Vous êtes sur la page 1sur 23

Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.

Ibtissam DAKIRANE

Module 1.4 : Les droits et les obligations des entreprises

Objectif général du module :

Présenter les fondements juridiques des obligations et contrats

Chapitre III : La responsabilité civile

L’expression « responsabilité civile » désigne , dans le langage juridique,l’ensemble des règles


qui obligent l’auteur d’un dommage causé à autrui à réparer ce préjudice en offrant à la victime
une compensation.

Cette définition est un peu restrictive par rapport à la réalité, car la responsabilité civile d’une
personne peut être engagée lorsque le dommage dont il est demandé réparation peut lui être
imputé directement en raison de la faute qu’il a commise, ou, lorsque le dommage est dû à une
chose dont elle a la garde ou des personnes sur lesquelles elle exerce une autorité. Par ex, un
enfant cause un dommage à autrui, les parents seront alors responsables.

Ainsi, la responsabilité civile est double en réalité : Il s’agit d’une part de la responsabilité
contractuelle qui peut être engagée lorsque le dommage résulte d’une exécution défectueuse ou
de l’inexécution d’une obligation contractuelle. D’autre part, il existe la responsabilité
délictuelle qui peut être engagée lorsqu’un fait cause un dommage. La responsabilité civile
délictuelle dans sa conception large est aussi appelée responsabilité extra-contractuelle et
désigne l’ensemble des régimes de responsabilité qui sont déconnectés de tout contrat.

Dans le système juridique marocain, le droit de la responsabilité civile, c'est-à-dire la possibilité


pour une personne qui a subi un dommage d'en obtenir la réparation auprès de son auteur ou de
la personne qui en répond, repose sur les articles du Dahir des Obligations et Contrats. Ce
régime marocain de la responsabilité, est enrichi parfois par la jurisprudence des juridictions
judiciaires.

1
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

I- La responsabilité civile et la responsabilité pénale

A- La responsabilité pénale
La responsabilité pénale résulte des infractions énumérées par la loi. Elle est engagée quand
le sujet de droit en question porte atteinte à l’ordre public, qu’il ait causé dommage à autrui
ou pas.
L’engagement de la responsabilité pénale a trois fonctions principales : répressive, coercitive
et de réadaptation. Exemples : la fraude fiscale, détournement de fonds…
La responsabilité pénale est sanctionnée par l’action publique en fonction de la gravité de
l’infraction selon qu’il s’agisse d’une contravention, un délit ou un crime. Parmi les sanctions
pénales : l’emprisonnement, paiement d’amendes, la résidence forcée.

B- La responsabilité civile
La responsabilité civile résulte des faits générateurs ayant causés dommage à autrui. Elle peut
naître soit du fait personnel, soit du fait d’autrui, soit du fait des choses dont on est responsable.

L’engagement de la responsabilité civile a une fonction réparatrice : L’auteur du dommage est


dans l’obligation de le réparer.

La responsabilité civile est sanctionnée par le paiement des dommages et intérêts. Le montant
de la réparation dépend du degré du préjudice causé et non de la gravité de la faute commise.

N.B :
Certains comportements peuvent engager les deux responsabilités à la fois : pénale et
civile. Il s’agit des comportements qui, en même temps, constituent une infraction et causent
dommage à autrui. Exemple : brûler un feu rouge et blesser involontairement un piéton. Dans
ce genre de cas, l’auteur du comportement en question sera sanctionné, sur le plan pénal, par
une peine (amende ou prison, …) et, sur le plan civil, par le paiement des dommages et intérêts
à la victime.

2
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

II- Les fondements théoriques de la responsabilité : la faute et le risque


A- La responsabilité fondée sur la faute

La responsabilité civile peut être fondée sur la faute. On parle alors de responsabilité
subjective car elle s’appuie sur le comportement de l’auteur du dommage et de l’appréciation/
jugement que l’on porte sur ce comportement.

L’article 78 du D.O.C définit la faute comme suit : « La faute consiste, soit à omettre ce
qu'on était tenu de faire, soit à faire ce qu’on était tenu de s'abstenir, sans intention de
causer un dommage. »
Dans certains cas, la responsabilité civile fondée sur la faute peut être engagée même dans les
situations où la faute n’est pas commise par soi-même mais par des personnes dont on a la
charge. (Exemple : une faute commise par un enfant rendrait responsable ses parents, un salarié
et son employeur, …).

Selon l’article 85 du D.O.C : « On est responsable non seulement du dommage que l'on
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont
on doit répondre. »
Cependant, dans le cas de la responsabilité subjective, la victime ne peut obtenir réparation qu’à
charge de prouver la faute commise par l’auteur.

Auparavant, la responsabilité civile était fondée uniquement sur la faute, mais le fait de se
contenter uniquement de ce fondement présentait l’inconvénient de laisser la victime sans
indemnisation, dès lors que le dommage ne résultait pas d’une faute.

B- La responsabilité fondée sur le risque

La responsabilité civile n’est pas engagée uniquement en cas de faute commise par son auteur.
Elle peut être fondée également sur le risque. Une personne peut alors être responsable du
risque qu’elle provoque par ses activités. Par exemple : un employeur est responsable, non plus
en raison de sa faute, mais en raison du risque professionnel qu’il fait courir à ses salariés.

On parle alors de responsabilité objective car elle ne se constate pas à travers l’appréciation
du comportement de l’auteur du préjudice mais sur une analyse de son activité matérielle et de
la causalité avec le dommage.

3
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

Dans le cas de la responsabilité civile fondée sur le risque, il ne revient à la victime que de
prouver que le dommage a été matériellement engendré par l’activité du défendeur.

4
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

III- Les conditions d’engagement de la responsabilité civile


Pour que la responsabilité civile délictuelle ou quasi délictuelle soit engagée, il faut que trois
conditions soit réunies :

1- L’existence d’un dommage ou d’un préjudice ;


2- L’existence d’un fait générateur : Une faute volontaire ou non ;
3- L’existence d’un lien de causalité.

A- Le dommage
La responsabilité d'une personne ne peut être engagée que si la victime a subi un dommage,
encore appelé préjudice.
L’article 98 du DOC définit les dommages ainsi :

« Les dommages, dans le cas de délit ou de quasi-délit, sont la perte effective éprouvée par
le demandeur, les dépenses nécessaires qu'il a dues ou devrait faire afin de réparer les
suites de l'acte commis à son préjudice, ainsi que les gains dont il est privé dans la mesure
normale en conséquence de cet acte. »
Le dommage, pour qu’il soit réparable, doit être :

 Direct : La conséquence directe de la faute ou du fait générateur de responsabilité.


 Certain : Pas éventuel, soit actuel donc déjà réalisé, soit futur dans la mesure où sa
réalisation est inévitable (ou très probable, selon l'appréciation des juges de fond).
 Personnel : Seule la victime du dommage peut en demander réparation.
 D’un intérêt légitime : Il porte atteinte à un intérêt de la victime qui est légitime et protégé
par la loi.
Le dommage peut être :

 Matériel : Constitué par toute atteinte au patrimoine d'une personne. Il peut s'agir d'une
atteinte directe à ses biens (ex : dégradation de sa voiture) ou des conséquences
économiques du fait générateur (ex : perte de chiffre d'affaires pour un commerçant).
 Moral : Constitué par une atteinte à des droits extrapatrimoniaux (atteinte à la réputation
ou au respect de la vie privée) ou à des sentiments (préjudice d'affection que l'on ressent du
fait de la mort d'un être cher ou à la vue de ses souffrance);
 Corporel ou mixte : Constitué par une atteinte à l'intégrité physique d'une personne et
comporte à la fois un préjudice matériel et moral.

5
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

6
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

B- Le lien de causalité
Pour que la responsabilité civile soit mise en jeu, la victime doit démontrer l'existence d'une
relation de cause à effet et d’un rapport direct entre le fait générateur et le dommage. En
d’autres termes, la victime (ou le demandeur) doit prouver que la faute commise soit bien
l'origine du préjudice causé et que sans ce fait le dommage ne se serait pas produit.

Vu la complexité de certaines situations juridiques, la causalité nécessite l’appréciation du juge,


dans la mesure où le dommage peut avoir des causes multiples entre lesquelles il faut choisir.
Le défendeur peut, de son côté, écarté le rapport de causalité qui lui est reproché en faisant la
preuve d’une cause étrangère qui ne lui est pas imputable : une force majeure, un cas fortuit, la
faute de la victime, le fait d’un tiers, ….

C- Le fait générateur
La responsabilité d'un individu peut provenir de trois éléments : Un fait personnel, le fait
d'autrui ou le fait des choses appartenant à un individu.

1- La responsabilité du fait personnel


La responsabilité civile du fait personnel est le régime de droit commun de la responsabilité.

On parle de responsabilité civile délictuelle quand la faute est volontaire, et de responsabilité


civile quasi-délictuelle quand la faute est involontaire.

Selon l’Article 77 du D.O.C:

« Tout fait quelconque de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause sciemment et
volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe.
Toute stipulation contraire est sans effet. »

Selon l’Article 78 du D.O.C:

« Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non seulement par
son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute
stipulation contraire est sans effet.
La faute consiste, soit à omettre ce qu'on était tenu de faire, soit à faire ce dont on était tenu
de s'abstenir, sans intention de causer un dommage. »

7
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

2- La responsabilité du fait d’autrui


Dans certaines situations prévues par la loi, la responsabilité civile d’une personne peut être
engagée par le fait commis par une autre personne. On parle alors de responsabilité du fait
d’autrui. Cette responsabilité permet de mieux protéger la victime en augmentant ses chances
de réparation du préjudice subi, comme elle permet d’obliger les personnes responsables à
surveiller ceux dont ils ont la charge.

Selon l’Article 79 du D.O.C: « L'Etat et les municipalités sont responsables des dommages causés
directement par le fonctionnement de leurs administrations et par les fautes de service de leurs agents. »

Selon l’Article 80 du D.O.C: « Les agents de l'Etat et des municipalités sont personnellement
responsables des dommages causés par leur dol ou par des fautes lourdes dans l'exercice de leurs
fonctions. L'Etat et les municipalités ne peuvent être poursuivis à raison de ces dommages qu'en cas
d'insolvabilité des fonctionnaires responsables. »

Selon l’Article 85 du D.O.C :


On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui
qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre.
1° Le père et la mère, après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux ;
2° Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les
fonctions auxquelles ils les ont employés ;
3° Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur
surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu à moins que les père et mère et artisans ne prouvent qu'ils n’aient pu
empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité ;
Le père, la mère et les autres parents ou conjoints, répondent des dommages causés par les insensés, et
autres infirmes d'esprit, même majeurs habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
1° Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire ;
2° Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé ;
3° Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
La même règle s'applique à ceux qui se chargent, par contrat, de l'entretien ou de la surveillance de ces
personnes.

Selon l’Article 85 bis du D.O.C :

« Les instituteurs et les fonctionnaires du service de la jeunesse et des sports sont responsables du
8
dommage causé par les enfants et jeunes gens pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.

Les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux, comme ayant causé le fait
dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun par le demandeur à l'instance. »
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

On comprend selon le D.O.C. que :

_ L’Etat est responsable des fautes de service commises et des dommages causées par
ses fonctionnaires. Toutefois, elle n’est pas responsable en cas de dol et des fautes lourdes,
sauf si ces fonctionnaires coupables sont insolvables ( l’article 79 et 80 du DOC).
_ Les parents sont responsables de plein droit du fait de leurs enfants mineurs à moins
qu’ils ne prouvent l’une des raisons d’exonération de leur responsabilité, prévues par
l’article précité (l’article 85 du DOC).
_ Les employeurs sont responsables du fait de leurs employés dès lors qu'il existe un lien
de subordination, et que la faute ou le fait générateur de responsabilité est commise par
l'employé dans l'exercice de ses fonctions. C'est le commettant (l'employeur) qui doit
supporter la réparation sans s'exonérer même s’il n'a pas commis de faute. La présomption
est irréfragable.

Exemple : ‘Un chauffeur de taxi renverse un piéton : le client n'est pas responsable parce
qu'il n'est pas le commettant du chauffeur. Dans la même situation, l'employeur d'un
chauffeur est responsable car le lien de subordination existe.’
=> Le commettant répond évidemment des faits dommageables créés par son préposé dans
l'exercice de ses fonctions.

Cependant, il peut être exonéré si :


 Le préposé ait agi en dehors de ses fonctions, sans autorisation ou à des fins
étrangères à ses attributions.
 Ou classiquement dans le cas de force majeure ou faute de la victime.
_ Les instituteurs et les fonctionnaires du service de la jeunesse et des sports sont
responsables du dommage causé par des fautes, imprudences ou négligences (qui doivent être
prouvées) aux enfants et jeunes gens pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.

9
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

3- La responsabilité du fait de la chose


Dans certaines situations prévues par la loi, la responsabilité civile d’une personne peut être
engagée suite au dommage causé par les choses qu’elle a sous sa garde. On parle alors de
responsabilité du fait de la chose.

Le fondement de la responsabilité du fait de la chose repose sur l'idée de risque ou de garantie


d'indemnisation et non de faute : un objet, un animal ne peuvent commettre une faute par contre,
du fait de leur utilisation ou de leur présence, ils créent un risque.

Le gardien de la chose est présumé irréfragablement responsable du fait de la chose dont il a la


garde, mais la victime doit bien sûr prouver que la chose a joué un rôle actif et direct dans le
dommage qui lui a été causé.

Le gardien ne peut s'exonérer en démontrant son absence de faute, car il s’agit de « présomption
de responsabilité » ou « responsabilité de plein droit », mais il peut s'exonérer en s'attaquant au
rôle causal de la chose, en démontrant que la véritable cause de l'accident est la force majeure,
le fait d'un tiers ou le fait de la victime.

Selon l’Article 88 du D.O.C :


« Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu'il a sous sa garde, lorsqu'il est
justifié que ces choses sont la cause directe du dommage, s'il ne démontre :
1° Qu'il a fait tout ce qui était nécessaire afin d'empêcher le dommage ;
2° Et que le dommage dépend, soit d'un cas fortuit, soit d'une force majeure, soit de la faute de
celui qui en est victime. »

3-1 La responsabilité du fait des animaux

Selon l’Article 86 du D.O.C. : « Chacun doit répondre du dommage causé par l'animal qu'il a sous sa garde,
même si ce dernier s'est égaré ou échappé, s'il ne prouve :

1° Qu'il a pris les précautions nécessaires pour l'empêcher de nuire ou pour le surveiller ;
2° Ou que l'accident provient d'un cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui qui en a été
victime. »

Selon l’Article 87 du D.O.C. : « Le propriétaire, fermier ou possesseur du fonds n'est pas responsable du
dommage causé par les animaux sauvages ou non sauvages provenant du fonds, s'il n'a rien fait pour les y
attirer ou les y maintenir.
Il y a lieu à responsabilité : 10
1° S'il existe dans le fonds une garenne, un bois, un parc ou des ruches destinés à élever ou à entretenir
certains animaux, soit pour le commerce, soit pour la chasse, soit pour l'usage domestique
2° Si l'héritage est spécialement destiné à la chasse. »
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

3-2 La responsabilité du fait des bâtiments

La responsabilité civile d’une personne responsable d’un bâtiment - qu’il soit immeuble par nature
ou immeuble par destination - est engagée lorsque le dommage causé est dû à la ruine de ce
bâtiment, ruine dont l’origine revient à un défaut d’entretien ou à un vice de construction.

Selon l’Article 89 du D.O.C :


« Le propriétaire d'un édifice ou autre construction est responsable du dommage causé par son écroulement
ou par sa ruine partielle, lorsque l'un ou l'autre est arrivé par suite de vétusté, par défaut d'entretien, ou par
le vice de la construction. La même règle s'applique au cas de chute ou ruine partielle de ce qui fait partie
d'un immeuble tel que les arbres, les machines incorporées à l'édifice et autres accessoires réputés
immeubles par destination. Cette responsabilité pèse sur le propriétaire de la superficie, lorsque la propriété
de celle-ci est séparée de celle du sol.
Lorsqu'un autre que le propriétaire est tenu de pourvoir à l'entretien de l'édifice, soit en vertu d'un contrat,
soit en vertu de l'usufruit ou autre droit réel, c'est cette personne qui est responsable. »

Selon l’Article 90 du D.O.C : « Le propriétaire d'un héritage qui a de justes raisons de craindre
l'écroulement ou la ruine partielle d'un édifice voisin peut exiger du propriétaire de l'édifice, ou de celui qui
serait tenu d'en répondre, aux termes de l'article 89, qu'il prenne les mesures nécessaires afin de prévenir la
ruine. »

Selon l’Article 91 du D.O.C : « Les voisins ont action contre les propriétaires d'établissements insalubres
ou incommodes pour demander, soit la suppression de ces établissements, soit l'adoption des changements
nécessaires pour faire disparaître les inconvénients dont ils se plaignent ; l'autorisation des pouvoirs
compétents ne saurait faire obstacle à l'exercice de cette action. »

11
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

IV- Les causes d’exonération de la responsabilité civile


Il s’agit des circonstances qui font disparaître le lien de causalité entre l'action de l'auteur et le
dommage. Ces circonstances quand elles sont invoquées exonèrent totalement le défendeur ou
partiellement selon la part qu'elles ont prise au dommage.
Les causes d'exonération de la responsabilité du défendeur sont :

 Le fait de la victime ;
 La faute d'un tiers ;
 Cas de légitime défense (Art 951 du D.O.C.)
 Ivresse involontaire (Art 932 du D.O.C.)
 Le cas de force majeure ou de cas fortuit ;
 L’exercice d’un droit légal.

A) La force majeure et le cas fortuit


La force majeure doit présenter trois caractéristiques : imprévisible, irrésistible et extérieure.
Le cas fortuit est en revanche interne au débiteur.

Article 268 du D.O.C : « Il n'y a lieu à aucuns dommages-intérêts lorsque le débiteur justifie
que l'inexécution ou le retard proviennent d'une cause qui ne peut lui être imputée, telle que
la force majeure, le cas fortuit ou la demeure du créancier. »

Article 269 du D.O.C : « La force majeure est tout fait que l'homme ne peut prévenir, tel que
les phénomènes naturels (inondations, sécheresses, orages, incendies, sauterelles), l'invasion
ennemie, le fait du prince, et qui rend impossible l'exécution de l'obligation. »

N.B : N'est point considérée comme force majeure la cause qu'il était possible d'éviter, si le
débiteur ne justifie qu'il a déployé toute diligence pour s'en prémunir.
N'est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été occasionnée par une
faute précédente du débiteur.

1
Art 95 du D.O.C : « Il n'y a pas lieu à responsabilité civile dans le cas de légitime défense, ou lorsque le
dommage a été produit par une cause purement fortuite ou de force majeure, qui n'a été ni précédée, ni
accompagnée d'un fait imputable au défendeur. »
2
Art 93 du D.O.C L'ivresse, lorsqu'elle est volontaire, n'empêche point la responsabilité civile dans les obligations
dérivant des délits et quasi-délits. Il n'y a point de responsabilité civile, lorsque l'ivresse était involontaire ; la
preuve de ce fait incombe au prévenu.
12
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

B) L’exercice d’un droit légal

Selon l’Article 94 du D.O.C : Il n'y a pas lieu à responsabilité civile, lorsqu'une personne,
sans intention de nuire, a fait ce qu'elle avait le droit de faire.

Cependant, lorsque l'exercice de ce droit est de nature à causer un dommage notable à autrui
et que ce dommage peut être évité ou supprimé, sans inconvénient grave pour l'ayant droit,
il y a lieu à responsabilité civile, si on n'a pas fait ce qu'il fallait pour le prévenir ou pour le
faire cesser.

V- La prescription de l’action en justice sur le fondement de la


responsabilité civile

Selon l’Article 106 du D.O.C :

« L'action en indemnité du chef d'un délit ou quasi-délit se prescrit par trois ans à partir du
moment où la partie lésée a eu connaissance du dommage et de celui qui est tenu d'en
répondre. Elle se prescrit en tous les cas par quinze ans, à partir du moment où le dommage
a eu lieu. »

13
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

VI- La responsabilité contractuelle

A) Conditions d’engagement de la responsabilité contractuelle


En matière contractuelle, les engagements des parties sont réciproques, cela signifie que si l'une
des parties n'exécute pas ces engagements l'autre pourra intenter une action en justice destiné à
obtenir une exécution forcée du contrat ou des dommages à intérêts.

De ce fait, deux types de conditions sont à distinguer. Les unes sont de véritables conditions de
fond, dans la mesure où elles sont inhérentes à la matière. En effet, il faut qu'un contractant n'ait
pas exécuté correctement une obligation née du contrat, et que cette défaillance ait causé un
dommage à l'autre partie. Mais, le droit civil marocain prévoit aussi des conditions, à caractère
formel ou procédural, spécifiques à la responsabilité contractuelle, et que le demandeur doit
respecter pour pouvoir mettre efficacement en œuvre son droit à indemnisation. Il s'agit ici
principalement de l'exigence d'une mise en demeure et de la nécessité d'agir dans un délai
déterminé devant le tribunal compétent.

1- Les conditions de fond

1-1 Un contrat valablement conclu

En droit civil marocain, la responsabilité contractuelle ne peut être mise en jeu que si un
contrat s'est valablement formé entre la victime et celui dont la responsabilité est recherchée.
Or, la question se pose parfois de savoir si une relation contractuelle s'est bien nouée. Il
appartient donc à la victime qui fonde son action sur les règles de la responsabilité
contractuelle d'établir l'existence d'un contrat.
Normalement, la preuve du contrat se fait conformément aux règles de droit commun prévues
par l’article 443 du Dahir des Obligations et Contrats. En droit civil marocain, un écrit est
obligatoirement nécessaire si l'acte porte sur une valeur supérieure à 10 000 dirhams, sauf
exception prévue par la loi, c'est-à-dire une production d'un commencement de preuve par
écrit prévue par l’article 447 du Dahir des Obligations et Contrats, ou encore de l’impossibilité
matérielle ou morale d'exiger un écrit.
N.B : Si un contrat a été conclu, mais s'avère après nul, toute responsabilité encourue à
propos de sa conclusion ou de son éventuelle exécution est alors purement délictuelle. En
revanche, la responsabilité qui résulte de la résiliation d'un contrat est contractuelle. Cette
situation résulte de l’article 259 du Dahir des Obligations et Contrats.
Selon l’article 259 du DOC : « La résolution du contrat n'a pas lieu de plein droit, mais
1-2 Le respect des conditions de la mise en œuvre de la responsabilité civile
doit être prononcée en justice.»

14
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité contractuelle (dommage, fait générateur


et lien de causalité) et les moyens de s'en exonérer sont les mêmes que ceux de la responsabilité
extracontractuelle : force majeur, faute d'un tiers, fait de la victime (le créancier) ….

En matière contractuelle, lorsque la responsabilité est recherchée, il ne suffit pas


simplement d'établir l'existence d'un contrat entre le demandeur et l’auteur du dommage. Il
faut aussi prouver que le dommage provient de l'inexécution d'une obligation qui se rattache
au contrat.
Ainsi :

 Le fait générateur de la responsabilité contractuelle est : l’inexécution d’une obligation


contractuelle, son exécution partielle, sa mauvaise exécution ou le retard d’exécution.
 Le débiteur répond du fait et de la faute de son représentant et des personnes dont il se sert
pour exécuter son obligation, dans les mêmes conditions où il devrait répondre de sa propre
faute.
 Le dommage : c'est le préjudice que le contractant a subi du fait de l'inexécution (totale ou
partielle) du contrat ou de son exécution tardive ou mauvaise par le cocontractant. Il
correspond à une perte subie ou un gain manqué. Le préjudice peut être matériel, moral ou
mixte.
 Le lien de causalité : le dommage doit être la conséquence directe de la faute du
cocontractant.

2- Les conditions de forme

2-1 La mise en demeure


Elle se définit comme un acte par lequel le créancier enjoint au débiteur d’exécuter son
obligation contractuelle, alors que celle-ci n’a pas été exécutée volontairement au moment où
elle devait l’être. Par conséquent, la mise en demeure a pour objet de constater l’inexécution de
l’obligation et alerte le débiteur sur sa défaillance contractuelle. C’est un outil indispensable
pour contraindre le débiteur à exécuter ses obligations. Les formes de la mise en demeure sont
prévues par :

L’article 255 du Dahir des Obligations et Contrats qui dispose que « le débiteur est
constitué en demeure par la seule échéance du terme établi par l’acte constitutif de
l’obligation. Si aucune échéance n’est établie, le débiteur n’est constitué en demeure que
par une interpellation formelle du représentant légitime de ce dernier….( …). Cette
interpellation doit être faite par écrit, elle peut résulter même d'un télégramme, d'une lettre
recommandée, d'une citation en justice, même devant un juge incompétent ».

15
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

2-2- La prescription
Par la prescription, le droit confère au temps une fonction profondément extinctive.Elle
sanctionne avant tout la négligence à faire valoir un droit. Le droit organise à cette fin de
nombreux délais de prescription.

 En matière civile :
La prescription de droit commun qui s’applique, en principe, aux actions en responsabilité contractuelle.
Le point de départ du délai est le jour où l'obligation inexécutée est exigible.

Selon l’article 387 du D.O.C : « Toutes les actions naissant d'une obligation sont prescrites
par quinze ans, sauf les exceptions ci-aprèset celles qui sont déterminées par la loi dans les
cas particuliers. »

 En matière commerciale :
Lorsque le contrat est commercial,la durée de prescription est de cinq ans, en application de
l'article 5 du Code de commerce concernant.

Selon l'article 5 du Code de commerce : « les obligations nées, à l'occasion de leur


commerce, entre commerçants, ou entre commerçants et non commerçants ».

Le mêmedélai de cinq ans s'applique aux actions en responsabilité des marchands, fournisseurs,
fabricants, à raison des fournitures faites par eux aux particuliers pour leurs usages domestiques
au sens de l’article 388 du Dahir des Obligations et Contrats.

16
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

B) Effets et sanctions de la responsabilité contractuelle


L’engagement de la responsabilité contractuelle, sous l’effet de la force obligatoire du contrat,
amène le créancier à demander, selon les dispositions des articles : 259-261-262-263 du D.O.C:

 Exécution forcée du contrat par le débiteur sous astreinte le cas échéant ;


 Faire exécuter le contrat par un tiers aux frais du débiteur ;
 Suspendre l’exécution de ses propres engagements ;
 Résoudre le contrat ;
 Paiement des dommage et intérêts à concurrence du préjudice subi.

Article 259 : « Lorsque le débiteur est en demeure, le créancier a le droit de contraindre le


débiteur à accomplir l'obligation, si l'exécution en est possible ; à défaut, il peut demander la
résolution du contrat, ainsi que des dommages-intérêts dans les deux cas. Lorsque l'exécution
n'est plus possible qu'en partie, le créancier peut demander, soit l'exécution du contrat pour la
partie qui est encore possible, soit la résolution du contrat, avec dommages- intérêts dans les deux
cas. »
Article 261 « L'obligation de faire se résout en dommages intérêts en cas d'inexécution.
Cependant, si l'obligation consiste en un fait dont l'accomplissement n'exige pas l'action
personnelle du débiteur, le créancier peut être autorisé à la faire exécuter lui-même aux dépens
de ce dernier. »
Article 262 « Lorsque l'obligation consiste à ne pas faire, le débiteur est tenu des dommages-
intérêts par le seul fait de la contravention ; le créancier peut, en outre, se faire autoriser à
supprimer, aux dépens du débiteur, ce qui aurait été fait contrairement à l'engagement. »

L’Article 263 : « Les dommages-intérêts sont dus, soit à raison de l'inexécution de l'obligation,
soit à raison du retard dans l'exécution, et encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de la part du
débiteur. »

17
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

C) La garantie légale des défauts de la chose vendue

N.B : (Les questions concernant les défauts de la chose vendue sont garanties par les articles allant de 549 à
575 du D.O.C.)

La vente est définit par l’article 478 du D.O.C marocain comme suit : « La vente est un contrat
par lequel l'une des parties transmet la propriété́ d'une chose ou d'un droit à l'autre contractant
contre un prix que ce dernier s'oblige à lui payer.»

Dans le cas de l’existence d’un vice caché constaté par un acheteur, le vendeur est tenu de le
garantir.
Un vice caché est un défaut, non connu par le vendeur, qui rend le bien acheté impropre à
l'usage auquel on le destine. En effet, le vendeur est dans l’obligation de garantir la qualité du
produit et ses caractéristiques promises ou décidées conjointement avec l’acheteur.

1- La garantie de la chose vendue

Selon l’article 549 du D.O.C : « Le vendeur garantit les vices de la chose qui en diminuent
sensiblement la valeur, ou la rendent impropre à l'usage auquel elle est destinée d'après sa nature
ou d'après le contrat. Les défauts qui diminuent légèrement la valeur ou la jouissance, et ceux tolérés
par l'usage, ne donnent pas ouverture à garantie.
Le vendeur garantit également l'existence des qualités par lui déclarées, ou qui ont été stipulées par
l'acheteur.»

Selon l’article 550 du D.O.C : « Cependant, lorsqu'il s'agit de choses dont le véritable état ne peut
être connu qu'en les dénaturant, telles que des fruits en coque, le vendeur ne répond des vices cachés
que s'il s'y est expressément engagé, ou si l'usage local lui impose cette garantie. »

Selon l’article 553 du D.O.C :

_ Pour que l’acheteur puisse bénéficier de la garantie du vice caché ou avoir droit à la rédhibition,
il doit notifier au vendeur tout défaut constaté dans les 7 jours qui suivent la réception du produit.
À défaut, la chose est censée acceptée, sauf s’il était impossible de constater le défaut par examen
ordinaire ou par empêchement.

Selon l’Article 573 du D.O.C. :

« Toute action résultant des vices rédhibitoires, ou du défaut des qualités promises, doit être intentée,
à peine de déchéance :

_ Pour les choses immobilières, dans les 365 jours après la délivrance ;
_ Pour les choses mobilières et les animaux, dans les 30 jours après la délivrance, pourvu qu'il ait
été donné au vendeur l'avis dont il est parlé à l'article 553 (7 jours).
18commun accord par les parties. »
Ces délais peuvent être prolongés ou réduits d'un
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

2- L’engagement de la responsabilité du vendeur

Selon l’article 556 du D.O.C :

« Lorsqu'il y a lieu à rédhibition, soit pour causes de vices, soit à raison de l'absence de certaines qualités,
l'acheteur peut poursuivre la résolution de la vente et la restitution du prix. S'il préfère garder la chose,
il n'a droit à aucune diminution de prix.

L’acheteur a droit aux dommages :

1) Lorsque le vendeur connaissait les vices de la chose ou l'absence des qualités par lui promises et n'a
pas déclaré qu'il vendait sans garantie.

2) Lorsque le vendeur a déclaré que les vices n'existaient pas à moins qu'il ne s'agisse de vices qui ne se
sont révélés qu'après la vente, ou que le vendeur pouvait ignorer de bonne foi ;

3) Lorsque les qualités dont l'absence est constatée avaient été expressément stipulées ou étaient requises
par l'usage du commerce.

Cas de vente d’un ensemble de biens :

Selon l’article 557 du D.O.C : « Lorsque la vente a pour objet un ensemble de choses déterminées et
qu'une partie en est viciée, l'acheteur a le droit de se prévaloir de la faculté qui, lui est accordée par
l'article 556 ; lorsque la vente a pour objet des choses fongibles, le vendeur ne peut exiger que la
délivrance d'une quantité de choses de la même espèce, exempte des défauts constatés ».

Selon l’article 558 du D.O.C : « Si la vente a pour objet plusieurs choses différentes achetées en bloc
et pour un prix unique, l'acheteur peut, même après délivrance, faire résilier la vente pour la partie
défectueuse de ces objets et se faire restituer une partie proportionnelle du prix ; Cependant, lorsque les
objets ne peuvent être séparés sans dommage, par exemple, lorsqu'ils forment une paire, il ne peut faire
résilier le marché que pour le tout.»

Selon l’article 559 du D.O.C : « La résolution à cause du défaut de la chose principale s'étend aussi aux
accessoires, même lorsque le prix en a été fixé séparément. Le vice de la chose accessoire ne résout pas
la vente de la chose principale.

19
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

3- L’exonération de la responsabilité du vendeur

Selon l’Article 562 du D.OC : « L'acheteur n'a droit à aucune restitution, ni diminution de prix, s'il ne
peut restituer la chose, dans les cas suivants :

1° Si la chose a péri par cas fortuit ou par la faute de l'acheteur ou des personnes dont ce dernier
doit répondre;

2° Si la chose a été volée ou soustraite à l'acheteur ;

3° S'il a transformé́ la chose de manière qu'elle ne puisse plus servir à sa destination primitive.
Cependant, si le vice de la chose n'est apparu qu'au moment ou par suite de la manipulation,
l'acheteur conserve son recours contre le vendeur. »

Selon l’Article 569 du D.OC : « Le vendeur n'est point tenu des vices apparents, ni de ceux dont
l'acheteur a eu connaissance ou qu'il aurait pu facilement reconnaître.»

Selon l’Article 571 du D.OC : « Le vendeur ne répond pas des vices de la chose ou de l'absence des
qualités requises:

1° S'il les a déclarés ;


2° S'il a stipulé qu'il ne serait tenu d'aucune garantie. »

4- L’extinction de l’action rédhibitoire

Selon l’article 572 du D.O.C : « L'action rédhibitoire s'éteint si :

1° L'acheteur y a expressément renoncé après avoir eu connaissance du vice de la chose ;

2° Depuis qu’il connaît le vice, il a vendu la chose ou en a autrement disposé à titre de propriétaire ;

3° Il continue à se servir de la chose, même après avoir connu le vice (sauf pour les immeubles).

20
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

VI- La responsabilité du fait des produits défectueux

N.B : (Article 106 de la loi n° 24-09 relative à la sécurité des produits et des services).

1- Définitions des notions

- Notion de produit : Le terme "produit" désigne tout produit mis à disposition sur le marché
dans le cadre d'une activité professionnelle, commerciale ou artisanale, à titre onéreux ou
gratuit, à l'état neuf ou d'occasion, consomptible ou non, ayant fait ou non l'objet d'une
transformation ou d'un conditionnement, même s'il est incorporé dans un autre meuble ou dans
un immeuble.

Sont compris les produits du sol, de l'élevage, de la chasse et de la pêche.

L'électricité est considérée comme un produit. (Art 106-2 loi n° 24-09)

- La notion de défectuosité d’un produit : Un produit présente un défaut lorsqu'il n'offre pas la
sécurité à laquelle on peut s'attendre légitimement compte tenu de toutes les circonstances, et
notamment :
a) De la présentation du produit ;
b) De l'usage attendu du produit ;
c) Du moment de la mise à disposition du produit sur le marché.

Un produit ne peut être considéré comme présentant un défaut par le seul fait qu'un produit plus
perfectionné a été mis à disposition sur le marché postérieurement à lui. (Art 106-3 loi n° 24-09)

- Notion de producteur : Est producteur, le fabricant d'un produit fini, le producteur d'une
matière première, le fabricant d'une partie composante, toute personne qui agit à titre
professionnel et :
a) Qui se présente comme producteur en apposant sur le produit son nom, sa marque
ou un autre signe distinctif ;
b) Qui importe un produit dans le territoire national en vue d'une vente, d'une location
avec ou sans promesse de vente, ou de toute autre forme de distribution. (Art 106-5)

21
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

3- La responsabilité du producteur

Selon la loi n° 24-09 relative à la sécurité des produits et des services :


_ Le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit. (Art 106-1)
_ Si le producteur du produit ne peut être identifié, chaque distributeur en est considéré comme
producteur, à moins qu'il n'indique à la victime ou à qui de droit, dans un délai de 15 jours,
l'identité du producteur ou de celui qui lui a fourni le produit.
Il en est de même dans le cas d'un produit importé, si ce produit n'indique pas l'identité de
l'importateur, même si le nom du producteur est indiqué. (Art 106-6)
_ Le producteur peut être responsable du défaut alors même que le produit a été fabriqué dans le
respect des règles de l'art ou de normes existantes ou qu'il a fait l'objet d'une autorisation
administrative. (Art 106-8)
_ La responsabilité du producteur envers la victime n'est pas réduite par le fait d'un tiers ayant
concouru à la réalisation du dommage. (Art 106-12)
_ La responsabilité du producteur ou de l'importateur ne peut être réduite ou écartée à l'égard de
la victime par une clause limitative ou exonératoire de responsabilité. (Art 106-13)
_ La personne responsable est tenue de réparer l'intégralité des dommages causés à la victime.
(Art 106-10)
_ Pour avoir droit à réparation, la victime est tenue d'apporter la preuve du dommage qui lui a été
causé par le produit défectueux. (Art 106-7).

22
Droit-1ère année ECT2 CPGE-Moulay Idriss-FES Pr.Ibtissam DAKIRANE

3- Exonération de la responsabilité du producteur

Selon l’Article 106-9 de la loi n° 24-09 relative à la sécurité des produits et des services :
Toutefois, le producteur n'est pas responsable s'il prouve :
1° - qu'il n'a pas mis le produit à disposition sur le marché,

2° - que le défaut qui a causé le dommage n'existait pas au moment où le produit a été mis en
circulation ou que ce défaut est né postérieurement,

3° - que le produit n'a été ni fabriqué en vue de la vente ou de toute autre forme de distribution à des
fins commerciales, ni fabriqué ou distribué dans le cadre de son activité commerciale,

4° - que le défaut est dû à la conformité du produit avec des règles obligatoires émanant des pouvoirs
publics,

5° - que le défaut ne pouvait pas être décelé dans l'état des connaissances scientifiques et techniques
au moment de la mise à disposition du produit sur le marché.

Le fabricant d'un composant ou d'une partie composante du produit n'est pas responsable en
application du présent chapitre s'il prouve qu'il a respecté les instructions ou le cahier des charges
du producteur du produit ou les caractéristiques affichées dudit composant ou ladite partie
composante.

23

Vous aimerez peut-être aussi