ÉTUDE LINÉAIRE DE « 

L’ALBATROS », in Fleurs du mal, de Charles

Baudelaire

Introduction : FDM est un recueil de poèmes qui a été publié en 1857.Il est
composé de 126 poèmes repartis en 6 sections . Le poème appartient à la
section Spleen et Idéal qui contient à elle seule 85 poèmes. “L’Albatros” fait
partie de la deuxième édition des Fleurs du mal , suite au procès à l’issue
duquel Baudelaire a été contraint de retirer 6 poèmes pour outrage à la
morale publique. Il est composé de quatre quatrains, en alexandrins avec des
rimes croisées et suivies. Le poète évoque les Albatros capturés par les
marins et ensuite torturés. Dans la dernière strophe, le poète se compare à
cet Albatros .

Problématiques possibles :
- En quoi le poète exprime-t-il sa souffrance ?
- En quoi l’Albatros est-il la représentation du poète ?
- En quoi le poète est-il entre spleen et idéal ?
- En quoi l’écriture poétique permet-elle de soulager le poète de son mal être
existentiel ?
- En quoi est-ce une critique de la société ?

Mouvements du texte :
- 1er quatrain : rencontre malheureuse entre les marins et l’albatros
- 2eme et 3eme quatrains : le désarroi de l’albatros face à la cruauté des
marins
- 4eme quatrain : Comparaison entre la condition du poète et celle de
l’oiseau

1er quatrain: rencontre malheureuse entre les marins et l’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Erowan :
Vers 1 : "Les hommes d’équipage”: Groupe nominal/ périphrase qui remplace
le mot “marin” est la seule occurrence/ la mention des marins dans le
poème . Nous sommes dans un environnement maritime. Thème du voyage.

"Souvent : adverbe de temps marque l’habitude des marins à entreprendre ce

genre d’action

“pour s’amuser”: CC But /proposition infinitive, sur le bateau, les marins

éprouvent de l’ennui et tentent d’y échapper. Il suggère que l’oisiveté est
mère de tous les vices.

Vers 2 : “Vastes oiseaux des mers” : on repère ici l’importance des

périphrases pour désigner l’albatros dans le poème. Cette périphrase (ex:
Paul Biya: Le président de la République) montre à quel point l’albatros
occupe une place majeure en terme de symbole dans le poème..

L’enjambement / rejet “les hommes d’équipage / prennent des albatros”

intensifie l’action et donne à voir une forme de brutalité qui subsiste dès lors
dans la suite du poème. “prendre”: est un verbe d’action qui illustre la
capture de l’albatros.

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.
Ashley :

v.3: “Qui suivent: rejet qui insiste sur leur présence continuelle comme des
protecteurs.

“indolents compagnons de voyage”: portrait moral de l’albatros grâce à la

périphrase “indolents compagnons de voyage”: attitude nonchalante, inoffensive
et rassurante de ces oiseaux. Ils vivent dans un environnement infini, comme le
poète qui expérimente la liberté, les voyages, la spiritualité et l’inspiration poétique

v.4: “le navire glissant”: évocation de la vitesse. Malgré les péripéties et difficultés,
le navire parviendra à destination
“sur les gouffres amers”: métaphore qui démontre la profondeur des lieux et les
dangers où se trouve l’équipage. “amers” évoque le sens du goût: expérience
difficile.

Allitération en “r”consonne dure : “navire”, “gouffres”, “amers”: montre la difficulté

du voyage, sa dureté

CCL: Les 2 premiers vers mettent en avant l’envergure de l’oiseau qui

surplombe le navire et l’équipage. Les marins représentent la société. On
relève dès le début du poème le thème du poète marginal et du génie maudit.
Les deux vers suivants insistent sur l’infini dans lequel évoluent les albatros
mais aussi les difficultés inhérentes au voyage en mer.

2eme quatrain: le désarroi de l’albatros face à la cruauté des marins

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Jérémy :

Au début de la deuxième strophe, Baudelaire met en évidence la tension

entre la beauté de l’oiseau et sa maladresse. “ces rois de l’azur”
(PERIPHRASE) vs “maladroits et honteux”: adjectifs péjoratifs donne lieu à
une antithèse pour montrer l’ambivalence de la condition humaine.

(v.5) : A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Le début de la strophe est accéléré avec une accumulation de mots très
courts: « À/peine/les/ont/-ils » puis le rythme est ralenti au vers 6 pour décrire
la démarche lente des oiseaux.
« Sur les planches » désigne normalement une scène de théâtre, il y a donc
une métaphore, le pont du bateau ressemble à une scène de théâtre. On y
joue un spectacle. Derrière cette métaphore : l’albatros/acteur, le
pont/théâtre, les marins/spectateurs représentent en réalité le poète, le
monde littéraire ainsi que les critiques d’art.
(v.6) : Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Vision méliorative : personnification, rois de l’azur, grandeur de l’oiseau: Au
début de ce poème, les périphrases sont élogieuses effectivement
Vision péjorative : maladresse des oiseaux une f&ois sur le plancher
Antithèse : qui souligne le contraste entre la majesté des albatros dans les
airs et leur aspect piteux une fois au sol : « Ces rois de l’azur » / « maladroits
et honteux »

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d’eux.

3eme quatrain:

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Enzo :
<< Piteusement>> caractérise la chute de l’albatros dans le monde des
humains .

<< Comme des avirons traîner à côté d’eux >>

On retrouve ici un enjambement ( << leurs grandes ailes blanches /comme
des avirons traîner à côté d’eux >> )
<< Ce voyageur ailé >>renvoie encore une fois à l’oiseau , qui vient de perdre
son statut de roi de l’azur .

Cette troisième strophe marque la chute de la figure de l’albatros et celle du

poète qui devient << gauche et veule >> une fois au sol

Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !

L’un agace son bec avec un brûle-gueule,

L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Luc :

Dans le troisième quatrain , Baudelaire présente la description des Albatros

qui procurent plaisir à l’équipage.
Dans le premier vers on relève le trait comique et la laideur des Albatros
Dans le deuxième on présente un qui s’amuse avec une petite pipe
Dans le troisième, l’albatros imite un infirme

4eme quatrain:

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Allan :

v.12: périphrase. La majesté de l’oiseau est mise en valeur. Il est royal, il

survole le monde grâce à sa divinité, ou à son inspiration qui lui vient d’en
haut.
v.13: métaphore filée + proposition relative: il brave tous les dangers et ne
craint pas d’être attaqué dans son art

v.14: personnification qui fait basculer vers le monde du bas, celui des
hommes: lorsqu’il se trouve en société, il connaît un sort tout autre: on se
moque de lui, on le ridiculise, on ne comprend pas son art. Ici référence au
procès que Baudelaire a subi. Les hommes l’ont condamné sur le plan moral
alors que ses ambitions étaient seulement artistiques: explorer le laid pour en
faire du beau

v.15: hyperbole: il est dans l'incapacité d'être reconnu dans le monde car il
n’appartient pas à ce monde. Il est handicapé par son art qui le rend différent
et marginal.