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Renaissance, humanisme et réformes religieuses: les mutations de l’Europe

L’humanisme: une
nouvelle conception de
l’homme et du monde
Document 1.
Léonard de Vinci, L’homme de Vitruve,
dessin à la plume, 34,4x24,5cm, vers
1485-1490, Venise, Galleria
dell’Academia (S’inspirant de l’architecte
Vitruve – 1er siècle avant JC, L.de Vinci
illustre les proportions idéales du corps
humain).
Document 2.
Philosophe et humaniste italien, protégé de Laurent de Médicis Jean Pic de la Mirandole (1463-1494) est
considéré comme le « prince des érudits ».

Lorsque son œuvre fut achevée, l’Artisan voulut une créature capable de concevoir le plan d’une si
grande création, d’aimer sa beauté et d’admirer sa grandeur. (…) Donc, il conçut l’homme comme
une créature de nature indéterminée et, le plaçant au milieu de l’univers, Il lui dit: « Je ne t’ai donné,
ô Adam, aucune place ni aucune forme n’appartenant qu’à toi seul, ni aucune fonction particulière,
et, pour cette raison, afin que tu puisses avoir et posséder, selon ton désir et ton jugement, la place, la
forme et les fonctions que tu désireras, (…) Je t’ai placé au centre du monde, de sorte que là tu puisses
plus aisément observer ce qui est dans le monde.

Jean Pic de la Mirandole, De la dignité de l’homme, vers 1488,


Document 3
Hans Holbein le Jeune, Portrait d’Erasme de
Rotterdam, huile sur bois, 42 × 32 cm , 1523,
musée du Louvre, Paris.
Document 4. Les voyages
d’Erasme entre 1494 et
1522.
Document 5. La diffusion de
l’humanisme et de l’imprimerie en
Occident aux XVe et XVIe siècles.
Document 6. La mission des humanistes

Etienne Dolet (1509-1546) est un humaniste et imprimeur.

Il y a un siècle, la barbarie régnait partout en Europe. Mais une armée de lettrés, levée de tous les
coins d’Europe, maitre dans les deux langues grecque et latine, fait de tels assauts au camp
ennemi qu’enfin la barbarie n’a plus de refuge. (…) Maintenant l’homme apprend à se connaitre;
maintenant il marche à la lumière du grand jour, au lieu de tâtonner misérablement dans les
ténèbres. (…)
Les lettres ont repris leur véritable mission, qui est de faire le bonheur de l’homme, de remplir sa
vie de tous les biens. Courage! Elle grandira cette jeunesse qui, en ce moment, reçoit une bonne
instruction; elle fera descendre de leur siège les ennemis du savoir; elle entrera dans le conseil des
rois; elle administrera les affaires d l'Etat. Son premier acte sera d’instituer partout ces bonnes
études qui apprennent à fuir le vice et engendrent l’amour de la vertu.
Etienne Dolet, Commentaires sur la langue latine, 1536
Document 7. Melozzo Da Forli, Le pape
Sixte IV nommant Bartolomé Platina
conservateur de la bibliothèque vaticane;
fresque reportée sur toile, 370x315cm,
Rome, Pinacothèque vaticane.
Document 8. L’imprimeur vénitien Alde Manuce (1149-1515) est l’inventeur du caractère italique et
un des rares à imprimer les lettres grecques. Son atelier d’imprimeur est le rendez-vous de nombreux
humanistes . Dans cette lettre l’humaniste Erasme lui témoigne son admiration.

J’apprends que Platon, que tous les lettrés attendent déjà avec impatience, s’imprime chez toi
en caractères grecs. J’aimerais savoir quels ouvrages de médecine tu vas imprimer (…). Je me
demande ce qui t’empêche de nous avoir donné depuis longtemps le Nouveau Testament,
ouvrage capable, si je ne me trompe, de plaire à tous, et surtout à ceux de notre ordre, c’est-à-
dire aux théologiens. Je t’adresse deux tragédies traduites par moi avec grande audace: tu
jugeras toi-même si c’est avec assez de bonheur (…) J’estimerais l’immortalité accordée à mes
œuvres, si elles venaient au jour imprimées dans tes caractères, de préférence ceux qui, assez
petits, sont les plus jolis de tous. Le volume serait ainsi des plus minces, et la chose réalisée à
peu de frais. »
Lettre d’Erasme à Alde Manuce, Bologne, 28 octobre 1507,
Document 9. Portrait de Marguerite de Navarre
(1492-1549), attribué à François Clouet (1510?-
1572), musée Condé.

Marguerite de Navarre, sœur du roi François


Ier, était une femme de lettres dont l’ouvrage
majeur s’intitule L’Heptameron. Elle protégea les
intellectuels de son temps et œuvra en faveur
de la tolérance religieuse entre catholiques et
protestants.
Document 10. L’importance de l’éducation

À un enfant de maison noble qui recherche les lettres, je voudrais aussi qu’on fût
soigneux à lui choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine. Je
ne veux pas qu’il invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour.
Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de
la substance ; et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire,
mais de sa vie. Qu’il lui fasse tout passer au crible et ne loge rien dans sa tête par
simple autorité. Qu’on lui propose cette diversité de jugements : il choisira s’il peut,
sinon il en demeurera en doute.

Michel De Montaigne, De l’institution des enfants, Essais, 1580.


François Rabelais est l’auteur de Pantagruel (1534) et de Gargantua (1534). Dans ces ouvrages, il
raconte la vie de Gargantua et de son fils Pantagruel, des géants qui représentent les valeurs de
l’humanisme. 
Document 11. L’éducation humaniste

« J’entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues: premièrement le grec; deuxièmement le
latin; puis l’Hébreu pour l’Ecriture sainte, le chaldéen et l’arabe pour la même raison; et que tu formes ton
style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Des arts libéraux: géométrie,
arithmétique et musique, je t’en ai donné le gout quand tu étais encore jeune (…) Puis relis soigneusement
les livres des médecins grecs, arabes et latins, et par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance
parfaite de l’autre monde qui est l’homme. Et quelques heures par jour commence à lire l’Ecriture sainte:
d’abord le Nouveau Testament et les Épîtres des apôtres écrits en grec, puis l’Ancien Testament écrite en
hébreu. En somme, que je voie en toi un abime de science car, maintenant que tu deviens homme et te
fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l’étude pour apprendre la chevalerie et les
armes afin de défendre ta maison.
Rabelais, Pantagruel, 1532
Document 12.
La bible de Gutenberg est le premier livre imprimé en
Europe grâce aux caractères mobiles d’imprimerie
inventés par Johannes Gutenberg à Mayence en 1455.
Elle se compose de deux volumes en écriture gothique
au format in-folio (c'est-à-dire que chaque feuille n'a été
pliée qu’une seule fois, ce qui permet d’imprimer des
pages en grande dimension). Chaque page comporte
quarante-deux lignes (d'où le nom donné de la Bible à
quarante-deux lignes).
Le premier volume concerne l’Ancien Testament et le
second le Nouveau Testament. Ils sont écrits en latin.
Au total, cent quatre-vingt livres ont été imprimés sur
une période de trois ans, temps nécessaire à un moine
copiste pour en réaliser un seul.
Document 13.
Jean-Dominique Ingres, François Ier reçoit les
derniers soupirs de Léonard de Vinci, huile sur
toile, 40x50,5cm, 1818.

On sait que Léonard, venu en France en 1516 à


l’invitation de François Ier, est mort à Amboise
en 1519. L’épisode, sans doute fictif, de sa mort
en présence du roi est extrait des Vies de Vasari
(milieu du XVIe siècle),
Document 14. La fondation du collège royal

Au XVIe siècle, l'Université de Paris avait le monopole de l'enseignement. Attachée à ses traditions comme à
ses privilèges, elle se refusait aux innovations. Ses quatre facultés : Théologie, Droit, Médecine, Arts,
prétendaient embrasser tout ce qu'il y avait d'utile en fait d'études et de savoir. Le latin était la seule langue
dont on fît usage. Les sciences, sauf la médecine, se réduisaient au quadrivium du moyen âge, l'arithmétique,
la géométrie, la musique et l'astronomie. Cependant, l’esprit de la Renaissance se répandait à travers
l’Europe, l’imprimerie commençait à propager les trésors de pensée contenus dans des chefs-d’œuvre de
l’Antiquité. François Ier, sur les conseils de Guillaume Budé, son « maitre de librairie », fonda alors le Collège
Royal. Six « lecteurs royaux » sont nommés, trois pour l’hébreu, deux pour le grec et un pour les
mathématiques. Ils interprètent et commentent les œuvres de l’Antiquité. Les cours sont gratuits et ouverts à
tous.
College-de-France.fr

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