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Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête (A) Rimes
De femme à cheveux bruns fortement pommadés (B) Quatrain Strophe 1
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête, (A)
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ; (C) Quatrain Strophe 2
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ; (C) Rimes embrassées
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ; (A)
Rythme brisé pour surprendre le lecteur
Paronomase :
Fig. de style qui consiste à rapprocher des termes ayant des sonorités proches mais de sens différent
Antithèse : Fig. de style qui consiste à opposer deux mots ou deux idées
contraires
Synesthésie : Fig de style qui implique plus d'un sens à la fois (ex. l'odorat et le goût) dans une même expression.
Oxymore : Fig de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires
INTRODUCTION
Enfant sage, bon élève, il brille dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre avec son
professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui va le pousser à s’intéresser à la poésie.
La rigueur de sa mère amène le jeune Rimbaud à une révolte contre tous les
conformismes qu’on lui impose.
Commence alors une quête de liberté pour le jeune Rimbaud. Quête qui s’exprime par
des fugues répétées. Mais l'émancipation pour Rimbaud va plus loin, il s'agit en
s'émancipant de créer une langue poétique nouvelle.
La description de la Vénus de Rimbaud est loin d'être idyllique. La femme est dévalorisée.
Le tableau que nous propose Rimbaud se présente donc d'emblée comme une parodie
du motif original.
De plus, l’adjectif « bête » mérite une attention particulière en raison de sa polysémie (il
a plusieurs sens). Il détourne l’image traditionnelle de Vénus en la dépeignant non
seulement comme intellectuellement limitée, mais aussi en l'animalisant.
L’apparition de la femme est quelque peu effrayante. Le tableau que nous propose
Rimbaud se présente donc d'emblée comme un détournement vers la dérision, faisant
ainsi de son poème un contre-blason.
(°Un blason étant un poème qui fait l’éloge d’une partie du corps féminin)
Le dos (v 5 à 8)
Comme dans le blason, l’évocation des parties du corps suit une organisation de haut en
bas.
Cependant, Rimbaud explore les parties du corps qui n’ont pas de signification poétique
particulière pour mettre en avant leur laideur.
« col gras et gris » : cette Paronomase souligne la lourdeur d’un cou crasseux.
Les 3 propositions subordonnées relatives : «qui saillent» «qui rentre et qui ressort»
ont pour effet d’insister sur la disproportion du corps mais également un mouvement
mécanique peu gracieux.
le terme croupe
le parallélisme « … qui rentre et qui ressort » évoque un animal effectuant un
mouvement répétitif.
De plus, le rejet :
v9 « ………………..…….sent un goût »
v10 « Horrible étrangement ; ……… . » = accentue cette odeur qui semble durer.
La synesthésie créée par la combinaison des sens visuels, olfactifs et gustatifs
suscite la nausée du lecteur qui peut presque percevoir l’odeur désagréable de ce corps.
En effet, la proposition relative : « qu’il faut voir à la loupe… » ainsi que les points
de suspension (v 11) suggèrent que la laideur est si fascinante qu'elle mérite une
observation minutieuse. Rimbaud encourage le lecteur à y percevoir un lyrisme émanant
de cette description.
Comme souvent dans les sonnets, le dernier tercet offre une chute. Ici, la chute est
double.
1 ère provocation : la révélation du tatouage sur les reins apporte un élément inattendu
qui rompt avec l'idéalisation traditionnelle de Vénus. Vénus est ici une prostituée vieille et
laide qui émerge d’une baignoire.
L’inscription « CLARA VÉNUS » (« clara » vient du latin « clarus », qui signifie « clair,
illustre, brillant ») est une antiphrase dans la mesure où la Vénus de Rimbaud est tout
sauf brillante.
Au vers 15, le groupe nominal « tout ce corps » déshumanise la femme. Elle est réduite
à n’être qu’un corps disgracieux, un objet de dégoût inqualifiable.
Une provocation ultime : la rime entre "Venus" et "anus" crée une ironie phonétique,
porte à son paroxysme la parodie proposée de Vénus.
La description prend fin sur un détail très intime « l’ulcère à l’anus », renforçant le dégoût
du lecteur et concluant la parodie sur une note triviale et humoristique.
CONCLUSION
Dans ce poème, Rimbaud livre au lecteur une forme d’alchimie poétique. Comme
Baudelaire, dans son recueil Les Fleurs du Mal avec “Une Charogne”, il se propose de
sublimer la laideur, et de transformer la boue en or.