisprudence récente retient la réparation de l’intégralité du dommage final, mais à
condition que les interventions ou les accidents postérieurs au premier évènement en
constituent des suites nécessaires.

- Cas de l’auteur d’un accident de circulation ayant nécessité une intervention


chirurgicale aggravant le préjudice de la victime : La réparation doit être intégrale.

- Cas du créancier impayé se retournant contre l’auteur de l’accident ayant provoqué


la mort du débiteur ?(Le préjudice est considéré comme indirect.)

 Violation d’un intérêt légitime :


Il s’agit d’exclure les dommages présentant un caractère immoral ou illicite, frappant
une situation contraire à la loi, à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.
- Cas de la concubine pour le préjudice par ricochet dont l’indemnisation à
longtemps été refusé par les tribunaux. La cour de cassation estime maintenant
que cela est possible lorsque le concubinage en question offre des garanties de
stabilité et ne présente pas un caractère délictueux.
- Cas de l’arrêt PERRUCHE (Ass. Plénière 2000)
- Cas des pertes subies par le tenancier d’une maison de jeux clandestins à la suite
de la destruction du local par fait d’autrui.
Section 2 : La faute

Le dommage doit s’être produit à la suite d’une faute de celui dont on met en cause la
responsabilité. Cette faute peut consister en un acte positif, à savoir un manquement à une
obligation préexistante, mais elle peut aussi provenir d’une simple abstention alors qu’une
personne normalement attentive et diligente ne se serait pas abstenue dans les mêmes
conditions.
Notons ici que la responsabilité civile basée sur la faute tend à se rapprocher de la
responsabilité pénale par son aspect sanction.

Citons aussi «l’abus de droit » (c’est-à-dire l’exercice d’un droit d’une manière abusive et
nuisible à l’égard d’autrui) qui peut engager la responsabilité de celui qui se sert fautivement
de ce droit.
En effet, il n’est relevé nulle part que celui qui occasionne des dommages à autrui, alors qu’il
exerce un droit que lui reconnaît la loi, doive réparation.
Il est toutefois difficile de déterminer quand se termine l’exercice normal d’un droit et, dès
lors quand commence l’acte abusif. Voici, à titre d’exemple, quelques cas d’abus de droit dont
ont eu à connaître les tribunaux :

- Usage de propriété exclusivement pour nuire et par exemple construction d’une fausse
cheminée pour gêner son voisin,
- Utilisation d’appareils électriques (enseignes lumineuses, sonneries, etc.…) non
suffisamment antiparasités qui provoque de ce fait des troubles divers aux voisins,

- Industrie qui gène d’une manière anormale les voisins par ses odeurs et fumées.

- Fait d’intenter un procès ou de relever un appel perdu d’avance, uniquement pour


obliger l’adversaire à des frais.

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En se sens, il a été jugé que constituait un abus de droit le fait pour une Compagnie
d’Assurances de relever appel au nom de l’assuré, d’une façon non justifiée et
d’exposer ainsi celui-ci à une condamnation plus élevée qu’en première instance et
dépassant le montant des risques assurés.

Section 3 : Relation de cause à effet entre la faute et le dommage

La victime ayant la charge de la preuve a l’obligation d’établir qu’elle a subi un dommage


consécutif au fait fautif, c’est-à-dire qu’il existe un lien de causalité entre le dommage
prétendu par le demandeur à l’action et la faute reprochée au défendeur.

Il n’y a aucun rapport causal lorsque le dommage a été produit, sans la faute incriminée.

Cas de l’insuffisance d’éclairage d’un tracteur roulant très à droite de la route dans le sens
inverse de la direction de marche d’un autocar est constitutif de faute, mais il a été jugé que
cette faute est sans relation de cause à effet avec le dommage qui s’est produit à la suite
d’une collision due à ce que l’autocar avait largement débordé sur la partie gauche de la
route.

Dans certains nombre de situations, le dommage résulte d’une pluralité de faits et le lien de
causalité sera établi à l’égard de différentes personnes : plusieurs actions ont concourus au
même dommage
- Exemple des chasseurs (deux chasseurs tirent sur une ombre …Plusieurs
chasseurs ouvrent le feu et il y a une victime….)
…………………………………………

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Chapitre 2

La responsabilité Délictuelle et quasi-Délictuelle.

La responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle, régie par les articles 1382 à 1386
du code civil apparaît comme l’obligation légale qui incombe à une personne de réparer le
dommage causé au tiers, soit par son fait personnel, soit par le fait des personnes ou des
choses dont elle doit répondre.
Cette définition met en relief trois situations :

 La responsabilité civile du fait personnel.


 La responsabilité civile du fait d’autrui.
 La responsabilité civile du fait des choses.

Rappelons que ces articles sont d’ordre public. Ainsi toutes clauses de limitation ou de non
responsabilité sont nulles. Par ailleurs la réparation du dommage sera intégrale.

Section 1 : Responsabilité du fait personnel.

Elle trouve son fondement dans les articles 1382 ,1383 du C.c, Elle constitue la matière
première sur laquelle repose la responsabilité civile délictuelle et quasi- délictuelle.
Art : 1382 du Code civil :
Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé, à le réparer.

Art : 1383  du Code civil :


Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence.

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Ainsi l’art. 1382 vise la faute consciente de l’individu constituant un délit civil, par
opposition à 1383 qui s’applique à la faute de négligence ou imprudence constituant un quasi-
délit
Cependant, un simple fait ne suffit pas pour engendrer une responsabilité. Ce fait doit être
constitutif d’une faute causant un dommage à autrui et qu'il existe une relation de cause à effet
entre le fait et le dommage causé.
Notons toutefois, que la faute constitue l’élément remarquable de cette responsabilité civile. Il
existe aussi bien des fautes de commission, lorsque l’on commet une faute, que des fautes
d’omission lorsque que l’on s’abstient d’agir.
§ 1: L’Imputabilité en Responsabilité civile du fait Personnel.
Pour qu’il y est responsabilité il faut une faute mais il faut également pouvoir reprocher la
faute à la personne mise en cause : c’est le problème de l’imputabilité. Cette imputabilité ne
se conçoit que si l’auteur responsable dispose d’une volonté capable et libre.
Ceci pose le problème de la responsabilité civile personnelle des catégories suivantes :
 Responsabilité personnelle des enfants mineurs.
 Responsabilité personnelle des Aliénés.
a) Responsabilité Civile Personnelle des enfants mineurs :
Jusqu’en 1984, la jurisprudence décidait que la responsabilité civile personnelle d’un enfant
mineur pouvait être engagée à condition que soit établie sa capacité de discernement. (Cette
capacité de discernement était rarement reconnue pour l’enfant avant 13,14 ou 15 ans)
A ce sujet la cour de Cassation (Assemblée Plénière) a rendu des arrêts de principe
constituant un revirement de jurisprudence.
Désormais, un enfant mineur non émancipé, même en bas âge peut être déclaré
personnellement responsable, sans que le juge ait à vérifier s’il était capable de discerner
les conséquences de ces actes.
Cette responsabilité peut maintenant être retenue dans deux hypothèses :
- Lorsque l’enfant est auteur du dommage (Groupe d’enfants provoquant un incendie
avec des pétards ; Enfant remettant une arme à un camarade ; Dommages suite à une
violente bousculade)
- Lorsque l’enfant est victime. (Enfant traversant soudainement la chaussée)
b) Responsabilité Civile Personnelle des aliénés :
L’irresponsabilité tant pénale que civile est la règle. Notons toutefois que le législateur
français à modifié cette situation en introduisant un nouvel article (Loi de 1968) rédigé
comme suit :
« Celui qui a causé un dommage à autrui alors qu’il était sous l’empire d’un trouble
mental, n’en n’est pas moins obligé à réparation ».
Section 2 : La responsabilité délictuelle et quasi-délictuelle du fait d’autrui
Certaines personnes, bien qu’elles n’aient pas personnellement commis de faute, sont
déclarées responsables des dommages causés par d’autres personnes. Cette responsabilité du
fait d’autrui est énoncée dans l’article 1384 C.C qui dispose :
Art : 1384, al.1 du code civil : «On est responsable non seulement du dommage que l’on
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes
dont ont doit répondre  ou des choses que l’on a sous sa garde».

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Sont ensuite énumérés limitativement (De l’alinéa 4 à 8) les cas de responsabilité
délictuelle et quasi-délictuelle du fait d’autrui :

Les pères et mère peuvent être déclarés solidairement responsables des dommages causés par
leurs enfants mineurs habitant avec eux ; Les maîtres et commettants sont responsables des
dommages causés par leurs domestiques ou préposés dans les fonctions auxquelles ils sont
employés ; les artisans sont responsables des dommages causés par leurs apprentis et il existe
aussi des règles particulières de responsabilité des instituteurs en ce qui concerne les faits
dommageables de leurs élèves.
La victime n’a pas à prouver la faute des personnes responsables des agissements d’autres
individus. En effet cette faute est présumée. Sauf comme nous le verrons plus loin, pour les
instituteurs envers lesquels la faute doit être prouvée.
La présomption de faute peut être simple et absolue. Dans le premier cas il y a possibilité
de prouver l’absence de faute pour s’exonérer. C’est le cas des parents et des artisans.
Par contre dans le deuxième cas on ne peut pas s’exonérer en prouvant l’absence de faute.
C’est le cas des maîtres et des commettants. On parle de présomption de Responsabilité.
§ 1 : Responsabilité des père et mère du fait de leurs enfants mineurs
L’article 1384, alinéa 4 du code civil, entend que le père et la mère, en tant qu’ils exercent
l’autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux.

Rappel historique de l’évolution des textes en matière de Responsabilité des parents du fait
de leurs enfants mineurs :
Première rédaction de l’art. 1384 al.4 : « Le père et la mère après le décès du mari, sont
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux »
(Ce libellé est celui qui demeure en vigueur dans la plupart des anciennes colonies
françaises)
Deuxième rédaction de l’art.1384 al.4 (loi du 4juin 1970) : « Le père et la mère, en tant
qu’ils exercent le droit de garde, sont solidairement responsables du dommage causé par
leurs enfants mineurs habitant avec eux »
Troisième rédaction de l’art.1384 al.4 (Loi du 4 mars 2002) : «  Le père et la mère, en tant
qu’ils exercent l’autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par
leurs enfants mineurs habitant avec eux »
Cette harmonisation des conditions d’exercice de l’autorité parentale, pose le principe d’une
autorité exercée en commun, indépendamment du statut parental.
En cas de séparation des parents, le principe de l’exercice en commun de l’autorité
parentale est maintenu.
La séparation des parents est sans incidence sur les règles de dévolution de l’exercice de
l’autorité parentale.
 Pour un enfant naturel, l’autorité parentale et la responsabilité pèsent sur celui ou les
parents qui exercent l’autorité parentale. A défaut l’autorité est dévolue à celui qui l’a
reconnu sauf décision sur demande des pères et mères au greffier en chef du TGI.

Cette responsabilité ne pouvait être engagée dans les termes de l’art. 1384 que s’il y a faute de
l’enfant faisant présumer la faute des parents et leur responsabilité.

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L’Assemblée Plénière de la cour de Cassation dans un arrêt du 9 mai 1984(arrêt
Fullenwarth contre felten) estime à ce sujet qu’il n’est pas nécessaire que l’enfant ait
commis une faute pour que la responsabilité civile parentale soit engagée ; il suffit que le
mineur ait commis un acte à l’origine du dommage.
Toutefois, les père et mère ont la possibilité de s’exonérer de cette responsabilité, de faire
tomber la présomption de responsabilité de l’art. 1384 al 4 en prouvant l’absence de faute de
leur part. Cette présomption étant une présomption simple.
L’art. 1384 alinéas 7 précise en effet que «la responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que
les père et mère ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité ».
Cet article présume l’existence d’une faute des parents. Celle- ci peut être soit un défaut de
surveillance soit un défaut d’éducation.
Pour ce faire, les parents doivent prouver qu’ils se sont comportés en personne prudente et
qu’ils ont bien surveillé et éduqué leur enfant, le fait dommageable étant dès lors impossible à
empêcher.
Mais attention ! La Cour de Cassation(deuxième chambre civ.) a rendu un arrêt, 19 février
1997, remettant en question le principe de présomption de faute :(Bertrand c /Domingues :
enfant de 12 ans causant un accident avec sa bicyclette contre une motocyclette).
Les juges du fond retiennent l’entière responsabilité du mineur et déclarent le père civilement
responsable au titre de l’article 1384 alinéa 4 du C.c.
Motif de l’arrêt :
« …seule la force majeure ou la faute de la victime pouvait exonérer le père de la
responsabilité de plein droit encourue du fait de dommages causés par son fils mineur
habitant avec lui. »
La cour d’appel n’avait pas à rechercher l’absence de faute dans la surveillance ou
l’éducation.
(Cette décision consacre l’objectivisation de la responsabilité parentale en entérinant la
notion Responsabilité de plein droit plus que la Présomption de responsabilité).
La cour de cassation confirme sa position en 2001 en disant :
« La responsabilité de plein droit encourue par le père et la mère du fait des dommages
causés par leurs enfants mineurs habitant avec eux n’est pas subordonnée à l’existence d’une
faute de l’enfant. »

Les parents sont donc exposés à voir souvent leur responsabilité engagée du fait de leurs
enfants et il est sage qu’ils souscrivent une police «Responsabilité Civile Chef de Famille » en
vue de la couverture de ce risque.
Toutefois, il convient de relever ici que seuls les père et mère sont visés par l’article1384
al .4.
Ainsi, la responsabilité de toute autre personne à qui l’enfant a été confié, ne peut être
engagée qu’au titre des articles 1382 et 1383 du C.c. Cela suppose la preuve d’une faute de
ces personnes, parmi lesquelles on peut citer le tuteur, les grands-parents ou l’assistante
maternelle.

Enfin, il est important de noter que cette responsabilité des parents pour être mise en œuvre
doit réunir au moins trois conditions :

 La minorité de l’enfant : Elle doit être effective .En effet dès que l’enfant est majeur,
cette responsabilité ne joue plus.

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 Le fait de l’enfant : La cour de Cassation retient qu’il n’est pas nécessaire que
l’enfant ait commis une faute pour que la responsabilité civile parentale soit engagée ;
il suffit que le mineur ait commis un acte à l’origine du dommage.
Par ailleurs, la responsabilité civile parentale peut résulter d’un dommage causé par leur
enfant agissant en qualité de gardien d’une chose. (Exemple de l’enfant détenteur d’une
bicyclette).
La cohabitation de l’enfant avec ses parents : Sans cohabitation, les parents ne peuvent
plus exercer leur devoir de surveillance. L’absence de cohabitation exonère ainsi les parents.
Toutefois selon la cour de Cassation cette non –cohabitation doit avoir un motif légitime pour
exonérer les parents.
Observons l’évolution de la jurisprudence en la matière :
- Un enfant mineur, en vacances chez sa grand-mère, met le feu à des bâtiments appartenant
à des tiers : pour la cour, il y a cessation temporaire et pour cause légitime de la
cohabitation. (Civ. 2e ,24 avril 1989)
- Un jugement de divorce, confie une mineure à sa mère. La mineure commet un abus de
confiance au détriment de son employeur. Au moment des faits, elle ne résidait plus
habituellement chez sa mère.
L’arrêt ayant écarté la responsabilité de la mère pour défaut de cohabitation, est cassée au
motif qu’il fallait rechercher si la cohabitation avait cessée pour motif légitime. (Crim. 11
janv.1996)
-(Civ.2e, février 1997) Un enfant mineur au moment des faits habite chez son père divorcé
titulaire d’un droit de visite. L’enfant vole un véhicule auto et l’endommage. La cour de
cassation donne raison à la cour d’appel en ce qu’elle a retenu la responsabilité du père sur
la base de l’article 1382 du C.c. Mais elle casse la partie de l’arrêt qui met hors de cause la
mère, titulaire du droit de garde, au motif que la cohabitation avait cessé.
La deuxième chambre ne relève que « l’exercice d’un droit de visite et d’hébergement ne fait
pas cesser la cohabitation du mineur avec celui des parents qui exerce sur lui le droit de
garde »
-(Civ.II, 9 mars 2000) La cohabitation ne cesse pas lorsque l’enfant est confié
temporairement à un centre médico-pédagogique.
-Le régime de l’internat n’interrompt pas la cohabitation (Civ. II ,16 novembre 2000).
Les trois dernières décisions constituent un véritable revirement de jurisprudence.
§ 2 : Responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis (Art.1384 al.6)
L’apprentissage évoqué ici se fonde sur l’existence d’un contrat par lequel l’employeur,
l’artisan, s’engagent à donner une formation professionnelle à une autre personne, l’apprenti,
qui s’oblige en contrepartie à travailler pour lui.
Comme les parents, l’artisan doit avoir la surveillance de l’apprenti, condition première
pour que sa responsabilité puisse être recherchée. Toutefois, sa responsabilité n’est pas limitée
au fait des apprentis mineurs et s’étend même aux apprentis majeurs.
a) Trois conditions sont à réunir :
 L’existence d’un contrat d’apprentissage.
 Un fait dommageable imputable à l’apprenti. (la faute de l’apprenti ne constituant
pas une condition indispensable).
 L’apprenti doit être sous la surveillance de l’artisan au moment du dommage.

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a) Présomption de faute de l’artisan.

Il s’agit ici d’une présomption simple qui peut être combattue par la preuve contraire en ce
qui concerne l’obligation de surveillance.
§ 3 : Responsabilité des maîtres et commettants du fait de leurs domestiques et préposés
L’article 1384 alinéa 5 dispose que «Les maîtres et les commettants sont responsables du
dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont
employés ».
La notion de maître et de domestique est aujourd’hui absorbée par celle de commettants et de
préposés.
Pour la cour de Cassation, le préposé est :
« Celui qui agit pour le compte d’une autre personne, celui qui remplit une fonction pour le
compte de cette dernière, laquelle possède à son égard un pouvoir de surveillance, de
direction et de contrôle. »
La notion de commettant suppose une autorité autonome, le chef d’entreprise est le
commettant de ses salariés mais pas le chef d’atelier, soumis lui-même à l’autorité de
l’employeur.
a) Conditions à retenir :
 Un lien de préposition : Selon la jurisprudence, une personne est «préposée »
lorsqu’elle est subordonnée à une autre personne, cette dernière ayant un pouvoir de
surveillance, de direction et de contrôle.
Le critère important est celui de l’autorité.
L’existence d’un contrat de travail ou même d’une rémunération n’est pas
indispensable.
Des services rendus à autrui, des actes d’aide ou d’assistance bénévole peuvent créer
un lien de préposition.
 Le fait du préposé : La victime se doit de prouver que son dommage a été occasionné
directement par les agissements du préposé. Il n’est point nécessaire d’établir une
faute du préposé.
La simple preuve du fait illicite à l’origine du dommage suffit pour engager la
responsabilité du commettant.
 Un dommage occasionné pendant l’exercice des fonctions :
Du fait de leurs préposés, la responsabilité des commettants est engagée lorsque le préposé a
commis une faute dans l’exercice de ses fonctions.
Le commettant peut-être responsable de la faute de son préposé, même si ce dernier n’a pas
agi dans l’exercice de ses fonctions, mais simplement «à l’occasion » de ses fonctions. C’est
ce qu’on appelle «l’abus de fonction ».
b) L’Abus de Fonction :
Pour la deuxième chambre civile de la cour de cassation, l’abus de fonction du préposé au
moment du dommage faisait obstacle à la mise en œuvre de la responsabilité civile du
commettant.
Pour la chambre Criminelle de la cour de Cassation la responsabilité du commettant est
engagée, lorsqu’il y a entre l’acte dommageable et la fonction du préposé « un lien de
causalité et de connexité ».

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L’assemblée plénière a posée une règle définitive qui est la suivante (Arrêt du 17 juin 1983 :
Affaires Caillé) :
Les faits :
Le chauffeur-livreur de la société transport Chamiot, a détourné une certaine quantité de fuel
destinée à un client, dans l’intention de la vider dans la cuve de la maison de son père, située
dans une localité voisine ;qu’au lieu de revenir au siège de l’entreprise, il s’est rendu dans
cette localité mais que s’étant aperçu qu’il était suivi, il a réussi à gagner un endroit désert,
ou il a déversé le fuel dans une carrière polluant ainsi le réservoir d’eau d’une commune et
les sources alimentant la commune.
La cour d’appel a décidé que la société n’était pas civilement responsable des dommages
causés par Mr. Caillé.
Il a été constaté que la cause du dommage résidait dans un acte délibéré, étranger à ses
fonctions, à des fins personnelles .C’est donc en à bon droit que la responsabilité de la
société (Transport CHAMIOT) n’était pas engagée.
La règle posé par l’assemblée Générale qui rejette le pourvoi de la commune est la
suivante :
« Les dispositions de l’article 1384 al. 5 du code civ. ne s’appliquent pas au commettant en
cas de dommages causés par le préposé qui, agissant sans autorisation à des fins étrangères
à ses attributions, s’est placé hors des fonctions auxquelles il était employé. »
Ce principe énoncé par la cour de Cassation est apparu peu protecteur des victimes et
restrictif. C’est ainsi que dans une autre décision de l’assemblée plénière de la Cour de
Cassation (Arrêt 19 mai 1988 : Arrêt HERO) précise que le commettant présumé
responsable ne peut s’exonérer qu’en rapportant la triple preuve que son subordonné a
agi :
 Hors des fonctions auxquelles il était employé.
 Sans autorisation.
 A des fins étrangères à ses attributions.
S’impose donc la souscription d’une police garantissant la «Responsabilité Civile
Professionnelle » que l’on peut encourir tant de son propre fait que de celui de ses préposés
dont on est civilement responsable.
Il faut observer que la responsabilité pénale de l’entreprise est souvent recherchée et retenue à
la suite d’infractions pénales commises par leurs salariés.
- Vol commis par un préposé au détriment d’un bijoutier à l’occasion de ses fonctions
relatives à l’entretien des locaux. (Civ. II 1995)
- Abus de confiance et faux en écriture perpétré par un sous directeur d’une agence
bancaire. (Civ. II 1996)
- Vol des marchandises du client par un salarié d’une société de gardiennage. (Crim. II
1999)
- Détournement de fonds par un inspecteur d’assurances. (Civ. I 2003)
Notons qu’un bon nombre de détournements et de malversations au détriment de clients
bancaires, se réfèrent à la croyance légitime de la victime : pouvait elle croire que le préposé
agissait ou non pour le compte du commettant ?
Dans l’affirmative, l’abus de fonction est écarté et la responsabilité du commettant retenue.

Notons que le cumul de la responsabilité du commettant et de la responsabilité civile du


préposé est admis. La victime a le droit d’agir en responsabilité civile simultanément contre le
préposé et son commettant, qui peuvent ainsi être condamné In solidum.

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c) Présomption de responsabilité des commettants :
Le commettant ne peut échapper à sa responsabilité en faisant la preuve qu’il n’a pas commis
de faute : Il y a une présomption de responsabilité irréfragable. L’exonération ne pourra se
faire qu’en rapportant la triple preuve évoquée dans l’arrêt HERO ci-dessus.
d) Le commettant occasionnel :
D’autre part, lorsque pour un délai et un travail déterminé, un préposé est mis à la disposition
d’un tiers, la responsabilité du fait de ce préposé occasionnel passe à la charge de ce tiers,
commettant occasionnel, si le préposé se trouve, au moment de l’accident, soumis en vertu
d’une convention ou de la loi à l’autorité à la direction et au contrôle de ce commettant.
Suivant cette théorie du commettant et préposé occasionnel, a, par exemple été retenue la
responsabilité d’un entrepreneur de déchargements (commettant occasionnel) du fait d’une
grue avec un mécanicien mis à sa disposition par une Chambre de Commerce (commettant
habituel).

§ 4 : Responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves


Art:1384 al.6 du C. civ:
« Les instituteurs et les artisans sont responsables du dommage causé par leurs élèves et
apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance. »
Art : 1384 al.8 (Loi du 5 avril 1937)
« En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre
eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées, conformément au droit
commun, par le demandeur, à l’instance »
Il convient d’entendre par instituteur, toutes les personnes de l’enseignement secondaire et
primaire, à l’exclusion des professeurs de l’enseignement supérieur.
En ce qui concerne les instituteurs publics, la responsabilité de l’Etat est substituée à leur
propre responsabilité. Les tribunaux civils demeurent compétents même si l’action en
responsabilité est engagée contre l’Etat.
La responsabilité de l’instituteur ne sera pas établie si une faute n’est pas prouvée par la
victime.
L’Etat a la possibilité d’exercer une action récursoire contre l’instituteur en démontrant une
faute personnelle de l’instituteur. Ceci n’est, évidemment, pas souvent aisé.
Quant aux instituteurs privés, également soumis aux règles de droit commun de la
responsabilité, ils sont par conséquent, personnellement et directement responsables. Ils ne
répondent que de leurs fautes prouvées.
a) Conditions de l’action en responsabilité civile.
La victime peut être un tiers ou un élève. Elle doit prouver que :
 Le préjudice qu'elle a subi : dommage résultant du fait de l’élève sans qu’il soit
nécessaire d’établir la preuve d’une faute ou la capacité de discernement de l’élève. Le
dommage causé par une chose sous la garde de l’élève est pris en compte.
 L’élève doit être sous surveillance de l’instituteur: Il s’agit d’une faute de surveillance
ou négligence. Cette surveillance devant être effective. Le fait de confier les enfants à
d’autres surveillants rend non effective cette surveillance.

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 La faute commise par l’enseignant : La faute doit être prouvée.
La faute de l’enseignant a souvent été retenue dans les cas suivants :
-Faute d’un professeur qui laisse sans surveillance sa classe partie en récréation, lorsqu’une
bousculade dans l’escalier provoque la chute d’un élève. (Civ. II 1998)
-Professeur d’éducation physique qui n’a pas pris de mesures pour éviter la chute d’un
rouleau de flotteurs sur une de ces élèves, lors d’une séance de natation à la piscine
municipale. Civ. II 2003)
§ 5 : Autres applications de la responsabilité civile basée sur l’article 1384.
Enfin, nous ne saurons terminer cette approche de la responsabilité civile du fait d’autrui sans
relever l’élargissement de cette responsabilité en dehors des situations expressément prévues à
l’article 1384.
En effet l’assemblée plénière de la cour de Cassation a rendu le 29 mars 1991 un arrêt qui
consacrait la responsabilité d’un centre d’aide pour enfant handicapé. : Arrêt Blieck. 
Les faits :
Joël Weewauters, handicapé mental, placé au centre d’aide, avait mis le feu à une forêt
appartenant au consorts Blieck. Ceux- ci ont demandé au centre éducatif du limousin et à son
assureur la réparation de leur préjudice. La cour d’appel condamne ces derniers qui intentent
un pourvoi en cassation.
Motif de la cour de cassation :
«…il résulte que l’association avait accepté la charge d’organiser et de contrôler, à titre
permanent, le mode de vie de ce handicapé, la cour d’appel a décidé, a bon droit, qu’elle
devait répondre de celui-ci au sens de l’article1384, al ; 1 du C. c » 
Il s’agit d’un véritable revirement de jurisprudence car l’énumération des personnes dont on
doit répondre figurant à l’article 1384 n’a plus un caractère limitatif.
Cette jurisprudence a été appliquée :
 Aux Associations Sportives et de loisirs en s’appuyant sur le motif suivant :
« Les Associations sportives ayant pour mission d’organiser, de diriger et de contrôler
l’activité de leurs membres au cours des compétitions sportives auxquelles ils participent, sont
responsables au sens de l’article 1384 AL.1er du code civil, des dommages qu’ils causent à
cette occasion »
La preuve de la faute du joueur ou d’un membre doit être prouvée.
 Aux personnes physiques ou morales chargées de mesures éducatives destinées aux
mineurs.
Chambre criminelle (Crim.1996) :
« L’Association à qui a été confiée, par décision du juge des enfants, la garde d’un mineur en
danger dans le cadre d’une mesure d’assistance éducative, se voit transférer la responsabilité
d’organiser, de diriger et de contrôler le mode de vie de ce mineur et doit répondre de ces
actes au sens de l’article 1384 al.1er du C.civ. »
La responsabilité de l’enfant peut aussi être engagée du fait des choses dont l’enfant a la
garde.

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Notons que la responsabilité du fait d’autrui de l’association accueillant des mineurs ne peut
être invoquée que si le mineur a été confié en vertu d’une décision de justice ou de l’autorité
publique.
Enfin, selon la cour, les personnes tenus de répondre du fait d’autrui au sens de l’article 1384,
al.1 du C.civ., ne peuvent s’exonérer de la responsabilité de plein droit résultant de ce texte en
démontrant qu’elles n’ont commis aucune faute.
Section 3 : Responsabilité délictuelle et quasi –délictuelle du fait des Choses.
Les choses concernées ici, désignent tout objet concret et tout animal, ceci par opposition à la
personne humaine.
Un texte de portée générale et trois textes spécifiques régissent la responsabilité du fait des
choses. Il s’agit de :
 L’alinéa 1er de l’art.1384 (de portée générale) ;
 L’alinéa 2ème et 3ème de l’art.1384 ;
 De l’art.1385 pour la responsabilité d’animaux ;
 De l’art. 1386 concernant la responsabilité des propriétaires de bâtiments.

§1 : La responsabilité du fait des choses :


Art 1384 al .1 :
« On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses
que l’on a sous sa garde »
La responsabilité du fait des choses se caractérise par l’idée d’une responsabilité objective
faisant abstraction de la notion de faute.
Toutefois la responsabilité personnelle édictée par les articles 1382 et 1383 reste de portée
générale. La responsabilité personnelle peut toujours être recherchée au titre de leur
fondement.
Le 13 février 1930 la cour de Cass. En chambres réunies rend une décision historique qui est
considérée comme un véritable monument du droit. C’est l’arrêt «  JANDHEUR DU 22.04
1925 » 
 
« L’arrêt attaqué avait refusé d’appliquer le texte susvisé par le motif que l’accident causé par
une automobile en mouvement , sous l’impulsion et la direction de l’homme , ne constituait
pas le fait de la chose que l’on a sous sa garde dans les termes de l’article 1384 al 1 et dès
lors , la victime était tenue pour obtenir réparation du préjudice d’établir à la charge du
conducteur une faute qui lui fut imputable .
Mais attendu que la loi pour l’application de la présomption qu’elle édicte ne distingue
pas, suivant que la chose qui a causé le dommage était ou non actionnée par la main de
l’homme ;qu’il n’est pas nécessaire qu’elle ait un vice inhérent à sa nature susceptible de
causer le dommage , L’art.1384 rattachant la responsabilité à la garde de la chose non à la
chose elle même. D’où il suit qu’en statuant comme il l’a fait, l’arrêt attaqué a interverti
l’ordre général de la preuve et violé le texte de la loi visée. Par ces motifs, casse…»
Il faut retenir de cet arrêt :

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 L’art.1384 al 1 établit bel et bien une présomption de responsabilité à la charge du
gardien de la chose.
 La présomption de responsabilité s’applique à toutes les choses actionnées ou non par la
main de l’homme.
Les critères de la Garde ont par contre été définis par la cour de Cassation dans le célèbre
Arrêt FRANCK DU 2 02 1941.
Il s’agit ici d’une dépossession de la voiture par l’effet du vol, mettant Franck dans
l’impossibilité d’exercer sur la dite voiture aucune surveillance.il résulte que Franck, privé de
l’usage, de la direction et du contrôle de sa voiture, n’en avait plus la garde et n’était plus dès
lors soumis à la présomption de responsabilité édictée par l’article 1384 al.1 du C.civ.
Le gardien est donc celui qui a :
 l’usage,
 La direction,
 Le contrôle de la chose.
C’est ainsi qu’en pratique, on considère que le propriétaire est gardien de la chose sous
réserve de la démonstration d’un transfert de garde au moment du dommage.
Le préposé n’est pas en principe , le gardien des choses qu’il utilise dans l’exercice de ses
fonctions car il ne dispose pas du pouvoir de contrôle et de direction. Ainsi être
détenteur d’une chose ne signifie pas automatiquement en être gardien.
Dans certains cas la jurisprudence décide qu’il y a garde commune de plusieurs personnes
et retient leur responsabilité IN SOLIDUM.( Exemple des enfants qui achètent
ensemble des cigarettes, mettent le feu à un hangar, en utilisant une boite d’allumettes
trouvée dans la rue .)
La jurisprudence a également été amenée, dans les situations exceptionnelles, à opérer une
subtile distinction entre Garde de la structure (Garde interne) et Garde du comportement
(Garde externe).
Affaire oxygène liquide : Une bouteille de gaz liquéfiée avait explosé lors d’un transport
et blessé deux ouvriers. Les causes de l’explosion sont demeurées inconnues. Dans un
souci d’équité, il a été décidé que le transporteur était Gardien du comportement.
Autrement dit le transporteur ne disposait pas du pouvoir de contrôle sur le contenu de la
chose. Le fabricant demeurant le gardien de la structure.
Cette jurisprudence , il faut le dire reste exceptionnelle et ne peut concerner que des
choses ayant un dynamisme propre capable de se manifester dangereusement.
a) Les conditions de responsabilité civile du fait des choses.
 La chose instrument du dommage : Il appartient à la victime d’établir que la chose a
été l’instrument de son dommage. C’est à dire sa cause génératrice.
La chose doit avoir joué un rôle actif dans la réalisation du préjudice.
 Distinction des choses inertes et choses en mouvement. Selon la jurisprudence
dominante, il convient de distinguer les choses inertes et les choses en mouvement.
o Si la chose est inerte au moment de l’accident, la victime doit prouver son rôle
actif, à savoir le caractère anormal et défectueux.
o Si la chose était en mouvement au moment de l’accident et s’il y a eu contact,
la victime est dispensée de la preuve de son rôle actif. Il suffit à la victime de
prouver qu’il y a eu contact avec la chose en mouvement.

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o Si la chose en mouvement n’a pas heurté la victime, la preuve de son rôle actif
est exigée, comme pour les choses inertes.
b). Cas d’exonération :
Nous venons de voir que la responsabilité du Gardien est présumée , et c’est à lui de
prouver pour s’exonérer de cette responsabilité que le dommage est dû à un cas de force
majeure , au fait d’un tiers ou par la faute de la victime.
i. Force Majeure : C’est un événement Imprévisible et irrésistible qui de ce fait, exclut
toute responsabilité. Toutefois, la jurisprudence admet difficilement qu’il y ait force
majeure. (exemple : Le dérapage d’un automobiliste dû à des gravillons ne constitue pas ,
en principe, un cas de force majeure lorsque le conducteur pouvait prévoir et ainsi
devait prendre des précautions pour éviter l’accident.)
ii. Le fait d’un tiers : Ce fait est retenu s’il est imprévisible et irrésistible. C’est à dire
qu’il doit présenter le caractère d’une véritable force majeure.
iii. La faute de la victime : Elle exonère totalement de sa responsabilité le gardien de la
chose si elle a été imprévisible et irrésistible.
(Par exemple , il a été considéré comme imprévisible , pour une société de transport
ferroviaire , la traversée de la voie ferrée au moment du passage du train par un
cycliste utilisant le portillon d’un passage à niveau fermé alors qu’aucune faute ne
pouvait être reprochée à la dite société.)
En conclusion, le gardien d’une chose instrument d’un dommage peut s’exonérer par la
preuve :
-D’un cas de force majeure
-Du fait d’un tiers.
-Du fait de la victime.
§ 2: La Responsabilité civile en cas de communication d’incendie :
L’art.1384 al.2 et 3 dispose :( Loi du 7 Novembre 1922)
Alinéa 2 :« Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque , tout ou partie de l’immeuble
ou des biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable ,vis à
vis des tiers, des dommages causés par cet incendie que s’il est prouvé qu’il doit être
attribué à sa faute ou à la faute des personnes dont il est responsable. »
Alinéa 3 « Cette disposition ne s’applique pas aux rapports entre propriétaires et
locataires , qui , demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du code civil. »
Ainsi, dans l’hypothèse où un incendie se communique d’un bien à un autre, la
responsabilité du gardien de la chose où l’incendie a débuté n’est plus présumée.
Les victimes de la communication d’incendie devront prouver sa faute ou la faute des
personnes dont il est responsable.
Selon la jurisprudence, il faut qu’il y ait dès l’origine incendie c’est à dire feu accidentel,
prenant naissance dans la chose et susceptible de la détruire. Si c’est un foyer normal qui
communique directement le feu (flammèches ou escarbilles d’une locomotive…) la loi de
1922 ne s’applique pas et le détenteur est présumé  responsable.
Toutefois, cette même Jurisprudence considère que quelle que soit la cause première de
l’incendie , la loi du 7 nov.1922 doit s’appliquer et, par conséquent , le voisin doit
apporter la preuve d’une faute à la charge du détenteur de l’immeuble ou des biens
mobiliers dans lesquels l’incendie a pris naissance même si cet incendie a été causé par

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un FOYER NORMAL lorsque l’incendie a d’abord sévi dans les biens du détenteur
avant de se propager chez le voisin.
La responsabilité des dommages causés directement par une explosion n’est pas non plus
régie par la loi de 1922 puisque l’explosion n’est pas un incendie.
Ceci, même si l’explosion cause un incendie dans les biens voisins.
Cependant, si l’explosion au lieu de causer directement l’incendie des biens du voisin
provoque un incendie dans les biens du détenteur qui se communique ensuite aux biens
voisins, la loi de 1922 est applicable, selon la jurisprudence, car il s’agit de dommages de
«Communication d’incendie ».
En outre, lorsqu’un incendie naît dans un ouvrage public ou à l’occasion de travaux publics,
la loi de 1922 ne s’applique pas car la responsabilité est alors engagée de plein droit sans
qu’il soit besoin de prouver la faute.
Ainsi, par exemple à la suite d’un incendie ayant pris naissance dans le talus d’une route
départementale et ayant détruit un hangar appartenant à un tiers, le Conseil d’Etat a reconnu la
responsabilité du département, propriétaire du talus, sans qu’aucune faute n’ait été relevée à
l’encontre de ce dernier.
Après avoir examiné ces divers cas de non application de la loi de 1922 voyons, lorsque
cette loi s’applique, en quoi peut consister la faute du détenteur de bien dans lequel l’incendie
a pris naissance.
Ce n’est pas seulement, comme on pourrait le croire, la faute ayant donné naissance à
l’incendie que relèvent et sanctionnent les tribunaux, mais aussi la faute ayant favorisé et
rendu possible l’extension de l’incendie, sa communication à un immeuble voisin.
Ainsi, à propos de l’incendie des nouvelles galeries de MARSEILLE de 1938, la Cour de
Paris relève les « négligences ayant contribué à l’extension brutale du foyer d’incendie et à
l’embrasement rapide de tout l’édifice ainsi qu’à la propagation du feu aux immeubles
voisins puisque si les précautions nécessaires avaient été prises, le feu eut pu sans doute,
dès les premiers instants, être circonscrit et maîtrisé ».
Et la Cour retient la responsabilité en précisant que même dans l’hypothèse où la faute
initiale ayant provoqué et créé un foyer d’incendie ne saurait être imputée au propriétaire
de l’immeuble où le feu a pris naissance, la responsabilité de ce propriétaire est néanmoins
engagée dès lors que, comme en l’espèce, des fautes certaines ont été par lui commises, qui
ont favorisé l’éclosion et le développement du foyer d’incendie et son extension aux
immeubles voisins, présentant ainsi un lien de causalité certain avec les dommages causés aux
dits immeubles du fait de cette extension ».
Pour en terminer avec cette étude de la loi de 1922, notons que cette loi, dérogatoire au droit
commun en matière d’incendie, ne concerne naturellement que la responsabilité quasi-
délictuelle, seule régie par les diverses dispositions de l’article 1384.
La loi de 1922 précise d’ailleurs qu’en particulier elle ne s’applique pas « aux rapports entre
propriétaires et locataires qui demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du Code Civil ».
§3 : Responsabilité du fait des animaux. (art.1385 C.C.)

« Le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage est
responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fut sous sa garde, soit
qu’il fut égaré ou échappé. »

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Les personnes responsables sont donc le propriétaire de l’animal ou celui qui s’en sert. Il
convient de remarquer que ces personnes sont responsables du seul fait que l’animal a causé
un dommage.
Il s’agit aussi bien d’animaux domestiques que d’animaux sauvages en capture.
Il existe à l’encontre du gardien de l’animal qui cause un dommage, une présomption de
responsabilité et le gardien ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité, en prouvant qu’il n’a
pas commis de faute, mais seulement en démontrant le fait d’un tiers, la faute de la victime
ou la force majeure.
Cette observation faite, la responsabilité du propriétaire est établie dès lors que la relation de
cause à effet entre le fait de l’animal et le dommage est établie.
Cette relation de cause à effet entre la responsabilité du gardien d’un animal en vertu de
l’art.1385 est aussi engagée dans la mesure où la victime a subi un dommage par suite de la
frayeur qu’elle a éprouvée à la vue de l’animal.
§ 4: Responsabilité du fait de la ruine des bâtiments :
Art : 1386 du Code civil:
« Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle
est arrivée par la suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa construction. »
L’art.1386 C.civ. Précise que le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé
par la ruine
Il faut ainsi, pour que la responsabilité du propriétaire soit engagée, qu’il y ait dommage par
la ruine du bâtiment lui appartenant, et que cette ruine provienne :
 Du défaut d’entretien,
 D’une mauvaise construction
Ainsi, le demandeur en indemnité doit administrer la preuve d’une de ces causes, et établir la
relation causale existante.
Le propriétaire est responsable, selon l’art.1386, sans distinguer si le bâtiment est habité par
le propriétaire lui-même ou par un locataire.
C’est une présomption de responsabilité qui est retenue à l’encontre du propriétaire du
bâtiment. Les seules causes d’exonération sont la faute de la victime de la force majeure ou
du fait d’un tiers.
(Par contre les dommages occasionnés par des arbres, des palissades et baraquements
l’article 1384 al.1 du C.civ. est applicable. c’est le cas des constructions non achevées.)
Par Bâtiment il entendre, toute construction réaliser par l’homme et incorporé au sol de
façon durable.
Les éléments indissociables du bâtiment sont aussi visés : balcons, portes, rampes
d’escalier…
La ruine exclut les travaux de démolition et de réfection.
……………………………………………..

22
Chapitre 3 
La Responsabilité civile contractuelle.
Elle existe entre parties contractantes en cas de dommages subis par l’une d’entre elles
de l’inexécution ou de la mauvaise exécution par l’autre d’une obligation née de la
convention passée entre elles .
Nous observons que son domaine d’activité est plus limité que celui des articles 1382 et
suivant du C.civ.
Le principe général de la responsabilité civile contractuelle est édicté par l’article 1147 du
code Civil. :
« Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au paiement de dommages et intérêts soit à raison
de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, toutes les fois qu’il
ne justifie pas que l’inexécution provient d’une cause étrangère qui peut lui être imputée,
encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de sa part »
L’inexécution d’une obligation contractée par le responsable s’inscrit dans le cadre d’une
convention préexistante.
L’existence d’une responsabilité civile contractuelle suppose la réunion de quatre conditions.

Section 1 : Conditions d’existence de la Responsabilité Civile Contractuelle.

 Un contrat valable
 Une inexécution du contrat ;
 L’inexécution imputable au débiteur ;
 L’existence d’un dommage né de l’inexécution ;

§ 1 : Un contrat Valable.


Selon l’art.1108 du C.civ.

La validité d’une convention suppose:

 Le consentement des parties.

23
 La capacité des parties.

 La détermination de l’objet du contrat.


 Une cause réelle et licite.
Il convient de préciser ici que si l’une des conditions n’est pas existante, le contrat n’est pas
valable. La conséquence serait que l’on se situerait sur le terrain délictuel.
Dans certains cas, l’existence du contrat soulève des difficultés importantes : c’est le cas de
l’assistance bénévole qui donne naissance ou non à une convention d’assistance, selon les
circonstances et les variations de la jurisprudence.
La jurisprudence peut ou non retenir l’existence d’une convention tacite.
La tendance jurisprudentielle est favorable à l’admission d’une telle convention.
§ 2 : Une inexécution du contrat :
La notion d’inexécution englobe la mauvaise exécution, l’exécution partielle ou le simple
retard dans l’exécution.
Il faut souligner qu’il ne suffit pas de constater que victime et personne mise en cause sont
liées contractuellement ; le dommage doit se rattacher au contrat.
a). Obligations nées du contrat :
Conformément au droit commun de la preuve, celui qui demande réparation de son préjudice
dans le cadre de la responsabilité contractuelle, doit établir l’inexécution ou la mauvaise
exécution du contrat, c’est à dire le non respect d’une obligation prévue au contrat.
Cela suppose la détermination des obligations nées du contrat. Il est important d’identifier les
prestations auxquelles les cocontractants se sont engagés.
i. La détermination peut se faire par le texte du contrat lui-même signé par les
parties.
Toutes les dispositions qui ne sont pas contraire à la loi doivent être appliquées. Il en est de
même de ce qui n’est pas contraire à l’ordre public.
« Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites » (Art.
1134 al. 1er du Code ci.)
Lorsque le contrat est tacite , non écrit , cela peut engendrer de sérieux problèmes et il
convient alors de rechercher l’intention communes et réelle des parties. Il est important
d’identifier les prestations auxquelles les cocontractants se sont engagés. Un examen de leur
volonté s’impose.

ii. La détermination peut se faire par la loi et les textes réglementaires


d’application.
Dans les contrats nommés (ventes, bail, dépôt, contrat d’entreprises, etc…) la loi édicte des
dispositions impératives qui s’appliquent même si elles ne figurent pas dans le contrat ou qui,
le cas échéant, se substituent aux clauses du contrat qui leur seraient contraires.
C’est ainsi en matière de transports aériens ou maritimes, les règles du jeu sont préétablies et
toute clause contraire est nulle.
iii. La détermination peut se faire par les documents commerciaux.
Mentions figurant sur les factures, les bons d’achat, les conditions générales de vente lorsqu’il
est établi que la partie contractante avait consenti aux dispositions qu’elles contiennent.

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iv. La détermination peut se faire par les décisions de jurisprudence : Les
Obligations accessoires :
Ajoutant au besoin aux obligations principales découlant nécessairement de la nature et de
l’objet du contrat, la jurisprudence a dégagé des d’obligations complémentaires dites
également accessoires:
Ce principe est exprimé à l’article 1135 du code civil :
« Les conventions obligent non seulement à ce qui est exprimé mais encore à toutes les
suites que l’équité, l’’usage ou la loi donnent à l’obligation d’après la nature »
 Obligation de d’information et de Conseil :
Il s’agit de l’information sur l’objet du contrat et les modalités de réalisation, les
renseignements clairs, objectifs et exacts indispensables pour permettre la bonne exécution du
contrat.
Le devoir de conseil doit permettre d’éclairer le cocontractant sur l’opportunité de réaliser tel
acte ou de ne pas le réaliser. D’acheter tel objet plutôt que tel autre. Il faut éclairer l’acheteur
sur les avantages et inconvénients que l’opération présente pour une détermination en
connaissance de cause.
 L’obligation de surveillance :

Quand l’obligation principale du contrat ne porte pas sur un acte de surveillance, la


jurisprudence a dégagé, pour certains contrats, une obligation de surveillance à la charge de
contractants quand ces derniers se trouvaient en possession d’objets confiés dans le cadre de
leur activité.
 L’obligation de sécurité :
Elle est liée à un principe général de respect de l’intégrité physique d’autrui. La notion s’est
également développée en ce qui concerne les atteintes aux biens du cocontractant.
Cette obligation a été formulée dans le cadre d’un contrat de transport. En effet, l’exécution
du contrat de transport comporte pour le transporteur l’obligation de conduire le voyageur
sain et sauf à destination.
Cette obligation a été maintes fois affirmée par la jurisprudence dans de nombreux contrats
d’entreprises et de prestataires de services divers que variés.
(Activités sportives, Exploitation de manèges, de piscine…)

Cette obligation de sécurité se retrouve également dans le domaine industriel à l’occasion de


la fourniture de produits.

Cette obligation de sécurité est suivant la nature du contrat une obligation de résultat, ou une
obligation de moyens.

§ 3 : L’inexécution imputable au débiteur.

La responsabilité civile contractuelle suppose que le débiteur n’a pas exécuté l’obligation
convenue. Cependant quelle preuve doit apporter le créancier pour mettre en cause la
responsabilité de son débiteur ?

25
Il est important de noter l’apparente contradiction qui semble exister entre l’article 1137 et
1147 du code civil.

Article 1147 du C.civ. :


« Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au payement de dommages et intérêts, soit à raison
de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, toutes les fois qu’il
ne justifie pas que l’inexécution provient d’une cause étrangère qui ne peut lui être
imputée, encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de sa part. »
Il en résulte que, a priori, le débiteur est responsable de plein droit en cas d’inexécution ou
retard d’exécution dans l’exécution du contrat. Le débiteur ne peut dégager sa responsabilité
en prouvant une absence de faute, sauf à se prévaloir de la cause étrangère.
Cet article fixe les conditions de la responsabilité contractuelle en présumant une faute de la
part du débiteur, ceci toutes fois que le débiteur assume une obligation déterminée à laquelle
il est contractuellement engagé et qu’il n’a pas tenue.
Article 1137 du c.civ. :
« L’obligation de veiller à la conservation de la chose, soit que la convention n’ait pour
objet que l’utilité de l’une des parties, soit qu’elle ait pour objet leur utilité commune,
soumet celui qui en est chargé à y apporter tous les soins d’un bon père de famille »
Ici en matière de conservation d’une chose, le débiteur est tenu d’y apporter tous les soins
d’un bon père de famille. Ainsi, il n’engage sa responsabilité que s’il est démontré qu’il a
failli à cette obligation. Ceci suppose de la part du créancier la preuve de la faute du débiteur.
L’article 1137 du c.civ. Précise le contenu de l’obligation née du contrat consistant à veiller à
la conservation d’une chose. (Cas du dépositaire, locataire emprunteur…)
Cet article énonce un principe de responsabilité, avec démonstration de la faute, toutes les fois
que le débiteur n’assume qu’une obligation générale de prudence et de diligence.
Cette distinction entre obligation générale de prudence et de diligence (ou obligation de
moyens) et l’obligation déterminé (ou obligation de résultat) a été adoptée par la
jurisprudence pour apprécier concrètement la responsabilité du débiteur.
a) Distinction entre obligation de résultat et de moyens.
Il n’existe pas de texte dans le code civil , opérant expressément la distinction entre deux
sortes d’obligations .Il s’agit pourtant d’une différenciation capitale dans la pratique de
la responsabilité civile contractuelle.
 Obligation de résultat : On dit qu’un contrat fait naître une obligation de
résultat , ou obligation déterminée , lorsque l’obligation pesant sur le débiteur
consiste à obtenir un résultat précis , déterminé à l’avance.
 Obligation de moyens : Un contrat fait naître une obligation de moyens , ou de
prudence, lorsque l’obligation pesant sur le débiteur consiste à employer tous les
moyens à sa disposition pour essayer d’arriver à un résultat .
En réalité, la jurisprudence décide d’une obligation de moyens lorsque le client joue un rôle
actif, et inversement d’une obligation de résultat lorsque l’usager reste passif.
Ainsi, le transporteur à titre onéreux s’oblige à rendre le voyageur à destination sain et sauf ;
c’est une obligation de résultat. Par contre, un médecin est tenu seulement de faire preuve de
toute diligence requise pour soigner le malade selon les données de la science et ne promet
naturellement pas la guérison. C’est une obligation de moyens. (La nature et l’obligation du

26
médecin ont été précisées dans un important arrêt Mercier de la cour de Cassation en Mai
1936)
Dans le cas d’une obligation de résultat, le débiteur de l’obligation est donc pratiquement
présumé responsable du seul fait de l’inexécution de l’obligation et doit pour s’exonérer de sa
responsabilité prouver, puisque le résultat promis n’aura pas été obtenu, que la cause de
l’inexécution est due à la faute du créancier ou à un cas de force majeure.
Au contraire, dans le cas d’une obligation de moyens, si la victime ne peut prouver aucune
faute de son débiteur (par exemple, pour un médecin : négligence, imprudence
constitutive d’une faute), la responsabilité du débiteur n’est pas engagée.
Pour terminer sur cet aspect, il est important de mettre en évidence les deux points
particuliers :
 Une obligation de conseil est toujours une obligation de moyens ;
 Une obligation de sécurité est soit une obligation de déterminée donc de résultat soit
une obligation de moyens.
Mais on ne doit pas limiter le fait générateur de l’inexécution à la faute personnelle du
contractant. La jurisprudence admet l’inexécution imputable aux personnes à qui le
débiteur a confié l’exécution et du fait des choses utilisées par le débiteur.
b) Responsabilité contractuelle du fait d’autrui.
Le débiteur d’un engagement contractuel est rarement seul tenu de celui-ci, surtout en matière
professionnelle. Une entreprise fait toujours appel, de façon plus ou moins étendue, à des
collaborateurs ou des salariés qui seront chargés d’exécuter les engagements passés par le
dirigeant de l’entreprise.
Si une défaillance intervenait dans l’exécution du contrat, il s’agira le plus souvent de celle
des salariés, donc d’une responsabilité contractuelle du fait d’autrui
c) Responsabilité contractuelle du fait des choses.
L’inexécution résultant du fait des choses, mises en œuvre par le débiteur ou les personnes
substituées, pour l’exécution des obligations, est également retenu comme fait générateur de
responsabilité civile contractuelle
Le dommage doit se rattacher au contrat : La responsabilité d’un commerçant à l’égard de
ses clients quant à l’organisation et au fonctionnement d’un établissement dont l’entrée est
libre, est de nature quasi délictuelle.
§ 4 : L’existence d’un dommage né de l’inexécution et d’un lien de causalité :
a) Le Dommage :
La simple inexécution d’une obligation contractuelle, sans constatation d’un préjudice en
resultant, n’engage pas la responsabilité civile contractuelle.
Lors de la conclusion du contrat, le contractant doit savoir à quoi s’en tenir sur l’étendue de
son engagement en cas de défaillance de sa part. Il n’est en principe tenu que des dommages
prévisibles.
Article 1150 du code civil : 
« Le débiteur n’est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qu’on a pu
prévoir lors du contrat, lorsque ce n’est point par son dol que l’obligation n’est point
exécuté. »
D’après l’article 1150, le débiteur hors du cas de dol, n’est tenu que des dommages et intérêts
dont la quotité a pu être prévus par lui au contrat.

27
La prévisibilité du dommage doit s’apprécier par la nature du dommage et non par sa valeur.
Toutefois, le débiteur est tenu au dommage imprévisible lorsqu’il s’est rendu coupable d’une
faute volontaire (intentionnelle ou dolosive) ou lourde. Il devra la réparation intégrale.
b) Le lien de causalité :
Il faut tout naturellement un lien de cause à effet entre l’inexécution, la mauvaise exécution
ou l’exécution partielle et le préjudice.
Section 2 : Les dérogations au principe de la réparation intégrale.
Ces dérogations peuvent résulter de la loi ou de la convention des parties
§ 1. Exception à la validité des clauses.
a). Limitations légales spécifiques :
L’art.1953 al. 2 du C.civ. Prévoit les limites des montants concernant les espèces
monnayées, les valeurs, les titres, les bijoux, et les objets précieux de toutes natures non
déposés réellement entre les mains des aubergistes ou hôteliers.
b). Les fautes lourdes :
L’autre exception générale à l’application des clauses limitant ou excluant la responsabilité
concerne la faute lourde ou dolosive.
La faute lourde est caractérisée par une négligence d’une extrême gravité, confinant au dol et
dénotant l’inaptitude de débiteur de l’obligation à l’accomplissement de sa mission
contractuelle.
c). Clauses abusives :
Le juge peut considérer comme abusive, donc de nul effet, une clause qui est imposée au
cocontractant par la partie en position économique dominante par exemple.
§ 2. Aménagements Conventionnels de Responsabilité :
En matière de responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle, la jurisprudence, d’ailleurs
critiquée par une partie de la doctrine, refuse de reconnaître la validité des clauses de non
responsabilité, mais en matière de responsabilité contractuelle, les clauses de non
responsabilité sont en principe valables ou, du moins, opèrent un renversement de la preuve
de l’inexécution de l’obligation.

Pour que ces clauses limitant ou excluant la responsabilité reçoivent application, elles doivent
avoir été portées à la connaissance de la victime. Il est fréquent que le simple affichage est
insuffisant et la clause y figurant déclarés irrecevable.

a) Clauses modifiant le contenu de l’obligation contractuelle :

Les contractants peuvent prévoir d’étendre ou de réduire le contenu de l’obligation tel qu’il
est normalement prévu par la loi, sous réserve du respect de l’ordre public et de ne pas vider
le contrat de son objet.

b) Clauses modifiant le régime de l’obligation contractuelle :

 Clause d’abandon de recours : L’un des contractants consent un abandon de recours


contre l’un de ses fournisseurs ou l’un de ses sous traitants.

28
 Le pacte de garantie ou d’assuré additionnel : c’est une convention par laquelle l’un
des contractants s’engage à garantir l’autre contre les conséquences da la
responsabilité encourue par celui-ci à l’égard des tiers.

Il s’agit ici de transférer la responsabilité de l’une des parties à l’autre. Ce n’est pas une
suppression de responsabilité.

 Clause écartant la responsabilité en totalité ou en partie : Elle est acceptée mais sous
certaines conditions dont celle de ne pas vider le contrat de sa substance éssentielle.

En effet, la cour de cassation a instauré une nouvelle exception à la validité de principe des
clauses limitatives de responsabilité contractuelle : dès lors que le débiteur a manqué à une
obligation essentielle du contrat, il ne peut se prévaloir de la limitation.

§ 2. Clauses relatives au montant de la responsabilité.

a) Clauses limitatives de responsabilité :

Elle fixe par avance le montant maximum des dommages et intérêts pouvant être dus en cas
d’inexécution des obligations prévues au contrat.
La jurisprudence l’accepte sous réserve que le montant prévu ne soit pas trop faible. (C’est le
cas de la limitation en transport terrestre en cas de perte ou avaries des objets transportés)

b) Clauses pénales : 
Cette terminologie peut prêter à confusion. Il s’agit de peines privées. Réglementées par les
articles 1226 à 1233 du C.c, les clauses pénales sont des stipulations contractuelles fixant par
avance le chiffre des dommages et intérêts dus par le responsable en cas d’inexécution de
l’obligation. Elles constituent des sortes de forfaits.
En effet, suivant l’article 1152 CC ; « lorsque la convention porte que celui qui manquera de
l’exécuter payera une certaine somme à titre de dommages intérêts, il ne peut être alloué à
l’autre partie une somme plus forte ni moindre ».
Ceci sous réserve de la possibilité pour le juge de diminuer ou d’augmenter la somme prévue
si elle est manifestement excessive ou dérisoire.

La cour de cassation a rappelé que la clause pénale, sanction contractuelle du manquement


d’une partie à son obligation s’applique sans que le créancier ait à prouver un dommage
quelconque.

Section 3 : La réparation de la responsabilité contractuelle.

§ 1. La mise en demeure.

Selon l’article 1146 du code civil, la mise en demeure du débiteur est nécessaire pour
mettre en œuvre la responsabilité civile contractuelle.
Le créancier doit interpeller le débiteur pour constater l’inexécution.
Cette mise en demeure peut se faire par sommation (acte d’huissier) ou par assignation en
justice.

29
Toutefois la jurisprudence admet dans la plupart des situations une lettre recommandée
avec de préférence un accusé de réception.

§ 2. Différentes formes de réparation.

La réparation intervient soit en nature soit en en équivalent.


La réparation en nature consiste à restituer un bien. Dans d’autre situation le créancier peut
demander que ce qui a été fait par contravention à l’engagement soit détruit.

La réparation en équivalent correspond à l’octroi de dommages et intérêts elle est la règle


et peut s’ajouter à la réparation en nature.

On distingue deux sortes de dommages et intérêts :


 Les dommages et intérêts compensatoires qui réparent le préjudice causé par
l’inexécution.
 Les dommages et intérêts moratoires qui réparent le préjudice occasionné par le
retard.

Section 4 : Exonération de la responsabilité.

L’exonération par la preuve de l’un des trois cas constituant la cause étrangère est admise
pour les deux sortes d’obligations.

Le principe résulte de l’article 1148 du code civil :


« Il n’y a en aucun cas dommages et intérêts lorsque, par suite d’une force majeure ou
d’un cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé ou
a fait ce qu’il lui était interdit »

La notion de force majeure englobe, ici, le fait du tiers et le fait de la victime.


Si exonération totale il y a, cela suppose que la cause étrangère comporte les trois caractères :

 Extériorité.
 Imprévisibilité.
 Irrésistibilité.

Toutefois, une importante décision de l’assemblée plénière de la cour de Cassation, rendu en


avril 2006, fixe les conditions nécessaires à la force majeure exonératoire. Elle doit être :
 Imprévisible ;
 Irrésistible.

Section 4 : Responsabilité du Locataire en cas d’Incendie

Des textes particuliers régissent la responsabilité du locataire à l’égard du propriétaire en cas


d’incendie.

§ 1. Conditions de la responsabilité :

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L’article 1733 C.C : Il (le locataire) répond de l’incendie, à moins qu’il ne prouve que
l’incendie soit arrivé par cas fortuit ou force majeure ou par vice de construction, ou que le
feu a été communiqué par une maison voisine.

Cet article pose en principe que le locataire répond de l’incendie à moins qu’il ne prouve :

 Que l’incendie est arrivé par cas fortuit ou force majeure ou par vice de construction,

 Ou que le feu a été communiqué par une maison voisine.

Le locataire est donc, en raison de son obligation de surveillance de la chose louée, qui résulte
du contrat de bail, présumé responsable et le propriétaire n’a pas à prouver sa faute pour
faire consacrer sa responsabilité.
Le locataire ne peut s’exonérer de cette présomption de responsabilité qu’en rapportant la
preuve de l’un des cas limitativement prévus par l’art. 1733 du C.c.

Examinons les cas d’exonération :

 Le locataire peut exciper du cas fortuit ou de la force majeure que si, il s’agit d’un
évènement imprévisible ou impossible à empêcher.

 Le cas de la force majeur type est constitué par la chute de la foudre. Le locataire
sera dégagé de sa responsabilité locative s’il peut établir que les dégâts ont été
causés par la foudre.
 Le fait d’un tiers est également considéré comme cas fortuit ou majeur à condition,
toutefois, qu’il ne s’agisse pas d’une personne dont le locataire doit répondre
(membre de la famille vivant au foyer, préposé…)
 Le vice de construction du au fait qu’un bâtiment n’a pas été construit dans les
règles de l’art.

Qu’en est il du défaut d’entretien non prévu à l’article 1733 du code civil ?


Si le défaut d’entretien est caché, il est assimilé à un vice de construction, le locataire ne
pouvant en avoir connaissance.
Si le défaut d’entretien est apparent, la seule relation de cause à effet entre ce défaut et
le sinistre est alors insuffisante pour faire échec à la présomption de l’article 1733 du code
civil. Le locataire n’est libéré que s’il établit avoir informé le propriétaire de
l’existence de ce défaut et l’avoir mis en demeure de faire procéder aux réparations
nécessaires.

 Feu communiqué par une maison voisine : Il n’y a pas de responsabilité locative,
si le locataire prouve que l’incendie a pris naissance dans un bâtiment autre que
celui qu’il occupe.

Cependant, s’il y a co-occupation du propriétaire, celui-ci doit d’abord pour se prévaloir de la


présomption de l’art. 1733, prouver que le feu n’a pas pris dans la partie du bâtiment dont il
s’est réservé la jouissance ou dans les locaux d’usage commun.
Quant peut on dire qu’il y a co-occupation du propriétaire ?
A défaut de règles formelles il faut retenir le principe posé par un arrêt de 1934 qui précise :

31
« Qu’il doit exister entre le locataire et le bailleur une effective et véritable communauté de
jouissance indivise portant sur les locaux incendiés,le bailleur occupant une partie du local
dans les mêmes conditions q’un locataire, de façon que sa situation puisse être assimilée à
celle d’un locataire ».

§ 2. Etendue de la responsabilité locative :


 
a). Responsabilité locative de l’occupant total.

Sa responsabilité s’étend à la totalité du bâtiment qui lui a été donné à bail et dont il est le seul
à avoir la surveillance.
b). Responsabilité du locataire occupant partiel :

L’article 1734 précise qu’en cas de pluralité de locataires, « tous sont responsables de


l’incendie proportionnellement à la valeur locative de la partie de l’immeuble qu’ils
occupent.
A moins qu’ils ne prouvent que l’incendie a commencé dans l’habitation de l’un d’eux,
auquel cas celui-là seul en est tenu, ou que quelques uns ne prouvent que l’incendie n’a pu
commencer chez eux, auquel cas ceux-là n’en sont pas tenus ».

Il devra répondre des dommages occasionnés aux locaux qu’il occupe privativement dans les
mêmes conditions que le locataire unique, mais il répondra en outre, selon l’art. 1734 du C.c,
des dommages occasionnés aux autres parties de l’immeuble.

Il en résulte que la responsabilité du locataire partiel s’étend éventuellement à la totalité de


l’immeuble et non pas seulement à la partie par lui occupée et qu’il devra donc réparation de
la totalité des dommages si le feu a pris chez lui.

Si l’origine de l’incendie demeure inconnue, tous les locataires de l’immeuble (sauf


éventuellement ceux qui auraient pu prouver qu’il n’a pas pu prendre naissance chez eux)
seront responsables proportionnellement à la valeur locative de leurs locaux.

c). Personnes de maison et les sous locataires :

Enfin, selon l’art. 1735, le locataire ne peut s’exonérer de sa responsabilité en excipant du fait
des personnes «de sa maison » ou d’un sous-locataire. Cet article dispose en effet que le
«preneur est tenu des dégradations et des pertes qui arrivent par le fait des personnes de sa
maison ou de ses sous-locataires ».

§ 3. Responsabilité du ou des locataires en cas d’explosion :

C’est l’article 1732 de porté plus générale qui trouve ici son application :
« Le locataire répond des dégradations ou des pertes qui arrivent pendant sa jouissance, à
moins qu’il ne prouve qu’elle ont eu lieu sans sa faute »

Le locataire doit restituer la chose louée dans l’état ou il l’a reçue. Le propriétaire n’a pas à
prouver la faute de son locataire. En démontrant l’inexécution de cette obligation de
restitution, le propriétaire prouve ipso facto la faute du locataire, à moins d’établir le cas
fortuit ou la force majeure.

32
On se retrouve pratiquement dans la même situation que celui soumis à la présomption de
l’article 1733.

§ 4. Immeuble en co-propriété :
Dans ces immeubles, les articles 1733 ou 1734 ne s’appliquent qu’aux locataires d’un même
co-propriétaire et dans les limites de sa part de co-propriété, vis-à-vis des autres co-
propriétaires leur responsabilité relève des articles 1382 et suivants du code civil.

……………………………………….

DEUXIEME PARTIE

LES ASSURANCES DE RESPONSABILITE CIVILE

Il convient de situer avant tout l’assurance R.C dans le cadre des familles d’assurances.
C’est une composante des assurances de dommages qui elles, s’opposent aux assurances
de personnes.

Les assurances de dommages se subdivisent en deux catégories :

 Les assurances de choses.


 Les assurances de Responsabilité.

Les assurances de choses ont pour but d’indemniser l’assuré des pertes matérielles qu’il
subit directement dans son patrimoine .
Elles s’appliquent le plus souvent à des objets qui sont bien définis. Elles peuvent
également porter sur des choses simplement déterminables. (Marchandises entreposées)

Les assurances de responsabilité par contre ont pour but la garantie de l’assuré contre
les recours exercés à son encontre par des tiers à raison du préjudice causé.

La responsabilité se définit comme une obligation de réparer par compensation financière


, le dommage causé. On la qualifie souvent d’assurances de dettes.

On peut dire que l’assurance de chose et l’assurance de responsabilité , visent l’une et


l’autre la conservation du patrimoine de l’assuré.

33
Dans sa formulation la plus traditionnelle, l’assurance responsabilité civile garantissait
la seule responsabilité délictuelle encourue sur la base des articles 1382 à 1386 du C. civ.,
pour les dommages causés aux tiers, à l’exclusion de la responsabilité contractuelle pour les
dommages causés aux clients. Ceci du fait que l’aspect aléatoire est beaucoup moins évident
dans la mesure où il dépend du contenu des obligations prévues au contrat.

Toutefois, il n’y a point exclusion de toutes assurances de la responsabilité


contractuelle. Cette dernière est désormais couverte. Cependant pour délivrer cette garantie, il
faut prendre des précautions et fixer des limites précises.

D’autres part, l’amélioration de la technique d’assurance permet de maîtriser et donc


de couvrir des risques nouveaux en réponse aux besoins des particuliers et des professionnels.
Les améliorations évoquées concernent les études statistiques, la rédaction des contrats, la
gestion informatisée des risques ou encore la réassurance.

Par ailleurs, le législateur est intervenu à plusieurs reprises pour rendre obligatoire
l’assurance de certains risques. Il s’agit d’assurer la responsabilité civile professionnelle,
essentiellement des professions libérales.
Ces assurances visent la couverture des conséquences d’erreurs, d’omissions ou inexactitudes
commises au cours des activités professionnelles, au détriment des tiers et surtout des clients.

Il est clair que l’évolution de la jurisprudence vers une plus large admission des
responsabilités, est liée à l’existence d’une assurance permettant l’indemnisation effective de
la victime.

Comme nous l’avons constaté tout au long de notre étude, l’élargissement du domaine de la
responsabilité objective, semble inéluctable.

Le développement même de la société caractérise cette situation. Le risque de développement


se définissant comme les dommages susceptibles d’être causés à autrui par une activité ou par
un produit, alors qu’au moment ou le professionnel exerce son activité, le défaut du produit ou
les risques de l’activité sont indécelables en l’état des connaissances scientifiques et
techniques.

Quoiqu’il en soit, rappelons que l’intérêt des assurances de responsabilité peut s’articuler
autour de trois points :

La nécessité de se couvrir face à une responsabilité de plus en plus objective.

La sécurité favorisant l’initiative et l’action.


La nécessité individuelle et sociale

La garantie accordée par un contrat R.C aborde les principaux aspects suivants.

 La détermination des personnes dont la R.C est couverte et la définition du


risque.

 L’objet du contrat.

 Le jeu des exclusions qui viendront restreindre la garantie définie.

34
 Les sommes assurées et l’étendue territoriale.

………………………………….. 

CHAPITRE I :

CONTENU D’UNE ASSURANCE DE RESPONSABILITE CIVILE.

SECTION I : Détermination des personnes dont la R.C est couverte et objet de
l’assurance.

§ 1. Définition des principaux termes du contrat :

C’est dans cette rubrique que vous retrouverez l’approche permettant la détermination
de l’assuré et la notion de tiers.

1- L’assuré : Il sera, en principe, le souscripteur, personne physique ou morale, ainsi


que toute personne pour le compte de laquelle il a stipulé suivant une mention expresse aux
conditions particulières.
Ce sera par exemple l’extension au conjoint et aux enfants vivant au foyer dans la
Responsabilité civile familiale.
Si c’est une personne morale, on considère comme assuré tous ses représentants,
administrateurs inclus.

Etre assuré signifie, bénéficier de l’assurance qui intervient à sa place pour indemniser
le tiers victime.
Ainsi, l’assuré n’est jamais celui à qui on verse des indemnités. Au contraire c’est le
tiers, par opposition à l’assuré, qui perçoit les sommes dûes par l’assureur.

2- Le tiers : Ce sera par opposition toute autre personne que l’assuré et autre qu’un
certain nombre d’individus limitativement énumérés. Dans ce dernier cas, la formule qui
revient souvent est la suivante :

 Ne sont pas considérés comme tiers :

 Le conjoint, les ascendants et les descendants de l’assuré.

 Les préposés, salariés ou non de l’assuré dans l’exercice de leur fonction ;

35
On prévoit cependant une exception en ce qui concerne les recours des organismes de
Sécurité sociale.

En effet l’on garantira l’assuré pour les dommages subis par ses conjoints, ascendants,
descendants ou préposés lorsque sa responsabilité pourra être engagée par les organismes
sociaux. Il s’agit là d’hypothèses précises et exceptionnelles. Ces dommages sont garantis
quand :

L’accident dont est victime le préposé, est imputable à une faute inexcusable de
l’employeur ou de ceux qu’il s’est substitué dans la direction.
L’employeur est susceptible de subir un recours, du préposé victime s’il ne bénéficie pas
de la législation sur les accidents du travail (Stagiaires, candidats à l’embauche, ou
victime d’une maladie professionnelle non reconnue par la sécurité sociale, ou
l’organisme similaire).

En définitive, l’on peut dire qu’il n’y a pas de définitions d’assuré et de tiers
standardisées. Chaque contrat doit être examiné de manière spécifique afin de déterminer la
qualité respective des uns et des autres. Dans la mesure où la rédaction de l’assureur est claire
et précise, la jurisprudence valide ces définitions pour délimiter l’étendue des garanties.

§ 2. Objet de l’assurance :

1- Dommages causés par l’assuré : (art. 11 CIMA)

« Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute
de l’assuré sont à la charge de l’assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue dans
la police… »

Ce texte pose le principe de la généralité de la garantie de l’assureur. Le texte ne fait


aucune distinction sur la nature ou le degré de gravité de la faute commise. Nous pouvons en
conséquence être en présence d’une simple étourderie ou négligence, un oubli ou maladresse.
Ce peut-être aussi un acte grave pouvant être impardonnable. Dans toutes ces hypothèses,
l’assureur doit sa garantie.

La formulation de l’objet du contrat souvent contenu dans les conditions générales est
la suivante :

«  Par le présent contrat l’assureur garantit les conséquences pécuniaires de la


responsabilité civile pouvant incomber à l’assuré à la suite de dommages corporels,
matériels, immatériels causés aux tiers au cours :

 Soit de sa vie privée


 Soit de son activité telle que définie aux conditions particulières. »
Cette formulation implique sous reserve des exclusions, la garantie de la responsabilité
délictuelle et contractuelle.

36
Notons ici que certains contrats limitent l’assurance à la responsabilité civile délictuelle en
précisant les bases juridiques de la responsabilité encourue, limitant ainsi l’assurance aux
seuls cas prévus.
Si l’assuré est mis en cause sur un fondement non stipulé, il ne sera pas couvert alors qu’il le
serait dans un contrat retenant une formulation bien large.

La déclaration de l’activité professionnelle exercée est importante, c’est le critère principal


pris en compte par l’assureur de responsabilité civile dans sa décision d’accorder sa garantie.

2- Dommages causés par les personnes dont l’assuré est


Responsable :

L’article 32 CIMA dispose :

« L’assureur garantit des pertes et dommages causés par des personnes dont
l’assuré est civilement responsable quelque soit la nature et la gravité des fautes de ces
personnes ou par des choses qu’il a sous sa garde. »
(Cet article, prolonge l’art. 11 précédemment examiné.)

L’obligation mise à la charge des parents artisans, maîtres et commettant serait lourde
si l’assurance ne permettait pas de se garantir contre les conséquences des dispositions
légales, elle manquerait à son but. Le texte de l’article (32 du code CIMA), établissant cette
présomption, est également d’ordre public.

3- Dommages et événements garantis.

Les dommages garantis :

 Dommage corporel : Toute atteinte corporelle subie par une personne physique.

 Dommage matériel : Toute détérioration ou destruction d’une chose ou substance,


toute atteinte physique à des animaux ;

 Dommages immatériels : Tout préjudice pécuniaire résultant de la privation de


jouissance d’un droit, de l’interruption d’un service rendu par une personne ou par un
bien meuble ou immeuble ou de la perte d’un bénéfice suite à la survenance de
dommages corporels ou matériels garantis.

Il convient de relever ici que les assureurs de responsabilités civiles ne garantissent, en


principe, que les dommages immatériels consécutifs à des dommages corporels ou matériels
couverts, sauf extension expresse ou contrat particulier.

L’exclusion de principe des dommages immatériels non consécutifs à des dommages


corporels ou matériels garantis se justifie par la nécessité de limiter l’assurance à un risque
accidentel, aléatoire notamment en présence d’obligation contractuelle de résultat.

Cela implique la nécessité de bien distinguer trois sortes de dommages immatériels :

 ceux consécutifs à des dommages corporels ou matériels garantis,

37
 ceux consécutifs à des dommages corporels ou matériels non garantis,
 ceux non consécutifs à des dommages corporels ou matériels. (immatériels purs)

 Les événements garantis :

Pendant longtemps les assureurs ont limité leur garantie aux seuls accidents. L’accident étant
défini comme tout évènement soudain, imprévu et extérieur à la victime et à la chose
endommagée, constituant la cause de dommages corporels, matériels et immatériels.

Les assureurs en responsabilité civile étendent aujourd’hui leur garantie à d’autres


évènements comme :
 Les intoxications alimentaires ;
 Les incendies ;
 Les dégâts des eaux

Certains contrats abandonnent l’énumération des évènements couverts : Il s’agit de garantir


tous les évènements sauf ceux expressément exclus.

Section 2 : Les exclusions Générales.

Nonobstant le principe de liberté des parties, il existe des restrictions prévues par la
loi.
En outre, l’assureur peut stipuler que les préjudices ayant pour origine certaines
circonstances particulières, même imputables à l’assuré, ne donneront pas lieu au versement
d’une indemnité. Il est cependant précisé que ces exclusions doivent être mentionnées au
contrat de manière formelle. Le libellé ne doit pas non plus prêter à équivoque quant à sa
nature et à sa portée, tout en demeurant limitée.

§ 1. Exclusions communes aux assurances dommages :

1- Faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré :

Selon l’article 11 du code CIMA, l’assureur ne répond pas des pertes et dommages
provenant d’une faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré. Cette exclusion, il faut le
préciser, est d’ordre public.

Cependant, nous relevons que seule la faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré est
exclue. Par contre les personnes dont l’assuré est civilement responsable peuvent être
couvertes même s’il s’agit de fautes intentionnelles ou dolosives.
Toutefois, la faute intentionnelle ou dolosive n’est pas simplement la faute volontaire
commise par l’assuré. L’exclusion de cette faute suppose la réunion de deux conditions :

 La conscience de l’acte ;
 La volonté de provoquer le dommage.

2- Dommages résultant de la guerre, des émeutes, du terrorisme et


Autres événements collectifs.

En principe, l’assureur ne couvre pas les pertes et dommages occasionnés soit :

38
Par la guerre étrangère : L’assuré doit prouver que le sinistre résulte d’un fait autre
que le fait de la guerre étrangère. De telle sorte que tout sinistre survenu pendant que le pays
se trouve en état de guerre avec une puissance étrangère est présumée provoqué par cet état.

Par la guerre civile, des émeutes ou par des mouvements populaires : on ne


reconnaît pas à ces mouvements un caractère officiel et légal. Il s’agit de troubles intérieurs
mettant en péril l’ordre public. Ce sont souvent des manifestations violentes, imprévisibles
plus ou moins spontanées et sporadiques. La charge de la preuve incombe à l’assureur qui
doit établir que le sinistre résulte de l’un de ces faits.

L’une des difficultés concernant ces événements, est de pouvoir définir le moment
précis du début et de la fin des troubles. D’autre part, il sera difficile d’établir la relation entre
ces événements et le sinistre survenu.

Cependant, la liberté des conventions demeure car cette exclusion n’est pas d’ordre public.

3- Dommages résultant d’événements catastrophiques

Il s’agit des dommages causés par les ouragans, trombes, cyclones, inondations,


tremblement de terre et autres phénomènes naturels à caractère catastrophique. On peut
également citer dans cette rubrique les risques atomiques, constitués par des dommages dus
aux effets directs ou indirects d’explosion, de dégagement de chaleur, d’irradiation provenant
de transmutation des noyaux d’atome ou de la radioactivité…

4- Dommages résultant de toute participation en tant que concurrent ou


organisateur, de l’assuré ou des personnes dont il est civilement responsable à des paris,
matchs, courses ou compétitions sportives ou aux essais, préparations à ces manifestations.

5- Les amendes : Il s’agit des amendes pénales y compris celles qui seraient
assimilées à des réparations civiles.

§2. Exclusions propres aux assurances de responsabilité

1- Dommages causés par certains véhicules ou engins :

Ceci concerne les dommages causés par :

 tous véhicules terrestres à moteur.


 tous véhicules construit en vue d’être attelé à un véhicule terrestre à moteur et destinés
au transport de personnes ou de choses.
 Tous appareils terrestres attelés à un véhicule terrestre à moteur.
 Tous engins flottants ou aériens, tous véhicules aériens, maritimes, fluviaux ou
lacustres dont l’assuré ou les personnes dont il est civilement responsable ont la
propriété, la conduite, la garde ou l’usage.

39
2- Biens appartenant ou confiés à l’assuré :

Les dommages subis par tous biens meubles, immeubles ou animaux, appartenant à
l’assuré ou à lui confiés à quelque titre que ce soit.
L’exclusion se justifie par la nécessité de conserver un caractère aléatoire au contrat
et donc de ne pas garantir des biens que l’assuré détient.
Cette exclusion oppose souvent assureurs et assuré. Le client estime que sa
responsabilité est bel et bien engagée en cas de dommages subi par un bien qui ne lui
appartient pas et souhaite à cette occasion faire jouer son assurance responsabilité civile.
Notons que la cour de cassation a souvent validé ce type d’exclusion souvent contesté
par l’assuré. Nous verrons plus tard qu’une extension pour la prise en compte est possible.

3- Dommages prévisibles.

Il s’agit de dommages qui sont la conséquence inévitable et prévisible des modalités


d’exécution du travail ou de la mise en œuvre de l’activité de l’assuré telles qu’elles ont été
fixées par l’assuré ou, s’il s’agit d’une personne morale, par la direction de l’entreprise.
Cette exclusion trouve sa raison d’être dans le fait qu’il n’y a pas d’aléa du moins très
peu, surtout lorsqu’il s’agit d’obligation de résultat.

Toutefois se pose un problème de conformité à la loi qui exige que les clauses
d’exclusions soient formelles et limitées. (Art.11 du Code CIMA.)

Le champ d’application doit être précis afin que l’assuré connaisse l’étendue de sa
garantie.
Formulée de manière traditionnelle, l’exclusion des dommages prévisibles n’a qu’une
valeur dissuasive ceci au regard de la jurisprudence qui veille au caractère formel et limité.
C’est ainsi que les assureurs prévoient, dans les conventions spéciales notamment, des
exclusions beaucoup plus précises se rapportant exactement à l’activité de l’assuré.

4- Les dommages résultant de la pollution :

Ici sont exclus les dommages corporels, matériels et immatériels causés :

 par la pollution de l’atmosphère, des eaux et du sol.


 par toutes les autres atteintes à l’environnement résultant :

- De l’émission du rejet ou dépôt de substances solides, liquides ou gazeuses.


- De bruits, odeurs, vibrations, ondes, radiation, rayonnement ou
modification de température, poussières.

5- Dommages matériels et immatériels causés par les incendies, les explosions, les


phénomènes d’ordre électrique ou les eaux :

40
Il est aisé de comprendre la raison d’être de ces exclusions. En effet, ces derniers font l’objet
de contrats spécifiques garantissant les risques énumérés.

Toutefois, les contrats d’assurances de responsabilité couvrent les dommages corporels


résultant d’incendie, d’explosion, d’incident électrique ou de l’action des eaux.
En effet, les assurances en incendie et risques divers sont des assurances de dommages
matériels et immatériels excluant formellement les dommages corporels.

6- Les dommages aux existants:

Ceci est une préoccupation permanente des entreprises du bâtiment qui exécutent des
travaux de reprise en sous-œuvre ou de surélévation ainsi que les dommages causés
aux parties préexistantes de l’immeuble et aux voisinages.

§3. Extensions possibles de garantie :

Celles-ci, lorsqu’elles sont souscrites, peuvent déroger aux exclusions que nous avons
précisées ci-dessus.

a)- Dommages aux biens confiés : En pratique et dans les contrats responsabilités
civiles chefs d’entreprises, l’assureur accorde cette extension par dérogation. Cependant le
champ d’action de cette extension est souvent limité.

b)- Dommages matériels et immatériels résultant d’incendie, d’explosion, de


phénomène d’ordre électrique ou de l’action des eaux prenant naissance hors des locaux
occupés à titre habituel par l’assuré.

Cette extension est nécessité par le fait qu’à l’observation, les dommages matériels et
immatériels résultant d’incendie et autres événements, prenant naissance hors des locaux
occupés à titre habituel par l’assuré ne sont guère automatiquement garantis ni par le contrat
responsabilité civile, ni par le contrat d’assurance incendie (exemple du préposé du chef
d’entreprise jetant un Mégot, incendie chez le client de l’entreprise) 

Enfin, un certain nombre d’autres extensions sont possibles notamment dans le cadre de la
responsabilité liée à l’activité d’une entreprise. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces
extensions lorsque nous aborderons l’étude propre à ce type de responsabilité civile de
l’entreprise.

SECTION 3 : Montant des garanties.

Le contrat de responsabilité civile stipule les sommes jusqu’à concurrence desquelles


jouent la ou les garanties et qui constituent la limite des engagements de l’assureur. Ce
montant est variable selon les sociétés d’assurances ou même les contrats au sein d’une même
compagnie d’assurance. La réassurance influe souvent sur cet aspect.

Lorsque les capitaux portent sur une chose déterminée, la règle proportionnelle des
capitaux est applicable en cas d’insuffisance du montant assuré, sauf convention contraire.

41
Généralement, la garantie s’exerce dans les formules usuelles de responsabilité civile,
c'est-à-dire par sinistre et quelques soit le nombre des victimes et par année.

Il s’agit en fait de toutes les conséquences d’un même fait dommageable susceptible
de mettre en jeu la garantie sinistrée.

Pour cette approche, nous distinguerons les dommages corporels des dommages
matériels et immatériels consécutifs.

§ 1. Dommages corporels

Pour les dommages corporels, la garantie est généralement stipulée sans limitation des
sommes (en illimitée). Ceci sous réserve des dispositions dites « dommages exceptionnels ».

Les dommages exceptionnels, se matérialisent par une clause dite : « Dommages


exceptionnels ». Cette clause prévoit une limitation à un milliard de FCFA (voir 2
Milliards) pour l’ensemble des dommages corporels, matériels et immatériels résultant de
certains événements à caractère exceptionnel.
Dans l’hypothèse où un événement cause à la fois des dommages corporels, matériels
et immatériels, l’assureur ne sera tenu que pour un montant maximum de 1 ou 2 Milliard de
F.CFA.

Aucune franchise n’est habituellement stipulée pour les dommages corporels.

§ 2. Dommages matériels et immatériels :

Pour ces dommages, il existe une limitation de garantie à un montant par sinistre. La
détermination de ce montant ne répond pas à une norme précise. Elle sera fonction de la
nature du risque et de l’appréciation de chaque assureur et également du niveau de sécurité de
la réassurance.

Des sous limitations sont souvent prévues pour des dommages tels que ceux résultant de :
 L’incendie ;
 Dégâts des eaux ;
 Dommages immatériels ;
 Et autres…

§ 3. Les Franchises :

Le contrat peut stipuler des franchises. Ces dernières peuvent être exprimées en
pourcentage avec minimum et maximum. Elles peuvent également être présentées sous un
montant forfaitaire.
Les franchises sont indispensables pour moraliser les risques de responsabilité civile,
du moins pour les dommages matériels, et pécuniaires et pour diminuer les coûts de gestion
en éliminant les petits dommages.

42
La difficulté est d’en déterminer le niveau satisfaisant pour la gestion de l’assureur comme de
la sécurité de l’assuré.

SECTION 4: Période de garantie et étendue territoriale.

§ 1. Période de garantie :

La définition généralement contenue dans les conditions générales précise que :


« La garantie du contrat s’exerce exclusivement pour les dommages survenus
postérieurement à la date d’effet du contrat et antérieurement à sa résiliation ou à son
expiration et dans les conditions précisées aux conventions spéciales applicables aux
risques garantis ».

Ainsi sont couverts les sinistres survenus pendant la période de validité du contrat.
V V’= période de Garantie
D = Date du dommage.

D1 V D2 V’ D3

D1 non garantie.
D2 Garanti
D3 non Garanti

Cette définition ne souffre d’aucune critique lorsqu’il s’agit de dommages à caractère


accidentel. Par contre quand le dommage est progressif (cas d’infiltration d’eau), deux
dates sont en présence :

 celle du fait générateur


 celle de la première constatation du dommage (cette dernière plus réaliste
semble s’imposer)

Principe en assurances de responsabilité :

Dans le cas de l’assurance de responsabilité il faut rappeler que la notion de


sinistre est liée à la réclamation de la victime. (Art.52 du Code Cima).
De ce fait l’on peut très bien se trouver en face d’une réclamation postérieure à la
résiliation ou expiration du contrat alors que le dommage s’est réalisé pendant la période de
validité du contrat. Or bien souvent les assureurs définissent la période de garantie en
exigeant que les deux dates soient situées pendant la période de validité.

D =date du Dommage
R =date de la Réclamation

1er cas :
V D1 R1 V’

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Garantie acquise.

2er Cas :
D2 V R2 V’

Garantie non acquise.

3er cas :
V D3 V’ R3

Garantie non acquise.

Situation en cas de changement d’assureur :

V0 D V’0 R V’1

Assureur X V1 Assureur Y

 Pour l’assureur X, la garantie n’est pas acquise car la réclamation est


postérieure à la cessation du contrat : (V0-V’0)

 Pour l’assureur Y, la garantie n’est pas acquise car le dommage est survenu
avant la prise d’effet. (Période : 1-V’1)
Pour éviter ces divers inconvénients, la garantie peut prévoir :

1- Une reprise du passé.

C’est la prise en charge des dommages survenus avant la prise d’effet des garanties sur
une réclamation formulée pendant la période de validité du contrat.

2- Une garantie subséquente :

C’est le maintien de la garantie pour des dommages survenus pendant la période de


validité dont la réclamation a été formulée après la cessation du contrat.

3- Cas de l’assurance R.C livraison :

En plus des dates du dommage et de réclamation, il faut y ajouter la date de livraison du


produit cause du sinistre. Rappelons qu’ici aussi, les assureurs ont la possibilité de définir la
période de garantie selon une, deux, ou trois dates. Toutefois, sous réserve de la position de
chaque assureur, l’on peut prévoir une garantie subséquente et une reprise du passé. (Nous en
aborderons l’étude à l’occasion de l’étude de la responsabilité après livraison).

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Il est important de noter qu’il n’existe pas de clause type retenu par toutes les sociétés
d’assurances. En pratique, il faut se référer expressément à chaque contrat.

§ 2. Etendue territoriale :

Chaque contrat d’assurance précise dans quels pays s’exerce la garantie. Toutefois, le
contrat peut prévoir des extensions en tenant compte d’un certain nombre de paramètres
(caractère dangereux du pays secteur du risque, la qualité de l’assuré).

…………………………………..

CHAPITRE 2

LES ASSURANCES DE RESPONSABILITE CIVILE CONCERNANT LE


PARTICULIER.

SECTION I: Assurances de Responsabilité Chef de Famille.

§ 1:Responsabilités Encourues.

1) : Responsabilité du fait Personnel :(1382-1383)

 -Exemple de piéton causant un dommage à un cycliste.


 -Danseur amateur blessant sa cavalière. (Civ.2ième CH. 1993).

2) Responsabilité du fait d’autrui :

a). Celles du fait des enfants :


-Exemple d’enfant blessant un autre en jouant.
-Exemple d’enfant causant des dommages chez les voisins.

b). Le particulier peut être commettant :(Maître)

 -Exemple de la femme de ménage et de manière générale les employés de maison.


 -Etudiant chargé de la garde de l’enfant.

3). Responsabilité du fait des choses.

a). Présomption de responsabilité du fait des choses sous sa garde.

 -Ce sera l’exemple des dommages causés par une tondeuse, une bicyclette, une
chaise en mauvais état…

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 -Effondrement d’une chaise sur laquelle un visiteur est monté pour décrocher un
tableau.
 -Piscine dont le niveau d’eau était anormalement bas.

b). Responsabilité du fait des animaux domestiques :(art. 1385)

Il suffit qu’il soit gardien (avoir l’usage, le contrôle et la direction) même s’il n’est pas
propriétaire (Chats, Chiens, Pigeons)
 -Exemple de l’enfant effrayé par un chien en divagation, provoque sa brusque
traversée sur la chaussée. L’enfant est malheureusement renversé par un
automobiliste.

c). Responsabilité du fait d’un bâtiment qu’on occupe (art.1386)

Ce sera l’exemple de tôles qui tombent et provoquent un dommage,


De la marche d’escalier qui s’effondre sous le poids d’un visiteur.

4). Responsabilité contractuelle :


 Du bénévolat (Obligation de résultat en ce qui concerne la sécurité de l’aide que
les dommages causés par ce dernier au tiers.)
 Du gardien d’enfants. (Cas ou c’est l’assuré qui est le gardien d’enfants à titre
onéreux.)

§ 2 : Garanties et extensions de Garanties :

1). Garantie de Base :

La responsabilité du chef de famille sera généralement couverte en faisant référence


aux articles 1382 à 1386 du C.civ.

 L’assuré sera défini comme :

 Le souscripteur y compris toutes personnes vivant habituellement à la maison,


 Ses enfants ou ceux de son conjoint dès lors qu’ils poursuivent leurs études
et qu’ils n’exercent pas une profession.
 Les tiers sont les personnes autres que l’assuré défini au contrat ou ses
préposés en service, sauf pour les recours exercés par les organismes sociaux.

 Le tiers :

Ce sont les personnes autres que l’assuré définit ci-dessus.

Notons que les dommages que peuvent subir les membres de la famille proche du
souscripteur engageant la responsabilité du souscripteur ne sont pas garantis dans la
plupart des contrats. Ils ne sont pas considérés comme des tiers.

Seules quelques sociétés prévoient une extension pour les dommages corporels subis par le
conjoint, les ascendants et les descendants du souscripteur.

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Assurance scolaire :
La responsabilité civile scolaire est englobée dans les hypothèses de responsabilité civile
délictuelle ou quasi- délictuelle.

2). Extensions de Garanties :

 Dommages matériels et immatériels d’incendie, explosion ou de l’action des


eaux prenant naissance hors des locaux occupés à titre habituel par l’assuré.

 Responsabilité civile assistance bénévole :


Pour tous dommages subis ou causés par toute personne apportant son aide
bénévole à l’assuré.

 Responsabilité civile pour petites embarcations :


De moins de 5 mètres, y compris planches à voile, barques (moteur de moins de 5
chevaux).

 Responsabilité civile conduite à l’insu :


Pour les véhicules dont l’assuré n’a ni la propriété ni la garde du fait des enfants
mineurs, préposés.

 Responsabilité civile pour la garde d’enfants à titre onéreux :


Il s’agit de couvrir les dommages occasionnés par les enfants gardés ainsi que
ceux dont ils peuvent être victimes.(Garde au domicile de l’assuré d’enfants à titre
onéreux).

 Responsabilité civile pour certains animaux.


Cas des chevaux ou tout autre animal, l’assureur mesurant le niveau d’engagement qui
est le sien au regard de chaque cas d’espèce.

§ 3 : Etendue et montant des garanties.

L’étendue géographique ne pose pas de problème de fond. Examinons plutôt le


montant des garanties.

Montant des garanties :

 Dommages corporels Illimités (avec clause dommages exceptionnels).


Sauf pour les intoxications alimentaires généralement limité à un montant par année.
 Dommages matériels et immatériels consécutifs (un capital est fixé d’un commun
accord avec des sous limitations pour les dommages résultant d’incendie,
d’explosion ou de l’action des eaux, le vol)

Il est fréquent de prévoir une franchise par sinistre.

47
§ 4 : Les Exclusions :

1) La pratique de toutes activités professionnelles :

Différent des activités bénévoles à but non lucratif. (A l’exception de la garde des
enfants.)

2) Les dommages causés par certains animaux :

Les animaux doivent être énumérés .Il s’agira généralement d’un type d’animaux
domestiques : chiens spécialement dressés, chevaux, chats…

3) Dommages résultant de la pratique de certains sports :

Il s’agit de sports dangereux (Equitation, sport aérien, sport de combat…).Cependant l’on


peut considérer que les sports amateurs non dangereux peuvent être garantis.

5) La pratique de la Chasse :

Cette pratique devant faire l’objet d’une assurance spécifique.


Prise en compte cependant des dommages pouvant survenir à l’occasion du nettoyage
d’une arme dans la garantie de base.

SECTION 2 : L’Assurance des Risques Locatifs.

En cas de destruction du bâtiment donné à bail, le locataire doit verser au propriétaire une
indemnité égale à la valeur du dommage causé (vétusté déduite).Il n’a pas l’obligation de
reconstruire. Le propriétaire est, de plus, en droit d’exiger une indemnité représentative du
préjudice distinct résultant de la perte de loyer des co-locataires, pendant la période de
reconstruction de l’immeuble, ainsi que les frais de déplacement et replacement des meubles
provoqués par les travaux, dommages immatériels qui font l’objet de garanties particulières.

§ 1 : Le locataire.

1). Le locataire occupant unique.

En vertu de ce qui précède, il devra être assuré pour une somme représentant la valeur
totale du ou des bâtiments intéressés, vétusté déduite.

2). Locataire occupant partiel.

On a estimé qu’il suffirait que l’assurance des risques locatifs du locataire partiel soit
au moins égale à la valeur des locaux occupés pour qu’elle soit considérée comme suffisante.

Comme la détermination de cette valeur est assez délicate, il a été décidé que, dans un
but de simplification, on procéderait par voie de forfait. Ce forfait est actuellement fixé à 50
fois le montant du loyer annuel, charges et prestations non comprises, étant entendu
qu’il ne sera pas fait application de la règle proportionnelle s’il est constaté qu’au jour du

48
sinistre, la valeur de reconstruction, vétusté déduite, des locaux occupés par lui n’excède pas
le montant du capital assuré.

Mais le locataire occupant partiel, dont la responsabilité est assurée pour une somme
égale à 50 fois la valeur du loyer, ne se trouve pas, de manière absolue, à l’abri d’un
découvert. En effet, le forfait ne correspond, théoriquement, qu’à la valeur des locaux
occupés, plus une part proportionnelle des parties communes or, nous l’avons vu, le
locataire peut avoir à répondre de la totalité de l’immeuble.

Pour pallier cet inconvénient, les Compagnies ont créé ce qu’on appelle La garantie
des risques locatifs supplémentaires, destinée à couvrir cette responsabilité locative
exceptionnelle établie par l’article 1734 du code Civil et de parer ainsi à l’éventualité de
dommages excédant la valeur des locaux privativement occupés par le locataire. Elle est
accordée à un taux de prime inférieur à celui des risques locatifs que nous appellerons ‘’
ordinaires’’.

§2. Sous Locataire et personnes de la maison.

L’article 1735 stipule que le preneur est tenu des dégradations et des pertes qui
arrivent par le fait des personnes de sa maison ou de ses sous-locataires.

Il s’agit d’une responsabilité personnelle du fait d’autrui ; le locataire qui a


introduit dans les lieux, soit les personnes de sa maison, soit un sous-locataire, est
responsable, à l’égard du propriétaire, des dommages qu’ils peuvent occasionner même par
malveillance, sauf évidemment à se retourner contre eux.

Lorsqu’il est établi que l’incendie a pris naissance chez le  sous-locataire, le
propriétaire a le choix de s’adresser, soit au sous-locataire, soit au locataire principal pour
obtenir indemnisation du dommage causé. Le locataire principal qui aura désintéressé le
propriétaire dans cette hypothèse pourra se retourner contre son sous-locataire pour lui
demander remboursement.

Lorsque le point de départ de l’incendie sera inconnu, il n’y aura jamais partage de
responsabilité entre le locataire principal et le sous-locataire dans les termes prévus par
l’article 1734 du code civil.

ASSURANCE : Le sous-locataire doit s’assurer comme un locataire ordinaire, c’est-


à-dire :

 Occupation unique : valeur totale de l’immeuble vétusté déduite.


 Occupation partielle : 50 fois le montant du loyer, charges et prestations non
comprises, plus des risques locatifs supplémentaires.

§3 : CAS PARTICULIERS D’OCCUPATION

49
1). L’occupant à titre gratuit.

L’occupation à titre gratuit suppose une occupation privative des locaux confiés, dans
les mêmes conditions que le locataire, mais avec cette différence qu’elle n’est pas assortie de
l’obligation de paiement d’un loyer.

La responsabilité de l’occupant à titre gratuit est régie par l’article 1302 du code
civil qui a fait peser sur le détenteur de la chose une obligation de garde, obligation qui est
éteinte si la chose a, péri ou a été perdue sans la faute du débiteur et avant qu’il fut en
demeure.

Quelle que soit la cause du sinistre, incendie ou autres, l’occupant à titre gratuit ne
sera toutefois responsable des autres parties de l’immeuble (lorsqu’il est occupant partiel) que
dans les termes des articles 1382 et suivants du code civil, car l’article 1734 du code civil ne
concerne que le locataire et ne saurait trouver ici son application.

ASSURANCE : L’occupant à titre gratuit assurera sa responsabilité au regard du


propriétaire dans les mêmes conditions que le locataire, valeur totale ou forfait appliqué à la
valeur locative.

……………………………………

50
CHAPITRE 3

LES ASURANCES DE
RESPONSABILITE CIVILE DES ENTREPRISE.

Elles s’adressent à toutes entreprises dont l’activité est susceptible d’engendrer une
responsabilité. Il n’existe pas d’uniformité dans les contrats de ce type à même de s’adapter à
toutes les situations.

Chaque entreprise possède sa particularité en raison de la nature de ses activités, des


conditions dans lesquelles elle exerce, de ses relations avec les tiers et de sa structure interne.
Le contrat comporte une garantie de base plus ou moins étendue et des extensions de garanties
plus ou moins nombreuses.

En dehors de la description de l’activité principale, celle de toutes les activités annexes


complémentaires devra être faite. Il en résulte que les risques non conformes à l’activité
déclarée ne seront pas couverts.

En dissociant les entreprises très spécifiques comme, les prestataires de services, les
professions libérales, et les exploitations agricoles, on peut retenir une classification des
entreprises en trois grandes catégories :

 Les entreprises de bâtiments et de travaux publics : Il s’agit des entrepreneurs


participant à des travaux du bâtiment ou à des travaux publics quel que soit le
corps d’état auquel ils appartiennent.

 Les artisans et les commerçants : Il s’agit des commerçants et des petites


entreprises ne relevant pas du secteur de la construction.

 Les entreprises industrielles et commerciales : En dehors du caractère


industriel, il s’agit également des entreprises dont le chiffre d’affaires excède
un certain seuil avec un effectif généralement supérieur à 10 employés.

51
Pour ces trois catégories d’entreprises, il y a, en général, trois formulations contractuelles
d’assurances de responsabilité civile :

Assurances de responsabilités civiles des entreprises de bâtiments et de travaux


publics.
Assurances de responsabilités civiles des artisans et les commerçants. 

Assurances de responsabilités civiles des entreprises industrielles et


commerciales.
En pratique, la plupart des risques encourus et par conséquent les garanties, se
retrouvent dans chacune des formules ci-dessus.

En fait la plus grande distinction à retenir en matière de risque d’entreprises est celle
que l’on a coutume d’opérer entre :

 L’assurance pendant l’exercice des activités ;

 L’assurance après livraison des produits ou après des travaux.

Section 1 : Les Assurances de responsabilités civile pendant l’exercice des activités.

La garantie prend en compte les différents moyens mis en œuvre par l’entreprise pour
accomplir son travail.

§1 : Les responsabilités encourues.

1. La Responsabilité vis à vis de tiers.

Elle concerne les dommages imputables :

 Aux préposés et engageant la responsabilité civile du chef d’entreprise. C’est le risque


considéré comme majeur.

 Au bâtiment, agencements et matériels professionnels, animaux ainsi qu’aux


marchandises, en vertu de la présomption de responsabilité pesant sur le gardien.

C’est le lieu de rappeler que le salarié n’est pas, en principe, le gardien de la chose
utilisée pour le compte de son employeur.

2. La Responsabilité vis à vis des préposés :

52
En ce qui concerne les accidents du travail et la maladie professionnelle, le code de la sécurité
sociale interdit au préposé victime de recourir contre son employeur et ses salariés.

Cependant ce principe de l’immunité de l’employeur et des Co-salariés souffre de trois


exceptions :

 En cas de faute intentionnelle ;


 En cas de faute inexcusable,
 En cas de d’accident de trajet ;

 Faute intentionnelle (du co-préposé ou de l’employeur): Un préposé


victime, à l’occasion de son travail, d’un dommage causé
intentionnellement par un des co-préposés ou de l’employeur est en mesure
de demander la réparation intégrale de son préjudice. Le préposé sera
normalement remboursé par la sécurité sociale.

Cependant, le préposé victime sera en droit d’exercer un recours complémentaire contre son
employeur si l’indemnité de la sécurité sociale est insuffisante.
De même, la sécurité sociale peut demander à l’auteur le remboursement des prestations
qu’elle a versé à la victime.

 Faute inexcusable de l’employeur ou d’une personne qui s’est substitué


dans la direction, Investi d’un réel pouvoir de commandement.

La victime bénéficie du droit de réclamer à l’employeur l’indemnisation de ces préjudices non


indemnisés par la sécurité sociale.
La faute inexcusable doit avoir été la cause déterminante de l’accident.

Définitions de la faute inexcusable : « Faute grave exceptionnelle, dérivant d’un acte ou


d’une omission volontaire, de la conscience du danger que devait en avoir son auteur, de
l’absence de toute cause justificative mais ne comportant pas d’éléments intentionnels ».

Responsabilité hors accident du travail :

 Pour leurs dommages matériels (vêtements…), véhicules automobile…


 En cas d’intoxication alimentaires imputables aux boissons et aliments
servis dans les locaux ou les cantines de l’entreprise.
 En cas de maladies professionnelles non reconnue par la sécurité sociale.

3. La Responsabilité vis à vis des clients :

Les responsabilités encourues par une entreprise en cours d’exploitation relève le plus souvent
d’un contrat d’entreprise conclu avec un client.

53
Il trouve sa source dans l’article 1787 du c.civ. :

« Lorsqu’on charge quelqu’un de faire un ouvrage on peut convenir qu’il fournira


seulement son travail ou son industrie ou bien qu’il fournira aussi la matière. »

De façon générale le contrat d’entreprise est la convention par laquelle l’une des parties,
l’entrepreneur, s’engage envers une autre, le maître d’ouvrage, à faire, moyennant
rémunération, un travail. Peut importe qu’il s’agisse de fabriquer ou de construire quelque
chose, de réparer ou entretenir bien, assurant ainsi une prestation de service qui peut d’ailleurs
être uniquement intellectuelle.

Il est important de distinguer le contrat d’entreprise d’autres contrats usuels :

 Contrat d’Entreprise et contrat de vente :

En effet le client déjà propriétaire de la chose (ou matériaux) confie celle-ci à l’entrepreneur
pour qu’il exerce son industrie dessus. Cette distinction est importante, car il en résulte de
grande différence quant au régime de responsabilité : tout particulièrement l’action pour vice
caché et à bref délai qui sont propre à la vente, de même que la transmission de l’action aux
acheteurs successifs.
Le critère distinctif est celui du travail spécifique : il y a contrat d’entreprise lorsque le
professionnel est chargé de suivre des instructions particulières du donneur d’ordres. Cela
exclut la production en série.
Exemple : Une entreprise de distillation passe commande à une entreprise pour réaliser une
partie des équipements par une autre .Des pannes surviennent. Le donneur d’ordre assigne
l’entreprise pour vice caché et non-conformité à la commande. La cour de Paris considère
qu’il y a contrat d’entreprise.
Dans son pourvoi, le donneur d’ordre reproche à la cour de n’avoir pas recherché si la main
d’œuvre l’emportait sur la matière.
La cour de cassation rejette le pourvoi  : à partir des spécifications convenues et jointes à la
commande, des objectifs fixés par le client, les contrats conclus portaient non seulement sur
des choses dont les caractéristiques étaient déterminés d’avance par le fabricant, mais sur un
travail spécifique pour les besoins exprimés par le client. (Cass. Com.04.0.89)

 Le contrat d’entreprise et le contrat de dépôt :

Le contrat de dépôt oblige le dépositaire a conserver une chose, mais non à effectuer sur elle
un travail.

 Le contrat d’entreprise et le mandat :

Le mandataire représente son mandant et accomplit des actes juridiques pour son compte : cas
de l’agent immobilier.

Or l’entrepreneur prend la responsabilité du travail qu’il accomplit : cas de l’architecte qui


conçoit une construction.

54
 Le contrat d’entreprise et le contrat de travail :

La distinction essentielle tient dans l’indépendance de l’employeur pour accomplir son


travail. Tel est le cas de l’expert désigné par une société d’assurance.
Le salarie au contraire, est soumis au pouvoir de direction et de contrôle de son employeur.

 Le contrat d’entreprise porte sur des meubles : transformation, fabrication, réparation…

 Il porte aussi sur des immeubles : construction, entretien, gardiennage…

 Il porte enfin sur des services : Architecte, expert, bureau d’étude, médecin, notaire,
avocat…la liste est considérable.

Les obligations découlant d’un contrat d’entreprise en général sont :

 Une obligation principale d’exécution de la prestation à laquelle il s’est engagé.


L’étendue de l’obligation de l’entrepreneur en termes d’obligation de moyens ou de
résultat, dépendra de ce dont les parties seront convenus sur la prestation à effectuer.

En cas d’obligation liée à une prestation de nature intellectuelle, il appartient à l’assureur


d’obtenir toutes informations sur le bureau d’étude effectuant de telles prestations.

 Les obligations complémentaires ou accessoires (que nous avons déjà abordées) :


 Obligation d’information et de renseignement ;
 Le devoir de conseil ;
 L’obligation de sécurité.

L’assureur de responsabilité civile accorde bien sa garantie à l’entreprise assurée pour le cas
ou sa responsabilité serait recherchée et engagée à l’occasion de la réalisation de travaux pour
le compte de ses clients.

L’assurance garantit bien les conséquences pécuniaires à l’égard du cocontractant du fait de


la défaillance de l’assuré.

Il n’entend pas pour autant se substituer à l’assuré en prenant en charge les frais ordinaires ou
supplémentaires que celui-ci doit exposer pour tenir ses engagements. Le risque propre
d’entreprise doit rester à la charge de l’entrepreneur. Il ne saurait s’en décharger sur un
assureur.

En revanche, seront garantis les préjudices dont le client réclamerait l’indemnisation du fait
de l’inexécution ou de la mauvaise exécution par l’entrepreneur assuré de ses obligations.

Nous ne reviendrons pas sur les principes de la responsabilité contractuelle déjà abordée ainsi
que sur les obligations complémentaires déjà traitées. Toutefois, examinons quelques aspects
complémentaires sur les aménagements conventionnels de responsabilité.

55
Les aménagements conventionnels de responsabilité.

L’assureur doit être particulièrement concerné par les aménagements conventionnels de


responsabilité consentis par son assuré.

Il s’agit des clauses écartant ou limitant la responsabilité de l’assuré. Elles peuvent inciter
l’assuré à se comporter de façon moins vigilante dans l’exécution de ses obligations
contractuelles.
L’assureur doit donc faire la part des choses dans l’appréciation du risque et mesurer autant
que faire ce peut, l’incidence réelle de telles dispositions sur le coût définitif de l’assurance.
Parmi les clauses limitatives de responsabilité, la clause pénale d’utilisation fréquente doit
être exclue. C’est parce qu’elle consiste dans la fixation d’avance des dommages et intérêts
que l’assureur de responsabilité civile ne peut prendre en charge une telle disposition. Seul le
préjudice réel de la victime d’un dommage causé par l’assuré et garanti par son contrat fait
l’objet de l’assurance de responsabilité civile.
L’acceptation, par l’assuré, de clauses aggravant sa responsabilité peut être lourde de
conséquence pour l’assureur.

 La clause d’abandon de recours :

L’assuré en consentant un abandon de recours en faveur de l’un de ses correspondants


éventuels doit en faire la déclaration à son assureur. En effet, il s’agit là d’une aggravation de
risque.
L’assureur en prenant acte de l’abandon de recours consenti par l’assuré à l’endroit des
coresponsables,le fera en contre partie d’une majoration de cotisation correspondant à
l’impossibilité dans laquelle il se trouve d’exercer par subrogation, contre les coauteurs du
dommage,l’action à laquelle l’assuré avait droit.
Ce recours étant subrogatoire, l’assureur ne peut refuser d’entériner l’abandon de recours
consenti par son assuré et considérer que cette convention lui est étrangère en décidant
d’exercer néanmoins le recours contre les coresponsables.
Cependant, la renonciation à recours de l’assuré, et donc de l’assureur, contre les
coresponsables ne vaut que contre ceux-ci et non contre leur propre assureur de responsabilité
civile. Toutefois, l’assureur prendra la précaution de préciser cet aspect dans les conditions
contractuelles.
Si l’assureur n’a pas été informé par son assuré de l’abandon de recours consenti par celui-ci,
il peut se prévaloir de la disposition de l’article 42 du code Cima qui précise :
« L’assureur peut être déchargé de tout ou partie de sa garantie envers l’assuré, quand la
subrogation ne peut plus, par le fait de l’assuré, s’opérer en faveur de l’assureur »
Dans cette hypothèse, l’assureur refusera légitimement d’indemniser la victime.

 La clause dite d’assuré additionnel (pacte de garantie)

Cette disposition a pour effet de faire peser :

 Sur l’assuré, à l’occasion de son intervention chez un client par exemple, les
responsabilités susceptibles d’incomber à celui-ci pendant la durée de cette
présence et sur le périmètre d’intervention prévu.
Ou

56
 Dans le cadre de la commercialisation d’un produit, de faire prendre en charge par
le fabricant/exportateur les responsabilités susceptibles d’incomber au
distributeur/importateur, ou inversement, selon le rapport de forces économiques
existant entre les deux.

C’est en quelque sorte une assurance pour compte demandée à l’assuré par son client, mais
limitée à l’objet de l’intervention ou au produit concerné, et qui peut être temporaire et
ponctuelle ou prolongée dans le temps.

L’assuré se retournera logiquement vers son propre assureur de responsabilité civile pour lui
faire prendre en charge cet alourdissement de responsabilité.

L’assureur, bien entendu se devra d’analyser la situation en examinant aussi bien les
conditions matérielles d’intervention de son assuré mais également sur l’environnement et les
responsabilités que son client peu encourir à l’égard de tiers.
 L’assurance pour compte :

L’assuré peut demander à son assureur, soit à la demande de ses contractants soit
spontanément, que son propre contrat d’assurance soit étendu à ses contractants (sous traitants
ou fournisseurs par exemple).
Ainsi ses clients et ceux de ces contractants pourront bénéficier de garanties d’assurance de
responsabilité civile suffisantes.

§2 : Les Garanties de base :

L’assureur couvre la responsabilité civile encourue par l’assuré à la suite de dommages


corporels, matériels et immatériels causés aux tiers et résultant des activités de son entreprise
telles que définies aux conditions particulières.

Nous ne reviendrons pas sur les notions ci-dessous qui ont été largement examinées au
début de ce cours en vous invitant à les revoir) :

 La Notion d’assuré et de tiers :


 Dommages Indemnisables : Il s’agit essentiellement des dommages :
 corporels
 matériels
 Immatériels
Les définitions des notions de livraison et d’achèvement des travaux sont nécessairement
prévues au contrat.

§3 : Les Extensions de garantie en Assurance R.C.


Exploitation :

1. Dommages aux existants et objets confiés :

57
Cette garantie est parfaitement adaptée à l’entreprise qui, effectuant des travaux chez
les clients, industriels ou particuliers (installation d’un matériel, entretien ou réparation des
machines…) peut endommager les biens sur lesquels ou à proximité desquels elle travaille.
Elle trouve aussi son application au cas ou un outillage se trouvant sur les sites et prêté
gracieusement à l’entreprise, viendrait à être endommagé durant le temps où il est utilisé.
Somme toute, les existants et les objets confiés sont des biens immobiliers ou mobiliers, dont
l’assuré a la garde dans le cadre de ses activités professionnelles.

Il faut noter ici que sont exclus les biens faisant l’objet des travaux de l’assuré.
(Risque d’entreprise : Exemple du plombier qui change le robinet d’une
baignoire chez un client.)

Les biens que l’assuré endommage dans les locaux de son entreprise car il faut tout de même
conserver le caractère aléatoire.
Enfin une franchise adéquate permettra de moraliser le risque favorisant plus de précautions
de la part de l’assuré.

2. Dommages corporels subis par les préposés :

o Faute intentionnelle d’un préposé à l’origine d’un accident du travail (ou


d’une maladie professionnelle). Sont couverts des recours exercés par le salarié
victime et les Caisses de sécurités sociales, contre l’assuré en sa qualité de
commettant civilement responsable. (Notons que la faute intentionnelle de
l’assuré lui même, demeure formellement exclue : art .11al.2 du Code Cima).

o Faute inexcusable d’un préposé à l’origine d’un accident du travail (ou d’une
maladie de travail).

o Maladies professionnelles non reconnues :


Les maladies professionnelles sont limitativement énumérées par les caisses de
sécurité sociales. Au regard des règles du droit commun, le préposé peut
rechercher la responsabilité de son employeur.

o Accident de trajet : (garantissant le recours de la caisse en cas d’accident de


trajet.)

o Intoxications alimentaires : il s’agit des dommages corporels causés aux


préposés ou aux tiers par suite d’absorption de boisson ou produits alimentaires
dans les locaux de l’entreprise.

3. Dommages matériels subis par les préposés : (effets, vestimentaires et véhicules


des salariés parqués dans l’entreprise).

4. Dommages matériels corporels subis par des préposés occasionnels :

Ce sont des dommages matériels et corporels concernant des personnes ne bénéficiant


pas de la législation du travail. (Stagiaires bénévoles, candidats à l’embauche en essai…).

58
5. Dommages matériels et immatériels causés par incendie, explosion, dégâts des
eaux, hors des locaux de l’entreprise :

Cette garantie s’adresse aux entreprises qui interviennent sur les chantiers extérieurs
en dehors de leurs locaux. Par exemple à l’occasion d’une intervention, de foires,
expositions, démonstrations, séminaires, réceptions, voyages d’affaires. Cette extension
permet de couvrir les dommages ayant pris naissance hors des locaux de l’assuré.

6. Dommages causés par les sous-traitants et fournisseurs :

Très souvent, une entreprise est amenée dans le cadre de son exploitation à travailler
avec d’autres entreprises. Il en est ainsi lorsqu’elle confie une partie de son travail à un sous-
traitant. Ainsi si l’entreprise agit en qualité d’entreprise générale elle est responsable des
dommages que pourraient causés aux tiers les entreprises auxquelles elle a confié une partie
des travaux.
7. Dommages concernant l’utilisation de véhicules terrestre à moteur :

Deux extensions peuvent intéresser le chef d’entreprise :

 Besoins de service : C’est la responsabilité du commettant encourue par l’assuré


lorsqu’un de ces préposés utilise, pour les besoins de l’entreprise, un véhicule à
moteur dont il n’a ni la propriété ni la garde.

On couvre les accidents causés au tiers soit en cas d’utilisation exceptionnelle au su ou à


l’insu de l’employeur, soit en cas d’utilisation régulière connue de l’assuré. Concrètement les
véhicules utilisés sont ceux des préposés ou de tierces personnes, visiteurs ou clients par
exemple.
 Véhicule déplacés : Il s’agit de couvrir la responsabilité de l’assuré à la suite de
déplacements de véhicules dont il n’a ni la propriété ni la garde, sur la distance
nécessaire pour qu’ils ne fassent plus obstacle aux activités de l’entreprise.

8. Dommages causés par la pollution accidentelle :

C’est une garantie couvrant la pollution fortuite des eaux, de l’air, du sol (de
l’environnement). Il s’agit de la pollution par le fait des poussières, gaz, vapeurs, fumées,
rejets d’eau résiduaires, fausse manœuvre, incendie, explosion par exemple.

Toutefois sont exclus :


 Les défectuosités connues de l’assuré.
 La pollution consécutive à la non-conformité des installations ;
 La pollution résultant d’un défaut d’entretien

§4 : Etendue des garanties en R.C Exploitation:

1. Période de Garantie :

59
Il est important de rappeler que l’objet de l’assurance de responsabilité est la dette de
responsabilité de l’assuré. Cette dette naît au jour de la réclamation amiable ou judiciaire faite
à l’assuré par le tiers. L’article 51 du Code CIMA dispose :
« Dans les assurances de Responsabilité, l’assureur n’est tenu que si, à la suite du fait
dommageable prévu au contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite à
l’assuré par le tiers lésé. »

On peut donc dire au regard du code Cima que la réclamation constitue le sinistre pour la
mise en jeu de la garantie de l’assureur. (Clause « claims made »)
Par ailleurs dans tout contrat d’assurance, le sinistre n’est couvert que s’il survient
pendant la période de validité du contrat, c’est à dire entre sa date de prise d’effet et sa date
d’extinction ou de résiliation. Sauf reprise du passé ou garantie subséquente comme nous
l’avons déjà examiné.
Ces situations ont déjà été décrites.
2. Etendue géographique :

Les limites géographiques varient en fonction, non seulement des assureurs mais aussi
en fonction des activités en cause, de la taille des entreprises.

3. Montant des garanties et Franchises:

Les développements déjà effectués sur cette question restent valables. Cependant l’on peut
ajouter qu’un certain nombre de paramètres relatifs à la taille des assureurs, de l’expérience,
de la politique commerciale et des capacités des traités de réassurance, peuvent influer sur ces
montants.

……………………………………………..

Section 2 : LA RESPONSABILITE DE L’ENTREPRISE APRES LIVRAISON ET


LEUR ASSURANCE.

§1. Généralités et approche terminologique.

1. Généralités.

Nous distinguerons ici, les responsabilités afférentes au régime de la construction et celles de


droit commun qui concerne notre étude.

A ce sujet, il faut retenir que les dommages ou désordres subis par les travaux réalisés après
leur réception relèvent des garanties et responsabilités spécifiques à la construction.

Par contre les dommages causés par les travaux après leur achèvement relèvent de la
responsabilité dite après travaux et régie par les règles générales de la responsabilité civiles.

60
Nous avons par ailleurs les responsabilités inhérentes aux produits encourues par les
fabricants et les vendeurs de produits après leur livraison : Il s’agit de la responsabilité civile
produits.

Sauf exception, les garanties après livraison ou après travaux ne sont accordées qu’en
complément à une garantie pendant exploitation ou pendant travaux.

Un questionnaire détaillé et très fourni devra être rempli avec des questions précises portant
sur :

 Les caractéristiques de la société :, Activités précises, méthode, etc…

 Les caractéristiques des produits : Nature, composante, norme, label…

 La distribution des produits : réseau, moyens, liens avec revendeurs…

 Les antécédents : faits connus de l’entreprise sur au moins trois ans.

Des réclamations de plus en plus coûteuses sont faites aux industriels engageant leur
responsabilité après livraison. L’assurance ne pouvait manquer d’être sollicitée par les
fabricants et vendeurs confrontés à ces réclamations.

Cependant, être responsable est une chose, être assuré contre toutes les conséquences
pécuniaires de sa responsabilité en est une autre. En effet, l’assurance de responsabilité n’a
pas pour objet de prendre en charge la totalité des responsabilités de l’assuré, mais seulement
de l’en exonérer d’une partie, celle qui parait tout à la fois comme souhaitable et moralement
raisonnable.
L’entreprise doit assurer une partie des risques qu’elle crée et l’assureur n’a pas à prendre en
charge l’impéritie des fabricants et distributeurs.
L’entreprise ne aurait exercé n’importe quelle activité impunément en se déchargeant
systématiquement sur l’assureur de tous les avatars que son activité engendre : c’est cela le
risque d’entreprise.

A certaine compétence ou qualification doit correspondre une certaine capacité à assumer une
part des risques crées. L’assureur risquerait de jouer le rôle de sécurité sociale de l’entreprise.

2. Approche terminologique :

RC exploitation et RC après livraison :

Ces deux aspects constituent l’ensemble de la responsabilité civile générale. La ligne de


démarcation entre les deux étant la livraison.
Il faut toutefois noter que les opérations de montage et d’essais qui sont consécutifs à la
livraison relèvent de la responsabilité civile exploitation.

Par contre dès que le montage est réalisé et que le personnel chargé d’effectuer ces travaux
s’est retiré du chantier, les risques relèvent de la responsabilité civile après livraison.

 RC après livraison et RC après travaux :

61
L’assurance responsabilité civile après travaux a pour objet de couvrir la responsabilité que
peut encourir l’assuré après achèvement de travaux et du fait de ceux-ci. Il faut qu’il y ait
exécution d’un travail.

En matière de RC après livraison, c’est beaucoup plus le fait d’être en possession d’un objet
ne répondant pas à l’usage que l’on veut en faire. Ce qui est différent de la prestation du
travail.

Aussi quand le vendeur livre et installe, sa responsabilité civile après livraison peut être
recherchée ainsi que sa responsabilité civile après travaux. Le contrat d’assurance de
Responsabilité civile devra mentionner tout à la fois, la responsabilité après livraison et la
responsabilité civile après travaux.
 RC après livraison et RC produit

Il faut considérer qu’elles sont identiques. En effet, la RC produit est une particularité
de la RC livraison. Généralement on parlera de RC produit pour tout ce qui est alimentaire ou
pharmaceutique tandis que l’expression RC après livraison pour ce qui n’est pas alimentaire et
pharmaceutique. (Exemple de la paille dans un métal…)

 RC après livraison et RC professionnelle

La responsabilité civile après livraison est incontestablement, comme la responsabilité civile


exploitation, de la responsabilité civile professionnelle au sens large, dans la mesure ou il
s’agit de prendre en charge la réparation de dommages causés par des objets défectueux, la
défectuosité tirant son origine d’une faute professionnelle commise dans le cadre des activités
de l’entreprise, dans l’exercice de sa profession.

Au sens strict, l’assureur parle plus de la RC professionnelle à propos des personnes exerçant
une profession libérale (conseils juridiques, notaires, comptables, membres du corps médical
et professionnel paramédical, avocats…).

§ 2 : Nature des responsabilités couvertes.

Elle pourra être contractuelle vis-à-vis des clients ou délictuelle (quasi délictuelle) vis-à-vis
des tiers. Mais contrairement à la responsabilité civile exploitation elle sera de nature
essentiellement contractuelle.

A : RC contractuelle :

Il s’agit en effet des diverses responsabilités mises à la charge de l’entreprise qui écoule des
produits sur le marché, qu’elle les ait conçus et fabriqués où qu’elle en assure simplement la
vente.
A partir de là distinguons deux aspects :

 L’obligation principale de délivrance de la chose vendue.


 L’obligation de garantie des vices cachés.
Etat actuel du droit :

62
Après une période d’incertitude, la jurisprudence consacre la nature exclusivement
contractuelle de l’action dont dispose les acquéreurs et sous acquéreurs contre le fabricant et
les différents vendeurs intermédiaires. Ainsi l’action contractuelle constitue un accessoire
de la chose. Elle est transmise aux acheteurs successifs et résulte des différents contrats de
vente.

Certaines obligations accompagnent la vente en la précédant ou se poursuivent après le


transfert de propriété :

 Obligation générale de renseignement


 Obligation de conseil.

Il s’agit ici d’obligations de moyens.

1. Sur l’obligation de renseignement :

La JRP se fonde sur l’article 1135 du code civil. « La convention oblige non seulement à ce
qui est exprimé mais encore à toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi doit à
l’obligation, d’après sa nature. »

Avant la conclusion du contrat le vendeur professionnel doit renseigner l’acheteur sur les
caractéristiques essentielles du produit. Il faut éclairer le consentement du consommateur sur
ce qui est de nature à déterminer celui-ci. Ce principe s’applique à tous produits, dangereux
ou non, mais surtout aux biens présentant des difficultés d’utilisation.

Pendant la période contractuelle le vendeur doit fournir à l’acheteur toutes indications sur les
conditions d’utilisation et les précautions d’emploi du bien vendu, accompagnées le plus
souvent d’une notice explicative ou d’un mode d’emploi.
Cette obligation peut être invoquée dans toutes les ventes, tout particulièrement pour les
produits dangereux, les produits nouveaux et les biens très techniques

2. Sur l’obligation de conseil :

Le vendeur ne se borne plus à énoncer les faits. Il doit, au moins partiellement, faire
apparaître à l’autre partie leurs conséquences quant à l’opportunité de conclure le contrat
envisagé, sur le plan technique ou pécuniaire.
Tout vendeur doit, afin que la vente soit conclue en connaissance de cause, s’informer des
besoins de son acheteur et informer ensuite celui-ci des contraintes techniques de la chose
vendue.
Ce devoir porte aussi bien sur les biens d’utilisation courante que sur les biens complexes.

3. Obligation principale de délivrance de la chose vendue (action en RC


contractuelle (Art.1604 du C.civ.)

Art. 1604 du C.c. : 


« La délivrance est le transfert de la chose vendue en la puissance et possession de
l’acheteur »

63
Il convient de vérifier si la chose présente bien les caractéristiques prévues. D’ou l’importance
d’une spécification précise dans le bon de commande, des qualités et performances du bien.

On se reportera donc aux caractéristiques ou spécificités convenues lors de la passation de


commande et rappelées dans le contrat à condition comme toujours que l’intention des parties
ait été clairement exprimé.
Ainsi :
 L’objet de l’obligation principale de délivrance porte sur la chose convenue. En effet le
vendeur est tenu de livrer la chose convenue.

 La chose livrée doit être conforme au terme de l’accord intervenu aux spécifications du
marché conclu entre vendeur et acheteur. L’acheteur n’est pas tenu d’accepter une chose
différente de celle qu’il a commandée.

La jurisprudence fait désormais la distinction entre :

 L’action en non-conformité concernant les spécifications convenues par les


porteurs, c’est-à-dire prévues au contrat.
Ici la conformité doit s’apprécier d’un point de vue matériel (identité) de la chose.
 L’action en vices cachés se rapportant aux défauts rendant la chose impropre à
l’usage auquel on la destine.
Ici la conformité doit s’apprécier d’un point de vue fonctionnel (aptitude de la chose à
remplir l’usage attendu).
L’acheteur pourra :
- forcer le vendeur à l’exécution. (Art.1184 du code civ.)
- demander la résolution de la vente avec dommages et intérêts. (Art.1184 du code civ.)
- demander des dommages et intérêts sans résolution (art.1147 du Code civ.)

a) Vice cachée (article 1641 du code civil)

« Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue qui
la rendent impropre à l’usage auquel on la destine, où qui diminue tellement cet usage, que
l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en aurait donné qu’un moindre prix s’il les avait
connus ».

Article 1642 : « Le vendeur n’est pas tenue des vices apparents et dont l’acheteur a pu se
convaincre lui-même. »

Article 1643 : « Il est tenu des vices cachés, quand même il ne les aurait pas connus, à moins
que, dans ce cas, il n’ait stipulé qu’il ne sera obligé à aucune garantie »

Article 1645 : « Si le vendeur connaissait les vices de la chose il est tenue outre la restitution
du prix qu’il en a reçu, de tous les dommages et intérêts envers l’acheteur ».

Article 1646 : «  Si le vendeur ignorait les vices de la chose, il ne sera tenu qu’à la restitution
du prix et a rembourser à l’acquéreur les frais occasionnés par la vente.

Les articles 1645/1646 sont ceux qui introduisent la notion de dommages et intérêts.

64
aa). Conditions des vices cachés :

La garantie des vices cachés suppose :

 Un vice,
 D’une certaine gravité,
 Caché,
 Il faut que le vice soit antérieur à la vente.

 Existence du vice :

Le vice est un défaut, une altération de la chose vendue de nature à nuire à son bon
fonctionnement, à sa solidité, à sa durabilité. Le vice doit avoir une origine interne en principe
et ne pas provenir d’une cause extérieure. C’est donc une conception plus fonctionnelle que
matériel qui s’est progressivement développée.

 Gravité de la faute :

Le vice doit compromettre gravement l’utilisation de la chose. L’article 1641 du C.c précise
que le défaut doit rendre la chose impropre à l’usage auquel on la destine, ou diminue
tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise ou en aurait donné un moindre prix
s’il l’avait connu.
Il n’y a donc pas de vice s’il manque seulement à la chose une qualité accessoire de nature à
rendre son usage plus commode ou plus profitable.

 Caractère caché du vice :

Le vice doit être caché (article 1641 et 1642 du code civil).


Si l’acheteur a eu connaissance du vice, il ne saurait se plaindre du défaut. Ce qui ne veut pas
dire qu’il ne dispose d’aucuns moyens pour faire valoir ses droits. Il est en droit de refuser la
chose et de s’en faire remettre une autre sans défaut en invoquant le manquement par le
vendeur à son obligation de conformité.
Un vice connu de l’acheteur pourra être considéré comme caché si celui-ci, au moment de la
vente, ne pouvait en mesurer l’importance et les conséquences.
En effet, le vice est apparent que s’il est connu dans sa cause et son amplitude.

Si l’on admet qu’un acquéreur professionnel est présumé connaître les vices de la chose, il ne
s’agit pas d’une présomption irréfragable et l’acquéreur peut démontrer que le vice était
indécelable pour lui, malgré sa qualité de professionnel.
La Jurisprudence apprécie le comportement de l’acheteur en tenant compte de :

-la compétence technique de l’acheteur


-de la nature des défauts
-des circonstances de l’achat

 Antériorité du vice :

Le vice doit être antérieur à la vente. Le vendeur étant tenu de garantir les vices de la chose
vendue, il ne peut s’agir que de vices antérieurs à la vente, ou, existant au moment du sinistre.
C’est à l’acheteur de prouver l’existence d’un défaut préexistant.

65
Il faut que le vice soit caché (ignoré du vendeur).

ab). Mise en jeu de la garantie des vices cachés :

L’action « A bref délai » :

Enfin l’action principale en garantie des vices cachés doit être exercées. « A bref délai ».
Au terme de l’article 1648 du C.c : «  L’action résultant des vices rédhibitoires doit être
intentée par l’acquéreur, dans un bref délai, suivant la nature des vices rédhibitoires et
l’usage du lieu ou la vente a été faite. »

Ainsi, l’acquéreur doit agir rapidement afin de déterminer l’antériorité du vice par rapport à la
vente. La nécessite d’agir à bref délai s’impose à l’acquéreur pour trois raisons :

 La préservation des éléments de preuve s’attenue avec le temps.

 La limitation des coûts et la prévention des risques que présente un bien que l’on sait
atteint d’un vice ;

 Le devoir pour le fabricant, surtout en cas de fabrication en série, d’identifier les lots
suspects et d’engager, si nécessaire, une action de rappel ou de retrait des produits.

Ce délai est variable selon les choses et les circonstances. Les tribunaux apprécieront au
regard de la nature et les faits de l’espèce de la durée de ce bref délai (environ 6 mois à un
an).

Le point du départ du délai est le moment de la découverte effective du vice par l’acquéreur.

L’action en vice caché ne nécessite pas la preuve d’une faute. L’acheteur devra prouver
l’existence du vice. Une expertise sera souvent nécessaire pour apporter la preuve du vice.

Clause de non responsabilité ou limitative de responsabilité.

Toutes les clauses d’exonération de responsabilité sont nulles pour des contrats conclus entre
professionnels et acheteurs non- professionnels ou professionnels de spécialité autre.

Les clauses limitatives ou exclusives de garantie ou de responsabilité sont reconnues comme


valables entre professionnels de même spécialité. Ils sont considérés avoir les mêmes
connaissances pour apprécier les risques du contrat qu’ils passent.

Donc toutes clauses insérées dans les marchés ou contrat de vente pour limiter la
responsabilité du fabricant ou vendeur ne sont pas valables vis-à-vis d’un acheteur non
professionnel, puisqu’ils ont l’obligation de connaître les vices du produit vendue, la
méconnaissance de ses vices relevant une faute lourde de leur part.

66
La preuve du caractère indécelable du vice n’est pas n’ont plus retenue
comme exonératoire.

Un fabricant doit toujours être responsable des dommages causés par un produit dont le vice
ne pouvait a aucun cas être décelé ou même supposé, compte tenue de l’état de la science et
des procédés de contrôle au moment de sa mise sur le marché.

La notion de risque de développement doit être évoquée à ce niveau de notre étude.


En effet, il s’agit de dire que le fabricant ne pouvait matériellement pas se convaincre de
l’existence du vice, en dépit des moyens mis en œuvres, aussi longs, approfondis, coûteux
soient ils, destructifs éventuellement du produit concerné, pour déceler, l’existence du défaut,
bien qu’il se soit conformé dans l’élaboration et la réalisation du produit aux données acquises
de la science et de la technique en vigueur à l’époque de sa mise en circulation.

Le risque est précisément celui du développement des connaissances scientifiques


La jurisprudence se montre intraitable et considère que le fabricant doit toujours être tenu.
Ceci ne pouvant donc pas être une cause d’exonération.

La cause étrangère :

Elle peut entraîner l’exonération totale ou partielle de la responsabilité du fabricant :

- Ce sera la faute d’un tiers (revendeur)


- Faute de la victime (erreur dans les calculs communiqués au fabricant ou
non respect des instructions d’emploi).

Au regard de cette position de la jurisprudence, on peut dire qu’en matière de vices cachés
le vendeur ou le fabricant ont une présomption irréfragable de connaissance des vices.
(Responsabilité objective).

ac). Les effets de la garantie des vices cachés :

L’action en vice caché permet non seulement de réclamer l’indemnisation des dommages
inhérents au produit défectueux mais aussi, et surtout, de réclamer des dommages et intérêts
pour les dommages causés par le produit vicié.
Les articles suivants précisent les effets :

Article 1644 : « Dans les articles 1641 et 1643, l’acheteur a le choix de rendre la chose et de
se faire restituer le prix, où de garder la chose et de se faire rendre une partie du prix, telle
qu’elle sera arbitrée par l’expert »

Article 1645 : « Si le vendeur connaissait les vices de la chose il est tenue outre la restitution
du prix qu’il en a reçu, de tous les dommages et intérêts envers l’acheteur ».

Article 1646 : «  Si le vendeur ignorait les vices de la chose, il ne sera tenu qu’a la
restitution du prix et a rembourser à l’acquéreur les frais occasionnés par la vente.

67
ad). Personnes pouvant agir en vice caché :

La jurisprudence admet l’action de tout acquéreur ou sous-acquéreur contre son propre


vendeur mais aussi contre tout professionnel impliqué dans la fabrication et la vente du
produit.
En cas de vente successive du bien, l’acheteur peut évoquer la garantie des vices cachés à
l’encontre de son vendeur immédiat ; celui-ci pourra exercer une action récursoire contre son
propre vendeur.

L’acquéreur peut mettre en cause directement tout professionnel intervenant dans la


distribution et spécialement le vendeur du produit. On parle de l’action directe contre le
fabricant.

b). La non-conformité :

Elle trouve sa source dans l’obligation de délivrance, elle même, fondée sur les articles 1604
et 1615 du code civil.

Article 1604 :
« ‘La délivrance est le transport de la chose vendue en la puissance et possession de
l’acheteur »

Article 1615 :
« L’obligation de délivrer la chose comprend ses accessoires et tout ce qui est destiné à son
usage perpétuel. »

Etendue de l’obligation :

Le vendeur doit livrer la chose même qui a été vendu. C’est à l’acheteur qui conteste, d’établir
que le vendeur n’a pas remis une chose conforme aux spécifications convenues.

La marchandise délivrée doit avoir les caractéristiques (choses de genre) et la quantité prévue
par le contrat. En cas de livraison successives, l’appréciation porte sur en principe sur chaque
livraison.
Selon l’article 1615, la chose est livrée avec ses accessoires. Il s’agit aussi de l’emballage que
des documents ou des droits attachés à la chose.

La preuve de la remise de la chose incombe au vendeur, celle de la non-conformité à


l’acquéreur.

Aucune garantie n’est due par le vendeur si son inexécution est du à la force majeure ou au
fait de l’acquéreur lui-même.

B : La responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle

Elle concerne l’action des tiers, c’et à dire celle des seules victimes n’ayant pas acheté le
produit, puisque la jurisprudence étend l’action contractuelle à tous les acquéreurs successifs.

1. Action sur le fondement de l’article 1382 ou 1383 :

68
La preuve d’une faute est nécessaire mais elle est facilitée par la jurisprudence. En effet, pour
la jurisprudence, le fabricant a nécessairement commis une faute s’il a mis sur le marché un
produit défectueux. Dans ce cas, la faute résulte des faits.

Une décision de 1995 confère une portée plus large à cette jurisprudence en instaurant une
véritable obligation de sécurité.

2. Action sur le fondement de l’article 1384 al. 1 du code civil.

Il s’agit ici de la distinction entre garde du comportement et garde de la structure.


* Les tribunaux ont admis que la garde pouvait être dissociable. Sera tenu gardien responsable
une autre personne que celle qui détenait la chose au moment où le dommage s’est produit
alors qu’elle n’a pas pris part à la réalisation du dommage, ne la détenant pas matériellement.

 Affaires de l’oxygène liquide : La jurisprudence a distingué ici la garde de la


structure et du comportement. Ainsi les fabricants de bouteilles de gaz liquéfiés sont
considérés comme gardien de la structure. Bien qu’absent, et sans avoir le maniement,
il a conservé le pouvoir d’en surveiller et contrôler tous les éléments.

 Le transporteur n’aura que la garde du comportement des bouteilles. Sa responsabilité


ne pouvant être retenue que si l’explosion des bouteilles de gaz a pour origine les
opérations de déchargement, de chargement et d’une manière générale, la manutention
de ces bouteilles. (Cas du poste téléviseur – implosion et de la bombe aérosol).

Enfin nous dirons que le contrat d’assurance RC après livraison devra contenir pour être
suffisant deux formulations :

- RC de nature contractuelle.

- RC de nature délictuelle (quasi-délits)

Voir Schéma récapitulatif ci-dessous :


Garantie vice caché
R.C Contractuelle (Art.1641)
(Acquéreurs et sous acquéreurs) Non Conformité
Droit Commun (Art.1147)

R.C. PRODUIT Non respect des


Obligations du
contrat.
. Obligation de
conseils /de securité.
. Renseignement /Informations /Mise en
garde

69
.
Conception /fabrication : conditionnement…

R.C. Délictuelle R.C. Personnelle (Art.1382 ou1383)


(Tiers absolus) R.C. Du fait des choses (Art.1384 al.1)
(Garde de Structure)

§ 3 : Les Garanties :

Concernant la garantie de base, différentes formulations de la garantie peuvent être


énoncées .Nous nous en tiendrons à un exemple :

« L’assureur couvre la responsabilité civile pouvant incomber à l’assuré en raison des


dommages corporels, matériels et immatériels causés au tiers - y compris acquéreurs – et
imputable aux produits qu’il a livré où aux travaux qu’il a exécuté à condition que la
livraison ou l’achèvement des travaux soient postérieurs à la date de prise d’effet du contrat »

En outre, dans tous les contrats, les garanties sont strictement limitées aux activités et
parfois aux produits précisés aux conditions particulières.

Il est important que l’assureur consigne dans les dispositions particulières l’activité de
l’assuré faisant l’objet de la garantie.

De plus en plus les assureurs mettent en place des polices appelées :


Police  « Tous risques sauf »dans laquelle la garantie de l’assureur est exprimée globalement
suivant d’une liste d’exclusions.

La garantie ne peut se concevoir qu’après détermination du moment de la livraison.


Rappelons la définition de cette dernière.

« C’est la remise effective du produit par l’assuré à une tierce personne. Elle est
réputée s’effectuer à partir du moment ou l’assuré perd les moyens pratiques d’exercer un
contrôle matériel direct sur les conditions d’usage ou de consommation du produit ou de
modifier ces conditions ».

1. Qui est assuré et qui est tiers ?

 Il s’agit de connaître qui bénéficient de la RC quand elle est mise en cause. En


principe le souscripteur sera aussi l’assuré.

 Cependant certaines dispositions peuvent étendre le bénéfice de la garantie de l’assuré


du fait de la nécessaire intervention du tiers dans le processus de production ou de
commercialisation du produit.

70
Ceci s’explique car très souvent, la fabrication industrielle est rarement le produit d’un seul.
Aussi le recours intenté peut se situer :
Soit au niveau de la conception : (bureau d’étude), soit au niveau de la fabrication
(transformation/finition/assemblage…), soit au niveau de la distribution.

Cette observation explique en effet le fait qu’il y ait quelque fois l’abandon de recours et/ou
l’assurance pour compte.(Notions déjà examinées).

Il est important de noter que l’expression « causés aux tiers »vise tant le tiers
proprement dits que bien sûr les clients de l’assuré liés à celui-ci par un contrat.

2. Produits assurables :

Il serait bien prétentieux de les énumérer tant ils sont infiniment variés. Considérons qu’il
s’agit de tous les biens meubles de toutes natures livrés par l’assuré.
Par le biais de la proposition d’assurance, l’assureur se renseignera, au besoin avec avis
autorisé, sur :

 Les caractères physiques et chimiques du/ou des produits ;

 Les précautions dont l’assuré doit s’entourer au cours de son intervention comme au
moment de la livraison ;
 Le respect des procédures de fabrication imposées par ses clients ;

 Les contrôles au cours de son intervention ou avant la livraison.

Après ces informations sur les produits, il reviendra à l’assureur d’énumérer dans les
conditions particulières les différents types de produit pour lesquels la garantie est demandée.

Les produits non indiqués et ne correspondant pas à la définition des risques assurés ne seront
pas couverts.

Le rôle de l’assuré dans le processus de production et de commercialisation du produit : Il


s’agit de savoir si l’assuré a de bout en bout la maîtrise de l’élaboration du produit ou
n’intervient-il qu’à un stade, celui de la fabrication par exemple alors que les études sont
faites par un tiers.

Dans le cas de la sous-traitance, celui-ci sera il un sous traitant de qualité ou de capacité. Est il
appelé à en changer souvent ?

D’autres parts, il est important de regarder les dangers de l’anti-sélection. Ceci veut dire que
l’assureur doit veiller à éviter la tentation pour l’assuré de ne demander la garantie que pour
les produits dangereux.

Il est nécessaire de prendre en considération la totalité de la production de l’assuré, quelqu’un


soit les dangers respectifs.
A présent qu’elles sont les faits d’origine pouvant engager la RC d’assuré ?

3. Faits générateurs :

71
 Le vice propre :

Il concerne le produit livré : il s’agit d’un défaut interne. Ce défaut a préexisté à la remise
du produit le rendant ainsi impropre à l’usage auquel il est destiné. Nous aurons :

 L’erreur de Conception (mauvais calculs, erreur dans la formule chimique…)


 Le vice de matière (paille dans l’acier, tous corps étrangers dans le produit livré)
 La malfaçon dans la fabrication. (Mauvais réglage d’une machine endommageant les
produits fabriqués par elle…)
 L’insuffisance (ou défaut) de contrôle en cours où après fabrication. (Ne pas
respecter les procédures prévues en matière de qualité.
4. Autres faits générateurs :

Il peut exister d’autres faits générateurs :

 Mauvaises conditions de stockage du produit.


 Erreurs d’étiquetage, entraînant la confusion des produits.
 Instruction donnée par l’assuré à la clientèle (Préconisations
renseignements).

L’assureur est en droit de limiter sa garantie à certains faits générateurs, en excluant d’autres
(énumération limitative) : «  Assurance à péril dénommés ».

Il peut aussi énoncer une couverture de portée générale mais suivie d’exclusions déterminées,
formelle et limitée.

§ 4 : Les dommages couverts

Rappelons qu’on entend par accident, tout événement soudain, imprévu et extérieur à la
victime ou à la chose endommagée.

Exemple : Explosion d’une bouteille, éclatement d’un pneu.

 D’une manière générale, un accident est dommageable. Cependant tout dommage


n’est pas nécessairement accidentel.

 On pourra ainsi dire « qu’un dommage non accidentel est un dommage imprévu et
extérieur à la victime, cependant dépourvu de toute soudaineté. (A titre d’exemple,
nous avons la corrosion chimique, dépôt des rouilles, fatigue prématurée du
matériel).

 Très souvent la notion de dommage en RC après livraison prend en considération la


notion du dommage non accidentel.

Nous distinguerons comme en RC exploitation, trois types de dommages :

 dommages corporels
 dommages matériels

72
 dommages immatériels
Bien qu’ayant examiné ces définitions, nous attirons votre attention sur deux aspects

 Dommages matériels.

Un objet peut présenter des défauts tout en étant matériellement intact, sans être
endommagé. Il s’agira d’une non conformité. En effet, les qualités convenues faisant défaut à
la chose et cette situation s’appréciant le plus souvent sur la base du contrat dont la chose est
l’objet.

Somme toute, la définition dans le contrat des dommages matériels en RC après


livraison est importante. Le souscripteur d’assurance doit y veiller, en tenant compte de
l’appréciation du risque qui devra prendre en considération les circonstances aux contours
difficiles et différents des dommages matériels au sens stricto.

 Dommages immatériels :

L’assureur couvre tout naturellement les dommages immatériels qui sont consécutifs à
des dommages matériels garanties. Il est cependant plus rare qu’il accepte la garantie des
immatériels purs (dommages matériels non consécutifs à des dommages réalisés et garanti.)
Cette formulation conduit à la prise en charge des réclamations pour un gain manqué en
l’absence de tout dommage corporel ou matériel.

§ 5 : Les exclusions.

Faute intentionnelle : il y a faute intentionnelle et exclusive de la garantie de l’assureur


quand l’assuré a voulu non seulement l’action ou l’émission génératrice du dommage, mais
encore ce dommage lui-même. La faute ne peut-être considérer comme intentionnelle du seul
fait qu’elle a été accomplie.

Une pleine connaissance du risque encourue, en acceptant les conséquences dommageables


qui pourraient éventuellement s’en suivre et sans se soucier des intérêts de son contractant, est
nécessaire.

Le dol : C’est la mauvaise foi, le comportement frauduleux de l’assuré en tant que manquant
à ses obligations.

Faute inexcusable (supprimant le caractère aléatoire du risque)

Il s’agit de faire en sorte que l’existence d’une assurance de responsabilité civile


professionnelle ne serve pas d’alibi au travail bâclé

Il revient à l’assureur qui veut se prévenir contre la faute inexcusable réprimant l’aléa, de
formuler une exclusion fondée sur une définition précise des règles de l’art s’appuyant
éventuellement sur les exemples limitatifs ou non :

73
Il ne saurait procéder par voie d’énonciation générale et vague telle que l’exclusion
« dommages résultant d’une inobservation inexcusables des règles de l’art ».

Il appartient donc à l’assureur de préciser sa pensée. Il faut éliminer les mauvais


professionnels dont la négligence est une menace pour la sécurité de chacun. Les
professionnels sachant parfaitement ce qu’il faut faire pour être conforme à la réglementation.

Inexécution par l’assuré des accords ou conventions conclus avec son client :

Il s’agit essentiellement de tout ce que l’assuré a promis à ces clients ou contractants et


qui dépasserait ses obligations légales ou de droit commun : cela peut-être :

 des clauses d’aggravations de responsabilité ;


 les clauses pénales : fixation à l’avance et forfaitairement du montant des dommages
et intérêt en cas d’inexécution ou de retard dans l’exécution des engagements.

« Lorsque l’assureur garantie la responsabilité contractuelle de son assuré, la garantie


est bien acquise à celui-ci quant la défectuosité du produit révèle une exécution déficiente
de la prestation contractuelle de l’assuré, si le produit défectueux est à l’origine de
dommage corporel, matériel ou économique, à la condition que ces conséquences
dommageables soient légalement à la charge de l’assuré et non pas en application de
clause contractuelle plus ou moins exorbitantes du droit commun. »

Les dommages résultant d’un fait ou d’un événement dont l’assuré avait connaissance à
la souscription :

Il y a évidemment suppression du caractère aléatoire au détriment de l’assureur.

§ 6. Exclusions propres à l’assurance des produits livrés.

- Dommages concernant les produits livrés ou les travaux exécutés :


Sont formellement exclus, les dommages subis par les produits livrés ou les travaux exécutés
ainsi que les frais de retrait, de remplacement, de réparation des produits défectueux ou les
frais de réfection des travaux.

Cette exclusion est fondamentale car il s’agit du risque d’entreprise que l’assureur ne doit
garantir sauf extension limitée aux frais de retrait des produits dans certain cas.
La jurisprudence admet cette exclusion encore de nos jours à condition qu’elle soit formelle et
limitée au fond.

Les frais engagés par l’assuré pour remédier à la défectuosité des produits, à leur
disparition prématurée : ce sont les frais de recherche du vice pouvant être onéreux. Ces frais
s’analysent en un préjudice subit par l’assuré alors que le contrat d’assurance est une police
couvrant la responsabilité de cet assuré à l’égard des tiers.

Les frais exposés en vue d’éviter ou de diminuer les dommages : Ces frais exposés par
l’assuré lui-même le plus souvent spontanément ou exposé par des tiers qui lui en demandent
compte sont toujours exclus des polices d’assurance RC produits.

74
Conséquence de l’inadéquation de l’insuffisance ou du défaut de performance du produit
livré :
Toutefois, dans ce cas de figure, la garantie est acquise s’il s’agit des dommages corporels,
matériels et immatériels consécutifs, les uns et les autres étant naturellement couvert par le
contrat. En revanche si il n’y a pas de dommage corporel ou matériel, et si l’on est en
présence de dommages immatériels purs, la garantie n’est générale pas acquise (cependant
certaines compagnies d’assurance peuvent accorder une telle extension.

Réserves formelles : Les dommages prenant leur origine dans les réserves formelles sur les
produits lors de la livraison :
L’on considère dans cette hypothèse que l’assuré est pleinement informé d’une
potentialité du dommage et il doit tout mettre en œuvre pour y remédier.

Les dommages survenant postérieurement à la suspension ou à la résiliation du contrat :


Nous sommes en présence de la situation qui nous rappelle la garantie subséquente que nous
aborderons bientôt en parlant de l’étendue de la garantie dans le temps.

Les risques de développement : Conformément à l’analyse déjà faite sur ce risque, de par sa
nature même, il ne remplit pas les conditions normales d’assurabilité des risques de
responsabilité civile.

Les risques d’origines humaines : Il s’agit plus des manipulations effectuées en amont dans
le cadre de la recherche ou de mises au point en laboratoire.
Ceci par opposition à l’usage des produits humains ou dérivés dans leurs relations avec les
patients.

§ 7 : Les extensions possibles de garantie :

1. Les frais de retrait des produits :

C’est un besoin qui concerne essentiellement les fabricants de produits de grande diffusion
pouvant occasionner des dommages corporels (Produits alimentaires, jouets d’enfants,
médicaments, pneumatiquesetc…) et parfois matériels (à des animaux par exemple).
En principe les événements donnant lieu à garantie sont énumérés limitativement.
C’est une assurance de chose garantissant les frais engagés par l’assuré et accessoirement
ceux engagés par des tiers. Dans ce dernier cas il s’agit d’assurances de responsabilité.
(Exemple : Frais de communication et d’annonce de retrait, de repérage et recherche des
produits incriminés, de stockage nécessaire, de destruction si indispensable…)

Toutefois, les produits eux même ainsi que les frais de réparation restent formellement
exclus.

2. Les frais de dépose et de repose :

Il s’agit bien de la dépose et repose de produits livrés défectueux.


Ils ne peuvent être couverts que dans des limites très étroites.

3. La reprise du passé :

75
Sont couverts les dommages imputables à des produits livrés ou à des travaux exécutés avant
la date de prise d’effet du contrat. (Voir analyse déjà faite)
4. La garantie subséquente :

Sont couverts les sinistres intervenant après la résiliation du contrat lorsque le fait générateur
se situe pendant la période de validité du contrat. (Voir analyse déjà faite)

§ 8. Le plafonnement du montant de la garantie :

Les montants de garantie en dommages corporels, materiels et immatériels sont souvent


plafonnés, limités à un montant maximum.

1. Plafonnement par événement :

Ici le plafond est limité à un maximum de Francs par évènement. Ceci soit :

- Pour tous dommages provenant de la livraison de produits identiques présentant un défaut


commun ;
- Pour tous les dommages résultant de la livraison de produits différents présentant une
défectuosité commune.
Ces formulations, même si elles limitent le sinistre sériel, ont l’inconvénient d’exposer
l’assureur à des débours considérables dans le cadre d’une même année civile.
Il convient donc, tout en limitant le sinistre au sein d’un même évènement, de prendre en
compte la capacité financière par année de l’assureur.

2. Plafond par année d’assurance :

Ceci est souvent exigé par les réassureurs qui souhaitent maîtriser leurs engagements à travers
ceux de la cédante.
L’on peut créer des sous limitations par différentes natures de garantie :

Exemple :
« 500 millions de Fcfa, pour tous dommages confondus, corporels, materièls, et immatériels
par année d’assurance dont :

- Dommages matériels autres qu’incendie/explosion : X Fcfa.

- Dommages matériels d’incendie/explosion : X Fcfa »

§ 9 : Reconstitution de garantie et garantie complémentaires et supplémentaires :

1. Epuisement et reconstitution de garantie :

1. Epuisement :

76
La garantie plafonnée est consommable par année d’assurance. L’engagement de l’assureur
s’éteint dès que le total des indemnités versées atteint le maximum contractuellement prévu.
La garantie s’épuise au fur et à mesure de l’indemnisation (des règlements effectués) de tous
les dommages.

La jurisprudence admet que l’épuisement était opposable aux tiers lésés.

2. La reconstitution :

La garantie ou fraction de garantie non épuisée ne se reporte pas d’une année sur l’autre.
Cependant le montant global de garantie annuel se reconstitue intégralement et
automatiquement à chaque année d’assurance

Il existe aussi une possibilité de reconstitution en cours d’année, qui n’est pas automatique,
devant donc être prévue au contrat et prévoir un certain nombre de dispositions. Cette
reconstitution ne bénéficiera qu’à des sinistres différents de ceux ayant épuisés la garantie.

§ 10. Garanties complémentaires et supplémentaires :

1. Garanties Complémentaires :

Il est possible de prévoir au-delà du contrat délivré pour un premier montant de garantie, un
ou plusieurs autres contrats qui apporteront des montants de garantie complémentaires : on
parlera de 1ere ligne de 2ième ligne voir 3ième ligne.

2. Garanties supplémentaires :

Il peut être prévu dans les contrats délivrés en lignes successives, la délivrance de garantie
non prévue dans le contrat de base de 1ère ligne. IL s’agit non plus d’un complément de
garantie mais d’un supplément de garantie. Nous sommes en présence de ce que les assureurs
appèlent la garantie par différence de conditions.
Ainsi, le contrat de 2ième ligne interviendra au premier franc sous réserve de la franchise
prévue.
C’est dans le cadre de montage de programmes internationaux d’assurances que l’on
rencontre ce genre de situation.

§ 11. Etendue de la garantie dans le temps

 La génération du sinistre RC produit n’est pas instantanée. Ceci surtout en cas de


sinistre à caractère progressif.
 Très souvent l’assuré, dans un premier temps, interviendra au titre de sa garantie de
constructeur pour remédier aux défectuosités ou anomalies constatées. L’anomalie
s’installera progressivement et insensiblement en dommage.

Les bons offices de l’assuré se révélant inopérant, la colère du client augmentant, le


climat se gâtant, une déclaration de sinistre est faite à l’assureur. Ce dernier est ainsi mis
devant le fait accompli avec les risques de disparition des preuves.

77
Il est donc nécessaire de faire une déclaration de sinistre dès la première manifestation
de l’anormalité quant elle est l’objet d’une demande d’intervention faite par le client.

1-Le sinistre entre t-il dans la période du contrat?

La période de génération du dommage ne correspond pas forcement avec la période


d’application du contrat

Il faut préciser ici que le fait générateur se situe par définition en cours d’exploitation :
Le problème se pose quant un certain temps s’est écoulé entre le fait générateur et la
survenance d’un dommage, qui est le plus souvent non accidentel :

Il a fallu déterminer l’événement à prendre en considération pour savoir si le sinistre


est bien dans la période de garanti. L’on retient souvent deux critères :

a) La survenance du dommage ou fait dommageable :

Il s’agit de la réalisation, de la matérialisation du dommage, de sa manifestation en


tout cas qui le plus sûrement que le fait générateur donne à la victime les bases concrètes
d’une action ;

b) La réclamation du tiers lésé :

C’est la réclamation présentée par la victime à partir de la survenance du dommage 

La question est de savoir laquelle de ces deux données est constitutive du sinistre, afin
de savoir si la garantie joue :

- Point de vu juridique

- En droit, c’est la réalisation du dommage qui constitue le sinistre, la dette de


responsabilité de l’assuré, la créance en réparation de la victime prend naissance au moment
de la réalisation du dommage. Cette réalisation est bien constitutive du sinistre

Cependant, le code CIMA dans son article 51 dispose : « Dans les assurances de
responsabilités, l’assureur n’est tenu que si à la suite du fait dommageable prévu au contrat
une réclamation amiable ou judiciaire est faite à l’assuré par le tiers lésé. »

La réclamation est bien pour l’assureur, constitutive de sinistre. La distinction est


bien nette entre le fait dommageable et la réclamation.

En effet, il peut y avoir sinistre sans responsabilité (réclamation du tiers non fondée)
ou responsabilité sans sinistre (aucune action de la victime ne faisant suite au fait
dommageable).

78
Tant que la victime ne se manifeste pas, il n’y a pas atteinte ou menace d’atteinte au
patrimoine de l’assuré, l’assurance de responsabilité couvrant essentiellement les recours en
responsabilité exercés contre l’assuré.

Les assureurs en RC après livraison limitent souvent la garantie en utilisant les deux
formulations examinées ci-dessus pour définir le sinistre.

Les conséquences de ces formulations sont les suivantes :

SINISTRE = SURVENANCE DU DOMMAGE : «  A base survenance » (Survenance


occurrence basis)

Les dommages survenus entre la date de prise d’effet et celle de cessation des effets du
contrat sont garantis.

Les dommages survenus antérieurement à la date de prise d’effet du contrat, ne sont pas
garantis même si la réclamation se situe pendant la période de garantie. (Sauf accord de
reprise du passé)

Le dommage survenu entre la date prise d’effet et celle de cessation des effets du contrat est
garanti même si la réclamation est formulée bien après celle-ci, et sans limitation dans le
temps.

C’est sur ce dernier aspect de la garantie que la formule retenue apparaît, pour les assureurs,
intenable, tout particulièrement en présence de dommages évolutifs ou progressifs, ou
dommages en série faisant de multiples victimes à des dates différentes (Il s’agit de produits
affectés d’un même vice largement diffusés dans l’espace et le temps.
C’est l’exemple de l’amiante, de l’agent orange…

SINISTRE EGAL RECLAMATION DU TIERS LESE : « A base réclamation  »


(Claims made basis)

La réclamation formulée entre la date de prise d’effet et celle de cessation des effets du
contrat pour un dommage survenu pendant la même période est accueillie.

La réclamation formulée postérieurement à la date de prise d’effet du contrat au titre d’un


dommage survenu antérieurement à celle-ci est accueillie c’est une sorte de reprise du passé
inconnu.

L’assuré doit ne pas en avoir eu connaissance. En effet il n’y aurait plus d’aléa.

Toute réclamation formulée postérieurement à la cessation des effets du contrat même par un
dommage survenu en cours du contrat est rejetée.

Comme nous pouvons le constater quelque soit la formulation, les dommages postérieurs à la
cessation de garantie sont exclus. Seule la garantie dite subséquente permet cette couverture

2 : Hésitation des tribunaux :

79
Certaines décisions des tribunaux ont donné l’espoir aux assureurs que leur clause de
définition de sinistre par la réclamation de la victime était reconnue.

Puis ce fut le revirement total avec sept décisions de la cour de Cassation le 19 décembre
1990, prohibant la clause dites de réclamation de la victime. (Claims Made) :

Exemple de Motif de la Jurisprudence

«Attendu que Le versement de la prime pour la période qui se situe entre la prise d’effet du
contrat d’assurance et son expiration a pour contrepartie, nécessaire la garantie des
dommages qui trouvent leur origine dans un fait qui s’est produit pendant cette période ;que
la stipulation de la victime,en tout état de cause nécessaire à la mise en œuvre de l’assurance
de responsabilité civile,a été formulée au cours de la période de validité du contrat,aboutit à
priver l’assuré du bénéfice de l’assurance en raison d’un fait qui ne lui est pas imputable et a
créer un avantage illicite,comme dépourvu de cause,au profit du seul assureur,qui aurait
alors perçu des primes sans contrepartie ;que cette stipulation doit ,en conséquence,être
réputée non écrite… »

Enfin, il faut dire que pour le moment, les assureurs de responsabilité civile continuent, de
subordonner leur garantie à la présentation d’une « réclamation »par la victime, en pleine
connaissance de cause des conséquences que cet entêtement de leur part peut avoir sur leurs
clauses.

………………………………. 

80
CHAPITRE 4

LE SINISTRE DE RESPONSABILITE CIVILE.

L’article 51 du code CIMA dispose :

« Dans les assurances de responsabilité, l’assureur n’est tenu que si à la suite du fait
dommageable prévu au contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite à l’assuré par
le tiers lésé. »

La réclamation est pour l’assureur, constitutive de sinistre. Cela est si vrai qu’il peut y avoir
sinistre sans responsabilité (réclamation du tiers non fondée).

 Seule cette réclamation entraîne l’intervention de l’assureur. La survenance du fait


dommageable, en l’absence de toute demande d’indemnité amiable ou judiciaire faite
à l’assuré ne suffit pas. Le patrimoine de l’assuré n’est atteint ou menacé de l’être que
le jour où le tiers met en jeux la responsabilité de l’assuré en formulant contre lui, une
réclamation.
 La réclamation peut-être judiciaire ou extra-judiciaire, fondée ou pas. Seul cet acte
devient pour l’assuré source de dommage.

Section 1 : Obligation de l’assuré en cas de Sinistre RC

§ 1- Obligation légale : déclaration du sinistre.

Cette obligation est fixée par l’article 12 du code CIMA.

Il est normal que l’assureur soit informé le plus rapidement possible de la survenance
du sinistre afin de pouvoir prendre les mesures qui s’imposent.

81
Ce délai est nécessairement conventionnel il ne peut être inférieur à 5 jours pour les
assurances RC et doit être prévu dans les polices.

 Il résulte de cette obligation légale que le délai de déclaration du sinistre à l’assureur à


pour point de départ, non la commission du dommage en accident, mais la réclamation
de la victime : c’est dans les 5 jours de cette réclamation que l’assuré doit aviser
l’assureur, sous peine de la déchéance stipulée.
 Cependant, il faut le dire, l’assureur souhaite être mis au courant le plus rapidement
possible, du fait dommageable commis par son assuré, sans attendre la réclamation de
la victime. Ceci lui permet de prendre toutes les dispositions utiles (expertise
enquête…) afin de déterminer les causes exactes et par voie de conséquence la
maîtrise des responsabilités en cause.
 Sanctions

 Le texte de loi autorise l’assureur à prévoir la déchéance par stipulation contractuelle


 Cette sanction n’est pas applicable lorsque l’assuré n’a pu respecter son obligation
dans le délai prévu par suite d’un cas de force majeure. L’impossibilité d’agir est
absolutoire et la preuve en n’incombe à l’assuré.

§ 2- Obligation conventionnelle

Transmission des pièces :

Les contrats d’assurance peuvent valablement et conventionnellement obliger l’assuré


en cas de sinistre à fournir des indications complémentaires.

Cette transmission est indispensable au stade amiable comme au stade judiciaire, pour
permettre à l’assureur de connaître les réclamations fondées, d’en discuter, transiger ou
plaider.

Même si la loi ne permet pas à l’assureur de prévoir la déchéance en cas de simple


retard dans cette transmission, l’assureur peut parfaitement prévoir qu’il pourra réclamer à son
assuré la réparation du préjudice que le retard lui aurait causé. (Article 20 code CIMA).

 Le corollaire de cette obligation conventionnelle de transmettre les pièces est constitué


par deux autres obligations pour l’assuré.

Il s’agit :

1.- De permettre à l’assureur de diriger la procédure en cas de procès.

2.- D’interdire à l’assuré de compromettre les droits de l’assureur, seul habilité à transiger
avec le tiers.

Section 2 : Direction du procès :

82
En général l’assureur se réserve le droit de diriger la procédure par une clause de la
police lui donnant pouvoir. Il faut préciser qu’il s’agit là d’une faculté laissée à l’assureur.
L’assuré ne saurait contraindre l’assureur à soutenir le procès.

Par cette clause de direction du procès, l’assureur entend sauvegarder ses droits.

 L’intérêt de l’assureur à diriger le procès est évident. En effet, il est le principal


intéressé lorsqu’il y a garantie suffisante et valable, car c’est lui qui en subira les
conséquences. Il est par conséquent naturel qu’il résiste à la réclamation du tiers.
 Ceci ayant pour but de faire admettre la responsabilité partielle ou totale de la victime
ou du tiers lésé. Par ailleurs, même si la responsabilité est acquise quel qu’en soit le
quantum, il restera toujours a apprécier l’évaluation du préjudice.
 Il n’est donc pas judicieux de la part de l’assureur de laisser à l’assuré seul la charge
de faire suite à la réclamation de la victime. D’autre part, il faut craindre que l’assuré
fort d’une garantie valable ne soit négligent voire généreux envers la victime. Cela se
traduira assez souvent par des reconnaissances des responsabilités hâtives ou le refus
d’utiliser les moyens qui conviennent afin de résister efficacement à l’action de la
victime.
 On peut considérer que l’assuré donne mandat à l’assureur dans l’intérêt des deux
parties (assureur et assuré). Ce mandat permet à l’assureur toutes les initiatives afin
d’aboutir à la solution la meilleure. Il peut aussi utiliser les voix de recours appropriés
(juridiction civile).
 Cependant l’assureur en tant que mandataire dans cette direction du procès peut dans
l’exercice de cette mission engagée sa responsabilité.
 Rappelons qu’en matière de direction du procès l’assureur a une option à exercer. En
fonction des circonstances, de la suffisance des garanties et de la responsabilité de
l’assuré, l’assureur exercera son option. Dès le moment où l’assureur a décidé de
prendre la direction du procès l’on pourra considérer le mandat irrévocable.

§ 1 : Immixtion dans la direction du procès :

Devant la juridiction civile, la clause de direction du procès est valable. Il est interdit à
l’assuré toute immixtion au procès. Toutefois, Le fait d’avouer des faits strictement matériels
ou de comparaître sur ordre du juge ne constitue pas une immixtion.

Le constat d’une immixtion peut entraîner des dommages et intérêts ou l’application


d’une déchéance, si celle-ci a été expressément prévue au contrat.

 Il faut également signaler que la prescription biennale du fait de la direction du procès


est suspendue.
 Lors de l’exercice des voies de recours, l’assureur est libre D’interjeter appel ou non.
Cependant si la condamnation excède la garantie, l’assuré a la possibilité de faire
appel à ses risques et périls.

L’assureur ayant refusé d’interjeter appel, renonce à la direction du procès. L’assuré


peut ainsi s’en prévaloir sans sanction. La même logique se conçoit pour le pourvoi en
cassation.

83
§ 2 : Défense devant les juridictions pénales :

Le procès en RC peut être porté devant la juridiction pénale. Tout particulièrement


pour la défense pénale proprement dite concernant personnellement l’assuré, ce dernier
conserve la direction exclusive du procès. Cela a pour conséquence le libre choix de ses
avocats et de son système de défense.

Seule la nécessité de la défense des intérêts civils peut permettre à l’assureur de


s’organiser pour résister à la demande de la partie civile. L’action publique étant contrôlée par
l’assuré et l’avocat qu’il aura pris pour ce faire.

Dans l’utilisation des voies de recours, en principe le prévenu c’est à dire l’assuré est
libre d’exercer son recours en appel ou cassation car l’appréciation d’une condamnation
pénale est rigoureusement personnelle.

Cependant en ce qui concerne la partie relative aux intérêts civils l’assureur a le droit
d’imposer l’appel ou la cassation. (Au travers des avocats chargés de défendre son assuré au
titre de la défense et recours)

Section 3 : Reconnaissance de responsabilité et Transaction (article 53 du code CIMA)

§ 1 : Reconnaissance de Responsabilité :

« L’assureur peut stipuler qu’aucune reconnaissance de responsabilité, aucune transaction


intervenue en dehors de lui, ne lui sont opposables. L’aveu de la matérialité d’un fait ne peut
être assimilé à la reconnaissance d’une responsabilité ».

Ce substituant à l’assuré en prenant à sa charge les obligations de ce dernier envers la


victime, il est normal que l’assureur désire se réserver le droit de discuter avec le tiers lésé du
principe de ses obligations ainsi que de leurs conséquences financières.

Il pourra ainsi soit réaliser une transaction, soit engager une action judiciaire. En
conséquence, l’assuré ne doit pas contrecarrer les agissements de l’assureur. C’est pourquoi la
loi autorise une stipulation au contrat précisant qu’aucune reconnaissance de responsabilité,
aucune transaction intervenue en dehors lui ne lui est opposable.

La sanction est l’inopposabilité à l’assureur des dites reconnaissances, si toutefois la clause a


été libellée. Ainsi cette sanction ne joue pas de plein droit.

§2 : Transaction 
Cette clause a un double objet :

- Celui de retirer à l’assuré, le droit de transiger


- Celui d’obtenir de l’assuré le droit de transiger.

84
La sanction pour non respect de cette clause est la même que celle interdisant la
reconnaissance de la responsabilité : L’inopposabilité.
Ici aussi, une clause expressément libellée dans la police est nécessaire.
Toutefois si l’assureur se prévaut d’une déchéance envers l’assuré, il ne peut plus transiger
seul. Il doit requérir l’intervention de l’assuré qui du fait de la déchéance supportera seul le
poids de la transaction.

Section 4 : Règlement du sinistre

§1 : Prestations dû par l’assureur :

L’existence d’un sinistre garantie oblige l’assureur à exécuter ses engagements dans la
limite de la somme assurée, et dans la mesure de la dette de responsabilité de l’assuré. Cette
exécution suppose, le respect préalable par l’assuré de ses obligations contractuelles.

Après cette démonstration de l’assuré, l’assureur peut opposé à l’assuré les exceptions
et certaines dispositions du contrat.
A- Insuffisance de garantie :
Pour les assurances de responsabilités l’insuffisance de garantie ne pouvait entraîner
l’application de la règle proportionnelle de capitaux qu’en ce qui concerne les assurances de
responsabilité des objets déterminés (Exemple du risque locatif).

Pour les objets indéterminés, soit la garantie est illimitée, soit plafonnée d’un commun accord
avec l’assuré.
Ainsi la portion d’indemnité supérieure au montant garantie restera à la charge de l’assuré.

B- Incidence de la non assurance

Elle existe chaque fois qu’un dommage mettant en jeu la responsabilité de l’assuré :
- Ne répond pas aux conditions de garanties
- Entre dans le cadre d’une exclusion
-Excède les garanties dans le temps et dans l’espace prévue par le contrat.

La détermination du dommage couvert doit figurer dans la convention. L’assureur a


indiqué dans la police les risques qu’il accepte de prendre en charge en délimitant les
conséquences dommageables du sinistre dans la garantie.

L’incidence de cette non assurance est la non garantie opposable à tous (Y compris les
victimes).

C- Nullité et déchéance
1)- Nullité : Elle frappe le contrat atteint d’un vice qui en rend l’existence impossible.
La nullité a pour conséquence l’inexistence rétroactive du contrat. La garantie sera réputée ne
pas avoir été acquise.

La nullité est opposable tant à l’assuré qu’au tiers en assurance de responsabilité


civile.

85
2)- Déchéance :
C’est la sanction d’une faute contractuelle commise par l’assuré à l’occasion du
sinistre. Elle entraîne le retrait du droit de garantie pour ce sinistre. Ce sera le cas si l’assuré
ne respectait pas le délai de déclaration de sinistre prévu dans le contrat. Elle ne peut viser
que la violation d’une obligation après sinistre.
La validité des clauses de nullité et de déchéance est subordonnée à un libellé précis
avec caractères apparents.

D- Suspension de garantie :

Il peut arriver qu’un contrat soit suspendu par la convention des parties ou également
par la volonté de la loi. La suspension du contrat est opposable à tous au même titre que la
non assurance dont elle constitue une forme.

§ 2 : L’action directe de la victime : (Article 54 du code CIMA).

Généralités : La JRP fait découler cette action, de l’article 54 du code CIMA. Ce


dernier interdit à l’assureur de responsabilité de régler la prestation qu’il doit, à une personne
autre que le tiers lésé, tant que le tiers lésé n’a pas été désintéressé.
Il en a été déduit que la victime d’un dommage possède une action directe contre
l’assureur du tiers responsable. Cette action constitue un droit propre pour la victime lui
permettant d’exercer contre tous les éléments patrimoniaux de l’assureur où qu’ils se trouvent.

Cette disposition relative à l’action directe est impérative c’est-à-dire d’ordre public.
La protection accordée à la victime ne peut directement ou indirectement être écartée ou
restreinte par une clause de la police. Cependant, il faut préciser que ce caractère impératif ne
fait pas échec à la délimitation des risques et à son étendue. Par conséquent en excluant les
réserves faites postérieurement au sinistre, l’assureur peut valablement opposer à la victime
toutes les clauses qui restreignent ou conditionnent l’assurance.
Ainsi, la non assurance, la suspension régulière pour non paiement de prime ainsi que
la nullité du contrat s’opposent à l’exercice de l’action directe.
Les sanctions et plafonds de garantie encourus par l’assuré avant la réalisation du
dommage sont opposables à la victime.

A- Condition d’exercice : Qui peut exercer l’action directe?

Ce seront les tiers lésés, les ayants droits du tiers lésé et les tiers subrogés. L’action
directe appartiendra bien évidemment à la victime qui aura subi directement le dommage
causé par le responsable.

Son exercice suppose le respect préalable de deux conditions principales :


- La responsabilité de l’assuré doit être établi de manière a obliger l’assureur.

- L’existence d’une garantie valable. C’est donc à la victime de prouver l’existence et


la validité du contrat d’assurance, sans lesquelles l’action directe ne pourrait être exercée.

86
B- Mise en cause

La mise en cause de l’assuré responsable est une condition nécessaire de l’action


directe. Cependant si une décision de justice a déjà établi la responsabilité de l’assuré reconnu
par l’assureur, il n’est plus nécessaire que la victime ou le tiers lésé mette en cause l’assuré.

Si évidemment cette responsabilité n’a pas été l’objet d’une décision préalable,
cette mise en cause de l’assuré est nécessaire. Sa présence est nécessaire au débat afin que
sa dette soit fixée dans son principe et son étendue. Il est en effet difficile de concevoir la
détermination de la responsabilité à l’encontre de l’assureur seul, étranger au fait
dommageable, en l’absence du principal intéressé ?

Mais, un revirement jurisprudentiel intervenu en 2000 en France, a précisé que la mise en


cause de l’assuré responsable n’est plus une condition nécessaire de l’action directe de la
victime contre l’assureur.

1)- Preuve de la R.C de l’assuré

L’action directe est subordonnée à la démonstration de l’obligation de l’assuré envers


la victime et à la preuve de l’obligation de l’assureur.

Si l’assureur a reconnu la responsabilité de l’assuré, le problème ne se pose pas.


Lorsque par contre la victime agit en même temps devant les tribunaux contre l’assuré et
l’assureur, cette question est tranché entre les trois parties par les juges et la décision sera
opposable à l’assureur.

Lorsque l’action directe est exercée après décision statuant sur la responsabilité pénale
de l’assuré elle est opposable à l’assureur dès lors que l’assuré a été reconnu coupable du fait
dommageable servant de support à l’action directe. La décision rendue établit la
responsabilité de l’assuré.

Lorsque l’assuré a été condamné civilement, la décision civile étant intervenue entre
lui et la victime, faute d’identité de parties, cette victime ne peut opposer cette condamnation
à l’assureur.

Cependant, cette décision servira à la victime comme élément de preuve afin d’amener
la démonstration de la responsabilité de l’assuré devant l’assureur. La cour de cassation dans
deux arrêts sur cette question a décidé ce qui suit :

« La décision judiciaire condamnant l’assuré à raison de sa responsabilité constitue


pour l’assureur qui a garantie cette responsabilité dans ces rapports avec la victime, la
réalisation tant dans son principe que dans son étendue, du risque couvert et lui est, dès lors, à
ce titre opposable lorsque ladite victime exerce son action directe ».

2)- Preuve de l’obligation de l’assureur :

C’est la démonstration de l’existence d’une garantie valable qui nécessite la


production du contrat d’assurance et des avenants.

87
Certaines difficultés peuvent naître du fait que la victime ne possédant pas un
exemplaire du contrat et avenant peut se trouver dans l’impossibilité d’établir les preuves.
Dans le cas extrême, les tribunaux demanderont à l’assureur sur injonction du juge de le faire.

Maintenant, si la victime peut se prévaloir des conventions établissant l’engagement


de l’assureur, son droit sera subordonné et délimité par toutes les conditions et par toutes les
clauses de la police. Ce seront toutes les exclusions de risque et la limitation de garantie,
particulièrement la limitation de la somme assurée.

C- Effet de l’action directe

L’effet principal réside dans le transfert à la victime des droits de l’assuré contre
l’assureur. La victime obtient les règlements directement de l’assureur. Elle ne risque point la
concurrence d’autres créanciers de l’assuré, encore moins l’insolvabilité de l’assuré.

D- Exception non opposable : Les déchéances (Art.52 du Code CIMA)

Reprenons les termes de la cour de cassation pour illustrer le fondement de cette non
opposabilité qui a inspiré les rédacteurs du code CIMA:

« La loi a crée au profit de la personne lésée par un accident un droit propre sur
l’indemnité dont, en vertu du contrat d’assurance, l’assureur est tenu envers l’assuré, ce droit 
qui prend naissance au jour de l’accident, ne saurait, à dater de cet événement, être affecté
dans son existence ni dans son objet par aucune des déchéances encourues personnellement
par l’assuré, pour inobservation des clauses de la police ».

L’exemple le plus courant est celui du retard dans la déclaration du sinistre qui incombe à
l’assuré.

E- Obligation in solidum de l’assuré et l’assureur

Il ne s’agit pas d’une dette divisée en deux suite à l’action de la victime contre l’assuré et
l’assureur.
Ils sont tous deux tenus à tout. Il y a deux dettes visant à l’extinction d’une seule
obligation. Chacun d’eux est tenu envers la victime de la totalité dans la limite du contrat. Le
règlement de l’une éteint le droit de la victime.

Celui qui aura réglé se retournera contre l’autre conformément aux dispositions
contractuelles :

Pour l’assuré le recours se conçoit immédiatement, pour l’assureur ce sera en invoquant


une déchéance (exception) opposable à l’assuré mais pas à la victime.

F- Prescription

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C’est la prescription de droit commun. La jurisprudence précise que l’action directe trouve
son fondement dans le droit en réparation du préjudice causé par le dommage dont l’assuré est
reconnu responsable. Dès lors, l’action de la victime contre l’assureur est soumise à la
prescription de droit commun.
Enfin, l’action directe de la victime contre l’assureur est prescrite si celle qu’il avait contre
l’assuré est prescrite.

§ 3 : Quelques réflexions sur le rôle de l’Expert


Dans les sinistres de responsabilité.

Longtemps l’expertise RC fut considérée comme un exercice marginal.

Puis le développement de l’assurance de responsabilité civile des entreprises amena la prise


de conscience des spécificités de l’expertise.

A) L’Objectif de la mission de l’expert est de donner à l’assureur RC le maximum


d’informations vérifiées.
C’est :

 L’art de se poser et poser toutes les questions adéquates ;

 De tirer le meilleur parti des connaissances techniques de l’assuré ;

 De faire appel en cas de besoin à des spécialistes qui ne sont pas Experts d’assurances
(qui répondent toujours de l’ensemble de l’expertise vis-à-vis de l’assureur) mais
apportent le niveau de haute technicité nécessaire. Bien entendu l’opportunité du
recours à de tels spécialistes doit être appréciée en fonction de l’importance du dossier
et des finalités poursuivies, la question du coût de l’instruction ne devant jamais être
absente de préoccupations de l’Expert d’assurance.

 De travailler en liaison constante avec l’assureur RC et le cas échéant avec l’avocat


(celui de la compagnie et quelque fois celui de l’assuré.

L’objectif de l’évaluation est de proposer et de justifier le coût de réparation le moins


onéreux. Cela suppose de déterminer le mode de réparation le plus approprié. Une excellente
connaissance du marché s’impose.
Il est nécessaire que l’expert ait « l’intelligence des situations »

Son action entre dans un contexte juridique, technique, économique et moral qu’il doit
comprendre et analyser.

B). L’ensemble ASSUREUR – AVOCAT – EXPERT

Les litiges importants engageant la responsabilité d’une entreprise de production ou celle d’un
prestataire de service impliquent une synergie des activités qui gravitent autour de
l’application d’un contrat d’Assurance.

89
Autrement dit, le Gestionnaire d’un dossier sinistre RC au sein de la Compagnie d’Assurances
ne limite pas son action à l’interprétation des clauses contractuelles de la police souscrite, ni
aux seules désignations de l’Expert pour la partie technique et de l’Avocat pour la partie
contentieuse.

L’Avocat ne se contente pas non plus d’effectuer la transmission de document et de plaider


devant les Tribunaux.

L’Expert ne se limite pas non plus à la dépose de comptes rendus ayant trait à l’origine du
sinistre et au montant des dommages.

En réalité, l’Assureur, l’Avocat et l’Expert doivent se concerter en fonction de leurs besoins.


La confrontation des idées issues de leurs activités respectives est un atout tactique
indiscutable dans l’orientation d’un litige : transiger avant une assignation au fond ou limiter
les conséquences d’un jugement…

L’Assureur organise le dossier et orchestre l’intervention de ses auxiliaires, les informe des
idées directives de la société d’Assurances à respecter dans le débat.

L’Avocat et l’Expert se fondent sur les instructions de l’Assureur pour définir ensemble la
tactique juridico-technique à adopter, et analysent en commun leurs écritures respectives.

L’Assureur et l’Expert font circuler entre eux et auprès de l’Assureur l’information


permanente sur le litige, se concertent fréquemment afin de maintenir par des positions prises,
« la pression » sur les intervenants à l’instance.
La rapidité de circulation de l’information complète, des documents communiqués et des
décisions prises devient primordiale en ce cas.

L’Assureur fait part à l’Avocat et à l’Expert de sa réflexion sur les liens contractuels (voir
commerciaux) qui unissent sa compagnie à l’assuré sur les grandes options choisies, sur les
lois du marché, etc…

Cette réflexion peut se trouver amendée en fonction de la jurisprudence, des tendances


habituelles du Magistrat compétent.

La matérialité des faits et les réalités techniques exposées par l’Expert complèteront le
panorama du litige.

L’Expert doit simplifier le plus possible la technicité des problèmes posés, afin que l’Assureur
puisse préciser les limites de sa garantie et l’Avocat apprécier la jurisprudence indispensable.

Ainsi, l’Avocat et l’Expert jouent la même partition en tonalité identique, en duo ou en soliste
suivant les besoins de la cause, le rythme et les tempos étant soulignés par l’Assureur chef
d’orchestre.

90
…………………………………………….

Chapitre 5

L’approche du risque

Section 1 : LA CONNAISSANCE DE L’ENTREPRISE

L’expérience acquise, les méthodes utilisées pour la prévention des sinistres et la gestion des
réclamations constituent les éléments d’appréciation du professionnalisme de l’entreprise.

De même un chiffre d’affaires qui croît, des organismes de crédit qui s’engagent
régulièrement sont des indices de saine gestion financière.

§ 1 : PROFESSIONNALISME :

a).Antécédents du risque

L’activité ne doit pas avoir des dommages tels que le rapport sinistre/prime soit supérieur à
50% sur les dernières années.

Date de début d’exercice de l’activité.

S’il s’agit d’une personne morale, depuis quand la personne qui représente la société exerce-t-
elle cette activité ? Que faisait-elle auparavant ?

L’activité exercée est-elle soumise à autorisation ? Dans l’affirmative, est-elle obtenue, à


quelle date ?

b).Contrôle des prestations effectuées


Ce contrôle est particulièrement délicat à mettre en œuvre pour les activités impliquant des
prestations intellectuelles.

91
Il est intéressant de connaître les méthodes utilisées par l’entreprise et les programmes de
prévention des sinistres qui ont pu être élaborés.
c).Service « après vente » d’une prestation
Existe-t-il une structure de service après vente ?
Des réclamations ont-elles été enregistrées ? Comment ont-elles été traitées ? Ont-elles
entraîné des modifications dans les méthodes utilisées par l’entreprise ?
§ 2 : Santé financière
Comment se répartit le chiffre d’affaires au cours des trois dernières années : par type
d’activité, géographique ?
Quels sont les organismes de prêts les plus fréquemment sollicités ?
L’entreprise a-t-elle fait l’objet d’une procédure de redressement ou liquidation judiciaire ?

Section 2 : LES ACTIVITES DE L’ENTREPRISE


§ 1 : Nature des activités

Elles doivent être définies avec beaucoup de précision ; les rapports annuels et documents
publicitaires diffusés par l’entreprise sont à cet égard une source d’information intéressante.
Cette précision s’impose tout particulièrement pour les activités de conseil qui peuvent
recouvrir des prestations très diversifiées.

Ainsi, lorsque après une énumération des missions proposées figure la mention « autres », il
convient de bannir celle-ci des activités donnant lieu à garantie.

§ 2 : Intervention sur des biens confiés, détention de biens confiés.

Elle implique d’avoir connaissance des biens objet des prestations de l’entreprise puisque
l’intensité du risque est essentiellement conditionnée par la nature de ces biens : document
d’études, meubles précieux…

§ 3 : Intervention chez des tiers

Les prestations effectuées à l’extérieur constituent toujours une aggravation de risque qui
résulte de l’éventualité de dommages aux biens préexistants aux travaux.

Les conséquences dommageables sont différentes selon que l’entreprise effectue des travaux
chez des particuliers ou dans un complexe industriel.
Ainsi une entreprise de nettoyage peut intervenir dans des bureaux, des magasins mais
également dans des salles informatiques.

Les entreprises de gardiennage seront approchées différemment selon la nature des locaux
surveillés. (La télésurveillance de super marchés doit être traitée différemment de la simple
activité de rondes auprès de magasins de détail.)

92
Section 3 : LES EFFECTIFS DE L’ENTREPRISE

§ 1 : Importance et répartition des effectifs


 Personnel administratif,
 Personnel d’intervention sur les biens ou personnel chargé d’études ;
 Personnel sédentaire ou non.

§ 2 : Qualification du personnel

 L’activité exercée exige-t-elle une spécialisation ?

La qualification peut être appréciée en comparant les niveaux de rémunération et le


chiffre d’affaires, en comparant le niveau global des rémunérations et le montant des salaires
plafonnés déclarés à la sécurité sociale.

Pourquoi existe-il une disproportion importante ? La qualification du personnel est elle


insuffisante ou l’activité exercée n’exige pas une grande qualification ?
§ 3 : Recrutement

Comment s’effectuent les opérations d’embauche ?

La qualité du recrutement est particulièrement importante pour l’exercice de l’activité.

C’est le cas pour les entreprises temporaires qui doivent vérifier notamment par les
diplômes et les attestations des employeurs antérieures que le candidat remplit bien les
conditions requises pour l’emploi à occuper.
En ce qui concerne le contrôle de la moralité du salarié, la jurisprudence est sévère et
l’entreprise doit au moins demander au candidat un extrait de son casier judiciaire,
même si ce document ne donne que des indications incomplètes sur le passé pénal de
l’intéressé.

Cette qualité de recrutement est également très importante pour les entreprises de
surveillance et de gardiennage.

§4 : Sous-traitance

Dans la mesure où les sous-traitants, leur qualification, leur solvabilité ne sont pas
connus, la sous-traitance constitue souvent un facteur d’aggravation du risque,
notamment lorsqu’elle est ponctuelle.

C’est pourquoi il convient de lui apporter une attention particulière : motif de la sous-
traitance, qualification, existence ou non d’une assurance de responsabilité civile,
intervention régulière des mêmes sous-traitances, qualification.

Section 4 : LE CONTRAT D’ENTREPRISE (cahier des charges)

En présence de responsabilité fondées essentiellement sur le contrat d’entreprise (contrat de


gardiennage, de mise à disposition de personnel, de publicité, de maintenance…) il est

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essentiel d’en connaître et d’en étudier le contenu. S’il existe des contrats types, il convient
impérativement d’en avoir communication.

Le cahier des charges accepté par l’entreprise et son client a pour objet, non seulement de
définir l’étendue de la prestation, les conditions de son exécution mais également d’introduire
des clauses tendant à modifier, contractuellement et dans les limites légalement admises, les
règles de responsabilité fixées par le législateur.

Ce sont ces clauses qu’il convient d’examiner car elles permettent d’appréhender la portée des
engagements pris par l’entreprise et par conséquent de situer l’étendue des responsabilités
pouvant être à sa charge :

 Clauses aggravant la responsabilité : ces clauses s’expliquent par le désir


d’attirer la clientèle en offrant des garanties que ne donnent pas les entreprises
concurrentes.

 Clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité : comme la Renonciation à


recours d’un cocontractant et de son assureur.
CHAPITRE 6

LA TARIFICATION

Les règles de tarification diffèrent selon la catégorie d’entreprise concernée. La prime sera le
résultat de l’application d’un taux sur une assiette de cotisation qui pourra être :

Le chiffre d’affaires ;
La masse salariale.

Pour certaines entreprises une prime forfaitaire sera fixée. (Cas des artisans et commerçants).

Section 1 : L’assiette de cotisation :

§ 1 : Le Chiffre d’affaires :

Le chiffre d’affaires, en principe, rend mieux compte du risque de responsabilité civile après
livraison. En effet, la responsabilité civile après livraison est fonction du chiffre d’affaires
réalisé, donc du nombre de produits écoulés sur le marché. Sauf pour les entreprises faisant
appel à beaucoup de mains d’œuvres, comme les entreprises de bâtiments.

Ainsi, la prime suit les fluctuations quantitatives du chiffre d’affaires et celles du prix de
vente.
Il peut arrivé qu’une augmentation du chiffre d’affaires soit le fait de l’augmentation du cours
des matières premières ne correspondant pas à un réel accroissement du nombre de produits
vendus. Même dans ce cas, c’est souvent le coût de la vie qui augmente se traduisant
généralement par une augmentation du coût des sinistres.

§ 2 : Salaires et rémunérations :

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C’est le critère retenu en matière de responsabilité civile exploitation. Les risques sont
proportionnels au nombre des salariés et donc de la masse salariale. Les salaires ne rendent
pas compte du risque de responsabilité civile après livraison, surtout lorsque, suite à
l’automatisation des processus de production, seuls quelques salariés sont affectés à la
surveillance des chaînes de fabrication. La masse salariale ne saurait dans ces conditions
rendre compte du risque de responsabilité civile après livraison.
§ 3 : Prime provisionnelle :

Concrètement, les assureurs pratiquent le système de prime provisionnelle perçue en début


d’année d’assurance et ajustée à son expiration en fonction de la déclaration obligatoire à
fournir par l’assuré.
La prime provisionnelle est parfois qualifiée de minimum d’avance irréductible. Cela signifie
que si la prime définitive est inférieure à la provision perçue, l’assureur ne remboursera pas la
différence.

Section : 2 Le tarif :

Il est vraiment difficile de dégager un tarif en responsabilité civile. Nous nous contenterons de
donner quelques orientations.
Ainsi, le taux applicable à l’assiette sera d’autant plus élevé que :

Le risque présenté par l’entreprise est important ;


Le montant de garantie est élevé ou que les franchises soient faibles ;
La sinistralité (statistiques) du risque est importante et connue.

La partie de la tarification analytique permettra en responsabilité civile exploitation de sérier


le risque en distinguant dans la masse salariale totale, celle respective des différentes
catégories d’employés.

En responsabilité civile près livraison, on distinguera dans le montant global de chiffre


d’affaires réalisé par l’entreprise, les différentes catégories de produits en les classant en
fonction de leur dangerosité.
Un taux moyen pourra toujours être dégagé par additions des différentes cotisations ainsi
obtenues en rapportant le tout à l’assiette de cotisation.

Fin du cours
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