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FONDEMENTS DU DROIT – DROIT PRIVE

Notes établies à l’attention des étudiants en 1 e année à l’ICHEC

Dernier cours  !

Précisions liminaires  :

1. Les présentes notes doivent être lues en conjonction avec les slides prévus et publiés sur
Moodle.

2. Les étudiants sont invités à poser toutes leurs questions au sujet du cours via le module
«  Forum  » mis à disposition sur Moodle.

3. Les présentes notes ont une vocation pédagogique, adaptée aux objectifs du cours dispensés
en BAC 1 à l’ICHEC. Elles n’ont pas la prétention d’être exhaustives sur le plan juridique.

* *

CHAPITRE III – RESPONSABILITE EXTRACONTRACTUELLE

INTRODUCTION

Jusqu’à présent, nous avons étudié les obligations contractuelles, les contrats, et le régime de la
responsabilité des créanciers et débiteurs dans le cadre des contrats.

Il existe cependant beaucoup de situations juridiques (faits juridiques) qui donnent lieu à des
questions de droit et de responsabilité, en-dehors de toute relation contractuelle. Tous nos actes
sont susceptibles d’engager notre responsabilité à l’égard de tiers.

Heureusement, les concepts sur lesquels s’appuie le régime de la responsabilité extracontractuelle


ressemblent à ceux que nous avons étudiés précédemment.

SECTION 1 : RESPONSABILITE DU FAIT PERSONNEL

L’article « phare  » du droit belge est l’article 1382 du Code civil : « tout fait quelconque de l’homme,
qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à réparer ».

Cette définition fait appel à trois concepts nécessaires à ce qu’une personne puisse être condamnée
à devoir des dommages et intérêts à l’égard d’une autre, en-dehors d’un contrat : une faute, un
dommage et un lien de causalité entre la faute et le dommage.

§ 1 – La Faute

Trois éléments composent la faute :

1er élément : l’élément matériel, qui constitue la violation d’une « norme » en tant que telle.

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Il peut s’agit de la violation par une personne d’une norme entendue comme une méconnaissance
d’une norme de conduite. La faute est un manquement, si minime soit-il, volontaire ou involontaire,
par action ou par omission, à une norme de conduite préexistante

Qu’est-ce qu’une norme de conduite, pour la compréhension de ce chapitre ?

- Il peut s’agir d’une norme formulée et imposant un comportement obligatoire d’une


personne ;

 Exemple avec la jurisprudence de la Cour de cassation : En 1987, une équipe d’ouvriers


chargée de nettoyer une cuve avait basculé dans le vide, alors que la loi leur imposait le
port d’une ceinture de sécurité. Pour contester de leur faute, ils soutenaient que
l’absence du port de la ceinture n’allait pas à l’encontre d’un comportement prudent, car
« personne ne respecte cette règle habituellement ». La cour de cassation a refusé ce
raisonnement et a estimé que la transgression matérielle d’une disposition impérative,
légale ou réglementaire, constituait en soi une faute. En d’autres termes : si une
obligation est imposée par une loi, son non-respect est forcément constitutif d’une
faute ;

- Il peut également s’agit d’une norme non-formulée dans une loi ou un autre texte : on parle
alors de la violation de l’obligation générale de prudence qui est une « norme »
complètement abstraite : comment un bon père de famille, normalement prudent et
diligent, placé dans les mêmes circonstances concrètes de fait, se serait-il comporté ?

 Exemple : Xavier est en train de réparer son toit. Pour cela il utilise divers outils. A un
moment, il pose son marteau, dont il n’a plus besoin momentanément, à côté de lui.
Malheureusement, la zone où il le pose est en pente : le marteau glisse, tombe dans la
rue et assomme Jacques, en train de passer sur le trottoir. Primus a commis une faute
(ou à tout le moins une négligence) en posant son marteau sur une surface inclinée

2ème élément: l’élément moral

Outre la violation d’une norme, l’existence d’une faute requiert la « capacité de discernement » de
celui violant la norme : c’est la capacité pour une personne d’anticiper les conséquences de ses actes.
Il faut que la violation de la norme soit libre et consciente, raison pour laquelle on considère, dans
certaines situations, que les mineurs ou les personnes démentes ne commettent pas de faute civile.

Quid des enfants ? A quel âge considère-t-on qu’ils ont un discernement suffisant ?

 Il n’y a pas d’âge fixé par la loi. Une tendance générale considère qu’on ne reconnaît pas
le discernement chez l’enfant en-dessous de 6 ans, et qu’on le reconnaît aux enfants de
plus de 10 ans. Entre les deux, c’est moins évident.

Certaines circonstances, externe à l’auteur de la violation d’une norme, permettent en outre de


considérer qu’une faute n’a pas été commise : on parle de « fait justificatif ». Le fait justificatif doit
être un événement imprévisible, irrésistible et indépendant de la volonté du défendeur et qui
anéantit ou conditionne temporairement cette volonté.

 Exemples :

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o Légitime défense : riposte immédiate, dommageable et proportionnée face à une
agression s’exerçant sur une personne ou sur des biens ;

o L’état de nécessité : danger actuel et imminent / bien ou valeur sauvegardé doit être
supérieur ou égal à l’intérêt sacrifié / proportionnalité ;

o La contrainte, l’ordre de la loi ou de l’autorité légitime, etc.

3e élément : la prévisibilité du dommage occasionné par la violation de la norme

Pour conclure à la faute, il convient d’analyser si l’auteur du comportement incriminé aurait pu ou dû


prévoir que son acte allait créer un préjudice à un tiers.

La condition de la prévisibilité est appréciée différemment selon la nature de la faute :

- Si la faute consiste en la violation d’une disposition légale (une loi, un arrêté royal, un décret,
etc.) : à partir du moment où le législateur impose un comportement déterminé par une
norme, c’est qu’il a déjà évalué lui-même que la violation de cette norme pouvait entrainer
un dommage. La conditions de prévisibilité est remplie automatiquement ;

- Si la faute consiste en la violation d’une obligation générale de prudence : il faut que le


dommage constitue une conséquence possible du comportement analysé, et que cette
possibilité ait été prévue.

 Exemple : un adolescent s’amuse dans les dunes à propulser un avion à l’aide d’un
élastique. Malheureusement, cet avion tombe dans l’œil d’un touriste qui faisait son bain
de soleil plus loin, et qui se trouvait hors du champ de vision de l’adolescent qui
propulsait son avion depuis le creux des dunes. Dans ce cas-ci, l’adolescent a quand
même été jugé responsable de ses actes : bien qu’il ne voyait pas la personne et ne
pouvait deviner que l’avion tomberait dans son œil, le tribunal a considéré qu’il ne
pouvait exclure la possibilité d’un dommage alors qu’il propulsait son avion avec un
mauvais champ de vision. L’auteur du comportement analysé est donc en faute et devra
indemniser la victime du dommage qu’elle a subi.

Comment apporter la preuve de la faute ?

Rappel : la faute est un fait juridique : la victime d’une faute peut apporter la preuve de la faute par
toute voie de droit : témoignage, présomptions, écrits, etc. Le juge appréciera souverainement la
valeur probante des éléments qui lui sont soumis.

§ 2 – Le dommage

Le dommage (= préjudice) qui donne lieu à la responsabilité est défini comme la «  lésion d’un intérêt
stable et légitime  ». Le principe est le même que pour la responsabilité contractuelle.

- l’intérêt doit être stable : la victime doit démontrer qu’elle a perdu un avantage, même
octroyé à titre bénévole, sur lequel elle pouvait compter de façon stable et durable.

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 Exemple, si une dame demande la réparation du dommage moral qu’elle subi à la suite
du décès de son fiancé, décédé dans un accident provoqué par un tiers, elle doit
démontrer la stabilité de leur relation ;

- l’intérêt doit être légitime : le dommage ne doit pas découler de la privation d’un avantage
illicite, c.à.d. qu’il ne doit pas être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

 Exemple : arrêt de la cour de cassation du 14 mai 2003 : un apprenti boulanger a subi un


accident le rendant incapable de travailler. Il veut obtenir une indemnité économique
correspondant au salaire qu’il gagnait, mais également à ce qu’il gagnait en plus en noir.
Puisque le travail au noir consiste en un avantage illicite, sa perte ne peut donner lieu à
réparation. Seule l’indemnisation correspondant au travail déclaré sera accordée.

On peut demander la réparation d’un dommage matériel ou d’un dommage moral.

§ 3 – Le lien de causalité

C’est sans doute la notion la plus importante dans l’étude de la responsabilité extra-contractuelle.

Le lien de causalité est le lien nécessaire entre la faute commise et le dommage subi.

La victime d’un acte doit démontrer ce lien de causalité pour obtenir une indemnisation.

 Exemple : un accident de la route a lieu par la faute d’un conducteur. La victime de


l’accident est blessé : il a une fracture et il saigne du nez. Les secours mettent de l’ouate
dans son nez et l’emmènent aux urgences. Il faut l’opérer pour réparer la facture : on
l’anesthésie mais on oublie qu’il a un morceau d’ouate dans le nez. Quand il se réveille, il
inspire et l’ouate va dans ses poumons. Il décède d’une embolie pulmonaire.

Le conducteur à l’origine de l’accident est-il responsable du décès de la personne ? Sa


faute est-elle à l’origine de ce dommage ?

Trois grandes théories juridiques existent, mais toutes ne sont pas valables en droit belge.

1e théorie : la causa proxima / causalité efficiente

Selon cette théorie, pour analyser la responsabilité en cas de fautes / causes multiples, on retient la
cause la plus proche du dommage, la faute antérieure étant exonérée par la faute postérieure dès
lors qu’il est établi que cette faute n’est pas la conséquence nécessaire de la première.

 Exemple : un médecin qui prescrit une mauvaise dose de médicament à un patient. Le


pharmacien, par la suite, ne relève pas l’erreur du médecin et administre la mauvaise
dose. Le patient décède. Qui est en faute ? Si l’on suit cette première théorie, on retient
la dernière faute, celle du pharmacien. On considère que sans la dernière faute du
pharmacien, le dommage ne se serait pas produit car il aurait dû s’apercevoir de la faute
du médecin.

La Cour de cassation belge a formellement condamné cette théorie, au motif que la faute postérieure
n’a jamais pour effet de permettre l’exonération de l’auteur de la faute antérieure, si celle-ci est elle-
même en lien causal avec le dommage. Cette théorie n’est pas d’application en droit belge.

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2e théorie : la causalité adéquate

Selon cette théorie, on ne retient que la faute qui, dans le cours ordinaire des choses (suivant un
enchaînement normal des événements) était objectivement de nature à produire le dommage. On ne
retient donc que les causes du dommage qui sont dans un rapport de causalité « adéquat » avec le
dommage. Seuls les évènements qui devaient normalement provoquer le dommage pourront être
considérés comme en lien causal dans l’appréciation de la responsabilité extra-contractuelle.

 Exemple : si une personne laisse ses clefs sur le compteur d’une voiture, on peut se dire
que dans le cours normal des choses, un voleur risque de la voler. Par contre, on ne peut
pas prévoir raisonnablement qu’en s’enfuyant, le voleur va renverser un piéton. Si le
piéton veut être indemnisé, il sera certes indemnisé par le voleur, mais il ne pourra pas
obtenir une indemnisation du propriétaire de la voiture qui a laissé ses clefs sur le
compteur ;

 Si Xavier prête sa voiture à Michel et que Michel se fait voler la voiture parce qu’il a laissé
les clefs sur le compteur, Michel devra rendre des comptes à Xavier et l’indemniser : en
effet, il a commis une faute en posant un acte négligent, qui a entraîné un préjudice dans
le chef de Xavier, en lien de causalité adéquat.

Cette théorie n’est pas admise en droit belge, mais il arrive très souvent que les juges en fassent
application.

3e théorie : l’équivalence des conditions

Suivant cette théorie, est causale toute faute qui est la condition sine qua non du dommage, c.à.d.
toute faute sans laquelle le dommage ne se serait pas produit tel qu’il s’est produit concrètement.

 Exemple : une personne s’arrête pour acheter un journal et laisse les clefs sur la voiture,
la voiture est volée, le voleur fait un accident et renverse un piéton. On voit bien que
parmi les antécédents du dommage il y  a l’accident du voleur, mais aussi la négligence
du propriétaire de la voiture. Sans le vol de la voiture, mais également sans la négligence
du propriétaire de la voiture, il n’y aurait pas eu d’accident et donc pas de dommage ;

 En vertu de cette théorie, tant le voleur que le propriétaire négligent pourraient être
condamnés à payer des dommages et intérêts à la victime.

 Cette théorie est celle à laquelle semble se rallier la cour de cassation, et qui prévaut
donc en Belgique ;

 Dans l’exemple du pharmacien et du médecin : les deux seront considérés comme fautifs
et engageant leur responsabilité, car chacune des fautes est une condition sine qua non
du dommage subi. Tant le pharmacien que le médecin seront condamnés à des
dommages et intérêts. Ils seront condamnés « in solidum  » : la victime pourra choisir de
faire payer l’un ou l’autre ou les deux, pour la totalité de ce qui lui est dû. A charge pour
celui qui payera de se retourner contre celui qui n’a pas payé, pour la moitié de la dette
payée ou un autre pourcentage que le juge aurait déterminé.

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Si la victime elle-même a commis une faute : il peut être décidé un éventuel « partage de
responsabilités  ». Pour autant, il faut que cette faute ait également contribué au dommage.

 Exemple : une personne ne porte pas sa ceinture de sécurité lors d’un accident dont elle
est victime. Elle a commis une faute en ne respectant pas une norme. Elle pourrait être
déclarée co-responsable de son propre dommage, sauf si elle parvient à démontrer, par
exemple, que le choc était latéral et que le port ou non de la ceinture de sécurité n’aurait
rien changé. Si la victime démontre que sa faute n’est pas en lien causal avec le
dommage, on parle de « rupture du lien causal  ».

Quid en cas de force majeure ?

Il est possible de faire valoir un élément de force majeure comme cause du dommage, ce qui permet
de détruire le lien causal entre une faute et un dommage.

On peut détruire le lien causal en prouvant le fait d’un tiers, la force majeure ou, comme vu
précédemment, la faute de la victime elle-même.

 La force majeure est un événement imprévisible, irrésistible et indépendant de la volonté


de l’auteur.

 Elle n’exonère de toute responsabilité que si elle est la cause exclusive du dommage.

 Exemple : au cours d’une partie de chasse, un chasseur a été blessé par le ricochet d’un
plomb tiré par un autre chasseur. Dans un premier temps, la cour d’appel avait admis
que le ricochet constituait un fait imprévisible et insurmontable. La cour de cassation a
cassé cet arrêt et n’a pas considéré ce fait comme un cas de force majeure. Le chasseur
maladroit a donc été reconnu totalement responsable de ses actes.

§ 4 – Réparation du dommage

La responsabilité vise à la réparation intégrale du dommage subi. Mais on ne peut pas réparer plus  !
La victime doit démontrer les préjudices causés par la faute, et seuls ces préjudices démontrés seront
réparés.

* *

SECTION 2 : RESPONSABILITE DU FAIT D’AUTRUI

Cette section permet d’appréhender le régime de la responsabilité que porte une personne à l’égard
de faits et fautes qu’elle n’a pas commis, mais que d’autres personne, qui dépendent généralement
de la première, ont commis.

Il y a trois responsabilités pour autrui, principalement : la responsabilité des parents pour leurs
enfants, celle des instituteurs pour leurs élèves, et celle des commettants (employeurs) pour leurs
préposés (employés).

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La matière trouve son siège à l’article 1384 du Code civil.

§ 1 – Responsabilité des parents du fait de leur enfant mineur

L’article 1384, alinéa 2 du Code civil, rend les parents responsables du dommage causé par leur
enfant, les incitant à assurer avec vigilance l’éducation et la surveillance de leurs enfants.

Il s’agit d’une présomption de responsabilité, réfragable.

Pour certains, cette présomption trouverait son fondement dans l’autorité parentale dont les parents
sont investis. Pour d’autres, la présomption serait une simple conséquence de la filiation. Le premier
fondement est cependant plus logique, la présomption reposant en une faute de surveillance et
d’éducation des parents.

- Pour qu’un parent soit responsable des actes de son enfant, il faut avant tout que l’enfant
soit mineur au moment des faits dommageables. Lorsque l’enfant est émancipé, la
présomption de responsabilité ne vaut pas ; tant le père que la mère, s’ils exercent l’autorité
parentale, sont présumés responsables (attention, généralement, le divorce règle la garde
des enfants, mais l’autorité parentale reste conjointe dans le chef des deux parents) ;

- Il est également nécessaire que l’enfant ait commis une faute (ou un acte objectivement
illicite), et que cette faute soit en lien causal avec le dommage subi (vous rappelez-vous de
l’exemple, en début du cours, avec cette petite fille qui met du savon noir sur un toboggan ?)

- Une fois que la faute de l’enfant dont répond le parent est prouvée, on présumera
l’existence d’une faute dans le chef du parent, ainsi qu’un lien causal entre cette faute
présumée et le dommage

 Cette présomption est réfragable, ce qui signifie que le parent peut réussir à s’exonérer
de sa responsabilité s’il parvient à prouver qu’il n’a commis aucune faute, ni dans la
surveillance de l’enfant, ni dans son éducation (double preuve à apporter) :

• Pas de faute dans la surveillance : les parents devront prouver une diligence et une
vigilance normales en rapport notamment avec l’âge de l’enfant. Par exemple, on
n’appréciera pas de la même manière le fait pour des parents de laisser partir seul à
vélo leur enfant de 14 ans, ou s’il s’agit d’un enfant de 5 ans !

• Pas de faute dans l’éducation : les parents doivent prouver concrètement qu’ils ont
consacré les soins nécessaires à une bonne éducation de l’enfant. La mauvaise
éducation ne peut se déduire de la seule survenance du dommage : c’est le juge qui
appréciera si l’acte dommageable aurait été commis par un enfant « bien éduqué ».

 Le parent peut aussi échapper à sa responsabilité s’il parvient à rompre le lien causal
entre la faute de l’enfant et le dommage subi : si le parent démontre que la faute de
l’enfant n’est pas une cause sine qua non du dommage subi par la victime, sa
responsabilité ne sera pas engagée.

§ 2 – Responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves

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On présume la faute de l’instituteur lorsque l’élève dont il assume la formation commet, pendant le
temps où la surveillance est susceptible de s’exercer, une faute en lien causal avec le dommage subi
par un tiers. Le fondement de cette présomption vient de l’obligation supportée par toute personne
devant fournir un enseignement à une autre, d’assurer la surveillance de cette dernière.

- Conditions : il faut qu’une faute soit commise par un élève (pas forcément mineur) : l’élève
est celui qui reçoit un enseignement, qu’il soit obligatoire ou libre ;

- Il faut aussi un instituteur, qui est une personne chargée non seulement d’un devoir de
surveillance, mais également d’un devoir d’enseignement quel que soit son objet. C’est le fait
de dispenser un enseignement qui est déterminant. L’enseignement est toute
communication d’une instruction, qu’elle soit scientifique, artistique, professionnelle, morale
ou sociale.

 Sont assimilés à un instituteur : les moniteurs sportifs, les maitres de stage, les moniteurs
de conduite automobile, les éducateurs, les personnes chargées dans un home de la
réinsertion des jeunes adultes handicapés, des dirigeants des mouvements de jeunesse,
des responsables paroissiaux et des responsables des maisons de jeunes.

 Ne sont pas assimilés à un instituteur : le surveillant qui n’assume aucun enseignement


dans l’établissement, le directeur de l’établissement scolaire, l’établissement scolaire lui-
même (personne morale) et l’éducateur qui ne communique pas une instruction.

- Comme pour la responsabilité des parents pour les enfants, il est nécessaire de prouver
l’existence d’une faute ou d’un acte objectivement illicite de l’élève, en lien causal avec le
dommage subi.

 Contre-exemple : un prof de gym lance une course dans le bassin de natation, mais il n’y
a pas de lignes pour séparer les nageurs. Ainsi, un élève qui était en tête et qui faisait la
ligne du retour rentre, dents en avant, dans le front d’un autre. L’élève n’a pas commis
de faute, mais le professeur de gym oui par son manque d’organisation. Dans un tel cas,
l’instituteur engage sa responsabilité sur base de l’article 1382 du Code civil
(responsabilité personnelle), mais il n’engage pas sa responsabilité sur base de l’article
1384 du code civil (responsabilité pour autrui) ;

- Par ailleurs, la faute doit avoir été commise pendant le temps de la surveillance, à l’intérieur
ou à l’extérieur des murs de l’école.

- Il s’agit également d’une présomption de responsabilité qui est réfragable. L’instituteur


pourra échapper à sa responsabilité :

- S’il prouve qu’il n’a pas manqué de diligence dans l’exercice de sa mission ; ou bien
- S’il prouve qu’une surveillance correctement effectuée n’aurait pas pu empêcher la
survenance du fait dommageable ; ou
- S’il prouve qu’il lui était totalement impossible d’éviter le dommage ; ou
- S’il prouve que la faute commise n’est pas en lien causal avec le dommage.

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§ 3 – Responsabilité des commettants du fait de leurs préposés

Contrairement aux deux autres régimes de responsabilité, la présomption qui pèse sur l’employeur
est irréfragable : il n’est pas possible pour l’employeur de s’exonérer de la faute de son préposé
(employé).

Il est nécessaire, pour engager la responsabilité du commettant, qu’un « lien de préposition » soit
établi entre le commettant et le préposé. Un tel lien correspond à une relation de subordination :
une relation d’autorité et de surveillance entre deux personnes dans l’exercice des fonctions du
préposé.

La subordination existe dès qu’une personne peut, en fait, exercer son autorité et sa surveillance sur
les actes accomplis par une autre personne.

Il s’agit d’un fait juridique dont la preuve peut être rapportée par toutes voies de droit, présomptions
et témoignages compris.

Nous analysons cette question sans trop rentrer dans le détail, mais il y a quelques cas particuliers :

- la subordination doit toujours être examinée en fait. Elle ne se déduit pas nécessairement de
l’existence d’un contrat de travail, d’un mandat ou d’un contrat d’entreprise. En effet, un lien
de subordination peut naitre d’une situation de fait occasionnelle et temporaire,
indépendamment de tout salaire. Par exemple, une subordination entre un bénévole et une
ASBL ;

- le préposé ne doit pas nécessairement avoir été choisi par le commettant personnellement ;

- le fait que le préposé jouisse d’une certaine autonomie dans l’exécution de son travail
n’empêche pas non plus l’existence d’un lien de subordination. Par exemple, un médecin qui
travaillerait dans un hôpital sans avoir le choix de ses clients, de ses horaires et sans matériel
propre aurait un lien de subordination avec l’hôpital dans lequel il travaille, malgré son
autonomie de travail.

Ici aussi, on exige que le préposé ait commis une « faute », et que cette faute soit en lien causal avec
le dommage subi par la victime.

Ce régime de responsabilité pour ses employés a quand même une limite puisque la responsabilité
du commettant ne peut être engagée que si l’acte dommageable entretient une certaine relation
avec les fonctions pour lesquelles le préposé était employé. Pour cela, la Cour de cassation estime
qu’il suffit que l’acte fautif ait été commis pendant la durée des fonctions et soit, fût-ce
indirectement ou occasionnellement, en relation avec elles.

Pour échapper à sa responsabilité, les seules possibilités pour l’employeur seraient de prouver que le
préposé a agi sans autorisation (par exemple si l’acte incriminé était formellement interdit par le
commettant), qu’il a agi à des fins étrangères à ses attributions, et en-dehors des fonctions
auxquelles il est employé.

* *

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SECTION 3 – RESPONSABILITE DU FAIT DES CHOSES

Nous n’irons pas dans le détail pour cette année sur ce point.

Retenez simplement que si on peut être responsable des actes d’autrui, on peut aussi être
responsable du fait de certaines choses.

- On est responsable des choses qui nous appartiennent et des dommages que ces choses
peuvent occasionner :

- Les choses en général : si par exemple votre escalier a vieilli et s’écroule lorsque
quelqu’un le monte : vous êtes responsable de cette chose dont vous êtes le
propriétaire ou le gardien. Généralement, vous aurez souscrit à une « assurance
familiale » pour vous protéger contre ce type de responsabilité ; on est responsable
des choses dont on est propriétaire, mais aussi dont on est le gardien (par exemple le
garagiste à qui vous avez confié votre voiture, qui est responsable des dégâts que
celle-ci pourrait occasionner à d’autres) ;

- Les animaux : on est également responsable de ses animaux, à certaines conditions :

- Il faut que l’animal soit susceptible d’être « gardé » : on vise autant les
animaux domestiques que les animaux sauvages, dès qu’ils sont apprivoisés ;

- Il faut être propriétaire ou, à titre alternatif, gardien de l’animal : le gardien


de l’animal est celui qui, au moment du fait qui cause un dommage, a la
pleine maîtrise de l’animal, ce qui suppose un pouvoir de direction et de
contrôle, sans intervention du propriétaire ;

- Il faut que l’animal cause un dommage à un tiers, en lien causal (si on prouve
que sans le fait, le dommage se serait produit quand même, il n’y a pas de
lien causal) ;

- Il faut que l’animal ait eu un comportement actif et autonome : si on marche


sur la queue du chien, le comportement que le chien aura ensuite n’est pas
actif et autonome, il est provoqué. Il n’entraînera pas la responsabilité du
gardien de l’animal.

 On remarque que les juges partent souvent du présupposé que le propriétaire d’un
animal doit être tenu pour gardien, sauf à prouver qu’il avait transféré la garde à un tiers
au moment des faits. La maitrise de l’animal suppose donc plus qu’une simple garde
matérielle. On requiert en effet un pouvoir de commandement, c.à.d. le pouvoir de
donner des ordres quant à la conduite de l’animal. Mais la garde étant un fait juridique, il
n’est pas requis que le gardien ait un droit sur l’animal.

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FIN DU COURS POUR CETTE ANNEE 2019-2020.

Rappel pour l’examen : Vous pouvez utiliser tout ce que vous souhaitez, cette année, pour vous
aider, sauf de l’aide d’un ami…

Conseil : étudiez, mais surtout, comprenez comment fonctionne la matière : ayez des exemples en
tête. L’examen fera appel à vos capacités de compréhension de la matière, et non à vos capacités
de restitution. Vous n’aurez pas le temps de comprendre la matière durant l’examen qui dure 1
heure.

L’examen est un QCM en 2 parties, avec 20 questions. 10 VRAI/FAUX, 10 QCM. Chaque bonne
réponse donne 1 point, chaque mauvaise réponse, cette année, entraînera la perte de 0,5 points.
Une abstention ne fait gagner ni perdre aucun point.

Les questionnaires seront tous différents, et les questions tirées d’un pool global d’une centaine de
questions. Vous pouvez vous aider des examens des années antérieures, mais attention, les
questions pourraient se ressembler, mais ne seront pas identiques.

Bonne chance !

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