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Élévation
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Le flambeau vivant
L'invitation au voyage
Chant d'automne
Spleen
À une passante
Le couvercle
L'albatros
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Le poème L'Albatros, de Charles Baudelaire, est extrait de "Spleen et
idéal", la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal. Cette partie évoque
l'homme déchiré entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute,
déchirement à l'origine de la tristesse nommée spleen, indissociable de la
condition humaine et qui finit par triompher.
Ce poème a été inspiré à Baudelaire lors d'un voyage sur un navire qui devait
le mener juqu'aux Indes, mais qui finalement s'est achevé sur l'île Maurice.
L'albatros traduit chez Baudelaire la conscience d'être différent des autres.
Baudelaire a recours à une image très suggestive pour dépeindre sa propre
condition dans une société qui l'ignore complètement. L'image de l'albatros
capturé évoque l'idée d'un être totalement étranger au monde qui l'entoure.
Baudelaire faisait partie de la génération des poètes maudits, c'est-à-dire non
compris par les gens de son époque. Les trois premières strophes concernent
l'albatros tandis que la dernière est dédiée au poète.
Commentaire littéraire
Le poème L'Albatros est fondé sur une double comparaison. L'albatros est
personnifié étant donné que le poète est comparé à l'oiseau. Grâce à un réseau
de personnification, les trois premières strophes comparent l'albatros à un roi
déchu ("roi" vers 6), à un voyageur ailé tombé du ciel. La quatrième strophe
explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore
hyperbolique, un "prince des nuées" (vers 13) aux "ailes de géant" (vers 16). Exilé
parmi les hommes, la vie de l'albatros apparaît donc comme une parabole qui
définit l'existence du poète. Le poète et l'albatros sont associés dans la dernière
strophe et cette association oblige à une réinterprétation : le voyageur ailé
devient le poète, les hommes d'équipage : la foule et les planches : le théâtre
social.
2. L'élévation
L'image de la chute
A prendre au sens physique et au sens moral du terme, la chute du poète oiseau
est suggérée par des images symboliques : perdant la liberté dont il jouit quand
il "hante la tempête" (vers 14). C'est une métonymie du climat pour désigner le
lieu, il est désormais prisonnier des "planches" au vers 5, synecdoque pour
désigner le pont du navire. On note le caractère ridicule de l'oiseau lorsqu'il est
en dehors de son élément car un roi sur une planche, ce n'est pas sa place.
L'anacoluthe des deux derniers vers ("exilé" est au masculin singulier, on attend
donc un sujet au masculin singulier mais on a "ses ailes" qui est au féminin
pluriel) accentue le déchirement du poète entre ses deux vies : celle de la réalité
et celle de l'idéal. L'art est pour Baudelaire une affaire personnelle : le poète ne
se mêle pas au public vulgaire. Leurs cultures sont trop éloignées. Le poète doit
donc s'exiler, être seul et cette singularité s'est cristallisée dans le symbole de
l'albatros.
2. La portée des images
L'albatros est désigné par les expressions suivantes : des périphrases aux vers 2,
3, 6, 9, 13, 19 qui ont toutes une valeur emphatique : de périphrase en
périphrase, c'est tout l'aspect majestueux et souverain qui est déployé. La
dernière strophe développe la comparaison entre le poète et l'albatros. C'est la
même souveraineté dans la solitude mais c'est la même déchéance lorsqu'il
redescend au niveau de l'humanité vulgaire.
La comparaison entre l'oiseau et le poète permet de dégager la
signification allégorique du poème : comme l'albatros, le poète est victime de la
cruauté des hommes ordinaires comme les hommes d'équipage au vers 1 qui ne
sont pas des "indolents compagnons" (vers 9). De plus, les "nuées" du vers 13 /
"huées" du vers 15. Les marins du vers 11 agacent et provoquent l'animal. Le
poète est donc déchiré entre le monde sublime (la poésie) et la vulgarité
dégradante de la société. Bien plus, l'agressivité des hommes qui se manifeste
par les huées de la foule va jusqu'à une volonté de meurtre symbolisée par
l'archer du vers 14. On n'hésitera pas à mettre à mort le poète symboliquement
mais il reste un homme incompris. L'albatros poète se moque des flèches qui ne
peuvent l'atteindre. Il est exilé, c'est-à-dire étranger du milieu dans lequel il vit
et est très mal vu et ses ailes, c'est-à-dire le génie, le gênent.
Conclusion
Ce poème est lié à un moment de sa vie : son voyage (Ile Maurice , famille). Un
ami qui a écrit sa biographie évoque un incident qui se serait produit dans ce
voyage. Des hommes d'équipage aurait torturé un albatros blessé échoué sur le
pont. Baudelaire se serait battu avec un matelot pour faire cesser cette torture.
Forme : les 4 quatrains en alexandrins avec des rimes croisées. Couleur sonore
en « e » qui s'annonce à la fin du poème.
Albatros 1 à 3
2 visions s'opposent :
Où : 1 à 4
Qui : c'est « le roi de l'azur », « vaste oiseau » « indolent » quand ils sont dans
les airs, ils sont majestueux, grands"
« à peine... que »
4 à 12 : renversement. L'albatros est sur les planches, il est désormais «
maladroit » « honteux ». Il est inadapté à la vie en communauté sur terre aux
côtés des matelots. C'est un oiseau infirme.
Le poète 4
1ère strophe :
Le titre se caractérise par son article défini qui a une valeur généralisante.
Baudelaire est partie d'une expérience unique qu'il élargit à la condition des
albatros et à la condition des poètes. La 1ère strophe nous montre l'albatros
dans son domaine.
(v1) : souvent / pour s'amuser / les hommes d'équipage
(v2) : 6/6 ; (U3)4 : 3/3/3/36 ; (v4) : 6/6
Baudelaire aime cette attitude un peu paresseuse du chat mais aussi chez la
femme. Car cette attitude s'oppose à l'agitation de la société où l'on commence
à adorer l'argent.
Valeur symbolique des « gouffres amers » l'eau salée mais aussi ce monde du
spleen qui risque d'engloutir le poète.
2ème strophe :
Voici l'albatros prisonnier des hommes. Les éléments qui accentuent la dualité
de l'albatros :
« A peine que » : mutation rapide.
« monter sur les planches » : théâtre, lieu où l'on va être exhibé, montrer avec
connotation négative. 1er sens des planches du pont : métonymie (figure de
substitution) Synecdoque (la partie pour le tout).
« déposer » polysémie: mettre, poser à terre. Mais le CO « roi » change le sens.
Le roi est détrôné « déposer un roi » : lui retirer sa souveraineté. Les oiseaux
perdent leur majesté sur le sol.
De « grands » et de « majestueux », ils deviennent « piteux » et « maladroit ».
On a un chiasme (v.6-7 » :; accentue le contraste en mettant des images
négatives en opposition à son passé, ils sont en déchéance.
Cette opposition est accentuée par le (v8) : ces ailes deviennent des « avirons
». Il rame ; c'est une avancée pénible qui demande de l'effort. L'albatros, au
contact des autres est déchu ' « traîner ».
Le symbole sous-jacent : quand le poète sera au contact des hommes, il perdra
sa noblesse.
3ème strophe :
Royauté par la suite. Elle va faciliter l'analogie, elle accentue le côté victime de
l'albatros.
Dans le 2ème vers, on retrouve « ce », on passe d'une généralité au cas unique
d'un seul oiseau et du voyageur. « Ce voyageur » qui introduit la
personnification de l'albatros et des phrases exclamatives qui montrent bien la
présence du locuteur.
Le côté maladroit de l'albatros se retrouve dans la syntaxe (v9) « comme il »
caractéristique de la voie orale. A l'écrit on n’en reprend pas le sujet par un
pronom. Le côté oral correspond à cette dégradation. L'expression aussi a
perdu sa noblesse par des tournures familières. Allitérations en gutturales qui
suggèrent le brûle - gueule sur le bec.
Cette strophe permet la transition et souligne bien la dualité de l'albatros. C'est
une strophe très expressive avec la présence du locuteur sensible dans les
souffrances que subit l'oiseau : le poète.
4ème strophe :
Les albatros deviennent poètes « les rois de l'azur » , « le prince des nuées » :
ciel d'orage, de tempête dans lequel se meurt le poète, comme le poète dans le
spleen. « se rit de l'archer » : il s'en moque, il est intouchable. « archer » : sous
l'ancien régime, l'archer représente l'officier de police et de justice.
Dans sa jeunesse, Baudelaire était suivi par un tuteur et Il avait à faire avec la
justice. On voit ici le poète dénonçant et essayant de prendre ses distances par
rapport à cette société. Mais le poète, loin des hommes, est obligé de remettre
les pieds sur terre.
« exilé » il est inadapté à la société des hommes
« ailes de géants » désigne sa poésie, sa capacité à s'élever vers l'idéal.
Le poète est maître de sa création mais c'est justement cela qui lui est un
handicap. Il sait voler mais ne sait pas marcher. Il est gêné par cette société
matérialiste.
« nuée », « tempête » influence du romantisme. Baudelaire va passer 20-30
1ère années dans l’art romantique. Il va être un fervent défenseur du
romantisme jusqu'à ce qu'il le dépasse.
Les 2 derniers vers montrent l'autre aspect du poète incompris et inadapté au
monde des humains du fait de sa grandeur, de son art. Cette inadaptation est
rendue par un procédé syntaxique.
« exilé » devrait être opposé au sujet de la phrase. Il y a rupture de
construction (=anacoluthe). « Ses ailes ».
Rupture qui a un effet stylistique : elle vient souligner le décalage qu'il y a entre
le poète et les autres hommes.
Dans cette assimilation du poète à l'albatros, elle n'est pas totale, même s'il y a
les ailes : il n'est pas ridicule, mais simplement victime de l'incompréhension.
Elévation
Baudelaire - Les Fleurs du mal
Thèmes du poème
Le poème traite de plusieurs thèmes propres au symbolisme tels que le
dégoût de la société, la nature, l’évasion, la recherche de l’Idéal et le
Spleen.
Le dégoût de la société
Le dégoût de la société est un thème récurrent dans le poème, il est
désigné implicitement comme étant un agent causal du désir d’évasion et
du Spleen.
Plusieurs figures de style permettent d’entrevoir cet aspect du poème:
Désir d’évasion
L’évasion est la façon d’atteindre l’Idéal.
«Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois,
des nuages, des mers»
L’accumulation des termes «montagnes» «bois» «nuages» «mers»,
accentue le désir de libération, le désir de s’envoler au-dessus de tout.
La Recherche de l’Idéal
L’idéal purifie, rend l’être qui l’atteint meilleur et plus heureux.
Les multiples comparaisons montrent l’aisance du poète lorsqu’il se trouve
dans cet idéal:
« (…) Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde(…)»
« Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor(…)»
«(…)Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.»
L’être dans l’Idéal est supérieur,car il perçoit plus que le commun des
mortels:
«(…)[Il] comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses
muettes!» L’idéal serait atteint par la poésie, car seul le poète est apte à
déchiffrer les symboles.
Le Spleen/L’élévation incomplète
Bien que l’élévation soit décrite de façon abondante, elle ne semble pas
être atteinte par l’auteur. «Heureux celui qui… », est deux fois répété.
L’emploi du pronom démonstratif «Celui», révèle que l’auteur ne se voit pas
comme l’être qui a atteint le bonheur par l’Idéal.
Introduction
I. Le mouvement d'élévation
II. Un monde duel
III. La libération permise par le langage poétique
Commentaire littéraire
I. Le mouvement d'élévation
- La structure du poème
Les deux premiers quatrains de Elévation forment une phrase avec dans Q1
(quatrain 1) des compléments de lieu qui évoquent la nature terrestre puis la nature
céleste (introduites par les locutions "au-dessus" et "par-delà" repesées), et dans Q2
la principale avec adresse à "mon esprit". Les rimes de ces deux quatrains sont
importantes : Q1 "vallées" et "mers" représentent le bas tandis que "éthers" et
"étoilées" représentent le haut => on note une opposition de sens mais un
rapprochement par la rime; Q2: "agilité" et "volupté" représentent l'abstrait tandis
que "onde" et "profonde" représentent le concret => renforcement du sens avec
l'embrassement des rimes. Q3 continue cette adresse avec une exhortation à
poursuivre ce mouvement puis avec les deux derniers quatrains, nous avons une
généralisation sur le bonheur du poète dans ce moment: après l'exhortation, c'est la
réflexion sur l'envol avec le passage à la deuxième personne du singulier … la
troisième.
- L'envol
Champ lexical du mouvement "au-dessus", "par-delà", "meus", "agilité"‚ "sillonnes",
"envoie-toi", "va", "air supérieur", "aile vigoureuse" (métonymie), "s'élancé", "vers
les cieux", "libre essor", "plane sur la vie".
Cet envol est aussi évoqué par l'allitération du [m] dans Q3 ("miasmes morbides",
"comme", "limpides") qui montre la lourdeur du monde terrestre, par l'assonance de
[eu] dans Q4 ("brumeuse", "heureux", "peut", "vigoureuse", "lumineux") qui montre
la legato acquise par le poète.
==> un mouvement progressif qui part de la réalité terrestre et qui s'en éloigne
progressivement; la courbe dynamique d'un être qui réussit un arrachement
libérateur "loin" des contingences matérielles, de l'ici-bas.
- Les comparaisons:
Elles ont pour rôle d'appuyer le monde de l'idéal : vers 6 "comme un bon nageur"
pour l'esprit ; vers 11 : "comme une pure et divine liqueur" pour le feu; vers 7 :
"comme des alouettes" pour les pensées. Ce monde de l'idéal est marqué par les
sensations‚ réelles et concrètes : la nage, la boisson et la vue des oiseaux.
Symbole de l'alouette : par sa façon de s'élever très rapidement dans le ciel ou de se
laisser brusquement tomber, cet oiseau est un médiateur entre la Terre et le Ciel ;
son envol le matin représente la joie manifeste de la vie, l'élan de l'homme vers la
joie; c'est un oiseau de bonne augure.
Conclusion
Apres la chute douloureuse et humiliante de l'Albatros, le poète change de
situation et découvre le bonheur du mouvement qui symbolise la vie (après
l'immobilisation forcée sur le navire des hommes d'équipage). Ce bonheur est
physique et spirituel, le poète est tout-puissant. Le poème Elévation, qui se trouve
au début de la section qui a trait à la condition du poète, est une profession de foi.
Le mouvement du poème, des mots correspond au mouvement de l'esprit.
Correspondances
Baudelaire
Les Fleurs du mal
Introduction
Commentaire littéraire
- comparaisons : faire comprendre la nature à l’homme par des choses qu’il connaît
déjà
B - Synesthésie
Introduction :
Quatrième poème des Fleurs du Mal. Dans l'Albatros et Elévation, Baudelaire fait état
de deux mondes parallèles: celui de "l'azur" qui correspond à "l'idéal", au céleste et
celui des humain, terrestre fait de sensations. Cette théorie, qui rappelle la théorie de
Platon sur les idées, est reprise dans Correspondances. Baudelaire analyse les moyens
d'établir une communication entre ces deux mondes, rôle du poète. Pour cela, deux
types d'analogies sont suggérées: les corresqpondances verticales (monde
terrestre/monde supérieur) et horizontales (entre les différentes sensations. Le poète
semble y jouer le rôle de "déchiffreur de symboles".
Les deux quatrains énoncent la théorie des correspondances tandis que les deux
tercets l'illustrent. Ainsi, en même temps qu'il expose sa théorie, Baudelaire la met en
pratique.
I. Premier quatrain
II. Deuxième quatrain
III. Les deux tercets
Premier quatrain
Il est construit sur l'équilibre homme/nature
temple, piliers CL du religieux et nature: lieu privilégié de la
description de la nature communication mystique
+ évocation par analogie des avec le divin
arbres et de la voûte des
feuillages
confuses paroles épithète qui connote le nature lieu intermédiaire
symbole à déchiffrer + verbe: mais aussi signifiant
message
vivants piliers adjectif édifiant l'homme et la nature
appartiennent au vivant et
leur communication doit être
possible (le terme de
correspondances renvoie,
chez les mystiques aux
rapports entre les règnes)
l'homme noter la position symétrique les V 1,2: la nature
en début de vers avec La les V 3,4: l'homme
nature
passe connote le provisoire l'homme n'agit pas sur la
nature: statut de récepteur
non d'émetteur
temple, pilier... forêts de métaphore filée verticalité et message:
symboles + reprise explicite des correspondances
confuses paroles (nature mystique)
qui l'observent sujet: nature la nature émet et l'homme
reçoit
objet: l' (l'homme)
regards familiers épithète complicité une relation bienveillante
s'établit
paroles, regards auditif, visuel le lien passe par deux types
de perceptions
Deuxième quatrain
prolonge le premier en le précisant...
échos, sons, répondent progression vers un langage le déchiffrage du symbole du
compréhensible plus confus au moins confus
comme de longs échos... une quatrain construit sur deux Parfaite cohésion de
ténébreuse et profonde unité, comparaisons imbriquées l'ensemble: analogies entre
vaste comme la nuit + ponctuation légère perceptions sensorielles
etcomme la clarté...les elles-mêmes comparables à
parfums, les couleurs et les ds correspondances entre les
sons se répondent éléments de la nature (échos,
confondent)
Comme de longs échos qui KDLKKDLKD harmonie imitative: échos
de loin se confondent O ON O ON ON qui répètent l'idée des
correspondances
Allitérations
+ assonances
ténébreux, nuit, clarté, échos, interactions sensations correspondances horizontales
sons auditives et visuelles
Les parfums, les couleurs et reprise de la correspondance liens entre les sens
les sons se répondent précédente + sensation
olfactive ajoutée + verbe + mise en valeur de la phrase
d'interaction + seul vers non clef de la théorie des
coupé à l'hémistiche correspondances
strophes 1 et 2 nombreux pluriels diversité, richesse des
symboles
nature / temple association symboliques + impression générale d'unité,
clarté / nuit unité de totalité et de cohérence
unité dans la diversité
(remarquer en + la régularité
des alexandrins 6/6 sauf vers
8)
Les tercets
illustrent la théorie des synesthésies (correspondances horizontales entre les sensations)...
Il est comparaisons qui établissent la polysémie de l'adjectif
des parfums fraiscomme des la technique des permet de passer de sens en
chairs d'enfants, correspondances sens: odorat, toucher, ouïe,
Doux comme les vue
hautbois,verts comme les comparé - adjectif
prairies polysémique - mot de +
liaison- comparant
connotations: innocence,
pureté (enfants), harmonie
musicale (hautbois), nature
printanière (prairie)
corrompus, riches et connotation morale + autre type de suggestion:
triomphants opposition aux parfums renvoit à une spiritualité
précédents + (reprise du rapport
sensibilité/spiritualité )
termes appréciatifs et même (surtout?) les parfums
dépréciatifs "corrompus"! = les fleurs du
mal (sens 1)
l'ambre, le musc... et l'encens connotent l'exotisme des suggestion de plus en
plus complexes, raffinées...
Ayant l'expansion des choses diérèse ex/pan/si/ion insistance sur la puissance
infinies suggestive de ces parfums
+
Conclusion :
Introduction :
Le sonnet des "Correspondances" est la pièce IV de la première section de l'oeuvre
"Les Fleurs du Mal" intitulée "Spleen et Idéal". Ce poème est essentiel dans l'oeuvre
car on en fait souvent le point de départ du Symbolisme (au sens étymologique, le
symbole est un signe de reconnaissance). Ce sonnet comporte une des clefs de la
poésie baudelairienne : la nature. Elle joue un rôle d'intermédiaire entre l'humain et
le divin. Le poète la déchiffre grâce à sa sensibilité, alors que l'homme ordinaire
perçoit les mystères du monde mais ne possède pas les instruments du
déchiffrement.
• Annonce du plan : la théorie des correspondances est énoncée dans le premier
quatrain, détaillée dans le second, puis illustrée dans les tercets par des
exemples.
I) PREMIER QUATRAIN
"La nature est un temple où de vivants piliers"
• Le poème s'ouvre sur une métaphore : "temple". C'est un espace sacré (en
latin, templum est un espace délimité à l'intérieur duquel les devins et les
prêtres pouvaient voir les hospices). La nature est donc mystérieuse.
• La métaphore se prolonge ensuite avec la personnification des "piliers". L'unité
du monde est ainsi représentée par les images superposées de la Nature,
univers végétal, et du temple, architecture de pierre au caractère sacré. La
métaphore est celle de la "forêt-cathédrale", fréquente dans le courant
romantique (cf. "Le génie du christianisme", 1802, Chateaubriand). En effet,
les forêts ont été les premiers temples de la divinité, et les hommes en ont
repris leur architecture dans leurs constructions : la verticalité des arbres et
les "vivants piliers" forment ainsi une analogie.
• L'expression "La Nature est un temple" exprime une idée d'unité. Baudelaire
désigne ici un univers qui existe derrière les apparences. Le grand thème
baudelairien développé est donc celui de la quête de l'unité.
"Laissent parfois sortir de confuses paroles"
• La nature délivre des messages sibyllins et mystérieux qui ne peuvent être
interprétés par des initiés. Le rapprochement des termes "paroles" et
"symboles" connote l'impossibilité du langage. C'est une création poétique à
double accès, à la fois caché et curieux. Le poète déchiffre donc des signes.
"L'homme y passe à travers des forêts de symboles"
• L'homme est ici présenté comme un voyageur provisoire. Mais dans cette vie
de voyageur réceptif, il est l'objet des observations de la Nature, vivante et
personnifiée, nous en donnant ainsi une vision panthéiste. Le poète associe
concret et abstrait par l'expression "forêts de symboles".
"Qui l'observent avec des regards familiers"
• Le terme "familiers" est le lien entre l'homme et la nature. En effet, la Nature,
vivante, peut être perceptible à l'homme (C'est la philosophie de la
Renaissance).
II) SECOND QUATRAIN
"Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sens se répondent."
• Ce second quatrain est un prolongement du premier par la reprise de
messages et d'analogies. Par exemple, le lien entre l'homme et la nature se
note par deux types de perceptions : les perceptions auditives ("confuses
paroles") et les conceptions visuelles ("regards familiers").
• La reprise du terme "échos" par le terme "sons" au début du quatrain et le
terme "répondent" à la fin soulignent l'existence d'un langage de la Nature.
• Ce quatrain est construit sur une comparaison : le comparant est le vers 5 et le
comparé le vers 8. Les quatre vers sont donc indissociables, d'autant plus
qu'aucune ponctuation forte n'est présente, celle-ci qui est normalement
indispensable aux comparaisons du poète. Cette expression exprime l'unité
des perceptions. Le langage de la Nature aboutit à une unité symphonique,
une harmonie, mais qui n'est pas logique. Le poète exprime d'ailleurs
l'unification des sensations par l'assonance en [on], voyelle sourde et nasale.
• Les termes "ténébreuse" (pour le vulgaire) et "profonde" (pour le poète) sont
identiques. L'expression "profonde" montre que le poète comprend ces
analogies, et les interprète. Il unifie les sensations reçues par la "nuit" et la
"clarté" car elles donnent un sentiment d'immensité, qui est souligné par le
terme "vaste".
• Le vers 7 présente une antithèse formée par une nouvelle comparaison, qui
est englobée par un effet d'encadrement. Celui-ci est souligné par les rimes
embrassées de la strophe.
• Au vers 8, le thème des correspondances énumère ce qui relève de l'ouïe, de
l'odorat et de la vue, et affirme l'existence d'une analogie entre les différents
registres des sensations.
III) LES DEUX TERCETS
"Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants."
• Les deux tercets constituent l'illustration de la deuxième strophe, avec
l'apparition des théories des correspondances horizontales entre les
sensations. Les correspondances verticales reflètent le monde divin (idée de
Platon). Dans les correspondances horizontales, les différents sens trouvent
l'un par l'autre de subtils renforcements.
• Dans ce premier tercet, on note deux étapes dans l'illustration de la théorie
des correspondances. Toutes les deux sont consacrées aux parfums. Les
perceptions olfactives sont dominantes. En effet, l'approche du monde par les
odeurs joue pour Baudelaire un rôle essentiel. Les perceptions permettent au
poète d'entrer dans un monde de sensations et de compréhension
analogique. La sensibilité et l'esprit, par l'intelligence, sont mis en éveil.
• L'expression des analogies passe par le schéma suivant : élément comparé,
adjectif polysémique, mot introducteur de la comparaison, élément de
référence. Par exemple "Il est des parfums" (élément comparé), "frais"
(adjectif polysémique), "comme" (mot introducteur de la comparaison), "des
chairs d'enfants" (élément de référence). Notons que la reprise de la sonorité
dans les deux hémistiches, les assonances en [ai] et [f] donnent une musicalité
au vers. Il s'agit d'une comparaison tactile (frais / chairs d'enfants) assez
originale.
• La première comparaison, qui est attendue, est faîte par la musique et la
couleur. Baudelaire essaie d'établir un lien avec les sensations et suggère une
sensation par une autre, grâce à la métaphore ("Doux" : adjectif polysémique,
"vert" : impression visuelle et affective).
• Les tercets sont reliés entre eux par un distique. Il y a une antithèse entre les
termes "frais" et "corrompus". Le terme "corrompus" est un caractère moral
où le rejoignent l'abondance et la plénitude. Ainsi, les parfums violents
éveillent l'âme à l'univers et la luxure, et à une perte dans l'infini.
"Avant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens."
• Vers 13 : "L'ambre" et "le musc" sont d'origine amicale alors que "le benjoin"
et "l'encens" sont d'origine végétale. Ils apparaissent dans une perspective
platonicienne, un mode d'accès sensible à l'infini.
• Vers 14 : Le terme "chanter" désigne l'euphorie de celui qui accède à ce
monde. Le terme "transports" désigne l'élévation de l'âme. "L'esprit et des
sens" exprime une inspiration sensuelle et spirituelle. Le poète est comparé
aux mystiques qui découvrent l'unité du monde.
Conclusion :
Fondant ses inquiétudes profondes et ses aspirations esthétiques dans une
métaphysique, Baudelaire donne la formule de la poésie moderne : charme et clé du
monde, plaisir et connaissance. Le rôle du poète est de découvrir les affinités
nouvelles dans l'infini des correspondances possibles, afin de faire éprouver aux
hommes l'unité de l'univers. Ce texte peut être rapproché à "Voyelles", poème de
Rimbaud.
L'ennemi
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Introduction
Le poème L'ennemi, tiré du recueil Les Fleurs du mal, souligne qu'il est donc
doublement redoutable sur le plan humain et sur le plan poétique.
Analyse linéaire
Premier quatrain
Deuxième quatrain
Il s'ouvre sur une constatation résignée qui apparaît comme la conséquence (« Voilà
que », vers 5) sur le plan de la pensée de la première strophe. C'est un résultat
donné en deux étapes successives (« voilà que »... « et que », vers 5 et 6).
Il fait apparaître une suite chronologique (l'automne après l'été). L'image du jardin
est prolongée et aggravée (dévastation et nécessité de réparation).
L'utilisation de termes concrets (« pelle », « râteaux ») et l'accumulation des images
font de cette strophe une illustration visuelle des désastres du temps.
Ces désastres préfigurent la mort, comme le suggère la comparaison du vers 8 («
comme des tombeaux ») : la vie et l'inspiration sont ravagées par le temps.
Premier tercet
Il suggère une hypothèse (« et qui sait ») qui apparaît comme un élan d'espoir. Cet
élan prend appui sur les images de la strophe précédante dans le cycle des saisons,
l'automne, puis l'hiver associé à la mort, font espérer le renouveau du printemps («
fleurs nouvelles », vers 9).
L'enchaînement des images conduit à une interprétation qui se situe sur le plan de la
nature (« automne », « eau », « sol lavé », « fleurs nouvelles »).
L'enchaînement des symboles (saisons = représentation symbolique des étapes de la
vie) conduit à considérer les « fleurs nouvelles » comme le printemps des idées, c'est
à dire un renouvellement de l'inspiration après une purification qui s'apparente à un
rite. Le « mystique aliment » prend alors une valeur religieuse, « les fleurs »
évoquant le titre d'un recueil (Les Fleurs du Mal).
Deuxième tercet
Conclusion
L'ennemi est révélateur du spleen Baudelairien, de l'angoisse qui étreint le poète,
quand il constate les ravages du temps sur son organisme. Grâce à l'art, il met en
forme ce malaise existentiel, ce qui constitue une manière de l'exorciser.
L'écriture apparaît alors comme un remède à l'usure du temps et au dégoût de soi
qu'inspire au poète sa dégradation progressive : l'art permet d'opposer la résistance
de l'intelligence à la force corrosive de la nature. Le poète survit alors par sa parole.
LE FLAMBEAU VIVANT
Introduction
« Le Flambeau vivant » est un sonnet qui appartient à ce qu’on appelle
traditionnellement « le cycle de Madame de Sabatier », l’une des principales muses
de Baudelaire avec, entre autre, la fameuse Jeanne Duval. Il est d’ailleurs intéressant
de noter que la teneur des poèmes dédiés à Madame de Sabatier diffère grandement
de celle des œuvres écrites pour Jeanne Duval. Cette dernière, en effet, est une « belle
d’abandon », séduisante et insaisissable, qui enivre et trouble le poète. Madame de
Sabatier, au contraire, est perçue comme une madone salvatrice et lumineuse. Le titre
du poème que nous allons étudier suffit pour s’en convaincre : la métaphore initiale
désigne les yeux d’une muse bienfaitrice qui irradie littéralement le poète. La femme
pourrait-elle ainsi incarner le fameux « Idéal » baudelairien ? (problématique) C’est ce
que nous allons tenter de prouver à travers notre étude. Après avoir évoqué l’éloge
d’une femme solaire, nous chercherons à identifier les raisons d’une telle admiration.
Nous nous pencherons enfin sur l’attitude du poète vis-à-vis de son « ange gardien ».
I/ Eloge d’une femme solaire
a) Un éloge poétique sous forme de blason
– Le sonnet de Baudelaire reprend la forme traditionnelle du « blason », très
courant dans la lyrique amoureuse (chanter une partie du corps de la femme, c’est
évidemment la célébrer). Ici, il s’agit pour le poète de dédier ses vers aux yeux de
Madame de Sabatier. Le titre le suggère d’emblée avec le recours à la métaphore du
« flambeau vivant » (répétée de plus au vers 8 sous forme renversée « vivant
flambeau »). Dans le corps même du poème, les yeux sont directement nommés, à
deux reprises : « ces Yeux » (v.1) et « Charmants Yeux » (v.9). Notons au passage la
présence de la majuscule qui signale d’emblée l’admiration du poète à leur égard. Ce
choix d’un blason consacré aux yeux de la femme aimée est
particulièrement topique de la poésie amoureuse : les yeux sont généralement
considérés comme « le miroir le d’âme », ils constituent une sorte de passage entre le
monde du dehors (physique) et le monde du dedans (psychique).
– Tout le poème est construit sur la double description de ses yeux féminins (une
description physique et une description de leur effet sur le poète). On peut citer par
exemple le vers initial « ces Yeux pleins de lumières » (description physique, visuelle)
et « Ils conduisent mes pas » (v.6).
– Les yeux de la femme sont sans cesse personnifiés (= on leur prête des
caractéristiques humaines) : ils « marchent » (v.1), ils chantent. Autant d’indices qui
permettent de les considérer, bien évidemment, comme métonymiques de la femme
(= le poète évoque la femme à travers l’un de ses aspects, ici, ses yeux).
– La femme apparaît bel et bien dotée d’une sorte de pouvoir thérapeutique dans
ce sonnet : elle détourne le poète des « cierges brûlant » (v.10), symbole de la veillée
funèbre, pour réveiller son âme et le conduire vers le Bien et vers le Beau. Un tel
ascendant positif provoque évidemment amour, soumission mais aussi admiration.
– Cette admiration s’illustre notamment par le recours massif aux tournures
hyperboliques dans le poème : « pleins de lumières » (v.1), « très savant » (v.2), « tout
piège » et « tout péché » (v.5), « Tout mon être » (v.8) ou encore le final « Astres dont
nul Soleil ne peut flétrir la flamme » (avec une belle allitération en [f]).
– Impression ainsi créée : la femme est TOUT pour le poète.
– Vous pouvez aussi relever l’assonance en [an] qui martèle l’intégralité du
poème : « devant », « ange », « sans », « aimantés », « secouant », « devant »,
« diamantés », « sauvant », « vivant », « flambeau », « charmant », « brûlant »,
« chantez », « chantant » : la répétition constante d’un même son traduit peut-être ici
l’obsession du poète pour la femme, une obsession qui n’a ici rien de négatif (par
opposition à « Sed non satiata » ou au « Serpent qui danse ».)
Introduction
L'Invitation au voyage est extrait de Spleen et Idéal, première partie des Fleurs
du mal, de Baudelaire.
Poème inspiré par Marie Daubrun : l'amour est ici spirituel et non sensuel.
Il ne s'agit pas d'un voyage mais d'une promesse de voyage épanouissant le rêve.
Composition originale : 3 strophes séparées par un refrain, heptasyllabes et
pentasyllabes : le poème présente une forte musicalité.
Commentaire littéraire
I. Des tableaux
- V1-2 : riche, " s ", " eu " et " r ". Masculine. Autres sons : " on " et " a " ce qui
renforce la rime.
- V 3-6 : riche, " s ", " en ", " b " et " l ". Féminine
- V 4-5 : suffisante, " i " et " r ". Masculine
- V 7-8 : riche, " ou ", " ill " et " é ". Masculine
- V 9-12 : riche, " a ", " r " et " m ". Féminine
- V 10-11 : suffisante, " i " et " eu ". Masculine
- V 13-14 : suffisante, " t " et " é ". Masculine
- 1ère strophe : " on ", " en ", " a ", " aimer ", " i ", " eu ", " é ", " s ", " m ", " l ", " t
" et " r ".
- 2ème strophe : " d ", " m ", " eu ", " an ", " l " et " r "
- 3ème strophe : " é ", " au ", " d ", " l ", " a ", " s ", " canaux " et " monde ".
ENJAMBEMENTS :
- V 15-16-17
- V 2-3
- V 7-8-9
Tous les vers de L'invitation au voyage s'enchaînent sans qu'il n'y ait de rejet
et de contre-rejet ce qui renforce l'harmonie. L'harmonie est aussi
accentuée par des vers courts sans césure (coupure).
INTRODUCTION
"L'invitation au voyage", poème constitué de trois strophes entrecoupées d'un
même distique répété trois fois, fait partie de la section "Spleen et idéal" du
recueil les Fleurs du Mal, que Baudelaire publie en 1857. Ce poème, composé
en vers hétéromètres, est supposé avoir été écrit pour sa muse, Marie Daubrun,
une actrice dont les "yeux verts" ont longtemps hanté les textes baudelairiens –
devenus ici de "traîtres yeux" (vers 11). Comme souvent dans la poésie
baudelairienne, le corps de la femme est prétexte à rêverie : dans ce texte, c'est à
un rêve de voyage que la vision du corps féminin amène le poète.
En quoi le voyage immobile auquel se prête le poète décrit-il l'idéal baudelairien
?
L'INTIMITE
Le poète entretient une relation intime avec la femme aimée. Cela se comprend
dans l'alternance des pronoms personnels de la première et de la deuxième
personne du singulier dans la première strophe ("mon", "ma" v. 1, "te", v. 6, "mon"
v. 9, "tes" v. 11, etc) ; ainsi qu'à travers l'adverbe "ensemble", suivi d'une
exclamation (v. 3). De même, l'alternance des rimes masculines et féminines des
premiers vers évoque l'intimité d'un couple.
Le champ lexical onirique, mais aussi la mention de la chambre avec le pronom
possessif "notre" au vers 17 suggèrent l'intimité sexuelle, tout comme les
mentions des "rares fleurs" (v. 18), le champ lexical de l'odorat ("odeurs",
"senteurs") ou encore la mention de la "langue" au vers 26, qui s'entend d'abord
dans le sens de "langage", mais qui prend également la forme d'une syllepse de
sens (double sens) pour évoquer la bouche aimée.
LA FEMME-MONDE
La femme aimée est non seulement le point de départ du voyage onirique
qu'entreprend le poète, mais aussi sa destination : "Au pays qui te ressemble !"
(v. 6). Aussi le poète n'hésite-t-il pas à faire une analogie entre des paysages et
les yeux de la femme, analogie basée sur la brume du ciel pour l'un des
comparés, et causée par les larmes pour l'autre : "Les soleils mouillés / De ces
ciels brouillés / Pour mon esprit ont les charmes / De tes traîtres yeux" (v. 7 à 9).
UN VOYAGE ONIRIQUE
Le voyage, dans ce poème, est paradoxal : s'il est le thème principal du texte, il
est pourtant un voyage rêvé, non précisé. Il s'agit d'un voyage immobile, qui se
fait au travers d'un rêve : l'onirisme est prégnant.
Il se manifeste à travers un champ lexical : "songe" (v. 2), "chambre" (v. 17) ;
mais aussi à travers l'idéalisme qui s'exprime dans le distique répété à trois
reprises, sous forme d'épanadiplose ("Là, tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe,
calme, et volupté").
UN AILLEURS FLOU
L'onirisme du voyage se développe dans la description très peu précise,
absolument floue, des lieux que les voyageurs seraient amenés à visiter.
Ainsi, aucun toponyme n'est mentionné. Au contraire, de nombreuses sortes de
paysages se succèdent, sans logique : des "champs", des "canaux" (répété, v. 29
et 37), la "ville" (v. 37), mais aussi la mer, suggérée par des termes comme
"vague" (v. 20, adjectif qui peut constituer une syllepse de sens – s'entendre dans
les deux sens). La seule indication géographique pointe vers l'est, point cardinal
vers lequel le jeune Baudelaire avait entrepris un voyage forcé en 1839 : le poète
évoque ainsi la "splendeur orientale" (hyperbole) au vers 23. A noter que
l'orientalisme était une mode à la moitié du XIXème siècle, quand Baudelaire
rédige son recueil.
L'AILLEURS IDEAL
Ce voyage rêvé est l'occasion pour le poète d'évoquer ses idéaux.
UN TABLEAU LAUDATIF
Tout d'abord, le ton choisi par le poète est extrêmement laudatif. Les champs
lexicaux qui le marquent en sont de bons exemples : champs lexicaux de la
lumière, de la beauté, de la richesse, de l'exotisme, de la sensualité.
Le ton généralement enthousiaste, rythmé par les exclamations, tient également
de la description méliorative ; tout comme l'usage des superlatifs ("les plus rares
fleurs" v. 18).
UN TABLEAU MUSICAL
Le voyage imaginé l'est sur un ton très musical, la musique étant une thématique
très importante de la poétique baudelairienne (cf. Poème "la Musique").
Ainsi, les jeux sur les sonorités (paronomase aux vers 7 et 8, par exemple, ou
encore sonorités similaires des vers 18 et 20) réveillent une tonalité musicale du
texte, déjà rendue évidente par la répétition de trois distiques, au moyen d'une
épanadiplose : "Là, tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe, calme, et volupté". Ce
rappel constant de deux vers, qui contrastent par leur brièveté avec le reste des
strophes, évoque évidemment la structure d'une chanson populaire, avec son
alternance couplets / refrain.
De même, le rythme des vers est absolument musical : le choix de l'hétérométrie,
et de l'alternance entre pentasyllabes et heptasyllabes, n'empêche pas le poète
de conférer une certaine régularité à son texte : les diérèses (v. 10 et 11 par
exemple) venant toujours rattraper un pied manquant.
Le luxe
Le luxe, la richesse, l'opulence, est une obsession de la poétique baudelairienne.
Elle peut s'expliquer par la biographie du poète, qui a toujours été dépendant
financièrement de sa famille (mise sous tutelle par son beau-père, l'officier
Aupick).
Le calme
Le calme, l'apaisement, qui reviennent comme des leitmotivs dans une poésie
qui est, par accès, torturée, se comprend ici dans le rythme apaisé des vers, ainsi
qu'à travers l'imagerie évoquée (canaux, bateaux, chaleur du soleil, etc).
CONCLUSION
C'est à travers la femme, point de départ et destination à la fois, que Baudelaire
peut rêver un voyage immobile, qui lui permet d'évoquer ses plus grands idéaux
de poète. Cette thématique du voyage onirique, mais aussi du voyage lié à
l'évocation sensuelle du corps féminin, se retrouve dans d'autres poèmes du
recueil, à l'instar de "Le Serpent qui danse" ou de "la Chevelure".
Chant d'automne
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Introduction
Thèmes :
- Spleen et Idéal
- Amour
- La mort
- Les saisons
Conclusion
Plan d’analyse :
Axe 1 : Le spleen baudelairien
1 – Par la sensation
2 – Par l’émotion
Axe 2 : Le spleen par la fuite du temps, la déception et le regret
1 – La fuite du temps
2 – Le regret et l’évocation de la mort
- Introduction :
Ce poème est le 56ème des "Fleurs du Mal" et est inspiré par Marie Daubrun.
En analyse formelle, on distinguera 7 strophes, les 4 premières faisant référence à la finalité
humaine, les 3 dernières à la fuite du temps.
D'un spleen, l'auteur se rassure par la femme qui vient calmer son chagrin et sa sensation de
mal-être et de mal-aimé.
Dans "Chant d'automne" de nombreuses sensations sont mises en évidence pour mieux
marquer la sensation de tristesse, de nostalgie et de regret (spleen).
On retrouve ainsi une sensation auditive provoquée par le bruit du bois faisant référence aux
moyens mis en oeuvre durant l'hiver. De ce fait, l'hiver est rapproché de la mort qui est
soutenue par des termes tels que "cercueil" (l.14), "choc funèbres" (l.3), "froides funèbres"
(l.1).
Cette sensation d'angoisse et de peur envers la mort se voit accentuée par la sensation du
froid ("les froides ténèbres" (l.1) mais aussi du chaud "été trop court" qui renvoie aussi un
sentiment de nostalgie.
2 – Par l’émotion
L'évocation des sensations auditives mais aussi tactiles amène l'auteur voire le lecteur à tirer
des conséquences émotionnelles des événements.
Baudelaire semble ainsi désemparé et évoque sous forme d'accumulation des sentiments de
faiblesse aux vers 5 et 6 : "tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, haine, frissons,
horreur, labeur dur et forcé".
L'auteur semble être pris en otage, enfermé dans le spleen et dans une sorte de folie.
Axe 2 : Le spleen par la fuite du temps, le réconfort par la femme
1 – La fuite du temps
Conclusion :
Ce poème sensibilise par l'émotion et les sentiments. Il joue sur la condition d'homme de
l'auteur par l'angoisse et la peur de la mort mais aussi par la volonté d'être aimer.
De ce fait, "Chant d'automne" tire son originalité d'un spleen baudelairien prononcé qui
amène paradoxalement à une harmonie par l'intermédiaire de la femme.
Spleen
LXXVI - J'ai plus de souvenirs...
Introduction
Ce poème porte le titre de Spleen dans Les Fleurs du mal et illustre les diverses
formes du malaise de vivre. Dans ce poème, écrit à la première personne, Charles
Baudelaire fait un bilan désespérant de son existence.
Projet
Après avoir étudié la mise en page et le fonctionnement général du texte, nous
étudierons le texte en suivant son mouvement.
Le vers 1 : le poète annonce son bilan.
Les vers 2 à 24 : il fait un inventaire chaotique de ses souvenirs.
Les vers 15 à 18 : il ne connaît plus que l'ennui.
Les vers 19 à 24 : passage à la deuxième personne. Il est étranger à lui-même et
au monde.
=> La mise en page d'une part et le fonctionnement d'une autre part donnent une
impression de chaos.
I. Vers 1
- Le vers se prononce d'un seul tenant -> cela donne une impression d'immensité.
- Dans ce vers, Baudelaire donne l'impression d'être une immense mémoire, las, il a
tout vu ; il utilise une hyperbole très expressive.
- Ce vers est une ouverture, annonçant la suite, la tonalité : la lassitude.
II. Vers 2 à 14
A) Quelles métaphores ?
- Difficultés matérielles ; bilan (vers 2), procès (vers 3), quittances (vers 4) : écho
de Baudelaire qui dilapidait l'héritage paternel, plein de dettes => souvenirs
humiliants, douloureux.
- Souvenir d'amours ; romances (vers 3), billets doux (vers 3).
- Souvenir du poète : vers (vers 3), romances (vers 3).
- Souvenir d'art : les pastels, les pâles Boucher (vers 13) => Baudelaire a vécu sa
petite enfance dans les œuvres d'art de son père et est devenu critique d'art.
- Tout ses souvenirs sont dévalorisés car ils sont accumulés, mélangés dans un bric à
brac (vers 2 à 4).
B) Vers 6 à 8
C) Vers 9 à 10
D) Vers 11 à 14
A) Vers 15 à 18
- "L'ennui naît de l'absence de curiosité, de désir. Ce que je sens c'est une absence
totale de désir. A quoi bon ceci ? A quoi bon cela ? C'est le véritable esprit du
spleen." Lettre de Baudelaire à sa mère en 1857. L'ennui est présenté ici sous la
forme de la dérision (vers 17).
- La seule immoralité promise à l'homme en proie au spleen c'est l'ennui. La
sonorité, le rythme et les métaphores sont significatifs de cet ennui ; rime obsédante
en "é" (vers 11-18).
- Les métaphores :
Le temps qui dure est comme un vieillard boiteux (vers 15) ou comme un hiver (vers
16) : le mouvement est contrarié : ça n'avance pas. Le spleen est comme l'hiver de
l'âme.
- L'ennui entraîne la mort de l'âme, de l'être, le poète étranger à lui-même et oublié
va se pétrifier et sombrer dans la mort.
B) Vers 19 à 24
- "Désormais" (vers 19) marque une conséquence de l'ennui ; l'ennui débouche sur
la mort ; la matière vivante devient granite. L'apostrophe est dérisoire, moqueuse, le
poète est étranger à lui-même ; il appartient au monde minéral. Sphinx = granite.
- Non seulement étranger à lui-même, oublié du reste du monde (vers 22-23). Ce
n'est même plus une curiosité archéologique.
- Le poète est comme un vieux sphinx qui ne chante plus qu'au soleil couchant
(contrairement à la statue de Memnon prés de Louxor : à la suite d'un séisme les
vibrations du soleil levant lui font faire un bruit). C'est un symbole, Baudelaire ne
sait plus que dire de la mort et la disparition.
Conclusion
Baudelaire en tant qu'homme et poète est victime du spleen :
- Pour l'homme, sa mémoire est un cimetière où ne règne que l'ennui.
- Pour le poète, il est paralysé, il ne sait plus que dire la mort.
I. Composition du poème
- Soin typographique
. Vers 1 indépendant = synthèse du poème
. Déséquilibre des strophes = déséquilibre intérieur
. Présence de tirets = mise en valeur de 8 -> moi baudelairien mort
19 -> dédoublement
- Composition
. Vers 1 indépendant
. 2° strophe = souvenir chaotique, Baudelaire envahit par le passé
. 3° strophe = gradation tragique -> la vie le quitte et le pétrifie
- Correspondance :
. Définition
. Ame sans espoir
. 20, le granit = pétrifie, ne vit plus
. 21, Sahara = géographie sentimentale -> Mal mental
A une passante
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Introduction
A une passante est un sonnet qui appartient aux tableaux parisiens, il est donc
lié à l'inspiration de la vie. L'univers urbain offre à Baudelaire des sujets de description,
de narration, de réflexion. Mais le poète ne reste pas extérieur au spectacle de la rue.
Il y participe à la recherche de rencontres décisives en quête de symboles qui font de
ces spectacles et de ces rencontres les reflets d'un monde complexe, celui de la
condition humaine, celui de sa propre vie. En ce sens, chaque rencontre est
importante.
Le sonnet est construit sur un thème romanesque, celui de la rencontre. Mais il
est traité dans une tonalité typiquement baudelairienne. On trouve l'éblouissement de
l'attirance féminine, la recherche d'une nouvelle espérance pleinement heureuse et
l'échec d'une relation qui laisse le poète désemparé.
Annonce des axes
I. La rencontre
II. Les réactions du poète
III. Les réflexions du poète
Commentaire littéraire
I. La rencontre
Conclusion
A – Présentation de l’auteur :
Charles Baudelaire (1821-1867) est l’un des poètes français du XIX° les plus célèbres.
Il rompt avec l’esthétique classique et offre à la modernité une place de choix dans sa
poésie (tant du point de vue des thèmes abordés que des bouleversements dans
l’écriture poétique). C’est l’un des premiers à vouloir libérer l’art de toute
considération morale ou éthique. Il participe donc au renouvellement des thèmes
poétique (cf. le poème « Une charogne »). Très jeune il mène une vie en marge des
valeurs bourgeoises dans lesquelles il a grandi. Après le baccalauréat on l’envoie donc
en voyage dans l’espoir que cela le ramène dans le droit chemin. Il mènera pourtant
une vie fort dissolue à son retour à Paris.
1857 : 1ère parution du recueil Les Fleurs du Mal : procès pour « offense à la morale
religieuse » et pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».
1861 : nouvelle édition augmentée de 32 nouveaux poèmes, mais allégée des textes
interdits.
B – Lecture analytique :
Introduction :
Problématique :
Plan :
I – Le choc de la rencontre
I – le choc de la rencontre :
1 – le cadre :
Le poète que l’on imaginer éventuellement à la terrasse d’un café est comme isolé.
Ceci est traduit par l’isolement par la coupe irrégulière du pronom « moi » à l’entame
du v 6 ainsi que par le redoublement de la première personne « Moi, je ». De la
même façon, le pronom « moi » au v 1 semble signifier une certaine marginalité, que
confirme l’image de l’extravagant rencontrée au v 6.
En dehors de la vision de cette femme, cette ville est assimilée à la nuit du poète (v
9), métaphore de l’état du poète.
2 – Un « coup de foudre » :
C’est en effet un coup de foudre que relate ici Baudelaire, ainsi que le signifie l’image
de l’éclair au v 9.
– Le tiret isole ce 1er hémistiche et insiste sur le sentiment de vide et de néant qui
succède à l’éblouissement
On perçoit en outre une violence latente grâce à tout un réseau lexical distillé au fil
du texte : « hurlait » v 1/ « crispé » v 6/ « l’ouragan » v 7/ « tue » v 8.
Si cette violence infuse ainsi le sonnet c’est parce qu’elle reflète l’état du poète,
toujours soumis à des sentiments extrêmes. On peut parler d’état paroxystique du
poète, qui, en raison d’une hypersensibilité, ne peut vivre les choses comme le
commun des mortels.
Face à cet état de spleen qui caractérise le poète en mal d’Idéal, la femme devient
quête d’Idéal, muse susceptible de conduire le poète à la création poétique et au
Bonheur.
1 – La beauté idéale :
Le choc produit par cette femme s’explique d’abord par sa beauté. Le poète en
propose une vision méliorative :
Le poète insiste également sur son élégance, notamment dans sans son déplacement.
Sa beauté est également signifiée par l’hypallage « main fastueuse » : il s’agit ici pour
le poète de souligner le raffinement de cette femme, une idée que se trouve
renchérie par la rencontre à la rime des deux adjectifs « majestueuse » et « fastueuse
».
Cette femme semble incarner une beauté idéale, paroxystique, qui ne peut que
transporter le poète. Elle détone au milieu de ce lieu agressif et inhospitalier et elle
cristallise tous les espoirs du poète.
– il s’agit d’une inconnue, l’article indéfini du titre le souligne, elle n’est désignée que
par son action (elle passe). Le titre souligne son anonymat. Même chose au v 3 « Une
femme »
– Cette femme est donc une belle inconnue, et le poète insiste sur cet incognito avec
les verbes « j’ignore » et « tu ne sais »
Toutefois il lui suppose une douleur avec l’expression « en grand deuil » renchérie par
l’image « douleur majestueuse » : elle semble incarner la douleur mais elle semble
aussi composer avec cette douleur (faire avec elle), comme si elle la dépassait : ce
que suggère le contraste entre le vêtement de deuil et la légèreté de la démarche.
– l’absence de coupe dans ce vers suggère la coexistence de ces deux pouvoirs, leur
exercice simultané.
– A noter que cette antithèse est renchérie par le parallélisme de construction (GN +
relatif+ verbe).
La femme semble destructrice sous des apparences de douceur. Cette idée est
également traduite par la métaphore céleste du v7 « ciel livide ». Le terme livide peut
signifier une certaine platitude, un état où rien de se passe, tandis que le mot «
ouragan » connote le déchainement et la violence des éléments. Cette image suggère
la passion amoureuse et sa dimension dévastatrice. Baudelaire renouvelle ainsi le
motif de la passion et de l’amour dual.
Ces pouvoirs se trouvent illustrés dans le poème même par l’évocation des réactions
du poète :
– l’idée est présente dès le titre : la passante est par définition celle qui ne reste pas,
avec laquelle la communication est impossible. Le terme suppose un mouvement, un
déplacement et il s’oppose alors à la fixité du poète, suggérée notamment par le
participe passé « crispé ».
– il suggère également une présence éphémère, qui ne peut pas s’inscrire dans la
durée. La vue de cette femme tient du mirage.
– Cette idée se trouve reprise au v 3 avec le verbe « passa ». Ce verbe est conjugué au
passé simple, un temps qui indique que l’action est totalement achevée, coupée du
présent
– A cela s’ajoute l’idée de la fuite contenue dans les expressions « fugitive beauté »
au v9 et « tu fuis » v 13
Cette folie, cette schize est perceptible finalement dans le discours qu’il tient dans les
tercets. Il recourt en effet à la 2ème personne : « Ne te verrai-je », alors qu’il
évoquait logiquement la passante à la 3ème personne. Il semble ainsi d’adresser à lui
même.
Cette introspection coïncide avec un constat d’échec qui se traduit par une difficulté
à parler. Ainsi le v 12 est-il un uniquement composé de phrases non-verbales ne
comportant que des CC de temps et de lieu, comme s’il ne parvenait plus à structurer
ses pensées.
2 – Le poids du spleen :
– le climat tragique est entretenu par le deuil de la femme qui laisse planer l’idée de
la mort
– par la « folie » du poète qui opère comme une mort symbolique au bonheur
Cette idée est également exprimée par le chiasme du v13 « Car j’ignore où tu fuis, tu
ne sais où je vais », une figure qui exprime avec lucidité que leurs existences sont
condamnées à rester décroisées.
Conclusion :