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financement durable ?
DEPOT: …../…../……
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Introduction
Si être socialement responsable signifie « non seulement de satisfaire pleinement aux obligations juridiques
applicables, mais aussi d'aller au-delà et d'investir davantage dans le capital humain, l'environnement et les
relations avec les parties prenantes » (Commission européenne, 2001), en pratique se cache un large
éventail de critères RSE ou ISR que l'on désigne communément sous le terme de facteurs ESG -
environnement, social et gouvernance ». La finance durable vise à générer un rendement non seulement
financier, mais également écologique et social. Pour atteindre ce but, il existe diverses stratégies
d’investissement. Ils permettent d’évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de
long terme dans la stratégie des acteurs économiques (entreprises, collectivités, etc.). Ainsi la stratégie RSE
d’une entreprise est l’une des matérialisation de ses financement durables. Et c’est pourquoi qu’il ne faut
négliger l’importance de la relation entre la gouvernance et la politique RSE qui n’est pas le sujet de notre
étude présente mais fonde une approche ciblant les impacts des administrateurs indépendants (et internes) sur
leurs stratégies et leurs performance extra-financière.1 De la même manière que la forme
multidimensionnelle de la RSE peut soulever un problème d'agrégation des critères et est non négligeable car
nous intéresse à borner au mieux les critères ESG jouant un rôle dans l’investissement responsable. De
manière plus générale, il s’agira de comprendre comment les entreprises font l’objet d’un alignement sur la
taxonomie lors de l'étude du champ d’application du financement durable (1) puis de pouvoir s’intéresser aux
dispositions légales actuels marocaines en pareil matière (2).
1 appuyé par différentes hypothèse de la théorie de l'enracinement et du surinvestissement en RSE des dirigeants pour se prémunir contre le risque de remplacement à la
suite de leurs contre-performances ou théorie alternative de la résolution des conflits par Freeman (1984) selon laquelle le rôle des entreprises est de servir les intérêts non
seulement des actionnaires, mais également des autres parties prenantes. Source; Gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises : nouvelle frontière de la finance
durable ? par Patricia Crifo * Professeure, École Polytechnique ; chercheuse, CREST ; directrice adjointe, Centre Energy4Climate.
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1. Approche générale de l’étude : apports de capitaux comme levier des défis
environnementaux
• Finance verte ou « green bonds » : c’est l'ensemble des opérations financières en faveur de la
transition énergétique et écologique et de la lutte contre le changement climatique. Ses outils principaux
sont les obligations vertes (« green bonds »). Ces emprunts servent à financer des projets contribuant à
la transition écologique : gestion de l'eau, des déchets, de l'énergie, etc. Le cadre légal marocain en est à
ces prémices. Par exemple, la communication continue sur les « Green, Social ou Sustainability bonds »
doit être faite dans le cadre du rapport ESG qui doit être publier annuellement par les émetteurs faisant
APE- appel public à l’épargne conformément à la nouvelle circulaire marocaine de l’AMMC3. Plus
précisément, une section intitulée « Gouvernance » à été ajoutée suite aux modifications apportées par la
loi 20-19 modifiant et complétant la loi N°17-95 sur les Sociétés Anonymes (Cf. notre BIF N°97
diffusée le 16/07/2019). En effet, il s’agit de l’obligation de communication d’un rapport ESG à inclure
dans le rapport financier annuel. Ce rapport informe le Public sur l’impact des activités de l’émetteur sur
l’environnement, ses relations avec les employés et ses parties prenantes externes ainsi que sa
gouvernance4. On notera aussi que le contexte national plus large a été propice au développement
durable (Constitution de 2011, charte nationale de développement durable, engagements nationaux en
matière d’énergies renouvelables, Power to X Summit etc). Du côté européen, le groupe d' experts
techniques de la Commission européenne (TEG) des finances durables à publier ses recommandations
finales sur la taxonomie UE et sa proposition mise à jour pour la norme Bond vert de l' UE, le calendrier
d’entrée en force est encore flou:
• La norme européenne sur les obligations vertes est un outil de financement pratique et sûr pour
garantir que les investissements dans l'économie réelle créent des impacts environnementaux. De
la même manière, elle exige que les investissements verts financés suivent des critères de
taxonomie, en outre, la norme crée des exigences pour les émetteurs de publier un cadre
d'obligations vertes, de rapport d'allocation et d'impact et de vérification. Cela garantit un lien
clair et direct avec les investissements dans l'économie réelle et leur impact positif attendu.
• La taxonomie de l’UE: a un double objectif (éviter « Green Washing », c’est-à-dire s’assurer que
ce qui est communiqué par les distributeurs de produits verts reflète bien la réalité, et permettre
une comparabilité des instruments financiers durables). Elle est un outil de classification des
• NB: Pour les grandes entreprises basées dans l’UE, qui sont déjà tenues de publier des
informations sur leur niveau de conformité à la Taxonomie en vertu de la Directive 2014/95/EU («
Non-Financial Reporting Directive » ou « NFRD »), la récupération des données n'est pas
complexe: le calcul du pourcentage d’alignement à la Taxonomie de ses revenus (« Turnover »),
se fait selon le CAPEX (dépenses d’investissement) ou OPEX (dépenses d’exploitations)7. À
contrario pour les entreprises et émetteurs d’obligations de l’UE qui ne relèvent pas du champ
d’application de la directive, ainsi que pour les entreprises non-européennes.8 Dans l’exemple ci
dessous, on comprendra le fonds d’action comme un fonds de placement (ou fonds
d'investissement) est donc un organisme de détention collective d'actifs financiers.
Source: Headlinkspartner
5 La Nomenclature Marocaine des Activités (NMA2010) constitue le cadre de référence pour la production et la diffusion des statistiques relatives aux activités
économiques au Maroc. Elle est la quatrième du genre que le Maroc élabore depuis l’indépendance et est destinée à remplacer officiellement celle de 1999.
7 Par exemple, une entreprise du domaine des énergies renouvelables n’aura pas nécessairement un pourcentage d’alignement de 100%.
1. 8Identifierles activités menées par la société qui pourraient être éligibles, et pour quel objectif environnemental.
2. Pour chaque activité potentiellement éligible, vérifier si la société ou l’émetteur répond aux critères de sélection pertinents (ex: production d’électricité <100g CO2/
kWh).
3. Vérifier que les critères de non-nuisibilité aux autres objectifs environnementaux (« DNSH ») sont respectés.
4. Effectuer une Due Diligence pour éviter toute violation des garanties sociales minimales.
5. Calculer l’alignement des investissements sur la Taxonomie et préparer les informations à publier au niveau des produits d’investissement.
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• Finalité de la taxonomie: les principes de la Taxonomie et les critères techniques de sélection
seront intégrés dans les exigences de publication de la « NFRD » de la norme européenne sur les
« Green Bonds », et du futur « Eco label européen. L’objectif de l’UE est d’ailleurs d’utiliser la
Taxonomie comme critère d’obtention de ce label vert européen. Selon les premiers documents de
travail publiés par la Commission Européenne, le futur Ecolabel européen pour les produits
financiers sera basé sur le même système: « encore faut-il en déterminer le seuil minimum de
chiffre d’affaires vert du portefeuille. Aujourd’hui il varie entre 15,5 et 37,5% »9 .
• Financement solidaire: Au Maroc, l’économie sociale et solidaire a toujours existé , sous des formes
traditionnelles. Le nom différait d’une région à l’autre, mais la pratique était la même : un mode de
participation collective dans la gestion des biens. Les coopératives constituent la plus importante
composante de l’ESS. Ces acteurs opèrent dans trois principaux secteurs : l’agriculture (production
laitière, culture de céréales, apiculture, maraichage, oléiculture, aviculture, élevage, mutualisation de
l’usage de matériel agricole…), l’artisanat (tapis, broderie et couture, menuiserie, poterie, ferronnerie…)
et l’habitat.10 De manière général, le financement durable regroupe les placements dont l'engagement est
orienté sur des critères sociaux (activités d'insertion liées à l'emploi, au social et au logement, à la
solidarité internationale et à l’environnement). Il regroupe donc des coopératives, mutuelles,
associations, des syndicats et fondations, secteur représentant un pourcentage de l’emploi salarié total.
• En ce sens, la finance solidaire, regroupe les formes d’épargne orientées vers le financement
d’activités qui ne seraient pas immédiatement rentables mais qui sont utiles socialement. Deux
démarches distinctes pour devenir un épargnant solidaire actif : l’investissement solidaire et
l’épargne de partage. La différence entre ces deux mécanismes d’épargne solidaire tient dans la part
plus importante des sommes consacrées à l’économie solidaire dans l’épargne de partage, souvent
entre 50 et 100 %, et sous forme de don, alors que les placements solidaires se limitent à 10 % des
sommes investies et sont récupérables par l’épargnant.11
• Social Business: Défini par le Pr. Muhammad Yunus12, il suit le principe « pas de pertes, pas de
dividendes » et est fondé sur une structure capable d'offrir un produit ou un service susceptible de
satisfaire les besoins élémentaires d'une communauté. La logique consiste à servir l'intérêt collectif en
s’appuyant sur un modèle économique viable pour la structure et pour le consommateur, qui accepte de
payer un prix pour un service qui auparavant était inexistant ou gratuit. Il semble pertinent que le
modèle du social business soit orienté vers les multinationales, puisque leurs atouts (santé et poids
financiers ; expertise commerciale ; compétences techniques ; capacité en termes d'innovation, de
production et de distribution ; potentiel de Recherche et Développement et liberté de concurrence) sont
considérés comme des leviers puissants pour l'expérimentation et la mise en œuvre des projets
(Prahalad, 2005). Un exemple concret serait celui de Graamine Danone foods Ltd.13
10 https://www.cfcim.org/magazine/45383
11L’épargne de partage, aussi appelée « produit de partage », consiste, pour un épargnant, à faire don de tout ou partie des revenus de son placement à une œuvre d’intérêt
général ayant un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, culturel ou environnemental.
13Grameen Danone Foods Ltd. est le projet historique de danone.communities. Premier d’une série de projets de social business, Grameen Danone Foods a pour objectif
de réduire la pauvreté en vendant à un prix abordable des yaourts à haute valeur nutritive pour lutter contre les carences alimentaires des enfants des populations pauvres du
Bangladesh. Les profits générés seront réinvestis dans l’entreprise pour assurer son fonctionnement et son expansion.
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d’implantation du projet (…) Elles peuvent également proposer à ces mêmes personnes de participer au
financement du projet »14 . Au Maroc, il existe un cadre plus général pour les financement collaboratif et
non spécifique au secteur énergétique.15 Les objectifs poursuivis sont en réalité multiples: permettre au
citoyen de contribuer au financement de la transition énergétique tout autant que de favoriser
l’acceptabilité locale des projets, dans tout les sens du terme. Si chacun se dit volontiers favorable de
manière générale au développement des énergies renouvelables; l’engouement se tarit souvent lorsqu’il
s’agit d’accepter la vue d’un parc éolien dans son voisinage proche. Ainsi au delà d’une simple
information, une implication plus direct de la population locale aux projets, notamment par
l’investissement participatif peut apporter sa contribution (même s’il faut le reconnaître que cela
emporte aussi son lot de contrainte). Les appels d’offre dans le domaines des énergies renouvelables
encouragent encouragent en outre le développement du financement ou de l’investissement participatif,
en prévoyant surtout un bonus tarifaire si le lauréat s’engage à y recourir. En parallèle, un simple
particulier peut devenir lui même producteur d’energie renouvelable, ce que la législation relative à
l’autoconsommation encourage aujourd’hui comme il a été vu précédemment. Au Maroc, le nouveau
texte (avant-projet) autorise toute personne physique ou morale à l’auto-production d'électricité,
à l’exception des gestionnaires du réseau de transport et de distribution d’électricité, ainsi que l'ONEE,
les producteurs contractuels, l’Agence marocaine pour l'énergie durable (Masen) et tout exploitant de
site de production soumis à la loi 13.09 relative aux énergies renouvelables.
• Guide de l’AMMC : Réalisé avec le soutien d’International Finance Corporation (IFC), l’AMMC
explique ainsi que les obligations durables obéissent aux « principes généraux régissant la relation entre
l’émetteur et l’investisseur (obligation de respect des clauses contractuelles convenues, obligations
d’information continue et périodique) et ce, sans être régies par un régime légal spécifique »17. Les
fonds levés doivent, bien évidemment être obligatoirement alloués au financement ou refinancement
d’une combinaison de projets verts (à impact environnemental positif) et sociaux (à impact social positif
pour une population cible).
14Code de l’Energie, art.L314-28 et L446-23 respectivement loi n°2015-992 relative à la transition énergitique pour la croissance verte et aux projets dans le domaine du
biogaz par la loi n°2019-1147 relative à l’énergie et au climat.
15 Le projet de loi n°15-18 relatif au financement collaboratif à été adopté le 11 février 2020. Le but est de définir le cadre juridique de l'exercice par les Sociétés de
financement collaboratif (SFC) et des différentes formes de financement collaboratif (définition du dispositif d'agrément des SFC, des procédures et des modalités de
création et de fonctionnement des PFC etc)
• Contrat d’émission détaillant tous les engagements de l’émetteur et décrivant chacun des quatre
pilliers de l’obligation durable (Usage des Fonds, Evaluation et sélection des projets, Gestion des
fonds levés, Reporting et communication) ou renvoyant vers la documentation qui les décrit
(prospectus par exemple).
• Rapports des vérificateurs indépendants ayant revu l’émission proposée, incluant la déclaration/
attestation d’indépendance du vérificateur indépendant, et confirmant l’alignement du cadre de
l’émission avec les standards internationaux applicables ;
• De manière générale, l’émetteur doit respecter les engagements d’information qu’il a pris lors de
l’émission (détaillés dans la note d’information et dans le contrat d’émission). Les principes suivants
doivent au moins être observés. A l’instar des autres émetteurs, un émetteur de Green, Social ou
Sustainability bonds doit rendre publique toute information importante (telle que définie par les
dispositions légales et réglementaires). Par exemple, devra être signalé un écart négatif significatif entre
les impacts escomptés et les impacts réels des projets financés (sur base individuelle ou globale).
• Financement de l’adaptation (ligne eau) et de l’adaptation (ligne verte): Mise en place d’une ligne
eau dédiée de 20 millions d’euros, avec assistance technique, pour l’accompagnement du financement
du « traitement des eaux usées industrielles » au Maroc, en partenariat avec des bailleurs de fonds
internationaux. D’un autre côté , c’est la mise en place d’une ligne de financement novatrice de 20
millions d’euros avec des bailleurs de fonds internationaux, pour accompagner le financement de
l’économie circulaire « solid waste management » au Maroc.
• Emission d’un Green Bonds: BANK OF AFRICA a obtenu le 4 novembre 2016, le Visa de l’Autorité
Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) pour le lancement de son premier emprunt d’obligations
vertes «Green Bonds » d’un montant de 500 millions de Dirhams. Il s’agit de la première émission
obligataire de type « Green Bonds » par Appel Public à l’Epargne sur le marché local, et qui a pour
objectif de renforcer l’engagement citoyen du Groupe BANK OF AFRICA dans le domaine de la
préservation de l’environnement, financer des projets nationaux éco-responsables, et soutenir les
initiatives privées et publiques pour la préservation des ressources naturelles.
• Fonds commun de placement ISR: FCP Capital ISR est le 1er fonds, dans la région Maghreb et
MENA, tenant compte de critères de performance en responsabilité sociétale. Il est basé sur la recherche
et les recommandations de l’agence indépendante Vigeo Eiris, leader de la notation extra-financière des
plus grandes capitalisations dans le monde. De plus, il permet aux investisseurs de choisir un
placement en conformité avec leurs convictions d’éthique sociale, tout en tenant compte des enjeux
ESG. Au terme des 18 mois de gestion du Fonds FCP Capital ISR – 1er fonds ISR lancé par BMCE
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Capital Gestion –, celui-ci a enregistré une performance de +19% alors que le marché des actions dans
sa globalité n’a enregistré qu’une hausse de +9,8%.
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REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE/WEBOGRAPHIE:
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