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Texte BAC 11

Souvent considéré comme le père de la modernité poétique, Charles Baudelaire est un


poète du XIXe siècle, qui est considéré comme le précurseur du symbolisme. Il fut tout à
tour journaliste, traducteur, critique d’art. Il reste célèbre pour avoir introduit des thèmes
novateurs et provocateurs dans Les Fleurs du Mal, recueil condamné en 1857 pour outrage
à la morale publique. Le poème “L’albatros” se situe au début du recueil dans la section
Spleen et Idéal”. Le poème est composé de quatre quatrains : le premier évoque l’albatros
dans le ciel ; le deuxième sa descente vers les hommes, le troisième comment l’oiseau
céleste devient honni dès qu’il rejoint les hommes. Ce poème est une allégorie de la
souffrance du poète.

Lecture à haute voix

Nous pouvons d’ores et déjà soulever la problématique suivante : En quoi peut-on parler
d’alchimie poétique ? Le poème se divise en 3 mouvements : le premier, qui s’étend sur la
première strophe, constitue la description de l’oiseau dans les airs. Le deuxième
mouvement, correspondant aux strophes 2 et 3, est la description de l’oiseau à terre. Le
troisième mouvement, celui de la strophe 4, constitue la figure du poète à travers celle de
l’albatros.

Dans un premier temps, Baudelaire décrit l’oiseau dans les airs.


La première strophe est formée d’une longue phrase qui par son amplitude peut mimer la
grandeur et la majesté de l’oiseau en vol. Cette idée est renforcée par l’allitération en [v] qui
peut mimer le vol de l’oiseau. L’assonance en [an] évoque la beauté de l’oiseau et sa grâce
sans les airs. D’emblée, l’adverbe “souvent”, dénote de l’habitude, ainsi ce qui va suivre
n’est pas quelque chose de singulier. “pour s’amuser” ⇒ le jeu ou la torture. C’est un jeu
pour les marins mais de la torture pour les autres. Les hommes cherchent à passer le
temps.
“Les hommes d’équipage” ⇒ périphrase pour désigner les marins, les “hommes”, renvoient
à la société. “prennent” = capturent = violence.
“qui suivent” = verbe qui permet de voir que l’animal est inoffensif. pareil pour “compagnon”
⇒ les oiseaux ne cherchent pas à nuire aux hommes
“les gouffres amers” ⇒ connotation négative = danger ⇒ la mer n’est pas contrôlable par les
hommes.

Dans un deuxième temps, Baudelaire décrit l’oiseau à terre.


Dans les strophes 2 et 3, l’oiseau est montré en compagnie des humains, à terre. Il est
maltraité et mal perçu. Les marins représentent la société.
On retrouve une phrase longue et ample ici encore qui évoque cette fois le ridicule des
l’oiseau à terre. Il perd progressivement de sa beauté ainsi qu’en témoigne la progressive
disparition des assonances en [an]. A peine = rapidité, le peu de temps qu’il faut pour la
transformation de l’oiseau en un animal ridicule.
antithèse avec “les rois de l’azur”, “maladroits et honteux” = contraste qui opère dans un seul
être. assonance en [eu] pour renforcer l’aspect ridicule de l’oiseau.
Dans la troisième strophe, on remarque que les phrases sont plus courtes. Le rythme
devient plus saccadé et moins lent. Sur terre, l’oiseau est malmené. Cette strophe évoque la
déchéance de l’oiseau.
antithèse avec “voyageur ailé” et “gauche et veule”. Exclamation car forme de désarroi face
à cette transformation de l’oiseau quasi incompréhensible. Les adjectifs employés
personnifient l’oiseau, progressivement, l’oiseau se rapproche du poète.
“si beau” = contraste avec les deux précédents adjectifs dépréciatifs. Par les verbes d’action,
on remarque que les hommes torturent et se moquent de l’albatros.
oxymore “infirme qui volait” ⇒ albatros pris entre liberté et soumission. (champs lexicaux qui
vont avec)

Dans un troisième mouvement, on perçoit la figure du poète à travers celle de l’albatros


Dans la dernière strophe, l’albatros est une figure du poète et de sa condition d’artiste. On
peut donc voir dans le poème le Spleen.
La comparaison permet de dévoiler l’allégorie. La périphrase élogieuse qui désigne l’oiseau
le personnifie “prince des nuées” + majuscule la Poète qui le rapproche du divin. Ainsi l’on
comprend que le poète est à la fois sublime “prince des nuées” mais aussi victime. En
comparant le poète à l’albatros, Baudelaire exprime aussi la filiation du poète avec le divin.
L’expression “hante la tempête” fait référence aux airs” ⇒ le poète est confronté aux
rudesses de la vie. “Se rit de l’archer” ⇒ désintérêt du poète pour la violence, il n’a pas peur
de recevoir des coups. Dans les airs, il est au-dessus des hommes et ne craint plus rien.
“exilé” ⇒ l’albatros est un être à part. Le poète est aussi incompris “huées” car les hommes
se moquent de lui. Le poète n’a pas sa place parmi les hommes puisque le poème se
termine par un verbe négatif “empêche”

Par conséquent, ce poème illustre la souffrance du poète, son sentiment d’exil et de rejet
par les hommes. L’alchimie poétique est bien visible ici grâce à la figure de l’albatros qui
perd toute sa beauté lorsqu’il est dans la société mais qui au contraire retrouve sa valeur
lorsqu’il vole. On peut dire que “L’albatros” est un poème qui exprime la condition de l’artiste
dans la société.

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