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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
D APRES
PAR
AUGUSTE SCHELER
DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES
MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROÏALE DE BELGIQUE
BIBLIOTHÉCAIRE DU ROI DES BELGES ET DU COMTE DE FLANDRE
PROFESSEUR A l'UNIVERSITÉ DE BRUXELLES
TROISIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÉE
BRUXELLES PARIS
LIBRAIRIE EUROPÉENNE C. MUQUARDT F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR
1888
TOUS DROITS RÉSERVÉS
1/ BRUXELLES >k.
-^^P.WEISSENBRUCH.IMP.DUROI-^
W 45, BUE DO POINÇON Tf
<p
PRÉFACES.
PREMIÈRE ÉDITION.
L'origine (les mots français a, depuis trois siècles, occupé, en France et ailleurs,
un grand nombre de savants, et la bibliographie des ouvrages consacrés à cette
matière est passablement longue. Et cependant, j'ose me flatter qu'en publiant
le mien, non seulement fait une œuvre utile, mais comblé en quelque sorte
j'ai
d'autre part, les matériaux mis au jour par la publication d'intéressants monu-
ments littéraires enfouis jusque-là dtms l'obscurité des bibliothèques, ainsi que
les ressources importantes offertes par les études qui, dans ces derniers temps,
Appuyés sur un système de lois et
se sont portées sur les dialectes et les patois.
de principes généraux, qui constituent en quelque sorte la grammaire étymolo-
gique, —
fortifiés par de longues observations, —
placés assez haut pour dominer
du regard tout le vaste domaine des langues indo-européennes, et surtout pro-
cédant avec la sévérité du juge consciencieux, —
les travailleurs auxquels je fais
— VI —
allusion sont parvenus, en matière d'étymologie française, à dissiper enfin la
défiance et le discrédit qu'avaient justement attirés à cette branche d'étude les
assertions aventureuses d'hommes plus spirituels que soucieux de la vérité, ou
les pédantesques et subtiles discussions de savants réels, qui s'avançaient sans
boussole dans le fouillis des matériaux amoncelés autour d'eux. Malgré toute
l'estime que doivent inspirer les efforts des Nicot, des Ménage, des Caseneuve,
des Du Cange, etc., et quelque justes qu'aient été, en mainte occasion, leurs
jugements et leurs conjectures, on ne peut plus, en présence des théories nou-
velles, les placer au rang d'autorités scientifiques, comme continuent à le faire
lors «ppelés à régner. De patientes et consciencieuses recherches ont révélé les lois
d'après lesquelles les vocables se constituent, se développent, se dégradent. Ces
lois veulent être respectées; il ne suffit plus, pour s'occuper des origines de nos
mots, d'être doué d'un esprit fin et délicat, il faut passer par un long apprentis-
sage pour s'initier à la physiologie du langage. Bref, la divination a fait son
temps, et l'étymologie est parvenue au rang il'une science positive, nous dirons
même d'une science exacte. Cette science, à la vérité, n'est pas faite encore,
mais en pleine élaboration.
Tirer au grand jour d'une publicité plus larp^e, mettre à la portée de tous ceux
qui ont reçu quelque culture littéraire, les fruits déposés par les savants de la
nouvelle école dans des publications éparses et peu répandues dans le public
auquel je destine ce livre, tel est le principal objet que j'avais en vue en entre-
prenant ce dictionnaire.
C'est, avant tout, àl'homme éminent à qui revient la gloire d'avoir le premier
fixé etméthodiquement exposé les lois qui président à la formation des langues
néo-latines, au vénérable professeur Diez, de Bonn, que j'ai voulu rendre hom-
mage, en consignant dans mon livre, pour mieux les faire valoir en dehors des
frontières de sa patrie, ses heureuses découvertes, ses judicieuses démonstrations,
ses habiles et prudentes conjectures. Les deux principaux ouvrages du philologue
allemand, savoir : Grammatik der romanischen Sprachen (3 vol., I^e éd.
Bonn, 1836-1844; 2" éd., entièrement refondue. Bonn, 185G-1861) *, et Etymo-
' Une troisième édition a paru en 1869; MM. Aiig. Brachet, Morel-Fatio et Gaston
Pans en ont entrepris la traduction française, publiée à Paris de 1874 à 1876, en
3 volumes.
— vu —
logisches Wôrterhucli der romanischeti Spraclien (Bonn, 1853)', ne sont pas,
ilest vrai, restés inaperçus en France. Un homme d'une science reconnue et plus
compétent, peut-être, en ces matières qu'aucun de ses compatriotes, M. Littré,
de l'Institut français, a mis en lumière les grandes et solides qualités qui les
distinguent, dans une série d'articles insérés, en 1855, dans le Journal des
Savants. Néanmoins, en jugeant d'après ce qui, dans ces dernières années, a été
jeté dans la grande circulation par des éditeurs français en fait de travaux
lexicographiques, j'ai lieu de croire que Diez et son système ne sont pas encore
naturalisés en France, n'y jouissent pas encore, dans le monde érudit, de toute
l'autorité qu'ils méiitent et qui, j'ai bâte de le dire, leur a été franchement
accordée par les philologues belges : les Grandgagnage, lesBormans, les Gachet,
les Chavée et autres 2.
* 2* éd., 1861-62; 3* éd., 1869-70; 4" éd., augmentée d'un appendice par Aug. Scheler,
1878 ;
5® éd., avec le même appendice, revu et aiigm., 1887,
^ A l'apparition de la éd. de mon
1'"''
livre, je n'avais pas encore pu mettre à profit l'acti-
vité prodigieuse déployée depuis en France par toute une école d'explorateurs forte-
ment armés et en tête desquels je nommerai toujours, avec une respectueuse gratitude,
MM. G. Paris et P. Meyer, deux coryphées de la science auxquels toute l'Europe rend
hommage.
— VIII —
grand nombre de vocables français, des formes collatérales à ces vocables dans
les autres langues ou dialectes de souche romane.
Je ne me cache pas les imperfections de ce livre; j'ai, dans le cours de mes
recherches, trop bien appris que chaque journée d'étude fournissait de nouveaux
enseignements, pour que je rnc fasse illusion sur la valeur de mon travail. Quelque
solides que soient les principes sur lesquels la science étymologique est assise,
que de fois l'occasion ne vient-elle pas se présenter où il faut humblement revenir
sur une assertion carrément énoncée, démolir une conjecture péniblement
élaborée, et émise, pour ainsi dire, avec triomphe D'autre part, je ne méconnais
!
pas l'utilité que j'aurais pu tirer de certains ouvrages qui ne se trouvaient pas à
ma portée; bien des choses ont dii m'échapper que tel livre aurait pu me révéler.
Cependant, encouragé par le jugement bienveillant de quelques hommes
compétents, et fort de la conviction que, tel qu'il est, l'ouvrage peut rendre des
services, j'ai osé braver la publicité, résolu du reste de continuer à consacrer mes
loisirs au perfectionnement de l'teuvre. Mon ambition ne va pas plus loin que
d'avoir fourni rm livre utile et qui ne soit pas trop indigne du rôle élevé assigné
à l'art étymologique dans l'ensemble des connaissances qui ont pour objet la
génération et la manifestation des idées.
DEUXIÈME ÉDITION.
L'accueil très favorable que mon livre a rencontré, tant auprès des critiques
exercés que parmi les lecteurs qui l'ont acquis dans un but d'instruction, — l'im-
possibilité où se trouvait l'éditeur, depuis plusieurs années, de satisfaire aux
persormes qui cherchaient à se le procurer, — enfin, le désir légitime de le per-
fectionner en mettant à profit les enseignements nouveaux provenant soit de mes
propres études, soit de source étrangère — m'ont fait un devoir et un plaisir d'en
entreprendre une seconde édition.
Tous les articles de la première ont été soumis à un soigneux examen, à la
suite duquel j'ai retranché ce que j'ai reconnu comme inutile ou erroné et ajouté
les solutions nouvelles qui me semblaient dignes d'être présentées.
Un grand nombre nouveaux ont été intercalés; quelques-uns, relatifs
d'articles
à des mots abandonnés par l'usage, ont été éliminés; d'autres ont reçu de
notables développements.
Une des principales sources d'information où
j'ai puisé pour mettre mon œuvre
au courant de gigantesque Dictionnaire de M. Littré, dont la
la science, est le
publication, commencée en 1863, deux ans après l'émission de mon livre, est
enfin sur le point d'arriver à son terme. L'illustre académicien, dont le nom
.figurera désormais au premier rang parmi les lexicographes français du xix«
siècle,
en exposant sous une rubrique spéciale l'historique de chaque mot, a singulière-
ment facilitéla tâche de l'étymologiste. Pour établir rationnellement la
provenance
d'un vocable, rien n'est plus fructueux que la connaissance de l'époque
et du
terrain où il apparaît pour la première fois. D'autre part, le Dictionnaire de
M. m'a non seulement renseigné sur un bon nombre d'étymologies qui
Littré
m'étaient inconnues et méritaient toute mon attention, mais il m'a
suggéré aussi
— IX —
des indications propres à confirmer ou à invalider celles que j'avais posées ou
adoptées.
Si, par-ci, par-là, je me suis vu dans le cas de révoquer en doute les assertions
ou les conjectures du maître, le plus souvent j'ai pu fortifier de son autorité ma
propre manière de voir ou fonder sur elle l'abandon de certains passages de ma
première édition.
En relevant icique j'ai trouvé dans l'œuvre magistrale du linguiste
l'appui
français, je ne puis résisterau désir de déclarer aussi que la bienveillance et
l'estime témoignées à l'égard de mon livre par M. Littré et par un autre coryphée
de la science, M. Diez, m'ont été la plus douce satisfaction pour les peines qu'il
m'a données, et un puissant encouragement à lui conserver la bonne réputation
qu'ils ont concouru à lui créer.
Aug. SCHELER.
TROISIÈME ÉDITION.
modifié ; des suppressions d'un côté, des ajoutes et des rectifications nombreuses
de l'autre, suivant que l'intérêt du sujet et le respect de la critique me les com-
mandaient. Visant surtout à la concision, j'ai peut-être souvent compromis la
Auo. SCIIELER.
ABRÉVIATIONS USITÉES DANS LE LIVRE.
ags.
DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
A. Cette préposition, dans la plupart de a est-il le résultat d'une confusion entre V aba-
ses emplois, se rattaclic étymologiqncment à joue et la bajoue? C\^. abée.
la prôp. ad des Latins. Elle est devenue, dans ABALOURDIR, factitif de balourd.
le système des langues néo-latines, un instru- ABANDONNER, verbe formé de l'ancieime
ment important pour suppléer aux inflexions locution à bandon, à volonté, à merci, donc
easuelles de la langue latine. On a prétendu pr. mettre à la merci. Quant au mot bandon,
(voy. Chcvallet, III, 349) (pic le fr. à repré- un dérivé de6an, BL. bannuni, bandum,
c'e.'it
sentait également dans certaines tournures, proclamation publique, permission (voy. ce
telles que " ôter l'écorcc à un arbre » la pré-
: ,
mot). « Mettre à bandon » voulait dire :
position latine ab. Cela est erroné. Aussi bien mettre à discrétion, exposer, livrer, laisser
vaudrait dire que le latin construisait mal en aller, sacrifier, délaisser; " bestes à bandon »
disant " vitam adimerc alïcin « Evidemment,
: .
étaient des bêtes sans gardes. Le subst. verbal
le datif dans cette phrase est aussi logique abandon a amené la conversion de l'anc.
que dans la tournure française en question. à bandon en à abandon, ou à l'abandon.
Dans les phrases telles que « l'homme à la
:
ABAQUE du L. abacns, venu lui-même du
,
jambe de bois ", à représente le prov. ab, lui- gr. iSx;, l)uifet, table.
même issu, comme l'it. appo, du L. apud
(voy. avec). —
La langue française a maintenu ABASOURDIR,
])arait
assourdir, étourdir. Ce verbe
nouveau il semble être formé
assez
le ad latin comme élément de composition,
;
1
ABI 2 — ABO
deux premières lettres de la collection grecque, un sens inverse, lacception générale de nccarc,
ont donné naissance au mot alphabet. D. —•
tuer, s'est spécialisée en celle de noi/er.
abécédaire, prov. becedari, L. abecedarius; ABÎMER, voy. abimc.
dans ce mot la 4" letti-e d est venue aider à la ABJECT, L. abjectus{\)iiTt. passé deaJyicere,
dérivation. jeter loin), bas, commun, vil. Subst. abJiK-—
ABCÈS, L, abscessits (non pas ab-cessits, tion, L. abjectio, état do co qui est abject;
comme dit Littré); subst. de ubs-cedere, qui autrefois, on avait aussi lo néologisme objecter,
lui-même a été reçu, dans son acception médi- humilier, avilir.
forme abccder; cp. l'analogue
cale, sous la ABJURER, L, abjurare. Lo mot latin toute-
grec apostème, de xTioftrnvxi.
xndi7rr,/xoc, fr. fois impli(iuait l'idée de parjure; cette idée
ABDIQUER, L abdicare (se dédire, renon-
. s'est f ffacée dans le mot français.
cer). — D. abdication, L. abdicatio. ABLATIF, sixième cas do la déclinaison
ABDOMEN, transcrit du latin abdomen, latine, exprimant éloignemcnt, st'paration,
ventre. du L. ablativHS, formé do ablatum, supin de
ABECQUER, aussi abéquer et abécher, aufen'e, enlever,
forme cxtcnsivc de becquer, prendre on don- AELE, petit poisson à ventre blanc ; ce mot
ner la becquée voy. bec.
; devrait sonner alble (les Suisses ot les Autri-
ABÉB, ouverture i)ar laquelle coulo l'eau chiens disent, en effet, albele, albeï), car il vient
qui fait tourner un moulin. Ménage dérive co de l'adj. albulus (dim. de albiis, blanc). Les
mot à tort du L. abitv.s, issue, sortie; Yabée Romains désignaient Table par un autre dérivé
n'est qu'une fausse ortliographc p. la bée. d'albus, .savoir alburnus, d'où l'esp. nlbur
:
Bée de moulin .se dit encore; c'est le subst. (Rob. Estieunc cito ouèoKnic comme employé
verl)al du verbe béer, être ouvert (v. c. m.). en Saintonge). —
Dimin. ablette (angl. abUu).
ABEILLE, prov. abelha, esp. abeja, it. pec- Autres dérivés ablih'e et son dimin. ablerct,
:
chia (p. apccchia), est régulièrement formé filet potir pêcher dos ablcs.
de apicula, apicla, dimin. de apis. On sait ...ABLE, suffixe, =
lat. «ôiVis; ce suffixe
que pour se romaniser, un grand nombre de est appliqué en français :
primitifs latins ont revêtu la forme diminutivo 1° A des verbes de toutes conjugaisons avec
(p. ex. oreille, oiseau, soleil, sommeil).
Le un sens tant actif que pa.ssif [adorable, rede-
primitif apis a laissé des traces dans l'an- vable, vendable, convenable, aidabh, secou-
cienne langue et dans les patois, .sous les rable, péinssable) ;
formes é (cas-s»ijet es), ef, abe, etc. On y trouve 2° A des substantifs enté [charitable, équi-
aussi les dimin. avette, avilie. Le dérivé apia- table, rih'itabli:, amistable').
riiim, ruche, existait en vfr. sous la fonne ABLÉ6AT, L. ablcgatus, envoyé [ab-legare).
achicr [pi devant une voyeile fiiit pj, d'où ch, La terminaison at pour é (cfr. relégué, délé-
cfr. ache, de apium, sache, de sapiam). gué) dénote le caractère non vulgaire, non
ABERRATION, L. aberratio, écart {en-an^. populaire, ou l'introduction relativement ré-
Le mot a été d'abord employé dans un sens cente d'un vocable; nous citerons ici à l'appui
exclusivement astronomique. les mots légat, délicat, rosat, renégat; ces
ABÊTIR, factitif do bête. La langue fran- mots n'appartiennent pas au vieux fonds de la
çaiseforme des verbes inchoatifs et factitifs en langue. Aussi bien ablégat est-il un terme do
ir, de primitifs adjectifs ou substantifs, au chancellerie romaine.
moyen du préfixe a, modifié différemment ABLERET. ABLETTE, voy. able.
suivant l'initiale du primitif; ex. adoucir :
ABLUER. L. (ihlicrre [ab, luo), enlever en
(doux), asservir (serf), attendrir (tendre), avi- lavant. —
Ablution, L. ablutio, action de
lir (vil), abâtardir (bâtard). laver, purification.
ABHORRER, L. ab-horrere. On disait autre- ABNÉGATION, L. ab-ncgatio, de ab-negare,
fois de préférence abhoi'rir (cp. prov. aborrir, refuser, dénier.
aorrir, it. aborrire). ABOI, voy. aloyer.
ABI6ÉAT, du L. abigeatus (de abigeus = ABOLIR, L. aboUre, arx'cter dans sa crois-
qui abigit). sance, faire dépérir, anéantir. aholition, —
ABÎME, ABISME', prov. abis et abisme. On L. abolitio ; de là le néologisme abolition-
rapporte généralement ce mot au L. abyssus, niste, adversairede l'esclavage.
gouffre (lui-même tiré du grec 58u<;7o;), mais ABOMINER, L. abominari, propr. repous-
cette étymologie ne peut s'appliquer qu'à la ser une chose de mauvais augure (omen), puis
forme prov. abis et à l'it. abisso. L'explication en général, abhorrer. —
abomination, L. abo-
la plus heureuse est incontestablement celle viinatio; abominable, L. abominabilis.
de Diez, qui dérive abisme, par l'effet d'une ABONDER, L. abundare (unda), pr. débor-
contraction tout à fait régulière (cfr. vfr. der, couler en abondance, être en grande
bonisme, altisme, etc.), d'un substantif super- quantité. — abondant, -ance. L. abutulans,
latif abissimus, formation analogue au domi- -antia. — Cps. surabonder, L, superabun-
nissimus de la moyenne latinité, et à oculis- dare.
,
ABO 3 — ABR
ABONNER, anc. aussi aborncr, ahosncr, sens et ramène tous les deux à L. badare,
signiiio propr. limiter, et vient de bonne, une. ouvrir la bouche bayer ne serait donc qu'une
;
forme de borne, limite. S'est employé parti- variété de béer. Pour l'analogie des sens, il
culièrement dans le sens de fixer ou régler, compare en ail. hJaffen,Q[vo béant, oikldffen,
au moyen d'une convention, une redevance à japper, clabaiider. Boucherie explique ainsi :
abordage, -ée, -able et sub.st. verbal abord, ABREU'VER, faire boire, fcjrmo transposée
action d'aborder, d'approcher, puis lieu oii du vfr.abeuvrer, abevrer, prov. abeurer, it.
l'on aborde par extension aussi action d'en-
; abbeverare. Le fond de ce vocable est le verbe
tamer, d'attaquer une chose; de là les locu- lat. bibere, romanisé d'abord en bevre, puis en
tions de prime abord, et simpl. d'abord
:
= boivre et définitivement en boire. On trouve
dès le principe, au commencement, cp. les du reste dans l'ancienne langue, au lieu de la
anciennes locutions de venue', de première forme dérivative abeuvrer, une forme plus
venue'. primitive, aboivre. Voy. aussi breuvage.
ABORIGÈNES, L. aborigines [ah, origine,
ABRI, prov. rtônc.,esp, abrigo. La foi-mo
dès l'origine), habitants primitifs. On en a dé-
du verbe csp. abrigar, couvrir, protéger, a
gagé un adjectif aborigène . — Le mot est de
amené Diez à recourir, pour l'étymologie de
formation peu correcte.
ce mot, à un verbe vha. supposé bi-rihan,
ABORTIP, L. abortivus, formé de abo7'tus, couvrir (on trouve ant-rihan découvrir) ,
part, de ab-oriri, ne pas venir à l'existence, auquel on aurait adapté le préfixe roman a.
avoi'tcr. Ce terme est scientifique ; un autre Le savant linguiste croit devoir repousser
dérivé du latin aboriri, savoir le fréq. abor- l'étymologie qui se présente le plus naturel-
tare, s'est, par l'adoucissement habituel du b lement, savoir celle du L. apriciis, vu la signi-
en V, romanisé en avoi-ier. fication contraire de ce mot ouvert, exposé
:
trémité par laquelle on aboute. Les marins signification couvrir qu'a le vfr. abrier dans
disent abuter de but, qui est étymologique- certains passages du Roman de la Rose et de
ment identique avec bout. —
Un autre dérivé Guill. Guiart. Ces scrupules ne semblent pas
de bout est le verbe neutre aboutir (angl. fondés à d'autres, comme Mahn, Littré et les
abut), toucher par un bout à qqch., flg. se auteurs du Dictionnaire histori(iue aj9?v'c«m, ;
dus, dclectabilis, locus sine frigoro, locus llexions absolvons, absolves, etc.
: Le part,
tempoiatus sine vento », et se fondant, en passé absolutus, accentué absôlutus et devenu
outi'e, sur l'existence bien démontrée du verbe absoVtus, a donné absout et par le maintien
apricare au sens de « protéger, garantir », de ïs caractéristique du nominatif, absous; le
Bugge (Rom. IV, 348) appuie décidément fém. absol'ta est devenu ahsolte, absoute, ivAu.
Yétym.apricum. Pour ma part, je crois aussi du part, passé, et à la fois, j)ar l'haljitudo
que la série génétique apricus-apriaire,
: propre aux langues romanes de former des
d'où vfr. ahricr, d'où subst. abri, est tout à subst. abstraits au moyen du participe passé
fait plausible.Le dér. abriter est en tout cas — j). ex. : venue, perte (perdita), vente
allée,
de formation moderne et arbitraire. Il est — (vendita), chute (caduta), saillie, etc. lo —
curieux encore de noter que le wallon et le substantif absoute. La forme primitive abso-
bourguignon emploient la locution « être à lutus s'est maintenue dans l'adj. absolu. On
l'abri » dans le sens du lat. apricus, pour « être trouve de même du part, revolutus, dans la
exposé à ». langue actuelle, à la fois révolu, adj., et lo
ABRICOT, appelé chez Pline prunum subst. particijjial révolte, formé par la .syncope
Armaiiaciim. Les formes csp. et port, albari- de î(, de revoluta. Le sub.stantif «/AsY'J<<f e.st,
coque, albriccquc, ainsi que l'it. albercocco, au fond, la même chose que absolution, qui
albicocco, v. angl. apricoh (ail. aprikose), est directement tiré du L. absolutio; l'usage
donnent la clef de l'origine de ce mot. KUes seul les a distingués, comme il est arrivé à
se rattachent, comme le font voir les mots révolte et rA'olution.
grecs du moyen âge Trpat/ozxtcv et ^r/ss/oz/nv ABSTÈME, L. abstetnius, qui s'abstient de
(Dioscoride), au latin 2»'cecoquiis (cp. Mar- boire des li(jucurs enivrantes; racine temitm
tial, 13, AG), prœcox, cuit ou mûri avant la = /l'îOv, primitif de tanetum, vin.
saison, précoce, hâtif. L'arabe ayant emj)runté ABSTENIR vfr. astenir, du L. abs-
(S'),
le motgrec, en a fait birqùq et burqvq, et tinere. — savants
Déi-. abstinent, L. absti-
:
avec son article al, albcrqi'q, qui, en défini- nens; abstinaice, L. abstinentia. Nous avons
tive, parait être l'original direct du fr. abri- tort de ne pas dire abstenant, abstoiance,
cot [q\>. gr. mod. fit[.ù/.f)y.o-j). —
D'autres (John- comme on disait jadis, et comme on dit encore
son et le P. Labbc) ont songé à apricus, attenant, co)ite)iance.
exposé au soleil, que les fomies corrcsj)on- ABSTENTION, L. abstcntio{à\\ &\\\iinabstm-
dantes des autres langues ne permettent ab.so- turn).
lument pas d'accepter.
ABSTERGER, L. abs teiyere {tcrgcre
ABRITER,
ABROGER,
voy. abri.
L. ab-royare, pr. demander
essuyer). — I). absterffenl, L. absteiyeiis ; du
,
lité, caractère, genre. Quant à son origine, il parra (it. esp. caparra), an'lies. Ce subst., à
est formé duBL. accapitum (ad, capcre), prise son tour, parait composé de capere et arrhae.
de possession, achat ; de bon acabit voulait ACCASTILLER, terme de marine, de castel-
dire de bonne prise, de bonne possession, lum, château (dans son acception maritime).
avant de signifier de bon genre ou de bonne
: ACCÉDER, du L. accedere, marcher vers
condition. (cp., pour le sens figuré de ce verbe, l'ail.
ACACIA, L. acacia (xzazîa). beitreten, consentir). — Accessit, mot latin,
ACAJOU, d'après Devic, le mot provien- sign. « il s'est approché (du prix) ». — Dérivé
drait bien de l'Asie orientale, mais serait moderne du mot latin : accessoire, pr. ce qui
doriginc malaise. (Voir Littré, suppl.). se joint à.
ACANTHE, du L. acanthus (5zavÔo,-). ACCÉLÉRER, L. accelerare (de celer, vite).
ACARIATRE d'une humeur fâcheuse ACCENT, pr. intonation, du L. accentus
,
insister sur la forme, l'émincnt prof, de Berlin cadere, verbe simple qui a donné le fr. choir;
appuie sur la disparité des sons " confronter » cp. l'ail, zu-fall, fîxit accidentel, hasard.
et " difficile, grondeur, hargneux » et s'adresse , L'acception « manière d'être fortuite, impré-
à une autre source. Il reconnaît dans acariâ- vue, irrégulière » a donné lieu au terme acci-
tre une création de Rabelais ou de quelque dent de terrain, d'où l'adj. participial acci-
autre érudit, fondée sur le gr. «x^pi;, bas- denté, inégal, d'aspect varié. D. accidentel —
lat. acaris, trad. par un gloss. du xv" siècle (on trouve le L. accidentalis dans Boëce).
—
par « mal gi"acieulx » (voy. mon 011a Pa- Le mot accident, pour l'origine et le sens,
tella, 1879, p. I2j, auquel on aurait joint, ra])pelle incident (v. c, m.).
très bien à sa place, le suffixe astre (cp. opi- ACCISE, BL. accisia, dér. du part, accisus
niâtre). —
G. Paris (Rom. X, 302) n'est pas de (de accidere, composé de caedere, couper). Les
cet avis. « La folie, dit-il, s'appelait jadis le mal Anglais disent, avec un autre préfixe, excise;
saint Acaire parce que saint Acaire, évêque cp. le terme taille, de tailler. D'autres (Du
de Noyon, en guérissait; de là, à mon avis, Cange, Diez) prennent accise pour une variété
acariastre, qui signifiait jadis « fou furieux ". orthographique de assise, fixation ou assiette
(Voy. Sainte-Palaye aux mots Acaiy^e et aca- de l'impôt; nous pensons qu'ils ont tort.
riastre.) Sylvius, dès le commencement du ACCLAMER, L. ac-clamare, crier vers.
xv** siècle, a rapproché les deux mots, mais il ACCOINTER, prov. acoindar, angl. acquaint,
semble, d'après ce qu'en dit Sainte-Palayc, BL. accognitare, faire faire connaissance,
qu'il ait attribué à saint Acaire la renommée mettre en rapport, vient du L. cognitus,
de guérir les acariastres à cause de la res- connu (lequel, par cognHus, congtus, a donné
semblance de son nom au leur, tandis que le l'ancien adj. cointe =
qui s'y connaît, habile,
leur me semble dérivé du sien la terminaison bien appris, de bonnes manières. L'ail, kund
a sans doute été influencée par folastre. «
;
verbaux. La tcrinin. adc a un earaetère fortbien ongondrer, au point do vue dos rela-
étranger ; elle est introduite dans la langue tions sociales, celle do complaisant, d'un
par imitation, son correspondant vraiment commerce facile. Voltaire, en commentant
français est ée. Accolade est un terme relative- Corneille, .s'est fourvoyé en rattachant sans
ment modeine; les anciens disaient accolée, plus accort au verbe accorder. —
D. Accort a
comme on disait colée pour
prov. colada le produit doux formes substantivale.s accor- :
(coup sur le cou). Aujourd'hui encore, nous tesse et accortise; toutes deux répondent à l'it.
disons à la fois escapade et échappée. HCCorte;;a.
rendre commode, conve-
ACCOMMODER, pr. ACCOSTER, RL. accoslare, formé de costa,
nable, puis arranger, ajuster, apprêter, mettre cC^tc, {•omiiie aborder do bord. —
D. accos
d'accord, concilier, L. nc-commodare (com- table, abordal)le, d'un accès facile.
modus) ; comi)Osé r-accommodcr, remettre
: ACCOTER, v. a. appuyer, v. n. (on pari,
en état, réconcilier. dun navire) être couché sur le cAté, n'est pas
ACCOMPAGNER, dérivé du vfr. compaing, une variété du précédent et ne vient pas de
primitif do coriipagnon(\. c. m.). — D. accom- côte.Le mot, très fréquent dans l'ancienne
pagnateur, -atrice, -etnent. Accompagnateur langue dans le sens tantôt d'appuyer, accou-
est un mot mal fait. On no peut appliquer la der, tantôt do se coucher, reproduit lui type
terminaison ateur [= lat. ator) à un mf>t latin accubitare, qui à son tour ropivs^cjito
essentiellement roman, c'est-à-dire non latin ; aussi bien le fréq. do accubare (cp. doter',
c'est comme si du verbe ouvrer, romanisation douter, de dubitare), qu'un dérivé do cubitus,
du L. operari, on voulait faire un subst. l'original de coûte', coude. Notre verbe mod.
ouvraieur, au lieu de ouvreur. Vowv satisfaire accouder no fait que remplacer l'anc. acoter
à la loi étj'mologique, il fallait dire accom- ou acouter, comme coude s'est substitué à
pagneur et non accompagjuiteur, comme on coûte. —
Il .se peut que dans « chemin d'ac-
dit dégraisseur et non i)as dégraisscUeur cotement » l'idée de aile se .soit mêlée au sens,
ACCOMPLIR, L. complere, avec préfixion qui d'abord est appui.
romane do la particule ad, cp. vfr. a-emplir, ACCOUCHER ou s'accoucher, pr. se mettre
de implcre. en la ccmche (v. c. m.), tomber malade, et par
ACCORDER, BL. accordare, réunirles cœurs métaphore au sens actif, délivrer d'enfant.
(corda), concilier, mettre en harmonie. De Le terme est donc au fond identi(jue avec ali-
l'anc. neutre consentir, être de
acception ter et a subi une restriction de sens. Le —
même sentiment relativement à un deman- vfr. disait do même agesir p. accoucher;
deur, s'est dégagé le sens actif concéder, c'est le latin ad-jacei'e{\. gésir). On y emploie
pression accorder un instrument a fait déri- ACCOUDER, vfr. acouter, voy. accoter. —
ver accorder de choi'da, corde ; mais cette D. accoudoir.
dérivation, justifiable à la lettre, ne se re- ACCOUER, pr. suivre à la queue, de coe'
commande pas en vue des diverses applica- coue', anciennes formes de queue.
tions du mot. Accorder appartient à la même ACCOUPLER, dér. de couple.
famille que concorde et discorde. D. subst. — ACCOURCIR, dér. de court. Quant à la ter
verbal accord (en vfr. aussi le fém. accorde), minaison en cir, nous remarquons ici qu'elle
rapport harmonieux, concordance, assenti- correspond à l'esp. et au port, ecer (anc. escer)
ment, convention ; accordailles (terminaison et au prov. esir, et qu'elle reproduit la ter-
assimilée à fiançailles, épousailles). Compo- minaison inchoativc latine escere. Le sens
. ses désaccorder, désaccord ; raccorder, rac-
: inchoatif a, dans les langues nouvelles, fait
cord. place au sens factitif. C'est ainsi que se sont
ACCORE, t. de marine, est prob. escore = produites les formes noircir (esp. negrecer,
(conversion de préfixes fréquente), donc dans prov. negrezir, lat. nigrescere), obscurcir,
ses diverses api)lications, le même mot que le éclaircir, durcir. — L'anc. forme acorcier .se
nord, skora, ni. schoor, angl. shore; cp. esp. rapporte à un type roman accurtiare, dérivé
escora == accore. de curtus (comme altiare, fr. haucier, haus-
ACCORT, avisé, subtil, adroit, insinuant. ser, de altiis).
L'emploi de cet adj. ne remonte pas au delà ACCOURIR (vfr. acorre, aconrrg), L. ac-air-
du XYi* siècle. L'acception première, d'après rere.
Nicot, était avisé d'entendement, clairvoyant,
: ACCOUTRER, acoustrer*, prov. acotrar;
de bon esprit et jugement, et dans la suite il d'après Diez, pour accouturer, de couture (it.
a pris celle de conciliant, d'humeur facile. costura); selon d'autres, de coi'.stre, contre,
Il est directement tiré de l'it. accorto, avisé, sacristain chargé de la toilette de la Vierge
lequel se rattache au verbe accorga'si, s'aper- et de l'arrangement du mobilier d'une église.
cevoir (formé de ac-corrigerc). Reste à expli- La seconde étymologio n'a aucune valeur; la
AGC — 7 AGH
première se recommande davantage, et copcn- -ACÉ, suffixe introduit par la science mo-
dant nous n'oserions l'admettre, surtout en derne, en imitation du latin accus, et con-
présence des expressions anciennes-: « Accous- trairement aux règles, Ye n'étant pas tonitpio
tror des clievcus, un lieu, un repas, des en latin. La vraie francisation dcaceus, aceaaat
navires, « etc. Une origine tirée de cultnra, as, rtcc ou ass6 ou ac/i«, formes appliquées dans
pris dans le sens de caltus, soin, arrange- fatras, fouace, cuirasse, rondache, etc. Aussi
ment, mise, toilette, ne serait-elle pas plus bien cétacé, rosacé, liliacé et sembl. sont-ils
probable? \Js de la forme accoustrer ]ic\\i îovt exclusivement du domaine scientifique, tandis
bien n'être que prosodique, comme dans que rosace appartient à la bonne souche fran-
trdsne, pasle, [p. trône, pale), etc.; d'ailleurs, çaise.
il n'existe pas dans la forme provençale. ACENSER, anc. acensir, donner à cens (cp.
Notre supposition corroborée par l'expres-
est arrenter de rente). —
Subst. acens, terre
sion « un champ bien accoutré » =
bien tenu, tenue à cens.
])ien cultivé, que nous avons rencontrée dans ACERBE, L. acerbus, m. s.
Noël du Fail. Pour la forme, cp. cintrer de ACÉRER, voy. acier.
cincturare. — Une explication parlât, culcitra,
ACÉTATE, terme de chimie, représentant
vfr. contre, couverture {accoutrer serait pr,
un formé
part, latin acetatus, de acetare, verbe
couvrir), a été mise en avant par M. Ulrich de acetum, vinaigre. Ce dernier substantif a
(Ztschr. in, 266), mais elle ne me sourit guère. donné encore à la langue savante les adj.
— D. accoictrement, habillement. —
Cps. acétique et acéteux.
7'accout7-er.
ACHALANDER ,
pourvoir de chalands
ACCRÉDITER, terme moderne, mettre en (v. c. m.).
crédit.
ACHARNER, propr. donner le goût et l'ap-
ACCROC, subst. verbal de accrocher.
pétit do la chair, anc. charn, char (v. c. m.),
ACCROCHER, suspendre ou attraper, saisir fig. irriter mot appliqué d'abord aux chiens
:
au moyen d'un croc (v. c. m.); en termes de ou aux loups « qui s'addentcnt sur quelque
marine, jeter les grappins pour l'abordage. bcste sans qu'on les puisse retirer » (Nicot).
Au fig. attraper adroitement. S'accrocher, — D. acharnement, fureur, animositô.
s'attachera quelque chose de crochu, puis en ACHAT, sub.st. verbal de achater, anc.
général s'attacher; cp. se cramjwnner. D. — forme de acheter.
accroc, subst. verbal, exprimant à la fois l'acte AOHE, pr. api, esp. apio, du L. apiurn
de s'accrocher ou d'accrocher, et le résultat (in-iîv) cp. sache do sapiam, pj'oc/te de pro-
;
acueillir un chemin, prendre un chemin; être Les Espagnols, les Provençaux et les Italiens
accueilli par l'ennemi, par la tempête. On ont remplacé emere par le verbe comparare,
dit encore à Liège acoï p. assaillir. D. — acquérir, devenu compra^'e et comprar. —
subst. verbal accueil. D. achat, subst. verbal se rattachant à la
ACCULER, pr. pousser qqn. le cul contre forme première achater. —
Cps. racheter [à]o\\.
un mur, pousser au pied du mur ; lat. in an- rachat).
gustias, vel in arctum redigerc. —
D. subst. ACHEVER, esp. i)ort. prov. acabar, angl.
verbal accul, d'abord action d'acculer, puis achieve, mener à fin, à chef (v. c. m.) ; on
le lieu où on est acculé, lieu sans issue. disait aussi venir à chef, p. venir à bout.
—
ACCUMULER, du L. accumidare (cumulus). Cps. parachever' {g(y. les formations anciennes
La vraie forme française acombler s'est perdue, paraimer, paremplir et sembl.).
tandis que l'introduction Hccuynulerïio. point ACHOPPER, heurter du pied, vfr. assouper;
fait dispai'aitrc combler. de a -f- chopper, donc chopper contre. —
ACCUSER, L. accusare (causa). D^ achoppement.
. . .
AGT — 8 ADI
ACHORES, cioùtos do lait, du grec iy>,«. qui a été di.scuté o«i négocié. —
D. verb<' no-
ACHROMATIQUE, n<in chromatirino , du ter (néologisme), actuaire, BL. actuarius,
pT. yr.Zv/y, oouloiir, et de l'a privatif. grclHor.
ACRE, BL. acra, acritm. Les uns font venir ADENS. terme adverbial du vfr., à plat
ce mot de acker, mot ail. signifiant champ, ventre, de à dents, litt. sur les dents ; de là
une mesure de terre les
et dé.'ïignant aussi ;
vfr. adenter, renvei-scr, coucher jiar teri'o.
autres l'expliquent j)ar une transformation Cp. l'art, aboucher.
du L. aaia, mesure agraire (cfr. diacre, pam- ADEPTE, L, adeptus (part, de adipisct),
pre, de diaconus, pampinus). qui a obtenu, trouvé, saisi, qui s'est initié. Se
A
ACRE, L.acris ; mot d'çriginc savante, fai- di.sait jjarticulièrement des alchimistes qui
sant double emploi avec aigre, qui reproduit croyaient avoir trouvé la pierre i)hilosophale.
le même mot latin. Le circonflexe dans éia'e ADÉQUAT, L. adarquatus, mis de niveau,
n'a pas de raison étymologique. .\CRirrK, — mis en juste proportion.
vfr. aigreté, L. acritas ; .kcrimomk, L. eieri- ADEXTRÉ, terme de blason, accompagné
monia, d'où acritnonieux du côté droit, du L. dexter, droit. Kn vfr.
ACROBATE, mot un type gr,
fait sur adestrer était syn. d'accompagner.
à/fjo^Urrii [ûy.çjoi, extrême -|- ^àr/j;, qui mar- ADHÉRER, L. ad-hœrere, s'attacher à. \Ad-
che), prim. du verbe gr. àz|5o;35tTîw, marcher ha'vcre, traité d'après la S*" conjugaison, a
sur la pointe des pieds. donné aussi le vfr. airdre et ahierdre, s'atta-
ACROSTICHE, du gr. à/po7Ti).o;, propr. cher à, prendre, saisir.] —
adhkrknt, L. ad-
pointe, extrémité, commencement de vers hœrens ; .\dhkrkn'CK, L. adhœrentia. — adhé-
{^y.poi + (rTt>j). sion, L. adhœsio (du supin ad-ha^sum).
ACTE. Ce mot représente à
la fois le L. ac- ADIEU, =
à Dieu ! cfr. it. addio. ail. Gott
tus, opération, action, acte d'une pièce de befohlen ! La locution pleine est à Dieu soyez
théâtre, et le lat. actum, chose faite (p. ex. (prov. a Dieu siatz) ou à Dieu vous com-
dans acta apostolorum, actes des apôtres) et mande, qu'on rencontre souvent dans la
l'exposé écrit de ce qui s'est passé ou de ce vieille langue,
ADM — ADR
ADIPEUX, L. adiposus (de adeps, graisse). a beaucoup invo(pu'' encore (voy. Littré et
ADIRER, terme de palais, perdre, égarer Rom. VIll, 264) rexistence d'un part, bas-latin
une iiiècc de procédure, anc. perdre en géné- monestus, analogue à de nombreux part, en esta
ral,BL. adirare ; l'oi'igine en est obscure. dans les dialectes nord-italiques et qui expli-
Du Gange propose les étymologies ad-œrare, querait aisément prov. monestar, a?nonestar
fixer le prix de la pièce perdue, qu'il s'agit et les autres formes romanes citées, mais il se
de réparer, ou J'it. ad-irato, « nam qui sunt trouve qu'on n'en rencontre aucune trace dans
iratiscu quorum ira provocatur, ab eoruni les dialectes italiens. D'ailleurs, il e.st pro-
consortio abstinent quibus irascuntur, ut bable que comme submonitus a donné au
amplius non compareant uti prius cum iis v; prov. somos, somost, ad7nonitus eût feit amos,
adù^é serait, d'après cette manière de voir, amost, donc aussi amostar. En partant même
])ropr. celui qui, par colère, ne se présente d'un thème participial monst, il faudrait, sans
plus. C'est par trop subtil Henschel préfère
! être appuyé d'aucun précédent, admettre qu'il
adexlratus, éloigné de la main Clievallet ; s'en soit dégagé une forme allégée, mo7icst.
invoque aderrare. errer, aller çà et là tous ; Ni Diez, ni Mussafîa (voy. son étude sur les
deux sans se soucier de l'impossibilité phoné- part, en -ect et -est, Grôb. Ztschr. III, 267 et
tique d'une pareille transformation. Selon suiv.) ne sont disposés à sanctionner cette
Nublé (dans Ménage), de l'expr. à dire, en explication. —
On a relevé un subst. vfr.
défout, dans la locution « Il s'y est trouvé
: moneste, admonestation " (Théâtre fr., p.
«
à dire un écu. » Cette locution est fréquente Monmerqué et Michel, p. 446), mais ce mot a
en vfr., cp. Chron. de Norm. f. 169 « Aisi : tout l'air d'un simple subst. verbal de mones-
cum nef n'en fu à dire, i arrivent à sauve- tare, dont il s'agit précisément d'élucider la
ment. " C'est cette dernière manière de voir formation. —
D. admonestation, coexistant
qui parait être dans le vrai. avec admonition, qui est tii'é directement du
ADITION, L. aditio (ad- ire) ; cfr. ail. einc L. admonitio ; admoniteur, L. admonitor.
orbseliaft antreten. ADOLESCENT, -ENCE,L. adolescens, -entia;
ADJACENT, L. ad jacens, situé près. le participe passé du même verbe adolescere
ADJECTION, L. adjectio (jacere) adjectif", ; (grandir, pousseï"), adidtus, a donné adulte.
L. (idjecticus, (pii s'ajoute, traduction du gr. ADONISER, parer, faire beau comme un
irMiToz, épithète. Adonis.
ADJOINDRE, L. adjunrjere (voy. joindre). ADONNER (S'), extension de donner; cfr.
— ADJONCTION, L. adjioictio. en ail. sich hingeben.
ADJUDANT, terme moderne, ail. adjutant, ADOPTER, L. ad-optare, fréq. d'un primi-
aide de camp, du L. adjiitans, qui aide,- ser- tif inusité ad-opëre ; c'est du supin de ce der-
viteur. Voy. aide. nier que .s'est déduit le subst. ac/opi20,fr. adop-
ADJUGER, L. adjudicare, \oy. juger ; à tion, et l'adj. adoptimis, fr. adoptif.
l'original latin se rattachent directement les ADORER, vfr. a-ourer, du L. ad-07'are (par
dérivés : adjudication, -atif, -ataire. 1er à).
ADJURER,
L. ad-jurare.' ADOSSER, mettre le dos qqch.
contre
ADMETTRE, L. ad-mittere (cfr. ail. zulas- En vfr. ce verbe avait de
aus.si la signification
sen). —
Du supin admissitrn : L. admissio, jeter derrière soi, abandonner, mépriser. —
fr. admission. Néologisme : adtnissible. D. ados (terme de jardinage).
ADMINICULE, L. adminicAilum, appui, ADOUBER, it. addobbare, esp. adobar, BL.
soutien. adobare. Diez, suivant en ceci les bénédictins
ADMINISTRER, vfr. amenistrcr, L. admi- éditeurs de Ducange, part de l'anglo-saxon
nistrare (ministcr). dubban, angl. dub, v. nord dubba (wallon de
ADMIRER, L. ad-mirari. Namur dauber), toucher de la main, frapper ;
AFF 10 — AFF
sages (messagers) affaitiés de ce faire! « Voy. rusé a donné, d'autre part, affiner, avec le
aussi affecter. sens de tromper, duper. En vfr. le mot signi-
.
AFF — 11 — AGA
liait aussi certifier, atRrmer (de fin =^ vrai). affront, affronto, acte de mépris jeté en
it.
Cps. r-nffîner. face). Do
front; cp. Icxpr. ail. « die stirne
AFFINITÉ, L. affîuùaslûnh]. On avait anc. bieten ", ou plutôt « einen vor die stirno Uid
aussi Fadj. a/fin [L. affinis), allié par mariag-c. frontcni) stossen ».
AFFIQÙET, dimin. du vfr. afpque, dér. do AFFUBLER, vfr. afeuler, afider, afumbler
afpquer, (jui n'est qu'une variété de afficher; (= coiffer, se couvrir), repi-oduit L. affibu-
op., pour le sens et la forme, le mot colifichet. lare (it. affibbiare) et dérive de fibula (prov.
AFFIRMER, fiœeld), boucle la signification jiropre serait
vfr. afermer, afremer, L. ;
affirmare (^tirmus).
ainsi agrafer, boucler. L'aiic. forme afeuler
afrontar), se mettre intrépidement en face de, les autresoiseaux; puis piquer, irriter, pro-'
braver avec courage, mais aussi braver avec voquer, et enfin irriter les dents. On a —
dédain ou avec insulte (de là le subst. verbal aussi mis en avant le gr. ixà^uv, aiguiser ;
, .
,
AGO — 12 AlIA
étymologic insontenablc. Wedgwood (Rom. — AGRAFE, crochet, it. graffw, esp. garjlo,
VIII, 435) ramène les deux sens à l'alia. garfa, prov. grafio, vfr. graf/'un ; verbe agra-
Jncassi, mha. icasgc, trancliant, d'où l'ail, fer, it. aggrafjare, esp. agarrafar (wall.
mod. icct^tm, aiguisci-. Ses obsci-vations sont agrafer, saisir); du vha. hrapfi ou hrai)fjo,
dignes d'attention, mais no persuadent pas ; crochet, cranqion. La vieille langue possédait
son exidication, aussi bien (pie i-cllo de Diez, aussi un \cv\n.'agrap}}er, avec le .sens de saisir,
restera douteuse, tant que l'on n'aura pas con- accrocher; ce n'est qu'une variété d'agrafer
staté l'emploi de agacer (les dents) au moyen (cp. griffer ot grippeij; voy. au.ssi grappe.
âge la forme constante y est aacier.
;
Il est — AGRAIRE, L. agrarius (agei'); vfr. agrier.
bon, pour aider à la solution du problème, AGRÉABLE, pr. digne d'être c^réé. — Cps.
de rappeler que Rabelais employait esgonassù} di'-sagrvdbli'.
au sens de dégoûté, et à celui d'ixgacé, en 1. AGRÉER, it. aggraiïare, prov. agradar,
parlant dos dents. agreiar, 1" prendre à gré, trouver bon;
AGAPE repas d'amour, de àyjcrv!, amour.
. 2° être à gré, jjlaire; do L. grattis, agréable
AGARIC, L. agarician [-xyzin/.o-j). (voy. gré). —
D. adj. agréable; subst. agré-
AGATE, L. achates {i'/ûrn^) ment, 1° approbation, 2° plaisir, (pialité do
... AGE, suffixe franc., appliqué surtout à ce qui jdait, 3° ornement. Cps. désagréer. —
des adj, (pour marquer la disposition à, cp. 2. AGRÉER, t. do marine, mettre les a^r»'.v
volage) et à des subst. manpiant l'action (cp. (voy. C(^ mot).
assemblage), et répondant au latin -cUicus
AGRÉGER, L. ag-gregare (grex), pr. incor-
[-iim), it. -aggio, esp. -tige, prov. -ntge.
porel- au tidiipcau. Terme savant agrégat, :
qué à la cire bénite par le pape, sur laquelle AGUERRIR, habituer î'rla guerre (cp. pour
est imprimée la figure d'un agneau (l'agneau la composition, acclimater).
de Diou). AGUETS (plur.), subst. verbal de l'anc.
AGONIE, lutte do la mort, L. agonia (S. verbe agnetier ou agaitier, cps. do guetter
Jérôme), anxiété, trouble; tiré du gr. àyojv, (v. c. m.),
combat; agoniser, L. agonisnre, gr. îc/uli-ij. AHAN, AFAN', <iffanno, esp. port. prov.
.
AIG 13 — AIG
afan, travail corporel, peine, martyre. Le aquilin. On trouve en vfr. aussi aille, forme
bati-latin ahanare, et le vfr. ahaner ou aff'a- tout aussi régulière iiwe caille de JiL. qua-
Hcr' s'employaient beaucoup en parlant du tra- quila. —
D. aiglon, aiglette, aigliau.
vail agricole, de là l'ancien subst. ahan
= AIGRE, prov. agre, angl. eager, du L. acris,
terre de labour l'anc. langue présente aussi
; qui, dans la nouvelle langue, a également
en/ian, angoisse, et les verbes 7ta?ier, enhaner, donné acre (v. c. m.). En vfr. aigre signifiait
labourer, cultiver. Ducange; ainsi que Pas- vif, empressé, acharné. D. aigreur (on —
quier et autres, assignent à ce mot une ori- trouve acror dans Fulgcncc), aigrir, et les
gine onomatopoétique, en rappelant le cri/(«n dim. aigret, aigrelet.
que- laissent échapper avec une respiration AIGREFIN, escroc, chevalier d'industrie,
pressée les personnes qui font un trtivail aussi églefin, égrefin; pour aigle fin, comme
pénible, comme les forgerons, les bûche- on dit fin renard. Littré, cependant, explique
rons, etc. C'est le son qui s'échappe d'une poi- le mot par aigre faim (donc pr. homme
trine essoufflée d'où l'idée de peine, fatigue,
; atfamé, ail. hungerleider). Toutefois, il ne
labeur et labour, qui s'est attachée au vocable. reproduit plus cette et. au suppl. Le mot —
Diez est disposé à se ranger à cette opinion ; désigne aussi un poisson du genre gade (éga-
cependant, il cite l'existence tout à fait isolée lement prononcé aiglefin, éclefin, églefin) ;
du mot afan, querelle, trouble, dans nn c'est sans doute un homonyme. Dans le
poème en dialecte kymriquc. Pour la permu- Gespi^achbuchlcin du xiV siècle publié par
tation de h et f, on sait qu'elle se présente Hoffmann von Fallcrslcben(Horaj bclgicee, IX),
souvent dans le domaine roman, cfr. Her- je trouve esclefin traduit par scelfiach; cela
nando et Fernando, L. foras et fr, kors ; il met sur la voie de l'étymologie. La finale fin
faut dire toutefois que, si l'on voit bien le f, peut avoir été, populairement, substituée à
aspiration labiale, se convertiren h, aspiration fisch
guttui'ale, nous ne connaissons guère de cas AIGREMOINE, prov. agrimen, du L. agri-
du contraire, si ce n'est it.de l'ail.
falda, motiia (Pline), qui est le gr. à.ypti).6>-jff
halde, et le sicilien fmnire pour hennir. Le AIGRETTE,1. sorte de héron, 2. l'aigrette
radical pourrait donc bien être fan plutôt qu'il porte; dimin. du vha. heigir, hcigro,
que han. qui est aussi le primitif du mot héron.
AHURIR, étonner, interdire, troubler; de AIGU, prov. agut, it acuto, aguto, du L.
hure, chevelure hérissée, puis tète d'animal. acutus. Le dérivé BL. acutiare a donné ai-
Le mot rappellerait l'ail, anschnauzen, ru- guiser, prov. agusar, it. aguzzare; cp. fr.
doyer, brusquer (de schnauze, museau, menùiser* de minutus.
,
groin), si le sens propre d'a/u«nr ne paraissait AIGUAIL, rosée, dér. de aiguë (v. c. m.), de
être plutôt celui de faire dresser les cheveux. même que aiguayer, laver, baigner.
Comparez le rapport d'idée entre le mot
AIGUË*, ancienne forme pour eau, repré-
burra, qui au fond signifie " gros poils », et sente le L. aqiia. Rien de plus varié que la
bourru, grossier, et prov. ïiburrar, esp. manière dont ce vocable latin s'est reproduit
a-burrir, cff"rayer, ahui^ir. Hispidus, hérissé, dans la langue d'oïl ; on y rencontre aiguë, :
dar, esp. ayudar, it. ajutare, aitare. Le type Aix, puis dans l'expression aigue-marine et
latin est adjutare (fréq. de adjiœare); la dans les dérivés aiguail, aiguayer, aiguade,
forme aider (d'où aider) repose sur la syncope aiguière. —
:
AÏEUL, it. avolo, prov. aviol, esp. abuelo, une fausse représentation de l'orthographe
du L. avoliis (strictement, pour le franc, et le uille, où i n'a pas plus la valeur de i que dans
prov., d'une forme rustique aviolus), dim. de quenouille, et n'est qu'un signe graphique du
avus ; la forme diminutive était nécessaire à mouillcmcnt de IL On a eu tort d'en tirer des
cause du peu de consistance du primitif au-us. arguments contre l'étymon ucucula. C'est à
AIGLE, i)rov. aiffla, it. aquila, angl. eagle, acicula, toutefois, qu'il faut attribuer le wallon
du L. aquila, dont l'adj. aquilinun a donné awcie, awie et le berrichon agueille. — D.
.
Am 14 — AIN
aiguillée, aiguiller [scvho), aiyuillier (subst.); aire, origine, race (voy. air 2) et s'appuie sur
aiguilldte ; aiguillon. l'expression, « un faucon do bonne aire ».
AINSI, vfr. ainsinc, issi, prov. acsi, aissi, Littré, comme l'Académie, l'identifie avec aire
ansi, auj. asi, est formé du L. œquc
V. csj). = area, donc pr. " surface plane de rocher où
sic, d'où s'expliquent aussi parfaitement les l'aiglo fait son nid ". —
D. aircr, faire son nid.
formes it. cosi p. cusi, sic. accussi (cfr. quant AIGUILLETTE (angl. aglct, aiglet), dim. do
à la mutation ain et a7i p. œq les formes csp. aignillc. — 1). aiguilleler ; subst. aiguilletiei'.
aim = adluic, Jim = nec, sm = sic). Ménage AIGUILLON, do aiguille et non pas d'un
(auquel se rallient Littré et Brachct), se fon- subst. Rctif aculeo, -onis (do aculeus). Do là :
le sens origine, race, et sans se prononcer, AIMER, vfr. ama\ L. amare; amans,
les titres des mots lat. agriim (BL. arum) do am.ant, variété du part, aimant; amator,
agcr, signifiant lieu, et atrium, place de la amateur ; i\mi\h\\\i>, -lias aimable, amabilité.
,
maison où so trouvait le lit conjugal. Bur- ... AIN, suffixe, répondant 1° à L. -amen :
guy, par contre, rappelant les acceptions (acramen, fr. airain) examen, fr. essaitn ;
\
3. DEVANT, vfr. et dial. aussi davant, it. fois== ajonc et terrain planté d'ajoncs. D'ori
davanti, prov. davan et devant, synon. du ginc inconnue.
précédent et formé de celui-ci au moyen du AJOURNER, (\o jorn ,
jour {v . c. m.), citer
préfixe de. à jour renvoyer à un autre jour; cfr.
fixe,
AIRELLE, myrtille, port, airclla, me sem- l'ail. vertagen\ en vfr. aussi == faille jour.
noir; cp. pour la lettre, patrem, prov. paire, joindre, vient du \ÎY. jouste, à côté, qui est le
fr. père, yîv. airenient =
L. atramentum; Xaïïnjuxta (rac. jug, jung, joindre). Subst.
pour le sens, Y ail. schwarz-heere, myrtille verbal ajoute. —Voy. nw^ai jouter.
.Aïs, planche, du L. axis, assis. — Dim. AJUSTER, dans le sens de accommoder,
aisseau, bardeau. assembler, joindre, arranger, parer, n'est peut-
AISE, subst., contentement, commodité être qu'une variété du mot précédent. D. —
(dans l'ancienne langue aussi =
provisions, ajustement; ajutoir ou a;oi«toîr (syncope de 1'*-).
—
choses nécessaires, puis facilité, occasion), Dans la signification de rendre un poids ou
it. ar/io, prov. ais, aise, port, rt^ro. Le môme
une mesure juste, et dans celle de viser, le
mot sert aussi d'adjectif avec le sens de con- verbe ajuster est factitif et tiré de l'adj. ^HS^e.
tent, joyeux (aiic. == facile); il a donné les
— D. ajusteur, -oir, -âge; désajuster,
anciens verbes aisier et a-aisier, fournir du rajuster.
nécessaire, soigner, mettre à l'aise (d'où nous AJUTOIR, voy. l'art, préc.
est venu l'adj. participe aisé, mis à l'aise, ALAISE, anc. orthographe de alèze (v. cm.).
rendu facile), et le subst. abstr. aisance. Quant ALAMBIC, it. latnbicco, esp. alambique, de
à son origine, les uns, comme H. Esticnne, l'arabe al-anbiq, vase à distiller, qui lui-
invoquent le grec aîns;, de bon augure, heu- même est d'origine étrangère; le grec a le
reux, convenable (le subst. aise signifierait mot «//.6t|, calix, vas, cadus. D. alambi- —
ainsi ce qui convient, ce qui est commode) quer, dont le sens est exclusivement figuré :
ad-aptare, Frisch au radical de l'ail, bcliag- ALANGUIR, extension de languir, avec sens
licli, à l'aise; Grimm, Diefenbach et Diez, sur
factitifou inchoatif; la vieille langue avait
les traces de Junius, Schilter et Castiglione, tiré de langueur le verbe alangourir.
s'arrêtent sur la racine hypothétique azi, d'où ALARGUER, it. allargare, gagner le large.
procède l'adj. gothique azéts, facile, com- ALARME, de l'it. alV arme, aux armes, ou
mode, commodité. Selon eux,
et le subst. azêti, plutôt (car le mot est ancien) du fr. à l'arme!
l'expression provençale vivre ad ais serait Comparez l'expression aZ<3rt<3. D'autres y voient
analogue au goth. vizon in azêtjam. En à tort un dérivé de l'ail, lârm, bruit, tapage.
basque, on trouve aisia, i^epos, et aisina,
— D. alarmer, donner l'alarme.
loisir, mais Diez a des raisons pour attribuer ALATERNE, L. alaternus.
à ces mots une provenance provençale. Il est ALBATRE, L. alabasirum {ilzZx'JTpo-j).
curieux de voir, en provençal, se déduire de ALBERGE, anc. auberge, sorte de pèche ;
aise le subst. aizi, avec le sens de demeure, selon Ménage, dér. de albus, à cause de la
maison, asile, et les verbes aizir, aizivar = chair plus claire de cette pêche Saumaiso ;
accueillir. —En dernier lieu, Bugge (Rom. propose une origine arabe al-beg ; Frisch, le :
IV, 349) établit comme étymon le lat. vulg. latin 2)ersicum,augmenté de l'art, arabe al,
asa {= ansa) ou plutôt une forme dérivative en supposant une forme intermédiaire alver-
^asiiim, *asia (cp. praesepium de ^^rae^epe chia. L'espagnol dit albérchigo, dans lequel
et tant d'autres). Rien à objecter quant à M. Devic voit l'arabe albirqouq, abricot.
la lettre; rien non plus pour le sens. Ansa ALBIQUE, craie blanche, dér. de albus,
signifiant aix fig. " prise, facilité, occasion, blanc.
aise », constaté et déjà Darmeste-
est bien ALBINOS, de l'esp. albino, nègre blanc.
ter (Rom. I, 157) avait, dans un texte du ALBUGO, mot tache blanche sur les
latin,
xi" siècle, relevé pour aise la valeur " espace yeux; du dér. albuginosus fr. albugineux.
:
vide aux côtés de quelqu'un ". En effet, aise ALBUM, mot latin, sign. tablette blanche
emporte l'idée de facilité dans les mouvements; (blanchie avec du plâtre).
avoir ses aises, être à son aise équivaut à ALBUMINE, du L. albumen, blanc d'œuf
avoir ses coudées franches. Cette ex-j)lication (t^éguliôrement francisé dans le vfr. aubun).
est, à coup sur, à la fois ingénieuse et plau- ALCADE, juge en Espagne, esp. alcalde, de
sible; auinons-nous la solution du problème? l'arabe al-qûdi, juge.
— C\)s. malaise, anc. mesaise (v. it. misar/io). Alcali, mot tiré de l'arabe al-qali, sel de
Le mot alèze, drap qu'on met sous les malades, soude.
est-il formé de à l'aise? C'est possible et
ALCHIMIE, prov. alkimia, esp. port, alqui-
probable, puisqu'on l'orthographiait aussi m,ia, it. alchimia, alchemie et alchymie ;
ail.
alaise. moy. ^Y àpyniJÂv.t^'i'i^ alquemie, arquemie; de
.
AISSEAU, voy. ais. l'ai'abe al-kimià, qtii est le mot chiinie, aug-
AISSELLE, it. ascclla, cat. axclla, du L. menté de l'article arabe al. —
[Scaligor sur le
axilla, m. s. Culex de Virgile Arabes addito »uo al, ple-
:
AJONC (arbuste épineux), Berry qjon, aujon, raquc grseca ad morem suum interpolarunt.
BL. adjotum:, vfr. ajout, ajou, adjouh, à la Ut Liber Ptolemaei est Almageste est enim :
ALE — IG ALI
rt ij.vji.irri •::pu.-/ij.%7îi'x.. Sic Ahhymia, yj<j.=A-j.. dresser. D'où lexpr. stare all'erta, user do
Sic Almanah, kalcndariiini, /jiavx/o'i a 1mm et précaution, se tenir sur ses gardes.
niensibiLs; imdc circuliis Imiaiis a])iul Vitrn- ALÉSER, aussi aliser, rendre uni, esp. ali-
viuin /xxv«/o;. Sic Alambic a gi-seoo xtiZi- apud sar, rendre |»oli ; du vfr. alis, doux au tou-
it. erta, il vient de ladj. erlo, abrupt, escarpé, habenda istorum aliborv.ni » voulant dire ;
part, passé de ergere, qui est le latin erigere. par là qti'il ne fallait tenir aucun com[)te des
,
ALL — 17 ALL
alibi dont se prévalait la partie adverse. Ce le motfrançais, vu la forme iiicarde alcquier,
génitif hardi aliborum resta pour désigner me semble appeler un thème leh et avoir pour
plaisamment les avocats de cette force. C'est signification première celle d'atfriander; j'ai
l'abbé Huet qui est l'inventeur de cette histo- de la peine à le séparer du BL. lecator, vfr.
riette. D'autres, moins imaginatifs, allèguent lecheeur, lecheur, pr. gourmand, puis séduc-
le subst. arabe albormi, âne (plutôt bête de teur, corrupteur, et le rattache de préférence
somme), comme l'original du mot en question, à la famille du verbe lécher, par l'intermé-
ce qui concordei:ait certainement mieux avec diaire d'un adj. verbal leque, lèche, friand,
l'emploi qu'en a fait Lafontaine, mais on ne glouton =
ail. lécher. Voyez mon étude lexi-
trouve pas que le mot ait été appliqué à l'âne cographique sur les poésies de Gillon le
avant l'illustre fabuliste. Le sens premier Muisit, s. V. alekier. —
L'étym. par allec-
parait être, au contraire, « savant, docteur " tare, fréqii. de allicere, est d'autant moins
d'où s'est dégagé le sens péjoratif de faiix admissible que le passage de et en ch n'est
savant, sot qui se donne de l'importance. possible que devant un i suivi de voyelle (cp.
Cette circonstance, parmi une foule de ten- "fachon, façon; ^lechon, leçon). Fr. fléchirixa
tatives d'explication, tant plaisantes que vient pas directement de L. flectere. Hornung
sérieuses, donne plus de crédit à deux étymo- a proposé le type allecticare; il serait correct,
logies développées par un collaborateur de mais ne s'accorderait pas avec alequier.
Y Intermédiaire (1866, p. 276). Il propose, ALLÈGE, subst. verbal dialléger.
comme origine du mot, soit Al-Biroùni, le 1. ALLÉGEANCE, adoucissement, de allé-
nom d'un mathématicien, astronome et géo- ger.
graphe, qui a joui au moyen âge d'une répu- 2. ALLÉGEANCE, dans « serment d'allé-
tation immense dans les écoles arabes (c'est geance ", du BL. ad-legiare, se faire lige
là l'ét. par Devic), soit le mot helle-
profes-sée (BL. ligius, legiiis).
boruni, nom de Vellébore ; ce dernier
latin
ALLÉGER, BL. allœiare (levis); cp, abt^é-
pi'imitif exjjliquci'ait à la fois aliboron, em-
ger, de brevis.En terme d'arts et métiers, on
ployé comme nom de plante dans le Roman
dit aussi allégir.
du Renard, et l'application dii mot à l'apothi-
ALLÉGORIE, gr.. àD-nyofAx, du verbe
caire dans le Testament de maistre Patlielin,
cr.\l-/i-/opï'j), dii'e (iyopsw) autre chose (îcÀXov)
où l'expression « maistre Alibormn « se pré-
sente pour la première fois. —
Quant au sens
que ce qu'on parait
ALLÈGRE,
dire.
vfr. alaigre, haligre (verbe vfr.
de " diable » que le mot prend dans le procès
d'Egidius du Rays (1440), cité par Ducange,
salégrer, se réjouir), du dont
latin alacris,
la 2" syllabe, traitée
en longue, a pris l'accent
et qui a fait produire l'étymologie altboran
tonique. L'italien allegro parait, à cause du
(mot allemand signifiant vieil ennemi), le
même savant est d'avis qu'il faut n'y voir
double l, emprunté au français. D. allé- —
gresse.
(pi'unmot mal entendu par un témoin.
ALICHON, ais de roue de moulin à eau, ALLÉGUER, L. al-legare, citer, invoquer.
prcjbablcmcnt un diminutif de ala, aile (cp. ALLÉLUIA, phrase hébraïque, signifiant :
nare mcntem " (perdre ses facultés mentales) Allemagne procède de la forme latine Alle-
a donné le réfl. s aliéner =
tourner à la folie, mania. —
D. allemande, danse vive à deux
et le partie. -adj. aliéné fou. = D. alié- — temps.
niste. ALLER, it. andare, esp. port, andar, cat.
ALIGNER, ranger sur une ligne. prov. anar, vaudois annar, vfr. aner, aler.
ALIMENT, L. alimentum [alere, nourrir). L'origine de ce mot si important de la langue,
— 1). alimenter, -aire, -eux. qui s'est substitué au vocable ire des Latins,
ALINÉA, de ad-lineam, à trop inconsistant pour se soutenir, a beau-
la ligne! D'après
Littré, plutôt de la formule a linea ^= quittez coup torturé les étymologistes, et malgré tous
la ligne !
échappe encore à la certitude.
les eff"orts, elle
lail).
prov. anar, 2. en «vôw, d'où andare, 3. en
ALLÉCHER, it. allettarc, du L. alledare «Xw, d'où aler, enfin 4. en 56w, d'où ambo* et
(fré(pi. de allicerc). Malgré l'existence de l'it. le dérivé ambulo. —
D'autres ont tout aussi
allettare, qui est certainement =
L. allectare, étonrdiment invoqué l'allemand wallon, mar-
2
ALL — 18 — ALL
cher solennellement^ et lo vha. wandalon, pris lo sens de marcher et servi ainsi ji rem-
auj. wandeln, marcher! —
L'étymologio ad- placer le terme usuel ire. « Aller, du reste,
nare {ad -f- jmre, cfr.v arriver do adriparc) dit-il, n'est-ce pas une espèce d'addition !
—
se présente avec plus do chance par trans-
;
On a récemment fait do nouveaux efforts pour
position on obtient en effet andarc; lassinii- défendre les types ambulare ou addeiv, mais
lation annare expliquerait la forme anar, ils ne résistent pas à de sérieu.ses objections.
d'oii, par la mutation de n et l, le fr. aîer. Ainsi Foerster, insistant avec raison sur lo
Mais le sens primitif de adnare a cependant fait que la source du mot roman andare (d'où
quelque chose de trop spécial qui fait recu- anar, aner, aler) doit être un voc^ible d'un
ler devant cette explication. —
Ambilarc, usage commun à tous les kgaf^ du parler latin,
frcqu.do ambire, fournirait également la clef a posé l'étymon vadcre, pour lequel il a con-
dos diverses formes néolatines; contracté en staté la forme havhavG vandere;voy. Bohmer,
amtare, il deviendrait andare (cfr. en esp. Rom.Studien, IV. 196,et Grober, Ztschr.III,
coiide de com'tem, senda de sem'ta) et par 564. — Schuchardt, en co qui concerne fr.
syncope du d, anar (foiTne catalane et prov.; aler, incline à admettre une origine celtique,
cfr. ma7iar, fonar, de mandare, fnndare), le radical al, el =
aller se rencontrant dans
puis (l pour n) le fr. alei'. Mais la forme ita- divers dialectes britanniques (voy. Ztsdir. IV,
lienne andare, d'après les lois phonologiques 126). —
Enfin, je ne puis omettre une conjec-
propres à cette langue, ne peut procéder d'un ture émise par M. Bain- (Ztschr. II, 592). Vn
type anitare, et l'on no peut admettre qu'un infinitif roman allare se serait dégagé du part.
mot aussi usuel ait été introduit du dehors. allalus (cp. Virgile : hanc urbem ufferimus),
— Diez, après avoir discuté minutieusement comme le mot roman prostrare de prostratiis.
ces diverses étymologies, paît d'un verbe fi"é- G. Paris oppo.se à cette explication une obser-
quentatif latin aditare, déjà j»roposé par vation (pi'il a faite, c'est qi\C(Uei', do mcmoque
Muratori (Ennius ad eiini aditavere, ils
: andare, exprime toujours une idée déloigne-
allèrent près de lui). Comme on a v\i lo sub.st. ment et que tout étymon contenant l'élément
lat. aditus se transformer en andito (it. et ad doit être écarté. (Rom. VIII, 298.) Cojwn-
esp.). et reddere devenir rendei'e, on est, en dant celle des solutions du problème qui l'at-
effet, autori.sé à admettre une intercalât ion tire le plus est addere au sens de « addere
de n dans aditare, ce qui donne anditare. gradum « marcher, avancer
, cet addere serait
;
Alléguant en outre lo vieux mot esp. et it. devenu addare, non par le pa.ssageùla 1 "'con-
résida p. reddita, Diez se croit en droit de jugaison, mais « par le phénomène roman
passer do anditare à la forme simple andare. bien connu de la restauration dans les com-
Cette dernière une fois établie, il n'y a plus posés de la voyelle du simple « (Rom. IX, 174
de raison phonétique pour repousser l'équa- et 333). Di.sons encore, en faveur delà conjec-
tion andare -= anar, aner =
alef (cfr. 'velin ture allure de allatus, que le BL. pré.sente col-
p. venin, œ'phelin p. orphe^iin). Ce qui re- lare == çonferre, qui no se comprend que par
commande encore la conjecture du linguiste collatus, et que Godofroy cite un cas de fr.
allemand, c'est que toutes les formes corres- coler, qu'il traduit dubitativement par coUa-
pondantes des idiomes néo-latins se dédui- tionner, vérifier. —
Avant de quitter le terrain
raient, selon les lois générales de transfor- des conjectures, n'oublions pas de rappeler
mation, d'un même type, appartenant à la que le français, pour conjuguer aller, em-
langue vulgaire des Latins, (jui a fourni aux- prunte quchpies formes (;e vais, tu vas, il
dites langues un si grand nombre des termes va, ils vont) au L. vadere, et que le futur
les plus usuels. —
Depuis l'apparition du et le conditionnel {irai, irais) procèdent du
dictionnaire do Diez, M. Langensiepen, réfu- L. ire. — Dérivés : allée (s,u\y&\ . participial),
tant l'opinion de celui-ci, propose pour le correspondent à it. andata, nnda-
alhi.re. ; ils
problème qui nous occupe une autre solution. tura, prov. anada. La forme andare a donné
Il ramène toutes les formes en question au au français andain, ce qu'un faucheur peut
lat. addere. Pour la foime, il se fonde sur faucher à chaque pas (pi'il avance ; ce .subst.
l'existence ancienne de andere, formé comme se rattache à un type andamen (cfr. airain
rendcre de reddere. Andere, passant de la de aeramen). M. Langensiepen, toutefois,
3" conjugaison à la l""*, serait devenu andare prend cet andamen non pas pour un dérivé do
(comme consumere est devenu consumare). andare, signifiant marcher, mais pour une
Une dérivation andulare (cfr. it. crepolare de modification littérale de addamen (= addita-
crepare, fr. mêler =
miscu/are de miscere) me7itum) ; andain serait ainsi l'espace ajoute
aurait produit ultérieurement anulare, an' à chaque nouveau pas que le faucheur fait en
lare, allare, fr. aler et aner. Quant au .sens, avant. —
En Bourgogne, on dit aiulée =
l'auteur de cette solution, en tout cas ingé- sentier dans la vigne.
nieuse, rappelle le passage de Virgile : ALLEU, prov. aloc, vfr. aloud, alou, aluef,
(Géorg. I, 513) quadrigse addunt in spatia vient directement du BL. alodiiim, qui s'est
(cfr. Silius Italiens 16, .374). et l'expression changé en i)rov. aloc, comme fastidium en
addere (= accclerare) gradiim, doubler le pistic. Quant an terme alodium (loi saliquo
pas; il cite en outre l'expression familière alodis), il vient de rallcmand al-ôd, propriété
allemande voranmachen (littéral, latin profc- entière, fonds dont on peut dispo.sci', opijosé à
cisci). En un mot, pour M. Langensiepen, bien bénéficiaire. —
D. allodial,liL. allodia-
addere devait avoir, dans le langage du peuple, (Chateaubriand).
lis; alletitier
ALM 19 ALT
ALLIER, vfr. alolcr, L. al-liyarc, attacher. donner en cadeau (l'almanach serait un ca-
Cps. rallier \ tnés-allier. Remarquez (\\\iiligare deau de nouvel an). Lenormant, enfin, expli-
et SCS composés ont syncopé en français le g que almanach par les éléments coptes al
radical, à l'exception de obligare, fr. obliger; (calcul) et men (mémoire), « calcul pour la
cette exception prouve l'introduction relati- mémoire » La provenance égyptienne du mot
.
allouer de allaudare n'est pas fondée; la titre reconnu, la qualité constatée à la suite
valeur accessoire que prend ce verbe, savoir de la vérification, 3. bonne ou mauvaise qua-
celle d'approuver, d'accorder, découle natu- lité en général.
rellement de celle de placer, destiner, établir, ALORS, it. allora, formé de ad illamhoram,
inhérente au L. allocare, prov. alogar, it. à cette hcurc-lîi (heure = moment, temps).
allogarc, vfr. alcuer. Autrefois, on disait aussi .simplement a orc »=:
ALLOUER (d'où l'angl. allow), voy. alloca- dorénavant, anc. d'ores en avant, et désor-
tio a. mais, anc. des ore mais, de cette heure en
ALLUMER, vfr. alumer
au sens (éclairer, plus [mais =
magis), c. à. d. en avant, La
neutre briller), it. alluminare, esp. dlum-
: finales dans lors, alors, ores ', est le môme
brar, prov. alumenar, alumnar, BL. allu- signe adverbial qu'on remarque dans les ad-
mina,re, extension du L. luminare. Pour la vevhea ains ', jadis, tandis, guèrcs, jusques,
forme, cp. prov. nomnar, fr. iiomer *, nom- volontiers, oncqucs •*, etc.
mer, du L. nominar'e, et semer de L. semi- ALOSE, L, alausaon alosa (Ausone).
nare. —
D. allumette. ALOUETTE, dim. de alouc; ce derniervfr.
ALLUSION, L. nllusio (de ludere, jouer); reproduit L. alauda, que Pline, Suétone, Mar-
le sens classique " badipage » s'est modifié en cellus Empiricus et Grégoire de Tours citent
celui de " jeu de mot «, parole destinée à rap- expressément comme étant d'origine gaviloise
peler un
ou une chose, avec ou sans inten-
fait ou celtique. En effet, on trouve en bns-l)retou
tion malveillante ou ironique; cfr. l'expres- les formes alchouéder, alchouédcz , qui con-
sion allemande anspielung; les Anglais ont firment cotte assertion. Le latin alauda est
conservé le verbe L. alludere dans to allude. aussi le primitif de it. allodola, lodola,
:
ALLUVION, L. alluvio (do alluere, arroser). V. esp. alocta, n. esp. alondra, prov. alausa,
cord pour y voir l'article arabe; quant à fort, c'est ime forme vulgaire modifiée de
manach, il représenterait, suivant les avis allodial; l'alloyau serait ainsi la pièce noble !
divers, soit l'arabe mana/, feuillet, d'un verijo N(jus ne citons naturellement ces étymologies
nianaj, nombrer (Saumaise, arabicum alnia- do fantaisie (pio [JOur mémoire, on attendant
nacli idem prorsus sonat, (.piod Grœcorum la véritai;lo.
TTivaç, brevis in quo res plures ordine enume- ALPHABET, voy. abécé. D. alphabétique.' —
rantiir ac reccnsontur), .soit loverljo manaha, ALTERCATION. L. altercalio (de altercari.
AMA — 20 — AMA
disputer, anc. alterquer). —
La forme insolite que l'étymologie a man (main), douce. Une
altercas représente le snbst. latin de la 4** décl. dérivation de matou (cp. chatouiller de chat)
altcrcntus au cas du sujet sing. nous sourirait davantage, (pioi(pie nous no
ALTÉRER, BL. aUcrare, changer, de L. la proposions pas comme sérieuse. On a
altcr, autre; cp. ail. <'tm/o'n,de «?K/rr, autre. également s(jngé au vfr. amadour amou- =
De changer, gâter, troubler le sens a passé à retix mieux aurait valu proposer l'esp.
;
ALTERNE, L. alternus; alterner, L. alter- la langue, est venu des patois du Nord, et
AME —n AMO
langue employait au sujet sing. amèrc et au et es}). port, amainar s'employent seulement
régime ami'oiir, dans le sens de amener les voiles. D. ra- —
AMATIR, factitif àe^nat (v. e. m.). mener.
AMAUROSE, du gr. à/y.aùpwai;, obscurcisse- AMÉNITÉ, L. amoenllas [àaamoenus, agré-
ment. able, gracieux).
AMAZONE, L. cmiazon (i/AczÇ'jjv). AMENTEVOIR et RAMENTEVOIR, vieux
AMBAOT, étendue de juridiction féodale, mots formés de mente habere, avoir à l'esprit;
ail. amùacht, gotli. andbuhti, vlia. aynpaht, on trouve dans la vieille langue aussi mentoi-
ministerium, d'où par contraction l'allemand vre atmentcvoir {cîv reçoivrc* doixyre*, variant
. ,
amt, office. Selon Grimm, le mot signifiait avec recevoir, devoir); l'expression s'accorde
aussi ministcr, diaconus. C'est là également avec l'it. avère a mente, et doit avoir signifié
le sens du mot ambactus employé par César, d'abord se souvenir, avant de prendre l'accep-
B. G. 6, 15; de ce dernier s'est produit le tion factitive de faire souvenir.
subst. BL. àmbactia, service, office, mission, AMENUISER, rendre plus mince, plus menu,
modifié en ambassia, o.mbascia. Ce substan- com|)osé do ynenuiser (v. c. m.).
tif, à son tour, a donné naissance au verbe
AMER, L. amarus; subst. amertume, L.
ambasciarc, accomplir une mission, d'où it. amaritudinem. Voy. l'art ...tume. Le vfr.
ambasciata, ambasciaiore, et fr. ambassade, disait également amcrté, voire amertonde.
ambassadeur.
AMÉTHYSTE, L. amethystus (i/xî&uïTo,-).
AMBAGES, L. ambages, détours (ambi-
AMEUBLER, garnir de meuW^i- (v c m .), d'où . .
ago)
AMBASSADE, voy. ambact.
ameublement. —
Ameublir, rendre meuble
(v. c. m.), d'où ayneublissement
AMBE. du L. ambo, deux.
AMBESAS = L. ambas asses, deux as. AMEUTER,
mouvement.
mettre en meute (v. c. m.), en
AMBIANT, L. ambiens, allant autour.
AMBIGU, L. ambiguus, litt. qui pousse des AMI, prov. amie, L. amicus; fém. amie.
prov. amiga, L. amica; amical, L. amicalis;
doux côtés; ambiguïté, L, anibiguitas.
amiable, prov. amicable, L. amicabilis; ami-
AMBITION, L. ambitio, du verbe ambire,
tié (v. c. m.).
circonvenir quelqu'un pour obtenir son suf-
frage. —
D. ambitionner Ambitieux, L.
. — AMIABLE, voy. ami.
ambitiosus. AMIANTE, L. amiantus (gr. àfii-x-jroi, qu'on
AMBLE, voy. ambler. no peut souiller, incombustible).
AMBLER, it. ambiare, est le L. ambulare, AMICAL, voy. ami.
qui s'employait au moyen âge en parlant d'un AMICT, L.amictus{dea?nicire, envelopper,
cheval « qui cum alterno crutnim explicatu couvrir).
mollem gressum glomerat ». D. subst. — AMIDON, it. aynido, esp. almidon, du L.
verbal amble (anc. amblure); ambleur. aniglum [x/j.uU-j)\ pour Z changé en (/, cfr. port.
AMBRE, it. ambra, esp. port, ambar, alam- escada descula. —
D. amidonner. Atm/lnm —
bar, alambre, directement de l'arabe anbar, a fourni encore aux savants l'adj. am,ylacé.
qui lui-même est de source éti^angère. D. — AMINCIR, factitif de mince (v c. m.).
ambrer; ayrd)rette. AMIRAL, vfr, amirant,amiras,amire, etc.,
AMBROISIE, vfr. ambroise, du L. ambrosia it. esp. port. prov. amiran, prov. amiralh, it.
— D. am.brosien.
[iy.Cjrji'^iv).
aussi ammiraglio, alrniraglio, grec du moyen
AMBULANT, L. ambulans. — D. ambu- âge y./j.virjxh/ii. Ce mot vient, selon Mahn, de
lance, hôpital ambulant. — Ambulatoire, L,
:
voy. nniiil); jn'opremcnt, tixcr les prestations amoliri, éloigner pour ainsi dire ad amo
;
extension, [Mindre du bassinet d'un fusil, qui regarder fixement comme un sot. 1). (t mu-
fait prendre le feu à la cliarpre. D. amorciT. — sette.
— Le sens primitif du classique admorderc AMYGDALE, gr. i/xv/SUr,, amande.
perce encore dans le nom de l'outil appelé AN, L. iiiiiius. — D. a)inée, durée d'un an
iunorçoir. {yiv. jim.r, jtiuniée ; soir, soirée, etc.).
AMORTIR, vfr. aussi amorter, factitif do ANABAPTISTE, mot savant fait do «vx
mort, rendre moins vif, moins dur, éteindre, marquant répétition, et ^aTiriJuv, baptiser,
affaiblir. donc = qui bapti.se une seconde fois.
propi". courbure, flexion ; dans ce sens, il a ouiller, il paraît que la forme primitive était
donné BL. anca, it. port. esp. anca, fr. antouiller (l'anglais a conservé le t dans an-
hanche, anche angl. haunch. Anche et
, tler), ce qui favorise l'étymologie donnée par
hanche (la lettre h sert à différencier) sont Roulin antc-oculum, d'oîi l'on aurait fait
:
donc originairement identiques. (Voy. toute- l'adj. antoculare (se. cornu). Ce qui me con-
fois une autre manière do voir à l'art, hanche.) firme particulièrement dans cette manière de
Ménage faisait venir hanche du gr. xy/.-n, augensprosse, pr. bour-
voir, c'est l'expr. ail.
coude. geon oculaire, andouiller. =
ANCHOIS, anchoa, port, anchova,
esp.
holl. antsouwe, angl. anchovy. Ces mots dé-
ANE, asne L. asinus.
,
—
D. ânessc, âne-
rie, ânier, ànée; dim. ânon, -ichon.
rivent, selon Diez, directement de l'it. acciiuja
ANEANTIR, vfr. anienter, dôr. de néant,
(p. apj-uga), qui, à son tour, serait foi'mé du
nient*.
L. aphya, apua, gr. «yû/;, au moyen de la
— ANECDOTE, propr. particularité d'histoire
terminaison uga. Malin rattache toutes les
inédite, du gr. àvâ/Soro;, inédit.
formes romanes au basque antzua, sec (forme
secondaire anchua; la permutation de tz et
ANÉMONE, L. anémone (ivîuwvvj).
ch est fréquente en basque). Il voit dans
ANETH, L. ancthicni (xv/j&ov).
la forme italienne une assimilation au verbe
ANÉVRISME, gr. iv-jou^/za {tvpù-joi), dilata-
anciova, Vérone, ancioa, Gênes, anciua, ANGE, angle*, angre" , prov. angel, du L.
Venise, anchioa. angélus (gr. ôcyyîloi, messager) la forme latine ;
ANCIEN, voy. ains. D. ancienneté.— est conservée dans le langage de l'Eglise pour
ANCOLIE, du latin botanique aqidlegia, qui désigner une prière qui commence par ce mot.
vient, dit-on, de aquilegium, réservoir d'eau) — D. angelot, monnaie empreinte d'un ange;
par allusion aux pétales conformées en urne. angélique, L. angelicus.
Le vfr. disait aussi anquelie et angorie; le ANGELOT, dimin. d'an^'C.
vha. a ageleia (ail. mod, aglei), le v. flam. ANGINE, L. angina (do angere, serrer,
acoJeie (ni. akcJei). étrangler, suffoquer).
ANCRE, it. esp. port. prov. ancora, vfr. ANGLE,L. angulus. D. anglet, angleux—
anchore; du L. ancora (gr. Sy/u/sa). — D. (t.de botanique). Au latin remontent directe-
ancrer; cps. désancrer. ment les adjectifs anguleux, angulosus, et
ANDAIN, voy. aller {it. aûdare). angulaire, angularis.
ANDANTE, mot italien, propr. en marchant ANGLOIS, auj. anglais,' an L. anglensis =
(de andare, aller), — Dim. andantino. anglicus (de Angli). —
D. anglaise et anglai-
AND OUILLE, p. endouille, d'a,près Diez, de ser. —
Anglican =
anglicanus, extension de
l'adj. BL. indiictilis, que l'on trouve dans des anglicus; néol. angliciser, anglicisme, anglo-
glossaires du moyen âge comme signifiant mane, -ie.
boudin et qui dérive de inducere, introduire, ANGOISSE , it. angoscia, prov. angustia,
de même que le vieux terme allemand scube-
ling (espèce de saucisse) vient de scioban (ail.
angl. anguish, duL. angustia. —
D. a^igoisser,
angoisseux.
mod. schieben), pousser. D'autres étymolo- ANGORA, adj. et subst., de la ville à! An-
gistes avaient proposé, les uns (Huet) L. edu- gora en Asie Mineure.
hiiim, mangeaille, d'autres (Ménage) le mot
ANGUILLE, L. anguilla, diminutif de an-
fictif indusiola (de indnere). Génin dérive
guis, serpent.
andouille de douille, adj. signifiant gonflé,
ANICROCHE, HANICROCHE, propr. une
rebondi en la forme d'un tonneau idolium) ;
l'élément an ne serait autre chose que le pré-
arme de main en forme de croc, puis obstacle,
embarras, prétexte, vaine excuse. Quant à
fixe in du latin. Andouille serait donc, d'après
lui, pr. un boyau gonflé, farci. — Baist
l'élément an^ ou hani, on le rattache à l'ail.
hahn, chien d'un fusil, ou à hand, main. Le
(Ztschr, V, 233) voudrait identifier ce mot
avec les termes espagnols (d'origine arabe) mot reste encore obscur.
alhondiga, albondiguilla , almondiguilla ANIMAD VERSION, L. animadversio, répri-
(boulotte de cliair) mowc?ow_9'o (tripes, intestins
,
mande, de animadvcrtere, diriger l'esprit,
remplis de sang en forme de boudins). Il est remarquer, réprimander, châtier.
bien difficile de l'approuver; l'étymon induc- ANiL, esp. anil, anir, de l'ar. an-nïl, qui
tilis de Diez (cp, d'ailleurs douille, douillet) vient du pei'san nil, bleu . —D . aniline.
paraît assuré. —
D. andouillette. ANIMAL, subst. et adj., L. animal et ani-
ANDOUILLER, smcendouiller, petite corne m,alis. — D. animalcide, animalité, anima-
de cerf. On pourrait songer à rattacher ce User. — Du pluriel animalia s'est formé
mot soit, par ressemblance de forme, au vieux aumaille, gros bétail, collectif et individu.
mot andouiller, bâton pour suspendre les ANIMER, L. animare; animation, anima-
andouilles, soit à l'ail, ende, qui a la même tio ranim,er, redanimare
;
inanimé, inani- ;
signification. Mais» oiitre que, pour la der- matus, animosité, animositas. Tous dérivés
nière étym., il resterait à expliquer l'élément de animus, esprit, ou anima, principe vital.
. .
ANT 24 AiNU
ANIS,L. unisitm{gv. û-nr-ù-î), — D.aniscr et l'ordre du temps comme de l'e-space). — 1). anté-
anhitlc. riwité.
ANNAL, L. «îi««/w (annus) ; annalks, L. ANTHÈRE, ])artie de la fleur (pii renferme
aiinah-s (s. c. libri), récits faits année par le pollen, de l'adj. «v&vjoo;, fonné de «vâoi,
année. — 1). annaliste. fleur.
ANNATB, BL. annula (annus), revenu d'un ANTHOLOGIE, gr. iv^oio/f*. recueil do
an. fleurs, employé flgurément par les Grecs déjà
ANNEAU, and ', L. annellus, forme secon- pour recueil de poésies.
daire de annulus. — D. annclct; verbe atinc- ANTHRAX, du grec âvâpa?, ch.'irbon. — 1).
avant déluge.
le antiquaille, RL. antiqualia.
ANTENNE, L. antenna. ANTITHÈSE, gr. ivTÎr-:7i-:, opposition; adj.
ANTENOIS, voy. antan. antithétique, gr. àvTi&îTi/o;.
ANTÉRIEUR, L. «n^enor, qui est plus avant ANTRE. L. antriim (zvt,05v).
(prim. ante) relativement à un autre (dans ANUITER (S'), do nuit. La '
vieille langue
. . ,
APÉRITIF, qui ouvre, du L. apcrire, ou- rivé de la formule lat. post illa. Vossius, dans
vrir. son traité De vitiis sermonis, p. 551, explique
APERT *, ouvert, manifeste ; adv. aperte- 'pastilla par explanatio quia qui discipulis clic-
:
ment; du L. apertus. L'adj. vfr. dperi, habile, tarent identidam in ore haberent " post illa "
vif,adroit, preux, est, selon moi, un homo- puta, ad haic vel illa auctoris vcrba, adscri-
nyme, qui, par changement de préfixe (cp. bite. Cette opinion de Voss est apj)rouvée par
amende7\ alever "), représente soit ex-perrcc- Diez. —
Ménage établit la filiation suivante :
tus, éveillé, soit expertus, expérimenté. C'est jjosita, posta, postilla ; adposita, adposta,
de ce second apert, en tout cas, que vient apostilla.
apertise, adresse, prouesse. APOSTOLAT, -IQUE, de apostolus, yoy.ajw-
APERTISE, voy. apert. tre.
APETISSER (cps. rapetisse^-), de petit. Vss APOSTROPHE, gr iT:o'7Tpofn, action de se
est dii au même
principe qui a donné vfr. détourner [iTzo'7Tp'fsuv)de l'objet d'un discours
acorcier, au), accourcîr [c s dur). = pour s'adresser directement à la personne
APHÉRÈSE, gr. iyaîcsît;, enlèvement. intéressée. — D. apostropher.
APHORISME, du gr.' ày5r.i7,ao;, définition APOSTUME, voy. apostème.
{JifOfA^tiv, délimiter, définir, déterminer). APOTHÉOSE, gr. iTro&îwîi,-, divinisation,
APHTHE, L. aphtha, du gr. «»&5c {ôcnru-j, déification.
mettre le feu, enflammer); cp. l'expression APOTHICAIRE, du BL. apothecarius, dér.
latine « sacer ignis » pour aphthe. de apotheca (iTroâ/jc/j), dépôt, magasin. Ce
API, (pomme d'), du L. malum ap'pianum,; même apotheca a, par aphérèse, donné it.
cp. it. mêla appdola. bottega (Naples potega, Sicile putiga), esp.
APITOYER, botica, prov. botica, fr. boutique.
dispo.ser à la pitié (v. c. m.).
Ce composé (on disait sans doute aussi pitoger, APOTRE, apostrc , en vfr. apostle, du L.
d'où pitoyable, ce qui fait pitié) doit sa termi- apostolus, gr. «TroîToXo; (7ts/>îiv, envoyer),
naison à une forme latine en icare, qui est le envoyé, messager. En vieux roman, le mot
type du fr. oyer et que l'on retrouve dans apostole désignait le souverain pontife; ce mot,
verdoyer, fossoyer, guerroyer, etc. On trouve vu le déplacement de l'accent, appelle un type
. .
APP 2G APP
immédiat apostôlins. —
Pour la forme, com- tion du / à (/, dans appentis, voy. apprenti).
parez épisf?-(' de cpistola, mot de la mômo APPENTIS, vt.y.appendre.
iaiiiillc 7T-:/i;t7. envoyer. APPERT (//). voy. sdus appurnir.
7'aux •== ensemble des agrès) et dans le terme appo(/(/iatura, dér. de appoggiare, forme ita-
de marine appareiller, mettre à la voile. — lienne du appuyer.
fr.
D. app(i.r<'illnf/c. APPOINT, la -somme qu'il faut pour arriver
APPARENT. -ENCE, L. apparent; -entia. au. point (ad })u.nctum) voulu, au solde entier
APPARENTER, ivntirc parent. de ce (pli est du ou exigé. Peut-être, ce))en-
APPARIER, cat. prov. apariar, esp. apa- dant. le mot n'est-il que le subst. verbal do
rcar, BL. appariare [vue. par, paire), a.ssortir appointer, régler.
par paire. —
D. apparieinent ; (h'sapparicr. APPOINTER, BL. appunctare, 1) régler,
APPARITEUR, L. apparitor, pr. qui appa- fixer les divers />o//<<^dans un arrangement; 2)
raît à lappcl ilu supérieur, d'où le sens huis- : donner un salaire fixe. —
D. appointement,
sier assistant le magistrat en fonctions. lèglement; salaire fixé, anc. aussi conven- =
APPARITION. L. apparitin. tion; r/<'Wt/j/x«»fcr, 1) opp. de appointer, appli-
APPAROIR, L. apparere; l'anc. conjugai.son (pié à une pers. =
contrarier, tromper; 2)
de ce verbe nous a laissé il appert = L. ap- priver de salaire. Le verbe appointer signifie
paret ;uissi rendre pointu et se rapporte alors au
APPARTEMENT, dér. do vfr. apartir, par- subst. féminin pointe.
tager, diviser; donc propr. une division de APPORTER, L. ap-jm-tare.— D. apport.—
maison; en BL. appartiraentum bonorun» Cps. rapp<n-ter, traduction du L. referre.
signifiait partage des biens; cp. département APPOSER, composé de poser, d'après l'ana-
et compartiment. logie de L. npponcre.
APPARTENIR, du L. ad-\-pertitiere. D. — APPOSITION, L. appositio.
appartenance. APPRÉCIER, L. appretiare (de pretium,
APPAS, dans l'ancienne langue et d'après prix).
SOS lois, était la forme normale du nom. sing. APPRÉHENDER, 1° saisir au corps; 2°
et du pluriel du mot apjKist, au.j. appât (cj). craindre rapport des deux sens s'établit
(le
repas). « D'un mot unique, dit fort bien Littré, ainsi saisir des mains, fig. saisir par la
:
APR — 27 — ARC
APPRENTI, vfr. apprentie (fém. apprcn- ou «près. Composé d'après, que l'usage aurait
:
ticc), rouclii apprentiche, angl. et wallon aussi bien pu nous transmettre sous une forme
aprendicc, esp. port, aprendiz. Ce mot a pour- .sans apostrophe comparez devant pour de-
:
type le BL. apprenticius ; la terminaison is avant, dans pour de-ens, dedans pour de-
ou ice explique la dérivation apprentiss(if/e. dans.
La forme apprentif {iém. ivc) qui se produit APSIDE, voyez abside.
ait XVI** siècle et que Littré donne à tort pour APTE, L. aptus; feubst. aptitude, L. aptitude
la normale, est aussi justifiable que celle en (Bocthc'. Voy. aussi attitude. — Voy. aussi lo
•
ic (et, suivant les cas, is), mais en tout cas pos- mot malade.
térieure. —
Lo t dans ce mot (pour d), comme APURER, factitif de pur.
dans appentis, ponte et fonte, est motivé peut- AQUARELLE, de l'it. acquarella,
couleur
être par l'assimilation aux tlièmes en t de en détrompe, formé lui-même du L. aqua,
rente, vente, entente,- qui proviennent de eau.
formes participiales terminées en enditus; aussi AQUARIUM, mot latin, signifiant réservoir.
la vieille langue avait-elle à la fois aprenture, AQUATIQUE, L. aquaticus (aqua).
tiré d'un type imaginaire a-prend-itus, aprcn- AQUEDUC, L. aquœductus, conduite d'eau;
tus, et apresio'e de apreiisus. cfr. viaduc.
APPRÊTER, factitif de i>/-<?^. Subst. verbal AQUEUX, L. aquosus (aqua).
apprêt. AQUILIN, L. aquilinus, [aquila, aigle).
APPRIVOISER, d'un adj. privois
factitif AQUILON, L. aquilo gén. -onis!
(d'un type pritensis) équivalent kprivus. — ARABE, L. Arabs. D. arabique, -esqiie. —
Le vfr. disait, et les dialectes disent encore, ARABLE, L. arabilis, de arare (vfr. arer),
apriver. laboui'or.
APPROBATION, L. approbatio (de ap-pro- ARACK, d'après Mahn, de l'arabe araq,
hare, fr. approuver). sueur, suc, du verbe araqua, suer, distiller.
APPROCHER, de proche; subst. verbal ARAIGNÉE (vfi'. irainede, iratffnie), an-
approche. — Cps. rapprocher '
ciennement par abus,
la toile d'araignée, puis,
APPROFONDIR, factitif de profond. l'insecte môme le mot a pour type L. arane-
;
Le vaotprès i-eprésentjs le \)i!ivt. pressus, pressé Arboricellus aurait fait arbroisel. Autres —
contre. Comparez en grec ây/t, qui pi^oprement dérivés du subst. latin arbor arborer, élever :
signifie serre', en latïnjuxta, formé dcjunqet'e droit comme un arbre (it. alberarc esp. albo-
(comme fr.joir/nant àejoùidre), secundum de rar):, arboriste ; arborisé ; arbroie' lieu planté ,
d'origine encore inexpliquée ; on a voulu y le Dante a fait alichino), son et. reste encore
voir une altération de l'it. gargo (fr. jargon), à trouver; les conjectures mises en avant jus-
ou un dérivé du L. argutari, disputer (en qu'ici ne donnent aucune certitude. La fac-
wallon argoter). Cette dernière étymologie ture du mot accuse une origine flamande.
est fortifiée par le wallon argote, rusé,
malin
Aussi Malm i-amène harlequin, en détachant
(L. argutus). Dicz rappelle, pour le
radical,
le suffixe diminutif kin, à l'ail, harl, variété
le vfr. arcage =
langage, dialecte, que l'on
de Karl (Charles), et s'appuie des expres-
rencontre dans Gui de Bourgogne (" en arcage sions analogues Petermânnche7i,Hanneschen,
grezois ").
Heinz elmânnchen, toutes employées pour
2. ARGOT, brandie morte, voy. ergot. — désigner des esprits familiers ou lutins.
D. argoter. Comme on trouve aussi hennequin p. helle-
ARGOUSIN, voy. alguazil. quin, je prendrais volontiers cette forme pour
ARGUE, t. d'arts et métiers, certaine ma- la première et elle nous fournirait la repré-
ou d'argent, s'explique
cliinc des tireurs d'or sentation néerl. de l'ail, hânschen, dim. do
pai-faitement par L. organum, instrument, hans, qui est aussi le premier terme de l'ail.
outil, d'où aussi it. argano, cabestan (v. pi.
hansiourst (arlequin). —
Weigand considère
h. arganeaii). Arguedonc une forme
serait helleki/i « groupe aérien d'esprits se combat-
variée de orgue; Yo tonique changé en a se tant avec bruit", comme le diminutif néeiian
trouve aussi dans ffamc de (/owma; cp encore dais hellekin, petit enfer. —
Génin (Varia-
ar/jm7Zci{r,prononciation vulgaire pourorjîaiZ- tionsdu lang. franc.) met arlequin on ra])T[)ort
leur. —
D. arguer. avec le cimetière d'Arles ou alescamps, dont
ARGUER (trissyllabique) contredire,
1. ,
nom d'un fantôme,
le vulgaire aurait fait le
accuser, argumenter, raisonner, it. arguire, toujours suivi d'une compagnie qui bruyait
esp. port. prov. arguir, du 1,. arguère {comme dans ce cimetière, —
Nous rapportons encore,
statuer de statuere). Anciennement, arguer pour mémoire, l'explication donnée dans le
signifiait tancer, attaquer, invectiver, harce- dictionnaire do Dochez : « Du vieux germa-
ler, aiguillonner. Il se peut très bien que le nique erle, ou elle, aune, et king, roi, roi des
primitif du verbe, dans ses anciennes accep- aunes et des fantômes qui habitent dans les
tions, soit, comme l'affirme Littré, plutôt ar- bois. Cette opinion des fantômes et des fées
gutare (= répéter sans cesse) que arguere, germaniques se fondit avec celle de la danse
"mais je ne vois pas que la phonologie refuse des morts illustres, tombés autour de la ville
ce dernier et que arguer, venant de arguere, d'Arles, dont- le chef était enveloppé d'un
réclame nécessairement au présent j'argue manteau rouge et noir. Ces rapports de cos-
(prononcé arghé) au lieu de argue, que pré- tume avec le bouffon italien amenèrent une
sentent les textes. Il ne faut pas perdre de complète transformation des arlequins qui
vue que le verbe arguer, du moins dans les avaient effrayé le moyen âge. "
applications modernes, est d'introduction sa- ARME, h ^ arma (plur.). le terme hé-
Pour
vante, et qu'il n'y a pas lieu d'insister sur Yîi raldique armes, en allemand waffe et
cfr.
de arguere, comparé à l'û de argutare. wappen ; les armes sont la reproduction de
2. ARGUER (pron. argher), voy. argue.
— l'écu avec ses blasons. —
D.«rmer(L.(xrmarc),
ARGUMENT, L. argumentum (arguo), pourvoir d'armes ou mettre sous les armes,
D. argumenter, L. argumentari. équiper un vaisseau garnir, munir armoicr
;
; ,
ARGUTIE, forme savante, qui a supplanté blasonner, d'où armoirie (cp. plaidoirie de
le vfr. arguée; du L. argutia. plaidoyer).
ARIDE, -ITE, L. aridus, ariditatem. force armée, BL. armata (armare),
ARMÉE,
ARIETTE, voy. air. it.armata, esp. -ada ; angl. army.
ARISTOCRATIE, gr. àpiîro/.parîîa, gouver- ARMELINE, du BL. armelinus armeni- =
nement des meilleurs (x^^iîtoi). D. aristo- — nus; voy. hermine.
crate, -tique. ARMER, voy. arme. —
D. armateur, ar-
ARITHMÉTIQUE, gr. qui se
à,it=r///jT.zo,-, mature (mots savants), armure. C. désar- —
rapporte au calcul (ipi&//o; nombre, verbe mer.
y.pfihij.'z'j)). ARMET, p. almet, it. almete, angl. helmet;
ARLEQUIN, dans le sens actuel du mot, de diminutif de healme, halme, elme, auj.
rit. axlecchino. Mais celui-ci d'oii vient-il? car heaume. L'absence d'une forme alme dans les
. —
ARR 30 — AHK
vieux textes fait incliner LUir6 pour une dé- ARRETER, comp. do a et do res-
arester',
rivation lit' arme. ter ; c'est tout bonnement le factitif de rester,
ARMILLES, L. minilla, bracelet. signifiant faire rester, enti'aver la mardie,
ARMISTICE, L. armistitium mot wowvoan
, fixer, clore (une délibération); subst. arrêt
forj;!', d'api'ùs l'analogie de solstitium, do (esp. it. jugement, résolu-
arj-esto), et ari-èlé,
arma et stare; cfr. le terme allemand voaffcn- tion. L'étymologie par gv.ip-ziTov, résolution,
stillstand. invoquée pai*fois pour an^êt, est inadmissible ;
ARMOIRE, armaire', vfr. almaire, au- la ressemblance de sons et de forme est for-
maire, angl. almery, ambry, allem a/rn<;r ; . tuite.
du L. ai-marium, buffet, armoire (de arma ARRHES, vfr. en-e, du L. arrha. — D.
dans le sens d'ustensiles). arrhe)-.
ARMOIRIE, voy. arme. D. ai'marier,— ARRIERE, vfr. arère, prov. itreirc, de la
armoria/, armoriste. combinaison barbare cul-rctro, commodcrriére
ARMOISE (vulg. herbe de la Saint-.Iean), L. vient do dc-rctro. —
D. arriçrcr (esp. arrc-
arti'misia, drar), arrérage (prov. arcyragcs).
ARMOISIN, taffetas peu lustré, it. ci-^ne- ARRIÈRE-BAN. Ce mot, quoique très an-
sino, liL. ermesinus', d'origine inconnue. cien, parait s'êtreformé par l'effet d'une faus.so
ARMON, pièce du train d'un carrosse où interprétiition du BL. haribannum, ariban-
gros bout du timon, soit du L.
s'attaclio le ni'.m =m ail. hecr-batui (convocation de l'ar-
aHemon (dans la bas.se latinité timon), soit= mée), d'où aussi vfr. arban, herban (citation
du L. ajvnies, jointure, emboiture. pour aller en guerre ou pour faire les corvées).
ARMORIER, voy. armoirie. Toutefois, d'ArboisdeJubainville(Itom.1, 141)
ARMURE, voy. armer. —
D. armurier, refuse au mot ba.s-latin l'étymon vlia. hariban,
d'où artnHrei'ic. celui-ci n'étant point constaté; selon lui, il
AROME, du L. aroma, gén. aromatis (gr. remonte à la période franco-mérovingionno et
âpufix, épice, herbe odoriférante), d'où pro représente charrbannus {ch franc est l'équiva-
vient aussi la forme aro^nate. D. aroma'— lant (le // des autres langues germaniques). '
tirjiir, aromatiser.
ARRIMER, arranger la cargai.son d'un bâti-
ARONDE, voy. hirondelle. ment, altération do vfr. arrumcr, osp. arru-
ARPÈGE, de l'it. arpeggio, subst. verbal tnar. Or, co dernier dérive du subst. vfr. ri«m,
de arpc(jf)iare, fr. arpéger, pr. jouer do la fond de cale, lequel représente le ni. ruim,
harpe (it. arpa). ail, n'im, auj. raum, espace (en termes do
ARPENT, prov, arpeii. Pour le < final, cp.
l'ancienne orthographe française chambul-
marine entrepont), angl. room.
: Arri- —
mer réjKjnd pour le .sens ù, ail. einrâiimcn,
lant, passant (angl. pea.sant), tirant (angl. emménager (des meubles).
tyrant), faisatU et l'ail, pergament, parchemin
ARRISER et RISER tout court, t. de marine
comparé à l'it. perganuma. Du L. arcpeniiis, ;
lièrement motivée dans notre cas par le désir articularc, articuler; -atio, -ation; -aris, -aire;
d'éviter le concours de deux syllabes com- inarticulatus, inarticulé.
mençant par lin r. Il vaut donc mieux, ARTIFICE, L. artificium. — D. artificier;
pour rosar et roser, admettre une dérivation artiticialis, artificiel; -osus, -eux,
directe du L. ros. —Le subst. verbal de ces ARTILLER*, munir d'engin:? (de là le terme
verbes est respectivement rociada, ruxada, de mai^ino artille], du BL. artillum (dimin.
rosada, fr. rosée, it. rugiada. de a7-s dans le sens d'engin). De là subst. — :
ARS, t. de vétérinaire, le pli qui se remar- artillerie, l'ensemble des engins, subst. artil-
que à la réunion de la poitrine et du membre leur, anc. qui dirige l'emploi des engins, et
antérieur du cheval. Gacliet le rattache au L. enfin l'ancien adj. artilleux, artificieux, rusé.
arca, coifre il rappelle que dans plusieurs
: Pour le rapport entre art et artillum, cp.
langues la poitrine est exprimée par un terme engin, ingénieur et ingénieux, de ingenium.
signifiant cofTre, creux; cp. esp. arcas, les Comme engigner, notre verbe artiller a
flancs, le creux qui est au-dessous des côtes, .signifié aussi user d'artifice. En prov., on
angl. chest, it. casso, cassero, thorax. Papias, trouve artilha dans le sens de redoute.
en parlant du thorax, dit " quam nos arcam
: ARTILLERIE, voy. le mot précédent.
dicimus, quod sit ibi arcanum " Diez oppose
, ARTIMON, L. artemo (iprs/'wv).
que ars ne désigne pas la poitrine, mais un ARTISAN, it. artigiano, esp. artcsano,
joint, et rapporte le mot à L. armi«A', jointure; dérive direct, d'un adj. artitianus formé du
Littré y voit une comparaison des deux mem- part, artitus, habile (" bonis instructus arti-
bres de devant du cheval avec un arc et s'en bus Festus). C'est de la même manièi'e que
>'
tient à arcus; d'autres établissent pour pri- 2)artisan s'est produit de partitus. Selon Fle-
mitif le latin artus, [articulation. Dans— chia (Postille etimol. 13), la finale fiançaise
tous les cas, l'** final est \\n reste de l'ancien isan ne représente pas un type itianus, mais
nominatif, comme dans fils, rets, fonds. une combinaison de -ensis [= is) -\- -anus
ARSENAL, it. arzanà, arscnale, grec du (= an); de même àsm's partisan.
moyen âge à(57-vâ>/!;; ces vocables, auxquels ARTISON, vfr. artuisoji, insecte rongeur.
se joignent it. darscna, partie séparée d'un Voici, d'après Bugge (Rom. IV, 350), l'his-
port, fr. darse et darsine, viennent de l'arabe toire de ce mot Lat. tarmitem, devenu tar-
:
dcir çanah, persan tarsanah, maison de tra- mita, a donhé tarte, d'où par aphérèse arte et
vail, atelier de construction. Arsenal paraît artre (forme ancienne fréquente) ; de là un
ainsi avoir sonné d'abord darsenal. Cependant composé arte-toison, devenu artoison, -uison,
Devic dit que, dans les foi'mes sans l'initiale rf, -uson, -ison, toutes formes con.statées. Je ne
le mot représente l'arabe as-sinaa, qui se dit trouve dans Godefroy que artre et l'adj artui- .
ASS — 32 — ASS
ASPHYXIE, gr. àî?uîia, absence de pulsa- français est actif (= poser, fixer), tandis (pio
tion (îj>ùi;:iv, battre, en parlant du pouLs). — le terme latin est exclusivement neutre (être
D. asphj/.ricr. assis). La langue d'oïl avait au.ssi la forme
1. ASPIC, plante (lavandula spica), p. es- assirc, (jui répond à un primitif latin assi-
pic, du L. spicum, dit par métaplasme pour dëre. Le participe assis reproduit le L. asses-
sj)ica. sus (cp. pris de j)resHS i^.jrrcnsus^ C'est do co
2. ASPIC, serpent, L. aspis, -idis, gr. participe assis que vient le subst. assise,
iiTtii ; le prov. a aspis et aspic, l'esp. et le as.semblée, séance de juges, puis, par exten-
port, aspid, Vît. aspide. Le c final de la sion, lejugement porté par eux, ou bien aussi
forme provençale est resté en français; et je imposition, taxe décrétée par l'autorité. Le
crois que le prov. asjiic vient d'un diminutif sens primitif et matériel .du Jiiot reparait dans
«îîrfSiov, cp. dans cette langue fastic (L. fas- assise signifiant couche de pierres. Com- —
tidium), aloc (L. allodium) et autres mots où jiosé rasseair, rassis,
:
temps, à la fois ; assembler, c'est faire venir ou stantif verbal assiette, en invoquant l'analogie
mettre ensemble (v. c. m.). Dans l'ancienne de pedito {-onis) devenu piéton et de peditare
langue le verbe signifiait combattre (cp. jou- (dérivé de peditus) devenu p/etar, péter. Il
ter de juxta. —
D. assemblée, assemblage; expliquerait également, continuais-je, l'espa-
dcsassembler, rassembler. gnol et le ju'ov. sentar, asentar, it. s&>Uare
ASSENER, dans l'ancienne langue, signifiait et assentare, vieux fr. assenter asseoir, =
diriger ; le mot n'est iTsté que dans la locu- qui se rapporterait à. seditare comme renta,
tiod assener un coup. 11 vient de sen, sens, rente à reddita (1). Dans mon hypothèse d'un
direction, qui est aussi le primitif de forsene , supin seditum (ce barbarisme ne serait pas
forcené. plus étrange que le premitum, pour pres-
ASSENTIR*, vieux verbe fi-., du L. as-sen- sum, auquel l'on doit imprenta et empreinte),
tire; il nous en est resté le subst. assentiment. je prétendais que les déductions que j'en
curieux de remarquer à côté de la tei'-
Il est tirais ne soulèveraient aucune difficulté sé-
minaison imejit, dans assentiment, ressen- rieuse, tandis qu'il y en a de très graves
timent, celle en emenl dans consentement. à voir avec Littré, au fond du mot assiette,
Les anciens employaient, dui*este, la forme un thème siet, répondant à L. situs D'abord,
normale assentem,cnt
(1) Dieu voit dans oos ff>rmes des dérivations du parti-
ASSEOIR. Le verbe seoir (pi'on. soir), cipe présent .sedmiem. mais la lettre s'y oppose, à ce
anc. sedeir, sëeir, seoir, représente le L. se- qu'il me semble ; en français la marche sedentare, :
ASS 33 ASS
on ne connait aucun exemple d'un i bref même origine qu'à l'italien assetto, agence-
latin se francisant par ie ; puis la citation ment, ordre, et le faire passer par la môme
du Recueil de Tailliar, dont s'appuie l'auteur filière idéologique couper, diviser, répartir,
:
mis d'abandonner le terrain conjectural, et terme assiette (taille, répai'tition) des impôts,
do fonder sur le \ïv. asseter, assctter = puis dans l'expression usuelle en termes d'eaux
asseoir, placer, disposer, dont ce dict. nous et forêts Y assiette des ventes (on marquait les
:
donne de nombreuses preuves, l'étymologie : bois à vendre en les entaillant), et enfin dans
assiette, subst. verbal fém. de assetter (la l'emploi du mot assiette désignant le plat sur
diplithongue ie en syllabe tonique est de lequel on sert ou on mange, et au sujet duquel
règle). Il n'y a que pour l'acception « plat " il me reste encore quelques mots à dire.
qu'il peut encore rester quelque doute (v. pi. Assiette =
vaisselle plate, peut être une mé-
loin). —
Mais nous avons, à propos de la tonymie de assiette == service, mets (ce qui
famille du L. sedrre, encore d'autres formes est 7nis sur table), mais l'inverse est égale-
romanes à débrouiller. L'espagnol sitio (place, ment possible, et plus probable (coinparez les
siège) est, selon moi, le substantif verbal termes fr. plat et angl. dis h =
mets). Dans
de sitiar (composé asitiar, prov. asetiar,
: les deux cas (1), il peut y avoir an fond l'idée
asetjar). Ce sitiar, je serais disposé à le rame- de trancher les viandes (il faut les trancher
ner à un type sitiare, formé de situs, comme avant de les servir), et dans le deuxième, on
acutiare, captiare, tractiare, etc. de acutus, est involontairement rappelé à nos vieux mots
captits, tractus, si ce procédé de dérivation tailloir et tranchoir, à l'it. taglière, esp. tal-
verbale, fort usiiel en roman, ne se produisait ler, ail. teller. On le voit, je reste dans l'indé-
pas en espagnol par un simple ^ iaguzar, cision pour ce qui concerne le mot assiette :
casar, trazar). Cette dernière circonstance l'élément secare paraît y avoir autant de droit
m'engage à me rallier à Diez, qui conjecture (pie sedere.
pour primitif des formes en question (voyez ASSIGNER, vfr. assiner, assener, du latin
son article sitio) le vieux haut-ail. si:;an, assignare.
vieux saxon sittian (sedcre). —
Le provençal ASSIMILER, L. assimilat^e (similis).
assestar (placer, asseoir) et l'italien assestare ASSISE, voy. asseoir.
(actif =
arranger, ajuster, neutre seoir, = ASSISTER, L. ad-sistere. D.assistatice,—
convenir) no reposent pas, comme le pense 1.présence, aide, secours; 2, ensemble des
Littré, sur une mixtion du supin sessum avec personnes présentes.
situs, mais ils ont pour type assessitare, dé- ASSOCIER, L. ad-sociare (socius, compa-
rivé de assessum, assessare (le simple sessi- gnon).
comme on sait, classique). C'est ainsi
tai'e est, ASSOLER, de sole (v. c. m.).
que iaxum, supin secondaire de tagere^ tan- ,
ASSOMBRIR, rendre sombre.
gere, a produit taxitare, d'oii it. tastare, prov.
— ASSOMMER, selon les uns, de somme =
tastar, fr. tûter. Jusqu'ici, nous avons su, L.somnî^s; assommer, qui s'employait autrefois
sauf la forme sitiar, nous accommoder du en effet pour assoupir, serait ainsi employé
primitif sedere, soit par seditum ou par ses- métaphoriquement pour tuer, comme l'expres-
sum. En sera-t-il de même à l'égard de l'ita- sion " in soporem collocare " dans Plauto,
lien assettare, agencer, disposer,
ajuster, Amphitr., 1, 147; selon d'autres (Ménage et
asseoir, châtrer? Je ne le pense pas. Le double Diez), de somme, fardeau (v. c. m), de ma-
t, d'après les régies de formation italienne, ne
nière que assommer serait propr. accabler
permet point d'y voir une simple modification sous la pesanteur d'un poids. Nous tenons la
formelle de asctar ou de asestar traités ci-des- dernière explication pour d'autant plus accep-
sus et malgré la conformité de son et la
;
table le verbe signifie aussi fatiguer,
qtie
coïncidence des significations, il faut lui Cependant, l'ancienne acception « me-
affliger.
chercher un autre original. Or, la facture du ner à fin " qui, ainsi que celle de " énu-
mot appelle nécessairement assccitare, fréquen- mércr » , se rattache à " summum, summa »
tatif de as-secare, couper pour chacun et engage à admettre ce dernier primitif aussi
pour chaque chose dans les proportions vou-
lues, diviser par justes parts, répartir, arran-
pour le sens « tuer ». D. assommoir.—
ASSOMPTION, L. assumptio, substantif de
ger, placer, asseoir convenablement, assigner,
assumere, prendre à soi.
fixer. Arrangement, disposition, placement,
sont des idées cpii découlent naturellement
ASSONANT, L. ad-so7ians. D. asso- —
de couper, diviser, et d'ailleurs le sens châ-
trer vient en surplus corroborer cette étymo-
(1) L'emploi du mot msùtte pour vaisselle plate,
logio, que je ne fais que l'eproduire après d'aijrés les citations de M. Littré, ne parait remonter
Diez. —
Et maintenant, pour en revenir à qu'au xvir siècle. Cela parle en faveur de l'antério-
rité du sens mets, service. ^Godefroy ne cite iiu'iin
assiette, point de d(jpart de ce long article, ne seul ex. de assiecle, où ce mot revient plusieurs fois dans
vaut-il pas mieux, pour l'expliquer, laisser là cette liaison « une chainture à assicclra d'argent et de
:
AST —U AT!
signifiait également calmer, apaiser. Cepen- est le même mot et que le sens actuel serait
dant, cette étymologie pourrait n'être que dédiiit de celui de « dépôt d'outils ". —
spécieuse. Diez, dans la l""" édit. de son dic- D'autres y voiont le BL. artillaria, boutique
tionnaire, dérive le mot du
goth. giisôthjan, de travail (de artillum, outil, voy. artillêr),
rassasier ; le fait de la dentale et
de l'élision mais l'élision de Vr fait difficulté. — Littré
de son remplacement par un v euphonique se pense que le primitif est attelle ou astelle,
l'cncontre aussi dans pouvoir pour podoir petite planche; il s'agirait ainsi d'un lieu où
(prov. poder). Mais, dans les éd. suivantes, l'on prépare les attelles ; en d'autres mots, un
pour rester dans le domaine latin, il a préféré atelier de menuisier. Rônsch aussi part d'un
identifier assouvir avec viv. assouffir, satis- type lat. astularium, lieu où il se fait des
faire, contenter, (jui du latin sufficere,
vient astnlfi', des éclats de bois ou de j)ierrc, donc
bien que le changement de //^encsoit insolite. lieu de travail, où l'on charpente, taille, etc.
Littré, insistant en outre sur les anciennes ac- C'est peu plausible, bien i\\xc astula éclat =
ceptions i^arfaire, accomplir, pense qu'il peut de pierre, soit consulté dans VitruvefArchit.,
y avoir eu confusion en un sexil des deux 7, 6). —Enfin, feu M. le prof. J.-H. Bor-
verbes assopire (satisfaire la faim, l'assou-
:
mans, de Liège, veut apparenter notre mot
pir) et assufpca-e, suffire, satisfaire, achever. avec lit. attillare, mettre en ordre, arranger,
ASSUJETTIR, factitif de sujet. et avec l'expression wallonne en atilcure, en
ASSUMER, prendre sur ou pour soi, du L. ordre, en bon état, et ceux-ci avec l'ags. tiljan,
as-suiiierc. arranger, construire. —
C'est cette dernière
ASSURER, assegurer, asseûrer, L.
vfr. explication qui me
sourit le plus; .'seulement,
assecurai'e. —
Cp.*^. rassurer. au lieu d'alléguer l'italien, je rappelle le bon
ASTELLE (on dit plus souvent attelle), vieux mot fr. atillier, arranger, ajuster, pré-
lame de bois, du L. astella, p. astula, frjig- parer, é«juipcr, armer, d'où subst. o/zV, action
ment de bois, ais, bardeau. L'étymologie has- d'atiller, de préparer ce iju'il faut ; de là à un
tella, dimin. de hofta, lance (Littré), ne con- subst. atilier, atelier, lieu de travail, labora-
vient pas au sens. toire, il n'y a pas loin. Reste à savoir l'origine
ASTER, plante, du grec xirnp, étoile,qui de atillier = prov. atilhar, it. attillare, esp,
est aussi le primitif de astéi'ie, astérisme, (Uildar. Diez, qui ne connaissait pas notre fr,
astéroïde, astérisque [itziphxoi, petite étoile). atillier, rattache, avec quoique hardiesse, ces
ASTHME, vfr. asme, esp.it. prov. asma, du derniers verbes à un type attitulare, de titulns
grec àc^/uLx, respiration. — D. asthmatique, (it. titolo, csj). tilde) = le point sur Yi.
ATERMOYER, reculer le terme. Pour la
ASTIC, ou asti, instramcnt pointu des cor- terminaison dérivative oyer (= L. icare),
donniers pour lisser le cuir subst. verbal de ;
cîfr. tournoyer, flam.boyer, rudoyer, etc.
astiquer (v. c. m.). L'ancienne langue disait atermer.
ASTICOTER, voy. astiquer. D. asticot, — ATHÉE, gr. x-^io^. — D. athéisme.
ver que l'on pique à l'hameçon, pour prendre ATHÉNÉE, gr. àjyjvaîov (de 'Aâ/jv/î, Minerve,
les pois.sons; anc. =
irritation; cp. wallon déesse des sciences).
asticote, contrariété, indisposition légère. ATHLÈTE, gr. i&^'^-'îi. combattant.
ASTIQUER, employé familièrement tantôt ATINTER, ajuster, parer, attifer, anc aussi
pour toucher légèrement ù iine partie malade armer, équiper; vfr. atintelé, paré, attifé. L'ori-
(rôuchi), tantôt pour ajuster, parer (surtout gine de ce vieux mot, synon. de atillier (voy.
au réfl. s'astiquer), tantôt pour frotter le cuir atelier), n'est pas encore tirée au clair. L'éty-
avec un polissoir pointu (voy. astic); dérivé mon le plus naturel, 'attinctare, fréqu. de
de la racine germanique stech, stich, piquer, attingere, attouchcr, offre cela d'irrégulier
pointer. De là subst. astic (v. c. m.); lefréqu. qu'il .suppose un supin tinctum, au
lieu de
asticoter (v. c. m.), pointillor, irriter, tour- taclum; mais cette irrégularité a de nom-
menter (cp. l'ail, slicheln). breuses analogies et n'est pas plus cliuquautc
ASTRAGALE, L. astragalus (àîT/sâyaio?). que celle qui fait sediturn de sedere ; pour les
ASTRE, L. astrum. —
D. désastre (cir.aW. acceptions tirées de l'idée foncière « toucher »
unstern), et malotru (v.c. m.). ce sont les mêmes que œlles propres à l'an-
ATT 35 - ATT
cien adouber, « vêtir, armer, équiper, ajuster, langues germaniques que dans les idiomes
soigner ", lequel on est d'accord à rattacher celtiques, et dont le sens fondamental est
à un mot germanique signifiant toucher. J'es- « chose proéminente qui sert à fixer » ; la lo-
père que mon explication trouvera meilleur cution s'attaquer à est, pour ainsi dire, iden-
accueil que les tentatives faites par Littré à tique avec s'attacher à, entreprendre ; c'est
l'aide de vfr. tin = tempe (atinter serait pr. d'elle que procède le sens actif du verbe atta-
orner la tête) ou du vfr. tin, pièce de bois. Rap- quer, cfr. l'expression grecque uTir-i^ai nvo; ;
pelons encore comment les verbes tirer, tour- attacher, c'est fixer à. L'étymologie attexere
ner, dresser ont développé des significations est une bévue. —D. attacJie, attachement,
analogues (voy. atour et attirer), Littré (au — rattacher ; notez encore le terme de couturier
Suppl.) signale le roumain atintar (pron. ou de passementier soutacher (d'où soutaché)
a-tsin-ta), fixer, attacher, dér. de tinta, clou, pour sous-tachcr Voy. aussi l'article tache.
.
ATONIE, gr. iro-dx, absence de tension de l'ail, stellen, mettre, placer Diez rappelle
;
ATRABILE, du latin atra bilis, bile noire, de " partie du collier des chevaux à laquelle
mélancolie. —
D. atrabilaire. les traits sont attachés » . Il rappelle ([vCaste-
/s let pour le bois du collier des clie-
s'est dit
ATRE, anc. astre, propr. le bas
aistre,
vaux. Dautres ont pensé au radical tel qui est
d'une cheminée garni de carreaux, de l'adjec-
au fond du protelum boum (trait debœufsj de
tif BL. astricus, qui a donné aussi le vha.
Pline, du verbe protelare, tirer en longueur ;
astrih et l'ail, mod. estrich, pavé, plancher
on pourrait, en efiet, admettre l'existence d'un
carrelé. Diefenbach rattache noti-e mot au
subst. latin telum ou tela, signifiant timon,
L. asser, ais, solive, latte, planche. L'idée de
et qui serait, comme nous le supposons, à
pierre ne serait dans l'origine que l'accessoire.
l'égard de telum, javelot, ainsi que de tela,
Diez pense que it. astrico et BL. astricus sont
toile, une contraction de tendlum ou tedlum.
issus de l'it. lastrico, pavé, dalle, par l'aphé-
Un pareil rapport entre tendere et telum, s'il
rèse de l'initiale (prise pour l'article), et quant
était justifié, rappellerait les expressions alle-
à lastrico, il le dérive du BL. plastrum mandes anspannen et ausspanneii; maïs l'éty-
{llj.-:z).a.';xpo-j,sol pavé, vfr. plaistre, ail. pflas-
mologie stellen se prête, pour la forme, bien
ter).
plus naturellement. Enfin, je citerai l'opinion
-ATRE, dans blanchâtre, marâtre, etc., de Langensiepen, qiii dérive atteler du L. *aj)-
sufiixc péjoratif ou affaiblissant, représente tidare, fixer à, attacher à part l'étrangcté de
;
cj). toucher et toquer. L'un et l'autre, ?\insi fr. attention (L. attentio) et atfoitif. D. ut- —
que le terme contraire détacher, provienncmt tente (cp, descetite, rente, vente, de descen-
d'une racine tac, qui se rencontre avec des dre, rendre, vendre), vfr. atendue.
significations variées aussi bien dans les ATTENDRIR, rendre tendre.
.
AUH — M) — AUG
ATTENTER. L. nd-tcidayr, litt. faire iino dcjtroche). — D. aubaine, succcs.sion aux biens
tentative sur. — D. attentat (mot sjivant), d'un aubain.
d'oil Ktli'illdtnirc. 1. AUBE, albe', i)oint du.jour, it. alba, du
ATTENTIF. ATTENTION, voy. attendre. L. alba dies, cfr. l'expression latine « cœlum
ATTÉNUER, L. nttenuare {tennis). albet ". —D. aubade, esp. albada, concert
ATTERRER, atteivare, csp. aterrar, je-
it. donné à l'aubo du jour, cfr. sérénade.
tcv à terre, terrasser; en t. de marine, appro- 2. AUBE, i)rov. «/i«, vêtement do toile blan-
cher (te la terre. che, du L. albu.s, blanfc;
ATTERRIR, jjrcndrc terre. 3. AUBE, ais ou palette d'une roue, t. d'iiy-
ATTESTER. L. aftestnn(testis, témoin). draulique; selon Littré, du vfr. aube, l)ois
ATTICISME, du grec àTTiziï/to'j, manière blanc, qui vient du L. albu.s; Darinosteter
élégante do parler des habitants de VAttique jjcnse que le terme a été applitpié à la palette
ou Athi'nicns. d'une roue hydraulicpie par extension de aube
ATTIÉDIR, rendre tiMe. = toile blanche des ailes de la roue.
ATTIFER. ATTIFFER. vfr. tiffer, en Pié- AUBÉPINE, aubcspine', L. alba spina, épino
mont, ti/lé, anr. aiigl. tife, parer, coiffer, du blauclie.
gcrnianicpic tippan, toucher de la pointe des AUBÈRE, d'un type L. alberius, de albus,
doigts (ni. aantipptm, couper les pointes des blanc. D'après Dozy =
esp. ortro(anc. Iiobero),
—
D. augmenter, L. augmentarc.
AUBAIN, l'tranger, BL. albanus, dérivation AUGURE, L. augurium (voy. /leur); augu-
de l'adv. alibi (cfr. ancien de ante, prochain. rer, L. augurari; augurai, L. auguralis.
— ,
AUT — 37 AUT
AUGUSTE, L. augustus. AUTEUR, L. autor ou plutôt auctor. Auc-
AUJOURD'HUI, p. aujourd'lini. Noj. hui. toritas, autorité; auctorizare* (BL.), auto-
AULIQUE, L. aulicus, adj. do aida, cour. 7'iser.
AUMAILLE, almaille, terme collectif (cp. AUTHENTIQUE, L. authenticus, qui relève
bctail, volaille), propr. bétail; du plur. latin d'une source originale, =
gr. «ù&îvtixo; (de
animalia. «v&î-JT/j;, ne dépendant que de soi, maître).
D. authenticité, verbe authentiquer.
AUMONE, almosne, prov. almosna, ail. al-
mosen, augi. alms (v. angi. alrnosc), it. limo- AUTOCHTHONE, grec ccùroypà-^, du pays
sina, esp. Umosna, du gr. 'ù.vrtii.oi\j-ifi, commi- même.
employé par les pères de l'Egiise AUTOCRATE, gr. oLÙzo-ApUz-m, puissant par
sération,
latine pour acte de charité. —
D. aumônier;
soi-même. — D. autocratie, -ique.
AVA 38 — AVE
liifvi.s, une ;uitrc fois (se disjiit anciennement AVANT, voy. nins. En composition, le mot
tant ])our « alias » que pour " quondam "). exprime antériorité ou priorité lavatUroureur
AUTRUCHE, du L. acis struthio, csp. iwes- (L. prajcursor), avant-propos (=ï latin prso-
truz. La fui'me autruche est dialectale pour fatio).
autruce. Le BL. disait stnicio pour struthio. AVANTAGE, dér. de avant. L'avantage est
— Pour la combinaison avis avec le nom de une avance sur autrui. —
D. avantager, avan-
l'oiseau, oj). outarde. tageux, désava^itage.
AUTRUI, voy. autre. AVARE, L. avarus; l'ancienne langue d'oïl
AUVENT, répond au prov. anvan, rempart, di.^ait, et le picard dit encore, aver pour
retranchement; pour an changé en au, cp. le avare, comme on a fait amei' de amarus. —
vieux mot erranment (sur le-champ) alternant D. avarice, L. avaritia; ào \à, avaricicnx
avec eii'aument. Quant à anvan, il vient, AVARIE, dommage, perte, particulière-
d'après Diez, de ante-vannus, van avancé, ment dommage éprouvé par un navire ou par
dénomination fondée sur quelque similitude les marchandises qu'il contient, it. esp. ave-
de la chose. Ducange explique notre mot par ria, haberia; holl. haverij, ail. hafei-ei. Il est
altus vannus. La forme française, avec le t difficile de disjoindre le mot de la racine
final, accuse une étymologie imaginaire ante- germ. haf, mer en général, ou du dér. hafen,
ventum, abri contre le vent. Aux xv*" et xvT haven, port de mer. Cependant, Dozy le fait
siècles, on rencontre aussi ostevent, ustve>it; venir du subst. arabe axoûr, défaut, dommage.
c'est là une interprétation mais non pas
, — Le même mot avarie, dans l'acception do
l'étymologie réelle du mot auvent. Le bas-latin droit d'ancrage, parait être indéjiendant et
a auvujinus, auventus. vient do havre, havene, ni. haven, ail. hafen,
AUXILIAIRE, L. auxiliaris (de auxilium, port. —
D. avarier, gâter.
aide). AVÉ MARIA, mots latins, « salut, Marie! »
AVACHIR, se détendre, se relâcher; selon premiers mots de la .salutation angélique.
Diez, du vha. arwaichjan, amollir. Par une AVEC était d'abord adverbe, avant d'être
note manuscrite du prof de Bonn, je vois employé comme préposition. Cet adverbe,
qu'il songeait au.ssi au L. rascus vacuus, = écrit aussi anciennement avoec, avuec, avoc,
consigné par Quicherat et signifiant inanis, etc., et renforcé parfois par la terminaison
vanus. En wallon liégeois, s'avachi signifie adverbiale es (avecques), est le résultat do la
s'affaisser. Le cliamp des conjectures étant combinaison do la prépi ave, ove, (jui repré-
ouvert, je cito encore l'ail, watschein, branler sente le apud latin, et du pronom oc, cela,
le corps, se dodiner, adj. watschiy, watsche- = latin hMC. Comparez les compositions ana-
lig, dodu, grassouillet ; tout le mouvement logues des mots latins antea (anto-eaj, poslea
d'idées qui se rattache au mot avachir per- (l)Ost-ea), de it. perô, par cela, pour cela,
met aussi de placer ce dernier dans la famille prov. senso, sans cela, vfr. puroc, pour cela,
du lat. vacillare, manquer de fermeté, de senuec. sans cela. L'advcrbo avec fut dans la
consistance. suite employé comme préposition, comme il
AVAL, p. à val, du L. ad vallem, comme est advenu aux adverbes dessus, dedans,
amont de ad montem. D'adverbe le mot s'est devant, etc. —
Primitivement, le cum latin .«^e
fait subst. dans la locution à l'aval, et comme rendait dans la langue d'oïl par les f<jrmcs
terme de commerce (souscription mise en bas ave, ove. ad, a, od, o, toutes altérées de apud,
d'un effet). —
D. avaler, propr. faire des- préposition qui s'employait dans la basse lati-
cendre, abaisser, employé auj. exclusivement nité fort souvent avec la valeur de cum.
p. faire descendre par le gosier; anc. aussi AVEINDRE, .aller prendre qqch. à la la ré-
neutre, descendre. quisition de qqn., ne vient psoi de advenire,
AVALAISON, -ANCHE. -ASSE, voy. avaler. comme on admet généralement, mais d'un
AVALER, voy. aval. —
D avalaison -asse,
. , verbe abemere, ôter, cité par Festus (cfr.
pr. descente; avaloire; avalanche, anc. ava- gemere devenu geindre). Cette étymologie do
lange; le synonyme lavange ou lavanche e^i, Diez satisfait beaucoup mieux et le sens et, la
d'après Diez, soit une corruj)tion de avalanche, forme. L'analogie de adulter, vfr. avoutre,
soit un dérivé du h.labina, éboulement (de labi, permettrait, du reste, aussi de dériver ce mot
glisser; employé par Isidore). —
C. ravaler. de adimere.
AVANCER, prov. et esp. avamar, it. avan- AVEINE, variante dialectale de avoine, latin
2are, dérivation verbale de avant. D. — avena.
avance, avancement. AVELINE, avelaine', L. avellana, noisette
AVANIE, mot d'origine
grec-\'ulgaire; (de Avella, ville de la Campanie). — D. ave-
àêavîa, affront avec supercherie, paraît être linier.
le turc avan, vexation; en hébreu, on trouve AVENANT, qui convient, qui est
propr.
iven pour iniquité. —
Quoi que vaille cette conforme (de à Vavcnant), puis qui
là la loc.
étymologie, il est difficile de considérer ava- est agréable, qui plaît; de avenir, dans l'an-
nie comme dérivé du vfr. avanir (ordonnance cienne acception convenir. Vfr. aussi ave-
de Philippe le Bel, xiii" siècle « Son droit
: nahle.
n'est amoindri, ne son honneur avant"), qui 1 AVENIR (aussi advenir), arriver, se faire,
—
.
n'est autre chose qu'un factitif ou inchoatif do L. advenire. D. aventure (angl. adventure,
L. vanus, vain. —
Voy. d'autres conjectures mha. aveniiure, nha. abenteuer), ce qui ad-
au suppl. do Littré. vient, particul. ce qui advient d'une manière
.
AVI 39 AZY
imprévue, événement, action hasardeuse, AVISO est le mot espagnol répondant à
hasard, péril [le mot ne vient pas plus de avis; donc, barque d'avis.
aventurus (Brachet) que peinture ne vient de AVITAILLER, de vitailles, ancienne forme
picturiis; c'est le suffixe ure appliqué, comme de victuailles {y c. m.).
. —
C. ravitailler.
toujours, au supin adventum, adv>enturd\
:
;
AVIVER, rendre vif. —
C. raviver.
avenant (v. c. m.); avèneynent ; avenue chemin , AVIVES, vfr. vives, glandes à la gorge des
par où l'on arrive. chevaux. Nicot « Avives pour eaux vives,
:
AVERSE, de à verse, voy. verser. avoué, qui anc. signifiait protecteur, défen-
AVERSION, L. aversio, éloignemcnt (de seur, particulièrement des droits d'une église
avertere, détourner). Cp., pour le sens, répul- ou fondation. Cfr. ail. vogt, de vocatus.
sion de repellere, repousser. AVOINE, aveine, L. avena.
AVERTIN, vertige, do avertere, détourner, AVOIR, AVEIR*, L. habere; part, eu,
égarer. p. ë-ii, de habutus, forme barbare p. habitas
conseiller (de là aussi s'aviser, d'abord se faire 1'/initial, ayant été pris pour l'article, a été
voir une chose comme bonne ou possible, puis retranché comme dans le fr. aveV de lapillus,
prendre une résolution) du BL. advisare, ; once (it. lonza) de lynx, it. usignuolo de lus-
forme dérivée de BL. advidere. D. avis (v. — ciina, etc. —
D. azurer.
c. m.). — C. raviser. AZYME, du gr. û^v/ioi, sans levain (^û/*>î).
,
BAC — 40 IJAC
B
Babeurre, mot doriginc incertaine. Piez BACCALAUREAT, voy. bachelier.
le rapporte à battre le beurre, d'antres à bas BACCHANALES, L. bacchanalia [X^accXm?).
beurre ; Littré voit dans bu le préfixe péjora- BACCHANTE, L, bacchaus (Hacdiusl
tif bes (v. barlong). L'étymologie de Diez est BACHA, voy. pacha.
i\
apjinyéo par la forme wallonne bat l'bùr. BACHE: l'idée de voûte ou de creux, notam-
BABICHE, corruption de barbiche. ment dans l'acception de caisse vitrée, cngîige
BABILLER, mot naturel, qui so retrouve à prêter à ce mot une origine connu une avec
partout et procède des syllabes iniitatives ba bac. —
L'acception ^ grosso toile dt)nt on
ba ba, qu'émet l'enfant en s'eflbrçant de par- recouvre les voitures » ast également propre
ler; cp. en angl. babble, en ail. babbeln, à vache (voy, ce mot dans Littré sous lo
en grec ^îaSi^îiv. Il n'est pjus besoin, pour n° 10) elle aj)partient donc prob, à un homo-
—
;
de derrière, « parce que lo pilote condui.sant charo (gantelée) o do sempre verdo louro »
le gouvernail tourne le dos au c«)té gauche du
(Lusiade, 3, 97), d'où le subst. baccalauréat.
navire " (Diez et Grimm). Litti'é explique le Quant à l'étymologie, on en avait proposé
divei-ses, naturellement .sans s'inquiéter dti
mot allemand par bord du château d'avant,
« parce que, dans les anciennes embarcations développement des sens, tel qu'il est présenté
du Nord, le château d'avant était sur la gau- ci-dessus, entre autres : bas-chevalier, puis
che ". Kiliaen backbord, navigii sinistra
:
L. ou plutôt le gaél. bachali (irl.
baculi'.s
BAG 1 — BAI
bâton. Cp. barrer do barre, et le wallon aslo- bac/i, \)o.iit, ou à l'arabe bagez, honteux, ou
ker, m. sign., do l'ail, stock, bâton. Lo circon- bàgi, ])rostituéo.
flexe n'est pas motivé par l'étymologio. D. — BAGATELLE, de l'it. bagatclla. Ce dernier
dcbàcler, pour ainsi dire dés-obstruer, débar- suppose un \sv\m\ï\ibagatta ou baghetta, qui à
rasser. son tour, d'après Diez, est dérivé de baga,
BACUL, croupière, bat-cul. = vieux mot roman que nous avons indiqué
BADAUD, voy. bayer. — D. badauder, comme primitif de bagage. On trouve, en
badav.dcrie. effet, dans le dialecte de Parme, le mot ba-
neau, collier.
bafa, et vfr. baffe, beffe, raillerie (vfr. baffe,
aussi soufflet). L'origine de ces mots est pro- BAGUENAUDE, d'où baguenaudier en bo ,
BAFRER, d'où le subst. bâfre. Ce mot appar- cana, baccanalda. Avec ce procédé-là, on est
tient sans doute à la même famille que bave, toujours sur d'aboutir.
gourmand. En Hainaut on
cfr. le pic. bafe,
BAGUER, anc. lier, attacher, trousser, se
dit bafrcux, en Piémont bafron, pour glou- rattache à bague, faisceau, mais en est-il do
ton. —
Dans le Novum Glossarium de Diefen- mèine de baguer, coudre à gros points?
bach (1867) on trouve : L. bafer, grossus, BAGUES, voy. bagage.
agrestis, corpulentus. Il pourrait bien être lo
BAGUETTE, comme l'esp. bagueta, vient
primitif de bâfrer, s'engraisser. Divers — directement, parait-il, de l'it. bacclieita(^^\m\\\.
dialectes du nord de l'Italie ont baffa, bafa,
àebacchio, bâton =L. baculus):, cependant,
au sens de flèche do lard, tranche de lard, le cch rendu par g est contre l'analogie de
substance graisseuse. Voy. Mussafia, Bei- raquette de racchetla.
trag, etc.. p. 31.
BAHUT correspond à l'it. baûle, esp. baïd,
BAGAGE, terme collectif dérivé de bague, port, bahid, prov. baûc. Les formes avec la
faisceau, harde (cfr. la locution : se retirer finale l font incliner pour l'étymologio du L.
bagues sauves). Quant au mot bague (en BL. bajulus, porteur, déjà proposée par Nicot
baga signifiait aussi coffre), on lo retrouve (cfr, it. gerla, corbeille, pour gerula, de
dans le gaél. bag, cymr. baich, bret. beach, gerere, porter); il faudra alors admettre avan-
fardeau, paquet nous citons encore les
; cement do l'accent tonique de l'antépénul-
verbes gaél, bac et vieux nordique baga, sign. tième sur la pénultième, comme on le trouve
embarras.ser, impediro. Il n'est pas nécessaire, dans esp. casulla, du L. casula. Il faixt observer
on le voit, de dériver bague de l'ail, pach, que le t final dans baliut, étant d'introduction
d'où le fr. paquet. postérieure, ne peut être invoqué contre cette
BAGARRE, tumulte, encombrement. Ce étymologie. Ménage, Chevallet et autres font
dernier sens engagerait à le rattacher aux venir bahut, du vha. behuotan (ail. mod.
verbes cités sous bagage, et signifiant » en- behiïten), garder, «conserver Mahn invoque
;
relle, Diez cite le vha. bàga, dispute, que Che- tout cas, cette étymologie ne pourrait conve-
vallot aurait bien fait de ne pas mettre en nir qu'aux formes fr. et prov.
rapport avec balgen (se chamailler), ce der- BAI, it. bajo, esp. bayo, prov, bai; du L.
nier appartenant à une racine toute différente. badius, brun, châtain (Varron). De là le
BAGASSE, vfr. baiasse, d'abord servante, dimin. baillet, roux tirant sur lo blanc ;
puis mauvaise femme, it. bagascia, esp. ba celui-ci est fait d'après un type latin badio-
gasa. Si l'on ne veut pas décomposer ce mot lettus. Baillet, toutefois, pourrait aussi, d'après
en bague (v, pi. h. sous bagage) -\- la termi- Diez, être un dimin. du L. balius ; cp. balio-
naison asse =
lat. acea, et y voir, quant au lus, brun marron, dans Plauto.
sens, une analogie avec le terme injurieux 1. BAIE, petit golfe, it. baja, esp., prov.,
des Allemands lumpenpack, on peut avoir
: sarde bahia. Isidore hune portum vetercs a
:
recours au cymr. bâches, petite femme, de « bajulandis » mercibus vocabant bajas. Cela
.
BAI 42 BAL
n'est guère vraisemblable. Frisch, prêtant au BAILLON, accuse un type latin baciilo, gén.
tache à bayer, de badare. Cette manière de Bli. badallum porte à croire que le mot est
voir est corroborée par l'existence dune forme un dérivé do bâiller : donc propr. ce qui tient
catalane badia. D'autres prennent bahia pour la bouche ouverte. —
D. bâillonner.
un mot basque, qui aurait aussi donne le nom BAIN, it. bagno, esp. bano, prov, banh,
à la ville de Bai/ona, qu'ils décomposent en du L. balneum, avec syncope de l.' T). bai- —
baia, poi-t, et cma, bon. D'autres, enfin, citent, gner, L. balneare.
avec raison peut-être, les mots celtiques badh BAÏONNETTE. Cette arme tire, dit-on,, son
ou bar/h, qui signifient la même chose. Littré nom de Bayonne, parce que, selon quelques
se décide pour Bajae, lieu agréable sur la auteurs, elle fut employée en premier lieu à,
côte de la Campanie, qui atirait fini j)ar l'assaut do cette ville en 1665 selon d'autres,
;
prendre le sens de tout lieu maritime agréable l)arce qu'elle y fut inventée (selon Hey.se, en
et enfin celui de refuge pour les marins.
1640). — Quoi qu'il soit de l'étymon
L'accentuation esp. bahia est expli(piéc par Bayonne, l'existence de la baïonnette et do
la forme gr. ,3acai. —
L'étymologie, ^a.v baie,
son nom est constatée dès 1575. D'autre part,
ouverture (v. c. m.), conviendrait pour le il faut aussi tenir compte de co que l'on trouve
sens, mais pour la lettre, il y a cette diffi- dans Cotgrave (1611) à l'article Daionette :
culté qu'au VI® siècle, dans le glossaire d'Isi- u A kind of small flat pocket dagger, fur-
dore, le dérivé de badare se .serait présenté, nished with knives, or a great knife to hang
non pas la forme do baia, mais sous
at tho girdlo like a dagger; baienier, un
.sous
celle de bada. Grimm ramène le mot à la
arbalo.stier. »
racine
plausible.
ail. biegen, courber, ce qui n'est pius
BAISER, L. basiare. — D. infin. -subst. bai-
ser; baisotter, baisure.
2. BAIE, menu fruit, du L. baca (forme
secondaire de bacca), m. s. Voy. bagw;.
BAISSER, voy. bas. — D. baisse, baissier,
baissi(^e ; composé abaisser (v. c. m.), sur-
3. BAIE, ouverture (cp. ail. beie et angl.
baisser.
bay, fenêtre), do baya-, être ouvert (v. c. m.).
BAJOUE, selon Littré do ba, préfixe péjo-
4. BAIE, tromperie, mystification, pr.
ratif, et joue.
vaine attente, do bayer, tenir la bouche ou-
BAL, subst. verbal do baller (v. c. m.).
verte, attendre vainement.
BAIGNER, voy. bain. — D. baigneur, -cire.
BALADIN, voy. baller.
BALAFRE Dkîz, rappelant les formes wall.
;
bayle, port, bnilio, prov. baile; c'est le primi- vaise blessure. Dans le patois de Champagne,
tif : 1) du vieux verbe baillir, it. balire, prov.
on pour mal à la lèvre.
dit berlafre Selon —
bailir, administrer, gouverner, traiter, d'où Grandgagnago du wallon lafrer, gàt«r, et
:
BAL — 43 - BAL
primitif s'est produit lo terme technique com- de p initial en b en esp. et en fr. est trop rare
mercial bilan, qui signifie la balance entre pour oser l'admettre en notre cas. Chcvallet
doit et avoir. —
D. balancer, -ter, -oire. — invoque le ni. balie, cuve, mais à part qu'une
La syllabe protonique ba p. bi estconforme cuve n'est pas une tonne, les Néerlandais n'ap-
aux habitudes du roman ; cp. calandre, de pliquent jamais ce mot à une balise (perche,
cylindrus et voy. barlong. tonne). — D. baliser.
BALANDRAN ou balandras, it. palan- 2. BALISE, BALISIER, t. de botanique;
drano, " veste lunga e larga ", dérivé de étymologie inconnue.
pakaidro « vestito d'uomo con molta falda », BALISTE, L. ballista (de /3à)i).stv, lancer).
BL. " balandrana et supertoti », balandrans BALIVEAU, vfr. baiviau, boiviau, BL. bai-
et surtouts (Règle de saint Benoit, 1226). vellus, -arius ; d'origine inconnue. On soup-
D'origine inconnue. Schuchart y voit des çonne quelque rappoxt avec bajulus, porteur,
vêtements de gens mal famés et voudrait soutien
l'attacher ces mots à lat. balatro, it. balan- BALIVERNE. Origine obscure. Nous lais-
dron, dans les patois balandrù, fripon, vaga- sons à Ménage la responsabilité de la filiation
bond. suivante bajulus, bajulivus, bajulivarius
:
BALANDRE, it. imlandra, BL. palandra, bajulivarinus. Baliverne serait ainsi un dis-
bâtiment de transport. D'origine inconnue. cours de portefaix ou crocheteur (bajulusj !
N'est-ce pas le même mot que bélandre? On va loin avec ce système de Ménage, mais
BALAUSTE, fleur du grenadier sauvage, on est sûr d'arriver. Dochcz, lui, fait plus
L. balaustùmi (,5z/aÙ7Tiov).Voy.aiissi balustre, cavalièrement venir baliverne de baver! —
— D. balaustier. En vénitien, baliverna signifie une masure.
BALAYER, voy. balai. Il se peut que ce BALLADE, voy. bailler.
verbe, plutôt que d'être tiré de balai, en soit BALLAST, mot ail. (aussi angi. et néerl.),
le primitif et que, comme les foi'mes baloier, signifiant lest etque Mahn, contrairement'
balier =
balaier, il soit identique avec le d'autres opinions qu'il réfute, décompose par
verbe vfr. baloier, se remuer de côté
balier, beal, mot irlandais signifiant sable, et last,
dans les airs. Pour
et d'autre, voltiger, flotter poids, charge.
la forme, cp. frayer =
froier ; naier (dial.) == 1. BALLE, it. balla, palla, esp., prov. bala,
nier, noier (negare). Quant au rapport des globe, boule, paquet de forme ronde; du vha.
acceptions, cp. en ail. schwanken, flotter, balla, palla, môme sign. Dérivés 1. it. bal :
vaciller et schwenhen, nettoyer, rincer. Seu- lone, esp. balon, fr. ballon; 2. ballot; 3. dé-
lement, dans cette hypothèse, déjà émise par baller, emballer.
Littré, il faudra séparer les mots celtiques 2. BALLE, BALE, pellicule qui recouvre
allégués à propos de balai comme non con- l'avoine, l'orge, etc.; on a propo.sé le latin
nexes avec le verbe et formant un groupe à palea, paille, l'ail, balg, peau, enveloppe, et
part. le cymr. ballasg, peau, glume, gousse. Toutes
BALBUTIER, mot incori'ectement tiré du étymologies sans solidité; voy. plus bas balier.
L. balbutire.W se peut que le vei'be ait été fait BALLER (mot vieilli), danser, L. ballare{gv.
directement sur le subst. balbutie •= BL. fix\\(^, fioi.llil,u) —
D. subst. verbal Z;a/, danse;
balbuties, tiré lui-môme d'un primitif fictif ballet, dimin. de bal; ballade, pr. chant accom-
balbutiis. —
Le vfr. disait bauboyer, -ier, d'un pagné de danse, d'où baladin, anc. balladin,
type balbicare (L. balbus). pr. dan.seur de profession sur les théâtres pu-
BALCON, it. balcone, esp. balcon, port, bal- blics, puis danseur grotesque. L'ail, bail est
cao; du v\\a. palcho, balcho (ail. mod. balki'), tiré du roman; Chevallet a pensé le contraire,
poutre. Dans cette dernière accep-
{[ui signifie Wackernagel, suivi i)ar Burguy, met le verbe
tion on rencontre en })icard banque, régulière- balier en rapport d'origine avec le jeu de
ment foi'mé de l'ail, balke. Quelques-uns pré- paume, jeu de balle. Nous pensons qu'il se
fèrent l'étymologie du persan bàla hhanch, ti'ompe. Notre mot balier, baler, appartient
chambre ouvei'te au-dessus de la grande au même radical exprimant " remuer, vacil-
entrée ler», qui .se trouve dans vfr. baloier, men-
BALDAQUIN, anc. baudequhi, it. baldac- tionné sous balayer et qui se retrouve encore
chino, esp. baldaquin, de Baldacco, forme dans notre fr. ballant =
oscillant. On le voit
italienne du nom de la ville de Bagdad, d'où encore dans le vfr. baler secouer, vanner,=
employée
se tirait l'étoffe, tis.sée d'or et de soie, et je suis porté à croire que notre baie, balle 2
à la confection des dais. Le mot ancien baudc- (enveloppe des grain.^), dont on ne connaît pas
quin, angl. bawdkin, s'appliquait d'abord à l'origine, n'est autre chose que le subst. verbal
rétoff"e. de ce verbe baler et signifie le produit de
BALEINE, L. balœna. —
D. baleineau, -ier. l'opération du vannage, c.-à.-d. la paille qu'il
BALEVRE, anc. lèvre en général; prob. détache du grain.
formé, comme bajoue, balafre, au moyen du BALLET, voy. balier.
préfixe ])éjoratif ba ï= bar, bcr. BALLON, voy. balle, L— D. ballonner.
1. BALISE, terme de marine, anc. aussi BALLOT, voy. balle, — D. ballotter, se
1.
balis, es[). balisa; l'étymologie est très incer- renvoyer la balle. Dans lo sens de donner :
— L'accciitiou « nfjritcr on sens cuiitraiiv " so contre dans le latin du moyen âge les termes
ramène facilement au sens propre se renvoyer banni'.m, bandi^im odictum, interdictum,=
la balle,mais elle ixmrrait tout aiissi bien se bandire, bantiire == edicere, citaro, rolegare.
rattacher au radical bal, marquant « agitation, Ils sont d'origine germanique et viennt-nt du
fluctuation " et traité sous baîler. gothique bandvjan, désigner, indiquer, subst.
BALOURD, direct, de l'it, balonlo. Le prc'^- bandva, signe; la forme secondaire, sans (/,
flxc ba est le même (juc nous avons relevé bunrja)i, .semble avoir déterminé la forme
sous bajoue, balècre et (pii est aussi propre à romane bannir pour bandir. Directement,
barhtme, lueur
l'italien (cp. faible). — D. ba- cependant, le roman doit avoir, selon Diez,
lourdise. emprunté le mot à quehpie dialecte où le v
BALSAMINE (le wallon a transformé ce mot dos formes gothifpies s'est eflàcé. La forme
en bcitjajnhw, rouclii bfljaminc),^v. ^sa/Tayiv/;; ail. bannen, (pii a la valeur de edicere, intcr-
bahamiqm\ balsamicus {balsamum, baume). dicere, prohibere, expellere, ne peut être le
BALUSTRE, it. balaustro, esp. balaustrc, primitif immédiat il aurait donné bannn\ :
pr. i)etite colonne d'ornement, du L. balaii- non bannir bandir. De baïuiiim ou bandiiim
stiian (j5aiaûïTiov), fr. balauste, it., c^p. balaii- vient le vfr. bando», (jui signifiait : 1. ban,
stra, calice de la fleur de grenade. Cette éty- j).ex vendre gage à bandon; 2. gré, merci,
:
mologie est fondée sur (juelqnc re.s.scmblance p. ex tôt à vostro bandon. De cette locution
:
de forme entre les deux choses. Pour Wedg- adverbiale à bandoii s'est formé le verbe aban-
wood, la forme se<'ondaire csp. baranslc est donner (v. c. m.). Composés de bannir ou
la bonne; d'après lui, le mot vient de ba7-a ou bandir : 1 l'anc. verbe forbannir, reléguer du
.
rrtj'a, veigc, ])erclie, de même ipie baratida, l)ays par un édit public (for fonus, dehors), =
barandilla garde-fou
,
barandado balus-
, , d'où le subst. forban, d'abord action de for-
trade. Mais comment expliquer la terminai- bannir, puis celui qui est l'objet de cet acte :
son listef L'r après t est épenthéti(iue comme exilé, pirate ; 2. it. contrabbando, litt. contre
dans it. giostra (joute), fr. registre, etc. — la loi, d'où fr. contrebaiide ; 3. arrit^re-ban
D. haliistrade, it. balaustrata. (v.c.m.). — D.
de ban dans le .sens de « publi-
BALZAN, vfr. bançant, marqué de blanc, cation du seigneur féodal pour .se faire rendre
bigarré de noir et de blanc, it. bahatio, prov. les honunugcs ou lui payer les redevances »
bausan; d'après Diez de l'it. balsa, bordure, vient l'adj, banal, désigné par le .seigneur pour
frange, walaquc balts, lacet, que l'on rattache l'usage de tout le monde, commun, vulgaire.
au L. balteus, ceinture. Cette manière de voir BANAL, voy. ci-dessus, .sous ban. D, —
.se confiiTTie par la valeur de balzatic, taclu^ banniitii.
blanche cii'culaire. D'autres proposent l'arabe BANANE, BANANIER, mot d'origine in-
bàlthasan, iK)unu du signe de beauté; mais dienne.
notre mot man([uantà l'espagnol, on peut dou- BANC, it., esp., port, banco, prov. banc, du
ter de la provenance arabe. —
On a toutefois, vha. banch. Outre la forme masculine, il s'es(
en dernier lieu aussi cité arabe ablaq, fém bal-
, . produit une forme féminine : it., esp., port.,
qua', plur. bolq, selon Freytag nigro alboquc = prov. banca. L'it. banca désignait le siège, le
colore varicgatus; fin-as balqite, jument bal- comptoir où les baïupiiers s'asseyaient dans
zane. Cet étymon ])ourrait bien l'emporter sur les ])laces de commerce; do là le fr. banque.
celui de Diez. —
Chevallet place le mot dans' — D. banquet (v. c. m.) et banquette.
l'élément celtique, et allègue le breton bal, BANCAL, BANCROCHE. Les étymologistcs
tache blanche au front des animaux, mais il nous laissent au dépourvu sur ces deux
pas.se sur l'élément ^ ou {•, qui cependant termes. Nous sommes étonné de no pas voir
veut être expliqué. Ménage proposer à sa manière l'enfilade sui-
BAMBIN, de lit. barnbinn, comme bambo- vante L. valgus (qui signifie bancal), valcalis,
:
che, marionnette, de lit. baniboccio, tous deux vancalis, bancalis, bancal! En attendant
dérivés de bambo, eiifantin, puéril. Tous ces mieux, il faut s'en tenir à l'étymologie fondée
mots ont une origine commune avec L. bam- sur l'expression populaire " avoir les jambes
balio,surnom romain, et le grec ^îstaSa/o;, «pii en pieds de banc », les pieds d'un banc étant
bégaye. La racine est bab; voy. babiole. rapprochés par le haut et éloignés par le bas
BAMBOCHE, voy. bambin. L'acception dé- (Littré, suppl.).
bauche, rijjaille, dérive, je pense, de l'idée de 1 . BANDE, pièce d'étoffe coupée en longueur
puérilité, pétulance juvénile. D. bambo- — et servant à lier; it., esp., prov. banda; du
cher. —
Le terme bambocJiadc est tiré de l'it. goth. bandi (fém.), ou du vha. band (neutre),
bambocciaia, peinture à la manière de Pierre lien, ou, en ce qui touche les formes avec e
do Laer, surnommé, à caiise de sa personne, (it., prov. benda, esp. venda), de l'ail, bifide,
Bambocdo (i)oupée). m. s. —
Dimin. bandeau, bandel', d'où ban-
BAMBOU, mot d'origine indienne. delette ; ""bandier, d'où bandereau.
BAN, prov. 6a», it., esp., port, bando, pro- 2. BANDE, troupe, compagnie, est le même
clamation publique ; de là les verbes it. ban- mot que le précédent, du moins il se rattache
dire, esp., prov. bandir,iv. bannir, pr. publier évidemment à l'ail, binden, lier, réunir. Il
à son de trompe, d'où s'est produit le sens peut aussi avoir été introduit sous l'influence
spécial de proscrire. It. bandito désigne un dr l'ail, band, dans son acception do drapeau
homme mis au ban, un proscrit, un brigand; (BL. bandum, voxillum). L'ail, mod. bande
de là notre bandit. De bonne heure on ren- est repris du français.
. .
BAN 45 BAR
BANDER, serrer avec une corde, mettre un c'est donc en partant de ce sens qu'il faut
bandeau ; de bande 1
se bander, se roidir ; chercher l'étymologie du mot, qui n'est peut-
Pour le sens tendre, roidir, il se déduit de être pas français d'origine ». A mon avis, —
bande de la même manièi^e qu'en angl.sirî??^ ce qui vient à l'appui de la thèse du profes-
signifie à la fois corde et tendre, serrer ; com- seur de Berlin, c'est l'analogie du vfr. convi,
parez encore en allemand le rapport entre qui, à son sens naturel « invitation, appel »,
strich, corde, et strechen, tendre, ou entre joignait celui de « fe.stin, banquet » (Godefroy
strang, corde, et an-strengen, tendre, faire en donne de nombreux exemples, et Littrô
faire un effort. —
D. bandage (d'où banda- lui-môme cite de Commines « les convis et
gistc). — Composé débander, les banquets »). A la vérité, on pourrait, dans
BANDEROLE, voy. bandière. la formation du sens secondaire de convi, soup-
BANDIÈRE, it., prov. bandiera, esp. ban- çonner l'influence d'un souvenir du L.'convi-
dera, de l'ail. ba7id, bande, drapeau, BL. vium.
bandum =
vexillum. —
Par la chute du d, BANSE, manne, BL. bansta, vfr. banste,
le mot est devenu banière bannière. , Dim. — du goth. bansts, grange, d'où aussi l'ail.
banderole. banse, partie de la grange où l'on place les
1 .
BAR 46 — BAH
BARATTER, battre du beurre; Dicz est tinctement, e.st expliqué suttisaniment par ce
disposé à rattacher ce verbe au mot barnt qui précède sous barboter. Il n'est donc pas
ci-dessus; le sens propre en serait brouiller. néces.saire de décomposer le mot, comme fait
— On pourrait aussi, sans trop s'aventurer, Littré, par bar (préfixe péjoratif) -|- bouille
donner ù baratte le même primitif qu'à baril (ancien mot signifiant ou avec
bourbier),
et barrique : cp. en breton baraz, baquet, Génin par bar-\- bouille (perche pour remuer
baril, baratte. —•D. (ou primitif?) baratte, la va.se). Les acceptions .salir, étendre gros-
vaisseau à baratter. sièrement une couleur avec une brosse expri-
SARBACANE, it. harbacane, esp., prov. ment, comme la première, confusion, trouble,
barbucana. Ducangc, v" barbacana, inter- ab.sence de netteté et de précision. Ici encore
prète ce mot par « propugnaculum exterius nous dirons que la forme barbouiller peut
qiu)oppidum aut ca.strum, pr?esertim vero avoir sa cause dans quelque rapi)rocliemout
eorum porta? aut mûri muniuntur »; auj. du mot barbe, très voisin par le sens de
cette signification s'est rétrécie en celle de celui do bro.s.se.
meurtrière (wallon babecine =
lucarne) ou BARBU, de barbe; cp. membru, lippu, che-
d'égont. Gachet remarque que, dans Gode- velu. — barbue (poi.s.son).
I).
filament des monnaies; barbon; barbu; bar- cooperta, cooparta, parla, baHa, barda. Le
bue (poisson); ébarber, couper les barbes; sens premier semble être bât, -selle, d'où s'est
rcbarber' contrarier, d'où rébarbatif{\. cm.).
, déduit celui d'annure de cheval en lames de
BARBITON, L. barbitum (^ipeirov). for, ainsique celui de mince tranche de lard.
BARBOTER. i)atauger dans la boue et mar- Quelques provinces emploient aubarde p. selle;
motter, bredouiller; l'association de ces deux c'est l'esp. et port, albarda, bât. Littré
sens se compi^nd, le second se rapportant au indique pour primitif l'ar. bardahet, couver-
bruit du bouillonnement de l'eau occasionné ture placée sous le bât (du persan bardahet);
par le barbotement. En it. on a barbottare et Diez, le nord, bardi, bouclier. —
Le vfr. barde,
boi'bottare, en esp. barffotar et borbotar, i)our hache, répond au vha. barta, ni. barde,
l'une ou l'autre des deux acceptions du mot hache. —
D. bardeau, ais mince et court;
français ; cp. vfr. borbeter, patauger. Si l'on bardelle, espèce de selle ; bardot, le mulet cou-
considère encore l'it. borbogliare, pic. bor- vert d'une selle qui porte le muletier; verbe
bouller (marmotter), esp. boi'bollnr, bouil- barder.
lonner, fr. barbouiller =
barboter, prononcer 2. BARDE, poète, L. bardus (mot gaulois);
indistinctement, on verra que les formes en o bardit, L. barditu^s.
et en a ne sont au fond que des variations de BARDEAU, -ELLE, voy. barde, 1
son; peut-être celles en a se sont-elles pro- 1. BARDER, cliarger sur un bard. —
duites sous l'influence de barbe (cp. l'expres- C. déharder.
sion ail. in den bari briimmca, grommeler 2.BARDER, couvrir un cheval de .sa barde.
dans sa barbe, entre les dents). Les formes BARDOT, voy. barde, 1
au thème borb rappellent borbe, bourbe, qui BARÉGrE, de Baréges, village des Pyrénées,
au fond signifie de l'eau bouillonnante (cp. lieu de fabrication.
bourbe, et ^op^op\ji,'.i-/,
fiopiiopoi, bniire). BAREME, du nom de François Barrêmc
Borbogliare et ses parallèles ont, outre leur (mort en 1703), autetir d'un recueil intitulé :
BAH 47 BAH
à apporter les marchandises vers le navire et berliw) et barlong. »Exemples it. biscan :
à les en rapporter. Il y aurait donc au fond tare, mal chanter, fredonner; prov. beslei,
du mot l'idée de va-et-vient, d'où se serait fausse croyance; barlume p. bislume, lu-
développée celle de " marchander, balancer, mière
faible, douteuse ; fr. bertouser, tondre
hésiter, tergiverser » Cette explication semble
. avec des inégalités (cité par Ménage), béoiie,
un peu forcée. Chevallet cite l'écossais bara- .p. besvue, vue fausse; vfr. bestor, bestourner;
gan, marché, traité, accord; bret. barkana, piém. berlaita, petit lait; cat. bescompte =
marchander. Mais ces mots peuvent-ils compter mécompte; wall. bestemps, mauvais temps ;
pour primitifs? L'étymologie bar -f- gagner, notez encore l'anc. verbe besjuger mal ,
mise en avant par Génin, n'a pas de probabi- juger. Diez, examinant l'origine de cette par-
lité non plus. —
Selon Ulrich (Ztschr., III, ticule bis, après avoir rejeté les conjectures
266), de borgen, « mutuum dare et acci-
l'ail, portant sur L. vice ou vix, s'arrête à l'adv. lat.
pere «, sur la base d'une forme vha. terminée bis, deux fois, d'où se serait dégagé le sens
en anjan. C'est ainsi qu'on tire guadagnare de trop ou de mal ; il fonde cette explication
(d'où fr. gaagner, gagner) d'un type vha. sur des mots tels que l'esp. bisojo, à double
loeidanjaii supposé. A p. o ne ferait pas diffi- vue, louche; fr. bi-ais (v. c. m.), à double face;
culté. Mussafia (Beitrag, etc., p. 36) men- vfr. bes-ivre, fort ivre, bes-order, souiller for-
tionne des formes ital. (dialect.) transposées, tement. — Voy., sur au sens
la particule bis
surtout un terme vénitien rustique bragagnar dépréciatif, d'intéressantsrapprochements avec
signifiant " tàter, palper », puis un bragagnar la valeur propre aux particules congénères
et bragotar défini par " prendere in mano, gr. Sv;, Si;, Siyx, Darmesteter, Traité de la
brancicare, come si usa colle cose poste in formation des mots composés dans la langue
vendita ». Ailleurs, dans Mutinelli, on voit française, p. 109.
bragolo,» mercato ». Y-a-t-il entre l'it. barga- BARNAGHE, -AOLE, -ICLE (aussi ber-
gnare, « marchander », et le vén. bragagnar, nache, espèce d'oie sauvage, de bar-
etc.),
« palper », homonymité fortuite ou commu- nacîe', espèce de coquillage (lepas anatifera),
nauté originelle ? Dans ce dernier cas, quelle où cet oiseau place son nid. D'oi'igine cel-
est la valeur primordiale? Dans le premier tique.
cas, quelle est la soui'ce de l'un et de l'autre? BAROMÈTRE, mot techn. composé du gr.
Notez que dans l'anc. vénitien on trouve aussi ix'npo-i, mesure, et fikpoi, pesanteur.
bragolar r= pêcher. —
Mussafia se garde de BARON, propr. forme d'accusatif, le subst.
rien trancher sur ces questions. J'en fais pru- nominatif étant ber; cori^cspond au prov. bar,
demment de même. it. barone, esp. varone. Ce vocable signifiait
BARIGEL ou BARISEL, chef des sbires, = d'abord tout simplement, comme le latin vir,
it. bargello, esp. barracliel, BL. barigildus l'homme opposé à la femme. Puis il s'y rat-
mot d'origine germanique, mais encore inex- tacha le sens de viril, fort, courageux, brave
pliqué. (de là les dérivés anciens prov. barnatge,
:
BARIL, it. barile, esp., port, barrit, BL. vfr. baronie, barnie, bravoure, cmbarnir, se
barile, barillus, de même que barrique, et vfr. fortifier). A ces significations se joignit de
barrot, sont, selon Diez, des dérivations d'un bonne heure celle d'homme libre, de grand
mot bar, branche d'arbre, qui se rencontre de l'empire ou vassal. L'étymologie du mot
dans plusieurs idiomes celtiques, et auquel se n'est pas encore éclaircie; il parait n'avoir
rattache également le mot barre. Du reste on l'ien de commun avec le baro du latin clas-
trouve en cymr. baril et en gaël. baraill avec sique. (Cornutus, un commentateur de Perse,
le même sens. —
D. barillet, -on. attribue à baro le .sens de " servus militum »
BARIOLER; l'étymol. varioîare (de varius) et une origine gauloise ; Isidore le glose par
est ajuste titre repousséc par Diez; il n'y a mei'ccnarius, en le dérivant de /?zpû;, fort,
aucune probabilité queu initial ait été changé grossier, fortis in laboribus.) On trouve en
en & ; il propo.se donc, et est en cela suivi par celtique (ancien gaél.) un mot bar avec la
Littré, une composition bo.r (la particule pé- valeur do héros mais une circonstance digne
;
jorative) -4- riolé, rayé (dans « riolé et piolé »). de considération s'oppose à ce que l'on reven-
— Le type bis-regulare, proposé par Darme- dique une origine celtique à notre vocable
steter, est inacceptable, car regulare ne peut français. C'est que ber ou bar français fait
donner que riculer, riitler (2 syll.), mais non aux cas obliques baron, avec l'accent sur la
pas ri-oler. terminaison, et que tous les mots de cette
BARLONG, berlong*, qui a la figure d'un nature sont de provenance soit latine [drac,
carré long mais irrégulier, défectueux, est p. dragon; laire, ou germanique [fel,
lairon),
beslong (on trouve dans la langue d'oïl aussi félon; Uc, TJgon).par conséquent,
Diez,
bellonc), it. bislungo. —
Bis (en français pen.se que le baro latin, qualifié de gaulois
aussi bes, puis bé, ba) est une particule romane, par le scoliaste Cornutus, avec le sens de
appliquée en composition et exprimant une goujat d'armée, représente plutôt un vha.
idée d'infériorité, d'inconvenance, de fausse bero (accus, beriin, beron),. porteur, dérivé
application. l'arfois ce préfixe péjoratif se naturel du vha. beran, goth. bairan, porter,
modifie cui)honiquemont en bcr, bar ou brc. et que le fr. ber, baron est tiré du même
« Bar, dit Nicot, diction indéclinable (pii radical. Du
sens primitif porteur, se seraient
empire le mot auquel elle est jointe pai' com- successivement déduits ceux do « fort » puis ,
position, comme en barlue (voy. notre mot de " homme » et enfin de » homme puissant,
.
lier, indiquant une perle qui n'est jias parfai- celui de Pa])ias « Ba.ssus curtus humilis ».
:
tement ronde ; de l'esp. ban'ucco, berruecco, Il faut déduire de là, observe Uiez, que le
port, harroco (aussi avec le sens de rocher, .sens fondamental du mot bassus est celui do
l'abotcux). Pour l'étymologic, on a proposé tra])u, court et large. Kn effet, la langue
le L. verruca, rocher, verrue (employé par d'oïl présente souvent l'adj. bas avec le sens
Pline pour une tache dans une pieri'o pré- de large et court. Pour la jirovenance de bas-
ciense), puis brnchus, dent saillante, défec- sus, il est inutile d'en cherclier l'origine soit
tueuse, enfin bisrœa, en donnant à bis la dans grec ^îàjjwv (comparatif de jixOùi, pro-
le
valeur que nous avons exposée sous barlong. fond) ou dans le celticpie. Les Romains possé-
Nous nous prononcerions le plus volontiei-s daient déjà le mot, mais nous ne le rencon-
pour la dernière conjecture roche avec un : trons i)lus que comme surnom ou comme
défaut. véritable nom propre. Dérivés bassesse; — :
BARQUE.it. ,esp. ,prov.,port.6arci'i. Isidore : basse (t. de inust<{ue), basson; basset, chien
« Barcn,qute cuncta navis commercia ad litus de cliasse de i)etite taille; bas, vêtement do
portât " Barque parait être, en français, d'in-
. jambes, abréviation do bas de chausses, opp.
troduction savante ; le mot propre était anc. à haut de chausses; verbe baisser (v. c. m.).
barge, auj. bi"r(je (prov. barja), formes qui 2. BAS, vêtement des jambes, voy. bas ci-
accusent l'existence d'une forme latine barica, dessus.
(cfr carrica
. —
chàrcjc senca serye). Quant
;
— BASALTE, L. basaltes. Du pays do Baschan
à barica, il parait être (comme auca, avica, de en Palestine, gr. Wt.iùjth.
avis) une dérivation de baris, canot {iàpi-). BASANE, de l'esp. badana, m. s., qui vient
Barca serait ainsi une contraction de date de l'arabe bilanah. La lettre s accuse pour
ancienne pour barica. Wackernagol préfère intermédiaire \\i\ prov. bazaiia (cp. Maselai)ic
le nordique barhr, m. s., litt. bateau fait p. Madeleine). —
D. \fv. basanier, cordonnier;
d'écorce (burhr., suéd., angl. barh, écorcc). — basane^-, donner à la peau une teinte noirâtre;
D. barquette, embarquer, débarquer. cp. le sons du vfr. tanne, roux, brun.
BARRE, it., esp., prov. barra, angl. bar, BASANER, voy. basane.
pièce de bois (ou de métal) menue et longue BASCOUETTE, espèce de mésange (en ail.
(seiTant à fermer). Le mot est celtique cymr. : schwanzmeise), composé populaire de battre
bar, branche de bois. Dérivés barreau; bar- : -\- couette (petite queue), donc lui « volatile
rià-c; barras'; verbe barrer (voy. ces mots). dont bat (= dan.se) la (lueuc»; cp. batte-
Voy. aussi baraque et baril. queue, un des noms de la bergeronnette. Si
BARRAS' ; ce mot, non constaté dans les cette étymologie de Meunier est la bonne, il
textes français, et répondant au prov. barras, faudra considérer la forme basconettc que
bai'i'e, bâche, est le jjrimitif des verbes anbar- donne Littré conjointement avec bascouette,
rasser, obstruer, gêner, et débanasscr. comme une altération de ce dernier.
BARREAU, diminutif de ban-e., puis chV BASCUL, au.ssi bacul, nomdonnéàccrtîiines
turc, puis enceinte réseiTée aux avocats, lieu pièces du harnachement des chevaux (voy.
où l'on j)laido, etc. Littré), est un composé de battre -\- cul, Cp. le
BARRER, de barre; pr. former, obstruer, mot .suiv.
rayer. — D. barrage. —
Cps. s'embarrer, BASCULE, anc. bacule, signifie pr. une
débarrer. })lanchc bat le cul «; selon Meunier, ce
i[ui "
BARRETTE, prov. berreta, barreta, esp. (pli a donné naissance aux diverses acceptions
bin-eta, BL. birretu.m, it. bcrretta. Se ratta- de ce mot, c'est le jeu des enfants .se l>alançant
che au mot hirrus (byrrhus), sorte
latin sur une planche dont l'un des bouts se lève
d'étoffe grossière. —
Le rapport étymologique tandis que l'autre frappe réellement le cul.
avec biiiiis, burrus, peut être fondé, observe C'est bien là l'originedu mot, et il est inutile
Baist (Ztschr. VI, 116), soit sur la couleur
, de reproduire les autres explications mises en
rouge, soit sur ce que le couvre-chef en ques- avant. L'*- dans l'élément becs est parasite ; do
tion faisait d'abord partie du manteau [jUppot même dans basconettc (v. pi. h.). D. bas- —
== manteau). Cfr. l'origine de chapeau. — culer.
Une variété du même mot est le masc. béret. BASE, L. basis (gr. jîxiii, plante du pied).
— Voy. aussi bure. — D. baser.
BARRICADE, voy. barrique. — D. barri- BASILIC, lézard, L. basiliscus [iv.in'ktaY.oi,
Tours parait indiquer bacchinon comme là celui de " homo spurius illegitimus » .
—
appartenant à la langue du pays. D. bas- — D. bâtardise, abâtardir.
sinet, bassiner, bassinoire. BATARDEAU, anc. bastardeau, construc-
BASTER, vfr. suffire (resté dans bastant, tion hydraulique, dimin. de vfr. bastard, m.
suffisant, et l'interjection baste), = it. bas- s.,qui parait être dérivé de bastir ou bâtir
tare, esp., poi't., prov. bastar, suffire, d'un (racine bast). Le wallon a le mot bâte dans le
adj. basto existant encore en esp. et en port., sens de fascinage au bord d'un cours d'eau,
et signifiant rempli. Dicz, pour le sens, rap- de batardeau et de quai est-il de la même ;
BAT, t. de pêche, queue (de poisson), d'après bastel, qui, formé de basturn, signifierait un
Littré de battre; d'après d'autres, del'écoss., échafaud de bois, un tréteau; bateleur serait
iil. bod, queue. donc une espèce de saltimbanque. D'autres
BAT, bast*, it., esp. basto, prov. bast, ail. proposent un mot gaulois baste, qui signifie
suisse bast, BL. basturn, clitella, sella, sagma. tromperie. Nicot pense au grec ftoirzoloyoi,
Diez suppose que Z/asiifwr pourrait bien appar- hâbleur Après ces tentatives-là, nous hasar-
!
tenir à la langue romaine vulgaire, et avoir derions bien aussi une conjecture, savoir:
pour signification fondamentale celle d'appui, basteler =
faire des tours d'adresse sur un
'
base, support, soutien (cfr. /3aTTà^îiv, fA^r-x^, bast ou bât (v. c. m.), puisque nous savons que
et basterna, litière). — D. bâter, débâter, les petits meubles à l'usage des escamoteur?,
embâter. appelés aujourd'hui des gobelets, s'appelaient
BATACLAN, mot onomatopée. au moyen âge des basteaux, et que l'on disait
BATAILLE, voy. battre. — D. bataillon, jongleur ou faiseur de basteaux, etc. C'est
batailler. donc bien évidemment un primitif bastel qui
a produit basteler' et bateleur. Quant à bastel,
BATARD, bastard*,ït., esp. port, bastardo,
ce pourrait être une variété de baston et signi-
prov. bastard, ail., angl. bastard, holl. bas-
fier baguette. Cp. « tour de bâton ». Quoi
tert, lith. bostras ; équivaut à l'expr. vfr. fils
qu'on ait dit, il n'a rien à faire avec bateau.
ouhomme de bast ou de bas. (On disait de
même venir de bas.) Ce mot bast, d'où dérive BATIFOLER, folâtrer, s'amuser; de l'it.
l'expliquer quant à l'idée. Burguy et Mahn et badiner. Pour le mot italien, cp. BL. bat-
.de mulets menaient avec les filles d'auberge. struire. De la même racine bast, exprimant
BAV — 50 — BEA
appui, soutien, fondement, base, d'où bât, BAVE, it. bava, esp. baba ; verbe baver.
bâton. —
D. bât imc lit, bâtisse ;Tprov. bastida, Parait être un mot onomato{)éo pour expri-
fr. bastide; it. bastia, bastione, prov. bastio, mer la salive qui accompagne le babil des
fr. bastion ; enfin bastille. petits enfants; aussi dans l'ancienne langue,
vulgo hattalia dicuntur). Composés de bat- — I ouvrir la bouche, 2. attendre bouche béante,
.
d'oïl. On disait ancietinemcnt aussi grand BÉDOUIN, mot arabe = qui demeure dans
coup le désert [bedou).
BEAUPRÉ, de l'ail, hogsprict, ou néerl. BÉE (à gueule bée), dans gueule
futailles à
boegsprU't, angl. bowsp7-it, mots composés de bée ; du verbe bouche ouverte,
béer, avoir la
bog, hocg, bow, flexion, proue, et sprict ou voy. béant et bayer. Cette expression gueule
sprit, perche, màt. bée (cfr. it. bocca badada) se retrouve retour-
BEAUTÉ, anc. bealtct, helté, voy beau. née dans bégueule, qui signifiait d'abord
BÉBÉ, francisation de l'angl. bahy, petit niais, imbécile. " Singulière destinée des mots,
BEC, it. bccco, port, bico; Suétone, dans d'hui faire la petite bouche. »>
Vitellius, 18,cite ce vocable comme gaulois. En BEFFROI, berfroi\ beffroit" angl. belfry, ,
effet, on trouve gaél. bcic, bret. bck. — BL. bcrfredus, belfredus; du mha. bergvrit,
D. béquct (petit bec); bccquer, -ée, d'où abcc- botrit, tour " qui garantit la sûreté » on ;
quer, donner la becquée, becqueter, bécu, se appelait beffroi d'abord une tour de défense
rebéqucr (familier), répliquer à nn supérieur. mobile, puis une tour située dans l'intérieur
Notez aussi \-fr. bechier, frapper du bec. Déri- d'une cité, d'où l'on sonnait l'alainie. On a
vent encore deèt'c; I. prov. bcca, croc (prob. faussement rattaché ce mot à bell, mot fla-
identique avec le fr. bêche, besche^, malgré mand et angl., signifiant cloche. L'it. batti-
J's intercalaire); 2. bécasse; 3. beccard ;
frcdo repose sur un faux raj)prochcment avec
4. béchot, bécot, bcquot, bécasseau 5. béquille; battere.
;
6. béquct, becqv.et, noms vulgaires du bro- BÉGAUD, sot, ignorant; dérivé de bègue;
chet et du saumon, et bécunc, poisson ressem- cp. le synonyme pr. bob, espbobo, dér. de L,
blant au brochet. bal bus.
BÉCABUN6A, espèce de véroniqiie qui BÉGAYER, voy. bègue.
croit sur le bord des ruisseaux; du bas-ail. BE6U, t. d'art vétérinaire, anc. aussi bigu;
bcckebunge ail. mod. bachbioige, litt. tuber-
,
d'origine inconnue.
cule de ruisseau. BEGUE, pic. bciquc, bièque, mot d'origine
BÉCARRE, t. de musique, de lït. hequadro inconnue. Diez émet comme simple conjecture
= b carré. — D. bécarrer. l'idée d'une contraction du prov. bavec, sot
BEL — 52 BEU
bulbe, bosse et pâté, nous i-appelons boulange BELLIQUEUX (mot nouveau), L. bellicosiis
^d'où boulanger), do boule. [bellutn, guerre).
BÉJÂUNE, corniptiou de bec jaune; cfr. en BELVÉDÈRE Ou BELVEDER. mot italien,
ail. ifi'lbscliiHibel, ni. s, qui se traduit on français j)ar beauvoir, beau-
BEL, M>y. bvau. regard, brUevue.
BÉLANDRE, esp. de bateau de transport à BEMOL, de 6 mal; it. bimmolle. Voir là-
fond plat, du holl. bijlander, bâtiment qui dessus les dictionnaires et les manuels de mu-
côtoie la terre {bij, près, et land, tcri'e). Voyez sique ; cfr. bécarre B est la deuxième note de
aussi bahvulre. la gamme en la et la première qui se pré.sento
BÊLER, vfr. bellei; du L. bclare, employé pour être baissée d'un demi-ton ou amollie ;
par Varron p. balare. Le circonflexe accuse le nom b tnol s'est étendu à toutes les notes.
une forme besler, et par conséquent une inter- BÉNÉDICITÉ, mut de 6t'«e-
latin (imjiératif
calation pui'ement prosodique d'un s (cp. dicere), sign. bénissez rendez grâce. Le verbe
jiasle, pale, p. palle). —
D. bêlement benedicere (d'où le
,
expressions néerl. bel hamel, angl. bellicether, BÉNIN, anc. bening, fém. bénigne, it. beni-
gno, du L. benignus bénignité, L. beni-
fr. clochetnan, et mouton à la sonnette, s'en
;
gnitas.
tient avec raison à la dernière. La fable donne
au bélier le nom de Bèlin. BÉNIR, voy. bénédicité. Le participe bene-
dictus est devenu à la fois benéoit [ict régu-
BÉLIÈRE, dérivé du mot bell, cloche, men-
lier, transformé en oit), d'où benoît (le circon-
tionné sous bélier.
flexe est .sans rai.son), et beneït, contracté en
bélître, BELISTRE', gueux, mendiant,
bénit, fém. bénite. La forme béni, -te, est
homme de rien, d'où lesp. belitre, port. biltre;
faite en conformité de la conjugaison des
dér. belitrone. L'étymologie la plus rai-
it.
verbes en ir, mais contraire à l'étymologie.
sonnable, tout en restant suspecte, est celle
de Nicot, qui voit dans ce mot une transposi-
— De benedictarium, terme de l'Eglise pour
vaisseau à eau bénite, s'est produit le fr.
tion de l'ail, bettler; d'où blettv, bliter, fran-
cisé par belitre. (On trouve dans des textes
bénitier, anciennement benoistiei', benestier.
Pour l'intercalation de \s, cp. besler p. bêler. gv.ino, de l'arabe louban djaici, encens java-
nais.
D'autres ont proposé L. balatro, farceur, vau-
rien, ballistarius, soldat qui servait les ba-
BENNE, hotte, variété de banne (v. c. m.).
listes, blitum, herbe sans saveur, d'où, par BENOIT, voy. bénir. Propr. béni, puis par
métaphore, homme stupide, enfin Velitrensis, ironie, ain.si que benêt (v. c. m.), dévot,
de Velitrse, des Volsques. Citons encore
ville béat, sot, niais.
l'explication de Atzler par L. benedictor BÉQUET, voy. bec.
« celui qui vous comble de bénédictions « ; la BÉQUILLE, dérivé de bec (v. c. m.), 1. bâ-
lettre s'y prête [beneïtre, benitre, belitre), et ton recourbé, 2. instrument aratoire. Dans
pour le sens, Diez cite l'esp. pordiosero (men- ce dernier sens, peut-être un dimin. de bêche
diant), dér. de la phrase por dios, pour (BL. becca). —
D. bêquillard, béquiller.
l'amour de Dieu ! BERCAIL, voy. brebis.
BELLADONE, de l'it. bella donna, belle BERCEAU, voy. bercer.
dame. Les Italiens ont appelé ainsi cette BERCER, prov. bressar, anc. esp. brizarr
plante, parce qu'ils s'en senent pour faire du Selon Ménage et Chevallet, de versare (fréq.
fard. de vertere) ; cela n'est pas soutenable. Diez
BELLI6ÉRER guère employé qu'au
(n'est croit ce mot identique avec l'anc. verbe ber-
paît, prés.), mot savant nouveau, formé de cer, berser, qui signifiait cha.sser à l'arc (ail.
bcUum gérere, faire la guerre. birschen), dont [il puise l'étymologie dans le
. .
BER — 53 — BES
lieu de cette forme diminutive berceau, nous d'étoffe grossière, que les Latins appelaient
trouvons im grand nombre de formes radi- sacjum (de là sagatio, le jeu de berner) et qui
cales ayant le même sens vfr. bers, biers, : servait à berner. Quant à berne,- \t., esp. ber-
prov. bers, hres, bretz, cat. bres, picard et nia, il vient, selon Nicot, de Hibornia, pays
norm. ber. A Bruxelles, nous entendons aussi d'où l'on tirait l'étofR^
la bei-ce. « Il est remarquable, dit Gacliet, BERNIQUE, interjection dont l'origine nous
que l'espagnol appelle hrezo, bleso, \m lit est inconnue. Est-ce le ber péjoratif -f-nï'ç'ue?
d'osier, et que comble za signifie concubine. » Quelques-uns y ont vu une altération de l'ail.
Ce fait donne, en effet, à réfléchir sur la jus- aber nicht, mais non Littré rappelle l'anc.!
BÉV — 54 — lilC
âge le plus reculé on rencontre les mots BL. BÉZOARD. it. belsuar, port, besuar; du
siimiis, sunnia, sonia, avec le sens d'empê- persan pàdsahr, composé àopàd, qui chasse,
chement de là l'idée de s'arrêter à une
l(^p;al ; et sahr, zahir, poison. En arabe bàdizahr,
de soin. Grimm tient sunnis
affaire difficile, bâzahr.
pour un mot tudesque, identique avec le nord. BIAIS, proT., esp. de Valence et catalan,
sy», abnegatio, et rapproche do celui-ci le biax, angl. bias, sarde biasciu, it. (avec
goth. sunja, vérité, et SJoy on, ju.stifier, puis un s prépositif) sbiesco (Naples sbiaso). Par
le vieux saxon Sîomea, justification, nécessité, syncope, du L. bifax. Isidore, gloss. bifax:
les formes orthographiques de besoin, pas plus louche "; comparez esp. bis-ojo à deux yeux,
que le sens, ne permettent d'envisager comme louche. Papias donne la même définition « à
la fameuse particule péjorative bis (voy. bar- deux vues " à l'adj. bifacius ; aussi trouvc-t-on
long, berlue, besaigre), fait préférer l'étymolo- dans la latinité du moyen âge bifacies (subst.)
gie bi-siiinigi, mot vha. qui signifie scrupulo- avec la signification de dissimulation. Do bifax
sitas, et dont .se laisse fort bien inférer bisiuni, (bi.s-fax = bis-oculus) s'est produit bifais et
qui serait définitivement le tyjie de besoin. en dernier lieu biais (pour la syncope de f,
Ducange propose comme original de soin le cfr. prov. reusar de refuser, preon do pro-
latin somninrn, ayant trouvé dans un ancien fundus). Biais a donc pour acception primi-
glossaire sornnium p/sovri;, mais ni la forme
: tive celle de louche, d'où celle d'obliquité.
ni l'idée ne permettent de le suivre. Impos- L'it. bieco, louche, de travers, n'est cependant
sible aussi de rattacher le néerl. besig, occupé, pas le correspondant du fr. biais, si l'étymo-
k besoin et besogne. Disons finalement que les logie donnée ci-dessus d'après l'opinion do
mots jfoiJi, besoin et besogne ne sont pas encore Diez est juste; bieco vient, .selon Diez, par
tirés au clair, malgré les efforts des savants. aphérèse du L. obliquus. —
D. biaiser.
— D. besoigneitx ; besogner (autrefois ce verbe BIBELOT, variété do bimbelot.
équivalait à être nécessaire). BIBERON, qui aime à boire, forme exten-
BESOIN, voy. l'article précdent. sive de L. bibo, bibonis, buveur. —
Le même
BESSON. jumeau, BL. bisso, voy. beset. mot s'est appliqué au bec d'un vase et aux
BÉTAIL, voy. béte. appareils destinés à faire boire les malades ou
BÊTE, BESTE*. L. bestia.— D. bêtise, abêtir, les enfants. —J'ai relevé dans mon 011a Pa-
embêter sans doute aussi le terme populaire tella la glose bibilo, fr. biberon au sens de
;
du BL. bestiale. Le sens collectif était exprimé livres). — D. biblique, L. biblicus. Termes
autrefois par la forme fém. bestaille, qui ré- formés avec le mot grec ,3<8>t9v, livre :
dée par le soigneur de Lautrec. Cette bataille BIFFER, d'oi'igine inconnue; prob. d'un
s'appelle la journée de la Bicoque. « L'étymo- subst. biffe, signifiant raie (l'ancien français
logiste ne s'accommodera guère de cette expli- avait nnmotbiffe, signifiant une étoffe rayée).
cation historico-géographique. Il s'agit plutôt — C. débiffer.
de trouver sérieusement l'origine de tout un BIFTECK, gâté de l'angi. beef-steak, tranche
ensemble de mots romans, réunis par Diez, de bœuf.
savoir it. bicocca (aussi bicciocca, bicicocca),
: BIFURQUER, de l'adj. L. bifurcus {bis,
écbauguettc ou jietit castel sur une hauteur, furca).
vénit. bicoca, maison caduque, sarde bicocca, BIGAME, L. bigamus (St. Jér.), deux fois
petite maison, escalier à deux paliers, terrasse, marié (mot hybride formé du L. bis et du
îomb. bicocca, toui'netto, guindre, esp. bicoca, grec yauîw, se marier). —
D. bigamie.
guérite en pierre, chambrette, place mal for- BIGARRER; selon Ménage, du L. bis-va-
tifiée ; enfin fr. bicoque, 1 . place mal fortifiée, riare (pour v devenu g, cfr. giron) d'après ;
BIEF, voy. biez. dans Ducange, qui, sous le mot Bigothi, rap-
porte le passage d'une chronique d'après
BIEN, adv., du L. bene. La forme adver-
lequel le duc RoUon se serait refusé à baiser
biale s'est substantivée dans le bien, rendant
le pied du roi Charles, en disant en anglais :
le neutre latin bon\im. Cp. en it. subsfc. ben,
« Ne se bi God " (jamais par Dieu). Cette anec-
plur. béni (Dante). Composés avec cet ad-
dote, observe Diez, peut avoir été inventée
verbe bien-(''t)'e (cp.
: ail. wohlsein), bien-
pour expliquer le terme, bien qu'elle ne soit
faire" bienfaisant, -ancc (du L. benefacere);
,
Langensiepen r.ittaclic-t-il hardiment tous ces blason, fitrure en forme de carré long, dim,
vocables au L. obliqnus {d'où l'it. bieco et bico, debill'-2.
de travers, louche) ; il prend donc biffot poiir BILLEVESÉE: selon Leduchat : do bille
obliquottus, on lui donnant le sens métapho- (boule) et vesce (soufflée), cp. r^ese, pleine de
rique de faux dévot l'it. sbiyottirc est expli-
;
vent, dans Rabelais; d'après Litti*é : == belle
qué de loi même manière par faire aller do vessie,chose de vent, chose de rien.
travers, faire j)erdre contenance, et enfin BILLION," mot formé sur le modèle de mil-
bigote, moustache, par barbe transversale. Il lion, avec bi pour bis, lo degré au-dessus, de
pense que le mot bigot a pris naissance soit en million » (Littré).
Italie, .soit en Espapno. mais non i)as en BILLON, it. biglione, esp. velloii, BL. billio.
France. Nous tenons cette explication i)our Les étymologies ne font pas défaut. Covarru-
peu plausible. —
Littré incline pour Yisi- du L. vcllus,
vias fait venir billon et vellon
goth ; cette étymolopie permet do voir dans toison, parce Romains marquaient
que les
bigot à la fois un terme de mépris et un terme anciennement leur monnaie de cuivre de la
d'éloge, ayant jm, .selon le point de vue. c\\m- figure d'une brebis. Antoine Nobrissensis, au
mer ou un homme méchant ou un homme lieu de velloit, écrit villon, qu'il dérive do
brave et courageux le changement du v en b,
; vilis. Ménage propose conformément à
bulla,
toujours difficile on français, a pu se faire l'avis de Scaligcr, qui, à propos du moy.-grec
dans les autres langues romanes, qui le com- (îojUwr^îiîv =
cuneus monerae, .s'exprime
poHont davantage. ainsi « bulla cnim estdiploma regium
: ita ;
BIGRE, jurement adouci de bougre. quoque dicta est monetac matrix, quia regiam
BIJOU est expliqué par un type bijocus, habeat eflfigiem. " Billon serait ainsi, comme
tiré de bis-jocarc ; ce serait quelque chose de billet et bulletin, un rejeton de bulla, fr bidle
taillé et de brillant de deux côtés, à de»ix fii- (v c. Voici, d'après Littré, la série des
m.).
cettes. Chcvallct, approuvé par Diez, dérive le sens de ce mot Le sens primitif est lingot,
:
BILL, mot anglais, mais d'origine française n'y voit (ju'une altération du mot français.
et représentant fr. bille', primitif de 6î//t'f. BILLOT, voy. bille 2.
BILLARD, d'abord bâton recourbé pour BIMBELOT, aussi bibelot, jouet d'enfants,
pousser des boules, puis queue de billard, pmpr. poupt''e ; de la même racine bimb ou
puis la table sur laquelle on pousse des boules bamb qui a donné bambin, anc. ital. bimbo,
avec le billard; le mot ne vient donc pas de enfant, poupée. — Dans ma lexicographie la-
bille, boule, mais de bille, pièce de bois. tine du xii^ et XIII* siècle (p. 135) j'ai consigné
1. BILLE, boule, it. biglia, esp. billa, L. rertda{\)o{\tG chose) glosé par fr. benbelos.
d'après Diez prob. du mha. bichel, osselet, BINAIRE,L. binarius.
néerl. bikhel ; d'après Littré, il y aurait as.si- BINARD. chariot ayant les deux paires de
milation entre bille, bâtonnet, et bulle, boule. roues d'égale hauteur, de L. binus double.
2.BILLE, pièce de bois, tronc, branche, BINER, donner un second labour, du L. bi-
anc. aussi quille du celtique irl. bille, bret.
; : nus. —
D. binette; binot, charrue.
bill, pill, ga'él.pill, tronc d'arbre. — D. bil- BINET, petite bobèche ; peut-être de binu.s,
lot ; billon, sarment verbe ; billcr. le binet étant envisagé comme un deuxième
BILLEBARRER, barrer avec des billes {bille chandelier.
dans le sens de bâton), cp. le terme bâtonner. BINOCLE, de L. binioculi, deux yeux, donc
BILLEBAUDE, désordre, confusion; de bille, lunette double. C'est un mot inventé en même
boule, et bande, hardie, folle (voy. baudet) ? temps que la chose.
Le tei'me se rapporterait d'abord au jeu de BINOME, terme scientifique, composé de L.
quilles ou de billard. D'après Littré belle :
bis et du gr, v9y.vi, division. Le circonflexe
hardiesse [baude pris substantivement). est sans raison.
BILLET, pour bxillet, it. bolletta, bulletta, BIOGRAPHE, mot nouveau, de V.o;, vie, et
propr. petit papier muni d'un sceau. C'est le y/iiystv, écrire. — D. biographie.
diminu<^if de bille p. bulle, cédule (v. c. m.). BIPÈDE, L. bipes, -edis, à deux pieds.
Pour l'altération de bidlet en billet, cp. bigne, BIQUE, chèvre, correspond à l'it. becco,houc
de biigne. —
D. billette (v. c. m.) billeter, On trouve déjà sur une inscription romaine
étiqueter. le mot becco, accompagnant la figure d'un
1. BILLETTE, vfr. bullette, petit écriteau, bouc. Ce mot doit être d'origine différente que
forme fém. de billet. bouc. Cfr. dans les patois beqid
: =
chevreau
2. BILLETTE, bois de chauffage ; en t. de (Jura), bequot, id (Champagne), bequeriau,
BIS 57 — BIS
agneau (Hainaut), becard, bélier (Noraiandie). biscotturn) sont tirés directement de la forme
— D. biquet, dimin. de bique,
1. 2. espèce italienne.
de trébucliet, cp. chèvre, chevron. BISE, vent du nord, voy. bis, gris.
BIRIBI, nom d'un jeu, de l'it. birihisso, BISEAU, esp. bisel, bord taillé oblique-
m. s., dont j'ignore l'origine. ment, angl. besel, chaton d'une bague, basil
BIROUCHETTE. voy. brouette. = fr.biseau. On ûxit déi-iver ce mot du L.
1.BIS, adverbe latin, sign. deux fois. Em- bis, sans bien s'en rendre compte. Diez rap-
ployé comme préfixe dans bisaïeul, bisamiuel, pelle à cet effet les mots fr. biais (y. cm.) et
biscornu, biscuit et, avec retranchement de l'*", esp. bis-ojo (fr. bigle), dans lesquels l'idée de
dans bigorne, bipède, etc. Sous la forme plus bis tourne en de travers, oblique.
celle —
française bes, be, nous trouvons le mot dans Biseau ne pas dérivé dr L. bis comme
serait-il
les composés besace et besaif/ue. Pour la va- signifiant bordure à deux facettes taillées
leur toute spéciale, c.-à-d. péjorative ou dé- obliquement, en talus? Ou, comme l'indique
préciative de ce ])réfixe et ses altérations en Littré, de bisellium, traduction de SizSfyx,
bes, be, ber, bre, bar, voy. sous barlong. — dièdre. —
D. biseauter, ébiseler.
D. bisser, t. do théâtre. BISET, voy. bis.
2.BIS. de couleur grise, noirâtre, prov. BISETTE, dentelle de bas prix, de bis, gris;
bis, it. bigio. Isaac Voss dérive bis d'un adj. hy- cp. it. bigiello, et le fr. grisette. Cp. aussi
pothétique bysseus, do couleur coton. Outre blonde, dentelle de soie.
que les noms des couleurs sont siijets aux BISMUTH, ail. bissmuth ci wissniuth, dan.
variations de sens les plus diverses, cette éty- bisniut. Origine inconnue.
mologie gagne en probabilité de ce que le gr. BISON, bœuf sauvage, L. bison (jS'jwv).
;3-J77î; signifie aussi la soie brune de la pinna
BISONNE, voy. èù- 2.
marina, et de ce que le portugais présente BISQUE ce mot reste obscur soit dans
; le
pour bis la forme buzio. Le double s simpli- sens de jiotage, soit comme terme du jeu de
fié ne fait pas difficulté, cp. fr. mi.ie du L.
paume. On dit en it. bisca, p. jeu, tripot.
missa. Toutefois, Diez se prononce en faveur BISQUER, éprouver du dépit ; on indique
de l'étymologie bornbycius (de coton), mot qui nord, besk, angl. baish, aigre; ou le mot
v.
existe et dont la première syllabe a été retran- viendrait-il de bisque, comme terme du jeu de
vent du nord (en vfr. aussi contrée septen-= s'avouer plus faible? Ampère pensait à l'it.
bissa, colère il fendrait pour cela un intei'-
trionale), pourrait être considéré comme un ;
wind, vent du nord). A Come,le mot biss, norm. beser, être piqué.
sombre, s'applique particul. au temps cou- BISSECTION, section en deux, du L. bis -f-
vert. —
Enfin, peut-on se demander, le nom sectio.
BISSER,
de couleur viendrait-il du nom du vent? Tout faire répéter \\n morceau, du
cela est difficile à débrouiller. L'esp. dit — L. bis, deux
BISSEXTE. jour
fois.
intercalé après le 24 fé-
pan bazo pour pain bis; :Mahn tient ce mot
bazo pour identique avec le basque basa, vrier, qui était le 6 des calendes de Mars, de
beza, noir, auquel il rattache également l'it. sorte qu'il y avait deux sixièmes (bis sextus);
bigio et le fr. bis, tandis que Diez rattache adj. bissextile, L. bissextilis, qui contient un
ba20 à bombacius, variété de bombyceus. jour bissexte. Do bissextus, jour réputé m;d-
Ménage avait proposé piceus (de pix, poix). heureux déjà par les Romains, vient, par cor-
;— D. de l'adj. bis : biser, noircir (en parlant
ruption, l'ancien mot bissêtre, bissestre =
des blés céréales); malheur.
bisaille, farine employée
pour le pain bis biset, pigeon sauvage de
BISTOURI, vfr. bistorie, couteau, poignard.
;
couleur bise; bisette iw. c. m.); bisonne, sorte On il en BL. bastoria, gourdin, massue, du
de toile grise. même radical que bâton; mais Tidentité de
ce mot avec bistourie reste problématique.
BISAILLE, voy. bis.
Fille est en tout cas moins improbable que les
BISBILLE, de l'it. bishiglio, bruit sourd et
étymologies bis-torluosus ou pistoriensis (de
confus.
la ville de Pistoie), que l'on a sérieusement
BISCORNU, du L. bis cornutus, à deux mises en avant.
cornes ; puis, bis revêtant son sens péjoratif,
RISTOURNER. BESTOURNER*, mal tour-
= qui a une forme irrégulière, baroque.
ner, déformer, de bis, mal (voy. barlong) -}-
BISCOTTE, voy. biscuit. tourner.
BISCUIT, vfr. 6m»Y (Joinville), it. biscotto, BISTRE, suie cuite et détrempée, ail. bies-
esp. biscocho, du L.bis'coctus, deux fois cuit. ter.Beaucoup de dictionnaires rapportent ce
Les mots français biscotte et biscotin (BL. mot à bis, mais cette presque unanimité d'opi-
BLA — 58 — BLA
nion ne nous convainc pas sur Texactitude viendrait do l'adj, cymrique bluwr, gris de for
do ce raj)i)ort. —
D. bistrer. (cfr. en anglais gray, qui signifie à la fois
BITARDE, BISTARDB, voy. outarde. gris et taisson, et le pic. grisard, qui est
BITORD, espèce de cordage, du L. bis tm'- aussi le nom du blaireau dans le Renard); non
ti'.s, rordu deux fois. seulement il n'existe pas de trace d'un adjec-
BITTE, pièce de bois, pieu, it. bitta; du tif fr. blair, mais encore l'équation cymr. aw
nord, biti, poutre transversale, angl. hit; = fr. ai est contre l'analogie. Saumaise, peu
gloses d'Erfurt : bitus, lignum quo vincti scrupuleux, admettait l'identité do blércl' et
flagellantur. de L. glirellus, petit loir, parce que l'un et
BITUME, prov. bettcm, esp. betitn, du L. l'autre do ces animaux s'engraissent en dor-
biti'hieii, m. s. mant, Guyet songeait à un original melarellus,
BIVAC ou BIVOUAC, de l'ail, bivcaclit ou formé de melis ou mêles, martre. Nous citons
beiwacht, garde accessoire et extraordinaire ces étymologies pour mémoire, ainsi que l'opi-
[bei, auprès, wacht, garde). D. biraqucr — nion do Littré (Journal des Savants, 1855),
ou bivovnrjuci'. qui pensait à un rapport d'origine entre blai-
BIZARRE, diôle, capricieux, it. bisarro, reau et bêle', primitf do belette. (Depuis lors,
colère, vif, entêté, drôle, esp. et port, bisarro, le savant et consciencieux auteur du Dict, do
chevaleresque, magnanime. Il est difficile la langue fr. s'est rangé à l'opinion do Diez.)
d'expliquer soit l'origine, soit le rapport i-è- Une autre dénomination anglaise du blaireau,
ciproque de ces mots. Le subst. bisza, colère, bawsin, que Millier croit identique avec fr,
parait avoir été déduit de l'adjectif. La langue bauçant (voy. bahan) et qu'il rapporte à la
basque possède l'adj. bisarro avec le même barre blanche sur le visage du mammifère, lui
sens que l'esp., et en outre le mot bizarra, suggère le soupçon quo badgcr pourrait bien
avec l'acception barbe. Malin établit ainsi la venir do badge, signe, et blaireau du néerl.
filiation des sens, en partant do barbe : barbu, blaere u vacca nigra, sod fronte albo « (Ki-
viril, brave, courageux, violent, vif, etc. On liaen). —
L'étym. » marcliand do blé " est
disait autrefois bigcarre; la satire -Ménipi)éo appuyée (Rom,, VIII, 436) par Wedgwood
a se bi//fnrrrr p. se disputer. sur les traditicms populaires anglaises, et ap-
BLACBOULER, néologisme, imité de l'angl. prouvée par G. Paris.
blackball, rejeter au vote par une boule (angl, BLAIRIE, droit perçu par le seigneur (sei-
bail) noire (angl. black). gneur blayer) pour la permission de faire
BLAFARD, selon Diez, du vlia. bleifi-farv, paitre sur les terres et prés dépouillés ou
de couleur pâle. Le d serait ajouté comme dans le» bois non clos; BL. bladaria, de bla-
dans homard, bard, etc., pour obtenir une dum, blé.
forme plus française. —
Le mot n'apparais-
BLÂMER, BLASMER*, it, biasimare, du
sant pas avant le xiv* siècle, Storm (Rom. V,
lat.ecclésiastique blasfemare (gr. ftlctif/ifitlv),
168) en conclut qu'il n'est pas germanique;
qui au moyen âge avait pris l'acception de
il y voit une altération de blavard et le tire
vituperare, damnare, culpare. L'original s'est
du prov. blau, blava, livide. Pour v devenu f, conservé intact dans le terme savant blasphé-
cp. toutefois de toKtevoies, it. schifarc •= fr. es-
mer. Le subst. blasfemia a, par un change-
quiver. —
Anciennement, le mot s'appliquait
ment remarquable de Vf en t, produit aussi le
aussi à la mollesse de caractère.
vfr. blastenge, prov. blastenh, it, biastemmia
BLAGUE, vessie ou petit sachet de toile ou
de peau de là blaguer, hâbler, faire des contes
;
{aniss'i bestem7nia). — D. blâme, ^rov.blasme,
it. biasimo, biasmo.
ou des blagues. Pour le rapport d'idée entre
BLANC, it. bianco, esp. blanco, j)rov. blanc.
« chose vaine " et « chose enflée " comparez
boursoufler, billevesée et autres expressions
,
— Le mot vient incontestablement du vha.
blanch, ail. mod. blanh, brillant, blanc (de
analogues. Blaguer peut, du reste, aussi bien
la mêmefamille que le verbe allemand blin-
n'être qu'une modification de braguer (v. c.
hen, briller). Comparez L, candidus, de ca7i-
m.), cp. flaire^' p, frairer. Le substantif
blague, s'il ne vient pas du celtique (gaël,
dere. —
D. blancheur, blanchâtre, dimin,
blanchet, blanchir, blanchaille; blanque,
blagh, souffler), pourrait être une métathèse
blanquet, blanquette.
de l'ail, balg, dont le sens premier est outre,
soufflet, et qui vient d'un verbe belgan, s'en-
BLANCHIR, fact. et inchoat. de blanc. —
D. blanchiment, -isseur, -isseuse, -issage,
fler. Il y a également affinité entre ce balg
-is série.
germanique et le mot gaulois-latin bulga,
bourse, fr. bouge. BLANDIR', L. blandiri ; suhst. blandices*
BLAIREAU, BLÉRE AU *, accuse un type (encore employé par Chateaubriand pour flat-
laX'yw bladarellus, diminut. de bladarius, mar-
terie caressante), L, blantitiœ.
chand de blé, vfr. blaier, dér. de bladum, BLANQUE, espèce de jeu, direct, de Vit.
blé ; blaireau a été dénommé ainsi comme
le bianca. Dans ce jeu, la blanche est signe de
voleur de blé, destructeur des campagnes; perte.
par la même raison, cet animal s'appelle bad- BLANQUETTE, ragoût de viandes blanches.
ger chez les Anglais, mot gâté de bladger = BLASER, verbe inconnu aux anciens dic-
bladarius. Cette étymologie suffit à toutes les tionnaires et dont l'étymologie n'est pas fixée.
exigences. Aussi Diez repousse-t-il celle éta- Nous ne prenons pas au sérieux les renvois
blie par Diefenbach, d'après laquelle blaireau au grec ,5)à^îcv, dire des sottises, ou à l'adjec-
BLE — 59 — BLE
tif ,5/âÇ, mou, relâché. Autant vaudrait allé- abladium pour blé récolté. Pour établir la
guer l'ail, blass, pâle, ou l'adjectif-participe dérivation « bladum, biada de L. ablatum,
aufgcblasen, orgueilleux (de blascn, souffler). ablata », il n'est pas même nécessaire d'ad-
Littré rappelle, avec plus de probabilité, le mettre une influence de l'article l'apliérèse ;
mot blaser des dialectes signifiant brûler, de a ne serait pas plus étrange que celle de o
dessécher, lorsque cet effet est produit par dans le mot du
de Crémone biada, pour
dial.
l'usage excessif des liqueurs fortes (c'est l'angl. ablata, fr. oublie. —
Mahn défend la prove-
blazc). nance celtique de blé; il croit à l'existence
BLASON, armoiries, science héraldique, it. d'un celt. blad, avec le sens de fruit, froment,
blasone, esp. blason, port, brasâo. Le mot blé. —
Dérivés de bladwn : Mairie (v. c. m.),
blason (prov. blezô, blizô) se produit d'abord blatier ou bladier; BL. imbladare, doii em-
avec le sens de bouclier ou d'écu, surtout blaver ('p. embla-er), ensemencer, autrefois
d'écu orné. Jaume Febrer, poète de Valence aussi embléer, emblayer)-., BL. debladare, fr.
de la fin du xm^ siècle, emploie blasô à la fois déblayer, debléer'; blavet, blavéole, anciens
pour armoiries, et pour gloire, éclat, signi- noms pour bluet.
fication encore attachée au mot espagnol. BLÈCHE, vfr. blaische', blaiche*, blèque*,
Diez en clierche l'origine dans l'ags. blaesc, mou, du grec ,5Xà?, même signification (cp.
angl. blaze, flambeau, d'où se dégagerait le BL. blax, stultus). Selon Grandgagnage, de
sens d'éclat, de magnificence ; de là le terme l'ail, bleich, ni. bleek, pâle, ce qui nous plaît
aurait été appliqué aux écus rehaussés de davantage. — D. bléchir.
couleurs; cp. prov. blezô =
écu « cubert de BLEME, blesme'iys ne parait pas organique,
teins e blancs e blaus ". Si nous saisissons car les textes anciens ont aussi blême), très
bien la pensée de Diez, il faudrait laisser se pâle de là le verbe blêmir (angl. blemish).
;
quelquefois même ils s'étendaient sur les mus bleich, ags. blaec) ou blaximus
(de l'ail,
louanges et les exploits de ceux-ci. D'après (de ^/i?,mou, faible), mis en avant resp. par
cette explication, blasonner serait pr. publier Chevallet et Ménage.
au son de la trompette, et blason l'objet de BLÉSER, du lat. blœsus (prov. blés, vfr.
cette publication. Mois), d'où aussi le subst. blésité.
BLASPHEMER, voy. blâmer.— D. blasphé- BLESSER, BLECIER'; Diez rappelle le mha.
mateur, -atoire; masculin blasphème
le subst. bletzen, sarcire, reficere, et le subst. bletz,
est le subst, abstrait du verbe blasphémer et morceau d'étoffe, d'où blesser se serait produit
non pas le représentant du mot latin avec le sens du composé mha. zébletzen, met-
blasphemia. tre en morceaux. L'étymologie be-letzen irait
BLATIER, marchand de blé, anc. bladier, mieux, si l'allemand présentait cette forme
BL. bladarius, de BL. blatum, bladum, blé. composée de letzen, comme il a ver-letzen,
BLATTE, L. blatta. équivalent du fr. blesser. Les anciens philo-
BLAUDE, voy. blouse. logues ont eu recours au grec, en proposant
BLÉ, vfr. bled, bleif, prov. blat, it. biado ; soit TT/vjjîîtv, frapper, soit l'infinitif-aoriste
formes féminines it. biada (dial. biava), vfr. /5),à'|i3;t, nuire ; c'est aussi peu admissible que
blée. Le BL. dit bladum et blatum. Diez n'ad- l'avis de Ménage, qui explique blesser par lœ-
met point l'origine german. de ce mot (ags. sare (de lœdere) avec un b prosthétique. —
blaed, fruit, bénédiction), les idiomes german. Pour moi, je pense, comme Diez, que le mot
n'ayant fourni qu'un fort petit nombre de est l'ail, bletzen, mais non pas dans le sens
termes agricoles aux langues romanes. D'autre qu'il lui prête; je le rapporte à ce verbe dans
part, le cymr. blawd, farine, mis en avant sa signification de marquer par une tache ou
par J. Grimm, ne s'accorde pas avec la lettre une incision [eincn baum bletzen , marquer un
de la forme romane. De tout cela Diez conclut arbre, d'eaux et forêts) d'ailleurs, le primi-
t. ;
à la nécessité d'une étymologie latine ; elle tif 6/e?^ lui-même a parfois la valeur de lésion,
lui est fournie par le participe ablata (pluriel blessure (voy. Grimm). Cp. l'ail, fleck, qui
neutre), choses enlevées, dépouille, récolte, et signifie lambeau et tache cp. aussi les sens ;
ilcite à l'appui l'ail, getreide, qui vient de tra- divers de fr. tache. En dernier lieu, j'ai vu
gen, ainsi que herbst, moisson, et Axoitôt, fruit, poser comme la source de blesser le vha.
qui, de même, signifient pr. choses enlevées. bleizza, mentionné à l'art. Met. En effet, notre
Avec l'article, ablata serait devenu Vablata, mot se retrouve dans les dialectes morvan et
Vabiada, la biada, et traité en masc. il biado. , berrichon avec les sens de pâlir, devenir
On trouve, en effet, au moyen âge, ablatum, blême ou de blettir, et repose, d'après les con-
BLO 60 — BOB
statations nouvelles, sur l'idée fondamentale synonyme se motter, dérive blottir de Vanc.
« amollir, affaiblir, meurtrir " on a dit
; fr. blnte, bloutre, motte de terre. Dans l'incor-
« blecier des olives » p. les amollir en bat- titude, il est permis encore d'indiquer bloc,
tant. qui, orthographié blot, signifie en t. do faucon-
BLET, dans poire blette " d'après Diez, en
« ;
nerie, le chevalet où rejjose l'oiseau.
rapport avec le vlia. bleisza, tache bleue pro- 1. trou de billard; le néorl.
BLOUSE,
venant d'une contusion. On trouve aussi poire bluts, trou, conviendrait parfaitement, mai.s
blèque; ce mot serait alors le même blèque en admettant cette origine, il faudra admettre
qui est mentionné sous blèche. Voy. aussi aussi que l'ancienne forme behuse<}<.t une al-
l'art, blesser. tération de blouse, pour l'explication duquel
BLEU, vfr. bloi, it. (dialectes) biavo, ànc. on n'a qiie terme HL. behsius, soi*te do
le
esp. blavo, prov. blave (fém. b/ava); du vha. drap. —
D. blouser, jeter dans la blouse; fig.
b/ào, blaw, ail. mcd. blaii. — D. bleuir, se blouser ^= se ])erdro, se tromper.
bleuâtre, bleuet ou bluet (v. c. m.). 2. BLOUSE, vêtement ce vocable est sans
;
BLINDER, couvrir, masquer, rendre invi- doute lo même que blaude et biaude, mot
sible; d'orig. allemande goth. blindjan,
: bourguignon pour .sarrau, dont on trouve
vha. hlcndan, ail. mod. blendcn, aveugler, aussi les variétés vfr. bliaut, lyonn. blode,
boucher [die thore blenden, fermer les portes ;
norm. plaude, pic. bleude. L'origine n'en e.<t
eine>i schacht blenden, fermer un puits; cp. pas établie. Malin indique le persan bdijàd,
en fr. aveugler une voie d'eau). D. blindes. — vêtement. Le BL. bclosius, signifiant une
BLOC, du vha. bloc, bloch (ail. mod. block), sorte d'étoffe (v. l'art, préc), est peut-être
d'abord verrou, clôture, puis tronc, souche. connexe avec blouse.
Ces mots sont composés du préfixe bi et de BLUET. p. bleuet, do bleu.
loli, et dérivent du vha. liechen,^o\.\\. lukan, BLUETTE. petite étincelle pour belhtette
fermer. Le bloc est donc une pièce ou un ou billi'//i'iiti\ voy. sous bcrliie.
ensemble de pièces destinées à boucher les BLUTEAU, voy'. l'art, bluter.
abords d'une place, puis, par extension d"idée, BLUTER est g'ént''raleinent dérivé, par nié-
une masse quelconque. —
D. bloquer d'où it. tathèse de /, de l'éciuivalent ail. beutelu, anc.
bloccare, esp. bloquear), blocage, blocaille, biuteln. Diez trouve cette métatliè.^c trop irré-
débloquer. — Le terme blocus vient do l'anc. guliôre et avance une tout autre étym., beau-
ail. bloc-hus, auj. block-haus, fortin; le sons coup plus plausible. Le latin du moyen àgc
concret s'est dans la suite converti en sens dit buletelluni \Hn\v cril)rum farinarium, et
abstrait : action de bloquer, buletare pour farinam cribro seccrnere ; cola
BLOCUS, voy. bloc. concorde avec les formes anc. bulteuu et bule-
BLOND, it. biondo, prov. blon (l'ail, blond ter, pour bluteau et bluter (dans lo llainaut
est un emprunt fait au français). On trouve et à Namur, on dit encore bulter). Au lieu do
dans l'anglo-saxon le terme blonden-feax =• Imletel, la vieille langue présente buretel, le
à cheveux mélangés, c.-à-d. gris. Le sens de bourguignon burteau, formes qui concordent
gris a-t-il dégénéré à la longue en celui de avec it.buratello, ])rov. buratel (au.ssi barutel),
fauve et de blond? Cela e.st possible, vu les dim. do buratto, qui signifie bluteau. Or. hii-
changements de sens que l'on voit subir aux ratto vient du vfr. bure, étoffe de laine gros-
noms de couleurs, mais toujours quelque peu sière. Nous avons donc la succession que
problématique. Le mot ne .se présente que voici buretel, buletel, blutel, bluteau, et ces
:
tard dans le latin du moyen âge. Ou bien, — mots signifient propr. une étoffe grossière,
et c'est là une conjecture émise par Diez, blond, propre à tamiser; d'autre part, bureter, bule-
serait-il ])r. un synonyme du nord, blaud, ter, bulter, bluter. Pour le rapport des idées
dan. blôd, suéd. blôt, qui signifie doux, mou, bure et bluter, on peut com[)arer filtre et
le blond étant la couleur de la douceur? L'in- feutre, deux formes et deux acceptions diffé-
tercalation de la nasale n est, comme on sait, rentes du même mot. —
L'ancien buleter a
chose fort commune. —
Quant au vfr. bloi', donné l'angl. boult, boit.
blond ardent, jaune, synonyme de blond, ce BOA, L. boa, espèce de serpent de mer.
n'est qu'une forme variée de bleu, dont l'ori- BOBAN', BOBANCE*, auj. bombance, pompe,
ginal germanique signifiait à la fois flavus et faste vaniteux, du L. bombus, bourdonne-
cseruleus. (Pour les formes diverses, compa- ment, bruit. Vénance Fortunata l'adj. bombi-
rez pau, poi, peu, du L. paucus.) Bloi a été eus, vaniteux, bruyant; cp. en prov. bomba
latinisé en bloius et blodius. Cette dernière = hobansa.
forme, nasalisée, n'aurait-elle pas engendré BOBÈCHE. Ce mot a-t-il le même radical
la forme française blond? D. blondir, — que bobine ? La forme de l'objet porte à n'y
-oyer ; bJondin; blonde (espèce de dentelle). voir qtie le même mot avec un changement
BLOQUER, voy. bloc. de terminai.-^on.
BLOTTIR (SE), se tapir, se ramasser en BOBINE, angl. bobbin ; selon Saumai.se, de
petit volume ; Diez laisse le choix entre ballot bombyx,, a cau.se de la ressemblance de la
[blottir serait pour ballottir, comme fy^ette p. bobine garnie de fil avec le cocon du ver à
ferrette, gline p. geline) et l'ail.
Mot zen, frap- soie ; Diez préférerait, sans l'établir, l'étymolo-
per, écraser. On pourrait appuyer cette der- gie bombus, bourdonnement, à cause du bruit
nière étym. des sens premiers des mots tapir de la bobine en mouvement. Wedgwood indi-
et cacher. Ménage, rapprochant l'expression que gaél. baban, une tassette de fil. Il est
.
BOl — 61 - BON
douteux que bobinette, p:titc pièce de bois /SoîX'î " pâturage » (cp. le mélange des sens
mobile pour fermer les portes, soit un dimin. " pâturage et bois » dans les mots latins sal-
de bobine. tus, nemus, silva)\ Storm, lat. buxus, « buis "
BOCAGE, voy. bois. — D. bocagcr. (le nom de l'espèce appliqué au genre, comme
BOCAL, vfr. boucal, boacel,\t. boccale,es^. l'inverse se présente dans le gr. ôpû;, pr. ar-
bocal; les uns, à cause du BL. baucaJe, citent bre, puis chêne). Voy. Rom., V, 169. D. —
le grec ^î^ù/a/i ou ,5zu/3t)iov, vase à goulot boiser, boiserie.
étroit; d'autres, le L. bucca, it. bocca, donc BOISSEAU, baisser, buisseV, wallon bois-
vase pour la bouche (cp. Fit. boccia, qui si- teau,BL. busteUus; selon toute apparence,
gnifie également carafe). un dérivé de baiste, boite, voy. ce mot. De
BOCARD, macliine à écraser la mine, de buissel les Anglais ont fait bushel. — D. bois-
l'ail, bochcii, ijochcn, frapper. selée, boisselier.
'BOCK de bière, néolog., contenu d'un grand BOISSON, voy. boire.
verre. A signifié à Paris en premier lieu la BOITE, voy. boire.
bière de Munich appelée bockbicr (litt. bière
BOITE, baiste*, prov. bostia, baissa et bros-
de bouc) ; puis le verre dans lequel on servait
tia. Ce mot vient du BL. buxida, accus, de
cette bière enfin, le mot s'est appliqué à verre
;
buxis (grec 7rv;t;). Buxida transposé en bux-
de bière en général.
dia, bustia, a donné bostia et enfin fr. baiste.
BODINE, quille de marine, de lall. boden, De boite vient déboiter, faire sortir (un os) de
m. s. (voy. bomerié). .
sens, dans Fit. bogara, esp. boguera, port. BOL, coupe, vase hémisphérique, est,
2.
bogueiro. —
Voy. Banquier, Rom., VI, 269 comme l'ail, bowle, emprunté à l'angl. bawl,
BOIRE, vfr. boivre, bevre, beire, du L. bi- BOMBANCE, pr. magnificence, faste; voy.
bere; part, bu p. bé-ii, de bibutus, forme bar- baban.
bare buvons, buvez sont des formes irrégu-
;
BOMBARDE, comme instrument de guerre
lières pour bevons, -ez (qu'employaient les an- et comme instrument de musique, de L. bam-
ciens). —
Du latin bibitionem, bib'tionem bus, bmiit, fracas. — D. bombarder, -ier.
s'est régulièrement déduit beisson, boisson. BOMBASIN, voy. basin. Il est curieux de
De bevre', anc. forme française pour boire, voir comment de bambasin se sont produits,
vient bevrage beveraggio, prov. beitratge,
(it. par une fausse interprétation étymologique,
angl. beverage), d'où bcurage, beuvrage et, les termes germaniques ail. baurnwolle, qui
enfin, par transposition de Vr, breuvage (voy. a l'air de dire " laine d'arbre », et angl.
abreuver). La permutation de \'e atone en u nom d'une étofi'e des-
banibast, qui, d'abord le
dans les formes verbales buvons, buvez, etc., tinée à ouater, sous l'influence de bom-
a,
s'est étendue aux dérivés buvable, buvette, bu- bance, pris l'acception de parole cmpoulée,
vetier, buveur, buvotter. Est encore dérivé de phébus
boire le subst. fém. boite, degré auquel le vin BOMBE, it. bomba, angl. bomb, ail. bombe,
devient bon à boire il répond au partie, du L. bombus, à cause du bruit sourd qui
fém. bibita [bib'ta).
;
BON 62 — BOR
BONACE, calme de la mer après un orage, BORAX, mot arabe baurah, bôrah, du
:
it. bonaccia, esp. bonanza, prov. bonassa ; persan baurah. De boraj:, les chimistes ont
àe bonus, bon; cp. anc. esp. malina, orage, dégagé le subst. bore (d'où borate, -iqite).
tempête. BORD, dans le sens doxtrémité d'une sur-
BON-CHRÉTIEN (poire de). Ce nom, selon face, lisière, rive, se trouve dans la plupart
une opinion sérieusement accréditée, vient des langues germaniques vha. port, goth.
:
de saint François de Paule, dit le bon chré- baurd, ags. bord, angl. board, nécrl. bord et
tien, qui apporta ces poires d'Italie en France. boord, auéd., dan. bord; BL. bordus, borda,
Voy. Darmesteter, Compos., 25. bordum, it., esp. bordo. —
Dérivés de bord =
BOND, angl, bound, subst. verbal de bon- côté bordée, border, bordeyn- ; aborder, dé-
:
renforcée spunt, d'où le mot actuel spiatd, raccepti(ni » vais.scau « de celle de planclie ou
holl. spond. —
D. bondon, débonder, Le — plancher (au fond, le mot bord ne désigne que
vfr. bonde, limite, borne, a une auti-e origine, la membrure du vais.<eau) ou de celle de bm'd,
voy. borne. —
Dans le dial. de Come, bondon extrémité, côté (le tout pour la partie). C'est ce
signifie une grosse petite femme, et boldon, que nous ne saurions établir; cependant,
bouchon, ce qui permettrait aussi de ranger l'analogie du L. trabs, poutre et vaisseau, fait
bonde sous le radical bod (voy. bouder) et de opter pour la première métonymie. Le vha. —
le rattacher à bodne, bonde, bonne, auj. borne bort, goth. baurd, planche, madrier, a encore
(v. c. m.). Voy. Mussafia, Beitrag, p. 35 fourni aux langues romanes les mots suivants :
la langue d'oïl et en prov. bondir signifie re- fr. et piov. bordel, esp. burdel, angl. brothel,
tentir (Ducange cite BL. bnnda =
sonus tym- BL. bordelhitn (cfr. l'ail, hiittchen, bordel, de
pani, vfr. subst. bondie, bruit retentissant), ce hidte, cabane). Le sens de planche ressort
qui justifie rétymologie6o>nWta;'<?, bourdonner, encore clairement dans les dér. border, -aye,
contracté en bontare, bondare. Quant à l'infi- bordaille, en tant que termes de marine.
nitif en on a l'analogie de retentir, de tin-
ir, BORDE, métairie, voy. hard. D. hordier* —
nitare; pour le d, celle de coude, de cubitus, métayer
(on trouve du reste aussi bontir, avec un t). BORDEL, bordeaii', pr. petite cabane, voy.
Mais ce bondir =
sonner, est-il bien le même bord.
que le bondir =
sauter? Ce serait l'effet, BORDÉE, toute la ligne d'artillerie placée
c.-à-d. le rebondissement, la répercussion du sur le même bord dun vaisseau, puis dé-
son, nommés d'après la cause, c.-ù-d. l'émis- charge simultanée de cette ligne.
sion du son. Si cette métonymie est admise BORDER, voy. bard. D. bordure. —
(et l'ail, prallen, qui se rapporte également BORDEREAU, dimin. de bord, petit bord de
au coup et au son, la rend très plausible), il papier. Cp. l'origine analogue de liste.
faudra rejeter l'étymologie posée par Ménage, BORÉE. BORÉAL, L. boreas, borcalis.
qui rapproche l'expression espagnole botar la BORGNE, it. bornio, cat. borni, limous.
pelota, faire bondir la balle. Botar, par l'in- borli. L'expression bornicle, œil louche (dial.
sertion de n, peut fort bien avoir donné bon- de Genève) et bornicler, loucher (dial. du Jura),
der et bondir, mais de toute manière, il est ainsi que le vocabulaire de Douai qui tradtiit
inutile de recourir à l'espagnol, botar étant borne par strabo, attestent que le sens pri-
identique avec le fr. botçr\ bouter. D. bond ; — mordial du mot était " louche « Diez le raj>- .
tors les chapeaux qui sont faits du poil de cet Silésie, on appelle bornichel la tumeur ocu-
animal. Le roman de Guillaume au court nez
dans le Charroy de Nismes « Un chapelet de
laire dite orgelet. — J. Ulrich (Ztschr., III,
: 266), se fondant sur l'affinité des idées forer et
bonnet en sa teste ". Quant à l'origine du tourner, propose pour borgncr (d'où vien-
mot, on la cherche encore. D. bonnetier, — drait l'adj. borgne), l'ail, bohren, forer, en ad-
bonneterie; bonneter, saluer du bonnet. mettant l'existence anc. d'une forme dérivative
BONNIER, mesure agraire, voy. borne. en anjan; cp. fr. épargner, qui est de même
BOT — 63 — BOU
expliqué par ail. sparen moyennant une forme BL. buticula, it. bottiglia, esp. botilla, botija,
hypothétique sparanjan. Cette étymologie est angl. bottle.
fr. bouteille,
plus ancienne bodina, bodena. Celle-ci donne variantes littérales, dans les langues celtiques
d'abord 6oc/>Jt', d'où, par assimilation, bonne aussi bien que dans les langues germaniques.
(BL. bonna), et par transposition bonde (BL. Grimm rapporte le mot au verbe sX\. pochen,
bonda, angl. boiind) d'autres modifications
;
bochen, heurter. —
D. bouquin; subst. bou-
de bodne sont bosne, d'où borne; c^. d'une cher (v. c. m.).
part Rhône, Rhosne, de Rhodanits, et d'autre 1. BOUCAN, gril de bois où les Caraïbes
part, pour la substitution de r à s, varlet* de fument leurs viandes mot caraïbe qui signi-
— D.
;
vasiet. Mais d'où viennent bodina (forme pri- fie claie. boucaner.
mitive du mot bonna et qui exclut absolument 2. BOUCAN, vacarme, bordel. Ce mot mo-
la dérivation du gr. ^SsOvo;, colline, proposée derne ne viendrait-il pas, demande G. Paris,
par Caseneuve) et la forme variée bodula, de l'it. baccano, qui signifie aussi à la fois
d'où le prov. bozola (= borne)? Ils appar- « fracasso " et « bordello » et que Storm rat-
tiennent, selon Diez, à la même racine bod, tache à bacchanale? Voy. Rom., IX, 624.
enfler, qui a donné bouder, boudin (voy. ces BOUCANER, 1 faire sécher à la fumée, de
.
mots); la borne serait donc qqch. en relief, en boucan 1 2. aller à la chasse des bœufs sau-
;
saillie, une butte de terre (cfr. l'ail, schtcelle, vages. Cette dernière acception serait-elle
seuil, de scincellen, s'enfler). La forme BL. sans rapport avec bos, bovis, par bovicus, bovi-
bonna a pour dérivé bonnarium, mesure canus? —
D. boucanier, qui chasse le bœ if
agraire, d'où le fr. bonnier, flam. bunder. — sauvage; fusil servant pour cette chasse; fli-
D. borner. bustier des Antilles.
BOSQUET, dimin. du BL. boscus (= fr. BOUCASSIN, futaine, it. boccacino, esp.
bois); Froissart emploie le diminutif bosque- bocaci." Ce mot n'appartiendrait-il pas au
BOT (pied), esp. boto, tronqué, et botte, neau, et bondomier, boucher. Littré, toutefois,
faisceau (cp. ail. bosse, bote, fasciculus, voy. préfère pour primitif le vfr. bouche, gerbe,
Grimm), paraissent appartenir à la même botte, faisceau de paille, mentionné par Du-
racine germanique bôzen, boszen, goth. bau- cange et qui se rapporte, comme bouquet, au
tan, frapper, pousser, repousser, enfler, faire BL. boscus, bois. La forme anc. boschier,
boule, que nous avons signalée dans l'article et les acceptions diverses de bouchon, donnent
bosse. Il faut encore observer que l'adj. bot quelque crédit à cette étymologie. Cps. —
rappelle l'ail, bott, butt, ni. bot, goth. bauths, déboucher.
signifiant stupidus, liebes, obtusus. 2. BOUCHER, subst., propr. le tueur de
BOTANIQUE, gr. ^oTct-w.r, (de,35T«v>7, plante). boucs; cp. it. beccaio, beccaro, boucher, de
— D. botaniste. becco, bouc. —
D. boucherie.
1. BOTTE, faisceau, lias.se, voy bot. — D. 1. BOUCHON, objet servant à boucher; peut
dim. bottillon; verbe botteler. Du dim. botel, venir tout simplement du verbe boucher,
boteau, vient l'angl. bottle, botte de foin. comme torchon de torcher. Cependant Diez
2. BfTTE, chaussure, est le même mot que identifie le mot avec prov. bocon, it. boccone,
botte, tonneau ; l'un et l'autre expriment quel- bouchée, morceau donc, ce qui remplit la
;
que chose de creux. On trouve des mots simi- bouche ou ime ouverture quelconque. Littré
laires dans beaucoup de langues, p. ex. gr. ramène le mot à bouche', faisceau de bran-
/SoÛTi;, /5ÛTt;, bouteille; BL. butta, ags. butte, chage, dont il dérive également le verbe bou-
angl. butt, ail mod. biitte, grand vase. — Dér. clier, ainsi que le mot suivant.
de chaussure
botte, : botter, bottier, bottine, 2. BOUCHON, bouquet [de verdure servant
débotter. —
Dér. de tonneau, vase (vfr.
botte, d'enseigne à un cabaret, puis le cabaret lui-
aussi boute, outre, grosse bouteille) le dimin. : même poignée, torchon de paille de bouche'.
;
;
,
BOU — 64 BOU
faisceau (voy. boucher 1). Cp. en wallon, bou- BOUFFER, BOUFFIR, souffler, s'enfler les
3. BOUCHON, dans " tomber ù bouchon «, buffier, souflUeter, frapper; it. buff}», coup do
de bouche; tomber sur la bouche, sur le vi- vent, vfr. buff'e, coup, heurt (d'où rebufffn',
sage (cp. les ex pressions vfr. analogues à dcns, angl. rebuff', subst. rebuffade) et dim. buffet,
s'adente?-, s'aboucher). soufflet (d'où le v. mot buffeter, souffleter).
BOUCLE, anneau do métal,
angl. bucklc, Tous ces mots, ainsi que pouffer, sont les dé
puis anneau que forment les cheveux frisés; rivés de l'interjection buf, bouf on pouf! pro-
vfr. bocle, patois divers bJouque, dim. blou- duite par le gonflement des joues. 11 n'est pas
quette, prov. bocla, bloca, bosse ou éminence nécessaire de les rattacher à des produits ana-
métallique au centre du bouclier, BL. bucula logues dans les langues germaniques ce sont ;
scuti (d'où le mha. budkel); du latin buccula, évidemment des vocables de formation sjwnta-
joue, donc proprement chose rebombée ou en née. Cp. pour le rapport d'idée entre souffler
relief. —
D. bouclier, angl. bu.ckler, prov. et frap})er, le verbe angl. bloxc, souffler et
bloquier, it. broccJncrc ; verbes boucler, dé- frapper, et le mot fr. soufflet, do souffler. —
boucler. D. bouff'ee, bouffer (manger goulûment),
BOUCLIER, ancicnn. adjectif, BL. buccuJa- bo\iffette; bouffissure. Voy. aussi bouffon.
lius ; escut bouclier est = écu à boucle ou écu BOUFFON est tiré direct, de Wt.buffhnc, qui
bombé ; l'épithète a pris le sens de la chose vient de buffare, .souffler (gonfler les joues),
qu'elle qualifiait, voy. boucle. puis plaisanter (primitif aussi de bv.ff'a, plai-
BOUGON, voy. bouche. santerie, d'où fr. bouffe). Buff'are est noti*e
BOUDER, pr. enfler la lèvre inférieure par bouffer; les idées d'enflure et de plaisanterie
mauvaise humeur (en rouchi, boder enfler). = se touchent ; un rapport analogue me .semble
Bouder, gonfler et être de mauvaise humeur, lier l'ail, bôzen, repousser (voy. bosse), à bosse,
peut se comparer à bouffer qui avait les deux passe, plaisanterie; cp. encore les sens divei's
sens et au L. turgere, êti'e gonflé de colère. Ce de baguenaude et de blague.
mot appartient à la racine bod exprimant quel- BOUOE, réduit étroit; it. bol(pa et vfr. boge,
que chose de repoussé, desaillant, d'enflé. On bouge, sac de cuir; directement d'un adj.
la retrouve dans boudin, espèce de saucisse, et latin bulgia, dérivé do bu.lga, que Festus dé-
boudiné, nœud du verre, anc. nombril, dans signe comme un mot gaulois : « bulgas Galli
boursoufler, pour boudsouffler (voy. ce mot) et sacculos scorteos vocant " ; en efl'et, l'on
dans le mot BL. bodina qui a donné bodne, trouve gaël. btdlg, et anc. irl. bolc, mais on
bonne et borne (v. c. m.). Il se peut qu'elle rencontre aussi en vha. le subst. bulga (ce
soit latine et identique au bot qui a fourni bo- dernier issu du verbe belgan, enfler). Le dimi-
tulus, botellus, d'où boyau. —
D. Ixmdoir, nutif bougctte, petit sac, a donné l'anc. angl.
cabinet où les dames .se retirent quand elles bogette, bougett, transforaié dans la suite en
veulent' être seules (cp. les expressions alle- budget. Sous ce costume anglais, le mot est
mandes schmollkaiumerchen, launaistilb-
: revenu en France avec une .signification pu-
chen, trutzwinkel). rement financière. Pour le pa.s.sage du .sens
BOUDIN, voy. bouder. de bourse à celui de petit i-éduit attaché au
BOUDINE, voy. bouder. Cachet consigne masc. bouge, il ne fait pas difficulté. L'inter-
boudiné avec le sens de ventre, employé dans médiaire est celui de « cho.se (jui renferme » ;
la chronique rimée de Godefroid de Bouillon, en it. bulgia signifie à la fois bourse et ca-
BOUE, BOB*. En vfr. on trouve broue, p. veau. D'autre part, le radical exi)rimant aussi
houe; si cette forme est la primitive (ce qui enfler (les mots celtiques bolg, bulg, balg, si-
est fort douteux), on pourrait prêter à ce mot gnifient saccus, pharetra, venter, pustula,
une communauté d'origine avec lit, broda, foUis), on comprend la valeur secondaire de
qui signifie à la fois boue et bouillon, et par bouge : la partie la [)lus bombée du tonneau.
conséquent avec le fr. brouet[v. c. m.). En — BOUGEOIR, chandelier portatif; on peut
cymr. on trouve avec le même sens baw [bud- hésiter, pour l'étym., entre bouger et bougie.
hyr, boueux), mais on ne saurait y rapporter BOUGER, wallon boge, angl. budge, j)rov. bo-
les formes angl. bog, marais, it. (lombard et jar ; selon Leibnitz et Frisch, du vha. biugan,
comasque)6oy. Leur liaison avec la racine goth. ail. mod. beugen ou biegen, fléchir; selon
boug dans le verbe composé goth. us-baugjan Diez, plutôt de la forme vha. bogen, nord.
nettoyer, reste doutexise. Le mot boue a-t-il buga, courber. Cette étymologie cependant,
quelque rapport avec les formes bottasse, etc., observe Diez, perd en probabilité par la com-
mentionnées sous bouse? Les formes bodère paraison de la forme provençale correspon-
(en Lorraine), boue, et picard baudele, crotté, dante, qui est bolegar =^ it. bidicare (la forme
parlent en faveur d'un thème bod, bot. Ma prov. bojar parait être empruntée au fran-
conjecture serait donc de partir du BL. botta, Quant à bolegar {& Lyon bouliguer), dont
çais).
bota, mare, dont l'étymologie reste à trouver. bouger se déduit très régulièrement, c'est un
— D. boueux. dérivé de bidir, bolir, fr. bouillir, et signifie
BOUÉE, forme dérivative du vfr. boie, buie, propr. être en ébuUition, fig. ne pas rester
esp. boya, ail. boje, angl. bi'.oy, nécrl. boei, en place. Le portugais dit également bulir
qui vient du latm boja, chaîne, corde; la dans le sens de bouger, et l'esp. bullir dans
bouée est une pièce de bois flottant sur l'eau celui d'être en mouvement continuel (cp. notre
et reteïiue par une corde. expression bouillonner d'impatience). Che-
:
;
BOU — 65 — BOU
vallet fait venir, bien maladroitement, bouger boulanger, faire les boulanges. Wedgvt^ood —
de l'ail, mouvoir; Ménage, non
bewegen, (Rom., VIII, 436) présente une autre explica-
moins hardi, pensait à l'ail, icogen, s'agiter. tion du mot. Il part du vfr. bdengc (Walter
— D. bougeoir (?), bougillon. de Biblesworth) =
blutage, lequel aurait la
BOUGETTE, voy. bouge. même origine que le néerl, buile^i (bluter),
BOUGIE, it. bugia, esp., prov. bogia, de qui est contracté de buidelen. Je préférerais
Bougie, ville du nord de l'Afrique qui four- remonter au thème bul debicletus*, buletellum
nissait la cire. —
D. bougeoir [l), bougillon. (fr. bluteau), buletare (fr. bluter), qui à son
BOUGON, d'où bougonner, gronder enti'e tour parait être transformé de bur (voy. blu-
ses dents, se rattache sans doute à bucca, ter.
bouche, comme fourgon àfurca; cp. une ex- BOULE, du L. bulla, qui
est également
pression analogue en allemand : maulen, de Le sens primitif
l'original de bulle (v. c. m.).
tnaul, bouche. de bulla est encore attaché au pic. boule ==
BOUGRAN, vfr. bouquerant, it. bucherame, enflure, et au verbe bouler, enfler la gorge
cat. bocaram, prov. bocaran,boqueran, angl. (en parlant des pigeons). —
D. boulet (angl.
buckram, tissu fait primitivement de poils de bullet), boulette, bouleux, boulin, -iche, bou-
chèvre, ce qui a donné lieu à l'étymologie lon, cheville à tête ronde e6ot«/cr, boulever-
;
bouc, boc. Schmeller cependant dérive le mot ser [boule -\- verser =
retourner).
de l'italien bucherare, trouer (primitif buca, BOULEAU, dimin. de l'anc. subst. &ott?e, m.
trou); bougran serait ainsi pr. une étoffe s., encore employé dans les patois et contracté
lâche, à mailles peu serrées, roidie ensuite à de béoule; quant à ce dernier, il vient du
la colle. D'après Baist (Ztschr. V, 556), bou- L. bctulla, m. s. Ce mot latin est, d'après
gran et ses correspondants romans seraient Pline, 16, 18, d'origine gauloise; on en trouve
= arabe barcàn, barracân (d'où aussi ail. en effet la racine dans l'irl. et l'écoss. beitJi,
barchent, futaine); par métathèse bacaran; bouleau. — D. boulaie, d'après l'analogie
par adaptation à bock, angl. buch, fr. bouc de saulaie, aunaie, etc.
(cp. bov.cassin), bocaran, etc. —
G. Paris tire BOULEDOGUE, de l'angl bulldog, pr. chien-
notre mot du nom de Boukhara. Les dic- — taureau.
tionnaires présentent encore baracan et bou- BOULER, enfler son jabot (en parlant du
rocan (v. c. m.), espèce de tissu de laine. pigeon), voy. boule.
BOUGRE, de Biùgarus. Les Bulgares ont BOULEUX, cheval de fatigue, de l'anc.
fourni ce terme d'injure en taiit qu'hérétiques verbe bouler, rouler (de boule).
manichéens. Nicot donne à ce terme la valeur BOULEVARD, anc. boulevert, représente
de pœdico et Ménage suppose que c'est parce l'ail,bollwerk. Ce mot, né au xv* siècle, avec
que les hérétiques et les pédérastes étaient la valeur de « défense, rempart », est décom-
passibles de la mémo peine. —
D. bougrerie; posé par les uns en werh (ouvrage) et vha.
pour rabougrir, v. c. m. bolon (lancer), donc pr. une machine à lancer,
BOUGUIÈRE, sorte de tilet, dér. de bogue un engin de guerre, puis la place où elle est
(voy. pi. h.). montée; —par les autres en werk -f- bohle
BOUILLE, voy. l'art, suivant. (ais, planche), donc une construction en plan-
BOUILLIR, du L. bulUrc (rac. bxdJa). — ches. Le mot est devenu l'angl. bulwark, le
D. bonilloii (it. bollone)\ bouilli, -ie, -oire ni. bolwerh ; l'it. baluarto et l'esp. baluarte
ébouillir, L. ebuUire, ébullition, L. ebullitio. sont tirés du français. —
Voltaire expliquait
Le verbe mettre en agitation,
actif bouiller, boidevart de boule et vert place verte à jouer
:
BOU — 66 BOU
bxikken, plier, courber. — Le même verbe, 2. BOURDON, tuyau
d'orgue, puis ton do
dans sa dernière acception, se trouve dans le basse, et mâle. La signification
abeille
composé reboicç/wr, fausser, émousser un « tuyau » engage Diez à rattacher notre mot
dard ou autre instrument pointu, pr. le à bourdon, long bâton. Il faudrait alors con-
courber; vfr. rebuchicr, rebouquer. L'angl. sidérer le gaél. iùrdon =
bourdonnement,
rebuhe est le même mot avec une acception comme un empnint au roman. Cette
fait
détournée censurer, gronder.
: langue employant cependant dans le même
BOUQUET, bosquet, puis assemblage de sens aussi durdon, il est préférable de consi-
fleurs, variété de bosquet (v. c. m.). dérer les syllabes burd, durd comme des
BOUQUETIN, écrit par Belon boitc-estain ; onomatopées, et la signification tuyau d'orgue
de l'ail, steinbock, bouc des rochers. comme découlant du bruit exprimé par le
BOUQUETTE, blé sarrasin, du flam. boek- mot.
weit,m. s., litt. froment de hêtre, à cause de BOURG, dans le principe =
ville défendue
la forme du grain, qui ressemble à la faine. par une forteresse, opposé à la ville, lieu
On trouve aussi, avec changement de termi- ouvert; it. borgo, esp., port, burgo, prov.
naison, bv.cail boi'c ; du latin vulgaire burgus (Vegôce, De
1 BOUQUIN, voy. bouc. —
D. bouquiner. re milit., 4, 10 Castellum pannini, quem
:
2. BOUQUIN, vieux livre, de l'anc. néerl. burgum vocant). Il nest pas néccs.saire de
boeçkin, petit livre; le suffixe diminutif néer- déduire directement le mot bourg des langues
landais hin se trouve encore en français dans germaniques, où il se rencontre partout, et
mannequin, brodequin, vilebrequin, etc. — qui en ont aussi le primitif, savoir bei'gan, :
bourdeux est un menteur. L'ancienne accep- geon désignerait donc quelque chose qui lève,
tion do réjouissance, plaisanterie, parle en qui poiis.se. Bourgeon s'appliquait primitive-
faveur du rapport de ce mot avec l'anc. bou- ment à la vigne et tradui.sait dans les glos-
horder, jouter, et, par extension, s'amuser, saires L. botrus; je le ramène donc au BL.
folâtrer La langue provençale présente déjà, botrionem. —
D. bourgeonner ; débourgeon-
pour bouhourder, behourder, les formes con- ner, ùtc'V les bourgeons.
tractes bitrdar, bordir, burdir, avec le sens BOURLE, v(.v. s. bourre.
de s'amuser, et les subst. biort, bort^ jeu che- BOURGMESTRE, voy. bourg.
valeresque. Les mots analogues du celtique BOURNOUS, mot arabe bornos, vêtement :
BOU 67 — BOU
gulier présente le sens propre, le pluriel le que suspecte et ce qui oblige à donner raison
sens métaplioiique. La même métaphore se à ceux qui déduisent cette valeur du BL. bursa
rencontre dans le latin floccus, qui signifie == sac de cuir, bourse, c'est que, dès avant le
flocon de laine, poil d'une étoffe, et bagatelle. xiv"^ siècle, le mot latin funda, bourse, a
— D. bourras, houras, étoffe grossière, prov. signifié " locus publicus iibi conveniunt mer-
borras ; bourrer, d'où débourrer, ébourrer, catores de rébus suis et commerciis acturi »
embourrer, rembourrer ; bourrée; bourrade; (voy. DC). Voy. aussi, dans Godefroy, l'art.
bourru, grossier (cp. angl. borrel, homme fonde = lieu de réunion des commerçants.
grossier) ; prov. borrel, vfr. bourrel bour- = BOURSOUFLER, selon Diez, pour boud-
relet, d'où bourreler, bou7'relet ou bourlet. soufftcr,analogue au prov. mod. boud-enflà,
Peut-être faut-il rattacher ici le mot rebours boudouflà, boudifla, gonfler. Quant à l'élé-
(v. c. m.) dans le sens de revêche, BL. rebur- ment bod, boud, voy. sous bouder. Toutefois,
nis. Voir aussi brosse. —
Le dim. burrula Diez ne rejette pas absolument l'étymologie
a donné l'anc. fr. bourle, attrape, tromperie. bourse-enfter, et cite même l'expression wa-
BOURREAU, prov. borel. A la lettre, bour- laque bos-unfla. Grandgagnage explique le
reau correspond à angl. borrel, homme rude, mot par boide-soufflcr, souffler en boule;
grossier (voy. bourre). Le sens du mot fran- Littré par " souffler en bourse », en citant
çais pourrait bien s'en être dégagé. Ménage l'anc. fr. bourser, enfler.
aventure l'idée d'une contraction de bouche- BOUSCULER, altéré du vfr. bouteculcr, qui
reaic. D'après Diez, borel se déduit facilement vient de bouter et cul
de l'it. boja (wall. boie), qui a la même signi- BOUSE, prov. boza, buza, d'origine dou-
cation, au moyen du double suffixe er-ell, teuse. On trouve dans l'anc. langue bouasse,
dont la langue française présente tant bouace (cfr. le grison bovatscha, dial. de Côme
d'exemples (cfr. tnàt, màtereau) le mot cor- ; boascia, de Parme bàuzza, avec la même
respondrait donc à une forme italienne hypo- signification), mais il n'est guère permis de
thétique bojarello. Nous rapportons pour ce voir dans bouse une contraction de bouasse,
qu'elle vaut l'observation de Dochez De Borel, : dérivé de bos, bœuf; les mots bretons beùzel,
possesseur du fief de Bellecombe en 1261, à bouzel, bouzil ont l'air d'être tirés du fran-
charge de pendre les voleurs du canton. (Littré çais. Frisch rappelle l'ail, bicize, monceau,
observe que ce nom propre pourrait bien être employé en effet pour la morve, et, comme dit
un surnom, donné d'après les fonctions.) — Grimm, pour « quidquid emungitur «. Si —
Quant à it. bcja, bourreau, il parait identique boue, comme je le pense, vient d'un radical
avec boja, carcan. bot, bod, les formes loza, bouse pourraient
BOURRELER, ET, voy. bourre. bien n'en être qu'une variété (en prov.,^ pour
BOURRICHE, espèce de panier oblong (pour (/ est tout à fait normal), mais l'objection qu'on
gibier, poisson, etc.); Ménage l'apporte le mot fait à cette étymol. (voy. Van Hamel, Gloss.
à bourre, à cause de la bourre, foin ou paille, du Reclus de Moliens), c'est que boue avait
dont on garnit les bourriches; j'aimerais tout primitivement Vo ouvert. —
Le plus ancien
autant une étymol. burricius, de burricus, exemple du mot est dans le Alisercre du
bourrique; donc pr. panier de marché, porté Reclus de Moliens (xii*^ siècle) :
du BL. byrsa, bursa, qui est le gr. jiùoïc, repousser donc chose en relief, en saillie,
;
peau, cuir. —
D. boursier; boursiller;'bour- puis pointe, extrémité. —
D. debout (v. c. m.),
sicot (mot populaire, d'où boursicote^'), débour- aboutir, emboutir.
ser,débours; embourser' rembourser. Quant
,
BOUTADE, forme étrangère p. boutée (pous-
au mot bourse, en tant qu'il signifie lieu de sée), de bouter, heurter. Corneille a le mot
réunion des banquiers, agents de change, etc., dans le sens de jet d'inspiration « pousser un :
(xiv* siècle) c'était l'hôtel d'une famille pa- BOUTE, variété de botte, tonneau.
;
tricienne appelée Van den Beurse (fr. de la BOUTEILLE, voy. botte 2. D. boutillier, —
'Bourse), dont les armes sculptées qui surmon- angl. butler.
taient la porte et qui se composaient de trois BOUTER, pousser, heurter, frapper, mettre
bourses auraient donné le nom à tous les en poussant, dumha. bôzen, heurter, frappe»,
bâtiments de l'espèce. Ce qui rend cette expli- ou plutôt d'une forme antérieure bautan,
cation de bourse =
forum mercatorum plus botan. —
D. bouton (v.c.m.); boutade (v.c.m.);
.
BRA 68 — BRA
les bœufs et les aiguillonner ainsi à sa façon posuit), du vha. breinan, néerl. bremmen,
(G. Paris). Cp. les expressions analogues ail. mugir, qui répond au gr. jifii/ttiv.
buUenbeisser (mordeur de taureaux), angl. BRAN, excrément, ordure, déchet, son,
bv.lfink (pinson des taureaux). dial. ital. brama, vieux fr., prov. et vieux esp.
BOVIN, voy. bœuf. breu. Mot celtique gaél. bran, cymr. bran,
:
conum cura est ^jC-à-d. piqueur conduisant pravus, du cymr. braio, terreur, et du vha.
les limiers, opposé au fauconnier. De bracon- raw, cru, rude. Diez, penche pour la der-
nier, dans sa signification moderne, s'est nière pour le sens, il pense que de raw pou-
;
fantaisie). Braque, sabre, épée, existe en vfr. brusco de ruscum. Au lieu de l'ail, raw,
et dans les patois (Grandgagnage rapproche Langensiepen préfère le L. ravus, rauque
le dim. bavarois brachzen, sorte do serpe, et (Festus; Sidoine Apollinaire). Cette origine
par mépris, épée), mais que faire de l'élément s'accorderait mieux avec le sens de s'ébrouer,
mart ? ^
rabrouer, esp. braviar, mugir. Pour la pros-
BRAQUER, plier au point voulu, pointer; thèse du b, il rappelle celle d'un f dans rau-
d'après Diez, du nord, braha, fléchir, assu- cus, devenu fraucus, flaucus, puis it. fioco,
jettir. rauque. — En dernier lieu, et par la même
BRAQUES, pinces d'une écrevisse, forme méthode, Storm propose (Rom., V, 170), pour
picarde du vfr. brace; du lat. brachium, source de bravo, L. rabidus, avec un b pros-
bras. thétique, d'où découleraient à la fois réguliè-
BRAS, vfr. bi'ace (brace levée. Chanson rement les formes brado (taureau) et bravo.
d'Antioclie), it. braccio, esp. braso; du L. En effet, le sens premier doit avoir été « sau-
brachium. Dans le dial. picard, à l'accus. vage, indomptable » , —
Quant au mot brave
sing. et au nom. plur., h'ac, brach, bracc; signifiant magnifique, beau, paré, on le trouve
Ys dans bras n'est pas plus la flexion du no- avec le même sens dans les idiomes celtiques
minatif que dans sas =
setacium ; achium y est et dans l'anc. anglais; cette acception est-elle
traité comme acium, tandis que la forme pi- déduite de celle de vaillant, noble, ou se rap-
carde brac a sauvé le son guttural primitif. porte-t-elle à un autre primitif? La question
— Du plur, brachia vient le nom de mesure reste ouverte. —L'emploi du mot allemand
brasse (v. c. m.), prov. brassa, esp.,pox't. brav ne paraît pas remonter, selon Grimm,
braza, longueur des deux bras étendus (d'où au delà de la guerre de Trente Ans. Brink-
brassiage). Dérivés de bra.s ou brace : brace- mann (Metaphern, pp. 443-51) a consacré aw
let, brassard, brassée; embrasser, rebrasser mot roman brave et à ses nombreuses appli
(ses manches) =
retrousser. cations une étude pleine d'intérêt à son avis,
;
p. 249), d'où le dim. brillet' , et le verbe BREF. BRÈVE, adj. aussi avec Ve diphthon-
,
briller (Cotgrave : brelîer), faire la chasse, pr. gué brief, brirve, du L. brevis. Le neutre latin
mettre des pièges (cp. le nécrl. brillen, sur- brève, ayant pris au moyen âge le sens d'écrit
prendre, tromper) ce bi-il, s'il ne vient pas a donné lesubst. fr/v/iall. b7-ief, lettre),
officiel,
du
;
par trappe, l'étym. b7-ettan, verbe vha signi- gne, wall. brouhagne, dial. de Metz bereigne,
fiant serrer (cps. ga-brettaii, contexerc), ags. pic. breine, anc. angl. ban'ayne, angl. mod.
bredan, tresser. Il peut avoir raison. Bret, bai'ren. Diez propose l'étymologie 6«r, hommo
selon lui et Diez, serait aussi le primitif de opposé à la femme (voy. baroti)\ une baraigne
bretelle. serait ainsi une femme-liomme, une hom-
BREANT, autre forme de bruant. masse; comparez esp. machorra, femme sté-
rile, de macho, màlo, prov. toriga, de taur,
BREBIS, prov. berbits, vfr. et pic bo'bis,
taureau. D'ordinaire, on rattache le mot au
it. berbicc, BL. berbix, du L. berbex, forme
bret. brec'han, mais ce mot fait défaut aux
vulgaire employée par Pétrone au lieu do
autres dialectes celtiques et parait être d'ori-
vervex, bélier. Du dérivé berbicarius s'est
gine romane. Nous rattacherions volontiers
produit par contraction le fr. berger. Un type
brehaignc à l'ail, brach, qui signifie infertile,
latin bérbicale a donné bercail ; lanc. bercil,
même t-ign., suppose un primitif ètr&icîVe. en friche, en jachère; mais il reste douteux si
le radical primitif est bar ou brah, breh. On
BRÈCHE, it. Ce mot
breccia, angl. breach.
trouve aussi brehaignc avec le sons d'impuis-
doit être le vha. brecha, rompre
action de
sant ,
(ail. mod. brechen, rompre). Les Allemands
BRELAN, bellanc, brelenc, bn'lenc* ,)qx\ de
ont repris le fr. brèche sous la forme breschc.
cartes.Le mot signifie proprement la planche
On allègue cependant aussi comme primitif
le cymr. brég, rupture. —
D.ébrécher. Le — pour jouer aux dés et parait venir de l'ail.
bretling (de brett =
planche). Do là l'esp. ber-
mha. brëchel, rompeur, catapulte, pourrait
langa, jeu de hasard. Génin tient berlenc,
avoir fourni it. briccola, esp. brigola, fr. bri-
brelenc, brelan pour dos variations de forme
cole, machine à lancer des pierres.
de barlong. Berlenc .«erait d'abord un ais
BRECHET, bruschct, brichct, angl.
vfr.
brisket ; du cymr. brysced, bret. brusck, bru-
barlong. — D. brelander, brelandier.
BRELLE, assemblage de pièces do bois, ra-
ched, poitrine d'un animal, estomac.
deau; du verbe breller, lier des poutres ou
BREDI-BREDA, expression familière et ono- madriers, dont l'étymologie est inconnue;
matopéique, qui a peut-être donné naissance serait-ce un dim. do breter' =
vha. bretten,
au mot moderne bredouiller. serrer? Donc breller f
bretelei', bretler,
BREDOUILLER, d'après Diez du vfr. brai- BRELOQUE, berloque'. L'élément loque pa-
dir, bredir, pi^ov. braidir, hennir (voir sous rait être identique avec htque, morceau d'étoffe
braire). Ménage, parle procédé qu'il a inventé, pendant, lequel vient, selon Diez, du vieux
établit le L. blœsiis, bègue, comme primitif nord, lokr, quelque chose de pendant. Cp. le
de bredouiller ! Dochcz montre encore plus de terme y)end cloque. Quant à la première partie
sagacité en disant du celtique broë, verbiage
: du mot, elle n'est point encore expliquée.
ou broiement de paroles! —
Bredouiller ûgm- Grandgagnage pense qu'elle n'est autre cho.se
fiant parler d'une manière confuse ou préci- que le bar, bre, corruption do la particule
pitée, on est tenté de rapprocher ce vocable préjorative bis, dont il a été traité sous bar-
des formes ail. brodeln, brudeln, bradehi, long et signifiant de travers, en biais le:
BRE — 71 — BRI
BRÈME, poisson (Nicot : brame ei hremme), Fôrster(Ztschr. VI, 1 13), bretèche répond à un
,
nom. Diez tire le mot du prov. briza, petit pour prendre les chiens de mer; d'après Diez,
morceau (de brizar, briser), à cause de la de la même ftimille que le vfr. bret, lacet, piège
forme brisée, feuilletée, sous laquelle le brésil (voy. brayon). Cette étymologie est admis-
s'importait de tout temps en Europe; c'est sible, car le mot n'est que du xvi'' siècle et
également la forme qui a donné le nom à la paraît importé (cp. le comasque bretela, crou-
grana, cochenille, et à la cannelle (v. c. m.). pière), de sorte que le maintien du t ne fait
D'autres ont proposé brasa, braise (à cause de pas difficulté (l'anc. fr. eut fait breelle ou
la couleur). —
D. brésiller, teindre avec du brayelle). Une autre étymol. pourrait être
brésil ; brésillet. établie directement sur le vha. pritil, brit-
BRÉSILLER, rompre par petits morceaux, til, d'où bride (v. c. m.).
prov. brezilhar, ni. brijselen, diminutif de BRETTE, longue épée; àe brette, bretonne,
brizar, fr. briser. Voy. aussi l'art, précédent. de la Bretagne; donc pr. épée de Bretagne;
BRÉTAILLER, voy. brette. Diez en rapproche inutilement le nord, bredda,
BRETAUDER, tondre inégalement, couper couteau court. — D. bretteur, brétailler (cp.
les oreilles à un cheval; anc. bertaucler, ber- ferrailler).
tonder; c'est un mot populaire, qui se décom- BRETTER, BRETTELER, graver, gratter,
pose par bre (préfixe péjoratif; et tonder ébaucher; peut-être, dit Littré, du nord.
(tondre), d'oii touder, tauder. Mieux vaut, bredda, couteau court (voy. brette). J'aimerais
comme foi^mation, l'anc. bertouser [ber ou bre tout autant le vha. breton, tailler. —
En picard
-\- tonsus). latin tonsus, tondu, imberbe,
Le on trouve le subst. bertègue pour désigner " un
est aussi le primitif de iouse', jeune fille, et instrument fendu de traces inégales et destiné
tousel, jeune garçon. —
Diez admet, pour à gratter les pierres ou à tailler les murs »
notre mot, un radical be7-t, en rappelant it. BREUIL, taillis clôturé de haies, fourré,
bertone, cheval qui a les oreilles coupées, le it. broglio, bruolo, prov. bricelh; formes fémi-
omasque bertoldd =
bretauder, prov. ber-
nines port, brulha, prov. bruelha, vfr. bruelle;
tant, pauvre diable, rouclii bertaud, châtré. broilus, brolius. On croit
BL. brogilus, l'ori-
Il ramène ce radical bert, exprimant mutila-
gine de ce mot celtique cymr. bi^og signifie
; le
tion et au figuré moquerie (it. berta, raillerie, gonfler, idée corrélative de germer, pousser;
berteggiare, railler), au mot berta, instru- mais le suffixe il, observe Diez, accuse une
ment servant à enfoncer des pieux dans la extraction directe germanique, que la i^acine,
terre, hie, demoiselle. Et pour ce berta-\à, il en allemand, soit originaire ou empruntée;
rappelle la Berta de la mythologie germa- on trouve, d'ailleurs, beaucoup de noms de
nique, qui s'appelle particulièrement « la pié- allemandes qui la représentent. Nous
localités
tineuse ". Diez ne veut cependant pas décider pensons, pour notre part, que l'idée de maré-
si réellement bretauder doit être mis en rap-
cage s'attachait primitivement à breuil ou bro-
port avec berta, moquerie, et parla avec berta, gilus (d'abord = pratum palustre) et nous y
hie, ou s'il en est indépendant si les corres-
;
voyons de préférence l'ail, briihl, marais (for-
pondants des autres idiomes romans ont une mes variées brogel, brôgel), qui vient, par l'in-
autre provenance que celle-là, ou non. — termédiaire de bruchl, de bruch, lieu maréca-
Burguy présente bertauder, anc. bertodev, geux, ags. brooc, angl brook, holl. broek. —
comme un composé d'un celtique berth, riche, Voir aussi brouiller.
beau, parfait, et d'une syllabe ud; il signi- BREUILLES, entrailles do poisson; même
fierait propr. ôter ce qui rend beau, décom-
mot, selon G. Paris (Rom., VI, 133), que vfr.
pléter une personne. Chevallet, de son côté,
buille, entrailles, avec un r intercalaire (cp.
cite des mots celtiques bearr, bearrta, signi-
vrille, fronde). Quant à buille, bouille, il
fiant couper, écourter, tondre (racine ber,
représente une forme fém. du lat. botulus,
court). Le champ de la discussion est donc
boudin, boyau, mot signalé par Aulu-Gelle
encore ouvert. Mussafia, dans son Beitrag, comme populaire (voy. Rom., V, 382).
p. 33, à propos des formes bertonar, sber- L'ét. BL. burbaL'a (intestina majora), indiqué
tona, etc. des dialectes du nord de l'Italie,
par Littré, doit être abandonné en ce qui con-
.s'occupe de la question soulevée par notre
cerne breuilles, mais il se recommande, à
mot, mais n'arrive pas à la débrouiller com-
mon avis, pour forme brouailles.
plètement. —
J'ajouterai que, dans l'ancien
BREUVAGE,
la
voy. boire.
français, bestondu était une qualification inju-
rieuse.
BREVET, dim. de bref, lettre. — D. breve-
ter.
BRETÈCHE, prov. berlresca, it, bertesca, bal-
tesca, BL. bretachiœ, échafaudage de guerre. BRÉVIAIRE, voy. bref.
Origine inconnue; ail bret, planche? D'après BRIBE, vfr. brimbe, BL. briba, morceau de
BRI — 72 — BRI
pain destiné au mendiant, wall. bi'ib, aumône, aucune ressource, et le briga des idiomes
verbes wall. briber, brimber, mendier, gueu- grand nombre de noms
celtiques (élément d'un
ser. La forme picarde est brife, de là le fr. de ville, puis cymr. brig, cime) no nous
brifer, manger avec avidité comme un men- avance pas non plus. Il faut presque déses-
diant, brifaut, glouton. Les Espagnols ont pérer de la trouver. L'opinion de ceux qui
bribar, gueuser, subst. briba, vie de gueux, rattachent brigand aux Brigantes, peuple de
bribon, gueux, vagabond; les Italiens, birba, la Rhétie, n'est fondée sur rien ; l'it. brigante
gueuserie, et birbone, birbante, gueux vfr. = est tout simplement le participe présent du
briban, briberesse, Grandgagnage, d'après verbe brigarc. —
Voici, sur le pi'oblômc qui
Diefenbach, met en avant le cymr. bi'iw, nous occupe, en résumé, l'opinion de M. Storm
rompre, briser, et en tire bribe, morceau, et (Rom., V, 171) L'it. briga, source du mot
:
briber, vivre de bribes ou quêter des bribes. français signifiant bruit, querelle, indique
BRIC, dans de bric et de broc, et bric-à-brac, goth. brihan, rompre, qui signifiait aussi lut-
reste obscur ; il est fait, semble-t-il, pour ter (cp. lat. fragor, bruit, do frangere). Le
trancher avec broc et brac. Quant à ce der- sens mod. de brigue répond pour le sens au
nier, il rappelle l'ail, brack, déchet, mauvaise norois breh, instance ou intrigue, verbe
marchandise. breka, tâcher d'obtenir ce à quoi on n'a pas
BRICK, de l'angl. brig (que l'on tient pour droit.
une forme écourtéc de brigantine). BRILLER, it. brillare, esp., prov. brillar;
c'est un dérivé de bergl lus {dont l'ail et le dial.
BRICOLE, engin do guerre pour lancer des
de Parme ont fait brill). Cette étymologie est
pierres, Àt. briccola, esp, brigola, BL. bricola;
confirmée par la cii"con.stance que la forme
dér. du vfr. bric, briche, piège, dont l'origine
italienne n'est pas /irigliarc, mais brillare.
est incertaine (voy. cependant l'art, brèche).
L'étymologic vibrillur,' ou vibriculare exige-
La machine à lancer a donné le nom au bond
de la pière lancée (d'où bricole comme t. du
rait en italien soit br llare on brigliarc. —
D. brillant, brillanter. Un subst. bril, éclat,
jeu de paume et de billard). Mais la valeur
se trouve (l("'s le xiv* siècle.
de bricole, comme pièce de liarnais ou comme
bretelle, lanière de porteur, se déduit diffici-
BRIMBALER, agiter, branler, osciller. On
explique ce verbe tantôt par le verbe picard
lement de bricole, catapulte le mot, dans ces ;
BRIGAND, d'abord soldat à pied, apparte- guebaler, brimbaler. Pour an devenu ain, in,
nant à une troupe ou brigadeiBL. briga-iitcs), cp. brindille; bringue p. brinde porte tout à
puis soldat mal discipliné, enfin pillard, vo-
fait le cachet du procédé populaire (cp. quinte
leur. Cette étym. est trop bien appuyée pour
issu de quinque) et peut d'ailleurs avoir été
être admis à passer les autres sous silence. — influencé par tringuebaler (d'où trimbaler). —
D. brigander, brigandine; brigantin, de l'it.
C'est du verbe que procèdent les subst. brin-
brigantino, dans le principe navire de pirate
; guebale et briinbalc, cloche, clochette, levier
brigantine.
au sommet d'une pompe.
BRIGNOLE, prune tirée de la ville de Bri- BRIMBORION, briborion, d'après Pasquier
gnoles en Provence. (approuvé par Littré), à cause de la termi-
BRIGUE, anc. querelle, puis réunion tu- naison et du sens de prières qu'il avait autre-
multueuse pour une entreprise,
faire réussir fois, de breviarium, estropié en briborion,
manœuvres, intrigues; it. briga, esp., prov. brimborion. Le peuple aurait étendu le sens
brcga, querelle verbes it. brigare. fr. briguer,
; prières de bréviaire à des choses de rien, ba-
désirer, solliciter vivement, esp. bregar, que- gatelles. Cette étymologie est peut-être vraie,
reller, s'efforcer; subst. it. brigante, intri- mais ne souritni pour la forme, ni pour le sens;
gant, perturbateur, port, brigào, querelleur, j'admettrais donc plutôt une dérivation de
esp, bergante, port, bargante, fripon, fr. bribe, brimbe, avec une terminaison de fan-
BRIGAND, voleur de grand chemin (\. c. m.); taisie. Les brimborions, prières, pourraient
it.^ brigata, troupe, assemblée,
division d'ar- bien n'être que des « petits morceaux » réci-
mée, de là BRIGADE. A
tous ces mots se rat- tés par les prêtres. Le mot,
a tout d'ailleurs,
tache un sens fondamental d'activité inquiète l'aird'une création monacale.
et de perturbation. Où faut-il en chercher
la BRIN, jet de bois, pousse grêle et allongée,
racine? Les langues germaniques n'oflfrent petite partie d'une chose allongée, prov., esp.
—
BRI — 73 — BRO
brin; d'après Diez, de même origine que porte plutôt briser au L. brisa, marc de
bran, bren, déchet. Etymologie peu plausible. raisin, qui se trouve dans Columolle et qui,
L'ancien mot brin, dans sa signification de d'après Diefenbach, est un mot celtique. Brisa,
bruit, cri, orgueil, est rapproché par le même d'usage encore en Espagne pour marc de
philologue au nord, brim, grondement des raisin, est le subst. de bi'isar, écraser (dial.
flots. Les deux valeurs, l'ancienne et la mo- angl. brise, brisse, écoss. briz, briss, conte-
derne, se rattachent-elles à un seul et même rere, gaél. bris, brisd, frangere). —
Un radical
mot? On n'a rien pour se fixer à cet égard. brus est au fond de l'ags. brysan,Siïï^\. bruise,
D. brindiUe(?). vfr. bruiser, bruser, écraser, concasser Diez
BRIN D'ESTOC, mot façonné, dit-on, sur le rapporte au vha. brochison, m. s. D. —
;
massin appelait à s^n secours l'hébreu bar, tions philologiques, Brocanter, c'e.st
II, 67).
froment, on bari, gras! Je chercherai plutôt donc pr. acheter et revendre de la brocante.
l'origine chez les boulangei's français, qui Mais d'où vient brocante? En BL. on disait
disent brier la pâte, pour l'écra.ser, lequel abrocamejïtum pour achat de marchandises
trier est le même mot que broyer. D'ailleurs, neuves en gros, destinée- à être revendues en
Cotgrave indique un mot brioche avec le sens détail abrocator pour entremetteur, courtier.
;
d'instrument à broyer le chanvre. Il est plus que probable que ces mots sont de
BRIQUE, it. bticco ; de l'ags. brice, angl. la même famille que brocanteur, qui du temps
brick, fragment; dans certains patois, brigue, de Ménage signifiait marchand en gros. Nous
brèche, en vfr. briche, signifie morceau tout ne pensons pas qu'on puisse voir dans abro-
bonnement. L'acception moderne e.st donc cator une altération, par l'r euphonique inter-
secondaire. Le dimin. briquet serait-il ainsi calaire, de ahboccator, pr. =
qui s'abouche
simplement un morceau de métal? D'autres [bucca, it. bocca),et qui signifiait effectivement
ont vu dans brique le L. imbrex, -icis, tuile courtier, entremetteur. Il y a évidemment
faîtière. —
D. de brique, morceau de terre connexité entre le radical de notre mot et
cuite : briquet, -ctte; briquetier, briqucter. l'angl. broke, faire le courtier, broker, cour-
1 . BRIQUET, morceau de fer ou d'acier, tier. — Le BL. vendere vinum ad brocam,
voy. brique. vendre le vin en détail, fait penser à l'ail.
2. BRIQUET, petit chien de chasse, variété brock, morceau. Cependant, broca parait
de braquet, dim. de braque. ^ plutôt être =
broc, -pot.
BRIS, subs. verbal de briser. BROCARD, raillerie. Expression métapho-
BRISE, angl. breeze, it. brezsa, milan. rique qui se rattache probablement au verbe
briza, léger vent du nord, esp. brisa, vent du brocher, piquer; broder. —
D. brocarder
nord-est; d'origine incertaine. Diez propose Calvin brocarder et médire.
:
rezza (forme écourtée de orezza, vent doux) BROCART, voy. broche. Dim. brocatelle,
avec un b prépositif. Orezza, à son tour, est un direct, de l'ital. hroccato =
fr. brocart.
dérivé de L. aura. —
Peut-être, comme pen- BROOHE, BL. et it. brocca, prov et esp.
.sait déjà Diez, une modification de bise (voy. broca, dial. pic. broque, chose pointue,
Schuchardt, Rom., IV, 256). Il est à noter— aiguillon, etc. (vfr. aussi broc)-., verbe brocher,
que brise est un mot récent, introduit dans le prov. brocar, ital. broccare, piquer, pointer,
Dictionnaire de l'Académie en 1762 seulement. donner de l'éperon, broder (de là it. broceato,
— Heyse admet une provenance celtique et fr. brocat*, brocat't étoffe brochée). Diez avait
,
cite les adjectifs corn, brysg, gaél. briosg, vif. pensé d'abord à L. brocchus, broccus, dent en
BRISÉES, branches rompues, indiquant la saillie (en termes de vénerie, broches signifie
piste d'une bête, de là l'acception " trace " ; encore les défenses du sanglier), mais il a
de briser. abandonné cette etymologie, vu que l'on a
BRISER, prov. brisar, brizar, réduire en découvert que brocchus ne signifie pas dent
morceaux; d'après Diez, du vha. brëstan, proéminente, mais lèvre courte ou grosse. Ne
bristan, rompre. Pour l'élision du t, cp. pouvant se rallier aux tentatives faites avec L.
lisière. Je doute de cette etymologie, et rap- veru (verucus, veroc, vrac, broc), ou ail
BRO — 74 — BRO
s'en tient celer se présente encore dans L. nutare,
brock, bruck, morceau, fraction, il
à broff (irl. et gaél.), alêne, si toiit<?fois ce chanceler (de nuei'e, inusité, qui doit avoir
vocable n'est pus lui-même tiré du roman.
— signifié bais.ser la tête), et, circonstance acces-
D. brochet (v. c. m.), brochette ;\evhc^ brocher, soire, le vfv. bronche, primitif immédiat do
BROCHET, poisson, dérive de broche, à gligée par Godefroy); cela nous rapi>ello ail.
cause de la boiiche pointue, cfr. en angl. pikc, stocke n. m. s., de stock, tronc, souche.
qui signifie à la fois lance et brochet, fr. BRONZE, it. bronzo, esp. bronce, d après
bequet ^= bec et brochet, /a«ccroH, jeune bro- Muratori, approuvé par Diez, de brune, brun,
chet, de la7icc. —D brocheton. |)ar l'intermédiaire du dérivé brunizzo, irré-
BROCOLI, chou d'Italie, plur. du subst. it. gulièrement accentué bntnizo et contracté en
broccolo, tendron, dim. de brocco,
rejeton, bronzo. Dozy y voit le persan bourindj ou
rejeton, branche pointue (forme maso, du fr. birindj, cuivre, airain de montagne. L'ags.
broche). bras, angl. brass, bronze, à.o\i être mis hors
BRODEQUIN, it. borzacchim, csp. borce- de cause.
gui, du flamand brosekm, broseken (Kiliaen), BROSSE, broce' (wall. brouchu), BL. brns-
diminutif de broos,m.?,., qui est supposé être tia, vfr. brnisse, angl. brush, prem. sign.
une transposition de bi/7'sa, cuir; cp. flam. menu bois, broutilles (cette acception s'est
îeerse, botte, de leer, cuir. Une et. arabe, conservée dans le verbe brosser, brousser, en
quelque peu obscure, par Dozy, est donnée langage de chasse =
courre à travers des
dans Littré, sujipl. bois épais), esp. brosa, déchet des arbres,
BRODER, cat. brodar; mot celtique cymr. :
puis bros.se, prov. brus, bruyère. Du vha.
brodio, gaél. brod, bret. broitda, anc. angl. burst, brusta, quelque chose de hérissé, ail.
brode, angl. mod. broider. Cp. en ail. sticken, mod. borste, soie, c.-à-d. poil roide d'un ani-
broder, propr. piquer. Les fonnes BL. mal, et bûrste, bros.se. Do brosse == menu
brosdus, briistus, wall. brosder, anc. esp. bois, branche, rameau, vient broussaiîle, cp.
broslar pour brosdar, se rattachent toutefois en latin virç/ultum, ronces, do virga, verge.
mieux à vha. (ja-prorton, broder, ags. brord, La forme du primitif &«<»'*< perce encore dans
nord, broddr, pointe, qui font supposer un rebours, à contre-poil, BL. rebursus, d'où
goth. brnzdon. D'autres enfin, séduits sans rebourser', transposé en rebrousser. D. —
doute par la forme esp. bordar, supposent brosser.
dans broder une simple transposition de BROU, enveloppe verto do la noix, vfr.
border. —
D. brodeur, -eine. broust, BL. brustum ; de la mémo famille que
BROIE, voy. broyer. brosse, A cause des piquants du brou f
BRONCHE'3, du gr. ,3poVx«î« gorge. D. — BROUÉE, subst. participial d'une origine
broncJu'qi'.i', bronchite.
obscure. Le i)ic.en a tiré brouache, pluie
BRONCHER, du .subst vfr. bronche', buisson,
fine, le dial. do Bjrry brouaiser, faire de la
anc. esp. broncha, rameau, it. bronco, tronc.
pluie fine. Il parait être do la môme famille
Pour le rapport logique, cfr. it. cespo, petit que brouillard, son synonyme (voy. brouiller)
buisson, et cespicarc, broncher, ail. strauch
et appart(Miir au radical brodh, vapeur.
et straucheln. Pour bronche, bronco, Diez
BROUAILLES, intestins de poisson, voy.
propose vha. bruch, nôerl. brok, clio.se cas.sée,
breuilles.
tronquée (cfr. le prov. bruc, tronçon, et burcar
pour brucar, broncher). —
Une autre expli- BROUET, it. brodetto, formes diminutives
bi-odo, broda, esp. brodio, bodrin, prov.
cation du verde broncher s'est fait jour ces de it.
ture, p:)ur vfr. embronchier, un type lat. et qu'il rattache à la famille germanique bae-
im-pronicare, da pronu.i). Je ne sais si je dois ren, porter. Barot répond à BL. birotum
(bis-rota).L'it. a aussi baroccio, biroccio,
me rallier à l'opinion de Fôr.ster; d'une part,
le passage de l'idée de tronc, souche, à celle de
charrette; c'est d3 là que nous tenons la
clîopper, broncher, est confirma par les birouchette. —
D. brouetter.
terra 3s analogues cités plus haut et auxquels BROUILLAMINI, voy. brouiller.
j'ajouterai chopper, de vfr. chope, tronc, BROUILLARD, voy. brouiller.
souche, choquer de vfr. choque, bloc. D'autre BROUILLER, mettre en désordre, mêler,
part, la transition logique de pencher à chan- confondre, troubler. Nous pensons qu'il faut
BRU 75 BRU
séparer ce verbe du mot prov. broJhar, briiel- breant, bruant. Pour le moment, ce n'est là
har, bourgeonner, surgir, pousser, qui est qu'un tour de force par trop à la Ménage.
un dérivé du subst. braelh, bruoil, bois, bran- BRUCELLES, sorte do petites pinces; du
chage, fr. breuil (v. c. m.), bien que le terme verbe bruci, pint-er, mot du patois limousin
s'embrouiller s'expliquerait assez facilement d'origine inconnue.
par s'engager dans un taillis, un fourré. BRUCOLAQUE. mot employé par Victor
Brouiller (comme l'it. broffliare, nous semble Hugo, dans les Travailleurs de la Mer avec
représenter l'allemand brudeln ou brodeln, lesens de vampire, spectre (?). Sans doute le
jeter des vapeurs, bouillonner, remuer, même mot que l'anc. slave vlukodlaku, rou-
brouiller (on dit p. ex. weine brudeln, mêler main varcolac, bulgare vrukolak, gv. mod.
des vins). Cette origine explique également le
i^oul/d'k'XAix, jioou'.dlxxxp ; il signifie primitive-
subst. brouillard, vfr. brouillas, propr. ment homo lu pi spociem habens russe vol-
:
;
(Rom., III, 351), le mot fr. brusque, vient de les joues « ne font à cet égard aucune difficulté.
l'it. brusco, aigre, âpre. La notion originaire Mais le rapport entre notre mot daus l'accep-
est prob. la rudesse (on disait au xvi* siècle tion iisuelle, et l'idée d'enflemcnt n'est pas
« diamant brusque ") —
Le mot serait-il iden- aussi évident. Voici l'explication bien problé-
tique avec lat. bruscum (tuber aceris arboris matique de Burguy : « Le buffet était, dans
intorte crispum, Pline, H. N., XVI, 16, 27)? le principe, une sorte de table placée près de
Pour la connexité des idées, cp. ail. knoUe, la porte, à laquelle on admettait les pèlerins,
nœud dans le bois et homme rude, rustre. » ménétriers, etc. qui réclamaient l'iiospitalité.
— Quant au lat.ir«scj«m,selonBaist(Zeit.schr., Les gens de cette espèce étant doués d'un
V, 137), c'est le même que L. ruscwn, d'où bon appétit, tout ce qui venait du dois ou
fr. brusc, et angl. rush, biscote; l'idée fon- grande table (voy. dais] passait et disparais-
cière serait raboteux, rude, crépu.
: D. — sait à l'endroit qu'on nommait bufet par oppo-
brusquer, brusquerie. sition au dois, c.-à-d. que bufet fut d'abord
BRUT, duL. brutus, lourd, stupide.— Cet le lieu à se bouffir, le lieu bouffi, et do lu peu
adjectifformant une épithète habituelle de à peu les significations actuelles. « Tant
bête, brute est devenu synonyme de bête, et a qu'on n'aura pas de preuves historiqties poiir
déterminé le sens do brutal et brutalité — soutenir cette étymologic, nous préférerons
D. abrutir, rendre brute; débrutir, dégros- l'opinion de Ménage, qui dérive buffet de
sir, polir. buffare, les premiers buffets u étant d'une
BRUYERE, cat. brugucra, milanais bru- figure courte et grosse, ou, pour mieux dire,
ffhiera,BL. bruarium, bruera; d'un primitif d'une figure enflée ». On .serait tenté de croire
brug, qui se trouve dans le prov. i/'«c(nomin que buffl-t est une corruption de buvette; ou
brus), vient, d'après Diez, du cymr. brwg, du moins que le sens actuel s'est produit sous
forêt, buisson,
breton briu/ =
bruyère (en l'influence de ce mot. Du Cange prend en effet
suisse èr(ècA). —
Selon Scîuichardt (Ztschr,, le BL. bufetagium, bufetaria, impôt, accise
BUCAIL, blé sarrasin, autre d'étalage, table .servant à divers usages, ar-
forme de bou-
quette (v. c. m.). moire, découlent de l'idée première « chose :
BUISSON, En
rattachant buisson
voy. buis. conserver le raisinde Damas, du BL. busta,
au primitif buis, nous reproduisons l'avis de coffre, caisse (primitif de bustellus, fr bois-
Diez, fondé sur la forme prov. boisson, qui seau) ; or, busta est formé de biixida, 2nscyda
serait boscon, selon ce philologue, si le pri- (voy. boite).
mitif était bois ou bosco, base (voy. bois). Nous BUSTE, it. esp, busto, prov. biist, par-
2.
pendions néanmoins pour l'étymologie bois, à tie supérieure du corps c'est le même mot ;
cause de la signification et de la forme ita- que le mot précédent, qui a pris le sens de
lienne. Le prov a du reste aussi boijssada, tronc du corps cp. BL. at^ca, it. casso (cap-
;
forêt, bois, =
boscata, et certainement on
it. sus), angl. chest, ail. brust-kasten, etc., qui
ne rattachera pas ce dérivé au primitif bois, tous offrent la même assimilation d'idée. —
buis,mais bien à bosc, bois. En outre, nous Le mot buste est d'un emploi assez récent ;
rappelons la forme vfr. buisse, p. bûche. — l'ancien terme était bue, bu, qui s'accommode
D. buissonneux, -ier. très bien, pour l'étymologie, du vha. pûh,
BULBE, en L. buJbus (gr. ,9o;.êoi). D. — bùh (mha. bùch, nha. bauch), ventre et car-
bulbeux. casse (c'est aussi le primitif du prov. bue,
BULLE, du L, buJIa, d'où également bouJe ruche). A côté
de bu, Tanc. langue et le prov.
(v. c. m.). L'acception sceau provient de ce présentent, pour tronc du corps, aussi bruc
que sceau était renfermé dans une boule de
le (b7'ut n'est qu'une variété orthographique),
métal celle de sceau a, à son tour, déterminé que Diez explique par vha. bruh, nha. bruch,
—
;
celle de bref, lettre patente D. buUet", fragment, et qui pourrait bien n'être, car on
billet; buUette' certificat, diplôme, enfin it.
, trouve aussi brusc, que le même mot que le
bullettino, = fr. bulletin. prov. brusc, ruche, rouche (voy. ruche). L'ail.
1. BURE,grosse étoffe de laine, BL. bura; brust doit, pour tous ces mots, être laissé en
on rattache ce mot au vfr. bure', buire", dehors. Cachet est d'avis que le vfr. bus, bue,
rouge brun, qui répond à un type adjectival bu, rouchi busch =
buste, tronc humain, le
burius, formé du L. burriis (grec r.xjppdi), wallon et prov. bue, BL. buca, busca, tronc
lec[uel parait être identique avec birrus, man- d'arbre, sont des mots identiques, procédant
teau de grosse laine contre la pluie. D. — tous de boscus, buscus, bois. Busca se serait
burat, buratin; bureau (v, c. m.). modifié en busta, arbor ramis truncata, de
2. BURE, puits d'une mine, en wallon beur, là le fr. buste. Pour le changement de c en t,
probablement de l'ail, bohren, trouer, percer. Gachet cite vfr. mustiax, jarret, wall. mustai,
BUREAU, burel, 1 grosse étofie de laine,
. rouchi mutiau, qui viennent de musculus,
2. tapis de table, 3. table couverte d'un tapis, » soris de jambe » (Gloss.-lat.-rom. de Lille).
servant à écrire, etc., 4. chambre de travail La forme_ intermédiaire a du être musquiau,
des employés aux écritui'es, etc. On voit, le sens muqiiiau. Cette manière de voir présente di-
s'élargit de plus en plus. C'est le dimin. de verses difficultés.
bure, étoffe de laine. —
D. buraliste; bureau- BUT, (v. c. m.), pr. chose
variété de bout
crate (néologisme). en proéminente, puis particulièrement
relief,
BURETTE, dimin. de buire {v. c. m.). le point de mire du tireur,' ce à quoi l'on vise,
BURGRAVE; de lall. burg-graf, comte du la fin de la carrière, extrémité. La forme fé-
château. minine du mot est butte, petit tertre, massif
BURIN, it. borino, esp., port, biiril ; du de terre où l'on place le but pour tirer. Le —
vha. bora, foret, borôn, percer. —
D. buriner. verbe buter est de double nature dans sa si- :
BUTOR, oiseau de proie, du L. bos-taiirus, ception chopper, faire un faux pas, vc>y. de»
selon Belon, Nicot, etc. ; d'après Ménage, de métonymies analogues dans l'art, bronchery^
bugi-taurus, pour mugitaunis. Les formes buttée.
wall. puttoir, flam. pittoor, v. angl. bittoxir, BUVABLE, -ard. -<r, 'Cttt\-e\n', -oltcr, tous
hitore (cp. BL. bitcyrius), angl. mod. biitern dérivés de boire, par un radical buv pour bev
(cp. aussi esp. -bitor, roi des cailles) démon- Ce changement de t ou e ou u n'est
(lat. bib).
trent la vanité de ces étymologies. Le mot propre qu'à la langue moderne et s'est i)roba-
reste à éclaircir. blemont opéré sous l'influence du partioij)efti«.
BUTTE, voy. but. — D. butter (pour l'ac- BYSSUS, mot latin, tiré du gr. ,5Ù5«,-.
C
ÇA, contraction familière de cela. auberge, taverne Hey.se, à .<?on tour,
; l'expli-
que par cabancri't (de cabane).
ÇA, adverbe de lieu, prov. sa, sai, contrac-
tion de la formule latine ecce hac, comme ci CABARET, plante; d'après Ch. Etienne,
2.
CABAN, d'un mot capanus dérivébas-latin coup do langues la clièvro et lo bouc ont
de capa ou cappa, voy. chapeau. A caban prêté leur nom à des machines servant à sou-
correspond lit. (jabbano, sarrau, balandran, lever des fardeaux. Cabrestante veut dire
eî^^.gaban. D'autres rapportent le mot à l'arabe chh-re debout. Les Néerlandais ont gâté le mot
aban, capote avec des manches et un capuchon ; en kaapstander et les Allemands en kopfstûn-
le mot arabe a pour initiale un ain, lettre der. —
Malin, à tort, préfère jwur primitif
gutturale permutant facilement avec c ou ^. l'esp. cabestrar, mettre un licou (de capcstro,
bane) sont fautives, le suffixe anna étant CABINE, CABINET, it. rjabinetto, esp. ga-
étranger aux langues romanes. Ménage dé- binete, voy. cabane.
rive le mot de xaêâv/;, étable, coche (il faut
CABLE, CHABLE, it. cappio (cordon,
lire /aîTàv/j), —
D. cabanon, cabaner. Une — nœud), esp., port, cable; du BL. capulum
modification de cabane est l'angl. cabin, fr.
(Isidore capulum, funis). Le grec du moyen
:
ca,bine (Palsgrave donne un maso, cubain),
âge présente v.xi:)io-i, le néerl. habel. La pro-
d'où le dira, cabinet.
venance du mot est incertaine. On a proposé
1 . CABARET, l'origine de ce mot est encore tour à tour le grec /.xfidoi, corde, l'hébreu
à trouver ;Ménage le dérive de z«7r„, lieu où chabal et l'arabe habl, qui signifient la même
l'on mange, crèche (de xàîrrstv, manger à gou- chose, mais ces suppositions sont dépourvues
lée); de là se seraient produits successive- de fondement. (Les mots d'origine arabe sont
ment caparis, caparetum, cabaret. Du même postérieurs à Isidore.) Qui oserait aflSrmer
xâîTTïtv vient, en eflet, xàTryjisj, marchand de que capidum n'appartient pas au fond latin ?
vivres, puis petit marchand et tavernier. — — Pour un autre rpot cable', chaable', voy.
Frisch voit dans cabaret une corruption de
caponerette, et le rapporte au L. caupona.
l'art, accabler. — D. câbleau ou cûblot, câblçr;
aussi chableau, chabler.
.
CAG 79 -- CAD
CABOCHE, mot burlesque pour désigner la contracté en ca, cfr. cailler, de coagulare.
tète de l'it. capocchia, employé encore pour Le part coactus est aussi l'original de l'it.
—
;
la tète d'un clou, d'une épingle, ainsi que pour qiiatto, tapi, caché. D. cache; cachette,
le gros bout d'un bâton (primitif capo, tète cachot; verbes dimin. cacheter (anc. celer,
= L. caput). —
D. cabochon, terme de puis rendre invisible le contenu d'une lettre
joaillerie. au moyen du cachet) et cachotter. Le sens —
CABOTER, naviguer de cap en cap (esp. comprimer s'est conservé dans éca-
foncier de
cabo). Telle est l'explication courante de ce cher (v. c. m.).
terme maritime, mais elle n'est pas soute- CACHET, subst. verbal de cacheter ('comme
nable. — J'ai lu [Ncderlandsclœ Spectator, projet de projeter), car je i^ense que le verbe
1875, n° 27), dans le récit fait par M. Félix a préexisté.
Bovet d'une rencontre avec un Américain, CACHETER, voy. cacher. — D. cachet;
descendant de Jean et Sébastien Cabot, composé décacheter.
grands navigateurs à\\ xvi« sièck, que CACHEXIE, gr. y.x/t%iot., mauvaise disposi-
celui-ci prétendait qu'une tradition de fa- tion ^Ayy.o;, mauvais -j- e|i;, état).
mille attribuait à ces navigateurs l'origine CACHOT, dim. de cache (voy. cacher).
du terme maritime caboter. A l'appui de CACHOTTER, dim. de cacher.— l). cachot
cette attribution, je remarquerai que ni l'it., terie.
ni l'esp. n'ont formé de capjo, cabo un verbe CACHOU, de l'indien catechu
analogue. —
D. cabotage, -ier. CACOCHYME, gr. z Aoyyy.oi, qui a de mau-
CABOTIN, comédien ambulant non pas ;
vaises humeurs. —
D. cacochymie.
de caboter, mais d'après un célèbre opéra- CACOGrRAPHIE, terme granimatical formé,
teur charlatan de la seconde moitié du xvii** d'après l'analogie de àp'ioypx-^i.x, au moyen de
siècle,appelé Cabotin. (Voy. Littré, suppl.) y.ci/.6i, mauvais, et de yp'XfZi--j, écrire.
CABRER (SE), du L. caper, gén. capri, CACOLOGIE, terme technique formé de
bouc, dont le propre est de se cabrer. xx/.di 4" >.d-/o;, mauvaise expression ou façon
CABRI, vfr. cabriV, du L. copriUus, forme de parler.
secondaire de caprcohis, chevreuil. CACOPHONIE, gr. /a/^yov'a, dissonance,
CABRIOLER, pr. sauter comme une jeune litt. mauvais son.
chèvre, du L. capreola, chèvre sauvage. — CACTUS, gr. Ax/.TOi. — D. cactier, cactée.
D. cabriole, cabriolet, voiture sautillante. CADASTRE, it. esp. catastro, du BL. capi-
CABUS, dans chon-cabiis et laitue-cabusse, tastruni, pr. liste de l'impôt capital, dérivé
de l'it. cappuccio, petite tète. Cp. ail. happes, de caput, tête(cfr. en esp. cabeson, rôle des
angl. cabbaye ; flam. cabuyskoole (Kiliaen). impositions, de cabeza, tète). Grégoire de
L'orthogi'aphe engageait Ménage à
cabut Tours employait capitulariuni au même sens
faire venir le mot français
d'un participe que capitastrum.
fictif capittus, pourvu d'une tête. CADAVRE, L. cadaver(va.c.cadere, tomber).
CACADE, du L. cacare. — D. cadavc7'eux, L. cadaverosus
CACAO, mot américain : mexicain kaka- CADEAU, anc. cadel ; on appelait ainsi
JaiatJ. L'arbre est nommé en esp. cacagual. anciennement les traits « cnchainés » ou
CACATOIS, 1 . nom d'oiseau 2. nom de
;
entrelacésdont les maîtres calligraphes en-
mât (cp. pjerroquet)\ au fond, une onomato- tourent ou ornent leurs modèles d'écriture
pée du cri de l'oiseau, mais tiré directe- (de là l'ancien tei-me ; écriture cadelée) ;
puis,
ment du malais kahatoua. par extension, petit divertissement, partie de
CACHALOT. Le nom de ce mammifère cé- fête; enfin, petiteschoses inutiles, accessoires,
tacé, qui se retrouve aussi en anglais, repro- de pure fantaisie, données en présent. Du L.
duit directement l'esp. cachalote. Or, celui-ci, catelhis, dim. de catena, chaîne. Cette éty- —
à l'avis de Tobler (Ztschr., IV, 376), n'a mologie traditionnelle a été renversée depuis
rien à faii'e, comme on a prétendu, ni avec que Brachet (Doublets français, suppl., p. 17)
quijal « dent «, ni a\cc qnijar, « mâchoire », a posé pour cadeau, dans son premier sens,
étant l'augmentatif de cachuelo, qui se dit celle de L. capitellum;- cp. p. la forme ca-
d'une espèce de poisson de rivière, mais dastre de capitastrum, et- pour le sens, l'ex-
qui dans le principe, comme cachorro, a la pression " lettre capitale » Cette expli- .
—
valeur de jeune chien. Cacho, le primitif, cation a eu du succès, et elle le mérite au
signifie de même en esp. à la fois jeune point de vue du sens et de la lettre mais la ;
CAF 80 CAH
soldats romains. Mais encore une fois, cadel=' ni sur l'origine de ce mot, ni sur le rapport
catcUus heurte trop les lois de formation des idées. D'après Bovet, le mot se rattache
à la secte des cathares {x^Qvpoi), le étant
françaises.
CADENAS, de l'it. catomccio, dérivé de ca- rendu par /"comme dans Feodor p. Théodore.
chaîne. Anciennement, le cadenas avait
tciia, Voy. Littré, suppl. En somme, l'étym. du mot
une petite chaîne au lieu de ce que nous nom- reste incertaine.
mons aujourd'hui l'an.se ou l'anneau du cade- CAFÉ, esp. café, it. caffe, angl. coffee, ail.
nas — D. cadenasser. kaffee ; de l'arabe qahvah, turc kahweh, vin,
CADENCE, it. ca(h')i3a, du BL. cadentia, puis boi.sson de baies cuites; d'autres, avec
subst. dérivé de cadere, tomber; cadence est peu de probabilité, tirent cafë de haffa, nom
donc pr. la manière dont le ton musical s'élève d'une contrée d'Afrique, pays originaire du
ou s'abaisse, puis la mesure qui règle les café. — D. caféiei' om ca fier ; cafetiei', -ère.
mouvements. Ce terme cadence est savant, CAGE, angl. gabbia, esp. gavia,
cage, it.
CADRE, it. qitadro, du L. quadntm, carré. traitèrent d'Ariens et de lépreux et les frap-
— D. encadrer. A la même famille appar- pèrent du surnom de cagots, c.-à-d. canes
tiennent : gothi. L'étymologie n'a rien à opposer, observe
Cadrer, L. quadrare. Diez, à cette ancienne explication du. mot
Cadr.\n, L. quadrans ; les cadrans solaires cagot, qui peut fort bien être composé du
sont carrés. prov. cà, chien, et de Goth ; on aura fait dé-
Cadrât, L. quadratus ; dim. cadratin, vier le sens primitif de cagot, savoir « infi- :
mauvaise foi. —
Des études nouvelles sur les
CADUC, L caducus (de cadere, tomber). cagots (voy. "V. de Roclias, Les Parias do
D. caducité, L. caducitas. France et d'Espagne. Paris, 1876) indiquent,
CADUCÉE, L. caduceus (qui représente le comme origine du mot, le breton cacodd
gr. /v3/:uz£îîv, bâton de héraut). « lépreux ". La signification moderne a pu
CAFARD, anc. cafar, hypocrite, bigot; on s'être produite sous l'influence de bigot.
a proposé esp. port, cafre, rude, cruel, de CAGOUILLE, 1. nom patois du colimaçon,
l'arabe hûfir, infidèle, perfide, ingrat. Cafard 2. voluteornant le haut de l'éperon d'un vais-
disignerait proprement un infidèle qui se seau. —
Cp. pour le thème cag le prov. mod.
faitd'une autre religion, sans bonne foi, sans cacalan, escargot, bitarrois cagarol.
conviction. Littré, à cause de l'orthograplie CAHIER, anc. cayer, pic. coyer, rouchi
anc. capTiard, préfère l'étymologie de Du- quoyer, en angl. quair, puis quire. Du L.
cange, savoir caphardum, sorte de vêtement quaternum (cp. hiver de hibernuni, enfer de
mentionné au xW
siècle dans des statuts infernum), liasse de quatre feuillets. Cette
d'université ; mais Ducange ne dit rien de plus étymologie est assurée par l'emploi fréquent
CAI — 81 CAL
prétend avec autorité que cahier wïeni de qua- calculus, calcolus, callocus, fr. caillou, cail-
tei'nio Ce critique est peu initié aux procédés leu, ou celle-ci : calculus, caculus (la sup-
mécaniques de la romanisation quaternio n'a ;
pression de / radical me semble très admissi-
jamais pu faire cahier, mais bien cargnon ble), caclus : d'où chail, cail, caille (formes
ou chargnon (on trouve en effet la forme en usage dans les patois), puis au moyen des
char7'eignon). —
L'étym. L. codicarimn, con- suffixes ol, ou, eul, ot, les diverses formes
damnée par la phonétique, doit être aban- caillot, -ou, -eul, ot. (C'est cette dernière ma-
donnée. — Voy. aussi carnet et casernet. nière de voir que Diez avait adoptée en der-
CAHIN-CAHA, du L. qua hinc qua hac nier lieu.) —
D. caillouter, caillouteux (ces
(Ménage). dérivations par t sont modernes).
CAHOTER, étymologie inconnue. Ménage caïman, du caraïbe acayoïcman, crocod^de.
indique une forme cadutare, faire des chutes
CAIQUE, espèce de vaisseau de mer ; mot
V. c. m.), comme ayant pu donner naissance
turc.
à ce mot (il allègue à l'appui le nom propre CAISSE, it. cassa, esp. caxa, prov. caissa,
Cahors, de Cadurcum). Nous y voyons de angl. cash; du L. capsa [a^o:), coffre. D. —
préférence une onomatopée, ou bien, vu la
forme wallonne hihoter (ht, préfixe, fr. co, = cassette, caisson, caissier, encaisser. Le —
latin capsa se trouve encore dans la langue
con), le radical ail. hot, mai-quant secousse,
balancement (cp, ail. hotze, berceau). — française sous la forme de casse (terme d'im-
primerie), d'où casseau, et sous celle de châsse
Bugge admet pour type une forme romane (voy. c. m.).
quatottare, fréquent, de quatere. Cahoter se
CAJOLER, anc. chanter(« ca^eo?/er comme
serait produit comme baisotcr, grignoter,
un gay ", dit Paré); le sens semble donc être
trembloter, etc. J'approuve, en théorie et pho-
« enclianter, gagner par de douces paroles ",
nétiquement, cette étymologie; mais je la
N'était le sens premier de chanter, l'étymol.
tiens pour suspecte tant qu'on ne produira
pas à l'appui d'autres verbes en oter ne décou-
cageole = petite cage
L. caveola cp.
( = ;
6
. .
CAL — 82 CAL
guère la dérivation par ita à des noms de CALEMBOUR, étymologie inconnue. Phil.
choses, opte pour le dernier. « Avant l'inven- Chasles indique l'abbé de Calemberg, i)ei'son-
tion de la boussole, on mettait cette pierre nage plaisant de contes allemands (d'autres
dans un bassin d'eau, suspendue entre deux disent conteur burlesque lui-même). Autre
fétus, où elle nageait comme une grenouille. " histoire un souverain de Nancy avait à sa
:
gale' de geil). Diez, cependant, rapporte le calibo, capacité ou diamètre d'un tube moule ;
mot à caler (voy. cale 1), au sens d'enfoncer. à briques, etc.; d'après Herbelot, de l'arabe
CALEBASSE, courge, gourde, de l'esp. kalib, modèle, moule. Le dictionnaire arabe
calabaza (cat.carabassa), qui lui-même vient de Freytag donne qâlab, modèle, et qalib, fon-
peut-être de l'arabe querhah, outre (plur. taine. Mahn conjecture inutilement une éty-
qeràbat). — D. calebassier. mologie qua libra? (de quel poids?), en se
:
CALECHE, it. calesso, esp. calcsa, angl. fondant sur l'ancienne orthograi)he qualibre
cal ash ; c'est le bohème kolesa, dim. holeska (R. Etienne et Cotgrave). D. calibrer. —
(polonais kolasa, -aska), dér. de kolo, roue. 1 CALICE, du L. calix, -icis, vase à boire.
CALEÇON, de l'it. calzone, dérivé de calzo 2. CALICE, t. de botanique du L. calyx
(voy. cJiausse). (/àiv?).
CALÉPACTEUR, -FACTION, L. calefactor, CALICOT, de la ville de Calicut (Inde an-
tio (de calcface7-e, chauffer). glaise), d'où cette étoffe fut d'abord importée.
CALÉIDOSCOPE, mot nouveau, fait par CALIFOURCHON, anc. calfourchon, cafour-
l'inventeur (Brewster à Edimbourg, 1817) chon ; le premier élément cali représente,
avec les éléments grecs suivants xa).à tXS-n : = d'après Darmesteter (Mots composés, p. 1 12) la
de belles images, et ï/.ottîw, je vois, je con- particule péjorative cal, cali, ca. A cali- —
temple. fourchon dirait donc pr. « mal enfourché n.
CAL CAM
CÂLIN. Ce mot moderne, auquel Littré cale. —
D. calotin, terme de mépris en par-
attribue les deux sens " dépourvu d'activité lant des prêtres (porteurs de calottes) ; calot-
et d'intelligence » et « cajoleur «, a iin histo- ter. — Dans ma Lexicographie latine, p. 135,
rique trop maigre pour oser établir une j'ai signalé la glose : reticulum (réseau) calle.
étymologie définitive. Trévoux l'interprète par CALQUER, it. calcare, angl. chalk, calh,
paysan, fainéant, gueux cela concorde assez
; du BL. calcai'e, vestigium alicujus premere,
bien avec le wall. câlin, coquin (dans Grand- insequi (rac. calx, talon, au fig. trace). Cette
gagnage; Forir ne l'a pas accueilli). En atten- étymologie, cependant, reste encore à véri-
dant des renseignements plus sûrs, je main- fier. On y oppose une autre, tout aussi accep-
tiens l'étym. catelltts', petit chien ou petit table; celle de L. calx, chaux, de manière
chat, d'où cateiinus' , caclin, câlin. Brink- — q\ie le premier sens de calquer serait trans-
mann (Metaphern, p. '227) n'hésite pas à voir porter un dessin sur de la chaux fraîche, puis
dans câlin une tran.sformation euphonique de le reporter de là sur le papier {décalquer).
canin (cp. wallon faim câline) ; c'est donc un CALUMET ou chalumet est, comme chalu-
dérivé de canis, chien, par application méta- meau, un dimin. du L. calamus, roseau.
phorique d'une des qualités caractéristiques CALUS, voy. cal.
de cet animal. Cette explication mérite toute CALVAIRE, L. calvarium, traduction du
attention. —D. câliner, câliner ic. mot sémitique golgotha, qui signifie « lieu
CALLEUX, L. callosns. —
D. callosité.
du crâne (L. calvaria) » et qui est le nom de
CALLIGRAPHE, -lE, -IQUE, composés des la montagne où Jésus fut crucifié.
mots grecs beauté, et -/^.k-^wi, écrire.
y.xlloi,
CALVITIE (mot savant), L. calvities (de cal-
CALMANDE, aussi calamandre, sorte vus, chauve).
d'étoffe, esp. calamaco, anglais cala^nanco,
ni. Àa/mmÀ. D'origine inconnue; vu le grec
CAMAÏEU, voy. camée.
mod. z«/jis).aO/i5v, on a pensé à une origine CAMAIL, it. camaglio, prov. capmalh;
analogue à celle de camelot. c'est pr. la partie de la cotte de mailles
[mal ha) qui couvre la tête (cap).
CALMAR, étui à plumes, du h. calama-
rium [calamiis). Rabelais a dit galemar. CAMARADE, camerata, esp. camarada,
it.
CALME, it., esp., port, calma, pr. absence ail. hamerad, angl. comrad, compagnon de
le plus ardent, ce qui donne lieu à voir dans en sens individuel cp. en ail. frauetizimmer,
;
rigueur, par l'apocope du suffixe ica, avoir cama estau moyen âge le représentant du
donné calante, calote, mais il faut partir de mot classique gemma (vfr, game, vlia.
CAM — 84 — CAM
himma); de là camœus, it. camco, fr. ca- bien n'être qii'une interprétation arbitraire
tnée. Quant à la forme camahotus (d'où les du mot. Grandgagnage est d'avis que le mot
mots fr. camaheu, puis camat/eu, camaïeu, est tiré par transposition de l'équivalent wal-
se sont aussi l'égulièrement produits que vœu lon cafouma, qu'il fait dériver d'un verbe
de votum, neveu de nepotetn), il y voit une cafoumer, noircir de fumée.
altération de camœus altus (altus vfr. = CAMP, L. campus. Ce vocable latin a pris
haiilt, prov. aut). Le camaïeii exprimerait au moyen âge l'acception de castra, c.-à-d de
donc étymologiquement une « gemme en haut terrain occujié par une armée. Nous prenons
relief ". Diez objecte que l'initiale g changée occasion de traiter en une fois les principaux
en c, ainsi que la dérivation par œus, sont mot.s français de la famille latine campus. Co
contraires au génie roman camalwu lui parait ;
primitif s'est francisé et conservé sous deux
plutôt avoir donné naissance au BL. cama- formes. 1 champ. 2. camp. A l'acception
.
Jiotus qu'en être issu. Il propose, très dubi- classique de campus .se rapportent, outre
tativement, un mot roman commatulum chatyxp, les mots suivants :
(dimin. de gr. xo>/*«, ciselure, empreinte), campagne, étendue de pays plat et décou-
d'où camaïeu se serait produit comme vieux vert, paysage, BL. campania (comme nom
de vetuh'.s ; pour ca substitué à en, il allègue propre Champagne).
calessa, calandre, catiapé, p. colessa, colan- CHA.MPÊTRE, L. campestvis.
dre, conopé. —
Littré enfin, négligeant l'exa- champignon, agaricus campestris, it. cam-
men de la terminaison des mots français, part pignuolo.
du gr. /à/tvîiv, travailler, d'où le bas-grec CHAMPART, du BL. campt pars et campars.
y.àfiT.Tov, travail, œuvre, za/tîî5v, atelier, etc. portion de champ.
Cette étymologie me sourit assez cama- : A la signification « lieu ou théâtre d'une
tum, œuvre d'art ou pierre travaillée, peut action militaire », signification particulière à
donner camé, le fém. camata, camée; du la forme camp, se rapportent :
dimin. camatelhim, d'autre part, iieuvcnt CAMPAGNE, dans ses diverses acceptions mi-
s'être produits camée! cameiel, camaïeu, etc.,
, litaires.
car j'admets avec Diez que les formes bas- CAMPER, d'où décamper, lever le camp.
latines ne font que reproduire les diverses CHAMPION, voy. ce mot.
formes françaises. L'esp. camafeo G&t fondé sur —
CAMPAGNE, voy. camp. D. campagnard;
camaJiev. (f^i. h, comme d'ordinaire). camjxtf/tiiil, rat des champs.
CAMÉLÉON, du gr. X7;x:t.)î(av (litt. lion ter- CAMP ANE, de l'it., esp., cat., prov. cam/>ana,
restre). cloche (quelques dialectes français ont aussi
CAMELLIA, du P. CameUi, qui a introduit mot campana pour cloche, p. c. Limousin
le
la plante en Europe. campano, Berry campaine). Le nom de cam-
CAMELOT, angl. camlet, étoffe gros.sière ptana donné à la cloche provient, dit-on, do
en poil de chameau, du L. catnelus; de là ce que les cloches, d'église ont été introduites
aussi, en terme de relieur et d'imprimeur, en premier lieu dans la Campagne romaine.
camelote, ouvrage mal fait, sans valeur. — — D'autres, comme Littré, se fondant sur ce
D'après un article du Journal officiel du que la première mention de campana est dans
12 mai 1874, de l'arabe scilcl henicl, qui est Isidore avec le sens de plateau do balance
le nom de la chèvre angora (Littré, suppl.). (avec la note que la campane est un genre de
CAMELOTE, voy. camelot. balance inventé en Campanie), pensent que le
CAMÉRIER, L. camcrariits, officier do la sens de cloche est déduit de celui de plateau
chambre [caynera):^ camériste, it. camerista, creux. —
D. campanile ou -ille, clocher; cam-
dame de chambre ; camerlingue, it. camei'- panule, pjante à fleurs en forme de clochettes.
lingo, vient de l'ail, kâmmerling, formé de CAMPÊCHE, de la baie de ce nom au
hammer, chambre; voy. chambellan. Mexique.
CAMION, 1. chariot; 2. épingle; etc. Ety- CAMPER, voy. camp. —
D. campement.
mologie inconnue. —
D. camionner. CAMPHRE, BL. camphora, formé de
CAMISADE, it. iiicamiciata, esp. encami- l'arabe kafor, avec insertion de n ou it. m
sada, attaque faite de nuit, l'armure couverte canfora, cafora, esp. canfora et alcanfor.
;
—
d'une chemise, L. camisia. De là aussi le — D. camphrer, camphrier.
nom des Camisards. CAMPOS, mot latin, tiré de la locution
CAMISOLE, de l'it. camiciuola, dér. de campas habere, litt. avoir les champs, fig.
camicia = fr. chemise. avoir congé. Les champs sont ici mis en oppo-
CAMOMILLE, anc. aussi camomille, ail. sition avec les quatre murs de l'école; cp. la
kamille, du L. chamœmelum{/.ciy.:xifj./ilov, litt. locution « prendre la clef des champs «, se
humile malum). On trouve cependant déjà rendre libre.
camomilla chez Plinius Valerianus, médecin 1 CAMUS, qui a le nez court et plat, prov.
.
it. camoscio, esp. camusa, le chamois étant qui s'est dit d'une assemblée tumultueuse, où
camus. —Diez, à cause de l'it. camoscio, se l'on cabale, conspire, diffame, et dont on peut
prononce pour le vfr. camoissié, contusionné, trouver de nombreux exemples dans Godefroy
meurtri. —D'après Brinkmann (Metaphern, et dans Ch. Nisard (Curiosités de l'étym. fr.,
p. 263), le mot roman camuso est composé p. 180). —
Comment expliquer l'acception
de canis -\- musa (cp. cagot) et signifie donc moderne de cancan, " danse eff"rénée, désor-
pr. « qui a un museau de chien ». En — donnée »? Y aurait-il là aussi un souvenir du
somme, l'étymologie reste encore à fixer. En dérèglement qui régnait dans les assemblées
attendant, j'avancerai une modeste conjecture : dites caquehan .?
si camurus fait difficulté, il n'en serait pas de CANCEL, du L. cancellus, barreau, treillis,
même pour camusus ou camusius; or, cette espace entouré de barrières.
forme peut être supposée avoir existé dans la CANCELLER, du L. cancellare, bàtonner
langue rustique, d'après l'analogie de asena, un écrit, l'effacer en forme de treillis [can-
asa, hausio, quaeso, etc., formes concur- cellus).
rentes de arena, ara, haurio, quœro, etc. — CANCER est le mot latin cancer:, outre cette
Pour la forme camard, il faut admettre une forme latine, lalangue française a, du même
modification arbitraire de la terminaison us primitif, fait cancre, dans le sens propre
en ard. d'écrevisse, et chancre, dans un sens médical
2. CAMUS; embarrassé,
confus, prov. ou métaphorique. —
D. cancéreux.
camus, gamus, niais,Peut-être est-ce le
sot. CANCRE, voy. cancer.
même mot que le précédent, dans un sens CANDEUR, L. candor, blancheur, pureté.
figuré; cp. le sens figuré qu'ont pris les mots CANDÉLABRE (dans r.\lexis, chandelabré],
aplati, écrasé ; ou bien serait-ce un mot venu L. candelabruni (candela).
du nord et composé du préfixe ca (voy. cajoler) CANDI (sucre), it. candito ou candi, esp.
et du radical mus de muser (avoir la bouche cande, ail. kandies, est généralement rap-
béante) ? porté à la famille caiulere, être blanc. Mahn a
CANAILLE, it. canaglia, esp. canalla, du démontré la fausseté de cette étymologie tra-
L. canis, chien, donc propr. race de chien. ditionnelle, que cependant la couleur seule du
Anciennement on disait chienaille. D. enca- — sucre dit candi rendait suspecte. Candi vient
nailler. directement de l'arabe qand, mel arundinis
CANAL. L. canalis (rad. catina):, le même sacchariferse concretum i. e. saccharum candi
vocable latin a donné aussi chenal et chéneau. (Freytag), mais ce mot arabe, de son côté, est
L'anglais a trois formes diverses se rattachant d'origine persane et identique avec l'indien
au L. canalis, savoir channel, kcnnel et canal. khanda, morceau, puis sucre en morceaux,
— D. canaliser. cristallisé (rac. hhad, fendre, rompre). D.—
CANAMELLE, du BL. can-namelîa, canne à verbe canclir.
miel, c.-à-d. à sucre. CANDIDAT, L. candidatus, vêtu de blanc
CANAPÉ, it. canopè, angl. canopg, du L. Les brigueurs de dignités à Rome étaient
conopeum {xwvwrrîTov), rideau destiné à ga- habillés de blanc.
rantir des cousins; ce mot désignait d'abord CANDIDE, L. candidus, blanc, fig. inno
un lit de repos pourvu d'un indeau de ce cent, sincère.
genre ; cfr. le mot bureau, qui signifie d'abord CANDIR, voy. candi.
une étoffe, puis une table garnie de cette CANE a signifié d'abord bateau, de là canot
étoffe. (cp. BL. canardus, sorte de bateau); puis on
CANAPSA, du ni. knapzak, ail. knappsack, a transféré le mot à l'oiseau nageur par excel-
petit sac à provisions (de hnappen, manger, lence, la cane. Le mot vient du ni. kaan, ail.
grignoter). hahn, barquette. L'ancienne langue avait ane,
CANARD, dérivé de cane. — D.
canarder, du L. anas, canard. On y trouve aussi quenne
faire feu d'un lieu où l'on à couvert,
est opposé à mallart, malart, et ceci me suggère
d'après la manière dont on tire le canard au la pensée que comme mallart (p. maslart)
marais. vient de masle, nulle, quenne pourrait être
CANARL serin des iles Canaries. le quinna, quàn, quenne, etc. des langues
CANASSE, CANASTRE, caisse, boite, esp. germaniques, qui signifie femelle, femme; or,
canasto, canastro, du gr. /.scvxît/sîv, L. cani- cane,canne peut fort bien n'être qu'une forme
strum, corbeille. variée de quenne (cp. benne et banne). Dans
CANCAN, pr. bavardage, est, semblc-t-il, cette hypothèse, l'étymologie tirée du néer-
le subst. verbal de cancaner, et celui-ci tiré, landais tomberait à néant. —
D. canette,
par onomatopée, du cri du canard, comme le caneton, caneter, canard; vfr. canot, canard.
synonyme caqueter de celui de la poule ; l'éty- CANEPETIÈRE, outarde naine (primitive-
mologie tirée du L. quamquam, à cause de ment écrit en deux mots). Le sens de l'adjectif
la querelle des écoles sur la prononciation de petière reste obscur. —
En Normandie, cane-
ce mot, est de pure fantaisie. Certainement, le petière est une canne creuse dont les enfants
mot peut s'être formé ou du moins soutenu se servent pour lancer bruyamment des balles
. . . .
CAN — 86 — CAP
c'est un tout autre mot, qui veut canonÙMt [viv. canongé); canonicitas, cano-
de filasse ;
canne bruyante
« ». Voy. Darmesteter, nicité; canonizare, canoniser.
dire
p. 29. 3. CANON, mesure de liquide, voyez ca-
Form. des mots comp.,
1 CANETTE, de l'ail, hanne,
petite cruche, nette 1
Le même primitif a donné canon, CANOT, voy. cane. Les mots esp. et it. ca-
pot, cruche.
mesure de liquide. Le simple canne était noa, angl. canoë, sont tirés de canàoa de la
d'usage dans le nord de la France u Tant va -. langue des Caraïbes. Canot est-il, ou non, in-
canne à l'iauve qu'en le fin est brisians. « dépendant de ces formes? C'est difficile à
la
2. CANETTE, dimin. de cane. D. caneton — décider. —
D. canotier.
canavaccio, CANTABILE, mot italien, sign. chantablo.
CANEVAS (angl. canvass), it.
CANTAL, fromage du mont Cantal en
prov. canabas, toile gi-ossière. Ces mots sont
Auvergne.
dérivés, par le suffixe aceiis, fr. as, du L.
CANTALOUP, sorte de melon, de Canta-
cannabis (xiwaSii), qui lui-même s'est con-
luppo, maison de campagne dos papes, près
formes it. canapé esp. canamo,
ser^•é sous les
de Rome, d'où est venu ce melon.
prov. canebe, cambre, fr. chantre.
CANTATE, de l'it. cantata (= fr. chantée);
CANEZOU; étymologie inconnue. Peut-être dimin. cantatille.
le même mot que prov. camzil, pannus Uni
CANTATRICE, it. cantatrice, h.cantatrix,
subtilissimi.
chanti'uso.
CANGRÈNE, voy. gangrène.
CANTHARIDB, L. cantharis, -idis{*»Mâxpii).
CANI,de marine, bijis qui commence à se
t.
CANTILÉNE. L. cantilena.
pourrir, du verbe canir' =• L. canescere,
CANTINE, it., esp. cantina, angl. canteen.
blanchir, vieillir.
Selon Dicz, dérivé du vfr. cant, it. esp, canto,
CANICHE, soit du L. canis, chien, ou du fr. qui coin (voy. s. canton); cantine
signifie
cane, canard, à cause du goût que ce chien a serait donc un
«• coin «• où l'on donne à boiro
pour l'eau.
L. canicu/a (canis); caniculaire,
et à manger (cfr. le nôerl. loinkel coin et =
CANICULE, boutique) ; d'autres, avec bien peu do vraisem-
L. canicularis. blance, y voient une contraction de canovettina,
CANIF, du nord, hnifr, ags. cntf, angl.
hnife, =
hneip, kneif.
ail. Dér. ganivet, — dimin. de canova, mot it. signifiant cave. Knfin,
Tardieu y reconnaît le L. quintana, petite
vfr. cnivet, prov. catiivat.
place dans les camps romains où se tenaient
CANIN, L. caninus (adj. de canis). les vivandières et où les soldats vendaient leur
CANIVEAU, pierre creusée dans le milieu butin. On trouve, en effet, dans Duc^nge,
pour l'écoulement des eaux. D'après Bugge, quintana avec la valeur de bannum vini ou
= lat. colliquialis, dér. de coUiciœ ou coUi-
banrin. Cantina serait ainsi produit par l'in-
quiœ, gouttières (cp. dans Caton colîiciaris
termédiaire d'une forme quintina, d'où quen-
tegula, qui signifie la même chose que notre tine, quantine, cantine; les mots esp. et it.
caniveau). Cette explication est aussi ingé- sont {)eut-être de provenance française. D. —
nieuse que plausible. Coliveî, conivel, canivel cantinier, -i^re.
constituent un enchaînement de formes par-
CANTIQUE, L. canticum.
faitement correct.
CANNE, L. canna, ro.seau, jonc, tuyau. — CANTON, it. cantone, esp. prov. canton, pr.
coin de terre, portion de pays dérivé du mot;
D. cannelle, pr. petit tuyau; canneler, pr. roman canto, vfr. cant, coin, côté, mentionné
faire des creux cannette ou cannelle, robinet ;
;
sous cantine. Quant à ce primitif, on le rap-
cannetille (v. c. m.), canule, L. cannula; ca-
l)orte tantôt au L. canthus, cercle de fer au-
non (v. c. m.), pr. tube. tour d'une roue (qui est le gr. xxv&o;, coin do
CANNELER, voy. caivie. — D. cannelure. l'œil et cercle de roue), tantôt au cymr, cant,
CANNELLE, voyez canne. — D. cannelas, clôture, cercle, bande de roue, bord ou au ;
(xavwv), règle. —
D. canon, adj. dans droit montoire, 3. proue d'un navire. Du L. caput,
canon, d'où canoniste (en angl. canon, subst. it. capo, prov. cap. La forme ordinaire sous
= chanoine); canonius, c/iaMoi/ie; canonialis, laquelle le radical cap, de caput, s'est fran-
canoHîa? /canonicus, canonique; canonicatus. cisé, est chef, —
D. décaper, sortir d'un cap.
CAP 87 — CAP
CAPABLE ; c'est le latin capax (de capere, pirotada, it. capperottato. Étymologie dou-
saisir,comprendre), dont la terminaison aoc a teuse on a songé à un primitif capo, chapon
;
;
été échangée contre la terminaison able. Ce d'autres à l'esp capiy-ote, chaperon (« le plat au
mot est formé comme s'il avait jamais existé chaperon»), ou au gr. xzttu/so,-, sec, xaTru^c^ca,
un verbe caper. On trouve capabilis déjà dans sorte de gâteau. Tout cela ne peut satisfaire.
Cassiani Incarn, (= qui contineri potest), et Il se peut que le mot procède du verbe capu-
dans Epiphanii Hist. eccl. (= capax). lay'e, fr. chapeler.
CAPACITÉ,L. capacitas. D. capacitaire — CAPITAINE, qui est à la tête [caput) d'une
(néol.), pourvu de la capacité légale de voter. troupe ; l'anc. langue, comme elle a fait chef
CAPARAÇON, angl. caparison, de l'esp. de caput, a fait chcKetaine de capitanus (d'où
caparazon, augmentatif du BL. caparo, cha- l'angl. chieftain). — La forme vfr. catagne
peron. renvoie à une forme adjectivale capitaneus.
• CAPE, même mot que chape, it. cappa, CAPITAL, L. capitalis (de caput, tête), 1 où .
très-ancienne date et pourrait bien remonter (principal d'une dette ; ensemble des produits
à la rustique des Latins. La dérivation de ca- accumulés, biens, richesse), le mot se produit
put erronée mieux vaut celle de capere
est dans la langue vulgaire sous la forme cheptel
(Isidore
;
le sens de couronne [chapel de roses), a donné CAPITON, de l'it. capitone, pr. la bourre, le
chapelet =
rosaire. plus gros ou le fond de la soie (rac. caput). —
2. It. capella, fr. chapelle. Selon Ducange, D. capitonner.
le mot capella, dirain. de capa, et signifiant CAPITULER est un dérivé de capitulum,
une ou chape, sappliquait parti-
petite cape chapitre, division d'un écrit, d'une charte;
culièrement à la « chape de S. Martin « et a c'est proprement fixer les articles d'une trans-
été ensuite affecté au lieu sacré où cette chape action le sens actuel du verbe en est déduit.
était conservée : " in quam (aedem) etiam — D. capitulation. — Du L.
;
capitulum, qui
praecipua sanctorum aliorum Iv.-lfxvx illata, s'est francisé en chapitre (voy. ce mot), sont
unde ob ejusmodi reliquiarum reverentiam issus : le subst. capitulaire, règlement rédigé
aediculae istae.sanctaecapellaeappellantur. » par chapitres, et l'adj. capitulaire, qui appar-
C'est ainsi que, par métonymie, copeZ/a serait tient à un
chapitre de chanoines. Le mot capi-
devenu synonyme de sacellum. D'autres, reje- tule, terme de liturgie, est calqué sur l'origi-
tant cette étymologie historique, attribuent à nal latin.
ce mot le sens premier de couverture, de CAPON, hypocrite, joueur rusé, poltron,
dais surmontant un autel, d'où, par exten- n'est qu'une forme variée de chapon ; au moyen
sion, se serait produite l'acception « lieu âge cappus était synonyme de juif (voy. Du-
séparé dans une église, chapelle « Il est pas- .
cange), « ob circumcisionem », à ce qu'il pa-
sablement hardi de rapprocher, comme fait raît. Dans charge caponne (sinécure), caponne
Chevallet, capella de capsella, petite châsse. vient de l'esp. capona en la locution II ave ca-
3. It. cappotto, esp. capote, fr. capot et pona, clef châtrée, c.-à-d. office de chambellan
CAPOTE. sans exercice ni appointement. —
D. caponner,
4. It. cappuccio, fr. capuce, d'où capuchon. faire le capon.
5. It. capperone, fr. chaperon. CAPONNIÈRE, de l'esp. caponera, chapon-
CAPELINE, dér. du BL. capellus, fr. cha- nière, mue à engraisser les volailles (de capon,
peau. chapon).
CAPENDU, aussi, carpendu, altération de CAPORAL, it. caporale, dér. de capo, tête,
chef. On prétend que le mot corporal, ancienne
court-pendu ; les pommes ainsi nommées le
sont à cause de leur courte queue. Darmes- — forme de caporal, conservée encore en ail. et
en angl. et dans plusieurs dialectes français,
teter, cependant, considère l'initiale ca comme
est gâtée de caporal. Le contraire ne serait-
le préfixe péjoratif.
il pas tout aussi vraisemblable ? La termi-
CAPHARNATJM, lieu do désordre, confu- naison de caporal est suspecte; or, corporal
sion. Allusion à la ville do Capharnaûm, en rend parfaitement l'idée de chef d'un corps de
Palestine, où se faisait un grand trafic et où garde et dérive régulièrement du L. corpus,
se rencontraient des
très diverses.
hommes
Mieux vaut invoquer le passage
de nationalités -oris. —
L'explication de Langensiepen ca- :
CAQ — 88 — CAR
caput =
perdu, abîmé. Ce terme est-il tiré du du pi'écédent et se rattacher à kah, vieux
français, ou le français de caput î Car il se
• mot néerlandais qui signifie tonne (cfr. angl.
pourrait que des joueurs savants aient rendu caff, suéd. haffffe); de ce subst. caque vient
par le mot latin caput l'expression allemande eticaquer.
CAQUESANGUB, dysenterie, de l'it. caca-
.<auf's haupt schlagen », battre complète-
chie-sang).
ment. Ou enfin, en présence du terme ail. sang\'.e (litt. _
hapunieren, faire capot, qui reproduit le fr. CAQUET, subst. verbal de caqueter ; celui-ci
chaponner, it. caponnare, ne pourrait-on pas est un mot onomatopée; cp. gr. xa^âC»'^. '"^^j-
expliquer capot par châtré, rendu impuis- gachcn, gacha-n, angl. cackle, gaggle, suéd.
sant? hahla, hoU. kahelen.
vfr. et prov. quare. Du latin
CAR. quare,
CAPOTE, it. capotto, voy. capot 1
CAPRE, vaisseau corsaire; c'est le néerl. c'estpourquoi la conjonction car équivaut à
;
haper, dér. du verbe kapen, ravir, voler (= u voici pourquoi » La langue ancienne em-
.
L. capere ?), ail. capern, prendre un vaisseau ployait le mot avec l'imi>ératif pour renforcer
en faisant la course. l'exhortation. —
Le ykp des grecs n'a étymo-
logiquement rien de commun
avec notre car.
CAPRES (Nicot : cappre), cappero, L.
it.
CAPSE, forme savante p. caisse. D. cap- — terme escarrabi =• infirmier (trouvé dans des
suie, L. capsula; capsulaire.
actes de Montélimart en 1543 et 1583), dans
CAPTAL, chef, du L. capitalis, pris dans le
Littré, suppl.
sens de capitanus. CARABINE, voy. l'art, préc. D. carabi- —
CAPTER, L. captare, fréq. de capere. — D. nier; vorhe carabiner.
captateur, -ation, -atoire. CARACOLE, de l'it. caracoUo, mouvement
CAPTIEUX, L. captiosus (de capere). en demi-rond que le cavalier fait exécuter à sa
CAPTIF, it. cattivo, esp. cautivo, du L. cap- monture ; ce mot, identique avec l'esp. cara-
tivus (capere). —
D. captivité, vfr. chaitiveté, col, et signifiant proprement limaçon, co-
L. captivitas; captiver, L. captivare. Le — quille en forme de vis (dans ce sens, l'it. dit
latin captimts a fourni aussi au vieux fonds caragollo), puis escalier tournant, est d'ordi-
français chaitif, chétif, prov. caitiu, esp. naire tiré de l'arabe harhara, tourner en
cativo, angl. caitiff, esclave. De l'idée captif cercle. Mieux vaut, .selon Diez, le rattacher au
se déduisit naturellement, comme signification gaél. carac/;, tordu, tourné. D. caracoler. —
accessoire, celle de malheureux, misérable ; CARACTÈRE, L. character,à\\%v.ya.p%Azi,p,
c'est la seule qui soit restée à la forme chétif; empreinte, cachet, donc propr. la marque
voy. notre observation à l'égard du sens figuré des qualités de qqch. puis ces qualités mêmes.
—
,
turer. carrabba ;
it.
CAR — 89 — CAR
CARAMEL, it., port, caramelo; d'après
esp. , bant et finalement carcant, carcan. Cela me
hora mochalla, boule douce.
Littré, de l'arabe semble hardi la terminaison ancienne en ant
;
Etym. peu probable. Je pense que le cara- est p. an (cp. anc. paysant, faisant); aussi
mel tire son nom de sa forme tubulaire et le moy. lat. n'a-t-il que carcanus, carcannus
vient de L. calamellus, petit tube; cp. en esp. (ou -um). Le vfr., d'ailleurs, offre aussi car-
caramillo, prov. caramel, chalumeau. caille.
CARAPACE, esp. carapacho; d'origine in- CARCASSE, it. carcassa, esp. carcasa. La
connue. Ne serait-ce pas une transposition de deuxième partie de ce composé est le mot
caparace, d'où caparaçon ? le sens du mot s'y capsus (BL. cassiis), poitrine, thorax (en
prêterait parfaitement. L'espagnol caparazon dial. de Parme, on dit, pour carcasse, simple-
signifie également carcasse d'oiseau. Littré ment cassiron) la première parait être le
;
rapproche le mot du catalan carabassa == fr. mot caro, chair. Le sens primitif serait ainsi
calebasse. « caisse à chair ». Quelle que soit l'origine—
CARAQUE, it. caracca, esp. carraca, ni. de carcasse, il est étymologiquement distinct
hracche, ail. harracke, angl. carach; d'ori- de carquois.
gine orientale. De l'arabe qorqour, grand ba- CARDE, nervure des fouilles du cardon,
teau marchand, plur. qarâqir (Dozy et Defre- chardon à foulon, machine à peigner le drap,
mery). Quant au mot arabe, Devic le tire du it. cardo, esp. carda; du L. carduus, char-
malais kourakovj'a (tortue de mer), horakora don. —
D. carder; cardon, espèce d'arti-
(grand bateau), que reproduisent port, cora- chaut.
cora, corccora, esp. caracoa. CARDINAL, L. cardinalis {Y)Y\m\ï\î cardo,
CARAT, carato, esp. qinlate, anc. port.
it. gén. cardinis, gond, pivot), principal, ce sur
quirate, petit poids; de l'arabe qiràt, lequel, quoi tout roule; de là nom d'une dignité
lui-même, vient du gr. yspârtciv, pr. petite ecclésiastique.
corne, puis la silique, fruit du caroxibier, ser- CARDON, mot savant pour chardoji.
vant de poids, latinisé par Isidore en cerates quaresma,
CARÊME, it. quarcsima, esp.
« oboli pars média est, siliquam habcns unam
prov. caresrna, contraction du L. quadrage-
et semis »
sima, le quarantième jour (avant F*àques); on
CARAVANE, mot oriental, arabe kairawan,
dit de même en gr. mod. zis'sypx-AO'jTri.
persan karwan, troupe de personnes voya-
geant ensemble. —
Composé caravansérail,
CARENCE,
de carcre, manquer.
t. de jurisprudence, L.caretitia;
maison de caravane.
CARAVELLE, it. caravella, esp. carabela,
CARÈNE, it. caréna, L. carina. — D. ca-
réner.
dim. de carabus, « parva scapha » (Isidore,
carezzare, dér. de caro
19, 1, 26) = gr. /.upT.Z'ii, barque et crabe.
CARESSER, de
(L. carus), cher, affectionné.
l'it.
D'après Dochez
CARBONADE, vov. l'art, suiv.
et Bescherelle,dugrecx2(^"/5i^£iv(p. /.T.T-i-ppïi-.x.-i),
CARBONE, CARBONIQUE, CARBONISER,
flatter, apaiser c'est faire de l'érudition en
Carbonate, termes savants, tirés du L. carbo, ;
CARRONCLE, 1 pierre rouge, rubis ; on voiles, c'est en faire une charge, un paquet,
dit aussi carboucle et escarboucle, angl. car-
.
CAR — 00 — CAR
par des gens vêtus de la carmagnole ? le chant 2. CARPE, t. d'anatomie, poignet, du grec
liégeois ditcramignon n'y est-il pour rien ? X.rpn6;. m. s.
CARME, coup de dé qui amène les deux CARPETTE, gros drap rayé, etc., angl.
quatre, anc. carne, du h.quaternus, coup de carpet, vfr. carpite, BL. et it. carpita; du L.
quatre. carpcrc, détirer de la laine (voy. charpie).
CARMES, nom des membres de l'ordre du CARQUOIS, vfr. carquais, it. carcasse, esp.
mont Cartnel, d'où aussi carmélite, religieuse carcax; l'étymologie la plus plausible est L.
du même ordre. carchesium, coupe à anses, hune d'un vais-
CARMIN, it. carminio, ainsi que cramoisi seau il peut y avoir eu confusion idéologique
;
(transposé de carmoisi , it. carmesino, cre- entre rarcasse et carquois. On est en droit
misi, crcmisino, esp carmcsi, viennent do aussi d'expliquer carquais ou cai'quois par
l'arabe qcrmcz, écarlato, adj. qerrnasi. l'ancienne forme tarquais, qui vient du per-
CARNAGE, CARNATION," CARNIER, déri- san torhach (d'où l'arabe tarkach, l'it. tur-
vés de l'anc. carn , car, auj. chair, = L. casso, et bas-grec T»/9/.i7nv), étui à flèches le ;
caro, gén. carnis. — Du prov. carnasa, changement de en k peut encore être l'eflet
t
chair morte l'adj: carnassier et le subst. d'une a.^similation avec carcasse; nous avons
carnassière, gibecière. vu une permutation analogue, à propos de
CARNASSIER, voy. l'art, préc. — En vfr.,
cancan entre les mots vfr. caquehan et toque-
,
CAS — 91 CAS
jusqu'à bout, que s'il était démontré qne le OASE, maison, loge, compartiment, L. casa,
mot en effet qu'un terme de caserne in-
n'est hutte, maison. C'est casa aussi qui a fourni
troduit par la soldatesque allemande. la prép. fr. chez
{y. c. m.). D. caser, pour-—
CA.RTABLE, portefeuille d'écoliers; cp. voir d'une place, établir ; casier, biu'eau
les mots wallon cartabel, it. scartabello, esp. garni de cases; voy. aussi caserne.
cartapel, composé de charta et pellis. Voy. CASÉEUX, CASÉUM, t. do chimie, dér. du
Caix, Studi, n° 520. L. caseus, fromage.
CARTAYER, selon Littré, de quatre (mieux CASEMATE, de l'it. casamatta ou esp., port.
vaudrait de quart) ; « cartayer, c'est couper eu casamata, dont l'étymologio est douteuse. On
quelque sorte la route en quatre, c'est ti'acer a décomposé le mot par casa-matta, et l'on a
une quadruple voie, les deux ornières et les prêté à cette expression matto tantôt le .sens
deux voies des roues ".N'était cette définition, de caché, borgne, tantôt celui de pseudo,
j'aurais interprété notre mot par c«re<ie (char- faux, ou de sombre enfin, on a expliqué le
;
rette, angl. cai-t) -\- suffixe icare; cp. l'it. mot par « maison {casa) de la tuerie (mata) "
carreggiare, conduire un char, de carro, expression analogue à l'ail, mordkeller, casei-
char. mate, litt. caveau de meurtre. Ménage avait
CARTE, variété savante de charte, du L. songé au gr. x'^iit.y, fosse, caverne (plur.
charta [-/xpr-n-]. — Dérivés : cartel, -on, xâ7/xa-y); étymologie inacceptable, bien que
-onche, -ier. — Je ne puis adhérer à l'opinion Rabelais ait employé la forme chasmate. Ci-
qui voit dans carte le L. quarta au sens de tons encore une conjecture de Devic, qui se
quart de feuille de papier; fr. quarte et BL. demande si le mot italien n'a pas été créé sous
quarta sont des modifications orthographiques l'influence de l'ar. qasaba, forteresse.
introduites sous l'influence de quartus. CASER, voy. case.
CARTEL, de Vit. cartello, esp. cartel, petite CASERNE, it. caserma, esp., port, caserna,
carte, affiche, puis, spécialement, provocation dérivé de casa, maison, par le suffixe ernus,
en duel par écrit. comme caverne de cave. Diez, patron de cette
CARTILAGE, L. cartilago, -inis. — D, car- étymologie, dans sa dernière éd., ne se rallie
pas à l'opinion de Mahn, qui, à cause de l'it.
tilagineux.
CARTON, de l'it. cartone, augmentatif de
caserma, walaque çesarme, anc. ail. casarm,
carta. — D. cartonner, cartonnier. avait proposé avec quelque doute casa d'arme,
maison d'armes. —
Dans Fui'etière, on lit :
tiennent le mot pour slave et identique avec débris, tesson, têt, armure de tête. — D.
cosaque. —
I). casaquin. casquette.
CASCADE, de cascata, dér. de cascarc,
l'it. CASSADE, de l'it. cacciata, cassade au
tomber, verbe italien qu'il faut rattacher à brelan, de cacciare, chasser, pousser. « Cas-
une forme antérieure casicare, issue à son sade s'est dit d'abord au brelan, puis pour
tour du L. cadere, par le supin casum. — toute espèce de feinte, de bourde » (Littré).
CAU 93 — CED
caractères distinctifs d'une chose ou d'une per- CAUT*. prudent, du L. cautus (cavere;,
sonne. m. s.
les menstrues, état que les femmes cherchent cavalcare, esp. cabalgar, fr. chevau-
1. It.
par le langage savant chose en est issu par Ce pronom représente le latin ecce hoc (cp.
procédé naturel. — ;
causeuse, espèce de petit canapé qui invite à CÉDILLE, it. zediglia, esp. cedilla, dimin.
la causerie. de zêta, nom de lettre, propr. petit zed
CAUSTIQUE, L. causticus (/«u-rt/o;), brû- ajouté au c pour donner à celui-ci la valeur
lant, mordant, incisif. D. causticité. — de s.
. —
CEN 94 — CER
CÉDRAT, de rit. cedrato, dér. du L. citriis, mage, puis ferme. — D. censier (BL. consii-
citron. rius), censitaire, rensive. .
CENS, L. censiis, 1. recensement, état de coffre, par la filiation suivante arca, arcida, :
fortune, contrôle, 2. au moyen âge, rede- arcola, arcolium., sarcolium, sarcoeil, cer-
vance annuelle (d'où ail. zins). Censé, — cueil ; ce sont Guyet et Ménage qui patron-
métairie donnée à ferme, du BL. censa, fer- nent la dernière.
. .
CEU 95 CilA
CÉRÉALE, L. cerealis (de Cérès, déesse des CHABLE, CHABLEAU, CHABLBR, voy. câ-
moissons). ble.
CÉRÉBRAL, L. cerebralis (de cerebrum, CHABLIS, bois abattus, voy. sous accabler.
cerveau). CHABOT, poisson, port, caboz; dér. de cap,
CÉRÉMONIE, L. cœrimonia. tête (^= L. caput) avec le suffixe ot, à cause
CERF, L. cercus. —
D. ceTcaison, cei'vin. de la grosse tête de ce poisson. Cp. en latin
CERFEUIL, L. cœrefoUum {-/Mpi9\jllTi), it. I capito, gr. x-ryxi^,-, noms d'un poisson.
cerfofflio, esp. cerafolio, angl. chenil CHABRAQUE, ail. schabrache, du tnvctscM-
CERISE, it. ciriegia, esp. cereza, holl. kerse, prak.
ail. kirsche, ags. ci7-se, angl. cherry. Les for- CHACAL, mot oriental; en turc djakàl.
mes romanes accusent pour type latin non pas CHACUN, vfr. chascun, chcscun, cascun, it.
cérasum, mais le dérivé féminin ccrdsea (pour ciascuno, prov. cascun, du L. quisque unus,
rit", ciriegia, cp. primiero de primarius). Le quiscunus. C'est de chacun que s'est dégagé
prov. cercira était précédé de cereisa, duquel chaque; bien que répondant par sa significa-
découle directement lefr. cerise. —
On trouve, tion au L. quisque, on ne peut admettre que
du reste, déjà une forme latine ceresia chez chaque (mot qui nest pas constaté avant le
Gargilius, auteur du iii^ siècle. xv!** siècle) en soit drectement issu; Vi latin
CERNE, it. cercine, esp. cercen; verbes esp. accentué ne devient jamais a. Le correspon-
cercenare, couper en rond, fr. cerner (v. mot dant prov. de chaque est quecs pour quescs,
encerner = entourer); du L. circinus, circi- qui, lui, est bien le quisque latin.
-nare (àecircus, cercle). Le à^immwûf circinel-
CHAFOUIN, personn grêle et sournoise,
'
CHANCRE par
(en wallon, transposition, cps. déchanter, pr. rabattre le chant, le ton.
cranche), voy. cancer. — De la forme c/iancre CHANTIER, lieu où l'on entasse des pièces
procèdent : chancreux, échancrer. de bois à brûler ou de construction, puis lieu
CHANDELEUR, du latin candelarum (ou où l'on travaille le bois, et enfin lieu de con-
plutôt, avec transposition de genre, candela- struction en général. Ce mot, dans ces diver-
rum) ; de candela, chandelle, dans la locu- ses significations, nous semble se rattacher
tion « festum sanctse Marise candelarum » ; au vfr. cant, coin, côté (voy. canton), et dési-
cp., pour la finale génitivale, le vieux mot gner propr. le magasin de réserve où se met-
pascour, dans le « temps pascour », le temps tent de côtelés, pièces de bois dont on n'a mo-
de Pâques. mentanément pas besoin. Nicot le fait venir
CHANDELLE, L. candela. — D. chandelier, du L. canterius, qu'il dit avoir signifié, entre
cluxndeleur (v. c. m.). autres, magasin de bois, mais nous ne con-
CHA — 98 — CHA
naissons pas cette acception prêtée à cante- CHAPITEAU, L. capitcllum, diminutif do
riits. —
Noiis séparons le mot chantier, dans caput.
les significations ci-dessus énoncées, de chan- CHAPITRE, angl. chaptcr, du L. capitu-.
tier == soutien, bois de soutènement, ma- lum (caput). Cfr. épitre de epistula, apôtre do
driers pour soulever un poids, it. cantiere, apostolus. — « Capitulum, locus in quen;
port, canteiro. C'est ce dernier qui peut se convcniunt monachi et canonici, sic dictum,
rapporter a\i L. canterius, auquel on con- inquit Papias, quod capitula ibi leguutur. »
naît des acceptions analogues : chevron, sou- On disait aller au chapitre, comme on dit
tien. aller au catéchisme. Cela fait que chapitre^
CHANTIGNOLE semble être une forme di- dénomination de lieu de réunion, est devenu
minutive de chantier, bois de soutènement, synonyme d'assemblée ou corps des moines et
chose aplatie, brique plate ; ou dérive-t-il du chanoines. — D. chapitrer, réprimander en
vfr. cant, côté, bord? plein chapitre, cp. l'ail, capitcln, einem dos
CHANTOURNER, composé de chant = capiti'l Irscn.
cant', coin, bord, et de tourner (cp. chan- CHAPON, it. capone, esp. capon, ail. Aa-»
taille, s'emploie pour tailleur de bois ou char- forme affaiblie de vfr. charaude, aussi cha-
pentier. —
Ménage fait venir chapeler de raute, qui signifie charme, sortilège, et qui
scapellare, dérivé fictif de scalpellum; c'est accuse le type caracta (voy. Raynouard) ^^
un peu Mieux vaudrait, s'il fallait
hardi. ït.'jip'xy.Ttip, signe, marque, et part. « schedula
chercher ailleurs que dans le domaine latin, magicis notis seu litteris exarata n. A côté
invoquer dans le domaine germanique angl, de charaute, l'anc. langue offre encore cha'
chap, ni. happen et ail. kappen, fendre, cou- rait, qui répond à 'caractum, et charaie
per. — D. c/iapelure. (aussi charoie), qui reproduit BL. caragius.
CHAPELET, couronne de grains ou de La correspondance de lat. act avec fr. aut ou
fleurs, rosaire, voy. cape. ait (charaute et charait) ne fait pas doute. Il
CHAPELLE, voy. cape. — D. chapelain, n'est pas néces.saire de s'arrêter encore à la
BL. capellanus, ail. haplan; d'où chapel- production du sens actuel de charade sur la
lenie. base de la valeur « billet couvert de formules
CHAPERON, voy. cape. Nous laissons à magiques ». Telle est la substance d'un art,
d'autres le soin de vérifier l'origine de l'ex- de Fœrster, dans Ztschr., III, 263. Il m'y
pression « servir de chaperon » à une jeune reproche avec raison l'observation dont j'avais
personne. Chapero?i est-il pris fîg. p. abri, fait suivre l 'étymologie par charer " Il n'y a
:
protection? Je le pense: en allemand, hut si- donc guère lieu d'admettre quelque rapport
gnifie au masc. chapeau, au fém. garde, pro- entre charade et les BL. caragus, cararius,
tection. — D. chaperonner. caraula, carauda, sorcier, magicien, devi-^
.
cnA — 99 GHA
neur >», répudiant ainsi précisément les élé- bi'uit, désordre [hourvari, boulevari, etc.);
ments qui devaient m'éclairer dans l'élucida- quant au premier élément, il semble avoir
tion du mot charade. Qu'il me soit permis, été formé par assimilation au second, et l'on
pour me disculper, de faire remarquer qu'en suppose qu'il représente un mot signifiant
1872, je n'avais point encore rencontré Ib quelque ustensile de cuisine et sei'vant pour
forme charaute, et l'eussé-je connue, je n'au- la circonstance d'instrument de musique cfr. ;
rais, dans l'état de la phonétique d'alors, pas en vmWon pailtège =» charivari, dér. depaill,
osé assimiler charaute à caracta, ni charade c.-à.-d. poêle. Le sens étymologique de cha-
à charaute, La loi de la résolution de ak par rivari serait donc « bruit de poêlons » Aussi
.
de calandre (v. cm.) était le gr. /.«^aôpio;, BL. lège (cp. vfr. charmeresse, sorcière); it. carme,
caradrius. r —
Le primitif immédiat du fr. chant, poésie; du L. carmen. —D. charmer,
charançon est fourni par le prov. carence [lÀv. BL. carminare ; adj. charmant.
de Sydrac malas bestias, escorpios, caren-
: 2. CHARME, arbre (Berry charne, Hainaut
ces). carne), da L. carpinus, it. carpino, esp.
CHARBON, L. carbonem. D. charbon- — carpe. — D. channoie, charmlle.
ner, charbonneux, charbonnée =- carbon- CHARNEL, CHARNIER, CHARNU, CHAR-
nade (v. c. m.); charbonnier, L. carbonarius. NURB, voy. chair.
CHARBOUILLER, gâter (en parlant de la CHARNIÈRE, répond au type latin cardi-
nielle des blés), dér. du subst. carbouille, = naria, du L. cardo, gén. cardinis, qui signi-
L. "carbucula, fém. de carbuculus carbun- = fiait gond, pivot, poutres emboîtées, cavité,
cidus, charbon brouisseur. —
En lat., carbun- entaille, rainure. —
D. encharner.
cuîare a le sens neutre « être atteint du CHAROGNE, pic. carone, it. carogna, prov.
charbon ". caronha (esp. carono, pourri), anc. angl. ca-
CHARCUTIER, dér. de char (chair) cuite. royne, n. angl. carrion, d'un type lat. caronea,
— D. charcuter, charcuterie. formé de caro, chair.
CHARDON, du L.
esp., prov. cardon, dér. CHARPENTIER, angl. carpenter, it. car-
carduus. L'it., ont directe-
l'esp. et le port, pentiero, du L. carpentarius. Le mot latin
ment tiré de cardus (p. carduus) la forme signifiait charron, carrossier (de carpentum,
cardo. —
D. chaï'donnette, artichaut sauvage; voiture); le sens s'est peu à peu élargi en celui
chardonjief ou chardomieret (cp. l'ail, distel- de « faber lignarius » en général. —
D. char-
fink, litt. linotte de chardon); échardonner. penter, charpente, charpenterie.
Composé avec ex, le L. cardus a produit it. CHARPIE (BL. carpia), subst. participial du
scardo, d'où le fr. écharde. verbe ancien charpir (comp. escharpir, des-
CHARGER,voy. char. —
D. charge; com- charpir), qui représente le L. carpere, arra-
posés décharger (L. discaricare); surcharger
: cher, effiler, effilocher. L'it. carpire signifie
CHARIOT, aussi charriot, dér. de char. accrocher, déchirer, puis rafler, enlever.
CHARITÉ, L. caritatetn, affection, amour. 1. CHARRÉE, cendre lessivée. Joret, retenu
— D. charitable ; le suffixe able, générale- par l'initiale ch, rejette le type cinerata et
ment appliqué à des verbes, se rencontre par- postule un radical car; il ramène donc le mot
fois joint à des substantifs, p. ex. équitable, au lat. du moyen âge carrata, charretée (vfr.
véritable, vfr. amistable. charée). Quant au rapport des sens, il ne sait
CHARIVARI, vfr. caribari, chalivali, BL. pas l'établir nettement; « tout ce que l'on en-
charivarivjn, chalvaricurn, pic. queriboiry, trevoit, c'est que cette cendre étant un engrais
dauph. chanavari, prov. mod. taribari. On a précieux que l'on recueille avec soin et que
fait des dissertations sur l'origine de ces mots, l'on exporte même de province en province, on
et l'on trouvera dans « Phillips, ûber die a pu lui donner un nom emprunté à la ma-
Katzenmusiken (1849j » une riche collection nière dont on la transportait » (Rom. VI. 595).
,
—
,
de termes analogues dans les diverses lan- Tobler, de son côté, n'approuve pas plus
gues et dialectes. Charivari est évidemment cette explication que celle par cinerata. Les
un composé l'élément vari se retrouve dans
; formes prov. chairel, cheirel et surtout chadro
une foule d'expressions populaires marquant lui paraissent indiquer un thème catr, cadr.
. .
CHARRÉE, larve d'insecte qui sert d'ap- cœcutiolus. Le sens, pas plus que la lettre,
2.
pât, vient, d'après Joret, de lat. carnata (op.
ne favorise cette opinion. D. chassieux. —
l'équivalent esp. carnada, même sens), avec
— L'anc. langue avait le verbe chassier, êti'o
assimilation de n à r. Tobler le rattache — chassieux; peut-être a-t-il précédé chassie.
de préférence au mha. kerder, hedcr, nha. CHÂSSIS, voy. châsse.
hôdcr, appât. CHASTE, L. castus. —
D. chasteté, vfr.
CHARRETTE, it, carretta, esp. carrela, chasteé, chaste, L. castitatem.
angl. cart, dimin. de carrus, char. D. — CHASUBLE correspond étymologiquement
charretier, charretée, charreton ou charton. à casipola, casupola, quoique ces derniers
it.
CHARRIER, voy. char. signifient petite hutte. Une autre forme fran-
CHARRON, dér. de char. çaise était casule, quirépond au casulla des
CHAROYER, voy. char. — D. charroi. Espagnols (ail. casel), lequel à son tour est p.
CHARRUE, pic. qiœrue, prov. carruga, du casupla, casubla it. =
casiîpola (Storm,
L. carruca (carrus). Rom., V, 174). Flechia voit dans ca5?)3i</a un
CHARTE, variété de carte (v. c. m.). La — dérivé de casa au moyen du suffixe dim.
forme chartre (angl. charter) répond au pula ; Paris incline à croire que le mot ita-
dimin chartida (cp. xîv.glandre àeglandula). lien n'est pas du fonds latin. Pour le rap- —
— D. chartrier = cartularium. port d'idée entre hutte et manteau, cp. le mot
1 CHARTRE, voy. charte. cappa (fr. cap et chape), qui se trouve dans le
2. CHARTRE, prison, p. charcre, it. car- vieux esp. et le milanais avec le sens do hutte.
cere, esp. cai'cel, du L. carcer, gén. carceris. Voy. aussi casaque. —
D. chasubUer.
— De l'acception prison s'était déduite celle CHAT, prov. coi, esp. gato, it. gcdto; co
de langueur, dépérissement; c'est
tristesse, mot, répandu dans les idiomes germaniques
ainsi qu'en Champagne, un enfant charcreux et celtiques, ne parait que tard en latin (chez
signifie un enfant chétif. Comparez le rap- Palladius) il doit cependant avoir existé dans
port logique qui existe entre chétif et cap-
;
la langue vulgaire. —
D. chatte, chaton;
tif, tous les deux de captivus. chattcr ; chatoyer; chatouiller []) (v. c. m.).
CHAS, trou d'une aiguille, paraît être la
CHATAIGNE, it. castagna, prov. castanha,
forme masculine de châsse, ce qui enserre,
du L. castanea (gv. axjzkjxïkov xiouov, noix do
enclôt (v. c. m.). Dans l'anc. langue on trouve
Castana). Ane. angl. chesteyne, chesten, d'où
la forme fém. chasse.
lo composé actuel chest-nut ; mha. hestene,
CHASSE, subst. verbal de chasser.
nha. kastanie. —
D. adj. châtain; châtai-
CHASSE circonflexe n'a pas de raison
(le gnier, -craie.
d'être), du L. capsa. C'est donc une variété
des mots caisse et casse. D. châssis, en- — CHATEAU,
de castrutn).
chastel
— D. châtelet
', L. castellum (dimin.
; châtelain, L. cas-
châsser (it. incassare).
tellanus; châtellenie.
CHASSER, vfr. cachier, chacier, it. cac-
esp., port, casar, vieux esp cabzar,
CHAT-HUANT, anc. orthographié chahiian,
ciare,
est probablement une transformation, opérée
prov. cassar. On a beaucoup conjecturé sur
par Tétymologio populaire, du mot chouan,
la provenance de ces mots, mais aucune de
quoiqu'on rencontre le simple mot huant (pr.
ces conjectures ne peut convenir à la science,
cheant) p. ex. dans la phrase suivante de
si Ménage, qui propose crtp-
ce n'est celle de
Birter, aux grands pieds « les leus oy uUer et
Seulement, il faut poser, comme l'origi-
tare.
nal de chasser, non pas la forme captare,
li huans hua ».
A
—
Voy. sous chouette.
mais la modification captiare (formée du part. CHATIER, vfr. chastier, castoier, chastoier,
captus, comme BL. suctiare, de suctus, d'où angl. chastise, ail. casteien, du L. castigare
sucer, conciare p. corntiare, de comptas, per- (i"ac. castus; cp. purgare (iapurus). D. châ- —
tugiare. p. pertusiare, àepertusus, etc.). C'est timent (vfr. chasti, chastoi),), castoiement.
évidemment de captiare que procèdent chas- 1 CHATON, petit chat (et terme de bota-
ser et les autres formes romanes citées. Les nique), dimin. de chat. — D. chatonner.
Latins déjà disaient captare feras, et dans 2. CHATON, d'une bague qui ren-
partie
un vieux glossaire on trouve « £r>jo5ur/5;, cap- ferme la pierre précieuse, vfr. castan, chas-
tator, venator » Du fr. chasser (dialecte rou-
. ton, it. castone; selon Diez, p. casseton,
chi aussi cacher) viennent les deux verbes dimin. de cassette, dim. de caisse (L. capsa) ;
anglais catch et chose. —
D. chasse (BL. cap- selon moi, plutôt de l'ail, kasten, caisse,
tia, diplôme de 11G2), chasseur; composé employé également pour chaton. D. encha- —
pourchasser d'après l'analogie àa poursuivre.
, tonner, en esp. engastonar, engastar.
CHASSIE, étymologie inconnue. L"it. dit CHATOUILLER, vfr. catiller, catouiller.
pour cacca d'occhj, ordure d'yeux ;
cliassie Diez tire ce mot du L. catulire, être en cha-
chassie pourrait donc venir d'une forme déri- leur (dérivé de catula. chienne), lequel se
vative caccia. —
Grandgagnage suppose un serait converti en catuliare, comme camhire
rapport entre chassie et caseus, fromage, et en cambiare changer), et qui, par ce
(voy.
cite l'expression allemande augenbutter, changement même, aurait pris la significa
beurre des yeux. —
Littré pense à L. cœcutia, tion factitive faire éprouver, donner ce fré-
:
vue faible, en expliquant l'esp. cegajoso (chas- missement des sens, cette sensation que nous
sieux) par cœcaliosus et le vfr. chaceuol paï appelons chatouillement. Cette étymologie est
GIIA 101 CIIÉ
difficile à vérifier, en présence de tant de à chaux ; chaussée est une route faite aveo
formes approchantes et cependant variées des pierres calcaires broyées. D'autres (ainsi
dans les différents dialectes gcrmaniqixes et Ducange, Littré, Ronsch) interprètent cal-
romans; nous n'en citerons qu'un petit nom- ciata par « la foulée » en le ramenant à un
,
tichle); néerl. kittelen; suéd. kittla. Partou pour le talon «ou « trape pour celui qui
un thème kat, kut, ket ou hit. Qui sait si le marche dessus » l'élément chausse s'accorde
;
L. titiUare n'est pas aussi une altération pour la lettre avec le type calcitrepa, tandis
euphonique de hitillare? — Ascoli (Arch. que l'anc. forme concurrente chauche-trape
glott.,11, 322) ramène aussi toutes formes les s'accorde mieux avec calcatrepa. Comme sen»,
en question à catus, chat ; dans notre cas, par cp. les expressions aW.fuss-angel, fuss-eisen.
l'intermédiaire d'un dérivé catuculus. D. — — Le même composé français s'applique à la
chatouilleux. plante dite autrement chardon étoile il tra- ;
CHATOYER, changer de couleur, avoir des duit dans les glossaires du moyen âge le lat.
reflets comme l'œil du chat ; dér. de chat. — saliunca, au sujet duquel Jean de Gênes dit :
Dans le Bcrry, le mot signifie : flatter, cares- « Est lierba spino.sa, a salin, quod eam cal-
ser (cp. l'ail, hàtzeln). cantes facit salire et vulgo dicitur calca
crêpa, quod calcantcs facit crepare? » Il est
CHÂTRER. L. castrare.
probable que cette forme calcacrepa, qui se
CHATTEMITE. du L. cata ynitis, douce
chatte. — D. chattemitterie, fausse caresse.
voit en effet souvent dans
moyen âge, à côté de
les glossaires
calcatrepa,
du
-tripa,
CHAUCHER, autre forme de caucher (v.
-tripjpa, est l'effetde la confusion graphique
cauchemar) et de cocher ; elle s'est conservée
de c et t. Le Glossaire
et le Catholicon de
dans cliauche-branche, 1 levier (branche qui .
chaumer, couper le chaume; chaumière et chouer)\ pr. agiter les oreilles soit en les dres-
chaumine, petite maison couverte de chaume ; sant, soit en les abaissant; d'après Littré,
déchaumer. pi'ob. de choe (voy. chouette), à cause de ce
CHAUSSE, vfr. cauche, it. calzo, colza, mouvement des plumes particulier à la
esp. calza, prov. calsa, caussa, du L. cal- chouette, qui figure des oreilles comme celles
ceus, soulier. Ménage s'est étrangement four- du chat.
voyé en songeant au L. caliga. D. chaus- — CHAUX, prov. calz,caus, esp. cal, it. calce,
son., it. calzone (de ce dernier fr. caleçon), du L. calx, m. s.
chaussette, chaussetier, chaussure, chausser, CHAVIRER, prob. pour cap-virer, tourner
L. calcearc. cps. déchausser. la tête en bas; cp. le terme analogue it. capo-
CHAUSSÉE, vfr. cauc///(?,cauCTe, esp., port. volgere.
calzada, prov. caussada (:lam. hautsije,kaus- CHÉBEO, it. sciabecco, stambocco, zambecco,
sijde, kassije), correspond à un participe esp. xabeque, port. cJtaveco, esp. de vaisseau de
latin calciata (s. e. via), dér. de calx, pierre mer. L'ét. est controversée entre l'arabe cho'
CIIE 102 — ciii::
beca, filet, anc. forme sounbcki, et l'ail. Stein- étoffe de lin. — D. chemisette; voy. aussi ca-
vaincre, qu'à comparer les mots fr. tour (de chainille chenille, à cause de la strticture de
promenade), it. tjirare, courir çà et là, circu- cet animal. —
2. L. eruca (dienille), d'où
ler, ail. wandern, wandeJn, du icoiden, tour- erucana, erucanilla, canilla, chenille; c'est,
ner. Aussi le cymr. oifrc-t il les subst. cam, comme on le devine, une conjecture de Ménage.
pas, et caman chemin. Quant à la forme par-
, —
3. Canicula, petit chien. On peut alléguer,
ticipiale cheminée, elle répond au BL. cam,i- pour la dernière, l'expression milanaise can ou
nata (champ, caminade), =
chambre pourvue cagnon (pr. chien) =
ver à .soie. Les Lom-
d'un foyer (L. caminus, gr. x.à/xiv5;). Puis le bards di.sent pour chouWo patt a, (/attola, ce
sens de chambre à foyer s'est restreint à celui qui signifie proprement ])etit chat; les Por-
de foyer; cest ainsi que le mot étuve signifiait tugais, lagarta =
lézard les Anglais, Cater-
;
d'abord chambre à étuve avant de signifier pillar, mot dont on n'a i)as encore su établir
étuve il en est de même de poêle, pr. cham-
; l'origine; en France, on trouve aus.si l'exprès-,
bre à chauffer. —
D. de chemin cheminer, -. sion chate peleuse ou pelue (tn Normandie,
aclieminer.^ carpleuse). —
D. écheniller.
CHEMINÉE, angl. chimneij, voy. chemin. CHENU, j)rov. canut, it. canuto, du L. ca-
CHEMISE, it.cam?«a,ca»n'A-c/a, esp., port ,
7iuf l' s (di'T. (\g ca)nis).
prov. camisa, du BL. camisa, camisia. dont est le même mot, .sous forme vul-
CHEPTEL
on trouve la première trace dans saint Jérôme. gaire, que capital; on trouve aussi cheptal;
Abandonnant l'étymologie vha. harnidi, he- par Télision du p on obtient la forme chatel,
midi, ail. d'aujourd'hui /(cmrf = chemise, Diez auj. catel. Le sens fondamental de tous ces
prétend que camisia doit provenir d'un primi- mots est bien, surtout bien mobilier. L'angl.
tif cam?'^". Or, il trouve ce primitif dans le vieux catfle et le genevois chtidal ont rétréci cette
gaél. caimis (gén. caimse) =
chemise, cymr. signification, et ne s'emploient plus que dans
camse, long vêtement, ainsi que dans l'arabe le sens de bétail.
qamiç, vêtement de dessous; toutefois, il ré- CHÈQUE, t. de commerce, mot d'importa-
{= mine) à qqn, s'e.st dégagé le sens accueil, CHEVILLE, it. cavicchia, caviglia, port.,
réception, et enfin manière de traiter, de prov. cavilha; du L. clavicula [clavicla, puis
recevoir les amis, dépense pour la mangeaille cavicla, lepremier l ayant été élidé par eupho-
(angl. cheer). Le subst. chère, anc. care, tête, nie comme dans foible p. floible). La langue
correspond à l'esp., port., prov. cara, visage, savante a repris le même clavicula pour en
figure. Le mot cara se rencontre déjà dans faire clavicule. —
G. Paris (Rom. V, 382),
Corippus, poète latin du vi® siècle. On le fait rejette l'étymon clavicula en faveur de capi-
venir du grec zàpvj, tête, visage, mais on sus- tula (petite tête), devenu capit'la, capicla,
pecte avec raison cette étymologie, parce que cheville. Je ne vois pas pourquoi il faudrait
l'italien, celle des langues néo-latines qui a strictement abandonner clavicula. D. che- —
reçu le plus de mots grecs, ne présente pas la villette, cheviller.
forme cara, mais celle de cera, introduite du CHEVIOT, mouton des monts Cheviots, en
français selon toute vraisemblance. En BL. Ecosse de là cheviote, laine d'agneau d'Ecosse
;
capitium de l'église est ce que l'on nommait la formule complète in casa ou a casa; l'es-
autrefois le chevet de l'église. Radical caput. pagnol de même. L'étymologic de chez fait
CHEVELU, voy. cheveu, comprendre la combinaison de chez mon père.
CHEVER, creuser, t. darts et métiers, est La prép. lez s'est, de la môme manière, pro-
la bonne forme française p. caver. duite du subst. latus, côté. Cp.le wallon amon,
CHEVET, dim.
àcchef{v. cm.). Les Italiens chez, de mon, contraction de mohon, maison.
et les le même sens
Espagnols disent dans Cette étymologie, universellement reçue, ne
capezzale, cabcçal (comme chevet, du L. ca- fait pas doute chez est virtuellement
;
casa; =
put). mais comment se rendre compte de la forme?
CHEVETRE, vfr. quevestre, chevoistre, licou, Pourquoi le mot latin a-t-il perdu sa finale,
it. capestro, esp. cabestro, prov. cabestre, du L. de manière que le radical cas a pu se
capistrum, muselière. La signification archi- franciser par chez, comme nasus par nez.
CHI — lOi — CHI
rasiis par rcs ? Et encore, pourquoi l'ancienne {=> lat. cadit do cadere). — D. chienne^,
langue, qui n'aurait jamais toléré une forme chienner; v. aussi le mot suiv.
diphtonguéc niés, ries p. nés, res, em- CHIENDENT ; expression incompréhonsi^
ployait-elle de préférence chies ? Cette question ble; l'ail, hundsgras se comprend (hunds'
a été pour la première fois étudiée par zahn est imité du français), de même l'angl.
M. Cornu (Rom., XI, 82); il conclut à attri- dogsgrass, couchgrass (herbe qui rampe),
buer la chute de l'rt de casa dans esp. en cas, mais que veut dire chiendent f Darmesteter
vfr. en chiés, nfr. chez au fait que le sub- juge que « ce doit être une création indivi-
stantif complément delà préposition, par son duelle de la Renaissance et prendre place à
accentuation plus forte et son contact immé- côté de foio'milion (Composés, p. 135.)
diat, réduisait la tonalité et la consistance du CHIER ; le vfr. a eschiter, qui est un mot
mot casa en un simple cas, fr. chiés', chez. d'origine germanique; vha. scizan (auj.
En esp. nous avons à la fois a caso et à cas, et scheissen), ni. schijten, ags. scitan (d'où angl.
c'est la comparaison des applications de ces shite). Est-il l'original du fr.c/iteï'/ c'est dou»
deux formes qui a pu faire arriver M. Cornu teux, mais toujours a-t-il, comme pense
à sa conclusion mais ce savant ne nous dit
; Diez, influencé ce dernier. Cacare lat. appelle
pas si, en français, il existe une trace d'une en fr. chayer; néanmoins il faut le considérer
forme en chese (ou cJiiesé) coexistant avec comme ayant donné chier, surtout en pré-
en chiés. Godefroy a de nombreux exemples sence du fréquent emploi, en vfr., du composé
de chiesedeu (= casa Dci, église); on se conchier, souiller =
L. con-cacare. D'ailleurs,
demande pourquoi \e s'est maintenu dans Cornu explique Vi du verbe fr. par les mêmes
ce composé, tandis qu'il a disparu dans en raisons qui ont transformé lat. jacentem en
chiés le rey. gisant c{jactare en prov. gitar.
CHICANE, voy. chiche. D. chicaner. — CHIFFE, dérivé chiffon. L'arabe chiff « ves^
1. CHICHE, peu abondant, parcimonieux. tis tcnuis et pellucida «, invoqué par Devic,
Ce mot, dont les dérivés sont : chiquet, chicot, j)arait trop éloigné pour un mot si usuel.
chicotcr, se rattache, ainsi que it. cica, baga- Grandgagnage identifiant chiffonner avec le
telle, it. cigolo et esp. chico, petit, exigu, wallon ca/oi<Y/>jz, même sign., ai chiffon avec
au L. ciccum, bagatelle. Comparez en grec cafou, chose sans valeur, recommande l'éty-
tifu-f.pài, petit, et i/xi/.rAvri;, avare. Chicane, qui, mologio néerl. haf, angl. chaff, balle de blé.
dit-on, signifiait d'abord une miette de pain, Diez préfère celle du vha. Att-a, siliquc, cosso^
estprobablement de la même famille le sens ;
Génin voit dans c^Z/^îj une variante do chippes,
se sera élargi en minutie, puis dispute pour rognures, et le rattache à l'angl. chip, couper
un rien, tracasserie; cp. les termes chicotcr, par morceaux ; la chifle serait ainsi de la
chipoter, vcliller (v. c. m.^, qui offrent des rognure —
D. chiffonner, chiffonniei'.
rapports d'idée analogues. Mahn rattache CHIFFRE, signe de nombre, écriture se«
chicane au basque chikia, chikcrra, petit. crête, it. cifra, cifera, écriture secrète,
Littré, appuyant sur la signification « ma- esp., port, cifi'a, signe de nombre, ail. ziffh\
nière déjouer au mail » et sur l'existence du chiflre. Primitivement, ce mot désignait un
bas-grec T^u/àvnv, jeu do mail, prend ce der- signe do nombre sans valeur déterminée, un
nier (= persan tschangan) pour l'origine du zéro, sens propre encore au va laque cifré; cp.
mot fr. et enchaîne ainsi les sens jeu de :
le Breviloquus cifra figura nihili, et la locu^
:
mail, action de disputer la partie, manœu- tion angl. amerecipher. L'FiUrope ayant tiré
vres processives, des Arabes le système niimérique des Indiens,
2. CHICHE, pois, it. cecci, esp. chicarn, le mot doit être arabe. Dans cette langue, on
prov. cezer, ail. kichcr; du L. cicer, d'où trouve les mots çafar, cifr, vide, cifron (comme
vient aussi le dérivé diminutif cicerole. subst.) =zéro(v. c. m.). Le nom, par exten-
sion, est devenu .synonyme de signe numéri-»
CHICORÉE, L. cichoreum
CHICOT, pr.
(xixà>piov).
primait d'abord l'art de tirer des sucs hors des d'une monnaie) de nez. Cette étymologie est
plantes, qui fut le point de départ de ce que sujette à caution. Le picard dit pikenote;
la science a désigné plus tard sous le nom de Rabelais chinque-naude.
chimie ou d'alchimie. Le souvenir du terme CHIQUER, voy. chique 2. D. subst. ver- —
Xri/jLla, terre de Cham ou d'Egypte, a peut- bal chique (de tabac).
être coutribué à continuer le mot chimie pour CHIQUET, petite parcelle, voy. chique 2.
exprimer l'art de faire de l'or,, que l'on savait — D. chiqiceter, déchiqueter. p,
être fort en estime chez les Egyptiens, et à CHIRAGRE, goutte aux mains, de yjurAypx
introduire dans les textes grecs la variante [x'Jp -\- xypy), cfr. podagre, goutte aux pieds.
yyiixùa., yriiJ.iy., aU lieU du mot primitif -/yy-lî^. Nous retrouvons encore l'élément chir ou
A l'appui de l'étymologie yyit-Qi, Malm cite le chiro, représentant le grec yûp, main, dans
sanscrit rasayana, chimie, alchimie, poison, les mots usuels suivants :
élixir de vie, composé de rasa, suc (aussi vif- 1. Chirographe, écrit de propre main,
argent), et de ayana, procédé, espèce, ma- d'où chirographaire.
nière. — D. chimique, chimiste. 2. Chiromancie, divination (u«vtsta) par
CHINA, voy. qiiinquina. l'inspection de la main.
CHINCHILLA, mot esp., litt. animal puant, 3. Chirurgie, gr. yix.po\>p-jl'x, litt. opération
de l'esp. cliinche, punaise (L. cimex). avec la main. —
D. chirurgien, vfr. sirur-
CHINER, de Chine; chiner, c'est donner à gien, surgien (angl. surgeon).
une étotfe des couleurs ou des dessins à la CHLORE, CHLORATE, CHLORIQUE, CHLO-
manière chinoise. RURE, termes savants tirés du grec ylojpoi,
CHIOURME, it. ciurma, sicilien chiurma, vert clair, pâle.
esp., port,chusma, génois ciusnta. Diez, CHLOROFORME est forgé avec les éléments
partant de la forme espagnole, dérive -ces chlore et forme, abstrait du t. de chimie for-
mots de xîJ.suî/ax, commandement, devenu suc- m,ique (de h. formica, fourmi).
cessivement cleusma, chusma (cp. chamar de CHLOROSE, gr. yU^pot'jii (de yh^pd;, pâle.)
clamare). Le mot désignait d'abord le com-
mandement de l'inspecteur des rameurs et
— D. cldorotique.
CHOC, voy. choquer.
a fini par être employé pour l'ensemble d'un CHOCOLAT, ane. chocolaté, it. cioccoïata,
équipage placé sous un même commande- esp. chocolaté. Le nom de cette substance est
ment. L'étymologie turma est fautive; le le mexic. chocolattl. Nous ne trouvons, quant
turc tcheurmé =
chiourme est sans doute un à sa composition, pas d'autres renseignements
emprunt fait au roman. que ce qui suit 1 « Du mexicain choco, bruit,
: .
CHIPER, voler, dérober une chose de peu et lattle, eau ; les Mexicains préparaient le
de valeur, de chipé', lambeau, chose de mince chocolat en le faisant mousser dans de l'eau
valeur (voy. chiffe). « Les couturières ap- chaude. " (Bescherelle) ; 2. «Du mex. choco,
pellent chippes ce qu'elles volent à leurs pra- cacao, et lattle, eau. (Dochez.) Nous lais-
••
tiques. " (De l'Aulnaye). Ce chijje correspond sons à ces auteurs la responsabilité de ces
à angl. cJii]), copeau. assertions, que nous ne sommes pas à même
CHIPIE, terme populaire, d'origine incer-
de vérifier.
taine. On rapprochede ce mot le subst. vfr. CHŒUR, L. chorus {yopà-). Ce mot a fini
cJiipoe, grimace, mauvaise mine. Dans le pa- par signifier aussi la " place où se tient le -t
tois norm., chiper signifie crier; serait-ce le chœur, et par désigner une des divisions prin- .
cette conjecture, serait une chique nasaiide. ancienne forme du mot est choiner et non pas
Génin cite à l'appui l'expression allemande chaumer; il préfère donc le celtique brct. :
«as<?HS^i«&c>' = chiquenaude, litt. stiibcr [nom choum, s'arrêter, cesser, gaél. cum, arrêter.
CHO i06 — CIC
comme le BL. causa, les deux significations CHRYSOLITHE, gr. youioU^'i;, pierre d'or.
de caitsc et de chose. CHUCHOTER, autrefois chucheter, aussi
CHOU, vfr. choV (plus souvent le dim. chuchiller, prov. chuchutare, esp. cuchear,
cholct), it. cavolo, esp. col, prov. caul, ail. cuchuchear ; mots imitant le chuchu que l'on
kohl, du L. caulis, colis (xau>o;), tige, chou. entend quand on est près de deux pci*sonnes
CHOUC, choucas noir; du mha. chouch, qui se i)arlent à l'oreille. Ce sont des onoma-
hibou (voy. chouette). —
D. choucas (prov. topées, de même que les équivalents lat.
caucala). susuD'are, angl. whisper, it. cicciorare,
CHOUCROUTE, corruption de l'ail, saiier- basque chuchurlatu.
kraut (composé de sauer, aigre, et kraut, CHUT, onomatopée. Cp. it. sitto, esp. chito.
herbe); l'élément chou s'est facilement sub- — 1). chuter, crier chut.
stitué ù sauer (prononcé soùr par les Suis.ses), CHUTE, voy. choir. —
D. chuter, faire
le tout désignant une espèce de chou. chute.
CHOUETTE (wallon chawette), dér. do vfr. CHYLE, gr. yxjU-,, suc.—D chylifier.
choc, pic. cave, prov. eau, chau. Autre dérivé CHYME, — D.
çhymi/ier.
gr. yy^ô;, suc.
du même mot pic. cawan, Anjou chouan,
: Les formes vfr. iqui,equi, it. qui, esp.,
CI.
Berry chavant, \wov chauana ; bret. kaouan,
. prov. a^Mi viennent du L.eccuhic, tandis que
BL. cavannus (v^ siècle). Le jnot chat-huant it. ci, pi'ov. aici, aissi, cat. assi, fr. ici et ci,
n'est probablement qu'une transformation accusent une provenance de ecce hic, contracté
populaire pour chaûan. Le primitif choe doit en eccic. Cfr. ça.
être identique avec le mba. chouch, hibou CIBLE, anc. cibe; du vha. sciba, auj,
(angl. chouf/h, chouette); cp. néerl. kauw, scheibe, m. s. (angl. shivc, ni. schyfj. La
corneille. Voy. aus.si chouc. On rencontre lettre dans cible est euphonique.
/
aussi, pour chouette, la forme dérivative CIBOIRE, vase consaci'é aux saintes hosties,
chei:éche, cJiavèche. L. ciboriuyn (/lôcj^jnv). —
On trouve sur une
CHOUQUET, bloc de bois, voy. choquer. épitiiplie gravée sur cuivre dans l'église de
CHOYER, traiter soigneu-sement (hommes Jollain-Merlin, à une lieue et demie de Tour-
on choses), ménager, « contregarder » (Nicot). nai «
: Le chiboule pour mettre corpus
Deux opinions méritent attention. Bugge Christi. n Ailleurs chyboille.
(Rom., III, 146), mettant en parallèle vfr. CIBOULE, vfr. civolle, it. cipolla, esp.
suer, chuer, caresser, flatter (xiii^ s.), it. ce&o//rt,' angl. chibbol, ail. zwiebel, du L.
soiare, flatter, propose le goth. suthjon, cha- cœpulla, dim. de cœpa, oignon v. cive). —
touiller. Cette et. laisse des doutes, tant pour D. ciboulette.
la lettre que pour le sens. Havet iib. 331, CICATRICE, L. cicdtrix. D. cicatriser. —
note) part d'un type caucare cavicare (de = CICEROLE, voy. chiche.
cavere, ; il invoque le normand couayer CICÉRONE, mnt italien, tiré du nom de
(Guernescy), ménager, épargner; « couayer Cicéron, le grand orateur, à cause de la
le feu ", prendre garde au danger du feu. — loquacité de ces gens.
,
cm 107 — cis
{lUtpa), gâté en cicera, d'où cidra (cp. ladre nha. 2immt, cannelle.
de Lazarus). CINQ, L. quinque. —
D. cinquidne. —
CIEL, L. cœlum. Quinquaginta, chiquante. D. cinquantième,
CIERGE, prov. ciri, du L. cereiis prononcé -aine.
•cerius (de cera, cire). CINTRE, CINTRER, voy. ceitidre. Nous
CIGALE, it., pr., cat. cigala, *esp. cigarra, ajouterons ici que les formes- parallèles it.
"du L. dcada. Pour d l, comp. it. caluco = centina, centinare, qui paraissent plus an-
pour caduco, ellera (lierre) do hedera. Je — ciennes, jettent de l'incertitude sur l'étymolo-
n'admets pas, avec Bracliet, dans cigale une gie cincturare.
Xîontraction de L. cicadnla. CIPPE, L. dppiis, voy. cep.
CI&ARE, de l'esp. cigarro, qui vient de CIRCON-, forme que prend en français la
cigarra, cigale, soit par une vague compa- prép. lat. circum, autour, dans les composi-
raison de forme avec le corps d'une cigale, tions ne se rencontre que dans des composi-
;
soit par l'intermédiaire du verbe esp. cigarrar, tions déjà latines nous ne connaissons comme
—
;
ler, orthographié plus tard dessiller, it. disci- duction littérale du gr. jzirA^py.'^iç, ; cp. l'ail.
gliare. umscltrcihung, employé dans le même sens.
CILICE, L. cilicium (zJtzicv), étoffe de poil CIRCONSCRIRE, L. drciimscr ibère, tracer
de chèvre (de Cilicie). les limites autour d'un espace; circonscription,
CIME, it., esp., prov. cima, du L. cynia L. circumscriptio.
(xû/^y), pousse, pr. la partie la plus élevée d'un CIRCONSPECT, L. circumspectus (circum-
végétal. Cfr. it. vetta, qui signifie à la fois spicere, regarder de tous côtéspar prudence);
rejeton etsommet. —
D. cimier, ornement cp. en ail. le terme analogue umsichtig. —
qui surmonte la cime d'un casque, li.cimiero, D. circonspection, L. circumspectio.
esp. dînera. CIRCONSTANCE, L. circumstantia, traduc-
CIMENT, angl. cernent, du L. cœmentuin tion exacte du gr. Trî^fîT^^i;, litt. état autour
moellon
(csedere), ; il faut d'après cette étym. d'une chose, l'accompagnant; cfr. l'ail, um-
supposer à ciment le sons propre petits mor- : stand. —
D. drconstancier circonstanciel.
,
(Pîante), petit instrument à couper; ce voca- le terme clarisonus)\ éclairer, éclaircir (v.
ble aura été altéré en sidIiccJIi<s, scilceUus, ces mots). Composé claiitoyant ; claire-voie,
:
d'où les divei-ses formes romanes citées. — D. anc. clairvoie (do voir ou de voie?) clairsemé, ;
(v. c. m),
concitoyen. hlenimen, serrer, pi'csser).
CITER. L. ci tare; suhst. citation, h.citatio. CLANDESTIN, L. clandestinus (rac clam).
CITÉRIEUR, L. citerior (de citra, en deçà). CLAPET, petite soupape, ail. hlappe = cla«
CITERNE, L. cistenia. D. citemeau. — pet, valvule, languette (cfr. hlappen, Map"
CITHARE, L. cithara {x^xpo^), ail. nther. pern, faire du bruit, claquer, cliqueter),
Voy. aussi guitare. BL. clappa, trappe.
CITOYEN, vfr. citicn, citeen, prov. ciptadan, CLAPIER, dérivé du prov. clap, tas do
d'un type cimtadaniis (do civitais) ; cp. mi- pierres (d'où aclapar, entasser), BL. clapits,
toyen =
mitadanus, dér. de prov. mitad, fr acervus lapidum, hara cunirularia ; les ga»
moitié. rennes étaient formées d'abord au moyen do
CITRON, dér. du L. citrus (citronnier), d'où pierres superposées de manière à ménager dea
aussi citrin, -ique, -ate, et citrouille (v. c. m.). trous de retraite. Quant à clapv.s, les uns le
— D. citronnier. rapjwrtent au cymr. claj), clamp, masse, d'au-
CITROUILLE, parun ty\^c ritrucula (p. citri- tres au nord, hlaupp, roc.
cula), du L. citrus, citron, à cau.se de la cou- CLAPIR (dit du cri des lapins), de la même
leur. famille que clabaud, clajx>tcr.
CIVE, L. cœpa, oignon. — D. civet, anc. CLAPIR (SE), .se cacher, selon Diez, du L.
civé, pr. ragoût dans lequel il entre des cives; se clepcre, se dérober selon d'autres, le terme
;
maladie des bêtes à laine, dér. de clavus, CLINQUANT, lorr. clinclant, prov. mod.
clou (la pustule étant comparée à un clou) clinca)i, soit de
l'onomatopée allemande
de là clavelée. —
D'autres placent le nom de
;
CLEPSYDRE, it. clessidra, du L. clcpsydra nord, hlucka, vha. clocca (ix" siècle) et glocca
m. s.
(^/lii'jù'.y). (ail. mod. gloche, angl. dock), ou les mots
CLERC, L. clcricus (/.)./; îi/.î',-), de clerus celtiques, irl. clog, cymr. cloch, sont les ori-
[/.Irto-ji), clergé; pr. appartenant ou aspirant à ginaux ou des reproductions du mot roman.
l'état e('clésiasti({ue,puis homme lettré, enfin On a donc proposé, pour ce dernier, diverses
homme do plume, greffier, commis, apprenti étymologies, telles que verbe fr. clocher (v.
:
(de là la locution ^xti- de clerc De clerc pro- . c. m.) à cause du balancement de la cloche,
cède le vieux mot clergie, condition de clerc, — ags. doccan, angl. cluck, glousser (cp,
doctrine, science. —
Le latin clericus a pro- classer , —
vha. klochôn, frapper, vha. —
duit subst. clericatus, d'où fr. clergé, corps hloppen, frapper, romanisé en cloppicare,
des clercs —
clericatura, fr. clericature
; ;
— d'où clocher. La dernière conjecture se re-
clericalis, fr. clérical. commande le plus à cause de l'existence du
CLERGÉ, voy. clerc. valaquc dépôt =
cloche. Cp. aussi ail. hlop-
CLÉRICAL, CLÉaiCATURE, voy. clerc. pel, battant de cloche. —
D. clocher, BL.
CLICHER, variété de cliquer; cp. en alle- clocarium clochette, clocheton,
;
d'un cheval, qui s'est détaché et qui clapote CLYSOIR, du gr. xXû^tv, laver, qui est le
primitif aussi do xXuTTvi,*, pr. le nettoyeur,,
contre la terre, ou bien de l'effet de la clau-
dication, qui est de se heurter, de trébucher.
d'où fr. dystère. Du même x).û^!tv vient clyso^
— Cps. à clœhe-pied. pompe (pompe à laver).
CLOISON, du L. clausio cîosio, fermeture CLYSTÉRE, voy. l'art, préc.
(de claudere). Cp. poison de potio. D. cloi- — CO-, CON- (par assimilation devant les la-
biales con, devant 1, col, devant r, cor; de-
sonnage.
vant des voyelles co). Ce préfixe latin repré-
CLOÎTRE, angl. cloister, ail. kJoster, du L,
sente, comme on sait, la préposition cum,
claustrum, barrière, clôture. — D. cloîtrer.
avec. Nous n'avons pas à exposer ici les modi-
CLOPIN-CLOPANT, terme familier. Cette
fications de sens qu'il conférait en latin au
expression, comme le verbe ancien doper et primitif; les langues romanes ne s'en sont
son dérivé clopiner, tire son origine d'un guère servies comme élément de composition.
ancien adj. clop, boiteux, BL. cloppus (Lex On ne le rencontre, à peu d'exceptions près,
Alam.). Ce cloppus, à moins que l'on n'ap- que dans des vocables formés d'après un pré-
prouve l'étymologie aventureuse claudipes ou cédent latin. Quelquefois les composés latins
clodipes (de claudus et pes), ou bien celle du en question, en se romanisant, se détériorent
grec y^uioi7:o\j;, perclus du pied, doit provenir au point de ne plus laisser reconnaître la
du germanique hloppen, frapper (voy. clocher). particule latine, ainsi dans cailler, couvrir,
— De clop : l'adj. éclopé, boiteux, estropié.
coudre, coucher, cueillir, etc. Dans les cas
CLOPORTE, mot altéré de claiispoi-que,^Ycai
rares où le roman se sert de la particule
clusilis, porc enfermé. Cette étymologie se pour créer des composés, elle exprime asso-
confirme par le rapprochement des noms ciation (p. ex. coaccusé, compagnon, cond-
donnés à ces insectes dans différents dialectes :
toyen, confrère, combattre), entourage (coU'
en 'L&wgneàoc pourcelets, en \ia.\\G porcellini, tourner), ou renforcement [controuvei'). —
porceletti, en Anjou et Bretagne trées (truies;, Nous omettons dans co livre les mots de
à Lyon et en Dauphiné kaïons (cochons), en façon nouvelle, qui s'expliquent d'eux mômes,
Champagne cochons de saint Antoine. Les comme coaccusé, cfindjutcur et sembl.
Grecs et nommaient des petits
les Latins les
COACTIF, COACTION (L. coactio), dérivés
ânes, gr. L. asellus, d'où \a\\.assel
à-jlrAOi, = du L. coactum, supin de cogère (p. coagere),
cloporte). Cseliu s Anrelius, cependant, emploie contraindre.
àé]kporccUio. —
Bugge (Rom., IV, 353), se COAGULER, du L. coag^lare, qui s'est in-
fondant sur le nom actuel de cloporte dans le troduit dans le fonds populaire de la langue
prov. mod., porquet-de-crota, suppose comme sous la forme cailler (v. c. m.). D. coagu- —
forme première crote-porque (porc de cave, de lation .
forme dausporque (xvii^ siècle) parait être coaliser (par un tvpe fictif coalitiarc).
une interprétation ; on trouve, au xvi® siècle,
COALISER, COALITION, voy. l'art, préc.
douporte, dooporte. COASSER, L. coaxare (de /oiÇ, onomato-
CLORE, clorre',du L. claudere, daud'rc. pée) .
Du part, passé dausus : fr clos, employé à la COBALT, de l'ail, kobalt, m. s., sur l'ori-
fois comme adj. (« à huis clos, porte close »j gine dn([uel voy. Grimm, s. v.
et comme subst. dans le sens de « espace COCAGNE, it. cuggagna, esp. cucana, v.
fermé ». De
là les dérivés closeau, closet, clo- angl. cohaygne, signifie proprement une es-
sette, doserie. —
Composés de clore : éclore pèce de pain ou do gâteau ; de là l'expression
(v. c. m.), enclore, déclore. — 3:lore el en- pays de cocagne, pays où tout abonde, pays de
clore sont étymologiquement identiques avec délices, et les autres applications de ce mot. Le
exclure et inclure et tirés, sous l'influence du primitif est le mot cat. coca, pic. couque, gâ-
primitif dore, des formes latines includcre, teau (du L. coquere, cuire), qui a également
excludere. —
L'anglais a tiré sa forme dose donné l'ail, huchen, gâteau. Le v. angl. co-
du fréq. clausare. haygne parait être le primitif du mot actuel
CLOSEAU, CLOSERIE, voy. dore. cokney (anc. coheney), enfant gâté. Le —
CLOSSER, variété de glousser (v. c. m.), mot cocagne, pain conique de pastel, vient
CLOTURE, dér. de L. claudere par un su- du L. caecum, kermès.
pin barbare daustum; l'anc. langue employait COCARDE, it. coccarda, angl. cochade,
plus souvent closure (de dausum). D. clô- — wall. cockcid, dérivé probablement de coq, à
turer. cause de la ressemblance avec la crête de cet
CLOU, do, vrall. clâ, prov. dau. esp.
vfr. animal. Anciennement, cependant, le mot no
davo, chiavo, du L. clavus.
it. —
D. clouer, désignait pas un insigne porté au chapeau,
esp. clavar, Bl. davare; douter, garnir de mais un bonnet porté coquettement .sur un
clous, p. doueter ; doutier (cp. feutier de feu). côté de la tête ; Rabelais bonnet à la co-
:
COG — m COG
COCASSE, étrange et ridicule, prob. dé- COCHER, anc. caucher, chaiicher, du L»
rivé de coq, comme coqicard, coquet. Jadis, on calcare, fouler, presser,
employait le mot pour coquille, mais, dans COCHET, dim. de coq.
cette acception, il est différent du nôtre et COCHEViS, alouette huppée, pic. coviot,
vient de coque. wall. coklivis (d'où Grandga-
fr. cochelivier).
COCATRIX, animal fantastique, espèce de gnage croit le mot français cochevis formé du
basilic, esp. cocotriz ; mot altéré du vfr. coco- wallon et analyse celui-ci en livi ( ags. te» =
drille, esp. cocotrix = crocodile. werk, néerl. leuwerik, alouette, d'où l'ail. ler~
COCCINELLE, nom savant de la bête à bon che) et cok, ce genre d'alouette étant, relative-
Dieu; du L. coccinus, de couleur écarlate (de ment aux autres, quant à la forme, ce que le coq
coccum, grain rouge). est aux poules. Mahn rapproche cochevis du
1. COCHE, vfr. coque, bateau, it. cocca, port, cotovia, alouette (esp. totovia) et en voit
esp. coca. La forme italienne se refuse àl'éty- l'origine dans le celtique bret. kodioch^
:
mblogie L. caudica, que Papias interprète D'après d'autres coklivis, cochevis représen-
par navicula. Diez le fait venir du L. concha, tent le cri de l'oiseau (Littré, suppL).
coquille, vase, et cite à l'appui it. cocchiglia, COCHON, porc, type de la malpropreté,
de conchylium, et le dim. vfr. coquet, qui si- voy. coche 4. De là cocho7iner (ce verbe si-
:
gnifie bateau et vase. On trouve également le gnifiait anciennement tuer un cochon pour
mot roman dans les idiomes germaniques régaler les amis), cochonnerie, -ode, -et.
et celtiques vha. koccho, dan. hogge, néerl.
: 1. COCO, fruit du cocotier, angl. cocoa, ail.
kog, cymr. cwch, bret. kohed. kokos ; on trouve déjà en gr. xojai. D. coco- —
2. COCHE, voiture couverte, surtout grande tier.
voiture de transport en commun, it. cocchio, 2. COCO, terme de caresse ou de moquerie,
esp. coche, angl. coach, ail. hutsche, néerl. prob. p. cocot et dér. de coq; cp. cocote.
koets. La forme italienne favorise l'étymologie 3. COCO, sorte de boisson d'origine in-;
dit que Charles-Quint se mit à dormir dans forme française est cuisson.
une voiture couverte " al quai en Hungrialla- COCU, variété du mot coucou. Par anti-
man coche, el nombre y la invencion es de phrase, on a appliqué au mari trompé le nom
aquella tierra » Diez est donc d'avis que fr.
. de l'oiseau qui pond ses œufs dans le nid d'au-
coche vient de l'it. cocchio, comme niche de trui. Encore n'a-t-on pas besoin d'admettre
nicchia. —D. cocher; porto coc/iére. une antiphrase, si l'observation du scoliaste
3. COCHE, entaille, prov. coca, it. cocca, Acron(ad Horat. Sat. VI, 7) est juste « Cucu- :
angl. coch. Probablement d'origine celtique ; lus avis hoc vitio naturali laborat, ut ova, ubi
le gaél. a sgoch, m. s., le breton coch. Le mot posuerit, oblita, ssepe aliéna calefaciat ». Le
désigne particulièrement l'entaille faite à l'ar- cocu de même nourrit des produits étrangers
balète pour arrêter la corde ou à la flèche L'étymologie ci-dessus est appuyée par 1©
pour l'assujettir à la corde. De là les verbes vieux substantif coies, celui « de qui sa femme
encocher et décocher. fait avouterie » (adultère), comme dit le Père
4. COCHE, truie, primitif de cochon (v. c. Labbe. Cous reproduit le BL. cugus (avec
m.), esp. cochina. Coche ayant d'abord si- conservation de 1'^ nominatival), altération de
gnifié l'animal châtré, ce mot pourrait se rat- cucus (Isidore) et primitif de cuculus, coucou.
tacher au précédent signifiant entaille. Diez De ce cucus dérive BL. cucucia, adultère de
rapproche, pour justifier ce rapport, l'esp. la femme, et cucuciatus, mari trompé (prov.
carnero, mouton, et le piémontais crina cogotz). Malgré le crédit dont jouit cette
(truie), qu'il rattache à L. crena, entaille. Il . étym., qui convient, en effet, au prov. cogul,
repousse comme primitif le cymr. hwch, bret. cat. cugul, esp. cuquillo, cuclillo, elle sou-
hoc h, houe' h, cochon (d'où l'angl. hog). Littré lève de graves difficultés phonétiques en ce
observe que la signification première d'ani- qui concerne le fr. cocu, qui ne peut s'accor-
mal châtré, prêtée à coche, n'est pas consta- der ni avec le L. cucus, ni avec cuculus. Aussi
tée et que l'origine celtique a plus de vrai- bien que la forme prov. cucut (fém. eue ida),
semblance [h aspirée changée en c dur). Le cocu accuse un type lat. cocutus et un radical
hongrois a kotza, l'illyrien kutsitza. D. co- — coq. Or, en présence des termes synonymes
chon (v. c. m.). champ, coquard, coquillard, ail. hahnrei
COCHENILLE, it. cocciniglia, esp. cochi- (qui, sans aucun doute, comme l'a démontré
nilîa, dérivés du L. coccinus (coccum), cou- Grimm, est un composé de hahn, coq), angl.
leur d'écarlate. Voy. aussi coccinelle. L'esp. kuckold (= koke-wold), on ne saurait mécon-
cochinilla signifie aussi cloporte, mais, en ce naître dans cocu, un dérivé de coq, l'animal
sens, il est distinct de notre mot et vient de jaloux par excellence le cocic, c'est celui qui
;
cochino, cochon (voy. cloporte). Le vfr. cou- se trouve placé dans la position du coq lésé
chille est le diminutif de L. coccum. D. — dans ses droits de mari. C'est par une méta-
verbe cocheniller. phore analogue, tirée d'un animal tout au.ssi ar-
COCHER, subst., voy. coche2. dent et jaloux que le coq que l'on a qualifié le
—
mari trompé de cornard ou porte-cornes (gr. libéré, dégagé » ; Lex Longobardorum : sit
y.-paricc;, x-p-xvfdpoi). Cette explication étym. quietus '=sit absolutus. Dans cette acception,
de cocu par coq, que j'ai dubitativement on lui trouve la forme spéciale quitus. Do là
émise dès 1861, a fait l'objet d'un long et sa- viennent les adj. vfr. quite, cuite, auj. quitte,
vant article de M. Brickmann dans ses « Meta- prov. quiti, esp. quito, ail. quitt, et les verbes
phern » (1" vol., pp. 521-533). D. co- — esp. quitar, libérer, élargir, enlever, fr. quit-
cuagc, cocnficr. —
On voit l'adj. coci« appli- ter, renvoyer quitte, exempter, lai.sser aller,
qué au sens de cornu à certains objets abandonner, it. quitare, chitare, céder son
{heaume, pain, chaudron); peut-on admettre droit.
que la synonymie de cocu avec cornu au sens COIFFE, it. cuffîa,scuffia, esp. cofia, escofia,
figuré se soit transférée au sens propre? port, coifa (anc. cscoifa), angl. coif, BL. cofca,
CODE, du L. codex, m. s. (pr. assemblage cofia, cuphia. Comme l'original de ce voca-
de planchettes à écrire, puis manuscrit, re- on a proposé 1 l'hébreu hobha, kova,
ble : .
COLIN -MAILLARD, de Colin, nom d'iiomme, COLLINE, it. collina, esp. colina, du L.
et maillard, qui paraît, comme tnaillot, être collinus, adjectif tiré de collis (it. colle), col-
forme savante collazione s'est modifiée en cola- de colonel. Les Anglais, tout en écrivant
zione, colezione, -izione, ce qui a fait surgir colonel, prononcent queurnel.
l'îdée que le vrai type latin est colationem, = COLONIE, vfr. cologne, colonge, du L.
bouillon, soupe (cp. souper do soupe); voy. colonia (dér. de colonus). —
D. colonial, co-
Canello, Arch. glott. , III, 401. A cette expli- loniser.
cation, Suchier (Ztschr. IV, 183) objecte fort,
COLONNE, vfr. colombe, L. columna. —
bien que l'it. colazione ne s'est jamais appli- D. colonnade, -ette.
qué à un mets déterminé ; on n'y voit jamais COLOPHANE, anc. colophone, du L. colo-
prendere ou mangiare colazione, mais tou- phonid, résine de Colophon.
jours far colazione. COLOQUINTE, gr. mIoaù-^^-.,, citrouille.
COLLE, L. colla {/t.6\l%). — D. coller, dé- COLORER, L. colorare (color).
coller, encoller. COLORIER, COLORIS, voy. couleur.
COLLECTANÉES, recueil de différentes piè- COLOSSE, L. colossus (xsXoîîo,-). D. —
ces, L. plur. collectanea. Cp. m,iscellanôes. colossal.
COLLECTE, BL. collecta, subst. participial COLPORTER, de col -\- porter, litt. = collo
du verbe colligere, recueillir; cp. quête, subst. gestare. — D. colporteur, -âge.
partie, de qucerere. Collecte est la forme sa- COLURE, gr. xoUuDOi.
vante de cueillette. — D. collecter, -eur. COLZA, colzat (Richelet), du flam. kool-
COLLECTIF, L. collectivus. saed, semence de chou cp. en ail. rubsamen
;
8
. .
vallée, breton comb. Diez oppose à cette der- dita d'où fr. commandite, d'une forme latine
nière étymologie que cwm laisse le h de la com,mendire, cfr. le subst. vfr. comandie et
forme romane inexpliqué et que le breton commandise. —
Cps. recommander, qui,
comb pourrait être emprunté au français ; il malgré le 7-e intensitif, exprime une action
conjecture donc pour type L. côncava, qui, moins intense que le simple commanda'.
par la chute de la syllabe atone ca, a réguliè- COMMANDITE, voy. l'art, préc. D. com- —
rement pu produire comba ; il rappelle sur- manditer, -aire.
tout les expressions usuelles du BL. « côn- COMME, come, esp., port, como, prov.
it.
cava vallium, concava montium «•. Cette opi- et vfr. cotn, citm,forme tronquée du L. quo-
nion est contestée en faveur de cymba, par modo. Joint à l'élément adverbial ment, com
Storm, Rom. V, 175. est devenu prov. cornent, fr. comme7it. L'ex-
COMBIEN, p. com bien [com =
comme, et plication de comment par quomodo indc [com
bien dans le sens de multuw), donc qnam ent) est peu probable. Voy. pi. loin l'art.
rnidtum, cp. ail. vne tiel, angl. hovomuch. comment. —
Le comme français exprime, do
COMBINER, L. combinare [Uni, deux). — mémo que le vrie des Allemands, aussi bien
D. combinaison. des rapports de comparaison que des rapports
1 COMBLE, substantif, it. , esp. colmo. Pour de temps ou de causalité. Les formes des lan-
l'étymologie de ce mot, on peut balancer entre gues it., esp. et port, défendent do ratta-
L. culmen, -inis (BL. culmus), faite, sommet, cher le mot dans cette dernière fonction au
et L. cumulus, tas, amas, surcroit. Le sens latin cum.
et la forme permettent l'un et l'autre ; toute- COMMÉMORATION, -AISON, L. commemo-
fois, d'un côté la forme colmo fait pencher ratio. — Ni'ol. annmémoratif.
pour culmen, de l'autre le français comble COMMENCER, it. cominciarc, esp., prov.
pour cumulus, qui, au moyen âge, signi- comcnsar, d'un type latin cum-initiarc (ini-
fiait aussi faite, comble. C'est évidemment tium). Dans le Milanais, on emploie le mot à
cumulhs qui a donné le port. c<!mioro,
• l'état simple (sans cum) insa L. initiare. =
—
:
COMBLER, voy. comble 1 s'est changé en u (la plus anc. forme est
velure). mercial.
Notez le changement de genre du
latin au français, dans ce substantif,
COMMÈRE, BL. commater (qui est mère de
comme société avec une autre,
dans planète. cp. compère), prov.
comaire, esp, cotnadre, it, comare [-atre,
COMICES, du
COMQUE,
plur. L. comitia (cum-ire).
L. comicus (/w/xi/o;).
-adre). —
D. com.mérage.
COMMETTRE, L. committere, litt. mettre
COMITE, de l'angl. committee, tiré lui- ensemble, d'où les sens pi'époser qqn. à une
:
même du L. committere, déléguer, commettre. afiaire ou confier qqch. à qqn., mettre ei>
,
COMPLOT, pr. toute résolution prise en compte, it. computo, conto, BL. computus
commun. Du L. complicitum complic'tum,, = ce dernier a donné aussi le terme scientifique
complicatio, intrigue. Com,plot est, d'après comput. —D. comptable, mot détourné de
Diez, pour comploit, comme frotter p. frotter. son sens naturel « qui peut être compté » et
— Cette étymologie soulève quelques doutes. signifiant 1. chargé de tenir les comptes;
:
dessiti et dessein). Si l'angl. jsZof est le primi- extension de sens, « compulser des registres »
CON — 117 CON
rechercher des pièces dans les registres, puis CONCIERGE, BL. (texte de 1 \<^&iconsergius,
« compulser des pièces ». Du terme de droit esp. conserge; Gloss. de Lille (mon éd., p. 47):
" litera compulsoria » vient le subst. fr. com- conservator conchierge. Le P. Labbe déduit
pulsoire, ordre donné pour se faire expédier notre mot de con-scario, composé du BL.
un acte, etc. scario, qui est le vha. skarjo, nha. scherge,
COMPUT, COMPUTER, voy. compter. sergent, guichetier; cette étym. pèche par le
COMTE, it. conte, esp., port, conde, angl. sens et la forme. Ménage établit pour type
count, du L. à la forme du
cornes, comitis; conservius de conservare, mais Diez objecte
nominatif cornes se rattachent prov. coms, vfr. qu'il est insolite d'appliquer le suffixe tus à
cuens, quens. —
D, comtesse; comté, BL. des verbes. Cette objection me semble trop
comitatus; comtal; cps. vicomte viceco-
: = absolue; le BL. a bien fait de pelles parare
m,es. le subst. pelliparius, pelletier (Gloss. de Lille,
• CONCASSER, L. con-quassare. p. 46). D'ailleurs, s'il faut écarter conservius,
CONCAVE, L. concavus. je poserai la forme conservium, action de
CONCÉDER, L. con-cedere; du subst. lat. garder, que les formations analogues exter-
concessio, fr. concession, d'où concession- minium, dispendium, repurgium, et même
fictive . commercium autorisent à supposer, dont le et
CONCENTRER, CONCENTRIQUE, voy. cen- sens abstrait « garde » peut facilement avoir
tre. tourné en celui de «gardien» (cp. garde, té-
CONCEPT, L. conceptum (concipere), chose moin et autres). Le BL. consergius est calqué
conçue, angl. conceit, it. concetto. Le plur. it sur le français. —
Dicz, se fondant sur R. Es-
concetti, pensées brillantes, fausse pointe, a tienne, qui définit concierge par « qui ha la
été reçu dans le dictionnaire français avec le charge du lieu d'exercice » et qui le traduit
même sens. par gi/mnasiarchus prend ce mot gréco-latin
,
CONCERNER, BL. coyicernere (de cerner e, ayant fait gymsarchus il a pu en effet, sous
,
voir); cp. l'expression regarder dans « cela l'influence de conservare (car gym, régulière-
me regarde » et le L. spectare. — D. concer- ment, appelait gon), s'être métamorphosé en
nant. conserge, consierge, concierge. — Littré, se
CONCERT, voy. l'art, suiv. mettant en contravention avec le principe
CONCERTER, L. concertare, combattre, posé par Diez et mentionné ci-dessus, enchaîne
lutter, puis lutteren paroles, disputer, d'où ainsi les formes et les sens con-servire, être
:
jointement" avec l'espèce des unités; il est sion, d'où confessionnal, -aie. — Confesser,
opposé au nombre abstrait. De là le sens phi- fr. confesseur.
Je gr. TTaoi/îiTt;).
2. confident; du subst. confidentia, 1. con-
CONCUPISCENCE, L. concupiscentia (de
Le
fiance, 2. confidence, d'où confidentiel.
concupiscere, convoiter).
maintien du d radical caractérise
CONCURRENT, voy. concourir. — D. con- du fonds savant.
les formes
congéable) ou congier, paraît être formé sous per ici des applications successives de ce titre.
l'influence de de l'it co7igedo, qui, lui, est tiré
La langue néerlandaise, ayant gâté le mot en
du subst. vfr. conget. Qui reconnaîtrait encore, conincstavel, a donné lieu à la favisse étymo-
sans le secours de la science, dans congé le logie « fulcrum régis » soutien du roi [coninc
,
meatus ?
à côté des formes avec d ou t contestabile, :
—
. .
,
aussi le subst. verbal console, mais ce dernier a vu une latinisation du terme allemand sfaZ?-
offre un singulier retour du sens moral, inhé- bruder, employé tout bonnement pour cama-
rent au verbe co7isolari, au sens physique et rade. Nous pensons au contraire que constat
primitif de ce mot, savoir soutenir, affermir bularius = compagnon d'une constabularia
(rac. sol, d'où solum, solidus), sens effacé (compagnie militaire ou connétablie), ayant
déjà dans la langue classique. Les mots cor- été étymologiquement mal compris et mal
respondants it. consolo, esp. consuelo, sont analysé, a donné naissance au terme alle-
synonymes de consolation. —
Si l'étymologie mand stallbruder, qui serait ainsi une malen-
que nous prêtons ci-dessus à console n'est contreuse traduction du mot latin.
point jugée digne d'approbation, il faudra le CONSTANT, L. constans (de consiare, tenir-
;
nere). —
Les anciens employaient encore le CONTRACTER, du L. contractare, fréq. de
verbe contemner =
mépriser, et l'adj. con- contrahere (vfr. contraire), 1° resserrer, ré-
temnible. trécir, 2° conclure, faire un arrangement. Du
CONTENANT, -ANGE, voy. contenir. participe passé de contrahere, contractus,
CONTENDANT, L. contendens, de conten- viennent 1 vfr. C07itrait', contrefait, dif-
: .
dere, au sens de combattre, lutter, rivali.ser. forme; l'ail, dit encore dans ce sens hon-
CONTENIR, L. contiyiere, 1. renfermer; trakt; 2. le terme de grammaire contracte.
2. maintenir, retenir. —
Du part, continens : Le subst. contractus, pacte, convention, a
1. contenant, qui contient; 2. continent, a) donné contrat, d'où contractuel; le subst.
adj. qui se contient, chaste; b) subst., terme contractio, fr. contraction. Néologisme, régu-
de géographie, pr. qui tient ensemble, qui lièrement tiré du supin contractum : con-
forme une suite continue, de là continental, t7*ClCtiJ G *
CONTRE, L. contra. —
D. contrée (v. c. m.); contraire de qqch.
cps. encontre (v, c. m.). —
La particule contre CONTRE-POINT, it. contrappunto; point, en
a servi dans les langues néo-latines à de nom- musique, éfjuivaut à note, et le contre-point
breuses compositions pour marquer l'oppo- est la science do mettre une note en rapport
sition (parfois aussi la juxtaposition, p. ex. harmonique avec une autre.
dans contre-allée, ou la subordination, p. ex. CONTRETEMPS, inopportunité; propr. un
dans contre-amiral, contre maître). La forme terme do nuisi(jue signifiant une infraction à
latine contra [contro dans controverse) s'est la mesure, qui jette le désordre dans l'ensem-
maintenue dans plusieurs cas et accuse l'in- ble.
troduction récente du mot composé ; les com-
posés du vieux fonds, tant ceux de provenance
CONTREVALLATION, de contre + L. val-
latin, palissade.
latine que ceux de façon romane, ont la forme
CONTREVENT exprime en termes français la
contre. Nous ne consacrons d'articles spé-
môme chose (jue paravent, qui est empnmté à
ciaux qu'aux composés qui nous semblent
rit. p'iravcnto. Voy. parapluie.
offrir quelque particularité intéressante, soit
au point de vue du sens, soit pour la forme. CONTRIBUER, L. contribuere, litt. donner
On se sert aussi de la forme vraiment française cobeitar, angl. covet. Toutes ces formes diver-
contumace. —
D. subst. contumace, L. con- ses se rattachent à un type latin cupitare,
tumacia ; verbe contumacer, juger par contu- fréq. de cupere, désirer. — L'adjectif convoi-
mace. teux, vfr. convoitons, coveitous, prov. cobei-
CONTUSION, voy. contondant. — D. contu- tos, it. cubitoso, angl. covetous, est tiré du
sionner. verbe convoiter, comme boiteux de boiter.
CONVAINCRE, angl. convince, L. convin- Quant au substantif convoitise, covoitise*, qui
cere, d'où subst. convictio, fr. conviction. correspond à it. cupidigia,
cupidezza, esp.
CONVALESCENT, du L. convaîescere, re- codicia (p. cobdicia), -prov cobitizta, cobezeza,
—
.
d'accord (de là conventio, fr. convention, CONVOLVULUS, nom latin du liseron (on
pacte, accord). De cette dernière acception l'aaussi francisé par convolvé), dér. de C07i-
découle celle d'accorder, d'admettre une asser- volvere, rouler ensemble, dont le part, convo-
tion avancée par un autre ; l'opposé de conve- lutus a donné le terme de botanique convo-
nir, dans cette signification, est disconvenir ; luté, roulé en forme de cornet,
— 3. être conforme à ce que l'on désire ou CONVOQUER, L. convocare. — D. convo-
exige. A ce sens du mot latin, qui s'est aussi cation, L. convocatio.
communiqué au verbe français, se rattachent CONVOYER (d'où it. convoiare, esp. co7i-
les dérivés convenance, L. convenientia, con- voyar), accompagner, escorter, du BL. con-
venable, et déconvenue. viare (via), faire route avec qqn. (cp. envoyer
CONVENTICULE, voy. convenir. de inviare). Ménage a proposé l'étymologie L.
CONVENTION, voy. convenir. D. cotiven- — convehere, qui est inadmissible. D. convoi, —
tionnel, 1. conforme à une convention, 2. pr. accompagnement, escorte.
membre d'une convention. Cps. reconvention. CONVULSION, L. convulsio, spasme, crampe
CONVENTUEL, qui appartient au couvent, [convelleré), d'où convulsionnaire — Du même
—
.
L. conventus, voy. corwenir. D. conven- convellere., par le supin convulsum : l'adj . co)i-
tualité. vulsif.
CONVERGER, L. converger» (Isidore), pen- COOPÉRER, L. cooperari.
cher, tourner vers un point commun. D. — COOPTER, L. cooptay'e, choisir, se donner
convergent, -ence. un collègue.
CONVERS, L. conversus, converti ; en basse COPEAU, BL. copellus, vfr. coupeau, cou-
latinité = religieux sorti du monde pour en- pel, dérivé de coper = On trouve
couper.
trer au couvent; spécialement aussi frère = aussi copon, correspondant à coppone, et l'it.
laïque chargé des travaux manuels des mo- formant une variété du mot coupon.
nastères. COPIE, angl. copy ; ce mot vient sans doute
CONVERSER (dans l'ancienne langue, ce de la phrase latine « copiam facere scripti »,
verbe signifiait généralement demeurer, sé- multiplier les exemplaires d'un manuscrit. Il
journer), du L. conversari, demeurer, vivre signifie: 1. transcription; 2. exemplaire de
en société ; sens actuels du mot 1 échanger : . la transcription ; 3. en imprimerie, le manu-
des paroles; 2. faire un mouvement de con- scrit d'après lequel on imprime. D. copier —
version (=L. conversare, fréq. de convertere). = transcrire; copiste, néolog. (le BL. disait
— D. conversation, L. -atio. copiator p. librarius, écrivain); la termin.
CONVERSION, L. conversio (convertere). iste a été particulièrement choisie dans les
CONVERTIR, L. convertere. D. conver-— temps modernes pour désigner des professions,
tible. co>ivertissement, -isseur. p. ex. fumiste, lampiste, droguiste. Du L. —
CONVEXE, L. convexus (convehere). — D. copiosus, adj. de copia, abondance fr. co- :
mœurs du coq sont le type figuré », comme COQUILLE, it. cocchiglia, du L. conchy-
dit Ch. Nodier. Les principaux dérivés usuels lium, BL. conquilium (gr. xoyx"^"-')- ^* —
sont coquet, vain comme un coq ; dans l'an-
:
coquillage, coquillier, recoquHler.
cienne langue et dans les patois, on trouve COQUIN, gueux, fripon. Voici les diverses
aussi coquart, p. fat, élégant, niais, ridicule ; étymologies avancées sur ce mot 1. L. co-
:
cocarde (v. c. m.); cocasse (v. c. m.); cachet, quina, cuisine ; coquinus serait un « sectator
petit coq; cocotte; coqueliner. —
Voy. aussi coquin»" (Nicot) ; 2. gr. xcoxûsiv, pleurer; le
cocu. coquin serait un pleurnicheur qui demande
l'aumftne; 3. nord, hok, gouffre, hoka, ava-
2. COQ, cuisinier à bord d'un vaisseau, du
ler, dévorer (conjecture de Diez); 4. vfr. eau-
L. coqiius, cuisinier ; cp. queux.
quain, chausson, dont coquin aurait été tiré
COQUARD, vieux coq, fig. fou, benêt.
Pour la
pour désigner un homme de rien, un va-nu-
COQUE, du L. concha, coquille.
lettre, cp. coquille de conchylium. — D. co-
pieds (l'auteur de cette étymologic a négligé
un point essentiel, c'est qu'un va-nu-pieds ne
quetier, cocon (v. c. m.).
porte pas de chaussons) ; 5. L. coquus, cuisi-
C0QUECI6RTJE, aussi coccigrue, baliverne, nier; un coquin serait pr. un marmiton
balourdise; mot burlesque, dont nous n'es- « homo vilissimus, nec nisi infimis coquinse
sayerons ni d'établir l'étymologie, ni de
ministeriis aptus » ; 6. coq ; donc une variété
réfuter ou d'approuver celles qui ont été
de coquet, mais avec un sens plus défavorable;
émises. Seulement, nous nous passons la fan-
enfin, 7. nous lisons ce qui suit dans la Meuse
taisie de traduire à notre tour la locution pro- « Le
belge du docteur Fremder (M. Morel) :
rida, cloche jaune ; d'après Bourdelot = Notons encore que dans les plus anciens
coque lourde, la coque de la coquelourde exemples, le mot signifie truand, gueux. —
ayant plus de poids que celle des autres ané- D. cnquiner, -erie.
mones. L'anglais nomme la coquelourde COR, 1. durillon; 2. instrument à vent;
Flora s bell, cloche de Flore. 3. corne qui sort des perches du cerf (ne
COQUELUCHE (d'où coqueluchoiï) , capu- s'emploie qu'au pluriel). Ce mot, masc. dans
chon, dérivé du L. cucullus, capuchon d'un ces trois acceptions, écrit primitivement corn,
vêtement. La maladie dite coqueluche a été est le latin cornu. —
D. de cor, instrument
ainsi dénommée, dit-on, parce que ceux qui à vent : cornet, petite trompe ; corner, sonner
en étaient atteints s'encapuchonnaient la tête. du cor. Voy. corne.
Du même primitif, les Italiens ont dénommé CORAIL, L. coralium, aussi corallum
une maladie semblable coccolina. Nous ne ga- (xo,oà))tov). — D. corallin.
rantissons pas la justesse de cette explication CORAN, mot arabe, signifiant » lecture »,
du nom donné au rhume appelé coqueluche. la lecturepar excellence. Voy. aussi alcoran.
Pour l'élément coque, il n'y aurait pas de CORBEAU, anc. corbel, dfm. du vfr. corb^
difficulté à alléguer l'angl. cough, flam. kuch, m. s., prov. corp; ce primitif, comme l'it.
respiration difficile, suffocation, toux, et l'ail. corbo, corvo, esp. cuervo, vient du L. corvus.
keuchhusten =
coqueluche, mais que faire de Pour b =^ V, cp. courbe de curvus. De —
la fin du mot? —
En Champagne, coqueluche, corbeau, corbel', employé comme terme d'ar-
aussi cocloche, signifie un gâteau au lard. chitecture, vient le composé encorbellement.
COQUEMAR, dérivé du L. cucuma, chau- CORBEILLE, L. corbicula, dim. de corbi»
dron; cp. it. cogoma, pot, coquemar. (ail. korb). —
D. corbillon, corhiUard(\. c. m.).
COQUET, dérivé de coq, l'oiseau vaniteux CORBILLARD, de corbeille; signifiait dans
par excellence; voy. coq. — D. coqueler, le principe une voiture tressée en jonc, un
coquetterie. char à panier, cp. en ail. l'expression horb-
COQUETIER, dér. de coque. wagen. D'autres, se fondant sur l'ancienne
COR d25 — COR
signification du mot >< coclie d'eau faisant le pourvu de deux cornes. Il faut donc abandon-
sei'vice de Paris à Corbeil », le font venir du ner l'ôtym. « qui corne do la muse ». D'après
nom de cette ville. Meunier, toutefois, l'italien corna-musa, non
CORBLEU, aussi corhieu, modification pas corno-musa, prouverait que c'est celle-ci
eupbémistique de cors Dieu (donc par le = qui est la bonne (Composés, etc., p. 138).
corps de Dieu); cp. morbleu, palsambleu. 5. Corner, sonner du cor ou de la trompe.
CORDE, L. chorda {yopor). —
D. cordeV, — D. corneur.
cordeau (d'où cordelle, cordelier ,-ière); corder, 6. Cornet, diminutif de cor [corn) ou corne,
cordeler, décorder, cordier, -erie, cordage, 1. petite trompe ; 2. petit morceau de papier
CORDONNIER, gâté de cordouanier, en- le primitif corne signifiait jadis une coiffure
core en usage dans les dialectes it. cordova- de femme) 2. petit étendard de compagnie (à
;
la cornouiUe et non pas la corme. D. cor- — corne à un livre à cette signification se rat-
—
;
CORNE, du L. corna, plur. de cornum, ner, rompre les angles saillants; encorner,
forme accessoire de cornu. On sait que beau- racornir, rendre dur comme de la corne. Voy.
coup de substantifs féminins français remon- aussi licorne.
tent à des formes plurielles neutres (par ex. CORNEILLE, it. cornaccliia, esp. corneja.
fête, arme, fde, joie, graine, etc.). Le singulier prov. cornelha, du L. cornicula, dim. de
cornu ou cornum s'est reproduit dans le fran- cornix (gi^ec zopwv/j).
çais sous la forme masc. corn cor (v. c. m.). , CORNEMUSE, voy. sous corne.
Dérivés de corne ou de cor : 1. CORNICHE, voy. sous corne. — D, cor-
1. Corné, adj. mal formé par les savants nichon.
modernes du L. corneus, d'où le subst. cornée, 2. CORNICHE,
terme d'architecture, it.
(cp. en ail. hornhaui), tunique extérieure de comice, esp. cornisa, wall. coronise, ail.
l'œil. harnies, du L. coronis {/.'jp'j}-jiij, fin, couron-
2. Cornaline, prov., port, cornelina, esp. nement. Toutefois, les formes franc., et ital.
cornerina. L'it. dit, d'après l'adj. latin cor- accusent plutôt comme primitif le L. cornix
neolus : corniola; l'angl. a corneîian ou car- (corneille), auquel on a fort bien pu prêter
nelian stone. Le nom a été donné à cette le sens de coronis, d'autant plus qu'en grec
pierre à cause de sa transparence. Comparez Z5/5WV/J signifie à la fois corneille, courbure et
le nom donné pour la même raison à l'onyx couronne.
(de Ôvul, ongle). Une assimilation à caro, COROLLE, L. corolla, dim. de corona. —
carnis (couleur de chair) a détei'miné sans D. corollaire, L. corollarium, 1. petite cou-
doute la forme ail. harneol au lieu de kor- ronne de fleurs 2. petit présent supplémen-
;
neol. Ménage voyait dans cornaline une modi- taire de là 3. dans la basse-latinité, l'accep-
;
3. CoRNARD, cocu, qui porte des cornes, matiques, conséquence naturelle découlant
expression très ancienne pour désigner un d'une proposition déjà démontrée.
mari trompé. Les Italiens disent becco cor- CORPOREL, voy. corps.
nuto, bouc cornu, ou simplement becco; les CORPS, vfr. cors, du L. corpus, corp)oris
Espagnols, cabron, bouc. = (en opposition avec la terminaison us de la
4. Cornemuse, de corne -f- muse (voy. mw- 2'' décl. lat., de la 3" décl. a transmis
celle
sette}-., primitivement, cet instrument était son s aux formes françaises, cp. temps, lez).
COR — 126 — COS
corrosion, adj. corrosivus, fr. corrosif. gie, Ao^Hf>Xoyla, science du monde ; cosmopo-
CORROI, substantif verbal de corroyer (v. lite, xot/ionoUftii, citoyen du monde.
c. m.). GOSSE, forme écourtée de <?co5*e p. escosse.
CORROMPRE, L. comimpere; du supin Quant à ce dernier, il vient, d'après Frisch,
corruption : corruption, corruptio; corrup- du néerl. schote, schosse (Kiliaen), m. s. Les
teur, -trice, corruptor, -trix ; corruptible, étymologies L. excussa (Ménage) ou concha
•ibilité, corruptibilis, ibilitas. (Poitevin) ne sont pas heureuses. — D. écosser_.
CORROSIF, -ION, voy. corroder. — L'adjectif cossu se rattache naturellement
CORROYER, préparer les cuirs, le mor- à cosse; cependant on y a vu, avec quelque
tier, etc. ; signification primordiale : apprê- raison, pour certaines applications du mot,
ter. Ce verbe correspond à it. corredare, une altération de vfr. corsu, dér. do corps
garnir, équiper, meubler, prov. correar, vfr. (cp. corsé, corset) et signifiant « qui a du
conréer. Il se rattache par conséquent aux corps, corpulent, gros ». —
Génin prend
subst. it. corredo, prov. conrei, vfr. conroi, cossu p. copsu et pose pour primitif L. copia-
équipement, préparation, arrangement, etc. sus, abondant; c'est par trop étourdi.
Or, ces subst. composés viennent, dô même COSSER, frapper des cornes, it. cozzare;
que le primitif vfr. roi, ordre, soit de la selon Diez, d'un type coctiare, issu d'un part,
même racine qui a donné goth. raidjan, latin coctus p. co-ictus, de co icere; cfr. it.
déterminer, arranger, ags. ge-raedian, ail. dirizzare, fr. dresser, de directiis. D'après —
be-reiten, préparer, néerl. reden, soit du Caix (Studi.di etim.), l'it. cozzare (d'où le
gaél. reidh, uni, terminé, prêt, rangé (le mot français) vient de l'expr. dar di cozzo,
breton reiz, règle, loi, raison, qui concorde donner de la tête, cozzo étant un terme popu-
parfaitement avec le vfr. roi, est probable- laire p. tête.
ment, selon Diez, un emprunt fait au fran- COSSON, espèce de charançon, dérivé du
çais). Le mot agrès (v. c. m.) est de la même L. cossus, ver de bois.
famille. —
Ceux qui ont mis corroyer en
•
COSSU, voy. cosse.
rapport avec le L. corium, fr. cui'^, ou avec COSTAL, adj. moderne dér. de costa, côte.
courroie, ont bien mal rencontré. —
D. corroi, COSTUME, it., port, costume, pi'ov., cat.
corroyeur. costuni; ces vocables masculins correspondent
CORRUPTEUR, -TION, -TIBLE, voy. cor- aux formes féminines it., prov. costuma, esp.
rompre. costumbre, fr. coutume. On sait que costume
CORS, plur., voy. cor. etcoutume ne différaient anciennement que
CORSAGE, voy. corps. par une légère variation de forme et par le
GOT 127 COU
genre, et que leur signification commune Littré signale le vfr. costeret, panier, botte
était habitude. Costume, qui, d'ailleurs, parait (« du poisson en costerés
») ; ce mot, BL. cos-
d'importation italienne, a fini par particula- tcretum, vient de costa, dans le sens de
riser son acception et ne plus signifier qu'ha- panier, botte (« costa circulorum », botte de
bitude en matière de vêtement; cp. L. habi- cercles). De botte à fagot, la transition serait
tus, habitude, devenu le fr. habit, vêtement. naturelle. — Savary (Dict. de commerce) tire
Les mots cités sont les représentants du L. le mot de Yillers-Cotterets , premier lieu de
consuetudinem. Pour la terminaison urne, provenance (réfuté par Littré).
voy. l'article amertume. La forme BL. cos- COTTE, vfr. cote, angl. coat, jupe, it. cotta,
tuma se présente déjà dans un texte de BL. cotta, cottus. On
esp., port., prov. cota,
l'an 705. —
D. costumier, -ter. tife généralement ce mot roman des langues
COTE, it. quota, prov. cota, quote-part, germaniques, où l'on trouve d'un côté ags.
nombre indiquant le quantième, etc., du L. cote, angl. cot, ail. hôte, ni. hot, hutte,
quotus, en C[uelle quantité. D. coterie {y. — cabane (nous avons vu, par mots casaque
les
c. m.); coter, marquer, numéroter, it. quo- et chasuble, que les idées hutte et vêtement
tare, mettre en ordre, esp. , port, cotar, acotar, sont connexes), de l'autre vha. chozzo, ail.
marquer suivant l'ordre des nombres ; cotiser, mod. hotze, couverture à longs poils, hutte,
régler la quote-part de chacun. froc, etc. Diez, qui pense que ces derniers
A sont empruntés au roman, est d'avis que cote
COTE, coste', it., prov. costa, du L. costa,
pourrait bien représenter un type latin cuta
côte, flanc, paroi, côté. De costa vient égale-
(par métaplasme pour cutis, peau, enveloppe),
ment l'ail, kiiste, néerl. kust, angl. coast,
rivage de la mer. — Dérivés : 1 . BL. costa-
dont le t médian, contre la règle, se serait
maintenu comme dans bette, carotte et autres.
tum, it.
COSTET*, CÔTÉ.
costato, esp. costado, prov. costat, fr.
— D. cotillon, cotteron, surcot.
auj. compagnie de personnes qui ca baient sit Le premier point de vue semble
in fuga.
plus naturel. En langage héraldique, on ap-
dans un intérêt commun; d'après Diez, de
pelle lion couard celui qui porte sa queue
cote, quote-part, chaque associé retirant sa
quote-part; d'après Littré, du BL. cota, retroussée entre ses jambes. Dans la fable,
cabane (d'oii angl. cottage). couard est devenu le nom du lièvre (cp. en ail.
l'expression hasenfuss, poltron, litt. pied de
COTHURNE, L. cothurnus (xo&opvs,-).
lièvre). Mahn rattache également couard et
CÔTIER, voy. côte. ses correspondants à cauda, mais il l'inter-
COTIGNAC, voy. coing. prète arbitrairement par qui a la queue trop :
COTIR; meurtrir, vfr. coitir (Catholicon de lui semble être devenu synonyme de lièvre, et
Lille = allidere, hurter) ; est-ce le même mot par là de poltron. D. couardise. —
que quatir, catir = L. quatere? ou bien,
COUCHER, colcher, BL. colcare, it.
vfr.
comme vfr. coitier (serrer, presser), dér. du colcare, corcare, prov. colgar, contraction du
L. coctus = coactus, serré? — Littré pense
L. collocare, placer, coucher. Nicot son- —
que cotir est le simple du prov. percutir, L. un type —
percutere. — D. cotissure, meurtrissure.
geait erronément à
D. couche, prov. colga; couchette, -ée, -âge,
latin cubicare.
COTON, it. cotone, esp. algodon, ail. kat- couchant ; coucheur, avec qui l'on couche ;
tun, de l'arabe goton, avec l'article al-qoton. :
couchis ; c\is. accoucher, découcher.
L'esp algodon et oJcoton signifie aussi
.
COUCI-COUCI, tellement quellement, imi-
ouate ; c'est de là que provient le prov. al- tation de rit. cosi cosi (cp. ail. et angl. sa so).
cotô, vfr. auqueto7i, auj. hoqueton, moy. ni.
COUCOU, est un mot onomatopée, comme
acotoen, casaque brodée. Glossaire de_ Lille
l'ail, kuchuch; le latin le rend par cucus (Isi-
:
bombicinium, aucton ou pourpoint. D. co- — dore) et cucûlus, un des mots qui, par leur
tonnier, -eux; cotonnade, -ine; se cotonner.
caractère imitatif, convaincront le plus faci-
CÔTOYER, voy. côte. lement de la prononciation ou de la voyelle ic
COTRET, vfr. costeret, fagot de bois court chez les Latins. —
L'it. dit cucûlo, le prov.
etmenu. Etymologie incertaine; Ménage ad- cogûl, l'esp. cuclillo.
mettait pour type L. costrictum p. constric- COUDE, vfr. coûte, it. cubito, prov. coide,
tum, serré, lié (it. costretto, renfermé, serré). code, esp. codo (anc. cobdo), du L. cubitus.
.
tie à une forme latine cusire, qui se trouve « éprainte de chappon ou autre chair bouillie
dans Isidore. —
D. cousoir, couture it., = à outrance, coulée avec le bouillon, qu'on
esp. costura =
L. consutura; cps. découdre. baille aux malades » (Nicot); coulisse, propr.
2. COUDRE, noisetier, du L. conjhis fém. de l'adj. coulis, puis chose (rainure) pour
(xo/JuXiSi), m. s., devenu d'abord co7r«s, par faire glisser.
syncope de l'y et la transposition des liquides, COULOIR, corridor, galerie. Dans cette ac-
puis, par suite de l'intercalation euphonique ception, le mot est peut-être gâté do couroir,
de d, coldrus, d'où coudre. —
D. coudrier, qui peut fort bien avoir existé, et qui répond
coudraie, coudrette. aux équivalents it. corritoio, BL. corritorium
COUENNE, it. cotenna, codenna, prov. co- (pour la confusion de r et /, cp. la prononcia-
dena, dér. du L. cutis, peau, par un intemné- tion populaire colidor p. corridor). Sinon,
diaire cutanus, d'où d'abord couaine, puis cette acception doit être déduite de colle do
couène, couenne. Cette explication, obser\'o conduit, canal, qui, comme celle d'écuollo à
Diez, n'est admissible que pour le français, fond de toile par où l'on coule le lait que l'on
mais fait difficulté pour la terminaison des vient de traire, .se rapporte à couler.
formes it. et prov. COULPE, vfr. aussi corpe, du L. culpa. —
COUETTE, lit de plumes; anciennement D. coupable, L. culpabilis (du verbe cutparc,
orthographié coîïe, vfr. coûte, heute, quieute; accuser), d'où le substantif culpabilité. Nous
formes issues de cuiîte, coite, coûte, coite, n'avons plus le verbe coulper, accuser, incul-
coulte (anc. flam. hulcht, angl. quilt), qui re- per, mais les patois ont le dérivé coupoier,
présente le L. culcta, contraction de culcita. qu'ils emploient pour médire.
— A la forme latine culcitra remontent it, :
COUP, vfr. colp, col, it. colpo, v. esp. colpe,
coltrice p. coJcitre, v. esp. colcedra, prov, Par syncope du
esp., port, golpe, prov. colp.
coiisser. Une forme contracte culctra a donné
L. colaphus (xoXapoi), coup de poing, que l'on
it. coltra, coUre, couverture, vfr. cotre, contre.
trouve, dans la basse-latinité, transformé en
— Enfin, culcitinum, culc'tinum, forme dimi-
colapus, colojnts, puis colpus. Le verbe dérivé
nutive de cidcita, a fourni le type à l'it. cus- colper', couper, it. colpire, a signifié dans le
cino, esp. coxin, prov. coissi, fr. coussin,
principe abattre le sens de trancher, tailler,
angl. cushion, ail. kiissen, hissen. D. — ;
coidis, adj. (v. c. m.), vfr. coideïs, prov. = que le précédent, lequel, désignant une chose
coladitz et L. colaticius ; —
couloir, 1. tamis, concave, peut aussi servir d'appellation à une
2. =corridor ; couloire, -ure. —
Cps. écou- chose convexe ; renversez la tasse et elle prend
ler, découler. la forme d'une montagne. Le primitif L.
COULEUR, L. color. —
D. colorer, L. colo- cuppa, dans le sens que nous lui attribuons,
rare ; coloris (la finale s a été ajoutée à faux),
=
a donné l'ail, koppe et huppe, m. s. Quelle —
it. colorito (part, d'un type fictif colorire que de cope, copeau, on ne peut
soit l'origine
La forme colorier a été
colorer); coloriste. méconnaître la parenté de ces mots avec l'ail.
dérivée dans les temps modernes du subst. hop, hopf, tête. Et tête lui-même vient d'ua
coloris. mot signifiant une chose concave.
cou — 429 COU
COUPELLE, petite coupe, du L. cuppella, schlàchtig, courbatu, poussif, asthmatique
dim. de cuppa. — D. coicpeller. (de herz-schlag, battement de cœur). La forme
COUPER, voy. coup. D. coupe; coupé, — cour p. cœur en syllahe atone est correcte.
division d'une voiture ; coupeur; couperet; Comme composition, cp. solbatu. D. cour- —
coupoir, -on, -ure; copeau, composés : décou- bature, d'où courbaturer.
per, entrecouper. COURBE, adj., prov. corb, du L. curvus
COUPEROSE, it. copparosa, esp., port, ca- (pour V médial, devenu b, cp. corbeau). —
parrosa, d'après Diez, du L; cupri rosa, rose D. courbe, subst.; courber {L. curvare), cour-
de cuivre, expression imitant le gr. yâ.lit.x-i'^o; bure, -ette; recourber.
vitriol, couperose, litt. fleur de cuivre. La COUROAILLET, dans certaines contrées
forme angl. copperas semble faite sur un type earcaillet, pour appeler les cailles; la
sifflet
ail. hupferasche, cendre de cuivre, cuivre cal- première partie du mot seule est sujette à ex-
ciné; le flam. dit koperrood, rouge de cuivre. plication; est-ce peut-être une modification
— L'acception médicale de couperose parait de cor, quoique le mot désigne un sifflet? Pe-
fondée sur l'idée de rouge qu'évoque l'élément trus de Crescentiis a traduit cet instrument
rose; ou peut-être sur une confusion avec par qualilatorium (quod qualiam afiert?).
goutte-rose. —
Diefenbach, au mot coporosa, Littré tient le mot pour une onomatopée.
cite les trois termes ail. suivants comme tra- COURGE, anc. coourge, qui représente
1.
ducteurs de ce mot coperock, kupferrauch,
: L. cucurbica, transformation du classique
coperrait; ce sont des formations arbitraires, cucurbïta, qui de son côté a fait régulière-
et elles ne peuvent guère être invoquées, ment le prov. cougourde, d'où fr. goourde,
comme l'a fait Littré (suppL), ni pour ni contre auj. gourde (en wallon cahoûte).
l'étymologie de Diez. 2. COURGE, bâton recourbé à l'aide du-
COUPLE, it. coppia, du L. copula, lien, d'où quel on porte sur l'épaule deux seaux, l'un
viennent encore anc. it. côbbola, prov. cobla, en avant, l'autre en arrière. Etymologie incer-
strophe, c.-à-d. enchaînement de vers, signi- taine. Littré rappelle le cargo du moy. lat.,
fication propre encore au diminutif français que D. G. interprète par « stirps, truncus, fus-
couplet. —D. coupler, accoupler, découpler. tis » mais tout en admettant connexité avec ce
;
COUPLET, voy. couple. D. coupleter. — mot, celui-ci n'est pas le primitif immédiat
COUPOLE, de l'it. cv/pola, diminutif de de courge. Notre vocable traduit dans le
coppa, voy. coupe 2; l'ail, en a fait kuppel. Gloss. de Lille (p. 53 de mon éd.) le lat.
COUR, anc. court, cort, esp., port., it. corte, coligerium (aussi coligeriatum), mot forgé
prov. 007"^, BL. cortis, curtis, du L. cohors, de colla gerere (cp. fr. colporter) et resté in-
chors, cors, -tis, cour de ferme escorte, cor- ; connu à D. C. et à Diefenbach; mais on ne
tège. Acceptions du terme en bas-latin : saurait faire sortir courge de coligerium.
1. cour de maison, ferme, métairie, basse- COURIR, vfr. corre, courre (forme conser-
cour, de là les dérivés courtil, BL. curtile,: vée dans chasse à courre), L. currere. D. —
wallon corti, jardin dépendant d'une habita- courant, courante =
diarrhée, coureur, cou-
tion rurale courtine (v.c.m.); 2. cortis regia,
;
reuse; courrier.
regia aula, familia et domus principis ; de là : COURLIEU, courlis, courleri, angl. curlew,
it. cortese, esp. cortes, fr. courtois, répon- BL. corlivus, it. chiourlo, ésp., chorlito, oi-
dant à un type latin cortensis; it. cortigiano, seau nommé d'après son cri.
esp. cortesano, BL. cortisanus, fr. courti- COURONNE, L. corona. — D. couronner,
san (cp. la forme it. Parmigiano = Parmen- L. coronare.
sis);verbe it. corteggiare, esp. cortejar, prov. COURRE, COURRIER, voy. courir.
coHezar, fr. courtiser; corteggio, subst. de COURROIE, it. corrcggia, esp. port, correa,
ce verbe, a donné au français le mot cortège prov. correja, valaque cureâ, du L. corrigia,
(v.c.m.). — Le mot latin chors, BL. cortis, courroie, lanière, fouet.
s'est ainsi substitué au latin classique aula, COURROUX, vfr. coroce, prov. corrotz, it.
dans les deux sens qu'avait ce dernier ; ces corruccio. D'après Diez, ces mots sont formés
deux sens sont également propres à l'ail, hof. de colroux, colruccio et viennent de choiera,
Nous rappellerons encore une troisième ac- bile, colère. Littré, se fondant sur l'it. corrotto,
ception du mot cour, dérivée de la deuxième, vfr. cor7'ot (rare), deuil, qui répond à un type
savoir celle de siège de justice. L. corruptus, action de corrumpere (au sens
COURAGE (anc. =
cœur, sentiment), it. co- d'irriter, mettre en peine), estime que la forme
raggio, esp. corâge, 'ÇTow.coratge, BL. cora- corous, courroux (avec s, z o\\ x k la fin) ac-
gium; dér. de cor, fr. cœur. L'absence du d cuse pour type un subst. fictif corruptium. Il
radical (L. cor, cordis) prouve que le dérivé est difficile de ne pas souscrire à l'opinion de
s'estproduit sur le terrain roman, en dehors Littré ; selon moi, vfr. corrot, corropt repré-
de toute influence latine ; il en est de même sente le subst. verbal de corruptarc, courroux
du dérivé vfr. corée, entrailles. D. cou- — celui de corruptiare (cp. vfr. corroptios,
rageux; encourager décourager. coroços =
L. corruptiosus); vfr. coreçon
—
,
à bras « raccourci » (Littré), d'autres par revêtu, cp. ail. àrgern, fâcher, litt. gâter, et
« courbe-battre », et qui, selon moi, repré- fr. altérer, propr. gâter. —
D. courroucer
sente « frapper au cœur » ; cp. ail. hers- (vfr. courecier, courcier).
.
coltellaccio.
prov. corsa, fr. course, action de courir.
it.
laeum (aù>xîx) se rattache à aula {xùH), cour, couché (= caché soms la cendre) ; de là : cou-
courtine vient du BL. cortis, cour. Au moyen
vet (bourg, couveau), chauflerette.
âge cortina signifiait « minor cortis », la
petite cour, puis une certaine partie des
COUVERCLE, it. coperchio, du L. coopercu-
remparts, encore aujourd'hui appelée cour-
lum (cooiM5rire). L'ancien mot couverseau
répond à un type coopercellurn.
tine. Leur origine respective permet d'assi-
gner à courtine et au L. aulœum pour signi- COUVERT, voy. couvrir.
fication première mur de clôture, séparation
:
COUVET, voy. couver.
entre deux, cours, d'où découle l'acception COUVRIR, angl. cover, it. coprire, osp.,
abri, rideau. Le cortina du latin classique prov. cubrir, du L. cooperire. Du part. L.
(espèce de vase) n'a de commun avec le coopertiis, copertus : fr. couvert. — D. subst.
cortina des langues romanes, issu de cortis, couvert, ce dont on couvre une table, une
1 .
que la racine, qui exprime une chose ou un lettre ; 2. ce qui couvre, abri, asile ; couverte,
espace circulaire. —
Bugge explique le cor- couverture, couvreur; cps. découvrir, recou-
tina classique par une contraction do covor- vrir, couvre-chef ot sembl. Je tiens couvert —
tina, cf. l'ombrien covortus. Voy. Rom., V, et couverte pour des subst. verb. d'un type
176, note. — D. encourtiner. dérivé copcrtare.
COURTISAN, COURTISER, voy. cour. CRABE, mot d'origine germanique : ags.
COURTOIS, voy. cour. —
D. courtoisie, it., crabba, angl. crab, suéd. hrabba. ixW.hrabbe
esp. cortesia, angl. courtesy. (cp. gr. xâ/sa6o;). —
D. crabier, oiseau qui se
1. COUSIN,
cugino, prov. cosin, est selon
it. nourrit do crabes; dim. crevette (v. c. m.).
l'opinion généralement reçue et sanctionnée CRAC, onomatopée (cfr. vha. krac, ail.
par Diez, une contraction du L. consobrinus. krach, angl. crack, gaél. crac). D. cra- —
Les formes grisonnes accusent davantage cette quer, ail. krachen; craquelin = néerl. kra-
origine cusrin, cusdrin; l'esp. a sohrino
: keling
= neveu. Chevallet, à la suite de Nicot, pro- CRACHER (prov. es-cracar, vfr. escrachier)
pose pour primitif une contraction de consan- parait être équivalents
un renforcement des
guineus. Entre les deux contractions mises vfr. radier,wall. rachi, pic. raquer, prov.
en avant, le choix ne peut rester douteux. — racar. Ces formes sont identiques avec le
D. cousiner, -âge, nord, hrâki, salive, hrœkia, cracher, ags.
2. COUSIN, anc. cusin, moucheron, d'un hraekan. Malgré ces rapports étymologiques
type latin cidicinus, diminutif de culex, cou- incontestables, on est admis à ne voir dans
sin. Grôber, récemment, a objecté contre cracher qu'une des manières adoptées dans
l'étymon culex qu'il postule en fr. coiicin ou les diverses langues pour imiter le bruit qu'on
coissin; mais que mettre à sa place? D. — produit en tirant un flegme du fond de l'esto-
cousinière.
— D. coussinet. mac. —D. crachat (cp. pour la finale pissat),
COUSSIN, voy. couette. crachoir, -oter.
COÛT, voy. coûter. CRAIE, vfr. croie, it. creta, esp. greda.
CRA 131 — GRÉ
anc. flam. hryd, ail. kreide, du L. d'eta. — amours. — Enfin, l'on a proposé le mot grec
D. crayeux, crayon, rouclii croïon. xypyu/.To; ;
pour notre part, nous ne connais-
CRAINDRE, vfr. cremre, criemhre, cre- sons pas cette forme, mais bien un verbe
mir, prov. cremer, du L. tremere (prov. et y.xpYZi.-i, contracter. On voit que le nom de ce
vfr. tremir), avec changement euphonique hideux reptile a beaucoup embarrassé les éty-
de tr en cr. Pour la forme finale, cp. gein- mologistes. — D. crapaudine, -ière; crapdet,
dre de gemere, empreindre de imprimere et jeune crapaud.
sembl. —D. crainte, d'où craintif. CRAPAUDAILLE, espèce de crêpe ; corrup-
CRAMOISI (le peuple dit encore en quelques tion pour crépodaille (radical crêpe, angl.
provinces, d'une manière plus juste, ker- crapé).
moisi), voy. carmin. CRAPOUSSIN, 1. sorte de crustacé (?);
clator de Junius donne cercerelle, daqitette, large do ce mot est individu de race étran-
:
CRÉDIT, it. crédita, ail. kredit, du L. cre- crescione. Selon Ch. Esticnnc, « a celeritate
ditum, pr. la somme de ce qui est cru, c.-à-d. crescendi »; si cette étymologie est la bonne,
confié à qqn., ou de ce qui lui est fourni ou il faut considérer comme empruntés au rom'an
prêté dans l'espoir d'un remboursement, puis les mots germaniques vha. chresso, nha.
= réputation de solvabilité, et, enfin, con- kresse, ags, cûrse, angl. cress, néerl. kerse;
fiance en général. Crédit est le corrélatif do "Weigand, cependant, les rattache au verbe
débit, L. debitum, chose dufc. D. créditer, — vha. chresan, ramper, à cause des tiges ram-
inscrire au crédit, créditeur; accréditer, pour- pantes du cresson de fontaine. Le mot s'est
voir de crédit ; décréditer ou discréditer, pri- aussi transmis aux langues slaves. Voy. aussi
ver de crédit. Hildebrand dans le Dict. de Grimm.
CREDO, mot latin =« je crois premier mot CRÊTE, it esp. cresta, angl. crest, =
L.
— D.
,
;
incrédule, L. incredulus, qui ne croit pas. CRETIN, dans la Gironde crestin, dans les
CRÉER, L. creare. —
D. créateur, -ation, Pyrénées crestian. L'étym. christianus (bon
-ature L. creator, -atio, -atura.
, chrétien, innocent, idiot), mise en avant par
CRÉMAILLÈRE, CRÉMAILLON, vfr. cra- Bridel, Canello, Génin, ne laisse plus de
mait, wall. crama, cramion, cramier, champ. doute; les idiots, dit G. Paris, sont appelés
cramaille, du bas-latin cramaculus venu lui- , dans toute la France des innocents. D. —
même du néerl. kram, croc de fer. L'origine crétinisme, -iser.
grecque /.^C5,aàî3ai, suspendre, est peu pro- CRETONNE, toile blanche; du nom du pre-
bable. Du fr. crémaillère, l'espagnol a fait mier fabricant de cette toile, à Lisieux.
gramallera. CRETONS, déchets de graisse de bœuf ou
CRÈME, prov. crema, angl. cream, du L. de mouton. Origine inconnue le picard dit ;
cremum (Vénance Fortunat), p. cremor. Cre- croton pour graillon. Le mot pourrait se rat-
mor lactis, suc du lait est une expression sem- tacher à crotte.
blable à flos lactis, it. fior di latte, fleur du CREUSER, voy. creux.
lait; l'it. dit aussi capo ou cim.a di latte. L's CREUSET (angl. cruset, cruisel), vfr. croi-
dans vfr. cresme est intercalaire. D. cré- — creusai, croiseul, lampe, esp crisol, creu-
.s'el,
mer, -eux, -ier; écrémer. set, cn'isuelo, lampe ; it. crogiuolo, creuset.
CRÉNEAU, voy. cran. D. créneler. — Tous ces mots, comme leurs équivalents bas-
CRÉOLE, anc. criole, de l'esp, criollo, qui ail, kreusel, hrusel, etc., dérivent du mha.
paraît être d'origine indienne. Le sens le plus kr us [nha. hraus), pot, cruche, jatte, =néerL
., .
CREVETTE, provenance
petite écrevisse ; la
Comparez du reste encore holl. hrissen, bas-
de o^abe (v. c. m.) est combattue, au double saxon krischen, krishen, ail. kreischen, pé-
tiller, craqueter.
point de vue du sens et de la phonétique, par
Joret ; pour celui-ci, le mot vient du type *cra- CRISTAL, L. crystallum (xpûîraUo;). —
petta, métathèse de *capretta (de capro^, qui a D. cristallin, 1j. CTystalXinns \ cristalliser
donné chevrette. Sous ce dernier mot, nous CRITERIUM, latinisation du gr. yt.piT-fipi.ov,
avons déjà dit que Suchier conteste cette ma- moyen déjuger (z/stvw!.
nière de voir et rapporte crevette au moy. ni. CRITIQUE, gr. ypi-cw.ài (qui juge), fém.
crevet (écrevisse) ; on trouve au xvi^ siècle xpiTt)!/;, de xpt'vîiv, juger. — D. critiquer.
une forme escrevette. La longue polémique CROASSER, onomatopée; cp. L. crocirc,
entre les deux savants se déroule dans Rom., gr. xpw^îtv.
Vni, 441 ; IX, 301, 431 ; Grôber, Ztschr., III, CROC, it. crocco, prov. croc, port, croque,
611; IV, 383; V, 173. esp. cloque; ce mot roman se trouve aussi
CRIBLE, L. cribrum. Du dim. L. cribelr bien dans les langues germaniques que dans
lum vient la forme it. crivello. —
D. cribler. les idiomes celtiques v. nord, krokr, angl.
Directement de la forme latine cribrare pro-
:
groppa, esp. yrupa. Ces mots paraissent ap- cruauté, L. cru délitas. —
La forme crualté
partenir à la même famille que groupe, angl. se rapporte à la forme anc. crual (cp. féal),
group, it. groppo, gruppo, esp. grupo et CRURAL, L. cruralis (de crus, cruris,
gorupo, et se rattacher à une racine mar- cuisse).
quant agglomération, quelque chose de ra- CRUSTACÉ, L. crustaceus* [crusta, croûte).
massé, faisant saillie en forme de boule. On CRYPTE, L. crypta, gr. xpùnTr,'^ du parti-
la retrouve dans le vha. chroph (ail. mod. cipe xpvnTOi, caché. De là l'ail, gruft, caveau.
kropf), goitre, nord, kryppa, bosse, ail. Voy. SMs?,ï grotte
hrUppel, homme estropié, rabougri; puis CRYPTOGAME, de xpuTiToyâ/to;, mot forgé
dans le gaél. crup, rétrécir, contracter, déjà de yxn'toi, se marier, et de xpuTrro'j, caché,
mentionné à l'art, précédent, cymr. cropa, donc « qui a les organes sexuels cachés »
gésier, goitre. —
D. croupir, dont la signifi- CRYPTOGRAPHIE.écriture cachée 'y.pvnroi).
cation propre est se tenir sur la croupe, auj
= rester dans un état d'immobilité; com-
CUBE, L. cubus (xûSo;). D. cuber, -âge; —
cubique, L. cubicus.
posé s'accroupir (le préfixe ad, comme dans
croupe, croupière, croupio7t
CUBOÏDE, du gr. xuSastSyjs, qui a la forme
asseoir)-^ (v. c.
d'un cube.
m.). La locution « être assis en croupe der-
rière qqn » a donné naissance aux termes de
CUBÈBE, prov , esp. cubeba, de l'arabe
kabâbat.
jeu croupe et croupier.
CROUPIER, voy. croupe. CUBITUS, mot latin = fr. coude. — D.
cubital.
CROUPION, it. groppone, voy. croupe. En
allemand biirzel =
croupion, signifie éga- CUEILLIR, anc. coillir, it. cogliere, prov.
CUVBLER, propr. faire une sorte de cuve CYNIQUE, L. cynicus, gr. xuvixo;, dér. de
l'intérieur du puits de mine dér. du dimin.
; xuwv, chien. Cependant, la philosophie cynique
cuvel, voy. cuve. ne tire pus son nom directement de xuwv,
CUVER, voy. cuve. mais d'un gymnase à Athènes où son fonda-
CYCLE, du gr. xûAoç, cercle. —
D. cy- teur, Antisthêne, avait établi son école et qui
<:lique, gr. xux).ixo;; cyclone, tempête tour- s'appelait Kovo-japys;. Il est vrai que l'on n'a
nante. pas tardé à faire d'une épithète tirée d'une
CYCLOPE, de xû/)iwj^, à l'œil rond. — D. circonstance accidentelle une qualification ca-
cyclopéen et q/clopien. ractéristique de la doctrine même. Un ancien
CYGNE, du L. cycnus, cygnus (xûxvo?). Le commentateur d'Aristote dit " Les cyniques
:
vfr. cisne, qui se retrouve également en esp. sont ainsi nommés à cause de la liberté de
et en port. a une autre origine ; il vient du
, leurs paroles et de leur amour pour la vérité ;
]BL. cecinus, cicinus, qui, ainsi que Vit. ce- car on trouve que le chien a, dans son in-
cero (cygne), vient de cicer, pois, et se rap- stinct, quelque chose de philosophique et qui
porte au tubercule sur le bec de l'oiseau. lui apprend à distinguer les personnes ; en
CYLINDRE, L. cylindrus {xû^i^Spoi). Voy. effet, il aboie à la vue des étrangers et flatte
aussi calandre. —
D. cylindrer, -ique. les maîtres de la maison de même les cyni-
:
D
DA, dans oiii-da, nenni-da, vient de divâ, DAGORNE, vache à qui il ne reste qu'une
ancienne inteijection exhortative, contractée corne; ce mot, abandonné par l'Académie
en dea, puis da. Nicot « Dea est une inter-
: dans sa dernière édition et repris par Littré,
jection, laquelle enforce la diction où elle est est analysé par ce dernier et par d'autres :
apposée, comme non
deâ, oui deâ, mais en dague ^ corne, la corne unique étant compa-
telles manières de parler on use plutôt de dâ, rée à une corne. Je partage l'avis d'un critique
fait dudit ded, par contraction ou syncope, et qui dit, à propos de cette étymologie, qu'une
dit-on non dâ, oui dâ. »
: Pour diva on a — vache peut perdre son licou, mais non pas une
proposé : 1 la formule vv? zàv Ma., ou vn 5ïi
. corne, et qu'il ne peut y avoir dans aucune
(Ménage), 2. Biva, mère de Dieu (Franc. Mi- langue un mot substantif pour désigner une
chel), fr. 3. dis valet, imitation du L. die. puer vache qui s.'est cassé une corne. Je doute donc
(P. Paris), etc. Toutcela n'est pas soutenable. et de la définition, et de l'étymologie usuelle
Diez y voit l'ancienne interjection va (impé- de ce terme, pour lequel, d'ailleurs, Littré ne
ratif du verbe aller), qui est employée dans un cite aucun exemple.
même sens, renforcée par di (impératif de DAGUE, it., esp. da^a. D'origine germa-
dire), et fournit à cet égard des exemples par- nique suéd. daggert, angl. dagger, néerl.
:
discus, primitif de l'it. desco et de l'ail, tisch, selle. C'est des Français que les Italiens ont
table L'acception du mot moderne se rap- pris leur damigello, -ella. —
Dérivés de
porte aux tentures en forme de ciel dont les dame : 1 dans son acception propre, dame-
.
dois ou dais étaient ordinairement surmontés ret, it. damerino ; 2. dans l'acception que ce
pour empêcher que rien ne tombât du plafond mot a prise au jeu des échecs et des dames,
sur les mets. —
L'étymologie ail. dach, toit, damier, verbes damer, dédamer.
ne peut être soutenue en présence des an- 3 DAME, terme des ponts et chaussées,
ciennes formes du mot. du flam. dam, ail. damm, digue.
DALLE, tablette de pierre, tranche de gros DAME-JEANNE, sorte de très grosse bou-
poisson, tient sans doute à la même racine teille, it. damigiana, prov. mod, dama-jana
(l\xegoi\i.dailjan,ags.daelan, angl. rfeaZ, ail. (Honnorat), fait l'effet d'être une altération po-
theilen, bret. dala, irl. tallam, qui tous signi- pulaire et burlesque d'un mot français corres-
fient fendre, diviser, partager. — D'après pondant au synonyme it. damigiana, arabe
Mahn, du celt. dal, dalen, feuille, planche damajan, qui ont la même signification, et
mince (Herrig, Archiv, XXXVII, 133). — dont l'origine reste à fixer. Le mot arabe
Le mot dalle, employé dans quelques patois paraît venir de l'étranger. On a pensé à une
du Nord pour évier, et d'où vient dalot, gout- forme catalane (fictive) damajana, qui ré-
tière pour faire écouler les eaux hors du na- pondrait à lat. dimidiana et s'expliquerait
vire, représente plutôt une idée do concavité par » demi » -aime. GrÔber (Ztschr., H, 352)
et rappelle la famille des mots gotli. dal, ags. remarque qu'en argot de Paris on dit dame-
dael, ail. thaï, signifiant vallée. Cependant, blanche pour une bouteille do vin blanc, de
Diez préfère pour primitif l'arabe dalla, con- manière que ./ane =jalne' jaune s'applique-
duire (cp. it. doccia, égout, du L. ducere, rait à la couleur do l'enveloppe nattée de la
conduire); il se fonde sur le rapprochement bouteille. En définitive, l'histoire du mot est
de la forme espagnole adala =
dalle, évier, encore à faire.
qui présente dans sa première syllabe l'article DAMER. DAMERET, DAMIER, voy. dume2.
arabe al. — D. daller, couvrir de dalles. — DAMNER. L. damnare.
Le vfr. dail, faux, prov. dalh, esp. dalle, DAMOISEAU, -ELLE, voy. dame 2.
d'où vfr. dailler, trancher, ferrailler, parait DANDINER, balancer niaisement son corps
être, selon Diez, un diminutif de daga, faute de contenance ; selon Pasquier, de dan
dague. din ou din dan, terme imitatif pour désigner
DALOT, voy. dalle. le bruit et le mouvement des
cloches ; selon
DAM, dommage, du L. damnum, m. s. Le Diez, de tand, niaiseries; cp. anc. flam.
l'ail,
sufiixeâge en a fait dam,age (forme usitée en- danten, ineptie, ail. tàndeln, badiner, angl.
core en anglais) et, par la mutation de a en o, dandle, bercer; selon nous, de la rac. dad
damage' dommage. Voy. aussi danger. (voy. dada) exprimant les premiers pas tentés
DAMAS, it. damasco et damasto, BL. da- par un enfant, et appliquée ensuite fig. à un
mascus, ail. damast; de la ville de Damas maintien peu assuré. Le mot peut d'ailleurs
(Damascus), lieu d'origine de cette étoffe. — être considéré comme une variété de dodiner
D. damasser. —
Le même nom géographique a (v. c. m.). — De dandiner vient dandin,
donné le mot damas, lame d'acier finement homme niais, fat, et peut-être l'anglais
trempée, it. damaschino, d'où le verbe fr. da- dandy.
masquiner. DANGER, anciennement domination, auto-
DAMASQUINEtl, voy. damas. rité,particulièrement droit du suzerain relati-
1 .DAME, interjection, domina ^ (c.-à-d. vement aux possessions de ses vassaux pour se
la Vierge), ou plutôt =
domine, cp. en vfr. dédommager éventuellement du non-acqxiit-
l'expression dame Dieu, =
dominus Deus. tement de leurs obligations ; de là la locution :
Nodier s'est trompé en y voyant le L. dam- estre en dangier de qqn., être sous sa puis
num. sance, à sa merci. C'est ainsi que danger prit
2 DAME, subst. it. dama, vient du L.
, l'acception de violence arbitraire (sens inhé
domina, de la même manière que le masc. do- rent encore à ce mot en Normandie), puis
minus a produit les formes vfr. dam, dan, cellede refus, contestation, difficulté : faire
dame, damp (dans damedieu, vidame, et les danger de dire qqch. =
refuser de dire qqch.
noms propres Dampierre, Dammartin). Pour Ces anciennes significations, ainsi que l'or-
la mutation o a, rappelons encore vfr. da-
: thographe dongier qui se rencontre assez sou-
mesche de domesticus, et vfr. danter de domi- vent, prouvent en faveur d'un type latin do-
tare. — Les formes correspondantes dans les miniarium, donï'niarium, forme extensive
autres langues, pour dominus et domina de dominium, souveraineté, autorité. Le sens
(Inscript, domnus, domna), sont en it. donno, actuellement attaché au mot, celui de péril,
donna; en esp, don, dona, duena (de ce der- peut à la vérité se ramener assez facilement à
.
DAT — 439 — DE
celui de domination ou de son corrélatif dé- date == indication du lieu et du jour de l'ex-
pendance ; être en danger de mort, c'est avoir pédition ou de l'enregistrement d'une pièce,
la mort pour maîtresse, c'est être sous la puis, en général, époque précise où une chose
puissance de la mort cependant, la définition
; a été faite.
de danger par « situation où l'on encourt du DATE, voy. dataire. — D. dater, cps. anti-
dommage [damnum) » fait pencher beaucoup dater (mieux vaudrait antédater) et post-
de philologues pour le type damnarium, dater.
d'où damnier, puis danger (cp. calenger p. DATIF, L. dativus (dare).
calomnier)-^ et, en effet, les deux étymologies DATION, L. datio (dare).
proposées sont justifiables, suivant les deux DATTE, anc. dacte (p. dactle, cp. amande
significations puissance et péril, et l'on est en p. ama7idle), it. rfafiero, esp., prov. rfaii7, ail.
droit de soupçonner que les deux sens se rap- dattel, du L. dactylus, m. s. —
D. dattier.
•portent à deux homonymes. Il est curieux que DAUBE, voy. dauber.
la moyenne latinité ne présente ni dominia- DAUBER, frapper, angl. cZaJ, de l'ags. dub-
rium, ni damnarium, et qu'au xiv^ siècle on ban, m. s. (voy. adouber). —
D. daube (pour
ait latinisé dangier ou dongier par domige- être mise à la daube, la viande doit être frap-
rium, dangerium. —
D. dangereux. pée); endauber.
DANS, vfr. deens dens, combinaison de de DAUPHIN, prov. dalfin, L. delphinus.
et ens (v. c. m.) —
L. de ïntus. Par une nou Comme titre de l'héritier du trône de France,
velle combinaison avec de, on a fait dedans dauphiii vient du nom propre Dauphin, porté
modifié par syncope en déans, d'où le cps par plusieurs seigneurs du pays dit Lau-
endéans. phiné. « Par le privilège de la donation que
DANSER, angl. dance, it. danzare, esp. Himbert, dernier seigneur de Dauphiné, fit
port., prov. danzar ou dansar, du vha. dan de sa terre, l'an 1349, à Jean Roy de France,
son, tirer en long. La danse, étymologique' autre ne peut estre Dauphin que le fils du
ment, désigne une chaîne, une file (cp. l'ail Roy régnant. » (Fauchet).
reigen, danse, mot identique avec reihe, file DAURADE (poisson), d'un type L. de-aurata
série). Le mot tanzen de lallemand actuel (la dorée) donc de la même origine que le
est un emprunt fait aux langues romanes. — ;
vée, peut-être sous l'influence de baron, du DE-, DE-, DES-, particules prépositives,
vfr. danre =
lat. dominum; cp., pour la répondant aux préfixes latins de et dis. 1. Le
chute de l'n, sire de senior, Berry dare'e = de latin se retrouve en français sous la forme
denrée. —
Notez que, dans les Assises de Jéru- de et dé, tant dans les verbes transmis du latin
salem, le mot daron signifie « manoir sei- (ex. demander, déclarer, désigner, déléguer)
gneurial » que dans ceux de création nouvelle (ex. dé-
DARSE, darsine, de l'it. darsena, voy. choir, défiler, découler). On remarque que la
arsenal. forme de (sans accent) se met de préférence
DARTRE, patois dertre. Diez rejette l'éty- devant des primitifs appartenant déjà au vieux
mologie ôa/sTo';, écorché s'il avait fallu recou-
;
fonds constitué de la langue, comme debout,
rir au grec pour trouver un nom à la mala- dedans, devers, degré. La forme dé est d'in-
die appelée dartre, les médecins y auraient troduction plus moderne; elle est générale-
puisé le nom propre de cette maladie, qui est ment appliquée aux verbes, tant à ceux de
Uixri-^- Pictet opine pour un radical celtique, provenance latine qu'à ceux de création ro-
en alléguant le cymr. tarvodan, m. s., bret. mane; exceptions demander, devenir, de-
—
:
darvuéden, dervoéden ; on rattache aussi le meurer. Le préfixe rf^(it di, esp., prov.
mot à l'ags. teter, angl. tetter (ail. zitter), qui de) a servi particulièrement à exprimer éloi-
signifie dai^tre. Quelle que soit l'origine immé- gnement, privation, enlèvement. Comme le
diatedu mot fr., celui-ci est incontestable- préfixe L. dis =
fr. dés, il communique au
ment identique avec le sanscrit dardru, m. primitif le sens du contraire : fr. débâtir,
s., venant d'un verbe signifiant gercer. D. — prov. de-bastir. Il se fait surtout remarquer
dartreux. comme l'opposé du préfixe en, p. ex. embour-
DATAIRE, en BL. primus cancellarise roma- ber, débourber ; embrouiller, débrouiller. —
nae minister, sic dictus a litteris expeditis, 2. Le préfixe latin dis, di se retrouve dans
quibus vulgo addit datum Romse. La cliarge
: des mots fr. de provenance latine (ex. discer-
de cet officier s'appelait dataria, fr. daterie. ner, dispenser, dilacérer). Appliqué à des
C'est aussi cette formule datum Romce, donné vocables nouveaux, où il sert à exprimer sé-
à Rome, etc., qui a donné naissance au terme paration, cessation ou négation, il se trans-
.
ment servant à consulter, à tenter la for- -itas ; débiliter, L. -itare. — La vraie francisa-
tune. tion du L. dëbilis est deble, dieble, doivle
qui ne se trouve que dans les composés vfr.
DÉBÂCLER, contraire de bâcler (v. c. m.),
désobstruer, débarrasser, rompre. —
D. dé-
endeble, endieble; y&i relevé endotoZe dans les
Poésies de Froissart, t. I, p. 131, 1518).
bâcle, rupture des glaces, fig. changement
subit, confusion. DÉBINER, wall. dibiner, aller en déca-
dence, perdre sa fortune (d'où subst. débine,
DEBA60ULER, vomir des injures ; puis
misère) ; je ne connais pas l'origine de ce
vomir en général. Ce terme accuse un pri-
mot familier. Est-il identique avec le rouchi
mitif bagoide, auquel on doit aussi l'ancien
biner, débhier, qui signifient s'enfuir? Ou
verbe bagouler, bavarder, et le subst. bagoul,
est-ce une formation de fantaisie, tirée de
bavardage (usité dans les dial. du Nord).
debere, avoir des dettes?
On peut aussi l'expliquer par 5'oiîZe,*^i«cî<Ze,
muni du préfixe péjoratif ba, bé; une ba- DÉBIT, mot savant, du L. debitum, ce qui
est dû, comme crédit de creditum, ce qui est
goule serait une mauvaise langue ; cp. l'ex-
pression vulgaire engueuler qqn.
cru (confié, prêté). De là débiter inscrire =
au compte du débit. Le mot debitum, signifie
DÉBALLER, voy. balle.
également la marchandise vendue et portée au
DÉBANDER, 1. ôter une bande, desser- débit de l'acquéreur, comme due par lui de ;
rer; 2. rompre, disperser une bande de com-
là le verbe débiter, dans son sens de vendre,
battants, —
D. débandade [à la), néolo- surtout vendre en détail, fig. mettre en cir-
gisme. culation, émettre (des nouvelles), réciter,
DÉBARCADÈRE, voy. débarquer. produire en public. C'est à ce dernier que se
.
deductus, est tiré du L. deducere, dans le sens -erosse, qui se défend en justice.
de divertir que lui donnait le moyen âge ; cp. DÉFENSE, voy. défendre. D. défen- —
divertir, distraire, formés d'une manière tout sable ', en état de se défendre.
analogue et signifiant litt. tourner en sens DÉFÉQUER, L. defœcare, ôter la lie, les
divers, c.-à-d. détourner des choses graves ou fèces (L. fsex). —
D. défécation, L. defaecatio.
tristes. DÉFÉRER, L. déferre, litt. porter vers,
DÉDUIT, voy. déduire. puis présenter, offrir, accorder, d'où la signi-
DÉESSE, vfr. deuesse, it. deessa (aussi fication moderne céder, condescendre.
: D. —
dea), prov. deuessa, diuessa (aussi dea). Pour déférence, condescendance.
donner au L. dea une terminaison plus sonore DÉFERRER, 1. ôter le fer, la. ferrure; 2. ti-
qu'un simple a on e muet, on a eu recours au rer le fer, lepée, dégainer.
suffixe essa, esse. L'espagnol a fait de dios, DÉFET, voy. défectif
dieu,^ le fém. diosa. DÉFI, voy. défier.
DÉFAILLIR, propr. manquer, faire défaut, DÉFICIT, mot latin, signifiant « il man-
s'affaiblir la composition avec de est peut-être que » (de deficere, manquer).
;
DÉFILER, 1. V. a., ôter le fil, voy. fil; noyez, crucifiez, bouillez, escarbouillez, escar-
2. V. n., aller l'un après l'autre, à la file. De la telez, dehingandez carbonnadez ces méchants
,
seconde acception dérive défilé, 1 action de . hérétiques, etc. » Que voulait dire l'auteur
défiler, 2. passage étroit, où il faut marcher par déhingander, sinon démembrer? Bugge —
un à un. (Rom. III, 146) rapproche l'it. sgangherato,
DÉFINIR, L. definire, m. s. (litt. fixer les pr. sorti des gonds, fig. dégingandé. Le pri-
limites, fines). — D. définissable, indéfinis- mitif gingand (norm. genguand) serait une
sable, défini, indéfini. Au supin latin defini- transformation de it. ganghero, prov. gan-
tum ressortissent : définitif, -itivus, défini- guil, gond: d final serait paragogique; in,
tion, -\ûo. en, pour aiJi an; le 2* n fait l'effet d'une assi-
DÉFLAGRATION, L. deflagratio, combus- milation au 1*' (cp. milan, canchen it. =
tion.^ ganghero).
DÉFLEURIR. L. defl^rere, cesser de fleu- DÉGLUTITION, L. déglutit io (de deglutire,
rir; défiorer, L. deflorare, ôter la fleur, flé- avalçn.
trir. DÉGOBILLER, dér. de gober, avaler.
DÉFLORER, voy. défleurir. DÉGOISER, Berry dégoisiller, parler avec
DÉFONCER, ôter le fond (vfr. fons), aussi volubilité, gazouiller, jaser; anc. chanter à
fouler au fond, voy. fond. pleine gorge, s'ébattre; se rapporte proba-
DÉFORMER L. deformare. blement au primitif de gosier; cp. égosiller.
DÉFOURNER. tirer du four (v. c. m.). — Subst. vcrb. degois', ébat.
DÉFRAYER, dispenser du payement des DÉGOMMER, terme populaire, tiré de
frais,payer pour un autre, entretenir. Voy. gomme; propr. décoller, fig. déplacer d'une
frais. — D. dé
frai', défraiement* position où l'on se croyait sûrement établi.
DÉGRINGOLER, rouler du haut en bas. Le act. nourrir, régaler, réfl. se nourrir, se lé-
P. Menestricr établit un primitif grwgole, galer.
qui, selon lui, est à la fois un synonyme et DÉJOINDRE, du L. dejungere ou disjun-
ime corruption de gargouille. Dégringoler, gère, comme on veut. En tout cas, le mot fait
serait ainsi tomber d'en haut comme l'caxi qui double emploi avec disjoiiulre.
tombe des gargouilles. Le picaid a dérin- DÉJOUER, jouer (c.-à-d. travailler, ma-
goler, ce qui fait penser à un primitif ringole nœuvrer) en .sens contraire, faire manquer ou
= rigole. Pour la prothèse de g, cp. gre- échouer un projet; cp. le L. de-ludcre, y)ucr,
nouille, Voy. aussi le mot grivgolé. tromper une personne, jouer contre elle.
DÉGUENILLÉ, de guenille (v. c. m.); litt. DÉJUC, voy. l'art suiv.
tombé en guenille. La composition n'est pas DÉJUCHER, sortir du juchoir, \oy. jucher;
heureuse, puisqu'elle exprimerait tout aussi subst. verbal déjuc, temps du lever des oi-
bien l'opposé, c.-à-d. " privé de guenilles ». seaux.
DÉGUERPIR, litt. abandonner;
jeter loin, DÉJUGER (SE), désavouer un jugement
de l'ancien verbe guerpir xoerpir, BL. guer- qu"on avait porté, cp. le terme se dédire.
pire, abandonner, quitter. Ce primitif vient DELA, corrélatif de <^%à, p. de là, it. di
du goth. vairixin, ancien saxon xcerpjan (ail. là, esp. de alla; combinaisons au delà, par :
aller est déduite de celle de l'enoncer. appliqué par imitation du L. de-serere, de-
DÉGUISER, prov. desguizar, quitter sa relinquerc, —
D. délaissement ; anc. délais.
guise habituelle pour en revêtir une autre, DÉLARDER, terme d'architecture; étymo-
travestir. —
D. déguisement. logie inconnue. Si parmi les diverses opéra-
DÉGUSTER, L. degustare (gustus). tions techniques désignées par ce verbe on
DEHISCENT ci déhiscence, du L. deJtiscere, peut réellement placer en premier lieu,
s'entr'ouvrir. comme le fait Roquefort, celle de piquer la
DEHONTÉ, {v. c. m.). On dit
privé de liante pierre avec le marteau, alors il est permis de
de môme élionté.Corneille s'est servi du verbe voir dans le mot un dérivé de lard, aussi bien
défiante)- dans le sens de couvrir de honte. que dans le verbe simple larder, dans son ac-
DEHORS, vfr. defors, voy. fors. ception métaphoricpic, percer de coups. Ou le
DÉIFIER, L. deifieare, mot de la latinité sens foncier est-il rendre mince comme une
de l'Eglise, fait comme tant de mots modernes pièce de lard?
se terminant de môme, et formés d'après le DÉLASSER =: dés-lasser, le contraire de
précédent des vocables latins œdificarc, am- lasser. Le lat. de-lassare dit ro2)posé du mot
pliJiearc {-fcare est un dérivé de ficus, adj. français le préfixe y a une autre valeur.
de faeia, faire). —
D. déification.
;
ne l'épondrait qu'à déléguer, ou, dans l'hypo- à délivre. Pour la forme, cp. comble.
thèse d'une forme lat. secondaire dislicare, à DÉLIVRER, 1. mettre en liberté, 2 =^
desleier, dislier, disjoiicr. L'examen phoné- livrer, exj^dicr; du BL. deliberare, composé
tique de la question le pousse vers un type do liberare. Le préfixe de est, dans les deux
dis-lacare, de lacus (lac), d'où aussi it. alla- acceptions, parfaitement à sa place, puisque
gare (vfr. alayer) et dilagare, submerger, le verbe implique l'idée do séparation. D. —
noyer (Ztschr., VI, 108). G. Paris (Rom., XI, délivrance ; subst. délivre (v. c. m.).
444) sauve l'étym. disliquarc, devenu disli- DÉLOGER, contraire de loger, c.-à-d. quit-
care, en invoquant l'anc. forme desleyer. II ter ou f;iiro quitter lui logement.
n'y a donc pas lieu de séparer fr. délayer du DÉLOYAL, it. disleale, négation de loyal.
prov. dcslcgar, it. dileguare. — D. desloialté' déloyauté.
DELÉBliiE", L. delehilis [ào delere,cfSa.ccr). DELTA, quatrième lettre de l'alphabot
— D. indélébile. grec, ayant la forme d'un triangle.
DÉLECTER, vfr. déliter (cp. lit de lectits, DÉLUGE, du L. diluvium (diluere), d'où
confit de confcctus), angl. delight; du L. dc- aussi les termes scientifiques diluvial, dilu-
Icctare (fréq. do deliccre). —
D. délectation, vien, dihivion.
délectable, (vfr. délitalflc); l'anc. langue avait DÉLURÉ, dégourdi, déniaisé, anc. déleurré,
en outre le subst. verbal délit =
plaisir, agré- donc; pr. qui ne se laisse plus piper ou leur-
ment. rer.
DÉLÉGUER, L. dclegare, m. s. DÉLUTER. ôtcr le lut (L. lutmn).
DÉLÉTÈRE, gr. i-nUrip^oi, nuisible (5>jJîw). DÉMAGOGUE, gr. ô/j/ia/w/o^, qui entraino
DÉLIBÉRÉ, voy. l'art, suiv. le peuple (ô^/*o;, iyety). — D. démagogie,
DÉLIBÉRER, L. deliberare, pr. peser, pon- -ique, isrne, -iser.
dérer, examiner (dér de libra, balance). — DEMAIN, it. dimani, domane, prov. de-
Le sens de l'adj délibé^'é, ré.solu, se rapporte,
. man, du L. mane, matin, pourvu du préfixe
comme l'anc. adj. délivre, au verbe deliberare de. — D. lendemain, it. l'ijidoynani, composi-
= rendre libre, dégager. tion de le -\- 'endemain ; l'ignorance étymolo-
DÉLICAT, L. delicatus (àa deliciœ), 1 char-
. gique a fait que l'article s'est uni au corps du
mant, délicieux, 2. voluptueux, efféminé, mot la môme chose est arrivée dans le subst.
;
1
DÉM — Ul — DÉN
vivant, lesquels, par leur mouvement, exci- DÉMESURÉ, hors de mesure, excessif.
tent en nousune démangeaison. » Nous DÉMETTRE, opp. de ^nettre, mettre hors
n'ajouterons rien à cette explication, un peu de sa place, disloquer, déposséder. Le terme
crue, fort plausible du reste, de Ménage (cp, français ne correspond pas logiquement au L.
en latin verminare, de vertnis, et en ail. demittere, pas plus que le substantif rfJmi*
wurnien, de wur^n, ver) nous dirons seule-
;
sion (v. c. m.) au L. demissio. Le préfixe de
ment que l'expression démanger est logique- du vocable français est négatif, c.-à-d. le de
ment égale aux termes ail. beisscn, mordre, it. latin marquant éloignement, partant privation;
2yiz2icare, pincer, esp. picar, piquer (nous dans mot latin il exprime l'abaissement.
le
disons aussi picotement p. démangeaison), esp. Le a généralement démettre et non pas
vfr.
comezoH = L. comestio, qui tous ont la desmettre; le type latin, est donc bien de-mit-
même valeur que le mot français. D. déman- — tere et non pas dis-mittere ou di-mittero. La
geaison. dernière forme, cependant, peut être invo-
DÉMANTELER, dépouiller du manter man- quée en faveur du verbe « démettre d'un em-
teau, ce pi'imitif étant pris dans le sens dérivé ploi " ; cp. langl. dis-miss.
de rempart. DEMEURE, it.dimora, esp., prov. demora,
DÉMANTIBULER, anc. démandibuler (pour subst. verbal de demeurer.
d changé en t, cp. appentis Gi apprenti), pr. DEMEURER, 1. s'arrêter, rester, tarder;
démettre la mâchoire (L. mandibula), puis 2. séjourner, habiter. C'est le L, demorari
disloquer, démonter en général. (morari), dans le sens neutre de ce verbe. —
DÉMARCATION, tiré du BL. «larca, limite, D. demeure, I. séjour, retard (signification
d'après l'analogie de délimitation. propre déjà au L. mora), 2. habitation; cp.
DÉMARCHE, subst. verbal d'un ancien verbe maison =
niansio, do manere, rester, de-
démarcher, se mettre en mouvement 1 façon ; . meurer; de)neurant, subst., =^ l'este; loc.
de marcher, allure; 2. façon de se conduire, adv. au demeurant au reste. =
de s'y prendre pour arriver à un résultat. DEMI, adj. L. dimidius.
DÉMARQUER, ôter la marque. DÉMISSION, vfr. desmission, angl. dismis-
DÉMARRER, contraii-e de amarrer [y. c. m.), sion, d'un type latin dis-missio (cp. l'ail, ent-
défah'e un amarrage. lassung). — D.
démissionner, -aire.
DÉMASQUER, ôter le masque, fig. mettre DÉMOCRATIE, gr. 5/;/xo/-/=àr£i'/, gouverne-
à nu, d^écouvrir (une batterie). mont du peuple de ce subst. abstrait on a
;
DÉMÊLER, contraire de mêler; fig. dé- dégagé le subst. personnel démocrate qui =
bi'ouiller, débattre une affaire, reconnaître est attaché à la démocratie. D. démocra- —
qqcli. au milieu de beaucoup d'autres, discer- tique, -is»ie.
ner. — D. démêlé, querelle, pr. action do DEMOISELLE, anc. damoiselle, voy. dame.
débrouiller une affaire ; démêlement, -oir. DÉMOLIR, L. demoliri, contraire de mo-
DÉMEMBRER, it. smembrare, dépecer, = liri, bâtir. — D. démolisseur; démolition, L.
mettre en pièces, dér. de membre. D. dé- — demolitio.
membrement. DÉMON, L. dœmon (5at>wv), esprit, génie.
DÉMÉNAGER, opp. do emménager, voy. — D. démoniaque, du gr. ëxi/j.'j-Hy./.oi.
DÉMENTIR, prov., esp. desmentir, it. anc. employé en sens actif « démordre une
smenlire, BL. dismentiri, convaincre de men- opinion ".
songe, prouver comme faux; se démentir, DÉMOUVOIR, L. demovere, écarter.
s'accuser de mensonge, se contredire; en DÉNAIRE, adj., L. denarius, qui contient
pari, de choses, ne pas répondre à ce que le nombre dix. Le même type a produit denier
l'on en attend, se montrer en défaut. Les an- = dis as; cp. primaire et premier.
ciens disaient « desmentir le haubert ", dans DÉNATURER, faire changer de nature, cp.
le sens de le percer ; c'est propr. faire voir sa défigurer. ^
faiblesse, son incapacité de remplir sa tâche, DENCHÉ, t. de blason, v. dent. D'un type
le mettre en défaut on employait de la même
; latin dentieatus.
manière le verbe fausser. Au fond du mot, on DÉNÉGATION, L. denegatio.
le voit, il y a l'idée d'annuler le mensonge, de DÉNI, subst. verbal de dénier.
mettre la vérité à nu. —
D. subst. démenti. DÉNICHER, pr. faire sortir du nid, fig. dé-
DÉMÉRITER, c'est faire le contraire de busquer d'une retraite.Voy. nicher. Le con-,
mériter. — D. démérite. traire, " faire entrer au nid, faire couver », se
DÉP — 148 DÉP
rendait autrefois par anicher (« un anicheur séparer, se désister, s'éloigner, s'en aller ; de
de poules », Noël du Fail). —
D. dénicheur. là le subst. départ (anc. aussi, tiré du parti-
DENIER, L. denarius, voy. dénaire. cipe, départie). Voy. aussi jmrtir, qui pré-
DÉNIER, L. dencgare; voy. nier. D. — sente les mêmes variétés d'acception; cp. l'ail.
français n'a plus que le sens figuré; cp. ail. céder en longueur ou en largeur (le préfixe
anschicar:en. est le L. de), 2. (t. d'arts ot met.) retirer ce
DÉNOMBRER, L. denumerare. qui était passé (le préfixe est le négatif dis).
DÉNOMMER, L. dcnominarc. —
D. déno- Dans le premier ordre d'acceptions, le préfixe
mination, -atci'.r, -atif, L. denominatio, -ator, n'ajoute guère au sens du verbe simple que
-ativus. l'idée d'un point sei'vant de déjiart à la com-
DÉNONCER, L. dcnuntiare. — D. dénon- paraison, ou bien simplement l'idée d'éloigné
ciation, -ateur, L. denuntiatio, -ator. ment, d'écart.
DÉNOTER, L. denotare (de nota, signe, DÉPAYSER, litt. mettre hors de son pai/s;
comnic desir/narc de signwn). fig. dérouter, désorienter.
DÉNOUER, défaire le nœud, opp. de nouer. DÉPECER, ou dépiécer, it. spcszarc, mettre
DENRÉE, prov. dcnairada, esp. dinerada, en pièces. 'Voy. pièce. L'ancienne langue disait
it. derrata, duBL. dcnarata{iin^s'\ denariata), aussi simplement pecier, pcçoyer.
pr. somme ou valeur d'un denier {denarius), DÉPÊCHE, voy. l'art, suiv.
puis valeur d'une chose en deniers, enfin toute
DÉPÉCHER, it. dispacciare, spacciare, esp.,
espèce de marchandise qui s'acquiert à beaux
port, dtispachar ; subst. it. dispaccio, spaccio,
deniers comptants auj. principalement mar-
;
esp. despacho, fr. dkpèche. C'est le contraire
chandise destinée à la nourriture. àe empêcher (v. c. m.). Quoique f/<|/x*c/u'r cor-
DENSE, L. dcnsus. —
D. densité, L. den-
responde, quant aux significations et môme
sitas.
DENT, L. dcns, gén. dentis D. den- — quant à la représentation métaphorique qui
les a produites, au L. expcdire, il n'est pas
taire, L. dentarius dental, L. dentalis ; denté,
;
permis de rattacher le mot français, et encore
L. dentatus, opp. c'denté; dentier, denture,
moins ses analogues it. et esp., à un primitif
dentiste; dentelle (v. c. m.); dentition, L. den-
comme
titio, du verbe dentire, faire ses dents. Les — latin dis-j)edirc ou dispedicare
veut Ménage, dcpediscarc). Nous le montre-
(ou,
dentelé, -ure.
ou plutôt « qui a le plumage en désordre »»
DENTIFRICE, L. dentifriciwn, litt. frotte-
dent (mot employé par Pline). (BL. depcnnarc, déplumer), et vient du mot
DÉNUDER, L. dcnudare (nudus), mettre à penne, L. penna =
plume; ou bien c'est un
nu. — La forme dénuder est savante; le fran- dérivé du vfr, dépané, déchiré, en haillons
(BL. depanare,= ùiûviccvsive), quia pour pri-
çais du fonds comnuin a, d'après la règle gé-
mitif le L. pannus, morceau, lambeau, pan.
nérale de la suppression de la consonne
médialc, la forme dénuer. Le mot penaille et l'analogie de déguenillé
parlent en faveur de la seconde étymologie.
DÉNUER, voy. l'art, préc. ; do mettre à nu
s'est déduite l'acception dépouiller de ce qui DÉPENDRE, 1. sens actif, opp. àa lyendre,
est nécessaire. —
D. dcnùnient. détacher une chose pendue ; 2. sens neutre, du
DÉPAREILLER, opp. de appareiller. L. dependêre, être subordonné, assujetti ; de
DÉPARER, faire le contraire de parai' là dépendant, -ance; 3. vfr. despendre, auj.
:
tement, pr. division; 2. signification déduite, voy. dépendre, troisième acception. D. dé- —
inconnue au latin classique : se départir, se pensier, adj., qui aime la dépense.
DÉP — 149 DËP
mais le préfixe des du vfr. accuse un type gneiu', du L. de2irecari (prier pour détourner
dis). un mal); de là l'anc. subst. dépri; 2. retirer
DÉPLORER, L. deplorare. une invitation, opp. de prier.
DÉPLOYER, forme secondaire de de'plier. DÉPRIMER, L. de-primere (de premere,
DÉPLUMER, L. deplumare. presser). Le vfr. di.sait depraindre, deprcsser.
DÉPOPULATION, L. depopulatio. DÉPRISER des2')riser' , prov. desprezar,
DÉPORTER, L. deportare, exiler. Se dé- faitdouble emploi avec déprécier ; c'est un
porter a pris le sens littéral se porter loin, : composé de 2'>^iser, moins négatif que mépri-
se tenir à l'écart, puis s'abstenir, se désister. ser. — Subst. verhal dépris*.
— Au moyen âge, deportare et déporter avaient DÉPUCELER, priver du pucelage, voy. pu-
l'acception excepter, exempter, épargner elle ;
celle.
s'est tout à fait effacée. Comme divertir, pr. DEPUIS, voy. puis.
tourner en sens divers, et distraire, sens ana- DÉPURER, L. depurare. —
D. dépuration,
logue, le mot déporter a revêtu axissi le sens dépmratif, -atoire.
de s'amuser ; enfin, nous lui trouvons encore DÉPUTER, L. deputare, assigner, destiner,
l'acception du L. se gerere dans le subst. dé- désigner pour. —
D. député, -ation.
DÉR — 150 Dl'S
DÉRACINER, arraclier avec la racine, cp. le 2. DEROUTER [se), vfr. desronter, rompre
L. cradicarc, exstirpare. Le picard déracher les lignes, débander; de dis-ruptare,
se frécj.
avec l'angl. drive (ail. trciben). Il existe, à la appuie cette opinion sur le caractère exclusi-
vérité, dans le vieux fr., un verbe driver dans vement prépositionnel de dés et en citant vfr.
la locution « laisser driver un bateau n p. le desans =
de ex ante, v. esp. deseiit de ex =
laisser flotter à la merci du courant; il se inde, desi =
do ex ibi, esp. mod. des])ues =
peut bien qiie ce terme de navigation soit de ex post. Ces différentes combinaisons néo-
emprunté à l'angl. drive ou au flam. drijvtti, latines ont déjà en quelque sorte leur précé-
robare, dépouiller (qqn.), piller, enlever fur- DESCELLER, ûtor le scel (sceau).
tivement, puis soustraire, cacher. Se rap- DESCENDRE, du L. de-scendere{?,canàcvQ).
porte à BL. ro&a, comme despoliare à spoUiim En vfr. descendre s'employait aussi p. con-
(dépouille) c'est pr. priver de la roba, pris
;
descendre. —
D. descente (d'un supin barbare
dans le sens large de supellex en général descenditum; le vfr. descense \\ent du supin
(biens, vivres, équipement). Voy. robe. classique descensum) ; descendant, -ance.
DÉROGER, du L. de-rogare, déroger aune DESCRIPTION, -TIP. L. descriptio, -tivus,
loi. Du sens primitif annuler une partie d'une
:
de describere = fr.décrire.
loi, porter atteinte à un droit, découle l'idée DÉSEMPARER, voy. emparer. — Autre-
de manquer à son honneur, se discréditer, fois = démanteler (une place forte).
s'abaisser. —
D. dérogation, L. derogatio; DÉSERT, adj., L. désertas (part. pass. de
dérogeance. deserere, abandonner); dksert, subst., L.
DÉROULER, étendre ce qui était roulé; desertum ; dksertkr (ce verbe s'est aussi em-
terme analogue à déplier, développer. ployé jadis dans le sens de rendre désert), L.
DEROUTE, vfr. desroute, est la représenta- desertare', fréq. de deserere; déskrtion, L.
tion exacte du L. disrupta, substantif parti- désert in; déserteur, L. desertor.
cipial de disrumpere, vfr. desrompre, rompre DÉSERTER, voy. désert.
une ligne de bataille à divers endroits. L'it. a DÉSESPÉRER, négation de espérer; déses-
dans le même
sens rotta, esp., port., prov. poir, négation de espoir. Le latin rendait la
rota, et en vfr. route s'employait aussi p. dé- négation par le préfixe privatif de : de-spe-
route. Tous équivalent au L. rupta. Le subst. rare, d'où vfr. desperer, despoir.
route (v. c. m.), chemin, est étymologique- DÉSHÉRENCE, absence d'héritiers, com-
ment connexe avec roule et déroute = dé- posé du préfixe négatif dés et de hérence,
fiiite. dérivé de heir', hoir' héritier. ,
DÉTAIL, subst. vcrb. do détailler. vei'be estranf/icr, mettre dehors, chasser, BL.
DÉTAILLER, pr. tailler en pièces, puis extraneare (extrancum facere).
vendre par petites parties, fig. exposer minu- DÉTRAQUER, pr. faire sortir de son allure
ticusoment. — D. détail, détaillant. traquer; cp. le nécrl.
habituelle, voy. trac,
DÉTALER, destalcr, opp. de étaler (v. c. vcrtrekhoi, déranger une chose en la faisant
m.); c'est remballer sa marchandise, fig. bouger de place.
décamper, s'en aller au plus vite. D. déta- — DÉTREMPER, 1. oppo.sé de tremper, faire
laffe. perdre la trempe; 2. intensif de tremper;
DÉTEINDRE, desteindre , opp. de teindre; pour dé-, op. délayer. — D. détrempe,
faire i^ordre ou (sens neutre) perdre la cou- DÉTRESSE,vfr. destrece, prov. destreissa,
leur. subst. verbal d'un ancien verbe destrecier,
DÉTELER, denteler , npp. de atteln' (v. c. destresser, prov. destreissar, répondant à un
type latin districtiare, formé lui-môme du
DÉTENDRE, destendre' opp. de tendre \ ce part, districtus (stringere), serré, oppre.s.sé.
n'est pas logiquement le L. distendere, qui Détresse est donc logiquement égal à angoisse,
signifie étendre, déployer. Ou trouve en latin qui vient do a)igi'stus, étroit, serré.
dc-tendere dans le sens de notre détendre, — DÉTRIMENT, L. detrimentum, dommage
D. détente (cp. tente de tendere). (de delercrc, user en frottant).
DÉTENIR, L. detinere, d'où dotentor, fr.
DÉTRITUS, du L. détritus, part, do dete-
détenteur; detentio, fr. détention. rere, user on frottant.
DÉTENTE, voy. tendre. DÉTROIT désirait' prov. destreit,destreich,
,
,
tuare de fluctus), d'où se serait produit volu- division, le pai'tago des biens; 2. division,
paré comme pipUa Aeintuita (cp. dv b, dans = portion de l'écu (t. de blason); 3. les robes ou
•lat. bis, bellum p. duis, ducllum). habits bigarrés (« vesti divisati ") servant de
DEVENIR, it. divenire, du L. devenire, marques distinctives soit des emplois que
auquel le moyen âge a donné l'acception du l'on occupait, soit des maisons au service des-
classique evadere, dont le sens littéral corres- quelles on se trouvait. Ces significations déri-
pond exactement à celui de devenire. vent clairement de l'idée diviser. La significa-
DÉVERGONDÉ, de se dévergonder
part, , tion actuelle signe ou emblème distinctif,
:
dévoyer (v. c. m.). D. déviation. Un au- terie. Cette seconde acception métaphorique,
tre verbe dévier, formé de vie, s'employait omise dans le dictionnaire de l'Académie, dé-
autrefois pour mourir, trépasser cp. l'expr. ; coule de la première, savoir arracher le
:
DEVIS, angl. device, prov. devis, it. diviso, bénéfice do l'un à l'autre; subst. dovolutio, fr.
est le subst. verbal de deviser diviser (cp. = dévolution, transmission d'un bien. La locu-
deviner de divinare), it. divisare, esp. devi- tion jeter son dévolu sur tient à l'emploi sub-
sar. Le mot devise (it. divisa, esp. divisa, de- stantival de dévolu au sens de provision
:
visa) n'est également pas autre chose qu'un en cour de Rome d'un bénéfice vacant par
subst. verbal, à forme féminine, du mémo incapacité du titulaire; do là les phrases :
verbe. Les significations de ces mots décou- obtenir un dévolu, plaider un dévolu; de
lent toutes d'acceptions particulières déjà au même, jeter un dévolu sur un bénéfice, c.-à-d.
L. dividere (prov. devire) et passées naturel- l'impétrer, le solliciter par dévolu. C'est ce qui
lement à son fréquentatif divisare. Deviser a fait donner à ladite locution la valeur de :
(comme diviser, son correspondant à forme prétendre à qqch., arrêter ses vues sur qqch.
savante) veut dire tout simplement détailler. — Quoi est l'infinitif du fr. dévolu? Il faut
Un devis est la division, le d'un projet
<• détail •. bien lui en fixer un, puisque ce participe entre
en ses diverses parties, cp. les expressions dans la conjugaison («< on lui a dévolu «). On
logiquement analogues le me>iu d'un diner,
: ne saurait, d'après l'analogie de résolu, qui
.
vient de resolverc, lui en établir un autre que DIAMÈTRE, gr. Siûfisrpoi, litt. qui mesure à
dévoudre. Les anciens disaient dévohcr, mais travers, expression exactement traduite par
cet infinitif est savant et ne cadre pas avec le l'ail, durchmesser . —
D. diamétral.
participe dévolu (anc. devolt). DIANE, dans » battre la diane », battre =
DÉVORER, L. devorare. le réveil, de l'esp. diana, étoile du matin, qui
DÉVOT, du L. devotus, dévoué, auquel le vient de l'adj. diano, dérivé de dia, jour.
moyen âge a donné la valeur de pieux. — D. DIANTRE, euphémi.smc pour diable.
dévotion, piété, du L. devotio; dévotieux (mot DIAPASON, L. diapason, octave; de la
mal fait du xvi® siècle). phrase grecque èix ttkîwv yfopSôiv ava^uvi-x, litt.
DÉVOUER, L. dévot are, fréq. de devovere. accord sur toutes les cordes; Siomxsûv signi-
— D. dévouement. fiait chez les Grecs l'octave, comme >) Six
DEVOYER, vfr. desvoycr, prov. et esp. des- TSîîâpwv, la quarte, yj Six TrévT!, la quinte.
viar, disviare, détourner de la voie, éga-
it. Aujourd'hui, le mot, détourné de son accep-
rer; c'est, au fond, le même mot que dévier, tion originelle, exprime l'étendue des sons
mais il a pris le sens actif. Parfois aussi = qu'un instrument ou une voix peut parcourir,
donner le dévoiement. — D. dévoiement, 1. en puis spécialement un instiiiment d'acier pour
architecture =
inclinaison, en t. de marine = prendre le ton.
écartement de la direction, 2. flux du ventre DIAPHANE, gr. îiap«v>îî, transparent. —
(cp. l'ail, ah-weichen, litt. =decursus). D. diaplianéité (mot mal fait).
DEXTÉRITÉ, voy. l'art, suiv. DIAPHRAGME, gr, Siicj>p«-/fx-., m. s., pr.
DEXTRE, destre", vieux mot, main droite, = cloison intorniédiairc.
côté droit, de l'adj. L. dexter {itUztpoi), «qui DIAPRER, varier do plusieurs couleurs,
est du côté droit ". Au sens figuré adroit dérivé de vfr. diaspre, étoffe do couleur
(encore vivace dans l'adv. dextrement) se rat- bigan-éc ou jaspée, drap do soie à ramages,
tache le dérivé L. dexteritas, fr. dextérité. à arabesques. Quant à co dernier, c'est le
DI, vieux mot français signifiant jour, du L. même mot que jaspe, it. diaspro (pour j
dics; ne subsiste plus que dans les compo.sés : rendu par di, cp. la forme dialectale it. diacere
hindi, mardi, etc., jadis, tandis, midi; cet = Xsii.jacère). —
D. diaprure.
élément di est préposé aussi dans dimanche ; DIARRHÉE, L. diarrhœa, du gr. Sikp^oi*
voy. ces mots. (oixopiu), que les Allemands ont traduit à la
DI-, préfixe, voy. dis. lettre par durch-laitf, et qui serait exacte-
DIABÈTE, gr. oixSriT»)^, m. s., de ôixeafvetv, ment traduit en latin par un composé trans-
aller à travers. —
D. diabétique. fluxus.
DIABLE, du L. diaholus (ôii^o/^î, litt. le DIATHÈSE, gr. ^iSsït;, mot traduit litté-
calomniateur ou accu.=atcur). D. diablesse, — ralement par le L. dis-positio.
diablerie, diablotin, endiablcr, adv. diable- DIATRIBE, L. diatriba, école, académie,
mei^t. — Dérivé dir. du latin ou grec : diabo- puis discussion, conférence; du gr. èiaT/5i6v7,
lique. pr. manière d'user le temps, diverti.^sement.
DIACRE, vfr. diacne (pour cette permuta- On voit que le mot a singulièrement dévié
tion n-r, cfr. coffre de cophinus, ordre do de son sens primitif.
ordinem, pam^ore de 2i(^ni]mucs, etc.), du L, DICTAME, L. dictamnus (ôf/Tz/zvîv).
diaconus (ciàxovo;), desservant, ministre. Dé- DICTATEUR, L. dictator. D, dictatorial, —
rivés du latin diaconesse, diaconie, -at, -al. dictature.
— D.
:
moyen âge, le mot (lies signifiait accessoire- digcstio, digestivus* (p. digestorius), digesti-
ment le jour fixé pour une délibération ou bilis, indigestus, d'où en fr. digestion, diges-
uno réunion officielle, puis cette réunion tif, digestible, i7idigeste ; ù.\a.socondo, digesta,
même; baronum, " quo scilicet ba-
p. ex. dies pr. recueil méthodique, bien classé, puis spé-
rones convenire soient ad dijudicandas vassal- cialement le recueilde lois appelé code Justi-
lorum lites ". La même valeur est attachée à nien, fr. digeste.
l'ail, tag, qui signifie jour et assemblée ; ainsi DIGESTE (anc. du genre fém.), voy. digé-
reichs-tag, assemblée, diète de l'empire, d'où rer.
le verbe tagen, être assemblé, siéger, traduc- DIGESTION, voy. digérer. — D. indiges-
tion du BL. dietare, commorari (le BL. a de tion.
la même façon fait dériver de dies l'adv. DIGITAL, L.
digitalis (de digitus, doigt).
dietim ^^ qnotiàio) C'est ce verbe BL. qui est
. La plante dite digitale a été ainsi nommée
le générateur direct du subst. dieta, fr. diète. parce que sa corolle ressemble à un doigtier
DIEU, vfr. deu (cfr. lieu de vfr. Jeu), L. renversé.
deus. Composés adieu (v. c. m.), et l'excla-
: DIGNE, L. dignus; dignité, L. dignitas.
mation dame-dieu (voy. dame) it. domened- = D. indigne, indignité; dignitaire.
dio (écourté en iddio), seigneur Dieu Dieu- ; DIGRESSION, L. digressio (do digredi,
donne', nom de baptême, =
a deo datits, cp. s'écarter).
le nom Déodat. DIGUE, it. diga. esp. diquc (masc), du
DIFFAMER, L. diffamare (fama). — D. néerl. dyh, m. s. = ags. die, angl. dihe, ail.
diffamateur, -ation, -atoire. deich. — D.
diguer, endiguer.
DIFFÉRENCE, voy. différent. — D. diffé^ DILACERER, L. dilacerare (lacerare).
rencier. DILAPIDER, L. dilapidare (lapis), pr. dis-
DIFFÉREND, voy. différer. perser des pierres, de là fig. jeter l'argent
DIFFÉRER, abstrait du L. differre, 1. dans comme si c'étaient des pierres, dissiper, dé-
le sens d'ajourner (du supin f?î7a(um ; fr. délai, penser follement.
v. cm.); 2. dans celui d'être différent. Du part, DILATER (mot savant), du L. dilatare (do
prés, differens, fr. différeyit (d'où difFerentia, latus), élargir, étendre.
fr. différence et différentiel)-^ le négatif indif- DILATOIRE, L. dilatorius* (de dilatum,
férent signifie, 1. qui ne donne pas lieu à supin de differre), qui fait différer et gagner
faire une différence ; tel est aussi le sens du du temps.
L. indifferens (trad. littérale du gr. à.^wopoi), DILATER, renvoyer à un temps plus éloi-
2. qui ne met aucune différence, qui n'a pas gné, anc. délayer (v. c. m.).
de préférence. L'ail, gleichgiltig, indifférent DILECTION, L. dilectio, amour (diligere).
(litt. équivalent), a également un sens double DILEMME, L. dilemma, gr. SO.Yiij.y.y., m. s.,
analogue. — Le terme différe^id, contestation, litt. action de prendre (ia/zSivîtvj par deux
rence, en tant que différence de vues, d'opi- fr. se délecter], prendre plaisir. — D. dilet-
nions; le BL. employait déjà differentia pour tantisrne.
controversia, dissidium. DILIGENCE, voy. le mot. suiv.
DIFFICILE, L. difficilis (facere); difficulté, DILIGENT, L. diligens, attentif, soigneux,
L. difficultas. — D. difficultueux, dérivation assidu; c'est l'opposé de negligens. — D. dili-
moderne, tiré do difficultas selon l'analogie gence [L. diligentia), 1. soin, empressement,
de voluptueux de voluptas. poursuite active, 2. voiture publique, ainsi
DIFFORME, du L. deformis, avec change- nommée à cause de son service régulier et
ment du préfixe de en dis pour mieux accu- accéléré, cp. ail. eilwagen, m. s., litt. voiture
ser l'opposition on disait anc. aussi déforme. qui se presse ; —
verbe diligenter, hâter,
— ;
DIME, p. (h'sme, contracté du RL. décima, Ronsch (ib., 418) escarc, cscinarc, dcesci
:
la dixième partie voy. aussi décime. — D. nare (cp. l'expression ail. ab-fiittern), desci-
dimer.
;
narc, etc. —
Toutes ces explications ont leur
DIMENSION, L. dimcnsio (dimctiri), me- pour et leur contre. Voy. 'mon Anhang,
sure. au Dictionnaire de Diez, p. 717. 10. Eu —
DIMINUER, L. dimimierc (de minus dernier lieu, Gaston Paris (Rom., VIII, 95)
moins). —
D, diminution, L. diminutio; développe longuement l'équation disner »=^
diminutif, L. diminutivus. dis -\- junarc. Cette forme junare était
usuelle en lat. populaire à côté de jejunare
DINÂNDERIE, marchandises (ustensiles en
et a donné vfr. juner, qui n'est nullement
cuivre jaune) qui autrefois faisaient la répu-
tation de la ville de Binant en Belgique D. — une contraction de jeiiner jejunare. A=
côté de jmiei' existait aussi desjuner (con-
dinandier.
curremment avec desjeiiner), qui dans le prin-
DINDE, expression elliptique pour coq (ou prenait dans les
\>\\\iôi poule) d'Inde, cp. angl. turkcy-hen. — cipe, en se conjuguant,
formes à terminaison accentuée le thème
D. dindon, d'où dindonneau. contracté disn. Ce phénomène verbal, bien
DINER, anc. disner, disfjner, digncr, it. connu des romanistes, a fait qu'il a subsisté
desinare, disinare, prov. disnar, dirnar, di- dans la suite deux verbes distincts desjuner
nar. Voici les étymologics diverses qui, à ma et disner, disant la même chose et dont l'un
connaissance, ont été mises en avant sur ce seul est parvenu aux temps modernes ; car il
mot. 1. gi'ec ôîtTvjîv, devenu d'abord dincr, ne faut pas perdre de vue que notre déjeuner
puis, par l'épentliôse d'un s, disner. 2. Diy-— actuel (anc. desjeiïner), tout en coexistant
nare Domine, « daigne. Seigneur! », com- avec desjuner et disner (dont il était syno-
mencement d'une prière de table ; cette 6ty- nyme) est autrement fait : il vient de des et de
mologie s'est surtout accréditée par l'ortho- jeiin et signifie « faire qu'on no soit plus à
:
graphe diijner. —
3. Tiecimarc, manger à la jeun ». L'étymologie exposée ici est on ne
dixième heure; on allègue pour justifier cette peut plus correcte dans ses moindres détails
origine le vfr. noner, goûter, et quant à la (Tobler l'a sanctionnée sans réserve); il ne res-
permutation »î-h, on jwurrait au besoin s'ap- tait plus que la signification foncière « déjeu-
puyer de l'it. decina, dizaine, dérivé de decem- ner, prendre le premier repas *
» à justifier.
— 4. Desinare, p. desincrc, ccs.scr de tra- Or, G. Paris a démontré, par d'abondantes
vailler. —
5. Dis-jyicnare, donc le même ori- citations, que c'était bien là, et que c'est en-
ginal que celui de déjeuner. C'est l'opinion core, dans beaucoup de patois, le sens vrai et
de Mahn. Enfin, G. decœnare, d'où decenare, exclusif du mot dîner. D'ailleurs, déjà Papias
desnare, disnare ; pour la formation, cp. dé- (xi® siècle) porte «jentare disnare dicitur »,
:
cima, desme, dismc, dime; L. buccina, it. et le proverbe suivant n'en fait pas moins foi :
husna; cp. sux'tout cecinus, pi'imitif du vfr. « Lever à six, di)ier à neuf, souper à six,
cisne (cygne). La dernière étymologie,
pa- coucher à neuf, fait vivre d'ans ncmante-neuf. »
tronnée par Diez et Pott, est celle qui se — Espérons que, par ce dernier avis, la cause
recommande le jilus parmi celles passées en est finalement jugée. —
Il est encore digne
revue jusqu'ici. ToiUes les formes diverses do remarque que dîner s'employait dans la
citées plus haut s'en déduisent facilement, langue d'oïl, avec l'acception active donner à.
sans sortir des règles de la romanisation. Elle diner, et qu'on disait, au lieu de dîner, pren-
s'appuie surtout de l'existt'nce, dans l'ancienne dre son repas, se dîner (voy. la phrase latine
langue et dans les patois, d'un verbe analogue, citée plus haut). Il en était de même de d(jcu-
signifiant goûter, faire collation; c'est reci- ncr. L'anc. forme diyner p. disner est ana-
ncr) aussi receit/ner, rechiner, rcclnyner, er- logue à vfr. règne p. rcsnc (rêne). Dérivés —
chiner), qui dérive de re-cœnare (d'où BL. reci- du verbe dîner : dîner, subst.; dîneur, dî-
nium, mei'enda). On rencontre encore en nette, dînée, après-dinée.
italien pusignare, faire un repas après le sou- DIOCÈSE, anc. féminin, du L. diœcesis =
per, qui est évidemment le L. post-cœnare. gr, ètîû/j7iî (^t'yixîu), administration, puis
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la province, district. — D. diocésain.
forme disnare est celle qui remonte le plus
DIOPTRIQUE, gr. Stonzf.iAdi, de SionTfix,
haut, Ys est par conséquent radical et essen-
miroir.
tiel on trouve au ix" siècle (Gloses du Vati-
;
marquer que cette particule s'est générale- examiner les arguments et les objections; le
ment francisée en des ou dé (voy. dé), mais mot débattre présente la même métaphore. Du
que néanmoins on la rencontre dans bon supin latin discussum : subst. L. discussio,
nombre de composés français sans précédent fr. discussion.
latin. C'est ainsi que do faveur on a fait l'op- DISERT, L. disertus, éloquent.
posé défaveur, tandis que de grâce on a fait DISETTE, d'un type latin disecta, subst.
disgrâce. On peut établir que les composés participial de di-secare; pr. état où l'on se
avec dis appartiennent au fonds savant de la trouve dépourvu, litt. retranché (cp. l'cxpr.
langue. Désavouer est du fonds ancien, dis- ail. abgeschnitten) de subsistances. L'étymo- —
continuer, un terme savant. Nous rappe- — logie dcsita, part, de desincre, ces.ser, pêche à
lons que L. dis reste invariable devant les la fois contre le sens et contre les règles pho-
voyelles et devant c, ^9, q, t ai s (suivi d'une nologiques; ce type aurait produit une forme
voyelle), quil assimile l'^' final devant f[diffa- deste. —
L'anc. forme disjete, alléguée par
mare p. dis-famare), et qu'il le perd devant Littré, est reconnue fautive elle est fondée ;
les auti'cs consonnes (diligere, dirigere, dimi- sur disiete (e diphtongue en ié), abusivement
care, dividcre). lu disjete. —
D. disetteux.
DISCALE, déchet dans poids d'une mar-
le
DISGRÂCE,1 absence de faveur de là le
. ;
parait-il, la véritable origine du jeu et de son voy. dodu. — Dicz est porté à voir dans ce mot
nom ; je l'ai cueillie dans mon journal et l'ai un redoublement de don et rajiproche don do
retrouvée plus tard dans le suppl. de Littré : l'angl. ditmp, radical de dumpy, court et
Dans un des nombreux couvents entourant épais, et de dumpling, petite pei-soiuie grasse.
le célèbre monastère du Mont-Cassin, fondé par Le mot dondaine, soit qu'il signifie, comme
Saint-Benoit au sixième siècle, deux moines dans Froiss;irt, une machine do guerre pour
avaient été enfermés un beau jour dans la cel- lancer de grosses pierres, ou qu'il s'applique
lule de pénitence, par suite d'une infraction à à \\n instrument à vent du genre de la corne-
la règle. Pour i)asser plus aisément le temps mu.sc, est .sans doute une variété de dondon,
de leur réclusion, ils imaginèrent de tailler et s'y rapporte comme bedaine à bedon, mi-
en forme de carrés, de jwtites j)ierres blan- taine à tniton.
ches (de craie probablement), sur lesquelles DONJON, DONGEON, vfr. au.s.si doignon,
ils gravèrent des points noirs en nombre va- dongnon, dangeoii, donjO, liL. dotnnio,
\}VO\'.
riable pour cliacune d'elles. Puis ils disposè- le plus haut bâtiment d'un ca.stel, maitres.so
rent ces petits carrés de manière à former des tour. Zcuss, sur la base d'une ortliographo
séries dont les diverses combinaisons tenaient dangio, qui est dans Orderic Vidal, y recon-
leur esprit en éveil. Cette distraction leur fut naît l'irl. daingean, mais dangio
fortification ;
finit par servir à désigner ce jeu, auquel on entourée d'eau ou de marécages formant né-
ne savait encore quel nom donner. L'exclama- cessairement un lieu de refuge convenable ou
tion : Domino! et l'expression faire domino, un fort, on pourrait peut-être dériver le mot
qui s'emploient encore aujourd'hui pour mar- français donjon de notre dwigo, dong, forme
quer la fin de chaque partie, prouvent bien citée par Heylen, aussi bien ou mieux que de
que c'est là la véritable origine du mot dont l'irlandais dun, d'après Diez, ou de l'irlandais
nous parlons. —
D. dominoiicr, dotninoterie. daingean, d'après Zeuss, qui signifient aussi
DOMMAGE, voy. dam. —
D. dommageable, un lieu fortifié ». A l'appui de cette significa-
dédommager, endommager. tion de refuge ou de fort que le savant philo-
DOMPTER, anc. donter, dantcr, angl. logue wallon prête au mot dungo, il cite le
daunt, du L. domitare. — D. dompteur, nom de lieu Ursidongus, expliqué par un
domptable, indomptable. biographe de saint Ghislain " ideo sic dictus,
DON, L. donum. quod ibi solita erat ur.sa catulos fovcre », donc
DONC, vfr. dune, donhes, it. dunque, prov. la tanière de l'ourse. Dicz, abandonnant son
donc, doncas; sous forme composée vfr. ancienne opinion en faveur de l'irl. dùn (lieu
a-donc, adonques, aussi adont. Le sens de donc fortifié), par l'intermédiaire du BL. dunio, se
était à l'origine alors; c'est de lu que s'est rallie à celle qui admet pour type immédiat
déduite l'acception ergo, cfr. Festus igitiir : le BL. dornnio (p. dominio), avec le sens de
apud antiques ponebatur pro inde et j^tostea corps de bâtiment principal, dominant ; elle
ettiim; cp. en allemand le même rapport est i-endue indubitable, dit-il, par l'emploi de
entre dann, alors, et la variété demi, donc, la forme dominion =
donjon, relevée par Mus-
L'étymologic du mot n'est pas encore assurée ; safia dans l'écrivain milanais Bonvesin da Riva.
un type de-iinquam est contraire au sens, de DONNER, L. donare. —
D. donnée, don-
DOT 161 DOU
neur, qui aime à donner; donateur, L. dona- lis;doter, L. dotare, qui est aussi le primitif
iov\ donation, h. àowsXio\ donataire, -atif, de douer, pr. pourvoir; dotation, L. dotatio;
L. donatarins, -ativus. douaire, BL. dotarium.
DONT, it., esp., port, donde, prov. don, du DOUAIRE, angl. doicer, voy. dot. D. adj. —
L. de unde, composition barbare pour itnde. douairier, subst. douairière, veuve qui jouit
Il faut observer que le simple unde (it., port., d'un douaire (angl, dowar/er).
V. esp. o7ide, cat. on, prov. ont, o>i) avait i)ris DOUANE, it. dogana. Voici les diverses éty-
le sens de où, ce qui jnstilio la composition mologies inacceptables qui ont été mises en
de-unde pour d'où. L'emploi pronominal de circulation :I. Fri.scli Ducere, introduire
:
unde ou de-unde n'a rien qui puisse paraître des marchandises, mais on n'a pas d'exemple
étrange; Icfr. d'où s'emploie également pro- d'un suffixe ana joint à des radicaux verbaux.
nominalement dans certaines applications, 2. Ferrari :Doga, baril, tonneau, puis les
p. ex. : c'est vouloir renfermer un chêne
dans marchandises arrivant dans des tonneaux;
le gland d'où il est sorti (Bern. de Saiut- mais doga ne signifie jamais tonneau (voy.
PieiTe). Et, du reste, le latin en a déjà donné douve). 3. Ménage hy.x^ti, lieu de réception,
:
unum attigisset » (Cic. de Fin., 2, 17). Do7it le sens de douane à aucune époque de la
est un adverbe pronominalisé avec caractère langue grecque. 4. Dogana serait la forme
i-elatif, comme le sont en =
L. inde, et y = normale d'où se sont produites les auti-es BL. :
L. ibi avec caractère démonstratif. duana, prov. doana, fr. douane, et signifie-
DONZELLE, de l'it. et prov. donzclla, di- rait l'impôt du doge, comme les regalia sont
min. de donna, voy. dame. l'impôt du roi. Cette dernière explication était
DORADE, du part. prov. dorada = fr. celle que je hasardais dans ma première édi-
dorée; Fit. dit orata. — D. doradon. Voy. tion depuis, j'ai cru devoir accueillir l'étyin.
;
d'un ancien subst. dorelot signifiant une espèce dim. de douve (v. c. m.). Ces mots expri-
ville,
de bijou, et qu'ils rattachent à dorer (cp. le ment un revêtement voûté ou une courbure
terme de caresse mon bijou !). On trouve en
: quelconque.
effet dans la vieille langue les mots dorlotier, DOUER, forme vulgaire de doter, voy. dot;
dorloterie, désignant le métier de bijoutier. du L. dotare; angl. cn-doio.
Tout en admettant qu'un mot populaire dore- DOUILLE, manche creux d'une baïonnette,
lot ait ])u se produire de dorer sur le patron etc., selon l'oijinion très plausible de Diez, du
de bimbelot, bibelot, je pense qu'il est préfé- BL. ductile, gouttière cp. andouille de in-
;
rable de ne voir dans dorelot, ]o\axi, qu'une ductile. Toutefois, douille pourrait bien être
acception déduite de dorelot, mignon. issu par contraction de dou-ille indiqué sous
DORMIR, L. dormire. —
D. dormeur, dor- doucllr.
meuse ; dortoir contracté du
, L. dormitorium; DOUILLET, dimin. de l'anc. adj. douille,
cps. endormir. doille, mou. (juidu L. duclïlis, ductile,
vient
DORSAL, du L.dorsum, dos. malléable de là douillette, vêtement ouaté.
;
DRACHME, DRAGME, vfr. drame, du gr. (opp. kloge, tente en feuillage), dont, d'accord
cçjTiy fi.fi (monnaie et poids). avec Sucliier [ib. I, 433), il conteste la con-
DRAGÉE, vfr, aussi dragic, prov. dragea, nexité avec le lat. trabs, poutre. [L'opinion
esp. et port, dragea (et gragea, grangea), it. qui distingue entre vfr. tref, poutre, et vfr.
treggea; BL. dragata, -eia, -ia; toutes for- tref, tente (=ags. trâf) est péremptoirement
mes altérées de tragemata (Papias) gr. = renversée par G. Paris, Rom. VI, 629.] D. —
Tii9.Yr,u.%T'x, friandises, de rpx/zTv, infin. aor. 2 drapeau [ce mot a signifié autrefois aussi vê-
de Tj5(û/stv, grignoter. —
D. drageoir, sou- tement; proverbe : « l'on ne connoist pas la
coupe pour sei'vir des dragées. gent au drapeau »; aujourd'hui encoi'e les
DRAGEON, rejeton, bouture, du verbe goth. patois emploient ce mot pour linge et langes),
traibja^i (ail. mod. treiben), pousser; cp. bou- du BL. drapellus, panniculus; drapier, dra-
ton de bouter, pousse de pousser. Cette étymo- perie; verbe draper.
logie est préférable à celle du subst. fictif DRASTIQUE, gr. Sp^^n^di (5piw), agissant,
traducio, -onis (dér. du L. tradux, sarment énergique.
de vigne), qu'avait avancée Ménage. D. — DRECHE, marc de l'orge concassée qui a
drageonner. servi à faire do la bière, est, d'après Diez, le
DRAGON, animal, L. draco, -onis. Quant vfr. drasche, BL. drascus, qui dit la même
à l'origine de dragon, en tant que terme mili- chose et qui vient du vha. drascan (ail. mod.
taire, les opinions varient beaucoup. Adelung dreschen), battre le blé en grange. La drèche
pense que les dragons ont été nommés ainsi serait donc le grain battu, trituré, le résidu.
d'après leurs épaulières, appelées dragoni; Il y a quelque difficulté à identifier, étymolo-
Voltaire, d'après Ménage, parce qu'ils portè- giquement, les mots drague et drèche. D'a- —
rent un dragon dans leurs étendards; d'autres près Bugge (Rom. III, 147), drèche représente
font remonter le nom au pistolet orné d'une î'aha. drastja, drestja, mot à supposer d'après
tête de dragon dont les dragons auraient dans l'ags. dœrste (« faex »), a. angl. drastes (pL),
le principe été munis. Peut-être dragon résidu des grappes pressurées, ail. mod. très-
est-il tout bonnement le nom de l'arme, ter.
étendu à ceux qui s'en servaient (cp. carabi- DRESSER, voy. droit. — D. dressoir, re-
niers, mousquetaires); et quant au nom de dresser.
l'arme, il serait analogue à celui de coulevrine 1. DRILLE, camarade, du vha. drigil, gar-
(voy. aussi notre article mousquet). On peut çon, serviteur, nord, thraell.
encore admettre que le nom dragon ait servi 2. DRILLE, lambeau, chiffon. Diez met en
de symbole pour exprimer l'audace et l'éner- avant, avec quelque hésitation, le nord, dril,
gie militaires, sens qui s'attache encore acces- déchet. Chevallet cite le bret. trul, chiffon et
soirement à ce mot. —
D. dragonne, galon le cymr. dryll, lambeau, verbe drylliaw,
d'une poignée d'épée ; dragonnier, plante d'où mettre en pièces. —
D. driller (v. pi. bas).
coule le sang-dragon ; enfin, les fameuses dra- 3. DRILLE, foret, de l'angl. drill, ni. dril-
gonnades, d'odieuse mémoire. Icn, percer, forer.
—
—D. droguerie, droguiste, droguer. Buttmann, est une variété de ùSivd;, qui si-
gnifie à peu près la même chose et a pour
2. DROGUE, chose sans valeur, mauvaise
marchandise prob. le même mot que le pré- racine AA, d'où aussi «S-^-j, adv., à satiété. —
;
cédent, pris dans une acception péjo'-ative. — Une transposition de durus ou de rudis n'est
—
D. droguet, étoffe do laine de bas prix, angl. pas acceptable. Nodier rattache dru, fort,
drugget. vigoureux, à SfiZi, chêne, se fondant sur
l'exemple de robustus, qui vient de robur,
3. DROGUE, esp. de jeu de cartes (voy. Lit-
chêne ; cette étymologie est spécieuse, mais
tréj, d'un mot gaulois signifiant nez ou bec
insoutenable.
(id., suppl.).
ail. et néeri. drollig, == drôle ; cp. néerl. DUALITÉ, -ALISME, -ALISTE, dér. du L.
drol, nord, drioii, gaél. droll, lourdaud. — dualis, adj. de duo, deux.
D. drolatique (formation populaire; ; drôle- DUBITATIF, mot savant pour douteux, du
rie. Le féminin drôlesse se rapproche, par L. dubitativus.
sa valeur, de l'ail, drolle, femme commune, DUO, duca, esp., port, duque, val. duce.
it.
angl. trull, prostituée, et trollop, salope. Du latindux, ducis ; sauf l'italien duca, qui,
DROMADAIRE, L. dromadarius, dér. de selon Diez, remonte au L. dux par l'intermé-
dromas, -adis, = gr. §pofjLx;, coureur. diaire de la forme byzantine ôoûl (accus. 2oûxa)
DROSCHKI, espèce de voiture ; mot russe, ou ooû/ui, employée longtemps avant l'époque
ail. drosclihc. littéraire de la langue italienne pour désigner
DRU, adj., gaillard, vif, abondant, serré, le chef militaire d'une ville ou d'une pi'ovincc.
E 164 DYS
Une dérivation directe du L. diix n'eut jamais let, dupe a été le nom de la huppe, oiseau qui
pu produire l'italien duca, mais bien doce, que passe pour un des plus niais, et c'est ce qui
l'on rencontre en elTet adoucie dans le vénitien expliquerait le sens attaché à ce mot dans la
doffe. —
D. duchesse, BL. ducalissa; ducal; langue actuelle. Littré, qui approuve cette
duché, it. ducato, esp. ducado, prov. ducat, étymologie, compare la valeur analogue don-
BL. ducatus. Ce dernier terme ducatus signi- née pigeon (cfr. aussi celle de l'ail, gimpel,
'd.
fiait aussi une espèce de monnaie, frappée bouvreuil). Il est possible que Chevallet ait
d'abord par Roger II, roi de Sicile, pour le bien rencontré; cependant, il est curieux de
duché de Fouille {ducato d' Apuglia), vers not«r que le nom de la huppe a aussi donné
1140 ; de là fr. ducat et ducaton. Bue est — naissance à l'adj. huppé, dans le .sens do fin,
aussi devenu une appellation ornithologique adroit « les plus huppés y seront pris «. Cet
:
pour désigner un genre d'oiseau nocturne; on adj. sauve un peu la réputation que fait à cet
distingue le grand duc, le moyen duc et le oiseau le mot dupe. En admettant que notre
petit duc. mot dupe vienne de dupe, huppe (le glossaire
DUCAT, voy. duc; dimin. ducaton. de Jaubert porte dube), il reste à trouver l'ori-
DUCHE, autrefois, comme comté, du genre gine de ce dernier. —
D. dupei', -eur, -crie.
féminin, voy. duc. —
La forme vfr. ducheet, DUPLICATA, pluriel neutre do duplicatus,
ducheé (fém.) accuse un type ducitatem; de participe latin signifiant doublé.
là s'explique, par conti'action, la duché. DUPLICITÉ, L. duplicitas. Chez Horace
DUCTILE, L. ductilis (ducere). Voy. aussi déjà duplex avait le sens de faux, perfide, à
douille. — D. ductilité. double langage cp. le vfr. doubler, tromper.
;
E
1 . E-, syllabe prépositive, devant les mots binaison a disparu en français : ainsi nous
commençant par st, se, sp, sm. On sait que prononçons et écrivons état, étable, écrire,
cette voyelle d'appui, que l'on a fort bien épée, émeraude, p. estât, eslablc, escrire, es-
comparée à ce que l'on appelle appoggiature pée, esmeraude [de status, stabulum, scribere,
en musique, est également propre aux idiomes spada, smaragclus). \Js s'est cependant con-
provençal, espagnol et portugais; p. ex. L. servé dans estimer, estomac, esclandre, espace,
stabulum, esp. c-stablo, port, e-stavel, prov. espalier, espèce, espérer, esprit, estampe et
et vfr. e-stable. Avec le temps, l'*' de la com- quelques autres.
.
fixe latin ex ou e, quand il précède une con- ÉBÉNE, L. cbenus (iSivoî). — D. ébënier;
sonne, généralement en es : p. ex. eUgei'e, ébéniste, ébénisterie; ébéne?'.
fr. eslire; ex-caldare, fr. es-chauff'er. h' s du ÉBÊTIR, rendre bête. Le préfixe a ici son
préfixe a fini par céder, sauf devant s; de là caractère intensif.
é-lire, ë-diauffer, essouffler, essuyer. La lan- ÉBLOUIR, vfr. esbloïr, esbleuir; l'étymo-
gue savante, dans ses emprunts au latin, logie bleu (" faire bleu devant les yeux ") con-
maintient soit e, soit ex [ef devant /}; elle dit vient très bien aux formes françaises, mais
donc expirer (non pas épirer) de expirare, non pas aux termes esbalauzir (p. esblauzir),
é-noncer de e-nuntiare. La romane d'oïl chan- assourdir, et einblauzir, étonner, ébahir, de
geait ex aussi en es devant les voyelles, en la langue provençale. C'est pourquoi Diez so
doublant 1'*' ; p. ex. essilier, auj. exiler, esso- range de l'avis de Grandgagnage faisant re-
rer" (d'où essor), de exaurare. monter ces mots au vha. blodi, hebes, infir-
EÂU, prov. aigua, esp., port, agua, it. mus, timidus (verbe blàdan, aflîiiblir). L'alle-
acqua. Rien de j)lus varié que les formes sous mand dit encore blôdsichtig, p. qui a la vue
lesquelles le mot latin aqua s'est modifié dans faible. Strictement, observe Diez, blauzir ap-
les idiomes français, et rien de plus bizarre pelle plutôt pour primitif un verbe gothique
que ce simple son o qui le représente aujour- blauthjan, mais ce verbe ne se trouve pas avec
d'hui et que trois voyelles' concourent à figu- le .sens qu'il faudrait.
rer. Voici à peu près la succession phonéti- ÉBORGNER, rendre borgne (le préfixe est
que de ces transformations diverses : ague, intensif).
aiguë, âge, egue, awe, èwe, ève, iave, iaiie, ÉBOULER, renforcement àe bouler =^vo\\\eT
eaue, eau. On soupçonne à bon droit le goth. cornmo une boule. —
D. éboulis, -ement.
ahva, vha. awa, fleuve, d'avoir exercé quelque ÉBOURIFFÉ, qui a les cheveux en désor-
influence sur la déformation du mot latin. Un dre. Mot moderne d'une bizarre facture,
philologue allemand, Langensiepen, a émis assez diflicile à expliquer. La seule idée qui
l'idée que les formes eaue, eau, procèdent nous vienne, c'est de le rattacher à bourras-
d'une forme diminutive aquella ou aqucllus que : cheveux livrés à la bourrasque; cp. l'ex-
modifiée successivement en avellus, avel, evel, pression allemande zer-saust, qui dit la même
ëel, eau mais cette conjecture est insoute-
; chose que le mot fr. et qui exprime également
nable; \u dans eau est un effet de la vocali- les effets du vent sur les cheveux. Littré pro-
sation du V dans iave, d'où iaue, eaue, eau. pose bourre. — Néol. ébouriffer, -ant. Peut- —
Pour les dérivés qu'ont laissés les formes être ébouriffé est-il une corruption de ébouf-
aiguë et ève, voy. sous aiguë. Mahn voit dans feré, qui se rapproche du prov. mod. rabu-
la locution être en nage une mauvaise ortho- ferat, rebufelat (même sens), lequel tient à
graphe, résultant d'une fausse interprétation l'it. rabuffçito, de buffare, souffler (Bugge,
étymologique de être en âge [âge = eau), Rom., IV, 354). —
Caix place notre mot sous
être mouillé; cependant l'on disait aussi à l'it. rabbuffato, " désordonné, brouillé » Celui- .
nage, et le wallon dit ête en nange. Voy. l'art. ci, selon lui, est une métathèse de baruffaio
nager. « mêlé, confus » (cp. arruffato), qu'il fait déri-
ÉBAHIR (S'), prov. esbahir, wall. esbawi, ver du vha. biroufan; fr. ébouriffé, dans ce
it. sbaïre; le radical de ce verbe paraît être cas, serait p. ebirouffé.
bah, l'interjection de l'étonnement. Il aurait ÉBRANLER (préfixe intensif), voy. branler,
ainsi une origine analogue à celle de badare, ÉBRASER (aussi embraser), terme d'archi-
d'où béer. —
D. ébahissement tecture, élargir à l'intérieur, suivant un plan
ÉBARBER, pr. ôter la barbe, rogner. oblique, la baie d'une porte ou d'une fenêtre.
ÉBAT, subst. verbal de ébattre. D'origine inconnue. Voy. aussi embrasure.
ÉBATTRE (S'), vfr. esbatre, it. sbattere; ÉBRÉOHER, patois ébercher, faire une brè-
l'idée première est se débattre, se démener, che{v. c. m.). Quelques patois du Nord disent,
puis s'agiter, se donner du mouvement, enfin dans le sens d'ébrécher, escarder, écarder;
se divertir. —
D. ébat, subst. verbal. sans doute de la famille de l'ail, scharte, en-
ÉBAUBI, d'un ancien Verbe esbaubir (encore taille, brèche.
en usage en Normandie), qui variait avec ÉBRENBR, aussi éberner, de ôran (v.c.m.);
abaubir; du baube (d'où fr. bauber, bal-
vfr. opp. de embrener.
bier =
bégayer). Ce baube est le L. balbus, ÉBRILLADE, t. de manège, =
it. sbrigliata,
= étcrnncr, souffler, ronfler, est de même ÉCARTER, it. scartare, esp. descartar,
origine qu'au sens actif de laver, passer dans d'abord jeter la carte hors du jeu, puis sépa-
l'eau. L'un et l'autre viennent de 'broite (forme rer, éloigner en général; de L. carta, charta.
maso, breu), qui correspond à vha. prot, prod, — D. écart, écartement, écarté (jeu de cartes).
angl. broth, BL. brodum, et qui implique à — L'étymologie tirée du jeu de cartes ne
la fois l'idée de bouillon (cp. ail. briilie, fr. convient, paraît-il, qu'au terme de jeu; dans
brouet) et celle de « écume » (signification le sens d'éloigner, détacher, le mot date
constatée pour le patois normand broue et d'une époque bien antérieure au jeu de cartes.
pour l'angl. froth, doublet de broth. De là, Littré (Suppl.) relève le passage suivant du
d'une part, ébrouer, pr. échauder, passer dans xiii" siècle « Li Bedoins et li Sarasins qui
:
l'eau boiiillantc, d'autre part, s'ébrouer, pr. etoient espians entoui" l'ost quant il trouvoient
rejeter l'écume par la bouche ou les nascaxix. qui avoient escarté l'ost, il leur couroient
Il faut donc rejeter, pour le second, l'étymo- sus... » (Lettres de Jean Pierre Sarrasin,
logie bravo posée par Diez et adoptée par p. 262). De même dans Benoit, Chron. de
Littré et moi. Voy. Joret, Rom. IX, 118. — Normandie, 9281, on trouve escard au sens
Le primitif germanique signifiant aussi « va- de « moyen de se tirer d'affaire ». Je pense
peur », ébrouer est de la même famille que les avec Littré que cet escorter est dérivé do
vocables brouet, brouée, brow'ne , bruine, quart signifiant partie, part. Notez encore le
brouillard (anc. brouilas) et très probable- vieux terme rscart appliqué à certains droits
ment aussi brouiller. mobiliers dus au seigneur.
ÉBRUITER, faire du bruit d'une affaire; ÉCARVER, t. do marine, joindre deux
cp., pour le préfixe, ail. aus-plaudern , m. s. pièces de bois entaillées, de l'angl. to scarf,
ÉBULLITION, L. ebullitio (de cbullire, fr. ail. scharben, m. s. —
Bugge (Rom. IV, 367)
ébo^allir). approuve cette étymologie et la confirme par
ÉCACHER, écraser, anc. escacher, esgua- des termes correspondants des langues du
chicr, pic. écoacher, esp. acachar, agachar, Nord.
do l'adj. esp. cacho, qui correspond à l'it. ÉCATIR = carfr (v. c. m.).
quatto, prov. quait, et représente le latin ECCHYMOSE, gr. J/x'i,«'-'«î. effusion d'hu-
coactus, comprimé. Voy. aussi les mots cacher meurs.
et catir. ECCLÉSIASTE, -IQUE, gr. £//)^««TT»i«,
ÉCAGNE, portion d'un écheveau, voj.cche- -I/O--, dérivé de è/xi/iîta, égli.se.
veau. ÉCERVELÉ, it. scervellato, évaporé, tête
ÉCAILLE, escaille', it. scaglia; d'origine chaude, pr. sans cervelle. Part, du vfr. escer-
germanique goth. scalja,
: tuile, ail. schalc, vêler, briser la cervelle.
écaille. Une autre forme du même mot est ÉCHAFAUD, vfr. escadafaut, escaffaiit,
écale. — D. écailler, verbe; écailler (subst.), BL. scadafaltum, scafaldus. Voy. catafalque.
vendeur d'huit res; écailleux. — D. échafauder, -âge.
1. ÉCALE, voy. l'art, préc. — D. écaler, ÉCHALAS, cscaras, pic. écarats, piém.
vfr.
écalot.^ scaras; selon quelques-uns de scala, échelle.
2. ÉCALE ou ESCALE, lieu de mouillage ;
Mieux vaut le BL. carratium, m. s., joint
variété de échelle, m. s.; l'un et l'autre repro- au préfixe es; quant à celui-ci, il reproduit le
duisent le lat. scala. gr. yà/szÇ, pieu, échalas. Dans une charte du
ÉCARBOUILLBR, pat. champ, écrabouiller, Beauvais de 1158, on trouve : « Virgas ad
écacher, broyer; d'un type L. cxcarbiculare, vineas su.stentandas que vulgo hescaraz ap-
réduire en cendres. A Bruxelles, j'entends pellantur. " —
D. échalasser.
nommer scrabouilles le résidu du charbon non ÉCHALIER, anc. escliallier, forme variée
entièrement consumé. Les verbes escarbiller de escalier. Le mot signifie d'abord une petite
(d'où escarbilles) et escarbouiller sont de sim- échelle pour passer au-dessus d'une haie,
ples variétés de notre mot. puis une clôture de branches d'arbre (ayant
ÉCARLATE, escarlate', prov. escarlai, it. la forme d'une échelle).
scarlatto, esp. escarlate, ail. scharlach, du ÉCHALOTE, altération de vfr. eschaloigne,
persan sakirlàt. — D. scarlatine (fièvre), escalone (patois divers escalogne), it. scalogno,
aussi écarlati)7e. esp. escalona, du L. csepa ascalonia, ciboule
ÉCARQUILLER, étymologie inconnue. Pour d'Ascalon, introduite en P^urope par les croi-
écartiller? Le fait d'une permutation entre k sés; ail. aschlauch, eschlauch, aussi (d'après
et dans des mots populaires ne serait pas
t le français), schalotte.
isolé nous rappelons la confusion faite entre
; ÉCHAMPIR, réchampir, t. de peinture, dé-
targuais et carquais (carquois), et fr. quinte rivé de champ ; pr. ftiire sortir du champ.
p. quinque. ÉCHANCRER, évider en forme de crois-
ÉCART, subst. verbal de écarter; voy. aussi sant de chancre =
écrevisse, d'après la
le mot suivant.
;
forme de ce crustacé. —
D. échancrure.
ÉCARTELER, anc. esquarleler, mettre en ÉCHANDOLE, du L. scandula (scandere). —
quatre quartiers ; forme dimin. de csquarter De la forme scindula (scindere), l'allemand a
= it. squartare; de quart, L. quartus. Es- tiré schindel, m. s.
quarter a laissé le subst. verbal écart (anc. ÉCHANGER, prov. escambiar, voy. chan-
esquart), terme de blason, quart d'un écu ger; cp. pour le préfixe, ail. aus-tauschen.
partagé en quatre parties. La chose échangée sort des mains de celui
, .
ÉCHARPE, d'où it. sciarpa, ciarpa, esp. Montaigne, où on lit « l'idée de leur amen-
:
charpa, néerl. scaerpe, ail. schàrpe, angl. dement est chauffourée », mais il allègue
scarf. Dans la vieille langue escharpe, es- encore un passage de Brantôme qui offre le
cherpe, escerpe se disaient pour la poche sus- composé escafourer (« j'ai délibéré de n'esca-
pendue au cou du pèlerin. C'est de là qu'on fourer mon papier de si petites personnes »).
suppose que s'est déduite l'acception bande « Échauffourée, dit Littré, vient sans doute
d'étoffe l'accessoire aurait fini par emporter
; de ce verbe, mais chaufourer, d'où vient-il?
le sens. Quant à escharpe, poche, on le met Le verbe fourrer parait bien y être ; quant au
en rapport avec des mots germaniques ayant préfixe cha ou chau, on peut croire que c'est
la même valeur, tels que vha. scherbe, Bas-
: l'adjectif c/iaurf: fourrer dans le chaud, c'est-
Rhin schirpe, bas-ail. schrap, angl. scrip. à-dire dans le feu, de manière pourtant à
Nous doutons fort que le mot écharpe bande = s en retirer, à ne pas y périr ». Cette expli-
allongée, ceinture, soit tiré de écharpe, cation de chauffourer ne cadre guère avec les
poche ; le prov. escharpir et fr. écharper en exemples cités, et l'origine de notre sub-
indiquent suffisamment le sens primitif cou- : stantif doit s'expliquer autrement. Au fond,
pon d'étoffe. Quant à ces verbes, voy. l'art, il ne dit autre chose que « entreprise faite
guistes hésitent encore entre deux étyrtiolo- qui signifient partie d'un écheveau », et qui
••
gies. Les uns (parmi eux Ducange et Diez) procèdent d'un primitif celtique.
voient dans ce mot le persan schach, roi, le ÉCHEVELÉ, voy. cheveu.
roi étant la pièce principale du jeu. En faveur ÉCHEVETTE, voy. écheveau.
de cette opinion on se fonde surtout sur ce que ÉCHEVIN, it. scabino, schiavino, esp. escla-
plusieurs des noms des figures du jeu, usuels vin, RL. scabinus. D'origine germanique : v.
dans l'anc. langue, ont incontestablement une saxon scepeno, vha. sceffeno, scheffcn, nha.
origine orientale (p. ex. fierce, la reine, aufin, schoffc. Tous ces vocables so rattachent au
le fou, roc, la tour). D'autres reconnaissent verbe schaffen (bas-ail. schapen), régler, soi-
dans le jeu d'échecs la traduction de l'ex- gner, administrer.
pression ludiis latruncutorum, en usage chez ÉCHIF, voy. esquiver.
les Grecs et les Romains et d'origine orientale. ÉCHIGNOIÎE, espèce de bobine ou fuseau
Les particularités qtie nous possédons sur ce qui sert à dévider ; nous tenons ce mot pour
jeu antique ne permettent aucun doute sur un dérivé do escaigne, indiqué sous écheveau
l'analogie qu'il pré.sente avec le jeu d'échecs. (cp. pour la voyelle, chignon do chaîne).
Il se peut donc que l'expression même
fort bien ÉCHINE (forme variée : esquine), it. schiena,
au moyen âge. Echec serait
se soit transmise esp., esquena, prov. esqueiia, esquina. L'éty-
donc un nom correspondant par sa valeur à mologio L. spina est rejetable aux yeux de
latninculus, voleur. Pour établir cette cor- Diez parce que d'un côté la mutation sp en se,
respondance, les partisans de l'étymolcgie sq ne so produit pas dans les idiomes néo-
dont nous parlons prennent eschac, jeu, pour latins do l'Ouest, et que, d'autre i):irt, l'i
identique avec le vfr. eschac, eschcc, prov. long de spina ne peut se convertir en e ou ie.
escac, RL. scacus, qui signifiait butin, prise, Toutes les formes romanes s'accordent parfai-
et qui vient du vha. scah, m. s., mha. schach tement, selon lui, avec le vha. shina, aiguille,
(d'où l'ail, schacher, larron), holl. schaak. V^n piquant (cp. le L. spina, qui signifie égale-
flamand schaehen signifie à la fois jouer aux ment à la fois épine et échine). D. échiner, —
échecs, et enlever, ravir, voler. Cachet, qui rompre l'échiné ; échinée, partie du dos d'un
incline pour cette dernière étymologie, fait cochon.
encore ressortir la circon.stance que le mot ÉCHIQUETÉ, divisé en carrés semblables à
persan schach, roi, ne servit pas à désigner ceux d'un échiquier; forme diminutivo de vfr.
en Eui'ope la ))ièce principale du jeu et que eschequié.
les trouvères donnent, au contraire, le nom ÉCHIQUIER, anc. eschequier, tableau pour
cchec à toutes les autres pièces, même en jouer aux échecs (v. c. m.), cp. en latin tabula
opposition avec le roi. Quant à l'expression latrunculaHa. La magistrature d'Angleterre
échec et mat (pour le sens, elle correspond aux et de Normandie, désignée par ce mot (BL.
termes latins aUigatus, ou incitus, ad incitas scax:arium), a-t-elle tiré son nom, comme
redactus), on ne saurait lui contester sa pro- le pensent Dicz et beaucoup d'autres, du pavé
venance orientale ; elle reproduit trop mani- en forme d'échiquier de la salle où elle tenait
festement la formule persane schach mat. ses séances, ou du bureau même autour du-
C'est d'elle que découle le sens figuré donné quel siégeaient les juges et sur lequel on met-
au subst. échec, savoir celui de mauvais coup tait un tapis quadrillé? Nous ne nous pro-
de fortune, défaite, et les locutions tenir en noncerons pas à cet égard. Gachet est d'avis,
échec, donner échec. —
D. échiquier (v. c. m.), ici encore, de remonter au primitif eschac,
échiqiœté (v. c. m.). butin ; maistredel eschehier, phrase employée
ÉCHELLE, vfr. eschele, du L. scala (p. dans le Livre des Rois avec le sens de « super
scad'la, de scander e). Dans le terme de ma- tributa prsepositus », aurait, selon lui, si-
rine faire échelle (aussi écale, escale), le mot gnifié d'abord préposé à la garde du butin,
échelle =
port de mouillage, se rapporte au puis receveur des tributs et des impôts. Au-
même primitif. L'échelle est essentielle pour jourd'hui on appelle encore en Angleterre ex-
relâcher dans un port. — D. échelette; éche- chequer l'admini-stration du trésor royal, la
. .
l'épaule, de l'animal et qu'il représente l'anc. schleuse, du BL. exclusa, sclusa, subst. de
adj. fém. esclenche = gauche. Ce dernier, excludere (part, exclusus), défendre l'entrée.
dont Génin ne donne pas l'étymologie, est le Donc litt. =
retenue d'eau. D. éciuser, —
néerl. slinh (ail. link), gauche. On a pensé éclusier, éclusée.
aussi au vha. hlanca, flanc, mais ce primitif ÉOOBUER, terme d'agriculture; la pre-
est contraire à la lettre. —
Baist, alléguant mière opération de l'écobuage, c'est enlever
l'it. lacchettaetïe?,^. carnero (dérivé de crena), d'un terrain couvert d'herbes des parties de
qui traduisent le fr. éclanche, pose pour plusieurs pouces d'épaisseur, à l'aide d'un
étymon le fr. cran, entaille (par un verbe es- outil appelé écobue. D'où vient ce mot? Y a-t-il
cranchcr, d'où esclancher). communauté radicale entre écobue et écope?
.
ÉOŒURER, faire perdre le cœur (le goût), harnôffel; 2. rouer de coups. Hildebrand, en
dégoûter. traitant le mot allemand, cite le verbe angl.
ÈCOFRAI, ÉCOFROI, établi d'ouvrier, vfr. cani/le, employé dans le Devonshire pour
aussi escofl'raie,-froir ; doit être une alté- flatter. — L'étymologie de Ménage mérite
ration du flamand schap-raede (Kiliaen : bien une mention pour sa singularité. Les
promptarium, repositorium), auj. schnpraey. Grecs ayant nommé les parasites des ràpx^.tu
— Le mot se trouvant avec le sens de bou- c'est-à-dire des corbeaux, il veut qu'^corni-
tique où l'on vend du cuir, Littré estime qu'il fler vienne de ex-corniculare (rad. cornix,
tient ail german. schuh, soulier; c'est bien corneille). C'est pousser un peu loin l'esprit
difficile à admettre. d'analogie. —
D. écornifleur, -erie.
ÉCOINÇON, terme d'architecture, dérivé de ÉCOSSER, voy. cosse.
coin\ cp. arçon àe arc, rcusson do cet'.. Le 1. ÉCOT, escot', it. scotto, esp., port, es-
j)réfixc es, é n'a pas plus de valeur que dans cote,prov. escot, BL. Iscotam, contribution,
échantignole, écru etc. , taxe, cens. C'est le même mot que le v. fri-
ÉCOLE, L. schoJa. —
D. écolier, L. scho- son shot, angl. scot, shot, gaél. sgot, ail.
euphonique,
laris; écolâtre, L. scholasticus (r schoss, qui tous ont la signification impôt,
cp. r^istre de rusticus)\ écoler, enseigner, contribution. Tous ces mots se rapportent à
d'où écolage. la racine germanique shùt (ail. mod. schies-
ÉCONDIIIRE, litt. conduire hors, éloigner; sen), dont l'idée radicale est « sortir, faire
de bonne heure le mot, quant à sa valeur, sortir Cp. l'ail, zxi-schuss, contribution,
»».
sens de « petite perche de bois scié >». donc, dans notre cas, l'ail, schupfer, nom
ÉCORCE, prov. escorsa, it. scorsa. On peut d'une ancienne arme à projectiles, qui répond
faire venir ces mots soit de la forme adjecti- parfaitement à escofle, écott/Ie. Pour r changé
vale L. scortca, de cuir (cuir et écorce ont en /, cp. crible de cribrum, temple (tempe)
souvent la même appellation), soit du L. cor- de tempora, eschople' de scalprutn. Le breton
tex, corticis, avec 5 prépositif, représentant shoul, m. s., allégué par Chevallet, répugne
un préfixe ex, ajouté sous l'influence d'un à l;i lettre du mot français.
verbe ex-corticare, écorcer. J'incline pour la ÉCOULER, composé de couler, litt. = ex-
dernière dérivation. —
D. direct du fr. colare, logiquement = effliœre, ail. aus-flieS'
écorce verbe écorcer.
-. —
De cortex, par l'in- sen.
termédiaire de l'adj. corticeus, dérivent les ÉCOURGEON, voy. escourgeon.
formes it. corteccia, esp. corteza, port, cor- ÉCOURTER, it. scurtare, L. ex-curtare', =
tiça, signifiant également écorce
puis les ; voy. court.
verbes it. scorticare, prov. escorgar (n. prov. 1 ÉCOUTE, lieu où l'on écoute.
escourtega), esp., port, escorchar, t'r. écor- 2. ÉCOUTE, it. terme de
scotta, esp. escota,
CHER. qui tous répondent au L. excorticare. marine, espèce de cordage, du suéd. skot,
La forme française, surtout en présence des néerl. schoot, ail. schote, m. s.
mots similaires des autres langues, ne peut se ÉCOUTER, anc. escouter, escolter, ascouter,
déduire de excoriare; ce dernier a donné it. ascoltare, scoUare, prov. escoutar, du L.
étoffe; dérivé de cran, pf.r un type excreni- ges que font les écrouelles sur la peau), ou
care; une forme variée est éclancher. du L. scrofella, p. scrofuîa. La dernière ori-
ECRASER, mot d'origine germanique : gine, quoique approuvée par Diez, me semble
nord, krassa, triturer, suéd. krasa, écraser, moins bonne, vu la grande rareté de la syn-
angl. crash etcrush. cope de Yf. Cette syncope se produit, à la
ÉCREVISSE, escrevisse, d'un thème ren- vérité,dans Estienne et antienne, mais dans
forcé scrab p. crab; cp. vha. chrepaz (ail. d'autres conditions ; c'est là plutôt une assimi-
mod. hrebs)\ en wallon du Hainaut, on dit, lation qu'une syncope. On n'oseraitdonc trop
graviche, à Namur, gravase; le vfr. disait se reposer sur ces exemples.
aussi crevice. — Pour le groupe initial scr p. ÉCROUER, voy. éerou, 2.
cr ou gr, cp. en angl. grabble, griffonner (= ÉOROUES, plur., autrefois les états ou rôles
ail. krabbeln) et scrabble, m. s. Voy. aussi de la dépense de la bouche pour la maison du
l'art, écru. roi; c'est le même mot, à la forme féminine,
ÉCRIER (S'), voy. o-ier. — Pour le préfixe, qu'écrou 2.
cp. L. ex-clamare, ail. aus-rufen. ÉCROUIR, battre à froid un métal pour le
ÉGRILLE, prob. une mauvaise prononcia- rendre plus dense; étymologie inconnue.
tion p. égrille (le mot dit la même chose que ÉCROULER, voT. crouler.
égrilloir)\ j'y vois un subst. verbal d'un verbe ÉCRU, escru, qui n'a pas été passé à l'eau
es-griller, retenir par une grille. bouillante; soie écrue =
soie naturelle. En
ÉCRIN, it. scrigno, angl. shrine, ail. présence du L. crudum scorium, cuir non
schrein, du L. scrinium, pr. meuble pour tanné, crudum linum, lin écru, et du verbe
conserver des objets. De l'ail, schrein, caisse, fr. décruer la soie, on ne saurait se refuser à
armoire, vient ail. schreiner, menuisier, si- l'étymologie crudus. Ecru est tout bonnement
gnification qu'avait également le vfr. escrimer une variété de cru; dans la langue des ouvriers,
(rouchi ecrenier). on trouve de nombreux exemples de cet es
ÉCRIRE, escrire*, L. scribere, scriVre. — prépositif, ne répondant à aucune modifica-
D. écrit, L. scriptum, dim. écriteau, vfr. tion de sens, et basé, soit sur l'euphonie, soit
escriptel, BL. scriptellum; écritoire, L. scrip- sur une fausse assimilation au préfixe es ou
torium; écriture, L. scriptura; écrivain, BL. é. Ainsi les couvreurs disent échenal pour
scribanus, p. scriba; écrivailler, -eur, -erie; chenal; ainsi l'on dit encore indifféremment
écrivassier ; écriveur; écriveux (M™® de Sévi- chantignole et échantignole.
gné). ,
ÉCRUES, bois qui ont crû spontanément;
1. ECROU, anc. écroue, trou pour faire forme participiale du vfr. escroistre == L. ex-
passer une vis. On rapporte généralement ce crescere.
mot à l'ail, schrube, schraube, vis, mais Diez ECU, bouclier, puis monnaie, ainsi
escut",
est d'avis que ce primitif aurait déterminé nommée parce qu'elle était chargée de l'écu
une forme fr. écrue ou écru; il préfère L. du souverain, it. scudo, du L. scutum. D. —
scrobis, fosse, cavité (dont la connexité avec prov. escudier, it. scudiere, BL, scutarius, fr.
.
escuyer', écuykr, d'abord gentilhomme por- ces termes est également propre à l'analogue
tant Vécu d'un chevalier, puis oflRcier de cour all(Miiand erbaucn.
en général, particulièrement celui chargé des ÉDILE. L. œdilis (de œdcs, édifice). — D.
écuries, enfin expert dans l'art de l'équitation, édilitc', auj. = magistrature municipale.
dresseur de chevaux. Du fr. escuyer l'anglais ÉDIT, L edictum, proclamation.
a fait esquive et sqvire. Le mot écusson— ÉDITER, d'un type L. editare, fréqu. de
(v. c. m.) répond à un type latin scutio (cp. edere, publier, dont le supin a donné : éditer,
L. arcus, arcio, =
fr. arc, arçon). Vient en- fr. éditeur, editio, fr. édition, in-editus, fr.
quelle raison).
ÉCUEIL, prov. escuelh, it. scogUo, esp.
escoUo, du L. scopulus (ï/67rî)oi). ÉDULCORÉR, voy. doux; cp. L. edulcare.
ECUELLE, escuelle', escudela,prov. it.
EFFACER, prov. esfassar, propr. enlever
scodella, du L. scutella, dimin. de scutra. — l'empreinte, la figure, la marque de qqch.,
puis en général faire disparaître. Du L.
Jadis on prononçait cs-cu-ellc.
faciès, figure, face.
ÉCULER, voy. cul.
EFFANER, ôter les fanes (v. c. m.).
ÉCUME, it. schiuma, aussi scuma, sgiima,
EFFARER, prov. esferar, du L. cfferare
esp., port., escuma, du vha. scûm,
prov.
(férus), rendre sauvage; sauvage pris dans le
nord, shùm, gaél. sgûm, m. s. L'étymol. L.
sens de timide, troublé, épouvanté. D'iui dérivé
spuma est aussi insoutenable que celle de
spina attribuée à échine. D. écumer; le — de férus, L. ferox =
fr. farouche, vient le
verbe analogue efj'aroucher.
sens figuré de ce verbe « prendre çà et là,
:
EFFAROUCHER, voy. efjarer.
butiner ••, a donné lieu au terme écumer les
EFFECTIF, L. <?/ffcfjci«(efficere), pratique,
mers (d'où écumeur de tners, pirate). qui entre en action, d'oii l'acception réel, :
ECURER, escurer", it. sgurare, esp. escu- po.sitif ; cp. en ail. wirhïich, m. s., do toirhen,
rar, du type latin excurare; donc un renfor- agir, et fr. actuel, de agere, agir.
cement de curer, soigner, tenir propre. On EFFECTUER, dér. du subst. lat. effectua
pourrait ramener aussi le mot aux verbes (efticerc),exécution, qui est le primitif du fr.
germaniques ail. scheuern, néerl. schuren, effet. Cp. pour la formation, graduer de gra-
angl. scour, mais Diez tient plutôt ces der- dus, habituer de habitus.
niers pour empruntés au latin. D. récurer. — EFFÉMINER. L effeminare (femina).
ECUREUIL, escureuil', prov. escurol, angl. EFFERVESCENT, L. effervescens. — D.
squii'rel, du BlL. scuriolus, altéré du L. sciu- effervescence.
rulus, dim. de scim-us {r/ioxjr.o:) L'it. scojat- EFFET, L. effectua (efficere); signifie : 1
tolo accuse de mémo un primitif latin scurius exécution, « mettre à effet ", 2. résultat de
p. sciurus. l'action. Le français y a ajouté l'acception :
logie est contestée par Suchier (Ztschr. III, de diamant, qui sert à polir ce corps; d'ori-
611); la forme s'y refuse aussi bien que le gine incertaine ; de l'ail, qries, gravier,
sens. poudre grossière ? ou de la couleur grise, le
EGAL, L. œqualis. — D. égalité, L. eequa- diamant perdant sa couleur foncée par le
litas (d'où le néol. égalitaire); égaler (dans les frottement?
arts et métiers aussi égalir), égaliser. ÉGRUGER. voy. gruger.
ÉGARD, esgard', attention, respect, subst. ÉGUEULER, de gueule, 1. ôter le goulot
verbal du vieux verbe fr. esgarder, it. sguar- (v. c.m.); 2. v. réfl., se faire mal à la gueule
dare, considérer, examiner, composé de gar- à force de crier, cp. s'égosiller.
der; cp. respect, de respicere, regarder. EHONTÉ, vfr. cshonté, qui est sans honte.
ÉLE 174 — ÉLO
BJOUIR (S'), esjouïr, prov. esgausir, com- ÉLÉGANT, L. elegans, litt. choisi, exquis
posé die jouir. — D. réjouir. (de eligere); élégance, L. elegantia.
forme ablaquare; toutefois, il rattache de pré- ÉLÈVE, 1. fém., action d't'/euer, 2. masc.
rum (étymologie proposée aussi par Grand- ÉLEVER, eslevcr', e-levare, soulever,
ot autres,
ail. elixir, it. eli-
du L. elixus,
ELBBUP, espèce de drap fabriqué à JfcVtcM/'
cuit, bouilli (dér. de lix, lessive). L'origino
(Normandie). arabe, supposée déjà par Ménage et les au-
ELDORADO, mot espagnol el dorado, litt. :
teurs du dictionnaire de l'Académie d'Es-
doré nom d'un prétendu pays d'une
le (pays) ;
pagne en 1732, est aujourd'hui hors de doute.
richesse fabuleuse, découvert lors de l'expé- Le mot représente un composé de l'art, al et
dition do Pizarre dans l'Amérique méridio- du subst. iksir == quintessence, pierre philo-
nale. Beaucoup d'aventuriers ont en vain, de- sophale, lequel est issu du verbe kasara,
puis lo xvi" siècle, cherché à constater cette rompre. La pierre philosophale devait, comme
découverte. En attendant, le nom a été donné on sait, servir également de remède universel.
à une province de la Californie, et même à ELLE, pronom personnel fém., =^ L. illa.
une petite ville de l'Arkansas. ELLÉBORE, L. elleborus {illiZopoi).
ÉLECTEUR, L. elector (de eligei-e, élire), ELLIPSE, grec i\).ivUi, pr. omission;
d'où électoral, éleclorat; élection, L. electio; illuizxiMi, fr. elliptique.
électif, néol. =
qui est établi ou qui s'obtient ELME (SAINT-), p. saint Erasme (protec-
par voie d'élection. teur des marins), Erasme a été corrompu
ELECTRE (peu usité), L. electrum, succin d'abord en Erme, d'où Elme.
ou ambre jaune, gr. T,lzArpo-j. — D. électri- ÉLOCHER, eslocher', secouer, ébranler;
que, -icien, -icité, -iser. ne peut venir du type ex-locare, qui, selon les
ÉLECTUAIRE, anc. letluaire, it. lottovaro, règles, donnerait eslouer; c'est un composé
lattuaro, esp. electuario, prov. lactoari, ail. de locher (v. c. m.) —
L'ét. ex-luxare, posée
latwerge, du L. electuarium, forme accessoire par M. Rigal (dans la Revue des Langues ro-
de electarium, dér. du gr. IaIua-co-j, médi- manes, VIII, 145) convient parfaitement pour
cament qu'on laisse fondre dans la bouche le sens, mais pour la phonétique elle soulève
(de ï/./ît^;-;iv, lécher). deux graves difficultés c'est d'abord que les
:
EMB — 475 — EMB
textes anciens n'ont pas à's ni dans elocher EMBAUMER, voy. baume.
(esloschier dans un ms. de Joinville du xiv^ s. EMBELLIR, voy. beau.
est une forme accidentelle), ni dans locher ; EMBÉRIZE, nom scientifique du genre
puis que Vu de luxare (= luscare) postule la bruant, tiré de l'ail. em,meriz, emberitz, em-
forme csZoucAier. Voy. P. Meyer, Rom. XI, 618. britz, qui lui-même est un dérivé de l'ail.
ÉLOOUTION, L. elocutio (eloqui). ammer, m. s., dont la racine exprime l'idée
ÉLOGE, L. clogium, sentence, inscription de brillant.
tumulaire. — D. élogieux, élogier, Hogiste. EMBERLIFICOTER, embarrasser; mot do
— D'après Schuchardt (Vokalismus, II, 325), fantaisie et d'origine inconnue.
éloge représente sùXoyioc (louange), eu étant EMBERLUCOQUER (S'), s'aveugler, s'entêter
= e en latin vulgaire. d'une idée (on trouve aussi embrelicoquer et
ÉLOIGNER, anc. eslongier, esloignier, dér. emberloquer); mot de fantaisie dans lequel
de loin, anc. loing. — Le terme de marine berlue paraît jouer un rôle; cp. prov. s'abel-
élonger est synonyme de longer ou allonger. lucar, s'aveugler. Le Duchat définit le mot :
ÉLUCIDER, rendre lucide, BL. elucidare. que les moines ont coutume de loger sous
ÉLUCUBRER, L. elucubrare, produire à leurs capuchons de bure [coques) ».
force de veilles (de lucubrare =
luçe operari), EMBÊTER, terme vulgaire formé de bête,
ÉLUDER, du L. eludere, parer, esquiver. syn. de abrutir ; fig. ennuyer.
ELYSEE, mot mal formé du L. elysium EMBLAISON, voy. l'art, suiv,
(»jAÛ7t0v). EMBLAVER (un champ), ensemencer en
ÉMÂCIÉ, L. emaciatus, amaigri. blé, voy. blé. —
D. em,blavure. Les mots em-
EMAIL, anc. esmail, it. smalto, esp.,port. blaison, p, embléaison, et emblure, p. em-
esmalte, ail. schmelz, BL. smaltum. Diez bléure, se rattachent à la forme anc. embléer,
préfère à l'étym. L. maltha, espèce de ciment, régulièrement tirée, sans insertion de v, du
une origine du vlia. smalzjan, smaltjan, BL imbladare.
smelzan (ail. mod. schnielzen), fondre, parce EMBLÉE (D') = de plein saut, du premier
que la contexture du mot français émail ne effort, d'une levée, d'un coup; du vieux
litt.
concorde nullement avec maltha, mais bien verbe français embler, qui signifiait enlever,
avec smclzi, smalti, dont Vi final a été attiré dérober (" l'avoir d'autrui tu n'embleras •<);
par Va, comme d'habitude, et le t final apo- le verbe réfl, s'embler signifiait anc. s'esqui-
cope. L'émail, en efiet, est du verre fondu ver. Ce verbe embler, prov. emblar, vient du
avec de l'étain. — D. étnailler. L. in-volare, litt. empaumer {vola, le creux
ÉMANCIPER, L. emancipare, mettre hors de la main); cp. L. manuari, voler, de manus,
de tutelle, aff"ranchir. main. Chevallet fait dériver embler du L.
EMANER, L. e-manare, écouler. ablatus ; cela n'est pas sérieux,
ÉMARGER, 1. couper la marge; 2. signer EMBLÈME, L. emblema, du gr. lix^Una.
un reçu en marge d'un compte. —
D. émar- (de èuSàUsiv, jeter dessus), ouvrage en relief
gement. des vases ou autres ustensiles de là orne- ; :
parlant d'une rivière, cp. ail. miïndcn ou rale primitive s'est conservée dans le v. esp.
à embraser =
mettre en feu. quidum egcrerc n, mot identique avec smel-
EMBRASSER, serrer dans ses bra^, puis, ten, ail. schmelzcn =^ liquidum facere. Il n'y
par extension, baiser; de là découlent d'un a pas lieu de songer ni à ex-77ioti'.s, écarter, ni
côté les acceptions ceindre, environner, ren- à emunclus, mouché. —
D. émeut, excrément.
fermer, d'un autre, s'attacher à, saisir avec ÉMIER, ou (hnietter, de mie, miette.
affection et empressement. —
D. embrasse; ÉMIGRER, L. e-migrare; cp. ail. aus-toan-
embrassade (à suffixe étranger; Montaigne dcvn,
disait encore donner une embrassée). ÉMINBNT, L. e-minens, qui s'élève au-des-
:
pr. effort, peine, puis profit que l'on retire de pecier peuvent fort bien dériver (l'atténuation
ses peines. — D. émolumenter. de a en c étant un fait régulier). Cette forme
ÉMONCTOIRE, L. emunctorius (de emun- secondaire et concurrente est parallèle au
gere, moucher). prov. empachar. empaitar, esp., port, empa-
ÉMONDER, L. emundare (de mundiis, net). char, it. impacciare. Pour ces verbes, Mura-
ÉMOTION, L. emotio (de emovere, fr, émou- tori avait proposé un type impactiare, au sens
pes,pez =
poix. On trouve aussi empiger mere. — A l'appui de l'ét. p^'omutuum,
pour enduire de poix, formé d'après le latin Rônsch (Ztschr., III, 102) cite, dans le gloss.
impicare (pix, picis). gréco-latin de Cyrille (éd. Vulcan., p. 58):
EMPÊTRER, voy. dépêtrer. npoSsivxlo/jLxt, promutuor. — Subst. verbal :
EMPLIR, L. implere; cps. dés-emplir, rem- pliquer (comparez ces verbes avec les trois
plir.
derniers mentionnés;. Appliqué à des mots
EMPLOYER, it. impiegare, esp. emplear,
romans sans précédent latin, le préfixe en est
prov. empleiar, du L. implicare, impliquer, destiné à exprimer le pas.sage d'un état en un
usité dans la basse latinité p. expendere,
autre; c'est là sa valeur inchoative et fattitive;
insumere. Ce même trope engager qqch.
:
ex. enorgueillir, empirer, embellir, enrichir,
dans une affaire, en faire usage pour un but
endormir, etnbraser, puis introduction dans
déterminé, se rencontre également dans l'ail.
ver-wenden, de wenden, tourner, plier. — l'intérieur de qqch., engagement, implication
[empiéter, enfoncer, embûche, engager), ou
D. subst. verb. emploi, it. impiego; employé;
action de pourvoir ou toucher qqch. de la
voy. aussi emplette.
chose exprimée par le primitif [empoisonner-,
EMPOIS, EMPOISSER,
EMPORTER,
voy. empeser.
porter loin [em, en =. inde),
enfariner). —
Le préfixe en =
inde exprime
éloignement. Il ne se rencontre plus que
enlever; s'emporter, fiig. =
se laisser entraî-
dans s'encourir, enfuir, enlever, emmener,
ner par un mouvement de colère; cp. les
emporter, s'ensuivre, envoler, entraîner.
expressions analogues fr. transporter, émou-
coir, sedémener, et L. efferre. D. em- — ENCAISSER, voy.
équivaut à :
caisse. Le^ubst. encaisse
ce qui est en caisse.
porté, emportement ; cps. remporter.
EMPOTER, mettre en pot. ENCAN, anc. encant, prov. enquant, encant,
it.incanto,&nQ.. esp. encante, ail. gant; delà
EMPREINDRE, du L. imprimere,
presser dessus ; c'est la forme vulgaire de im-
litt.
phrase lat. in quantum, à combien? — D.
vfr. enquanter, encantcr, enchanter, mettre
primer (cp. geindre, de gemere). Du participe
empreint vient le subst. empreinte, d'où ont à l'enchère. Ménage songeait à incantare,
été tirés Vit. imprenta, impronta, esp., prov.
auquel il prêtait le sens de proclamer;
d'autres à in cantu, vente faite au son de la
empretita, puis les verbes néerl. printen, im-
primer, et angl. print. trompe !
nom de l'encre rouge dont se servaient les sortir d'embarras, forge un mot barbare inca-
empereurs romains pour signer. Les Italiens mifrœnare, en se fondant sur Psaume 32, 9 :
en ont fait incosto, inchiostro; d'auti'es lan- « in camo et frœno maxillas eorum con-
gues ont singulièrement écourté ce mot, et stringe » Littré appuie cette explication en
.
l'ont transformé en vfr. enque, enche, auj. disant « De en et chanfrein, par l'intermé-
:
ENCRE, angl. inh, néerl. inht. L'ail, tinte, esp. diaire de chinfreneau, coup à la tête le sens, ;
tinta, =
encre, vient du L. tîjictus, part, qui était général (on trouve d'amors enchi-
passé de tingere, teindre. frenés dans le Roman de la Rose) s'étant par-
ENCEINDRE, L. in-cingere; part, enceint, ticularisé au rhume assimilé ànn chanfrein ».
d'où le subst. participial fém. enceinte, cir- Pour notre part, nous citerons le bas-breton
cuit, clôture. Quant à l'adj. fém. enceinte, sifern, rhume, mais il se peut qu'il soit d'ori-
grosse d'enfant, =
it. incincta, prov. cncen- gine française.
cha, voici ce qu'en dit Isidore «-incincta: = ENCHYMOSE, gr. èy;^,i,acoît;, effusion d'hu^
praegnans eo quod est sine cinciu ». D'après meurs {yy/J.6;).
cette étymologie, inci^icta serait =^ discincta ENCLAVER, du BL. inclavare, enclore (de
ou no7i cincla; c'est comme si nous disions clavis, clef). — D. enclave.
0.ujourd'liui par euphémisme » femme sans ENCLIN, L. inclinis, penché.
corset ". —
AI. de Chevallet, d'après Ménage, ENCLORE, prov. enclaure, L. inclaudere,
rattache le BL. incincta (grosse) au latin classi- forme barbare pour includere; de ce dernier
que inciens, -tis, qui a la même signification. les savants ont fait inclure. Le part, enclos
Cette dérivation n'est pas impossible seule- ; (L. inclausus) a donné le subst. enclos, d'où
jnent il faudrait admettre que la forme lat. et les chasseurs ont forgé le verbe enclotir.
it. incincta fut l'effet d'une fausse application ENCLOS, voy. enclore.
étymologique, ce que la date reculée de l'em- ENCLOTIR, voy. enclore.
ploi de ces formes engage à repousser. L'es- ENCLOUER, voy. clou.
pagnol dit estar en cinta ; cela fait songer à ENCLUME, it. incude, incudine, ancude,
une autre représentation do la chose, savoir : ancudine, esp. ayunque, yunque, prov. en-
être enveloppé, être doublé, in cinctu (ou en clutge, encluget; toutes ces formes viennent
mauvais latin in cincta) esse. L'it. incignere,
: du L. incus, incudis. Une déclinaison bar-
prov. encenher, vfr. enchaindre (Richart li bare incudo, incudinis, a donné les formes
Biaus) =r engrosser, confirment cette manière italiennes. L'espagnol s'explique par la syn-
de voir; ils représentent le L. incingere, en- cope du d, d'où incu'e, d'où, par la transpo-
tourer.; c'est une figure un peu moins gros- sition de u : iunce, yunque. Le provençal ac-
sièreque le fr. engrosser elle rend ; l'idée : cuse un type incudium, avec l intercalaire.
donner de l'ampleur, du volume. Quant au mot français, il vient de l'ace, incu-
ENCEINTE, voy. l'art, préc. dinem avec l intercalaire; pour la terminai-
ENCENS, it. tncewso, esp. incienso, BL. in- son, cp. L. amaritudinem, fr. amertume. —
censum, == tlius, de incendere, allumer, D'après Cornu (Rom., VII, 594), enclume se
brûler — D. encenser, -oir. — Les Alle- serait produit par la série de formes suivantes :
mands rendent encens par weih-rauch, fumée incudinem, *encum.ne, *encnume, enclum,e.
eacrée.^ ENCOCHER, voy. coche 3.
ENCÉPHALE, gr. lyAv^aloi, adj., = qui se ENCOGNER, voy. coin. Cps. rencogner. — ,
Havet (Rom., VIII. 93) cherche à démontrer (transformé en diruare, d'où dervare, der-
pour cet adverbe fr. (it. ancora) l'étym. atque ver), et derogare (cp. fr. enterver interro- =
ad horam, atque étant devenu acque, puis par qare, fr. corvée =
corrogata). Il s'en tient
nasalisation anche, et are (o ouvert) issu de donc à la conjecture (consignée dès la 2* édit.
aora. Cette explication nouvelle est théori- de son livre) on s'est servi d'abord de la
:
quement correcte et sourit beaucoup, mais 3" pers. sing. desve, qui répond correcte-
elle se heurte contre un fait, relevé par Su- ment à L. desipit (il est fou); puis de la forme
chier: c'est que la formule prov. anc no, pic. du présent desve on a dégagé un infinitif deS"
aine ne, = jamais (relativement au passé) ver et un participe desvé. Chevallet, au mé- —
appuie trop solidement pour anche l'origine pris de toutes les règles de dérivation, met en
adhuc ou adhunc. avant l'ail, iaiib, insensé, fou, verbe toben,
ENCORBELLEMENT, voy. corbeau. être enragé il aurait mieux fait de citer les
;
sier avait la valeur de engraisser ; il en est de faire accorder aussi bien la lettre que le sens
même du wall. écrauchi, rouchi encrachier. avec cette étymologie, Gachet rapproche le
ENCRE, voy. encaustique. —
D. encrier. port, endiabrar et prov. endiablar, qui selon
ENCROUE (arbre) ne vient pas de croix, lui peuvent s'être altérés en endiavrar, en-
comme prétend Bescherelle, mais par le BL. diarvar d'où enfin enderver, endesver. Il
,
incrocare {Loi salique), encrocher, de la racine pense aussi (à tort, sans aucun doute) que
croc. î'angl. endeavour, s'efforcer, s'acharner à
ENCYCLIQUE, gr. iyxuxiixo,-, de y.ùAoi, cy- faire qqch., est le même mot. De mon —
cle, cercle; cp. L. circularis (decirculus), d'où côté, j'ai proposé quelque part l'explication
le subst. fr. circulaire, ail. rimdschreiben. de dervé (d'où desvé) par le BL. debriatus (p.
ENCYCLOGRAPHIE, mot nouveau formé de-cbriatus), enivré, fou. En somme, la con?
d'après encyclopédie, recueil de traités sur jecture de Diez est celle qui satisfait le plus
les diverses branches d'une science ou de la aux conditions d'une saine étymologie. Littré
science en général. s'abstient de se prononcer, et laisse la discus-
ENCYCLOPÉDIE, du gr. lvxuxio:r«.5s.'K, qui sion ouverte. Et voici ce que j'ai enregistré
estune fausse leçon pour ly/ûx/taj Traids^a, lo- de nouveau sur ce terrain. L'explication do
cution fréquemment employée depuis Aristote l'ancien desver par dis-vadere {s,ovtiv du sens;,
pour désigner le cercle L-j/.Ui) de connais- tentée par Ulrich (Rom., VUI, 264), est par
,
coup d'autres verbes, aurait pris le dessus. infantare ; toutefois, ce verbe latin ne se
On objecte, d'une part, que Ve du thème desv trouve que dans Tertullien, au sens de nour-
est ouvert et postule un e bref d'origine (G. rir. —
D. enfantement. .
Paris), d'autre part, que les composés par de ENFARINER, 1. poudrer de farine; 2. fig.
^ ex sont imaginaires (Grôber). endoctriner. Cette dernière acception se rat-
ENDIVE, it , esp., port., prov. endivia, du tache peut-être au sens métaphorique qu'a le
L. intybus (IvruSov), chicorée, ou plutôt de la L. farina, dans ejusdem farinœ esse, être de
forme adjectivale i7itybea. la même pâte, de la même trempe.
ENDOLORIR, litt. affecter ou être affecté ENFER, prov. enfern, it. inferno, du L.
d'une douleur. infernum (Tacite inferna, -orum,
: les en- =
ENDORMIR, de dormir. Le latin
factitif fers), d'où infernalis, fr. infernal.
classique indormire dit autre chose, c.-à-d. ENFERMER, mettre dans un lieu fermé,
dormir ou s'endormir sur qqch., et fig. la composé de fermer, comme includere de clau-
traiter avec négligence. Végèce cependant dere. — Cps. renfermer.
l'emploie dans le sens de s'engourdir en par- ENFERRER, enfoncer un fer, percer d'un
lant des membres. fer, de ferrum, —glaive. Avitrefois = mettre
ENDOS, subst. verbal de endosser. aux fers.
ENDOSSER, mettre sur le dos, de là endos- ENFILER, passer un fil à travers le trou
ser un habit puis mettre sa signature au dos d'une aiguille, réfl., sens fig., s'introduire,
;
A, p. ex. etidroit le vespre, vers le soir; aussi ENFIN, p. en fin, •= pour finir, pour ré-
adverbe, avec le sens de vis-à-vis, en face, di- sumer.
rectement, du côté qui se présente tout d'abord ENFLAMMER, L. inflammare.
à nos regards. Cet adverbe ou préposition re- ENFLER,
L. in-flare, litt. souffler dans,
présente littéralement le L. in-directitm, di- cp. gonfler de con-flare. —
D. enflement, -lire;
rigé vers (voy. droit). La combinaison avec in cps. renfler. Notons encore ran3. adjectif
est analogue à celle de encontre, envers, etc. e7ifle = enflé, encore en usage dans quelques
Quant au sens, endroit rend à peu près la dialectes.
même idée et de la même manière que envers, ENFONCER, pousser vers le fond (v. cm.),
qui représente le L. in-versus, tourné vers. puis faire pénétrer dans le fond, enfin défon-
D'adverbe, le mot s'est fait substantif, et en- cer et en général briser, rompre /« enfoncer
droit a pris les significations 1 place, lien, : . une porte »). Nous ne citons pas les emplois
propr. ce qui est devant nous, cp. contrée de figurés de ce verbe. —
D. enfoncement, 1 ac- .
contre (l'ancien sens adverbial perce encore tion d'enfoncer; 2. vide, creux, profondeur;
dans la locution à Vendroit de en ce qui = enfo7içure, chose enfoncée. L'ancienne langue
concerne); 2. côté droit, beau côté (d'une disait aussi enfondrer, pour enfoncer (cp.
étoff'e), opp. au subst. envers, côté retourné, effondrer). Voy. aussi /b?îcer.
ENDUIRE, du litt. appliquer
L. inducere, ENFORCIR, rendre ou devenir plus fort,
sur, puis = enduire, dans coîorem in-
p. ex. cp. endurcir =
durcir. L'ancienne forme
ducere picturœ (Pline). Dans le sens de mener enforcier nous est restée dans le composé ren-
vers, le L. inducere est devenu le fr. ind,uire. forcer.
'— D. enduit, subst. participial, L. induc- = ENFOUIR, L. in-fodere, mettre dans la
tum. terre.
ENDURCIR; le préfixe ajoute à la valeur ENFOURCHER, prendre en fourche, aussi
factitive du verbe simple. percer avec la fourche, ou disposer en forme
ENDURER, L. indurare, pris dans le sens de fourche.
de durare, obdurare, résister, persister, sup- ENFOURNER, de four (anc. forn).
•
dre gage de qqn. qui s'oblige à vous servir, tif : augmenter; au neutre
faire croître, :
le prendre à son service, l'enrôler, le déter- grandir, s'accroître (« Partout voi le mal
miner à un service, à une prestation, lier, a-engier » Baud. de Condé).
obliger; 3. exhorter, persuader à prendre ENGIN, vfr. engieng, eytgien, it. ingegno,
part dans une affaire ou à faii'e qqch. ; de là prov. engeinh, engin, d'abord esprit, surtout
4. faire entrer, entraîner dans, mêler à ; esprit inventif, puis ruse, finesse, instrument
5. dans les locutions « engager le combat, là de guerre ou de chasse ; du L. ingenium. De
conversation », le verbe équivaut à s'engager l'anc. forme enginh', engeinh' vient le vieux
dans, et devient synonyme de commencer. — verbe engeigner (v. c. m.), machiner, imagi-
D. engageant (se rattache à l'acception 3); ner, tromper, BL. ingeniari, =» ingenium
engagement (se rattache à toutes les accep- exercere (la langue moderne en a tiré s'ingé'
tions du verbe) engagiste.
;
nier =
se creuser l'esprit) puis le subst,
;
ENGAINER, mettre en gaine (v. c. m.). — engigneor" faiseur de machines, mot que les
,
engeancer qqn. d'une chose, l'en embarrasser, ses vêtements, gêné dans un habit qui monte
la lui mettre à charge. Dans le deuxième jusqu'aux oreilles du roman esconcé, caché »
;
sens, c'est un dérivé de enger == embarrasser. Je crois aussi que ce mot se rattache au
ENGEIGNER (vieux), = tromper (Lafon- L. condere, mais non par le composé abscon-
taine), aussi engignier, prov. enginhar, en- dere (dont le partie, barbare ahsconsus a
geingnar. cat. engegnar, voy. engin. Les donné esconser), mais par le participe barbare
formes vfr. enganer, esp. enganar, it. ingan- inconsus, p. inconditus, qui signifiait désor-
nare, qui signifient la même chose, sont d'une donné. Pline a dit « inconditus ordo ramo-
source différente. mm ", Suétone, « turba incondita ». On pour-
ENGELER, de geler, avec
se congeler ; le rait du
reste aussi donner au primitif incori'
préfixe en marquant passage d'un état à un sus sens de conditus, « caché, enfoncé »
le
autre. —
D. engelure. (cp. " engoncé dans son chapeau «), en pre-
ENGENDRER, L. ingenerare. nant in pour le préfixe marquant mouvement
ENGEOLER, voy. enjôler. du dehors au dedans. Remarquons, en outre,
ENGER, embarrasser qqn. de qqch., « qui que l'anc. langue employait en effet s"esconser
m'a engé de cet animal? », « Nicot a engé la au sens de « se cacher « . —
Ménage expliquait
France de l'herbe nicotiane ". Selon Diez du le mot par ingonnicatus mot qu'il a forgé à
.
L. e-necare (contracté en'care), qui avait plaisir de gonne', robe. Littré le dérive dé
également l'acception torturer, fatiguer, im- goyid (it. gonzo), engoncer étant comparé à
portuner pour la forme, cp.vindicare, coïitv. l'état d'une porte mise en ses gonds.
vîncare,
;
g =c, cp. gonfler, grotte, vfr. englume p. in-odio, cp. L. badius, devenu it. bajo, esp.
enclwne). —
D. engrenage, -ure, Cette — bayo, prov. bai; et pour la transformation
étymologie n'est peut-être pas la vraie l'ac- ;
française, il suffit de rappeler hoi hui de
ception mécanique pourrait bien découler hodie. Au lieu de « l'amors m'es en oi » (ob-
d'une acception plus générale que donnaient à serve Diez, auteur de notre étymologie), =
engrener les meuniers, comme celle de « met- amor mihi est in odio, le px^ovençal a fini par
tre en mouvement », de sorte que notre second substantiver la formule et par dire amors :
engrener ne serait pas un homonyme distinct m'es enois » Cette opinion se confirme encore
.
jambes, marcher à grands pas dépasser, em- rêt de mentionner ici l'expression champenoise
;
conqt'is, etc., de i)iqi(is'tus, ont perdu leurf ENTAMER, prov, entamenar, du L. in-ta-
primitif, comme dispos p. ilispost. minare, au sens de at-taminare, mettre la
ENQUINAUDER, litt. rendre quinaud (v. main, toucher à; radical tamcn p. tagmen
c. m.), pr. rendre confus, gagner en sa faveur. (racine tag' tang, toucher). Chevallet invoque
L'auteur Qninaidt n'a l'ien à voir dans ce mot inutilement des l'acines celtiques signifiant
créé par Lafontaine. couper; l'étymologie «vts^uvjiv (avancée par
Nicot, Etienne, etc.) est encore moins digne
ENRAYER, retenir les roues en barrant
1 .
= porte-drapeau). La valeur d'indice, marque poot = pied et greffe, bouture, mai'cotte. C'est
de reconnaissance (« donner enseignes » = de cette combinaison que Diefcnbacli fait déri-
indicia dare (« montrer par enseignes n == ver le BL. impotus, greffe, primitif direct de
argumentis monsti*arc) a donné naissance au empter, enter; mais cette étymologie est diffi-
verbe enseigner, indiquer, instruire, informer, cile à admettre, car, dit Diez, elle entraîne-
it. insegnare, esp. ensenar, port. insi7iar. rait le recul de l'accent sur le préfixe, puisque
D'autres ont préféré rapporter enseigner di- dans niypothèse de Diefenbach, le BL. impo-
rectement au L. insignare, qui se présente, en tus aurait l'accent sur Vo, tandis que pour
efiet, très naturellement Diez est aussi de cet ;
Diez, cet accent, conformément au grec
avis en prêtant à ce verbe le sens primitif ifx:j>\j7ov, repose naturellement sur le préfixe.
« graver dans », d'où découlerait le sens fig. 2. Im-putare, couper dedans; Diez trouve ce
« mettre dans l'esprit » primitif parfaitement acceptable au point de
ENSEIGNER, voy. enseigne. D. enseigne- vue des principes phonétiques; mais il a des
ment ; cps renseigner. doutes quant à la signification que lui prête
Pott, auteur de cette étymologie. 3. Insitus,
ENSEMBLE, it. insembre, insembra, anc.
esp cnsembra; du L. in-simid, p simul. Cp. ins'tus, participe de i^iserere; mais comment
ens, entis, participe présent du verbe esse, choses étant faites (accomplies) dans l'inter-
signifiant chose, être (Quint., 8, 3, 33; plur. valle.
que la traduction, signifie littéralement " en- (où Ys final n'a pas plus de raison d'être que
taillé ". dans le simple lacs).
1. ENTONNER, mettre en tonne. — D. en- ENTREMETS, vfr. entremés, it. tramesso,
tonnoir. mets servi entre deux principaux services de ;
2. ENTONNER,
mettre un air sur le ton, entre -\- mets (v. c. m.).
BL. intonare, in tonum ponere, cantum impo- ENTREPOSER, déposer provisoirement.
nere, d'où intonation. La double n, dans ce
ENTREPOT, L. interpositum* (interponere)
verbe, comme dans détonner, est vicieuse,
cp. dépôt, impôt.
mais autorisée.
ENTREPRENDRE, prendre entre ses mains,
ENTORSE, du L. intorsus (p. intortus), par-
se charger de, aussi s'attaquer à, d'où l'accep-
ticipe de intorquere, =
tordu en dedans.
tion gêner, embarrasser ; aussi =^ empiéter. —
ENTOUR, formé de en -f tour, était d'abord D. entreprenant, -preneur, -prise.
adverbe et préposition, synonyme de autour,
comme encore le correspondant it. in-
l'est
ENTRER, L. intrare. —
D. entrée; rentrer.
on a fait sans nécessité un nouveau subst., les ENTRETENIR, pr tenir entre ses mains,
alentours. —
D. entourer, mettre ou être d'où tenir en état, rendre durable, faire sub-
entour (cp. environner de environ). Le carac- sister, pourvoir aux dépenses de subsistance ;
tère récent de cette dérivation se trahit par fig. retenir par la conversation, amuser, d'où
radical turn, devenu tour. Au xvi" siècle et tions sont également propres au terme ana-
dans quelques dialectes, on trouve encore, logue ail. unterhalten. — D. entretien; entre-
cependant, la forme ancienne et normale tènement.
entouryier ENTRETIEN, v. l'art, préc; cp. maintien,
ENTOURER, voy. entour. D. entourage. — soutien.
ENTRAILLES, prov. intralias. C'est le plur. ENTREVOIR, 1 voir imparfaitement ou ra-
.
L. interanea (Loi salique, intrania), intestins pidement, ne voir qu'à demi (cp. entr'ouïr)\
. .
car leur nature les y pousse). Ce verbe, qui Cette explication est forcée et ne satisfait
est la bonne forme française du mot savant pas à la lettre, car L. devotare n'a pu donner
inviter, a laissé le composé renvier, d'où renvi au français que la forme dévouer. D'ailleurs
Raynouard n'avait pas entrevu de rapport en- on trouve le primitif vaut avec le sens de
tre envidar, inviter, 'fetenutdar, renvier, car il figure de cire servant aux sortilèges.
les a placés, le premier sous la rubrique con- ENVOYER, it. inviare, esp., prov. enviar,
vit (t. dernier à part (t. III). Et cepen-
II), le mettre en chemin, en voie (L. in viam). Lo
dant un vers de Merlin Coccaïe qui
il cite mot latin inviare se trouve employé par Solin,
aurait bien pu le mettre sur la trace : mais avec le sens de marcher sur, parcourir.
Quum facio invitum, facias quoque, Balde, revitum.
Cp. vfr. avoyer, mettre en route. —
D. envoi;
renvoyer.
En effet, et par là nous résumons cet article, ÉPACTE, du gr. èTrxxTo; (iTri/oi), intercalé.
envier, c'est faire une invite, renvier, c'est y ÉPAGNEUL, variété de espagnol;
l'adj.
répondre, y faire face. Mon explication du cette espèce de chiens est originaire d'Espa-
mot envi, que j'avais émise pour la première gne angl. spaniel.
;
fois, à propos du dérivé enviai, dans mes notes ÉPAIS, anc. espais, espois, prov. espes, it.
sur Baudouin de Condé (1866), p. 426, a, spesso, esp. espeso, du L. spisstis, dense,
depuis, été sanctionnée par Ad. Tobler (Mit- épais. — D. épaisseur, épaissir.
theilungen aus altfranz. Handschriften(1870), ÉPANCHER représente un type latin expan-
p. 262) et G. Paris (Mémoires de la Société de dicare, dérivé do ex-pandere, fr. espandre'
linguistique, 1870, I, p. 289). épandre (cp. pencher, formé de la même
ENVIE, it. invidia (Dante inveggia), prov. manière de pendicare). —
D. épanchemeM.
enveia, esp. envidia, cat. enveja, 1 déplaisir ÉPANDRE, espandre", du L. expandere,
qu'on ressent du bien d'autrui, jalousie; étendre, déployer, d'où expansio, fr. expan-
2. désir, volonté. Du
L. invidia. L'acception sion, et l'adj. expansif. —
D. répandre.
désir se déduit naturellement du premier sens; ÉPANOUIR, déployer, extension du vfr. es-
on dit de même être jaloux de faire qqch. panir, p. e.ipandir, forme accessoire de espan-
Pour les acceptions pathologiques données au dre (cp. évanouir, p. esvanir). Pour la chute
mot envie, 1 marque sur la peau que l'on ap-
.
du d, cp. prenons p. prendons. D. épa- —
porte en naissant, 2. petits filets douloureux nouissement.
qui s'enlèvent de la peau autour des ongles ÉPARGNER, espargner it. sparagnarc,
,
(les Allemands disent de même neid-nagel), dér. du vha. sparen, m. s. Pour la terminai-
nous ne savons comment en expliquer l'ori- son on peut rapprocher le verbe lorgner do
gine. —
D. envier (pour la forme =» BL. invi- l'ail, luren; mais elle n'en reste pas moins
,
difficile à expliquer. Peut-être faut-il voir appelle espatard l'enclume et le marteau d'un
dans épargner une contraction de esparigner gros martinet. Le vfr. espautrer, écraser (en-
formé d'un primitif esparer à la façon de core usuel en Picardie) est de la même famille.
égratigner, trépigner. Lorgner de même serait ÉPAULE, espaule* vfr. espalde, espalle,
,
pour lorigner. Tous ces mots procéderaient prov. es2')atla, esp. espalda, it. spalla, du L.
d'un primitif adjectival en in : sparin, lorin, spathula, diminutif de spatha, gr. yni^/j,
trepin, gratin (cp. cliner, cligner). De esparin omoplate. —
D. épauler, 1. rompre l'épaule;
viendrait d'abord espariner, puis esparinier, 2. prêter l'épaule à qqn., fig. assister; =
esparigner, espargner, épargner. Il n'y a pas épaulette, -ière.
de doute que le L. parcere ne soit au fond ÉPAVE, espave*, propr. égaré, errant fen
connexe avec le fr. épargner, mais ce dernier parlant de bêtes), puis, en général, chose
n'en dérive pas immédiatement l'ail, sparen,
; dont on ne connait pas le propriétaire. Du L.
ags. sparian, est bien plus voisin de la forme expavidus, effrayé, qui s'enfuit de frayeur.
italienne et française que le mot latin. Ce ÉPEAUTRE (l'r est parasite), prov. espeuta,
dernier, comme le mot ail., remonte au sans- esp. espelta, BL. spelta (iv® siècle);
it. spelta,
crit sparç, presser, serrer. —
L'opinion la du vha. spelta, spelza, ail. mod. spelz, m. s.
plus acceptable parait être celle de Ulrich ÉPÉE, espée* esp., port., prov. espada, it.
,
(Ztschr., III, 266), qui revendique pour spa- spada, du L. spatha [t^tùS/yi), dont le sens géné-
ragnare et épargner un type vha. 'sparanjan; rique est « chose plate » (voy. épaule, du dim.
de même pour lorgner : "luranja^i (cp. gagner spathula), et qui dans Tacite déjà se rencontre
de weidaty'an}. —
D. épargne. avec le sens d'épée large à deux tranchants.
ÉPARPILLER, vfr. esparpailler, v. angl. De la forme esp. espada vient le dérivé espa-
desparple, prov. esparpalhar, it. sparpa- don. A la même racine appartiennent les mots
gliare; du même radical que le subst. it. par- germaniques ags. spadu, angl. spade, néerl.
paglione, prov. parpalhô, foi'mes altérées du sp)ade, ail. spaten, signifiant bêche.
L. papilio, fr. papillon. Le prov. actuel dit ÉPEIGHE, vfr, espeche, pic. épèque, du vha.
de même esfarfalhâ =• éparpiller, de farfalla, speh, ail. mod. specht, m. s.
papillon. L'idée primordiale serait donc battre ÉPELER, vfr. espelir, anc. énoncer, dire,=
des ailes, voltiger, voleter çà et là à la ma- expliquer, prov. espelar, expliquer, angl.
nière des papillons cp. l'expression papil-
;
spell, épeler du vha. spellôn, goth. spillôn,
;
lonner. Le verbe, neutre en principe, a dans la raconter. L'étymologie appellare est tout à
suite pris une acception active =
disperser, et fait inadmissible, bien que l'anc. langue, par
s'est appliqué surtout à des objets qui volent conversion de préfixe, ait es-peler p. ap-peler.
facilement dans l'air, comme de la paille, du — D. épellation.
foin, de la braise, etc. ÉPERDU, prov. esperdut, it. sperduto, par-
1. ÉPARS, L. sparsus, Tpa.vtic.ae spargere, tic, du vfr. esperdre, égarer, étonner, trou-
verbe latin que l'anc. langue possédait sous bler.
la forme espar dre (cp. sourdre de surgéré). ÉPERLAN, esperlanc, =angl. sparling,
2. ÉPARS, éclair (mot autrefois très ré- ail. spierling, néerl. spiering, esp. espe-
pandu et usuel encore comme terme de mer), rinque.
en réalité espart; subst. verbal de l'ancien ÉPERON, anc. esporon, esperon, prov. es-
verbe espardre ^^= spargere (voy. l'art, préc),
perô, esp. espolon, port, esporâo, it. sperone,
dans son acception faire des éclairs, pr. ré- sprone ; formes simples (sans suffixe) esp. :
pandre de la lumière. Espart, à son tour, a espuela, espuera, port, éspora. Du vha. spore
produit l'ancien verbe espartir, faire des (accus. sp>oron), aW.moà. sporen, sporn, angl.
éclairs. —
Notre étymologie laisse subsister spur, hoU. spoor. —
D. verbe éperonner.
quelques doutes ; il est difficile de l'accorder
ÉPERVIER, prov. esparvier,
espervier",
avec le verbe ancien s'esparer, s'éclaircir.
anc. esp. esparval, it. sparamere, sparviere,
ÉPARVIN ou épervin, anc. esparvain, ma- du vha. sparawari, ail. mod. sperber (la ra-
ladie du cheval, it. spave7iio, spavento, esp.
cine spar se retrouve aussi dans le goth.
esparavan, angl. spavin, cat. esparverenc;
sparva, ail. mod. sperling, angl. Sjoarrow,
Machautala forme espavain. D'après Ménage,
approuvé par Diez et Littré, d'épervier, parce
moineau). —
D. épervière, plante.
ÉPERVIN, voy. éparvtn.
que les chevaux ayant ce mal lèvent le pied
à la façon des éperviers. Les formes it. et ÉPHÉMÈRE, gr. h-n/ji-poi, ne dui\int qu'un
dans les langues de l'Europe. Nous la trou- especia, spezie; du L. species, employé
it.
vons surtout dans le L. patina, plat, dans déjà avec le sens d'épice dans Maci'obius, Pàl-
l'ail, patsch, etc. Épater correspond au wal- ladius et autres. Pour le rapport logique entre
lon spater, écraser; cp. en esp. espadar, species (espèces) et épices, on peut rapprocher
broyer le chanvre. Dans les usines de fer on l'ail, materialien -= drogues, de materies.
ÉPI — 188 — ÉPI
matière. — D. épicier fcp. it. spéciale, dro- isfinâdj , isfànâdj , aspanahh (moy. grec
guiste, pharmacien); épicerie, ail. spezerei; ïTiavâ^fiîv).
verbe épicer. — Épice
n'est qu'une forme con- ÉPINE, espine', L. spvia; alba spina -= fr.
currente et variée de espèce (cp. empire du L. aubépine. —
D. épinaie, L. spinetum; épi-
itnperium). neux, L. spinosus; épinette (v. c. m.); épi-
ÉPIDÉMIE, du gr. i-xi^nij.lx (i^ri, sur, et nier, -ière (adj.); épinard (v c. m.); épinoche,
injj-oi, peuple), maladie répandue par tout le poisson (cp. anglais stickle-back, ail. stich-
peuple. ling).
ÉPIDERME, gr. iizi^ipuii (ittî, sur, et oî/jux, V ÉPINETTE, it. spinetta, esp, espincta, ail.
peau). spinett, instrument de musique à clavier et à
ÉPIE*, espie espion, angl. spy, it. spia, cordes; du L. spina, épine. Cette dénomina-
—
,
esp., prov. espia; du vha. speha. D. tion est fondée sur ce que l'instrument en
espion, it. spione, ail. spion; verbe épier, it. question était touché avec des tubes de plume
spiare, esp., prav. espiar (cp. vha. spehen, pointus. —
Épinette, cage à volaille, tire son
auj. spàhen, m. s). nom des épines dont ces cages étaient primi-
1. ÉPIER, voj. épi. tivement fiiites.
2. ÉPIER, voy. <?pte. ÉPINE -VINETTE, arbuste ainsi nommé,
ÉPIEU, vfr. espieil, champ, espiel, du L. d'après Lcgoarant, parce qu'on fuit avec ses
spiculum, pointe, trait, dard (cp. essieu de baies une sorte de vin; Littré pense que le
tuciculus). — On rattache à tort épieu à l'it.
mot pourrait venir de ce qtie les fruits en
spiedo, épieu, broche; ce dernier est iden- grappes de l'épine-vinette lui donnent l'aspect
tique avec l'esp. espeto, broche (d'où espeton, d'une petite vigne.
rapière, grosse épingle, etc.), vfr. espiet, ÉPINGLE, espingle' ,A.\\h. spinula, dim. de
espies, espois, BL. spietum, spitum. Ces vo- spina. Épingle est dit, selon Dicz, p, épinle,
cables se rapportent aux mots germaniques et leg est intercalaire le patois champenois,
;
vha. spiz, pointe, lance, ail. mod. s/3iew,holl. par transposition de la liquide /, dit éplin-
speet, angl. spit, suéd. spiut, signifiant pique, gue. [Le picard épiculc, épiule et vfr. espille
broche, épieu. —
L'étymon spiculum (t long) accusent une origine du L. spiculum (voy.
est contesté par Sucliier (Ztschr. I, 429) ; pour épieu).] Ducange, v° spinula, cite le passage
lui, la plus anc. forme du mot a été prov. suivant de Tacite, Germ., c. 17, favorable à
espeut (= bourg, ou franque spcut ail. = l'étymologie rapportée : tegmen omnibus
mod. spiess). A espeut aurait succédé espieut, sagum consertum.
fibula, aut si desit, spina
dont le nom. espicus a fait supposer et provo- L'it. spillo vient également de spinula (cp.
qué un thème espiel, espieic. Quant à vfr. es- it. ella de enola, lulla de lunula, L. ullus p,
pieil, il se rapporterait à espieus, comme vieil unulus, et pour le changement du genre, cp.
à vieus (vieux). orlo de orula). Le flam. dit spclle ci spelde. —
ÉPI6RAMME, gr. =- inscrip-
iTt'.ypy/jifjir, litt.
L'étym. spinula pour fr. épingle, malgré l'au-
tion, puis légende poétique écrite au-dessous torité de Diez, no nous paraît pas à l'abri de
d'une œuvre d'art, enfin, petite poésie sur un toute objection. Cette insertion de g entre
sujet quelconque, faisant ressortir une pensée n-l est trop insolite (on trouve plutôt ten-
délicate et intéressante. A
cette dernière ac- dance à supprimer la gutturale dans la com-
ception du grec ressortit le sens moderne du binaison ngl; à preuve le vfr. estranler p.
mot. — D. épiçrammatique,gv. i:Ti/pxaij.xTixdi. étrangler) pour ne pas nous décider à don-
ÉPIGRAPHE, gr. ;Ti//5a?vi, inscription,
ner la préférence à une étymologie germa-
ÉPILEPSIE, gr. i7rt).vj|t«, m. s.; do nique. L'ail, spange, agrafe, a produit dans
î7ri/r,7rro;
(adj. verbal de èTniauSàvsiv), les dialectes des diminutifs spangel, spengel
affecté, saisi, vient
et spingel, qui nous paraissent expliquer plus
ÎTtivjTrrtxo,-, fr. épileptique.
ÉPILER, L. e-pilare fpilus), ôter les poils. naturellement la forme française épingle, —
L'ét. spicula, avec insertion de n, me paraît
ÉPILLET, voy. épi.
ÉPILOGUE, gr. i-.O.oyoi, péroraison, opp. peu probable, malgré l'autorité d'Arcoli,
de npoU^/oi, prologue. —
D. épiloguer, faire
G. Paris admet identité de épingle avec sphin-
gula, dim. du BL. sphinx, agrafe (Rom., IX,
des observations critiques à ce que l'on dit.
trouver à redire (se rattache au sens littéral 623). — D. épingler, -ier, -ette.
détachement d'ouvriers ; —
équipement, 1 ac- . ne
s'abstient et que rappeler la forme
fait
tion d'équiper; 2, les choses qu'il faut à cet champ, artot. Une fois que nous sommes
eflfet. —
Équipage, 1 ensemble de ce qu'il
. dans le domaine des conjectures, nous en
faut pour commencer, continuer et mener à hasarderons une à notre tour. Ergot serait
bonne fin certaines opérations ; en ce sens, le une contraction de érigot, et signifierait quel-
mot est synonyme d'attirail; de là : train de que chose de pointu, de saillant comme un
chevaux, de carrosses, de valets, puis l'ensem- éperon ; cet érigot viendrait du même radical
ble du personnel d'un navire; 2. voiture et eric qui a donné L. ericius (d'où fr. ?iéris-
tout ce qui s'y rattache ; 3. accoutrement, S07i), ainsi que le gr. IptUi), L. erica, bruyère.
manière dont une personne est vêtue. Équi- — L'existence d'une forme érigot se révèle par
pée, entreprise (particulièrement
entreprise celle du dérivé eiHgoté (orthographié plus tard
téméraire et manquée), pour laquelle on vicieusement ?iérigqfd) =
muni d'un piquant
s'était équipé. —
L'historique des applica- ou d'un éperon. Ce mot est, dit-on, un terme
tions du verbe csquiper mériterait une étude de vénerie désignant les chiens qui ont une
particulière. marque aux jambes de derrière, mais on ne
ÉQUIPOLLENT, L. œquipollem. dit pas en quoi cette marque consiste. Je
ÉQUITATION, L. equitatio [equitare, do pense que mon étymologie de ergot ne sera
cquus). pas qualifiée de trop aventureuse. Mais s'ap-
ÉQUITÉ, L. œquitas (aequus), m. s. — D. pliquera- t-elle aussi à ergot, nom de la mala-
équitable; cp. charitable de charité. die qui attaque le seigle? Je suis disposé à le
croire, puisque cette maladie consiste dans
ÉQUIVALOIR, L. œquivalere; de là équiva-
lent, -eu ce. des excroissances en forme de corne ou d'épe-
ron qui se produisent sur les épis. Quant à la
ÉQUIVOQUE, L. œquivocus, à double sens.
— D. équivoquer.
forme argot, elle me paraît postérieure à
ergot; cp. fr. tnarle, p. merle, margotte,
ÉRABLE,
mots
esrable' , esrabre', concrétion des
latins acer arbor, ou acer albula (?).
marcotte, de mergus. —
D. ergoté, -isme.
ÉRAFLER, voy. rafle. — D. éraflure. ERGOTER, voy. ergo. L'étymologie L. ar-
gutari (bavarder, discourir), proposée par
ÉR AILLER, csrailler, d'un type latin ex-
rallare, tiré de l'adj. rai lus, transparent en
Ducange, est contraire aux règles. Littrô cite
les verbes vfr. hargoter, provoquer, quereller
parlant d'une étoffe, ou du subst. rallum,
racloir. Un type c-radulare, de radula, ra-
(bourguignon crigotay, provoquer, erigo, chi-
cane), qui paraissent, dit-il, devoir être rap-
également admissible. D'autres ont
cloir, est
proposé le type exradiculare.
portés à ergot, éperon. —
D. ergoteur, -erie,
-isme (Marot ei-gotis, chicane théologique).
:
ÈRE, du L. œra =» nombre, chiffre (Luci-
lius), —r époque, ère (Isidore). L'origine du ÉRIGER, L. e-rigere, élever, dresser.
mot latin n'est pas encore fixée; peut-être ÉRIGNE, ÉRIHE. instrument de chirurgie
(pince armée de crochets), altération du ^r.
est-ce le pluriel œra, de œs, pièces de cuivre,
araigne, iraigne, araignée.
jetons de compte.
ERMINETTE, aussi herminette, espèce de
ÉRECTION, L. erectio {àeerigere, dresser).
— D. l'adj. néo-latin erectilis, fr. érectile.
hache à tranchant lunaire convexe; « de her-
mine parce qu'on a comparé la partie recour-
ÉREINTER, vfr. esrenei', rompre les reins bée de l'erminette au museau de Yhermine «
(v. c. m.).
(Littré).
ÉRÉSIPÈLE, orthographe et prononciation ERMITE ou hermite, du L. eremita, gr.
vicieuses p. érysipèle, du gr. Ipuilnùui (de
ipriulrrii {ïptjfioi, désert). —
D. ermitage ou
ipu^oài, rouge, et ttéXo;, peau = L. pellis). hermilage.
ÉRÉTHISME, g;r. ipt^n,x6i, irritation. ÉRODER, L. erodere, d'où erosio, fr. éro-
ERGO, mot latin = donc,
introduisant la sion.
conclusion dans le syllogisme; àelà. ergoter EROTIQUE, gr. l^wn/oî, adj. deé^w,-, amour.
(v. c. m.), faire des syllogismes, fig. pointiller, ERRATA, mot latin, plur. de erratum, er-
disputer, chicaner. La formule familière ergo reur, faute.
glu constitue les premiers mots de la conclu- ERRATIQUE, L. erraticus (errare).
sion ergo glu capiuntur aves, donc les oi-
:
ERRE, voy. errer 2.
seaux sont pris par la glu. 1. ERRER, aller çà et là, s'égarer, être dans
ERGOT,aussi argot, ongle pointu à la par- l'erreur, du L. errare.
tie postérieure de quelques animaux; aussi 2.*ERRER(chant de St. -Léger edrar), voya-
l'extrémité d'une branche morte; production ger, faire du chemin, procéder, agir, se con-
. ;
esca filon, escafelote, m. s.), en rouchi écaflion, gnification de poche de pèlerin. D'autres font
brou de noix, écaflier, écailler des noix, du mot un dér. de l'adjectif escars*, échars
écafote, écaille. Ces mots dérivent, soit du L. (v. c.m.), avare, économe; ce serait la poche
scapha, gr. «àTTî;, auge, bateau, ou de vha. à épargnes. Uit.scarsella, et esp. escarcela
scaf, auj. schaff, cuve, boisseau, ou enfin de paraissent être empruntés au français.
l'ail, schelfe (vha. sceliwa), écaille, écosse. ESCARGOT, vfr. escargol, probablement le
ESCALADE, it. scalata, voy. échelle. D. — même mot que caracol, augmenté d'un s ini-
escalader. tial, devenu la syllabe es. Il peut avoir été
ESCAROLE, en botanique lacttica scariola; schiavo, esp. esclavo, port, esa'avo, de l'ail.
l'esp. escarpar, nettoyer, râper, polir, laissent d'un célèbre casuiste espagnol, de l'ordre des
quelques doutes sur la justesse de l'étymologie Jésuites, Ant. Escobar y Mendoza (1589-
ci-dessus; nous la préférons toutefois à celle 1669), auteur d'une Théologie inorale, deve-
du L. excarpere. Y aurait-il quelque incon- nue célèbre par la doctrine qu'elle défend. —
vénient à voir dans escarper et ses similaires D. escobarder, -ei'ie.
le latin scalpere, tailler et gratter? Il est évi- ESCOFFIER, mot forgé populairement sur
dent que it. scarpello, ciseau, est bien le L. le vfi". esconfire, prov. escofir, it. sconfiggere,
scalpelhtm, d'où scarpellare, sculpter, tailler tuer, défaire; ces mots représentent un type
des pierres. L'esp. escarpar, du l'este, peut latin exconficere; voy. déconfiture. L'ital. a —
fort bien venir aussi du germanique st7tra;;«n, scuffiare, manger goulûment, dévorer; qui
gratter. — Obs. On me fait dire à tort dans saits'il n'a pas donné naissance au terme po-
signifie plutôt ccorchcr et s'appliquait spécia- une galère, dit ainsi parce qu'il était placé
lement à la peine de la flagellation il a donné ;
sur Yespale.
au vfr. le verbe cscoryier, battre à coups d'es- ESPALIER, it. spallicra, spalliere (aussi =
courgées. De ce verbe se sont dégagés, pour dossier), csp. espaldera. du L. spatula, spaCla,
exprimer d'abord l'acte, puis l'instrument de chose plate en général, qui est aussi le pri-
la flagellât: DU, deux subst. verbaux, l'an à mitif de épaule (it. spalla); des arbi-es en
forme radicale, vfr. escourijc, l'autre à foi'rae espalier sont pr. des arbres à dossier, à palis-
participiale, notre escov.rgée (= vfr. escorgié). sade.
— Malgré Vit. scorer/giata, coup de fouet, ESPALMER, it. spahnare, prov., esp. espal-
une étyniologie par ex-corrigiarc (de corri- mar, goudronner (un navii-e), du BL. ex-pal-
gia, courroie) est peu probable; en BL. ce marc, litt. frotter avec la paume [palma) de
verbe signifiait dénouer la courroie. Chevallet la main.
range notre mot dans l'élément celtique, mais ESPAR, ESPART, perche, levier, etc., do
les mots analogues qu'il cite trahissent une l'ail, sparren, néerl., angi. spar, chevron,
provenance romane. —
On emploie encore, barre.
en style familier, le verbe escourger avec le ESPARCETTE owesparcet, sainfoin; en csp.
sens de fouetter. csjjarciUa; du verbe esp. esparcir, disperser?
ESCOURGEON ; leterme analogue allemand ESPART, voy. espar. Le t final est adven-
futtcr-gerste, litt. orge de fourrage, justifie- tice.
rait l'étymologie L. esca, nourriture, -\- orge. ESPÈCE, du L. species (voy. aussi épice).
Mais les formes wallonnes soucrioii, souco- ESPERER, L. sperare. — D. espoir, prov.
rion (rouclii), socouran (Namur), orge semée esper, subst. verbal; le changement- de e en oi,
avant l'hiver, soucrioii, orge nue (Liège), ne en syllabe tonique, est conforme aux règles;
s'en accommodent pas et la rendent douteuse. aussi les anciens dhaiQïitj'espoire p.jespère;
La série des formes pourrait bien être : sou- cp. pois' (poids) de peser. Il est tout à fait
crion, scourion, scoarjoii, escomyeon. Ue inutile d'avoir recours, avec Littré (suivi par
initial serait dans ce cas purement euphoni- Brachet), à la forme insolite latine speres (plur.
que. Du Gange cite le BL. scario, avec le de S2')es), dont on ne retrouve aucune traco
même sens; ce pourrait bien ètixî, vu l'uni- dans la basse latinité espérance, it. spcranza.;
;
cité de l'exemple allégué, une faute de lecture cps. dés-espérer (analogue au L. de-sperarc),
p. scurio. subst. désespoir.
ESCOUSSE, it. scossa, prov. escosa, subst. ESPIEGLE. Le latin spéculum, miroir, a
tiré du vfr. escous, partie, de escourre L. = donné specchio, speglio, esp. espiejo, port.
it.
cxcutere, secouer. Cp. rescousse et secousse. espcljo, prov. espelli, ail. spiegel. Ce dernier
ESCRIME, subst. verbal de escrimer, sur mot étant entré dans la composition eulen-
lequel voy. escarmouche. spicgel (litt. miroir des hiboux), qui est le nom
ESCROC, it. scrocco (écornifleur). Ces mots du héros d'une composition littéraire bien con-
n'ont rien de commun avec croc, crochet; nue et traduite en français sous le titre Tiel-
mais, ainsi que le néerl. schroch, glouton, Ulespiègle, a fourni par allusion à ce person-
,
écornifleur, ils reproduisent l'ail, schurke nage, type de l'espièglerie, le mot fr. espiègle.
(vha. scurgo), dan., suéd.s/iurA, coquin, dont — D. espièglerie.
le sens étymologique est probablement grip- ESPINGOLE, voy. l'art, suiv.
peur. Ce qui appuie cette étymologie de Diez, ESPINGUER espringuer (mots obsolets),
et
c'est la forme it. scorcone. —
D. escroquer (it. sauter, danser, it. springare, spingare, do
scroccare), escroqueur, -crie. —
Je dois ajou- l'ail, springen, sauter, sprengen, faire sauter,
13
ESS — 194 EST
ESQTJICHER, esquiver le coup au jeu de ESSENCE,L. essentia (esse); en chimie, ce
cartes. Etym. inconnue. Littré cite l'ancien qu'ily a de plus pur et do plus subtil dans un
verbe eschisser, glieser, couler. L'identité est corps, de là les termes « essence de rose, do
jirobable, mais d'où vient cschisserî menthe, etc. n —
D. essentiel, L. esscntialis.
ESQUIF, voy. équiper. ESSEULÉ, délaissé, de seul. L'anc. lan- —
ESQUILLE, dim, du L. schidiœ, copeau, gue présente s'csseulcr, rechercher la soli-
éclat de bois (grec d^t'^iov), it. scheggia. Che- tude.
vallet se trompe en rapportant le mot au ESSIEU, p. aissieu (Noël du Fail a aixeuT),
verbe ancien csclicr, fendre, briser. D. — it. assiculn, du
L. axiculus, dim. de axis.
csquilleux ESSIMER on esseimer, amaigiùr(un oiseau),
ESQUDîANCIB, it. schinansia, voy. cynan- affaiblir, diminuer, voy. ensimer.
che. ESSOR, subst. verbal de essorer.
ESQUINE, forme variée de échine. ESSORER (S), prov. s'cisaurar, it. sorarc,
ESQUIPOT, sorte de tire-lire si ce ; n'est un angl. soar, s'élever dans les airs, du L. ex-
composé de pot (cp. flam. spaer-pot, tire-lire), aurore (aura), pour ainsi dire, prendre l'air.
on pourrait l'envisager comme un dérivé de Dans le provençal actuel, on trouve le verbe
esquiper (équiper), fournir du nécessaire (donc simple aura, avec le sens de voler; le dial.
litt.fonds d'équijx"mentt, ou, à cause de la champenois emploie le subst. essor dans le
forme donnée à l'objet, conmie un dérivé d'es- sens de soupirail. — D. essor, pr. élan pour
qidpe, forme dialectale p. esquif, ou enfin prendre le vol. — Le verbe actif «worer (it.
probable que le mot essai s'appliquait d'abord essuyé mes lassitudes » M""^ do Maintenon ,
du part, ex-sartus (p. ex-saritus) de ex-sarirc, stcccata, palissade, de stcccare, clore, dér. do
sarcler, houer. Dans les provinces du Nord on siccchi, bâtons, palis; stccco est l'ail, steck,
dit simplement sart pour champ, du BL. sar- stecken, bâton. La forme estacade s'est pro-
tum, terre défrichée. duite sous l'influence de l'anc. subst. estache,
ESSARTER, angl. assart, voy. l'art, préc. estaque, pieu (it. stacca, esp., prov. estaca),
ESSAYER, enlever l'eau, d'un type L. exa- qui vient du vha. staca, angl. stahe, m. s.
quare*. ESTAFETTE, de l'it. staffetto, selon Ferrari
estaiii' êlaiii (v. c. m.), it. stagno. vfr. estival, resté dans it. stivale, ail. stiefel.
ESTMM, ÉTAIM, prov., catal. estam, esp. 1 . ESTIVER, passer (ou faire passer) l'été,
estamhre, it. stanie, du L. stamen, fil de la du L. œstivare, m. s.
quenouille ou du fuseau..
2. ESTIVER, t. de marine, serrer, entasser
ESTAME, même mot que le préc. D. — des marchandises, du L. stipare, serrer, pres-
estamct, estamette.
ESTAMINET, mot usuel en Belgique pour
ser. —
D. estive, t. de marine, pr. la (bonne)
manière de charger les marchandises.
cabaret, lieu public où l'on se réunit le soir
pour boire de la bière. On cherche encore
ESTOC, souche, 2. ancienne épée longue
1.
peut y voir un dérivé d'étamine, sorte d'étoffe, l'estrade les grands chemins de l'it. ;
et supposer que les tables étaient couvertes strada, esp., port., prov. estrada, chemin pavé
d'étamine. —
On n'oserait certainement pas (la véritable forme française, abandonnée au-
avancer que les estaînientos espagnols aient jourd'hui, est estrée\ en picard on dit encore
prêté leur nom pour désigner les assemblées étrée). Du L. strata, chemin recouvert de
de buveurs flamands, bien que l'on prétende pierres, empierré, forme participiale de ster-
que le faro, la bière si renommée de Bruxelles, nere, étendre. Le même mot latin a donné le
a reçu son nom des Espagnols, des anciens néerl. straat, ail. strasse, angl. street, rue.
maîtres du pays. On rattache aussi à strada, grande route, le
ESTAMPE, 'subst. verbal d'estamjjer. mot estradiot ou stradiot, nom d'une espèce
ESTAMPER, it. stampare, esp. estampar, de cavalerie légère. La provenance grecque
faire une empreinte avec une matière dure, de ces chevau-légers nous fait préférer, cepen-
du vha. stamphon, ail. mod. stampfen, flam. dant, une dérivation du gr. îrpzTtwri;,-, soldat.
stam-pcn, angl. staynp, signifiant frapper du 2. ESTRADE, ou plancher élevé, esp.
siège
pied, fouler, presser. Au lieu de estamper, on estrado, prov. estrat, it. strato, du L. stra-
dit aussi en terme d'arts et métiers, avec la tum, chose étendue, dans Vitruve plate- =
syncope habituelle de l's, étamper. D. es- — forme (de sternere, étendre).
tampée, it. stampa ; estampille, estampiller. ESTRADIOT, voy. estrade 1 .
ESTHÉTIQUE, du gr. aî;ây,7tzs,-, adj. tiré tragonem corrupta forte dictione ex dracone. »
de «lî&vjTo;, part, du verbe àtî&àvîî&ai, sentir, Estragon correspond ait. targone, esp. tara-
percevoir; de là subst. esthétique =
science gona, wail. dragone, ail. dragun, arabe tar-
esthétique. —
Du subst. a.h^o'<-i, sentiment, chiin, port, estragâo. — Devic pense que le
EST — 196 ÉTA
l)rofixe rs dans les formes port, et fr. est une ESTRIVIERES. vov. ciririère.
altération de l'article arabe ti. ESTROPE. ÉTROPE, terme de marine,
ESTRAMAÇON, coup d'éuée, puis le nom espèce de cordage, du Jiéerl. ou angl. strop,
d'une espùcc d'épée de l'it. strama3:one,
; m. s. (connexe, sans doute, avec L. struppus,
action de renverser. Le verbe it. strama^- courroiej. Le mot estroffe est do môme ori-
:ore signitîe jeter à terre, étendre sur le car- gine.
l'eau. C'est probablement, connue le subst. ESTROPIER, csp. cstropear, de l'it. strop-
it. stramaao, matelas, un dérivé du L. piari\ storjtiare. Partant de cotte dernière
stramen, couchette (de sterncre, étendre). forme. Diez, avec doute, foit venir le mot d'un
L'arme dite estramaçon aura l'cçu son nom type L. extorpidare' =
torpidum rcddere,
,
d'après l'effet qu'il produit. Chevallet, suivi engourdir, paralyser (on trouve en latin la
par Littré, voit dans rstramaçnn le HL. scra- forme inchoativc exlorpescerc). Muratori pro-
inasaxus, mentionné par Grégoire de Tours posait, coiiune i)rimitif, le L. turpis, difforme.
avec le sens, de culter vaiidus, mais je ne vois ESTUAIRE, du L. œstus, marée, flux.
pas comment scramasaxits a pu produire le ESTURGEON, HL. sturio, it. storione, esp.
mot it. st7'amazzone. rstt'.rioii, angl. stiirf/eon; du vha. sturio, ail.
ESTRAN, aussi cirai ti, terme de marine, mod. star.
plage, de l'ail, on angl. stranil, m. s. ET, L. et.
ESTRAPADE, =
it. strappata, csp. cstm-
ÉTABLE. eslable', du L. stabul iim {starc).
jtnda, du verbe it. strappare, arracher, tirer,
qui correspondu l'ail. [^m&!^) stj-ajifoi, tirer,
— I). itablcr, L. stabulare.
ÉTABLIR, establir, angl. establish, du L.
lequel est de la même famille que l'adj. ail.
sta'Aliri\ litt. vcnàvcatahlo [stabilis, de starc).
slraff, fortement tendu. Un dérivé de l'it.
strappare, savoir strapa::are, maltraiter,
— D. rtabli, établissement.
ETAGrE, estaffc", HL. stat/ium, «= it. stag-
excéder de fatigue, a donné le fr. estrapasser,
et l'ail. )>tropaze, grande fatigue. —
Le verbe
gio, demeure, s('jour, jjrov. estaUje, demeure,
résidence, étage. Ce substantif roman exprime
iranc^ins estraper ou cHraj)er[\. c. m.), arracher
ainsi à lu fois l'action de se tenir, de .séjour-
les chaumes, parait plutôt venir de l'it. strap-
ner, de s'arrêter, et la manière, l'ordre dans
parc que du vfr. estreper —- extirper. Cepen-
dant, vfr. estraper =
estreper, extirper, est
lesquels une chose se trouve placée. Le mot
français moderne a considérablement res-
bien constaté.
treint la signification première et ne dé.signe
ESTRAPASSER, voy. estrapade. Dicz, suivi
plus au propre que l'espace qui sépare les
par Littré, explique l'it. strapazsare par stra
gitages superposés les uns sur les autres
^= extra -\-paz:o, fou; donc pr. rendre fou.
dans un bâtiment. L'anglais stage signifie,
.l'ai contesté cette manière de voir dans la
4* éd. du Dictionnaire de Diez sous pazzo,
d'une manière plus conforme au sens pre-
mier, établi, échafaud, théâtre, relais do
j). 741. Vc>y. aussi Caix, Studi, n° 62.
sion equits ad stalluni dans la loi des Visi- ÉTANFICHE, d'après Littré, suivi par Dar-
gotlis. L'étalon, dit Ménage, reste à l'écurie. mesteter, =
estant (debout) -\- fiche. Mais que
M. de Chevallet, ainsi que Roquefort, fait signifie fiche?
venir estalon du vfr. estalles, testicules, qu'il ETANG, estang* , esp. estanque, port, tan-
rattache au gaél. yslahc, productif, généra- du L. stagnum; le durcis-
que, prov. estanc.
teur. Je ne trouve pas estalles, testicules, sement de gn en ne (au lieu de ng, esp. n,
dans Godefroy, mais j'y trouve estaillé =^c\\k- prov. dans quelques-unes des formes
nh),
tré, qui fournirait une excellente étymologie, romanes, motivé par le désir de
est peut-être
s'il n'v avait à rendre compte que du sens. distinguer le mot de cstain, étain, e^^.estano,
2. ÉTALON, modèle de poids ou de mesure prov. qui vient d'un autre stagnum
estanli,
réglé par la loi, BL. stallo ; de la racine ger- latin durcissement qui a déter-
C'est aussi ce
manique stal marquant fixité. Cp. Tangl. miné les formes étancher (p. ctanger ou éta-
standard, modèle, étalon, dérivé de la racine gner), et it. stancare à côté de stagnare. —
stand GtvG ^\e
, . —
D. étalonner. Voy. aussi étancher.
3. ÉTALON, baliveau, vfr. estaillon, d'après ÉTAN6UES, estangnes, tenailles composée-;
Littré, du vha. stihil, poinçon, pieu ; selon de deux stangues; stangue (it. stanga, barre)
moi, plutôt d'un type stacula[-= fr. estaille), s'emploie en langage héraldique et signifie
dirn. de BL. staca, pieli (voy. estacade). une perche; le mot vient de l'ail, stange, long
ÉTAMBORD, par corruption étambot, litt. bâton. Avant de conuaitre cette étymologie do
madrier de support, composé du dan. steaven, Diez, j'avais considéré estangue comme un
appui, support, et bord, planche, madrier. composé du préfixe es et du flam. tanghe, te-
Selon d'autres =
estant-bord (bord-debout). nailles =ail. zange, angl. tongs. Je ne
ÉTAMER. voy. étain. renonce pas absolument à cette manière de
ÉTAMINE, petite étoffe peu serrée, it. sta- voir.
estamena, v. flam.
tnirjna, esp., ^ovi., ^vo\. ÉTANT, estant", part, du verbe être, L, =
stamyne, du h.staminciis, adj. de stamen, fil, stantem. Autrefois, estant était traité en subst.
filament. Le terme de botanique étamines est exprimant la position d'un homme ou d'une
un mot savant et vient du L. stamiiia, plu- chose qui est debout, comme séant exprime
riel de stamen. la position d'un homme assis (>' être sur son
ÉTAMPER, variété de estamper (v. c. m.). séant »). " Se mettre en son estant », c'est .se
ÉTANCHER, estancher angl. stanch, BL. , lever. Gachet compare fort à propos les tour-
stancare, esp., prov. estancar, arrêter l'écou- nures « en son vivant, en son dormant, en
lement d'un liquide, puis mettre à sec, épui- son ensciant » (voy. escient). Aujourd'hui en-
ser. Dans étancher la soif, le verbe ne repré- core, quelques patois se servent de la locution
sente plus que l'idée d'arrêter. DuL. stagnare, en estant pour debout, et les forestiers vous
de staynum, étang, pr. eau qui ne s'écoule parlent de môme d'arbres e)i étant p. arbres
pas, eau fixe. L'it. staneare a l'acception fati- sur pied
guer (cp. le sens fig. de épuiser) pour le sens ;
ÉTAPE, estape' (anc. aussi estaple, angl.
arrêter l'écoulement, cette langue a la forme staplc, qui est la forme exacte), a signifié
latine staynare. Raynouard considérait le foire, marché, boutique; auj. provisions ^
prov. estancar comme un composé de tancar, de vivres et de fourrages, puis lieu où l'on
boucher, dont il n'indique pas la provenance. distribue les vivres aux soldats en marche ;
Diez tient tancar pour une mutilation de enfin, lieu d'arrêt. Le mot vient de l'ail, stapel,
estancar, et il s'appuie avec raison du port. amas (d'où auf-stapcln, entasser), flam. stapel,
tanque, étang, p. estanqiie. Pour le rapport emporium, forum rerum venalium. — Une
littéral entre estancher, etc., et L. siar/nare, ville d'étape est une ville où se déchargent les
voy. étang. En champenois, on se sert de marchandises importées du dehors. — D. cla-
estancher dans le sens d'éteindre cela fait ;
pier.
penser à un primitif latin extinctiare, qui ÉTAT, estât', it. stato, esp. estado, ail.
pourrait convenir aussi au fr. étancher, en staat, angl. state, estate, du L. status (stare).
tant qu'appliqué à la soif (ou à la faim), si Ilest curieux de suivre la filiation des idées
elle n'était en dé.saccord avec la forme picarde qui sont rendues par le mot français ; d'abord
estanhier (Reclus de Molicns). M. Ban- — manière d'être, situation, position, puis posi-
. à
tion dans la société, profession, métier ; écrit fila, ail. mod. stoppe!, angl. stubble, m. s.
constatant l'état, la situation d'une affaire ou — D'après Schuchardt elles découlent du lat.
d'une personne relativement" à l'administra- vulgaire stupula.
tion, de là =
inventaire, compte, mémoire, ÉTHER, L. o'tha' (•/î&ij/s), air subtil des ré-
bordereau, etc. enfin, la forme du gouverne-
; gions supérieures. — D. éthéré, éthérlser.
ment sous lequel vit un peuple (L. status civi- ÉTHIQUE, gr. n^ixc';, moral, adj. de r.âoi,
tatis), d"où : goiivernement, et, par métony- pi. Y,~ir,, mœurs.
mie, société politique unie par le lien d'un ETHNIQUE, gr. E&vixoi, de e^voî, peuple (rà
même gouvernement. éâv/j, les Ce dernier a donné encore
gentils).
1. ÉTÂU, boutique déboucher, etc., forme et hnofi rapine,description des peuples.
variée de étal (v. c. m.). ÉTIA6E, le plus grand abaissement des
2. ÉTAU, instrument de serrurier, etc. La eaux d'une rivière, litt. niveau des eaux pen-
forme lorraine eitanque permet de donner à dant l'été; dérivé d'un verbe estiei' lat. œsti- —
ce mot pour original le mot ail. stock, souche, vare, passer l'été, ou représentation du BL.
bloc; l'ail., en efl'et, dit schraub-stock pour œstivaticus, extension de a'stivus, relatif à
('tau (litt. étau avis); stock, dans cet emploi, l'été. Cette étymologie est sujette à caution ;
exprime pièce fixe. Ce qui nous confirme dans »m verbe estier fait défaut, et la chute du v est
cette étymologic, c'est que le picard dit égale- insolite ; malheureusement, le mot n'a pas
ment étau p. souche morte, ce qui est indubi- d'historique.
tablement une transformation de estoc, qui a ÉTIER ou estier, petit conduit d'eau, du
le même .«cns. Étau est prob. une forme pos- L. (Tstarium (j). cvstuarium), canalis quo
térieure à étou, plus rapprochée du primitif intrat a;>tus maris.
germanique. —
D. estoquiau, étoquereaux, éto- ÉTINCELLE, estincelW, par transposition
qucrcsse. \w\xv escinti'le, du L. scintilla. —
D.élinceler,
ÉTAYER, voy. état. L. scintillare (d'où le terme savant scintiller).
1. ÉTÉ, esté', subst., prov. estât, du L. ÉTIOLER, à coup sùi-, n'a rien de commun
(estas , -atis avec le mot étiolof/ie, partie de la médecine
2. ÉTÉ, part, passé du verbe être, it. = qui traite des causes (gr. «trta) des maladies,
.ttato, csp. cstado, du L. status (de starc). sous la lubrique duquel Roquefort l'a rangé.
ÉTEINDRE, estchulrc', du L. exstivguerc. Littré trouve l'étymologie, longtemps cher-
— p. éffiffiioir. chée, de ce mot dans le normand s'étieuler,
ÉTELON, cstelon, modèle, épure, prob. une j)Ousser en chaume, qui vient d'éteule. (Ktieule
modification de étalon 2. .se rapporte à éteule, comme vfr. nieule =
ÉTENDARD, cstendanV, prov. estamlart, nebula, à neule.)
it. stcndardo, esj). estandarte, ail. standartc, ETIQUE, forme poptilaire du mot savant
Mngl. stujidard, BL. standard um ; .«elonDiez, hectique (v. c. m.). —
D. étisie.
du L. extendere, fr. estendre', déployer. Cette ÉTIQUETTE, êstiqucttc', écriteau affiché.
étymologie, quelque séduisante qu'elle soit, L'étymologie est hic quœstio, abrégé en est
n'est pas à l'abri de contestation ; on lui oppo.sc hic quœst. (mots inscrits sur les sacs à procès),
«elle du vha. standen, angl. stand, éti-e est une pure plaisanterie. Le mot, écourté par
debout, être dressé, être fixe, qui, d'une part, les Anglais en iichet, vient du verbe ail. stec-
s'accommode mieux des formes avec a (esp. ken, angl. stick, ficher, afficher. (Le même
estandarte, angl. standard), et, d'autre part, primitif germanique, à l'état de sub-st., signi-
explique très bien le sens particulier piopre fiant bâton, a donné naissance au fr. étiquet,
l'angl. standard, que j'ai relevé sous t¥a/on 2. petit bâton, étiquette, filet à perche.). Se —
ÉTENDRE, estendre', L. ex-tenderc. — conformer rigoureusement à Yétiquette, à l'in-
Subst. participial fém. étendue. dication, à la règle, a donné lieu au sens
ÉTERNEL, L. œternalis jjGviwWieTi), forme figuré « formes cérémonieu.ses » qui s'est atta-
(lérivative de œternus. —
Étkrmté, L. œlei'- chée à notre mot. —
D. étiqueter.
nitas —
Dérivé moderne : éterniser. ÉTISIE, substantif fait dt; l'adj. étiquc (v. c.
ÉTOUFFER, estouffer (le mot n'est pas an- stranio, esp. estrano, prov. estranh, du L.
cien dans la langue), est, d'après Diez, dérivé
=
cxtraneus (de extra). —
D. étranger, it. stra-
d'un subst. touffe (inus.) it. tufo, tuffo, esp. niero, prov. cstrangier, esp. extrangero,
tufo, vapeur suffocante, dont le primitif est angl. stranger; étrangeté; .verbe étranger,
Le gr. tû^î;. vapexir. On se demande cependant éloigner.
comment il se fait d'un côté que le primitif ÉTRANGLER, cstrangier* , L. strangulare.
touffe n'existe plus en fr., et de l'autre que les
autres langues n'en ont pas le dérivé. Le mot
— p. étranglement, ctranguillon.
ÉTRAPER, estraper* aussi estreper, étré-
,
ne serait-il pas plutôt foncièrement identique per, prov. cstrepar. Les formes avec e sont
avec ctouper, par l'intermédiaire du vha. sto- probablement issues, par transposition, du L.
phon, ail. mod. stopfen, bourrer? L'idée bour- exstirpare. Les formes avec a rappellent l'it.
rer, boucher et celle de couper la respiration,
strappare (voy. sous estrapiade) et sont par
obstruer les conduits de l'air, sont assez rap- conséquent d'origine germanique cp. suisse :
prochées pour qu'on puisse avancer cette strapfen, enlever la surface, bavarois slraffen,
étymologie, qui en tous cas ne répugne pas à
la lettre. On pourrait encore invoquer l'angl.
tailler. —
D. ctrape, faucille à couper le
chaume; on dit aussi étrèjye et éterpe.
stiiff, étouffer, mais ce mot peut être tiré du
français. Le terme allemand sticken (étouffer),
ÉTRASSE = cstrasse (v. c. m.).
ÉTRAVE, de marine, nom des pièces do
t.
en ce qu'il exprime propr. obstruction,
bois courbes qui forment la proue du vais-
arrêt de la respiration, favorise ma manière
seau ; du dan. stavn, suéd. staef, holl. steven,
de voir; d'autre part, le synonyme ddmpfen
m. s., avec épcnthèse d'un r; il est inutile
(de dampf, vapeur) corrobore celle de Diez,
d'y cherher le subst. verbal d'un verbe étraver
Celui-ci cite, en sa faveur, le lorrain touffe,
suffocant, mais cet adjectif pourrait bien
= ex-trahare, de trahs, poutre.
ETRE, estre*, it. essere, prov. esser, du L.
être p. stouffe, comme tain p. staiit (j'entends
souvent dire autour de moi : il fait stouffe). — essere, forme barbare pour esse, cp. tistré' de
texere {tisser) —
D. être, subst.; cps. bien-être
.
ÉTOUPER, voy. ctoupe. gue (p. ex. les estres d'un verger, d'une tour)
ÉTOURDIR, cstourdir it. stordire, d'un et le caractère tout à fait exceptionnel de l'or-
,
type latin cx-turdire. L'esp. dit a-turdir. thographe aiti-e doivent écarter l'étymologie
Covarruvias explique aturdir par une allu- atrium que l'on a mise en avant. On voit, en
sion à la grive (L. tu.rdus, esp. tordo), la- anglais aussi, le mot being signifier à la fois
quelle tombe étourdie à la grande chaleur du existence, manière d'être, condition, et de-
jour, d'où le proverbe te7ier cabeza de tordo,
:
meure, place. —
D'après Neumann (Ztschr.,
avoir une tète de grive, p. s'étourdir facile- V, 386), le mot signifie pr. les localités exté-
ment. — Wachter avait proposé une origine rieures d'un édifice et a pour étymon lat.
du cymr. twrdd, bruit, tonnerre, en s'appuyant exteras (s.-e. partes domus). Le sens restreint
du terme analogue étonner. —
Diefenbach cite originel se serait, avec le temps, généralisé.
l'angl. sturdy, fort, hardi, mais les significa- ÉTRÉSILLON, voy. trésillon.
tions ne concordent pas. —
L'étymologie de ÉTRIER, estrier', vfr. estref, estrief, estricu,
l'ail, stï'.rzen, précipiter, fig. frapper de stu- cst7'iu, estrif, prov.
cstreup, estriub, cat.
peur, suivie parChevallet, et celle de Ménage, estreb, esp. estribo, BL. strepa; cette forme
qui avance le L. stolidus, sont démenties par latine, d'après Diez, vient du vha. streban,
la forme espagnole. —Diez, qui s'était pro- s'appuyer avec effort. L'étrier est donc envi-
noncé d'abord en faveur du primitif turdus, sagé comme un appui pour le cavalier. —
explique maintenant étourdir par un type ex- Chevallet, insistant sur la circonstance que
torpidire, modifié régulièrement en extordire. les étriers ne consistaient autre fois qu'en
ÉTR — 200 — ÉTY
une coui'ioïc, invoque, avec raison, Je pense, chier qui répond à un type strict iarc. — Voy.
des primitifs allemands signifiant la môme au.ssi détroit, détresse.
cliosc. Dans le nombre de ceux qu'il cite, ÉTRON, estron, estront', it. stronso, BL.
l'ail, striepc est celui que j'accepte: on strrmtus, du néerl, stront, ail. strunt, in. s.
dit aussi dans cette langue strippe; Tangl. ÉTROPE, voy. est rope.
a stripe. ^^'ackcrnagcl proi)osait lall. steyc- ÉTUDE, csti(<tc',L.sti<diHm. — V.chidier.
rcif, étrier (litt. anneau pour monter), ou ÉTUI, prov. estug, cstui, port, estojo,
esti'i',
plutôt la forme bas-ail. do ce mot, stireip, esp. estuche, KL. estw/iu.m; du mha. stùche.
qui se serait contractée en strccp, mais Dioz ail. mod. staxiche, pr. objet dans lequel on
observe que les formes romanes ont dii pré- fourre qqcli. L'it., avec le préfixe ad, dit as-
exister à la formation du mot sli-reip. L'angl. tuccio. — Notre éty m., proposée en premier
stirrup (dial. stifjhropc) est un composé de lieu par Frisch, n'est point approuvée par
sffffan, monter, et de rope, corde. Dérivés : — Langensiepen, qui établit le L. stttdium pour
estrivière' ctrivù'^rc, anc. synonyme d'étrier,
, primitif d'ctid. La forme, en effet, ne s'y
auj. la courroie de Tétrier (cp. esp. vsU'i- oppose pas, cp. appui do appodivm ; pour lo
bcra, port, cstribeira, prov. estrubiera, rapport logique, il admet une métonymie du
tous =r étrier). Notez encore le bon vieux contenu au contenant studiv.m d'abord -=»
:
verbe dés-estriver (Raoul de Cambray), i-en- objet de l'étude ou du travail, puis le petit
verser des étriers, désarçonner. Ce qu'il — meuble (pii le renferme (cp. le mot étiidiole,
importe d'obsen'er encore, c'est que contrai- nom d'un petit meuble do travail). Quant à la
rement à l'opinion émise jusqu'ici dans les forme it. astuccio, il l'cïxpliipie.un peu violem-
dictionnaires (le mien compris), élrier n'est ment, par un type ad-studicinm, ou même
pas une conti'action de cstrivier. Il .se rap- adstiidium, d'où asti'.tii'.m,astKciitm {cp.tnesso
porte à vfr. cstrieu comme Anyiers, Poitiers de tneditts). —
Cette étym. par studinhi, bien
à Angieus, Poitieus, vfr. nicrs à vfr. nieus que recommandable à certains égards, ne me
(neveu). Voy. sur cette confusion des finales .semble pas favorisée par les sens cachette,
iv, ieu avec ier (Toblor, Jalirb., XV, 202; prison, baquet, qui s'attachaient à étui dans
O. Paris, Rom., V, 380; Suchier, Zt.-^clir., I, leprin<'ipc.
430). —La forme en iei'. existe encore dans le ÉTUVE, estu.re', prov. estuba, esp., port.
terme technique ctricnx (plur.), étais trans- estufa, it. stufa, angl. store, néerl. stoof, HL.
versaux . stuba, stufj'a, = 6«/HeM)»,liypocaustum suda-
ÉTRILLE, rstriUc', it. striffUa, ail. strirr/eJ, torium. Ces mots .^^ont identiques avec le vha.
du L. strifjilis (stringere), m. s. — D. étriller. stuba, ail. mod. stube, d'abord chambre à
ÉTRIPER (dans à et ripe-cheval), c'est, éty-
bains, auj. = chambre en général, angl. stove.
mologiquemcnt, faire sortir les trijws. étuve, poêle. .\ujourd'hui, l'on appelle étuve
une chambre ou armoire dans laquelle on
ÉTRIQUER, rétrécir; origine douteuse. Le
fait circuler l'eau réduite en vapeurs pour
fréquentatif strictare (de striuf/crc, étreindre)
faire suer, de môme un lieu chaufTé pour faire
ne convient pas à la letti'e si le sens premier;
sécher, enfin, en Helgique du moins, le mot
emporte
proposer
l'idée de maigre et allongé, on peut
l'ail, strechcn, étendre, allonger
équivaut aussi à poêle. D.étui-cr. — Buggc —
(lîom., IV, 354) démontre que les mots germa-
(cp. l'ai't. estrigi'.c); si l'idée primitive est celle
niques invoqués sont empruntés au roman.
de mesurer rigoureusement, on peut rappe-
Selon lui, étuve est le subst. verbal de étuver
'
ÉTRIVIÈRE, voy. étrier. cupe de l'origine des mots, est appelée par
ETROIT, estroit', prov. cstreit, it. stretto, Cicéron notatio, parce qu'elle est désignée
du L. stricti'.s, serré, part, àa striiigei-e.
D. — chez Aristote sous le nom de îû//S5>«v, qui veut
étroitesse (l'ancienne langue, sur le type stric- dire signe, car il se défie du mot veriloquium,
tia, avait la forme estrece); verbe étrécir (un de qu'il a créé lui-même et qui est la traduction
ces verbes à forme inchoative et à signification littérale de îru,aî).o/£a. D'autres, qui se sont
factitive, dont la langue française présente tant attachés au sens virtuel du mot, l'appellent
d'exemples, cp. obscurcir, durcir, écJaircir); originatio. " Quintilien, I, 6. D. étymolo—
l'ancienne langue avait aussi la forme csire- gique, -iser, -iste.
ÉVA 201 EX
EU, part, passé de avoir, anc. eu ; e repré- EVASIF. EVASION, voy. évader.
sente le radical hab, u la terminaison utus ÉVECHÉ, voy. évéquc."
(cp. su =
L. barb. sap-utus, dit dcb-utus). = EVEILLER, esveiUer', = L. ex-vigilare,
EUCHARISTIE, L. eucharistia, du gr. mais avec une .signification factitive. — D.
sOx«pi7Tîa, pr. actions de grâces (de sJyxf,nzo'7, éveil ; cps . réveiller.
reconnaissant) ; les pères ds TEglise ont appli- ÉVÉNEMENT, it. evenimcnto, mot dérivé
Le mot exaucer, étymologiquemeut, n'est (d('!r.de ex-imere, prendre hors), pr. éclian-
qu'une variété orthographique de exhausser ; tillon, modèle. —
D. exemplaire, subst.,
tous deux signifient élever, l'un au propre, = L. cxemplar, modèle, type; exemplaire,
l'autre au figuré, et l'épondent à un type latin adj., ^= L. cxemplar is
exaîtare, ou plutùr exaltiare. Exaucer une EXEMPT, L. cxemptus, partie, de eximere,
prière, c'est la relever, terme métaphorique prcndie liors, excepter, dispenser; exemp-
pour " l'accueillir favorablement ». tion, L. oxemptio; exemp>ter, rendre exempt.
EXCAVER,L. ex-carare (de cavus, creux). EXÉQUATUR, p. exsequatur, mot latin
EXCÉDER, L. ex-cedere, outrepasser. — signifiant « qu'il exécute, qu'il exerce »
D. excédant. —
Du supin latin excessum (3^ pers. du subj. prés, de exsequi, exécuter).
viennent subst. excessus, action de dépas-
: EXERCER, L. cxercere (arcere) exercice, ;
EXCÈS, EXCESSIF, voy. excéder. supin exhibitum subst. cxhibitio, fr. exhi-
:
EXISTER, L. ex-sistere. D. existence. — s'y est attaché l'idée d'une exécution prompte
EXODE, gr. Uiooi, sortie nom du 2" des ; et vigoureuse, et subsidiairement celle d'un
cinq livres de ^loïse, qui raconte la sortie des travail fait avec fruit. On comprend, par ce
Israélites hors du pays d'Egypte. développement de signification, les acceptions
BXOINE, BL. exoniian, vfr. essogne, excuse, militaii-e et judiciaire qu'a prises avec le temps
voy. l'art, besogne. le terme exploit. Au fond de l'une, il y a l'idée
EXONÉRER, L. exonerare, litt. décharger. d'accomplissement, d'exécution au fond de ;
mable. —
Du supin expressum dérivent :
EXPROPRIER, BL. expropriarc, quocl ali- fait unsubstantif dans faire un extra»,
«•
'de extendrrc. étendre. heureux, dit-il, pour pouvoir influer sur les
EXTÉNUER, L. extenuare {iGnwh). opérations du gouvernement, ne perdez pas
EXTÉRIEUR, L. exterior, comparatif de dans des extravasions puériles votre temps et
exterus. votre enthousiasme. " Mais ce substantif n'a
EXTERMINER, L. eodei-minare (terminus), rien à faire avec extravaser, sortir du vase; il
litt. chasser loin des frontières. Pour la filia- répond à un type latin extra-vasio, du verbe
tion des idées expulser et détruire, cp. le vfr. extra-vadrre, qui est d'une structure et d'une
cssillier, pr. exiler, bannir, puis ravager, dé" valeur analogues à celles de di-gredi ou de
truirc, exterminer. exlravagnri.
EXTERNE, L. cxternus (oxter). D. ex- — EXTRÊME, L.exlremus (superlatif de exter).
terncU. — D. extrémité, L. extremitas.
EXTINCTION, L. exstinctio, du verbe ex- EXTRINSÈQUE, de l'adverbe latin exlrin-
stinguere (= fr. éteindre), d'où encore in-ex- secus, du ou en deliors.
tinguible. EXUBÉRANT, -ANCE, L. ex-uberans (do
EXTIRPER, vfr. estreper, du L.ex-stij-pare idjer, abondant, riche), -antia.
(stirps),arracher avec la racine, et arracher EXULCÉRER, L. ex-ulcerare.
les racines dans un champ. EXULTER, L. exsultare, sauter de joie.
EXTORQUER f mot savant y>.Vanc.estordre), EXUTOIRE, du verbe L. exurre (part, cxu-
L. ex-torquere, pr. tordre hors des mains de tus), lirt. tirer dehors, dégager.
qqn., fig. obtenir par violence; du supin EX-VOTO, expression latine, offrande =
cxtorsum: ^\\hf,t. cxtorsio, fr. extorsion, d'où faite ex vota, c.-à-d. à la suite d'un vœu.
extorsion^iaire. Les Latins donnaient déjà au substantif »o<u»?,
EXTRA, adv. et prép. latine (=» exterà de par métonymie, le sens d'objet votif (Virgile :
exter), signifiant en dehors. Nous en avons lustramurque Jovi votisque incendimus aras).
F
FABLE, it. favola, prov. faula (en esp. revenus d'une église affectés à son entretien et
fabla, habla, et port, falla, discours), du L. aux be.soins temporels du culte; de là le subst.
fabula (de fari, dire), récit, histoii'e, tradi- fabricicn. —
D. fabriquer, L. fabricari; fabri-
tion, fable. — D. prov. fablel, d'où fr.
vfr., cant, -at. —
La langue romane a en outre, par
fabliau (cp. vfr. biau, p. bel); fablier; verbe la résolution du b en ii et l'orthographe o p.
fr. fabler, raconter, parler, it. favolare, favel- au, converti fabr'co.re et fabr'ca en forger,
hablar (c'est de l'esp. que nous tenons
lare, esp. forge (cp. tabula, fr. tôle).
le mot luibler), prov.
faular L. fabulari. = FABULEUX, -ISTE, voy. fable.
Dérivés à forme latine fabuleux, L. fabulo-
: FAÇADE, voy. face.
sus, fabuliste. FACE, it. faccia, prov. fats, fassa, esp. ha2,
FABRIQUE, L. fabrica. Le sens ecclésiasti- du L. fada p. fades (facere), pr. figure, as-
que attaché au mot fr. vient du BL. fabrica. pect, forme, puis visage, ce qui se présente à
. .
Ja vue. —D. façade, extérieur d'un édifice, de rattache à l'expression facultas doccndi, li-
l'it. facciata (esp. fachada)\ facette, pr. petite cence d'enseigner telle ou telle science. Tous
face; facer, t. de jeu de cartes; face (aussi ceux qui ont obtenu cette licence spécialisée
facié), « un homme bien face '»; facial; effacer ont plus tai'd été compris sous le nom collec-
(v. c. m.); surface. tif de faculté. —
D. facultatif, pr. laissant la
FACÉTIE (mot de façon nouvelle), du L. faculté de faire ou de ne pas faire.
facctia (facetus). — D. facétieux. FADE, prov. fat (it. fado est un emprunt au
FACETTE, voy. face. — D. facetter. français), du L. fatuus, fade, sans goût, sot
(pour la chute de n, cp. vide dovidiais, prov.
FACHER, fascher', du prov. fasticar, fasti-
vacs de vacuus). Gaston Paris, n'admettant
(/ar,dégoûter (cp. inâclic)' de niasticare). Le pas que le t de fatuus (qui équivaut à fatvus)
verbe prov. est dérivé de fastic, fastir/, qui,
puisse s'afllaiblir en d, n'accepte ce primitif
conformément au génie de la langue proven- que pour le mot fr. fat, sot, niais, et assigne
çale, représente le L. fastidiuni, dégoût,
à l'adj. fade, pour origine, le L. vapidus, éva-
aversion, ennui; fâcher, c'est donc pr. donner
poré, éventé, gâté. Ce qui gène dans cette
du dégoût, de l'ennui. Le L. fastidire n'a pu
directement donner la f^rme fâcher. D. — étymologie, d'ailleurs très plausible (cp. sa-
l)idus, sade" , rapidus, rade' c'est l'initiale v
,
FAÇON,
faissô,
angl. fashion,
du L. factionein (facere), action ou
it. fazione, prov.
deux genres. —
D. fadeur, fadaise (vfr.
manière de faire. —
D. façonner; foçonnier;
fades.se)
FAGNE, ou
adj. fadasse.
-.^
FACTIEUX, L. factiosus (factio). dit basson fagotto (d'où ail. fagott), parce que,
FACTION, parti, L. factio. Ce primitif latin, après l'avoir démonté, les diverses pièces sont
pris dans le sens de « accomplissement d'un
l'éunies en forme de fagot. —
D. fagoter, met-
service", a également donné le mot faction tre en fagot, fig. arranger, et surtout mal
dans .son acception militaire soldat en fac- :
arranger, mal vêtir (cp. l'expr. « cet homme
tion est en quelque sorte équivalent à soldat comme un fagot «); fagotin.
en action, en service. —
D. factionnaire.
est habillé
—
FAGOTER, voy. fagot. Id.fagotage, -aille,
FACTOTUM (expression lutine de factui'e -eur; cps. enfagoter.
moderne), litt. = un fais-tout. FAGUENAS, odeur de sueur « telle que celle
FACTUM, mot latin, = a
fait, acte; on lui d'un crocheteur échauffé ». De la Monnoye y
donné le sens de « exposé d'un fait, d'un voit un dérivé de faquin, portefaix. Selon —
litige ", puis il est devenu synonyme de Bugge (Rom., III, 147), c'est une métathèse
libelle; cp. le mot «c<e =
exposé d'un acte. de fanegas, auquel il donne pour primitif le
FACTURE, vfr. faiture, 1 manière de faire,. vha. fnehan, mha. phnehen, « anhelare »,
syn. de façon, 2. énumération des choses fai- bavarois pfneclien, d'où pfnucheln, " puer »,
tes, compte de marchandises; il se peut cepen- subst. j)fndkeln, " odeur rebutante » L'initiale .
dant que ce deuxième sens découle de celui fn francisée par fan (cp. Jianap), et l'aspirée
(][u'avait pris factura au moyen âge, savoir le h remplacée en fr. par un g sont conformes aux
prix d'un travail; du L. factura (facere), façon, règles. Mais comment ce mot nouveau aurait-
confection. —
D. facturer.
^ il était cherché chez les Allemands ?
FACULTÉ, puissance physique ou morale FAIBLE, POIBLB, vfr. ftoiblc, fioibe, it.
dans la même langue, xoenig, parcus, paucus, — D. fainéanter, fainéantise (Montaigne disait
vient de loeincn, pleurer, et a pour sens fon- fainéancé). — Il distinguer, comme
faut l'ob-
cier « déplorable » ; notre chctif n'est non serve fort bien Génin, le mot fainéant, « qui
plus au fond que captif, misérable, — - D. fai- ne fait rien », de feignant, mot populaire,
blesse; faiblir, a/faiblir. signifiant » qui ne va pas de tout cœur au
FAÏENCE, sorte de poterie recouverte d'un travail, ou plutôt qui, n'osant pas avouer sa
vernis, fabriquée d'abord à Faënza, d'où le paresse, accepte le travail sans le rechercher »
mot. Ce feignant-\ù. vient de se feindre, hésiter,
1. FAILLE (dans l'ancienne locution sujis faire difficulté, se soustraire au travail. Un
faille et comme t. de géologie, endroit où terme analogue est l'it. infingardo.
la roche faid), subst. verbal de faillir. FAIRE, L. facere. facre (cp. taire, plaire
2. FAILLE, étoffe de soie noire à gros de tac're, placre)\ de là fait, L. factum; fai-
grains, fabriquée en Flandre; vêtement de sable, faiseur, faisances ; cps. affaire (v. c. m.),
'
tête des bourgeoises flamandes; flam. falie. bienfaire (voy, bien), contrefaire, défaire,
La faille est, dit-on, un vêtement introduit par forfaire, malfaire, méfaire, refaire, satis-
les Espagnols; ne serait-ce donc pas l'esp. faire, surfaire (voy. ces mots),
falla, sorte de chaperon que portaient les FAISAN, anc, avec un t adventice, faisant,
femmes espagnoles ? Tout en admettant l'iden- fém. faisande et faisane, angl. pheasant, it.
tité de l'esp. falla avec notre mot faille, on fagiano; du L. phasianus, gr. saiiavo;, litt.
ne doit pas négliger le fait que faille était en oiseau du Phase. —
D, faisandeau, faisan-
cours dans la langue française longtemps der, faisandier, -erie, se rattachant tous à
avant l'arrivée des Espagnols dans les Pays- l'ancienne terminaison en ant).
Bas; dans le Gloss. de Uouui, il traduit L. 1. FAISANDIER, qui tient une faisanderie,
jtœnula, manteau à capuchon. de faisan.
3. FAILLE, ancien mot, encore usuel dans 2. FAISANDIER. dans les Landes, métayer
les dialectes, torche,du L. faciila, m. s. de pas.sagc, du BL. facienda, métairie. Le
FAILLIR, manquer, it. fallire, anc. esp. même mot latin, pr, cho.ses à faire, a dégagé
fallir, falir; du L. fail ère au sens de man- les sens « affaire, exploitation, terres à ex-
quer à, ne pas répondre à. On sait que le L. ploiter, biens », inhérents à l'it. faccenda,
fallere comme le gr. if i/istv signifient éty- port., prov. fazvnda, esp. hacienda, fr, fa-
mologiquement tomber ou faire tomber et cicnde (v. c. m.). Cp. prov. afar, pr. affaire,
sont congénères avec Tall. fallen, tomber, et puis métairie, domaine.
peut-être avec fehlen, man(juor.* —
D. faille, FAISCEAU, faiscel ', faissel ', du L. fas-
prov. faJha, manque, faute ; failli, qui a cellus, p. fasciculus, dim. de fascis, fr, faix.
manqué à ses engagements ;
faillite, BL. fal- FAISEUR, qui fait. Littré ramène vfr. fai-
\\t&: faillible, i}ifailliblc; faillibilité, infail- sière (nom.) et faiseor (accus.), je ne sais com-
libilité; cps. défaillir. — Outre forme en
la ment, à un type factatorem ; à la vérité, il no
ir, le L. fallere a donné au fr. une forme en peut provenir du L. factoron, mais il y a une
rc et en oir, savoir falloir, vfr. fahlre, faudre, ressource pour l'expliquer .sans recourir à des
employé impersonnellement, avec le sens de moyens forcés. Le suffixe fr. éeur, d'où eur
faire défaut, de là être nécessaire, cp. en L.
:
(= L. atùrem, itôrem), s'est appliqué au thème
fallit me, cela m'échappe, me fait défaut. Une fais, qui représente le lat. fac devant une
forme fréq. fallitarc a donné les verbes it. voyelle (le c devenant sifflant), tout aussi natu-
faltare, esp., port., prov. faltar, manquer ; rellement que able dans faisable, ons, oie
c'est de là que proviennent les subst. verbaux dans faisons, faisoie *. Cp. liseur, du thème
it., esp., port, falta, fr. fautk, et le composé lis, de lire =légère, confiseur de confire.
diffaha, prov. defauta, vfr. defaute (auj. L'anc. faiseor ne peut représenter que la
dkfact). forme théorique facitôretn ; factatorem répond
FAILLITE, voy. faillir. à vfr. faiteor.
FAIM, prov. fam, it. famé, du L. famés. — FAISSE, L. fascia, lien, bande. D. fais- —
D. famine (d'un type famina), affamé. ser, faissier (vannier), faisserie.
FAIM-VALLE, faim excessive, composé de FAISSELLE, du L. jlscella, petit panier de
faim ci du celto-breton ^j'ica//, mauvais. Cette jonc, dim. de fiscus. —
Cp. féchelle.
étymologie, corroborée par l'expression ana- FAIT, L. factus ou factum, voy. faire.
logue mah-faim, explique aussi les formes FAITARD, voy. fainéant.
accessoires faim-yalle, faim-cal le et p-aim-
ijallc, fringale. Ménage y voyait une faim de
FAITE, fa.'s^e ', vfr. aussi fcst, festre; selon
Diez, du L. fastigium, mais cet original ne
cheval; 'î!sodicv ime fatnes valida; conjectures
s'accommode guère, puisqu'il porte l'accent
insoutenables.
sur ti, à moins de présumer un déplacement
FAINE, contraction du vfr. faîne, en picard de l'accent sur la première syllabe; il n'ex-
faigne, de l'adj. fagineus, defagus, hêtre, — pliquerait pas non plus la forme vfr. faïste
D. fainee, récolte des faines. que suppose le linguiste cité. D'autre part,
FAINÉANT, qui fait néant; cp. le terme une forme latine fastum, telle que la propose
vaurien, et l'it. farniente, le rien-faii'c, la Littré comme radical de fastigium, appelle-
douce oisivité. Une expression analogue est le rait faste, et non pas faiste. J'admettrais donc
vieux mot faitard =
qui ta^-d fait, paresseux. plutôt un type fastium comme intermédiaire
FAL — 207 FAN
entre fastigium et faiste. En Suisse, on dit range it. falotico sous l'art, préc; le sens
frète [frestc] ; peut être euphonique, mais
l'r propre serait ainsi « flambant, vacillant. » —
n'y aurait-il pas lieu de rapporter cette forme D. falotcrie.
à l'ail, first, sommet, faite? —
D. faitage, 1.FALOURDE, fagot de bûches d'origine ;
faîtière, enfaiter. —
Cet article était depuis inconnue. Letym. de Nicot, faix lourd, re-
longtemps textuellement rédigé comme ci- prise par Diez, est contredite par les formes
dessus, quand parut le premier cahier de la velourde, belourde qui se trouvent dans Frois-
Romania, où Gaston Paris, par une démons- sart. Bugge pense que falourde s'est fait de
tration historique et phonologique irrécu- velourde, mot équivalent (voy. mon Gloss. de
sable, a placé l'étym. first au-dessus de tout Froissart), sous l'influence de falourde =
doute. Il résulte de son étude approfondie que bourde. Quant à velourde, belourde, il y voit
les formes constantes de l'ancienne langue le fém. d'un adj. velouj'd, qui serait, comme
que l'exis-
étaient fest (masc.) et feste (fém.) et l'esp. vilordo («= lourd), formé avec la parti-
tence d'une forme faïste n'est aucunement cule péjorative bis (Rom., IV, 355).
assurée. Ajoutez-y à l'appui les formes an- 2. FALOURDE, dans le vfr, et les patois,
ciennes festre, frestc. bourde, tromperie (d'où falourder, falour-
FAIX, prov. fais, it. fascio, esp. haz, du L. deur). Est-ce le même mot que le précédent,
fascis, faisceau, paquet, charge. —
D. affais- pris dans un sens métaphorique? L'acception
ser (v. c. m.). Voy. aussi faisceau. ^
identique que prend fagot, son synonyme,
FALAISE, vfr. falise, faloise, BL. falesia, autorise à l'admetti'e. D'autres cependant, et
du vha. felisa (forme masc. fels), rocher. — parmi eux Burguy, font de falourde =
D. falaiser. bourde une composition analogue à celle d(3
FALBALA, de même en it., esp., port., en balourd (v. c. m), c'est-à-dire fa-lourd [fa do
esp. aussi farfala, dial. it. de Crémone et de fare, faii-e). —
Les mots familiers falibourde,
Parme frarnbala, piémont. farabala, en Hai- menterie, faligoterie, sottise, niaiserie, falot,
naut farbala, ail. falbel. On a, sur ce mot, qui plaisant, et faribole, p. falibole, nous dispose-
date du temps de Louis XIV et qui est syno- raient à supposer à toutes ces formes une
nyme de ce que nos dames appellent de nos origine commune. Ont-elles quelque affinitt;
jours un volant, diverses étymologies anecdo- avec le L. fallere, tromper, vfr. falir, d'où vfr.
tiques que nous passons sous silence comme falie, faloise, tromperie? Le prov. faular (L.
n'offrant aucune probabilité. Le Duchat le fabulari), conter des fables, ou même le fr.
rapporte à l'ail. faJd plat, «qui signifie, selon fabler, y seraient-ils tout à fait étrangers ?
Leibnitz, jupe plissée », mais ce mot est in- C'est sur quoi nous ne saurions décider. —
connu aux Allemands. Johanneau voit dans Nous ajoutei'ons qu'en Cliampagne on a le
falbala l'angl. furbelow, m. s., composé de mot fafelourde, p. mensonge, conte.
fur, fourrure, et de below, en bas. Cette ori- 3. FALOURDE, hirondelle de mer ; d'ori-
gine, fort acceptable pour le sens, ne serait gine inconnue.
pas plus improbable, sous le rapport de la FALQUER, t. de manège, d'où subst. fal-
conformation littérale, que celle de redingote, que; du L. faix, faux, à cause de la courbure
de l'angl. ridingcoat (les termes désignant des mouvements du cheval que l'on fait fal-
des objets de toilette sont particulièrement quer.
exposés à l'altération, surtout en venant d'une FALQUES, t. de marine, aussi fargues, it.
langue aussi peu fixée dans sa prononciation falche, esp. falcas; d'origine inconnue.
que l'anglais), mais le mot furbeloio pourrait FALSIFIER, L. falsificare. — D. falsifica-
bien n'être qu'un arrangement du mot roman, tion, falsificateur.
imaginé pour donner à ce dernier une appa- FALTRANK, mot allemand, boisson itranh)
rence de sens. Millier est porté à prendre les pour les chutes [fall).
formes avec r, farbala et farfala, pour anté- FALUN, étymologie in-
terre coquillière ;
tieures aux autres et à les rapporter au mot connue de l'ail, falil angl.
d'après Littré, ,
date eu France du xvii" siècle, Luther s'est FAMÉLIQUE, L. famelicus (famés); le vfr.
déjà servi de l'ail, falbel dans ses Propos de disait fameleux, fameilleux ; en t. de faucon-
table (voy. Grimm). nerie on dit encore familleux.
FALLACE, L. fallacia (fallerc). — D. falla- FAMEUX, voy. famé.
cieux. FAMILLE, L. familia (famul) familier, L. ;
liquides permet les deux dérivations. Le mot FANATIQUE, L. fanaticus, inspiré des
f«vo; est aussi le primitif de fanal. dieux (de fanuni, temple). D. fanatisme,—
2. FALOT, plaisant, drôle; cp. it. falotico, fanatiser.
fantasque, capricieux. Origine inconnue. Diez FANCHON, objet de toilette féminine (espèce
FAN i208 — FAR
»lefichu), de Fancho», nom familier de fana, morceau d'étoffe (ail. mod. fahne =
femme, dimin. de Fanny (Françoise). drapeau). Voir aussi gon fanon. Fano)i, —
FANE, subst. verbal de faner. —
D. fanu. comme t. de chirurgie, cylindre de paille ou
FANER, vfr., pic. fhier, convertir en foin, de foin entouré d'une bande, se disait autre-
faire flétrir \iiie plante (anc. f'anir, au sens fois /J.'^io;; et vient, d'après Littré, do foin.
neutre) ; du L. fœnum, fœnum, foin. — D. FANTAISIE, gr. v«vr«i;a, L. phantasia,
fane, pr. feuille sèche, fane, flétri, faneur, imagination, vision, force sensitive. Le sens
fanage; fanaison, miews. fenaison ; fanair. actuel du mot français est un peu détourné de
FANFAN, terme de caresse, tiré de enfant. sa valeur primitive, qui est encore entière
FANFARE, musique bruyante. — D. fan- dans l'allemand phantasie. Le grec -^«vri^siv,
farcr ; fanfaron, pr. tapajreur, vantard, esp. rendre visible, a produit en outre 1 le subst.
—
: .
fanfarron. Faiifare est probablement une sàvraïaa, vision, d'où prov. fantasma, fan-
onomatopée, cp. it. fanfano, hâbleur, anc. tauma, fr. kantômk; 2. l'adj. çiavraîri/o';, d'où
esp. fanfa, bravade, farfante, rodoniont. En fantastique, par contraction, fantasque;
et
arabe on trouve farfar p. babillard serait-ce ; 3. le terme moderne fantasmagorie (composé
l'original ? —
Pour l'onomatopée fin fa, on de fxjTx-jfjLv, fantôme, et de iyoplx, subst.
pourrait rapprocher pafîa, lanfari, qui supiKJsé de ày5,oîÛ£tv, parler, annoncer), donc
disent à peu près la même chose. propr. appel ou évocation de visions, de fan-
FANFARON, voy. fanfare. —
D. fanfaron- tômes .
mologie, qui satisfait parfaitement. Famieosus vantkin, antérieure au mot actuel ventje (Ki-
présuppose un primitif famex ou famicus ou liaen a. vegjitken) jeune garçon. Il écarte l'éty-
,
farnica, qui représenterait très bien le type mologie L. fascis, et accepterait plutôt celle
du subst. roman fange. La forme famex se de l'arabe faqir, pauvre, misérable. Dans
trouve effectivement avec la signification de quelques dialectes, /«/^f«'/i signifie un élégant;
sang coagulé, abcès. Malgré cela, nous avons en français, l'acception crocheteur, portefaix,
cru devoir donner la préférence à une origine s'est tout à fait perdue. Il est certain que si
germanique, après avoir lu l'article de Grand- faquin n'était pas si récent dans la langue, les
gagnage relatif au mot wallon fanii; (fr. divers emplois du mot s'accorderaient assez
fagnc), appliqué surtout au nom géographique bien avec le sens étymologique que lui prête
les hautes faniez des Ardennes, dont la signi- Diez; cp. en ail. herl, en fr. garçon, qui ont
fication de marais, ainsi que saconnexité avec des valeurs analogues. L'avis du philologue
les mots allemands équivalents veen ou vcnne allemand .serait corroboré par le sens « manne-
(angl. fen, néerl. veen], a été si bien démon- quin de bois n on n'a qu'à rapprocher le mot
;
trée par le savant philologue liégeois. Or, mannequin même, qui est également d'ori-
fanië (BL. fania) répond exactement par sa gine germanique (néerlandaise) et signifie
facture aux formes fr. fange, prov. fanha et petit homme. — D. faquinerie.
ne pourrait pas être rapporté à L. famicem FARANDOLE, dan.se provençale, est le
ou famica, d'où famicosus. —
Littré, au même mot que farandula,
l'esp., cat., port,
Suppl., se prononce aussi en faveur de fange comédiens ambulants, qui dérive d'un primi-
= fagne, en citant l'Aunisien fagne, boue, tif faranda, dans lequel Diez retrouve le par-
fagnon, boueux. ticipe ail. fahrend, ambulant.
FANON, aussi fanion, du vha. fano, goth. FARAUD, homme fier de ses beaux habits ;
.
esprit léger. Ces mots paraissent être de la FATAL, L. fatalis (de fatum, destin).
même famille que l'it. farfalla, papillon, fig. D. fatalité, L. -itas; fatalisme, -iste, -iser.
évaporé, léger. FATIDIQUE, L. fatidicus.
FARFOUILLER, fouiller sans ordre; les FATIGUER, L. fatigare. D. fatigue. —
formes farfogliare (Naples), farfoja (Lom-
it. FATRAS, par transposition p. fartas, d'un
bardie), esp. farfullar, rouchi farfoulier, type latin fartaceus, dérivé de fartus, farci,
montois farfeyer, signifient bredouiller, bé- bourré. Cp. le terme latin fartilia, mélange
gayer. Le mot est difficile à démêler. Ménage littéraire, macédoine, l'atras, L'explication —
y voit une altération àQ par -fouiller ;\q désir par fartas, remarque Littré (au Suppl.), est
d'assimiler aurait amené le changement du contrariée par les anciennes formes fastras,
p
initial. Je proposerais bien d'expliquer far- fastrealle, fastrasie; mais est-il démontré que
fogliare (forme it.) par fra-fogliare fureter = l's de ces mots n'est pas adventice, arbitrai-
parmi les feuilles ; mais comment y ramener rement introduite?
l'acception bredouiller, bégayer? Serait-il per- FAUBOURG ; les savants sont partagés entre
mis de la rattacher à l'idée de confusion ou les étymologies faux-bourg (= le bourg qui
d'embrouillement? D'un autre côté, on est n'est pas le vrai) et for-bourg, le bourg extra
tenté de voir dans cette bizarre composition muros {for == foris, fr. hors). On a allégué
le ]}vïmiiiî fouiller, et de reconnaître dans far- de bonnes raisons pour l'une et pour l'autre.
14
.
Diez est favorable à la première ; il pense FEAGE, d'un type fedagium p. BL. feoda-
que les formes forborg, forsbourg, même hors- gium, contrat d'inféodation, de feodum, fief.
miel, du L. favus, rayon de miel. fellone, cruel, traître, esp. /è//on, prov. félon,
FAVORI, fém. favorite (anc. favorie), voy. felhon, fellon, BL. fello (ix« siècle), cruel,
faveur. — D. favoritisme. courroucé, félon. Ces vocables sont des formes
,
lum p. geniculum. —
D. fenouillet, -ette.
« (3[uod qui crimina perpeti^ant ea felleo animo FENTE, voy. fendre. —
D. (enté, fenton.
perpetrare dicantur », soit au gr. -^/i^îTv, deci- FENUGREG, L. fœnum grœcum.
pere, illudere, d'où v'!*')?. imposteur, Grand- FÉODAL, voy. fief —D. féodalité.
gagnage remonte à l'ags. fell et le v. frison FER, L. ferrum. —
D. ferrer, ferrant
fal, holl. fel, écoss. fell, féroce, violent, rude ;
(maréchal), ferrement (L. ferramentum), -ure,
Chevallet, au vha. fel, en citant les autres ferrailles, ferret d'où ferretier, ferreux, fer-
similaires germaniques. Duméril propose rique, ferrière, ferron, ferronnier, -erie;
l'island. fella, tuer, renverser, en faisant ob- cps. verbes oiferrer, déferrer; subst. fer-
server que dans le sens de faible, propre au blanc (ce nom vient de ce que la lame de
dialecte normand, fêle pourrait se rapporter à fer ainsi nommée est trempée dans de l'étain
l'island. feill, vice, défaut. Diez, récusant l'éty- fondu). — Notez encore vfr. ferrant, gris do
mologie du L. fel, bile —
il observe à cet fer (couleur de cheval).
égard que l'adjectif fel ne se produit qu'avec FER-BLANC, voy. fer. — D. ferblantier.
un e, jamais avec la forme
diphtonguée, FERIE, L. feria, jour consacré au repos
propre au subst. it. fiele, esp. hiel, fr. fel cessation de travail. —
D. férié, férial.
;
— ainsi que celle de l'ags. fell, qui ne se FÉRIN, L. ferinus (de fera, bête sauvage).
trouve nulle part dans les sources littéraires FÉRIR sans coup férir »), L. ferire,
(«
de cette langue, place le prototype des mots frapper. Jadis, férir (prés, je fièi'e, part. pass.
romans dans le vha. fillo, flagellateur, bour- féru) était d'un usage très fréquent.
reau, subst. supposé du verbe vha. fdlan, FERLER, trousser les voiles en fago t autour
fouetter. Il fonde son opinion sur deux consi- de l'antenne, contracté de fardeler, dér. de
dérations 1 :en prov. et vfr., le mot fait au
. fardel (voy. fardeau), fagot, paquet. L'an-
nom. sing. fel (ou fels), à l'accus. félon, ce glais dit furdle, furl. — D. déferler.
qui concorde avec le mot ail., dont le nom. 1. FERME, D. fermeté,
adj., L. firmus. —
est fdlo, l'ace, fdlun, fdlon; 2. la forme L. firmilatem ; ce mot, contracté en ferté, a
mouillée prov. felh, felhon, trouve son ana- pris le sens de forteresse; fermer, clore (v.
logue dans la forme germanique fdjan, p. c. m.); ferme, suhst. (v. c. m.); fermir', af-
fdlan. —D. félonie, it. fellonia, prov. felnia, fermir.
feunia, esp. felonia. 2. FERME, subst. , convention, bail à ferme,
FELOUQUE, sorte de petit bateau d'après ; domaine ou héritage, droits, etc., donnés en
Dozy, de l'arabe harrâka, qui désignait à location pour \\n temps déterminé. Ce subst.,
l'origine un bateau d'où l'on jetait le naphte ainsi que l'it. ferma, esp. firma signa- =
sur les vaisseaux ennemis (du verbe haraka, ture, conclusion d'un traité, d'un accord, est
brûler), puis un petit navire en général. Le dérivé du vfr. fermer == promettre, con-
mot arabe a passé d'abord dans l'espagnol clure, qui est le L. firmare (firmus), établir,
sous la forme haloque (xiii® siècle), d'où, par fixer. —
D fermage, fermier, affermer.
la permutation constante entre h et f, falo- FERMENT, L. fermentum (p. fervimen
que; de là les formes esp. faluca, it. feluca, tum, de fervere). — D. fermenter, L. fer-
fr. falouque, felouque, néerl. feloek. L'arabe mentare.
felouka est une reprise faite au roman dans FERMER (sens étymologique mettre ferme, :
les temps modernes. L'étymologie usuelle. fixer, de là clore de murailles, puis clore en
FES 212 FEU
général), du L. fiiinare, rendre solide, forti- ser par lat. factare (faire souvent), devenu
fier. — D. feigne 2. (v c. m.); fet'metw'e, L. faxare (forme en effet consignée dans Die-
firmatura (vfr. fei'meilre, fennure) ; fertnoir, fenbach). Cela me parait par trop subtil;
fermait (type L. flrmaculum)\ cps. enfer- faxare, qui est issu des formes classiques
me^", vfr. dcff'ermer deffremer =
ouvrir. faxim =
fecerim, fuxo fecero, n'a laissé =
FERMIER, voy. ferme 2. aucune trace dans l'ancienne langue.
FÉROCE, L. ferox, -ocis (voy. aussi farou- FESTIN, it. festino (aussi bal), pr. repas
assis sur qqch., y tenir beaucoup. Ainsi s'ex- fue, = défunt; du L. fuit = fut. Cette éty- il
pliqueraient facilement les expressions fami- mologie (que l'on trouve dans R. Estienne) est
lières fesse-cahier =
homme qui gagne sa corroborée par le fait que « les notaires de
vie à faire des écritures fesse-mathieu, grand
;
quelques provinces di.sent encore au pluiùel
cultivateur de saint Mathieu, le banquier; furent en parlant de deux personnes conjoin-
fesse-pinte, qui cultive la pinte; fesse-maille, tes et décédées » ^Jault). Mahn .se prononce
qui tient à la maille (monnaie). N'étaient les décidément pour fuit. Il dit que fuit a donné
autres compositions similaires, on pourrait feut, puis feu; et du reste on trouve tour à
aussi expliquer fesse-maille (avare, ladre) tour, dans l'anc. langue, fuit, fut, fud et fu,
par un verbe fesser =
fendre, représentant feu. La forme féminine, p. ex. la feue reine, a
lin mot L. fssare, fréq. de findere. Le fesse- été longtemps combattue finalement, quoique ;
maillâ serait alors celui qui fendrait une étymologiquement mal fondée, elle a été
maille en deux. L'expression analogue ^?'rtce- reçue. —
D'autres étymologies ont été tentées,
maille me semble cependant plutôt favorable mais sans succès ; Ménage avançait le L. felix
à ma première explication, pincer étant ici (contracté en feux) ; d'autres le participe
synonyme de serrer fort. Littré rapporte functus [cç. berrichon /"uni =feu). Wachter
fesse-maille, fesse-cahier et fesse-pinte, à fes- pensait même à l'ail, weih sanctus, sacer. =
ser == faire vite, locution qui viendrait, selon Diez ne s'est point occupé du mot. Littré ex-
lui, de ce que l'on traite la chose qu'on fait plique feu comme contraction du vfr. fahu,
comme le petit garçon qu'on fouette (?). feii, mort, auquel il assigne pour type un
FESSER, voy. l'art, préc. — J'ajouterai ici adj. fictif L. fatutus de fatum, destin; donc
que Meunier (Les composés, etc.) dans les pr. qui a accompli sa destinée.
composés fesse-mathieu, etc., interprète fes- \ FEUDATAIRE, voy. fief.
,
tenance est d'environ 135 litres; ailleurs on FICHE, subst. verbal de ficher.
dit fdlotte, fdlette (Bourgogne), n. prov. fui- FICHER, it. ficcare, v. esp., port., prov.
heta, it. foglietta ; le mot désigne aussi dans fiicar (esp. mod. hincar, port, fincar) ; com-
le Midi une mesure de liquides équivalant à posés it. afficcare, prov. aficar, fr. afficher.
une chopine de Paris ou à une double pinte. Toutes ces formes, impliquant l'idée de fixer,
Ducange conjecture que le mot est altéré de planter, accusent, d'après Diez, un type latin
fialette ou fiolette et vient de phiala, vase; figicare (cp. fodicare, de fodere, vellicare,
c'est peu probable. —
Voy., pour l'emploi de vellere) ; une dérivation immédiate de
ancien du mot, l'article fiUettc dans Godefroy. figerc est inadmissible. —
Il est difficile de
FEURRE, vfr. forre, fuerre, BL. fodrum, se rendre compte de la transition d'idée entre
paille mélangée
; vient du vha. fuotar, ail. ficher, planter, enfoncer, et se ficher de, faire
mod. fourrage, nourriture,
futter, nord. = fi de. En it. et esp., le réfléchi fiiccarsi, esp.
fodr, suéd., dan. foder, holl. voeder, angl. fincarse, signifie persister dans une chose,
fodder. —
D. fourrer", aller au fourrage; s'obstiner. —
Dérivés : fiiche, nom de divers
d'où fourrage, fourrier, anc. aussi feurrier. outils servant à fiicher; la fiche marque =
FEUTRE, vfr. feltre, fautre, it. feltro, esp. au jeu, tient son nom probablement aussi
fieltro, du BL. filtrum, tissu épais de laine d'un objet semblable, destiné à être fiché dans
ou de crin.Ce dernier vient de l'ags., angl. qqch. (le sens prim. est encore propre au
felt, ail. vïlt, feutre. L'r dans fd-
fd^, néerl. dim. fichet, marque qui se met dans les
trum euphonique comme dans épeautre,
est trous du trictrac); //c/u<, adj., signifiait pro-
perdrix, etc. —
D. feutrer. —
Le même pri- bablement dans le principe " planté là comme
mitif a donné la forme savante filtre. un piquet, borné, stupide " (cp. en ail. vei--
FÈVE, L. faba. —
D. dim. féverole. nagelt, m. s., litt. clouéj, puis aussi planté
FEVRE, dans l'anc. langue et encoi'e dans là,perdu, flambé (« mon espoir est fichu »).
les patois, =
ouvrier, forgeron, prov. fabre, — Nous ne nous faisons pas fort de four-
du L. faber, gén. fabri (d'où fabrica). Il s'est nir la clef de toutes les applications basses
conservé dans un grand nombre de noms de ou familières du mot fiiclœr (p. ex. ficher le
famille (Lefebvre, Lefebure, etc.) et dans le camp, je t'en fiche) n'oublions pas qu'on
;
composé orfèvre =
L. auri faber. s'en sert particulièrement pour remplacer le
FÉVRIER, L. februarius. terme synonyme foutre, lequel, à cause de
FI, vfr. fui, interjection du mépris, du dé- sa nature obscène, est banni de la bonne
goût, onomatopée, =
angl., dan. fy, ail. société. On a même été jusqu'à charger
pfui, etc. ; de là faire fi de qqch. ficher des acceptions propres au terme mal-
FIACRE. Le premier entrepreneur des voi- sonnant ou du moins de celles qui en décou-
tures ainsi nommées (1640) demeurait à l'en- lent. On remarque surtout cette tendance dans
seigne de Saint Fiacre; de là le nom. l'interjection fiichtre!
FIANCE, ^vov.fizansa, fiansa, esp. fianza, FICHU, pièce d'habillement; est-ce un dé-
it. fidanza, =
confiance, serment de fidélité, rivé de //c/i^r, jeternégligemment? C'est pi'o-
promesse, engagement, du L. fidentia, con- bablc.
fiance. —
D. fiancer, promettre, garantir (pr. FICTIF, L. fictivus" (le bon latin a fictitius),
engager par serment), promettre en mariage. de fictum, supin de fingere (feindre), d'où éga-
FIANCER, voy fiance. —
D. fiançailles. \Q.vî\&vii ^fiction, L. fictionem.
FIASCO, dans « faire fiasco » aucun dic- ; FIDÉICOMMIS, du L. fiidei commissum, litt.
Venise, essayant de faire un verre, s'ils man- confiance. fiduciaire, grevé d'un fidéi-
quent leur coup, jettent le même paquet de commis; fiduciel.
sable dans un fiasco, et leur impatiente répé- FIEF, domaine relevant d'un autre seigneur
tition de fiiasco donna un nouveau sens à ce que celui qui en a la jouissance et qui, rela-
mot y>. tivement au propriétaire véritable, prend le
FIAT, interjection, mot latin (3^ pers. du titre de vassal. La forme
fiief, par le durcisse-
rit. fio relève directementdu longobardique sens primitif a subi bien des vicissitudes pour
fiu composé /a(/e?'/Çu -m, bien paternel.
dans le arriver à l'acception moderne. Farouche,
Tous ces mots représentent le vha. fiu, fehu, cruel, rude, vigoureux, inflexible, sévère,
bétail (ail. mod. vieh), gotli. faihu, fortune, orgueilleux, superbe, hardi ; telle est à peu
biens, frison fia, bétail, avoir. Telle est près la pente sur laquelle le mot a glissé. —
l'opinion de Diez, reproduite par Littré. — Le D. fierté, L. feritatem.
mot vfr. fiu, fieu est passé en bas-latin sous FIER-Â-BRAS, fanfaron, matamore. D'après
la forme feudum, fcodum (gr. mod. ^isoûSov); les uns de Fierabras, le héros du fameux ro-
cette forme est, selon Diez, fondée sur l'inser- man des douze pairs; selon d'autres p. fiert-
tion euphonique d'un d; fcuum est devenu à-bras {fiert de férir) =
homme qui frappe à
feudum, comme it. ?arfîco est p. laïco, chiodo tour de bras; pour d'autres, enfin, c'est une
p. chioo =
L. clavus. C'est à feodum que se expression altérée, soit de ferrea Wachia
rattachent les dér. féodal, inféoder, tandis (bras de fer), ou de fera brachia (bras cruels).
que feudum nous a laissé feudataire, feudiste. FIÈVRE, L. febris. —
D. fiévreux.
— D'autres ont expliqué feodum [d'où serait FIFRE, pifrc, it. piffero, e&ii. pifaro.
Slm&si
venu fied, et de là fief, comme soif de sitisj] De l'ail, pfeifer, joueur de flageolet, ou plutôt
par une composition de vha. fee, salaire, et de la forme suisse pfiffer (les fifres étaient
6d bien; Wackernagel y voit le subst. gotli. surtout en usage dans les régiments suisses).
thiuth, bien. Le prof. Kern, ne pouvant ad- — Le mot ail. pfeifer vient de pfcifen, siffler,
mettre, avec Diez. le d de feodum comme lequel représente le roman pipe7', voy. pipe.
euphonique et insistant sur le sens « usus, — Le mot fifre signifie à la fois le joueur et
fructus, id quo quis fruitur, usus-fructus « son instrument.
attaché anciennement à feudum, défend TIGER, v{v. feffier, fiffier, cailler; n'a rien
une autre origine, savoir un subst. fehod, de commun avec L. figere, fixer et vient,
dérivé du verbe goth. feihon, vha. fehon, d'après G. Paris (Rom., VIII, 434), d'un type
jouir, profiter, et signifiant « id quo quis fediare, dér. de fedio, qui est une dos multi-
fruitur ». Fehod, d'après M. Kern, est un ples transfoi mations romanes du lat. ficatum
mot francique, mais peut avoir été allemand (foie). « Le sang coagulé a paru ressembler au
répond à un goth.
aussi. L'it. fio, selon lui, foie par sa couleur et sa consistance »; cp. le
faih, jouissance. —
Notons encore que Grôber mha. libère)!, cailler, dérivé de l'ail, leber,
n'approuve pas la manière dont Diez rend foie, et le terme ail. lebermeer =
fr. mer be-
compte de la finale f dans fief; d'une étude tée (p. beter, voy. s. béton). J'accepte cette
très précise sur les mots français terminés étymologie comme « bizarre, mais certaine "
en f •= d [Zt^ahr II, 459), où il comprend
.
, selon l'expression de son auteur, mais la forme
aussi l'histoire génétique de fief, il résulte figer n'a-t-cUe pas pris le dessus sur fcgier
que fief{fûna\ sonore) est le subst. verbal tiré par quelque souvenir du classique figere, fixer
de fiiever (BL. fevare), lequel découle directe- (cp. ail. erstarrcn, raidir, se coaguler, dont
ment de l'étymon ail. fe\h)u, u final s'étant l'idée foncière est la fixité)?
consonnifié en v, comme dans esquiver du FIGNOLER, mot très répandu dans les patois,
tudesque skiu{h)an. Le subst. fiief une fois signifiant raffiner, faire avec grâce, se donner
créé, il a engendré à son tour le verbe fiefer, des airs, faire le fashionable. Grandga;.'nage,
fie/fer.Fief ne serait donc pas une simple v° fignon = élégant, pimpant, propose dubi-
modification des anciennes formes feit fieu, tativement, comme primitif, le mha. fin, ail.
comme pensait Diez. mod. fein, etc., fin, délicat, joli. L'anglais ^ne,
FIEFFER, pourvoir d'un fief (voy. l'art, beau, et l'expression allemande scfiôtithun,
préc). —
De là fiieffc, possesseur d'un fief. Au cajoler, mignoter, appuient cette supposition ;
figuré, fieffë prend le sens d'achevé, con- pour la consonnance^n, on peut alléguer c/i-
sommé, et ne s'emploie qu'en mauvaise part, gner p. cliner, vfr. crigne du L. crinis.
p. ex. un fripon fieffé, une sottise fieffée. FIGUE, du prov. figa =
L. fica, forme fém.
Cette acception métaphorique découle prob. de ficus. La bonne forme française fie se
du sens « diplômé, bien eu titre, bien qua- trouve dans la Chron. des Ducs de Norman-
lifié «. die, par Benoit. —D. figuier, figuerie. Voy.
FIEL, L. fel. — D. fielleux; enfieller. aussi fie. En Belgique on appelle, par assimi-
FIENTE, cat. fempta, prov. fe^ita, prov. lation, figotc une pomme ou une poire dessé-
mod. fento, fienlo. Ces formes accusent pour chée au four.
type, d'après Diez, un mot latin fimita FIGURE, L. figura (figere* fingere := for-
fim'ta (cp. vfr. friente de fremitus), lequel mer). — D. figuri}ie; figurer, L. figurare;
fimila est probablement une forme acces- -atif, L. -ativus; figurant; cps. configurer,
soire de fimetum, fosse à fumier. Dans — défigurer, transfigurer.
l'ancienne langue, et encore dans les patois, FIL, it. filo, esp. hilo, du L. filum =
1. fil,
on trouve fien, fiens, qui correspond à prov. 2. objet mince et allongé, 3. tranchant d'un
fem, cat. fems, esp. fimo, it. fime, fimo. Ces instrument, coupant. A la 2" acception se
formes rendent le L. fimus. D. ftenier. — rapporte le dérivé effilé et filardeau, jeune
1. FIER, verbe, du L. fidere (passage de la arbre droit et de haute tige ; à la 3* le verbe
3« conjug. à la V^). Composés défier, confier, : affiler. Quant au sens premier, il s'y rattache
méfier (voy. ces mots). de nombreux dérivés français, à sens propre
2. FIER, adj., du L. férus, sauvage. Ce et à sens figuré.
FIL — 215 — FIN
FILAGRAMMB, lettres ou figures en fil de moyen âge, filiolus désigna l'enfant relative-
cuivre fixées sur la forme à fabriquer le pa- ment à son parrain, de là le sens actuel de
pier, et dont la marque paraît sur la feuille ;
filleul.
mot technique formé de yrAmix, écriture, et FILOCHE, dér. de ^/.
de filurn fil. Voy. filigrane FILON, it. filone, dér. de fil.
FILANDRES (de là it. fdandra et esp. filan- FILOU, en Piémont et à Côme filon, BL.
dria), dérivé bizarre de filer. — D. filandreux. filo,vaurien. L'origine de ce mot est fort con-
testée. « Ce mot a signifié originairement, dit
'
deau, puis suite, rangée, du BL. fila filum; = de dés. —Langensiepen propose feliculus (sur-
nom romain, tiré de felis, chat), d'où felcolus,
de là filer, aller à la file l'un après l'autre, et
felocus, filou. Cela est bien subtil; le mot
défiler.
caillou pourrait cependant servir d'appui quant
BL.
1. FILER, prov. filar, esp. hilar, it. filare,
du fil, tirer en fil; dérivé de
filare, faire
à la transformation. —
Diez remonte au vha.
2.
FILIÈRE, 1. objet fait en forme de fil,
instrument servant au tirage des fils mé-
semble être de la même famille. D'après —
Brachet, filou est un doublet de fileur, comme
talliques (d'où
filière «); dér. de
l'expression " passer par la
gabelou de gabeleur. —
Il est important de
fil.
noter que filou est étranger à l'ancienne lan-
FILIGRANE (l'angl. dît filigrane, filligram, gue; Littré, auquel nous renvoyons pour
fillegrean et fiUigree-work), de l'it. filigrana, quelques autres tentatives d'éclaircir l'origine
ouvrage d'or et d'argent (ou de tout autre mé- de ce mot, le croit introduit dans li langue
tal ductile), composé de fils déliés, de grains,
dans le cours du xvii° siècle. En considération
et d'autres De filum, fil, et gra-
ornements. de cette introduction tardive de filou, Diez
num, à grain, ainsi nommé
grain, donc filet croit pouvoir signaler l'angl. felloio, compa-
parce que les Italiens, qui nous ont apporté gnon, qui, dans le Midi de l'Angleterre, a
ce genre d'ouvrage, y enfilaient de petits pris un caractère injurieux. — D. filouter,
grains ronds ou aplatis. Après qu'on eut em- filoutier.
ployé ce filigrane pour la fabrication du FILS, L. fiUus. L's final du mot français est
papier, on appela de ce nom ce qu'aupara- un reste de l'ancien nominatif; on disait fil
vant on nommait marque du papier (ail. aux cas obliques; cet s s'est conservé pour
wasser-seichen angl. watermark). Le mot
,
difierencier le mot de fil filnm. =
parait s'être altéré en fdagramme (v. c, m.) FILTRE, voy. feutre. —
D filtrer, infiltrer.
par l'effet d'une tendance à mieux exprimer
la chose énoncée par le terme filigrane. — FIN, subst., L. finis.
1. —
D. final, L. fina-
subst. finage, t. d'ancienne pratique, éten-
lis;
D. filigraner. due d'une juridiction; verbe finir, L. finire;
FILIN, t. do marine, dér. de fil. composés afin, enfin. —
D'un verbe BL.
FILIPENDULB, terme savant disant sus- :
finare, terminer, conclure, acquitter, payer,
pendu ipendulus) à un fil {filum). vient vfr. finer, m. s. ; de là le subst.
FILLÂTRE, du L. filiaster (filius). finance, d'abord fin, conclusion d'une affaire,
FILLE, L. filia. — D. fillette, fillage = état puis payement d'un engagement contracté,
d'une fille qui vit dans le célibat. quittance, d'où enfin le sens général de somme
FILLEUL, L. filiolus, dimin. de filius; au à payer, argent. On employait même, avec ce
FIX — 216 FLA
dernier sens, dans la vieille langue, le siibst. l'ancien adj. fis, assuré, certain; c'est une
verbal masculin fin, p. ex. dans Baudouin erreur; vfr. ^5 est la foi'me du sujet sing. et
de Sebourg : « quant il n'ot plus de fin «, du régime plur. de l'adj. fit, qui est le latin
u dignes d'avoir terre et grant fin » (voy. fidi'.s;de là les formes adverbiales de fit et
Gachetj. Cp. aussi l'angl. fuie, propr. action fieme)it, certainement.
de finer /payer;, pais amende. FIXER, voy. fixe.
2. FIN, adj., it., csp., port, fino, prov. /m. FLABELLATION, du L. flabellare (de fla-
C'est de l'élément roman que proviennent helhiiH, de flabrum, soufl[lct, éventail).
diin.
mba. fin, ail. mod. fein, angl. fine, et non pas FLACCIDITÉ, L. flacciditas, do flaccidus,
les mots romans du fonds germanique, comme flasque.
l'ont cru Raynouard et Chevallet. La signifi- FLACHE, les diverses significations do ce
cation pi-imordiale est « parfait, fini, pur, véri- substantif, dont la forme varie avec flaque,
table ", cp. prov fin aur, fin'amor, vfr. fine expriment quelque chose d'aplati, d'écrasé,
ire et nos expressions des vins fins, des yncts
: une surface jetée sur une autre et faisant en
fins, le fin fond, la fine fleur. De ce sens pre- quelque sorte tache avec elle. C'est bien là la
mier découle aussi l'emploi adverbial du mot valeur de la racine flac. Cette racine sert
dans les patois, où il sert à exprimer un haut aussi d'interjection imitative du bruit qui se
degré (voy. des exemples dans Gachet). Les — produit quand on jette quelque chose de large,
acceptions modernes se ramènent fociloment de plat ou de liquide sur une surface. Le
à la valeur première; d'un côté, au moral : fr. flache ou flaque rappelle l'ail, flach, plat,
adroit, subtil; d'un autre, au physique délicat, : uni (d'où flâche, surface) et fleck, tache. Le
léger, opp. à gi'ossier, ordinaire. On ne peut mot flache s'emploie à Bruxelles aussi pour
guère douter, observe Dicz, d'accord avec Du- flan, tarte. —
D. flacheux.
cange, que cet adjectif ne soit tiré du L. fini- FLACON, fldscon, dérivé du vfr. flxische,
tus. Pour le procédé, il allègue prov. clin de esp. fiasco, frasco, it. fiasco, fiasca. Ce mot se
clinatus, esp. cuerdo de cordatus, it. manso trouve aussi bien dans les idiomes celtiques
de mansuetus. Pour le sens, on trouve des que dans les germaniques, et il est fait emploi
analogies dans les expressions esp. acabado, de flasca, fiasco, dans les plus anciens monu-
L. perfectus (d'où parfait) et gr. rk^ttoi. — ments de la basse latinité. Les gloses d'Isi-
D. finesse; finasser (d'où finassier, -erié), dore présentent aussi la forme pilasca vas =
finaud; finet (Lafontaine), aussi fiaot; finette, vinarium ex corio Joli, de Janua pilasca :
— Voy.
;
étoffe légère; verbe affiner (v. c. m.). vas vinarium corio piloso opertum ; cela fait
aussi fujnolcr. présumer de leur part une dérivation de pilus,
FINANCE, voy. fin\. —
D. financer, dé- poil. Cependant la forme flasca remonte plus
bourser de l'argent; financier. haut que pilasca, et voici comment Dicz la
FINCHELLE, corde dont on se sert pour revendique au fonds latin Fiasco est issu du :
haler les bateaux, variété dialectale de fichelle latin vasculum, par l'effet 1) d'une transpo-
= ficelle. Le picard présente aussi la forme sition do la liquide (cp. it. fiaba, p. flaba, de
frinchclle. fabula, prov. floronc de furunculus, fr. blou-
FINIR, vfr. fenir, du L. finire (finis). que p. boucle, etc.), 2) du durcissement de v
FIOLE, prov. fiola, it. fiala, du L. phiala en f (cp. palefroi de paravercdus, fois de
{'fixlo)- — D. fioler, vider bouteille. vicis). Ce serait le BL. selon Dicz, qui aurait
,
FION, dans " donner le fion à un ouvrage >» fait passer le mot dans les diverses langues
=-' y mettre la dernière main. Je ne connais de l'Europe. L'antiquité du mot, qui est dans
pas l'origine de cette expression populaire. Isidore et Grégoire de Tours, rend douteuse,
Littré la rattache à fignoler. Voici, en — pour Littré, la métathè.se {vlasco p. vasclo)
attendant mieux, une conjecture Fion me fait : sur laquelle Diez s'appuie.
l'effet d'être un mot du patois wallon et de FLAGELLER, vfr. flaela; L. flagellare, de
représenter /t/on {cp. fioul =
filleul); donner flagelluni, fouet (voy. fléau).
le filon équivaudrait à donner le fil, c.-à-d. FLAGEOLER, voy. l'art, suiv.
la finesse. 1. FLAGEOLET, dimin. du vfr. flageol, fla-
FIORITURE, de l'it. fioritura, dér. de fio- Jo/, prov. flaujol, qui représente un type dimi-
rire =^ L. florere. Rousseau a remplacé ce nutif latin ^au^/o/us (voy. sous /ïiife). Le primi-
terme étranger par fteuretis. tif flageol a encore donné le verbe flageoler,
FIRMAMENT, L. firmamentum (firmare). jouer du flageolet; au fig. piper, leurrer,
FIRMAN; du persan fertnan ordre en = tromper. L'acception chanceler, vaciller, qu'a
général; en Turquie le mot s'applique spécia- prise le mot flageoler en parlant des jambes,
lement à tout écrit expédié par le grand-vizir est moderne et est expliquée conjecturalement
au nom du souverain. par Littré au moyen d'une expression méta-
FISC, L. fiscus; le sens premier de ce mot phorique flageolet au sens de jambe grêle et
était bien modeste; c'était une corbeille d'o- peu assurée. —
L'étymologie gr. Trlayésiulo;,
sier. — D. fiscal, L. fiscalis (d'où fiscalité); flûte traversière (= 7T>.âyi<Jî «j/o';) n'a que
confisquer, L. confiscare. l'apparence de vérité.
FISSURE, L fissura (findere). 2. FLAGEOLET, variété de haricots; mau-
FISTULE, L. fistula. —
D. fistuleux. vaise prononciation fageolet, dimin. de fa-
]).
FIXE, L. fixus, part, passé de figere. D.— geol, qui est le L. phaseolus, haricot.
fixité, verbe fixer. — Littré place sous fixe. FLAGORNER, d'après Le Duchat, un mot
,
corner (aux oreilles) Nicot lui attribue tout logie de falavesca, p. favalesca, de favilla);
simplement le sens du L. déferre = rapporter; flamiçhe, gâteau cuit à la flamme; flam-
le sens serait donc pr. dire à l'oreille, et l'idée mette; flammerole; cps. enflammer.
de flatter lui est survenue peut-être sous l'in- 2. FLAMME, lancette à saigner, esp. fleme,
fluence de la syllabe p,a ; Littré y voit une prov. flecmei-ç. fletme), wallon de Liège flîme,
altération de flageoler, jouer du flageolet, fig. vfr. fiieme, hoU. vlym, angl. fleam; vha. flio-
piper. dima, fliedima, nha, fliedme, fliede, fliete;
FLAGRANT, L. flagrans, brûlant, chaud; cymr. ffluym. Toutes ces formes procèdent
estemployé dans quelques expressions, telles du L. phlebotom.us {pj.sZdro/xoi, litt. coupe-
que « en flagrant délit, en flagrant mensonge » artère), lancette, par l'intermédiaire du type
pour actuel, en pleine chaleur de l'action. — syncopé fleb't'mus flebmus. L'équisonance de e
D. flagrance. et a fr. devant m a déterminé l'orthographe
FLAINB, voy. sous flanelle. flamm,e.
FLAIRER, prov., cat. flairar, du L. fra- FLAMMÈCHE, voy. flamme, 1.
grare, exhaler une odeur. Le mot fr. d'abord , 1. FLAN, tarte, est une contraction du vfr.
= rendre odeur a pris le sens actif
(Nicot), fiaon. Celui-ci, =
fiadone (gâtea^j de miel),
it.
sentir, percevoir une odeur, comme , à l'in- proT. flauzon, esp. flaon, angl. flawn, BL.
verse, sentir s'emploie aussi en sens neutre. flado, -onis (Vén. Fort.), reproduit le vha.
— D, flair. —
« Autrefois on éciivait et pro- flado, flada =
laganum, placentum, torta,
nonçait aussi fleurer avec le sens d'exhaler libum, favus (ail. mod. flade, fladcn), flam.
«ne odeur, et fleur =
flair, et l'on a long- vlaede, propr. quelque chose de plat. Cp. en
temps douté à laquelle des deux formes il wall. flate =
bouse de vache, de même en
fallait accorder la préférence. L'Académie, ail. kuh-fladen.
dans son dictionnaire de 1694, écrivait : 2. FLAN, t. de monnayage, pièce de métal
« Flairer, on prononce ordinairement fleu- prête à être monnayée ; le même mot que le
rer « et les autres dictionnaires se réglant
, précédent; pr. pièce plate et ronde.
plutôt sur l'usage adopté par les écrivains, FLANC, prov. flanc, it. fianco. Diez op-
entre autres par Molière et Boileau, qui ont pose des raisons phonologiques à l'étymologic
écrit fleurer, disaient que flairer était vieux vha. hlanca, lancha, m. s. Il allègue surtout
et qu'il devait se remplacer par fleurer. Au le faitque le groupe initial tudesque hl ne se
xviii" siècle grammairiens trouvè-
enfin, les romanise jamais par fl et que d'ailleurs la
rent bon d'utiliser les deux formes. Ils décré- forme hlanca a disparu de très bonne heure
tèrent que l'un se dirait p. exhaler une en allemand. Flanc désigne proprement la
odeur Cela fleure comme le baume et que
:
; partie molle depuis le défaut des côtes jus-
l'autre exprimerait la sensation que l'on en qu'aux hanches cette partie du corps est ap-
;
proteste contre l'idée d'y voir un oiseau fla- quable de trouver, en langage de marine et
mand, à plus forte raison que ce volatile n'a d'artillerie, le terme flasque avec un sens
jamais paru dans les Flandres. Son nom lui analogue à flanc. On serait tenté d'en inférer
vient de la belle couleur rouge de son plumage. que les deux formes ont été employées comme
FLAMBE; ce mot est prob. gâté de flamble, synonymes, l'une venant de flaccus, l'autre du
qui répond au L. flam.mula; cp. étape p. esta- dérivé flaxidus, p. flaccidus (voy. flasque). —
pie. —D'autres sont d'avis que flambe est C'estdu roman que les langues germaniques
une forme spécifiquement anglo-normande de ont tiré leur mot flanke D. flanquer, —
flamme (voy. Ztschr., IV, 550, note). D. — flanchet, flanconade.
dim. ftambel' flambeau, flambarl; verbes FLANDRIN, adj., qui est de Flandre.
flamber, flamboyer. Comme subst. signifiant homme grand et fluet,
FLAMBEAU, FLAMBER, FLAMBOYER, le mot a, selon Littré, la même origine ; c'est
voy. flambe. un sobriquet péjoratif motivé par la haute
FLAMBERGE, épée; d'après Frisch, suivi par taille qui est ordinaire chez les Flamands ;
Diez, un composé de flanc, côté, et de bergen, j'avais soupçonné autrefois une contraction de
protéger; donc =
défense du côté. Cp. fro- fdandrin (cp. fllardeau).
berge, autre nom d'épée, litt. (selon Grimm) FLANELLE, it. flanella, frenella, esp.
== défonse>ir du seigneur. franela, angl. flannel; du vfr. flaine, cou-
FLAMINGANT, voy. flamand. verture de lit faite de laine (auj flaine signi- .
1. FLAMME, L. flamma (p. flagma). — D. fie une espèce de coutil de Flandre). En gaél.
flamm,er, L. flammare; flammèche (cette sin- on voit également le mot curaing signifier
gulière forme dérivative vient peut-être d'un d'abord couverture, puis flanelle. Quant à
FLA 218 — FLÉ
flaine, couverture, Diez le rapproche du L. Cela paraît subtil ; cependant, cette opinion a
veîamen, -inis (r7ame?i), ce qui voile, couvre ; pour elle le nord, fladra =
blanditiis fal-
cp. flasca p. vlasca (voy. fiacon). — Les éty- lere. En flamand on disait aussi vlaeden p.
inologistes anglais tirent, le mot du gaél. flatter (auj. vîcijen). —
Enfin, nous croyons
(fvolanen, gwlan, laine. qu'il est utile de signaler le verbe latin fla-
tare défini dans les glossaires de Placidus et
FLANER, mot populaire des patois ; Diez
de Papias par « augere et ad amplum red-
cite fiana, marcher à l'aveugle ; en nor-
l'isl.
mand, le verbe se dit aussi p. faire des com- dere » En prenant ce verbe intensif de flare
.
mérages. —
D. flâneur, -erie. pour le primitif de flatter, nous aurions au
fond de la flatterie l'idée de boursouflure,
FLANQUER, voy. flanc. Dans les locutions
d'exagération. Mais on oppose avec raison à
populaires flanquer par terre, flanquer un
«
l'étymologie flatare que ce type aurait donné
souflBet », ce verbe me fait l'efiet d'être une
flayer ou flcer, et quant au passage cité dans
variété nasalisée de flaquer (rac. flac). C'est
les gloss. de Placidus et de Papias, Buggo
aussi l'avis de Littré.
croit qu'il faut y corriger elatare. Storm a
FLAQUE, aussi flachc, BL. flaco, flam.
donc recours à ime forme-type équivalente :
(lâche).
çais disait aussi flater du lait pour « le
2. subst.,=. flanc {v. c. m.).—
FLASQUE. laper », l'absorber à coup de plat de langue.
On appelle aussi flasque la poire à poudre
dos chasseurs, mais dans ce sens, le mot est
— D. flatteur, -erie.
FLATUEUX (d'où flatuosité), et flatulent
fc= flasque, le primitif de flacon (v. c. m.).
(d'où flatulence j, dérivés du L. flatus, souffle,
FLATIR du vfr. flot.
(angl. flattai), dér. vent.
coup, tape. germanique
D'origine nord. :
FLÉAU, vfr. flaiel, flael, angl. flail, it.
fletia, aplatir (ail. mod dos metall fletschen, fragello, ail. flegel, du L. flagellum, fouet,
aplatir le métal avec le marteau vha. flas, ,
fléau, dim. do flagrwn.
angl. flat, plat. Dans la langue des trouvères, 1. FLÈCHE, au sens du L. sagitta, it.
flatir signifiait aussi jeter ou tomber à plat
et est synonyme de flastrir. D. flatoir. — — freccia (dial. frizsa), v.
esp. mod., prov. flécha,
esp.,
wall.
port, frecha,
fliche; du
Le vfr. flastrir, tomber à plat, est probable- mha. m. mod.
ment distinct de flaistrir (d'où flétrir = nécrl.
flitz-pfeil.
flits, flitsch, s., ail.
ternir, décolorer) et a laissé sa trace dans FLÈCHE (aus.si fliche) de lard, vfr. flique,
2.
flàtrer, appliquer un fer chaud à un ani-
comme le précédent, d'origine germa-
flcc;
mal mordu, se flairer (subst. flàtrurc], se
nique ags. fliccc, v. angl. flick; angl. mod
mettre sur ventre terme de vénerie).
le De — flitch,
:
met le mot en rapport avec l'ail, flattern Il part de flexus, de là verbe vfr. fleschier ="
(aussi fladern), voleter; « le flatteur bat des flexare, de là adj. vfr. flesche (cp. lasche,
ailes, comme le chien flatte de la queue ». lâche, issu de laschier = laxare), d'où enfin
FLE 219 — FLO
fleschir, fléchir (Rom., VIII, 628). Mais ici Voy. Suchier, Ztschr., I, 431. Cette étym., —
encore le thème picard fait difficulté. approuvée par G. Paris (Rom., VI, 629), ne
FLEGME, vfr. flemme, fleume, au propre l'est pas par Cornu (Rom., XI, 413), qui, lui,
pituite, humeur visqueuse, du L. phlegma part de L. fragrorem, d'où vfr. flair ur, puis,
IfUyfxa). — De là flegmatique, fï-yfjLxn/.oi,
: l'r étant venu à tomber par dissimilation,
ppopr. pituiteux, lymphatique, fig. d'un ca- flaieur, devenu plus tard fleiir, fleur. Pour
ractère froid, calme. C'est le sens fig. de l'adj. ma part, je trouve l'effort de Cornu inutile et
qui a reflué sur celui du primitif flegme, dans ne vois pas pourquoi l'ancienne langue n'a
sa signification de calme, tranquillité d'àme. pas pu posséder d'un côté flaieur, flëeur,
Du grec ^It-jft.à-iri, inflammation des parties fleiir de flatôrem, d'un autre flairur de
sous-cutanées, vient L. phlegmone, fr. fleg- fragrorem,.
mon. FLEURET, voy. fleur.
FLET, FLETAN, aussi fleton, fletelet, noms FLEURON, voy. fleur. — D. fleuronner.
de divers poissons plats ; de la racine flat, plat, FLEUVE, vfr. fluie, du L. — Da L.
fluvius.
voy. flatir. flumen la langue d'oïl avait fait flun = prov.
1 FLÉTRIR, altérer, corrompre, diminuer flum, it. fiume.
—
.
l'avis de Diez (peu soutenable selon moi), une boat, litt. vaisseau volant (cp. flying coach,
forme latine flaccaster (de flaccus). D. flc- — diligence)
trissure.^ FLIBUSTIER, anc. fribustier, du néerl.
2. FLÉTRIR, marquer d'un chaud, vfr. fer vrybuiter, dan. fribytter, angl. freebooter,
flastrir, flestrir. C'est une variété de flatir [r ail. fi^eibeuter, litt. franc butineur. L'a* est
euphonique), qui ne diflere que par la termi- comme dans fluste" (flûte).
intercalaire
naison du terme identique flàtrer, employé FLIN, du vha. flins, ags. angl. flint, silex,
par les vétéi'inaires. Le verbe dont nous par- d'où le terme (anglais) flint-glass, sorte de
lons est distinct du pi^écédent. —
D. fléti-issurc. cristal.
FLETTE, sorte de petit bateau de rivière; FLIRTER, coqueter mot nouveau d'impor-
;
d'après Jal, de l'angl. flat, plat; peut-être tation anglaise ; expliqué par Bau-
to flirt est
tient-il à l'anc. flam. vletten, flotter. dry (vu la prononciation fleurt), par fr. fleu-
1. FLEUR,
it. flore, esp., port., prov. flor, reter, conter fleurettes; d'autres le rappro-
du L. gén. floris.
flos, —
D. fleurir et florir, chent de l'ags. fleurdjan, nugari, ou de l'ail.
L. florere; —
fleuraison, aussi floraison (cp. flirren, flirtsen, flirtschen, faire du bruit,
feuillaison), subst. du BL. florare, pousser bourdonner, voltiger.
des fleurs; —
fleuré, bordé de fleurs, BL. flo- FLOO, FLOCHE, toufTe de laine ou de soie;
ratus; —
fleuri =
en fleur; —
fleuret, it. fio- aussi traité en adj. (" étoffe floche ") velu, =
retto, épée munie d'un bouton garni de peau velouté. Du L. floccus, m. s. (cp. ail. floche,
et res.semblant à un bouton de fleur; aussi angl. floch). Voy. aussi froc. —
D. flocon,
soie tirée de la bourre qui est aux environs propr. petite touffe de laine.
du cocon et qui est comme une fleur que le 1. FLOCHE, subst., petit morceau de laine,
ver-à-soie a produite avant de former son houppe, voy. floc,
ouvrage; —
fleuron, ornement à forme de 2. FLOCHE (dans les patois), adj., mou, it.
fleur, un des éléments de l'ensemble d'une floscio, esp. floxo, prov. fluis, du L. fluxus,
couronne; — fleurette, petite fleur, fig. jolie pr. fluide, fig. mou, sans force.
petite chose, de là propos galant, cajolerie FLOCON, voy. floc. —
D. floconncr, flocon-
amoureuse; — fleuriste (néolog.), qui cultive neux.
les fleurs.De fleur de lis on a fait le verbe FLONFLON, onomatopée.
fleurdeliser . —
Dans la locution à fleur de, FLORAISON, voy. fleur.
au niveau de, sur le même plan, on est tenté FLORAL, L. (flos). Les auteurs du
floralis
de rapporter le mot fleur à l'ail, flur, terre- calendrier républicain ont eu recours à un
plein, angl. floor, néerl, vloer; cependant, type florealis, extension de floreus, pour en
cette expression peut aussi se déduire du sens faire un nom de mois.
superficie attaché parfois à fleur (p. ex. ne FLORE, nom de la déesse qui présidait aux
contempler que la fleur des objets); l'italien fleurs ; on en a fait le titre des ouvrages ayant
dit aussi à flor d'acqua. Voy. aussi affleure^-, pour objet la description des plantes et des
effleurer. fleurs d'un pays.
2. FLEUR, au plur., menstrues, est le même FLORÉAL, voy. floral.
mot que le précédent on a comparé les mens-
; FLORENCE, FLORENTINE, taffetas léger;
trues, à cause de leur couleur rouge, à une de la ville de Florence, qui elle-même tire son
fleur. L'explication usuelle par flueurs est nom des campagnes fleuries qui l'environnent.
démentie par le BL. flores et l'it. flori. FLORÈS, dans « faire florès », faire deréclat,
FLEURDELISER, voy. fleur. du plur. L. flores, fleurs.
FLEURER, flairer; dérivé du subst. vfr. FLORILÈGE, du latin moderne florilegium,
fleur, fleur, odeur, qui est =
lat. flatôrem imitation du gr. i-j^oUyix, recueil de fleurs
(it. fiatore), lequel explique aussi angl. flavour. {flores légère).
FLU 220 FOI
FLORIN, it. fiorino; les premiers florins, flûte, dans l'acception verre long et étroit
frappés à Florence, portaient une fleur de lis; (d'où flûter, boire à longs traits), n'a pas une
de là le nom. autre origine que le nom de l'instrument de
FLORIR, voy. fleurir. musique Littré écarte ce doute en faisant
;
FLOSCULE, ail. floshel, L. flosculus (flos). remarquer qu'on dit flûter, siffler un verre
FLOT, it. fiotto, frotto, du L. fluctus, m. s. de vin, ce qui autorise à confondre flûte verre
Dans la locution « être à flot » , le mot est le et flûte instrument. Ce qui pei'met encore
subst. verbal de flotter. — D. flotter, pr. ba- cette confusion, est, me semble-t-il, l'analogie
lancer sur les flots. du terme pipe employé comme mesure de
FLOTTE, vfr. flotc, signifiait anc. afiiuence, liquide. — D. flûter, flûteur, -iste.
foule, troupe ("la grande flote de ses larmes «,
2. FLÛTE, verre à boire, long et étroit (ail.
" une flote de brebis, flote de gensn), signifi-
flôtenglas), voy. l'art, préc.
cation conservée dans l'esp. flota, it. flotta, A
3. FLUTE, espèce de bâtiment de chai'ge,
frotta. C'est la forme féminine de flot (L.
angl. flûte, bas-ail. fleute, néerl. fluytschip;
fluctus) dans son sens de multitude, abon-
de la famille du verbe ags. fleotan, fluere,
dance. Le sens moderne du mot peut aisé-
ment se déduire du sens primitif troupe, fluctuare. —
Roulin tient le mot germanique
d'autant plus que cette troupe était flottante.
pour emprunté au roman flûte est vfr. ;
=
fluste, qui est p. fuste et vient de l'esp. fusta,
Cependant il est difficile de méconnaître une
sorte de navire (= L. fusils, bois).
influence des idiomes germaniques, oii l'on
renconti'e des mots similaires signifiant train FLUVIAL. L. flutialis (fluvius).
de bois, radeau, flotte. L'acception actuelle, FLUX, L. //uoriw (fluere). D. reflux. —
groupe de navires, ne date que du xvi" siècle, FLUXION, L. fluxio (fluere). -- D. fluxion-
dit-on. Effectivement on rendait la chose au- naire.
paravant par navie, navirie ou cstoire (BL. FOARRE, FOUARRE, variété de feurre.
storium, du gr. uroio;). FOC, FOQUE, de marine, sorte de voile,
t.
pou. — D.
principal (jecur). l.'n fait analogue se pré-
cp. L. paucus, vfr. pau, poi, po,
sente dans trojanus porciis, d'où truie, dans
fluet, anc. flouet.
seta serica pr. écheveau de soie, d'où soie,
FLOUER, voler, duper; étant un mot po-
dans réverbère p. lanterne à réverbère, etc.
pulaire, flouer parait être un doublet de filou-
ter (filou). —
Boucherie le tire trop savam-
Le grec moderne a de même réduit l'expres-
sion suxwTo'y >iiTap, traduction du L. ficatum
ment du lat. fraudare.
jecur, à ^ix^ri, qui signifie maintenant foie. Le
FLUCTUATION, L. fluctuatio (fluctuare).
souvenir des figues n'existe plus que pour le
FLUER, L. fluere. D. fluant, -ent, — linguiste et pour le lecteur d'Horace (« pingui-
fluence; cps. affluer, refluer. Du verbe /ïjtere bus et ficis pastum jecur anseris albi ".Sat. 2,
viennent en outre flueur, L. fluor, et les
8, 88) Ce qui est à noter, c'est le déplace-
:
du subst. L. follis, soufflet, pr. qqch. qui est prov. fonsar; foncier, qui tient au fonds;
toujours en mouvement de va-et-vient. Cette en-, défoncer. On remarque un r intercalaire
idée de mouvement, de ballottement, était dans le dérivé fondrer*, aller au fond (angl.
:
encore propre à l'anc. verbe foler, folier, foundcr), à'oixfondrier, fondrière, fo7xdrilles,
errer çà et là, marcher de côté et d'autre, effondrer (v. c. m.). —
Dans l'anc. langue, la
flotter, puis extravaguer, errer, mener une forme dominante était fons, tant au sujet
vie de débauche elle est encore sensible dans
;
qu'au régime ; ce n'est que plus tard qu'on
it. folletto, prov., cat. et fr. follet, t= lutin, établit une distinction de sens entre les deux
feu follet (cp. ail. irr-Jicht ,i>r lumière errante).
. formes. Voy. mes notes sur Jean de Condé,
En BL. on trouve d'aboi"d l'adj. follis, inùs fai- t. I, p. 459. L's final étant considéré comme
llis. —
D'autres admettent bien comme source radical, le dérivé fonser' foncer est tout
mais ils insistent
le L. follis, soufflet (vfr. foie), naturel.
moins sur l'idée de remuement que sur celle FONDAMENTAL, du L. fundamcntum (fun-
de gonflé de vent. C'est aflaire de goût ils ;
dare), fondement.
pourraient avoir raison, seulement, le terme FONDER, angl. found, du L. fundare {ivm-
feu follet ne s'y prête pas aussi bien. D. — dus). —
D. fondement, L. fundamentum;
follet, v. pi. h. folie, probablement un subst.
;
fondation, L. fundatio; fondateur, L. fun-
verbal du vfr. folier, être fou (l'anc. langue dator.
avait encore pour folie les formes folage, FONDRE, sens actif et neutre, L. fundere.
folour); folâtre, folichon; affoler (v. c. m.), La filiation des sens est répandre, d'où, d'une
:
FOLÂTRE, de fol, fou. folâtrer. — D. part, rendre liquide, mettre en fusion, d'autre
part, verser, renverser, tomber, se précipiter.
chon.
FOLICHON, de fol ; cp. barbichon, corni-
— D. folichonner. — D. fonte, d'un type L. fundita; fondeur,
gner un écrit sans valeur. Le mot ne dé- iefont, la Chaudefont, Fonfrède (fons frigida).
rive pas de foliwn, feuille, pas plus que le Dans fonts baptismaux, qui est la seule appli-
terme de botanique follicule, qui signifie pr. cation du mot qui nous soit restée, le genre
capsule, pochette. est également féminin, car l'expression re-
FOMENTER, L. fomentare, de fomentum monte à une époque où les adjectifs en al ne
(p. fovimentum, sub.st. de fovere), moyen de distinguaient pas encore les deux genres (cp.
réchauffer, calmant, lénitif. lettres royaux). Bien que cela ne rentre pas
FONCEAU, petit vallon, d'un type latin précisément dans notre cadre, nous citons
fundicellus (fundus). encore, dans la catégorie des mots latins en
FONCER, voy. fond; mettre au fond, faire ns ou rs, les changements de genre suivants :
le fond, fournir des fonds. Dans les patois du est devenu féminin le masculin dens, fr. la
,
dent; sont devenus masculins les féminins d'après exclusion ; il faudrait strictement far-
frons, le front, —
gîans, le gland, ars, le — closio)i,comme éclosion.
art, —
sors, le sort. —
D. fontaine, L. fon- FORER, prov. forar, it. forare, du L. fo-
tana* (de l'adj. fontanus). rare, percer. — D. foret.
FONTANGE, nœud de ruban à la coiffure soumis au droit de cha.sso, mais non enclos
(en opposition à parcus, bois enclos, parc),
des femmes, du nom de la duchesse de Fon-
XIV. puis aussi les viviers de poissons. Ou fait
tangcs, une des maîtresses de Louis
généralement venir le mot de l'ail, forst, m. s.
1 . FONTE, action de fondre, voy. fondre. mais c'est le contraire qui parait être le vrai.
2. FONTE, fourreau de pistolet sur le devant Pour l'origine de forst, et par là de forêt, les
d'une selle; p. fonde, du prov., ital. funda, primitifs vha. foraha, pin (ail. mod. fohre) ou
poche prob ;
le même mot que funda,
fronde,
forahahi (ail. mod. forchach), bois de pins, se
qui se trouve, dans Macrobe, avec les accep- présentent fort naturellement, mais on ne se
tions de valise, sacoche. Pour le changement rend pas compte de la terminai.son en est.
de d en t', cp. démantibuler. Abandonnant la dérivation germanique, on
FONTS, voy. font.
s'estadressé au L. foris ou foras (notez qu'on
FOQUE, voy. foc. trouve à la fois les formes BL. foresta et fo-
1 . FOR, it. foro, esp. fiiero, juridiction, tri-
rasta), en se fondant sur un adj. forasticus =
bunal, du L. forum, barreau. cxterior, cité par le grammairien Placidus,
2. FOR-, préfixe, voy. fors. et formé à la façon de cras-tinus, rus-ticita.
FORAGE, terme de coutume, impôt sur les
La forme forasticus aurait été écourtée en
denrées, surtout sur les vins, du BL. forum,
forastis, forestis, et signifierait un lieu mis à
prix des marchandises. Voy. forfait 2. part, prohibé, rései-vé pour la cha.sso ou la
FORAIN, it. foraneo, forano, angl. forcign, pèche. A l'appui de cette manière do voir,
BL. forancus, syn. de extrancus, étranger, Diez rappelle, pour justifier la supposition
dérivé de l'adv. L. foras, dehor.^;. Le marchand d'un adjectif tiré de foras. Vit. forastico, sicil.
forain est un marchand qui vient du dehors. furestico, prov. foresgue, cat. feresteg, sau-
FORBAN, voy. sous ban. vage, rudo, puis vaudois forest, it. forestière,
FORBOIRE, anc. = boire avec excès [for, étranger, qui se rattachent sans aucun douto
préfixe de l'excès). Voy. aussi fourbu. à l'adv. fo7'is ou foras. La signification spé-
FORÇAT, forme prov. de fo7'cé; voy. force. ciale " bois réservé « s'est, avec le temps, géné-
1. FORCE, it. for:;a, esp. fuosa, prov. ralisée, comme il arrive souvent, et forêt est
forsa, BL. forcia p. fortia. Ce subst. est soit devenu synonyme de bois. —
D. forestier;
un dérivé de l'adj. fortis (cp. BL. falsia de enforester =planter en bois. —
Grimm, au mot
falsus), ou le subst. verbal du verbe fortiare forst, s'attache à démontrer l'origine germa-
(qui est le fr. forcer), verbe formé de fortis, nique du BL. forestis et tient ce terme pour
comme Bh. graviare, leviare de gravis, levis. un vocable introduit en France par les Francs.
— D. farcer; forçat, autr. aussi force', it. Il insiste surtout sur ce que l'extension du sen.s
forzato, esp. forzado, condamné aux travaux primitif « bois de pins » en celui de bois eu
forcés. général se pré.sentc encore dans le slave bor
2. FORCE, ciseau, voy. forces. (correspondant de l'ail, fohre) =
pinus et
FORCENÉ, mauvaise orthographe pour for- silva. Aussi le mha. tan, pr. bois de sapin, a
séné, prov. forsenat, it. fm'sennato, litt. hors signifié bois en général.
de sens; c'est un composé de for (voy. f&rs) et FORFAIRE, anc. it. forfare, prov. forfar,
le vfr. sen, sens, =
it. senno, v. esp. et prov. BL. foris facere, offendere, nocere, litt. faire
sen. Ce mot sen est le vha. sin (ail. mod. sinn), hors de (c.-à-d. contre) son devoir. Ancienne-
sens, sentiment. De là vfr. scné, prov. sénat, ment on construisait forfaire avec le datif do
sensé. Anciennement on avait aussi un verbe la personne; on di.sait aussi se /'or/'azre envers
forcener, forsener =
perdre la raison, d'où qqn. (cp. vfr. se mesfaire \cvs qqn.). Avec l'ace,
les subst. forcènement, mot employé par Cor- de la chose, le verbe signifiait " se rendre indi-
neille, et forcènerie. gne, se priver de la possession d'une chose
FORCEPS, mot latin, signifiant tenailles, par quelque forfait " p. ex. foi'faire son fief, de
,
tout autre chose, savoir coquin, fripon; j'ai- le changement de l'aspirée labiale en aspirée
merais mieux y voir un dér. de l'esp. farfante, pure — changement fréquent en espagnol et
rodomont, ou d'un type foris-fari, parler avec en valaque, rare en français (cp. vfr. harouce
excès. Mais d'autres explications se présen- p. farouche, wallon horbi p. fourbi) fors —
tent. Enwallon, forfaut veut dire prodigue, est devenu hors. —
Le fr. fors, avec retran
beau, magnifique, et Grandgagnage y voit le chôment de Y s final, a été, comme le L. extra,
part. prés, du verbe wall. forfer (= fr. for- employé comme préfixe; il exprime comme
faire), dépenser, cp. ail. ver-thun. De l'idée tel exclusion, écart, abandon de la ligne
prodigue, magnifique, à celle de hâbleur, tracée, excès. Il devient ainsi souvent syno-
vantard, la transition est facile. Un autre nyme du préfixe mes, mé. Voici les prin-
mot wallon encore se rapproche beaucoup cipales de ces compositions, dont plusieurs
du sens et de la forme de forfanterie : c'est appartiennent au vieux langage forbannir :
forvanttse, fanfaronnade; fo)'vanter, c'est se (voy. ban), forboire (voy. fourbu), forcené (v.
vanter outre mesure. On pourrait fort bien c. m.); forclore,forconseil 1er, mal conseiller,
admetti'e xme dégénérescence de forvanterie forcompte =
mécompte, fo7'faire (v. c. m.),
en forfanterie amenée par Tinfluejice de Vf forhuer, sonner du cor pour rappeler les
initial. On a bien fait fois de vicem. Littré se chiens, forjeter (se), sortir de l'alignement,
prononce pour l'origine italienne, en allé- forjuger, mal juger, aussi débouter qqn. do
^lant que le sens italien se trouve dans les son droit, forlancer, lancer une bête hors de
exemples du xvi'' siècle qu'il a cités et que le son gite, forligner, dégénérer, forlonger.,
passage du sens coquinerie au sens actuel ne traîner en longueur, formarier, .se mésallier,
doit pas faire difficulté. forpaiser, anc. forpaïser, quitter son gîte,
FORGE, FORGER, voy. fabrique. — L'esp. forpaitre (d'où forpaisson), chercher sa nour-
a forja et forjar, mais l'a conservé dans
s'est riture loin de son gîte, fortraire, faire sortir,
le Tprov. farffa, fargar et dans le nom propre soxistraire, aussi excéder de fatigue, forvoyer,
La Farge. — D. forgeron (cp. btlcheron, auj. fourvoyer (v. c, m.), forvétu (orthogr.
vigneron). vicieuse fort- vêtu), vêtu hors de sa condition,
FORIÈRE, terme d'agriculture, terre = au delà de ses moyens.
qui forme ceinture des champs, aussi
la FORT, adj. et adv., L. fortis. D. fort —
lisière d'un bois. Nous pensons avec Grandga- (subst.) =
place fortifiée, dim. fortin; forte-
gnage que ce mot représente un type latin resse, vfr. fortelesse, prov. fortalessa, esp.
foi-aria, de foras, en dehors. D'autres, lui fortaleza, du BL. arx, castrum ;
fortalitia,
prêtant le sens de pâturage, le placent dans force (v. c. m.); adv. fortement.
la famille de fourrage, fourrier (voy. feurre). FORTE, t. de musique, de l'it. forte, avec
FORJET, subst. verbal de forjeter; voy. force; au superlatif fo7'tissimo.
fors. FORTERESSE, voy. fort.
FORLIGNER, dégénérer, litt. aller fors (c.- FORTIFIER, L. fortifcare (rendre fort).—
à-d. hors) de la ligne (= lignage). D. fortification.
FORLONGER, s'éloigner voy. fors. FORTIORI formule latine, à plus forte
(A),
—
;
FORME, L. forma. D. former, L. for- raison, litt. " en partant d' [un argument]
mare, formateur, -ation, L. formator, -atio ;
plus fort ».
format, L. formatum; formel, L. formalis ;
FORTRAIT, de fortraire, voy. fors.
formule, L. formula. FORTUIT, L. fortuitus [fors).
FORMEL et formai, L. formalis. De là : FORTUNE, L. fortuna (fors). — D. infor-
formalité, formalisme, -iste; se formaliser, tune, L. infortunium ;
fortuné, L. fortunatus,
pr. s'attacher aux formalités, et s'offenser opp. infortuné.
quand on les croit négligées. FOSSE, creux dans la terre, L. fossa (part,
FORMIGANT, -ATION, du L. formicare passé de foderc, creuser). —
D. fossette, dim. ;
(Pline : venarum formicans percussus, pouls fossé, vfr. fosset, prov. fossat, it. fossato, BL.
FOU 224 FOU
fossatiun, du partie, latin fossatus defossare FOUGÈRE, anc. feugùre, fcuchière, wall.
(fossa), faire une fosse ; fossoyer, d'un type fechère, du L. filicaria', dér. de fdix, fdicis
fossicare. (type de l'it. fclce). — D. fougcraic.
FOSSÉ, fosse creusée en long, voy. fosse. FOUGON, prov. fougon, it. focone, cuisine
FOSSILE, L. fossilis, pr. enfoui dans la de vaisseau, de focus, foyer.
terre {fossum, supin de foderc). — D. se fos- FOUGUE, directement de l'it. foga, ardeur.
siliser. Ce dernier (dans la Romagno et à Crémone
FOSSOIR, L. fossorium", instrument à fuga) est le L. fuga, fuite, précipitation,
creuser (de fossum, supin de fodere). zèle fuga, vivacité. Pour admettre
cp. esp.
FOSSOYER, voy. fosse. — D. fossoyeur. ;
bien y voir un dérivé de fou, hêtre (v. c. m.). follone, L. fullo, -onis, — fouleur, -erie, -oir,
FOUET, diminutif de fou, hêtre à lorigine ;
ure. — Cps. refouler. — L'anc. verbe affo-
= faisceau de verges, acception encore pro- ler, blesser,a été tiré, par Diez, de notre fou-
pre au mot dans le Hainaut de là s'est déve- ;
ler; mais cette manière de voir n'est plus ad-
loppé le sens baguette, verge pour frapper. mise voy. affoler.
;
Du radical fou vient encore fouaille (en cham- FOULQUE (cacographie moderne p. fouque),
penois — fagot, botte), d'où foiiailler, verge- genre d'oiseau aquatique, prov. folca, it. fo-
ter. — Un autre
dérivé analogue de fagus lega, du L. fulica. — De là prob. fouquet,
est fouenne p. faîne, L. fagina. =
D. — hirondelle de mer (v. c. m.).
fouetter. FOUPIR, vfr. feupir, chiffonner, friper; du
FOUGASSE, t. de guerre, de focus, feu. vfr. feljye, friperie (cp. norm. feiipes, mauvais
FOUGER, du L. fodicare, fod'care, D. — vêtements); felpe est une forme variée de ferpe
fouge. (voy. fripe).
FOU 255 FOU
FOUQUET, 1. hirondelle de mer, 2. ancien myrméleon (les LXX ont /j.vp/j.-ti/oiio>-j, de
nom vulgaire de l'écureuil. Litti'é « dimin. :
lj.\jpft.nK-> fourmi, et )iwv, lion).
de Foulque, nom propre les noms propres ; FOURMILLER, voy. fourmi, 1. abonder;
sont plus d'une fois devenus des noms d'ani- 2. démanger (cp. L. formicare; voy. aussi
maux. » Le premier sens, toutefois, ne s'ac- démanger, où, à propos de la citation du L.
commoderait-il pas mieux de l'étymologie verminare, nous aurions encore pu citer l'esp.
foulque (v. c. m.)? Quant au sens écureuil, je gusanear, m. s., àegusano, ver).
ne le trouve pas consigné dans Godefroy. FOURNAISE, prov. fornas, it. fornace,
FOUR, vfr. for, forn, prov. forn, du L. esp. hornasa, du L. fornax, -acis (furnus).
furnus. — D. fourneau, forncV, it. fornello; FOURNEAU, FOURNIER, FOURNIL, voy.
fournée, -âge, fournier, L. furnarius, bou- four.
langer; fournil, verbe enfourjier, defourner. FOURNIR, angl. furnish, it. fornire (aussi
FOURBE, adj., it. furho, du verbe fourbir; fronire, frunire), esp., port., prov. fornir. En
cp. loolisson, àe polir (voy. aussi le mot filou). prov. on trouve aussi formir, furmir, au sens
C'est par une métaphore semblable que le d'achever, exécuter, satisfaire; c'est sans
grec a produit les expressions l-jirpi.fj./j.ci, aucun doute, observe Diez, le même mot que
;zsplTpi/jif/.«, homme rusé, fin, du verbe rplZu-j, fornir, fornire, puisque ce dernier a une va-
frotter. — D. fourbe (subst.), fourber, four- leur identique en it., en esp. et même en
berie. — L'étymologie tirée du L. furvus, finançaisII faut donc admettre soit un chan-
aujourd'hui; mais notre étymologie n'en est que la farine est cuite au four, dit-il. le pain,
pas moins valable, elle se rappoi'te à une pre- aliment nécessaire, est la principale provi-
mière représentation de la chose. sion dont on a soin de fournir sa maison.
FOURCHE, prov., it. força, angl. forh, du Mais on généralise cette expression fournir.
L. furca. — D. fourchet, fourchette, fourchon, '
On l'emploie pour apporter des provisions
fourchu, fourcher, enfourcher. Le latin /icrm quelconques, se pourvoir de quelque chose
est en outre le primitif de fourr/on 1 outil de . que ce soit. » —
D. fournissement (la forme
boulanger, 2. chariot à fourche (it. for cône, fourniment est analogue à garniment, gar-
esp. hwconej\ ainsi que de fourcat, terme de nement, anc. équipement), fournisseur, four-
marine, = varangiie dont les branches font niture.
la fourche. L'ancien fr. avait aussi un verbe FOURRAGE, voy. feurre. — D. verbe four-
furgier, remuer, fouiller avec une furca ou rager, adj. fourragère.
qqch. de semblable [furgier les dents, les cu- FOURREBUISSON, nom d'oiseau; selon
rer); cp. l'it. frugare (p. furgare), fouiller, Meunier = qui fourre (c.-à-d. qui fourrage),
sonder. le buisson. Pour l'anc. verbe fourrer (it. fode-
FOURCHE-FIÈRE, fourche à deux dents; rare, esp. forrar), voy. sous feurre.
Darmesteter repousse avec raison l'explication FOURREAU, forrel\ BL. forellm, dé-
vfr.
de ftcre par ferra (de fer); il ne peut s'agir rivé du vfr. fuerre, forre, gaine,
fourreau (it,
que de férus (fier) au sens de fort. fodero, esp. forro), d'oii aussi le verbe fourrer,
FOURDAINE, nom vulgaire du prunellier. doubler, prov., cat. folrar, esp., port, forrar,
En vfr. et dans les patois, fourdine signifie le it. foderare. —
Le primitif forre, fuerre, re-
ou du prunier des haies
fruit de l'épine noire présente le goth. fodr, vha. fuotar (ail. mod.
Nicot écrit fourdrine, Cotgrave de même. — ;
FOURGON, voy. fourche. D. fourgonner,— chose dans une autre, introduire. D. fourré —
remuer avec le fourgon. d'un bois, endroit où ce bois est très garni,
FOURMI; ce mot était autrefois, et est très épais; fourreur; fourrure, BL. forratura.
encore dans les patois, du genre masculin et FOURRIER, BL. fodrarius, àc forre, feurre,
répond à un type latin forinicus (cp. fétu de voy. feurre. Les fourriers étaient d'abord des
festucus p. festuca). Le féminin for?nica a officiers chargés des fourrages et de l'appro-
donné l'ancienne forme forinic, foiirmie. — visionnement. —
Le même primitif forre,
D. vfr. forime7', =
h. formicare; fourmiller, fourrage, nourriture, a donné fourrière, dans
d'un type formiculare ; subst. fourmilier, « mettre un cheval en fourrière », et fourrière,
fourmilière =
{ovra\c\\\avi\\?., -ia; fourmillo)i. lieu où l'on renferme les provisions.
Composé fourmi-lion; le terme savant est FOURRIÈRE, voy. fourrier.
15
FKA 220 — FRA
FOURRURE, pruv. fulradura, voy. fourrer. ponere, apaiser. —
Le sens de fredum s'est,
FOURVOYER, forvoyer, -- mettre /ors la avec le temps, généralisé on la employé :
voie, égarer, induire eu erreur. — D. fourvui. pour taxe, redevance, dépense de tout genre.
FOUTBAU, nom vulgaire du hêtre. Selon Lit- Le mot est distinct du subst. frait. fret (v. c.
tré, du L. fayus, vfr. fou, fo, feu, par un type m ),dépense pour la location d'un navire.
fat/itelhis. Ce type est inadmissible; mieux L'orthogr. fractum, dans le latin du xiv" siè-
vaut, avec Diez, voir dans /bureau une variété cle, repose sur l'analogie de vfr. frait --^ frac-
de forme, avec t intercalaire, du rouchi foiau tus, brisé. —
D. adj. frayeux, verbe vfr.
(= fagellus'). A l'appui de cette explication, fraier. dépenser (d'où frayant, coûteux), dé-
on peut norm. foutille, faine. Pour
citer le frayer.
l'emploi dans un but de dérivation, cp.
du t 2. FRAIS, adj., fém. fraîche, vfr. fresch,
cloutier de clou, feutier de feu. D. fou- — fres, frec, fém. fresche, it.,esp., ])ovi. frcsco,
telaie. prov., cat. fresc, wall. friss; du vha. frise
FUYARD, hêtre, dér, de fou == L. fagus; (ail.mod. frisch), néerl. versch, ags. fersc,
cp. en picard foyau. angl. fresh, cymr. fresg, bret. fresh; la suc-
FOYER,prov. foguie^', du BL. focarium, cession des sens, en ail., est recens, crudus, :
d'où frape (vfr. frapyin, frapaille), qui signi- sont encore partagées entre fragorern (cra-
fie assemblée. Nous préférons une dérivation quement) et frigorem.
du bas-allemand fiappen, angl. flap, frapper FREDAINE, mot d'origine inconnue; à coup
avec qqch. de plat. On trouvé du reste dans sur il ne vient pas de fraudana idér. hypo-
la vieille langue fiaber, fiauber, en wall. fla- théti(iue de fraus, fraudis), comme le propo-
bauder, = battre. La permutation de Z et r sait Furetière. D'autres invoquent le BL. fre-
est ordinaire. — L'italien aie werhe frappare dare (de fredum, voy. frais) =
multam exi-
avec le sens de découper, hacher, subst. gere, d'où aussi molestare, vexare; cela ne
:
frappa, lambeau. Ce dernier peut avoir dé- nous sourit pas davantage. Mieux vaudrait un
terminé le verbe sinon, on serait autorisé à
;
adj. fredanus, digne d'amende. Littré pro-
voir dans frappare, couper, un transport de pose dubitativement le bourg, vredai, aller çâ
sens analogue à celui qui a produit couper et là, ou fredoji, la fredaine étant à la con-
à&coup. Quant à frap)iKi, lambeau, on pour- duite ce que le fredon est au chant.
rait aussi le rapprocher de l'angl. flap, pan FREDONNER (subst. fredon). Ce mot rap-
d'un habit (cp. le champenois /î-a/)ouz7Ze, gue- pelle par le l'adical fred, le L. friti>inire, ga-
nille). — N'oublions pas de rappeler que zouiller, mais il pourrait bien être un produit
dans l'ancienne langue, fraper signifiait aussi naturel, imitant le roulement et le tremble-
<• courir », d"où le subst. frapier dans les ment de la voix
locutions fréquentes " se mettre au frapier » FRÉGATE, it. fregata, esp., port., cat.,
(se metti'e à la course), et à frapant (à la napol. fragata. On trouve cette dernière
course). C'est à cette valeur-là (pr. » battre forme déjà chez Jayme Febrer, poète de Va-
les routes >•) qu'il faut peut-être rapporter le lence. Diez pense que le mot pourrait être
collectif /J'opm'Z/e, « gens de rien », vagabonds une forme contractée de fabricata (d'abord
(cp. ail. fahrendes volh) et aussi frapjpai't fargata, puis fragata)-., il rapproche it. lasti-
,
niento, fr. bâtiment = navire. Chevallet invo- FRESÂIE, p. presaie (forme usuelle en Poi-
que le V. allera. fûrge, fei'(/e, nacelle, barque, tou), on Gascogne bresague; du L. prœsaga,
dan. faerge. L'étymologie de Jal, gr. «vpaxra, qui présage le hibou est un oiseau de mauvais
;
bâtiments non pontés, est encore moins admis- augure; on l'appelle aussi pour cette raison
sible. —
Roulin (Littré, suppl.) tient frégate effraie.
pour une altération de rabo forcado (queue FRÉSAN6E, anc. fresanche, fressange,
fourchue) et forcado tout court, signifiant fraissangue, BL. friscinga, 1. jeune porc,
d'abord un oiseau, puis par métaphore un 2. redevance d'un cochon de lait imposée aux
bâtiment de mer. —
D. frégaton. fermiers de la glandée du vha. frishing, vic-
;
gronder, etc., et au fig. être indigné, être posé de frictare, fréq. Aefricare, frotter, soit
agité. Il faut donc admettre que l'idée morale enfin du HL. fritillare, piler du poivre dans
et figurée d'agitation ait été reportée dans un mortier (fritillum), à cause du mouvement
l'ordre physique et qu'ainsi se soit produite de va-et-vient dif pilon. —
D. frétillard, -on.
l'acception moderne du mot. D. fivmisse- — FRETIN, choses de peu de valeur; sans
ment. —
Le subst. L. fremitus avait donné à doute connexe avec BL. freto, fretonus, petite
l'ancienne langue la forme fricnle, frinte, monnaie, maisj'hésite à rattacher freto, comme
bruit, ^tumulte. fait Littré, à l'angl. farthing (ags. feording),
FRENE, fre^-ue', vfr. fraisne, it. frassino, anc. fertldng, le quart du penny. J'interpré-
es]). fresno; du L. fraxinus. D. frênaie.— terais plutôt freto et fretin par monnaie frot-
FRÉNÉSIE, angl.frensg, 'L. phrenesis, du tée, usée, ou par déchet, en rattachant le
gr. r^ir^ziip. ypîvîri;, maladie mentale, folie mot, avec Frisch et Diez, au L. frictum,
(de
'f
quoux. Au nord, hrôkr correspondent vLa. FRICOT, premier sens régal, bon repas, :
hruoch, ags. hrôc, dan. roge, ail. ruech, angl. puis toute espèce de viande en ragoût ; voy.
rooh. Ménage avait vu dans /j'gKa? une contrac- fricadelle. — D. fricoter, faire un fricot, fig.
tion du L. frugilegus, ramasseur de grains! manigancer dépenser en bonne chère.
;
régaler, friquette, fille de joie. Il n'y a donc d'Alexandre « qu'il se laissa brusler d'un
rien qni puisse choquer dans l'opinion de charbon sans faire frim,e aucune, ny conte-
Diez quand il rattache à l'élément germa- nance de se plaindre pour ne troubler le sa-
nique tous les mots placés en tête de cet arti- crifice » Bugge (Rom. IV, 355) rattache fri^ne
. ,
cle. Il lui semble impossible, sans faire vio- au lombardique frignare, pleurer, faire la
lence aux règles de transformation, de les grimace, qui tient de l'ail, flennen, suéd.
faire dériver, du moins directement, du L. flina, patois angl. frine, faire la grimace.
frigëre, frire. Néanmoins, Mahn cherche à re- Frime est donc p. frine (cp. venimeux p. veni-
vendiquer cette dérivation pour friçasser. neux, etc.). —
Par la tendance de Vi à passer
Selon lui, ce verbe est un dérivé du BL. fri- en u devant m, l'anc. langue disait plus sou-
care, frire. Quant à fricare, il y voit une cor- vent frume. —
D. frimousse, visage, mine
ruption de frictare (fréq. de frigere, par le (mot forgé peut-être sous l'influence de vfr.
supin frictum), par assimilation à fricare, mouse, museau).
frotter. Pour la terminaison asser, Mahn FRINGALE, corruption de faim-valle. Voy.
pense qu'elle est aussi bien péjorative dans sous faim-valle.
friçasser, que dans rêvasser, rimasser, vfr. FRINGANT, part, présent de fringuer 1 , se
putasser (fréquenter les putes), et que le mot remuer vivement, sautiller.
signifie pr. faire toutes sortes de choses en FRINGILLE, du L. fi-ingilla, pinson.
mélange; il rappelle à cet égard le terme 1. FRINGUER, vfr. fringeler, sautiller.
fricasseur =mauvais cuisinier. Si l'on peut Diez place ce verbe sous la racine frig, fring,
admettre, comme le fait Mahn, l'existence de d'où sont formés L. p'ig-ulare ifr. fringuler),
fricare, dans les premiers temps du moyen frig-utire, fringutire, gazouiller (anc. fr.
âge (Ducange ne cite qu'un seul texte, tiré des fringoter, it. fringottare) et fringilla, pinson.
sermons de Menot, xiii" siècle), alors rien On dit encore « gai comme pinson » Littré .
n'empêche, nous semble-t-il, d'y rattacher préfère l'étym. frigere, sauter, bondir, avec
également fricandeau, forme diminutive de l'interposition de la nasale n, mais ce verbe se
fricande, et fricadelle, mot d'un usage géné- trouve-t-il?
ral en Belgique. 2. FRINGUER, rincer (un veiTe) selon ;
FRICANDEAU, voy. l'art, préc. Bugge (Rom., IV, 357), emprunté à l'esp.
FRICASSER, voy. fricadelle. — D. fricas- fregar, nettoyer en lavant et en frottant.
sée. Pour l'intercalation d'un n devaiit une gut-
FRICHE, terrain non cultivé, soit de tout turale, cp. langouste (L. locusta), vfr. engrot,
temps, soit par abandon ; Ducange explique (L. œgrotus), etc. Quant à /re^ar, c'est le L.
le mot par l'ail, frisch, récent, en compa- fricare, dont la vraie forme franc. es,t frayer,
rant L. novale, terre en ft'iche, de novus ; devenu plus tard frayer.
vfr. fresche et BL. friscum favorisent cette FRIPE, chiffon, vfr. frepe ou ferpe =
manière de voir). Grimm part d'un type frac- frange en BL. vestes frepatse ou ferpatce
;
ticium (de fractus, rompu), pour arriver, par étaient des habits à franges, et par ironie des
fraiiche, freïche, à friche; donc, champ la- habits effiloqués, frangés par la misère ou ie
bouré pour la première fois. Cette étymologie long usage. Telle est, selon Génin, l'histoire
se recommande moins par la lettre (car la du mot fripe; mais ce spirituel philologue ne
syncope de t après c offre quelque difficulté) nous apprend rien sur la provenance de ce
que par l'analogie des termes ail. brache, de frepe ou ferpe, frange. Nous pensons qu'il est,
brechen, rompre, et languedocien roumpudo en tout cas, plus sur de suivre Diec et de tirer
(terrain récemment recassé), —
D. défricher. frijje du verbe friper au sens fondamental
.
nord. hHpa, dont le sens générique est faire «« l'anglais fleece, ail. vliess, peau laineuse,
vijte »
;
pour hr initial — /»% cp. les mots toison ; enfin, l'on s'est prévalu do l'étymo-
freux, frimas. Le mémo type hripa, faire logie attribuée au nom do peuple des Fri-
vite, expliquera fripon, pr. agile, leste, qui sro7is, qui serait un adjectif frisa, fresa =
enlève facilement, qui escamote adroitement crépu, frisé ; le mot roman se trouve, en effet,
(au XVII* siècle on disait encore friper, dans le dans l'idiome frison, sous la forme frisle (angl.
sens de dérober; ainsi l'écolier fripait ses frizle). Dlez pose la question : les frisii panni
classes, c.-à-d. qu'il n'y allait pas) enfin, de ; du moyen âge (voy. Ducangc), étaient-ce do«
friper, manger goulûment, nous tirons fripe, draps frisés ou des draps do la Frise? Lo fait
bon morceau, et fnpc-sauce, goinfre. Fripe, est que, dans les premiers siècles de la basse
frange (pr. tissu etïiloqué), sous sa forme /Vryje, latinité, on trouve fréquemment mention de
felpe, a donné naissance à l'it. et esp. felpa,. saga ou pallia fresonica, vestimenta de Fre-
sorte de peluche, et a fr. foupir (v. c. m.). sarum provincia. Rest« à savoir s'ils étaient
— Après avoir cherché à démontrer le peu frises, velus. —
Peut-être faut-il distinguer
de créance que mérite à ses yeux l'origine entre f7'ise, étoffe do laine grossière, et frisé,
islandaise de ce mot, Bugge (Rom., III, 148) bouclé, annelé. Ne pourrait-on pas admettre
explique ce dernier (vfr. frepe, ferpe, felpe, pour type commun des mots romans le BL.
feiipejTpar L. fibra,lambeau, extrémité, fibre, frigium et faire procéder celui-ci de la môme
filament. Pour
métathèse de l'r, cp. frange
la racine qui, sous forme nasalisée, a produit
de fimbria; pour b devenu/?, cp. ensouple = l'ags. vringen, vringlian, anneler, fri.ser, ou,
insubidum. Le verbe friper aurait donc pour ce qu'il vaut encore mieux de rapprocher, le
acception originelle chiffonner, do là gâter par nord, hringr, anneau (pour nord, hr fr, =
usure, consumer, enfin manger goulûment. cp. les mots freux, frimas, fripe)'i Nous —
— D. fripier, friperie. citons pour mémoire uno conjecture émise
FRIPER, voy. fripe. par Atzler, qui rapporte le mot à l'ail, fnesel,
FRIPON, \'oy. fripe. — D. friponnerie, fri- frisson, le froid fai.sant friser la peau. Le —
ponner. — S'il faut, comme il résulte de terme d'architecture est généralement envi-
l'opinion de Bugge à l'égard de fripe, écarter sagé comme une métaphore do frise, chose
l'idée de «• faire vite »•comme sens primordial plissée. à surface non unie cela parait fondé.
;
nordiques, — D. frocard; enfroquer, ddfro- FRONDE, anc. fonde, it. fainda, esp. honda,
quer. prov. fronda, du L. funda, m. s. D, fron- —
FROID, du L, frigidus [frig'dus), cp. roide, der, lancer des pierres, fîg. blâmer, ci'itiquer.
de rigidus, doit' doigt de digitus. — D. froi- — Un diminutif BL. fondahulum, fondibu-
deur, froidure, refroidir. lum, a donné le vfr. fondieffe, fondi/ie.
emporte plutôt, et surtout dans les applica- FRUCTIDOR, 12" mois du calendrier repu
tions morales, une idée de frottement, de blicain, composition hybride de fructus, fruit,
meurtrissure, qu'une idée de mise en pièces, et de ëupùv, donner.
mais, d'autre part, on ne peut se dissimuler que FRUCTIFIER. -FICATION, L. fructificare,
celle-ci dominait dans l'ancienne langue. — fructificatio.
D. froissement, -ts, -lire; rappelons encore le FRUCTUEUX, L. fructuosus (fructus).
subst. vfr. frais, fruis, fracas, tumulte.
FRUGAL, L. frugalis, modéré, économe.
FROLER, d'après Diez, p, frotler, donc une — D. frugalité, L. frugalitas,
forme diminutive de frotter. Comme on trouve FRUIT, L, fructus. Comme terme de—
aussi frosser p. froisser, une explication par maçonnerie (= inclinaison donnée à un mur),
frosler p. froisseler serait tout aussi admis- fruit est \>o\iYfrit, dont l'origine m'est incon-
sible, mais si froisser (v. e. m.) vient non pas nue. — 1). fruitier, fruiterie.
de/^'îWmre, mais de />n<s^t«m, il fauty renoncer. FRUSQUIN, héritage, avoir. Etymologie
FROMAGE, anc. formage, prov. formatge, inconnue. Prob. un dérivé du vfr. frusques,
fromatge, formaggio, BL. formaticum ;
it. vêtements, effets, nippes.
du L. formaticus, fait dans une forme. L'ac- FRUSTE, de l'it. frusto, usé, vieux ; celui-
cessoire, ici comme dans bien d'autres cas, a ci du L. frustare, prov. frustar, morceler
fini par l'emporter sur le principal. Roque- [frustum-, morceau). Le mot fruste désignait
fort, d'après Barbazan, expliquait fromage par d'abord une chose dont on a enlevé quelques
la formule foras missa aqua, « dont on a tiré parcelles de l'idée entamer à celle d'user, la
;
du \j. forum,
feur, taxe, prix, valeur, et vient FUSIL, it. propr.
facile, fucile, esp. fusil,
en basse latinité =
pretium (voy. forage et pierre à feu, puis pièce de métal pour frap-
afforage). On disait d'abord payer, estimer per la pierre à fou ; enfin, le nom do l'acces-
au fur de l'ouvrage, c.-à-d. selon la valeur ou soire étant donné au principal, arme à feu ;
en proportion do l'ouvrage puis l'expression cp. en ail. flinte, fusil, do flint, silex. Du L.
ment à ". —
« En disant faire qqch. au fur FUSION, L.
—
fusio (fundere); voy. aussi foi-
et à mesure, nous entendons que cette chose son. D. fusionner.
doit se faire proportionnellement et compara- FUSTE, espèce de vaisseau, it., esp., port.
tivement à une autre " (Gachet). Je tiens à — fusta, du L. fustis, bûche, bâton, en BL. =
déclarer que la mutation forum-fur présente arbre, bois. C'est ainsi que le L. lignum,
quelque irrégularité phonétique. bois, a donné lit. legno, navire ; cp. on latin,
fustetum), bois composé do grands arbres; FUTÉ, voy. fût. Kn héraldique, ce mot
puis haute croissance (d'un arbre); 2 KU- se dit d'une arme dont le fut est marqué d'un
TAiiJ.E, vaisseau do bois pour mettre le vin. émail différent du fer. —
Littré fait dériver
3. KUSTER, anc. =
fustiger ; se dit en véne- le sens « habile, expert, rusé »>, do l'anc.
rie de l'oiseau qui s'échappe des bois, c.-à-d. \cvhQ fuster, fustiger, piller; donc battu, re-
de la trappe; de là l'expression futé, fin, rusé ; battu, las, fatigué, .le préfère l'explication
4. AFFÛTER, AFFÛT (v. C. m.); 5. FUTIER, fuS- que j'ai donnée.
tier', anc. charpentier, menuisier, tonnelier, FUTIER, voy. fut.
auj. faiseur de coffres. FUTILE, — L.
L. futilis. T). futilité, futi-
FUTAIE, voy. fût. litas
FUTAILLE, voy. fut. D. enfutaiUer. — FUTUR, L.futurus. — D. futwition [terme
FUTAINE, it. fustagno, frustaçno, esp. moderne didactique], d'un verbe latin fictif
fustan, prov. fustani, espèce d'étoffe croisée futurire.
nommée d'après la ville de Fostat ou Fossat, FUYARD, voy. fuir.
G
GABAN, variété de caban (v. c. m.), i^epro- gabbo, prov. et vfr. gap, plaisanterie, moque-
duisant yabbano.
l'it. rie. Du nord, (suéd.) gabba, tromper. La
GABARE, it. gabarra, petit bateau large et même racine se trouve aussi dans les idiomes
plat: de la même famille que L. gabata, d'où celtiques bret. goap, goab, irrisio. C'est plu-
:
jatte? Le bas-breton a kôbar. — D. gabare.r; tôt à ces derniers qu'il faut ramener la forme
subst. gabaricr; dim. gabarot. pic. gqiiaper et l'expression se guabeler de
GABARIER, t. de marine, façonner une Rabelais.
pièce de bois d'après les indications d'un mo- GABIE, hune, de l'it. gabbia (voy. cage).
dèle du subst. gabari (ou gabarit), modèle
;
— D. gabier, matelot qui fait le guet sur la
de vaisseau, que Littré rattache, je ne sais hune.
comment (par garabi .?;, à l'arabe qalib, moule, GABION, pr. cage, panier, it. gabbione,
forme (d'où fr. calibre). dérivé de l'it. gabbia, cage. — D.gabionner.
de
GABATINE, tromperie, mot populaire
l'it. gabbato [tvom])Q). Voy. gaber.
tiré
1 . GACHE, t. de serrurerie; d'après Devic =
esp. alguaza, gond, penture, qui correspond
GABEGIE, micmac, intrigue. « Ce mot tri-
à l'équivalent arabe al-rezza [r confondu avec
vial », dit Ch. Nodier, qui le définit par ruse,
î7t,que l'espagnol transcrit d'ordinaire par^j;).
fascination, etc., « est d'un usage si commun
dans le peuple qu'il n'est presque pas permis 2. GACHE, truelle, voy. gâcher.
de l'omettre dans les dictionnaires et qu'il est GACHER, détremper, délayer, puis fig.
du moins curieux d'en chercher l'étymologie. travailler malproprement, it. guazzare (vfr.
Il est évident qu'il nous a été apporté par les waschier, aussi = souiller) du vha. waskan,
—
;
que cette dérivation. Gabegie est, selon toute gâcheux, gâchis, flaque d'eau, puis ordure
probabilité, de la même famille que l'anc. fr. causée par un travail à l'eau, fig. désordre,
gabuserie; on le rattachera donc au verbe position désagréable (cp. angl. wash, lavure,
gaber, tromper, railler. puis marais, bourbier). Il faut séparer ce —
GABELLE, d'abord impôt en général, puis mot, parait-il, de l'it. guazzare, qui accuse,
spécialement impôt sur le sel, enfin dépôt de lui, une origine du vha. wazzar (auj. xcasser)
sel, it. gabella, esp., \>vo\. gabela, BL. ga- eau », et dont le subst. verbal eî^t guaszo,
"
bliim, gabulum, gabella. De l'ags. gaful, fr. gouache, peinture à la détrempe (cp. le
gafol, angl. gavel, m. s., qui dérivent du terme lavis).
\cvhe gifan, goth. giban, ail. geben, donner. GADE, du grec yxSoi (poisson de mer).
Cp. le vfr. (lace, impôt, du L. cJatio, don. On GADELLE, espèce de groseille rouge aussi ;
a aussi mis en avant le vha. garba, manipu- gradelle, gade, grade. Ces mots désignent, en
lus, mais l'élision de r devant b n'est pas pro- Normandie, le fruit du ribes rubrum, c.-à-d.
bable d'autres produisent l'arabe qabala,
; la petite groseille. Bien que les gades soient
recevoir, mais l'adoucissement de q initial glabres, Joret n'en croit pas moins devoir
arabe en g est sans exemple, d'après Diez. A rattacher gade au norois gaddr (aiguillon),
cette objection, toutefois, Devic oppose la goth. gazds (id.), donc un » fruit à aiguil-
forme accessoii'e it. caballa, cabella. —
D.ga- lon ... (Rom., VIII, 440). Suchier (Ztschr.. —
beler, déposer le sel à la gabelle gabeleur
;
III, 611) identifie gade, grade avec fr. carde
(popul. gabelou), employé de la gabelle. (en Lorraine gade). Le premier aurait perdu
GABER, prov, gabar, it. gabbare; subst. it. l'r radical, l'autre l'aurait transposé.
GAG — 234 GAL
GADOUE, vidange. Etymologio inconnue; conjecturalement le vha. geinan, ouvrir la
de caduta (cadere), donc déchet? on du = bouche, auj. gàhnen).
bas- saxon kath,gaut, ni. haet, ^«^^^(Kiliaen), GAI, it. gajo,v.esY>. gago, port, gaio.^vov.
vlia. quàt, ail. mod. hoth, m. s.? Notez que gai,jai; d'après Diez, du vha. .^d/îi', prompt, vif
le wallon a r/odait p. jus de fumier. D. gia- — (ail. moà.jûhe, précipité, à'oix jûhzarn, fou»
doitard, vidangeur. gue, emportement). — Littré se demande si
GAPFE, angl. ffaff', croc de fer, esp.,port. le nom propre Gains {\tr. le réjouissant?)
latin
(/afa, prov. ffaf, croc; cp. gaél. ffnf, bret. ne pourrait pas avoir donné naissance au mot
f/wâf, uncus, liamus ferro cuspidatus. Diez roman. —
Baist (Ztschr., V, 247) conteste la
rappelle aussi l'ail, (dialectes du Midi) verbe correspondance it. gajo,
littérale entre esp.
gaifen, tailler en crochet. — D. gaffer. gayo posé par Diez c^mme Littré,
et l'étymon ;
du goth. vadi =• gage, vha. wetti, ags. vedd, gayo, gaya, donc pr. l'oiseau vif, ou l'oiseau
ancien frison ved, gage, caution, promesse. bigarré, car anciennement gai signifiait aussi
De la signification primordiale nantissement, multicolore (les verbes esp. gayar, wall. gaie-
sûreté, se sont déduites les acceptions ga- loter, .signifient encore barioler).
rantie, assurance, promesse, récompense,
GAILLARD, it. gagliardo, esp. gallardo,
salaire. —D. gager, anc. donner en gage, prov. galhard, anciennement =
généreux,
auj. faire un pari (cp. ail. mod. voetten, vigoureux, hardi, a l'air d'être un dérivé de
pai'ier, du vha. wetti, gage); de là gageur,
gai (cp. bai, baiUet), et les formes it., e.sp. et
gagerie, gageure, gagiste. Compo.sés enga- :
prov. pourraient n'être que des assimilation.s
ger (v. c. m.j, BL. invadiare\ dégager, BL. du fr. Néanmoins, Diez préfère rattacher le
disvadiare. mot soit à l'ags. gagol, geagle, hardi, lascif,
GAGNER, \îr.gaaignier,guaignier, d'abord ou au cymr. gall, force, anc. gaél galach,
cultiver, labourer, faire valoir, puis tirer pro-
courage, vaillance. —
D. gaillarde, gaillar-
fit,acquérir; \t. guadagnare, \)rov. gasanhar
= dise, ragaillardir. —
Gaillard, comme t. de
p. gadanJiar, v, esp. guadaîiar mois- marine, est le même mot; la locution com-
sonner. Toutes ces formes viennent soit direc- plète es^'t château gaillard, château fort.
tement du verbe vha. weidanon ou plutôt to«-
GAILLET, plante, variété do caillet, d'après
danjaix, chasser, pâturer, soit du \\\a..weida,
Littré, contraction de caille-lait.
chasse, pâture, à l'aide du suffixe roman a^n.
GAIN, voy. gagner. Il faut distinguer ce
En ail. mod. le verbe weiden signifie paitre,
mot du vfr. gaïn, qui est le simple de regain
et l'anc. subst. wcide, chasse, est encore con-
(v. c. m.).
servé dans wcidmann, chasseur, weidvoerh,
travail de la chasse. Le sens primordial de GAINE, contraction de vfr. gaine, Hainaut
gagner se rattacJie donc aux travaux soit de icaine, it. guaina, cymr. gwain ; du L. va-
la vie agricole, soit de la chasse, puis atix ac- gina, m. s. —^D.gainier, engainer, 7'engai
quisitions qui en résultent ainsi faire paître,
:
ner, dégainer.
exploiter un champ, i-écolter, d'où acquérir GALA, mot étranger; répond 4 it., e.sp. et
en général. L'acception labourer, cultiver, port gala = magnificence, faste, réjouis-
est encore vivace dans gagnage, pâturage, sance, parure, grâce. Le correspondant vrai •
profit, L. vindicare, —
grec y.ipS^xhuv, ga- esp. galon, fr. g.vi.on, pa.ssementerie de luxe,
gner. — Le subst. verbal de gagner est fr. : ornement de parade (cp. feston de feste, fête) ;
gain ,\îv gaaing it.guadagno, Y>rov.gasanh.
, 2. vfr. galois, aimable, gentil, poli, répon
— .
Bopp rattache le L. venari, chasser (p. dant à un type latin galensis ; il est remplacé
vednari), à la même famille weid, d'où s'est aujourd'hui par la forme galant, it. galante,
produit le roman guadagnare d'où gagner. Il esp. galante, galan, galano; voy. aussi réga-
se peut que l'angl. gain, malgré sa ressem- ler. Quant à l'origine du vfr. gale, nfr. gala,
blance avec la forme française actuelle, soit laetitia, voluptates, epulae, facetise, Diez, d'ac-
d'une autre extraction (voy. le Dict. de Millier), cord avec Diefenbach, lui assigne le \\\&.geil,
— La forme esp. ganar, acquérir, gagner, luxurians, pinguis, libidinosus (en Autriche,
n'est pas le môme mot que guadagnare; c'est le mot geil signifie également gai, réjoui),
ganare, m. s., dont on trouve l'emploi
le 'QV,. ags. gâl, gai, alerte; subst. vha. geili, faste,
déjà dans un document de 747, et qui dérive luxure. Le sens foncier est donc plaisir, joie.
du subst. gana, désir, dont Tétymologie est — Suchier, vu l'initiale w que gale et galer
encore enveloppée d'obscurité (Diez indique ont eue en premier lieu, préfère comme pri-
GAL 235 GAL
mitif l'angl. iceale, bonheur, opulence, au moy. GALÉASSE. voy. galée.
néerl. wale. —
Le verbe latin gallare, em- 1 . (ancien nom des bâtiments ap-
GALÉE
ployé par Varron ap. Non. Marc, pour bac- pelés plus taYi\. galères), prov. galea, galeya,
chari, est distinct de notre mot et se rapporte gale, it. et anc. esp. galea, port, gale, dan.
aux prêtres de Cybèle, appelés galli. galleye, ni. galei, angl. galley ; V>L,. galea,
GAL ANE, genre de plantes; altération de gnleia,galeida. Voici les diverses étymologies
chelonc (gr. Xs^wv/?, tortue). mises en avant sur ce mot : gr. -/yl?,, belette,
GALANT, anc. galand (Lafontaino a dit à cause de la rapidité de la marche (Ménage)
au féminin galandc), voy. gaia. Il faut — — gr. yà).-/;, mot cité par Hésychius avec le
abandonner 1 oiym. tirée du L. valens, d'après sens de galerie, à causé de la longueur de la
laquelle <7rt/a;î^ équivaudrait àvaiî/ant. Dans galée ;
— L. galea, casque, la galée étant
le mot galant et son dérivé galanterie, .se comparée à un casque retourné, ou bien parce
des.sine le culte de la femme dans ce qu'il a de que le vaisseau qui portait Ovide tirait son
noble et d'élevé, aussi bien que dans ce qu'il nom « a picta casside " arabe chah, ;
—
présente desen.suel. Voy. à ce sujet le Dic- ruche, grand navire (Muratori) enfin ya).so;, ;
tionnaire philosophique de Voltaire au mot requin (pour cette assimilation, Diez cite un
galant. —
D. galanterie, d'abord qualité, ancien texte décrivant ainsi la galée lignum :
procédés, attentions d'un homme galant; puis a prora prsefixum habet et vulgo calcar dici-
paroles flatteuses, petits présents de bijoux tur, quo rates hostium transfiguntur percus-
que l'on se fait par politesse ; aussi intrigue sse). Il est difficile de se fixer sur aucune de
avec une femme, etc. (toutes les acceptions, ces opinions, dont aucune, d'ailleurs, ne tient
nobles ou basses, de ce terme se rapportent compte du BL. gçileida (mha. galeide) et ga-
en dernier ressort aux relations de l'homme ledellus. —
D. galkasse, it. galeazzo, esp.
avec la femme); galantin, homme ridicule- port., galeaza; galion, it. galeone, esp. ga-
ment galant galantise' =xz galanterie, d'où
; leon, port, galeào; g.u.iot*, gauote, it. ga-
galantiser, faire la cour aux dames(terme bas). leotta, port, galiota.
GALANTINE (c'était à l'origine une prépa- 2. t. d'imprimerie, ais à rebord,
GALÉE, en
ration de poissons), du BL. galatina; ce n'est où compositeur met les lignes à mesure
le
donc qu'une forme variée de gélatine; cp. qu'il les compose; c'est le même mot que le
l'ail, gdllerte, gélatine. préc. l'ail, appelle de même la galée, schiff,
;
GALBANUM, " donner du galbanum, bailler c.-à-d. bateau; l'angl. ait galley.
le galbanum » =
trom.per, duper. Cette fiiçon GALÈNE, du gr. va)vivv).
de parler peut avoir été prise, dit de Rrieux, GALER, gratter; est-ce le primitif ou le dé-
de ce que, pour faire tomber les renards dans rivé de gale? D'après ce que j'ai dit sous gale,
le piège, on y met des rôties frottées de gal- on est en droit de poser la question.
banum, dont l'odeur plaît extrêmement aux GALÈRE, it.. esp., port., prov. galera ;
renards et les attire au lieu où ils en sen- prob. un dérivé du même radical qui a donné
tent. Selon d'autres, la locution vient de ce gctlée. L'étymologie L. galérus, chapeau,
que la gomme-résine àitegalbamcm (motlatin, casque, n'a pas plus de probabilité qnegdlea.
du gr. yccX^x-jfi) était considéi'ée autrefois casque, pour galée, bien que l'accent s'y prête
comme une panacée universelle. davantage. D. galérien. —
GALBE, anc. garbe, guerbe, contour gra- GALERIE, it. galleria, esp. galeria, port.
cieux, bonne grâce, agrément. Le mot vient galaria, salle plus longue que large, corridor,
du vha. garawi, garvoi, ornement. Diez, né- allée. Le Bh. galeria (il remonte au ix^ siècle)
gligeant la circonstance que l'on .s'est servi de présente les acceptions maison élégante, puis :
garbe avant galbe, fait venir ce dernier, qui, lieu enfermé, cour. D'après Diez (2'' et 3^ éd.),
en effet, est proprement un terme d'architec- du gr. yâ>ï7, sorte de galerie, par le canal
ture, du mha. walbe (auj. toalm), courbure d'un dérivé galera. On avait autrefois —
du toit du côté du pignon. proposé l'ail wallen, marcher solennellement ;
.
GALE, maladie cutanée; Nicot dérive ce puis le verbe galer', festoyer (voy. gala),
mot du L. calliis, peau dure, et effectivement donc propr. salle de fête. Littrô, tout en —
le BL. dit callosus = galeux.
Cette étymolo- prenant en bonne considération l'étym. de
gie est correcte à la lettre, et s'appuie en outre Diez, rappelle le BL. galilœa, vfr. galilée,
du rouchi gale =^ cal. durillon. Néanmoins, signifiant long portique, nef d'église, dont
Diez croit devoir rapprocher les termes ail. ^a/(?Wa pourrait s'être produit par corniption.
galle, partie endommagée, tache, angl. gall, — Le vfr. galerie signifie réjouissance et est
écorcher. En faveur de cette étym., on peut un dérivé de gale fvoy. gala).
rappeler le vfr, rasche, gale, du prov. rascar, GALERNE (vent de) vent du nord-ouest, =
gratter vfr. gratelle de gratter; ail. hràtze
; esp.. port, galerno, prov. galerna, bret.
de kratzen, gratter. Voy. aussi 'galer. Che- gwalarn. La racine est gali qui signifie en
vallet cite le bret. gai, gale, et le gaél. gall, irlandais souffle du vent, et en anglais, sous
éruption en général reste à savoir si ces mots
; la forme gale, vent frais. La terminaison de
sont réellement celtiques. Pictet invoque l'irl. galerne fait supposer que ce mot a d'abord été
galar, maladie. —
Les mots it. galla, esp. employé dans le midi delà France (Diez cite
agalla, tumeur, se rapportent plutôt au L. bolerna, tempête, buerna, brouillard, su-
galla, noix de galle, excroissance de feuilles berna, courant), mais le radical parait celti-
de chêne. —
D. galeux. que, bien que Nicot ait pensé au L. gelare
,
GALETTE, it. galetta, prov. galeta, voy. non, mais une espèce de sabot; j'ai porté moi-
galet. même des galoches à semelles de bois, et d'ail-
GALIETTE (mot du nord de la France et de leurs l'esp. galocha s'emploie pour sabot. —
la Belgique^, morceau de houille de moyenne Dans les derniers temps, notre mot a été étudié
dimension; aussi gaillette, gayette. Etymo- par Mussafia (Beitrag, p. 62); il ne sait pas se
logie inconnue du même radical que caillou î
;
décider entre ^a//ece et calones « calcei lignei »
— D. gailleteries. (ap. Festum); quant à calopodium, il ne le
GALIMAPRÉE, anc. calimafree (Ménagier repousse pas absolument, mais pense qu'il
II, 5), ramassis de toutes sortes de viandes, faudrait, en l'admettant, admettre aussi que
les formes ital. sont tirées du français. G. Pa-
plat grotesque; d'après Darmestcter (p. 113),
composé de la particule péjorative cali (cp. ris approuve l'étymon calopia p. calopodia
tache au flam. maffelen, moff'ele», agiter ses GALON, voy. gala. D. galonner. —
joues. Cp. l'art, suiv. GALOPER, it. galoppare, esp. port, galopar,
GALIMATIAS, discours embrouillé et confus. prov.galuiipar ; du vlia. hlaiipun, courir
D'après Huet, ce mot vient du quiproquo d'un (ail.mod. laufen) avec le préfixe ga : vha.
;
avocat qui, plaidant en latin pour le coq de gahlaupau ags. gehleapan. D'après Wacker-
,
Mathias, à foi'ce de répéter Gallus et Mat- nagel, du vha. gaho lilaupan, courir rapide-
thias et voulant dire gallus Matthiae, vint à ment. —
D. galop, subst. verbal, prov. cat.
dire galli Mathias, ce qui fit rire tout l'audi- galop, galoppo; galopade; galopin, nom
it.
toire; de manière que l'expression se fixa donné dans la fable au lièvre faisant office de
pour signifier un discours embrouillé. Nous courrier, plus tard =
petit commissionnaire,
pensons que cette histoire est forgée pour le marmiton, puis petit polisson qui trotte dans
besoin de l'étymologiste, et que galimatias est les rues, etc.
#
GAN 237 — GAR
= vfr. gambe, auj. jambe (v. c. m.). — crochet. Le hongrois gants parait emprunté
D. gambader. du français.
" GAMBESON, GAMBOISON, sorte de vête- GANT, vfr. want, it. guanto, esp., port.
ment qu'on portait sous le haubert (on champ. guan, BL. tcantus, v. flam. wante; mot ger-
^a»iè/6'on, vêtement doublé, piqué;; c'est un manique nord, vôttr (qui équivaut d'après
:
meUa, espèce de vase à boire. il est vrai, à prouver que le grec à/yj&cvo;
GAMIN, mot d'introduction récente, d'ori- (vrai) était de même employé dans le sens de
gine inconnue. Le mot serait-il ^ponv gambhi, couleur rouge, mais je n'ai pu m'en assurer.
de gambe, jambe, donc trotteur, qui court les — D. garancer, -ière.
rues? 11 est bon de rappeler le terme picard GARANT, vfr. warant, anc. it. guaretito,
et rouchi galmite =
gamin gamin serait-il
;
es]), garante, ^vov. guaran, guiren, BL.toa-
peut-être '^.galm.in; mais alors, que veut dire rens, anc. frison icerand, warend, flam. loae-
cette racine gai ? Le fait est qu'elle se repro- rande; du vha. weren, anc. frison xoara,
duit dans le wallon galapia, vaurien, garne- xcera, faire prestation, cautionner, garantir.
ment, vfr. gaJose, drôle, vaurien, dauphiné — D. garantir (angl. warrant), d'où subst.
galistran, fainéant, etc. Atzler rapporte gai garantie.
à la racine germanique gai, signifiant crier, GARBE, anc. forme pour galbe (v. c. m.).
faire du bruit. —
On a aussi pensé à l'angl. 'GARBURE, potage épais; Littré le rappro-
gante, jouer. En dernier lieu, nous enregis- che de l'esp. garbias, ragoût. J'ajouterai
trons l'opinion d'après laquelle gamin aurait l'angl. garbage of a fowl, la petite oie.
signifié en premier lieu un simple soldat, GARCE, garse' , autrefois fille en général,
puis aide-ouvrier, enfin enfant, et qu'il vient servante, auj. terme d'injure; c'est le féminin
de l'ail, gemeiner, simple soldat. Voy.Arc/ie» du vfr. gars, prov. gartz, sens primordial =
fur clas Studimn der neueren Sprachen, L. puer, puis serviteur, manouvrier, au fig.
XLL 229. —
D. garniner, -erie. et en mauvaise part. =
fripon, goujat. Dans
GAMME, du grec gamma, nom de la troi- le dialecte du Jura, gars, garse signifient fils
sième lettre de l'alphabet grec. Gui d'Arezzo, et fille, sans aucune mauvaise acception. On a
inventeur de la gamme, ajouta le g comme produit différentes étymologies. Pott, et après
septième à la .série des lettres a, b, c, d, e, f, lui Gachet et Littré, alléguant la forme prov.
qui lui sei'virent à, noter ses tons ou inter- guarz, défendent la provenance celtique et
valles. C'est cette septième note g (en grec rapportent le mot au breton gioercli, virgi-
^awi»m), conclusive de la gamme en a (ou la), nal. Chevallet remonte au vha. vair, homme.
qui a donné le nom à la séi'ie d'une octave. Diez rejette l'une et l'autre de ces opinions,
GANACHE, de l'it. ganascia, forme péjora- prétendant que les initiales ail. v ou et w
tive du L. gêna, joue. —
D'où vient le sens celt. gw auraient produit en ital. guarzone
figuré et injurieux de ce mot? Exprimc-t-il et non pas garzone. Il pense que le mot est
réellement l'idée d'un homme à la mâchoire latin etcache une métaphore. Par conséquent,
pesante, comme le pensait Ménage ? On est il le place, ainsi que son dérivé garçon, it.
en droit de l'admettre, puisque Littré dit que garzone, sur la même ligne que l'it. garzo,
« mâchoire a le même sens figuré.
»• Re- — dim. garzuolo, cœur de chou, milanais ^«r-
monter au vha. ganazzo (ail. mod. gans), zoeu, bouton, jeune pousse, et lombard gar-
oie, serait par trop hardi. ^on,laiteron. Or, ces mots viennent du L. car-
GANDIN, dandy ridicule, du nom d'un per- duus, chai'don. Le mot garçon figurerait
sonnage de vaudeville. ainsi l'idée d'une chose non développée, et
GANGLION, gr. yà/y/nv. serait une expression analogue à l'it. toso
GANGRENE, it esp. cangrena, du L.gan- (de tonsus), d'où vfr. tosel, garçon, ou au
—
,
grœna =
gr. yàyypaivct, m. s. D. gangre- fr. petit trognon
(cp. ail. kleiner biltzel),
neux, se gangrener. enfin au gr. qui signifie à la fois l'eje-
xo'po;,
GANGUE, tei^me de mines, it. ganga, de ton, pousse et garçon. Diez, en faveur de son
l'ail, gang, allée, galerie. étymologie, se prévaut encore do ce qu'à
GÀNIVET, voy. canif. Milan garzon signifie non seulement garçon,
GANSE, aussi gance. L'étymologie de ce mais aussi une plante chardonniôre. Toute-
mot ne m'est pas connue, mais bien certaine- fois, sa manière de voir (à l'appui de laquelle
ment il ne vient pas du L. ansa, anse, cava- on serait tenté de rappeler le fr. chou, en tant
lièrement mis en avant par Roquefort. Diez, que terme de caresse) n'a pas trouvé grâce
se fondant sur le sens « lacet servant de bou- chez d'autres philologues compétents. Ainsi
tonnière, accrochant le bouton », pense que G. Paris, arrêté par une forme warçon, citée
le mot pourrait être l'it. gancio, esp. gancho, par Roquefort, soupçonne une origine germa-
,
l'identité de gars avec jars, gars (oie). — produite, faut-il croire, sous l'influeuco de
D. ga7'çon, il. garzone, esp. garzon, port. garga7-isare. On la trouve encore dans it.
garcào. gargagliare, gargozsa, pour gorgogliare,
GARCBTTE, t. de marine, petit cordage; gorgossa. —
D. gargouiller, verbe désignant
de l'esp. garceta, dont l'oriprine est inconnue ; le bruit que fait l'eau en passant par une gar-
l'angl. dit gaskct, gaschette (plur.).
l'it. gouille, d'où gargouillis.
GARÇON, voy. garce. —
D. garçonner, GARGOUSSE. Ce mot se rattache prob. au
-aille, -ii-re. même radical garg, d'où procède le mot pré-
GARDER, vfr. et dial. warder, it. giiar' cédent et qui implique l'idée de cavité allon-
dare, esp., port,, prov. guardar, du vlia. gée. Il parait être fait sur le patron de l'it.
warten, faire attention, veiller sur. — gargozza, gorge, gosier. Par une métaphore
D. garde, esp., it. guardia, prov. guarda analogue, on appelait au xvii* siècle des cu-
= goth vardja,y\\ii. toarta et (masc.)ic>a7'to; lottes àc^garguesques Ou bien le mot serait-
— gardien, it. giiardiano, esp., prov. giiar- il une corruption de cardousse, qui représen-
GARENNE, lieu où l'on conserve des lapins d'après Ménage, suivant en ceci d'autres de-
(anc. = bois, vivier, étang, auxquels était vanciers, de ce que les fainéants et gens inu-
attaché un droit do chasse exclusif; tenir en tiles ne servent que \Mur garnir, c.-à-d. pour
garenne =
tenir en défense), aussi vareiine, renq)lir et fournir le nombre voulu d'hommes.
vfr. loaretine, BL. warenna, angl. loarren, Mieux vaut, avec Littrô, déduire cette accep-
ni. warande. Si le mot, conmie il y a lieu do tion de celle de garnemoit, défense et défen-
croire, vient du vfr. garer, warer, il faut seur, de là mauvais garnement, mauvais sol-
voir, selon Dicz, dans la forme garenne une dat, généralisé en mauvais sujet.
corruption de garine, cp. vfr. gastine, giier- GARNIR, it. guarnire, guernirc, v. esp.
pi ne, liaïne, autres subst. dérivés de radicaux guarnir (auj guarnecer), prov. garnir,
.
songer à caro cocta, chair cuite, donc endroit iiant, Angli vero vere-wolf >», dit Gervasius
où l'on donne à manger chaud; mais il fau- par Ducange. Ce mot anglo-saxon
Tillib., cité
drait j)our cela un intermédiaire italien ca7'- vere-wolf, qui est en effet le primitif du vfr.
cotta. Sans rien préjuger sur le rapport éty- garoul (cp. lluoid de Radulphus), et qui est
mologique, je crois ne pas devoir omettre conservé dans l'angl. were-wolf, ail. wûhr-
BL. gurgutia (vii« siècle) « loca ubi convivia wolf, signifie litt. homme-loup, gr./o/âv&pwTro;.
turpia tinnt «. —
D. gargoter, gargotier. le loup garou est donc une composition
fr.
toastel,
breton gwastel,
m. s.
prov.
Cp. ail wabe, rayon de miel. — D. gaufrer.
GAUGALIN, p. galgalin, du L. gallus-gal-
GATER, guaster, it. guastare, v. esp.
vfr.
lina, poule-coq.
port., prov. ^uai'tor.angl. waste, piller, rava- pic. gaugue,
GAUGE, dans noix gauge,
ger, détruire; du L. vastare, ravager, en noix, pr. noix éti-angère du vha. toalah,
basse latinité =
endommager. Vax vfr. on — ;
L. vallus, pieu. La
cps. de'gâter, L. devastare, d'où dégât.
mutation du L. v en fr. g se trouve encore
GATTILLIER, arbrisseau scientifiquement dans gaine et gâter. Le mot se trouve aussi
appelé « vitcx: agnus castus -., vient de l'esp. dans les langues celtiques bret. gwalen,
:
sau3 (= salixigatillo, qui a la même valeur. cymv. g wialen. Lefr. gaule parait avoir donné
Ce gatillo a l'air d'êti'e le dim. degato, chat, l'angl. goal, pieu marquant le but de la lice.
mais le terme esp. parait être une altéi'a- Notre mot n'est pas connexe avec le vfr.
tion populaire de agno castil, qui se trouve gaut, gault, bois, forêt ('primitif de vfr. gau-
en portugais à côté de agno casto (Bugge, dine, bois), leciuel vient de l'ail, wald. On a
Rom., IV, 357). eu tort de l'y rattacher. L'étymologie du L.
GAUCHE, V. angl. gauk; l'angl. gauUc caulis, tige, est également fautive. D. gau- —
hand ^dialectes), main gauche, autorise à pré- lette, gauler, gaulis.
supposer l'existence d'un vfr. gale; cp. en wall. 2. GAULE, du L. Gallia. La diphthongue
frère wauquier (= waJquier), frère gaucher, au vient de la résolution du premier / en u;
demi-frère. Diez rapporte le vfr. gale ou walc voy. l'art, préc. —
D. Gaulois. Il est bon —
au vha. loelk, faible, fatigué, ce cpii est par- de rappeler ici que la syllabe gai, dont les
faitement admissible tant pour la forme que Latins ont fait (?a//iw, est identique avec wal,
pour le sens. D'autres langues encore rendent qui se trouve dans le vha. walh ou walah,
la main gauche par un mot exprimant fai- non-allemand, employé déjà au viu« siècle
blesse ; ainsi l'it. dit stanca, la fatiguée, et pour désigner lespeuples romanlsés, puis dans
manca, l'endommagée, la défectueuse, l'esp. l'angl. Wales, et dans notre wallon {v. cm.).
a zurda, la soui-de (qui n'obéit pas), le n. Les Allemands appellent encore aujourd'hui
prov. man senèco, la vieille, la décrépite. wulsch{\). wulisch) tous leurs voisins romans,
— D. gaucher, gaucherie; verbe gauchir tant italiens que français.
(v. c. m.). GAUPE, femme malpropre, vfr . toai<pe;d'aprè3
GAUCHIR, sortir de la ligne droite, détour- Diez du V. angl. wallop, morceau de graisse.
ner le corps pour éviter un coup, fig. ne pas Je ne puis souscrire à ce que dit Trippault :
.
GAVOTTE, danse originaire des Gavots, des gênes trop cruelles ». Dans les temps
habitants du pays de Gap. modernes, le terme a bien jierdu de .sa force
primitive la torture, l'enfer, sont devenus
GAZ, fluide aériforme et élastique. Ce mot, ;
inventé le mot gaz arbitrairement, toutefois gelée (it. gelata, prov. gelada, esp. helada) ;
sous l'influence du mot chaos des anciens dégeler ; engeler.
(Kuhn, Ztschr. XX, 303). —
D. gazeux, GÉLIF [bois gélifs sont des bois fendus par
gazéifier, gaséifortne. les grandes gelées), d'un adjectif gelivus *,
GENET,
petit cheval d'Espagne, vfr. ginet, et le subst. collectif gentilitê (employé par
it.ginneito ; aelon toute probabilité du L. gin- Bossuct) p. les nations païennes. Dérivés —
nus, mulet. —
D. adv. à la ge^iette. de gentil : subst. gentillesse; adj. gentillâtre
GENET, genesf , champ, genistre, ail. = de noblesse douteuse. Notez l'élision de 1'^
ginst, ginster, e^i.ginesta, hiniesta, it.gines- dans l'adv. gentiment, p. gentilment. On sait
tra; du L. ginesta, m. s. —
D. ge7iétière ; que dans l'ancienne langue les adjectifs pro-
genestrnlle. venant d'adjectifs latins en is n'avjiient pas do
GÉNÉTIQUE, du gr. yzvizn;, générateur. forme distincte au féminin; gentilment repré-
GENETTE, espèce de civette, angl. genêt, sente donc correctement l'adverbe de gentil.
jennet, gineta; de l'arabe âjerneyth.
cs\i. Le composé gentilhomme, conformément à la
GÉNIE, voy.le mot cn^iH, .signification primitive de gentil, par laquelle
GENIÈVRE, vfr. genoivre, it. ginepro, il est l'opposé de vilain, do roturier, signifie
])ort. zirnbrv, angl. Juniper, néerl. jenever; un homme de noble extraction. Les anciens
du L,Jumperi(s. —
D. genévrier; genévrette. di.saicnt même gentilfemme, gentifemme, et
GiiiNISSE, vfr. gcnice, wall. ginihe, prov. plus tard gentillefemme. Les Anglais ont
junega. Du L. junix, -ieis. Uu atone s'est rendu gentilhomme par gentleman, devenu
assourdi en e comme dans genièvre de Juni- pour eux, avec le temps, synonyme de mon-
per u.^. sieur.
GÉNITAL,L. gcnitalis (de genitum, supin GENTILHOMME, voy. gent. — D. gentil-
de génère', forme primitive, d'où, par le re- hommerie.
doublement de la syllabe initiale, gignere, en- GÉNUFLEXION, mot néo-latin, tiré de
gendrer). Le supin genitum a produit encore flectere genu, genou.
fléchir le
genitivus, d'où fr. génitif, puis gcnitura, fr. GENUINE, angl. genuine, du L, genuinus,
génilure. naturel, non falsifié.
16
GER — 242 GIB
GÉODÉSIE, grec yîwoantx, mot scientifique, rhénans, nous n'avons pas à nous en occuper
foi'iné do yô, terre et Suioi, partager, donc litt. ici; cependant, nous jugeons convenable de
partage des terres ou des surfaces géogxo- ; rappeler que Jacques Grimm s'est inscrit en
siE, connaissance de la terre (yyj, yvwji;), (/éo- faux contre l'étymologie d'après laquelle ger-
ffnoste (gr. yvùïT»);, qui se connaît en), -iqiie ; manus serait un composé de gér ^^ hasta, ot
GÉOGRAPHE, gr. yîojypaj,©; (y»), y/5àj?w), qui dé- rnan =
homme. Le célèbre linguiste a démon-
crit la terre, d'où géographie : géologue, litt. tréque ce nom a été donné aux Allemands
qui traite de la terre [yr,, l6-/oi), d'où géologie, non pas par les Allemands eux-mêmes, mais
-iquc; géométrie, gr. yr^/iST/sia (/à. fUTpku), par les Gaulois, d'après une (jualité domi-
art de mesurer la terre, d'où géomùtrc, géo- nante qui frappait le peuple chez lequel les
GERBE, vfr. garbe, jarbe, prov., esp. droit où la laie était en gésine, "
garba, du vlia. gaiba, ail. mod. garbe, m. s. GESSE, du L. vicia, vessc, ail. wicke. Cp.
— D. gerber, p. // =
r, givre (de vipera).
GERCER, dans quelques dialectes jarcer; GESTATION, L. gestatio, action do porter.
d'après Uiez, du L. carptiare ", arracher, tiré 1. GESTE, mouvement du corps, du L.
de carptns, part, do carpcre. Littré préfère gestus [i^iiveve), m. s., dont le dim. gesticulas
l'ét. BL. charaxare, scarifier (c'est le gr. a donné gcsticulari, fr. gesticuler.
yypin.'S'Jîvi, gratter), mais la lettre ne la recom- 2. GESTE, dans « les faits et gestes », du
mande guère. —
Baist identifie Jarwr avec plur. L. gesta (gerere), les choses faites; de là
esp. saijar, sajar, et présume une forme nor- cliansiin de geste, et //eA"<<j tout court.
male esp.^arsa?', qui dériverait du subst. gr. GESTICULER, voy. geste 1.
otat/ssîij (incision chirurgicale). Cela reste pure- GESTION, voy. gérer.
ment conjectural. — D. gerce (subst. verbal), GIBBEUX, du L.gibbosus {do gibbus, bosse).
nom d'un insecte rongeur; gercenx, gerçure. — I). gihhosité.
GÉRER, mot d'inti'oduction moderne, du L. GIBECIÈRE, e.st présenté par Diez comme
gerere, qui avait déjà l'acception moderne un dér'wé de gibier ;\e\îv.gibecer, aller à la
conduire, administrer. — Du h. gestio, snhst. chasse, appuie cette étym. cependant, il se ;
de gerere, vient le fr. gestion, administra- pourrait bien que cette parenté ne fût qu'aj)-
tion . parente. Le fait est que l'on employait le mot
GERFAUT, BL. gerofalco, gyrofalcus, ainsi pour des poches de toute destination. Dans la
nommé, dit-on, à cause de son vol tour- latinité du moyen âge, je trouve giba =^
noyant d'autres ont expliqué l'élément gero
; capsa, arca, thcca reliquiarum; c'est de là
par hiero (du gr. «po,-, cp. fr. sacre), ou par que semblent provenir gibecière (type giba-
XÛ015;, dominus. —
La vérité est que le BL. caria) et giberne. Quant à giba, il vient peut-
girofalcus est tout simplement un mot façonné être du L. gibbus, bosse, à cause de la forme
d'après l'ail. geierfaJk, gerfalk, gierfalk, qui convexe de l'objet, ou parce qu'il forme bosse
est un composé de gdei' (vha. gir), vautour, et sur la personne qui le porte. On ne peut tou-
falk, faucon. tefois se défendre de rapprocher de gibe,
1. GERMAIN, adj. déterminant un degré de gibecière ot giberne les mots grecs synonymes
parenté, du L. germanus, frère. zi'SSk, /.îSi7i:, aussi ziSvj-i;, /.iSuîi; et l'arabe
à L. vibrare, soît à la forme nasalisée vim- ture à l'égard de l'étymologie àQ gibier; Ca-
brare (constatée dans de vieux glossaires). Du chet en a osé présenter une qui certes n'est pas
sens " vibrer, branler, tourner » s'est développé dépourvue de probabilité. Il voit à&ns, gibier
celui de « forer », comme, en ail., drillen si- d'abord un verbe, ayant pour signification
gnifie à la fois tourner et foret. Le verbe forcer l'oiseau que l'on poursuit (Ducange cite
gibier (d'où subst. yiblet, gibelet comme foret un mot latin gibeiiit qu'il traduit par cogat),
de forer) est donc =
vibler (r étant changé puis il en rapproche
vieux mot gibier de la
le
en l) ; pour l'initiale gi, f/ui =
h. vi; cp. [/ivre, langue d'oïl signifiant action de se démener,
guivrc == L. ripera. de regimber. De là il arrive à supposer une
GIBELOTTE, ragoût de volaille ; en wallon, racine gib exprimant lutte, violence d'où :
angl. giblets, qui répond au vfr. gibelet. La démener, puis le composé vfr. regiber (notre
source du mot est. inconnue. moderne regimber), récalcitrer. Mais d'où
GIBERNE, dér. de l'it. giberna;vo\. gibe- faut-il tirer cette racine gib i Ce problème est
cière. Bugge (Rom. IV, 357) cherche à dé- encore à résoudre. Peut-être ^tôter, chasser,
montrer l'identité decemotavecle BL. zaberna est-il congénère avec un mot gibet indiqué
" arca ubi vestes ponuntur aut quodlibet aliud par Ducange (au mot gibetum) d'après quel-
armariolum, vestiai'ium. » Quant à zaberna, ques textes poétiques et qui exprime une
ce serait une variété de zabaria, zabarium, espèce d'arme (voy. l'art, gibet). Par une —
bas-grec i,%-iv^^v.o-i (i-j S, «î C^S«i, at îtiiv ctt).» conjecture habilement soutenue, Bugge (Rom.
~5)s//iyà, irro'/.îtvTzt). IV, 358) rattache le verbe gibier à un type
GIBET, angl.gibbet, de l'it.
vfr. auiiiii juibet, *capicare tii'é de BL. capiis, faucon, en rap-
giubbetto, m. qui est un dimin. de giubba,
s., prochant angl. to hawke, chasser à l'oiseau, de
veste, camisole. Dicz voit dans cette dénomina- hawk, autour, faucon. Pour expliquer ca
tion du supplice désigné par giubetto une devenu gi, il s'en réfère à girofle caryo- =
plaisanterie populaire, par laquelle on aurait 2)hyllum et à degingandcr milanais scan- =
appelé la corde du condamné « sa petite veste » chinà. Le p changé en b (au lieu de v) ne
11 rapproche à ce sujet le mot correspondant imrait pas l'arrêter.
espagnol _;'w^0H, qui signifie à la fois pour- GIBOULÉE étymologie inconnue. En dé-
—
;
point et la peine du fouet. Quoi qu'on pense sespoir de cause, les lexicographes invoquent
de cette étymologie, il faut rejeter celle de un mot grec yo^oH signifiant trait lancé subi-
Yarahegibel, montagne, que l'on fonde sur ce tement mais, à part la singularité de cette
;
que les gibets sont d'ordinaire érigés sur les métaphore, le mot grec a le tort de faire dé-
hauteurs. —
On a aussi pensé aune connexité faut, du moins dans les dictionnaires à ma
avec l'ail. %cippen, trébucher, balancer, don- disposition. Pour nous en consoler, consultons
ner l'estrapade; mais il faudrait alors les Ménage, qui nous dira que giboulée vient de
formes guibctto, guibct. Littré, doutant — nimbus, lequel aurait pris successivement les
qu'un mot qui se trouve dès le xiii*' siècle costumes suivants nimbuliis, nimbulata,
:
gibier s'appliquait plus spécialement à la vo- it. aggueffare, anncxere, pr. attexere, le mot
laille, mais déjà Nicot remarque que le mot vient du germanique weifen, tisser. Voir Diez
s'est " entendeu à toute beste poursuivie ou s. V. aggueffare.
prinse à la chasse, soit rousse, soit noire « GIFLE, claque sur la joue; ce mot gifle,
L'étym. du mot reste encore à fixer. Celle qui aussi giffe, a signifié d'abord la joue même,
figure dans la plupart des dictionnaires, d'où gifjlard joufflu. Comme l'avait déjà
,
savoir cibaria, représente le gibier comme de avancé Grandgagnage pour le wall. chife,
la mangeaille en général elle n'est entachée
; le mot représente l'ail, kicfe, kicfel, kiefer,
que d'une seule faute, mais suffisante pour la inaxilla, branchia voy. aussi Bugge (Rom.
;
peur d'être fait roi. triangle à pointe longue (t. de blason) sens ;
en forme d'anneau ;
peut-être de la même fa- s'étend de la ceinture aux genoux d'une per-
mille que l'it. ciarnbeila, espèce de craquelin sonne assise. Gachet (sous gierons) s'étend
en forme d'anneau. —
On peut aussi rattacher longuement sur ce mot pour démontrer qu'il
gimblettc à l'angl. gimmal, double anneau, signifiait chez les trouvères les pans, coupés
qui vient de « annulas gemellus >» en pointe, à droite et à gauche de la robe ou
GINGEMBRE, it. gcngiovo, ze^izero, zcnso- de la tuni(|ue, ce qui explique la valeur du
GIV — 245 — GLA
prov. f/iro dans l'ai't liéraltlique. Il pense s'expliquent aussi les formes vfr. wivre, cymr.
avec raison que le sens de gremiiun attaché gwiber, bret. wiber.
au mot actuel et même au mot ancien, est dé- GLABRE, L. glaber, ras, chauve.
duit de l'acception « pans d'habit ". Diez — GLACE, L. glacia p. glacies. D. glaçon; —
tire ^«'OH d'un vha. gèro (accus, pèrun], qu'il ycrhe glacer, L.glaciare glacial, L. glacialis;
:,
suppose avoir existé à juger du mha. gère, glacier, -ère ; glacis, talus, pente douce et unie
pan, pointe d'habit, anc. frison gare, m. s. (litt glissante, car ce dérivé se rapporte à
Ces mots sont, d'après lui, des dérivés àegàr, i'anc. verbe glacier, glisser).
pointe triangulaire de la lance. Diez rappelle GLACIS, voy. glace.
à l'appui de cette transition de sens le BL. GLADIATEUR, L. gladiator (gladius).
jnJiini vestimcnti, litt lance du vêtement; il
GLAÏEUL, en botanique gladiole, du L. gla-
aurait pu encore citer le terme L. sagitta, dioliis. Le termes/ta, employé auj. pour signi-
flèche, employé au moyen âge avec la valeur :
fier une île de glaïeuls dans un étang et qui
« pars ea vestis, quee contrahitur in sinus, quod
dans le principe était le nom de la plante,
sagittse specicm eflingant » Ducange cite à
.
représente le L. gladius (cp. rai de radius).
ce sujet un passage des Coutumes de Cluny
trop intéressant pour ne pas le reproduire.
— Le xîv.glaget répond à un type gladiellus.
GLAIRE, humeur visqueuse, blanc d'œuf
« Sedens ad Icctioncm antcriora frocci sui
cru, prov. glara, clara (aussi clar, masc),
semper in gremium ita attrahit, ut pedes pos-
esp. port, clara, it. chiara, angl. glair. Grimm
sint bene videri. Girones quoque, vel quos
l'attache ce mot à l'ags. glaere, amber, suc-
quidam sagittax vocant, coliigit utrinque, ut
cinum, pellucidum quidvis. Diez balance entre
non sparsim jaceaut in tei'ra. »
clarus (clara pars ovi) et glarea, gravier, qui
GIROUETTE. Selon Caix, du thème gir dans d'anciens glossaires est défini par « chose
(tourner) -|-roi«?<<e (cp. pirouette). Un primitif
glutineuse, argile, colle ". Malm le place
it. girotta, invoqué par Litti'é, n'existe pas.
dans l'élément celtique en citant le bas-breton
GISANT, part. prés, du vieux verbe gésir glaour et glaouren, bave, salive, glaire ; gal-
ou gisir. Ce xevhegésir, être couché, reposer, lois glyfoer, bave. —
D. glaireux (Nicot con-
correspond à it. giacere, esp. yacer, port. signe un adj. glaireux =
pierreux; mais
jazer, \)VOv.jacer, et vient du 'L.jacere,Ta. s. celui-ci est le L.glareosus de glarea) ; glairine,
(cp. plaisir, taisir' , de placerc, tacere). Du glairer (t. de reiïeur).
verbe //('Wr vient l'anc. snhst. gésine[v. cm.).
GLAISE, prov. gle ;a, \{r. glisse, du. BL. gli-
A l'infinitif //z's/r se rapportent encore les 3"^
teus, gliceus =
cretaceus, adj. de glis, glitis,
pers. prés, indic. git, gisent, l'imp. gisais;
:
humus tenax, argilla. Quant à glis, on n'en
puis les dérivés gisement, et giste, gite, pr. on l'a cherchée à tort
connaît pas l'origine ;
branches des arbres et aux gouttières. Cette avoultre" p. adultère, veuve), il y a ou d'abord
dernière valeur peut avoir, observe Diez, dé- syncope du d, puis insertion d'un v eupho-
gagé l'acception générale du mot. Dans le nique. La forme française découle du reste
Languedoc, le givre s'appelle aussi barbasto; directement du t^vov. glavi, cp. vfr. saive, sage,
cette expression rap])elle celle des Picards et du prov. savi. Le prov. glat a donné fr. glai,
même chose, mais Diez oppose que le chan- graveur, de y/ûjiîtv, graver.
gement de ai en i ne se rencontre que devant GNOME, mot employé en premier lieu par
gn et / mouillé, cp. chig^ion de chaignon, Paracelse et prob. tiré du grec yv^/^i/j, intelli-
grille de graille. gence, esprit. —
D. ^nomù/c, gnome femelle.
GLOBE, L. globus, de là englober; dim. GNOMIQUE (poème), du grec yvw//i/o;, sen-
globule, L. globula, d'où globuleux. tencieux, adj. de yvjj/x»), sentence, adage.
GLOIRE, vfr. glorc. du L. gloria. D. dim-— GNOMON, L. gnomon, gr. yv'j)/xwv, pr. con-
gloriole, L. ^\or\o\a.\ glorieux, L. gloriosus; naisseur, indicateur.
gloriette, petite maison de plaisance, pavillon GO, dans " tout de go » =
librement, sans
de jardin, en vfr. =
petite chambre ornée, façon. On a rapporté cette expression popu-
esp. glorietta. On s'explique cette dérivation laire tantôt à l'angl. go, aller, tantôt au L.
par le sens de " pompa, apparatus », attaché gaudium (donc =de gaieté de cœur). De la
au mot f/loria dans la latinité du moyen âge. Monnoye explique go par gobe; tout de go se-
GLORIETTE, GLORIEUX, voy. gloire. rait gâté de tout de gobe, donc tout d'une=
GLORIFIER, L. glorificare. —
D, glorifica- pièce. En eflet, des textes du xvi^ siècle por-
tion . tent " avaler degob, tout degob n.Yoy. gober.
GLOSE, dugr. yj.wîîa, pr. langue, puis en GOBBE, morceau, spéc. morceau d'une com-
stylede grammaire, =
mot tombé en désué- position en forme de bol qu'on donne aux
tude ou étranger, qui demande à être expliqué chiens pour les empoisonner. Il devrait être
par un autre terme connu, appelé y}iw77<5;xz écrit gobe, car c'est le subst. verbal do gober,
Glose, le mot à expliquer, a donné le verbe mais je suppose que le mot vient direct, de
gloser, BL. glossare, interpréter, d'où s'est l'angl. gob, bouchée.
dégagé verbal glose avec le sens d'in-
le subst. GOBELET, dimin. de gobeV gobeau, BL. gu-
terprétation qui lui est encore attaché. Dans bcllus, prov. cubel; dimin. du L. cuppa, coupe.
les temps modernes gloser, pr. commenter, a — De la forme variée gobelot vient gobelotter,
pris le sens de critiquer, et un gloseur est un buvotter.
homme qui trouve à redire sur tout. Un — GOBELIN, GOBLIN, angl. goblin, lutin.
. .
tir. L'Académie porte se goberger avec le sens se déduit très régulièrement du goth. valtjan,
de se moquer serait-il distinct du même
; ags. vaeltan, angl. welter (ail. mod. wâlzen)
verbe sign. se divertir? Si cela est, on peut le rouler. De goder vient encore le subst. godron,
considérer comme un dérivé du vfr. gobe, plis ronds, puis, en architecture, espèce d'or-
hâbleur, fanfaron, lequel pourrait bien rele- nements à forme ovale taillés sur les mou
ver du même mot celtique gob, bouche, men- lures.
tionné plus haut sous gober (prendre la GODET, verre à boire sans anse ni pied ;
bouche pleine). Cependant le sens foncier de l'étymologie par L. guttus, vase à col étroit
l'adj. vfr. gobe parait être « enflé, vain, fier. » rencontre de sérieuses difficultés phonétiques
GOBERGER (SE), voy. l'art, préc, (voy. Rom., X, 39); il faut donc l'abandonner,
GOBET, morceau, angl. gobbet, voy. gober. bien qu'elle soit patronnée par Diez et Littré.
— Le verbe gobcter, jeter du plâtre avec la G. Paris rattache le mot au vovhQ goder (voy,
truelle pour le faire entrer dans les joints des godailler)
moellons d'un mur, vient-il do là, par l'cflet GODICHE, forme populaire à suffixe 2cA(? pour
d'une de ces métaphores un peu brusques que Claude, dont il partage le sens figuré sot, :
ronchi godinete, bourg, gaudrille, tous à peu gallice (goëmon), lat. alga, » où Bngge
près de la même valeur quo godme et goidne. (Rom. IV, 358) propose la correction goumon;
Il cite encore esp. godo, godeno, godizo, le gallois donne le même terme ^lo^mon pour
gourmand, goderia, régal, piém. gaudineta. varech.
GON — 248 GOU
GOFFE, it. ffoffb, csp. f/ofn; d'origine incer- dnvha.gundfano, composé do //i<;w//rt, com-
taine. Un a cité s^r. /«ujjo^, stupide, et bava- bat, et de fano, drap, drapeau. — D. gonfa-
rois ffoff\ m. s. D'autres, prêtant au mot le îonicr.
sens de grossier, le retrouvent dans la glose GONFLER, ïi.gonfiare, du L. con-flare, souf-
d'Isidore " bigera, vestis ffnfa vel villata », fler ensemble enfler de in-flare). Diez
(cp.
liabillement grossier et velu. cite " intcstina conflata « (Cœlius Aurelius).
GOGO (A), 60GAILLE, GOGUE,ctc. ; tous ces GONIN, adroit, fripon, du nom d'un célèbre
vocables découlent d'une lacine ffof/, expri- escamoteur du temps de François I'""".
mant plaisir, bonne vie et qu'on retrouve dans GORD, t. do pêcherie j'estime que c'est le
;
le BL. ar/of/arc, donner à manger, norm. même mot que le vfr. gort, nwygour (v. cm.).
(jogon, doux, mignon. Cette racine est-elleiden- GORET, dimin. du vfi'. gori'e, gore, truie,
tique avec celle du bret. gogé, plaisanterie, esp. gorrin. Pour gorre, Diez compare le
raillerie, cymr. gog, abondance, ^oyan, satire, verbe allemand goii'en, gwi'en, produire le
ouderall.//«Hr/t, jeune sot, niais et coucou, ou son gurr, grogner, puis le subst. gorre,
du nord, gauha, être fier? Tout cela est diffi- jument, rosse. Hurguy conjecture une dériva-
cile à décider. Le latin Jocus doit rester hors tion de la racine vha. et celt. gor, qui signifie
de cause; de même gaudimn (étymologie de boue, limon, fumier.
Génin). Nous rapportons 1 au sens plaisir, . GORGE, it., esp., pvov.gorga (it. aussi ^or-
bonne chère, les mots gogail le, repas joyeux, gia), ail. giirgcl, du L. gurges, goufre. La
èt7'e à gogo =
être dans l'abondance, gogue. connexité entre l'idée cavité, profondeur, et
sorte de mets friand, gogueh'., amateur du celle de sein, cho.so rebombéc, se retrouve
plaisir; 2. au sens plaisanterie gagnes' ànviii : dans xoItio;. qui a donné à la fois golfe et
" être en ses gogues » =
être de bonne hu- gouffre. —L'éty)non/7Kr/7e« a été mis en doute
meur, d'où goguettes, anc. aussi goguenettes, par Meyer et (l. Paris (Rom., III, 335, et IX,
propos joyeux, etc., goguenard, railleur, 332) par la rai.son que \'o dans gorge est
anc. goguenette, propos joyeux; 3. au sens fermé. — Le lat. gurges, dans sa valeur pri-
lier, goguelu, qui se disait d'une personne mordiale d'abime, tourbillon, est indubitable-
fière de sa richesse. ment le primitif de it. grn'go, prov. et vfr.
GOGUE. GOGUELU, GOGUENARD, GO- gorc, gwt, et le fr. mod. gour. Dans les
GUETTE, voy. l'art. i)réc. Cévennes, on nomme gourgo des réservoirs
GOINFRE, voy. .sous godaillei'. Le mot ne destinés à l'irrigation des terres. D. de —
serait-ilpas tout bonnement une altération gorge: goi'ga'ette ; gorgei-in; gorger, remplir
populaire de gouffre] —
D, goinfrer, goin- jusqu'à la gorge; dégm-ger; égorger; engor-
frcHe. ger ; regorger ; rengorge^'.
GOITRE (mot n'apparaissant pas avant le GORILLE, nom de singe ; nom donné d'abord
à dos femmes velues que le.s Carthaginois
XVI" siècle) parait venir du L. giittur, mais
disent avoir trouvées sur la C(\te d'Afrique.
Paris (Rom.,X, 59) ob.scrve qu'il faudrait
pour cela une foi-mo intermédiaire guctur. — GOSIER, dérivé du vfr. gueuse, gorge
quant à celui-ci, on a invoqué, comme primi-
;
et représente le
gomme, baume (d'où
malais gatah
aussi gutta-percha).
ou ghetah, mot est synonyme de godailler (cp. gouine =
godine).
GOND, soit du L. contus, croc, épieu, ou GOUDRON, aussi goudran, guitran, it. ca-
une forme tronquée du L. ancon, pièce de trame, port, aleatrào, esp. alquitran, BL,
bois ou de fer coudée, que l'on retrouve dans
le lorrain angon ^- gond, ou du L. gomphus
caiarannus, de l'arabe al-qatran, m, s. D. —
goudronner.
{/dy.-fOi), clou. Cette dernière étym. convient GOUFFRE, p. goufle, transposition de golfe
surtout au prov. gofo, gofon, gond.
m.). Du T^Tim. golpe
(v. c. gurges, le fla- =
GONDOLE, de rit. gondola. Ce dernier est mand a fait le verbe golpen, gulpen ingur- =
un dim. àegonda, m. s., et vient du gr. xovou, giter. — D. engouffrer.
vase à boire, coupe. —
D. gondolier. 1. GOUGE, espèce de ciseau creux ou
GONFALON, anc. go7\ fanon, ït. gonfalone. courbe, prov. mod. giibio, esp. gubia, port.
•
goyim, peuples, comme les chrétiens se ser- qui laissait voir la chemise. Le nom s'est con-
vaient du mot gentils pour désigner les servé dans la langue pour désigner les femmes
païens); étymologic sujette à caution. C'est de qui ont quelque chose de trop libre dans l'air
gouge que vient, goujat, valet, anc. goujart ou dans l'ajustement. Le mot parait venir de
aussi gouge avait ce sens. Voy. aussi — ;
m. s., ainsi qu'au v, gaél. coinne, femme. Un suppose Littré, à celui de vêtement, mon éty-
poète tire le mot de la reine Goïne qui trom- mologie vient à tomber. Littré cite le verbe
pait son mari et le fit périr pour fuir avec son normand, gou.rgandir, se livrer à la débauche,
amant. —
Le masc. gouin désigne un matelot que Le Héricher décompose par gore, prosti-
de mauvaise tenue. tuée, -\- gaudir.
GOUJAT, dial. gouyat, voy. gouge. GOURMA.de, voy. gourmer.
1. GOUJON, en patois govion, angl. gud- GOURMAND, voy. gourme 1. — D. gour-
geon, it. gobio, du h.gobio, -onis (gr. zojSn;). mandise.
2. GOUJON, outil de fer à divers usages; GOURMANDER, voy. gourmer.
dans Palsgrave, ^oH^eon désigne entre auti'es 1. GOURME, matière visqueuse que les
des menottes de prisonnier Godefroy traduit : jeunes chevaux évacuent par les naseaux;
le mot (v. gojon) par " cheville à pointe per- croûtes de lait. D'origine incertaine. Dicz
due prob. connexe avec gouge 1
•>
; On dit . — cite le nord, gormr, bourbe, limon (de gor,
aussi gouviun. fumier), angl. (dial.) gorm et grom, salir,
GOULE, ancienne forme Tpoiiv gueule. Delà: berrichon eau gourmie, eau stagnante. Che-
goitlée, gros.se bouchée ; goulet, goulette, en- vallet mentionne le mot gor de différents
trée étroite, petit canal, etc. ; goulot, goulotte; idiomes celtiques, signifiant, pus ou pustule.
goulu; champ, goulerie, gourmandise; verbe A cette idée de malpropreté, de bave ou de
regouler 'w. c. m.). salive, se rattache aussi le rouchi gourmer,
"goulot, dim. àogoule{\.c. m.). humer, siroter. C'est de ce dernier que se dé-
GOULU,
voy. goule. duisent le plus naturellement les mots gour-
GOUPIL, aussi golpil, houpil, mot de l'an- met m.), gourmand, et norm. gourma-
(v. c.
cienne langue, remplacé par re;iar(/(v.c. m.), clier,manger malproprement. Grandgagnage
du L. vulpeculus. —
D. goupUlerie. Voy.aussi traite le gourmet avec un peu plus d'égards et
goupillon. conjecture (avec un point d'interrogation),
GOUPILLE, fiche, cheville, du L. cuspicAila, comme radical du wall.^oi«rm<?i< gourmet, =
pointe. le hoU. geur, odeur, dial. d'Aix-la-Chapelle
GOUPILLON. L'étymologie goupil, renard gilhr, saveur de la viande, bouquet du vin.
(donc pr. == queue de renard, généralement Mais la lettre m
resterait inexpliquée et je
reçue jusqu'ici, est contestée par Paris (Rom., pense que l'étymologie de Diez doit l'emporter;
XIV, 306) il identifie le mot avec le vfr. je ne sais si, pour appuyer cette relation entre
—
;
guespeillon (pr. chasse-guêpes). Notez, les idées bourbe, bave et gourmet, je puis
cependant, que l'ancienne langue présente rapprocher le terme allemand schlàmmer,
aussi guipillon et qu'il se pourrait bien que goinfre, que certaines acceptions m'engagent
les étymologies vulpeculus et guespa se fus- à déduire de schlamm, bourbe.
sent rencontrées dans goupillon. D. goic- — 2. GOURME', dans « gourme de chambre»,
pillonner, nettoyer avec un goupillon. un des bas-officiers de la maison des ducs de
GOUR, voy. sous gorge. Bretagne c'est l'angl. groom ou flam. grom
;
GOURD, roide, peu agile, esp., port. ^orrfo, (Kil.) transposé. L'ancienne langue disait aussi
prov. gort, gros, gras. Du L. gurdus, mot gromme, dim. gromet =
valet, serviteur.
d'origine espagnole, au dire de Quintilien, et L'esp. a.grumete p. mousse, garçon de bord;
équivalent de stolidus. Isidore l'interprète par c'est évidemment le même mot. Cependant,
lentus, inutilis ; il faut croire que le sens fon- Diez, en citant sous grumo, mot esp. signi-
, ,
de poing, d'où gourmade; ^o ne m'explique (par extension la mauvaise odeur qui en sort),
pas l'origine du mot dans cette acception ;
— puis petite bourse portée d'abord sous l'ais-
3. maltraiter, critiquer sévèrement; c'est une selle.
acception adoucie de la précédente; de là GOUSSET, voy. gousse.
gouiinander ; — 4. affecter un air raide, de
GOUT, du L. gustus.
goust', D. goûter, —
gourme 3. L. gustare (l'acception « faire un léger repas»
GOURMET, voy. gourme 1 Avant de signi-
.
était déjà propre au mot latin Plin. Ep. 6.:
fier friand, gourmand, ce mot signifiait, comme 16, deinde gustabat dormiebatque mini-
5 :
comme un cheval gourmé (l'anglais dit de Dicz conjecture l'étymologie cratus, forme
môme curbed au fig .) de cette acception
;
KL. p. cratrr.
figurée se dégage le subst. gourme, roideur, GRABAT, L. grabatus (xpàSaro;).
gravité. Quant à l'origine de gourme* et gour- GRABEAU, subst. verbal de grabeler, dé-
mette, le P. Labbe pensait qu'ils venaient de mêler, éplucher, examiner; de là le sens de
gourme, bave (cp. bavette, bavolet); mais il se petitmorceau, menu fragment et celui de
trompait. La forme bretonne gromm gour- = discussion,.'scrutin. Voy. l'art, suiv.
GRACE, L. gratia (de gratus, agréable). — mot, la plus simple parait être de prendre
pour type une forme lat. grammarius, mais
D. gracier, faire grâce, gracieux, L. gratio-
cette forme pécherait contre les règles et,
sus, d'où gracieuseté et gracieuser ; opp.
en outre, on n'en trouve aucune trace. De
disgrâce, disgracieux, disgracier, composés
toute façon, aussi bien pour le prov. gramàdi
modernes.
GRACILITÉ, L. gracilitas. — L'adj. gréJe
(grammairien) et gramatge (grammaire), que
pour grammaire (prov. gramaira), il faut
est le L. gracilis, mais la pruderie française
partir du lat. grammaticus Cette forme grçim,-
refusée à sanctionner le bon vieux mot
.
s'est
maire s'en est produite par le même procédé
grêJeté.
quia fait naître l'afr. mire (médecin) de medi-
GRADATION, L. gradatio (gradus).
GRADE, L. gradus. Voy. aussi degré. — cus, vfr, daumaire de dalmatiçus, et qui con-
siste dans l'insertion d'un r dans une forme
D. gradin; grader, conférer un grade opp. ;
antérieure en aie (gramaie). Cette théorie de
dégrader; graduel; graduer, diviser en
Vr intercalé dans des conjonctures analogues,
degrés.
soutenue par Tobler (voy., pour notre cas,
GRADINE, dentelé du sculpteur;
ciseau
Rom., II, 244), est combattue par G. Paris
d'origine inconnue. Le mot tient -il à vfr.
(Rom., VI, 132); pour celui-ci, gramaire dé-
grater, ou à craies (qui est au fond àegril), ou
à l'ail, grat, arête? — D. gradiner. coule direct, de gramàrie, mais cette forme-
ci est issue, par l'intermédiaire de gramûlie,
GRADUEL, voy.grade. Le terme ecclé-
de gram,ddie. Cette gradation de formes est
siastique vient du BL. gradus, qui signifiait
savamment démontrée par le prof, de Paris,
la partie de l'église (plus élevée) oii se chan-
mais, bien que patronnée aussi par Mussafia,
taient l'Evangile et les leçons de l'Ecriture
je n'oserais affirmer que cette manière de
sainte. Un type gradalis a donné le vfr. graël,
voir détruise péremptoirement le raisonnement
greel.
de Tobler. — D. gramm,airien.
•
sonne qui s'occupe de la chose qu'ils expri- gratte-cul, fruit de léglantier, expression po-
ment, ainsi qu'à un adjectif en -f/raphique, pulaire se rapportant à la plai-santcrie qui
rendant le grec -j'ivr^uo;. Beaucoup de — consiste à fourrer ces graines à bourre pi-
composés modernes de la nature de ceux dont quante dans le lit.
nous parlons n'expriment pas précisément une GRATUIT, L. gratuitus {gvaÏK). D. gra- —
idée de description, mais celle d'écrire, de tuite, mot mal formé; nulle part ailleurs on
tracer, de graver, signification première du ne trouve un suffixe é pour faire un subst. fé-
gr. y/sàïiîtv sont lithorfraphie, chàlco-
: tels minin.
ffraplne, photorjraphie, eic. —
Oi-thof/raphc p. 1. GRAVE', subst., auj. gr<\'e, rive plate et
orthoi/raj)hie n'est pas contre le génie de la sablonneuse, anc.= gros sable, petit caillou.
langue cp. yratia-f/ràce, luxnria-luxure la
; ; Cp. prov., cat. grava, caillou, grison graca,
forme témoigne de l'ancienneté de son usage greva, plaine de sable, vénitien /yraoa, lit d'un
et de l'accentuation orthoiirùphia de l'origi- torrent. Il faut sans doute ranger ici aussi le
nal latin. champ, cran, champ de pierre, et le \ir.grae,
GRAPHIQUE, grec vr'«?«oj (•/!»«?«). relatif yroe, groi, roc, rocher. L'origine de ce mot
à récriture ou au dessin. est celtique Cornouaille grou, sable (pré-
:
GRAPPE, grains ou Heurs attachés en bou- suppose une forme antérieure grau), breton
quets à une petite bi'anche (en champ, le mot grouan, gravier, cymr. gro, gravier, plur.
se dit aussi métaphoriquement pour ulcère, gravel. Les dérivés de grave sont gravier, :
l'idée «accroché, attaché ", ce mot se range la maladie que l'on appelle aussi la pierre ou
sous la même famille que l'it. grappa, osp. le calcul ; engraver = ensabler. — Le môme
prov. ijrapa, vfr grappe, crampon, cro- = mot a donné nom au
vin de Grave, pr. le
le
chet, et se rattache ainsi an vha. krapfn, vin des terrains caillouteux de la banlieue de
crochet (voy. agrafer). —
D. grappclei' grap- ,
Bordeaux. Voy. aussi grî've.
piller, grappillon, grapjm ègrapper , 2. GRAVE, Sauf
adj., L. gravis, pr. pesant.
GRAPPIN, du vfr. grappe, crochet, cram- le terme de pliysique « les corps graves «, le
pon (voy. grappe). —
D. grappine^'. mot ne s'emploie plus (ju'au figuré p. qui a
GRAS, cras (de même en wall , en rou-
vfr. du poids, de l'autorité, de la considération, etc.
chi et en picard), it. grassn, esyt. g7-aso, port. Il appartient à la couche savante de la lan-
graxo, prov. gras, du L. C7'assi(S, BL. gi'assus gue; la vraie forme française est //j'/e/" (v. c.
(voy. aussi cj'asse). —
D. graisse (v. c. m.), m.). —
D. gravite. L. gravitas ; graviter, pe-
graiset. grassoidJlet, grasseyer. ser vers un point. Voy. aussi rengréger.
GRATERON, de gratter, à cause de la qua- GRAVELÏ3T, grimpereau, voy. gravir.
lité de s'accrocher propre aux diverses plantes GRAVELEUX, voy. l'art, suiv.
de ce nom. GRAVELLE, voy. grave 1. D. gravcU —
GRATICULER, terme de peinture, û.grati- («cendres gravelées «) ; graveleux, 1. mêlé de
colare, du L. craticula, petit gril la toile ; gravier, 2. relatif à ou affecté de la maladie
graticuléo, par sa division en petits carrés, dite gravelle, 3. au fig., libre, peu décent.
ressemble à un gril. Comment expliquer cette acception figurée
GRATIFIER, L. gratificaH, accorder une àe graveleux et du subst. gravelure? On dit
faveur. — H. gratification. que l'on a appelé un conte « graveleux « parce
GRATIN. Nicot demourant de la
: « le que le récit cause autant d'embarras que si
bouillie des petits enfants qui demeure en la on avait du gravier dans la bouche ou parce
paëlle il vient de gratei-, car on baille aux
; qu'il fait sur l'esprit le môme effet qu'un gra-
autres petits du pain pour grater et amasser vier qu'on rencontre. Il est curieux que deux
ce gratin. » Pour être naïve et presque un pe- termes opposés, graveleux (pierreux) et lu-
tittableau de genre, cette définition n'en est brique (glis.sant), soient venus à exprimer la
pas moins juste. —
D. gratiner. même chose dans leur sens figuré. Cp. aussi
GRATIS, mot latin = gratuitement. le terme croustilleux.
GRATITUDE, L. gratitudo (gratus). GRAVER, de l'ail, graben. néerl. graven,
GRATTE, dim. grattelle, voy. gratter. creuser, buriner. —
D. graveur, gravure.
GRATTER, it. grattare, esp., \\Yoy gratar . GRAVIER, voy. grave 1
BL. des Frisons), cratare; du vha. chra-
(loi GRAVIR; pour Diez, l'it. gradire, monter
2 on, mod. kratzen, suéd. hratta, angl.
ail. par degrés (du L. gradus), donne la clef de
grate, m. s. Langensiepen a émis la singu- l'étymologie de ce mot. Gradire aurait
lière conjecture d'après laquelle gratter re- d'abord fait gra-ïr, puis, par l'insertion habi-
présente une contraction du L. corraptare; tuelle de V, destinée à faire disparaître l'hiatus,
c'est là, nous semble-t-il, de la sagacité mal gravir (cp. emblaver, pouvoir). Je ne puis —
employée, car il ne nous dit pas ce qui a pu me Ranger à cette opinion le sens foncier ;
lui rendre suspecte la dérivation germanique. étant s'accrocher, ramper, grimper il serait ;
.
GRAVOIS, voy. grave 1. — D. dégra- même que l'on greffe, le mot est le même que
voycr. grafe, greffe, style, poinçon, d'où dérive le
verbe (cp. en esp. mugron, marcotte, du L.
GRÉ, subst., prov. grat, it., port., esp.
mucro, pointe). Dans les deux articles nous
grado, du 'L.gratum, pr. ce qui est agréable,
avons donc l'enchaînement logique suivant :
traité en BL. avec la valeur du subst. abstrait
greffe, instrument, greffer, opérer avec cet
gratia, fr. grâce, équivalant aussi à bon vou-
instrument, puis greffe, nom de l'opération ou
loir, disposition favorable, reconnaissance,
du lieu où elle se fait.
puis aussi volonté en général, do sorte qu'il
a pu être question autant d'un mal gré (jue
GREFFER, voy, l'art, préc. — D. greffoir.
servant à écrire ou à buriner. Toutes ces de grcling, dont l'origine m'est inconnue.
l'ail,
est le plus cuit. Ce mot, d'après Diez, est allusion à l'homme en colèi'e)? Cet it. grimo,
formé de graignon, comme chignon de citai- d'ailleurs, est peut-être la source directe de
gnon, et vient du L. granam, grain. La grimace. — D. grimacer, grimacier
croûte serait la partie grenue du pain. Le 1. GRIMAUD, écolier, voy. sous grimoire.
philologue allfoiand fonde sa conjecture sur 2. GRIMAUD, d'humeur chagrine, dér. do
l'existence du n. prov. grignoun, le pcpin d'un grime. — D. grimauder.
raisin (cp. grignoidii sorte de raisin), qui
, GRIME, pr. homme chagrin, grognard
vient du même primitif. Ce qui lui vient en (d'où la valeur que le mot a reçue dans le lan-
aide, que grignon signifie (ou signifiait)
c'est gage du théâtre) ; il vient de l'it. grimo, au
aussi les croûtes et les morceaux de pain qui front ridé, et par là du vha. grim ("voy. gri-
restent d'un repas, ainsi que biscuit de mer mace^. —D. grhnaud; se grimer, pr. se
en .morceaux. Le mot est directement issu de rider, s'arranger la figure pour jouer les
grigne (p. graigne), encore en usage en Nor- grimes (ce mot doit être d'une introduction
mandie de ce grigne se sont produits pic.
; : assez récente). Ou bien se grimer serait-il
grignettes, croûtes graveleuses de pain, et le proprement =se noircir, et identique avec
verbe grignoter, croustiller, manger en ron- l'angl. be-grime, v. fiam. begriem,e7i, diegrym,
geant; on disait aussi grignonner Diez rejette . suie de cheminée?
formellement les étymologies tirées du L. GRIMER (SE), voy. l'art, préc.
ringi, grincer les dents, ou de l'ail, rinde ou GRIMOIRE, foi-mulaire de sorcellerie; Diez
grind, croûte. Chevallet rattache grignoter rapporte ce mot au nord, grima, sorcière,
au breton krina, ronger; Littré, è. grigner, déjà mentionné sous grimace. D'autres l'ex-
cnBerry =
grincer les dents (du vha.^rman, pliquent par l'it. rimario, livre de rimes (le g
m. s.). initial serait paragogique comme dans gre-
GRIGNOTER, voy. l'art, préc. nouille). Génin, approuvé par Littré, se fon-
GRIGOU, pingre, avare, selon l'opinion dant sur l'ancienne orthographe grimaire et
re(;ue, degrœcus, cat. greg, esit.griego, port gramarc, identifie grimoire avec grammaire,
grego. Cp. pour la terminaison le terme de anc.. = étude du latin, et au fig. science =
marine gregou, vent grec. Le rapport du— profonde. Diez objecte à cette hypothèse la
l'adical avec grec reste douteux. Quant à la différence de genre. Pour nous, nous attri-
finale, elle rappelle celle de filou, gabeloa, buons au mot, comme idée foncière, celle
voyou et est de création populaire, son origine d'une écriture indéchiffrable aux profanes, et
est problématique; pour les uns, elle est = nous sommes porté à y voir le dérivé d'un
fr. eur, eu, pour les autres, BL. ulfus (ail. verbe grimer que l'on rencontre dans les dia-
olf, idf), qui est dans (loup) -garou, guille- lectes avec le sens de gratter, mais dont nous
dou (v. c. m.). sommes incapable d'établir la provenance.
GRIL, voy. grille. Grimoire deviendrait ainsi synonyme de grif-
GRILLE, vfr. g radie, graille [i p. ai, cp. fonnage. Ce primitif grimer =
griffonner
chigno)i, grignon)\ du L. craticula, BL. gra- explique en môme temps les mots grimaud et
ticnla, dimin. de crûtes. Ce dernier a laissé grimelin ^^ écolier, pr. griffonneur.
les formes it., esp. grada, port, grade, = GRIMPER, p. glimper, du vha. hlimban,
grille, dimin. gradella, treillis, l'éservoir
it. ail. mod. hlimr^en, m. s. ; ou bien grimper
de poissons, angl. grate, gril, grille. La représente-t-il la forme na.salisée de griper
forme masc. gril répond au vfr. graïl L. = (le norm. et le wall. di.sent en effet griper p.
craticulus. —
D. griller 1. faire cuire sur le grimper) et vient-il ainsi des mêmes primitifs
gril, brûler subitement par une chaleur vive, germaniques indiqués sous gy'iffe? L'action
de là grillade ; 2. fermer avec une grille ; de grimper implique l'idée de s'accrocher, de se
là grillage. cramponner (voy. gravir) l'ail, hlettern, m.
;
GRILÎiET, GRILLOT, voy. sons grelot. s., a également pour origine un radical signi-
GRILLON, du L. gryllus [yr.ùXlo:). On disait fiant s'attacher. Cp. aussi l'it. arpicare de
aussi grillot, d'où grilloter. L'anc. mot gre- arpa, griffe. —D. grim,pereau.
sillon parait être p. grel-sillon et formé sur GRINCER, \nc.gri7icher, du v\ia,.gremi:6n,
le modèle de oisillon, par un type intermé- nha. grinsen, m. s. — De là le terme popu-
diaire gryllicellus. laire //r/;?c//m«ic.
GRIMACE,
d'après Diez peut-être du nord. GRINGALET, petit, chétif (dans les trou-
grima, masque, aussi sorcière, ags. grima, vères, le mot désigne surtout un petit cheval).
ma.sque et fantôme (de là champ, grimarré, D'après Chevallet, de l'ail, gering, petit, mi-
sorcier). Le mot ne se rangerait-il pas mieux nime, chétif; étymologie peu satisfaisante.
sous le prov. grim. (voy. grime), qui signifie On trouve aussi guingalet et gringalet parait
affligé, triste, et qui e.st le primitif ào grima, être altéré de guingalet fcp. fronde p. fonde).
tristosse, grimar, s'affliger? Or, ce grim dé- Or, celui-ci vient médiatement, par guingal,
rive du vha. grim, furieux, colère. Pour la d'un radical guing ; peut-être du même qui a
déduction des idées, on peut alléguer 1 vfr. . donné guinguet. Bugge (Rom. III, 160) est
gram, graim, triste, it. gramo, prov. gram, favorable à cette étym. et pense que ce radical
du vha. gram, en colère 2. prov. ira, cha-
; guing est germanique ; il allègue goth. vai-
grin, du L. ira, colère. Grimace, contorsion nags, vha. xoenag, misérable, chétif, mince,
de vi.sage, ne serait-il pas aussi bien issu de petit (auj. icenig).
l'ail, grim (pic l'it. grimo, ridé, froncé (par GRINGOLÉ, terme de blason .^ qui se ter-
. .
(Nicot) comme une cerise aigre); un troi- fém. grivoise, vivandière; de là le mot a pris
sième parti prétend qu'il y a des griottes l'acception « libre, hardi ». Ce vocable, qui
aigres et des griottes douces. Cette confusion parait ne dater que de la fin du xvii" siècle,
me confirme dans l'opinion que la griotte serait- il tiré de \a grive, l'oiseau maraudeur?
(appelée du reste aussi agriote), signifie origi- Littré déduit grivois de grivoise, la l'àpe à
'•
nellement cerise sauvage et vient du grec tabac, s'étant introduite parmi les troupes, fit
û'/ùio, ou à/ciwTvji. — D. griottier. mode et ceux qui .s'en servirent, reçurent le
2. GRIOTTE, marbre tacheté de rouge et de nom de grivois ». Cela me sourit fort peu.
brun appelé ; ainsi d'après la ceri.sc du morne GRIVOISE, làpe à tabac. l'our faire l'éty-
nom mologie de ce mot, on a tout bonnement
GRIPPE, voy. l'art, suiv. attribué le pi'cmier usage du tabac ou de la
GRIPPER, du goth. grcipan, nord, gripa, râpe à tabac aux grivois (v. c. m.). D'autres,
nécrl. =
vha. grifùii (voy. sous
gyijpcn plus scrupuleux, ont songé à l'ail, rcibeiscn,
griffe), D. grip,
saisir, — rapine, vol; = râpe, qu'en Suis.se on prononce rib-isen. Cette
grippe, caprice, idée fugitive qui vous prend étymologie est ingénieuse à la vérité et Juêmo
subitement, mauvaise humeur (de là « pren- correcte (le// prosthétique est ausi<i bien admis-
dre qqn. en grippe » et " se gripper "), aussi sible ici que dans grenouille, et pour la ter-
accès de catarrhe; verbe agripper. Compo- minaison, cp. ti'icoise), mais je ne voudrais en
sés : grippe-sou; grip^ye-niinaiid chat , = garantir la vérité.
grippcur. GROG, mot anglais. On raconte (pie l'ami-
GRIS, it. gnso, grigio,es\)., port, gris, BL. ral Vernon ayant défendu aux matelots de
grisous, grisius. Du vha. gris, qui a les che- boire du rhum pur, ceux-ci, par dépit, appe-
veux blancs (ail. inod. greis, vieillard). D. — lèrent le rhum baptisé d'eau d'après le sobri-
grisâtre ; grisct . jeune chardonneret ; gri- quet Old-Grof/ que portait l'amiral, à cau.so
sette, étofle de laine grise, portée par les de sa tunique en grogram (gros grain). Voy.
femmes de médiocre condition, puis, par mé- l'Kncyclopt'die do Chalmcrs, 5. 113.
tonymie, femme du commun, grison, etc. : GROGNER, vfr. groigner, wall. gronni,
d'où g7isonncr ; grisard , grisaille, d'où gri- prov. grovchir, esp. grunir, it, grugnire,
saillcr ; \erhe griser =
rendre gris, c.-à-d. un grugnare, du h. grumiire; le flam. groonen,
peu ivre (pour cette métaphore, cp. l'ail. et angl. groan, soupirer, .sont d'extraction
benebcln, pr. envelopper de nuages). germanique. —
D. subst. verbal groin (au
GRISETTE, voy. gris. trefois monosyllabe), \fv.groing, prov. gronh,
GRISOU, voy. grégeois. Littré on fait un it. grugno, pr. le grogneur, puis mu.seau du
anglais est un emprunt fait au roman; les GROU, dim. yrouelte, sol pierreux, p. i/rau,
linguistes anglais sont unanimes à le rappor- voy. grave 1 .
— Au môme radical se rattache
ter à l'ags. et gotli. (/uma, vlia. (jonio, homme grouine, amas de gravier calcaire.
(avec épenthèsc de r). GROUILLER, du vha. grubiUn, bas-ail.
1GROS, it. port, f/ro^xo, esp. f/vueso, prov.
.
,
grubcln, fouiller, fourmiller,
picoter entre
[/ros, du L. f/rossus, qui pourrait bien n'avoir cuir et chair. Pour le sens « remuer, bou-
rien de commun avec le germanique (/rot ou ger », on pourrait petit-ètre alléguer le nord.
tjross, grand, lequel, toutefois, se retrouve hruUa, brouiller, mettre en désordre. Encore
dans formes ;/rot, fjrov.t du Berry.
les D. — est-il possible que grouiller soit une contrac-
f/ rosse l'.r, f/rossessc; r/rosse 1. t. de com- tion de grfivouiller (dial. de Berry), qui à son
merce, 2. == écriture en gros caractères, tour est une forme tirée de graver connue
puis expédition d'un acte, opp. à la minute, grabouiller (voy. sous greibugc), et vient de
qui est écrite en caractères petits, menus l'ail, f/raben, creuser, fouiller (d'où le fr.
{minutus), d'où r/rossoyer ; f/rosslr, opp, dé- graver). —
Le picard grouiller signifie s'af-
f/rossir ; f/rossier [v. c. m.). faisser et est prob. d'une origine distincte;
2. GROS, monnaie, ail. f/roschcn, du L. peut-être,comme le pense Littré, une forme
f/rossus, épais, lourd, cp, sou de solidus. Le populaire de Tanc. crouller crouler. =
bas-ail. [/rot, ni. f/root et angl. t/roat indi- GROUP, voy. groupe.
quent toutefois le bas-ail. {/rot, grand. GROUPE, it. groppo, gruppo, esp. grupo,
GROSEILLE, anc. f/roiselle, esp., cat. f/ro- goru/io (angl. group, monceau, d'où le fr.
sclha, à Côme crosela, en rouchi f/rusiele, group), prov. grop, nexus, nodus (Faidit).
\vall. yruzale. Ne vient ni de l'adj. L. f/ros- Ces mots, dont le radical, exprimant " chose
sus, gros, ni du subst. f/rossus, figue non ramassée, monceau ", se rencontre dans un
mûre, mais de l'ail, hràusel dans hrâuselbeere, grand nombre de mots, tant celtiques que
= suéd. hrusbar, néei'l. /fjvew&e^fe (Kiliaen : gei'maniques, appartiennent à la même fa-
kroesbcsie, uva crispa, vulgo grossula, cro- mille que croupe (v. c. m.). Le mot fr. parait
.sela). Le radical kraus signifie crépu aussi ; être d'importation italienne. Dans ce qui —
rit. rend-il f/roseillc par iiva crespa ou cres- précède, nous avons suivi l'opinion de Diez ;
jiina. Chevallet place le mot dans l'élément cependant nous nous demandons si l'it. f/ruppo
celtique et cite écoss. f/roseid, irl. f/roisaid, ne peut pas aussi bien découler direct, de
m. s. — L'étymologie germanique ne .s'applique l'ail, klujipe, qui présente la même valeur
naturellement qu'à la grosse groseille (nom (choses réunies, agglomérées), et dont la
scientifique grossularia spinosa, aussi ribes
: forme nasalisée est ^/'«/»^j<';i, m. s. Ce klu.ppe
grossularia, vulgairement on l'appelle gro- est identique avec l'angl. club, x'éunion, so-
seille à maquereaux, parlée qu'elle sert à ciété. La permutation de une gut-
/ et r après
assaisonner le macpiereau) c'est elle qui a la ; turale .serait-elle contraire génie de la au
surface crépue et épineuse; aussi les Alle- langue italienne, pour que Dicz n'ait pas cru
mands l'appellent-ils plus souvent stucheJ- devoir établir ce rapport? D. groitper. —
bcere (baie à épines), les Flamands de môme 1. GRUAU, vfr. et angl gruel, BL.grufel-
stchelbesie. Le nom .s'est communiqué dans lum. De l'ags. grut, vha. gruzzi, ail. mod.
la suite à la petite groseille qui vient par grïdze, m. s l'ancienne langue avait yr«, la
grappes (ribes rubrum, ribes Johannis). — forme radicale pure.
;
signifiait aussi jiiarcliand en gros, de là : même de l'ail, krahn et kranich, qui répon-
i/rosserie, commerce en gros mots conservés ; dent aux deux acceptions du mot français.
dans \'ang\.f/rocer, anc. m. s., auj. épicier, = Laissant à d'autres le soin d'examiner ce fiui
oi f/roccry, épiceries. —
De f/rossier, au sens a pu faire nommer la machine d'après l'oi-
moral, vient r/rossièretr. seau, nous rappelons ici quelques autres
GROTESQUE, voy. f/rotte. noms d'animaux désignant des machines :
prov. grum, grain de raisin, it., esp., port. guasardon, esp. galardon (prob. j). gadar-
grimio, du L. gyinnus, petit tas. De là gru- lon), BL. iciderdonum. Ce mot rejiroduit le
meV, gvHineaUy d'où grumeleux, se grumcler. vha. widarlôn, récompense, qui est une com-
— Quant à grume, écorce laissée sur le bois position de l'adv, widar, en retour, et du subst.
conpô, j'en ignore l'origine. lôn, salaire. La liquide l a été convertie, par
GRUMEAU, \. grume. euphonie, peut-être sous l'influence du L. do-
GRUMELER, -EUX, voy. grume. num, en d. Cette étym. est la .seule scientifi-
1. GRUYER, officier ou juge en matière fo- quement admissible. —
Chevallet, négligeant
restière, du iiiha.^rjco, vert, aussi verger; cp. les analogues étrangers et marchant sur les
le synonyme fr. verdier, du L. viriclis, vert traces do Ménage, rattache guerdon au vha.
L'explication rapportée par Bescherelle, werd, prix, valeur, auquel on aurait donné la
d'après laquelle gruger vient de grue, parce forme latinisée xccrdo, -onis, Raynouard a
que cet oiseau fait le guet pendant la nuit, no commis une autre erreur en faisant dériver le
peut être ])risc au sérieux. —
D. gruerie. prov. ^«îa;ar(/o« degasanh, gain. Nicot rap-
2. GRUYER, dans faucon gruger, fai.san
« prochait gnerdonner, récompenser, du gr.
gruyei ", est un dér. de grue. gagner; Caseneuve décomposait le
xipSxlviij,
GUANO, du mot péruvien huanu, .signifiant mot récompense accordée aux
en/7»<?/vT don,
fiente d'oiseaux de mer. honuiies de guerre.
Gi\i'k,\h\guct,wet, \iVo\\gua, \t. guculo, GUERE, et plus correctement, avec l's ad-
du vlia. wal, nord, vad, m. s. ; \Qvhii gucer, verbial, guères, vfr. guaires, waires, wall.
pi'ov. guazar, it. guadare, du vlia. walan, ail. wair, it. guari, \iVO\., eut. gaire. Cetadverbe
mod. watcH, m. s. —
Comme nous avons e.st synonyme de rnultum, et ne signifie ;w7h
d'autres exemples du changement du v initial (]ue par son a.ssociation avec la négation n",. Il
latin en ^, git, (cp. gaine, goupil, gui, etc.), est d'extraction germanique. Diez lui assigne
rien n'empêche de dériver gué et les mots pour origine le vha. wari, == L. verus, jjris
cctrres[)ondants directement du L. vadum, en adverbialement dans le sens de probe, c.-à-d.
admettant influence de la forme germani- fortement, grandement. L'expr. « je no l'es-
que. time guère " écpiivaut donc propr. à « je ne
GUEDE, vfr. guide, waide, it. gundu; du l'estime (pas) fort ». De fort à beaucoup il n'y
vha. wclt, ugs. vad, angl. vxxul, ail. mod. a qu un pas ; « je n'ai guère le temps » 6(|ui-
tcaid, m. s. L'insertion d'un* muet, si fré- vaut à " je n'ai pas beaucoup de temps n. On
quente dans l'ancienne langue, d'où la forme a émis sur cet adverbe les plus singulières
gucsde, a donné lieu au HL. waisda, guas- conjectures, qu'il serait oiseux do reproduire.
dii'.m, gui'sdium ; de là le wall. waiss p. — L'ne seconde étymologio proposée par Diez
icaisl, bleu royal. Chevallet se trompe en porte sur le vha. weigaro, beaucoup elle se ;
identifiant guède avec le L. glastum, glas- recommande surtout par la plus ancienne
trum ^Plinc), m. s. —D. gueder, teindre forme prov du mot, qui est gaigre. De la—
avec la guède. locution impersonnelle il n'a (= ny a)
GUEDER, ras.sasier, .soûler, wall. ucaidi, guùres, it. non ha guari, =
il n'y a pas long-
paitrc; de wciden, paître.
l'ail, —
Littré pen.se temps de ça, vient l'adv. naguère.
que c'est le même mot que guéder, teindre ; GUÉRET, vfr. gar-;t, varet, prov. garag,
ce serait traiter le corps comme le teinturier esp. burbecho, se déduit très correctement du
traite uno otofî'o qu'il guède. L. vercactum, BL. veractutn terre en friche,
,
GUÉRITE (vfr. (jarite, refuge, retraite), = effluerc cum murmure seu sti'epitu (Kil.).
])rov. i/uerida, port, (juarita, esp. t/arita, pr. Le moule d'où gueuse sort s'appelant de la
la
lieu sur, où l'on se mot « à garison ". Le mot même manière, on pourrait aussi proposer
vient de (juérir, mettre en sûreté, abriter (v. vfr. gueuse, gosier, fig. canal, conduit. Génin
c. m.). La terminaison ite du mot fr. fait pen- voit dans gueuse le vfr. queux, gueuse, pierre
ser à une inti'oduotion italienne, eomme pour à repasser, cjui est le L cos, cotis; la brique
réussite; cependant, on a des raisons de croire de fer fondu aurait été ainsi nommée à cause
que c'est plutôt du français que les Portugais de la ressemblance de forme, l'un et l'autre
et les leur forme. Ces der-
Espagnols ont tiré représentant un carré allongé. L'expres- —
niers ont une autre forme, plus conforme au sion ail. gusseisen, fer de fonte, fait penser à
génie de leur langue, pour le même vocable l'ail, guss, action de vei'ser, couler, mais la
.pris dans son acception générale de refuge, lettre faitdifficulté le suéd. gôs, m. s., parait
;
savoir (juarida, tandis que leur yarita ne si- emprunté du français. L'ail, dit gans p.
gnifie que loge de sentinelle. De cette diver- gueuse, donc pr. cela nous dirige vers
oie;
sité il faut inférer que garita leur vient d'une l'angl. goose, oie, qui signifie aussi par assi-
forme étrangère. milation de forme le carreau des tailleurs.
GUERRE, it., esp., port., i)rov. (/uerra, Mais cette étymologie manque de tout appui
angl. tcar (anc. angl. et anc.flam. loerre); du historique.
vlia. werra, dispute, querelle. D. guerrier — GUEUX, mendiant, misérable. On n'est pas
Tanc. -— adversaire) ;^«(,'rro?/er, vfr yuerier; d'accord sur l'origine de ce mot. Barbazan le
aguerrir. rattachait au vfr. gueuse, gosier un gueux ;
ment le L. vestis, ou plutôt l'ail, weste, veste, GUICHET, anc. guischet, prov. guisquet,
pris dans une acception spéciale? L'r serait petite porte pratiquée dans une grande. On
intercalaire, explique souvent ce mot comme un dimin. de
GUETTER, voy. guet. liuis, porte (= L. ostium), mais la forme vfr.
1. GUEULE, L.gula. — D. gueuler, -ard, wiket (d'où l'angl. wichet, flam. wihel, winc-
ee gueuleton; égueuler,
: casser la bouche kel, m. s.) s'y refu.se. GuicJiet vient du nord.
d'un vase; dégueuler, vomir; engueuler, crier vik, cachette, ags. vie. — 1). guichetier.
(•onti'e. Voy. aussi tjoule. GUIDE, maso, et fém., it. guida, esp. gu.ia,
GUE'ULES, angl. gu.les, terme de blason
2. yuida, guit, \iv.guit; subst. verbal de
\)V0\'.
= rouge; Ducange le rapjiorte au BL. guider, vfr. guier, it. guidare, esp., port.
gulœ, vfr. goule, collet ou bordures de pelle- guiar, prov. guidar,gui:ar, guiar. L'origine
teries,généralement teintes en rouge; selon de ce verbe reste douteuse. Malgré la rareté
d'autres,du pensan gui l'ose, ou bien une = de la permutation du t goth. avec le d roman
contraction du L. conehgliuni, poui'pre. Nicot (cp. goth. Italan, devenu hndir' haïr), Dicz ,
explique le terme par gueule L. gula, = s'adresse au goth. vilan, observer, garder.
parce que le dedans de la bouche est ver- Pour le sens, il se prévaut de l'it. scorgere,
meil et rouge C'est là l'origine la plus accep- qui réunit également les accei)tions observer
table. et guider il rappelle aussi le subst. ags. vita,
;
GUEUSE, en
métallurgie, " grande, grosse = ancien et conseiller. Parmi diverses autres
et lourde masse de fer " (Nicot). Je ne sais pro))c»sitions étymologiques, nous ne croyons
d'où vient ce mot; peut-être du tlam. guyson, devoir accueillirque les deux suivantes Bugge :
/ GUI 260 — GUI
(Rom., III, 150) s'adresse au nonis vita île d'œil jaloux du destin, et vient de ^»i^>it>',
correspondant du goth. vitan) dans son accep- regarder du coin de l'œil.
tion *. signifier, présager, indiquer «. Le sens GUILÉE, wall. walaie, p. icaslaic; d'après
fondamental du verbe serait donc « indiquer Diez, dér. du vha. wasal , pluie.
le chemin «. Scttcgast (Roman. Forschun- GUILLEDIN, cheval hongre, de l'angl.
gen, I; pense au L. vitare, éviter, se garder. i/cldin(/, qui vient du verbe ffcld, châtrer;
Pour terminer, rappelons la remarque de cp fîam. fjliellc, gyltc, = porca castratii (Ki-
Paris (Rom., XII, 133), que le mot ç/uider de lia en).
la langue moderne est pris à l'italien la lan- GUILLEDOU d'origine douteuse. Voyez à
gue ancienne disait régulièrement ijmjer.
;
— ;
qui s'accommoderait de ce primitif. Diez re- dans ce cas, n'est pas correct, mais il ne l'est
jette de même l'ags. //inian, nord, f/ina, vlia. pas davantage, parait-il, dans le f/uiller cpii
f/inôn, ouvrir la bouche, d'où se seraient dé- suit. — D. f/uilloirc.
gagées les acceptions « suivre des yeux, lor- 2. GUILLER, tromper, prov. //H<7ar; subst.
gnei-, épier, regarder de travers « Il donne en . vfr. f/u.illc, f/uilc, nise, fourberie. Le mot
définitive hi préférence au \\\ii.hinaa adri- = f/uille rimait jadis avec évangile; Diez en
dere. Le basque qv.enita, kheinua, signe de conclut (pie 1"/ ne [)eut être considéi-é comme
tête, porte le caractère d'un emprunt fait au mouillé; c'est ce qui le détermine à rejeter
roman, et ne peut donc être invoqué. L'angl. l'étymologie tirée du nord, vigla, mettre en
squine, forme secondaire de squint, loucher, désordre ou ags. viglian, faire de la sorcel-
ne convient pas non plus, à cause de son ini- lerie (il faudrait nécessairement une forme
tiale. —
D. t/ui;/non (v. c. m.). prov. //jeiMor), et à adopter celle de l'ags. vile,
GUIGNON, mauvaise chance, surtout au jeu. angl. wilc et guile, m. s. Diefenbach cite
D'origine douteuse. Ménage le fait venir de aussi le cymr. fjwil, brct. f/icil, voleur.
tfuif/ner, à cause des fascinations qui se font GUILLERET, gai, un peu libre; étymologie
avec les yeux ; il cite à cet effet l'esp. aojar[Ae inconnue. '^' aurait-il rapport avec i/uillcri,
qjo, œil) =
ensorceler par le regard. Cette chant de moineau, ou avec le goth. ijuilhan,
étymologie est approuvée par de La Mon noyé réjouir ?
1
GUT 201 — GYP
GUIMBARDE ; Génin pense que c'est l'ono- f/irande, d'où r/irandole. Chevallet pose une
matopée (/idni-f/nim, jointe à la terminaison dérivation celtique, et part d'une racine //toyr,
ard, qui réunit les idées d'habitude et de mé- courbé. Reste à savoir si la deuxième partie
pris ou de blâme. Lyre r/uirnbarde, musiqur du mot peut être déduite du celtique, car il
f/uimbarde, équivaudrait à « qui i-eproduit est plus que probable que le bret. garlantez,
constamment le son monotone //uhn-f/idm » gaél. (jwyrhn, =
guirlande, sont d'importa-
le b serait adventice pour l'euphonie. Le spi-
;
tion romane. —
D. f/uirlander.
rituel philologue ajoute à cette explication GUISARME, vfr. aussi f/isarme, r/issarme,
fort hasardeuse " si non, liis utere mecum ».
: jusarme, prov. f/azarma, jusarma, it. f/iu-
Sa conjecture est cependant plus près dobte- sarma; notons encore vfr. wisarme, visarme,
.nir noti'e assentiment que l'idée de ceux qui bisarmc, v. esp. bisarma, v. angl. f/isarm,
attribuent le nom de f/uimbarde à M. le con- f/i/sam. On est aussi peu d'accord sur lu défi-
seiller aulique Gidmbard de Nuremberg! — nition que sur l'étymologie de ce mot. Gachet
D'autres prétendent que c'est un mot breton démontre l'anc. synonymie du mot avecpaffiU,
signifiant abeille chantante. Le mot (pdm- — qui était une hache à deux tranchants ; de là
barde signifie aussi un gros chariot à quatre s'explique peut-être la variété de forme bi-
roues et couvert ; ser£iit-ce également en sou- sarme, pour ainsi dire double arme (de bisarme
venir de son invention par quelque conseiller on peut ûver guisarme; cp. f/uimauve de bis-^
Guimbard l malva). C'était en tous cas une arme tran-
GUIMPE, anc. f/uhnple, angl. xoimplc, chante et probablement, dans le principe, une
prov. f/impla, voile, fichu ; du viia. wimpal, arme en forme de faux. Diez conjecture,
habillement léger pour l'été, nha. wimpel, comme primitif, le vha. /7e<-2*"or«(=all.mod.
banderole, guimpe. La racine du mot ail. à sarcler), par lequel on traduit
f/at-cisen, fer
parait signifier « flotter dans les airs ». D. — dans les vieux glossaires latins-allemands le
f/uimper, faire prendre le voile. L, faix on falcast>-um, et qui pouvait facile-
GUINDER, hisser par le moyen d'une ma- ment se défigurer en (/etsarna, yisarna, puis,
chine, it. (ildndare, csp., \>ort.i/id)idar; do sous l'influence du mot roman arma, en //««'-
l'ail. wijHlen, rouler, guinder, angl. wind .
— sarma. La fréquence de la permutation entre
De là : it. r/uindo/o, esp. r/uindola, fr. (juin- les initiales r/u, y et vo, dans le domaine fran
dre, petit métier pour doubler les soies filées, çais (c'est ainsi que l'on trouve tour à tour
et (/uindoulc, machine pour décharger un (juivre, yivre, wivre; yachicre, jachicre, wa-
vaisseau ;//u/a(;/e, nom
d'une petite presse à quirre) a pu motiver la multiplicité des formes
moulinet et sans f/uindeau ; les
vis; f/uindal, de ce mot, —
Gachet admet pour primitif le
formes f/idndas et vindas sont importées du }ih. y y sarum, qui, d'après lui, est une forme
néerl. windas (= ail. wind-achse), p. l'arbre allongée de gœsum, javelot nous n'oserions ;
duguindal. —
De f/>dnder, au sens figuré, lui donner raison.
affecter trop d'élévation, M'"** de Se vigne a GUISE, it., esp., port., prov. //?«5a, du vha.
{altf/idiidei-ie. wisa, ail. mod. todse, manière. D. déyuiser, —
GUINEE, monnaie d'or anglaise, ainsi nom- changer de manière, de costume.
mée parce qu'elle fut fabriquée, dans son GUITARE (vfr. yuUerne, yuinterne), it.
origine, avec l'or que les Anglais avaient cldtarra, esp., port., prov. yuitarra; du gr.
ai)i)orté de la Guinée. xirâ,/5a. —
D. guitariste. —
Du latin cithara
GUINGOIS, inégalité, obliquité; d'après (avec c chuintant) dérivent les formes it. ce-
Diez, du nord, kinr/r courbure, flexion; , tera, cetra, prov. cidra, citala, vfr. citare,
coin le mot serait ainsi pour quinr/ois, et la
; citole, ail. cither.
terminaison ois représentei\ait le suflfixe latin GUITRAN, voy. youdron.
ensis. Le picard a quint/ouin. GUIVRE, serpent, voy. givre 2.
GUINGUET, GUINGUETTE, voy. ffim/uet. GUMÈNE, gomcne.voy.
GUIPER me semble venir de l'angi. tcliip, GUSTATION, du L.gustarc, goûter gustuel ;
surjeter, plutôt que du goth. veipan, border (Brillât-Savarin), mot savant, tiré du L. gus-
en rond (ornement circulaire) ou l'ail, loeben, tus, goût.
tisser, proposés par Diez. Le subst, angl. GUTTA-PERCHA, mot forgé par les Anglais
ffi^np « a kind of lace madeof threadswhipped du malais : yetali pertjah, litt. gomme de Su-
or twisted round with silk » l'eproduit le ra- matra.
dical français sous forme nasalisée (cp. fr. GUTTURAL, L. gutturalis (de guttur, go-
fjibelet, ang\, r/imblet). —
Le terme de marine sier).
f/uipon se rattache prob, à l'ags. loipian, GYMNASE, du gr. yuavâTuv, lieu destiné
angl. loipe, nettoyer. aux exercices de corps, qui se faisaient à nu-
GUIRLANDE, it. f/hirlanda, esp., port, corps (de là le nom ; yuavoi
=
nu). —
Du verbe
gidrnalda, v. es^. ffarlanda, port, aussi ffi'i- grecyu,avî«^£tv, faire des exercices de corps, vien-
nalda, prov., cat. f/arlanda, angl. f/arkuid. nent encore : subst. yyy.vjejryi,-, fr. gymnaste,
Les dérivations usuelles de r/irulare, viruJare adj. fjij.-jv.'7Tv/.6i, fr. gy7nnastique.
(diminutifs imaginaires de f/irare, virarp) ne GYNÉCÉE, du gr. yvyzi/.-:Tov, appartement
sont guère recommandables. Mieux vaut l'éty- réservé aux femmes (yuval/î;)
mologie de Frisch,qui rapporte ^»/Wa»t/^ au GYPSE, du L. f/ypsum (gr. yûio;), pierre à
mha. wierelen, border (vha. wiara, cou- plâtre. L'ail, gipset it. gesso signifient plâtre.
H
HABILE (forme savante moderne p. vfr. néerl. hache, houe, pioche (verbe hacken,
able), it, abile, prov. abilh, angl. ablc, apte, hacher)et c'est du mot français que viendraient,
propre, convenable, adroit, intelligent, du d'après lui, les formes it accia, assa, esp.
mot latin habilis (habere), qui avait de même Jtacha, port, fâcha, hacha, prov. apcha, p.
dégagé ces diverses acceptions figurées du acha. L'étymologie tirée du L. (wcm,doloire,
sens primordial facile à tenir ou à mettre
: est fausse pour hache, mais elle convient à
(« calcei habiles •»), commode, approprié (par lit. ascia et prov. aissa. —
L'opinion do Diez
là synonyme àe ajjtus et idoneus). D. habi- — e.st conte.stée par Forster (Ztschr., 111, 264;
Iftr, et comme terme savant de jurisprudence "VI, 111); selon lui, le seul type qui explique
habilité, L. habilitas; inhabile, L. inhabilis, toutes les formes romanes est ail. 'hajyû,
et malhabile. — De habilis vient BL. habili- devenu vlia. happa, auj. happe, heppe, hippe
tare, rendre habile ou apte, fr. habiliter (faux, faucille, serpette). —
D. hachot, ha-
(terme de droit), op. facilite^' de facile. Voy. chette, hachereau ; hacher (pic. héquer), ha-
aussi habiller. choir, -is, -ure.
HABILITER, voy. habile. Cps. réhabiliter. HAGARD, angl. ha^gard, farouche; s'appli-
HABILLER, d'où subst habillemen f Le su bst
. .
quait d'abord au faucon," qui n'est de l'année,
BL. habili))ii'ntiim, préparatifs militaires, ains ha plus d'une mue et a longuement esté
équipement (angl. habiliments, m. s.), pré- à luy, qui a esté prins de repaire ou au pas-
suppose un verbe habilire, dont les accep- sage et est le contraire de sor » (Nicot).
tions étaient rendre habile, mettre en état, D'après Diez, c'est un mot que les Normands
apprêter, façonner, disposer pour un but dé- français auraient forgé du v. angl. hauhe
terminé, arranger, vêtir. L'ne filiation analo- (auj. haiok) au moyen du suffixe i)éjoratif
gue se remarque dans le verbe dresser {angl. artl (cp. busard); le nord, hak-r, tète chaude,
dress), pr. diriger vers un but, disposer, dit Diez, présenterait toutefois un primitif
arranger, \m\s, (en angl. du moins) habiller. tout aussi acceptable. Huet tirait le mot do
Cependant, notre habiller (prov. habilhar, l'ail, hag, clôture, haie, lieu fortifié, « propre
esp. habil.lar), ne répond pas à la forme tiabi- à rendre fier celui qui l'a pour défense ".
lire, mais à celle de habillare; ov, celle-ci ne Littré reprend cette étymologie, mais en l'ex-
peut remonter à habilis, mais ù un adj. bar- pliquant autrement « le faucon hagard, dit
:
bare équivalent habilus, habillus. L'accep- — un auteur du xiv*" siècle, est celui qui mue de
tion ancienne apprêter, préparer a sui*vécu haie, c'est-à-dire dans les haies (ail. hag) et
dans h's expr. " îiabiller du chanvre, de la non en domesticité.» —
L'ail, (dial. de Mont-
volaille, etc. ", et surtout dans le subst. habil- l)éliard) présente également la forme hagart,
luf/e. Babiller s'employait anc. aussi au .sens pour faucon hagard, et (îrimm l'interprète
d'habituer ainsi .lean Lomaire des Belges, I,
; par hag-hart, fort à la défense. De hagart-
236. —La dérivation de habitus, par l'inter- falk le peuple allemand a fait hager-falh, en
médiaire d'une forme barbare habitulare, ne lui donnant ainsi l'air de signifier faucon
mérite aucune créance. —
D. habillement; maigre {hager}.
déshabiller. HAGIOGRAPHE, qui écrit sur les saints
HABIT, du L. habitus (habere), sign. : ma- {i/iii, saint). — D. hagiographie, -ique.
nière d'être habituelle, état, constitution, HAIE, BL. liaga, haia, du flam. haeghe,
appareiice extérieure, puis habillement, cos- ou du vha. hag, ail. mod. hag, clôture, pr.
tume, mise. Pour le développement de l'idée, lieu épineux, plein de ronces et de haies. —
^P- &•'• 'X'^i<*=! i'-y.'-^)' manière d'être et vête- D. vfr. Jiaier, clôturer.
ment, costume, de consuetudo, coutume,
le fr.
HAILLON, par had'lon, dérivé du mha.
pr. manière. Au
et fr. i/iiise (dans déguiser),
haxlel, ail. mod. hader, m. s.
sens premier du primitif latin ressortissant
HAIM, liameçon, vfr. ain, ham, cat, am,
les dérivés habitude, L. habitudo ; habituel,
:
cle, L. habitaculum. —
L'anc. langue avait
HAÏR, vfr. hadir; du goth. hatan, vha. ha-
HALE,air sec et brûlant; d'après Diez, du ail. hasel signifie coudrier et baguette de cou-
flam. hael, sec, brûlant. Si cette étymologie drier.
est juste, faut admettre que l'** est épenthé-
il HALLUCINATION, L. hallucinatio.
tique et non radical dans le vfr. hasle, par HALO, du gr. «>w;, m. s. (pr. aire).
conséquent aussi muet. Cependant, puisqu'il HALOT, de l'ags. hal, vha. hol, cavité.
a subi la transformation en r dans harle HALTE, station, arrêt, vfr. hait, ma.sc.,
(auti'e forme courante au moyen âge), il faut séjour, demeure (" il est venuz el hait des
conclure que cette lettre était prononcée et hors fours) et des lions». Partonopeus, II, 26);
radicale. Les foi'mes successives seraient :
it., esp. alto, arrêt. De l'alI. halten, tenir
hasle, harle, halle, lu'de (cp. mesler, merler, (sens neutre = s'arrêter), subst. //«/<, fermeté,
meller, mêler; vaslet, var-let, vallet, valet). — fixité, arrêt.
Chevallet allègue le gallois h(i,ul, soleil, mais HALURGIE, fabrication du sel, du gr.
cela ne lève pas la difficulté signalée, tout en aloup/loi. (iti-r, sel, et Ipyo^j, travailj.
se recommandant plus que le a/io; de H. p]s- HAMAC, amaca, esp. hamaca et ama-
it.
tienne, ou (chaleur du soleil; de Case-
le i/îa haca, port, maca; mot originaire de l'Améri-
neuve. Ménage proposait L. assum frôti),
:
que du Sud; le ni. hangmat (au xvii" siècle,
d'oii assulum, hasle, hâle. —
D. verbe hàler, hangmaK) et ail. hûngematte, sont des trans-
vfr. hasler, harier, haller, wall. ai'.rler (des- formations du mot roman faites de façon à
sécher); haloir, séchoir. faire signifier au mot « natte suspendue ".
HALEINE, it. alena, lena, prov. alena; L'angl. dit hammoc.
lîAX 2G4 — IIAN
nautô du sens, il n'a aucun rapport étymolo- déduite une idée d'attachement en général.
gique avec le vieux mot français hante ou Cette manière de voir 7no semble subtile et
hanste, anste, bois de lance, lequel vient du forcée ; je veux bien remonter à un radical
L. amcs, amitis, perche (l'étyinologic hasla germanicjue heim, mais pris dans le sens de
étant peu probable]. demeure, habitation. Hanter aurait alors la
HAMSTER, mot allemand. valeur « habiter avec qqn. ". Si le nord.
HAN, onomatopée, exprimant le cri d'un hcimta n'en est pas la source immédiate, on
lioivime qui frappe un coup avec effort ; de là pourrait admettre un type latin ]iamitare,X\Tè
uhaaer, ahan (v. c. m.). de hamus, représentant bas-latin du germ.
HANAP, hcnap', it, auappo, nappo, prov. heim (voy. hatneau). —
Le verbe se trouve
enap, nap; du httap (auj. nnpf), vase,
vlia. frAjuemment dans la vieille langue avec le
ags. hnap, flam. nap. —
D. vfr. hatiapicr, sens de manier, pratiquer hanter la guerre,
:
crâne (cp. tête, de testa, tesson), casf|ue. un métier; on trouve le mire de leyier han-
:
HANCHE, voy. anche. — Selon Bugpc temenl, le chirurgien à la main légère, habile,
(Rom.; 111, 152), ce mot est indépendant do et Gachet cite l'adj. antaule (appliqué à che-
anche, tuyau. Il rejjroduit l'ail mod. hanke min) =» praticable, mais cela ne suffit pas
{Kiliaen hanche, hencke,
: coxa, coxendix), l)Our justifier l'étymologie vha. hant, main,
lequel à son tour est indépendant du vlia. mise en avant par Chevallet. —
Littré s'en
ancha, tibia, crus (= fr. anchc) et vient du tient à l'étym. halritarc, qui, « devenant hab-
mlia. lii)ike)i, hank, hioiken, boiter. D. — tare, a pris facilement une nasale, et, déri-
dèhanclié, rhanchè. vant de habere, a eu dans la latinité, et a pu
HANEBANE, jusquiamc, de l'angl. hoi- avoir dans le français, le sens de avoir sou-
*'
et qui est déjà une présomption en faveur de HARAS. Pour expliquer l'origine de ce mot,
rabseuce d'aspiréo, mais l'exemple d'autres on a sans succès mis en avant le vha. }tari,
mots pourvus d'une h aspirée contrairement troupe, armée (nha. liecr), de même le lom-
à leur étymologie, ainsi liaut (altus), hérisson bard fara, race. Dicz préfère l'arabe faras,
(cricius), houlette (dimin. du lat. agohim), cheval (d'où esp. alfaraz), pris dans jin .sens
hulotte (ulula», /ac/)p« (upupaj, huiler, hurler collectif, comme le prov. mod. ^^ci(=L. equa)
(ulularc). La langue supprime ou applique est employé p. haras. Cette étymologie serait
l'aspiration tout à fait à sa convenance, et quant décisive, dit-il. si l'on trouvait la trace d'une
à notre verbe CDtter ou hanter, elle avait une anc. forme fr. faras ou d'un mot BL. fara-
l'aison toute naturelle de l'aspirer c'est le
; ciu.m-. Cette découverte est faite; un passage
besoin de le ditîorencier de enter (planter). Et deBercheure porte farat (voy. Littré); j'ajoute-
d'ailleurs hanter n'a pas toujours été aspiré ; rai (pie Godefroy cite plusieurs cas de vfr. farat,
à preuve, pour le verbe même, le vers suivant faratz au sens de amas, troupeau). —
.le ne
de Baud. de Condé, p. 76, v. 384 Par le : vois cependant pas pourquoi l'on dédaigne
dragon qui dedans n'ante; Baudouin de Se- l'étym. tirée du L. hara, qui signifiait une
bourg, V. 347 : Car d'anter ses amis vault petite écurie (pour oies, poules, pon;s) ce :
cheval, bidet. Ce mot germanique hach a de saillir les juments devient desnué de force,
aussi donné l'esp. haca, port, faca, vfr. haque, estancé et allangoury », —
Godefroy cite de
bidet, criquet. Du vfr. haque vient le dimi- nombreux exemples d'un subst. haracc, panier
nutif vfr. haquet, pic. Itaguette, petitejument; formé de cordes, mais je doute qu'il soit con-
auj. le fr. haquet signifie une espèce de char- nexe avec notre verbe, comme on le présume
rette. —
Les dictionnaires qui rattachent lia- dans Rom. VIII, 453.
qne au L. equus commettent indubitablement HARAUDER, voy. haro.
une erreur. HARCELER, vfr. herccler; d'après Diez,
HAQUET, voy. l'art, préc. — D. haquetier. dérivé de herce', auj. herse (v. c. m). Il allè-
HARANGUE, it. aringa, esp., port, arenga, gue l'angl. harroïc, qui réunit également les
\)Vo\' . arengua ; le masc.it. aringo signifie significations de herser et de tourmenter. J'y
le lieu où se fait
le discours, chaire, tribune, verrais plus volontiers une dérivation de haiy
puis aussi lieu du combat. Du subst. vha. cellc, vieux mot français (évidemment le dimi-
hring, cercle, as.semblée, théâtre, tribunal, nutif de har ou hart (voy. s. harasse^'), qui
vient d'abord le verbe haranguer, it. ai'in- signifiait une petite baguette servant à faire
gare, etc.. assembler du monde autour de soi, aller les chevaux. Pour appuyer mon étymo-
pour lui adresser la parole ; puis du verbe logie par voie d'analogie, je réunis ici les dé-
procède le subst. harangue =
le discours rivations suivantes : forme har, verbes harer,
même. Pour l'initiale germaniqtie hr dégagée harasser (?), forme hart, verbe
vfr. hardier,
tif dégageant tout autant de verbes à forme Palsgrave : « hotchpotch of many meates,
variée, mais de signification semblable. haricot »). Ce mot repré.sente, selon Génin,
1. HâRDE,
troupe de bêtes fauves, vfr. une variété du fém. vfr. haligote, hcrligote,
pic. hei'de l'ail. Jierdc, goth. hairda,
; c'est = morceau, pièce, lambeau, d'où ha/igotei',
ags. heard, troupeau. harigoter, déchirer, dépiécer. Le spirituel
2. HÂRDE, lien pour attacher les chiens de philologue nous fait voir par des recettes culi-
chasse, forme féminine de hart, corde. D. — naires qui remontent au xiv* siècle comme
hurder, attaclior les chiens. quoi le haricot de mouton a toujours été en-
HARDEAU, voy. haH. visagé comme un ragoût, dans lequel le mou-
HARDES = bagage, peut-être le subst. ton est coupé menu en beaucoup de morceaux.
verbal du verbe harder, lier (v. harde 2), Quant à l'origine de haligote, il la trouve
mais on peut y voir aussi, pour autant qu'il dans le L. aliquot, exprimant pluralité. Diez,
signifie paquet, une simple modification de plus prudent, s'abstient d'a.ssigncr un primi-
forme du moi farde (v. c. m.). Pour /"devenu tif au mot haligote, et se borne à citer l'angl.
h, cp. ho7's de fors. On trouve, en effet, vfr. harl, fibre et vha. harluf, licium. Quoi qu'il
hardel pour fardeaii. en de menu, inhérente au mot ha-
soit, l'idée
HARDI, part, du verbe ancien hardir (pour clairement du vieux verbe hari-
ricot, ressort
lequel nous disons aujourd'hui enhardir) = cote-, employé au figuré pour spéculer mes-
prov. ardir, it. ardire. Ce verbe représente quinement, et du terme haricoteiir, pie. hari-
le vha. hartjan, rendre dur, fortifier, aguer- cotier, marchand de détail. Cp. le wall.
rir (radical hart, dur). Bien qu'en esp. ardido, halcoter, barguigner, chipoter.
brûlant (de arder, brûler), coïncide avec 2. HARICOT, plante légumineuso. D'ori-
Y aà.^. ardido, hardi, ce dernier n'a rien à faire gine incertaine. Amusons-nous un instant à
avec le L. ardere. Quant à l'étymologie tirée voir le docte Ménage .se débarrasser de la diffi-
du gr. y.apoi-x, cœur, c'est une insigne bévue. culté. Le mot vient, selon lui, de faba, fève :
— D. hardiesse =
prov. ardidesa (en vfr. on « faba, fabarius, fabaricus, fabaricotus, fari-
avait le subst. hardernent, =
prov. ardimen, cotus, haricotus ». Malheureusement, il a
it. a7'dimento); verbe enhardir. Kn picard,— négligé de nous montrer sur la carte une
l'adv. hardiment équivaut à beaucoup, fort, .seule dôs diverses étapes de la longue route
tout comme le vha. harto. —
Du même radi- qui conduit de faba à haricot. Voici mainte-
cal germanique viennent sans doute aussi les nant l'avis beaucoup plus ingénieux de feu
termes hardeau et hardelle, =
jeune garçon M. Génin Haricot, mot qui no fait concur-
:
et jeune « garsette », que je trouve consignés rence à /^v que depuis le xvii" siècle, est le
dans Nicot, et encore d'usage en picard. même mot, avec une acception détournée, que
HAREM, mot arabe, litt. chose sacrée, ac- haricot r^ ragoût de mouton (voy. l'art,
cessible à certaines personnes seulement. préc). " L'aspect d'un plat de haricots rappe-
HARENG, prov. arenc, du vha./(«nnc, ags. lant à la vue un plat de ces petits morceaux
Jiaeo'inff, nha. hdrinq, angl. lierrinq. l'ne de mouton mis en ragoût, quelqu'un se .sera
connexité radicale entre ces mots germaniques avisé de transporter au légume le nom du
et le L. halec, saumure (rac. gr. «i;, sel), plat de viande. Ces ironies ne sont pas incon-
n'est pas admise par les germanistes mo- nues dans le vocabulaire gastronomique, où
dernes. une croûte de pain frottée d'ail s'appelle un
HARGNER*, fâcher, harceler; en picard = chapon ».
injurier, se moquer. Diez rapproche hargner HARIDELLE, mauvais cheval maigre, fig.
du vha. harmjan, ags. hearmjan, injurier, et par méj)ris =
femme grande, sèche et
blesser. On pourrait aussi le placer dans la maigre. Comparez angl. harridan, wall.
même famille que les vei'bes harcr, liarasser harott, rouchi aroi(<(?, norm. harin,]iarousse,
et harceler. Pour la forme, voy. ce que nous m. s. N'y aurait-il pas ici encore au fond le
avons dit à l'article épargner. La série des har du verbe harer, aiguillonner, frapper du
formes serait hariner, harinier, haringer,
: fouet? Haridelle serait une rosse que l'on ne
harigner, hargner, modifications littérales fait marcher qu'à coups de bâton. On a aussi
qui n'ont rien que de très ordinaire. D. — pensé, mais à tort, je crois, au L. aridella,
hargne, déplaisir, chagrin (effet de l'action dérivé imaginaire de aridus, sec.
hargner), &nc. aussi querelle; adi.. hargneux, HARLEQUIN, voy. arlequin.
qui aime à taquiner, à chagriner; chagrin, HARMALE, it. arm<jra, nom de plante, en
querelleur. L'étymologie L. herniosus, -= botanique pcganum harmala, du gr. ûpij.y.'i.y..
qui a une hernie (elle date déjà de Nicot), De là le terme de chimie harmalinc.
est ridicule ; on rencontre bien le subst. vfr. HARMONIE, L. harmonia {xfjf/.ovl7:). D. —
hargne dans le sens du L. hernia (Godefroy harmonieux, harmonique, L. harmonicus
ne le connaît pas), mais ce n'est qu'un homo- (de là l'instrument dit ha.rrnonica)\ harmo-
nyme de hargne, chagrin. On peut avoir une nier, -iser, -iste; opp. disharmonie, aussi
hernie sans être hargneux le moins du monde I désharmonie (Michelet).
Dans « chien hargneux », l'adj. pourrait être HARNACHER, prov. ar)iescar,arnassar, dér.
une altération de hagneux, qui vient du verbe du vfr. harnas, voy. l'art, suiv. Cps. enha7'- —
hagner (dial. rouchi), mordre, dont on ne nacher, déharnacher.
connaît pas l'origine. HARNAIS, HARNOIS, vfr. harnas, p. har-
1. HARICOT de mouton (en vfr. hericot; nasc, it. arnese, esp., port., prov. «nies. C'est
IIAU — 207 — ITAS
la racine cymr. haiarn. irl. rotran," fer, jointe D'origine inconnue ; on peut supposer que le
au roman iscus ou ensis. Ou bien est-
suffixe d ou t est paragogique comme dans bard,
il préférable d'admettre que le mot cymr. homard, etc (voy. pi. h. sous harasser) et que
haiarnaez, attirail de fer, ferraille, ait d'abord le mot signifie primordialement baguette
donné l'angl. harness, d'où seraient prove- d'osier, souple et pliante, .servant
de lien (cp.
nues formes romanes? Notez que harnais
les en ail. wiede, lien, de weide, saule). D. —
signifiait dans le principe armure, attirail de hardeau, petite corde, aussi vaurien (qui mé-
guerre. On dit encore " endosser le liarnois, rite la hart).
vieillir sous le liarnois •>. Le mha. harnasc/i, HASARD, it. az:;ardo, prov., esp., port.
ail. mod. harnisch =
cuirasse, est d'impor- a:ar (en esp. et port., le mot signifie coup
tation romane. —
D. harnache)' [v. c. m.). malheureux), cat. atsar, entreprise ]ia.sar-
HARO, aussi hai'P, angl. harrow, interjec- deuse. Notons d'abord que le vfr. hazart si-
tion " crier haro » .D'après Diez, du vha. Jiei'a
; gnifiait pr. im jeu de dés, puis coup de dés
ou hara. aussi harot, .saxon herod, signifiant (« geter hasart "j, enfin chose futile (ainsi dans
ici L. hue La forme hcrod donne l'explica-
! ! la phrase « ne valent pas un hasart »). L'éty-
tion du verbe fr. haroder, harauder. L'an- mologie de ce vocable a beaucoup torturé les
cienne explication par ha Rou! (RoUon, duc linguistes sérieux autant que les amateurs.
de Normandie), bien qu'elle date du xiv" siè- On a proposé tour à tour 1° le latin as, au :
cle, est de pure fantaisie. sens d'unité au jeu de dés, mais la consonne z,
HARPAGON, avare, du personnage ainsi qui parait être un élément organique du mot
nommé dans la comédie de Molière intitulée roman, y fait obstacle; 2. l'arabe rfarr, dom-
J' Avare. Molière avait puisé ce nom, qui vient mage, mais il n'y a là ni rapport de sens, ni
du grec àpTrà^uv ravir, piller, dans la comédie concordance littérale 3. l'hébraïque zarah,
;
ags. harpe, vha. harpha, ail. mod. harfe, jasar, partie de dés la consonne arabe s per-
;
VénanceFortunat mentionne la harpe comme mute en effet avec le z roman, mais comment
un instrument particulièrement cultivé par expliquer l'aphérèse de l'initialej ? Ajou- —
les Germains. Diez est d'avis que c'est la tons à ces conjectures hasardeuses la suivante
forme crochue de l'instrument qui a déterminé d'un homme sérieux, mais qui, à force de la
l'acception griffe, crochet, propre également démontrer, lui enlève toute probabilité ha- :
au mot harpe (voy. l'art, suiv.). Les/; aspirées sard, selon Bohmer (Jahrb. f. rom. Phil., X,
trahissent selon lui une provenance germa- 190), provient d'un type latin /tworanum par
nique le grec â/sn/j aurait, suppose-r-il, donné
; les évolutions suivantes hauriar, haryar,
:
simplement arpe. Je pense que le célèbre lin- harzar, harsar, hasar, hazar. C'est bien là
guiste use ici d'un peu trop de subtilité, d'au- fatiguer les mots et soi-même en pure perte.
tant plus que le fr. présente plus d'un exemple Diez n'ose pas se prononcer; il est porté à
où \h aspirée est ajoutée sans raison étymo- croire cependant que le rf final est parasite,
logiqiie, soit par l'influence germanique ou comme dans homard, blafard et autres; que
par assimilation à quelque homonyme. D. — la forme it. azzardo vient du français et que
harpiste, harper ; jouer de la harpe. le véritable mot italien est l'anc. zaro, auj.
2. HARPE, croc, griffe; esp., prov. arpa, zara,ie\\ delà chance, risque, danger (d'après
m. s. Du grec âpn/i, croc; ou bien, ce qui Diez, coup de trois as). —
Raynouard rattache
pouri^ait lever les difficultés opposées par Diez le mot au suéd. asar, plur. de as, dieu ; le
à une disjonction étymologique de harpe, hasard équivaudrait à « les dieux, le destin».
instrument, et de harpe, griffe, crochet (voy. Cela n'est pas plus probable que les autres
l'art, préc), du vha. hrepan, par transposi- moyens proposés. —
Génin fournit des preuves
tion herpen, saisir, accrocher, qui nous parait constatant <\nehasard signifiait primitivement
également être au fond du nom de l'instru- le coup de six au jeu de dés, le point qui fait
ment musical; cp. le bavarois /iar^/èn, grim- gagner Jean de Garlande (xi"' siècle) Senio, :
per. —
D. harper; harpailler ; harpeau,
;
n'ont pas fait défaut, comme on voit; il faut voyaient dans halberc un type germ. al-berc
savoir gré à Mahn d'avoir mis un terme à = (pli cache tout; mais les formes it. et prov.
cette incertitude par une étymologie, sinon
.sont contraires à cette origine.
certaine, du moins tout à fait plausible. Le HAUSSE-BEC, voy. hausser.
mot vient, d'après lui, du mot arabe sehnr, HAUSSER, vfr. haucier, haucei', it. alsare,
contracté-;»/', signifiant dé; combiné avec l'art. esp. alzar, prov. alsar, ausar; d'un type latin
aZ,il est devenu assahar et assar ; de là les
altiare, formé de altus, haut. — D. hausse
formes e.sp., i)ort., prov. et franc., tandis que (d'où l'adj. haussier):, l'ehausser; voy. aussi
la forme it. zaro, sara reproduit le même
— \Jh initiale est parasite
exaucer. —
Cps. hausse-bec' , 7nouvement qui
subst. sans article.
consiste à hausser le bec en signe de dédain,
dans le principe, comme
et n'était pas aspirée
de là verbe haussebecquer, railler; hausse-
l'a démontré M. Génin.
fort bien I). ha- — col.
le
sarder, hasardeux.
HAUSSIÈRE ou aussière, aussi haiisière,
HASE, femelle du lièvre, du vha. haso, liè- cordage à trois toi-ons; n'a prob. rien à faire
vre, ail. mod. hase, ags. //^ovi, angl., dan., avec hausser. Langl. dit hawser, mais ce mot
suéd. harc. est emprunté du fr ; l'étymologie (!st le ni. et
HAST, dans « arme d'hast «, vfr., prov. ast, ail. hais, qui signifie cou et, en t. de marine,
forme masc. du L.hasta. càbh'.
1. HASTE, lance, L. hasta. HAUT, vfr. hait, ait. L'h est une ajoute
2. HASTE, broche et ses dérivés hâtier, faite sans doute .sous l'influence de l'ail, hoch.
lutteur, etc., sont bien, à l'avis de Hugge Du L. altits. — D. hauteur; hautesse, jadis
(Rom., IV, 359), issus du lat. hasta, mais en = grandeur, élévati(m; hautain (voy. aussi
subi.s.sant l'influence de l'ail, harst, ustensile allier). Le terme altesse est tiré directement
HAVET, crochet (outil des ardoisiers), ainsi HEMATITE, L. hœmaliles,àn gr. «;//«t(t/,î
que havcau, aiic. haveJ (outil des sauniers), (de ai//z, sang).
dérive du vfr. Itef, crochet, d'où aussi vfr. HEMI-, élément initial de composés; c'est le
haver, tirer à soi au moyen d'un crochet. grec /-//i-, équivalentlittéral du L.semi, demi.
Voy. Fojrster, dans Grobei-, Ztschr. VI, III. , Les principaux composés sont Hkmicyclk, :
HEIDUQUE, bohème hayduh; forme slave bosus); herbu; herbier (L. herbarium); verbe
du hongrois liadju, fantassin.
V. herber, exposer sur l'herbe; herbivore liovmé
HEIM, hein, interjection répondant pour le d'après carnicore), =
herbam vorans; herbo-
sens et le son au L. hem. riste, herboriser, mots de fantaisie, créés pro-
HÉLAS, prov. ailas, angl. alas, it. ahi bablement par assimilation à arboristc et arbo-
lasso, de l'interjection 7'iser, qui sont moins arbitrairornont formés,
/;« et de l'adj . las [L.
lassi(s), anc. = malheureux. et aussi d'introduction plus ancienne.
HÉLER, appeler de loin, de l'angl. hail, HERBORISER, -ISTE, voy. herbe.
l)r. saluer; Kiliacn donne au flam, hacleu 1 HÈRE, mot de date peu ancienne ; d'après
aussi le sens d'aj)peler. Diez, de herr ou néerl. }>eer, monsieur,
l'ail,
HELICE, gr. -;).i;, ïy./r,, m. s. (de iH.-jsu-i, seigneur. Pourquoi pas aussi bien du L. herusf
rouler en spirale). La solution de cette question dépend du mi-
HjîiLIOTROPE, litt. tourne-sol (de vi'/io,-, so- lieu dans lequel l'expression pauvre hère a
leil, et TrA-îTivj, tourner). pris naissance, Forster (Ztschr., III, 262) se
HELLÈNE, gr. ?av,v, habitant de la Hellade, demande mot, dans cet emploi, ne repré-
si le
puis Grec en général. — D. hellénique, sente pas le vfr. hère (fém.), figure, mine.
helléniste. 2. HÈRE, terme de vénerie, le jeune cerf
HELLEQUIN, anc. feu follet, du néerl. hel- qui commence à pousser ses premiers bois.
lehen, dim, do helle (ail. halle), enfer. Ce Kst-ce une expression métapliorique se ratta-
mot, ayant pris une acception personnelle, a chant au mot préc? ou y aurait-il là le même
fourni le nom it. Alichino, employé par Dante radical qui a donné vha. hiru: (ail. mod.
pour un des démons de la fosse des baratieri. kirsch), ags. heorut, angl. hart, ni. hcrt,
De là le sens chevalier de l'enfer, fantôme
: cerf?
armé. HÉRÉDITÉ, vfr. Iiérité, hireté, du L. hcre
HER — 270 — HEU
lUtas (liei'es) ; héréditaire, L. liereditarius, puisque la hei'se est hérissée do piquants.
primitif aussi du fr. héritier. Bescherelle reproduit la bévue de Morin,
HÉRÉSIE, IVamisation de L. hœnvsis = d'après qui herse vient du gr. i^xiov, barrière
choix, option, puis la doctrine
gi". atr.5îir, i»r. ou clôture dont on environne une maison pour
pour laquelle on se déclare, la secte à laquelle la fortifier. 11 est certain que les paysans ont
on s'adonne. —
D. hérétique, L. htereticus, eu le nom et la chose avant que les ingénieurs
gr. ?(r.-:Ti/&-:, sectateur. aient songea garnir les portes des villes de
HÉRIGOTÉ, voy. ert/ol. grillages à pointes de fer. —
D. herser, her-
HÉRISSER, voy. le mot suiv. silhm ; voy. aussi harceler.
HÉRISSON, vfi .aussi hcriçon,eriçon,iriçon. HÉSITER, L. hœsitare (frôq. de hœrerc).
wall. ireson, ureson, it. riccio, esp. erizo, HÉTÉRO-, élément initial de quohiues com-
l)ort.ericio,ouriço, rouchi hirchon, tturchon, posés scientifiquesdu gr.
; autre.
izipoi,
ângl. urchon; prov. crisson ; dér. du L. eri- Parmi ces comjKjsés nous citons hktkroci.itk,
:
cius, m. s. —
Du même primitif vient aussi gr. £Tî/5o/)iT(}i, litt. qui se décline ou fléchit
le verbe hausser,it. arricciare, esp. erizar, i/'iiv'ù) autrement ;hktkkodoxk, opp. de or-
port. prov. e>-issar. On donne le nom
oi'.)-içar, thodoxe, gr. 'zTtpoôoî i, qui est d'une opinion
de hérissoniie à une espèce de chenille velue, (èo|a) différente; hktérooknk, gr. iripoysvrn,
dont le poil forme des houppes. qui est d'un genre (/ivo;) différent.
HÉRITER, \fr eriter, ireter, it. ereditarc, HÊTRE, du flam. heester, hrster, arbrisseau,
eredare, redare, esp. heredar, port, heidar, jeune hêtre, ail. heister, jeune
bas-ail. /tester,
prov. lierctar ; quelques-unes de ces formes arbre de bosquet. Le mot, spécialisant son
accusent pour type le L. hn-cditare, d'autres acception, a fini par supplanter en roman les
le BL. heredare. —
D. hérité' , hiri'té' L. he- , anciennes dénominations du hêtre, fau, fou
reditas héritance, héritar/e; cps. déshériter.
: (L. fagus), fouteau. — Ménage voyait dans
HÉRITIER, voy. hérédité. haitre, variété orthograiiliifpie p. hrtre, une
HERMÉTIQUE^ qui a rapport à la science contraction d'un type fictif fagastci'; bien
du frrand (puvre, de Hermès Trisméf/isle, que les Espagnols disent haya, j>. fagus ou
philosoi)he égyptien. La cliimie s'appelle au.ssi l»lutôt pour fagfa,}e crois devoir rejeter cette
la science hermétique on nomme sceau her- ; dérivation, ))uis<juc la latinité du moyen âge
métique une manière <'himique de boucher les ne fournit aucune trace d'une forme fagaster
vaisseaux, quiempèciie que les esprits les plus ou fagislcr.
subtils ne puissent s'exhaler de là l'expression ; HEUR. Malgré toute l'apparence de vérité
herïnétifji'onenl scellé ou fermé. que donnaient à létymologie usuelle (hora)
HERMINE, vfr. ^'j-j/tt', tv»u'«c, prov. crntini, nom de Yhoroscope, ce vieux mot
l'usage et le
it.armellino, eiune/linu, esp. annino, du L. masculin, regretté par La Bruyère et Voltaire
armenius. La peau d'hermine était originai- et conservé dans les composés bonheur ot hial-
rement tirée de l'Arinénie, vfr. Ermenie. heur, n'a rien de commun avec le féminin
C'est la fourrure qui a donné le nom à la bote, heure. 11 suffit de tenir compte des anciennes
car celle-ci n'est i)as du tout arménienne formes aiir, ciir, heur, pour s'en convaincre.
d'origine. —
D. hcrutiner. Le mot correspond au prov. auguri, augur,
HERMITE, voy. ermite. agur, e.sp. agiiero, port, agouro, it. augurio,
HERNIE, vfr. herijne, hargne, du L. //tv- wall. aweure, et reproduit le latin augurium,
nia, III. s. présage, auspices. 11 est donc, par son origine,
HÉRON, vfr. ]iairon,\^vo\.ui(/ro»,\t. <u/hi- synonyme de destin, chance, sort; dans le
rime, esp. uiro)i ; du vlia. heigir, heigru, v. principe, une « vox média », c.-à-d. à double
flam. Iteif/lier, m. s. Voy. aussi mV/reWe. sens; l'équivoque disparaissait par l'adjectif
HÉROS, L. hcros {r.pui}, fém. héroïne, L. apposé; toutefois, l'adjectif faisant défaut, le
heroina {/.pm-jv)). — D. hércA'que, L. heroicus mot était pris en bonne part. Le subst. heitr
{r,p'jiï/.6t) ; subst. héroïsme. a ])Oussé le rejeton heureux (vfr. eïireus) ; le
1. HERFE,
ancien terme d'art militaire ^:^ subst. ei'.rté, félicité, a disparu, de même que
hei-se, du L. hir'jitcem fpar apocoi)e du suf- le verbe <mr^r, ei'.rer, aheurer it.,prov. =
fixe;. ahurar, rendre heureux que vous estes eitrée!
2. HERPE, griffe d'un chien, variété de disaient les anciens. — ;
Mentionnons, pour
harpe 2. mémoire, létymologie L. favor, proposée par
HERPES, matières rejetées i)ar la mer, pr. Bo'hnicr.
choses hcrpées ou liarpées, ramassées au HEURE, L. hora. Le même subst. latin a
moyen de la harpe. donné aux langues lomanes un grand nombre
HERQUE, râteau de fer des charbonniei*s, de d'adverbes, ainsi au fr. :or, lors,alors,jlésor-
l'ail, harhe, m. s. mais, dorénavant, encore (voy. ces mots).
HERSE, anc. herce, hierche, BL. hercia ; du HEUREUX, voy. heur.
L. hirpco:, gén. hirpicis, m. s. Cette étymo- HEURTER, anc. hurler, prov. urtar, it.
logie est correcte, et coiTO borée par l'it. er. urtarc. Bien qu'on retrouve ce verbe dans le
jiice, et par la forme hcrpe et hirpe, anc. mha. hurten, néerl. hurten, horten, angl.
terme d'art militaire équivalent de herse, et le hurt, hurtle, Diez estime que ces vocables
n. prov. erpi =
herse. Le synonyme BL. hc- germaniques sont d'importation romane, puis-
ricia est moulé sur le mot français jjar a.ssi- qu'ils font défaut dans les vieux dialectes.
milation au L. cr ictus; assimilation natui*ellc, Parmi les idiomes celtiques, le cymrique seul
IIID — 271 IIIS
vient de ce que, pour passer de l'une à l'autre, hiérarchicpie s'appelait i-fyxpyyji, grand prê-
la bouche reste ouverte. tre, litt. le saint régent (de hod;, sacré, et
HIBOU, mot imitatif (cp.L. ulula, hW. uhu)-^ xpxîij, dominer). Le mot moderne a pris le
en vfr. on trouve aussi houpi. L'origine — sens de « ordre des degrés qui existent dans
onomatopéique de hibou n'est toutefois pas l'état ecclésiastique entre le premier pontife
admise par tout le monde; Baist ^Ztschr., V, (le pape) et le simple tonsuré ", puis celui de
236) tient le mot pour celtique et l'identifie « filière administrative « en généi'al. D. —
avec irland. seboec, cambr. hebouc; cp. en hiérarchique.
catalan siboc = hibou. — L'étym. assignée à HIÉROGLYPHE, gr. hor//ùy9,-, pr. carac-
hibou par Huet est assez jdaisante hic bubo; : tère synib()li(pic [iipoi, sacré, et/}v'jp-:tv, graven.
Ménage, plus fort encore, n'a pas même be- HILARITÉ, L. hilaritas (de hilaris, gai).
soin du Jùc; bubo lui suffit buho, bubus, : HIPPO-, élément initial de quelques com-
vubus, hubus, hybus, hibus, hibuxius, m- posés grecs reçus dans le dictionnaire fran-
HOl; ! çais; du subst. iTfjtoi, cheval. Parmi ces com-
HIC, dans la locution voilà le hic. Ce vo- posés, nouscitons : HiPPODROMi!;,gr. iTZTioSp6fj.oi,
cable /t 'c est l'adverbe latin signifiant ici; la lieu destiné aux courses de chevaux [krjo<xr,,
licidc ou kcde loverait tous les doutes à cet 2. pour ornementer un livre, manuscrit ou
égard. —
D'après Schuchardt (Vokalisnuis, imprimé, par des figurines tirées du sujet
II, 288), hide est =
L. "fœda, subst. abstrait ou do Yhistoire traités dans le livre (do
de fcedus. —
Les écrivains du xvi" siècle em- là lettrines ou vignettes historiées). Auj. ce
ployaient encore l'anc. subst. hideur; FroLs- verbe est un terme de peinture qui signifie
sart emploie eshidcr p. effrayer. observer tout ce qui regarde l'histoire c'est :
HIDEUX, donnant (anc. aussi éprouvant) de aillai qu'on dit " un tableau bien historié <>.
\i\\>. — • l). Iilrrriwl ; hirrrner, L. hibcrnaro. accrocher que chercher à décrocher ; en effet,
HOBEREAU, HOBREAU*, yoy. l'art, suiv. le picard dit horpi.er, ahoquer p. accrocher.
HOBIN. cspùco de cheval d'Kcosso (do là l'it. — D'a)itre part, l'existence du i)icard hoque-
nbi)io) de Taiigl. hohhii, qui signifie ù la fois
; ter, secouer, faire des mouvements saccadés,
une espèce de petits chevaux et une espèce jette du doute sur la manière devoir de Diez.
de i)ctits autoui-s. De ce primitif liobhy déri- — D. //oc/irt, jouet d'enfants; hocheur, espèce
vent: l.env. angl. subst. ^o/x7cr qni monte = de singe. Composés hochequ.eue; hochepied ;
:
un hobby (voy. Ducange v° hobellani); 2. en hochepot (flam. hutspot, caro jussulenta. wall.
fr. hobereau, jictit gentilhomme, et petit oi- hose]x>f), ragoût ainsi nommé parce qu'il faut
seau de proie. Le sens gentilhomme docoule- parfois hocher le pot, de \x^uv que la viande
t-il de celui d'oiseau, de sorte que le gentil- ne brûle; l'angl. a estropié le mot en hodye-
homme ainsi nommé serait pr. un gentil- p(xlf/e, holch-j)otch.
homme à hobereaii, trop pauvre pour tenir 1. HOCHET, jouet, voy. l'art, préc.
des faucons? ,1e n'ose rien affirmer à ce sujet; 2. HOCHET, sorte de bêche usitée pour les
toujours que lesp. tai/arote, comme l'a
est-il terrains légers, de L. occare, herser.
fait remarquer Dicz, signifie de même petit H06NER, anc. hoiguer, hoiyner, gronnne-
faucon et petit gentilhomme. Richelet — 1er, grogner; Diez rapproche ce verbe des
avait la singulière idée que hobereau était équivalents ail. hitnimen, angl. hum, et sup-
»u)c mauvaise orthographe \)o\\v hautbereau, pose comme origine immédiate une forme
et qu'il vient de haut bcr =
haut baron. C'est vha. hunijan ou nord, humja.
faire d'un petit gentilhomme un pair du HOIR, vfr. aussi heir, du L. hères, héri-
royaume; mais pourquoi ne le ferait-on pas tier. —
I). hoirie; des-hérciice.
dan. hoppe, signifiant également une espèce gique d'après le principe « similia similibus
de cheval. curantur •>. Le terme forme opposition à alJo-
HOC, sorte de jeu de cartes; du L. 7ioc, pniliie iz/)o;, aiitre).
cela, c'est cela. HOMICIDE, 1. adj., du L. homicida, tueur
HOCHE, entaille; on y a vu une forme wal- d'homme, 2. subst., du L. homicidium,
lonne p. coche (cp. wall. haver = L. eavare, meurtre.
lioche = cosse), ou bien le subst. d'un verlx; HOMMAGE, it. omaggio, esp. homenage,
hocher aboquer), accroclier, et l'équi-
(pic. prov. HL. hominatieutn, dérivé
honienatge,
valent de coup de crochet (radical HL. hoccus, du L. honmie, dans son acception
hoiiii)iem,
crochet, =
flam. hoek), ou enfin le subst. du féodale =^ homme-lige, vassal. L'hommage est
L. occare, herser, donc pr. entaille par = ])r. l'engagement pris par le vassal à l'égard
l'effetde la herse. Aucune de ses conjectures du seigneur, puis =
soumission, resjwct, en-
n'est soutenable, l'ancienne forme étant oschc, fin =
don respectueux. —
D.adj. hommager,
verbe oschier (l'aspiration est sunenuc jdus qui doit l'hommage.
tard). —
Un dialecte pi'ovençal offrant auscar, HOMME, it. uoiiio, esp. hoinbreide horanem,
Forster (Ztschr. V, 98) propose l'ét, L. abse-
, comme f'embra de fem'na), port, homem, prov.
care, étymologie phonétiquement correcte. vfr. hom ; du L. homo, -iiiis. D. hommage —
1. HOCHER, faire une entaille, vt)y. l'art, (v. c. m.), hotnmasse, hotumclet, hommeau
préc. (La Fontaine). —
Voy. aussi o».
2. HOCHER,secouer, branler ; de la même HOMO-, élément initial de certains termes
famille que le flam, hotsen, hutsen, wall. composés savants ; c'est le grec i;/o;, sem-
hossi (Diez). D'après Forster (Ztschr., V, 90), blable, égal, commun. Parmi les termes les
hocher aurait pour sens primordial « sai.sir et plus usuels nous, citons :
HONGRE, cheval coupé, ainsi appelé de ce lièrement heurter contre tous les principes de
que les Hongrois
châtraient les chevaux phonétique.
qu'ils allaient vendre à l'étranger. D. hon- — HORIZON, L. horizon, -07itis, du gr,
(jrer. ô,'>i^.jv, = qui forme la limite — D. ho-
HONNÊTE, L. honestus. — D. honnêteté rizontal.
(opoi).
/(o;i;iz> prenait aussi le sens physique de souil- HORTICOLE, -CULTEUR, -CULTURE, mots
ler, tacher. faitsdu L. hortus, jardin, sur le patron de
HONORER, voy. honneur. — D. honorable; agricole, -culteur, -culture.
désltonorer. HOSPICE, L. hospitium,\io?,^\{iiY\ié.
HONTE, voy. honnir. — D. honteux ; éhonté HOSPITALIER, -ALITÉ, voy. hôpital.
HOSTIE, vfr. oiste, du L. hostia, victime.
HOPITAL, mot de la couche savante, du L.
L'acception antique de victime était encore
hosjntale (hospes, -itis). Le môme primitif la-
vivace du temps de Corneille et de La P^ontaine.
tin a donné, selon les règles usuelles, la
forme hostel, auj. hôtel. — D. hospitalier,
De
et
là s'est dégagé le sens liturgique d'ofli-andc
particulièrement celui de pain eucharis-
hospitalité.
HOQUE, aussi hoche, huque, anc. = petite tique.
HOSTILE, L. _
casaque que l'on portait au-dessus de l'ar-
Jiostilis (liostis). D. hosti-
lité, L. hostilitas.
mure; du moy. néerl. hoicke, frison hohke,
manteau. — On rattache ordinairement à HOTE, it. oste, prov. oste, osde, esp. hues-
hoque, comme en étant le diminutif, le mot pcd, port, hospede, valaque oaspete; du L.
hoqueton (v. c. m.), mais les analogues des hospitem, accus, de hospes, lequel, comme
autres langues obligent à lui assigner une le fr. avait déjà le double sens « qui donne
,
du vfr. hoc, crochet, qui serait vha. haco, = rencontrée parmi celles qui ont été mises en
ags. hoc, et qu'il tient aussi pour le primitif avant par mes devanciers. Cependant, l'exis-
de hochet. D'autre part (ib. VI, 11 1) il dit que tence d'un L. agolum, interprété par Festus
le thème vha. hàko n'a pas laissé de trace comme houlette de pasteur, m'oblige à don-
dans le domaine roman. En présence de cette ner la préférence à ce primitif latin; houlette
fluctuation, je maintiens l'ét. que j'ai posée représenterait donc un type agoletta, d'où
d'après Diez. —
D.honel hov.au SM^.hoyau; , aolette, aoulette, oulette, houlette. L'A aspirée
verbe houer =
vha. houwan. pourrait être envisagée comme l'effet d'une
HOUHOU, dans l'expression « vieille hou- assimilation à houe. Ma conjecture a été fa-
liou M. Ce mot, traduit dans le Dict. des trois vorablement accueillie par Littré et Brachet ;
langues d'Oudin par vecchia strega, vieille Diez n'a pas traité le mot. — D'après Jehan
sorcière, est évidemment le nom d'un animal. de Brie, Le bon berger (xiv® siècle), le mot
" Elles sont plus noires que les taupes, plus vient de houler (vfr. = jeter), parce que la
laides que des guenons, plus sottes que des houlette sert à « coper et jeter la terre légère
houhous « (Chapelain, traduction de Guzman sur les brebis. » Il peut avoir bien rencontré,
d'Alfarache). Ne serait-ce pas le uhu allemand, mais cela reste douteux. —L'anc. langue avait
nom donné au hibou ?
imitatif aussi le simple houle.
HOUILLE, BL. etesp. huila, \\a\\. haie. On HOULQUE, HOUQUE, du L. holcus (6i.xoi),
croit ce mot originaire du pays de Liège; orge sauvage.
l'étymologie en est encore à fixer. En wallon, HOUPPE, toufle, flocon, bouquet, esp. Aopo,
je remarque fréquemment la correspondance queue velue des animaux ; on a identifié ce
non seulement de h et se, mais celle de A et mot avec le nom d'oiseau L. upnpa, fr. huppe
ch et de h et c (Grandgagnage ne reconnaît (on sait que cet oiseau se distingue par une
la dernière que pour le dialecte de Ver- touffe de plumes sur la tête), mais les lois
viers) ; n'y aurait-il donc pas lieu do supposer phonologiquos s'opposent à cette étym. ; aussi
un rapport entre le germ. col, hitl, hohlc, faut-il préférer colle de Diez, savoir •
ni.
charbon, et le mot houille f Atzlcr, de son fioppe. houblon, à cause de la forme globu-
côté, propose l'ail, scholle, motte. Cela expli- laire et écailleuse de cette plante. —
D. houp'
querait l'expression charbon de terre en per, hnuppier, houppifère, t. d'hist. naturelle.
houille, dans un texte de 1664 ; ce serait du HOUPPÉB, élévation de la vague, peut-être
charbon en blocs. En 1854 déjà, feu le professeur du flain. hoppen, angl. hop, sauter; Littré le
Bormans de Liège écrivait ce qui suit : « Au- déduit de houppe, l'écume qui couronne la
jourd'hui je suis convaincu qu'il faut rappor- vague étant com|)arée à une houppe.
ter houille au verbe thiois schillen ou schcl- HOUPPELANDE. Les continuateurs do Du-
len, peler, écaler, écailler, etc., dont les cange, après avoir cité divers documents du
dérivés schol, schel, schil et schael signifient xv^ siècle où se rencontre le mot hopelanda,
écaille, éclat, motte de terre, schiste, ar- ajoutent : « Vocis etymon ab Uplandia pro-
doise, etc. La
dérivation du mot houille vincia arcessit Huetius, quod indo crédit alla-
(aussi écrit Iwule) du thiois schol, scholle, tas fuisse huppelandas. Pelandas eas vocant
déjà si probable quand on la considère en (?) ».
Itali La forme bas-latine oppcllanda
elle-même, devient évidente par la comparai- amène Bugge (Rom., III, 153) à poser l'étymo-
son du mot haye, ardoise, en ancien wallon logie suivante L. palla, vêtement long, non
:
haul, terreur, qui, lié avec mer (donc « ter- un plancher, en faire l'aire avec des lattes ;
sile de jardinage pour lever de terre les oi- tion pourvoir (" hourder ses hôtes de pré-
gnons de fleurs, donc pour creuser. J'avais sents »), le mot vient, d'après Grandgagnage,
toujours considéré ce mot comme le dim. de du mha. horden, entasser, accumuler, qui dé.
houe, donc pour houelette; rien ne me sem- rive du subst. hort, amas, provision, trésor
blait s'opposer à cette étymologie, tellement angl. hoard. Le sens premier des mots ger'
simple, que je m'étais étonné de ne pas l'avoir |
raaniques et x'omans est enceindre, entourer'
,
établir une ceinture (pour préserver) de là bêtes dans une battue, ainsi qu'à exprimer le
—
;
découlent les autres acceptions; cp. munir mépris. De là (d'après Diez) le verbe huer,
pourvoir, procédant de L, munire, pr. con- crier après qqn. Voy. hucher. Au cri hu —
struire (un mur), etc. se rapportent encore les subst. huard, nom
HOURET, mauvais petit chien de chasse. d'oiseau, huette, hibou, appelé ainsi d'après
Diez rapproche l'ags. horadr, maigre. son cri, norm. huant (cp. ail. uhu) et huijau
HOTJRQUE, vfr. aussi hulqice, houlque, es- = coucou.
pèce de navire, it. urca, orca, esp. iirca. On HUARD, aigle de mer, voy. hu.
a avancé les et. gr. é/xà; « navire tiré à la HUCHE, vfr. huge, angl, hutch, du BL.
remorque 'i,lat. orca, «sorte de baleine » (esp. hutica (cp. le vfr. nache et nage, du L. na-
urca)\ Caix tire le mot du vha. holcho, mha. tica). Quant à hutica, il se rapporte â l'ail.
holche, anc. angl. et néerl. hulk (qu'indi- luttte = fr, hotte (v. c. m.). On a invoqué
quait déjà Littré); Baist, enfin, rapproche aussi l'ags. hvacat, boite, caisse, mais la
aussi gr. xjpyrt espèce de vase. lettre ne correspond pas. Les faiseurs de
HOURVARI, cri de chasse. D'après Dar- huches ou menuisiers se nommaient au
xiv" siècle des huchiers, et la menuiserie était
mesteter (p. 320), ce cri représente hou!
revari! ce qui, en langue de chasseurs, équi- de la Imclierie.
vaut à « hou retournes-y (sur la bête) »
! !
HUCHER, pic. huquer, wall. hr.uki, prov.
uchar, ucar, BL. hucciare; cp moy. néerl,
HOUSEAU, dimin. du vfr, house, liose,
huuc, cymr, hwcJtw, serbe tcka, appeler à
heuse, it. uosa, v. esp. huesa, BL. hosa, bro-
haute voix n'est plus guère employé que
dequin, bottine. Du vha. hosa, chausse, bas, ;
scctateui's de Calvin. 10. De Biiss, ou— HUMBLE, L. humilis (humus), litt. terre à
plutôt do « les guenons de Huss « 1 1 Du . — .
terre, peu élevé. —
D. humilier, L. humi-
suisse hais (p. gens) guenaus (guenaix) ou liare, vaha\ssev ; humilité, L. humilitas. Notez
hue guenaus. —
12. Du flam. hegJieiien, que humilitas n'était, pour les Latins, en au-
observer, purifier, donc puiùtains. = — cune manière une vertu le mot. chez eux, ;
13. Un gentilhomme allemand, arrêté par signifiait bassesse, petitesse, faiblesse, pau-
:
le cardinal de Lorraine et interrogé sur vreté. Ce n'est qu'au point de vue chrétien
la conspii'ation d'Amboise, aurait commencé que le sentiment de la faiblesse, de l'indi-
sa défense par les mots « Hue nos, sere- gnité, constitue une vertu.
nissime princeps, advenimus », puis il se HUMECTER, L. humoctare.
serait arrêté tout court. — 14. Du L. lU HUMER, wall. houmcr, pic. heicma', ava
nos! —
15. De Huc-nox, monstre engendré 1er quehpie chose en retirant l'haleine, c'est
par Culvin avec un incube. Nous avons — donc en quelque sorte un synonyme d'aspirer.
produit cette liste de conjectures, plus invrai- Diez demande si le mot n'est pas une ono-
semblables les unes que les autres, d'apiès matopée, .le pense que cette manière do voir
Mahn. Ce savant est d'avis que huguenot est est plus naturelle que celle de Sylvius et de
un diminutif de Hugues, comme Huct,ci(\vni Nicot, qui disent ab hutnere, id est humi-
:
le mot, en tant que terme de dérision ou dum fieri, quia sorbitione corpus humescit ».
d'injure, se rattache à quelque hérétique ou
— — D. h umetter (Rabelais), boire à la manière
conspirateur de ce nom. En effet, un texte des chevaux.
du xvi° siècle, rappelé par Littré, mentionne HUMÉRUS, mot latin, = bras supérieur,
comme tel un Pascal Huguenot de Saint .lu-
nien en Limousin, docteur en décret En — épaule. — 1). humerai.
D. hunier. —
HULOTTE, espèce de hibou, dérivé du L. HUPPE, du L. npupa. Ce mot latin, it.
ula (primitif de idv.là) x=> ags. ide, néerl. upupa, s'est d'une part transformé par aphé-
uyl, vha. Jùuwila (dér. de huico), ail. inod. rèse en bupa, 'p02)pa, poupa, etc. (dialectes
eule. divers d'Italie), dimin, buhbola, ctc, d'autre
HUMAIN, L. humanus. — D. humaniser; part en prov, upa, v. flam. hoppe, fr. hup)pe.
humanité, L. humanitas. Notre terme huma- Ce dernier signifie aussi la toufl'e de plumes
nités (« faire ses humanités «) relève du L. qui caractérise l'oiseau huppe, puis particu-
hutnanitas dans son acception culture de lièrement le bouquet de soie, de fil ou de laino
l'esprit, instruction. Les savants appellent en- qui surmontait le bonnet des docteurs. La
core aujourd'hui " humaniora studia » les huppe, étant devenue, dans le vêtement, une
études qui constituent une éducation libérale, marque de distinction, a donné huppé, pourvu
parce qu'elles appellent, comme a dit fort bien d'une huppe, au fig. =
notable, distingué, de
Estienne Pasquier, à une « duc humanité » .
— haut parage. Les patois di.scnt dans un sens
« Humanitatem veteres appellaverunt id pro- analogue acrrté (de crête).
pemodum quod Grajci nxiodx-j, nos eruditio- HUPPÉ, voy. huppe.
.
contraire. — Bugge (Rom., IV, 361) démontre Hydrockle, gr. ùiîpr/.ri'/.r, (z/j)/;, tumeur).
que le sens premier de fr. hure est - chapeau, Hydrockphalk, gr. ùcpoy.ïrfxUi, hydropisie
bonnet d'où s'est développé celui de cheve-
», de la tète (/spa^/,).
inorganique.
HYMEN, HYMÉNÉE, gr. iy.Jv«t,,-,
HURLUBERLU, brusque, étourdi; onoma- i/..v;'v,
Hutin. Grandgagnage rattache avec rai.son ce HYPOCONDRES, gr. ùiio^o-Jùpix, parties laté-
mot au wall. hustiner, maltraiter, brusquer, rales de
région épigastrique, sous les
la
qu'il suppose radicalement identique avec fausses côtes (de ùito, sous et yo-jèpo;, cartilage).
l'angl. Jnistle, flam. hutselen, secouer, ti- Ces parties étaient envisagées comme le siège
railler. Le subst. vfr. hustin signifiait que- de la maladie dite hypocondrie. Le subst.
relle; le wall. a le même mot au sens d'ébran- hypocondre s'emploie aussi adjectivement, p.
lement. hypocondriaque , == gr. ÙT:o-/o-iSpixy.6i.
HUTTE, == ail. hutte, angl. hut. — D. hut- HYPOCRITE, gr. irro/,5tr^;, interprèto, co-
ter, loger. médien, dissimulé; hyrocrisie, gr. !i-ox|Biïi;.
IDI — 278 — IGN
ïambe, L. ïambus, gr. ïvuZo;. — D. ïam- mune, fr. idiotisme. Chez nous, ce mot a pris
hiqur. l'acception plus générale « manièj-e de parler
ICEL*, fém. icelîe, cas oblique icehii; forme et ïûy/ffcrii;, mélange, tempérament.
qui a précédé cel, celui; =
prov. aicel, va- IDIOT, L. idiota, gr. ISiiïrru, homme vul-
laque accl. Diez proteste avec raison contre gaire, sans éducation, sot, ignorant. Dans les
l'éventualité d'une explication par ipse ille, temps modernes, la valeur de ce mot a été
au lieu de la seule soutenable ecc'ille; le c, :
forcée jusqu'à signifier l'imbécillité comme
dans icel, ne répond point à un * ; à preuve affection pathologique. — D. idiotisme (on
la forme picarde icheluy. Icelle et icclui sont préfère à ce terme la forme idiotie, pour em-
aujourd'hui considérés comme archaïstiques. pêcher la coïncidence avec le mot idiotisme,
L'ancienne langue possédait également icest, terme de grammaire, voy. idiome) ; idiotique.
iceste, icestui = L. ecc'iste. Voy. celui. IDIOTIQUE, gr. JS.wnzo;, 1. = particulier,
ICHTHYOLOGIE, -GRAPHIE,' resp. science dans " expression idiotique « ; 2. = relatif à
et traité des poissons (ï^Sù;). l'idiotie, voy. idiot.
ICI se rapporte à ci (v. c. m.), au point do
IDIOTISME, voy. idiome et idiot.
vue de la formation, comme icel à cel.
IDOINE (ce mot n'est plus guère employé
ICONOCLASTE, bri.<;eur d'images (x>àîiv,
qu'au palai.s) =apte, du L. idoneus Le subst.
briser, îî/mv, image); le même ««cov forme =
idoineté et sa forme savante idonéité apti-
lélément initial des composés savants icono- :
tude, sont tous deux également tombés en dé-
i/raphe, iconcJogue, icmiophile, iconolàtre
suétude.
(/x-o'v-iv, adorer).
IDÉAL, qui n'existe que dans Vidée, opp. IDOLATRE (le circonflexe est anti-étymolo-
de réel. — D. idéalité, idéaliser, -isme. gique), gr. ïto&j).o)seT/5>j;, adorateur d'images
IDÉE, L. idea, gr. tèia, pr. apparence,
-iste,
{iiSo)Ao-j, image, iaT/sîûîiv, adorer. D. ido- —
forme type, image d'une chose vue, perçue h'itrie, gr. gtowioiaT/sît'a ; idolàtrique (Vol-
puis =^ représentation, notion. « J'appelle
;
pointe et qui s'élargit en forme de deux S sens absolu du verbe français équivaut à :
jointes par le haut " ? D'après Littré, les deux commander le respect (l'ail, dit de môme im-
significations indiquées s'expliquent par la ponire)i)\ de là l'adj. imposant. — L'accep-
situation élevée de 1 impériale. Autres dé- — tion métaphorique tromper, duper (en impose^'
rivés jmpr'n'alisme, -iste, néologismes,
: à qqn.), était déjà propre au mot latin, p. ex,
IMPÉRIEUX, L. impei-iosHS (imperium). dans la phrase " Catoni egregie imposuit Milo
IMPÉRITIE, L. tmperitta {àe peiHtus, ex- noster ». De cette acception relèvent les dé-
pert). rivés imposteur et im.posture, L. impostor,
IMPERTINENT négatif do j^erti-
; c'est le -tura (p. impositor, -itura). En vfr. on trouve
nent, qui ne se dit plus qu'au barreau dans le l'adj. cmposte, faux, mensonger. Notons —
sens de " qui tient au fond de la cause " Le . encore le néologisme imposa' = frapper qqn.
sens foncier de impertinent est «inconvenant, d'impôts.
incongru » (non pertinens ad rem), de là IMPOSITION, L. impositio (imponere).
l'acception contraire aux convenances, aux
:
IMPOSTE, direct.de l'it. imposta == L.im-
règles de la politesse, offensant. D. imper — posita, pr. chose mise dessus ou dedans.
tinence, IMPOSTEUR, -TURE, voy. imposer.
IMPERTURBABLE, L. imperttirhahilis, — IMPuT, L. impositum, pr. choseimpo.sée.
qui non pcrturbari potest. Le simple est inu-
IMPOTENT, L. im-2)otens, impuissant. Le
sité en français.
IMPÉTRER, vfr. empêtrer, du L. impe- simple jwtent fait défaut. — D. impotence,
IMPIE (mot de facture savante ; les anciens IMPREGNER, vfr. onpraigner, pr. féconder,
it. impregnare, esp. emprenar, du L. impnc-
disaient i>npieus), L. im-pius ; subst. impieté,
L. im-pielas. gnare =
gravidam facere, implere. Cp. les
adj. romans it. pregno, v. ^ovt. prenhe, prov.
IMPLACABLE, h.implacabilis [àe placare,
apaiser). Le simplen'est pas d'usage. « Il
y
prcnh, \i'v. pi'aing, prains, =
gros, enceinte,
a, dit Voltaire, à propos de cette lacune, des chargé, adj. dégagé du L. pra'gnans, prfp-
gens implacables et pas un de placable. On ne gnas, fécondé, enceinte. Pour le sens méta-
finirait pas si l'on voulait exposer tous nos be
phorique du partie, imprégné, cp. en latin
soins. " —D. itnplacabilité. herba pi-o'gnans succo (Pline), en fr. l'expr.
IMPLANTER, L. implantare {inusité). gros d'orage, ail. gewitterschwanger
IMPLEXE, L. im-plexiis (implectere). IMPRESSION, du L. iyn-pressio (im-pri-
IMPLICITE, L. im-plicitiis (plicare), qui est mere), pr. empreinte, fig. impression, sensa-
comj)ris (litt. plié) dans une chose. tion. Du sens moral de ce subst. relèvent le
IMPLIQUER, L. im-plicare, litt. plier, faire verbe impressionner (d'où impressionnable)
entrer dans une affaire. Le même mot latin et le néologisme itnpressible. —
La langue
s'est régulièrement francisé par employer. — moderne a fait naturellement du mot impres-
D. implication. sion aussi le substantif du verbe imprimer, en
IMPLORER, L. îm-plorare, supplier pour tant que désignant l'opération technique ex-
ainsi dire avec pleurs. primée par ce mot. Ce substantif rend à la
IMPORTER, 1 porter dedans, introduire ;
.
fois, comme souvent, l'acte et le résultat de
(d'où relèvent les dérivés importation, -ateiir, IMPRIMER, L. im-primere, litt. pres.ser
-able) est naturel et conforme à celui du sur. Le même mot latin s'est régulièrement
li. im-portare. Le second est figuré im.porter, ;
francisé par empreindre (v. c. m.). D. —
dans ce sens, veut dire apporter, introduire :
imprimeur, -crie.
dans une affaire des éléments dont dépend le IMPROBATION, -ATEUR, L. im-probatio,
succès où l'insuccès d'une entreprise, le bien- -ator ; du verbe improbare =
fr. improuver.
être ou le malaise de qqn.; de là exercer de : IMPROMPTU, mot moderne tiré de la locu-
l'influence, avoir de la valeur; cp. les termes tion lat. in pi'omptu habere, avoir à la dispo-
analogues lat. refero^e, ail. eintragen. Du sous la main. Pour la facture de ce
sition,
sens figuré relèvent : important, adj , qui = on peut la rapprocher de celle du mot
subst.,
est de conséquence (d'où importance), subst. ennui =
in odio. —
Impromptu veut dire
. .
pr. une chose qui se fait avec 'ce que l'on a sous incarnare, pr. rendre chair (cp. l'art, .suiv.).
la main, sans préparation; c'est un synomyrne — D. incarnadin,
d'ii/ijirorisnfinn. INCARNER, anc. encharner, transformer
IMPROUVER, L. «yiproiare, désapprouver. en chair (rad. carn). — D. incarnation.
IMPROVISER, de l'it. improvmsare,
direct,
INCARTADE, boutade, ruade, insufte. D'où
verbe fait du pai'ticipe improvviso L. ini- = vient ce mot (évidemment de formation méri-
provisuSy non prévu. —
D. improvisation, dionale)? La signification première, est-ce
-ateur. ruade (acte physique) ou affront (acte moral) ?
IMPROVISTE (À L'), de l'it. impromisto = Je ne le sais pas, et c'est ce qui rend la re-
à l'impourvu (ancienne locution française). cherche d'une étymologie d'autant plus diffi-
On sait que l'it. fait de vedere, voir, deux
participes veduto et visto.
cile. — En latin du moyen âge, in-cartare
:
signifie généralement mettre par écrit, puis
IMPUDENT, L. im-pudens, éhonté. — aussi mettre qqn. en possession d'un bien en
D. impudence, L. impudentia. vertu d'un titre, d'une charte; toutefois, on y
IMPUGrNER, L. i7n-p)U(/nare, combattre. trouve aussi le sens de déposer une plainte
IMPULSION, L. impidsio (im-pellere). contre qqn. Il faut bien que, de près ou de
IMPUNÉMENT, p. impunément (cp. corn- loin, le mot incartade, qui certainement n'est
micnément comm,imemcnt), adv. de l'adj.
p. pas de date ancienne, se rattache à cette idée
L. impunis, impuni, d'où le subst. impunitas, de caj'tani alicui mittere, envoyer à qqn. soit
fr. impunité. une plainte, soit une lettre injurieu.se, soit lui
IMPUTER, L. im-putare, pr. porter en cartel. — Littré dérive le mot de l'esp. encar-
compte. tarse, prendre une mauvaise carte, d'oii déri-
IN, préfixe ou particule prépositive (in se verait le sens « faire une sottise ». Mais les
change en il devant l, en im devant b, ou m Espagnols ne donnant pas ce sens métapho-
j), en ir devant r). Il répond à la fois au L. in rique à leur terme, et l'explication de Littré
= dans ou contre, et au L. in, comme parti- laissant de côté l'idée de brusquerie, qui est
cule négative. Comme représentant de in, inhérente au mot français, je ne me sens pas
dans, il est la forme savante de en (v. c. m. ), sati.sfait. Lafaye définit étymologiquement in-
et ne se rencontre que dans des termes tirés cartade par " action d'entrer en cartes hors
tout d'une pièce du fonds latin. L'emploi — de son rang »'.
de Min négatif est illimité en français. Plu- INCENDIE, L. incendium (incendere). —
sieurs composés latins avec in sont passés D. incendier; incendiaire, L. incendiarius.
dans la langue française sans que le simple y
ait été reçu; p. ex. impotent, ^»^ra^. (Nous
INCESSANT, = qui ne cesse pas (voy. ces-
ser). L'adv. incessamment d'abord, signifie
n'avons, en règle générale, recueilli les com- comme L. incessanter sans relâche, puis sans
,
posés négatifs que lorsque les simples font retard, au plus tôt.
défaut.)
INCESTE, subst. et adj., du L. inccstus
INADVERTANCE, absence d' " advertance»
ce simple, hors d'usage depuis longtemps,
;
si-
(rad. castus), adj. et subst. — D. incestueux.
INCIDENT, adj., L. in-cidens (cadere), litt.
du BL. advertentia,
gnifie attention, et vient
tiré du L. advertere, s, e. animum, faire atten-
= qui tombe dans, qui vient interrompre une
continuité, qui survient dans cours d'une le
tion (voy. avertir).
INANITÉ, L. inanitas (de inanis, vide,
affaii^e. — D. incident, subst., événement inat-
tendu ; incidence, incidentel.
vain).
INCINÉRER, néo-latin incinerare (de cinis,
INANITION, pr. vide
d'estomac, néo-latin
cineris, cendre). Encendrer serait plus fran-
inanitio, subst. du verbe latin inanire, rendre
vide, évacuer. —
Plante a inania.
çais; cp. prov. cncendrar.
INCISE, L. incisa, fém. de incisus (inci-
INAUGURER, L. in-augurare, litt. prendre
dere), taillé dedans.Le même verbe incidere,
les augures, puis consacrer, installer (ne
par son supin incisum, a donné subsl. incisio, :
INCURIE, L. incuria, absence de cura. == esprit ou système opposé à celui qui est
INCURSION, L incursio (in-currere). porté vers l'associatiort, la fraternité, l'huma-
INCUSE (médaille), du L. in-cusus (cudere), nité.
non frappé. Selon Littré, àeincusus, part, de INDIVIS, L. in-divisus; superfétation inu-
incudere, frapper dessus; mais cette étymo- tilede la langue, puisque indivisé dit la même
logie est contraire à la valeur du mot. chose et que divis ne se dit pas.
INDE, d'abord adjectif, de couleur bleue, du INDOLENT, L. indolens (S. Jérôme), pr.
L. indiens, indien (cp. vfr. ruste, hérite, de non L'indolent est celui que rien
souffrant.
rusticus, hœreticus). La forme esp. indico a n'affligeou n'émeut. C'est un synonyme de
fourni le mot fr. indigo. nonchala^it « qui ne s'échauffe pas ». —
INDÉCIS, du L. in-decisus (S. Grégoire), D. indolence.
non tranché {decidere, couper, régler, déci- INDU, non dû, ou plutôt = contraire à ce
der). De là aussi mdemion. qui est dû ou convenable.
— . ,
gagner qqch. ou toucher qqn. par ses infecter, d'où dés-infecter ; néolog. médical
prières). infectieux.
INEXPIABLE, L. in-expiabilis INFÉODER, BL, infeodare (feodum), voy.
INEXPUGNABLE, L. in-expugnabilis, im- fief. ,
INFANTERIE. On n'est pas d'accord sur INFILTRER, pénétrer comme par un fdtre
combats était alors inconnu, et à la tête des- hifinité.L. infinitas, étendue infinie (le sens
quels elle aurait remporté la victoire. En " grande quantité » n'est pas classique). Les
souvenir de cet acte d'héroïsme, les troupes mathématiciens ont tiré de infmitus la forme
de pied auraient conservé en Espagne le numérale infinitesimus, d'où le dér. fr. infini-
.
son (oculiisj, fig. = inculquer — D. inocula- (litt. soufflt*) des révélations ou des vertus
tion, -ateur; inocuJiste, partisan de l'inucula- supérieures. — On se sert aussi de inspirer
tion. pour exprimer la chose contraire de ex-spi
INODORE, L. in-odorus. rare, donc comme d'un synonyme de aspirer.
INONDER, anc. enonder — L. in-undare INSTALLER, BL. installare, pr. in .stal-
gère, toucher). Le fr. n'a conservé que les porte ce qui importe ou ce
: qui rapporte ou
acceptions morales du mot latin profite à qqn. s'est appelé son interest. On
au sens ;
propre" intact, complet», integer s'est fran- peut comparer, au point de vue de la dériva
cisé en entier (v. c. m.) Les deux sens sont tion grammaticale, le subst. déficit, du \j. dé-
applicables au subst. dér. intégrité. D. in- — ficit = il manque. — Le sens])rimitif du mot :
tégrité, L. integritas intégral (d'où intégra- profit, revenu, importance, s'est, avec le temps,
;
lum, pr. espace entre deux palissades (val- invention, L. inventio, inventeur, L. inven-
lum). tor; inventif.
INTERVENIR. L. inter-venire ; subst. in- INVENTORIER, voy. inventaire.
tervention, L. interventio; interventif. INVERSE, L. inversus, renversé (in-vertere).
INTERVERTIR, L. inter-vertere, m. s., Du même type latin procède aussi le mot
d'où interversio, fr. interversion. envers m.).
(v. c. —
Substantif de invertere,
INTESTAT, L. i^i-testatus, qui n'a pas testé. par le supin inversum : inversio, fr. inver-
Ab intestat, L. ab intestato hères, qui hérite sion.
d'un intestat. INVESTIGATION, -ATEUR, L. investigatio,
INTESTIN, 1. adj. =L.intestinus, m. s. -ator,de in-vestigarc, pr. suivre la piste [vesti-
dans le sermon de la montagne, Jésus dit : ISSU, part, passé du vieux verbe issir (aussi
" Un seul iota de la loi ne passera pas que eissir); ce dernier, = prov. cissir, it. escire,
toutes ces choses ne soient faites » uscire, vient du L. ex-ire, .sortir. —D subst.
lOULER, de YaW.jotleln, ou directement du mue (prov. issida, it. cscita) ; le part, présent
cri i-a-ou. issant (sortant) s'emploie encore comme terme
IR-, i)réfixe ; c'est le préfixe in, modifié par de blason.
l'effet d'un r suivant; ex. ir-régtilier, ir- ISTHME, L. isthmus, gr. iï3«/.o,-, pr. pas-
réligion. .sage.
en colère, iror, rancune, irons, fâché. fixe constitue dans ce cas-ci une -superfétation.
IRIS, L. iris, gr. t;.t;. D. irisé. — ITINÉRAIRE, L. itincrarius (de iter, gén.
IRONIE, L. ironia, du gr. îi/syvjt'z, pr. inter- itincris, chemin).
rogation, puis par allusion à la méthode de ITOU, dans les patois, = aussi du vfr.
Socrate, raillerie fine. — D. ironique, gr. itel, semblable, qui, devant les con-
pareil,
;
etr^wvizo;; verbe ironiser. sonnes, fai.sait iteii, itou. Gp. champ, ital,
IROQUOIS nom d'une nation sauvage
,
autant, au.s.si.
d'Amérique, employé quelquefois comme terme IVOIRE, prov. evori, it. avorio, angl. ivory,
JÀ, it. già, csp. et anc. port, ya, n. port, et mais non pas ^ dcj; il conjecture donc une
prov. ^a, du h.jmn. Cet adverbe, très usité origine de l'ail, wallon, bouillonner. Ce qui
autrefois, ne s'emploie plus à l'état simple ;
prouve encore contre jaculari, c'est que la
il s'est avec le préfixe de (cp. de-
combiné forme non mouillée ja/Zr prédominait dans le
dans, de-hors, etc.) et a produit le composé vfr.; la formo jaillir est postérieure et faite
de-jà, dont on a fait abusivement déjà, cp. peut-être sous l'influence du synonyme saillir.
it. di già. Le mot,;^ se retrouve en composi- Avec tout cela, l'étym. de Diez laisse subsis-
tion Anw?' jadis et jamais (voy. ces mots). ter dos doutes.
JABLE, vfr. aussi gable, t. de tonnellerie; JAIS parait être dégagé àejayet, que l'on
d'origine inconnue. D.jabler.— aura pris pour son diminutif, mais qui répond
JABOT, p. gibot, d'après Diez, dérivé du à la lettre au L. gagates, gr. jo.-j'j.-zn; (cp, wall.
L. gibba, bos.se icçi. jaloux, ^.geloux, aro)ide gaieté). L'orthographe gest dans le Livre des
= L. hirundo). L'allemand hropf =^ jabot métiers (xui'' siècle) parait arbitraire.
signifie également pr. qqch. d'cnfié. Cette éty- JALAP, de Xa^ajia, ville du Mexique, lieu
mologie renverse celle de Ménage, qui, pour de provenance.
la circonstance, avait imaginé un mot latin JALE, espèce de baquet ; de là prob. le vfr.
capuUus fait d'un i)rimitif capits, tout aussi jalon, galon, galoie, jalaie, BL. galo, gale-
imaginaire, et auquel il prête la vertu d'avoir tum, angl. gallon (v. c. m.), mesure de capa-
signifié « toute chose qui contient ». De — cité ; rouchi galot, broc, jellot, en termes de
iabot vient le \erhcjabotcr, babiller, murmu- savonnerie, =
baquet, etc. L'étymologie de
rer, marmotter " comme les volatiles qui ont jale est incertaine. On a proposé le h.gaidus,
rempli le jabot ". seau à puiser, mais ce mot ne s'accorde pas
JABOTÉR, voy.Ja&oi. avec l'a radical. Le L. galea, casque, s'accor-
JACASSER, de jacasse, femme bavarde ;
derait parfaitement avec la forme \iv.jaille
celui-ci tient prob.,dit Littré, -kjacot fpctit (cp. galeola, interprété par Papias vas vina-:
Jacques), nom populaire donné aux perroquets rium), mais l'absence de Yl mouillée dans les
et aux pies. —
On serait tenté aussi de ratta- formes dérivées ci-dessus mentionnées ne per-
cher le mot à la famille de l'ail, gacken, met pas de l'adopter comme source du mot
gackern, gachsen, caqueter, babiller. français. Chevallet cite l'écoss.
et irl. sgal,
JACENT, L. jacens (jacere). —
D. jaccnce. sgala, baquet, écuelle; autant vaudrait citer
JACHÈRE, vfr. gaschière, gachière, pic. étymologie contraire
Tall. schale, écale, jatte,
gaquière, ghesquièrc, garquière. L'origine de à la lettre. — Baist
(dans Grober, Ztschr.,
ce mot n'est point fixée ; seulement, il est cer- VI, 118) rapproche le radical gai du BL.
tain qu'il ne vient pas du L. jacere, ni du galida =^ vha. gellita, nha. gelte, sans toute-
L. vacare, être vide, reposer. En BL. on fois rien affirmer quant au rapport étymolo-
trouve gascaria, terre nouvellement labourée gique.
et non encore ensemencée, ainsi qu'un mot JALET ce mot ne vient pas, comme on l'a
;
gascha cju'on interprète par « agri proscissio " avancé, du h.jaciUum; c'est une forme va-
et qui doit être le primitif de gascaria. — riante de galet (cp. gambe et jambe). Il se
D.jachércr. peut toutefois que l'ancienne forme jaillet,
JACINTHE, -prow. jacefiti,jacint, forme vul- que je trouve dans R. Etienne et Nicot avec
gaire p. hjjacinthe. la valeur de « globus missivus », soit un dérivé
JAÇOIT QUE, encore cpie, p-.;à soit que. de jaculari.
JACONAS origine inconnue.
; JALON, bâton planté en terre pour arpenter
JACQUOT, JACOT, dimin. de Jacques fcn ou prendre des alignements. On n'est pas
champ, on dît auasi Jacques pour merle, geai); fixé sur l'origine de ce mot. Voy. aussijauger.
pour cette dérivation, l'on peut rapprocher — D. jalonner.
d'autres noms d'animaux tirés de noms pro- JALOUX (on trouve en vfr. le dim. gelosel);
pres, tels que sansonnet, pierrot, renard, etc. = it. gcloso, prov. gelos, esp. zeloso; du L.
et surtout, dans notre cas, jacquet bécas- = zelosus, dér. de sclus,zè\e. —
D. jalousie, it.
sine, écureuil. gêlosia; l'acception figurée : treillis au tra-
JACTANCE, L. jactantia (de jactare, van- vers duquel on voit sans être vu, nous vient
ter). de l'Italie, et se voit déjà dans J. Du Bellay ;
JADIS, du L.jam diu; cp. tandis, de tant yerhe jalouser (le chava]). geloser ^^ jalouser
diu. Us final est la lettre caractérisrique de signifie désirer; cp. e»r2e= jalousie etdé.sir).
l'adverbe. La termin. oux, anc. ous au lieu de eux
JAILLIR, anc. employé aussi au sens actif [jaleus est fréquent au w"
siècle), est irrégu-
(lancer, jeter) ce verbe est, d'après l'opinion lière et motivée par l'assimilation à jalousie,
;
donc pr. =
ja plus; la phrase « je ne le ver- Dictionnaire des Origines, du nom de l'ouvrier
rai jamais » équivaut dans le principe à " je qui en a été l'inventeur et qui s'appelait Jac-
ne le verrai de ce temps (j'ai en avant [magis, ques Marc. Cette étymologie demande des
mais) » cp. jà en ma vie no verrai mais si
; pièces à l'appui qui font défaut. On disait
bêle chose (Barbazan, P'abliaux et contes, II, peut-être bien avant l'invention de ce que nous
p. 434). La formule ne...ja mais, litt. non = appelons aujourd'luii un jaquemart : « armé
jam magis, a, avec le temps, pris la valeur de pied en cap, comme un jaquemart » Pour .
mot jambe la. môme racijie cam = recourbé, rivé du vha. gaHo, enclos (cp. gotb. gards,
plié, d'où procèdent L. ca7n-itriis, cam-erns, demeure, maison), nlia. garten, jardin. On
courbe, cam-era, voûte, camerare, voûter (fr. trouve aussi le môme radical avec la valeur
cambrer), ainsi que le celt. cam, courbé. Il se d'enclos dans les idiomes celtiques. L'auc.
peut que la langue vulgaire ait déjà pos- langue se servait aussi du simple j'arf au sens
sédé un mot lat. camba, jambe, type des vo- de jardin, verger, maison de campagne. —
cables romans. Végèce, en eflet, présente la D jardinier, jardiner.
.
forme gamba, mais avec la signification de JARGON, pic gergon, wall. geargon, it.
sabot. 11 n'y a pas de doute que le vha. hamma, gcrgo et gcrgone, v. esp. girgonz (auj. geri-
jarret, tlam. et angl. ham, jambon, n'appar- gonza), prov. gerzonz. Le vfr. disait aussi
tiennent à la même famille. U.jambcr,— gargonner pour jargonncr. Le mot jargon
iambage, jambon, jambier, -ière ; cn-jam- parait être originaire de France et .s'être com-
ber. municpiéde là aux autres langues congénères.
JANISSAIRE, du turc jeni tsjeri, litt. = Diez est d'avis (jue (/argon procède de la même
nouvelle milice. va.c\nc g arg qui adonné gargouiller; c\i.ja-
JANTE, pic, norm. gante, a.n'^\. jant pro- ,
boter dejabot. Du temps de PaUgravc, jargon
bablement d'un mot latin cames, camitis, qui avait encore la valeur de caquet, gazouille-
se trouve mentionné comme synonyme de ment; il traduit le mot par chattering, chyr-
canthus dans des gloses florentines, et qui king of byrdes. Kn champ, jargon signifie le
procède de la même racine cam, recourbé, cri de l'oie, et d'ailleurs déjà dans les Donatz
dont il est question sous jambe. Le wallon proensals do Faidit (xiii° siècle) on trouve
chame .= jante accuserait, selon l'avis de gergons traduit par « vulgare trutanorum •>.
Diez, pour type le nomin. cames; la forme Tout cela parle en faveur d'une dérivation de
jante, par contre, viendrait du cas oblique jar-s, en supposant que ce mot est réellement,
catiiitis, catn'tis. Au lad. camit répond aussi comme on l'a pensé, une contraction do ja?v/-s ;
le cammed.
\)\\'X. —
D. jaiitille,jantière. d'autant plus que l'on trouve un verbe jar-
JANVIER, L. januariiis, \'u voyelle devenu gauder au sens de s'accoupler (en parlant du
u consonne; cp. vfr. tenve àe tennis, veuve jars) et dans celui de caqueter, jaser. L'ori-
(vfr. vcdte, veve), de vidua. gine de jaser présenterait aussi un argument
JAPPER, prov. japar; onomatopée, cp. ail. en faveur de cette dérivation. L'expression
jappcn. —
jappe, babil, caquet.
Vi. entendre le jars pourrait également confirmer
JAQUE, espèce de justaucorps, it. giaco, le rapport que nous supposons exister entre
esp.jaco, angl. jack, ail. jache. Ce vêtement jargon et jars, en l'entendant ainsi com-
:
militaire aurait, d'après une conjecture de prendre le jars quand il caquette. — Nous ci-
Ducange, reçu son appellation de Jacques, terons encore pour mémoire quelques autres
nom d'un clief militaire de Beauvais vers conjectures émises à propos de ^aj'^on. Covar-
1358. — B. jaquette, angl.jacket. ruvias et Le Ducliat pensèrent à grœcus (le
JAQUELINE, espèce de vase ou de bou- grec pris pour type d'un langage incompré-
teille. De Jacqueline de Bavière, comtesse de hensible); Ménage eut assez d'habileté pour
Hollande, qui, prisonnière à Teilingen, s'amu- démontrer la filiation qui relie jargon à bar-
saità faire de petits vases de terre. Histoire à baricus! Enfin, Génin s'est efforcé de prouver
vérifier. que la lingua gerga des Italiens vient du gr,
JAQUEMART, figure de métal qui repré- urjOi-., ce serait ainsi la langue sacrée, c.-à-d.
sente un homme armé, frappant avec un mar- la langue secrète connue des initiés seulement.
teau les heures sur la cloche d'une horloge. C'est bien là une étymologie par antiphrase !
JAR 291 JAU
Lo jargon, langage do l'Olympe A part ! employé pour exprimer l'accouplement du
d'autres objections à faire, comment accorder jars, donne lieu à supposer un radical primitif
avec cette étymologie le g final, car pour lej jarg. Mais ce dernier n'est pas plus facile à
ou g initial on aurait au besoin le précédent expliquer que jars. Le terme nord, gassi signi-
de Jérôme, Jéruialem, jusquiame, jacinthe. fiant à la fois jars et barboteur, caqueteur, on
— D.jargonner {C&lw'm gergoiiner). est amené, par l'analogie, à rattacher aussi la
JARNAO {coup de). Cette expression tire forme romane au latin garrire, conservé,
son origine, d'après l'abbé Le Laboureur, du selon Diez, dans le verbe angl. Jar, faire du
combat singulier de Guy de Chabot-Jarnac bruit, se quereller. —
D'autre part Du Cange,
et do François de Vivonne de la Châtaigneraie, au mot jasia, cite jas comme synonyme do
qui eut lieu dans la cour du château de Saint- coq, et dans le Maine, on trouve la même
Germain en Laye, le 10 juillet 1547, et dans forme pour signifier une oie mâle. Cette forme
lequel le roi Henri II s'intéressait beaucoup jas s'accorde fort bien avec le nord, gassi que
en faveur de la Châtaigneraie. Jarnac, quoi- je viens de mentionner, et fournit aussi l'éty-
que affaibli par une fièvre lente qui le consu- mologie la plus acceptable du verbe jaser. —
mait, renversa son adversaire par un revers Frisch identifiait ^ç'ars, oie mâle, avec gars,
qu'il lui donna sur le jarret et qu'on a depuis garçon. —
Pour nous résumer, nous avons à
appelé le coup de Jarnac. choisir entre 1 un type jarg d'où jargauder,
: .
1 . JARRE, grandvaisseau de terre vernis- jargon, mais dont la provenance reste obscure ;
sée, angl. jar, it. giara, esp., port., prov, — 2. un radical gar, revêtu d'un s nomina-
jarra, aussi cat. gerra, prov. guarra (formes tival, = L. garrire; —
3. un radical gas
masc. it. /ymrro, esp., port. Jarro); de l'arabe = nord, gassi (d'où jaser), avec insertion
djarrh, vase à eau. d'un r.
2. JARRE, poils longs et durs, qui recou- JAS, t. de marine ; d'origine inconnue,
vrent le duvet soyeux de certaines pelleteries. JASER, vfr. gaser, prov, gasar ; du subst.
Origine inconnue. Atzler propose le vha. jas ^=jars {V. c. m.). D'autres ont pensé à l'it.
harra, hara, cilice, mais il n'y a pas corres- gazza, pie, mais cette langue non seulement
pondance entre h ail. et ^' fr. Il cite aussi angl. n'a pas le verbe gazzare, mais, existât-il, il
gare, laine grossière aux pieds des moutons ; eût produit en fr. gacer et non pas gaser,
celui-ci conviendrait mieux comme étymologie jaser. La forme gaser parait avoir donné le
de jarre (écrit aussi jars;, qui s'applique par- dimin. gaziller* , gazouiller (v. c. m.). D, —
ticulièrement à la toison des moutons. — jaseur, jaserie.
Angl. gare étant traduit en gallois par gwlan JASERAN, anciennement une espèce de
gario, laine inide, Bugge (Rom., IV, 362) con- cotte de mailles, puis collier d'or formé de
jecture que gare est d'origine celtique. Ou mailles, bracelet en forme do chaine, chaîne
bien, poursuit le judicieux étymologiste, fr. d'or à très petits anneaux. Ce mot est le même
jarre vient-il plutôt de l'esp. xaro, jaro, qui que l'it. ghiazzerino, esp. jaccrina, port. ;a-
se dit du cochon semblable au sanglier par la zerina, prov. jazeran, \ir.jazcrant,jazcrenc.
rudesse de ses poils? Littré (II, p. 2609) pense C'est propr. un adjectif, =
(^ui est fait de
que notre mot pourrait être identique avec mailles, cp. esp. cotajacerina,v{v. haubercjaze-
jarre, nom d'une herbe (la cuscute) qui enve- rant. Le Duchat dérivait le mot de VaW.ganz-
loppe les autres plantes et se roule autour, rinc (tout anneau), mais ce composé n'existe
mais dont l'origine est inconnue. pas; Reiffenberg, àa jaque acei'in =
jaquette
1 . JARRET, = lat. poples, vfr. garret, it. d'acier; Chevallet, de lall. eisern, de fer. Diez
garretto, esp., port, jarete. Dérivé du cymr. rappelle d'abord le mot esp. jazarino, algé-
gâr, cuisse, breton gar, os de la jambe. — rien, de l'arabe gazaïr, Alger (Covarruvias
D. jarreter, jarretière [dïal.jarticr, garticr, afiîrme que les meilleures cottes de mailles
d'où angl. gartcr). venaient d'Alger) puis il cite un passage du
;
(Pline, XXXII, 53, 5), d'où fr. gerre, jarre, tale). jasper.
l).
dim. jarret ; à Marseille giarret; d'un dim. JATTE, pic. gâte, novm. gade, jade, ït. ga-
lat. gcrrulus', se sont dégagés fr. gerlc, vctta, esp. gabata, du L, gabata, m, s. (cp.
jarle', di!oii gerllet, garrlet, jarlet. Toutes ces dette de débita). Le mot jadeau de Rabelais est
formes sont examinées, justifiées et localisées le dim. de jade, forme normande de jatte. —
par M. Banquier. —
Sachs consigne, avec la D.jatlce. —Voy. aussi joue.
valeur de Sparus mœna et comme provincia- JAU, nom vulgaire du coq dans quelques
lisme du Sud, la forme jara^ provinces, p. gau; ce dernier, ^^ gai. vient
JARRETIÈRE, voy. jarret. du L. gallus. Le même mot signifiait aussi
JARS (Nicot jar), pic, gars, bret. gars, robinet; ce qui rappelle le terme allemand
wall. gear, oie mâle. Le verbe jargauder. hahn, signifiant à la fois ceq et robinet.
JA.V 292 JET
JAUGE est le primitif, ou le subst. verbal de javrelot,glavelot ; bret. gavlod, mha. gabilot,
jauger [\. c. m.). V. flam. gavclotc; avec le suffixe i)ic : fr. jave-
JAUGER, gauger, angl. gaiige. Les dé-
vfr. line, ït. giavelina, esp.jabalina,hi'et.javli)i.
rivations soit du
vfr. jalaie, mesure de vin, Le ]a,t'm jacuhmi ne se prête en aucune façon.
ou du BL. galo (v. pi. h. sows jalé) ne peuvent Grimm rappoi"te gavelot à l'angl. gaveloh ou
satisfaire. Uiez conjecture un type L. œqita- plutôt à l'ags. gaflac =
javelot, composé,
Uftcare, c.-à.-d. rapporter à une
égalificr, d'après lui, du nord, gefja, =
lance, et de
mesure modèle. De ce type a régulièrement l'ags. /«c, jeu. —
Pott propose une dérivation
pu se produire par syncope ime forme égal- de l'irl. gabhla, lance. Diez incline également
ger (cp. vfr. niger de nidificaré)-^ de là se pour l'ags. gaftàc ; seulement il préfère y voir
déduisent naturellement égauger, ganger, et le cymr. gafi-acli, =
lance à plume. Les for-
enfin yaK^er. Cette ingénieuse étymologie ne mes gaverlot, garlot lui semblent être des
laisse rien à désirer quant à la régularité des altéi'ations sans importance étymologi(]ue.
transformations supposées (les formes rouchi — Diefenbach l'ange les mots germaniques
cauque, gaiique, comme observe M. Diez, cités dans la même catégorie que le germ.
accusent un thème immédiat cale, qui peut gabel, fourche, et le vfr. gaffe, longue perche
fort bien avoir été contracté de calfc) ; et en avec un croc. —
Littré « Javelot ne tien-
:
ce qui concerne le sens, on voit de même le drait-il pas à javelle ? et si javelle vient du
L. œquare donner naissance à l'ail, eichen L. capulus, poignée, javelot ne pourrait-il
= jauger, nécrl. ijke^i (Kiliaen >jche,jcchc, : pas, à l'aide d'un diminutif, venir du BL. ca-
vasis mensura et capacitas; signum sivc nota pulus, capilum, branche taillée? » Toblcr —
justse mensurse). Si œqualificare peut être (Kuhn, Zt.schr., XXIIL 418) part de la forme
établi comme le type àejavger, il n'y aurait glavclot, dim. do glaive, lance ", d'où s'ex-
>«
pas à douter plus longtemps quant à l'ori- pliquent toutes les autres. L'r est éj)onthé-
gine de jalon, dont le radical répondrait à titjue dans les anc. formes gavrelot, gaverlot,
un type latin œqiialis; pour l'aphérèse de la garlot (Rom., VI, \b(\). G. Paris combat cette
syllabe initiale, cp. le mot mine. Diez pro- — étym. pour des raisons tenant à la fois à la
pose encore pour jauger, comme tout aussi forme et au .sens.
acceptable, le L. qualificare, d'où calf'care, JAYET, \oy. jais.
cal'cure, etc.), au sens de fixer la qualité, les JE, vfr. eo, ieo,jeo,jo, prov. ieu, eu, it. io,
JOG m) — JOU
tontes les brandies du domaine roman et quo ruption de Jacques; je n'oserais pas toutefois
iactare ne peut faire en it. gettare ou gittarc le poser sérieusement comme source do jo-
(comme l'observe Diez), du composé ejectare crisse! Le champenois a un terme/o^'ue^us =
[vsiiaque aïepta). Pour l'apliérôse de la syllabe dupe. Je le retrouve dans Godefroy, sous la
e, voy. tnine et jauger. —
Cette étymologie rubrique joques sus et traduit par jocrisse.
do Diez est contestée et contestable selon ;
— En wallon, je trouve jobrise nigaud, =
Cornu (Rom., Vif, 354), Vi radical dans les jocrisse, lequel accuse un thème job (voy.
formes romanes est l'effet de la môme action jobard). Quoi qu'il en soit, la formation du
de la consonne _/ qui précède, qui a produit en mot est bizarre.
fr. gist gît de vfr. gésir L. jacëre. = — JOIE, vfr. goie, port., prov.Jom, it. gioja,
D. jet, it. geto, prov. get; jetée, it. gettata; esp. joga. En esp. et port., le mot ne signifie
jeton (v. cm.). Composés déjeter, forjetcr, : que joyau, en it. à la fois joie et joyau. Du L.
rejeter, surjeter. gaudia, plur. de gaudium. Le type dérivatif
JETON, it. gettone, dér. àe. jet [\oy. jeter). gaudiellum a donné les formes it. giojello,
On simplement
disait jadis aussi gettoir, et esp.jogel, ^vo\.joiel, néerl.juioeel, ail. juwel,
giet, get. Les jetons servaient à calculer, ils angi.jetcel, vfr. joël, à'oh joyau. Le BL. Jo-
remplissaient donc les mômes fonctions que cale = joyau repose sur une fausse relation
les calculi des Romains, ou les t^vjjj^t des avec Jocus, jeu. Le v. flam. avait, dans le sens
Grecs. do joyau, également le mot simple, c.-à-d. la
JEU, prov. juec, esp.juego, it. giuoco, du forme joye (Kiliaen). —
D. joyeux.
h.jocHS (cp. lien, feu, queux, de locus, focus, JOINDRE, du L.jiingere{cp. oindre, poin-
coquus). dre de ungere, p)ungere). —
D. joint, L. junc-
t\is\ jointure, L. junctura.
JEUDI, giovedi, du L. Jovis dies; en
it.
prov. dijous (aussi jous tout court) dies = JOINT, substantif, voy. joindre. D.jointe; —
Jovis. vorbo jointoyer
JEUN, vîv.jeiln (employé comme adjectif), JOLI (vfr. jolif, fém. jolive) ; la significa-
du h.jejunus ; snhst. jei'me, du L.jejuninm; tion première de cet adj. était gai, joyeux,
vorhejeiiner, h. jejunare, it. giunare /plus galant, qui est encore le sens de l'it. giulivo
souvent di-giunarej, prov. jeonar; de là fr.
et de Vaxïgi.jolly. De là s'est déduite celle
déjeuner {y. c. m.), pr. rompre le jeune. d'agréable, qui plaît, gentil. Les étymologies
jovialis etjoculivus (vocable imaginaire tiré
JEÛNE, JEÛNER, voy. jeun. dejocus) n'ont rien de sérieux. Les linguistes
JEUNE, \{r. jouene [oue formant diplithon- sont d'accord auj. pour rattacher le mot au
gue), it. giovane, du L. juvenis. — D. jeu- nordique jol, qui désigne les fêtes et les fes-
nesse ; ajeunir' rajeunir.
,
tins solennels qui se célébraient vers l'époque
JOAILLIER, dérivé du vfr. joail (voy. du solstice d'hiver ou de Noël, époque toute
joyau). — Y), joaillerie. consacrée au plaisir. En suéd. et dan. jul (eu
JOBARD, niais, crédule; d'où subst.jo&ar- angl. yule) signifie fête de Noël. D. vfr. —
dcrie. D'après Génin, ce mot, comme nom de joliver, s'amuser, festoyer ; Jo^zy êtes, babioles,
famille, estune forme variée de Jobert, Jau- gentillesses, pr. petits cadeaux de fête ; enjo-
bcrt, lequel viendrait du bas-latin jobago, liver ( cliamp.j olloyer).
jobagio, >in esclave appliqué à la culture du JONC, h.juncus. —
D. joncher, pr. parse-
sol. Comme terme d'injure, le linguiste fran- mer do joncs les nies par oii passaient les
çais le rattache, de même que jobelot,gobelin, processions religieuses. On a plus tard fait
jobet, au personnage Job du Vieux Testament, abstraction de l'idée jonc en disant joncher :
qui avait soin du poulailler. Cela me rappelle barba di Giove, du L. Jovis barba. Comme —
le suisse jockeli, nom donné souvent aux gar- la plus ancienne forme est jumbarbe et que
çons de ferme dans ce pays et qui est une coi"- le nom de cette plante était, en gallois, iou,uj3a-
JOU — 294 JUC
pou// (Dioscoride, IV, 16), Littré conclut avec aussi rencontre dans un sens analogue? —
toute raison que le terme Jovis barba repose Subst. verbal joute, it. giostra, itrov.josta,
:
sur une confusion avec le terme gaulois, car justa, mha. tjost, néei'l. du moyen âge joeste
il n'y a guère de rapport entre la joubarbe et (Kiliaen porte jost impetus). = Cette —
la barbe de Jupiter. Darmesteter (Composés, étym. de joute était déjà connue de Jacques
p. 47) partage cet avis. Sylvius.
JOUE, \î\\jode,joe, angl. jaw (mâchoire, JOUVENCE', jeunesse, type latin juventia,
&nc.jowe), \t. gota, prov. gaula. Cette der- p. juventa onjuventus (ces derniers sont les
nière forme nous met sur la trace de l'étymo- types de \fr.jouvent et jouvente).
logie de ce mot ; elle procède régulièrement JOUVENCEAU, anc. joiivcncel, it. giovin-
du L. gabata, écuelle, bas-latin gavata, ccllo, diin type L.jurenicellus; fém. jouven-
contracté en ganta (cp. parabola, paravola, celle.
paraiila, jmrole). Le rapport logique entre JOUXTE, anc. préposition (voy jouter), . du
jatte et joue est conforme à ces comparaisons h.juxta.
bizarres que fait le peuple entre certains ob- JOVIAL vient directement, je pense, de Vit.
jets et les parties du corps (cp. tcte de testa), gioviale. Quant à on le rapporte
celui-ci,
Le type latin gabata{d'o\\, par assimilation de communément à Giove, « Jupiter,
Jovis, it.
if, s'est également produit le subsx. jatte) est que les astrologues disent être cause de joie
encore bien sensible dans la forme brct.^^accd, et de bonheur dans les horoscopes. On ap-
joue. —
Le terme de marine Jotte cùté de = pelle une \n\meur joviale celle qui est agréa-
l'avant d'un vaisseau, doit être le même mot ble, divertissante, qui semble avoir été com-
que ganta, gota, à en juger par le terme équi- muniquée par quelque heureuse planète »
valent allemand backen joue. De mémo = (Dict. de Trévoux). Cette étym. est acceptable
jotte, un des noms vulgaires de la bette. (voy. sournois) ; cependant, je suis d'avis que
JOUER, prov. jogar, it. giuocare, csp. la création de l'adj. giovale peut avoir été
jugar, du h.jocari (jocus), — Ti. jouet; jou- influencée par une fausse relation avec Giove,
jou, mot enfantin ;
joueur, jouailler, jouer mais que le mot dérive en réalité du verbe
petit jeu.Composés déjouer, enjoué. : giocare {L.juvare), qui signifiait, du temps
JOUFFLU, mot de fantaisie, pour lequel les de Dante, aus.si bien « faire plaisir " qu'aider
mots joue et enfler ou //o^î^er paraissent avoir ou être utile. On bien y aurait-il au fond
fourni les éléments. Ou bien joufflu serait-il l'idée de juvénile et le mot serait-il issu d'un
\wuvjouffu, et ce dernier arbitrairement tiré thème giove, jeune, comme giovina, giovi-
déjoue ? nettot — H. jovialité, it. giovialità.
JOUG, giogo, es^t.jugo, du h.jugum;
\t. JOYAU, vfr. joel joail, voy. joie. — D,
cp. iiW.joch, angl. yohc; même radical que joaillier.
iiigere' jungere, (v. joindre. JOYEUX, it. gioioso (Dante a la forme plus
,
JOUIR, vfr. joïr, goïr, it. godere, gloire, \at\neg audioso), \oy. joie. D.joyeusetc. —
yivov gausir, jauzir (cp. aussi fr. segaudir),
. JUBÉ; la partie de l'église ainsi désignée
du L. gaudere. —
D. jouissance, esjouir', tient .son nom de ce que les chanoines pu les
rejouir. diacres y adressaient au célébrant les paroles :
JOUR, vfr. et prov. jorn, it. giorno, de Jubé, Domine, bencdicerc. Telle est l'expli-
l'adj. latin diurnus (diies):^ cp. les subst. ma- cation que je rencontre chez Ménage et Roque-
tin, s»ir, hiver, t'ivés, de même des adj. L. ma- fort et qu'approuve Littré. Il faut, jepense, —
tutinus, serus, hibemus. — D. journal, L. considérer comme indépendante de notre jubé
journe'e
à\\xvïïa.\e\ =
durée d'un jour, travail la locution venir à jubé, se soumettre par
d'un jour (en angl. journey signifie voyage, contrainte; serait-ce en venir à dire à l'adver-
pr. le chemin fait dans une journée) ;journer saire -jubé, ordonne, je ferai tout ce que tu
:
giusto, prov. josta, vfr. jouste, joste (les sa- mare; Varron ut quiritare urbanorum, sic
:
fait jacui se soit francisé entiez), ni. comme le JUMEAU, (ém. jumelle,gemel, gémeau
vfr.
pensait Ménage, dejuf/iirn au sens de perche (d'où gémeaux, t. du L. gemel-
d'astronomie),
mise en travers. Pour plusieurs de ces signifi- lus, dim. do geminus). —
D. jumelles, nom
hukken, ail. Iwcken, être
cations, le néerl. d'objets divers, impliquant tous une idée de
accroupi, conviendrait quant au sens, mais h gémination ; vevhe jumeler.
ne correspondent pas; cette éty-
ail. et j' fr. JUNGLE; mot indien, sanscrit, jangala,
mologie, toutefois, convient à la forme nor- désert (Littré).
mande hucher. —
S'il est difficile d'identifier JUMENT, du L.jumentum {p.jug-mentum),
ce verbe français avec le germanique hukken, bête de trait, surtout chevaux, mulets et ânes
Jtochen, peut-être, pensait Diez, en découle-t-il en latin du moyen âge =
cavale.
;
par l'intermédiaire d'une forme composée ge- JUPE, ang\.jub,jumb, it. giubba, giuppa,
hukken. Notez encore la forme berrichonne esp. aljuba, prov. jupa, de l'arabe al-djubbah,
gucucher, subst. gucuche. — Baist (Ztsclir., vêtement de dessous en coton (voy. Golius,
VI, 425), comme Ménage, place le subst. juc p. 460 et Freytag I, 238»). —
D. jupon,
dans la fomille de jugum et rappelle goth. et it. giubbone, esp., pvov.jubon; viv.jupel. —
xà.juk, vha. juh, pour la forme, et pour la L'allemand a tiré de la même source son mot
valeur, le nord, oki, « barre transversale en schiiba, auj. schaube.
bois ». —
D.juc (anc. aassi jouc\ action de JURER, L.jurare, faire sermeat. Dejura-
jucher; juchoh'. Composé déjucher. : tus, participe à sens actif, vient juré, as- =
JUDICATURE, du BL.judicatura = digni- sermenté. —D. jurement, L. juramentum;
tas judicis. juron, jury, corps de jurés (mot d'importation
JUDICIAIRE, L.judiciarius (judex). anglaise).
JUDICIEUX, d'un type latin judiciosus, = JURIDICTION, 'L.juris-dictio, litt. action
qui fait preuve de jugement (judicium). de prononcer le droit, de dire la justice à ce ;
JUGE, angl. juclge, prov., cat. juge, du L. subst. latin correspond l'adj L.juri-dicus,{v.
.
LA — 296 — LAB
JUSTE, L. ji'.stns, pr. conforme au droit tice était traité parfois avec un sens conci^et, et
(Jus). Du
sens moral «' exact » s'est produit le juge ou justicier; cette valeur est
signifiait
sens physique étroit, serrant » (do là juste,
•• encore propre à l'angl. justice dans Lord chief
nom d'un vêtement, et son composé p'stmi- justice, le prcmiei' Y>vés'\àent, a justice ofthe
corps). Le snbst. \aùn Jitslitia s'est francisé do peace, un juge do paix. Les mots patois /o/stf,
deux manières, dont l'une appartient an lan- juïsc (champ.) =
justice, juiser (picard) =»
gage savant, l'autre au fonds commun, à la poursuivre un débiteur, no viennent pas do
première couche de la langue c'est ainsi que
; justiis et encore moins de juif, comme
nous avons justesse et justice, chacun réservé a cru l'abbé Corblet, mais du L. jialicium,
à des applications spéciales. Justesse se rap- jugement, qui au moyen âge s'employait
porte ajuste, commo f/cntiJlessc à. gentil, c'est pour juridiction, droit de justice, tribunal,
le nom de la qualité d'une chose qui est juste; et qui a donné le prov. judici, jusizi,juisi,
la iovr(\ejustice exprime plutôt, comme le latin esp, juicio, port, juizo, vfr. juïse, juge-
justitia, la qualité d'un homme juste ou cher- ment.
chant à d'un état,
l'être; l'un est l'appellation JUSTIFIER, h.justificarc. D. justifica- —
l'autre, d'une vertu morale. Il va de soi que tion, • atfur, -atif.
nous n'entendons pas épuiser ici la définition JUTEUX, soy.jus.
des deux termes. JUVÉNILE, L. juvenilis (juvenis). —
JUSTICE, voy. juste. —
D. suhst. justicier, D.juvrnilitr.
d'un type hit'm justitiaHus; vevhe justicier, JUXTAPOSER, terme introduit par les phy-
rendre la justice, punir, ù'oii justiciable, sou- .sicicns, du L.jtixta, à coté, ot posa*; subst.
mis à une juridiction. — En vfr. le subst.^'jw- juxtaposition.
K
KAKATOES, aussi cacatou, cacatois, nom solennitas dodicationis templi; plerumquc ker-
fait d'a])rùs le cri de ces oiseaux. misse dicitur do yxpwitÙJOf agaudio nempe et
KALÉIDOSCOPE, voy. calêïdoscope. Uetitia. « J'ai de la peine à croire que cette
KALI nom de la plante (soude) dont les dernière interprétation ait jamais pu sérieuse-
Arabes ont premiers retiré
les le sel végétal, ment être donnée à kermesse; cp. aussi, à
qu'ils appelèrent al-cali. l'appui de l'étymologie reçue, le terme hen-
KALPAK ou liolbah, sorte de bonnet, du nuyer ducasse, à l'art, dédicace.
turc kaljittk, bonnet en fourrures. KILO-, p. chilio-, mot numérique, servant
KANDJAR, sorte de poignard ; mot arabe, d'élément initial dans la composition dos ter-
signifiant coutelas. mes du système métiùque français il équi- ;
KANGOUROU; l'animal et son nom nous vaut à mille et vient du gr. yC/ioi mille;=
viennent d'Australie. p. ex. kilor/ramm,e = mille grammes.
KAOLIN, sorte d'argile blanche; mot chinois. KIOSQUE, du turc hieusjk, pavillon de jar-
KARAT, voy. carat. din, belvédère.
KÉPI, d'origine inconnue; selon toute pro- KIRSCH-WASSER, mot allemand =eau de
babilité une transformation de l'ail, happe, cerises; on dit aujourd'hui généralement
casquette.! de la même famille que chapeau) \
kirsch tout court.
en Suisse on a le dim. kuppli, kdppi. KNOUT, mot russe (d'origine tartare), .signi-
KERMÈS, de l'arabe qermez cochenille , fiant fouet.
(voy. carmin, cramoisi), KYRIELLE, mot
tiré de la phrase
litanie,
KERMESSE, dans les Pays-Bas et dans le grecque Kûii-: Seigneur, aie pitié «,
£/.î/jj;v, «
nord de France, le nom de la fête parois-
la qui est la formule initiale de la litanie au fig. ;
aussi bien le que la, tant au nom. qu'à l'ace. LA, adverbe, prov. la, lai, it. là, esp, alla,
sing. Le est une forme sourde où viennent du L. illac, de ce côté-là.
aboutir à la fois les formes distinctes an- LABEUR, anc. aussi labour, travail, peine,
ciennes lo, la et H. Si le n'est plus aujour- fatigue, du L. labôrem. —
D. labourer,
d'hui que masculin, ce n'est là qu'un effet do anciennement travailler en général, et spécia-
l'usao-e. lement travailler la terre fsvnon. du vfr. arer
. . .
laboureur.
misérable, il \\ei\i de Lazar us, le personnage
LABRE, poisson, L. labrus ['/kZpoi). de la parabole évangélique (saint Luc, XVI, 1 9,
LABYRINTHE, vfr. (cas isolé) nabiriiUe; du et suiv.), comme l'a déjà remarqué J. Sylvius
gr. ly.&ùpi-^^o;.
(1531) Ladre, id est leprosus a Lazaro esse
: ^^
LAC, L. lacus, congénère avec l'ail, lâche, videtur, z in sd soluta ». On a une transfor-
mare, marais (bas-saxon lahe), néerl. lar/h,
mation analogue de sdr ou sr en dr dans ma-
lach, ags. laça, angl. lake, etc.). Voy. aussi
dré de masar, S. Ludre de S. Lusor, et cidre
lacustre.
LACER, prov. lassar, lachar, voy. lacs.
de cicera. —
D. ladrerie. De lazaro déri- —
— D. lacis, laçure ; oïlacer, délacer, entre-
vent encore it. lazzeretto, esp. lazareto
:
pour type la forme transposée lascare, l'autre (/.)./îio^). Laïcus a donné lai, par apocope du
le mot correct lacsare ou laxare. L'it. dit las- sufiîxe atone, comme classicum a donné
ciare, pour lâcher comme pour laisser. Lais- glas.
ser, c'est l'opposé de retenir, comme lâcher. 2. LAI, vfr. lais, genre de poésie, prov. lais,
laid, vilain. Du sens foncier désagréable pro- BL. lato n'a rien de commun avec l'ags., angl.
cèdent les verbes it. laidare, v. esp. hisar. lead (plomb)? de plus, la forme italienne
blesser, faire mal. Ces verbes correspondent au lottonc (mutilée dans la suite en ottone, l'ini-
vha. leidon, mais l'it. Iaidire,\tYO\. et vfr. lai- tiale ayant été prise pour l'article), n'aurait-
dir, m. s., ont |)Our type direct la forme vha. elle pas de rapport avec l'ail, loth, plomb,
leidjan, ags. lâdjan. Le verbe roman, au sens BL. lotumf —
D'après M. Rossignol, notre
de blesser, à son tour, a engendré les vieux mot vient du L. luteum, œs luteum, cuivre
subst. français laidange, injure (dont la ter- jaune. J'en doute fort; car laton, qui se ren-
minaison n'est pas encore bien éclaircie, mais contre dès le XII" siècle, ne peut procéder d'un
qui peut être rapproché de celle de vidange thème lût. —
Quelle est l'origine du wallon
et de mélange) et laidure, outrage. D. lai- — laton (aussi laiton, loton), qui signifie son?
deur, laideron, enlaidir. LAITUE, L. lactuca.
1. LAIE, femelle du sanglier (BL. laha se LAIZE, largeur, d'un type latin latia'
trouve dans le Capitulare de villis, mais la (latus) ; c'est donc une variété de vfr. laÀice,
leçon est douteuse). Le mha. liche, m. s., pa- Icôssf = latitia'.
rait être le même mot. LAMA (quadrupède), nom péruvien, qui
2. LAIE, route dans une futaie, BL.
taillée s'appliquait à tous les animaux couverts d'une
lada, leda; d'après Diez, du nord, leid, ags. toison.
làd, m. s., néerl. leydc, lijde, lije, ductus, LAMANEUR procède dir. d'un verbe lama-
;
l'analogie du lombard laya employé dans le Sprache des deutschen Seemanns (Niedei'-
sens de lasciare, admet plutôt le lat. legare deutsches Jahrbuch, V, p. 8).
Claisser par testament) pour le primitif de LAMBEAU, LAMBEL', esp. lambel fen Berry
laier. Je ne suis pas de son avis. D. de — lambriches, franges;. Le radical lamb a été
laisser : lais, t. d'eaux et forêts (v. pi. h.); précédé d'un radical non nasalisé lab ; l'on:
laisse, terrain d'atterrissement ; délaisser (v. trouve BL. labellus, vfr. labiaii, labeau,
c. m.); relais (v. c. m.). angl. label avec le sens de « ornement frangé
LAIT, L. laCflactis. —
D. laitage, laiteux, de la casaque de guerre ". L'existence bien
L. lactosus; laitier, laiterie, laiteron. établie de ce radical lab ne permet pas de rat-
LAITE, L. lactés (plur.), m. s. — D. lai- tacher, du moins directement, lambel au
tance. L. lamberare, déchirer. Mieux vaut, surtout
LAITON, laton, leton esp. laton, alaton, , en considération de la forme lampel, propre
it. ottone (p. lotone), BL. lato, flam. latoen, au dialecte de Côme, invoquer l'ail, lappen,
est, selon Diez, dérivé du mot roman latta angl. lap =
lambeau. L'élément celtique pré-
;
pre qui ait déterminé l'expression. En effet. du cheval, nommée ainsi, selon les uns, parce
Lambin est une forme variée de Lambert, qu'on la guérit en la brûlant avec une lampe
comme Hubin de Hubert, Robin de Robert, et ou un fer chaud selon Morin, parce qu'elle
;
il est très possible que le peuple ait attaché à se produit dans l'intérieur de la bouche, car
ce nom propre, comme à tant d'autres, l'idée lampas se prend dans le style burlesque pour
de quelque qualité défavorable; d'autant plus le gosier, le palais. — Quant à lampas =
que le son de lam coïncide avec celui de lent. palais (« arroser le lampas »], Jault est dis-
— Je laisse à des étymologistes plus autorisés posé à le rattacher au verbe lamper, qui si-
le soin de décider s'il y a lieu de tirer une gnifie boire à grands coups, comme étant
conclusion relativement à un rapport étymo- l'endroit dans lequel on verse la boisson quand
logique entre lambeau et lambin, de ce on lampe. —
De ce lampas viendrait le terme
qu'en ail. trôdeln signifie à la fois lambiner de blason lampassé, c.-à-d. tirant la langue,
et faire le fripier. J'ai pensé que la coïnci- « que le vulgaire en quelques lieux appelle
dence était toujours curieuse à noter. Je rap- assez improprement le lampas, a lambendo(?),
procherai également le subst. ail. lappen, pour ce que les lions, comme les chiens et les
lambeau, vétille, du \erhe verlappen, verldp- chats, boivent en léchant (Le Laboureur,
»>
pern, dépenser Cson temps, son argent) à des Origine des armes).
vétilles. — D. lambiner. 2. LAMPAS, étoffe de soie à grands dessins
LAMBOURDE; ce terme de charpentier d'une couleur- vive. Le nom lui a-t-il été donné
paraît tenir au même thème que lambeau. en Chine, dont elle provient, ou par des tech-
LAMBREQUIN, volets d'étoffe qui descendent nologues savants qui connaissaient le gr.
du casque. La terminaison accuse une piove- y.ii.lJ.nu-1, briller? C'est encore à savoir.
mologie ne peut concourir avec celle rapportée tation a déterminé l'ancienne dénomination
.
LANCE, it. lancia, csp., port, hiiiza, prov. LANIERE ; l'orthographe première lasniêre
la)iça, du L. Jancea, qui est, d'après Varron, défend de .songer à L. lana, laine (lanière se-
un vocable d'origine hispanique, selon d'au- rait une courroie de laine) ou à l'ét. laniare, ;
tres, d'origine gauloise; ail. hiuze, gr. mod. déchirer, patronnée par Littré. Le mot
)a:vT|ct sont empruntés au roman. — D. lancer vient du L. lad nia coin d'une robe, lan-
(v. c. m.), lancette, lancier. guette, lambeau, « particula rcsecta et sepa-
LANCER, it. lanciai-e, esp., port, lamar, rata », d'où vfr. lasne; d'un prototype laci-
prov. lansar, angl. laïuich; dérivé do lance niaria provient régulièrement lasnière, auj.
[c^. darder de dard). Tertullien emploie lan- lanidre. Etyniologie do Bugge (Rom., III,
ceare p. manier la lance. —
Composé cslan- : 154). que j'avais également émise, presque
cer', élancer, prov. eslançar, it. slanciare, simultanément, dans mes « F'ragments d'un
d'où le sub.st. verbal fr. eslans', clan, prov. roman sur la reine Sébile ».
eslans. LANIFÈRE, L. lani-fer ;lanigi're, L. lani-
LANDE, prov. landa, bruyère, terrain
it., gpv
plat, on vfr. au.ssi =
forêt. Malgré l'apparence LANSQUENET, it. lanzichenecco, esp. las-
d'origine germanique (goth. la)td -/w.ca, = quenete ce sont autant de formes estropiées
;
à.yç,6i, ail. mod. land, terre, pays), Diez, à de l'ail. la)ids-hncclit, fantassin, pr. serviteuf,
cause do la signification que le mot a eue en valet du pays.
tous temps, croit devoir donner la préférence LANTERNE, L. latcrna, lanterna. D, —
au breton lann, bui.sson d'épines, plur. lan- laiderneau, lanternicr. Au figuré, lan- —
non, steppe (cp. fr. brandc, buisson, plur. ternes signifie fadaises, balivernes (« conter
brandes, bruyère). des lanternes »i; de là le verbe lanterner =
LANDIER, andin, wall. andi;
vfr. andiei', dire des fadaises, ennuyer, fatiguer, aussi
VI initial est un effet de l'agglutination de l'ar- perdre le temps en choses frivoles. D'où vient
ticle (on entend dire de même au peuple de ce sens métaphorique donné au mot lanterne ?
Paris un levier \w\\r un évie)') ; le BL. pré- Les opinions varient; nous nous bornons à
sente les formes andedus, anderius et andena. rappeler la description du pays Lanternais de
On ne connaît pas l'origine de ce mot. L'an- Rabelais. Cependant, nous posons la question :
glais andiron (Palsgrave anndyernt a fait : le sens figuré de lanterïïe, et par conséquent
penser à Itand-iron, fer pour la main (le pré- le verbe lanterner, sont-ils bien réellement
sident de Brosses traduisait en effet le mot issus de lanterne =
objet qui éclaire? Le
par " main de fer «) ; mais cela n'a rien de sé- terme équivalent lantiponncr éveille à cet
rieux. Cîievallet, plus hardi encore, explique égard quelques doutes. Kiliaen traduit le mot
andiron par brand-iron (fer à feu). Notons flam. lentcren, en latin par « lente et ignave
encore que le basque dit landera et que agere, cunctari », et en fr. par lanterner; no
Frisch (ne connaissant pas les formes du pourrait- il pas y avoir en effet, au point do
moyen latin et du vfr.) faisait venir moins vue du peiiple, quelque rapport étymologique
aventureu sèment landier du gorm. landcr, entre lentus et lanterner ? Pour rien décider,
dans f/clànder, rebord, parapet. Andin ou il faudrait savoir exactement ce qu'au xvi® siè-
andier no viendraient-ils pas du germ. oïde, cle on entendait par langage de lanternais
bout, limite, bord {c\^.andoHiller)^ (d'après Godcfroy, langage trompeur).
LANDWEHR, mot ail. =
défense du pays; LANUGINEUX, L. lanuginosus {ào lanngo,
cp. hoiilstnrrn, litt. tourbillon du pays. -il lis, duvet).
LANERET, diminutif de lanier. LAPER, forme nasalisée /aw^er; de la racine
:
gage; langiiard, babillard; languèyer, t. d'art dans la basse latinité = poursuivre à coups de
vétérinaire; vfr. languart, bavard. pierres
LANGUIR, L. languere, -escere; subst. lan- LAPILLEUX, du L. lapillus, petite pierre.
gueur, L. languor. —
D. langoureux ; vfr. LAPIN, peut-être d'un type latin lapinus,
langouHr, alangouri, auj. s'alanguir. tiré du vadïcailep de lepiori primitif de lièvre).
LANIER, oiseau de proie, it. lanière, angl. Diez, toutefois, justement retenu par des rai-
lanner, du L. laniarius, boucher, écorcheur. sons phonologiques, est d'un autre avis; il
— D. laneret. —
En vfr. lanier veut dire prend lapin pour clapin, et le range sous le
lâche, paresseux c'est peut-être un homo-
; thème clap, d'où se clapir et clapier (cp. loir
nyme, dérivé de lana, \ame (c^. poltron). Ce- p. gloir). — D. lapereau, (d'où néerl. lam-
pendant, cette acception peut aussi se déduire pjreel) ; lapine, lapinière
du nom de l'oiseau dont un spécialiste (Har- 1. LAPS, subst. dans " laps de t^mps », du
mont. Miroir de fauconnerie) dit qu'il est « mol L. lapsus (labi), écoulement.
.
quet pour la forme antérieure de laquet et, rigot =boire sans fin. On sait que flûte pré-
sur cette prémisse, ils ont proposé l'alle- sente de même une acception populaire ana-
mand hneclit, valet, voire fr. narquois! logue. —
Frisch tire larigot dn terme musical
D'autres ont eu recours à l'arabe, du fond it. et esp. largo, copieux, abondant pour la ;
duquel ils ont exhumé tantôt laquit, garçon forme, cela est peu plausible, le sens premier
exposé, tantôt lahia, sale, vil. Larramandi y étant flûte; je ne sais pourquoi Diez a renoncé
voit \n\ mot basque, composé de lacuii, lar/un, à l'étymologie arinca, qu'il avait proposée
société, assistance, et de aj/o, suivant, aide. dans .sa première édition. —
Le motlat. arinca,
Tout cela n'a pas de valeur; un peu plus ce- qui, selon Diefcnbach, pourrait biim ne pas
pendant que l'idée do Ménage, qui ci'oyait avoir été un mot exclusivement gaulois, avait
avoir trouvé la solution en allongeant le L. pour variante L. alica; cette dernière con-
verna en vernula, puis en veriiuïacus, puis viendrait davantage au primitif du mot lari-
en veniulacaius; ici il s'arrête pour reprendre got. — Une étymologie par lary)iv n'est
haleine; puis avec courage il saisit le mot guère assurée par l'article larigaude, gosier,
vcruulacaius, pour le trancher en deux piè- goi"gc, qui se trouve dans Roquefort sans
ces ; la premièi'e est mise au rebut la seconde ; exemple à l'appui en tout cas, ce mot, s'il
;
est conservée pour en faii'c un laquais. Ce est constaté, ne peut être séparé de larigot
que nous établissons là n'est pas une plai- dans tire-larigot, pour l'explication duquel
sante invention de notre part, mais cela se j'ai une nouvelle tentative à signaler. Lîi
voit sérieusement exposé dans l'in-folio que découverte d'un mot fr. rigot (Est de France)
nous avons par devers nous. Diez se renferme au sens de ceinture (qui viendrait du vha.
dans l'élément roman. Partant du prov. lecai, riga « ligne circulaire"») détermine G. Kay-
gourmand, et du limousin laccai, qui signifie naud à interpréter cette locution par à tire le
1. parasite du froment, 2. laquais, il en infère rigot =^ à étire la ceinture, en rapiirochant,
que dans l'acception de laquais valet de = pour l'image, cette autre phrase vulgaire :
pied, il y a une métaphore tirée des parasites " S'en faire péter la sous-ventrière ". Voy.
lecco -^^ laquais, qui concorde littéralement grinia, du L. lacryma; en vfr. lairme (réso-
avec le prov. Zcc, primitif de /eca?', gourmand. lution de c en i). —
D. larmier; verbe
— D'après Pihan, de l'arabe lahiyye, attaché; larmoyer (vfr. larmier), prov. lagrcmeiar
Littré, se fondant sur une anc. forme esp. LARRON, du L. latro, latronis. Dans l'an-
alacays, opine pour une provenance arabe. cienne langue, larron était la forme du cas
LAQUE, it. lacca, esp., prov. laça, du per- oblique le nominatif latro y apparaît sous la
;
san lak, teinture rouge (correspondant du forme laire, lerre. Hère == prov. laire.
sanscrit ràkschà, dérivé de randscli, teindre). LARVE, du L. larva, masque, parce que
— D. laquer, Ixiqueux. l'insecte ailé est pour ainsi dire masqué dans
LARCiN, vfr. lareciii, du L. latrocinium la chenille.
(devenu, par transposition, prov. laironici, LARYNX, gr. /àpvy?.
esp. ladroiiicio, it. ladroneccio). LAS, lasso, L. lassus.
it. D. lasser, —
LARD, L. lariduvt, lardum. larder, — li. L. lassare (opp. dé-lasser)\ lassitude, L. las-
piquer une viande avec du lard, fig. piquer, situdo. Las signifiait autrefois aussi mal-
railler, lancer des épigrammcs, des brocards, heureux, de là les interjections it. aJii lasso,
d'où subst. lardon. prov. ai las, vfr. ha las, nfr. helas, angl. alas.
LARGE, du L. laryus, co])ieux, abondant, LASCIF, L. lasctvus. —
D. lascivcté, L. las-
puis au fig. généreux, libéral. Notez que — civitas.
l'acception principale attachée actuellement LASSER, LASSITUDE, voy. las.
au mot large, savoir celle d'étendue dans le LASSERET, LASSERIE. LASSIÈRE, termes
sens opposé à la longueur, était inconnue à la d'arts et métiers, dérivés de lacs (v. c. m.) ==
langue latine. Le mot largus a fini par rem- L. laqueus.
plir le rôle de latus et par se substituer au LAST, LASTE, it. lasto, port, lasto, lastro,
vieil adj. let, lé, it. lato = latus. L'idée d'où esp. lastre, =^ ail. last, charge, poids. Le
est partie cette acception moderne est l'am- subst. lest, anc. leste, n'est qu'une modification
pleur, l'abondance, relativement à l'espace. vocale du même mot. Le mot last a en esp. et
— D. largeur; élargir, —
Au sens classique port, aussi le sens de lest; il est donc syno-
latin se l'apporte encore le dérivé largesse. nyme de ballast (v. c. m.).
LAY 302 — LÉG
LATENT, L. latenlem (latere), caché. lade, tiroir d'armoire, caisse, coffre. Layette
LÂ.TÉRÂL, L. lateralis (latus, -ei'is). contenu
signifie d'abord tiroir, colfre, puis le
LATIN, L. latinus (Lutium). — D. latinité, du spécialement lo linge d'un enfant
tiroir, et
L. latiiiitas ; latiniste, -isme, -iser. — La lan- nouvoau-iié. —
D. layctier.
gue latine ayant été considérée comme la base LAZARET, voy. ladre.
de toute culture scientifique, on a à^it perdre LAZARONE, voy. ladre.
son latin dans le sens de " y perdre tout son LAZZI, mot italien, plur. de kuzo, badi-
savoir, faire des efforts inutiles ». Toutefois, nage.
cette locution pourrait bien se rattacher direc- LE, par aphérèse, du L. ille, illum et illud.
tement au sens propre au
« ruse, finesse ", Au dernier type neutre se réfère le vfr. lo.
subst. latin en on sait que celui-ci y
vfr. ; LÉ, vfr. let, anc. adj. = large, du L, latus.
signifiait aussi langage en général, même Il nous en est resté le subst. lé = largeur.
celui des oiseaux. LÉANS (vieux), voy. ctkvis.
LATITUDE, L. latitudo (latus). D. lati- — LÈCHE, tranche fort mince, voy. laiche.
tudinairc, large dans les opinions religieuses. LÈCHEFRITE, voy. lécher.
LATRIE, gr. "kx-rr^û^, service, culte. LÉCHER, it. leccare, prov. liquar, Hchar,
LATRINES, L. lalrina (p. lavatrina). pic. liker,norm. licher (gloses d'Isidore leca-
LATTE, it. latta, esp., prov. lata, du vha. tor =^ gulosusj; du vha. lecchôn. ags. liccian,
latta, m. s., ags. lâtta, flam. latte, angl. lath. angl. lich, v. saxon liccon, leccon, ail. mod.
— D. lutter, lattis; voy. aussi laiton lecken, m. s. —
D. léchonnci'. Cps. lèche- —
LAUDANUM, selon les uns, le même mot frite, anc. lechcfroie, lèchifraie, d'abord un
que ladanum (gomme-résine exsudant des mets, puis l'ustensile servant à le préparer ;
feuilles et des rameaux de plusieurs espèces composé de lèche, chose friande, et frire; cp.
de plantes du genre cistus), lequel vient d'un it. leccarda, m. s,
mot persan par le gr. iàoavov ; d'autres préten- LEÇON (rouchi et vfr. lichen), prov. leisso,
dent que laudanum est distinct de ladanum lesso, du L. lectionem, lecture, puis objet de
et vient du L. laus, laudis, pour ainsi dire la lecture (cp. façon de faclionem, rançon de re-
« le médicament loué ». de))iptionrin).
LAUDATIP, néologisme, L. laudativus LECTEUR, L. Icctor; lecture, L. lectura.
(laudarc). LÉGAL, L. Ivgalis (lex). Du même mot latin
LAUDES, L. laudes, louanges. la langue a fait, par la syncope de la con-
LAUREAT, L. laureatus, couronné de lau- sonne médiale, léal, leyal et la forme actuelle
rier [hmrea). , loyal. — D. légalité ; légaliser.
LAURIER, dérivé du L. laurus. LÉGAT, L. legatus, envoyé (legarc); léga-
LAVABO, mot latin =
je laverai. Dans lo tion, L. legatio.
principe, un terme d'église, désignant lo pas- LÉGATAIRE, L. Icgatarius, du L. lega-
sage du saci'ifice de la messe commençant f«»i. legs; légateur, L. legator.
par ce mot latin, puis l'action du prêtre qui LÉGE, terme de marine, non chargé ; est
se lave les mains, puis linge pour se laver le même mot que lige, et vient de l'ail ledig,
les mains, enfin meuble de toilette ser\'ant vide, par le néerl. leeg, forme syncopée de
au même but. Icdig
LAVANCHE, LAVANGE, voy. avalanche. LÉGENDE. L. legenda, s. e. portio, litt,
LAVANDE, it. lavanda,
lavendola, esp. portion qui doit être lue ; dans la latinité du
lavandula, ail. lavandel. angl. lavender ; le moyen âge =
liber acta sanctorum per totius
mot est originaire d'Italie, où lavanda a la anni circulum digesta continens, " sic dictus
valeur d'un subst. abstrait lavage ; eau de= quia ceitis diebus legenda in ecclesia et in sa-
lavande, c'est pr. == eau (parfiuiiée) pour cris synaxibus designabantur a moderatoro
l'usage du corps. chori ». De là découle la signification ac-
LAVANDIER, -1ÈRE, du L. lavandarius, . tuelle. —
On a nommé de même légendes les
mot supposé d'après lo plur. neutre lavanda- inscriptions gravées autour des médailles et
ria (Laberius ap. Gelliumj, signifiant linge à des pièces de monnaie ; c'est la partie à lire
laver. Pour ces dérivations par andus, cp. opposée à la partie à voir. —
D. légendaire.
buandier, fdandière, taillandier. Lavan- — LEGER, it. leggiere, prov. leugier, d'un type
dière est déjà dans Baud. de Condé, 224, v. latin leviarius, dér. de levis (primitif con-
573 (au v. 585, laver esse). sei*vé dans l'it. lieve, prov. leu). D. légè- —
LAVE, it., angl., ail. lava; du napolitain reté.^
lava, torrent causé par la pluie, qui inonde LÉGIFÉRER, du L. legifer, qui porte des
les rues mot tiré de lavare, comme lavasse,
; lois.^
pluie subite. LÉGION, L. legio. — D. légio)inaire, L. le-
LAVER, L. lavare. —
D. lavage, lavaii- gionarius.
dier, -ière (v. c. m.), lavasse, laverie, lave- LÉGISLATEUR, -LATION, -LATURE, L. le-
ment, lavette, lavis, lavoir, lavure, relaver. gislator, -latio, -latura ilator, etc., subst. d<î
LAXATIF, L. laxativus , de laxare (là- ferre, Latins disaient legeni ferre comme
les
cher). on dit encore « porter une loi »). Adj. néol.
LAYER. t. d'eaux et forêts, voy. laie. législatif.
LAYETTE, dimin. de l'anc. laie, boite, LÉGISTE, qui connaît les lois, BL. legista
caisse, qui vient du flam. laeije, laedc, = ail. (lex). Q'ç. juriste.
LÉO 303 — LEU
LÉGITIME, L. legitimus. —
D. verbo le'ffi- LÉOPARD, vfr. liei^art, leupart, du L. leo-
tinter néologisme légitimiste.
; pardus {t-ion'/pôii), Utt. lion-panthorc.
LEGS, subst. verbal de léguer, avec main- LÉPIDOPTÈRE, mot forgé de UtiIu -iioi,
tien de l'anc. s nominatival. J'attribue la écaille, et n-t[.ov, aile; donc insecte à ailes
forme vfr. lais à laisser, d'autant plus qu'on écailleuses.
trouve tout aussi souvent le fém. laisse. LÈPRE, L. lepra, gr. )£7r'>a (de \f!tp6i, rude,
LÉGUER, L. legare. —
D. legs (v. c. m.). écailleux). — D. lépreux, BL. leprosus, d'où
LÉGUME, vfr. legim, leïui, du L. legumen, léproserie.
-inis, —D. légumier; légumineux, L. legu- LÉROT, dérive de loir.
minosus. LES, article (plur.), affaibli du masc. las
LENDEMAIN, par agglutination de l'article, (foi'me espagnole, se rattachant au L. tllos) et
pour endemain, forme extensive de demain du fém. las (= L, illas), comme le s'est affai-
(v. c. m.). bli de lo et la (on sait qu'en vfr. le est aussi
LENDIT, foire de Saint-Denis; ici, comme féminin).
dans landier, lendetnain, etc., il y a eu con- LÈSE, dans lèse-majesté et sembl. ; du
crétion de l'article, car lendit est pour Vendit L. lœsus, blessé, ofiensé (laedere), d'où le
et vient du BL. indictiim =
annonce officielle verbe fr. léser et le subst. lésion (L. lœsio).
(spécialement de fête), fête annoncée d'avance; LÉSER, voy. l'art, préc.
restreint auj. à Vendit de Saint-Denis. LÉSINE, de avarice sordide.
l'it. lésina,
LANDORÉ, breton landar, paresseux. La C'est étymologiquement vocable que le même
forme française s'est produite sous l'influence le fr. alêne (v. c. m.). Nous ne prétendons pas
du verbe endormir (cp pic. lendormi, pares- que l'étymologie historique qui se trouve rap-
seux, nonchalant). Le mot rappelle le flam. portée sous cet article soit la véritable tou- ;
lenteren, lente et ignave agere (Kiliaen), au- jours est-il qu'elle se recommande mieux
quel correspond peut-être l'ail, sch-lendern, que celle de Le Ducliat, d'après qui lésina a
anc. angl. slcnten. Pour landore, le vfr. disait pu se produire de lazzarilla, ladre l'ie !
—
plus correctement layidreux. En champ., je D. lésiner, -eur, -erre, -eux.
trouve lander, landiner, fainéanter, lendras, LESSE*, cordon, voy. laisse.
endormi, paresseux. LESSIVE, it. lisciva, esp. lexia, prov. lissiu,
LÉNIFIER, L. lenificare (lenem facere, ren- du L. lixivia, lixiviutn (de lix). D. lessi- —
dre doux). ver.
LÉNITIF, du L. lenire{\ems). LEST. voy. last. D. lester. —
LENT, L. lentus. — D. lenteur, alentir, LESTE, it., port, lesto, esp. listo; d'après
ralenlir. Diez, du goth. listeigs =^ izx-iolip-io^, vha. listic
LENTE, prov. lende, du L. lens, lendis (it. (ail. mod. listig), habile, rusé; apocope du
à l'église SU!' la fin du vi** siècle, parce qu'elles L. litteratus, illiteratus; lettrine; leltrisés
étaient trop obscures, ordonna qu'on en fit de [vers).
nouvelles. Un diacre, nommé
Paul, fit celle de LEU, dans la locution à la queue leu leu,
saint Jean-Baptiste en vers d'une nouvelle est l'anc. forme régulière de loup. Cette locu-
espèce qu'on appela léonins du nom du pon- tion est une modification arbitraire de à la
tife, dans lesquels il mit une rime au repos queue le leu, c'est-à-dire, d'après l'ancienne
et l'autre à la fin. —
Pasquier attribue l'in- syntaxe, à la queue du loup (Rom., X, 50).
vention des vers léonins à un poète nommé 1 . LEUDE*, « les leudes du roi », de l'ail.
Léonins, chanoine des Bénédictins, qui vivait leute, gens.
à Paris sous le règne de Louis VII, vers 2. LEUDE,
péage, l'edevance, taxe, prov.
l'an 1 154, et qui se rendit célèbre par ses vers leuda, Diez récuse l'opinion de Du
leida.
latins qui rimaient à chaque hémistiche. — Cange. d'après laquelle le mot viendrait du
En vfr. on trouve très souvent rime leonime germ. lendis, homme, la leude étant pr. une
ou lionime, ce qui fait poser à Wackernagel amende pour un homme tué le sens et la ;
l'étym. Uoiwixoi (de ).-tsj et ô-jof^x), donc rime lettre s'y opposent. Il le rapporte à levare
« lisse d'expression ». C'est trop subtil, et (« tributum levare, lever un impôt »), d'où
Diez observe fort bien que la finale ime p. ine l'on a fait un part, levitus (cp. L. cubitus de
ne tire pas à consé(^uence cette mutation cubare, domitus de domare, BL. dolitus p.
—
;
manière on a tiré de levare l'it. liévito, csp. au moyen âge entre argentum album
faisait
Icudo, port. Icccdo, levain. argeyitnm arsiini. De la Monnoye pense que
et
LEUR, i)rov. et vfr. lo7', it. Inro, du génitif la dénomination vient de deux fleurs de lis
L. illnrutn; leur maison équivaut ainsi àillo- que portaient les liards fabriqués .sous
rum domus. Le même mot roman a pi'is aussi I^uis XI. Enfin, d'autres prétendent qu'elle
la valeur du datif L. illis, vient de Guigues-Liard, de Crémicu en Vien-
LEURRE, vfr. et prov. loù^e, it. logoro p. lo- nois, qui en 1430 aurait frappé les premiers
fjro. ou lodro (it. ff p. d est un fait fréquent), liards ils n'eurent d'abord cours que jjour le
;
angl. lurc ; du mha. luoder, m. s. (cp. ftnirre Dauphiné, mais Louis XI les aurait rendus
du mlia. viiotci'). —
D. Ieur7-er. comnuuis pour tout le royaume en leur con-
LEVAIN, prov. Imam,
d'un type latin leva- servant le nom du premier ouvrier. Dicz —
men formé de levare. Du même
, primitif levare incline pour H ardi; hardit était une petite
viennent les équivalents it. lievito, esp. leudo, monnaie du midi de la France (== limousin
prov. levât, napol. levato; cp. l'ail, hefc, ordi, esp. ardité), dont les uns rattachent le
néerl. hef =
levain, de heben, lever, et ail. nom à Philippe le Hardi, les autres au basque
bùrme, levure, mousse, de bercn, .se lever. ardita, dérivé de ardia, brebis (cp. pecunia,
LEVANT, où le soleil se lèvc[c^. L. oiHens, de pecus). —
11 y a là une question d'archéolo-
2. LICE, LISSE, dcans « haute ou basse L. lix, gén. /zm (défini par Non. Marc. lix
lice », du L. licium, trame de tisserand. — étiam cinis dicitur vel humor cineri mixtus) ;
:
LICOL, LICOU, p. lie-col (cp. limier p. lie- LIEUE, du L. leuca, vocable cité par les
micr, dimanche p. diemanche. écrivains latins comme gaulois. Adouci
LICORNE, it. liocorno (cp. liofante), ali- d'abord en leuga, gr. iiO-/»;, la transposition
corno; gâté du L. unicornis, esp. imicornio. en a fait légua, vfr. lègue, d'où, par syncope
1. LIE, dépôt d'une liqueur, prov. Ihia, du^ et diphthongaison de e en ie (cp. lieu p.
angl. lee. Direct, du BL, lia (Papias : leuj, la forme actuelle lieue. L'it. et le prov.
amurca Gloses do Reichenau
;
fex) mais : ; ont Icga, l'esp. légua, le port. Icgoa, l'angl.
d'où vient lia? La question n'est pas résolue. leaguc.
On trouve en breton léit, vase, limon, gaél. LIEUTENANT, it. luogotenenie (et tcnenle
llaid, m. s. —
Une origine du goth. ligan, tout courtj, voy. lieu. —
D. lieutenance.
vha. liggan, fris, liga, angl. lie, jacere, = LIÈVRE, it. Icpre, du L. lepus, gén. Icporis.
cubare, serait-elle trop aventureuse (cp. sédi- — D. lévrier, L. leporarius; levi'aut, levrette,
ment, de sedercjl D'autre part, le wall. lise, levrou.
anc. angl. lysc, et vfr. lessu ^= levain, don- LIGAMENT, L. ligamentum (ligare) ; liga-
nent quelque pi-obabilité à une dérivation du ture, L. ligatura.
20
à
chement, purement et ligcment «). Il n'y a LIGNÉE, de ligne, comme bouchée de bou-
pas à douter que ce soit le même mot que le ehc; le mot exprime « tous ceux de la ligne ».
wallon lige dans la locution quit' et lige ^= LIGNER, voy. ligne. —
Composés aligner, :
néerlandais, se présente le plus souvent sous agri ou fu7idi, terres frontières, nom des
la forme syncopée leeg. —
Les formes prov. champs concédés aux soldats qui gardaient
litge, it. ligio, angl. liège, sont déduites du Dans la suite, le mot est devenu
les frontières.
français. — U. allégeance m.). (^. c. synonyme de limita?ieus.
LIGNÂ.GE, prov. linhatge lignatge, esp. li- 1 LIMON, boue, bourbe, forme augmenta-
.
cendance de famille (linea sanguinis). Du L. m. s., dér. de leme, timon, gouvernail, dont
linca (linum) =
cordeau, ficelle, signification l'origine n'est pas encore éclaircie. Le flam. —
encore vivace dans « pèche à la ligne «, «tirer a lamoen pour limon, et Kiliaen cite à ce sujet
ime muraille à la ligne ». L'ancienne langue une forme française lamon. Ce changement de
présentait aussi une forme masc. lin, ling, voyelle, en syllabe atone, ne prouve rien
au sens de lignage, parenté, race, répondant contre la dérivation ci-dessusétablie, laquelle,
au prov. linh, ling (esp. lino =
série, ran- nullement à l'abri d'opposition.
toutefois, n'est
gée). Génin s'est fourvoyé en expliquant cette L'angl. limbers, limm,ers, limonière, avant-
forme par une apocope opérée sur le dérivé train, est rapporté par Mûller au nord, lim,
lignage. La forme vfr. lin cependant peut plur. limar (suéd. lem, lemmer), membres,
aussi se rapporter directement au simple L.- branches. Ce pourrait bien être là la vraie
linum, fil, cordon (on trouve aussi bien Zma^ye origine du mot esp. leme et du fr. limon. Il
dans les anciens textes que lignage). D. — n'est pas probable que limo}i, qui se trouve
lignage (v. c. m.), ligneul (v. c. m.), type déjà dans Chrétien de Troyes, soit venu au
LIO 307 LIT
français d'un radical espagnol, — D. limo- LIPPE, vfr. et wallon lepe, de l'ail, lippe,
ner, limoiier, -ière. lèvre, —y \).lippée, lippu.
3. LIMON, citron, esp., prov. limon, it;. LIQUÉFIER, d'un type liqueficare p. lique-
limonc, angl. lemon, flam. limoen, du per- facere; liquéfaction, d'un type liquefactio; pour
san limû, arabe laimùn. D. limonade, li-— mettre le verbe d'accord avec son substantif,
mo)iie7'. il fallait dire ou liquéfaire pour l'un, ou lique-
4. LIMON, en t. d'architecture, pièce de fication pour l'autre,
bois ou de pierre taillée en biais, du L. limus, LIQUEUR, L. liquorem. — D. liquoreux.
oblique. LIQUIDE, L. liquidus. — D. L.
liquidité,
LIMPIDE, L. limpidus. — D. limpidité. liquiditas; verbe liquider, de liquidus au
LIN, L. linum. —
D. linier; li nette, graine sens de clair et net,
de lin; linon, linot, linotte (cp. en ail. les ap- LIRE, L. légère (leg're). D. lisible, L. Ic- —
pellations hanfling ou leinfinke). gibilis, liseur (le L. lector se trouve, dans les
LINCEUL, it. lenzuolo, prov. linsol, du L. vieux glossaires, traduit correctement par
linteolum, morceau de linge, serviette (dérivé litre).
dans dras linges, une linge robe, a disparu. LISERER, dér. de lisière. — D. liseré.
LINGOT, dér. du L. lingua, langue, lequel, LISIERE, pour listière, dér. de liste (v, c,
tions diverses se rapprochant de celle de lin- port. liso. On peut hésiter entre le gr. J.itîo,-,
got. — Une autre étymologie s'est produite m. s., et le vha. lîsi, doux (nha. leise). Diez,
pour des considérations phonologiques, favo-
sur la base de l'angl. ingot =^ lingot. On a
prétendu que lingot n'était que le mot anglais rise l'extraction germanique. D, lisser, —
avec agglutination de l'article. Et quant à d'où le subst. lissoir.
ingot, d'après la définition que lui donne le 2. LISSE, t. de marine ou de construction,
glossaire de Tyrwhit, « moule à couler les variante de liste [p. ss de st, cp. le nom propre
lingots », on l'explique par in-got, coulé de- Cassel de castellum). Cette étymologie se con-
dans. Nous ne sommes pas à même de com- firme par les dérivés listeau, petite lisse. Voy.
aussi lice 1 .
battre cette manière de voir; la seule objec-
tion que nous pourrions y faire, c'est que 3. LISSE, ficelle à lier des marchandises,
l'angl. actuel ne possède pas le verbe get, cou-
soit du L. licium, fil, ou de l'ail, litzc, cor-
ler, fondre, correspondant au néerl. gieten,
donnet.
ail. giessen; mais il se peut que la vieille lan-
LISTE, d'abord pièce longue et étroite en
gue lait possédé, puisque l'ags. avait geotan. général, bord, bande, puis spéc. bande de
En attendant des preuves plus concluantes de papier, d'où catalogue, énumération (une dé-
l'étymologie prêtée à iiigot, nous pouvons toiit
duction logique semblable se présente dans
aussi bien prétendre que le mot anglais est le bordereau); it., esp., prov. lista, port, lista,
mot français avec retranchement de l'article, listra. Du vha. lista, nha. leiste, m. s. D. —
d'autant plus qu'on a en angl. le mot linget
lister liter (une étoffe), listel, listeau, liteau,
défini par petite mesure de métal ».
'•
D. — liston, lisière, p. listière. Voy. aussi litre 2.
LIT, duL. lectus{cY>. confectus, confit ; pec-
lingotière.
LINGUAL, L. lingualis (lingua).
tus, pis). —
D. liter (du poisson;, literie, li-
tière, BL. l ect aria ; vGvho aliter.
LINGUE, ail. leng,ang\.ling, nom de pois- LITANIES. L. litaniœ, du gr. Uzx-Jiiy.,
son, du L. lingua; cp. la dénomination allem.
action de faire des /trà,- ou prières.
zungcnftsch.
LITEAU, autre forme de
LINGUISTE, néol., de lingua. — D. lin-
1
dérivé de
.
liste.
listeau, listel,
guistique.
2. LITEAU, t. de chasse, dér. de lit.
LINIMENT, L. linimentum (de linirc, oin- 1 LITER, arranger par lits, de lit.
. •
dre).
2. LITER, lister', couvrir avec de gros fils
LINOT, LINOTTE, voy. lin. la lisière du drap avant de le teindre de liste, ;
2. LITRE, ceinture de deuil, prob. p. Ustre, LODS, Iodes', los\ dans » lods et ventes »,
variété do liste, bande, bordure (v. c. m.), cp. du BL. laudes, qui, comme subst. de laudare,
la forme prov. et it. (siennoisc) listra. consentir, octroyer, signifiait sans doute en
LITTÉRAIRE, L. litterarius (de littera, premier lieu octroi, puis aliénation d'un bien
lettre) ; littéral, L. litteralis ; littérature, en vertu d'octroi, puis le droit payé pour
L. litteratura ; littérateur, L. litterator. cet octroi d'aliénation.
LITTORAL, L. litoralis (de lit us, -oris, LOF, terme de marine, angl. loof, ail. luf;
rivage). du néerl. loef, m. s. D. lofer. —
LITURGIE, gv.UiTc-jpyix, office public. LOGARITHME, terme scientifique, fait do
LIVECHE, ane. levesse, it. levistica, libis- y-d/Oi, proportion, et de i^,i^y.6;, nombre.
dernière forme ital. a été défigurée
tico; cette LOGE, petite hutte, autr. aussi = tente, etc.
par l'interprétation imaginative du peuple en it. Coire /aH^»a, lomb.,piém./oWaj,
lof/ffia (à
V. flam. levestock, liefstickel, ail. liebstôckel, port, loja, prov. lofja, angl. lodr/e, BL. laubia.
en apparence =
chère petite plante. Du Du vha. lauba, laubja, nha. laube, feuillée,
L. levisticwn [Yôgèce), forme altérée de liffus- berceau, cabinet, galerie. Pour la transition
ticum litt. =
de Li^urie). logique, Diez rappelle le vfr. foillie, cabane,
LIVIDE, L. lividus. D. lividité. — de feuille. —
D. lof/er (cp. caser de casé).
LIVRAISON, voy livrer. LOGER, de iof/e. — D. lof/is, vfr. lof/cïs ;
lacune. Chevallct place le verbe locher dans les Lombards qui publiquement
l'exerçaient
l'élément celtique et cite bret. lusha, branler, et sur l'autorité des princes, auxquels ils en
remuer, écoss. luaisg, gallois Ihoygaw payaient tribut » (Mézeray). Les monts-de-
irland. luasgaim. —
Cps. élocher (v, c. m.), piété étaient dans le principe des maisons de
secouer; rouchi ar/oc/ier, p.relocher, ébranler. prêt sur gages, les premiers furent sans
LOCMAN, voy. lamanenr. doute fondés par ces étrangers italiens, dont
LOCOMOTION,-TEUR,-TIVE,LOCOMOBILE, le nom était devenu synonyme d'usurier.
néologisme?, tirés du L. loco moverc, mou- LOMBES, L. lumbus, dont l'adj. fém. Inmbea
voir de place. s'est francisé en longe, anc. loigne, terme de
LOCUTION, L, Ivculioncm (loqui). boucherie, « longe de veau », wall. logne, v.
LOR — 309 — LOS
flam. loenie, longie, angi. loin; cp. aussi le LORIOT (l'initiale l provient de l'aggluti-
wall. lomberai, gribclette de porc, échinée. nation de l'article), vfr. oriouz, pic. nriot,
LONG, L. ]oi>gus. —
D. longueur (anc. prov. auriol, esp. oriol ; du L. aureolus, de
longueté, longuesse), longuet, longueric; longe, couleur d'or (cp. ail. gold-ammer). Les La-
bande de cuir ou de corde; longer, allonger. tins appelaient le merle doré galgulus. —
— Cps. longtemps =
long espace de temps ;
D'où vient l'expression compère loriot, pour
ce dernier est venu bien inutilement rempla- désigner l'orgelet ou bouton qui vient sur les
cer l'anc. adverbe longues. paupières? Nous donnons pour ce qu'elle
LONGANIMITÉ, L. longanimitas ; cp. l'ail. vaut l'explication qui se trouve dans le glos-
langmutli. saire picard de l'abbé Corblet « Pline et
:
1. LONGE, courroie, lanière, voy. long. Plutarque ont avancé que le regard du loriot
2. LONGE, terme de boucherie, voy. lombes. est tm remède excellent pour ceux qui sont
LONGÉVITÉ, L. 7oî?^«?î;?'te6'(longumfovum). atteints de la jaunisse. Cette opinion s'ac-
LONGITUDE, L. longitudo. D. longitu-— crédita au moyen âge et les personnes qui
dinal. souffraient de cette maladie prenaient un lo-
LOOCH, t. de pharmacie ; port, lohoc; de riot pour compère. De là notre expression :
l'arabe look (du verbe laaka, lécher). compère louriot pour exprimer un orgelet.
LOPIN; l'étym. L. lobus (),og5;), follicule, Du Ménil la dérive du BL. lorum, qui signi-
gousse, mise en circulation par Nicot, est fiait une blessure dont il ne sort pas de
impossible tant pour le sens que pour la let- sang. » Nous espérons que l'on finira par
tre. D'après Frisch, p. lapin, de l'ail, lappen, trouver une explication plus satisfaisante que
morceau c'est peu vraisemblable. Grandga-
; ces dcux-là! Je crois, pour ma part, que dans
gnage cite l'angl. lop, élaguer, d'où, selon Du- cette expression populaire, loriot ne représente
cange, BL. loppare, resecare, amputare, pas Vorjol =- aureolus, mais l'orgeol =
subst. lopadium, segmentum, frustum. Si le L. ordoolus (orgelet, v. c. m.).
mot désignait dès l'origine principalement LORMIER, anc. lorenier, loremier, lori-
un morceau à manger, on serait tenté de le mier, angi. lorimer, aussi loriner. Avant de
rapprocher d'un vieux mot fr. cité par Ro- signifier éperonnier, ce mot s'appliquait à
quefort louper, manger goulûment. Cp. en
: tous ouvriers fabriquant des objets concernant
patois champ. licTier, être gourmand, et li- le harnachement. Il dérive du vfr. lorain,
chette, petit morceau. Mais le sens foncier lorin, bride, rêne, longe, et par là du L. lo-
est masse; je le placerais donc plutôt dans rum, courroie. On appelait autrefois les lor-
la famille do l'équivalent anglais lump, v. miers aussi frenniers, faiseurs de freins Pour
flam. lompe, frustum, massa, qui sont des lorinier devenu lorimier, je rappellerai les
formes allégées de angl. clump, néerl. klomp, mots étamer, p. étaner, de étain, et veni-
ail. mod. klumpen. —
D. pop. lopiner, cas- mouo: de venin. —
Baudry pense que lormier
ser une croûte anc. aussi diviser en lopins.
; est p. Vormier, et ormier un dér. du radical
LOQUACE, L. loquax. —
D. loquacité, orm qui a donné BL. ormilla, boucle, et
h. loquacitas. ormiscus, collier. Cette étymologie est tout à
LOQUE, pièce d'étoffe usée ou déchirée du fait inutile, l'autre ne laissant aucun doute.
nord, lôkr, chose pendante (ce mot se re-
;
— D. lormerie,
trouve dans les composés breloque et pende- LORS, vfr. lores (la finale s caractérise l'ad-
loque). —D. dim. loquette, d'où loquctc, t. de verbe), du L. illa hora, à cette heure-là; le
blason, et loqueteux* =
déguenillé. composé alors, it. allora, représente la for-
1. LOQUET, laine gfossière; de l'ail, loche, mule ad illam horam. —
D. la conjonction
boucle do cheveux, anc. aussi flocon. = lorsque, litt. =
au temps que.
2. LOQUET, it. lucchelto, fermeture de LOS, vieux mot, signifiant louange. Du
porte, dim. du vfr. loc, m. s.; ce dernier vient plur. L. laudes IXsiwàixve). — Voy. au.ssi lods.
de l'ags. loc, angi. loch, flam. luyche; cp. LOSANGE, it. lozanga
de blason), figure
(t.
vha. bi-loh, verrou, goth. ga-luhan, enfermer quadrilatère à quatre côtés égaux ayant deux
(voy. aussi bloc). —
D, loqueteau, loquxter. angles aigus et deux angles obtus. On a pro-
LORETTE du quartier de Notre-Dame-de-
; posé, pour expliquer ce mot, d'abord une
Lorette à Paris, où beaucoup de ces femmes transformation de lorange, lequel viendrait
se logèrent étym. analogue à celle de fiacre. du L. laurus, vfr. lor, à cause d'une certaine
—
;
deux faces convexes, esp. lupia et lobanillo, relle, est fautive; lutra, d'après les règles, se
à Coire luppa. La dérivation de L. lupa, bien fut francisé par leure. « La conservation du
qu'irrégulière, est admise par Diez et rendue t, observe Paris (Rom., X, 42), indique que
probable non-seulement par le terme allemand loutre provient soit d'un type luttra qui n'est
wolfs-f/escJiwulst, litt. tumeur de loup, mais pas attesté, soit de l'ail, otter, ce qui est plus
parce que le mot fr. loup lui-même s'emploie probable. Le Berri possède la forme régulière
pour une sorte d'ulcère virulent qui vient aux leure (et aussi loure). »
jambes. Cette dénomination n'est pas plus LOUVE, L. lupa, 1. louve, 2. prostituée.
étrange que celle du flegmon appelé /"wroncZe, — Le mot fr. signifie aussi, par comparaison
pr. petit voleur. Lanimal Carnivore a aussi avec la morsure de la louve, un outil de fer
prêté son nom à une espèce de chenilles qui qu'on place dans un trou fait exprès à une
rongent des boutons d'arbre. Notez encore le pierre et qui sert à l'enlever; de là le verbe
dimin. louvet, dans le sens spécial fièvre : louver.
avec tumeurs charbonneuses. D. loupeux.— LOUVET, LOUVETER, etc., voy. loup.
2. LOUPE, paresseux, «par allusion à celui LOUVOYER; les uns rattachent ce terme à
qui travaille à la loitjje et qui, par conséquent, louve, donc pr. marcher à la manière des
ne va pas très vite » (Bescherelle et Littré) loups allèguent l'angl. laveer, ail.
d'autres
— ; ;
étymologie bien forcée, me semble- t-il. D. laviren, m. s. Une troisième opinion déduit
louper, faire le paresseux. louvoyer de louver, m. s., qui serait issu du
LOUPER, voy. loupe 2. subst. lof{v.c. m.), partie du vaisseau qui est
LOUP-GAROU, voy. garou. au vent. Je tiens avec Diez cette dernière pour
LOURD, prov, lort; malgré la différence la plus raisonnable.
d'acception, cet adjectif, aussi bien que l'it. LOVE, dans « love de savon », de l'angl.
lordo, lurido, livide, pâle, malpropre, sale, loaf, pain, cp. l'expression « pain de sucre «.
vient du L. luridus, livide, jaune [(part, luri- LOVELACE, nom du héros du roman de Ri
datus, sale, souillé). Non seulement il s'est chardson « Clarisse Harlowe «
dégagé de l'acception classique, dans la latinité LOYAL, voy. loi. — D. loyauté'; opp. de
du moyen âge, l'acception de sale, mais aussi loyal.
celle de pourri, purulent. Les gloses de Rha- LOYER, voy. louer 1 .
de voir le sens physique « pesant « se déduire finales donnent lieu à objection et j'aimerais
de l'acception morale pesant d'esprit, transi- tout autant recourir à l'ail, lucke, luke,
tion rare dans la langue. —
D'autres ont rap ouverture et particulièrement lucarne (même
porté lourd, it. lordo, au L. horridus, vfr. mot que li'icke, lacune).
ort, it. ordo, sale, en expliquant l'initiale l LUCIDE, L. lucidus; le fr. ne s'emploie
par l'agglutination de l'article. Mais cette qu'au sens figuré. — D. lucidité.
agglutination de l'article, dans un adjectif, LUCRE, L. lucrum; adj. lucratif, L. lucra-
serait un fait presque isolé (on la suppose tivus.
encore dans it. lazzo, du L. acidus). — LUETTE, p. uette (par l'agglutination de
D. lourdaud, lourdeur, lourderie, verbe fac- l'article). Uette est le dimin. du L. uva 1. =
Cps. balourd (v. c. m.).
titif a/ourc/ir. raisin, 2. luette. L'italien a la forme diminu-
LOURE, anc. =
musette, do là le sens ac- tive ugola, p. iivola.
tuel « espèce de danse grave ". Diez le fait LUEUR, prov. lugor, v. it. lucore, dérivé
venir du nord, lùdr, dan. lour, flûte de ber- du verbe lucerc, luire; un subst. L. lucor est
ger. —
Littré propose L. lura, outre, sacoche, admissible, d'après l'analogie de L. putor (vfr.
bourse, d'où le sens musette découle naturel- pueur), de putere.
LUS ?,12 — LUT
gnon, lemignon; pour le changement de i en " L'étymologie de ce mot est fort controver-
ii, cp. fumier p. fcmier, chalumeau p. chale- sée. Selon Roquefort, le vfr. luicton (sic) est
inel, etc. Parmi les nombreuses formes sous dit pour nuicton, et vient de nuit. L'auteur
lesquelles le gr. ïV-ù/yio-/ (lat. cUyclmium) des Wallonnades (J. Grandgagnage, oncle du
s'est communiqué à la latinité du moyen âge, philologue), qui considère nulon comme la
on trouve licimen, licmen, que je tiens pour forme normale, est à plus forte raison de cette
le primitif de l'anc. limignon. Pour plus de opinion « nutons, noctis homines; la nuit se
:
détails,voy. mon art. Rom., IV, 460 (fauti- « dit encore nittte dans plusieurs de nos patois
M
MA, fém. de mon, du L. mea. MACARONÉE, -ONI, -ONIQUE, voy. l'art.
MACABRE de citorea Machabœo-
(danse), préc.
ruin. —
Nous ne dirons ici sur l'étvmologie MACÉDOINE. " Ce mot, dit Ch. Nodier,
de ce terme que le fait qu'en vfr., la forme s'est probablement employé d'abord en parlant
Macabre =
Machabéc se rencontre dès le d'un mets très composé, par quelque allusion
xii" siècle. à cette variété incroyable de peuples aux-
MACADAM, du nom de l'inventeur (mort en quels Philippe et Alexandre firent subir les
1835). — D. tnacadamiser. lois- de la Macédoine et dont on remarqua les
MACARON, de l'it. macarone, plur. tnaca- vêtements divers et confus dans les armées de
7'oni. L'origine de ce mot n'est pas encore ce dernier. Il n'y a point d'expression plus
éclaircie. Kn attendant, on a mis en avant heureusement figurée au sujet de certains
macco, bouillie de fèves pilées, qui ne con- livres. " C'est là tout bonnement une supposi-
vient nullement; puis le gr. //a/aoï'a, pr. béa- tion en attendant que l'on ait découvert les
titude, cité dans Hcsychius comme désignant circonstances dans lesquelles le mot a en pre-
^fiùiULv. l/. ^'jiy.oî/ xoà à/sïTwv, mets fait de bouil- mier lieu été revêtu de sa signification ac-
lon, et de farine (d'après Curtius, yx/urAy, en tuelle. La date de cette signification n'est en
tant que nom d'un mets, tient au verbe tout cas pas très i"eculée. Il se pourrait bien
//.à77-:(v, pétrir). La composition de la pâtisse- qu'elle fût due au langage culinaire de quelque
rie qui actnellcment porte le nom de macaron Vatcl français.
ne répond plus à cette définition, mais bien MACÉRER, L. macerare.
celle dite macaroni; la dénomination « béati-
MACHE, plante potagère dont on mange
tude (cp. le terme béatilles), réjouissance »
leur conviendrait assez bien. —
Citons encore
•
les feuilles en salade; prob. danâcher.
Liebrecht (Jahrbuch, XIII, 230;, qui dérive MÂCHECOULIS ou MÂCHICOULIS. D'après
notre mot de -/.i/caoî--, les bienheureux; le repas l'Académie 1 :galeries établies à la partie
.
funèbre en l'honneur des morts s'appelle encore supérieure des fortifications anciennes, et
aujourd'hui //«/y^sia ; les maccheroni ou ma- dans lesquelles sont pratiquées des ouver-
caroni en formaient le principal élément ; de tures pour voir et défendre immédiatement le
là leur nom. —
D'où vient le nom de macaro- pied des ouvrages, 2. ces ouvertures mômes.
lires ou des vers ynacaroniques ? Etaient-ce Huet explique le mot par machine-coulis,
des pièces devant servir d'assaisonnement aux cela n'est pas sérieux; Le Duchat, par ma^/^a
macaronis? Ou les a-t-on nommés ainsi à ffula, autre plaisanterie. Mieux vaut l'opi-
cause de leur facture bigarrée à la façon du nion de Boniface « Màche-coulis est une cor-
:
mets favori des Italiens? C'est ce qui est le ruption de masse-coulis, espèce de couloir de
plus probable. Ce qui est acquis, c'est que Mer- galerie, d'allée, de passage, ])our aller à cou-
lin Coccaie (Théophile Folengo) est, s'il n'en vert autour d'un bâtiment, d'une tour. C'est
est l'inventeur, du moins le premier qui ait de cette galerie saillante que les assiégés, pro-
cultivé avec succès la poésie macaronique et tégés par les parapets, faisaient pleuvoir des
qu'il lui a donné ce nom en composant son pierres, àes, masses, etc., sur les assiégeants.
fameux poème « Macaronea ». D'après lui, Comme on trouve aussi musse-coulis on pour-
la poésie macaronique « nilnisi grassedinem, rait faire dériver ce mot de l'ancien verbe
ruditatem et vocabulazzos in se débet conti- musser, mucher, cacher. » — Dans Pals-
nere ». Littré remarque que le caractère plai- grave, je trouve / m.agecolle (Lydgate), I
:
sant, dans le populaire de plusieurs pays, a make false brayes about a towne wall, j<? ma-
été désigné par le nom de l'aliment favori de checoulle. Le grammairien anglais ajoute que
la nation que les Italiens appellent les Lydgate a emprunté mar/ecolle du fr. mâche-
;
deuxième partie, cotation, peut être rapportée del'r. l'esp. macho, marteau, du L. marcii-
lus. Quant à marcio, le philologue allemand
à L. colatio de colare, couler, verser; quanta
mâche, il paraît désigner soit des substance^ y voit un dérivé du L. marcus, marteau (cp.
pilées (pierres, mortier), soit des blocs, et
tabelho de tabella]. Pour le rapport littéral
dériver ainsi du verbe macqucr, broyer (v. entre machio et macio, il cite le vfr. bracel
c. m.).
(d'où bracelet), du L. brachiale. Nous ne —
pensons pas que les objections de Diez contre
MÂCHEFER, scorie qui sort du fer à la
forge qnnnd on le bat, voy. macquer. Au — l'extraction germanique soient concluantes.
Ducange passages fort anciens
cite plusieurs
sens de fanfaron, b
mot se rapporte au verbe
où il emploi do mattio, qui doit étic
est fait
mâche}-. Cp. l'it. mangiaferro, ail. eisenfres-
antérieur aux formes macio et machio, et qui
ser.
se déduit très bien des radicaux germaniques.
MÂCHELIER, du vfr. machellc = L. 7na- —
La latinité du moyen âge présente encore
xiUa, mâchoire. le vocable maceria avec la signification do
MÂCHER, mascher, prov. mastegar, was- mur de clôture fde là le vfr. maisière). On ne
c7mr,esp.,port. masticar, mastigar, mascar, peut guère douter du rapport do ce mot avec
du L. masticare (de mandere par un supin macio. Or, comme on trouve également ma-
mastum). —
D. mâche, mâchicatoire, p. ynas- ceria, bois do construction, au lieu de mate-
ticatoire; mâchoire (v. c. m.); mâchonner^ ria, on est peut-être autorisé à ramener le
màchotter. Cps. màchedru, bon mangeur. macei-ia, mur. et partant au.ssi son primitif
MACHINE, L. machina i/i-nyxv^). D. ma- — immédiat macio, également à un radical mat.
chiner, L. machinari, inventer qqch. d'in-
—
D. maço7\ner, maçonnerie, maçonnique.
génieux, méditer qqch. de mal (d'où wiae/tma- MACQUE, instrument pour briser lo clian-
tion, machinateur et machineur, mot em- vre, subst. du verbe macquer, voy. l'art,
ployé par Lafontaine); machinal, L. machina- suiv.
manique; ensuite, la forme BL. machio ne viennent aussi de notre verbe macquer, comme
s'accorde pas avec les vocables germaniques foide de fouler. Caix explique it. macca par
. .
pierre).
gni ficare (d'où le chant dit Magnificat, pre-
-f- TtZipoi,
mier mot du chant).
MADRIER, en de marine wac^zer, planche
t.
Grandgagnage voit dans mayot une altération MAIN DŒUVRE, tournure étrange qui,
du yiv.mitgot (encore dans La Fontaine), trésor logiquement, serait mieux rendue par « œu-
caclié, lequel est prob. dérivé de l'ags. laueg, vre de main » faut-il lui donner le sens
;
mitr/a, BL. muffa, mtigium, monceau, tas. « travail de façon » (main étant pris fig. pour
« Si le fr. magot, dit le pbilologue liégeois, travail), ou bien y voir une expression malen-
n'a pas l'origine que nous venons de dire, contreusement forgée d'après ynanœuvrc (v. c.
sans doute qu'il vient alors du souabc mauhe, m.)? .l'incline vers cette dernière explication.
lieu où les enfants caclient leurs friandises, MAINMORTE, de main, au .sens de puis-
bavarois maucken épargne secrète en ar- sance, droit do tester, d'aliéner, et de inort
gent, fruits, etc., et même cette dérivation = amorti, sans force
resterait vraisemblable (seulement dans ce MAINE, poignée (Molière), du HL. maniia,
cas en tant que médiate), si l'on tirait directe- manipulus.
ment magot du vfr. macaut, magaut, c.-à-d. MAINT, prov. tnaint, mant, it. manto, =
que ce dernier paraîtrait aussi être dérivé do multus. Les étymologistes hésitent entre
mauke, etc. » [Ce mot allemand mauke se cymr. maint, multitude, grandeur (cp.
rattache, ainsi que meiicheln, agir en cachette, trnppo, de truppits) et le subst. vha. ma-
à une racine muli, miich, qui pourrait bien nagôti, néerl. menigte, multitude, ou l'adj.
être aussi celle du vfr. muchier, wallon muchi, vha. manag, nha. manch. Dans la sup-
nfr. miisser, cacher (v. c. m.) L'explication do position d'une extraction germanique, ce
magot, soit par mugot, soit par l'ail, mauke, serait à la forme adjectivale neutre managas,
n'est d'ailleui's pas sans difficulté.
managat, qu'il faudrait rapporter directement
MAI, 1. nom de mois, 2. arbi'e planté le
le vocable fr. maint. Au mot allemand manch
1*^''
de ce mois: du L. majus. correspond encore le néerl. menig ags. ,
macula, qui signifiait 1 tache, marque (voy, lâcher, de là les subst. maintien, ynaintcnue
.
mier " tache " est encore propre au mot fr. nant, it. im-mantenente, jadis équivalente à
dans quelques applications, comme « maille incontinent, sur-le-champ (le sens littéral est
à l'œil, mailles de perdreau ». D. mailler, — « pendant qu'on tient la main, qu'on a les
choses en main, qu'on est après "). Cette
d'où maillurc (mouchetures sur le plumage
des oiseaux), maillon, chaînon; maillier, valeur littérale de maintenant implique aussi
chaînetier maillot, espèce de réseau ou de bien l'actualité que la conséquence immédiate,
;
tricot, dont on enveloppe un petit enfant. ce qui explique les deux sens en ce moment :
do}ne est tirée tout d'une pièce du BL. major paru de la langue il n'en reste que des traces
domus. —
D. mairie.
;
primordiale " plus, amplius » est encore facile gin, malfaçon, malemort, malefaim, maie-
à démêler dans les locutions « )ie plus jamais « peste, etc.; notez encore les noms de famille
= non amplius, désormais dès mainte- = Malherbe, Malesherbes, Malebr anche, etc.
nant en avant (cp. dorénacaiit), n'en pouvoir 2. MAL, adv.. L. maie. En composition, oii
mais. Dans le vieux langage et dans certains il devient mau devant consonne (p. e. tnau-
patois, on emploie )nais, p. plus, devant des gré), il exprime souvent tout simplement la
noms de nombre mais de cent, p. plus de
: négation du simple ; maladroit, m,alade (v. c.
cent, La valeur de mais comme conjonction m.), malpropre, etc.
adversative lui vient du BL. sed inar/is p. 3. MAL, subst., L. malum.
sed potius au lieu de sed magis, on a fini par
; MALADE, vfr. malabde,
it. malato, prov.
dire magis iont court. —
L'ancienne langue malapte, malaut (résolution commune de
p
faisait grand usage de la conjonction itiaÀs en n). Cet adjectif avait communément été
que, pourvu que, pour peu que. Le gotli. — considéré comme représentant la combinaison
=
•
tnais, plus, plutôt, auquel correspond latine maie aptus. En effet, les mots fr.
l'ail. m,êr, auj. mehr, n'est pas issu de «m^w, indisposé et ail. impass unpâsslich (du ,
comme le fr. mais, mais il appartient à la vevhcjiassen, m. s. que L. aptare), offrent une
même racine indo-germanique mag d'où pro- métaphore analogue. Cependant, le typo maie
le mot latin.
cède apAus a été abandonné (voy. Cornu, Rom., III,
MAIS, de mains, mot haïtien. 377 et Ronsoh, Grober, Ztschr., I, 419) en
MAISON, it. magione, pi'ov. et v. esp. faveur de malc habitas en mauvais état, =
mayson, v. port, meyson; formes plus com- mal portant, locution constatée déjà dans la
plètes prov., ea^.mansion, it. mansione, vfr. bonne latinité et qui se prête parfaitement
—
:
sonnée, ensemble des personnes vivant dans MALADROIT, voy, adroit. — D, mala-
une maison. Un type latin mansionata, auquel dresse.
l'épond notre maisonnée, a produit par con- MALAISE, voy. aise.
traction les formes it. masnada, esp. mesnada, MALANDRE, L. malandriurn. — D. malan-
menada, prov. mainada, vfr. maisnée, mais-_ dreux (se dit du bois dans lequel il y a des
nie, famille, troupe, bande. — Enfin, c'est à nœuds pourris).
un rejeton de mansionata que se rattache MALANDRIN, brigand. vagabond, it. malan-
aussi le nom du chien dit màtin.(\. c, m.). drino ; d'après Diez,p. mal land^nn; or, lan-
MAITRE, vfr. maïstre, it. maestro, mastro, drin est un dér. du mot roman landra,
esp. maestro, maestre, port. mestre,Si\\.mcis- slandra, coureuse, cp. n. prov. landrin, lan-
ter, néerl. meester, angl. master, du L. ma- draire, fainéant, truand (à Côme, slaiidrnn.,
Le mot maître est traité adjectivale-
gisler. m. malandra, meretrix), prov. vilandrier
s.,
que notre mot français); maîtrise i^^nffi's.e iso der7î, vagabonder; il cite aussi le basque
l'anc. langue disait, avec le suffixe ie, mais- landerra, étranger, indigent. Le primitif —
trie) ; maîtriser, vfr. maistrier. malandre, anc. =
lèpre allégué par Littré,
MAJESTÉ, L. majestatem. D. majes- — n'est pas impossible. G. Paris (.\lexis, p. 194)
tueux, dérivation faite comme s'il existait un enseigne q-ue les mots anc. malan, rnaland,
L. mqjestus de la quatrième déclinaison cp. ;
malandre s'appliquaient aussi à mallieur,
voluptueux, de volupté. misère en général. Malandrin serait alors
MAJEUR, L. majorem. Le sens juridique sim]ilemcnt • misérable « au sens moral.
est déduit de l'idée aîné, L. major natu. — MALART,
sauvages, dér. de mâle.
pic maiUard, mâle des canes
D. majorité, 1. état de celui qui est majeur,
2. le plus grand nombre ; majorât, BL. ma- MALAXER, L. malaxare (gr. //aiscjTstv),
joratus, droit d'ainesse; verbe majorer, amollir.
augmenter. MALE, masle*, du L. masculus, masclus,
MAJOR, titre d'officier, voy. maij-e. m. s.
• MAJORDOME, voy. maire. MALÉDICTION, L. maledictio, mot latin
MAJORER, -ITÉ, voy. majeur. transformé régulièrement dans l'anc. lan^irue
. ,
MALÉNCONTRE, mauvaise rencontre, voy. rable » (on dit encore dans le Midi, dans un
encontre. — D. malencontreux. sens contraire, benatru) ; de là se produisent
MALFAIRE, maufaire' méfaire), L. ma-
[z^. les acceptions malheureux, mal vêtu, mal
lefacere. — D. malfaisant, -ance; malfaiteur, bâti. —Les étymologies maie inst7'uctus
L. malcfactor. (Ménage, Littréj, tnale intrusus (pour ainsi
MALGRÉ, mai.gré, = mauvais gré,
vfr. dire qui s'introduit mal à propos), sont inad-
déplaisir, malffrado, prov. malgrat. Ce
it. missibles, h'e dans l'anc. forme malestru,
subst. composé ne s'emploie plus que comme résulte de l'assourdissement naturel de l'a on
locution prépositionnelle malgré moi équi-: syllabe atone.
vaut à " avec mal gré de moi », c.-à-d. à mon MALT, mot germanique : angl. tnalt, ail.
regret, ou en dépit de moi. La suppression de mah, ni. molt, moût. D. malter. —
la préposition se rencontre encore dans force MALTÔTE, perception d'impAt illégale,
p. à force, crainte p. par crainte. Quant à exaction, anc. maie tolte, maletote. Tolte est
l'absence du signe génitival, elle était, comme le subst. participial du vfr. tollir, lever, et
on sait, conforme au génie de la vieille signifie levée ou perception d'impôts. —
langue; cp. hôtel-Dieu, li fils l'empereour D. maltôtier.
(Yillehardouin) du reste, on a d'anciens
;
en Chine. Les uns le tirent du L. mandare, MANGONNEAU (p. manganeau), it. man-
confier, ordonner, d'autres du sanscrit man-
ganello, prov. manganel, dim du vfr. man-
trin, conseiller (de mantra, conseil).
gan, it. mangano, fronde, qui vient du
MANDAT, voy. mander. — D. mandater; L. manganum, m. s. =: grec jj.xj/y.-j'i-j, en-
gin en général.
mandataire, chargé d'un mandat.
MANDE, panier d'osier à deux anses. Voy. MANÎCHORDIUM, voy. mo7iocorde
manne. —
D. mandrier, mandrerie [r ïnter- MANIE, L. mania, gr.
fixvix. D. ma- —
calaire comme dans maladrerie). niaque, L. maniacus, dérivé fait d'après l'ana-
MANDER, L. mandare, litt. mettre en = logie de dœmoniacus, car le grec ne présente
main, donner charge, faire savoir, faire ai)pe- que la forme ,axvt/.o;.
1er. —
D. mandetnent (vfr. niant):, m,andat, MANIER, anc. manoier, d'un type latin ma-
L. mandatum composés demander, com,man-
;
nicare (de manus; cp. en ail handhaben et
der, contre ynander. gr. ^îiîî^civ), d'où it. mancggiare (voy. ma-
MANDIBULE, mandibula (mandere),
L. nège), esp. manear, prov. maneiar. — D.
mâchoire. — D. mandibulaire verbe déman-
, inaniement, maniable.
tibuler (v. c m.). MANIERE, BL, maneria, angl. manner,
MANDILLE, sorte do casaque des laquais; habitude d'être ou de faire; subst. dérivé de
vfr. manda, illot-, -illon, petit manteau cp l'anc. adj. manier, « qui a la main faite à
—
;
BL. mandela, petite nappe, esp., port. )nan- qqcli., habitué, habile ". D. maiiiéré.
dil, tablier, couverture de cheval, prov. man- MANIFESTE, L. manifestus. D. mani- —
dil, serviette, arabe mandil, linge à essuyer ;
fester, -ation, L. rnanifestare, -atio.
venant tous du L. mantele (manus tela), man- MANIGANGE, manœuvre artificieuse. Ce
tile, mantilium, serviette. — Dozy admet mot est d'origine douteuse, du moins en ce qui
pour source directe de m,andiUe, l'ar. man- concei^ne le primitif immédiat, car il serait
dil,tiré lui-même du bas-grec fxc^ioô'nov = difficile de ne pas le rapporter en dernier lieu
lat. rnanlilc. à un radical m.anus. La inanigance n'est au
MANDOLINE, voy. le mot suivant fond qu'un tour de main. 11 .se rattache évi-
MANDORE, luth, anc. mandole fd'oii le dim. demment à un verbe manicare, mais on se
mandoline), mandola D'après Diez, m,an-
it. demande manicare est l'équivalent du
si ce
dora ou mandola est une corruption du L. fr. manier, ou un dérivé de wantca
si c'est =
pandura, pandurium, gr. Tia/jooûpa, qui a manche Diez est du dernier avis il rappelle ;
nier vient du nom d'une ville d'Afrique où lèbre architecte à Paris, mort eu 166G.
l'on faisait In commerce de cette graine. MANSUÉTUDE, vfr. mansuetutne, du L.
MANIGUIÈRE, filets tendus aboutissant à tnansuetudo, -inis.
des manclies, dér. de manica, manclio. MANTE, it., esp., prov. manta, BL. man-
1. MANILLE,maniglia, terme du jeu
it. tum. Isidore avait émis l'étymologie absurde
d'hombrc; selon Dicz, de l'esp. manilla, bra- que voici tnantum Hispani vocant quod ma-
:
servant p. manille du terme malilla, il serait it.mantello, ail. mantel, fr. mantd' , man-
peut-être plus rationnel d'expliquer notre mot teau; la fomie fémin. csp. mantilla a donné
par « la malicieuse >' {malillo, dim. de tnalo)\ le fr. mantille.
lesFrançais et Ifailiens auront par cuphonio MANTEAU, voy. mante. — D. dim. mante-
transformé la liquide / en n. lii; do manteau au .sens do rempart (Froissart)
2. MANILLE, anneau, bracelet, autrefois vient dihnantelcr.
surtout anse d'un pot (Cofgi-uvc « liandle of : MANTILLE, voy. mante.
a jK>t "); du L. w«;îîc/«/rt (manus). MANUEL, ([ui se fait à la main, du L. tna-
MANIPULE, L. manipitlns (manu.s), poi- nuali.i. Ane. on di.sait argent manuel p. ar-
gnée, faisceau, puis un certain nombre de gent donné en main ou argent comptant. Isi-
fantassins. Du latin manijmlns
chimistes les dore mentionne déjà un subst. manuaU; ^^
ont tiré leur tei-me manipuler, préparer avec livre qu'on doit avoir à la main, d'où le subst.
la main. —
En BL. on trouve le subst. >/mni- fr. manuel; cp. le gr. s/xî./si^iîv do yûp main,
pula, signifiant serviette et truelle. et l'ail, handbuch. —
D. manuelle (t. d'arts
MANIPULER, voy. l'art, préc. et métiers).
MANIQUE ou manicle, espèce de gant, du MANUFACTURE, mot moderne, tiré de L.
L. rnanicula, petite manche. manu facere, fabriquer à la main (cp. manœu-
MANI"\rEAU, petit panier en osier; parait le terme a survécu à l'invention des
vrer,-.,
être xin dimin. Ae marine on mande; pour la machines, qui a singulièrement réduit le rôle
forme, cp. baliveau. des mains. —
D. manufacturier, verbe >/ia-
MANI7ELLE. it. manovcllo; mot hybride nufactnrer.
composé du L. manus et du vha. icellan, MANUSCRIT, L. manu scriptus.
tourner wclla, arbre, essieu).
l'subst. MANUTENTION, forme plus latine que
1. MANNE, nourriture céleste, suc végétal, uiainlien, de manu Icnerc, tenir en main, ad-
L. manna (hébreu man). ministrer.
2. MANNE, panier, pour mande (forme pi- MAPPE, anc. =
serviette, torchon, du L.
carde), BL. manda; du néerl. mand, mande, mappa, Mappe, par le changement
serviette.
ags. mond, angl. maund. D. mannequin, — de m en n, est devenu nappe (v. c. m.). De
m. s forme diminutive faite d'après le néerl.
, mappa les savants, par allusion à une ser-
mandekcn, sportula, fiscella (Kiliaen). — viette pliée en deux ou à une nappe étendue
L'étymologie gcrman. parait devoir prévaloir .sur la table, ont créé le terme mappa mundi,
surcelle tirée du celt. men Cvov. banne). d'où le fr. inappemonde.
1. MANNEQUIN, panier, vov manne 2. MAPPEMONDE, voy. l'art, préc.
2. MANNEQUIN, figure d'homme, servant MAQUE, MAQUER, voy. macque.
aux peintres, du manneken,
néerl. petit 1MAQUEREAU, poi.sson, maquereV (d'où
homme [man). — D. mannequiné, de pein- t.
.
MAQUIGNON, anc. maquillon, a la même latin aurait, par le peuple, été altôi^é en maro-
origine que maquereau ; c.-à-d. néerl. malien, tor. —
L'opinion du Simplicisismus (écrit
faire, trafiquer, troquer. Cp. le champ, ma- célèbre sur la guerre de Trente ans), d'après
que, vente, m.aquelard, courtier, maquignon. laquelle le mot viendrait d'un comte de Mé-
Le L. manr/o, m. s., ne peut être invoqué. rode, commandant d'un régiment composé de
MAQUILLER (SE), se farder, se grimer, pr. mauvais drôles, est démentie par le fait que
se maculer. Mon étymologie par L. maca, pri- les mots maraud, marauder, maraudise figu-
mitif de macula, tache, a été taxée par Fôr- rent déjà dans le dictionnaire de Robert Es-
ster (Grôb. Ztschr., III, 565) darchimalheu- tienne de 1549. —
Diez avait successivement
reuse et de contraire aux règles les plus allégué l'adj. esp. mal-roto, port, maroto,
élémentaires. C'est raide, et l'on me passera litt. =
maie ruptus, ruiné, dépravé, d'où
quelques mots de justification. J'avoue que vient également le verbe ma/rotor (aussi mar-
mon article est mal libellé, mais il n'est pas lotar, marrotar), détruire, dissiper son bien,
aussi pitoyable qu'on se complaît à le pré- puis Tanc. fr. marrir, s'égarer. Il est plus —
senter. Maquiller se pi'ésentait à moi comme que probable que marauder s'appliquait
un mot de façon moderne ou savante, échap- d'abord aux déprédations des soldats retarda-
pant par conséquent aux lois de foi'mation taires, aux traînards laissés sur la route et
rigoureuses; je le ramenai ainsi à un thème abandonnés à eux-mêmes; il faudrait donc,
savant maque =
csj). maca (meurtrissure, si l'étymologie de Mahn, patronnée plus tard
tache), que l'on est bien en droit de rappro- par Diez, n'était pas admise, remonter à un
cher de maca, primitif hypothétique du dimi- mot exprimant fatigué, rompu, répondant au
nutif lat. macula. A la rigueur, waca eût fait sens encore attaché à l'ail, .marode (mot
maie en fr., mais on peut admettre une forme évidemment tiré des langues romanes), ainsi
lat. macca (cp. vacca, fr. vaque et vache). En qu'au mot marodi, maladif (dial. de Coire), et
tout cas, depuis que Forster a ou la bonne marà (dial. de Côme). —
D'après Bugge,
chance de rencontrer iine forme ancienne r)iaraud serait =
^maraldus, qui serait, lui,
masquillier, dûment constatée (Chans. d'An- formé de "malaldus par dissimilation, comme
tioche,II, 279, var.),je n'hésite pas à assigner mérancolic de mélancolie. Quant à malaldus,
(avec lui) à ce verbe la même origine qu'à vfr, dérivé de malus, il est analogue, pour la for-
mascurer, dont je parle à la tin de l'art, mation, aux adj. courtaud, 7'ichaud et semjb}..
masque. (Rom., III, 155),
^1
.
D. marital, L. —
latin ?narensis. maritalis; inarier, L. mari tare.
MARÉCAGE, voy, mare. — D. maréca- MARIER, voy. mari. D. mariage. —
geux. MARIN, L. marinus (mare). D. mari- —
MARÉCHAL, mariscaîco, maniscalco,
it. nier; marine, 1. science de la mer, 2. troupe
maliscaJco, csp., port, mariscal, i^rov. ma- de mer (anc. le mot signifiait généralement
nescalc; du vha. marah-scalc =
valet \scalc) rivage) ; mariner, pr. assaisonner des mets à
qui soigne les chevaux (tnarah). » Cette éty- la façon des marins, les tremper dans le vinai-
mologie s'explique d'elle-même pour le maré- gre, dans la saumure.
chal ferrant ou le vétérinaire; quant aux MARINE, voy. marin.
maréchaux, officiers de divers grades dans MARINER, voy. marin. D. marinade. —
l'armée, je dois faire observer ^^ue le mares- MARINGOUIN, d'origine inconnue.
cal, ou BL. marescalcus, ne fut d'abord qu'un MARIONNETTE, du fr. Marion (Marie),
simple domêsïique de la maison de nos pre- nom de poupée dans le département de
; la
miers rois, auquel était confié le soin d'un Marne, on dit aussi mariole pour poupée.
certain nombre de chevaux plus tard, il fut
; MARISQUE, L. marisca, grosse figue et
chai'gé de ranger la cavalerie en bataille sous excroissance de chair (cp. ftc).
les ordres du connétable {cornes stabidi). MARITAL, voy. 77iari.
Depuis, l'office de maréchal a toujours été en MARITIME, L. maritimus.
augmentant d'importance jusqu'à devenir la MARITORNE, servante d'auberge dans Don
première charge de l'armée. " (Chevallet.) — Quichotte de là fille hommasse, laide, mal-
; ;
les ordi'es d'un maréchal, vient le terme modification .s'est faite sans doute sous l'in-
marécJi/iussce (anc. marechaiissiée, -ie). fluence de ^ maie tornatus ", mal tourné.
MARÉCHAUSSÉE, voy. l'art, préc. MARIVAUDER, imiter le style de Mari-
MARÉE, 1. flux et reflux; de
2. poisson vaux.
mer non d'un adj. mareus, tiré du
salé, MARJOLAINE, v. flam. margheleyne, maio-
L. mare. Dans la première acception, tou- leyne, it. majorana, esp. mayorana, port.
tefois, lemot parait être plutôt le subst. ver- ail. majoran, angl.
m,aiorana et tnangerone,
bal du vfr. maréer, naviguer, flotter cp. l'it. ; marjoram, vfr. marone, BL. majoraca,
mareggiare, ondoyer, voguer, d'où mareg- majorana, tnagorana, ynagerona; a^Mi Dios-
marée, mareggio, agitation de la mer.
giata., coride, )x-).\.lo\>p7.-)y.. Toutes ces formes sont
MARELLE, voy. mérelle. défigurées du L. amaracus, qui a la même si-
MARFIL (ont dit plus souvent morfd), dent gnification.
d'éléphant, de l'esp. marfd (v. esp.
direct, MARJOLET, petit fat, muguet selon quel- ;
viarmeJo, coing (esp. par transposition )>jc'»i- marmocchio, terme collectif marmaille,
et le
briUo), donc, pr. confiture de coing. Quant à troupe d'enfants, it. marmat/lia, gens de rien,
warme/o, il vient du h.nidhnclum [aîAifi-»}*.o-j), canaille. A mer me se rapporte aussi
cet adj.
litt. pomme de miel. le prov. diminuer, décroître, d'où
tnei'mar,
MARMITE, it. (dial. lombard) et esp. mar- subst. nicrmansa, mermaria, décadence, dé-
niita, de marnio. marbre? La marmite
l'it. péris-sement. On
pourrait au besoin y ratta-
était peut-être en premier lieu un i)ot de pierre, cher encore marmite, nfr. viarmiteiix
le vfr.
espèce de mortiei-, et les marmites de métal (V. c. m.), piteux, minable. Cp. encore dans
auraient conservé le nom usuel d'abord pour le dial. de Çôme et de Crémone mannèl,
la chose. C'est plus natu-
l'étymologie la iiiarmcfrrn, petit doigt.
relle, et encore la terminaison m'embarra.sse- MARMOTTE, marmotta, esp. mamiota,
it.
t-elle un peu. —
J'ajouterai cependant une rat des Alpes un vocable gâté, par a.ssi-
; c'est
autre conjecture marmita se voit dans le
: milution au verbo marmotter, du vhu. mi(7'e-
livre « Inquisitio de vita et moribus B. .loan- monto, vncrmi'.nti, suisse uninnct, dial. do
nis, episcopi Vicentini » avec le sens do Coiro murtnoiit. Le mémo dialecte de Coiro
diaconus ou minister. Cela suggère l'idée que dit aussi montanella, d'où Diez conclut avec
le sens de marmite était d'abord sei*viteur, raison que le mot murmont représente mus
valet, au fém. servante; de là viendraient les (gén. mûris) montanus, qui est le nom scien-
dér. ynarmiton r= valeton, et maryniteux = tifique donné par Bochart à la marmotte. Les
qui a l'air pauvre (voy. l'art, suiv.). Le nom Allemands ayant gâté le mot en rnurmel-
aurait, dans la suite, ét^ appliqué à un u.sten- thicr,\Qs Romans ont imité ce terme et en ont
silede cuisine, comme le nom dera/pf sedonne fait marmotte (ail. miirmeln di.sant la mémo
pareillement à toutes sortes d'outils, .le citerai chose que fr. marmotter).
à l'appui de cette métaphore le rouchi niêqurne, MARMOTTER, vfr. aussi may'mouscr ; prob.
pr. servante (voy. mesquin), qui signifie le des mots onomatopées analogues au L. mur-
gros chenet placé du côté opposé à la poulie ynurmdn. Grandgagnage décom-
»>a«r«re, ail.
du {ourne-broche, et notre mot cuisiniiVe ne po.se maiinouser en mar[s{v. »ia/j-|-wall. =
s'applique-t-il pas aussi au poêle de cuisine? niùser, fredonner =
L. mussare (HL. mu-
Reste à savoir d'où vient ce marmite dia- = sare), bourdonner; et marmotter en mar -\-
conus. —
On objecte que marmita, dans le mottcr =
L. tniittire, submissa voce loqui.
passage cité est une leçon douteuse il faut ; Cela e.st-il aussi vrai qu'ingénieux? Wacker-
donc chercher ailleui's. Diez, d'après Fri.sch, nagel rattache le mot à la marmotte, mais
voit dansmarmite une onomatopée, tirée du je suis d'avis que c'est plutôt notre verbo
bouillonnement (marmotter) ; Marina le rap- qui a déterminé le nom du quadrupède (voy.
porte à l'arabe marmicl. lieu oii on cuit la pi. h.).
viande. —
D. marmiton (it. marmit07ie, esp. MARMOUSET, petite figure grotesque. Peut-
7na7'miton). être du même radical que marmot, singe,
MARMITEUX, mal partagé du côté de la dont la forme bretonne marmous (Gm\ivnniéc,
fortune et de la santé. Autr. cet adj., comme du reste, au roman) aurait fourni le thème.
le simple marmite, signifiait hypocrite, pape- Grandgagnage est d'avis qu'on pourrait faire
lard il se peut que les deux sens se tiennent
; dériver le mot du yyaWonmarmouzer tour- =
par l'intermédiaii-e de l'idée «qui se donne un menter, importuner, dans le sens verbal :
air faux de misérable y. Littré explique mà7-- lutin, petit taquin ; mais quant à ce verbe
mite, hypocrite, par "faux doux »,de inar ^ marmouzer, l'auteur du dictionnaire wallon
mal, et mite (L. tnitis), doux, en se fondant ne va pas au delà de la pure conjecture
sur un vers du Renard (142) Si l'une est : fvoy. l'art, préc). —
L'ne ancienne étymo
chate, l'autre est mite. —
Diez fait découler logie, et c'est la plus accréditée, consiste à
le sens " misérable « de la marmite des pau- expliquer marmouset par m,armourct (on
vres. —
Je n'insiste pas sur ma conjecture, trouve en effet vicus mainnoretorum pour
émise à l'art, préc, puisque le marmita = traduire riœ des Marmousets), c.-à-d. les gro-
serviteur est soupçonné d'être une fausse leçon. tesques petites figures en marbre qui ornent
Voy. aussi marmot. les fontaines et par lesquelles l'eau sort. —
MARMITON, voy. marmite. Littré (suppl.) cite le BL. marmoscti (du
MARMONNER = marmotter (1). Littré de- xiii'' siècle) appliqué aux écoliers qui, comme
mande si ce n'est pas le norm. màner, gein- de petites figures sculptées, ne font pas atten-
dre, joint à la particule mar, mal. Cot- — tion à ce que dit le professeur.
.
drait-il du radical marre, it. marra, houe? martello. Cp. le sens figuré de marteler,
Ou est-ce une transformation populaire de tourmenter.
maraud ? MARTELER, -ET, voy. marteau.
2. MAROUFLE, colle dont on se sert pour
MARTIAL, L. martialis (Mars).
maroufler des tableaux étymologie incon- ;
MARTIN, nom propre, appliqué par la fan-
nue. taisie à divers animaux, quadrupèdes (âne,
MARQUE, it., esp., port., prov. marca, de
ours) et oiseaux {martin -chasseur, martin-
l'ail, mark, signe, borne. Voy. aussi les mots
j)ècheur\ diminutif war^mei, espèce d'hiron-
ynarc et marche. —
D.marquer{a\\.. merken),
delle). —
D'où vient le vfr. martin, idée,
signaler, indiquer; fréqx-ienl. marqueter
MARQUER, voy. marque. —
Cps. remar-
projet, dans la locution « chanter ou parler
d'autre m.artin », encore usuelle dans les pro-
quer, démarquer. vinces belges?
MARQUETER, fréquentatif de marquer,
synonyme de tacheter. — D. mai^queteur, MARTIN-BÂTON, Delboulle (Rom., IX,
marqueterie. 127) pense que l'origine du dicton est dans le
MARQUETTE, pain de cire vierge; selon roman du Renard (v. 754), où le prêtre Mar-
tin, après avoir pris le loup dans une fosse,
Littré, du BL. marca, monnaie, prix de ce
pain. lui tient ce langage :
MARRE, it. marra, houe de vigneron, du familière moMin-bâton; sinon du radical wrtrï,
L. marra, gr. fj.àpp'i'j. —
D. marrer. d'où marteau.
MARRI, particii-o du vieux verbe marrir, MARTINGALE, espèce de courroie; « au
contrarier, gêner, fàclier, faire de la peine. XVI" siècle, ce mot désignait une espèce de
Ce verbe représente le goth. marzjan, vha. chausses portées par les Martigaux, habi-
rnarrjan, ags. niearrian, impedire, irritum tants des Martigues en Provence » (Ménage).
facei'e. Nous donnons cette explication sans aucune
. ,
confiance, d'autant plus que notre mot a lesmots suivants : port, mascarra, cat. mas-
d'autres acceptions qui n'en sont guère justi- cara, tache noire au visage, d'où les verbes
fiées. mascan'ar, prov. mascarar, vfr. mascarer,
MARTRE, aussi marte, esp., port, marta, mascurer, auj. mâchtirer, bourg, macherer,
prov. niart très répandu dans les lan-
; mot barbouiller de noir ; ags. màscre, v. flam.
gues germaniques ail. marder, ni. marier,
:
maschel, mascher, tache. Ils découlent, par
angl. marten. Les formes it. marlora, fr. le suffixe arra, du vha. masca, dérivé de
martre, paraissent déterminées par le BL. môsa, tache.
martaïus {r p. l). —
Le mot latin martes MASSACRE, BL. »naj*acn»m. Il est impos-
(dans Martial) est douteux et abandonné par sible d'admettre que ce mot soit composé du
les critiques, qui l'ont remplacé par mêles. subst. masse = masse et du suffixe acre; ce
MARTYR, vfr. martre, subst. personnel, du suffixe n'existe pas. Diez dérive avec plus de
h.7narti/r, gv. /xxprvp, témoin subst. abstrait vraisemblance le verbe massacrer (d'où le
martyre, du L. martijrnum, gr. /xxpTÙpiov.
;
2.
MASSER, disposer en masse, de masse 2.
MASSER, pétrir les chairs de l'arabe
;
laquelle masca est une forme écourtée de Fit. mass, manier, palper, origine plus probable
maschera, par assimilation à masca, sorcière; que celle tirée du gr. ^à7«iv, pétrir.
or, maschera répond, d'après lui, à l'arabe MASSICOT, protoxyde de plomb de ;
maschara, risée, bouffon. Le mot se serait masse 2, parce qu'on l'obtient par petites
appliqué d'abord au polichinelle, puis à son masses.
principal caractère, le masque. Dozy appuie MASSIER, voy. masse 1.
cette manière de voir de nouvelles preuves. — MASSIF, voy. masse 2.
D. masquer. —
Il faut détacher du mot masque MASSUE, voy. masse 1.
,
•
MASTODONTE, nom créé par Cuvier pour que l'usage de faire coucher les matelots sur
i^ndre l'idée des dents molaires tuberculeuses des hamacs ne remonte pas au delà du xvi" siè-
ou mamelonnées de ce quadrupède; de /xxi-oi, cle. L'étymologie la plus digne de crédit est,
mamelle, et iôoùi, oôovro;, dent. à mon avis, celle d'un spécialiste en matière
MASTOTJCHE, en Belgique capucine, = de marine, M. Breusing [Niederdeutsches
cresson indien, graine de capucine marinée, Jahrbuch, V, 10-12). D'après lui, matenot,
= it. masturzo, esp. mastuerzo, BL. mas- forme première constatée, représente un
triizum, du L. nasturtiiim, cresson à larges composé pléonastique néerlandais maatge-
feuilles. noot, dont les deux éléments signifient associé,
MASTURBER, L. masturhare, p. mastu- compagnon; devenu régulièrement, par la
prare (manus -)- stuprare). chute du préfixe ghe, m,atenoote, d'où le mot
MASURE, BL. mansiira mansio, mai- = français. A l'appui du sens compagnon, Breu-
son de manere, demeurer. Le mot a pris
;
sing cite l'anc. expression vaisseau-matelot,
avec le temps une acception péjorative. traduit en angl. par " a good company keeper »
1. MAT, au jeu d'écliecs, it. matto, esp. et le terme de mer amateloter l'équipage
mate; abréviation de la loc. it. scaccomatto, (mettre les matelots deux à deux pour s'aider
esp. xaquimate, fr. écJiec et mat; du persan l'un l'autre. —
Bugge (Rom., III, 155) avait
schach mat =
le roi est mort. De là it. — déjàrecommandé pour étym. le nord, môtu (ou
mattare, prov. matar, fr. mater, humilier, matu) -nautr, répondant à mha. mâs-genôze,
mortifier mots qu'il ne faut pas confondre
;
commensal; le personnel de bord se formait
avec le BL. t?iatare, tuer, qui est le L. mac- en plusieurs compagnies de table. Breusing
tare. —
C'est de mat du jeu d'échecs que oppose toutefois à cette explication Tp&rmatu-
découle le sens « humilié, abattu, triste «, nautr (en angl. mess-mate, compagqpn de
propre à l'adj. mat dans la langue d'oïl. table), deux circonstances c'est que si mate-
:
2. MAT, sans éclat, terne, lourd; mot lot étaitd'importation noroise, il se présente-
réC3nt, tiré direct, del'ail, matt, faible, sans rait dès le temps des Normands puis, pour- ;
vigueur, qui lui-même est tiré dès le xii'' siècle quoi les langues Scandinaves actuelles ne
du mot roman de l'art, préc. D. matir — l'auraient-elles pas conservé, au lieu de se
et mater, m,atité, matoir, servir de la forme néerl. corrompue matroos f
Notez encore, en faveur de l'origine maci, que
MAT, mast', prov. mast, port, masto,
ce mot et son dérivé maetken sont déjà dans
mastro, esp. mastil; du vha. mast, nord.
mastr, ags. mast, m. s. D. mâtereau, — Kiliaen avec la valeur de lat. remex, mate-
lot. —En breton, le mot se dit martôlod. —
mater, démâter, mâture.
D. matelote, mets accommodé à la manière
MATADOR, mot espagnol signifiant le des matelots.
tueur, appliqué d'abord au principal toréador,
MATER, voy. mat, 1 et 2.
celui qui doit combattre le taureau à pied et
le tuer du verbe matar
; =
L. mactare, tuer. MATER, MÂTEREAU, voy. ynât.
Du même verbe matar vient l'expression ma- MATÉRIAUX, du type L. materialia (dér.
tamoros, fr. m,atamore, litt. sabreur de de materia).
maures, terme introduit par la comédie espa- MATÉRIEL, L. materialis (materia). —
gnole. D. matérialiser, -iste, -isme.
MATAMORE, faux brave, voy. l'art, préc. MATERNEL, L. maternalis p. maternus ;
MATOU, vfr. mitou. On fait venir mitoii do teux, impitoyable, maumencr, malmener,
mite (encore employé dans chatte^nite)\ et maubué, mal lavé, tnausage, fou, mautalent,
mite serait une onomatopée analogue à it. mauvais dessein; mauconscil, mauniarié,
micio, micia, mucia, esp. tnicha, 7)iija, ail. maufe, démon =
malefactus (cp. it. malftitto,
mies, mus. Notez le proverbe d» Roman du najiol. bridto fatto, m. s. que vfr. tnaufé).
Renard : « se l'une est chate, l'autfe est MAUDIRE, L. maledicei'e. Lo mot latin
mite ». — Le wallon
pour matou, la forme
a, s'étaitreproduit dans la vieille langue, par la
tnarcoîi; en Lorraine, on dit raoul. On peut syncope du d médial, sous la forme malcïr,
inférer de là que comme marcou se rapporte analogue à bencïr (plus tard bcnir) de bene-
au nom d'homme Marculphus, et raoul à dicere. Du part, mal'dictus vient fr. maudit ;
RaduJphus, matou est de même un nom du subst. maledictio, 1 vfr. maleïçon, aussi
.
connue; peut-être de mrtiras 2, par assimila- malvaf/io, du goth. balvavesis présumé (adj.
tion de forme. d'après le subst. balvavesei, méchanceté), ou
2. MATRAS (Palsgrave a mattei'as), gros plutôt d'un type vha. balvasi, méchant,
trait d'arbalète, prov.m«<r«f;r, matrat, dérivé transformé, sous l'influence du L. malus, en
du L. matara, vocable d'origine gauloise. — malvasi, d'où tnauvais. —
La langue des
D. matrasser, écraser, meurtrir, assommer. trouvères présente aussi un adj. mais =
MATRICE, vfr. marris, du L. matricem mauvais, que l'on prend (prob. à tort) pour
(mater). Par extension, on a nommé matrices une contraction de mauvais. Pour les for- —
les originaux des modèles, des poids et mes esp. malvado, prov. malvatts, m. s., il
mesures, des moules de fonte, etc. cp. en faudra, si l'étymologie ci-dessus établie (et
ail. le terme analogue mutter. Le latin — ;
a proposé une origine de malus -\- vitis l'pour machine. — D. m.écanicien, mécanisme, gr.
ainsi dire malum vitis, le fléau de la vigne), IJ./iy'X.vi'jixOi,
cet oiseau étant nuisible aux vignes (c'est MÉCÈNE, d'après le nom de Mœccnas,
pourquoi on l'appelle aussi grive de ven- favori d'Auguste et protecteur d'Horace et de
dange, en ail. weingarts-vogel, oiseau de Virgile.
vigne). Grandgagnage, approuvé par Diez, MÉCHANT, mes-cheant, part, prés de
vfr.
allègue le breton milfid, milvid, m. s. en ;
tnescheoir, prov. mescazer, BL. mescadere,
Cornouaille, melhuez signifie alouette. Pour litt. =
tomber à mal, mal réussir (cp. esp.
éclaircir la question, il est bon de noter m,alcaïdo, malheureux). « Un honnête philo-
que Jean de Garlande donne L. mavtscus logue du xvi" siècle (Cli. Bouille), parlant de
(voy. ma Lexicogr. lat., 73), qu'il traduit par ce mot, a écrit les lignes suivantes Meschant :
mauviart. —
D. mauviette, sorte d'alouette; qua voce abutentes Galli virum interdum
en patois rouclii, on a le mot niauviar pour inopem, interdum iniquum, dolosum et infe-
merle. licem effantnr. Ce brave homme s'est dit, avec
MAUVISQUE, it. malvavischio, esp. malva- le proverbe « Pauvreté n'est pas vice » et il a
:
visco, du L. malva ibiscurn (îSîTjto^). Les conclu que les Français faisaient un abus
mêmes mots latins retournés ont produit BL. de langage en donnant tour à tour au mot
et it. bismalva, puis le fr, guimauve qui est meschant (pr. malheureux) le sens de mal-
p. vimauve (b primitif adouci en v, puis con- heureux et celui de mauvais. Il aurait pu en
verti en gu, cp. gui, guêpe de lat. viscus, dire autant de Vit. cattivo (pr. captif), dont
vcspa). on abuse de la même manière. C'est qu'indé-
MAXILLAIRE, du L. maxilla, mâchoire. pendamment de la logique individuelle du
MAXIME, du L. maxima, s. e. sententia, cœur et du sentiment, il y en a une autre qui
proposition majeure ; d'où l'acception « pro- fait croire que le malheur rend mauvais,
position générale, principe (cp. gr. »i
-/ufAy.i- qu'il aigrit l'âme et la rend capable d'actions
co'çai). criminelles. Et d'après cette loi rigoureuse,
MAXIMUM, plur. maxima, du L. maxi- tous les malheureux, tous les déshérités de
mum, le plus haut point, superlatif de m.ag- la fortune sont condamnés presque sans ap-
nus, grand. — D. maxim.er, établir le pel. On dirait do ces familles de l'antiquité
maximum. que le de.stin avait maudites et dans les-
MAYONNAISE, t. de cuisine, d'origine in- quelles se perpétuait éternellement l'union du
connue; selon quelques-uns, il faut dire crime et de l'infortune, " Cette manière de
mahnnnaise, d'après Malion, ville prise par voir de feu mon ami Gachet est peut-être un
Richelieu. peu trop sentimentale la valeur étymologique
:
MAZAGRAN, breuvage dont l'usage et le de m,eschant, c.-à-d. mal tombé, mal venu,
nom datent de la défense de Mazagran en mal réussi, comporte en elle-même tout aussi
Algérie. bien l'acception morale « méchant " (= qui
MAZETTE, méchant petit cheval ;
personne est tombé dans le mal) que l'acception « mal-
inhabile. D'après Frisch, de l'ail matz, t. d'in- heureux » (= qui est tombé dans le mallieur).
jure, personne stupide ; Littré indique ma- — D. vfr. meschéance, malheur, calamité,
zette = fourmi (Berrj) ; le nom
de ce petit litt. mauvaise chance, d'où nfr. mécJianceté,
insecte pourrait avoir été transféré à un petit dérivation tout à fait insolite c'est comme si;
cheval. Quant à mazeite, fourmi, Littré de- on se permettait" de forger un substantif m,édi-
mande s'il vient de l'uU. am,eise, m', s. En — sanceté.
présence du peu de crédit qu'inspirent les MÈCHE, du L. myxus, pr. bec de la lampe,
explications données jusqu'ici, il ne faut en lumignon. L'it. îmcda, esp., port., prov. m,e-
négliger aucune. L'existence de Vit. (dial.) cha, sont empruntés au français. D.mécher —
mazeta avec le sens de bâtonnet (voy. Mussa- (un tonneau),
fia, Beitrag, p. 78), donc un dim. de mazza MÉCHEF, anc. m,esc1ief, angl. mischicf,
« bâton " a suggéré à G. Paris l'idée que notre
, anc. esp. mescabo, anc. cat. menyscab, esp.,
mazette pourrait être le même mot dans le port, menoscabo, prov. mescap. C'est le subst.
MÉD 330 M EL
verbal du vfr. meschever, ne pas réussir, avoir MÉDIUM, mot latin, = terme moyen,
mauvaise chance, opposé de a-chever, venir à moyen.
chef, à bout; il ne faut pas confondre ce verbe MÉDONNER. mal-donner (les cartes). —
i= prov. mescabar, esp. nienoscabar) avec le Subst. verbal >Hcdonne.
synonyme mesclicoir (voir méchant), MEDULLAIRE, L. medulîaris, de medulla
MÉCOMPTE, MÉCOMPTER, voy. compte. = fr. moelle.
L. larixj. En Languedoc, on dit m^ele tout libellus),m. s. Le sens adjectival du mot latin
court. est resté au terme négatif im,métnorial.
MELILOT, aussi mirlirot, trèfle jaune, du MENACE, it. minaccia, esp. a-menaza,
De là aussi flam. prov. 7nenassa, du subst. L. minaciœ (Plante),
L. m,eliloton [julzïO.'mzo-j].
malloete (Kiliaen). tiré de l'adj. minax, menaçant.— D. mena-
cer.
MÉLISSE, appelée aussi piment des mou-
ches à miel, en L. m,elissophylhim (gr.
MÉNAGE, voy. sous maison. — Le sens pre-
mier est l'ensemble despersonnes vivant sous
[j.ùiTs6^\)llo-), plante d'abeille), du gr. ij.i'jx'j ;/.,
un même étendu à l'ensemble des meu-
toit,
abeille.
bles, des ustensiles à l'usage d'une famille de ;
MELLIFLU, L. meîUfluus , d'où coule le
là : entretien de la maison, gouvernement
miel.
domestique (cp. le gr. ouovo/mI.o(, économie,
MÉLODIE, gr. fiùuSix (,aao;, phrase ca-
— m. s.), puis aussi, de même que le terme éco-
dencée, -|- ôio-r,, chant). D. m,élodieux, -iqiie.
nomie, == manière profitable de gouverner la
MÉLODRAME, drame avec chant (/aé/o;).
maison, épargne. Je préfère considérer mé-
MÉLOMANE qui raffole de musique nage, dans les deux dernières acceptions,
,
(^•atvîT&ai, être fou, et fj.tloi, chant). — D. mé- comme subst. verb. de ménager, faire, diriger
lomanie. le ménage. —
D. m,énager, adj. (cp. ail.
MELON, it. m,ello7ie, esp. m,elon, du L. haushalierisch, m. s., de haushalten, tenir
melo, -onïs, m. s. (du gr. /ji.ôlov).
maison; fém. ménagère, qui a soin du mé-
;
MÉLOPÉE, gr. iiïlo-nodx, art de composer nage; ménager, verbe, user d'économie, épar-
de la musique. gner conduire, mener, procurer, pratiquer
;
MEMBRANE. L. membrana, pellicule dont qqch. avec adresse (d'où le cps aménager)
les membres sont couverts. — D. m.embra- ménagerie (v. c. m.). La valeur étymologique
;
MÉMENTO, mot latin, = souviens-toi. VI, 266) par un type "mœnidida, prov. meti-
MÉMOIRE. L. memoria Dans le sens — dole, fr. mendole.
de « écrit destiné à recueillir des souve- MENEAU, t. d'architecture, anc. maineau;
nirs, etc. ", sens qu'avait déjà le mot latin, ap. Cotgrave meneau, transome or crosse-
:
le subst. fr. mémoire a pris le genre masculin. barre of a window. D'où ? De meieneV, dér.
MÉMORABLE, L. memorabilis, du verbe de medianus, moyen, intermédiaire? L'angl.
m,eniorare, rappeler à la mémoire, dont le a mullion, munnion =
meneau ils me font ;
participe futur passif a donné le mot fr. m,é- l'effet d'être gâtés de moielon, moienon.
m,orandum, pr, chose que l'on veut rappeler MÉNEOHME, personne qui ressemble par-
, —
« faire marcher des bestiaux de- abbaye, du L. j/ie^wa, table. 1). mensal,—
vant en leur donnant des coups de fouet ".
soi, MENSONGE, vfr. aussi mensogne, it. men-
Paulus Diaconus agere modo significat ante
: zogiui, mensoiiga, inensonja. Ce mot,
\)V0\\
se pellere, id est rninare;... aga.sones equos : par sa terminaison, embarrasse les étymolo-
agentes id est riiinauies. Quant à minare, on gistes. Ce qui est sur, c'est que les étymolo-
le suppose identique avec minan, menacer. gies mentis somniuni ou tnentitum soninium
La signification toute spéciale du verbe latin ne sont pas soutenables. L'opinion de Diez est
s'est, dans la suite, élargie en celle de ducere ; plus raisonnable. Il pense que tnensonye re-
« minare, dit Papias, ducere de loco ad lo- présente le L. inentitiôuem (encore reconnais-
cum, promovere ». Cette étymologie se con- sable dans le prov. mentizô), que l'on aura,
firme par la forme vfr. moiner, qtii constate au moyen de la terminaison onge, assimilé au
\\\\ primitif minare [i bref), d'après le rap- nom d'un autre vice de même nature, savoir :
nier subst. a pris dans la bas.se latinité le sens crois.sancc (crém.); enfin, dans le Glos.<:aire du
général de ars ; c'est le primitif de notre mot xv^ siècle qu'il traite, levrosonia, lèpre. On
fr. mestier, métier; le mot ininisteriahs, ti'ouve d'ailleui's maizonca dans l'ancien pié-
ministralis, est ainsi devenu synonyme de ar- montais (voy. Forster, Ztschr.,111, 259).
tifex, artisan et artiste. L'acception artiste MENSTRUES, du L. menslruus (dérivé do
s'est plus tard particularisée en celle de musi- mensis, mois).
cien, joueur d'instrument, chanteur. Aujour- MENSUEL, L. metisualis ^mensis).
d'hui, nous nommons par dérision méiuUrier ...MENT, terminaison adverbiale, it., esp.,
un mauvais joueur de violon. —
Dans un arti- port, mente, prov. men. C'est le mot latin
cle où il applique rigidement les théorèmes de mens, esprit, sens (à l'ablatif mente), dont le
la phonétique française à notre mot ainsi sens naturel a dégénéré en celui de inodus,
qu'au terme grammatical ^/MrtW(Ztschr., IV, ratio. L'adverbe parfaitement équivaut donc
379-80), Fcirster nous apprend que la forme litt. au L.perfecta mente, d'une manière par-
menestrier est restée inconnue au vieux fran- faite. Ce .suffixe étant de sa nature un sub.st.
çais et n'apparaît pas avant le xv** siècle. 11 fém., on comprend qu'il se joint à la forme
s'est substitué à ménestrel (seule forme an- féminine de l'adj.; mais comme les adj.fr.,
cienne) par permutation de suffixe, comme répondant à des adj. latins à genre commun,
"plurel, la vraie forme franc, de L. pluralis, n'avaient autrefois pas de forme féminine, on
a été de bonne heui-e supplanté par plurier, disait loiahnent [loiaument), forment, gram-
dont, bien tard, les savants, tout arbitraire- ment, cruelment. Des traces de cet usage
ment, ont fait pluriel au lieu de reprendre nous sont restées dans les formes adverbiales
p)lureJ. prudemment, méchamment, etc.
MÉNIL, mesniV,
demeure, habitation, MENTAL. L. mentalis (mens).
ferme; vieux mot conservé dans un grand MENTHE. L. mintha {,xh=,x).
nombre de noms de localités, comme Blanc- MENTION, L. mentionem. — D. mention-
ménil, Menilmontant; il représente le BL. ner.
inansiojiile, voy. ynaison. MENTIR, L. mentiri. —
D. menteur, men-
MENIN, gentilhomme attaché au Dauphin; terie, mensonge m.); c.\ts. démentir.
[v. c.
de Tcsp. 7nenino, enfant de qualité placé MENTON, prov. mento, augmentatif du L.
comme émule auprès des jeunes princes. L'esp. mentum, qui a donné direct,
l'it. mento,
menino, port, minino, petit garçon, est de la MENTOR, du nom propre Mentor, guide
même famille que le n. prov. menig, menit, et conseiller de Télémaquc.
petit, norm. minet, minette, rouchi minette, MENU, du L. minidus, petit, mince, de
petite fille, et vient, selon Diez, do l'adj. peu de valeur. Comme subst., menu a pris le
gaél. min, petit, gentil (congénère sans doute sens de détail, dont la valeur étymologique
avec le min-or des Latins). est la même. —
D, menuaille, menuet, pr.
.
s'est modifié au moyen âge en celui de don féminine de méreau (voy. l'art, préc). On le
gratuit, offert par sympathie, commisération rattache à un type niatrellus, matrella (d'où
ou reconnaissance, d'où s'est dégagé celui de mairellus, marellus), qui serait un dérivé du
miséricorde, ainsi que celui de simple recon- h. matara, tnataris, materis, sorte de jave-
naissance. —
D. vfr. mercier, 1. crier merci, line (voy. matras), mot d'origine gauloise et
supplier; 2. recevoir à merci, faire grâce; dont la racine, à juger du gaol. methred,
3. remercier (de là le subst. verbal merci = jaculator, exprimait l'idée de jeter. Cp. jetait
remerciement; nfr. remercier, rendre grâces. de jeter.
— ;
d'origine douteuse. D'après Le Héricher, méi-i- inai'is lucius, brochet de mer. Darme- —
sier serait p. mécerisier, mauvais cerisier; le steter précise davantage d'après lui. merlus,
;
Glossaire de Lille porte rneserasiis, meri- -iiche est une composition française de mer -\-
connaissance. Dans l'anc. langue, mérite était survécu dans fr. luset, nom d'une espèce do
fém. et signifiait récompense; c'est le subst, truite. —
De son côté, Joret, à la suite do son
participial du verbe merir, récompenser. — art. merlan (voy. pi. h ), analyse merlus par
Envfr., mérite était aussi adj.= L. meritus, merula -|- suffixe uceus (non pas par maris
méritant. —
Mériter, L. ^neritare, fréq. de lucius), merluche par mei'ula -\- ucea. Je ne
merere. —
Méritoire, L. rnej'itorius, qui t^to- reproduirai pas les arguments ichthyologiques
duit un salaire. et phonétiques exposés par le savant romaniste
MERLAN, vfr. merlenc, melJenc, v. angl. et me borne à dire que son raisonnement parait
merling, rouchi merlen, merîin, breton mar- probant.
louan, Bl. merluus; les données manquent MERRAIN, dans le principe, bois de con-
pour fixer l'étymologie de ce mot. « Une struction en général, vfr. mairien, wall.wjaî-
forme germanique merling au sens de poisson rain, prov. mairam, mairan, du BL. mate-
de mer [mèr) nous tirerait d'embarras, mais riamen; dérivé du h.materia, au .sens de bois
elle fait défaut. " (Diez). D'après Joret — de construction (en opposition avec lignum,,
(Rom., IX, 121), du lat. meruJa (poisson do plutôt bois de chauffage).
mer); c'est donc le thème merl -\- la term. MERVEILLE, it., esp., port. tnaravigUa,
germ. ing (cp. harenc =
ail. haring, éper- ->:illa, du L. mira-
-vilha, prov. maraveglia,
lan =
ail. spierling). Lat. merula (poisson), bilia, plur. neutre, =» choses étonnantes. —
survit encore dans merle et merlot, « poisson D. merveilleux, verbe s'émerveiller.
du genre labre » (Littré). Les anciens gloss. 1. MES- (devant les consonnes, sauf s, la
german. traduisent mervla par meer-amsel. consonne finale do mes vient à tomber et mes
Le nouv. prov. merlan est prob. un emprunt devient mé); particule prépositive ou préfixe
au français ; il n'autorise pas l'admission du exprimant que l'action désignée par le verbe
type merulanus. —
G. Paris, à propos do l'art, auquel elle est jointe est mal faite ou avec un
de Joret, remarque que l'anc. angl. merling fâcheux résultat; prov. mes, it. mis. Ce pré-
accuse plutôt un composé de mér (forme fixe a la même valeur que le miss allemand
germ. de L. mare) et li)ic, suffixe si riche en (goth. vha. missa, mha. misse, ags., angl.,
anglais ; on aurait ainsi la forme gnrmanique ail. miss, mis). Malgré cette correspondance
cherchée en vain par Diez. A ceci, Grober de sens et de forme, on ne peut assigner au
(Ztschr., IV, 475) objecte qu'il est préférable préfixe roman une origine germanique; la
de laisser le mot merlan sans rapport avec forme prov. 7nens et les formes esp. et port.
m.er et d'accepter l'explication de Joret, sinon menos engagent à voir dans ynes une contrac-
m,erl -\- ing, du moins me^'l -\- ling. tion du L. minus, pris dans le sens de
MERLE, L. merula (ou plutôt merulus). — « moins bien, c.-à-d. pas très bien ». Je pense
D. 7nerleau, merlette. que cette étymologie est à l'abri de contesta-
1, MERLIN, t. de marine, cordage à trois tion, mais que. d'un autre côté, la multiplicité
fils servant à faire des rabans, ni. marlijn, des composés français avec mes ou mis s'est
angl. marline, ail. maarlicn;\e premier élé- pi'oduite sous l'influence de la particule ger-
ment représente le mot german. maren, raar- manique. A l'appui de cette manière de voir,
ren, lier (voy. amarrer) ; le second, lijn, angl. je ferai remarquer 1. que la latinité du
:
Une, allem. leine, anc. Une, signifie corde. moyen âge ne présente aucun exemple du
— D. merliner. préfixe minus, tandis qu'on trouve dès le
2. MERLIN, t. de boucherie, == marteau, ix" siècle des verbes tels que mis-dicere, mis-
d'un type marculinus, dér. du L. marculus, facere, mis-docere, mis-evenire ; 2. que la
marteau. forme mis, en italien (p. e. dans mislealtà,
MERLON (anc. aussi merlet), esp. merlan, mistentura}, a, comme représentant du L. mi-
port, merîào, partie du parapet entre deux nus, quelque chose d'anomal (cp. L. tniniste-
embra.sures, dér. du BL. mei-la, it. merlo, rium, it. mestiero, non pas mistiero):, 3. que
créneau. On a proposé, comme source de ce le préfixe esp.menos est d'une application
vocable 1. L. mœrulus, dim. de mœrus,
: limitée à un nombre de cas seulement.
petit
forme archaïque de munis (Bolza) ; 2. L.
.
2. MES. plur. du pron. possessif mon ; du
mince, cp.minse murorum, d'où les dim. mi- L. meos, prov. mos, d'où, par l'assourdisse-
nula, mzVw^a (Ménage) 3. L. me?'_$^a, fourche,
; ment habituel de o en e, la forme mes (cp. les
d'où dim. mergula, les crénelures de la mu- de los, L. illos). —
Dans l'anc. langue, m,es
raille ayant été comparées aux pointes d'une représentait également le nom. sing. L. meus-.,
fourche. La 2^ étymologie a pour elle l'esp. nous en avons encore la trace dans messirc
almena, créneau la 3«, le sicilien mergula,
; = mon sire.
m. s. La se recommande par
l'"'' les formes MÉSAIR, t. de manège; d'après Littré, de
BL. merulus, merula. l'it. mezzaria (de ^nezzo^ demi, et aria, air).
MERLUCHE, MERLUS, MERLU, it. mer- MÉSANGE, vfr. ynasange, wall. masenge,
luzzo, prov. merlus, esp. merluza, du L. rouchi masinque, pic. masaingue, BL. ma-
. ,
fx-ri rà ^u-.iy.x,
porte Saraceni mischinum mendicum vo-
: après les choses naturelles » premiers mots
"
cant. — De
l'acception « pauvre, chétif » s'est du traité de métaphysique d'Aristote, placé
,
dégagée celle de « petit » (de là les subst. après les traités de physique. D. métaphy- —
vfr. meschin, petit garçon, yneschine, petite sicien.
fillcj, et enfin, pour le féminin, celle de ser- MÉTAPLASME, gr. /,.îrac7rXa,^ao,-, change-
vante, acception propre surtout à l'it. mes- ment de forme; adj. métaiilastique, gr,
china et au wall. tneskène, rouchi méqicène. ll.tT y.~'>.%r;T<./.0 ;,
MESSE, it. messa, esp. misa, ail. messe, Le méteil est un mélange de froment et de
angl. mass ; du BL. missa. On fait générale- seigle. Cp. le terme allemand mangkorn (de
ment venir ce terme d'église de la formule mengen, mêler). Le wallon dit mesteure, qui
missa est, s. e. concio, par laquelle le diacre est le L. m,ixtura, mélange. Une variété
renvoyait l'assemblée. Pour être plus exact, littérale de cette forme est mosteure, qui est
il faut définir la valeur étymologique de messe le fr. inouture =
mélange de froment, de
en disant que c'était la partie du culte qui seigle et d'orge, par tiers, mot qu'il ne faut
commençait après que les catéchumènes, qui pas confondre avec monture do moudre. —
ne pouvaient participer au sacrifice de la messe, Cp. aussi angl. meslin, inaslin, méteil, d'un
étaient renvoyés avec la formule messa est con- type lat. misculinum.
cio. Ferrari voyait dans missa un synonyme MÉTEMPSYCOSE, gr. ;;.îrc,al-û/«îi;, trans-
de oblatio, offrande, donc =
id quod mittitiir. migration do l'âme d'un corps dans un autre.
Cette manière de voir mérite d'être prise en MÉTÉORE, phénomène atmosphérique, du
considération; cp. notre mot mets. Luther — gr. /Miziupoi (p. y.tT-xioipoi), litt. qui est dans
faisait venir m,esse de l'hébreu mas, tribut, l'air, atmosphérique. D. météorologie. —
servitude. MÉTHODE, L. methodus, gr. ij/zStoSo;, ma-
MESSIE, L. messias, du participe hébreu nière (litt. voie) pour poursuivre qqch. —
maschiach, oint, consacré, dont -/oi'jto; est la D. métliodAquc, -isme, -iste ; méthodologie.
traduction grecque exacte. MÉTICULEUX, L. ^neticulosus [metws).
MESSIER, garde champêtre, BL. messa- MÉTIER,anc. mestier, it. mestiero, mes-
rius, mossium custos, de messis, moisson. tiere, esp. ynenester, port, mister, prov.
MESSIRE, composé de mes (vfr. mon, = menestier et mestier, du L. m,inisterium,
voy. 'mes 2) et sire. — L'it. dit messere, d'où service, charge, emploi, profession. Pour la
la forme fr. messer. transformation littérale, cp. vfr. m,oustier,
MESTRE ou MEISTRE (arbre de), le grand moutier, de m,onasterium. Dans l'anc. —
mât d'une du nord, mastr, mât.
galère, soit langue, mestier =
service avait dégagé la
soit = maistre, maître au sens de principal. signification « besoin » on disait est m,estier :
MESTRE DE CAMP, de l'it. maestro di p. il est besoin, comme on dit encore avec le
cai/ipo, maitro du camp. même sens en it. e mestiere, en esp. es mencs-
MESURE, L. mensura (metiri). D. me- — tcr, en wallon avu mesti (avoir besoin). Pour
surer, L. mensurare; adj. m,esuré, démesuré. cette transition logique, cp. en latin opus ^=
. ,
ouvrage et besoin, en fr. besogne et besoin. — analogies foi'males vfr. seule de sa^culum,
Enfin métier, nom abstrait -= service, a pris reule (angl. rule) de régula, no permettent
l'acception concrète de machine ou appareil pas de douter que meule, mule reproduisent
pour diverses opérations techniques. un dim. latin metula (syncope du t). L'éty- —
MÉTIS, aussi mesticc, esp. mcstiso, d'un mologie L. moles, masse, peut donc hardi-
type latin mixtitiiis, mélangé. ment être rejetée. —
D. meulon.
MÉTONOMASIE, gr. //sTovoyxjia, change- 2. MEULE pour moudre, L. mola. —
ment de nom. D. mculard nindier, meulière.
,
MÉTONYMIE, gr. /ijrwvu/zia, emploi d'un MEUM, MÉON, plante, L. meum, gr. /t^ov.
mot pour un autre. MEUNIER, voy. moulin. D. meunerie. —
MÉTOPE, gr. /x-Tox/), ouverture intermé- MEURON. dér. de mûre (v. c. m.).
diaire. MEURTRE, anc. aussi meurdre, mourdre,
MÈTRE, gr. y-irpo-j, L. niety-itm, mesure. — angl. murdei', BL. mordrum, du goth.
D. métrique, métrer. mawthr, ail. mord, m. s. D. meurtner; —
MÉTROPOLE, gr. fir^rpoTroAu, litt. ville- subst. meurtrià'e, t, de fortification; verbe
mère. Delà, par /xYirpo-^ioUz/i:, évoque siégeant meurtrir, vfr. m(nirdrir, anc. tuer, auj. faii'o
dans la métropole, l'adj. métropolitain. une contusion, blesser, assouplir (le cuir; cp.
METS, vfr. mes, angl. mess, it. messo, du l'expr. mortifier la viandej.
L. mission (mettere), donc pr. ce qui est MEURTRIR, voy. l'art, préc. D. meur- —
envoyé ou m,is sur la table. L'orthographe trissv.)-!'.
moderne mets trahit la tendance à mieux MEUTE, anc. soulèvement, sédition, entre-
marquer le rapport entre le substantif et le prise et troupe militaire. De là expédition :
verbe mettre. L'étymologie ci-dessus so con- de chasse, puis enfin troupe de chiens de
firme par le rapprochement des termes équi- chasse (signification actuelle du mot). Du vfr.
valents L. fercidiun, de ferre, gr. npot-fopx,
: vieïite, contr. meute, part, passé de mouvoir
de 7:po;-/tpîiv, apporter; vfr. «^jporf =r^ ser- (cp. émeute). Lo sons premier de mouvement
vice de table (Du Fail « sur lo dernier
: insurrectionnel s'est consen'é dans les dérivés
apport r,\ — Wachter avait crronémcnt mutin (p. meutin), et ameuter, mettre en
pensé à une dérivation du gotli. matM, vha. meute, exciter. Du fr. viennent les mots ail.
Mîrtj. nourriture. — Cps. entremets. meute, meute, tneiUer, séditieux, et meuterei,
METTRE, it. mettere, esp. metcr, port. mutinerie.
metter, prov. m,etrc; c'est le L. miltcre, lais- MEZZANINE, entre sol, dér.del'it. messano,
ser aller, laisser partir, envoyer, qui, dans " qui est au milieu (de messo
•• tncdius). =
certaines applications, frisait déjà le sens MI, vfr. mei, fém. mcie, moie, mie, formes
vague du mot roman, p. ex. dans tnmius ad prov. meg, mdtz, miciz, etc.; ces formes cor-
arma mittere (Sénèque), fiindamenta mitterc respondent au L. médius, -a, -um.. Dans la
(Lactance). La valeur classique « envoyer •> langue actuelle, le mot mi n'a plus d'existence
se retrouve encore dans le composé trans- séparée; il est réduit à l'état d'un préfixe,
mettre. — Du part, missus fr. mis, parti-
: marquant division par moitié ; il répond à mé-
cipe, et mise, subst. \ oy. aussi message. dius, comme demi au composé dimidius. Ex.
1 MEUBLE, adj., L. mobilis, qui peut être mi-parti, mi-jambe, mi-aoïït , mi-caréme
remué, transporté; « terre meuble, biens Dans ces cas 7ni est adverbe ; il conserve sou
meubles «. — D. ameublir, l'endre meuble; caractère d'adjectif dans les compositions midt
immeuble, bien-fonds, litt. bien non mobile, = médius dics, minuit (anc. mie-nuit) me- =
bien fixe. —
Forster (Grob., Ztschr., III, 5G1) dia nox, milieu =^ médius locus, point cen-
me reproche d'avoir, sur les traces de Littré tral. — Le neutre L. médium (fr. mi) a donné
(ceci n'est pas exact, puisque mon péché les locutions prépositionnelles in medio, d'où
remonte à 1862), fait venir meuble de mobi- 'emmi, etper médium, d'où le (v. parmi.
le fr.
lis. C'est, à ses yeux, une hérésie G ne peut : — Génin a commis une lourde bévue en pré-
donner eu; aussi le vfr. écrit-il moeble, tendant que mi était une forme apocopée de
mueble, l'esp. mucble ; il faut donc absolu- milieu.
ment pour base un o bref et admettre un lat. MIASME, gr. fiixt/ioi. (de i^xhuA, souillure,
vulg. mobilis =
mo [v) bilis. J'accepte hum- infection. — Du thème jutxî/xxr adj. mias-
:
MICHE, sot, niais, corruption du prénom micji a été monosyllabe, ce qui prouve contre
Michel. une formation dérivative 2. le très ancien ;
MICMAC, intrigue, tripotage; cp. ail. emploi de tnen p. mo7i (Chans. de Roland).
misch-inasch, dan. misk-mak, pêle-mêle — Sur l'origine des formes 7no}i, ton, son et
(ail. mischen = mêler) ; on peut encore citer, mien, tien, sien, qui n'est pas encore sortie du
en de ces mots de fantaisie ail. pck-fack,
fait : domaine de la controverse, on peut consulter
détours, subterfuges (de ficken, remuer), Cornu (Rom., VII, 593), Grôber (Ztschr., III,
hJip-hlap, sing-sang, fr. flic-flac. 157) et Mussafia (ib., 267). Ce qui est généra-
MICROCOSME, = yMprji M-jp-oi, monde en lement abandonné, c'est le type lat. ineanus ;
petit — 1). microcosmique. notez surtout que le fém. miene (mienne) n'ap-
MICROSCOPE, mot créé pour dénommer un parait que fort tard dans la langue.
instrument qui sert à examiner (îxoTtsîv) les MIETTE, voy. mie 1. — D. émietter.
petites choses [fM/.pd:). D. microscopique. — MIEUX, vfr. mels, miels, m,icx, mix, prov.
MIDI = médius dies, cp. l'ail, mit-tag, va. meilhs, du L. nielius. Cp. vfr. mieudre, meil-
s., et le L. meridies, qui est ^owvmedi-dies. leur, de melior.
Voy. mi et di. — Dans le Lyonnais, on dit mé- MIEVRE, norm. nièvre, enfant vif, remuant;
joicr\). midi. d'après Ménage, du L. nebulusnebulo), (p.
MIE,
1. petite partie qui tombe du pain polisson cette étymologie conviendrait assez
;
ciennes formes possessives 7ni, ti, si, à l'aide trer ce mot, comme l'a fait Roquefort, dans
du suffixe en =
L. anus (cp. ancien de anz, la famille mignon ou mignard. J'attends en-
ains). D'autres préfèrent voir dans 7nien une core l'étymologie du mot. Cp. Berry mijau-
forme diphthonguée de men, forme picarde dcr, mignarder. Voy. aussi initonncr. Le mot
du L. mcum. Si cette dernière explication est I
me semble radicalement connexe avec mijoter,.
la bonne, il faut alors admettre la dégrada- user de douceur, de caresse.
MIN — 338 MIN
migeot (voy. ))1. loin l'article nmgot) leur ma- défaut; par l'intermédiaire maince; on allègue
turité qu'ils migeoltent. Le verbe a pénétré en à cet effet le fr. rincexiu p. rainceaii, du L,
français sous la forme mijoter avec le sens ramicellus. D'ici lui-même, comme le fait re-
dérivé de « cuire doucement ». — L'idée de marquer l'auteur de cette étymologie, NL Lan-
douceur qu'implique le verbe peut avoir donné gensiepcn, attache une certaine irnportance
lieu à m,ijoter =
mignoter, caresser. à cette disposition des adjectifs latins en us
1. MIL, MILLE, L. mille, millia. D. — à changer leur terminaison en ius, en revê-
mille, subst. (anc. fém.), mesure itinéraire tant la forme romane; cp. esp. gurvio de
(it.miglio, esp., prov., milla,\\vx. mïle,\\\\a.. curviis, ci'osio de crassus, soberbio de super-
meile), du L. millia == mille passus, d'où : bus, etc. —
Une conjecture do Littré, fondée
milliairc, L. milliarium. sur l'anc. signification « petite monnaie va-
2. MIL, plante, esp. mijo, it. tnigUo,di\x L. lant un demi-denier », vise à rattacher mince
milium. —
D millet fdimin.); miliaire, L. à l'angl.Hu'nf, ail. miin s e,monmÙQ. Toutes —
miliarius ;
mille^'aie, champ semé de millet. ces tentatives tombent à néant devant la solu-
MILAN, esp. milano, port, milhano, prov. tion proposée par Paris (Rom., VIII, 618).
milan, à\n\\j.milua7ius, dér. àcmiluus, forme Mince est un adjectif verbal (comme lâche,
qui a précédé milvus. D. milaneau; mi- — comble, trouble, etc.), tiré du vfr. tnincier;
louin =
L. miluinus p. milvinus (?). quant à c«lui-ci, il représente correctement
MILIAIRE. voy. mil 2. L. 'minutiare et se rapporte à menuiser,
MILICE, L. militia (miles). — D. mili- comme pei'cer à 'pertuiser. D. minccr (t.—
cien. de cuisine), amincir.
MILIEU, p. mi-lieu, voy. mt. 1. MINE, air du visage, it. mma. Les opinioos
MILITAIRE, L. miliiaris (miles, -itis). sont partagées sur l'origine do ce mot. Ecou-
MILITER, L. militare, être soldat, com- tons d'abord le président do Bros.ses « Mine :
langue française ne présente aucun vestige du tionnerai ici le vieil adj. fr. mmewa?, caché, =
goth. z (=-vha. r), en tant que lettre caracté- secret, couvert, pr, qui se fait par menée ou
ristique du comparatif. Diez, par cette raison, comme souterrainement.j Mina serait donc
.
d'abord = dessein secret, intrigue, puis, au MINIMUM, le moindre ; mot latin ; voy. mi-
ligure, un conduit souterrain pour miner les nime.
nuirailles d'un lieu assiégé, d'où se déduirait MINISTÈRE (mot savant), 1 service, entre- .
C|ue L. ducere, conduire, a donné l'it. doccia, vice (voy. aussi m(?Y/er); de là V&à]. ministériel
conduit, canal. Ce qui gêne un peu, cepen- (voy. aussi ménétrier).
dant, c'est la forme minareaM lieu de menare. MINISTRE, 'L.minister, serviteur.
Diez pense que cette variation a eu pour bue MINIUM, oxyde de plomb rouge, aussi mine,
de différencier les significations. Pour nous, ail. mennig, mennie, du L. minium, cina-
cette déviation ne parait pas devoir faire diffi- bre, minium. —
D. verbe 'Qh.miniare, écrive
culté si d'un côté menare, mener s'est pi'o-
; avec du minium, d'où miniature (v.c. m.).
duit du L. minare dans tel sens, qu'est-ce qui MINOIS, mot familier, tiré de mine 1 .
empêche d'admettre que l'on ait plus tard tiré MINON, voy. iininet.
du même minare de la basse latinité une MINORITÉ, subst. de mineur, L. minor,
forme variante miner dans un autre sens donc 1 =
état de mineur, 2.
. le nombre =
secondaire ou dérivatif? En d'autres termes, moindre.
mener est de la première formation, miner MINOT, moitié d'une mine, mesure de cé-
de la seconde. D'ailleurs, on trouve Ve dans réales (v. mine 3;. —
D. minotier, pr. mar-
prov. mena et meniera. —
Rossignol pense chand de farine, d'où minoterie.
que tniner vient du L. miniaria, pr. mine de MINUIT, p. mi-nuit, voy. mi.
minium; nii)ie= minium se serait généralisé MINUSCULE, L. minusculus, un peu petit.
en toute espèce de métal. —
D. minière, prov. MINUTE (mot savant), du L. minutus, donc
meniera, esp. minera. propr. chose menue, petite parcelle; de là
3. MINE, mesure de capacité, vfr. emine, petite fraction dans la division du temps et de
esp. hemina, prov. mina, du L. hemina (gr. l'espace, d'où les acceptions actuelles, mathé-
r.fjihu), mesure de liquides et de solides, pr. matiquement circonscrites. L'acception —
moitié du setier {sextariiis). Pour l'aphérèse » original, brouillon d'un écrit » vient de la
de la syllabe initiale, cp. migraine. Notre mot petite écriture déliée dans laquelle on écrit les
mine mina, gr.
n'a rien à faire avec le L. brouillons. Dans ce sens, la minide corres-
juvâ, =
poids de cent drachmes, ni avec me- pond à en
la grosse (v. c. m.), qui est écrite
dimnus. —
D. minage (droit de), minot (v. gros caractères. De là le verbe minuter (un
c. m.). acte).
MINER, voy. mine 2. D. mineur. — MINUTIE, L. «imitùa, chose menue, affaire
MINERAI, dér. de minière comme miné- de rien. — D. minutieux.
ral, dont il représente la forme wallonne (L. MIOCHE, mot familier, dérivé de mie, petit
-aiis =^ wall. -ai). morceau (voy. mie 1).
MINÉRAL, dér. de mittière (voy. mine 2). MIQUELOT, pr. pèlerin de saint Michel et
— D. minéraliser, minéralogie.
-iste, qui se sert de ce prétexte pour mendier, fig.
MINERVAL, honoraire payé pour l'ensei- hypocrite.
gnement des sciences et des beaux-arts, du MIRABELLE, esp. mirabel, it. mirabella,
L. minerval (de Minerve la déesse de , prune jaunâtre, qui tient son nom, dit-on, de
l'étude). l'une des nombreuses localités du nom de
MINET, MINETTE, MINON, MINOU, déno- Mirabeau, Mirabcllo ou Mirabella. Diez —
minations familières du chat. Diez range ces identifie cette dénomination avec celle du
vocables dans la famille de menin (v. c. m.) ; fruit dit myrobolan =
gr. /7.ui5oSà)«vo5, pai'ce
Littré les dérive de mine 1 (« l'animal qui fait qu'en italien le mot mirabolano désigne
des mines »1. l'arbre qui donne les mirabellas ; je crois que
1. MINEUR, subst., du verbe miner. la prémisse et la conclusion sur lesquelles
2. MINEUR, adj., vfr. meneur, de l'accus. repose cette étymologie sont sujettes à con-
h, mi}iôrem ; le nom. minor (l'accent sur i) testation.
s'est francisé en moindre. D. minorité. — MIRACLE (mot savant;, L. miraculum (de
MINGRELET, dimin. de mingre' forme na- mirari, cp. merveille). La vraie forme franc,
salisée de maigre.
,
MIRER, vfr. =
contempler (de là : se
lon intercalé dan* les anciens manuscrits ; ces mirer), auj. =
voir attentivement, fixer des
dessins ou peintures étant généralement de yeux, viser, du L. mirari, voir avec admii-a-
dimensions fort petites, le mot miniature a tion. —
D. subst. verbal mire, dans « point de
fini par signifier un ouvrage d'art de petites mire « mirage, m.irement; miroir, d'un type
;
proportions, et une chose de petite dimension miratoriihn (vfr. mirëor, prov. mirador, it.
en général. L'idée du miniutn ou vermillon miradore, accusent un type mirator. le
s'est tout à fait effacée. —
D. m,iniaturiste mircur); miraille, t. d'héraldique; mirauder.
MINIÈRE, voy. mine 2. MIRLIFIQUE, voy. l'art, suiv.
MINIME, duL. minimus, -a, -iim, superlatif MIRLIFLORE, jeune homme qui fait l'agréa-
de petit. — D. mhtimal. ble mot de fantaisie sur lequel je m'abstien-
;
MIT — 340 — MIT
drai de fixer une étyniologie. Serait-ce peut- cal mit se rencontre encore dans miton, syno
être un mire-les-fîeurs, espérant par ce genre nymc de mitaine, puis dans le vfr. mitan,
d'admiration obtenir les bonnes grâces de moitié (d'où mitanier, syn. de métayer), et
quelque femme sensible? Ou bien une altéra- dans le nfr. mitoyen. On pourrait cependant
tion de meUifluus? Ou enfin un parfumé aussi admettre que le radical ^}iit do tous ces
d'eau de mille- fleurs ? Le champ aux conjec- mots représente une contraction du thème
tures est vaste. —
Notez encore la corruption mediet et rapporter mitaine à un type bar-
mirlifque (p. mirifique, L. mirificus) ad- — bare medictanus, mi-parti ; cfr. medictatem
mirable, d'où vfr. mirlifichurcs, atours. romanisé par esp. mitad, prov. mitât, fr. mei-
MIRLIROT, corruption do mélilot (v. c. m.). tié 'moitié. — Je penso que la forme mite (=
MIRLITON, espèce de flûte. D'origine in- mitaine) des patois est dégagée de miton. —
connue. Littré pense que c'est un de ces mots Wedgwood, à propos de l'angl. mitten fr. =
pris pour refrain, qui ne signifient rien par mitaine, Clic legaél.);H<f«»,gros gant, ^nutap,
eux-mêmes, comme biribi, tralala, tniron- gant sans doigts, qu'il ramène au nord, mudd,
taine. L'ancienne école étymologique aurait vêtement en peau de renne. Mahn se prononce
hardiment expliqué le mot par le L. mirus aussi en faveur do l'origine celtique, mais en
lituus. trompette admirable ! ramenant les mots cités à math, main.
MIROIR, voy. mirer. Cp. L. spéculum de MITE, esp. mita; mot germanique vha. :
spcccre, regarder. L'anc. langue disait aussi Diica, nha. miete, ags. mite, angl. viite,
mirail =
miraculum. —
D. verbe miroiter ni. mijt.
(dérivation irrégulière), réfléchir la lumière ; MITIGEE, L. mitigare (mitis). — D. miti-
miroitier, d'où miroiterie. rjali'Di, tnitif/atif.
MISAINE, mât qui est entre le beaupré et MITON, gant qui ne couvre que l'avant-bras ;
le grand mât; de l'it. mez3ana[=h. me- .'synonyme de mitaine (v. c. m.), dont il par-
diana), d'abord la voile du nuit du milieu le ; tage l'étymologie. On a bien songé à l'adj. lat.
mot gâté chez les Anglais en missen,
s'est mitis, doux, et à mite, mitou =
chat (les
chez les AU. et Néerl. resp. en bcsan et enfants nomment pareillement les manchons
bezaaii. en fourrure des minons, terme familier pour
MISANTHROPE, grec;/tîiv&j5w;r5j, do//i«îv, chat), mais ce caractère de douceur j)rêté aux
h;iïi-, et ivjpoj-o;, homme. mitons ou mitaines parait être bien i)ostéricur
MISCELLANÉES, L. miscellanea, dér. do à l'introduction de ces mot»?. Cette étymologio
rnisccilus (inisccre), mêlé. — Cp. collcctances. serait tout au phis acceptable s'il était démon-
MISCIBLE, qui peut se mêler, du L. mis- tré que mitaine ci miton désignaient dans le
cere. principe des gants en peau de chat. —
Quant
MISE, voy. mettre, 1. action de mettre, à l'expression populaire onguent miton mi-
manière de se mettre; 2. ce qu'on met (sur- taine, on croit qu'elle provient de la synony-
tout au jeu). mie entre miton et mitaine:, « qu'on .se serve
MISÉRABLE, L. miserabilis, digne do ou non d'un tel onguent, c'est tout un, comme
pitié. miton et mitaine « ; telle est du moins l'inter-
MISÈRE, L. miseria (subst. de miser). prétation posée par Le Duchat.
MISERERE, impératif latin = aie pitié de MITONNER, dorloter, cajoler; puis aussi
moi mot initial du 50" psaume. Le nom a été
; laisser cuire doucement, du L. mitis, doux,
donné, par métaphore, à une terrible maladie. tendre. Ou bien l'idée de traiter avec dou-
MISÉRICORDE, L. miscricordia {deVndy ceur, caresser, .se seiait-elle dégagée du subst.
miscricors, litt. au cœur compati.ssant). — miton, gant? Cp. emmitonncr, cmniitoufler,
D. miséricordieux [ci\ y îv. iiiiscricort). envelopper de fourrures. — Ce rapport entre
MISSEL, prov. mcssal, du BL. missalis, mitis et niitomier, cuire à petit feu, me sug-
qui se rattache à la messe (L. missa). gère la pensée que mijoter, qui partage les
MISSION, L. missionem (mittere), envoi acceptions diverses de mitonner, pourrait
dans un but déterminé ; commission, charge avoir une origine analogue. Le verbe latin
à l'étranger dans un but politique, religieux mitigare, rendre doux, mûrir, amollir, a pu
011 autre. —
D. missionnaire, pr. envoyé en se perpétuer dans quelque patois sous la
mission, mot appliqué particulièrement à celui forme miger, dont migcoter, mijoter (laisser
qui est chargé de la prédication de l'évangile mûrir, devenir tendre, puis traiter doucement)
à l'étranger. serait le dérivé. — Le mijé du patois de
MISSIVE, L. missiviis, destiné à être Berry, comme le miton de quelques autres
envoyé (latin mod. tiré du supin missum de provinces, employés pour la partie molle du
mittere). pain, se déduisent difficilement de mica, mie,
MISTRAL, aussi macstral, mestral, esp. tandis que, par mitigare et mitis, nous arri-
maestral, it. maestrale, prov. maestre, nom vons à l'idée foncière « mou, tendre ". —
du vent de nord-ouest ; pour ainsi dire le Mijaurée, la mignonne, la doucereuse(v. cm.)
maître des vents. pourrait appartenir à la même famille.
MITAINE, BL. mitana, du germ. mitte, MITOUCHE {sainte), altération de mainte
milieu. Cette dérivation est fondée sur ce que nitouche, faite peut-être sous l'influence do
la mitaine est un gant divisé en deux moitiés, l'idée mitis. On désigne par là une prude, une
ou fpeut être) un gant couvrant la moitié du fille hypocrite, « dont il semble qu'elle n'y
bras ou la moitié de la mam. Ce même radi- touche pas et qui cependant nuit aux gens de
MOD — 341 — MOEU
fait et de paroles dans l'occasion, ou bien qui, MODELE, it. modello, ail. modell, d'un
faisant la dégoûtée, semble ne vouloir toucher type L. modellus p. modulus (modus), pr. la
à rien de ce qui a été mis devant elle » (Le mesure d'après laquelle on se dirige, patron,
Diichat). original. —
D. modeler, pr. faire un modèle,
MITOUFLE, forme populaire de mitaine; puis aussi conformer à un modèle. Le cor- —
voy. einridtoufler. respondant littéral fr, du L. modulus est
MITOYEN, singulière forme produite peut- moule (v. c. m.).
être du même radical mit, traité s,o\xii mitaine, MODELER, voy. modèle.
avec assimilation du suffixe au mot équiva- MODERER, L. moderari (de modus, me-
lent moyen. La langue fr. ne présente qu'un sure). — D. m,odére, pr. mesuré; modéra-
seul mot de formation semblable, c'est citoyen. teur, -ation, modérantisme,
Or, l'un et correspondent avec un
l'autre MODERNE, it.,esp. moderno,da L. moder-
subst. prov. de façon également uniforme, nus, récent, actuel (adj. formé de l'adv. ynodo,
savoir citad et mitad. On peut en inférer que récemment; cp. hocliernus, hesternus, formés
les formes dérivatives citoyen et mitoyen en de même des adverbes hodie et heri). —
procèdent et représentent un type latin cila- D. moderniser.
danns, mitad.anus. Il va de soi que nou^ fai- MODESTE, L. modestus (modus). D. mo —
sons peu de cas de l'opinion de Roquefort qui destie, Tj. modestia.
voit dans mitoyen une abréviation de moyen MODIFIER, L. modificare; le sens latin est
toyen =
mien tien, expression qui aurait été modérer le sens moderne, donner un mode,
—
;
employée jadis pour exprimer une chose com- changer le mode ou la manière. D. modi-
mune entre deux propriétaires. Une explica- fication, -atif.
tion par medietanus serait contraire à la MODILLON, de
l'it. modiglione, augmenta-
nih, ail. mônch, ags. munuc, angl. monk. — naît dans l'ancienne forme amoise la trace do
U. tnoineric, -illon. l'article arabe al.
MOINEAU. « De moine, dit le P. Labbe, MOISIR, prov. mosir, du L. mucerc, mu-
nous avons appelé m.oineau les passereaux, cescere — D. moisissure.
parce que, au Psaume 101, il est dit sicut : MOISON, dimension normale, du L. men-
passer solitarius in tecto. » Ménage explique sionem, mesure.
moineau par la couleur grise du vêtement de MOISSINE, faisceau de sarments de vigne,
certains m.oines. —
Les formes équivalentes garni de feuilles et de grappes. D'où? de mes-
vfr. maison, norm. moisson, pic. mouchon, sis, moisson; bouquet, trophée de la mois.sonî
ynousson, wall. mohôn, cat. m.oxo appellent Ou, comme propose Littré, deL. muslus, frais
un type latin m,uscio, -onis, de musca. Les (branche fraîche)? J'ai relevé dans mon Glos-
petits oiseaux ont souvent été nommés mou- saire de Lille, p. 40 : phalanga moisine ;
ches; cp. ail. gras-mucke, fauvette, litt. mou- cela rend l'étym. plus difficile encore.
che d'herbe, et le n. prov; mousquet, « nom MOISSON, prov. meisso, rouchi michon,
donné par le peuple à toutes les petites es- misson, du L. m.essionem (metei'e). — D. mois-
pèces d'oiseaux, assez indistinctement ». On sonner.
est ainsi parfaitement en droit de voir, avec MOITE, vfr. moiste, angl. moisi; étymologie
Diez, dans moisnel, d'où moineV moineau, incertaine. On a proposé L. humectus, mais
une contraction de moisonel, et partant un il faut bien torturer ce mot pour en faire
diminutif de moison, cité plus haut, L, = moiste. Baudry s'adresse à h. mucidus, moiû,
muscio. —
Cependant, à cause de la haute pr. morveux, mais il est difficile de faire
antiquité des formes moinet, moinel sans s concorder les formes ; mucidus par mue dus
(dans J. de Garlande, j'ai relevé » passeres pourrait engendrer muit, moit, et moide,
momies »), Littré estime qu'il y a eu double mais non pas moiste; il n'est pas probable
formation l'une de moine, solitaire, l'autre de non plus que, malgré l'identité de sens, l'angl,
—
;
D. momi- —
Mais cette manière de voir est combattue par fier.
Fôrster fZtschr., III, 26,0); il démontre le MON,
L. meu')n,Yoy. aussi mien. Autrefois,
fondement parfait de l'étymologie niûccidus mon forme réservée aux cas obliques ;
était la
(non pas milcidus), mise en évidence par la pour le nominatif meus, l'ancienne langue
comparaison de buxida "bustia, devenu
, avait mes et mis.
*boiste, boîte. —
D. m,oiteur. MONACAL, MONACHISME, dérivés de mo-
MOITIÉ, vfr. meited, m,oitiet,^vow. meitad, nachus, gr. fj.ovocydi (voy. moine).
mitât, angl. moiety medietij, du L. medieta- MONADE, gr. /j.o-jx;, -xôoi, unité (,aoyo;). —
tem, (médius). —
Pour la terminaison tié, cp. D. tnonadisme, -iste.
amitié, pitié. MONARCHIE, gr. fAcvxpxi^, gouvernement
MOL, MOU, L. mollis —
D. molière (dans par un seul (//o'vî; -f" °^PX-'-^)-
— Monarque,
" terre molière »), L. mollaria molasse, d'un ;
gr. fxovy.pyo;. qui gouverne seul.
type viollaceus ou altéré de vfr. tnollastre ; MONASTÈRE, gr. /xo-jx^rripiov, L. monaste-
subst. mollesse, L. mollitia verbe mollir, L. ;
rium, dont l'anc. langue avait fait régulière-
mollira (voir aussi mouiller); adj. mollet, ment, par syncope, moustier, moutier (ail.
dimin. de mol. miÂ7ister)\ comparez couster* coûter de con-
MOLAIRE, L. molaris (de m,ola, meule). stare ; mestier" métier de min isterium
MOLASSE, voy. mol. MONASTIQUE, gr. //^vzîti/o; (de //.ovà^nv,
vivre seul).
1. MOLE, terme d'art obstétrique, du L.
MONAUT,qui n'a qu'une oreille, du gr.
vtola, faux germe (Pline, 7, 15, 13;.
y-d-joTOi, m.Le nom de famille Monod est
s.
2. MOLE,
jetée de pierre à l'entrée d'un prob. le même mot. La forme monaut est
port, molo, du L. moles, masse (avec chan-
it. façonnée sur un type immédiat monaldus
gement de genre). MONCEAU, monceV, du L. monticellus,
MOLÉCULE, terme scientifique , formé,
— dimin. démons. —
D. amonceler.
comme diminutif, du L. moles, masse. 1. MONDE, subst., vfr. mont., L. mundus.
D. moléculaire. — D. m,ondain, L. mundanus, d'où monda-
MOLÈNE, angl. m,ullein, plante (verbascum nité.
tliapsus) ; de mollis, mou, à cause des
soit 2. MONDE, adj., net, pur, L. mundus. —
feuilles souples revêtues d'un duvet moelleux, D. immonde, monder, nettoyer, L. mundare;
ou du dan. mol, mite, ou vlia. mol, papillon mondifier, L. mundificare.
(donc herbe aux mites). MONDRAIN, t. de marine, monticule de
MOLEQUIN, vert de mauve, du L. molochi- sable, p. montain ; insertion de r et adoucis-
nus fdugr. y.'y)ày/j, aussi ixoloy/i, mauve). sement du t en d.
MOLESTER, L. molestare. MONÉTAIRE,L. monetarius (de moneta =
MOLETTE (d'éperon, etc.), du L. mola, fr. monnaie). —
De la forme latine moneta
moulin, donc pr. moulinet. vient encore monétiser, cps. démonétiser.
;
MONOTHÉISME, croyance en un seul dieu ment tirée du grec? Je suis donc disposé à lui
assigner une origine plus vulgaire et plus
MONOTONE, gr. usvorovoî, d'un seul ton. naturelle. Moquer et moucfier no sont que
— D. monotonie. deux variétés d'un même type (le premier est
MONS, abréviation familière et méprisante la forme picarde de moucher). Or, ce type,
du mot monsieur. selon moi, est le BL. mucare, mucum ejicerc,
MONSEIGNEUR, MONSIEQR, \oy. seigneur. se moucher. Moucher qqn. est uno locution
(mot savant), L. monstrum.
MONSTRE — figurée pour railler, duper, connne l'ail, spot-
D. monstrueux, L. monstruosus, d'où mons- ten, railler, se moquer, signifie dans le prin-
truosité. cipe cracher contre qqn. Ce qui me confirme
MONT, L mons, montis. — D. montueux, dans cette interprétation, c'est qu'en latin,
L. montuosus; montagne
m.); monto' (v. c. cmungei'e, moucher, signifie de môme au fig.
(v. m.); monticule, L. monticulus (voy.
c. duper, escroquer. Peut-être encore se moquer
aussi monceau):, montain, pinson des Arden- (emploi pronominalj n'est-il autre chose quo
nes; amont, = L. ad montem. se mouchei' de qqch., avec le sens en faire -.
s'il ne représente pas plutôt un fréq. muni- mourrai, mourrau, muselière, n. prov. mo-
tare, de munire, pourvoir, garnir (je ne pense railla, visière. Mussafia (Beitrag, etc., p. 80)
pas qu'avec de la bonne volonté, \'i long de mu- rapproche encore, outre de nombreux voca-
nltare, en syllabe atone, doive faire difficulté). bles congénères de l'Italie du Nord, le cat.
On peut, à la vérité, déduire ces tei-mes de 7norallas, muselière, cat. morralet " sacculus
l'idée générique « mettre sur », et quant au cibandis equis ». Reste à trouver l'origine du
sens fournir, pourvoir, de l'expr. « monter un radical 7nor, mour; Mussafia reconnaît ce
cavalier », lui fournir un cheval et l'équipe- radical encore dans prov. mor, vfr. mourre,
ment. Gs^^.morro, lèvre proéminente, museau, groin,
MONT-JOIE, autr. monceau de pierres en mais il n'en détermine pas la provenance. —
signe de victoire; du L. mons gaudii. Quant D morailler.
au cri de guerre monjoie, voy. à ce sujet des MORAILLON. t. de serrurerie, prob. un
opinions diverses dans Cachet' et Littré. dérivé du mot précédent, cp. prov. moralha,
MONTRE, subst. \erhal de montrer (v. cm.). « quod pendet in vecte » . Une explication par
MOR J45 — MOR
mordaillon (cp. pins loin ?nordache) n'a aucun la fameuse fée Morgane (litt. la très bril-
appui ni phonétique ni historique. lante), sœur d'Artus et élève de Merlin.
MORAL, L. moralis (mores). D. subst. — 2. MORGANATIQUE {mariage). Origine in-
morale; moralUc, moraliser, démoraliser, certaine; i)eut-ôtre une dérivation savante du
moraliste. verbe goth. «lauîvy'an, raccourcir, diminuer,
MORATOIRE, L. moratorius dilatoire, = restreindre ; ce serait pr. un mariage avec
de morari, retarder. restriction. Je no vois pas comment on peut
MORBIDE, L morbidus, maladif, malsain rattacher le mot, ainsi qu'on le fait générale-
(morbus). —
D. it. morbidezsa, d'où fr. ment, à l'ail, morgengabe, don du matin, soit
morbidesse, mollesse des chairs ; niorbifîque, pour le sens, soit pour la forme. On trouve
L. mo7'bificus' qui rend malade.
,
cependant, dans le droit lombard, le terme
MORBLEU, anc. morbieu, euphémisme p. murgitatio ei rnurganalc, désignant le " don
mort dieu, c.-à-d. mort de dieu; cp. corbleu. du matin » que le mari s'engage à payer à la
MORCEAU, anc. inorsel, morcel (pour le femme le lendemain de la nuit nuptiale. Go
changement de s en c, cp. 'percer, rincer, don constituait-il le seul avoir dotal de la
saucer, etc.), it. morsello, dimin., du L. mor- femme mariée ad morganaticam ? Les juristes
sitm (mordere), pièce enlevée en mordant, doivent le savoir. Si cette dei"nière explication
bouiîhée cp. ail. bisscn, morceau (dim. ein
;
doit prévaloir, il faudra bien accepter pour
bisschen, un petit peu), de beissen, mordre. primitif l'ail, morgen, matin.
— D. morceler, d'où morcellement, MORGELINE, du L. morsus gallinœ; cp.
l'expr. angl. chickweed, herbe de poulet, ail.
MORDACHE, du L. mordax,-acis;
tenaille,
cp. l'expr. ail. beiss-zange [beissen, mordre)
vogelhraut, herbe d'oiseau. —
Daprès Dar-
et esp. m.ordacilla les cloutiers (et les im- mesteter (Composés, p. 134), le premier terme
;
primeurs) disent également morda)it dans morgeline lîomme dans l'it. mordigel-
,
p. pince.
lina, représente le verbe mordre à l'impéra-
MORDACITÉ, L. mordacitatem (mordax).
tif; il faut lui donner raison.
MORDICANT, L. mordicantem, du BL.
mordicare (mordicus).
MORGUE, voy. morguer.
MORGUER, 1. regarder fixement, exami-
MORDICUS, adverbe latin, == sans démor- ner; 2. braver d'un air fier et menaçant; do
dre, comme fait le chien, qui ne lâche pas le
là subst. 'morgue, 1 mine fière, air grave et
.
MORDIENNE (à la gi^osse), aussi mor- prisonniers qu'on écroue ou les corps morts
ffuienne, expression populaire == sans façon ; dont la justice est saisie. L'origine de ce mot
prob. du juron mordienne, variante de mordié m'est restée inconnue. Grandgagnage cite le
= mort dieu. languedocien murga, visage on pourrait
MORDORÉ = more doré,
doré noir.
;
3. MORNE, anneau mis bout do la au Du L. mortarium, qui possède déjà les deux
lance courtoise; ce subst. s'est dégagé do acceptions principales que nous venons d'in-
lexpr. lance morne, lance triste, par oppo- diquer. —
Pour le terme de maçonnerie, lo
sition à la lance émoulue, dont le fer était BL. avait aussi mcrtella, d'où l'ail, mortel =
brillant. —
D. mori^é. mortier, et lo dér. fr. mortellier.
MORSE, mammifère marin. D'après Littré, culièrement aux intestins de la morue qui sont
du danois war (mer) -f- ros (cheval), mais on salés et mis dans le commerce. Pour notre —
ne trouve ni en danois, ni ailleurs un com- part, nous posons ici deux questions, qui
posé de cette nature comme nom du morse. pourront peut-être mettre sur la trace d'une
Le mot est d'origine slave (russe morsch, étymologic plus satisfaisiinte : 1. L'angl. me-
pol. mors), mais il se trouve aussi dans le hiel, meltoell, =
morue sèche, merluche,
finnois mursu. lapon murs. Voy. Bugge, — n'est-il pas un dérivé diminutif de molue?
Rom., IV, 363. Sans doute; nous trouvons de même dans
MORSURE, voy. mordre. l'anc. langue moluel, muruel, mais la ques-
1. MORT, adj.ou participe, L. mortuiis. — tion reste ouverte le thème premier est-il
:
pour y faire mordre un tenon. L'étym. par le penser à une origine de gourme. La question
verbe mordre est vicieuse il faudrait mor-
; se réduit donc à savoir s'il faut expliquer
daise. Il vaut donc mieux se rallier à celle mo^^e ou morma par une corruption de vorme,
qui reconnaît, dans esp. mortaja, fr. mor- vorma, ou le prov. vcyrma par une transposi-
taise, la transcription très exacte de l'arabe tion de morva. —
La maladie de la morve se
mourtazsa, fém, de mourtazz, participe du manifestant par un flux de mucosité âpre plus
verbe razz,k la huitième forme, et signifiant ou moins copieux qui découle des naseaux, on
planté, fixé, inséré. M. Devic, auteur de cette comprend que le même nom a été donné à
étym., observe que le mot arabe conviendrait cette mucosité même. —
D. morveux; mor-
mieux autenonqu'àla moi'taise; mais, «dit-il, veau. — Voy aussi l'art, suiv.
outre que l'un ne va pas sans l'autre, on peut 2. MORVE, t. de jardinier, pourriture (d'où
remarquer que l'ancienne expression est trou morvcr, se pourrir). Cette application du mot
de mortaise «.(Mém. delà Soc. de linguistique, morve aux plantes (chicorées et laitues) parait
III, 168.) —D. mortaiser. confirmer l'étymologie morbus, maladie, éta-
MORTEL, voy. mort. —
D. mortalité, L. maladie des
blie ci-dessus à propos de m,orve,
mortalitas immortel, immortaliser.
; chevaux. Ou bien cette nouvelle acception
MORTELLIER, voy. mortier. engagerait elle à chercher une autre origine,
MORTIER, esp. mortero, port, morteiro, it. i
qui convienne aux deux applications du mot
;
peut négliger la circonstance qu'en allemand l'étym. L. movita, mou/a, donc pr. mouvement
rot2 s'emploie à la fois pour la morve des de terre. —
D. mottee, pièce de terre entourée
chevaux et pour celle des végétaux, et que ce de fossés profonds (dér. du mot m,otte dans
rotz appelle nécessairement, comme primitif, l'ancienne signification de digue; ; se motter,
le verbe vba. ruzzen, bas-ail. rotten, pourrir. en parlant des perdrix, se cacher derrière des
Mais pour trouver à morve une étymologie mottes de terre.
analogue, je n'ai que deux conjectures à pro- MOTUS, interjection, = n'en dites rien !
Mos es.
partout comme la mouche. Voltaire, à la suite
de quelques autres, prétend que le mot mou-
2. mosaïque, ouvrage de rapport, it. niu-
chard =
délateur, espion, vient d'Antoine
saico, esp. mosaico, prov. mozaîc, aussi mu-
Démocharès recteur de l'Université sous
,
reste au drap ", ce qui détermine Larra- dait que si le mouchoir de poche servait à se
mendi à rapporter le mot au basque motea, moucher, le mouchoir de cou servait à éloi-
petit bouton. Mais l'existence du néerl. moet, gner les mouches !
mol, petite élévation, puis tache, défaut, du MOUCHERON, mouche et moucher.
voy.
bavarois mott, monceau de terre maréca- MOUDRE, vfr. moldre, ynolre (le d épenth.é-
geuse, du suisse muite, morceau de gazon, du tique disparait devant les voyelles et Vl primi-
néerl. mot, décliet de la tourbe, fait supposer, tif reparaît, de là le partie, molu* tnoulu); du
pour le mot roman, une extraction germani- L. m.olere. —
D. mouture, y», molture.
.
plutôt voir une altération du L. manupola autres formes ci-dessus l'esp. muruge et le fr.
p. manipulus, poignée (cp. vfr. inofleile foin morgeline, autre nom pour l'alsine f)u mou-
= manipuhis fœni). —
Voy. aussi pantoufle. ron des oiseaux, on sera porté à croire que le
2. MOUFLE, visage gras et rebondi, d'où radical commun à tous ces mots est le lang.
mouflard, tnouflé, moxiflu, verbe mou/ler, mourrc et morga, museau la cause de cette
;
serrer les joues et le nez à qqn. de manière à dérivation consistant naturellement, si elle est
lui faire boursoufler les joues. Cp e.sp. tno- fondée, en ce que l'on a vu, ou cru voir, une
fletes, grosses joues. Grandgagnage compare ressemblance entre un museau et la fleur ou
les termes germ. v. néerl. moffelen, muffe-
: la feuille du mouron ». Cette conclusion reste
len, buccas movere, dial. d'Aix mofel, une problématique, et l'étymologie de mouron
grosse bouchée, et mofcln, manger à pleine encore à fixer. J'abandonne mon ancienne
bouche. Cependant, le linguiste liégeois ne explication par mordre.
déduit pas le mot fr. de l'un ou l'autre de ces MOURRE (jeu de la), de l'it. morra. Le nom
vocables; moufle, malgré son genre féminin, de ce jeu, qui répond, quant à la chose, à la
est, d'après lui, une forme variée de m.ufle micatio des Latins [m,icare digitis), n'est pa.s
(v. c m.). Diez pense que moufler, boursou- encore expliqué.
fler, pourrait bien être déduit de la moufle MOUSQUET, vfr. moschete, esp. mosquete,
=- gros gant. —
Ce serait par trop hardi que de it niosc/ietto, BL. miischeta, primitivement
ramener moufle au mot (dialectal) ail. mump- une espèce d'arbalète, puis une arme à feu.
fcl =: bouche pleine, lequel est gâté de mund- Cette arme tire son nom d'une espèce d'éper-
voit (on trouve aussi muff'cl) =
plein la bouche. vier appelé prov. mosquet, mosqueto, it. mos-
3. MOUFLE, système de poulies assemblées cardo, fr. m.oiichet et émouchet, et qui à son
dans une même chape, etc. ; étymologie in- tour tire le sien de musca, mouche (voy. moi-
connue ; de moufle, gant ? ou de l'ail, muffeln, neau, émouchet et manchet). On sait que les
angl. mufflc, envelopper? anciens ont souvent appelé leurs armes ou
4. MOUFLE, petit four mobile, ail. miiffel, engins de guerre d'après des noms d'animaux ;
angl. muffle; l'assimilation sur laquelle re- cp. tiercelet, couleuvrine, sacre, bélier, it.
pose cette dénomination ne m'est pas connue. falconetto, etc. —
D. mousqueton, it. moschet-
MOUFLON, d'origine inconnue l'ail, appelle ; tone ; mousquetaire, mousqueteric
7nilfjel un chien à grosses lèvres pendantes. 1. MOUSSE, masc, jeune apprenti mate-
MOUILLER, prov.,port. molhar, esp. mo- lot, it. mozzo, esp. mozo, garçon; selon Diez,
jar, d'un type latin molliare, fait de mollis, du L. mustus, jeune; étymologie contestable;
comme graviare, leviare de gravis, îevis. d'après Baist (Grôb., Ztschr., VI, 118), d'un
L'ail, dit de même einweichen, tremper, type lat. muticus =mutilus (tondu, imberbe);
mouiller, de weich, mou; cp. it. molle, hu- c'est, à son avis, aussi à mutihis que répond
mide. —
D. tnouillage, subst. du verbe esp. mocho (tondu i, d'où muchacho, garçon.
mouiller au sens spécial de « mouiller l'an-
cre ».
— Notez qu'au xv" siècle, on trouve le fr.
mousse aussi au sens déjeune fille.
. . .
cation métaphorique. —
L'étymon L. 'mulsa dérive du L. mutilus de la même manière
(de mulsus, mêlé de miel), proposé par. Bou- que le terme équivalent ail. hammel de vha.
cherie, a peu de probabilité. D. mousser, — hamal = mutilé (cp. aussi vfr. castrois, mou-
adjectif mousseux. ton). — D. moutonner, moutonneux, -ier.
4. MOUSSE, adj., it. mozzo, prov. mos, du
MOUTURE, voy. moudre.
néerl.nwts =
dont la pointe est cassée, cp. ail. MOUVOIR, en termes de jardinage et d'au-
pose, d'après cet étymon, une forme anté- sur un type latin en olus. L'anc. orthographe
rieure wioiwtorcZ, dont tout exemple fait défaut moiœuf est une orthographe interprétative,
jusqu'ici. Malgré cela, l'étym. historique rap- que démentent les textes les plus anciens, qui
portée dans
suppl. de Littré et d'après
le ont mieul ou moyeid.
laquelle, d'une lutte entre gamins de
lors 3. MOYEU, sorte de prune confite; d'ori-
Paris, en 182G, le mot moutard aurait été, gine inconnue. —
En Normandie, rnoyeu est
par corruption, appliqué aux gamins du quar- synonyme de noyau (de cerise, de prune,
tier Moufl'etard, ne mérite guère de crédit. d'abricot).
MOUTARDE, mostarda; dérivé du
prov., it. MUCHE-POT (A), en cachette, de mucher
L. mustum, fr. moût; cp. mha. mostert (auj. forme picarde AQ7nusser[^. c. m).
mostrich), néerl. mosterd, angl. mustard. La MUCILAGE, du L. mucus, fixit sur le mo-
moutarde est de la graine de sénevé broyée dèle de ca.rlilage. —
D. mucilagineux
avec du vinaigre ou du moût. Le nom s'est MUCUS, mot latin ; de là muqueux, L. mu-
communiqué ensuite à la graine de sénevé, cosus (d'où «uîcosîYc'y ; verbe BL. muccare,îv.
puis à la plante môme. D. moutardier — moucher [y. c. m.); mucilage (v. c. m.), mu-
MOUTELLE, voy. moustelle. cique, mucite.
MOUTIER, moustier, voy. monastère. En 1. MUE, snbst. fém., àemuer (v. c. m.).
Lorraine, mote =
moutier est encore le mot 2. MUE, dans « rage mue », fém. de
adj.,
usuel pour église. mut* mu, prov. mut, it. muto, qui e.st le
MOUTON, bélier châtré, vfr. molton, it. L. mutus, muet —
D. muet, dim. muter {ie ;
elle-même un primitif très acceptable; c'est le muMÙle, immuable, remuer (v. c. m.).
MUG — 350 MUL
MUET, voy. mue 2. —
Pour muet, le vfr. cp. varlet de vaslet), Au subst. muguet,—
disait muel, d'un type mutalis. dans lésons de galant, petit-maitro (cp. mus-
MUETTE, pr. local où l'en tient les ani- cadin se rapporte le verbe mugueter, faire
,
maux pendant le temps de la mue, puis par le galant auprès des dames.
erronément sur l'orthographe antique; en sens premier issu d'un étalon et d'une
:
effet, le lieu du bois do Boulogne dit la ânesse, puis né d'un blanc et d'une négresse,
Muette s'est dit et écrit aux xvii« et xvill* siè- ou d'un nègre et d'une blanche ; dér. du
cles, la Meute. Il s'agit donc d'un lieu où l'on L. mulu.s, mulet.
tient des meutes de chien. MULCTE', amende, L. muleta. D. mulo —
MUFLE, d'après Diez, de l'ail moff'el ^qui ter, punir, maltraiter, L. tnulctare.
norm. moufler, faire la moue, pic. moufeter, vfr. avait aussi le maso. m,ul L. mulus. = —
l'emuer les lèvres, ail. muffeln, mâcher. Voy. D. mulet.
aussi l'art, moufle 2. —
D. muflier, t. do 2. MULS, chaussure sans quartier, it.
clave, domus, septum »). 11 chei'che à écarter les étymologistes allemands sont d'accoi'd à
la difficulté que présente Vo du mot fr. en voir dans les formes mul-werf, înole, myl,
présence de l'a de gadein, en alléguant divers inul, des corruptions du thème premier qui
cas de ce changement de a en o dans le do- estniuldeii[\n signifie terre, poussière; goth.
maine de la langue allemande elle-même tnulda, ags. molde, angl. mould. Le vha.
(Rom., II, 85). —
Il est utile d'ajouter qu'en disait p. maulwurf exclusivement molt-werf
Normandie, mugot se dit pour la provision de (ou -wurf). —
L'étymologie L. mus, mûris,
fruits que l'on garde pour l'hiver et qu'on n'est pas probable. D. mnloter. —
laisse mûrir sur la planche. MULQUINIER, ouvrier qui tisse les batistes,
MUGUET, vfr. musguet ; anciennement on les linons ; aussi murquinier et musquinier.
disait aussi Jioix muguctte p. noix muscade. Le vrai mot e.st molequinier, mulequinier ; il
Du fr. muguet vient l'it. mughetto. Je rétracte vient de molequin, muUequin, étotfe fine et
l'équation que j'avais posée, muguet L. = précieuse dont on fai.sait les vêtements légers
muscatus, qui pèche contre les lois phoné- nommés chainses ou chemises. Or, m-olequin
tiques françaises; mot est le dim. d'une
le est un diminutif {hin, suffixe diminutif néer-
forme simple musgue, mugue, qui se ren- landais) du L. mollis; Littré, cependant,
contre encore dans les dial. du Midi et qui identifiele mot avec molequin, mauve l'angl.
vient de 'musca, fém. de muscus, musc. En a mull, avec le sens de mousseline fine.
;
—
wallon on dit micrguè (l'ancien s changé en r ; D. m,ulquinerie.
. . . .
Il admet pour type le L. morsus ,dans le sens L. mussare, dissimuler, hésiter (signification
de " chose avec laquelle on mord » (on sait d'un ordre moral), ne peut convenir, surtout
que Virgile déjà donnait à ce subst. l'accep- en présence de la forme sicilienne.
tion do dents). Pour la voyelle m p. o et la MUSTELLE. L. mustcla.
syncope de la liquider, c^. c/iuso, îv.jus*, MUSULMAN, voy. islam.
du L. deorsum. L'r radical s'est, toutefois, MUTATION, L. mutationem (mutare).
maintenu dans la forme prov. mursel et le MUTER (le ynuc 2.
vin), voy.
bret. morseel. —
Dérivés de musel* : museler, MUTILER, L. mutilare.
NAC — 352 — NAG
MUTIN, vfr. mcutin, voy. tncutc. — D. verbe mirari, le peuple a pris ce nom do fan-
mutinerie.
mi'tittcr, taisie pour un synonyme burlesque du parti-
MUTISME, du L. miUus, muet. cipe émerveilhuit. » Je donne pour co quelle
MUTUEL, dér. du L. mutitus, m. s. — D. vaut cette explication philologique, que je
niutiudi/c. trouve dans Bescherello. Littré rattache notre
MUTULE. L.viutuhis. mot au précédent, sans préciser le lien logique
MYOPE, gr. //ûoji, m. s. (litt. qui sci-rc les qui les unit.
yeux). — I). myopie, gr. /jtuwTrt'z. MYRRHE, L. myrrha, gr. ixùppy..
MYRIA-, mot prépositif des noms do me- MYRTE, vfr. murte, meiirte, Anh. myrUis,
sure, exprimant dix mille fois la chose du ;
gr. fxù^iTOi. Anciennement, le nom vulgaire
gr. neutre //û^cia, dix mille.
//v'-t'-t, était nc7-te (changement de m en n comme
MYRIADE, grec //u^^ii^, -âôî;, nombre de dix dans nappe, nèfle, natte).
mille. MYRTILLE, un des noms vulgaires de l'ai-
MYRMÉLEON, voy. sous fourmi. relle; de myrte. Cette dénomination estfondéo,
MYROBOLAN, aussi myrabolan, nom do d'après les uns, sur ce que cette plante pré-
plusieurs fruits desséchés à forme do prune, sente quelque ressemblance avec le myrte;
venant des Indes; du gr. //u/soCàlavov (litt. d'après d'autres, sur ce que les pharmaciens
gland parfumé). —
D. myrobolanier. .s'en servent à la place du vrai myrte (piand il
médecin, dans laquelle parait un médecin qui d'une manière cachée, subtile (voy., sur l'his-
traite tous ses malades avec des pilules. Mé- toire de son introduction dans la langue, lo
decin, en vfr., se disait »<j/r; pilule, en latin, .se Dictionn. de Littré) ; do là mystification,
traduitpar holns. lùi réunissant c«s deux mots -ateur.
par une voyelle euphonique o, et entemiinant MYTHE, gr. /aw,,-, fable.
le subst. ainsi compo.sé par la désinence ant, MYTHOLOGIE, gr. y,u=r,)oy(a, traité do la
qui marque l'action, Hauteroche a fait un fable (aù3'/;). puis ensemble des traditions reli-
nom [M'o\nvinir-o-lK>l-a)it, mirobolant. Tromjw gieuses d'une nation païenne et science y rela-
par le radical du mot, (^u'il a cru dérivé du tive.
N
NABAB, mot arabe (plur.de )iatb, pr. lieu- NACHE, t. de boucherie, fe.sse do bœuf, anc.
tenant, vice-roi), titre des princes de l'Inde fesse en général, du BL. natica, dér. do
musulmane; puis nom ironique que les An- L. naiis, m. s.
glais donnent à leurs compatriotes qui se NACRE, anc. au.ssi nacle, it. nacchcra,
sont enrichis aux Indes. ffnacc/iera et masc. naccaro, esp. nacar'a et
NABOT, vfr 9n'»î5o<, d'après Dicz, du nord. ma-<c. nacar; d'origine orientale chez les :
nabbi, bosse, nœud; d'après d'autres, avec Kurdes nakera ; cp. le verbe arabe luihara,
moins do probabilité, du L. 7\apus, navet. cxcaver. —
Chevallet place à tort le mot dans
L'angl. knap, bosse, pourrait aussi fournir la famille do ïidl.schneche, limaçon (vha. nec-
l'ctymologie de nabot, qui s'employait anc. cho, =coquillage, selon lui). D. nacré. —
avissi p. hotte. —
Joret (Rom., IX, 435) con- NADIR, de la formule arabe nadhir-as-
firme l'étymologie de Diez par la circonstance semt =point oppo.sé au sénitJi (v. c. m.).
que, dans le Hyndlu-ljôd,7,le mot nabbi sert NAFÉ, fruit do la ketmie, dont on fait du
à désigner un nain. L'angl. knap, que j'ai in- sirop ou de la pâte pectorale ; c'est lo premier
voqué, a, dit-il, la même origine que nabbi. mot de la phrase arabe nàf'i li'-z-zadr (litt.
J'ajouterai,commeanalogie dosons, (pie l'équi- bon pour la poitrine); d'après Devic, du per-
valent ail. hnirps, kmlrps, knôrps est aussi san nafah, vésicule de musc.
de la même famille que knorren, protubé- NAFFE (eau de), it. nanfa, lanfa, de l'arabe
rance, nœud. nafah, odeur agréable.
NACAIRE, timbale, BL. nacara; de l'arabe NAGER, d'abord =
naviguer, puis en géné-
7mhar, battre tambour.le ral flotter sur l'eau, du L. navigare (nav-
NACARAT, de l'esp. nacarado, d'un rouge gare). —D. subst. verbal nage, action de na-
clair tirant sur l'orange, dér. de nacar, nacre. viguer ou de flotter, cp. l'expr. « une cha-
NACELLE, BL. nacclla. Ce dernier repré- loupe bonne de nage » ; anc. on disait « par
sente, selon Diez, plus probablement un dim. terre et par nage » =
par terre et par eau ;
latin naviccUa (de navis), qu'un dim. du BL. de là la loc. « être à nage ou en nage », =
naca =^ rouchi naquc, nacelle, barque, qui être tout trempé d'eau. Dans celle-ci on a,
est le vha. nacho (auj. nachen), v. flam. sans raison sérieuse, voulu voir une confusion
nacche, m. s. avec « être en âge « (agc anc, forme de cai'.) ;
n
NAQ — 353 NAS
pour démentir cette interprétation, à part narguer). Le rouchi présente naquer, flairer,
d'antres considérations, il suffit de rappeler chercher en flairant.
les applications métaphoriques analogues de NAQTJET, valet de jeu de paume. Je no con-
l'ail, schwimmoi, nager, comme, p. ex., « das nais pas l'origine de ce mot comme laquais. ;
Auge scliwimmt in ïhi'ânen » (est baigné de Ménage le fait venir, avec son sans-façon bien
larmes).— Autre de nager nageoire.
dér. : connu, du L, verna, par un intermédiaire
— Le L. natare a donné noer vfr. a (cp., p. vernacetus ! —
D. naqueter, attendre servile-
devenu o en syllabe atone, natalis, fr. noël). ment à la porte de qqn.
NAGUÈRE,\oy. guère. NARCISSE, L. narcissus (vâcpzuîo;).
naïade, L. naias, gr. V5;fâ;, -xSor.
NARCOSE, du gr. vàp/.wit;, étourdissement ;
adj. •jxpxurixd:, fr. narcotique, d'où narco-
naïf, du L. natimis (naturel), dont la lan- tisme, narcotiser.
gue savante a fait natif. Le sens attaché à ce NARD, L. nardus (-jccpSoi).
dernier était propre anciennement aussi à la
NARGUER, mépris ce mot, qui
railler avec ;
forme syncopée naïf, p. ex., .serf naïf ^= serf semble inconnu à l'anc. langue, est rapporté
par naissance. — D. naïveté.
par Diez à un verbe latin inusité naricare
NAIN, prov. nan, it. nano, esp. enano, du
L. naquis (viwî?).
(nares) =
tirer le nez, ou faire un pied de
nez. Cp., dans les gloses d'Isidore, le mot
NAISSANCE, voy. naître. nario, interprété par subsannus, d'où le vei'be
NAITRE, naistre*, de l'infinitif latin bar- narire (Jean de Gènes) =
subsannare. Diez
bare nascere (cp. connoistre' de cognoscere). fait dériver de ce même substantif nario l'ail.
Ancienne forme concurrente nasquir. C'est: narr (vha. narro), fou (pr. bouffon, moqueur),
de celle-ci que vient le passé défini je naquis. d'où le verbe narren, duper, narguer. L"n
Le participe latin nascentem a donné nais- type naricare n'est admissible pour narguer
sant, d'où naissance, L. nasccntia. Le par- — que par l'intermédiaire d'un prov. nargar;
ticipe passé natus (tiré de narC, forme anté- or, celui-ci n'existant pas, on est en droit de
rieure à l'inchoatif nasci) a régulièrement suspecter l'ét. de Diez. —
Ce rapport étymo-
produit net* né. logique entre nez et moquerie me remet à la
NAMP, meuble (terme de coutume), BL. mémoire ma conjecture relative à l'identité
namjytum, namptium. Voy. nantir. radicale des mots moucher (pr. pincer le nez)
NANKIN, étoffe nommée d'après la ville do et moquer. —
D. nargue, vfr. narque, narc.
Nankin. Le q ancien s'est conservé dans l'adj nar- .
NANTIR, dér. duv. subst. nam, 7ian namp, quois, qui signifie 1 fourbe, trompeur
: .
;
qui signifiait gage, puis par extension, objet, 2. argot, langage de fripons 'fcp., pour la
meuble susceptible d'être mis en gage. JS^am finale, vfr. clerquois, langage des clercs). En
désignait d'abord le gage déposé par un débi- Champagne, on dit no.card, nargueur, et na-
teur entre les mains d'un tiers. Si le créan- carder, narguer; ce radical imc me semble
cier n'était pas payé à lechéance, alors, après être pour nasc, de sorte qu'on pourrait ad-
les sommations requises, il était libre de se mettre un type latin nasicare, d"où nasquer,
saisir du nam ou de se nantir. De l'idée se naquer, coexistant avec naricare, d'où nar-
saisir d'un gage s'est développée l'acception guer. Ou bien vaut-il mieux rattacher ce
se mettre en sûreté, à couvert, prendre ses thème nac, ainsi que le v. flam. naggJien =
précautions, se pourvoir. Quant à l'origine irritare, à la famille germanique d'où pro-
de nam, elle est fournie par le nord, nam, cède l'ail, necken, agacer? Cps. naque- —
prise, mha. nàm, butin (de la famille du mouches.
verbe ail. nehmen, prendre). Cp.esp. jîrcnrfa, NARINE, du L. nar?n»5, adj. de nares, nez
gage, de py-ender, prendre. —
Je suis étonné (ce dernier nare, nari
a donné prov. nar, it.
naque (attrape) des mouches. Quant à l'anc. « a naribus torquendis ». Cette explication
verbe naquer, d'où vient-il? L'ail, necken (rac. peut être juste, car le mot français accuse un
nac) paraît trop distant par sa valeur « taqui- type L. nasitortium, forme qui doit avoir
ner, tourmenter « (il a donné peut-être le précédé la forme classique nasturtium.
champ, nacard, naqueuoc, railleur; voy. s. NASSE, du L. nassa, nasse de pêcheur,
23
. .
puis filet, piège on général. — Génin, qui NAVRER, it. jmivrarc (dans le cps. innave-
dans SCS Récitations philologiques s'est lon- ra7v], prov., cat. tuifrar., transpercer, blesser
guement occupé de la locution fi\ laisser (sarae naf'rar, meurtrir, tacher) ; d'après
dans la nasse et des deux locutions italiennes Diez, approuvé par Littré, du vha. nabagér,
analogues lasciare in asso, et lasciare in ail. naeber, néerl. neviger, nefpger, nord
nasso, conclut que toutes les trois n'ont de nafar, instrument pour percer. Gaston Paris
commun qu'une ressemblance extérieure toute combat cette étym.par des raisons auxquelles
fortuite. —
D. nassone. il serait difficile de rési.st«r; il insi.ste surtout
NAUSÉE, L. nausea, gr. vjeuî(«, pr. mal de Les vocabulaires techniques, surtout dans
mer nauséabond L. nauseabundus (le mot
; , les patois, en fourniraient peut-être quchpio
latin =^ qui éprouve le mal de mer ou qui a exemple. » —
.l'ajouterai que Kiliaen donne
envie de vomir, le mot fr. qui cause des = au ni. nervc {van het leder) la définition :
nausées ou qui donne envie de vomir). grana in coriis, squamœ, oculi coriorum, et
NAUTILE. L. nautilus (vayrOo^). qu'il compare le fr. nervc. Cette forme fran-
NAUTIQUE. L. nauticus (v^iurixo;). çaise cxi.stc-t-elle ? Baist (Ztschr., V, 550),
NAUTONNIER, dér. du vfr. noton, marin, rencontrant l'étymologio de 0. Paris, remar-
qui dérive du L. naiita, gr. vaûr>j;, naviga- que que dan. narr et suéd. narf sont d'im-
teur. I>ortation haut-ail., et que dans cette langue,
NAVAL, L. navalis (navis). narxjva (cicatrice) napparait (ju'au xii" sièdo,
NAVÉE, BL. et it. navata, charge d'un comme dérivé du morne radical qui a donné
bateau, dér. du L. navis, bateau. anc. sax. narti, ags. nearu, angl. narrow
NAVET, anc. aussi iiavel, naveau, dimin.du et qui emporte l'idée d'étroitesse, de peine et
L. 7iapus, m. s. D. navette. — d'accablement. Baist pense que le sens .secon-
1 NAVETTE, forme fém. de navet (v. c. m.). daire de narwa : grain de cuir, côté rude du
2. NAVETTE, instrument de tisserand, et cuir, est trop récent pour y rattacher le
vase pour conserver l'encens ; dimin. duL. na- verbe navrer.
vis, bateau ; ainsi nommés par assimilation NE, négation, forme affaiblie de non ou
de forme ; l'ail, dit de même schiff'chen. nen' =^ L. non.
NAVIGUER, anc.
naviger (d'où nager, NÉANMOINS, voy. tiéant.
V. c. m), prov. navejar, du L. navigare. NÉANT, vfr. aussi noiant, nient, prov.
NAVIRE (anc. du genre féminin), vfr. 7ia- neien, nien, it. niente. C'est le subst. ens,
viJe, it.naviglio,navilio,navile,T^YOv.navili, gén. entis, = être, chose (mot que l'on doit
d'abord =
flotte, puis, par restriction =^ bâ- supposer avoir été vulgairement employé,
timent de mer. Pour la substitution de r à ;, quoiqu'on ne le rencontre que comme terme
cp. vfr. concire de concilium et wall. cir, philosophique), précédé de la négation ne ou
ciel. Le type du mot roman est l'adj. navilis', ncc. Etymologiquement, néant équivaut à ne-
formé de navis comme civil is de civis. — chose on ne-rien; c\). L. nihil, pr. ne hilurn,
D. wallon naviy^on, sur lequel voy. aviron. vha. neowiht[a.\\]. contracté en nicht, comme
— D'après Toblcr (Rom., II, 243), fr. navire subst. nichts) et angl. nothing no-chose, =
estune transformation du vfr. navie, flotte, gr. «iJoiy =
pas une chose, etc. D. anéan- —
analogue à celle de vfr. mire, médecin, issu tir, fait d'après l'analogie du L. an-nihilare.
de mie par insertion- de r. Navire doit donc Composés néanmoins, qui répond, par sa
être rapporté à L. navigium. De .son côté, facture au L. nihil o-mhius ; fainéant (v.
G. Paris (Rom., VI, 132) maintient l'étym.
BL. c. m.).
naviliiim, vfr. navile.
NÉBULEUX, L. 7iebulosus (de nebula, fran-
;
cisé dans le vfr. aïeule, nieule, brouillard nymiiha, esp.,it. «n^fa. Cependant on trouve
épais, brume). — D. nébulosité. on persan noùfer, niloûfer.
NÉCESSAIRE, L. necessarius nécessité, — NÉO-, en composition, du grec vi^,- neuf,
L. nécessitas. —
U. nécessiter, nécessiteux.
•
nouveau [néologie, etc.).
NEC (ou NON; PLUS ULTRA, phrase latine, NÉOPHYTE, gr. vso-^uro,-, litt. de nouvelle
= pas plus loin, employée pour désigner le venue, né do nouveau, converti.
terme, la limite où il faut s'arrêter. NÉPHRALGIE, douleur aux reins, de Jifpoi,
NECRO-. du grec vî/.po';, mort. On rencontre rein, et v.lydv, avoir mal. Au mot 'Jtsipdi se rat-
ce terme dans les composés suivants Nécro- : tachent encore le subst. néphrite, gr. vîçpfrt;,
loge, registre des morts, d'où nécrologie, et l'adj. néphrétique ou mieux néphritique,
notice ou suite de notices sur des personnes gr. vîystTtxO;.
mortes; adj. nécrologique. —
Néckom.vncik, NÉPOTISME, pr. crédit, autorité, faveurs,
gr. v;z/5o-/AxvT£fa:, d'où nécromancien (pour accordés dans les affaires publiques aux ne-
lequel on disait autr. nécromant; litt. gr. = veux = L. nepotes.
jv/po/j.k-JT-/iij. L'idée de magie noire a déter- NERF, L. nervus. —
D. nerveux, d'où ner-
miné les altérations it., esp. 9iigromante; vfr. vosité ; nervin;
nerver, d'où nervure. Cps.
nigromance et, par transposition, ingre- ncrfférure, coup sur le tendon de la partie
mance. —
Nécropole, gr. v-/./5o-7ro>t;, litt. postérieure des jambes [férure do férir, frap-
ville des morts. per, V. c. m.).
NÉCROSE, gr. vb.pwTt;, mortification. NERPRUN ou noirprun = L. p^'^^^nus ni-
NECTAR, L. nectar (vb.rzjs); nectaire, t. de gra ; le wallon dit merprun.
botanique, de l'adj. nectareum. NET, it. netto, esp. neto, port, nedeo, prov.
NEF, 1. navire; 2. vaisseau d'une église net, angl. neat ; du L. nitidus (cp. pâle (fe
3. espèce de vase en vermeil pour le linge de
;
nibbe, nif, nord, nebbi, nef, bec, nez. Voy. 2. NEUF, nom de nombre, du L. novem.
m, cp. natte, nappe). L'm subsiste dans v. esp. l'aphérèse du p, cp. tisane.
mespero, basque mizpira, vfr. mespïe, mesfle, NEUTRE, L. neutrum, dont le dér. neutra-
wall. mespe, vha. mcspila, nha. mispel. — lis (ail. ncutral) a donné neutralité, neutrali-
ser.
D. néflier.
NÉGATION, L. negationem (de negaj-e,
NEVEU, vfi'. nevod, prov. nchod, du L.
fr.
nepotem (nom. nepos). Au nomin. nepos res-
nier); négatif (d'où le subst. yiégative), L.
sortissent les formes vfr. niez, prov. neps
negativus.
NÉGLIGER. L. negligere. — D. négligent, neb s.
NÉVRALGIE, souffrance (i>yf«) des nerfs
-cnce, L. negligens, -entia.
Du même vvjpo-j (= L. nervus)
(vîv^^ov). vien-
NEGOCE, L. negotium, affaire; négocier, nent les termes médicaux névrose, névrite,
L. negotiari, d'où négociant, -ateur, -ation, névrologie, etc.
-able^
NEZ, prov. nas, du L. nasus (cp. rez de
NÈGRE, it., esp., port, negro L. niger, = rasus, chez de casa).
noir. — D. négrier, nègrerie, négrillon.
NI, vfr ne, du L. nec.
NÈGUE-, élément de composition dans les NIAIS, pr. oiseau de proie pris dans son
termes nègue-chien, nègue-fol; du verbe né- nid, fig. inexpérimenté, faible, simple, sot
guer, forme méridionale de L. necare, fr. (cp. l'expression béjauné), it. nidiace, d'un
7ioger. type latin nidax (nidus); prov. nizaic, niaic,
NEIGE, d'après Diez du type latin nivea ;
d'après Paris (Rom., IX, 623j subst. verbal de
d'un type nidacus (nidus). —
D. niaiser, niai-
serie; déniaiser.
neiger (v. c. m.). NIOAISE, du nom de baptême iV/casa«s(cp.
NEIGER, d'un type BL. nim-
vfr. negier, les acceptions péjoratives des noms propres
gare ou nemcare. —
De là le subst. verbal Claude, Colas, Nicodème, etc.).
neige, d'où adj. neigeux. —
Au subst. latin NICE, vfr. nisce, simple, novice, prov.
nix (thème nio) répondent vfr. nief, neif noif, nesci (auj. neci), esp. necio, du L. nescius,
prov. neu, nieu, it. 7ieve, esp. nieve. ignorant. L'angl. nice, délicat, joli, est le
NENNI, vfr. nenil, prov. nonil, représente môme mot ; sa valeur lui est venue par la série
le L. non illud ; de la même manière oïl ou d'idées simple, qui s'attache aux petites
:
oui{v. c. m.) répond à L. hoc ille. choses, minutieux, raffiné (voy. les dict. de
^
NÉNUFAR, NÉNUPHAR; quelle que soit Wcdgwood et E. Muller).
l'origine directe de cette appellation de la 1. NICHE, terme d'architecture, direct, de
nymphée, il est probable qu'elle se rapporte à l'it. nicchia, enfoncement en forme de co-
NIG — 356 — NIV
quille (it. nicchio). Or, ce mot nicchio, co- mille, mais qui sans doute est dans le fond
quille, Diez, sur les traces de Ferrari, le fait un nom commun, procède do ce même primi-
venir du L. mytilus, moule comestible, qui tif. Diez, se prévalant du principe que le suf-
convient parfaitement pour le sens et pour la fixe ald ou aud accuse provenance germa-
lettre. Pour la transformation, Dicz allègue, nique, conjecturait pour nigaud ou }iigald,
d'une part, l'it. scccJiia de silula, recchia de un type immédiat niijcald {w—g), lequel vien-
vetidus, etd'autre part, quant à l'initiale n drait du \\\aL.niuioi, niwi, neuf, novice. Dans
p. m, l'it.nespola (fr, ni^fïe) de mespilum. ses dernières éditions, cependant, Dicz fait
L'ail, nische et esp. nicho, synonymes de fr. de nigaud un dérivé du prov. nec, sot, qu'il
niche, sont tirés du français. rattache dubitativement ù. l'esp. niego, niais,
2. NICHE, malice, espièglerie; c'est une M, Kug. Ritter (Littré, suppl.) propose do
variété vocale de niqitc (v. c. m.), rattacher nigaud (comme les noms de famille
NICHER, vfr. niffei; nigier; Diez nliésite Nigaux, Nigon, Nicard) au nom propre
pas à voir dans ces formes une contraction du Nicolas (op. pour la filiation des idées le rap-
L iiidifcare[ni(l'fcure, nid'care, nicare). Pour port entre 6t»<'< ci Iicnoit)\ j)our l'application
ma part, j'admettrais plutôt un type nidicare, du suffixe aud (= aldus), cp, courtaud, rus-
de nidits. — D. nichée, nichet, tiichoir, jdé- taud. Cette manière de voir est plausible, —
nicher. I). nigauder, )iigauderie.
NICKEL, mot suéd.; métal appelé, par dé- NIGROIL. poi.^^son, du L. niger occulus;
rision, par les mineurs suédois, d'après Nic- l'ail, dit de même schvoars-auge, j)r, œil
kel,un des génies nains des mines. noir.
NICOTIANE, NICOTINE, plante du tabac, NIGUEDOUILLE, nigaud; wall, nickdonic,
ainsi nommée du nom du président Jean langucii. )ùg(ulunUio. Comment analyser le
Ntcot (le même que le lexicographe), qui, mot ? est-il connexe avec nigaud ou nique f
étant ambassadeur en Portugal, envoya le NILLE, t. de blason, etc., forme écourtée
premier cette plante en F'rance (1560). do amnlle (d'un type annicula, variété de an-
NID, L. nidus. — Nidification, L. nidifi- nules, anneau?).
catio.
NIMBE, L, nimbus, nuage.
NIDOREUX, L. nidorosKS (do nidor,
NIPPE; suivant Frisch, du néerl. ,,tjin,i,
odeur).
pincer (mieux eût valu citer l'angl. nip, m.
NIECE, prov. 7ietsa, du L. neptiap. neptis.
s, que )Jî;pc>j), parce que les j)etits colifichets
1. NIELLE, plante, melantluum, papaver
de parure s'attachent avec des agrafes, Jo
nigrum. du L. nigella (niger).
n'approuve pas cette étymologie ; les nippes
2. NIELLE, maladie des grains, causée par
ne comprennent pas seulement les j)etits orne-
les brouillards (dans les patois nnile, neulc)
;
ments d'ajustement, mais aussi des habits et
c'est le même mot que vfr. brouéo,
nielc,
brouillard, qui vient du L. nebida. D. — des meubles. C'est un .'synonyme de hardes, et
comme ce dernier, il doit avoir un primitif
nieller, gâter par la nielle (it. ajinelbiare,
exprimant lier, nouer.Or, ce primitif se trouve
esp. anieblar; ces verbes confirment l'étym.
dans le nord, Imeftpa (parent du reste avec lo
nebula).
néerl, nijpen, cité ci-dessus), d'où lu'ocôde en
NIELLE,
3. t. d'oifèvrerie, vfr, neel, it.
cff'et un mot nord, hneppe hardes, trous- =
niello, esp., prov. niel,
en émail noir sur fond d'or ou d'argent; de
BL. nigcUum, dessin
seau, nijjpcs. —
D, nipper.
l'adj. nigellus, dim. de niger. D. nieller — NIQUE
usité que dans
(variété vocale :
la locution « faire la
niche) ; n'est plus
nique à
(vfr. noielcr), niellure.
NIER, anc. noyer, du L. negare. D. ni\ — qqn. « = s'en moquer, en haussant le men-
subst. verb.; on disait autr. « cela n'est point ton. Ce mot (en langued. nica) est générale-
en ni =
non abnuitur(cp. lecomposé(/t'»2).
..
ment dérivé du vha. hnicchan, ail, mod. nic-
A verbe noyer correspondait le subst.
l'anc. ken, faire un signe de tête (on trouve en effet
noy\ dans la locution « mettre en noy r, = niquer, branler la tête), mais il parait se rap-
contester. —
Cps. dénier, renier. porter plus directement au suéd, nyck, dan.
ngkhe, néerl, ni'.k, ail. niïche, malice, mé-
NIFLER*, mucum veluti resorbcre. Dicz
rattache ce verbe à la famille niff'a (mention- chanceté. Cp. l'angl. nich-name, sobriquet.
née sous lart. nèfe). qui désigne à la fois bec — L'ail. necÂcJî, taquiner, pourrait aussi être
et nez. Il est impossible de ne pas alléguer ici invoqué, mais il parait être étranger au vha.
l'angl. s-niff, snuff, l'ail, sch-nilffeln, qui et remonter à un radical nac. Voy. aussi le —
disent la même chose. — L'on n'emploie plus mot pique-nique.
aujourd'hui que le composé — D.
renifler. NIQUER, gagner, du premier jet de dés; cp.
pic. niflette, narine. l'angl. nick, l'encontrer juste ou heureuse-
NIGAUD, d'origine incertaine. Je ne puis ment.
approuver ni une dérivation de nicc, ni celle NITOUCHE, voy. mitouche.
du L. m'ga. Une interprétation par un type NITRE, L. nitrum {-jizpo-j).
nidicaldus{c\). niais) serait également forcée. NIVEAU, nivcî', p. livcl, it. libello, port.,
Ne pourrait-on pas rapporter nigaud -k nique, prov. livcl, nivcl, esp. nivel, angl. level, du
comme exprimant celui qui se laisse facile- L. libella (dim. de libra), m, s., avec change-
ment nique? Je soupçonne que vicot,
faire la
ment de genre. Pour l changé en n, cp,
qui ne m'est connu que comme nom de fa-
nomblc. — I). niveler.
. ,
NOBLE, L. nobilis. —
D. noblesse, 1. qua-
•
formation incorrecte p. noireur (L. nigror),
faite sous l'influence du verbe noircir (la
lité de ce qui est noble, 2. corps des nobles
(pour ce sens collectif, cp. L. nobilitas, les
vieille langue avait noireur et noireté). Du —
port, negro vient la forme fr. nègre.
nobles, rustictlas, les gens de la campagne,
civitas =cives, fr. bourgeoisie, magistrature,
NOIRCIR, voy. noir. D. noircissure. —
NOISE, vfr. nose (angl. noise, v. néerl.
etc.); nobiliaire; vfr. se nobloier, s'illustrer,
noose, nogse), prov. nausa, cat. nosa, que-
briller, éclater; îâcûiih a-noblir et en-noblir
relle, dispute. Diez, se réglant sur la forme
NOCES, du L. nuptiœ (de nubere, se ma-
provençale, se prononce pour l'étymologie du
rier), d'où nuptialis, fr. nuptial. — D. nocer,
faire bombance (terme populaire), noceur. — L. nausea, dégoùt,,de sorte que la significa-
tion première serait fâcherie. Cette manière
G. Paris (Rom., X, 398) consacre un article
de voir pourrait être appuyée du mot fr. fâ-
fort étudié pour débrouiller la question de
cherie lui-môme, qui dérive de fastidium, si-
l'incompatibilité des formes romanes it. noszc,
gnifiant proprement dégoût. Je préfère l'opi-
prov. nossas, fr. noces avec l'ii; long dé L. 7iup-
nion de Diez à celle qui remonte au L. noxa,
tias, qui postule, nuzze, tiussas, nuces, et
tort, dommage, qui convient beaucoup moins
de l'influence qui a dû amener cette perturba-
tant pour le fond que pour la forme. Gachet
tion de la loi phonétique il reconnaît cette
plaide en faveur de noxa ou noxia, en allé-
;
nauticarius (mot constaté par les Inscrip- NOYAU ; nucarius*, d'où prov. noguier, fr.
tions). NauclernsnQ reste plus admissible que nogado, nougat
noyer; nucatum, esp. fr.
pour esp. et port, nauclero et prov. naucler; (mot d'importation méridionale).
ce sont des mots d'introduction savante. NOLET, voy. noue.
NOCTURNE, L. nocturnus (nox, noctis). NOLIS, subst. verbal de noliser.
NODOSITÉ, voy. nœud. NOLISER, it. noleggiare, dérivé du L. 7iau-
NODUS, mot latin, employé en chirurgie lum lyx'Ao-j), fret; anciennement on disait
pour nœud, qui en est la forme française. nauler, d'où le subst. naulage. Subst. verbal
NOËL, pour naël (pour cette substitution nolis. Le dér. nolissement est irrégulier
de o à a, cp. vfr. noer, it. notare, du L. na- p. noîisement, qui est la bonne et ancienne
tare, fr. poêle, subst. fém., p. paêle), it. na- forme.
tale, prov. et v. esp.nadal; du L. natalis, s. e. NOM, L. nomen. —
D. nommer, vfr. nomer
—
dies, jour de la nativité. Le fr. noèl, outre la et lomer =
L. nom.inare (prov. noninar).
fête, signifie aussi les chants composés pour Cps. surnom. —
Direct, du latin nominare,
la célébrer, etc. les mots savants nomination, -ateur, -al,
:
NŒUD, nodus.
L. —
D. nouet; verbe -atif, L. nominatio, -ator, -alis, -ativus.
no-uer, L. nodare; adj. noueux, L. nodosus NOMADE, L. nomas, -adis (vo/jtâ;).
(d'où direct, le subst. nodosité). Le latin — NOMBLE, p. lomble, du L. himbulus (lum-
nodus pour cnodus, et tient à la même
est bus).
famille indo-germanique d'où sortent l'ail. NOMBRE, L. numerus. D. nombreux, —
hnoten, m. s., angl. knot et môme le k)iut de L. numerosus; nombrer, L. numerare; zn-
la langue russe. nomZ/re, dans la locution" innombre de fois»;
NOGUET, grand panier d'osier; d'origine cp. le terme ail. unzahl.
inconnue, tient peut-être au mot naiic, auge, NOMBRIL, pour lombril (cp. ,
pour la con-
mentionné sous noue 1. version de Z en n, niveau, nomble). Lombril
—
sont p. omblil et représentent un type latin nonna, introduit dans la basse latinité (saint
umbiliculus dim. de umbilicus; c\). p&i'il Ae
, Jérôme et autres pères de l'Eglise) était un
pcriculum. Au type iimbilicus se rattachent terme do vénération, synonyme do pi^'re et
les formes vfr. ombil, it. ombelicn, bellico, mère dans le sens religieux En italien.
bilico, valaque buric, esp. ombligo, port, um- nonno, nomia signifient grand-père, grund'-
bigo, embigo, prov. ombelic et enfin le terme mère; cp. en lorrain nonnon, en n. pr.
scientifique français ombilic. L'agglutina- — nounnoun = onde. L'origine du mot n'est
tion de l'article se remai-que également dans pas encore sûre, bien que Scaliger ait avancé
le cat. llombrigol; dans la transformation do une provenance égyptienne. -^ D. nonnette,
lombril en nombril, le synonyme geimianique nonnerie.
nabel, ni. navel, nord, nafli, m. s., n'aurait-il NONOBSTANT, prépos., pr. un participe à
pas exercé quelque influence? l'ablatif absolu non-obstant cela équivaut à
:
lance, nonchalander' —
Nicot a eu la bizarre
.
NOSTALGIE,
retour, yi/iv, maladie).
pr. maladie du retour (voVto,-,
nam
NONNE, BL. nonna, dont
a déterminé la forme secondaire non^
l'accusatif î?o?î- vha. nochs, imbrex. —
A la même famille
parait appartenir le lang. non, nauc, naucQ,,
.
rice ", du L. nutricium. D. nourricier. — de lucere, plaisir de placere, taisir* (p. taire)
NOURRIR, norir', prov. noirir, du L. nu- de tacere. Cet infinitif ancien nuisir est plus
trire, —
D. nourriture, L. nutritura nour- ; en rapport avec la conjugaison du verbe et
risson (y. c. m.). avec les dérivés nuisance et nuisible (vfr.
NOURRISSON, vfr. noriçon, anc. subst. nuisable).
fém. =
nourriture, éducation, d'après Diez, NUIT, vfr. noit, du L. noctem (cp. huit de
de L. nulritionem ; par la conversion du sens octo). — D. nuitamment, cp. BL. noctanter
abstrait en sens concret, accompagnée d'un (le vfr.nuitantre vient, selon Diez, de l'abla-
changement de genre, s'est produit nourris- tif comme soventre do sequcnte) ;
noctante,
son, enfant qui est en nourrice cp. élève subst. nuitée; verbe s'anuiter.
—
;
=
le prisonnier); ep. sur- c^?,. surnuméraire, L. supernumerarius ; —
tout polisson. —
Hornung (Grôb. Ztsclir., wwwemZ, L.numeralis; numérique, L. nume-
VI, 436) proteste contre l'équation nouriçon ricus*; numérateur, -ation, L. numerator,
:^ nutritionem, ce mot latin postulant plutôt -atio (numerare)numératif, numéro, forme
;
NOVATEUR, -ATION, L. novator, -atio vérité, fait quelque difficulté); dans sa pre-
(novus). mière édition, il avait proposé le néerl. nocke,
NOVEMBRE, L. november (novem), neu- qui signifie à la fois coche de flèche (cp. angl.
vième mois de l'année romaine. nock, notch) et colonne veilébrale (les idées
NOVICE, L. novicius (novus). D. novi- — cran et articulation se touchent), mais il pense
ciat. que ce mot néerl. est plutôt le correspondant
NOYALE, sorte de toile à voiles; de la ville de l'it. nocca, cheville du pied, que de nuca.
de Noyai (Côtes du Nord), lieu de fabrica- Notre mot ayant signifié autrefois moelle épi-
tion. nière, Littré reprend l'étym. arabe noucha,
NOYAU, vfr. noial, noiel, voy. noix. — moelle épinière, qu'avait repoussée Diez.
D. noyalière. NUTATION, L. nntationetn /nutare).
1. NOYER, subst., voy. noix. NUTRITIF, NUTRITION, termes savants,
2. NOYER,
verbe, vfr. neier, nier, prov. du L. nutrire = fr. nourrir.
negar, esp., port. e-n«^ar, du L. necare, dont NYMPHE, L. nym^ha [wfj^foi). — D.nym^
le sens générique tuer s'est individualisé, phée,
OBO — 360 — OCC
O
OASIS, gr. Ixik;. OBOMBRER, L. ob-umbrare, ombrager.
OB... Ce préfixe latin, modifié suivant l'ini- OBREPTICE. L. obrepticius (de obrepere,
tiale du radical qu'il précède, en oc, of, se glisser furtivement); obreption, L. obrep
op (parfois o, obs, os), n'a pas été employé tionetii.
à ligare et alligare, obligare n'avait pas subi port étymologique entre les deux mot.'!, à
la syncope du ^; j'en attribuais la cause au moins que l'on n'admette que obus .soit pour
caractère plus moderne du mot; cependant, obis et que ce dernier reproduise la forme it.
obliger se voyant déjà dans des textes du obizzo. —
L'ail. Jiaufnitz, auj. liaubitzc, est
xiii" siècle, il vaut mieux expliquer le main- venu à la .suite de la guerre des hussites, du
tien du g par le besoin d'éviter l'homonymie bohème haufnice, fronde à pierres. D. —
avec oblier =
oublier. obusier, obuserie.
OBLIQUE, L. obliquus. —
D. obliquité, L. OBVIER. L. ob-viare, pr. .se mettre dans le
obliqnitas; obliquer, L. obliquare. ^chemin [via),
OBLITÉRER, L. ob-literare, effacer. D. — OC (langue d"), voy oui.
oblitération, L. obliteratio, OCCASION ochoison, achoison, ochi-
(vfr.
OBLONG, L. ob-longus, de forme allongée. son),L. pccasioncm, de oc-cidere (cadere),
OBOLE, L. obohis [ôèrAd;). tomber (cp. accident de ac-cidere, îitt. ail. =
.
zu-falJ). L'occasion est donc pr. chance, ren- ODONTALGIE, mal {i.).-jU) aux dents (èo^û,-,
OCRE, L. ochra, du gr. ôr/pdi, d'un jaune 3 petit trou fait à une étoffe pour y passer un
pâle. — D. ocreux. lacet,
OCTA- ou OCTO-, élément de composition, ŒILLETTE, pavot, puis huile de pavot;
du gr. i/T'i), en composition o/.rx. anc. aussi œillet, huillet, dimin, du vfr. œille,
OCTANT, L. octayis, m. s. (pr. huitième du = fr. mod. huile, L, oleuni. Le pic. dit oul-
cercle). lette.
brière, femme attachée au service des sul- 2. OFFICE, fém., lieu d'un hôtel où l'on
tanes, garde ou prépare le fruit pour la table, où se
ODE, L. ode (i>^-/,, chant). Du dér. ô)Sù.ov, fait le dessert. Ce mot, quoique de genre diffé-
local destinéaux exercices de chant ou de mu- rent, est peut-être le même que le précédent ;
sique, vient L. odeum, fr. odéon. il aura été appliqué dans une circonstance
ODEUR, L. odorem. —
Du L. odorare, par- spéciale et sera resté en usage c'est comme si ;
fumer, vient odorant; du L. odorari fane. fr. on disait le « service » D'un autre côté, il
. —
odorer), flairer, l'adj. adorable, et les subst. se pourrait aussi que le fém. office représen-
odorat et odoration, L. odoratus, -atio odori- ; tât un type latin officia, primitif de officina,
férant est une formation nouvelle p. odori- lequel terme latin (pr. =
atelier, laboratoire)
fère, L. odorifer. se rencontre fréquemment dans la latinité du
ODIEUX, L. ofZîo.'MS (odium). moyen âge, en parlant des monastères, avec
. ,
om,brer, cette terre tire son nom de VOmbrie. qui pèse, qui est à charge.
3. OMBRE, poisson, L. iimbra. ONGLE, L. ungula. Notez le changement de
OMBRELLE, voy. ombelle. genre dans le mot fr. —
D. onglet, pr. pli
OMELETTE, patois amelctte. Les opinions faitavec l'ongle; ongle, en hist. nat. ongulé,
sur l'étymologie de ce mot culinaire sont va- du L. ungulatus; onglée.
riées; aucune ne peut satisfaire. Citons-les ONGUENT, ^L. ungentum (ungere).
brièvement 1. œufs mêlés (La Motte le
: ONOMATOPÉE, gr. ô-joixxtotzoXx, pr. action
Vayerj 2. animaletta, de anima, l'âme, ici
;
de faire un mot, surtout un mot imitatif.
= le dedans d'un œuf (Ménage) 3. â/xu^xTo-j, ;
ONQUES, voy. onc.
mot imaginaire, devant signifier « délayé ONYX, L. onyx, gr. SmX, pr. ongle du
ensemble » (Lancelot) ; 4. ovum molle, œuf doigt ; l'agate a été ainsi nommée à cause de
mollet (Bourdelot) 5. o/xû.iv., composé imagi- son brillant.
naire de wov, œuf, et de ^aè^ii, miei; 6. BL.
;
pr. lame (l'omelette étant plate comme une OPERA, mot italien (en ail. oper), corres-
lame). C'est là que Littré, avec raison, trouve la pondant littéral du fr. œuvre (v. c. m ).
solution de ce problème culino-étymologique. MM. Noël et Carpentier ont mal rencontré
OMETTRE, L. o-mittere, d'où, par le supin en voyant dans opéra l'idée du plur.L. opéra,
om,issum, subst. omissio, fr. omission. les ouvrages « parce que l'opéra est la réu-
OMINEUX, lu.ominosus[omeTi). nion de plusieurs ouvrages ou l'ouvrage de
OMISSION, voy. omettre. plusieurs, le poète, le musicien, le peintre ou
OMNIBUS, mot latin, sign. « pour tous », décorateur contribuant à la confection de ces
à l'usage de tout le monde. La chose et le nom sortes de pièces » Il n'y a dans le mot opéra
.
à relier une proposition nouvelle à une pro- aveugle, puis « qui no se voit pas, non appa-
position antérieure, et à marquer un léger rent ».
rapport de conséquence. Dans la vieille 2. ORBE, subst., t. d'astronomie, L.oriw.
langue, on aimait à renforcer or par donc — D. orbiculaire, L. orbicularis (du dim.
ou doncques. Cette conjonction a une valeur orbiculus).
toute spéciale dans le syllogisme. Elle vient ORBITE, L. oréî'to, trace d'une roue (orôts).
du L. hora, et correspond ainsi à l'esp., port. La vraie représentation fr. de orlnta est vfr.
hora, ora, it. ora, prov. ora, m'as, or ; cepen- orde. —
D. orbitairc, L. orbitarius*. Ce
dant l'o ouvert de ladv. fr. ore parait être même type orbitarius, au féminin, a donné,
l'effet d'une fusion des mots latins ha hora
dit-on, par l'effet, d'une contraction tout à
(Suchier, Grôb. Ztschr., I, 432). Elle entre, foit régulière, le vfr. et pic. ordiàre, d'où, par
avec l'acception temporelle de maintenant, le changement euphonique do d en n, s'est
dans la composition des termes dcsoB.mais et produit le fr. mod. ornière; mais voy. d'autres
doïiénavafit (voy. ces mots). Voy. aussi 7or5, explications s. ornière. Le thème primitif orô
alors et encore. s'est conservé dans la forme wallonne orbîrc,
2. OR, subst., L. awitm. —
D. vfr. orer, ourbire = ornière.
p. dorer (ce dernier vient du composé L. de- gr. èpyyrtzpx, place du théâ-
ORCHESTRE,
aurare) où s'exécutaient les danses (iy/ilt^-xi, dan-
ORACLE, L. oracuîum. —
D. oracuïeux.
tre
ser) ou plutôt les évolutions du chœur. Chez
ORAGE, esp. orage, prov. auratge, autr. les Romains, l'orc^e^fra était la place affectée
=^ vent, souffle. On distinguait « bel orage « aux sénateurs. Auj. le mot désigne 1. le lieu :
vent favoi"ablc, et « grant orage », tempête. où se tiennent les musiciens; 2. le corps des
Auj. la signification s'est rétrécie et ne com- musiciens d'un théâtre. —
D. orchestrer.
prend plus que ce dernier sens. C'est un dé- ORCHIS, plante dont les racines ressem-
rivé du vfr. ore, qui est le L. aura (it. aura, blent à des testicules, du gr. ép/n, -i5oî, testi-
ora, esp., port, aura), d'où vient aussi l'an-
— cule. —
D. orchidée.
cien mot orée, pluie d'orage. D. orageux. ORD, ORT, vieux mot =
vilain, sale (en t.
ORAISON, L. orationem (orare). de commerce, ort s'emploie encore en opposi-
ORAL, L. oralis (os, oris). tion avec net, « poids ort » =
poids brut), du
ORANGE, BL. arangus, arangia, aran- it. L. horridus, qui excite l'horreur, repoussant.
cio (à Milan naranz, à Venise naranza), esp. — D. ordure; verbe ordir', salir.
naranja, port, laranja (basque larania), cat. ORDALIE, vfr. ordel, jugement de Dieu,
taronja, valaque neranze, gr. mod. vsoàvT^i, BL. ordalium, de l'ags. ordûl, v. saxon ur-
V. flam. arangie, aranie. "Toutes ces formes déle, angl. ordcal, ni. oordeel, ail. iirteJ, ur-
diverses sont des défigurations plus ou moins teil, jugement.
fortes du persan narenj, arabe nâranja, hin- ORDINAIRE, L. ordinarius (ordo, -inis);
doustani naringe. La forme française est ordinal, L. ordinalis; ordination, L. ordina-
l'effet d'une relation imaginaire avec or; en tio.
effet, les Latins appelaient les oranges des ORDONNER, vfr. ordener (voy. ordre), du
pommes d'or, aurea mala. Du latin moderne L. ordinare. —D. ordonnance, vfr. orde-
pomum aitrantium, les Allemands ont fait le nance ; ordonnateur, L. ordinator; désor-
composé pomeranze. —
M. Eug. Fournier donné =
déréglé.
(Mém. de la Soc. de linguist. de Paris, I, ORDRE, vfr. ordene (l'accent sur o), prov.
122) démontre que la vraie source de ce mot orde, orden, esp. orden, it. ordine; de l'ace,
est le sanscrit nûgaranga, un des dix-sept latin ordinem (nom. ordo);c]').cofre de cophi-
noms sanscrits de l'orange, qui signifie éty- nus. —
D. verbe ordener', devenu par abus
niologiquement « rouge [ranga) comme du ordonner. —
Cps. dés-ordre, sous-ordre.
rninium (nâga) >.
ORDURE, voy. ord. —
D. ordurier.
. —
ORGANDI, mousseline très claire. D'où ? forme française, à laquelle on n'aurait pas du
ORGANE ^mot savant), L. orfjanion (ôp^x-jo-^). renoncer, est le vfr. orine. — D. original et
— D. organique, L. organicus; organiser originel, L. originalis (d'où originalité) ori-
—
;
langues romanes (le wall. onrbire peut diffi- ORVIÉTAN, it. orvielano, du nom d'un
cilement venir de orbitaria). Il pense que la opérateur italien, qui s'appelait Orvietano
forme ormière vient de l'it. orma. d'après la ville d'où il était ; son nom véritable
ORNITHOLOGIE, science des oiseaux (o>»i- était Lujipi.
ORYCTOGRAPHIE, -L06IE. -6N0SIE; le
ORPAILLEUR, par corruption arjMiUeur, premier élément do ces composés est le grec
qui tire dos paillettes d'or du sable des fleu- ô/suxTo';, fos.silo.
ORT, voy. ord. dès les premiers temps du moyen âge, avait
ORTEIL, vfr. arteil, lang. artel, artelh, du pris le sens d'armée. En picard, ost signifie
L. articulus, pr. jointure, pais aussi doigt. encore troupeau. —
D. vfr. ostoyer, guer-
L'orteil a pris son nom comme étant le doigt royer, = it. osteggiare.
de pied par excellence. Cp. it. artiglio,— OSTENSIBLE, adj. moderne tiré du supin
griffe, esp. artijo, port, artelho, membre, ôstensum de ostendere (obs-tendo), montrer,
articulation. d'où aussi ostensif, et le subst. ostensoir (cp.
ORTHODOXE, gr. àc&oSoÇo,-, d'opinion (So'la) ail. monstranz de monstrare).
iuste (ôp&o;). — D. orthodoxie. OSTENTATION, -ATEUR, L. ostentatio,
ORTHOGRAPHE, dugr. op&ovp»?'«. écriture -atcr (de ostentare, fréq. de ostendere, mon-
juste, correcte. Voy. graphie. — D. verbe trer).-
orthographier. OSTÉOLOGIE, science des os, du gr. ôttsov,
ORTHOPÉDIE, terme scientifique, fait d'un os.
type grec opaî-axif^î-ia, formé de TracJsia;, ma- OSTRACISME, gr. à^rpot/tî-/©,-, subst. de
nière de traiter les enfants, et de ôpSo;, droit. ô-.zr^y./JXin =^ fr. ostraciser.
ORTIE, L. urtica (urere). D. verbe or- — OSTROGOT, du nom de peuple Ostrogolh,
ticr. pr. Gotli oriental.
ORTOLAN, it. ortolano, Linné emeriza : OTAGE, ostage', it. ostaggio, esp. hostaje.
hox'tulanus; du L. hortulanus, jardinier, prov. ostatge; i'étym. traditionnelle, patronnée
,
[prendre ostage =
s'établir, s'installer); pour- dire « traiter en ennemi, en pays conquis ",
quoi le mot ne s'appliquerait-il pas à l'état puis « x'avager, piller, enlever » cf. l'ail.
;
liostie, à cacheter.
auj. pain M. de Mon- — dants de ce mot, wall. ureçon, port, ouriço,
teil, par une bévne assez curieuse, dérive angl. ii.rcliin.
oublie du verbe oublier, parce que ces gâteaux OUTARDE, it. attarda, esp. aoutai'da, port.
sont si légers qu'un moment après les avoir abetarda, bctarda, prov. austarda. Toutes
mangés on ne s'en souvient plus, on les ces formes rojjrésentent L. avis tarda, quoi
oublie! — D. oublieur, faiseur d'oubliés qu'en dise Ch. Nodier, qui, no se souciant
(anc. oblatjer) ; oublierie. que de la forme française, rapportait outarde
OUBLIER, vfr. oblier (d'où it. obliare), à oue (= oie) tarde. On lit dans Pline, H. N.,
prov. et v. esp. oblidar, n. esp. et port, (par 10, 22 proximse iis sunt quas llispania avcs
:
transposition) olvidar, du L. oblitare, fréq. tardas appcUat. Les mots latins se transformè-
de oWmsce (sup. oblitum). —
D. subst. verbal rent d'abord enau-tarda, d'où otarda, utarda,
oubli (it. obblio, prov. obUt)\ oublieux, fr. outarde. Par une nouvelle prosthèse de l'élé-
oubliettes (ceux qui y tombaient étaient censés ment avis, l'esp. fit av-utarda. Le aus dans
oubliés à tout jamais). le prov. austarda est une reproduction plus
OUEST, ags. vest, angl. et ail. west. complète do l'élément ai*i:f. Le vfr. et champ.,
La forme prov.
par aphérèse de la syllabe initiale a de avis
OUI, vfr. oïl, prov. oc.
tarda, et par le durcissement du v devenu ini-
repi'oduit nettement le lat. hoc, cela; l'adv. oc
équivaut ainsi à « c'est cela »>. A cet oc corres-
tial en b, ont fait bistarde. —
Comp. la facture
pond dans l'anc. langue parlée en deçà de la analogue du mot autruche. D. outardeau. —
Loire le mot o (" je n'en sais plus ne o ne OUTIL, vfr. ostil, tistil, wall. usteie. Lerf
règU's s'opposent à ce que l'on admette pour
non »). Combiné avec le pronom illtul, le pro-
nom hoc a produit l'ancien adverbe o-il = hoc primitif le L. u.tcnsilc; ce dernier se serait
cienne forme awil, que l'on objecte tout par- et qui répondent à un type lat. usatcllum,
ticulièrement, ne présente aucune difficulté dim. de usato, dér. lui-même de usure, fréq.
;
les dénominations lavgue d'oc et laur/ue d'oïl. Littré allègue le RL. itsibilia, tistensiles
— L'explication de o-ïl par hoc illud doit (ix* siècle), qu'il suppose avoir été gâté en
—
être modifiée aujourd'hui dans le sens de usitilia, d'où oustils. L'étym, utilis doit
du français qu'il a passé au prov. et an cata- même primitif grec s'est produit le terme de
lan. Quant aux formes qui commencent par d chimie oxyde.
on peut, dit-il, les rattacher sans doute à de- OXYDE, voy. l'art, préc. D. oxyder. —
opcrirc, mais on peut aussi y voir ouvrir com- OYANT, part. prés, de ouïr, entendre.
PACAGE, anc. pascagc, pâturage, dér. du tions », à la suite de Y An des Sept Dames,
L. p)'^''^'^^'^'-^'^> pâturage. —
D, pjacagcr. Du m'a suggéré l'idée (pie pagina a pu produire,
même rad. latin ^jasc, paître, et non de pa- à côté de page, une forme par// p. pagre, 6'
ganus, vient le terme 2'icicant, manant, lour- comme ordre existe à côte de orde* et 1 ambre*
daud, cp. rustre, pr. paysan. à côté de lame. Page est un mot récent dans
PACHA, mot turc signifiant gouverneur, la langue selon les lois strictes, il aurait dû
haut dignitaire. —
D. pachaJik.
;
PACOTILLE, du même radical que ^jff^'iîe^. étoffe, linge, lange, fr. pian.
PACTE pachc, d'un type BL. paxusV),
(vfr. PAGNON, drap noir fabriqué à Sedan,
L. pactum (pacisci), d'où aussi l'ail, pacht, nommé, dit Littré, d'après le premier fabricant,
m. s. —
De l'adj.L. pactitius, convenu, vient PAGNOTE, poltron, lâche, de l'it. j)agnotta,
vfr. imctis, convention, qui, à son tour, a sorte de pain [pane). « Les Italiens, dit Mé-
pages mousses). Littré admet pour type le sens de sot, puéril (digne de l'enfant en
une ioiina pagius p. pagensis, paysan, le mot langes), enfin le terme rourhi* s'épagnoter,
signifiant à l'origine un .serviteur de bas étage; faire le fainéant, parlent en faveur de l'étym.
c'est bien douteux. pagne = esp. pàno, drap, morceau d'étoffe,
2. PAGE, du 1j. ptagina [\mn-
subst. fém., lambeau, tapis. — encore les
Je rappelle
gcre), comme ordc" de ordinem, lame de la- significations de ail. lump, gueux (de lamp-cn,
mina, famé* femme de femiiia. L'emploi lambeau), laf/e, fat, nigaud, =^ lappen, lam-
constant A.G parge p. page dans les " Correc- beau. — D. pagnolcrie.
24
. ;
PAILLARD, voj. paille. Le mot n'a rien à adjectif formé d'un subst. avec lo suttixe ible)-.,
faire avec gr. 7ra/ia/.t; ou lat. pellax (concu- apaiser (v. c. m.). —
Voy. aussi payer.
bine). — D. paillardcr, -ise. PAL, L /)a7z«(d'où aussi l'ail, pfahl, m. s.).
1. PAILLASSE, subst. fum., voy. paille. Voy. aussi j^ieu. — D.j)alé, pale'e ; palis (d'où
— D. paillasson. 2)alisscr), L. imVic'nis ; cm-jjalcr.
2. PAILLASSE, subst, masc, bateleur, PALADE, do palata, mouvement do
l'it.
boulfon, de paillasse 1, à cause de son habit rames ; celui-ci du subst. pala, le bout largo
fait de toile à paillasse. do la rame, qui est lo L. pala, chose plate ;
PAILLE, it. jmglia, esp paja, prov. port.
, ,
voy. pale et pelle.
pallia, du L. palca, m. s, —
D. paillasse, d'un (formo adoucie de palatin), du
PALADIN
iy^c jjaleacca ; verbes pailler et cm-puilhT , L palatinus, mot appliqué en premier lieu
subst, pailler, cour d'une ferme (L. palca- aux seigneurs vivant dans lo palais de Char-
ràcwî, grenier à paille); pailleiac, qui ren- lemagne.
ferme des pailles ; pailletle, petite lame ou 1. PALAIS, maison prlnciôre, prov. joa/ai,
parcelle d'or (cp. lo L, œrispalcœ, == limaille palait, it, palasso, palagio, a.ng,\. palace, ail.
de cuivre); ^;a«7/o», i)etito feuille do cuivre pfals; du L. ^talatium.
battue très mince (d'où paillunner) ; paillât, 2, PALAIS,
partie siipérieure de la cavité
l)etitepailhusse; paillard (v, c, m.); que lo de bouche. Vouloir douter de l'étymologio
la
sens premier de ce mot soit fripon, coquin, ou L. palatum, qui signifie absolument la mémo
liommo adonné aux plaisirs do la chair, chose, .semble prescjuo se créer dus difiicultés
l'idée foncière est toujours « qui couche ou à plaisir. Et cependant, les règles phonologi-
qui se vautre sur la paille », indice de ques s'opposent absolument à cette dérivation ;
paresse, de gueuserie, aussi bien que do palatum n'a pu se franciser en palais; co
luxure ou de débauche. primitif latin réclame une forme jjalet ou
PAILLER, subst voy. l'art, préc.
,
paie, dont il n'existe aucun exemple. Diez,
PAILLET, sorte de vin, d'après quelques- avec l'accent de la conviction, identifie donc
uns, le dimin. de paie, vfr. palle (v. c. m.); notre mot avec le précédent, dont il ne repré-
cp. en ail. bleicher, vin clairet, de bleich, senterait qu'une acception métaphorique, Lo
pâle; d'après Littré, Hlg paille, à cause de la vfr. palais .signifiait la .salle voûtée d'un châ-
couleur de ce vin, (jui tire sur celle de la tt^au, diistiné.e aux solennités et constituant
paille. On dit en clfut vins de paille.
d'ordinaire une construction séparée. C'est do
PAIN, L. panis. là que découle l'acception figurée du subst.
1. PAIR, adj., L. 2^<^'>'- —
D- l^ciire (ail. palais =
voûte de la bouche. Cette métaphore
jmar), couple, deux choses semblables, qui n'est pas restreinte à la langue française;
vont ensemble; opp. impair, L. impar. elle a ses analogues dans d'autres langues.
2. PAIR, subst., angl. peer, du L. par, Diez rappelle d'abord un semblable transport
égal. Les pairs de France ont été ainsi nom- d'idée, mais en sens inverse, dans l'expression
més parce qu'ils étaient égaux en dignité et d'Ennius « cœli palatum ", le palais, c.-à-d.
en pouvoir. —
D. j)airie, pairesse. la voûte du ciel ; puis il s'attache aux expres-
PAIRE. \oy. pair 1. sions suivantes, employées dans les langues
PAIRLE, t. de blason, du L. palus (avec sœurs pour palais it. il cielo délia bocca,
:
chardt, du kjniri pair, bret. jt^er, chaudron. Les langues slaves ont également le inciiie
L)icz rattachait le mot, par les intermédiaires mot [neho) p, ciel et pour palais. Pour —
patinol, patnol, pjatrol, à L. patina. nous résumer, l'opinion de Diez est que lo
PAISIBLE, voy. paix. pjalais =
L. palatium ayant pris le sens de
PAISSEAU, paisscV, L, paxillus. — D salle voûtée, puis de voûte tout simplement, a
Jjaissdcr. donné naissance au mot jjalais ^= voûte de la
1. PAISSON, subst, ién-i.,yoy. paitre. — bouche, organe du goût, —
Après tout, il se
D. paissoaaier peut que notre mot ait été tiré de jialatum
— •
par voie irrégnliôre, par assimilation à un décompose ce mot en palle-toque (robeà capu-
mot homonyme très répandu. chon^; en flamand on trouve paltrocketpalts-
PALAN, anc. pal aiic, du \>\ui\it. ])a!anchi, rock, défini par « vêtement long et ample » ;
rouleau à rouler les faix, qui est, avec chan- quoique les lexicographes néerlandais le con-
gement de genre, prob. le L. palangœ ou sidèrent comme une composition bâtarde faite
phalangœ, « fustes teretes per quos naves in sur le fr. palletoc, Littré y voit la source du
mare attrahuntur ". —
D. dim. palanquin mot fr. , en l'expliquant par robe (rocA; de pè-
(t. de marine; palatxquer.
;
lerin [palster):, mais cette explication me pa-
PALANCHE, palanca; même origine
it. raitmal fondée ni Kiliaen, ni Weijland ne
:
c^\(i palan. —
D. palançon. connaissent le mot palster autrement qu'avec
PALAN QUE, prob. le même mot que le préc. lesens de gros bâton ferré, canne à épée. —
PALANQUIN, sorte de litière; mot indien. D. paltoquet, paysan, rustre.
PALATAL, L. p)alataUs (palatum), PALETOT, altération de paletoc (v. c. m.).
PALATIN, L. palatinns fpalatium). — 1. PALETTE, planchette mince à différents
usages, angl. pallet, voy. pale.
D. palatinat, dignité ou domaine de l'électeur
2. PALÉTIE, p3tite écuelle d'étain, pour
palatin palatine, nom d'une fourrure portée
;
recevoir le sang de ceux que l'on saigne, con-
par les femmes ce nom se rapporte à la
;
aventureuses explications au sujet du mot pa- cle), a francisé le mot par pallddes au cas-
lefroi, en mettant en avant la formule imr le sujet, yiav palladion au cas-régime.
frein (cheval conduit par le frein), ow palœs- PALLIER, L. palliare, litt. couvrir comme
trœ fractus, rompu au manège, ou pallium d'un manteau [pallium). L'ail, donne au mot
fere)is, etc. bemànteln (de mantel, manteau) mêmes
les
PALÉOGRAPHIE, science qui a pour objet acceptions figurées qu'a prises le verbe fr.^a/-
les écritures anciennes, mot forgé de rizh^io;, lier. —
l). palliation, palliatif.
ancien, et ypcfn, écriture. PALLIUM; mot latin signifiant manteaiu.
PALÉONTOLOGIE, science des êtres primi- PALMAIRE, du L. palma fr. paume. =
tifs ou anciens (-à/o<i «vrz, existant autrefois). 1. PALME, fém., L palma. D. pal- —
PALERON, \oy. jjule. mier, L. palmav'ms •,23alm.elte, palmiste, pal-
PALESTRE, h.imlœslra (7rz>aÎ7Tpz).. mite.
PALET, voy. pale. D. p)aleter. — 2. PALME, masc, mesure de longueur, L.
PALETOC, -OQUE, plus tard paletot, esp. ixdmus, m. s.
dans Johnson, l'explique par jxilmc-feitillet, plôme. Prob. composta de eharta, et do zàv,
feuille que l'on tient facilement dans la paume tout; c'était, dans le principe, un diplôme con-
de la main ; d'autres proposent par/ina filata firmant tout à la fois; cp. gr. uavoî/rv;;, re-
(je ne sais ce que l'on entend par là), paulm- cueil universel, L. pandectœ. Frisch expli-
fii/leaf, feuille volante grande comme la main, quait le mot à tort par une contraction de pa-
et autres tours de cette force. Le plus ancien tcnle-cartr.
emploi du mot se rencontre dans Richard de PANDECTES. voy. l'art, préc.
Bury, l'auteur d» Philobiblon (xiv^ siècle) PANDORE, ancien instrument du genre
sous la forme pampletos; cela nous rapproche lutli; VDV. ma)idore.
singulièrement de l'étym. indiquée par Web- PANDOURB, da la ville de Panditr (Hon-
ster, Wedgwood et Weigand, savoir : l'esp. grie), qui avait fourni le premier contingent
papeleta, petit papier, petite gazette, dimin. de ces troupes
depapel, papier; pour la nasalisation de l'a, PANÉGYRIQUE, du gr. Tratwjyuîtzo; s. e.
cp. flam. pampier, papier. —
La conjecture )6/o:, discoursprononcé dans une assemblée
étym. la plus récente est celle de G. Paris; il générale ou dans une solennité par restric-
rappelle le mot pamflette dans la traduction tion =
discours laudatif. D. panégyrismc, — ;
PANORAMA, mot nouveau, fait du grec est employé comme subst. et signifie essouf-
TTÎv, vue, donc pr. vue sur le
tout, et opixux, flement, au fig. aussi détresse, confusion. On
tout, vue embrassant tout l'horizon du specta- trouve encore en prov. le verbe j)anto<'^ar,
teur. aussi 2)ctnteiar, n. prov. pantaigea, valaque
PANOUFLE, morceau de peau de mouton panto'arar, être coulât d'haleine En fr. le ra-
avec sa laine dont on garnit des sabots prob. ;
dical pmnt a poussé les rejetons pantoier'
du radical panne, fourrure, avec une termi- [d'où le snhst. 2'M7itoicme)it), et le dim. 2^(i>i-
naison assimilée à celle de manov.fle ou de teîer, haleter. Diez déduit ces mots de l'angl.
pantoufle. pant, haleter, qui vient à son tour, d'après
PANOUIL, épi de maïs, d'un type L. panu- lui, du cymr. ^)a;?^, oppression. Millier do
culus p. pta^iiculus, dim. de jmnicum millet. mande si l'angl. p>ant n'est pas plutôt d'ori
On trouve dans Festus la forme fém pjanu- gine romane et si les mots romans ne peu-
cula, à laquelle l'épond Fit. pannocchia, esp. vent se ramener au L. 2')andicidari, s'étendre
panoja. en bâillant. Le d changé en t ne m'arrêterait
PANSE, pic. panclïc, prov. ^jansa, esp. pas (cp. démantibuler), mais les sens concor-
panzo,pancIio,\t. pancia,ii\\. bantsch, banze, dent-ils suffisamment? —G. Paris (Rom., VI,
a.ng\. pmunch, du L. pantex, jjanticis, abdo- 629), insistant sur le fait que dans les dialectes
men. De là viennent aussi it. panciera, esp. du midi, 2WJïtaiser, a, dès le moyen âge, à côté
panccra, vfr. panchire, ail. panier, partie de son sens « être essoufflé », celui de rêver,
de l'armure qui couvre le ventre. D. — pense quïl doit proprement signifier «avoir le
pansu. cauchemar » et se rattacher à phantasiare ;
PANSER; la première signification de ce les adj. ^jaH'rtïA*, par/to?"s seraient ainsi =^
verbe est soigner, prendre soin. Comme l'a 2)hantasticus Cette opinion, partagée par
.
déjà fait remarquer Nicot, c'est le même mot Tobler, peut soulever quelques objections,
que27enscr, réfléchir, méditer, porter son at- d'abord pour l'initiale j), puis à cause des
tention vers, etc. Penser se construisait formes pantoier, 2^o,7Ueler, mais elle est moins
d'abord avec de, ci ptenser d'un malade est une risquée que celle de Caix (Ztschr., I, 428),
expr. usuelle chez les trouvères. L'esp. pe7isar qui voit dans j;a;2toe'6'e7' une fusion du thème
signifie de môme penser et panser. Diez cite la 2)a)it -\- "anxiare (= it. ansare). Le génois
locution l&tïnc 2^ensare sitim, a\)nïser ouétan- pantasma « oppressione, incubo " cependant, ,
cher la soif. Pour la graphie j>a;ise?', cp. tan- favorise singulièrement la manière de voir de
cer p. tencer. —
D. }-)anseme)it. Paris.
PANTALON. Le nom et la chose viennent, PANTOMIME, L. 2'>antomimus (7rxvTo>t,(/.o,:,
disent les étymologistes, de Venise, dont les litt.qui imite tout).
habitants portent le sobriquet Pantaloni, par PANTOUFLE, it. pantofola, p)antufola,
allusion à leur patron, saint Panlalcon. — esp. pantuflo, ail. pantoffel. D'origine con-
PantaJo7i est également le nom d'un bouffon troversée. Budé songeait à une composition
vénitien, de là pa)italonnade. Quelques- — grecque 7rav7cys//o;, ïitt. tout-liège, "crepidse
uns pensent que l'acception « culotte qui des- quarum solum subere constat ". D'autres ont
PAP 374 — PÂP
proposé une composition de îrarnv, marcher, gallo, csp., port, papagayo, prov. papagai,
et de r^'ù'ioi, li«>go. Roquefort y voyait le angl, popinjay, ail. papagei, grec du moyen
L. pcditm infula, do même que Turnèbè âge TTaTrayi;, gr. mod. :ra:Tayà))94. L'origino
expliquait moufle [v. c. m.) par manuum de ce nom du perroquet reste douteuse. On y
influa. Môna<re faisait venir le mot de l'ail. a vu un composé de papa, prêtre, et do geai
pantoffeî, qu'il s'était fait expliquer par ,
{xîv. gai) on gallus {coq), les prêtres « ayant
quelque paysan de la Haute-Bavière, sans beaucoup aimé à entretenir cette espèce d'oi-
doute, comme une composition de ^<?;?, jambe, seau ". D'autres ont recours à /jo»i(5-/7(j//».f,
et de toffel, tablette, lame, semelle. Ces tenta- paon-coq. L'arabe bahagà, m. s., est, selon
tives sont dépourvues de toute valeur. Ce qui Diez, un emprunt, ot no le fùt-il pas, le h
nous semble devoir être admis en premier arabe ne devient jamais j) en roman : au con-
lieu, c'est que le fr. pantoufle (sur lequel les traire, l'arabe adoucit le 7) en 6 (cp. Bograt p.
autres mots cités paraissent être copiés) e.st la Ilippocrate). —
Nous pensons que le mot se
forme nasalisée depatoitfle, comme le prouvent compose de gai oji geai' et de pape, antre
le néerl. pattuf/'el, et le piémont. jyatofle, et nom d'oi.scau multicolore, osjièco do vcrdier.
que la première partie du mot est le subst. Ou l'élément ;)07)c tiendrait-il à la racine pap,
patte. C'est à ce même primitif que se rap- babiller (v. l'art, suiv.)? Il va de soi que nous
portent les expressions genev. patoufle, rou- ne prenons pas au sérieux l'interprétation do
chi et novm. patoi(f= homme au pas traînant, Génin papegault
: =
qxùpape le gault, c.-à-d.
lourd (cp. fr. pataud). Ces vocables se rap- qui mâclionne les branches de la forêt.
prochent trop de notre patoufle ou pantoufle, PAPELARD, it. pappala7'do, faux dévot,
qui signifie chaussure traînante, pour ne pas anc. marmotteur de prières. Le Duchat di^finit
être tenté de les identifier, en expliquant la le mot par « qui trafique dos bulles papales et
valeur « homme au j)as lourd « comme une qui élève la puissance du pape au delà de ses
acception dérivée de celle de pantoufle, justes bornes ». Cette explication n'a aucune
chaussure. En tout cas, il reste à rendre vraisemblance; quant A la véritable, je l'at-
compte de la terminaison oufle. A ce sujet, tends encore, à moins que celle do Génin
Diez, que nous avons suivi pour la première « qn'i pape du /arrf en cachette tout on feignant
partie du mot, émet la conjecture que patoufle un régime austère » ne soit approuvée. Du
pourrait avoir été tiré de patte sur le patron Cange n'a pas mieux rencontré en disant :
du mot manoufle, encore employé en Pro- " qui papœ fréquenter exclamât ». Y aurait-
vence pour moufle (v. c. m.) et qui, d'après il quelque rapport avec l'ail, pappeln (aussi
Dicz, accuse un type L. manupula p. mani- babbeln), \iii\ii\\cr, bavarder? Un juipelard
jnda. —La forme catalane plantofa n'est .serait ainsi un dévot qui ne fait que remuer les
qu'une détérioration de pantofla, par la trans- lèvres et marmotter des prières. Enfin on peut,
position de la liquide, motivée sans doute par en supposant un sens premier « qui fait l'in-
une allusion au mot ])lanta, plante du pied. nocent, le petit enfant », voir dans papelard
PAON, L. ]Mvo, -onis. Pour la pronon- une acception figurée et burlesque, tirée do
ciation ^)an, elle est analogue à celle de tan p. celle de mangeur de j)appe, de bouillie. —
taon, Lan^. Laon; mais pourquoi l'Académie Meunier (Les compo.sés, etc., p. 219), comme
a-t-ellesanctionné la graphie paon, taon, et Génin, rattache l'élément /)a/»c au verbe pa-
répudié flaon p. flan f Sans doute pour éviter per « avaler do la bouillie », ou « avaler
la concurrence dejmn, tan avec j)(ion et taon. comme on avale de la bouillie », et définit le
Quoi qu'il en soit, la contraction ;)a?î, tan mot par « homme qui mange du lard les jours
contrarie la règle qui exige que la voyelle d'abstinence en lecommandant aux autres de
atone a soit absorbée par la tonique o (avûn- faire maigre ». Il cite à l'appui ces deux vers
culus n'a pas donné ancle, mais oncle), mais des Miracles de la sainte Vierge :
la même irrégulai-ité se remarque dans les
Tel fuit devant le papelart.
formes verbales sonnan, trovan p. sonna on, Qui jMir derrière pape lart.
trova on, qui se présentent dans le.s Poésies de
Froissart. —
D. 2)0,onne, paonneau. Le verbe PAPELINE, de pape, parce qu'elle
étoffe ;
sep)avancr se rattache à un adj. inusité pa»a- se fabriquait à Avignon, terre papale (?), ou
oius, tiré de la forme accessoire \a.Wne pavus, parce qu'elle servait aux costumes des papes.
iém. pava (on trouve, d'ailleurs, en anc. fr., L'angl. poj^e =
fr. pape a donné lieu à la
(TriTTuo-s;), par rintcrmôJiairc cVim adjoctif quand ils appartiennent au fonds commun ou
2Ktpirhts; l'esp. jîa^K*/ ac?.ase, par son accent ancien de la langue (p. e\.,2'iarfait, parvenir);
tonique, pour type immédiat le subst. ils conservent la forme per lorsqu'ils sont
assimilation de forme. —
D. papilloter; le pour créer des composés les mots où il se ;
—
sens de ce mot, appliqué au mouvement invo- trouve sont d'origine grecque ou latine.
lontaire des yeux, q>ii ne peuvent se fixer, 11 faut distinguer de ce para-ci celui des mots
un mot séparé, signifiant b'^aucoup, fort. Ainsi signifie: 1. " conditionis ac nobilitatis paritas,
on dans la Chanson de Roland Sur lui se
lit : juxta quam baronos debent maritare sorores
pasmet, tant par est angoisseux; cp. l'emploi aut amitas, fratres aut nepotes ". donc égalité
du L. per dans « per autem, inquit, inconse- de condition sociale, 2. ipsa nobilitas. Le Vo-
quens » (Aulu-Gelle, XIV, 1 ). Nous avons en- cabulaire d'Evreux traduit ;3ara^e par cogna-
core un reste de cet emploi dans la locution tio. Parage est donc un dérivé de par, fr.
jiar trop (cp. L. pernimium). Les verbes la- pair; « de (\\\e\ parage est-il? » équivaut à
tins composés avec per changent |)cr en par « quels sont ses pa?r5 ou égaux? ». Il faut
PAR PAU
absolument écarter l'étym. par L. pa7'nr, voir que Y\i.2^aragoiie csi issu du vcvhoparago-
ongondror, selon laquelle pavage no diiait varc, X frotter à la pierre de touche, essayer «
autre chose que naissance. (le premier sens serait dans ce cas - essai ").
2. PARAGE, étendue de ccitcs accessibles à Or, 2^07'agonar(' répond parfaitement au gr.
la navigation do l'adj. BL. paragins, con-
;
TTz^'sazoviw, « frotter contre », un composé do
tigu, proche, mais ce 2if^)'agi us, d'où vient-il? à.M-ix'A, « aiguiser, affiler », qui vient de
Du gr. 7r'(5i/:iv, conduire ou marchera côté? à<ovr], « queux •». On trouve même en moy.
Il se pont que notre mot, comme le précédent, grec le subst. 7tz,î«/ovvj comme nom de la
exprime une égalité de condition, ici de con- pierre qui sert aux miniatcurs pour l'imposi-
dition physique. On bien pavage serait-il tout tion de l'or. —
Il y a longtemps qu'on s'était
bonnement le subst. du verbe 2^C''''^' ^^'"i'' clForcé à trouver à ce mot un type grec, et
^jarcr (doubler) un cap ? —
Littré, faisant fond l'on a tourmenté à cet eirot tantôt le verbe
sur le BL. jxnr/yùon (xiii'' siècle), pense à Tc-^yx/wt, conduire, mettre à côté, tantôt rao»-
une dérivation du L. pa7-ics, fr. pavni : le ywv;^:î&7t, lutter. Nicot disait alors que c'était
parage serait la paroi de la mer. Cola me « le rapatrier trop loing ». —
D. pavangonner,
.semble hai'di. PARAPET, petit mur à hauteur d'appui do ;
PARAGOGE, gr. Tra.ox/wyvî. addition. l'it. 2>ci''(i-2'clto, litt. = qui garantit, protège
PARAGRAPHE, du gr. 7:«,ay,îavo;, litt. {2^ava) la poitrine [2^etlo). L'ail, a imité le
(signe) écrit à côté, en marge. Le mot s'appli- terme en disant brust-icehr, pr. défense do la
quait dans le principe à un petit trait destiné poitrine.Le ;jc<^o italien est le L. jicclus.
à marquer la séparation des versets ou des Pour pava, voy. jmrachiite.
subdivisions d'une composition écrite quel- PARAPHE, voy. pavafe.
conque. Le nom de la marque, dans la suite, PARAPHERNAJj, du gr. Trrpàpj.ovo; (do
est devenu celui de la chose marquée. L'no :rr;5-i yîovTîv, cn dehors de l'apport ou do la
transition de sens analogue se remarque dans dot).
le mot tilve =division d'une loi. Voy. — PARAPHRASE, gr. :ra:>âp««ïi;, développe-
aussi pavafe. ment explicatif. — D. parajmvasrr.
PARAGIJANTE, présent fait en reconnais- PARAPLUIE, voy. imrachute.
sance de quelque service; mot espagnol signi- PARASITE, gr. Tr^joiTirs-, litt. qui mango
fiant « pour les gants »>, « parce qu'on ne don- (•jirîTîj/i) avec, ou plutôt à côté.
nait d'abord pour un présent honnête qu'une PARASOL, de l'it. ^>rt?'a-5o/e. Voy. ji('-'>'<^-
PARENT, L. 2^(i^'dicm. D. 2^are7itaffc, gager (A met une somme pour, B une somme
vieux mot remplacé par 2^(iysnté; ce dernier, égale contre), du L. j)a?"/are (par), égaliser,
anciennement masculin, répond au subst. BL. balancer un compte. Jadis, j;a?'2gr signifiait
2}arentatus; 2'>circntèlo (cp. pour la forme clien- comme l'ail. j9«are;i, accoupler; de là est
tèle)-^ verbe apparenter. resté le terme de chasse jjarmrfe. Aujourd'hui,
PARENTHÈSE, L. 2^arcnthesis, gr. tixo- on emploie dans ce sens plutôt le composé
Iv^îîi;, pr. action d'insérer une chose à côté a2)parier.^ —
D. p)ari, subst. verbal; parteio*.
d'une autre; adj. parcnthélique, gr. Trao-vS-- PARITE, L. pjaritatern (par).
Ti/.o';. PARJURE, 1 . adj. = L.2)e)'-juriis ; 2. subst,
1. PARER, apprêter, orner, du h. 2')arare, = L. p)crj}iriian; se pjarjurer = L. per-
appi^êtcr, dans la latinité du moyen âge = jurare.
orner. — D. parement, parure, 2^o.rad e, ré- PARLEMENT, subst. de parler, pr. entre-
parer. tien, conférence, puis assemblée délibérante.
2. PARER, écarter, détourner, éviter (un — D. parlementer, conférer, négocier; 2^<^'>'-
coup), ail. ^)a?7re;?. Cette signification de lemoifaire, -arisme.
2^arer découle de celle propre au parer de PARLER, it. pjarlare, esp., prov. parlar.
l'art, prcc. par l'intermédiaire de l'acception Le verbe parler présente dans son anc. conju-
« soigner, mettre à couvert, protéger », accep- gaison deux thèmes: X.ptarol dans les formes
tion inhérente au BL. 2^n^'a^"e et qui perce portant l'accent sur le corps du verbe (ainsi
encore dans expressions it. para-29,c;/to,
les je ou il 2')ctroh^\ 2. 2^o,^'l '^ans les formes ac-
2')ara-sole (d'oii fr. ^^a^'a^jc^ pMrasol). On peut centuées sur la finale (ainsi nous parlons, je
comparer, pour le rapport logique, le L. de- 2mrloie, inf. j9rt?7cr). Le système actuel est
fetidere, qui signifie à la fois détourner, re- l'effet d'une dégénérescence; le thème des
pousser et protéger. —
Pour bien apprécier formes accentuées sur la finale a fini par l'em-
notre manière de voir, il faut ne pas perdre porter. Un infinitif paroler est étranger à
de vue que la construction naturelle de pMJ^er l'ancienne langue. Le mot représente BL.
est se 2'>arer de ou contre qqch.; les construc- ptaraholare (voy. parole). D. parlemiint —
tions ^:*arer qqch. ou à qqch. sont survenues. (v. c. m.); composé ^90ur^9arZer. Notez encore
J'ai pensé longtemps que ^7ar<37*d qqch. répon- les vieux mots bien em2Jarlé et emparlier,
dait au L. parem esse alicui rei se mesu- = avocat, d'où emparlerie.
rer avec, résister, tenir tête, mais je me suis
—
PARMI, =
jjar mi, it. per 7nezzo, du L.
ravisé. X). 2^aradc. per madium, au milieu de ; cp. le vfr. emmi
3. PARER un cap, le doubler, du L. iiar. = in média. —
Conformément à son origine,
C'est donc suivre parallèlement la même ligne /3ar>n2 signifiait autrefois aussi « au nuyen
que celle de la terre que l'on côtoie. L'étym. de, moyennant ».
PAT\ — 378 — PAR
PARODIE. L. parodia, gr. Tra/iMÔta, pr. p>atrino, csp. padriiw, du BL. 2'Xitrimts
coiitre-olinnt. — D. jjarodier. (pater).
PAROI, prov. paret, it. pai-cte, du h. parie- PARRICIDE, adj. et subst., rc.^p. du L.
tem (nom. paries). parn'cida ei parriddium.
PAROISSE, anc. paroiche, it. parroccida, PARSEMER, voy. seincr.
csp., prov. pjarrorjitia, BL. parocliia, gât6 du 1. PART, subst. masc, L. ^ar<»5 (parère).
grec Tz-xfjtn/.iy, d'où le 1j. parœcia (saint Augus- 2. PART, subst. fémin., portion
que l'on a
tin),source directe du mot roman. Le mot ou que l'on prend dans une affaire, puis =i
grec signifie pr. voisinage; la paroisse est, lieu, côté, du L. ^)«>\s', partis. A la dernière
dans le principe, l'ensemble de ceux qui acception, « lieu ou.ct>té «, so rapportent les
demeurent dans le voisinage d'une église. — locutions quelque part, de toutes parts, départ
D paroissien -ial.
. , cnjmrt, ^ pari (prov. a part, it. aparté). Si,
PAROLE,
anc. paraide, prov. paraiûa, it. dans la formule de par le roi, le par est pour
parnJa, anc. it. jMrauJa. Cette dernière forme p>art (voy. par), il y a eu confusion en sens
est directement produite du L. parabnia, pn- inverse, dans les locutions à part moi, à part
rab'la, par la résolution de b en ii (cp. L. fa- sot, que les anciens écrivaient à par moi, à
bula, it. fola, prov. faula; L. tabula, prov. par A'Oî, conformément au L. per se, oW. bei
tailla, fr. tôle). Par l'interver-sion des liquides, sich, angl. by himself. —
La locution pren-
du type parabla la forme
l'espagnol a fait dre en bonne part {(.hi bon côté) est latine in :
tion nous semble raisonnable ; les c^s sont en al se rapporte, pour le sens, au primitif
nombreux où se manifeste l'influence germa- ma.sc. parti; celui en el, au primitif fém.
nique dans les formes et les acceptions prêtées partie. —
D par<m/i<fc', impartial, se par-
.
en ail. sclieiden, =
diviser en deux, sich nommé qui se plaisait à lancer des brocards
schciden, se réparer, puis sclieiden, sens aux passants. —
L"it. pasquillo (fait, comme
neutre, =
partir. —
D. 1 les subst. de l'action
. suppose Diez, sur la base de 2^cisqui?ioJo) est
partetvent (vieux, aussi =
division) et par-. synonyme de pasquinata et a donné aux Alle-
ta7ice (le subst. départ du composé d<'partir mands leur pasquill et aux Liégeois leur
a prévalu sur ces deux formes); 2. les subst. p)askcie (chanson satirique).
de résultat, à forme participiale, l'un mascu- PASSABLE, voy. 2')(i'Sscr.
lin, l'autre féminin, savoir par/te (v. c. m.) et PASSADE, prov., port, passada, esp. jja-
piarti, pr. la part que l'on prend, le côté où sada, it. passata, passage, traversée, de pas-
l'on se tourne dans un partage d'opinions (cp. sare, etc.
l'expression latine par-tcs), enfin, le lot qui PASSAGE, prov. passatge, esp. pasage,
vous échoit, situation, etc. Le subst. latin — port, passagcm, it. passa^^î'o, 1. action de
jiartitionem, partage, division, classification, 2iasser, 2. lieu par où You pxtsse, puis endroit
n'existe plus que dans le terme musical p«?'<«- particulier dans l'ensemble d'une composition
tion ; les anciennes formes vulgaires par son et littéraire ou musicale. D. passager, adj. et —
2mrtison se sont perdues (voy. pa7^ço7î7iier) subst. (aussi vei'be, comme terme de ma-
— Composés départir (v. c. m.) et repartir
: nège).
(v. c. m.). PASSAVANT, ]). passe-avant, billet portant
PARTISAN, de l'it. partigiaiw, dérivé de ordre de laisser passer; cp. le terme prtsse-
parte (comme artigiano, fr. artisan, de arte). deboiit.
Autrefois, partisan désignait le chef d'une 1. PASSE, subst. verb. féminin (cp. pas 2),
bande de troupes légères, de là vient (outre la dépasser dans ses diverses acceptions. D. —
.signification militaii^e attachée encore au mot) dim. passercZ/c, passage ou ponton étroit pour
le nom d'une arme appelée en it. partigiana^ les piétons; passette, imj'iasse (v. c. m.).
angl. p)artisan, et que les Français, par une 2. PASSE, fauvette, du L. passer. Com- —
fausse assimilation à l'adj. pertuis percé, = posés 2)asse-bleu, passe-vert, espèces de pas-
—
:
cette habitude donna naissance à ce que, c'est ouvrir le rocher, faire un passage à
dans les mœurs chevaleresques, on appelait travers le rocher; " panduntur inter ordines
un pas d'armes » (Gachet). vise », signifie des passages sont ouverts
:
3. PAS, élément de formule négative, voy. entre les rangs. Passare serait donc d'abord
2ms 1 = ouvrir, donner passage, laisser ou faire
PASCAL, adj. de pasque* pâque (v. c. m.). passer, puis passer en sens neutre, c.-à-d.
PASQUIN, de l'it. pasquino, nom d'une sta- aller à travers, aller d'un bout à l'autre,
tue à Rome, contre laquelle on affichait des passer devant le regard pour disparaître en-
placards satiriques ; de Là it. pasquinata, fr. verbe comme élément ini-
suite. On trouve ce
pasqidnade. Le nom de la statue vient, dit la tial de composition dans une foule de siibst.
tradition, d'un nommé Pasqiano, tailleur re- servant à dire, soit « qui passe ou fait passer,
PAS — 380 — PAT
p. ex. :2iasse-coT(lo7i, passc-/ÎI, passepo7't ; soit rinvolto 2Msta », pâté de viande, 2. « mis-
(ï\
« qui surinasse, qui outrepasse ", p. gk..: j^assc- tura di varie cose », mélange, jiot-pourri.
droit, j)asse-fleii.r, dansunc foule dosubst. corn- Nous laissons à d'autres le soin dotablir com-
posés. — \i.2ms = passage; passe, passable, ment de ces significations a pu se produire la
j)assade^ -âge, -ant, -ation (d'un acte), -ement valeur du mot_ en tant que signifiant" pein-
(v. c. m.); passé, adj. et subst; 7>flsst'c, pas- ture d'imitation ». Kntendait-on d'abord
seur, passoire. Composés : compasser (voy. qualifier jmr là un travail do jjièces rappor-
compas), dépasser, outrepasser repasser, sitr- tées d'après diverses manières, non originales?
2iasser, trépasser. Notez encore la locution Il va de soi que l'étym. L. post, après, d'après,
tour de jmsse-passe. « qui vient de ce que les est réprouvable; 2iiistichc n'est pas une va-
joueurs de gobelets, en faisant leurs tours, riante (\o postiche. — I). ])asticher.
disent aouvcnt jjasse, jmsse «. Géniua traité— PASTILLE, L. pastnium (de jtasta, pâte).
la question de savoir si certaines a})i»lications PASTORAL, PASTOUREAU, -ELLE. voy.
du \crhe passer, telles que sejjasser de qqch.
: 2msteur.
(autr. on disait sans qqch.), jiasscr condam- PAT, t. d'échecs; d'origine inconnue.
nation, se Classer une fantaisie, je vous la '?k'î,])ast', L. ^xisfjï* (pascere). Voy. aussi
2Msse, n'appartiennent, pas à un 2)asser homo- re2ias.
nyme, c.-à-d. à une forme fréquent, du L. PATACHE, \Lpatascia,(is^.patache, néerl.
2Mli, souffrir, subir, tolérer. Je n'ai pas
2^ctas; d'origine inconnue.
encore d'opinion arrêtée à ce sujet, mais je PATARAFFE, corruption populaire à.<i pa-
crois que cette manière de voir est légi-
rafe.
time ; Froissart emploie souvent se souffrir
PATATE, esp., it. jiatata, angl. poiatoe;
dans les divers sens de se 2^cissei', c.-à-d. se mot américain.
contenter et s'abstenir. Je pourrais rappeler
PATAUD, propr. chien à groi^ses pattes.
encore de nombreux passages de nos trou-
PATAUGER, dial. patoier, 2mtouiller, pato-
vères, tels que celui-ci du Cléomadès d'Adenet
qucr, di'-r. de j}atte ; voy. ansai p<droi' il le et
le Roi :
cp. l'équivalent ail. imtschen.
Bien fait legièromont paxxci'
Ce que on ne jx'iU amender. PATE, 7)«A'/«*, it., esp., \tovi. pasta,du L.
Passer = passari\ tolérer, admettre, ex- 2)asta (Marc. Km pi riens). Le mot latin est-il
plique fort bien au.ssi l'adj. \{v. passé, reçu,
du vieux fonds de la langue, ou tiré soit do
admis, certain, et notre adj. 2i<^ssable, tolo- 2mscere {donc pr. nourriture), soit de Tr'/airoj
rable.
= formé(suj)position fondée sur ïcs[).plasta,
«= argile, pâte)? L'examen de cette question
PASSEREAU, du
dim. de passer.
L, passercllus (inusité),
— Cp. passcrct,
émerillon.
n'est i)lus de notre tâche. —
D. pâté (part, du
PASSERELLE, dimin. (\e j,asse 1. BL 2)astarc, mettre en pâte), cp. &\\..2^ustete;
PASSIBLE, L. 2)(issibilis (pati), susceptible 2>àtéc, 2i''tteu.x, 2y'tt<^n ! Vit 2'>asticcio, . pâté =
(voy. pastiche), a fourni les formes 2^àtisser,
de souifrir de là imjmssible, non susceptible
;
troupeau. Le même primitif latin, sous la cline vers l'opinion du savant allemand ;
forme du nomin. seulement, je serais plutôt porté à voir dans
2^àstor, s'est francisé en
2'jdtre, vfr. pjateliner une forme diminutive de ^jfli^aer,
paistre ; cette dernière
2^C'Si^'c<
forme était, dans la vieille langue, réservée au caresser (cp. angl. ^)a^, caresser).
cas-sujet, l'autre aux cas obliques. D. pas- — PATÈNE, L. imtena, plat.
toral, L. pastoralis ;|9astoi!rmu, -elle, dimin. PATENOTRE, francisation de pater nosler,
de l'anc. foi-me 2^0-Stour ; 2^astourelle, poésie premiers mots de l'oraison dominicale, appe-
pastorale. lée aussi vulgairement pater tout court. Du
PASTICHE, de l'it. pasticcio, m. s. (dérivé sens dérivé chapelet vient le nom industriel
i\.iipasta, pâte) = 1, « vivanda cotta entro a pjatcnôlrier, fabricant de chapelets.
.
tich, qu'il croit gâté, par aphérèse, du L. 2nitte, terme vulgaire p. pied. Patrouiller, —
lapalJtum,m. s. terme militaire, est donc une expression pure-
PATIENT, L. pja'ientcm == qui souffre. — ment populaire p. faire la ronde ou le guet ;
dér. de
PATURON, it. 2^»sturale, dér. du vfr. ^?«i"-
PATIS, L. 2>ctsticius p. ^^a^iïctfs,
tu7~e, corde pour attacher les bêtes qui paissent
2Kistum, supin de jxjscsn?, faire paître.
= it. 2'>c-stoja, BL. 2^o,storia (de 2^ci,stuin, supin
PÂTISSER, -1ER, -ERIE, voy. pâte. de 2Jcisci, paitre). Le mot désigne pr. la partie
PATOIS; d'après Ménage, approuvé par de la jambe du cheval où se mettait la pcii*-
Littré, p. jmtrois, qui représenterait BL. j>a- ture. L'ail, fessel a de même les deux accep-
triensis, indigène (cp. pour la chute de l'r tions. C'estau vfr. 2^ci,sture que se rattachent
prov. pays, et vfr. patois, localité, pays ;
'pati, aussi les composés empxitrer et dépêtrer (voy.
dans le Midi, on dit 2Mois p. compatriote). ces mots).
Cette étymologie doit prévaloir sur toutes les PAUME, L. jmlma {TTulxtrn)- — '
T). 2'>ciumer,
autres qui ont été produites aussi je ne re- ; pr. frapper avec le plat de la main en signe
l)résenterai plus mes arguments en faveur de la conclusion d'un marché, puis fixer la
d'une explication \mv2)^alots, langage du plat mise à prix, d'où jjawmcv, prix de l'adjudica-
pays. —
Je cite encore l'opinion de M. de tion dans une enchère ces valeurs des mots
;
Chambure (Glossaire duMorvan), qui rattache 2)aumcr et paumée, très usuelles en Belgique,
le mot à 2)aUC', patauffer, patouiiler. » Parler manquent dans les dict. de l'Académie et de
patois " rendrait une idée analogue à celle de Littré; ils ne portent que />a»;H3r, donner un
bredouiller, barboter, patauger. coup du plat de la main, et mesurer avec la
PATRAQUE, machine usée ou mal faite. paume. —
Le jeu de jiaume a reçu son nom
D'origine inconnue. On emploie particulière-' parce que primitivement, on lançait la balle
ment ce terme pour une montre de peu de non avec une raquette, mais avec la paume de
valeur cela fait penser à y voir une expres-
; la main. —
D. ^)a»me/^e.
sion burlesque et populaire, empruntée à PAUMELLE, espèce d'orge, de L. jmlma, à
])atraque, terme populaire p. pomme de terre, cause de la ressemblance des épis avec une
à cause de la ressemblance de forme. Le peu- petite palme.
])le dit de môme pour une montre épaisse, à
PAUPÉRISME, néologisme tiré du L. ^xfH-
l'ancienne mode, un oir/non. 2)er, pauvre.
PÂTRE, voy. pasteur. PAUPIERE, en vfr. anssï 2Jctupsrre. pal2»'e,
PATRIARCHE, h.patriarcha, <^v.-xrf.ixpy-ri:. 2Kipière, ït. pal2)ébra, esp. pdlptobra; les mots
— D. patritti'cal, -at. correspondants des divers dialectes romans (et
PAV — 382 PEA
csp. paves; d'après P'crrari, de Pavie, où ces ôter la peau (v. c. m.). — L'adjectif L. 2)elli-
boucliers se confectionnaient particulière- cius a donné le subst. pc/m<5. et la forjiie ulté-
ment. Diez rappelle aussi les formes valaques rieure 2>(^i^'ciarius a produit le fr. peaiicier'
pavëzê, hongrois pais et bohème jiaicesa. 2)caussicr, prov. 2>sllicier.
Chevallet allègue le gulloisjiarvaes, bouclier, PEAUSSIER, voy. 2^eau. —
D. peausserie.
dér. de 2Ja}'V, ce qui est entre deux, ce qui 1 . PEAUTRE, dans la locution envoyer qqn.
s'interpose; il cite aussi le bret. paves, = au 2)C(iutrc. Lo dictionnaire de Trévoux fait
pavois, mais je crois que l'étym. Pavie doit venir co mot du bas-breton, où, dit-il, l'on
prévaloir, surtout en pré.sence du vfr. jtaviois appelle ainsi les mauvaises filles ou les mau-
(Rom. de Troie « dcsoz le Xnawmc jfaviois »),
: vaises gens. Johanneau pense <jue lo mot est
qui répond à p)aviensis. L'ancienne forme p. cpeautre et que lo sens do la locution est
pavcsc/tc (d'où pavesché, muni d'un pavois, équivalent à envoyer paître. Roquefort inter-
mot fréquent dans Froissart; accuse pour type prète pycautrc par lieu de débauche. Enfin, l'on
la tonne pjaviscus, qui convient au.ssi k pavois. a prétendu à l'aventure que peautrc se disait
— D. du radical pav : verbe pavicr (t. do ma-
.
Litti-é, la source du mot est le nord, inùtr, PÉDICURE, qui a soin des pieds (qui pedes
étain, il faut admettre que peJtro
plutôt curât).
QtpcUre viennent àQpeautre\ nous aurions ici PEIGNE, vh\ pigiie, it. pettine, esp. peine,
un nouveau cas d un changement de au en el port, pente, prov. j^onche, du L. pecten, pec-
ou al., comme celui noté sous calme. D. — tinis. —
D. peigner., L. pcctinare, d'où pei-
le de blason pea((<r<^, qui se dit des poissons
t. gnoir., -eur, -ures.
dont la queue est d'un tout autre émail que PEINDRE, \ir.p)oindre[cp. le wall. de Liège
celui du corps. jjond)., —
prov. ^^(^'iher, du L. 2Ji'iff<!J'(^- ^^
PEO{hareng), salé dégagé du néerl. pekel,
;
supin la.tin jiictum viennent L. pictor., prov.
:
angl. pickJe, ail. pôkel et pikel., eau salée. pictor., pintor.,it. pittore, pintore, fr. pei.ntrh
PEOCABLB, capable de pécher, tiré du (pour la facture du mot fr., cp. chantre. pat r^i
verbe L. peccare., d'où les médecins ont aussi de cantor,p)astor) •,pictura., "pvow.pinctura., fr.
fait leur terme pcccant == vicieux. PEiNïURK. Les formes nasalisées sont l'effet
PECCADILLE, de l'it. pcccadiglio, esp. d'une adaptation au part, passé du verbe, qui
pGcadilîo, dimin. de l'it. peccato., esp. pecado est peint; adaptation motivée par le précé-
= L. pcccatum., fr. péché. dent de teinture., L. tinctura. Il est permis
PEOOAVI, mot latin, j'ai péché, = du reste aussi d'admettre l'ancienne existence
PECHE, subit, verbal àa pêcher. d'une forme latine v\xs,i\>\\\opinctor,pinctura.,
1.
2. PÊCHE, fruit (du fr. vient angl. peach), PEINE, vfr. poine, du L. jiœna (Tr^yiv/j). —
it.pesca., contraction àa pcrsica, esp. pers-igo, D, pénal, L. pœnalis; pjénible (v. c. m.),
prisco, al-persico, port, pesego, prov. pesega, peiner.
ail pfîrsich, du h.pcrsicum, pr. fruit persan.
PEINTRE, voy. peindre.
— D. pécher. PEINTURE, voy, peindre. —
D. peinturer.
mot
PECTORAL, h.pcctoralis rpectus) le même
dans le fr. du fonds commun,
latin a fait,
;
renvoie au suppl. de Littré. —
Depuis que
ces conjectures ont été imprimées, un bien-
poitrail; de même le type latin pectorina a
veillant lecteur, ancien ami du maréchal
donné régulièrement le subst. poitrine. Excelmans, m'écrivit, d'après une communi-
PÉCULAT, L. x>eculatus. cation de celui-ci, que le mot d'injure pékin a
PÉCULE, L. j^x'cttZrum, avoir, épargne. surgi en 1790, le 14 juillet, à la fête de la
PÉCUNE, L. pecunia. D. p)écuniaire, — Fédération, où se trouvaient réunis les dépu-
L. \)vcx\nyAv\s\j)écunieux^ L. pccuniosus.
tés de Yar)nëe et les députés de canto>is. D'une
PÉDAGOGUE, gr. 7rs<:i^«y',)/04, pr. conducteur ville chinoise, Canton, à une autre ville clii-
d'tuifant. — \''. pédagogie, -ique. noise, Pékin, il n'y a pas loin et l'on comprend
PÉDALE, L. 2^edalis (pes). que la plaisanterie ait converti les « députés
PÉDANT, de Vit. 2:)edante. Ce dernier signi- de cantons en « députés de Pékin »», puis
»>
les expressions ail. sich ranfen, se battre (pr. PENDILLER, prov. 2^<^^^dciUar, d'un type
s'arracher, soit la peau ou le poilj, et sich latin pendicHlare.
PENAL, L. pcenalis. D. jjJjm/eft'. — et 2>enne, Dicz se décide, par des raisons pho-
PENARD, libertin, du L. 2^cnis. nétiques, pour la dernière. Quant à la forme
PÉNATES, h. 2^enates (de 2^env., intérieur). esp. 2icndon, elle ne fait pas obstacle à cette
PENAUD (autr. 2^e>iei(x), qui est en peine, manière de voir, puisque nous trouvons dans
embarrassé; dej^eine. Il n'est pas impossible cette langue aussi pendola p. L ^^ennu/a. Le
cependant que le mot soit formé sous l'in- sens étymologique de pieftjion est donc la
fluence de vfr. penant ^^ pénite^H; donc pr. flamme ou banderole de la lance, comparée à
qui fait une mine de pénitent. une plume. Le mot signifiait autr. aussi la
PENCHER, prov. pç??^ar, pmijai-, d'un type plume qui garnit la baguette d'une flèche. —
L. 2^cmUcurc, dér. de pie.ndere, pendre. — D. d'un. 2ien]ionccau (panache) it. jjcnnon- =
D. penchant. ccllo.
PENDANT, voy. pmdre. PÉNOMBRE, dun type L. pom-iimbra -=
PENDELOQUE, vfr. pcndilochc, mot foimô presqu'oijibrc.
avec loque (vov. lrcloquc\ et le ycihe pendre. PENSÉE, subst. particjp. de pjenscr. Il —
PENDENTIF, dér. savant dépendant. est ditiicilc de dire ce qui a valu ce nom à la
PEP ô^o PER
viela tricolor (cp. le nom du ne Voubliez ims). et qu'il faut y voir un dérivé du L. pepo
Les Angl. expriment le nom do la fleur par (ttîtt'jvj, melon (cp. lemot esp. pepino, con-
'pansy {anc. jKiunce). combre). Cette opinion est très plausible le ;
PENSER, du L. pcnsarc, pr. peser, froq. mot 7ioyau ne signifie en premier lieu non
de pcndere. Ce verbe latin ^jc;î5rtre s'est trans- plus que le noyau de la noix. Diez remarque
mis au roman sous une double forme, dont la coïncidence des significations pépie et pépin
une se rattaclic au sens propre et physique, dans l'it. 2npita et l'esp. pepita; cela indique-
l'autre au sens figuré et moral 1 peser (v. c.
; . t-il une communauté d'origine? D. pépi- —
m.); 2. ptenser, esp,, port., \)):ov. piensar, it. nière.
pensare. Pour le rapport logique entvQpescr PÉPINIÈRE, voy. pépin. — D. pépinié-
et pteiiser, cp. en ail. xoàffen et erwàgcn. Pen- riste.
ser, c'est donc pr. peser, apprécier à leur juste PÈQUIN, voy. j)<ikin.
valeur les rapports que les idées ont entre PERCALE, toile de coton plus fine que le
elles. — D. ptenscr, infinit, subst. pensée (v. ;
calicot. Mot d'origine persane. —
D. p)erca-
c. m.), penseur, pensif {^vQis.pensiu,\t. pen- linc.
sivo). —Le composé latm per/jendcre a fourni PERCEPTEUR, L. jm'ceptor Cqui percipit);
l'angl. perpend, examiner, considérer, et, par })erccption, L. perceptio; pcrcepitible; tous
le &v\^m p)crpcnsum, le prov. perpensar, per- îoYvaés de perccptum, supin du verbe ^x'?tî-
piesar, auquel répondait le vfr. ptourpenser et 2)ere, lequel, traité d'après la troisième conjug.
s'apourpeiiser, réflécliir (le préfixe iwiir est latine, a donné le vfr. perçoivre, et, traité
souvent substitué au L. per). —
Voy. aussi le d'après la deuxième, la forme actuelle j^erce-
verbe j)a)iser, variété orthographique de voir.
penser. PERCER (d'où l'angl. pierce), picard ^jcj'-
PENSION, pr. payement, somme payée, cliier, prov. perçar; d'après l'opinion de Mé-
puis particulièrement somme payée pour l'en- nage, reproduite par Diez, c'est une contrac-
tretien d'une personne; du L. p>ensionem(^eix- tion du vieux verbe pe7'tuisier, prov. pertu-
dei'e). —D. p)cnsionnaire, -at, pensionner, sar, it 2wrtugiare. Ce dernier est formé de
pourvoir d'une pension. joertusus, participe de pertundcre, perforer.
PENSUM, mot latin, =
tâche; litt. \a pesée — Si le L. ante ou plutôt le cps. abante a pu
do laine qu'une esclave devait filer en un jour. donner avancer, il m'avait semblé qu'il ne se-
— Voy. aussi le mot ptoids. rait pas si téméraire de faire procéder le mot
PENTA-, en composition (ex. pentagone, 2^ercer de 2')er, ou plutôt de j9e?"-s (s adverbial),
p)entamètre, etc.), du gr. -jvt-, cinq. et j'avais, dès ma première éd., avancé cette
PENTE, subst. verbal participial dépendre, étymologie comme une modeste conjecture.
d'un type barbare ^>eî«c?2to; cp. vente, tente, Bien qu'elle fût jugée digne d'attention par
rente. Littré, qui l'appuie de l'expression de Rabelais
« percer un fossé », j'y renonce, surtout à
PENTECÔTE, L. pcntecosle, du grec ttîvt-:-
cause de la forme picai'de 2^<^^'chier, dont le
/oîT/j, S. c. cinquantième jour (après
r,ij.îpx,
pn'œida. Le vha. avait jjJiipJiis, phepAs, le nha. tion monstrueuse et nullement analogue à
dit phipps, pipps, l'angl. pip. initiare, qui procède du subst. initiutn, en-
PÉPIER, L. inpiare, piauler, vagir. suite (pic l'idée primitive de « aller à travers >»
PEPIN. Frisch pense que le mot ne signi- inhérente à. pjerire s'était déjà effacée en latin.
fiait dans le principe que le pépin des courges D'ailleurs, M. Paris ne croit pas devoir abau-
25
.
PÈRE, prov. pjaire, du L. pafrcw (nom. pa-nocchia veut dire nacre. Mais comment
palcr). port, perula et vha. perala s'accomniode-
, x7 .
[d'où perpétuation) ; ?,\\\)?>t. perpétuité, L. per- ter inflexible jusqu'au bout. — D. persévérant,
petuitutein. -aiice.
PEPLEXE, L. loer-plexus, compliqué, em- PERSICOT, dér. du L. persicum, pêche.
bi'oiiillé. — D. perplexité, L. perplexitatem. PERSIENNE, contrevents à jour, ainsi nom-
PERQUISITEUR,-TION, L.joerçi«57tor,-<io. més, parce que c'est de cette façon
dit-on.
PERRÉ, PERRIÈRE, voy pierre. que les croisées sont fermées en dehors en
PERRIQUE, voy. s,on& perruque. Perse.
PERRON, voj. pierre. PERSIFLER, L. per-sibilare* , mot de créa-
PERROQUET, it. parrocchetto, esp. peri- tion nouvelle. —
D. persiflage.
quito. Selon les uns, de parochus, paroissien, PERSIL, vfr. pierrèsil, it. petrosello, -seU
le perroquet étant envisagé comme l'oiseau lino, esp. perejil, port, perrexil, prov. pey-
favori du clergé (voy. papegai). D'autres, par- ressilh., ail. petersilie, angl. parsley, du
tant de la forme espagnole jjcWco, primitif de L. petroseliniim, gr. TTîToosîiivov, litt. ache
pjeriquitOy expliquent celle-ci par petit Pierre desrochers, opp. à WpoTsJivov, ache aquatique.
ou })ierrot (cp. niaryot =
pie, etc.). Cette éty- Notez en vfr. et dans les patois du Nord la
mologie convient tiès bien à l'angl. parrot et iovme présin (p. persin, à Liège p^t;rs^;^, cp.
fr. pérot. Diez se borne à citer ces deux opi- V. flam. persyn) = persil. —
D. persillade.
nions, mais il ne se prononce pas. Pour ma PERSISTER, L. per-sistere. —
D. persis-
part, je considère ^jerro^tsei comme un dimin. tant, d'où jjersistance.
de 2ierruche, et ce dernier comme une variété PERSONNE, L. persona, pr. masque que
de perruque (v, c. m.). C'est donc pr. l'oiseau portaient les acteurs, puis, par métonymie,
à perruque. Je sais bien que la luippe n'est l'ùle d'un acteur, personnage représenté par
pas précisément un caractère distinctif du lui ; enfin, le mot a fini par i^eprésenter en
perroquet, mais les noms vulgaires des ani- général l'idée d'individualité, de personnalité.
maux ne sont pas fondés sur des définitions — Le mot jjcrsonne devenu syno-
est ainsi le
scientifiques rigoureuses. On n'a qu'à compa- nyme de honio, de que ne-personne
sorte
équivaut à nemo. — D. personnage,
,
rer les formes it. , esp. et fr. aux formes corres- per- pr.
pondantes pour p)erruque parrucca, esp.
(it. sonne avec égard au rôle qu'ellejoue dans une
'perico, toupet et perruche, fr. p>si'ruque)pour composition dramatique ou dans le monde;
incliner pour ma manière de voir. Quant à la ptersonnel, adj. et subst. (d'où personnalité,
signification maritime du mot, on peut con- -aliscr); personnifier (ô! où. personnification),
jecturer, dit Littré, que l'idée de capuchon, de une chose abstraite ou inanimée comme
traiter
perruque (cp. l'équivalent it. pappafico, pr, une personne vivante.
capuchon), de perroquet, a suggéré cette PERSPECTIF, PERSPECTIVE, du L. pers-
dénomination. pectum, supin de pcr-spicere, voir à travers.
PERRUCHE, voy. perroquet. PERSPICACE, L. perspicax, qui a la vue
PERRUQUE ; ce mot que
l'on rencontre pénéti'ante. — D. perspicacité, L. perspica-
pour la première dans Coquillart, parait
fois citatem.
être d'importation italienne. Dans cette langue, PERSPICUITÉ, L. perspicuitatem, transpa-
on trouve parrucca et perrucca, coiffure à rence, clarté (de l'adj. perspicuus).
longues boucles. Nous n'approuvons pas l'éty- PERSUADER (mot savant), L. per-suadere,
mologie mise en avant par Wachter et d'après dont le supin persuasum est la base des dér.
laquelle p)e7-rucca viendrait du grec Tt{jif,t.y_oi, persuasion, L. persuasionem, persuasible, L.
fauve, jaune, parce que les premières perru- persuasibilis, persuasif.
ques étaient faites de cheveux blonds, couleur PERTE, voy. perdre. —
Les formes vfr.
fort estimée des Romains. Les formes sicil., pterde, prov. p)erda, sont des subst. verbaux
sarde piJucca, lomb. peluch, esp. pcluca tirés directement du radical perd.
engagent à se i-allier à l'avis de Diez qui rap- PERTINENT, L. per-tinens, qui appartient
porte le mot au subst. L. pihts, poil, cheveu. à, qui se rapporte à, convenable, D.paHi-—
On voit le même suffixe ne, appliqué au nence ; impertinent {y c. m.). .
même radical, dans it. piluccare, prov. pelu- PERTUIS, trou, ouverture, passage, du
car, é-plucher.
fr. —
Mais d'où vient l'csp. L. piertusus (ou plutôt d'une forme barbare
perico, toupet, dim. per/^'i^ïo, pei'roquet? pertusius), percé, troué, part, dopertuiulere.
Est-ce le même radical pÀl pourvu d'un autre — D. jjertuiser (t. vieilli), voy. ptercer.
sutfixe? — D. perruquier. PERTUISANE, voy. sous partisan.
PERS, bleu, violet, BL. persus, persicus, PERTURBATEUR, -ATION, h. p)erturbatur,
" color ad cairuleum vel ad persici mali colo- -alijneni.
rem accédons ». PERVENCHE, L. pervinca.
PERSE, toile de lin peinte, de la Pe^^se, PERVERS, voy. l'art, suiv.
pays d'origine. PERVERTIR, L, per-vertere, dont le part,
PERSÉCUTER, d'un type L. persecutare, per-vcrsus a donné pervers, d'où perversité,
fréq. de per-sequi (voy. poursuivre); cp. exé- L. -itatcm. —
D. perversion, L. perversionem.
cuter de exsequi. Du supin persecutum les : PESANT, voy. peser. —
D. vfr. pesance,
subst. persecutor, -tio, fr. persécuteur, persé- ennui, afiiiction; pesanteur [c]). pua)iteur de
cution. louant) verbe a/jpesantir.
;
assemblée confuse où tout le monde est maî- rapetissa-. On avait autr. les diniin. 2>clitct,
tre. On i)rétend que l'expression « la cour du p^tict et petiot.
roi Pétaud » désigne pr. une as.'^emblée de
gueux, de mendiants, et que Petaud est un
PÉTITION, L. petitiojicni (petere). — D. jjt'^i-
tiojDirr, pétitionnaire.
terme burlesque formé du L. pctere deman- PETON, voy. pied.
der, mendier. Littré pense que Petaud signi-
PÉTONCLE, du L. pectunculus (pccten).
fie pr. peleur, et il en fournit un exemple tiré
de Des Accords.
PÉTREL, oiseau de mer, de Petrus, par
allusion à l'apotre Pierre maicliant sur les
PÉTÉCHIES, it. pctecchie, esp. jyetcqitia.^
eaux. L'ail, dit petasvoffel.
d'après Littré, de peste, étyinol. contraire à la
forme et qu'un pcsticliiœ isolé du xvi" s. no PÉTRIFIER, pr. rendre pierre, L. pétrifi-
suffit pas à confirmer; d'après Dicz, du plur.
carc\ (petro). —
D. péltificalion.
gr. TTiTTà/iK, petites pièces ou mouches, en-
VÉÏBXIA, pestrin' , du L. pistrinum, moulin
duites d'onguent, qui servaient d'emplâtres;
à blé, \oj. 2}ét7-ir. La locution « être dans le
pi'trin " se rattache au L. 2iistrinuni, dans le
cp. L. pittacium, emplâtre.
sens fig. endroit de travail pénil)le, affaire
tt
PÉTER; ce verbe est prob. dérivé de pet,
difficile, joug ". Cp. la phrase de Cicéron
de sorte qu'il ne faut pas prendre ce dernier :
pour le subst. verbal de pt'ter. Or, le subst. « tibi mecuni in eodem pistrino est vivendum >>
1. PEUPLE, vfr. 2^cuble, peiiïe,\^vov 2wblc, p)hile, amateiu' d'images. Ce procédé est con-
csp. jmêbh, du L. p)'^>pidus (it.
.
PHARMACIE gr. ^jzoukxîT^v. dér. de pzjs^K/.ov, PHTISIE, gr. 'jï&îîi; ('de 9&:-uv, disparaître,
médicament. — • D. piharmacien. Du verbe — se consumer). — D. 2'>^d,isique, (vfr. tisique).
fc(pux/.-ù-fj, donner des médicaments, vient PHYLLOXERA, genre d'insectes, dont une
l'adj. vxouce/.zijzi/.o;, fr. pharmaceutique. — espèce s'attaque particulièrement à la racine
de la vigne et la fait périr; le naturaliste qui
Pharmacopée, du gr 'jixpij.xM-7toLc(., prépara-
tion des médicaments. — Pharmacologie, a créé ce terme doit avoir eu l'intention de lui
science des médicaments. faille dire « dessèche-feuille », puisqu'il a em-
PHARYNX, gr. çipuy?, m. s.
ployé les éléments grecs ^{jUa-j, feuille et Up6;,
PHASE, L. phasis, sec.
gr. <fx^l:, apparence,
manière de paraître (px--iy).
PHYSIOLOGIE, science de la nature (»Û7t;).
PHEBUS. style ampoulé et prétentieux.
PHYSIONOMIE, du grec yv7t,yv..;.i«' (Sto-
Cette expression vient, dit-on, d'un ouvrage
bée), forme écourtée de yu7i5yv..j/A5Vi'5c, l'art de
celui qui juge (yvoV^jv) d'après les qualités
de vénerie, écrit au X(v^ siècle par le comte
naturelles {-^ùii;) part. Fart de juger du natu-
Gaston de Foix, intitulé Miroir de Phébus. ;
Il est plus probable que phébus langage = rel de quelqu'un par l'inspection des traits du
visage (on emploie dans ce sens encore le
d'un faux brillant, doit son nom au gr. ysISo,-,
brillant, comme Phébus, le surnom d'Apollon.
terme 2^^^y^iognomoniè). Par métonymie, le
terme a fini par s'appliquer aux traits du
PHÉNIX, du
fabuleux, pr. le rouge.
gr. yoîvi;, nom d'un oiseau visage même pris dans leur ensemble, —
D. ph]isionomiste.
PHÉNOMÈNE, gr. satvo>-y5v, chose qui .se PHYSIQUE, adj., gr. «u^uo;, naturel, de
présente, qui apparaît (sxîv-tSki). D. phê- — sÛ7i;, nature; subst., litt, .science de la =
noynénal. nature. — D. 2^^Wsicien.
PHILO-, devant les voyelles phil-, qui = PIAFFE, vaine somptuosité, ostentation;
aime, du grec -^Lloi, ami. Ce mot est devenu, subst. verbal de piaffer, faire le beau ou le
dans la langue moderne, un élément de com- brave, d'où pjiufleur. Grober (Ztschr. X, 293)
position très usuel, d'après le précédent d© conteste avec raison l'opinion de Tobler qui
compositions grecques telles que ^i/àv&pojTi-s.-, voyait dans piaffer une variété de pieffer ',
ipi/iTTîTo;, etc. Nous recueillons ici les princi- et dans celui-ci un dérivé de pief\ pied, mo-
paux de ces composés Philanthrope, gr. : dification de piet Cep. fief=fiet);
il insiste sur
çitJâvSpwTro;, ami de l'homme. D. philan- — le caractère bissyllabique àepia. Selon lui, le
thropie, -ique, -isme. — Philologue, gr. mot se rattache à la même racine que pianner
çt).o>5yo;, ami de la littérature. — D. pthilo- (du cri du dindon), 2nauler 2nailler et autres;
loffie, -ique. — Philosophe, gr. tfOo^io^o^, il démontre, d'après un passage du sieur du
,
,.
Bartas, La Semaine V, 827 (Le paon cstoillé. .. « nnp>ocotin do loisir », mais c'est \m italia-
PIAULER, voy. piailler. D. piaulard,-is.— morceau, quantité, bret. pés, pièce, mor-
1 PIC, oiseau, L piciis (de la même racine ceau, gaél.péos, m. s., mais jamais, observe
que l'équivalent ail. s-pecht). Le mot latin Diez, lo roman 3 no correspond à cclt. th. 2.
pica, qui est la forme féminine de picits, a Grec TTî^a, pied, bord, lisière; cette étymo-
donné le fr. pie. —
Composé p)ivert p. 7»c- : logie grecque se recommande, outre la forme,
vert, esp., it. pico ver de. par la circonstance que le mot petium paraît
2. PIC. 1 instrument pointu ; 2. montagne
. avoir pris nai.ssanco en Italie. 3. Contraction
à sommet pointu. La racine /^ic, pointe, est = du \iL. petacta, pctacium, panni fragmentum,
fort répandue dans les langues do l'Eurojie. = it. petaccia, esp. pedazo, port, pedaço,
C'est à elle aussi que se rapporte le mot pré- daco-rom. ptHecu, prov pedùs, remplissage,
cédent, pic, l'oiseau au bec pointu, ou qui languedocien pelas, d'où fr. rapetasser Cette
pique dans l'écorce des arbres. L'expression — troisième manière de voir a pour elle la con-
tailler à pic, c.-à-d. verticalement, équivaut formité do signification, mais il est difficile
à la façon de parler « couper au couteau », d'admettre la contraction de pedaso en pesso.
c.-à-d. couper net, sans aspérité, à ras. — — On voit quo l'origine du mot est encore
D. pique, piquer, picot, pioche, etc. enveloppée d'obscurité. La source la plus
PICHENETTE, pic. inkenole, chiquenaude. naturelle mo semble être lo primit f (inusité)
D'origine inconnue. du L. pctiolus, petit pied (it. pezsolo), savoir
PICHET, aussi picher (cp. angl. piichei-), petium, qui, dans la langue vulgaire, a fort
petit vase à bec, BL. jticarium, bicariitm, bien pu dégager la valeur de .semelle, de chose
prov. pechier, pichier, vfr. jnchier, v. it. pe- plate ou do chose d'une dimension analogue à
chero, it. mod. bicchicre. Ces mots romans celle d'une trace de pied ou enfin colle d'em-
sont identiques avec le vha. peJthar, nha. prointo. Or, petium est do la famille de pes,
hccher, néerl. beher, etc., gobelet; cp. gr. = pedis, à laquelle pourrait appartenir aussi le
^l^oi. vase à anse, susdit esp. pedazo, etc., puisque l'on trouve
PICORER, aller en maraude, pr. voler du on prov le mot /)ea-o- (lequel présuppo.se une
bétail, du L. pecus, pecoris, bétail. Cette forme antérieure pedazo), avec le sens d'em-
étymologie de Diez ne m'inspire pas une preinte de pied. (Diez, il est vrai, dérive l'esp.
entière confiance. — Y), picorée, esp. picorea. pedazo et ses correspondants du L.pittactitm,
PICOT, dér. dope, chose pointue. gr. TTiTrâ/iov, morceau de papier ou d'étoffe,
PICOTER, fréq. àe piquer. mais c'est là une opinion qui reste à vérifier).
PICOTIN, ration d'avoine que l'on donne à Au surplus, la filiation logique « trace do
nn cheval, de jjicoter; ce serait donc pr. ce pied, empreinte, tache, pièce » no serait pas
que l'on prend en une seule piquée. Je préfère isolée dans la langue ;
pour la transition do
cette étymologie à celledeLeDuchat, qui pen- l'idée marcher, fouler du pied, à celle do
sait mot vient de ce que le picotin (ici
que le tache, je ne citerai que L. macula (dim. de
pris comme le nom du vase) était communé- maca') d'une racine mac =
frapper et pour ;
ment enduit de poix (L. pix). De la Monnoye le passage de la notion tache à celle de mor-
dérive le mot de pichot =
petit (cp. it. pic- ceau, flech qui signifie l'un et l'autre, et
l'ail,
colo et le mot familier fr. pichon petit en- = le mot tache lui-même, comparé au dérivé
fr.
fant). Si picotin =
mesure, n'est pas déduit rouchi tacon, pièce, morceau. A l'appui du
de picotin =
portion d'avoine, mais plutôt ce rapport que je suppose exister entre pièce et
dernier du premier, on pourrait rattacher le le \j.pes,ie me prévaudrai encore de la forme
mot au radical de pichet. Ménage pensait à— pedica, qui se trouve employée par Anasta-
paucurn, un tantinet, donc pjicotin poquitin. sius le Bibliothécaire (ix^ siècle) dans le s'cns
p.
Dans Estienne, Deux Dialogues, on trouve de pièce de terre. — Une autre conjecturo
.
pourrait aussi, mais avec moins de plausibilité, sies de Gille le Maisit de Tournai. Voy. mon
faire fond sur la même racine ^m7 (devenue par Etude loxicol. sur cet auteur.
la perte de l'accent tonique pc;!), d'où s'est pro- PIETTE, dim. de pie 1.
duit petit (v. c. m. —
D. vfr. pcçoier, mettre PIEU, du vfr. jozW, forme diphthonguée de
en pièces; dépecer; prov. despessar ; rapiécer p)cl, modification de pa/, L. palus.
it. rappezzare. PIEUX, adj., forme extensive de pze, répon-
PIED, esp. pie, port., prov. pe, it. piede, dant à un type piosus.
du L. pcdem (nom. p'^s). C'est sans doute à PIEUVRE, poulpe d'un type poZpus (p. poli-
;
l'ancienne orthographe piet qu'il faut attri- pus), transposé evipoplus, d^oi\peuvle,petivre,
buer la dérivation du subst. piéton (v. c. m.) diphthongué pieuvre.
et des verbes ^32e'<f?% j)iétincr. — Composé : PIFFRE. Le premier sens de ce mot est fifre
contre-pied, prov. contra-pes (v. c. m.), dont il ne constitue qu'une variété.
PIÉDESTAL, de l'it. piedestallo, composé De cette acception parait s'être produite celle
de piede, pied, et de stallo (vha. staî), base de joufïlu, c.-à-d. aux joues gonflées, bour-
donc pr. reposoir du pied, ail. fuss-gestell.
;
trouve dans Animien avec le sens du composé ce primitif. —La filière établie par Ménage :
ex-pUare, (également =
dépouiller. La per- prorita 'gr. TTf.'jtr.-fjTYii [sic), qui dirige la proue)
sistance de Vi dans les inots romans appuie la — pirata —
pilota, est tout aussi arbitraire.
darnière explication. Quant à 17 mouillé, — M. Breusing, dans son étude « Die Sprache
Dicz pense qu'il pourrait avoir été motivé par des deuti^chcn Seemanns ", a soumis à un
le désir de distinguer le verbe de l'homonyme examen spécial les applications diverses faites
pifer, broyer. A cause de 1'/ mouillé, J'ai cru du M\ot pilote, en pavi roman et germanique,
d'abord que les mots romans étaient formés dejiuis la première apparition de ce terme, au
du L. pecu/ari, =piller le tisc; mais je suis xiii'" s. (dans les parages de la Méditerranée^,
d'avis que l'étymologie de Diez est tout à fait ainsi que les nombreuses tentatives (sérieuses
acceptable, 17 mouillé s'étaiit également pro- et aventureuses fuites pour en découvrir l'éty-
I
duit, sans même qu'il y eut néccs.sité de le mologie. Quant à celles-ci, il est amené à les
distinguer d'un homonyme, dans un comix)sé rejeter toutes et surtout à nier toute i)arcnté
de pH are, savoir l'it. c.ompù/liare (L. com-pi- avec le germ. lootse, lootsman, en alléguant
lurc, notre compiler). —D. piïloter. des raisons puisées dans la science nautitpio
PILON, voy. pile. —
D. pilonner. au.*jsi bien que dans la phonétique, et conclut
PILORI, \ïi\ j^ellori, pillmHt, angl. pillori/, en propo.sarit rétymoh)gie suivante, que lui
prov. espitlori, port. ]ieloi{ri)iIio. Du Cangc suggère la coexistence en Italie des formes
rattache le mot à pilier; Grimm, au mha. pednta et pelota. Kn grec, le gouvernail so
2)filaere, qui est la forme germanique Ac pilier. dit r.-niov et T.r,r.xi ivj no peut-on pas en infé-
',
Cette étymologie ne concorde pas avec les mots rer l'existence, dans les bas temps do la gré-
indiqués ; elle n'a pour elle que le BL. pilmn- cité, des dérivés ;r»î5'JT/i;, n/;ô;<>i'Jjrv3,-? D'après
citni, mais, outre cette forme, le BL. pré.scnte le pi"écédent du gr. iôi'i»T>3; = it. idiota, un it.
fondé sur la comparaison du trou par lequel ce mot une femme fainéante à qui il faut
le patient passe sa tète et contemple la foule, mettre le pain au bec. I*our Génin, la com-
avec un observatoire. —
D'après Baist (Grôb., tesse de Pimbêche de Racine est la comtes.so
Ztschr., V, 233), le nom et la chose sont d'ori- de pince-bec ou du bec pincé; il identifie le
gine espagnole; pilo^-i serait \>o\\v pnhmi (»), mot avec ej>pitnteche du Ménagiei" de Paris,
dim. de pilon (pilierj; le mot n'apparait pas, sorte de sauce au verjus, qui faisait pincer le
dit-il, avant le xin* s., mais, comme remarque bec. Qu'on nous pardonne la citation de ces
G. Paris, il est dans la Cliarette (xii^ s.). — jeux d'esprit.
D. piloriei'. PIMENT, vfr. piiiment, esp. pimiento, du
PILOSELLE, sorte d'herbe, en botan. L. piytnentuni (pingere), matière colorante,
Hieracium pilosella, du L. pilosits, jK)ilu ; suc des plantes dont on fait des couleiirs ; dans
c'est « comme qui dirait pel nette ou veluette " la moyenne latinité =
épice, aromate, aussi
(Nicot). = boisson composée de miel, de vin et de
PILOT, dér. de pile, colonne. — D. pilo- diverses espèces d'épices. Les médecins ont le
ter, enfoncer des pilots, d'où p/oto^e, terme pigment p. matière colorante de la
pilotis. peau. — D. pimentade, sauce au piment.
PILOTE, it., esp., port, jnloto, ït. au.ssi PIMPANT, du prov. pimpar,pipar, rendre
j)ilota; mot inexpliqué encore. Le néerl. pimpant, pomponner. Dans le Roman de la
jvjloot, que l'on pourrait au besoin analyser Rose, je trouve pipelé au sens d'orné. Le ra-
en pjijlen, mesurer la profondeur de l'eau, et dical o-st pip, mais que signifie-t-il ? E.st-ce le
lood, fil à plomb, présenterait bien une même que pipe et pipeau avec l'idée
celui de
source convenable, mais Diez pense que le mot d'alléclicr, tromper? Oudin définit « piper en
néei'l. est plutôt un emprunt fait au roman. une cliose » par y exceller.
Il nous semble cependant difficile de ne pas
PIMPESOUÉE, d'après Auger, un composé
admettre une connexité entre le nécrl. pijl- de pimpcr [so^ pimpant) et l'adj. souef (sua-
.
lothse, angl. lodesman, dan, -loods, néerl. « une agréable pouponne >»; il voit dans pim.pe
loots, lootsman. Cette manière de voir est cor- l'it. bi/nbo, bimba, poupée, et dans souée.
. .
forme et par l'entassement de ses grains les PINTE, mesure de liquide. Kn espagnol,
uns sur les autres, ressemble à une pomme de marque, signe; or, cepi7ita
ptinta signifie aussi
pnn (Le Ducliat). vient de printar, peindre, marquer. Pinte est
PINACLE, L. pinnaculum (pinna). donc prob. == chose marquée, jaugée cp. le ;
PINASSE, sorte d'embarcation, it. pinaccia, mot marc, pr. marque, poids, puis nom d'un
angl. 2n)i]iace, du L. pinus, 1. pin, 2. navire certain poids. — D. pnnter (cp. chopiner, de
(de bois de pin). chopine). Dans la Suisse romande pinte est
PINCE, voy. pincer. —
D. jnnceitfi. synonyme de cabaret.
VÎ^G'ËAU, pincer, prow jnn^el, ail. jnnsel, PIOCHE, prob. p. picocJie, dér. de^9zc (cp.
du L. penicillum (dim. de pénis), queue, pin- vfr. piasse, sorte de hache, p. jncasse). —
ceau. crayon, est le même
L'angl. jK'ncil, D. 23wcher, travailler à la pioche, fig. travail-
mot. —
U. pnncelier; pinceauter. ler avec ardeur ; 2Jiochet fv. c. m.).
PINCER; ce verbe est une variété nasalisée PIOCHET, grimpereau, de pmche ; cp. son
du wallon pissi, it. (Venise) 2nzzave. Notez nom baum-hûckel, qui pioche les arbres,
ail.
encore les formes dérivatives it. jnzzicare, PIOLE, dér, de jji'e, l'oiseau à deux cou-
valaque pitzigà, pnscà, cat. p)^^^^0'^'^j csp. leurs. —
Les étym. piculatus piqueté, =
pizcar. La source directe de ces vocables tacheté (Ménage) ci pipnn, pigeon, cp. l'expr.
paraît être le néerl. pitsen, ail. ftfetzen^ gorge de pigeon (M. de Croissandeau) ne mé-
pfdzcn, pincer, serrer, tenailler, qui est nn ritent aucun crédit.
rejeton sans doute de la rac. pit, pointu, indi- 1. it. pedone, esp. peon ;
PION, anc. ;3(^bn,
quée sous jjcizY. —
D subst. \Qv\>-à\. pince, nom pr. hommede pied, puis fantassin. Du L.pedo,
de l'agent et de l'action, esp. pinzas (plur.), •onis. —
D, pionnier, vfr. peonier, prov.
cp. it. pinzo, aiguillon; pincée, pnnçon, mar- pezonier, d'abord fantassin en général, puis
que sur la peau quand on a été pincé. Compo- spécial, ffintassin occupé aux tranchées et
sés :èpincer, d'où épnnceler; pince-maille. autres travaux de siège.
PINCETTE, voy pince.— D.pinceter. 2. PION, t. du jeu des échecs (vfr. ^jco»,
PINEAU, voy. pin. aussi, selon la fluctuation habituelle de la
PINGOUIN onpinguin; d'origine douteuse : voyelle en syllabe atone protonique, poon,
d'après Clusius, du L. pinfiuis (cp. le terme paon); c'est le même mot que le préc, cp. en
ail. fett-f/ans, oie grasse)
d'après Roulin, le
; mlia. fende, ve7ide, pr, fantassin (auj. pion se
mot s'appliquait d'abord à des oiseaux à « tête dit en ail, baicer, pr. paysan). Il faut écarter,
blanche, ]n'Qt. pen giooin ". je pense, l'étymologie joaoiz,
PINGRE; je ne connais pas l'origine do ce PIONNIER, voy. ^20» I.
mot, dont la signification, du reste, n'est pas PIOT, boisson, vin, dér. du vieux verbe
encore fixée (« avare, méticuleux, malin, 2ner, chopiner, qui parait être plaisamment
effronté, de mauvaise mine » Littré ne lui
; formé d'après le gr. (infin. aor,^ tti-Iv, Cp,
reconnaît que celle d'avare). On peut penser trinquer, de l'ail, trinken.
au L. piger, vfr. pngre., lâche, misérable, ou à PIOUPIOU, t. populaire = fantassin; re-
pinguis, gras, grossier, lourd. Fournier doublement de piou (pion)?
avance (sans preuves) que pingre a signifié PIPE, 'it.2npja, prov. j)im,pa, n\.p)ijp, angl.
juif, usurier, et qu'il vient de pingre, jnpe; en premier lieu chalumeau pour siffler,
épingle, parce que les juifs étaient accusés à l'usage des oiseleurs, puis tuyau en général,
d'enfoncer des épingles dans la chair des d'où découlent les différentes acceptions
enfants modernes. Le mot avec sa signification fon-
PINNE, dans le composé pw2ne-man'»(7, gr. cière « sifflet d'oiseleur '>, représente le subst,
m. s.
Tzh-jv], —
D. pinnier. verbal du verbe ^?per, contrefaire la voix des
PINQUE, esp. pnnguc, pinco; le même mot oi.seaux pour les prendre, =
L. pipare, qui
que le néerl. et angl. pink, ail. pinke, dont exprime le cri des oiseaux. Du roman pipa
Torigine est douteuse. On a proposé un type l'ail, a {ait 2if> fa, auj. pfeife, m. s. D. pi- —
pinica, jjinca, dér. de L.2nnus, vaisseau (cp. peau, chalumeau. — Voy. aussi 2)ivot
pinasse], mais on réclame une étymologie se PIPER, contrefaire
.
la voix des oiseaux
rapportant à un des caractères distinctifs de pour les prendre, puis prendre à la pipée, au
.
= qui
,
D. piquet, 1. jjelit pieu, 2. lig. un certain mauvais vin; piqueur, pr. qui })ique (aiguil-
nombre de fantassins établi (pr. pique) dans lonne) les chevaux ou les ouvriers; piqûre;
nn endroit, cp. les termes pJa7Uon, poste. picoter, d'où picotement.
D'après Littré, ce dernier sens vient, par PIQUET, voy. pique. —
D, piqueter. Le —
oatachièse, de celui de " pieu grand et fort nom du jeu de piquet est, dit on, celui de son
dont on se sort dans un camp pour tenir les inventeur.
chevaux à l'attache ». Ce serait donc une PIRATE, L. pirata, du grec izupkTr,;, pr.
troupe dont les chevaux sont réunis autour qui tonte la fortune (sur mer), aventurier. —
du même piquet. D. piraterie, piratei'.
2. PIQUE, brouillerie, voy. piquer. PIRE, du L. ptijor; l'anc. langue n'em-
PIQUE-NIQUE, repas où chaque convive jiloyait co mot qu'au cas-sujet ; pour les cas-
paye son écot ou apporte son plat, angl. pich- obliques, elle se servait de pïe'ur, qui répond
mck. Le mot est-il d'importation anglaise? au L. pejôrem (it. peggioi'e, esp. peor^. —
Nous ne le savons pas. Ménage s'abstient d'es- D. empirer.
sayer aucune étymologie et se borne à dire que PIROGUE, aussi piravgue, esp. piragua,
le mot est d'introduction récente. Roquefort mot d'origine caraïbe.
pose carrément la singulière explication que PIROUETTE (le mot n'est pas antérieur au
voici pich an each, mots anglais, auxquels
: xV siècle), dim. d'un subst. inusité /»/ro», que
il prête la prononciation ^»"c/i-e«-îc^, et la va- Frisch prend pour un composé de pied (dial.
leur « repas où chacun est piqiié, où chacun pi) et do roite, donc =
roue tournant sur un
a sa taille particulière •». Génin, s'il n'est pas pied, Diez pourpjcô ^radical de pivot) -{-roue.
dans le vrai, est infiniment plus spirituel. Voy. aussi pivot, —
Pour Caix (Grober,
Prenant pour point de départ du subst, actuel Ztschr , I, 277). les deux éléments de la com-
l'ancienne tournure adverbiale [souper] à position sont pir -|- rouette. Le thème pir
]}ique-nique, il définit cette dernière en ces désigne des objets qui tournent autour d'eux-
termes « faire un repas dans lequel aucun des
: mêmes à l'instar d'une vis; on le rencontre
convives n'est redevable de rien à son voisin, dans de nombreux composés italiens et dans
où il y a parfaite égalité do position et do le fr. jnron (espèce de gond); cp. gr. mod.
maintien à pnque, mauvaise humeur, bou-
; nilp'):, cheville, Dans ses
tarière, Ttûtuov, vis.
derie, on oppose nique (v. c. m.), clin de l'œil Studi, n° 454, cependant, Caix le ramène au
en signe de moquerie ou de mépris tu me ; lat. epigrus (clou, cheville). D'après Darmcs-
piques, je te nique, partant quittes». Le phi- teter, qui allègue les formes norm. perrouette
lologue français n'y voit qu'une de ces expres- (filleévaporée), wallon herweter (pirouetter),
sions familières et sonores, telles que « à bon le mot indique plutôt une composition du
chat bon rat », « à bien attaqué, bien péjoratif bis -\- roue. Mais il se heurte cepen-
défendu dit-il, partie et revanche;
». C'est, dant à l'initiale /> p. i. — Cp. la formation
c'est l'expression de l'équilibre, do l'égalité de girouette et voy. aussi l'art, pivot. —D.
entre les parties. —
Boniface interprète le mot jnrouetter.
par « repas où chacun pique au plat pour sa 1.PIS, adj. et adv., du L. pejus.
nique » [nique pris dans le sens de petite mon- 2.PIS, anc. =
poitrine, auj. mamelle
naie). — Littré dit que le mot est anglais et d'une vache, etc. ; vfr. peis, prov. peits, pits,
se compose de ta pich, saisir, prendre, et it. petto, wall. pé. Du L. pectus. « Mettre la
nich, ajoute que cette
point, instant, et il main au pis » [pis =
poitrine), ancienne
étym. dispense de toutes celles qui ont été locution =
prêter serment.
faites malheureusement, cette explication est
; PISCINE, L. piscina (piscis).
obscure Wedgwood passe le mot sous silence; PISER. fouler, esp. pisar, port., prov.
Millier dit que, si le terme est originellement pizar, du h. pisarc on piserc, forme concur-
anglais, il faut partir des mois pick ci nick rente de pinsere, piler, tasser. —
D. pisé,
(ce qui n'est pas douteux), mais il ne dit pas terre dure, compacte, battue; pison, instru-
dans quel sens ; pich se comprend (c'est cueil- ment pour piser.
lir, prendre), mais nich a plusieurs significa- PISSER (pic. picJier, wall. piJii), it. pis-
tions instant précis, point nommé, tromper,
: ciare, prov. pnssar, angl. piss. L'ail, pissen
coche, cran, dont aucune ne se présente favo- paraît être emprunté au roman, car il n'est
rablement. pas fort ancien dans la langue. Les langues
PIQUER, dér. de la racine pic (v. c. m.); celtiques ne présentent aucun vocable sembla-
ar\g\.2)ick, aW. picken.it. piccJiiare, cai. , esp., ble qui puisse être considéré comme leur
port., prov. picar. Pour la loc. se piquer de étant propre. L'étymologie reste donc à trou-
cjqch. =
la prendre de mauvaise pai't, s'en ver. Diez ne pense pas que l'on puisse invo-
fâcher, elle est analogue à celle de s'offenser quer le L. jjytissare pntissare = gr. TurfiJI-tv,*
de qqc.li., pr. '^ se blesser de qqch. Je com- qui signifie cracher; il voit plutôt danspm<?r
prends moins bien l'emploi pronominal de le sens fondamental d'éjaculation et est ainsi
notre verbe au sens de « se glorifier, se van- amené à conjecturer un type pipisare (d'où
PIS 395 — PIT
pipsare, pissare), dérivé de pipa, tuyau ; il des langues modernes », l'origine du mot
invoque, à ce sujet, les acceptions analogues pistola a fait l'objet d'une discussion appro-
de l'ail. j)feifen. —
T). pisse, pissat, j)issotcr ; fondie ; Mahn y a défendu l'étymologie tirée
cps. 2^issenJit, plante appelée ainsi à cause de de Pistoria, le nom latin de Pistoie, en s'ap-
ses propriétés diurétiques. pnyont de preuves tant historiques que gram-
PISTACHE, L. pistacium (-t7T«/nv). — maticales. —
Il est fâcheux que Larousse en
PISTIL, L. pistilhim (pinsere), pr. pilon à indiquer le livre où ils sont présentés Ety- :
lets. Quelque temps "après estant venue l'in- traire à la facture des mots en question (le
vention des petites harquebuses, on leur trans- prov. piatansa, qu'on pourrait invoquer ici,
porta le nom de ces petits poignards. Et ce est analogue au mot piatat, pitié, qui est p.
pauvre mot ayant esté ainsi promené long- pietat). La forme it. pietanza donne lieu à
temps, en la fin encore a esté mené jusques en expliquer le mot par « œuvre de charité » (it.
Espagne et en Italie pour signifier leurs petits pict.à)\ mais les correspondants esp., prov. et
e.scHS et croy qu'encore n'a-t-il pas fait, mais
: fr. ayant pour radical ^nt, il est plus rationnel
que quelque matin les petits hommes s'appel- de voir dans la forme it. une modification de
leront pistolets et les petites femmes pisto- pitanza, qui est en effet le mot usuel pour la
lettes. » H. Flstienne avait bien prévu que le chose dans la Lombardie modification basée ;
rôle dej-jistolet ne se bornerait pas aux signi- sans doute sur une fausse interprétation du
fications qu'il lui connaissait; chez nous, à mot. Or, pitanza paraît être, tel est l'avis do
Bruxelles, on appelle de ce nom les petits Diez, un rejeton de la racine pit peu de =
pains au lait que nous prenons au déjeuner. chose, bagatelle (voy. petit), par l'intermé-
Le président Fauchet déduit également le diaire d'un verbe pitare (cp. le génois pittà =
mot, dans sa signification de petite arquebuse, picoter), qui aurait signifié « prendre un menu
du nom de lieu Pistoie. —
Diez admet au repas ». — Sans vouloir formellement con-
fond cette étym., mais en la rectifiant en ce damner l'opinion do Diez, nous devons objec-
sens que pistola aurait été dégagé de pisto- ter que la forme généralement adoptée dans
lese, sabre court, qui esi\>. pistojese, adj. de la moyenne latinité pour pitance, est pictan-
Pistoja. Dans sa première édition, il inclinait tia, et que Du Cange définit ce mot par por-
pour l'opinion de Frisch, d'après laquelle jîî's- tion monacale de la valeur d'une pite (v. c.
tola est une modification de pistillus, it. pes- m.); cp. le mot BL. pictata, valor unius
tello, pilon, et signifie propr. un instrument pictse.
pourvu d'un bouton ; à l'appui le
il citait PITATJD, paysan, grossier; quelques-uns y
vénitien piston, pcston, ==• petite arquebuse, voient une dérivation de L. pcdes, peditis,
mot littéralement identique avec l'it. p)estone, donc un synonyme do piéton (on trouve dans
pilon, mais le suflixe ola la lui a fait écarter; Y voissaiVt 2i6taud, désignant une sorte de trou-
les règles de formation italienne imposent une pier à pied) peut-être est-ce une forme variée
;
pitié, procède l'adj.jyîiaw 'autrefois ^= misé- jtlayia ; la forme classique plaga, contrée,
ricordieux, aiij. =
digne de pitié), et le verbe région, est le iype do l'esp. playa et \îr. plaie
(inusité) pitoijei-, prendre en pitié, constuTé = plage.
dans le composé s'apitoyer et l'adj. pitoyablr, PLAGIAT, L. plagiatus, subst. du verbe
(anc. aussi pitîahle),1 enclin à la pitié (opp.
.
playi'are' , commettre un plnfjium. Les Ro-
impitoyahh); digne de pitié.
2. mains apiielaient plat/iuni le vol d'esclaves, ou
PITON, sorte de fiche de fer ou clou ; prob. l)lutôt la vente d'un esclave dont on n'est pas
a.ssurée. Une fois que l'existcnc* d'une ra- la 53" épigramme du l'""" livre : « Iniponcs
cine jiit, chose pointue, e.st accordée, ne j)lagiario pudorem. »
serait-il pas tout aussi rationnel d'en dé- 1. PLAID, it. piato, esp. pleito, prov.p/a/f ;
duire pitut, puis par syncope piot, enfin par du L. placitum, dont ce
le .sens propi-e est «
l'épcnthèse si commune de v, la forme pivot t qui plait ", c.-à-d. opinion, jugement, arrêt
Ce primitif jpff, d'où je déduis aussi piton (v. do justice (cp. en gr. Zola, de ôozjw). De cette
c. m.), est peut-être aussi au {oxxà. Ae piron signification première « décision judiciaire »
{^. jnterou), d'où pirouette, pr. = petit bâton procèdent celles de « assemblée de justice,
tournant. — Yi.pivotei-. audience, parlement, contrat ", puis de « af-
PLACAGE, subst. dcpJaqiier, \oy. plaque. faire judiciaire, procès ». Au sens de plaidoi-
PLACARD, voy. plaque. — D. placar- rie, plaid doit être considéré comme le subst.
der. verbal abstrait de plaider. D. plaider (BL. —
PLACE, esp., port., prov. plasa, plaça, j)lacitare), conduire un procès, disjjuter, etc.
plassa, it. piazza, ail. plat:, du L. plalea, d'où plaideur. Une forme extcnsive Ac plaider
large rue, place publique (gr. Tr/KTîîa. fém.de est :it. piateggiare. esp. pleitear, vfr. plai-
7r)aTÛ;. large). Le sens primitif s'est généralisé dier, niv. plaidoyer. Ce dernier mot, toutefois,
en celui de lieu, emplacement. —
1). placier ; ne s'emjjloie plus aujourdliui qu'à l'état de
j)lacct, tabouret ; verbe placer (mot récent substantif; il est le primitif du suhsi. jjlaidoi-
dans la langue). rie p. plaidoierie.
PLACER, voy. place. —
D. placement ; 2. PLAID, manteau écossais, du gaél.
composés replacer déplacer, emplacer d'où
: plaide, que l'on considère comme contracté de
remplacer. peallaid, peau de mouton.
l.PLACET. voy place. PLAIDER, PLAIDOYER, voy. l'art, préc.
2. PLACET, pétition. C'e.st un mot latin qui PLAIE, L. jjlaga (Tr/zj/ïi), coup, blessure.
signifie " il plaît r, formule
et qui constitue la La signification actuelle du mot repose sur
par laquelle celui à qui la pétition est adressée un transport à l'efïet; il en
d'idée de la cause
y accorde son consentement. Placet signifie est de même de celle du mot blessure. —
donc pr une requête accordée, « oui placet D. vfr. plaier, blesser, it. piagare, esp.
adscribitur »,ou bien, comme disent les juris- llagar.
tes, une requête placitée, puis requête en 1. PLAIN, it. piano., L. planus.
uni, plat,
général. —
Le mot initial des suppliques était — La forme savante de plain est plati (v. c.
d'ordinaire la forme subjonctive jj/aceaf,c.-à-d. m.). —
D. plaine; en vfr. on disait aussi lo
« qu'il plaise », mais ce n'est pas de cette for- plain =
la rase campagne; c'est le L. pla-
mule que l'on doit déduire le mot placet, bien num,. —
Composé jilain-cJiant, chant à l'unis-
:
que cette étymologie i^pondrait mieux à la son. Notez encore la loc. de plain-pied de =
chose. môme niveau, au même étage.
— ,
plantagci).
D. pi amer (v. c. m.). PLANTE, h. planta, 1. plant, herbe, végé-
PLAINDRE, L. plangerc. D. plainte, — tal, 2. plante du pied. —
D. j^lcinter (v. c. m.).
subst. participial de ^j/azpK/re. Le vieux subst. PLANTER. L. plantarc. —
D. plant (v. c.
maso, plaint (it. inanto^ port, pranto, prov. m.); plantard; 2'>lcin-^on, soldat de service
2jlanch) répond au subst. latin pJanctus. — (cp. le tei'me analogue piquet) \ ijlanteur.,
Cps. complaindre [s c. m.). . p}lantation. Cps. déplanter, transplanter.
PLAINE, voj.plain. PLANTUREUX, adj. tiré du vieux subst.
PLAINTE, voy. plaindre. D. pZani</f. — ptlenté [angl. 2>lenti/) =
plénitude, abondance,
PLAIRE, L. 2'iJo.ccre p. iilacêre. En vfr.on qui est le L. plenitatem. L'anc. langue disait
avait aussi l'infinitif plaisir (cp. les deux aiissï plentiveux. —Quant à la facture inso-
formes loire' et loisir' de licere, nuire et nui- lite de cet adjectif, Tobler (voy. Rom., VI,
sir* de nocere., taire et taisir* de tacerc). Cet 130-131) voit dans pdentureus une transfor-
infinitif plaisir nous est resté à l'état de sub- mation du vfr. 2J^(^ntiveus, par suite d'élision
stantif. —
D. plaisant; plaisance (cp. nui- du V remplacé par r (pour u il allègue machu-
sance de nuire). —
Cps. complaire, déplaire. rer). G. Paris préfère l'expliquer par j>/c^i<C2-
PLAISANT, I. qui p/a/i, agréable ^signifi- vureux, adj. formé d'un subst. plenteivure,
cation obsolète), 2. qui vise à plaire en faisant tiré à son tour de jdenteïf; on trouve, dans le
rire, enjoué, folâtre, 3. ridicule, drôle. — Dolopathos, V, 2770, plantiverouse comme
D. pjlaisanter, d'où plaisanterie. variante à 2'>l«->dei'troiise. Littré rattache notre
PLAISE, nom de poisson, angl. j;/«/ce, mot à un anc. subst. plentor, plénitude, prov.
flam p/a(/?/.s% du L. platessa (Ausonet, gr. 2)lendor, mais Tobler objecte que plentor n'a
::lâ.-Ji.i, BL. jjlctfisa. —
Plaise est sans doute jamais été rencontré, et que le prov. plendor
une forme contracte àepjlaïse. Voy. âiiss'i plie. est une faute de lecture p. ploi d'or.
PLAISIR, voy. plaire. PLAQUE, pr. chose plate; les formes jjZan,
PLAMER, tremper les peaux dans la cuve à 2Jlat, 2ilac, sont des modalités de la même
chaux; dér. àe plain 2 (cp. étamer do étain). racine ^j/a. Le radical ^j/ac se trouve encore
— D. plamée. danslenéerl ji/ac/îc, morceau plat, vha j)/ec/i,
1. PLAN, adj., voy. plain. De là le subst. nha. blech, lame de métal, etc. —
D. jjZaguer,
])lan, d'abord surface plane, puis le dessin mettre à plat, d'où les subst. placage, pla-
d'un bâtiment, d'une ville, etc., réduit à la card (cp. affiche; les Flamands d'iacnt pi ackaet
surface plane, projet de construction, enfin p. ainsi dire j:)/rtca<itm, chose plaquée) ctjj/ti-
projet en général. —
La locution laisser en quette, petite monnaie (dim. du
vfr. pAaque.,
plan =abandonner, planter là, me semble BL. Kiliaen placke
^>7aca, ap. nummus =
venir du L. inp)lano =
à terre; ce serait donc varii apud varios valoris), puis aussi petit
pr. ne pas relever celui qui est tombé. Ou livre peu épais.
bien le sens primitif serait il: ne pas admettre PLARON, petite musaraigne à queue plate
en justice, laisser in plana, c.-à-d. en dehors à l'origine; prob. contracté de j>Z«to'on.
do l'enceinte élevée du tribunal? D. apla- — PLASTIQUE, L. 2J^asticus, du gr. nlu^ziArj^
nir ; planer (v. c. m.). (adj. de 7r).5(îî-iv, travailler avec une matière
PLANCHE, it. pianca., prov. ptlanca, du molle, modeler, fjxçonner).
L. planca, m. s. (p. j5/aîi)ca.?;. D. jv/an- — PLASTRON, de l'it. piastrone ; pr. pièce
chctte, plancher ; verbe plancheier, plate, placard pour protéger la poitrine dér. ;
PLANÇON, \'oy. plant. de^r/aA'/ra, plaque (le même mot que pZàirt;).
1. PLANE, arbre, contraction du L. ^^Za- — D. 2^1<:''Stronner.
tation d'une sphère (globe) sur un^j/a/i. platfond", dowenn 2Aafond (v. c. m.).
PLANT , subst. verbal de planter. — PLATANE, L. platanus; la forme commune
D. plançon, type \-d.^!v!\ plantionem (cp. arçon est ]ilanc (v. c. m.).
de arc). PLATEAU, voy. pZaf.
PLE — 398 — PLÈ
PLATINE, nom d'ustensile : plat, etc. verhe plàvir il le tire d'un tj^to prcedire, qu'il
Comme nom d"un métal, ce mot (du genre considère comme l'infinitif inusit^.^ du parti-
masculin par assimilation aux autres noms de cipe ^>rft»rfi7»jf, doué, nanti (l'i bref do ce der
métaux; est dérivé de l'esp. plata, argent (voy. nier ne jiarait pas l'embarrasser). Kn nous
plat). plaçant au point de vue de Cachet, nous ad-
PLATONIQUE, du nom du philosophe Pla- mettrions plutôt un type jytpdcre (composé de
ton ; r » amour platonique " tire son nom des dare), donner, fournir, (\wi jn'œdire, qui est
opinions émises par ce philosophe sur les rap- inadmissible; csxv prœdei-e pourrait tout aussi
ports entre l'amour sensuel et l'amour pur. bien se romaniser en plévir que convertci'c en
du grec ifinA^trpov ou convertir. Seulement nous ne poiivons, par
PLATRE, piastre ,
D. ploHsibilité. 2jlaihvan. —
L'étymologie de \\'achtcr, qui
PLÈBE, L. plebs, plebis, d'où l'adj plebeius, .
pensait à YaW. p/legcn, avoir soin, a été reprise
fr. plcbc'e' (Malherbe;, d'où par extension plc- par Behaghel (Grob. Zt.schr., I, 4G8), eu four-
beianus*, fr. plébéien. nissant les preuves de la signification « ga-
PLÉBISCITE, L. plebiscilum, décret du rantir, cautionner " inhérente à l'anc. saxon
peuple. j)lrf/an (= haut ail. pflegen). D. plciyer. —
PLÉIADE, réunion de sept, allusion à la PLEIN, L. plcnits. — De la forme dériva-
constellation des Pléiades (TrlstiSj;). Sous le ti\c picua) ins, vient fr. jtlénicr. — D. pléni-
iègne de Ptolémée-Philadelphe.on donna di\jà tude, L. i)lenitudo; vfr. plenté, jUanté,
lo nom de pléiade poétitpie
•• aux sept illus- »•
L. i)lenitatem, d'où plantureux (v. c. m.).
tres poètes de son temps, Théocrite, etc. PLENIBR. voy. i>h'in.
PLEIGB, caution., angl. pledf/e, it. plezo PLÉNIPOTENTIAIRE, du h.plenai>otentia,
(Venise), prcggiu (Sicile;. Suivant Dicz, d'un plein pouvoir, ail. voll-macht.
type L. privbium, chose que l'on porte devant PLÉONASME, gr. nUo-jx^yi;, superfluité.
soi [prœhiiet ou prœbet), puis garantie, sûreté. PLÉTHORE, gr. 7r/>!»w/s>j, plénitude.
C'est, d'après lui, la phrase latine j/rœbere PLEURE, variante de plèvre iv. c. m.).
/idem qui a donné naissance au terme vfr. PLEURER, L. plorare. —
D. pleur, subst.
plàvir la foi et plévir tout court (plus tard \ev\)3\\ pleureur, -eux, -euse ; \erbe pleurni-
]ileuvi7') === donner caution. Dans cette suppo- cher (v. c. m.).
sition, le subst. prov. jylevi^o répondrait au PLEURÉSIE, voy. ph'^crc.
L. prœbitio. Pour la mutation de r en /. cp. PLEURNICHER, 'terme familier d'introduc-
vfr. temple (auj. tempe) du L. tempora. Plan- tion récente, dérivé péjoratif de ;>/6't«rc'r; d'une
chais de Prancatins p. Pancratiits. Le phi- facture bizarre et sans précédent.
lologue allemand écarte l'étymologie de Sau- PLE OROPNEUMONIE, inflammation de la
maise, Du Cange et Ménage, qui consiste à plèvre (::'> et des poumons (ttvîÛjUwv).
i'jf,%)
fqLÏre venir j^leige dun type latin pj-œdiian, PLEUTRE (champ. ^)7au<, plaulre) ; peut-
dér. du L. prœs, p)rœdis, caution. Ce qui l'y être formé par transposition de pcultre, paul-
engage, ce n'est pas l'infinitif ;j7tâ-/r, qui peut trc et partant le primitif de jjoltron ; la signi-
très bien s'accorder d'un primitif j»res (par fication première serait alors paresseux,
prëir, plëir, plévir), mais la forme du px^ésent lâche. Génin explique pleutre j)ar bullcudre,
prov., quiestp/tu«, j>/«(. Pour Dioz, cette finale vieux mot qui signifiait « un bêlant, un mou-
u accuse nécessairement un radical terminé ton, un homme sans énergie, qui ne sait que
on b, cp prov.^^eu bibit, deu =
débet, cscriu = bêler lorsqu'il faudrait se battre, un i)leutre
= scribit, etc. C'est bien là mettre de la con- enfin ». —Bugge (Rom., IV, 364) rapproche
science dans ses assertions ; car rien n'est plus vha. plodar, dégénéré, bloder, peuieux, nord.
tentant que de rapporter ^jte^/e et pZtTzr au blai'.dJir, « imbellis, ignavus, mollis «.
L. prœs, qui signifie caution. Cachet croit PLEUVOIR, p. jjleu-oir {v intercalaire), d'un
devoir passer sur les scrupules de Diez ; il type I,. pluére p. plucre. Dimin. pleuviner.
voit dans 2^lcige la représentation littérale et
PLÈVRE, gr Tzlvj^.x, côté, côte, d'où 7r>-:u-
la traduction du L. prcedium, en se fondant
firii, ù\pleu7'ite. — Le terme pi cui-ésie (UL.
sur l'expression jjtxedia bona biens hy- = jjlcuresis) est fait diaprés un type supposé
l)othéqués (Asconius Pcdianus). Quant au 7r/5Ùiîîi;, p. 7r).»u^lTt;.
.
PLIE, vfr. plaie, d'un type latin plata, = à donner créance à l'étymologie de Ménage,
la plate (cp., pour la filière des formes, oblata, qui explique le mot par une corruption de^ri-
fr. oblaie, oublié). Ce poisson s'appelait aussi mitif. En effet, les patois disent prume, p.
plane du L. planus Voy. aussi plaise. prime (premier) peuple a donc aussi pu
; le
PLIER, forme concurrente ployer (i bref d'we prumitif, puis 2dumiiif, ^. j)rim.itif. Le
latin =
oi fr.), vfr. pleyer (d'où le dér. changement de la liquide r en / est un fait
pleyon, osier pour lier la vigne), it. piegare, constant. Pour e ou. i transformé en u, cp.
esp., prov. plegar, du h. plicare. D.pli, — encore vfr. pn^^mier (premier), fumiele (fe-
anc. aussi j)loil p)liable, p)lioir. Composés : melle). Ce qui nous confirme dans cette ma-
rejilier, employer (v. cm.); déplier et dé- nière de voir, c'est que la moyenne latinité
ployer (v. c. m.). —
Une forme barbare plie- employait en effet primitivum au sens de pro-
tiare, tirée de plicitum, plictuni, supin de tocollum. —
Reste à connaître l'origine du mot
plicare, a donné plisser. — Le subst. verbal plmnetis dans la locution « broder au plume-
p)lica [de plicare) a donné le nom de la mala- tis », Faut-il y voir le même mot que j^hcme-
nier, tout en paraissant connexe avec le L. de la phonétique française. Voy. Fôrster, ap.
jjlumbtcm, n'est pas l'ascendant direct du mot Grober, Ztschr., IV, 379.
français. —
D. pdungeur, 2)longeo)i.
PLUS, L. —
PLOQUER, voy. ploc. D. plocage.— sor,
j^lus. D. 2)1 us leurs, vfr. plui-
prov. plusour. Ce mot est tiré de phu,
PLOT, billot l'ail, plock, X)flock, cheville
;
d'après l'analogie du BL. pj^^i'iores tiré de
de bois, ne convient pas comme étymoa à jilures. C'est ainsi que le vieux latin avait fait
cause du sens; les idiomes celtiques ont ^/oc, du môme pZi<5 le superl. 2dusimus, au lien
et l'allemand plotzen, au sens de frapper.
PLOYER, voy. plier.
deidurimus. — Composé surjdus.
PLUCHE, peluche (v. c. m ).
p.
PLUSER. t. de draperie = éplucher, p. 2)3-
luuser, du L. pilosus[cp. pelouse et pjcluche).
PLUIE, pdeuve, champ, ploge, it.
vfr.
pifxjgia (anc. piova, pjloj a), du L. pluvia.
PLUSIEURS, voy. plus.
PLUMS, L. pjluma. —
D. plumage, plu- PLUTÔT, p. plus tôt.
mail (type lat. plumaculum), plumeau, plu- PLUVIAL, L, jduoialis (pluvia); pluvieux,
met; plumasseau, plumassier (dér. d'un type L. pluviosus (d'où le nom de 2Ji>-i>^iose du
pdumacius =
fr. plumas) verbe plumer,
^
calendrier républicain).
ôter les plumes L. plumare signifie le
(le PLUVIER, plouvier', du L. pluvia, pluie,
contraire, garnir de plumesj; jjZ«-
c.-à-d. parce que cet oiseau arrive en troupes dans
meux, L. plumosus. la saison des pluies
PLUMETIS, brouillon d'une écriture, mi- PNEUMATIQUE, gr. n.zofj^xr.y.o;. de n.tZu^,
nute ce mot est la forme populaire de plu-
;
souffle, esprit.
miUf ^= original des arcéts et sentences. Or, POCHADE, voy. poche.
plumitif à'oii vient-il? Do plume? Nous en POCHARD, voy. 2Joche. — D. 23ochardcr.
doutons; la facture du mot serait par trop POCHE, dans les patois 2ioque, pouque. Le
POË 400 — POl
sens fondamental de ce mot est incontestable- 2. POÊLE, masc, vfr. jmsle (l'Académie
ment cliosc creuse ou, ce qui revient au même, autorise l'orthographe poilc\ étuvo,
aussi
chose enflée. Les diverses significations ac- chambre à étuve, puis fourneau. Mot d'ori-
tuelles ou anciennes : sac, panier, jabot, faux gine obscure. Il vient directement du BL.
plis, bouillon, cuiller, creuset, tumeur, pus- pisele, piselis, 2^isehitn (l'accent porte sur la
tule (dans le populaire poqv.es, poquettes),
t. première syllabe). Mais ces types immédiats,
s'y laissent aisément ramener. Le mot est comment les expliquer? Diez observe qu'ils
d'origine germanique et répond pour le sens pourraient, pour la forme, se déduire àspen-
et la forme au nord, poki, ags. pocca, angl. sile, pesile (d'où le frison pysel, mha. 2)t>sel
jwck, 2wche,]}oiic7i La même racine, nasalisée,
. = poêle), mais il ne se rend pas compte de
se retrouve dans les mots équivalents vlia. l'applic^ition spéciale du mot latin qui a pu
phunc, mha. pfiinc, suéd., dan. pn»ff, BL. motiver la signification. Il cite le horrcum
praiga, jmncha, grec mod. Troûy/t (it. vénitien 2)cnsih de Columelle; puis le domus pensilis
p)onga, jabot). —
D. pochette (angl. pochct), et le camei'a pendens de la moyenne latinité.
iVoù 2iocheter ; pochce. Quant au verbe j>oc//er, Nous acceptons la judicieuse étymologio du
on n'est pas fixé sur son origine, en ce qui professeur allemand, en ajoutant que ses
concerne les expressions ^jocAo* des œufs, et doutes relativement au rapport logique entre
1/ eux poches. On a mis en avant, les uns l'ail. pensilis, suspendu, et étuve, nous semblent
pochen, frapper, d'autres le verbe fr. dialectal levés par l'expression de Pline : balneœ pen-
poucher (aussi pauche^-), qui vient de poUex, siles =cabinets do bain suspendus, c.-à-d.
-icis, et qui signifie presser du pouce. Je suis construits sur des voûtes et chaulftis par-
d'un autre avis; selon moi, j)ochc7' des œufs, deiv«;ous (hypooausta). —
Littré part du liL.
c'est les apprêter de manière à laisser au pischim, ouvroir des femmes, que Ducange
"
jaune sa forme arrondie et rebombée. Le mot tire, par jiensilc, do 2)ensuin, tâche (cp. pen-
se rapporte à la valeur foncière de jxichc : siles ancillœ, seivantes à la tâche; il en- ;
chose concave ou convexe. Vœil poché est une chaîne ainsi les sens et les formes 2>^»>sife. :
expression i)opulaire reposant sur une res- pesile, 2ioish' , ouvroir, chambre chauiréo,
semblance de son et de fait avec un ontf poêle. — Je préfère ma manière do voir,
j)oché; une écriture toute pochée, c.-à-d. puisqtic le i>ensilis ou sus2)ensu}'a, en t. d'ar-
pleine de jtochons (mot familier) ou pâtés chitecture romaine, implique nécessairement
d'encre, présente encore, parait-il, le même l'idéedo chauffage, et que le sens actuel du
trope. — Quant an pocher des artistes (d'où mot po*'/« reposerait sur le même enchaîne-
pochade), il pourrait venir de pauchc, poti- ment d'idée que celui du mot éliivc{v. c. m.);
che, pouce (travailler du pouce); cependant en Suisse, {Mêle se dit encore pour chambra
Génin explique ainsi le mot pochade : « es- à poêle. — D. j)0(^liei', d'où potUerie.
quisse rapide et négligée, où la brusquerie 3. POELE,fém., ustensile de cuisine, vfr.
du pinceau a jeté les couleurs comme des paèle, jtaes/e (Nicot a paelle et à Bruxelles
pochons par saillies inégales. C'est l'opposé de j'entends dire pai/cllc). du L. patella (it. pa-
faire léché, tranquille et miroitant ». — délia, esp. j)adilla), dim. de palena. D. —
Autres dérivés de poche jiochard, rempli :
poêlon (Nicot poillon), pof}leUc, poi-lée. Voy.
coinme une poche (?); pochon, jtâté d'encre, aussi jmleltc 2.
propr. i)ustule (?)
POCHER, voy. l'art, préc. — Pour l'anc.
POlàME, L. 2^oana, gr. noir.ax, pr. œuvre,
composition en général; j)oésie, L ])oesis,gv.
valeur « mettre en poche »>, nous n'avons plus
que le cps. etnpoche?-. — D. j)Ocheter, porter
K'Ar,ii;'., poète, L. pod'rt, gr. Ttoior/n; pofHiqne,
L. poclieus, gr. Tr^i/jn/o;; dér. mod poétiser
(des fruits) dans sa poche (pour les faire mûrir).
(d'un type ^l'sivjTt^uy).
POCHETTE, POCHON, vov. j^oche.
PODAGRE, L. podagra (Trôaiv,'»)- POÉSIE, voy. poème.
1. POELE, masc, drap mortuaire, voile POETE, voy. poème. D. 2^wtercau. —
nuptial, vfr. poésie. Dicz conjecture un type POÉTISER, voy. poème.
gr. 7rîra).ov, chose étendue, déployée; il rap- POGE, t. de marine, de l'it. 2"'^U''^> '^l"'
pelle L.petalum, lame d'or qui couvrait la tête vient du gr. rcoh-j-j, au bout infé-
pr. la corde
du grand prêtre des Juifs. Le primitif L. pal- rieur de la voile ; puis employé pour désigner
îium, prov. ^m//, ne lui convient pas, parce le câble de droite, en opposition avec ona.
que 2)aUium ne répond qu'au vfr. paile. Lit- fr. orse, =
câble de gauche. D. p)oger, —
tré se prononce néanmoins pour pallium, en pijugei'.
se fondant snr ce qu'au xvi= siècle on a pro-
POIDS, vfr. 2^ois, it., esp., port, peso, piov.
noncé et écrit ^9027^^. Je trouve dans Palsgrave pens, 2>cs, du L. pensum (pendere), pr. cliose
à la fois un mot palle traduit par canopy pesée. Le vfr. avait aussi la forme fém. poise.
(dais) et un mot poille traduit par clothe for
L'insertion du d dans poids i)araît être moti-
a dead (drap mortuaire). —
Je suis d'avis que vée par un souvenir trompeur du L. ptondus,
s'iln'y a pas lieu de faire cas de l'orthogra- joint au désir de différencier le mot de pois,
phe po<'s/e,/>ow7(?, Vs y étant parasite, l'opi- L. pisum. f)n peut aussi considérer pois
*
nion de Littré doit prévaloir 2wile issu de comme le subst. verbal de peser au sens neu-
;
^a«7c n'est pas plus étrange que 'esmoi, cmoi tre " être lourd " [e changé en oi en syllabe
~ vfr. esmai, foin =
vfr. fain, et (en syllabe tonique était autrefois de règle dans la conju-
atone) la forme voisin raisin. ~ gaison de ce verbe).
POI 40 POL
POIGNE, du poing je tiens ce mot
force médicinal. Cp. Suétone « potionatus ab
:
—
;
aussi ponchon, pochon; prob. le môme mot sens est petit vase prob. nn dim. de pouce,
;
que poisson 2.
vîv.poch, mesure contenant un pouce cubique.
POINDRE, piquer, 2. apparaître comme
1 .
lice (== registre, peut-être = document public latm, laine, et port, madraço, paresseux. Il
en général) qui se trouve dans Mainet, chanson se peut que le mot fr. pleutre (v. c. m.) repré-
de geste du xii" siècle (voy. Rom.. IV, 330), sente le primitif italien ^o/O'o. L'étymolo- —
rapproché du BL. apodixa =
cautio de sus- gie polliee truncus =
à qui on a coupé lo
cepta pecunia (voy. Du Gange) et du mot pouce (pour le faire exempter du service mili-
méridional podisa =
reçu, quittance (voy. taire), est abandonnée elle jure avec la forme
;
ment, preuve, ne serait-il pas la source des après beaucoup d'autres. Génin explique />o/-
mots en question? La mutation du d médial tron comme le dimin. du \fr. poultrc (BL. pul-
en l ne serait pas plus étrange que celle qui letrus), cavale (ou plutôt poulain). « Lnjjoul-
querai l'histoire des mots it. bottega (apotheca), de son ombre et dont le premier mouvement
rena (arena), fr. la Fouille (Apulia) et de tant est toujours de s'enfuir. " Déjà Ménage avait
d'autres. proposé pour \>v\m\i\{ pnllus ou plutôt />»//f-
POLICHINELLE, de piildnello, per-
l'it. ti~us. Cette étymologie conviendrait assez bien
sonnage de la comédie napolitaine représen- même pour la forme italienne (car j>ci//racc7t?o,
tant un paysan balourd qui dit plaisamment poulain, présuppose un primitif poltro, dou-
des vérités. Galiani (Vocab. Neap.) rapporte le blure àc polcdro); cependant, le double sens
mot italien à Piiccio d'Aniello, nom d'un petit du verbe it. poltrire, se livrer au sommeil et
paysan des environs de Naples, qui aurait créé à la paresse, nous décide pour l'étym polstar.
le rôle de polichinelle. Selon d'autres, et cela Nous invoquerons encore en sa faveur l'cxpr.
me parait plus plausible, le mot n'est qu'une ail. biirenhûuter , qui désigne, d'après Sanders
expression de caresse et vient du L. jmllus, (contrairement à l'opinion de Grimm), l'homme
par l'intermédiaire àe pulcino (voy. pniissiyi). de guerre qui, au lieu do guerroyer, reste
Citons encore l'opinion de ceux qui ratta- couché paresseusement sur sa peau d'oure
chent le mot à un Paulo Cinella, qui aurait (bûrenhaut).
joué les Polichinelles du temps de Charles POLY- du gr. t.o).\j;, J)1u-
(en composition),
d'Anjou, à Naples. —
L'angl. dit (n p. /) pim- sieurs. C'estdonc un équivalent du L. ynulli-
chineUc et tout cowvipunch. Voici les principaux composés avec polij :
POLIR, L. polire. —
D. poli, vfr. polit, PoLYÈDKK, gr. no'/ùîopo;, à plusieurs bases
L. politus (de là politesse); polisseur, -oir, (iSr^oc, face).
-ure; polisson, du L. politionem, action de Polygame, gr. -rzo/ù/y/j-oi, plusieurs fois ma-
polir ; ce subst. abstrait et féminin a pris dans rié (de /Xy.iea. se marier), d'où polygamie.
la suite une signification concrète (cp. poin- POLYGLOITK, gr. TToiu/JwTTOj (do yiwTTa,
çon, nourrisson), accompagnée du genre ma.s- langue).
culin, savoir « nettoyeur de rues «, puis cou- Polygone, gr. 7:o)ùycjv5; (de ywv{«, angle).
reur de rues, gamin, etc. L'idée àc j)olir des Poi.YGHAPHK, gr. qui écrit sur
Tt'i)<j-/[jy'fOi,
POLTRON, de Vït.poltrone; celui-ci est dér. \îv. poniel, petite boule en forme de pomme ;
de l'adj. pjoltro, paresseux, qui aime ses aises, forme férn. pjomm,elle, plaque de plomb bom-
lâche. Quant kpollro, il vient du vha. polstar, bée pleine de petits trous qu'on met à Tem-
nha. polster, coussin. Pour le rapport des bouchure d'un tuyau pour empêcher les
dées, cp. vfr. lodier =
couverture de lit et ordures de passer se pjommeler, se couvrir de
paresseux, vfr. lanier =
poltron, lâche, de
;
1
. ,
ornement d'ajustement (v. c. m.). PONEY, de l'anglais po/zy (qui vient du gaél.
2 POMPE, appareil destiné à élever et à ponaidh, petit cheval).
pousser les eaux d'un lieu dans un autre, PONGSR, p. éponger.
machine pour élever l'eau, angl. jnvmp, ni. PONT, L. pons, pontis. — D. ponceau (v.
pum,pe ; d'origine incertaine peut-
pom,]), ail. ;
c. m.), po)ité; ponton, pont flottant, L. ponto,
être une onomatopée, imitative de la chute du -onis, bateau de transport.
piston. Ménage proposait hardiment le gr. 1 . PONTE, subst. verbal participial de pon-
action de conduire (l'eauj. Cette éty-
nofMiiri, dre.
mologie serait acceptable, si le mot nous 2. PONTE, au jeu d'hombre, de Icsp.
venait par l'intermédiaire d'un it. pompa, punto, point. — D. ponter.
mais celui-ci fait défaut. Les langues esp., PONTIFE, mot savant, du L.pon<2'/èa?,-zcw,
oat port, ont bom,ba, ce qui détermine Diez d'où jjontificalis, -atus, fr. pontifical, -at.
,
à envisager notre mot comme un dér. du mot PONTON, \oy.po7it. — î). pontonage, i^on-
roman bom,bare, boire, aspirer, absorber, tonnier vevhe po7itonner.
qu'il considère comme une onomatopée. — PONTUSEAU,
;
nus, pouzi = poussin)\ l'it. dit porco-spîiw, basse latinité, a pris le sens actif de faire
l'esp. piterco espino; c'est donc un porc à cesser, arrêter, mettre à l'état de repos. Po-
épines, cp. l'ail, stachel-schicein. ser a, en français, pris la place du L. p)onere,
PORCHE, régulièrement tiré du L. pôrti- tant à l'état simple que dans les composés
cus (porta), dont la langue savante a fait^oj'- (de-ponere, déposer-., reponere, reposa', Gic).
tiquc. La francisation véiùtable de ponei'e est jjo«-
PORCHER, voy. porc. — D. porcherie; cp. dre (v. ce mot), mais ce verbe a été restreint
bergerie, beuverie. à une application toute spéciale. D. subst. —
PORE, L. points, gv. Ttdpoi, pr. conduit, verbal pose (v. c. m.); poseur, -âge.
passage. — D. poreux, d'où porosité. POSITION, POSITIF, L. positionem, -ivus.
PORION, en Belgique, surveillant des tra- POSSÉDER, du L. possidere (pone sedere),
vaux dans les houillères d'où ? ;
dont le supin possessum a donné possession, :
Un type direct jzoptfDpiT/ii, porphyre (Littré), l'ancienne langue disait- elle ou posseoir, ou
est contraire à la lettre, l'accent de ce mot possesser (fréq.), cp. angl. 2wssess.
grec ou latin portant sur la pénultième. POSSIBLE, L. possibilis (posse). D. pos- —
PORREAU, voy. poireau. sibilité, L. possibilitatcm.
1 PORT, action de porter, subst. verbal de POST-, élément initial de composition,
porter. Acceptions déduites manièi'e de se : signifiant après, du h. post, après. ]^x.: post-
porter, capacité de porter (en parlant d'un dater, post-scriptum, post-poser, post-face
navire), transport d'une marchandise ou d'une (opp. de préface).
lettre et prix de ce transport. 1. POSTE, fém., pr. déptU de chevaux do
2. PORT, lieu destiné à recevoir les vais- rechange, station de relais, d'où découlent
seaux et à les tenir à couvert, du L. portus. toutes les autres acceptions ; du BL. posta p.
— D. portulan (v. c. m.). posita, subst. participial do ponere, sta- =
PORTAIL, voy. porte. tion. —
D. postal, postillon. ,)aà\s poste—
PORTE [aW. pforte), du h.poi-ta. D.joor- — signifiait aussi proposition, arrangement, con-
tail^anc. potial, angl,, ail. portai, d'un type vention, convenance, etc., « faire qqch. à sa
portale; portier, L. ^OTia.v\\xs\ portière, por- poste »; auj. encore on dit « payer à poste »
tereau. c.-j\-d. à des termes convenus d'avance.
PORTER, L. portare. —
D. port (v. c. m.), 2. POSTE, ma.sc., lieu ou position officielle
portée; portière, adj. =
qui porte; subst. = où l'on est placé {jiositus) par ordre; puis
utérus. Le mot porter, comme élément de aus.si = détachement
do soldats occupant un
composition, a servi pour l'expression d'un poste, corps de garde. Les deux mots—
très grand nombre d'objets (ustensiles, pièces poste, masc. et fém., sont peut-ôti'e mieux
d'habillement) ou de fonctions, p. ex. porte- envisagés comme les subst. verbaux du verbe
crayo7i, porte-feuille, porte-épée, porteman- poster, qui représente posture, placer, fré-
teau, porte-voix., porte-drapeau, portefaix, quentatif du L. ponere.
porte-queue. POSTER, voy. poste 2. Cps. ajioster.—
PORTION, L. portionem. POSTÉRIEUR, L. posteriorem (comparatif
PORTIQUE, voy. porche. de 2)ostcrus) —
D. i^ostériointé, L. posterio-
.
PORTRAIRE ou POURTRAIRE, vieux mot ceux qui viennent après [posl) nous.
dont Voltaire a eu raison de regretter la POSTHUME, L. posthumus, fausse ortho-
perte, du L. protrahere. L'ancienne langue graplic de postumus, superlatif de posterus.
s'en servait dans le sens de mettre au dehors, POSTICHE, fait et ajouté après coup, de là
en évidence, étaler, puis de représenter, des- = qui n'est pas primitif ou naturel direct, ;
siner, peindre. Du partie, protractus vient le de l'it. posticcio, forme écourtée de aposticcio
subst. pourtrait', portrait, pr. chose pour- (= postiche), qui est la reproduction d'une
traite, dessin, effigie, image. Ane. on avait forme latine apposititius ajouté. ,
sare, du BL. pausare. Ce dernier représente il faudrait on fr. soit pout ou peut, et l'it.
le h. p)ausare, s'arrêter, cesser, qui, dans la 2-)otta, qui est le même mot avec une applica-
POT — 405 POU
tion spéciale et métaphorique (cp. le double POTIER, voy. pot. D. poterie. —
sens du L. concha), contrarie également cette POTIN, alliage de cuivre et de zinc, mêlé
étymologie. D'autre part, on peut admettre souvent de plomb. On en fait des pots, ce qui
que langue latine employait àé^kpotus avec
la en a probablement déterminé le nom.
le sens de pot du moins un dictionnaire pré-
; POTION, L. potionem,. Voy. aussi poison.
sente ce mot comme se trouvant dans Pline POTIRON, aussi poturon, patron, gros
avec la valeur d'urne, et Fortunat (vi"^ siècle) champignon grosse citrouille ;
, d'origine
en fait un synonyme de canna et calix. Voy. incertaine. Devic propose l'arabe fouiour,
aussi l'art, ^joie. —
Dans l'expr. » sourd champignon.
comme wnpot «, vu l'angl. ^ deaf as a post »• POU, contr. àepéou ou ^^Inibi péouil, wall.
(sourd comme un poteau), Littré (suppl.) sup- piou, prov. pczolh, it pidocchio, port, piolho,
pose avec raison que nous avons affaire ici esp. piojo, du BL. pcduculus = L. 2)ediculus.
au vfr. post (lat. postis, poteau), qui se dit — D. pouilleux, L. pediculosus; vevhe pouil-
encore en Normandie. —
D. potage, pr. ler, chercher des poux, fig. injurier grossiè-
choses mises dans le pot (légumes, pois, etc.); rement chercher des poux à
(cp. la locution
dans certains dialectes =
légumes; potier, la tête de qqn.et l'ail, lausen, rudoyer, laver
230tce; potiche; empoter. Composé ijot-pourri la tête) pouillis, endroit plein de poux ;
;
POTENTAT, anc. souveraineté, puis, par forme gâtée du latin pulv-is, poussière, ou un
conversion du sens abstrait au sens concret, dérivé de pouffer, crever? Voy. aussi l'art,
prince souverain (cp. l'it. podestà)\ du BL. suivant.
potentatus, dér. du l^.potens, puissant. POUFFER de l'interjection pouf;
de rire,
POTENTIEL, L. potentialis (potentia). voy. aussi bouffer. de gonflement,
L'idée
POTERNE, posto'ne", p. posterle, it. pos- d'enflure Cet par métonymie, de crèvemont,
tierla, du L. posterula, sentier dérobé, fausse d'éclatement) attachée à cette racine pouf est ,
porte, cp. Yj. j>ostica, porte de derrière; l'un encore bien sensible dans le subst. 2^ouf ^^
et l'autre sont dérivés àcpost, deirière. coiff"ure de femme et tabouret^ dans faire
.
histoire forgée à plaisir (op. craque). FOULICHE, d'un type latin pulliai, ou
POUILLÉ, inventaire, registre, voy. sous plutôt puUicia', dér. de pullus. Cp. poulain.
2>olicc 2. FOULIE, voy. l'art, suiv.
FOUILLER, verbe, voy. pou. — D.poiiilles FOULIER, verbe, de l'ags. pullian, nngl.
(v. c. m.). pull, tirer, guindor. — D. poulie, subst.
FOUILLES, reproches mêlés d'injures chan- ; verbal, machine pour tirer, d'où esp. polea,
ter pouilles à qqn. =
l'invectiver; subst. ver- jinit /)o]i\ angl pulley.
bal dépouiller, injurier (voy. 2^oti). On s'est, FOULINER, voy. poulain 1.
ce me semble, inutilement creusé la tète sur FOULIOT, espèce de menthe, dimin. d'un
l'origine de ce terme. mot poulie (inusité), qui correspond à l'it.
FOUILLEUX, voy. pou. polegcfio, esp. poleo, port, pocjo, piov. pulcgi,
POUILLOT, nom d'oiseau; sans doute un ail. polci, et qui vient du L. puler/ium, lui-
dérivé de L. puUus, jeune, petit. môme dérivé do pulex, puce (lierbo chas.^ant
FOULAILLE, voy. poule. — D. poulail- les jjucos).
ler. FOULOT. voy. poule.
1. FOULAIN, p. ^ou7m, petit d'une jument, 1 FOULFE, fém., aussi pulpe, du L. pulpa.
prov. pulin, du L. pullinus, dér. do pul lus, — D. poulpeton on poupeton.
jeune d'un animal; Pline pullus equinus.
:
— FOULFE, masc, espèce do molln.squo,
2.
D. 2)0Hli)ie, poulinière, \erhe pouliner. it.polpo, esp. pulpe, du L. pôlypus, polype.
2. FOULAIN, bubon, tumeur. Roquefort se POULS, it. polso, du L. pulsus (pellere),
complaît à dire que cette acception vient battement. L'/ dans pouls est d'introduction
de jwulain, petit d'un cheval, parce que les savante les anciens écrivaient correctement
;
qui. —
D. 2)oursuite. dial des Vosges et de la Lorraine (Ztschr,,
POURTANT =
pour tant (cp. partant). IX, 499), à propos du mot chpusd (pron.
Cette expression, qui d'abord signifiait " pour xpuse), poussière, émet l'avis que ni le prov.
cela ", a fini par signifier malgré cela, : pois, ni le dérivé fr. poussière, n'ont rien à
néanmoins, cependant. Du reste on remarque faire avec pulvis; qne pois (d'où fr. 'pousiere)
la même valeur de pour dans les tournures représente L. pulsum, =
chose frappée, tri-
fr, telles que « pour être fêté partout, il n'en turée, moulue ; que le patois ocpusd est ^=
est pas plus fier " (Académie). expulsum. —
Voy. aussi pousse.
POURTOUR, circuit, renforcement de tour, POUSSIF, voy. pousse 3.
cp. pourpris; peut-être le subst. verbal d'un POUSSIN, du L. pullicenus, BL. pulci-
ancien ponrtourner. nus, dérivé àepuUus. —
D. poussinière.
POURVOI ce mot est-il le subst. verbal du
; POUTRE est le même mot que le vfr.
verbe p)ourvoir, donc pr. l'action de se pour- poutre, jument, qui répond au BL. pulletrus,
voir en justice, ou y a-t-il lieu (vu le caractère jwledrus, puledra (it. polédro, esp., port.
tout à fait insolite d'un subst. voi tiré de potro) et qui, d'après Diez, parait venir d'un
voir) d y reconnaître un similaire de envoi, diminutif gr. ttwJh'Siîv, iru/ASpiov (de nôtloi,
convoi et de le rapporter à un verbe pour- poulain). La signification actuelle du mot —
voyer = L. proviare*, aller en avant? Je grosse pièce de bois équarri, qui sert à sou-
laisse la question mdécise. tenir les solives d'un plancher est déduite,—
POURVOIR, anc. pourveoir, du "L. provi- par métaphore, de celle de jeune cheval,
dere. — D. pourvu que (<> je viendrai, pourvu comme on a tiré en latin equuleus de equus,
qu'il ne soit pas là équivaut à « je viendrai,
»> en fr. chevalet de cheval, en ail. folter,
si l'on a eu soin ou si l'on a pourvu qu'il n'y instrument de torture, du roman ptoledrus.
soit pas "); pourvoyeur (v. c. m.); pour- hh poutre serait donc d'abord simplement une
voyance", anc. pourveance" providentia;= pièce destinée à en soutenir une autre, un
pourvoirie (v. c. m.) ; cps. dépourvoir d'où la , chevalet. Ménage soutenait déjîi cette étymo-
locution au dépourvu. logie, mais en l'expliquant ainsi « la, poutre :
Palsgrave j)o^iste balke of an house), et PRÉ, it. jjrato, esp. prado, du L. pratum.
(cp. :
Storm (Rom., V, 181) estime que imlletriis prov. pradelh, vfr. praSl, praiel, nfr. jjre'au.
peut avoir déjà appartenu au fonds latin et PRÉ-, préfixe, L. prce. Les mots français
qu'il n'est pas nécessaire de recourii-, avec composés avec ce préfixe sans précédent latin
Diez, à un primitif grec; il se fonde, en cela, sont fréquents ils appartiennent à la langue
;
sur le mot latin porceira, jeune truie, d'après savante et marquent supériorité ou priorité.
lequel on a pu créer pulhtra, pouliche.
— Nous citons parmi les plus répandus les sui-
D. poutrelle. vants jire'acheter, 2)rt'alable, préavis, précité,
:
tio », édit impérial, est un terme du Code caterc, se mettre en garde. D. ^w-t'cau- —
Justinien. tionner.
PRAIRIE, vfr. praeHe, prov, pradaria, du PRÉCÉDER, L. prœ-cedere, aller en avant.
BL. prataria (pratum). D. prairial, nom — — \). pyyécédent, adj., jjuis sub.st., h. prcece-
du neuvième mois du calendrier républicain. dens. —
Du supin 2i^'<^cessutn : subst. prse-
PRALINE, amande rissolée dans du sucre, cessionem, fr précession.
ainsi nommée d'après un sommelier du maré- PRÉCEINTE, t. de marine, BL. prœci7ictum
chal Ditplessis-Pralin. qui s'avisa le premier (pra'-cingorel, pourtour.
de préparer les amandes de cette manière et PRECEPTE, L. 2»'<^ceptum (prœ-cipero);
d'en servir sur la table de son maître. — précepteur, L. praîceptorem, d'où préceptorat,
D.]^raliner, griller avec du sucre. -orial.
PRAME, sorte de vaisseau, du néerl. praatn, PRECHER, anc. prescher (s intercalaire),
dan. pram, angl. prame, ail. prahm. angl. preach, vfr. pjrcechier, du L. pjredt-
PRATICIEN, voy. pratique. care (d'où ail. predir/en). — D. préehe, prê-
1. PRATIQUE, adjectif, l.. iiraclicus, gr. cheur. — Termes savants tirés du même
Ttp^xTiy.d; (de TZf.à'j-jîi-j,à l'action,
agir), relatif prœdicare : prédicateur (anc. ausû prédicant),
à l'exécution. —
D. subst. prcdiden. prc'dicntirm.
2 PRATIQUE, subst. fém. du gr. izp^c^.ziy-r., . PRÉCIEUX, L. 2^<^'^osus (prctium).' —
art d'agir, opp. à yvw7Tt/y- ou B-upviziy.r,. — D. ])récievse, pjréciosité.
B. pratiquer, mettre en pratique, exercer (un PRÉCIPICE, L. prœcipitium, dér. do l'adj.
art), employer beaucoup, fréquenter, etc. prœceps (gén. prœcipit-is), la tête en avant,
3. PRATIQUE, subst. fém., chalandise, d'où aussi prsecipitaro, -ationem, ïv précipiter .
chaland, représente le subst. veibal du verbe -aiion. Montaigne s'est servi de l'adj. préci-
pratiquer au sens de fréquenter, hanter. pjiteux.
4. PRATIQUE, instrument des joueurs de PRÉCIPITER, voy. précipice.
marionnettes, de l'esp. p)latica, conversation PRECIPUT, avantage accordé à un héritier
(entre les marionnettes), qui est le subst. do sur SCS cohéritiers, terme de droit tiré d'une
platicar, converser (litt. (v. pratiquer). = manière irrégulière du L. prœcijnaim, pré-
PRATIQUER, dér. de pratique 2. D. pra- — ciput, dér. lui-môme de prœ-cipere, prendre
ticable; subst. pratique, chalandise, chalaiid.
d'avance, prélever. Le t final n'a aucune rai-
.
juxta. Cette préposition s'est substituée au mere. — D. pressant, pressé, pressage, près-
L. prope, que la vieille langue possédait sis; subst. verbal presse \. action de presser;
encore sous les formes prop, prof, pruef, etc. 2. machine à presser; où l'on est
3. situation
— Composés vfr. emprès, nfr. a-prês, it.
:
pour l'effet) foule,
pressé, serré, de là (la cause
ap-prcsso, prov. a-pres ; ir. presque (v. c. m.), multitude. Du sens « machine à imprimer «
it. prcssochd. découle le sens collectif moderne ensemble :
presnnptible =
qui peut être prescrit, voy. le digitus, doigt.
Dict. de Littré, à l'art, prescription. PRESTIGE, L. prœstigium. D. presti- —
PRÉSÉANCE, du L. prœ-sidentia (cp. vfr. gieux, L. prœstigiosus; pre-stigiatcur, L. pros-
reseant =
residens), d'où au.ssi le terme savant tigiatorcm.
présidence ; cp. ail. vor-sit3. PRESTOLET, dimin. de preste, forme pa-
1. PRÉSENT, adj., L. prœsentetn. D. — toise (aussi cat. et esp.) de prestre' prêtre.
présence, L. press^enûa; présenter. L.prœsen- PRÉSUMER, L. prœ-stimei'e, litt. prendre
tare. —
L'adv. à présent répond au L. ad d'avance, juger par induction. — D. présu-
prœsens s. e. tempus (Tacite;. mable. De prœsumptum, supin do prsesumere:
2. PRÉSENT, subst., don, cliosse pré.^cntéc; prjesumptionem, fr. présomption; pnestimp-
tiré du vovhc présenter, comme do7i de don- tivus, fr. présomptif; prsesumptuosus, fr. jn'é-
ner, achat de achater ,' acheter Littré raiiporte . somptueux.
le mot et sa valeur à l'ancienne locution mettre
PRÉSURE, acide faisant c^iiller ou prendre
en présent (in preesenti) à qqn. =^ pré.senter, le lait; c'est le \îv. présure, action de prendre,
offrir. La forme it. et esp. jiresente (au lieu qui reproduit le latin prensura.
de présenta) appuie cette manière de voir.
PRÊT, adj., prov prest, esp., port.
PRÉSENTER, voy. présent 1. D. pré- — 1.
presto, du L. vulgaire prœstus, d'où
it.,
l'adv.
sentation, -ablc, représente^'
prœsto, =
sous la main. De l'it. presto nous
PRÉSERVER,
précaution.
h. prœ-servare, garder avec
— D. préservation, est venu lefr. preste v. ). D. apprêter.cm —
-aiif.
2.PRET, siihst. verbal doprêter.
PRÉSIDER, L. prœ-sidere ; président, L.
PRETANTAINE. « Ce mot e.st une onoma-
prœsidentom, ô^oix jyrésidcnce (voy. préséance)
to])ée, dit Ménage, du bruit que font les che-
et présidentiel.
vaux en galopant pretanlan, pretantan,
:
—
.
,
1 PRESSE, dans
ses acceptions abstraites D prétérition, L. prœteritionem.
et concrètes, sub.st. verbal àepresser{\. cm.). PRETEUR, L. prœtorem (de prœ-ire, aller
2. PRESSE, sorte de pêche; c'est une fran- en tête). — D. prétoire, L. praetoriiim ;
pré-
cisation, par transposition, du L. persicum ture, L. prsetnra.
(voj. pêche); cp. le ^rov. presega. PRÉTEXTE, L.prœ-textus, de prœ-texere,
PRESSENTIR, L. prœ-sejitire. D. pres- — litt. faire un
devant une cho.sc pour la
tissu
sentiment cacher; pour le sens fig., cp. pallier do {pal-
PRESSER, du L. pressare, fréq. de pre- lium) et voiler. —
D. prétexter.
. .
ags. preost, angl. priest, nord, prestur, ail. probst et profnss, provoost.ni.
priester; du L. presbyter, gr. 7roî56ÛT£/5o,- (litt. PRIER, anc. prêter, py'oier (cp. nier et
=- senior), titre ecclésiastique en usage dès noyer', plier et ployer), du L. precari. —
lespremiers temps de l'Église. Isidore « pres- D. prière, it. preyaria, prov. preguicra, du
:
l'accus. presbyterum (l'accent sur PRIEUR, du \j. priorem = qui précède, qui
viennent les
.
y)
anc. formes de cas oblique pre- a le pas sur un autre. — D. prieuré, RL.
vcire, prevoire, p)roroire (^ prêtre), prioratus.
que l'on
a fait erronément dériver àe provisorem. PRIMAIRE, L. primarius, forme savante
D. prêtrise, prêlraille. de premier.
PREUVE, voy. prouver. PRIMAT, « qui primas partes tenet », it.
PREUX, anc. prou,preu, etc. prov. pros et ,
primate, a.\\. primas, du L. primas, -atis. —
pro. L'origine de cet adj est controversée. On a
.
D. primatie.
allégué comme primitif: 1. le subst. it., esp., PRIMAUTÉ, vfr. primalté, d'un type latin
prov.pro, afr. ;9ro, prou, preu, signifiant avan- primalitatom fcp. principauté), dér. du BL.
tage, bénéfice, et que l'on tire de la particule
L.
primalis, premier, principal. L'it. pri- —
2^ro, en faveur, au profit fcp. notre
subst. pour
mato et l'ail, primat viennent du subst. L.
dans « le pour et le contre »,; le sens foncier primatus.
serait donc « profitable, utile «, d'où se serait 1. adj., du L. primus. A l'état
PRIME,
dégagé celui de généreux, vaillant ; 2. L. — d'adjectif, nous ne trouvons plus ce mot que
p)robi..s ; cette étymologie conviendrait
parfai-
dans les locutions déprime abord, de prime
tement, dit Diez, si l'on rencontrait, comme face, et dans les compo?.és primevère (v. c. m.),
fém. du prov. pros, fr. preux, une forme printemps (p. prime-temps), et l'adj. prime-
prov. p?'om, fr. prove; mais il est constaté sautier, tiré du v. subst. prime-saut (aussi
que cet adj. ne fléchissait pas au féminin (voy. prinsaut) =
L. primus saltus, premier saut,
Raynouard, IV, 659, la pros cpmtessa ; Gilles premier mouvement. —
D. primer, avoir le
de Chin « la dame fv\ preus et honeste
:
premier rang, devancer; subst. primeur,
«);
or, il est sans exemple qu'un adj. (sans
e final)
première saison des fruits ou légumes, etc.
de genre commun dérive d'un adj. lat. en us 2. PRIME, subst., dans ^rme d'assurance,
et a; — 3. h.prudus[îoTme accessoire àepru- d'encouragement, de bourse; direct, de
dens), it. prode, pr. sage, puis,
en général l'angl. premium (prononcé primium), qui,
:
qui se conduit bien, qui fait son devoir. Cette ainsi que l'ail, prûmie, vient du L. prœ-
étymologie a pour elle l'ancienne orthographe mium (de prœ-imere*). —
D. primer, doter
prud, prode, pros, mais elle pré-
jjrod, jirot, d'une prime,
sente deux grands inconvénients c'est que :
3. PRIME, t. de lapidaire, \î\^ presme ;
Vu long ne s'accorde ni avec le fr. ou ou eu, c'est le même mot que prisme.
ni avec le prov. o, et qu'il nous faut
absolu- PRIMER, voy. prime 1 et 2.
ment pour type un adjectif à genre commun. PRIMEROLE, syn. de primevère, dér dimi-
— Le plus probable est (et c'est là la seule nutif de l'adj. prime [c^. féverole, banderole),
étym. admise par G. Paris, Rom. III, 420), pr. première fleur.
que le type est l'élément prod qui se trouve PRIME-SAUTIER. voy. prime 1
dans prod-esse, être utile, rendre service, et PRIMEUR, ()remière saison, voy. prime 1
qui a également donné l'it. prode, profit. De — PRIMEVÈRE, vfr. primevoire, fleur des
l'ancienne forme ;)ror< vient le subst. prouesse, premiers jours du printemps; it., esp., prov.
dont le correspondant it. prodesza atteste net- primanera (forme masc. prov. primveri, d'un
tement un radical terminé en d ou t composé populaire latin primavera, tiré du
PREVALOIR, L. prœ-valere. L. primum ver, premier printemps.
PRÈVARIQUER, L. prœ-vartcari, pr. aller PRIMICIER, aussi princier. Voy. sous
à droite et à gauche, biai.ser. —
D prévarica- .
pri7ice.
teur, -ation, L. prasvaricator, -ationem. PRIMITIF, L. primitivus. Voy. aussi plu-
PREVENIR, L. prœ-venire, venir le pre- mitif.
mier, aller au-devant. L'acception " inculper, PRIMOGÉNITURE, aînesse, du L. primo-
accuser » (d'où le subst. prévenu) est déjà yenitiis, né en premier.
propre au verbe latin dans le Digeste et dans PRIMORDIAL, L. primordialis (de prim-
Ulpicn. Du part, prévenant : .subst. préce- ordium, premier commencement;.
. —.
PRINCE, du L. principem ; pour la mutila- PRIX, pris, prov. prêts, esp, prez,
vfr.
tion finale, cp.évéqiie de episcopns, souple de precio, pregio et pressa, ail. preis, angl.
if,
suppliccm. —
D. princesse; princier (adj.); price, prise, du L. prctium. D. priser, —
il ne faut pas confondre avec ce dérivé mo- mettre un prix, apprécier, prov. presar, it.
derne de prince l'ancien subst. princier = prezs are et pregiare, ail, prcisen, angl,
grand seigneur, homme de cour, qui répond j)raisr.
au L. primiceriiis, chef de corps, primicier. PROBABLE, mot savant, L. probàbilis,
PRINCIPAL, L. principalis (princeps). — (quod probari potcst), — D, probabilité, L,
D. principalté" principauté, dignité de
,
probabilitatem.
prince, puis terre gouvernée par un prince ; PROBANT, L. probantem.
forme substituée à principal =
L. principa- PROBE, L, probus. D. probité, L. pro- —
tus, it. principato (cp. pi-imautc p. priinat). bitatciii.
En lat. principalitas signifiait primauté, préé- PROBLÈME, gr. Ttp6%).r,(iu (cliose jetée en
minence. avant), cp. \ex\tv. proposition, pr. chose posée
PRINCIPE, L. pri7icipium, commence- en avant; problématique, gr. 7r|9îêi»);taTixoî.
dérivé régulier printemporel eût été par trop 2. se prendre dételle ou telle manière dans la
pédant. poursuite d'une affaire (à cette signification
PRIORITÉ, L. prioritatem (prier). se rapporte le subst, partie, procédé,; 3, agir
PRIS, vfr. prins, L. preiisus ; de \ii prise, en justice. A la dernière signification ressor-
VÎT. prinse, subst. participial àe prendre. tissent les procédure (do formation
subst.
PRISE, subst. action de prendre, puis pin- moderne) formé d'après le type latin
et procès,
cée de tabac, dose d'un médicamment, voy. processus {deprocessum, supin de proccdere),
pris. — D, priser. auquel on a transféré la valeur moderne du
1 PRISER, prendre une prise (voy. prise). verbe procederc. Au sens premier et matériel
2. PRISER, mettre un prix à qqch. (vfr. de ce verbe « aller en avant », se rattache le
proisiei'), dér. de^Wa;, vfr. pris (v. c. m.). dérivé \aûn processio, marche, d'où le terme
D, priseur, prisée ; cps. mépriser {v. c. m.), d'église procession.
vfr. despriser.
PROCÈS, voy. l'art, préc,
PRISME, L. prisma, gr. npiia/xx. Voy, aussi PROCESSION, voy, procéder.
prime 3.
PROCHAIN, forme extensive de proche,
PRISON, vfr. aussi proison, it. prigione, répondant à un type latin propianus.
esp. j»'isio7i, port, prisâo, prôv. preisô,
L. prensi67iem {de prendere). Le sens abstrait
du PROCHE, du BL. propius p. propis. D, —
prochain, approcher, reprocher (voy, c«s
« action de prendre » a tourné en celui de
mots),
" lieu où l'on enferme ceux que l'on a pris »
La vieille langue employait le mot prison
PROCLAMER. L. pro-clamarc. — D. pro-
clamation, L. proclamationem,
dans le sens naturel de capture, de prise, puis
aussi (comme le fait l'it. et le prov. à l'égard
PROCRÉER, L, pro-creare. — D. procréa-
L. procreationem,
tio)i,
de prigione et preisô, dans celui de prison-
PROCURER, L, pro curare, litt. avoir soin
nier), mais avec changement de genre (cp.
nourrisson, polisson). —
H. prisotmier, em-
de qqch. pourqqn. —
D. procureur, vfr. pro-
cureur, L, procuratorcm ; procuration, L,
prisonner.
procurationem.
PRrVAUTÉ, d'un type privalitatcm, tiré
d'une forme privalis, extension de privus. PRODIGE, L. prodigium (prodigere). D, —
prodigieu-x, L. prodigiosus.
Une auti^e forme extensive de privus, savoir
PRODIGUE (mot savant), L. prodigus (pro-
privensis, a donné l'adj. privois, qui est à
supposer d'après le verbe dérivé ap-privoiser. digere). — D. verbe prodiguer, et, par un
adj.inus. prodigalis, le subst. prodigalitatem,
PRIVE, du h. privatus, opposé àpublicus,
donc =
particulier, individuel, personnel,
fr. jjrodigaJite.
PRODUIRE, duL. pru-ducere, d'où, par le
dérivé de l'adj. privus, isolé, particulier.
supin productum produit, L. prodnctum,
Dans la moyenne latinité, le mot privatus a :
PROFOND, vh\ parfont, L. profundus [fun- nent (on dit auj. de préférence ^?'0-emmeni),
dus); le prov. a,par syncope, transformé le prominence.
mot latin Qxxpreon comme le fi'. a converti le PROMISCUITÉ, dér. fr. de l'adj. L. promis-
L. rotiindus en reond, puis rond. D. pro- — cuus (promiscere), mêlé, confus.
fondeur, approfondir. PROMONTOIRE, L. promontorium (mons),
PROFUS, L. profusus, litt. répandu en cp. l'ail, vor-gebirg
abondance (pro-fanderc); profusion, L. profu- PROMOUVOIR, L. piro-movei^e ; du supin
sionem. Cp., pour le sens, foison, grande quan- promotum viennent promotor, promotio, fr.
tité, de fu-sionem, fusion. promoteur, promotion.
PROGÉNITURE, L. progenitura\ tiré de PROMPT, L. piromptus (promere). —
progenitus (pro-gignere), engendré. — D. p)romptitude. L. promptitudo; promp-
PROGRAMME, gr. K^.ô-ipy.p.u.oL, édit, mani- tuaire, L. promptuarium, provision d'où l'on
feste, litt. traduit par L. prœ-scriptum et va tirer (promere) ce qu'il faut.
ail. vvr-schrift. PROMULGUER, h.ptro-mulgare.
PROGRES, L. progressus (pro-gredi). — PRONE, vfr. preone., du L. prœconium
D. progressif, \erho progresser et subst. ^ro- (preeco) par la syncope du c médial. —
gressiste (néologismes). D. prôiier.
PROGRESSION, L. progrcssio^iem (pro- PRONOM, L. pro-nomen; adjectif prono-
gredi). minal, L. pronominalis.
PROHIBER, L. pro-hibere,
en avant, mettre obstacle
litt. tenir qqch.
du supin prohibi-
PRONONCER, 1,. pro-nuntiare. — X). pro-
;
nonciation, L. pronuntiationem.
tum: prohibition, L. prohibitionem, et prohi-
PRONOSTIC, p. prognoslic, du gr. 7:po-
bitif.
yvwTTtxo'v, présage, litt; qui se rapporte à la
aussi^me, L, prœda.
PROIE, vfr.
PROJECTILE, mot nouveau, tiré du supin
7row-/vw7i; (connaissance par avancej. D.p7'o- —
7iostiquer.
projectum, de ^jro-Jwere, lancer en avant.
PROPAGANDE, 1. pr. congrégation de la
PROJECTION, L. 2-)rojectionem (projicere).
propagande, c.-à-d. de jjropagajida flde, litt.
PROJET, L. p7'ojectum (pro-jicere), chose
de la foi à propager; 2. association quel-
jetée en avant, proposée l'acception moderne
;
conque ayant pour but la propagation d'une
est étrangère au mot classique aussi vaut-il ;
opinion; 3. syn. de propagation.
mieux considérer projet comme subst. verb.
de projeter (v. c. m.). —
L'ail, a la même mé-
PROPAGER, L. propagare, pr. provigner
[propages, bouture, lignée).
taphore dans ent-wurf et vor-wurf.
PROJETER, litt. jeter en avant (signification PROPENSION, L. propensionem (pro-pen-
encore propre aux expressions « projeter une dere).
un projet.
»),
litt. -= pré-diseur. —
D. prophétesse, L. pro-
PROLÉGOMÈNES, grec 7r«o-),£/5>r;a, litt. phetissa; prophétie, gr. ;ipo-:p-firi'.y.\ prophé-
choses dites d'avance; cp. préface. tique, gr. npoip-ziTixài, prophétiser, gr. Tzpof/]-
PROLEPSE, gr. 7rpo/ïj|t,-, exact, traduit
par le L. anticipatio, action de prendre PROPICE, L. 2^ropitius;du verbe dérivé
d'avance.^ latin ijropitiare, rendre favorable, viennent
PROLÉTAIRE, h.proletarius, citoyen de la propitiation, -atoire, L. propitiationem, -ato-
dernière classe, pr. homme du peuple ; dérivé rius.
de *proletum, population (de proies, progé- PROPORTION, convenance et rapport des
niture); cp. plébéien. —
D. prolétariat. parties entre elles et avec leur tout, du
PRO — AU — PKO
L. proporlionem , mot créé par Cicéron pour D. prosodique, gr. ti/soîwoixo'j ; verbe /jroi'o-
articles qui précèdent ; l'acception « net •» s'est étendu à tous les schismatiqucs anti-
découle du sens « convenable »; c'est un des romains du XVI" siècle; protestation, L. pro-
cas rares où l'on remarque le passage de testât ion om.
l'ordre moi^al à l'ordre matériel (cp. lourd). — PROTÊT, voy. l'art, préc.
D. dim. propret (anc. aussi pn'opet) ; subst. protocole', du gr. 7rpwT5/.o>./ov. Ce mot
proprefê. signifiait chez les auteurs byzantins propre-
PROPRIÉTÉ, voy, propre 1. D. proprié- — ment le premier (tt/jwto;) feuillet collé (xoi)àv)
taire, L. proprietarius. sur les rouleaux manuscrits, et sur lequel on
PRORATA, du L. pro rata, s. e. parte, à énonçait sous quel « cornes largitionum » et
proportion, litt. pour la part déterminée. par qui le rouleau avait été écrit; plus tard,
PROROGER, h. jjro-roffare. — D.jtroroffa- le mot s'est particulièrement appliqué aux
tion, L. prorogatio. documents notariés, parce que ces documents,
PROSCRIRE. L. pro-scribere, bannir, d'où : d'après un édit de .Justinien, devaient, pour
proscriptionem, fr proscription ; proscriptus,
. prévenir les faux, toujours être accompagnés
fr. po^oscrit. de ce feuillet d'étiqtiette. Aujourd'hui l'on
PROSE, L. prosa (p. prorsa, s. e. oratio, entend par protocole le registre des notaires,
c.-à-d. langage droit, non contourné comme la minute des actes publics, etc.
le vers poétique ou oratio inversa). D. pro- — PROTOTYPE, gr. tt^wtotuttos = tt/swtoî
saïque, L. prosaicus prosaïser, proser, pro- ; tûttî;, premier tvpe.
sateur. PROTUBÉRANCE, du h. pro-tuberare, pré-
PROSECTEUR, L. pro-sectorem (secare). senter une saillie 'de forme aiTondie).
PROSÉLYTE, L. proselytus (terme des 1. PROU, adverbe, vieux mot signifiant
pères de rÉglise), du gr. 7t|00î-/;;uT5-:, litt. = assez, beaucoup, pas mal, prov. ^;iro, cat.
L. advena; donc pr. nouvellement entré dans prou, du L. prod contenu dans 2Jrod-esse, être
une société religieuse. — D. prosélytique, utile (voy. G. Paris Rom., III, 420). L'étym.
-isine. probe (Bie-i) doit être abandonnée.
PROSODIE, gr. ^poi-o,Si!K (litt. traduit par 2. PROU, preu, ancien subst. signi-
vfr.
le L. ac-centus), 1 accent tonique . 2. ensem- fiant profit, conservé dans « bon prou lui
ble des règles relatives à cet accent.
;
D'autre part, il se peut aussi que le mot ger- par Littré ne porte pas prude., mais preude.
manique soit emprunté du roman, d'après — D. pruderie.
l'encliainement suivant ipjrora [iip'hpu), proda, PRUDENT, L. prudentem (pro-videns), —
proue, proa, enchainemcnt qui serait parfai- D. prudence, L. prudentia.
tement analogue au suivant L. pti'urire, puis: PRUD'HOMME, homme sage et probe;
prudire, it. prudere, prov. pru;ser, port., d'après ce que nous avons exposé sous prude,
cat. pruir. D'après G. Paris (Rom., X, le d représente de, et le terme serait analogue
42), le fr. proue, qui n'apparaît pas avant le à p7'eu de femme; mais tout en admettant le
xv" siècle, est tiré de l'it. proda. bien fondé de ce que dit M. Tobler sur l'ori-
PROUESSE, voy. p)reux. gine de l'adj. prod, prou, nous sommes à
PROUVER, provcr (au présent sing.
vfi'. nous demander si l'on peut séparer le vieux
jjreu.ve),prov. provar, néerl. proevcn (ail. composé fr. prudome des termes analogues
priiféx), du L. prohare. —
D. preuve, BL. prov. pjrozom, esp. prohom,bre, it. produomo.
proba, subst. verbal. Il est admis aujourd'hui que l'élément procZ ou
PROVENDE, provision de vivres, it. pro- proz représente le prod latin dans le verbe
fe)uJa, voy. prébende. prodesse. —
D. prud'homie.
PROVENIR, L. pro-venire. — D. prove- PRUINE, h.pruina.
nant, d'où provenance. PRUNE, L. prunum. —
D. prunier; du
PROVERBE,
L. proverbium (verbum). — dimin. prunellus: l.masc. prunel', pruneau,
D. proverbial L. proverbialis.
. 2. fém. prunelle, petite prune sauvage et, par
PROVIDENCE, vfr. pourveance, L. pro- assimilation, =
pupille, l'ouverture ronde et
vide nti a. —
D. pyrovidentiel noire dans le milieu de l'œil (cp. l'expr. ail.
PROVIGNER, voy. l'art, suiv. augapfel, pomme de l'œil); de prunel décou-
PROVIN, \{r. pjrovain, provainff, prov. jjro- lent les subst. prunelaie, prunele'e
baine, it. propaggine., du L. propago, gén. PRUNEAU, voy. prune.
propaginis (cp., pour la îovvae, plantaginem PRUNELLE, voy. prune. D. prunel- —
devenu plantain). D provigner. — lier.
PROVINCE (forme savante;, L. provincia. PRURIGO, mot latin = démangeaison. —
— D. provincial. — Comme nom géographi- D. prurigineux, L. pruriginosus.
que, P7'ovincia a fait régul. Pt^ovence, d'où PRURIT, L. pruritus (prurire).
l'adj . pi'ovençal PSALMISrE,dér.duL.psa/mMi-(gr.'i«;v/Ao;),
PROVISEUR, L. pro-visorem, iitt. = pour- = fr. 2]sau)ne. De hoùp.d; et ùo/i vient ^ix^./jl'.i-
PRUDE; =
sage, sensé, se
cet adjectif, pr. mentir, tromper.
prend aujourd'hui en mauvaise part pour PSEUDONYME, du gr. ^luUyjuixi; (f;055
exprimer une sagesse ou une circonspection 4- iîv5,u«), fait ou écrit sous un faux nom. —
exagérée ou affectée d'un type latin prudus,
; D. pseudont/mie.
contraction de pirovidus (comme prudens de PSYCHÉ, du grec iu^vi, âme; en mytholo-
providens). Telle est l'étymologie reçue, mais gie, le nom d'une princesse d'une grande
elle parait devoir être écartée. L'adj. franc. beauté, qui devint l'épouse do l'Amour. La
prude, inconnu aux autres langues romanes, fantaisie a fait nommer ainsi une espèce de
a été dégagé des combinaisons prud'homme miroir mobile permettant aux belles de se
et prude femm,e. très anciennes aussi dans la mirer dans toute leur beauté. —
De iu;^/i dans
langue 'aussi avoco ou eu p. u). Or, ces com- son acception propre, souffle, âme, nous
binaisons, comme le démontre Tobler(Ztschr., avons le dérivé psi/chique, gr. 'iiu/izo',-, et le
PUN 416 — PUR
cps. psychologie, gr. '^xiy^oloyis., science de fonncs pic. punasse, piém. punas autorisent
l'âme. à remonter à un i^poputinaceus. D. subst. —
PUBÈRE, mot de facture savante, h.pitber. jninaisc, fém. de pitnais, nom do l'insecte
— D. j)ubcrté, L. pubertatcm. puant par excellence.
PUBLIC, h.piiblicus populicus, de popu-
(p.
PUNAISE, voy. l'art, préc.
liis). — D. publicité; publicistc^ qui fait des PUNCH, orthographié aussi ponclic, mot
études ou des traités sur des questions du venu des Indes et tiré du sanscrit
angl.
droit ou d'intérêt public. 2mnch, cinq, le punch étant composé do cinq
publish, du L. publicare, ingrédients.
PUBLIER, stxigl.
piUicis. —
D. puceron, é-pucer, it. s-pul- 1.
pus), cp
PUPILLE
en gr.
(de l'œil), fém., L.pujnllafim-
xopr,, pupille, pr. jeune fille.
ciare.
PUCEAU, ^t<ceZ*, fém. pucelle pnlcella), 2. PUPILLE,orphelin, masc. et fém., L.
lité.,L. puerilitatem.
puron, petit-lait épuré; néologismes pw :
PULMONAIRE, -IQUE, du L. pulmo, -onis purée. Si l'on peut admettre que le poivre
= poumon.
fr.
joue le principal rôle dans la confection de la
PULPE, L. puljm. — D.puljjeuœ, L. pul- purée, cette étymologie doit l'emporter. 11 —
posus ; verbe pulper. est bien po.ssible que, suivant les applications
PULSATION, L. pulsationem fpulsare). dépurée, il y ait dans ce mot un concours de
PULVÉRISER, réduire en poussière; exten- plusieurs primitifs. Aussi l'on ne peut nier
sion du L. pulverare (pulvis) = fr. poudrer, que ce que l'on entend généralement par
couvrir de poussière. purée ne s'accorde à souhait avec l'ét. de Jo-
PULVÉRULENT, L. pulverulentus. ret, savoir L. pura7'e, « découler, dégoutter «;
PUNAIS, anc. puant en général, auj. par- c'est donc le coulis qu'on obtient en écrasant
ticul. puant du nez, prov. putnais. Le mot des pois, etc., et en faisant passer et purer la
est formé de la racine put (d'où putere, fr. bouillie à travers un sas. Voy Rom , IX,
puer) et d'un suffixe qui, bien certainement, 337.
n a rien de commun avec nasus, nez. Le mot PURGER, L.purgare (purus). — Y), purge,
répondrait parfaitement à un type it. piito- subst. verbal; purgation, -atif; purgatoire,
nazzo, mais cette forme n'existe pas. Les lieu où l'on se purge de ses souillures.
. . .
PUTAIN, forme d'accu.satif du vfr. pute ^= puer, à cause de l'odeur infecte qu'exhale cet
fille (cp. nonain de tinnne). Quant h pute, it. animal l'it. a pit^-^o/a (de la forme verbale
;
piitta, il représente le fém. du L. putus, petit puzzare., puer), le BL. putaciiis, putosius,
garçon. \)e pute =
putain viennent les vieux putonius.
mots putuge et putei'ie =
putanisme, et le PUTRÉFACTION, du L. putrefacere; le
mot putassicr. Par son étymologie, le mot vei'be putre'/ier, vient d'un type 2nitreflcare
pute n'implique aucun mauvais sens, pas plus PUTRIDE, L. putridus. Q. putridité. —
que garce 1^. c. m.). Il n'est pas nécessaire PUY, anc. i^îjz, puie (voy. Cachet), lieu
d'attribuer à l'acception injurieuse " femme élevé, hauteur, prov. pueg, jnioi, it. poggio
ter, consacré à ces mots dans Grôber Ztsclir., PYROSCAPHE, bateau à vapeur, mot nou-
III, 5G5, en rectification de l'opinion de Diez, veau, formé de ttj/s, feu, et îx;fy/)> navire.
adoptée jusqu'ici par Littré et moi. Je me range PYROTECHNIE, l'art (rr/v/j) de se servir du
sincèrement à son avis, mais je mo plains de la feu {jfjri).
0,
D. quarte; quartaut (vfr. quartal); quarteron quelongne, champ, coloigne. — L'ail, kunkel,
(suffixedimin. eron); quartier (v. c. m.); m s. a la même origine.
écarteler (v. c. m.). QUERELLE, d'abord plainte, puis grief,
QUARTAINE (fièvre), L. quartana febris, aflaire, débat, procès, du L. querela (queri),
fièvre quarte. plainte, ou plutôt, selon d'autres, de qucerella
QUARTAN, voy. quart. (de quœrere), mot latin dont on a des exem-
QUARTERON, voy. quai-t ples. —
D. quereller.
QUARTIER,L. quartarius (quartus) ; pr. QUERIR, vfr. quen'e (cp. cowrir et courre),
la quatrième partie d'un objet ou d'une éten- L. quœrere, d'où, par le supin quœstum, les
due, de là partie ou division en général subst. quajstor, fr. questeur; qusestio, fr. ques-
(«quartier d'un gâteau, d'une ville, d'une mai- tion, et le subst. partie, queste' quête.
son "j ; de l'idée quartier de ville s'est dégagé QUESTEUR, — D. questure.
voy. l'art, préc.
le sens certaine étendue de voisinage, canton,
: QUESTION, voy. j»tWr.— D. questionner,
puis en t. de guerre l'endroit où une troupe est questionnaire, L. qusestionarius.
casernée, campée, campement d'un corps do QUÊTE, voy. quérir. — D. d'où quêter,
troupes, d'où quartier-maitre. D'où vient l'ac- qurteur.
ception traitement favorable à l'égard do QUETSCHE, sorte de prune; do l'ail.
— D. quetschier.
:
it. quattro, du L- quatuor. — D. quatrième ; gente, al quia », croit que « être à quia »
quat7'ain. signifiait, dans le principe, être dans c«tte
QUATUOR, mot latin, = quatre.- situation modesteoù on .'^ait qu'une chose est
QUE, it. c/te, esp., port., prov. que. Comme (tô on, quia) sans réussir à en connaître la
pronom relatif, ce mot répond au L. queni, cause (rô êioTi).
quam, qitod, quid, pi. quœ ; comme conjonc- QUIBUS, argent comptant, écus. Ce mot
tion, au L. quod et quam, latin (ablatif plur. du pronom relatif) rend
QUEL (avec l'article lequel), L. qtialis; quel- exactement la phra.se française « de quoi »
conque, L. qualïscxmqne \ quelque, it. qualche, dans avoir de quoi ».
<•
R
RABÂCHER. Les tentatives pour éclaircir Génln, dans ses Récréations, ne voit dans le
l'origine de ce mot ont été nombreuses néan-
; mot qu'une autre prononciation de ravasser
moins, la question leste encore sans solution. fréquent, de rêver, auj. rêvasser, mais sa
Nous ne reproduirons ici que ce qui, scienti- manière de démonti'er l'équation » 6 et =
fiquement parlant, mérite d'être mentionné. 6S =
ch ne trouvera guôi-e d'accueil auprès
—
la dernière édition publiée par les soins do raboteux, dont la signification propre serait :
édition (1862), l'état actuel de la question moins pour celle de Ménage, qui procède do
(il changera, faut-il espérer, quand auia la manière suivante radere. radum, radu-
:
paru la lettre r du dictionnaire de Godefroy) tuni, rabutum, rabot! Sans vouloir affirmer
m'engage à maintenir la suivante On dit en :
que Diez ait rencontré juste, nous tenons à
français, dans un sens qui coïncide avec celui remarquer qu'en termes d'arts et métiers, on
de rabâcher, serùier, rechanter toujoui"s la dit si.\\sû rabattre p. aplanir, raboter (cp. angl.
môme chose, chanter sur le même ton, puis rebate); ce rabattre pourrait fournir, comme
aussi familièrement viellcr; en aW.Jciern ^pr. synonyme répondant à une représentait ion
jouer de la vielle) s'emploie de même p. répé- analogue, un argument en faveur de l'origino
ter toujours la;néme chanson, le même refrain. pré'iée iircboter par le linguiste allemand. —
Pourquoi donc ne rattacherait-on pas aussi Une explication au moyen de raspoter, rapo-
rabâcher, sans s'appesantir sur l'orthographe ter, d'où, par adoucissement, raôoto', manque
puisque le catalan dit rabaquetf Avant — tif un adj. btiuf/re, ayant la valeur de « débile,
de nous séparer de ce vocable, mentionnons étiolé ". Mais malheureusement, cet adjectif
encore que le genevois dit rcbàchcr et le wal- est purement hypothétique. Ménage, par un
lon do Liège rabègi. Pour ne rien négliger de ces tours de force qui lui sont propres,
d'utile à la solution du problème, rappelons arrive à renouer le mot au L. abortus (avor-
aussi que les dialectes du Midi présentent le ton) Pour nous, nous avançons timidement
!
RABAT, voy. l'art, suiv. aurait dégagé le sens de contrefait, mal venu.
RABATTRE,voy. abattre. —
D. rabat :
Diez (dernière éd.) concilie mon opinion avec
celle de Littré par la supposition que la fan-
1 action de rabattre, diminution de prix (ail.
.
—
.
on a raflé les grains. — Voy. rafier. Cp. radiare, d'où vient le terme savant verbe
râpe. radier et subst. radiation, action de rayei'.
RAFLER, enlever avec rapidité. Ce mot 2. RAIE, entre-deux des sillons, puis sillon,
(ainsi que l'it. arraffare ou -iare, s'emparer vfr. raie, prov. rcga, du BL. riga, m. s.
vivement de qqch., piém. rafa, butin, gain, (subst, verb. de rigare, arroser). Cp. rigole.
lorr., pic. raf]'e =
rafle, etc.), vient du mha. 3. RAIE, poisson, L. raia. D. dim. raie- —
reffen, ali. mod. raffcn, saisir promptement ton ou raicteaii.
(congénère sans doute avec le L. rapere), d'où RAIFORT, du L. radix fortis, pr. racine
le subst. ail. raff'el, instrument pour racler forte, rai on rais, racine, a existé dans
si
ou arracher; cp. aussi le nord, hrafla, enle- l'anc. langue, mais il ne peut venir que de
ver lestement. —
Rafler peut aussi se rame- rùdix, et non pas, comme dit Bracliet, de
ner à im type rasjmlare, dérivé de BL ras- radicem, dont l'a est long et accentué.
pare (fr. râpa*). —
Cps. éraflei'. l'ne va- — RAIL, mot anglais, =
barrière, barreau,
riété de rafler est riflcr[\. c. m.). balustre, puis ornière de chemin de fer. Les
RAGE, prov. rahia, raije, du L. rabies (i étymologistes le rapportent à l'ail, riegel,
consonnifié). —
D. râper, enrager. regel, barre, et l'analogie de sail (voile i
=
crampon en au timon ail. segel leur donne rai.son; c'est ce qui me
RAGOT, subst., 1. fer
fait abandonner l'idée que rail pourrait être
d'une chan^ette ; 2. vfr. =^ cochon de lait, auj.
sanglier de 2 à 3 ans; 3. grosse rave, d'où de source romane (p. raiel, dimin. de rai,
l'adj. ragot =
de courte taille, gros, ramassé, radius). —
D. t. angl. rail-way, chemin do
dim. ragotin ; 4. homme d'humeur chagrine, fer; verbe déraille)- (ou, ce qui vaut mieux,
d'où ragoter, murmurer, verbe qui, à son dérailer). sortir des rails.
tour, a dégagé le subst. ragot, bavardage, RAILLER, d'un type latin radtdare{r&à&re),
médisance. —
De ces quatre valeurs du mot gratiller, d'où viennent aussi esp cat. rallar, ,
ragot, je ne m'explique que la troisième, mais port, ralar, frotter (cp. L. rallum p. radu-
en appliquant la méthode Ménage et en for- Uim). Le vfr. rasgler accuse un type rasicrt-
geant un type rajncus, d'où rapicottits, rap- lare (cp. racler; néerl. raeckelen). Que le pri-
coiltis, racottiis. —
Pour la quatrième, cp. mitif immédiat soit rasiculare ou radulare,
l'cxpr. patoise équivalente ragoimer bou- = l'acception du verbe railler est sans aucun
gonner. —
Pour la deuxième, cp. le wall. doute une métaphore tirée du sens primitif
rogiiin, jeune cochon. —
La première (cram- gratter, déchirer, écorcher. Cp. les expr. ana-
pon de fer) tient peut-être à l'ail, ou angl. logues vfr. ratnponner, railler (v. c. m.); fr.
rack, d'où le t. de marine fr. racage, appa- brocard; flam. schrobben, ail. schrauhen,\iT.
reil pour serrer la vergue contre le mât. frotter, gratter, fig. railler; flam. schcersen,
ail. schcrzen [t), railler, plaisanter, dér. do
RAGOUT, subst. verbal de
A
ragoiUer.
scheren, tondre, raser? — Je ne puis sous-
RAGOUTER, composé de vfr. agouster au crire à proposée par Flechia
l'étym. type
—
:
1 RAIE, trait tiré en long, voy. l'art, préc. sillon; 2. p. raisner ou raisener, du vfr. raise,
— D. rayer,
.
faire des raies, puis aussi biffer, prov. rasa, rigole quanta celui-ci, il est le
;
effacer (cp. en ail. streichen, biffer, et strich, nord, ràs, ags. raes, angl. race, m. s. (voy.
RAM — 423 — RAM
aussi race). —
D. rainoire, rabot pour rainer; bures; de Rambures, localité des environs
rainette ou rénette (outil; ; rainure; les épin- d'Amiens.
gliers, par changement de liquide, disent la 1. RAME, branche plantée en terre, pour
railure d'une épingle cette forme, on ne peut soutenir des pois, du L, rama p. ramus,
en disconvenir, serait favorable à une conjec-
;
RAINETTE, voy. raine et rainer. nines du L. ramus. Le mot rame, dans plu-
RAIPONCE, aussi raponce, reponce; Linné : sieurs métiers, exprime \\n instrument, un
campanula rapunculus; dans les autres langues, bâton servant à remuer des matières en fusion
on a it. raperonzo, ramponsola, romagnol
: ou liquides il n'est donc que très naturel de
;
raponzal, esp. reponche, ruiponce, ail. ra- lui voir prendre la valeur d'aviron. Cp. gaél.
punzel. C'est un dérivé du L. râpa, rave, au ramh, qui signifie branche et rame. Il n'est —
moyen de suffixes italiens (Diez). pas admissible que rame vienne de l'équiva-
1 RAIRE raser, du L. racler e, dont le
. , lent L. remus (it., esp., port, remo, cat.,
supin rasum a donné le fréq. rasare, fr. prov. rem) ce primitif aurait fait 7^ei7i, comme
;
logie de mugire, rugire, vagire; l'it. en a fait romanes, un double courant, l'un partant de
par extension ragghiare (cp. L. mugire, vfr. ramus, l'autre de remus; ce n'est pas au der-
muire, it. mugghiare). Voy. aussi braire. — nier qu'appartient la forme rime, fréquente
1 RAIS, part, passé de raire I On ne s'en
. .
dans l'ancienne langue et usuelle surtout dans
sert plus que dans la locution « ne se soucier Froissart, laquelle procède direct, du vha.
ni des rais ni des tondus ». riemo, nha. riem, ni. riem (rame). D. = —
2. RAIS, plur. de rai (v. c. m.). ram.er.
RAISIN, prov. rasim. esp. racimo, du RAME, mesure de papier (vingt mains),
3.
L. racemus. En vfr, et en pic. on trouve aussi vfr. raime, angl. ream, it. risma, esp., port.
raisin, puis rosin; c'est de ce dernier que resma, néerl. riem. De l'arabe rizma, ballot,
l'ail, a tiré rosine, raisin sec. — D. raisiné. paquet; cette étymologie, posée par Sousa,
RAISON, L. rationem. D. raisonner, — suivie par Pihan et Engelmann, et en der-
nier lieu démontrée par Dozy, ne laisse plus
-ement, -able, -eur, arraisonner ; cps. dérai-
son. La langue savante a tiré de rationem le
aucun doute. La fabrication de papier de
coton, introduite en Espagne par les Arabes,
substantif ?'a<zon (v. c. m.) etl'adj. rationnel.
florissait dans ce pays pendant le moyen âge.
RAJEUNIR =re -{- ajeunir.
L'it. 7'isma, syncopé en rima, a donné les
RALE, 1. action àe râler [\. c. m.); 2. nom formes rim,, riem,, ream, ; par apocope elle a
d'oiseau, voy. râler.
produit l'ail, ries, suéd. ris. Le fr. rame sup-
RALER, selon Diez, de provenance germa- pose donc des intermédiaires raisme, resme.
nique; angl. rattJe, néerl. et bas-ail. ratelen — L'étym. àpiS/xo; (nombre), proposée par
(ail. rasseln). J'ai rencontré dans Froissart la Muratori, doit être définitivement écartée. —
phrase « Et ouïrent les chevaux arateler « ;
: D. ramette, rame de petit papier.
elle confirme (îette étym. D. râle, râle- — 4. RAME, dim. ramette, châssis d'impri-
ment, râleux. L'oiseau râle, d'où ail. ralle, meur, du ni. rahmen, cadre.
raam, ail.
tire également son nom du verbe râler; cp. RAMEAU, rameV, d'un type L. ramellus",
les expr. correspondantes n. prov. ronfle du dim. de_ ramus, branche.
verbe roufla =
ronfler, pic. roussclet de l'ail. RAMÉE, branchages, fagot de rames,
rosseln, esp. ronca de roncar ; ail. wiesen- fouillée dér. du L. ramus, branche.
;
RAMASSE, de l'it. ramazza, espèce de traî- c'est l'ail, râm, rahm, crème, pourvu du suf-
neau en branchage, dér. de ramus, branche. fixe diminutif néerl. kin, ken (ail. chen).
— D. ramasser, traîner dans une ramasse. RAMEREAU, voy. ramier.
RAMASSER, re -|- amasser. =D. ra- — RAMETTE, voy. rame 3 et 4.
mas (subst. verbal), ramassis. RAMEUX, L. ramosus (ramus).
RAMBQUR, espèce de pomme, anc, ram- RAMIER, pigeon ramier, = qui perche sur-
RAM — 424 RAN
les branches, pigeon sauvage, dér. du L. ra- Pour la filiationdu sens, cp. railler, pr. grat-
mus, vfr. rain, branche. —
D. dim, ramc- ter, déchirer; ramponna' en vfr. aussi ram-
reau. prôner], c'est pr. donner des coups do griffo ;
RAMIFIER, d"iin type ramiftcare, faire des nous disons bien aussi au figuré donner des
branches (rarnus). coups do patte.
RAMILLE, prov. ramilla, menues brandies, RAMURE, branchage d'un arbre, bois d'un
dér. dimin. àeramus, branche. cerf, dt'r. du L. ratnus, branche.
RAMINA6R0BIS, nom appliqué par Rabe- RAN, dans quelques contrées =
bélier;
lais au poète Guillaume Crétin, par La Fon- c'est le nôorl. et angl. ram, ail. ratnm, m. s.
taine au chat. Nicot disait que c'était un mot RANCART, dans la locution mettre an ran-
« de gaudisserie ", forgé à j)laisir pour tour- cart, mettre de c6té. On a proposé deux expli-
ner on ridicule un homme grave. Borcl y cations. Baudry, dans Littié, suppose qu'il
voyait une corruption de domine Grohis [gro- faudrait lire rencart, qui serait p. récart (do
bis est un vieux mot fr. signifiant homme fier, re -\- écarter) ; Delbouille, en effet, dans son
important, présomptueux, voy. Godefroy). Gloss. de la vallée d'Hyères, cite la loc.
Selon Le Duchat, c'est un composé de va « mettre au récart ». D'autre part, le Gloss.
(abrégé de raoul. matou) -f- hermine ffour- du doyen Bridcl (Suisse romande), mentionne
rure) ou mine -\- grobis ; le mot signifierait un mot du Valais rakard, signifiant fenil,
donc soit le matou qui fait le grobis sous la petite grange.
fourrure d'hermine, soit le raoul ou matou RANGE (ail. ramig), esp. rancio, du L. ran-
à mine de grobis D'autres, se fondant sur la cidus (pour la chute du suffixe, cp. pâle de
forme rominaffi'obis, rattachent romina au j)allidns, net do nitidu.^). —
D. rancir, d'où
verbe rominer, qui se dit en Berry du mur- ranci>snrc.
mure de satisfaction dos chats. La critique RANCHE. échelon d'un rancher, du L.ramea?,
n'a pas trop de prise dans les questions de -Icis, branche, bâton (dér. de ramus). —
cette nature; aussi nous nous abstenons do D. rancher. —Le même latin ramex, rami-
nous prononcer. cis, branche, a donné le terme de marine
RAMINGUE, prov. 7-amenc, it. ramingo = rancc, bois pour consolider le haut d'un vais-
jeune faucon, qui vole de branche en branche. seau, ainsi que les mots rançon^ anc. -^ pique
C'est un dérivé de ramus, branche ; le suffixe à trois branches, jiuis le t. héraldique ran-
cependant est germanicpie. Le fr. a transporté chier, rangier, for d'une faux.
le mot au cheval tôtu, rétif. RANÇON, vfr. raençon, angl. ransom, ni.
RAMON, balai, dér. de L. ramus, branche. ransoen, du L. redemptioncm, rachat, subst.
— D. ramoner (dans les patois, vergetcr, de redimere, racheter (ce verbe s'est conservé
fouottor', d'où ramoneur. dans quelques patois .sous la forme vfr. raem
RAMPE, voy. l'art, suiv. — D. rampei\ bre). — D. rançonner, mettre à rançon, fig.
t. d'architocture. surfaire le prix.
RAMPER; lacception actuelle est déduite RANCUNE, modification du vfr. rancure,
de l'ancienne signification « gravir, grimper », ital., prov., esp. rancura, qui, lui, accuse un
encore propre à l'angl. vamp, et à laquelle se type L. rancôrea, rancôria, dér. de L. rqncor,
rattachent le subst. rampe, plan incliné, 1. rancidité, 2. rancune (Saint Jérr>me). Voy.
montée, escalier (puis balustrade d'escalier;, Grob. Ztschr., V, 98. —
Le L. rajjcor a donné
et le terme héraldique lion rampant mon- = vfr. rancœur, prov. rancor, it. rancorc. —
tant. Ramper, grimper, est de la famille de En vfr., rancune signifiait aussi « contrariété,
rit. rampa, griffe, rampare, donner des coups chagrin •», faire rancune = molester. — D,
de griffe, et rampo, crochet. Or, ces mots rancunier.
se rapportent au bas-ail. rapen (en Bavière RANDON, impétuosité, violence de là ran-
;
rampfen), s'accrocher. Le prov. a, pour ram- donner, aller rapidement, d'où le subst. ran-
per, la forme non nasalisée rapar. L'enchaî- donnée, circuit que fait un bête lancée autour
nement des significations se présente donc d'un lieu avant de le quitter. D'après Diez,
ainsi s'accrocher, grimper, gravir, aller à
: randon, prov. rando, est le dér. du prov.
quatre pattes, ramper. Voy. aussi l'art, grim- randa, qui signifie point extrême, ])uis fig.
per. Après tout, il se peut bien que le L. résolution extrême, violence, d'où la locution
repère ait exercé quelque influence sur la adverbiale a randa, jusqu'au bout, d'em-
production du sens moderne de ramper. — blée. Or, randa vient du vha. rand (encore
D. rampin\ ad., t. de manège; ramponeau, en usage dans la langue actuelle) ^
extré-
jouet d'enfant v. Littré). mité, lisière. Gachet appuie cette étymologie
RAMPONEAU, nom d'un célèbre cabaretier en rapprochant l'ancienne expression aller
de la Courtille, d'où vient, dit-on, l'expression tout à ung coroniyîv. coron, coin, bout, l'ûté),
populaire ramponer, boire un peu plus qu'il qui signifie aller tout d'un bout, tout d'une
ne faut. file. Il compare aussi le mauvais coron de
RAMPONNER, vieux mot signifiant railler Froissart (= mauvaise fin) avec l'équivalent
et correspondant à l'it. rampognare, tirailler, mal randon employé dans Gilles de Chin. —
pincer, injurier, puis gronder, gourmander, Clievallet rapporte randon, course rapide, au
réprimander. L'it. rampognare est un dér. du mot germanique rennsn, courir. Cela est
subst. rampogne, croc, griffj, dér. lui-même insoutenable. —
Si l'étymologie de Diez n'est
de rampa, m. s., mentionné à l'art, ramper. pas la bonne, je serais disposé à voir dans les
.
voy l'art, préc D. rangée; cps. arran- RAPSODE, grec ^^kj/ojôoj, litt. qui coud =
ger, déramier. ensemble (yîiTrrsiv) des chants (oj^/;) détachés.
RANGER ou rangier, autre nom du
, — D. rapsodie, gr. ^.xl/'j)Sisf, fig. mauvais
renne , dérivé du laponais raingo norv. , ramas littéraire.
hraingyr. RAPT, vfr. rat, prov. rap, it. o'atto, du
RANZ des vaches, litt. la marche des vaches ;
L. raptus (rapere j, enlèvement.
l'étym. de ce terme particulier à la Suisse 1 . RAQUETTE, esp. raqueta, d'après Diez
romande n'est pas certaine Brachet identi- ; de l'it. racchetta, contraction de retichetta,
fie le mot avec rang, Liltré fait intervenir un dér du L. rete, réseau, filet. —
Littré l'identifie
mot ail. rans, course rapide, dont aucun avec le vfr. rachette, rasquette, paume de la
dictionnaire ne fait mention. main, plante du pied, dim. du BL. racha, qui
RAOUT, voy. rout. signifie la car|)e, le tarse et qui vient de
RAP ACE, prov. rapatz, du L. rapacem l'arabe. —
D. raqueton.
(rapei'e). — D. rapacité, L. rapacitatem. 2. RAQUETTE, aussi roquette, roquet, fusée
RAPATELLE, toil" de queue de cheval. de guerre, ail. rahete, angl. rocket, de l'it.
Riigge (Rom., III, 156) imagine un mot por- racchetta, dimin. de rocca, quenouille. Cp. le
tugais 'rabatela p. 'rabitela (cp. rabacoelha rapport entre fusée et fuseau.
p. rabicoellut], composé de raho, queue et RARE, L. rarus. —
D., rareté L. rarita-
tcla, toile. tem ; raréfier, prov. rareficar, d'un type rari-
ficare.
R.\PATRIER, ^= re-apatrier, pr. rentrer ou
dans la patrie. Dans la langue
faire rentrer RAS, dontlepoil est rasé. L. rasus (radere).
des trouvères, le mot correspondant rapai- La vraie forme française p. rasus est rez 'v.
c. m.1, dont notre mot partage les acceptions.
rier signifiait, comme repairier, revenir,
retourner; voy. La table rwie est pr. une planche grattée,
RAPE,
pi. b.
voy. râper.
repaire.
— Râpe, grappe de rai-
nue, sur laquelle on n'a pas encore gravé. —
D. subst. ras (nom d'étoffa); rasade, -— con-
sin, a donné 7'apé, boisson obtenue avec de
tenu d'un verre rempli à ras; rasiè:re, me-
l'eau jetée sur la râpe.
sure de grains remplie à ra^i. Voy. aussi —
RAPER, anc. ramper, it. raspare, esp. ra^- pi. h. la variété rais.
par, du vha. raspôn, ramasser*, ratisser, nha. RASADE, voy. ras. —
D'autres, sans néces-
raspeln, angl. 7'asp. —
D. rcj/je, 1. instru- sité, ont recours au prov. rqjada, filet, petite
ment pour râper; 2 —
it. raspo, esp., prov. quantité de liquide, de rajar, couler.
raspa, grappe de raisin dont on a enlevé les RASE, poix, du L. rasis.
grains (cp. rafii')\ râpure.- RASER, du L. rasare, fréq. de radere. —
RAPETASSER, ^
re -\- apetasser ; le pri- D. rasoir (prov. rasor, it. ra^oio, BL. ra%o-
mitif se trouve dans le langued. pelai, lam- rium)\ terme burlesque rasibus tout ras, =
beau, pièce, esp. pedaso, morceau. C'est, tout contre; sans doute une expression forgée
d'après Diez, le /»z7<aca«m des Latins, morceau par les moines, d'un emploi très a«cien ;
.
radan, bret. 7'az. Que dire de l'opinion de cieux, voy. l'art, préc. — Le vfr. ratier,
Barbazan, qui rapportait rat à radere, et de morose, difficile, chiche (voy. mon Oloss. des
celle de Ferrari, qui se permet l'enfilade que Poé.^ies de Froissart), me semble tout au.'îsi
voici mus (souris), micris mitriis muratus,
: , , bien .se déduire do rate (cp. dératé, qui dit
ratits, rat.' —
La Fontaine a fait usage d'un le contraire).
fém. rate; il correspond à l'ail, mod. ratte, RATIFIER. BL. ratificare = ratum facere.
ratze. — D. raton, ratier{c\iien), ratière. — — I). ratification.
Voy. aussi rater. RATINER. friser, gaufrer; peut-être du
RATACONER, mot populaire = raccommo- flani. gaufre de miel Cvoy. rate). Le
rate,
der, ravauder, it. rattaconare;
c'est remettre vfr. raiin, raiis, fougère, fournirait une
des tacons ou pièces, voy. tache. excellente origine, si l'existence réelle de ce
RATAFIA, anc. rataftat, mot d'origine mot. cité dans Trévoux, n'était pas contesta-
indienne, d'après Ménage. D'autres, en déses- ble (voy. Diez;. —
D, ratine, angl. raiteen,
poir de cause, ont imaginé que c'était un verre esp. rathxa, it. rattina, néerl. ratijn, étoffe
de liqueur qu'on buvait en ratifiant un con- de laine ratinée.
trat, et que le mot vient de la formule latine RATION, du L. ratimiem, au sens primitif
rata fuit conventio ! —
Au Siippl. de Littré, je de calcul, compte, mesure. D. rationner. —
trouve une solution moins fantaisiste ; ratafta RATIONNEL, du L. rationalis (ratio).
serait un composé de arack ou rach, eau-de-vie RATISSER, ôtcr en raclant, dérivé de l'an-
de riz, -|-<a/7a, eau-de-vie de canne. cien verbe rater, effacer, ou plutôt directe-
RATATINER; d'origine inconnue. Roque- ment (car un suffixe verbal isser n'existo
fort le dérive de raten l'expliquant par " se pas) du subst. dérivé ratis. Quant à ce —
resserrer comme le rat dans son trou ». Cela verbe rater, qui est aussi l'ascendant de rature,
me sourit peu. J'ai l'idée que c'est un redou- l'absence d'une s devant t ne permet pas do
blement populaire de ratiner. On pourrait le rapporter au même thème que râteau.
aussi le ramener à tatiner (de tàtei-), en par- Littré met en avant, sans toutefois rien affir-
tant d'un sens premier chiffonner par le mer, soit un type raptare (de rapere), enle-
maniement, d'où celui de rider. ver, soit le verbe rater, ronger (que l'on peut
RATATOUILLE, inconnue; le
d'origine
supposer d'après l'anc. mot raté rongé par =
les rats). Un type raditare ne serait-il pas
champ, a ratatinis, =
ragoût de viandes mê-
tout aussi bien admissible?
lées. Nisard prend pour primitif tatouiller,
1. RATON, petit rat, dim. de rat.
tâter d'une façon mal avenante Littré rap- ;
proche tatouzâ, mot de la Bresse signifiant 2. RATON, pâtisserie, dim. du néerl. rate,
RATEAU,
dans l'estomac. —
D. ravale, instrument ara-
anc. rastel, it. rastello, rastrello, toire pour niveler le terrain.
esp. rastillo, du L. rastellus, dim. de ras- 1 . RAVAUDER ce verbe représente, dans
;
trum.—B. râteler, râtelée de foin, râtelier. ses deux acceptions, raccommoder à l'aiguille
,
dare, remettre en état, en ordre; cp. raccom- fixe en : r-enforcer, r-emporter. Devant un
moder = re-adcommodare. simple commençant par s, \s est redoublée
2. RAVAUDER, dire des discours futiles, [ressembler, res-seiitir), sauf quand le préfixe
impertinents, maltraiter de paroles, est pro- exprime itération {resaluer) et dans les com-
bablement un homonyme du préc. Ce serait positions remontant au latin [résoudre, o'ésis-
un dérivé de ravaut, fanfaron, diseur de sor- ter). Re généralement (les exceptions sont
est
nettes (mot supposé) et primitif à son tour nombreuses) prononcé et écrit ré dans les mots
du subst. abstrait ravaut, bourde, moquerie, l'eproduisant des vocables latins composés avec
signalé dans le Gloss. de Gacliet. Quant à re [référer, répéter). Cependant, quand il s'agit
ravaut, fanfaron, appartient-il au même thème d'accentuer le caractère itératif du préfixe, on
rav (d'où bourg, ravasser ^= rêvasser), formé emploie re (cp. reform,er et réformer, resigner
au moyen du suffixe ait (op. badaud)^ Kiliaen et résigner, recréer et récréer). Il règne du
donne le subst. rabaud. dont les acceptions reste à ce sujet du désordre; ainsi l'on dit re-
concordent avec celles attachées à ribaud, et belle, recevoir, religion, rem,ettre, bien qu'on
rabauderij " nequitia, scurrilitas, jocus scur- dise rébellion, réception, irréligieux rémission ,
liaen. —Il faut écarter, pour expliquer ra- ré-appeler, différents de rassurer, rappeler.
vauder, aussi bien ail, rabbelen, bavarder, REAL, variété de royal, L. regalis.
que L. rabulare, criailler, chicaner.
— RÉALISER, RÉALITÉ, dér. de réel (L.
RAVE, L râpa. D. ravier, ravière.
realis).
RAVELIN, anc. rere/ni.esp. rebellin, port,
revelim, it. revellino. On pense que le mot RÉBARBATIF, rude, repoussant, adj. tiré
romanes.
italien est la source des autres formes de rebarbe, qui se disait au xv!** siècle avec
Et voici comment l'explique Storm (Rom., V, un sens analogue à contre-poil ou rebours.
182). Rwellino est p. rivallino par suite d'un
Ménage croyait assez drôlement que rébar-
faux rapport avec rivellaihovdi) et est le dim. batif marquait la grimace d'un homme qui
L. vigor, fr. vigueur; cp. l'it. rinvigorire. l'it. ribeba, vfr. rebebe, rubebe,etYe?>^.rabel,
— D. ravigote =• mets ravigotant. port, arrabil, vfr. rebelle, m. s., se rappor-
RAVIN, RAVINE ; ces mots sont, comme un
tent à l'arabe rabâd, qui désigne instru-
ravage, issus du L. rapere, arracher, entraî- ment analogue en forme ronde. Pour la mu-
ner (cp. i^vov.rabina, vîv. ravine, impétuosité, tation de b en c, Diez cite les mots esp.jabeba
rapidité) d'autres les rattachent à tort au
;
et jabega, flûte mauresque. —
Voy. aussi
BL. lavina (p. labina), éboulis. rabâcher.
RAVIR (angl. ravish), it. rapire, du L. ra- REBELLE, L. rebellis, qui recommence la
pere avec changement de conjugaison. D. — guerre. —
D. rébellion, L. rebellionem ;
ravisseur, ravissant, ravage (?) (v. c. m.). verbe se rebeller, L. rebellare.
RAVISER =
re -\- aviser. REBÉQUER (SE), dér. de bec; cp. l'expr. se
RAYER, voy. raie I —
Dans l'anc. langue,
.
prendre de bec avec qqn., se défendre du
raier signifie couler, jaillir, mais comme tel bec, etc.
c'est un dér. de rai (=^ radius), jet d'eau. REBIFFER, résister; d'origine aussi obscure
1. RAYON, jet de lumière, voy. rai. — que biffer.
D. rayonner ,
jeter des rayons. REBONDIR, voy. bondir. L'adj. rebondi
2. RAYON, gâteau de miel, voy. rate. ('pour ainsi dire « repoussé ») parle en faveur
RAZ, courant de mer très violent, mot de l'étymologie bontir p. botir, boter.
bas-breton (du L. raptus, action de rapere?). REBORD, pr. deuxième bord ou bord sura-
RAZZIA, de l'arabe rhaziat, expédition jouté, ou bord replié.
guerrière des musulmans contre les infi- REBOUCHER, fausser, émousscr, voy. bou
dèles. quer.
RE- ce préfixe latin est très vivace dans
; 1. REBOURS, contre-poil, voy. b^^osse. —
les langues romanes. Il marque tantôt répé- D. rebrousser, brosser, peigner à contre-poil,
tition, tantôt retour ou action rétroactive; puis (avec ou sans chemin) revenir sur ses
souvent aussi il ne fait que reproduire l'idée pas. Pour la variation rebourser et rebrousser,
du verbe simple sans valeur sensible. Devant comparez vfr. tourser, forme antérieure de
les verbes commençant par a ou é, particuliè- trousser. —
G. Paris (Rom., X, 55) n'admet
rement si cet a ou cet é répond à ad ou ex pour BL. rebursus aucune parenté avec brosse;
lat., l'e du préfixe est élidé, ainsi r-avaler, il n'est selon lui qu'une simple variété de
,
reburrus. Je n'en suis pas pleinement con- départ. Le mot se dit on ail. reichstags-ab-
vaincu .
schicd, ])r. séparation ou départ do la diète.
2. REBOURS, adj , revêche, peu trai- = RÉCHAPPER. =
rc -f- échapper.
table ; c'est prob. lo même mot que le préc. ; RÉCHAUD, vfr. reschaut, subst. verb. d'un
sinon, par le BL. reburrus, hérissé, un verbe récluiuOev, correspondant fr. de l'it.
dérivé de bourre (v. c. m.). riscahhirc L. re-cx-calidare).
'tY])e
D'un autre côté, le BL. receptiim procédé, = type \a.Xinreccntiare{Ac recens ), pr. renouveler,
moyen, méthode, pourrait engager à voir rafraîchir. Cette étymologio a été ébranlée par
dans receptum et recepta l'effet d'une con- G. Paris (Rom., IX, 482), qui, objectant que
fusion avec prœceptum = ordonnance. recPMtiare eût donné roisancier (voy. plus bas
RECEZ de l'Empire, résumé des délibéra- récent), tient notre mot plutôt pour appa-
tions de l'assemblée des États ou de la diète, renté à vfr. cinces, chinces, chiffons, lam-
lu au moment de la séparation; puis, en beaux servant à laver.
général, loi faite par une assemblée législa- RECHUTE, du verbe rechoir, comme chiite
tive ; du L. rscessus, action de se retirer, de choir. —
D. rechuter.
.
care.^ -able.
RÉCITER, L. rc-citare. — D. substantif ver- RECOQUILLER, retrousser en forme de
bal récit. coquille. On trouve aussi recroquillcr
RÉCLAMER, L. re-clamare, litt. = récrier. RECORD, voy. l'art, suiv.
— D. subst. verbal réclame (vfr. masc. RECORDER, L. re-cordari, x'emettre à l'es-
reclain), pr. = rajjpel ; subst. savant récla- prit, pr. au cœur (cp. notre expr. apprendre
mation. par cœur). De là le subst. record, pr. récit
RECLURE, L. re-cludcre (claudere) ;
part. d'un fait (anc. =
souvenir, mémoire), puis
reclus, L. reclusus; subst. )-éclusion, L. re- témoignage, attestation, témoin (pour cette
clusio. conversion du sens abstrait en sens concret,
RECOCHER, rabattre une pâte, de cocher', cp. témoin, de testimonium). Record témoin, ,
prov. cochar, presser, lequel peut s'expliquer cependant, n'est resté dans la langue que
soit par le L. calcare. fouler (voy. cocJœr), sous l'ancienne forme nominativale recors.
soit par une formation barbare coctiare, de RECORS, voy. l'art, préc.
corjcre, serrer, condenser (à la rigueur il fau- RECOURIR, L. re-currcrc, 1. courir en
drait coichier). arrière, 2. courir de nouveau, 3. avoir recours
RECOGNER, renfoncer, composé de cogner-., à. C'est à la 3"^ acception latine que se rattache
de là subst. verbal recoin, litt. renfoncement, cellcdusubst. fr. recours, =
h.recursusi).eqp.Q\
coin. n'avait pas encore le sens du mot français;.
RECOIN, voy. l'art, préc. RECOURRE*, reprendre, retirer qqch.
RÉCOLER, du BL. rocolare, repasser, exa- d'entre les mains de ceux qui l'emportent. Du
miner, vérifier de nouveau, lequel n'est pas BL. re-cutere (= rétro quatere), res captas
nécessairement un métaplasme du L. 7-eco- recuperare, eripere. Ce verbe, par son étymo-
lere, reprendre en œuvre, pratiquer de nou- logie, emporte l'idée de faire lâcher prise en
veau ; on ti'ouve aussi le simple collare, vfr. employant la force, en frappant. Du part, re-
coler, au sens de coUationncr, vérifier, lequel cussus (vfr. recous, échappé, délivré) vient le
parait avoir été dégagé du part, collatus (con- subst. rccousse (cp. le vfr. secourre succu- =
ferre), comme prostrare de prostratus. — tere et son subst. secousse). La forme variée
D. récolement. rescourre" d'où rescousse, représente le type
,
qui réunissait déjà les deux acceptions. — cer, il vient, dit G. Paris, du vfr. dut, mor-
D n'création, -atif. ceau, pièce d'étoffe, mot germanique, =
RÉCRÉMENT, L. recrementum, déchet, norois klutr, suéd., dan. hlut, angl. clout,
excrément (re-cerno). morceau d'étotfo, chiffon. Notez que l'it. dit
RÉCRIER (SE), = re -f éa-ier, pr. répondre encore rechUare et reclutar pour recru-
l'esp.
par un cri. Pour le sens fig., cp. le L. re-cla- ter, et recluta pour recrue. Faut-il en con-
mare. clui'o que notre subst. recrue (anc. rea'eue),
RÉCRIMINER, BL. recrimitmre, pr. ré- qu'on trouve dès le xvi^ s., doive aussi se
pondre à une incrimination. — D. récrimina- rattacher à dut] Nullement; je pense plutôt
lion, rccrinii}intoire. que c'est lui qui a déterminé la forme recruter
RECROBILLER (SE;, se contracter; de la p. recluter. »
même racine ci'ob que nous avons mentionnée RECTANGLE, du L. rectus angidus, angle
sous rabougrir. droit. — I). rectangulaire.
RECROÎTRE, vov. recrue. RECTEUR, L.?Yc<ort'>rt (de /rçrtfî-e; cp. régent
dant BL. recredcrc, signifiait « s'avouer RECULER (it. rinculare), aller ou mettre
vaincu, lâcher prise », litt. s'en remettre (se en arrière, du L. culus, cul (cp. ail. sich
confier, L. se credere)à la merci du vainqueur. àrsen, flam. acrselen, do ars, cul). D. —
Or, on ne deriiande quartier que quand ou est recul, rcculetncnt, -ode; reculé (adj.j; recu-
lons fà)
à bout de ses moyens ou quand on n'en peut
plus. A nos mots fr. recru et recréant (dans RÉCUPÉRER, L. recuperare, voy. recou-
les patois recrant) répondent les anc. mots it. vrer.
recreJuto et reo'cdcnte, prov. recresiU et RÉCURER, v(jy, écurer.
recrezens =convaincu. Le terme fr. rendu RÉCUSER, L. re-cusare, récuser, refuser
(dérivé de causa).
fournit un analogue parfait; il dit la mémo
chose que recru, par le môme enchaînement RÉDACTEUR. RÉDACTION, voy. rédiger.
logique. On a, par une bévue bien étrange, REDAN, t. de fortification, certains ou-
rapporté recru à recrudescere, qui dit juste le vrages disposés à peu près en dents de scie,
contraire. L'abbé Corblet, au mot reci-and, de manière qu'ils se flanquent ou se défendent
cite une étymologie requietn requœi'ans (sic); réciproquement, liedan est une déviation
c'est de la iilaisantorie. orthographique de l'anc. forme redent, pr.
RECRUDESCENCE, du L. recrudescere, pr. ouvrage dentelé, subst. verbal d'un verbe
redevenir cru, violent; en parlant des blessures redenfcr. Cp. les expi-essions ail. sàge-toerk,
^^ se rouvrir. angl. saw-worh, ouvrages en scie.
RECRUE, subst. part, du verbe recroître, RÉDARGUER, de rcdargutare', dér. de
pr. accroissement, spéc. renouvellement, ren- L. red-argurre, réfuter une accusation.
fort de troupe, nouvelle levée de soldats, puis REDDITION, L. rcdditionem (de reddere).
homme de la nouvelle levée. —
A côté de re- RÉDEMPTEUR, L. redemptorem (red-
crue, il a dû exister une forme recrute (elle se imere) rédemption, forme savante du mot
;
trouve d'ailleurs encore en champ.; cp. cheii, rançon (v. c. m.;, L. redemptionem.
fém. cheute, d'où chute); c'est par elle que je REDEVOIR, 1 devoir de nouveau, être en
.
m'expliquais jusqu'ici les formes étrangères reste aj)rès règlement d'un compte, 2. devoir
ail. rekrut, angl. recruit, it. et esp. recluta en retour à cette dernière acception inusitée)
; f
n'en demande pas moins si l'adjectif vfr. en- correspondants étrangei-s du fr. re-gain \>o\xv
frum, au sens de morose, refrogné, constaté faire re.s.sortir la fausset<5 des explications
par de nombreux exemples, n'est pas ajipa- données soit au moyen de re-foin (d'où serait
rcnté au mot qui nous occupe et le correspon- venu revoin, puis regain), ou de L. rc-seca'
dant de l'ital. infrigno. Cet enfriim-ci serait »M«^j (res'camen), seconde coupe.
alors un homonyme d'un autre enfrum = REGAL, it.. esp., port, regalo; ce mot no
mangeur, glouton, avare, que Diez explique représente pas, comme on affirme souvent,
par L. in-frumcn " dans le gosier ». le L. régale s, e. convivium, festin royal.
REFROIDIR, factitif ou inchoatif de froid. C'est lo subst. verbal du verbe régaler (voy.
REFUGE, L. refughim; la vraie forme ce mot).
française est refiii, encore usitée comme RÉGALE. «= droit régalien, et dans lo
terme de vénerie (cp. prov. refug, refuy). — terme chimique « eau régale », du L. regalis,
D. réfugier [se], d'où le subst. réfugié. royal. —^ D. n'gatien.
REFÙIR, L. re-fugere. —
D. subst. parti- 1. RÉGALER, it. regalare, esp,, port.
cipial fém. refidte. regalar. Diez, dans l'hypothôse que le mot it.
REFUS, voy. l'art, suiv. et fr. est importé de l'Kspagnc, établit, pour
REFUSER, it. rifiisare, port. . prov. rc/jwor, l'esp. rtv/rt/ar, l'étymologie que voici. Du latin
esp. rehi'.sar ^esp. Ji =^
Rien ne semble
f). regelare, faire dégeler, récliauffer, s'est pro-
plus naturel que de voir dans ces mois une duit (à une époque où le g latin avait encore
variété de réfuter, it. rifhitare,\M'ov.refudar, conservé sa valeur gutturale devant e] le verbe
qui signifient, du moins en ce qui concerne esp. regalar, qui, à l'origine, signifiait liqué-
lit. et le prov. , la même chose que refuser, fier, fondre. Cette signification, dont M. Diez
et qui reproduisent le L. refutare, repousser, fournit les preuves, s'est perdue, mais il est
lequel, dès les premiers temps du moyen âge, resté celle de réchauffer, au fig., cares.scr,
avait pris la valeur de respuere, rejicere. prendre en amitié, faire bonne chère (dans
Mais comment expliquer ce changement inso- l'anc. sens de bon accueil). 11 ne faut pas
lite de t en s doux? Dans l'impossibilité de le perdre de vue que le verbe régaler n'implique
faire, Diez conjecture que Vs est l'effet d'une nullement dans le jinncipe l'idée d'un repas,
assimilation au verbe équivalent recusare.W y et que l'on cm])loyait aussi ce verbe avec lo
aurait eu en quelque soi'te fusion entre les sens de gratifier d'un présent. Diez ajoute à
deux vocables refutare et rccusare. Je tiens sa démonstration la remaïque que le subst.
cette explication en z"éserve pour le cas que la regiel =caresse, qui se trouve dans le chant
conjecture que je vais })résenter ne serait pas d'Eulalie : por manatce, régie! ne preie-
••
jugée digne d'être approuvée. Le latin rcfun- ment ",= par menaces, ni par caresse, ni
ni
dere signifie très souvent refouler, repousser, par prière (Chcvallet a commis ici une méprise
rejeter son fréquentatif naturel est refusare,
; en liant regiel avec manatce et en traduisant
qui fournit, me semble-t-il, une étymologie « par menace royale "), autorise à pi-ésupi)o-
très convenable au l'oman refusare. Bra- — ser également pour le fr. un verbe regeler,
chet fait découler refuser d'un type barbare correspondant à l'esp. regalar, caresser. —
refutiare, mais outre qu'on n'a aucun exemjjle Malgré toute la ])lausibilité de cette étymo-
de la finale lat. tare appliquée ailleurs logie, en ce qui concerne l'enchaînement des
qu'après des formes participiales ou des adjec- significations, il nous reste quelques doutes,
tifs en tus, cette forme fictive eût produit d autant plus que régaler, qui se rencontre
refuiser (cp. aiguiser, menuiser, de acutiare, dès le xiv" siècle, ne parait nullement em-
minutiare). — Voy. aussi ruser. D. subst — prunté à l'espagnol, et nous nous demandons
verbal refus. si le vfr. galer, déployer de la magnificence,
RÉFUTER, du L. refutare (de futare, être prodigue, s'amuser, et régaler (voy. sous
accuser). gald], ne fournirait pas une étymologie con-
RÉG — 433 — REG
venable pour le mot roman regalare, festoyer, L. regulare; réglct, réglette. — De régula,
traiter amicalement. Littré incline également par syncope du g, vient la forme vfr. reule,
REGARDER, voy. garder. Littré décompose prov. regalicia, regulecia, picard regoliche.
regarder en re -\- vfr. esgarder (d'où égard) ;
Ces formes sont toutes basées sur la transpo-
c'est une erreur, l'ancienne langue ne présente
sition des liquides r et l. Le mot réglisse est
28
RÊII — 434 — REL
avait fait défout. Malin pense l'avoir décou- grum composé de hahilitare
rcstituere, ha- =
vert dans un passage de Girard de Rossillon. bilcm i.idoneum l'eddere, vfr. habileter.
e.
Itegreter vient donc, d'après lui, de la foi^me REHAUT, t. do peinture, parait être un
comme le prov. regradar de grado.
vfr. gi-et, subst. verbal mal formé de rehausser.
— Diez, dans sa réplique à Mahn, combat REIN, anc. esp. et it. rené; esp. mod.
par des raisons tant logiques
cette étymologie rinon, du L. re« (d'où l'adj. renalis, fr.
que phonologiques et se rallie à celle do rçnal). —
De rein vient le composé vfr. esre-
Matzner, qui, appuyant sur le sens « plain- ner, nfr. éreinter (cp. le prov. dcs-renar. de-
dre », attaché anciennement au mot regret- regnar, m. s.). On a de même fait abusive-
ter, renvoie au goth. gretan, nord, grata, ment, en t. de vénerie, reintc p reine. D. —
ags. graetan, graedan, anc. angl. grate, pleu- rognon (\. c. m.).
rer, plaindre. —
Feu mon excellent maître et REINE, vfr. 7'eïne, raïne, du L. regina.
ami Chavée (Revue de linguistique, 1868, REINETTE, sorte de pomme, voy. raine.
t. I, p. 224) établit pour signification fon- RÉINTÉGRER, L. red-integrare.
cière de regret « recroissance, pousse nou- RÉITÉRER, du L. iterare; le préfixe re
velle w, signification perdue pour le français, constitue ici un vrai pléonasme.
mais conservée en wallon p. ex. dans H rgret REITRE, aussi rêire, mot introduit au
d'on mau, la recrudescence d'une affection xvi'" s., de l'ail, reiter, cavalier.
morbide. 11 tire ainsi notre mot du L. recretum, REJETER, L. re-jcctare (rejiceie). D. —
partie, passé de recrescere. Il compare, pour rejet, 1 action de rejeter, 2. nouveau jet, de
.
tsedet me, je suis fâché, je regrette. Tout RELACHER, desserrer, détendre, inter-
cela sourit, mais ne se concilie pas avec le rompre du L. re-laxare (en t.
le travail, etc.,
sens ancien « demander, appeler (au .secours), de palais, on dit encore relaxer un prisonnier),
plaindre, pleurer (un mort) », dont il fauttenir voy. Inche. — I). rcléiche, relâchement.
plus de compte. —
Littré (1809), appuyant, RELAIS, RELAISSBR, voy. relayer.
comme Chavée, sur l'idée de retour, recru- RELANCER, 1. lancer de nouveau (t. do
descence d'un mal, propose L.re-gradits, qui chasse), de là fig. aller chercher (((jn. au lieu
aurait donné regret, comme de-gradus a fait où il est, le faire sortir de son rej)os, pour
vfr. degret ; il justifie le < dans regreter l'engager à qqch., puis importuner; 2. lancer
(p. regreder) par l'exemple de convoithe (p. loin, repousser, répondre rudement aux pro-
convoidise) et de piéton (p. pie'don). En — position.s de qqn.
somme, de toutes les conjectures indiquées ci- RELAPS, L. relapsus (rc-labi), retombé.
dessus [le regret wallon pourrait bien n'être RELATER. -ATION. -ATIF, voy. référer.
qu'un homonyme connexe avec l'it. rincres- RELAXER, voy. relâcher.
cere], c'est celle de Matzner qiii satisfait le RELAYER, itératif de lager (vieux verbe
plus sous tous les rapports ; elle se recom- signifiant laisser, ces.ser, voy. laisser); il
mande en outre par la circon.stance que exjjrime les arrêts successifs dans une course
l'absence du mot regretter dans les autres lan- ou dans un travail (juelconquo. Reloger,
gues romanes lie prov. regretar ne se trouve neutre, signifiant cesser, prend, au sens actif,
que dans une rédaction demi-provençale de la valeur de faii-c cesser un travail à qqn. pour
Girard de Rossillon) rend, selon l'observation le reprendre soi-même. De même (pie le —
de Dioz, une origine germanique trôj pro- simple lager est, pour le sens, identique avec
bable. —
Je m'étonne qu'à côté de requiritari laisser et lâcher, on trouve aussi relaisser
on n'ait pas plutôt invoqué reqiiiritaré, rede- dans le même sens que relayer, c.-à-d. relâ-
mander (fi-équcnt. àerequirerc),(:[m se trouve cher, discontinuer, s'arrêter. Le subst. —
dans Plante. Quant aux opinions de Ménage verbal de relayer est relai (encore conservé
et de Le Ducliat, qui alléguaient l'un le L. dans l'angl. relay, relais); celui de relaisser
régressas, retour, l'autre un type regradatare est relais, dont le sens propre est arrêt, halte,
(tiré do gradatus),no\\^ ne les citons que pour c.-à-d. action de sarrêter, puis action de
mémoire. —
J'ai rencontré deui exemples relayer, c.-à-d. de relever ceux qui ont tra-
d'une forme regrater; l'un (cité par Littré) vaillé (cp. angl. release, repos). Frisch avait
dans le Romancero « Soupirant prist à 1er-
: songé à l'angl. Zay, placer, poser; cette ma-
moyer Et regrate son dru Helier » ; l'autre nière de voir n'e.st pas à dédaigner, je r4.voue;
dans le Perceval de Chrétien de Troie, v. le mot angl. re-lay serait dans ce cas analogue
2493 « Issi li rois pleui-e et regrate Le var-
: au fr. =reposer. Relai serait aussi étymo-
mate ». C'est, me scmble-t-i],
let et fait ciere logiquement rapproché de son synonyme
lin nouvel argument en faveur de l'étymologie poste, qui vient de ponere. Cependant, si
germanique. —
D. regret^ subst. verbal; cette dernière étymologie devait prévaloir, il
regrettable. faudrait expliquer Ys du subst. relais comme
RÉGULATEUR, voy. règle. un reste de l'ancien nominatif, comme dans
RÉGULIER, L. regularis (rcgula). — D. lacs, corps, recors, etc., ce qui ne se pi'ésente
régularité, L. regularitatem régulariser.
; généralement que dans des subst. se termi-
•
REHABILITER, BL. rehabilitare, in inte- nant par des consonnes. —
Littré est d'avis
,
que, ne vient pas, selon Paris, direct, du L. (dim. de vidpes, prov. voIp, it. volpe). La
remidcare, mais indirect, soit par l'esp. haute réputation du poème a fait que le nom
remolcar, soit par l'it. remorchiare. Le mot poétique de l'animal rusé a fini par supplanter
ne date que du xvi^ siècle. l'appellation commune. Regnard est contracté
REMOUDRE, =
moudre de nouveau ; de l'ail, reginhart, dont la signification (pr.
rémoudre =
re -|- émoudre {esmolre') \ de là « fort en conseil ») correspond parfaitement
rempar avec un t
et adventice rempart, RENASQUER. voy. renâcler.
,
REMPORTER, ^
re -\- emporter; « rem- reddita, les choses rentrées, le revenu. Autres
porter la victoire » est une imitation du L. dérivés rendable, qui est à rendre, rcndage,
—
:
mutare, changer ; remuer est donc pr. chan- rend à l'ennemi, 2. fatigué, qui n'en peut plus
ger (ou faire changer) de place. Le sens (expression analogue à recru), et le subst.
« changer » perce encore dans l'expr. « remuer rendes-vous, imité par le stell-dich-ein des
un enfant » =
le changer de linge. L'éty- — Allemands.
mologie removcre est inadmissible. D. — RÊNE, anc. resne, resgne, reigne, reine,
remuant, remuement; cps. rcm,ue-ménage pi'ov. régna, correspond à l'it. redina, esp,
(anc. on se servait du terme remuer mesnagc (par transposition) rienda, port, rcdea. Le
p. causer du désordre). primitif de ces mots est le L, retinere, rete-
REMUGLE, anc. remeugle, odeur de ce qui nir, par un subst. verb. fém.retina,({\i.\ d'une
a été longtemps renfermé. D'origine incer- part s'est adouci en redina, forme it., d'autre
taine; Littré, faisant fond sur les mots prov. part syncopé en rctna^ d'où reina, puis régna,
rem,ueyll, remoil, cat. rcm.ull, esp. remojo, foi'mc i)rov. Us du fr. resne (d'où rêne) est
port. rem,oljo, humidité, détrempe, rapporte intercalaire. Raynouard s'est trompé en pla-
notre mot à viouillcr; mais il n'y a guère de çant le prov. régna sous la rubrique regnar,
conformité entre les formes. Je ramènerais dominer.
plutO)t meugle, mugle au thème mue du L.
RENÉGAT, BL. rencgatus (negare), qui a
mucor, moisissure; l'ancienne langue présente, renié sa foi, forme savante de renié. Le vfr.
et le patois normand a conservé (voy. Gode-
disait renoijé (de renoi/er' =" renier), et les
froy), l'adj, mucre, relent, moite. Un adj.
patois disent encore renoyé, renois.
latin muccr p. înucidus est très admissible. RÉNETTE, nom d'oiitil, voy. rainer.
Pour le changement de r en l, cp. temple' RENFORCER, =>. re -f- enforcer (auj. en-
(tempe) de tem-pora.
forcir). Subst. verb. renfors' d'où l'on a,
RÉMUNÉRER, L. re-munerare (munus). — sous l'influence du mot fort, fait renfort; cp.
,
(bourg, naque) =
morve; ils signifieraient parait-il, verbe rengainer ; on dit que
avec le
donc pr. faire remonter la morve du nez c'est le refrain d'une vieille chanson turlu- :
;
retirer. Ce dernier répond à l'it. repatriare, verbe latin, dans vme acception spéciale qui
prov. repairar et est le latin repatriare, re- se rencontre dans le Digeste, savoir « refu- :
tourner dans sa patrie (d'où les gens de police tare, iterare responsum » s'est conservé sous ,
on fait repatrier " un vagabond »). Voy. aussi la forme fr. répliquer.
rapatrier
2. REPAIRE, t. de chasse, fiente il faut
RÉPLIQUER, voy. l'art, préc. D. ré- —
;
plique.
écrire repère (v. c. m.), de L. reperire, car le RÉPONDRE, L. respondere. D. respons*, —
mot, dans cette acception, vient de ce que la répojis, L. responsum; réponse, L. responsa
fiente sert à retrouver la bête. Voy. toutefois
p. responsio, d'où responsable (comme comp-
la remarque de G. Paris s. repère. table de compte).
REPAITRE (part, passé repu, d'où le v. REPORTER, porter de retour ou à nouveau,
subst. repue, repas), du L. re-pascere, d'où, anc. aussi =
rapporter (d'où angl. reporter,
par supin repastum, le subst. re-pastus,
le rapporteur). —
D. report.
fr. repasf, repas. Cp. fr. appât, p. appast, et REPOSER, re -\- poser, d'après le L. repo-
appas (qui était anciennement aussi la forme nere. — D. rejMS, subst. verbal; reposoir,
du singulier). Pour cette apocope du t final, reposée.
cp. dispos p. dispost, enquis p. enquist. REPOUSSER, =^ pousser en arrière; cp..
RÉP — 438 — RÉS
résiliation.
1. RESSORTIR (conjugué comme sojHir =
aller dehors), 1. de nouveau;
sortir, partir
RÉSILLE, voy. réseau.
2. intensif de sortir, pris dans son sens pri-
RÉSINE, L. résina (gr. p-^rh-o). — D. rési-
mitif de saillir, avoir du relief. De là le subst.
neux, L. resinosus.
verbal ressort, pr. rejaillissement, rebondis-
RÉSIPISCENCE, L. resipiscentia, de re- sement, contre- coup (cp. esp. resurtir, rejail-
sipiscere (composé de saperé], redevenir sage. lir). Voy. aussi le mot sortir 2.
RÉSISTER, L. i-e-sistcre. — D. résistance, 2. RESSORTIR (conjugué, comme assortir,
7'é.<!istible, iryx'sisiibïe, L. rcsistibilis, irrcsis- d'après finir), appartenir à une juridiction.
tibilis. Subst. verbal ressort, it. risorto, étendue de
RÉSOLU, etc., voy. résoudre, juridiction. D'après Diez, la signification
RÉSONNER, L. D. réso-
re-sona7'e. — actuelle de ce terme juridique se rattache au
nance, résonnement. vfr. resortir, se retirer, chercher un abri,
RÉSORPTION, L resorptio7icm (vG-sorhere). avoir recours, d'où le subst. vfr. resort,
RÉSOUDRE, L. re-sohere. Du supin reso- retraite, recours, tribunal où l'on recouvre
lutum viennent 1 part, rcsolutus, fr. résolu;
: . son droit. Quant à ce verbe ancien resortir
notez que dans l'emploi adjectival de ce mot, (BL. resortire, habere jus appellationis), Diez
le sens est contraire au sens latin ; ce dernier y voit un composé de sortir, obtenir (dér. de
se rapporte au verbe resolvere, en tant que sort, V. c. m.); resortir, c'est recouvrer son
signifiant détendre, relâcher, tandis que droit. Ce savant s'appuie de l'analogie que
l'acception moderne (déterminé, hardi) est présente le terme it. ricovrarc, qui signifie
active et tirée du verbe résoudre en tant que 1. recouvrer, 2. se sauver, se réfugier. Du —
signifiant donner une solution, trancher une Gange avait mal défini le subst. rcssortum
diîRculté 2. resolutio, fr. résolution,, action
; par ces mots «quidquid intra sortes continetur
de dissoudre, cassation, décision, fermeté ; seu jurisdictionis terminos », et Budé a versé
3. resolubilis*, fr. résoluble; 4. resolutorius, dans une erreur encore plus forte en dérivant
fr. résolutoire ; 5. resolutivus*, fr. résolutif. ressortir de sort, par cette raison « causse :
— Le part, résous est p. resols et vient de la enim sortibus ex urna ductis cognosceban-
forme contractée resoltus ''cp. absous, dissous, tur ». — Pour me rallier à l'explication éty-
coexistant avec absolu, dissolu). mologique de Diez, dans tout son développe-
RESPECT, L. re-spectus (re-spicere), litt. ment, je voudrais savoir si le vfr. resortir,
= regard (cp. nos expr. analogues égard, avoir recours, que l'on invoque comme ana-
considération). —
D. respecter, L. respectare), logie de sens, avait également la conjugaison
d'où respiectablc, respectueux, respectif, mot inchoative (les exemples d'appui me font dé-
de façon nouvelle, qui se rapporte au sens faut à cet égard). En attendant, il me semble
« égard, rapport, point de vue », qu'avait toujours que ce vieux resortir, avoir recours,
aiitrefois le mot respect. —
Le latin respectus trouver sa ressource, doit être le même mot
se retrouve encore dans la langue fr. sous la que notre ressortir, qui foncièrement dit :
vfr. resordre, qui est le L. re-surgere et qui verbal retard; mots savants retardation, :
l'ail, stoppen, stopfen, bourrer, boucher (voy. retrait, subst. part. fém. retracta, fr. retraite;
étoupe). puis les mots savants rétraction et retraç-
RESTREINDRE, L. re-stringere, resserrer aie.
(cp. étreindre).Du supin restrictum restric- : RETRAITE, voy. l'art, préc. D. retrai- —
tion, restrictif; du part, restringentem le t. : ter, mettre à la retraite.
médical restringent. RETRANCHER, renforcement de trancher.
RÉSULTER, L. rc-suîtare (fréq. de re- — D. retranchement, 1. action de retrancher,
silire), pr. rejaillir,rebondir; au moy. âge le 2. espace retranché, .séparé d'im plus grand ;
mot a été traité en synonyme de evenire, de la dernière acception .s'est déduite l'accep-
exirc (fr. issir). Cp. les termes réussir, res-' tion spéciale et militaire du verbe se retran-
sortir. —
D. résultante, résultat, mot de cher.^
création savante, =
ce qui résulte ou provient RÉTRÉCIR, =
rc 4- c'trécir (v. c. m.). —
d'une, affaire. D. rétrécissement.
RÉSUMER, L. rc-sumere, reprendre, d'où RÉTRIBUER, L. re-tribucre, payer en
le sens mod. : redire, exposer de nouveau retour, d'oùretributionem, fr. rétribution.
en abrégé. — D. subst. résumé. RÉTRO, adverbe latin, francisé en rère,
RjîiSURRECTION, L. re-surrectionem, de rière (d'où les composés ar-rière, de-rière,
resurrectum, supin de re-surgere, vfr. re- auj. derrière). On le trouve encore appliqué,
sordre comme préfixe, dans les mots fr. (du fonds
RETABLE, vfr. restauh. Cette dernière savant) suivants rétroagir [-action, actif),
:
quant à vîr. revois, signifiant convaincu, avéré,- RHÉTEUR, L. rhctorcm, du gr. ^>iTO),o, do
je parle; rhétorique^ gr. ^rirupix^. s. c.
et que l'on trouve aussi sous les formes
7-eveit, /îîw,
revisio, fr. réviseur, revision. en un mot homme sans aveu (Nicot inter-
REVIVIFIER, L. revivificare. prète : putier, bordelier) ; il rapporte ainsi le
RÉVOLTE, tiré direct, de l'it. rivolta, .subst. mot au vha. hriba, mha. ribe, prostituée,
participial de rivolgere =L revolvere, retour- qui, joint au suffixe péjoratif a/(Z, aurait donné
ner, bouleverser. Le mot fait double emploi ribaldo, etc. Cp. vfr. riber, séduire des fem-
avec révolution, qui est le subst. latin revolutto- mes, auj. ribler, courir la nuit. En partant —
nem. — D. révolter. de l'ail, reiben, mha. riben, fricare, terere,
RÉVOLU, L. revolutus (revolvere). je vois dans ribaud une appellation analogue
RÉVOLUTION, L. revolutionem (revolvere). aux termes latins perfrictus, tritus, fr. fourbe,
— D. révolutionner, -aire. fripon, polisson, qui découlent tous de l'idée
RÉVOQUER, L. re-vocare, rappeler. — D. frotter. —
D. ribaudcr, -erie; anc. ribaude-
révocable, révocation, L. revocationem. quin, arme ou engin des ribauds. Ribote, —
REVUE, subst. part, de revoir. riboter sont des dérivés du même radical rib.
RÉVULSION, L. revulsionem, de revulsum, RIBE, moulin à meule conique pouç broyer
supin re-vellere, d'où aussi révulsif. le chanvre. Bugge (Rom., III, 156) s'adresse
REZ, anc. subst. =
niveau, état de ce qui au bas-ail. repe (fém.), brisoir, broie, suéd.
est à fleur de ; il n'est plus d'usage que dans repa, brisoir, ni. repel (Kiliaen, repe, instru-
le composé rez-de-chaussée, puis comme pré- mentum quo Uni semen stringitur), nha. riffe,
position signifiant à fleur ou à ras de {rez riffel.
pied, rez terre); du même L. rasus (part, de RIBÉS, de l'arabe ribas.
radere), dont on a tiré la forme ras (v. cm.). 1. RIBLER, voy. ribaud. — D. ribleur.
. ,
2. RIBLER, aiguiser, de l'ail, rihcn, aiij. autre valeur), et cochet, jeune coq. Qu'un
reiben, frotter? oiseau est en jeu, on est autorisé à le présu-
RIBLETTES, tranches de lard, frites dans mer en voyant les Anglais traduire ricochet
la poêle, dont on entrelarde souvent les ome- par la formule « a diich and a drahe » (une
lettes. D otymologieinconnue. Au moyen d'un cane et un canard), les Allemands (en termes
renfort de huit chaînons intermédiaires. Mé- d'artillerie^ par^ô^/er, qui est aussi le nom du
nage était parvenu à faire tenir ensemble rib- pic-vert. —S'il s'agissait d'expliquer ricocher,
lelte et L. laridum! Aujourd'hui, l'on ne se ricochet en tant qu'exprimant l'idée de répéti-
joue plus si aisément de son public. —
Peut-être tion, sans patronner une étym. faite par je ne
du germ. rib, rip (n\\. rij/pe), côte, nervure sais plus qui :« coche répétée coche étant
»,
(saillies longitudinales des feuilles). —
Buggc dit de la hachure que la pierre fait en rasant
(Rom., III, 157) rapproche deriblette le suéd. la surface de l'eau, j'alléguerais soit re -\-
reppling, tranche (de viande, de fromage, etc.), cocher [cocher pris p. décocher), soit un type
norv. ripel ou repcl, long et étroit morceau ;
lat. recoctiare* (tiré do recoctus), recuire au
verbes suéd. repa, déchirer, arracher, norv. sens figuré de rebattre, multiplier à l'infini,
ripa ou repa, dépouiller, angl. rip, arra- soit enfin re -\- copiare^ multiplier (cp. proche
cher. La même racine a donné ribe et riblon. de propius). —A propos de la « fable du rico-
RIBLON, « petits morceaux de fer à refon- chet », je juge intéressant de fixer l'attention
dre ». J'avais jusqu'ici assigné à ce mot, qui des amateurs sur le passage suivant de Bau-
signifie proprement rognure, pour étymoL, le douin de Sebourg, XIV, 947 :
germ. riben, reiben, frotter, broyer, mais je Tant la mena la dame de quoquet en fciblel.
me rallie à l'opinion de Bugge mdiquée à Que li rois li dist Dame, foi que doi Jupitel,
: etc.
l'art, préc.
RIDE, RIDEAU, voy. rider.
RIBOTE, RIBOTER, voy. ribaud. Littré RIDELLE, chacun des deux côtés d'une
croitque riboter est =
rebouter, bouter de charrette (faits en forme de râtelier); brin de
nouveau, bouter sans cesse, mais on n'entre- chêne en grume; on trouve aussi rizelle et
voit pas trop la liaison des sens.
rudelle; de même reddalle, gros bâton, et
RICANER, recaner, rechaner^
vfr. et dial.
redon, bâton de fagot. Littré pense que ce
recaigner, grincer des dents, braire comme sont là des dérivés du L. rudis, rudicida,
l'âne, clabauder, esp. reganar, prov. reganar,
baguette, et aussi de ridica, échalas, piquet.
grincer des dents. Diez pense que ces mots
tiennent an L. cachinnare, rire à bouche
— Il se pourrait bien que ridelle fut de la
par la relation du sens avec Wre. Je doute de porte vers une étymologie L. rete, rets,
cette étymologie; à part les improbabilités
réseau. La forme première, dans cette hypo-
résidant dans la forme, le sens aurait tourné thèse, serait redelle.
au contraire, car ricaner, c'est rire à demi, et RIDER, froncer, plisser, du vlia. ga-ridan,
non pas à bouche ouverte. Toutefois, je n'ai mha. riden, ags. vridhan (d'où angl. writhe),
rien de mieux à opposer; je dirai seulement
que l'interprétation de Nicot « lascivire » et
tordre; adj. vha. me?, crêpé, ridé. D.7'ide; —
dim. rider rideau, BL. ridellus, v. angl.
)a forme anc. re-caig7icr font penser à canis,
à moins qu'il n'y ait deux homonymes à dis-
ridel, riddle, pr. qqch. de plissé. Périon, —
de son temps, n'hésitait pas à poser le grec
tinguer. Littré indique vha. geinan, ouvrir la puzli (= rugosité quelconque), comme l'éty-
bouche. —
D. ricanement, ricaneur, -erie. mologie de ride.
RIO-A-RIO = au pied de la avec une
lettre, 1. RIDICULE, adj., L. ridicidus (ridere). —
exactitude rigoureuse. D'origine inconnue; du D. ridiculité, ridiculiser
radical rig [g final durci) do rigor, rigueur? 2. RIDICULE, suhst. ma.sc., voy. réseau et
ou du prov. rie, puissant, fier, rigoureux? réticule.
RICHE, it. ricco, esp. rico, prov. rie, du RIÈBLE, nom de plante d'où? ;
vha. rihhi, goth. reihs, ail. mod. reich, angl. RIEN, vfr. ren (jadis du genre féminin),
rich. — D. richesse (vfr. richeté, ricoise, pr. chose ; le sens opposé est le fait de la né-
prov. riqueza); richard; enrichir. gation qui accompagne le mot (voy. l'art.
RICIN, L. ricinus. otéant). Du L. rem, ace. de res.
RICOCHER, d'où ricochet. L'étymologie de RIFFER, vieux verbe, égratigner, écorcher
ricochet ne peut être entreprise avec quelque cp. le bavarois riffen, m. s., variété de l'ail.
sûreté que lorsqu'on sera éclairé sur l'origine raffen, reffen, arracher. —
Forme diminu-
de la locution proverbiale « c'est la fable (ou la tive rifler, variété de rafler (cp. nha. riffeln,
:
la favola delV uccellino, c.-à-d. de l'oiseau. 2. RIFLARD, vieux parapluie; d'une pièce
Si, dans ladite fable, que personne n'a encore de Picard (la Petite Ville), où l'acteur chargé
révélée, il s'agit réellement d'un oiseau comme du rôle de Riflard apparaît armé d'un énorme
du principal personnage, on est à priori porté parapluie.
à décomposer ricochet par ri (forme populaire RIFLER, voy. riffer. — D. riflard I, gros
p. re, ou, dans le cas spécial, pourvu d'une rabot.
RIN — 444 — RIQ
l'étymologie vha. riga, nha..reigcn, danse par écarter recentiare (v. pi. h. rechinser).
files je crois pouvoir y renoncer. Notre verbe
;
RIOLÉ, rayé; par syncope du g, de rigolé,
était jadis transitif et signifiait « railler, se dér. de rigole, ou du vha. riga, ligne. L'anc.
moquer », voy. Jean de Condé, I, p. 21, fr. l'iule, réglé, rayé, ne convient pas, car riu
V. 694; Froissart, Chron.,éd. Kervyn, VI, 25 n'y forme qu'une syllabe. — L'it. rigaXo,
(notes); Chansons du xv" siècle (éd. Paris), rayé, prouve également en faveur d'un thème
p. 56, et mon Gloss. de la Geste de Liège, rig.
p. 264. Quant à l'origine, G. Paris pose le RIORTE, anc. reorte, voy. rouelles.
L. ndiculus. RIOTER, rire un j>eu dim. de rire.
;
RIGUEUR, L.rigorem. —
D. rigoureux, L. RIOTTE, vieux mot, querelle, tumulte (d'où
rigoi'osus; rigorisme, rigoriste. angl. riot), prov. riota, it. riotta. D'origine
RIME, prov., esp. et it. rima; prov. aussi incertaine; peut-être, dit Diez, du vha. riban,
rim (masc). On ne peut balancer qu'entre frotter (ce qui expliquerait aussi la forme
deux étymologies, savoir le L. rhythmus et v. flam. revot, ravot)\ cp. esp. refriega, dis-
l'ail, r/m, auj. reim, série, nombre, puis pute, de fricare, frotter. L'étymologie rixa,
rime. Au moyen âge, rhythmus n'a jamais querelle, est impossible.
exprimé la consonance; versus rhythmicus RIPAILLE (faire) ; d'après la tradition (con-
s'appliquait d'abord au vers soumis à la me- testée par quelques-uns), d'un lieu nommé
sure, au mètre des syllabes, puis au vers rimé, Ripaille, sur le bord du lac de Genève, parce
pour autant qu'il est assujetti à un nombre qu'Amédée VIII, duc de Savoie, après avoir
fixe de syllabes. C'est cette dernière espèce qui abandonné le gouvernement en 1430, s'y
a fini par s'appeler rima. Mais ce mot, pré- serait retiré, uniquement pour s'y livrer aux
tend Diez pour de bonnes raisons, ne peut, du plaisirs de la table. —
Le Duchat pensait à
moins en ce qui concerne l'it., en aucune une contraction (monstrueuse) de repaissaille,
façon procéder de rhythmus, tandis qu'il s'ac- mot de Rabelais —
Une fois qu'abandonnant
!
corde porfaitement avec l'ail, rim, nombre (on le terrain historique, on se laisse aller à la
trouve ce mot aussi dans quelques idiomes conjecture, j'aimerais autant voir dans le mot
celtiquesj. « Si l'on objecte, poursuit Diez, un parent de ribaud (v. c. m.) ou ribote, et le
que le vers rimé ne s'est développé chez les rattacher, non pas à l'ail, riben, puisque b no
Allemands qu'à une époque postérieure à l'ap devient jamais p, mais à la forme populaire
parition du mot roman rima, on peut répon- équivalente rippe>i, ribben, d'où vient aussi
dre qu'ils le connaissaient tout en n'en faisant le fr. 7'iper, gratter.
pas usage. Au surplus, les Romans peuvent RIPER, voy. l'art, préc. — D. ripe, outil
s'être approprié dès longtemps le mot alle- pour gratter.
mand dans son ancienne signification de nom- RIPOPÉE, aussi ripaupé, mélange de restes
bre, et même avoir communiqué à ce dernier de vins. D'origine inconnue.
sa valeur actuelle. » Notez bien, ajouterons- RIPOSTE, anc. aussi risposte, de l'it. ri-
nous, que rime s'appliquait dans le principe sposta, subst. partic.de rispondere, répondre;
au vers nombre (non rhythmé), qui, lui, était prov., port, resposta, esp. respuesta. —D
accompagné de ce que l'on appelle aujourd'hui riposter.
la rime. La rime constituait donc d'abord 1. RIQUET, grillon c'est probablement le
l'accessoire. —
D. rim,cur, rimailler, -asser. mot criquet mutilé.
;
— De rime, nombre, vient aussi le cps. ai'ri- 2. RIQUET, contrefait, bossu, riquct à la
mer, entasser (dans le berrichon, enrimer, houppe, m. s. par allusion à un personnage
arranger symétriquement). des Contes de Perrault; en angl. le nom usuel
RIMEUX, fendillé, L. rimosus, de rim,a, pour la maladie dite rachitis est le plur. the
crevasse. rickets, mais il a été historiquement démontré
RINCEAU, voy. rain 2. que ce dernier est étymologiquement indépen-
RINCER, d'après Diez, p. rinser (puisque le dant du gr. p-xyiTi;, bien qu'il ait fini par dési-
pic. dit rinser et non pas rincher,
que les et gner cette maladie. M. Kecks, prof, de méde-
anciens dictionnaires portent reinser)-, donc cine à Bonn, a consacré à ce sujet une re-
,
est une abréviation de Albcriquct ; riquet, beira), prov. ribeira, d'abord rivage, ou =
bossu, particulièrement usuel en Noi'mandie, terre arrosée par un cours d'eau, puis, par
a passé avec les Normands en Angleterre avec extension, le cours d'eau môme. On trouve,
le sens de bossu ou de bosse, et s'est appliqué dans la basse latinité, même le primitif repa
définitivement dans ce pays aux affections employé, par une métonymie analogue, pour
rachitiques. fluvius. —
D. arriver (v. c. m.) ad ripam =
RIRE, L. ridére, par l'intermédiaire d'une appellere.
forme barbare ridêre (cp. taire de tacëre p. RIVER, prob. du néerl. rijven, ou du nord.
tacëre). —
T). rieur, rioter, risible, direct, du rifa, dan. rive, râteler, c.-à-d. aplatir ou
L. lisibilis. replier ce qui est proéminent ces verbes sont ;
1. RIS, L. risus, action de rire. T). risée. — du reste congénères avec le vha. ribnn, ail.
2. RIS, t. de marine, propr. les plis que mod. reiben, frotter. —
On trouve dans Fai-
fait une voile dans la partie qu'on en soustrait dit déjà ribar, clavos repercutere.
:
—
au vent; d'après Littré, du danois riv, rift, D. rivure, rivet, rivoir.
ris ; suéd. ref, angl. 7'eef. —
D.7'iser, arriser, RIVIÈRE, voy. rive. — D. riverain.
prendre des ris. RIXE, L. rixa, querelle.
3. RIS de veau; on dit que c'est une forme RIZ, prov. ris, it. riso, ail. reis, valaque
gâtée pour rides de veau, mais, observe lirez, du L. oryza, gr. Spui.y.. D. rizière. —
Littré, on trouve au xvi^ siècle risée pour ROB, suc de fruits, it. robbo, rob, esp. rob,
fressure ; ris doit donc tenir à risée; mais d'où port, robe, de l'arabe robb, m. s.
vient risée ? ROBE, vêtement, prov. rauba, dépouille et
RISBâN, t. de fortification, de l'ail, riss- robe, catal. i^oba, esp. ropa (anc. roba), port.
banh, banc d'arrachement (mot omis dans
litt. roupa, it. roba (effets en général, bardes).
Sanders). —
Cp. le composé fr. risberme. Tous ces mots représentent le BL. rauba,
RISDALE ou rixdalc, de VaW.reichs-thaler roba, équivalent du L. spoliuni, signifiant pr.
écu de l'empire. butin, dépouilles enlevées à l'ennemi, et dont
RISIBLE, L. risibiUs (de risum, supin de le sens s'est généralisé en celui d'effets, choses
rider e). — D. risibilité. d'équipement, et circonscrit ultérieurement
RISQUER, mettre en danger, it. risicare, en celui de vêtement, tunique, robe. Rauba
esp. ar-riscare ; subst. it. risico, risco, esp. est le subst. verbal du verbe BL. raubare.,
riesffo, BL. riscus, risigus, fr. risquk; de voler, dérober (vfr. rober), lequel vient du
l'esp. risco,écueil, rocher escarpé. Ce risco vha. roubôn, roupôn (ail. mod. rauben), ravir,
parait venir du L. resecare (cp. en suéd. piller. — D. robin; desrobcr" dérober,
shûr, écueil, de skâra, couper). L'écueil con- dépouiller (v. c. m.).
stituant pour le marin le principal danger, 1. ROBIN, homme de robe, voy. robe.
on comprend la transition de sens ; aux deux 2. ROBIN, nom de la fable pour mouton,
acceptions propre et figurée répondent, en puis terme de mépris; c'est une forme varice
esp., deux variétés de forme, savoir risco, A.Q Robert, qui est le vha. hruod-peraht bril- ,
rocher, et riesgo, danger. Cette étymologie lant en gloire. On s'est fourvoyé en déduisant
est appuyée par Diez sur le rapprochement du robin =
mouton soit du L. rupinus (à cause
prov. mod. rezegue, danger, avec rezega, de sa tête dure, ou parce que les moutons se
couper; il rappelle aussi le mot resega = plaisent sur les rochers), soit de robe, à cause
scie et danger, des dial. de Milan et de Côme. de sa toison. Robin est pr. un prénom, comme
— D'après Devic, risque est l'arabe rizq ce = renard. De robin, mouton, vient robinet,
qui échoit àqqn., sort. ainsi nommé parce que les robinets étaient et
RISSOLER; Diez, rejetant la manière de sont encore faits en forme de tête de mouton
voir de Mahn (d'après laquelle ce verbe serait (d'autres pensent que le nom vient de l'inven-
p. roussoler et viendrait de roux, comme l'it. teur). Cp. l'équivalent ail. kahn, pr. coq.
rosolare vient de rosso), rapporte le radi- ROBINET, voy. l'art, préc. — Littré (Suppl.)
cal fr. à un verbe répondant au dan. riste, de disjoindre étymologi-
dit qu'il est difficile
rôtir, isL, suéd. rist, rôt, et la forme it. roso- quement robinet de robins ou roubine, mots
lare, norm. roussoler, à l'ail, rôsten, rôtir. du midi de la France et signifiant canal d'écou-
— D. rissole, rissolette. lement.
RIT, RITE, du L. ritus, — D, rituel, ROBUSTE, L. robustus.
L. ritualis. 1. ROC, masse de pierre, it. rocco (cat. roc,
RITOURNELLE, de l'it. ri-torncllo, refrain caillou, gaél. roc, angl. rock), forme masc.
[ritornare, retourner). abstraite du féminin roche, prov. roca, rocha,
RIVAGE, voy. rive. it. rocca, roccia, esp. 7'oca. L'origine de ce
RÔD — 446 — ROM
mot roman est douteuse. On a mis en avant par ronffe (rodere) montagne (Lo Diichat) ou
tantôt l'arabe roc, une des figures du jeu par l'ail, rede -|- munter, c.-àd. vif de parole
d'échecs, tantôt le grec p6>t, fente, ou le cymr. (Vocab. univ. Ital. de Naples) ne méritent
rhwg, cliose proéminente. D'après Dicz, le fr. aucun crédit. —
D. rodomontade.
roche et l'it.reproduisent un type
roccta ROGATIONS, L. rogatio^ies prières.
, Comme
latin r-M^6'a, adj. de riq)es fcp. approcher, it. on a dit, dans la vieille langue, rouver p. ro-
upprocciare de appropiare), tandis que l'it. gare, on y trouve aussi le subst. rouvaiso7i
rocca provient d'un type varié rupica (cp. les p. rogationem. —
Rogatoire, L. rogatorius
dérivations avica, cutica, natica do avis, cutis, (de rogare, demander).
natis), d'où rup'ca, puis, par assimilation, ROGATON, 1. terme plaisant p. requête;
rocca. Cette solution est la plus plausible, bien 2. petites pièces de vers, dédiées à des sei-
qu'elle ne soit pas à l'abri d'objections. — gneurs dans un but intéi'essé ; 3. choses de
Fœrster (Grob. Ztsclir., 11, 86), vu le carac- peu de valeur, rebut, restes de viande ; du
tère ouvert de l'o dans les mots romans en L. rogatum, demande, prière.
question, proteste contre toute conncxité avec ROGNE, vfr. roigne, prov. ronha, it. rogna,
L. ritpes et n'admet qu'un type latin 'roccitm, gale ; d'après Ménage (approuvé par Diez), du
'rocca, 'roccia, sans rien dire de plus sur l'ori- L. robigincm, rouille, carie; la contraction
gine de ces vocables hypothétiques. D. — mais admissible.
est forte, D. rogneux. —
rocaille, rocher, subst. ; verbe fr. rocher, jeter ROGNER, vfr. 7'ooigner (employé particulière-
des pierres (cps. d&rochcr , déroquer), adj. ment pour la coupe des cheveux), prov. redon-
rocheux; dim. rochelle. —
Les formes néeil. har, rcsoynar; le mot rend pr. le L. circum-
rots, gr. mod. pdri'x, seraient-elles détermi- cidere et vient évidemment de rotundus (vfr.
nées par l'it. roccia ? roond, reond), d'où aussi l'esp. redondear,
2. ROC, anc. la tour au jeu d'échecs, it. arrondir. Pour l'idée, cp. l'esp. cercenar,
rocco, du persan rohh, chameau monté par rognei-, de circinus, cercle. D. rognure. —
des archers, —
D. roquer, t. du jeu d'échecs. ROGNON (d'où it. rognone), esp. rinon,
ROCAILLE, amas de petites j)ierres, dér. prov. renhô, ronhô; dér. de rein (v. c. m.).
de roc. —
D. rocailleux, rocailleur. Le mot fr. est gâté de roignon et présuppose
ROCAMBOLE, de l'ail, roggen-bollen, litt. une forme dérivative latine renio, -onis.
bulbe de seigle, ainsi appelée, dit-on, à cause 1. ROGUE,
arrogant, d'après Dicz du nord.
de la ressemblance de sa tige avec celle du hrôkr, m. s. ; le mot se trouve dans la plupart
seigle, ou de celle de ses bulbilles avec des des dialectes celtiques, ce qui rend l'opinion
gi^ains de seigle. de Diez i>eu sûre. L'angl. rogue signifie filou,
ROCHE, ROCHER, voy. roc. vagabond et s'écarte sensiblement du sens
\. ROCHET, it. rocchetto, esp.requête. Le français et celtique. Cp. wall. aroguer, traiter
primitif de ce subst. se trouve sous la forme avec fierté, angl. to rogue, chapitrer qqn.
latine rocciis, dans un capitulaire de Cliarlo- Malgré l'atlinité du sens, L. arrogare parait
magne. C'est le vha. roc (aussi hroch), nord. devoir être écarté.
rochr, ail. mod. ?'ocA, robe. Le sens rétréci 2. ROGUE, œufs do poisson, de l'ail, rogcn,
•• vêtement plissé »> en-rocar, it.
(d'où port, m. s., isl. rogn.
arrochcttare, plisser), rappelle, observe Dicz, ROHART, ivoire des morses, anc. rochal,
le nord, hrucka, gaél. roc, ride, pli, angl. ruhal; prob. d'une forme antérieure roshal
to ruch., froncer. = anc. aW.rossioall, nordique hrossvalr, litt,
2. ROCHET.bobine, fuseau, dimin. du BL. cheval-baleine, qui est identique avec ags.
rocca, it. rocca, quenouille, qui vient de horshwacl, morse. Littrô se trompe en con-
l'ail, roche, rocken, m
s. Le mot dans » roue sidérant notre mot comme une corruption de
à rochet » est probablement le même. rorqual; \oy. Bugge. Rom., III, 157.
ROCOCO, mot abstrait de rocaille, à cause ROI, vfr. rei, L. reœ (thème reg). D.dim. —
de la rocaille qui figurait dans le style roitelet (cp. le L. rcgidus, gr. ,5«if/i7/.5;) ;
dans « romanice loqui », vfr. parler romans. ruflà, gr. po-fùv, siroter, grison g-rufflar,
A l'accusatif, la langue des trouvères disait ronfler. Ronfler est prob. p. ronfuler (suffixe
ramant (cp. vfr. nom. païsans, ace. païsant); diminutif id) la contraction a pu être amenée
—
;
de là le subst. ramant', auj. roman, et l'adj. par assimilation à souffler, nifler. M. Bou-
romantique. De roman la langue moderne a cherie ramène ronfler à L. rhombus, fuseau,
tiré l'adj. romanesque (l'it., respectant l'an- par un verbe dimin. *rhombulare, bourdon-
cienne finale dentale, dit rom,anzesco), et le ner comme fait le fuseau. C'est fort douteux.
verbe romaniser Bien plus séduisante est la conjecture de Caix
2. ROMâN, anc. adj., L. romanus. Aujour- (Studi 51), qui explique ronflar e par re-un-
d'hui on désigne par langue romane une flare = re-inflare, en s'appuyant, pour le
langue issue de source latine d'où romaniste ;
sens, sur l'expression de Virgile : " somnum
= qui s'occupe de l'étude des langues toto pectore ^ro/?are «.
romanes. RONGER; Ménage pose le type rodicare
ROMANCE, -CIER, voy. roman 1. (rodere) avec insertion de n. Cette insertion
ROMANISTE, partisan de l'église romaine, n'étant pas usuelle en fr. devant les palatales,
savant en droit romain, et voy. s. roman 2. Diez juge préférable d'identifier ronger avec
ROMANTIQUE, voy. roman. D. roman- — l'esp. et le port. rumiar,^voy.romiar, qui est
tisme. le L. rumiqare, ruminer; cette signification
ROMARIN, L. ras marinus, pr. rosée de ruminer était anciennement propre aussi
marine. à notre mot fr. ronger, et les chasseurs di-
ROMPRE, L. rum-pere, dont le supin rup- sent encore « le cerf fait le ronge », c.-à-d. il
tum a donné ruptura, fr. rupture. Voy. aussi rumine. —G. Paris est plutôt favorable à rodi-
le subst. route. care (encore conservé dans le berrichon et poi-
RONCE, anc. épine en général, du L. ru- tevin rougier) et pense que raugier aura été
mex, ruwdcis, espèce de dard. Le prov. a changé, à une époque assez reculée en ron-
ronser, d'un type rumiciarius. L'analogie du gier, sous l'influence de rungier, ruminer.
L. 2)U)nex ^= fr. ponce et prov. potnser, et du ROQUER, voy. roc 2.
L. jwllex =
fr. pouce et prov. polzer, et le 1 ROQUET, manteau foi^t court des laquais,
rappi'ochcment du langued. roumcc, ronce, comme rocJiet 1, dér. de l'ail, rock.
ne permettent guère, selon Diez, de douter 2. ROQUET, bobine, autre forme de ro-
de l'étymon rumex. Celui-ci a peut-être signi- chet 2.
fié chardon, plante épineuse, avant de s'appli- 3. ROQUET, chien Chevallet rapproche ce
;
quer à une pointe métallique (Féline l'applique mot du V. ail. rakcl, reckel, isl. rachi, suéd.
à une plante dite patience; notre mot chardon racka, chien ou chienne (voy. aussi notre mot
;
ne signifie-t-il pas aussi une pointe en fer? — racaille)-.! ce rapprochement est-il fondé? Je
Le BL. runcus, ronce, s'il n'est un produit de n'en sais rien, mais j'en doute. Cp. aussi
rumicus (rumex), doit être un dérivé du L. rouquet, lièvre mâle. —
D'après Brachet, le
runcare, arracher les mauvaises herbes. — mot désigne proprement le chien de saint
D. ronccux, ronceraie. Roch.
RONCIN, voy. roussin. 1. ROQUETTE, chou, angl. rocket, it. ruc-
ROND, vfr. rooncl, reond, Y>vov.redon, esp., clietta, esp.ruqueta, dimin. des mots prov. et
port, redondo, it. rotanda, ritonda, du L. ra- it. ruea, prov. et esp oruga, ail. rauke, qui
.
daire rossa rien que pour sauver la règle. se pré.sento dès le ix^ siècle, où l'on rencontre
— D. rose, adj. (d'où rosir et raser); rosé, ruscinia, roscinia. L'it. a cependant la forme
rosacé, L. rosaceus, d'où aussi le substant. lusignuolo et même(rinitiale / étant prise pour
rosace, rosier, L. rosarium; rosaire. BL. l'article) usigmiolo; en vtr. on trouve de même
rosarium (les gi'es grains du chapelet s'appe- loiisignol, lurcignol.
laient des roses, voy. chapelet, sous cape) ; ROSSINANTE, le coursier de Don Quichotte,
rosette, roséole (cp. rougeole) roson, it. ro-
; auj mau va is cheval dér. de rossin v. i-oitssin.
.
; ,
une rosse (cp. màtiner de màtiuy? ou = néerl. où l'on trouve gaél. roist, cymr. rhostio, bret.
rosscn, étriller, fig. battre, rosser? Malgré rasta. — D. subst. verb. rot (prov. ratist, it.
l'attrait de ces étymologies, on a cru devoir ar-rasto), puis à forme participiale : masc.
s'adresser ailleurs. Mahn voit dans notre mot rôti, fém. rôtie; rôtisseur, -isserie, -tssoire.
une modification (par assimilation de n) du ROTONDE, it. rotonda, du L. rotundus,
prov. ronsar, ronsar, renverser, lancer, jeter rond.
avec force, agiter, qui, selon Diez, dérive du ROTONDITÉ, L. rotunditatem.
L. rumex. Cotgrave consigne un mot ronce ROTULE, mot savant, L. ratula (dim. de
= hurled, cast with violence; il répond au rota).
prov. ronsar. —Diez oppose à l'étymologic ROTURE, du L. ruptura, qui, au moyen
ronsar ou en définitive à l'étymologic rumex, âge, avait pris le sens de champ défriché,
ritmicis les considérations suivantes : 1 . l'assi- rompu parle .soc, puis celui de « petite cul-
milation de ns en ss est contraire au génie ture tenue en villcnage «, d'où le sens mo-
du fr.; 2. le 6's de rosser est originel (non pa.s derne du mot. —
D. roturier, 1. tenu à titre
une mutation de ç), ce qui appert de l'exis- de roture, 2. tenancier d'une roture, 3. qui
tence de la vieille forme pic. roissicr, rimant n'est pas noble.
avec froissier; si le verbe se rattachait au ROUAN, roan, it. roano, rovano, esp.
thème rumic, le picard eût d'après toutes les
, ruano. D'origine inconnue dit Littré; pour-
analogies, fait roichier. Cette forme roissier quoi pas de l'ail, rot, rouge ou du radical rub
prouve en même temps contre l'étymologie de L. rùberi ; les Allemands traduisent roi{a)î
rosse. —D'après Fœrster (Grôb. Ztschr., II, aussi bien par ro<A-schimmel que par grau-
87), rosser, anc. roissier, répond à un type schimmol.
lat. *rocccarc (de 'roccca, roche). Il pense ROUANNE, nom d'outil : grattoir, pour
qu'une forme pic. rochier pourrait encoi'e marquer les bois. D'après Littré, de roue, la
être découverte. Du reste, dit-il, vu la fluctua-
tion orthographique entre ss, ch et Â. le mot
rouanne fai.sant une marque circulaire. D. —
rouanne)'.
peut être expliqué aussi par le vfr. rochier, 1. ROUCHE, carcasse de vaisseau, voy.
jeter, lancer. Malgré de son auteur,
l'autorité ruche.
cette étymologie n'aura guère do succès, et 2. ROUCHE, laiche, roseau, angl. rush, ail.
somme toute, la question reste ouverte ; car msch; tient soit au L. ruscus, brusc, ou au
on n'admettra pas à coup sûr l'étymologie goth. raus, roseau.
rudiciare (de L. rudis, bâton) qu'avait proposée ROUCOULER; onomatopée.
Ménage. ROUDOU, RODOUL, REDOUL, prov. rodor,
ROSSIGNOL, it. rossignuolo, esp. rv.isenor m. s.; d'origine inconnue.
ROU 449 ROU
ROUE, L. —
D. rouer (v. c. m.),
o'ota. velopper dans sa casaque et dormir ». Cela
rouage; rode, auj. rouelle, L. rotclla
vfr. mérite vérification. —
Il n'est pas impossible
homme sans mœurs, digne de figurer sur la ROUSSEAU, rousseV, dimin. de roux. —
roue. — D. rouerie. D. rousseJet, rousseline.
ROUER, 1. punir du swp-plice àe la roue, 1. ROUSSI, odeur d'une chose qui a été
2. battre. Dans ce second sens, on emploie roussie par le feu.
aussi roider. — En vfr., roer avait aussi le 2. ROUSSI, cuir de Russie, du L. Russicus.
sens de rôder m.).(v. c. ROUSSIN, cheval entier; cp. vfr. roucin,
ROUETTES, brins de taillis dont on fait des prov. roci, rossi, esp. rocin (d'où la rocinante
liens. Non pas de roue, comme pense Littré, de Don Quichotte), port, rossim, exprimant
mais du fr. reoi'te, qui, en effaçant Vr devant tous un cheval de peu de prix. Le c radical,
t, est devenu roete, rouette, comme meolle observe Diez, rend leur parenté avec l'ail, ross
(medulla) est devenu moelle. Voy. Tobler douteuse ; ils semblent être plutôt des modi-
(Kuhn Ztschr., XXIII, 418). Quant à reoi^te, fications des formes suivantes avec n vfr. -.
lien pour lier les fagots, il répond à l'it. W- roncin, ronchin, it. ronzino, prov. ronci,
to7'ta, hart, lien (BL. retorta), et vient du L. wall. ronsin, cheval entier, BL. runcinus.
retortus de retorquere. Littré a accueilli, avec Ces dernières sont tirées par Voss, par un
la même valeur, comme un mot de la Loire- intermédiaire ruincinus, du néerl. ruin,
Inférieure, reorthe (orthographe abusive), cheval hongre, mais cela a peu de probabilité.
sans y reconnaître le vfr. reorte. Dans Sachs, — Roncin peut avoir précédé roucin, comme
je trouve riorfe =
viorne c'est une simple ; sponsa est le primitif de espouse; d'autre part,
variété de reorte, hart, comme le prouve les formes sans n peuvent avoir produit les
l'appellation liardeau donnée aussi à la auti^es par voie de nasalisation dans ce der-
;
de rodere, ronger, avancée par Huet, ou à xin paré dans ma première éd. le terme brisée
type ruticulus p. rutilus. —
D. rouiller, en- (dans « aller sur les brisées de qqn »), mais
rouiller. ce terme repose sur l'opération des chasseurs,
ROUIR (patois roder), du néerl. roten (ail. qui rompent des branches pour reconnaître
mod. rotten), pr. macérer.
faire pourrir, — où est la bête. —D. routier, subst. et adj.,
D. rouissage, rouissoir, aussi rotozr (du thème au fig. homme qui connaît les chemins, qui a
rot). beaucoup de pratique; routine, expérience,
ROULEAU, voy. rôle. habitude, pratique (angl. rote). On pouri'ait
ROULER, vfr. roller, rolcr, prov. roular, aussi rattacher routier et routine directement
rolar, it. du BL, rotulare, forme
rotolarc, au part, ruptus =
rompu (aux affaires). Cps.
dimin. de rotare, tourner ou faire tourner (de dé-router, mettre hors la route (voy. aussi
rota, roue). —
D. roulage, -ement, -ade, -is; l'art, déroute). —
Chevallet place à tort le mot
roulier, voiturier. Cps. dérouler; voy. aussi route dans l'élément celtique; il cite écoss.
croider. —
Notez le vfr. roeiller rouler les = rod, trace, bret. roudcn, irl. rodh, rot,
yeux, qui accuse \m type roticulare. chemin.
ROULETTE, petite roue, jeu de hasard, p. 2. ROUTE*, rote*, prov. rota, ail. rotte,
ronelette, diminutif de roue (v. c. m.). angl. rout bande, compagnie
(assemblée),
ROUPIE, BL. ropida; un type ropidia a d'hommes armés; du BL. rupta (de rumpere),
donné le berrichon rouiche. L'origine du mot pr. fraction, division. —
D. routier, troupier,
reste à trouver. —
D. roupieux. pillard ; arouter, assembler.
ROUPILLE, sorte de manteau, de l'csp. ro- ROUTIER, voy. route 1 et 2.
pilla, d'un, de ropa, robe. ROUTINE, voy. route 1. —
D. routinier,
ROUPILLER, sommeiller à demi; d'après routiner. Il se peut que le verbe routiner ait
Littré, de roupille (v. c. m.), donc pr. « s'en- précédé et déterminé le subst. routine.
29
RUG 450 — RUI
ROUTOIR, lieu do rouissage, voy. rouir. provenance celtique; on trouve irl. ritsc.gaél.
ROUVIEUX (l'imagination populaire en a rusg, bret. rusk, cymr. rhisg, écorce, et bret.
fait roux-vieux)^ gale des chevaux ; propr. un rushcn, ruche. D'un autre côté, des gloses
adjectif; voy. rouffe. anciennes portent vha. rusca, avec le sons de
ROUVRE, voy. roure. panier, corbeille. La forme rouche, carca.sse
ROUX (fém, rousse), prov. ras, it. rossa, do vaisseau, n'est qu'une variété do ruche. —
esp. roxo, du L. russus. —
D. roussâtre, L'ail, rcuse, nasse, ruche, dim. reuschen
rousseur, rousscau (v. c. m.), roussir, rous- Kiliaen donne ruysche =
ruche), est-il
siller. indé pendant de notre mot? —
D. ruche,
ROYAL, vfr. reial, real, du L. regalis frex). ruchée.
— D. roialte royauté; royalisme, -iste. — • RUDANIER* (Molière) p. rude ànier, comme
D'un type latin, assez bizarre, regalimen vient qui dirait un ànier qui est trop rude à ses
fr. reaime (angl. rcalm), roialme, auj. ânes (Trévoux). « A rude asne rude asnier. »
royaume, prov. reyalmc, esp. realmc, it. RUDE, L. rudis. —
D. rudesse, rudoyer.
reame Le vfr. a produit de la mémo façon le RUDENTÉ, t d'architecture, du L. rudens,
mot (luclieaum,c p. duché. cordage. —
I). rudentci', -ure.
de tegula. —
D'un type riciccllus, riv'ccllus, port rua, v. it. ruga, du L. ruga, .sillon, en
puis (par transposition de iv, iu en ni) ruiccl- BL. = platca, viens On trouve au.ssi BL.
lus, vient ruisseV ruisseau (dont l'it. par ruta, prov. ruda; cela indique lo celt. ruta,
—
,
du L. régula, barre, règle, comme tuile de RURAL, L. ruralis (de rus, ruris, cam-
tegula. — D. ruilée, bordure de plâtre ou de pagne).
mortier. RUSE, Ce dernier,
subst. verbal de ruser.
RUINE, L. ruina (ruere). D. ruiner; — vfr. reûser,
présente la succession d'acceptions
ruineux, qui menace ou qui cause la ruine, suivante repousser, reculer, s'échapper par
:
sier). triste.
RUNES, caractères Scandinaves, du suéd. RUT, gâté del'anc. ruit, subst. participial
runa, lettre ancienne. D. runique. — de ruire, rugir (du type barbare rugëre,
vfr.
RUOTTE, voy. nie. p. rugire); ruit, rut signifie donc pr. rugisse-
RUPTURE, L. ruptura (de ruptum, supin ment, à cause des cris que pousse le cerf en
de 7'umpere). Rupture est la forme savante de chaleur.
roture (v. c. m.). RUTILANT, du L. rutilare, briller.
S
1. SABBAT, jour de repos, L. sabbatum, nue. On y a vu une corruption de angl. sawn
grec çàSgiîT^v mot biblique, de l'iiébr.
, board (planche .sciée), mais ce terme est in-
schabat, repos. —
De sabbati dies vient fr. connu aux Anglais. —
D. saborder.
samedi p. sabedi vha. sambaz-dag, nha.
(cp. 1. SABOT, soulier de bois. Je ne suis pas à
samstag). Le prov., retournant les termes, dit même d'établir l'étymologie de ce mot, mais
dissapte (et aussi sapte tout court). bien certainement il ne vient ni de Axl'inoM^,
2. SABBAT, assemblée nocturne des sor- pied en bois, ni do sac de bos (Du Cange), ni
cières, accompagnée de danses (d'où le sens de Sabaudia (« chaussure do Savoie "). J'incli-
bruit, tintamarre Ce mot est prob. identique
. nerais plutôt pour une dérivation du vfr. et
avec le préc, l'idée fondamentale paraissant prov. sap =
sapin, donc pr. chaussure en
être fête, solennité, ou un dénigrement du bois de sapin, si réellement le sens " soulier
sabbat des Juifs. Le savant Huet pensait au de bois », et non pas plutôt le sens général
au grec ilaSi^co;, épithète de Bacchus, en de soulier, doit .servir de point de départ pour
L. Sabazius, aussi Sabadius. la recherche de l'étymologie. Frisch rappro-
1. SABLE, L. sabulum. D. sabler; — chait le mot du slave sabogi, chaussure. Quelle
sableux, L. sabulosus; sablier, sablière que soit la valeur du l'adical sab ou sap, nous
(v. c. m.), sablon (v. c. m.), ensabler. pensons que le sabot (rouchi chabot) est radi-
2. SABLE, terme d'héraldique, couleur calement identique avec l'it. ciabatta, esp.
noire; du vfr. et angl. sable, marte zibeline, zapata, etc. (voy. l'art, savate). Le mot —
BL. sabellum (mot d'origine slave == russe sabot, qui dans ses nombreuses acceptions
sobol, d'où ail. zobel). — De sable, nom d'ani- techniques emporte l'idée de chaussure, de
mal, vient le vfr. sebelin, aujourd'hui zibeline garniture au bas des objets (la qualité « de
(v. c. m.).^ bois " s'effaçant tout à fait), s'expliquerait
SABLIÈRE, où l'on tire du sable,
1 . lieu facilement s'il était permis de tirer le thème
dér. de sable; 2. de chai'pcntier, pièce de
t. sap de la racine german. stap, exprimant
bois de support. D'après Ménage, le deuxième fouler, marcher (cp. ail. stappen, marcher,
sens renvoie au primitif de scapularia (sca- fouler, stapf, trace du pied, stapel, pieu,
pula\ quasi une épaxilière ; d'après nous, support); pour le sens, cp. le slave stopa,
sablière est plutôt p. stablière, et remonte à vestige et chaussure. —
D. sabotier, verbe
L. stabilis. Pour la chute du t dans st, cp. saboter.
saison et sabot. 2. SABOT, corne du pied du cheval et
SABLON, L. sabulo, -onis. D. sablon- — d'autres animaux. C'est le même mot que le
neux, sablonnière, sablo)iner. précédent. Le latin solea réunit de même les
SABORD, embrasure au bordage d'un vais- deux acceptions,
seau par où l'on tire le canon d'origine incon- ; 3. SABOT, toupie; d'après La Monnoye, le
.
même que sabot I, ces toupies étant faites la cher ce verbe à l'ags. scâcan, quatere, concu-
plupart d'un morceau de vieux sabot. J'en tere, angl. shake, secouer. Diez, il est vrai,
doute. —
D. saboter, jouer au sabot, faire n'admet pas la correspondance du se initial
tourner. germanique avec s initial roman (voy. l'art,
SABOTIÈRE, ustensile pour péparer les suiv.), mais saquer peut être p. chaquer,
glaces; mot altéré, suivant Littré, de sarbo- comme on dit beaucoup dans le Nord sanger,
tière, qui, à son tour, serait pour sorbetière sarc/ierp. changer, chercher. Nous rappelle-
(de sorbet), L'ail, appelle cet ustensile querl, rons à ce sujet le subst. champ, socquct,
quirl, pr. moulinet, subst. du verbe querlen, cahot d'une voiture, qui est sans doute un dér.
faire tourner ; cela nous engapc à voir dans de choquer, =angl. shoh, ail. schauheln.
sabotiè)'e plutôt une dérivation de saboter, 2. SAC, pillage, it. sacco, esp., port, saco,
faire tourner (dér. de sabot 3). subst. verbal d'un verbe (inusitéj saquer (BL.
SABOULER, terme populaire, houspiller, saccare), dérivé de sac, poche, et signifiant
réprimander. C'est peut-être un dé-
tirailler, pr. empocher, puis fig. voler, butiner, piller.
rivé du même radical sab, qui est dans sabot, Diez (et d'après lui Burguy) diffère de notre
toupie; le prov. sabotar signifie également manière devoir; il part du subst. saccus, au
secouer, ébranler, agiter. Je ne puis admettre sens de gros paquet, d'oii se serait développée
de rapport entre le verbe sabouler et un jeu l'acception « chose empaquetée ", butin II
d'enfants usuel en Espagne et en Italie, et qui compare à cet égard le mot germanique^7i«7i-
consiste à faire des espèces d'anguilles (mou- der, qui veut dire en ail. bagage, et en angl.
choir roulé) que l'on remplit de cendre ou de butin. — Diez rejette l'étymologie vha. scàh,
sable et dont on fiappe ceux qui ont fait butin, parce que, d'après lui, se initial ne so
quelque faute au jeu. Ni l'esp, ni l'it. ne pré- simplifie jamais en s. Cependant il admet que
sentent un verbe sabularc. —
Ou bien le '
l'it.zajipa (voy. sape) a pu venir de T/.incrivi,
thème sab remonterait-il au L. sapo, savon, et zolla do l'ail, sholla (auj. scholle); or,
ascendant du terme figuré savonncy-? Dans les phonologiquement, ce qui .s'applique à l'it. s
patois du Midi, saboula s'emploie pour rouler peut aussi s'appliquer :ï s, ces deux lettres
dans l'ordure. ))ermutant si souvent dans cette langue. —
SABRE, it. sciabola, scia6/a (Venise saJ)ahi), liien que l'étymologie que nous avons jioséo
esp. sable; de l'ail, sabel, qui à son tour est d'abord nous convienne parfaitement, celle du
d'importation étrangère, cp. hongr. szablya, vha. scdh, mlia. schach, BL. scacus (cp. vfr.
russe sabla, pol. sjrt6/e, serbe sablja, valaque eschec, butin), n'en pourrait pas moins être la
sabje. — D. sabrer; sabretache, de l'ail. vraie; et le mot BL. saccomannits (it. sacco-
sabelstache, })Oche de sabre. wa«»o, valet d'armée, goujat, esp. sacomano,
SABRENAS, artisan qui travaille malpro- n. prov.sacawan, V. flam. sachmann, voleur)
prement, grossièrement. On dit au.ssi sabre- me fait l'effet d'être identique avec l'ail, (bav.)
naud. Peut-être de l'esp. sa&enarfa (sait- rien) ; schachmann ou schàcher, voleur, brigand, et
Yr serait euphonique. Bugge, qui a émis cette le flam. sachen, di ri père, depnedari, n'est non
conjecture (Rom., IV, 365), compare le patois plus peut-être qu'une forme allégée de sc/^aec-
suisse sapou (sait- peu). On a trop peu d'élé- hen, rapere. —
Un autre subst. verb. (à suf-
ments historiques pour contrôler la valeur de fixe dérivatif) de saquer, piller, est saccoffe,
cette explication, qui reste fort douteuse. — d'où saccayer. Le type saccicare a donné esp.
D. sabreuasser. saquear, it. saccheygiare =
saccager. —
Lit
SABURRE, L. saburra. tré se trompe quand il me prête l'opinion que
1. SAC, poche. L. saccus. —
D. sachet sac, pillage, so rattache à l'ancien verbe sa-
(dim.), sachée, sacoche (de l'it. saccoccia). — cher, saquer =
tirer ; c'est saquer =
empocher,
Diez et autres considèrent comme un dérivé ensacher, qu'il fallait dire, car les deux verbes
de sac le vfr sacher, sach iei\ saquer, esp. port.
. ne me paraissent pas identiques. Lisez aussi,
sacar, = tirer, extraire, arracher, et comme
,
romanes. —
Ane. sacre et son dim. sacret fiècho, du L. sagitta, ô^oxi sagittaire, h. ?,Sigi.i-
maux, une sorte de canon. SAGOU, nom du sagouticr dans les langues '
gire? Ne faut-il pas ici, comme dans plusieurs pour le moi souche. En outre, je la vois confir-
autres cas, admettre, contrairement à la théo- mée par le prov. *a«c (gaucher) et sanca (main
rie de Diez, la simplification d'un st initial en gauche), qui, bien certainement, reproduisent
s (cp. sablière, saccade, saison) et partir de le stanco, stanca de l'italien; puis par le
staggire pour expliquer sagire? Or, quelle verbe sanchier, rassasier, que j'ai noté cinq
est 1 origine de ce mot italien? Diez propose ou six fois dans Froi.ssart et qui est lo même
les vieux verbes ail. stàtigàn, sistere, mettre mot que stancare,é\.&r\^A\ev. D'ailleurs, Diez
arrêt, ou stàlian, fixer. Pour moi, j'émettrai admet l'équation st initial =
s pour plusieurs
deux conjectures : 1. On trouve en BL. sta- cas (ainsi zanco p. stanco, zambccco p stam-
gium avec les acceptions de demeure, séjour becco; esp. Zuniga p. Esticniga)\ or, la dis-
(notre stage), puis d'étage, de salle; puis je tance de z à s n'est pas grande. Lo procédé
trouve s^a^m, maison, pieu, poteau; enfin, qui a fait lisiiire do listièrc peut foit bien
stagire, séquestrer. Toutes ces acceptions avoir exceptionnellement atteint la tête des
comportent l'idée de fixer, établir, inhérente vocables. — Certainement, saison est lo L.
au primitif de ces vocables, le L. stare, et qui satio, dans la phrase : •• domaine divisé en
est aussi celle du verbe ail. setzen, primitif trois saisons « (Berry), saison = sole; mais
de sagire selon Diez. 2. Dans saisir, il n'y a je tiens ce saiso7t-\k pour distinct de celui qui
pas seulement l'idée de mettre en possession, nous occupe. — Mentionnons encore pour
mais aussi celle de prendre. Cette dernière mémoire l'étym division, mise en avant
sectio,
découle, par généralisation, de celle de pren- par Le Duchat. — D. assaisonner m.), (v, c.
dre en gage, en siireté; par là nous scmmes dessaisonné, anc. = déplacé, dérangé, décon-
amené à l'étymologie staggio, otage, caution, certé.
qui est p. ostaggio (voy. otage), d'où staggire, 1. SALADE, ail. salât, angl. salad, it.
prendre ou mettre en siireté, d'où le subst. insalata, pr. mets assaisonné avec du sel,
staggina, fr. saisine, prise de possession (cp. puis, par extension, herbes destinées à être
se nantir, se saisir, de namp, gage). —
Storm mangées en salade, subst. i)artic. des verbes
(Rom., V, 167) pense, comme moi, qu'il est prov., esp. *a/ar, it. saJare, fr. salei', dér. du
difficile de séparer sogire de staggire, et quant L. snl. —
D. saladier.
à ce dernier, il incline pour l'ail, stàlian (de 2. SALADE, casque, it. celata, esp. célada,
stûti, stable), proposé par Diez, ou mieux V. angl. salet, cymr. saled, du L. cassis
encore pour un verbe stadjan, conservé en cœlata, casque jwurvu d'une image ciselée.
norois sous la forme stedja, stabilire, sistere, SALAIRE, L. salarium (sal), pr. indemnité
statuere, de stadr (thème stadi), locus. La donnée aux soldats pour acheter le sel, puis
finale des dérivés it. staggitia, fr. saisine, salaire en général. —
D. salarier.
ajoute Storm, en le démontrant, n'exclut SALAMALEC, de la salutation arabe salam-
nullement une provenance germanique. aleick, salut à toi.
SAISON, prov. sazo, esp, sason, port. SALAMANDRE. L. salamandra, gr. -joàT.-
sasao, it. stagione. La forme ital., combinée fiùvSpix.
avec l'esp. estacion, port, estaçâo (= saison), SALE, d'après Dioe, du vha. saîo, trouble,
porte nécessairement à prendre pour origine terne, étymologie corroborée par le rapproche-
le L. stationem, arrêt, séjour, point fixé, d'où ment de rit. salavo = sale, qui répond au
le sens le temps voulu, le moment propice
: même mot germanique à l'état fléchi : salavoer,
(Diez rapproche judicieusement stunde,
l'ail, gén. salawes. —
L'étymologie L. squalidus,
heure, de stehn =
stare). Quant aux autres crasseux , n'est guère plausible. Che- —
formes avec s initial, Diez les disjoint et les rap- vallet invoque le celtique, en citant l'écoss.
porte, avec Du Cange, au L. sationem, acWon et irl. salach, gaél. salw, == malpropre;
de semer, d'où découlerait l'acception temps reste à savoir si ces dérivés sont du fonds cel-
convenable pour semer, et enfin temps conve- tique; cp. angl. sallow, ni. zahiw, terne,
nable en général. Nous ne partageons pas son livide. —
D. saleté, salir, salaud, saligaud.
avis : nous voyons dans 1'^ initial, ici comme SALEP, pr. orchis, puis substance tirée des
dans d'autres cas, un affaiblissement de st, tubercules des orchis, enfin boisson que les
d'autant plus que le mot saison exprime essen- Orientaux font avec les bulbes des orchis
tiellement les divisions ou, à proprement dire, (arabe sahlab, turc salleb). Le mot est tiré,
les quatre stations de l'année. « Cela est de d'après Dozy, de la phrase chosâ at-tha'leb -=
saison équivaut à « cela est de l'époque »
<>
testicules de renard.
J'ai développé ailleurs mes arguments en SALER, voy. salade. — D. salade, salai-
faveur de l'étym. stationem; elle ne donne son.
lieu qu'à une seule objection, c'est que st ini- SALIÈRE, de L. sal, sel.
tial ne peut se transformer en s. Cette loi, je
SALIN, salifie, L. salinus (sal).
la reconnais; mais des exceptions sont admis- SALIR, voy. sale. —
D. salisson fcp. p, la
sibles pour toute loi, et cette exception s'im- {orme polisson), salissure.
pose si naturellement dans un certain nombre SALIVE, L. saliva. —
D. saliver, -ation.
de cas, que, pour ma part, j'aurais de la SALLE, it., esp., port., prov. sala, du vha.
peine à la méconnaître. Dans ce qui précède, sal, maison, demeure, séjour; cette significa-
on a pu voir quelle facilité elle off're pour tion était aussi celle du vfr et du prov.
l'explication des mots sablih^e, sabot, saccade (« celestials sala », céleste séjour). Plus tard,
et saisir, et plus loin je l'invoquerai encore
elle s'est restreinte à celle de « grand apparte-
SAN — 455 — SAN
ment »; auj. l'ail, saal dit la même chose que S AND ARA QUE, L. sandaraca {jxv^apxxïi).
fi". salle. — Les mots romans étant féminins, SANDRE, nom de poisson, de l'ail, sander,
M. Kern leur assigne pour origine directe le zander.
francique sala, moy.-néerl. sale (auj. zaal). SANG, L. sanguis. —
D. sanguin (d'où
— D. s nion. sanguine, minéral), L. sanguinus, p. sangui-
SALMIAC, corruption de sal ammonia- neus; sanguinaire, L. sanguinarius ; san-
cum.. glant, L. sanguilentus (forme accessoire de
SALMIGONDIS, voy. salmis. sanguiiiolentus qui se trouve chez Scribo-
,
SALMIS, d'origine inconnue. On est tenté nius Largus). A propos do sanglant, Gachet
d'y voir une contraction d'un type salgamicius, observe " Nous sommes tenté de croire qu'une
:
.du L. salgama, choses confites dans la sau- satire sanglante est une satire qui sangle ou
mure. Je suis tout aussi embarrassé pour qui fouette il en est de même d'un reproche
;
salmigondis ; serait-ce le mot salmis amplifié sanglant, etc. Le sang n'a rien de commun
de conditus, accommodé, assaisonné ? avec cette expression » Cela peut être vrai ;
,
SALON, angl. saloon, voy. salle. cependant, nous ne voyons pas pourquoi san-
SALOPE, soit un dér. de sale (mais com- glant ne serait pas justifiable comme méta-
ment expliquer la désinence?), soit p. slope, phore; sanglant et cruel se touchent de bien
correspondant de l'angl. .slop, gâchis, saleté. près, et crudelis n'est-il pas lui-même un
— D. saloperie. — Leslomp, salope,
holl. dérivé de crudus, saignant, cru? Le cps. —
paraît être la forme nasalisée de slop. sang-froid parait être une corruption de
SALORGE, magasin de sel, selon Bugge, l'anc. locution sens froid (cp. sens rassis). Le
un composé formé de L. sal, sel -f- horreum, changement du reste est naturel, cp. l'ail.
greniei', ^dépôt, magasin. kaltbliïtig (adj.).
SALPÊTRE, mot savant, de L. sal petrœ, SANGLE, vfr. cengle, it. cinghia, prov.
sel de roche. Le circonflexe n'a pas de raison singla, du L. cingida (de cingcre = ceindre).
d'être. — D. sangler. 1. ceindre avec une sangle, 2.
SALSEPAREILLE, it. salsapariglia,
de donner des coups d'étrivières, fouetter, d'où
l'esp. zarzapjarilla, composé de l'esp. zarza, sanglade.
ronce, et de Parillo, nom d'un médecin qui a SANGLIER, sengler* \)Voy cinglar, it. sin-
,
.
employé le premier cette racine. Telle est ghiale, du BL. singularis. Cette di^nomina-
l'explication de Scaliger, rapportée par Mé- tion est une imitation du gr. ij.6-ii.oi, bête sau-
nage. vage, pr. solitaire. —
Quelques patois ont
SALSIFIS, anc. sersifi; l'it. sassefrica en conservé un adj. sangle, unique, du L. sin-
est-il l'original ou une déformation? gulus.
SALTATION, L. saltatio)iem (de saltare, SANGLOT, voy. l'art, suiv.
sauter j. SANGLOTER, prov. sanglotar, du L. sin-
SALTIMBANQUE, de
saltimbanco, qui
Fit. gultare, transposé en singlutare; à l'autre
saute sur un banc [saltare in banco); l'it. a forme latine singultire se rattache le vfr. sen-
de même cantimbanco, chanteur de tréteau. glotir, souglotir. —
D. subst. verbal san^Zoi,
SALUBRE, L. salubris. —
D. salubrité. vfr. saitglout, seglout, souglout, prov. san-
SALUER, prov., esp. saludar, it. salutare, glot, singlot, sanglut, h.singiUtus. La forme —
du L. salutare. —
D. salut, subst. verbal, it singhiozzo est basée sur singluttio p. sin-
action de saluer; saluade; salutation, L. salu- gultio; le vfr. souglout, sur une transforma-
tationem. tion de sin en sub.
SALUT, vfr. salu, 1. L. sahis, -utis, d'où SANGSUE, prov. sancsuga, L sanguisuga,
salutaris, fr. salutaire; 2. subst. verb. de qui suce le sang.
saluer. SANICLE, d'un type sanicula, dimin. do
SALVE, décharge de mousqueterie, d'abord sa)ia, la (plante) saine.
en signe de salutation, de bienvenue, du L. SANIE L. sanies ; mot de formation
,
salve (impératif de salvere, se bien porter), savante, ce qui équivaut ici à irrégulière, car
formule romaine de .salutation. il faudrait san^'c. —
D. sanieux, L. saniosus.
SANGIR, t. de marine, couler bas (en par- — Y oy. aussi essanger.
lant d'un navire) Diez pense que c'est une
; SANITAIRE, néologisme, voy. sain.
altération du prov. sumsir, submerger, dont SANi, vfr. setis, prov. senes, sens, ses, it.
l'étymologie est encore discutée et que Paris senza, v. it. sen, osp. si)i, port. sem. C'est le
(Rom., VÎ, 148 et 437) croit pouvoir rattacher latin .?me, pourvu de Vs adverbial.
à L. sorpsus, de sorbere, engloutir. SANSCRIT, du sanscrit sanskrita, parfait.
SAMEDI, voy. sabbat. SANSONNET; cet oiseau ne s'appelle pas
SANCTIFIER, -FIOATION, L. sanctificare, ainsi, comme dit l'abbé Corblet, parce qu'il
-ationetn. apprend facilement à chansonner fie mot
SANCTION, L. sanctionem (sancirc). — D. s'applique du reste également à un poisson) ;
sinapi, accentué sdnapi; cp. angl. senry, ail. rire sardoniquo; voy. les commentateurs
scnf. d"Hoinèro (Od., XX, '501).
SAOUL, voy. snùl. SARMENT, L. sarmentum (do sarpere,
1. SAPE, action de saper, subst. verbal. émonder). — D. sarmeiiteitx, L. sarmen-
2. SAPE, outil pour saper; it. zappa, esp. tosus.
::apa, lioyau. L'initiale z engage Dicz à rap- SARRASIN, musulman, RL. sai'acemts, de
porter le mot au gr. s/àîTTîiv, fouir (cp. it. l'arabe scliarkiin, gens de l'Orient. Le blé
zoUa, motte, du vha. skolla). L'it. et l'osp. z sa7'rasin s'appelle ainsi parce qu'il est do
procédant parfois de s (cp. it. zoJfo, soufre, provenance africaine. Sai'rasine, herse (t. do
de sidphur, esp. zandalo, sandale), je ne vois fortification), tire également son nom do sa
pas pourquoi l'étym. L. sappa Isidore) ne forme nriontalc.
serait pas préférable. —
Chevallct voit dans SARRAU ou SARROT, wallon sarot, rouchi
zappa une transposition de l'ail, spaten (vha. soro, BL. saiTotus. Cette dernière forme est
spato), pioche, C'est par trop hardi. D. sa- — altérée, par assimilation, de sai^cntus (d'où
BL. sarcotium, rochet). Chevallet dérive sar-
SAPER, voy. sape 2. D. sapeur. — cotiis de l'isl. serA, tunique, ags. syrc, syric,
SAPHIR, L. sapphirus [ikifitipoi). m. s., dan. et suôd. saerh, chemise. Il peut
SAPIDE, L. sapidus, dont la langue vul- avoir rai.son, mais l'angl. shirt, chemise, qu'il
gaire a fait sade m.).
(v. c. cite également, n'a rien à voir ici. Il aurait dû
SAPIENCE, L. sapientia. citer avant tout comme primitif immédiat do
SAPIN, L. sapinus. Le vfr. et le prov. sarcntus, saricotus, le HL. sarica, robe mise
avaient dégagé de ce mot le simple sap. — par-de.ssus les vêtements ordinaires.
D. sapine, snjnnièi'e. SARRETTE ou SERRETTE, anc. san-et,
SAQUEBUTE, angl. sachbut, esp. saca- ail. scharle, formes dégagées do l'it. serra-
buche; je ne connais pas l'étymologie du nom tftla, f|ui est le L. serratula, bétoine.
de cet instrument de musique (à vent), car jo SARRIETTE, dimin. do sarrie'; celui-ci
ne puis approuver Ménage, qiii voit dans le répond au ])rov. sadrcia, lequel vient du L.
mot une altération du L. samèj<ca ^instrument satunja (ail. saturei, it. santoreggia).
musical à cordes). Une fois qu'on se laisse 1 SAS, tissu de crin pour tamiser, contrac
aller aussi loin, autant vaudrait remonter au tion du vfr. scas, saas, langued. sedas, =
L. sambucus, sureau ; les patois disent on BL. sedatium, sitacium, qui sont pour seta-
effet sambuque pour une flûte de sureau. La ceitm, dérivé du L. seta, soie, crin. L'it. a
forme esp. sacabiiche a l'air de dire quelque transformé sctaceum en staccio p. setaccio;
chose comme tire-bedaine. l'esp. a cedazo, l'angl. searce. D. sasser, —
SARABANDE, pg sarabanda, de l'esp.
it. ressasser.
zarabanda, qui vient du persan serbend (espèce 2. SAS, t. dliydraulique, du néerl. sas,
de chant, d'après Ménage). écluse, qui tient prob. au thème sat (aW.sats),
SARBACANE, anc. sarbatane, esp. cerba- arrêt, station. — D'après Littré, de l'it. sawo,
tana, zarbalana, it. cei'botana, de l'arabe t. de fortification, qui est le L. saxum,
zabatibia, sarbacane pour tuer les oiseaux. pierre; étym. i)eu probable.
SARCASME, L. sarcasmits, grec sapza^juo; SASSAFRAS, esp. sassaf7'as, salsifrax,
{de nxpAx^^îiv, l'onger, fig. railler) ; sarcastique, saxifragia; de même origine que saxifrage.
grec '7y.r,yX7Tl/.6i. SASSER, voy. sas 1.
SARCELLE, voy. cercelle. SATAN, mot hébraïque (pr. l'ennemi), grec
SARCHE, cerceau qui porte peau d'un
la saravi,-.L'anc. langue traduisait litt. le mot
tambour, d'un crible, du L. circus ou plutôt par avei'sicr (adversaire). D. salanique. —
circa. donc p. ce?-c7ie (cp. cercelle et sarcelle). SATELLITE, L. satelles, -itis, garde du
SARCLER, L. sarculare (sarculus). corps.
SARCOPHAGE, L. sarcojihagus gr. , (jxoxo- SATIÉTÉ, L. satietatem.
<fU/oi pr.qui consume les chairs, Carnivore. Le SATIN, vfr. (par la chute de la médiale)
nom s'appliquait d'abord à une espèce particu- sain, it setino, port, setim, dér. de seta, soie.
lière de pierre à chaux qui avait la propriété de — D. satiner, satinade.
consumer, dans l'espace de quarante jours, la SATIRE, L. satira ou satura. — D. sati-
chair et même les os d'un corps que l'on y ren- rique, satiriser. Il faut distinguer satire de
fermait (voy. Pline, H. N., XXXVI, 27). Cette satyre, pièce de théâtre chez les Grecs, qui
pierre servait à faire des cercueils, quand on vient de -jàr-jp^;, satyre.
enterrait le corps tout entier sans le brûler, SATISFAIRE, L. satisfacere; subst. satis-
ce qui fit que le mot a fini par s'employer faction, L. satisfactionem.
pour toute espèce de cercueil quels qu'en fus- SATURER, L. scUurare (satur).
sent les matériaux. C'est dans ce sens général SAUCE, vfr. sausse, it., esp., prov. salsa,
que Juvénal en usage (Sat., X, 172).
fait de l'adj. salsus, salé; donc pr. chose prépa-
SARDE, baleine, du L. sarda. D. sar- — rée au sel. — D. saucer, saucière. A un type
dine, L. sardina (lapûivvj). salsicia, dérivé de salsus, répondent it. salcic-
SARDOINE, sardonico, prov. sardonic,
it. cia, esp. salchicha, BL. salcitia, fr. saucisse.
du L. sardonyx, grec 5a;o5ovu?((îàpôto,- o'vu|). SAUCISSE, voy. l'art, préc. — D. sau-
SARDONIQUE [ris), gr. ,:.pcà-no, y^co,-, de cisson.
.
SAUT, soit direct, du L. saltus (salire), comme sepia a donné sèche; le part. prés.
soit subst. verbal de sauter. s'est produit sous une double forme, 1. sa-
SAUTER, L, saltare, fréq. de salire. — chant, répondant littéralement au type sapien-
SCE 458 — SCO
SAYNÈTE, pièce de théâtre bouffonne, de cette création, voulu éviter le mot peu harmo-
l'esp. sainde, qui est dérivé de sain,
graisse
nieux scicntiel.
(voy. sain)\ donc pr. morceau de graisse, le c a été inséré par abus, comme
SCIER
morceau délicat.
dans scavant' et sccau),vîv. séer, seier, soier, it.
SAYON, voy. saie 1.
segare, prov., esp, segar, du L. secare, couper
SBIRE, de rit. sbirro. m. s.
(cp. nier, vfr. noyer, de ncgare). D. scie, —
SCABELLON, L. scahellum, dont le vrai vfr. sigue, instrumment à scier.
correspondant roman est escabel' escabeau.
SCELLE, oignon marin, L. scilla (»/<>ia).
SCABIEUSE, nom de plante, dér. du L. SCINDER (mot savant), L. A'Cin(/<*7"<?; supin
scabics, gale, à cause des propriétés dépura- scissum, d'où scissio, fr, scission; scissura,
tivcs de cette plante.
fr. S(:is.'<ure,
SCABRE, rude au toucher, L, scaber, sca- scintillare, do scintilla,
SCINTILLER, L.
bra, rude, raboteux. —
D. scabreux. = fr. éiincelle (v. c. m.).
SCABREUX, voy. l'art, préc. SCION, p. secion, du L. sectionem, cou-
SCALPEL, L. scalpellum. pure: cp. le terme analogue ail. schnittUng
SCALPER, L. scalpëre, gratter. de schneiden, con^ev. Le .sens concret de scion
SCANDALE, occasion de chute, puis, par
a motivé le genre ma.sculin.
métonymie, les actions ou paroles qui la four-
SCISSION, voy. scinder. D. scission- —
nissent, une nouvelle progression
puis, par naire.
d'idée, l'indignation qu'on ressent, ou l'éclat SCOLAIRE, du L. scholaris (schola, nyoU),
qui se produit des actes ou discours de mau- type aussi du mot écolier; scouastique, L.
vais exemple: L. scandalum, gr. !jxàvSa)9v, scholasticus (type aussi de écolûtre).
piège, trébuchet. —
La langue commune a SOOLIE, gr. tyo^i'iv, note, de là t/o^ixliu,
métamorphosé scandalum en esclandre (v. c. faire des notes, d'où 9-/o>iaiTV7;, annotateur,
m.). — D. scandaleux, scandaliser = grec fr. scoliaste.
SCORBUT, it. scorbuto, esp.. port, escor-
SCANDER, L. scandere[<^ scandera versus », buto, du schorbock, néerl. scheur-
bas-ail.
Horace). buik, dont la signification étymologique est
SCAPHANDRE, corset à nager, mot tech- incertaine. On a expliqué le terme néerl. par
nique de «a^/;, nacelle, et àv-hp, àvSpo:,
fait
homme, donc pr. homme-bateau.
scheuren, déchirer +
buih, ventre; d'autres
rapportent l'élément scor à l'ail, schorf, angl.
SCAPULAIRE, BL. scapulare « vestis sca- scurf, escarre, croûte, gale. Le même mot
pulas tantum tenens ». s'est modifié en ail. scharbock, suéd. skorb-
SCARABÉE, L. scarabœus («âf «êoi). jugg, angl. scurvy. Le fait est que l'origine
SCARIFIER, L. scarificare. de cet important terme médical, que le latin
SCARLATINE, voy. écarlate. du moyen âge nous a légué sous la forme de
SCEAU, anc. scel ; vfr. seel, sael, saiel, scorbutus nest pas encore découverte; qui
angl. seal, du L. sigillum (d'où l'ail, siegeï). sait si scorb n'est pas le scorp radical de scor-
Le c est inorganique et une ajoute moderne, pius, l'insecte venimeux? On m'apprend au —
motivée peut-être par le désir de distinguer dernier moment que la plus ancienne forme
le mot de l'homophone seau. D. sceller, — néerl. se terminait par but (au lieu de buih).
cps. desceller. — D. scorbutique.
SCÉLÉRAT, L. sceleratus (scelus). — SCORIE, L. scoria, gr. 5/w,ota, déchet de
D. scélératesse. métal. —
D. scor ifier.
SCELLER, voy. sceau. — D. scellement. SCORPION, L. scorpionem, gr. nMo-Kîoi.
SCENE, L. scena, gr. — D. scénique,
o/rivn- SCORSONÈRE, de l'it. scorzonera, composé
L. scenicus. de scorza, écorce, peau, et de nera, noire;
SCEPTIQUE, L. scepticus, gr. sx^TTrizo; (de l'ail, l'appelle sc/iicar^wur^, litt. racine noire,
ffxîTTTîîSat, considérer, méditer). —
D. scepti- — Diez pense que scorzonera, la forme ital.
actuelle, a été précédé de la forme scm'zo-
SÉC — 459 SÉD
niei^a etque la véi'i table étyniologie est scor- SECOND, prov. segon, vfr. seon, de L.
zonc, serpent (la "plante étant supposée salu- secundus [de sequi, suivre). D. secondaire, —
taire contre la morsure des serpents). L secundarius subst. seconde, pr. deuxième
;
•qui eût cours à Rome), enfin sentiment d'in- peu contrariée par le prov. secodar (Blondin
quiétude pour peu de chose, embarras, exac- de Cornouaillcs, 139j, et n'y a-t-il pas plutôt
titude minutieuse. —
\) scrupuleux L. scru- , lieu d'admettre un métaplasme de date an-
—
.
pagnie; elle est, à la vérité, plus correcte au latin, en tant que signifiant parti, renvoie à
point de vue étymologique, mais à ce titre il secare, diviser (cp. l'origine départi)-^ cepen-
faudrait également prononcer ve'au p veau, dant, sectari, s'attacher à un système (d'où
ce mot venant de ve-el, == L. vitellus. Les sectatorem, fr. sectateur), signifie en premier
formes lai.situlus, sitiila, syncopées en s2Ï/i<5, lieu suivre assidûment et est incontestable-
sitla, s'étant altérées en siclus, sida, il en est ment le fréq. du verbe sequi. — D. sectaire.
résulté les mots équivalents it. secchia, SECTEUR, L. sectorem (secare), coupeur;
secchio (cp. vccchio de vetulus), prov. selha, SECTION, L. sectionem, coupure (voy. aussi
fr. sfizY/e (forme vieillie). scion). — C])?,. prosecteur.
(fréq. de secernere), mettre à part. L'officier SÉJOURNER, anc. sojorner (d'où l'angl.
forestier chargé des bois segrais s'appelait s(yourn). prov. sojomar, it. soggiornarc, du
segrayer, en BL. secrctaHus N'était cette L. subdiurnare' , eps. do diurnare, rester
—
.
forme latine, on pourrait aussi rattacher ces longtemps. Subst. vcrb. séjour, prov.
termes au L. segr égare, séparer. sojorn, soggiorno.
it.
bablement produite dans le nord de la France, » Orelli aurait dû avant tout expliquer la
où les Picards ont également modifié tendre signiticiition qu'on peut attribuer à sublon-
en tere, et tiendrons en térons. On pourrait gum, car ce n'est pas facile à découvrir », et
alléguer encore à ce sujet le mot latin tira que Diez se prononce dans le mémo sens. On pour-
Doederlein suppose être une contraction de rait d'abord leur rétorquer le même argu-
tenej'o (donc pr. le tendron, d'où l'idée : ment à propos de l'étymologio subdiurnare
jeune homme inexpérimenté). —
Après tout, appliquée, de leur consentement, je pense, au
l'explication de sire par senre reste douteuse ; fr. sejournei', bien que le latin cla.ssiquc ne
mieux vaut admettre un thème sefr, produit produise pas de composé semblable. Admettre
par l'élision de n, et qui justifie parfaitement un composé sublongum n'est pas plui» arbi-
la voyelle i. D'autre part, seigneur s'est traire qu'admettre un composé subdiwnare.
simplifié en sieur. En partant d'une forme Mais à part cela, nous croyons qu'il n'est pas
seior (contraction de senior), nous trouvons si difficile de découvrir la valeur que l'on a pu
pour les formes sieur et sire une analogie attacher au mot sublongum admis par M. von
frappante dans la francisatifjn dti L. pejor, Orelli comme type de selonc. Deux interpré-
qui se produit également sous les formes /)ior, tations se présentent aussitôt. 1. Le préfixe
pieur (formes d'accusatif perdues) et pire sub remplirait ici le rôle qui lui est propre
(forme de nominatif encore debout). Il faut en latin, savoir d'atténuer la force du simple,
croire que les mots prov. sira, sire, esp. ser, p. ex. dans subdurus, subrusticus; 2. (et cette
sire, angl. sir, sont d'introduction française. interprétation me plait davantage) le préfixe
— D. seigneurie, seigneurial. sub avait chez les bons auteurs déjà la valeur
SEILLE, voy. seau. d'exprimer proximité ; sublongum ne serait
SEIME, t. de maréchalerie, fente de la donc pas moins rationnel que le L. subinde
corne du cheval, du L. segmen (secare)? On ou subsequens. Et même en considérant, dans
m'a objecté contre cette étym. que ce serait notre cas, sub comme préposition, et non
le seul cas de la résolution par i d'un
g comme préfixe, il me semble que sub longo
devant m; en effet, pigmentum fait, en vfr., maris (vfr. selonc la mer) est tout aussi bien
piument, flegma fait fleuma. Littré pense dit que le sub montis radicibus de César. Je
que c'est le même mot que seine, filet (vfr. pense avoir répondu d'une manière suffisante
aussi seime), mais les sens sont trop dis- aux scrupules qui empêchent Burguy de se
tants. rendre à l'avis de von Orelli, et nous termi-
SEIN, vfr. et pat. soin, du L. sinus. nons par demander, à notre tour, à l'auteur
SEINE, filet, vfr. saine, seine, angl. sean, de la Grayninairc de la langue d'oïl do vou-
. . ; .
aussi présumable (cp. caramel de calam,el) de « brillant » sont associés, ce qui fait que
que selon àe seron, et même davantage. Je sais la conjecture de Bugge ne laisse pas que
que secont a laissé des traces dans l'anc. lan- d'être correcte.
gue (voy. Littré; et j'accorde que som, (xii'' s.) SÉMINAIRE, L, seminarium (semen), pr.
soit une contraction de segon, 6v;on, mais il pépinière. Tite-Live : seminarium senatus. —
n'en est pas moins certain qu'il a du céder le D . séminariste
pas à selonc ou à lonc tout court. SEMONCE, voy, l'art, suiv. D. semoncer. —
SEMAINE, prov. setmana, it. settimana, SEMONDRE*, du L. sub-monere (pour le
semmana, du h.septimana hebdomas (Cod. = préfixe se, cp. secourir, secouer); le part,
Théod ). —
D. semainier passé de vfr. semondre est semons, de là le
SÉMAPHORE, mot technique moderne, subst. semonse* semo7iee. , Le vfr., par un —
représente un mot gr. 'jfjy.ii.--sopo; porte- = changement de conjugaison, a produit aussi
signal . la forme semoner, d'où provient le subst. se-
SEMBLER, vfr. sanler, it. semhrare, sem- monneur (vfr. somoneor, xin*^ siècle). L'angl.
hiare, esp., prov. semblar, du L. sim,ilare on dit to summon. Génin a été mal inspiré en com-
sim,ulare = similem reddere, imiter, avoir battant l'étymologie submonere au profit d'une
Le mot fait double emploi avec simuler.
l'air. dérivation de sermo. —
Voy. aussi l'art. so7n-
Notez que les anciens construisaient sembler m,er.
avec l'accusatif. — D. semblable fcet adj. fait SEMONNEUR, voy. semondre.
les fonctions du L. similis ;o\)]). dissemblable, SEMOULE, gruau de froment pur, de l'it.
fait d'après leL. dissimilis), semblant, appa- semola, qui simila (p. simula).
est le L.
rence, mine; semblance", opp. dAssemblance SEMPITERNEL, L. sempiternalis* p. sem-
cps. ressembler [re comme dans reproduire, piternus; cp. éternel, de œternus.
représenter) SÉNAT, L. senatus {^Qno'&.). D. sénateur, —
SEMELLE, voy. savate. L'étymologie sopeZZa L. senalorem, d'où sénatorial.
(comme dim. de sapa, prim. àosapinus), qu'a SENAU, =
ail. schnaue, angl. i'uoio, néerl.
proposée Ménage, est trop hasardée. Le snaauw, dan. snav.
sapella, d'où moi j'ai déduit le mot, est p. SÉNÉ, it., esp..9ena, ail. senes-baiim, angl.
stapella. —
Une autre voie étymologique, senna, de l'arabe se^ià. — La finale dans séné
toutefois, Le
glossaire de Lille
se présente. s'explique peut-être par senel (cp. sénevé p.
(voy. mon éd., p. 17) traduit solea par som- senevel). car on trouve aussi saine p. séné.
mêle ; ce mot peut donc être considéré comme SÉNÉCHAL, BL. senescalcus, it. shiiscalco
l'étym. de semelle (le changement do som- etsescalco, esp., i^vov . senescal ; selon Grimm,
mclle, semelle en semelle .serait parfaitement du vha.sinwcaZ/i. (mot composé hypothétique),
SEN — 4G2 SEN
litt. le plus ancien serviteur, surveillant dos tion, manière. —La loc. sois dessus dessous
autres esclaves. Cp. pour la deuxième partie (aussi SC7IS devant derrière) est le produit
senescalda, vfr. senechauchie, nfr. sthie- sous » (ce qui est en dessus mis dessous) ; on
chaussée. trouve fréquemment chez les anciens ce des-
SENEÇON, L. senecionem (petit vieillard). sous dessus ou ce que d. d.
SENEGRÉ, nom vulgaire du fenugrcc. ré- SENSATION; ce mot, répandu dans toutes
pond au catal. sinigrec, q\ie l'on explique par les langues romanes, répond à un type L. sen-
fœnum grœcum en admettant un changement sationem, qui fait présumer un verbe scnsarc,
de f initial en s, comme dans cat. siveUa = frapper les sens. Le dérivé sensé, pourvu de
L. flbula. Voy. Diez, Gramm., éd. fr. I, 263, sens (opp. ùisaisé), accuse également un verbe
note. Les cas de 6* p. /"sont trop isolés dans le sensare, et sensatus se trouve en effet dans
domaine roman pour qu'on admette sans Firmicus et dans la Vulgate.
réserve cette explication, que Grandgagnago SENSÉ, voy. l'art, préc. —
D. sensément,
a appliquée aussi au vfr. sijiail^ wall. sina, avec sens (qu'il ne faut pas confondre avec
fenil. Je crois donc que l'étymologie par censf'ment de censé, réputé, putatif).
semen grœcum (Baist) mérite d'être prise en SENSIBLE, L. seiisibilis (scnsus); anc,
considération, bien que G. Paris objecte que comme l'angl. sensible, = intelligent, sensé.
ce type aurait rigoureusement fait setigrc. — D. sensibilité, L. sensibilitatatem ; néol.
SENELLE, aussi ce;?e//e(Nicot écrit cine1le)\ sensiblerie.
Clievallet, se fondant sur la définition du dic- SENSITIP. prov. sensitiu; dér. anormal du
tionnaire de Tiévoux petite prune violette
: supin sensum, do sentire. — D. scnsitivo
qui vient sur l'épine noire, rattache le mot, (plante).
comme diminutif, au \\ia,. slcha <nh&. schlehc), SENSUEL, L. sensualis (sensus), — D. sen-
prunelle. C'est inadmissible. Ménage, inter- sualité, -alisme, •aliste.
prétant le mot cenelle par baie du boux, y SENTE, vieux mot, esp. senda, = chemin,
voit avec raison une fonne tronquée de coc- du L. sémita. — D. sentier (pr. un adjectif,
cinella, dim. de coccinus, de couleur écar- on disait d'abord « chemin sentier ), it. sen-
late.^ tiiTO, esp. setulero, prov. semdier, =
L. se-
SÉNESTRB, gauche, L. siuistcr. La forme mitarius. Dans quelques provinces, sentier
savante sinistre n'a plus que l'acception figu- signifie sergent do ville, guet; cp. voyer de
rée du mot latin, c.-à-d. mauvais, malheu- voie. Voy. aussi smtinelle.
reux, funeste. SENTENCE, L. sententia (sentire), manière
SÉNEVÉ, p. scneveV{c^. dé p. dd'), du L. de voir, opinion, jugement, vote, pensée for-
sinapillus, dimin. de sinapi. Ce dernier a mulée, phrase. — D. sententieux, L. scnten-
donné aussi it. scnapa, gotli. sinap, ags. (ios».v (plein do sens et plein de sentences).
senepe, angl. senmj, vha. senaf, nha. senf, SENirEUR, subst. façonné de sentir d'après
v. flam. scnncp, Voy. aussi sanve. l'analotrio do saveur et odeur.
SÉNILE, L. senilis (senex). —
D. sénilité. SENTIER, voy. sente.
SÉNILLE, nom de plante, aussi smicle, du SENTIMENT, voy. sentir. — D. senti-
L. schœnicula (de schœnus, jonc). Grandga- meiital.
gnage, à l'art, sainète (traînasse ou renouêe), SENTINE, L. scntina.
invoquant les deux noms fr. correspondant au SENTINELLE, it. sentinella, esp. centinela.
mot wallon, savoir :sanguinaire et fausse Le mot a pris naissance en Italie. Vossius et
sénillc, voit dans tous ces mots des dérivés de autres ont prétendu qu'il est tiré du verbe
sanc;en dialecte wallon, le verbe «aî^ntr se ital. sentire, entendre, comme l'équivalent
dit saini, en picard sainer. Le nom botanique scoltaYest de scoltare, écouter. Mais comment,
sénillc serait ainsi d'origine wallonne. dans cette hypothèse, se rendre compte de la
SENS, L. scnsus. —
L'ancienne langue terminaison inella t Galvani, avec plus de
employait, avec la même valeur, le mot son raison, est d'avis que c'est un dérivé de scn-
= prov. sen, cen, it. senno. de là sont déduits tina, et désignait d'abord, comme le L. senti-
vfr. séné, prov. sénat, esp. senado =
sensé, nato7', le gardien qui veillait à la sentine, d'où
et les composés fr. forsené, gâté en forcené = le sens se serait élargi en celui de veilleur en
hors de sens. Ce sen vient du vha. sin, nha. général. Deux autres conjectures pourraient
sinn, m. s. — II existait en outie dans la encore être émises, sans toutefois lever les dif-
langue d'oïl un second subst. sen, signifiant ficultés de la finale ; on pourrait partir d'un
sentier, voie, manière. Celui-ci se rapporte au BL se.ntina indépendant du L. sentina, dont
vha. sinnan, proficisci, tendere, qui proba- le sens serait « détachement militaire, piquet
blement est identique avec sinnan, meditari, de garde », et qui se rattacherait soit au vha.
cogitare, et, par conséquent, au fond le même sentan (nha scnden, goth. sandjan, envoyer,
mot que seti, sens. Nous citons ce vieux voca- charger d'une mission), ou au verbe roman
ble sen, chemin, parce que le mot sens actuel scntare, placer (qui vient du partie, sedens,
(cp. « marcher dans tel sens, à contre-sens ») -entis, àesedere); dans ce dernier cas, scn/zaa
nous laisse encore apercevoir les relations serait un terme analogue à planton, poste,
intimes qui existent entre les notions ratio et piquet. Dans l'une et l'autre de ces conjec-
via; sens = L. sensus absorbe donc à la fois tures, il faut admettre que le sens abstrait ou
la valeur de sen, intelligence, et de sen, direc- collectif " garde » a tourné en sens concret ou
. .
le passage confié à la garde d'une sentinelle (esp. zeca, seca), lieu où l'on frappe la mon-
(signification constatée et subsistant encore naie, lequel, à son tour, reproduit l'arabe
.dans les loc. « lever ou relever de senti-
: sekkah, coin qui sert à frapper la monnaie.
nelle »), puis « gardien de sentinelle ». Cette SÉRAIL, direct, de l'it. serraglio; ce der-
étymologie, comme l'a déjà remarqué G. Paris, nier vient du mot persan et turc seràz, palais,
est séduisante, mais elle se heurte contre le château. La forme ital. est motivée par une
fait qu'elle ne peut s'appliquer à rit.A'e?iiîn6'//(2, confusion avec serraglio clôture (de serrare,
qui a procédé le mot français. enfermer, dér. du L. sera, serrure). Sérail,
SENTIR, pr. recevoir l'impression des signifie en général château, hôtel, et particul.
objets par les sens; puis appliqué particuliè- la résidence du sultan, puis restreint à l'ap-
rement à la sensation de l'odorat et du tou- partement ré.=ervé aux femmes, dont le nom
cher; enfin, répandre de l'odeur ou avoir une spécial en turc est harem, c.-à-d lieu défendu.
saveur; L. sentire. —
D. sentiment, anc. — Voy. aussi caravansérail, pr. hôtellerie de
sentent cnt (cp. C07tsentement) caravane.
SEOIR, vfr. sedeir, seeir, prov. sezer, it. SÉRAN, anc. serans, subst. verb. du verbe
sedere, du L. sedet'e (cp. voir, anc. veoir, de sérancer (cp.élan de élancer). Quant au verbe
videre). Le sens pi^emier " être assis » s'est sérancer, il reproduit d'après Frisch, approuvé
effacé il ne reste plus que l'acception figurée
;
par Diez, le bas-ail. schranzen, déchirer,
•» être convenable »>, appliquée d'abord à un dilacérer.
vêtement qui va bien (l'ail, dit de même SÉRAPHIN, de l'hébreu
serafim ('subst.
« dièses kleid sitzt gut »). Le sens naturel plur.), que l'on par « les brûlants,
iutei'prète
cependant est encore inhérent au partie, prés. les anges de feu
». —
D. séraphique.
Sikmt (v. c. m.j. —
Le d radical, syncopé à SERASQUIER, du tuvc serasker, chef d'ar-
l'infinitif, reparait dans la forme verbale mée.
sied = L. sedet. —
Comment expliquer le SERDEAU, ofticier de bouche de la maison
participe sis f Burguy, dans sa grammaire, du roi, qui recevait des mains des gentiLs-
cite, ))our les diverses formes de la conjugai- hommes servants les plats que l'on desservait
son du verbe seoir, de nombreux textes à l'ap- de la table puis lieu où l'on portait cette des-
;
pui, mais pour sis pas un seul; Littré en a un serte. L'ancienne forme du mot était sert-de-
exemple du x^ siècle (« j'ai sis sur le siège de l'eau ; elle en fournit aussi l'étymologie Cp.
mes pères »j. Ni l'un ni l'autre n'en indiquent Paris sous Pliilippe le Bel, par Géraud, p 143 :
le type latin selon, moi sis représente sesiis,
; Jehan, sert de l'eaue.
\).sessiis,Gommeprisvient depj'esus ^.prensus. 1. SEREIN, adj., L. serenus. —
D. sérénité,
Brachet rapporte sis à situs, ce qui présente- L. serenitas; verbe rasséréner. Notez encore
rait de graves irrégularités, l'expr. supoilative sérénissime
SÉPARER, L. scparare, popul. seperare, 2. SEREIN, subst., prov. seren, napol. se-
dont la langue d'oïl avait fait sevrer sépa- = rena, vapeur froide du soir, esp. sereno, garde
rer, lequel n'est plus d'usage que dans un du soir. D'api'ès quelques-uns, dérivé de sera,
sens spécial. —
D. séparation, -ahle, L. sepa- soir, mais le suffixe enus étant tout à fait
X'ationem, -abilis, étranger aux langues romanes, Diez se
SÉPIA, de l'it. sepia, qui est le fr. seiche. demande s'il ne faut pas plutôt admettre un
SEPS, lézard, gr. ^/if. type seranus, d'où en fr. serain, puis serein ;
SEPT, L. septem. —
Vi. septante L. septua- celui-ci aurait déterminé le prov. seren, qui à
ginta septembre, L. septembris (le septième
; son tour serait la source de l'esp. seix'no. Mé-
mois de l'année romaine); septénaire, L sep- nage favorise VôtymologïeL serenus la vapeur
. ,
SÉREUX, L. serosHs (de sérum, petit-lait). pondance entre l'esprit rude gr. et Vs latin).
— D. sérosité. —
De sérum viennent aussi — D. serpette.
serène, machine à battre le beurre, et sèret, SERPENT, L. serpentem (serpere, gr. îpr.nvj.
espèce de fromage. En vfr. on disait aussi simpl. serpe, cp. prov.
SERF, L. servus. —
D. scrtage. sei-p, it. serpe, esp. sierpe, — D. serpenter,
SERFOUIR, peut-être du prov. sos-foire = serpentin, -ine.
L. suf-fodere (cp. pour*' =
r, prov. asermar SERPILLIÈRE, grosse toile d'emballage,
p. azesmar, vfr. acesmer). Ou, ce qui sourit peut-être connexe avec le vfr. serpol, paquet,
davantage, de serpe-fouirf —
Littré, vu l'anc. trousseau, dont je ne connais pas l'origine.
orthogr. cei-foïr, fait venir le mot de circum- Littré rapporte notre mot aux serapellinœ
foclere. —
D. serfouette. vestes (vieux vêtements) du moyen âge. Les —
SERGE, SARGB. it. sargia, esp. sarga et mots correspondants sont en esp. arpil-
sirgo, prov. scrga, ail. sarschc, du L. scrica, Icra, en angl. sarjïîier, sarp cloth; Caroline
étoffe de soie, BL. sarica. —
D. sergcr ou Michaelis et Baist .sont d'avis que le mot. par
sergier, d'où sergcr ie, son radical ai'p, saip, a dû exprimer « toile
SERGENT, it. sergente, esp. sargento (anc. qui gratte » ; toutefois, Baist ob.serve que lo
sargente). D'après Grimm, du vha. scarjo (ail. mot peut avoir été rattaché par interprétation
mod. scherge, huissier). Cette opinion n'a pas à ces radicaux, et que la véritable origine est
eu de succès. Nous sommes de l'sivis de ceux encore à fixer (voy. Grob. Ztschr., V, 234).
qui proposent pour primitif le L. soticii- SERPOLET, d'im. du L. serpullum, gr.
tem ; car le sens foncier du mot n'est autre que épnuiisv (prov., esp., port., «erpoi. it. serpello,
serviteur (« serjant de deu ") et le piémont. serpil/o).
dit encore seiDient p. le fr. sergent. Le mot SERRE, voy. l'art, suiv.
latin seinientetn s'est transformé en sergait, SERRER, BL. serare, prov. serrar, sarrar,
comme salvia en sauge, d'après le principe esp. cerrar, it. serrare, d'abord enfermer,
de la consonnitication de Vi atone devant barrer le pas.sage, puis étroindre, presser. La
une autre voyelle. La forme servant se rap- l)remière signification est encore vivacc en fr.;
porte à sergent, comme savant à sachant. — " serrer son argent «, c'est le mettre sous clef.
Pour l'application du mot à un outil de me- Le mot du L. sera, serrure, barre
vient
nuisier, cp. le mot valet, nom de divers usten- de clôture, verrou; un verbe latin clas-
siles. sique serare ne se trouve pas, mais bien les
SÉRICICOLE, sérictailture, mots faits sur conqwsés ob-serare, enfermer, re-serare et
le primitif L. sericum. D'autres pi-éfèrent de-serarc, ouvrir. —
D. sat'e, 1. lieu où l'on
scricole, -culture, tirés de scr, latinisation de serre des plantes, 2. pied des oiseaux do proie,
<:^P, ver à soie. Voy.*Littré, Suppl. griffe ; dans les patois aussi =
serrure ; ser-
SERIE, mot savant, L. séries. rement, serrure. Composés en-, res-, desser-
:
fond de tous ces mots l'idée de garantir et par sixième heure du jour ou midi de là le verbe ;
SEVE (l'Acad. écrit sève), prov. saba, du part. adj. signifiant, insignifiant, subst. si-
L. sapa, jus, mot congénère avec le vha. saf gni fiance.
(nha^. snft), angl., néerl. sap. SIGNOLE, voy. soignole.
SÉVÈRE, L. scveinis. — D. sévérité, L. SIL, L. sil.
severitatem. SILENCE, L. silentium (silcrc). — T). silen-
SÉVICES (plur.), L. sœvilia, cruauté. cieux, L. silentiosus.
SÉVIR, L. sœvire (de sœvus, cruel). SILEX, mot latin, = caillou. — D. silice,
SEVRER, pr. séparer le nourrisson de la L. siliceus; siliceux.
mère voy ; . séparer. SILHOUETTE ; c'est le nom d'un contrôleur
SEXAGÉNAIRE, L. srxagenarius. général des finances sous Louis XIV, dont les
SEXE, L. scxus. —
D. sexuel, L. sexualis. opérations infructueuses éveillèrent la raille-
SEXTE, L. scxtus; sextuple, L. sextu- rie des Parisiens et leur firent désigner par le
plus. mot silhouette tout ce qui présente un aspect
SHAKO, mot hongrois. triste, mesquin, imparfjxit. C'est ainsi qu'on fit
1. SI, adv., L. sic. Voy. aussi les art. ainsi des portraits à la silhouette tirés de profil
et aussi. Le même mot s'est substantivé avec d'après les contours de l'ombre d'une chan-
le sens de » condition », dans l'anc. loc. par delle. Voy. Mercier, Tableau de Paris, et
un tel si. Sismondi, Histoire de France, XXIX, pp. 94
2. SI, conjonction, vfr. se, du L. si. Com- et 95. — D. silhouetter.
posé sinon. SILIQUE, L. siliqua. —
D. siliqueux.
SIBYLLE, L. sibîjlla. — D. sibijUin. 1. SILLER, fendre les flots. D'après Diez,
SICAIRE, L. sicarius [àa sica). du nord, sila, couper, diviser (pour VI mouillé,
SICCATIF, SICCITÉ, du L. siccus, sec. cp. piller de pilare). Diez rattache à ce verbe
SIDÉRAL, L. sidcralis [ûàna, -eris). le sub.st. sillon, qu'il a raison de ne pas faire
SIECLE, L. sœculuni [sccuhim, scclum). — venir du L. sulcns. —
Nous ne sommes pas
. La forme secluni, par la vocalisation du c mé- rassuré sur la solidité de l'étymologie mise en
dial a donné en vfr. seule (cp. vfr. renie de avant par le linguiste allemand. D'abord, le
rcgnla). terme d'agriculture sillon est-il réellement
SIEGE, it. sedia, seggia, et sedio, seggio, tiré de siller, qui parait être une expression
direct, de BL. sedium =
sedes; du dérivé exclusivement maritime? Puis ce dernier ne
sediare', fr. siéger, qui à son tour a donné le j)eut-il pas aussi bien n'être que la forme
subst. verbal siège =
action de siéger. — mouillée du vfr. sigler (auj. cingler, v. c. m.),
Cps. assiéger, BL. it. assediare, esp. asediar. cp. fr. étrille, du L. strigilis; ou la représen-
SIEN, voy. mien. tation d'un type latin secnlare,diïm. de secare,
SIESTE, de l'csp. siesia, qui est le L. sexta. couper (cp. it. segare =^ siller)? Ce dernier
30
.
type secu7are conviendrait également au terme SINÉCURE, mot reçu des Anglais et formé
agricole siUer (inus.), d'où procèdent sillêe du L. sine cura, sans soin, sans occupation
(fosse creusée autour de la vigne) et sillon. Il réelle.
est vrai que strictement seculare devrait faire SINGE, L. simius. — D. singer, singerie.
seiller, mais n'avons-nous pas de fréquenta SINGLER, t. d'architecture, = contourner
exemples de l'affaiblissement de ei ou ai en if avec le cordeau, p. cingler, formé du L. cingii-
Et d'ailleurs seiller^'est dit p. siller. Ce qui lurn, dér. de cingere.
appuie cette dernière étymologie, c'est le BL, SINGULIER, vfr. singider, L. singidaris
sica, sillon, et la forme scillon du vfr. et du (singulusi, d'où si)igidaHté, L. singularita-
dial. de Berry, p. sillon. On peut comparer tem veibe singulariser.
;
encore, pour le rapport des idées, L. incite, SINISTRE, i. ac\j., malheureux; 2. subst.,
SILO, fosse à grains, de l'esp, silo, qui à Sinopoli rubicundum invenitur et viride dic-
son tour représente L. sm«, gr. «mpo;. tum sinoplum... sinoplum utrumque venit de
SILURE (aussi par transposition siride), L. urbe Sinopoli «. J'ai reproduit à peu près,
silurus (gr. alXonpoi). dans ce qui précède, l'art, sinople du Dict. de
SILVES, t. de littérature, recueil, mélan- Diez, mais il me semble qu'il renferme deux
ges, it., esp. sclva, du L. silva, forêt, bosquet, étymologies distinctes : celle tirée de Sinope
bouquet, recueil. n'exclut-elle pas celle de Sinojïolis, qui est en
SDIâGREE, prub.de la formule *i, rn agrée tout cas celle qui se recommande le plus par
= oui, cela me convient; la répétition do ces la forme?
mots dénote une obséquiosité fastidieuse, une SINUS, mot latin, employé dans les
courtoisie affectée. Cette étymol., que je ren- mathématiques
sciences et dont la langue
contre dans le Dict. de Brachet, peut convenir commune a fait sein. — D. shiucux., L.
jusqu'à meilleure information. Déjà Frisch sinuosus, d'où sinuosité.
avait indiqué la formule s il m'agrée, qu'il dit SIPHILIS, SYPHILIS, terme médical, d'ori-
avoir désigné un jeu. Toutefois, il est bon de gine inconnue. Il a été appliqué en premier
noter qu'à l'origine on disait cimagrée,chima- lieu par Fracastor dans son poème sur la
grée. —
J'ai depuis longtemps abandonné mes maladie vénérienne.
étyin. ]>ar simulucrum ou par siniius. 1. SIPHON, it. sifone, tuyau recourbé, du
SIMÂRRE, vfr. chamarre, it. simarra, L. sijiho (ît^wv), luyau, jet d'eau.
voy. chainarrer. 2. SIPHON, trombe, du gr. a^çiwv, m. s. ;
SIMILAIRE, L. similaris (similis) simili- c'est le môme mot que le précédent.
TiDi:, L. similitudo.
;
SIMONIE, trafic des choses saintes ou des (soleil).^ ont définitivement fait leur temjis.
bénéfices ecclésiastiques, de Simon le magi- SIRENE, vfr. scraine, L. sireniitipriv).
cien, qui voulait acheter le don de conférer le SIROC, vent du sud-e.st, it. scirocco, sci-
Saint-E.sprit. — D, simoniaque, BL. simo- locco, sirocco, esp. xirque, œaloque; de l'arabe
niacus. sjarhi, oriental. Des pays occidentaux le mot
SIMPLE, L. simplus (forme accessoire de est revenu à l'arabe, transformé en sjaloek,
simjilex). — D. simplesse', simplete'; simpli- sjeloek, sjoloeh.
fier. SIROP, it. siropj)0, sciroppo, sciloppo, esp.
SIMPLICITÉ, L. simplicitatem. xarope, prov. yssarop; de l'arabe sjarâb,
SIMULACRE, L. simulacrum. sjorba, m. s., pr. boisson, Voy, aussi sor-
SIMULER, L. sim,idare. Voy. aussi sem,- bet.
bler. SIROTER; d'origine inconnue. Plusieurs
SIMULTANÉ, mot moderne, d'un type tiré pensent que siroter vient irrégulièrement de
latin simultaneus, forgé sur la base du BL. sirop, comme tabatière de tabac.
simultim, en même temps. D. simidta- — SIRVENTE, prov. sii'vente et sirventesc
néité. (adj.,d'où le vfr. servantois), pr. un poème
SINAPISER, gr. «vaTré^uv, d'où subst. composé par un ménestrel au service de son
ci-jy'xi'jij.rz^ fr.sinapism,e. Voy. aussi sénevé. maître il peut exprimer soit le blâme ou la
—
;
au sens spécial de sergent, soudoyer; voy. piédestal. Cp. seuil de solea. — Voy. aussi
Rom., X, 264. l'art, souche.
SIS, voy. seoir. SOCQUE, L. soccus, chaussure.
SISON, L. siso7i (,^Jwv). SODOMIE, de la ville de Sodome.
SISTRE, L. sistrum (tîTtt/ssv). SCBUR, vfr. sor, soer, suer, du radical sor
SISYMBRE, L. sisymbrium{'snùiJ.^pio-j). du L. soror, -cris ; le vfr. avait aussi francisé
SITE, L. situs (gén. situs). D. verbe — lemot latin, pour le cas-régime, en seror,
situer, placer, d'où part, situé et subst. situa- screur. Du dér. sororius, il avait fait serorge
tion = beau-frère ("encore en usage dans les patois).
.
198j rapproche
so}is-
l'it.
(Rom., VIII, 135). —
Je ne puis me rallier à
l'opinion de Diez (dern. éd.), d'après laquelle
sottobecco,même sens, dont le dim. sottobec-
la finale f dans soif se serait produite sous
chetto répondrait à une forme soubzbéquct
l'influence de l'ail, saufen, boire.
(petits coups sous le bec), d'où sobriquet par
insertion de Vr comme dans fanfreluche, pim-
SOIGNER, voy. soin.
prenelle, etc. Cette explication est acceptable, SOIGNOLE, vfr. ceoignole, piston de pompe,
si l'on part de l'idée que le sens antérieur à du L. ciconiola, dim. de ciconia (vfr. soigne) ;
soc, cymr swch, m. s., et L. soccus, soulier tré n'a pas recueilli le mot soignole, bien que
(à cause de la pointe recourbée du soc de
fort répandu en province ; il en donne cepen-
charrue). dant la variété signale (dévidoir construit sur
SOCIABLE, L. sociabilis (sociare). D. so- — l'axe d'un treuil), mais sans étymologie.
payer; de là le subst. verb. solde (it. soldo, le subst. verb. du verbe solfeggiare (= esp.
esip. sueldo, pi'ov. sont, ail. sold). puis les solfearet fr. sol/iti'), qui, à son tour, dérive
formes participiales it. soldato, esp. soldado, du subst. solfa (it., esp., port., prov.) =
fr. SOLDAT, pr. militaire à gage, mercenaire. gamme. Quant à ce solfa, voici comment on
A un type solidanus ressortissent les formes l'explique : Les syllabes musicales, introduites
vfr. et angl. soldier = soldat; à soldatarius, par Gui d'Arezzo, ut, ro, mi, fa, sol, la, font
prov. soudadier, vfr. soudeiei', soudoier. Du À rebours la, sol, fa, mi, re, ut; les trois pre-
radical sold, combiné avec le suffixe gei"m. mières ont fourni lasolfa, puis la ayant été
ard, provient le mot soudard. Une dériva- — pris pour l'article, il est resté solfa tout court.
tion ultérieure de solder est le verbe soudoyer SOLFIER, voy. l'art, préc.
(type lat. soldicare), payer qqn. pour faire SOLIDE, vfr. soude, du L. solidus (do sol-
qqch. (il faut en distinguer l'adj. vfr. sou- lus', entier, ^= gr. Sïoi). — D. solidité, L. soli-
doyant, souduiant, séduisant, qui est le L. ditatem ; solidaire (d'oii solidarité), solidifier.
bien qu'il soit ibérique (voy. Diofendach, Ori- base (la solive serait donc pr. un soutien, un
gines Europseae, p. 421). étai) Du Cange, l'ags. syl, colonne; d'autres
;
1 SOLDE, paye, voy. sol 2. le bas-bret. soi, poutre mais la dérivation par ;
2. SOLDE, règlement de compte, subst. ivus fait difficulté. Isac Vossius pensait au L.
verbal de solder 2. sublica (accent sur Vt), pieu on pourrait au ;
1 SOLDER, donner une paye, voy. sol 2. besoin, pour cette étym., admettre la filiation
2. SOLDER (un compte), it. saldare, du suivante soulie, puis par intercalation do r,
:
BL. solidare, soldare, m. s., pr. aflèrmir, soulive, solive, mais la signification satisfait
régler. — D. solde (de compte), it. saldo. — peu. Diez conjecture une composition solum,,
Le même mot dans son accep-
latin solidare, sol -j- vfr. ive == equa, cavale, dans le sens
tion naturelle de raffermir, a donné le verbe figuré de poutre (v. c. m,) puis il indique ;
fr. souder, it. saldare, esp. soldar. aussi l'esp. solivio ('= L. sublcmum), de subie-
1 SOLE, t. d'agriculture, forme féminine tare, soutenir, appuyer. Si l'existence d'un
de sol = L. solwn. —
D. assoler, dessoler. vfr. solievc, au sens de support, était consta-
2. SOLE,
dessous du pied (d'un cheval) et
le tée, l'étym. sublevare ne laisserait plus de
autres objets marquant base, support, pièce doute. —
D. soliveau, soUvure.
plate de dessous, it. suola, prov. sol, sola, SOLLICITER, L. sollicitare. Voyez aussi
esp. suela, ail. sohle, du L. solea, plante du soucier.
pied, semelle. Voy. aussi soidier. SOLLICITUDE, L. sollicitudo (de sollicitus,
3. SOLE, prov. solha, it. soglia^ poisson de dont le sens étymologique est « fortement
mer plat, du L. solea, m. s. (Pline). agité «).
SOLÉCISME, L. solœcismus, du gr. 59)01 SOLO, mot it., =
L. solus, fr. seul.
xi5/^o,-, manière vicieuse de s'exprimer
pr. la SOLSTICE, L: solstitium (litt. arrêt du
propre aux IoIoimi, c.-à-d. aux habitants de soleil).
Soles en Cilicie. Du verbe saJot/î^uv, on a SOLUBLE, L. solubilis (de solvere, dis-
fait soléciser. soudre).
SOLEIL, prov. solelh, du L.soliculus, dim. SOLUTION, L. solutioncm (solvere).
de sol; la forme diminutive est fondée, comme SOLVABLE, mot mod. tiré du L. solvere,
celle de tant d'autres vocables
(p. ex. oreille,
genouiV, abeille, sommeil), sur une tendance
dans son acception de payer. — D. solvabi-
lité.
.
avec le cat., port., esp. somb^-a, == ombre. qu£e corrupte vulgo salma dicitur. Pour la
Quant à ce dernier, il dérive d'un verbe som- mutation de g en l, cp. smaragdus, it. sme-
brar, mettre dans l'ombre (il n'existe qu'à raldo, d'où fr. émeraude. D. sommier, —
l'état de composé, a-sombrar). Or, ce verbe sommelier, assom,mer (voy. ces mots). —
est, selon la conjecture de Diez, une contrac- Notons encore que Rônsch établit pour le mot
tion de so-ombrar, qui répond à un type L. roman salmala succession de formes suivante :
sub-umbrare. Cette conjecture est fortement sagma, sauma, salma (voy. Grôb. Ztschr.,
appuyée par l'existence du prov. sotz-umbrar, III, 103).^
ombrager. On trouve en vfr. aussi le mot SOMMÉ, voy. sommet.
essombrc, lieu ombragé (Godefroy le consigne SOMMEIL, voy. somme. D. som,meiller.—
avec les valeurs 1 terre sombrée, 2. bois de
, SOMMELIER, d'après Tobler (Rom., II,
lit), lequel accuse un type ex-umbrare; Burguy 244) un dérivé direct de sommier =^ bête de
estime que sombra pourrait en être formé par somme; donc, p. sommerier, cp. vfr. contra-
aphérèse. Cette opinion ne me semble pas fon- lier p. contrarier, sorcellerie de sorcier. Le
dée. Je crois que la filiation sub-u?nbrare, premier sens était « qui mène une bête de
so-ombrar, sombrar, satisfait parfaitement. somme » ou « qui a les bêtes de somme sous
Elle gagne en vraisemblance par le rappro- ses ordres « De là s'est dégagé celui de « is,
.
ombre, à l'état adjectival sombre, qui est = 2. SOMMER, faire un dernier et suprême
dans l'ombre. — Voy. aussi l'art, suivant. avertissement. Les uns prennent ce verbe
1. SOMBRER, couler bas. A l'appui de pour un dérivé de sum,mus, suprême, d'autres
l'étym. donnée à ce verbe par Diez (voy. l'art, y voient une variété du vfr. semoner, donner
préc), je dois mentionner encore que l'exis- assignation, variété de sem,ondre (v. c. m.),
tence de h.subumbrare aux iv", v" et vm^ s. a qui est le L. submonere. Ce dernier type a,
été constatée par Rônsch mais une nouvelle ; en efl*et, pu donner successivement somoner,
explication de notre verbe a surgi. Wedg- somener, sommer (cp. le nom de rivière
wood (Rom Vni, 439^ pense que somlrer
, Somme, de Somona). —
D. sommation.
est indépendant de sombre; il le rattache au SOMMET (d'où l'angl. summit), dimin. du
norois sum,bla, abîmer, engloutir, norm. vfr. som, (« en som », == en haut, « à som »,
sumla, couvrir d'eau. C'est donc, selon toute = à bout), qui, ainsi que l'it. sommo, prov.
apparence, un terme maritime emprunté aux som, esp. somo, vient du L. summ,um, som-
Normands. met, extrémité. Le môme type latin aurait
2. SOMBRER, donner le premier labour, aussi, selon Diez, produit le subst. fr. son,
en parlant des jachères. Ce mot est-il identique pr. la partie du blé moulu qui reste « en
avec le précédent? Je n'oserais l'afiîrmer, mais haut » du tamis. —
Notez encore comme dé-
il me semble que l'étym. de Littré par BL. rivé de som le vfr. sommer, mettre le couron-
sombrum, anni aetas qua ager primum pro- nement, d'où le terme de blason « som,m,é ».
.scinditnr (Du Cange) et, par conséquent, par 1. SOMMIER, cheval de somme (BL. sag-
l'ail, sommer, été, mérite toute considération marius), 2. cofi"re de voyage, matelas (accep-
;
je trouve encore chez les Allemands le terme tions déduites de somme, charge, chose
" ein feld sommern » dans le sens de notre lourde), 3. par métaphore (cp. les mots 2wutre
sombrer. et chevalet) =
poutre, solive, support. C'est
SOMMAIRE, adj. et subst., voy. somme 2. un dérivé de somme, charge, fardeau.
SOMMATION, voy. sommer 1 et 2. 2.SOMMIER, registre, grand-livre où s'ins-
1. SOMME, sommeil, it. sonno, prov. som, crivent lessommes reçues, voy. som,me 2.
son, du L. 5omnii5(p. sop-nus). D. sommeil, — SOMMITÉ, L. siimmitatemiswmxmi?,).
prov. sonelh, dimin. (sans valeur diminutive, SOMNAMBULE, mot de création moderne,
comme soleil, etc.), qui a remplacé somme, = qui ambulat. in somno. — D. som,nambu-
sans doute, pour le différencier de deux lisme.
autres homonymes. SOMNOLENT, L somnolentus (somnus). —
2. SOMME,
quantité totale, du L. summa, D. som,nolence.
pr. le total principal (de summus, p. supmus, SOMPTUAIRE, L. sumptiiarius [desumptus,
superlatif ^e superus). —
D. som,mer (v. c. dépense); somptueux, L. sumptuosus qui =
m.), faire la somme; sommaire, qui ne donne demande de grands frais. —
D. som,ptuosité.
que les choses essentielles, principales, L. 1. SON, adj. ou pron. possessif, voy. mon.
summarius*; sommier, registre, L. summa- 2. SON, partie grossière du blé moulu. Trois
rium explications sont en présence 1 la partie: . =
3. SOMME, some, charge, it. salma,
vfr. du blé qui reste en haut, « in summo » , du
soma, esp. salm,a,xalma, enxalm,a, ail. saum; tamis (Diez) ;
—
2. le BL. seonnum engage
.
Littré à supposer l'cxistcnco d'une forme vfr. SORITE, L. soritcs, gr. -»w|is(r>),-.
seon, dans laquelle il est disposé à voir seciin- SORNETTE, selon Dicz, du cymr. swrn,
rfus (op. vfr. seon, selon, secundum)', le = bagatelle, baliverne ; selon Huet, du breton
son serait ainsi « la seconde mouture ». Sëon sorc'hen, bavardage. Le Duchat, rattachant
existe, en effet, ainsi dans EustacheDccliamps, sornette au vieux mot fr. sorne, crépuscule,
p. 197 (cité par Fœrster, Grôb. Ztschr., III, prov. sorti, sombre, y voyait un dérivé de
i?62) trible pur de seon.
:
—
G. Paris (Rom., serotina s. e. fabula, un conte de veillée. Il
nous
VIII, 628), et c'est la 3" explii;ation qu'il se peut que soitie (voy. l'art, sournois) et sor-
reste à produire, est amené à remonter de nette .se tiennent, mais bien certainement l'un
seon à sedon, pour lequel, à titre de simple et l'autre sont étrangers au L. scrotinus. —
conjecture, il propose pour étymon L. seta, En Berry, sornette s'emploie p. sobriquet. —
qui a donné au gr. mod. in^ra, afTot, tamis, Le vfr. et les patois ont un verhe sornei', dire
et au fr., par le dérivé setaceiim, les mots des sornettes.
seas' sas (v. c. m.). Il admet toutefois l'admis- SORT, destinée, L. sors, sortis. Do co der-
sibilitéd'une explication par sccundns. nier vient le verbe latin sortiri, it. sortire, fr.
3. SON, bruit, L. sonus. D. sonnet, vfr. — SORTIR (prés. it. io sortisco, fr. je sortis),
soneC, it. sonetto, dimin. de5on,anc. bruit = obtenir en partage, obtenir, recevoir (n'est
d'une petite cloche, chansonnette, petit chant. plus usité que dans la locution « sortir son
Cp. motet de mot. effet »). Voy. aussi ressortir 2.
SONATE, de l'it. sonata (sonare). SORTE, it. sorta, espèce, manière, tiré du
SONDER, pr. descendre sous l'eau, d'un L. sors, au .sens de manière d'être, condition.
type latin sub-undare, voy. sombi'e. D. — — D. assortir (v. c. m.}; sortable, de sorte
subst. verb. sonde, instrument pour sonder, convenable.
esp. sonda. SORTILÈGE, L. sortilegiurn , de sortilegus,
SONGE, L. somnium; verbe songer, L. devin, prophète.
somniari. 1. SORTIR {\^vés. je sortis), voy. sort.
SONNER, L. sonare (sonus). D. sonneur, — 2. SORTIR (prés.> sors), it. sm^tiro (prés.
-crie, sonnette; sonnaille, type L. sonacula', io sorto), passer du dedans au dehors, en vfr.
d'où sonnaiîler, verbe, et sonnailler, subçt. aus.si = s'échapper, prov. sortir, sauter, faire
SONNET, voy. son 3. sauter, esp. surtir, port, snrdir, jaillir. On
SONORE, L. .so«or«« (sonus). D. sonorité. — a rattaché ce verbe au L. sortiri, pris dans le
SOPHA. voy. sofa. sens do faire un partage, en se fondant sur
SOPHISME, gr. oo'fiî/xa; SOPHISTE, gr. l'analogie de partir du L. partiri, diviser,
(ToyiîTvj; (de lo-^li'.t^-xi, abuser de la philoso- séparer, mais différentes considérations tant
phie); adj. SOPHISTIQUE,
gr. ooçiïnxo'i, d'où de forme que de signification s'opposent à
sophistiquer, subtiliser, s'écarter du vrai, user cette étymologie. Si l'on considère que les
de faux arguments (d'où le subst. sophisti- patois emj)loient jai//ïr comme synonyme do
querie), puis (sens particularisé) falsifier, fre- sortir (en Berry on dit « à la jaillie do la
later des drogues. messe "), que l'esp. surtir signifie jaillir, et
SOPHISTIQUER, voy. sophisme. que L. ex-pcrrigere, par son participe ex-
SOPORATIF, du L. soporare (sopor), en- perrectus, a produit le vfr. espertir, éveiller
dormir. (cp. it. erto =
erectus), on acceptera volon-
SOPORIFÈRE, -FIQUE, du L. sopoHfer', tiers, pour le sens et la forme, l'étym. mise en
-ficus'. avant par Ménage et Frisch et partagée par
SOPRANO, mot it., la voix de dessus, dérivé Diez, savoir le type surrectire (par surrectus,
du L. sujira. participe de surgere). La signification étymolo-
1 SOR, variété orthogr. de saur (v. c. m.). gique du verbe serait ainsi « faire surgir, faire
2. SOR (oiseau) = qui n'a pas encore mué, sourdre (v. c. m.), faire jaillir » Elle est encore
.
J'abandonne l'étym. essorer, prendre son vol, cette figure sort bien. L'idée d'un mouvement
que j'avais émise dans ma I''^ éd. de bas en haut (se lever) s'est peu à peu effacée
SORBE, L. sorbum. D. sorbier. — pour faire placé à celle d'un mouvement du
SORBET, it. sorbetto, esp. sorbeta,
angl. dedans au dehors après avoir, selon la valeur
;
sherbet ; du persan sjarbet, sorbet, lequel est étymologique du mot, dit sortir de terre, de
de la même famille que l'arabe sjariba, boire. l'eau, on a dit aussi sortir d'un lieu, d'une
— D. sorbetière. position, d'un état. —
Littré, en disant que
SORCELLERIE, du verbe sorceîer*, voy. sortir pourrait bien être un doublet de sour-
soi~cier. dre, n'est pas loin de notre ordre d'idées. —
SORCIER, d'un type latin sortiarius (l'it. D'autres explications se sont produites en der-
sortiere et l'esp. sortere accusent un type sor- nier lieu. Ronsch tire sortir du part. L. exor-
tarius), du L. sors, sortis; donc pr. diseur de tus, levé, né, sorti ; Bôhmer, d'un type latin
sort, de bonne aventure. —
D. sorcerie'; vfr. fictif sevortere. Storm (Rom., V, 183) se
sorcerer et sorceler ; cps. ensorcerer, auj. en- rallie à celle que j'ai reproduite d'après
sorceler. Ménage et Diez; seulement, au lieu de partir
SORDIDE (mot de façon savante p. sordé), de surrectus, il part de sortus. la forme con-
L. sordidus. — D. sordidité. tracte, bien constatée par Festus, qui observe
SORET, voy. sauret. que Sivius Andronicus s'en est souvent servi.
, . .
(qqn.), faire au gré de qqn., i"éjouir, encoura- SOULER, voy. soûl. — D. soûlard.
ger, ethaitier{q(\ch.), avoir à gré, dehaitier, SOULEUR. frayeur ; les patois du Nord ont
chagriner, abattre (subst. Ochait, chagrin, soit', stui)éfait ;
je ne me rends pas compte de
ma\&à^\c),enhaitier, cshaitier, e\c\ter, animer, l'origine do ce mot; serait-ce le L. solatus,
et la loc. adverbiale à hait =
à souhait. Sou- frappé d'un coup de soleil? Littré i)ense à
haiter est le verbe haitcr, au sens do prendre soins, seul ; souleur serait la crainte quo
à gré, aimer, désirer, combiné avec le préfixe donne la solitude. Le fait est qu'en vfr , sou-
mitigatif, sub. — Génin a bien mal compris ce leur a signifié solitude.
préfixe; en disant sérieusement souhait vient: SOULEVER, du L. subletare, 1 relover, .
de son hait =
son gré, comme couvent vient do exhausser, 2. soutenir, consoler. Le sens
conventiis. —
Reste à savoir d'où vient ce mot figuré du verbe fr. : « exciter, faire surgir ou
fr. hait,d'un usage si répandu jadis. Dicz et s'insurger " n'était pas encore propre au terme
Grandgagnagc le rapportent au nord, heit, latin; d'un antre côté, la deuxième acception
goth. ga-hait, vlia. ga-hris, subst. de verbes (métaphorique)dc celui-ci est |)assée i la forme
signifiant promettre, fiiire vœu (ail. mod. ivr- variée subhTtare, d'où soulager (v. c. m.).
heissen, promettre). Une
de sens ana-
filiation SOULIER parait tenir au L. solea, sandale;
logue se remarque dans L. vovere 1 faire = . cependant l'anc. forme sollei' favorise l'étym.
vœu, 2. désirer, souhaiter, d'où voiian, fr. BL. sotular, subtalar, soulier (syncopé en
vœu = promesse et désir. L'étymologio cel- sot'lar, d'où sullar), qui vient de subtel, creux
tique invoquée par Clicvallet est loin de valoir du pied (formé de sub 4- talusK
celle que nous rapportons. —
D. souhait. SOULOIR', avoir coutume, du L. solêre.
SOUILLE, aussi masc. souil, lieu bourbeux SOULTE. SOUTE, d'un type lat. sot'tus p.
où se vautre le sanglier; selon Diez, de l'adj. soluti's, d(> solvi're, payer.
L. sidllus, qui concerne les cochons n (L.
u SOUMETTRE, L. sub-mittere; subst. sou-
sus). J'inclinais à voir dans souille un dérivé mission, L. sub-missionem, de là soumission-
du verbe souiller (voy. l'art, suiv.), mais je ner, -aire.
reconnais cependant que la forme seuwilhe (ip SOUPAPE, de l'esp. sopapo, pr. coup plat
intercalaire), que je trouve dans la Geste do sous le menton {papo, partie charnue sous lo
Liège de Jean d'Outremeuso, v. 1837, et que menton), puis soupape. Cp. les acceptions
l'e suppose devoir signifier bourbier, est plus technologiques de sous-barbe, coup sous lo
favorable à l'explication par suilla. Voici le menton. Lo sens premier de soupape, coup
passage « ...parmi une seuwilhe (l'éditeur,
: plat, se rencontre dans Baud. de Condé, p. 172
par méprise, mais bien sciemment, a imprimé (voy. ma note, p. 460). Cp. aussi, pour la
senwilhe) Perchoit un porc sangler qui for- transition des sens. ail. klappe, soupape, do
ment s'cntortilhe. » hlappeti, claquer, frapper.
SOUILLER, prov ; s»/7/rtr, angl. soil. Deux SOUPÇON, vfr. souspeço7i, du L. suspicio-
étymologies se présentent avec des titres d'une nem, q^ie les savants ont reproduit sous la
valeur à peu près égale. La première est ger- forme suspicion. —
Cette étym. est tout à fait
manique. On a d'un côté goth. bi-sauljan,\w\- satisfaisante; cependant, comme l'a remarqué
luere, et mha. bcsulvoen, solgen, v. flam. M. Horning (Grôb. Ztschr., VI, 43G), pour
soluwen, inquinare, macularc, ail, mod. sich tenir compte des formes it, suspezione, prov,
snhlen, aussi sullen, se vautrer dans la boue ; sospeisso, port, sospeiçâo, il convient, do
d'un autre, l'ail, mod. sudehi =
salir. Sans substituer à suspicionem le mot latin congé-
vouloir préciser ici quel rapport do parenté nère et synonyme suspectionem, d'où se déduit
il y a entre les formes ail. sudeln et sullen correctement souspeçon, soupçon, comme
(Diefenbach croit que sudeln est d'une souche leçon, prov. leisso, de lectionem. D. soup-—
différente), nous rappelons que fr. souiller çonneux ; soupçonner. —
Rappelons ici encore
peut se rapporter à sudeln, comme nouille à lo verbe vfr. suscher, tirt^, par syncf>pe du p
nudel, et brouiller à brudcln. La deuxième médifil,du L. suspicari.
opinion, à laquelle Diez est favorable, part du SOUPE, vfr. sope, it, stippa, esp., port.,
mot latin sucida, dimin. de sus, cochon, d'où prov. sopa, potage, composé de bouillon et
prov. sulha, cochon, sulhon, cochon de mer. de tranches de pain, puis, par spécification,
De ce subst. viendraient les verbes prov. sul- la tranche de pain seule (de là « trempé comme
har, fr. souiller, pr. cochonner, faire mal- une soupe »). C'est un mot germanique nord.
proprement, couvrir de boue. —
D. souille, saup, sup, vha. sauf, suf, néei-1. sop, soppe,
:
2. qu'on n'entend ou ne sent pas, du L. sur- di soto), analogue aux composés de-ans*
d)is. — I). sourdaud, sourdine, assourdir. {dans), devant, dehors, dessus, etc. La langue
SOURDRE, vfr. sordre, du L. surgere, romane fait emploi de sous comme élément
s'élever, jaillir; c'est la forme ancienne du de composition marquant infériorité, subdivi-
mot savant surgir. L'anc. part, passé sors, sion, subordination, en général ave; la valeur
sours a donné le subst. sorse, sorce, auj source, . du préfixe latin sub, lequel, de son côté, s'est
pr. = jaillissement. Voy. aussi ressource. — francisé dans les mots du fonds commun en
Le vfr. disait aussi essource =
source ; c'est sou, su et se.
un dérivé de essourdre, lat. exsurgere. SOUSCRIRE, L. sub-scribere ; subst. sous-
SOURIRE, verbe et subst., L. sub-ridere ription, -teur, L. sub-scriptionem, -torem.
subst. souris, it. sorriso, du L. sub-risus. SOUSTRAIRE = sous \- traire =
subtus
1. SOURIS, masc, voy. l'art, préc. -\- trahere; subst. soustraction, L. subtrac-
2. SOURIS, fém., prov. soritz; le L sorex, tionem à la lettre = subtus-iractionem.
gén. sôricis ne s'accorde pas avec ces formes, SOUTACHE, du hongrois szuszak, tresse
qui ont l'accent sur i, mais bien avec l'it. et de galon au shako du hussard. — D verba
esp. 5orc/3; il faut donc admettre pour type soutacher. Je doute fort de cette étymol. hon-
soit une forme latine accentuée soricem, soit groise que je recueille dans Littré; j'ai dj la
un adj. soricius. — D. souriceau, L. sori- peine à voir dms soutache autre chose que la
cellus; souricière.La Fontaine s'est permis subst. verb. de soutacher, da la mîma famille
soimquois (« le peuple souriquois ").
l'adiectif que attacher, détacher.
SOURNOIS, morne, caché, tient au même SOUTANE, pr. vêtement da dessous, opp.
ralical que prov. sorn., sombre, obscur, vfr. do surcot, surtout; dir. da l'it. sottaii. Ca
. . ;
dernier est un dér. de la prép. sotto, sous, et SPÉCIAL, vfr. especial, du L. spccialis (do
répond au BL. suhtana, subtaneiim; cp.BL. specics, fr. espèce). — D. spécialité, spécia-
superale (de super), vêtement de dessus.
— liser. ^
SPORT, mot angl., tronqué do l'anc. dis- STÉGANOGRAPHIE, gr. z-:vi%-io-,py.-^l<x, écri-
port = vfr.
desport, déportoment, plaisir. ture en signes cachés (^rsyavo,-).
blir, constater. La statistique ne fait propre- STORAX ou styrax, mot latin, gr. qrvpu^.
ment que constater les faits. D. statisti- — STORE, du L, storea, couverture tressée,
cien. natte faite de joncs ou de cordes; it. stoja, esp.
STATUE, vfr. estatue, du L. statua (stare). estera (p. estuera).
La différence de l'accent recommande d'ad- STRABISME, gr. (jTpaêi-r/AO; (de arpaSo;,
mettre, du moins pour vfr. estatue, le type louche).
latin statiïta. —
D. statuaire, -ette. STRANGULATION, du L. strangulare = fr.
STATUER, prov. estatuir, L, statuere, fixer, estrangler* étrangler,
d'où le subst. statutum, chose arrêtée, fixée, STRAPASSER, de strapazzare, maltrai-
l'it.
STATU QUO (IN), formule latine écourtée de logie stra (préfixe) -(- pazso, fou, attribuée à
in statu quo sunt (laisser les choses) « dans l'it. strapazzare-çSiV Diez (donc traiter comme
-r/iyriii-yy tactique militaire, puis ruse de est apdatée à celle du simple ordonner). — D.
guerre. std)ordinntion, L. subordinationem.
STRATÈGE, gr. ^rpar/iyo,-, conducteur d'ar- SUBORNER, L. sub-ornare, pr. préparer,
mée (îTjcaro;, armée, 5/îiv, conduire); stra- former en secret. —
D. submmeur, -ation,
tégie, gr. TTo^Tvj/isf, d'où stratégique, -iste. -etnent.
STRATIFIER, lat. mod. stratificare (de SUBRÉCAR6UE, de l'esp. sobrecargo, « qui
stratus, couché, étendu). — D. stratifica- a la survelHanoe d'une cargaison ••.
tion. SUBRÉCOT, le surplus de l'écot : c'est un
STRIBORD, esp. estribord, de l'ags. steor- composé du L. su.pra et le mot écot (v. c. m.).
hord, angl. starhoard, suéd., dan. styrbord, SUBREPTICE. L. subrepticius (sub-ripere),
ail. steuerbord. —
C'est le même mot que enlevé, dérobé, clandestin.
tribord (p. estribord). SUBREPTION. L. subreptionem.
STRICT, mot savant, du L. strictus (strin- SUBROGER, L. sub-rogare, substituer. —
gcre), serré; type aussi de étroit (v. c. m.). D. std/mr/utinii, L. .subrogationem
STRIDENT, L. stridcntem; stridkur (Buf- SUBSÉQUENT, L. sub-scquentem.
fon, L. stridor. SUBSIDE, L. subsidium (subrsidere), ré-
STRIE, L. stria. — D. st7'ié, L. striatus; serve, aide, secours, —
D. subsidiaire, L.
striures. isid)sidia7i}ts ; verbe subsidier.
STROPHE, grec (ttoo^ï), m. s. (pr. évolution SUBSISTER, L. sub-sistiTc, rester, conti-
du clicour sur le théâtre grec). nuer d'exister. —
D. subsistance, L. subsis-
STRUCTURE, L. structura (struere). tentia, d'abord action, puis moyen de sub-
STUC, it. stucco, esp. estuque, angl. stuc, sister.
stuke, du vha. stiicchi, croûte. D. stuca- — SUBSTANCE, L. substantia, traduction du
teitr d'après Tit. stuccatore. gr, ÛTTOTTaTi;, être, essence, nature D. sub- —
STUDIEUX. L. studiostts (studium). stantiel L. substantiali.« subsfaiitif, L. sub-
, ;
STYLET, it. stiletto, dim. de styhis, au .subtiliser (en vfr. soutiller, it, sottigliare).
sens naturel de poinçon, SUBVENIR, L. sub-venire, venir en aide
STYLOBATE, grec sTuioeàr»»;, litt. base de (type aussi de soutenir-). Subst. subvention, —
colonne (de srOs;, colonne, et BAÛ, j3«{v«, pr. L. sTihvpntionem*, d'où subventionner.
se tenir sur ses pieds). SUBVERTIR, L, sub-vertere; supin subver-
SU, part, de savoir; anc. seii, d'un type L. suin. d'où subversion, subversif.
saputus Cit. saputo). —
D. insu [à t). SUC. !.. succus.
SUAIRE, L. sudarium, « linteum quo sudor SUCCÉDANÉ, L. sttccedaneus, substitué,
detergitur ». SUCCÉDER, L. succedere (sub-cedere, venir
SUAVE, L. suavis (dont l'ancienne langue après), supin successum, d'où L. successus, fr.
avait fait suef, soucf ^=Tprov. suau). D. sua- — L, successionem, -orem, -ivus, fr. suc-
sitcci^s;
vité.. L. s u avi tatem cession, -eur, et les t^ermes mod. succès
-if,
SUBALTERNE, BL. subal termes, adj. formé sible et snccessibilité.
de sub alterno, donc litt. placé sous les ordres SUCCÈS, L. successus (v. l'art, préc), pr.
d'un autre. issue, suite d'une affaire. Composé insuccès.
SUBIR, L. sub-ire, que les Anglais tra- SUCCESSEUR, -ION. voy. succéder.
duisent littéralement par to iinder-go. SUCCIN, L. succinum (succus), m. s.
SUBIT, L. subitus, mot de facture savante, SUCCINCT, du L. succinctus (sub-cingere),
dont l'anc. langue a fait correctement soude serré, court.
(cp. soudain de subitanus), SUCCION, d'un type latin suctionem, subst.
SUBJECTIF, relatif au sujet {subjectus). de sugere, sucer (supin suctuw).
SUBJONCTIF, L. sub-junctimis SUCCOMBER, L. suc-cumbere, être couché
SUBJUGUER, L. sub-jugare, mettre sous le dessous; rp, l'ail, unter-liegen, succomber.
joug. SUCCULENT. L. succulentus,m. s. (succus).
SUBLIME, L. subUmis, haut, relevé. D. — SUCCURSALE, dérivé du L. succursus, =
sublimité, L. -itatem ; sublimer, t. de chimie, fr. secours.
L. sublimare, élever, en BL. coctione perpur- SUCER, it.suzzarc, d'un type
succiare,
garo. de suctum, supin de sugere.
latin suctiare, tiré
SUBMERGER, prov. somergir, it. sommer- Voy. aussi succion. —
D. suceur, suçoir, suçon
gere, L. sub-mergere, dont le supin submer- (v. c. m.); suçoter.
sum a donné submersionem', fr. submersion. SUÇON
est une variété populaire desuccio7i
SUBORDONNER, L. sub-ordi^iare, mettre (lat.suctionem); en passant du sens abstrait
sous les ordres de qqn. (la forme du composé au concret, il est devenu masculin, comme
SUI — 477 SUP
c'est le cas pour nourrisson, poinçon, vfr. suizan ("nha. schwitzen), angl. sweat, néerl.
prison (prisonnier). swecten, suer. — Subst. verbal suint.
SUCÉE, it. ziicchero, esp., port, azucar, SUITE, vfr. seute, sieute, du subst. lat.
vlia. zucura, nha. zucher, ni. suiker, angl. secta, formé de sequi, suivre; cp. tuile (vfr,
sugar; de l'arabe sokkar, assokhar; cp. le teule) de tegula.
persan shahar, gr. sx/.y'n.po-i, L. saccharum. — SUIVRE,vfr. seure, sieur e, sivre, suivir,
D. sucrer, -ier, -erie, adj. siicrin. prov. segre, scguir, it. scguire., de l'infinitif
SUD, esp., it. sud, port, sul, de l'ags. sudh, barbare lat. sequere p. sequi. D. suivant,—
angl. south, nord. 6-KC?r, néerl. xruit^. subst. ifém. suivante), puis prép. (cp. en L.
SUER, wall. souwer, L. sudare. — Y). suée, S(?cunrfum également tiré àe sequi),
frayeur subite; suette. — Sueur, L. sudo- SUJET, vfr. sougit, L. sub-jectus, soumis,
rem. exposé à; de là sujet, subst., personne « placée
SUFFIRE, L. sufpcere (cp. confire de con- sous n l'autorité d'un gouvernement » (cp. l'ail.
/îcere).— D. suffisant, d'où suffisance. unterthan). Quant au subst. sujet, comme
SUFFOQUER, L. suffocare (sub + faux), terme de logique et de grammaire, d'où se sont
étouffer.— D. suffocation. déduites différentes autres acceptions (entre
SUFFRAGANT, du L. suffragari, pr. voter autres celle de personne en général), il exprime
poui", puis seconder, aider. la substance formant la base de la proposition ;
SUFFRAGE, L. suffragium. le mot traduit le gr. ùno^o).-^ ou i^TroâîTt;. Le
SUGGÉRER, L. suggerere (sub-gerere, litt. mot substance répond à une idée primitive
mettre sous ('s. e. la main), fig. fournir, insi- semblable. —
D. assujettir.
nuer); sw'pm' suggestum, à! oh suggestionem, SUJETION, L. subjectionem, soumission.
dans la basse-latinité =
avis, conseil, fr. sug- SULFATE, SULFITE, du radical suif, qui
gestion. est dans L. sulphur, soufre, en chimie sulfure,
SUICIDE, formé, avec le pron. L. sui =- de d'où aussi les adj. sulfureux, -ique.
soi-même, sur le patron des subst. homicide, SULTAN, dir. de l'arabe soultan, qui lui-
parricide, etc.; cp. ail. selbstmord. Ce mot, môme vient d'un radical chaldéen sjalat,
qui dit pr. « occision de soi-même ", ne re- dominer. Voy. aussi soudan.
monte qu'au xviu" siècle et le supplément du SUMAC, it. sommaco., esp. zumaquc, port.
Dict de Trévoux, publié en 1752, en attribue sumag 7-e, hoW. smak, de l'arabe sommak,
la paternité à l'abbé Desfontaines. Montesquieu m. s.
ne l'emploie pas; il dit « homicide de soi- SUPER, t. de marine; le sens propre parait
même » ou
mort volontaire ". Voltaire s'en
« être « aspirer ». Voy. sowii soupe.
sert dans son Commentaire sur l'Esprit des SUPER ., préfixe marquant supériorité, ac-
lois en 1778 et il est accueilli, la même année, croissement ou excès; du L. super, au-dessus,
dans la 3" éd. du dictionnaire de l'Académie. sur.
— D. se suicider, expression mal faite, puis- SUPERBE, L. supcrbus, orgueilleux,
adj.,
qu'on ne peut pas suicider im autre, cepen- magnifique, d'où superbia. fr. superbe.
le subst.
dant justifiée par Génin (Récréations philolo- SUPERCHERIE répond à l'it. soperchieria,
giques). sovcrchieria, outrage, tromperie, dérivé de
SUIE, prov. suia, sueia, suga, cat. sutje l'adj. soperchio, =
qui excède, qui dépasse la
(masc). Le type immédiat du mot français est mesui'e (employé aussi comme subst. p. su-
le prov. suga, qui, selon Dicz, vient, à son perfluité, puis p. outrage et supercherie).
tour, de l'adj. ags. sôtig (contracté en sotg) L'it. sopercliio répond à un type latin non
= angl. sootif, dérivé d'un subst. ags. sot, classique superculus, dér. du L. super; il
angl. soot, néeil. soct, suie, d'où vient aussi marque donc excès en tout genre (cp. outrage,
gaél. suith, suithe. Le Gloss. de Douai a siue, de ultra). —Ménage, malgré sa familiarité
celui de Lille sieuée {sieue .?); les formes wal- avec l'italien, a commis la bévue d'imaginer
lonnes sont sife, seuve, souf. une contraction de super -tricherie Roquefort .
SUIF, it. sevo, scgo, esp. sebo, prov. seu, du et Bescherelle ont versé dans la même
L. sébum, sevum. La forme fr. s?»/ peut se erreur.
déduire de seuf{cp. tuile p. teule du L. tcgula, SUPERFÉTATION, subst., du L. super-
suite p. seute), qui, en effet, est sous la forme fetare, produire en sus, par surabondance.
fém. seuve, signalée par Grandgagnage. SUPERFICIE, mot savant, L. superficies
Selon les règles, seywm, devait faire sef on soif (faciès); ce mot fait double emploi avec sur-
ou seu (forme vfr.). Il se peut qu'il y ait dans face. — D. superficiel, L. superficialis.
suif une substitution à une forme ancienne SUPERFLU, L. superfluus, traduit exac-
soif (cp. nuit, huit, anc. noit,oit, etc.), et que tement par l'ail,ûberfliissig. —
D. sujwr-
cette substitution ait été motivée par le besoin fluité.
de distinguer deux homonymes. Notez la forme SUPERIEUR, L. superioreni (comparatif de
rouchi sien, régulièrement tirée du radical superus), — D. supériorité.
sev. — D. suiver, suiffer. SUPERLATIF, L. supej-lativus (de super-
SUINTER ce verbe ne vient pas de suer,
; latus, porté outre mesure, exagéré).
comme on est tenté de croire que ferait-on de
;
SUPERPOSER, =poser par-dessus.
la terminai.'^on? D'après Diez, il est p. suitcr SUPERSÉDER, forme savante de surseoir.
(cp., pour l'insertion de îi, cingler* p. sigler, SUPERSTITION, L. superstitionem. — D.
ronfler p. rofler)\ quant à suiter, c'est le vha. superstitieux, L. superstitiosus.
. .
plante du pied), pr. renverser qqn. en lui celle-ci, voir la forme sciireau dépouillée de
donnant un croc-en-jambes la terminaison eau (= ellus). Voici ma —
SUPPLjliER, du L. supplere, compléter. Ce manière de voir jusqu'à meilleure information.
verbe est de facture moderne et ne s'accorde Le type est le L. sabucus, sureau; de là prov.
pas avec celle des analogues emplir, accom- sauc, esp. sauce, val. soc, vfr., pic. séu,séhit
plir (on trouve en vfr. soupplir) il vaut donc ;
(wall. saou, lang. sahuc); d'un type dimin.
mieux partir d'un type fréquent, snppletare, sabuceltus viendrait séusel, seusel, suseau
qui répondra aussi à une autre forme ancienne (Paré), et par la substitution régulière de r à
souploier. —
D. suppléant, supplément (d'où s, seurel, surel, sureau; le type sabucarius,
champ, susain., =
sureau. Pour Tobler —
SUPPLIQUE, supplica, voy. supplier.
it. (Rom., VI, 131 j, Vr est l'effet de réponthèse.
SUPPORTER, L, supportare, pris dans Sabucus, devenu seii, a produit lo dim. seii-el,
l'acception de suflferre (sub-ferre). D. sup- — puis sciirel, d'où surel, sut'cau, mais ici
port, supportable. encore le vfr. seiir reste embarrassant.
SUPPOSER, de poser, d'après le L. suppo- SURELLE, SURET, voy. sur 2.
nere, dont lo part, suppositus (mis sous la SURFACE, tyi)o super-fades p. superficies
dépendance do qqn., subditus), a donné = (d'où la forme savante superficie).
fr. supjwsC suppôt, et L. suppositiunem (trad. SURFAIRE un prix, c'est pr. le faire avec
du grec ôizo^nii), fr. supjxisition. exagération, le porter trop haut ; par conver-
SUPPÔT, voy. lart. préc. sion de régime, on a fini par dire « surfaire
SUPPRIMER, L. supp7'imere (prcmcrc; op. une marchandise » et même •« surfaire l'ache-
ail. unter-driichcn); du supin suppressum, le teur ».
subst. suppressio, fr. suj^7'cssion. SURGE, laine non lavée, non dégraissée.
SUPPURER, L. suppurare (pus). Cette laine, dit G. Paris (Rom., VII, 103), se
SUPPUTER, L. supputare, m. s. disait en lalin « lana sucida ", et surge est le
SUPREME, L. supremus. D. supréma- — même mot que sucida. Cette équation est
tie, mot moderne, façonné arbitrairement savamment démontrée au moyen de la succes-
d'après les mots primatie, aristocratie et sion de formes suivante : sucida, sudica, suria,
sembl. surje, surgc (cp. vfr. mirje, mirge do medi-
1. SUR, prép., vfr, et v. it. sor, du L. cum).
super (d'où sujjr, sur). Les formes vfr, sovi'e, StJRGEON, vfr. sorjon; c'est pr. une chose
soure, sore, sopra, sevra, esp.,
seurc, it. qui sort ((piaj surgit) du pied d'un arbre.
port., prov. sobre, accusent pour type lo L. ,]uàh surjun (•. petit surjon d'eau », Montai-
supra. Sur est moderne, dit Paris (Uom., gne) était .synonyme de sorce' source et dési-
X, 51); il a remplacé seur par l'effet de la gnait l'eau qui sort de terre. Cest un dérivé
proclise (cp. l'article du p. deu, prudhomm.e de surgere, fr sourdre. J'estime cette étymo-
p. preudhomme). —
Comme préfixe, sur logie plus correcte que celle tirée du L. sur-
marque position supérieure, addition et excès. culv.s, n jeton, par un primitif sui'cius.
2. SUR, acide, du vha. ags., nord, sûr, flara. SURGIR, L. surgere. Voy. aussi sourdre.
—
,
suer, soer, angl. sour, nlia. sauer, m. s. SURJETER, coudre en jetant les deux bords
D. suret, surelle, oseille (pic. suriele, wall. d'une étoffe l'un par-dessus l'autre. — D.
sural, flam. suo'ick, angl. sorrel). subst. verbal surjet.
SUR, segur, sëur, prov., cat. scgur,
vfr. SURMONTER, monter par-dessus, franchir,
esp., port, seguro, it. sicuro, du L. securus cp. ail. iïher-stcigcn . — D. surmontablc.
(litt. sans souci). —
D, sûreté et (forme sa- SURMULET, poisson; p. sor mulet (mulet
vante) sécu7-ité, L. securitatem; verbe assurer saur); mulet, dim. du L. mullus.
(v. c. m.). SURNAGER, formé de nager, d'après le
SURANNER, v n., gagner plus d'un an précédent du L. super-natare.
d'âge, vieillir. — D. suranné. SURNOM, nom ajouté (voy. sobriquet),
SURBAISSER, baisser par-dessus, dépri- verbe surnommer.
mer.
SURNUMÉRAIRE L. supra-numerarius
SURCROIT, subst. verbal de surcroitre, (de supra numerum); cp.
,
ail. iXber-zâhlig . —
accroître avec excès D. surniimérariat
SURDITÉ, L. surditatem (surdus). Voy. SUROS, de sur -\- os; it. soprosso.
sourd. SURPASSER, passer, aller plus haut qu'un
SUREAU,anc. surel. D'après Diez, c'est le autre.
vfr, se« augmenté du
suffixe dimin. arellus ; SURPLIS, vfr. sorpelis, prov. sobrepelitz,
cependant le philologue allemand se demande BL. superpelliceum Voy. pelisse.
.
comment il faut accorder avec cette explica- SURPLOMBER, dépasser l'aplomb, avoir le
.
vant, d'où sfwmvance. Par analogie, on a tiré verbe c;uUsf/;.,5àvîtv qui a donné syllabe).
de vie, L. vita, le composé survie. SYLLEPSE. voy. l'art, préc.
SUS, adverbe, prov. sws, esp., it. suso; c'est SYLLOGISME, L. syllogismus, du gr.
le L. susum (forme accessoire de sursum, = 'j\t\lo-/i.zu.6;, calcul, raisonnement. — D. syllo-
subvorsum), vers le haut, en montant, abrégé gistique, gr. aullo-ziiruo;.
en sus dans la locution susque deque, de haut SYLPHE, ail. sylphe, papillon, génie élé-
en bas. —Composé de-sus' dessus. Notez
:
mentaire de l'air; tient sans doute au grec
aussi en-sus. —
Dans quelques compositions
5().-fv7, mite (cp. salamandre, génie du feu;.
—
romanes et techniques [suscription susdit, ,
D. sylphide.
etc.), le préfixe sus équivaut pour le sens au
SYMBOLE, L. symboluni, du gr. (îÛ,uSo/&v,
L. supra. —
Le préfixe latin sus (dans sus- signe, marque, de ou/x-SàX/siv deviner, ,
pensoir, -oire ; snspensionem, suspe}îsio7i ; sus- terme, d'un élément, 2. affaiblissement subit,
pensivus, suspensif. —
Voy. aussi soupente. défaillance. —
D. syncoper.
SUSPENS, voy. l'art, préc. SYNCRÉTISME, gr. cv/xpr^riyAo;, mélange.
SUSPICION, L. suspicionem, voy. soupçon. SYNDÉRÉSE, t. d'ascétique, remords de
SUSTENTER, L. sustentare (fréq. de sus- conscience; on a, pour origine, proposé gr.
tinere). Tuv-T>;p/)ît;, observation, garde, mais l'adou-
TAB — 480 — TAC
cissemcnt dur, pourquoi? Un linguiste mo- SYNOPTIQUE, grec auv-oirTizo,-, qui fait em-
derno a imaginé la composition allemando brasser divers objets d'un seul coup d'œil.
sûnde, péché, -\- reissen, arracher; je la cite SYNOVIE, t. médical, forgé par Paracelse
à titre de curiosité. au moyen de suv -\- wo'v (œuf) ou plutôt lat.
SYNDIC, L. syndicus, gr. «ivfwo,-, conseil ovimi.
dans un procès [èi/.r), avocat, procureur. SYNTAXE, grec »ûvr«ft; (litt. = co-ordi-
SYNECDOQUE, compréhen-
gr. 5uv;/5o-/»i, natio), airangement.
sion (implication d'un sens dans un autre). SYNTHÈSE, gr. ,ûv3îîi;, litt. = I.. com-
positio; adj. synthétique, gr. suvâsTixo';.
SYNÉRÈSE, gr. îuïatpîîi.r, contraction.
SYNODE, L. synodus, gr. oùvooî;, compa- SYPHILIS, voy. si2^h:lis. — D. syphili-
tique, syphiliscr.
gnie de route (àèoj), puis compagnie, assem-
blée en général. Le mot français devrait être SYSTÈME, grec 9<j-tTf,/jL7t, -aro;, réunion de
du genre féminin, comme les cori*espondants plusieurs choses pour former un tout, assem-
gr., lat. et ail. — D. synodal. blage, comjwsé organique; par sa facture
SYNONYME, gr. suv-wvu/xo,- == qui dé- {sùi -\- ÎTTïjjut), lo mot correspond exactement
nomme concurremment (avec un
,
tube dans lequel les indigènes fumaient lo un panneau de bois, tableau. D. attabler, —
tabac; la plante elle-même s'appelait cohiba. entablcr. —
Sont encore issus de table ou
D'autres font dériver le mot de l'ile do Tabaco, tabula : T.\bi,k.\u, tablel', type latin tahit-
une des petites Antilles, d'où l'on pense que lellus. Do là la langue des feuilletonistes s'est
le premier tabac fut appointé en Kspagne. Je permis do lancer le dim. tableautin. Ta- —
ne sais qui a raison. —
Les Anglais disent Bi.KTTK, petite planche, pièc« plate, i^etito
tobacco, les Allemands tabak (aussi tobak, tu- tabula à écrire. —
D. tablelier, faiseur do
bah). —
D. tabagie, tabatière, sxnc.tabaqiiièT*:, tal)les ou planches à jouer (échiquiers, tric-
it. tabacchiera. tracs, etc.); do là tabletterie. Tahi,ati;rk, —
TABARIN ; ce fut d'abord le nom donné à un voy. ce mot. —
Tabi.ikr, 1. échiquier, damier,
farceur, vers le commencement du xvii® siècle, de tabula =
planche à jouer (d'où aussi le
à cause du tabavd (aussi tabar) ou petit man- verbe tabler, poser, caser les dames sur l'échi-
teau qu'il portait. Tabard se trouve dans l'it. quier); 2. parquet ou plancher d'un pont;
tabarro, esp., port, tabardo, angl. tabard, 3. objet de vêtement, servant à pré.server les
cymr. tabar, grec du moy. âge Tixft.-:tcipi.ov, liabits quand on se trouve à table, soit pour
mais l'étymologie en est inconnue. travailler, soit pour manger; ou bien cette
TABELLION. L. tabeUionem, notaire. dernière acception vient-elle de tabula, comme
TABERNACLE, L. tabcrnacuhim (tabcrna), signifiant chose plate et mince? Cp. en L. tabu-,
tente, petit temple. lare palati, employé par Végèco p. lo voile du
TABIS, taffetas onde, calandre, it. tabi, palais.
nécrl. tabijn; angl.tabby, ail. tabin. <• Tabis, lABLOIN, terme d'artillerie, plate-formo
zatabis, tabith, sorte d'étoffe de soie faite par faitede madriers pour placer une batterie do
ondes dont on établissait des robes et des canons, dér, de tabula, (par un type tabula-
jupes et aujourd'hui des garnitures pour les rium) ?
livres. Huet pense que ces mots ont été faits TABOURET, dérivé de tabour tambour,
du royaume de Thibet, Thébeth, d'où venaient donc pr. un petit siège à forme de tambour.
ces étoffes. Ainsi s'exprimait Roquefort. La
»> TAC, maladie contagieuse des moutons;
vérité est que le mot représente l'arabe attabi, m'est avis que ce mot est analogue à l'expres-
m. s. Celui-ci, nous apprend Dozy, vient d'une sion clou, L. clavus (d'où la maladie dite cla-
rue de la ville de Bagdad, nommée d'après veau ou clavelée); or, nous verrons dans l'art,
Attab, petit-fils d'Omaya, et où .se fabriquait suiv. que /ac signifie en effet clou. D'après —
cette étoffe. Us final du vocable fr. est adven- Brachet, c'est le L. tactus, contact, au sens
tice et s'est communiqué au dérivé tabiscr. de contagion, de lèpre, qu'on trouve à ce mot
TABLATURE, descriptions ou indications dans la version de la Bible dite Itala.
diverses dans l'enseignement de la musique, TACHE, marque, souillui'e, it. tacca, coche,
faites sous forme de tableau ; au fig. chose = cran, tache, vice, taille, taccia, tecca, tache,
embarrassante; dér. d'un verbe tabu-
difficile, — D'autres rejetons du même radical lac se
lare, faire des planches ou tableaux [tabula). rencontrent dans les idiomes romans aves
TABLE, patois taide, prov. taula, esp. diverses significations ; nous citons it. tacco,
tabla, it. tavela, du L. tabula, qui signifiait : talon (pr. pièce plate) de soulier, wallon tac,
1 . planche, ais (d'où s'est déduit le sens mo- plaque, fei'-blanc, rouchi tacq, pièce de terre,
derne = mensa); 2. morceau plat de métal ou îangued. tacJio, clou à tète plate ; it. taccotie,
TAC — 481 — TAI
taiche" des autres mots cités, une autre éty- représente un type tacula, dimin. du BL.
mologie se présenterait, réunissant toutes les tacus, impositio (charte de Charles le Simple
conditions voulues de sens et de forme. Nous de 916), dont je ne fixerai pas l'origine (p.
déclarerions tache pour le subst. verbal de taseus, taxus, de taxare ?). Il peut, cependant,
tacher, et tacher pour la représentation d'un je n'en disconviens pas, facilement être ramené
type L. tactiare, toucher, meurtrir, tiré du au mot précédent; cp.lç terme acciseiw. c. m.)
part, tactus; nous citerions à l'appui, pour la et assiette des impôts == L. assecta (secare).
iovmQ^'pUchier' plisser, àe plie tus, et pour le — D. taillable, taillon.
sens, le L. maca" dim. macula, de macarc TAILLER, du L. talea, bou-
— d'après Diez,
, ,
fouler, presser (voy. notre article macqucr). ture, scion [c^. paille, \t.paglia, du \^.p)alea) ;
D. tacher. —
On ne saurait traiter l'art, tache opinion appuyée par le verbe inter-taleare
sans, rappeler le vfr. taiche, teche =
qualité (Nonius Marcellus), couper (un surgeon). Une
distinctive (bonne ou mauvaise). Je le tiens origine du goth. dailjan, partager, pour la-
poui' identique avec tache; le sens qui les relie quelle s'est prononcée Chevallet, ne s'accorde
est l'idée " point saillant, marque distinctive ». nullement avec la lettre. D. taille, sub- —
TACHE, vfr. tasche, tasque, angl. tash, ou- stantif verbal (v. c. )
m
taillade, it. tagliata,
.
;
vrage imposé; prov. tasca, tascha, BL. tasca, d'où taillader; taillant, tranchant, outils
impôt sur les terres, champart. Ces
taxa., tranchants (surtout ciseaux), d'où taillandier;
mots dérivent du L^ taxare (cp. lâcher, de TAILLEUR (cp. l'ail. Schneider), angl. tailor;
laxare) et signifient ce qui a été adjugé, assi- TAILLIS, jeune bois mis en coupe réglée ;
gné à qqn., ce qu'on l'a taxé. —
D. tacher, TAILLOIR, plat pour tailler (d'où le v, flam.
pr. prendre à tâche, chercher à réussir dans talioor, holl. tcljoor, ail. tel 1er, voy. notre
une entreprise. art. assiette). —
Composés détailler, en- :
31
TAL 482 — TAN
TADÎ, écoiuté de estain étain (v. c. m.); par une transposition de tavelas, donc comme
pâmer p. espasmer.
c^. prêle, p. esprelle, le corresp.de l'it. tavolaccio,type de L. tabul-
TAIRE, d'une forme barbare tacëre fcp. aceus. On nomme encore taloche une planche
plaire dcplaceré). En vfr. on avait aussi taisir, mince et carrée pour étendre le plâtre.
forme plus correcte, puisqu'elle respecte Ve TALON, it. talloixc (le double l est irrégu-
long do la bonne forme lat. tacëre. lier), esp., du L. fa/i«. che-
port, talon; dér.
TAISSON (champ, tachon), it. tasso, prov. ville du pied, talon. — D.
talonner, marcher
tais et taisô, esp. texon, BL. taxiis et taxo, sur les talons de qqn.; talonnière.
-onis; du goth. thahs', forme (hypothétique) TALUS, pente,du L. talus, talon, pai'co
antérieure à dahs, ail. raoà. dachs. Rônsch — que le talon du pied va en pente par diminu-
(Grob. Ztschr., I, 420) rattache BL. taxus et tion d'épaisseur. — On écrivait jadis aussi
ail. dachs à l'hébreu thachasch, m. s. D. — talut, de là le verbe dér. taluter.
taissonière, contracté en vfr. taisnière, tes- TAMARIN, it., esp. tamarindo, do l'arabe
nière, d'où tanière (v. c. m.); cp. maisnage' thamar hindi = datte indienne. — D. tama-
mesnage' ménage, p. muisonage. rinier.
TALC, it. talco, ail., angl. talk, de l'arabe
TAMARIS, du
persane). — D.
aussi tamarisc, it. tamerice,
talaq (d'origine talcaire, tal-
L. tatiiun.i', m. s.
cique.
TAMBOUR, it. /amiuro, esp., port, tambor,
1. TALENT, poidâ d'or ou d'argent, L. ta-
atambor, vfr. tabor, tabour, prov. tabor. On
lenticm (du gr. ri/avrov, 1. balance, 2. l'objet
déjive généralement ce mot du persan tam-
pesé).
2. TALENT, autrefois ^= désir, envie, vo-
bùr, arabe tonbur cithara. =
D. tabourer', —
tabouler', it, tamburare, frapper comme sur
lonté, gré, signification propre encore à l'it.
un tambour; tambourin, d'où tambouriner;
talento, esp. talento, talants, prov. talen,
tabouret (v. c. m.).
talan.vi&W. dalant. Comme mot préc, celui-
le
ci découle du gr. Tàiavrov, balance il marque TAMIS, prov. tamis, it. tamigio, vénitien
—
;
dre désireux; cps. maltalent' mautalent, ce cas la terminaison is (= it. igio) devrait
duite. Du sens inclination à celui d'aptitude, il sairement fait en prov. tamisi ou tamits et
n'y a pas loin. —
Ou bien ûiut-il voir dans cette non pas tamis. Le philologue allemand rap-
porte donc de préférence tamis au néerl.
signification « don naturel » une allusion au
talent de l'Evangile, qui est le « trésor », l'en- teems, tcms, m. s. Mais d'où vient lemsf Diez
semble dés facultés que chacun a reçues de ne c'en occu|)o plus qu'en citant le vha. *«-
Dieu, pour qu'il les fas.se valoir en les mettant misa, son. Reste à savoir si tems n'est pas un
en œuvre? —
La forme écarte l'étymol. ail. eniprunt au BL. tamisum ou tamisium. La
t/icil, tcil, part, lot, que vu tenter ces der- porte aux conjectures est donc encore ouverte.
niers temps.
j'ai
— L'angl. a taming, lammy, blutoir, mais
TALION, du L. talio, onis{ivX\^). ces formes représentent le fr. estaynine' éta-
TALISMAN, talismano, esp. talisman; mine et sont étyniologi»iuemcnt distinctes de
direct,
it.
pliquer ce mot comme signifiant une espèce chêne, mais Diez objecte que ce mot est étran-
de pâtisserie. Par l'élément tal, il tient sans ger aux langues celtiques et même au breton,
doute à l'anc. talemelier, boulanger, pâtis- à l'exception du dialecte de Léon. En ce der-
sier, que Littré explique par taler, battre nier point, il se trompe Chevallet cite ])lu-
-\- mêler. sieurs composés celtiques de tann.
;
D'où —
TALMUD, de Vliéhvcw talmoud, doctrine, que vienne ce subst., le verbe tanare remonte
enseignement. très haut dans la basse latinité. D, verbe —
1 . TALOCHE, coup de main sur la tète ;
taimer (rouchi tener, champ, temier, v. flam.
dérivé d'un verbe taler, frapper, meurtrir, tanen, tcgncn); la signification métaphorique
qui se trouve dans plusieurs patois, et dont je qui s'y rattache, tourmenter, lasser, fatiguer,
ne connais pas l'origine. Cp. talmouse. se rencontre déjà chez les trouvères cp. esp. ;
tymologie tamdiu.
Richelet), esp. de bonnet de campagne, qu'on
TANGENTE, du L. tangentem, qui touche, portait pour aller à la mer ; de l'anc. expres-
sion taper à bord, aller à l'abordage (Littré,
subst. to;i^e;ice; TANGIBLE, L. tangibilis [t&n.-
Suppl.).
gere).
TANGUE, dépôt terreux qui se trouve TAPAGE, dér. de laper. — D. iapager,
en certaines baies et qui est un excellent en- d'où tapageur.
grais. Non pas de l'ang. dung, fumier, comme 1. TAPE, coup de la main, subst. verb. do
pense Roulin (ap. Littré), mais, selon Joret taper.
(Rom., IX, 303), de l'ail, tang, angl. tang et 2. TAPE, bouchon, ail. sapf, voy. tampon.
tangle, espèce d'algue ou fucus le fucus sert ;
— D. tapette.
à fumer la terre comme la tangue; il n'est donc TAPER, frapper, d'une racine tap, répan-
pas surprenant qu'on ait donné à la seconde due partout pour exprimer l'action de battre,
le nom du premier. —
D. tanguier, engrais- surtout battre à plat. —
D. tapage, tapin, ta-
ser de la terre avec de la tangue. poter. Cps. tapecu (tape-cul), bascule.
TANGUER, balancer de poupe à proue ;
TAPINOIS (EN), voy. tapir.
d'origine inconnue d'après Roulin, de tangue,
; TAPIOCA, mot brésilien.
fange, vase (v. m.); ce serait pr. s'enfoncer
c. TAPIR (SE), se blottir dans le but de se
dans la tangue par l'avant. —
Joret est disposé soustraire aux regards; de là vfr. et prov.
à rapporter tanguer à l'island. tangy, « a point tapin, caché, prov. a tajjt, vfr. en tapin, d'où
projecting into the sea » ou « the pointed end
, tapiner, cacher, déguiser, d'où en tapinage,
by which the blade is driven into the handle » auj. en tapinois =
en cachette. Pour l'éty- —
Il compare pour le sens cp. ail. stampfer, mologie de to^>w%Frisch a pensé à to/;, bouchon,
" pilon » et stampfen., » tanguer » Cela mérite
, . pr qqch. de roulé, de ramassé ensemble, et
confirmation. —
D, tangage. Diez, à l'appui de cette manière de voir, rap-
TANIERE, pr. le trou du taisson, voy. tais- pelle le fr. cacher (v. c. m.), qui au fond dit
son. N'était la forme vfr. taisiiière, qui appuie la même chose, presser, serrer. Se
c.-à-d.
l'étymologie que nous avons suivie, le mot se tapir serait donc se peloter, se mettre en
déduirait plus naturellement de l'it. tana, paquet. Du Cange dérivait le mot de talpa,
caverne, tanière (se trouve aussi dans un texte taupe; mais, sans parler du sens, qui pourrait
latin de 1245), que l'on prend, à défaut de bien s'y opposer aussi, Diez pense que l'élision
mieux, pour une forme tronquée de sottana, de l serait un fait trop insolite pour oser lui
qu'à cause de son s final, fr. tapis ne peut comme d'un bouclier, fig. se prévaloir avec
venir ni de tapétem, ni de tapétitm, mais qu'il défi ou ostentation. En vfr. targier signifiait
représente le dim. gr. TaTr/inov, latinisé en protéger.
tapétium. —
D. tapisser, it. tappcssare; TARGUER (SE), voy. l'art, prôc.
tapissier, tapisserie, dont l'angl. a fait tapes- TARIÈRE (dans les dialectes <e»*tV<?, <(jr/<}re),
des sources d'où Molière a tiré le nom de son TAUX est considéré par Diez comme la
personnage, nous n'avons pas à la traiter ici. forme nominative du vfr. tail, masc. de taille
Cependant, nous signalons à nos lecteurs deux (cp. it taglio, impôt), et l'anc. verbe tausser
notices qui peuvent les initier aux éléments comme le dérivé de taux. Cela me semble peu
de cette controverse l'une, celle de M; Des-
:
probable l'emploi de la finale nominative s
;
barreaux-Bernard, a été insérée dans le Bul- pour la dérivation est insolite je ne connais ;
letin du Bibliophile, publié par Techener, que le verbe foncer (de fond, nomin. fons),
année 1859, p. 24; l'autre est de M. Génin et qui présente ce phénomène, mais ce mot ne
figure dans ses Récréations philologiques , 1. 1, remonte qu'au xv^ siècle. Taux, loin — •
p. 293 et suiv. Nous extrayons de la dernière d'avoir produit le verbe vfr. tausser, en est le
ces quelques lignes, qui en forment pour ainsi dérivé, et quant à tausser, il représente
dire la substance « Molière n'a pas inventé
:
L. taxare. —
Dès 1861, javais écrit « Taux :
le mot Tartufe, il l'a pris tout fait dans la est le subst. verbal masc. de taxare; la forme
langue italienne vulgaire, où il s'employait fém. du même mot est taxe, it. tassa ». En
déjà comme épithète, non pas, il est vrai, dans 1869, Littré a imprimé « Taux est le masc,:
que tas fût le L. taxus, primitif inusité de ster (voy. aussi Ztschr., II, 166, note), dans la
taxillus (petit bloc, petit cube), qui a donné règle de phonétique, d'après laquelle lat. ac
tasseau, sinon le subst. verbal de vfr. tasser, devant consonne devient au ; donc tacsare =
battre à plat, que je présuppose avoir existé fr. tausser. —
En justifiant la forme tausser
d'après l'anc. subst. tas, coup plat (voy. ma relativement à taxer, je me suis prévalu dans
note Baudouin de Condé, p. 406) ma dernière éd. des mots épaule, fantôme,
orteil Cj'ai lâché les deux derniers dans mon
TASSE, prov. tassa, esp. taza, port, taça,
Appendice à la quatrième éd. de Diez), et en
it. tazza; de l'arabe tassah, bassin, coupe (du
cela, le successeur de Diez a raison de me
verbe tassa, tremper).
blâmer. J'aurais mieux fait, pour le change-
TASSEAU, tassel*, it. tasselo, du L. taxil-
ment de ac (devant cons.) en au, d'alléguer
lus (voy. tas 2).
'austour autour (lat. *acceptorem) ou "saume,
TASSETTE, dim. du BL. tascia, tassia,
somme (lat. sagma) ou d'autres encore, si
formes variantes de tasca, pera, sacculus toutefois le changement en question doit, pour
(= ail. tasche?). le français, être porté dans les principes pho-
TATER, taster*, BL. et it. tastare, prov. nologiques rigoureux . —
Il est utile de rappe-
tastar, ail. tastcn, angl. taste. Ce verbe roman ler ici que lat. taxare s'est francisé, 1° par
représente le fréquentatif du L. taxare {kv\\\- ^tausser, d'où taux; 2° par tâcher (par le
.
BL. tahernarius (voy. Quiclierat, Addenda). temperatura, pr. juste proportion, constitu-
TAXER, L. taxare, 1. blâmer, censurer, 2. tion régulière, puis, par extension, état acci-
estimer, évaluer. —
D. taxe, taxateiir, -ation. dentel, spéc. état sensible de l'air. La trans- —
— Voy. aussi taux. position de la liquide dans le verbe roman
TE, TOI, du L. te. —
Toi est la forme toni- temprare (p. temperare) a produit la forme
que légulièrement issue du lat. te; te, par tremper, prov. trempar, cp. en latin les loc.
contre, est la forme atone et proclitique; il en temperare œs, vimtm, tremper le cuivre, le
est de même de me et se relativement à moi et vin.
soi, et de que interrogatif (L. quid) relative- TEMPESTIP*. L tempestivus (tempus), qui
ment à quoi. vient en son temps ; intempestif, L. intem-
TECHNIQUE, gr. tîj;vixo;. de riyyr., art, pestivus.
d'où aussi le cps. gr. ciyyoU/ix, fr. technolo- TEMPÊTE. L. tempesta, p. tempestas. —
gie, science qui traite des arts et métieis. D. tempétueux, L. tempestuo.sus.
ti'tnprtn',
TE DEUM, cantique d'actions
nommé ainsi d'après les paroles
de grâces,
initiales
TEMPLE, L. tcmplum. D. templier, —
:
TEMPORAIRE, L. temporariwt.
« Te Deum laudamus », nous te louons.
TEMPORAL, relatif aux tempes, L. tempo-
Dieu.
ral i s (du L. tempora, tempes),
TÉGUMENT, L, tegumentum, couverture.
TEIGNE fautr. aussi tigne), mite, vermine, TEMPOREL, relatif au temps, L. tempo-
ralis (de L. tempus, -cris, temps).
it. ligna, prov. teina, du L. tinea. Le nom de
l'insecte s'est transportéà une sorte de gale TEMPORISER, it. temporeggiare , dérivé
qui vient à la tète, signification secondaire roman de tempus, -oris, pr. gagner du temps,
déjà propre au L. tinea, dans Fortunat. — hésiter.
D. teigneux, L. tineosus. Les mots teignasse TEMPS, vfr. tans, tens (formes survivant
ou tignasse, mauvaise perruque, et tignon, dans le terme de grammaire anglaise tonse),
coiffure du derrière de la tête, chignon, sont- du L. tempus (it. Vs final est un reste
tempo),
ils de la même famille? Nous n'oserions de l'ancien nominatif latin, comme dans corps,
l'afRrmer, bien que Bescherelle ajoute à .sa fis et autres.
définition de teignasse : coiffe enduite d'un TENACE. L. tetmcem (tcnere); ténacité,
onguent contre les teignes (voy. aussi ti- L. tcnncitaton.
gnasse). TENAILLE, prov. tenalha, it. tanaglia, du
TEILLE, TEILLER, voy. tille 1 L. tenaculum (ou plutôt d'un fém. tcnacula),
TEINDRE, it. tignere, esp. tenir, du L. instrument pour tenir. —
D. tenailler, tenait-
tingere. — D. subst. part. : 1. masc. teint, Ion.
2. fém. teinte; teinture, L. tinctura. TENANCIER, de tenance' , dér. de tenant,
TEINTE, voy. — D.
l'art, préc. teinta-, voy. tenir.
teinté. TENDER, mot anglais, de to tend (p. attend),
TEINTURE, voy. teindre. — D. teinturier, être de service.
d'où teinturerie; on disait jadis aussi teindeur TENDON, voy. l'art, suiv.
et teinteur. 1. TENDRE, verbe, L. tendere, 1. tendre,
TEL,,L. talis. déployer, tirer, 2. se diriger vers (l'ail, xie-
TÉLÉGRAMME, se rapporte à télégraphe, hen réunit également ces deux acceptions).
comme ^^r. yr^àfifxo:, écrit, à ypxfoi, qui écrit. — D. part. prés, et adj. tendant, d'où ten-
TÉLÉGRAPHE, mot moderne fait sur un dance, tendeur, -erie, tendon, extrémité du
type imaginaire
— D. télégraphie, d'où télégraphier,à
-cyiVi-ypy.tfOi, pr. qui écrit muscle, it. tendine, fait d'après un type L.
distance. tendo, gén. tendonis ou tendinis (cp. en ail.
-ique, -iste. sehnen, tendre vers, et sehne, tendon). Du —
TÉLÉPHONE, d'un type gr. = r»,>£-y«voî participe tentus tendu, vient le BL. tenta,
,
qui parle loin. fr. tente, cp. L. tentorium. Les formes it,,
TÉLESCOPE, grec r/,>É-jxo7ro;, litt. qui voit port., prov. tenda, esp. tienda. ^^ tente, re-
loin.^
présentent des subst. verb. radicaux àetendre
TÉMÉRAIRE, L. temerarius; témérité, L. (cp. esp. prenda, gage, prise, de prender .,
tenir, puis spéc. manière dont les troupes 1 TERRASSER, faire des levées de terre,
sont vêtuesou entretenues, uniforme; tenailles àe terrasse. —
D. terrassement.
(v. c. m.); en chirurgie tenettes [c^. pincettes), 2.TERRASSER, jeter par terre, abattre, de
tenon (v. c. m.). terre au moyen de la terminaison péjorative
TENON est généralement considéré comme asser (cp. fricasser., rêvasser).
im dér. de tenir; les divers applications du TERRE, L. terra. —
D. terrage, redevance
mot, cependant, me font plutôt y soupçonner sur les fruits de la terre ; terrasse (v, c. m.);
un dér. du néerl. tinne, angl. tine, extrémité te7'reau, terrein [w. c. m.); terrestre, L. ter-
pointue, dent. restris; terreux, L terrosus; terrien, qui
TÉNOR, voy. teneur. —
D. ténorisant. possède des terres, aussi =
terrestre; terrier
TENSION, L.tejisionem (tendere). Le même (v. c. m.); terrine, vase de terre; territoire,
primitif a donné aussi tenson tençon, prov. L. territorium.d'où par syncope terroir [tcvre
tenso, it. tenzo7ie, querelle, puis dispute entre considérée par rapportàl'agriculturej; verbes
poètes, sorte de poésie. Voy. aussi l'art, tari- terrer, couvrir de terre, et terrir, prendre
cer. terre.
TENSON, voy. tension. TERREAU, de terre. — D. terreauder ou
TENTE, voy. tendre 1. — Au
sens chirur- terreauter
gical de sonde, le mot est le subst. verbal de TERREIN (l'orthographe terrain est fau-
tenter, tâter. tive,car elle pèche contre l'étymologie), it.
TENTER, L. tentare (fréq. de tendere). — terreno, du L. terrenus, adj. de terra.
D. tentation, -ateur. L. tentationem, -atorem; TERRE-PLEIN, de terre-\-plain (L. planus).
tentatif, L. tentativus, d'où subst. tentative; L'origine du mot réclame l'orthogr. terre-
tentacule, L. mod. tentaculum ; tente, sonde. plain (cp. de plain-pied). Cependant l'it. ter-
TENTURE, voy. tendre, 1 rapîeno montre qu'on s'est expliqué le mot
TÉNU, vfr. tenve, du L. tenuis. — D. té- par « bastione ripieno di terra » (de terre
nuité, L. tenuitatem. plein).
TÉORBE, esp. de luth, de l'it tiorba. TERRER, voy terre, — Cps. enterrer, dé-
TERCER ou TERSER, TIERCER, du L. ter- terrer.
tiare, va. s. [àetertius, troisième). TERRESTRE, L. terrestris (terra).
TERCET, de l'it terzetto (de terzo, troi- TERREUR, L. terrorem, d'où les néolo-
sième); cp. terzina. gismes terroriser, -isme, -iste.
TÉRÉBINTHE, L. terebinthus, gr. r-oi- TERRIBLE, L. terribilis (terrere).
êivâ'o?. — D. térébenthine. TERRIEN, voy. terre.
TÉRÉBRANT, -ATION, du L. terebrare, TERRIER, d'un type latin terrarius (terra).
perforer. Signifie : 1 . relatif aux terres (« papier terrier »
TERGIVERSER, L. tergiversari, pr. tour- ou terrier tout court) 2. trou dans la terre
;
Etienne déi-ivait ce mot du gr. rj/j&oov, ni. tel, bas-ail. titte, ali mod. sitze, Cp. lo
sommité d'une chose; Dicz, revendiquant lo gr. t':tO>j, m. s. — D. subst. ietin, telinc,
mot ù l'élément latin, l'explique par terrée teton, verbe teter.
lorits^ élévation de terre; pour la négligence TEXTE, L. textus (texere), pr. tissu, puis
de l'accent, placé sur la syllabe to, et l'élision fig. suite ou enchaînement
d'idées, et suite do
de la voyelle accentuée, il lappelle le mot mots. — textuaire, textuel.
I).
trèfle de trifolhim. Ce qui vient à l'appui de TEXTILE. L. tcxtiUs (de tcxere, tissera.
l'étymologie de Diez, c'est le terme gr, yvjlîyo;, TEXTURE, L. textura (texere); c'est la
qui signifie la même chose et qui est formé forme savante* du mot ordinaire tissure.
(le la même manière. —
Je trouve dans Frois- THAUMATURGE, gr. 'rix'ja»T0Jv/6:, faiseur
sart plusieurs fois terne =
teHrc; ce mot peut de miracles.
s'expliquer soit par un type ternnv.s ( i bref), THÉ, it. tè, esp. té, angl. tea, ail. thee, du
contracté en tcrw.s, ou par la mutation chinois tschà (dialectes tha, the). La forme
de terte en terne, analogue à celle de ordièrc tscha a donné le russe tscfiai, et les formes it.
en ornière. Les dial. wallons ont aussi terne, cià, esp. c/ta. —
D. théière.
tiernc, liène, à \Àégetié)'f
THÉÂTRE, L. theatrum, du gr. Siar^sov (de
TES, voy. mes. btxiO'xi), voir (cp. L. spectaculum de spcctare).
TESSON, débris de poterie, est p, teston,
dér. de test, têt (v, c. m.).
— D. théâtral. —
Le circonflexe est arbi-
traire.
TEST, voy. têt.
THÉISME, THÉISTE, mots savants faits du
TESTACÉ. L. testaceus (testa\
grec ^iOi, comme déisme, déiste ont été faits
TESTAMENT, L. testamentum (testari;.—
du L. deus.
D. testamentaire.
THÈME, gr. &?,</», sujet posé (de 3iw, ri^-niii,
TESTER, L. testari, déclarer ses dernières
volontés. — D. testateur, L testatorem,
je po.<o). .\iitre dérivé de 3î<u
action do poser, d'oi» L. thcsit,
: subst.
fr. thèse.
&iï«j,
TET, TEST (d'oii tesson, v. c. m.), du L. THÉORIE, gr. &!'.o/s{« (do aiwpûv, voir, exa-
testion, couvercle en terre cuite, pr. objet miner), spéculation, science ; de là théorique,
creux, rebombé. Le sens s'est spécialisé en BioiptAo;, et théurétique, &Jw/s>7Tuoi, Théo- —
celui de fragment de poterie. Anciennement rème, gr. &î'j,(s>}/xa, objet de l'examen, propo-
test signifiait crâne (cp. it. tcschio, d'un type sition établie par la science.
testajus). —
D. teslacé, L. testaceus. THÉRAPEUTIQUE, gr. &îr>«7r!UTt/*i, s. o.
TETANOS, mot grec signifiant tension. Tî/vvj, branche de médicale qui a
la science
TETARD, voy. l'art, suiv. pour objet le traitement des maladies; de
TETE, teste^, du L. SicxTity'.ij, servir, soigner, guérir.
vase de terre
testa, pr.
cuite, fi-agment de poterie, puis fig. crâne. = THÉRIAQUE, vfr. tnacle, L. theriaca, du
Le mot burlesque et populaire a fini par so grec â';,'-ta/i,s.e remèdes contre les
yipuz/.a,
substituer au mot propre caputlà'oix fr.chcfj. morsures d'animaux (ï/7î<ov, animal). Voy.
Dans le principe, testa se
rapportait ù capiit, aussi triacleur.
comme auj. caboche, boule et auti-es expres- THERMES, L. thermœ, s. e. aquœ, gr.
sions semblables se rapportent à tète. D. — 3î,'',"z, s.
—
e. ûÔKTst, eaux chaudes, bain chaud.
têtard, 1 le petit de la grenouille, 2. chabot
.
D. thermal.
(mot qui vient de cap comme têtard de tête); THERMOMÈTRE, litt. mesureur (.-itirpîç) de
têtière, têtu, entêté. — Il est intéressant de la chaleur [^-py-o;).
noter que la notion première du sanscrit THÉSAURISER, BL. thesaurizare, d'après
kapâlas, tête (d'où gr. xî^k)./-) est également le gr. ^r,-,7.upi^-.ij^ m. s. (de &/;«y,ooi, L. thé-
celle d'écale, têt. saurus, fr. trésor).
TETER, TETIN, TETINE, TETON, voy. THÈSE, voy. thème.
^
tette.^
THON, it. tonno, ail. thunfisch, angl.
TETRA —
élément initial décomposition,
, tunni/, du L. thunnus, gr. B'jwoi.
annonçant que la chose exprimée par le sim-
THORAX, gr. SrwoaÇ, tronc, buste, puis poi-
ple est au nombre de quatre; du
p. TÏTopx =
gr. rizpx,
TîTTC(px, quatrc. Ex. tétracorde, à
trine, estomac. — D. thorachique (mieux tho-
racique).
4 cordes (xop^oç) fefraèo?re, à 4 bases fsc^K),
;
r / THURIFÉRAIRE, L. thurifcrariiis' , pr.
tétragone, à 4 angles (y„vt'a) > .
Diez incline à voir dansit. ticchio. tic, caprice, de lin. Du L. tilia, qui signifie 1. tilleul,
bizarrerie, le vha. ziki, chevreau, en rappro- 2. aubier, écorce. —
De la forme teille vient
chant capriccio, caprice, qui vient de capra, le verbe teiller ; de tille, l'équivalent tiller. —
chèvre. — D. tiquer. Au type dim. tiliolus répond le fr. tilleul.
TIEDE, du L. tepidus (par tep'diis). Le — 2. TILLE, ternie de marine, voy. tillac. —
prov. tebe, vfr. tève (esp. tibio), sont produits M. Petilleau (ap. Littré, Suppl.) pense que ce
par le rejet du suffixe idus, commo pâle, rance tille n'a rien à faire avec tillac et n'est que la
(v. c. m.). — Les dialectes wallons ont transcription de l'angl. till, petite caisse.
têne, tiène. —D. tiédeur, tiédir, attiédir. 3. TILLE, hachette des tonneliers, des cou-
TIEN, voy mien. vreurs et autres artisans. « C'est un mot ger-
TIERCELET, voy. tiers. —
Le nom de cet manique, qui signifie, dans les dialectes de
animal, comme c'est le cas pour plusieurs l'Allemagne, « petite hache, erminette, hache
autres noms d'armes, a donné l'it. terzeruolo, des tonneliers » ou quelques autres instru-
pistolet de poche, ail. terzerol. ments pareils ; dans les dial. norvég. et suéd.
TIERCER, voy. tiers. teksla, hoU. dissel, vha. dehsala, nha. dechsel.
TIERS, fém. tierce, L. tertiiis. — D.subst. « Tille est peut ère modifié pour tile d'une forme
tierce (terme de musique) ; tiercer (en termes antérieure tisle. (Bugge, Rom., III, 158).
>>
—
d'agriculture aussi tcrcer, terser), L. tertiare; Joret(Rom., IX, 435) préfère nord, telgja, un
tiercelet, dimin. de l'it. terzuolo, esp. tor- instrument à tailler.
zuelo, port. t7-eso, prov. tersol, vfr. terciol, TILLEUL, voy. tille 1.
angl. tiercel, tarsel et tassel, qui viennent du TIMBALE, direct, de l'it. timballo. Ce
BL. tertiolus, accipitris species minor, ou dernier est une modification, faite sous l'in-
plutôt le mâle de l'autour, ainsi nommé, selon fluence du L. tympanum (gr. tû/jittzvov), des
les uns, parce qu'il est d'un tiers plus petit formes taballo, ataballo, qui, ainsi que l'esp.
que la femelle, selon d'autres, parce que le atahal, viennent de l'arabe thabal (avec l'ar-
troisième de la nichée se trouve toujours être m. s.
ticle, altabl, attabl), D. timbalier.—
un mâle. TIMBRE, du L. tympanum, tambour
1.
TIGE, régulièrement tiré du L. tibia, yàrahe. (comme diacre de diaconus, coffre de cofinus,
— I). tiqette. pampre de pampinus). —
Le mot timbre
TIGNASSE, TIGNON, voy. teigne. — Ces signifie d'abord timbale, puis une cloche frap-
mots ne tiendraient-ils pas au prov. tenher, pée par un marteau, puis, par métonymie, le
teindre, subst. ienh, couleur, fard, avec le son que rend le timbre, enfin, son de voix en
sens primordial de cheveux teints, faux che- général. Par ressemblance avec une cloche,
veux? on a nommé timbre, en termes de blason, le
TIGRE, fém. tigresse, L. tigris, gr. ~'-ypi-;. casque qui surmonte l'écu (et tout ce qui se
— D. tigrer. met sur l'écu pour distinguer les degrés de
TIL, tilleul, forme masc. de tille (y. c. m.), noblesse ou de dignité), puis aussi populaire-
correspondant à l'it. tiglio. ment la tête (« avoir le timbre fêlé, être tim-
TILBURY, mot anglais : le nom du carros- bré *>). —
Quant à la signification « cachet,
sier qui inventa cette espèce de cabriolet. marque imprimée sur un papier >•, elle pro-
TILDE, t. de gramm. Voy. titre. cède, pensons-nous, également du mot gr.
TILLAC, du nord, thilia, suéd. tilja. ags. TÛv.7rzv5v, dans l'acception d'un instrument
thille, vha. dili (ail. mod. diele), lambrissure, servant à frapper (tût~-:iv). Cp. Tall. stempel
parquet (cp. vha. thil, ima pars navis). Mais de stampen,^^îv. estamper (d'où estam,piller).
comment se rendre compte, demande Diez, — D. timbrer.
l'auteur de cette étymologie, du suffixe «c? 2. TIMBRE, « un certain nombre de peaux
Serait-il l'effet d'une assimilation au mot BL. de martre ou d'hermine », voy. D. C, v" tim-
astracum =pavimentum domus? Pour ma brium. — C'est le même mot que l'ail, zim-
part, me rencontrant sur ce point avec Mé- mer pris dans le même sens, dont l'origine
nage, j'avais imaginé un type tegulacum (de n'est pas connue.
tegere), séduit par l'analogie de l'ail, verdeck TIMIDE, L. timidus (timere); mot d'intro-
(de dechen, couvrir), mais j'avoue que ce type duction savante. —
D. tim-idité, L. timidita-
est quelque peu forcé. On peut, du reste, éta- tem verbe vitimider, BL. intimidare.
;
blir aussi que tillac est issu de tille, qui existe TIMON, L. temoj temonis (BL. iimo), tra-
également comme terme de marine désignant verse, timon. —
D. timonier.
.
saient leurs compagnons de se retirer en tin- s'explique que comme formule faite sur celle
tant ou en frappant avec des pierres sur leurs de " tirer l'arbalète ou l'arc ».
marres » De là viendrait le sens de vacarme,
. TIRETAINE.de lesp. tirilana. \oy. tartan.
de clameur. TISANE, it., esp., prov. tisana, du L. pti-
1. TINTER, sonner, L. tinnitare, fréq. de sana, ML. tisana, décoction de gruau (Tirnàv*)).
tinnire, m. s. D. tintement. — La forme — Pour l'apocope du p initial, cp. prov. titia,
L. tiyitinare (Catulle) a donné subst. verb. p. phtizia, vfr. tisique, p. phtisique, ,<iaume,
tintin", altéré en tintouin. p. psaume. —
Le p s'est déplacé dans la
2. TINTER, t. de marine, voy. tin. forme prov. tipsana,
TINTOUIN, voy. tinter 1 TISON, it. lissone, esp., prov. titon, du L.
TIQUE, it. secca, du bas-all. teke, haut-ail. titio, -onis. — D. tisonner, tisonnier. — A
secke, angl. tike, tick, m. s. — Dim. tiquet, un type rattachent les termes it.
latin tiliiis .«se
nom vulgaire des altises. ti3so, esp. tiso, d'où le verbe it. attisare, esp.
TIQUER, àetic (v. c. m.).— D. tiqueur, atisar, prov. atisar, atusar, et fr. attkskr.
TIQUETÉ, tacheté, pointillé, peut être tiré TISSER, vfr tissir et tistre, prov. teisser,
soit de tique insecte (cp. moucheté Ae mouche), du L. texere. Le part., tissu so rapporte à Y'm-
ou du V. flam. tih, point (donc jwintillé^. — ^mi\( tistre (cp. it. tessuto de trssere). D. —
Il me
semble inutile d'expliquer le mot, ain.si tissu, subst. part.; tisserand, gâté du vfr.
que je l'ai vu faire je ne sais jdus où, comme teisserenc (c. flamand p. flamenc) ce dernier ;
une forme tronquée de étiqueté, marqué (cp. dérive du subst. vfr. tissiei' (tisserand) par le
angl. ticket = étiquette). suffixe germ. inc, ing (= vfr. ojc); tissure,
TIR, subst. verbal de tirer. tissage.
TIRAILLER, fréq. de tirer. D. tiraille- — TISSERAND, voy. tisser. — D. tisscrande-
ment, tirailleur rie.
TIRASSER, dér. péjoratif de tirer. D. — TISSU (vfr. tissut), voy. — D.
tisser. tis-
tirasse, lilet pour prendre des cailles, ce filet sutier.
étant tiré par le chasseur. TITILLER, L. ti Hilare. — D.
titillation.
TIRELIRE (déjà dans J. de Meung), petit TITRE, angl. title, du L. titulus, inscrip-
pot avec une fente, d'où l'on « tire les lires n tion, signe, marque, cause, prétexte; cp.
(ou francs). Telle était ma première manière épitre de epistola. — D. titrer, titulaire, L.
de voir, mais je dois l'abandonner pour deux titularis. — Le L. titulus a donné aussi l'e.sp.
raisons : d'abord, le mot it. tira-Iira n'existe tilde, nom du signe typographique par lequel
pas, et en fr. lire ne s'est jamais dit p. livre on mouilhment de l'n.
di.'^tingue le
(franc). Puis tirelire avait anc. un autre sens, TITUBER. L. titubare. D. titubation. ^
savoir réjouissance. J'ai noté dans Watriquet TITULAIRE, voy. titre.
de Couvin (xiv® siècle), p. 129. le pa.ssage sui- TOAST, mot anglais qui proprement signifie
vant « Mais jangleur mesdisant, gent de
: rôtie. La signification santé » vient, dit-on,
••
poure matire Et amassour qui font d'argent de l'usage qu'ont les Anglais de mettre parfois
grand tirelire... Cilz ont grâce et avoir en du pain rôti dans leur vin pour boire les
France et en l'Empire. » A l'avis de Littré, un santés. On orthographie aussi en fr. teste,
mot de fantaisie et peut-être une modification d'où le verbe tester. Teste et toast viennent du
de l'interjection de joie tureliire. L. tostus, rôti. —
D'après Wedgwood, toast
TIRER, it. tirare, esp. , port.
prov. tirar, du , pourrait bien n'être que la corruption de l'ail.
goth. tairan, vha, zeran, néerl. teren, angl. stess (lisez plutôt stesstj an, qui est la for-
tear, scindere, rumpere, lacerare, delere. mule usuelle pour inviter à choquer les
Cette etymologie, généralement admise parmi verres.
les étymologistes sérieux (Ménage, et d'après TOC, subst. verb. du verbe toquer. Voy.
lui Bescherelle, Dochez, etc. avaient imaginé , toucher.
de faire venir tirer du L. trahere.'i, est-elle TOCAN, v. le mot .suiv.
bien la véritable? Il faut le croire, puisqu'il TOCANE, vin nouveau de la m.ère goutte.
ne se produit rien de mieux. Du reste, la filia- Bugge (Rom IV, 366; rapproche le mot
,
tion des idées lui vient à l'appui
; le sens fon- masc. tecan =
saumon qui a moins d'un an,
. —
a pris le sens de signal et, par métonymie, de rattache ces formes privées de b au vha.
cloche de signal. tum,on, nha. taumeln, tournoyer, trébucher,
TOGE, L. toga. sauter. D'après Littré, tumer est la forme pri-
TOI, vfr. tei, du L. te. Voy. te. mitive, et tumber une forme postérieure et
TOILE, L. tela. —
D. toilette, nappe de la modifiée de tumer, qui a fini par prévaloir.
table où se déposent les objets servant à l'or- D. tombée, tombereaic (v. c. m.).
nement ou à l'ajustement d'une personne, puis TOMBEREAU, angl. tumbrel, du verbe
tout ce qui couvre le meuble pourvu de la tomber, de même que le bourg., champ, tume-
toilette, lequel meuble lui-même s'appelle reau, tumerel, vient de la forme tumer. Le
aussi toilette (pour ce transport d'idée, cp. tombereau est une charrette dont on « ren-
bureau). Par une métonymie ultérieure, le verse " la caisse. —
D.tombrelter, tombelier,
mot s'est transmis à l'action de se parer ou d<? conducteur du tombereau.
s'habiller. — Les Italiens disent tavoletta, pr. TOMBOLA, mot italien, jeu de loto, subst.
petite table, et toeletta, forme empruntée au verbal de tombolare, tomber, échoir.
français. Marot emploie toilette dans le sens TOME, L. tomiis, du gr. to'/xo;, pr. section,
de tissu très fin, et il se pourrait bien que le division. —
D. tomer, d'où tomaison.
sens moderne du mot vînt de celui de linge TOMENTEUX, dér. de L. tomentum, bourre.
fin. —Autres dérivés de toile : toilier, toile- 1. TON, adj. possessif, voy. m,on.
rie, verbes entoiler, rentoiler. 2. TON, subst., L. tonus, gr. to'vî; (pr. ten-
TOILETTE, voy. toile. sion). —
D. tonique, tonalité.
TOISE, voy. l'art, tendre. —
D. toiser. TONDRE, L. tondëre, p. tondére. D. —
TOISON, it. tosone, esp. tuson, du L. ton- tonte, subst. participial, d'un type tonditus
sioncm-, action de tondre. Le sens abstrait (cp. pente, vente, ponte, etc.), d'où tonture,
'
TOQUER, variété de toîtchei\ L'expr. fig. d'eau qui se dessèche Y6t6 n. —
D. torrentiel,
l'ail, einen tick haben,&\oir
êtretoqiié rappelle torri'}iti'i'ux.
puis flambeau en général. Que ce mot vienne turso, torso, nha. dorsch, trognon de chou, il
directement de quelque ancien subst. torca vient, selon Diez, du L. thyrsus, gr. Sûjsioî,
(tiré de torcare ou plutôt torquare, primitif tige des plantes. Pour le transport d'idée, cp.
du surnom Torqnatus), ou par BL. tortia (it. le subst. L. truncus, tronc, et adj. truncus,
torcia), d'un participe tortus, il se rattache en coupé, mutilé (d'où en fr. trognon, tronçon).
définitive au verbe latin torquere, fr. tor- = TORSION, L. torsionem (torquere).
dre (on disait autrefois aussi tortis, d'un type 1. TORT, subst., it. torto, esp. tuerto, prov.
L. torticius). —
D. toi'cher (v, c. m.), to)'- tort, BL. tortum =
injustice, lésion, dom-
chon, -ette, torcJuh'e. mage, du L. tortus (torquere), tordu. C'est
TORCHER, BL., torcare, detergere, dér. une métaphore corrélative à celle de droit
de torca, fr. toi-che =
bouchon ou rouleau de = jus, qui rappelle la ligne droite. On
paille servant à nettoyer. Les étymologistes trouve encore dans les patois le verbe tordre,
modernes le ramènent au type lat. torticare. p. porter dommage, préjudicier, comme en
— D. torchis. latin déjà torquere signifiait torturer, tour-
TORCOL ou torcou, genre d'oiseaux grim- menter.
peurs « qui tord son cou " (Meunier), it. tord- 2. TORT, adj., tordu, L. toHus (torquere).
collo, esp. torcecuello. TORTICOLIS, d'abord un adjectif, puis
TORDRE, it. torcere, esp. port, torcer, de L. substantif; de tortum collum, cou tordu (l'ita-
torquere p torquere. —
D. tordage, tordeur.
,
pour la composition avec totus, cp. locaro. Cependant, il semble plus naturel de
it. tutto
in un tempo, tout à l'heure. M. Rajna le rattacher au subst. néerl. toute, angl. toic,
voit dans
fr.
de la syllabe imitative tap. C'est à une moda- rac. top = pointe,extrémité, rac. identique
lité vocale de toc que se rattache le latin TAC avec le top, tof, d'où touffe et toupet. Cette
ou TAG, dans tar/o* tan(/o toucher. Diez = — racine se rencontre également dans les idiomes
est d'un autre avis, qui peut-être doit préva- celtiques. C'est d'elle aussi que procède le
loir. Il voit dans toccare la représentation nord, top et vfr. toupon, bouchon, pr. chose
romane du vha. suchôn (ail. mod. zuchen), conique. Littré propose en outre vfr. toupin,
tirer, arracher. Cette signification originelle prov. topi, pot (de l'ail, topf, m. s.), à cause
•
de la forme ronde de la toupie, mais les éty- Composés vfr. atourner, diriger vers, puis
:
mologistes ail. sont d'avis que c'est plutôt préparer, arranger, habiller, orner (cp. dres-
topf, toupie, qui a donné naissance à fqp/", pot,
ser), d'où vfr. atwn, nfr. atour; bistourner —
que l'inverse. —
D. toupiller. (v. c. m.); —
eo)itourner, subst. contour;
1. TOUR, fém., L. turris. —
D. tourelle. — détourner, subst. détour ; pourtour —
2. TOUR, niasc, prov. torn, 1. mouvement (v. c. m.); —
retourner, .subst. retour.
en rond, subst. verbal de tourner (v. c. m.); TOURNESOL, traduction du gr. >)/i9T/so7riov,
" qui se tourne vers le soleil ».
2. machine ou appareil du tourneur (dim.
modernes totirct, tourillon), du L. tornujs, TOURNOI, subst. de tournoyer.
gr. To>v9î, primitif du verbe tornm-c, fr. tour- TOURNOIS, terme do monnaie, L. Turo-
ner. nensis, ûaiipé à Toui"s.
TOURAILLE, t. de brasserie, étuve pour TOURNOYER, vfr. toumier, faire des évo-
sécher grain germé, du L. torrerc.
le lutions, cori'esp. du prov. torneiar, it. tor-
1. TOURBE, substance combustible, it. neare, esp., port, tornear; d'un type tornicare
torba, esp. turla, wall. (par transposition) (d'où provient aussi le subst. it. tornichetto,
Irouf, pic. troube, trouble; du vha. surba, fr. tourniquet). Subst. verbal tournoi, prov.
menteux. c. m.).
TOURNELLE, dim. do tour (lat. turris); TOUX, L. tussis. —
D. tousse)'; en vfr.
cela parait historiquement juste, mais n'en loitssir,d'après L. tussire.
est pas moins phonétitiuemont un problème ; TOXIQUE, L. toxicujn (ToÇt/ovj, Do là toxi-
comment expliquer l'existence simultanée do cohxjie, science des poisons.
tourelle et tournellc? Cette dernière forme TRABAN, it. trabante, suéd. drabant,
Celle remonte au xni^ siècle; serait-elle due à behême drabanti, ail. trabant. On rapporte
une influence de l'ancienne forme ail. turn ces mots à XaM. traben, trotter, courir; le
(ni. toren) concurrente de turmf traban serait ainsi pr. un piéton, un coureur.
TOURNER, angl. turn, mouvoir ou se mou- Littré parait préférer l'étym. trabe, bâton do
voir en rond, changer de direction, it. tor- bannière, aussi hallebarde, qui est L. trabes,
nare, esp., port.. prov. ?or;iar, du L. tornare, poutre.
façonner au tour (L. tornus). On est porté à TRABE. voy. l'art, préc.
croire que la langue vulgaire latine employait TRAC, 1. allure du cheval, de la racine
déjà tornare dans le sens de vertere, ce sens trac, aller, marcher, qui se rencontre dans
se produisant dans les plus anciens documents presque toutes les langues germani(jues (voy.
de la moyenne latinité. Le roman tornare, tracasser) ; cp. néerl. trehhen, tirer, aller ; —
n'était le L. tor)ius,venu dugrecTO/ivo;, s'expli- 2. trace, piste, angl. iruck; i)arait être le
querait aussi parfaitement par une contrac- subst. verbal masc. de tracer; on peut toute-
tion de L. turbinare, volvere, vertere (voy. fois aussi y voir le nord. trakka{\). tradka),
Quiclierat, Addenda). —
Subst. verbal, it., dér. de troda, marcher, fouler le sol. On
esp., port. prov. torn, fr. tour (cp.
t07-no, trouve en BL., dès le vu® siècle, traco, -onis,
four, jour, de forn,Jorn). De tour viennent pour voie, surtout voie souterraine.
les locutions adverbiales 1. entoiir (v. c. m.),
: TRACAS, subst. verbal de tracasser.
it. intorno (cp. eiiviron), d'où à l'entour et le TRACASSER, d'abord mettre en agitation ;
subst. alentours (v. c. m.) et le verbe entourer puis au sens neutre, s'agiter, courir çà et là
(v. c. m.); 2. autour. Dérivés de tourner: comme une bête traquée ; peut être considéré
tournant, -eur^ -ée, -ure, tournoyer (v.c. m.), comme une forme péjorative de traquer. Il
tournailler, tourniquet (voy. tournoyer). — peut, cependant, en être indépendant et être
TRA 495 — TRA
rappi'oché de l'écoss. traik, courir çà et là, TRAGÉDIE, L. tragœdia, gr. r/say^Sia. —
du bavarois trdcheln (suisse trockeln), être D. tragédien.
indécis (la racine trak tient sans doute au tra- TRAGIQUE, L. tragicus, gr. rpx/tzo;.
gere latin, foi'me antérieure de trahere, sans- TRAHIR, anc. traïr^ it. tradire., du L. ti'a-
crit trak, marcher, courir, gr. "^piy.fa, courir). dere (pr. livrer) =
prodere cp. envahir, de
—
;
Il vaut la peine, pour confirmer cette dernière invadere. Du subst. traditionem fr. trahi- :
étym., de rapprocher de tracasser un syno- son., traïson; de traditor fr. traître (v. c. m.).
:
« faire commerce que com- dans le bas-latin portait l'accent sur la seconde
", et le cat. trafag,
syllabe); au cas-régime, l'anc. langue avait
merce, transvasement.
artifice, signifie aussi
trahitour = L. traditôrem. — D. traïteus",
Mais si trafegar est identique avec l'anc. tras-
fegar, il faut qu'il y ait eu dans les subst. v.
traïtrcus, l'esté dans l'adv. traîtreusement. —
port, trdsfcgo, n. port, trdfego, trdfico, un
Voy., sur l'histoire de ce mot, Tobler, Ver-
transport de l'accent sur le préfixe, ce qui est
mischte Beitrâge, p. 81.
très exceptionnel. » —
Le sens primitif parait TRAJET,
versée.
L. trajectus (tra-jicere), ti"a-
citées ne s'y prêtent pas aisément. cp. le L. tri-licium, d'où it. traliccio, fr. treil-
TRAGACANTHE, gr. tp^y^^.x-j^x (épine do lis. Le wall. dit tramaïe pour treillis ; le pié-
bouc^. Voy. aussi adragant. montais a trimaj.
.
TRAMWAY, mot anglais, abrégé de Outram- les angoisses de la mort c'est l'esp. ou port.
;
quante, l'auteur de cette étymologio recom- qu'il n'est pas néces-sairc de suppo.«jer un em-
mande la filière suivante L. interimei'c (pr.
: prunt direct à l'espagnol. Cp. faille do faillir,
enlever du milieu, détruire, tuer), interimi- courine', do convenir. D'ailleurs, les éty-
care, intrhnicare, trincare (cp. it. tra p. mologistes ont renoncé à l'explication de
intra). A propos de cette dernière étymologio, l'esp, trance par transitus. En angl. trance
Diez conjecturerait plus volontiers i)iter)ie- équivaut à extase. —
Ménage proposait strin-
care, que Prudence emploie dans le sens de gère, serrer, et Nodier en était encore uno
détruire et qui pourrait avoir donné nais- fois réduit à la ressource do l'onomatopée.
sance au prov. entrencar, briser, d'où, par TRANSEPT, mot technique, formé de L.
aphérèse, trcncar, etc. —
Littré opte pour trans, et de septum, enceinte; donc espace
truncare; trencher serait p. troncher comme transversal.
vfr. volenté p. volonté. La difficulté des formes TRANSFÉRER. L. transferere, forme bar-
avec i {trinciare) ne lui semble pas assez bare p. trioisfrrre ; du i)art. barbare trans-
TRAPU, vfr. trape ; Diez admet la possi- aventureux, du gaél. treabh, labourer (cp.
bilité que trapje soit venu, i)ar transposition, l'ail, arbeiten, pr. labourer, travailler la terre,
bien venir du groupe tapar que tremper de de là le type trabare, d'où esp. travar,
temperare. mettre des entraves (cp. le fr. embarrasser
1 .TRAQUENARD, 1 cheval marchant une de barre), ari'êter, empêcher, tourmenter,
—
.
espèce d'amble appelé entre-pas, puis 2. cette contrarier, puis la forme diminutive tra-
allure elle-même. Nicot traduit le mot par baculare, ou -iculare, avec les mêmes signi-
astm'co. Hier. Victor par chinea, hacanea; fications, d'où travailler, traveiller" etc. ,
—
Monet le définit par ^ qui va l'amble, qui De là le subst, verb. travail, 1. (sens pi'opre)
iriarche un pas serré doux. mesuré et
, appareil composé de poutres pour tenir en
vite ». D'où vient-il? Il faut écarter Tétym. respect les chevaux vicieux; 2. (sens fig.) con-
tricanarius de tricare, « quod intricet pedes » trariété, peine, tourment (cp. embarras). Du
(Borel , Saumaise) . Le P. Labbé dit : subst. verbal travail s'est de nouveau dégagé
" Trac vient du bruit que font les chevaux en un verbe travailler, de seconde formation,
marchant, et le même bruit fait que nous di- signifiant se mettre en peine, se donner du
sons « il va son traquenard «. Littré tire la mal, s'efforcer, exercer ses forces sur qqch.,
valeur de notre mot de celle du suivant (v. comme labor, peine, a donné laborare, tra-
celui-ci). Diez rapproche l'it. traccheggiaro, vailler. —L'angl. a travel == faire du che-
faire lentement, traîner! —
Pour moi, il me min, voyager le vfr. donnait la même accep-
;
semble difficile de le séparer de trac allure = tion au verbe traveiller et le bavarois arbei-
du cheval; pour le reste, je ne saurais rien ten a le même sens. C'est la peine, l'effort,
en dire, sinon qu'il a pu se former par un envi.sagés à un point de vue spécial.
subst. intermédiaire traquon, d'où verbe tra- TRAVAILLER, voy. l'art, préc.
quener et subst. traqitenard (qui serait donc TRAVÉE, d'un type latin trabata, dér. du
simplement = marchant l'amble, equus tolu- L. trabs, trabis, poutre.
tarius). TRAVERS, du L. trans-versus, tra-versus,
2. TRAQUENARD, piège, trébuchet; de placé (pr. tourné) en travers, oblique ; de là :
traque-renard ? Ce n'est pas impossible. Lit- subst. masc. travers (l'idée d'obliquité a dé-
tré rattache notre mot au môme radical que gagé le sens moral irrégularité, bizarrerie,
32
TRÉ — 498 — THE
voy. l'art, préc. — D. tra- très-fonds est simplement une forme superla-
tive de fonds n'ayant en soi d'autre significa-
versée.
tion que celle de ce dernier ; pour ainsi dire
TRAVESTIR, it. travestire, type latindun
archi-fonds. 11 aurait pu à ce sujet invoquer,
tram-vestire, faire changer de vêtement.
comme formation, le BL. transcensus (1138),
TRAYON, dér. àetraire (v. c. m.). plus tard trecensus, rente d'un fonds de terre
TRÉ..., préfixe, voy. trans. (voy. Du Cange). —
D. trefonciei'.
TRÉBUCHER, esp., prov. trahucar, sens TREILLE, prov. trelha, du L. trichila, tri-
actif =
renverser, jeter à terre, sens neutre cla, tricha, berceau de verdure. D. verbe —
= tomber à la renverse. Selon Diez, ce verbe treillei', d'où treillage et treillis, assemblage
et du
est un composé du préfixe trans, tra de barreaux de bois qui se croisent en forme
vfr. bue, qui signifiait tronc, buste du
corps
de treille.
humain (voy. buste 2) et que l'on croit iden- 1. TREILLIS, voy. l'ai't. préc. — Ti.treil-
tique avecit. buco, buca, cavité, trou. Comme lisser.
analogie, il cite l'it. trambustare, renverser, 2. TREILLIS, toile grossière, vfr. trelis,
de busto, buste. Trébuche)' qqn. serait donc tresUcc, it. trc.liccio, esp. treliz, du L. trilix,
pr. faire dévier le tronc de sa direction natu- (licium), qui ast aussi le
relle en passant sur quelque obstacle. — tissu do trois fils
type de lequivalent ail. drillich.
Nous n'avons pas une foi entière dans cette TREIZE, du L. tre-decim, cp. seiie de sedc-
étymologie. Évidemment, l'on ne peut guère cini, o)i:e de un-decitn.
séparer trabttcher trébucher, do l'it. traboc- TRÉMA, du gr. rpr.fix, tiou, puis les
care, lancer, jeter, renverser. Or, ce verbe points percés dans les dés à jouer.
ital. dérive de trabocco, baliste (cp. accabler, TRÉMAIL, voy. tramail.
pr. abattre, de cadabula). Ou faut-il, en sens TREMBLE, it. tremula, du L. tremnla, s.
invei'se, dériver trabocco, l'instrument, du
comme
pense le
e. populus, peuplier tremblant. — D. tj-eni-
verbe traboccare, et voir, blaie.
Diez, dans ce dernier, une simple variété de TREMBLER, trcmolare, esp. tremblar,
it.
trabucaref— Au Suppl., Littrô ob.servo que
HL. tronulare, do l'adj. L. tretmilus (trc-
l'it. <j-atoccarc signifie pr.jetersurla bouche,
mcrc). agité, tremblant. D. trembloter. —
comme le vfr. adcnter jeter sur les dents.
TRÉMIE, forme altérée des vieux mots iré-
Mais en admettant le primitif tf^cm, L. bucca muie, trt^oic, it. tramogyia, s-ic. trimoja,
pour traboccare, comment le fr. a-t-il trébu- prov. tremueia. Selon les uns, de L. trimodius
cher et non pas rrt'touc/itT? pourquoi le prov. (la trémie envisagée comme renfermant très
distingue-t-il les voyelles dans trabucar (tré-
modios)\ selon d'autres (et c'est à eux que
bucher) et dans abocar (renverser)? Si l'on — nous donnons raison, la trémie étant toujours
trouvait quelque part le type trabuscare, rien
dans un état de tremblement); tramoggia
ne serait plus facile que d'expliquer le mot serait pour trema-moggia {moggia ^fr- niuie
par " mettre une bûche à travers » pour faire représente le L. modia p. modius, boisseau),
tomber mais le radical ne se rencontre que
;
TRÉFONDS, d'après NicotetDu Gange, con- temprare, angl. temper; voy. tempérer.
—
traction de terrœ fundus. Cette étym. est par- L'application du sens « durcir, aciérer » au
tagée par Darmesteter ; d'abord terfonds. lat. temperarc se rencontre dès le iV^ siècle
.
TRENTE, it. trenta, esp. treinta, du L. type trans-saltus ; c'est donc un terme analo-
iriginta. — D. trentièm,e, -aine. gue à ressaut =
resaltus; cp. le mot saillie.
TRÉPAN, it. trepano, trapano, du grec TRESSE, anc. trece,\t. treccia, prov. ti'essa
Tjsùtav'yv, m. s. — D. trépaner. (esp. trenza, port, trança). Les étymologies
TRÉPAS, voy. l'art, suiv. L. tricœ, embrouillement, confusion, ou grec
TRÉPASSER, anc. tres-passer, it. tra-pas- ^piX, gén. zpiyoi, cheveu, sont insoutenables.
sare, outre-passer, puis fig. passer de la vie à Mieux vaut celle tirée de l'adv. -zpiyx, en trois
la mort, mourir. Voy. aussi l'art, transe, — parties, d'où a pu se produire un subst. tri-
D. subst. \evhs\ trépjas, mort, autref. = pas- chea, puis treccia (cp. L. brachium, it. brac-
sage en général. cio). Cette manière de voir, qui est celle de
TRÉPIED, it. trcppiede, du L. tri-pcs, gén. Diez, a pour elle le rapprochement de l'it.
tripedis, à trois pieds. trina, pi'ov. trena, synonyme de treccia et
TRÉPIGNER, p. trepiner, dérivé du vfr. venant du L. trinus, triple. Elle se i^ecom-
treper, sauter. Treper, triper, appartiennent mande en outre en ce que le mot latin trichea
à la racine trap, trip, à laquelle se rattaclient n'est pas trop hypothétique, puisqu'il fournit
les mots germaniques trappen, trappeln, en même temps le primitif de trichila, d'où
trampeln, trempeln, irippjeln, néerl. trippen, fr. treille. —
D. tresser, -eur, -oir.
angl. trip, etc., qui tous expriment mouve- TÏIÉTEAU, anc. trestel, BL. trestelhis,
ment du pied. Cette racine se trouve égale- angl. trestle; selon Diez, du néerl. drie-stal,
ment dans le celtique. Voy. aussi le mot^rem- siège à trois pieds. Cola me semble probléma-
plin tique, et je préfère l'étymol. L. transtrum,
TREPOINT ou trépointe, litt. (chose) piquée proposée par Diez en seconde ligne. Trans-
à travers. trum, traverse, poutre —
dim. transtellum
TRÈS, voy. trans. — fr. trestel constituent ime série de formes
TRÉSAILLE, pièce de bois pour maintenir parfaitement correctes, etje renonce à la con-
les ridelles d'un chariot; ce tei'me est sans jecture transitellus, trastellus, que j'avais
doute de la même famille que trésillon, mor- posée dans ma première édition. D'après
ceau de bois pour serrer deux cordages ou Littré, du cymr. trestyl, m. s., dér, de trawst,
pour séparer des ais nouvellement sciés. En poutre.
l'absence de toute autre information, je fais TREUIL, anc. = pressoir, auj. = machine
dériver ces mots de très, anciennement le cas pour soulever des fardeaux ; c'est le prov.
sujet de tref, pièce de bois, qui est le latin trolh. Celui-ci est p. torlh et vient, comme
trabs ou trahis. Nous aurions-là un de ces l'it. torchio,torcolo, pressoir, du L. torculum,
cas où l's accidentel du nominatif a persisté m. Horquere, tordre, tourner).
s.
dans la dérivation (cp. fond, nomin. fans, TREVE, vfr. trive., triuwe, it., esp., pi'ov,
verbes fonser, foncer, enfoncer; L. puteiis, tregua, port, tregoa., BL. treuga. L'ancienne
fr. puch et (avec l'^- de flexion) ^juz's, d'où acception de ces mots est sûreté, » securitas
pmiser). Je rattache au même très, pièce de praestita rébus et personis, discordia nondum
bois, un verbe hypothétique estresiller, mettre finita " de là s'est déduite celle de suspension
;
des étançons pour soutenir des terres ou des d'hostilités. Du vha. triuwa, triwa, gotli.
murs, d'où nous est resté le terme technique triggua, confiance, sécurité; de triggua vient
étrésillon, pièce de soutien. tregua (par transposition treuga), d'où tregva,
TRÉSILLON, voy. l'art, préc. treva, trêve.
TRÉSOR, it., esp. tesoro (v. esp. tresoro), TRIACLEUR, charlatan, fanfaron, pr. ven-
prov, thesaur, du L. thésaurus (gr. &/)î«uo5j). deur de ihériaque; du vfr. triade p. triaque
D'où vient l'r de la forme française? Est-ce = L. theriaca.
une simple insertion euphonique, comme dans TRIANGLE, L. tri-angulus, d'où triangu-
fronde de funda, ou une transposition de Va laire et trianguler, d'où triangulation.
tinal? Diez pense que cette insertion, parti- TRIBORD, p. s tribord (v. c. m.).
culière aussi au napolitain trasoro, remonte TRIBU. L. tribus.
très haut, puisque l'ags. a trésor et le vha. TRIBULATION, L. tribulationem, du verbe
treso, triso, et que ces mots germ. sont d'im- tribulare, écraser, tourmenter, affliger, d'où
portation romane. Il se peut, dit-il, qu'elle it. tribolare, vfr. tribler, écraser, ainsi que les
soit basée sur une raison étymologique. Il est anc. termes triboider et tribouiller, remuer,
établi que le mot latin thésaurus a été pré- troubler, tourmenter.
cédé d'une forme thensaurus, qui, s'étant con- 1
TRIBUN, L. tribunus (tribus). De là : tri-
TRI — oOO — TRI
Dunatus, fr. tribunal, et tribunal, pr. le siège fois broyer et examiner de près, .le me rends
plus élevé où siègent les tribuns ou les magis- volontiers à l'autorité de Diez ; pour ma part,
trats, fr. tribunal. Le sens « siège élevé » j'y avais vu le L. ex-tricare, it. strigare,
s'est conservé dans le mot BL. tribuna, fr. démêler (chute du préfixe comme dans pâmer
t7'ibic)ie. p. espasmer, dans les patois saiei' p. essayer).
TRIBUNAL, TRIBUNE, voy. l'art, préc. — D. triage (vfr. tri, trie).
TRICHER, vfr. trcchcr, it. treccare, prov. TRIGLE. poisson, du gr. -z'^ijU, m. s.
trichar. Diez, rejetant, pour des scrupules TRIGONOMÉTRIE, mesurago {jj-i-rpia) des
phonologiqucs, l'éTymologie L. tricari (j long), triangles (-ofywvovj.
faii'e des difficultés, des détours, rattache le TRILLE, it. trillo, tremblement do voix ;
mot au néerl. trek, trait (cp. l'expr. fr. « faire verbe it. trillure, fr. triller, ail. trillcrn, angl.
des traits «), subst. du verbe Irckken, nilia, trill ; probablement une onomatopée; le mot
trechen, tirer; cp. l'angl. /nc/f, tour de main, danois trille, suéd. trilla, rouler, rapproché
trait d'adresse. —
Storm incline pour l'éty- de l'expr. fr. roulade, mérite cependant d'être
mon tricari, repoussé par Diez. L'e dans le pris en considération.
vfr. treclier, it. treccare se justifie pleinement, TRILLION, formé do très, comme billion
dit-il. si admet pour
l'on la basse latinité le de bis ; cest le troisième ordre en partant de
redoublement du c l'adical[triccare), de môme million comme premier; million lUOOmille; =
que formes l'oinanes nous obligent d'ad-
les billion = 1000 millions; trillion = 1000 bil-
ce dernier comme l'original. De là, par dissi- par contraction, trimbaler (v. c. m.). Cp.
milation triqupto, trihetto, puis par nasalisation brimbaler. Voy. Darmesteter, Composés,
(phénomène fréquent devant les gutturales), p. 197.
trmketto. —
L'esp. trinca, trmcas accuse un TRIQUE-MADAME ou tripe-madame ;
j
'aban-
type "ti'inica, triple, formé de trinus comme donne à de tirer au
la fantaisie d'autrui le soin
unici'.s de unus (Bugge). clair l'origine do cette appellation populaire
TRIO, mot italien. de la petite joubarbe. Voy. Littré.
TRIOLET, petit poème de huit vers, dont TRIQUER, au sens de choisir, séparer, trier,
le premier vers se répète après le troisième et ne peut guère s'accorder avec un type tricai-e
le sixième. Le nom vient de la triple répétition ou extricare (voy. l'art, trier) aussi Diez le ;
exprime confusion, ou plutôt mouvement cp. les noms d'arbre quercinus, fraxinus,
désordonné, le va-et-vient sans but déterminé; carpinus (fr. chêne, frêne, charme). Pour le
j ne serait-ce donc pas un dimin. du vfr. triper, radical germ. trugi, Bugge renvoie à vha.
treper, marcher, faire des petits pas (le champ, hart-trugil (hart, dur), auj. hartriegel {Cornu?.
dit en effet tripoter, avec le sens de frapper du sanguinea, aussi Ligustrum vulgare), dont
pied, danser), dont il a été question sous tré- l'origine est soigneusement examinée dans
pigner ? Le sens « place réservée aux joueurs l'article du savant linguiste suédois (Rom.,
de paume », puis « maison de jeu ", attaché au III, 158).
subst. tripot, s'accorderait assez bien avec TROGNE, piémont. trogno; Palsgrave :
TROMPE, esp. port, trompa, it. tromba, phare, puis, par la chute de Vs initial, tro-
,
prov. trompa et tromba. Du L. tuba, avec pare, nasalisé en tromparc. Tobler (Got- —
insertion de r (cp. tronar p. tonar, tonner) et tinger gelehrte Anzeigen, 1874, p. 1044)
de m (cp. prov. pimpa p. pipa). Cette étymo- admet aussi l'identité de tromper, décevoir,
logie de Guyet, reprise par Diez, se confirme avec tromper, jouer de la trompe. D. tram.- —
par la circonstance qu'en it. tromba signifie peur, -erie; cps. détromjier.
aussi tuyau, tube (comme en latin le mot tuba TROMPETTE, voy. trompe. — D. trompeter.
n'est que le fém. de tubiis). —
D. vfr. trom- TRONC. L. truncus. — D. trofiçon (v. c. m.)
per, publier à son de trompe; dim. trompette, verbe tronquer, L. truncare. Le terme —
it. trombetta. —
Le fr. trombe (it. tromba) d'architecture tronche (d'où tronchct) repré-
est-il identique avec trompe trompette ou = sente la forme féminine de truncus.
plutôt = tuba, ou représente-t-il une transpo- TRONCE. TRONCHE, variété féminine de
sition du L, turbo (d'où tourbillon)! Nous tronc. — D. dim. tronchet.
inclinons pour la dernière opinion, d'autant TRONCHET, voy. l'art, préc.
plus que le L. turbo. au sens de toupie, s'est
TRONÇON, peut dériver de truncus, tronc,
également transformé en esp. trompo et
par un type L. truncio (cp. arçon de arc),
trompa, et le fr. trompe lui-même signifie
mais Diez préfère, avec raison, y voir le dérivé
parfois une coquille en forme de toupie. {Voy.
aussi l'art, tromper.) L'étymologie tuba, du
direct de trotts (v. pi. loin s. trou (fr chou]. —
D. tronçonner, vfr. tronconer.
reste, peut au besoin aussi s'appliquer à la
trombe d'eau, par laquelle on entend une TRONE, anc. trosne{s interc^ilaii. ..u L. >,
« colonne " d'eau qui s'élève en tourbillon à la thronus, gr. ^pdvoi, siège. —
D. trôner, dé-
surface de la mer; aussi les Allemands la trônrr.
nomment-ils wasser-trompete (aussi wasser- TRONQUER, voy. tronc.
Jwse, pr. culotte d'eau). — Si l'on n'avait TROP, it. troppo, est le même vocable que
à nous rattacherions /ro>n/)e,
faire qu'au fr., BL. troppus (voy. troupe)\ il exprimait en
aussi bien que trombe, au L. slrombus (grec premier lieu une grande quantité en général,
arpofi^oi), objet en spirale,, à forme conique, puis excès de quantité ou de mesure. Au xvi"
puis aussi tourbillon la chute de Ys initial siècle encore, trop était synonyme de beau-
;
n'estpas sans précédent (cp. pâm^). Une — coup on disait ainsi trop mieux.
;
dernière étym. de trompe, celle de Settegast, TROPE, L. tropus (gr. rponoç), litt. tour-
doit être enregistrée d'autant plus que
ici, nure.
G. Paris la tient pour très vraisemblable L. :
TROPHÉE, angl. trophy, it., esp., port.
triiimp[h)are est devenu trumpare, comme trofeo; du L. tropœum, qui est le gr. tpoTfxiov.
qiiieto est devenu ; ce verbe a pris le
qiteto Le ph p. p serait-il l'effet de quelque confu-
sens de « entendre un son joyeux,
faire sion entre les synonymes grecs <nr>o<fxloi et
bruyant »; de là le subst. trompa, fr. trompe, Tporraîoî? Au reste,pour fo\x ph substitué kp,
angl. trump, de là aussi l'ail, trumpf, la rappelons les mots fr. golfe et it. Isifile p.
carte victorieuse. G. Paris n'approuve plus Hypsipyle.
M. Settegast quand il pose triumphare TROPIQUE, du gr. zpo-nir.oi, L. tropicus,
comme le primitif de tromper, décevoir m. s., litt. tournant.
(Rom., XII, 133.) •
Littré,une simple variété de tronc de chou, semble, ficeler, esp. a-trozar, amarrer la
bien qu'il dise la même chose Trou est ici, : vergue au mât. Or, torser, torciare représente
d'après Diez, une altération de vfr. tours, un type tortiare, dérivé à la façon romane de
trous, aussi par nasalisation trons ; c'est le tortus, part, de torquere. —
Cette explication
même mot que it. torso, esp., port, trozo, de Diez n'est pas agréée par M. Forster (Grôb.
jivov. tros (tros del caul), qui signifient tro- Ztschr., in, 563). Selon lui, trousser, vfr.
gnon, tronc, tige et qui sont ^= L. thyrsus, trosser (o fermé), ne peut venir de tortiare
tige, pousse. [0 ouvert), qui ne pouvait produire en vfr.
TROUER, picard treuer,vfQ\\. trawer,]}Tov. qu'un verbe tarder Il faut, par conséquent,
.
traucar, BL. traucare. Les étymologies par dit-il, trouver un étymon à voyelle radi-
gr. vpûu-j ou goth. thairkô sont impossibles. cale?) ou û. G. Paris (Rom., IX, 333) oppose
Par simple conjecture, Diez propose pour trau- à ce jugement trop catégorique d'autres déri-
car, la forme provençale d'où émane le mot vés du thème tor avec ou, tels que tourner.,
français, un type tra-bucar, dans le sens de tourte; pourquoi pas tourser o\\ trousser? De
percer (cp. it. buco, creux, trou, bucare, creu- son côté, il propose pour et. lat. thyrsus ==
ser), d'où t7^ab'car, traucar [c\y. aul de avolus, it. torso ("trognon); fr. trousse en serait la
faula de fabula). C'est la seule étymologie forme féminine. On trouve fréquemment les
plausible et correcte que nous ayons rencon- expr. nnatorse, une trousse d'herbe, de foin,
trée. Les langues celtiques présentent cymr. de là le sens « paquet » en général, puis
trwch, bret. troch, incision, coupure. D. — « valise », etc. —D. trousse, paquet, fais-
subst. verb. trou, prov. trauc, BL. traugus ceau, d'où trosseV, trousseau (it. torsello) ;
(loi des Ripuaires), anc. cat. troc; subst. part. troussis, retrousser, détrousser, 1. détacher
trouée. ce qui était troussé, 2. dépouiller qqn. de son
TROUILLE, résidu do la fabrication des bagage.
huiles, subst. verbal de trouiller, dér. de TROUVER (vfr. aussi trover, truver; au
trouil' ou treuil, pressoir. prés., dans les syllabes toniques, l'o ou ou se
TROUILLOTTE, voy. truble. modifiait en eu, cp. mourir, prés, meurs,
TROUPE, esp., port, tropa, prov. t'^op, r=^ prouver, subst. preuve), it. trovare, prov.,
grex (Fit. truppa est tiré du
loi AUe- fr.). La eut. -trobar. Ce vocable, qui dans les langues
mannique présente déjà le mot troppus p. néo-latines, a supplanté le L. invenire, a beau-
troupeau. Quant à son origine, on a longtemps coup occupé les étymologistes. Du Cange pro-
tâtonné. On s'est adressé au gaél. drobh, m. posait pour origine le vfr. treiï, qui, représente
s., mais celui-ci est, selon Diez, l'angl. drove, le L. tributum ; les agents du fisc auraient
qui à son tour est l'ags. drâf, subst. de dre'fan, désigné par treuvé les impôts perçus. Cette
= mod. treiben,
ail. faire aller (cp. L. agmen conjecture est de toute invraisemblance. On
de agere) Le cymr. torv, troupe, répond au s'est attaché aussi au part. vha. trofan, atteint,
L. turba. Diez, jusqu'à meilleure information, rencontré, trouvé; mais ce serait le seul cas
s'est déclaré en faveur d'un type turpa, gâté, de la dérivation d'un verbe roman d'un parti-
sous l'influence germanique, du L. turba. De cipe allemand. Grimm suppose, pour expli-
là, par transposition, procéderait trupa, tru- quer trouver, un verbe goth. drupan, qui
pus. —
L'obscurité qui régnait jusqu'ici sur correspondrait au vha. trefan (ail. mod. tref-
troupe paraît devoir se dissiper par l'étyrao- fen), comme goth. trudan répond à l'ail, tre-
logie mise en avant, dès 1872, par Storm ten. Cette étymologie, observe Diez, peut satis-
(Rom., I, 490). Il rattache BL. troppus au faire, si l'on veut se contenter d'un mot ima-
germ. thorp, torp (auj. dorf, village), dont le giné pour le besoin de la cause. Selon lui, il
sens premier, comme il le démontre, a été n'est pas nécessaire de sortir de l'élément
assemblée, multitude, troupe, troupeau. L. latin. Dans le verbe « trouver », dit-il, les
turba, dit-il, est sans doute de même origine notions chercher et trouver se rencontrent,
que thorp, mais n'est nullement la source l'une est corrélative de l'autre (cp. guada-
directe de troppus. La métathèse troppo de gnare = fr. gagner, qui d'abord signifie
torpo est un procédé fréquent et bien connu. poursuivre, puis atteindre, obtenir L. conse- ;
TRU — 504 — TRU
sens poétique de trobar ou trouver, faire de bout d'une perche; peut être du L. tribu/a,
la poésie (d'où troubadour et trmtv<Ve), n'em- fléau, par assimilation de forme (cp. affubler
porte-t-il pas celui de recherche, méditation? de affibulare). En vfr. trouille, d'où trou.il-
Kn partant donc du sens premier chercher, lotte, espèce de truble sans manche.
on peut fort bien rapporter trobar au L. tur- TRUC. esp. de billard, esp.truxo,'ït. trucco;
bare (transposition de la liquide comme dans d'après Diez, de l'ail, drucken, anc. nord.
troubler) =
remuer, fouillei-. Ce qui vient à thrychia, ags.thri/cca», pousser, presser (cp.
l'appui de cett« étymologie, c'est que l'on prov. /ri<c, coup, choc). —
Est-ce de ce jeu
trouve en eflet, avec le sens naturel du latin que vient l'expr. avoir le trucf Car certaine-
turbare, en v. port, trovar, n. napol. stru.- ment il faut écarter lall. trug, tromperie.
i-arc (= disturbare), et controvare [= coxûuv- TRUCHEMAN MENT, voy. drogman.
<>ii
sition d'un verbe roman avec co>i, d'un carac- d'après BL. trutannus, notre verbe pourrait
tère tout à fait insolite cette singularité n'en
; bien être connexe et représenter un type tru-
est plus une si, comme le pense Diez, le mot ticare.
trouver est d'origine romaine, et si controuver TRUELLE, diminutif de Irua (BL.), cuiller,
ne fait que reproduire, avec un sens détourné, truelle; le L. trulla, m. s., est p. truilla.
le L. conturbarc. —
Dans un petit poème 1 . TRUFFE,
corps végétal, aussi lruffle{caL
dévot du XII* siècle, publié par Gaston Paris trutnfu, trumfa, plante bulbeuse). On a déduit
en 1865, on rencontre la forme torvèi'ent p. ce mot roman du L. tuber (primitif de tuber-
trouvèrent; ce qui poui'rait ajjpuyer l'opinion cidum), devenu trufe par la transposition de
de Diez. —
Celle-ci, cependant, ne résiste plus l'r et le changement de b cnf; le plur. neutre
ment renvoyé vers un type lat. tropare, dérivé tartifla), fr. tartiki.k, qui signifient, sinon
du BL. tropus (rponoi), dans son .sens musi- précisément la truffe, toujours quelque autre
cal « variation dans une mélodie », Tropare végétal bulbeux, elles représentent, comme
serait donc soit « varier un air », soit plus le pensait déjà Ménage, la combinai.son L.
généralement composer ou inventer un
«• terrœ tuber, employée par Pline pour dési-
air », ce qui concorderait fort bien avec l'an- gner une .sorte de plante tulwrculeuse (Diez
cien sens de trmtver =
composer musicale- cite à l'appui le sicil. tirituffulu); tartufo,
ment ou poétiquement (cp. prov. trobaire, fr. d'apn^ cette manière de voir, serait une
trouvère). De •• composer » se dégagera faci- forme euphonique pour tartruffo, etc. Diez —
lement celui de « inventer, découvrir », qui a serait disposé à sanctionner sans réserve
fini par l'emporter. Diez déjà tenait l'esp. l'opinion qui explique truffe par tuber, si les
trobar pour emprunté au français; Paris dialectes ne présentaient pas généralement
pense qu'il en est de même de l'it. trovare. des formes sans r (ainsi genev. tufelle, lan-
L'exemple du Psautier d'Oxford, cité par Lit- guedocien tufcda, etc.). Il se demande s'il
tré à l'appui d'un trouver fr. =^ turbare faut rapporter ces formes à l'it. tufo, vapeur
(troubler) perd toute valeur quand on sait que (voy. le mot étouffer), soit à cause de la qua-
triiverent y traduit lat. invetierimt D. . — lité pulvérulente de la truffe ou à cause de
prov. trobador, poète, d'où fr. troubadour, son odeur, ou bien s'il faut les prendre pour
vfr. troveor (au cas-sujet prov. trobaire^ vfr, des mutilations de tartufo. Il penche pour la
trovi^re, anj. trou.vère). dernière opinion, ce qui nous ramène à tuber.
TROUVERE, voy. trouver. — La forme it. tartufola a donné, par di.ssi-
TRUAND, prov. truan[îém. tmanda), esp. milation, l'ail. Aarto//è/, pomme de terre, anc.
truhan, port, truào, vagabond, gueux ; d'après et encore dans lesdial. tartoffel, isl. tartuflur ;
Diez, d'origine celtique cymr. trii, truan,
: le n. prov. trufa a revêtu la même significa-
trwch, misérable, Cornouailles tru, triste. tion. —
D. truffer, garnir de truffes; .sub.st.
La latinité du moyen âge présente truannus, truffière.
mais aussi trutannus. Cette dernière forme 2. TRUFFE*, aussi <m/fe, vieux mot français
peut avoir été déterminée parle vha. truhting, signifiant conte en l'air, plaisanterie, four-
compagnon, BL. trotingus, jongleur. L'anc. berie, it. truffa, esp., port., prov. trufa. C'est
néerl. a trouwaiit, traicant, truwant; c'est à lemême mot que le précédent le langage a ;
tort, je pense, qu'on fait venir ces mots de transporté le nom d'un petit fruit à une baga-
l'ail, trabant. Les formes prov. et v. esp. telle, une niaiserie. — Les Italiens em-
ttyfati sont des métamorphismes faits sous ployaient tartufo dans le sens de < homme
l'influence de truffa. —
Du Cange posait pour de petit esprit ». La comédie s'en est emparée
étymologie treu, tribut; les treuans
le vfr. pour dénommer par là certains personnages
seraient pr. les collecteurs de l'impôt ; il négli- niais ou vils; c'est à la comédie italienne que
geait le fait que la forme truant est antérieure Molière a emprunté le nom de son célèbre
ù l'époque où treiï (tribut) s'est contracté en
treu. — personnage. —
Génin rapproche ingénieuse-
D. truander, triianderie. ment, pour expliquer la métaphore, la valeur
TRUBLE, aussi trouble, wall. traïd, trûl. du L.fungus, champignon, fig. sot, imbécile.
TRU — 50ri — TUL
et du fi\ cornichon, cîtrov.illr, etc. Nous— TU, L. tu. De tu et de toi on a fait tutoyer-
soumettons ù de plus experts que nous la ques- TUBE, L. tubus. Voy. aussi tuyau.
tion de savoii si le mot fr. trufle ne pourrait TUBERCULE, L. tuberculum. — D. tuber-
pas être mis en rapport avec le mot tribulus, culeux.
qui était chez les Latins le nom de la châ- TUBÉREUSE, plante bulbeuse, du L. tube-
taigne on, autrement dit, truffe d'eau, et si une rosus, bulbeux.
altération en trubihis, trublus, trufîus, est TUBULAIRE, dérivé du L. tubulus, petit
admissible ou non (cp. tîHbxla devenu trv.bh). tube.
Quoi qu'il en soit, l'angl. trifle, bagatelle, TUDESQUE, it, tedesco, du vha. diutisc,
sottise, plaisanterie
angl. aussi trufle), y
(v. ail. mod. deutsch, allemand.
répondrait parfaitement pour le sens et la TUDIEU, juron expliqué par Meunier par
— D.
;
cochon servi à table et farci d'autres animaux, chandelle, c. a. d. l'éteindre tuer le vent (d'où ;
par allusion au cheval de Troie, « machina le subst. tue-vent), c'est le rendre inoffensif;
fœta armis «, comme a dit Virgile. De ce l'expr. tuer un animal ou un homme dit donc
terme porco di Troja s'est naturellement pro- au fond rendre inoffensif ». Notre mot se
» le
duit le mot troja pour désigner une truie retrouve dans les cps. it attutare et stutare,
pleine. C'est par un procédé analogue qu'on a apaiser, comprimer, éteindre, dans le prov,
fait en esp. bernia, gros drap de laine, de tudar, attuzar, estuzar, éteindre, étouffer,
panne d'Ihernia, et en it. ficato (voy. foie) du tuar, tuer. Cette histoire du mot justifie plei-
L. jecur flcatum, pr. foie d'oie engraissé de nement l'étymologie L. tutare* ,iâ(ii\i\{die tutus,
figues. Le terme t7'oja, truie, remonte très haut sûr, hors de danger. C'est à Diez que revient
dans la basse latinité. —
Chevallet rattache le mérite de cette solution étymologique seu- ;
tnde au BL. Iroga, qu'il interprète comme lement il s'adresse dir. au L. classique tutari,
féminin du celtique (écoss., irl.) torch, porc protéger (du mal), détourner de mal). Littré —
mâle. Cotte forme troga^eUe en effet quelque n'approuve point cette manière de voir; il
doute sur l'étymologie troja, patronnée par part d'un sens foncier frapper, assommer et
Diez. ramène le mot au latin tuditare, choquer,
TRUITE, angl. trout, du L. tructa (Isidore), frapper, ou même à tudare (qu'il présuppose
qui parait venir du gr. tjswzt/j.-, esp. de thon d'après BL. tudanus, marteau). Tuer la chan-
(litt. le mangeur). delle serait pr. frapper dessus. Un primitif —
TRUMEAU, Jarret de bœuf. « Nos pères di- tiiditare est tout aussi inacceptable que tudare
saient tru.nn'l pour jambe, cuisse, gigot de (voy. Mussafia, Beitrag, p. 52). Une nou- —
mouton ; ce mot fut ensuite employé pour dési- velle étymologie est développée par Ascoli
gner un mur solide et massif placé entre deux (Saggi romani. 36;. Il s'adresse au L. totus, ou
portes ou fenêtres, puisa une glace appliquée plutôt tutus (d'où aussi it. tutto); de là tutare,
sur cet intervalle ». Roquefort, dont nous extutare. (= it. stutare), achever. On peut
venons de citer les paroles, fait venir trumeau alléguer en faveur de cette manière de voir
du gr. T/5J«/7, trou « parce que l'os s'en sépa- les expr. analogue's terminare et extermi-
:
*rant aisément, il reste un grand trou au mi- nare, fr. assom,mer (de siimmus), achever,
lieu du trumeau ". Cette explication, j'ai hâte ail. aile tnachen, den garaus machen. —
de le dire, ne m'inspire aucune confiance j'y ;
Nous ne rappelons plus que pour mémoire les
substituerai la conjecture que voici tru- : étymologies gr. &ûîiv, sacrifier, ou ail. tôdten
meau, gigot, serait pour fi<meZ(r intercalaire), (vha. todjan), tuer, quelque accréditées qu'elles
tenant au vfr. tumer, s'agiter, sauter, gam- aient été jadis, — D. tueur, tuerie.
bader, comme gigot, selon moi (v. c. m.), TUF, direct, de l'it. tufo, qui est = L,
vient d'une rac. gig exprimant remuement, tophiis.
agitation. C'est im souvenir de iremere qui a TUILE, vfr. teule (p. eu devenu ni, cp.
peut-être donné naissance à l'orthographe suite p. seute)., du L. tegula de (cp. vfr. 7'eule
trumeau. On a, d'ailleurs, aussi dit tremeau régula, prov. teun de tenuis). Tegula s'est
p. trumeau, de sorte que même un type tre- francisé aussi sous la forme teille, mot champ.
m,eUus (tenant soit au verbe trimer, marcher, =-- tuile. —
D. tuilier, -erie., verbe tuiler.
soit au L. tremere, être agité) ne serait pas TULIPE,esp. tulipa. angl. tulip, ail. tidpe,
trop aventureux pour la substitution de u à
;
irl.tulp; ce sont des formes écourtées de it.
e, on aurait à l'appui le cas de jumeau p. tidipano, esp. tulipan, qui viennent du per-
gem,eau. —
Diez dérive notre mot de l'ail. san dulband, turban. La fleur a pris son nom
trum.m, qui primitivement signifie une pièce de sa ressemblance avec un turban. D. tuli- —
courte et grosse ; mais le mot français, dans pier.
toutes s(;s applications, emporte l'idée d'une TULLE, tissu, d'origine inconnue on a cru ;
chose allongée. —
Dans l'anc. langue, trumeau généralement que ce tissu tenait son nom de
a du avoir désigné un vêtement de jambe d'où ; la ville de Tulle, mais le Suppl. de Littré
l'adj. vfr. estrumelé, privé de ses chausses nous apprend que le tulle ne s'est jamais
(voy. G. Paris, Rom., X, 591). fabriqué ni à Tulle, ni dans les environs.
. ,
TUMEUR, L. tiimorem; tuméfikr, type TURNEP, mot anglais ^= navet, dans lequel
titmrficnre, p. tumefacei-e (d'où tuméfaction). E. Millier reconnaît les éléments celt. turti,
TUMULAIRE, L. f»mu/am (tumulus). rond -\- gac'l. neip L. napus. =
TUMULTE, L. tumultus. D. tumultueux, — TDRPITUDE, L. turpitudincm (turpis).
tumultuaire. L. tumultuosus, -arius. TURQUOISE, it. turchese, esp., prov. tur-
TUNIQUE, L. tunica. gui'sa do tuj-quoig, anc. adj. de Turc; la
;
.U
UBIQUITE, UBIQUISTE, mots modernes, udinem, ud'nem. ne peut s'être produit par
dérivés de l'adverbe L. ubique, partout. évolution phonétique normale ; que le génie
UHLAN, mot allemand, tiré du polonais créateur roman, en présence de ce suffixe, a
ula, lance. tout bonnement eu recours au suffixe lat. umen,
UKASE, mot russe, dér. du verbe ufiasat, qu'il a appliqué p. ex. aussi dans it. asprume,
indiquer, prescrire. prov. frescum, et qui se transforme, suivant
ULCERE, mot de formation savante, du L. les langues, en uma, iim, ume, esp. nmbre.
tdcus, plur. idcera. — D. idcérer, -ation, -eux, Ascoli s'évertue inutilement à établir la filia-
L. ulcerare. -ationem, -osus. tion formale .suivante udine, iidne, unne,
:
L. usufructuarius.
URBAIN, xirbanus (urbs), opp. de rusticus. USURE, L. usura (uti), 1. usage, jouis-
— D. urbanité, L. urbanitatem. sance, détérioration d'un objet par l'usage ;
URE, L. urus. 2. jouissance du capital prêté 3. ce que l'on;
URÈTHRE, L. urethra (Coel. Aurel.), du paye pour cette jouissance, intérêt. Le sens
gr, o-Jp/;&oa, conduit de l'urine (oùpku, uriner). moderne péjoratif « intérêt exagéré, illégal »
— Uretère, du gr. m. oùpyjTvjp, s. (d'où usuraire, usurier) est survenu.
URGENT, L. urgentem (urgere), pressant. USURPER, L. usurpare.
— D. urgence. L. urgentia (iv« siècle). UTÉRIN, L. uterinus (eodem utero natus).
URINE, L. urina (du gr. oùpdv, — pisser). UTILE, L. utilis (uti). —
D. utilité, L. utili-
D. urinai, -eux ; verbe uriner.
-aire, tatem(d'où utilitaire); verbe utiliser. Pourquoi
URNE. L. urna. les modernes ont-ils forgé de utilis, fertilis
URTICAIRE, -ATION, duL. urtica, francisé les verbes utiliser, fertiliser, tandis que habi-
en ortie (de urere, brûler). lis, deùilis ont fait, d'après le génie latin,
US, L usiis (uti). habilitare, débiliter ? Après avoir introduit
USER, d'un type L. usare, fréq. de uti, ces adjectifs utile, fertile, qui sont contraires
se servir. —D. usage (d'où adj. usager), au génie français (aussi en vfr. a-t-on utle), il
usance. fallait aussi appliquer à leurs dérivés le mode
USINE, BL. usina, =
officina qusevis ad dérivatif latin.
aquas exstructa. Ce mot est-il tiré de uti (su- UTOPIE, mot forgé du gr. où-zono^, non-
pin usum), par rapport à la concession ou droit lieu, c.-à-d. lieu qui n'existe pas. Thomas
d'user de l'eau, ou est-ce une altération du L. Morus a nommé ainsi le pays imaginaire où
ustrina, lieu où l'on brûle, atelier à feu? La ilplace son gouvernement fictif. Le nom du
plus ancienne signification étant celle de pays s'est transporté à ce gouvernement même ;
machine mue par l'eau, la dernière étymologie puis le mot est devenu synonyme de rêverie,
paraît inadmissible idéal. Rabelais s'en est également servi pour
USITÉ, du L. usitare, fréq. de usare* (voy. désigner le royaume de Grandgousier. D. —
user). utopique, idopiste.
V
VACANCE, voy. vacant. VACUITÉ, L. vacuitatcm (vacuus).
VACANT, L. vacans, part, de vacarc, être VADE, terme de jeu de Fit. vade fr. va =
vide, inoccupé. —
D. vacance, 1. temps pen- va et va-tout).
(impératif); cp. l'expr. de jeu
;
dant lequel une place est inoccupée; 2. temps VADE-MECUM, mots latins sign. « va avec
pendant lequel on est sans occupation, loisir, moi, accompagne-moi ».
repos. VAGABOND, L. vagabundus (vagari). —
VACARME, anc. wacarme, du cri néerl. D. vagabonder, -âge.
wacharme, malheur à toi, misérable (proh VAGIN, mot savant, à forme masc, tiré de
dolor Kil.). Comp. le Roman du Renard, IV,
! L. vagîna, type aussi du fr. gaine, gaine. —
p 239. « Flament seut, si cria waskarme >•. D. vaginal.
Pour la transition de sens, cp. les mots alerte, VAGIR, L. vagire. —
D. vagissement.
alarme. —
.Je doute fort de l'interprétation 1. VAGUE, subst., ne vient pas de unda
donnée ci-dessus au fîam. wacharme et suivie vaga, mais du vha. wâc, goth. vegs, v. fîam.
par Littré. En tout cas, l'interj. ail. weh ! n'a waeghe (ail. mod. woge, angl. wave), =
rien à y voir; à mon avis, icach est wak, = vague.
éveillé, ici comme interj. = debout, sus ! 2. VAGUE, adj.,L. r^a^us, errant, non fixe;
VACATION, 1 . de vaquer à une
action verbe vaguer, L. vagari. Dans terres vaines
affaire, puis le temps qu'on y met, 2. L. = et vagues et autres applications, cependant, le
vacatio, cessation de fonctions. mot représente plutôt le L. vacuus, vide.
VACCIN, du L. vaccinus (vacca), qui vient VAGUEMESTRE, de l'ail, wagenmcistcr,
de ou qui se produit sur la vache. D. vac- — maître des équipages.
ciner, d'où le subst. verb. vaccine. VAIGRE, t. de marine, de l'ail, weger,
VACHE, prov., esp., port, vaca, it. vacca, xoeiger, planche de revêtement, dan. waeg,
du L. vacca. Voy. aussi l'art, bâche. — suéd. wagg, paroi. D. vaigrer. —
D. vacher, vacherie. VAILLANT, forme mouillée du part, valant,
VACILLER, L. vacillare (rac. vac, cp. l'ail. du L. valentem, qui a de la valeur, de la
wach-eln et wa7^ken). force, vigoureux. —
Cp. la forme veuillant
VAL — tm — VAR
à cAté do ronTant, vfr. douillant à cAté tle VALLÉE, angl. ralley, prov. vallada, it.
doJanf. —
D. vaillance, L. valcntia. vallala, ih-r. de vallis, fr. val.
l'ensemble des vaisseaux (vases) ou plats ser- vannello) est aussi devenu le nom d'une espèce
vant à la table et reproduisant le plur. neutre d'oiseau, à cause de sa huppe, qu'il peut,
vascella. comme une penne, dresser et bais.ser à volonté ;
VAISSELLE, voy. l'art, préc. vannier, faiseur de vans; verbe vanner, L.
VAL, plur. vaux (dans u par monts et par vannare.
vaux val se présente sous la forme van
"j; VANDALE, destructeur, du nom des Van-
dans « à vau-l'eau », fuir à vau-de-route, et dales (par allusion au pillage de Rome
dans vaudeville (v. c. m.}. Du L. vallis. — en 4.")). — I). vandalisme.
D. vallon, vallée (v. c. m.); adv. aval (v. c. m.) VANDOISE. nom de iK)is.son, aussi vandàse ;
strillo, hauts cris, de strididus), d'où {e atone occupations ou prendre ses vacances, 2. se
passant régulièrement en a) vallegia (gloses livrer à, s'occuper de qqch., s'y appliquer; du
d'Alfric) et valigia. De valise vient le mha. L. vacare, 1, être vide, être libre, 2 avoir le
velis, d'où a forgé le mot fellisen, auj.
l'on temps, le loisir de faire qqch., y consacrer ses
felleise7i, simulant une combinaison de fell, loisirs. —
D. vacant, vacation [v c. m.).
cuir, et cisen, fer; pour ainsi dire « cuir VARAN, esp. de lézard d'Egypte, de l'arabe
à serrure ». —
Ascoli pose la question Les : ouaral , lézard.
valises ne seraient-elles pas les valeurs, c'est- VARAIGNE, forme variée de varenne.
à-dire les choses de quelque prix que le voya- VARANGUE, du suéd. (plur.; vrànger, les
geur mène avec lui (Saggi lad. 512, note)? — côtes du navire.
Devic mentionne l'arabe vualiha, " saccus fru- VARECH, 1. fucus, plante marine que la
mentarius, cophinus magnus », et le persan mer arrache en montant et jette sur le rivage.
walitchè, « grand sac », mais il ne sait si ces quelconques rejetés par
2. navire coulé, débris
mots sont indigènes dans ces langues. D. — la mer; de qqch. de rejeté, angl.
l'ags. vrac,
dévaliser (cp. détrousser). wreck, débris de navire; cp. goth, vrihan.
VAS 509 VEI
snéd. lorâka, pousser, heurter. D'api'ès — VAUDEVILLE ce mot est, comme on sait,
;
Liebrecht, varech vient eu ligne directe du d'abord le nom d'une chanson. Il est altéré de
nord, vegrck, épaves maritimes. vau-de-vire, qui tire son nom du val (ou vaii)
VARENNE. Ce met est étymologiquement de Vire en Normandie, où cette espèce de
identique avec garenne (v, c. m.). De « lieu poème prit naissance au xV* siècle. Voy. les
défendu à la culture » s'est dégagé le sens cours de littérature. D. vaudevilliste.—
« lieu inculte «. VAU-L'EAU (A), =
à val l'eau (voy. val) =
VAREUSE, blouse; mot de date récente; en descendant l'eau. —
Expx^ession de forma-
d'origine inconnue. tion et signification analogues à vau-de- :
riante, variation, L. variationem; variable, quoi vautour et non pas, selon la règle, vou-
L. variablis; variabilité. tour ? Je pense que c'est un effet de dissimila-
VARIÉTÉ, L. varietatem. tion. On trouve d'ailleurs vfr. vouteur. Cp.
VARIOLE, BL. variaia. dira, de varius, aussi vautrer p. vautrer.
bigarré, tacheté; Tit. a vajuola, l'esp. viruela; VAUTRE, espèce de chien pour la chasse
ces foi'mes parlent en faveur de notre étymolo- au sanglier, veltre, viaulre, viutre, it.,
vfr.
gie et contre celle de varus, pustule. Le fr. prov =
L. vertragus. Loi salique vel-
veltro.,
vérole est p. vairole et i)rocède de l'adj. vair tritm, mot d'origine celtique. D. vautrait, —
(v. c. m.) = varius. La forme espagnole sem- anc. vautroy, équipage pour la chasse au san-
ble avoir été déterminée par une influence de glier.
virus. VAUTRER (SE), autref. vollrer, vautrer;
VARLET, voy. valet. la forme primitive est voltrer, qui correspond
VARLOPE, rabot, riflard; mot altéré du à l'it. voltolare, lequel dérive de volto, parti-
nécvi.voorloop, litt. avant-coureur (c.-à-d. qui cipe it. du L. volvere, rouler. Cette étymolo-
précède les autres plus fins); cp. le terme gie est confirmée par la forme concurrente
wallon analogue coureresse. En limousin //ar- vfr. voûter =
voltare Bestiaire de Gervaise,
lopo, esp. garlopa. —
Je ne me cache pas 288 : El (=
;
viertel, mesure de capacité, pr. quart, quar- Pour la confusion de la finale lat. en (us, a,
taut. Bugge, auteur de cette étym. (Rom., III, um), avec in (us, a, um), cp. puUicenus :
160), l'appelle les formes variées vei'tc, verlc, jxnissin .racemus : raisin, catena chaîne' :
vergue et pense que trois mots diiféi'ents sont d'où chaîne, sageua : seine' (d'où sci7ic), per-
ici confondus 1.: notre velte ou verte; gamcnum parchemin;
: axi^-iï étrenne, strena,
2. vergue, antenne =
virga; 3. verle = variait jadis entre cstrene et estrine. — D.
virgula. —
D. velter. venimeux, aivenimer ; m p. n par euphonie,
VELU, voy. velours. —
D. velvote p. veluotc, comme dans étamer de étain, vfr. leonim,e *=•
plante à tiges velues. leoninus.
VELVOTE, voy. velu. VENIR, L. venire. — D. subst. part, venue.
VENAISON, angl. venison, du h.venalionem VENT, L. ventus. — D. vaiter, venteux,
(venari), chasse, produit de la chasse. Le verbe L. ventosus; ventail (orthographié aussi van-
venari a donné voter, courre un animal tail), pr. soupirail (par où l'on respire), puis
domestique pour en attendrir la chair; vena- aussi battant de porte (cp. venteau, porte
torein, vfr. vcneeur, auj. veneur, d'oix vénerie. d'une écluse); cps. contrevent, paravent;
VÉNAL, L. venalis. —
D. vénalité. verbe éventer, d'où éventail (v. c. m.). Ro- —
VENDANGE, L. vindemia (i consonnifié). quefort a commis la colossale méprise de pla-
Le prov. dit vendcnha. —
D. vendanger cer l'adj. éventuel sous la rubrique vent!
(-=:= L. vindemiare). Le L. vindemia a fourni VENTE, voy. vendre.
le nom au mois dit vendémiaire. VENTILER, L. ventilare (ventus), remuer
VENDIQUER, mot .savant, employé dans La à l'air, agiter, scruter. — D. ventilation,
Fontaine pour revendiquer, du L. vindicare •atcur.
(dont la forme franc, normale est venger). VENTOUSE, prov., esp., it. et BL. ventosa,
VENDRE, L. vendere. —
D. vente, it. vai- pr. soupirail, donnant pa.ssage à l'eau ou à
dita, =
L. vendita ^cp. rente, 2Jente, etc.); l'air;do là les différentes applications techno-
vendeur, vendable, revendre. logiques et médicales de ce mot. Ce que nous
VENDREDI, it. venerdi, dn L. Veneris dics. appelons ventouse en chirurgie s'appelait chez
Le prov. retourne les termes et dit divendres; les Latins cucurbita, chez les Grecs sixûa, pr.
l'espagnol (sans dies) dit tout court viernes courge ; Juvénal a cucurbita ventosa. Du
(p. vienres), le prov. de même aussi vetires. L. ventosus (ventus), primitif aussi du nom
VÉNÉFICE, L. veneficium. de mois républicain dit ventôse. D. ven- —
VENELLE, rue: p. veinelle, pr.
petite touser.
petite veine? Cela rappellerait la métaphore VENTRE, L. venter. — D. dim. vcntricuje,
du mot artère =
rue principale d'une ville. L. ventriculus; ventrée, -ière, ventru, seven-
En/ilcr la venelle signifie prendre la fuite; trouillcr; ventriloque, L. ventriloquus (qui
avoir la venettc, gagner peur. Il n'y a cepen- parle du ventre) ; verbe é-ventrcr.
dant pas de rapport de famille entre venelle VENTREBLEU, euphémisme p ventredieu;
et Roquefort explique ce dernier
venette. cp. morbleu, sacrebleu.
assez cavalièrement par « peur pareille à celle VÊPRE, du L. vesper, soir.
du gibier poursuivi par les veneurs ». Notre VER, prov., vfr. verm, L. vermis. D. vé- —
opinion est que venette dérive de vener, reux, piqué des vers véroter, chercher des
;
expression populaire p. vesser, contraction de vers. Ces dérivés sont faits en négligence du
vesiner; cp. la loc. avoir la foire. Quant à radical primitif verm.
, .
VERROU, anc. verrouil (d'où le verbe vcr- quelconque, à protéger Yinfante et que ce sont
roi'.iUcr), prov, vtTrolh, du L. ventculitm, bien les éléments vertu et garder (jui se
petite bioche. cachent sous le terme bizarre que les modistes
VERROUILLER, voy. verrou. du xvi" siècle ont imaginé pour l'engin de
VERRUE, L. verruca. toilette nouvellement inventé.
1. VERS, subst., L. versus (vertere ; cp. VERVE, du L. ve7xa, tote do bélier, orne-
srpo-fr, de 5T/5î'^(u). — D. verset, vcrsicule, L. ment de sculpture ; de là l'acception fantaisie :
verslculus; L. versificare,
verbe versifier, d'artiste, caprice. In développement analogue
subst. versification, -ateur, L. versificationem, d'idée se remarque dans le mot caprice, do
-atorem. capra, chèvre. Seulement, on se demande, à
2. VERS, prép., L. vei-sus (pr. tourné). l'égard de ce dernier, si le sens figuré ne re-
Composés envers, devers.
: pose pas sur un autre point de vue impliquant
VERSATILE, mot de facture savante, L. ver- une allusion au caractère bizarre de la chèvre.
satiiis. — D. versatilité. Ménage voyait dans verve, enthousiasme,
VERSÉ, exercé, du L. verscUus (versari). l'inspiration du verbe divin le P. Labbe pen-
;
glebas d'Horace) reparait dans les composés rise l'étym. vei-ba, plur. de verbum; mais le
enverser', renverser. —
D.va'sant, pente d'une passage de rb en rv serait tout à fait excep-
montagne découlent les eaux ; à vei'se,
d'où tionnel, car morve = 'nurrba (p. morbus)
locution adverb. =
en versant (de là le subst. n'est pas sur. De son côté, U. Paris observe
averse r, versement, vei'seauiv. c. m.). (Rom., X,302) qu'il professe depuis longtemps
VERSION, L. versionem (vertere), action de la même manière de voir; pour la forme, il
tourner, puis de traduire. rapproche vciTeiue de vei'bena et le latin verva,
VERSO, sous-entendu folio, mots latins = pluriel de vierf = verbum. Suchier (Roman.
au feuillet tourné. Forschungen, Ii oppose la forme piém. terver
VERT, fém. re7'tt! (autrefois, selon la règle, et propose l'ét. verbera, mais Paris no croit
fcrc/f), du L. viridis. —
D. verdàtre, verdelet, à l'existence de ce mot jtiém. verver (juo sous
verdet, verdier (oiseau), verdeur, vmxlure, la forme ver wr 'Rom., XII, 133). —
Citons
verdir, verdoyer (it. tcrdcggiare, esp. ver- encore, pour la fin, la bizarrerie d'un savant
dcar). alleiiiari(i, ipii voit dans vo've le L. fervor!
VERT-DE-GRIS est une forme corrompue ; VERVEINE. L. verbena.
au xiu" siècle, on trouve verte-gres, au xiV, VERVELLE, vcy. l'art, suiv
vert de grice; Littré conjecture comme forme VERVEUX, filet, anc. verveu; ce mot est,
première vert aigret, le vert produit par d'après Pott, suivi par Diez, la i-eprésentation
l'aigre, l'acide. fr. de l'it. vcrtovello ou bertovello, nasse, qui,
VERTÈBRE, L. vertebra (vertere). — D. à son tour, est le L. vertebolum (Loi salique;
vcriébj'é, L. vertehia,tus\ vertébral. ou plutôt vertebellum (cp. en fr, la forme vcr-
VERTICAL, L. verticalis, perpendiculaire, velle, gonds dans la quille d'un bateau foncet,
dér. du L. vertex, -icis, point culminant, som- pour y accrocher le gouvernail aussi anneau,
;
VESPÉTRO, « de vesse, pet et rot, à cause pour le changement de c en eu, plevir devenu
des propriétés carminatives attribuées à cette pleuvir). Les mots parallèles des autres lan-
liqueur " (Littré). Je connaissais cette étymo- gues sont prov. vcuva, vezoa, it vedova, esp.
logie, mais je n'osais pas la prendre pour viuda, port, viuva, valaque vêduvë. néerl.
sérieuse. weduioe, angl. widoio, ail. wittwe. Le cor- —
VESSE, L. visium (du verbe -cisire), mot respondant masculin de veuve est veuf. Le —
radicalement identique avec l'ail, fiess, fiest, latin vidnus, au sens déduit de privé de, non
angl. ftzzle, veze. D. vesser. —
Au lat. visire — rempli, s'est francisé, dit-on, par vide, mais il
répond wall. vest. Du même primitif latin pourrait bien y avoir là une erreur (v. c. m.).
vient le verbe vfr. vesiner, d'où berrichon — D. veuvage.
têner, rouchi vena', d'où, selon moi, l'expr. VEXER, L vexare (vehere), pr. secouer,
avoir la venette (v. pi. h.). Le wall. dit dans ballotter, tirailler. — D vexation, vexatoire.
le même sens avù l'cèse (voy. Grandgagnage). VIABLE, p. vivable; cp. viande pour
VESSIE, L. vcsica, vessie, ampoule, cloche, vivande. Le mot étant d'introduction récente,
d'où le verbe L. vesicare, se gonfler, et l'adj. il a été tiré peut-être par les médecins de la
vesicatorh'.s' , fr. vésicatoire. D. vcssigon. — formule vitœ hahilis, apte à la vie étymolo-
—D
;
VESTE, dir. de l'it. vesta, habit, robe, qui gie donnée par Littré. viabilité.
vient du L. vestis, vêtement. — D. veston. VIADUC, formé de vice ductus, d'après l'ana-
33
.
selon l'ét. reçue, du L. vidiius. D. vider, — serpe p. serpens) Peut-être le mot est-il modi-
fié de vinobre et désigne-t-il pi'oprement un lieu
autr. vuider; delà vidange, propr. action de
vider, et vidiire; cps. dé-vider (v. c. m.). où l'on fait du vin, prov. obrar =- operari.
é-vider. Voy. aussi veitve. L'étymologie — VIGOGNE, it. vigogna, esp. vicuna, port.
tiduiis, à l'avis de Scliuchardt, ne convient vigunlia; en latin fcientifique, camelus vi-
qu'à it. vedovo, fr. 'vedve, veuf, veuve. L'ori- cunna; du péruvien vicuutia.
gine de vfr. virit, vuit, vuide, nfr. vide, it. VIGUEUR, L. vigorem. De la forme vfr.
voito, voio, est le participe vocitus (t:p. rogitus Di^oKr vient V ad], vigoureux, BL. vigorosus,
de rogare),ày^ verbe bas-latin focare=^facare. et le verbe vfr. raviyourer.
Pour la forme, cp. L. cot/itare devenu it. coi- VIGUIER. prévôt, forme prov, du L. vica-
tare, cotare, vfr. cuidier. Voy. Scliuchardt, rius, lieutenant. —
D. viguerie.
Rom , IV, 256, et Thomsen, ib p. 257-262, ,
VIL. !.. vilis —
D. vileté [vfv.viHe, vieuté,
ainsi que mon Appendice à la 5* éd. du Dic- prov. vii'.tal); verbe avilir.
tionnaire de Diez, pp. 765 [votOj et 818 [vide). "VILAIN, it. villano, BL. viUanus[do villa),
VIDECOQ, en Normandie vico, un des noms pr. habitant de la campagne (voy ville), rus-
de l;i btk-asse; altération de l'angl. icoodcock tique. Le mot vil a peut-être contribué à fixer
= coq des bois. les acceptions modernes de vilain. D. vile- —
VIDIMUS, mot latin =
nous avons vu; de nie, action de vilain ; villanelle, poésie pasto-
là le verbe vidimer, apposer le vidimus. rale.
VIDRECOME, grand verre à boire, ail. = VILEBREQUIN, anc. aussi virebrequin, dans
wiederhonu>i.\\<X.vQio\\r\ ce verre a été appelé les patois vuilberquin, biberquin, etc. ; ce mot
VIERGE, vfr. virge, prov. verge, du L. virgo, acception que relève le subst. vilenie et le
-tJiis. Du thème virgin vient le vfr. virgine, verbe fr. vile7ter, injurier, outrager, désho-
prov. vergena et angl. virgin. norer, dont le part, vilené a pris une acception
VIEUX, voy vieil. spéciale en termes de blason. De ville, dans—
VIF, L vivus —D vivifier,]^ vivificare; son acception d'établissement rural, vient le
a-viver, raviver. terme collectif ciZ/a^^, pr. réunion de plusieurs
VIGIE, du port, vigia, veille, sentinelle, fermes.
espion, subst. verbal de vigiar, veiller. VILLÉGIATURE, de l'it. villeggiatura, dér.
VIGILE, forme savante de veille iv. c. m.); du verbe villeggiare, séjourner à la campagne
vigilant, -a)ice, L. vigilantem, -antia. [villa).
VIGNE, L. vinea. —
D. vigneron (cp. VIMAIRE, du L. vis major, force majeure.
biicheron)-., vignette (les premières vignettes VIN, L vinum. — D. vinav-e, L. vinarius;
représentaient des pampi'es et des raisins ; cp. vineux, L. vinosus (d'où vinosité)\ vinée,
le t<^vme cul -de-lampe] vignoble (v. c. m.).
\ vinasse (it. vinaccio), vinicole (néol.), = qui
VIGNETTE, voy. l'ait, pi-éc. cultive le vin.
VIGNOBLE (se trouve déjà dans Gay don); VINAIGRE, p. vi7i aigre, it. vino agro,
d'après les uns, le mot est gâté de vi'gnole Cep. angl. vinegar. —
D. vinaigrer, -ettc, vinai-
it. vignuola; on disait autr. vignolette, p. pe- grier, vinaigrerie.
tite vigne); d'après Diez. de vini opulens, VINDAS, cabestan; on dit aussi guindas
abondant en vin (pour l'apocope de ens, il cite [v germ. =
gu fr.); voy. le mot guinder.
VIR — 515 — VIS
VINDICATIF, du L. vhidicare (fr. tcvger). roman exclut donc l'étym. flam. wieren, tour-
VINDICTE, it. vendetta, L. vindicta. ner, qui a été mis en avant; cependant, ce prin-
VINGT, L. viginti. —
D. vingtième, -aine. cipe n'est pas absolu, comme le prouvent les
1. VIOLE, primitif inusité de violette, it., mots vacarme, vague, varenne, vilebrequin
esp., prov. viola, vha. viol, mha. viel, auj. et voguer. Au verbe virer se rattache : viron,
veil, dim. veilchen ; du L viola (dim. du cercle, circuit, dans l'expression en uîVon (cp.
gr. îo-j). — D. violacé, -at, -ier, -âtre, et sur- entour, à l'entour), d'où le verbe environner.
tout violet et violette. Le Sage fait dire à Sancho : « Le papillon, à
2. VIOLE, instrument de musique, prov. force de vironner autour d'une chandelle, finit
viula, viola, it , esp., port, viola. Diez tient par se brûler » Subst. verbal virement. Cps,
la forme prov. vi-ula pour la plus ancienne, revirer', d'où revirement. —
Storm (Rom., V,
car, d'après lui, viula a pu dégénérer en viola., 187 , dérive virer de vibrare, brandir. Pour
mais non pas viola en viula. Or, viula repré- la forme, il allègue it. lira de libra; pour la
sente le BL. vitula. Ce dernier est, d'abord, transition de l'idée brandir à celle de faire
par transposition, devenu viutla (cp. prov. tournoyer, il rapproclie angl. swing, brandir,
veuza de vedua, teuna de tenuis], d'où (par et swing a ship, faire tourner un navire. Il
la chute du t, cp. rolar de rotUare) viula., aurait pu citer encore l'ail, schwenhen, qui
viola. Or, vitula (qui est aussi le primitif de signifie brandir, agiter et faire tourner.
l'équivalent ail. fiedel) vient du L. vitulari., se VIRES, en de blason, anneaux concen
t.
réjouir litt. gambader comme un veau, vitu- très, voy. l'art, préc. —
Dim. de vire: vir eton,
lus) ; de la joyeuse
la viole était l'instrument flèche tournoyante.
compagnie (« vitula jocosa », dit un poète VIREUX, L. virosus (virus).
cité par Du Cange). Comme viole vient de VIREVOLTE, de l'it. giravolta (« movi-
vitula^ ainsi vient vielle (v. c. m.) de la forme mento in giro ») Le fr. dit aussi virevousse
variée vitella. —
D. it. ^nolone et violoncello, (pour vousse = volte, voy. l'art voûte).
d'où nos mots fr. violon et violoncelle. VIRGINAL, L.virginalis ; virginité, L. uîV-
VIOLENT, L. violoitus. —
D. violence, gi7iitas (virgo, -inis).
L. violentia; verbe moderne violenter. VIRGULE, L. virgula (virga), trait d'écri-
VIOLER, L. violare. —
D. subst. verh. viol. ture.
VIOLET, -ETTE, voy. viole 1 VIRIL, L. —
D. virilité.
virilis Ivïv).
VIOLON, vov. viole 2. — D. violoniste. VIRLIQUE, de jeu, de l'ail, vier gliche
t.
Diez rejette l'étymologie gyrare commimé- voir), a -pris la valeur du L. vultus vfr. vout).
rnent reçii«, la syllabe gi ne changeant jamais — D. visage, terme a'igmentatif visière, ;
en vi; il fait dériver le verbe du vfr. vire, dial. chose qui garantit le vis. —
L'expression vfr.
ital. vira, vera =^ cercle, anneau. Or, ce il m'est vis est le L. visum est mihi ; ce visum
subst. vire représente le L. viria, espèce de latin est aussi au fond du mot avis (v. c m.).
bracelet (dim. viriola, =
fr. virole, cercle, 2. VIS, subst. fém., vfr. viz. Le vfr. vis, viz
esp., prov. virola, d'où le cat. virolet = et prov. vitz signifiaient aussi escalier tour-
girouette). Au dire de Pline, viria et viriola nant ou limaçon. Le mot représente le latin
(=r esp., prov. virola) sont des vocables celti- vitis, vrille de vigne, pampre; en BL. vis =
bériques, et Guill. de Humboldt avait même de pressoir et vis en général en it. nous ;
cru les retrouver dans le basque viruncatu, voyons de même le mot vite réunir les accep-
tourner, en quoi le grand linguiste s'est tions de vigne et de vis, et en prov. mod. vis
trompé, ce mot basque représentant, selon signifie sarment, jet de la vigne. La forme viz,
Diez, le L. verruncare, tourner. Diefenbach qui a précédé vis., représente le radical vit,
(Origines Europtese) démontre que le thème plus la finale du nominatif s. Cette étymologie
vir de viria se produit tout autant dans des vitis satisfait pleinement, et il y a lieu de
vocables celtiques désignant courbure, ron- croire que le flam vijse, vis fverbe vijssen,
deur, tournoiement, sans que toutefois on soit visserl est emprunté du roman. D. visser. —
autorisé à les admettre pour sources directes — L'angl. vice est tiré de fr vis.
du mot roman, car Diefenbach est bien d'avis VISA, mot tiré de la formule de chancel-
que le v initial roman ne peut répondre ni au lerie <« visa est », (la pièce) a été vue (et
celt. (== cymr. gto, gaél. f), ni
v au germ approuvée). — D. viser, apposer le visa.
V, w. (Voy. aussi l'art, guirlande.) Le prin- VISAGE, voy. vis. — D. en-visager, dé-
cipe que w germanique ne peut devenir v en visager.
•
VISCÈRE, mot savant, du plur. L. viscera. VIVRE, adj., t. de blason, de vivre, mot vfr,
— D. viscéral. reproduisant le L. vipera. Voy. givre 2.
VISER, porter la vue, regarder, d'un type VIZIR, de l'arabe tcasir ou xoezir, pr. chargé
visare, fréq de vider e. D. visée, dis- — —A (de fonctions), du verbe wazara, porter.
tinguer : viser =
mettre le visa, qui vient VOCABLE, L. vocabulum (vox), d'où voca-
immédiatement de visa(\. c. m.). bulaire.
VISIBLE, L. visibilis. D. visibilité. — VOCAL, L. vocalis (vox). — D. vocaliser,
VISIÈRE, voy. vis 1. d'où vocalise ou vocalisation.
VISION, L. visionem. D. visioyinaire. — VOCATION. L. vocationem
VISITER, L. visitare (fréq. de viserc) — VOCIFÉRER, L. vociferari.
(vocare).
— D. vociféra*
D. (terme savant Visitation), visiteur.
visite tion.
VISQUEUX, L. viscosiis (de viscum, fr. = VŒU, prov. vot, voto, du L. votum
ffui). —D. viscosité. (vovere); = 1. promesse
it.
de vividus (ce qui est tout à fait improbable). le néerl. reis, voyage, et heer, tour, it. volta,
Enfin, il pose la question si le synonyme tour, qui tous signifient également » fois ").
basque flte est emprunté de vite. D. vitesse. — De ce même via, durci en ^'a, vfr. fie, dérive
=
VITRE, forme savante de verre, vfr. voire, it. fiata, vfr. fiede, fiée, foiée, wall. fde,
du L. vitrum. —
D. vitrer, -âge, -ail, vitrier^ fois.Cependant, le mot fr. fois (v. c. m.) ne
-erie, vit7'ine. La science a tiré de vitrum les représente pas le L. via dont nous parlons ;
termes vitrifier, vitreux et l'it. vitriuolo,
:
ce dernier n'a plus guère de trace dans la
d'où fr. vitriol. langue actuelle, car l'anc. expression toutes-
voies (esp. todavia, it. tottavia), sous l'influence
VITRIOL, voy. vitre.
VIVACE, L. vivacem (vivus). — D. viva- de fois, s'est transformée en toutefois.
—
cité. 1. VOILE, masc, it. vélo, L. vélum,.
VIVANDIÈRE, voy. viande. D. voiler, L. velare; cps. dévoiler ; dim. voi'
VIVAT, mot latin = « qu'il vive " ; cp. l'ex- lette.
volatilis, dont les savants ont fait volatile. nous est resté (avec Vs caractéristique des
— D. volailler. —
L'étymon volatilia est adverbes) l'adv. volontiers.
approuvé par Littré et Brachet cependant il ;
VOLTE. t. d3 manège, de l'it. volta, tour,
m'est suspect; la syncope volat'lia, retran- évolution, lequel est un subst. participial du
chant un i bref, mais accentué, me semble verba volgere. =
L. volvere (cp, réoolte de
inadmissible et j'opine pour un type volalia. revolvere). Da volte vient le verbe volter,
t. d'escrime, changer de place d'où volte-face,
VOLATILE, animal qui vole, voy. l'art, ;
justifie par la finale plur. ilia. VOLUBILIS, sorte de liseron; mot savant
VOL-AU-VENT , sorte de pâtisserie feuilletée ;
tiré du L. volubilis (volvere) =
qui s'enroule
pour vole-au vent à cause de la légèreté de la facilement (cp. le nom de plante convolvulus)
pâte. — De L. volubilis, == qui tourne facilement
VOLCAN, vulcano, du L. vulcanus, feu,
it. prompt, rapide, vient le subst. volubilitatem
flamme. —
D volcanique, -iser.
.
fr. volubilité.
VOLE, terme de Jeu de cartes; d'où vient ce VOLUME, L. volumen (volvere), rouleau
terme? Du L. vola, paume de la main (cp livre. —
Du sens étymologique tour, circon
« faire toutes les mains ••) ou gâté de volte, férence fpr. courbure), s'est déduit le sens
tour, ou enfin du verbe voler, fig. faire = « grosseur, étendue dans l'espace ». D —
rapidement? volumineux; Sidonius déjà emploie volumi-
VOLEE (type volata, action de voler), 1 . = nosus dans le sens de « glomerosus, convo-
lutus ».
vol, 2. bande doiseaux, fig. troupe, gens de
même rang, 3. mouvement (ou explosion) de VOLUPTÉ, L. voluptatcm.— D. volup-
plusieurs choses à la fois. tueux, L. voluptuosus; voluptuaire, L. -arius,
1. VOLER, se mouvoir dans les airs, L.
VOLUTE (mot savant , enroulement, L.
volare. — D. vol, volée (v. c. m.); volant; voluta (Vitruve); du part. L. volutus (volvere),
tourné, roulé. —
D. voluter.
dim. voleter (cp. L. volitare): volière.
2. VOLER, prendre furtivement: d'après VOMIR, L voinere. —
D. vomissement,
Diez, une forme écourtée de en-voler, prov. vomitif; vomique, subst. =
L. vomica, adj.=3
envolar, it. involare, qui reproduit le L. i7ivo- L. vomicus.
lare (pr. voler sur), employé dans le sens de VORAOS, L. voracem. —
D. voracité.
« faire incursion, dérober, enlever » (cp Cic. .
VOTE. voy. vœu. —
D. voter.
involare in possessionem). Il est inutile de VOTIF, L. votivus.
recourir à involare. L'acception « prendre VOTRE. VÔTRE. BL. voster p. vester.
furtivement » peut être envisagée comme VOUER, prov. vodar,à.\x\i. votare', fréq. de
dérivant directement de voler L. volare; = vorcre.Composés a-vouer {y. cm. )\ dé-vouer,
:
ce ne serait qu'une extension du terme de qui a son précédent dans le L. devotare, fréq.
vénerie «« voler la corneille, le héron, etc. >» de dcvovere.
= faire la chasse. Involare a donné le vfr. VOUGE, anc. sorte de lance à deux tran-
emblei' (voy. emblée) qui signifie dérober, chants, auj. esp. d'épieu de vénerie; en prov.
enlever, mais ce verbe parait plutôt être un vesoig. L'original de ce mot est, comme l'a
composé de vola, main. —
D. vol, voleur, dim. démontré M. Meyer (Ztschr. X, 173), lat.
volerean, La Fontaine), volerie. rirfufùem, qui dans des glossaires gréco-latins
1. VOLET, pr. colombier à volets, puis traduit gr. ^Ui'i-ioc (tuyau à deux pointes).
pigeonnier en général cp. pour cette manière
; VOULOIR, it. volere, prov. voler, du L
de généraliser les significations, les mots volêre, forme barbare p. velle. Le part, vfr,
réverbère, foie, truie, etc. voillant, veuillant, s'est modifié en veillant
2. VOLET de fenêtres. Je suppose que le dans les composés bienveillant, malveillant.
sens propre de volet dans cette application est VOUS, pronom, L. vos. — D. vousoyer.
aile, comme l'instrument pour voler. Les VOUSSOIR, -URE, voy. l'art, suiv.
WAL — 518 — WIII
p. vohitiare. —
Voy. aussi entrcvous. sens de foret est postérieur au sens bota-
VOYAGE, vov. voie. —
D. voyager, -eur. nique, et qu'il y a ici le môme transpoit d'idée
VOYELLE, L". vocalis. que celui que nous avons remarqué dans le
VOYER, voy. voie. mot vis. Ou bien vrille, par un type vrititla,
VOYOU. D'après Nisard (Curiosités, p. 174 vriCla, ne riendrait-il pas au v. flam. vrijten,
et suiv. pour voirou, forme populaire de
I, angl. tcreeth (ags. vridan), tourner, tordre?
waroii, garoii loup-î?arou); d'après Fran- Mais de nouvelles explications se sont pro-
cisque Michel Dict. d'argot), de foie {" riiomme duites, qui devront probablement l'emporter.
de la voie publique, de la me »). Ainsi Bugge (Rom., III, 150, objecte aux et.
VRAL d'une forme déri-
vfr. et prov. verai, avancées par Diez et par moi, la circonstance
vative latine veracus (cp. prov. ybriai. f;iit du qu'au xiV siècle le mot n'avait pas d'r. Il
L. ebrtacus dév de ebrius ; cp. aussi Cavihrai,
.
prend donc viille, ville pour lat. viticula
Douai, du L. Cameracum, Duacum). Le (petite vigne) et vrille pour une forme ana-
simple verus existait dans l'anc. langue sous logue à fronde p fonde. Comme moi, il envi-
les formes ver (d'où avérer), veir et voir sage le .sens foret » comme dérivé, ce qui
•*
(voy. voire). —
Composés vraisemblable, : corrobore lopinion admise pour vis (lat.
-ance. vitis). Pour l'obier aussi, vrille représente
VRILLE, cirrhc de vigne, puis foret; forme lat. viticula, devenu successivement ve-ille,
syncopée p. verille (cp. vrai p. r«'aj); ce mot, puis par insertion de r voy. l'art, grammaire),
'
comme ses connexes it. verrina, laceret, piton verille, vrille. Il n'admet pas, comme Bugge
à vis, rouchi, vérin, vis, fr. vérin, machine et Paris, que l'r ait été introduit d'emblée
pourvue de vis, ne vient pas de virare, tour- après V, ce qui serait un procédé .sans exemple.
ner (les dér. de ce dernier conservent tous Voy. Kuhn, Ztschr.. nouvelle série, III, 4, et
leur i radical intact), mais du L veru ou Grôb. Zt.<chr., I, 481.
verum, pique, broche à rôtir (cp. pour Ht. VUE. vov. voir.
verrina le dérivé L. veruina, javeline, em- VULGAIRE, L. vulgarU ^vulgus\ — D. vul-
ployé par Plante). Le mot vrille, par exten- garité, vitlf/ariser.
sion, s'est appliqué aux cirrhcs de la vigne. VULGATB.. du L. vulgata se. scriptura,
— L'étymologie ci- dessus est proposée par version do l'Ecriture sanctionnée pour l'usage
Diez; avant de la connaître, je pea.sais que public.
vrille était une forme dimin. d'un primitif VULNÉRABLE, L. vtdnerabilis (vulaeTSire);
germ. vrig ou vric, racine d'où sont sortis vulnéraire, L. vulnerarius (vulnu."?).
une foule de mots germaniques à base nasa- VULVE, L. vulva, forme accessoire de volva
lisée wring, wriiik, aussi hring, etc., mar- (volvere), pr. enveloppe, gaine.
W
Observ. Les quelques mots du dictionnaire signifiant ce qui est non-allemand, comme bar-
français commençant par lo sont d'importation barus s'appliquait à tout ce qui était non-
étrangère. Fort peu d'entre eux sont d'un romain, on comprend l'acception de déni*
usage commun. gremcnt attachée à la forme française de
WACKE, t. de minéralogie, ail. icacke. ce mot welche ou velche. Voy. aussi l'art.
WAGON, de l'angl. waggon, chariot, qui est Gaidc.
l'ags vaegcn, ail. wagen, char, pourvu d'une WARNETTE, d'origine germanique; com-
tei'minaison romane. posé de garn, fil, -j- net, auj. nets, filet. Voy.
WALLON, dérivé du thème wal == L. gai, Grimm, v. garnnets. —
D. warnctteur.
gallus, gaulois, appliqué dans la suite par les WELCHE, voy. velche et l'art, préc. — D,
Allemands aux Gallo-Homains. Le même xoelcheric.
thème se retrouve dans valaque, valais, et WHISaY, eau-de-vie de grain, an;^l. whiS'
dans l'adj. vha. wal ah, nha. wàlsch par lequel key, altéré du cclt. gvoisgi, uisge, eau com- ;
les Allemands désignent tout ce qui est roman posé uisge-beatha, eau de vie (an^l. tisque-
en opposition au tudesque. Le mot wallon baiigh).
s'est restreint aux habitants de l'extrémité WHIST, mot anglais; pr. l'interjection par
septentrionale de la Gaule, aux Belges parlant laquelle on commande le silence; le jeu de
roman la langue wallonne est l'idiome parlé
; cartes de ce nom a été ainsi nommé, disent
par ces habitants et constitue un des dialectes les étymologistes anglais, parce qu'il requiert
de la branche romane française. L'ail, wàlsch du silence.
ZIB — 519 — ZOO
X
OasERv. Les mots commençint par x sont XYuOGRAPHIE, art d'imprimer ou de gra-
tous d'importation étrangère et appartiennent ver sur bois (fjÀov). On trouve déjà sur une
à la terminologie scientifi [:ie. inscription grecque le verbe ÇuX^/pap-Iv, écrire
XijRÂ.SIS, maladie des olievaiix, du gr. sur du bois.
X/iyy.-jix,sécheresse (de tifii^ secy. XYRIS, glaïeul puant, ^v, Çjpi-, m. s.
Y, it. ivi, vi, i, v. esp. et prov. hi, y, du L. YATAGAN, mot turc, signifiant coutelas.
ibi. là (cp. en deinde). YdBLS, forme variée do hièble (v. c. m.).
YACHT; ce mot nous est venu directement YilUSE, p. ieuse, forme diphthonguée du
des Anglais, qui à leur tour le tiennent des prov euse, it. elce, du L. iJex, ilici's, m. s.
Hollandais ; Kiliaen iayht, liburnica, celox,
: YEUX, p. leux, forme diphthonguée p. eux,
navis prsedatoria le marne mot signifie
; plur. d'jeià ^= œil (v. c. m.).
chasse; c'est donc pr. un vaisseau pour faire YPRÉAU, aussi ypereau, esp. d'orme, ori-
la chasse. ginaire, dit-on, de la ville ô!Yijres.
ZAIN, it., esp. zaino, cheval d'une couleur sabelijn, RL. sahellinu^, dont le primitif
unique; d'origine inconnue. Dozy demande si saballun répond au vfr. et angl sable, ail.
ce n'est pis une altération de l'arabe aç.i7im,, zob^l (voy. l'art, sabltj). Le mot e.-;t originaire
qui se trouve avec le sen; di zaia. du nord-est del'Europe; cp. l'appellation russe
ZÈBRE, it. zebro, angl., ail. zebri, esp. sobol, serbe et valaque satnur.
cebra; daprès Mahn d'origine africaine — ZIBîiTH, it. zibetto. voy. civette.
D. z>'bré. ZIGZAG, ail. zichzack, combinaison onoma-
ZÉDOUAIRE, racine médicinale, BL.zedoa- topée tenant peut-être à la famille allemande
ria, it. zetlovario. vfr. citoual, vha. citawar, zîcke iziiike) et zackj, chose allongée en
zitvar (auj. zitwer). De l'arabe zetwàr. pointe.
ZÈLE, it., zelo, angl. zeal, du
esp., port, ZINC, de l'ail, zink; le nom allemand de
L. zelas envie ardente, émulation.
(^r:iî;), — ce m^tal n'est pas de date ancienne, et l'on
D.zelé; ;rfc;7a<e«r, L. zelator, du verbe zelare, suppo.se que c'est le même mot que l'ail, zinn,
avoir du zèle. —
Voy. a.wàû jaloux. étain, muni du suffixe slave k, qui aurait été
ZÉNITH, mot écourté de la formule arabe emprunté au slave pour spécifier le sens de
svMT-er ras, le chemin de la tête. La finale h zinc. D'autres tiennent le mot pour congénère
est contraire à l'étymologie et n'existe pas avec l'ail, zinke, branche, fourchon, parce
dans l'it esp. et port, zenit.
, Voy. aussi — qu'à la fonte, le zinc se fige par fourchons. —
nadir et azimut. D. zinrfuer.
ZéPHYR, L. zephirus (^s-^îî^). ZINZOLIN, rougeàtre. aussi gingeo-
violet,
ZÉRO, gâté de l'arabe çafrun, cifrun, m. lin, selon Ménage del'arabe giolgnlan (Dcvic
s,, pr. ^= vide l'en arabe mod. et en turc, le orthographie djoVgolan), semence du sésame
zéro s'appelle syfr). Voy. aussi l'art, chiffre. dont on fait cette couleur.
ZEST, ZESTE, nom qu'on donne à une ZIST. variété phonétique de zest, employé
petite peau dure qui sépare les parties de la dans la loc. « entre le zist et le zest » entre =
noix, puis à une petite tranche de l'écorce des deux choses dont l'une vaut l'autre.
orani:es, des citrons, etc au fig, le mot ; ZIZANIE, ivraie, du L. zizania (gr.
signifie « cho.se de peu de valeur, bagatelle •»; m.
^.^ivt-jv). s,; l'expr. fig. « semer la ziza-
de là l'expr. « je n'en donnerais pas un zeste » nie n, c.-à-d. la mauvaise graine, a fait de ce
et l'interjection zest! — Zeste vient, d'après mot le synonyme de discorde, mésintelli-
Diez, du L. schistus [T^/nrô), séparé, divisé. Il gence.
est probable que le mot désignait à l'origine ZODIAQUE, L. zodiacus, gr. ^-iiSiy./o;, s. e.
les pirties de la noix celles-ci s'appellent de
; xù'.l');, des ^'^Six, signes d'animaux,
le cercle
même en dial. de Côme fis, du L. fissus, ou constellations l^'^Sio-j p. ^'.o'^îtîv, dim. de
synonyme de schistus. ^ûii-j, animal). —
D. zodiacal.
ZIBELINE, zibellino, prov. et vfr. sebe-
it. ZONE, L. zona,.gv. Oli-j/j, ceinture.
lin, esp., port, cebellina, zebellina, v. flam. ZOO-, élément initial de composition, disant
zou — 520 ZUT
animal (du gr. i'I-jv); p. ex. 3'>o-logie, des- Afrique, tirant son nom de celui d'une tribu
cription d'animaux, soolithe, litt. animal- kabyle appelée zouaoïia.
pierre (5.(&5,-), zooplnjte, litt. animal-planto ZUT, interjection de dôdain ou de refus,
(fUTo-). zootechnie, art (Tixv>j) relatif à l'élève qui, comme la plupart des interjections,
des aninjaux. échappe à l'analyse élym )l()gique. Si on en
ZOSTÈRE, varech, L. zoster, gr. ^oîTr/». trouve des traces en sanscrit, c'est que les pro-
m. s. duits spontanés de la vois humaine naissent
ZOUAVE, soldat d'un corps français en sous tous les climats.
FIN.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
fondamentale qu'il s'agit de rendre étant le des traces que dans les trois subst. amitié',
mouvement des f/ew.r jambes et des rfeua; pieds, moitié et pitié; sur la cause probable de leur
il part de L. ambo, d'où, d'une part, un dérivé conservation, voy. G. Paris, Rom., IV, 128.
ambidare, générateur du fr. aller, d'autre ATTACHER et ATTAQUER. Ulrich explique
part, un fréq. ambitare, d'où le thème roman Ztschr., IX, 429) le thème roman taccare par
concurrent andare, et qu'il faut distinguer de le type tacticare; le sens foncier serait donc
Yambitare = amb- (x^x-^l) -\- tiare', auquel je <• toucher, mettre la main à •>.
rapporte îv.'a)iter, hanter. La lettre est moins BAFOUER. Selon Tobler (Ztschr., X, 577),
favorable à ce raisonnnement que l'idée, car ce verbe est issu de bes-fouer et de même ori-
l'équation ambitare = it. andare, à côté de gine que fouet (v. c. m.), d'où fouetter. C'est
vfr. conte ^= coniitem, est-elle soutenable? En donc un péjoratif de verberare, mais au mo-
présence d'autres cas analogues de nd p nt ral maltraiter, gourmander. Cp. en ail.
:
(voy. Flechia, Archiv. glott., II, 340 , je n'en geisseln, fouetter, fig. bafouer, de geissel,
doute pas. D'ailleurs, l'an ilogie du gr. potrzv, fouet.
qui est, d'après Ronsch, une forme mutilée BARAGOUIN. Le néerl. bargoensch, argot,
de à'/yîtrxv (dérivé de àjxv;), iau^Tv) comme est-il connexe ?
pensent les hellénistes, — vient à l'appui BASCULE. L'étymologie donnée par Meu-
de la nouvelle étymologie. Pour l'équation nier n'est pas aussi assurée qu'elle en a l'air.
ambulare (qui est également issu de ambo) Il faut tenir compte des formes bascli, bascul,
= fr aller, Rônsch y voit un cas d'assimda- biscul (F v'ioxû) biscolo(Naples), it. bisciancola,
tion de consonnes non moins étrange que it. qui signifient la même chose et ne s'en accom-
spalla de spatnla, sollo de sollulus^ (Dïez). modent guère. La tentative de ramener toutes
AMADOUER. ïobler fZt.schr., X, 577) a éta- ces formes â un type lat. fictif bis-anculare
bli que de toutes les étym. tentées jusqu'ici (BL. ancla =ancula, pompe à puiser de
sur ce verbe 'lequel figure déjà dans Nicot!, l'eau), faite par Caix (Studi, n° 206) est par
aucune ne résiste à la critique, et voici celle trop risquée. D'après Caix, le mot bascule se
qu'il avance Il part du mot picard synonyme
: rattacherait donc au L. anculare « fare ail'
amidouler [amidouier, dans mon texte, est altalena » (composé exanclare, pomper), dont
— 522 —
la connexitéavec gr àvrîâv n'est pas douteuse. et du Tyrol offrent brittola, britula, signifiant
Explication hardie, pense G. Paris, mais qui couteau pliant, co qui rend l'origine bretonne
mérite toute considération. —
Dans le patois peti probable.
messin, on dit bond pour une longue poutre BROUEE. Signalons ici une intéressante
au bout de laquelle il y a un seau et qui, étude de M. Joret (Kom.. IX, 119). où les
en la faisant basculer, sert à tii-er de l'eau mot>; français broue, brouée, brouine, bruine,
(Rom.. V, 198). brouillard, s'ébrouer 'v. c. m.) sont tous
BERNIQUE. A propos de cette interjection. placés sous le primitif germanique vha. prot,
Schuchardt (Literar. Centralblatt, ISTS.n" 14) prod, angl. broth dans ses diverses acceptions
rapproche dans les dial. ital. les mots bar- » eau bouillante, écume, vapt^ur qui s'élèvo
gnich, baryntf, barlich, berlich, diable; en d'un liquide en ébullition, vapeur aqueuse (ail.
outre, l'expr. vénitienne /)cr berliche.per bi'rlo- mod. hrodcm) »».
tout bci'lique berloqiie^, faire tout de tra- CAHUTE. Diez avec raison une
décline
vers. Mais y a-t-il là moyen de retrouver explication du mot parkanc, réduit,ail.
la valeur de notre fr. bernique? cage (= lat. catea -\- tr. hutte; il est d'avis
'BESI, nom générique de plusieurs espèces que le mot était déjà à l'état de composé avant
de poires; Berry f»izi(/e, poire sauvage; voy. son pas,sage au français; la t^vmQ une. cahuettc
le Gloss. du Centre par Jaubert. d'où il résulte lui semble issu de cahutette, conimj seroiette
que bezi, dans divers patois de F'rance, signifie de servitette.
sauvageon. Le mot paraît indépendant de CALOTTE. Le BL. reticulum (coiffure de
goth. basi,nécT\.bes,besie, ail. bcerc = baie, femme se trouve traduit par calle dans les
I
ainsi que de ags. basu, succineus glossaires du mf>yen âge. Voy. ma Lexicogr.
BIGN£. Les formes avec r dans les dialectes lat.des xifet xiii* siècles, p. 135.
ital. bicrgna, b)'Offna,\t.ber>wccJtio,souto\lcs CAMAIL Baist Grôb. Ztschr., V, 560) fait
congénères ? dériver le mot du gr. jfvj.uo; (aussi /atuo';),
BOUFFER. Nous avons placé sous cet L. camus (Isidore), muselière, licou, menton-
entête les mots rebvfffr et rebuffade; comme nière.
il est diflicile, vu leur valeur actuelle, de les CAPORAL. que
le BL. caporalia se
J'ajoute
séparer du mot italien rubbuffo ^= rebuffade, trouve dès I3(i4, caporale, dans J. Vil-
et it.
il nous importe d'insérer ici l'opinion émise lani. Un poème français do la croisa Je 'voy.
par Caix (Studi, n° 469), d'après laquelle ce Rom., VI. 492) donne cor/jtra/ correspondant,
rabbuffo est indépendant de it. rabbuffare, dans im texte latin de Baudri. à cnrpalatium
ébouritfer, et représente une mét«tiièse de (garde du corps), sur lequel voy. DC. au mot
baruffo; quant à celui-ci, Caix y voit le vha. cura palatii, sous cura 7.
piruofan, auj. bcrufen, au sens de "faire des CHACUN. L'emploi de chasque au delà du
remontrances » Je n'adhère pas à la distinc-
. xvi" siècle est maintenant constaté par un bon
tion faite entre les deux verbes it. rabbuffare, nombre d'exemples; voy. Grôber Ztschr., I,
de tirer vanité de ses caleçons? serait donc tenté d'expliquer notre chenet par
BRAIRE. Schuchardt y voit la même racine chem'net, d'autant plus qu'on ne trouve pas
brag qui est dans l'ail, souabe braigcn, brilgen, d'anciens exemples de chienet,-el, petit chien,
m. s ladin bragir, sbragir, lomb. bragid,
, au sens de chenet.
vénit. sbragiar. CHÈRE. A.scoli ^Archivio glotîol., IV,
BRELAN. Peut-être, pense G. Paris (Rom.. 119-22) dérive it. cera, ciere, de L. cera.,
VIII, 618), vfr. berle)}c =
brelan tient-il de cerea, figure en cire, et tient la locution clas-
vfr. bellinc, belltn, it. bilenco, oblique, que sique far buona cera poui' une simple imita-
l'on explique par bis (particule péjorative; tion du fr. fai}'e bonne chère.
-j- vha. slinc, gauche.
CHIER. On ne peut plus se refuser aujour-
BRETELLE. Je serais disposé à voir dans d'hui à l'explication étymologique de ce verbe
ce mot une altération populaire de braietelle^ par L. cacare, défendue en dernier lieu par
dim. de braiette, lui-même dim. de braie, Cornu (Rom., Vil, 354); il me semble juste
courroie, ceinture. d'ajouter ici qu'elle avait été affirmée déjà
BRETTE. D'anciens textes romans du Frioul trois ans auparavant par G. Paris 'Rom., IV,
— 523 —
123, note 4). Voy, aussi Waldner, dans Her- 'ENDÉANS, = dans l'espace de, au bout de
rigs, Archiv, etc., LXXVIII
(1887), p. 422.
t. (appliqué au tempsK forme syncopée de ende-
CHIPIE. Pourrait aussi dériver de chipe = dans. Cette expression prépositionnelle, ren-
chiffe et signifier soit une personne qui ?e due dans la langue normale soit par circonlo-
préoccupe de chiffes (cp. le dérivé chipoter)^ cution ou par en ou dans tout court, est
soit déguenillée. Je tiens chipie pour un anc. encore en pleine vogue dans le pays que
participe fém. à sens actif chipiée. = j'habite, soit dans le langage des actes publics,
CONTRACTER et le subst. verb. contrat soit dans la conversation ; c'est à ce titre que
sont de formation savante, p. contraiter, con- je la signale; c'est un provincialisme digne
trait. d'exister soit comme facture, soit comme sens.
'CONTRE-PEITERIE, dérive de l'ancien Il intéressera l'auteur de la « Note sur l'Hist.
contre-peter, rendre un son de travers, d'où des prépos. franc, en, enz, dedans, dans »
les sens « contrefaire, singer, équivoquer «. (Paris, 1885, 22 p. in-12), M. Arsène Darmes-
COULEUVRE. Ce mot présente plus d'une teter; cet explorateur romaniste, dont la
difficulté phonétique sans que le grand public finesse du sens est un des traits caractéris-
s'en doute elles ont été relevées et discutées
;
tiques, conviendra que endcans est plus expres-
dans la Romania par Darmesteter (V, 147), sif et précis que dans.
Havet (VI, 433 et suiv.) et G. Paris (X, 49); 2. ERRER. Pour le sens " agir «, cp. Chan-
nous y renvoyons les spécialistes. son de Roland, 167 Pour cels de France
: •»
CRAPAUD. Voy. aussi mon Appendice ad vuelt il del tout errer. "
Diez, 5*^ éd., p. 790. ESTROPIER. D'après Schœtensack, p. es-
CUIVRE; n'est pas, selon Baist (Grôb. cropier et appartenant au même radical que
Ztschr VII,
, 116 , =
lat. cupreum, mais l'ail, hrïqjpel (impotent, contrefait, rabou-
=^ cyprium. — Notez encore les anc. formes gri). Cela mérite examen.
cuevre et coivre. FAGNE et FANGE. En traitant ces articles,
DARTRE. En rhéto-roman, on dit diervet. je ne connaissais pas encore celui d'Arbois de
DÉLECTER. Le vfr. delechicr ne peut venir Jubainville 'Mém. de la Soc. de linguist. de
directement de delectare (comme je l'ai inci- Paris, II, 72), et je tiens d'autant plus à le
demment fait entendre sous etupécher); je le signaler, que ce philologue y développe une
tire de delectus (part, de delicere) par l'inter- opinion conforme à celle émise par feu Grand-
médiaire d'une forme dérivative dclectiare. Il gagnage, dès 1845, dans son Dictionnaire, et
est distincr, à mon avis, de 'delecqinr, lécher. qui lui avait échappé.
DÉTRACTER. L'anc. langue avait le pri- FICHER. Ulrich établit pour ce verbe,
mitif détruire dans la même
acception, subst. comme pour l'it. ficcare, un type commun
detrait = médisance, et detraiteur détrac- = ficticare, d'un supin fictum, concurrent de
teur.^ fixurn (voy. Diez, I, v° fttto).
DÉTRAQUER ; doit se confondre étymologi- TIGUE. L'expr. faire la /^^neditpropr. faire
quement avec it. straccare, lasser, ennuyer, un geste d'une signification obscène et vient
incommoder; or, M. Lllrich (Zeitschr., IX, de l'it. ftca = cunnus. En esp. far la fsga a
429) est d'avis que le type roman traccare est la même valeur, mais doit en être étymologi-
issu d'un type lat. vulg. tracticare ; cela don- quement séparé.
nerait donc à détraquer le type lat. distracti- FLÉTRIR 1. L'ancien aà^.flaistre, primitif
care. —Godefroy cite un exemple de se des- de ce verbe, est, d'après W. Meyer (Ztschr.,
traquier =
se séparer. XI, 254), une variété de flaiste. et celui-ci
DOLÉANCE. Littré présuppose l'existence régulièrement produit du lat. flaccidus par le
d'un anc infin. doleier ou doloier; c'est peu même procédé qui a donné boiste (boite) de
probable. Le fait est que dolcant est déjà dans buxida, moiste, moite [v. c. m. de muccidus.
)
—
le Fragment de Valenciennes. Au même passage cité, en note, on m'impute
DRAPEAU, voy. drap. une erreur que je n^ai pas commise c'est ;
ÉCUEIL et les autres pai'allèles romans flétrir 2 que je dérive du tlièrae flat. mais non
accusent pour type immédiat scoc{u)lus et non pas celui dont il est question.
scopulus; c'est ainsi que vieil vient de vet{u)- FLIN. C'est à ce même flin, silex, pierre à
lus par l'intermédiaire de vec'liis. On a mis feu, que remonte, depuis le xyu*^ s., l'ail.
aussi notre écueil en rapport avec le vha. flinte, fusil, ainsi que et le mot populaire fr.
sceltan, auj. sc/ie/toî,fendre, briser; on dit d'un flinf/ot, vieux fusil
vaisseau « es zercheUte an den klippen », il
: FRACASSER. Ulrich rattache, sans se pré-
échoua contre les rochers; mais comment occuper de la finale, le radical frac à un verbe
rendre compte de la voyelle radicale et de la fraccare., issu de fracticare (fractum); il cite
mouillure? l'analogie formative entre tracas et fracas,
EFFRAIE, ce mot (anc. esfraic) a été expli- l'un issu de tract, l'autre de fract.
qué inutilement par une transposition de fre- FRELATER. La forme (ralater est posté-
saie. rieure à frelater et a été abandonnée. Le
EMPÊCHER. D'après ce que j'ai dit au mot sens premier « transvaser » est signnlé par
fléchir, ne peut plus être question des équa-
il Nicot.
tions impactare =
empêcher, flectere flé- = FRESAIE. M. Holthausen (Ztschr., X, 293)
chir, delecher =^ delectare, posées dans cet est d'avis que l'initiale /"pourrait s'être pro-
article. duite sous l'influence du germ. foresaga, équi-
— 524 —
valant à L. prœsaga, et que ce mot aurait combattue par P. Meyer, Rom., XI,
ter, est
donné naissance à un lat. vulgaire 'fresaga. 618, sur des arguments phonétiques décisifs.
W. Meyer {ib. XI, 255 conteste cette opinion
, LORGNER L'anc. adj. lorgne, louche,
à cause de l'absence d'identité logique entre le parait être abstrait du verbe.
mot ger-manique et le gallo-roman prœsaga. LUBIE. Ce mot érant étranger aux textes
Il s'explique plutôt l'initiale de frcsaie (p. pre- du moyen âge, G. Paris juge qu'il est em-
saie) par une fusion de ce mot avec le syno- prunté à l'italien et reproduit Tit.. iihbia,
nyme effraie. 11 admet, toutefois, qu'une in- appréhension superstitieuse, mauvais présage
fluence fraise (puisque, dit Littré, on a dit
(le (Rom.. IV, 499). —
Dans le florentin, on
que la fresaie portait une sorte de fraise au- trouve lubtigine, humeur mélancolique; dans
tour du cou) est aussi possible. le Frioul, lubie.
GALE. Je rappelle ici Baud. de Condé, MALADE. Pour L. maie hab'tus devenu ma-
p. 166, V. 393: lade ; coude de cubitus, cub'tus.
cp.
A tes cio\s mustiuiis as soros MALANDRIN. Ajoutez que l'ob.^ervation de
Kt i\ tes [lias pies plains de yales.
Paris est amenée par l'adj. malcndos, souf-
GRAPELLE, grateron; du t'iMne grap,
frint. dans la Vie de Saint-Alexis, str. 111.
accrocher grappin, crochet, ancre).
(cp.
'MARCHEPIED, it. marciapede; selon Lit-
HABIT, il est difficile de se refuser à l'étym. " marche i)our po.ser selon
tré, les pieds ».
L. hàhitvs, mais il faut admettre en même
Meunier (et il a raison) « lieu que marche
temps que, quoique d'une haute antiqtiité. il
(foulel le pied •».
soit venu au français sous l'influence du lan-
MASSACRE. Le mot ne date que du
gage savant ou que l'on ait accentué habitits.
xvi* siècle, et est sans doute altéré du thème
HOUSPILLER. Comment expliquer le subst.
macecl ; j'ai relevé dans les Enfances Ogier,
vfr. houssppailler, valet d'armée, palefrenier?
3685, maceclerie, boucherie, et ailleurs mase-
Sans doute de vfr. housser, brosser, balayer
crier, bourreau.
-f- paillel
HURE*. Notez vfr. dehuré, que j'ai relevé MÊ6UE. Parmi les étymologies ^malheu-
reusesj tentées, citons encore le gr. /iji/a, lait
dans La Veuve, par Gautier le Long fv. 373) et
aigre.
qui parait signifier chauve :
Nous avons chaiens un brehier. MENISQUE. Le même mot .««e voit en vfr.
Un defeû, un dehuré. sotis laforme menais (pierre précieuse).
IL, pronom. L'étymologie L. ille, quel- MINCE. Notez en it. nmncio. verbe ammen-
que assurée qu'elle paraisse, ne résiste pas à un primitif 'minutire (pro-
cire, potir lesquels
l'objection « pourquoi pas el, comme t7/a fait posé par Caix) est insoutenable.
elle, illos, els' (d'où eux) "? La cause de cette 'lONQUE, en Belgique, lieu où le poisson
inconséquence n'a pas échappé à des cher- frais est mis aux enchères; du flam. mijne,
cheurs aussi pénétrants que MM. Miussafia et minke, m. s. D'après les lexicographes néer-
Cornu (voy. surtout le travail de ce dernier landais, du verbe mijnen, uit-mijnen, mettre
Rom., IX, 360) elle vient de ce que il ne pro-
; aux enclières, adjuger publiquement à celui
cède pas de ille, mais de la forme concurrente qui crie mijn, mien (à moi I) Cela parait être
et archaïque illic et que la persistance de IV fondé, mais pourquoi minke concurremment
est un effet de l'influence régressive de Yi atone avec mfjncî Est-ce une forme diminutive?
final sur la tonique précédente. D'autre — 2. MOYEU. Lisez L. mntulus p. mutilits.
part, M. Horning (Romanische Studien, IV, 2) Il se peut qu'en bas-latin on ait dit mutolus ;
nous a démontré que il, dans son emploi de alors l'étymologie de Diez serait sauve pour
pronom neutre, emploi relativement tardif la lettre.
dans la langue, ne répond pas à .son primitit MUGIR. Je trouve en vfr. en effet mitïr,
naturel illud, qui postule el, mais qu'il esf mais plus souvent muire [ui faisant diph-
le
l'effet d'une application abusive du masc. il. thongue), ce qui accuse un type latin barbare
JONGLER L'ail, gauhcln, jongler, avec le mugëre.
subst. gaukler, bateleur, jongleur, bouffon, NANTIR. Je dois ajouter que l'esp. prenda,
parait difficile à séparer du lat..;oc«/arj; ce- gage, ne vient pas de prender, prendre, mais
pendant Grimm, par des raisons diverses, judi- du V. esp. pendrar, transposé en prend ar ==
cietisement développées, n'en croit pas moins L. pignorare de pignus, gage; vov. Cornu,
devoir hii revendiquer une origine germaniqtie. Rom., IX, 133.
JUGE. Ce subst. ne s'accorde ni avec le ca.s- 2. NOUE. Est, selon Schuchardt, esp. =
sujet judex, ni avec le cas-régime judicem ; pg. nava, plaine, mot basque, d'où, d'après
Diez le considère donc comme abstrait du Al. de Humboldt, le nom géogr. Navarra.
verbe juger, bien que cette abstraction soit ORFROI. Darmesteter, Composés, p. 23,
insolite pour les subst. à signification per- se prononce pour aurum Phrygium, d'où a
sonnelle. pu facilement se produire orfy'ois (p. s issu de
2. LAI. Voy. sur ce mot une étude spéciale
g, cp. les mots fraise, gencive, gésier).
par d'Arbois de Jubainville, Rom., VIII, 422; OUI. D'après l'étymologie nouvelle attribuée
il part de Tirl. lôid, plus tard /m"d.
ci-dessus au pronom il (v. c m.), il faut poser
LECHER. Ulrich fait remonter le type pour vfr. oïl l'équation ^
hoc illic. Voy.
roman leccare à un type lat. barbare licti- Cornu. Rom., IX, 117.
care, de Uctmn', part, de lingere.
PARRAIN est aussi ancien que parrin et
LOCHER. Une étym. par L. luxare, déboî- accuse un type Blj.patranus (Fôrster).
e. .
5"25 —
PINCER. Ulrich retrouve dans ce mot le 'RINGARD est propr une barre servant à
même thème pict, dont il déduit piquer {voj tourner » et paraît tenir à la famille germa-
«
pi. b.), en procédant ainsi pictiare, it. piz-
: nique hring, vring, exprimant cercle, tourner
zare, pinzare, fr. (avec nasalisation) pincer. en rond
PIQUER, picard ^t'cAer, it. piccare, se rap- RISQUER. Canello déduit it. risicare de
porte, d'après Ulrich, à un type picticare L. resccare, au sens de fendre les flots à
qui remonte à un thème pict, le même qui a i^ebours, d'où celui de s'exposer au danger
donné le génois pittà, piquer, prov. pAtar, (Arch. glott., XXIII, 418).
béqueter, vfr. apiter, toucher de la pointe des ROIDE. A distinguer de ce mot 1 vfr. : .
doigts (mot cité par Diez I, \°pito, mais omis ruiste., qui signifie a) sauvage, fort b) roide, ;
dans le dictionnaire Godefrov), voy. Grober escarpé; 2. roiste (parfois, sans s, roite),
Ztschr., IX, 429. qui ne signifie que " escarpé » et qui est
POUR. Pi'esque tous les composés français le même que le synonyme prov. rausl et de
avec^ro- sont savants, la forme populaire est son côté différent do ruiste. Forster ad
pour-. Pour reproduit la forme du latin vul- V. 11692 de son Chevalier as deux espées,
gaire par; si ce dernier n'a pas fait selon la me blâme avec raison d'avoir, dans mes
l'ègle peur, mais pour, c'est qu'il est toujours Notes de Jean de Condé et mon Gloss. des
proclitique et que son o est dès lors atone ;
Chron. de Froissart, rattaché roiste à roide.
voy. Paris, Rom X, 45. , Quant à ruiste, c'est une variété de ruste,
TRÉGNANT. Ce mot, surtout comme terme rustre = L. rusticus (v. rustaicd).
didactique, est encore assez vivant pour qu'il SAC. Quoi
qu'en ait dit Caix (Studi,
ne mérite pas d'être inséré ici. Son premier n" 530), le fr. saccader est tout à fait indé-
sens est « gros (en état de gestation) «, d'où se pendant de L, succutere fou esp. sacudir),
dégagent aisément les sens modernes (cp. en G. Paris est du même avis (Rom., VIII, 620).
latin la connexilé entre lat. gravis et gravi- SAULE. Vfr. saus reproduit le nom. latin
dus). L'étym. h. prœgnantem s'impose à vue, salix.
mais elle se voilait un peu sous la forme SOLAS*. L. solatium requérant en fr. la
ancienne prenant et encoi^e plus sous celle de forme solais, mieux vaut considérer l'ancien
praing, prains, proÀgne (v. imprégnerai, qui solas comme le subst. verbal de solacier.
représente régulièrement le cas-sujet prœg- SOLEIL En on avait aussi, d'après le
vfr.
nans owprœgnas. même type latin, une forme seloil.
PUER. L'anc. langue, au lieu depua7iteur, SOIF. A.scoli explique la finale par la filière
disait jsife^r =
Y^. putorem. suivante sitis-sede-see, d'où, par épenthèse,
:
249), le sens foncier du fr. refrain est retour, mation de saquer (opinion de Jalj est encore
redite, répétition; il répond ainsi à une appli- moins probable.
cation du L. refringere suffisamment con- SPARADRAP. En présence de la forme span-
statée. darapum et dans la pénurie de tous rensei-
REGIMBER. Sur la forme regipcr =
lat. gnements ultérieurs sur la provenance et la
repedare), voy.