Vous êtes sur la page 1sur 60

Cours Droit des Obligations 2

Responsabilité Civile et Régime Général des Obligations

Pr Papa Banga GUISSE,

A l’UFR de Sciences Juridiques et Politiques

De l’Université Gaston BERGER de Saint-Louis

papebanga@gmail.com

(+221) 773054219

PREMIERE PARTIE : LA RESPONSABILITE CIVILE

INTRODUCTION : NOTION, FONDEMENTS ET EVOLUTION DE LA RESPONSABILITE CIVILE

I. Notion de responsabilité civile

Etymologiquement la responsabilité renvoie à deux termes latins. D’abord, elle renvoie au


terme « respondere» qui signifie répondre : sous ce rapport, la responsabilité se définit comme
«une obligation de répondre de ses actes devant une autorité qui demande des comptes ». Mais,
cette définition s'arrête au premier niveau de l'étymologie du mot responsabilité. Aussi, dans un
second sens, une étymologie plus poussée du verbe «respondere» permet-elle de remonter à sa
racine «spondere», c'est-à-dire promettre, s'engager, se porter garant.
Une personne responsable est donc une personne en mesure de dominer la situation, de s'en
porter garante, parce qu'elle dispose de la maîtrise de ses actes. Et parce qu'elle a la maîtrise de
ses actes, il arrive qu’elle ait à en rendre compte devant une autre personne ; mais cette
obligation accidentelle ne constitue pas l'essence de la responsabilité.
Donc, de cette double étymologie, on retiendra que la responsabilité découle d'un engagement
dont on doit le cas échéant répondre1.

1http://www.managementagora.com/article-2655004.html

1
S’agissant de la responsabilité civile, elle englobe, endroit sénégalais, au sens large la
responsabilité contractuelle, la responsabilité délictuelle et la responsabilité quasi
délictuelle.

Une personne est civilement responsable quand elle est tenue de réparer un dommage subi par
autrui : on dit qu’elle en répond. Un lien d’obligation nait donc entre la victime et le
responsable.

Lorsque le préjudice résulte de l’inexécution d’une obligation contractuelle, la responsabilité


est contractuelle. Dans les autres cas, elle est délictuelle (si le dommage a été voulu par son
auteur) ou quasi délictuelle (s’il ne l’a pas été).

La responsabilité délictuelle et quasi délictuelle et la responsabilité contractuelle sont des


sources d’obligation2 : quand leurs conditions sont réunies, et la victime devient alors créancière
de la réparation.

Le législateur sénégalais ayant ramené la responsabilité civile à la responsabilité


délictuelle, une distinction sera faite entre la responsabilité civile délictuelle et les autres types
de responsabilité, notamment celles qui se trouvent en dehors du COCC, la responsabilité
pénale et la responsabilité sociétale par exemple.

II. Distinction entre la responsabilité civile délictuelle et les autres responsabilités

La responsabilité civile délictuelle ou responsabilité délictuelle est différente de la


responsabilité civile contractuelle, de la responsabilité morale, de la responsabilité pénale et de
ce que l’on appelle aujourd’hui « Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) ou des
Entreprises (RSE).

A. Distinction entre responsabilité délictuelle, responsabilité pénale, responsabilité


morale et responsabilité sociétale

Un acte peut engager à la fois la responsabilité morale, civile et pénale de son auteur, ou
seulement l’une de ces responsabilités.

2V. art 39 du COCC « Les obligations naissent des contrats légalement formés, des délits générateurs
de responsabilité civile et des faits énumérés au titre III du présent livre.»

2
Ainsi, lorsque la responsabilité atteint la société au plan moral (transgression de certaines règles
issues de codes non écrits ou de règles religieuses) sans possibilité de condamner pénalement
son auteur, l’on parle de responsabilité morale.

Lorsque la responsabilité atteint la société et que son auteur est frappé d’une peine sur une base
légale, il y a responsabilité pénale. Lorsque le préjudice atteint une personne privée, son auteur
peut être tenu de la réparer. Il y a responsabilité civile en ce sens que la réparation profite à la
victime. La distinction apparait plus nette lorsqu’on se réfère aux domaines des deux
responsabilités, à leurs fonctions et surtout à leurs procédures.

Soumise au principe de légalité des délits et des peines, la responsabilité pénale est moins large
que la responsabilité civile qui procède de tout fait quelconque de l’homme. La dimension
sanction de la responsabilité pénale, au-delà de sa fonction réparatrice, qu’elle partage avec la
responsabilité civile, poursuit en outre une finalité dissuasive, éducative et surtout
«resocialisante». Enfin, la mise en œuvre des deux responsabilités passe par des procédures
différentes. Les juridictions répressives connaissent des infractions pénales dont l’action
publique est exercée par le ministère public au nom de la société. La responsabilité civile,
relevant des juridictions civiles, est laissée à l’initiative des parties qui ont généralement la
conduite du procès.

S’agissant de la responsabilité sociétale, l’Association Française de Normalisation (AFNOR)


la définit comme suit : la « Responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses
décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement
éthique et transparent qui :
- contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société ;
- prend en compte les attentes des parties prenantes
- respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de
comportement; et qui
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations »
(AFNOR, 2006).

3
B. Différence entre responsabilité civile délictuelle ou responsabilité délictuelle et
responsabilité civile contractuelle ou responsabilité contractuelle

Dans la mesure où la responsabilité civile englobe à la fois la responsabilité délictuelle et la


responsabilité contractuelle, voire quasi contractuelle nous allons surtout opérer une distinction
entre la responsabilité délictuelle et la responsabilité contractuelle.

1- Le fait générateur, principal critère de distinction

Pour la responsabilité délictuelle, il est généralement fait référence au fait juridique : le délit
ce qui signifie que la responsabilité civile délictuelle découle d’une situation de fait, en dehors
d’un champ contractuel, provoquant un dommage à autrui. S’agissant de la responsabilité
contractuelle, elle fait référence à une mauvaise ou une inexécution d’une obligation
contractuelle.

Toutefois, deux conditions doivent être remplies pour qu’une responsabilité soit contractuelle.
Il faut un contrat valable car si le contrat est annulé la responsabilité est délictuelle. Elle suppose
également un dommage résultant de la mauvaise ou de l’inexécution d’une obligation née de
ce contrat ; ce qui postule que la victime soit un contractant.

2 - Des possibilités de coexistence des deux responsabilités

Pour une meilleure compréhension, il est nécessaire de faire la différence entre le champ
contractuel et « l’environnement contractuel » c’est-à-dire tout ce qui est en dehors du
champ contractuel et qui a un lien quelconque avec le contrat.

Pour exemple, relèvent de la responsabilité délictuelle les dommages :

- nés avant la naissance ou à la fin d’un contrat : obligation de conseil par exemple ou la
divulgation d’une information ;

- résultant d’un contrat nul pour vice de forme ou de fond ;

- suite à une rupture abusive des pourparlers.

S’il est évident que ces cas sont hors du champ contractuel, il n’en est pas de même pour
les cas ci-après malgré l’existence d’un contrat :

- lorsque le dommage causé à l’une des parties par l’autre est sans lien direct avec une obligation
entrant dans le champ contractuel ;

4
- lorsque l’inexécution d’une obligation contractuelle résulte de l’action d’un tiers non complice
avec l’une des parties au contrat ;

- lorsque l’exécution, la mauvaise exécution ou l’inexécution d’un contrat cause un dommage


à un tiers ; l’obligation contractuelle mal exécutée peut constituer une faute délictuelle lorsque
la victime est un tiers (C. Cass. 1ère civ., 13 février 2001, pour le cas du dommage subi par
l’enfant en raison de la contamination par le VIH de sa mère à l’occasion d’une transfusion
sanguine) ;

- Des différences au niveau de l’indemnisation

D’abord, la responsabilité contractuelle suppose que le dommage soit prévu ou prévisible à


travers les différentes clauses que comporte le contrat pour que son indemnisation soit
envisageable.

Dans le cas de la responsabilité délictuelle, les dommages sont par essence imprévisibles.

Ensuite, en matière délictuelle, la gravité de la faute importe peu, alors que, dans un contrat, la
distinction entre l’obligation de moyen et l’obligation de résultat (art. 123 du COCC), voire
l’obligation de sécurité (art. 645 du COCC) peut entrainer plus ou moins facilement la
responsabilité contractuelle de l’une des parties et par conséquent, l’indemnisation.

Enfin, en matière délictuelle, la victime peut s’adresser à l’un des coresponsables pour
l’intégralité de son dommage, s’il est solvable (art. 136 du COCC) ; tandis qu’en matière
contractuelle, la solidarité ne se présume pas sauf en matière commerciale entre les débiteurs
(art. 234, al. 2 du COCC), elle doit être stipulée dans le contrat (art. 234 al. 1 du COCC) ou
prévue par une disposition légale (art. 234 al. 3 du COCC)

- Les clauses limitatives de responsabilité ne sont valables qu’en matière contractuelle sauf en
cas de faute lourde ou dol (Voir application en droit des transports).

- Des différences d’ordre procédural

- La prescription de droit commun en matière de responsabilité délictuelle est de dix ans (art.
222 du COCC), tandis celle de la responsabilité contractuelle est de cinq, deux ou un an en
fonction du type de contrat ou de l’option des parties.

- La mise en demeure est de règle en matière contractuelle.

5
3 : Principe de non « cumul » des responsabilités contractuelle et délictuelle

Une précision est nécessaire pour dissiper toute confusion. L’expression cumul de
responsabilités ne signifie pas que la victime pourrait obtenir une double réparation, l’une
fondée sur la responsabilité contractuelle, l’autre sur la responsabilité délictuelle. Elle ne
signifie pas, non plus, que la victime peut combiner dans la même action les règles procédurales
de la responsabilité contractuelle et de la responsabilité délictuelle.

Il s’agit de se demander si la victime de l’inexécution fautive d’un contrat peut invoquer, selon
le choix le plus favorable, les règles de la responsabilité contractuelle ou délictuelle.

Une jurisprudence ancienne a posé le principe du non-cumul des deux responsabilités pour
préserver le principe de la force obligatoire du contrat. C’est ainsi qu’une décision de la Cour
de Cassation Française, estime que la victime d’un dommage ne peut pas choisir entre les deux
ou les invoquer à titre subsidiaire :

- « les articles 1382 et suivants, devenus articles 1240 et s dans le nouveau Code Civil Français
(CCF)3 sont sans application lorsque s’agit d’une faute commise dans l’exécution d’une
obligation résultant d’un contrat» (C. Cass., 11 janvier 1922, DP 1922, I, p. 16) ;

Cette règle du non cumul ne s’applique pas dans certaines situations. La jurisprudence a
longtemps décidé que la clause de non responsabilité insérée dans le contrat n’emporte pas une
exonération du débiteur, qu’elle a pour effet de renverser la preuve qui pèse sur la victime. En
conséquence, la preuve de la faute appelle l’application des règles de la responsabilité
délictuelle.

De même, il a été décidé d’appliquer le cumul de responsabilité en cas de faute intentionnelle


ou de faute lourde du contractant. En effet, le COCC précise qu’« en aucune façon, le débiteur
ne peut s'exonérer de la responsabilité d'un dommage causé à la personne ou des conséquences
de son dol ou de sa faute lourde» (art.152 al 2). La partie fautive ne peut, en l’espèce se
soustraire de son obligation de réparer le dommage causé par lui et résultant d’une faute
intentionnelle ou d’une faute grave. Toute stipulation contraire est inopérante.

3
« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer. »

6
II. FONDEMENTS DE LA RESPONSABILITE DELICTUELLE

La responsabilité civile était généralement fondée sur la faute depuis plusieurs siècles. Par la
suite, et au fur et mesure que les sources de dommages se diversifient et se complexifient, la
notion de responsabilité objective est apparue faisant référence, d’abord, à la notion de risque,
puis à la garantie, voire au principe de précaution comme c’est le cas dans d’autres systèmes
juridiques.

A- La faute

Traditionnellement, la responsabilité de l’auteur d’un dommage se fondait uniquement sur la


faute par lui commise. Le COOC pose à cet effet un principe général de responsabilité fondée
sur la faute au titre de l’article 118 : « Est responsable celui qui par sa faute cause un dommage
à autrui ». Mieux, l’article 119 du COOC met l’accent sur la nature subjective de la faute : « la
faute est un manquement à une obligation préexistante de quelque nature qu'elle soit ». Ainsi,
pour obtenir réparation, la victime doit prouver la faute de l’auteur du dommage.

Cependant avec l’avènement du machinisme, le développement des accidents de travail ou de


la circulation, la notion subjective de faute devenait impuissante à fonder la responsabilité de
l’auteur du dommage. La victime avait du mal a apporté la preuve de l’auteur du préjudice.
La responsabilité civile allait se déplacer vers la notion de faute objective, reposant par la même
occasion sur d’autres fondements.

B- Le risque

Pour régler le problème des nombreux dommages accidentels, G. Viney, Saleilles et Josserand
ont initié le mouvement de l’élargissement des fondements de la responsabilité en développant
la théorie du « risque », selon l'idée que « toute activité qui fonctionne pour autrui fonctionne
au risque d'autrui ». Cette théorie, fondée sur la faute objective, a deux variantes : le risque-
profit selon lequel l’obligation de réparer doit aller de pair avec le profit économique et le
risque-créé selon lequel celui qui agit et crée un risque doit en supporter les conséquences
dommageables.

7
La théorie du risque a influencé de nombreux régimes spéciaux de responsabilité, dont le régime
de l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation prévue par le code CIMA
(oscillant entre le risque et la garantie), mais surtout la responsabilité du fait des choses et des
animaux posée par l’article 137 et s du COCC.

Cependant, la théorie du risque n’explique pas tous les cas de responsabilité. Planiol, la critiqua
en ces termes : « tout cas de responsabilité sans faute, s'il était réellement admis, serait une
injustice sociale ». En outre, on lui fait grief de décourager l’esprit d’entreprise sans oublier
que l’idée de profit et de risque existe aussi chez la victime qui a bénéficié des activités de son
employeur (risque-profit) ou s’est exposée en agissant (risque-créé).
La doctrine se tourna vers une autre théorie, la théorie de la garantie, pour trouver un fondement
à la responsabilité.

C- La garantie

Dans la doctrine française, le mouvement favorable à la théorie de la garantie a été initié par B.
Starck dès 1947, un an avant la proclamation de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme de 1948. La doctrine de la théorie de la garantie met l’accent sur l’idée selon laquelle
il faut « avant tout rechercher quels sont les droits auxquels on ne peut porter atteinte sans
engager sa responsabilité et dans quelle mesure ils méritent d'être protégés contre l'activité
d'autrui ». Pour cette doctrine, le fondement de la responsabilité civile serait à rechercher dans
la garantie des droits essentiels de l'individu et des groupes.

A l’opposé des théories antérieurement exposées, B. Starck fonde son analyse sur la victime et
non dans le comportement de l’auteur. Il part du postulat que tout individu a un droit à la sécurité
et un droit d’agir, dont la violation donne lieu à réparation. De là, il y a atteinte à la sécurité de
l’individu lorsque la victime subit un dommage matériel ou corporel. La responsabilité de
l’auteur sera engagée sans qu’il soit besoin d’établir sa faute. A l’inverse, il y a atteinte au droit
d’agir lorsque le dommage est de nature purement économique ou moral (concurrence
déloyale). La responsabilité de l’auteur est basée sur la faute, qu’il faut prouver.

De nos jours, le droit des droits de l’Homme ou de la personne n’ayant plus de frontière, semble
donner raison aux tenants de cette doctrine. En effet les Nations Unies les définissent comme
suit : « Les droits de l’homme sont des garanties juridiques universelles qui protègent les

8
personnes et les groupes contre les actions et les omissions contraires aux libertés
fondamentales, aux droits et à la dignité humaine. La législation des droits de l’homme oblige
les gouvernements (principalement) et autres débiteurs d’obligations à faire certaines choses
et les empêche d’en faire d’autres. »

Cependant, cette théorie de la garantie n’a pas échappé aux critiques. On lui reproche
notamment d’entretenir un certain flou entre droit à la sécurité et droit d’agir et surtout de créer
des droits subjectifs nouveaux à la place des simples libertés.

En rapport avec cette pluralité de fondements, on assiste à une mutualisation et/ou


collectivisation des risques pour une meilleure indemnisation des victimes.
Les principales techniques sont :
- l’assurance,
- la sécurité sociale
- les différents fonds de garantie
- les fonds spéciaux.
Malgré cette panoplie, la responsabilité permet aux tiers payeurs de se retourner contre le
responsable du dommage dès lors que les conditions sont réunies.

CHAPITRE I : LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITE CIVILE OU


DELICTUELLE

L’effet de la responsabilité civile étant la réparation d’un dommage, il ne saurait y avoir de


responsabilité civile sans dommage. Le dommage ou préjudice est donc une condition
essentielle de la responsabilité civile4. Mais tout préjudice ne donne pas lieu à réparation. Deux
autres conditions doivent, en principe, être réunies pour qu’il y ait responsabilité : un fait
générateur de la responsabilité (personnel ou non) et un lien de causalité entre le fait et le
dommage.

Mais du fait qu’il peut exister une responsabilité sans faute, ou plusieurs faits à l’origine de la
responsabilité, il serait préférable d’étudier le fait générateur comme condition variable de la

4Selon un auteur « le dommage peut être distingué de sa conséquence, qui est le préjudice. En
patrique, on emploie indifféremment l’un ou l’autre». C. RENAULT-BRAHINSKY, Mementos LMD,
Droit des obligations, Lextenso, 8ème éd., 2011 p.167

9
responsabilité, puis de voir les conditions constantes de la responsabilité civile (le dommage et
le lien de causalité)

SECTION 1 : l’élément variable de la responsabilité délictuelle : le fait générateur

Les articles 142 et 137 disposent respectivement que l’on est :

« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ».

« Toute personne est responsable du dommage causé par le fait de l'animal ou de la chose dont
elle a la maîtrise».

Ces dispositions nous donnent une distinction tripartite du fait générateur de la responsabilité :
le fait personnel, le fait d’autrui et le fait des animaux et des choses.

Paragraphe 1 : Le fait personnel, la faute

L’article 118 du COCC édicte un principe général, à savoir : « est responsable celui qui par sa
faute cause un dommage à autrui».

Au demeurant, lorsque le fait de l’homme est envisagé en lui-même, il n’engage, en principe,


la responsabilité de son auteur que si celui-ci a commis une faute et à la condition que la victime
rapporte la preuve de celle-ci.

A. La notion de faute

Aux termes de l’art. 119 du COCC « la faute est un manquement à une obligation préexistante
de quelque nature qu'elle soit». Il résulte de cette définition que la faute peut être contractuelle
ou extracontractuelle, c'est-à-dire qu’elle peut consister en la violation d’une obligation
préexistante législative, règlementaire, ou même provenir de l’exercice d’un droit. Selon les
cas, la faute peut prendre diverses formes. C’est pourquoi sa qualification par le juge est d’une
extrême importance.

1. Les variétés de fautes

10
Quatre grandes variantes retiennent notre attention : l’élément intentionnel de la faute, le fait
ou l’acte fautif, l’exercice fautif d’un droit et la gravité de la faute.

 l’élément intentionnel de la faute


La faute est soit intentionnelle, soit non intentionnelle.
La faute intentionnelle dite aussi faute délictuelle existe lorsque l’auteur du dommage a agi
intentionnellement en vue de causer un dommage à autrui et probablement aussi lorsqu’il a agi
d’une manière qu’il savait devoir nuire à autrui.
La faute non intentionnelle ou faute d’imprudence ou de négligence ou non délictuelle est le
fait de ne pas se comporter en homme d’une prudence ordinaire. Cela signifie que les tribunaux
se réfèrent au modèle abstrait que peut présenter le bon père de famille, c'est-à-dire l’homme
raisonnablement placé dans la même situation. (cf art. 120 COOC «Le juge qualifie les faits
constitutifs de la faute par rapport à la conduite d'un homme prudent et diligent, en tenant
compte des circonstances d'espèce. »)

 Le fait ou l’acte fautif


La faute peut provenir d’un acte positif ou négatif.
Lorsqu’elle est provient d’un acte positif, on dit que c’est une faute de commission, c’est à dire
celle qui a été commise par un comportement actif. L’appréciation de la faute par commission
pose moins de problème que celle de la faute par omission.

Lorsque la faute provient d’un acte négatif, on dit qu’elle est une faute par omission. A ce
niveau il faut distinguer l’abstention dans l’action et l’abstention pure et simple.
Pour ce qui est de l’abstention dans l’action, dès lors que s’insérant dans une activité, le
comportement répréhensible atteste une abstention dans l’action. C’est le cas, par exemple,
lorsque une personne qui a creusé une fosse ou a fait creuser une fosse a omis ou s’est abstenue
de la signaler par quelque moyen que ce soit. Et si quelqu’un tombe dans la fosse et se brise
une jambe, la personne qui a creusé ou a fait creuser la fosse est responsable pour avoir commis
une faute par abstention dans l’action.

Par contre, il y a abstention pure et simple lorsqu’elle ne relie pas à une activité de celui à qui
l’on fait pourtant reproche de son comportement. Lorsqu’il y a intention de nuire, comme c’est
souvent le cas dans le refus de porter secours, la faute est caractérisée. Mais en l’absence

11
d’intention de nuire, il est peu probable que la faute non intentionnelle soit à coup sûr source
de responsabilité.

 L’exercice fautif d’un droit/la faute dans l’exercice d’un droit

Aux termes de l’article 122 du COCC «commet une faute par abus de droit celui qui use de son
droit dans la seule intention de nuire à autrui, ou qui en fait un usage contraire à sa
destination ». Les dispositions de cet article montrent clairement, contrairement à ceux qui
pensent que la faute dans l’exercice d’un droit ne constitue pas un cas particulier de faute, que
nous sommes en face soit d’une faute intentionnelle, soit en face d’une faute d’imprudence ou
de négligence.

 La gravité de la faute

On distingue une gamme de comportements qui va du plus fautif au moins fautif.

La responsabilité est indifférente au degré de la faute. L’auteur est tenu de réparer le préjudice
causé pour sa faute très légère, légère, lourde voire inexcusable. Cette distinction appelle une
appréciation in abstracto de la faute car une imprudence ou une simple négligence suffit à
engager la responsabilité de son auteur.

La faute intentionnelle : c’est celle qui procède de la volonté de commettre le dommage. La


faute dolosive : c’est celle commise par le débiteur contractuel qui refuse simplement de façon
délibérée d’exécuter ses obligations, sans que ce refus soit dicté par l’intention de nuire.

2. qualification de la faute

Des faits sont souverainement qualifiés de faute par les juges du fond. Et comme nous l’avons
vu lorsqu’elle est caractérisée, aucun problème ne se pose ; mais lorsqu’elle ne l’est pas, elle
doit être appréciée par rapport au comportement d’un homme particulièrement diligent (art.
120 : «Le juge qualifie les faits constitutifs de la faute par rapport à la conduite d’un homme
prudent et diligent, en tenant compte des circonstances d'espèce. »). C’est le modèle du bon
père de famille, c'est-à-dire ce qu’aurait fait, dans les mêmes circonstances, un homme
raisonnable. Cependant, la Cour de cassation se réserve le droit de contrôler si cette
qualification est exacte ou non.

B. Preuve de la faute

12
Le principe est que celui qui invoque la faute de l’autre doit en faire la preuve.

Mais lorsqu’il s’agit d’une obligation de résultat, le débiteur est tenu pour fautif s’il n’a pas
exécuté ou atteint le résultat projeté. C’est ce qui ressort de l’article 123 al.1 du COCC « Est en
faute le débiteur qui n'a pas exécuté l'obligation précise dont il pouvait garantir l'exécution. »

Cette disposition édicte une présomption de faute au profit du créancier de l’obligation car le
débiteur pourrait apporter la preuve que s’il n’a pas exécuté correctement son obligation (Art.
123 al.1), cela est dû à une cause étrangère. Et si la preuve n’est pas apportée, sa responsabilité
est engagée.

En revanche, pour établir la responsabilité du débiteur d’une obligation de moyen, il appartient


au créancier de faire la preuve de l’inexécution de l’obligation, c'est-à-dire de la faute.

C. la disparition de la faute

A vrai dire il ne peut y avoir de disparition de la faute là où, de toute façon, l’idée même d’une
faute de la personne dont on veut engager la responsabilité ne peut correspondre à la réalité.

C’est pourquoi, l’expression est entendue de manière plus étroite pour désigner des
comportements a priori fautifs qui perdent ce caractère en face soit d’une cause de non
imputabilité, soit d’un fait justificatif.

 La non imputabilité

Selon l’article 121 al. 1 du COCC «Il n'y a pas de faute si l'auteur du dommage était par son
état naturel dans l'impossibilité d'apprécier son acte».

Sans nul doute, cette disposition s’applique aussi bien au dément qu’au mineur dont les moyens
de discernement ne sont pas à maturité.

Mais depuis la loi n° 77-64 du 26 mai 1977, l’aliéna 3 du même article ajoute «toutefois, tout
acte peut obliger l’auteur du dommage à réparation ou être pris en compte pour l’exonération
totale ou partielle prévue à ce titre».

Il s’agit là d’une solution d‘équité. Car faut-il laisser une victime innocente sans droit à
réparation et faut-il aussi obliger une personne dépourvue de raison à réparer les dommages
causés par ses actes ?

13
Il appartient au juge de voir si l’acte qui a causé le dommage a eu lieu en un moment
d’inconscience totale ou non. Si oui, la responsabilité du dément ou de l’infans doit être
écartée ; si non la responsabilité pourrait être retenue pour obliger à réparer ou pour exonérer
totalement ou partiellement l’auteur du dommage.

 Les faits justificatifs

En s’inspirant du droit pénal, un comportement, en principe fautif, peut être dépouillé de ce


caractère lorsqu’il se trouve justifié par une circonstance exceptionnelle qui lui ôte sa nature
illicite, appelé fait justificatif.

Le COCC ne fait état que de la légitime défense. Aux termes de l’article 131 « Il n'y a pas de
responsabilité si le fait dommageable a été commis de façon raisonnable pour la légitime
défense de soi-même ou d'autrui, ou pour la garantie de biens que l'auteur détient
légitimement ».

L’herméneutique de cet article permet de dire que la légitime défense, à la différence des causes
exonératoires, enlève à l’acte son caractère fautif puisqu’ «il n y a pas de responsabilité». La
défense n’est légitime que si elle est « raisonnable », donc proportionné à l’attaque. La défense
des biens suppose, en outre, de détenir le bien «légitimement»

Il reste muet sur les autres faits justificatifs que sont l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité légitime et l’état de nécessité. Mais s’agissant de principes généraux du droit, ils sont
applicables en matière civile.

Pour l’étude des faits justificatifs pour ne pas faire double emploi, je vous renvoie à votre cours
de droit pénal.

14
Paragraphe 2 : La responsabilité du fait d’autrui

Aux termes de l’article 142 du COCC « On est responsable non seulement du dommage que
l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont
on doit répondre ».

La question que l’on se pose est : cet article pose-t-il un principe général de responsabilité du
fait d’autrui ? La réponse n’est pas évidente. Cependant si on se réfère à son correspondant en
droit français art 1384 al. 1 devenu art 1240 « On est responsable non seulement du dommage
que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes
dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde », il ne fait aucun doute que la
jurisprudence y voit un principe général de responsabilité du fait d’autrui.

Cette consécration a débuté avec l’arrêt Blieck (ass. plèn. 29 mars 1991, D. 1991 324) dans
lequel la haute cour a considéré qu’était responsable de plein droit, l’association gérant un
centre d’accueil de handicapés mentaux, lorsque l’un d’eux a provoqué l’incendie d’une forêt,
dès lors qu’elle avait accepté d’organiser et de contrôler à titre permanent le mode de vie de ces
handicapés). La Cour de Cassation ne s’est pas arrêté là, elle a affirmé par plusieurs arrêts qu’il
s’agissait d’une présomption de responsabilité qui ne peut être combattue que par la preuve
d’une force majeure. .

A côté de ce principe général nous allons examiner les cas de responsabilité du fait d’autrui
consacrés par le COCC.

A- la responsabilité des parents

Les père et mère sont solidairement ou individuellement responsables, suivant que la garde est
partagée ou non, du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux (art. 143 et
144 du COCC). Ils pèsent donc sur les parents une présomption de responsabilité. Mais celle-
ci est réfragable dans la mesure où les parents peuvent s’exonérer en prouvant qu’ils n’ont pu
empêcher le fait dommageable5 (art. 145 « Il n'y a pas de responsabilité dès lors que la
personne chargée de la garde démontre qu'elle n'a pu empêcher le fait dommageable». Selon

5
La jurisprudence française consacrait une présomption de faute à l’égard des pères et mères. L’arrêt
Bertrand du 19 février 1997 opère un revirement en consacrant que « seule la force majeure ou la faute
de la victime peut exonérer le père de la responsabilité de plein droit encourue du fait des dommages
causés par son fils mineur habitant avec lui».

15
le Professeur TOSI cette formule est équivoque, mais on lui attache le sens suivant : le parent
civilement responsable est exonéré s’il prouve qu’il n’a commis aucune faute.

Pour mieux cerner la question il faudra répondre à trois questions : est ce que les parents sont
les seuls responsables des enfants mineurs dont ils ont la garde ? Quelles sont les conditions
pour que la présomption qui pèse sur les parents puisse jouer ? Quelle est la portée de cette
présomption ?

16
 Qui est responsable des enfants mineurs

L’article 143 fait état uniquement des père et mère. Dès lors, on s’aperçoit que la garde, même
si elle est nécessaire, ne suffit pas. Cela signifie que d’autres personnes autres que les père et
mère ne sont pas tenues responsables des faits des enfants dont elles ont la garde.

 Conditions de la présomption

Pour que la présomption puisse peser sur les père et mère il faut que trois conditions soient
réunies

L’enfant doit être mineur non émancipé : en effet, l’autorité parentale et, par conséquent,
les prérogatives et les charges corrélatives de la garde de l’enfant prennent fin dès sa majorité
(276 et 340 CF) et son émancipation (art 339 CF).

L’enfant doit habiter chez son ou ses parents : cette exigence atteste bien le lien
principalement, voire uniquement, établi avec le devoir de surveillance incombant aux parents.
La présomption cesse donc de peser sur eux lorsque l’enfant a été confié légalement à une autre
personne.

Mais si l’enfant n’habite plus chez ses parents par la faute de ces derniers, et qu’il ne fait pas
l’objet d’une mesure d’assistance éducative (transfert de la garde), la responsabilité des parents
pourra toujours être engagée sur la base de l’article 118 ou de l’article 121 al. 3 du COCC.

Nécessité d’un fait de l’enfant : lorsque c’est un fait personnel de l’enfant, il n’est pas
nécessaire que son comportement soit fautif. Il suffit seulement que le fait soit objectivement
illicite pour que la présomption de responsabilité des parents soit déclenchée. Une faute de
l’enfant n’est donc pas nécessaire (arrêts du 9 mai 1984 et jurisprudences confirmatives du 10
mai 2001 et Ass. plèn. 12 décembre 2002). Il suffit qu’il commette « un acte qui soit la cause
directe du dommage invoqué par la victime» (arrêt Fullenwarth). Il importe peu qu’il s’agisse
d’un « infans » ou que le dommage soit causé par un enfant «gardien» (arrêt Gabillet).

 Portée de la responsabilité

17
Au regard de la législation et surtout de la jurisprudence française actuelle, la responsabilité des
parents est désormais de plein droit, donc automatique. En revanche, la jurisprudence
sénégalaise se fonde toujours sur une responsabilité pour faute en dépit de l’identité des textes
avec le droit français.

18
B- responsabilité des maitres et artisans

Elle repose aussi sur une présomption de défaut de surveillance, donc d’une faute : c’est ce que
révèle l’article 150 du COCC « Les maîtres et artisans sont responsables du dommage causé
par les personnes qui leur ont été confiées en vue de leur formation professionnelle pendant le
temps où elles sont sous leur surveillance.

Ils peuvent se dégager de cette responsabilité en rapportant la preuve qu'ils n'ont pu empêcher
le fait qui a causé le dommage»

 L’existence d’une présomption de faute

Il faut retenir que : formation professionnelle a un sens large ici, car l’instituteur ou le
professeur de l’enseignement secondaire dispense une formation générale.

Le professeur de l’enseignement supérieur ne rentre pas dans cette catégorie.

La minorité de l’élève ou de l’apprenant n’est pas une condition.

Le maitre ou l’artisan ne répond que des dommages causés par l’élève ou l’apprenant pendant
le temps qu’il est sous sa surveillance. Cette surveillance peut être continue l’apprenti est logé
chez l’artisan.

Il n’y a pas de substitution de responsabilité mais simplement superposition de deux


responsabilités. En effet la responsabilité de l’élève ou de l’apprenti peut être engagée sur le
fondement des articles 118, 121 al. 3 et 137.

 Exonération de responsabilité

Le maitre ou l’artisan peut s’exonérer en apportant la simple preuve de l’absence de faute. Aux
termes de l’article 150 « Ils peuvent se dégager de cette responsabilité en rapportant la preuve
qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui a causé le dommage».

Les maitres de l’enseignement sont exonérés de toute obligation à la dette des victimes ; celles-
ci ne peuvent agir que contre l’Etat (V. art 146 du COA (« La responsabilité de l’Etat est
substituée à celle des membres de l’enseignement public, à raison des dommages subis ou
causés par les élèves placés sous leur surveillance. La réparation ne peut être demandée qu’à
l’Etat.

19
Néanmoins, l’Etat peut intenter une action récursoire contre l’auteur du dommage en cas de
faute lourde».

C. Responsabilité des commettants

Contrairement aux deux cas précédents, la responsabilité des commettants est fondée sur une
responsabilité sans faute. En effet, les articles 146 à 149 du COCC ne prévoient aucune
possibilité d’exonération. Il s’agit donc d’une présomption irréfragable de responsabilité. Ceci
s’explique par le souci du législateur de protéger les victimes contre l’insolvabilité des
préposés. Mais dans quelle condition le commettant peut être tenu responsable et comment
mettre en œuvre cette responsabilité.

1. Les conditions de la responsabilité du commettant

Il y en a deux : un lien de préposition, et une responsabilité encourue par le préposé dans


l’exercice de ses fonctions.

 Un lien de préposition

Il y a lien de préposition (ou rapport de préposition) lorsqu’une personne est soumise à l’autorité
d’une autre personne, c'est-à-dire lorsqu’il exécute des ordres ou des instructions.

L’autorité découle pour la plupart d’un lien contractuel, exemple contrat de travail ; mais ce
n’est pas nécessaire. Aussi, peut-elle résulter d’un lien de famille. Dans ce cas, la relation
d’autorité ne doit pas être le seul effet de l’apparence ; elle doit être effective.

Il se peut que celui qui donne les ordres ne soit pas le maitre, qu’il soit dans son activité le
subordonné d’un autre, qu’il ne soit qu’un intermédiaire : c’est le cas du contremaitre.

Il peut arriver aussi que le préposé serve pour plusieurs commettants. Dans ce cas il y a
fractionnement de l’autorité. Exemple le capitaine de navire dans l’affrètement à temps est le
préposé de l’armateur pour ce qui relève de la gestion nautique et le préposé de l’affréteur pour
tout ce qui relève de la gestion commerciale du navire. En conséquence, si c’est la gestion
nautique qui est en cause, c’est l’armateur-fréteur qui est responsable ; tandis que si c’est la
gestion commerciale du navire qui est en cause, c’est le transporteur qui est responsable.

20
Quant aux personnes agissant pour le compte d’une personne morale, elles engagent la
responsabilité de celle-ci dans les mêmes conditions.

2. La responsabilité du préposé dans l’exercice ses fonctions

Il faut deux conditions :

 Le préposé doit encourir une responsabilité à l’égard d’autrui

Sa responsabilité doit pouvoir être établie sans qu’on ne puisse envisager celle du commettant.
Celle-ci peut résulter d’une faute (art. 118 du COCC) ou d’un acte licite (art. 123. Al 1). Quant
au fait de la chose c’est le propriétaire qui en a la maitrise (art. 138 du COCC). Ce qui veut dire
que si le préposé a utilisé une chose appartenant au commettant, la responsabilité de celui-ci
peut être directement engagée sur cette base ou sur celle de l’art. 146 : «Les commettants, ou
patrons, répondent des dommages causés par une personne soumise à leur autorité, lorsque
celle-ci encourt dans l'exercice de ses fonctions une responsabilité à l'égard d'autrui. Les
personnes agissant pour le compte d'une personne morale engagent dans les mêmes conditions
la responsabilité de celle-ci.»

Par contre si la chose appartient au préposé, sa responsabilité peut être engagée sur cette base
et celle du commettant sur la base de l’article 146 du COCC uniquement.

 Cette responsabilité doit avoir un lien de causalité ou de connexité avec l’exercice des
fonctions

Lorsque les actes sont commis pendant le temps et/ou le lieu de service et avec les moyens
fournis pour exercer le travail, la responsabilité du commettant est de toute évidence engagée.
L’article 148 précise également qu’ « en cas d’abus de fonction, un lien de causalité ou de
connexion suffit à rendre le commettant responsable». C’est ce qui explique la décision de la
CA de Dakar qui a rendu responsable le commettant dans une affaire où le chauffeur d’une
entreprise avait provoqué un accident en utilisant la voiture dont il était le conducteur pour se
rendre à son domicile à des fins personnelles ( CA n° 311 du 27 juin 1980, UAP et Mission
Aide et Coopération c/ Dale Samb et Entreprise sénégalaise, Inédit).

C- Mise en œuvre de la responsabilité du commettant et du préposé

En ce qui concerne les droits de la victime, elle peut agir contre le contre le commettant, sans
avoir à mette en cause le préposé. Mais la responsabilité du commettant n’efface pas celle du

21
préposé, ils sont tous deux solidaires (art 149 du COCC «La responsabilité du commettant
n'exclut pas celle du préposé. Tous deux sont solidairement responsables du dommage causé,
et le civilement responsable peut exercer un recours contre son préposé»).

Ensuite, le commettant qui n’a commis aucune faute peut se retourner contre le préposé pour
se faire rembourser ce qu’il a payé à la victime. Par contre l’assureur du commettant ne dispose
d’aucun recours contre le préposé quel que soit la gravité de sa faute (art. 32 du Code CIMA).

Paragraphe 3 : la responsabilité du fait des choses ou des animaux

« Toute personne est responsable du dommage causé par le fait de l'animal ou de la chose dont
elle a la maîtrise» dispose l’art. 137 du COCC.

La plupart des dommages, accidents ne se réalisent sans l’intervention d’une chose ou d’un
animal. D’où l’importance pratique des règles qui gouvernent la responsabilité du fait des
choses ou des animaux. Au plan théorique, on note aussi une certaine importance, car dans ce
domaine, il est possible à la victime d’invoquer à la fois la responsabilité délictuelle ou quasi-
délictuelle de l’auteur du dommage lorsque celui-ci est en même temps le maitre de la chose
ou de l’animal.

La responsabilité du fait des choses ou des animaux est une responsabilité sans faute ou plutôt
sans faute prouvée, donc ce sont des règles dérogatoires qui la gouvernent. Mais, il est plus
facile à la victime de se battre sur ce terrain si certaines conditions sont réunies, il est aussi
possible à la personne à qui le dommage est imputable de s’en exonérer dans certains cas.

A. Conditions de la responsabilité

Il faut que le dommage soit causé par une chose ou un animal et que celui-ci soit imputable à
celui qui en a la maitrise.

1. Le fait d’un animal ou d’une chose

L’animal peut être un animal domestique ou sauvage, l’importance est qu’il soit approprié par
une personne. Quant à la chose, il peut s’agir d’un meuble (véhicule automobile), d’immeuble
(bâtiment), d’eau de gaz etc.

22
Mais pour que l’on parle de responsabilité du fait de l’animal ou de la chose, il faut surtout un
contact direct entre la victime et l’animal ou la chose. En l’absence de contact direct, la victime,
devra prouver que la présence de la chose ou de l’animal avait un caractère défectueux, anormal.

Ensuite, peu importe que la chose soit actionnée par le fait de l’homme au moment du fait
dommageable ou non : par exemple le véhicule peut être garé ou être sur la route. Cependant,
lorsque le fait de l’animal ou de la chose coexiste avec le fait personnel, il faut faire la différence
entre deux situations :

 Si le fait personnel est une faute intentionnelle, elle absorbe le fait de l’animal ou de la
chose ;
 Si le fait personnel n’est pas une faute intentionnelle, le fait de l’animal ou de la
chose l’absorbe.

De plus la jurisprudence permet à la personne de cumuler la responsabilité du fait des choses et


celle du fait personnel (CA Dakar n° 69 du 12 avr. 1974 MGFA c/ FRANCHI).

2. La maitrise de la chose

Le maitre de la chose ou de l’animal est responsable de plein droit des dommages que celui-ci
cause à autrui. Mais qui est donc ce maitre ? L’article 138 du COCC dispose « A la maîtrise de
la chose ou de l'animal le propriétaire qui l'utilise personnellement ou par l'intermédiaire d'un
préposé. La maîtrise est transférée lorsque le propriétaire a confié à autrui l'animal ou la chose
ou qu'un tiers l'utilise sans la volonté du propriétaire».

La maîtrise suppose un pouvoir de direction et de contrôle, et lorsque le propriétaire utilise la


chose personnellement ce pouvoir coïncide avec la détention de la chose. Cette conception du
droit sénégalais est proche de celle de la jurisprudence française qui a défini la garde de la chose
par « l'usage, la direction et le contrôle de la chose » : voir l'arrêt Franck (Cass. Ch. Réunies,
2 décembre 1941). Ainsi la garde est définie sous un angle matériel : pouvoir de fait sur la
chose. Ce pouvoir est objectif, c'est-à-dire qu'un dément ou un infans peut être gardien de la
chose étant donné que le discernement n'est pas une condition pour garder la chose (Civ. 2e, 30
juin 1966).

Cependant, lorsque le propriétaire de la chose confie celle-ci à une personne sur qui il n’a
aucune autorité, ou si la chose lui a été volée, il perd le pouvoir de direction et de contrôle, donc
la maitrise de la chose au profit de celui à qui la chose a été confiée ou du voleur.

23
Par conséquent, la maitrise d’une chose est alternative et non cumulative. Mais deux exceptions
sont à relever. Il s’agit de la maitrise en commun : par exemple deux époux sont coresponsables
des faits dommageables de leur chien ; et de la maitrise séparée sur une même chose, par
exemple lorsque la garde du comportement et celle de la structure d’une bouteille de gaz
appartiennent à deux personnes différentes : l’utilisateur et le vendeur (fabricant).

B. Les causes d’exonération

Aux termes de l’article 139 al. 2 «La responsabilité peut disparaître ou être atténuée par la force
majeure, le fait d'un tiers ou la faute de la victime».

1. La force majeure

C’est un événement extérieur à la chose, imprévisible et irrésistible, voire insurmontable. De


plus, il ne doit pas être imputable au défendeur.

Lorsque la force majeure est la seule cause du dommage, elle libère entièrement le défendeur.
Par contre, lorsque l’événement n’est que l’une des causes du dommage, il est sans effet sur la
responsabilité du défendeur en quelque qualité que celui-ci soit poursuivi.

2. le fait d’un tiers

S’il est constitutif d’une force majeure, il est libératoire. En revanche, s’il est prévisible ou
évitable, il n’est pas exonératoire, même partiellement.

3. la faute de la victime

Elle exonère partiellement le maitre de la chose, si elle ne revêt pas le caractère de la force
majeure. Il en est de même du rôle passif de la chose lorsque celle-ci avait un comportement
normal.

Section 2 : les éléments constants de la responsabilité délictuelle

La responsabilité suppose l’existence d’une faute, d’un dommage et d’un lien de causalité entre
les deux. Si la première condition se retrouve différemment dans les diverses sortes de
responsabilité précédemment étudiées, il en va autrement pour le dommage (paragraphe 1) et
lien de causalité (paragraphe 2), qui sont des éléments constants de la responsabilité délictuelle.

24
Paragraphe 1 : Le dommage

Tous les dommages que suscite la vie en société ne donnent pas lieu à réparation, c’est le cas
par exemple si un acte de concurrence loyale a causé un dommage à quelqu’un. Selon l’article
124 du COCC, le dommage «est générateur de responsabilité s’il porte atteinte à un droit». Le
même article précise la nature du dommage, qui doit être matériel ou moral. Les différents
types de dommages (I) ne sont opérants que s’ils revêtent certains caractères (II).

I. Les types de dommages réparables

Le COCC distingue deux types de dommages réparables : le dommage matériel qui porte
atteinte au patrimoine et le dommage moral qui a un caractère extrapatrimonial.

A. Le dommage matériel

Le dommage matériel appelé aussi dommage pécuniaire ou patrimonial peut consister en deux
choses

 Une perte éprouvée : le damnum emergens ou appauvrissement


 Un gain manqué : le lucrum cessans ou absence d’enrichissement.
Ainsi, un accident peut entrainer des dommages matériels de diverses sortes, qu’il s’agisse de
la destruction d’un ou des biens appartenant à une personne ou d’une atteinte à son intégrité
corporelle, entrainant par exemple des frais médicaux et/ou d’hospitalisation ou une incapacité
de travail, donc une perte de gain. Dans ce cas, on dit que le préjudice corporel est d’ordre
matériel. A noter que l’atteinte à l’intégrité physique peut également être morale.
C’est que le dommage corporel est à la fois matériel et moral. Il comporte aussi bien une atteinte
au patrimoine, par exemple la perte de salaires, qu’une blessure morale, les souffrances
physiques et esthétiques.

B. Le dommage moral
Il en existe deux variantes principales :
Celui qui résulte de l’atteinte à l’intégrité physique peut prendre trois formes
 Le pretium doloris (prix de la douleur) : c’est l’indemnité compensatrice des souffrances
physique subies. Elle est en principe déterminée par un expert médical.
 Le préjudice d’agrément qui consiste en la privation de joie.
 Le préjudice esthétique qui découle de la douleur morale à se voir mutilé ou autre,

25
Celui qui résulte d’une atteinte à un droit de la personnalité. Il peut porter sur la diffamation
(atteinte à l’honneur), l’usurpation de nom (droit au nom- un simple intérêt à agir suffit alors
même qu’il n y a pas de dommage actuel) ; à la vie privée.

II. Les caractères du dommage réparable

Aux termes de l’art. 125 du COCC « le dommage peut être actuel ou futur. Il doit toujours être
certain et direct ».

A- Le dommage certain

Sans dommage, pas de réparation. L’existence de ce droit ne fait pas, à ce propos, difficulté si
le dommage s’est déjà réalisé, soit parce que la victime a éprouvé une perte (damnum
ermergens), soit parce qu’elle a manqué un gain (lucrum cessans). Ce manque à gagner, tout
comme les pertes, est d’ailleurs actuel. Mais, il faut aller plus loin et considérer qu’un préjudice
futur peut, lui aussi, être réputé comme certain, surtout si son évaluation judiciaire est possible.
Lorsque, par exemple, un préjudice appelé à se prolonger dans le temps donne lieu à la
condamnation du responsable au versement d’une rente viagère, il est bien évident que l’on
tend de la sorte à assurer la réparation d’un préjudice certain, mais futur.

Tous deux certains et donnant lieu à réparation, le dommage certain et le dommage futur
s’opposent au dommage éventuel, dont la réalisation n’est pas certaine et qui ne peut donner
lieu à réparation, tant que l’éventualité ne s’est pas transformée en certitude.

B. Le dommage direct

Le caractère direct du dommage peut avoir deux sens : un sens positif et un sens négatif.

Positivement, on peut estimer que le dommage doit être en relation avec l’événement qui l’a
causé.

Négativement, il ne faut pas en déduire qu’à côté de la victime principale, il ne puisse pas exister
d’autres victimes plus éloignées et qui souffrent de ses blessures ou de sa mort. Bien que l’on
soit porté à parler, en pareil cas, de dommage par ricochet, on doit considérer que ces victimes
se prévalent à titre personnel de dommage direct.

Lorsque le dommage est matériel, la personne à charge, par exemple, n’en est pas moins une
victime directe, dès lors que la mort d’un parent la prive de subsides sur lesquelles il pouvait

26
suffisamment compter. Donc, en principe, il n’est pas nécessaire de se prévaloir d’un lien de
caractère alimentaire, ni d’un lien de parenté ou d’alliance, pour obtenir réparation, mais à
condition que cela soit conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Paragraphe 2 : Le lien de causalité

Outre une faute et un dommage une troisième condition doit être remplie pour qu’il y ait
responsabilité civile : un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.

I. la notion de causalité

La détermination du lien de causalité soulève deux difficultés. D’une part, il est rare qu’un
événement n’ait qu’une seule cause. En cas de pluralité de causes, faut-il les retenir toutes ou
non ? D’autre part, il est fréquent qu’un événement en entraine un autre, qui en provoque lui-
même un troisième etc. l’événement initiale est-il la cause de tous ceux qui se succèdent ou
non ?

A. la pluralité de causes

Il faut répondre à deux questions : quels sont les événements pouvant être retenus comme
causes et quel est l’effet de la pluralité de causes ?

1. Evénement pouvant être retenu comme cause

Principalement, deux thèses s’opposent lorsqu’un dommage est le résultat du concours de


plusieurs événements.

Pour la 1ère tout événement sans lequel le dommage ne se serait pas produit, toute condition sine
qua non du dommage, est la cause juridique. Donc tous les événements qui ont conditionné le
dommage sont équivalents, en ce sens que tous en sont au même titre la cause : c’est la théorie
de l’équivalence des conditions.

Pour la 2ème théorie, tous les événements qui concourent à la réalisation du dommage, ne
constituent pas sa cause. Seuls peuvent être retenus ceux qui devaient normalement produire le
préjudice : il faut que le rapport entre l’événement et le dommage soit adéquat et pas
simplement fortuit : c’est la théorie de la causalité adéquate.

27
Outre les deux causes précitées, existent la théorie de la proximité de la cause «causa proxima»
selon laquelle l’événement causal à retenir est celui qui s’est chronologiquement produit le
dernier, et la théorie de la causalité efficiente ou directe qui postule que les événements à retenir
sont ceux dont l’importance, relativement aux autres, a joué un rôle dans la réalisation du
dommage.

Cependant la jurisprudence retient comme causes juridiques les seules d’entre elles qui ont joué
un rôle prépondérant dans la réalisation du dommage : c'est-à-dire celles qui constituent
des «causes génératrices».

2. Effet de la pluralité de causes

Lorsque plusieurs événements sont retenus comme constituant les causes juridiques du
dommage, la personne responsable de l’un d’eux doit donc réparer l’entier dommage. Il pourra,
par la suite, recourir pour partie contre son coauteur c’est : l’obligation in solidum. Si
l’événement qui a concouru à la réalisation du dommage n’est imputable ni à personne d’autre,
ni à la force majeure, le défendeur doit payer le tout.

B. le préjudice indirect

Quand un événement cause un autre événement, lequel cause un troisième etc., (ex la vache de
Potier), l’auteur du premier ne répond que des préjudices qui sont une suite nécessaire de son
acte. C’est la règle de la non réparation du dommage indirect.

En effet, selon l’article 125 du COCC, le dommage doit toujours être direct, et l’article. 127
dispose « Le dommage est direct lorsqu'il découle de la faute, sans qu'aucun fait postérieur ait
encouru à sa réalisation». Ceci n’est qu’un exemple car un dommage peut bien découler d’une
faute en dépit de la survenance d’un fait postérieur ayant concouru à sa réalisation chaque fois
que le caractère défectueux du fait initial le rendrait probable. C’est pourquoi, il ne faut pas s’en
tenir à la lettre de l’art. 127.

C. la cause étrangère

On cite trois causes étrangères du défendeur comme causes externes : la force majeure ou cas
fortuit, le fait du tiers et la faute de la victime.

la forme majeure

28
C’est un événement extérieur, imprévisible et insurmontable. De plus, il ne doit pas être
imputable au défendeur. La force majeure est appréciée in abstracto.

Lorsque la force majeure est la seule cause du dommage, elle libère entièrement le défendeur.
Par contre, lorsque l’événement n’est que l’une des causes du dommage, il est sans effet sur la
responsabilité du défendeur en quelque qualité que celui-ci soit poursuivi.

le fait d’un tiers

S’il est constitutif d’une force majeure, il est libératoire. En revanche, s’il est prévisible ou
évitable, il n’est pas exonératoire, même partiellement.

la faute de la victime

Elle exonère partiellement, si elle ne revêt pas le caractère de la force majeure.

29
CHAPITRE 2 : LES EFFETS DE LA RESPONSABILITE CIVILE

Lorsque sont réunies des conditions de la responsabilité civile (préjudice, faute et lien de
causalité), la victime devient créancière et l’auteur du dommage débiteur d’une obligation de
réparation. La responsabilité civile est une source d’obligation. L’étude des effets de la
responsabilité consiste alors à examiner cette obligation de réparation.

Les intéressés sont libres de transiger ou d’intenter un procès. En raison de la fréquence de ces
derniers et de leur importance, il faut envisager d’une part, l’action par laquelle la victime peut
obtenir cette réparation : l’action en responsabilité civile, d’une part, le contenu de cette
obligation : la réparation elle-même d’autre part.

Section 1 : L’action en responsabilité civile

L’action en réparation obéit, en principe, aux règles générales des actions en justice,
spécialement des actions personnelles. Néanmoins, il faut préciser les parties au procès et les
particularités de l’action en réparation.

Paragraphe 1 : Les parties à l’action en responsabilité civile

Les parties sont le demandeur (la victime créancière de l’obligation) et le défendeur (l’auteur
débiteur de l’obligation).

A. Le demandeur

En principe, toute personne qui subit un dommage peut en demander la réparation à celui par
la faute duquel il est arrivé. Aucune condition particulière n’est donc exigée pour être
demandeur : il suffit d’être victime (direct ou par ricochet).

Mais, il arrive que la victime ait déjà reçu réparation soit en vertu d’un contrat (bénéficiaire
d’un contrat d’assurance) soit en vertu de son statut (salarié ou fonctionnaire).

En cas d’assurance
La solution est différente selon qu’il s’agisse d’une assurance de dommage ou d’une assurance
de personne.

Aux termes de l’art. 31 du code CIMA « l’assurance relative aux biens est un contrat
d’indemnité...». Cela signifie que l’assureur indemnise totalement la victime (perte éprouvée et
gain manqué). Par conséquent, il est normal que la victime ne puisse se faire indemniser à

30
nouveau : c’est le principe du non cumul consacré par l’art. 42 al.1 du code CIMA. « L’assureur
qui a payé l’indemnité d’assurance est subrogé, jusqu’à concurrence de cette indemnité, dans
les droits et actions de l’assuré contre les tiers qui, par leur fait, ont causé le dommage ayant
donné lieu à la responsabilité de l’assureur ». Mais si l’assuré est civilement responsable du
tiers, l’assureur ne dispose pas de recours contre ce tiers.

Par contre, l’assurance de personne ayant caractère forfaitaire, la victime peut valablement
cumuler le capital assuré et la réparation due au titre de la responsabilité civile. De plus l’article.
57 du code CIMA interdit toute subrogation de l’assureur.

En cas d’accident de travail

Il y a recours et non cumul. Cela veut dire concrètement que la victime indemnisée en partie
par la sécurité sociale peut demander réparation de la partie non réparée du préjudice. La Caisse
de Sécurité Sociale dispose d’un recours contre l’auteur du dommage pour la partie payée.

En cas de dommage subi par un fonctionnaire

On applique le même régime de non-cumul et de recours.

B. le défendeur

C’est la personne responsable (de son fait personnel, de celui d’autrui ou de la chose) ou
coresponsable du dommage (en cas de pluralité de coauteurs).

Mais en pratique, l’auteur du dommage est souvent assuré (assurance de responsabilité civile
automobile ou autre). La victime disposant d’une action directe contre l’assureur, peut
s’adresser directement à lui (art. 54 du Code. CIMA).

Enfin, si l’auteur du dommage n’est pas assuré, en cas de décès, c’est l’héritier acceptant qui
devient débiteur.

Paragraphe 2 : La spécificité de l’action en réparation.

L’action en réparation est portée devant le tribunal régional. Le tribunal territorialement


compétent est celui du domicile (ou de la résidence) du défendeur, du lieu où le fait dommage
s’est produit (en matière extracontractuelle), le lieu où la convention a été contractée (en matière
contractuelle) lorsque l’une des parties est domiciliée en ce lieu.

Le délai de prescription est le délai décennal de droit commun.

31
La véritable spécificité de l’action en réparation est la cause de l’action. Celle-ci est le texte sur
lequel est fondée la demande : la responsabilité de droit commun et la responsabilité du fait des
choses reposent sur des causes juridiques différentes.

Il en résulte que le juge ne peut modifier la cause de la demande dont il est saisi et que la
victime, dont l’action est fondée sur une cause rejetée peut intenter une nouvelle action en la
fondant sur une autre cause. Le juge de l’action en responsabilité civile ne peut contredire ce
qui a été définitivement jugé par une juridiction répressive comme constituant le soutien
nécessaire de la décision civile : autorité absolue de la chose jugée au pénal sur le civil. Une
relaxe du chef d’homicide ou de blessures par imprudence ne laisse donc plus au juge civile la
possibilité de relever une faute personnelle du défendeur ; mais elle n’empêche pas de
condamner celui-ci comme gardien ou comme débiteur d’une obligation contractuelle
déterminée.

Section 2 : les modalités de la réparation

Trois questions se posent : à quel moment le droit d’obtenir réparation prend-il naissance ?
Quels sont les modes de réparation ? Quelle est l’étendue de la réparation ?

Paragraphe 1 : La naissance du droit à réparation

La créance de la victime prend naissance dès la réalisation du dommage. Le jugement qui


condamne l’auteur du dommage à réparation est seulement déclaratif : il constate l’existence
de la créance de la victime. Est-ce seulement pour des raisons d’équité que le législateur
sénégalais estime que «l’évaluation de la réparation se fait au jour du jugement ou de l’arrêt»
art 135 COCC, afin de prendre en compte les effets de l’inflation ? Ainsi, le jugement est
déclaratif en ce qui concerne le droit à réparation et constitutif en ce qui concerne le montant et
l’exigibilité de la créance.

Quatre conséquences importantes s’attachent à la préexistence du droit à réparation :

 Les conditions de la responsabilité s’apprécient au jour du dommage. Par exemple peu


importe que le lien de préposition ait disparu ;
 La loi applicable au procès est celle en vigueur le jour du dommage. La loi entrée en
vigueur entre la réalisation du dommage et le jugement ne lui est pas applicable ;
 Le délai de prescription de l’action réparation court à compter du jour du dommage ;

32
 La transmission de l’action en réparation aux héritiers de la victime suppose bien que le
principe du droit à réparation soit né avant le procès.

Paragraphe 2 : Les modes de réparations

Aux termes de l’art. 133 du COCC « Le préjudice est en principe réparé par équivalence en
allouant à la victime des dommages et intérêts. Toutefois, sous réserve du respect de la liberté
des personnes ou des droits des tiers, les juges peuvent d'office prescrire, au lieu où en plus des
dommages et intérêts, toute mesure destinée à réparer le dommage ou à en limiter
l'importance ».

Cela signifie que la réparation peut être en équivalence ou en nature. La réparation est dite en
nature, lorsqu’elle consiste à remettre la chose en l’état. La victime ne peut refuser si elle lui
est offerte à moins qu’il n’en résulte pour elle un danger ou un inconvénient.

Lorsque la remise en l’état est impossible, la victime doit se contenter d’une équivalence ou
d’un forfait qui n’effacera pas le préjudice, mais le compensera. L’équivalent consiste, le plus
souvent, en une indemnité pécuniaire : les dommages-intérêts (compensatoires ou moratoires),
dont la victime a libre emploi, et qui peuvent être alloués sous la forme d’un capital ou d’une
rente.

Paragraphe 3 : L’étendue de la réparation

Selon l’art. 134 al 1 « Les dommages et intérêts doivent être fixés de telle sorte qu'ils soient
pour la victime la réparation intégrale du préjudice subi».

Toutefois, par exception, le dommage provoqué par un retard dans l’obligation d’une somme
d’argent n’est réparé qu’à concurrence du taux d’intérêt légal, sauf convention contraire (art. 8
du COCC).

Sur le principe, l’étendue de la responsabilité doit correspondre à l’importance du préjudice :


les dommages-intérêts se mesurent sur le préjudice subi, non sur la faute. La gravité de celle-ci
doit rester sans influence sur le montant des dommages-intérêts car il s’agit d’une réparation et
non d’une peine.

Le juge doit évaluer le préjudice et chercher à replacer la victime dans la situation où elle serait
si l’acte dommageable n’avait pas eu lieu. Ainsi, par exemple en cas de détérioration d’un

33
objet, la victime n’a pas seulement droit à la valeur vénale de l’objet détérioré, qui est le prix
auquel cet objet a été vendu avant l’accident ; elle a droit soit au coût de la remise en état, soit
à la valeur vénale de remplacement, qui est le prix d’achat d’un objet semblable ; mais elle ne
peut exiger le moins cher de ces deux modes de réparation.

L’enrichissement qu’est susceptible d’en tirer la victime ne doit pas être prise en considération,
ainsi, un objet usagé doit être remplacé par un objet neuf s’il n’est pas possible de fournir un de
même état que celui qui a été détruit ; la valeur de l’objet usagé disparu ne saurait être déduite
de la valeur de l’indemnité. La valeur de l’épave ne doit pas non plus être déduite de la valeur
de remplacement, car la victime n’a pas à courir le risque de la vente de l’épave ; celle-ci doit
être laissée pour compte au responsable.

S’agissant de la réparation d’un dommage corporel, le juge doit tenir compte de toutes les
variations du dommage qui tiennent à l’état de la victime ou à l’expression monétaire de son
dommage.

En revanche, lorsque ces variations sont postérieures au jugement, il y a difficulté.

En cas d’aggravation de l’état de la victime, le juge doit en principe lui accorder une indemnité
supplémentaire, à condition que celle-ci invoque un préjudice distinct de celui sur lequel a
statué le jugement. Mais la victime ne pourrait se fonder sur l’augmentation du coût de la vie,
car elle ne subit pas, dans ce cas, un préjudice nouveau : il y a seulement variation du préjudice
qui, intrinsèquement, ne s’est pas modifié, d’où l’intérêt de distinguer une condamnation à
dommages-intérêts d’une condamnation à pension alimentaire, toujours révisable en fonction
du coût de la vie. Mais en cas d’amélioration de son état, il doit aussi refuser de diminuer
l’indemnité allouée du fait de l’autorité de la chose jugée.

Section 3 : les conventions relatives à la responsabilité

En vertu du principe de la liberté contractuelle, il est loisible aux parties d’aménager dans leur
contrat les conséquences de l’inexécution ou les modalités de la réparation. Il en existe trois
types qui modifient les règles ordinaires de la responsabilité contractuelles : les modifications
portant sur le contenu des engagements et qui aggravent la responsabilité en (ex. la
responsabilité est maintenue même en cas de force majeure) ; celles qui modifient l’étendue de

34
la responsabilité des parties soit en exonérant le débiteur, soit en limitant sa responsabilité ;
enfin celles qui prévoient une somme forfaitaire pour la réparation de tout le dommage (les
clauses pénales). Les clauses aggravant la responsabilité, étant admises, nous verrons les
clauses exclusives ou élusives de responsabilité qui sont interdites, les clauses limitatives de
responsabilité et les clauses pénales qui sont admises à des conditions.

§ 1. La prohibition des clauses élusives ou exclusives de responsabilité

La clause exclusive ou élusive de responsabilité ou de non responsabilité est faite pour


affranchir le débiteur de sa responsabilité en cas d’inexécution, de mauvaise exécution ou
d’exécution tardive et cela même si la faute du débiteur est prouvée. Vu son caractère
dangereux, le législateur sénégalais a posé le principe de l’interdiction d’une telle clause aux
termes de l’article 151 al. 1 du COCC : « Sous réserve des dispositions concernant les contrats
particuliers, les contrats maritimes et aériens, sont seules valables les clauses par lesquelles les
parties, d'un commun accord, tendent à limiter leurs obligations à condition de ne pas faire
disparaître totalement leur responsabilité ».

L’alinéa 1 de l’article 152 en fait une question d’ordre public en ces termes : « les dispositions
concernant la responsabilité de droit commun ou les régimes particuliers de responsabilité sont
d’ordre public ».

En somme la prohibition s’applique dans deux hypothèses :

- si la délimitation des obligations assumées est de nature à dénaturer l’essence du contrat.


Dit autrement, la réduction ne doit pas porter sur la clause essentielle du contrat.
- si l’obligation éludée est d’ordre public5.

§ 2. L’admission des clauses limitatives

A la différence des clauses élusives de responsabilité qui suppriment complètement la


responsabilité d’une partie, les clauses limitatives de responsabilité fixent le montant maximum
des dommages-intérêts dus par le débiteur. Parfois c’est le législateur qui, à travers une
Convention Internationale ou un acte uniforme, institue un principe d’ordre public de limitation
de responsabilité.

35
La clause limitative fixe un plafond d’indemnité. Dès lors, si l’évaluation du dommage arrête
un montant inférieur le créancier ne perçoit que ce montant. En revanche si le dommage est
supérieur, il subit la limitation en ne percevant que l’indemnité plafonnée.

Cependant, la validité des clauses limitatives de responsabilité souffre d’exceptions.

- D’une part, la clause est écartée en cas de dol ou de faute lourde du débiteur ou de ses
préposés (voir article 21 de l’Acte Uniforme relatif au transport de marchandise par route)
;
- D’autre part, lorsqu’une disposition légale le prévoit expressément : les contrats
particuliers, les contrats maritimes et aériens ;
- Enfin, le plafond ne doit pas être dérisoire de sorte à faire disparaitre totalement la
responsabilité cf. de l’article 151 al. 2

§ 3. La Clause pénale

A la différence de la clause limitative de responsabilité qui fixe un montant maximum


d’indemnité, la clause pénale détermine une somme forfaitaire que les parties s’engagent à
payer à titre de dommages-intérêts dans les cas d'inexécution totale, partielle, tardive ou
défectueuse de leurs obligations. Pour avoir droit au montant fixé, il appartient au demandeur
de prouver que son préjudice atteint au moins le plafond, sinon il recevra un montant inférieur
à celui-ci.

La clause pénale s'impose aux parties et au juge. Toutefois, le juge peut réduire ou augmenter
la peine prévue dans le contrat sans pouvoir supprimer la clause pénale. Une limite s’impose au
juge dans ce cas : il ne peut fixer un montant supérieur ou inférieur au préjudice constaté.

36
DEUXIEME PARTIE : LE REGIME GENERAL DES OBLIGATIONS

Une fois né, le rapport d’obligation suit un régime identique quelle que soit son origine. La
créance qui en résulte présente une valeur économique qui conduit à sa circulation, sa
transmission (I). Et le droit qu’elle représente doit normalement connaitre sa consécration par
un paiement qui constitue la principale cause d’extinction des créances, l’extinction pouvant
parfois se produire sans paiement (II). Mais avant, cela nous verrons dans un chapitre
préliminaire les modalités affectant l’obligation.

CHAPITRE PRELIMINAIRE : LES MODALITES AFFECTANT L’OBLIGATION

Le COCC a choisi de traiter les modalités affectant l’obligation dans la partie réservée à l’étude
du consentement (des approches doctrinales diverses envisagent le terme et la condition comme
des aménagements de la force obligatoire du contrat, v. P. Malinvaud, D. Fenouillet, M. Mekki,
Droit des obligations, Paris, Lexis Nexis, 2014, pp. 330 et s.). En effet, l’article 65 pose le
principe selon lequel « le consentement peut être pur et simple ou assorti de modalités » en
visant la condition et le terme. Toutefois, bien que devant faire, en principe, l’objet d’un accord,
le terme (CHAPITRE 1) et la condition (CHAPITRE 2) sont des évènements qui impactent le
cycle de l’obligation notamment son exigibilité ou sa disparition.

SOUS-CHAPITRE 1 : LE TERME

Au regard des articles 69 et suivants du COCC, la notion de terme est bien définie
(Section I) avant d’évoquer son régime juridique (Section II).

Section I : La notion de terme


Le terme est un événement futur et certain (art. 69 COCC). Il sert à aménager
l’exécution des obligations dans le temps par les parties. Le législateur est resté assez vague
dans son approche conceptuelle. Cependant, il ressort de la définition retenue deux éléments :

 La désignation d’un événement futur affectant l’exécution ou l’extinction de


l’obligation (en cas d’incertitude affectant la survenance de l’événement, le
terme devient une condition) ;

37
 La possibilité de fixer une limite temporelle pour l’exécution ou l’extinction de
la prestation promise.
Généralement, le terme est dit certain lorsque les parties conviennent d’une date précise
à laquelle l’obligation doit être exécutée ou indiquant la durée de l’engagement. En revanche,
le terme est incertain si la réalisation de l’événement ne dépend pas de la volonté des parties ou
d’une échéance connue (la mort).

Section II : Les effets du terme


Le COCC attache principalement deux effets au terme : l’exigibilité de l’obligation qui
en est affecté (§ 1) et sa déchéance sous certaines conditions (§ 2).

§ 1 – L’exécution de l’obligation à terme

La fixation d’un terme entraîne en principe la paralysie de l’exigibilité de l’obligation


jusqu’à la date retenue. C’est ce que prévoit l’article 70 COCC qui dispose « ce qui n’est dû
qu’à terme ne peut être exigé avant l’échéance du terme ». De manière pratique, le créancier
ne peut exiger du débiteur le paiement anticipé de son obligation. On dit que le terme est
suspensif. Le terme peut, éventuellement, s’appliquer au contrat de manière globale ou à
certaines des obligations induites par ce dernier. C’est le cas dans les contrats à exécution
successive pour lesquels l’une des parties s’acquitte périodiquement de son obligation (bail à
usage d’habitation par exemple).

L’article 70 COCC n’interdit toutefois pas une exécution anticipée de la prestation


nonobstant l’existence d’un terme. En effet, il prévoit que « ce qui a été payé d’avance ne peut
être répété ». Ce principe ne semble jouer que dans les cas où le terme est stipulé en faveur du
débiteur (la majorité des cas). Au cas contraire, le créancier peut avoir intérêt à ce que le délai
ou la durée fixée soit respecté. A cet effet, l’article 71 COCC pose une présomption claire et
simple. L’analyse de la doctrine (A. BÉNABENT, Droit des obligations, Paris, LGDJ, 15ème
édition, 2016, pp. 255 et s.) montre que le créancier peut se prémunir contre l’insolvabilité de
son débiteur en optant pour des mesures conservatoires.

§ 2 – La déchéance du terme

Le législateur a prévu des circonstances pour lesquelles, le débiteur bénéficiaire d’un


terme en soit déchu. L’article 72 COOC énumère :

 La faillite ;

38
 Le règlement judiciaire ;
 La diminution de garanties.
Ces événements ont en commun de compromettre les facultés de paiement du débiteur
c’est-à-dire les chances du créancier à être désintéressé à terme. La déchéance du terme entraîne
l’exigibilité immédiate de la créance. Celle-ci est acquise même si le terme initialement fixé
n’est pas encore échu.

La pratique des affaires a introduit une autre hypothèse de déchéance du terme d’origine
conventionnelle. Celle-ci permet aux parties de prévoir que le non-paiement d’une échéance
provoque l’exigibilité des sommes restantes dues.

Pour aller plus loin : aborder la question du terme extinctif = contrat à durée déterminée
(principe : durée conventionnelle vs durée légale (baux à usage professionnel ou d’habitation)
v. prorogation, renouvellement et tacite reconduction), contrat à durée indéterminée (faculté de
résiliation unilatérale, congés et préavis), caducité (disparition de l’un des éléments essentiels
du contrat).

SOUS-CHAPITRE 2 : LA CONDITION

Le COCC pose une définition de la condition (Section I) avant d’en fixer le régime
juridique (Section 2).

Section I : La notion de condition


« La condition est un événement futur et incertain dont dépend la formation ou la
disparition de l’obligation » c’est la conception retenue par l’article 66 COCC. Pour être
valable, la condition doit obéir à des critères tenant à sa nature et à ses manifestations.

Ainsi, la condition, à l’instar du terme, doit être un événement futur mais dont la
réalisation est entourée d’une incertitude. Le caractère incertain tient à l’éventualité de la
survenance et l’événement ainsi qu’à l’absence d’engagement des parties contrairement au
contrat aléatoire.

Par ailleurs, suivant l’art. 66 al. 2 COCC, la condition ne doit pas être purement
potestative. En effet, sa réalisation ne doit pas dépendre de la volonté exclusive de l’une des
parties. A ce propos, il faut distinguer la condition purement potestative de celle simplement

39
potestative. Dans le premier cas, seule la volonté de l’une des parties fait naître l’événement
visé, tandis que dans le second cas, la volonté est associée à un élément extérieur (fait d’un tiers
ou naturel = condition casuelle). L’art. 66 rend nulle l’obligation souscrite par le débiteur sous
une condition purement potestative, il faut, a contrario, en déduire la validité de la convention
conclue sous la condition potestative du créancier. Néanmoins, le législateur prévoit une
solution pour le débiteur si la condition est mixte. En effet, elle doit dépendre de la volonté du
débiteur et de facteurs objectifs liés à l’opération juridique projetée (art.66 in fine). C’est le cas
des contrats de vente assujettis à l’obtention d’un prêt par le débiteur.

La condition doit être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs. L’art. 67 COCC
sanctionne par la nullité toute convention conclue au motif d’une condition impossible, immoral
ou illicite. En effet, la condition doit être adossée à une prestation juridiquement et/ou
matériellement possible compatible avec la moralité publique.

Section II : Les effets de la condition

L’article 68 COCC regroupe les effets de la condition sur l’engagement qui en est
affecté. Toutefois, il est possible de sérier les effets suivant qu’ils soient communs (§ 1) ou
propres à chaque type de condition (§ 2).

§ 1 – Les effets communs à toutes les conditions

L’art. 68 en ses alinéas 3-5 énumère des effets qui sont applicables à toutes les formes
de conditions. Il s’agit :

 du rôle joué par le débiteur dans la réalisation de la condition ;


 l’accomplissement des actes d’administration avant la réalisation de la
condition ;
 la possibilité d’exercer des actes conservatoires.
Ainsi, lorsque la condition est réputée accomplie du fait du débiteur, le législateur en
tire toutes les conséquences d’une condition totalement réalisée. Cependant, il convient de
rapporter la preuve de la faute du débiteur, c’est-à-dire son implication directe dans la situation
litigieuse (refus de contracter le prêt promis). En tout état de cause, il appartiendra aux juges du
fond d’apprécier le caractère fautif du comportement du débiteur.

40
Par ailleurs, le créancier du débiteur obligé sous condition peut procéder à des actes
conservatoires afin de préserver ses droits (mais pas de saisies ou d’action oblique). Il peut, en
outre, exiger des garanties aptes à renforcer ses prérogatives (caution, gage, hypothèques). Cette
faculté résulte de l’existence d’un droit conditionnel qui fait naître en réalité une prérogative
virtuelle.

§ 2 – Les effets propres à chaque condition

Selon que la condition soit suspensive ou résolutoire, les effets sont différents.

Concernant la condition suspensive, sa réalisation valide rétroactivement tous les


engagements souscrits par les parties. L’efficacité de l’acte est appréciée au jour de la
conclusion de l’acte conditionnel. Par contre, lorsque la condition est défaillie, la sanction de
l’acte conditionnel est similaire aux effets de la caducité. L’engagement est réputé n’avoir
jamais existé.

Relativement à la condition résolutoire, la réalisation de la condition entraîne la


disparition pure et simple de l’obligation souscrite par le débiteur. Toutes les opérations
réalisées entre temps sont affectées par la réalisation de la condition. La résolution de l’acte
conditionnel opère de manière rétroactive et de plein droit. Au cas contraire, la défaillance de
la condition rend définitif le droit acquis par le créancier.

CHPITRE I : LA TRANSMISSION DES OBLIGATIONS

La circulation des obligations s’opère par des transmissions, tantôt de créances, tantôt de dettes.
Il y aura dans le premier cas changement de créancier, dans le second cas, changement de
débiteur.

SECTION I : La circulation par changement de créancier

Pour le créancier, l’intérêt de céder son titre peut tenir à deux circonstances. Tout d’abord, il
peut éprouver des difficultés à obtenir paiement et préférer céder son titre à un tiers plus diligent
capable de recouvrer la créance.

Mais surtout le créancier peut ne pas vouloir attendre l’échéance convenue pour le paiement,
car il a un besoin d’argent pressant. Il s’adresse alors à son banquier qui moyennant
rémunération lui avance la somme avant terme : on dit qu’il mobilise sa créance.

41
Ainsi, deux techniques juridiques de transfert de créances sont prévues par le COCC : la cession
de créance et la subrogation (art. 241 et s. et 249).

Parag. I : La cession de créance

A côté de la cession de créance classique qui présente certaines lourdeurs, nous avons la cession
de créances simplifiées.

A- La cession de créance classique

Une fois les créances pouvant faire l’objet d’une cession précisée, on examinera les différents
rapports entre les personnes en cause.

a- Les créances cessibles

Toute créance pure et simple, à terme ou conditionnelle peut, en principe, être cédée.

Mais d’une part, il est des créances incessibles, telles que les pensions alimentaires allouées
par justice ou les pensions alimentaires légales, telles que les pensions civiles et militaires, les
pensions ou prestations servies par la caisse de sécurité sociale etc.

D’autre part, la cessibilité des salaires et traitements fait l’objet d’une réglementation spéciale.
Il en est de même de leur saisissabilité.

b- Rapport entre les personnes en cause

L’ancien créancier est le cédant ; le nouveau créancier est le cessionnaire, le débiteur qui joue
dans cette affaire un rôle passif est appelé débiteur cédé.

1- Rapport cédant- cessionnaire

La cession de créance se réalise par un contrat écrit entre le créancier cédant et l’acquéreur
cessionnaire. Le contrat peut être à titre gratuit ou à titre onéreux. La créance change de titulaire
mais reste identique. Il est soumis aux conditions de validité des conventions quant au
consentement des parties, quant à la capacité, à l’objet et à la cause de la cession, et obéit au
régime ordinaire de la preuve.

2- Rapport avec le débiteur

42
Le débiteur doit être informé qu’il y a changement de créancier. Il s’agit d’une simple
information : le débiteur n’a pas à consentir à la cession et ne dispose d’aucun moyen pour s’y
opposer, car la cession n’affecte pas ses droits.

Il peut opposer à ce cessionnaire toutes les exceptions et moyens de défense dont il disposait à
l’égard du cédant : nullité du titre de créance, prescription, paiement déjà effectué etc. (art.242
COCC). Toutefois, il en va autrement pour la compensation.

Avant la signification de la créance, il reste tenu vis-à-vis du créancier initial. Cependant, s’il
a déjà eu connaissance de la cession, il participerait à une fraude en payant néanmoins le
créancier initial.

B- Cession de créance simplifiée

Nous avons les titres négociables et la cession de créances professionnelles à un établissement


de crédit.

a- Les titres négociables

Le droit commercial et particulièrement le droit cambiaire exige une circulation rapide des
créances. C’est pourquoi la formalité de la signification par acte d’huissier n’est pas nécessaire.
Les titres négociables comprennent : les titres au porteur, les titres à ordre et les titres
nominatifs.

- Les titres au porteur sont des documents qui renferment eux-mêmes le droit de créance
constaté, de telle sorte que tout porteur du document est considéré par cette détention matérielle
comme titulaire de la créance. On dit que le droit de créance est renfermé dans le titre.

- Les créances à ordre appelés « effets de commerce » (chèque, lettre de change et billet à
ordre) sont des documents portant injonction au débiteur de « payer à l’ordre de X » cad soit à
X, soit à une personne qu’il désignera. Le bénéficiaire peut donc transmettre le titre à Y en
inscrivant simplement au dos du document la mention « payez à X ». On dit que le document
circule par endossement.

- Les titres nominatifs (obligations personnelles, publiques ou actions et parts des sociétés)
sont des titres établis au nom du créancier avec inscription de son nom dans les registres du
débiteur : seul le changement de cette inscription entrainera transfert de la créance au profit du
nouveau titulaire.

43
b- La cession de créance professionnelle à un établissement de crédit

Pour garantir le crédit que lui consent la banque, une entreprise peut lui céder les créances
qu’elle détient de ses clients au moyen d’un « bordereau » (Dailly), cad d’un document signé
des parties et énumérant les créances cédées. Mais dans la mesure où un paiement de bonne foi
au créancier initial est valable, il est souhaitable que le banquier informe par simple lettre les
débiteurs de la cession.

Parag. II : La subrogation

Lorsqu’une personne prend la place d’une autre dans une situation juridique on parle de
subrogation personnelle ; lorsqu’une chose prend la place d’une autre dans un patrimoine, on
parle de subrogation réelle (ce deuxième cas nous intéressera pas ici).

Dans la subrogation personnelle, la créance reste identique mais son titulaire change et le
nouveau titulaire dit créancier subrogé prend la place de l’ancien, dénommé subrogeant.

La particularité essentielle de la subrogation est qu’elle est obligatoirement greffée sur le


paiement de la créance. C’est donc seulement celui qui paie le créancier à la place du débiteur
qui peut se trouver subrogé dans les droits de ce créancier dans l’exacte mesure de son paiement.
Elle n’est donc pas gratuite (c’est le cas de l’assureur).

Dans certains cas, c’est un texte qui décide qu’il y a subrogation au profit de celui qui paie la
créance. C’est souvent le cas en matière de privilèges et d’hypothèques. C’est aussi le cas
lorsqu’il y a plusieurs garants d’un débiteur ou lorsqu’il y a plusieurs codébiteurs.

Dans d’autres cas, notamment pour faire jouer à la subrogation son rôle de crédit, le créancier
peut consentir de façon expresse une subrogation (conventionnelle) à toute personne qui, sans
être tenue, décide de le payer. C’est le cas du contrat d’affacturage (factoring). Cette technique
est de plus en plus usitée car contrairement à la cession de créance, la subrogation permet
d’éviter la formalité de la signification.

Selon le Dictionnaire Juridique : L'"affacturage", en anglais "factoring", est une technique du


droit commercial par laquelle une société financière dite le "factor" ou "facteur" ou
"affactureur" accepte de se charger des risques du recouvrement des factures d'une entreprise
commerciale à laquelle elle en règle le montant moyennant le paiement d'une commission. Le
factor est subrogé dans les droits et actions du remettant.

44
SECTION II: LA CIRCULATION PAR CHANGEMENT DE DEBITEUR

Parag. I : La délégation art.255 et s.

La délégation est l’opération par laquelle le débiteur délègue au créancier un tiers qui reprend
la dette à son compte et devient donc le nouveau débiteur.

Le débiteur originaire s’appelle le délégant ; le nouveau débiteur s’appelle le délégué ; le


créancier à qui on délègue ainsi un nouveau débiteur s’appelle délégataire.

A- La délégation parfaite

La délégation est parfaite lorsqu’en contrepartie de l’engagement du nouveau débiteur (le


délégué), le débiteur originaire (délégant) se trouve libéré. Il y a alors un véritablement
changement de débiteur par substitution du délégué au délégant.

La délégation parfaite exige le consentement des deux parties intéressées (le délégué et le
délégataire).

La délégation parfaite ne constitue pas un véritable transfert pur et simple de la dette originaire,
mais plutôt une novation de cette dette par changement de débiteur (nous verrons la novation).

B- La délégation imparfaite

Lorsque le créancier (délégataire) ne déclare pas expressément décharger le débiteur originaire,


celui-ci reste tenu de la dette. Il y a alors non pas substitution mais adjonction d’un débiteur à
un autre : le créancier peut alors poursuivre à son choix le délégué ou le délégant. D’ailleurs,
c’est en ce sens que la délégation joue un rôle de garantie.

Un exemple pratique : la carte bancaire.

Parag. II : La cession de contrat

C’est une convention par laquelle un contractant (cédant) transmet à une autre personne
(cessionnaire) ses droits et / ou ses obligations à l’égard de son cocontractant (cédé).

Il peut s’agir d’un contrat unilatéral (il y a alors cession de créance ou de dette) ou d’un contrat
synallagmatique (il y a alors double cession de créance et de dette).

45
Mais pour que l’opération soit valable il faut que le cédé donne son consentement en toute
connaissance de cause.

Les effets de la cession d’un contrat synallagmatique sont doubles : d’un côté tout se passe
comme s’il y avait cession de créance et de l’autre, il y a substitution de débiteur si la cession
est parfaite ce qui la rapproche à la délégation parfaite.

Par contre, lorsque la cession est imparfaite, il y a adjonction de débiteur, ce qui la rapproche
de la délégation imparfaite.

CHAPITRE II : L’EXTINCTION DES OBLIGATIONS

Les obligations s’éteignent en principe par le paiement, par la novation, par la remise de dette
volontaire, par la compensation, par la confusion, par la perte de la chose, par la nullité ou
rescision, par l’effet de la condition résolutoire et par la prescription.

Dans cette liste de ces cas d’extinctions, certains n’apparaissent que comme la conséquence
d’autres mécanismes déjà étudiés : nullité, résolution ou rescision d’un contrat faisant
disparaitre l’obligation ; la perte de la chose met en jeu la théorie des risques.

L’extinction à titre principal est en principe le fait de l’exécution de l’obligation, laquelle peut
se traduire de plusieurs manières : paiement volontaire (Section 1), paiement indirect (Section
2), exécution forcée (Section 3). Mais il arrive aussi, plus exceptionnellement que l’extinction
s’opère sans paiement ni contrepartie (Section 4).

SECTION I : LE PAIEMENT VOLONTAIRE

Dans la terminologie juridique, le paiement c’est l’exécution d’une obligation, quel que soit
l’objet (Ex : livrer une marchandise c’est aussi faire un paiement). Ce n’est pas seulement verser
une somme d’argent.

Le paiement est la fin même de cette obligation, qui n’a de raison que dans cette perspective :
il en réalise l’accomplissement.

Il emporte donc un double effet : effet libératoire en ce qu’il libère le débiteur de sa dette ; effet
extinctif en ce qu’il éteint cette dette.

46
Pour ce qui est de sa nature juridique, la doctrine traditionnelle le considère comme un acte
juridique car c’est un acte juridique fait en vue de produire des conséquences de droit : éteindre
une dette (Voir. A. Benabent). Mais Madame Catala (la nature juridique du paiement, LGDJ.
1960 ; et note JCP 1966 II. 14841) et d’autres auteurs y voient un fait juridique. Lorsqu’il s’agit
d’une obligation de faire on peut parler d’un fait juridique et lorsqu’il s’agit d’une obligation
de donner : un acte juridique.

Dans la mesure où l’enjeu de la controverse ne concerne que les règles de preuve, voyons
d’abord comment se réalise le paiement.

Parag. I : La réalisation du paiement

Avant d’aborder l’opération de paiement, nous allons voir quelles sont les parties au paiement.

A- Les parties au paiement

Il y a celui qui exécute le paiement : le solvens et celui qui le reçoit : l’accipiens.

a- Le solvens

Le paiement peut être effectué par le débiteur lui-même ou par un tiers. Dans tous les cas où la
dette ne présente pas un caractère personnel, le créancier ne peut pas refuser de recevoir
paiement d’un tiers dès lors que ce paiement est satisfactoire. Par contre, pour les obligations
de faire à caractère personnel le créancier peut refuser leur exécution par autrui.

Celui qui effectue un paiement doit être le propriétaire de la chose objet du paiement (art. 165
al 1). La condition relative à la capacité est relative car l’article 165 al. 2 interdit à l’incapable
de contester le paiement en raison de son incapacité.

b- L’accipiens

L’accipiens c’est celui qui reçoit et accepte le paiement. L’acceptation de l’accipiens n’est pas
juridiquement nécessaire dans certains cas, notamment en cas de virement bancaire à son
compte.

L’accipiens doit être le créancier actuel qui peut être le même qu’à l’origine mais aussi son
héritier ou le cessionnaire de la créance (art. 166) ou son représentant. Mais le paiement fait de
bonne foi au créancier seulement est valable (art. 167 al.2).

47
Le paiement fait à un incapable est nul en principe, il ne l’est pas que s’il est prouvé que
l’incapable en a tiré profit.

c- Cas de pluralité de débiteurs ou de créanciers

Lorsqu’une obligation a plusieurs sujets, soit du côté passif (pluralité de débiteurs), soit du côté
actif (pluralité de créanciers), le paiement s’en trouve un peu compliqué.

Le principe est que l’obligation se divise en plusieurs liens conjoints mais séparés : on parle de
dettes conjointes. Mais cette règle de l’obligation conjointe supporte deux exceptions
d’application si fréquente que la règle elle-même est vidée de l’essentiel : l’indivisibilité de la
dette et la solidarité entre débiteurs ou entre créanciers.

1- L’indivision

L’indivision de la dette fait obstacle à sa division : cette indivisibilité peut être naturelle (livrer
un bien) ou résulter d’une clause du contrat. Dans ce cas, le créancier peut réclamer paiement
de la dette dans son entier à n’importe lequel des débiteurs. Et s’il y a plusieurs créanciers
n’importe lequel d’entre eux peut exiger ce paiement.

Celui qui paie et ses codébiteurs régleront après leur compte sur le fondement de la subrogation
après paiement

2- La solidarité

La solidarité aboutit au même résultat : en cas de solidarité passive (plusieurs débiteurs),


n’importe lequel des codébiteurs peut se voir réclamer le paiement de toute la dette ; en cas de
solidarité active pluralité de créanciers d’une même créance), n’importe lequel des créanciers
peut recevoir paiement du tout.

La solidarité résulte en principe d’un texte ou d’une convention expresse. Toutefois, la


jurisprudence et le COCC (article 243) admettent deux exceptions à ce principe en matière
commerciale et en matière de responsabilité civile par la création d’une obligation in solidium
présentant quasiment tous les caractères de la solidarité et s’appliquant à chaque fois que
plusieurs personnes sont déclarées responsables d’un même dommage même à des titres
différents.

B- L’opération de paiement

48
a- Objet et étendue

Le paiement doit porter sur l’objet exact de l’obligation, dans sa nature et dans son étendue.

Quant à la nature de ce qui est dû, le débiteur ne peut se permettre aucune modification sans le
consentement du créancier (art.176). Il en est de même pour l’étendue de ce qui est dû.

Même si la dette est par nature divisible, le paiement est en principe indivisible. Ce faisant, le
débiteur ne peut non plus imposer au créancier un paiement partiel (art.175) sauf si le paiement
est fait par les héritiers du débiteur ou lorsqu’une convention le prévoit.

b- Moment du paiement

Le paiement doit être effectué dès que la dette est exigible. Sauf convention contraire ou
disposition spéciale de la loi et des usages commerciaux, le débiteur doit être mis en demeure
de s’exécuter.

c- Lieu du paiement

En ce qui concerne le lieu de paiement, lorsqu’il s’agit d’obligation d’origine contractuelle, la


convention détermine souvent le lieu d’exécution de l’obligation. A défaut de stipulation
contraire, le principe est que les dettes sont quérables (et non portables) cela signifie qu’il
appartient donc au créancier de venir quérir son dû.

Cependant, lorsqu’il s’agit de corps certain ou déterminé, le paiement doit être fait, faute de
stipulation contraire, au lieu où était la chose lors de la conclusion du contrat.

S’agissant des dettes d’aliments elles sont portables (art. 171) c'est-à-dire le paiement est fait
chez le créancier.

d- Offres réelles et créances litigieuses

En cas de refus du créancier de recevoir paiement satisfactoire (offre réelle) ou lorsque la


créance est litigieuse, la chose peut être consignée à la caisse de dépôt et de consignation.

e- Imputation des paiements

Lorsque le débiteur est tenu de plusieurs dettes (art 176 al. 1) de même nature c’est le débiteur
qui choisit, à défaut le créancier, à défaut les règles légales s’appliquent entre les dettes échues

49
et les dettes non échues, entre les dettes échues les plus anciennes. A défaut, l’imputation est
proportionnelle.

f- Frais du paiement

Ils sont à la charge du débiteur. Art. 182 COCC

Parag. II : La preuve du paiement

Selon l’article 179 du COCC, l’opération obéit aux règles de droit commun de la preuve.

La charge de la preuve incombe au débiteur mais seulement lorsque l’obligation consistait en


un fait positif.

Lorsque l’obligation est négative c’est au créancier qu’il appartient d’en démontrer
l’inexécution.

Dans les deux cas, il existe des présomptions légales de paiement : certaines sont tirées du fait
que le créancier a remis volontairement le titre de sa créance au débiteur (art. 181 et 211) ;
d’autres de l’écoulement d’un bref délai de prescription (art. 228).

Les modes de preuve exigées dépendent de la nature juridique du paiement que l’on retient. Le
COCC y voit implicitement un acte juridique. Par conséquent, il faut donc préconstituer une
preuve écrite. Pour les sommes d’argent c’est la quittance qui est le plus utilisée.

SECTION II : LE PAIEMENT INDIRECT

Il s’agit de procédés qui opèrent comme paiement, une extinction de l’obligation par satisfaction
du créancier.

Ce sont la compensation, la novation et la dation en paiement.

Parag. I : La compensation

C’est le système intellectuel pour éteindre commodément des dettes réciproques entre deux
personnes : au lieu que chacune règle à l’autre son dû, ce qui donne lieu à des versements
croisés, on procède à une soustraction et un seul solde donne lieu à un paiement. Outre la
simplicité, le mécanisme constitue une garantie au profit du créancier solvable lorsque l’autre
ne l’est pas (il est privilégié par rapport aux créanciers, cela permet d’éviter le concours des

50
autres créanciers sur sa créance). Le procédé a un caractère légal, il est automatique, il opère
de plein droit (art. 216). Il est à la base de la notion de compte : un compte fonctionne par
compensation permanente d’écritures entre les parties dont le solde seul donne lieu à un
règlement, soit de façon périodique convenue, soit à la clôture du compte.

La compensation légale obéit à un certain nombre de conditions. Mais à défaut, la compensation


peut résulter d’une décision de justice.

A- Les conditions de la compensation

Pour produire certains effets, la compensation doit obéir à des conditions positives et négatives.

a- Les conditions positives

Ne sont compensables que les choses fongibles, interchangeables pratiquement des dettes
d’argent. Ces dettes doivent être liquides, exigibles et saisissables.

Lorsqu’une dette n’est pas liquide, on peut la faire liquider par le tribunal à la suite d’une
assignation en paiement : c’est la compensation judiciaire.

b- Les conditions négatives

La compensation n’opère pas :

- En cas de règlement judiciaire ou liquidation judiciaire du débiteur : elle romprait en effet


l’égalité des créanciers (art. 68-4) Acte Uniforme sur les Procédures Collectives)

- En cas de saisie-arrêt d’une des créances

- En cas d’insaisissabilité d’une des créances (art. 215 in fine)

- Lorsque le débiteur est l’Etat, une collectivité publique ou un EPA (art. 217).

B- Effets de la compensation

L’effet de la compensation, c’est l’extinction automatique des deux obligations et par voie de
conséquence de leur garantie. L’extinction automatique n’est cependant pas d’ordre public.

Parag. II : La novation

51
La novation est l’extinction d’une obligation par création d’une nouvelle obligation qui la
remplace. Au lieu de recevoir paiement immédiat, le créancier accepte de renoncer à sa créance
en contrepartie d’un nouvel engagement pris envers lui, différent du premier.

Elle se caractérise par un changement d’obligation : la première s’éteint (sans être payée) pour
être remplacée par une nouvelle obligation.

Certes le COCC ne l’envisage pas mais il ne l’interdit pas non plus en raison du principe de
l’autonomie de la volonté.

La novation conventionnelle suppose donc la volonté des parties de changer un des trois
éléments suivants : le créancier, le débiteur ou l’objet de la dette.

- Si c’est le débiteur la novation correspond à la délégation parfaite

- Si c’est le créancier le droit sénégalais parvient au même résultat avec le mécanisme de la


cession de contrat.

Il reste alors la novation par changement d’objet qui implique un changement significatif de la
dette initiale (Ex : remplacer un bail à usage d’habitation par un bail commercial). En effet, si
le changement n’est pas significatif, il y a simple modification de l’obligation initiale qui
subsiste.

Ainsi, la novation n’est valable qu’autant que la substitution peut se faire complètement

- La nouvelle n’existe que si l’obligation initiale était valable

- L’ancienne obligation n’est éteinte que par la création d’obligation nouvelle qui, elle aussi,
doit être valable sinon l’obligation ancienne subsisterait.

En principe, la création d’une nouvelle obligation devait entrainer l’inopposabilité des


exceptions tirées de l’ancienne. Mais une jurisprudence française (cass. civ. 1ère, 10 mai 1988,
Bull. civ. I n° 139) soutient que certains éléments du contrat initial subsisteraient (clause
d’arbitrage) car si l’obligation ancienne s’éteint, le cadre dans lequel elle s’intègre pourrait bien
demeurer

Parag. III : La dation en paiement art. 240

52
La dation en paiement est le fait de donner en paiement au créancier autre chose que ce qui lui
est dû : une somme d’argent à la place d’un bien ou plus souvent à l’inverse, un bien ou un
service à la place d’une somme d’argent, voire un bien à la place d’un autre.

La dation en paiement constitue la contraction en un seul moment d’une novation en ce que les
parties subsistent à l’obligation initiale une obligation nouvelle ayant un objet différent, donc
extinction des garanties de la dette (suretés). Il y a aussi paiement en ce que cette obligation
nouvelle est immédiatement exécutée et donc éteinte.

La dation en paiement exige un consentement des parties, le créancier ne pouvant se voir


imposer contre son gré cette substitution d’objet.

Il faut que la dette éteinte ait été valable.

Il faut que le débiteur ait la capacité et le pouvoir d’aliéner la chose donnée en dation car la
convention emporte transfert de propriété dans les conditions du droit commun (obligation de
délivrance, garanties des vices cachés et d’éviction etc.)

Section III : L’exécution forcée

Tout créancier, chirographaire ou privilégié peut poursuivre le paiement forcé. Cependant, le


résultat peut être satisfaisant ou non. A cette fin, le droit de gage général qui lui est reconnu sur
le patrimoine du débiteur lui confère deux séries de prérogatives : d’abord, il peut recourir à des
mesures de sauvegarde, qui permettront de garder leur efficacité pratique aux mesures
d’exécution proprement dites qui suivront, ensuite.

Parag. I : Mesures de sauvegarde

Afin d’éviter que le débiteur n’organise son insolvabilité le créancier peut demander le gel de
l’actif du débiteur ou la reconstitution de cet actif.

A- Gel de l’actif du débiteur

Ce sont les mesures d’ordre procédural ordonnées par le juge et qui ont pour objet de « geler »
les droits et biens du débiteur pendant une période provisoire, dans l’attente de ce qui sera jugé
au fond sur l’existence ou le montant de la dette. Pour cela nous avons :

- La saisie-arrêt ou opposition conservatoire (art. 362 CPC) qui est une mesure qui « arrête »
entre les mains d’un tiers les sommes qu’il doit au débiteur (compte bancaire, fraction

53
saisissable du salaire etc.). Même un créancier sans titre peut pratiquer sur autorisation
judiciaire une telle mesure.

- Les mesures conservatoires portant sur les biens qui consistent dans la saisie-conservatoire de
meubles ou l’inscription conservatoire d’une hypothèque sur un immeuble ou d’un
nantissement sur un fonds de commerce. Il faut une autorisation du président du tribunal, une
créance fondée dans son principe et que son recouvrement paraisse en péril (Art. 401 du CPC ;
Voir aussi art. 54 et s. Acte Uniforme sur les Procédures Simplifiées en droit des Affaires).

B- Reconstitution de l’actif du débiteur

Pour cela le créancier dispose : soit d’une action oblique, soit d’une action directe lorsqu’il n’y
a pas de fraude de la part du débiteur et une action paulienne en cas de fraude. Dans le premier
cas il exerce une action à la place du débiteur contre un tiers et dans le second cas, il exerce une
action contre les actes frauduleux du débiteur.

a- L’exercice d’une action du débiteur

1- L’action oblique

Pour vaincre l’inertie d’un débiteur à recouvrer ses créances ou à préserver ses droits contre des
tiers, le créancier dispose d’une action appelée « action oblique » qui lui permet d’exercer à la
place du débiteur inactif les actions et droits de celui-ci.

Seuls les actes de gestion et d’administration effectués par le débiteur ainsi que les droits et
actions exclusivement attachés à la personne de celui-ci échappent au créancier.

L’exercice de l’action suppose une négligence du débiteur, l’exigibilité de la créance et l’intérêt


du créancier à agir en justice.

L’action oblique a pour effet de faire tomber le produit des droits exercés dans le patrimoine du
débiteur. Le produit ne peut être attribué au créancier agissant car il a les mêmes droits que les
autres créanciers.

D’ailleurs, en agissant à la place du débiteur toutes les exceptions opposables à celui-ci lui sont
opposables.

2- L’action directe

54
L’action dite directe est une action dont est titulaire le créancier. Il bénéficie dès lors de
l’inopposabilité des exceptions personnelles au débiteur et d’un droit de préférence sur la
créance. Mais la différence est qu’il agit ici en vertu d’un droit qui lui est propre. Les cas
d’actions directes doivent être prévus par la loi (art. 204). Cependant, la jurisprudence crée elle-
même des cas d’action directe lorsqu’il y a un accord contractuel exprès.

b- L’exercice d’une action contre les actes frauduleux du débiteur : l’action paulienne

Le danger majeur auquel est exposé tout créancier est celui de voir son débiteur vider son
patrimoine de tout bien (facilement saisissable) et de rendre ainsi vaines toutes poursuites.

L’action paulienne permet au créancier de faire rendre inefficaces les actes frauduleux.

Toutefois, tout comme les actes du débiteur, l’action paulienne doit répondre à certaines
conditions pour produire des effets.

1- Conditions de l’acte attaquable

Ne peuvent être attaqués par le créancier que les actes qui lui portent préjudice, c'est-à-dire qui
diminuent sa position en rendant plus difficiles les voies d’exécution qu’il doit exercer.

Donc l’acte doit :

- Entrainer un appauvrissement du débiteur (vente à bas prix)

- Rendre le débiteur insolvable

- Etre postérieur à la naissance de la dette

2- Conditions de l’action

Pour pouvoir attaquer l’acte qui lui porte préjudice, le créancier doit établir que cet acte ait été
inspiré par le souci de faire fraude à son droit. La simple « mauvaise affaire » faite par le
débiteur ne peut être remise en cause car il faut une certaine sécurité dans les relations
contractuelles.

La jurisprudence française n’exige plus en matière de fraude une « intention de nuire » et se


contente de « la seule connaissance du préjudice » causé par le créancier (Civ. 1ère, 17 oct.
1979, JCP. 81. II.19627, note GHESTIN- 13 avril 1988 Bull. Civ. I- n° 91).

Du côté du débiteur la condition de la fraude est plus facile à remplir.

55
Par contre du côté des tiers, il ne peut conserver un avantage obtenu gratuitement face à un
créancier dépouillé. Mais si l’acte est à titre onéreux la sécurité des transactions exige qu’il ne
puisse être remis en cause que si le tiers a été complice de la fraude du débiteur.

3- Effets

Le résultat de l’action paulienne est de rendre inopposable au créancier l’aliénation


frauduleuse: le créancier peut donc toujours considérer le bien aliéné comme appartenant à son
débiteur et par conséquent le saisir.

Par ailleurs, lorsqu’un débiteur commerçant fait l’objet d’une procédure de règlement ou de
liquidation judiciaire, il arrive fréquemment que sentant venir la fin de son entreprise, il tente
de soustraire certains biens de l’actif qui sera saisi. L’action paulienne est ouverte à ses
créanciers mais dont le droit des procédures collectives institue le caractère frauduleux de
certains actes passés pendant la période suspecte et les considère en outre comme nuls.

Parag. II : Les mesures d’exécution

L’aide de la puissance publique pour obtenir l’exécution forcée d’une obligation constitue un
droit pour les citoyens

L’exécution forcée ne se présente pas dans les mêmes termes pour les obligations touchant aux
biens et pour celles touchant à la personne.

A- Obligations touchant aux biens

L’exécution forcée des obligations en argent s’effectue en pratiquant des saisies sur les actifs
du débiteur : saisie mobilière sur les meubles, saisie immobilière sur les immeubles (seulement
dans un second temps) et saisie arrêt sur les créances que le débiteur peut avoir sur des tiers.

Toutes ces saisies dont le régime spécifique relève des voies d’exécution sont suivies de la
vente aux enchères des biens.

La saisie est une procédure individuelle avec un paiement individuel.

Cependant, il existe deux procédures qui organisent un paiement collectif : la procédure de


règlement judiciaire ou de liquidation judiciaire à l’égard des personnes physiques
commerçantes et de toutes les personnes morales de droit privé en cas de cassation de leur

56
paiement ; et la procédure d’ordre lorsque plusieurs créanciers se manifestent au cours des
opérations de saisie et de vente d’un bien organisées afin de répartir les produits de cette vente.

Pour l’obligation de donner un bien la procédure est plus simple : il suffit de saisir ce bien et
de le remettre au créancier.

S’agissant d’immeuble pour lesquels les mutations sont inscrites, le jugement condamne le
débiteur à transférer son immeuble (au bénéficiaire d’une promesse de vente par exemple)
précise qu’il vaut titre et peut donc être publié ; quant à la libération matérielle d’un immeuble,
elle donne lieu à des mesures d’expulsion par la force publique.

B- Obligation touchant à la personne

La particularité des obligations de faire ou de ne pas faire est d’impliquer la personne même du
débiteur. A défaut d’une implication personnelle, il est tenu à réparation. Toutefois, lorsque des
constructions ont été édifiées en violation d’une obligation de ne pas faire, le juge peut ordonner
la destruction de ce qui aurait été fait contrairement à l’obligation. Dans ce cas on dit que
l’exécution a eu lieu sans l’intervention du débiteur.

Mais, lorsqu’il s’agit d’obtenir l’exécution d’une obligation de faire sans le contraindre
physiquement deux moyens déterminés sont souvent utilisés: la faculté de remplacement et
l’astreinte.

a- La faculté de remplacement

Le créancier peut faire exécuter par un autre la prestation due et ce au frais du débiteur
défaillant. De la sorte, le créancier obtient satisfaction en nature tandis que le débiteur n’est
condamné qu’à payer les frais de l’exécution, soit une somme d’argent.

b- L’astreinte

Le procédé consiste à enjoindre au débiteur à exécuter son obligation en lui impartissant un


délai : passé ce délai il devra tant par jour de retard. Ainsi, l’on procède par une pression sur la
volonté du débiteur par une menace atteignant ses biens. Ce n’est qu’un moyen indirect mais
efficace si le taux fixé par le juge est assez dissuasif. L’astreinte constitue une véritable peine
privée dans la mesure où elle doit être liquidée indépendamment des dommages et intérêts.

L’astreinte est soit provisoire soit définitive quant à son montant mais ne peut être perpétuelle.
L’astreinte déclarée définitive par le juge lui interdit toute modération ultérieure.

57
SECTION IV : EXTINCTION SANS PAIEMENT

Il existe trois institutions dont l’objet est d’éteindre une créance sans contrepartie : la confusion,
la remise de dette et la prescription.

Parag. I : La confusion

Il y a confusion lorsque les qualités de créancier et de débiteur qui appartiennent à l’origine à


deux personnes distinctes viennent à se confondre sur la tête de l’une d’elles : par exemple le
débiteur hérite de son créancier. C’est aussi le cas en matière de fusion de sociétés.

Le lien d’obligation étant un lien personnel entre deux personnes ou plutôt deux patrimoines, il
est évident que cette réunion emporte extinction de la dette par impartialité. Mais si par exemple
il y a plusieurs héritiers la confusion n’est pas partielle (pour sa part), les autres héritiers devront
le reste.

Parag. II : Renonciation et remise de dette

La remise de dette est l’acte de volonté par lequel le créancier renonce à son droit en tout ou en
partie au profit du débiteur de son obligation. Il s’agira donc dans tous les cas d’un acte de
disposition de la part du créancier exigeant la capacité ou le pouvoir d’accomplir de tels actes.

Cependant, si l’acte de disposition est gratuit, la remise de dette s’analyse en une libéralité.

Si l’acte de disposition est une contrepartie, par exemple des avantages consentis au créancier
la remise est à titre onéreux (la remise de dette peut être partielle ou totale).

Parag. III : La prescription libératoire

La prescription est un moyen de consacrer en droit une situation de fait au bout d’un certain
temps. Elle prend deux formes :

- prescription acquisitive (dite usucapion) par laquelle le possesseur d’un bien en devient
propriétaire (Voir Cours du Droit des Biens).

- prescription extinctive par laquelle une créance non exercée est éteinte.

58
Le fondement de la prescription extinctive c’est pour, d’une part que le bon ordre social
s’oppose à ce qu’on remette en question des faits trop lointains et, d’autre part que l’écoulement
d’un certain délai fait présumer l’exécution de l’obligation, le paiement d’une créance.

A- Délais

Il y a quatre régimes

- La prescription décennale de droit commun (art.282). Elle s’applique chaque fois qu’une autre
durée n’est pas spécialement prévue.

- La prescription quinquennale qui s’applique aux obligations à exécution périodique (loyer,


arrérages, intérêts etc.) et constitue la prescription de droit commun à l’égard des commerçants.

- La prescription biennale prévue généralement en matière d’assurance et de transport ;

- La prescription annale (fondée sur une présomption de paiement) qui s’applique aux salaires,
émoluments, honoraires, frais de pension et d’hôtel et aux prix des fournitures de toute sorte
faits à des non commerçants. Mais une fois ce délai interrompu, il y a interversion : c’est la
prescription quinquennale qui s’applique (art. 226)

B- Computation des délais

La prescription ne commence à courir qu’au lendemain du jour où l’obligation est exigible. Le


dernier jour est (dies ad quem) le jour anniversaire même férié.

Le délai peut être suspendu ou interrompu.

La suspension de la prescription est un arrêt provisoire de son cours, le temps déjà accompli
n’est pas effacé on le décompte de la prescription lorsqu’elle ci recommence à courir.

Lorsqu’il est impossible à un créancier d’exécuter son droit (incapacité ou force majeure),
seulement pour la prescription de cinq ans, il bénéficie d’une suspension de délai.

L’interruption de la prescription c’est l’anéantissement rétroactif du temps de prescription déjà


couru. Il y a interruption soit lorsque le créancier intente une action en exécution
(commandement de payer, exécution forcée, citation en justice) soit lorsque le débiteur
reconnait sa dette. La prescription interrompue repart à zéro. (Art. 219 al.2)

C- Effets

59
En cas de prescription libératoire, le débiteur est libéré de son obligation (art. 218).

Cependant, l’effet extinctif n’est pas automatique : le juge ne doit pas s’opposer d’office (art.
221 al. 2), il faut que la personne y ayant intérêt l’invoque ; le débiteur ne peut pas renoncer par
avance mais il le peut après coup (art. 220).

60

Vous aimerez peut-être aussi