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Master Droit pénal et sciences criminelles

Module : Le droit pénal des affaires

Travail effectué par :


✓ BENRHENIA Nadia
✓ BOUTAICHA Soukaina
✓ LAGRARI Hajar
✓ MZOURI Chaimae

Soumis à l’appréciation du Professeur : KELLATI Mohamed

Année universitaire : 2020/2021

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Sommaire

Introduction

Chapitre1 : Les conditions de la responsabilité pénale du fait d’autrui de


l’entrepreneur individuel
Section1 : Nécessité d’une infraction commise par le préposé ou l’employé
Section2 : Nécessité d’une faute du chef d’entreprise

Chapitre2 : Les fondements de la responsabilité pénale du fait d’autrui de


l’entrepreneur individuel
Section1 : la théorie du risque et du pouvoir
Section2 : la théorie de la faute et de l’auteur moral

Conclusion

2
Introduction
Couramment définie, le vocable « Responsable » peut désigner une personne ou
une attitude. La responsabilité comme étant l’obligation, mise à la charge d’un
responsable, de réparer les dommages causés à la victime.
Etymologiquement parlant, le terme « responsable »on s’aperçoit rapidement que
ce terme vient du latin « responsum, de respondere » qui signifie que tout auteur
d’une infraction doit répondre des conséquences de ses actes, répondre de
l’infraction qu’il a commis personnellement et en connaissance de cause. Il devra
ensuite subir la sanction pénale prévue par la société pour cet agissement.
Juridiquement parlant, On trouve 3 déclinaisons classiques en droit de la
responsabilité: être responsable de son fait personnel (de sa faute), être
responsable du fait d’autrui, être responsable du fait des choses.
En droit pénal, est l’obligation de répondre des infractions commises et de subir la
peine prévue par le texte qui les réprime ; elle implique un recours par l’État contre
un trouble à l’ordre public.
En droit civil être responsable ne suppose pas forcément la faute mais cela implique
de répondre des conséquences des dommages causés, d’où l’obligation de réparer.
Actuellement la responsabilité civile est source de l’obligation juridique de réparer,
elle pourrait aussi devenir source d’un devoir d’anticiper.
Partant de ce qui précède, Être responsable, c'est assumer les conséquences de ses
actes. Une personne qui commet un acte interdit par la loi, une infraction, engage
sa responsabilité pénale.
La responsabilité pénale, c’est l’obligation de répondre de ses infractions, ce qui
implique l’étude de l’infraction et des conséquences punitives qui en résultent elle
implique un recours par l’État contre un trouble à l’ordre public1. Depuis longtemps
le droit pénal, ne prend en considération qu’une responsabilité pénale personnelle,
ceci est confirmée par l’article 132 du CPM « Toute personne saine d'esprit et
capable de discernement est personnellement responsable :Des infractions qu'elle
commet; Des crimes ou délits dont elle se rend complice;

1
https://www.cairn.info/droit-penal-general--9782706125652-page-103.htm, date de consultation
15/05/2021 à 23 :07

3
Des tentatives de crimes; Des tentatives de certains délits qu'elle réalise dans les
conditions prévues par la loi. » Autrement dit, « Nul n’est responsable pénalement
que de son propre fait ». Ce principe en vertu duquel la personne qui a participé à la
commission d’une infraction d’une façon directe ou indirecte engage sa
responsabilité et parla suite doit subir une sanction pénale. Toutefois, celui qui n’a
pas commis l’infraction ne saurait être traîné en justice ni se voir infliger de
sanction. Il n’existe pas en effet de responsabilité pénale pour autrui.
Mais dans les dernières décennies, ce principe de la responsabilité pénale
personnelle va subir une dérogation ou exception, et désormais on parlera de la
responsabilité pénale du fait d’autrui qui est l’objet de notre étude. Pour bien
élucider cette exception (la responsabilité pénale du fait d’autrui), nous allons
essayer de tracer l’historique de cette responsabilité, et après nous allons se
focaliser précisément sur la responsabilité pénale du fait d’autrui du l’entrepreneur
individuel.
Commençons tout d’abord, par un historique en revue de la responsabilité pénale
du fait d’autrui, la responsabilité pénale du fait d’autrui impliquerait qu'une
personne qui n'est ni auteur ni complice de l'infraction soit déclarée comme étant
coupable d'une infraction réalisée par une autre personne. Cette responsabilité du
fait d'autrui existe en droit civil, lequel reconnait par exemple la responsabilité
parentale vis-à-vis de leurs enfants ou encore la responsabilité du patron vis-à-vis de
son apprenti.
La responsabilité pénale du fait d’autrui ayant un fondement prétorien, est apparue
au xiv Siècle à cause de l’apogée de la technologie et du machinisme de l’industrie
.La société moderne se trouve confrontée à plusieurs problèmes, impliquant des
personnes morales et précisément des chefs d’entreprise pour des infractions
commises par leurs préposés.
Désormais, la responsabilité pénale du fait d’autrui du chef de l’entreprise se voit
engager même que ce dernier n’a pas commis matériellement l’infraction accomplie
ni facilité la participation de cette dernière.
Dans la même perspective, ce modeste travail trouve son intérêt dans la tentative
de comprendre ladite responsabilité de fait d’autrui de l’entreprise individuelle,
d’appréhender ses conditions, ses fondements.

4
Notre étude se focalisera sur la responsabilité pénale du fait d’autrui, La question
qui s’impose est de savoir quelles conditions requises pour asseoir ladite
responsabilité pénale du fait d’autrui à l’entrepreneur individuel, son fondement et
son étendue.
Pour répondre à cette problématique, nous analyserons dans un premier temps les
conditions de la responsabilité pénale du fait d’autrui de l’entrepreneur individuel
(chap1), et dans un deuxième temps, nous traiterons les fondements de ladite
responsabilité (chap2).

Chapitre 1 : les conditions de la responsabilité pénale du fait d’autrui de


l’entrepreneur individuel

La responsabilité pénale du fait d’autrui est une dérogation (exception), à


caractère jurisprudentiel, au principe de la responsabilité pénale personnelle, ce
dernier est prévu par l’article 132 du code pénal marocain. Notons que la
responsabilité pénale du fait personnel et la responsabilité pénale du fait
d’autrui sont considérées comme deux principes régissant la procédure civile
marocaine. La responsabilité pénale du fait d’autrui a un fondement selon
lequel une personne est responsable de l’infraction commise par une autre
personne alors même qu’aucune faute ne peut lui être reprochée (2)C’est un type
de responsabilité issu du droit civil(3) et traditionnellement présenté comme
n’exigeant aucune participation personnelle dans la réalisation du
comportement reproché à la personne poursuivie. En d’autres termes « la
responsabilité pénale du fait d’autrui implique qu’un individu qui n’a en rien
participé à une action délictueuse, c’est-à-dire qui lui est totalement étrangère,
matériellement et moralement puisse néanmoins faire l’objet d’une
condamnation pénale »(4).
Partant d’une proposition axée sur l’absence de la participation personnelle et
directe de l’entrepreneur au délit ,dans ce cas on retiendrait la responsabilité
pénale du fait d’autrui, c’est-ce que nous allons présenter, au fil de cette section
en mettant l’accent ,d’une part , sur la première condition celle de nécessité
d’une infraction commise par préposé ( section 1) et d’autre part sur la

2
- En ce sens, « La matière de responsabilité objective n’est plus une responsabilité délictuelle en soi ; elle est
une méthode ou principe par lequel la cour détermine qu’une personne soit responsable des méfaits des autres.
Le malfaiteur eu définit en tant que auteur de l’infraction ». (traduction)
3 - l’application la plus commune de la responsabilité du fait d’autrui réside dans la responsabilité de l’employeur

du fait de ses préposés : https//en.wikipedia.org/wiki/vicarious-liability-in-English-law


4 - BENHADDOU (A.), Traité de droit pénal marocain, éd. Dar Oualili, Marrakech, 1997, pp. 257-258.

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deuxième condition celle de nécessité d’une faute de chef de l’entreprise
(section 2).

Section 1 : Nécessité d’une infraction commise par le préposé ou l’employé


Pour établir la responsabilité pénale du fait d’autrui, il faudrait réunir plusieurs
conditions. Tout d'abord ,(1)l' infraction doit être punissable et commise par
autrui( préposé ou l’employé) ,ensuite ,(2) le chef de l’entreprise Ou le
commettant doit permettre ,faciliter ou concourir à l’infraction commise par son
préposé ou son employé.

Avant d’analyser cette condition, nous allons mettre l’éclairage sur une notion qui
s’avère importante est celle de l’entreprise, Ainsi, au regard du droit commercial,
l'entreprise peut se définir comme une unité économique reposant sur une
organisation préétablie et fonctionnant autour de moyens de production ou de
distribution. Mais l'entreprise peut être définie autrement par le droit du travail,
au regard duquel elle est considérée comme un ensemble de personnes
rémunérées exerçant une activité en commun tout en étant sous l'autorité d'un
même employeur5. Le terme d’entreprise6 englobe désormais, les activités les plus
diverses, qu’elles soient artisanales, agricoles, libérales, intéressées ou
désintéressées, publiques ou privées. L’esprit d‘entreprise souffle en tout lieu, et
les critères classiques de dimension ou d’objet ne permettent plus de caractériser
avec certitude l’entreprise moderne(7).après avoir défini l’entreprise, celle-ci doit
être réglementée c’est à dire qu’elle doit accomplir toutes les formalités d’ordre
juridiques et administratifs ,citant à titre d’exemple : le certificat négatif,
l’inscription au RC ….et d’autres formalités d’ordre hygiénique et sécuritaire citant
à titre d’exemple : veille à la sécurité des machines, aux règles d’embauche, au
5 https://droit-finances.commentcamarche.com/faq/26566-entreprise-definition-juridique consulté le 20/05/2021à
00:07
6 Selon l‟heureux formule de M.M CHAMPAND et PAILLUSSEAU « qu‟était l‟entreprise en 1807, rien, qu‟est-elle en

passe de devenir, tout » : CARTIER (M.E), Notion et fondement de la responsabilité du chef d‟entreprise, in la
responsabilité pénale du fait de l‟entreprise, Masson, Paris, 1977, p.49.
7 - La jurisprudence retient la responsabilité pénale du chef d’entreprise au-delà des secteurs traditionnels, dans

le domaine agricole, pharmaceutique ou financier : cass. Crim : 26 Février 1948, Bull. crim, 63, Revue de sciences
criminelles, 1948, p. 294, note Magnol.

6
respect à l’horaire du travail, à la qualité des produits, à la pratique des prix. Le
législateur marocain n’a prévu guère et d’une façon explicite et expresse « la
dite responsabilité pénale du fait d’autrui », Cette dernière n’est que le fruit de la
jurisprudence marocaine. Alors son homologue le législateur français, en
l’absence d’un texte (8) explicite, le juge Français a semblablement consacré « une
responsabilité pénale du fait d’autrui » fonctionnelle (9). Le cas le plus spectaculaire
est celui du chef d’entreprise aux termes d’une jurisprudence (10). Solidement
assise, ce dernier est tenu de veiller personnellement à la stricte et constante
exécution des prescriptions réglementaires au sein de son établissement. Dès lors,
toute violation de ces prescriptions par l’intermédiaire de l’un de ses préposés, le
constitue pénalement responsable sans que soit exclue la responsabilité
personnelle du salarié. Cette solution a été retenue dans les domaines les plus
divers, en matière économique ou fiscale, en matière de droit du travail, de la
consommation ou de l’environnement. Il est judicieux de souligner que le chef
d’entreprise est responsable pénalement des infractions intentionnelles et non
intentionnelles de leur préposés. Elle en a décidé ainsi notamment en matière de
tromperies sur les qualités substantielles d’une marchandise vendue, et à propos
du délit volontaire de pollution des eaux.
Section 2 : Nécessité d’une faute du chef d’entreprise
En présence d’une infraction liée au fonctionnement de l’entreprise et commise par
un préposé, le chef d’entreprise est pénalement responsable non seulement s’il
participe en tant que coauteur ou en tant qu’auteur intellectuel à la commission de
l’infraction mais également et surtout s’il laisse commettre ladite infraction.
Les sources de la responsabilité pénale du chef d’entreprise : Les sources de la
responsabilité pénale du chef d’entreprise sont textuelles et jurisprudentielles. Pour
les textes retenant la responsabilité pénale du chef d’entreprise en raison du fait
d’autrui, une distinction doit être faite entre ceux qui ont pour but de mettre à la
charge du commettant l’obligation de payer l’amende pénale prononcée contre le
préposé, et ceux qui entraînent la poursuite pénale et la possibilité d’une
condamnation personnelle du chef d’entreprise aux peines prévues par la loi pour
l’infraction matériellement commise par autrui.
Les sources textuelles : Les textes qui assortissent des cas prétendus de
responsabilité pénale du fait d’autrui, s’ils apportent incontestablement une
8 - SEGANDS (M.) Droit pénal général, ellipses, paris, 2004, p.210 : « Le législateur ne s’est jamais convaincu de la
nécessité de conférer à la responsabilité pénale du chef d’entreprise une assise légale sous la forme d’une
disposition à portée générale ».
9 - Cass. Crim. : 28 Janv. 1959, S., 1859, I, 364. Ceci fut également affirmé par : CONTE (P.), CHAMBON (P.M), Le

droit pénal général, paris, Masson, 1990, p. 234 : « Il n’est pas possible d’apprécier la conduite d’un chef
d’entreprise en faisant abstraction de sa fonction et des pouvoirs qu’elle lui confère ».
10 - Crim. 28 Fév. 1956, J.C.P. 1956 – II – 9304, note de LESTANG.

7
exception au principe de la personnalité des peines, ne dérogent, en aucune façon,
au principe de la responsabilité pénale individuelle. Tel est le cas visé par l’art.
L.260-1 du code du travail français 11. De même, l’art. 432 de la loi n° 17-95 relative,
aux sociétés anonymes, dispose que la juridiction peut condamner solidairement la
personne morale au paiement des amendes prononcées contre leurs dirigeants. A
vrai dire, dans les deux cas précèdent, il s’agit d’une responsabilité pécuniaire pour
l’infraction d’autrui, proche de son principe de la responsabilité civile des
commettants du fait de leurs préposés. Le but poursuivi par cette substitution de
fournir à l’Etat, créancier de l’amende, un débiteur solvable. Les textes de la
deuxième catégorie qui englobent les cas véritables de responsabilité pénale du fait
d’autrui, constituent véritablement les exceptions au principe de la responsabilité
pénale personnelle. Ces dispositions prévoient expressément que le chef
d’entreprise est responsable pénalement des infractions commises par ses salariés.
Les sources jurisprudentielles : En l’absence de support textuel, la jurisprudence a
étendu le raisonnement et a ainsi multiplié les situations où peut être engagée la
responsabilité pénale du chef d’entreprise, auteur médiat de l’infraction. La
chambre criminelle française, et après avoir rappelé le principe que nul n’est
punissable qu’à raison de son fait personnel, n’en a pas moins déclaré que la
responsabilité pénale peut cependant naître du fait d’autrui, dans les cas
exceptionnels où certaines obligations légales imposent le devoir d’exercer une
action directe sur les faits d’un subordonné.
-La responsabilité pénale du chef d’entreprise, responsabilité dérogeant au droit
commun- Il faut rappeler d’abord que l’un des principes fondamentaux du droit
pénal réside dans la personnalisation de la responsabilité. Chacun n’est responsable
que de son propre fait12 . L’article 132 du code pénal prévoit : « Toute personne
saine d’esprit et capable de discernement est personnellement responsable » 13.il
n’est pas concevable que le comportement d’autrui puisse être de nature à
entraîner la condamnation pénale d’une personne qui ne serait pas l’auteur direct
du comportement délictueux14. A l’inverse, il est évident que les éléments sont
totalement différents en ce qui concerne la responsabilité civile, qui statue que
l’employeur soit responsable du fait de ses employés. L’employeur porte une
11 L’art. L.260-1 du code du travail (ancien art. 184 du livre II du code du travail) stipule : « les chefs d’entreprise sont
civilement responsables des condamnations prononcées contre leurs directeurs, gérants et préposés pour infraction à
la législation du travail ».
12 Cass. Crim. 28 Février 1956, sem. Jur. 1956, 9304. Dans ce contexte, la faute pénale était à l’origine d’un grave

manquement à la loi pénale, ce qui avait pour double conséquence : - que celui qui avait enfreint la morale (meurtre,
vol, etc.) avait conscience de sa responsabilité et comprenait la sanction qui lui était infligée. - que la loi morale était
connue de tous et nul ne pouvait l’ignorer
13 L’Art 132 du code pénal marocain est l’équivalent de l’Art 121-1 du code pénal français : « nul n’est responsable

pénalement que de son propre fait »


14 DAOUD (E.), DINH (B.), PERRARI (J.) et GAMBETTE (C.) Gérer le risque pénal en entreprise, Lamy, 2011, p. 38

8
présomption de responsabilité même si aucune faute ne peut lui être
personnellement reprochée. 15 Le principe de la personnalité des peines souffre
d’une dérogation, une personne peut se voir condamner pénalement à raison de
l’action ou de l’inaction d’un tiers. Le terrain d’élection de cette responsabilité
pénale pour autrui est celui de l’entreprise où les dirigeants peuvent être
pénalement responsables en leur qualité de chef d’entreprise : il s’agit d’infractions
à la commission matérielle desquelles le dirigeant n’a pas directement participé,
mais dont il doit assurer néanmoins la responsabilité pénale du fait qu’elles se
rattachent au fonctionnement de l’entreprise 16. Ces infractions peuvent concerner
aussi bien la réglementation propre au secteur d’activité de l’entreprise que la
réglementation générale applicable à toute entreprise. Il est en outre responsable
en cas des infractions du droit pénal commun, et notamment, l’escroquerie, l’abus
de confiance, le faux ou l’usage de faux. C’est donc, une responsabilité
extrêmement lourde qui menace le chef d’entreprise.

- La faute du chef d’entreprise : La responsabilité pénale du chef d’entreprise peut


paraître sévère de prime abord. Elle se justifie toutefois par le fait que, sur lui, pèse
un devoir général de contrôle, de surveillance et l’obligation de faire respecter
l’ensemble de la législation et de la réglementation applicables. Afin d’actionner le
chef d’entreprise en responsabilité, il ne suffit pas de constater la commission d’une
infraction liée au fonctionnement de l’entreprise. Encore faut-il établir à l’encontre
du chef d’entreprise – conformément à la vocation rétributive de la responsabilité
pénale – un manquement fautif à son obligation de surveillance. Or, en la matière,
la difficulté provient de ce que la jurisprudence se contente le plus souvent d’une
simple faute de négligence, d’omission qui plus est, qu’elle n’hésite guère à déduire
ipso facto, et donc à présumer, de l’unique commission de l’infraction par le
préposé.

15 Sur cette théorie, voir, l’Art 85 du code des obligations et des contrats promulgué par le dahir du 12 août
1913, tel que modifié par la loi n° 53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques. Voir, également :
CHRADI MOSLIH (A), op. cit., pp.55 et s. (en arabe) .
16 On parle alors du risque pénal du dirigeant « un voleur, un meurtrier ne court pas un risque, il enfreint la loi morale.

Un dirigeant d’entreprise, à l’image de l’automobiliste qui craint l’insécurité de la route, court le risque de poursuites
pénales pour des faits qu’il n’a pu maîtriser ». L’entreprise et le risque pénal, op. Cite, p. 7. Il faut aussi signaler que «
celui qui exerce une activité doit parcourir un terrain risqué. L’importance de la réglementation, assortie de sanctions
pénales, a pour double conséquence, contraire à la règle de la faute pénale précédente. - Que celui qui ne respecte
pas la réglementation n’a pas nécessairement conscience qu’il a mal agi et la sanction qui sera prononcée ne sera pas
comprise. - Que le principe que nul n’est censé ignorer la loi devient artificiel ». Ibid.

9
Chapitre 2 : Le fondement de la responsabilité pénale de l’entrepreneur individuel
du fait d’autrui :
Dans nos sociétés modernes, l'entreprise est de plus en plus soumise à des
exigences du corps social dans toutes ses composantes. Ainsi, en tant qu'agent
économique et en tant qu'acteur social, l'entreprise, et à travers elle ses
« dirigeants » est interpellée par ses composantes internes (associés, salariés..) et
ses partenaires externes qu'ils soient contractuels (fournisseurs, clients..), régaliens
(Etat-puissance publique..) ou tout simplement « civils » (associations de défense
des consommateurs, de l'environnement,) ; sur les conditions de réalisation de ses
missions et de ses activités. L'entreprise se trouve donc investie de responsabilités
de nature diverse. Ces responsabilités sont censés être assumées et exercées au
nom de l'entreprise par ses dirigeants qui sont supposés en rendre compte aux
différents acteurs de la vie économique et sociale intéressés par ses actions de
manière directe ou indirecte. Le dirigeant ou les dirigeants de l'entreprise exposent
donc cette dernière à des risques de condamnation morale, sociale et/ou juridique.
Ils ont donc un devoir de protection de l'intégrité morale et patrimoniale de leur
entreprise et ce tout au long de l'existence de celle-ci, pour le meilleur et pour le
pire17.
Peut-on justifier sur le terrain des principes (celui de la responsabilité pénale
individuelle et celui de la personnalité des peines.) A ce propos, deux critères ont
été avancés pour justifier la responsabilité pénale du chef d’entreprise : le premier,
qui évoque irrésistiblement la responsabilité civile, est celui de risque, le second
plus politique et juridique, est celui de pouvoir. La question qui donne rubrique à cet
égard est la suivante : Sur quoi est fondée une responsabilité pénale de
l’entrepreneur individuel du fait d’autrui ?18
▪ Le Fondement du risque :

17 https://www.memoireonline.com/12/08/1661/La-responsabilite-penale-des-dirigeants-de-lentreprise.
18 https://www.memoireonline.com/12/08/1661/La-responsabilite-penale-des-dirigeants-de-lentreprise.

10
Section 1 : La théorie du risque et du pouvoir

A -La théorie du risque La théorie du risque, bien connue des civilistes, parait
étrangère au droit pénal et l’on peut s’étonner de l’avoir présentée comme
fondement d’une responsabilité pénale. Elle a cependant d’ardents défenseurs
encore que leur conception de la notion de risque diffère profondément.19

20
La théorie du risque : proposée par Saleilles et Josserand :
• La 1ère variante est intitulée « théorie du risque et profit » : la personne qui a
profité de l’activité à l’origine du risque ayant entrainé le dommage doit être
considéré comme responsable. Cela permet d’expliquer la responsabilité de
l’employeur en cas de dommages subis par le salarié. Cela explique également
la responsabilité du commettant du fait de ses préposés.
Autrement dit, cette théorie elle supprime l’élément moral du crime, qui
contredit de ce fait, le principe de « pas de responsabilité sans faute ». De
plus, l’idée de profit n’est nullement absente d’une responsabilité pénale
fondée sur la faute, puisque aussi bien le chef d’entreprise qui recherche le
rendement au détriment de la sécurité ou d’hygiène, commet une faute dont
il est appelé à répondre. Les partisans estiment que cette théorie oblige les
dirigeants à exécuter leurs engagements sans négligences et avec beaucoup
d’attention.

• La 2e variante, « théorie du risque crée » : dit que celui qui a donné naissance
au risque de survenance du dommage est responsable.

• La 3e variante : « théorie du risque autorité » : est plus récente responsabilité


du fait d’autrui (des parents du fait de leur enfant mineur,…) On est obligé de
réparer le dommage.

B- La théorie du pouvoir

19CARTIER (M.E), la responsabilité pénale, op. Cite. pp. 61-62


20 https://cours-de-droit.net/de-la-responsabilite-pour-faute-a-la-theorie-du-risque-et-la-theorie-g-a121606280/

11
La théorie du pouvoir considère, à l’inverse de la théorie précédente, que ne soit
pas le profit mais le pouvoir détenu par le chef d’entreprise qui a paru le plus apte à
fonder la responsabilité pénale du dirigeant. Ce dernier possède un pouvoir
économique à l’égard des biens et le pouvoir de direction à l’égard de ses
personnels, pouvoir de direction qui se décompose en un pouvoir normatif, dont le
règlement est la principale traduction, et un pouvoir disciplinaire.

Le chef d’entreprise est responsable, non parce qu’il a accepté sa responsabilité ou


parce qu’il tire profit de l’entreprise, mais parce qu’il détient le pouvoir, le pouvoir
notamment d’empêcher la commission de l’infraction. Ainsi présentée, la
responsabilité « institutionnelle », « fonctionnelle », comme la contrepartie
nécessaire de l’autorité 21 et des fonctions détenues. Plus précisément, quant à
nous, le pouvoir peut être considéré comme la pierre angulaire de la responsabilité
pénale du dirigeant, dans la mesure où celui-ci a utilisé ses autorités à des fins
illégales.

Section 2 : La théorie de la faute et de l’auteur moral


A- La théorie de la faute
« Starck » pose les fondements d'une responsabilité sans faute, affirmant que si la
faute est toujours un événement anormal, on peut en conclure que « tout
événement anormal puisse être rattaché à une faute ».
Comment justifier qu’une simple faute d’omission suffise à engager la responsabilité
pénale du chef d’entreprise alors que l’infraction réalisée par le préposé consiste en
une infraction de commission ? Comment ne pas conclure à une violation du
principe de l’interprétation stricte qui interdit notamment d’assimiler une omission
à une action possible ? Pour donner réponse, la doctrine a proposé de considérer
que le chef d’entreprise emprunterait l’élément matériel de l’infraction commise
par son préposé. Plus justement, a-t-on proposé de considérer, d’une part, l’action
positive du préposé, et d’autre part, l’omission du chef d’entreprise, pour observer
qu’en réalité, le comportement du chef d’entreprise loin de se ramener à une pure
abstention, constitue bien davantage une omission dans l’action. Le chef
d’entreprise ayant par ses fonctions l’obligation d’agir.

21D’après MAILLET, il existe une différence notable entre le pouvoir et l’autorité : « alors que le pouvoir est la
possibilité qu’un individu à d’imposer sa volonté à un autre, l’autorité, cette forme de pouvoir reconnue et
sanctionnée par l’organigramme, ou par une autre source officielle. Elle peut être perçue comme une influence allant
de haut au bat «

12
B-La théorie de l’auteur moral
En effet, dans le cas où l’infraction est matériellement réalisée par un autre que le
chef d’entreprise, la tentation est grande de rattacher la responsabilité du dirigeant
à la notion d’auteur moral.

Le chef d’entreprise sera condamné, non parce qu’il a matériellement exécuté


l’infraction, mais parce qu’il a, par sa négligence ou incurie, laissé commettre
l’infraction. L’acte du préposé n’est alors que le « détonateur », le révélateur de la
carence du chef d’entreprise22. Si l’un adopte cette explication, pour que la
responsabilité du chef d’entreprise soit retenue, il n’est pas nécessaire qu’il existe
un rapport contractuel ou quasi contractuel ou même seulement, un rapport de
droit ou de fait entre l’auteur moral et l’agent matériel, il suffit que l’auteur moral
ait commis une faute et que cette faute ait été une cause médiate ou indirecte de
l’infraction. Plus précisément, quant à nous, nous considérons, que le dirigeant soit
responsable de principe, sa responsabilité réside à la fois dans la théorie de la
responsabilité pénale du fait autrui et celle de l’auteur moral. Dans les deux cas les
devoirs et les sanctions reposent sur le chef d’entreprise.
Toutefois, dans la première hypothèse, autrui (le préposé) est une personne
punissable, ayant commis un acte délictueux intentionnellement et sans la
détermination d’une autre personne (le chef d’entreprise).
Mais dans la seconde hypothèse, l’auteur matériel est une personne impunissable,
matérialise son acte illicite sous l’influence de l’auteur moral.
Il parait acquis, sur ce point de raisonnement, qu’une infraction a été commise dans
l’entreprise, et le dirigeant peut se voir condamner pénalement du fait de son
préposé.

22 CARTIER (M.E), La responsabilité pénale, op. Cite, p. 60

13
Conclusion
En guise ce conclusion, si la responsabilité pénale individuelle du dirigeant est un
sujet souvent peu connu et abordé par les chefs d’entreprises de croissance. Mais,
se voir mis en cause pénalement dans le cadre du mandat de chef d’entreprise
n’arrive pas qu’aux autres.
Le chef d’entreprise va être déclaré pénalement responsable des infractions
pénalement commises par ses préposés, c’est-à-dire par les personnes qui sont
placées sous son autorité, les salariés. A la base de la responsabilité pénale du chef
d’entreprise, il faut trouver une infraction dont le préposé est l’auteur matériel.
Cette infraction est une infraction commission, mais c’est aussi une infraction
d’omission dans l’entreprise. L’infraction commise par le préposé peut être une
infraction matérielle. Cette infraction peut être ensuite une infraction non
intentionnelle, et bien sur un délit d’homicide ou de délit commis par imprudence.
En effet les dirigeants et les cadres d’entreprise peuvent voir engager leur
responsabilité pénale en matière sociale, dans la mesure où ils sont chargés de
veiller à la bonne application du droit du travail dans l’entreprise. Cette
responsabilité peut se traduire par des contraventions et délits tels que les peines
d’emprisonnement, prononcées par les tribunaux répressifs.

Le régime de la responsabilité pénale des dirigeants de l'entreprise constitue la


pierre angulaire du droit pénal des affaires en général et du droit des sociétés et des
entreprises en difficulté en particulier. En effet, l'étude de ce régime révèle la place
centrale que la loi et la jurisprudence confèrent au dirigeant de l'entreprise dans la
mise en oeuvre du dispositif pénal qui accompagne la naissance, le fonctionnement
de l'entreprise qu'elle soit in bonis ou en difficulté. Gardienne de l'éthique et de la

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morale des affaires qui sont le fondement de la responsabilité, la jurisprudence a
joué un grand rôle dans la construction de ce régime en s'attachant à définir les
éléments constitutifs de la direction de fait que la loi s'est contentée de reconnaître
pour étendre le champ d'application de la responsabilité pénale aux dirigeants sans
en préciser les contours. En reconnaissant la délégation de pouvoir comme cause
possible d'exonération de cette responsabilité, elle a tenu compte de la réalité de la
vie économique des entreprises et des impératifs d'une organisation moderne et
efficace pour l'accomplissement de ses missions et la réalisation de leur objet social.
Cette réalité que le législateur a également intégrée dans sa politique pénale pour
adapter le régime de la responsabilité à l'impératif d'efficacité et d'utilité de la
sanction pénale en insérant cette politique dans le double mouvement de
pénalisation des actes les plus graves et de dépénalisation des actes ayant un
caractère non intentionnel ou une portée limitée.

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Bibliographie :
Ouvrages :
➢ Thèse de Monsieur le professeur Mohamed KELLATI pour le doctorat en droit
privé, « le risque pénal dans l’entreprise », université Abdelmalek ESSAADI, année
universitaire 2017 /2018.
➢ SEGANDS(M) Droit pénal général, ellipses, paris, 2004
➢ CONTE(P), CHAMBON (P.M), le droit pénal général, paris, Masson, 1990
➢ BOUZAT et PINATEL, « Droit pénal et criminologie », 2ème édition, L.I, n°329
➢ DAOUD(E,), DINH(B), PERRARI (J.) et GAMBETTE(C.) gérer le risque pénal en
entreprise, Lamy, 2011.
➢ Thèse d’Ahmed HALOUI, la responsabilité pénale des dirigeants de
l’entreprise, Mastère spécialisé en Droit de l’entreprise 2006, ISCAE et Université de
Toulouse I-sciences sociales.
➢ GUIDE JURIDIQUE DE L’ENTREPRISE Traite´ théorique et pratique 2e Edition Titre
XII – Livre 119.4 La responsabilité´ pénale dans l’entreprise Adrien MASSET Avocat
au barreau de Verviers Professeur a` l’Université´ de Liège

Lois ;
➢ Code des obligations et des contrats promulgué par le dahir du 12 aout 1913,
tel que modifié par la loi n°53-05 relative à l’échange électronique de données
juridiques.
➢ Dahir n°1-59-413 du 28 JOUMADA II 1382 (26 novembre 1962) portant
approbation du texte du code pénal. Bulletin Officiel n°2640.

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➢ Dahir n°1-58-261 du 1er CHAABANE 1378 (10février 1959) formant le code de
procédure pénale.

Webographie :
➢ https://www.cairn.info/droit-penal-general--9782706125652-page-103.htm

➢ www.unistudyguides.com
➢ https://cours-de-droit.net/de-la-responsabilite-pour-faute-a-la-theorie-du-
risque-et-la-theorie-g-a121606280/
➢ https://www.memoireonline.com/12/08/1661/La-responsabilite-penale-des-
dirigeants-de-lentreprise.html

➢ https://www.cairn.info/droit-penal-general--9782706125652-page-103.htm,
date de consultation 15/05/2021 à 23 :07

➢ https://droit-finances.commentcamarche.com/faq/26566-entreprise-definition-
juridique consulté le 20/05/2021à

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