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La finance verte au Maroc entre mythe et réalité

Réalisé par :

AMGHAR Malika

Sous la direction de :
EL GHZAOUI Maria,
Professeure à l’université CADI AYYAD

Année universitaire 2020/2021

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Résumé long

Dans ce papier nous avons traité la question de la finance verte au Maroc. Ainsi, la littérature
dans le domaine montre que ce concept est polysémique. En effet, La finance verte regroupe
l’ensemble des activités financières qui ont pour objectif le financement des projets
participant à la transition énergétique, rendre les économies dans le monde plus soutenable et
lutter contre les changements climatiques. La transition énergétique mondiale nécessite donc
un transfert des investissements destinés jusqu’à présent principalement aux secteurs
industriels, dépendant des énergies fossiles vers des secteurs qui tiennent compte des
écosystèmes et s’appuyant sur la promotion des énergies renouvelables et l’efficacité
énergétique.
La finance verte est basée principalement sur le mode de financement par obligation. Celle-ci
est dite verte (Green bond) ou climat (Climat bond), lorsqu’elle est supposée financer des
Projets compatibles avec la protection de l’environnement ou du climat, cette obligation
fonctionne comme une obligation classique (El Ouafa, 2018). De plus, Brosse (2017) avance
que la « finance verte » est donc une notion qui définit les actions et opérations financières qui
favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. De ce fait,
Lorsque l’on parle de « finance verte », on désigne en fait tous les produits financiers dont
l’objectif est de soutenir des projets écologiques mais aussi la réglementation qui encourage
les investissements dans les industries non polluantes. Sur le plan théorique, les obligations
vertes se différencient en théorie par deux traits essentiels :
- un reporting sur les investissements qu’elles financent et
- le caractère vert des projets répondant à des problématiques énergétiques et
écologiques (World Energy Outlook de l’AIE, 2011).
Nous avons met l’accent sur cette thématique de la finance verte sous la lumière de la théorie
économique. En effet, selon cette théorie l’hypothèse de maximisation de profit prédomine
l’analyse des comportements de l’entreprise sans tenir compte ni des externalités de l’activité
de l’entreprise ni d’autre composantes de la responsabilité de l’entreprise envers les équilibres
écologiques et les écosystèmes. Dans ce sens, les auteurs ont essayé de revoir ces théories
mécaniques qui considère l’entreprise dans aspect production et l’y intègre d’autres aspect
visant plus de durabilité et qui permet à l’entreprise d’assurer sa responsabilité sociétale.
Au Maroc, La première obligation verte au Maroc a été émise en novembre 2016
simultanément avec la tenue de la conférence de l'ONU sur le changement climatique
organisé à Marrakech. L'Agence Marocaine pour l'énergie durable (Morrocan Agency of

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Sustainable Energy, Masen) a émis 1,2 milliard de Dh (125 millions de dollars) d’obligation
verte sur 18 ans. Les fonds ont été levés pour financer la centrale solaire à concentration Noor
I de 160 MW, dont la construction a commencé en 2018. L'obligation a été suivie par une
émission de 355 millions de Dh (37 millions de dollars) par Casablanca Finance City en
septembre 2018.
Le Maroc est un pays en voie de développement mais qui affiche un engouement pour la
réalisation d’un développement économique durable et soutenable. Plusieurs grands chantiers
ont été mené notamment les projets de Noor Ouarzazat et les programmes de l’efficacité
énergétique dans l’objectif est de contribuer à la lutte contre les changements climatique et la
réduction des émissions des gaz à effets de serre. Le Maroc a également accompagné ces
projets par des innovations financières notamment par l’émission des obligations dites vertes
destinée au financement des projets à vocation verte.

Résumé
Dans cet article notre objectif est double. Dans un premier nous avons essayé de définir ce
qu’entend par la finance verte à travers la littérature existante dans le domaine. Le deuxième
objectif est de voir est ce qu’on peut parler de la finance verte au Maroc qui reste un pays pas
encore industrialisé. L’étude montre que la définition de la finance verte est polysémique et
que les réalités de la finance verte au Maroc sont loin des objectifs souhaités par les
instances nationales et internationales et cela est dû à plusieurs facteurs socioéconomiques,
humains.
Mots-clés : finance verte, développement durable, investissement verts, obligation verte,
énergie renouvelables.
Abstract

In this article our objective is twofold. First, we have tried to define what is meant by green
finance through the existing literature in the field. The second objective is to see if we can talk
about green finance in Morocco, which remains a country not yet industrialized. The study
shows that the definition of green finance is polysemous and that the realities of green finance
in Morocco are far from the objectives desired by national and international bodies and this
is due to several socio-economic and human factors.

Key words: green finance, sustainable development, green investment, green bond,
renewable energy.

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Introduction

L’octroi du prix Nobel de l’année 2018 aux deux économistes Nouredhaus et Romer pour
leurs travaux sur l’intégration des variables climatiques et des inégalités dans les analyses
économiques, montre l’importance de ces nouveaux enjeux auxquels est exposé le monde ces
dernières décennies. La nécessité d’adopter des nouveaux modèle de développement
économique moins dépendant des énergies fossiles et davantage tourné vers le social et
l’environnemental émerge de la combinaison des chocs exogènes et endogènes tel que
l’augmentation du prix des ressources rares, la volatilité des cours des énergies non
renouvelables, le changement climatique, la mise en place de nouvelles réglementations et de
normes dédiées à l’internalisation des contraintes environnementales non climatiques,
l’évolution des préférences collectives, l’émergence d’un mode de consommation durable
(sécurité alimentaire, bâtiment, énergie, environnement) et enfin, les innovations
technologiques portées par les efforts de recherche en matière de réduction des émissions de
CO2 et de la pollution.
Le passage à un mode de croissance dit « verte » nécessite d’importants investissements dont
le financement peut limiter ce processus. Le risque lié à l’incertitude sur le développement des
nouvelles technologies et des nouveaux produits et, notamment, le surcoût matériel des
investissements verts se traduisent par un besoin en fonds propres plus important que pour des
investissements classiques mais également par des coûts financiers plus élevés. Dans la
littérature les activités financières dédiées à financer ces investissements verts sont inscrits
dans ce qu’on appelle la finance verte. Notre problématique consiste à définir ce qu’en entend
par la finance verte et montrer les réalités de la finance verte au Maroc. En ce sens, nous
cherchons à répondre à ces deux questions suivantes : qu’est ce que la finance verte ? et
quelles sont les réalisation du Maroc en matière de la finance verte ?
Pour répondre à ces deux questions nous proposons dans une première section une revue de
littérature sur la finance verte qui va nous permettre de situer notre sujet, et dans une
deuxième section nous traitons les réalités de la finance verte au Maroc.
Revue de littérature
Depuis plusieurs années, un intérêt croissant est accordé pour les approches de finance
durable, finance responsable, finance éthique ou finance verte. La date où l’expression de «
finance verte » a été utilisée pour la première fois dans les années 2010 avant de voir émerger
certaines de ses définitions encore confuses. C’est en 2008 que la Banque Mondiale a inventé

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l’expression « d’obligation verte », lors du lancement de son Cadre stratégique pour le
développement et le changement climatique.
La « finance verte » est donc une notion qui définit les actions et opérations financières qui
favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Lorsque l’on
parle de « finance verte », on désigne en fait tous les produits financiers dont l’objectif est de
soutenir des projets écologiques mais aussi la réglementation qui encourage les
investissements dans les industries non polluantes. Sur le plan théorique, les obligations vertes
se différencient en théorie par deux traits essentiels (S. Brosse, 2017): un reporting sur les
investissements qu’elles financent, et le caractère vert des projets répondant à des
problématiques énergétiques et écologiques (World Energy Outlook de l’AIE, 2011).
Dans le domaine de la finance verte, et plus précisément de la « finance carbone », l’un des
produits financiers le plus répondu est l’« obligation verte ». Dans la littérature financière,
l’obligation est, selon les approches classiques, une valeur mobilière représentant une part de
la dette à long terme d’un État, d’une collectivité locale ou d’une société, prêtée en
contrepartie d’un intérêt. Quant aux « obligations vertes ou « Green bonds » en anglais, elles
sont des emprunts émis pour financer des projets verts, a vec tout ce que ce label peut
comporter de flou.
Par ce concept « obligation verte », la Banque Mondiale entend un écolabel pour des prêts
destinés à financer des programmes de développement durable. Cela fait donc 10 ans que les
premières opérations vertes ont été réalisées.
Selon P. Canfin, 2016, « seule une obligation pour laquelle l’émetteur peut démontrer des
bénéfices environnementaux tangibles et mesurables, certifiée par un organisme indépendant
selon les normes largement acceptées, devrait être considérée comme une « obligation verte ».
L'obligation est donc dite verte (green bond) ou climat (climate bond), lorsqu'elle est supposée
financer des projets compatibles avec la protection de l'environnement ou du climat (M.
Poulain, 2017, p.6). Ces obligations appelées aussi « obligations climat » sont une classe
d'actifs relativement nouvelle, qui a pris son essor en 2016, et qui semble se développer
rapidement.
La finance verte à l’égard de la théorie économique
L’une des hypothèses fondamentales de la microéconomie est que les entreprises poursuivent
l’objectif de maximisation de leurs profits. En tenant compte des prix des facteurs de
production, les entreprises parviennent à une production optimale qui permet d’atteindre un
profit maximal. Mais la réalité est que les prix du marché des biens et services produits et des
facteurs de production ne reflètent pas suffisamment les externalités engendrées par la

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production et la consommation de ces produits. En ce sens, le volume de production qui
maximise le profit de l’entreprise est en contradiction avec la réalisation d’un bien-être social
maximal. Par exemple, le prix du charbon et les coûts de production ne peuvent pas refléter
entièrement la pollution atmosphérique causée par la combustion du charbon et ses impacts
sur la santé humaine, ce qui signifie que la production et la consommation de charbon sont
supérieures à la quantité requise par le bien-être social maximal.
Par ailleurs, par rapport à l'objectif de bien-être social maximal, la tarification excessivement
basse de la production d'énergie propre a conduit à une offre insuffisante d'énergie propre.
Parallèlement, une autre cause de l'offre excédentaire de produits polluants et de l'offre
insuffisante de produits propres est l'absence d'éléme nts de RSE (Responsabilité Sociale de
l’Entreprise) dans la fonction objective des entreprises. Nous souhaitons ici expliquer le point
de vue susmentionné à l'aide d'un modèle simple de microéconomie.
Les profits des entreprises socialement responsables s’écrit de la manière suivante : a× profit
+ b × responsabilités sociales Où, le profit est défini au sens de la microéconomie
traditionnelle, c'est-à-dire les recettes des ventes moins les coûts de production et les taxes.
On suppose que l'entreprise fabrique deux types de produits : premièrement, des produits
propres ; deuxièmement, des produits polluants. L'expression spécifique de la rentabilité de
l'entreprise, s'exprime comme suit : Bénéfice = bénéfice des produits propres + bénéfice des
produits polluants = {(1 - taxe des produits propres) × prix des produits propres × production
des produits propres - coût × production des produits propres} + {(1 - taxe sur les produits
polluants) × prix des produits polluants × production des produits polluants - coût ×
production des produits polluants}. Où le coût de la production inclut le coût du capital (dont
le taux d'intérêt est une partie). En supposant que la production reflète un rendement d'échelle
décroissant, si l'objectif d'une entreprise est de rechercher une rentabilité maximale, l'équation
a une solution unique sous les conditions que la dérivée de premier ordre soit nulle et que la
recette marginale et les coûts marginaux soient égaux (on arrive à des productions optimales
de deux produits). Nous appelons ces deux productions la production de produits propres à
rentabilité maximale et la production de produits polluants à rentabilité maximale.
Typologies des projets verts
L’élaboration de la typologie des projets verts a pour but essentiel d’identifier les projets
éligibles au financement vert ou basse carbone.
 Projets énergétiques :

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Ce sont des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils portent sur des
projets ciblant la concrétisation des mesures d’atténuation, de mitigation du changement
climatique.
 Les énergies renouvelables :
Ce type de projets regroupe des secteurs matures comme le solaire ou l’éolien, et des secteurs
en développement depuis quelques années seulement, comme la méthanisation.
 Les énergies marines :
Ce type de projets intègre l’éolien offshore qui nécessite d’installer des mâts en pleine mer
visibles depuis la terre ou des hydroliennes. Il s’agit de projets qui se font encore sous
subventions ou avec des financements publics mais nécessiteront des ingénieries fina ncières
spécifiques.
 Projets d’adaptation au changement climatique :
Ce type de projets porte sur des opérations de lutte contre les inondations, la restauration de
mangroves protectrices du trait de côte ou d'une barrière de corail. En plus de ces différents
projets éligibles à la finance verte, figurent d’autres ayant pour finalité de lutter contre le
réchauffement climatique, ceci dans un cadre plus global du développement durable.
Les réalités de la finance verte au Maroc
 les engagements de durabilité environnementale au Maroc
En 2018, et sur un total de neuf indicateurs ( cf. tableau) , le Maroc fait partie du tiers
supérieur (pays qui réalisent les bonnes performances) dans un seul indicateur à l’échelle
mondiale lié à la durabilité environnementale q u’est l’évolution des zones forestières. Le
Royaume se classe dans le tiers intermédiaires (pays qui réalisent les moyennes
performances) pour cinq indicateurs et menaces environnementales. Les trois indicateurs
restants liés à la durabilité environnementale qui sont la consommation d'énergie fossile
(relativement importante 88,5%), consommation d'énergie renouvelable restent (relativement
faible 11,3%) et prélèvements d’eau douce (forte exploitation 35,7%) restent à améliorer pour
sortir du dernier tiers.
Tableau 1 : Classement du Maroc dans Indicateurs de la durabilité environnementale
Dimensions indicateurs Mesure
Consommation d’énergie 88.5
fossile (% de la consommation
énergétique totale) 2010-2015
Consommation d’énergie 11.3
renouvelable (% de la
consommation énergétique finale
totale) en 2015

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Emission de dioxyde de carbone 1.7
(kg par unité du PIB dollars de
2011 en PPA) en 2014

Superficie frosetière : evolution 13.7


Durabilité environnementale (%) entre 2006/2015
Prélèvement d’eau douce : (% du 35.7
total des ressources d’eau
renouvelables) entre 2006-2016

Taux de mortalité imputable à la 49.1


pollution des ménages et de l’air
ambiant : (pour 100000
personnes)

taux de mortalité imputable à 1.9


l’eau insalubre et l’hygiène
publique : (pour 100000
personnes)
Menace environnementale
Indice de la liste rouge : (valeur) 0.886
2017
Pourcentage des terres frontières : 12.6
(% de la superficie totale) en 2015
Source : PNUD « Ind ices et indicateurs de développement humain » ,2018.

 Les obligations vertes au Maroc


La première obligation verte au Maroc a été émise en novembre 2016 simultanément avec la
tenue de la conférence de l'ONU sur le changement climatique organisé à Marrakech.
L'Agence Marocaine pour l'énergie durable (Morrocan Agency of Sustainable Energy,
Masen) a émis 1,2 milliard de Dh (125 millions de dollars) d’obligation verte sur 18 ans. Les
fonds ont été levés pour financer la centrale solaire à concentration Noor I de 160 MW, dont
la construction a commencé en 2018. L'obligation a été suivie par une émission de 355
millions de Dh (37 millions de dollars) par Casablanca Finance City en septembre 2018 pour
financer trois bâtiments certifiés LEED 1 .
Au début de 2020, le Maroc avait émis cinq obligations vertes d'une vale ur de 4 milliards de
Dh (416,7 millions de dollars). Outre Masen et Casablanca Finance City, des obligations
vertes ont été émises par deux banques pour financer et refinancer des projets d'énergie
durable et d'efficacité énergétique. En novembre 2018, une autre émission a été réalisée par le
promoteur immobilier public Al Omrane Holding. La moitié de l'offre de 1 milliard de Dh
(104,2 millions de dollars) était constituée d'obligations vertes, tandis que le reste était
conventionnel. L'offre d'Al Omrane - sursouscrite plus de huit fois - a utilisé les fonds pour

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Le Leadership in Energy and Environmental Design est un système nord-américain de standardisation de
bâtiments à haute qualité environnementale créé par le US Green Building Council en 1998

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l'efficacité énergétique et des projets pilotes de logements intégrant des solutions techniques
basées sur différentes zones climatiques. Toutes les offres étaient des opérations de gré à gré,
bien que la Bourse de Casablanca ait signalé son intérêt pour l'intégration d'obligations vertes
à l'avenir.
Conclusion
Le Maroc est un pays en voie de développement mais qui affiche un engouement pour la
réalisation d’un développement économique durable et soutenable. Plusieurs grands chantiers
ont été mené notamment les projets de Noor Ouarzazat et les programmes de l’efficacité
énergétique dans l’objectif est de contribuer à la lutte contre les changements climatique et la
réduction des émissions des gazs à effets de serre. Le Maroc a également accompagné ces
projets par des innovations financières notamment par l’émission des obligations dites vertes
destinée au financement des projets à vocation verte.
Bibliographie
- Brosse S., 2017, « Le principe des obligations vertes » Les obligations vertes,
https://blog.spear.fr/les-obligations-vertes-ques-aquo-f24561439c5a
- El Ouafa K., B Aîmane B. M. (2018), « La finance verte : proposition d’un cadre
conceptuel » Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X N°
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- Institut Royal des Etudes Stratégiques (2012) « la durabilité du modèle de
développement marocain : l’option de l’économie verte ».
- Nezha H., Finance verte : Les émissions atteignent 4 milliards de DH au Maroc,
Bourse &Finances https://fnh.ma/article/alaune/finance- verte-les-emissions-atteignent-
4 milliards-de-dh-au- maroc
- TORRA M., Bouslihim A., (2019), « L’investissement responsable et financement
vert: un nouveau levier de développement durable » Journal d’Economie, de
Management, d’Environnement et de Droit (JEMED) ISSN 2605-6461 Vol 2. N° 3,

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