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INTRODUCTION :

Toute personne physique qui commet un acte antisocial réprimé par la loi pénale
engage en principe sa responsabilité. Qu'elle ait exécuté seule, matériellement, l'acte
délictueux ou qu'elle ait agi avec d'autres individus soit en participants directement à la
réalisation de l'infraction en tant qu'auteur principal ou en tant que coauteur, soit en
contribuant indirectement à sa commission en tant que complice.(art 132 cp marocain).

La distinction entre l'auteur et le complice acquiert une grande considération de la part des

législations positives et des doctrines actuelles. En effet, à la différence de l'auteur qui


accomplit personnellement et matériellement l'acte incriminé et du coauteur qui prend part
d'une façon directe à l'exécution matérielle de l'infraction (V. Art 128 CP), Le complice
apparait comme un coopérant qui, sans accomplir personnellement l’infraction, en favorise
l’accomplissement par l’auteur.
On doit noter cependant qu’il existe principalement deux systèmes : tantôt la
responsabilité du complice est envisagée en liaison avec celle de l’auteur- système de la
criminalité d’emprunt- tantôt au contraire elle l’est de manière indépendante- système du délit
distinct.
S’agissant du système de la criminalité d’emprunt, il repose sur la constatation selon
laquelle les actes accomplis par le complice sont habituellement dépourvus de criminalité
propre et ne prennent de caractère pénal que par référence à l’infraction commise par l’auteur
à laquelle ils empruntent par conséquent sa criminalité. Le complice tombe alors sous le coup
des mêmes qualifications et encourt les mêmes peines que l’auteur.
Quant au système du délit distinct il consiste, comme son nom le laisse prévoir, à
envisager la responsabilité du complice indépendamment de celle de l'auteur : le complice est
punissable pour ce qu'il a fait dès lors que ce qu'il a fait est prévu et puni par la loi pénale.
D’ailleurs, le droit pénal marocain a consacré dans l’article 130 du code pénal la
théorie de la criminalité d’emprunt dans son absolu : « Le complice d'un crime ou d'un délit
est punissable de la peine réprimant ce crime ou ce délit. ».
Il faut signaler que la théorie de la criminalité d’emprunt a connu quelque
atténuations.
La loi a, de manière exceptionnelle, fait usage des autres systèmes de complicité
concevables, principalement du système du délit distinct par exemple, l’article 308-01 qui
réprime la violence commise lors ou à l’occasion des compétitions ou des manifestations
sportives.

Nous tenterons de répondre tout au long de cette étude à la question qui suit :
Quelles sont les conditions de la complicité ? Quelle est sa répression ?
Pour se faire, nous analyserons dans un premier temps les conditions de la complicité 
puis nous nous focaliserons dans un second temps sur sa répression  de cette dernière.

PLAN
Partie 1 : les conditions de la complicité 
A- l’élément légal
B- l’élément matériel
C- l’élément moral
Partie 2 : La répression de la complicité
A- la portée de la règle
B- l’application de la règle en cas de causes d’aggravation et
d’atténuation de la peine.

Partie 2 : La répression de la complicité


A- la portée de la règle
La réaction pénale est un corolaire naturel de la responsabilité pénale. En ce sens
qu’elle s’applique normalement à l’inculpé reconnu responsable et condamné par un
jugement. Elle prend la forme soit d’une peine soit d’une mesure de sureté.
Selon le grand juriste français jean Carbonnier qui a dit une formule très
significative : « l'auteur et le complice sont cousus dans le même sac »1. En face des
conceptions doctrinales envisagées, l'on peut dire que le droit pénal marocain adopte les
principes de la théorie de la pénalité d'emprunt pour orienter les règles de la répression, et
ceux de la connexité pour déterminer les mécanismes de l'incrimination de la complicité.

1
J. CARBONNIER, Du sens de la répression applicable aux complices
Il faut d'abord souligner que la complicité n'est punissable que lorsque le fait principal
est qualifié de crime ou de délit. L'article 129 du CP précise en effet, dans son dernier alinéa
que « la complicité n'est jamais punissable en matière de contravention ».
Si l’article 130 du code pénal dispose que : « Le complice d'un crime ou d'un délit est
punissable de la peine réprimant ce crime ou ce délit ».ce texte se réfère comme on vient de
l’affirmer au principe de la pénalité d'emprunt sur le plan de la réaction sociale à appliquer au
complice. Seulement, ce n’est qu’un principe. Le mot « punissable » que sa formule emploie
implique lui-même la nécessite de nuancer et d’individualiser la répression de la complicité.
Par conséquent en pratique, le plus souvent le complice subit une sanction différente de celle
de l’auteur, et ce, en vertu de l’application synthétique des données de l’article 130 alinéas 2
et 3 du code pénal et celles de plusieurs dispositions de ce code.

B- l’application de la règle en cas de causes d’aggravation et


d’atténuation de la peine.

Lorsque l’auteur encourt des causes d’aggravation ou bénéficie de cause d’atténuation ;


se répercutent-elles sur le complice ?il faut pour répondre à la question distinguer selon que ces
causes sont personnelles, objectives ou mixtes.

Les causes purement personnelles, c’est à dire qui procèdent de la personne sans
toucher à l’infraction tel que la récidive qui va augmenter la peine ou la minorité qui va la
diminuer; sont sans effet sur le complice, Ainsi la circonstance de parenté qui entraine une
aggravation de peine en matière de parricide, n'a d'effet qu'à l'égard du fils auteur principal, et
non à l'encontre du complice de l'homicide volontaire commis sur le père, lequel n'encourt que
la réclusion perpétuelle ( Article 396). Aussi le complice d’un fils qui a volé les biens de son père
ne devait plus bénéficier de l’immunité du fils prévu par l’article 535 du code pénal .

Dans le même cadre, si l’auteur principal échappe a la répression en raison de son état de
démence, cette situation n’affecte en rien la culpabilité du complice.

La grâce accordée à l’auteur principal ne profite pas au complice, pas plus que l’amnistie
personnelle.

Il en est de même du retrait de plainte en matière d’adultère (article 492).

Inversement, les causes objectives qui affectent l’infraction se répercutent sur tous les
protagonistes y compris le complice alors même qu’elles n’auraient pas étaient connues par tous.
Si la prescription interrompue à l’égard de l’auteur principal se trouve également interrompue à
l’égard du complice et réciproquement. Tous les participants à l’infraction sont censés se
représenter les uns les autres. Cette interruption joue même au cas de poursuite séparée. Quand
l’auteur principal bénéficie d’un fait justificatif (légitime défense par exemple), le complice en
bénéficie également. Il en est de même de l’excuse de provocation.

Quant aux causes d’aggravation de la peine, circonstances aggravantes notamment ; elles


produisent effet sur le complice, même s’il les a ignorées.

Ainsi, en matière de vol, les circonstances de Nuit, de réunion, de maison habitée, d’escalade,
d’effraction, de port d’armes, de violences, sont applicables au complice, même si celui-ci absent
lors de la réalisation de l’infraction, les a ignorées. 2

S’agissant enfin des causes mixtes, bien que la loi ne en fasse pas mention, Ces causes
ont trait à la fois à l’acte incriminé et à la personne de l’auteur. Elles aggravent la peine du
complice même si celui-ci n’a pas eu connaissance de ces circonstances, ainsi l'article 397
réprime l'infanticide dont la mère est punie moins sévèrement quelle que soit auteur au
complice « Toutefois, la mère, auteur principal ou complice du meurtre ou de l'assassinat de son
enfant nouveau-né, est punie de la peine de la réclusion de cinq à dix ans, mais sans que cette

disposition puisse s'appliquer à ses coauteurs ou complices ».

Sont considérées comme causes mixtes :

En matière de vol, la qualité de domestique ;

En matière de détournement, la qualité de fonctionnaire public ;

En matière d’homicide volontaire, les circonstances de préméditation ou de guet-apens qui


transforment l’infraction en assassinat puni de mort (article393).

Quant à la compétence : il faut que le fait punissable commis par l’auteur principal , soit de la
compétence des juridiction marocaines. Ainsi, la compétence de la justice marocaine pour
connaitre du fait principal s’étend nécessairement a tous les faits de complicité même commis à l
étrangers.

Code pénal annoté / Royaume du Maroc, Ministère de la Justice, Institut national d'études judiciaires, APREJ ;
Adolf Ruolt
Il convient de citer à ce sujet les dispositions de l’article 6 du dahir portant loi n°1-72-282 du 21
mai1974 sur la répression de la toxicomanie qui prévoit :

« L’accomplissement au Maroc d’un des actes ayant permis de réaliser une de ces infraction, est
attributif de compétence aux juridictions du royaume, même lorsque les autres actes constitutifs
de ladite infraction ont été réalisés à l’étranger.

La compétence des juridictions marocaines s’étend également a tous les faits de complicité ou de
recel, même commis hors du royaume par des étrangers ».

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