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DICTIONNAIRE

D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE

D'APRÈS LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE


DÉPOSÉ AU VŒU DE LA LOI
DICTIONNAIRE

D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
D APRES

LES EÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE

PAR

AUGUSTE SCHELER
DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES
MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROÏALE DE BELGIQUE
BIBLIOTHÉCAIRE DU ROI DES BELGES ET DU COMTE DE FLANDRE
PROFESSEUR A l'UNIVERSITÉ DE BRUXELLES

TROISIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÉE

BRUXELLES PARIS
LIBRAIRIE EUROPÉENNE C. MUQUARDT F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR

TH. FALK, ÉDITEUR, LIBRAIRE DE LA COUR E. BOUILLON ET E. VIEWEG, SUCCESSEURS


18-20-22, RUE DES PAROISSIENS 67, RUE DE RICIlrLIEU, 67

1888
TOUS DROITS RÉSERVÉS
1/ BRUXELLES >k.

-^^P.WEISSENBRUCH.IMP.DUROI-^
W 45, BUE DO POINÇON Tf

<p
PRÉFACES.

PREMIÈRE ÉDITION.

L'origine (les mots français a, depuis trois siècles, occupé, en France et ailleurs,
un grand nombre de savants, et la bibliographie des ouvrages consacrés à cette
matière est passablement longue. Et cependant, j'ose me flatter qu'en publiant
le mien, non seulement fait une œuvre utile, mais comblé en quelque sorte
j'ai

une lacune dans la littérature philologique française.


Précisément en présence de la multiplicité des livres qui traitent d'étymologie
française, soit d'une manière générale ou théorique, soit sous forme de recueils
embrassant les faits en détail, il était désirable qu'il en surgit un qui, réunissant
en un faisceau les résultats partiels de ces investigations diverses, les résumant,
pour la facilité de l'usage, sous la forme d'un dictionnaire alphabétique, permît
de saisir d'un coup d'œil l'état de la science en ce qui concerne chaque vocable
de la langue. A ce titre seul, la composition de mon dict onnaire me semble
pleinement justifiée Q^est un manuel qui dispense de longues recherches, qui
;

renseigne promptement sur tous les points du vaste sujet.


Toutefois, le but prédominant que je poursuivais n'était pas de fournir un
simple relevé des solutions variées émises successivement sur des questions d'éty-
mologie française. Ce que j'avais à cœur, ce n'était pas de remettre en circulation
une foule d'erreurs évidentes, d'accorder l'honneur d'une nouvelle publicité à des
bévues trop longtemps accréditées. Je tenais plutôt à présenter au public lettré,
d'une manière substantielle et concise, les fruits nouvellement acquis à la science,
et aie familiariser avec les conquêtes récentes de la linguistique française.
En effet, toute une phalange de philologues capables a pris à tâche, dans le

cours du dernier quart de siècle, de faire profiter à la science lexicologique, d'un


côté, les progrès réalisés en ce qui concerne la théorie générale de la formation
et du développement des langues et l'étude des idiomes romans en particulier ;

d'autre part, les matériaux mis au jour par la publication d'intéressants monu-
ments littéraires enfouis jusque-là dtms l'obscurité des bibliothèques, ainsi que
les ressources importantes offertes par les études qui, dans ces derniers temps,
Appuyés sur un système de lois et
se sont portées sur les dialectes et les patois.
de principes généraux, qui constituent en quelque sorte la grammaire étymolo-
gique, —
fortifiés par de longues observations, —
placés assez haut pour dominer
du regard tout le vaste domaine des langues indo-européennes, et surtout pro-
cédant avec la sévérité du juge consciencieux, —
les travailleurs auxquels je fais
— VI —
allusion sont parvenus, en matière d'étymologie française, à dissiper enfin la
défiance et le discrédit qu'avaient justement attirés à cette branche d'étude les
assertions aventureuses d'hommes plus spirituels que soucieux de la vérité, ou
les pédantesques et subtiles discussions de savants réels, qui s'avançaient sans
boussole dans le fouillis des matériaux amoncelés autour d'eux. Malgré toute

l'estime que doivent inspirer les efforts des Nicot, des Ménage, des Caseneuve,
des Du Cange, etc., et quelque justes qu'aient été, en mainte occasion, leurs
jugements et leurs conjectures, on ne peut plus, en présence des théories nou-
velles, les placer au rang d'autorités scientifiques, comme continuent à le faire

la plupart de ceux qui, jusqu'à ce jour, se sont occupés, incidemment ou accessoi-


rement, des origines des mots français. Montaigne disait : « Ne regarde pas qui
est le plus savant, mais qui est le mieux savant » ; c'est en suivant ce conseil
que je me suis tourné vers la nouvelle école allemande, fondée par les Bopp, les
Grimm, les Pott, les Diez, etc., sans dédaigner pour cela les philologues français
que je viens de citer et qui conservent un incontestable mérite.
Comme l'énonce le titre de mon ouvrage, le point de vue où je me place est
celui de la sciencemoderne. Tout ce qui ne peut Hrc scientifiquement démontré
par des preuves soit historiques, soit physiologiques, est relégtié dans le domaine
du caprice, delà fantaisie, de l'arbitraire. Ces éléments ont longtemps prévalu
en matière étymologique; tantôt on les trouve mMés à infiniment d'esprit et de
grâce, tantôt à une prodigieuse érudition. Mais, à la suite du mouvement général
de l'activité sociale de nos temps", et grâce à l'élargissement progressif de
l'horizon scientifique, à la multiplication continuelle des observations, la critique
âpre et minutieuse est venue s'emparer du sujet, la synthèse des faits a dégagé
des principes, et ce sont ces principes, vérifiés, éprouvés, sanctionnés, qui sont «lès

lors «ppelés à régner. De patientes et consciencieuses recherches ont révélé les lois
d'après lesquelles les vocables se constituent, se développent, se dégradent. Ces
lois veulent être respectées; il ne suffit plus, pour s'occuper des origines de nos
mots, d'être doué d'un esprit fin et délicat, il faut passer par un long apprentis-
sage pour s'initier à la physiologie du langage. Bref, la divination a fait son
temps, et l'étymologie est parvenue au rang il'une science positive, nous dirons
même d'une science exacte. Cette science, à la vérité, n'est pas faite encore,
mais en pleine élaboration.
Tirer au grand jour d'une publicité plus larp^e, mettre à la portée de tous ceux
qui ont reçu quelque culture littéraire, les fruits déposés par les savants de la
nouvelle école dans des publications éparses et peu répandues dans le public
auquel je destine ce livre, tel est le principal objet que j'avais en vue en entre-
prenant ce dictionnaire.
C'est, avant tout, àl'homme éminent à qui revient la gloire d'avoir le premier
fixé etméthodiquement exposé les lois qui président à la formation des langues
néo-latines, au vénérable professeur Diez, de Bonn, que j'ai voulu rendre hom-
mage, en consignant dans mon livre, pour mieux les faire valoir en dehors des
frontières de sa patrie, ses heureuses découvertes, ses judicieuses démonstrations,
ses habiles et prudentes conjectures. Les deux principaux ouvrages du philologue
allemand, savoir : Grammatik der romanischen Sprachen (3 vol., I^e éd.
Bonn, 1836-1844; 2" éd., entièrement refondue. Bonn, 185G-1861) *, et Etymo-

' Une troisième édition a paru en 1869; MM. Aiig. Brachet, Morel-Fatio et Gaston
Pans en ont entrepris la traduction française, publiée à Paris de 1874 à 1876, en
3 volumes.
— vu —
logisches Wôrterhucli der romanischeti Spraclien (Bonn, 1853)', ne sont pas,
ilest vrai, restés inaperçus en France. Un homme d'une science reconnue et plus
compétent, peut-être, en ces matières qu'aucun de ses compatriotes, M. Littré,
de l'Institut français, a mis en lumière les grandes et solides qualités qui les
distinguent, dans une série d'articles insérés, en 1855, dans le Journal des
Savants. Néanmoins, en jugeant d'après ce qui, dans ces dernières années, a été
jeté dans la grande circulation par des éditeurs français en fait de travaux
lexicographiques, j'ai lieu de croire que Diez et son système ne sont pas encore
naturalisés en France, n'y jouissent pas encore, dans le monde érudit, de toute
l'autorité qu'ils méiitent et qui, j'ai bâte de le dire, leur a été franchement
accordée par les philologues belges : les Grandgagnage, lesBormans, les Gachet,
les Chavée et autres 2.

Il va de soi qu'en exposant, par ordre alphabétique, l'origine des vocables


français, je n'ai pas voulu me borner au rôle de simple compilateur et enregistreur
des opinions d'autrui. Tout en m'appliquant à être bref, substantiel, dans les
articles sujets à discussion, je me suis permis parfois d'énoncer mon avis, de
proposer, avec toute la modestie qui convient en ces matières, la solution d'un
problème ou d'émettre une conjecture personnelle.
L'objet essentiel de chacun de ces articles, c'est d'établir le type immédiat d'où

procède le mot français en question ;


je me suis fait une règle de ne donner des
développements, de ne discuter ou raisonner que lorsque ce type était contesté
ou que le rapport de forme ou de sens entre le primitif proposé et le vocable en
question présentait de l'obscurité ou soulevait des doutes légitimes. J'éprou-
vais souvent la tentation de faire quelque excursion sur le
domaine de l'étymologie
latineou germanique, mais à part de fugitives indications, je suis resté fidèle à
ma règle. En générale, on remarquera que j'ai visé à être aussi bref dans la
rédaction de mes articles que le permettait la clarté, écartant tout ce qui ne
concourt pas, directement ou indirectement, à établir ou à confirmer une étymo-
logie mise en avant. Je me suis abstenu ainsi de reproduire les diverses applica-
quand des considérations tenant à mon sujet
tions passées ou actuelles d'un mot,
ne m'y engageaient pas. Les lecteurs auxquels je m'adresse possèdent suffi-
samment le grec et le latin pour que j'aie pu me dispenser de traduire ou de
définir chaque fois les vocables de ces langues que je cite ; ils sont également
censés être en état de vérifier les nombreuses citations tirées des autres langues
européennes.
Le cadre de mon travail ne comprend, en principe, que les vocables de la
langue actuelle entrés dans la circulation commune ; il exclut par conséquent les
mots appartenant à la terminologie des sciences spéciales, des arts et métiers,
et qui sont restés en dehors de l'usage général. Toutefois, dans l'intérêt du lecteur,
ce principe ne pouvait être observé dans toute sa rigueur; en mieux valait,
que trop peu.
pareille matière, fournir trop
En vue de tant de méprises commises pour avoir négligé ces rapprochements,
j'ai attaché une grande importance à la mention et à l'examen, à propos d'un

* 2* éd., 1861-62; 3* éd., 1869-70; 4" éd., augmentée d'un appendice par Aug. Scheler,
1878 ;
5® éd., avec le même appendice, revu et aiigm., 1887,
^ A l'apparition de la éd. de mon
1'"''
livre, je n'avais pas encore pu mettre à profit l'acti-
vité prodigieuse déployée depuis en France par toute une école d'explorateurs forte-
ment armés et en tête desquels je nommerai toujours, avec une respectueuse gratitude,
MM. G. Paris et P. Meyer, deux coryphées de la science auxquels toute l'Europe rend
hommage.
— VIII —
grand nombre de vocables français, des formes collatérales à ces vocables dans
les autres langues ou dialectes de souche romane.
Je ne me cache pas les imperfections de ce livre; j'ai, dans le cours de mes
recherches, trop bien appris que chaque journée d'étude fournissait de nouveaux
enseignements, pour que je rnc fasse illusion sur la valeur de mon travail. Quelque
solides que soient les principes sur lesquels la science étymologique est assise,
que de fois l'occasion ne vient-elle pas se présenter où il faut humblement revenir
sur une assertion carrément énoncée, démolir une conjecture péniblement
élaborée, et émise, pour ainsi dire, avec triomphe D'autre part, je ne méconnais
!

pas l'utilité que j'aurais pu tirer de certains ouvrages qui ne se trouvaient pas à
ma portée; bien des choses ont dii m'échapper que tel livre aurait pu me révéler.
Cependant, encouragé par le jugement bienveillant de quelques hommes
compétents, et fort de la conviction que, tel qu'il est, l'ouvrage peut rendre des
services, j'ai osé braver la publicité, résolu du reste de continuer à consacrer mes
loisirs au perfectionnement de l'teuvre. Mon ambition ne va pas plus loin que
d'avoir fourni rm livre utile et qui ne soit pas trop indigne du rôle élevé assigné
à l'art étymologique dans l'ensemble des connaissances qui ont pour objet la
génération et la manifestation des idées.

Bruxelles, l^' novembre 1861.

DEUXIÈME ÉDITION.

L'accueil très favorable que mon livre a rencontré, tant auprès des critiques
exercés que parmi les lecteurs qui l'ont acquis dans un but d'instruction, — l'im-
possibilité où se trouvait l'éditeur, depuis plusieurs années, de satisfaire aux
persormes qui cherchaient à se le procurer, — enfin, le désir légitime de le per-
fectionner en mettant à profit les enseignements nouveaux provenant soit de mes
propres études, soit de source étrangère — m'ont fait un devoir et un plaisir d'en
entreprendre une seconde édition.
Tous les articles de la première ont été soumis à un soigneux examen, à la
suite duquel j'ai retranché ce que j'ai reconnu comme inutile ou erroné et ajouté
les solutions nouvelles qui me semblaient dignes d'être présentées.
Un grand nombre nouveaux ont été intercalés; quelques-uns, relatifs
d'articles
à des mots abandonnés par l'usage, ont été éliminés; d'autres ont reçu de
notables développements.
Une des principales sources d'information où
j'ai puisé pour mettre mon œuvre
au courant de gigantesque Dictionnaire de M. Littré, dont la
la science, est le
publication, commencée en 1863, deux ans après l'émission de mon livre, est
enfin sur le point d'arriver à son terme. L'illustre académicien, dont le nom
.figurera désormais au premier rang parmi les lexicographes français du xix«
siècle,
en exposant sous une rubrique spéciale l'historique de chaque mot, a singulière-
ment facilitéla tâche de l'étymologiste. Pour établir rationnellement la
provenance
d'un vocable, rien n'est plus fructueux que la connaissance de l'époque
et du
terrain où il apparaît pour la première fois. D'autre part, le Dictionnaire de
M. m'a non seulement renseigné sur un bon nombre d'étymologies qui
Littré
m'étaient inconnues et méritaient toute mon attention, mais il m'a
suggéré aussi
— IX —
des indications propres à confirmer ou à invalider celles que j'avais posées ou
adoptées.
Si, par-ci, par-là, je me suis vu dans le cas de révoquer en doute les assertions
ou les conjectures du maître, le plus souvent j'ai pu fortifier de son autorité ma
propre manière de voir ou fonder sur elle l'abandon de certains passages de ma
première édition.
En relevant icique j'ai trouvé dans l'œuvre magistrale du linguiste
l'appui
français, je ne puis résisterau désir de déclarer aussi que la bienveillance et
l'estime témoignées à l'égard de mon livre par M. Littré et par un autre coryphée
de la science, M. Diez, m'ont été la plus douce satisfaction pour les peines qu'il
m'a données, et un puissant encouragement à lui conserver la bonne réputation
qu'ils ont concouru à lui créer.

La deuxième du Dictionnaire de Diez ont également


et la troisième édition
fourni des éléments et au complètement du mien.
précieux à l'amélioration
L'ouvrage publié il y a deux ans par M. Aug. Brachetsous le titre: Dictionnaire
étymologique de la koigue française, a été moins abondant sous ce rapport;
l'auteur, aussi apte, cependant, que tout autre à se mêler à la discussion critique
des faits controversés, s'est tracé un plan qui l'engageait à ne recueillir dans son
livre que les étymologies définitivement reçues, en s'attachant surtout à en
démontrer la justesse au point de vue phonéfique. Visant plutôt à faire
connaître la science faite que la science en élaboration, il s'est abstenu de
consigner les solutions sur lesquelles la certitude n'est pas encore acquise et qui
pouvaient prêter matière à "contestation.
Mon intention avait été de faire précéder mon livre d'une introduction, dans
laquelle auraient été méthodiquement exposées les lois principales qui ont présidé
à la formation et à la transformation successives des mots français. Elle devait en
quelque sorte servir d'appui aux faits étymologiques énoncés dans l'ouvrage;
mais comme des aperçus de ce genre se rencontrent ailleurs et qu'un travail
développé sur cette matière, traitée d'ailleurs en substance dans la grammaire
de Diez, eut considérablement grossi le volume, j'y ai renoncé pour en faire, plus
tard, l'objet d'une publication spéciale'.

Bruxelles, 1" novembre 1872.

Aug. SCHELER.

TROISIÈME ÉDITION.

Quinze années se sont écoulées depuis l'apparition de la dernière édition de ce


dictionnaire; quinze années fructueuses en résultats scientifiques dans l'explora-
tion du terrain spécial dont la culture est ma tâche. Que d'auxiliaires nouveaux
ont surgi dans cet intervalle pour m'éclairer et me fortifier dans le travail que
je poursuis depuis plus d'un quart de siècle! Puissé-je, en lançant cette nouvelle

* Ce sera lamplification de mes Etudes sur la transformation


française des mots latins
qui ont paru en 1869 dans la Revue de V instruction publique en Belgique (tirées â part en
un vol. de 199 pages in-8°j. — Cet ouvrage a paru depuis sous le titre : Exposé des lois qui
régissent la transformation française des mots latins. Bruxelles et Paris, 1875, in- 12.
édition, et c'est là mon unique ambition d'auteur, être jugé ne pas avoir décliné
et ne pas avoir démérité des encourageants éloges accordés à mes eil'orts, tant de
la part des critiques autorisés que du public qui leur a voué sa confiance; puisse
la qualification de revue, corrigée et augmentée être reconnue pleinement justifiée.
Rien dans le plan ni dans l'ordonnance et la méthode de mon livre n'a été

modifié ; des suppressions d'un côté, des ajoutes et des rectifications nombreuses
de l'autre, suivant que l'intérêt du sujet et le respect de la critique me les com-
mandaient. Visant surtout à la concision, j'ai peut-être souvent compromis la

précision, et je n'hésite pas à reconnaître le côté faible de ce travail : une allure un


peu trop libre, parfois même désordonnée, dans la rédaction des articles.
Je ne puis clore cet avant-propos sans faire mention de mes deux principaux
nouveaux auxiliaires dans l'élaboration de cette troisième édition ce sont deux ;

recueils périodiques de philologie romane, sous l'impulsion desquels la science


que je cultive a réalisé des progrès surprenants dans ces derniers temps et qui
continuent à la féconder de la noble émulation qu'ils ont suscitée en Fiance, :

la Romania de MM. P. Meyer et G. Paris, créée à Paris en i872, et en Alle-


magne, la Zeitschrifl fur romanische Philologie, fondée en 1877, et dirigée
depuis par le professeur D"" Gustave Giôber, à Strasbourg. Presque chaque page
de mon livre témoignera des ressources qu'ils m'ont fournies.

Bruxelles, en octobre 1887.

Auo. SCIIELER.
ABRÉVIATIONS USITÉES DANS LE LIVRE.

ags.
DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE

A. Cette préposition, dans la plupart de a est-il le résultat d'une confusion entre V aba-
ses emplois, se rattaclic étymologiqncment à joue et la bajoue? C\^. abée.
la prôp. ad des Latins. Elle est devenue, dans ABALOURDIR, factitif de balourd.
le système des langues néo-latines, un instru- ABANDONNER, verbe formé de l'ancieime
ment important pour suppléer aux inflexions locution à bandon, à volonté, à merci, donc
easuelles de la langue latine. On a prétendu pr. mettre à la merci. Quant au mot bandon,
(voy. Chcvallet, III, 349) (pic le fr. à repré- un dérivé de6an, BL. bannuni, bandum,
c'e.'it
sentait également dans certaines tournures, proclamation publique, permission (voy. ce
telles que " ôter l'écorcc à un arbre » la pré-
: ,
mot). « Mettre à bandon » voulait dire :

position latine ab. Cela est erroné. Aussi bien mettre à discrétion, exposer, livrer, laisser
vaudrait dire que le latin construisait mal en aller, sacrifier, délaisser; " bestes à bandon »
disant " vitam adimerc alïcin « Evidemment,
: .
étaient des bêtes sans gardes. Le subst. verbal
le datif dans cette phrase est aussi logique abandon a amené la conversion de l'anc.
que dans la tournure française en question. à bandon en à abandon, ou à l'abandon.
Dans les phrases telles que « l'homme à la
:
ABAQUE du L. abacns, venu lui-même du
,

jambe de bois ", à représente le prov. ab, lui- gr. iSx;, l)uifet, table.
même issu, comme l'it. appo, du L. apud
(voy. avec). —
La langue française a maintenu ABASOURDIR,
])arait
assourdir, étourdir. Ce verbe
nouveau il semble être formé
assez
le ad latin comme élément de composition,
;

d'assourdir, pour produire l'idcc à bas, à


comme préfixe. Elle s'en sert surtout pour
terre fcfr. les expressions allemandes nieder-
créer des verbes factitifs (ex. attrister, assour-
sclnnettern, niederdonnern] ou i)lutot n'est-ce
,

dir, alourdir, adoucir, aviver, resp. de


(px'une assimilation de forme à ab(dourdir.
triste, sourd, lourd, doux, vif, ou à renforcer
Nicot ne connaissait encore ni l'un ni l'autre.
des verbes simples sans modification sensible
de leur signification (ex. a-baisser, a-tourncr,
Le Dictionnaire historique de l'Académie, par
:

une singulière méprise, fait venir abasourdir


vfr. a-deviner), ou enfin,comme moyen de
dérivation (ex.
de l'adj. latin absurdus.
: a-journer de jour; a-dosser, de
dos). Quant à la préposition latine ab, on n'en ABATTRE, composé de battre. Cp. pour le
trouve ])lus do trace, en ce qui concerne des sens fig., l'ail, nicderschlaffen, le lat. affli-
compositions verbales nées sur le terrain gere. Notre verbe entre dans les substantifs
roman; même dans abattre, il n'est pas sur composés abat-jour, abat-vent, abat-voix. Dér,
que a soit issu du lat. ab. Dans arracher, il y abattage, -is, -oir. —
Cps. r-abattre. Le terme
a une transformation phonétique de l'ancien de mai'ine abatée est, pai' sa terminaison, de
esrachier == exi-adicare. mauvaise formation.
ABAISSE, morceau de pâte qui a été abaissé ABBAYE, voy. abbé.
ou aminci parle rouleau. ABBÉ, vfr. abbet, prov. abbat, angl. abbot,
ABAISSER, forme extcnsive de baisser, cp. ail. du L. abbatem, ace. de abbas; ce
abt,
vfr. amonter. —
En angl. abase. dernier est tiré du syriaque abba, père, titre
ABAIT, appât, vfr. et prov. abet, action de respect donné primitivement aux moines.
diabeter (attirer avec une amorce), fig. ru.se, Du {vm\n\nabbatissa, prov. abbadessa, se pro-
tromperie l'anc. verbe abetcr, qui a survécu
; duit abbe-csse et par contraction abbesse. Le
dans l'angl. to abet, instigucr, se rapporte à dérivé abbatia s'est romanisé en prov. cat.
l'ags. baeten, ndia. beizen, mnl. becten, faire esp. abadia, it. abbadia, fr. abbeïe, ortho-
mordre, ('p. amorce de a-mordre. graphié plus tard abbaye, (quoique prononcé
ABAJOUE, de à bajoue ? Peut-être l'élément a-bé-ïe.

1
ABI 2 — ABO

ABC, nom donne à la collection des signes


siinus, i-mployé par Plaute. D. abîmer; la —
sign. précipiter dans un abimc s'est généra-
d'écriture que l'on emploie dans une langue.
lisée en celle de détruire, anéantir, ruiner
Le mot est formé du nom des trois premiers
en ail. zn grund richtcn), comme, dans
de ces signes. C'est ainsi que alpha, beta, les (cfr.

deux premières lettres de la collection grecque, un sens inverse, lacception générale de nccarc,
ont donné naissance au mot alphabet. D. —•
tuer, s'est spécialisée en celle de noi/er.
abécédaire, prov. becedari, L. abecedarius; ABÎMER, voy. abimc.
dans ce mot la 4" letti-e d est venue aider à la ABJECT, L. abjectus{\)iiTt. passé deaJyicere,
dérivation. jeter loin), bas, commun, vil. Subst. abJiK-—
ABCÈS, L, abscessits (non pas ab-cessits, tion, L. abjectio, état do co qui est abject;
comme dit Littré); subst. de ubs-cedere, qui autrefois, on avait aussi lo néologisme objecter,
lui-même a été reçu, dans son acception médi- humilier, avilir.
forme abccder; cp. l'analogue
cale, sous la ABJURER, L, abjurare. Lo mot latin toute-
grec apostème, de xTioftrnvxi.
xndi7rr,/xoc, fr. fois impli(iuait l'idée de parjure; cette idée
ABDIQUER, L abdicare (se dédire, renon-
. s'est f ffacée dans le mot français.
cer). — D. abdication, L. abdicatio. ABLATIF, sixième cas do la déclinaison
ABDOMEN, transcrit du latin abdomen, latine, exprimant éloignemcnt, st'paration,
ventre. du L. ablativHS, formé do ablatum, supin de
ABECQUER, aussi abéquer et abécher, aufen'e, enlever,
forme cxtcnsivc de becquer, prendre on don- AELE, petit poisson à ventre blanc ; ce mot
ner la becquée voy. bec.
; devrait sonner alble (les Suisses ot les Autri-
ABÉB, ouverture i)ar laquelle coulo l'eau chiens disent, en effet, albele, albeï), car il vient
qui fait tourner un moulin. Ménage dérive co de l'adj. albulus (dim. de albiis, blanc). Les
mot à tort du L. abitv.s, issue, sortie; Yabée Romains désignaient Table par un autre dérivé
n'est qu'une fausse ortliographc p. la bée. d'albus, .savoir alburnus, d'où l'esp. nlbur
:

Bée de moulin .se dit encore; c'est le subst. (Rob. Estieunc cito ouèoKnic comme employé
verl)al du verbe béer, être ouvert (v. c. m.). en Saintonge). —
Dimin. ablette (angl. abUu).
ABEILLE, prov. abelha, esp. abeja, it. pec- Autres dérivés ablih'e et son dimin. ablerct,
:

chia (p. apccchia), est régulièrement formé filet potir pêcher dos ablcs.
de apicula, apicla, dimin. de apis. On sait ...ABLE, suffixe, =
lat. «ôiVis; ce suffixe
que pour se romaniser, un grand nombre de est appliqué en français :

primitifs latins ont revêtu la forme diminutivo 1° A des verbes de toutes conjugaisons avec
(p. ex. oreille, oiseau, soleil, sommeil).
Le un sens tant actif que pa.ssif [adorable, rede-
primitif apis a laissé des traces dans l'an- vable, vendable, convenable, aidabh, secou-
cienne langue et dans les patois, .sous les rable, péinssable) ;

formes é (cas-s»ijet es), ef, abe, etc. On y trouve 2° A des substantifs enté [charitable, équi-
aussi les dimin. avette, avilie. Le dérivé apia- table, rih'itabli:, amistable').
riiim, ruche, existait en vfr. sous la fonne ABLÉ6AT, L. ablcgatus, envoyé [ab-legare).
achicr [pi devant une voyeile fiiit pj, d'où ch, La terminaison at pour é (cfr. relégué, délé-
cfr. ache, de apium, sache, de sapiam). gué) dénote le caractère non vulgaire, non
ABERRATION, L. aberratio, écart {en-an^. populaire, ou l'introduction relativement ré-
Le mot a été d'abord employé dans un sens cente d'un vocable; nous citerons ici à l'appui
exclusivement astronomique. les mots légat, délicat, rosat, renégat; ces
ABÊTIR, factitif do bête. La langue fran- mots n'appartiennent pas au vieux fonds de la
çaiseforme des verbes inchoatifs et factitifs en langue. Aussi bien ablégat est-il un terme do
ir, de primitifs adjectifs ou substantifs, au chancellerie romaine.
moyen du préfixe a, modifié différemment ABLERET. ABLETTE, voy. able.
suivant l'initiale du primitif; ex. adoucir :
ABLUER. L. (ihlicrre [ab, luo), enlever en
(doux), asservir (serf), attendrir (tendre), avi- lavant. —
Ablution, L. ablutio, action de
lir (vil), abâtardir (bâtard). laver, purification.
ABHORRER, L. ab-horrere. On disait autre- ABNÉGATION, L. ab-ncgatio, de ab-negare,
fois de préférence abhoi'rir (cp. prov. aborrir, refuser, dénier.
aorrir, it. aborrire). ABOI, voy. aloyer.
ABI6ÉAT, du L. abigeatus (de abigeus = ABOLIR, L. aboUre, arx'cter dans sa crois-
qui abigit). sance, faire dépérir, anéantir. aholition, —
ABÎME, ABISME', prov. abis et abisme. On L. abolitio ; de là le néologisme abolition-
rapporte généralement ce mot au L. abyssus, niste, adversairede l'esclavage.
gouffre (lui-même tiré du grec 58u<;7o;), mais ABOMINER, L. abominari, propr. repous-
cette étymologie ne peut s'appliquer qu'à la ser une chose de mauvais augure (omen), puis
forme prov. abis et à l'it. abisso. L'explication en général, abhorrer. —
abomination, L. abo-
la plus heureuse est incontestablement celle viinatio; abominable, L. abominabilis.
de Diez, qui dérive abisme, par l'effet d'une ABONDER, L. abundare (unda), pr. débor-
contraction tout à fait régulière (cfr. vfr. der, couler en abondance, être en grande
bonisme, altisme, etc.), d'un substantif super- quantité. — abondant, -ance. L. abutulans,
latif abissimus, formation analogue au domi- -antia. — Cps. surabonder, L, superabun-
nissimus de la moyenne latinité, et à oculis- dare.
,

ABO 3 — ABR
ABONNER, anc. aussi aborncr, ahosncr, sens et ramène tous les deux à L. badare,
signiiio propr. limiter, et vient de bonne, une. ouvrir la bouche bayer ne serait donc qu'une
;

forme de borne, limite. S'est employé parti- variété de béer. Pour l'analogie des sens, il
culièrement dans le sens de fixer ou régler, compare en ail. hJaffen,Q[vo béant, oikldffen,
au moyen d'une convention, une redevance à japper, clabaiider. Boucherie explique ainsi :

payer de là abonnement, accord entre un


;
adbaubare, par syncope de la médiale b
d'oii
propriétaire et son fermier, puis convention et conversion de au en a (cp. augustus de-
quelconque relativement à un service à ren- venu 'a-oùt), abayer, d'où aboyer. Subst. —
dre d'une part et à payer de l'autre. Cette éty- verbal aboi, dont le pluriel exprime, au pro-
mologie, approuvée par Littré, est parfaite- pre, l'extrémité où est réduit le cerf forcé,
ment acceptable; cependant l'acception mo- lorsque les chiens l'entourent en aboyant; au
derne du mot pourrait tout aussi bien être figuré, dernière extrémité.
ramenée au primitif bon; s'abonner n'est ABRÉGER, d'où l'angl. abridge. Ce mot se
autre chose que se faire bo7i, c. à d. fort (cfr. rattache au L. brevis, comme alléger à levis;
^
en ail. gut stehen, et en français " donner un l'un et l'autre dérivent directement des formes
bon "), s'engager à payer au prix convenu latines abreviare et alleciare; cp. encore le
une marchandise, dès (pie celle-ci sera pré- vfr. assouager de suavis. On sait que dans
sentée, ou à l'échéance convenue. Diez allègue les syllabes finales eus [ea, eum) ou tus [ia,
à l'appui de cette dernière manière de voir le ium) les voyelles e et i se transforment, après
terme espagnol abonar, répondi'e pour quel- des consonnes, en consonnes chuintantes;
qu'un, assurer. après une forte, en ch, api'ès une douce, enj
ABONNIR, inchoatif et factitif do bon. — ou g. Exemples somniare, songer; simia,
:

Cps. r-a-bon)iir. singe; cambiarc, changer; vindemia, ven-


ABORDER, V. n., prendre terre; v. a., s'a]> dange ;\me\\?,, linge; commeatus, congé; ru-
prochcr de, arriver à; dérivé de bord, dans peus, roche; propius, proche; apiarium,
la signification de rivage (cfr. arriver). Dér. achier *. —D. abrégé.
^

abordage, -ée, -able et sub.st. verbal abord, ABREU'VER, faire boire, fcjrmo transposée
action d'aborder, d'approcher, puis lieu oii du vfr.abeuvrer, abevrer, prov. abeurer, it.
l'on aborde par extension aussi action d'en-
; abbeverare. Le fond de ce vocable est le verbe
tamer, d'attaquer une chose; de là les locu- lat. bibere, romanisé d'abord en bevre, puis en
tions de prime abord, et simpl. d'abord
:
= boivre et définitivement en boire. On trouve
dès le principe, au commencement, cp. les du reste dans l'ancienne langue, au lieu de la
anciennes locutions de venue', de première forme dérivative abeuvrer, une forme plus
venue'. primitive, aboivre. Voy. aussi breuvage.
ABORIGÈNES, L. aborigines [ah, origine,
ABRI, prov. rtônc.,esp, abrigo. La foi-mo
dès l'origine), habitants primitifs. On en a dé-
du verbe csp. abrigar, couvrir, protéger, a
gagé un adjectif aborigène . — Le mot est de
amené Diez à recourir, pour l'étymologie de
formation peu correcte.
ce mot, à un verbe vha. supposé bi-rihan,
ABORTIP, L. abortivus, formé de abo7'tus, couvrir (on trouve ant-rihan découvrir) ,

part, de ab-oriri, ne pas venir à l'existence, auquel on aurait adapté le préfixe roman a.
avoi'tcr. Ce terme est scientifique ; un autre Le savant linguiste croit devoir repousser
dérivé du latin aboriri, savoir le fréq. abor- l'étymologie qui se présente le plus naturel-
tare, s'est, par l'adoucissement habituel du b lement, savoir celle du L. apriciis, vu la signi-
en V, romanisé en avoi-ier. fication contraire de ce mot ouvert, exposé
:

ABOUCHER, bouche à bouche,


pr. mettre (aperire) au soleil, tandis qxi'abri veut dire
face à face. Autrefois, s'aboucher signifiait un lieu couvert et ombragé. » Quidquid in
tomber le visage en avant sur quelque chose. occulto est, in apricu7n proferet actas "
ABOUT, voy. abouter. (Horace). Diez invoque en outre contre l'ori-
ABOUTER, joindre deux objets bout à bout gine latine la circonstance que le mot fait
(voy. bout). De là le subst. verbal about, l'ex- défaut en italien dans le sens d'abri puis la ;

trémité par laquelle on aboute. Les marins signification couvrir qu'a le vfr. abrier dans
disent abuter de but, qui est étymologique- certains passages du Roman de la Rose et de
ment identique avec bout. —
Un autre dérivé Guill. Guiart. Ces scrupules ne semblent pas
de bout est le verbe neutre aboutir (angl. fondés à d'autres, comme Mahn, Littré et les
abut), toucher par un bout à qqch., flg. se auteurs du Dictionnaire histori(iue aj9?v'c«m, ;

terminer par. De là les aboutissants.


: disent-ils, désignait bien aux Latins un lieu
ABOUTIR, v. l'art, préc. qui garantissait de l'ombre, du froid, de 1 hu-
ABOYER, anc. bayer, abayer. L'étym. reçue midité ; mais de cette acception première pou-
porte sur lat. baubari, m. s Fôrster (Gro- ; vait fort bien se déduire et se fixer le sens
bcr, Ztschr. V, 95) la conteste par des raisons général de « lieu protecteur». —
Diez, enfin,
phonologiques et prétend que ad-baubari n'a croit aussi digne de quelque considération
p)i donner la forme ancienne a-baier, tandis l'ail, bergen, mettre en sûreté, à couvert (qui
que de celle-ci a régulièrement surgi aboyer, en vha. au présent birgu), lequel, par la
fait
comme citoyen de citci-ien, soudoyer de sol- ordinaire de l'r, pourrait fort bien
iriéta thèse
dei-ier, émoi du vfr. esmai. Quant à * bayer, avoir fourni le mot roman. Insistant surtout
il l'identifie avec l'it. bajare, qui a le même sur les acceptions bien constatées qu'avait
ABS ABU
apricus dans la ba;^.sc latinité, savoir : >• jucun- radical reparait, ainsi que le t, dans les

dus, dclectabilis, locus sine frigoro, locus llexions absolvons, absolves, etc.
: Le part,
tempoiatus sine vento », et se fondant, en passé absolutus, accentué absôlutus et devenu
outi'e, sur l'existence bien démontrée du verbe absoVtus, a donné absout et par le maintien
apricare au sens de « protéger, garantir », de ïs caractéristique du nominatif, absous; le
Bugge (Rom. IV, 348) appuie décidément fém. absol'ta est devenu ahsolte, absoute, ivAu.
Yétym.apricum. Pour ma part, je crois aussi du part, passé, et à la fois, j)ar l'haljitudo
que la série génétique apricus-apriaire,
: propre aux langues romanes de former des
d'où vfr. ahricr, d'où subst. abri, est tout à subst. abstraits au moyen du participe passé
fait plausible.Le dér. abriter est en tout cas — j). ex. : venue, perte (perdita), vente
allée,
de formation moderne et arbitraire. Il est — (vendita), chute (caduta), saillie, etc. lo —
curieux encore de noter que le wallon et le substantif absoute. La forme primitive abso-
bourguignon emploient la locution « être à lutus s'est maintenue dans l'adj. absolu. On
l'abri » dans le sens du lat. apricus, pour « être trouve de même du part, revolutus, dans la
exposé à ». langue actuelle, à la fois révolu, adj., et lo
ABRICOT, appelé chez Pline prunum subst. particijjial révolte, formé par la .syncope
Armaiiaciim. Les formes csp. et port, albari- de î(, de revoluta. Le sub.stantif «/AsY'J<<f e.st,
coque, albriccquc, ainsi que l'it. albercocco, au fond, la même chose que absolution, qui
albicocco, v. angl. apricoh (ail. aprikose), est directement tiré du L. absolutio; l'usage
donnent la clef de l'origine de ce mot. KUes seul les a distingués, comme il est arrivé à
se rattachent, comme le font voir les mots révolte et rA'olution.
grecs du moyen âge Trpat/ozxtcv et ^r/ss/oz/nv ABSTÈME, L. abstetnius, qui s'abstient de
(Dioscoride), au latin 2»'cecoquiis (cp. Mar- boire des li(jucurs enivrantes; racine temitm
tial, 13, AG), prœcox, cuit ou mûri avant la = /l'îOv, primitif de tanetum, vin.
saison, précoce, hâtif. L'arabe ayant emj)runté ABSTENIR vfr. astenir, du L. abs-
(S'),
le motgrec, en a fait birqùq et burqvq, et tinere. — savants
Déi-. abstinent, L. absti-
:

avec son article al, albcrqi'q, qui, en défini- nens; abstinaice, L. abstinentia. Nous avons
tive, parait être l'original direct du fr. abri- tort de ne pas dire abstenant, abstoiance,
cot [q\>. gr. mod. fit[.ù/.f)y.o-j). —
D'autres (John- comme on disait jadis, et comme on dit encore
son et le P. Labbc) ont songé à apricus, attenant, co)ite)iance.
exposé au soleil, que les fomies corrcsj)on- ABSTENTION, L. abstcntio{à\\ &\\\iinabstm-
dantes des autres langues ne permettent ab.so- turn).
lument pas d'accepter.
ABSTERGER, L. abs teiyere {tcrgcre
ABRITER,
ABROGER,
voy. abri.
L. ab-royare, pr. demander
essuyer). — I). absterffenl, L. absteiyeiis ; du
,

supin latin absterswn viennent abstcrsion, L.


l'annulation d'une loi.
abstersio, et abstei'sif.
ABROUTI, part, d'un verbe mwûièabroutir, ABSTINENCE, voy. abstenir.
dér. de brout.
ABSTRAIRE, du L. abs-trahcre; le parti-
ABRUPT. L. abruptus (rumpere), rompu,
c\\w nbstrnctus a donné abstrait.
rapide, escarpé. C'est, à ce qu'il parait, tant
au propre qu'au figuré, un mot d'introduc- ABSTRUS, du abstrusus, part, passé
L.
tion toute moderne. —
La locution latine ex
d'abstrudcre, jwussé loin, enfoncé, éloi-
litt.

gné, difficile à aborder ou à comprendre. Pour


abrupto, brusquement, est passée dans le dic-
l'idée, cp. abstrait, qui originellement signi-
tionnaire français.
fie également tii'é loin, détaché, puis impé-
ABRUTIR, factitif de brute.
nétrable, difficile à saisir.
ABSCISSE, L. abscissus, part, de abscin-
ABSURDE, L. absurdus; subst. absurdité,
dcrc, retrancher.
L. absn.rditas.
ABSENT, L. absentent; verhc s'absenter, L. ABUS, mauvais usage fane. aus.si«= erreur),
absentare; subst. absence, L. absentia, du L. abusas (ab, ntor ; cfr. us de usas. Le
ABSIDE et apside, du L. apsis, gén. apsi- verbe abuser- ne vient pas directement du
dis (iii;), arceau, voûte. subst. fr. abus, mais du frécjuent. abusari,
ABSINTHE, L. absinthium (i.|(vOn>v). tiré par la moyenne latinité du ?,\\\nTLabusum,
ABSOLU, vfr. assolu, du L. ab-solutus, de aîjuti. C'est ainsi que user, raser, oser, etc.,
d'où aussi IcsnéiAo^i^mes absolutisme, -iste. — viennent, par les supins usum, rasum, au-
ABSOLUTION, L. absolutio ; absolutoirk, L. sum, àcuti, radere etaudere. M. de Cheval-
absolutorius. let (Orig.II, 96, 97) commet une grave erreur
ABSORBER, absorbir,\îv. assorber, du L. en établis'sant à l'égard de ces verbes une per-
absorbere, engloutir. mutation de d ou t en s doux. C'est un trait
ABSOUDRE, vfr. assoudre, L. absolvere, caractéristique de la langue romane, que do
devenu d'abord absolre, puis par l'intercala- tirer ses verbes de la forme fréquentative
tion euphonique de d (cfr. «vèpa p. û-n^v) plutôt que de la forme primitive. Abuser, —
absoldre, enfin par la i)ei'mutation habitucllo c'est aussi bien faire abus de quelque chose
de l (suivi d'une consonne) en u, absoudre. que de qxiclqu'un en le trompant, mais dans
De la même manière s'est produit moudre de le sens de tromper, le verbe a i)ris la construc-
molere. poudre de pulverem. [Une ancienne tion active. —
Cps. désabuser, détromjjer. —
forme fr. assoillir, a laissé l'angl. assoil.] Ul Le part, abusas a donné à l'ancienne langue
, ,

AGC —5— AGC


mi ;ulj. ubii.s, = qui ï^e ti'ompe, fourvoyé, par le vent, est de même origine et suppose
ti'onblé. un verbe chabler; il s'est anglisé en cablislt
ABUSER, vov. abus. bois chablis.
ABUSIF, h.^ab-uski's aliu^us). ACCAPARER (mot d'introduction moderne),
ACABIT, qualité bonne ou mauvaise ap- ;
arrlior ou acheter tout ce qui se trouve oftert
plicpié d'abord aux fruits, légumes, ce mot a en vente pour se rendre le maître du cours,
fini par devenir tout à fa-it synonyme de qua- fig. prendre tout pour soi, vient du BL. ca-

lité, caractère, genre. Quant à son origine, il parra (it. esp. caparra), an'lies. Ce subst., à
est formé duBL. accapitum (ad, capcre), prise son tour, parait composé de capere et arrhae.
de possession, achat ; de bon acabit voulait ACCASTILLER, terme de marine, de castel-
dire de bonne prise, de bonne possession, lum, château (dans son acception maritime).
avant de signifier de bon genre ou de bonne
: ACCÉDER, du L. accedere, marcher vers
condition. (cp., pour le sens figuré de ce verbe, l'ail.
ACACIA, L. acacia (xzazîa). beitreten, consentir). — Accessit, mot latin,
ACAJOU, d'après Devic, le mot provien- sign. « il s'est approché (du prix) ». — Dérivé
drait bien de l'Asie orientale, mais serait moderne du mot latin : accessoire, pr. ce qui
doriginc malaise. (Voir Littré, suppl.). se joint à.
ACANTHE, du L. acanthus (5zavÔo,-). ACCÉLÉRER, L. accelerare (de celer, vite).
ACARIATRE d'une humeur fâcheuse ACCENT, pr. intonation, du L. accentus
,

aigre ce mot, qui ne remonte pas au delà du


;
(rac. cano, chanter, cp. le gi'ec npoi-'j^Six). —
XVI'' siècle, est, selon Diez, de la même ori- D. accentuer, formé de accentus, comme gra-
gine qiie les vieux verbes acarer, acarier duer, statuer, de gradus, status.
(osp. carear, acarar), confronter (mettre face ACCEPTER, L. acceptare (fréq. de acc.iper(i\.
à face). Le ])rimitif serait donc le mot roman ACCEPTION, action ou manière de prendre,
cara (voy. chère), tête, visage, et le sens fon- d'admettre, du L. acceptio (accipoi^e).
damental « qui tient tête dans une confronta- ACCÈS, L. accessus (ac-ccdere), approclio.
tion", diificile à convaincre. A cette étymol., ACCESSIBLE, L. accessibilis (accedere),
Tobler (Zeitschr IV, 375) objecte qu'un verbe
. dont on peut approcher.
acarier n'a jamais existé et que acarer, con- ACCESSIT, voy. accéder.
fronter, était un terme réservé à la langue ACCIDENT, du L. accidens, tombe ce qui
juridique et n'est d'ailleurs guère propre à ou arrive, on bien ou en mal, quod casu ac- «
engendrer la forme acariâtre. Mais sans cidit " accidere, advenir, est un composé de
;

insister sur la forme, l'émincnt prof, de Berlin cadere, verbe simple qui a donné le fr. choir;
appuie sur la disparité des sons " confronter » cp. l'ail, zu-fall, fîxit accidentel, hasard.
et " difficile, grondeur, hargneux » et s'adresse , L'acception « manière d'être fortuite, impré-
à une autre source. Il reconnaît dans acariâ- vue, irrégulière » a donné lieu au terme acci-
tre une création de Rabelais ou de quelque dent de terrain, d'où l'adj. participial acci-
autre érudit, fondée sur le gr. «x^pi;, bas- denté, inégal, d'aspect varié. D. accidentel —
lat. acaris, trad. par un gloss. du xv" siècle (on trouve le L. accidentalis dans Boëce).

par « mal gi"acieulx » (voy. mon 011a Pa- Le mot accident, pour l'origine et le sens,
tella, 1879, p. I2j, auquel on aurait joint, ra])pelle incident (v. c, m.).
très bien à sa place, le suffixe astre (cp. opi- ACCISE, BL. accisia, dér. du part, accisus
niâtre). —
G. Paris (Rom. X, 302) n'est pas de (de accidere, composé de caedere, couper). Les
cet avis. « La folie, dit-il, s'appelait jadis le mal Anglais disent, avec un autre préfixe, excise;
saint Acaire parce que saint Acaire, évêque cp. le terme taille, de tailler. D'autres (Du
de Noyon, en guérissait; de là, à mon avis, Cange, Diez) prennent accise pour une variété
acariastre, qui signifiait jadis « fou furieux ". orthographique de assise, fixation ou assiette
(Voy. Sainte-Palaye aux mots Acaiy^e et aca- de l'impôt; nous pensons qu'ils ont tort.
riastre.) Sylvius, dès le commencement du ACCLAMER, L. ac-clamare, crier vers.
xv** siècle, a rapproché les deux mots, mais il ACCOINTER, prov. acoindar, angl. acquaint,
semble, d'après ce qu'en dit Sainte-Palayc, BL. accognitare, faire faire connaissance,
qu'il ait attribué à saint Acaire la renommée mettre en rapport, vient du L. cognitus,
de guérir les acariastres à cause de la res- connu (lequel, par cognHus, congtus, a donné
semblance de son nom au leur, tandis que le l'ancien adj. cointe =
qui s'y connaît, habile,
leur me semble dérivé du sien la terminaison bien appris, de bonnes manières. L'ail, kund
a sans doute été influencée par folastre. «
;

— n'a rien à voir ici. —


D. accointance (angl
Rappelons encore que Ménage se tirait d'af- acquaintance). Notons encore vfr. acointe, it.
fiiire en imaginant un type aceriaster de acer. acconto, familier, ami intime.
ACCABLER, dérive d'un vieux mot fr. cada- ACCOISER, tranquilliser, prov. aquezar,
ble, caable, chaable, BL. cadabula, qui signi- du L. quietus (par une dérivation verbale
fiait machine de guerre pour lancer des pierres, quietiare\ voy. coi).
puis action de jeter par terre, et que Diez ACCOLADE, voy. lemot suiv.
rapporte justement îi •/.y.xy.Zolri, renversement. ACCOLER, prendre au cou, embrasser, puis
Accabler a donc signifié en premier lieu jeter joindre, réunir; de col, cou. D. accolage, —
bas, atterrer, puis abattre au sens figuré. Le '-ure, -ade, et racoler, qu'il faudrait, par
mot fr. chablis, arbres abattus dans la forêt analogie, écrire avec deux c. Quant à la ter
. ,

AGC —6— ACG

niiimisuii ade dans accolade, nous invnoiis |


({uer le pa.ssîige de l'ancienne signification à la
oocnsion de remarquer ici qu'elle représente moderne; n'y aurait-il pas eu ici (pioiqno
d'abord l'ital. ata et le prov. ada, et par là le malencontreuse infiuenco du mot accord, nu
fémiuin participial ata des Latins, qui a servi «pielquo faux raj)j)(jrt avec corle, d'où cortesc,
de moyen dérivatif pour faire des substantifs fr. courtois? Cependant l'idée d'adre.-^se peut

verbaux. La tcrinin. adc a un earaetère fortbien ongondrer, au point do vue dos rela-
étranger ; elle est introduite dans la langue tions sociales, celle do complaisant, d'un
par imitation, son correspondant vraiment commerce facile. Voltaire, en commentant
français est ée. Accolade est un terme relative- Corneille, .s'est fourvoyé en rattachant sans
ment modeine; les anciens disaient accolée, plus accort au verbe accorder. —
D. Accort a
comme on disait colée pour
prov. colada le produit doux formes substantivale.s accor- :

(coup sur le cou). Aujourd'hui encore, nous tesse et accortise; toutes deux répondent à l'it.
disons à la fois escapade et échappée. HCCorte;;a.
rendre commode, conve-
ACCOMMODER, pr. ACCOSTER, RL. accoslare, formé de costa,
nable, puis arranger, ajuster, apprêter, mettre cC^tc, {•omiiie aborder do bord. —
D. accos
d'accord, concilier, L. nc-commodare (com- table, abordal)le, d'un accès facile.
modus) ; comi)Osé r-accommodcr, remettre
: ACCOTER, v. a. appuyer, v. n. (on pari,
en état, réconcilier. dun navire) être couché sur le cAté, n'est pas
ACCOMPAGNER, dérivé du vfr. compaing, une variété du précédent et ne vient pas de
primitif do coriipagnon(\. c. m.). — D. accom- côte.Le mot, très fréquent dans l'ancienne
pagnateur, -atrice, -etnent. Accompagnateur langue dans le sens tantôt d'appuyer, accou-
est un mot mal fait. On no peut appliquer la der, tantôt do se coucher, reproduit lui type
terminaison ateur [= lat. ator) à un mf>t latin accubitare, qui à son tour ropivs^cjito
essentiellement roman, c'est-à-dire non latin ; aussi bien le fréq. do accubare (cp. doter',

c'est comme si du verbe ouvrer, romanisation douter, de dubitare), qu'un dérivé do cubitus,
du L. operari, on voulait faire un subst. l'original de coûte', coude. Notre verbe mod.
ouvraieur, au lieu de ouvreur. Vowv satisfaire accouder no fait que remplacer l'anc. acoter
à la loi étj'mologique, il fallait dire accom- ou acouter, comme coude s'est substitué à
pagneur et non accompagjuiteur, comme on coûte. —
Il .se peut que dans « chemin d'ac-

dit dégraisseur et non i)as dégraisscUeur cotement » l'idée de aile se .soit mêlée au sens,
ACCOMPLIR, L. complere, avec préfixion qui d'abord est appui.
romane do la particule ad, cp. vfr. a-emplir, ACCOUCHER ou s'accoucher, pr. se mettre
de implcre. en la ccmche (v. c. m.), tomber malade, et par
ACCORDER, BL. accordare, réunirles cœurs métaphore au sens actif, délivrer d'enfant.
(corda), concilier, mettre en harmonie. De Le terme est donc au fond identi(jue avec ali-
l'anc. neutre consentir, être de
acception ter et a subi une restriction de sens. Le —
même sentiment relativement à un deman- vfr. disait do même agesir p. accoucher;

deur, s'est dégagé le sens actif concéder, c'est le latin ad-jacei'e{\. gésir). On y emploie

conférer, octroyer. Cp. le môme mouvement aussi gésine =


couches, puerpcrium, et qui
de sens dans consentir une chose. L'ox- — gist d'enfant «= puerpora.

pression accorder un instrument a fait déri- ACCOUDER, vfr. acouter, voy. accoter. —
ver accorder de choi'da, corde ; mais cette D. accoudoir.
dérivation, justifiable à la lettre, ne se re- ACCOUER, pr. suivre à la queue, de coe'
commande pas en vue des diverses applica- coue', anciennes formes de queue.
tions du mot. Accorder appartient à la même ACCOUPLER, dér. de couple.
famille que concorde et discorde. D. subst. — ACCOURCIR, dér. de court. Quant à la ter
verbal accord (en vfr. aussi le fém. accorde), minaison en cir, nous remarquons ici qu'elle
rapport harmonieux, concordance, assenti- correspond à l'esp. et au port, ecer (anc. escer)
ment, convention ; accordailles (terminaison et au prov. esir, et qu'elle reproduit la ter-
assimilée à fiançailles, épousailles). Compo- minaison inchoativc latine escere. Le sens
. ses désaccorder, désaccord ; raccorder, rac-
: inchoatif a, dans les langues nouvelles, fait
cord. place au sens factitif. C'est ainsi que se sont
ACCORE, t. de marine, est prob. escore = produites les formes noircir (esp. negrecer,
(conversion de préfixes fréquente), donc dans prov. negrezir, lat. nigrescere), obscurcir,
ses diverses api)lications, le même mot que le éclaircir, durcir. — L'anc. forme acorcier .se

nord, skora, ni. schoor, angl. shore; cp. esp. rapporte à un type roman accurtiare, dérivé
escora == accore. de curtus (comme altiare, fr. haucier, haus-
ACCORT, avisé, subtil, adroit, insinuant. ser, de altiis).
L'emploi de cet adj. ne remonte pas au delà ACCOURIR (vfr. acorre, aconrrg), L. ac-air-
du XYi* siècle. L'acception première, d'après rere.
Nicot, était avisé d'entendement, clairvoyant,
: ACCOUTRER, acoustrer*, prov. acotrar;
de bon esprit et jugement, et dans la suite il d'après Diez, pour accouturer, de couture (it.
a pris celle de conciliant, d'humeur facile. costura); selon d'autres, de coi'.stre, contre,
Il est directement tiré de l'it. accorto, avisé, sacristain chargé de la toilette de la Vierge
lequel se rattache au verbe accorga'si, s'aper- et de l'arrangement du mobilier d'une église.
cevoir (formé de ac-corrigerc). Reste à expli- La seconde étymologio n'a aucune valeur; la
AGC — 7 AGH
première se recommande davantage, et copcn- -ACÉ, suffixe introduit par la science mo-
dant nous n'oserions l'admettre, surtout en derne, en imitation du latin accus, et con-
présence des expressions anciennes-: « Accous- trairement aux règles, Ye n'étant pas tonitpio
tror des clievcus, un lieu, un repas, des en latin. La vraie francisation dcaceus, aceaaat
navires, « etc. Une origine tirée de cultnra, as, rtcc ou ass6 ou ac/i«, formes appliquées dans
pris dans le sens de caltus, soin, arrange- fatras, fouace, cuirasse, rondache, etc. Aussi
ment, mise, toilette, ne serait-elle pas plus bien cétacé, rosacé, liliacé et sembl. sont-ils
probable? \Js de la forme accoustrer ]ic\\i îovt exclusivement du domaine scientifique, tandis
bien n'être que prosodique, comme dans que rosace appartient à la bonne souche fran-
trdsne, pasle, [p. trône, pale), etc.; d'ailleurs, çaise.
il n'existe pas dans la forme provençale. ACENSER, anc. acensir, donner à cens (cp.
Notre supposition corroborée par l'expres-
est arrenter de rente). —
Subst. acens, terre
sion « un champ bien accoutré » =
bien tenu, tenue à cens.
])ien cultivé, que nous avons rencontrée dans ACERBE, L. acerbus, m. s.
Noël du Fail. Pour la forme, cp. cintrer de ACÉRER, voy. acier.
cincturare. — Une explication parlât, culcitra,
ACÉTATE, terme de chimie, représentant
vfr. contre, couverture {accoutrer serait pr,
un formé
part, latin acetatus, de acetare, verbe
couvrir), a été mise en avant par M. Ulrich de acetum, vinaigre. Ce dernier substantif a
(Ztschr. in, 266), mais elle ne me sourit guère. donné encore à la langue savante les adj.
— D. accoictrement, habillement. —
Cps. acétique et acéteux.
7'accout7-er.
ACHALANDER ,
pourvoir de chalands
ACCRÉDITER, terme moderne, mettre en (v. c. m.).
crédit.
ACHARNER, propr. donner le goût et l'ap-
ACCROC, subst. verbal de accrocher.
pétit do la chair, anc. charn, char (v. c. m.),
ACCROCHER, suspendre ou attraper, saisir fig. irriter mot appliqué d'abord aux chiens
:

au moyen d'un croc (v. c. m.); en termes de ou aux loups « qui s'addentcnt sur quelque
marine, jeter les grappins pour l'abordage. bcste sans qu'on les puisse retirer » (Nicot).
Au fig. attraper adroitement. S'accrocher, — D. acharnement, fureur, animositô.
s'attachera quelque chose de crochu, puis en ACHAT, sub.st. verbal de achater, anc.
général s'attacher; cp. se cramjwnner. D. — forme de acheter.
accroc, subst. verbal, exprimant à la fois l'acte AOHE, pr. api, esp. apio, du L. apiurn
de s'accrocher ou d'accrocher, et le résultat (in-iîv) cp. sache do sapiam, pj'oc/te de pro-
;

de cet acte, une déchirure ou bien encore un


embarras, un obstacle. —
Cps. raccrocher
pius.
ACHEMINER , mettre dans le chemin
(d'où raccroc). m.), fig. mettre en bonne voie pour
(v. c.
ACCROIRE, du L. ac-credere, ajouter foi. réussir. En vfr. on disait aussi s'arouter, se
Anciennement, accroire signifiait aussi con-
mettre on route.
fier accroire (de l'argent) == donner (et par
;
ACHETER, anc. achater, acater, it. accat
corrélation, aussi prendre) à crédit; cp. L. tare == emprunter, v. esp. acabdar, du BL.
credere pccuniam. accajjtare, litt. prendre à soi. Le radical est
ACCROÎTRE, verbe neutre et actif, du L. donc le verbe capere. [D'autres, toutefois,
accrescere. — D. accroissement, accrue. voyant dans accaptare une forme syncopée de
ACCROUPIR, voy. croupe. accçipitare, prendre en possession, partent
ACCUEILLIR, BL, accolligere; extension d'un radical capiit dans son sens do bien
du simple cueillir. Comparativement à cueillir meuble ou capital.] —
Ac-captare s'est sub-
et à recueillir, le sens primitif de réunir, stitué au latin classique emerc, qui se prêtait
assembler des objets multiples (res collectas), mal à la romanisation. D'ailleurs, le rapport
s'est élargi dans accueillir en celui de rece- idéal entre prendre et acheter se révèle déjà
voir en général. L'idée de collection s'en est dans le latin emere, qui, en premier lieu,
donc effacée (cp. le vei'be ramasser). Dans — signifiait prendre, comme son composé su-
l'ancienne langue, le verbe avait pris des sens mere (= sub-emere), et sumere lui-même n'a-
plus variés : prendre, saisir, attaquer; p. e. t-il pas également signifié acheter, acquérir?

acueillir un chemin, prendre un chemin; être Les Espagnols, les Provençaux et les Italiens
accueilli par l'ennemi, par la tempête. On ont remplacé emere par le verbe comparare,
dit encore à Liège acoï p. assaillir. D. — acquérir, devenu compra^'e et comprar. —
subst. verbal accueil. D. achat, subst. verbal se rattachant à la
ACCULER, pr. pousser qqn. le cul contre forme première achater. —
Cps. racheter [à]o\\.
un mur, pousser au pied du mur ; lat. in an- rachat).
gustias, vel in arctum redigerc. —
D. subst. ACHEVER, esp. i)ort. prov. acabar, angl.
verbal accul, d'abord action d'acculer, puis achieve, mener à fin, à chef (v. c. m.) ; on
le lieu où on est acculé, lieu sans issue. disait aussi venir à chef, p. venir à bout.

ACCUMULER, du L. accumidare (cumulus). Cps. parachever' {g(y. les formations anciennes
La vraie forme française acombler s'est perdue, paraimer, paremplir et sembl.).
tandis que l'introduction Hccuynulerïio. point ACHOPPER, heurter du pied, vfr. assouper;
fait dispai'aitrc combler. de a -f- chopper, donc chopper contre. —
ACCUSER, L. accusare (causa). D^ achoppement.
. . .

AGT — 8 ADI

ACHORES, cioùtos do lait, du grec iy>,«. qui a été di.scuté o«i négocié. —
D. verb<' no-
ACHROMATIQUE, n<in chromatirino , du ter (néologisme), actuaire, BL. actuarius,
pT. yr.Zv/y, oouloiir, et de l'a privatif. grclHor.

ACIDE, -ITÉ, L. aci(h'.s, -itas. Diniiii. aci-


ACTEUR, actrice, L. actor, actrix (agere).
dulé, L. acidulHs, d'où le verbe acidnler.
ACTIF. L. flc</r(/.« (agere), (jui agit. Kn latin
classicpu', cependant, ac<n'»s n'avait pas encore
ACIER, it. acciojo, csp. acr7-o, prov. acier,
le sens de « solers, industrius «. Sénècjue
vfr. acer, BL. aciarium, dor. de acies se. ferri,
fer durci. — D. avérer, fig. rendre plus tran-
l'emphjie dans le .sens de praticjue, oi>pos<^ à
speculatiiHis. —
D. activité, L. actii'itas; verbe
chant, i)lus vif (de la forme ancienne acer],
activer (néologisme).
et aciércr, convertir en acier (de la forme
ACTION. L. actio (rad. agere). Di'-jà le mot
nouvelle aç/ei*).
_ latin possédait les deux acceptions principales
ACOLYTE, lat, acolTdhus et acohjthus, du
celui qui suit, serviteur. La ter- du français, .savoir : 1. oj)ération, 2. poui'-
gr. ù./.àl'juû'-ji,
suite en jijstice (d'où actionner). Qiuint à la
minaison yte p. ouOoi e.st incorrecte : il fau-
grunnn. signification conuuerciale et industrielle du
drait acoluihe ou -hjtlic; cp. le t. de
manque de suite).
mot action, titre de créance, etc. (D. action-
an-acoIutJtc (pr.
naire), elle est tout à fait moderne; c'est en
ACOMPTE, ternie commercial, payement
Hollande, à ce qu'il i»arait, que le mot aclie,
fait à compte.
forme hollandai.-^c de actio, a été en pivmier
ACONIT. L. aconitutn (àzovirov).
lieu emjdoyé pour désigner la (piittunce pour
ACOQUINER, propr. allécher, attirer à la
le versement effectué d'une .sonuue contribu-
cuisine, apprivoiser, fig. faire contracter une
tive à (piehpu' entreprise de société. ('ps. —
habitude bu.sse, du L. coqxmia, cuisine. Littré inaction
y voit un factitif de coquin ; cela ne me .semble ACTUEL, propr. effectif, réel, puis syn. de
pas pr()bal)lo.
présent, L. actuaïis (de actus). — D. «c/j<«-
ACOUSTIQUE, gr. i/ouîTi/o;, de àxoû»v, lité, actualiser (néologisme.s).
entendre.
ACUITÉ, mot forgé au xvi" siècle, pour
ACQUÉRIR, vfr. aqueii'«, du L. acquirei'e.
domier un subst. ab.strait à l'udj. acutus (fr.
Les composés conqwh'ir, acquérir, etiqu&rir, aigu). 11 est mal fait aus.si bien vaudrait tirer
;.

requérir ont tous été adaptés au verbe simple minuité de minutus.


quérir (v. c. m.). —
D. acquéi'cur. Le subst. ACUPONCTURE, piqûre ù l'aiguille; terme
acquisition est tiré directement de acquisitio; technique formé au moyen du L. acus, aiguille,
mais le roman a créé un autre dérivé syno- et (\c pungei'e, poindre, piquer.
nyme au moyen du participe acqidsïttts, con- ADAGE. L. adagium (ad-agendum)
tracté en acquisius ; c'est acquêt (comi)arez
ADAGIO, terme de musique; ad-
quête, requête, etc.), anc.= gain, profit.
agio, pr. à l'aise. Voy. aise.
c'est l'it.

ACQUÊT, voy. ncquéi'ir. — D. acqucter. ADAPTER. L. ar/fl/j/are (aptus); cp. le terme


ACQUIESCER, L. acquiescere (m sign.). analogiu' a/tproprier de propre, et l'ail, an-
ACQUITTER, rendre ou tenir, quitte de qqch. passen de pass.
(v. c. m.), dégrever; de l'idée se libérer en-
ADDITION. L. additio (de adderc, ajoutei).
vers quelqu'un, se dégage le sens de payer. — 1). additionnel, additionner
— Subst. verbal arquit. ...ADE. suffixe de subst. voy. accolade.
;

ACRE, BL. acra, acritm. Les uns font venir ADENS. terme adverbial du vfr., à plat
ce mot de acker, mot ail. signifiant champ, ventre, de à dents, litt. sur les dents ; de là
une mesure de terre les
et dé.'ïignant aussi ;
vfr. adenter, renvei-scr, coucher jiar teri'o.
autres l'expliquent j)ar une transformation Cp. l'art, aboucher.
du L. aaia, mesure agraire (cfr. diacre, pam- ADEPTE, L, adeptus (part, de adipisct),
pre, de diaconus, pampinus). qui a obtenu, trouvé, saisi, qui s'est initié. Se
A
ACRE, L.acris ; mot d'çriginc savante, fai- di.sait jjarticulièrement des alchimistes qui

sant double emploi avec aigre, qui reproduit croyaient avoir trouvé la pierre i)hilosophale.
le même mot latin. Le circonflexe dans éia'e ADÉQUAT, L. adarquatus, mis de niveau,
n'a pas de raison étymologique. .\CRirrK, — mis en juste proportion.
vfr. aigreté, L. acritas ; .kcrimomk, L. eieri- ADEXTRÉ, terme de blason, accompagné
monia, d'où acritnonieux du côté droit, du L. dexter, droit. Kn vfr.
ACROBATE, mot un type gr,
fait sur adestrer était syn. d'accompagner.
à/fjo^Urrii [ûy.çjoi, extrême -|- ^àr/j;, qui mar- ADHÉRER, L. ad-hœrere, s'attacher à. \Ad-
che), prim. du verbe gr. àz|5o;35tTîw, marcher ha'vcre, traité d'après la S*" conjugaison, a
sur la pointe des pieds. donné aussi le vfr. airdre et ahierdre, s'atta-
ACROSTICHE, du gr. à/po7Ti).o;, propr. cher à, prendre, saisir.] —
adhkrknt, L. ad-
pointe, extrémité, commencement de vers hœrens ; .\dhkrkn'CK, L. adhœrentia. — adhé-
{^y.poi + (rTt>j). sion, L. adhœsio (du supin ad-ha^sum).
ACTE. Ce mot représente à
la fois le L. ac- ADIEU, =
à Dieu ! cfr. it. addio. ail. Gott
tus, opération, action, acte d'une pièce de befohlen ! La locution pleine est à Dieu soyez
théâtre, et le lat. actum, chose faite (p. ex. (prov. a Dieu siatz) ou à Dieu vous com-
dans acta apostolorum, actes des apôtres) et mande, qu'on rencontre souvent dans la
l'exposé écrit de ce qui s'est passé ou de ce vieille langue,
ADM — ADR
ADIPEUX, L. adiposus (de adeps, graisse). a beaucoup invo(pu'' encore (voy. Littré et
ADIRER, terme de palais, perdre, égarer Rom. VIll, 264) rexistence d'un part, bas-latin
une iiiècc de procédure, anc. perdre en géné- monestus, analogue à de nombreux part, en esta
ral,BL. adirare ; l'oi'igine en est obscure. dans les dialectes nord-italiques et qui expli-
Du Gange propose les étymologies ad-œrare, querait aisément prov. monestar, a?nonestar
fixer le prix de la pièce perdue, qu'il s'agit et les autres formes romanes citées, mais il se
de réparer, ou J'it. ad-irato, « nam qui sunt trouve qu'on n'en rencontre aucune trace dans
iratiscu quorum ira provocatur, ab eoruni les dialectes italiens. D'ailleurs, il e.st pro-
consortio abstinent quibus irascuntur, ut bable que comme submonitus a donné au
amplius non compareant uti prius cum iis v; prov. somos, somost, ad7nonitus eût feit amos,
adù^é serait, d'après cette manière de voir, amost, donc aussi amostar. En partant même
])ropr. celui qui, par colère, ne se présente d'un thème participial monst, il faudrait, sans
plus. C'est par trop subtil Henschel préfère
! être appuyé d'aucun précédent, admettre qu'il
adexlratus, éloigné de la main Clievallet ; s'en soit dégagé une forme allégée, mo7icst.
invoque aderrare. errer, aller çà et là tous ; Ni Diez, ni Mussafîa (voy. son étude sur les
deux sans se soucier de l'impossibilité phoné- part, en -ect et -est, Grôb. Ztschr. III, 267 et
tique d'une pareille transformation. Selon suiv.) ne sont disposés à sanctionner cette
Nublé (dans Ménage), de l'expr. à dire, en explication. —
On a relevé un subst. vfr.
défout, dans la locution « Il s'y est trouvé
: moneste, admonestation " (Théâtre fr., p.
«
à dire un écu. » Cette locution est fréquente Monmerqué et Michel, p. 446), mais ce mot a
en vfr., cp. Chron. de Norm. f. 169 « Aisi : tout l'air d'un simple subst. verbal de mones-
cum nef n'en fu à dire, i arrivent à sauve- tare, dont il s'agit précisément d'élucider la
ment. " C'est cette dernière manière de voir formation. —
D. admonestation, coexistant
qui parait être dans le vrai. avec admonition, qui est tii'é directement du
ADITION, L. aditio (ad- ire) ; cfr. ail. einc L. admonitio ; admoniteur, L. admonitor.
orbseliaft antreten. ADOLESCENT, -ENCE,L. adolescens, -entia;
ADJACENT, L. ad jacens, situé près. le participe passé du même verbe adolescere
ADJECTION, L. adjectio (jacere) adjectif", ; (grandir, pousseï"), adidtus, a donné adulte.
L. (idjecticus, (pii s'ajoute, traduction du gr. ADONISER, parer, faire beau comme un
irMiToz, épithète. Adonis.
ADJOINDRE, L. adjunrjere (voy. joindre). ADONNER (S'), extension de donner; cfr.
— ADJONCTION, L. adjioictio. en ail. sich hingeben.
ADJUDANT, terme moderne, ail. adjutant, ADOPTER, L. ad-optare, fréq. d'un primi-
aide de camp, du L. adjiitans, qui aide,- ser- tif inusité ad-opëre ; c'est du supin de ce der-
viteur. Voy. aide. nier que .s'est déduit le subst. ac/opi20,fr. adop-
ADJUGER, L. adjudicare, \oy. juger ; à tion, et l'adj. adoptimis, fr. adoptif.
l'original latin se rattachent directement les ADORER, vfr. a-ourer, du L. ad-07'are (par
dérivés : adjudication, -atif, -ataire. 1er à).
ADJURER,
L. ad-jurare.' ADOSSER, mettre le dos qqch.
contre
ADMETTRE, L. ad-mittere (cfr. ail. zulas- En vfr. ce verbe avait de
aus.si la signification
sen). —
Du supin admissitrn : L. admissio, jeter derrière soi, abandonner, mépriser. —
fr. admission. Néologisme : adtnissible. D. ados (terme de jardinage).
ADMINICULE, L. adminicAilum, appui, ADOUBER, it. addobbare, esp. adobar, BL.
soutien. adobare. Diez, suivant en ceci les bénédictins
ADMINISTRER, vfr. amenistrcr, L. admi- éditeurs de Ducange, part de l'anglo-saxon
nistrare (ministcr). dubban, angl. dub, v. nord dubba (wallon de
ADMIRER, L. ad-mirari. Namur dauber), toucher de la main, frapper ;

de là adouber à chevalier, frapper, c.-à-d.


ADMONÉTER ou admonester vfr. amones- ,

ter, du L. admonitare, fréq. de adtnonere.


armer chevalier. L'idée primitive toucher (cp.
L'insertion de Vs (cfr, esp. prov. amonestar,
lé wallon adobé =
qui a reçu un fort coup),
port, amoestar) devait avoir pour effet, selon
mettre la main à qqch., s'est étendue et
développée en celle d'équiper, arranger, répa-
la conjecture de Diez, d'empocher monitare
de se romaniser en monter (cfr. L. vanitare, rer, raccommoder (dans ce sens, le fr. se sert

fr. vanter), ce qui eût produit une confusion


plutôt du cps. r-adouber). — D. vfr. adoub,
avec monter =
ascendere. Cette manière — armure, harnais, équipement.
de voir a trouvé des contradicteurs. Cornu ADOUER, accoupler, dér. de deu*, deux.
s'est prononcé en faveur de 'admolestare ADRAGANT, corru])tion de T|55:yà/czv9a, tra-
(ennuyer, fatiguer) n p. l ne ferait pas diffi-
;
gacanthe, pr. épine de bouc (r/sà/o;, «zr/vOoj).

culté, et il rapproche monaxtà, qui s'emploie ADRESSE représente : 1° le sub.st. verbal


à Montbovon (Haute-Gruyère) dans le sens de de adresser, diriger, donc au fond direction
« dire à quelqu'un qu'il a mauvaise conduite, (anc. =
chemin); 2° le subst. abstrait de
l'ennuyer de reproches. » (Voy. Rom. 111,377.) adroit =
habile (v. c. m.).
Quc'lques années plus tard (ib. VII, 365), ADRESSER, it. addirizzare, esp. aderezar,
traitant de la mutation d en n, le même pr. diriger vers, d'un type ad-directiare, déri-
savant .se montre favorable à un type *admo- vation romane de ad-dircclus (cp. dresser). —
destare, ce qui me semble par trop subtil. On D. adresse (v. c. m.).
;

AFF 10 — AFF

ADROIT, bien dirigé, dn type lul-dircc-


i>i". AFFALER, abaisser, du néerlandais a/7m-
tus. — D. adresse,
li<abileté(v. c. m.). L'adv. — lejï, tireren bas. D'autres y voient un c«)m-

vfr. adroit pont être envisagé soit oomine notre po.-^é de l'allemand fallcn, tomber. Voy.
adj., dépourvu do la désinence adverbiale, ou aussi rafile.
comme la réunion des mots à droit == rccte, AFFAMER, dér. de faim (L. famés).
convenableiiient. AFFECTER, du L. affectare. Le roman a
ADULER, L. adulari, flatter. ajouté aux acceptions déjà propres au verbe
ADULTE, voy. adolescent. latin (rechercher, viser à) celle do destiner,
ai)proprier, inhérente aussi i\ la fin-me affaitei'
ADULTÈRE, adj., L. adidtei- (rac. alte)-).
de afficere signifie, en effet,
[affectare, fréq.
Le vieux français avait transformé ce mot en
très convenablement faire ou jjroduiro une
aoulire, puis (par l'intercalation euphonitpie
de v) avoidtre, avoritre. —
adui.tkrk, subst., chose dans un but déterminé) et celle d'im-
pressionner, toucher, affliger (= h. afficere).
vfr. avontierge, arontire, angl. adtoiitry, du
L. adtdteriiim ; adui,tkrin, L. adidterimis
— D. adj. affecté et affété (pour la syncope
du cp. répéter):, affétei'ic, formé à l'imita-
c,
ADiLTKKicR, L. adulterave.
tion de scjisiblerie, jtruderie, etc., et fai.sant
ADUSTE, L. adustus (part, do adurere,
double emploi avec affectation.
brûler), subst. adustion, L. adustio. Le part,
AFFECTIF, L. affectivus [f[\\oCi afficit).
présent adurensa donné l'adj. adiirent (dans :

AFFECTION, L.affectio, inclination, amour.


fièvi'e adurcnte).
ADVENIR, forme concuiTcnte et savante de
— D. affectionne^', dont le participe affectionné
signifie à la fois, activement, « (pii a de l'af-
avenir (v. c. m.).
fection», et passivement, « qiii en est l'objet »•;
ADVENTICE, L. arfuwticuw (ad-vonirc). désaffection désaffectionner.
,

ADVENTIF, L. adventivus' ((piod advenit). AFFECTUEUX, L. affcctuosus (affectus).


ADVERBE, L. adverbinm. AFFÉRENT, qui revient, qui est du ; c'est
ADVERSE, vfr. avers, du L. ad-versiis, ]n'. le part, jirés. du verl)e vfr. affei'ir, conv(>nir,
tourné contre : adversairk, L. -ariiis( le vfr.
.ippartcnir (prés, il affîcrt). Quant à ce dernier,
aversirr ou aversaire se di.sait particulière- il ne représente pas le verbe L. affare, ou,
ment du diable) ; advi:r.sitk, L. advcrsilns.
.>Jclon le type roman, afferei'c, mais, comme le
AÉRER, L. acrare (aër). akrikn, du L. — prouve. le ]mi'ticii)e affMssant, un compo.sé
aih'ianx's, extension de aeriits. de férir, fraj)i>er, toucher; on poun-ait en
AÉROGRAPHIE, grec àî/soy^K^-fa, dcscri])- rapprocher le terme similaire ail. anschlar/cn
tion lair; acorologic, «îooio/fx, science de
ili' = prodessc. —
Cette étymologie lYaffth'cnt,
l'air; a&romaucie, iîfio/j.:tvrd'x, divination par (pie nous donnons sur les traces de Littré„
le moyen de l'air ; ath-onitHre, litt. mesureur n'est cependant pas à l'abri de tout dout^;
de l'air ; aérolithe, pierre {Wboi) tombée do d'abord, le terme n'est pas dans la vieille langue;
l'air ; a&ronaiite, qui navigue (viûr»);) dans puis, il faudrait afferant ; enfin, le latin affc-
l'air ; a&rostat, qui se tient (sTiTvj; de STA-w) pont fort bien avoir dégagé le sens de « se
re)i5
dans les airs. rapportant ", qui, au fond, est bien celui du
AÉTITE. gr. à'Mrr,;, pierre d'aigle (àîro;). mot dans l'expression « la part afférente ".
AFFABLE, L. afjahilis(ian), pr. d'un abord En tout cas, le terme d'anatomic afféi'ent est
facile. bien = lat. nfferens.

AFFABULATION, L. affahidatio (fabula), AFFERMER, anc = affirmer; auj. = don-


Priscien, p. 1330. Ce grammairien a forgé ner ou i)rendre à ferme {v. c. m.) ou à bail.
ce mot d'après le terme gr. îniyû^iîv. mora- AFFERMIR, factitif do ferme. Cps. —
lité ajoutée au /iv&o;. r-affe.7'mir.
AFFADIR, rendre fade. AFFÉTÉ, AFFÉTERIE, voy. affecter.
AFFAIRE, sub.st. formé de à faire, comme AFFICHER, coller un placard contre un
avenir àe à venir. La différence du genre pro- mur, dans un but do jjublicité, fig. exposer
vient de la terminaison respective des deux on public, étaler; extension de ficher. En
substantifs. L'italien affare, d'ailleurs, c.stma.s- vfr. le mot était synonyme de affirmer, comme
culin, comme l'était anciennement aussi le fixus est syn. de firm us ; s'a fichier .s'y ren-
mot français. — D. affairé, c[m a beaucoup contre p. s'attacher, s'aj^pliqucr, s'engager,
d'affaires, anc. aussi affaireux= embarrassé promettre. —
D. subst. verbal affiche, placard.
dans SCS attaires. AFPIDÉ, du BL. affidatas
vfr. afié, (fides),

AFFAISSER, do faix, poids ;


propr. faire « suam alicui obstrinxit ".
qui fidom
courber, ployer sous le fixix. AFFILER, donner le fd (v. c. m.).
AFFAITER, anc. préparer, instruire, dres- AFFILIER, du BL, affiliare, in filium
ser, élever (vfr. afaitié bien élevé, cour-= adoptaro, par extension, recevoir dans un
de fauconnerie pour apprivoiser;
tois), auj. t. ordre ou une corporation. La vieille langue
romanisation du L. affectare, ou plutôt, stric- disait aussi affr&rir (do frère) pour as.socier,
tement, du type af-factare, préparer, appro- rendre participant.
prier à l'usage voulu. Froissart emploie AFFINER, rendre fin, c. à d. pur (BL.
affaitier dans le sens de mettre au fait « mes- : affinare. purgare, cxcoquerc metalla) fin == ;

sages (messagers) affaitiés de ce faire! « Voy. rusé a donné, d'autre part, affiner, avec le
aussi affecter. sens de tromper, duper. En vfr. le mot signi-
.

AFF — 11 — AGA
liait aussi certifier, atRrmer (de fin =^ vrai). affront, affronto, acte de mépris jeté en
it.
Cps. r-nffîner. face). Do
front; cp. Icxpr. ail. « die stirne
AFFINITÉ, L. affîuùaslûnh]. On avait anc. bieten ", ou plutôt « einen vor die stirno Uid
aussi Fadj. a/fin [L. affinis), allié par mariag-c. frontcni) stossen ».
AFFIQÙET, dimin. du vfr. afpque, dér. do AFFUBLER, vfr. afeuler, afider, afumbler
afpquer, (jui n'est qu'une variété de afficher; (= coiffer, se couvrir), repi-oduit L. affibu-
op., pour le sens et la forme, le mot colifichet. lare (it. affibbiare) et dérive de fibula (prov.
AFFIRMER, fiœeld), boucle la signification jiropre serait
vfr. afermer, afremer, L. ;

affirmare (^tirmus).
ainsi agrafer, boucler. L'aiic. forme afeuler

AFFLEURER, être ou mettre à


est à affibulare, comme esteule (auj. éteule) est
fleur
à stipula, dit fort bien Grandgagnage. Cp.
(v. c. m.), c. il. d. de niveau : cfr. effleurer.
encore, à l'égard de Yu p. i, chasuble de casi-
AFFLIGER fvfr. afltre qui est la vraie
bula et truble de tribula. L'anc. fr. et les dia-
forme française), du L. affli(jere [vue. fi,ag,
lectes ont aussi dêfubler, défuler, p. désha
d'où flag-ellum). — affliction, L. afflictio;
biller.
AFFi.iCTiF, L. afflicticus.
AFFLUER, L. afflnere , 1. couler vers, AFFÛT, composé de fast, fia (v. c. m). Affût
2. couler en abondance; affluent, — L.
signifie propr. le bois d'un instrument, d'une
machine, donc la partie accessoire, la chose
affliœns ; affluencf, L. affluentia.
de peu de valeur; c'est ainsi qne affùtiau,
AFFOLER, rendre fol ou fou. Composé
raffoler, sens neutre, être fou.ce qui — En qui correspond par sa facture à un diminutif
latin *affustellns, a pu prendre le sens de
concerne l'ancien verbe affoler, « endom-
mager, blesser ", Tobler a péremptoirement chose futile, bagatelle. —
D. affûter, ajuster
les outils aux fûts qui les maintiennent, les
démontre qu'il « ne doit pas être séparé du
môme verbe au sens de rendre fou » (voy. mettre en état, aiguiser un burin, disposer
Kuhn, Ztsehr. XXIII, 419). G. Paris l'ap- un canon pour tirer, puis disposer, préparer
prouve pleinement Rom. VI, 156. J'ai, de en général. Dans ce dernier sens, le verbe a
mon côté, à l'appui de cette manière de voir, dégagé le substantif verbal affût dans la locu-
invoqué le sens ancien du mot folie =- dom- tion " se mettre à l'affût » en position, en =
gaixle.
mage, perte, ainsi que celui do folier, alcr à
folie ^»= courir à sa perte voy. mon Rastart : AFFUTIAU, voy. l'art, préc.
de Buillon, ad v. 1058. Le verbe affolir, — AFIN, pour à fin ; fin => but, intention.
devenir fou, a vieilli. AGACE ou AGASSE, it. gazza, gazzera,
AFFORAGE, BL. afforaf/ium, droit de fixer pi^ov. agassa, corruption du vha. agalstra,
leprix des denrées, surtout du vin ; du vieux pie (contracté dans l'allemand moderne en
verbe afforer, affeurer, mettre le prix aux elster). —
D. agassin, agacin (popul.), bour-
denrées dérivé du L. forum, marché, prix.
;
geon, cor au pied; cp. l'ail, elster-auge [])v
AFFOUAGE, BL. affocagium, affoagium, œil d'agacé), cor au pied, et l'expression fran-
droit de couper du bois dans une forêt pour çaise « œil de perdrix ".
son usage ; du BL. affocare, mettre au foyer, AGACER, irriter, provoquer, it. agazzare;
ad fociim. du vha. hazjan (auj. hetzen), poui^suivre, har-
AFFOURGHER, dér. de fourche. — D.
celer; c'est le préfixe a qui, ayant rendu le
médial, a motivé durcissement do celui-ci
le
h
affourcho.
AFFRANCHIR, rendre franc. en g (cp. le mot populaire agonir, injurier,
AFFRE, ctlroi, terreur du \'\\a,.eiver, ; eipar, p. ahonir) —
D. agacerie. Dans l'expres- —
acer, sion agacer les dents, le verbe n'est plus le
horridus, immanis. Cette étymologic,
patronnée par Grimm et par Diez, convient môme; l'emploi fréquent en vfr. de aacier
les dens a fait penser à luio composition a -\-
pour le sens et la lettre. Cp. l'it. afro, àj)re,
aigre. — Quicherat rapporte le mot à L. affa- acer et partant au radical ac do acere, être
acide (l'agacement des dents provenant du
niœ, qui dans un glossaire latin-grec traduit
contact des acides), mais l'insertion du ^ reste-
où\-fiij.ot.z% (vulnera), et dans lequel il voit un
correspondant de l'it. affanno, angoisse; ce rait inexpliqué, car aacier ne semble être autre

rapport me semble douteux. D. affreux. — chose qu'une forme syncopée de agacer. —


Diez conjecture modestement, pour agacer
AFFRÉTER, forme cxtensive de fréter (v.
appliqué aux dents, un primitif allemand
c. m.).
gatzen, qui répondrait à im vha. ga-az-
AFFREUX, voy. affre.
jan, donc à un composé de àtzen, agir sur
AFFRLANDER, rendre friand, attirer par
un objet au moyen d'acides. Palsgrave a les
des friandises.
mots agasseté, agassure, qu'il traduit par
AFFRIOLER
et vient du
a le môme
= friand
verbe frioler,
vfr. frz'oZc
sens que affriander, « bluntness of any edged toole ». Littré, —
;
ne distinguant pas entre les deux verbes
frire et être friand, désirer vivement.
agacer, part d'un verbe ancien agasser (crier
AFFRONT, voy. affronter. comme une agasse), et la série des sens serait
AFFRONTER (it. affrontare,
prov. csp. d'après lui crier comme une pie qui chasse
:

afrontar), se mettre intrépidement en face de, les autresoiseaux; puis piquer, irriter, pro-'
braver avec courage, mais aussi braver avec voquer, et enfin irriter les dents. On a —
dédain ou avec insulte (de là le subst. verbal aussi mis en avant le gr. ixà^uv, aiguiser ;
, .
,

AGO — 12 AlIA

étymologic insontenablc. Wedgwood (Rom. — AGRAFE, crochet, it. graffw, esp. garjlo,
VIII, 435) ramène les deux sens à l'alia. garfa, prov. grafio, vfr. graf/'un ; verbe agra-
Jncassi, mha. icasgc, trancliant, d'où l'ail, fer, it. aggrafjare, esp. agarrafar (wall.
mod. icct^tm, aiguisci-. Ses obsci-vations sont agrafer, saisir); du vha. hrapfi ou hrai)fjo,
dignes d'attention, mais no persuadent pas ; crochet, cranqion. La vieille langue possédait
son exidication, aussi bien (pie i-cllo de Diez, aussi un \cv\n.'agrap}}er, avec le .sens de saisir,
restera douteuse, tant que l'on n'aura pas con- accrocher; ce n'est qu'une variété d'agrafer
staté l'emploi de agacer (les dents) au moyen (cp. griffer ot grippeij; voy. au.ssi grappe.
âge la forme constante y est aacier.
;
Il est — AGRAIRE, L. agrarius (agei'); vfr. agrier.
bon, pour aider à la solution du problème, AGRÉABLE, pr. digne d'être c^réé. — Cps.
de rappeler que Rabelais employait esgonassù} di'-sagrvdbli'.
au sens de dégoûté, et à celui d'ixgacé, en 1. AGRÉER, it. aggraiïare, prov. agradar,
parlant dos dents. agreiar, 1" prendre à gré, trouver bon;
AGAPE repas d'amour, de àyjcrv!, amour.
. 2° être à gré, jjlaire; do L. grattis, agréable
AGARIC, L. agarician [-xyzin/.o-j). (voy. gré). —
D. adj. agréable; subst. agré-
AGATE, L. achates {i'/ûrn^) ment, 1° approbation, 2° plaisir, (pialité do
... AGE, suffixe franc., appliqué surtout à ce qui jdait, 3° ornement. Cps. désagréer. —
des adj, (pour marquer la disposition à, cp. 2. AGRÉER, t. do marine, mettre les a^r»'.v
volage) et à des subst. manpiant l'action (cp. (voy. C(^ mot).
assemblage), et répondant au latin -cUicus
AGRÉGER, L. ag-gregare (grex), pr. incor-
[-iim), it. -aggio, esp. -tige, prov. -ntge.
porel- au tidiipcau. Terme savant agrégat, :

AGE, vfi". edage,aage, etc., d'une


eage, — Cps. désagréger.
as.seiiiblago.
forme latine actaticiim, dér. de aetas. C'est AGRÉMENT, agréeinent, voy. agréer
]). 1

un do ces mots de la langue française que la — Cps. désagrément. — De agrémait, on a


contraction a réduits à la simjde terminaison ; fait agrémcnU^, orner d'un jign'mient.
cfr. oncle de av-unculus. Aetas (thème aelai) AGRES, apparaux, plur. de 'agret (au.ssi
a donné au prov. et à l'esp. edad, à Vit. elà et vfr. agrei et agrot) préparation, équipement;
au vfr. ar. subst. verbal de agréer, anc. aussi agrein\
AGENCER (type latin 'a-genliare), ajuster, fomio extensive de gi'éer. Quant A (p'éei\ il
dér. do l'adjectif ^e>J< (v. c. m.). dérive du ni. gereide, gerei, appareil, lequel
AGENDA, mot latin, = les cho.<;os qui sont à correspond à l'ail. ge-r(Uh, outillage, usten-
faire, puis les livres où on las inscrit. siles (islandais redi, reidi), dérivé lui-même
AGENOUILLER, voy. genou. d'un primitif signifiant ordonner, préparer
AGENT, du L. agens (qui agit). — D. et que repré.sente fort bien le gothicpie raidjan
agi')u't\ ga-raidjan, ou l'anglo-saxon gern'dian. Lo
AGGLOMÉRER. L. ag glomerare (de glo- même radical s'est consei-vé dans l'ail, be-rcit,
tni's, -cris, poliit(.)n). prêt, verl)e bereiten, suéd. reda, préparer;
AGGLUTINER, L. ag-glutinare [àc gluten angl. ready, ni. gereed, etc. Il a, en outi-e,
glu, coUo). donné naissanco aux vocables français suivants,
AGGRAVER, vfr. agrever, L. ag-gravare dms les jii Is le préfixe ge est supprimé ou
(de gravis, pesant). — Subst. verbal aggrave remi)lacé :

(t. d'Eglise), deuxième monitoire. 1. ROI*, REi*, R.vr, ordre, arrangement.


AGILE, L. agilis (agere); mot d'introduc- 2. ARROi, ordre, disposition, appareil,
tion savante, car, selon le génie naturel de la train, équipage, subst. du \{r. arroger, arréer,
langue, agilis eût donné «jfe, comme fragilis préparer (it. arredare, angl. array); de là
a donné fraile, frêle. désarroi, autrefois aussi desroi, désordre.
AGIO. t. de banque, de Vit. aggio, forme 3. coNRoi*, ordre, cortège, troupe rangée
Le bénéfice résultant du
variée do agio, aise. (vov. corroyer).
change do la monnaie et des valeurs en papier AGRESSION, AGRESSEUR, L. aggressio,
a été envisagé comme une aisance. D. — aggressor (de aggredi, marclier contre, atta-
agioter (le t sert à la dérivation comme dans quer). —
D. aggressif [mot nouveau).
abriter, feutier, etc.). AGRESTE, L. agrestis (ager).
AGIR, L. agere. — Cps. ré-agir. AGRICOLE, anciennement un subst., n'est
AGITER, L. agitare (fréquent, de agere), plus employé que comme adj.; du L. agricola
mettre on mouvement. (qui colit agruin). — agriculteur, -turk, L.
AGNEAU, agneV L. agnelhis, dim. do
, agric\dlor -tura. ,

agnus. De là dimin. agnelet, adj. agnelin,


: AGRIFFER (S'), dér. de griffe (v. c. m.).
verbe çigneler, mettre bas, en parlant de la AGRIPPER, cps. àc gripper iv. c. m.).
brebis. AGRONOME, gr. iyrjo-joix'^i. D. agronomie,
AGNUS, mot latin signifiant agneau, appli- -iqu.e.

qué à la cire bénite par le pape, sur laquelle AGUERRIR, habituer î'rla guerre (cp. pour
est imprimée la figure d'un agneau (l'agneau la composition, acclimater).
de Diou). AGUETS (plur.), subst. verbal de l'anc.
AGONIE, lutte do la mort, L. agonia (S. verbe agnetier ou agaitier, cps. do guetter
Jérôme), anxiété, trouble; tiré du gr. àyojv, (v. c. m.),
combat; agoniser, L. agonisnre, gr. îc/uli-ij. AHAN, AFAN', <iffanno, esp. port. prov.
.

AIG 13 — AIG

afan, travail corporel, peine, martyre. Le aquilin. On trouve en vfr. aussi aille, forme
bati-latin ahanare, et le vfr. ahaner ou aff'a- tout aussi régulière iiwe caille de JiL. qua-
Hcr' s'employaient beaucoup en parlant du tra- quila. —
D. aiglon, aiglette, aigliau.
vail agricole, de là l'ancien subst. ahan
= AIGRE, prov. agre, angl. eager, du L. acris,
terre de labour l'anc. langue présente aussi
; qui, dans la nouvelle langue, a également
en/ian, angoisse, et les verbes 7ta?ier, enhaner, donné acre (v. c. m.). En vfr. aigre signifiait

labourer, cultiver. Ducange; ainsi que Pas- vif, empressé, acharné. D. aigreur (on —
quier et autres, assignent à ce mot une ori- trouve acror dans Fulgcncc), aigrir, et les
gine onomatopoétique, en rappelant le cri/(«n dim. aigret, aigrelet.
que- laissent échapper avec une respiration AIGREFIN, escroc, chevalier d'industrie,
pressée les personnes qui font un trtivail aussi églefin, égrefin; pour aigle fin, comme
pénible, comme les forgerons, les bûche- on dit fin renard. Littré, cependant, explique
rons, etc. C'est le son qui s'échappe d'une poi- le mot par aigre faim (donc pr. homme
trine essoufflée d'où l'idée de peine, fatigue,
; atfamé, ail. hungerleider). Toutefois, il ne
labeur et labour, qui s'est attachée au vocable. reproduit plus cette et. au suppl. Le mot —
Diez est disposé à se ranger à cette opinion ; désigne aussi un poisson du genre gade (éga-
cependant, il cite l'existence tout à fait isolée lement prononcé aiglefin, éclefin, églefin) ;

du mot afan, querelle, trouble, dans nn c'est sans doute un homonyme. Dans le
poème en dialecte kymriquc. Pour la permu- Gespi^achbuchlcin du xiV siècle publié par
tation de h et f, on sait qu'elle se présente Hoffmann von Fallcrslcben(Horaj bclgicee, IX),
souvent dans le domaine roman, cfr. Her- je trouve esclefin traduit par scelfiach; cela
nando et Fernando, L. foras et fr, kors ; il met sur la voie de l'étymologie. La finale fin
faut dire toutefois que, si l'on voit bien le f, peut avoir été, populairement, substituée à
aspiration labiale, se convertiren h, aspiration fisch
guttui'ale, nous ne connaissons guère de cas AIGREMOINE, prov. agrimen, du L. agri-
du contraire, si ce n'est it.de l'ail.
falda, motiia (Pline), qui est le gr. à.ypti).6>-jff
halde, et le sicilien fmnire pour hennir. Le AIGRETTE,1. sorte de héron, 2. l'aigrette
radical pourrait donc bien être fan plutôt qu'il porte; dimin. du vha. heigir, hcigro,
que han. qui est aussi le primitif du mot héron.
AHURIR, étonner, interdire, troubler; de AIGU, prov. agut, it acuto, aguto, du L.
hure, chevelure hérissée, puis tète d'animal. acutus. Le dérivé BL. acutiare a donné ai-
Le mot rappellerait l'ail, anschnauzen, ru- guiser, prov. agusar, it. aguzzare; cp. fr.
doyer, brusquer (de schnauze, museau, menùiser* de minutus.
,

groin), si le sens propre d'a/u«nr ne paraissait AIGUAIL, rosée, dér. de aiguë (v. c. m.), de
être plutôt celui de faire dresser les cheveux. même que aiguayer, laver, baigner.
Comparez le rapport d'idée entre le mot
AIGUË*, ancienne forme pour eau, repré-
burra, qui au fond signifie " gros poils », et sente le L. aqiia. Rien de plus varié que la
bourru, grossier, et prov. ïiburrar, esp. manière dont ce vocable latin s'est reproduit
a-burrir, cff"rayer, ahui^ir. Hispidus, hérissé, dans la langue d'oïl ; on y rencontre aiguë, :

est également au fond de hisde' hide', effroi


,
aiwe, aive, awe, eve, ieve, iave, eave, eaue, d'où
(d'où hideux). finalement a procédé la forme eau, réduite
AIDE, vfr. aïde, aïe, et ajude, ajue, pi'ov. pour l'oreille au son o, qui certainement .ne
ajuda, esp. ayuda, it. aiuto, aita; subst. rappelle plus guère le mot La forme
primitif.
verbal du verbe aider (v. c. m.). aiguë nous est restée dans quelques noms de
AIDE'R, vfr. aider, aïer, ajuer, prov. aja- lieux Aigues-Bonnes, Aigues-Caudes, etc.,
:

dar, esp. ayudar, it. ajutare, aitare. Le type Aix, puis dans l'expression aigue-marine et
latin est adjutare (fréq. de adjiœare); la dans les dérivés aiguail, aiguayer, aiguade,
forme aider (d'où aider) repose sur la syncope aiguière. —
:

On retrouve èce dans évier. —


aftare, où j s'est résolu en i (cp. bailler de Dérivés directs et savants de aqua : aquati-
baj{u)lare. La fluctuation entre les thèmes que, L. aquaticus; aqueux, h. aquosus aque- ;

aju et aid se manifeste déjà dans la conju- duc, L. aqufeductus.


gaison ancienne de notre verbe ; devant une AIGUIÈRE, voy. aiguë.
- .syllabe tonique, elle employait aju, devant une AIGUILLE, patois agouille, it. aguglia, esp.
syllabe atone, aid: le présent était donc au prov. agulha, du latin acucida (dim. de acus),
sing. ajô, ajûes, ajûe, au pliir. aidûns, aidiez, forme secondaire de acicula (cfr. genuculum,
ajnent. Voy. Darmesteter, Rom. V, 154. — d'où genou, coexistant avec geniculum).

D. aidable, autrefois =
qui peut aider, se-
La prononciation moderne aig-ui-lle au lieu
courable (dérivé du subst. aide), auj. =
qui
de ai-gul-le, quoique recommandée déjà par
peut être aidé (dérivé du verbe aider). Chifflet, est abusive elle s'est produite par
;

AÏEUL, it. avolo, prov. aviol, esp. abuelo, une fausse représentation de l'orthographe
du L. avoliis (strictement, pour le franc, et le uille, où i n'a pas plus la valeur de i que dans
prov., d'une forme rustique aviolus), dim. de quenouille, et n'est qu'un signe graphique du
avus ; la forme diminutive était nécessaire à mouillcmcnt de IL On a eu tort d'en tirer des
cause du peu de consistance du primitif au-us. arguments contre l'étymon ucucula. C'est à
AIGLE, i)rov. aiffla, it. aquila, angl. eagle, acicula, toutefois, qu'il faut attribuer le wallon
du L. aquila, dont l'adj. aquilinun a donné awcie, awie et le berrichon agueille. — D.
.

Am 14 — AIN

aiguillée, aiguiller [scvho), aiyuillier (subst.); aire, origine, race (voy. air 2) et s'appuie sur
aiguilldte ; aiguillon. l'expression, « un faucon do bonne aire ».
AINSI, vfr. ainsinc, issi, prov. acsi, aissi, Littré, comme l'Académie, l'identifie avec aire
ansi, auj. asi, est formé du L. œquc
V. csj). = area, donc pr. " surface plane de rocher où

sic, d'où s'expliquent aussi parfaitement les l'aiglo fait son nid ". —
D. aircr, faire son nid.
formes it. cosi p. cusi, sic. accussi (cfr. quant AIGUILLETTE (angl. aglct, aiglet), dim. do
à la mutation ain et a7i p. œq les formes csp. aignillc. — 1). aiguilleler ; subst. aiguilletiei'.
aim = adluic, Jim = nec, sm = sic). Ménage AIGUILLON, do aiguille et non pas d'un
(auquel se rallient Littré et Brachct), se fon- subst. Rctif aculeo, -onis (do aculeus). Do là :

dant sur l'ancienne fomic ensi, fait venir vorbo aiguillonner,


ainsi de in sic, et le prov. aissi de ad sic. AIGUISER, voy. aigu.
L'étymologic ci-dessus, démontrée par Diez, AIL, prov. a/A, du L. allium, D. ailladc. —
nous semble plus rationnelle et parfaitement ...AÙj, sulîixe, =
latin aculum {ac'lum)\
conforme aux procédés habituels de romani- ex. trab-acnlum, fr. travail.
sation. AILE, du L. ala; dimin. aileron, ailette;
1AIR, dans le sens physique, prov. aei', at\j. ailé, L. nlatus.
air, aire,it. aria (poét. aère), esp. nire, port. ... AILLE, suffixe, représentant: I. L.
ar, du L. aër (à-np). plur. -alia, -ilia (muralia, muraille, ovilia,
aria, prov. et v. ouaillc); il sort surtout à indi(pun' la pluralité;
2. AIR, vfr. aire, it. it.
2° L. -acula, -acla (tenacula, tenaille).
aire, apparence mine, façon (le
extérieure,
prov. et vfr. ai7'e prennent, en outre, le sens AILLEURS, du L. aliorsum.
de origine, race). On a beaucoup agité la
:
AIMANT, vfr. aimant, aiemant, prov. adi-
question do savoir si notre mot, dans ces man, aziman, port, et esp. iman, du L.
diverses significations, est identique avec le adamas, -antis, diamant (du gr.
fer, acier,

l)récédent. Diez ne le pense pas il proposait : xSi/iXi, indomi)tablc). Au moyen


âge, ada-
à son égard la racine ar, qui dans lo vieil mas était devenu synonyme do magnes. I*ar
allemand a produit aran, labourer, et de là contre, on y rencontre au.><si le mot aimant
le dérivé art, qui signifie d'abord sol, puis avec la valeur de diamant (v. c. m.). D. —
provenance et disposition natui'ellc; mais, aimanter, aimantin (L. adamantinus).
dans les éditions subséquentes de son livre, AIME, mesure do capacité, du L. hama
il abandonne cette étymologie et discute, pour {ifiri'), seau, BL. ama, vase, gros tonneau.

le sens origine, race, et sans se prononcer, AIMER, vfr. ama\ L. amare; amans,
les titres des mots lat. agriim (BL. arum) do am.ant, variété du part, aimant; amator,
agcr, signifiant lieu, et atrium, place de la amateur ; i\mi\h\\\i>, -lias aimable, amabilité.
,

maison où so trouvait le lit conjugal. Bur- ... AIN, suffixe, répondant 1° à L. -amen :

guy, par contre, rappelant les acceptions (acramen, fr. airain) examen, fr. essaitn ;
\

déduites du L. spiriius, esprit (air, souffle, 2° à L. -anus (mundanus, fr. mondain).


ton, bruit, passions, humeur, disposition), AINE, vfr. aigne, prov. mod. lengue (p.
croità la communauté d'origine des deux Fengue), esp. engle, it. inguine, du L. inguen,
homonymes. Littré est d'avis que le mot en -inis, aine.
question, dans toutes les acceptions mention- AINE, anc. ainsné, mot composé do ains*
nées, est le même que aire nid (v. c. m.) = = ante, et né =
natus il fait opposition à
— D.
;
et il admet la filiation suivante place et nid, :
put'né, qui repré.sente « postca natus ».
demeure, famille, qualité, manière. Aire se
serait transformé en air par confusion. — aînesse, contraction
latin antenatitia).
du vfr. ainsneece (type

Les anciennes expressions de mal aire, de AINS', ancien adverbe et préposition,


put aire (de mauvais naturel) et de bon aire forme romane française du lat. ante, devenu
(de bon naturel) ont laissé l'adj. debonaire', en it. ami, en esp. et port, antes, en prov.
débonnaire, Littré et Génin admettent que, ans, ant. La finale s est particulière à
dans ces locutions, aire est le même mot un grand nombre d'adverbes romans (p. ex.:
que aire, nid d'aigle ; de bonne aire équi- sans, ores', p. orc, or, lo7's, certes, etc.). La
vaudrait à issu d'un bon nid, donc de bonne
:
signification adverbiale avant, plutôt, a pjissé
race. C'était déjà l'opinion de Henri Estiennc. aussi en celle de mais, marquant ainsi l'op-
3. AIR, suite de tons et de notes, it. aria position. La vieille langue avait encore formé
(d'où le dimin. fr. ariette), est le même mot de la combinaison ante ipsum, les adverbes
que le précédent ; en ail. aussi, le mot loeise, a7içois, anchois, ainçois, etc., prov. anceis,
manière, a dégagé le sens de mélodie, air. signifiant avant, mais, jdictôt. Puisqu'il s'agit
AIRAIN, prov. aram, esp. arambre, alam- du L. ante, mentionnons ici ses autres reje-
bre, it. rame, wal. aramë;à\\ L. œramen[ieii, tons romans. Ce sont :

aeris), forme mentionnée dans Fcstus. BL. antianus,


1. ANCIEN, adj. reproduisant
1. AIRE, place unie, du L. area. it. anziano, esp. anciano, jirov. ancian, et
2. AIRE, nid d'aigle, se rattache peut-être signifiant ainsi au fond ce qui est ou a été
:

à l'ail, aar, aigle. Ducangc dérive BL. acria avant, antérieur.


nidus accipitris, du fr. aire, et non pas le der- 2. AVANT, it. avanti, prov. abans et avant,
nier du latin, ce qui n'était cependant pas de la combinai-son ab-ante, que l'on rencontre
inadmissible. Diez rapporte «îV^, nid, au vfr. sur des inscriptions romaines de l'empire.
AJO 45 ALC

3. DEVANT, vfr. et dial. aussi davant, it. fois== ajonc et terrain planté d'ajoncs. D'ori
davanti, prov. davan et devant, synon. du ginc inconnue.
précédent et formé de celui-ci au moyen du AJOURNER, (\o jorn ,
jour {v . c. m.), citer
préfixe de. à jour renvoyer à un autre jour; cfr.
fixe,

AIRELLE, myrtille, port, airclla, me sem- l'ail. vertagen\ en vfr. aussi == faille jour.

un dérivé diminutif du L. ater, atra


ble être AJOUTER, ajouster* pr. mettre à côté, ad-
,

noir; cp. pour la lettre, patrem, prov. paire, joindre, vient du \ÎY. jouste, à côté, qui est le
fr. père, yîv. airenient =
L. atramentum; Xaïïnjuxta (rac. jug, jung, joindre). Subst.
pour le sens, Y ail. schwarz-heere, myrtille verbal ajoute. —Voy. nw^ai jouter.
.Aïs, planche, du L. axis, assis. — Dim. AJUSTER, dans le sens de accommoder,
aisseau, bardeau. assembler, joindre, arranger, parer, n'est peut-
AISE, subst., contentement, commodité être qu'une variété du mot précédent. D. —
(dans l'ancienne langue aussi =
provisions, ajustement; ajutoir ou a;oi«toîr (syncope de 1'*-).

choses nécessaires, puis facilité, occasion), Dans la signification de rendre un poids ou
it. ar/io, prov. ais, aise, port, rt^ro. Le môme
une mesure juste, et dans celle de viser, le
mot sert aussi d'adjectif avec le sens de con- verbe ajuster est factitif et tiré de l'adj. ^HS^e.
tent, joyeux (aiic. == facile); il a donné les
— D. ajusteur, -oir, -âge; désajuster,
anciens verbes aisier et a-aisier, fournir du rajuster.

nécessaire, soigner, mettre à l'aise (d'où nous AJUTOIR, voy. l'art, préc.
est venu l'adj. participe aisé, mis à l'aise, ALAISE, anc. orthographe de alèze (v. cm.).
rendu facile), et le subst. abstr. aisance. Quant ALAMBIC, it. latnbicco, esp. alambique, de
à son origine, les uns, comme H. Esticnne, l'arabe al-anbiq, vase à distiller, qui lui-
invoquent le grec aîns;, de bon augure, heu- même est d'origine étrangère; le grec a le

reux, convenable (le subst. aise signifierait mot «//.6t|, calix, vas, cadus. D. alambi- —
ainsi ce qui convient, ce qui est commode) quer, dont le sens est exclusivement figuré :

Ménage songe hardiment à otiiim, Ferrari à subtiliser.

ad-aptare, Frisch au radical de l'ail, bcliag- ALANGUIR, extension de languir, avec sens
licli, à l'aise; Grimm, Diefenbach et Diez, sur
factitifou inchoatif; la vieille langue avait
les traces de Junius, Schilter et Castiglione, tiré de langueur le verbe alangourir.

s'arrêtent sur la racine hypothétique azi, d'où ALARGUER, it. allargare, gagner le large.
procède l'adj. gothique azéts, facile, com- ALARME, de l'it. alV arme, aux armes, ou
mode, commodité. Selon eux,
et le subst. azêti, plutôt (car le mot est ancien) du fr. à l'arme!
l'expression provençale vivre ad ais serait Comparez l'expression aZ<3rt<3. D'autres y voient
analogue au goth. vizon in azêtjam. En à tort un dérivé de l'ail, lârm, bruit, tapage.
basque, on trouve aisia, i^epos, et aisina,
— D. alarmer, donner l'alarme.
loisir, mais Diez a des raisons pour attribuer ALATERNE, L. alaternus.
à ces mots une provenance provençale. Il est ALBATRE, L. alabasirum {ilzZx'JTpo-j).
curieux de voir, en provençal, se déduire de ALBERGE, anc. auberge, sorte de pèche ;

aise le subst. aizi, avec le sens de demeure, selon Ménage, dér. de albus, à cause de la
maison, asile, et les verbes aizir, aizivar = chair plus claire de cette pêche Saumaiso ;

accueillir. —En dernier lieu, Bugge (Rom. propose une origine arabe al-beg ; Frisch, le :

IV, 349) établit comme étymon le lat. vulg. latin 2)ersicum,augmenté de l'art, arabe al,
asa {= ansa) ou plutôt une forme dérivative en supposant une forme intermédiaire alver-
^asiiim, *asia (cp. praesepium de ^^rae^epe chia. L'espagnol dit albérchigo, dans lequel
et tant d'autres). Rien à objecter quant à M. Devic voit l'arabe albirqouq, abricot.
la lettre; rien non plus pour le sens. Ansa ALBIQUE, craie blanche, dér. de albus,
signifiant aix fig. " prise, facilité, occasion, blanc.
aise », constaté et déjà Darmeste-
est bien ALBINOS, de l'esp. albino, nègre blanc.
ter (Rom. I, 157) avait, dans un texte du ALBUGO, mot tache blanche sur les
latin,
xi" siècle, relevé pour aise la valeur " espace yeux; du dér. albuginosus fr. albugineux.
:

vide aux côtés de quelqu'un ". En effet, aise ALBUM, mot latin, sign. tablette blanche
emporte l'idée de facilité dans les mouvements; (blanchie avec du plâtre).
avoir ses aises, être à son aise équivaut à ALBUMINE, du L. albumen, blanc d'œuf
avoir ses coudées franches. Cette ex-j)lication (t^éguliôrement francisé dans le vfr. aubun).
est, à coup sur, à la fois ingénieuse et plau- ALCADE, juge en Espagne, esp. alcalde, de
sible; auinons-nous la solution du problème? l'arabe al-qûdi, juge.
— C\)s. malaise, anc. mesaise (v. it. misar/io). Alcali, mot tiré de l'arabe al-qali, sel de
Le mot alèze, drap qu'on met sous les malades, soude.
est-il formé de à l'aise? C'est possible et
ALCHIMIE, prov. alkimia, esp. port, alqui-
probable, puisqu'on l'orthographiait aussi m,ia, it. alchimia, alchemie et alchymie ;
ail.
alaise. moy. ^Y àpyniJÂv.t^'i'i^ alquemie, arquemie; de
.

AISSEAU, voy. ais. l'ai'abe al-kimià, qtii est le mot chiinie, aug-
AISSELLE, it. ascclla, cat. axclla, du L. menté de l'article arabe al. —
[Scaligor sur le
axilla, m. s. Culex de Virgile Arabes addito »uo al, ple-
:

AJONC (arbuste épineux), Berry qjon, aujon, raquc grseca ad morem suum interpolarunt.
BL. adjotum:, vfr. ajout, ajou, adjouh, à la Ut Liber Ptolemaei est Almageste est enim :
ALE — IG ALI

rt ij.vji.irri •::pu.-/ij.%7îi'x.. Sic Ahhymia, yj<j.=A-j.. dresser. D'où lexpr. stare all'erta, user do
Sic Almanah, kalcndariiini, /jiavx/o'i a 1mm et précaution, se tenir sur ses gardes.
niensibiLs; imdc circuliis Imiaiis a])iul Vitrn- ALÉSER, aussi aliser, rendre uni, esp. ali-
viuin /xxv«/o;. Sic Alambic a gi-seoo xtiZi- apud sar, rendre |»oli ; du vfr. alis, doux au tou-

Dioscoridcm.] cher, prov. lis (voy. li.-i.w), esp. lisn.


ALCOOL,
anc. alco/tol, de l'arabo al^oçlil, ALEVIN, airain , menu
jjoisson de repeu
poudre très volatile pour noircir les pau- plenient, dér. de alever, anc. forme pour
j)ières lextrême ténuité parait avoir déter-
; élever (v. c. m.). Cp. le terme analogue uour-
jiiiné les chimistes à appliqticr le mot à l'es- rain de nouri'ir (anc. =^ élever). D. nlevi' —
prit-de-vin (signification encore étrangère au ncr[\u\ étang).
mot arabe). ALEZAN ou ALZAN, de l.'sp. ala;an; ce
ALCORAN, mot arabe, composé de l'art, al dernier, d'après l'ilian, de l'arabe al-hasa)i, le
et de corail, lecture, chose lue. beau; d'après d'autres, de al'athan, la fiuuée;
d'après Devic, de l'ar. ahlas, féni. halsà, qui
ALCOVE, selon Grimm et autres, du vha.
alah-hovu , composé hypothétique de alah,
caractt'rise un cheval de couleur alezîinc.

temple, et de Aoro(= nha. kofen, kobeji),


ALEZE. voy. sous aise.

réservoir; d'autres, avec plus de raison, le


ALFANGE,«ibre, coutelas, cimeterre, de
alfange, qui lui-même est tii-é de l'arabe
l'esp.
dérivent directement de l'esp. alcobd, que l'on
alchangar, poignard. Voltaire, par méprise,
rattache à son tour à l'arabe al-qobbah, voûte,
a employé le mot dans le seiis Ao phalanges.
tente. Cette dernière signification se retroiive
(Orphelin de la Chine, I, 3.)
dans le prov. alcuba et vfr. aucube, qui sem-
blent ainsi provenir de la môme source. AL6ALIE (anc. algaric) , esp. algalia.
Propr. instrumentuiu inquo liquores injiciun-
ALCYON, mot latin, tiré du gr. âlx«i.v.
tur in vesicam, (juod etiam siringa dicitur.
ALÉATOIRE, L. alecUorius [àa alea,(iié,]e\\ D'après Ménage, du givc barbare ipyy.\v.oi,
de hasard).
dit poul" jçyatJiîîv, le<inel signifiait instrument
ALENE, ales7ie, csp. alesna, it. lésina; du en général, puis particulièrement instrument
vha. alansa (même
transposé en alasna.
sens),
pour jeter de l'eau. Cette étymologie satisfait
La forme italienne lésina (les apliérèses de l'a pleinement.
initial sont fréquentes dans cette langue) a
ALGARADE, del'esi). algarada, tumulte do
fourni aussi à la langue française le mot guerre, d'-rivé de algara (ai-abe al-gàrah),
lésine, éiKirgne sordide; et voici conunent,
incui-sion sur le territoire ennemi. On sait
selon Ménage, s'est o\*(iVé le pji.ssage d'idée
([w'algai'adc avait d'al)ord un sens militaire :

entre jjoinçon et éjjargnc « Lésine, lat. :


attaque brustjue. Fleuiy de Bellingen fait
nimia parcimonia. Du livre intitulé « Délia :
venir le mot des piUages tjue font les corsaires
famosissima compagnia délia Lésina», lequel iV Alger ; il sci-ait p. algerade! Oudin a pens(')
contient divers moyens de ménage. L'auteur
de môme.
de ce livre, qui est un nommé Vialardi, feint
ALGÈBRE, esp. et it. algebra, de raral)c
(|uc cette compagnie fut ainsi appelée di certi
al-djabr, propr. reconstitution d'objets dis-
taccagnoni, i quali pcr niarcia, miseria et
loqués (le mot espagnol algebra a consei-vé
avarisia si tnettevano insino a raltaconar le
cette acception première), ]>uis reconstitu-
scarpette e le pianelle, con le loro proprie
tion en un tout d'éléments divers. M(>nage
maiii pcr non ispendere. perche tal mesliei' E « L'algèbre est la i)eifection et comme la répa-
:

dcl rattaconare non s^ pua fare sema lésina,


ration de rarithméti(|ue, que les Arabes ap-
an^i è lo sù'omento principale, presono qiiesto
pellent atlnr.sir, c'est-à-dire fraction. "
nome délia Lésina. Quant à l'étymologie de
ALGIDE. L. algidus, froid.
alesna, voici, pour distraire, la filière fantas-
ALGUAZIL, mot espagnol [alguacil et aha-
tique mise en avant par Ménage aculeus, :
cil, port, alguazil, altacil, alvacir, magis-
aculesus,aculcsinus, aculesina, alesina, alesna.
trat, port,guazil, ministre), formé do l'arabe
On va loin avec ce procédé-là. al-vazir, administratcuir de l'Etat. De algua-
ALENTIR, anc. aussi alenter, factitif de zil pourrait bien, selon Ménage, s'être pro
lent. Composé ralentir. duit par corrui)tion le fr. argonsin (Rabelais :
ALENTOURS (les), subst. formé de l'expres- algosans), et l'it. aguzzino, surveillant des
sion adverbiale à Ventour ; voy. enlour. forçats dans les bagnes.
ALÉPINE, de la ville d'A%9, en Syrie. ALGUE, L. alga (m. s.).
ALÉRION, petit aigle (t. de blason), du BL. ALIBI, subst., de l'adv. latin a/î'iî, ailleurs.
alario, que Littré est d'avis d'expliquer par Ce même adverbe, au moyen de la terminai-
aquilario (augmentatif barbare de aquila), son anus, a donné le BL. albanus, d'où al-
étymologie beaucoup moins plausible que celle bain, aubain, étranger (v. c. m.).
qui s'adresse au v. ail. adelar, auj. adlei' (pr. ALIBORON (maître), homme ignorant, qui
aigle noble). pi'étend tout savoir. Ce mot doit son origine
ALERTE, adv., adj. et subst., de l'italien I à une anecdote, à ce que l'on prétend. Un
air erta, qui signifie: debout, sur vos gardes, avocat, dans sa plaidoirie, fit un jour en-
garde à vous (cfr. alarme). Quant au subst.
! tendre la phrase que voici nulla ratio est
: '•

it. erta, il vient de ladj. erlo, abrupt, escarpé, habenda istorum aliborv.ni » voulant dire ;

part, passé de ergere, qui est le latin erigere. par là qti'il ne fallait tenir aucun com[)te des
,

ALL — 17 ALL
alibi dont se prévalait la partie adverse. Ce le motfrançais, vu la forme iiicarde alcquier,
génitif hardi aliborum resta pour désigner me semble appeler un thème leh et avoir pour
plaisamment les avocats de cette force. C'est signification première celle d'atfriander; j'ai
l'abbé Huet qui est l'inventeur de cette histo- de la peine à le séparer du BL. lecator, vfr.
riette. D'autres, moins imaginatifs, allèguent lecheeur, lecheur, pr. gourmand, puis séduc-
le subst. arabe albormi, âne (plutôt bête de teur, corrupteur, et le rattache de préférence
somme), comme l'original du mot en question, à la famille du verbe lécher, par l'intermé-
ce qui concordei:ait certainement mieux avec diaire d'un adj. verbal leque, lèche, friand,
l'emploi qu'en a fait Lafontaine, mais on ne glouton =
ail. lécher. Voyez mon étude lexi-
trouve pas que le mot ait été appliqué à l'âne cographique sur les poésies de Gillon le
avant l'illustre fabuliste. Le sens premier Muisit, s. V. alekier. —
L'étym. par allec-
parait être, au contraire, « savant, docteur " tare, fréqii. de allicere, est d'autant moins
d'où s'est dégagé le sens péjoratif de faiix admissible que le passage de et en ch n'est
savant, sot qui se donne de l'importance. possible que devant un i suivi de voyelle (cp.
Cette circonstance, parmi une foule de ten- "fachon, façon; ^lechon, leçon). Fr. fléchirixa
tatives d'explication, tant plaisantes que vient pas directement de L. flectere. Hornung
sérieuses, donne plus de crédit à deux étymo- a proposé le type allecticare; il serait correct,
logies développées par un collaborateur de mais ne s'accorderait pas avec alequier.
Y Intermédiaire (1866, p. 276). Il propose, ALLÈGE, subst. verbal dialléger.
comme origine du mot, soit Al-Biroùni, le 1. ALLÉGEANCE, adoucissement, de allé-
nom d'un mathématicien, astronome et géo- ger.
graphe, qui a joui au moyen âge d'une répu- 2. ALLÉGEANCE, dans « serment d'allé-
tation immense dans les écoles arabes (c'est geance ", du BL. ad-legiare, se faire lige
là l'ét. par Devic), soit le mot helle-
profes-sée (BL. ligius, legiiis).
boruni, nom de Vellébore ; ce dernier
latin
ALLÉGER, BL. allœiare (levis); cp, abt^é-
pi'imitif exjjliquci'ait à la fois aliboron, em-
ger, de brevis.En terme d'arts et métiers, on
ployé comme nom de plante dans le Roman
dit aussi allégir.
du Renard, et l'application dii mot à l'apothi-
ALLÉGORIE, gr.. àD-nyofAx, du verbe
caire dans le Testament de maistre Patlielin,
cr.\l-/i-/opï'j), dii'e (iyopsw) autre chose (îcÀXov)
où l'expression « maistre Alibormn « se pré-
sente pour la première fois. —
Quant au sens
que ce qu'on parait
ALLÈGRE,
dire.
vfr. alaigre, haligre (verbe vfr.
de " diable » que le mot prend dans le procès
d'Egidius du Rays (1440), cité par Ducange,
salégrer, se réjouir), du dont
latin alacris,
la 2" syllabe, traitée
en longue, a pris l'accent
et qui a fait produire l'étymologie altboran
tonique. L'italien allegro parait, à cause du
(mot allemand signifiant vieil ennemi), le
même savant est d'avis qu'il faut n'y voir
double l, emprunté au français. D. allé- —
gresse.
(pi'unmot mal entendu par un témoin.
ALICHON, ais de roue de moulin à eau, ALLÉGUER, L. al-legare, citer, invoquer.
prcjbablcmcnt un diminutif de ala, aile (cp. ALLÉLUIA, phrase hébraïque, signifiant :

anichon, petit âne). Chantez le Seigneur.


ALIÉNER, L. alienare, litt. transporter à ALLEMAND, du vha. aleman, propr. réu-
d'autres (de alienus,
étranger, dérivé de nion d'hommes; terme collectif de nationa-
aliiis, autre). L'expression classique « alie- lité. Le d final est paragogique. Le subst.

nare mcntem " (perdre ses facultés mentales) Allemagne procède de la forme latine Alle-
a donné le réfl. s aliéner =
tourner à la folie, mania. —
D. allemande, danse vive à deux
et le partie. -adj. aliéné fou. = D. alié- — temps.
niste. ALLER, it. andare, esp. port, andar, cat.
ALIGNER, ranger sur une ligne. prov. anar, vaudois annar, vfr. aner, aler.
ALIMENT, L. alimentum [alere, nourrir). L'origine de ce mot si important de la langue,
— 1). alimenter, -aire, -eux. qui s'est substitué au vocable ire des Latins,
ALINÉA, de ad-lineam, à trop inconsistant pour se soutenir, a beau-
la ligne! D'après
Littré, plutôt de la formule a linea ^= quittez coup torturé les étymologistes, et malgré tous
la ligne !
échappe encore à la certitude.
les eff"orts, elle

ALISE ou On a mis d'abord en avant une contraction


alizé, de l'ail, aise on else (dans
de ambulare, qiii efiectivement avait pris
else-beere, cratœgus torminali.s). — D. alisier.
au moyen âge le sens général d'aller mais ;
ALITER, mettre au lit.
une contraction semblable n'a pas de précé-
ALIZÉS (VENTS), esp. alisios; de l'ancien dent dans la langue, et comment concilier
verbe aliser, donc vents unis,
unii', polir;
cette etymologie avec les correspondants des
réguliers. Etymologie problématique, mais
plus plausible que it. alito, souffle, L. electi
langues sœurs? —
Ménage, lui, y va ronde-
ment il rattache toutes les foi'mes en ques-
;
(vents choisis) et autres du même acabit.
tion à un type grec «m (= fw et L. eo), qui
ALLAITER, L. al-lactare (de lac, luctis, se serait modifié 1. en «vw, d'où la forme
:

lail).
prov. anar, 2. en «vôw, d'où andare, 3. en
ALLÉCHER, it. allettarc, du L. alledare «Xw, d'où aler, enfin 4. en 56w, d'où ambo* et
(fré(pi. de allicerc). Malgré l'existence de l'it. le dérivé ambulo. —
D'autres ont tout aussi
allettare, qui est certainement =
L. allectare, étonrdiment invoqué l'allemand wallon, mar-
2
ALL — 18 — ALL

cher solennellement^ et lo vha. wandalon, pris lo sens de marcher et servi ainsi ji rem-
auj. wandeln, marcher! —
L'étymologio ad- placer le terme usuel ire. « Aller, du reste,
nare {ad -f- jmre, cfr.v arriver do adriparc) dit-il, n'est-ce pas une espèce d'addition !

se présente avec plus do chance par trans-
;
On a récemment fait do nouveaux efforts pour
position on obtient en effet andarc; lassinii- défendre les types ambulare ou addeiv, mais
lation annare expliquerait la forme anar, ils ne résistent pas à de sérieu.ses objections.

d'oii, par la mutation de n et l, le fr. aîer. Ainsi Foerster, insistant avec raison sur lo
Mais le sens primitif de adnare a cependant fait que la source du mot roman andare (d'où
quelque chose de trop spécial qui fait recu- anar, aner, aler) doit être un voc^ible d'un
ler devant cette explication. —
Ambilarc, usage commun à tous les kgaf^ du parler latin,
frcqu.do ambire, fournirait également la clef a posé l'étymon vadcre, pour lequel il a con-
dos diverses formes néolatines; contracté en staté la forme havhavG vandere;voy. Bohmer,
amtare, il deviendrait andare (cfr. en esp. Rom.Studien, IV. 196,et Grober, Ztschr.III,
coiide de com'tem, senda de sem'ta) et par 564. — Schuchardt, en co qui concerne fr.
syncope du d, anar (foiTne catalane et prov.; aler, incline à admettre une origine celtique,
cfr. ma7iar, fonar, de mandare, fnndare), le radical al, el =
aller se rencontrant dans
puis (l pour n) le fr. alei'. Mais la forme ita- divers dialectes britanniques (voy. Ztsdir. IV,
lienne andare, d'après les lois phonologiques 126). —
Enfin, je ne puis omettre une conjec-
propres à cette langue, ne peut procéder d'un ture émise par M. Bain- (Ztschr. II, 592). Vn
type anitare, et l'on no peut admettre qu'un infinitif roman allare se serait dégagé du part.
mot aussi usuel ait été introduit du dehors. allalus (cp. Virgile : hanc urbem ufferimus),
— Diez, après avoir discuté minutieusement comme le mot roman prostrare de prostratiis.
ces diverses étymologies, paît d'un verbe fi"é- G. Paris oppo.se à cette explication une obser-
quentatif latin aditare, déjà j»roposé par vation (pi'il a faite, c'est qi\C(Uei', do mcmoque
Muratori (Ennius ad eiini aditavere, ils
: andare, exprime toujours une idée déloigne-
allèrent près de lui). Comme on a v\i lo sub.st. ment et que tout étymon contenant l'élément
lat. aditus se transformer en andito (it. et ad doit être écarté. (Rom. VIII, 298.) Cojwn-
esp.). et reddere devenir rendei'e, on est, en dant celle des solutions du problème qui l'at-
effet, autori.sé à admettre une intercalât ion tire le plus est addere au sens de « addere
de n dans aditare, ce qui donne anditare. gradum « marcher, avancer
, cet addere serait
;

Alléguant en outre lo vieux mot esp. et it. devenu addare, non par le pa.ssageùla 1 "'con-
résida p. reddita, Diez se croit en droit de jugaison, mais « par le phénomène roman
passer do anditare à la forme simple andare. bien connu de la restauration dans les com-
Cette dernière une fois établie, il n'y a plus posés de la voyelle du simple « (Rom. IX, 174
de raison phonétique pour repousser l'équa- et 333). Di.sons encore, en faveur delà conjec-
tion andare -= anar, aner =
alef (cfr. 'velin ture allure de allatus, que le BL. pré.sente col-
p. venin, œ'phelin p. orphe^iin). Ce qui re- lare == çonferre, qui no se comprend que par
commande encore la conjecture du linguiste collatus, et que Godofroy cite un cas de fr.
allemand, c'est que toutes les formes corres- coler, qu'il traduit dubitativement par coUa-
pondantes des idiomes néo-latins se dédui- tionner, vérifier. —
Avant de quitter le terrain
raient, selon les lois générales de transfor- des conjectures, n'oublions pas de rappeler
mation, d'un même type, appartenant à la que le français, pour conjuguer aller, em-
langue vulgaire des Latins, (jui a fourni aux- prunte quchpies formes (;e vais, tu vas, il
dites langues un si grand nombre des termes va, ils vont) au L. vadere, et que le futur
les plus usuels. —
Depuis l'apparition du et le conditionnel {irai, irais) procèdent du
dictionnaire do Diez, M. Langensiepen, réfu- L. ire. — Dérivés : allée (s,u\y&\ . participial),
tant l'opinion de celui-ci, propose pour le correspondent à it. andata, nnda-
alhi.re. ; ils
problème qui nous occupe une autre solution. tura, prov. anada. La forme andare a donné
Il ramène toutes les formes en question au au français andain, ce qu'un faucheur peut
lat. addere. Pour la foime, il se fonde sur faucher à chaque pas (pi'il avance ; ce .subst.
l'existence ancienne de andere, formé comme se rattache à un type andamen (cfr. airain
rendcre de reddere. Andere, passant de la de aeramen). M. Langensiepen, toutefois,
3" conjugaison à la l""*, serait devenu andare prend cet andamen non pas pour un dérivé do
(comme consumere est devenu consumare). andare, signifiant marcher, mais pour une
Une dérivation andulare (cfr. it. crepolare de modification littérale de addamen (= addita-
crepare, fr. mêler =
miscu/are de miscere) me7itum) ; andain serait ainsi l'espace ajoute
aurait produit ultérieurement anulare, an' à chaque nouveau pas que le faucheur fait en
lare, allare, fr. aler et aner. Quant au .sens, avant. —
En Bourgogne, on dit aiulée =
l'auteur de cette solution, en tout cas ingé- sentier dans la vigne.
nieuse, rappelle le passage de Virgile : ALLEU, prov. aloc, vfr. aloud, alou, aluef,
(Géorg. I, 513) quadrigse addunt in spatia vient directement du BL. alodiiim, qui s'est
(cfr. Silius Italiens 16, .374). et l'expression changé en i)rov. aloc, comme fastidium en
addere (= accclerare) gradiim, doubler le pistic. Quant an terme alodium (loi saliquo
pas; il cite en outre l'expression familière alodis), il vient de rallcmand al-ôd, propriété
allemande voranmachen (littéral, latin profc- entière, fonds dont on peut dispo.sci', opijosé à
cisci). En un mot, pour M. Langensiepen, bien bénéficiaire. —
D. allodial,liL. allodia-
addere devait avoir, dans le langage du peuple, (Chateaubriand).
lis; alletitier
ALM 19 ALT
ALLIER, vfr. alolcr, L. al-liyarc, attacher. donner en cadeau (l'almanach serait un ca-
Cps. rallier \ tnés-allier. Remarquez (\\\iiligare deau de nouvel an). Lenormant, enfin, expli-
et SCS composés ont syncopé en français le g que almanach par les éléments coptes al
radical, à l'exception de obligare, fr. obliger; (calcul) et men (mémoire), « calcul pour la
cette exception prouve l'introduction relati- mémoire » La provenance égyptienne du mot
.

vement moderne de ce dernier. résulte, en effet, d'un passage de Porphyrius,


ALLIGATOR; ce mot nous est venu de l'an- cité par Eusèbe, où de calen-
il est question
glais ; c'est d'après Malin, une latinisation driers appelés va de soi que
à.i.fjii-jixtx/.x. Il
arbiti'aire de l'esp. el lagarto ou port, o nous ne nous prononcerons pour aucune de
lagar-to (lagarto = L. lacertus, voy. lézard), ces tentatives.
qui est la véritable dénomination du croco- ALOÈS, L. aloe{il6y,).
dile ou caïman d'Amérique. Cette étymologie ALOI, BL. allcgium, subst. dér. de l'anc.
est corroborée par la dénomination allegar- verbe aloycr, mettre (les monnaies) en confor-
den, que l'on trouve employée par un voya- mité avec la loi [ad Icgcm), correspondant do
geur allemand do 1549. rit. allcgare, esp. alear. La racine est donc
ALLITERATION, mot savant, fait sur un Icg du L. lex[en ail. on dit Icgieren), et il faut
type verbal fictif alUtterare, adapter à la abandonner l'étymologie qui rapporte aloi à
lettre [littera). aloycr, anc forme de allier, à cause du carac-
.

ALLOCATION, L. allocatio. Le primitif de tère bien prononcé des vocables correspon-


allocatio, le verbe non classique allocare, est dants dans les langues congénères, bien quo,
devenu le fr. allouer dans « allouer une somme dans certains emplois, le sens d'aloi se con-
d'argent », propr. placer une somme, la des- fonde avec celui d'alliage. Aloi est employé
tiner à qqch. L'étymologie qui fait venir pour 1. l'action d'aloyer les monnaies, 2. le
:

allouer de allaudare n'est pas fondée; la titre reconnu, la qualité constatée à la suite
valeur accessoire que prend ce verbe, savoir de la vérification, 3. bonne ou mauvaise qua-
celle d'approuver, d'accorder, découle natu- lité en général.
rellement de celle de placer, destiner, établir, ALORS, it. allora, formé de ad illamhoram,
inhérente au L. allocare, prov. alogar, it. à cette hcurc-lîi (heure = moment, temps).
allogarc, vfr. alcuer. Autrefois, on disait aussi .simplement a orc »=:

ALLOCUTION, L. alhcutio (de alloqui, L. ad horam aoras, adoras, esp.-


[\>row. ao7^a,
adresser la parole). ahora) p. maintenant, à cette heure. La forme
ALLOBIAL, voy. alleu. lors ou lorcs' représente la formule illahora,
ALLONGER, i-endro plus lo7zg. En vfr. comme le port, agora vient de hac hora. Le
alongier, aloigncr se disait pour eslongier, subst. hora a donné naissance en outre aux
esloigner, par la môme permutation de pré- adverbes ores ', ore", or etencor, encore, it.
fixe (jui a donné alevcr p. eslever, élever et ancora (= lat. hanc horam, jusqu'à cette
amender p. émendcr. D. allonge. — heure). Il est encore au fond des composés :

ALLOUER (d'où l'angl. allow), voy. alloca- dorénavant, anc. d'ores en avant, et désor-
tio a. mais, anc. des ore mais, de cette heure en
ALLUMER, vfr. alumer
au sens (éclairer, plus [mais =
magis), c. à. d. en avant, La
neutre briller), it. alluminare, esp. dlum-
: finales dans lors, alors, ores ', est le môme
brar, prov. alumenar, alumnar, BL. allu- signe adverbial qu'on remarque dans les ad-
mina,re, extension du L. luminare. Pour la vevhea ains ', jadis, tandis, guèrcs, jusques,
forme, cp. prov. nomnar, fr. iiomer *, nom- volontiers, oncqucs •*, etc.
mer, du L. nominar'e, et semer de L. semi- ALOSE, L, alausaon alosa (Ausone).
nare. —
D. allumette. ALOUETTE, dim. de alouc; ce derniervfr.
ALLUSION, L. nllusio (de ludere, jouer); reproduit L. alauda, que Pline, Suétone, Mar-
le sens classique " badipage » s'est modifié en cellus Empiricus et Grégoire de Tours citent
celui de " jeu de mot «, parole destinée à rap- expressément comme étant d'origine gaviloise
peler un
ou une chose, avec ou sans inten-
fait ou celtique. En effet, on trouve en bns-l)retou
tion malveillante ou ironique; cfr. l'expres- les formes alchouéder, alchouédcz , qui con-
sion allemande anspielung; les Anglais ont firment cotte assertion. Le latin alauda est
conservé le verbe L. alludere dans to allude. aussi le primitif de it. allodola, lodola,
:

ALLUVION, L. alluvio (do alluere, arroser). V. esp. alocta, n. esp. alondra, prov. alausa,

ALMAGESTE, voy. sous alchimie. alauzcta, sicil. lodana.


ALMANACH, sous alchimie. Outre
voy. ALOURDIR, de lourd.
factitif L'ancienne —
l'étymologie consignée sous cet article, on peut langue avait aussi cslordcr, étourdir.
encore choisir entre les suivantes. Pour l'élé- ALOYAU, d'après Ménage de ad lum- +
ment al, tout le monde est à peu près d'ac- bcllus, " chair qui oi^t au dos » d'après Roque- ;

cord pour y voir l'article arabe; quant à fort, c'est ime forme vulgaire modifiée de
manach, il représenterait, suivant les avis allodial; l'alloyau serait ainsi la pièce noble !

divers, soit l'arabe mana/, feuillet, d'un verijo N(jus ne citons naturellement ces étymologies
nianaj, nombrer (Saumaise, arabicum alnia- do fantaisie (pio [JOur mémoire, on attendant
nacli idem prorsus sonat, (.piod Grœcorum la véritai;lo.
TTivaç, brevis in quo res plures ordine enume- ALPHABET, voy. abécé. D. alphabétique.' —
rantiir ac reccnsontur), .soit loverljo manaha, ALTERCATION. L. altercalio (de altercari.
AMA — 20 — AMA
disputer, anc. alterquer). —
La forme insolite que l'étymologie a man (main), douce. Une
altercas représente le snbst. latin de la 4** décl. dérivation de matou (cp. chatouiller de chat)
altcrcntus au cas du sujet sing. nous sourirait davantage, (pioi(pie nous no
ALTÉRER, BL. aUcrare, changer, de L. la proposions pas comme sérieuse. On a
altcr, autre; cp. ail. <'tm/o'n,de «?K/rr, autre. également s(jngé au vfr. amadour amou- =
De changer, gâter, troubler le sens a passé à retix mieux aurait valu proposer l'esp.
;

celui de « émouvoir, affecter péniblement ". amado, le mignon. Grandgagnage, en vue


L'acception causer de la soif « (doù altéré,
« des formes wallonnes adawi, adoulcr, andou-
ler, •-= L.adulari,
part d'un primitif rt</oif fer
désaltérer) s'explique par l'intermédiaire de
ridée " mettre en effervescence, embraser».
:
d'oji, par .syncope, atlouer, et avec le pré-
Cependant Kgger, approuvé par Diez, y voit fixe a, lié cuphoniquement au jirimitif par
une corruption de a^'léricr, en alléguant le un m, amadouer. Cela est plus (pie douteux.
BL. artciiatiis « cujus fauces rheumatiziuit ». Littré pense qiie notre mot, as.sez réc-ent dans

ALTERNE, L. alternus; alterner, L. alter- la langue, est venu des patois du Nord, et

nare; altrniation, L. alternatio. I). alter- — o\niui en faveur de lexplication de Diez. Le


picard dit amidouier. —
Le subst. amiulou
natif, (iHcrnativc.
est tiré du verbe amadouer dans son sens
ALTESSE, directement de l'it. aitessa,
d'allécher, attirer. On peut comparer pour
formé de L. altns, haut. La forme vraiment
ce rapport le synonyme it. et prov. esca (vfr.
française est hautessc (voy. haut).
éche) et esp. j/CAvvi venant du lat. c^ca, appât,
ALTIER, de lit.formé d'un type
àltiero,
amorce, et signifiant amadou.
bas-latin altarius, dérivé- de altus, comme
AMAIGRIR, factitif de maigre.
plmariits de jilenus. Le mot fait double
emploi avec hautain, do haut.
AMALGAMER, doii le substantif verbal
amalgame, pour primitif le gr.
a, selon Diez,
ALTISE, genre de petits insectes coléop- transposé en juâ).-
fji.xXx//j.x (ramollissement),
tères, ail. erdfloh, sprinr/ei-; tiré du grec
yoL/Ax. Cette étymologie l'emporte, à coup siiv,
sauter (cp, gr. âlTizoj, .sauteur).
ôà.yi;j.'j.i,
sur celle des lexicographes français ifix :

ALTITUDE, L. altitiuh, hauteur.


ya/isTv, marier ensemble, avec un X explétif!
ALUDE.vfr. aine, du L. aluta, cuir souple.
ALUDEL, t. de chimie; de Var. al-oitt/wt,
— Devic rapproche, sans rien affirmer,
l'arabe amat-al-djàm'a, l'œuvre de la con-
instrument pour sublimer (Dozy).
jonction.
ALUINE, nom vulgaire de l'ab-sinthe, dérivé amandele, amandrc,
AMANDE, dial. vfr.
de aloi'. Cette étymologie est correcte, mais
alitnande (transposition de amandele, cp.
Diez obseiTe avec raison qu'il faut tenir
angl. almond), prov. ahnandola, esp. almen-
compte des formes anc. xdoisne, aloyne, esp.
dra, it. mandorla, mandola, ail. mandel,
alosna, port, losna, BL. aloxinum (Gloses
ni. amandel, toutes formes gâtées du L.
de Reichenau, 40)', dont l'origine reste à
amygdala {i/j.uyëxiYi). En valaque mygdaii
éclaircir. —
Godcfroy consigne l'adj. alids-
et manduli. Le t^pe commun des formes
:

nier, ce qui suppose le subst. aluisnc et


romanes est amindala, qui se rapporte à
confirme l'étymon aloxinum.
amiddala, amidala •= amygdala, comme
ALUMELLE. vfr. aussi alemele, fomiation fr. rendre à rcdderc, it. imbriaco à ebriacus,
produite sous l'influence de l'article la lemele Rom.
;
it. fangottok fr. fagot (Havet, VIII, 94).
a été altéré en Valeniele et le mot lemele répond
à un type latin lamella, diminutif de lamina,
— D. amandier.
AMANT, voy. aimer.
fr. lame. Pour \u p. e dans alumelle, cp. cha^
AMARANTE, de i/j.xpxvzoî (juxpuivu), « qui
lumrnu p. chalemeau. ne Si- laiR! ])as. «
ALUMINE, voy. alun. AMARINER, marin.
dér. de
ALUN, L. ahnnen. D. —
aluner, alunier, AMARRER, amarrar, du ni,
esp. port,
alunièrc. Les savants ont dire directement du marrcn, mrrren (ags, merran, vha. m-arr-
latin les termes alumine (cp. albumine p.
jan), retenir, attacher. D'autres proposent
aubun), alumineiix et aluminium,. l'arabe marr, corde, mais l'origine germa-
ALVÉOLE, L. alveolus (dim. de alveus, qui niqtie est plus probable. —
Le contraire est
a donné auge). rendu par démarrer. —
Subst. verbal :

ALVIN, L. alvinus (de alvus, ventre). amarre.


AMABILITÉ, voy. aimer. AMASSER, dér. de masse. — D. amas,
AMADOU, voy. l'art, suivant. subst. verbal, sign. 1. action d'amasser, 2.
AMADOUER, allécher par des flatteries, ensemble de choses amassées. — Cps. ramas-
des caresses; Diez, pour expliquer ce mot, ser, d'où ramas, ramassis. Il est curieux de
remonte au vieux nordique m,ata (dan. made), voir, dans ramasser, l'idée s'élargir en celle
donner à manger, appâter. La terminaison de relever ce qui est à terre, sans égard au
ouer serait, d'après lui, analogue à celle de nombre ou à la quantité des objets, ce qui
bafouer. C'est jusqu'ici la plus probable des l'éloigné tout à fait de son primitif. Un fait
étymologics présentées. — Ménage suppo- analogue se présente dans le verbe accueillir.
sait une forme monstrueuse amatutare tirée AMATEUR, voy. aimer; fém. amatrice
de amatus. D'autres, partant de l'acception (rare aujourd'hui, sans doute à cause du
caresser, proposent un original ad-manutiim calembour que présente ce mot). Amateur
(de manus, maïn). Tout cela est aussi absurde est une foiTne savante, pour laquelle l'anc.
.

AME —n AMO
langue employait au sujet sing. amèrc et au et es}). port, amainar s'employent seulement
régime ami'oiir, dans le sens de amener les voiles. D. ra- —
AMATIR, factitif àe^nat (v. e. m.). mener.
AMAUROSE, du gr. à/y.aùpwai;, obscurcisse- AMÉNITÉ, L. amoenllas [àaamoenus, agré-
ment. able, gracieux).
AMAZONE, L. cmiazon (i/AczÇ'jjv). AMENTEVOIR et RAMENTEVOIR, vieux
AMBAOT, étendue de juridiction féodale, mots formés de mente habere, avoir à l'esprit;
ail. amùacht, gotli. andbuhti, vlia. aynpaht, on trouve dans la vieille langue aussi mentoi-
ministerium, d'où par contraction l'allemand vre atmentcvoir {cîv reçoivrc* doixyre*, variant
. ,

amt, office. Selon Grimm, le mot signifiait avec recevoir, devoir); l'expression s'accorde
aussi ministcr, diaconus. C'est là également avec l'it. avère a mente, et doit avoir signifié
le sens du mot ambactus employé par César, d'abord se souvenir, avant de prendre l'accep-
B. G. 6, 15; de ce dernier s'est produit le tion factitive de faire souvenir.
subst. BL. àmbactia, service, office, mission, AMENUISER, rendre plus mince, plus menu,
modifié en ambassia, o.mbascia. Ce substan- com|)osé do ynenuiser (v. c. m.).
tif, à son tour, a donné naissance au verbe
AMER, L. amarus; subst. amertume, L.
ambasciarc, accomplir une mission, d'où it. amaritudinem. Voy. l'art ...tume. Le vfr.
ambasciata, ambasciaiore, et fr. ambassade, disait également amcrté, voire amertonde.
ambassadeur.
AMÉTHYSTE, L. amethystus (i/xî&uïTo,-).
AMBAGES, L. ambages, détours (ambi-
AMEUBLER, garnir de meuW^i- (v c m .), d'où . .

ago)
AMBASSADE, voy. ambact.
ameublement. —
Ameublir, rendre meuble
(v. c. m.), d'où ayneublissement
AMBE. du L. ambo, deux.
AMBESAS = L. ambas asses, deux as. AMEUTER,
mouvement.
mettre en meute (v. c. m.), en
AMBIANT, L. ambiens, allant autour.
AMBIGU, L. ambiguus, litt. qui pousse des AMI, prov. amie, L. amicus; fém. amie.
prov. amiga, L. amica; amical, L. amicalis;
doux côtés; ambiguïté, L, anibiguitas.
amiable, prov. amicable, L. amicabilis; ami-
AMBITION, L. ambitio, du verbe ambire,
tié (v. c. m.).
circonvenir quelqu'un pour obtenir son suf-
frage. —
D. ambitionner Ambitieux, L.
. — AMIABLE, voy. ami.
ambitiosus. AMIANTE, L. amiantus (gr. àfii-x-jroi, qu'on
AMBLE, voy. ambler. no peut souiller, incombustible).
AMBLER, it. ambiare, est le L. ambulare, AMICAL, voy. ami.
qui s'employait au moyen âge en parlant d'un AMICT, L.amictus{dea?nicire, envelopper,
cheval « qui cum alterno crutnim explicatu couvrir).
mollem gressum glomerat ». D. subst. — AMIDON, it. aynido, esp. almidon, du L.
verbal amble (anc. amblure); ambleur. aniglum [x/j.uU-j)\ pour Z changé en (/, cfr. port.
AMBRE, it. ambra, esp. port, ambar, alam- escada descula. —
D. amidonner. Atm/lnm —
bar, alambre, directement de l'arabe anbar, a fourni encore aux savants l'adj. am,ylacé.
qui lui-même est de source éti^angère. D. — AMINCIR, factitif de mince (v c. m.).
ambrer; ayrd)rette. AMIRAL, vfr, amirant,amiras,amire, etc.,
AMBROISIE, vfr. ambroise, du L. ambrosia it. esp. port. prov. amiran, prov. amiralh, it.
— D. am.brosien.
[iy.Cjrji'^iv).
aussi ammiraglio, alrniraglio, grec du moyen
AMBULANT, L. ambulans. — D. ambu- âge y./j.virjxh/ii. Ce mot vient, selon Mahn, de
lance, hôpital ambulant. — Ambulatoire, L,
:

la formule arabe amir-al-bahr, commandant


ambulatorius, qui n'a pas de siège fixe.
de la mer, par apocope de la dernière syllabe.
AME, vfr. anime, anrme, arme,
anm,e, Un faux rapport avec admirai'i aurait donné
aime, prov. anma, arma, esp. it. aima, du nais.sance aux formes BL. admiraldus, admi-
L. anima (x^iy-oi). rabilis, d'où ail. et angl. admirai. Diezoppose
AMÉ, anc. forme pour aimé, L. amatus; à ro])inion de Mahn que le sens ancien était
cfr. amant pour aimant. plutôt chef d'infidèles que commandant de flotte
AMÉLIORER, L. ameliorare (molior). et s'en tient à un primitif arabe amir, prince,
que les Occidentaux auraient habillé de diffé-
AMEN, adverbe hébraïque, signifiant en
vérité, ainsi soit-il. .
:

rentes façons au moyen de suffixes variés. —


D. amiralte, amirauté,
AMÉNAGER, mettre en ordre, régler, voy.
méiiager. AMITIÉ, \iv. amistiet, it. esp. amistad, de
L. amicitatem, forme rustique p. amicitia.
AMENDE, voy. amender.
Cp. vfr. mendistié (chanson de Roland) de
AMENDER, rendre meilleur,
anc. corriger,
punir, modification du vfr. esmender L. = mendicitatem .

emendare [rnendum, faute), prov. emendar. AMMONIAQUE, L. ammoniacum, gomme


L'ancienne langue disait de même alever p.
que distillait un des arbres du temple de
Ju])itor Ammon, en Lybie.
Dans Boothius, on lit \2 emenda-
élever.
ment et v.250 am,endenient.
v.
— D. am,ende, AMNISTIE, gr. ày.vv77Tta, oubli. D. am- —
correction, punition, réparation : am(?nrfa6Zc, nistier.

-ement; ramender, baisser de prix. AMODIER, donner à ferme, BL. admodiare,


AMENER, cps. de mener. It. ammainare. vfr. amuidier, de ad -|- modius (boisseau,
. .

AMU -29 ANC

voy. nniiil); jn'opremcnt, tixcr les prestations amoliri, éloigner pour ainsi dire ad amo
;

on <?rains. lirndum fasciiintn. Cela n'est pas .soutcnable.


AMOINDRIR, factitif de mohulrc. Le mot est d'origine sémitique. Dozy, dans
AMOLLIR, factitif de mol. Cps. ramollir. — ses Oosttnlingen, fai.sant abstraction de l'em-
AMONCELER, de nwnccl', moncuau. plui du mut chez Pline, tient le mot j)Our
AMONT, du L. ad montem, cfr. aval de ad moderne et le l'apporte au verbe arabe hamala,
vallem. porter, l'anuilottc étant suspendu au cou.
AMD RCE (anciennement écYiiamwse) su bst . AMUSER, fixer l'attention de qqn. surtpich.,
formé du participe passé amors du vfr. amw- arrêter inutilement, faire perdre le temps,
dre = amorcer; il signifie 1. appât, 2. par puis divertir, composé de muser (v. c. m.),

:

extension, [Mindre du bassinet d'un fusil, qui regarder fixement comme un sot. 1). (t mu-
fait prendre le feu à la cliarpre. D. amorciT. — sette.
— Le sens primitif du classique admorderc AMYGDALE, gr. i/xv/SUr,, amande.
perce encore dans le nom de l'outil appelé AN, L. iiiiiius. — D. a)inée, durée d'un an
iunorçoir. {yiv. jim.r, jtiuniée ; soir, soirée, etc.).
AMORTIR, vfr. aussi amorter, factitif do ANABAPTISTE, mot savant fait do «vx
mort, rendre moins vif, moins dur, éteindre, marquant répétition, et ^aTiriJuv, baptiser,
affaiblir. donc = qui bapti.se une seconde fois.

AMOUR, vfr. nmor, L. am&rern (accus, do ANACHORÈTE, de ivaxwjSTJT»,-. «lui va à


(itnor; je mets l'accusatif,parce qu'il porte l'écart, dans la i-etraite.
l'accent sur l'o). — La terminaison latine "o?-, ANACHRONISME, de à-^x^po-niixo;, faute
gén. m-is a donné au vfr. aussi bien our que contre la cliroiiologie (yp6-joi, temps).
nir {lionncur et honoiir); au fr. mod. riir seu- ANACOLUTHE, t. de gramm., manque
i)r.
lement, et am.OHr constitue une exception uni- de suite, de '}.vxy6'ko\jV'>:; = sans suite, ('p.
que à cette règle car labour est tiré non pas du
lat. laborem. mais du verbe l(d}ourer. D. — acoli/te.

ANAGRAMME, de aviïy/jyuua (gén. -j-oi),


dim. aynourcttc; adj. amourmx, verbes amou-
racher (fait sur lit. amoraccio, amour déré-
invei-sion ou transposition do lettres. D. —
aiinr/rd mmatiste, -User.
glé) et scnanuiurer.
ANALEGTES, do ivâifxra, fragments choisis
AMOVIBLE, L. amovibilis (a-movere). (àva/i/îiv, i-ecueillir).
AMPHIBIE, gr. ia-^iSmî, à double vie, ANALOGUE, de àvàio/oj, proportionné,
AMPHIBOLOGIE, L. aynphibologia, mau- confuriiie ; analot/ie, ivaloyfjt ; analof/ique,
vaise combinaison de àuyiSoio^, qui porte de
àvaJoyt/o'ç.
deux côtés, ambigu, et de loyoi, discours, ANALYSE, do àvky.vtii (lûw), résolution. —
parole; ilfaudrait ampli ibololof/ia. Les Latins D. analyser. — Analytique, àvaiuTt/o'i; ana-
ont fait de même idolâtres p. idololatres. lyste, mot nouveau formé contre toutes les
AMPHIGOURI, mot de fantaisie, d'intro- règles; il faudrait d'après àvxiÛTJjî, analyte,
duction récente, que nous nous abstenons, et ou bien, d'après d'autres précédents, analy-
pour cause, d'analyser. Dochez, copiant Bes- ticien .

chei'elle de à/xyt, autour, et yû/sos, cercle.


:
ANAMORPHOSE, mot forgé d'après méta-
Mais, sans parler de la finale, yû/so; ne sonne morphose et voulant dire
i)r., selon la valeur
pas yoûjso;. —
D. amphigourique de y.-jy., tian.sposition de forme.
AMPHITHÉÂTRE, gr. à/i»ià«T/35v, théâtre ANANAS, it. esp. ana^tas; port, ananaz ;
circulaire. le mot nous vient avec la cho.se de l'Amérique
AMPHITRYON, nom propre grec, qui a du Sud. Le dictionnaire de la langue Tuxis
reçu sa signification actuelle du personnage (Brésilien) porte anana ou nana.
de ce nom dans la comédie de Molière, lequel ANARCHIE, de iv^pyloL, absence de gouver-
y donne un grand repas aux officiers de son nement. — D. anarchisme, -iste.
armée. ANATHÈME, de ivK&îjua (gén.
-«roç), chez les
AMPHORE, L. amphora (xfnfopîùi), vase à auteurs sacrés un homme expo.sé (ivaTt&/)/xi,
deux anses. Cest ainsi que l'ail, zuber, cuve, exposer) à la honte et à la malédiction;
fine, signifie étymologiquement « qui se porte anathém.atiscr L. anathem,atizare, gr. «vxO-;-
,

moyennant deux anses ".


AMPLE, L. amphts. D. ampleur, anc. — ANATOMIE, art de la dis.section (ivaro///;,
amplcté. —
AMPLiER, L ampliare (amplus), subst. de àvKTÉ/zvîiv. di.sséquer).
agrandir, élargir, augmenter. amplifikr, — ANCETRE, ancestre *, du L. antecessor
L. amplificare (amplus), d'où am.plification, (prov. ajicessor, esp. anteccsor). Dans l'an-
L. amplificatio. —
amplitude, L. amplitude. cienne langue, le mot ne s'appliquait stricte-
AMPOULE, 1. fiole; 2. tumeur; du L. ment qu'au nom. .sing., les ca.s-régimes étaient
ampulla, qui signifie : 1. vase à large ven- ancessor au sing. et ancessors au plur. (cp.
tre; 2. enflure, empha.se du style. — D. pastre eipa teur). On sait que ce dualisme
ampoulé. est fondé sur la différence do l'accent dans
AMPUTER, L. amputare (couper autour). antecessor et antecessôrem.
AMULETTE, L. amuletum (dans Pline). ANCHE, tuyau, du vha. a»c7/«, jambe, tibia.
Quelques-uns chei'chcnt l'étymologie de ce Ce même original germanique (ail. mod.
mot, écrit aussi amoletum, dans le verbe anhc) signifiait aussi nuque, os articulé,
AiND — 23 — ANI

propi". courbure, flexion ; dans ce sens, il a ouiller, il paraît que la forme primitive était
donné BL. anca, it. port. esp. anca, fr. antouiller (l'anglais a conservé le t dans an-
hanche, anche angl. haunch. Anche et
, tler), ce qui favorise l'étymologie donnée par
hanche (la lettre h sert à différencier) sont Roulin antc-oculum, d'oîi l'on aurait fait
:

donc originairement identiques. (Voy. toute- l'adj. antoculare (se. cornu). Ce qui me con-
fois une autre manière do voir à l'art, hanche.) firme particulièrement dans cette manière de
Ménage faisait venir hanche du gr. xy/.-n, augensprosse, pr. bour-
voir, c'est l'expr. ail.
coude. geon oculaire, andouiller. =
ANCHOIS, anchoa, port, anchova,
esp.
holl. antsouwe, angl. anchovy. Ces mots dé-
ANE, asne L. asinus.
,

D. ânessc, âne-
rie, ânier, ànée; dim. ânon, -ichon.
rivent, selon Diez, directement de l'it. acciiuja
ANEANTIR, vfr. anienter, dôr. de néant,
(p. apj-uga), qui, à son tour, serait foi'mé du
nient*.
L. aphya, apua, gr. «yû/;, au moyen de la
— ANECDOTE, propr. particularité d'histoire
terminaison uga. Malin rattache toutes les
inédite, du gr. àvâ/Soro;, inédit.
formes romanes au basque antzua, sec (forme
secondaire anchua; la permutation de tz et
ANÉMONE, L. anémone (ivîuwvvj).
ch est fréquente en basque). Il voit dans
ANETH, L. ancthicni (xv/j&ov).
la forme italienne une assimilation au verbe
ANÉVRISME, gr. iv-jou^/za {tvpù-joi), dilata-

asciiigare, sécher, torréfier, et un souvenir tion. Mieux vaut l'orthographe anévrysmc.


de l'idée foncière propre au piùmitif basque. ANFRACTUEUX, L. anfractuosus (de an-
Les dialectes italiens diffèrent cependant fractus, échancrure, courbure, détour, sinuo-
entre eux pour la forme de ce mot Sicile, sité).
:

anciova, Vérone, ancioa, Gênes, anciua, ANGE, angle*, angre" , prov. angel, du L.
Venise, anchioa. angélus (gr. ôcyyîloi, messager) la forme latine ;

ANCIEN, voy. ains. D. ancienneté.— est conservée dans le langage de l'Eglise pour

ANCOLIE, du latin botanique aqidlegia, qui désigner une prière qui commence par ce mot.
vient, dit-on, de aquilegium, réservoir d'eau) — D. angelot, monnaie empreinte d'un ange;
par allusion aux pétales conformées en urne. angélique, L. angelicus.
Le vfr. disait aussi anquelie et angorie; le ANGELOT, dimin. d'an^'C.
vha. a ageleia (ail. mod, aglei), le v. flam. ANGINE, L. angina (do angere, serrer,
acoJeie (ni. akcJei). étrangler, suffoquer).
ANCRE, it. esp. port. prov. ancora, vfr. ANGLE,L. angulus. D. anglet, angleux—
anchore; du L. ancora (gr. Sy/u/sa). — D. (t.de botanique). Au latin remontent directe-
ancrer; cps. désancrer. ment les adjectifs anguleux, angulosus, et
ANDAIN, voy. aller {it. aûdare). angulaire, angularis.
ANDANTE, mot italien, propr. en marchant ANGLOIS, auj. anglais,' an L. anglensis =
(de andare, aller), — Dim. andantino. anglicus (de Angli). —
D. anglaise et anglai-
AND OUILLE, p. endouille, d'a,près Diez, de ser. —
Anglican =
anglicanus, extension de
l'adj. BL. indiictilis, que l'on trouve dans des anglicus; néol. angliciser, anglicisme, anglo-
glossaires du moyen âge comme signifiant mane, -ie.
boudin et qui dérive de inducere, introduire, ANGOISSE , it. angoscia, prov. angustia,
de même que le vieux terme allemand scube-
ling (espèce de saucisse) vient de scioban (ail.
angl. anguish, duL. angustia. —
D. a^igoisser,
angoisseux.
mod. schieben), pousser. D'autres étymolo- ANGORA, adj. et subst., de la ville à! An-
gistes avaient proposé, les uns (Huet) L. edu- gora en Asie Mineure.
hiiim, mangeaille, d'autres (Ménage) le mot
ANGUILLE, L. anguilla, diminutif de an-
fictif indusiola (de indnere). Génin dérive
guis, serpent.
andouille de douille, adj. signifiant gonflé,
ANICROCHE, HANICROCHE, propr. une
rebondi en la forme d'un tonneau idolium) ;
l'élément an ne serait autre chose que le pré-
arme de main en forme de croc, puis obstacle,
embarras, prétexte, vaine excuse. Quant à
fixe in du latin. Andouille serait donc, d'après
lui, pr. un boyau gonflé, farci. — Baist
l'élément an^ ou hani, on le rattache à l'ail.
hahn, chien d'un fusil, ou à hand, main. Le
(Ztschr, V, 233) voudrait identifier ce mot
avec les termes espagnols (d'origine arabe) mot reste encore obscur.
alhondiga, albondiguilla , almondiguilla ANIMAD VERSION, L. animadversio, répri-
(boulotte de cliair) mowc?ow_9'o (tripes, intestins
,
mande, de animadvcrtere, diriger l'esprit,
remplis de sang en forme de boudins). Il est remarquer, réprimander, châtier.
bien difficile de l'approuver; l'étymon induc- ANiL, esp. anil, anir, de l'ar. an-nïl, qui
tilis de Diez (cp, d'ailleurs douille, douillet) vient du pei'san nil, bleu . —D . aniline.
paraît assuré. —
D. andouillette. ANIMAL, subst. et adj., L. animal et ani-
ANDOUILLER, smcendouiller, petite corne m,alis. — D. animalcide, animalité, anima-
de cerf. On pourrait songer à rattacher ce User. — Du pluriel animalia s'est formé
mot soit, par ressemblance de forme, au vieux aumaille, gros bétail, collectif et individu.
mot andouiller, bâton pour suspendre les ANIMER, L. animare; animation, anima-
andouilles, soit à l'ail, ende, qui a la même tio ranim,er, redanimare
;
inanimé, inani- ;

signification. Mais» oiitre que, pour la der- matus, animosité, animositas. Tous dérivés
nière étym., il resterait à expliquer l'élément de animus, esprit, ou anima, principe vital.
. .

ANT 24 AiNU

ANIS,L. unisitm{gv. û-nr-ù-î), — D.aniscr et l'ordre du temps comme de l'e-space). — 1). anté-
anhitlc. riwité.
ANNAL, L. «îi««/w (annus) ; annalks, L. ANTHÈRE, ])artie de la fleur (pii renferme
aiinah-s (s. c. libri), récits faits année par le pollen, de l'adj. «v&vjoo;, fonné de «vâoi,
année. — 1). annaliste. fleur.
ANNATB, BL. annula (annus), revenu d'un ANTHOLOGIE, gr. iv^oio/f*. recueil do
an. fleurs, employé flgurément par les Grecs déjà
ANNEAU, and ', L. annellus, forme secon- pour recueil de poésies.
daire de annulus. — D. annclct; verbe atinc- ANTHRAX, du grec âvâpa?, ch.'irbon. — 1).

1er. — De la forme annulus : L. annularis, anthruciic, gr. ù.vi[ja./.izrii.


— osus, fr. annulaire, -eux. ANTHROPO-, élément de composition; du
ANNÉE, voy. an. grec ivà,iw;ro;, honune •.iinthropolw/ie, science
ANNEXE. L. annexus, part, de ad-nectcro, de l'homme, antliropophaije, mangeur d'hom-
joindre à, doii aussi subst. annexio, fr. an- mes (^îiyîiv, manger).
nearinn. — I). a)inexer. ANTI prétixe mai-quant opposition, ex.
. .
,

ANNIHILER. \..annihilare[(\anihil, néant). anti-social, anti-pape; c'est le ôl-j-cL (contre) des


ANNIVERSAIRE, L. anniversariits , «pii Grecs. Dans le mot untechrist, cpii vient du
retiiiiriii- tous les ans. vieux fonds de la langue, 1'»" .s'est a.s.sourdi en
ANNONCER. L. annuniiare. — D.annnurt'. c muet. -4»i/i est, par contraire, abusivi-inent
— Annouc/ation, L. annuntiatio. employé dans le sens du hitin ante dans :

ANNOTER. L. annotare = ad-mAar, antichinnhre et antidate («late antéri»'ure à la


ANNUAIRE, dér. de L. annuus, annuel. véritableV
ANNUEL. L. annualis, extension à'annnus. ANTICIPER, L. antinpare, prendre par
ANNUITÉ, dér. de L. annuus, annuel. avance.
ANNULAIRE, voy. anneau. ANTIDOTE, du gr. ivricorov, ce (jui est

ANNULER, L. annullare (nullus). D. — donné contre.


awiii'lation ANTIENNE, formé par syncope du L. anti-
ANOBLIR, rendre noble. D. -issetnent. — phona terme d'église, .signiflant « cantus
,

ANODIN, calmant, adouci.'^sanr, fifj;. peu ecelesiasticus alternus » et reproduisant h; gr.


eflicace, sans valeur. L. anoilynus (ivwouvo;, àvT(?wvoi = qui réi)ond; le prov. a antifetia,
sans douleur). l'ags. antefn ; j)our la .syncope de f,
comparez
Estiruiir de Stipfumus.
ANOMAL. L. anomalus, pr. ùt6tit.xko;, iné-
gal, irrégulier. D. anomalie. — ANTILOPE, mot d'origine inconnue. On a
ANON, voy. âne. — D. ànonncr, faire le
faitdériver ce mot de ivâoUi'l), œil de fltnir.
Ce n'e.st là qu'un expédient un mot grec do ;
malhabile.
cette conformation ne peut être imaginé que
ANONYME, gr.ivwvu/toi (.''ans nom, Svofi-x).
par des ignorants, et encore, l'original forgé
ANORMAL, mot savant fait en opposition répond-il mal au vocable français.
de normal, au moyen de l'a pi'ivatif grec. Il
serait mieux remplacé par abnorrne, du L.
ANTIMOINE, DL. antimonium, d'origine
incertaine. Vo.ssius imagine ce qui suit: " Usus
abnrrrmis, de la règle.
lioi's
ejus est mulieribusin fucanda facie, quod quia
ANSE, L. ansa.
dedecet homines religiosos, eo Italis antimonio
ANTAGONISME. — ISTE, gr. ivr^^/oiviv-sr,
— i-rrii (de àvTt, contre, et iyjjvt'^îiv, com-
videtur u.surpari, ab.ivTt, contra, et Italico
moine, monachus. " Cette étymologie est ridi-
battre).
cule. Furetiôre raconte, de .son côté, une his-
ANTAN, de L. antc annwn. — D. antenois, toire de moine pour expliquer le mot. Selon
agneau né l'amiée avant. Ce mot très ancien Mahn, c'est une altération de alithmidum r^
est de formation bizarre
nia, le rouclii anieniav..
; le wallon dit anti- arabe al + ithmid = gr. 97L1J.1J.1, oxyde noir
d'antimoine.
ANTARCTIQUE, opposé à arctique, gr. ANTINOMIE, contradiction avec la loi, con-
àvT(xpy.ri./.6i. tradiction entre deux lois, ivrivo/zt'a (voms^, loi).
ANTE, en technologie, manche, est le même ANTIPATHIE, iv7is:a&5ta, disposition con-
mot (pie le vfr. hante, bois de lance, et vient traire ; o])posé à 7uy.Tâa-:ii!, .syin]iathic. — D.
de L. anies, -itis, perche. antipathique (le gr. dit ù-iTmc/.^/n).
ANTÉCÉDENT, L. antcccdens, qui marche ANTIPHONAIRE , de anti^ihona, voy. an-
avant, qui précède. lienne.
ANTE . .
. ,
préfixe employé pour marquer ANTIPHRASE, àvrî^saît;, contradiction.
l'antériorité : antédiluvien, antépénultième. ANTIPODES, gr. àvrÎTroèî;, L. antipodes,
C'est le ante (avant) des Latins. propr. qui cmt le pied oppo.sé (ivri, -noù;).

ANTECHRIST, voy. anti . . . ANTIQUE, vfr. antif, L. antiquus. — D.


ANTÉDILUVIEN, dér. de L. ante diluvium, antiquité, antifjuitas antiquaire, antiquarius;
;

avant déluge.
le antiquaille, RL. antiqualia.
ANTENNE, L. antenna. ANTITHÈSE, gr. ivTÎr-:7i-:, opposition; adj.
ANTENOIS, voy. antan. antithétique, gr. àvTi&îTi/o;.
ANTÉRIEUR, L. «n^enor, qui est plus avant ANTRE. L. antriim (zvt,05v).
(prim. ante) relativement à un autre (dans ANUITER (S'), do nuit. La '

vieille langue
. . ,

API — i25 APO


avait le verbe neutre anuiticr, ir, faire — = dans la vieille langue aussi la forme plus
nuit, signification particulière également au sim])le apiter.
pn<v. anuchir et anoitar. APLANIR, vfr. apylanier, aplaigner ; facti-
ANUS, transcription du mot latin. tif do plane.
ANXIÉTÉ, L. anxietaa (de anxius, rac. an- APLATIR, factitif de plat.
gere, resserrer). APLOMB, de à plomb; ce qui est placé à
AORTE, artère de la base du cœur, gr. jjlomb, c. à d. dans la direction verticale du
kopzh (de ùiipo}, suspendre). fil à plomb, est ferme, de là le sens figuré
de solidité, assurance.
AOUT, aoust *, par syncope de la médiale //
(cp. prov.
APOCALYPSE (adj.-2/^</jue), gr. à^oy.kl^i-,
agost. aost, esp. port. it. ugosto),
révélation {%no-/.a.\<jnTii.-j, découvrir).
du L. augiistus. Pour la prononciation ac-
— APOCOPE ,
gr. àTTo/oTT/î , retranchement
pour l'anc. saoul.
tuelle oùt, cp. soûl D.
(xi-Tîiv, couper). Comparez syncope.
aoùter, aoùteron.
APOCRYPHE, gr. àTro/pypo,-, caché, obscur,
APAISER, prov. apaziar, dér. de ^jrt/.9* ,

paix; cp. pour la dérivation, l'adj. paisible.


APOGÉE, gr. i;ioyztoj (i;io, y?), éloigné de
la terre.
L'équivalent vfr. apaicr l'épond à un type
APOLOGIE, gr. i-:zo).oyiy., de à:ro)i5y-l7&ai,
latin adpacare.
APANAGE, BL. apanagium. Ce mot vient
s'excuseï', défense, discours de justification. —
D. apologétique, gr. àrro/oy/îTixo; ; apologiste.
d(! pjanis, pain ; être iiu pain de qqn. signi-
fiait être sous sa dépendance ; ainsi s'est pro- APOLOGUE, gr. àTroioys;, narration, puis
duit le verbe apancr, noui-i-ir, entretenir; conte allégorique, fable.
apanage donc propr. une dotation pour
est APOPHTHEGME, gr. à7ro>&r//;(«, parole spi-
entretien, une pension alimentaire. C'est la l'ituelle. sentencieuse (de y&r/yîiv, parler).
seule étymologie raisonnable parmi les diverses APOPLEXIE, gr. ùm^zlnlly- (i7ro7r)viTTîiv,
qui ont été mises en avant. D. apana- — frapper), étourdissement, j)aralysic. 'Atto- —
gcf, -istc. T^lviAzi/oi, apoplectique.
APARTÉ, lat. aparté, à part, de côté. APOSTASIE, gr. k-no'^Ty.rA'x, défection, d'où
APATHIE, gr. à-jà^ux, impassibilité. — le verbe apostasie r
D. apathique. APOSTAT, gr. àTroTrâT/j;, qui déserte une
APERCEVOIR extension do la forme per
,
cause. — I). vfr. apostater, dévoyer, se déré-
cevoir. De pareilles extensions par le préfixe gler (Gill(«i le Muisit).
ad étaient autrefois bien plus fréquentes :
APOSTÉME, abscès, gr. i7r5îr/3/A:<(i7ro, nTxu),
ainsi l'on disait au xvi" siècle accomparer écai'tement. La forme
usuelle et ancienne du
aussi bien que comparer. La langue a su, du mot est apostume, d'où le verbe apostumer.
reste, fort bien nuancer la valeur des deux APOSTER, it. appostare, du BL. apposi-
termes percevoir et apercevoir. D. aperçu, — tare, fréq. de ap-ponere.
; à forme savante et latine
apercexiable aper- : APOSTILLE est le subst. verbal de apos-
ception, aperceptible tiller, annoter quant à ce dernier, il est dé-
;

APÉRITIF, qui ouvre, du L. apcrire, ou- rivé de la formule lat. post illa. Vossius, dans
vrir. son traité De vitiis sermonis, p. 551, explique
APERT *, ouvert, manifeste ; adv. aperte- 'pastilla par explanatio quia qui discipulis clic-
:

ment; du L. apertus. L'adj. vfr. dperi, habile, tarent identidam in ore haberent " post illa "
vif,adroit, preux, est, selon moi, un homo- puta, ad haic vel illa auctoris vcrba, adscri-
nyme, qui, par changement de préfixe (cp. bite. Cette opinion de Voss est apj)rouvée par
amende7\ alever "), représente soit ex-perrcc- Diez. —
Ménage établit la filiation suivante :

tus, éveillé, soit expertus, expérimenté. C'est jjosita, posta, postilla ; adposita, adposta,
de ce second apert, en tout cas, que vient apostilla.
apertise, adresse, prouesse. APOSTOLAT, -IQUE, de apostolus, yoy.ajw-
APERTISE, voy. apert. tre.
APETISSER (cps. rapetisse^-), de petit. Vss APOSTROPHE, gr iT:o'7Tpofn, action de se
est dii au même
principe qui a donné vfr. détourner [iTzo'7Tp'fsuv)de l'objet d'un discours
acorcier, au), accourcîr [c s dur). = pour s'adresser directement à la personne
APHÉRÈSE, gr. iyaîcsît;, enlèvement. intéressée. — D. apostropher.
APHORISME, du gr.' ày5r.i7,ao;, définition APOSTUME, voy. apostème.
{JifOfA^tiv, délimiter, définir, déterminer). APOTHÉOSE, gr. iTro&îwîi,-, divinisation,
APHTHE, L. aphtha, du gr. «»&5c {ôcnru-j, déification.
mettre le feu, enflammer); cp. l'expression APOTHICAIRE, du BL. apothecarius, dér.
latine « sacer ignis » pour aphthe. de apotheca (iTroâ/jc/j), dépôt, magasin. Ce
API, (pomme d'), du L. malum ap'pianum,; même apotheca a, par aphérèse, donné it.
cp. it. mêla appdola. bottega (Naples potega, Sicile putiga), esp.
APITOYER, botica, prov. botica, fr. boutique.
dispo.ser à la pitié (v. c. m.).
Ce composé (on disait sans doute aussi pitoger, APOTRE, apostrc , en vfr. apostle, du L.
d'où pitoyable, ce qui fait pitié) doit sa termi- apostolus, gr. «TroîToXo; (7ts/>îiv, envoyer),
naison à une forme latine en icare, qui est le envoyé, messager. En vieux roman, le mot
type du fr. oyer et que l'on retrouve dans apostole désignait le souverain pontife; ce mot,
verdoyer, fossoyer, guerroyer, etc. On trouve vu le déplacement de l'accent, appelle un type
. .

APP 2G APP
immédiat apostôlins. —
Pour la forme, com- tion du / à (/, dans appentis, voy. apprenti).
parez épisf?-(' de cpistola, mot de la mômo APPENTIS, vt.y.appendre.
iaiiiillc 7T-:/i;t7. envoyer. APPERT (//). voy. sdus appurnir.

APPARAITRE, csp. aparcccr, correspond à APPESANTIR, factitif de pesant.


lin type latinapparcsccrc, tandis que l'ancien APPÉTER, L. ap-peta-e, désirer, d'où déri-
apparoir répond à L. apparcre; on a do même vent : ai»petentia, fr. appétence; appetitus, fr
comparoir et comparaître. appétit.

APPARAT, mot savant, tiré du L. apparatus APPÉTIT, voy, appéter. —


D. appétissant
(du verbe appararc, préparer), appareil somp- (pour la fonne, cp. apetisser do petit).
tueux, pompe. APPLAUDIR, L. ap-plaudere {ào plaudci'c,
APPARAUX, voy. l'art, suivant. battre des mains).
APPAREIL (it. apfMrecchio), subst. verbal APPLIQUER, L. ap-pJicare {\iVOTpr. ])lierou
de appareiller apparccchiarc, csp. aparc-
(it. tourner vers), aployer. I). application,
N-fr. —
jar, \tvo\'.aparclhar,&i\^\. appareVj.CeycvhCy L. apidicatio; applicable; l'adj. participe
dérivé de jnireil (v. c. m.), siprnifie ])ropr. appliqué =
.studieux, zélé, présente une in-
mettre ensemble des cho.ses pareilles ou .>ier- téres.santc métaphore. Ati fond, ce n'est (prun
vant au mémo but, as.sortir, puis réunir ce transport d'un sons défini (appliipié à qcjch.)
qu'il faut pour une œuvre ou une entreprise, à un sens général; cfr. occupé, emporté, posé,
faire les préparatifs nécessaires, arranger (pii expriment également des manières d'être
(notez en anglais apparcl habiller); toutes = (Val)ord pas.sagèros, torhporaires, puis perma-
ces significations se reproduisent dans le nentes ou habituelles.
subst. verbal appareil (plur. particulier apj>a- APPOGIATURE, terme de musique; do l'it.

7'aux •== ensemble des agrès) et dans le terme appo(/(/iatura, dér. de appoggiare, forme ita-
de marine appareiller, mettre à la voile. — lienne du appuyer.
fr.
D. app(i.r<'illnf/c. APPOINT, la -somme qu'il faut pour arriver
APPARENT. -ENCE, L. apparent; -entia. au. point (ad })u.nctum) voulu, au solde entier
APPARENTER, ivntirc parent. de ce (pli est du ou exigé. Peut-être, ce))en-
APPARIER, cat. prov. apariar, esp. apa- dant. le mot n'est-il que le subst. verbal do
rcar, BL. appariare [vue. par, paire), a.ssortir appointer, régler.
par paire. —
D. apparieinent ; (h'sapparicr. APPOINTER, BL. appunctare, 1) régler,
APPARITEUR, L. apparitor, pr. qui appa- fixer les divers />o//<<^dans un arrangement; 2)
raît à lappcl ilu supérieur, d'où le sens huis- : donner un salaire fixe. —
D. appointement,
sier assistant le magistrat en fonctions. lèglement; salaire fixé, anc. aussi conven- =
APPARITION. L. apparitin. tion; r/<'Wt/j/x«»fcr, 1) opp. de appointer, appli-
APPAROIR, L. apparere; l'anc. conjugai.son (pié à une pers. =
contrarier, tromper; 2)
de ce verbe nous a laissé il appert = L. ap- priver de salaire. Le verbe appointer signifie
paret ;uissi rendre pointu et se rapporte alors au
APPARTEMENT, dér. do vfr. apartir, par- subst. féminin pointe.
tager, diviser; donc propr. une division de APPORTER, L. ap-jm-tare.— D. apport.—
maison; en BL. appartiraentum bonorun» Cps. rapp<n-ter, traduction du L. referre.
signifiait partage des biens; cp. département APPOSER, composé de poser, d'après l'ana-
et compartiment. logie de L. npponcre.
APPARTENIR, du L. ad-\-pertitiere. D. — APPOSITION, L. appositio.
appartenance. APPRÉCIER, L. appretiare (de pretium,
APPAS, dans l'ancienne langue et d'après prix).
SOS lois, était la forme normale du nom. sing. APPRÉHENDER, 1° saisir au corps; 2°
et du pluriel du mot apjKist, au.j. appât (cj). craindre rapport des deux sens s'établit
(le
repas). « D'un mot unique, dit fort bien Littré, ainsi saisir des mains, fig. saisir par la
:

on a eu le tort de faire deux mots ditTércnts » pen.sée, prévoir, se douter, craindre); du L.


Los appas ne sont pas autre chose que des apprehendere, prendre, saisir, dont le subst.
appâts. apprehensio a donné appréhension, d'où l'on
APPAT,ce avec quoi on amorce, on attire; a tiré l'adj. appréhe7isif (c\>. craintif).
subst. verbal du verbe appâter, donner la APPRENDRE, saisir par l'esprit, prendre
pâtée, amorcer, qui vient d'un type lat. ad- connaissance. Du L. apprendere, forme con-
pastare {Ao, pasd, ^\\\Ai\ pastum). tractée de apprehendere (voy. l'art, préc). La
APPEAU se rapporte à appel, comme beau môme métaphore se retrouve dans compren-
à bel, peau àpel'. dre, concevoir, apercevoir; nous citerons
APPEL, subst. verbal do appeler. encore en grec 7r«f5a>a/z/3s:vïtv, prendre vers
APPELER, L. appellare. D. appel; cps. — soi et apprendre, le latin accipere, l'arabe
rappeler, rappel. capital, prendre et apprendre, l'hébreu lehach,
APPENDICE, voy. appendre. instruction, de lakach, prendre. Quant au
APPENDRE, du L. ap-pcndére, pendre au- ])assage du sens «acquérir une connaissance"
près; do là viennent L. appcndix, d"oii fr. à celui d'enseigner, il est l'effet de la même
appendice, et appendicius, d'où vfr. apendise, métonymie par corrélation qui se remarque
dépendance, et le mot appentis, bâtiment dans les .sens opposés attachés aux mots hôte,
ajouté, adossé à un autre (pour la .substitu- louer, etc. —
Cps. dés-app^'cndre.
. . . ,

APR — 27 — ARC
APPRENTI, vfr. apprentie (fém. apprcn- ou «près. Composé d'après, que l'usage aurait
:

ticc), rouclii apprentiche, angl. et wallon aussi bien pu nous transmettre sous une forme
aprendicc, esp. port, aprendiz. Ce mot a pour- .sans apostrophe comparez devant pour de-
:

type le BL. apprenticius ; la terminaison is avant, dans pour de-ens, dedans pour de-
ou ice explique la dérivation apprentiss(if/e. dans.
La forme apprentif {iém. ivc) qui se produit APSIDE, voyez abside.
ait XVI** siècle et que Littré donne à tort pour APTE, L. aptus; feubst. aptitude, L. aptitude
la normale, est aussi justifiable que celle en (Bocthc'. Voy. aussi attitude. — Voy. aussi lo

ic (et, suivant les cas, is), mais en tout cas pos- mot malade.
térieure. —
Lo t dans ce mot (pour d), comme APURER, factitif de pur.
dans appentis, ponte et fonte, est motivé peut- AQUARELLE, de l'it. acquarella,
couleur
être par l'assimilation aux tlièmes en t de en détrompe, formé lui-même du L. aqua,
rente, vente, entente,- qui proviennent de eau.
formes participiales terminées en enditus; aussi AQUARIUM, mot latin, signifiant réservoir.
la vieille langue avait-elle à la fois aprenture, AQUATIQUE, L. aquaticus (aqua).
tiré d'un type imaginaire a-prend-itus, aprcn- AQUEDUC, L. aquœductus, conduite d'eau;
tus, et apresio'e de apreiisus. cfr. viaduc.
APPRÊTER, factitif de i>/-<?^. Subst. verbal AQUEUX, L. aquosus (aqua).
apprêt. AQUILIN, L. aquilinus, [aquila, aigle).
APPRIVOISER, d'un adj. privois
factitif AQUILON, L. aquilo gén. -onis!
(d'un type pritensis) équivalent kprivus. — ARABE, L. Arabs. D. arabique, -esqiie. —
Le vfr. disait, et les dialectes disent encore, ARABLE, L. arabilis, de arare (vfr. arer),
apriver. laboui'or.
APPROBATION, L. approbatio (de ap-pro- ARACK, d'après Mahn, de l'arabe araq,
hare, fr. approuver). sueur, suc, du verbe araqua, suer, distiller.
APPROCHER, de proche; subst. verbal ARAIGNÉE (vfi'. irainede, iratffnie), an-
approche. — Cps. rapprocher '
ciennement par abus,
la toile d'araignée, puis,
APPROFONDIR, factitif de profond. l'insecte môme le mot a pour type L. arane-
;

APPROPRIER, L. ap-propriare. ata, dérivé du L. aranea, le nom de l'in-


APPROUVER, L. ap-probare. Cps. — des- secte, qui est devenu en it. aragna, en prov.
appivouxer. aranha, et en vfr. araigne, iraigne. Le mot
APPROVISIONNER, pourvoir àQprmisions. latin correspond au gr. ùpkyyri^ d'où arach-
APPROXIMATIF, -ATION, dérivés du L. nide.
approximare, lui-même formé de proximus, ARAIRE, cliarrue, L. aratrum.
leplus proche, adjectif superlatif dont la lan- ARASER, forme extensive do raser, pr.
gue d'oïl avait isiit proisme dwuv. prosme). mettre à ras, de niveau. — D. subst. verbal
APPUI, voy. le mot suiv. plur. arases.
APPUYER, vfr. aussi apoyer, it. appof/- ARATOIRE, L. aratorius [arare, labourer).
ffiare; dér. du vfr.^u?, poi, qui signifiait col- ARBALÈTE, arbaleste', -estre', du L. aixu-
line, lieu élevé, hauteur, sommet (on trouve balista, syncopé arc balista. — D. arbalestier'
aussi vfr. puie, perron, balcon), et qui dérive arbalétrier
du L. podium, tertre, base, piédestal (it. ARBITRE représente : 1. L. arbiter; 2. L.
po(/ffio, prov. pucff, puai, esp. port poyo). arbitrium; arbitraire, L. arbitrarius; arbi-
De ce primitif puz, la vieille langue avait tiré trer (subst. -âge), L. arbitrari; arbitration,
puiot, soutien, et puier, gravir, monter. L. arbitratio; arbitral, L. ai'bitralis.
Appuyer est donc primitivement soutenir au ARBORER, voy. arbre.
moyen d'un j)id, 6. à d. de quelque chose ARBOUSE on a songé à un type latin arbu-
d'élevé. — Subst. v evhsl appui {vir aussi apu?V,')
.
tea, tiré
;

de arbuticm [d'où port, ervodo ; esp.


Le vfr. avait encore le dér. apoial, soutien. albedro, arbousier), mais Paris (Rom. X, 42)
APRE, aspre*,
L. asper. —
D. âprete, coexis- repousse cette origine pour des raisons do
tant avec une forme savante, aspérité, direc- phonétique en ajoutant que l'arbou-se est un
tement tirée du L. aspieritas. fruit du Midi et que le nom lui en vient. —
APRES, it. apprcsso, est une forme exten- D. arbousier.
sive àcprès, it. presso. Tandis que ce dernier, ARBRE, it. albore* , albero, prov. arbre,
ainsi que combinaison auprès (anc. aussi
la albre, esp. albol, du L. arbor ; dimin. arbris-
cnprès), correspond poui- le sens au latin seau, d'un type lat. ar&oWsce/Z«*- (gloses de Rei-
prope, le composé après tient lieu de post. chenau arZ>rîô-a'//î<A'); voy Paris, Rom. VIlI,6 1 9.
.

Le vaotprès i-eprésentjs le \)i!ivt. pressus, pressé Arboricellus aurait fait arbroisel. Autres —
contre. Comparez en grec ây/t, qui pi^oprement dérivés du subst. latin arbor arborer, élever :

signifie serre', en latïnjuxta, formé dcjunqet'e droit comme un arbre (it. alberarc esp. albo-
(comme fr.joir/nant àejoùidre), secundum de rar):, arboriste ; arborisé ; arbroie' lieu planté ,

sequi, stiivre. — La prép. \aXine prope s'em- d'arbres. = L. arboretiim.


ployait encore dans la vieille langue sous les ARBUSTE, L. arbustum.
iorvac^prof, proef,pref, aprop, aprnf, apref, ARC, L. arcus. Ce mot a poussé en fran-
mais, quoi qu'en dise Chevallet, ces formes n'ont nombreux l'ejetons, savoir
çais do arquer, :

étymologiquement rien do commun avec 'près courber (L. arcuare) ;


— arche, forme fémi-
ARC — '2H ARO
nine do arc; —
archer, piov. artpdn', it. ar- lievoûte, sens restreint, plus tard, à des déco-
cicre; —
arcade, liL. arcata; —
arçon, pi'ov. rations do cette tète de voûte.
arson, osp. arson, port, arsûo, it. arcione, ARÇON, voy. arc. —
1). arçonner, ilcsar-

d'un type latin arcio (Saumaise : Arciones çoihiir.


vocamiis ab arcu, quod in modnm arcus sint ARCTIQUE, grec i-j/rwo;, de âpxroî, ours;
incurvi; il allègue le mot xoûjsêia employé par cps. aiitarctiquc, àvTxpxTixo'î , opposé au pôle
les Grecs modernes pour arçon); les dimin. — nrctiqi'r.
arceau et arcliet ; —
anciennement encore les ARDÉLION. L. ardelio (de arderc, brûler,
mots «?'c//t*e(prov. arqiwia, it. arcata) portée = fig. être (•iin)ressé).
d'arc; archoiei', tirer do l'arc archiùrc, ;
ARDENT. L, ardcns,ynYi. prés, àoardere,
mcurtrirre, etc. lequel verbe latin ét;ut représenté dans la
ARCADE, voy. arc. —
D. arcatnre. vieillelangue par ardre (part. piis.sé ars).
ARC ANE. L. arcanum. Ce verbe fr. ardre répt)nd au mêmi- type latin
ARCASSE, it. arcaccia, du L. arca, coffre. ardï're au(iuel se rapporte le part, latin arsus.
ARCEAU, V.. y. rt)-c. A côté de ardre, on employait jadis atissi
ARCHAÏSME, du gr. i.py'ii-sii.oi (à,ox«t^>*), em- ardoir =L. ardére. Un verbe franc, arder,
ploi deformes vieillies. Do là, par dégage- bien (jue figurant dans Littré, n'existe pas en
ment, l'adj. archaïque. réalité.

ARCHAL, it. oricalco, esp. aiiricaJco, du ARDEUR, L. ardorem.


L. orichalciim et aurichalcum, formé d'après ARDILLON, it, ardigliane, prov. ardalhon,
le gr. s/îîi'xaixoî, litt. airain de montagne. — mot d'origine douteuse, qui rappelle le grec
L'a initial protonique p. au (dans aurichal- «poii, pointe d'une flèche; Ménage part do
cum) se voit aussi dans aoiU de auguslus. dard, d'où dardillon, puis ardillon; Lnngon-
ARCHANGE, gr. ip>j«7V«i«î- L'élément «,«/ siepen admet pour tyj)e arliglio, tiré de ar'ti-
ou ioyt. (en lat. archi, en ail. n'z) se ratta- culus. Littré, insistant sur l'ancienne fbrmo
chant à îcpytij, être à la tète, manpie préémi- hardillon (avec h Jispirée), expli(pie le mot
nence, supériorité, excès; on lo trouve en comme dimin. do Jmrdc, bâton, doue petit
français applitpié, avec ou sans précédent bâton, i)etitc tige, cp. \iv. hardier, aiguil-
latin, aux mots suivants : lonner. Cette dernière explicition a contre
Archkvèquk, L. archirpiacopus (v. cvéquc). elle le fait qu'en vfr. hardr mu n,-iU--^\v\u^\\,
— D a7'chiàpiscnj)al -ai ; architèché.
, n'est pas constaté.
Archicii.vncki,ier, archihrètrk, archiduc ARDOISE, BL, ardrsia, ardosnt, .i. ,</(/.-
et sembl. sia, ixtit ardosia. Adelung admet, sans en
ÀRciiiTKCTK L. ,architectus (du grec fournir aucune preuve, une origine celti(pie;
àpjjiTî/.Twv) de là architecture, -titrai, -tonique.
; Ménage parvient à dériver ardoise de argilla,
Àrchitr.vvk, maitresse poutre (L. trabs, et voici comment : argillus, argillidus, argil-
trahis). dus, argildensis, ardensis, ardose. Le chemin
VA enfin dans les expressions populaires est long, mais à la fin on arrive. Pliilander :

telles que archibètc, archifripoit. ardesiam vocanuis credo ab ardaulo, {[\utâ e


1. ARCHE, v{ris.seau, coffre, L, arca. tectis ad solis radios veluti flanunas jaculatur.
2. ARCHE,partie d'un pont sous laquelle Vergy croit que le nom de l'ardoise lui vient
l'oan passe, voy. arc. de la ville d'Ardcs en Irlande, su{)position
ARCHÉOLOGIE, gr. àçx'j^iaXoyi'x, science de toute gratuite ; Frisch : later Artesius (du
Tantiquité ; archéologue, ù.py%i.o'k6iOi\ archéolo- pays Le Duchat conjecture, avec
d'Artoi.s).
Cfiqiie, ù.pyy.i.oloji.7 0i. beaucoup plus de probabilité, selon Mahn,
ARCHER, ARCHET, voy. arc. — D. arche- que pierre ardoise est une contraction pour
rot, pierre ardenoisc, les Ardennes étant pai'ticu-
ARCHEVÊQUE, voy. archange. lièrement productives en ardoises. Littré,
ARCHÉTYPE, gr. ipyï-zxjizo^, frappé le pre- appuyant sur la couleur, invoque le cymr.
mier, original, premier modèle; ce mot est arddu, ardion, très sombre (Ardenne, forêt
synonyme de prototype. sombre), Diez ne se prononce pas, D. ar- —
doisière.
ARCHL jiarticule initiale, voy. archange.
'ARDRE, voy. ardent.
ARCHITECTE, voy. archange.
ARCHITRAVE, voy. archange. ARDU, L. arduus.
ARE, du L. area, surface, d'où vient aussi
ARCHIVES, L. archivum ou archium, dépôt
aire (v. c. m.) et le dérivé are'al.
de titres officiels, du grec ipyûoi, officiel (cp.
Argivus, de 'Apyùoi). —
D. archiviste. ARE AL, voy. are et aire.

ARCHIVOLTE, de l'it. archivolto, formé ARÈNE, L. arena; aréneux, L. arenosus.


dos mots L. arcus, arc, et volutus, roulé. ARÊTE, du L. arista, barbe
prov. arcsta,
D'après Littré, de archi, principal, et volta, d'épi, enii)loyé déjàpar le poète Ausone pour
voûte. —
Le mot ital. pai"aissant être plutôt arête de poisson —
D. arêtier.
emprunté soit au BL. archivoltum, soit au ARGANEAU, it. arganello, dim. de it. ar-
mot français, et l'idée àeprincipal, qu'impli- gatio, vindas, cabestan. Il est difficile d'y mé-
que l'explication de Littré, ne se comprenant connaître le lat. organurn, engin, instnxment,
pas trop bien pour la valeur actuelle du mot, pour la forme; cependant Diez admet que l'on
le propose de traduire celui-ci par tête {ipyr,) ait emprunté ce dernier sous l'influence de
ARL 29 — ARM
pas né sur le sol italien. Repi'ésente-
n'est
crgata (cabestan), moy. lat. argata (annu-
il
lat
at.
voit t-iloriginellement, coînme certains pensent,
.us
lu ci-assior). Storm (Rom. II, 328) y
^aranos le vfr. hellequin ou hierlequin, si souvent
plutôt une transformation du celtique
== gr. v-;(5avo5 (grue), transformation amenée employé par les écrivains du moyen âge pour
Aussi désigner le diable? « Tout éloigné qu'il est
peut-être par le souvenir de organmn.
par son caractère du hellequin primitif, dit
bien dit-on de même organcau p. argancau.
ARGENT, L. argentum. —
D. argentier, Cachet, arlequin a pourtant conservé l'accou-
trement des farces du xn'*^ siècle son masque
cric; verbe argoUer; argentin; argentosus,
:

noir annonce bien un fils de l'enfer et son


argcnteux.
vêtement composé de pièces jaunes, l'ouges et
ARGILE, L. argilla{xpy<.\lo-]\ argileux, L.
noires ne rappelle pas moins bien les flammes
argiUosus.
au milieu desquelles il se trépignait en tour-
1. ARGOT, langage des voleurs, vocable
mentant les damnés « Quant à hellequin (dont
.

d'origine encore inexpliquée ; on a voulu y le Dante a fait alichino), son et. reste encore
voir une altération de l'it. gargo (fr. jargon), à trouver; les conjectures mises en avant jus-
ou un dérivé du L. argutari, disputer (en qu'ici ne donnent aucune certitude. La fac-
wallon argoter). Cette dernière étymologie ture du mot accuse une origine flamande.
est fortifiée par le wallon argote, rusé,
malin
Aussi Malm i-amène harlequin, en détachant
(L. argutus). Dicz rappelle, pour le
radical,
le suffixe diminutif kin, à l'ail, harl, variété
le vfr. arcage =
langage, dialecte, que l'on
de Karl (Charles), et s'appuie des expres-
rencontre dans Gui de Bourgogne (" en arcage sions analogues Petermânnche7i,Hanneschen,
grezois ").
Heinz elmânnchen, toutes employées pour
2. ARGOT, brandie morte, voy. ergot. — désigner des esprits familiers ou lutins.
D. argoter. Comme on trouve aussi hennequin p. helle-
ARGOUSIN, voy. alguazil. quin, je prendrais volontiers cette forme pour
ARGUE, t. d'arts et métiers, certaine ma- la première et elle nous fournirait la repré-
ou d'argent, s'explique
cliinc des tireurs d'or sentation néerl. de l'ail, hânschen, dim. do
pai-faitement par L. organum, instrument, hans, qui est aussi le premier terme de l'ail.
outil, d'où aussi it. argano, cabestan (v. pi.
hansiourst (arlequin). —
Weigand considère
h. arganeaii). Arguedonc une forme
serait helleki/i « groupe aérien d'esprits se combat-
variée de orgue; Yo tonique changé en a se tant avec bruit", comme le diminutif néeiian
trouve aussi dans ffamc de (/owma; cp encore dais hellekin, petit enfer. —
Génin (Varia-
ar/jm7Zci{r,prononciation vulgaire pourorjîaiZ- tionsdu lang. franc.) met arlequin on ra])T[)ort
leur. —
D. arguer. avec le cimetière d'Arles ou alescamps, dont
ARGUER (trissyllabique) contredire,
1. ,
nom d'un fantôme,
le vulgaire aurait fait le
accuser, argumenter, raisonner, it. arguire, toujours suivi d'une compagnie qui bruyait
esp. port. prov. arguir, du 1,. arguère {comme dans ce cimetière, —
Nous rapportons encore,
statuer de statuere). Anciennement, arguer pour mémoire, l'explication donnée dans le
signifiait tancer, attaquer, invectiver, harce- dictionnaire do Dochez : « Du vieux germa-
ler, aiguillonner. Il se peut très bien que le nique erle, ou elle, aune, et king, roi, roi des
primitif du verbe, dans ses anciennes accep- aunes et des fantômes qui habitent dans les
tions, soit, comme l'affirme Littré, plutôt ar- bois. Cette opinion des fantômes et des fées
gutare (= répéter sans cesse) que arguere, germaniques se fondit avec celle de la danse
"mais je ne vois pas que la phonologie refuse des morts illustres, tombés autour de la ville
ce dernier et que arguer, venant de arguere, d'Arles, dont- le chef était enveloppé d'un
réclame nécessairement au présent j'argue manteau rouge et noir. Ces rapports de cos-
(prononcé arghé) au lieu de argue, que pré- tume avec le bouffon italien amenèrent une
sentent les textes. Il ne faut pas perdre de complète transformation des arlequins qui
vue que le verbe arguer, du moins dans les avaient effrayé le moyen âge. "
applications modernes, est d'introduction sa- ARME, h ^ arma (plur.). le terme hé-
Pour
vante, et qu'il n'y a pas lieu d'insister sur Yîi raldique armes, en allemand waffe et
cfr.
de arguere, comparé à l'û de argutare. wappen ; les armes sont la reproduction de
2. ARGUER (pron. argher), voy. argue.
— l'écu avec ses blasons. —
D.«rmer(L.(xrmarc),
ARGUMENT, L. argumentum (arguo), pourvoir d'armes ou mettre sous les armes,
D. argumenter, L. argumentari. équiper un vaisseau garnir, munir armoicr
;
; ,

ARGUTIE, forme savante, qui a supplanté blasonner, d'où armoirie (cp. plaidoirie de
le vfr. arguée; du L. argutia. plaidoyer).
ARIDE, -ITE, L. aridus, ariditatem. force armée, BL. armata (armare),
ARMÉE,
ARIETTE, voy. air. it.armata, esp. -ada ; angl. army.
ARISTOCRATIE, gr. àpiîro/.parîîa, gouver- ARMELINE, du BL. armelinus armeni- =
nement des meilleurs (x^^iîtoi). D. aristo- — nus; voy. hermine.
crate, -tique. ARMER, voy. arme. —
D. armateur, ar-
ARITHMÉTIQUE, gr. qui se
à,it=r///jT.zo,-, mature (mots savants), armure. C. désar- —
rapporte au calcul (ipi&//o; nombre, verbe mer.
y.pfihij.'z'j)). ARMET, p. almet, it. almete, angl. helmet;
ARLEQUIN, dans le sens actuel du mot, de diminutif de healme, halme, elme, auj.
rit. axlecchino. Mais celui-ci d'oii vient-il? car heaume. L'absence d'une forme alme dans les
. —

ARR 30 — AHK
vieux textes fait incliner LUir6 pour une dé- ARRETER, comp. do a et do res-
arester',
rivation lit' arme. ter ; c'est tout bonnement le factitif de rester,
ARMILLES, L. minilla, bracelet. signifiant faire rester, enti'aver la mardie,
ARMISTICE, L. armistitium mot wowvoan
, fixer, clore (une délibération); subst. arrêt
forj;!', d'api'ùs l'analogie de solstitium, do (esp. it. jugement, résolu-
arj-esto), et ari-èlé,
arma et stare; cfr. le terme allemand voaffcn- tion. L'étymologie par gv.ip-ziTov, résolution,
stillstand. invoquée pai*fois pour an^êt, est inadmissible ;
ARMOIRE, armaire', vfr. almaire, au- la ressemblance de sons et de forme est for-
maire, angl. almery, ambry, allem a/rn<;r ; . tuite.
du L. ai-marium, buffet, armoire (de arma ARRHES, vfr. en-e, du L. arrha. — D.
dans le sens d'ustensiles). arrhe)-.
ARMOIRIE, voy. arme. D. ai'marier,— ARRIERE, vfr. arère, prov. itreirc, de la
armoria/, armoriste. combinaison barbare cul-rctro, commodcrriére
ARMOISE (vulg. herbe de la Saint-.Iean), L. vient do dc-rctro. —
D. arriçrcr (esp. arrc-
arti'misia, drar), arrérage (prov. arcyragcs).
ARMOISIN, taffetas peu lustré, it. ci-^ne- ARRIÈRE-BAN. Ce mot, quoique très an-
sino, liL. ermesinus', d'origine inconnue. cien, parait s'êtreformé par l'effet d'une faus.so
ARMON, pièce du train d'un carrosse où interprétiition du BL. haribannum, ariban-
gros bout du timon, soit du L.
s'attaclio le ni'.m =m ail. hecr-batui (convocation de l'ar-
aHemon (dans la bas.se latinité timon), soit= mée), d'où aussi vfr. arban, herban (citation
du L. ajvnies, jointure, emboiture. pour aller en guerre ou pour faire les corvées).
ARMORIER, voy. armoirie. Toutefois, d'ArboisdeJubainville(Itom.1, 141)
ARMURE, voy. armer. —
D. armurier, refuse au mot ba.s-latin l'étymon vlia. hariban,
d'où artnHrei'ic. celui-ci n'étant point constaté; selon lui, il
AROME, du L. aroma, gén. aromatis (gr. remonte à la période franco-mérovingionno et
âpufix, épice, herbe odoriférante), d'où pro représente charrbannus {ch franc est l'équiva-
vient aussi la forme aro^nate. D. aroma'— lant (le // des autres langues germaniques). '

tirjiir, aromatiser.
ARRIMER, arranger la cargai.son d'un bâti-
ARONDE, voy. hirondelle. ment, altération do vfr. arrumcr, osp. arru-
ARPÈGE, de l'it. arpeggio, subst. verbal tnar. Or, co dernier dérive du subst. vfr. ri«m,
de arpc(jf)iare, fr. arpéger, pr. jouer do la fond de cale, lequel représente le ni. ruim,
harpe (it. arpa). ail, n'im, auj. raum, espace (en termes do
ARPENT, prov, arpeii. Pour le < final, cp.
l'ancienne orthographe française chambul-
marine entrepont), angl. room.
: Arri- —
mer réjKjnd pour le .sens ù, ail. einrâiimcn,
lant, passant (angl. pea.sant), tirant (angl. emménager (des meubles).
tyrant), faisatU et l'ail, pergament, parchemin
ARRISER et RISER tout court, t. de marine
comparé à l'it. perganuma. Du L. arcpeniiis, ;

du vha. ri.-san, arrisan, tomber.


que Columelle 5, 1 , 6 cite comme une expres-
sion gauloise équivalente à \\n semijugerum.
ARRIVER, L. adripare, propr. toucher la
— I). arpenter.
rire (comp. aborder, de bord). Le
ralisé son sens en celui d'advenire.
mot a géné-
— D. arri-
ARQUEBUSE, arcobugio, archibuso.
it.
vage, arrivée; mcs-arrivcr.
L'étymologie arcus, arc, et bugio, buso,
percé, donc « arc percé », n'est guère admis- ARROCHE, irrégulièrement formé du L.
sible. Se fondant sur les formes harquelnisc atripliceyn, m.
s.; it. atrepice, wallon aripc;

(wall. harkibuse) et hacquebute, Grandga- on trouve en vfr. araschc (Wi-ight, Vocab.,


gnage et, d'après lui, Diez font venir le mot p. 141); l'angl. dit orach.

do l'ail, hakenbiichse, flam. haeck-buyse, c. ARROGANT, -ANCE, L. arrogans, -antia


à d. arquebuse à croc, dont on appuyait {arrogare).
l'extrémité sur une fourche. Grandgagnage, ARROGER (s'), la.ar -^'ogare sibi, demander
toutefois, ne condamne pas absolument l'ex pour soi, s'ai)pro|)rier.

plication wc-à-buse, c. à d. arc lançant des ARROI. voy. sous agrès.


traits au moyen d'un tube, l'arquebuse étant, ARRONDIR, factitif de rond. D. arrou- —
en effet, à son origine une sorte d'arbalète. dissement (comparez, pour le sens de cir-
D. arquebusier, arquebuser. conscription tadministrative, l'expression ana-
ARQUER, voy. arc. logue cercle).
ARRACHER, vfr. esrachier, esragier, ara- ARROSER, prov. arrosar; le verbe, a l'état
chier, pi-ov. csraigar, araigar, du L. ex-ra- simple, sans le préfixe, n'existe pas dans la
dicare, avec changement du préfixe, comme langue d'oïl, mais bien dans l'esp. rociar et
dansamewrfer de emenrfare. Pour la terminai- le catalan ruxar. Quant à ces dernières for-
son de cea verbes, nous rappelons fr. pencher, mes, Diez y voit des déi-ivés du L. roscidus,
prov. pertgar^ du lat. pendicare, revancher en alléguant limpiar de limpidus ; mais il ne
= rovengcr. nous est point démontré que les formes fran-
ARRAISONNER, vfr. nraisnier, adresser lu çaise et prov. roser et rosnr, et les formes
parole; de raison, dans lauc. sens de propos, rociar et ruxar se correspondent. Je ratta-
parole cherais volontiers roser ou arroser aux verbes
ARRANGER, voy. rajig. latins rorarc ou adrorare, mais la permuta-
ARRÉRAGE, voy. arriiyre. — D. arrérager. tion de r et s (cp. les mots hesicle, eJiaisr,
ART — 31 ASP

ponssièt^e) relativement trop moderne


est joint. Le môme mot latin a donné régulière-
pour l'admettre ici, bien quelle fût particu- ment orteil (v. c. m.), anc. arteil. — Dérives :

lièrement motivée dans notre cas par le désir articularc, articuler; -atio, -ation; -aris, -aire;
d'éviter le concours de deux syllabes com- inarticulatus, inarticulé.
mençant par lin r. Il vaut donc mieux, ARTIFICE, L. artificium. — D. artificier;
pour rosar et roser, admettre une dérivation artiticialis, artificiel; -osus, -eux,
directe du L. ros. —Le subst. verbal de ces ARTILLER*, munir d'engin:? (de là le terme
verbes est respectivement rociada, ruxada, de mai^ino artille], du BL. artillum (dimin.
rosada, fr. rosée, it. rugiada. de a7-s dans le sens d'engin). De là subst. — :

ARS, t. de vétérinaire, le pli qui se remar- artillerie, l'ensemble des engins, subst. artil-
que à la réunion de la poitrine et du membre leur, anc. qui dirige l'emploi des engins, et
antérieur du cheval. Gacliet le rattache au L. enfin l'ancien adj. artilleux, artificieux, rusé.
arca, coifre il rappelle que dans plusieurs
: Pour le rapport entre art et artillum, cp.
langues la poitrine est exprimée par un terme engin, ingénieur et ingénieux, de ingenium.
signifiant cofTre, creux; cp. esp. arcas, les Comme engigner, notre verbe artiller a
flancs, le creux qui est au-dessous des côtes, .signifié aussi user d'artifice. En prov., on
angl. chest, it. casso, cassero, thorax. Papias, trouve artilha dans le sens de redoute.
en parlant du thorax, dit " quam nos arcam
: ARTILLERIE, voy. le mot précédent.
dicimus, quod sit ibi arcanum " Diez oppose
, ARTIMON, L. artemo (iprs/'wv).
que ars ne désigne pas la poitrine, mais un ARTISAN, it. artigiano, esp. artcsano,
joint, et rapporte le mot à L. armi«A', jointure; dérive direct, d'un adj. artitianus formé du
Littré y voit une comparaison des deux mem- part, artitus, habile (" bonis instructus arti-
bres de devant du cheval avec un arc et s'en bus Festus). C'est de la même manièi'e que
>'

tient à arcus; d'autres établissent pour pri- 2)artisan s'est produit de partitus. Selon Fle-
mitif le latin artus, [articulation. Dans— chia (Postille etimol. 13), la finale fiançaise
tous les cas, l'** final est \\n reste de l'ancien isan ne représente pas un type itianus, mais
nominatif, comme dans fils, rets, fonds. une combinaison de -ensis [= is) -\- -anus
ARSENAL, it. arzanà, arscnale, grec du (= an); de même àsm's partisan.
moyen âge à(57-vâ>/!;; ces vocables, auxquels ARTISON, vfr. artuisoji, insecte rongeur.
se joignent it. darscna, partie séparée d'un Voici, d'après Bugge (Rom. IV, 350), l'his-
port, fr. darse et darsine, viennent de l'arabe toire de ce mot Lat. tarmitem, devenu tar-
:

dcir çanah, persan tarsanah, maison de tra- mita, a donhé tarte, d'où par aphérèse arte et
vail, atelier de construction. Arsenal paraît artre (forme ancienne fréquente) ; de là un
ainsi avoir sonné d'abord darsenal. Cependant composé arte-toison, devenu artoison, -uison,
Devic dit que, dans les foi'mes sans l'initiale rf, -uson, -ison, toutes formes con.statées. Je ne
le mot représente l'arabe as-sinaa, qui se dit trouve dans Godefroy que artre et l'adj artui- .

d'un arsenal maritime. sonneux au sens de tineosus.


ARSENIC, du L. arsenicum (àpjsvc/o'v, pr. ARTISTE, BL. artista, dérivé de ars, artis.
le métal mâle). On trouve en vfr. la forme — D. artistique.
correcte arsoine. AS, it. asso, angl. ace, du L, as, mot dési-
ART, L. ars, artis; le mot latin signifiait gnant l'unité.
dans la basse latinité aussi instrument, engin. ASBESTE, gr. «îSîîTo?, qui ne se consume
— D. artiste. pas au feu, litt. inextinguible.
ARTÈRE, L. arteria {ipTnplT.). ASCARIDE, L. ascaris, -idis (ànxccpli).

ARTÉSIEN (puits), du BL. Artesia, fr. ASCENDANT, de as-


L. ascendens, part,
Artois, province où ces puits ont été établis coidere, monter, d'où l'ancien verbe franc.
en grande quantité. ascendre (angl. ascend), qu'on a eu tort
ARTICHAUT, de l'ital. articiocco, ail. ar- d'abandonner. —
D. ascendance. L. ascen- —
tischoke. L'étude qu'a faite M. Dozy expose sio,ascension, d'où ascensionnel.
que l'arabe ardhî-chauhi (litt. terreux-épi- ASCETE, gr. àî/v^r/?;, qui s'exerce. — D.
neux), loin d'être l'original de Fit. articiocco, ascétique ascétisme.
en est plutôt la reproduction, favorisée par un ASLLE ou ASYLE, L. asylum {x'ju'kov, liou
rapport de son avec deux adjectifs que l'on a inviolable).
trouvés convenablement applicables à la chose; ASPB (aussi asple), it. aspo, dévidoir, du
qu'il a été introduit en Syrie, où seulement vha. haspa (ail. mod. haspel), m. s.
on le trouve en usage à la suite des relations ASPECT, L. aspectus, de aspicei'e, regar-
de ce pays avec l'Italie que le vrai et ancien
;
der.
mot arabe pour artichaut est harsjef, ou ASPERGE, L. asparagus (àîTràpayo?).
charsjof, et que c'est de là que proviennent ASPERGER, vfr. asperdre, de aspergera
les formes esp. alcarchofa, alcaChova, port. (comp. de spargere). —
Aspersio, aspersion ;
alcachofra et l'it. carcioffo; enfin que car- aspersorium', aspersoir.
cioffo s'est transformé en arciocco (forme citée ASPÉRITÉ, voy. âpre.
par Dodoens), qui à son tour serait devenu ASPHALTE, L. asjjJtaltus {x^-fx^roç).
articiocco. —Devic (Journal asiat. janv. 1 862,
,
ASPHODÈLE, gr. à^ooS-Xoi. Dans l'ancienne
]). 83), explique articiocco par une corruption langue, le nom de cette plante se présente sous
du gr. Ta à(5TUTt/à, « tètes d'artichaut ». les iormes asphrodille, afrodille (Palsgrave);
ARTICLE, L. arlicuhis, dimin. de artus, v. angl. affadill, auj. daffodill.
.

ASS — 32 — ASS

ASPHYXIE, gr. àî?uîia, absence de pulsa- français est actif (= poser, fixer), tandis (pio
tion (îj>ùi;:iv, battre, en parlant du pouLs). — le terme latin est exclusivement neutre (être
D. asphj/.ricr. assis). La langue d'oïl avait au.ssi la forme
1. ASPIC, plante (lavandula spica), p. es- assirc, (jui répond à un primitif latin assi-
pic, du L. spicum, dit par métaplasme pour dëre. Le participe assis reproduit le L. asses-
sj)ica. sus (cp. pris de j)resHS i^.jrrcnsus^ C'est do co
2. ASPIC, serpent, L. aspis, -idis, gr. participe assis que vient le subst. assise,
iiTtii ; le prov. a aspis et aspic, l'esp. et le as.semblée, séance de juges, puis, par exten-
port, aspid, Vît. aspide. Le c final de la sion, lejugement porté par eux, ou bien aussi
forme provençale est resté en français; et je imposition, taxe décrétée par l'autorité. Le
crois que le prov. asjiic vient d'un diminutif sens primitif et matériel .du Jiiot reparait dans
«îîrfSiov, cp. dans cette langue fastic (L. fas- assise signifiant couche de pierres. Com- —
tidium), aloc (L. allodium) et autres mots où jiosé rasseair, rassis,
:

le c est un etTct de 1/ jialatal de la terminaison ASSERMENTER, lier par sci-ment.


ium. La vraie forme française est le vfr. aspc. ASSERTION. L. ussertio, subst. de assc-
3. ASPIC, t. de cuisine, plat composé de rere, jniHondre. affirmer.
viande ou do poisson froid et de gelée. D'où? ASSERVIR, de serf, comme assu-
factitif
De la loc. " être froid comme un cuspic »? se jettir de Cette étymologie fait compren-
.s-î;/<t.

demande Littré. dre la différence de conjugaison qui se l'omar-


ASPIRER, L. a-spirarc; — D. aspirant, (jue entre asservir ci servir. Le Idûnasscrvirc
ai>'j)j?r't)n)i, aspirail. n'avait ([uune signification neutre.
ASSAILLIR, L. as-salire. ASSESSEUR, L. asses.ior (de assidëre, s'as-
ASSAINIR, fact. de sain. — D. assainisse' seoir auprès); l'allemand a imité le terme latin
ment. par le mot hnsitzei'.
ASSAISONNER, propr. rendre convenable ASSEZ, i)r. assatz, it. assai, de l'adverbe
à la saison (v. c. m.), j»uis porter q(ich. à son composi- L. ad salis, assatis (cfr. pour la
point voulu, enfin accommoder convenable- finale <'r, L. aniatis et fr. aimes).
ment (cp. ail. zurccht machen), rendre plus ASSIDU. -ITÉ, L. assiduiis, -itas (assidëre).
agréable. L'idée de saison a fini, comme on ASSIÉGER se rai)i)orte à siéger (voy. sié//e,
voit, par s'effacer entièrement. connue le mot latin assidëre, qui a le mémo
ASSASSIN, subst. et adj., vient de l'arabe sens, au primitif sedi-re. Jadis on di.sait plu-
hasc/iisc/ii)i, qui est le nom d'une .secte reli- tôt asseoir une ntUo.
gieuse dont les adbércnts ont fait vœu de ASSIETTE. Les diverses significations pro-
coumiettre tout meurtre qui leur serait or- jires à C(> mot dans la langue ancieimo et mo-
donné par leur chef (appelé le seigneur de la derne, jointes à .sa similitude avec la forme
montagne, .schajch algabal), en s'enivrant à verbale assiet, assied, font difficilc7nent renon-
cet effet d'une boisson préparée avec le chan- cer à la supposition d'un rappoil étymolo-
vre {hasc/iisch). Le nom de ces sectaires est gique avec le verbe asseoir, lat. assidëre. Je
dans la suite devenu synonyme de meurtrier disais dans ma dernière éd. cpie ce rapport
soudoyé. —
D. assassiner, assassinat. ne se lais.sait établir, à moins de violenter
ASSAUT, it. asa/to, BL. assaltiis, subst. la phonétique, qu'en pai-tant d'une forme ty-
verbal du BL. assaltare, vfr. assauter, fré- pique imaginaire, c'est-à-dire non con.statée :
quent, de as-salirr, fr. assaillir. le fréquentatif asseditare, tiré d'un supin bar-
ASSÉCHER, factitif de sec (v. c. m.). bare seditum pour sessiim. Ce type, disais^je,
ASSEMBLER représente une fornie latine nous mènerait naturellement à un infinitif
assimularc, dérivée de l'adv. simul, en môme prov. asetar, fr. aseter, assieter, et au sub-
'

temps, à la fois ; assembler, c'est faire venir ou stantif verbal assiette, en invoquant l'analogie
mettre ensemble (v. c. m.). Dans l'ancienne de pedito {-onis) devenu piéton et de peditare
langue le verbe signifiait combattre (cp. jou- (dérivé de peditus) devenu p/etar, péter. Il
ter de juxta. —
D. assemblée, assemblage; expliquerait également, continuais-je, l'espa-
dcsassembler, rassembler. gnol et le ju'ov. sentar, asentar, it. s&>Uare
ASSENER, dans l'ancienne langue, signifiait et assentare, vieux fr. assenter asseoir, =
diriger ; le mot n'est iTsté que dans la locu- qui se rapporterait à. seditare comme renta,
tiod assener un coup. 11 vient de sen, sens, rente à reddita (1). Dans mon hypothèse d'un
direction, qui est aussi le primitif de forsene , supin seditum (ce barbarisme ne serait pas
forcené. plus étrange que le premitum, pour pres-
ASSENTIR*, vieux verbe fi-., du L. as-sen- sum, auquel l'on doit imprenta et empreinte),
tire; il nous en est resté le subst. assentiment. je prétendais que les déductions que j'en
curieux de remarquer à côté de la tei'-
Il est tirais ne soulèveraient aucune difficulté sé-
minaison imejit, dans assentiment, ressen- rieuse, tandis qu'il y en a de très graves
timent, celle en emenl dans consentement. à voir avec Littré, au fond du mot assiette,
Les anciens employaient, dui*este, la forme un thème siet, répondant à L. situs D'abord,
normale assentem,cnt
(1) Dieu voit dans oos ff>rmes des dérivations du parti-
ASSEOIR. Le verbe seoir (pi'on. soir), cipe présent .sedmiem. mais la lettre s'y oppose, à ce
anc. sedeir, sëeir, seoir, représente le L. se- qu'il me semble ; en français la marche sedentare, :

dcre smnlpr, sauter, pourrait être admise sur TanaloRie de


(cp. veoir, voir, de viderc) ; asseoir, le
cvedentare-créanter-crantev, granler, mais en csl-il de
composé assidëre. Seulement, le compos même pour les langues du Midi ?
,

ASS 33 ASS

on ne connait aucun exemple d'un i bref même origine qu'à l'italien assetto, agence-
latin se francisant par ie ; puis la citation ment, ordre, et le faire passer par la môme
du Recueil de Tailliar, dont s'appuie l'auteur filière idéologique couper, diviser, répartir,
:

du Dictionnaire de la langue française un : arranger, asseoir, placer à table? Pour la


jour con i a siet, prouverait au contraire, à lettre, nousaurions pour nous le mot disiette*,
cause de l'emploi actif de ce participe siet, en disette de disecta (retranchement de vivres),
favexxr d'un participe seclitus. Aujourd'hui, et pour le sens, la conception primordiale
grâce au Dictionnaire de Godefroy, il est per- « tailler " ne perce-t-elle pas encore dans le

mis d'abandonner le terrain conjectural, et terme assiette (taille, répai'tition) des impôts,
do fonder sur le \ïv. asseter, assctter = puis dans l'expression usuelle en termes d'eaux
asseoir, placer, disposer, dont ce dict. nous et forêts Y assiette des ventes (on marquait les
:

donne de nombreuses preuves, l'étymologie : bois à vendre en les entaillant), et enfin dans
assiette, subst. verbal fém. de assetter (la l'emploi du mot assiette désignant le plat sur
diplithongue ie en syllabe tonique est de lequel on sert ou on mange, et au sujet duquel
règle). Il n'y a que pour l'acception « plat " il me reste encore quelques mots à dire.
qu'il peut encore rester quelque doute (v. pi. Assiette =
vaisselle plate, peut être une mé-
loin). —
Mais nous avons, à propos de la tonymie de assiette == service, mets (ce qui
famille du L. sedrre, encore d'autres formes est 7nis sur table), mais l'inverse est égale-
romanes à débrouiller. L'espagnol sitio (place, ment possible, et plus probable (coinparez les
siège) est, selon moi, le substantif verbal termes fr. plat et angl. dis h =
mets). Dans
de sitiar (composé asitiar, prov. asetiar,
: les deux cas (1), il peut y avoir an fond l'idée
asetjar). Ce sitiar, je serais disposé à le rame- de trancher les viandes (il faut les trancher
ner à un type sitiare, formé de situs, comme avant de les servir), et dans le deuxième, on
acutiare, captiare, tractiare, etc. de acutus, est involontairement rappelé à nos vieux mots
captits, tractus, si ce procédé de dérivation tailloir et tranchoir, à l'it. taglière, esp. tal-
verbale, fort usiiel en roman, ne se produisait ler, ail. teller. On le voit, je reste dans l'indé-
pas en espagnol par un simple ^ iaguzar, cision pour ce qui concerne le mot assiette :
casar, trazar). Cette dernière circonstance l'élément secare paraît y avoir autant de droit
m'engage à me rallier à Diez, qui conjecture (pie sedere.
pour primitif des formes en question (voyez ASSIGNER, vfr. assiner, assener, du latin
son article sitio) le vieux haut-ail. si:;an, assignare.
vieux saxon sittian (sedcre). —
Le provençal ASSIMILER, L. assimilat^e (similis).
assestar (placer, asseoir) et l'italien assestare ASSISE, voy. asseoir.
(actif =
arranger, ajuster, neutre seoir, = ASSISTER, L. ad-sistere. D.assistatice,—
convenir) no reposent pas, comme le pense 1.présence, aide, secours; 2, ensemble des
Littré, sur une mixtion du supin sessum avec personnes présentes.
situs, mais ils ont pour type assessitare, dé- ASSOCIER, L. ad-sociare (socius, compa-
rivé de assessum, assessare (le simple sessi- gnon).
comme on sait, classique). C'est ainsi
tai'e est, ASSOLER, de sole (v. c. m.).
que iaxum, supin secondaire de tagere^ tan- ,
ASSOMBRIR, rendre sombre.
gere, a produit taxitare, d'oii it. tastare, prov.
— ASSOMMER, selon les uns, de somme =
tastar, fr. tûter. Jusqu'ici, nous avons su, L.somnî^s; assommer, qui s'employait autrefois
sauf la forme sitiar, nous accommoder du en effet pour assoupir, serait ainsi employé
primitif sedere, soit par seditum ou par ses- métaphoriquement pour tuer, comme l'expres-
sum. En sera-t-il de même à l'égard de l'ita- sion " in soporem collocare " dans Plauto,
lien assettare, agencer, disposer,
ajuster, Amphitr., 1, 147; selon d'autres (Ménage et
asseoir, châtrer? Je ne le pense pas. Le double Diez), de somme, fardeau (v. c. m), de ma-
t, d'après les régies de formation italienne, ne
nière que assommer serait propr. accabler
permet point d'y voir une simple modification sous la pesanteur d'un poids. Nous tenons la
formelle de asctar ou de asestar traités ci-des- dernière explication pour d'autant plus accep-
sus et malgré la conformité de son et la
;
table le verbe signifie aussi fatiguer,
qtie
coïncidence des significations, il faut lui Cependant, l'ancienne acception « me-
affliger.
chercher un autre original. Or, la facture du ner à fin " qui, ainsi que celle de " énu-
mot appelle nécessairement assccitare, fréquen- mércr » , se rattache à " summum, summa »
tatif de as-secare, couper pour chacun et engage à admettre ce dernier primitif aussi
pour chaque chose dans les proportions vou-
lues, diviser par justes parts, répartir, arran-
pour le sens « tuer ». D. assommoir.—
ASSOMPTION, L. assumptio, substantif de
ger, placer, asseoir convenablement, assigner,
assumere, prendre à soi.
fixer. Arrangement, disposition, placement,
sont des idées cpii découlent naturellement
ASSONANT, L. ad-so7ians. D. asso- —
de couper, diviser, et d'ailleurs le sens châ-
trer vient en surplus corroborer cette étymo-
(1) L'emploi du mot msùtte pour vaisselle plate,
logio, que je ne fais que l'eproduire après d'aijrés les citations de M. Littré, ne parait remonter
Diez. —
Et maintenant, pour en revenir à qu'au xvir siècle. Cela parle en faveur de l'antério-
rité du sens mets, service. ^Godefroy ne cite iiu'iin
assiette, point de d(jpart de ce long article, ne seul ex. de assiecle, où ce mot revient plusieurs fois dans
vaut-il pas mieux, pour l'expliquer, laisser là cette liaison « une chainture à assicclra d'argent et de
:

perles »; il traduit \ta,r plaque ; j'y vois plutôt la valeur


le type asseditare, assigner au mot français la " l)ioce, parcelle >:.
. ,

AST —U AT!

ASSORTIR, V, act., mettre ensemble selon ASTREINDRE, L. ad-stringere. —Du


part.
les assembler d'une manière conve-
sortes, latin astriiignis : fr. astringent, du subst.
nable, pourvoir un magasin de diverses sortes astrictio : fr. astriction.
convenables ; neutre, être de même sorte, ASTROLABE, du gr. «irpoiaCov («TTpoi«6ix6iv
convenir; de soyte {v. c. m.). D. assoi'ti- — 6p-pt.-jov). instrument pour mesurer les dimen-
ment ; déstissoi-tir sions des étoiles.
ASSOTER. factitif de sot, comme affokr ASTROLOGIE, gr. iîr/so/o/fa; astrologue,
de fcd; cps. rassoter. àîTjsoio/o; ;
-iqne, -ixo'i.

ASSOUPIR, du L. sopire, endormir (rac. ASTRONOMIE, gr. iirpovofxix ; astronome,


SOP, doii sopnus' , somnus). ù.z7p'-j-j6ii.oi ; -ique -i/.o;.

ASSOUPLIR, rendre souple. ASTUCE, L. astutia. D. astucieux. —


ASSOURDIR, rendre sourd. ATELIER. Le prov. astelier et esp. astil-
ASSOUVIR a l'air d'être une forme variée, lero signifient un râtelier i)our les lances et
adoucie [p en de assoupi)'; le latin sopire
r), se rapportent à hasta. Diez pense f\\\ atelier

signifiait également calmer, apaiser. Cepen- est le même mot et que le sens actuel serait
dant, cette étymologie pourrait n'être que dédiiit de celui de « dépôt d'outils ". —
spécieuse. Diez, dans la l""" édit. de son dic- D'autres y voiont le BL. artillaria, boutique
tionnaire, dérive le mot du
goth. giisôthjan, de travail (de artillum, outil, voy. artillêr),
rassasier ; le fait de la dentale et
de l'élision mais l'élision de Vr fait difficulté. — Littré
de son remplacement par un v euphonique se pense que le primitif est attelle ou astelle,
l'cncontre aussi dans pouvoir pour podoir petite planche; il s'agirait ainsi d'un lieu où
(prov. poder). Mais, dans les éd. suivantes, l'on prépare les attelles ; en d'autres mots, un
pour rester dans le domaine latin, il a préféré atelier de menuisier. Rônsch aussi part d'un
identifier assouvir avec viv. assouffir, satis- type lat. astularium, lieu où il se fait des
faire, contenter, (jui du latin sufficere,
vient astnlfi', des éclats de bois ou de j)ierrc, donc
bien que le changement de //^encsoit insolite. lieu de travail, où l'on charpente, taille, etc.
Littré, insistant en outre sur les anciennes ac- C'est peu plausible, bien i\\xc astula éclat =
ceptions i^arfaire, accomplir, pense qu'il peut de pierre, soit consulté dans VitruvefArchit.,
y avoir eu confusion en un sexil des deux 7, 6). —Enfin, feu M. le prof. J.-H. Bor-
verbes assopire (satisfaire la faim, l'assou-
:
mans, de Liège, veut apparenter notre mot
pir) et assufpca-e, suffire, satisfaire, achever. avec lit. attillare, mettre en ordre, arranger,
ASSUJETTIR, factitif de sujet. et avec l'expression wallonne en atilcure, en
ASSUMER, prendre sur ou pour soi, du L. ordre, en bon état, et ceux-ci avec l'ags. tiljan,
as-suiiierc. arranger, construire. —
C'est cette dernière
ASSURER, assegurer, asseûrer, L.
vfr. explication qui me
sourit le plus; .'seulement,
assecurai'e. —
Cp.*^. rassurer. au lieu d'alléguer l'italien, je rappelle le bon
ASTELLE (on dit plus souvent attelle), vieux mot fr. atillier, arranger, ajuster, pré-
lame de bois, du L. astella, p. astula, frjig- parer, é«juipcr, armer, d'où subst. o/zV, action
ment de bois, ais, bardeau. L'étymologie has- d'atiller, de préparer ce iju'il faut ; de là à un
tella, dimin. de hofta, lance (Littré), ne con- subst. atilier, atelier, lieu de travail, labora-
vient pas au sens. toire, il n'y a pas loin. Reste à savoir l'origine
ASTER, plante, du grec xirnp, étoile,qui de atillier = prov. atilhar, it. attillare, esp,
est aussi le primitif de astéi'ie, astérisme, (Uildar. Diez, qui ne connaissait pas notre fr,
astéroïde, astérisque [itziphxoi, petite étoile). atillier, rattache, avec quoique hardiesse, ces

ASTHME, vfr. asme, esp.it. prov. asma, du derniers verbes à un type attitulare, de titulns
grec àc^/uLx, respiration. — D. asthmatique, (it. titolo, csj). tilde) = le point sur Yi.
ATERMOYER, reculer le terme. Pour la
ASTIC, ou asti, instramcnt pointu des cor- terminaison dérivative oyer (= L. icare),
donniers pour lisser le cuir subst. verbal de ;
cîfr. tournoyer, flam.boyer, rudoyer, etc.
astiquer (v. c. m.). L'ancienne langue disait atermer.
ASTICOTER, voy. astiquer. D. asticot, — ATHÉE, gr. x-^io^. — D. athéisme.
ver que l'on pique à l'hameçon, pour prendre ATHÉNÉE, gr. àjyjvaîov (de 'Aâ/jv/î, Minerve,
les pois.sons; anc. =
irritation; cp. wallon déesse des sciences).
asticote, contrariété, indisposition légère. ATHLÈTE, gr. i&^'^-'îi. combattant.
ASTIQUER, employé familièrement tantôt ATINTER, ajuster, parer, attifer, anc aussi
pour toucher légèrement ù iine partie malade armer, équiper; vfr. atintelé, paré, attifé. L'ori-
(rôuchi), tantôt pour ajuster, parer (surtout gine de ce vieux mot, synon. de atillier (voy.
au réfl. s'astiquer), tantôt pour frotter le cuir atelier), n'est pas encore tirée au clair. L'éty-
avec un polissoir pointu (voy. astic); dérivé mon le plus naturel, 'attinctare, fréqu. de
de la racine germanique stech, stich, piquer, attingere, attouchcr, offre cela d'irrégulier
pointer. De là subst. astic (v. c. m.); lefréqu. qu'il .suppose un supin tinctum, au
lieu de
asticoter (v. c. m.), pointillor, irriter, tour- taclum; mais cette irrégularité a de nom-
menter (cp. l'ail, slicheln). breuses analogies et n'est pas plus cliuquautc
ASTRAGALE, L. astragalus (àîT/sâyaio?). que celle qui fait sediturn de sedere ; pour les
ASTRE, L. astrum. —
D. désastre (cir.aW. acceptions tirées de l'idée foncière « toucher »
unstern), et malotru (v.c. m.). ce sont les mêmes que œlles propres à l'an-
ATT 35 - ATT
cien adouber, « vêtir, armer, équiper, ajuster, langues germaniques que dans les idiomes
soigner ", lequel on est d'accord à rattacher celtiques, et dont le sens fondamental est
à un mot germanique signifiant toucher. J'es- « chose proéminente qui sert à fixer » ; la lo-

père que mon explication trouvera meilleur cution s'attaquer à est, pour ainsi dire, iden-
accueil que les tentatives faites par Littré à tique avec s'attacher à, entreprendre ; c'est
l'aide de vfr. tin = tempe (atinter serait pr. d'elle que procède le sens actif du verbe atta-
orner la tête) ou du vfr. tin, pièce de bois. Rap- quer, cfr. l'expression grecque uTir-i^ai nvo; ;
pelons encore comment les verbes tirer, tour- attacher, c'est fixer à. L'étymologie attexere
ner, dresser ont développé des significations est une bévue. —D. attacJie, attachement,
analogues (voy. atour et attirer), Littré (au — rattacher ; notez encore le terme de couturier
Suppl.) signale le roumain atintar (pron. ou de passementier soutacher (d'où soutaché)
a-tsin-ta), fixer, attacher, dér. de tinta, clou, pour sous-tachcr Voy. aussi l'article tache.
.

pointe. ATTAQUER, voy. attacher. Attaquer, dans


-ATION, terminaison reproduisant le latin son sens actuel, est venu, au xvi" siècle, se sub-
-ationem ; elle appartient, comme -ateur stituer aux anciennes expressions envaïr, em-
= L. -atorem, au domaine savant; réguliè- j)eindrc (impingere), requerre acoeillir. —
rement la langue d'oïl en a fait aison, D. attaque, attaquable.
oison, ison; ces finales ont survécu dans ATTARDER, de tard. L'ancienne
factitif
oraison, pâmoison, vfr. et angl. venison. L'a forme atargicr, être en retard, se rattache à
du latin est atone c'est ce qui explique sa
;
un type latin attardiare, et nous^ ne pouvons
conversion multiple en ai, oi et i. admettre les raisons alléguées par Gachet
ATLAS, recueil de cartes géographiques ;
pour prouver que attargié signifiait dans le
cette signification a été donnée à ce mot en principe « couvert d'une targe », embarrassé,
premier lieu par Mercator, par allusion à gêné.
Atlas, le Titan, porteur de la voûte céleste. ATTEINDRE, L. aitingerci^^ugo). — D. at-
ATMOSPHÈRE, mot scientifique formé de teinte; ratteindre.
«T/Ao;, vapeur, et sipcxipcx:, globe. ATTELER. L'étymologie de ce verbe, ainsi
ATOME, gr. xrofioi indivisible (de t5/xv«o,
que de son contraii'o dételer, est encore incer-

couper). — D. atomique, atomisme, -istc, -is-


taine. L'ancienne forme asteler ou esteler
tique. permet de voir dans le mot une représentation

ATONIE, gr. iro-dx, absence de tension de l'ail, stellen, mettre, placer Diez rappelle
;

(tcÎvw, tondre). à ce sujet les termes esp. poner et angl. to


ATOUR, vfr. atorn, parure, subst. verbal put employés pour atteler. La forme ateler p.
du atourner, diriger, tourner vers, puis
vfr. esteler n'est pas plus étrange que le berrichon
arranger, ajuster, parer. atelon p. étalon. Littré admet pour primitif
ATOUT, de à tout, fort contre tout. astellc ou attelle (v. c. m.), pris dans le sens

ATRABILE, du latin atra bilis, bile noire, de " partie du collier des chevaux à laquelle
mélancolie. —
D. atrabilaire. les traits sont attachés » . Il rappelle ([vCaste-
/s let pour le bois du collier des clie-
s'est dit
ATRE, anc. astre, propr. le bas
aistre,
vaux. Dautres ont pensé au radical tel qui est
d'une cheminée garni de carreaux, de l'adjec-
au fond du protelum boum (trait debœufsj de
tif BL. astricus, qui a donné aussi le vha.
Pline, du verbe protelare, tirer en longueur ;
astrih et l'ail, mod. estrich, pavé, plancher
on pourrait, en efiet, admettre l'existence d'un
carrelé. Diefenbach rattache noti-e mot au
subst. latin telum ou tela, signifiant timon,
L. asser, ais, solive, latte, planche. L'idée de
et qui serait, comme nous le supposons, à
pierre ne serait dans l'origine que l'accessoire.
l'égard de telum, javelot, ainsi que de tela,
Diez pense que it. astrico et BL. astricus sont
toile, une contraction de tendlum ou tedlum.
issus de l'it. lastrico, pavé, dalle, par l'aphé-
Un pareil rapport entre tendere et telum, s'il
rèse de l'initiale (prise pour l'article), et quant
était justifié, rappellerait les expressions alle-
à lastrico, il le dérive du BL. plastrum mandes anspannen et ausspanneii; maïs l'éty-
{llj.-:z).a.';xpo-j,sol pavé, vfr. plaistre, ail. pflas-
mologie stellen se prête, pour la forme, bien
ter).
plus naturellement. Enfin, je citerai l'opinion
-ATRE, dans blanchâtre, marâtre, etc., de Langensiepen, qiii dérive atteler du L. *aj)-
sufiixc péjoratif ou affaiblissant, représente tidare, fixer à, attacher à part l'étrangcté de
;

L. -aster, àaxn^ patraster siirdaster. , la forme diminutive, elle ne convient nulle-


ATROCE, L. atroccm ; atrocité, L. atroci- ment pour le composé dételer, qui évidem-
tatem. ment représente rfe-steZcr.
ATROPHIE, gr. scrpofioc, pr. absence de ATTELLE, voy. astellc.
nourriture, puis dépérissement, — D. verbe ATTENANT, participe de l'ancien verbe
atrophier. attenir, confiner, être parent, L. attinere.
ATTABLER, mettre à table. ATTENDRE, du L, attendere, tendre l'es-

ATTACHER, attaccare, esp. atacar. Ce


it. prit vers qqch., prendre garde; le sens latin
mot n'est qu'une variété dialectale de attaquer; est resté à î'angl. to attend et dans les dérivés
~

cj). toucher et toquer. L'un et l'autre, ?\insi fr. attention (L. attentio) et atfoitif. D. ut- —
que le terme contraire détacher, provienncmt tente (cp, descetite, rente, vente, de descen-
d'une racine tac, qui se rencontre avec des dre, rendre, vendre), vfr. atendue.
significations variées aussi bien dans les ATTENDRIR, rendre tendre.
.

AUH — M) — AUG
ATTENTER. L. nd-tcidayr, litt. faire iino dcjtroche). — D. aubaine, succcs.sion aux biens
tentative sur. — D. attentat (mot sjivant), d'un aubain.
d'oil Ktli'illdtnirc. 1. AUBE, albe', i)oint du.jour, it. alba, du
ATTENTIF. ATTENTION, voy. attendre. L. alba dies, cfr. l'expression latine « cœlum
ATTÉNUER, L. nttenuare {tennis). albet ". —D. aubade, esp. albada, concert
ATTERRER, atteivare, csp. aterrar, je-
it. donné à l'aubo du jour, cfr. sérénade.
tcv à terre, terrasser; en t. de marine, appro- 2. AUBE, i)rov. «/i«, vêtement do toile blan-
cher (te la terre. che, du L. albu.s, blanfc;
ATTERRIR, jjrcndrc terre. 3. AUBE, ais ou palette d'une roue, t. d'iiy-
ATTESTER. L. aftestnn(testis, témoin). draulique; selon Littré, du vfr. aube, l)ois
ATTICISME, du grec àTTiziï/to'j, manière blanc, qui vient du L. albu.s; Darinosteter
élégante do parler des habitants de VAttique jjcnse que le terme a été applitpié à la palette
ou Athi'nicns. d'une roue hydraulicpie par extension de aube
ATTIÉDIR, rendre tiMe. = toile blanche des ailes de la roue.

ATTIFER. ATTIFFER. vfr. tiffer, en Pié- AUBÉPINE, aubcspine', L. alba spina, épino
mont, ti/lé, anr. aiigl. tife, parer, coiffer, du blauclie.

gcrnianicpic tippan, toucher de la pointe des AUBÈRE, d'un type L. alberius, de albus,
doigts (ni. aantipptm, couper les pointes des blanc. D'après Dozy =
esp. ortro(anc. Iiobero),

cheveux). — D. attifet, oniement de tète. de lar. Iioberi, aubère.


ATTIQUE, terme d'arcliitecturc, petit étage AUBERGE, prov. alberc, it. albcrgo, vfr.
supérieur, se rappoile à Atticiis =
particulier
herberc, helberc, herbcrt et fém. herber;/e
(prov. alber(fa). Du vha. he.rib<Tffa, campe-
aux Athéniens.
ATTIRAIL, voy. attire)-. ment militaire (ail. mod. herbnye, auberge).
ATTIRER, tirer à soi, après soi, faire venir — I). aubergiste. —
De l'ancienne forme her-
(voy. tirer). Dans le vieux langage, ce verbe
berrje vient le verbe lu-berger.
signifiait aussi ajuster, orner, décorer, pré-
AUBERGINE, dim. de alberge (v. c. m.) ou
auberge. D'après Davie, aubergiiw. ne vient pas
parer, di.<5poser (cp. atoumer, tourner vei-s et
décorer, parer, et l'angl. dress, habiller, du d'auberge, mais de Vavaho al-badindjan, d'où
csp. aberengetui.
fr. dresser). C'est à cette dernière significa-
tion (elle est encore propre ù l'angl. to attire) AUBETTE, corj)s de garde; propr. le bureau
que se rapporte le subst. attirail, tout ce qui où les sous-officiei's d'une garnison vont à l'or-
est nécessiiire pour une ojiération, terme dre; " dim. de aube, à catise que l'on va d'oi*-
analogue, pour la valeur, à ajqmreil. dinaire à l'ordre de bon matin » (Littré). Cette
étymologie peut être vraie, mais laisse quelque
ATTISER, voy. tison.
doute.
ATTITUDE, it. attitudine, disposition ou
AUBIER, prov. albar, bois blanchâtre entre
convenable ; ce n'est qu'une variante de
j>osition
aptitude; cp. Tadj. italien «<(o L. aptus.= — réct)rce et le corps de l'arbre, dérivé du L.
albus, blanc. Cfr. aubour du L. alburnum,
,
Létyinon liahifvdo n'est pas soutenable.
prov. filharn.
ATTOUCHEMENT, de l'ancien verbe attoii-
AUBIFOIN, du L. album fœnum, «cyamus
cher, toucher à. « cyamus
Horc albo", appliqué plus tard au
ATTRACTIF, ATTRACTION. L. attractitus, tlore ca'ruleo "
•tio, de nttractum, supin de at-trahere, at- AUBIN, t. de manège, est une variante ortho-
traire. grajjhique de hobin m.).
(v. c. —
D. aubiner.
ATTRAIRE, it. attrarre, du L. attraherc. AUBRIER, nom vulgaire du faucon hobe-
— D. attrait, subst. participial, exprimant reau ; .selon le Dict. de Trévoux, de aubiire,
l'action, ou subst. verbal du vfr. atraitier = blanc tacheté, cp. en prov. alban, albanel, et
'attractare. en it. albanello, qui signifient la même chose.
ATTRAPER, prendre à un piège, tromper, AUCUN, alcun', it. cdcu.no, esp. alguno, du
puis saisir au passage, atteindre, obtenir, L. aliquis unus, comme chacun de quisfpie
prov. esp. atrapar, en esp. au.s.si atrampur, unus.
ital. attrappare ; de trappe, piège. D. at- — AUDACE, L. audacia. —
D. audacieux.
trape, attrapoire. —
Cps. rattraper. AUDIENCE, L. audieidia (audire), mot ajjpli-
ATTREMPER, vfr. attemprcr, propr. mo- qué au moyen âge à l'action d'une cour de
dérer; voy. 1ren\j)er. justice qui « écoute " les débats d'un procès.
ATTRIBUER, L. attrihuere; attributio, at- Le représentant vraiment finançais du mot
tribution. — D. attributif; attribut du L. at- latin est le vfr. oiance. —
D. audiencicr. —
tributnm, chose attribuée. Auditor auditeur; auditorium auditoire, au-
ATTRISTER, rendre triste. ditio audition ; auditivus auditif. Le verbe —
ATTRITION, L. attritio (terere). Cfr. contri- audire s'est francisé en ouïr (v. c. m.).
tion. AUGE, it. alveo, du L. alveus (cp. L. salvia.
ATTROUPER, réunir en troupe. fr. sauge). — D. dim. av.gct, augelot, aiigette;
AU, anc. al, contraction de à le; plur. aux, verbe auger, creuser en gouttière.
pour als, =à les. AU6MENT, L. augwientum {augere accroî- ,

AUBADE, voy. aube 1. tre).^


D. augmenter, L. augmentarc.
AUBAIN, l'tranger, BL. albanus, dérivation AUGURE, L. augurium (voy. /leur); augu-
de l'adv. alibi (cfr. ancien de ante, prochain. rer, L. augurari; augurai, L. auguralis.
— ,

AUT — 37 AUT
AUGUSTE, L. augustus. AUTEUR, L. autor ou plutôt auctor. Auc-
AUJOURD'HUI, p. aujourd'lini. Noj. hui. toritas, autorité; auctorizare* (BL.), auto-
AULIQUE, L. aulicus, adj. do aida, cour. 7'iser.
AUMAILLE, almaille, terme collectif (cp. AUTHENTIQUE, L. authenticus, qui relève
bctail, volaille), propr. bétail; du plur. latin d'une source originale, =
gr. «ù&îvtixo; (de
animalia. «v&î-JT/j;, ne dépendant que de soi, maître).
D. authenticité, verbe authentiquer.
AUMONE, almosne, prov. almosna, ail. al-
mosen, augi. alms (v. angi. alrnosc), it. limo- AUTOCHTHONE, grec ccùroypà-^, du pays
sina, esp. Umosna, du gr. 'ù.vrtii.oi\j-ifi, commi- même.
employé par les pères de l'Egiise AUTOCRATE, gr. oLÙzo-ApUz-m, puissant par
sération,
latine pour acte de charité. —
D. aumônier;
soi-même. — D. autocratie, -ique.

aumànière, propr. bourse renfermant l'argent AUTO-DA-FE, mots portugais signifiant

destiné aux aumônes. "acte de foi ', décision en matière do reli-


gion.
AUMUSSE, aumuce, primitivement un bon-
net de peau d'agneau avec le poil, prov. al-
AUTOGRAPHE, gr. «ûroypayo;, écrit de la
proi)re main do l'auteur.
mussu, esp. almucio; dim. aumucette esp. ,

muceta, il. mo^zetta. Expliqué jusqu'ici


AUTOMATE, gr. aGrowaro^, de son propre
mouvement, sans impulsion étrangère.
comme composition de l'art, arabe al et de
quelque subst. correspondant à l'ail, mûtze,
AUTOMNE, L. autumnus. D. automnal, —
latin aiUtDiinalis.
néeii. rniits, bonnet (de vha ')nuuzan, couvrir).
AUTONOME, gr. oi'jTovd/j.oi, se gouvernant
1. AUNE (mesure), it. alna, aima, alla,
selon sa proi)reloi; autonomie, gr. a.ù-jovofj.ic(.
prov. alna, directement du BL. aloia gotli. = AUTOPSIE, gr. «ùro'^tx, action de voir par
aleina, vha. elina, mha. et nha. elle. Les prin-
soi-même.
cipes phonétiques n'autorisent pas à admettre
une dérivation immédiate du L. ulna. — AUTORISER, voy. auteur.
AUTORITÉ, voy auteur. — D. néol. auto-
D. aimer, -agc.
ritaire.
2. AUNE (arbre), L. ahius, d'où ahictum, 1 . AUTOUR, de au tour, voy. tour.
fr. aunaie.
2. AUTOUR, oiseau, it. astore, prov. austor,
AUNÉE, du L. helenata, dér. do hclcniuin Diez s'oppose à une dérivation du
vfr. ostor.
[ilï-no-j). L. astur, cet original aui'ait, selon lui,
-l'iris;
A-VP A.RA.'VANT,=^ au par ava7it ; pour cotte produit la forme astre. Il fait donc wcmv astor
dernière composition, cp. ^jaj- après, pjar delà, astour, autour d'une forme acceptor, -oris
etc. {=accipiter), citée par le grammairien Capor.
AUPRÈS, voy. sous après. Les Espagnols et les Portugais ont, de accep-
AUREOLE, L. auréola, couronne d'or. tor, fait azor, absolument comme ils ont tron-
AURICULAIRE, L. auricularius ; adj. du qué recitare en rczar. —
D'autres ont ratta-
subst. auricula, devenu le fr. oreille (v.c.m.). ché autour, sinon à astur, du moins à la
AURIOL, voy. loriot. forme adjcctivc asturius, comme Diez lui-
AUROCHS, de auerochs, compo.sé de
l'ail, même rapporte vautour, pour sauver la règle
auor, (pli est le latin unis, et ochs, bœuf. de l'accent, plutôt à vulturius qu'à vultur.
AURONE (plante), très régulièrement formé Cette étymologie convient parfaitement, car
du L. ab)-(do)nimià:jif>dTo-jo-j). la mutation a en au ou o devant s n'a rien
AURORE, L. aurora. d'étrange (cp. le prov. austronomia et fr.
AUSCULTER, L. auscultare, dont la vraie malotru du prov. malastruc). Langensiopen
rei)résentation française est ascouter, escouter, propose, d'après l'analogie des termes au-
écouter. truche, outarde (v. ces mots), la composition
AUSPICE, L. auspicium. avis-taurus, qui aurait été une désignation
AUSSI, alsi' do la formule lat. aliud sic.
, populaire de l'autour. Ces deux conjectures
De aliud la langue d'oïl a tiré al, signifiant peuvent être abandonnées au profit de l'expli-
« autre chose ", et qui se trouve encore dans cation de Diez, que Forster (Ztschr., II, 166,
autant, qui représente la foi'mule aliud tan- note) appuie en citant le passage suivant des
tum. La vieille langue disait également altresi Moralités sur Job, de Grégoire: AcciperewsLTCi-
(con.servé en it.), et altretant, de alterum sic, quo aliquando dicimus auferre, unde et aves
alteriim tanturn. — Composé aussitôt, voy. illse que sunt rapiendis avibus avidae acci-

tôt. pntres vocantur.


AUSTÈRE, L. austerus («Ott-î/ocî). AUTRE, vfr. altre, du L. alter. Du génitif
AUSTRAL, L. australis, de auster, vent du alterius, vient, par transposition de iu en ui,
midi. autrui, forme propre aux cas indirects, cfr.
AUTAN, L. altanus, vont (jui souffle de la lui de illius, nului de nullius, etc. La valeur
haute mer [altnm). génitivalo de autrui ressort bien du passage
AUTANT, voy. aussi. de Saint-Bernard « Force que la malice
:

AUTEL, vfr. alter, autier,


prov. altar, it. altrui l'avoit supplanté, si le pooit aider la
altare; du L. altare, pr. partie supérieure charité altrui ", et de l'expression V autrui ==
de l'autel (de altus). Le changement de la le bien des autres. Diez, toutefois, vu l'étran-
finale ar en el en syllabe tonique et finale est, getédo la transposition iu en ui, préfère expli-
je pcn.se, sans exemple. quer altrui, autrui, par alter-huic. C. au- —
.

AVA 38 — AVE
liifvi.s, une ;uitrc fois (se disjiit anciennement AVANT, voy. nins. En composition, le mot
tant ])our « alias » que pour " quondam "). exprime antériorité ou priorité lavatUroureur
AUTRUCHE, du L. acis struthio, csp. iwes- (L. prajcursor), avant-propos (=ï latin prso-
truz. La fui'me autruche est dialectale pour fatio).
autruce. Le BL. disait stnicio pour struthio. AVANTAGE, dér. de avant. L'avantage est
— Pour la combinaison avis avec le nom de une avance sur autrui. —
D. avantager, avan-
l'oiseau, oj). outarde. tageux, désava^itage.
AUTRUI, voy. autre. AVARE, L. avarus; l'ancienne langue d'oïl
AUVENT, répond au prov. anvan, rempart, di.^ait, et le picard dit encore, aver pour
retranchement; pour an changé en au, cp. le avare, comme on a fait amei' de amarus. —
vieux mot erranment (sur le-champ) alternant D. avarice, L. avaritia; ào \à, avaricicnx
avec eii'aument. Quant à anvan, il vient, AVARIE, dommage, perte, particulière-
d'après Diez, de ante-vannus, van avancé, ment dommage éprouvé par un navire ou par
dénomination fondée sur quelque similitude les marchandises qu'il contient, it. esp. ave-
de la chose. Ducange explique notre mot par ria, haberia; holl. haverij, ail. hafei-ei. Il est
altus vannus. La forme française, avec le t difficile de disjoindre le mot de la racine
final, accuse une étymologie imaginaire ante- germ. haf, mer en général, ou du dér. hafen,
ventum, abri contre le vent. Aux xv*" et xvT haven, port de mer. Cependant, Dozy le fait
siècles, on rencontre aussi ostevent, ustve>it; venir du subst. arabe axoûr, défaut, dommage.
c'est là une interprétation mais non pas
, — Le même mot avarie, dans l'acception do
l'étymologie réelle du mot auvent. Le bas-latin droit d'ancrage, parait être indéjiendant et
a auvujinus, auventus. vient do havre, havene, ni. haven, ail. hafen,
AUXILIAIRE, L. auxiliaris (de auxilium, port. —
D. avarier, gâter.
aide). AVÉ MARIA, mots latins, « salut, Marie! »
AVACHIR, se détendre, se relâcher; selon premiers mots de la .salutation angélique.
Diez, du vha. arwaichjan, amollir. Par une AVEC était d'abord adverbe, avant d'être
note manuscrite du prof de Bonn, je vois employé comme préposition. Cet adverbe,
qu'il songeait au.ssi au L. rascus vacuus, = écrit aussi anciennement avoec, avuec, avoc,
consigné par Quicherat et signifiant inanis, etc., et renforcé parfois par la terminaison
vanus. En wallon liégeois, s'avachi signifie adverbiale es (avecques), est le résultat do la
s'affaisser. Le cliamp des conjectures étant combinaison do la prépi ave, ove, (jui repré-
ouvert, je cito encore l'ail, watschein, branler sente le apud latin, et du pronom oc, cela,
le corps, se dodiner, adj. watschiy, watsche- = latin hMC. Comparez les compositions ana-
lig, dodu, grassouillet ; tout le mouvement logues des mots latins antea (anto-eaj, poslea
d'idées qui se rattache au mot avachir per- (l)Ost-ea), de it. perô, par cela, pour cela,
met aussi de placer ce dernier dans la famille prov. senso, sans cela, vfr. puroc, pour cela,
du lat. vacillare, manquer de fermeté, de senuec. sans cela. L'advcrbo avec fut dans la
consistance. suite employé comme préposition, comme il
AVAL, p. à val, du L. ad vallem, comme est advenu aux adverbes dessus, dedans,
amont de ad montem. D'adverbe le mot s'est devant, etc. —
Primitivement, le cum latin .«^e
fait subst. dans la locution à l'aval, et comme rendait dans la langue d'oïl par les f<jrmcs
terme de commerce (souscription mise en bas ave, ove. ad, a, od, o, toutes altérées de apud,
d'un effet). —
D. avaler, propr. faire des- préposition qui s'employait dans la basse lati-
cendre, abaisser, employé auj. exclusivement nité fort souvent avec la valeur de cum.
p. faire descendre par le gosier; anc. aussi AVEINDRE, .aller prendre qqch. à la la ré-
neutre, descendre. quisition de qqn., ne vient psoi de advenire,
AVALAISON, -ANCHE. -ASSE, voy. avaler. comme on admet généralement, mais d'un
AVALER, voy. aval. —
D avalaison -asse,
. , verbe abemere, ôter, cité par Festus (cfr.
pr. descente; avaloire; avalanche, anc. ava- gemere devenu geindre). Cette étymologie do
lange; le synonyme lavange ou lavanche e^i, Diez satisfait beaucoup mieux et le sens et, la
d'après Diez, soit une corruj)tion de avalanche, forme. L'analogie de adulter, vfr. avoutre,
soit un dérivé du h.labina, éboulement (de labi, permettrait, du reste, aussi de dériver ce mot
glisser; employé par Isidore). —
C. ravaler. de adimere.
AVANCER, prov. et esp. avamar, it. avan- AVEINE, variante dialectale de avoine, latin
2are, dérivation verbale de avant. D. — avena.
avance, avancement. AVELINE, avelaine', L. avellana, noisette
AVANIE, mot d'origine
grec-\'ulgaire; (de Avella, ville de la Campanie). — D. ave-
àêavîa, affront avec supercherie, paraît être linier.
le turc avan, vexation; en hébreu, on trouve AVENANT, qui convient, qui est
propr.
iven pour iniquité. —
Quoi que vaille cette conforme (de à Vavcnant), puis qui
là la loc.
étymologie, il est difficile de considérer ava- est agréable, qui plaît; de avenir, dans l'an-
nie comme dérivé du vfr. avanir (ordonnance cienne acception convenir. Vfr. aussi ave-
de Philippe le Bel, xiii" siècle « Son droit
: nahle.
n'est amoindri, ne son honneur avant"), qui 1 AVENIR (aussi advenir), arriver, se faire,

.

n'est autre chose qu'un factitif ou inchoatif do L. advenire. D. aventure (angl. adventure,
L. vanus, vain. —
Voy. d'autres conjectures mha. aveniiure, nha. abenteuer), ce qui ad-
au suppl. do Littré. vient, particul. ce qui advient d'une manière
.

AVI 39 AZY
imprévue, événement, action hasardeuse, AVISO est le mot espagnol répondant à
hasard, péril [le mot ne vient pas plus de avis; donc, barque d'avis.
aventurus (Brachet) que peinture ne vient de AVITAILLER, de vitailles, ancienne forme
picturiis; c'est le suffixe ure appliqué, comme de victuailles {y c. m.).
. —
C. ravitailler.
toujours, au supin adventum, adv>enturd\
:
;
AVIVER, rendre vif. —
C. raviver.
avenant (v. c. m.); avèneynent ; avenue chemin , AVIVES, vfr. vives, glandes à la gorge des
par où l'on arrive. chevaux. Nicot « Avives pour eaux vives,
:

2. AVENIR, subst., de à venir, comme car les chevaux communément prennent ce


affaire de à faire. mal par boire des eaux vives, comme on voit
AVENT, pr. l'avènement (de Jésus-Christ), à Estampes. » Les Italiens disent vivole.

.

du L. adventus. AVOCAT, L. advocatus, appelé en aide,


AVENTURE, voy. avenir. — D. aventurer, D. advocacie*, d'où avocassier, avocasser,
risquer, aventureux, -ier. — C mâs-aventure avocasserie. —Avocat est très ancien dans la
AVERER, certifier, constater, du L. verus, langue, mais n'en est pas moins un terme
vrai. De là avérage, la moyenne constatée. savant la vraie francisation de advocatus est
;

AVERSE, de à verse, voy. verser. avoué, qui anc. signifiait protecteur, défen-
AVERSION, L. aversio, éloignemcnt (de seur, particulièrement des droits d'une église
avertere, détourner). Cp., pour le sens, répul- ou fondation. Cfr. ail. vogt, de vocatus.
sion de repellere, repousser. AVOINE, aveine, L. avena.
AVERTIN, vertige, do avertere, détourner, AVOIR, AVEIR*, L. habere; part, eu,
égarer. p. ë-ii, de habutus, forme barbare p. habitas

AVERTIR, L. advertere, tourner ou faire (cfr. voir, vu p. vëu, do vidutus). D. avoir, —


tourner (l'attention) vers. — D. avertissement. ^= bien, richesse, employé dans
infinit, subst.
ce sens déjà dans les lois de Guillaume.
AVET, espèce de sapin, du L. abietem.
AVETTE', voy. abeille. AVOISINER, être voisin.

AVEU, voy. avouer. AVORTER, esp. port, abortar, du L. abor-


AVEUER ou AVUBR, tenir en vue, suivre torc (Varron), fréq. de aboriri; l'anc. forme
do l'œil, dér. de veue* vue. abortir, prov. abordir, it. abortire, procède

AVEUGLE, vfr. aveule,


,

it. avocolo, vocolo,


directement du L. abortire. — D. avorte-
ment, avoi'ton..
se rapporte à un mot barbare
yeux, formé d'après l'analogie do ab-normis,
ab-oculus, sans
AVOUÉ, voy. avocat. —
D. avouerie.
a-mens. Le grec du moyen âge avait de même AVOUER, prov. avoar, pr. accorder, con-

ÙTrd/x/xxTOi pour i^6/x/j.oczoi. —


D. aveugler ; anc.
sentir, puis reconnaître, confesser; de ad
votum selon le vœu (voy. ce mot) le subst. ;
aussi aveuglir, devenir aveugle.
AVIDE (mot savant), L. avidus. — D. avi- fr. aveu paraît plutôt le primitif que le dérivé

du verbe avouer. Gachet, se fondant sur le


dité, L. aviditas.
sens reconnaître, donné souvent au verbe
AVILIR, rendre vil. — Cps. ravilir.
advocare dans la basse latinité, prend ce der-
AVINER, imbiber de vin. nier pour le primitif aussi bien du verbe
AVIRON est généralement tiré de virer. avouer que du subst. avoué, et rejette l'éty-
Grandgagnage, à cause de la forme naviron mologie ad-votmn, proposée par Raynouard.
qu'a le wallon, et remarquant que l'aviron ne
sert qu'accessoirement à virer, dérive aviron
Diez .se rallie à l'opinion de Gachet. G. —
désavouer, ne pas avouer, no pas justifier ou
de navirer, naviguer; il ne tient pas compte ratifier.
de l'apocope de l'initiale, bien qu'il eût pu AVRIL, L. aprilis. — D. avrillet, blé semé
alléguer l'angl. apron p. napron et autres cas en avril.
de ce genre. Littré oppose à cette étymologie AXE, L. axis.
que aviron est trop ancien dans la langue AXILLAIRE, du L. axilla, aisselle.
pour permettre cette explication. En effet, il AXIOME, gr. i^i'uy.u, proposition.
est probable que le wallon naviron, aviron, AXONGE, L. axungia (de axis -\- imgere),
n'est qu'une assimilation au naviron du même graisse p^our les essieux.
dialecte signifiant nageoire. AZALÉA, du gr. ù{,ot.lioi, sec.
AVIS, opinion, manière de répond, voir, AZIMUT, de l'arabe al-semt, assemt, le
comme il ressort des anciennes formules « il : chemin. Voy. aussi zénith.
m'est vis, m'est avis», au participe arfuzstfm, AZOTE, terme chimique tiré, un peu mala-
forme composée de visum, donc ce qui est droitement, du gr. 5^wî;, sans vie, l'azote
vu, ce qui semble. Quant à avis, avertisse- étant impropre à la respiration
ment, c'est le subst. verbal de aviser. AZUR, it. azurro, BL. lazur, lazurius,
AVISER, d'abord voir, apercevoir, puis voir ^ajuZiim; aujourd'hui, les naturalistes nom-
avec attention, examiner, réfléchir (de là ment cette pierre lapis lazuli ou lazuUte.
avisé, réfléchi), puis pourvoir, puis avec un Le mot vient du persan lajouward, pierre
rég. direct personnel, faire voir à, instruii^e, bleue, par l'arabe lâzoevoard (adj lazouwardi ; .

conseiller (de là aussi s'aviser, d'abord se faire 1'/initial, ayant été pris pour l'article, a été
voir une chose comme bonne ou possible, puis retranché comme dans le fr. aveV de lapillus,
prendre une résolution) du BL. advisare, ; once (it. lonza) de lynx, it. usignuolo de lus-
forme dérivée de BL. advidere. D. avis (v. — ciina, etc. —
D. azurer.
c. m.). — C. raviser. AZYME, du gr. û^v/ioi, sans levain (^û/*>î).
,

BAC — 40 IJAC

B
Babeurre, mot doriginc incertaine. Piez BACCALAUREAT, voy. bachelier.
le rapporte à battre le beurre, d'antres à bas BACCHANALES, L. bacchanalia [X^accXm?).
beurre ; Littré voit dans bu le préfixe péjora- BACCHANTE, L, bacchaus (Hacdiusl
tif bes (v. barlong). L'étymologie de Diez est BACHA, voy. pacha.
i\
apjinyéo par la forme wallonne bat l'bùr. BACHE: l'idée de voûte ou de creux, notam-
BABICHE, corruption de barbiche. ment dans l'acception de caisse vitrée, cngîige
BABILLER, mot naturel, qui so retrouve à prêter à ce mot une origine connu une avec
partout et procède des syllabes iniitatives ba bac. —
L'acception ^ grosso toile dt)nt on
ba ba, qu'émet l'enfant en s'eflbrçant de par- recouvre les voitures » ast également propre
ler; cp. en angl. babble, en ail. babbeln, à vache (voy, ce mot dans Littré sous lo
en grec ^îaSi^îiv. Il n'est pjus besoin, pour n° 10) elle aj)partient donc prob, à un homo-

;

expliquer ce vocable, de recourir, avec Nicot, nyme. D. bâcher.


à la villcde Babel « ubi exstitit linguarum BACHELETTE, voy. l'article suivant.
confusio ". Les efforts de Ménage, qui, par- BACHELIER, bachelcr, bacelcr', it. bacca-
tant de bambin, pose la succession do formes lare, prov. bacalar (les formes it. bacceliere,
suivantes: bambino, enfant, bambinare, bam- esp. baclUller, port, bacharel, se sont pro-
bimilure, bambillare, bnbillare, .sont égale- duites sous l'influenco du mot françai.s) HL.
ment en pure perte. —
D. babil, babillard, baccalarius. La signification primitive do co
;

babilla//e. mot est, selon Diez, propriétaire d'jine métai-


BABINE, lèvre de singe ou muflo do vache, rie (HL. du ix" siècle baccaUiria) ; elle s'éten-
probabl. un mot imitatif; milanais babhi, dit ensuite au jeune chevalier, (pii, trop
cfr. on ail. populaire iâ;/jor, gueule. pauvre ou trop jeune pour avoir sa propre
BABIOLE ; ce vocable appartient à la même bannière, se rangeait sous celle d'un autre ;
racine (pie les mots latins babulus, baburrus, puis au jeune homme (pii avait acquis la di-
insen.sé, baburra, .sotti.se, it. babbeo, babbac- gnité inférieure à celle de maitre ou do di)c-
do, etc., sot, babbole, babioles. De la même teur ; en dernier lieu, le terme (surtout l'angl.
famille sont cymr. baban, enfant, angl.
irl. et bacheloi-) est devenu .synonyme de garçon.
babe, baby. Voy. aussi bambin. Comme il a été plus tard lati-
ternie d'école,
ni.sé et ti'ansfoi-mé en baccalaureus « do bac-
BABORD, de l'ail, bahbord, bord ou cMé ,

de derrière, « parce que lo pilote condui.sant charo (gantelée) o do sempre verdo louro »
le gouvernail tourne le dos au c«)té gauche du
(Lusiade, 3, 97), d'où le subst. baccalauréat.
navire " (Diez et Grimm). Litti'é explique le Quant à l'étymologie, on en avait proposé
divei-ses, naturellement .sans s'inquiéter dti
mot allemand par bord du château d'avant,
« parce que, dans les anciennes embarcations développement des sens, tel qu'il est présenté
du Nord, le château d'avant était sur la gau- ci-dessus, entre autres : bas-chevalier, puis
che ". Kiliaen backbord, navigii sinistra
:
L. ou plutôt le gaél. bachali (irl.
baculi'.s

pars pars navigii quie furnum et focum con-


:
bacaï), bâton (comme signe de la dignité),
tinet. Cette définition parait l'attacher bach à mais ce ne sont là que de vaines tentatives,
ail. baehcn, cuire,
que n'autorise nullement l'histoire du mot. Le
BABOUCHE, de l'arabe bàbusch, qui vient
mot baccalaria, métairie, d'où part Diez,
du \)vv)ii\i\ pâpusch, litt. vêtement de pied.
rapproché de baccalator =
vaccarum custos,
renvoie naturellement au mot bacca, employé
BABOUIN, espèce de singe, puis figure gro-
au moyen âge pour vacca. D'autres étymolo-
tesque, it. babbuino, esp. babuino, ail. ba-
gi.stes, et avec rai.son peut-être, partent de la
vian, 'pafian, BL. babouinus, babericynus
rac. cclticpie bacli, petit, jeune, d'où se dé-
Ce mot étant aussi appliqué aux enfants
duisent naturellement les vieux termes ba-
faut lui supposer une
badins et étourdis,
origine commune
il

(rac. bab) avec babiole. Dau-


chele, bachelette =
jeune fille, servante ; et
baceller, faire l'amour, commencer son ap-
nou (Histoire littéraire, t. XVI, p. 39) dit que
prenti.ssagc (vfr, bachelarje). Bachele, à son
tracer ou peindre les figures marginales sur
tour, engendré la forme bachelier.
aurait
les manuscrits s'appelait babuinare, et que
" On en Picardie baichot, et en
dit encore
babouin avait, au xiii* siècle, la valeur de
Franche-Comté paichan pour petit garçon »
hrnnuncio, petit bonhomme. Cette valeur
d'enfant se trouve encore dans le dérivé eni-
(Chevallet). —
Littré remonte avec Diez à
baccalaria, domaine rural, mais il préfère
babouiner, déterminer à quelque chose à
force de cajoleries. —
Rappelons encore qu'en
dériver celui-ci dos mots celtiques bachali,
bacal, bâton, pièce de bois. Il aurait pu invo-
vfr. baboue signifiait à la fois moue, grimace,
quer en sa faveur l'origine analogue de ba-
croquemitaine et bagatelle, babiole.
raque et de bordel (maisonnette).
BAC, du néerl. bah, auge, ou du breton
bag, bah, barquette. —
D. dimin. baquet,
BACHIQUE, L. bacchicus (Bacchus).

bachot, bachotte. —
Bac est probablement BACHOT, voy. bac. D. bachoteur.
aussi le primitif de bacin , orthographié plus BACLER, prov. baclar, pr. fermer (une
tard bassin (v. c. m.). porte) avec une barre do bois, du L. bacnliis
.

BAG 1 — BAI

bâton. Cp. barrer do barre, et le wallon aslo- bac/i, \)o.iit, ou à l'arabe bagez, honteux, ou
ker, m. sign., do l'ail, stock, bâton. Lo circon- bàgi, ])rostituéo.
flexe n'est pas motivé par l'étymologio. D. — BAGATELLE, de l'it. bagatclla. Ce dernier
dcbàcler, pour ainsi dire dés-obstruer, débar- suppose un \sv\m\ï\ibagatta ou baghetta, qui à
rasser. son tour, d'après Diez, est dérivé de baga,
BACUL, croupière, bat-cul. = vieux mot roman que nous avons indiqué
BADAUD, voy. bayer. — D. badauder, comme primitif de bagage. On trouve, en
badav.dcrie. effet, dans le dialecte de Parme, le mot ba-

BADIGEON, mot d'introduction moderne. gâta, avec le sens de petite chose.


Bûggo (Rom., IV, 351) est porté à le rattacher BAGNE, it. bagno, esp. bano, lieu où l'on
à l'ail, butze (accusatif batzeri), masse, pâte, renferme les esclaves ou les forçats, propr.
matière adhérente mise en une masse et = bain. On prétend que le cachot des esclaves
comme pétrie ensemble; verbe batzen, adhé- à Constantinoplo ayant été établi par les
rer. — D. badir/eonner Espagnols dans une maison de bains, le nom
BADIN, voy. bayer. —
D. badiner, -âge, pour bain a reçu sa signification actuelle.
-crie ; badine, canne mince et souple, servant BAGUE, anneau. Du L. bacca, signifiant
à s'amuser plutôt qu'à se soutenir ou se dé- perle, globule, anneau de chaîne. Ce même

fendre. mot latin, toutefois, dans son sens propre de


BAFOUER est une forme dérivée d'un pri-
menu fruit, baie, a pix)duit le fr. baie, it,
bacca, esp. baca, port, baya, prov. baca,
mitif baff'er ou bcff'rr, analogue à it. bcffare,
esp. brfar [anc. bafar), qui signifient railler.
baga. D'autres citent, comme primitif de ba-
Les subst. sont gue, l'anglo-saxon beag, beah, couronne, an
it. beff'a, esp. bcfa, prov.
:

neau, collier.
bafa, et vfr. baffe, beffe, raillerie (vfr. baffe,
aussi soufflet). L'origine de ces mots est pro- BAGUENAUDE, d'où baguenaudier en bo ,

tanique colutea vesicaria baguenauder, pr.


bablement germanique, cfr. le bavarois bef- ;

faire claquer dos baguenaudes, fig. s'amu.ser à


fen, ni. baffen, aboyer, clapir, bougonner
des choses frivoles baguenauderie, futilité.
(Grimm consigne une forme dérivée ba'fzen). ;

D'origine inconnue. Ménage, dans son em-


Diminutif de beffer : vfr. befler, angl. to baffle.
barras, s'est amusé à enchainer bacca, bac-
:

BAFRER, d'où le subst. bâfre. Ce mot appar- cana, baccanalda. Avec ce procédé-là, on est
tient sans doute à la même famille que bave, toujours sur d'aboutir.
gourmand. En Hainaut on
cfr. le pic. bafe,
BAGUER, anc. lier, attacher, trousser, se
dit bafrcux, en Piémont bafron, pour glou- rattache à bague, faisceau, mais en est-il do
ton. —
Dans le Novum Glossarium de Diefen- mèine de baguer, coudre à gros points?
bach (1867) on trouve : L. bafer, grossus, BAGUES, voy. bagage.
agrestis, corpulentus. Il pourrait bien être lo
BAGUETTE, comme l'esp. bagueta, vient
primitif de bâfrer, s'engraisser. Divers — directement, parait-il, de l'it. bacclieita(^^\m\\\.
dialectes du nord de l'Italie ont baffa, bafa,
àebacchio, bâton =L. baculus):, cependant,
au sens de flèche do lard, tranche de lard, le cch rendu par g est contre l'analogie de
substance graisseuse. Voy. Mussafia, Bei- raquette de racchetla.
trag, etc.. p. 31.
BAHUT correspond à l'it. baûle, esp. baïd,
BAGAGE, terme collectif dérivé de bague, port, bahid, prov. baûc. Les formes avec la
faisceau, harde (cfr. la locution : se retirer finale l font incliner pour l'étymologio du L.
bagues sauves). Quant au mot bague (en BL. bajulus, porteur, déjà proposée par Nicot
baga signifiait aussi coffre), on lo retrouve (cfr, it. gerla, corbeille, pour gerula, de
dans le gaél. bag, cymr. baich, bret. beach, gerere, porter); il faudra alors admettre avan-
fardeau, paquet nous citons encore les
; cement do l'accent tonique de l'antépénul-
verbes gaél, bac et vieux nordique baga, sign. tième sur la pénultième, comme on le trouve
embarras.ser, impediro. Il n'est pas nécessaire, dans esp. casulla, du L. casula. Il faixt observer
on le voit, de dériver bague de l'ail, pach, que le t final dans baliut, étant d'introduction
d'où le fr. paquet. postérieure, ne peut être invoqué contre cette
BAGARRE, tumulte, encombrement. Ce étymologie. Ménage, Chevallet et autres font
dernier sens engagerait à le rattacher aux venir bahut, du vha. behuotan (ail. mod.
verbes cités sous bagage, et signifiant » en- behiïten), garder, «conserver Mahn invoque
;

combrer ». Partant de la signification que- le subst. mha. behid, garde, magasin en


;

relle, Diez cite le vha. bàga, dispute, que Che- tout cas, cette étymologie ne pourrait conve-
vallot aurait bien fait de ne pas mettre en nir qu'aux formes fr. et prov.
rapport avec balgen (se chamailler), ce der- BAI, it. bajo, esp. bayo, prov, bai; du L.
nier appartenant à une racine toute différente. badius, brun, châtain (Varron). De là le
BAGASSE, vfr. baiasse, d'abord servante, dimin. baillet, roux tirant sur lo blanc ;

puis mauvaise femme, it. bagascia, esp. ba celui-ci est fait d'après un type latin badio-
gasa. Si l'on ne veut pas décomposer ce mot lettus. Baillet, toutefois, pourrait aussi, d'après
en bague (v, pi. h. sous bagage) -\- la termi- Diez, être un dimin. du L. balius ; cp. balio-
naison asse =
lat. acea, et y voir, quant au lus, brun marron, dans Plauto.
sens, une analogie avec le terme injurieux 1. BAIE, petit golfe, it. baja, esp., prov.,
des Allemands lumpenpack, on peut avoir
: sarde bahia. Isidore hune portum vetercs a
:

recours au cymr. bâches, petite femme, de « bajulandis » mercibus vocabant bajas. Cela
.

BAI 42 BAL

n'est guère vraisemblable. Frisch, prêtant au BAILLON, accuse un type latin baciilo, gén.

mot fondamental d'ouverture, le rat-


le sens -onis, tiré de baculus, bâton. Cependant, le

tache à bayer, de badare. Cette manière de Bli. badallum porte à croire que le mot est
voir est corroborée par l'existence dune forme un dérivé do bâiller : donc propr. ce qui tient
catalane badia. D'autres prennent bahia pour la bouche ouverte. —
D. bâillonner.
un mot basque, qui aurait aussi donne le nom BAIN, it. bagno, esp. bano, prov, banh,
à la ville de Bai/ona, qu'ils décomposent en du L. balneum, avec syncope de l.' T). bai- —
baia, poi-t, et cma, bon. D'autres, enfin, citent, gner, L. balneare.
avec raison peut-être, les mots celtiques badh BAÏONNETTE. Cette arme tire, dit-on,, son
ou bar/h, qui signifient la même chose. Littré nom de Bayonne, parce que, selon quelques
se décide pour Bajae, lieu agréable sur la auteurs, elle fut employée en premier lieu à,
côte de la Campanie, qui atirait fini j)ar l'assaut do cette ville en 1665 selon d'autres,
;

prendre le sens de tout lieu maritime agréable l)arce qu'elle y fut inventée (selon Hey.se, en
et enfin celui de refuge pour les marins.
1640). — Quoi qu'il soit de l'étymon
L'accentuation esp. bahia est expli(piéc par Bayonne, l'existence de la baïonnette et do
la forme gr. ,3acai. —
L'étymologie, ^a.v baie,
son nom est constatée dès 1575. D'autre part,
ouverture (v. c. m.), conviendrait pour le il faut aussi tenir compte de co que l'on trouve
sens, mais pour la lettre, il y a cette diffi- dans Cotgrave (1611) à l'article Daionette :
culté qu'au VI® siècle, dans le glossaire d'Isi- u A kind of small flat pocket dagger, fur-
dore, le dérivé de badare se .serait présenté, nished with knives, or a great knife to hang
non pas la forme do baia, mais sous
at tho girdlo like a dagger; baienier, un
.sous
celle de bada. Grimm ramène le mot à la
arbalo.stier. »
racine
plausible.
ail. biegen, courber, ce qui n'est pius
BAISER, L. basiare. — D. infin. -subst. bai-
ser; baisotter, baisure.
2. BAIE, menu fruit, du L. baca (forme
secondaire de bacca), m. s. Voy. bagw;.
BAISSER, voy. bas. — D. baisse, baissier,
baissi(^e ; composé abaisser (v. c. m.), sur-
3. BAIE, ouverture (cp. ail. beie et angl.
baisser.
bay, fenêtre), do baya-, être ouvert (v. c. m.).
BAJOUE, selon Littré do ba, préfixe péjo-
4. BAIE, tromperie, mystification, pr.
ratif, et joue.
vaine attente, do bayer, tenir la bouche ou-
BAL, subst. verbal do baller (v. c. m.).
verte, attendre vainement.
BAIGNER, voy. bain. — D. baigneur, -cire.
BALADIN, voy. baller.
BALAFRE Dkîz, rappelant les formes wall.
;

BAIL, donner, prêter, louer,


pr. action de
berlafe (Hainaut), milan, barlcffi, it. sberleffe,
subst. verbal de bailler, donner. Il existait prend ce mot pour un composé de la parti-
dans l'ancienne langue un autre subst. bail, cule j)éjorative bis, ber (voy. sous barlong) et
avec la signification de tuteur, pi-éceptcur, le vha. leffur, lèvre. L<^re serait alors pris
administrateur; ce dernier correspond à it. dans le sens fig. do plaie béante, comme le
bailo, balio (Dante balia, nourrice), esp.
gr. x''^'»» ^^ balafre signifierait litt. mau-
:

bayle, port, bnilio, prov. baile; c'est le primi- vaise blessure. Dans le patois de Champagne,
tif : 1) du vieux verbe baillir, it. balire, prov.
on pour mal à la lèvre.
dit berlafre Selon —
bailir, administrer, gouverner, traiter, d'où Grandgagnago du wallon lafrer, gàt«r, et
:

vfr. bail, tutelle, et baillie, it. balia, esp. et


le préfixe bar, de travers, donc une blessure
prov. bailia, administration, garde, pouvoir,
domination et ressort d'une juridiction ; 2)
oblique — D. balafrer.
BALAI, d'où balayer ; la signification pri-
du subst. bailli, anc. baillif (fém. baitlive),
mitive de balai e-st verge, rameau, particu-
angl. bailif, it. balivo, prov. bailien, d'où
lière aussi au prov. balai (verbe balaiar,
bailliage; enfin 3) du verbe bailler, donner à
rtagcUer, recurer). Dans les patois, on dit
administrer, mettre en main, confier au soin,
balai pour genêt. L'origine est prob. celtitiuc.
puis par extension donner, livrer en général,
On trouve cymr. hala, taillis (pluriel balaon,
d'où bail, dans l'acception encore usuelle de
bourgeons d'arbre), bret. balaen, balai (de là,
ce mot. Quant à l'origine de bail, tuteur, on
peut-être, la forme balain employée i)0ur
admet généralement comme telle le L. baju- flagellum dans le Livre des Rois). Xivçi.balan,
lus, porteur, qui dans la basse latinité avait
pris l'acception de « custos » ou " psedago-
genêt (cp. en angl. broom =
genêt et balai).
La tei-minaison ai n'étant pas appliquée en
gus » élargie plus tard en celle de « procu-
,
français à la formation de substantifs, Diez
rator, œconomus, gubcrnator " (BL. bajnlare
est d'avis que balai a été tiré tout fait de
= officiicm gerere).
quelque dialecte celtique. Voy. aussi —
BAILLE, baquet (terme de marine), du BL. balayer.
bacula, bada, dimin. de bac (v. c. m.).
esp. baîax,
BALAIS (rubi.s), it. balascio,
BAILLER, anc. baailler, it. badigliare, prov. balais, balach, de BaJaschan (Balaxiam,
prov. badalhar, extension du type badare, auj. le khanat de Badakschan), près de Sa-
qui a donné béer et bayer (v. c. m.). Composé markand, lieu où cette pierre précieuse a été
entrc-bàiller découverte. Voy. Ducango, v° balasciis.
BAILLER, voy. bail. BALANCE, it. bilancia, esp., milan., vénit.
BAILLET. voy. bai. balanza, prov. balans, du L. bilanx, gén.
BAILLI, BAILLIAGE, voy. bail. -ancis, litt. « qui a doux plateaux » Du même .
. . . à,

BAL — 43 - BAL
primitif s'est produit lo terme technique com- de p initial en b en esp. et en fr. est trop rare
mercial bilan, qui signifie la balance entre pour oser l'admettre en notre cas. Chcvallet
doit et avoir. —
D. balancer, -ter, -oire. — invoque le ni. balie, cuve, mais à part qu'une
La syllabe protonique ba p. bi estconforme cuve n'est pas une tonne, les Néerlandais n'ap-
aux habitudes du roman ; cp. calandre, de pliquent jamais ce mot à une balise (perche,
cylindrus et voy. barlong. tonne). — D. baliser.
BALANDRAN ou balandras, it. palan- 2. BALISE, BALISIER, t. de botanique;
drano, " veste lunga e larga ", dérivé de étymologie inconnue.
pakaidro « vestito d'uomo con molta falda », BALISTE, L. ballista (de /3à)i).stv, lancer).
BL. " balandrana et supertoti », balandrans BALIVEAU, vfr. baiviau, boiviau, BL. bai-
et surtouts (Règle de saint Benoit, 1226). vellus, -arius ; d'origine inconnue. On soup-
D'origine inconnue. Schuchart y voit des çonne quelque rappoxt avec bajulus, porteur,
vêtements de gens mal famés et voudrait soutien
l'attacher ces mots à lat. balatro, it. balan- BALIVERNE. Origine obscure. Nous lais-
dron, dans les patois balandrù, fripon, vaga- sons à Ménage la responsabilité de la filiation
bond. suivante bajulus, bajulivus, bajulivarius
:

BALANDRE, it. imlandra, BL. palandra, bajulivarinus. Baliverne serait ainsi un dis-
bâtiment de transport. D'origine inconnue. cours de portefaix ou crocheteur (bajulusj !

N'est-ce pas le même mot que bélandre? On va loin avec ce système de Ménage, mais
BALAUSTE, fleur du grenadier sauvage, on est sûr d'arriver. Dochcz, lui, fait plus
L. balaustùmi (,5z/aÙ7Tiov).Voy.aiissi balustre, cavalièrement venir baliverne de baver! —
— D. balaustier. En vénitien, baliverna signifie une masure.
BALAYER, voy. balai. Il se peut que ce BALLADE, voy. bailler.
verbe, plutôt que d'être tiré de balai, en soit BALLAST, mot ail. (aussi angi. et néerl.),
le primitif et que, comme les foi'mes baloier, signifiant lest etque Mahn, contrairement'
balier =
balaier, il soit identique avec le d'autres opinions qu'il réfute, décompose par
verbe vfr. baloier, se remuer de côté
balier, beal, mot irlandais signifiant sable, et last,
dans les airs. Pour
et d'autre, voltiger, flotter poids, charge.
la forme, cp. frayer =
froier ; naier (dial.) == 1. BALLE, it. balla, palla, esp., prov. bala,
nier, noier (negare). Quant au rapport des globe, boule, paquet de forme ronde; du vha.
acceptions, cp. en ail. schwanken, flotter, balla, palla, môme sign. Dérivés 1. it. bal :

vaciller et schwenhen, nettoyer, rincer. Seu- lone, esp. balon, fr. ballon; 2. ballot; 3. dé-
lement, dans cette hypothèse, déjà émise par baller, emballer.
Littré, il faudra séparer les mots celtiques 2. BALLE, BALE, pellicule qui recouvre
allégués à propos de balai comme non con- l'avoine, l'orge, etc.; on a propo.sé le latin
nexes avec le verbe et formant un groupe à palea, paille, l'ail, balg, peau, enveloppe, et
part. le cymr. ballasg, peau, glume, gousse. Toutes
BALBUTIER, mot incori'ectement tiré du étymologies sans solidité; voy. plus bas balier.
L. balbutire.W se peut que le vei'be ait été fait BALLER (mot vieilli), danser, L. ballare{gv.
directement sur le subst. balbutie •= BL. fix\\(^, fioi.llil,u) —
D. subst. verbal Z;a/, danse;
balbuties, tiré lui-môme d'un primitif fictif ballet, dimin. de bal; ballade, pr. chant accom-
balbutiis. —
Le vfr. disait bauboyer, -ier, d'un pagné de danse, d'où baladin, anc. balladin,
type balbicare (L. balbus). pr. dan.seur de profession sur les théâtres pu-
BALCON, it. balcone, esp. balcon, port, bal- blics, puis danseur grotesque. L'ail, bail est
cao; du v\\a. palcho, balcho (ail. mod. balki'), tiré du roman; Chevallet a pensé le contraire,
poutre. Dans cette dernière accep-
{[ui signifie Wackernagel, suivi i)ar Burguy, met le verbe
tion on rencontre en })icard banque, régulière- balier en rapport d'origine avec le jeu de
ment foi'mé de l'ail, balke. Quelques-uns pré- paume, jeu de balle. Nous pensons qu'il se
fèrent l'étymologie du persan bàla hhanch, ti'ompe. Notre mot balier, baler, appartient
chambre ouvei'te au-dessus de la grande au même radical exprimant " remuer, vacil-
entrée ler», qui .se trouve dans vfr. baloier, men-
BALDAQUIN, anc. baudequhi, it. baldac- tionné sous balayer et qui se retrouve encore
chino, esp. baldaquin, de Baldacco, forme dans notre fr. ballant =
oscillant. On le voit
italienne du nom de la ville de Bagdad, d'où encore dans le vfr. baler secouer, vanner,=
employée
se tirait l'étoffe, tis.sée d'or et de soie, et je suis porté à croire que notre baie, balle 2
à la confection des dais. Le mot ancien baudc- (enveloppe des grain.^), dont on ne connaît pas
quin, angl. bawdkin, s'appliquait d'abord à l'origine, n'est autre chose que le subst. verbal
rétoff"e. de ce verbe baler et signifie le produit de
BALEINE, L. balœna. —
D. baleineau, -ier. l'opération du vannage, c.-à.-d. la paille qu'il
BALEVRE, anc. lèvre en général; prob. détache du grain.
formé, comme bajoue, balafre, au moyen du BALLET, voy. balier.
préfixe ])éjoratif ba ï= bar, bcr. BALLON, voy. balle, L— D. ballonner.
1. BALISE, terme de marine, anc. aussi BALLOT, voy. balle, — D. ballotter, se
1.
balis, es[). balisa; l'étymologie est très incer- renvoyer la balle. Dans lo sens de donner :

taine : un type àe palus, pieu,


latin palitia, des suffrages, ce verbe vient du subst. ballotte,
poteau (cp. palissade) satisferait pleinement, petit bulletin, ou petite boule de diverses cou-
mais, comme remarque Diez, l'adoucissement leurs, servant à tirer au sort dans les élections.
BAN' 4i — BA-\

— L'accciitiou « nfjritcr on sens cuiitraiiv " so contre dans le latin du moyen âge les termes
ramène facilement au sens propre se renvoyer banni'.m, bandi^im odictum, interdictum,=
la balle,mais elle ixmrrait tout aiissi bien se bandire, bantiire == edicere, citaro, rolegare.
rattacher au radical bal, marquant « agitation, Ils sont d'origine germanique et viennt-nt du
fluctuation " et traité sous baîler. gothique bandvjan, désigner, indiquer, subst.
BALOURD, direct, de l'it, balonlo. Le prc'^- bandva, signe; la forme secondaire, sans (/,
flxc ba est le même (juc nous avons relevé bunrja)i, .semble avoir déterminé la forme
sous bajoue, balècre et (pii est aussi propre à romane bannir pour bandir. Directement,
barhtme, lueur
l'italien (cp. faible). — D. ba- cependant, le roman doit avoir, selon Diez,
lourdise. emprunté le mot à quehpie dialecte où le v
BALSAMINE (le wallon a transformé ce mot dos formes gothifpies s'est eflàcé. La forme
en bcitjajnhw, rouclii bfljaminc),^v. ^sa/Tayiv/;; ail. bannen, (pii a la valeur de edicere, intcr-
bahamiqm\ balsamicus {balsamum, baume). dicere, prohibere, expellere, ne peut être le
BALUSTRE, it. balaustro, esp. balaustrc, primitif immédiat il aurait donné bannn\ :

pr. i)etite colonne d'ornement, du L. balaii- non bannir bandir. De baïuiiim ou bandiiim
stiian (j5aiaûïTiov), fr. balauste, it., c^p. balaii- vient le vfr. bando», (jui signifiait : 1. ban,
stra, calice de la fleur de grenade. Cette éty- j).ex vendre gage à bandon; 2. gré, merci,
:

mologie est fondée sur (juelqnc re.s.scmblance p. ex tôt à vostro bandon. De cette locution
:

de forme entre les deux choses. Pour Wedg- adverbiale à bandoii s'est formé le verbe aban-
wood, la forme se<'ondaire csp. baranslc est donner (v. c. m.). Composés de bannir ou
la bonne; d'après lui, le mot vient de ba7-a ou bandir : 1 l'anc. verbe forbannir, reléguer du
.

rrtj'a, veigc, ])erclie, de même ipie baratida, l)ays par un édit public (for fonus, dehors), =
barandilla garde-fou
,
barandado balus-
, , d'où le subst. forban, d'abord action de for-
trade. Mais comment expliquer la terminai- bannir, puis celui qui est l'objet de cet acte :

son listef L'r après t est épenthéti(iue comme exilé, pirate ; 2. it. contrabbando, litt. contre
dans it. giostra (joute), fr. registre, etc. — la loi, d'où fr. contrebaiide ; 3. arrit^re-ban
D. haliistrade, it. balaustrata. (v.c.m.). — D.
de ban dans le .sens de « publi-
BALZAN, vfr. bançant, marqué de blanc, cation du seigneur féodal pour .se faire rendre
bigarré de noir et de blanc, it. bahatio, prov. les honunugcs ou lui payer les redevances »
bausan; d'après Diez de l'it. balsa, bordure, vient l'adj, banal, désigné par le .seigneur pour
frange, walaquc balts, lacet, que l'on rattache l'usage de tout le monde, commun, vulgaire.
au L. balteus, ceinture. Cette manière de voir BANAL, voy. ci-dessus, .sous ban. D, —
.se confiiTTie par la valeur de balzatic, taclu^ banniitii.
blanche cii'culaire. D'autres proposent l'arabe BANANE, BANANIER, mot d'origine in-
bàlthasan, iK)unu du signe de beauté; mais dienne.
notre mot man([uantà l'espagnol, on peut dou- BANC, it., esp., port, banco, prov. banc, du
ter de la provenance arabe. —
On a toutefois, vha. banch. Outre la forme masculine, il s'es(
en dernier lieu aussi cité arabe ablaq, fém bal-
, . produit une forme féminine : it., esp., port.,
qua', plur. bolq, selon Freytag nigro alboquc = prov. banca. L'it. banca désignait le siège, le
colore varicgatus; fin-as balqite, jument bal- comptoir où les baïupiiers s'asseyaient dans
zane. Cet étymon ])ourrait bien l'emporter sur les ])laces de commerce; do là le fr. banque.
celui de Diez. —
Chevallet place le mot dans' — D. banquet (v. c. m.) et banquette.
l'élément celtique, et allègue le breton bal, BANCAL, BANCROCHE. Les étymologistcs
tache blanche au front des animaux, mais il nous laissent au dépourvu sur ces deux
pas.se sur l'élément ^ ou {•, qui cependant termes. Nous sommes étonné de no pas voir
veut être expliqué. Ménage proposer à sa manière l'enfilade sui-
BAMBIN, de lit. barnbinn, comme bambo- vante L. valgus (qui signifie bancal), valcalis,
:

che, marionnette, de lit. baniboccio, tous deux vancalis, bancalis, bancal! En attendant
dérivés de bambo, eiifantin, puéril. Tous ces mieux, il faut s'en tenir à l'étymologie fondée
mots ont une origine commune avec L. bam- sur l'expression populaire " avoir les jambes
balio,surnom romain, et le grec ^îstaSa/o;, «pii en pieds de banc », les pieds d'un banc étant
bégaye. La racine est bab; voy. babiole. rapprochés par le haut et éloignés par le bas
BAMBOCHE, voy. bambin. L'acception dé- (Littré, suppl.).
bauche, rijjaille, dérive, je pense, de l'idée de 1 . BANDE, pièce d'étoffe coupée en longueur
puérilité, pétulance juvénile. D. bambo- — et servant à lier; it., esp., prov. banda; du

cher. —
Le terme bambocJiadc est tiré de l'it. goth. bandi (fém.), ou du vha. band (neutre),
bambocciaia, peinture à la manière de Pierre lien, ou, en ce qui touche les formes avec e
do Laer, surnommé, à caiise de sa personne, (it., prov. benda, esp. venda), de l'ail, bifide,

Bambocdo (i)oupée). m. s. —
Dimin. bandeau, bandel', d'où ban-
BAMBOU, mot d'origine indienne. delette ; ""bandier, d'où bandereau.
BAN, prov. 6a», it., esp., port, bando, pro- 2. BANDE, troupe, compagnie, est le même
clamation publique ; de là les verbes it. ban- mot que le précédent, du moins il se rattache
dire, esp., prov. bandir,iv. bannir, pr. publier évidemment à l'ail, binden, lier, réunir. Il
à son de trompe, d'où s'est produit le sens peut aussi avoir été introduit sous l'influence
spécial de proscrire. It. bandito désigne un dr l'ail, band, dans son acception do drapeau
homme mis au ban, un proscrit, un brigand; (BL. bandum, voxillum). L'ail, mod. bande
de là notre bandit. De bonne heure on ren- est repris du français.
. .

BAN 45 BAR
BANDER, serrer avec une corde, mettre un c'est donc en partant de ce sens qu'il faut
bandeau ; de bande 1
se bander, se roidir ; chercher l'étymologie du mot, qui n'est peut-
Pour le sens tendre, roidir, il se déduit de être pas français d'origine ». A mon avis, —
bande de la même manièi^e qu'en angl.sirî??^ ce qui vient à l'appui de la thèse du profes-
signifie à la fois corde et tendre, serrer ; com- seur de Berlin, c'est l'analogie du vfr. convi,
parez encore en allemand le rapport entre qui, à son sens naturel « invitation, appel »,
strich, corde, et strechen, tendre, ou entre joignait celui de « fe.stin, banquet » (Godefroy
strang, corde, et an-strengen, tendre, faire en donne de nombreux exemples, et Littrô
faire un effort. —
D. bandage (d'où banda- lui-môme cite de Commines « les convis et
gistc). — Composé débander, les banquets »). A la vérité, on pourrait, dans
BANDEROLE, voy. bandière. la formation du sens secondaire de convi, soup-
BANDIÈRE, it., prov. bandiera, esp. ban- çonner l'influence d'un souvenir du L.'convi-
dera, de l'ail. ba7id, bande, drapeau, BL. vium.
bandum =
vexillum. —
Par la chute du d, BANSE, manne, BL. bansta, vfr. banste,
le mot est devenu banière bannière. , Dim. — du goth. bansts, grange, d'où aussi l'ail.
banderole. banse, partie de la grange où l'on place les
1 .

BANDIT, voy. ban. gerbes; 2. grande corbeille carrée. BL. —


BANDOLIER, brigand, esp. bandolero, fec- banasta (corbeille) est un dér. de benna, fr.
tieux, séditieux, de bandola, dim. de banda, banne (v.^pl. h.).
troupe. BAPTÊME, it. battesimo, du L. baptisma
BANDOULIÈRE, esp. bandolera, ail. ban- (.9à7iTi7/^x); &a^jizsma^, baptismalis ; baptistère,
delier, de l'esp. bandola, dim. de banda, lien, baptisterium baptiser, baptizarc (,3aTTt^uv,
;

ruban. dér. de (îàTTTstv, immerger). L'adjectif ^;apies-


BANLIEUE, BL. banleuca, banniim leucœ, taire répond à un type latin baptistarius
composé de ban, juridiction, et lieue, mille, BAQUET, voy. bac.
champ, territoire; donc le territoire soumis BAR, voy. bard.
à une juridiction, espace dans leuucl un ban BARAGOUIN, mot formé du breton bara,
L'allemand a traduit banleuca
était valable. pain, et de gvoin, vin; ce sont ces deux
par bannmeilc. mots qui, dans langage des Bretons, frap-
le
BANNE, vfr. benne, grand panier (Nicot), pèrent le plus l'oreille des Français et qui
auj. aussi grande toile (syn. de bûche), dont leur servirent à désigner ce langage inintelli-
on recouvre des voitures de roulage ou des gible. Voy. Viilemarqué, Dictionnaire franc. -

vais.seaux. Festus Benna, lingua gallica


: bret., p. xxxix. L'étymologie bargina, mot
genus vehiculi (voiture à panier, tombereau), du BL. signifiant étranger, est moins pi^o-
appellatur. Le mot est très répandu dans les bable que celle que nous citons et qui a été
langues romanes et germaniques; dans les adoptée par Diez et Littré. Une explication,
idiomes celtiques, la forme men (cp. fr. manne) tout aussi peu plausible, par bret. bara pain
prédomine; cej)cndant, le cymr. a benn, voi- -\- gvoenn, blanc, se trouve au suppl. de
ture. Dimin. banneau, benneau, bannelle ; Littré. —
G. Paris (Rom., VIII, 619) est d'avis
bannette, -eton. que baragouin est de la môme famille que
BANNIÈRE, voy. bandière. De là l'allemand V'it.baracundia, baraonda, confusion, tumulte,
banier, panier, banner. —
D. banneret (cp. dont l'origine hébraïque est démontrée par
les composés bannei'herr; flam. (Kiliaon)
ail. Caix, Studi, n° 181. D. baragouiner. —
banerlieere, banderheere). BARAQUE, it. baracca, esp. barraca, écoss.,
BANNIR, voy. ban. ii'l. barrac/i ad ; dér. de barre, longue pièce
BANQUE, voy. banc. —
D. banquier; cp. de bois (v. c. m.), cp. it. trabacca, m. s., do
en gr. leterme analogue zpc.miirn;- trabs. D'après Dozy (voy. Littré, suppl.), le
BANQUEROUTE, angl. banhrupt,a\\.bank- mot est d'origine berbère. D. baraquer. —
rott, de lit. banco rotto [roUo L. ruptus), = BARAT*, barate it. baratto, ancien esp.
,

banque rompue on rompait le banc qu'occu-


; barato, prov. barat, tromperie, troc fraudu-
pait le marchand failli sur les marchés. leux, désordre, confusion; de là le verbe ba-
BANQUET = repas (d'où verbe banqueter) réter', faire un mauvais commerce, friponner,
a été jusqu'ici tenu pour un dérivé de angl. to barter. Diez, parmi les diverses expli-
banc (cp. en ail. tafel, table et i^epas), mais cations étymologiques qui se présentent (Che-
Toblcr est venu récemment discréditer cette vallet cite plusieurs mots celtiques, brad ou
manière de voir (Ztschr. III, 573). Il voit dans barad, signifiant tromperie et que Diez
banquet un dim. de ban (convocation, invita- n'allègue point), incline pour le grec npxTzuv,
tion), qui aurait été confondu avec banc et trafiquer, user de pratiques (en serbe, baratati
allègue, comme analogie, l'ail, gastgebot, signifie faire commerce) ; l'Occident aurait
régal, festin, convocation de commen-
litt. emprunté ce terme, en lui donnant une mau-
saux. — G. Paris (Rom. IX, .334) objecte vaise acception,aux marchands grecs. Nous
contre cette étymologic nouvelle ce qui suit : rappellerons à l'appui de cette opinion l'ex-
« Au xv" siècle, où le mot apparaît, il ne pression allemande schachern, brocanter,
signifie jamais, comme dans l'exemple cité grappiller, faire un négoce sordide, mot
par T., que petit repas pris après le souper, appliqué surtout aux trafiquants juifs et tiré
dans la .soii'ée " (voy. notamment la moralitii d'un mot hébreu qui signifie tout simplement
bien connue de la ConcZamna^îw? de Banquet)-^ faire commerce. —
D. baraterie.
. .

BAR 46 — BAH
BARATTER, battre du beurre; Dicz est tinctement, e.st expliqué suttisaniment par ce
disposé à rattacher ce verbe au mot barnt qui précède sous barboter. Il n'est donc pas
ci-dessus; le sens propre en serait brouiller. néces.saire de décomposer le mot, comme fait
— On pourrait aussi, sans trop s'aventurer, Littré, par bar (préfixe péjoratif) -|- bouille
donner ù baratte le même primitif qu'à baril (ancien mot signifiant ou avec
bourbier),
et barrique : cp. en breton baraz, baquet, Génin par bar-\- bouille (perche pour remuer
baril, baratte. —•D. (ou primitif?) baratte, la va.se). Les acceptions .salir, étendre gros-
vaisseau à baratter. sièrement une couleur avec une brosse expri-
SARBACANE, it. harbacane, esp., prov. ment, comme la première, confusion, trouble,
barbucana. Ducangc, v" barbacana, inter- ab.sence de netteté et de précision. Ici encore
prète ce mot par « propugnaculum exterius nous dirons que la forme barbouiller peut
qiu)oppidum aut ca.strum, pr?esertim vero avoir sa cause dans quelque rapi)rocliemout
eorum porta? aut mûri muniuntur »; auj. du mot barbe, très voisin par le sens de
cette signification s'est rétrécie en celle de celui do bro.s.se.
meurtrière (wallon babecine =
lucarne) ou BARBU, de barbe; cp. membru, lippu, che-
d'égont. Gachet remarque que, dans Gode- velu. — barbue (poi.s.son).
I).

froid de Bouillon, barbacane a toujours le BARCAROLLE, de lit. barcarola, chant do


sens de herse. On prête généralement à ce batelier [burcaru.olo, de barca, barcpic).
mot une origine arabe; M. Piques, docteur BARD, BAR* (le d dans bard est iiarasite),
en Sorbone, cite babi-al-khaneh, litt. porte du vha. hnra, civière, brancard, ags. bacr,
de la maison des eaux Pojigcns le rattache à
; bére,m. s. (cfr. goth. bairan, poi-tcr, ail.
bnr-bnh-hhaneh, galerie qui sert de rempart mod. bahre, flam. baere, civière.). Le mot
à la porte; Wedgwood.au même bâla-khaneh bith-e 2, it. bara, est de la môme origine. —
qui est cité sous balcon. Toutes ces explica- D. barder.
tii>ns laissent à désirer. BARDAGHE, pathicus, mignon, it. bar-
BARBARE, L. barbarus, étranger, puis dascia, esp. bardaxa, de l'arabe bardaj,
grossier, sauvage, cruel. —
D. barbarie, bar- esclave.
baria; barbarisme, barbarismus. 1. BARDE, armure do cheval, it. et
selle,
BARBE, L. barba. — D. barbeau (pois-son), esp. barda. Il nous manque une étymologio
barbillon, barbet (chien); — barbiche, barbi- tout à fait .satisfaisante pour ce mot; aussi
chon ; — barbote (poisson) — barbeyer, raser
; Ménage en est-il réduit -X un de ses toui-s do
la voile; barbelle, barbelé; barbiei' ; barbiUe, force habituels ; il établit la filiation suivante :

filament des monnaies; barbon; barbu; bar- cooperta, cooparta, parla, baHa, barda. Le
bue (poisson); ébarber, couper les barbes; sens premier semble être bât, -selle, d'où s'est
rcbarber' contrarier, d'où rébarbatif{\. cm.).
, déduit celui d'annure de cheval en lames de
BARBITON, L. barbitum (^ipeirov). for, ainsique celui de mince tranche de lard.
BARBOTER. i)atauger dans la boue et mar- Quelques provinces emploient aubarde p. selle;
motter, bredouiller; l'association de ces deux c'est l'esp. et port, albarda, bât. Littré
sens se compi^nd, le second se rapportant au indique pour primitif l'ar. bardahet, couver-
bruit du bouillonnement de l'eau occasionné ture placée sous le bât (du persan bardahet);
par le barbotement. En it. on a barbottare et Diez, le nord, bardi, bouclier. —
Le vfr. barde,
boi'bottare, en esp. barffotar et borbotar, i)our hache, répond au vha. barta, ni. barde,
l'une ou l'autre des deux acceptions du mot hache. —
D. bardeau, ais mince et court;
français ; cp. vfr. borbeter, patauger. Si l'on bardelle, espèce de selle ; bardot, le mulet cou-
considère encore l'it. borbogliare, pic. bor- vert d'une selle qui porte le muletier; verbe
bouller (marmotter), esp. boi'bollnr, bouil- barder.
lonner, fr. barbouiller =
barboter, prononcer 2. BARDE, poète, L. bardus (mot gaulois);
indistinctement, on verra que les formes en o bardit, L. barditu^s.
et en a ne sont au fond que des variations de BARDEAU, -ELLE, voy. barde, 1
son; peut-être celles en a se sont-elles pro- 1. BARDER, cliarger sur un bard. —
duites sous l'influence de barbe (cp. l'expres- C. déharder.
sion ail. in den bari briimmca, grommeler 2.BARDER, couvrir un cheval de .sa barde.
dans sa barbe, entre les dents). Les formes BARDOT, voy. barde, 1
au thème borb rappellent borbe, bourbe, qui BARÉGrE, de Baréges, village des Pyrénées,
au fond signifie de l'eau bouillonnante (cp. lieu de fabrication.
bourbe, et ^op^op\ji,'.i-/,
fiopiiopoi, bniire). BAREME, du nom de François Barrêmc
Borbogliare et ses parallèles ont, outre leur (mort en 1703), autetir d'un recueil intitulé :

thème bwb, une terminaison qui donne au Comptes faits.


mot un certain air de parenté avec bullare, BARGE, embarcation plate, BL. bargia,
lancer des bulles, bouillonner. Il est intéres- prov. bar^a; voy. barque.
sant, pour la liaison des sens, de porter ici BARGUIGNER, jadis aussi bargaigner, anc.
l'attention sur les mots ail. brodehi, brudeln, = marchander (signification encore vivace
sprudeln signifiant à la fois bouillonner et dans l'angl.bnrguin, it. bargagnare, port.,
parler indistinctement, et le mot mousser ])rov. barganhar, BL. barcaniat^e), auj. avoir
n'est-il pas identique avec L. ?nussare, parler de la peine à se déterminer. Vu la foi'me bas-
entre les dents? lat.,Diez rapporte le mot à barca, la barque
BARBOUILLER, parler confusément, indis- étant destinée, d'après la définition d'Isidore,
;

BAH 47 BAH
à apporter les marchandises vers le navire et berliw) et barlong. »Exemples it. biscan :

à les en rapporter. Il y aurait donc au fond tare, mal chanter, fredonner; prov. beslei,
du mot l'idée de va-et-vient, d'où se serait fausse croyance; barlume p. bislume, lu-
développée celle de " marchander, balancer, mière
faible, douteuse ; fr. bertouser, tondre
hésiter, tergiverser » Cette explication semble
. avec des inégalités (cité par Ménage), béoiie,
un peu forcée. Chevallet cite l'écossais bara- .p. besvue, vue fausse; vfr. bestor, bestourner;
gan, marché, traité, accord; bret. barkana, piém. berlaita, petit lait; cat. bescompte =
marchander. Mais ces mots peuvent-ils compter mécompte; wall. bestemps, mauvais temps ;
pour primitifs? L'étymologie bar -f- gagner, notez encore l'anc. verbe besjuger mal ,

mise en avant par Génin, n'a pas de probabi- juger. Diez, examinant l'origine de cette par-
lité non plus. —
Selon Ulrich (Ztschr., III, ticule bis, après avoir rejeté les conjectures
266), de borgen, « mutuum dare et acci-
l'ail, portant sur L. vice ou vix, s'arrête à l'adv. lat.
pere «, sur la base d'une forme vha. terminée bis, deux fois, d'où se serait dégagé le sens
en anjan. C'est ainsi qu'on tire guadagnare de trop ou de mal ; il fonde cette explication
(d'où fr. gaagner, gagner) d'un type vha. sur des mots tels que l'esp. bisojo, à double
loeidanjaii supposé. A p. o ne ferait pas diffi- vue, louche; fr. bi-ais (v. c. m.), à double face;
culté. Mussafia (Beitrag, etc., p. 36) men- vfr. bes-ivre, fort ivre, bes-order, souiller for-
tionne des formes ital. (dialect.) transposées, tement. — Voy., sur au sens
la particule bis
surtout un terme vénitien rustique bragagnar dépréciatif, d'intéressantsrapprochements avec
signifiant " tàter, palper », puis un bragagnar la valeur propre aux particules congénères
et bragotar défini par " prendere in mano, gr. Sv;, Si;, Siyx, Darmesteter, Traité de la
brancicare, come si usa colle cose poste in formation des mots composés dans la langue
vendita ». Ailleurs, dans Mutinelli, on voit française, p. 109.
bragolo,» mercato ». Y-a-t-il entre l'it. barga- BARNAGHE, -AOLE, -ICLE (aussi ber-
gnare, « marchander », et le vén. bragagnar, nache, espèce d'oie sauvage, de bar-
etc.),
« palper », homonymité fortuite ou commu- nacîe', espèce de coquillage (lepas anatifera),
nauté originelle ? Dans ce dernier cas, quelle où cet oiseau place son nid. D'oi'igine cel-
est la valeur primordiale? Dans le premier tique.
cas, quelle est la soui'ce de l'un et de l'autre? BAROMÈTRE, mot techn. composé du gr.
Notez que dans l'anc. vénitien on trouve aussi ix'npo-i, mesure, et fikpoi, pesanteur.
bragolar r= pêcher. —
Mussafia se garde de BARON, propr. forme d'accusatif, le subst.
rien trancher sur ces questions. J'en fais pru- nominatif étant ber; cori^cspond au prov. bar,
demment de même. it. barone, esp. varone. Ce vocable signifiait

BARIGEL ou BARISEL, chef des sbires, = d'abord tout simplement, comme le latin vir,
it. bargello, esp. barracliel, BL. barigildus l'homme opposé à la femme. Puis il s'y rat-
mot d'origine germanique, mais encore inex- tacha le sens de viril, fort, courageux, brave
pliqué. (de là les dérivés anciens prov. barnatge,
:

BARIL, it. barile, esp., port, barrit, BL. vfr. baronie, barnie, bravoure, cmbarnir, se
barile, barillus, de même que barrique, et vfr. fortifier). A ces significations se joignit de
barrot, sont, selon Diez, des dérivations d'un bonne heure celle d'homme libre, de grand
mot bar, branche d'arbre, qui se rencontre de l'empire ou vassal. L'étymologie du mot
dans plusieurs idiomes celtiques, et auquel se n'est pas encore éclaircie; il parait n'avoir
rattache également le mot barre. Du reste on l'ien de commun avec le baro du latin clas-
trouve en cymr. baril et en gaël. baraill avec sique. (Cornutus, un commentateur de Perse,
le même sens. —
D. barillet, -on. attribue à baro le .sens de " servus militum »
BARIOLER; l'étymol. varioîare (de varius) et une origine gauloise ; Isidore le glose par
est ajuste titre repousséc par Diez; il n'y a mei'ccnarius, en le dérivant de /?zpû;, fort,
aucune probabilité queu initial ait été changé grossier, fortis in laboribus.) On trouve en
en & ; il propo.se donc, et est en cela suivi par celtique (ancien gaél.) un mot bar avec la
Littré, une composition bo.r (la particule pé- valeur do héros mais une circonstance digne
;

jorative) -4- riolé, rayé (dans « riolé et piolé »). de considération s'oppose à ce que l'on reven-
— Le type bis-regulare, proposé par Darme- dique une origine celtique à notre vocable
steter, est inacceptable, car regulare ne peut français. C'est que ber ou bar français fait
donner que riculer, riitler (2 syll.), mais non aux cas obliques baron, avec l'accent sur la
pas ri-oler. terminaison, et que tous les mots de cette
BARLONG, berlong*, qui a la figure d'un nature sont de provenance soit latine [drac,
carré long mais irrégulier, défectueux, est p. dragon; laire, ou germanique [fel,
lairon),
beslong (on trouve dans la langue d'oïl aussi félon; Uc, TJgon).par conséquent,
Diez,
bellonc), it. bislungo. —
Bis (en français pen.se que le baro latin, qualifié de gaulois
aussi bes, puis bé, ba) est une particule romane, par le scoliaste Cornutus, avec le sens de
appliquée en composition et exprimant une goujat d'armée, représente plutôt un vha.
idée d'infériorité, d'inconvenance, de fausse bero (accus, beriin, beron),. porteur, dérivé
application. l'arfois ce préfixe péjoratif se naturel du vha. beran, goth. bairan, porter,
modifie cui)honiquemont en bcr, bar ou brc. et que le fr. ber, baron est tiré du même
« Bar, dit Nicot, diction indéclinable (pii radical. Du
sens primitif porteur, se seraient
empire le mot auquel elle est jointe pai' com- successivement déduits ceux do « fort » puis ,

position, comme en barlue (voy. notre mot de " homme » et enfin de » homme puissant,
.

BAR — IS- BAS


vassal ". Tout cela,du reste, est encore pro- BARRIQUE, voy. baril. — D. it. barricata,
Pour notre part, nous préférons
bléniati«nic. retranchement fait avec dos barriques, fr.
nous en tenir à une communauté d'origine do barricade.
baron avec les mots vlia. baiii, infans, proies, BARS, jtoisson; ail. bars, bar.^ch.
et beorn (ags.), homme fort, qui d'ailleurs BARYTON, it., esp. &rtn7o«o, du gr. ji^tpùro'
remontent également en dernier lieu à hairan voi, qui a la voix grave.
ou beran, j)orter, produire, D. baro7nir, — 1 BAS (fém. b(usse), it. bassn, esp. bqjo, port.
et,-ic,-(if/c. baixo, prov. bas, BL. bassus. Le glossaire
BAROQUE était d'abord un terme de joail- d'Isidore dit Bassus crassus pinguis »,
: «

lier, indiquant une perle qui n'est jias parfai- celui de Pa])ias « Ba.ssus curtus humilis ».
:

tement ronde ; de l'esp. ban'ucco, berruecco, Il faut déduire de là, observe Uiez, que le
port, harroco (aussi avec le sens de rocher, .sens fondamental du mot bassus est celui do
l'abotcux). Pour l'étymologic, on a proposé tra])u, court et large. Kn effet, la langue
le L. verruca, rocher, verrue (employé par d'oïl présente souvent l'adj. bas avec le sens
Pline pour une tache dans une pieri'o pré- de large et court. Pour la jirovenance de bas-
ciense), puis brnchus, dent saillante, défec- sus, il est inutile d'en cherclier l'origine soit
tueuse, enfin bisrœa, en donnant à bis la dans grec ^îàjjwv (comparatif de jixOùi, pro-
le
valeur que nous avons exposée sous barlong. fond) ou dans le celticpie. Les Romains possé-
Nous nous prononcerions le plus volontiei-s daient déjà le mot, mais nous ne le rencon-
pour la dernière conjecture roche avec un : trons i)lus que comme surnom ou comme
défaut. véritable nom propre. Dérivés bassesse; — :

BARQUE.it. ,esp. ,prov.,port.6arci'i. Isidore : basse (t. de inust<{ue), basson; basset, chien
« Barcn,qute cuncta navis commercia ad litus de cliasse de i)etite taille; bas, vêtement do
portât " Barque parait être, en français, d'in-
. jambes, abréviation do bas de chausses, opp.
troduction savante ; le mot propre était anc. à haut de chausses; verbe baisser (v. c. m.).
barge, auj. bi"r(je (prov. barja), formes qui 2. BAS, vêtement des jambes, voy. bas ci-
accusent l'existence d'une forme latine barica, dessus.
(cfr carrica
. —
chàrcjc senca serye). Quant
;
— BASALTE, L. basaltes. Du pays do Baschan
à barica, il parait être (comme auca, avica, de en Palestine, gr. Wt.iùjth.
avis) une dérivation de baris, canot {iàpi-). BASANE, de l'esp. badana, m. s., qui vient
Barca serait ainsi une contraction de date de l'arabe bilanah. La lettre s accuse pour
ancienne pour barica. Wackernagol préfère intermédiaire \\i\ prov. bazaiia (cp. Maselai)ic
le nordique barhr, m. s., litt. bateau fait p. Madeleine). —
D. \fv. basanier, cordonnier;
d'écorce (burhr., suéd., angl. barh, écorcc). — basane^-, donner à la peau une teinte noirâtre;
D. barquette, embarquer, débarquer. cp. le sons du vfr. tanne, roux, brun.
BARRE, it., esp., prov. barra, angl. bar, BASANER, voy. basane.
pièce de bois (ou de métal) menue et longue BASCOUETTE, espèce de mésange (en ail.
(seiTant à fermer). Le mot est celtique cymr. : schwanzmeise), composé populaire de battre
bar, branche de bois. Dérivés barreau; bar- : -\- couette (petite queue), donc lui « volatile
rià-c; barras'; verbe barrer (voy. ces mots). dont bat (= dan.se) la (lueuc»; cp. batte-
Voy. aussi baraque et baril. queue, un des noms de la bergeronnette. Si
BARRAS' ; ce mot, non constaté dans les cette étymologie de Meunier est la bonne, il
textes français, et répondant au prov. barras, faudra considérer la forme basconettc que
bai'i'e, bâche, est le jjrimitif des verbes anbar- donne Littré conjointement avec bascouette,
rasser, obstruer, gêner, et débanasscr. comme une altération de ce dernier.
BARREAU, diminutif de ban-e., puis chV BASCUL, au.ssi bacul, nomdonnéàccrtîiines
turc, puis enceinte réseiTée aux avocats, lieu pièces du harnachement des chevaux (voy.
où l'on j)laido, etc. Littré), est un composé de battre -\- cul, Cp. le
BARRER, de barre; pr. former, obstruer, mot .suiv.

rayer. — D. barrage. —
Cps. s'embarrer, BASCULE, anc. bacule, signifie pr. une
débarrer. })lanchc bat le cul «; selon Meunier, ce
i[ui "

BARRETTE, prov. berreta, barreta, esp. (pli a donné naissance aux diverses acceptions
bin-eta, BL. birretu.m, it. bcrretta. Se ratta- de ce mot, c'est le jeu des enfants .se l>alançant
che au mot hirrus (byrrhus), sorte
latin sur une planche dont l'un des bouts se lève
d'étoffe grossière. —
Le rapport étymologique tandis que l'autre frappe réellement le cul.
avec biiiiis, burrus, peut être fondé, observe C'est bien là l'originedu mot, et il est inutile
Baist (Ztschr. VI, 116), soit sur la couleur
, de reproduire les autres explications mises en
rouge, soit sur ce que le couvre-chef en ques- avant. L'*- dans l'élément becs est parasite ; do
tion faisait d'abord partie du manteau [jUppot même dans basconettc (v. pi. h.). D. bas- —
== manteau). Cfr. l'origine de chapeau. — culer.
Une variété du même mot est le masc. béret. BASE, L. basis (gr. jîxiii, plante du pied).
— Voy. aussi bure. — D. baser.
BARRICADE, voy. barrique. — D. barri- BASILIC, lézard, L. basiliscus [iv.in'ktaY.oi,

cader {\iv. barrique?'). litt. petit roi).


BARRIÈRE, prov., it. barriera, esp. bar- BASILIQUE, église, du L. bastlica{ftcici>i>i-^),
rera., d'un type barraria, dér. de barra, qui désignait d'abord un édifice public pro-
barre. fane, pr. maison royale.
BAT — 49 — BAT
BASIN, forme tronquée de bombasin; de pour croire à un grand nombre d'enfants
rit. bambagino, qui est dérivé de bamhagio, conçus surles bâts et à une généralisation du
BL. bambadum, grec du moyen âge ^k^Sk/iov, nom. » Ce savant appuie son explication sur
coton. Le primitif deces mots est leL. bombix l'analogie des expressions fr. coitard, c.-à-d.
((.3o'/jt8u|), soie. issu du coitre (matelas), et ail. bankert., issu
BASOCHE, du L. basilica, lieu où se tenaient du banc, vo7i der banh fallen, avoir une nais
les tribunaux. La terminaison ilica, par ilca, sance illégitime. —
Autre est l'explication de
s'est régulièrement francisée par eiiche,ouche, Caix (Studi, n° 8); d'après lui, bastardo signifie
oche (cp. le mot fougère). propr. « porteur du bât, bête de somme », et
BASQUE, pan d'habit; d'origine inconnue. équivaut à " mulet »; de là 1« sens " filius
H'uet, évêque d'Avranclies, croit qu'on a dit spurius ". C'est ainsi que miilus a donné esp.
basques de pourpoint, parce que la mode d'en mulato (fr. mulâtre), « né de parents de con-
porter est venue de Biscaye. D. basquine. — ditions (c.-à-d. couleurs) diverses »; c'est ainsi
BASSIN, èac»i*, bachin, BL. bacinus, ba- encore que lat. biirdo, mulet, est connexe
chinian, it. bacino, prov., esp. bacin. Des avec esp. borde, prov. bort, vfr. borde, sard.
raisons pbonologiques font rejeter à Diez la burdu, qui signifient bâtard. L'expression
dérivation de l'allemand bechen, qui a le " fils de bast » ne serait, dit Caix, qu'une

même sens il faudrait, prétend-il, pour cela


;
interprétation populaire de bastardo. Voy. à
la forme baquin. Le mot vient de quelque ce sujet les doutes de G. Paris (Rom., VIII,
racine celtique, comme bac, creux, cavité, 618). Citons en dernier lieu l'avis de Grimm,
d'où bakinus, bacinus, bacin [\oy. bac). Ce qui pour qui le germ. bast (écorce) aurait déve-
confirme cette étym., c'est que Grégoire de loppé le sens " res vilis nuUius pretii et de »>

Tours parait indiquer bacchinon comme là celui de " homo spurius illegitimus » .

appartenant à la langue du pays. D. bas- — D. bâtardise, abâtardir.
sinet, bassiner, bassinoire. BATARDEAU, anc. bastardeau, construc-
BASTER, vfr. suffire (resté dans bastant, tion hydraulique, dimin. de vfr. bastard, m.
suffisant, et l'interjection baste), = it. bas- s.,qui parait être dérivé de bastir ou bâtir
tare, esp., poi't., prov. bastar, suffire, d'un (racine bast). Le wallon a le mot bâte dans le
adj. basto existant encore en esp. et en port., sens de fascinage au bord d'un cours d'eau,
et signifiant rempli. Dicz, pour le sens, rap- de batardeau et de quai est-il de la même ;

proche l'esp. Jiarto = rempli et suffisant. famille ?


BASTERNE, L. basterna. BATEAU, bateV, prov. batelh, esp. batel,
BASTIDE, BASTION, BASTILLE, voy. bâtir. it. batello, dimin. de batto, BL. batus, vais-
BASTINGUE, défense mobile,
bastinga, ital. seau à rames. Se rattache à ags. bàt,\. nord.
prob. de bastir comme bastide, bastion. bâtr, petit vaisseau; on trouve aussi cymr.
BASTONNADE, voy. bâton. bâd, nacelle. —
D. batelier, batclet, batelée.
BASTRINGUE, mot populaire qui reste à BATELEUR, basteleur, charlatan, bouffon;
éclaircir. C'est peut-être le même mot que
selon Saumaise, de BL. batalator, batailleur,
bastingue (dér. de bastir), signifiant d'abord c.-à-d. qui fait des tours surprenants avec les
hutte, guinguette, puis bal de guinguette. armes Guyet, plus sobre, dérive ce mot de
;

BAT, t. de pêche, queue (de poisson), d'après bastel, qui, formé de basturn, signifierait un
Littré de battre; d'après d'autres, del'écoss., échafaud de bois, un tréteau; bateleur serait
iil. bod, queue. donc une espèce de saltimbanque. D'autres
BAT, bast*, it., esp. basto, prov. bast, ail. proposent un mot gaulois baste, qui signifie
suisse bast, BL. basturn, clitella, sella, sagma. tromperie. Nicot pense au grec ftoirzoloyoi,
Diez suppose que Z/asiifwr pourrait bien appar- hâbleur Après ces tentatives-là, nous hasar-
!

tenir à la langue romaine vulgaire, et avoir derions bien aussi une conjecture, savoir:
pour signification fondamentale celle d'appui, basteler =
faire des tours d'adresse sur un
'

base, support, soutien (cfr. /3aTTà^îiv, fA^r-x^, bast ou bât (v. c. m.), puisque nous savons que
et basterna, litière). — D. bâter, débâter, les petits meubles à l'usage des escamoteur?,
embâter. appelés aujourd'hui des gobelets, s'appelaient
BATACLAN, mot onomatopée. au moyen âge des basteaux, et que l'on disait
BATAILLE, voy. battre. — D. bataillon, jongleur ou faiseur de basteaux, etc. C'est
batailler. donc bien évidemment un primitif bastel qui
a produit basteler' et bateleur. Quant à bastel,
BATARD, bastard*,ït., esp. port, bastardo,
ce pourrait être une variété de baston et signi-
prov. bastard, ail., angl. bastard, holl. bas-
fier baguette. Cp. « tour de bâton ». Quoi
tert, lith. bostras ; équivaut à l'expr. vfr. fils
qu'on ait dit, il n'a rien à faire avec bateau.
ouhomme de bast ou de bas. (On disait de
même venir de bas.) Ce mot bast, d'où dérive BATIFOLER, folâtrer, s'amuser; de l'it.

bastard, est identique avec battifolle, par


quoi l'on désigne certaines
de bât, selle
somme, traité ci-dessus. Diez, tout en admet- tours de bois érigées sur les remparts et les
tant ce rapport de forme, ne dit rien pour beffrois, et où les jeunes gens allaient jouer

l'expliquer quant à l'idée. Burguy et Mahn et badiner. Pour le mot italien, cp. BL. bat-

sont plus explicites à ce sujet « On sait :


tifollum =
bastion et moulin à vent.
assez, dit Burguy, la vie que les conducteurs BATIR, bastir, il. bastire, pr. bastir, con-
1 .

.de mulets menaient avec les filles d'auberge. struire. De la même racine bast, exprimant
BAV — 50 — BEA
appui, soutien, fondement, base, d'où bât, BAVE, it. bava, esp. baba ; verbe baver.
bâton. —
D. bât imc lit, bâtisse ;Tprov. bastida, Parait être un mot onomato{)éo pour expri-
fr. bastide; it. bastia, bastione, prov. bastio, mer la salive qui accompagne le babil des
fr. bastion ; enfin bastille. petits enfants; aussi dans l'ancienne langue,

BATIR, coudre à gros bave signifie-t-il également babil, caquetage


2.
tear, rmbastar, it.
points, esp. bas-
imbastare, angl. bastc, du inintelligible (cp. en grec ,5aSâ|fiv). D. ba- —
vha. hestnn, rentraire. vette, baveux, bavard (nous trouvons dans
Calvin, avec la même sign., baverean) ; ba-
BATISTE, toile de lin très fine, tire son
nom du premier fabricant de cette toile. vasser' =
bavarder; bavure, bavoche, carac-
tère d'imprimerie qui ne vient pas net et qui
BATON,
propr. soutien, appui, dérive de
parait avoir de la bave ; l'anc. mot bavièi'c
bât, qui lui-même, parait-il, exprime propr.
signifiait d'abord bavette et a été appliqué
appui, base, sur quoi se place la charge dans la suite à la partie do l'armure dont on
d'une bête de somme. Il est intéressant de protégeait le cou et le menton ; de là bave-
remarquer à cette occasion que le nom du rette et baverole.
midet, en tant que porte-charge, a développé
à son tour le sens de bâton; voy. l'art, bour-
BAVOCHE. voy. bave. — D. bavochcr.
don 1. —
D. bâtonnier, bastonnade (anc. bas-
BAVOLET ; n'est ni étymologiquement con-
nexe avec bave (cp. bavette, bavière), comme
tonnée) ; bâtonnier.
j'ai pensé d'abord, ni dérivé de bas -\- voler,
BATTE, voy. battre. =
mais, d'après Darmesteter, bas volet. ¥.n
batterie' voy. battre.
vfr, volet signifiait pièce d'étoffe flottante (qui
BATTOLOGIE, gr. ,ixrroUyioc, m. s.
vole), spécialement une pièce d'étoffe qu'on
BATTRE, in-ov.bcUre, esp. bâtir, it. battei-e, mettait sur la tête; le bavahi. est un volet qui
du L. batuere, corrompu en baitere. Dérivés :
se met en bas du chapeau, sur la nuque.
batteur, -aye, -ant, -ement; battue, batte,
battoir, batterie, bataille, it. bataglia, esp.
BATER,
vfr. baa-, béer, it. badarc, prov.,
hadar, BL. badare. Ces mots signifient
cat.
batalla (Adamantinus Martyr batitalia, quœ :

vulgo hattalia dicuntur). Composés de bat- — I ouvrir la bouche, 2. attendre bouche béante,
.

attendre en vain, puis anc. a.spirer à qqch.


tre abattre, combattre, débattre, ébattre,
:

Dante, Inf. 31 139 Stare a bada, =^ prendre


, :
embattre, robattrc (v. ce. mm.).
garde à. Plutôt que de recourir au vha. bci-
BAU, poutre, anc. bauc, de l'ail, balk,
ton (ou baidôn), attendre, tarder, qui ne
balke, m. s. Voy. aussi balcon.
répond pas à la signification première de
BAUD, nom d'une race de chiens courants,
badare, Diez part d'une racine onomatopée ba.
appelés aussi chiens muets. Cette dernière
dénomination a donné lieu aux étymologies
— Dérivés: prov. badalhar, baailler\bcliller;
badaud, prov. badati (dans le patois de Mons
gaél. i«o<A, sourd, goth. bauth, sourd, muet,
béant, bet/aul); badin, que les lexicographes
auxquels Dicz ajoute le norm. baude, en-
du xv!*" siècle traduisaient encore par « inep-
gourdi. Littré indique le vfr. baitt, hardi
tus ".
(voy. bandir).
BAUDET,dimin. de baud (en rouchi, fém.
BAZAR, mot persan signifiant marché cou-
vert.
bande), de haut', gai, hardi (voy. baudir).
L'àne serait ainsi l'animal plein de contente- BÉANT, de béer, forme variée de
part,
ment et do hardiesse. La fable l'appelle bau- bai/er (voy. ce mot). —
Notez encore les vieux
doiii)i{à\m le terme baudoiiiner de Rabelais). mots bée, ouverture, vaine attente, et béance,
désir, aspiration.
BAUDIR, pr. réjouir, puis exciter, et son
composé s'ébaudir, anc. sbaldire-^ dér. de
it. BÉAT, mot savant, L. beatus; béatitude,
l'adj. baid' , prov. baut, it. baldo, hardi, in- béatitude; béatifique, beatificus; béatifier y
solent, joyeux, qui correspond à angl. bold, béatification, beatificare,-atio. — D. béatilles,
courageux, goth. balths, vha. bald, hardi, à menues choses précieuses, restreint auj. aux
cœur ouvert. menues choses délicates dont on garnit les
BAUDRIER, en vfr. baiulré, prov. baudrat; pâtés; pr. petites choses d'heureux.
du vha. baldeHch, v. angl. baldrick, bau- BEAU, BEL,
it., esp., port, bcllo, du L. bel-

drick. Ces mots sont des formes dérivatives lus. —


D. beauté, bellâtre, bellot, embellir.
de l'ags. belt, qui pour le sens et la forme Vfr. abélir, prov. abelhir plaire, être =
correspond au L. haltcus, bord, encadre- agréable; abeausir, t. de marine, répond au
ment, ceinturon. Dans la grammaire proven- pr. abellcsir. —
Le mot beau dans beau-père,
çale de Faidit, on lit baltz, corea (courroie).
: belle-mére, beau- frère, belle-sœur, beau- fils,
BAUDRUCHE ; ce mot est sans doute de la belle-fille, est iu\e expression honorifique
même famille que l'anc. verbe fr. baudroyer, pour distinguer les membres nouveaux intro-
préparer des cuirs, et par conséquent de celle duits par le mariage dans une famille. La
de baudrier. langue néerlandaise applique de la même
BAUGE, mortier, crépi anc. bauche. Voy. ;
manière l'adj. schoon.
à l'art, débaucher. BEAUCOUP, de beau coujo (cfr. faire rni
BAUME, anc. bausme, basme, du L. balsa- beau coup, == prendre un grand nombre à la
mum (par bals'mum, balmum), — D. bau- fois) cette locution s'est peu à i)eu substituée
;

niier, embaumer. â l'adverbe moidt =


L. multum, qui s'em-
BAVARD, voy. bave. — D, bavarder. ployait généralement dans l'ancienne langue
BED 51 BEI

d'oïl. On disait ancietinemcnt aussi grand BÉDOUIN, mot arabe = qui demeure dans
coup le désert [bedou).
BEAUPRÉ, de l'ail, hogsprict, ou néerl. BÉE (à gueule bée), dans gueule
futailles à
boegsprU't, angl. bowsp7-it, mots composés de bée ; du verbe bouche ouverte,
béer, avoir la
bog, hocg, bow, flexion, proue, et sprict ou voy. béant et bayer. Cette expression gueule
sprit, perche, màt. bée (cfr. it. bocca badada) se retrouve retour-
BEAUTÉ, anc. bealtct, helté, voy beau. née dans bégueule, qui signifiait d'abord
BÉBÉ, francisation de l'angl. bahy, petit niais, imbécile. " Singulière destinée des mots,

enfant. dit Gachet, puisqu'une bégueule })cut aujour-

BEC, it. bccco, port, bico; Suétone, dans d'hui faire la petite bouche. »>

Vitellius, 18,cite ce vocable comme gaulois. En BEFFROI, berfroi\ beffroit" angl. belfry, ,

effet, on trouve gaél. bcic, bret. bck. — BL. bcrfredus, belfredus; du mha. bergvrit,
D. béquct (petit bec); bccquer, -ée, d'où abcc- botrit, tour " qui garantit la sûreté » on ;

quer, donner la becquée, becqueter, bécu, se appelait beffroi d'abord une tour de défense
rebéqucr (familier), répliquer à nn supérieur. mobile, puis une tour située dans l'intérieur
Notez aussi \-fr. bechier, frapper du bec. Déri- d'une cité, d'où l'on sonnait l'alainie. On a
vent encore deèt'c; I. prov. bcca, croc (prob. faussement rattaché ce mot à bell, mot fla-

identique avec le fr. bêche, besche^, malgré mand et angl., signifiant cloche. L'it. batti-
J's intercalaire); 2. bécasse; 3. beccard ;
frcdo repose sur un faux raj)prochcment avec
4. béchot, bécot, bcquot, bécasseau 5. béquille; battere.
;

6. béquct, becqv.et, noms vulgaires du bro- BÉGAUD, sot, ignorant; dérivé de bègue;
chet et du saumon, et bécunc, poisson ressem- cp. le synonyme pr. bob, espbobo, dér. de L,
blant au brochet. bal bus.
BÉCABUN6A, espèce de véroniqiie qui BÉGAYER, voy. bègue.
croit sur le bord des ruisseaux; du bas-ail. BE6U, t. d'art vétérinaire, anc. aussi bigu;
bcckebunge ail. mod. bachbioige, litt. tuber-
,
d'origine inconnue.
cule de ruisseau. BEGUE, pic. bciquc, bièque, mot d'origine
BÉCARRE, t. de musique, de lït. hequadro inconnue. Diez émet comme simple conjecture
= b carré. — D. bécarrer. l'idée d'une contraction du prov. bavec, sot

BECASSE, it. beccaccia, catalan becada, bavard (voy bave). —


D'après Bugge (Rom.
dér. de bec. — I). bécasseau, -in, -ine, -on. IV, 351), bègue serait une forme tronquée
BEC (ou BECQUE) -CORNU, sot, imitation d'un ancien baubègue, qui serait un dér. de
de l'it. bccco (= bouc) cornuto, L. balbus, vfr. baube. On retranche quel-
quefois, dit-il, la première syllabe dans les
BECHE, besche" , BL. becca, besca, voy. bec.
— D. dim. bèchette, béchot, verbe bêcher.
mots de plus de deux syllabes où la seconde
syllabe a la même consonne initiale que la
BÉCHOT, bécasseau, voy. bec.
première; de là basin p. bombasin, cinelle,
BECQUER, primitif de becqueter, d'où les
p. coccinelle. Quant au suffixe, il rappelle it.
composés becquebois, becquefJeurs, becpgue
mocceca (niais), spAzzeca (ladre), prov. bavec
(it. becca fico).
(bavard), ufec (orgueilleux). 11 est fâcheux
BEDAINE, panse grande panse)
(anc. vase à
qu'il n'y ait pas d'analogue français pour le
et bedon, homme gras, tambour (il existe une
suffixe en question, qui d'ailleurs est d'une
forme fusionnant en quelque sorte ces deux
termes bedondainc), sont sans doute des
:
nature assez obscure. —
D. bégayer, au
xv^ siècle besgoyer ; les dialectes ont bèguer,
rejetons d'une même racine; cp. dans le dial.
bèketer.
de Côme bidon, gras et paresseux, dans celui
BÉGUEULE, voy. bée.
du Hainaut bidon, grand lourdeau. Diez BÉGUINE,nom d'une corporation religieuse,
croit que cette racine bed est identique à bid
fondée par sainte Begge, dont elle aurait tiré
dans bidet (v. ce mot) il cite le mot hennuyer ;
le nom; d'autres font dériver ce nom, comme
bedène, qui réunit les acceptions de bedaine
celui des Béguins et Béguards, du verbe
et de bidet. Noiis hé.sitons à adopter ce rap-
angl. beg, mendier, à cause de la pauvreté à
prochement, puisque l'une de ces racines
laquelle ces hérétiques se vouaient. On se
désigne quelque chose de gros, l'autre quel-
demande encore si la coiffe de linge appelée
que chose de petit. Il est probable que le sens béguin doit, ou a donné, son nom aux
primitif de bedaine et de bedon était resp.
boule et tambour. On trouve d'ailleurs aussi
béguines. —
D. béguinage; embéguiner,
mettre un béguin.
boudaine, boudiné, p. ventre, ce qui me fait
voir dans bed une forme assourdie de bod,
BEIGE (laine) ic. =
bigio, voy. bis.
BEIGNET, bignef, sont des diminutifs de
bond (voy. bouder). beigne , bigne, bugne, sorte de crêpes roulées
BEDEAU, BEDEL*, it. hidello, esp., prov. et frites (angl. bun), et sont de la. même
bedel, BL. bcdeUus; du emissarius, \\\a..petil, famille que les mots italiens des dialectes de
ags. bydel, messager, ou du vha. butil, prseco, Milan, Venise, etc bugna, bogna, vfr. bugne,
,

apparitor (ail. mod. biitteî).


qui signifient bosse, tumeur. Diez rapproche
BEDON (norm. = clochette); voy. bedaine. ces vocables du vha. bungo, bulbe, v. angl.
— D. bedoneau, bedouan (en Normandie bung, bunny, enflure. Quant au passage de
bedou), nom donné au blaireau. u en i, cp. billet, billon, de bulla, frume et
BEDONDAINE, voy. bedaine. fritiîe. Pour le rapport entre choses arrondies,
,

BEL — 52 BEU
bulbe, bosse et pâté, nous i-appelons boulange BELLIQUEUX (mot nouveau), L. bellicosiis
^d'où boulanger), do boule. [bellutn, guerre).
BÉJÂUNE, corniptiou de bec jaune; cfr. en BELVÉDÈRE Ou BELVEDER. mot italien,
ail. ifi'lbscliiHibel, ni. s, qui se traduit on français j)ar beauvoir, beau-
BEL, M>y. bvau. regard, brUevue.
BÉLANDRE, esp. de bateau de transport à BEMOL, de 6 mal; it. bimmolle. Voir là-
fond plat, du holl. bijlander, bâtiment qui dessus les dictionnaires et les manuels de mu-
côtoie la terre {bij, près, et land, tcri'e). Voyez sique ; cfr. bécarre B est la deuxième note de
aussi bahvulre. la gamme en la et la première qui se pré.sento
BÊLER, vfr. bellei; du L. bclare, employé pour être baissée d'un demi-ton ou amollie ;
par Varron p. balare. Le circonflexe accuse le nom b tnol s'est étendu à toutes les notes.
une forme besler, et par conséquent une inter- BÉNÉDICITÉ, mut de 6t'«e-
latin (imjiératif
calation pui'ement prosodique d'un s (cp. dicere), sign. bénissez rendez grâce. Le verbe
jiasle, pale, p. palle). —
D. bêlement benedicere (d'où le
,

subst. bededictio, fr. béné-


BELETTE, diminutif de bêle', esp. beleta, diction, vfr. benëiçon, benisson, angl. beni-
milanais bellora, peut être rapproché du son), it. benedire, contracté en français en
s'est
cymr. belc ou de l'ail, bille (Friscli, I 97 ; benëir', puis bénir, anc. aussi, par l'intro-
manque dans Grimm), vha. bil-ik (auj. bilch), duction d'un t euphonique entre la sitllante c
zizel. Toutefois, Diez préfère voir dans bêle le
et r/'(cp. cognoistre, de cognoscre), beneïstre,
mot latin bella, en se fondant sur des expres- benistre. On di.sait de mémo anciennement,
sions analogues employées dans d'autres lan- pour L. malcdicere, }naleïr.
gues pour désigner la belette, p. ex, le bava- BÉNÉDICTIN, de Benedictus, forme latine
rois *c/io»<Ai>>7t'î>( ou sc^>jrf2>?5'/<'7'>j, le danois du fr. J!,;i<»l.
den kjônne (pulchra), le vieux angl. fairy.
BÉNÉDICTION, voy. bénédicité.
En Normandie, on dit roselet, en Lorraine,
BÉNÉFICE, L. beneficium, bienfait, avan-
nioteile (du L. mustela).
tage, pn.ifit au moyen âge, ce mot était
;
BÉLIER; les étymologies diverses
voici
appliqué à un bien tenu en vertu du bon
sur ce mot
mises en avant balariits, de
balare, bêler (Grimm adopte cette étymologie) ;
:

vouloir d'un seigneur. — D. bénéficiai, -iaire,

— vellaiHus, le velu, de vellus, toison; — •ier; verbe bénéficier.

bell, mot néerl. et angl. signifiant cloche


BENET. BENEST ', variante dialectale do
bennit.
(cfr. belièrc), le bélier pi-écé^ant le troupeau, _

nuini d'une clochette. Diez, rappelant les BÉNÉVOLE, L. benecolus, bienveillant.

expressions néerl. bel hamel, angl. bellicether, BÉNIN, anc. bening, fém. bénigne, it. beni-
gno, du L. benignus bénignité, L. beni-
fr. clochetnan, et mouton à la sonnette, s'en
;

gnitas.
tient avec raison à la dernière. La fable donne
au bélier le nom de Bèlin. BÉNIR, voy. bénédicité. Le participe bene-
dictus est devenu à la fois benéoit [ict régu-
BÉLIÈRE, dérivé du mot bell, cloche, men-
lier, transformé en oit), d'où benoît (le circon-
tionné sous bélier.
flexe est .sans rai.son), et beneït, contracté en
bélître, BELISTRE', gueux, mendiant,
bénit, fém. bénite. La forme béni, -te, est
homme de rien, d'où lesp. belitre, port. biltre;
faite en conformité de la conjugaison des
dér. belitrone. L'étymologie la plus rai-
it.
verbes en ir, mais contraire à l'étymologie.
sonnable, tout en restant suspecte, est celle
de Nicot, qui voit dans ce mot une transposi-
— De benedictarium, terme de l'Eglise pour
vaisseau à eau bénite, s'est produit le fr.
tion de l'ail, bettler; d'où blettv, bliter, fran-
cisé par belitre. (On trouve dans des textes
bénitier, anciennement benoistiei', benestier.

officiels du commencement du xvi" siècle le BÉNIT, BÉNITIER, voy. bénir.


fém. blitresse, les subst. bliterie et blitreau.) BENJOIN, esp. benjui, it. belzuino, bel-

Pour l'intercalation de \s, cp. besler p. bêler. gv.ino, de l'arabe louban djaici, encens java-
nais.
D'autres ont proposé L. balatro, farceur, vau-
rien, ballistarius, soldat qui servait les ba-
BENNE, hotte, variété de banne (v. c. m.).
listes, blitum, herbe sans saveur, d'où, par BENOIT, voy. bénir. Propr. béni, puis par
métaphore, homme stupide, enfin Velitrensis, ironie, ain.si que benêt (v. c. m.), dévot,
de Velitrse, des Volsques. Citons encore
ville béat, sot, niais.
l'explication de Atzler par L. benedictor BÉQUET, voy. bec.
« celui qui vous comble de bénédictions « ; la BÉQUILLE, dérivé de bec (v. c. m.), 1. bâ-
lettre s'y prête [beneïtre, benitre, belitre), et ton recourbé, 2. instrument aratoire. Dans
pour le sens, Diez cite l'esp. pordiosero (men- ce dernier sens, peut-être un dimin. de bêche
diant), dér. de la phrase por dios, pour (BL. becca). —
D. bêquillard, béquiller.
l'amour de Dieu ! BERCAIL, voy. brebis.
BELLADONE, de l'it. bella donna, belle BERCEAU, voy. bercer.
dame. Les Italiens ont appelé ainsi cette BERCER, prov. bressar, anc. esp. brizarr
plante, parce qu'ils s'en senent pour faire du Selon Ménage et Chevallet, de versare (fréq.
fard. de vertere) ; cela n'est pas soutenable. Diez
BELLI6ÉRER guère employé qu'au
(n'est croit ce mot identique avec l'anc. verbe ber-
paît, prés.), mot savant nouveau, formé de cer, berser, qui signifiait cha.sser à l'arc (ail.
bcUum gérere, faire la guerre. birschen), dont [il puise l'étymologie dans le
. .

BER — 53 — BES

passage suivant d'une clironique italienne : Berry éberluette =^ berlue, et éberluter,


« Trabs ferrata quam bercdlum appellabant » éblouir. Quant au prov. béluga, pour bes-
Ce mot hercelliis désigne clairement la ma- luga, bellugue, il est de formation analogue
chine de guerre que l'on nomme ailleurs un à l'ancien belloi, pour besloi, mauvaise loi,
bélier, et peut, par conséquent, fort bien injustice.
dériver, ainsi que le verbe herser, transper- BERME, terme de fortification, bord; du
cer, tuer, de berbex, gén. berbicis, mouton ;
néerl. brème, ail. brame, angl. brim, bord;
bcrbiccUus, berbiciare se seraient contractés cfr. le flam. berm (Kiliaen), digue. L'ail.
en bercel, bercer. Quant à la signification berme est tiré du français.
branler, agiter, elle proviendrait du mouve- 1. BERNE,
t. de marine, d'origine incon-
ment imprimé au bercellus. Comme analogie, nue. derno.
L'it. dit
Diez cite le terme bas-latin agitatorium, pour 2. BERNE, subst. verbal de berner.
berceau. —
Le subst. bercel', berceau, est la BERNER, faire sauter qqn. en l'air dans
francisation du bercellus traité ci-dessus. Au une couverture du vfr. berne, manteau
;

lieu de cette forme diminutive berceau, nous d'étoffe grossière, que les Latins appelaient
trouvons im grand nombre de formes radi- sacjum (de là sagatio, le jeu de berner) et qui
cales ayant le même sens vfr. bers, biers, : servait à berner. Quant à berne,- \t., esp. ber-
prov. bers, hres, bretz, cat. bres, picard et nia, il vient, selon Nicot, de Hibornia, pays
norm. ber. A Bruxelles, nous entendons aussi d'où l'on tirait l'étofR^
la bei-ce. « Il est remarquable, dit Gacliet, BERNIQUE, interjection dont l'origine nous
que l'espagnol appelle hrezo, bleso, \m lit est inconnue. Est-ce le ber péjoratif -f-nï'ç'ue?
d'osier, et que comble za signifie concubine. » Quelques-uns y ont vu une altération de l'ail.
Ce fait donne, en effet, à réfléchir sur la jus- aber nicht, mais non Littré rappelle l'anc.!

tesse de l'étymologie de Diez pourrait bien


; il locution « envoyer qqn. au berniquet ", le
y avoir au fond du mot bers et berceau une ruiner, et conjecture que berniquet se trou-
idée de claie, de treillage, de sorte que vant avec le sens de coffre à mettre le son, le
berceau, dans le sens de voûte en treil- primitif bernique a pu signifier son, une
lage, charmille, ne serait pas une expres- chose de rien. Or, bernique serait pour breni-
sion tirée de quelque ressemblance avec la que et viendrait de bran, bren, son.
forme d'un lit d'enfant. Aussi bien Ducangc BERTAUDER, voy. bretauder.
tire-t-il berceau du BL. bersa. claie d'osier BERYL, aiguc-marine, vfr. bericle, du L.
dont on entourait les forêts de chasse. bcrylhis (,5/;pu/./o;). Voy. aussi besicles.
BÉRET, BERRET, voy. barrette. BESACE, it. bisaccia, esp. bisaza, du L.
BERGAMOTE, du turc beg armôdi = poire bisaccium, plur. bisaccia (Pétrone), pr. sac à
du seigneur. deux poches. Le mot masc. bissac, piém.
1. BERGE, bateau, voy.barque. bersac, répond à un type latïn bisaccus
2. BERGE, bord relevé d'une rivière, esp. BESAIGRE, composé de la particule péjo-
barga; mot prob. celtique cymr. hargodi, : rative bis, bes (voy. barlong) et de acer =
surplomber, bargod, bord, gouttière. aigre.
BERGER, voy. brebis. —
D. bergerie, et les BESAIGUË, = doublement (Z^/s) aiguë, c.-ci-d.
noms d'oiseaux bergère, bergerette (v. c. m.), à deux taillants.
bcrgeronuPÀtc (qui habitent avec les bergers). BESANT, it. bisante, esp., port, besanie,
BERGERETTE, 1. petite bergère; 2. = prov. bczan, BL. byzantius, byzantus, mon-
bergeronnette ; 3. anc. fr., chant de berger naie de Byzance. —
D. hesanté, t. de blason.
qui se chantait le jour de Pâques en certaines BESAS. Voy. le mot suiv.
contrées de là; 4. boisson composée de vin
: BESET, altération, dit-on, de besas, qui dit*
et de miel, dont on faisait usage quand on la même chose et qui est = bis -\- assis. Je
chantait la bergerette. préfère y voir l'adv. lat. bis muni du suffixe
BERGERON, forme extensive de berger, de et, comme dans besson, jumeau, le même bis
là : bergeronnette, pr. la petite bergère, l'oi- avec la terminaison o)i.
seau qui vit dans les prés, en compagnie des BESICLES; l'étym. par bis-cyclus, à deux
troupeaux (cp. bouvreuil, le petit bouvier). ronds, est aussi fausse que celle de bis-circuli
BERIL, voy. berijl. ou de bis-oculi; d'après Ménage, le mot n'est
BERLINE, carrosse inventé à Berlin. — qu'une modification de l'anc. bericle (wall.
D. berlingot. berik), qui, lui, représente une transforma-
BERLOQUE, voy. breloque. tion (le beryllus, signifiantau moyen âge lu-
BERLUE est le même mot que le vfr. bellu- nette, et que représente également l'ail, brille.
gue et prov.
béluga, qui signifie étincelle et Pour s = chaise p. chaire.
r, cfr.
dont diminutif est beluette (patois norm.
le BESOGNE forme féminine de besoin,
est la
aussi berluette), aujourd'hui contracté en besoing' {cû\ prov. besonh et besonha); ce sont
bluette. L'un et l'autre sont composés du L. des composés de soin, dans le sens duquel
lux, lumière, et delà particule péjorative bis, aussi les acceptions des deux former se con-
bes, ber, dont nous avons parlé sous barlong ; fondent. La vieille langue possédait en outre
le sens foncier est fausse lueur. Cfr. un mot du même radical essoigne, exoine, nécessité,
:

de signification analogue l'it. barlume, : difficulté, embarras, empêchement, excuse en


faible clarté, l'e.sp. vislumbre [diQ bis et lumen). justice (d'où le verbe essoigner) et ensoignier,
Remarquez encore les mots du dialecte de occuper, resoignier, craindre. Dès le moyen
. .

BÉV — 54 — lilC

âge le plus reculé on rencontre les mots BL. BÉZOARD. it. belsuar, port, besuar; du
siimiis, sunnia, sonia, avec le sens d'empê- persan pàdsahr, composé àopàd, qui chasse,
chement de là l'idée de s'arrêter à une
l(^p;al ; et sahr, zahir, poison. En arabe bàdizahr,
de soin. Grimm tient sunnis
affaire difficile, bâzahr.
pour un mot tudesque, identique avec le nord. BIAIS, proT., esp. de Valence et catalan,
sy», abnegatio, et rapproche do celui-ci le biax, angl. bias, sarde biasciu, it. (avec
goth. sunja, vérité, et SJoy on, ju.stifier, puis un s prépositif) sbiesco (Naples sbiaso). Par
le vieux saxon Sîomea, justification, nécessité, syncope, du L. bifax. Isidore, gloss. bifax:

empêchement. Cependant, le préfixe be, que duos habens obtutus, donc =


« à deux vues,

les formes orthographiques de besoin, pas plus louche "; comparez esp. bis-ojo à deux yeux,
que le sens, ne permettent d'envisager comme louche. Papias donne la même définition « à
la fameuse particule péjorative bis (voy. bar- deux vues " à l'adj. bifacius ; aussi trouvc-t-on
long, berlue, besaigre), fait préférer l'étymolo- dans la latinité du moyen âge bifacies (subst.)
gie bi-siiinigi, mot vha. qui signifie scrupulo- avec la signification de dissimulation. Do bifax
sitas, et dont .se laisse fort bien inférer bisiuni, (bi.s-fax = bis-oculus) s'est produit bifais et
qui serait définitivement le tyjie de besoin. en dernier lieu biais (pour la syncope de f,
Ducange propose comme original de soin le cfr. prov. reusar de refuser, preon do pro-
latin somninrn, ayant trouvé dans un ancien fundus). Biais a donc pour acception primi-
glossaire sornnium p/sovri;, mais ni la forme
: tive celle de louche, d'où celle d'obliquité.
ni l'idée ne permettent de le suivre. Impos- L'it. bieco, louche, de travers, n'est cependant
sible aussi de rattacher le néerl. besig, occupé, pas le correspondant du fr. biais, si l'étymo-
k besoin et besogne. Disons finalement que les logie donnée ci-dessus d'après l'opinion do
mots jfoiJi, besoin et besogne ne sont pas encore Diez est juste; bieco vient, .selon Diez, par
tirés au clair, malgré les efforts des savants. aphérèse du L. obliquus. —
D. biaiser.
— D. besoigneitx ; besogner (autrefois ce verbe BIBELOT, variété do bimbelot.
équivalait à être nécessaire). BIBERON, qui aime à boire, forme exten-
BESOIN, voy. l'article précdent. sive de L. bibo, bibonis, buveur. —
Le même
BESSON. jumeau, BL. bisso, voy. beset. mot s'est appliqué au bec d'un vase et aux
BÉTAIL, voy. béte. appareils destinés à faire boire les malades ou
BÊTE, BESTE*. L. bestia.— D. bêtise, abêtir, les enfants. —J'ai relevé dans mon 011a Pa-

embêter sans doute aussi le terme populaire tella la glose bibilo, fr. biberon au sens de
;

bêta. — Bestialis, bestial; bostialitas, bestia-


« culex nascens in vino » (dans Isidore bibio).
:

lité; bestiarius, bestiaire; bestiola, bestiole. — Cp. vfr. bibet, moucheron.


Bétail, p. beslail, et leplur. bestiaux, viennent BIBLE, du pluriel L. biblia {-iliUt, les

du BL. bestiale. Le sens collectif était exprimé livres). — D. biblique, L. biblicus. Termes
autrefois par la forme fém. bestaille, qui ré- formés avec le mot grec ,3<8>t9v, livre :

1. B1BUOGR.KPHK, qui décrit les livres; en


pond au plur. neutre bestialia (cp. aumaille).
du L. grec cependant, jiiiUo/pscfoi signifiait qui
BÉTOINE, de beUonica, variété vetto-
écrit des livres.
nica, que Pline, xxv, 8, dit être d'origine
2. Bibliophile, qui aime les livres.
gauloise. On trouve aussi dans les auteurs la
3. BiBLio.M.\.NE,qui raffole des livres
forme vétoine.
(,aa(vîî3'ai).
BETON, sorte de mortier, anc. betun, gra-
4. Bibliothèque, ,3iS)i9&ï5/>j, dépM de livres.
vois, boue, fange. Etymologie incertaine.
BIBUS dans chose de bibus, chose de rien,
Betun pourrait s'expliquer par bitumen (prov.
sans valeur. Prob. un terme de fantaisie créé
betum], si le sens s'y prêtait davantage. Littré
par l'humour de quelque moine sur la base
le rapproche de l'anc. verbe beter, durcir, se
du vfr. bibaille, petit don fait pour boire
cailler, dont l'origine n'est pas sûrement
[bibere).
établie (d'après Diez, de l'ags. bœten, ail. bei-
1. BICHE, femelle du cerf, vfr. bisse, waW.
zen, faire mordre, corroder, mortifier).
bih, n. prov. bicho, piém. becia; c'est, selon
BÉTON, au sens de « lait trouble qui se
quelques-uns, le même mot que bique[\. c. m.);
trouve dans les mamelles au moment de selon d'autres, du L. ibex, bouc, chamois (vfr.
l'accouchement "; peut-être, .selon Bugge
ibiche). La deuxième etymologie est plus
(Rom. III, 145), un dérivé du \]xa..piost, ail.
mod. bicst (colostra, TrpwT-o'yxiy). Cette etymo-
acceptable, bien que douteu.se. —
D. bichette.
2. BICHE ', petite chienne, de l'ags. bicce,
logie, phonétiquement coiTecte, suppose une
angl. bitch, nord, bikkia, ail. betze. Frisch
forme antérieure beston supposait une mutilation ; le mot complet
BETTE, L. bcta; cps. betterave, L. beta serait, selon lui, barbiche, d'où babiche, biche
râpa (cfr. barbet). —D. bichon.
BEUGLER, vfr. bugler, mugir comme un 3. BICHE, t. de blason, variété de bisse.
bœuf, du L. biiculus,]e\n\e taureau ; ce même BICHON, voy. biche 2. —D. bichonner.
primitif a aussi fourni le vfr. bougie, bœuf. BICOQUE, it. bicocca. Ce mot vient, disent
BEURRE, du L. butyrum (gr. ,3oûtu/s5v). les dictionnaires, d'une place du duché de
L'allemand butter, néerl. boter, comme l'it. bu- Milan " qui était une simple maison de gen-
tiro, contracté biirro, sont de la même source. tilhomme, entourée de fos.sés, et dans laquelle
BÉVUE, composé de bes =- mal (voy. sous les Impériaux, s'étant postés en 1522, sou-
harlong) et vue. tinrent l'assaut de l'armée française comman-
BIE — ^l BIG

dée par le soigneur de Lautrec. Cette bataille BIFFER, d'oi'igine inconnue; prob. d'un
s'appelle la journée de la Bicoque. « L'étymo- subst. biffe, signifiant raie (l'ancien français
logiste ne s'accommodera guère de cette expli- avait nnmotbiffe, signifiant une étoffe rayée).
cation historico-géographique. Il s'agit plutôt — C. débiffer.
de trouver sérieusement l'origine de tout un BIFTECK, gâté de l'angi. beef-steak, tranche
ensemble de mots romans, réunis par Diez, de bœuf.
savoir it. bicocca (aussi bicciocca, bicicocca),
: BIFURQUER, de l'adj. L. bifurcus {bis,
écbauguettc ou jietit castel sur une hauteur, furca).
vénit. bicoca, maison caduque, sarde bicocca, BIGAME, L. bigamus (St. Jér.), deux fois
petite maison, escalier à deux paliers, terrasse, marié (mot hybride formé du L. bis et du
îomb. bicocca, toui'netto, guindre, esp. bicoca, grec yauîw, se marier). —
D. bigamie.
guérite en pierre, chambrette, place mal for- BIGARRER; selon Ménage, du L. bis-va-
tifiée ; enfin fr. bicoque, 1 . place mal fortifiée, riare (pour v devenu g, cfr. giron) d'après ;

2. maison masc. bicoq, pied-de-chèvre


cliétive ; Diez, un adoucissement de bicarrer, com-
(macliinc) verbe Iomb. bicoca, balancer. Rap-
; posé de bis (voy. barlong) et carrer, échique-
pelons encoi'e l'esp. bicoquete, bonnet de ter. Littré rappelle en faveur de l'étym. de
paysan, bicoquia, bonnet à deux bouts, piém. Ménage les termes berrichons gare, gariau,
bicochin, bonnet de prêtre, fr. bicoquct, espèce etc. = de couleur variée. —
D. bigarrure,
de chaperon. Pour beaucoup de ces termes, bigarreau, bigarade, sorte d'>)iange (?).
tine explication par bis (marquant ce qui est BIGLE, anc. bide, louche. Ce mot est- il =
double et ce qui est mauvais) -|- cocca, coque it. bieco (qui vient de obliquvs) pai' transpo-
(coquille, au figuré cabane, maisonnette, = sition de Z; ou (cp. esp. bisojo) contracté de
chaperon) parait assez satisfiiisante. bis oculus [bisigle, bisgle, bigle)'\ Diez donne
BIDET, cheval de petite taille. La racine la préférence à la dernière supposition, en
est celtique gaél. bideach, menu, bidein, citant le mot bornicle, borgne, du dialecte du
petite
;

créature, cfr. cymr. bidan, homme Jura. — D. bigler.


faible, bidogan, petite arme. BIGNE, tumoiir, patois beugne, voy. bei-
BIBON, peut-être de la même famille que gnet.
bedon, tambour, vaisseau bombé, ventru. — BIGORNE, p. bicorne, L. bicornis; enclume
D'après Bugge (Rom., III, 145), il parait être à deux cornes ou pointes.
emprunté aux langues du Nord; l'isl. a bydha, BIGOT, terme injurieux appliqué en pre-
vase rétréci par le haut les dialectes norvé- ;
mier lieu, dit-on, aux Normands. L'explica-
giens ont bide, baratte, bidne, broc. tion et l'occasion de cette injure sont exposées

BIEF, voy. biez. dans Ducange, qui, sous le mot Bigothi, rap-
porte le passage d'une chronique d'après
BIEN, adv., du L. bene. La forme adver-
lequel le duc RoUon se serait refusé à baiser
biale s'est substantivée dans le bien, rendant
le pied du roi Charles, en disant en anglais :
le neutre latin bon\im. Cp. en it. subsfc. ben,
« Ne se bi God " (jamais par Dieu). Cette anec-
plur. béni (Dante). Composés avec cet ad-
dote, observe Diez, peut avoir été inventée
verbe bien-(''t)'e (cp.
: ail. wohlsein), bien-
pour expliquer le terme, bien qu'elle ne soit
faire" bienfaisant, -ancc (du L. benefacere);
,

pas invraisemblable en elle-même. On peut


bienfait, L. benefactum; bienfaiteur, L. be-
admettre que les Normands, se servant sou-
nefactor; bienheureux, bienséant, bientôt,
bienveillant (cette forme veillant voulant, = vent de ce juron, l'aient reçu pour sobriquet.
Si god, dit encore Diez, ne s'est pas trans-
est remarquable c'est ou une corruption de
;
formé en goi, comme dans les jurons vfr.
l'ancienne forme vœillant voillant ou un sou-
vertu-goi, prov. mod. tron'de goi, ce\d,,^e\\t
venir de l'infinitif latin velle) ; bienvenu, bien-
tenir à l'influence du synonyme cagot. Fran-
venue (de benevenire l'ancienne langue avait
fait un verbe actif bienveigner bien accueil- = cisque Michel a proposé Yisigothus. D'autres
voient dans bigot, it. bigotto, une forme se
lir nous avons conservé ce sens actif à bien-
;
rattachant à Beguini, Beghardi, Beguttae,
voiir dans se faire bienvenir).
noms de sectes religieuses aspirant à une vie
BIENNAL, L. bicnnalis (de biennium, pé-
de dévotion et portant l'habit gris des francis-
riode de deux ans, rac. amius).
cains (voy. béguine), et Wedgwood n'hésite
1. BIERE, boisson, it. birra, du m\\ù,.bier. pas (évidemment à tort) à déduire toutes ces
On rencontre ce mot sous différentes formes dénominations, auxquelles il ajoute Bizzocchi,
dans les idiomes germaniques et celtiques. Bizoccari, à l'adjectif it. bigio, vénit. bizo
2. BIÈRE, civière, cercueil, voy. bard. (voy. le mot bis), gris. Quoi qu'il en soit, le
BIBVRE, castor, angl. beaver, ail. biber, sens que nous attachons à bigot ne date pas
néerl. bever, it. bibaro, esp. bibero, bevaro, d'avant le xvi" siècle. Pour décider la ques-
lith. bebrus. Le L.a ^ber, mais une scolie do tion de l'origine du mot, il faudra, observe
Juvénal présente l'adj. bebrinus. La muta- — Diez, s'occuper en même temps de l'espagnol
tion de l en ie est correcte, observe Fœrster ; bigote, moustache (de là le vfr. bigot ère ou
elle est amenée par la labiale suivante, comme bigotelle, pièce d'étoffe pour retenir la mous-
dans genièvre de junîperum, antiefne, an- tache en état, et l'expression espagnole hombre
tienne, ôiQ antiphona [CY\^:i[ , p. 346). de bigote, homme d'un caractère ferme et
BIEZ ou bief, BL. bedium, vfr. bied, breton sévère), en outre de l'it. sbigottire, faire per-
bèz; del'angl. bed., ail. bett, lit. dre courage, et du vfr. bigoter, irriter. Aussi
BIL — 56 BIQ

Langensiepen r.ittaclic-t-il hardiment tous ces blason, fitrure en forme de carré long, dim,
vocables au L. obliqnus {d'où l'it. bieco et bico, debill'-2.
de travers, louche) ; il prend donc biffot poiir BILLEVESÉE: selon Leduchat : do bille
obliquottus, on lui donnant le sens métapho- (boule) et vesce (soufflée), cp. r^ese, pleine de
rique de faux dévot l'it. sbiyottirc est expli-
;
vent, dans Rabelais; d'après Litti*é : == belle
qué de loi même manière par faire aller do vessie,chose de vent, chose de rien.
travers, faire j)erdre contenance, et enfin BILLION," mot formé sur le modèle de mil-

bigote, moustache, par barbe transversale. Il lion, avec bi pour bis, lo degré au-dessus, de
pense que le mot bigot a pris naissance soit en million » (Littré).

Italie, .soit en Espapno. mais non i)as en BILLON, it. biglione, esp. velloii, BL. billio.
France. Nous tenons cette explication i)our Les étymologies ne font pas défaut. Covarru-
peu plausible. —
Littré incline pour Yisi- du L. vcllus,
vias fait venir billon et vellon
goth ; cette étymolopie permet do voir dans toison, parce Romains marquaient
que les
bigot à la fois un terme de mépris et un terme anciennement leur monnaie de cuivre de la
d'éloge, ayant jm, .selon le point de vue. c\\m- figure d'une brebis. Antoine Nobrissensis, au
mer ou un homme méchant ou un homme lieu de velloit, écrit villon, qu'il dérive do
brave et courageux le changement du v en b,
; vilis. Ménage propose conformément à
bulla,
toujours difficile on français, a pu se faire l'avis de Scaligcr, qui, à propos du moy.-grec
dans les autres langues romanes, qui le com- (îojUwr^îiîv =
cuneus monerae, .s'exprime
poHont davantage. ainsi « bulla cnim estdiploma regium
: ita ;

BIGRE, jurement adouci de bougre. quoque dicta est monetac matrix, quia regiam
BIJOU est expliqué par un type bijocus, habeat eflfigiem. " Billon serait ainsi, comme
tiré de bis-jocarc ; ce serait quelque chose de billet et bulletin, un rejeton de bulla, fr bidle
taillé et de brillant de deux côtés, à de»ix fii- (v c. Voici, d'après Littré, la série des
m.).
cettes. Chcvallct, approuvé par Diez, dérive le sens de ce mot Le sens primitif est lingot,
:

mot du celtique breton bisou, bésou, bague,


: soit d'or, soit d'argent (or et argent en bille
de bis, doigt. Langensiepen propose un ori- opposé à celui en plate): piiis lion où l'on fait
ginal bijugus, à deux dos, à deux faces. D. — des billons, où l'on fabriijue la monnaie; en
bijoutier. troisième lieu, monnaie bonne ou mauvaise
BILAN, L. hilanx, voy. balance. qu'on porte au billon, à rhr>tel des monnaies
BILBOQUET, de bille -\- boquet, petit bois ? pour y être refondue en quatrième lieu, mau-
;

voy. bois. Frisch de bille. -\- bocca, bouche,


: vaise monnaie, cuivre avec alliage d'argent,
trou. Selon d'autres : de bille -\- bocquet, f,>r et même cuivre seulement. » Littré fait ainsi
de lance. venir billon de bille, pièce de bois allongée
BILE, L. bilis; bilieux, L. biliosus. (cp. billette). Pour la forme angl. bullion, il

BILL, mot anglais, mais d'origine française n'y voit (ju'une altération du mot français.
et représentant fr. bille', primitif de 6î//t'f. BILLOT, voy. bille 2.
BILLARD, d'abord bâton recourbé pour BIMBELOT, aussi bibelot, jouet d'enfants,
pousser des boules, puis queue de billard, pmpr. poupt''e ; de la même racine bimb ou
puis la table sur laquelle on pousse des boules bamb qui a donné bambin, anc. ital. bimbo,
avec le billard; le mot ne vient donc pas de enfant, poupée. — Dans ma lexicographie la-

bille, boule, mais de bille, pièce de bois. tine du xii^ et XIII* siècle (p. 135) j'ai consigné
1. BILLE, boule, it. biglia, esp. billa, L. rertda{\)o{\tG chose) glosé par fr. benbelos.
d'après Diez prob. du mha. bichel, osselet, BINAIRE,L. binarius.
néerl. bikhel ; d'après Littré, il y aurait as.si- BINARD. chariot ayant les deux paires de
milation entre bille, bâtonnet, et bulle, boule. roues d'égale hauteur, de L. binus double.
2.BILLE, pièce de bois, tronc, branche, BINER, donner un second labour, du L. bi-
anc. aussi quille du celtique irl. bille, bret.
; : nus. —
D. binette; binot, charrue.
bill, pill, ga'él.pill, tronc d'arbre. — D. bil- BINET, petite bobèche ; peut-être de binu.s,
lot ; billon, sarment verbe ; billcr. le binet étant envisagé comme un deuxième
BILLEBARRER, barrer avec des billes {bille chandelier.
dans le sens de bâton), cp. le terme bâtonner. BINOCLE, de L. binioculi, deux yeux, donc
BILLEBAUDE, désordre, confusion; de bille, lunette double. C'est un mot inventé en même
boule, et bande, hardie, folle (voy. baudet) ? temps que la chose.
Le tei'me se rapporterait d'abord au jeu de BINOME, terme scientifique, composé de L.
quilles ou de billard. D'après Littré belle :
bis et du gr, v9y.vi, division. Le circonflexe
hardiesse [baude pris substantivement). est sans raison.
BILLET, pour bxillet, it. bolletta, bulletta, BIOGRAPHE, mot nouveau, de V.o;, vie, et
propr. petit papier muni d'un sceau. C'est le y/iiystv, écrire. — D. biographie.
diminu<^if de bille p. bulle, cédule (v. c. m.). BIPÈDE, L. bipes, -edis, à deux pieds.
Pour l'altération de bidlet en billet, cp. bigne, BIQUE, chèvre, correspond à l'it. becco,houc
de biigne. —
D. billette (v. c. m.) billeter, On trouve déjà sur une inscription romaine
étiqueter. le mot becco, accompagnant la figure d'un
1. BILLETTE, vfr. bullette, petit écriteau, bouc. Ce mot doit être d'origine différente que
forme fém. de billet. bouc. Cfr. dans les patois beqid
: =
chevreau
2. BILLETTE, bois de chauffage ; en t. de (Jura), bequot, id (Champagne), bequeriau,
BIS 57 — BIS

agneau (Hainaut), becard, bélier (Noraiandie). biscotturn) sont tirés directement de la forme
— D. biquet, dimin. de bique,
1. 2. espèce italienne.
de trébucliet, cp. chèvre, chevron. BISE, vent du nord, voy. bis, gris.
BIRIBI, nom d'un jeu, de l'it. birihisso, BISEAU, esp. bisel, bord taillé oblique-
m. s., dont j'ignore l'origine. ment, angl. besel, chaton d'une bague, basil
BIROUCHETTE. voy. brouette. = fr.biseau. On ûxit déi-iver ce mot du L.
1.BIS, adverbe latin, sign. deux fois. Em- bis, sans bien s'en rendre compte. Diez rap-
ployé comme préfixe dans bisaïeul, bisamiuel, pelle à cet effet les mots fr. biais (y. cm.) et
biscornu, biscuit et, avec retranchement de l'*", esp. bis-ojo (fr. bigle), dans lesquels l'idée de
dans bigorne, bipède, etc. Sous la forme plus bis tourne en de travers, oblique.
celle —
française bes, be, nous trouvons le mot dans Biseau ne pas dérivé dr L. bis comme
serait-il

les composés besace et besaif/ue. Pour la va- signifiant bordure à deux facettes taillées
leur toute spéciale, c.-à-d. péjorative ou dé- obliquement, en talus? Ou, comme l'indique
préciative de ce ])réfixe et ses altérations en Littré, de bisellium, traduction de SizSfyx,
bes, be, ber, bre, bar, voy. sous barlong. — dièdre. —
D. biseauter, ébiseler.
D. bisser, t. do théâtre. BISET, voy. bis.

2.BIS. de couleur grise, noirâtre, prov. BISETTE, dentelle de bas prix, de bis, gris;
bis, it. bigio. Isaac Voss dérive bis d'un adj. hy- cp. it. bigiello, et le fr. grisette. Cp. aussi
pothétique bysseus, do couleur coton. Outre blonde, dentelle de soie.
que les noms des couleurs sont siijets aux BISMUTH, ail. bissmuth ci wissniuth, dan.
variations de sens les plus diverses, cette éty- bisniut. Origine inconnue.

mologie gagne en probabilité de ce que le gr. BISON, bœuf sauvage, L. bison (jS'jwv).
;3-J77î; signifie aussi la soie brune de la pinna
BISONNE, voy. èù- 2.
marina, et de ce que le portugais présente BISQUE ce mot reste obscur soit dans
; le

pour bis la forme buzio. Le double s simpli- sens de jiotage, soit comme terme du jeu de
fié ne fait pas difficulté, cp. fr. mi.ie du L.
paume. On dit en it. bisca, p. jeu, tripot.
missa. Toutefois, Diez se prononce en faveur BISQUER, éprouver du dépit ; on indique
de l'étymologie bornbycius (de coton), mot qui nord, besk, angl. baish, aigre; ou le mot
v.

existe et dont la première syllabe a été retran- viendrait-il de bisque, comme terme du jeu de

chée comme dans basin. —


Le mot fr. bise, paume, avec le sens d'accepter la bisque,

vent du nord (en vfr. aussi contrée septen-= s'avouer plus faible? Ampère pensait à l'it.
bissa, colère il fendrait pour cela un intei'-
trionale), pourrait être considéré comme un ;

dérivé de l'adj.puisquQ en latin aussi


bis,
médiaire biszicare. Le prov. a biscar, que
les étymologistes expliquent par s'emporter
nord et sombre ou noir sont synonymes,
comme le prouvent aquilo, vent du nord, et ou s'impatienter comme la chèvre [bisca).
aquiJiis, brun, noirâtre; cependant ce mot BIS SAC, voy. besace.
bise parait être plutôt dbrigine germanique, BISSE, t. de blason, couleuvre, it. biscia;
et venir de bisa, pisa, vent orageux, que l'on d'après Diez, d'un subst. fictif vha. biso, bête
trouve dans les plus anciens monuments du mordante; cp. dans les dial. lombards bisia,
haut allemand (cfr. le suisse-ail. bise et bcis- besia, piquer, bisiell, aiguillon d'abeille,

wind, vent du nord). A Come,le mot biss, norm. beser, être piqué.
sombre, s'applique particul. au temps cou- BISSECTION, section en deux, du L. bis -f-
vert. —
Enfin, peut-on se demander, le nom sectio.
BISSER,
de couleur viendrait-il du nom du vent? Tout faire répéter \\n morceau, du
cela est difficile à débrouiller. L'esp. dit — L. bis, deux
BISSEXTE. jour
fois.
intercalé après le 24 fé-
pan bazo pour pain bis; :Mahn tient ce mot
bazo pour identique avec le basque basa, vrier, qui était le 6 des calendes de Mars, de
beza, noir, auquel il rattache également l'it. sorte qu'il y avait deux sixièmes (bis sextus);
bigio et le fr. bis, tandis que Diez rattache adj. bissextile, L. bissextilis, qui contient un

ba20 à bombacius, variété de bombyceus. jour bissexte. Do bissextus, jour réputé m;d-
Ménage avait proposé piceus (de pix, poix). heureux déjà par les Romains, vient, par cor-
;— D. de l'adj. bis : biser, noircir (en parlant
ruption, l'ancien mot bissêtre, bissestre =
des blés céréales); malheur.
bisaille, farine employée
pour le pain bis biset, pigeon sauvage de
BISTOURI, vfr. bistorie, couteau, poignard.
;

couleur bise; bisette iw. c. m.); bisonne, sorte On il en BL. bastoria, gourdin, massue, du
de toile grise. même radical que bâton; mais Tidentité de
ce mot avec bistourie reste problématique.
BISAILLE, voy. bis.
Fille est en tout cas moins improbable que les
BISBILLE, de l'it. bishiglio, bruit sourd et
étymologies bis-torluosus ou pistoriensis (de
confus.
la ville de Pistoie), que l'on a sérieusement
BISCORNU, du L. bis cornutus, à deux mises en avant.
cornes ; puis, bis revêtant son sens péjoratif,
RISTOURNER. BESTOURNER*, mal tour-
= qui a une forme irrégulière, baroque.
ner, déformer, de bis, mal (voy. barlong) -}-
BISCOTTE, voy. biscuit. tourner.
BISCUIT, vfr. 6m»Y (Joinville), it. biscotto, BISTRE, suie cuite et détrempée, ail. bies-
esp. biscocho, du L.bis'coctus, deux fois cuit. ter.Beaucoup de dictionnaires rapportent ce
Les mots français biscotte et biscotin (BL. mot à bis, mais cette presque unanimité d'opi-
BLA — 58 — BLA
nion ne nous convainc pas sur Texactitude viendrait do l'adj, cymrique bluwr, gris de for
do ce raj)i)ort. —
D. bistrer. (cfr. en anglais gray, qui signifie à la fois
BITARDE, BISTARDB, voy. outarde. gris et taisson, et le pic. grisard, qui est
BITORD, espèce de cordage, du L. bis tm'- aussi le nom du blaireau dans le Renard); non
ti'.s, rordu deux fois. seulement il n'existe pas de trace d'un adjec-
BITTE, pièce de bois, pieu, it. bitta; du tif fr. blair, mais encore l'équation cymr. aw
nord, biti, poutre transversale, angl. hit; = fr. ai est contre l'analogie. Saumaise, peu
gloses d'Erfurt : bitus, lignum quo vincti scrupuleux, admettait l'identité do blércl' et
flagellantur. de L. glirellus, petit loir, parce que l'un et
BITUME, prov. bettcm, esp. betitn, du L. l'autre do ces animaux s'engraissent en dor-
biti'hieii, m. s. mant, Guyet songeait à un original melarellus,
BIVAC ou BIVOUAC, de l'ail, bivcaclit ou formé de melis ou mêles, martre. Nous citons
beiwacht, garde accessoire et extraordinaire ces étymologies pour mémoire, ainsi que l'opi-
[bei, auprès, wacht, garde). D. biraqucr — nion do Littré (Journal des Savants, 1855),
ou bivovnrjuci'. qui pensait à un rapport d'origine entre blai-
BIZARRE, diôle, capricieux, it. bisarro, reau et bêle', primitf do belette. (Depuis lors,
colère, vif, entêté, drôle, esp. et port, bisarro, le savant et consciencieux auteur du Dict, do
chevaleresque, magnanime. Il est difficile la langue fr. s'est rangé à l'opinion do Diez.)
d'expliquer soit l'origine, soit le rapport i-è- Une autre dénomination anglaise du blaireau,
ciproque de ces mots. Le subst. bisza, colère, bawsin, que Millier croit identique avec fr,
parait avoir été déduit de l'adjectif. La langue bauçant (voy. bahan) et qu'il rapporte à la
basque possède l'adj. bisarro avec le même barre blanche sur le visage du mammifère, lui
sens que l'esp., et en outre le mot bizarra, suggère le soupçon quo badgcr pourrait bien
avec l'acception barbe. Malin établit ainsi la venir do badge, signe, et blaireau du néerl.
filiation des sens, en partant do barbe : barbu, blaere u vacca nigra, sod fronte albo « (Ki-
viril, brave, courageux, violent, vif, etc. On liaen). —
L'étym. » marcliand do blé " est
disait autrefois bigcarre; la satire -Ménipi)éo appuyée (Rom,, VIII, 436) par Wedgwood
a se bi//fnrrrr p. se disputer. sur les traditicms populaires anglaises, et ap-
BLACBOULER, néologisme, imité de l'angl. prouvée par G. Paris.
blackball, rejeter au vote par une boule (angl, BLAIRIE, droit perçu par le seigneur (sei-
bail) noire (angl. black). gneur blayer) pour la permission de faire
BLAFARD, selon Diez, du vlia. bleifi-farv, paitre sur les terres et prés dépouillés ou
de couleur pâle. Le d serait ajouté comme dans le» bois non clos; BL. bladaria, de bla-
dans homard, bard, etc., pour obtenir une dum, blé.
forme plus française. —
Le mot n'apparais-
BLÂMER, BLASMER*, it, biasimare, du
sant pas avant le xiv* siècle, Storm (Rom. V,
lat.ecclésiastique blasfemare (gr. ftlctif/ifitlv),
168) en conclut qu'il n'est pas germanique;
qui au moyen âge avait pris l'acception de
il y voit une altération de blavard et le tire
vituperare, damnare, culpare. L'original s'est
du prov. blau, blava, livide. Pour v devenu f, conservé intact dans le terme savant blasphé-
cp. toutefois de toKtevoies, it. schifarc •= fr. es-
mer. Le subst. blasfemia a, par un change-
quiver. —
Anciennement, le mot s'appliquait
ment remarquable de Vf en t, produit aussi le
aussi à la mollesse de caractère.
vfr. blastenge, prov. blastenh, it, biastemmia
BLAGUE, vessie ou petit sachet de toile ou
de peau de là blaguer, hâbler, faire des contes
;
{aniss'i bestem7nia). — D. blâme, ^rov.blasme,
it. biasimo, biasmo.
ou des blagues. Pour le rapport d'idée entre
BLANC, it. bianco, esp. blanco, j)rov. blanc.
« chose vaine " et « chose enflée " comparez
boursoufler, billevesée et autres expressions
,
— Le mot vient incontestablement du vha.
blanch, ail. mod. blanh, brillant, blanc (de
analogues. Blaguer peut, du reste, aussi bien
la mêmefamille que le verbe allemand blin-
n'être qu'une modification de braguer (v. c.
hen, briller). Comparez L, candidus, de ca7i-
m.), cp. flaire^' p, frairer. Le substantif
blague, s'il ne vient pas du celtique (gaël,
dere. —
D. blancheur, blanchâtre, dimin,
blanchet, blanchir, blanchaille; blanque,
blagh, souffler), pourrait être une métathèse
blanquet, blanquette.
de l'ail, balg, dont le sens premier est outre,
soufflet, et qui vient d'un verbe belgan, s'en-
BLANCHIR, fact. et inchoat. de blanc. —
D. blanchiment, -isseur, -isseuse, -issage,
fler. Il y a également affinité entre ce balg
-is série.
germanique et le mot gaulois-latin bulga,
bourse, fr. bouge. BLANDIR', L. blandiri ; suhst. blandices*
BLAIREAU, BLÉRE AU *, accuse un type (encore employé par Chateaubriand pour flat-
laX'yw bladarellus, diminut. de bladarius, mar-
terie caressante), L, blantitiœ.

chand de blé, vfr. blaier, dér. de bladum, BLANQUE, espèce de jeu, direct, de Vit.
blé ; blaireau a été dénommé ainsi comme
le bianca. Dans ce jeu, la blanche est signe de
voleur de blé, destructeur des campagnes; perte.
par la même raison, cet animal s'appelle bad- BLANQUETTE, ragoût de viandes blanches.
ger chez les Anglais, mot gâté de bladger = BLASER, verbe inconnu aux anciens dic-
bladarius. Cette étymologie suffit à toutes les tionnaires et dont l'étymologie n'est pas fixée.
exigences. Aussi Diez repousse-t-il celle éta- Nous ne prenons pas au sérieux les renvois
blie par Diefenbach, d'après laquelle blaireau au grec ,5)à^îcv, dire des sottises, ou à l'adjec-
BLE — 59 — BLE
tif ,5/âÇ, mou, relâché. Autant vaudrait allé- abladium pour blé récolté. Pour établir la
guer l'ail, blass, pâle, ou l'adjectif-participe dérivation « bladum, biada de L. ablatum,
aufgcblasen, orgueilleux (de blascn, souffler). ablata », il n'est pas même nécessaire d'ad-
Littré rappelle, avec plus de probabilité, le mettre une influence de l'article l'apliérèse ;

mot blaser des dialectes signifiant brûler, de a ne serait pas plus étrange que celle de o
dessécher, lorsque cet effet est produit par dans le mot du
de Crémone biada, pour
dial.
l'usage excessif des liqueurs fortes (c'est l'angl. ablata, fr. oublie. —
Mahn défend la prove-
blazc). nance celtique de blé; il croit à l'existence
BLASON, armoiries, science héraldique, it. d'un celt. blad, avec le sens de fruit, froment,
blasone, esp. blason, port, brasâo. Le mot blé. —
Dérivés de bladwn : Mairie (v. c. m.),
blason (prov. blezô, blizô) se produit d'abord blatier ou bladier; BL. imbladare, doii em-
avec le sens de bouclier ou d'écu, surtout blaver ('p. embla-er), ensemencer, autrefois
d'écu orné. Jaume Febrer, poète de Valence aussi embléer, emblayer)-., BL. debladare, fr.
de la fin du xm^ siècle, emploie blasô à la fois déblayer, debléer'; blavet, blavéole, anciens
pour armoiries, et pour gloire, éclat, signi- noms pour bluet.
fication encore attachée au mot espagnol. BLÈCHE, vfr. blaische', blaiche*, blèque*,
Diez en clierche l'origine dans l'ags. blaesc, mou, du grec ,5Xà?, même signification (cp.
angl. blaze, flambeau, d'où se dégagerait le BL. blax, stultus). Selon Grandgagnage, de
sens d'éclat, de magnificence ; de là le terme l'ail, bleich, ni. bleek, pâle, ce qui nous plaît
aurait été appliqué aux écus rehaussés de davantage. — D. bléchir.
couleurs; cp. prov. blezô =
écu « cubert de BLEME, blesme'iys ne parait pas organique,
teins e blancs e blaus ". Si nous saisissons car les textes anciens ont aussi blême), très
bien la pensée de Diez, il faudrait laisser se pâle de là le verbe blêmir (angl. blemish).
;

développer le sens de blason de la manière Ce dernier signifiait dans l'ancienne langue à


suivante flambeau, lustre, gloire, enfin ar-
: la fois frapper (pr. faire des taches bleues),
moiries, reflétant les hauts faits ou l'illustra- léser, blesser et salir ; c'est ce qui engage Diez
tion d'un gentilhomme. Généralement, on à rattacher ce mot, autrement inexplicable,
rattache blason à l'ail, blascn, sonner du cor, au nord, blàmi, couleur bleue [blà, bleu).
angl. blaze, publier, néerl. blazcn, vanter, Blême serait dont primitivement bleuâtre. =
parce que ceux qui se présentaient aux lices — Bugge, à l'appui de l'explication de Diez,
des anciens tournois sonnaient du cor pour allègue le subst. norois blaman « taclie bleue
faire connaître leur venue. Les hérauts en- produite par une contusion », lequel suppose
suite sonnaient à leur tour, puis blasonnaient un verbe è/ama, faire des taches bleues (Rom.,
les armoiries de ceux qui se présentaient III, 146). Il faut écarter les types latins bleci-
;

quelquefois même ils s'étendaient sur les mus bleich, ags. blaec) ou blaximus
(de l'ail,
louanges et les exploits de ceux-ci. D'après (de ^/i?,mou, faible), mis en avant resp. par
cette explication, blasonner serait pr. publier Chevallet et Ménage.
au son de la trompette, et blason l'objet de BLÉSER, du lat. blœsus (prov. blés, vfr.
cette publication. Mois), d'où aussi le subst. blésité.
BLASPHEMER, voy. blâmer.— D. blasphé- BLESSER, BLECIER'; Diez rappelle le mha.
mateur, -atoire; masculin blasphème
le subst. bletzen, sarcire, reficere, et le subst. bletz,
est le subst, abstrait du verbe blasphémer et morceau d'étoffe, d'où blesser se serait produit
non pas le représentant du mot latin avec le sens du composé mha. zébletzen, met-
blasphemia. tre en morceaux. L'étymologie be-letzen irait
BLATIER, marchand de blé, anc. bladier, mieux, si l'allemand présentait cette forme
BL. bladarius, de BL. blatum, bladum, blé. composée de letzen, comme il a ver-letzen,
BLATTE, L. blatta. équivalent du fr. blesser. Les anciens philo-
BLAUDE, voy. blouse. logues ont eu recours au grec, en proposant
BLÉ, vfr. bled, bleif, prov. blat, it. biado ; soit TT/vjjîîtv, frapper, soit l'infinitif-aoriste
formes féminines it. biada (dial. biava), vfr. /5),à'|i3;t, nuire ; c'est aussi peu admissible que
blée. Le BL. dit bladum et blatum. Diez n'ad- l'avis de Ménage, qui explique blesser par lœ-
met point l'origine german. de ce mot (ags. sare (de lœdere) avec un b prosthétique. —
blaed, fruit, bénédiction), les idiomes german. Pour moi, je pense, comme Diez, que le mot
n'ayant fourni qu'un fort petit nombre de est l'ail, bletzen, mais non pas dans le sens
termes agricoles aux langues romanes. D'autre qu'il lui prête; je le rapporte à ce verbe dans
part, le cymr. blawd, farine, mis en avant sa signification de marquer par une tache ou
par J. Grimm, ne s'accorde pas avec la lettre une incision [eincn baum bletzen , marquer un
de la forme romane. De tout cela Diez conclut arbre, d'eaux et forêts) d'ailleurs, le primi-
t. ;

à la nécessité d'une étymologie latine ; elle tif 6/e?^ lui-même a parfois la valeur de lésion,
lui est fournie par le participe ablata (pluriel blessure (voy. Grimm). Cp. l'ail, fleck, qui
neutre), choses enlevées, dépouille, récolte, et signifie lambeau et tache cp. aussi les sens ;

ilcite à l'appui l'ail, getreide, qui vient de tra- divers de fr. tache. En dernier lieu, j'ai vu
gen, ainsi que herbst, moisson, et Axoitôt, fruit, poser comme la source de blesser le vha.
qui, de même, signifient pr. choses enlevées. bleizza, mentionné à l'art. Met. En effet, notre
Avec l'article, ablata serait devenu Vablata, mot se retrouve dans les dialectes morvan et
Vabiada, la biada, et traité en masc. il biado. , berrichon avec les sens de pâlir, devenir
On trouve, en effet, au moyen âge, ablatum, blême ou de blettir, et repose, d'après les con-
BLO 60 — BOB

statations nouvelles, sur l'idée fondamentale synonyme se motter, dérive blottir de Vanc.
« amollir, affaiblir, meurtrir " on a dit
; fr. blnte, bloutre, motte de terre. Dans l'incor-
« blecier des olives » p. les amollir en bat- titude, il est permis encore d'indiquer bloc,
tant. qui, orthographié blot, signifie en t. do faucon-
BLET, dans poire blette " d'après Diez, en
« ;
nerie, le chevalet où rejjose l'oiseau.

rapport avec le vlia. bleisza, tache bleue pro- 1. trou de billard; le néorl.
BLOUSE,
venant d'une contusion. On trouve aussi poire bluts, trou, conviendrait parfaitement, mai.s
blèque; ce mot serait alors le même blèque en admettant cette origine, il faudra admettre
qui est mentionné sous blèche. Voy. aussi aussi que l'ancienne forme behuse<}<.t une al-
l'art, blesser. tération de blouse, pour l'explication duquel
BLEU, vfr. bloi, it. (dialectes) biavo, ànc. on n'a qiie terme HL. behsius, soi*te do
le
esp. blavo, prov. blave (fém. b/ava); du vha. drap. —
D. blouser, jeter dans la blouse; fig.
b/ào, blaw, ail. mcd. blaii. — D. bleuir, se blouser ^= se ])erdro, se tromper.
bleuâtre, bleuet ou bluet (v. c. m.). 2. BLOUSE, vêtement ce vocable est sans
;

BLINDER, couvrir, masquer, rendre invi- doute lo même que blaude et biaude, mot
sible; d'orig. allemande goth. blindjan,
: bourguignon pour .sarrau, dont on trouve
vha. hlcndan, ail. mod. blendcn, aveugler, aussi les variétés vfr. bliaut, lyonn. blode,
boucher [die thore blenden, fermer les portes ;
norm. plaude, pic. bleude. L'origine n'en e.<t
eine>i schacht blenden, fermer un puits; cp. pas établie. Malin indique le persan bdijàd,
en fr. aveugler une voie d'eau). D. blindes. — vêtement. Le BL. bclosius, signifiant une
BLOC, du vha. bloc, bloch (ail. mod. block), sorte d'étoffe (v. l'art, préc), est peut-être
d'abord verrou, clôture, puis tronc, souche. connexe avec blouse.
Ces mots sont composés du préfixe bi et de BLUET. p. bleuet, do bleu.
loli, et dérivent du vha. liechen,^o\.\\. lukan, BLUETTE. petite étincelle pour belhtette
fermer. Le bloc est donc une pièce ou un ou billi'//i'iiti\ voy. sous bcrliie.
ensemble de pièces destinées à boucher les BLUTEAU, voy'. l'art, bluter.

abords d'une place, puis, par extension d"idée, BLUTER est g'ént''raleinent dérivé, par nié-
une masse quelconque. —
D. bloquer d'où it. tathèse de /, de l'éciuivalent ail. beutelu, anc.
bloccare, esp. bloquear), blocage, blocaille, biuteln. Diez trouve cette métatliè.^c trop irré-
débloquer. — Le terme blocus vient do l'anc. guliôre et avance une tout autre étym., beau-
ail. bloc-hus, auj. block-haus, fortin; le sons coup plus plausible. Le latin du moyen àgc
concret s'est dans la suite converti en sens dit buletelluni \Hn\v cril)rum farinarium, et
abstrait : action de bloquer, buletare pour farinam cribro seccrnere ; cola
BLOCUS, voy. bloc. concorde avec les formes anc. bulteuu et bule-
BLOND, it. biondo, prov. blon (l'ail, blond ter, pour bluteau et bluter (dans lo llainaut
est un emprunt fait au français). On trouve et à Namur, on dit encore bulter). Au lieu do
dans l'anglo-saxon le terme blonden-feax =• Imletel, la vieille langue présente buretel, le
à cheveux mélangés, c.-à-d. gris. Le sens de bourguignon burteau, formes qui concordent
gris a-t-il dégénéré à la longue en celui de avec it.buratello, ])rov. buratel (au.ssi barutel),
fauve et de blond? Cela e.st possible, vu les dim. do buratto, qui signifie bluteau. Or. hii-
changements de sens que l'on voit subir aux ratto vient du vfr. bure, étoffe de laine gros-
noms de couleurs, mais toujours quelque peu sière. Nous avons donc la succession que
problématique. Le mot ne .se présente que voici buretel, buletel, blutel, bluteau, et ces
:

tard dans le latin du moyen âge. Ou bien, — mots signifient propr. une étoffe grossière,
et c'est là une conjecture émise par Diez, blond, propre à tamiser; d'autre part, bureter, bule-
serait-il ])r. un synonyme du nord, blaud, ter, bulter, bluter. Pour le rapport des idées
dan. blôd, suéd. blôt, qui signifie doux, mou, bure et bluter, on peut com[)arer filtre et
le blond étant la couleur de la douceur? L'in- feutre, deux formes et deux acceptions diffé-
tercalation de la nasale n est, comme on sait, rentes du même mot. —
L'ancien buleter a
chose fort commune. —
Quant au vfr. bloi', donné l'angl. boult, boit.
blond ardent, jaune, synonyme de blond, ce BOA, L. boa, espèce de serpent de mer.
n'est qu'une forme variée de bleu, dont l'ori- BOBAN', BOBANCE*, auj. bombance, pompe,
ginal germanique signifiait à la fois flavus et faste vaniteux, du L. bombus, bourdonne-
cseruleus. (Pour les formes diverses, compa- ment, bruit. Vénance Fortunata l'adj. bombi-
rez pau, poi, peu, du L. paucus.) Bloi a été eus, vaniteux, bruyant; cp. en prov. bomba
latinisé en bloius et blodius. Cette dernière = hobansa.
forme, nasalisée, n'aurait-elle pas engendré BOBÈCHE. Ce mot a-t-il le même radical
la forme française blond? D. blondir, — que bobine ? La forme de l'objet porte à n'y
-oyer ; bJondin; blonde (espèce de dentelle). voir qtie le même mot avec un changement
BLOQUER, voy. bloc. de terminai.-^on.
BLOTTIR (SE), se tapir, se ramasser en BOBINE, angl. bobbin ; selon Saumai.se, de
petit volume ; Diez laisse le choix entre ballot bombyx,, a cau.se de la ressemblance de la
[blottir serait pour ballottir, comme fy^ette p. bobine garnie de fil avec le cocon du ver à
ferrette, gline p. geline) et l'ail.
Mot zen, frap- soie ; Diez préférerait, sans l'établir, l'étymolo-

per, écraser. On pourrait appuyer cette der- gie bombus, bourdonnement, à cause du bruit
nière étym. des sens premiers des mots tapir de la bobine en mouvement. Wedgwood indi-
et cacher. Ménage, rapprochant l'expression que gaél. baban, une tassette de fil. Il est
.

BOl — 61 - BON
douteux que bobinette, p:titc pièce de bois /SoîX'î " pâturage » (cp. le mélange des sens
mobile pour fermer les portes, soit un dimin. " pâturage et bois » dans les mots latins sal-
de bobine. tus, nemus, silva)\ Storm, lat. buxus, « buis "
BOCAGE, voy. bois. — D. bocagcr. (le nom de l'espèce appliqué au genre, comme

BOCAL, vfr. boucal, boacel,\t. boccale,es^. l'inverse se présente dans le gr. ôpû;, pr. ar-
bocal; les uns, à cause du BL. baucaJe, citent bre, puis chêne). Voy. Rom., V, 169. D. —
le grec ^î^ù/a/i ou ,5zu/3t)iov, vase à goulot boiser, boiserie.
étroit; d'autres, le L. bucca, it. bocca, donc BOISSEAU, baisser, buisseV, wallon bois-
vase pour la bouche (cp. Fit. boccia, qui si- teau,BL. busteUus; selon toute apparence,
gnifie également carafe). un dérivé de baiste, boite, voy. ce mot. De
BOCARD, macliine à écraser la mine, de buissel les Anglais ont fait bushel. — D. bois-
l'ail, bochcii, ijochcn, frapper. selée, boisselier.
'BOCK de bière, néolog., contenu d'un grand BOISSON, voy. boire.
verre. A signifié à Paris en premier lieu la BOITE, voy. boire.
bière de Munich appelée bockbicr (litt. bière
BOITE, baiste*, prov. bostia, baissa et bros-
de bouc) ; puis le verre dans lequel on servait
tia. Ce mot vient du BL. buxida, accus, de
cette bière enfin, le mot s'est appliqué à verre
;
buxis (grec 7rv;t;). Buxida transposé en bux-
de bière en général.
dia, bustia, a donné bostia et enfin fr. baiste.
BODINE, quille de marine, de lall. boden, De boite vient déboiter, faire sortir (un os) de
m. s. (voy. bomerié). .

son articulation, disloquer; c'est à cette der-


BCBIJF, du L. bas, gén. 6om (cp. œuf do
nière acception que se rapporte, selon toute
ovum). Ce même primitif latin a produit :
probabilité, le terme boiter (wall. boisti), pr.
bovin, L. bovinus; boiœeau, boiœiUon; bou-
avoir mal à la boite il vaudrait donc mieux
;
vier-, BL. bovarius, bouverie, boveric' BL. ,
l'écrire, comme jadis, avec wn circonflexe.
bovai'ia.
1 .BOGUE, poisson, le « Boops vulgaris » de
— Autres dérivés directs de boite boîtier, :

emboiter, opp. àe déboiter.


Cuvier, it. boca, esp. bogo, prov. buga, du L.
box, bocis, aussi boce (gr. ^6x^, ,5wf). D. — BOITER, voy. boite. — D. boiteux (anc.
boistcus").
bouguière, « filet très délié " c'est, on n'en ;
1. BOL, terme de pharmacie, L. bolus [à.e
peut douter, proprement un filet pour pren-
dre les bogues ; il se retrouve, avec le même
iï}\o:, motte de terre). — D. bolaire.

sens, dans Fit. bogara, esp. boguera, port. BOL, coupe, vase hémisphérique, est,
2.

bogueiro. —
Voy. Banquier, Rom., VI, 269 comme l'ail, bowle, emprunté à l'angl. bawl,

qui lui-même est =


ags. bolla, vase à boire,
et suiv.
et appartient à la même famille que ail.
2. BOGUE, enveloppe piquante de la châ-
balle, oignon, L. buUa, fr. boule.
taigne, du BL. bauca, bracelet, lequel vient
du vha. bouga, bracelet (de biugan, fléchir, BOLIDE, du gr. ,3o/t,-, -îoî,-, chose lancée
courber). Cp. vfr. bou, anneau. (de ,îi:),/si;, lancer).

BOIRE, vfr. boivre, bevre, beire, du L. bi- BOMBANCE, pr. magnificence, faste; voy.
bere; part, bu p. bé-ii, de bibutus, forme bar- baban.
bare buvons, buvez sont des formes irrégu-
;
BOMBARDE, comme instrument de guerre
lières pour bevons, -ez (qu'employaient les an- et comme instrument de musique, de L. bam-
ciens). —
Du latin bibitionem, bib'tionem bus, bmiit, fracas. — D. bombarder, -ier.

s'est régulièrement déduit beisson, boisson. BOMBASIN, voy. basin. Il est curieux de
De bevre', anc. forme française pour boire, voir comment de bambasin se sont produits,
vient bevrage beveraggio, prov. beitratge,
(it. par une fausse interprétation étymologique,
angl. beverage), d'où bcurage, beuvrage et, les termes germaniques ail. baurnwolle, qui
enfin, par transposition de Vr, breuvage (voy. a l'air de dire " laine d'arbre », et angl.
abreuver). La permutation de \'e atone en u nom d'une étofi'e des-
banibast, qui, d'abord le
dans les formes verbales buvons, buvez, etc., tinée à ouater, sous l'influence de bom-
a,
s'est étendue aux dérivés buvable, buvette, bu- bance, pris l'acception de parole cmpoulée,
vetier, buveur, buvotter. Est encore dérivé de phébus
boire le subst. fém. boite, degré auquel le vin BOMBE, it. bomba, angl. bomb, ail. bombe,
devient bon à boire il répond au partie, du L. bombus, à cause du bruit sourd qui
fém. bibita [bib'ta).
;

accompagne le lancement de la bombe. D. —


BOIS, prov. bosc, it. bosco, esp, port, bas- ,
bomber, rendre convexe à la façon d'une
que, du BL. boscus et buscus (cfr. néerl. bos, bombe.
bosch ; l'ail, busch parait être emprunté aux BOMERIE, contrat ou prêt à la grosse
langues romanes). Ce mot boscus est dérivé, aventure sur la cpiille du vaisseau. De l'ail.
suivant Grimm, d'un adj. vha. hypothétique bodrnerei, qui vient de bodem", boden, carène
buwisc, buisc, formé de bauen, bâtir, et signi- (fr. bodine). Cp. angl. bottomry, m. s., de
fierait ainsi propr. matériel à bâtir. Le franc. bottani, carène.
bois a étendu la signification ordinaire de boscus BON, L. bonus. — D. bonace (v. c. m.);
et des formes parallèles, qui est celle de silva adj. bonasse (le suffixe asse avec sens péjora-
(réunion d'arbres), à celle de lignum (matière tif); bonne, garde d'enfants; banban, d'abord
de l'arbre). —
On conteste aujourd'hui l'origine un terme enfantin abonnir ; et abonner (v. c.

germanique du BL. boscus. Canello y voit legr. m.); bonté, L. bo7iitatem.


. ,

BON 62 — BOR
BONACE, calme de la mer après un orage, BORAX, mot arabe baurah, bôrah, du
:

it. bonaccia, esp. bonanza, prov. bonassa ; persan baurah. De boraj:, les chimistes ont
àe bonus, bon; cp. anc. esp. malina, orage, dégagé le subst. bore (d'où borate, -iqite).
tempête. BORD, dans le sens doxtrémité d'une sur-
BON-CHRÉTIEN (poire de). Ce nom, selon face, lisière, rive, se trouve dans la plupart
une opinion sérieusement accréditée, vient des langues germaniques vha. port, goth.
:

de saint François de Paule, dit le bon chré- baurd, ags. bord, angl. board, nécrl. bord et
tien, qui apporta ces poires d'Italie en France. boord, auéd., dan. bord; BL. bordus, borda,
Voy. Darmesteter, Compos., 25. bordum, it., esp. bordo. —
Dérivés de bord =
BOND, angl, bound, subst. verbal de bon- côté bordée, border, bordeyn- ; aborder, dé-
:

dir fv. c. m.). border, rebord. —


Dans le sens de « mem-
BONDE, bouchon, tampon, 2. le trou du
1. brurc de navire «, bord vient également des
tonneau à boucher; mot germanique. On langues germaniques, où l'on trouve ce mot
trouve encore avec le même sens le suisse avec le sens de planche, madrier, et ensuite
punt, le souabe bunte, etc.; le vha. a la forme avec celui de vai.sscau «. Faut-il déduire
••

renforcée spunt, d'où le mot actuel spiatd, raccepti(ni » vais.scau « de celle de planclie ou
holl. spond. —
D. bondon, débonder, Le — plancher (au fond, le mot bord ne désigne que
vfr. bonde, limite, borne, a une auti-e origine, la membrure du vais.<eau) ou de celle de bm'd,
voy. borne. —
Dans le dial. de Come, bondon extrémité, côté (le tout pour la partie). C'est ce
signifie une grosse petite femme, et boldon, que nous ne saurions établir; cependant,
bouchon, ce qui permettrait aussi de ranger l'analogie du L. trabs, poutre et vaisseau, fait
bonde sous le radical bod (voy. bouder) et de opter pour la première métonymie. Le vha. —
le rattacher à bodne, bonde, bonne, auj. borne bort, goth. baurd, planche, madrier, a encore
(v. c. m.). Voy. Mussafia, Beitrag, p. 35 fourni aux langues romanes les mots suivants :

(note). prov. et cat. borda, fr. borde, baraque, petite


BONDIR, picard bonder, bound ; dans
angl. maison ru.stiquc de là les dimin. it. bordello,
;

la langue d'oïl et en prov. bondir signifie re- fr. et piov. bordel, esp. burdel, angl. brothel,
tentir (Ducange cite BL. bnnda =
sonus tym- BL. bordelhitn (cfr. l'ail, hiittchen, bordel, de
pani, vfr. subst. bondie, bruit retentissant), ce hidte, cabane). Le sens de planche ressort
qui justifie rétymologie6o>nWta;'<?, bourdonner, encore clairement dans les dér. border, -aye,
contracté en bontare, bondare. Quant à l'infi- bordaille, en tant que termes de marine.
nitif en on a l'analogie de retentir, de tin-
ir, BORDE, métairie, voy. hard. D. hordier* —
nitare; pour le d, celle de coude, de cubitus, métayer
(on trouve du reste aussi bontir, avec un t). BORDEL, bordeaii', pr. petite cabane, voy.
Mais ce bondir =
sonner, est-il bien le même bord.
que le bondir =
sauter? Ce serait l'effet, BORDÉE, toute la ligne d'artillerie placée
c.-à-d. le rebondissement, la répercussion du sur le même bord dun vaisseau, puis dé-
son, nommés d'après la cause, c.-ù-d. l'émis- charge simultanée de cette ligne.
sion du son. Si cette métonymie est admise BORDER, voy. bard. D. bordure. —
(et l'ail, prallen, qui se rapporte également BORDEREAU, dimin. de bord, petit bord de
au coup et au son, la rend très plausible), il papier. Cp. l'origine analogue de liste.
faudra rejeter l'étymologie posée par Ménage, BORÉE. BORÉAL, L. boreas, borcalis.
qui rapproche l'expression espagnole botar la BORGNE, it. bornio, cat. borni, limous.
pelota, faire bondir la balle. Botar, par l'in- borli. L'expression bornicle, œil louche (dial.
sertion de n, peut fort bien avoir donné bon- de Genève) et bornicler, loucher (dial. du Jura),
der et bondir, mais de toute manière, il est ainsi que le vocabulaire de Douai qui tradtiit
inutile de recourir à l'espagnol, botar étant borne par strabo, attestent que le sens pri-
identique avec le fr. botçr\ bouter. D. bond ; — mordial du mot était " louche « Diez le raj>- .

rebondir. proche donc de l'esp. bornear, fléchir, cour-


BONDON, voy. bonde. —
D. bondonner. ber, en comparant les expressions esp. titerto
BONHEUR, =
bon heur, voy. heur. (pr. tordu), louche, borgne, et turnio, borgne
BONI, génitif neutre du L. bonus, c'est (de tornear, tourner). Mais l'origine de ce
« ce qui reste de bon » verbe esp. bornear est tout aussi incertaine
BONIFIER, L. mod. bonifcare, rendre bon, que celle de borgne (le breton born, borgne,
(bonum facere). —
D. bonification. paraît empninté du français). Notons encore
BONNET, prov. boncta, esp., port. io?!e<e. que dans le languedocien, bo7'ni a .signifié
Caseneuve : « C'était certain drap dont on aveugle; Cupidon y était appelé lou picho
faisait des chapeaux ou habillements de tête, (petit) borni; que le vocabulaire de Douai,
qui en ont retenu le nom et qui ont été appe- déjà cité, traduit bornier par lippire (être
lés bonnets, de même que nous appelons cas- chassieux) enfin que dans le dial. ail. de la
;

tors les chapeaux qui sont faits du poil de cet Silésie, on appelle bornichel la tumeur ocu-
animal. Le roman de Guillaume au court nez
dans le Charroy de Nismes « Un chapelet de
laire dite orgelet. — J. Ulrich (Ztschr., III,
: 266), se fondant sur l'affinité des idées forer et
bonnet en sa teste ". Quant à l'origine du tourner, propose pour borgncr (d'où vien-
mot, on la cherche encore. D. bonnetier, — drait l'adj. borgne), l'ail, bohren, forer, en ad-
bonneterie; bonneter, saluer du bonnet. mettant l'existence anc. d'une forme dérivative
BONNIER, mesure agraire, voy. borne. en anjan; cp. fr. épargner, qui est de même
BOT — 63 — BOU
expliqué par ail. sparen moyennant une forme BL. buticula, it. bottiglia, esp. botilla, botija,
hypothétique sparanjan. Cette étymologie est angl. bottle.
fr. bouteille,

par trop forcée. —


D. borgncsse, bornoyer, 3. BOTTE, tonneau, voy. l'art, précédent.
éhorgner. 4. BOTTE, terme d'escrime, de l'it. botta
BORNE, vfr. bonne, bonne, bosne, bodne, (de bottare, frapper, voy. bouter).
bonde. Ces vocables procèdent d'une forme BOUC ce mot se présente, avec de légère
;
;

plus ancienne bodina, bodena. Celle-ci donne variantes littérales, dans les langues celtiques
d'abord 6oc/>Jt', d'où, par assimilation, bonne aussi bien que dans les langues germaniques.
(BL. bonna), et par transposition bonde (BL. Grimm rapporte le mot au verbe sX\. pochen,
bonda, angl. boiind) d'autres modifications
;
bochen, heurter. —
D. bouquin; subst. bou-
de bodne sont bosne, d'où borne; c^. d'une cher (v. c. m.).
part Rhône, Rhosne, de Rhodanits, et d'autre 1. BOUCAN, gril de bois où les Caraïbes
part, pour la substitution de r à s, varlet* de fument leurs viandes mot caraïbe qui signi-
— D.
;

vasiet. Mais d'où viennent bodina (forme pri- fie claie. boucaner.
mitive du mot bonna et qui exclut absolument 2. BOUCAN, vacarme, bordel. Ce mot mo-
la dérivation du gr. ^SsOvo;, colline, proposée derne ne viendrait-il pas, demande G. Paris,
par Caseneuve) et la forme variée bodula, de l'it. baccano, qui signifie aussi à la fois
d'où le prov. bozola (= borne)? Ils appar- « fracasso " et « bordello » et que Storm rat-
tiennent, selon Diez, à la même racine bod, tache à bacchanale? Voy. Rom., IX, 624.
enfler, qui a donné bouder, boudin (voy. ces BOUCANER, 1 faire sécher à la fumée, de
.

mots); la borne serait donc qqch. en relief, en boucan 1 2. aller à la chasse des bœufs sau-
;

saillie, une butte de terre (cfr. l'ail, schtcelle, vages. Cette dernière acception serait-elle
seuil, de scincellen, s'enfler). La forme BL. sans rapport avec bos, bovis, par bovicus, bovi-
bonna a pour dérivé bonnarium, mesure canus? —
D. boucanier, qui chasse le bœ if
agraire, d'où le fr. bonnier, flam. bunder. — sauvage; fusil servant pour cette chasse; fli-
D. borner. bustier des Antilles.
BOSQUET, dimin. du BL. boscus (= fr. BOUCASSIN, futaine, it. boccacino, esp.
bois); Froissart emploie le diminutif bosque- bocaci." Ce mot n'appartiendrait-il pas au

tel et boquetel. même radical que bucherame fr. bougran? =


1. BOSSE, bozza, prov.
enflure, relief, it. Question posée par Mussafia (Beitrag, 34). —
bossa, flam. butsc, vient de Tanc. ail. bôzen, Baist (Ztschr. V, 556) l'explique par l'angl.
pousser, reposser (d'où ail. buts, chose ren- buckskin =
peau de daim.
flée, ramassée). Cp. aussi bret. bos, cymr. BOUCAUT, tonneau, prob. de la mSme fa-
both, tumeur. —
D. dim. bossette; verbe bos- mille que bocal.
seler (delà ail. bosseln, travailler' en bosse, en BOUCHE, it. bocca, esp., port., prov. boca,
relief, aussi bossi7'en)-^ adj. bossu, qui a une du L. bucca, joue, cavité, puis cavité buccale,
bosse (anc. aussi appliqué aux choses). bouche, ouverture. —
D. bouchée, aboucher,
2. BOSSE, bout de corde (t. de marine), le déboucher (sortir d'un défilé); emboucher.
même mot que le préc, à cause de la forme Voy. aussi boucher, bouchon, bouque. Signa-
nouée — D, bosser d'où bossoir; embosser. lons encore le vieux mot boucon appât, =
BOSSELER, voy. bosse. aussi breuvage empoisonné, prov. bocon,
BOSSEMAN, du v. ail. bootsmann (ni. boots- morceau, bouchée.
tnan), marin litt. homme
de bateau. 1. BOUCHER, fermer une ouverture, de

;

BOSSU, voy. bosse. D. bossuer. bouche =


ouverture cp. bondon, trou de ton-
;

BOT (pied), esp. boto, tronqué, et botte, neau, et bondomier, boucher. Littré, toutefois,
faisceau (cp. ail. bosse, bote, fasciculus, voy. préfère pour primitif le vfr. bouche, gerbe,
Grimm), paraissent appartenir à la même botte, faisceau de paille, mentionné par Du-
racine germanique bôzen, boszen, goth. bau- cange et qui se rapporte, comme bouquet, au
tan, frapper, pousser, repousser, enfler, faire BL. boscus, bois. La forme anc. boschier,
boule, que nous avons signalée dans l'article et les acceptions diverses de bouchon, donnent
bosse. Il faut encore observer que l'adj. bot quelque crédit à cette étymologie. Cps. —
rappelle l'ail, bott, butt, ni. bot, goth. bauths, déboucher.
signifiant stupidus, liebes, obtusus. 2. BOUCHER, subst., propr. le tueur de
BOTANIQUE, gr. ^oTct-w.r, (de,35T«v>7, plante). boucs; cp. it. beccaio, beccaro, boucher, de
— D. botaniste. becco, bouc. —
D. boucherie.
1. BOTTE, faisceau, lias.se, voy bot. — D. 1. BOUCHON, objet servant à boucher; peut
dim. bottillon; verbe botteler. Du dim. botel, venir tout simplement du verbe boucher,
boteau, vient l'angl. bottle, botte de foin. comme torchon de torcher. Cependant Diez
2. BfTTE, chaussure, est le même mot que identifie le mot avec prov. bocon, it. boccone,
botte, tonneau ; l'un et l'autre expriment quel- bouchée, morceau donc, ce qui remplit la
;

que chose de creux. On trouve des mots simi- bouche ou ime ouverture quelconque. Littré
laires dans beaucoup de langues, p. ex. gr. ramène le mot à bouche', faisceau de bran-
/SoÛTi;, /5ÛTt;, bouteille; BL. butta, ags. butte, chage, dont il dérive également le verbe bou-
angl. butt, ail mod. biitte, grand vase. — Dér. clier, ainsi que le mot suivant.
de chaussure
botte, : botter, bottier, bottine, 2. BOUCHON, bouquet [de verdure servant
débotter. —
Dér. de tonneau, vase (vfr.
botte, d'enseigne à un cabaret, puis le cabaret lui-
aussi boute, outre, grosse bouteille) le dimin. : même poignée, torchon de paille de bouche'.
;
;
,

BOU — 64 BOU
faisceau (voy. boucher 1). Cp. en wallon, bou- BOUFFER, BOUFFIR, souffler, s'enfler les

chon, houhon buisson. — —


D. bouchonne)-. joues, anc. être de mauvaise humour; vfr.

3. BOUCHON, dans " tomber ù bouchon «, buffier, souflUeter, frapper; it. buff}», coup do
de bouche; tomber sur la bouche, sur le vi- vent, vfr. buff'e, coup, heurt (d'où rebufffn',
sage (cp. les ex pressions vfr. analogues à dcns, angl. rebuff', subst. rebuffade) et dim. buffet,
s'adente?-, s'aboucher). soufflet (d'où le v. mot buffeter, souffleter).
BOUCLE, anneau do métal,
angl. bucklc, Tous ces mots, ainsi que pouffer, sont les dé
puis anneau que forment les cheveux frisés; rivés de l'interjection buf, bouf on pouf! pro-
vfr. bocle, patois divers bJouque, dim. blou- duite par le gonflement des joues. 11 n'est pas
quette, prov. bocla, bloca, bosse ou éminence nécessaire de les rattacher à des produits ana-
métallique au centre du bouclier, BL. bucula logues dans les langues germaniques ce sont ;

scuti (d'où le mha. budkel); du latin buccula, évidemment des vocables de formation sjwnta-
joue, donc proprement chose rebombée ou en née. Cp. pour le rapport d'idée entre souffler
relief. —
D. bouclier, angl. bu.ckler, prov. et frap})er, le verbe angl. bloxc, souffler et
bloquier, it. broccJncrc ; verbes boucler, dé- frapper, et le mot fr. soufflet, do souffler. —
boucler. D. bouff'ee, bouffer (manger goulûment),
BOUCLIER, ancicnn. adjectif, BL. buccuJa- bo\iffette; bouffissure. Voy. aussi bouffon.
lius ; escut bouclier est = écu à boucle ou écu BOUFFON est tiré direct, de Wt.buffhnc, qui
bombé ; l'épithète a pris le sens de la chose vient de buffare, .souffler (gonfler les joues),
qu'elle qualifiait, voy. boucle. puis plaisanter (primitif aussi de bv.ff'a, plai-
BOUGON, voy. bouche. santerie, d'où fr. bouffe). Buff'are est noti*e
BOUDER, pr. enfler la lèvre inférieure par bouffer; les idées d'enflure et de plaisanterie
mauvaise humeur (en rouchi, boder enfler). = se touchent ; un rapport analogue me .semble
Bouder, gonfler et être de mauvaise humeur, lier l'ail, bôzen, repousser (voy. bosse), à bosse,
peut se comparer à bouffer qui avait les deux passe, plaisanterie; cp. encore les sens divei's
sens et au L. turgere, êti'e gonflé de colère. Ce de baguenaude et de blague.
mot appartient à la racine bod exprimant quel- BOUOE, réduit étroit; it. bol(pa et vfr. boge,
que chose de repoussé, desaillant, d'enflé. On bouge, sac de cuir; directement d'un adj.
la retrouve dans boudin, espèce de saucisse, et latin bulgia, dérivé do bu.lga, que Festus dé-
boudiné, nœud du verre, anc. nombril, dans signe comme un mot gaulois : « bulgas Galli
boursoufler, pour boudsouffler (voy. ce mot) et sacculos scorteos vocant " ; en efl'et, l'on
dans le mot BL. bodina qui a donné bodne, trouve gaël. btdlg, et anc. irl. bolc, mais on
bonne et borne (v. c. m.). Il se peut qu'elle rencontre aussi en vha. le subst. bulga (ce
soit latine et identique au bot qui a fourni bo- dernier issu du verbe belgan, enfler). Le dimi-
tulus, botellus, d'où boyau. —
D. Ixmdoir, nutif bougctte, petit sac, a donné l'anc. angl.
cabinet où les dames .se retirent quand elles bogette, bougett, transforaié dans la suite en
veulent' être seules (cp. les expressions alle- budget. Sous ce costume anglais, le mot est
mandes schmollkaiumerchen, launaistilb-
: revenu en France avec une .signification pu-
chen, trutzwinkel). rement financière. Pour le pa.s.sage du .sens
BOUDIN, voy. bouder. de bourse à celui de petit i-éduit attaché au
BOUDINE, voy. bouder. Cachet consigne masc. bouge, il ne fait pas difficulté. L'inter-
boudiné avec le sens de ventre, employé dans médiaire est celui de « cho.se (jui renferme » ;
la chronique rimée de Godefroid de Bouillon, en it. bulgia signifie à la fois bourse et ca-
BOUE, BOB*. En vfr. on trouve broue, p. veau. D'autre part, le radical exi)rimant aussi
houe; si cette forme est la primitive (ce qui enfler (les mots celtiques bolg, bulg, balg, si-
est fort douteux), on pourrait prêter à ce mot gnifient saccus, pharetra, venter, pustula,
une communauté d'origine avec lit, broda, foUis), on comprend la valeur secondaire de
qui signifie à la fois boue et bouillon, et par bouge : la partie la [)lus bombée du tonneau.
conséquent avec le fr. brouet[v. c. m.). En — BOUGEOIR, chandelier portatif; on peut
cymr. on trouve avec le même sens baw [bud- hésiter, pour l'étym., entre bouger et bougie.
hyr, boueux), mais on ne saurait y rapporter BOUGER, wallon boge, angl. budge, j)rov. bo-
les formes angl. bog, marais, it. (lombard et jar ; selon Leibnitz et Frisch, du vha. biugan,
comasque)6oy. Leur liaison avec la racine goth. ail. mod. beugen ou biegen, fléchir; selon
boug dans le verbe composé goth. us-baugjan Diez, plutôt de la forme vha. bogen, nord.
nettoyer, reste doutexise. Le mot boue a-t-il buga, courber. Cette étymologie cependant,
quelque rapport avec les formes bottasse, etc., observe Diez, perd en probabilité par la com-
mentionnées sous bouse? Les formes bodère paraison de la forme provençale correspon-
(en Lorraine), boue, et picard baudele, crotté, dante, qui est bolegar =^ it. bidicare (la forme
parlent en faveur d'un thème bod, bot. Ma prov. bojar parait être empruntée au fran-
conjecture serait donc de partir du BL. botta, Quant à bolegar {& Lyon bouliguer), dont
çais).
bota, mare, dont l'étymologie reste à trouver. bouger se déduit très régulièrement, c'est un
— D. boueux. dérivé de bidir, bolir, fr. bouillir, et signifie
BOUÉE, forme dérivative du vfr. boie, buie, propr. être en ébuUition, fig. ne pas rester
esp. boya, ail. boje, angl. bi'.oy, nécrl. boei, en place. Le portugais dit également bulir
qui vient du latm boja, chaîne, corde; la dans le sens de bouger, et l'esp. bullir dans
bouée est une pièce de bois flottant sur l'eau celui d'être en mouvement continuel (cp. notre
et reteïiue par une corde. expression bouillonner d'impatience). Che-
:
;

BOU — 65 — BOU
vallet fait venir, bien maladroitement, bouger boulanger, faire les boulanges. Wedgvt^ood —
de l'ail, mouvoir; Ménage, non
bewegen, (Rom., VIII, 436) présente une autre explica-
moins hardi, pensait à l'ail, icogen, s'agiter. tion du mot. Il part du vfr. bdengc (Walter
— D. bougeoir (?), bougillon. de Biblesworth) =
blutage, lequel aurait la
BOUGETTE, voy. bouge. même origine que le néerl, buile^i (bluter),
BOUGIE, it. bugia, esp., prov. bogia, de qui est contracté de buidelen. Je préférerais
Bougie, ville du nord de l'Afrique qui four- remonter au thème bul debicletus*, buletellum
nissait la cire. —
D. bougeoir [l), bougillon. (fr. bluteau), buletare (fr. bluter), qui à son
BOUGON, d'où bougonner, gronder enti'e tour parait être transformé de bur (voy. blu-
ses dents, se rattache sans doute à bucca, ter.
bouche, comme fourgon àfurca; cp. une ex- BOULE, du L. bulla, qui
est également
pression analogue en allemand : maulen, de Le sens primitif
l'original de bulle (v. c. m.).
tnaul, bouche. de bulla est encore attaché au pic. boule ==
BOUGRAN, vfr. bouquerant, it. bucherame, enflure, et au verbe bouler, enfler la gorge
cat. bocaram, prov. bocaran,boqueran, angl. (en parlant des pigeons). —
D. boulet (angl.
buckram, tissu fait primitivement de poils de bullet), boulette, bouleux, boulin, -iche, bou-
chèvre, ce qui a donné lieu à l'étymologie lon, cheville à tête ronde e6ot«/cr, boulever-
;

bouc, boc. Schmeller cependant dérive le mot ser [boule -\- verser =
retourner).
de l'italien bucherare, trouer (primitif buca, BOULEAU, dimin. de l'anc. subst. &ott?e, m.
trou); bougran serait ainsi pr. une étoffe s., encore employé dans les patois et contracté
lâche, à mailles peu serrées, roidie ensuite à de béoule; quant à ce dernier, il vient du
la colle. D'après Baist (Ztschr. V, 556), bou- L. bctulla, m. s. Ce mot latin est, d'après
gran et ses correspondants romans seraient Pline, 16, 18, d'origine gauloise; on en trouve
= arabe barcàn, barracân (d'où aussi ail. en effet la racine dans l'irl. et l'écoss. beitJi,
barchent, futaine); par métathèse bacaran; bouleau. — D. boulaie, d'après l'analogie
par adaptation à bock, angl. buch, fr. bouc de saulaie, aunaie, etc.
(cp. bov.cassin), bocaran, etc. —
G. Paris tire BOULEDOGUE, de l'angl bulldog, pr. chien-
notre mot du nom de Boukhara. Les dic- — taureau.
tionnaires présentent encore baracan et bou- BOULER, enfler son jabot (en parlant du
rocan (v. c. m.), espèce de tissu de laine. pigeon), voy. boule.
BOUGRE, de Biùgarus. Les Bulgares ont BOULEUX, cheval de fatigue, de l'anc.
fourni ce terme d'injure en taiit qu'hérétiques verbe bouler, rouler (de boule).
manichéens. Nicot donne à ce terme la valeur BOULEVARD, anc. boulevert, représente
de pœdico et Ménage suppose que c'est parce l'ail,bollwerk. Ce mot, né au xv* siècle, avec
que les hérétiques et les pédérastes étaient la valeur de « défense, rempart », est décom-
passibles de la mémo peine. —
D. bougrerie; posé par les uns en werh (ouvrage) et vha.
pour rabougrir, v. c. m. bolon (lancer), donc pr. une machine à lancer,
BOUGUIÈRE, sorte de tilet, dér. de bogue un engin de guerre, puis la place où elle est
(voy. pi. h.). montée; —par les autres en werk -f- bohle
BOUILLE, voy. l'art, suivant. (ais, planche), donc une construction en plan-
BOUILLIR, du L. bulUrc (rac. bxdJa). — ches. Le mot est devenu l'angl. bulwark, le
D. bonilloii (it. bollone)\ bouilli, -ie, -oire ni. bolwerh ; l'it. baluarto et l'esp. baluarte
ébouillir, L. ebuUire, ébullition, L. ebullitio. sont tirés du français. —
Voltaire expliquait
Le verbe mettre en agitation,
actif bouiller, boidevart de boule et vert place verte à jouer
:

d'où bouille, perche pour troubler l'eau, aux boules ! —


Les boulevards sont devenus
parait être le même mot que bouillir; de là des promenades après avoir été des terre-
aussi le nom de l'instrument pour remuer la pleins de remparts.
chaux, dit bouloir. BOULEVERSER, voy. boule.
BOUILLON, dans ses diverses acceptions, BOULIMIE, gr. povUfjly. (faim de bœuf).
dérivé de bouillir, jeter des bulles, cuire. — BOULIN, pot de terre qui sert de reti'aite
D. bouillonner. aux pigeons, etc. de boide, à cause de la
;

BOUILLOTTE, de bouillir; pr. bouilloire, forme arrondie.


puis le nom d'un jeu de cartes; les diction- BOULINE, bolinghe (Jean Lemaire de
vfr.
naires n'établissent pas le rapport entre ces Belges), est le même mot que
dan. bugline,
deux significations; quelqu'un a dit que corde à l'avant, angl. bowline, boline, cor-
l'idée qui les relie est celle de la vitesse avec dage de proue, hoU. boelijn, ail. boleine. —
laquelle le jeu de la bouillotte se joue. J'at- D. boidiner.
tends confirmation. BOULINGRIN, de l'angl. boioling-green,
BOULAIE, voy. bouleau. gazon où l'on joue à la boule.
BOULANGER, BL. bulengarius; l'esp. bollo, BOULOIR, voy. bouillir.
pain au lait, et Fit. de Côme bulet, espèce de BOULON, voy. boule. —
D. boulonner.
pain, justifient l'étymologie de Ducange, qui BOUQUB, forme picarde p. bouche (ouver-
fait dériver boulanger de boule\ la filiation ture) de là les termes de marine emboitquer,
;

se présente ainsi boule, boulange (en Berry,


: débouquer.
= mélange de foin et de paille pour la nourri- BOUQUER, 1. baiser, baiser de force, de
ture des bestiaux), de là 1 boulanger, fai-
: . bouque, forme picarde de bouche; 2. se —
seur de boulanges ou pains arrondis; 2. verbe plier, se soumettre, de l'ail, bûcken, néerl.
. .

BOU — 66 BOU
bxikken, plier, courber. — Le même verbe, 2. BOURDON, tuyau
d'orgue, puis ton do
dans sa dernière acception, se trouve dans le basse, et mâle. La signification
abeille
composé reboicç/wr, fausser, émousser un « tuyau » engage Diez à rattacher notre mot

dard ou autre instrument pointu, pr. le à bourdon, long bâton. Il faudrait alors con-
courber; vfr. rebuchicr, rebouquer. L'angl. sidérer le gaél. iùrdon =
bourdonnement,
rebuhe est le même mot avec une acception comme un empnint au roman. Cette
fait
détournée censurer, gronder.
: langue employant cependant dans le même
BOUQUET, bosquet, puis assemblage de sens aussi durdon, il est préférable de consi-
fleurs, variété de bosquet (v. c. m.). dérer les syllabes burd, durd comme des
BOUQUETIN, écrit par Belon boitc-estain ; onomatopées, et la signification tuyau d'orgue
de l'ail, steinbock, bouc des rochers. comme découlant du bruit exprimé par le
BOUQUETTE, blé sarrasin, du flam. boek- mot.
weit,m. s., litt. froment de hêtre, à cause de BOURG, dans le principe =
ville défendue
la forme du grain, qui ressemble à la faine. par une forteresse, opposé à la ville, lieu
On trouve aussi, avec changement de termi- ouvert; it. borgo, esp., port, burgo, prov.
naison, bv.cail boi'c ; du latin vulgaire burgus (Vegôce, De
1 BOUQUIN, voy. bouc. —
D. bouquiner. re milit., 4, 10 Castellum pannini, quem
:

2. BOUQUIN, vieux livre, de l'anc. néerl. burgum vocant). Il nest pas néccs.saire de

boeçkin, petit livre; le suffixe diminutif néer- déduire directement le mot bourg des langues
landais hin se trouve encore en français dans germaniques, où il se rencontre partout, et
mannequin, brodequin, vilebrequin, etc. — qui en ont aussi le primitif, savoir bei'gan, :

D, bouquiner, bouquiniste. goth. bairgan, cacher, protéger. C'est la


BOURACAN, autrefois baracan, esp. bar- langue latine rustique qui parait l'avoir
ragan, sorte de gros camelot, BL. barraca- transmis aux langues romanes. Le grec
mis; se retrouve dans le dan. barcan, angl. nùfi-/oi est de la même famille. De burgus —
barrakan, 'dW.berkan et barchent; de l'arabe dérive l'adj. burgensis, d'où it. borgese, esp.
barrahcm, vêtement, qui vient du persan burges, ir. bourgeois. Diez suppose néan-
harikana, espèce de tissu de laine. moins dans les formes borghese, port. buV'
BOURBE, du l'apocope de la
gr. f^ào^opoi ; gués, prov. borgues, vfr. borgois, toutes
terminaison cpm est un naturel de l'ac-
effet formes où le ^ a le son guttural, une influence
centuation. Il est pi'obable que le latin vul- directe du germanique burg. —
D. bourgade.
gaire a également eu le terme borborus. — Le mot bourgmestre est un composé de bourg
Littré a recours au radical celtique berw ou et du néerl. meester, maitre, chef; latinisé
borv, exprimant bouillonnement. D. bour- — par burgimagister, l'ail, biirgcrhicister est
beux, bourbier, -illon, -oite (poisson), verbes =maître des bourgeois.
embourber, débourber. Voy. aussi barboter. BOURGEOIS, voy. bourg. —
D. bourgeoisie.
BOURDE, mensonge, vfr. bourdeur, "Syn. BOURGEON, angl. burgcon, vfr. bourion,
de menteur, verbe bourder = garrire (voc. burjon. Diez trouve une dérivation du vha.
d'Evreux). Le
flamand avait également
v. burjan, lever, parfaitement acceptable au
boerde =
nugae. En picard et en wallon, un point de vue des lois grammaticales bour- ;

bourdeux est un menteur. L'ancienne accep- geon désignerait donc quelque chose qui lève,
tion do réjouissance, plaisanterie, parle en qui poiis.se. Bourgeon s'appliquait primitive-
faveur du rapport de ce mot avec l'anc. bou- ment à la vigne et tradui.sait dans les glos-
horder, jouter, et, par extension, s'amuser, saires L. botrus; je le ramène donc au BL.
folâtrer La langue provençale présente déjà, botrionem. —
D. bourgeonner ; débourgeon-
pour bouhourder, behourder, les formes con- ner, ùtc'V les bourgeons.
tractes bitrdar, bordir, burdir, avec le sens BOURLE, v(.v. s. bourre.
de s'amuser, et les subst. biort, bort^ jeu che- BOURGMESTRE, voy. bourg.
valeresque. Les mots analogues du celtique BOURNOUS, mot arabe bornos, vêtement :

ont l'air d'être d'origine romane. Quant à à capuclidn, os]». albornos'.


boitJwurder, on n'est pas au clair sur son BOURRACHE, it. borraggine (contracté bor-
origine Diez voit dans hourd l'ail, hitrde,
; rana), esp. borraja, prov. borrage, ail. bor-
BL. hourdum, rouchi hourd, clôture, et dans retsch, latin mod. borrago, -inis. Dioz tire le
bo, bou le mot bouter; donc jeter la lance mot du radical burra, à cause des feuilles
conti'e l'écliafaudage de l'enceinte. hérissées de poils.
BOURDIGUE ou bordigue, espace retranché BOURRAS, voy. bourre.
avec des claies pour prendre le poisson ; du BOURRASQUE, de l'it. burrasca, esp.,
BL. bordigida, bordicuhim,, prob. un dimin. port., prov. borrasca; selon Diez, de borea
de borda, borde', hutte (voy. bord). ou bora (forme particulière à quelques dia-
1. BOt'RDON, long bâton de pèlerin, it. lectes), vent du nord (du L. boreas):, c'est
bordone, e&^., prov. bord on ; métaphoinque- ainsi que de l'esp. nieve, neige, s'est formé
ment tiré du L. burdo, bête de somme, mulet. nevasca, une tombée de neige. Le redouble-
Covarruvias cite à l'appui de cette dérivation ment de \'r n'a rien de gênant pour cette
l'esp. muleta, qui signifie à la fois mulet, étymologie.
soutien et béquille. —
On avait aussi anc. BOURRE, it., esp., prov. borra, pr. flocon
la forme simple borde, bourde pour bâton, de laine, etc., du L. burra, m. s., singulier
béquille. inusité de burrœ, niaiseries, fadaises; le sin-
. .

BOU 67 — BOU
gulier présente le sens propre, le pluriel le que suspecte et ce qui oblige à donner raison
sens métaplioiique. La même métaphore se à ceux qui déduisent cette valeur du BL. bursa
rencontre dans le latin floccus, qui signifie == sac de cuir, bourse, c'est que, dès avant le
flocon de laine, poil d'une étoffe, et bagatelle. xiv"^ siècle, le mot latin funda, bourse, a
— D. bourras, houras, étoffe grossière, prov. signifié " locus publicus iibi conveniunt mer-
borras ; bourrer, d'où débourrer, ébourrer, catores de rébus suis et commerciis acturi »
embourrer, rembourrer ; bourrée; bourrade; (voy. DC). Voy. aussi, dans Godefroy, l'art.
bourru, grossier (cp. angl. borrel, homme fonde = lieu de réunion des commerçants.
grossier) ; prov. borrel, vfr. bourrel bour- = BOURSOUFLER, selon Diez, pour boud-
relet, d'où bourreler, bou7'relet ou bourlet. soufftcr,analogue au prov. mod. boud-enflà,
Peut-être faut-il rattacher ici le mot rebours boudouflà, boudifla, gonfler. Quant à l'élé-
(v. c. m.) dans le sens de revêche, BL. rebur- ment bod, boud, voy. sous bouder. Toutefois,
nis. Voir aussi brosse. —
Le dim. burrula Diez ne rejette pas absolument l'étymologie
a donné l'anc. fr. bourle, attrape, tromperie. bourse-enfter, et cite même l'expression wa-
BOURREAU, prov. borel. A la lettre, bour- laque bos-unfla. Grandgagnage explique le
reau correspond à angl. borrel, homme rude, mot par boide-soufflcr, souffler en boule;
grossier (voy. bourre). Le sens du mot fran- Littré par " souffler en bourse », en citant
çais pourrait bien s'en être dégagé. Ménage l'anc. fr. bourser, enfler.
aventure l'idée d'une contraction de bouche- BOUSCULER, altéré du vfr. bouteculcr, qui
reaic. D'après Diez, borel se déduit facilement vient de bouter et cul
de l'it. boja (wall. boie), qui a la même signi- BOUSE, prov. boza, buza, d'origine dou-
cation, au moyen du double suffixe er-ell, teuse. On trouve dans l'anc. langue bouasse,
dont la langue française présente tant bouace (cfr. le grison bovatscha, dial. de Côme
d'exemples (cfr. tnàt, màtereau) le mot cor- ; boascia, de Parme bàuzza, avec la même
respondrait donc à une forme italienne hypo- signification), mais il n'est guère permis de
thétique bojarello. Nous rapportons pour ce voir dans bouse une contraction de bouasse,
qu'elle vaut l'observation de Dochez De Borel, : dérivé de bos, bœuf; les mots bretons beùzel,
possesseur du fief de Bellecombe en 1261, à bouzel, bouzil ont l'air d'être tirés du fran-
charge de pendre les voleurs du canton. (Littré çais. Frisch rappelle l'ail, bicize, monceau,
observe que ce nom propre pourrait bien être employé en effet pour la morve, et, comme dit
un surnom, donné d'après les fonctions.) — Grimm, pour « quidquid emungitur «. Si —
Quant à it. bcja, bourreau, il parait identique boue, comme je le pense, vient d'un radical
avec boja, carcan. bot, bod, les formes loza, bouse pourraient
BOURRELER, ET, voy. bourre. bien n'en être qu'une variété (en prov.,^ pour
BOURRICHE, espèce de panier oblong (pour (/ est tout à fait normal), mais l'objection qu'on

gibier, poisson, etc.); Ménage l'apporte le mot fait à cette étymol. (voy. Van Hamel, Gloss.
à bourre, à cause de la bourre, foin ou paille, du Reclus de Moliens), c'est que boue avait
dont on garnit les bourriches; j'aimerais tout primitivement Vo ouvert. —
Le plus ancien
autant une étymol. burricius, de burricus, exemple du mot est dans le Alisercre du
bourrique; donc pr. panier de marché, porté Reclus de Moliens (xii*^ siècle) :

par des ânes.


Ki de tel viche est embousés.
BOURRIQUE, esp. borrico, it. brico, du L. Se devant mort n'est desbousés.
burricus (Isidore Equus brevior quem vulgo
:
Il muert corne bues en se bouse.
biiricum vocant). Quant à burricus, les uns
D. bouser, bousiller; bousin, tourbe de
le font venir, à cause de la peau velue de l'âne,
mauvaise qualité, 'croûte terreuse et friable
de bu7-ra, flocon de laine (l'esp. et le port,
(de là ébousincr).
disent aussi burro pour âne, et dans le Berri-
chon l'ànon est appelé bourru) d'autres, de BOUSINGOT, chapeau de marin, dér. de

;

burrus, rougeàtre. l'angl boiosing, cabaret de matelots.


D. bourriquet.
BOURRU, voy. tourre. BOUSSOLE, de l'it. bossolo, voy. buis.
BOURSE, prov. borsa, esp., port, boisa;
it., BOUT, bot' subst. verbal de bouter, pousser,
,

du BL. byrsa, bursa, qui est le gr. jiùoïc, repousser donc chose en relief, en saillie,
;

peau, cuir. —
D. boursier; boursiller;'bour- puis pointe, extrémité. —
D. debout (v. c. m.),
sicot (mot populaire, d'où boursicote^'), débour- aboutir, emboutir.
ser,débours; embourser' rembourser. Quant
,
BOUTADE, forme étrangère p. boutée (pous-
au mot bourse, en tant qu'il signifie lieu de sée), de bouter, heurter. Corneille a le mot

réunion des banquiers, agents de change, etc., dans le sens de jet d'inspiration « pousser un :

Guichardin en établit l'étymologie qui suit :


sonnet par boutade, sans lever la plume. »
La première place qui correspond à ce que l'on BOUTARGUE, sorte de mets, it. bottagra,
appelle bourse aurait été celle de Bruges esp. botagra. de l'arabe boutarha, m. s.

(xiv* siècle) c'était l'hôtel d'une famille pa- BOUTE, variété de botte, tonneau.
;

tricienne appelée Van den Beurse (fr. de la BOUTEILLE, voy. botte 2. D. boutillier, —
'Bourse), dont les armes sculptées qui surmon- angl. butler.
taient la porte et qui se composaient de trois BOUTER, pousser, heurter, frapper, mettre
bourses auraient donné le nom à tous les en poussant, dumha. bôzen, heurter, frappe»,
bâtiments de l'espèce. Ce qui rend cette expli- ou plutôt d'une forme antérieure bautan,
cation de bourse =
forum mercatorum plus botan. —
D. bouton (v.c.m.); boutade (v.c.m.);
.

BRA 68 — BRA

bouture, branche boutée en terre; boutoir, participiale brait prov. braidar,


viennent
-e»-o//e; subst.verbal bout {v. c. m.), botte, port, bradar, et l'adj. braidiu, vfr.
prov.
coup (v. c. m.); composés boutefeu, boute-en- braidtf, pr. hennissant, puis ardent, fou-
train, boute-hors, boute-selle; verbe composé gueux. De braire vient brailler (cfr. a'iailler
débouter, repousser. de a'ier, piailler de piei' (inus.) =
li.piare).—
BOUTIQUE, voy. apothicaire. La forme fr. braire appelle, selon la règle,
BOUTON, it. bottone, prov. et esp. boton, un type latin immédiat bragcre.
pr. chose qui repousse, qui fait relief; de bout BRAISE, it. bragia, brascia, brada, esp.,
ou de bouter. —
D. boutonner, déboutonner. j)ruv. brusa, prrt. braza, flam. brase, BL.

BOUTURE, vov. bouter. —


I). bouturer. brasa ; ainsi que le verbe brasa', anc. brûler,
BOUVEAU, -ERIE, -ILLON, -1ER, tous déri- auj. souder, du nord, brasa, souder, suéd.
vés de bœuf. brasa, flamber. Cfr. en dial. de Milan brascà,
BOUVREUIL, aussi bouveret, bouvron, pr. allumer. — D. braiser, bi-aisier, -iéi'e ; bra-
« le petit bouvier parce qu'il suit le labou-
», sier, hrasiller; e^nlraser, vfr. esbraseï'.
reur qui promène sa charrue dans son champ, BRAMER, crier, it. Iramare, désirer
afin de se nourrir des vers ou des graines qui ardemment (pour ce transport d'idée, cfi". le
sont mis au jour il passe même pour pincer
;
passage de Festus Latrare Knnius pro poscere
:

les bœufs et les aiguillonner ainsi à sa façon posuit), du vha. breinan, néerl. bremmen,
(G. Paris). Cp. les expressions analogues ail. mugir, qui répond au gr. jifii/ttiv.
buUenbeisser (mordeur de taureaux), angl. BRAN, excrément, ordure, déchet, son,
bv.lfink (pinson des taureaux). dial. ital. brama, vieux fr., prov. et vieux esp.
BOVIN, voy. bœuf. breu. Mot celtique gaél. bran, cymr. bran,
:

BOXER, de l'angl. box, m. s. bref, bi'enn, angl. bi'an, son. —


D. breixeux,
BOYAU, vfr. boél, it. budello, du L.botellus, ébrener, onbreniT.
petitboudin (Martial); la signification actuelle BRANCARD, voy. branche.
de boyau était propre au mot botellus dès les BRANCHE, it.,prov., v. esp. branca, prov.
premiers temps du moyen âge L. Angl,
: : aussi brune, BL. branca, angl. branch. Une
« Si intestina vel botelli perforati claudi non dérivation directe de brachium est ii>admis-
potuerint «. Voy. aussi boudin sous bouder. siblc; il faudrait pour cela une forme latine
— D. boijaudier. brancia. Dicz croit que le mot branca appar-
BRACELET, dim. de vfr. bracel, brachcl tient au fond de la langue vulgaire latine, et
(Vie de saint Eloi, 26*^), anneau de bras; cp. allègue des raisons à cet égard. Il admet
lat. brachile, cingulum. toutefois la parenté do ce mot rustique avec
BRACHIAL, L. èracA m/is (brachium, bras). l'anc. gaél. brac, corn, bi'ech, cymr. breich,
BRACONNER, voy. braque. bras (bref, brank = branche). —
D. branchu,
BRAGUER, mener grand train, faire l'élé- brancher; ébranchcr, embrancher ; brancard,
gant, fanfaronner; mot germanique nord.: litière à^branches. —
Depuis que Diez postu-
braka, faire du bruit, parader. L'angl. brag lait un mot latin branca, ce dernier a été
paraît emprunté du fr. —
D. bragard, vani- dûment constaté dans les Gromatiqucs avec
teux. —Cp. aussi le wallon bràheler, habler. la valeur de « grifTe, ongle » (branca lupi,
1 BRAI, suc résineux, goudron, anc, fange, ursi), qui se déduit naturellement du sena
it. brago, prov. brac, fange; Ménage propose branche. — Neumann (Ztschr., V, 386), so
le gr. /3|55ty<5;, marais (Hesyche); d'autres, le fondant sur l'ail, zxaeig (branche), qui est un
nord, brâh, goudron. —
D. brayer. Le — dérivé de zxoei, deux, à cause de l'idée do
mot braye, fange, boue, terre grasse, est la bifurcation, propose pour lat. branca l'étym.
forme féminine de brai. bi-ramica (bis -j- ramus).
2. BRAI, escourgeon, orge broyée pour la BRANCHIES, gr. ,5/;à/xi'.
bière, vfr. brais ; du gaulois latinisé brace, BRANDE, sorte de bruyère, broussaille ;
espèce de blé (voy. brassej'), sans doute de l'ail, brand (combustion), au
BRAIE, anc. culotte, auj. lange d'enfant, it. sens de L. novale « ubi sylva eradicata et
:

braca, esp., port, braga, prov. braya, du L. ligna inutiliacombusta sunt ». —


Vfr. brandoi,
braca, désigné par les auteurs comme mot champ de bruyères.
gaulois (breton bragez). —
D. brayette; vfr. BRANDADE, du prov. brandar, remuer,
braiel, ceinture placée au-dessus des braies, agiter, à cause que la morue « en brandade »
d'où le verbe fr. débratller, pr. lâcher la cein- doit être agitée pendant tout le temps de la
ture qui retient les vêtements; brayer, prov. cuisson.
braguier, ceinture, bandage. BRANDEBOURG, nom tiré des casaques que
BRAIL, piège, voy. brayon. portaient les gens de l'électeur de Brande-
BRAILLER, voy. braire. —
D. braillard. bourg lors d'une invasion en France en 1674,
BRAIRE, signifiait d'abord crier en général BRANDEVIN, francisation de l'ail, brant-
(de là le subst. partie, brait', auj. braiment), wein, eau-de-vie (pr. vi7i brûlé).
prov. braire; cp. BL. bragire. L'analogie de BRANDIR, angl. brandish, prov brandar,
bruire, formé de rugire avec b initial addi- d'aboi'd agiter l'épée, puis agiter en général,
tionnel, engage à voir dans braire le verbe du vfr. brant, branc, bran, lame de l'épée (it.
raire (v. c. m ) augmenté d'un b. On a aussi brando, prov. bran), qui vient lui-même du
rattaché ce mot au ga.él.bragain, crier, cymr. vha. brant, tison, nord, brandr, glaive; pour
bragal, faire du bruit, vociférer. De la forme le rapport des idées, Diez rappelle le nom
BRA 69 — B1\A

d'épée esp. Tison. —


D. les dimin. bran- BRAVE, it., esp., port, bravo, prov. brau
diUer et branle^' (angl. brandie et brangle), (fém. brava;. La plus ancienne signification
contraction de vfr. brandeler , it. brandoJare. de cet adjectif est sauvage, dur, fougueux (BL.
BRANDON, prov. bi'andô, esp. blandon, bravus bas) ; le mot français, resté étranger à
du vha. brant, tison (rac. brinnan, ail. mod. ce sens primitif, parait être tiré directement
brennen, brûler). de l'it. ou de l'espagnol il manque du reste à
BRANLER, voy. brandir. — D. branle, ;

l'ancienne langue, où, comme le remarque


branloire, bratile-bas, ébranler. — Je ne cite Diez, il se serait produit sous la forme brou.
que pour mémoire l'explication du mot bran- Et cette forme se présente en effet avec l'ac-
ler par un type latin imaginaire vibrantulare, ception primitive dans les verbes s'ébrouer,
qu'a mise en avant M. Boehmer. s'eff"rayer (en parlant du cheval), et rabrouer,
BRAQUE, brache chien de chasse, fig. repousser avec rudesse. Elle découle de brau,
étourdi, dér.
,

bracon; du vha. bracclio, ail. forme provençale, comme clouer de clau. —


brache, m. s. — De bracon vient braconnier, L'étymologie de bravo est encore douteuse. On
dont la première signification était " cui brac- a proposé diverses dérivations celles du L.
:

conum cura est ^jC-à-d. piqueur conduisant pravus, du cymr. braio, terreur, et du vha.
les limiers, opposé au fauconnier. De bracon- raw, cru, rude. Diez, penche pour la der-
nier, dans sa signification moderne, s'est nière pour le sens, il pense que de raw pou-
;

dégagé le verbe braconner. vaient, tout aussi bien que du L. crudus, se


BRAQUEMART, épée courte et large ; éty- dégager les significations « indomptable,
mologie incertaine Roquefort y a vu le gr.
; sauvage, rude, vaillant •», et quant à la forme,
^p^'/tl.'/. ,ai-/^',^^> courte épée (étymologie de il rappelle bruire de rugire, braire de raire,

fantaisie). Braque, sabre, épée, existe en vfr. brusco de ruscum. Au lieu de l'ail, raw,
et dans les patois (Grandgagnage rapproche Langensiepen préfère le L. ravus, rauque
le dim. bavarois brachzen, sorte do serpe, et (Festus; Sidoine Apollinaire). Cette origine
par mépris, épée), mais que faire de l'élément s'accorderait mieux avec le sens de s'ébrouer,
mart ? ^
rabrouer, esp. braviar, mugir. Pour la pros-
BRAQUER, plier au point voulu, pointer; thèse du b, il rappelle celle d'un f dans rau-
d'après Diez, du nord, braha, fléchir, assu- cus, devenu fraucus, flaucus, puis it. fioco,
jettir. rauque. — En dernier lieu, et par la même
BRAQUES, pinces d'une écrevisse, forme méthode, Storm propose (Rom., V, 170), pour
picarde du vfr. brace; du lat. brachium, source de bravo, L. rabidus, avec un b pros-
bras. thétique, d'où découleraient à la fois réguliè-
BRAS, vfr. bi'ace (brace levée. Chanson rement les formes brado (taureau) et bravo.
d'Antioclie), it. braccio, esp. braso; du L. En effet, le sens premier doit avoir été « sau-
brachium. Dans le dial. picard, à l'accus. vage, indomptable » , —
Quant au mot brave
sing. et au nom. plur., h'ac, brach, bracc; signifiant magnifique, beau, paré, on le trouve
Ys dans bras n'est pas plus la flexion du no- avec le même sens dans les idiomes celtiques
minatif que dans sas =
setacium ; achium y est et dans l'anc. anglais; cette acception est-elle
traité comme acium, tandis que la forme pi- déduite de celle de vaillant, noble, ou se rap-
carde brac a sauvé le son guttural primitif. porte-t-elle à un autre primitif? La question
— Du plur, brachia vient le nom de mesure reste ouverte. —L'emploi du mot allemand
brasse (v. c. m.), prov. brassa, esp.,pox't. brav ne paraît pas remonter, selon Grimm,
braza, longueur des deux bras étendus (d'où au delà de la guerre de Trente Ans. Brink-
brassiage). Dérivés de bra.s ou brace : brace- mann (Metaphern, pp. 443-51) a consacré aw
let, brassard, brassée; embrasser, rebrasser mot roman brave et à ses nombreuses appli
(ses manches) =
retrousser. cations une étude pleine d'intérêt à son avis,
;

BRASER, BRASIER, BRASILLER, voy. toutes les significations remontent à l'expr.v.it.


braise. unde brave (vagues battues par la tempête ou
BRASSE, nom de mesure, du L. brachia battant contre le rivage), ce qui lui fait poser
(v. bras), ou plutôt le subst. du
brasser,vfr. comme origine du mot l'adj. goth. blagg-
mesurer avec les bras (on trouve aussi bras- vus; supposé par Grimm et Diefenbach comme
seier = prov. braciar). la base du verbe bliggvan, frapper. D. —
BRASSER, bracer (wallon brèser), BL. braver, bravade (it. bravata), braverie, bra-
braciare, braxare, brassare; dér. du subst. voure (de l'it. bravura), bravache (it. braoac-
vfr. braz, breiz, brés, malt, blé préparé pour cio). Sont pris aux Italiens le subst. bravo
faire de la bière (grain torréfié après l'avoir (pi. braoi), assassin à gages, et les interjec-
fait germer), BL. bracium; mot gaulois tions bravo, bravissimo.
(Pline, XVIII, 11, 12, 4, cite le mot brace BRAYE, voy. brai.
comme une espèce de blé gaulois, dont on BRAY3R, -ETTE, voy. braie.
préparait de la bière) gaél. braich, bracha,
;
BRAYON, piège, vfr. broion, dér. du vfr.
corn, bràg, anc. wallon feras- (auj. ôrd), grain bret, broi, piège d'oiseau. Ce dernier corres-
fermenté. Il y a probablement communauté pond à l'it., esp., port., brete, prov. brec, bret,
d'origine entre le celtique brace et le germa- m. s. Le mot brail, piège, parait être un dé-
nique brauen =
coquere, angl. brew, flam. rivé de bret et répondre à un tjpebretaculum,
brouvoen (voy. Grimm, v"> brauen). D. — d'où bre-ail, puis brail. On trouve aussi avec
brasseur, -erie, brassin. la même valeur, bril (Watriquet de Couvin,
BRE — 70 — BRE

p. 249), d'où le dim. brillet' , et le verbe BREF. BRÈVE, adj. aussi avec Ve diphthon-
,

briller (Cotgrave : brelîer), faire la chasse, pr. gué brief, brirve, du L. brevis. Le neutre latin
mettre des pièges (cp. le nécrl. brillen, sur- brève, ayant pris au moyen âge le sens d'écrit
prendre, tromper) ce bi-il, s'il ne vient pas a donné lesubst. fr/v/iall. b7-ief, lettre),
officiel,

du
;

nécrl. brillen et que celui-ci n'est pas plu- d'où brevet. —


Lat. brevitas, brii^veté; abbre-
tôt tiré du fr., je lui donnerais pour type bi-e- viare, abréger (voy. ce mot); breviarium (litt.
ticulus, d'où breil, bril (cp. gril de crati- abrégé), bréviaire.
cul us). Quant au radical bret, j'y vois l'ail. BRÉ6UET, d'après le nom d'un manufactu-
bt'et, planche, qui, d'après Grimm, s'emploie rier né à Neuchâtel en 1747, mort à Paris
aussi pour trappe. Mahn établit pour bret, en 1823.
piège, qu'il interprète plutôt par lacet que BREHAIGNE, stérile; autres f.)rmes barai- :

par trappe, l'étym. b7-ettan, verbe vha signi- gne, wall. brouhagne, dial. de Metz bereigne,
fiant serrer (cps. ga-brettaii, contexerc), ags. pic. breine, anc. angl. ban'ayne, angl. mod.
bredan, tresser. Il peut avoir raison. Bret, bai'ren. Diez propose l'étymologie 6«r, hommo
selon lui et Diez, serait aussi le primitif de opposé à la femme (voy. baroti)\ une baraigne
bretelle. serait ainsi une femme-liomme, une hom-

BREANT, autre forme de bruant. masse; comparez esp. machorra, femme sté-
rile, de macho, màlo, prov. toriga, de taur,
BREBIS, prov. berbits, vfr. et pic bo'bis,
taureau. D'ordinaire, on rattache le mot au
it. berbicc, BL. berbix, du L. berbex, forme
bret. brec'han, mais ce mot fait défaut aux
vulgaire employée par Pétrone au lieu do
autres dialectes celtiques et parait être d'ori-
vervex, bélier. Du dérivé berbicarius s'est
gine romane. Nous rattacherions volontiers
produit par contraction le fr. berger. Un type
brehaignc à l'ail, brach, qui signifie infertile,
latin bérbicale a donné bercail ; lanc. bercil,
même t-ign., suppose un primitif ètr&icîVe. en friche, en jachère; mais il reste douteux si
le radical primitif est bar ou brah, breh. On
BRÈCHE, it. Ce mot
breccia, angl. breach.
trouve aussi brehaignc avec le sons d'impuis-
doit être le vha. brecha, rompre
action de
sant ,
(ail. mod. brechen, rompre). Les Allemands
BRELAN, bellanc, brelenc, bn'lenc* ,)qx\ de
ont repris le fr. brèche sous la forme breschc.
cartes.Le mot signifie proprement la planche
On allègue cependant aussi comme primitif
le cymr. brég, rupture. —
D.ébrécher. Le — pour jouer aux dés et parait venir de l'ail.
bretling (de brett =
planche). Do là l'esp. ber-
mha. brëchel, rompeur, catapulte, pourrait
langa, jeu de hasard. Génin tient berlenc,
avoir fourni it. briccola, esp. brigola, fr. bri-
brelenc, brelan pour dos variations de forme
cole, machine à lancer des pierres.
de barlong. Berlenc .«erait d'abord un ais
BRECHET, bruschct, brichct, angl.
vfr.
brisket ; du cymr. brysced, bret. brusck, bru-
barlong. — D. brelander, brelandier.
BRELLE, assemblage de pièces do bois, ra-
ched, poitrine d'un animal, estomac.
deau; du verbe breller, lier des poutres ou
BREDI-BREDA, expression familière et ono- madriers, dont l'étymologie est inconnue;
matopéique, qui a peut-être donné naissance serait-ce un dim. do breter' =
vha. bretten,
au mot moderne bredouiller. serrer? Donc breller f
bretelei', bretler,
BREDOUILLER, d'après Diez du vfr. brai- BRELOQUE, berloque'. L'élément loque pa-
dir, bredir, pi^ov. braidir, hennir (voir sous rait être identique avec htque, morceau d'étoffe
braire). Ménage, parle procédé qu'il a inventé, pendant, lequel vient, selon Diez, du vieux
établit le L. blœsiis, bègue, comme primitif nord, lokr, quelque chose de pendant. Cp. le
de bredouiller ! Dochcz montre encore plus de terme y)end cloque. Quant à la première partie
sagacité en disant du celtique broë, verbiage
: du mot, elle n'est point encore expliquée.
ou broiement de paroles! —
Bredouiller ûgm- Grandgagnage pense qu'elle n'est autre cho.se
fiant parler d'une manière confuse ou préci- que le bar, bre, corruption do la particule
pitée, on est tenté de rapprocher ce vocable préjorative bis, dont il a été traité sous bar-

des formes ail. brodeln, brudeln, bradehi, long et signifiant de travers, en biais le:

qui expriment la même cho.se. Le français .


verbe wallon barloher, pendiller, vaciller (cfr.
aime la terminaison cuiller dans les verbes patois de Reims balloquer, grison balucar)
exprimant une succession l'apide de sons ou signifierait pr. remuer obliquement, se mou-
de mouvements, cp. gazouilhr, chatouiller, voir en biais. Quant à breloque, ou berloque,
popul. cafouiller, fafoidller, tàtuuiller. — batterie de tambour (fig. battre la berloque,
Ajoutons encore une dernière conjecture. Bre- déraisonner), Génin y voit une composition
douiller pouirait aussi, par sa racine, tenir du ber-cloque, cloche d'alarme, batterie irrégu-
prov. bretz (Faidit) =-: homo linguee impe- lière {bel-, la particule péjorative). Cette expli-
ditse, d'où verbe bretoneiar =^ loqui impedite cation n'est guère acceptable; Littré admet
(la leçon du texte « impetuose » est, selon une comparai.son de la batterie de tambour
G. Paris, une erreur du scribe). - Il est utile avec la breloque, chose agitée, à cau.se du
de noter que les patois du nord ont bcrdeler, mouvement qu'elle produit. Je croirais plutôt
gronder entre ses dents, en picard bertonner, que breloque, dans son premier emploi, s'ap-
et qu'on dit aussi en vfr. bredaler pour le pliquait à des clochettes, d'où le mot s'est
bruit du fuseau d'un rouet. Cp. aussi berda- étendu d'une part à de petits bijoux suspen-
cher (patois deMons), barboter, et berdouille, dus à une chaîne, d'autre part à l'appel fait
boue. Voy. aussi l'art, prée. au son de la cloche ou du tambour.
. —

BRE — 71 — BRI

BRÈME, poisson (Nicot : brame ei hremme), Fôrster(Ztschr. VI, 1 13), bretèche répond à un
,

T^onv bresyyie de brachsen, mlia. brahsem,


l'ail, typelat. britisca, et vient de Britto, vfr. Bret.
BL. braximus, néerl. brasem. L'application de ce mot à l'espèce de tour ap-
BRENEUX, voy. bran. pelée bretèche serait fondée sur une raison
BREQUIN, outil pour percer, voy. vilebre- analogue à celle qui a donné le nom à la sar-
quin. rasine (it. saracinesca). —
D. le t. de blason
BRÉSIL, bois rouge de teinture, prov. bre- bretessé.
zilh, esp., port, brasil, it. brasile; c'est à BRETELLE, sangle ou courroie pour sup-
l'abondance de ce bois que le Brésil doit son porterun fardeau, soutien de pantalon, filet

nom. Diez tire le mot du prov. briza, petit pour prendre les chiens de mer; d'après Diez,
morceau (de brizar, briser), à cause de la de la même ftimille que le vfr. bret, lacet, piège
forme brisée, feuilletée, sous laquelle le brésil (voy. brayon). Cette étymologie est admis-
s'importait de tout temps en Europe; c'est sible, car le mot n'est que du xvi'' siècle et
également la forme qui a donné le nom à la paraît importé (cp. le comasque bretela, crou-
grana, cochenille, et à la cannelle (v. c. m.). pière), de sorte que le maintien du t ne fait
D'autres ont proposé brasa, braise (à cause de pas difficulté (l'anc. fr. eut fait breelle ou
la couleur). —
D. brésiller, teindre avec du brayelle). Une autre étymol. pourrait être
brésil ; brésillet. établie directement sur le vha. pritil, brit-
BRÉSILLER, rompre par petits morceaux, til, d'où bride (v. c. m.).

prov. brezilhar, ni. brijselen, diminutif de BRETTE, longue épée; àe brette, bretonne,
brizar, fr. briser. Voy. aussi l'art, précédent. de la Bretagne; donc pr. épée de Bretagne;
BRÉTAILLER, voy. brette. Diez en rapproche inutilement le nord, bredda,
BRETAUDER, tondre inégalement, couper couteau court. — D. bretteur, brétailler (cp.
les oreilles à un cheval; anc. bertaucler, ber- ferrailler).
tonder; c'est un mot populaire, qui se décom- BRETTER, BRETTELER, graver, gratter,
pose par bre (préfixe péjoratif; et tonder ébaucher; peut-être, dit Littré, du nord.
(tondre), d'oii touder, tauder. Mieux vaut, bredda, couteau court (voy. brette). J'aimerais
comme foi^mation, l'anc. bertouser [ber ou bre tout autant le vha. breton, tailler. —
En picard
-\- tonsus). latin tonsus, tondu, imberbe,
Le on trouve le subst. bertègue pour désigner " un
est aussi le primitif de iouse', jeune fille, et instrument fendu de traces inégales et destiné
tousel, jeune garçon. —
Diez admet, pour à gratter les pierres ou à tailler les murs »
notre mot, un radical be7-t, en rappelant it. BREUIL, taillis clôturé de haies, fourré,
bertone, cheval qui a les oreilles coupées, le it. broglio, bruolo, prov. bricelh; formes fémi-
omasque bertoldd =
bretauder, prov. ber-
nines port, brulha, prov. bruelha, vfr. bruelle;
tant, pauvre diable, rouclii bertaud, châtré. broilus, brolius. On croit
BL. brogilus, l'ori-
Il ramène ce radical bert, exprimant mutila-
gine de ce mot celtique cymr. bi^og signifie
; le
tion et au figuré moquerie (it. berta, raillerie, gonfler, idée corrélative de germer, pousser;
berteggiare, railler), au mot berta, instru- mais le suffixe il, observe Diez, accuse une
ment servant à enfoncer des pieux dans la extraction directe germanique, que la i^acine,
terre, hie, demoiselle. Et pour ce berta-\à, il en allemand, soit originaire ou empruntée;
rappelle la Berta de la mythologie germa- on trouve, d'ailleurs, beaucoup de noms de
nique, qui s'appelle particulièrement « la pié- allemandes qui la représentent. Nous
localités
tineuse ". Diez ne veut cependant pas décider pensons, pour notre part, que l'idée de maré-
si réellement bretauder doit être mis en rap-
cage s'attachait primitivement à breuil ou bro-
port avec berta, moquerie, et parla avec berta, gilus (d'abord = pratum palustre) et nous y
hie, ou s'il en est indépendant si les corres-
;
voyons de préférence l'ail, briihl, marais (for-
pondants des autres idiomes romans ont une mes variées brogel, brôgel), qui vient, par l'in-
autre provenance que celle-là, ou non. — termédiaire de bruchl, de bruch, lieu maréca-
Burguy présente bertauder, anc. bertodev, geux, ags. brooc, angl brook, holl. broek. —
comme un composé d'un celtique berth, riche, Voir aussi brouiller.
beau, parfait, et d'une syllabe ud; il signi- BREUILLES, entrailles do poisson; même
fierait propr. ôter ce qui rend beau, décom-
mot, selon G. Paris (Rom., VI, 133), que vfr.
pléter une personne. Chevallet, de son côté,
buille, entrailles, avec un r intercalaire (cp.
cite des mots celtiques bearr, bearrta, signi-
vrille, fronde). Quant à buille, bouille, il
fiant couper, écourter, tondre (racine ber,
représente une forme fém. du lat. botulus,
court). Le champ de la discussion est donc
boudin, boyau, mot signalé par Aulu-Gelle
encore ouvert. Mussafia, dans son Beitrag, comme populaire (voy. Rom., V, 382).
p. 33, à propos des formes bertonar, sber- L'ét. BL. burbaL'a (intestina majora), indiqué
tona, etc. des dialectes du nord de l'Italie,
par Littré, doit être abandonné en ce qui con-
.s'occupe de la question soulevée par notre
cerne breuilles, mais il se recommande, à
mot, mais n'arrive pas à la débrouiller com-
mon avis, pour forme brouailles.
plètement. —
J'ajouterai que, dans l'ancien
BREUVAGE,
la
voy. boire.
français, bestondu était une qualification inju-
rieuse.
BREVET, dim. de bref, lettre. — D. breve-
ter.
BRETÈCHE, prov. berlresca, it, bertesca, bal-
tesca, BL. bretachiœ, échafaudage de guerre. BRÉVIAIRE, voy. bref.
Origine inconnue; ail bret, planche? D'après BRIBE, vfr. brimbe, BL. briba, morceau de
BRI — 72 — BRI

pain destiné au mendiant, wall. bi'ib, aumône, aucune ressource, et le briga des idiomes
verbes wall. briber, brimber, mendier, gueu- grand nombre de noms
celtiques (élément d'un
ser. La forme picarde est brife, de là le fr. de ville, puis cymr. brig, cime) no nous
brifer, manger avec avidité comme un men- avance pas non plus. Il faut presque déses-
diant, brifaut, glouton. Les Espagnols ont pérer de la trouver. L'opinion de ceux qui
bribar, gueuser, subst. briba, vie de gueux, rattachent brigand aux Brigantes, peuple de
bribon, gueux, vagabond; les Italiens, birba, la Rhétie, n'est fondée sur rien ; l'it. brigante
gueuserie, et birbone, birbante, gueux vfr. = est tout simplement le participe présent du
briban, briberesse, Grandgagnage, d'après verbe brigarc. —
Voici, sur le pi'oblômc qui
Diefenbach, met en avant le cymr. bi'iw, nous occupe, en résumé, l'opinion de M. Storm
rompre, briser, et en tire bribe, morceau, et (Rom., V, 171) L'it. briga, source du mot
:

briber, vivre de bribes ou quêter des bribes. français signifiant bruit, querelle, indique
BRIC, dans de bric et de broc, et bric-à-brac, goth. brihan, rompre, qui signifiait aussi lut-
reste obscur ; il est fait, semble-t-il, pour ter (cp. lat. fragor, bruit, do frangere). Le
trancher avec broc et brac. Quant à ce der- sens mod. de brigue répond pour le sens au
nier, il rappelle l'ail, brack, déchet, mauvaise norois breh, instance ou intrigue, verbe
marchandise. breka, tâcher d'obtenir ce à quoi on n'a pas
BRICK, de l'angl. brig (que l'on tient pour droit.

une forme écourtéc de brigantine). BRILLER, it. brillare, esp., prov. brillar;
c'est un dérivé de bergl lus {dont l'ail et le dial.
BRICOLE, engin do guerre pour lancer des
de Parme ont fait brill). Cette étymologie est
pierres, Àt. briccola, esp, brigola, BL. bricola;
confirmée par la cii"con.stance que la forme
dér. du vfr. bric, briche, piège, dont l'origine
italienne n'est pas /irigliarc, mais brillare.
est incertaine (voy. cependant l'art, brèche).
L'étymologic vibrillur,' ou vibriculare exige-
La machine à lancer a donné le nom au bond
de la pière lancée (d'où bricole comme t. du
rait en italien soit br llare on brigliarc. —
D. brillant, brillanter. Un subst. bril, éclat,
jeu de paume et de billard). Mais la valeur
se trouve (l("'s le xiv* siècle.
de bricole, comme pièce de liarnais ou comme
bretelle, lanière de porteur, se déduit diffici-
BRIMBALER, agiter, branler, osciller. On
explique ce verbe tantôt par le verbe picard
lement de bricole, catapulte le mot, dans ces ;

sens, ne serait-il pas plutôt altéré de bride-


brimber, « aller et venir », tantôt comme con
col? — D. bHcoler ; le sens d'engin perce tracté de bringuebaler =
mettre tout ot
encore dans le verbe actif bricoler mani- = bringues (pièce.-*), bouleverser. Voy. Littré.
Ces explications sont peu satisfaisantes ; la
gancer, agencer, que l'on rencontre dans
seconde est contraire au sens, et quant à
Corneille.
BRIDE, esp., port., prov. brida, dim. vfr.
brimber, il signifie gueu.«;er, vagabonder. —
bridel, angl. bridle, predclla; du vha. bi'it-
it.
D. subst. verb. brimbale, aussi bringuebale,
til, pritil, dér. d'une racine signifiant serrer,
levier qui est au .sommet d'une pompe.
tisser, nouer. Cp. l'art, bretelle. D. brider, — — Puisque, sur ce mot populaire bt-im-
bridon, débrider. baler, le champ des conjectures reste ouvert,

BRIEF, voy. bref.


j'oserai bien risquer la suivante Il me :

parait reposer sur une combinai.son des deux


BRIFE, d'où brifer, brifaut, voy. bribe.
radicaux équivalents brand-'ir et bal-or (voy.
BRIGADE, voy. brigue. bal). De là braindebaler, brindebaler, briri'
:

BRIGAND, d'abord soldat à pied, apparte- guebaler, brimbaler. Pour an devenu ain, in,
nant à une troupe ou brigadeiBL. briga-iitcs), cp. brindille; bringue p. brinde porte tout à
puis soldat mal discipliné, enfin pillard, vo-
fait le cachet du procédé populaire (cp. quinte
leur. Cette étym. est trop bien appuyée pour
issu de quinque) et peut d'ailleurs avoir été
être admis à passer les autres sous silence. — influencé par tringuebaler (d'où trimbaler). —
D. brigander, brigandine; brigantin, de l'it.
C'est du verbe que procèdent les subst. brin-
brigantino, dans le principe navire de pirate
; guebale et briinbalc, cloche, clochette, levier
brigantine.
au sommet d'une pompe.
BRIGNOLE, prune tirée de la ville de Bri- BRIMBORION, briborion, d'après Pasquier
gnoles en Provence. (approuvé par Littré), à cause de la termi-
BRIGUE, anc. querelle, puis réunion tu- naison et du sens de prières qu'il avait autre-
multueuse pour une entreprise,
faire réussir fois, de breviarium, estropié en briborion,
manœuvres, intrigues; it. briga, esp., prov. brimborion. Le peuple aurait étendu le sens
brcga, querelle verbes it. brigare. fr. briguer,
; prières de bréviaire à des choses de rien, ba-
désirer, solliciter vivement, esp. bregar, que- gatelles. Cette étymologie est peut-être vraie,
reller, s'efforcer; subst. it. brigante, intri- mais ne souritni pour la forme, ni pour le sens;
gant, perturbateur, port, brigào, querelleur, j'admettrais donc plutôt une dérivation de
esp, bergante, port, bargante, fripon, fr. bribe, brimbe, avec une terminaison de fan-
BRIGAND, voleur de grand chemin (\. c. m.); taisie. Les brimborions, prières, pourraient
it.^ brigata, troupe, assemblée,
division d'ar- bien n'être que des « petits morceaux » réci-
mée, de là BRIGADE. A
tous ces mots se rat- tés par les prêtres. Le mot,
a tout d'ailleurs,
tache un sens fondamental d'activité inquiète l'aird'une création monacale.
et de perturbation. Où faut-il en chercher
la BRIN, jet de bois, pousse grêle et allongée,
racine? Les langues germaniques n'oflfrent petite partie d'une chose allongée, prov., esp.

BRI — 73 — BRO
brin; d'après Diez, de même origine que porte plutôt briser au L. brisa, marc de
bran, bren, déchet. Etymologie peu plausible. raisin, qui se trouve dans Columolle et qui,
L'ancien mot brin, dans sa signification de d'après Diefenbach, est un mot celtique. Brisa,
bruit, cri, orgueil, est rapproché par le même d'usage encore en Espagne pour marc de
philologue au nord, brim, grondement des raisin, est le subst. de bi'isar, écraser (dial.
flots. Les deux valeurs, l'ancienne et la mo- angl. brise, brisse, écoss. briz, briss, conte-
derne, se rattachent-elles à un seul et même rere, gaél. bris, brisd, frangere). —
Un radical
mot? On n'a rien pour se fixer à cet égard. brus est au fond de l'ags. brysan,Siïï^\. bruise,
D. brindiUe(?). vfr. bruiser, bruser, écraser, concasser Diez
BRIN D'ESTOC, mot façonné, dit-on, sur le rapporte au vha. brochison, m. s. D. —
;

l'ail, spring-stock, bâton servant à sauter. subst. verbal èm;


brisant; brisée; dim. bré-
BRINDE, coup que l'on boit à la santé de siller (v. c. m.); vfr. debriser, d'où débri.'i.
qqn., en patois roman bringue, de Fit. brin- BROC, anc. b^'oche, prov. broc, it. brocca,
disi. Oiez explique le terme italien par l'ail. vase à liquide; prob. de broche, chose pointue,
bring dirs, je te la porte; en Lorraine, brin- à cause de la forme resserrée du goulot ou du
guéi signifie boire à la santé de quelqu'un. bec Diez rapproche les dérivés prov. broisson,
;

BRINDILLE, petite branche; d'origine goulot, et pic. brochon, visière du casque.


incertaine. un dérivé de brande
Peut-être L'étymologie, proposée par Ferrari, gr.
(v. c. m.); pour
mutation de in et an, cp.
la Tzpd/ou:, cruche à eau, est trop hardie.
fr. sangle et L. cinguîum. Le prov. a — BROCANTER vient immédiatement du
brondelh, rameau, branche. terme technique des ouvriers,
?<nhst. brocante,^
BRINGUE, dans la loc. en bringues, en désignant un ouvrage {lùt irrégulièrement en
pièces et morceaux, en désordre, est une dehoi's des heures de travail payées par le
déformation de brirnbe bribe (v. c. m.).= patron, un ouvrage qui n'ira pas dans la bou-
BRINGUEBALE =
brimbale; voy. brim- tique, mais que l'ouvrier vendra de gré à gré,
baler. pour son propre compte, quand il pourra, en
BRIOCHE, etymologie inconnue. Le P. Tho- l'offrant à celui-ci, à celui-là
(Génin, Récréa-
"

massin appelait à s^n secours l'hébreu bar, tions philologiques, Brocanter, c'e.st
II, 67).
froment, on bari, gras! Je chercherai plutôt donc pr. acheter et revendre de la brocante.
l'origine chez les boulangei's français, qui Mais d'où vient brocante? En BL. on disait
disent brier la pâte, pour l'écra.ser, lequel abrocamejïtum pour achat de marchandises
trier est le même mot que broyer. D'ailleurs, neuves en gros, destinée- à être revendues en
Cotgrave indique un mot brioche avec le sens détail abrocator pour entremetteur, courtier.
;

d'instrument à broyer le chanvre. Il est plus que probable que ces mots sont de

BRIQUE, it. bticco ; de l'ags. brice, angl. la même famille que brocanteur, qui du temps
brick, fragment; dans certains patois, brigue, de Ménage signifiait marchand en gros. Nous
brèche, en vfr. briche, signifie morceau tout ne pensons pas qu'on puisse voir dans abro-
bonnement. L'acception moderne e.st donc cator une altération, par l'r euphonique inter-
secondaire. Le dimin. briquet serait-il ainsi calaire, de ahboccator, pr. =
qui s'abouche
simplement un morceau de métal? D'autres [bucca, it. bocca),et qui signifiait effectivement
ont vu dans brique le L. imbrex, -icis, tuile courtier, entremetteur. Il y a évidemment
faîtière. —
D. de brique, morceau de terre connexité entre le radical de notre mot et
cuite : briquet, -ctte; briquetier, briqucter. l'angl. broke, faire le courtier, broker, cour-
1 . BRIQUET, morceau de fer ou d'acier, tier. — Le BL. vendere vinum ad brocam,
voy. brique. vendre le vin en détail, fait penser à l'ail.
2. BRIQUET, petit chien de chasse, variété brock, morceau. Cependant, broca parait
de braquet, dim. de braque. ^ plutôt être =
broc, -pot.
BRIS, subs. verbal de briser. BROCARD, raillerie. Expression métapho-
BRISE, angl. breeze, it. brezsa, milan. rique qui se rattache probablement au verbe
briza, léger vent du nord, esp. brisa, vent du brocher, piquer; broder. —
D. brocarder
nord-est; d'origine incertaine. Diez propose Calvin brocarder et médire.
:

rezza (forme écourtée de orezza, vent doux) BROCART, voy. broche. Dim. brocatelle,
avec un b prépositif. Orezza, à son tour, est un direct, de l'ital. hroccato =
fr. brocart.
dérivé de L. aura. —
Peut-être, comme pen- BROOHE, BL. et it. brocca, prov et esp.
.sait déjà Diez, une modification de bise (voy. broca, dial. pic. broque, chose pointue,
Schuchardt, Rom., IV, 256). Il est à noter— aiguillon, etc. (vfr. aussi broc)-., verbe brocher,
que brise est un mot récent, introduit dans le prov. brocar, ital. broccare, piquer, pointer,
Dictionnaire de l'Académie en 1762 seulement. donner de l'éperon, broder (de là it. broceato,
— Heyse admet une provenance celtique et fr. brocat*, brocat't étoffe brochée). Diez avait
,

cite les adjectifs corn, brysg, gaél. briosg, vif. pensé d'abord à L. brocchus, broccus, dent en
BRISÉES, branches rompues, indiquant la saillie (en termes de vénerie, broches signifie
piste d'une bête, de là l'acception " trace " ; encore les défenses du sanglier), mais il a
de briser. abandonné cette etymologie, vu que l'on a
BRISER, prov. brisar, brizar, réduire en découvert que brocchus ne signifie pas dent
morceaux; d'après Diez, du vha. brëstan, proéminente, mais lèvre courte ou grosse. Ne
bristan, rompre. Pour l'élision du t, cp. pouvant se rallier aux tentatives faites avec L.
lisière. Je doute de cette etymologie, et rap- veru (verucus, veroc, vrac, broc), ou ail
BRO — 74 — BRO
s'en tient celer se présente encore dans L. nutare,
brock, bruck, morceau, fraction, il

à broff (irl. et gaél.), alêne, si toiit<?fois ce chanceler (de nuei'e, inusité, qui doit avoir
vocable n'est pus lui-même tiré du roman.
— signifié bais.ser la tête), et, circonstance acces-

D. brochet (v. c. m.), brochette ;\evhc^ brocher, soire, le vfv. bronche, primitif immédiat do

embrocher. notre mod. broncher, n'est pas constaté.



BROCHER, voy. broche. —
D. brochure, Dans Baud. de Condé, 1,6, j'ai noté bronchier
petit ouvrap:e qui n'est que broché, avec le sens de « hésiter " (signification né-

BROCHET, poisson, dérive de broche, à gligée par Godefroy); cela nous rapi>ello ail.
cause de la boiiche pointue, cfr. en angl. pikc, stocke n. m. s., de stock, tronc, souche.
qui signifie à la fois lance et brochet, fr. BRONZE, it. bronzo, esp. bronce, d après
bequet ^= bec et brochet, /a«ccroH, jeune bro- Muratori, approuvé par Diez, de brune, brun,
chet, de la7icc. —D brocheton. |)ar l'intermédiaire du dérivé brunizzo, irré-

BROCOLI, chou d'Italie, plur. du subst. it. gulièrement accentué bntnizo et contracté en
broccolo, tendron, dim. de brocco,
rejeton, bronzo. Dozy y voit le persan bourindj ou
rejeton, branche pointue (forme maso, du fr. birindj, cuivre, airain de montagne. L'ags.
broche). bras, angl. brass, bronze, à.o\i être mis hors
BRODEQUIN, it. borzacchim, csp. borce- de cause.
gui, du flamand brosekm, broseken (Kiliaen), BROSSE, broce' (wall. brouchu), BL. brns-
diminutif de broos,m.?,., qui est supposé être tia, vfr. brnisse, angl. brush, prem. sign.
une transposition de bi/7'sa, cuir; cp. flam. menu bois, broutilles (cette acception s'est
îeerse, botte, de leer, cuir. Une et. arabe, conservée dans le verbe brosser, brousser, en
quelque peu obscure, par Dozy, est donnée langage de chasse =
courre à travers des
dans Littré, sujipl. bois épais), esp. brosa, déchet des arbres,
BRODER, cat. brodar; mot celtique cymr. :
puis bros.se, prov. brus, bruyère. Du vha.
brodio, gaél. brod, bret. broitda, anc. angl. burst, brusta, quelque chose de hérissé, ail.
brode, angl. mod. broider. Cp. en ail. sticken, mod. borste, soie, c.-à-d. poil roide d'un ani-
broder, propr. piquer. Les fonnes BL. mal, et bûrste, bros.se. Do brosse == menu
brosdus, briistus, wall. brosder, anc. esp. bois, branche, rameau, vient broussaiîle, cp.
broslar pour brosdar, se rattachent toutefois en latin virç/ultum, ronces, do virga, verge.
mieux à vha. (ja-prorton, broder, ags. brord, La forme du primitif &«<»'*< perce encore dans
nord, broddr, pointe, qui font supposer un rebours, à contre-poil, BL. rebursus, d'où
goth. brnzdon. D'autres enfin, séduits sans rebourser', transposé en rebrousser. D. —
doute par la forme esp. bordar, supposent brosser.
dans broder une simple transposition de BROU, enveloppe verto do la noix, vfr.
border. —
D. brodeur, -eine. broust, BL. brustum ; de la mémo famille que
BROIE, voy. broyer. brosse, A cause des piquants du brou f
BRONCHE'3, du gr. ,3poVx«î« gorge. D. — BROUÉE, subst. participial d'une origine
broncJu'qi'.i', bronchite.
obscure. Le i)ic.en a tiré brouache, pluie
BRONCHER, du .subst vfr. bronche', buisson,
fine, le dial. do Bjrry brouaiser, faire de la
anc. esp. broncha, rameau, it. bronco, tronc.
pluie fine. Il parait être do la môme famille
Pour le rapport logique, cfr. it. cespo, petit que brouillard, son synonyme (voy. brouiller)
buisson, et cespicarc, broncher, ail. strauch
et appart(Miir au radical brodh, vapeur.
et straucheln. Pour bronche, bronco, Diez
BROUAILLES, intestins de poisson, voy.
propose vha. bruch, nôerl. brok, clio.se cas.sée,
breuilles.
tronquée (cfr. le prov. bruc, tronçon, et burcar
pour brucar, broncher). —
Une autre expli- BROUET, it. brodetto, formes diminutives
bi-odo, broda, esp. brodio, bodrin, prov.
cation du verde broncher s'est fait jour ces de it.

bro, vfr. breu, EfL. brodum, brodium; le vha.


dernières années. Dans l'anc. langue, ce verbe
signifiait baisser, pencher, surtout baisser
brod, ags. brod, angl. broth, gaél. brot, ont
tristemant le visage (dans ce dernier sens,
tous la môme signification : jus, .saucç,
bouillon.
plus souvent embronchier). C'est à ce mot
français, et non pas à l'it. bronco, tronc, qu'il BROUETTE, p. birouette, wall. berwette,

faut, d'après Fôrster, rapporter le sens


Berry berouette, charrette à deux roues, du
L. bis -j- rota. Il est vrai, la brouette actuelle
« mettre le pied à faux ». Le professeur de
Bonn ne fait que poser cette opinion dans son n'a plus qu'une roue, mais elle en avait deux
Glossaire du Chevalier as deus esp^es, sans la d'abord, et Gi'andgagnage a tort de voir dans
motiver et sans rien nous dire sur l'origine de brouette (vfr. barouete) un diminutif du vfr.
broncher, baisser (Diez adm3ttait par conjec- harot, rouchi baron, qui signifie tombereau,

ture, p:)ur vfr. embronchier, un type lat. et qu'il rattache à la famille germanique bae-
im-pronicare, da pronu.i). Je ne sais si je dois ren, porter. Barot répond à BL. birotum
(bis-rota).L'it. a aussi baroccio, biroccio,
me rallier à l'opinion de Fôr.ster; d'une part,
le passage de l'idée de tronc, souche, à celle de
charrette; c'est d3 là que nous tenons la
clîopper, broncher, est confirma par les birouchette. —
D. brouetter.
terra 3s analogues cités plus haut et auxquels BROUILLAMINI, voy. brouiller.
j'ajouterai chopper, de vfr. chope, tronc, BROUILLARD, voy. brouiller.
souche, choquer de vfr. choque, bloc. D'autre BROUILLER, mettre en désordre, mêler,
part, la transition logique de pencher à chan- confondre, troubler. Nous pensons qu'il faut
BRU 75 BRU
séparer ce verbe du mot prov. broJhar, briiel- breant, bruant. Pour le moment, ce n'est là
har, bourgeonner, surgir, pousser, qui est qu'un tour de force par trop à la Ménage.
un dérivé du subst. braelh, bruoil, bois, bran- BRUCELLES, sorte do petites pinces; du
chage, fr. breuil (v. c. m.), bien que le terme verbe bruci, pint-er, mot du patois limousin
s'embrouiller s'expliquerait assez facilement d'origine inconnue.
par s'engager dans un taillis, un fourré. BRUCOLAQUE. mot employé par Victor
Brouiller (comme l'it. broffliare, nous semble Hugo, dans les Travailleurs de la Mer avec
représenter l'allemand brudeln ou brodeln, lesens de vampire, spectre (?). Sans doute le
jeter des vapeurs, bouillonner, remuer, même mot que l'anc. slave vlukodlaku, rou-
brouiller (on dit p. ex. weine brudeln, mêler main varcolac, bulgare vrukolak, gv. mod.
des vins). Cette origine explique également le
i^oul/d'k'XAix, jioou'.dlxxxp ; il signifie primitive-
subst. brouillard, vfr. brouillas, propr. ment homo lu pi spociem habens russe vol-
:
;

vapeur. Pour la conformité littérale entre kulak =


incantator qui in lupum vel ursum
brouiller, it. brogliai'e et ail. brudeln, nous
rappelons it. briglia (bride), de l'ail, bridel,
se mutare potest. —
Voy. Gaster, Ztschr.,
IV, 585.
fr. haillon, de l'ail, hadel, et, avec doute,
BRUGNON, it. brugna, port, brunho, dé-
aussi souiller, de l'ail, sudeln. La racine de rivé d'une îovm.Q prugna,àe prunea [prunus,
brudeln est l'ags. brodh, vapeur, ail brodem, prunier). Ane. on brignon [i p. rt
m. s. — Dérivés, outre brouillard : brouille, comme dans bignet
disait
ou beignet p. bugnet ;
brouillon, -erie, embrouiller, débrouiller; billet p. bullet, etc.).
brouillarràni, terme burlesque formé avec
BRUINE, prov. bruina. Diez et Grandga-
une terminaison latine du 2*^ plur. de l'indicat.
gna^e, l'un pour des raisons grammaticales,
prés, du passif (comme pour dire vous êtes:
l'autre pour des raisons logiques, rejettent
brouillés), et que l'on a fait sérieusement
l'étymologie L. pruina, gelée blanche. La
venir de boli armonii, parce que l'on appelle
racine de bruine est peut-être le celt. bru,
brouillamini une sorte d'emplâtre pour les
pluie. L'anc. fr. broïne, pic. brouaine, wall.
chevaux, préparé avec le bol d'Arménie.
brouhène, etc. toutefois, rendent l'étymologie
,

Cependant, Littré, au suppl., consigne un


brodh, vapeur (d'où broue'e, brouas* et brouil-
passage de 1664, qui parait confirmer cette
lard) assez plausible le subst. bruine vien-
;
étym )logie.
drait directement du verbe bruïr, faire du
BROUIR, vfr. bruir, brûler; on le rattache brouillard (mot champenois), en t. de métier,
à mha. bruejen (nha. briïhe7i),néeï:\.broeije7i,
échauder, rôtir; la forme occitanienne braouzi
imbiber de vapeur. D. bruiner.—
= BRUIRE, it. bruire, prov. brugir, bruzir;
prov. brau2ir (qui .se rapporte à brouir,
subst. bruit, it. bruito, prov. bruit, bruida.
comme auzir à ouïr, jauzir k jouir) fait sup-
Du lat. rugire, renforcé d'un b euphonique
poser l'existence d'un vha. brodjan ou braud-
jan, source de ce brauzir. — (voy. braire) —
D. bruissement.

BROUSSAILLES, voy. brosse.


D. brouissure.
BRUIT, voy. bruire. — D. ébruiter.
BROUSSIN, excroissance de quelques BRULER,' btmsler*, directement d'une forme
arbres, dimin. de broust (voy. brout). brustulare, it. brustolare. De perustus, part,
BROUT, bi'oust', brosf, pou.s.se, jet d'arbre, du verbe latin perurer^e, s'est produit lefréq.
de brustian, bourgeonner (bret. broust,
l'ags. perustare, syncopé en prustare, de là brus-
buisson), ou du vha. jiroz, bourgeon (ail. tare, et par un procédé fréquent, it. brus-
mod. bross). —
D. brouter, prov. brostar, ciare, bruciare, prov. bruzar, pour brussar.
manger les pousses broutilles.
; Il y a— De brustare s'est tirée, ultérieurement, la forme
quelque air de famille entre brost, broust et diminutive brustolare (correspondant à un
le thème borst, d'où brosse (v. pi. h.). • type laÛn perustulare, cfr. le simple ustolare,
BROYER se rattache au goth. brihan, anc. esp. uslar, prov. usclar, vfr'. urler,
rompre, comme ployer à L. plicare, noyer à walaque usturài\ de là brustlar, brusler,
necare, vfr. noier à negare ; une forme secon- brûler. —La genèse de brûler est autrement
daire est brier, écraser la pâte; op. ^9/^er présentée par Storm (Rom., V, 173) il part ;

= ployer, etc. A rapprocher encore prov. du composé comburere; le participe de ce


briga, miette, es-brigar, émietter. D. — dernier, combustus, aurait, sous l'influence
broie, instrument pour broyer. de bustum, perdu le com, d'où se serait pro-
BROYON, variété de brayon (v. c. m.). duit bustulare (cp. lat. ustulare) et, par
BRU, brut", broit', brui', femme du fils; l'épenthèse (fréquente) d'un r après b initial,
mot germanique goth. bruths, vha. brilt
: (auj brustulare, brust'lare, fr. brusler, brûler. —
braut), néerl. bruid, ags. bryd, angl. bride, Avec ce procédé, je ne vois pas pourquoi l'on
fiancée ou jeune mariée. C'est le seul terme ne partirait pas tout aussi bien de burere,
de parenté d'origine germanique qui se ren- bustus (subst. bustum), que Corssen rapporte
contre dans les langues romanes, à sanscrit prus.
BRUANT, aussi bréant, nom vulgaire de BRUME, brouillard, du L. bruma, hiver.
l'embérize citrinelle. Sur la base d'une forme — D. brumeux; em,brumé.
-aire, -al ;
fictive ail. embering i= âtnmering, Bugge BRUN, du vha. b7'ûn (ail. mod. braun). —
(Rom., IV, 351) établit la succession suivante, D. brunâtre, brunet, èriine ; crépuscule du
phonétiquement correcte, mais purement fac- soir; brunir, rendre brun (angl. par transpo-
tice emberenc, eberenc, berenc, berant.
: sition burnish); embrwiir, rembrunir, —
BUC — 76 — BUG
Brunir, rendre brillant, polir (d'où l'ail, brii- BUCOLIQUE, gr. ^omoliz-à;, pastoral.
nieren), anc. bicrnir, angl. bicrnish, se rat- BUDGET, voy. bouge. —
D. budgétaire.
tache dii'ectement à la racine bern, burn, ex- BUEE, lessive, bourg. buie,\i.bucato,csT^.,
primant brûler et briller, sans l'intermédiaire prov. bugada, angl. buck; verbes 6«t'/**, angl.
de brun, nom de couleur, bien que celui-ci buck, néerl. buken, le-ssiver. Ces mots sont
procède au fond de la même racine. radicalement identiques avec l'ail, bauchen,
BRUNIR, voy. brun. lessiver, mais n'en sont pas dérivés. Ferrari
BRUSC, it. brusco, duL. ruscum, fragon les fait très convenablement venir de l'it.
épineux, renforcé d'un b initial (voy. bruire, bucare, filtrer, dér. de buca, trou, la lessive
et braire). étant tamisée à travers un linge percé de
BRUSQUE, vif, qui s'emporte, it. brusco, petits trous (cfr. l'esp. coJnda, lessive, de colar,
aigre, colère, esp., port, brusco m. s. ; d'après couler). "Wedgwood rattache l'angl buck au
Diez, du vha. bruttisc, sombre, fâché. L'éty- gaél. bog, tendre, mou, bret. bouk m. s., et
mologie du celt. brise, prompt, impétueux, rappelle fr. mouiller do mollis et ail. eimoei-
ne s'accorde pas avec la lettre, mais bien avec chen, laisser tremper, de tceich, mou.
le sens. Si l'idée foncière est la rudes.se, la BUFFET. Ce vocable est généralement rangé
grossièreté, et non pas la vivacité, la promp- <hins
la famille bouffer (voy. ce mot) et les
titude, on peut admettre connexité entre notre acceptions u coup sur la joue, soufflet " (ce sens
brusque et brusc, bruyère. —
D'après Bugge s'est perdu) et « partie du ca.>^que «jui couvre

(Rom., III, 351), le mot fr. brusque, vient de les joues « ne font à cet égard aucune difficulté.
l'it. brusco, aigre, âpre. La notion originaire Mais le rapport entre notre mot daus l'accep-
est prob. la rudesse (on disait au xvi* siècle tion iisuelle, et l'idée d'enflemcnt n'est pas
« diamant brusque ") —
Le mot serait-il iden- aussi évident. Voici l'explication bien problé-
tique avec lat. bruscum (tuber aceris arboris matique de Burguy : « Le buffet était, dans
intorte crispum, Pline, H. N., XVI, 16, 27)? le principe, une sorte de table placée près de
Pour la connexité des idées, cp. ail. knoUe, la porte, à laquelle on admettait les pèlerins,
nœud dans le bois et homme rude, rustre. » ménétriers, etc. qui réclamaient l'iiospitalité.
— Quant au lat.ir«scj«m,selonBaist(Zeit.schr., Les gens de cette espèce étant doués d'un
V, 137), c'est le même que L. ruscwn, d'où bon appétit, tout ce qui venait du dois ou
fr. brusc, et angl. rush, biscote; l'idée fon- grande table (voy. dais] passait et disparais-
cière serait raboteux, rude, crépu.
: D. — sait à l'endroit qu'on nommait bufet par oppo-
brusquer, brusquerie. sition au dois, c.-à-d. que bufet fut d'abord
BRUT, duL. brutus, lourd, stupide.— Cet le lieu à se bouffir, le lieu bouffi, et do lu peu
adjectifformant une épithète habituelle de à peu les significations actuelles. « Tant
bête, brute est devenu synonyme de bête, et a qu'on n'aura pas de preuves historiqties poiir
déterminé le sens do brutal et brutalité — soutenir cette étymologic, nous préférerons
D. abrutir, rendre brute; débrutir, dégros- l'opinion de Ménage, qui dérive buffet de
sir, polir. buffare, les premiers buffets u étant d'une
BRUYERE, cat. brugucra, milanais bru- figure courte et grosse, ou, pour mieux dire,
ffhiera,BL. bruarium, bruera; d'un primitif d'une figure enflée ». On .serait tenté de croire
brug, qui se trouve dans le prov. i/'«c(nomin que buffl-t est une corruption de buvette; ou
brus), vient, d'après Diez, du cymr. brwg, du moins que le sens actuel s'est produit sous
forêt, buisson,
breton briu/ =
bruyère (en l'influence de ce mot. Du Cange prend en effet
suisse èr(ècA). —
Selon Scîuichardt (Ztschr,, le BL. bufetagium, bufetaria, impôt, accise

IV, 148), le primitif de bruyère sur la boisson, pour équivalent de fr buvc-


savoir
prov. bru, catal. bruch, milan, britg, est le toge, buveterie, et y rattache le mot buffet.
correspondant roman de l'anc. irois froech Mais très anciennement buffet .s'employait
(auj. fraoch), cymr. grug. Le breton brng (comme e.sp. bufete encore maintenant) pour
parait influencé par la forme romanisée. un bureau à écrire. Nous tenons l'opinion de
Quant à bricg, forêt, allégué par Diez, il n'est
Ménage pour d'autant j)lus juste, que buffet
pas de la famille. semble .s'appliquer en premier lieu à un petit
BUANDIER, voy. buée. meuble superpo.sé à un autre, qu'il a l'air de
BUBALE, du L. bubalus, qui renfler. Diez ne se prononce pas. Malm voit dans
a aussi donné
buffJe. buffet une table de parade, qui sert à buffer,
BUBE, bouton, ampoule, voy. l'art, suiv. ce buffer ou bouffer étant pris dans le sens
BUBON, it. bubbone, esp. buboi, du gr. de s'enfler, être
orgueilleux cp. buffoi', faste,
;

^5u8ojv. tumeur à l'aine. De cette forme


Inibon
orgueil. A mon
avis, tous les sens prêtés suc-
on a dégagé un primitif esp. buba, bua, cessivement à buffet : seuil d'une porte (cp.
fr.
bube. ail. schwelle de schwelhn, enfler), meuble

BUCAIL, blé sarrasin, autre d'étalage, table .servant à divers usages, ar-
forme de bou-
quette (v. c. m.). moire, découlent de l'idée première « chose :

BUCCAL, renflée ou chose creui^e ».


L. buccaîis (de bucca, bouche).
BUFFLE, du L. bufalus, forme postérieure
BUCHE,
BL,
vfr. buisse, baisse,
busca, du
busca, forme fém. de buscus,
it. à buhahis. — D. buffletin, buffleterie.
boscus, BUGLE,vfr. bougie, instrument de musique.
voy bois. —D. bûcher (verbe et subst.)- En anglais, bugle signifie I une espèce de.
bûchette, bûcheron (cp. vigneron
de vigne) bœuf sauvage, 2. un cor de chasse, p. bugle-
BUS / / BUT
Iwrn, corne de bugle. C'est le L. buculus, 1. BUSE, tuyau, cavité, vfr. buise. néerl.
bouvilloii, lequel a aussi donné beugler. buis ; c'est le même mot que it. buso, bugio,
BUIRE, primitif de burette, vase à liquide. vide, d'où bugia, mensonge
chose creuse), (pr.
D'origine incertaine; peut-être du même mot mais d'où vient-il? L'étymologie BL. butta,
ail. bùr, bauer, maison, cage, d'où viennent buttis = jioÛ7i;, vase, ne satisfait ni pour le
vfr. buron, buiron, maisonnette, panier, sens, ni pour la forme,
Grandgagnage t re Luret e du wall. beùre, 2. BUSE, BUSON, oiseau, it. busza, du
boire; cette étymologie ne convient assuré- L. buteo, espèce de faucon. D. busard, ail. —
ment pas pour buire. busshart (et même par interprétation popu-
BUIS, it. bosso, esp. box, port, buxo, prov. laire buss-aar), angl. buzzard, néerl. bui-
bois, angl box, ail. bachs, du L. bitxus. D. — zert, prov. buzac, it. bozzago.
it. buscione, prov. boisson, fr. buisson (v. c. BUSSARD, anc. mesure de capacité, dérivé
m-.); it. bossolo, boîte en buis, esp. bruxula de busse', BL. buza = botte, tonneau, bar-
(pour l'insertion de r, cfr. brostia, boite, p. rique.
bostia), fr. boussolk. 1. BUSTE, de commerce, boite pour
t.

BUISSON, En
rattachant buisson
voy. buis. conserver le raisinde Damas, du BL. busta,
au primitif buis, nous reproduisons l'avis de coffre, caisse (primitif de bustellus, fr bois-
Diez, fondé sur la forme prov. boisson, qui seau) ; or, busta est formé de biixida, 2nscyda
serait boscon, selon ce philologue, si le pri- (voy. boite).
mitif était bois ou bosco, base (voy. bois). Nous BUSTE, it. esp, busto, prov. biist, par-
2.
pendions néanmoins pour l'étymologie bois, à tie supérieure du corps c'est le même mot ;

cause de la signification et de la forme ita- que le mot précédent, qui a pris le sens de
lienne. Le prov a du reste aussi boijssada, tronc du corps cp. BL. at^ca, it. casso (cap-
;

forêt, bois, =
boscata, et certainement on
it. sus), angl. chest, ail. brust-kasten, etc., qui
ne rattachera pas ce dérivé au primitif bois, tous offrent la même assimilation d'idée. —
buis,mais bien à bosc, bois. En outre, nous Le mot buste est d'un emploi assez récent ;
rappelons la forme vfr. buisse, p. bûche. — l'ancien terme était bue, bu, qui s'accommode
D. buissonneux, -ier. très bien, pour l'étymologie, du vha. pûh,
BULBE, en L. buJbus (gr. ,9o;.êoi). D. — bùh (mha. bùch, nha. bauch), ventre et car-
bulbeux. casse (c'est aussi le primitif du prov. bue,
BULLE, du L, buJIa, d'où également bouJe ruche). A côté
de bu, Tanc. langue et le prov.
(v. c. m.). L'acception sceau provient de ce présentent, pour tronc du corps, aussi bruc
que sceau était renfermé dans une boule de
le (b7'ut n'est qu'une variété orthographique),
métal celle de sceau a, à son tour, déterminé que Diez explique par vha. bruh, nha. bruch,

;

celle de bref, lettre patente D. buUet", fragment, et qui pourrait bien n'être, car on
billet; buUette' certificat, diplôme, enfin it.
, trouve aussi brusc, que le même mot que le
bullettino, = fr. bulletin. prov. brusc, ruche, rouche (voy. ruche). L'ail.
1. BURE,grosse étoffe de laine, BL. bura; brust doit, pour tous ces mots, être laissé en
on rattache ce mot au vfr. bure', buire", dehors. Cachet est d'avis que le vfr. bus, bue,
rouge brun, qui répond à un type adjectival bu, rouchi busch =
buste, tronc humain, le
burius, formé du L. burriis (grec r.xjppdi), wallon et prov. bue, BL. buca, busca, tronc
lec[uel parait être identique avec birrus, man- d'arbre, sont des mots identiques, procédant
teau de grosse laine contre la pluie. D. — tous de boscus, buscus, bois. Busca se serait
burat, buratin; bureau (v, c. m.). modifié en busta, arbor ramis truncata, de
2. BURE, puits d'une mine, en wallon beur, là le fr. buste. Pour le changement de c en t,
probablement de l'ail, bohren, trouer, percer. Gachet cite vfr. mustiax, jarret, wall. mustai,
BUREAU, burel, 1 grosse étofie de laine,
. rouchi mutiau, qui viennent de musculus,
2. tapis de table, 3. table couverte d'un tapis, » soris de jambe » (Gloss.-lat.-rom. de Lille).
servant à écrire, etc., 4. chambre de travail La forme_ intermédiaire a du être musquiau,
des employés aux écritui'es, etc. On voit, le sens muqiiiau. Cette manière de voir présente di-
s'élargit de plus en plus. C'est le dimin. de verses difficultés.
bure, étoffe de laine. —
D. buraliste; bureau- BUT, (v. c. m.), pr. chose
variété de bout
crate (néologisme). en proéminente, puis particulièrement
relief,
BURETTE, dimin. de buire {v. c. m.). le point de mire du tireur,' ce à quoi l'on vise,
BURGRAVE; de lall. burg-graf, comte du la fin de la carrière, extrémité. La forme fé-
château. minine du mot est butte, petit tertre, massif
BURIN, it. borino, esp., port, biiril ; du de terre où l'on place le but pour tirer. Le —
vha. bora, foret, borôn, percer. —
D. buriner. verbe buter est de double nature dans sa si- :

BURLESQUE, de i'it. burlesco, dérivé de gnification de heurter, pousser, appuyer, il


burla, farce, tiré lui-même du L, burra, farce, est une variété de bouter et le primitif de
niaiserie [burra, burrula, burla). but, butte, chose repoussée d'autre part, si- ;

BUSARD, voy. buse. gnifiant frapper au but, il est un dérivé de


BUSC, busqué*, du BL. buscus, busca, but. Voir aussi début et rebuter.
bois ; les buses étaient d'abord -des lames de BUTER, voy. but. D. butoir. —
bois. —Littré s'avance un peu trop en iden- BUTIN, it. bottino, esp. botin, dér. du nord.
tifiant busquj.' avec buste -= corps de jupe. — byti, angl. bootij, mha, biiten, ail. beute,
D. busquer, busquière. même sign, — D. butiner.
CAB • /: CAB

BUTOR, oiseau de proie, du L. bos-taiirus, ception chopper, faire un faux pas, vc>y. de»
selon Belon, Nicot, etc. ; d'après Ménage, de métonymies analogues dans l'art, bronchery^
bugi-taurus, pour mugitaunis. Les formes buttée.
wall. puttoir, flam. pittoor, v. angl. bittoxir, BUVABLE, -ard. -<r, 'Cttt\-e\n', -oltcr, tous
hitore (cp. BL. bitcyrius), angl. mod. biitern dérivés de boire, par un radical buv pour bev
(cp. aussi esp. -bitor, roi des cailles) démon- Ce changement de t ou e ou u n'est
(lat. bib).

trent la vanité de ces étymologies. Le mot propre qu'à la langue moderne et s'est i)roba-
reste à éclaircir. blemont opéré sous l'influence du partioij)efti«.
BUTTE, voy. but. — D. butter (pour l'ac- BYSSUS, mot latin, tiré du gr. ,5Ù5«,-.

C
ÇA, contraction familière de cela. auberge, taverne Hey.se, à .<?on tour,
; l'expli-
que par cabancri't (de cabane).
ÇA, adverbe de lieu, prov. sa, sai, contrac-
tion de la formule latine ecce hac, comme ci CABARET, plante; d'après Ch. Etienne,
2.

vient de ccce hic. —


Les formes it. qua, esp. p. bacaret, du L. bacchar ou beccar, nard
acà, port, cà, viennent du L. eccuhac. — sauvage ; d'après Saumaise, gâté de combre-
Composé : deçà. tum ou cobretuw, espèce de jonc.
CABALE, it., esp., port, caèa/a, interpréta- CABAS, CABACHE', esp. cajxiso, cafKtcho,
tion mystique du Vieux Testament de là les ;
port. actuso un type latin cabaceus,
C(d)a3,

acceptions modernes pratiques ou machina-


:
que Ménage rapjxjrte à un mot grec hypo-
tions secrètes, etc.; de l'hébreu habala/i, tra- thétique xà6ax9; qui viendrait de xàw, verbe
dition, science occulte. L'opinion qui rattache inusité, auquel il prête le sens de capere,
l'origine de cabale aux lettres initiales des contenir. Mieux vaut ranger lo mot sous le
cinq ministres (Clifford, Ashley, Buckingham, primitif cappa, dont il sera question sous cape,
Arlington et Laudcrdale) composant en 1670 ou sous la racine cap de capere. M. Dofrc- —
le cabinet du roi Charles II d'Angleterre, est mery {Revue crit., 18 déc. 1868) indique
erronée, malgré le crédit que lui ont donné l'arabe ^«/rt.«, cage, iw>nier. D. cabassct, —
de graves historiens. L'emploi du mot cabale espèce de jx'tit casfpie ; cabosser, empocher,
est antérieur à 1670; il figure déjà dans le filouter (îingl. cabbaye, ni. cabassen).
dictionnaire de Monet (1636). D. cabaler, — CABESTAN, de l'angl. capstan, capstern ;
intriguer; cabf,iliser; cabaliste, savant dans la celui-ci ilocabrestante, cabestrunte (ra-
l'esp.
cabale des Juifs. cine capra, chèvre). On sait que, dans beau-
:

CABAN, d'un mot capanus dérivébas-latin coup do langues la clièvro et lo bouc ont
de capa ou cappa, voy. chapeau. A caban prêté leur nom à des machines servant à sou-
correspond lit. (jabbano, sarrau, balandran, lever des fardeaux. Cabrestante veut dire
eî^^.gaban. D'autres rapportent le mot à l'arabe chh-re debout. Les Néerlandais ont gâté le mot
aban, capote avec des manches et un capuchon ; en kaapstander et les Allemands en kopfstûn-
le mot arabe a pour initiale un ain, lettre der. —
Malin, à tort, préfère jwur primitif
gutturale permutant facilement avec c ou ^. l'esp. cabestrar, mettre un licou (de capcstro,

CABANE, it. capanna, esp. cabana, prov. fr. chevet re).


cabana; du BL. capanna, maisonnette de CABILLAUD, CABLMU, du kabel- néerl.
chaume, mot mentionné par Isidore, et qui jaauw ; quant à celui-ci, on le venir par fait
parait identique avec le cymr. caban, même transposition de lettres de bacalaiba, nom
sign., dimin. de cab. Les étymologies capere, basque de la morue, qui a donné l'esp. baca-
contenir, et cappa, manteau (qui se rencontre lao, fr. bacaliau, et le bas-ail. bakkcljau
en v. esp. et en milanais avec le sens de ca- (Venise bacalà).
:

bane) sont fautives, le suffixe anna étant CABINE, CABINET, it. rjabinetto, esp. ga-
étranger aux langues romanes. Ménage dé- binete, voy. cabane.
rive le mot de xaêâv/;, étable, coche (il faut
CABLE, CHABLE, it. cappio (cordon,
lire /aîTàv/j), —
D. cabanon, cabaner. Une — nœud), esp., port, cable; du BL. capulum
modification de cabane est l'angl. cabin, fr.
(Isidore capulum, funis). Le grec du moyen
:
ca,bine (Palsgrave donne un maso, cubain),
âge présente v.xi:)io-i, le néerl. habel. La pro-
d'où le dira, cabinet.
venance du mot est incertaine. On a proposé
1 . CABARET, l'origine de ce mot est encore tour à tour le grec /.xfidoi, corde, l'hébreu
à trouver ;Ménage le dérive de z«7r„, lieu où chabal et l'arabe habl, qui signifient la même
l'on mange, crèche (de xàîrrstv, manger à gou- chose, mais ces suppositions sont dépourvues
lée); de là se seraient produits successive- de fondement. (Les mots d'origine arabe sont
ment caparis, caparetum, cabaret. Du même postérieurs à Isidore.) Qui oserait aflSrmer
xâîTTïtv vient, en eflet, xàTryjisj, marchand de que capidum n'appartient pas au fond latin ?
vivres, puis petit marchand et tavernier. — — Pour un autre rpot cable', chaable', voy.
Frisch voit dans cabaret une corruption de
caponerette, et le rapporte au L. caupona.
l'art, accabler. — D. câbleau ou cûblot, câblçr;
aussi chableau, chabler.
.

CAG 79 -- CAD
CABOCHE, mot burlesque pour désigner la contracté en ca, cfr. cailler, de coagulare.
tète de l'it. capocchia, employé encore pour Le part coactus est aussi l'original de l'it.

;

la tète d'un clou, d'une épingle, ainsi que pour qiiatto, tapi, caché. D. cache; cachette,
le gros bout d'un bâton (primitif capo, tète cachot; verbes dimin. cacheter (anc. celer,
= L. caput). —
D. cabochon, terme de puis rendre invisible le contenu d'une lettre
joaillerie. au moyen du cachet) et cachotter. Le sens —
CABOTER, naviguer de cap en cap (esp. comprimer s'est conservé dans éca-
foncier de
cabo). Telle est l'explication courante de ce cher (v. c. m.).
terme maritime, mais elle n'est pas soute- CACHET, subst. verbal de cacheter ('comme
nable. — J'ai lu [Ncderlandsclœ Spectator, projet de projeter), car je i^ense que le verbe
1875, n° 27), dans le récit fait par M. Félix a préexisté.
Bovet d'une rencontre avec un Américain, CACHETER, voy. cacher. — D. cachet;
descendant de Jean et Sébastien Cabot, composé décacheter.
grands navigateurs à\\ xvi« sièck, que CACHEXIE, gr. y.x/t%iot., mauvaise disposi-
celui-ci prétendait qu'une tradition de fa- tion ^Ayy.o;, mauvais -j- e|i;, état).

mille attribuait à ces navigateurs l'origine CACHOT, dim. de cache (voy. cacher).
du terme maritime caboter. A l'appui de CACHOTTER, dim. de cacher.— l). cachot
cette attribution, je remarquerai que ni l'it., terie.
ni l'esp. n'ont formé de capjo, cabo un verbe CACHOU, de l'indien catechu
analogue. —
D. cabotage, -ier. CACOCHYME, gr. z Aoyyy.oi, qui a de mau-
CABOTIN, comédien ambulant non pas ;
vaises humeurs. —
D. cacochymie.
de caboter, mais d'après un célèbre opéra- CACOGrRAPHIE, terme granimatical formé,
teur charlatan de la seconde moitié du xvii** d'après l'analogie de àp'ioypx-^i.x, au moyen de
siècle,appelé Cabotin. (Voy. Littré, suppl.) y.ci/.6i, mauvais, et de yp'XfZi--j, écrire.
CABRER (SE), du L. caper, gén. capri, CACOLOGIE, terme technique formé de
bouc, dont le propre est de se cabrer. xx/.di 4" >.d-/o;, mauvaise expression ou façon
CABRI, vfr. cabriV, du L. copriUus, forme de parler.
secondaire de caprcohis, chevreuil. CACOPHONIE, gr. /a/^yov'a, dissonance,
CABRIOLER, pr. sauter comme une jeune litt. mauvais son.
chèvre, du L. capreola, chèvre sauvage. — CACTUS, gr. Ax/.TOi. — D. cactier, cactée.
D. cabriole, cabriolet, voiture sautillante. CADASTRE, it. esp. catastro, du BL. capi-
CABUS, dans chon-cabiis et laitue-cabusse, tastruni, pr. liste de l'impôt capital, dérivé
de l'it. cappuccio, petite tète. Cp. ail. happes, de caput, tête(cfr. en esp. cabeson, rôle des
angl. cabbaye ; flam. cabuyskoole (Kiliaen). impositions, de cabeza, tète). Grégoire de
L'orthogi'aphe engageait Ménage à
cabut Tours employait capitulariuni au même sens
faire venir le mot français
d'un participe que capitastrum.
fictif capittus, pourvu d'une tête. CADAVRE, L. cadaver(va.c.cadere, tomber).
CACADE, du L. cacare. — D. cadavc7'eux, L. cadaverosus
CACAO, mot américain : mexicain kaka- CADEAU, anc. cadel ; on appelait ainsi
JaiatJ. L'arbre est nommé en esp. cacagual. anciennement les traits « cnchainés » ou
CACATOIS, 1 . nom d'oiseau 2. nom de
;
entrelacésdont les maîtres calligraphes en-
mât (cp. pjerroquet)\ au fond, une onomato- tourent ou ornent leurs modèles d'écriture
pée du cri de l'oiseau, mais tiré directe- (de là l'ancien tei-me ; écriture cadelée) ;
puis,
ment du malais kahatoua. par extension, petit divertissement, partie de
CACHALOT. Le nom de ce mammifère cé- fête; enfin, petiteschoses inutiles, accessoires,
tacé, qui se retrouve aussi en anglais, repro- de pure fantaisie, données en présent. Du L.
duit directement l'esp. cachalote. Or, celui-ci, catelhis, dim. de catena, chaîne. Cette éty- —
à l'avis de Tobler (Ztschr., IV, 376), n'a mologie traditionnelle a été renversée depuis
rien à faii'e, comme on a prétendu, ni avec que Brachet (Doublets français, suppl., p. 17)
quijal « dent «, ni a\cc qnijar, « mâchoire », a posé pour cadeau, dans son premier sens,
étant l'augmentatif de cachuelo, qui se dit celle de L. capitellum;- cp. p. la forme ca-
d'une espèce de poisson de rivière, mais dastre de capitastrum, et- pour le sens, l'ex-
qui dans le principe, comme cachorro, a la pression " lettre capitale » Cette expli- .

valeur de jeune chien. Cacho, le primitif, cation a eu du succès, et elle le mérite au
signifie de même en esp. à la fois jeune point de vue du sens et de la lettre mais la ;

garçon et une espèce de barbeau en port. ;


transition du sens lettre capitale, cadelée, à
cachorra signifie à la fois chienne et cacha- celui de fête, partie de plaisir, telle qu'on la
lot. L'original est donc, selon les règles, le représente dans les dictionnaires et qui m'a
lat. catidus. L'irrégularité cachalote p. ca- toujours semblé quelque peu -factice, n'en est
cholote, c'est-à-dire a p. o, en syllabe atone, pas rendue plus plausible. En tout cas, je m'y
n'est pas rare en espagnol. rallie franchement, en considérant que si ca-
CACHEMIRE, tissu ; de Kaschmir, capitale deau est réellement du erù français, le L.
d'une province du même nom dans le royaume catellus ne serait pas devenu cadel, mais caiel
de Lahore. ou chayel. —
Rônsch, en ce qui concerne
CACHER, ce verbe répond à un type latin l'acception « don, présent », la rapporte
coacticare, tiré régulièrement du participe L. aux chaînettes [catelli) d'or dont (selon Tite-
coactus, serré, resserré, enfermé. Pour coa Live, XXXIV, 31, 18) on récompensait les

CAF 80 CAH

soldats romains. Mais encore une fois, cadel=' ni sur l'origine de ce mot, ni sur le rapport
catcUus heurte trop les lois de formation des idées. D'après Bovet, le mot se rattache
à la secte des cathares {x^Qvpoi), le étant
françaises.
CADENAS, de l'it. catomccio, dérivé de ca- rendu par /"comme dans Feodor p. Théodore.
chaîne. Anciennement, le cadenas avait
tciia, Voy. Littré, suppl. En somme, l'étym. du mot
une petite chaîne au lieu de ce que nous nom- reste incertaine.
mons aujourd'hui l'an.se ou l'anneau du cade- CAFÉ, esp. café, it. caffe, angl. coffee, ail.
nas — D. cadenasser. kaffee ; de l'arabe qahvah, turc kahweh, vin,
CADENCE, it. ca(h')i3a, du BL. cadentia, puis boi.sson de baies cuites; d'autres, avec
subst. dérivé de cadere, tomber; cadence est peu de probabilité, tirent cafë de haffa, nom
donc pr. la manière dont le ton musical s'élève d'une contrée d'Afrique, pays originaire du
ou s'abaisse, puis la mesure qui règle les café. — D. caféiei' om ca fier ; cafetiei', -ère.

mouvements. Ce terme cadence est savant, CAGE, angl. gabbia, esp. gavia,
cage, it.

car la transformation véritable de cadentia du L. carea; pour la consonnification de eoui


est chcance', chance (v. cm.). D. cadencer. — devant une voyelle, cp. abregei' de abreviare,
CADÈNE, de cadena, forme provençale et singe de simia, pigean de j)ipio, congé de
espagnt)le du L. catena, chaine. D. cade- — commeatus, linge de lineum, etc. D. cagée, —
nette. J'apprends, cependant, par le Dict. de encager.
Littré, que Isicadenette tire son nom d'Honoré CAGNARD, fainéant, pares.seux, de cogne*
d'Albret, seigneur de Cadenet, qui atfection- (se dit encore pour mauvais chien), it. cogne,
nait particulièrement les cheveux en cade- chienne (L. conis). Autrefois le subst. cognard
nette. se disait aussi pour chenil. —
D. cagnarder,
CADENETTE, préc. voy. l'art, -ise, s'acagnarder. —
Le même primitif cfl<7>if,
CADET, fém. cadette, it. cadctto, angl. ca- chienne, puis aussi terme d'injure, a donné
det, du L. capitettum (cp cadastre de capi- cagneux (la plupart des chiens sont cagneux,
tastrum), diminutif barbare de caput. Le dit Ménage), cagnot, chien de mer, et ocagner
cadet est donc envisagé comme la « jeune (patois berrichon'i, combler d'injures.
tête " ,le petit chef " de la famille, relative-
•' CAGNE, CAGNEUX, voy. l'ai-t. préc.
ment 'à l'ainé, qui en est la tête, le chef pro- CAGOT ; l'acception d'hypocrite attachée à ce
prement dit. —
Le tvpe ^ciii capitettum est, mot ne remonte pas au delà du xvi" siôcle.
dit P. ISIeyer (Rom. III, 316), une hypothèse Quant à l'origine du mot, on le croit identique
superflue ; cadet, mot entré dans le français avec le nom d'une caste ou d'une race disper-
au xvi*^ siècle, est le béarnais ou gascon cap- sée dans le Béarn et les conti-ées avoisinantes.
det, qui, selon une particularité phonétique Une bande de Goths et d'Arabe.'!, dit-on, qui
de ce dialecte, répond au prov. capdel (chef) s'étaient réfugiés en Guienno, obtinrent de la
= lat. cnpiteUum. part de Charles Martel et de ses successeurs
CADMIE, L. cadynia (xaè/isé*). appui et protection mais les indigènes les
;

CADRE, it. qitadro, du L. quadntm, carré. traitèrent d'Ariens et de lépreux et les frap-
— D. encadrer. A la même famille appar- pèrent du surnom de cagots, c.-à-d. canes
tiennent : gothi. L'étymologie n'a rien à opposer, observe
Cadrer, L. quadrare. Diez, à cette ancienne explication du. mot
Cadr.\n, L. quadrans ; les cadrans solaires cagot, qui peut fort bien être composé du
sont carrés. prov. cà, chien, et de Goth ; on aura fait dé-
Cadrât, L. quadratus ; dim. cadratin, vier le sens primitif de cagot, savoir « infi- :

Cadr'ature, L. quadratura. dèle ", en celui d'hypocrite, homme qui, contre


Tous ces termes sont savants ou nouveaux ;
sa conscience, suit les pratiques de la religion
pour la langue vulgaire, le radical quadr est catholique (cp. pi. h. une étymologie analogue
devenu carr, en vei'tu de l'assimilation habi- attribuée à cafard). —
Frisch décompose le
tuelle. En voici les rejetons : mot en prov. cap, tête, et ail. Gott, Dieu ;
Carré = L. quadratus ; carrer qua- = capgot, cagot, serait un juron, « par la tête
drare; CARRIÈRE = BL. quadraria, lieu où de Dieu », que les hypocrites aiment particu-
l'on extrait les pierres équerre, équarrir, lièrement à prononcer pour dissimuler leur
etc. (voy. ces mots).
;

mauvaise foi. —
Des études nouvelles sur les
CADUC, L caducus (de cadere, tomber). cagots (voy. "V. de Roclias, Les Parias do
D. caducité, L. caducitas. France et d'Espagne. Paris, 1876) indiquent,
CADUCÉE, L. caduceus (qui représente le comme origine du mot, le breton cacodd
gr. /v3/:uz£îîv, bâton de héraut). « lépreux ". La signification moderne a pu
CAFARD, anc. cafar, hypocrite, bigot; on s'être produite sous l'influence de bigot.
a proposé esp. port, cafre, rude, cruel, de CAGOUILLE, 1. nom patois du colimaçon,
l'arabe hûfir, infidèle, perfide, ingrat. Cafard 2. voluteornant le haut de l'éperon d'un vais-
disignerait proprement un infidèle qui se seau. —
Cp. pour le thème cag le prov. mod.
faitd'une autre religion, sans bonne foi, sans cacalan, escargot, bitarrois cagarol.
conviction. Littré, à cause de l'orthograplie CAHIER, anc. cayer, pic. coyer, rouchi
anc. capTiard, préfère l'étymologie de Du- quoyer, en angl. quair, puis quire. Du L.
cange, savoir caphardum, sorte de vêtement quaternum (cp. hiver de hibernuni, enfer de
mentionné au xW
siècle dans des statuts infernum), liasse de quatre feuillets. Cette
d'université ; mais Ducange ne dit rien de plus étymologie est assurée par l'emploi fréquent
CAI — 81 CAL

du mot quaternuni ou quatey-nio (« chartse il se fonde, en faisant cette conjecture quelque


compactae >-) dans le latin du moyen âge, et peu hardie, sur une origine tout à fait ana
les formes prov. cazern, quadcrn. Un ano- logue de l'allemand kiesel, qui signifie à la fois
nyme français, faisant la critique du diction- caillou et grêlon. L'explication la plus naturelle
naire de Diez [Athenœum français, 1853), est, à mon avis, la succession de formes : L.

prétend avec autorité que cahier wïeni de qua- calculus, calcolus, callocus, fr. caillou, cail-
tei'nio Ce critique est peu initié aux procédés leu, ou celle-ci : calculus, caculus (la sup-
mécaniques de la romanisation quaternio n'a ;
pression de / radical me semble très admissi-
jamais pu faire cahier, mais bien cargnon ble), caclus : d'où chail, cail, caille (formes

ou chargnon (on trouve en effet la forme en usage dans les patois), puis au moyen des
char7'eignon). —
L'étym. L. codicarimn, con- suffixes ol, ou, eul, ot, les diverses formes
damnée par la phonétique, doit être aban- caillot, -ou, -eul, ot. (C'est cette dernière ma-
donnée. — Voy. aussi carnet et casernet. nière de voir que Diez avait adoptée en der-
CAHIN-CAHA, du L. qua hinc qua hac nier lieu.) —
D. caillouter, caillouteux (ces
(Ménage). dérivations par t sont modernes).
CAHOTER, étymologie inconnue. Ménage caïman, du caraïbe acayoïcman, crocod^de.
indique une forme cadutare, faire des chutes
CAIQUE, espèce de vaisseau de mer ; mot
V. c. m.), comme ayant pu donner naissance
turc.
à ce mot (il allègue à l'appui le nom propre CAISSE, it. cassa, esp. caxa, prov. caissa,
Cahors, de Cadurcum). Nous y voyons de angl. cash; du L. capsa [a^o:), coffre. D. —
préférence une onomatopée, ou bien, vu la
forme wallonne hihoter (ht, préfixe, fr. co, = cassette, caisson, caissier, encaisser. Le —
latin capsa se trouve encore dans la langue
con), le radical ail. hot, mai-quant secousse,
balancement (cp, ail. hotze, berceau). — française sous la forme de casse (terme d'im-
primerie), d'où casseau, et sous celle de châsse
Bugge admet pour type une forme romane (voy. c. m.).
quatottare, fréquent, de quatere. Cahoter se
CAJOLER, anc. chanter(« ca^eo?/er comme
serait produit comme baisotcr, grignoter,
un gay ", dit Paré); le sens semble donc être
trembloter, etc. J'approuve, en théorie et pho-
« enclianter, gagner par de douces paroles ",
nétiquement, cette étymologie; mais je la
N'était le sens premier de chanter, l'étymol.
tiens pour suspecte tant qu'on ne produira
pas à l'appui d'autres verbes en oter ne décou-
cageole = petite cage
L. caveola cp.
( = ;

geôle), conviendrait assez bien cajoler serait, ;


lant pas d'un autre verbe français préexistant.
comme enjôler (v. c. m.), finir par attraper
Je m'en tiendrai donc au wallon hihoter, dont
Bugge ne fait pas même mention. Subst. — l'oiseau et le mettre en cage. Mais la première
signification du mot oblige à chercher ailleurs.
verbal cahot.
A Namur, on dit cajoler dans le sens d'enjoli-
CAHUTE, anc. cahutte, cahuctte, dan. ha- ver or, en présence du préfixe ca assez fré-
;

hyt, suéd. kajuyta, haota, kota (hoU. kajuit,


quent dans les dialectes wallons et dont le sens
cabine d'un navire). La forme actuelle cahute paraît être itératif, on est autorisé à s'adresser,
parait être une contraction de cahuette; le
avec Grandgagnage, au thème ^oZ de JoZz, qui
primitif serait alors cahue, EL. cahua, et
signifie, en premier lieu, gai.
répondrait à l'ail, haue, réduit, ni. houw.
CAJUTE, autre forme de cahute, tirée di-
L'anc. fr. et certains patois emploient cahiiet
rectement du ni. kajuit.
p. capuchon cela fournit un nouvel exemple
;
CAL, du L. cal lus; on dit aussi en fr. calus.
de ce rapport idéologique entre les mots ex-
primant maison et habillement, que nous
— D. calleux, L. callosus.
CALADE, t. de manège, de l'it. calata, des-
avons relevé dans caban, chasuble et casaque.
cente ; celui-ci du verbe calare, baisser voy. ;

CAIEU, bulbe, oignon; étymologie incon- cale.


nue, CALAIS, sorte de panier, d'un type cala-
CAILLE, it. quaglia, prov. calha, angl. tium (cp. imlais depalatium), dérivé de cala-
quail, du BL. quaquila, qualia, v. flam, thus, xà).a&05 (en grand usage dans le bas
quahele. Papias : « Quaquila, genus avis, latin); voy. Bugge, Rom., IV, 352.
vulgo coturnix, a vocis sono. » Cfr. l'ail, qua- CALAMENT, gr. /a).«/AÎv&„ (litt. belle
ken, coasser. —
D. caillette, femme babillarde menthe).
(angl. callet), cailleteait, cailleter. CALAMINE, chalemine, BL. calamina,
vfr.
CAILLER, vfr. quagliare, ca-
coailler, it. paraît être altéré du L. cadmia [/.xë/jidx), m.
gliare, esp. cuajar, port, coalhar, du L. coa- s., dont le terme ail. galmey se rapproche
gulare. Ce primitif latin a été une seconde davantage.
fois introduit dans la langue par les savants CALAMISTRER, L. calamistrare, de cala-
sous la forme de coaguler. D. caillotte; — mister, fer à friser (dér. de calamus).
caillot. Cps. caillebotte, de caille -\- botte, 1. CALAMITE, gomme-résine, qu'on re-
faisceau,monceau (voy. bot). cueille dans des tiges de roseau du L cala- ; .

CAILLOU, rouchi caliau, pic. cailleu, prov. mus, roseau.


calhau. Grandgagnage propose comme source 2. CALAMITE, aimant, it., esp., port. caZa-
de caillou le néerl. hai, hei, ou le cymr, cal- mita, prov., catal. caramida; soit de calamus,
lestr, bret. calastr, même signif. Diez ratta- chaume, soit de xaia/jtîT/j,-, grenouille verte.
che caillou à. cailler : caillou = pierre caillée; Diez, observant que l'ancien fr. n'appliquait

6
. .

CAL — 82 CAL

guère la dérivation par ita à des noms de CALEMBOUR, étymologie inconnue. Phil.
choses, opte pour le dernier. « Avant l'inven- Chasles indique l'abbé de Calemberg, i)ei'son-
tion de la boussole, on mettait cette pierre nage plaisant de contes allemands (d'autres
dans un bassin d'eau, suspendue entre deux disent conteur burlesque lui-même). Autre
fétus, où elle nageait comme une grenouille. " histoire un souverain de Nancy avait à sa
:

(Le père Fournier.) cour un certain comte de Kalembourg ; cet


CALâMETÉ, L. calamitas. D. calami- — Allemand parlait si mal le français qu'il fai-
h, caUimitosus. sait à chaque instant des équivoques par le
tciix,
alouette huppée, sW.galan- double sens des expressions dont il se servait
1. CALANDRE,
caradril et caladril; on avait pro- à tort et à travers. De là « expression à la
der; vfr.
posé, les uns yalarita, nom latin de l'oiseau,
Kalembourg » et Kalembourg tout court.
Citons encore l'explication de Boiste de l'it. :
les autres caliendrum, bonnet, huppe. Diez,
calamajo, encrier, et burlare, railler, et celle-
.se fondant sur une forme secondaire esp. cala-

dre, préfère le gr. yxfixôf,idi, pluvier, d'autant


ci :xa/>! (belle) -|- bourde. Mot de la même —
façon calembredaine, bourde, absurdité, en
:
plus que les vieux glossaires latins-allemands
picard bredaine tout court, à Genève calem-
traduisent caradrius par alouette. Je trouve
forme bourdaine. Darmesteter (p. 114) décompose
cependant dans les dictionnaires aussi la
comme nom d'alouette. ce mot en calem (la particule péjorative cali
7(.»').xv5poi
nasalisée devant la labiale) -f- berdainc ou
2. CALANDRE, charançon, &ng\. ealender, Cal cmbourdaine,
bourdaine (de bourde).
ail. kalmider, glander, ni Mander; du BL.
selon lui, donne l'étym. de calembour, qui se
caladriiis, calendra; prob. étymologique-
trouve être la forme masculine de calembre-
ment identique avec le nom de l'oiseau.
daine; en effet, ajoute-t-il, aux environs de
3. CALANDRE, machine à tabiser les étoffes,
Chateaudun calembour se dit au sens de
esp.
drus
calandria, angl. calandei", du L. cylin-
{/:{)> tvêpoi); la bonne orthographe serait
calembredaine. Voyez aussi Littré, suppl.—
qui est la formation régulière de
CALEMBREDAINE, voy. l'art, préc.
colendre,
cylindrus. —D. calandrcr. CALENDES, L. calendœ. D. calendrier, —
CALANQUE ou carangue, petite baie, it. anc. calendier =» L. caiaidarium, it., esp.

calanca; dérivé de cale 2. calaulnrin.


CALCAIRE, L. calcarius (de calx, chaux). CALENDRIER, voy. calendes.
CALCINER, BL. calcinare (calx), transfor- CALEPIN ; vie mot a pour origine le diction-
mer en cliaux. naire polyglotte composé, vers la fin du
CALCUL, 1. pierre (en médecine), L. calcii- XV* siècle, par Ambroise Calepin; ce gros
lus (dimin. de calx), d'où calculeiix ; — dictionnaire était considéré conune un volume
de calculer, L. calculare.
2. subst. verbal indispensable, et le nom de son auteur a fini
1 CALE, plan incliné, fond de navire, châ- par désigner un livret portatif sen'ant à in-
timent usité en mer; se rattache au verbe scrire des notes.
caler, baisser, enfoncer,it. calare, esp, calar, CALER, 1 . baisser, 2. assujettir au moyen
BL. qui est le L. chalare, lâcher,
calare, d'une cale, voy cale 1 et 3.
faire descendre, suspendre (gr. x«^?*). d'où CALFATER, de l'it. calafatare, calefalare,
calade, cal ai son. esp. calafatcar, grec vulgaire xaiayxTcîv. Ces
2. CALE, abri entre deux pointes de ro- verbes viennent de l'arabe qallef •> ferrumi-
chers, petite baie. Du gaél. cala, baie, port, nare ". On disait autrefois aussi calfatrer,
ou de calare, caler, descendre (dans le port). d'où, sous l'influence diO feutre peut-être, s'est
3.CALE, morceau de bois, de pierre, etc., produite celle de calfeut7-er. L'allemand dit
placé sous un objet pour l'assujettir et lui calfatei-n. —
D. calfat, subst. verbal.
donner de l'assiette. L'ail, kcil (vha. chail), CALFEUTRER, voy. l'art, précédent.
coin, satisferait au sens et à la lettre (cp. CALIBRE, it. esp port., calibra, v. esp.
,

gale' de geil). Diez, cependant, rapporte le calibo, capacité ou diamètre d'un tube moule ;

mot à caler (voy. cale 1), au sens d'enfoncer. à briques, etc.; d'après Herbelot, de l'arabe
CALEBASSE, courge, gourde, de l'esp. kalib, modèle, moule. Le dictionnaire arabe
calabaza (cat.carabassa), qui lui-même vient de Freytag donne qâlab, modèle, et qalib, fon-
peut-être de l'arabe querhah, outre (plur. taine. Mahn conjecture inutilement une éty-
qeràbat). — D. calebassier. mologie qua libra? (de quel poids?), en se
:

CALECHE, it. calesso, esp. calcsa, angl. fondant sur l'ancienne orthograi)he qualibre
cal ash ; c'est le bohème kolesa, dim. holeska (R. Etienne et Cotgrave). D. calibrer. —
(polonais kolasa, -aska), dér. de kolo, roue. 1 CALICE, du L. calix, -icis, vase à boire.
CALEÇON, de l'it. calzone, dérivé de calzo 2. CALICE, t. de botanique du L. calyx
(voy. cJiausse). (/àiv?).
CALÉPACTEUR, -FACTION, L. calefactor, CALICOT, de la ville de Calicut (Inde an-
tio (de calcface7-e, chauffer). glaise), d'où cette étoffe fut d'abord importée.
CALÉIDOSCOPE, mot nouveau, fait par CALIFOURCHON, anc. calfourchon, cafour-
l'inventeur (Brewster à Edimbourg, 1817) chon ; le premier élément cali représente,
avec les éléments grecs suivants xa).à tXS-n : = d'après Darmesteter (Mots composés, p. 1 12) la
de belles images, et ï/.ottîw, je vois, je con- particule péjorative cal, cali, ca. A cali- —
temple. fourchon dirait donc pr. « mal enfourché n.
CAL CAM
CÂLIN. Ce mot moderne, auquel Littré cale. —
D. calotin, terme de mépris en par-
attribue les deux sens " dépourvu d'activité lant des prêtres (porteurs de calottes) ; calot-
et d'intelligence » et « cajoleur «, a iin histo- ter. — Dans ma Lexicographie latine, p. 135,
rique trop maigre pour oser établir une j'ai signalé la glose : reticulum (réseau) calle.
étymologie définitive. Trévoux l'interprète par CALQUER, it. calcare, angl. chalk, calh,
paysan, fainéant, gueux cela concorde assez
; du BL. calcai'e, vestigium alicujus premere,
bien avec le wall. câlin, coquin (dans Grand- insequi (rac. calx, talon, au fig. trace). Cette
gagnage; Forir ne l'a pas accueilli). En atten- étymologie, cependant, reste encore à véri-
dant des renseignements plus sûrs, je main- fier. On y oppose une autre, tout aussi accep-
tiens l'étym. catelltts', petit chien ou petit table; celle de L. calx, chaux, de manière
chat, d'où cateiinus' , caclin, câlin. Brink- — q\ie le premier sens de calquer serait trans-
mann (Metaphern, p. '227) n'hésite pas à voir porter un dessin sur de la chaux fraîche, puis
dans câlin une tran.sformation euphonique de le reporter de là sur le papier {décalquer).
canin (cp. wallon faim câline) ; c'est donc un CALUMET ou chalumet est, comme chalu-
dérivé de canis, chien, par application méta- meau, un dimin. du L. calamus, roseau.
phorique d'une des qualités caractéristiques CALUS, voy. cal.
de cet animal. Cette explication mérite toute CALVAIRE, L. calvarium, traduction du
attention. —D. câliner, câliner ic. mot sémitique golgotha, qui signifie « lieu
CALLEUX, L. callosns. —
D. callosité.
du crâne (L. calvaria) » et qui est le nom de
CALLIGRAPHE, -lE, -IQUE, composés des la montagne où Jésus fut crucifié.
mots grecs beauté, et -/^.k-^wi, écrire.
y.xlloi,
CALVITIE (mot savant), L. calvities (de cal-
CALMANDE, aussi calamandre, sorte vus, chauve).
d'étoffe, esp. calamaco, anglais cala^nanco,
ni. Àa/mmÀ. D'origine inconnue; vu le grec
CAMAÏEU, voy. camée.
mod. z«/jis).aO/i5v, on a pensé à une origine CAMAIL, it. camaglio, prov. capmalh;
analogue à celle de camelot. c'est pr. la partie de la cotte de mailles
[mal ha) qui couvre la tête (cap).
CALMAR, étui à plumes, du h. calama-
rium [calamiis). Rabelais a dit galemar. CAMARADE, camerata, esp. camarada,
it.

CALME, it., esp., port, calma, pr. absence ail. hamerad, angl. comrad, compagnon de

En esp. et en prov. calma, signifie


de vent. chambre (L. cannera). La forme de ce mot
aussi la partie de la journée où le soleil est accu.se le passage du sens collectif cAamftr^e

le plus ardent, ce qui donne lieu à voir dans en sens individuel cp. en ail. frauetizimmer,
;

litt. chambre des femmes, puis l'ensemble des


calma ime transformation du BL. cauma,
ardeur du soleil, qui e.st le grec /.u'ôf/.a, cha- femmes habitant une chambre, enfin dame,
leur. Le changement de au en al est rare; on femme; cp. aussi l'ail, bursch, d'abord =
peut citer l'it. aldire, du L. audire, aldaçe, contubernium, puis =^ contubernalis, compa-
du L. audax, palmento p. paumento, du L. gnon, enfin le piém. mascarade, réunion de
pavîmentum, et le cat. galta p. gaiita, joue. masques, puis personne masquée.
Dans notre cas, il peut avoir été produit par CAMARILLA, diminutif de l'esp. caniara,
une influence du mot calor. La partie du jour chambre.
où le soleil est le plus chaud entraine l'idée de CAMARD, dér. de camus (v. c. m.).
cessation de travail, de repos, de tranquillité; CAMBISTE, de l'it cambio, change.
aussi le mot chômer, p. chommer, chaianer, CAMBOUIS, selon Raynouard, du prov.
n'est-il, à l'avis de Diez, qu'une modification camois, boue, souillure.
de calm,er. Enprovençal et autres dialectes, CAMBRER, arquer légèrement, du L. ca-
chaume encore aujourd'hui le temps
signifie merai-e, voûter (de caméra, t.'^jj.kp'x, voûte).
de repos des troupeaux. —
D'autres ont proposé CAMBUSE, néerl. kabuys, angl. caboose,
le grec noày./^oi (d'où //aiaxfa, L. malacia, ail.kahuse; prob. comme cabaret, un dérivé
calme de la mer), modifié par transposition du radical cab, d'où cabane, cabine. Le sens
en x.si.Xxfj.6i. —
D. calme, adj., et calmer, général de hutte s'est spécialisé en celui de
verbe. cajute, cabine, et de nouveau en celui de cui-
CALOMNIE, L. calumnia; verbe calom- sine ou dépense de vaisseau. Kiliaen kom- :

nier, -ateur, L. calumniari, -ator; calom- buys, promptuarium navis.


nieux, L. calumniosus. Le vieux fr. disait CAMÉE, CAMAÏEU, it. cammeo, cameo,
correctement ca/oH^e, chalenge, p. calomnie, esp. camafeo. Mots d'origine obscure. On
mais avec le sens de reproche, défi (cp. angl. trouve dans le latin du moyen âge les formes
challenge). suivantes camahutus ^= sardonyx, camaho-
:

CALORIQUE, CALORIFÈRE, CALORIMÈ- tus,camahelus, camasil,camaeus, camaynus,


TRE, termes formés du L. calor, chaleur. camayx ; en fr, camaheu, caniahieu, cama-
CALOTTE, 1. sorte de coiffure, vfr. calette; hier, camayeu. On s'est épuisé en conjectures,
2. fig. un coup sur la tête, BL. calota C'est dont nous ne relèverons que les principales,
un diminutif de l'anc. cale, nom d'une coif- puisque aucune ne présente un cachet de pro-
fure de femme, dont nous ne connaissons pas babilité. Mahn, qui les a toutes soumises à sa
la provenance. Le L. calautica, coiffure de critique éclairée, présente la solution suivante
femme descendant sur l'épaule, pourrait à la de ce problème étymologique Camma ou :

rigueur, par l'apocope du suffixe ica, avoir cama estau moyen âge le représentant du
donné calante, calote, mais il faut partir de mot classique gemma (vfr, game, vlia.
CAM — 84 — CAM
himma); de là camœus, it. camco, fr. ca- bien n'être qii'une interprétation arbitraire
tnée. Quant à la forme camahotus (d'où les du mot. Grandgagnage est d'avis que le mot

mots fr. camaheu, puis camat/eu, camaïeu, est tiré par transposition de l'équivalent wal-
se sont aussi l'égulièrement produits que vœu lon cafouma, qu'il fait dériver d'un verbe
de votum, neveu de nepotetn), il y voit une cafoumer, noircir de fumée.
altération de camœus altus (altus vfr. = CAMP, L. campus. Ce vocable latin a pris
haiilt, prov. aut). Le camaïeii exprimerait au moyen âge l'acception de castra, c.-à-d de
donc étymologiquement une « gemme en haut terrain occujié par une armée. Nous prenons
relief ". Diez objecte que l'initiale g changée occasion de traiter en une fois les principaux
en c, ainsi que la dérivation par œus, sont mot.s français de la famille latine campus. Co
contraires au génie roman camalwu lui parait ;
primitif s'est francisé et conservé sous deux
plutôt avoir donné naissance au BL. cama- formes. 1 champ. 2. camp. A l'acception
.

Jiotus qu'en être issu. Il propose, très dubi- classique de campus .se rapportent, outre
tativement, un mot roman commatulum chatyxp, les mots suivants :

(dimin. de gr. xo>/*«, ciselure, empreinte), campagne, étendue de pays plat et décou-
d'où camaïeu se serait produit comme vieux vert, paysage, BL. campania (comme nom
de vetuh'.s ; pour ca substitué à en, il allègue propre Champagne).
calessa, calandre, catiapé, p. colessa, colan- CHA.MPÊTRE, L. campestvis.
dre, conopé. —
Littré enfin, négligeant l'exa- champignon, agaricus campestris, it. cam-
men de la terminaison des mots français, part pignuolo.
du gr. /à/tvîiv, travailler, d'où le bas-grec CHAMPART, du BL. campt pars et campars.
y.àfiT.Tov, travail, œuvre, za/tîî5v, atelier, etc. portion de champ.
Cette étymologie me sourit assez cama- : A la signification « lieu ou théâtre d'une
tum, œuvre d'art ou pierre travaillée, peut action militaire », signification particulière à
donner camé, le fém. camata, camée; du la forme camp, se rapportent :

dimin. camatelhim, d'autre part, iieuvcnt CAMPAGNE, dans ses diverses acceptions mi-
s'être produits camée! cameiel, camaïeu, etc.,
, litaires.
car j'admets avec Diez que les formes bas- CAMPER, d'où décamper, lever le camp.
latines ne font que reproduire les diverses CHAMPION, voy. ce mot.
formes françaises. L'esp. camafeo G&t fondé sur —
CAMPAGNE, voy. camp. D. campagnard;
camaJiev. (f^i. h, comme d'ordinaire). camjxtf/tiiil, rat des champs.
CAMÉLÉON, du gr. X7;x:t.)î(av (litt. lion ter- CAMP ANE, de l'it., esp., cat., prov. cam/>ana,
restre). cloche (quelques dialectes français ont aussi
CAMELLIA, du P. CameUi, qui a introduit mot campana pour cloche, p. c. Limousin
le
la plante en Europe. campano, Berry campaine). Le nom de cam-
CAMELOT, angl. camlet, étoffe gros.sière ptana donné à la cloche provient, dit-on, do
en poil de chameau, du L. catnelus; de là ce que les cloches, d'église ont été introduites
aussi, en terme de relieur et d'imprimeur, en premier lieu dans la Campagne romaine.
camelote, ouvrage mal fait, sans valeur. — — D'autres, comme Littré, se fondant sur ce
D'après un article du Journal officiel du que la première mention de campana est dans
12 mai 1874, de l'arabe scilcl henicl, qui est Isidore avec le sens de plateau do balance
le nom de la chèvre angora (Littré, suppl.). (avec la note que la campane est un genre de
CAMELOTE, voy. camelot. balance inventé en Campanie), pensent que le
CAMÉRIER, L. camcrariits, officier do la sens de cloche est déduit de celui de plateau
chambre [caynera):^ camériste, it. camerista, creux. —
D. campanile ou -ille, clocher; cam-
dame de chambre ; camerlingue, it. camei'- panule, pjante à fleurs en forme de clochettes.
lingo, vient de l'ail, kâmmerling, formé de CAMPÊCHE, de la baie de ce nom au
hammer, chambre; voy. chambellan. Mexique.
CAMION, 1. chariot; 2. épingle; etc. Ety- CAMPER, voy. camp. —
D. campement.
mologie inconnue. —
D. camionner. CAMPHRE, BL. camphora, formé de
CAMISADE, it. iiicamiciata, esp. encami- l'arabe kafor, avec insertion de n ou it. m
sada, attaque faite de nuit, l'armure couverte canfora, cafora, esp. canfora et alcanfor.
;


d'une chemise, L. camisia. De là aussi le — D. camphrer, camphrier.
nom des Camisards. CAMPOS, mot latin, tiré de la locution
CAMISOLE, de l'it. camiciuola, dér. de campas habere, litt. avoir les champs, fig.
camicia = fr. chemise. avoir congé. Les champs sont ici mis en oppo-
CAMOMILLE, anc. aussi camomille, ail. sition avec les quatre murs de l'école; cp. la
kamille, du L. chamœmelum{/.ciy.:xifj./ilov, litt. locution « prendre la clef des champs «, se
humile malum). On trouve cependant déjà rendre libre.
camomilla chez Plinius Valerianus, médecin 1 CAMUS, qui a le nez court et plat, prov.
.

du IV'' siècle. camus (fém. -usa), it. camuse, oamoscio;


CAMOUFLET, d'après l'opinion reçue, du d'origine fort problématique; les langues
L. calamo flatus, soufflé avec un chalumeau. romanes n'ont pas de suffixe us qui puisse
On trouve, en effet, à l'appui de cette explica- autoriser à dériver camus du cyrar. cam,
tion, la forme chaumouflet. L'expression courbé, tortu. —
Le latin présente le mot
chaud mouflet =
grand soufflet, que l'on cdmurus avec le sens de recourbé; mais la
trouve dans un mystère du xv^ siècle, pourrait transformation de r en s est non seulement
CAN CAN
lin phénomène qui ne que tard en
se présente sous l'influence d'un vieux mot très ancien
français, et qui inconnu en it. et en
est dont le sens est voisin de cancan et qui, par sa
prov., mais la différence de l'accent s'y oppose facture, non élucidée encore, n'en est pas
également. —
D'autres ont pensé à chamois, éloigné c'est caquehan, taquehan, tanquehan
:

it. camoscio, esp. camusa, le chamois étant qui s'est dit d'une assemblée tumultueuse, où
camus. —Diez, à cause de l'it. camoscio, se l'on cabale, conspire, diffame, et dont on peut
prononce pour le vfr. camoissié, contusionné, trouver de nombreux exemples dans Godefroy
meurtri. —D'après Brinkmann (Metaphern, et dans Ch. Nisard (Curiosités de l'étym. fr.,
p. 263), le mot roman camuso est composé p. 180). —
Comment expliquer l'acception
de canis -\- musa (cp. cagot) et signifie donc moderne de cancan, " danse eff"rénée, désor-
pr. « qui a un museau de chien ». En — donnée »? Y aurait-il là aussi un souvenir du
somme, l'étymologie reste encore à fixer. En dérèglement qui régnait dans les assemblées
attendant, j'avancerai une modeste conjecture : dites caquehan .?

si camurus fait difficulté, il n'en serait pas de CANCEL, du L. cancellus, barreau, treillis,
même pour camusus ou camusius; or, cette espace entouré de barrières.
forme peut être supposée avoir existé dans la CANCELLER, du L. cancellare, bàtonner
langue rustique, d'après l'analogie de asena, un écrit, l'effacer en forme de treillis [can-
asa, hausio, quaeso, etc., formes concur- cellus).
rentes de arena, ara, haurio, quœro, etc. — CANCER est le mot latin cancer:, outre cette
Pour la forme camard, il faut admettre une forme latine, lalangue française a, du même
modification arbitraire de la terminaison us primitif, fait cancre, dans le sens propre
en ard. d'écrevisse, et chancre, dans un sens médical
2. CAMUS; embarrassé,
confus, prov. ou métaphorique. —
D. cancéreux.
camus, gamus, niais,Peut-être est-ce le
sot. CANCRE, voy. cancer.
même mot que le précédent, dans un sens CANDEUR, L. candor, blancheur, pureté.
figuré; cp. le sens figuré qu'ont pris les mots CANDÉLABRE (dans r.\lexis, chandelabré],
aplati, écrasé ; ou bien serait-ce un mot venu L. candelabruni (candela).
du nord et composé du préfixe ca (voy. cajoler) CANDI (sucre), it. candito ou candi, esp.
et du radical mus de muser (avoir la bouche cande, ail. kandies, est généralement rap-
béante) ? porté à la famille caiulere, être blanc. Mahn a
CANAILLE, it. canaglia, esp. canalla, du démontré la fausseté de cette étymologie tra-
L. canis, chien, donc propr. race de chien. ditionnelle, que cependant la couleur seule du
Anciennement on disait chienaille. D. enca- — sucre dit candi rendait suspecte. Candi vient
nailler. directement de l'arabe qand, mel arundinis
CANAL. L. canalis (rad. catina):, le même sacchariferse concretum i. e. saccharum candi
vocable latin a donné aussi chenal et chéneau. (Freytag), mais ce mot arabe, de son côté, est
L'anglais a trois formes diverses se rattachant d'origine persane et identique avec l'indien
au L. canalis, savoir channel, kcnnel et canal. khanda, morceau, puis sucre en morceaux,
— D. canaliser. cristallisé (rac. hhad, fendre, rompre). D.—
CANAMELLE, du BL. can-namelîa, canne à verbe canclir.
miel, c.-à-d. à sucre. CANDIDAT, L. candidatus, vêtu de blanc
CANAPÉ, it. canopè, angl. canopg, du L. Les brigueurs de dignités à Rome étaient
conopeum {xwvwrrîTov), rideau destiné à ga- habillés de blanc.
rantir des cousins; ce mot désignait d'abord CANDIDE, L. candidus, blanc, fig. inno
un lit de repos pourvu d'un indeau de ce cent, sincère.
genre ; cfr. le mot bureau, qui signifie d'abord CANDIR, voy. candi.
une étoffe, puis une table garnie de cette CANE a signifié d'abord bateau, de là canot
étoffe. (cp. BL. canardus, sorte de bateau); puis on
CANAPSA, du ni. knapzak, ail. knappsack, a transféré le mot à l'oiseau nageur par excel-
petit sac à provisions (de hnappen, manger, lence, la cane. Le mot vient du ni. kaan, ail.
grignoter). hahn, barquette. L'ancienne langue avait ane,
CANARD, dérivé de cane. — D.
canarder, du L. anas, canard. On y trouve aussi quenne
faire feu d'un lieu où l'on à couvert,
est opposé à mallart, malart, et ceci me suggère
d'après la manière dont on tire le canard au la pensée que comme mallart (p. maslart)
marais. vient de masle, nulle, quenne pourrait être
CANARL serin des iles Canaries. le quinna, quàn, quenne, etc. des langues
CANASSE, CANASTRE, caisse, boite, esp. germaniques, qui signifie femelle, femme; or,
canasto, canastro, du gr. /.scvxît/sîv, L. cani- cane,canne peut fort bien n'être qu'une forme
strum, corbeille. variée de quenne (cp. benne et banne). Dans
CANCAN, pr. bavardage, est, semblc-t-il, cette hypothèse, l'étymologie tirée du néer-
le subst. verbal de cancaner, et celui-ci tiré, landais tomberait à néant. —
D. canette,
par onomatopée, du cri du canard, comme le caneton, caneter, canard; vfr. canot, canard.
synonyme caqueter de celui de la poule ; l'éty- CANEPETIÈRE, outarde naine (primitive-
mologie tirée du L. quamquam, à cause de ment écrit en deux mots). Le sens de l'adjectif
la querelle des écoles sur la prononciation de petière reste obscur. —
En Normandie, cane-
ce mot, est de pure fantaisie. Certainement, le petière est une canne creuse dont les enfants
mot peut s'être formé ou du moins soutenu se servent pour lancer bruyamment des balles
. . . .

CAN — 86 — CAP

c'est un tout autre mot, qui veut canonÙMt [viv. canongé); canonicitas, cano-
de filasse ;

canne bruyante
« ». Voy. Darmesteter, nicité; canonizare, canoniser.
dire
p. 29. 3. CANON, mesure de liquide, voyez ca-
Form. des mots comp.,
1 CANETTE, de l'ail, hanne,
petite cruche, nette 1

Le même primitif a donné canon, CANOT, voy. cane. Les mots esp. et it. ca-
pot, cruche.
mesure de liquide. Le simple canne était noa, angl. canoë, sont tirés de canàoa de la
d'usage dans le nord de la France u Tant va -. langue des Caraïbes. Canot est-il, ou non, in-
canne à l'iauve qu'en le fin est brisians. « dépendant de ces formes? C'est difficile à
la
2. CANETTE, dimin. de cane. D. caneton — décider. —
D. canotier.
canavaccio, CANTABILE, mot italien, sign. chantablo.
CANEVAS (angl. canvass), it.
CANTAL, fromage du mont Cantal en
prov. canabas, toile gi-ossière. Ces mots sont
Auvergne.
dérivés, par le suffixe aceiis, fr. as, du L.
CANTALOUP, sorte de melon, de Canta-
cannabis (xiwaSii), qui lui-même s'est con-
luppo, maison de campagne dos papes, près
formes it. canapé esp. canamo,
ser^•é sous les
de Rome, d'où est venu ce melon.
prov. canebe, cambre, fr. chantre.
CANTATE, de l'it. cantata (= fr. chantée);
CANEZOU; étymologie inconnue. Peut-être dimin. cantatille.
le même mot que prov. camzil, pannus Uni
CANTATRICE, it. cantatrice, h.cantatrix,
subtilissimi.
chanti'uso.
CANGRÈNE, voy. gangrène.
CANTHARIDB, L. cantharis, -idis{*»Mâxpii).
CANI,de marine, bijis qui commence à se
t.
CANTILÉNE. L. cantilena.
pourrir, du verbe canir' =• L. canescere,
CANTINE, it., esp. cantina, angl. canteen.
blanchir, vieillir.
Selon Dicz, dérivé du vfr. cant, it. esp, canto,
CANICHE, soit du L. canis, chien, ou du fr. qui coin (voy. s. canton); cantine
signifie
cane, canard, à cause du goût que ce chien a serait donc un
«• coin «• où l'on donne à boiro
pour l'eau.
L. canicu/a (canis); caniculaire,
et à manger (cfr. le nôerl. loinkel coin et =
CANICULE, boutique) ; d'autres, avec bien peu do vraisem-
L. canicularis. blance, y voient une contraction de canovettina,
CANIF, du nord, hnifr, ags. cntf, angl.
hnife, =
hneip, kneif.
ail. Dér. ganivet, — dimin. de canova, mot it. signifiant cave. Knfin,
Tardieu y reconnaît le L. quintana, petite
vfr. cnivet, prov. catiivat.
place dans les camps romains où se tenaient
CANIN, L. caninus (adj. de canis). les vivandières et où les soldats vendaient leur
CANIVEAU, pierre creusée dans le milieu butin. On trouve, en effet, dans Duc^nge,
pour l'écoulement des eaux. D'après Bugge, quintana avec la valeur de bannum vini ou
= lat. colliquialis, dér. de coUiciœ ou coUi-
banrin. Cantina serait ainsi produit par l'in-
quiœ, gouttières (cp. dans Caton colîiciaris
termédiaire d'une forme quintina, d'où quen-
tegula, qui signifie la même chose que notre tine, quantine, cantine; les mots esp. et it.
caniveau). Cette explication est aussi ingé- sont {)eut-être de provenance française. D. —
nieuse que plausible. Coliveî, conivel, canivel cantinier, -i^re.
constituent un enchaînement de formes par-
CANTIQUE, L. canticum.
faitement correct.
CANNE, L. canna, ro.seau, jonc, tuyau. — CANTON, it. cantone, esp. prov. canton, pr.
coin de terre, portion de pays dérivé du mot;

D. cannelle, pr. petit tuyau; canneler, pr. roman canto, vfr. cant, coin, côté, mentionné
faire des creux cannette ou cannelle, robinet ;
;
sous cantine. Quant à ce primitif, on le rap-
cannetille (v. c. m.), canule, L. cannula; ca-
l)orte tantôt au L. canthus, cercle de fer au-
non (v. c. m.), pr. tube. tour d'une roue (qui est le gr. xxv&o;, coin do
CANNELER, voy. caivie. — D. cannelure. l'œil et cercle de roue), tantôt au cymr, cant,
CANNELLE, voyez canne. — D. cannelas, clôture, cercle, bande de roue, bord ou au ;

cannellier V. frison kaed, nord, kantr, ail. hante, côté


CANNETILLE, de l'esp. canutillo, it. cana-
aigu, bord. U .serait difficile d'établir duquel
tiglia, dér.du L. canna, tuyau. des trois il faut déduire le mot roman canto,
CANNIBALE, du nom d'un peuple aborigène côté, coin (en esp. et port., il prend au.ssi le
des Indes occidentales cp. esp. caribe (Ca-; sens de pierre). —
D. cantonner; cantonnier,
raïbe), m. s II se peut que l'esp. Canibal soïi homme chargé d'une portion de route; can-
une variété de Caribal, et que les deux mots tonnière, draperie qui couvre une partie d'un
Caraïbes et Cannibales n'eu fassent qu'un. objet.
1. CANON,
it.cannone, prov. canon, angl. CANTONADE, de l'it. cantonata, m. s., dér.
cannon, 1 tube cylindrique 2. pièce d'artil-
.
; de cantnnc, coin (voy. canton).
lerie ; dér. de canne, roseau, tuyau. Les Ita- CANULE, petit tuyau, voy. canne. En vfr.
liens emploient encore le primitif dans canna canole veut dire le canal de la respiration.
d'archibuso, canon de fusil. D. canonner, — CAOUTCHOUC, de cahuchu, nom indien de
canonnade, canonnier, -ière. cette substance.
2. CANON, règle ecclésiastique, du L. canon CAP, 1 tête ( « de pied en cap " ), 2. pro-
.

(xavwv), règle. —
D. canon, adj. dans droit montoire, 3. proue d'un navire. Du L. caput,
canon, d'où canoniste (en angl. canon, subst. it. capo, prov. cap. La forme ordinaire sous

= chanoine); canonius, c/iaMoi/ie; canonialis, laquelle le radical cap, de caput, s'est fran-
canoHîa? /canonicus, canonique; canonicatus. cisé, est chef, —
D. décaper, sortir d'un cap.
CAP 87 — CAP
CAPABLE ; c'est le latin capax (de capere, pirotada, it. capperottato. Étymologie dou-
saisir,comprendre), dont la terminaison aoc a teuse on a songé à un primitif capo, chapon
;
;
été échangée contre la terminaison able. Ce d'autres à l'esp capiy-ote, chaperon (« le plat au
mot est formé comme s'il avait jamais existé chaperon»), ou au gr. xzttu/so,-, sec, xaTru^c^ca,
un verbe caper. On trouve capabilis déjà dans sorte de gâteau. Tout cela ne peut satisfaire.
Cassiani Incarn, (= qui contineri potest), et Il se peut que le mot procède du verbe capu-
dans Epiphanii Hist. eccl. (= capax). lay'e, fr. chapeler.
CAPACITÉ,L. capacitas. D. capacitaire — CAPITAINE, qui est à la tête [caput) d'une
(néol.), pourvu de la capacité légale de voter. troupe ; l'anc. langue, comme elle a fait chef
CAPARAÇON, angl. caparison, de l'esp. de caput, a fait chcKetaine de capitanus (d'où
caparazon, augmentatif du BL. caparo, cha- l'angl. chieftain). — La forme vfr. catagne
peron. renvoie à une forme adjectivale capitaneus.
• CAPE, même mot que chape, it. cappa, CAPITAL, L. capitalis (de caput, tête), 1 où .

Ce mot roman est de


esp., port., prov. capa. il s'agit de la tête, 2. principal. Comme subst,

très-ancienne date et pourrait bien remonter (principal d'une dette ; ensemble des produits
à la rustique des Latins. La dérivation de ca- accumulés, biens, richesse), le mot se produit
put erronée mieux vaut celle de capere
est dans la langue vulgaire sous la forme cheptel
(Isidore
;

Capa, quia quasi totum capiat homi-


:
(v. e. m.). —
D. capitaliser, -iste.
nem), cfr., v\iâ. gifaiig, habit, de fahan = CAPITAN, forme espagnole de capitaine,
capere. Les rejetons principaux de capa, employée pour rodomont, fanfaron.
dont le sens fondamental est chose qui couvre, CAPITATION, L. capitatio, impôt par tête
sont : [caput).
1. It. chapeV, chapeau (l'ail,
capello, fr. CAPITEUX, qui porte à la tête [caput). —
emploie le primitif happe également dans le Cette signification est moderne BL capitosus,;

sens de couvre-chef) chapel, à son tour, dans


;
it. capitoso signifient entêté, emporté.

le sens de couronne [chapel de roses), a donné CAPITON, de l'it. capitone, pr. la bourre, le
chapelet =
rosaire. plus gros ou le fond de la soie (rac. caput). —
2. It. capella, fr. chapelle. Selon Ducange, D. capitonner.
le mot capella, dirain. de capa, et signifiant CAPITULER est un dérivé de capitulum,
une ou chape, sappliquait parti-
petite cape chapitre, division d'un écrit, d'une charte;
culièrement à la « chape de S. Martin « et a c'est proprement fixer les articles d'une trans-
été ensuite affecté au lieu sacré où cette chape action le sens actuel du verbe en est déduit.
était conservée : " in quam (aedem) etiam — D. capitulation. — Du L.
;

capitulum, qui
praecipua sanctorum aliorum Iv.-lfxvx illata, s'est francisé en chapitre (voy. ce mot), sont
unde ob ejusmodi reliquiarum reverentiam issus : le subst. capitulaire, règlement rédigé
aediculae istae.sanctaecapellaeappellantur. » par chapitres, et l'adj. capitulaire, qui appar-
C'est ainsi que, par métonymie, copeZ/a serait tient à un
chapitre de chanoines. Le mot capi-
devenu synonyme de sacellum. D'autres, reje- tule, terme de liturgie, est calqué sur l'origi-
tant cette étymologie historique, attribuent à nal latin.
ce mot le sens premier de couverture, de CAPON, hypocrite, joueur rusé, poltron,
dais surmontant un autel, d'où, par exten- n'est qu'une forme variée de chapon ; au moyen
sion, se serait produite l'acception « lieu âge cappus était synonyme de juif (voy. Du-
séparé dans une église, chapelle « Il est pas- .
cange), « ob circumcisionem », à ce qu'il pa-
sablement hardi de rapprocher, comme fait raît. Dans charge caponne (sinécure), caponne
Chevallet, capella de capsella, petite châsse. vient de l'esp. capona en la locution II ave ca-
3. It. cappotto, esp. capote, fr. capot et pona, clef châtrée, c.-à-d. office de chambellan
CAPOTE. sans exercice ni appointement. —
D. caponner,
4. It. cappuccio, fr. capuce, d'où capuchon. faire le capon.
5. It. capperone, fr. chaperon. CAPONNIÈRE, de l'esp. caponera, chapon-
CAPELINE, dér. du BL. capellus, fr. cha- nière, mue à engraisser les volailles (de capon,
peau. chapon).
CAPENDU, aussi, carpendu, altération de CAPORAL, it. caporale, dér. de capo, tête,
chef. On prétend que le mot corporal, ancienne
court-pendu ; les pommes ainsi nommées le
sont à cause de leur courte queue. Darmes- — forme de caporal, conservée encore en ail. et
en angl. et dans plusieurs dialectes français,
teter, cependant, considère l'initiale ca comme
est gâtée de caporal. Le contraire ne serait-
le préfixe péjoratif.
il pas tout aussi vraisemblable ? La termi-
CAPHARNATJM, lieu do désordre, confu- naison de caporal est suspecte; or, corporal
sion. Allusion à la ville do Capharnaûm, en rend parfaitement l'idée de chef d'un corps de
Palestine, où se faisait un grand trafic et où garde et dérive régulièrement du L. corpus,
se rencontraient des
très diverses.
hommes
Mieux vaut invoquer le passage
de nationalités -oris. —
L'explication de Langensiepen ca- :

poreale, chef royal, n'est pas soutenable.


de l'Evangile do S. Marc, II, 2, où il est fait 1 CAPOT, CAPOTE, grand manteau, dérivé
.

mention d'nn entassement confus de monde. de cape (v. c. m.).


CAPILLAIRE, L. capillaris (de capillus, 2. CAPOT, t. de jeu; selon Littré, du capot
cheveu). précédent, pris métaphoriquement, la défaite
CAPILOTADE, Rabelais cabirotade, asp. ca- au jeu étant considérée comme une capote
. .

CAQ — 88 — CAR

qu'on jette sur le vaincu. L'ail, a le mot— mot caque =


baril, parait être indépendant

caput =
perdu, abîmé. Ce terme est-il tiré du du pi'écédent et se rattacher à kah, vieux
français, ou le français de caput î Car il se
• mot néerlandais qui signifie tonne (cfr. angl.
pourrait que des joueurs savants aient rendu caff, suéd. haffffe); de ce subst. caque vient
par le mot latin caput l'expression allemande eticaquer.
CAQUESANGUB, dysenterie, de l'it. caca-
.<auf's haupt schlagen », battre complète-
chie-sang).
ment. Ou enfin, en présence du terme ail. sang\'.e (litt. _

hapunieren, faire capot, qui reproduit le fr. CAQUET, subst. verbal de caqueter ; celui-ci
chaponner, it. caponnare, ne pourrait-on pas est un mot onomatopée; cp. gr. xa^âC»'^. '"^^j-

expliquer capot par châtré, rendu impuis- gachcn, gacha-n, angl. cackle, gaggle, suéd.
sant? hahla, hoU. kahelen.
vfr. et prov. quare. Du latin
CAR. quare,
CAPOTE, it. capotto, voy. capot 1
CAPRE, vaisseau corsaire; c'est le néerl. c'estpourquoi la conjonction car équivaut à
;

haper, dér. du verbe kapen, ravir, voler (= u voici pourquoi » La langue ancienne em-
.

L. capere ?), ail. capern, prendre un vaisseau ployait le mot avec l'imi>ératif pour renforcer
en faisant la course. l'exhortation. —
Le ykp des grecs n'a étymo-
logiquement rien de commun
avec notre car.
CAPRES (Nicot : cappre), cappero, L.
it.

capparis, gr. xàTrTra/sij, arabe al-habar. D. — CARABIN signifiait : 1. blé


anciennement
sarrasin, 2. cavalier (de là carabine, arme des
câprier.
carabins); auj. le mot signifie garçon chirur-
CAPRICE, volonté d'esprit qui vient sans au-
gien et joueur méticuleux. L'origine du mot
cune raison, it. capriccio, esp. capricho, dér.
est incertaine. Selon Dicz, carabine aurait
de capra, chèvre, à cause des bizarreries,
précédé le masculin carabin, et ce dernier
des mouvements brusques de cet animal. On
signifierait un cav:. lier pourvu d'une carabine.
remarque un transfert d'idée semblable dans
=« La forme anc. calai fin, it. calabrino, lui fait
l'it. ticchio == caprice, dér. du vha. Jiike
dériver ces mots du prov. calabre, instniment
capra, et dans fr. vervedu L. vervex, enfin
de guerre pour lancor des pierres, lequel mot
dans l'it. nucia (dial. de Côme), chevreau, et
serait transformé du BL. cadabula (voy. le
nuce, capi'ice. — D. capHcieiix.
mot accabler). Les engins de guerre en usage
CAPRICORNE, L. capricornus (capra -4-
avant l'invention de la poudre à canon ont
cornu).
prêté leurs noms à ceux qui ont suivi cette
CAPRISER, sautiller, en parlant du pouls,
invention. Pour Ducange aussi, carabin est
BL. caprizarc (de capra, chèvre). mot soldat
p. caîabrin, mais ce .«signifierait
CAPRON ou CAPERON, fraise selon Gébc- ;
de la Calabre, cette sorte de cavalerie étant
lin, de câpre, à cause du goût aigrelet de
cette fraise .selon Ménage, le mot vient du
venue de la Calabre. —
La signification ac-
tuelle vient, dit-on, de la formule « carabin
;

BL. capero, chaperon, et signifierait propr.


de Saint-Côme » (école de chirurgie à Paris).
» petite tête », ou « petit capuchon »
Voy. une autre explication historique par un

CAPSE, forme savante p. caisse. D. cap- — terme escarrabi =• infirmier (trouvé dans des
suie, L. capsula; capsulaire.
actes de Montélimart en 1543 et 1583), dans
CAPTAL, chef, du L. capitalis, pris dans le
Littré, suppl.
sens de capitanus. CARABINE, voy. l'art, préc. D. carabi- —
CAPTER, L. captare, fréq. de capere. — D. nier; vorhe carabiner.
captateur, -ation, -atoire. CARACOLE, de l'it. caracoUo, mouvement
CAPTIEUX, L. captiosus (de capere). en demi-rond que le cavalier fait exécuter à sa
CAPTIF, it. cattivo, esp. cautivo, du L. cap- monture ; ce mot, identique avec l'esp. cara-
tivus (capere). —
D. captivité, vfr. chaitiveté, col, et signifiant proprement limaçon, co-
L. captivitas; captiver, L. captivare. Le — quille en forme de vis (dans ce sens, l'it. dit
latin captimts a fourni aussi au vieux fonds caragollo), puis escalier tournant, est d'ordi-
français chaitif, chétif, prov. caitiu, esp. naire tiré de l'arabe harhara, tourner en
cativo, angl. caitiff, esclave. De l'idée captif cercle. Mieux vaut, .selon Diez, le rattacher au
se déduisit naturellement, comme signification gaél. carac/;, tordu, tourné. D. caracoler. —
accessoire, celle de malheureux, misérable ; CARACTÈRE, L. character,à\\%v.ya.p%Azi,p,
c'est la seule qui soit restée à la forme chétif; empreinte, cachet, donc propr. la marque
voy. notre observation à l'égard du sens figuré des qualités de qqch. puis ces qualités mêmes.

,

de chartre, prison. D. caractériser, caractéristique.


CAPTURE, — D. cap-
L. captura (capere). CARAFE, caraffa, esp. garrafa, sicil.

turer. carrabba ;
it.

du verbe arabe garafa, puiser. —


CAPUCE ou capuche, voy. cape. — D. capu- Mohl allègue le persan garabah, bouteille en
chon, d'où encapuchonner ; capucin, d'où verre à gros ventre, destinée à laisser reposer
capucinade; capucine (plante ainsi nommée à le vin pendant quarante jours (Littré, suppl).
cause de ses fleurs à forme de capuchon). — D. carafon.
CAPUCHON, voy. capuce. CARAMBOLE, caram&o7a, la bille rouge
esp.
CAQUE, voy. l'art, suivant. au jeu de joue avec
billard, puis partie qui se
CAQUER (des harengs), du néerl. kaaken, cette bille; verbe caramboler, toucher les
propr. couper les ouïes [haecken), puis prépa- deux billes du jeu avec la sienne. Etymologie
rer le poisson pour le mettre en caque. Le — inconnue.
.

CAR — 89 — CAR
CARAMEL, it., port, caramelo; d'après
esp. , bant et finalement carcant, carcan. Cela me
hora mochalla, boule douce.
Littré, de l'arabe semble hardi la terminaison ancienne en ant
;

Etym. peu probable. Je pense que le cara- est p. an (cp. anc. paysant, faisant); aussi
mel tire son nom de sa forme tubulaire et le moy. lat. n'a-t-il que carcanus, carcannus
vient de L. calamellus, petit tube; cp. en esp. (ou -um). Le vfr., d'ailleurs, offre aussi car-
caramillo, prov. caramel, chalumeau. caille.
CARAPACE, esp. carapacho; d'origine in- CARCASSE, it. carcassa, esp. carcasa. La
connue. Ne serait-ce pas une transposition de deuxième partie de ce composé est le mot
caparace, d'où caparaçon ? le sens du mot s'y capsus (BL. cassiis), poitrine, thorax (en
prêterait parfaitement. L'espagnol caparazon dial. de Parme, on dit, pour carcasse, simple-
signifie également carcasse d'oiseau. Littré ment cassiron) la première parait être le
;

rapproche le mot du catalan carabassa == fr. mot caro, chair. Le sens primitif serait ainsi
calebasse. « caisse à chair ». Quelle que soit l'origine—
CARAQUE, it. caracca, esp. carraca, ni. de carcasse, il est étymologiquement distinct
hracche, ail. harracke, angl. carach; d'ori- de carquois.
gine orientale. De l'arabe qorqour, grand ba- CARDE, nervure des fouilles du cardon,
teau marchand, plur. qarâqir (Dozy et Defre- chardon à foulon, machine à peigner le drap,
mery). Quant au mot arabe, Devic le tire du it. cardo, esp. carda; du L. carduus, char-
malais kourakovj'a (tortue de mer), horakora don. —
D. carder; cardon, espèce d'arti-
(grand bateau), que reproduisent port, cora- chaut.
cora, corccora, esp. caracoa. CARDINAL, L. cardinalis {Y)Y\m\ï\î cardo,
CARAT, carato, esp. qinlate, anc. port.
it. gén. cardinis, gond, pivot), principal, ce sur
quirate, petit poids; de l'arabe qiràt, lequel, quoi tout roule; de là nom d'une dignité
lui-même, vient du gr. yspârtciv, pr. petite ecclésiastique.
corne, puis la silique, fruit du caroxibier, ser- CARDON, mot savant pour chardoji.
vant de poids, latinisé par Isidore en cerates quaresma,
CARÊME, it. quarcsima, esp.
« oboli pars média est, siliquam habcns unam
prov. caresrna, contraction du L. quadrage-
et semis »
sima, le quarantième jour (avant F*àques); on
CARAVANE, mot oriental, arabe kairawan,
dit de même en gr. mod. zis'sypx-AO'jTri.
persan karwan, troupe de personnes voya-
geant ensemble. —
Composé caravansérail,
CARENCE,
de carcre, manquer.
t. de jurisprudence, L.caretitia;

maison de caravane.
CARAVELLE, it. caravella, esp. carabela,
CARÈNE, it. caréna, L. carina. — D. ca-
réner.
dim. de carabus, « parva scapha » (Isidore,
carezzare, dér. de caro
19, 1, 26) = gr. /.upT.Z'ii, barque et crabe.
CARESSER, de
(L. carus), cher, affectionné.
l'it.

D'après Dochez
CARBONADE, vov. l'art, suiv.
et Bescherelle,dugrecx2(^"/5i^£iv(p. /.T.T-i-ppïi-.x.-i),
CARBONE, CARBONIQUE, CARBONISER,
flatter, apaiser c'est faire de l'érudition en
Carbonate, termes savants, tirés du L. carbo, ;

charbon. Les chimistes, avec un suffixe ure,


pure perte. — D. caresse.
ont fait le terme carbure. Carbonade, de — CARGAISON,
m.).
subst. dérivé de carguer (v.

l'it. carbnnata ou esp. carbonada, grillade sur


c.

des charbons CARGUER, forme provençale p. charger;


au xvii® siècle on se servait
;

encore du mot vraiment français charbonnce. de là : charge.


cargaison, — Carguer les

CARRONCLE, 1 pierre rouge, rubis ; on voiles, c'est en faire une charge, un paquet,
dit aussi carboucle et escarboucle, angl. car-
.

— D. carguc, cordage servant à carguer.


buncle, ail. karfunkel; 2. en médecine, fleg- CARIATIDE, gr. (pliir.)/a,'.uiTt'5=?, les jeunes
mon enflammé puis l'ancien nom de la mala- filles de Caryee.
;

die appelée le charbon. Du L. carbunculus CARICATURE, de l'it. caricatura, qui est


(litt. petit charbon), qui avait déjà les diverses un dérivé de caricare, correspondant du fr.

acceptions du français. La forme carbouille, — charger. Cp. l'expression française charge =


carie du froment, renvoie à un type lat. car- caricature.
bitcula. CARIE, mot savant, L. caries. — D. carier ;

CARCADET, caille, et carcailler, crier carieux.


comme une caille, paraissent tenir au L. CARILLON, selon Ménage, d'un vocable
querquedula, sarcelle. BL. quadrillio, pr, assemblage de quatre
CARCAN, prov. carcan, collier, ni. kar- cloches. —
Le vfr. carenon, m. s,, vient de qua-
liant, ne vient ni du L. carcer, prison, ni du ternio, dit Littré ; selon moi, plutôt d'un type
gr. zrpîvu;, écrevisse, tenailles, ni de l'ail. quadrino.
kragen, collet c'est, selon Diez, un dérivé du
;
CARIIN, it. carlino =
Carolinus. Cp. les
vha. querca, nord, qverk, gorge, cou. Cer- termes un -. louis, un napoléon, et sembl,
tains dialectes fr. disent charchant, cher- 1, CARMAGNOLE, espèce d'habit ou de
chant. En prov. l'on trouve aussi la forme veste fort en vogue pendant la Révolution.
carcol pour collier. Bugge(Rom.,III, 165, — D'origine incertaine ; de la ville de Carma-
tout en admettant l'étymologie de Diez, est gnole en Piémont ? ou de l'ancien cramignole,
d'avis que, plus exactement, vfr. carcant sorte de vêtement de tête ?

représente le composé norois querh-band (ju- 2. CARMAGNOLE, chanson et danse révo-


gulaire, mentonnière), d'où 'carquebant, *carc- lutionnaires. Origine inconnue; chant exécuté
.

CAR — 00 — CAR
par des gens vêtus de la carmagnole ? le chant 2. CARPE, t. d'anatomie, poignet, du grec
liégeois ditcramignon n'y est-il pour rien ? X.rpn6;. m. s.

CARME, coup de dé qui amène les deux CARPETTE, gros drap rayé, etc., angl.
quatre, anc. carne, du h.quaternus, coup de carpet, vfr. carpite, BL. et it. carpita; du L.
quatre. carpcrc, détirer de la laine (voy. charpie).
CARMES, nom des membres de l'ordre du CARQUOIS, vfr. carquais, it. carcasse, esp.
mont Cartnel, d'où aussi carmélite, religieuse carcax; l'étymologie la plus plausible est L.
du même ordre. carchesium, coupe à anses, hune d'un vais-
CARMIN, it. carminio, ainsi que cramoisi seau il peut y avoir eu confusion idéologique
;

(transposé de carmoisi , it. carmesino, cre- entre rarcasse et carquois. On est en droit
misi, crcmisino, esp carmcsi, viennent do aussi d'expliquer carquais ou cai'quois par
l'arabe qcrmcz, écarlato, adj. qerrnasi. l'ancienne forme tarquais, qui vient du per-
CARNAGE, CARNATION," CARNIER, déri- san torhach (d'où l'arabe tarkach, l'it. tur-
vés de l'anc. carn , car, auj. chair, = L. casso, et bas-grec T»/9/.i7nv), étui à flèches le ;

caro, gén. carnis. — Du prov. carnasa, changement de en k peut encore être l'eflet
t

chair morte l'adj: carnassier et le subst. d'une a.^similation avec carcasse; nous avons
carnassière, gibecière. vu une permutation analogue, à propos de
CARNASSIER, voy. l'art, préc. — En vfr.,
cancan entre les mots vfr. caquehan et toque-
,

han. Caroline Michaelis ne doute pas de


carnacier signifiait bourreau.
l'étymon nxpx-ftt*-')'* mais elle sépare le mot da
CARNAVAL, de l'it. carncvale, carnocale, ,

vfr. tarquais, qui est, d'après elle, le turc


esp. carnaval. Le mot italien est composé,
terkasch, persan tarkasch » pharetra » ; vfr.
dit-on, de came, chair, viande, et du subst.
une altération de tarcais par
tu}'cois .«serait
vale, adieux, et signifie les adieux faits à la
viande (op. les expressions analogues BL.
assimilation à turc (Jahrbuch, XIII, 313). —
carniprifium,, privation de cliair, et l'esp,
De son cûté, Fôrster (GrOber Ztschr.. I, 156)
carnestolendas, retranchement de viandes).
expose comme quoi l'ancienne littérature
française ne présente ni carquois ni carquais;
Cette étymologie, toutefois, n'est que spécieuse.
les seules formes authentiques sont titrcais
Il faut .'savoir que le type primitif est le BL.
carnelevamen (carnis levamen), d'où carncle- (moy. lat. tuixasia, it. turcasso) et tarcais.
vole', plus tard étranglé en carnevale. C'est
CARRE, angle, carrure, subst. verb. de
donc pr. soulagement de la chair, plaisir per- carrer.
mis la veille du carême, cp. les autres termes CARRÉ, CARRER, voy. cadre. — D. car-
employés pour la môme idée : BL. carnica- rure; cps. contrecarrer (v. c. m.)
piiim, it. carnelascia (earncm laxare), d'où, CARREAU, vfr. quarrel, it. quadrello, du
par corruption, carnasciale. BL. quadrellum, petit cadre. D. carreler, —
décanrlrr; carrelet, pois.son ayant des taches
CARNE, angle saillant, du L, cardinem,
en carreaux.
gond ((']). charnière).
CARREFOUR, prov. carreforc, représente
CARNEAU. CARNELER, voy. sous cran.
un mot latin quadrifiircum, litt. à quatre
CARNET ost^j. cacr n et, (ïnn.àGcacr, cahier fourclios.
(lat.quatermim, voy. sous cahier), donc un
CARRICK., mot anglais.
petit caliier. D'autre part, la forme prov.
1 CARRIÈRE. BL. quadraria, lieu où l'on
cazern a fourni au français le terme maritime
extrait des pierres de taille (en ail. quader,
casernet, cahier de bord.
CARNIVORE, L. carnicorus, composé de
pierre équarrie) ; voy, sous cadre. Le type —
masc. quadrarius a produit carrier, ou- fr.
caro, gén. carnis, chair, et vorare, manger.
vrier qui extrait dos quadros lapides.
CAR06NE, t. d'injure, variante de cha- 2. CARRIERE, lieu de course, puis étcndtio
rogne. de la course à fournir, it. carriei'a, esp. car-
CARONADE, espèce do canon, du nom pr. rera, prov. carriera (rue), angl. carecr; dér.
Carron, propriétaire de forges considérables de rarrus, char donc propr. voie d'un char,
;

en Ecosse. route carrossable; l'ancienne langue disait


CARONCULE, L. carimcula, petite chair. aussi charrière et quarrière.
CAROTIDE, gr. plnr. xapwT.5=,-, m. s. CARRIOLE, de carriuola, dimin. de
CAROTTE, du L. carota rApicius). D. — carra, fr. char.
l'it.

carotter; sur le sens figuré de ces mots, voy.


CARROSSE, de l'it. carrozza ou plutôt du
Littré.
CAROUBE, de carrubo, esp. garrobo,
l'it.
masc. carroccio, dér. de carro, char. D. —
carrossier, carrossable.
algarrobo, de l'arabe charrub, m. sign. — CARROUSEL, it. carosello, garosello. Ce
D. caroubier.
mot du rapport avec carrus, char? Ou
a-t-il
ÇAROUGE, variante de caroube, et répon- carr représente-t-il le quadr de quadrille f
dant aux formes it. carrubbio, esp. garrubia.
Nous ne pensons pas ni l'un ni l'autre, et nous
1. CARPE, BL. carpa, prov. es-
poisson,
y voyons plutôt un dimmutif de carrousse
carpa, it. carpione; du vha. charpho, ail. (v. c. m.).
mod. karpfen, angl. carp. L'affinité des mots CARROUSSE, grand régal,
fête, partie de
germaniques avec le grec xuTrpIvo,-, L. cypri- boire, angl. carouse,
carrons, v. esp vfr.
nus, doit être contestée. — D. carpeau, car- carauz; étymologie douteuse; nous ne .sau-
pillon. rions accepter l'ail, garaus trinken, boire
. ,

CAS — 91 CAS

jusqu'à bout, que s'il était démontré qne le OASE, maison, loge, compartiment, L. casa,
mot en effet qu'un terme de caserne in-
n'est hutte, maison. C'est casa aussi qui a fourni
troduit par la soldatesque allemande. la prép. fr. chez
{y. c. m.). D. caser, pour-—
CA.RTABLE, portefeuille d'écoliers; cp. voir d'une place, établir ; casier, biu'eau
les mots wallon cartabel, it. scartabello, esp. garni de cases; voy. aussi caserne.
cartapel, composé de charta et pellis. Voy. CASÉEUX, CASÉUM, t. do chimie, dér. du
Caix, Studi, n° 520. L. caseus, fromage.
CARTAYER, selon Littré, de quatre (mieux CASEMATE, de l'it. casamatta ou esp., port.
vaudrait de quart) ; « cartayer, c'est couper eu casamata, dont l'étymologio est douteuse. On
quelque sorte la route en quatre, c'est ti'acer a décomposé le mot par casa-matta, et l'on a
une quadruple voie, les deux ornières et les prêté à cette expression matto tantôt le .sens
deux voies des roues ".N'était cette définition, de caché, borgne, tantôt celui de pseudo,
j'aurais interprété notre mot par c«re<ie (char- faux, ou de sombre enfin, on a expliqué le
;

rette, angl. cai-t) -\- suffixe icare; cp. l'it. mot par « maison {casa) de la tuerie (mata) "
carreggiare, conduire un char, de carro, expression analogue à l'ail, mordkeller, casei-
char. mate, litt. caveau de meurtre. Ménage avait
CARTE, variété savante de charte, du L. songé au gr. x'^iit.y, fosse, caverne (plur.
charta [-/xpr-n-]. — Dérivés : cartel, -on, xâ7/xa-y); étymologie inacceptable, bien que
-onche, -ier. — Je ne puis adhérer à l'opinion Rabelais ait employé la forme chasmate. Ci-
qui voit dans carte le L. quarta au sens de tons encore une conjecture de Devic, qui se
quart de feuille de papier; fr. quarte et BL. demande si le mot italien n'a pas été créé sous
quarta sont des modifications orthographiques l'influence de l'ar. qasaba, forteresse.
introduites sous l'influence de quartus. CASER, voy. case.
CARTEL, de Vit. cartello, esp. cartel, petite CASERNE, it. caserma, esp., port, caserna,

carte, affiche, puis, spécialement, provocation dérivé de casa, maison, par le suffixe ernus,
en duel par écrit. comme caverne de cave. Diez, patron de cette
CARTILAGE, L. cartilago, -inis. — D, car- étymologie, dans sa dernière éd., ne se rallie
pas à l'opinion de Mahn, qui, à cause de l'it.
tilagineux.
CARTON, de l'it. cartone, augmentatif de
caserma, walaque çesarme, anc. ail. casarm,
carta. — D. cartonner, cartonnier. avait proposé avec quelque doute casa d'arme,
maison d'armes. —
Dans Fui'etière, on lit :

CARTOUCHE, de l'it. cartoccio, cornet de


" Cazernes, ce sont de petites chambres bâties
papier, gargousse (dér. de carta).
sur le rempart des villes de guerre pour loger
CARTULAIRE, recueil de cartules (L. char-
les soldats de la garnison on y loge ordinai-
;
tulœ), actes, titres. Le mot fait double emploi rement six soldats qui montent la garde alter-
avec chartrier.
nativement. » En supposant qu'on y ait pri-
CARUS, t. de médecine, du gr. xxpo^, som- mitivement logé quatre soldats, G. Paris pose
meil profond.
pour étymon prov. cazerna (qu'il déduit du
CARVI, it., esp. carvi. Directement de
l'arabe karawia ou karwia, formé à son
verbe descazernar, expulser, déloger) lat. =
quaterna. Ce serait donc propr. une escouade
tour d'une forme grecque hypothétique x^putz
ou ït.ypi\jÎ7., dérivée de r^Upov, y.ii.p-.o\), lat. ca-
de quatre hommes. —
D. caser ner.
CASERNET, cahier de bord, voy. carnet.
rum, careum (Devic). —
Voy. aussi chervis.
CASIMIR, angl. cassimer, variante de
1. CAS, du L. casus, chute, événement, cachetnire.
désinence (de cadere, tomber). CASINO, mot. ital-, dér. de casa, maison.
2. CAS, adj., fém. casse, cassé, du L. quas- CASOAR, oiseau, esp. casobar, angl. casso-
sîis, brisé. wary, du malais cassuwaris
CASANIER, attaché à la maison, représente CASQUE, it. et esp. casco. Le mot est assez
un type latin casanarius, du BL. casa>ia, récent en fr.a supplanté l'anc. heaume.
et
forme dérivative de casa, maison. — L'it. Ménage le rattache au L. cassis, par l'inter-
emploie dans le même sens casalingo. médiaire cassicus, mais Diez observe que le
CASAQUE, it. casacca, esp. casaca, angl. suffixe ic ne produit en roman que des subst.
cassock, dér. de casa, case; pour le rapport féminins. En espagnol, casco signifie en outre
d'idées, cfr. le BL. casula, qui signifie à la têt, tesson (pr. chose brisée, car le mot vient
fois petite case et vêtement; l'idée d'abri, de de cascar =quassicare), puis crâne, coque de
protection, relie les deux acceptions. Ainsi, de navire, etc. La comparaison des diverses
la même racine cap nous voyons procéder significations du mot latin testa (d'où fr. têt,
capanna, fr. cabane, et cape, chape, chapeau, tesson, autorise à voir dans casco, signi-
tête)
etc. Quant à la terminaison acca, cfr. it. fiant casque, le même mot que casco, chose
guarnacca, espèce de pardessus. D'autres — brisée. Les significations s'enchaînent ainsi :

tiennent le mot pour slave et identique avec débris, tesson, têt, armure de tête. — D.
cosaque. —
I). casaquin. casquette.
CASCADE, de cascata, dér. de cascarc,
l'it. CASSADE, de l'it. cacciata, cassade au
tomber, verbe italien qu'il faut rattacher à brelan, de cacciare, chasser, pousser. « Cas-
une forme antérieure casicare, issue à son sade s'est dit d'abord au brelan, puis pour
tour du L. cadere, par le supin casum. — toute espèce de feinte, de bourde » (Littré).

D. it. cascatclla, fr. cascatelle Voy. casser.


CAT 92 — CAT

1. CASSE, t. d'imprimerie, caisse à com- tombe. Catacombe serait une altération de


partiments, voy. caisse. —
D. casseau, cas- catatombe (forme que l'on rencontre parfois)
setin. et signifierait « tombe exposée à la vue des
2. CASSE, fruit du cassier, BL. cassia, fidèles n. On peut cependant aussi prendre
casia, angl. cassia, ail. cassie, du gr. xxtiix, l'élément combe pour l'esp. cowéa, qui signifie
xxtlx. —
D. cassier. voûte. Bellermann, auteur d'un ouvrage snr
3. CASSE, poêle à queue, lèchefrite, it. les plus anciens tombeaux des chrétiens, fait
cassa, cat. cassa; du vha. chesi, kesi, v. venir catacombe d'un mot grec supposé
nord, hati, vase à cuire, d'où l'ail, kessel, xaraTÛuêiîv; pourquoi pas tout aussi bien de
flam. ketel. —
D. it. cassuola, esp. casuela, x«Ta/.ùa8i9v (do xûu6oî, cavité)?
et fr. casserole (it. casserola); pour l'insertion CATAFALQUE, it. catafalco, esp. cadafalso,
de er, cfr. mouch-er-oUe, miis-er-oUe, etc. cadahalso, cadalso, prov. cadafalc, vfr. e^ca-
4. CASSE, subst. verbal de casser. défaut, cadefaus, d'où le mot actuel échafaut
CASSER, du L. quas-
briser, angl. qitash, (champ, cadefaut). Les mots ail. schafott,
sare, briser,de quassus, participe de
dér. flam. scavant et angl. scaffold, sont tous des
quatere. Le partie, quassus s'est consen'é modifications du fr. échafaud. —
Catafalco
dans le prov. quass et le fr. cas brisé. = — est composé de catar, voir, et de falco, corrup-
D. casse, action de casser; casseynent; cas- tion de palco, as.semblage do poutres (mot
sure; d'un composé conquassare on a fait italien d'origine germanique). Catafalco si-
concasser. —
Dans le sens « annuler », casser gnifie donc proprement un échafaudage de
vient du L. cassare, dér. de cassus (vfr. quas, parade, cp. it. cataletto, lit de parade (voy.
prov. cass, it., esp. casso), vide, vain, inutile. châlit) et fr. catacombe, (v. c. m.). Quant au
De là le subst. cassation. verbe catar, qui dans le vieil esp. signifiait
CASSEROLE, voy. casse 3. Quelques dia- voir avec soin (Lex. roman do Raynouard,
lectes disent castrole; l'allemand en a tiré son verbo catar « os dit cat, quar catar vol dire
:

hast roi. vezcr) " et qui signifie auj. examiner, c'est le


CASSETTE, voy. caisse. captare dos Latins, pour ainsi dire captare
CASSIER, arbre, voy. casse 2. oculis, saisir des yeux. Ménage cite un verbe
CASSINE, dérivé de la forme BL. cassa p. fr. catillcr, employé par Monstrelet dans le
casa. sens d'espionner, et l'explique également par
CASSIS, groseillier dit ribes nigrum ; éty- captilare, dim. de captare. Cette étymologie
molojrie inconnue. de Diez satisfait pleinement et doit l'emporter
CASSOLLE, autre forme pour casserole, it. sur celle de Ducango : *.»rk \- palus ou fala
cassuola, voy. casse 3. —
De là cassolette. (écliafaudago).
CASSON =
caisson; cette dénomination CATALECTES, recueil de pièces détachées,
vient do ce que le sucre casson se met dans du gr. yxrUïi/Tx, choses choisies.
des caissons. —
D. cassonade (port, casso- CATALEPSIE, du gr. x«t41>j|i,-, saisisse-
nada). mont. — D. cataleptique.
CASSONADE, voy. casson. CATALOGUE, du gr. xariJioyo;, recensement.
CASTAGNETTES, de l'esp. castanetas, dér. — I). cdtftloffarr.
de castana, châtaigne, à causée de la ressem- CATAPLASME, du gr. xarirriaîjuiï, action
blance des castagnettes avec les châtaignes. d'cnchiii'p.
CASTE, esp., port, casta, race, pr. quelque CATAPULTE, L. catapulta (/.straTri/r,);).
chose de pur, non mélangé. Du L. castus, CATARACTE, chute, L. cataracta, du gr.
pur. %x7ot.,opxt.Tfi:, litt.qui descend en se brisant, de
CASTEL, angl. castle, du L. castellum, x5tTa/9/i/{yvu/;ii, briser (au passif, tomber avec
dim. de castrum. Castel est la forme savante violence). Comme terme de chirurgie, le mot
de chasteV, château (v. c. m.). signifie pr. une clôture ou couli.sse et se rap-
CASTILLE, petite querelle, subst. verbal do porte au même subst. grec au sens de porte
se castiller. Autrefois la castille désignait une coulisse.
espèce de joute, et tire son nom de l'esp. CATARRHE, L. catarrhus, du gr. AxtUppoxj;,
castillo, château, parce que dans ces joutes on subst. de yxrxppiu, couler en bas. —
D. ca-
attaquait des simulacres de châteaux, de tarrhal, -eux.
tours, etc. CATASTROPHE, du gr. A'xrx-jtp'iY^, renver-
CASTOR, vfr. castoire, L. castor (tx^rup). sement, dénouement dramatique.
— D. castorcum, mot latin; castori>ie. CATECHISER, gr. zkt>jx'^:'v, enseigner par
CASTRAT, de castrato = L. castratus,
Fit. demandes et réponses; catéchèse, ya.Tff/;/)-sK:,
châtré. — Castration, L. castratio.
fr. instruction ; catéchisme, /.i.TfiyjL'sijo;, catéchiste,
CASUEL, CASTJISTE, mots savants, dérivés xx-rnyliT/ii ; catéchumène, xaT/!-/'>û,aîVî; (part,
de casus, cas. prés, passif de xxryjyî'j, primitif de xaT/jy/Cw),
CATACHRÈSE, du gr. x«Tà-/,«<,«,-, abus. celui que l'on catéchise.
CATACLYSME, du gr. zarax^uT/^os, inonda- CATÉGORIE, gr. xxTviyjpiy., attribut, qua-
tion, déluge. lités ou propriétés attribuées à qqn. ou à
CATACOMBES, d'après Diez, compo.sé de qqch.; catégorique, /.xr^yripiy.dz, qui énonce
catar, — verbe roman qui signifie voir et que nettement un fait. Comme terme de logique
l'on retrouve dans les compositions catafalque, xrTYiyopk'j), pr. parler sur quelqu'un, signifie
et it. cataletto, lit de parade — et de tomba, établir positivement les particularités, les
.

CAU 93 — CED
caractères distinctifs d'une chose ou d'une per- CAUT*. prudent, du L. cautus (cavere;,
sonne. m. s.

CATEL, voy. cheptel. CAUTELE, L. cautela (de cautus, voy. caut).


CATHÉDRALE (église), église établie au — D. cauteleux.
siège d'un évéque, du L. cathedra (<i^î5oa), CAUTÈRE, L. cauterium (/«ur-i,5tov); cauté-
siège (voy. chairej. riser, L. cauterizare (zaurïj/sî^uv).
CATHOLIQUE, L. catholicus, du gr. CAUTION, L. cautio (cavere), garantie,
y.-x9joli.f.6i, universel. — Y), catholicisme, catlio- sûreté. — D. cautionner.
licité. CAVALCADE, de l'it. cavalcata, dér. de
CATIN, forme familière pour Catherine,
1. cavalcare =^ fr. chevaucher ; cavalcadour =
puis appliquée dans un mauvais sens cfr. en ;
esp. cabalgador.
ail. Kathe, bubenkàthe CAVALE, fém. de cheval; du L. caballus,
2. CATIN, bassin, du L. catinus, m. s. mot employé par la langue rustique au lieu de
CATIMINI (EN), en cachette, mot de fan- equus. Ce caballus (it. cavallo, esp. caballo,
taisie, de catir, cacher, peut-être sous
tiré prov. caval, fr. cheval), a produit les dérivés
l'influence du
vfr. catamini (gr. y.ara/i/jvia), suivants :

les menstrues, état que les femmes cherchent cavalcare, esp. cabalgar, fr. chevau-
1. It.

à cacher. cher, BL. caballicare (cfr. en latin equitare


CATIR, presser une étoffe pour lui donner de equus, en grec î/ttsûsiv de îtttts;); subst.
le lustre; anc. =
cacher; du L. coactus, chevauchée, mot qui rendait inutile celui de
pressé (voy. cacher). —
D. cati ; cps. décatir. cavalcade, tiré du parallèle italien cavalcata.
2. BL. caballarius, it cavalière, fr. che-
CATOPTRIQUE, gr. AocTo:^rpK<6'„ dér. de
y.x-oT.rpo-j, miroir. valier et cavalier (voy. ces mots).

CAUCHEMAR, cauquemar, est composé


pic.
CAVALIER, même mot que chevalier, mais
tirédirectement de l'it. cavalière (voy. plus
du verbe ancien caucher (= pic. cauquer,
bourg, coquai, it. calcare, L. calcare), pres-
haut cavale). —
D. cavalier, adj.; cavalerie,
it. cavalleria.
ser, fouler, etdu mot germanique mar, qui
se retrouve dans l'ail, nachtmar, angl. night-
CAVATINE, de l'it. cavatina, air de musique,
dont l'étymologie nous échappe.
mare, incube de la nuit. Le wallon dit aussi,
sans le premier élément, marke, pour cauche- CAVE, adj., L. cavus ; verbe caver, L.
mar. Les termes équivalents dans d'autres cavare; cavité, L. cavitas. L'adjectif cavus,
langues expriment tous creux, voûté, a donné aussi le subst. fém.
l'idée de poids, d'op-
pression, p. ex. es]). jjcsadilla, it. pesaruolo, cave, grotte, partie souterraine de la maison

ail. alpdriicken. Nicot expliquait cauchemar


(it., esp., port. cava). —
D. caveau, cavier;
cavée, chemin creux ; encaver.
par calca mala, mauvaise oppression. Pou-
gens, avec beaucoup de science, établit la CAVEOE de noir, en parlant d'un cheval; de
valeur de cauchemar comme et int « la sor- l'esp. cabeza, tête.

cière, le génie femelle de la suffocation ». CAVEÇON, wall. cabaçon, it. cavezsone


Pour Im, cauche est l'ail, kauch, keuch, angl. (esp. cabezon, col de chemise), dérivés resp. de
cough, difficulté de respiration, et mar, le it. cavezza, licou, esp., port, cabeza, tête.
Scandinave maer, femme, vierge, nymphe. Ces derniers accusent un type latin capitia
Les Lyonnais désignent, au rapport de Mé- (dér. de capiit, tète). Notez encore le vfr.
nage, le cauchemar par cauchevieille. chevece, ouverture d'une cotte par où on passe
CAUCHER, t. de dorure, répond à un type la tête.
calcarium, dér. de calcare, fouler, battre, CAVERNE, L. caverna (cavus). — D. caver-
presser. neux.
CAUCHOIS, du pays de Caux. CAVIAR, it. caviale, esp. cabial, port.
CAUDATAIRE, qui porte la queue, du L. caviar, gr. mod. A^uikf.i, turc haviàr. Mot
cauda. d'origine tartare, dit-on.

CAUSE, du L. causa. Ce dernier a égale- CAVILLATION, L. cavillatio.


ment donné chose. Cause a été tiré de causa CE, vfr. iço, ço, ceo, it. cià, prov. aisso,so.

par le langage savant chose en est issu par Ce pronom représente le latin ecce hoc (cp.
procédé naturel. — ;

D. causal, -alite, L. cau- Composés ceci (=> ce ici) et cela (= ce là).


çà).
salis, -alitas; causatif, L. causativus; causer, CÉANS, vfr. çaiens,saïns, adverbe
prov.
dans le sens de » être cause » composé de ça, sa et de eus, L
intus, et signi-
CAUSER, s'entretenir familièrement, est de fiant « ici dedans ». L'expression corrélative
formation autre que causer, être cause; il vfr. laiens, prov. lains, fr. léans, est formée
vient du L. causari, disputer, discuter (it. de la même manière de là -|- ens.
cusare, prétendre, prov. chausar, vfr. choser, CECI, voy. ce.
disputer; ce même causari s'est également
;
CECITE, L. cœcitas [àecœcus, aveugle).
reproduit dans le vha. choson, ail. mod. hosen, CÉDER, du L. cedere, dans le sens res-
parler amicalement. —
D. causeur, causerie; treint de se retirer devant qqn. lui faire place.
,

causeuse, espèce de petit canapé qui invite à CÉDILLE, it. zediglia, esp. cedilla, dimin.
la causerie. de zêta, nom de lettre, propr. petit zed
CAUSTIQUE, L. causticus (/«u-rt/o;), brû- ajouté au c pour donner à celui-ci la valeur
lant, mordant, incisif. D. causticité. — de s.
. —

CEN 94 — CER

CÉDRAT, de rit. cedrato, dér. du L. citriis, mage, puis ferme. — D. censier (BL. consii-
citron. rius), censitaire, rensive. .

CÈOKËXcedrus{yL'î5poi). — D.cef?ne(x»5p(a). CENSER, part, censé, i"éputé, du L. cen-


CÉDULÉ, it., esp., prov. cedola, 'BL.cedula, sere, compter, estimer.
pour schedida, dim. de scheda [i-^Uri), feuillet ; CENSEUR, L. censor. — D. censorial.
op. vfr.ctsme de schisme. CENSURE, L. censura. — D. censurer.
CEINDRE, L. cingere; cfr. peindre de CENT, L. centum. —D centaine. — Cen-
pingere, astreùidre de astringere, etc. — tenaire, L. centenarius; du même original
D. ceinture, L. cinctura. D'un verbe dérivé latin aussi ce7\tenier, chef de cent hommes.
L. cincturare, formé de cinctura, on a fait Centième, du L. centesimus, d'où vient égale-
cintrer, d'où le subst. cintre. Composé : dé- ment centisme", centityre, centième partie du
ceindre. franc et le dér. centésimal Dans les oonjpo- —
CEINTÏÏRE, voy. ceindre. — D. ceinturier, sitions on exprime par centi-, la centième
ceinturon. partie d'une unité déterminée, p. ex., centi-
CELA, voy. ce. mètre, centiare.
CÉLADON, vert pâle, couleur dite ainsi CENTAUREE, du centaure Chiron, rangé
d'après Céladon, personnage d'une tendresse parmi les habiles médecins.
fade du roman de l'Astrée. CENTON, du L. cento, cçuverture faite de
CÉLÈBRE, L, celehris; célébrer, L. cele- plusieurs morceaux.
brare; célébrité, L. celebritas. CENTRE, L. centrum; central, L. cen-
CELER, L. celare. —
Cps, déceler; receler. tralis, —
D. centraliser, décentraliser; con-
CÉLERI, piém. seler, & Côme, selar, Venise centrer, faire converger vers le centre ; con-
seleno, it. sedano (et sellaro), ail. selleri, du centrique; excentrique.
gr. np.iJii, persil. CENTRIFUGE, CENTRIPÈTE, mots savants
CÉLÉRITÉ, L. celeritas (de celer, vite). signifiant « f^iod fugit, quod ^ictil centrum. »
CÉLESTE, L. cœlestis (de cœlum, ciel). CENTUPLE, L. centuplus. D. centupla: —
CÉLIBAT, L. cœlibatus (caelebs). D. — CENTURIE, L. centuria (centum).
célibataire. CEP, du L. cippus, pieu, barre; dans les
CELLE, voy. celui. gloses cippus est interprété par xop/toi c.-à-d.
CELLIER, L. ccllarium (cella); cellérier, tronc. La langue savante a, en outre, tiré de
préposé au cellier, BL. cellerarius. cippus, dans .son acception de colonne tumu-
CELLULE, L. cellula (cella). — D. cellu- lairc, le mot fr. cippe. Le mot latin avait j)ris
laire, cellulcKX. aussi le sens de « entraves de bois ou de fer
CELUI, propr. une forme de génitif de ceF mises aux pieds des criminels « ; de là, la
autrui); quant à cel, fém. celle, ils
(cfr. lui, locution : avoir les cejis aux pieds et aux
correspondent à it. quello, quella, esp. aquel, mains, ainsi que le vfr. cepier, chepier, geô-
prov. aicel, vfr. iccl. Toutes ces formes repré- lier, BL. cipparius. —
D. cépeau (billotj,
sentent le L. ecce ille; celui est le génitif ecc' cépée ; recéper, encéper.
illius. Ecce iste, d'autre part, a donné it. CEPENDANT, pour ce pendant, pendant ce
questo (costui), esp. aqueste, prov. aquest, temps-hi.
aicest, vfr. icest, cest, et le fr. mod. cet, fém. CÉRACÉE, sorte de laitage, est prob. une
cette. mauvaise oi-tliographe p. séracée, et un dérivé
CÉMENT, cœmentum (contr. de cœdi-
L. de lat. sérum, petit-lait. —
Cp. seracium ap.
mentum), moellon, 2. éclats, parcelles de
1. Du Cange.
marbre. —
D. cémenter. Le même original — CÉRAMIQUE (art), du grec Ap^/io:, vase en
latin a fourni aussi le mot ciment (v. c. m.;. argile.
CÉNACLE, L. cœnaculum (cœna), salle à CÉRAT, L. ceratum, de cera, cire.
manger. CERCEAU, voy. cercle.
CENDRE, it. cenere, du L. cinis, gén. CERCELLE, prov. cercela (l'esp. a cerceta,
cineris ; pour l'insertion du d, cfr. gendre, sarseta), du L. querquedula {querqued'la,
tendre, pondre. —
D. cendrer, cendrier, cen- querquella). —
Sarcelle n'est qu'une variété
dreux, cendrillon. ortliographique de cercelle.
CENE, L. cœna, repas. CERCLE, L. circulus. —
D. cercler, encer-
CENELLE, fruit du houx, petit et rouge; cler. —
La forme diminutive latine circellus
mot tronqué de coccinella, dim. de coccina, a donné naissance à cerceV, cerceau.
dér. lui-même du L. caecum, kermès, cou- CERCUEIL, vfr. sarquel, sarqucu, dérivé
leur d'écarlate (voy. cochenille). par lo suffixe el, du vha. sarc (auj. sarg),
CÉNOBITE, moine qui vit en communauté, même sign. Autres étymologies proposées,
BL. cœnobites, dér. du latin cœnobium, cou- mais insoutenables 1 Contraction de sarco-
: .

vent, = gr. xoivo'êiov (composé de v<.oiv6i, com- phagulus (Saumaise et Caseneuve). 2. Du L.


mun , et ,9<5ç, vie). sarcophagus, par apocope des .syllabes atones
CÉNOTAPHE, gr. xsvoTâynv, tombeau vide, phagus. 3. D'un type sarcolium,, formé de
de simple parade. (jKîÇ lieu où repose la chair. 4. De arca,
:

CENS, L. censiis, 1. recensement, état de coffre, par la filiation suivante arca, arcida, :

fortune, contrôle, 2. au moyen âge, rede- arcola, arcolium., sarcolium, sarcoeil, cer-
vance annuelle (d'où ail. zins). Censé, — cueil ; ce sont Guyet et Ménage qui patron-
métairie donnée à ferme, du BL. censa, fer- nent la dernière.
. .

CEU 95 CilA

CÉRÉALE, L. cerealis (de Cérès, déesse des CHABLE, CHABLEAU, CHABLBR, voy. câ-
moissons). ble.
CÉRÉBRAL, L. cerebralis (de cerebrum, CHABLIS, bois abattus, voy. sous accabler.
cerveau). CHABOT, poisson, port, caboz; dér. de cap,
CÉRÉMONIE, L. cœrimonia. tête (^= L. caput) avec le suffixe ot, à cause
CERF, L. cercus. —
D. ceTcaison, cei'vin. de la grosse tête de ce poisson. Cp. en latin
CERFEUIL, L. cœrefoUum {-/Mpi9\jllTi), it. I capito, gr. x-ryxi^,-, noms d'un poisson.
cerfofflio, esp. cerafolio, angl. chenil CHABRAQUE, ail. schabrache, du tnvctscM-
CERISE, it. ciriegia, esp. cereza, holl. kerse, prak.
ail. kirsche, ags. ci7-se, angl. cherry. Les for- CHACAL, mot oriental; en turc djakàl.
mes romanes accusent pour type latin non pas CHACUN, vfr. chascun, chcscun, cascun, it.
cérasum, mais le dérivé féminin ccrdsea (pour ciascuno, prov. cascun, du L. quisque unus,
rit", ciriegia, cp. primiero de primarius). Le quiscunus. C'est de chacun que s'est dégagé
prov. cercira était précédé de cereisa, duquel chaque; bien que répondant par sa significa-
découle directement lefr. cerise. —
On trouve, tion au L. quisque, on ne peut admettre que
du reste, déjà une forme latine ceresia chez chaque (mot qui nest pas constaté avant le
Gargilius, auteur du iii^ siècle. xv!** siècle) en soit drectement issu; Vi latin
CERNE, it. cercine, esp. cercen; verbes esp. accentué ne devient jamais a. Le correspon-
cercenare, couper en rond, fr. cerner (v. mot dant prov. de chaque est quecs pour quescs,
encerner = entourer); du L. circinus, circi- qui, lui, est bien le quisque latin.
-nare (àecircus, cercle). Le à^immwûf circinel-
CHAFOUIN, personn grêle et sournoise,
'

lus a donné cerneau (pr. noix cernée, noix


ressemblant à une fouine composé de chat et
;
en coque), qu'il n'est pas nécessaire de déri-
foitii^e.
ver de l'ail, hcrn, graine, pépin, noyau.
CHAGRIN, subst. et adj. Ce mot, dit Diez,
CERNEAU, CERNER, voy. cerne.
inusité encore au xii^etau xiii" siècle, est sans
CERTAIN, adjectif roman, dérivé du L.
aucun doute identique avec chagrin, cuir
certus ; ce dernier, dans sa forme adverbiale,
s'est conservé dans certes (v. c. m.). —
D, vfr.
grenu, it. zigrino, dial. de Venise et de la
'Roma.gne sagrin, mha. sager, néerl. segrijn.
acertencr, assurer.
Or, on dérive ces formes du mot turc sagri,
CERTES, L. certc. La finales est adverbiale,
croupe, la peau en question étant tirée de la
cfr. ores', jusques, lors, etc.
croupe de î'àne et du mulet; les Arabes la
CERTIFIER, L. certificare; subst certificat,
L. certificatum.
nomment zargab. —
Borel, dit Ménage, en
dérivant chagrin de chat et de grain, comme
CERTITUDE, it. certitudine, esp. certidud,
qui dirait chat de grain marin, n'a pas bien
du L. certitudo.
rencontré. Comme on s'est servi des peaux de
CÉRULÉ, mot de formation savante et irré-
chagrin ou plutôt des peaux de phoque, à
gulière, L. cœruleus.
cause de leur rudesse, pour faire des râpes et
CÉRUMEN, subst. latin, dér. de cera, cire.
des limes, on conçoit ai.sément que l'on ait
CÉRUSE, L. cerussa.
métaphoriquement employé le mot chagrin
CERVEAU, cerveV (forme féminine cervelle),
pour désigner une peine rongeante; le mot
it. cervelle, du L. cerebellum, dim. de cere-

brum. — D. cervelet; cervelas (v. c. m.); éce7'-


lima en italien, et scie en français, présen-
tent des métaphores analogues et viennent à
velé, pr. privé de cerveau.
CERVELAS, anc. cervelat, it. cervellata, dér.
l'appui de cette étymologie. — D. chagriner.
de cervelle. Sans doute on y faisait entrer pri- CHAINE, chaène, chaîne, du L. catena.
vfr.
mitivement de la cervelle. — D. c]iainon,chaînettc, enchainer ,dêcludner
CERVELLE, voy. cerveau. — En vfr. cervelle — Pour chaînon, le vfr. avait la forme chaai-
signifie souvent "nuque » ainsi dans le gloss.
;
gnon, puis chaïgnon, de là est venu par con-
de Lille (mon éd., p. 15), lat. cervix est tra- traction chignon, qui signifiait autrefois aussi
duit par cervcille; dans ce sens, il reproduit chaînon (cp gril de graïl),
lat. cervicula. CHAIR, vfr. car, carn, charn, prov. carn,
CERVICAL, L, cervicalis (de cervix, cou). du L. caro, gén. carnis. D. charnel, L.—
CERVOISE, L. cervisia (mot gaulois), voy. carnalis, charnier, L. carnarium; charnu,
Pline, XXII, 25. —
Strictement parlant, c'est charnure, charogne (v. c. m.); dccharner,
la forme secondaire cervisa qui a produit fr. acharner (v. c. m.), écharner, détacher la
cervoise. chair.
CESSER, L. —
D. subst. verbal
cessare. CHAIRE, vfr. chaère, chayère, prov. cadeira,
cesse; incessant; cessation, L. cessatio. du L. cathedra (gr. y.ocBtSpx), siège. Par la
CESSIBLE, L. ccssibilis' [ceàevQ):, cession, mutation de r en s s'est produite la forme
L. cessio, d'où cessionnaire. chaise, que les anciens lexicographes ne con-
CESTE, L. cœstus, cestus. naissaient pas encore. Le grammairien Pals-
CÉSURE, L. cœsura, coupure [cœdere). grave (1530 j signale le mot chèze pour chaère,
CET, voy. cplui. comme un vice de la prononciation parisienne.
CÉTACÉ, mot savant, L. cetaceus*, dér. de Par extension, chaise, d'abord chaise à por-
cetus y.-nroi), grand poisson de mer. teurs, est venu à signifier aussi une espèce de
CETTE, voy. celui. voiture.
CEUX, cels', plur. de ceV , voy. celui. CHAISE, voy. chaire.
CllA 96 — CHA
1 . CHALAND, bateau plat, vfr. calant, cha- le camail. Nous doutons quelque peu de cette
îandrc, aiie. cat. xclandrin, BL. chelandium, étymologie; le mot, qui no parait pas remon-
chelinda, zalandHa, gr. moy. yOki^-jv. Cette ter au delà du xvi" siècle, fait l'etfet d'être un
espèce de vaisseau était particulièrement en synonyme de criailler, quereller, et de venir,
usage cliez les Byzantins; il se peut donc, aussi bien que chamade, du L. clamare. Cepen-
observe Diez, que ces mots viennent par cor- dant, comme, à son origine, le terme implique
ruption de ^i)\jùp'>i, tortue de mer, serpent de une idée de combat plus sérieux qu'une criail-
mer. —
Quant au mot chaland, acheteur ha- lerie, on pourrait aussi proposer une compo-
bituel, Diez le croit identique avec le nom de sition capo-mal Icare, capmailler, chamailler
bateau on aura comparé, dit-il, l'acheteur au
: = frapper sur la tête.
bateau qui reçoit la marchandise du vendeur CHAMARRER, de samarra, chamarra, mot
A l'appui de cette explication, il cite le mot csp. signifiant vêtement large, robe de cham-
barguigner de barca. Casencuve, se fondant bre, faite en peau de mouton {samarro). L'an-
sur une citation de Papias portant : calones, cienne langue française avait d'ailleurs elle-
i. e. ncgotiatores, naviculaj, fait venir cha- même le subst. chamarre, avec le sens do
land de calo. homme de peine, mais la foi'me pelisse, d'où s'est déduit celui d'ornement
du mot s'y refuse. On pourrait, nous semble- d"habit en général. C'est cette dernière accep-
t-il, ramener chalant', qui propr. exprime des tion qui a donné naissance au verbe chamar-
rapports d'attachement volontaire, au verbe rer, orner, parer. —
L'it. a zimarra pour
chaloir, pr. être chaud, fig. s'intéresser; cp. robe de chambre; c'est de là que nous avons
l'expression nonchalant. reçu citnarrc' et simarre. —
D. chamarrure.
2. CHALAND, acheteur, pratique, client, CHAMBELLAN, BL. chambellanus, forme
voy. l'art, préc. — Mon explication jMir le romaniséc du german. hûrnmcrling[m. sign.),
partie, calentem, vfr. chalant (synon,
de ac- dont on trouve les formes variées cambrelin-
cointe", ami, compagnon) est partagée par gue, Chamberlain, chambrelenc. —
Chambre-
Tobler (Ztschr., I, 22). D. chalandise, — ïan, ouvrier q>ii travaille en chambre, est
achalander. étymologiquemont le môme mot.
/\

CHALE, augl. shaxcl, du persan schâl, CHAMBRANLE; étymologie inconnue. Y a-


manteau d'une fine étoffe de laine, tirée de t-il raj)jK>rt avec chambre, ou avec le verbe

la chèvre du Tibet. cambrer, voûter? Le BL. a caméra, avec le


CHALET, vfr. chaslet (champ, casalet), dér. sens de boiserie. —
Darmestcter se demande
de casa, maison; selon Littré, d'un type cas- si le mot n'est pas altéré de chanlambre, =
telletian, petit castel. lamtrrc (de lamina, cp. lambris) de chant, c-
CHALEUR, du L. calôrem; le nominatif à.-d. planches des côtés (de la fenêtre).
calor a donné à l'anc. langue la forme caure. CHAMBRE, du L. camtra, qui signifiait
— D. chaleureux. voûte de chambre, puis chambre voûtée; it.
CHALIT, vfr. chaelit, pic. calit, it. cataletto, caméra, ail. kammer. —
D. chambrer, être
lit de parade, litière, cercueil, csp. cadalecho, de la même chambre, mettre en chambre;
lit de branchages; d'un type catalcctiis, lit de chambrette; chambrée; chambrier, -ière, pour
parade (voy. catacombe et catafalque). L'éty- lesquels on a aussi tiré directement do l'it.
mol. chasselit (capsa Iccti) est erronée. camcricrc les formes fr. camérier, -ière.
CHALOIR, prov. caler, calcre, du L. CHAMEAU, vfr. chamoil, L. camelus
calere, dans le sens métaphorique de « être
it.

[/.U'ir.lrj;) D. chamelier; chamelle.
d'importance » (3* pers. ind. prés, chah' chaut CHAMOIS, it. caynoscio; formes féminines:
= L. calet). Il me chalt ou chaut je me = it. camozsa, esp. camusa, gamuza, port, ca-

soucie; cp. la locution cela ne me fait ni chaud


:
muça, camurça; de même origine, sans doute,
ni froid. De l'opposé non-chaloir est resté l'adj. que le mha. gamz (contracté d un vha. gamuz,
non-chalant, insouciant. Voy. aussi cha- — cp. vha. hiruz, cevt), ail. moà.. gemse. Le corps
land 2. du mot serait-il, comme le pensait Cobarruvias,
CHALON, anc. bateau, auj. grand filet de ou port. //amo, fém. ^awa, daim, lequel
l'esp.
pêche traîné entre deux bateaux. Du BL. calo, pourrait bien venir du L. dama, puisque l'on
-onis, navicula? trouve dans ces langues golfin pour dolfin,
CHALOUPE (angl. shallop, it. scialuppa, delfln (L. delphinus], gragea pour dragea, et
esp. chalupa viennent du français); du ni. gazajjo, lapereau, pour dazapjo? —
Pougens
sloep, danois sluppe (angl. sloop). Ces mots propose pour chamois une origine de l'arabe
tiennent sans doute du radical slup, glisser. kohy-maïz, chevreau des montagnes. Cela
CHALUMEAU, pour chalemeau (cp. alu- concorderait, moins pour la lettre que pour
melle, p. alcmelle), vfr. chalemel, prov. cara- la valeur, avec le terme latin rupicapra, chè-
mel, esp. caramillo, ail. schalmei; du L. vre des rochers. —
D. chamoiser.
calamellus, dim. de calamus, roseau. 1. CHAMP, L. campus; voy. camp.
CHAMADE, chiamata, du port, chamada,
it. 2. CHAMP,
côté étroit d'une pièce de bois
appel, dér. du verbe chamar, qui est le L. ou d'une brique, employé surtout dans la
claynarc locution adverbiale de champ; orthographe
CHAMAILLER (SE) est généralement dérivé vicieuse pour chant, côté (voy. canton).
de camail
tête et le cou.
(v. c. m.), armure qui couvrait la CHAMP ART, voy. sous camp. — D. cham-
Ce serait ainsi pr. frapper sur par ter.
CHA — 97 — CHA
CHAMPEAUX, prés, prairies; reste de lanc. CHANFREIN, anc. chamfrain, partie de
-locutionprés champaux, prés des champs, l'armure qui couvrait la tète du cheval de ba-
opp. à prés de rivière; de l'adj. campalis (de taille. Etymologie incertaine ; Ménage
d'après
campus). du L. camus, licou, carcan, et frœnum, frein,
CHAMPÊTRE, L. campestris (campus). « sorte do réduplication, dit Littré, où un
CHAMPI (ENFANT), enfant trouvé, vfr. mot moins connu est déterminé et expliqué
cliaynpil, de campilis (de campus) ;
pr. enfant par un mot plus connu » Comme terme
. —
trouvé dans les champs. d'architecture, chanfy-ein correspond à angl.

CHAMPIGNON, voy. sous camp. chamfer, esp. chaflan. L'existence du verbe


CHAMPION, it. campione, esp. campeon,
chanfreindre =
faire un chanfrein, nous fait
conjecturer, pour l'application de ce mot aux
kam,pe; du BL. campus, champ clos, puis
-ail.
arts et métiers, l'étymologie cant, coin, côté
combat en champ clos.
CHAMPLURE, trou pratiqué au fond d'un
aigu (voy. fraindre
capiton), et =
L. frangere.
CHANGER, cangier, wall. cangî, it,
vfr.
tonneau robinet d'un tonneau qu'on a mis en
;
camhiare, cangiare, esp., port, cambiar, prov.
perce; c'est une corruption de chantepleure
cambiar, camgar; du L. cambiare (loi sa-
<Littré).
CHANCE, contracté de chéance" (allem.
lique), pour cambire (Apulée). D. change, —
changement, -eur ; rechange. Le composé
schanze, it. cadenza):, d'un type laXin cadentia,
excambiare a donné l'it. scambiare et le fr.
de cadere, tomber ; chance signifie propre-
échanger.
ment la tombée du dé, de là hasard, sort, :

CHANOINE, voy. canon 2.


coup de fortune. Ce mot est la forme vraiment
CHANSON, vfr. c7ia??pon (cp. façon, rançon),
romane, cadence, la forme savante, du L. ca-
dentia. — D. chanceux. it.canzone, du L. cantiônem (canere). D. —
chansonnette, chansonner, chansonnier.
CHANCELER, pr, croiser les jambes, pour
CHANT, L. cantus (de canere, chanter).
s'empêcher de tomber, puis au fig. manquer CHANTEAU, chantel', angl. cantle, morceau
de fermeté, du L. canceUare, faire un treillis. coupé à l'extrémité, du BL. cantus, coin, côté;
Diez (3*^ éd.) appuie cette étym. sur le mha.
voy; sous canton.
schranhen, chanceler, dérivé du subst. CHANTEPLEURE, sorte d'entonnoir (d'où it.
•schra7ike =
treillis. Littré rapporte égale-
et esp. cantimplora), <* vient des mots chan-
ment chanceler au L. canceUare, mais en ob- ter et pleurer, le chant étant représenté par le
servant que la vraie forme française est celle bruit que fait l'eau de la chantepleure en sor-
qui se trouve dans Job scancelhier : échan- = tant par ses petits trous, et les pleurs étant
celer, donc sortir des barreaux. « Elle s'est
représentés par l'eau qu'elle répand » (Ménage).
confondue, » dit-il, « avec chanceler, lat. can-
cellai'e, rayer, faire des raies, et, figurément,
— Nous soupçonnons fort ce mot de n'être
qu'une altération de champleure, en rouchi
n'aller pas droit » Cette étymologie est non
.
campelouse, norm. champelure, picard c/iam-
seulement forcée pour le sens, mais elle a 2')leuse, cannelle du tonneau. D'autres mots
contre elle la circonstance que des glossaires appartenant au domaine des arts et métiers
du viii" siècle prêtent déjà au verbe simple nous révèlent l'existence d'un verbe champler
canceUare le sens de « nutare » L'étymo- . — avec une idée fondamentale d'entaille, de per-
Iogiec7m?zce,pr. chute, a été reconnue fautive
cement ou de creusement [chamjjlcver creu- ,

et abandonnée par Diez dans sa dernière


ser, champlure, trou). Il tient probablement
<5dition
de la même racine c/iop, mentionnée sous cha-
CHANCELIER, L. canceUarius, huissier,
joeler et chapuiser, et qui est également au fond
Rcribc, qui se tenait aux barreaux
greffier
de chapon. Chantepleure est un de ces mots
icanceUi, anc. fr. chanccl) qui séparaient le populaires façonnés de manière à donner une
tribunal de l'assistance. Angl. chanceUor, ail. forme plus saisissable à des mots incompris.
kanzler. —
D. chanceUerie; chancelière, nom
CHANTER, L. cantare. —
D. chatiteur,
d'un meuble garni de peau (cp. les termes du- -euse; chantre, directement de L. cantor,
chesse, marquise, châtelaine et autres, appli- tandis que chanteur, vfr. clianteeur, vient de
qués à des meubles ou ustensiles). cantatôrem ; chanterelle, corde la plus déliée
CHANCIR, moisir, .sans doute du L. cames, d'un instrument et qui a le son le plus aigu ;
blanc, par le suffixe cir, comme noircir de chanterille, petite bobine (terme comparable
noir (Rom., V, 142). — D. chancissure. avec l'expression chantepleure) chantonner ; ;

CHANCRE par
(en wallon, transposition, cps. déchanter, pr. rabattre le chant, le ton.
cranche), voy. cancer. — De la forme c/iancre CHANTIER, lieu où l'on entasse des pièces
procèdent : chancreux, échancrer. de bois à brûler ou de construction, puis lieu
CHANDELEUR, du latin candelarum (ou où l'on travaille le bois, et enfin lieu de con-
plutôt, avec transposition de genre, candela- struction en général. Ce mot, dans ces diver-
rum) ; de candela, chandelle, dans la locu- ses significations, nous semble se rattacher
tion « festum sanctse Marise candelarum » ; au vfr. cant, coin, côté (voy. canton), et dési-
cp., pour la finale génitivale, le vieux mot gner propr. le magasin de réserve où se met-
pascour, dans le « temps pascour », le temps tent de côtelés, pièces de bois dont on n'a mo-
de Pâques. mentanément pas besoin. Nicot le fait venir
CHANDELLE, L. candela. — D. chandelier, du L. canterius, qu'il dit avoir signifié, entre
cluxndeleur (v. c. m.). autres, magasin de bois, mais nous ne con-
CHA — 98 — CHA
naissons pas cette acception prêtée à cante- CHAPITEAU, L. capitcllum, diminutif do
riits. —
Noiis séparons le mot chantier, dans caput.
les significations ci-dessus énoncées, de chan- CHAPITRE, angl. chaptcr, du L. capitu-.
tier == soutien, bois de soutènement, ma- lum (caput). Cfr. épitre de epistula, apôtre do
driers pour soulever un poids, it. cantiere, apostolus. — « Capitulum, locus in quen;

port, canteiro. C'est ce dernier qui peut se convcniunt monachi et canonici, sic dictum,
rapporter a\i L. canterius, auquel on con- inquit Papias, quod capitula ibi leguutur. »
naît des acceptions analogues : chevron, sou- On disait aller au chapitre, comme on dit
tien. aller au catéchisme. Cela fait que chapitre^
CHANTIGNOLE semble être une forme di- dénomination de lieu de réunion, est devenu
minutive de chantier, bois de soutènement, synonyme d'assemblée ou corps des moines et
chose aplatie, brique plate ; ou dérive-t-il du chanoines. — D. chapitrer, réprimander en
vfr. cant, côté, bord? plein chapitre, cp. l'ail, capitcln, einem dos
CHANTOURNER, composé de chant = capiti'l Irscn.
cant', coin, bord, et de tourner (cp. chan- CHAPON, it. capone, esp. capon, ail. Aa-»

frein). paun, néerl. capocn, capuyn, angl. capon,


CHANTRE, voy. chanter. —
'D.chantrerie. du L. caponetn (xâTrwv). —
D. chaponncait^
CHANVRE, it. canapé, esp. cdnamo, prov. chaponncr. —
L'espagnol a un verbe capar,
cancbe, cambre, du L. catinabis, cannabiis sign. châtrer; cp. ail. happen. Voy. aussi
(xKvvaêi;, -05). LVest euphoniquement inter- chapeler.
calé ; des dialectes ont canve, chambe, cambe. CHAQUE, voy. chacun. —
Notez que ce
Voy. aussi canevas et chènetis. mot ne date que du xvi® siècle.
CHAOS, L. chaos {yàoi). —
D. chaotique, CHAR, angl. car, néerl. har, ail. karren,
dérivation incorrecte des savants modernes. du L. carrus. —
D. charrette, chariot, char^
CHAPE, variété de cape (v. c. m.). D. — ron {vît. carlier «= carelier). Le dérivé latin
chapier. carricare (saint Jérôme) s'est transmis au
CHAPEAU, chapeV, voy. cape. — D. cha- français sous diverses formes :
2^elicr, chapelleiie. 1. Charger == it. caricare, carcare, esp.,
CHAPE-CHUTE, Utt. chape tombée; elle prov. cargar; forme picarde cargucr; le sens
forme une bonne aubaine pour celui qui la premier est mettre sur un char.
trouve et s'en empare. —
Pour le participe 2. Charrier =« it. carrcggiare, esp. carear.
fém. chute, voy. chute. 3. CuARROYER, variété de charrier (cfr,
CHAPELAIN, voy. chapelle. plier etploi/cr).
CHAPELER (du pain), vfr. chapier, capter, CHARABIA, d'après Dozy, de l'csp. algara-^
chajiloicr,du BL. capulare =
tailler, tran- bia, baragouin, galimatias (port, arabia tout
cher. On fait venir généralement ce capulare court) = al-arabyija, la langue arabe (un
de capulus, poignée de l'épée. Que cela soit charabia pour ceux qui ne la comprennent
fondé ou non (nous optons pour la négative), pas). — Voy. aussi Rom. II, 87 (note).
notre avis est que chapeler est radicalement CHARADE ; étymologie douteuse; mot d'aiU
le même mot que chapoter, dégrossir le bois leurs étranger aux anciennes éditions du Dic-
avec la plane, et chapuiser, prov. ca-
le vfr. tionnaire de l'Académie. Quelques-uns le font
puzar, couper menu. Le radical chap est, à venir du verbe charer (dial. de Normandie),
ce qu'il semble, le cap de capo, capus, coq Languedocien chara, converser pour passer le
châtré ; la terminaison uiser dans chapuiser temps, s'amuser, charada, babillage. La cha-
pourrait avoir été déterminée par l'analogie rade serait ainsi dans le principe un amuse^
de menuiser, cfr. en it. tagliuzzare. Dans ment par paroles. Cette manière de voir doit
beaucoup de dialectes, chapuis, pr. celui qui céder le pas à la suivante Charade est une
:

taille, s'emploie pour tailleur de bois ou char- forme affaiblie de vfr. charaude, aussi cha-
pentier. —
Ménage fait venir chapeler de raute, qui signifie charme, sortilège, et qui
scapellare, dérivé fictif de scalpellum; c'est accuse le type caracta (voy. Raynouard) ^^
un peu Mieux vaudrait, s'il fallait
hardi. ït.'jip'xy.Ttip, signe, marque, et part. « schedula
chercher ailleurs que dans le domaine latin, magicis notis seu litteris exarata n. A côté
invoquer dans le domaine germanique angl, de charaute, l'anc. langue offre encore cha'
chap, ni. happen et ail. kappen, fendre, cou- rait, qui répond à 'caractum, et charaie
per. — D. c/iapelure. (aussi charoie), qui reproduit BL. caragius.
CHAPELET, couronne de grains ou de La correspondance de lat. act avec fr. aut ou
fleurs, rosaire, voy. cape. ait (charaute et charait) ne fait pas doute. Il
CHAPELLE, voy. cape. — D. chapelain, n'est pas néces.saire de s'arrêter encore à la
BL. capellanus, ail. haplan; d'où chapel- production du sens actuel de charade sur la
lenie. base de la valeur « billet couvert de formules
CHAPERON, voy. cape. Nous laissons à magiques ». Telle est la substance d'un art,
d'autres le soin de vérifier l'origine de l'ex- de Fœrster, dans Ztschr., III, 263. Il m'y
pression « servir de chaperon » à une jeune reproche avec raison l'observation dont j'avais
personne. Chapero?i est-il pris fîg. p. abri, fait suivre l 'étymologie par charer " Il n'y a
:

protection? Je le pense: en allemand, hut si- donc guère lieu d'admettre quelque rapport
gnifie au masc. chapeau, au fém. garde, pro- entre charade et les BL. caragus, cararius,
tection. — D. chaperonner. caraula, carauda, sorcier, magicien, devi-^
.

cnA — 99 GHA
neur >», répudiant ainsi précisément les élé- bi'uit, désordre [hourvari, boulevari, etc.);
ments qui devaient m'éclairer dans l'élucida- quant au premier élément, il semble avoir
tion du mot charade. Qu'il me soit permis, été formé par assimilation au second, et l'on
pour me disculper, de faire remarquer qu'en suppose qu'il représente un mot signifiant
1872, je n'avais point encore rencontré Ib quelque ustensile de cuisine et sei'vant pour
forme charaute, et l'eussé-je connue, je n'au- la circonstance d'instrument de musique cfr. ;

rais, dans l'état de la phonétique d'alors, pas en vmWon pailtège =» charivari, dér. depaill,
osé assimiler charaute à caracta, ni charade c.-à.-d. poêle. Le sens étymologique de cha-
à charaute, La loi de la résolution de ak par rivari serait donc « bruit de poêlons » Aussi
.

au pas encore découverte. D'ailleurs,


n'était Diez est-il tenté de voir dans chali ou chari
l'opinion du successeur de Diez n'est pas le latin calix, verre, pot; on a pour cela
à l'abri de toute objection. Avant de s'y aussi beaucoup tenu à l'étym. L. chalyba-
rallier, Gaston Paris (Rom., VIII, 629j rium, de chalybes, objets en acier. Voy. aussi
demande ses apaisenients sur les points sui- mon Glossaire de Lille, p. 24, où chalivali
vants A-t-on des exemples de charade pour
: traduit à la fois morganicum et larnacium.
charaute? Comment charaicde a-t-il changé — Darmesteter (p. 113) analyse le mot par la
en français propre son au en a? A-t-on des particule préjorative cali-{-vari, «tumulte»,
preuves de la transition du sens ? Le mot cha- qui se retrouve dans les mots composés hour-
rade ne paraît pas plus ancien que la fin du vari, boulevari, normand vari-vara (en dés-
XII'' siècle ; d'où sortait-il ? ordre), etc.; cp. ail. wirr-warr, confusion,
CHARANÇON, étymologie inconnue. Un verbe wirren, embrouiller.
synonyme de charançon est calande', calan- CHARLATAN, de l'it. ciarlatano, dérivé de
dre; le premier serait-il une dérivation du ciarlarc, =esp., port, charlar, val. charrar,
second? Cp. les dérivés écusson, arçon; r p. / fr. (norm.) charer, bavarder.
ferait d'autant moins de difficulté si l'original 1. CHARME, anc. chanson magiqiie, sorti-

de calandre (v. cm.) était le gr. /.«^aôpio;, BL. lège (cp. vfr. charmeresse, sorcière); it. carme,
caradrius. r —
Le primitif immédiat du fr. chant, poésie; du L. carmen. —D. charmer,
charançon est fourni par le prov. carence [lÀv. BL. carminare ; adj. charmant.
de Sydrac malas bestias, escorpios, caren-
: 2. CHARME, arbre (Berry charne, Hainaut
ces). carne), da L. carpinus, it. carpino, esp.
CHARBON, L. carbonem. D. charbon- — carpe. — D. channoie, charmlle.
ner, charbonneux, charbonnée =- carbon- CHARNEL, CHARNIER, CHARNU, CHAR-
nade (v. c. m.); charbonnier, L. carbonarius. NURB, voy. chair.
CHARBOUILLER, gâter (en parlant de la CHARNIÈRE, répond au type latin cardi-
nielle des blés), dér. du subst. carbouille, = naria, du L. cardo, gén. cardinis, qui signi-
L. "carbucula, fém. de carbuculus carbun- = fiait gond, pivot, poutres emboîtées, cavité,
cidus, charbon brouisseur. —
En lat., carbun- entaille, rainure. —
D. encharner.
cuîare a le sens neutre « être atteint du CHAROGNE, pic. carone, it. carogna, prov.
charbon ". caronha (esp. carono, pourri), anc. angl. ca-
CHARCUTIER, dér. de char (chair) cuite. royne, n. angl. carrion, d'un type lat. caronea,
— D. charcuter, charcuterie. formé de caro, chair.
CHARDON, du L.
esp., prov. cardon, dér. CHARPENTIER, angl. carpenter, it. car-
carduus. L'it., ont directe-
l'esp. et le port, pentiero, du L. carpentarius. Le mot latin
ment tiré de cardus (p. carduus) la forme signifiait charron, carrossier (de carpentum,
cardo. —
D. chaï'donnette, artichaut sauvage; voiture); le sens s'est peu à peu élargi en celui
chardonjief ou chardomieret (cp. l'ail, distel- de « faber lignarius » en général. —
D. char-
fink, litt. linotte de chardon); échardonner. penter, charpente, charpenterie.
Composé avec ex, le L. cardus a produit it. CHARPIE (BL. carpia), subst. participial du
scardo, d'où le fr. écharde. verbe ancien charpir (comp. escharpir, des-
CHARGER,voy. char. —
D. charge; com- charpir), qui représente le L. carpere, arra-
posés décharger (L. discaricare); surcharger
: cher, effiler, effilocher. L'it. carpire signifie
CHARIOT, aussi charriot, dér. de char. accrocher, déchirer, puis rafler, enlever.
CHARITÉ, L. caritatetn, affection, amour. 1. CHARRÉE, cendre lessivée. Joret, retenu
— D. charitable ; le suffixe able, générale- par l'initiale ch, rejette le type cinerata et
ment appliqué à des verbes, se rencontre par- postule un radical car; il ramène donc le mot
fois joint à des substantifs, p. ex. équitable, au lat. du moyen âge carrata, charretée (vfr.
véritable, vfr. amistable. charée). Quant au rapport des sens, il ne sait
CHARIVARI, vfr. caribari, chalivali, BL. pas l'établir nettement; « tout ce que l'on en-
charivarivjn, chalvaricurn, pic. queriboiry, trevoit, c'est que cette cendre étant un engrais
dauph. chanavari, prov. mod. taribari. On a précieux que l'on recueille avec soin et que
fait des dissertations sur l'origine de ces mots, l'on exporte même de province en province, on
et l'on trouvera dans « Phillips, ûber die a pu lui donner un nom emprunté à la ma-
Katzenmusiken (1849j » une riche collection nière dont on la transportait » (Rom. VI. 595).
,


,

de termes analogues dans les diverses lan- Tobler, de son côté, n'approuve pas plus
gues et dialectes. Charivari est évidemment cette explication que celle par cinerata. Les
un composé l'élément vari se retrouve dans
; formes prov. chairel, cheirel et surtout chadro
une foule d'expressions populaires marquant lui paraissent indiquer un thème catr, cadr.
. .

CHA 100 CHA

CHARRÉE, larve d'insecte qui sert d'ap- cœcutiolus. Le sens, pas plus que la lettre,
2.
pât, vient, d'après Joret, de lat. carnata (op.
ne favorise cette opinion. D. chassieux. —
l'équivalent esp. carnada, même sens), avec
— L'anc. langue avait le verbe chassier, êti'o
assimilation de n à r. Tobler le rattache — chassieux; peut-être a-t-il précédé chassie.
de préférence au mha. kerder, hedcr, nha. CHÂSSIS, voy. châsse.
hôdcr, appât. CHASTE, L. castus. —
D. chasteté, vfr.
CHARRETTE, it, carretta, esp. carrela, chasteé, chaste, L. castitatem.
angl. cart, dimin. de carrus, char. D. — CHASUBLE correspond étymologiquement
charretier, charretée, charreton ou charton. à casipola, casupola, quoique ces derniers
it.
CHARRIER, voy. char. signifient petite hutte. Une autre forme fran-
CHARRON, dér. de char. çaise était casule, quirépond au casulla des
CHAROYER, voy. char. — D. charroi. Espagnols (ail. casel), lequel à son tour est p.
CHARRUE, pic. qiœrue, prov. carruga, du casupla, casubla it. =
casiîpola (Storm,
L. carruca (carrus). Rom., V, 174). Flechia voit dans ca5?)3i</a un
CHARTE, variété de carte (v. c. m.). La — dérivé de casa au moyen du suffixe dim.
forme chartre (angl. charter) répond au pula ; Paris incline à croire que le mot ita-
dimin chartida (cp. xîv.glandre àeglandula). lien n'est pas du fonds latin. Pour le rap- —
— D. chartrier = cartularium. port d'idée entre hutte et manteau, cp. le mot
1 CHARTRE, voy. charte. cappa (fr. cap et chape), qui se trouve dans le
2. CHARTRE, prison, p. charcre, it. car- vieux esp. et le milanais avec le sens do hutte.
cere, esp. cai'cel, du L. carcer, gén. carceris. Voy. aussi casaque. —
D. chasubUer.
— De l'acception prison s'était déduite celle CHAT, prov. coi, esp. gato, it. gcdto; co
de langueur, dépérissement; c'est
tristesse, mot, répandu dans les idiomes germaniques
ainsi qu'en Champagne, un enfant charcreux et celtiques, ne parait que tard en latin (chez
signifie un enfant chétif. Comparez le rap- Palladius) il doit cependant avoir existé dans
port logique qui existe entre chétif et cap-
;

la langue vulgaire. —
D. chatte, chaton;
tif, tous les deux de captivus. chattcr ; chatoyer; chatouiller []) (v. c. m.).
CHAS, trou d'une aiguille, paraît être la
CHATAIGNE, it. castagna, prov. castanha,
forme masculine de châsse, ce qui enserre,
du L. castanea (gv. axjzkjxïkov xiouov, noix do
enclôt (v. c. m.). Dans l'anc. langue on trouve
Castana). Ane. angl. chesteyne, chesten, d'où
la forme fém. chasse.
lo composé actuel chest-nut ; mha. hestene,
CHASSE, subst. verbal de chasser.
nha. kastanie. —
D. adj. châtain; châtai-
CHASSE circonflexe n'a pas de raison
(le gnier, -craie.
d'être), du L. capsa. C'est donc une variété
des mots caisse et casse. D. châssis, en- — CHATEAU,
de castrutn).
chastel
— D. châtelet
', L. castellum (dimin.
; châtelain, L. cas-
châsser (it. incassare).
tellanus; châtellenie.
CHASSER, vfr. cachier, chacier, it. cac-
esp., port, casar, vieux esp cabzar,
CHAT-HUANT, anc. orthographié chahiian,
ciare,
est probablement une transformation, opérée
prov. cassar. On a beaucoup conjecturé sur
par Tétymologio populaire, du mot chouan,
la provenance de ces mots, mais aucune de
quoiqu'on rencontre le simple mot huant (pr.
ces conjectures ne peut convenir à la science,
cheant) p. ex. dans la phrase suivante de
si Ménage, qui propose crtp-
ce n'est celle de
Birter, aux grands pieds « les leus oy uUer et
Seulement, il faut poser, comme l'origi-
tare.
nal de chasser, non pas la forme captare,
li huans hua ».
A

Voy. sous chouette.
mais la modification captiare (formée du part. CHATIER, vfr. chastier, castoier, chastoier,
captus, comme BL. suctiare, de suctus, d'où angl. chastise, ail. casteien, du L. castigare
sucer, conciare p. corntiare, de comptas, per- (i"ac. castus; cp. purgare (iapurus). D. châ- —
tugiare. p. pertusiare, àepertusus, etc.). C'est timent (vfr. chasti, chastoi),), castoiement.
évidemment de captiare que procèdent chas- 1 CHATON, petit chat (et terme de bota-
ser et les autres formes romanes citées. Les nique), dimin. de chat. — D. chatonner.
Latins déjà disaient captare feras, et dans 2. CHATON, d'une bague qui ren-
partie
un vieux glossaire on trouve « £r>jo5ur/5;, cap- ferme la pierre précieuse, vfr. castan, chas-
tator, venator » Du fr. chasser (dialecte rou-
. ton, it. castone; selon Diez, p. casseton,
chi aussi cacher) viennent les deux verbes dimin. de cassette, dim. de caisse (L. capsa) ;
anglais catch et chose. —
D. chasse (BL. cap- selon moi, plutôt de l'ail, kasten, caisse,
tia, diplôme de 11G2), chasseur; composé employé également pour chaton. D. encha- —
pourchasser d'après l'analogie àa poursuivre.
, tonner, en esp. engastonar, engastar.
CHASSIE, étymologie inconnue. L"it. dit CHATOUILLER, vfr. catiller, catouiller.
pour cacca d'occhj, ordure d'yeux ;
cliassie Diez tire ce mot du L. catulire, être en cha-
chassie pourrait donc venir d'une forme déri- leur (dérivé de catula. chienne), lequel se
vative caccia. —
Grandgagnage suppose un serait converti en catuliare, comme camhire
rapport entre chassie et caseus, fromage, et en cambiare changer), et qui, par ce
(voy.
cite l'expression allemande augenbutter, changement même, aurait pris la significa
beurre des yeux. —
Littré pense à L. cœcutia, tion factitive faire éprouver, donner ce fré-
:

vue faible, en expliquant l'esp. cegajoso (chas- missement des sens, cette sensation que nous
sieux) par cœcaliosus et le vfr. chaceuol paï appelons chatouillement. Cette étymologie est
GIIA 101 CIIÉ

difficile à vérifier, en présence de tant de à chaux ; chaussée est une route faite aveo
formes approchantes et cependant variées des pierres calcaires broyées. D'autres (ainsi
dans les différents dialectes gcrmaniqixes et Ducange, Littré, Ronsch) interprètent cal-
romans; nous n'en citerons qu'un petit nom- ciata par « la foulée » en le ramenant à un
,

bre wallon catî, gati, gueti; bourg, gatailli;


: verbe calciare, issu d'une forme BL. calcia =
lorr. gattié; Piémont, gatié; ail kitzeln (en calx, talon. Ils pourraient bien avoir raison.
Suisse kutzeln); bas-saxon keddeln; ags CHAUSSE-TRAPE, BL. calcatrepa, calci-
citelan (d'où angl. kittle et par transposition trepa, signifie propr à mon avis, soit « trape
,

tichle); néerl. kittelen; suéd. kittla. Partou pour le talon «ou « trape pour celui qui
un thème kat, kut, ket ou hit. Qui sait si le marche dessus » l'élément chausse s'accorde
;

L. titiUare n'est pas aussi une altération pour la lettre avec le type calcitrepa, tandis
euphonique de hitillare? — Ascoli (Arch. que l'anc. forme concurrente chauche-trape
glott.,11, 322) ramène aussi toutes formes les s'accorde mieux avec calcatrepa. Comme sen»,
en question à catus, chat ; dans notre cas, par cp. les expressions aW.fuss-angel, fuss-eisen.
l'intermédiaire d'un dérivé catuculus. D. — — Le même composé français s'applique à la
chatouilleux. plante dite autrement chardon étoile il tra- ;

CHATOYER, changer de couleur, avoir des duit dans les glossaires du moyen âge le lat.
reflets comme l'œil du chat ; dér. de chat. — saliunca, au sujet duquel Jean de Gênes dit :

Dans le Bcrry, le mot signifie : flatter, cares- « Est lierba spino.sa, a salin, quod eam cal-

ser (cp. l'ail, hàtzeln). cantes facit salire et vulgo dicitur calca
crêpa, quod calcantcs facit crepare? » Il est
CHÂTRER. L. castrare.
probable que cette forme calcacrepa, qui se
CHATTEMITE. du L. cata ynitis, douce
chatte. — D. chattemitterie, fausse caresse.
voit en effet souvent dans
moyen âge, à côté de
les glossaires
calcatrepa,
du
-tripa,
CHAUCHER, autre forme de caucher (v.
-tripjpa, est l'effetde la confusion graphique
cauchemar) et de cocher ; elle s'est conservée
de c et t. Le Glossaire
et le Catholicon de
dans cliauche-branche, 1 levier (branche qui .

Lille rendent saliunca par caudetrepe ou


presse les autres) ; 2. nom d'oiseau (lltt. qui
-trape; ailleurs, je trouve cauketrap ou cauche-
serre la branche), et dans chaitche-poule, nom
trape. L'anglais moderne en a fait caltrop;
vulgaire du milan.
CHAUD, du
L. calidus cal'dus. D. chau — pour la plante, dit calcitreppo.
l'it., Littré —
et Darmesteter voient à tort dans notre com-
DEKViChaudel', d'un type bas-latin caldelluni;
posé le verbe chausser; Meunier (Les compo-
CHAUDIÈRE, it caldaja, esp. caldera, prov.
sés, etc., p. 137), par contre, interprétant
caudieya, BL. caldaria; chaudron, it. calde-
chausse par chaucher, fouler, traduit le terme
rone, esp. calderon, angl. cauldron; échau-
par " elle foule, elle serre, la trappe ».
DER, vfr. escauder, it. scaldare, angl. scald,
= CHAUVE, L. calvus. — D. chauveté, L. cal-
L. cxcaldare
CHAUDEAU, V. chaud.
.
vitas. — Quant à chauve-souris, Grandga-
gnagc, se fondant sur formes wallonnes
CHAUDIÈRE, V. chaud. — D. chauderon, les
chawe-sori, chehau-sori, etc., suppose dans
chaudron. cette composition une transformation de choue-
CHAUDRON, V. chaud et chaudière. — D. souris, é(juivalant à souris-hibou. Certains
chaudronnier, -srie.
dialectes disent rat volant ou crapaud volant :
CHAUFFER, angl. chafe; du prov. calfar, prov. rata peu nada (cfr. ail. fledermaus), en
it. calefarc, formes romanes du h.calefacere. Lorraine bo-volant. Diez et Littré s'en tien-
— D. chauffe, chauffage, chauffoir, -eiir,
nent à l'interprétation par souris chauve (à
-erctte; cps. échauffer, prov. escalfar, d'où
cause des ailes dépourvues de plumes); d'après
réchauffer. Baist (Ztschr. V, 264), souris est le lat. sorix,
CHAUFOUR*, litt. four à chaux. — D. qui était àôyà. dans Marcius Victorinus un
chaufournier. volatile nocturne, auqiiel le fr., pour plus de
CHAULER, dérivation arbitraire de chaux. clarté, aurait préposé le mot cave, choc, le nom
— D. échauler. de la chouette.
CHAUME, du L. caîamus, tige de toute CHAUVE- SOURIS, voy. chauve.
plante élevée (/.«>«//.5;), BL. calmus. D. — CHAUVIR des oi*eillcs (Rabelais chauver, :

chaumer, couper le chaume; chaumière et chouer)\ pr. agiter les oreilles soit en les dres-
chaumine, petite maison couverte de chaume ; sant, soit en les abaissant; d'après Littré,
déchaumer. pi'ob. de choe (voy. chouette), à cause de ce
CHAUSSE, vfr. cauche, it. calzo, colza, mouvement des plumes particulier à la
esp. calza, prov. calsa, caussa, du L. cal- chouette, qui figure des oreilles comme celles
ceus, soulier. Ménage s'est étrangement four- du chat.
voyé en songeant au L. caliga. D. chaus- — CHAUX, prov. calz,caus, esp. cal, it. calce,
son., it. calzone (de ce dernier fr. caleçon), du L. calx, m. s.
chaussette, chaussetier, chaussure, chausser, CHAVIRER, prob. pour cap-virer, tourner
L. calcearc. cps. déchausser. la tête en bas; cp. le terme analogue it. capo-
CHAUSSÉE, vfr. cauc///(?,cauCTe, esp., port. volgere.
calzada, prov. caussada (:lam. hautsije,kaus- CHÉBEO, it. sciabecco, stambocco, zambecco,
sijde, kassije), correspond à un participe esp. xabeque, port. cJtaveco, esp. de vaisseau de
latin calciata (s. e. via), dér. de calx, pierre mer. L'ét. est controversée entre l'arabe cho'
CIIE 102 — ciii::

beca, filet, anc. forme sounbcki, et l'ail. Stein- étoffe de lin. — D. chemisette; voy. aussi ca-

beck, bouquetin (voy. Littré, suppl.). misole.


CHEF, francisation logulière du radical cap CHENAL, variété franc. decana/(v. c. m.);
de L. capi'.t; prov. cap, it. capo, esp. cabo.he chthieV, auj. chéneau, est une autre variété.
mot signifie tête (fig. chose principale, article CHENAPAN; c'est l'ail, schnapphah.n, terme
principal), puis extrémité en général, com- figuré =
brigand, litt. coq qui cherche à tout
mencement ou fin; composés rechef (dans
: gripper (schnappen).
derechef), prov. rescap, pr. recommencement; CHÊNE, vfr. chesne" quesne", BL. casnus.
méchef (v. c. m.). —
D. chevet, cheteteau; Chesne vient du L. quercus par l'intermé-
chevagc', capitation, chevance (cfr. capital, diaire de l'adj. quercinus, contracté en
autre dérivé de capitt), chevetainc', p. capi- querçnus et, par la chute de Yr devant la sif-
taine (angl. chiefiain); achever (v. c. m.); flante (cp. dosxtm p. dorsum), en quesnits
chcvir^'= venir à chef, à bout de qqcli. Chef — (comp. l'it. quercia =
chêne, de l'adj. latin
prend un caractère d'adjectif dans la combi- quervea). Pour qu latin devant e ou i ch fr., =
naison clicf-liexi. cp. chasque de quisque. —
D. chéneau; chê-
CHÊMER (SE), maigrir, répond à l'it. sce- naie =
L. que^'netum (p. quercinetum), ques-
mare, diminuer, affaiblir, prov. semar, dimi- net}im (d'oii aussi le nom de ville le Quesnoy).
nuer, que Dicz tire du L. semis, demi, de sorte CHÉNEAU, voy. chenal.
que le sens propre serait réduire à moitié (cp. CHENET, dér. de chen, chieii, à cause de
en BL. semus, mutilé, verbe simare, estro- la forme ou de l'ornementation donnée d'abord
pier). à cet ustensile. Cp. en normand quenot ]^etït =
CHEMIN, it. cammino, esp. cami^io, prov. chien et chenet.
camin, du L. caminus, four, cheminée, qui, CHENEVIÈRE, du L. cannahana, dér, de
dans la basse latinité, avait "pris la significa- can»(d)is, clianvre.
tion de via. Peut-être, toutefois, le caminus CHÈNEVIS, graine de chanvre,renvoie à
du latin classique et le caminus du latin du un cannahicium (la forme patoise chêne-
tyi)e
moyen âge sont-ils des mots tout à fait dis- bou, à un type cannabolus). Cheiwvotte est —
tincts.En effet, caminus, chemin, parait être L. cannabis, avec le suffixe dimin. otte.
un dérivé de la racine cam, si féconde dans les CHENIL, angl. kennel, d'un mot latin ca-
idiomes celtiques. Cette racine exprime cour- nile', dér. de canis, chien (cp. les termes
bure, incurvation; mais elle a fort bien pu latins analogues on7«, bocile, cqaile, etc.).
dégager de cotte idée primordiale le sens de CHENILLE, prov. canilha. Voici trois éty-
circuler ou de marcher. On n'a, pour s'en con- mologies diverses de ce mot 1 Catcnicula :


.

vaincre, qu'à comparer les mots fr. tour (de chainille chenille, à cause de la strticture de
promenade), it. tjirare, courir çà et là, circu- cet animal. —
2. L. eruca (dienille), d'où
ler, ail. wandern, wandeJn, du icoiden, tour- erucana, erucanilla, canilla, chenille; c'est,
ner. Aussi le cymr. oifrc-t il les subst. cam, comme on le devine, une conjecture de Ménage.
pas, et caman chemin. Quant à la forme par-
, —
3. Canicula, petit chien. On peut alléguer,
ticipiale cheminée, elle répond au BL. cam,i- pour la dernière, l'expression milanaise can ou
nata (champ, caminade), =
chambre pourvue cagnon (pr. chien) =
ver à .soie. Les Lom-
d'un foyer (L. caminus, gr. x.à/xiv5;). Puis le bards di.sent pour chouWo patt a, (/attola, ce
sens de chambre à foyer s'est restreint à celui qui signifie proprement ])etit chat; les Por-
de foyer; cest ainsi que le mot étuve signifiait tugais, lagarta =
lézard les Anglais, Cater-
;

d'abord chambre à étuve avant de signifier pillar, mot dont on n'a i)as encore su établir
étuve il en est de même de poêle, pr. cham-
; l'origine; en France, on trouve aus.si l'exprès-,
bre à chauffer. —
D. de chemin cheminer, -. sion chate peleuse ou pelue (tn Normandie,
aclieminer.^ carpleuse). —
D. écheniller.
CHEMINÉE, angl. chimneij, voy. chemin. CHENU, j)rov. canut, it. canuto, du L. ca-
CHEMISE, it.cam?«a,ca»n'A-c/a, esp., port ,
7iuf l' s (di'T. (\g ca)nis).
prov. camisa, du BL. camisa, camisia. dont est le même mot, .sous forme vul-
CHEPTEL
on trouve la première trace dans saint Jérôme. gaire, que capital; on trouve aussi cheptal;
Abandonnant l'étymologie vha. harnidi, he- par Télision du p on obtient la forme chatel,
midi, ail. d'aujourd'hui /(cmrf = chemise, Diez auj. catel. Le sens fondamental de tous ces
prétend que camisia doit provenir d'un primi- mots est bien, surtout bien mobilier. L'angl.
tif cam?'^". Or, il trouve ce primitif dans le vieux catfle et le genevois chtidal ont rétréci cette
gaél. caimis (gén. caimse) =
chemise, cymr. signification, et ne s'emploient plus que dans
camse, long vêtement, ainsi que dans l'arabe le sens de bétail.
qamiç, vêtement de dessous; toutefois, il ré- CHÈQUE, t. de commerce, mot d'importa-

serve la question de l'originalité des mots cités tion anglaise [chech).


dans les idiomes où on les trouve. Camicia est CHER, L. carus. — D. cherté (v. c. m.),
la forme extensive du mot italien camice, aube chérir (v. c. m.).
de prêtre, qui répond exactement au vfr. CHERCHER, vfr. cerchier, pic. cerquier, it.
chainse, chinche, vêtement en toile; Isidore cercare, prov. cercar, sercar, val. cerca, alban.
rapportait camisia à cama, lit, donc vêtement hhërcôig, cymr. hyrchu, bret. kerchat. Ce
de lit, mais le suffixe isia fait quelque diffi- mot à la ronde, par-
signifiait autrefois aller
culté. Mahn se prononce en faveur de l'arabe courir, et vient du L. circare, employé par
qamiç, qu'il fait dériver du sanscrit hschauma. Properce pour aller çà et là il est inutile ;
CHE — 103 — CHE
d'avoir recours à un verbe hypothétique tecturale de ce mot, « pièce de bois dans
qiiœricare (de quœrere, quérir). On trouve laquelle on emboîte les soliveaux d'un plan-
le même mot circare (Isidore circat circum-
: cher », est également déduite de capistrum.
venit) dans les subst. BL. circa^ la ronde, — D. enchevêtrer, it. incapestrare, esp. enca-
circatqr, le guet. — Cps. rechercher. bestrar, =3 L. incapistrare (enchevêtrer, fig.
CHÈRE signifiait, jusqu'au xvi^ siècle, tête, embarrasser).
visage, mine, semblant, et le signifie encore CHEVEU, vfr. cavel, chevet,
prov. cabelh,
dans les dial. norm., lorrainwallon. Nicot:
et esp., port, cabello, it. capello,
capillus. du L.
avoir la chère baissée, vultum demittere. De — D. chevelu, chevelure; décheveler (prov.
l'expression faire bonne ou mauvaise chère descabelhar) écheveler.
,

{= mine) à qqn, s'e.st dégagé le sens accueil, CHEVILLE, it. cavicchia, caviglia, port.,
réception, et enfin manière de traiter, de prov. cavilha; du L. clavicula [clavicla, puis
recevoir les amis, dépense pour la mangeaille cavicla, lepremier l ayant été élidé par eupho-
(angl. cheer). Le subst. chère, anc. care, tête, nie comme dans foible p. floible). La langue
correspond à l'esp., port., prov. cara, visage, savante a repris le même clavicula pour en
figure. Le mot cara se rencontre déjà dans faire clavicule. —
G. Paris (Rom. V, 382),
Corippus, poète latin du vi® siècle. On le fait rejette l'étymon clavicula en faveur de capi-
venir du grec zàpvj, tête, visage, mais on sus- tula (petite tête), devenu capit'la, capicla,
pecte avec raison cette étymologie, parce que cheville. Je ne vois pas pourquoi il faudrait
l'italien, celle des langues néo-latines qui a strictement abandonner clavicula. D. che- —
reçu le plus de mots grecs, ne présente pas la villette, cheviller.
forme cara, mais celle de cera, introduite du CHEVIOT, mouton des monts Cheviots, en
français selon toute vraisemblance. En BL. Ecosse de là cheviote, laine d'agneau d'Ecosse
;

cera signifie effigie, visage, développement du et étoffe faite de cette laine.


sens «sceau»; cela favorise l'ét. -/ïjpo; cire. CHEVIR, venir à bout ou à chef de qqch.,
CHÉRIR, angl. cherish, dérivé de l'adj cher. s'acquitter de ses redevances voy. chef.
— —
.
;

D. chéi'issable; cps. enchérir, renchérir, CHÈVRE, du L. caj^ra, D. chevreau


surenchérir. (prov. cabrel, vfr. chevrel); chevrier, prov,
CHERTE, subst. de cher, signifiait ancien- cabrier, esp. cabrera, L. caprarius; chevrette
nement aussi amitié, tendresse, estime, abso- (v. c. m.); chevreuil, prov,, cat. cabirol, it.
lument comme son analogue latin caritas, que cavriuolo, L. capreolus; chevron (v. c. m.);
le fr. a reproduit sous la double forme cherté chevroter, chevrotin.
et charité. CHÈVREFEUILLE, L caprifolium.
CHÉRUBIN, de hheroubim, pluriel
l'hébr. CHEVRETTE, nom d'une sorte de crustacé
de kheroub, nom d'une figure de la symboli- (lecrangon ou le palémon); Dicz et Joret le
que juive, emprunté aux Phéniciens. dérivent de chèvre (à cause de l'agilité de ce
CHERVIS, CHERVI, esp. chirivia, le siser crustacé); selon Joret, par transposition s'est
des Latins; toutefois, ce dernier ne peut en produite la forme secondaire crevette (v.c.m.).
fournir l'étymologic ; il faudrait la forcer au Poui' Suchier, chevrette est formé, par un faux
moyen de siservilîa, scrvilla. Nous estimons rapprochement avec chènre et par le procédé
que carvi et chervis sont étymologiquement dit « umdcutung", as. crevette, lequel, d'après
identi(T[ues, v. carvi. lui, est le moy. ni. crenet (écrevisse). Voy. pi.
CHÉTIP, vfr. caitif, voy. captif. loin crevette.
CHEVAL, voy. cavale. — D.
chevaler; che- CHEVRON, vfr. caprion, prov. cabrion,
valet, machine de bois ayant ressemblance
la cabiron (cfr. esp. cabrion, caviron, bloc de
d'un cheval (cp. en latin eqiaiJeus, petit cheval bois), dér, du L. ca23er, capri, bouc; com-
et instrument de torture); adj. chevalin. parez en latin le terme analogue capreolus,
CHEVALIER, voy. cavale et cavalier. D. — étançon, soutien.
c7ievalière{h3igx\G)\ chevalerie {angl. chivalry)\ CHEVROTINE, balle de petit calibre pour
chevaleresque (ce dernier imité de l'italien tirer le clievrot = chevreuil.
caballerescn). CHEZ, = apud, est une abréviation de
lat.
CHEVANCE, voy. chef l'anc. formule en chez (v. esp. et v. port, en
CHEVAUCHER, voy. cavale. cas), qui équivaut à « dans la maison », lat.
CHEVECIER, BL. capicerius, « cui capicii in casa. Chez mon père, c'est étymologique-
ecclesise cura incumbit ". Le capiciuin ou ment « dans la maison de mon père » l'it. a ;

capitium de l'église est ce que l'on nommait la formule complète in casa ou a casa; l'es-
autrefois le chevet de l'église. Radical caput. pagnol de même. L'étymologic de chez fait
CHEVELU, voy. cheveu, comprendre la combinaison de chez mon père.
CHEVER, creuser, t. darts et métiers, est La prép. lez s'est, de la môme manière, pro-
la bonne forme française p. caver. duite du subst. latus, côté. Cp.le wallon amon,
CHEVET, dim.
àcchef{v. cm.). Les Italiens chez, de mon, contraction de mohon, maison.
et les le même sens
Espagnols disent dans Cette étymologie, universellement reçue, ne
capezzale, cabcçal (comme chevet, du L. ca- fait pas doute chez est virtuellement
;
casa; =
put). mais comment se rendre compte de la forme?
CHEVETRE, vfr. quevestre, chevoistre, licou, Pourquoi le mot latin a-t-il perdu sa finale,
it. capestro, esp. cabestro, prov. cabestre, du L. de manière que le radical cas a pu se
capistrum, muselière. La signification archi- franciser par chez, comme nasus par nez.
CHI — lOi — CHI

rasiis par rcs ? Et encore, pourquoi l'ancienne {=> lat. cadit do cadere). — D. chienne^,
langue, qui n'aurait jamais toléré une forme chienner; v. aussi le mot suiv.
diphtonguéc niés, ries p. nés, res, em- CHIENDENT ; expression incompréhonsi^
ployait-elle de préférence chies ? Cette question ble; l'ail, hundsgras se comprend (hunds'
a été pour la première fois étudiée par zahn est imité du français), de même l'angl.
M. Cornu (Rom., XI, 82); il conclut à attri- dogsgrass, couchgrass (herbe qui rampe),
buer la chute de l'rt de casa dans esp. en cas, mais que veut dire chiendent f Darmesteter
vfr. en chiés, nfr. chez au fait que le sub- juge que « ce doit être une création indivi-
stantif complément delà préposition, par son duelle de la Renaissance et prendre place à
accentuation plus forte et son contact immé- côté de foio'milion (Composés, p. 135.)
diat, réduisait la tonalité et la consistance du CHIER ; le vfr. a eschiter, qui est un mot
mot casa en un simple cas, fr. chiés', chez. d'origine germanique; vha. scizan (auj.
En esp. nous avons à la fois a caso et à cas, et scheissen), ni. schijten, ags. scitan (d'où angl.
c'est la comparaison des applications de ces shite). Est-il l'original du fr.c/iteï'/ c'est dou»
deux formes qui a pu faire arriver M. Cornu teux, mais toujours a-t-il, comme pense
à sa conclusion mais ce savant ne nous dit
; Diez, influencé ce dernier. Cacare lat. appelle
pas si, en français, il existe une trace d'une en fr. chayer; néanmoins il faut le considérer
forme en chese (ou cJiiesé) coexistant avec comme ayant donné chier, surtout en pré-
en chiés. Godefroy a de nombreux exemples sence du fréquent emploi, en vfr., du composé
de chiesedeu (= casa Dci, église); on se conchier, souiller =
L. con-cacare. D'ailleurs,
demande pourquoi \e s'est maintenu dans Cornu explique Vi du verbe fr. par les mêmes
ce composé, tandis qu'il a disparu dans en raisons qui ont transformé lat. jacentem en
chiés le rey. gisant c{jactare en prov. gitar.
CHICANE, voy. chiche. D. chicaner. — CHIFFE, dérivé chiffon. L'arabe chiff « ves^
1. CHICHE, peu abondant, parcimonieux. tis tcnuis et pellucida «, invoqué par Devic,

Ce mot, dont les dérivés sont : chiquet, chicot, j)arait trop éloigné pour un mot si usuel.

chicotcr, se rattache, ainsi que it. cica, baga- Grandgagnage identifiant chiffonner avec le
telle, it. cigolo et esp. chico, petit, exigu, wallon ca/oi<Y/>jz, même sign., ai chiffon avec
au L. ciccum, bagatelle. Comparez en grec cafou, chose sans valeur, recommande l'éty-
tifu-f.pài, petit, et i/xi/.rAvri;, avare. Chicane, qui, mologio néerl. haf, angl. chaff, balle de blé.
dit-on, signifiait d'abord une miette de pain, Diez préfère celle du vha. Att-a, siliquc, cosso^
estprobablement de la même famille le sens ;
Génin voit dans c^Z/^îj une variante do chippes,
se sera élargi en minutie, puis dispute pour rognures, et le rattache à l'angl. chip, couper
un rien, tracasserie; cp. les termes chicotcr, par morceaux ; la chifle serait ainsi de la
chipoter, vcliller (v. c. m.^, qui offrent des rognure —
D. chiffonner, chiffonniei'.
rapports d'idée analogues. Mahn rattache CHIFFRE, signe de nombre, écriture se«
chicane au basque chikia, chikcrra, petit. crête, it. cifra, cifera, écriture secrète,
Littré, appuyant sur la signification « ma- esp., port, cifi'a, signe de nombre, ail. ziffh\
nière déjouer au mail » et sur l'existence du chiflre. Primitivement, ce mot désignait un
bas-grec T^u/àvnv, jeu do mail, prend ce der- signe do nombre sans valeur déterminée, un
nier (= persan tschangan) pour l'origine du zéro, sens propre encore au va laque cifré; cp.
mot fr. et enchaîne ainsi les sens jeu de :
le Breviloquus cifra figura nihili, et la locu^
:

mail, action de disputer la partie, manœu- tion angl. amerecipher. L'FiUrope ayant tiré
vres processives, des Arabes le système niimérique des Indiens,
2. CHICHE, pois, it. cecci, esp. chicarn, le mot doit être arabe. Dans cette langue, on

prov. cezer, ail. kichcr; du L. cicer, d'où trouve les mots çafar, cifr, vide, cifron (comme
vient aussi le dérivé diminutif cicerole. subst.) =zéro(v. c. m.). Le nom, par exten-
sion, est devenu .synonyme de signe numéri-»
CHICORÉE, L. cichoreum
CHICOT, pr.
(xixà>piov).

morceau, fragment, dér. de


que. — D. chiffrer, déchiffrer.
CHIGNON, vfr. chaaignon, chaignon pour
chiche 1 (v. c. m.). Au xvi*^ siècle, chicot expri-
chaïgnon, de chaîne, auj. chaîne (v. c. m.).
mait une qualité morale. Du Verdier " Sa :
Chignon est donc une simple variété de chaU
cour estoit pleine de bons esprits et de gens
de sçavoir au lieu de fols, de chicots, de flat-
non. Nicot chaînon du col
: cervix, ver- =
teurs, d'harlequins. » — D. chicoter = chi-
tèbre du cou; cp. languedocien
danun col.
cadena :

caner sur des bagatelles.


CHIMERE, L. chimaera (de chè-
CHICOTIN, suc d'aloès, vfr. cicotrin. D'après
Nicot, cicotrin est fait par corruption de coco-
vre). — D. chimérique. ylij.y.\.p%,

CHIMIE, it., esp., port, chimica; arabe aU


terin (port, çocotrino) et est l'épithète de l'a-
hiraxa (voy. alchimie) ; le mot arabe, cepen^
loès pour en désigner la meilleure sorte. Cet
dant, n'est pas d'origine indigène. Malgré
adj. serait pris de Cocotare, qui est une lie
l'autorité de Humboldt (Kosmos) et
d'Al.
sur l'embouchure de la mer Rouge, d'où
d'autres, qui pensent que chimie vient de
vient le meilleur aloès.
y-f)ij.i^, selon Plutarque un des noms de
CHIEN, vfr. et patois clœn, chin, chein, du l'Egypte, et que le mot désigne « la science
L. canis. Régulièrement, cajiis appelle fr. égyptienne », une étude approfondie de cette
chain, mais nous trouvons encore a bref latin question engage Mahn à soutenir que chimie
devenu ie dans ^nef (lat. gravis) et vfr. chiet provient du grec x"/*Ǖ. suc ; xw/*wȔ tsxv>j ex-.
cm 105 CllO

primait d'abord l'art de tirer des sucs hors des d'une monnaie) de nez. Cette étymologie est
plantes, qui fut le point de départ de ce que sujette à caution. Le picard dit pikenote;
la science a désigné plus tard sous le nom de Rabelais chinque-naude.
chimie ou d'alchimie. Le souvenir du terme CHIQUER, voy. chique 2. D. subst. ver- —
Xri/jLla, terre de Cham ou d'Egypte, a peut- bal chique (de tabac).
être coutribué à continuer le mot chimie pour CHIQUET, petite parcelle, voy. chique 2.
exprimer l'art de faire de l'or,, que l'on savait — D. chiqiceter, déchiqueter. p,

être fort en estime chez les Egyptiens, et à CHIRAGRE, goutte aux mains, de yjurAypx
introduire dans les textes grecs la variante [x'Jp -\- xypy), cfr. podagre, goutte aux pieds.
yyiixùa., yriiJ.iy., aU lieU du mot primitif -/yy-lî^. Nous retrouvons encore l'élément chir ou
A l'appui de l'étymologie yyit-Qi, Malm cite le chiro, représentant le grec yûp, main, dans
sanscrit rasayana, chimie, alchimie, poison, les mots usuels suivants :
élixir de vie, composé de rasa, suc (aussi vif- 1. Chirographe, écrit de propre main,
argent), et de ayana, procédé, espèce, ma- d'où chirographaire.
nière. — D. chimique, chimiste. 2. Chiromancie, divination (u«vtsta) par
CHINA, voy. qiiinquina. l'inspection de la main.
CHINCHILLA, mot esp., litt. animal puant, 3. Chirurgie, gr. yix.po\>p-jl'x, litt. opération
de l'esp. cliinche, punaise (L. cimex). avec la main. —
D. chirurgien, vfr. sirur-
CHINER, de Chine; chiner, c'est donner à gien, surgien (angl. surgeon).
une étotfe des couleurs ou des dessins à la CHLORE, CHLORATE, CHLORIQUE, CHLO-
manière chinoise. RURE, termes savants tirés du grec ylojpoi,
CHIOURME, it. ciurma, sicilien chiurma, vert clair, pâle.
esp., port,chusma, génois ciusnta. Diez, CHLOROFORME est forgé avec les éléments
partant de la forme espagnole, dérive -ces chlore et forme, abstrait du t. de chimie for-
mots de xîJ.suî/ax, commandement, devenu suc- m,ique (de h. formica, fourmi).
cessivement cleusma, chusma (cp. chamar de CHLOROSE, gr. yU^pot'jii (de yh^pd;, pâle.)
clamare). Le mot désignait d'abord le com-
mandement de l'inspecteur des rameurs et
— D. cldorotique.
CHOC, voy. choquer.
a fini par être employé pour l'ensemble d'un CHOCOLAT, ane. chocolaté, it. cioccoïata,
équipage placé sous un même commande- esp. chocolaté. Le nom de cette substance est
ment. L'étymologie turma est fautive; le le mexic. chocolattl. Nous ne trouvons, quant
turc tcheurmé =
chiourme est sans doute un à sa composition, pas d'autres renseignements
emprunt fait au roman. que ce qui suit 1 « Du mexicain choco, bruit,
: .

CHIPER, voler, dérober une chose de peu et lattle, eau ; les Mexicains préparaient le
de valeur, de chipé', lambeau, chose de mince chocolat en le faisant mousser dans de l'eau
valeur (voy. chiffe). « Les couturières ap- chaude. " (Bescherelle) ; 2. «Du mex. choco,
pellent chippes ce qu'elles volent à leurs pra- cacao, et lattle, eau. (Dochez.) Nous lais-
••

tiques. " (De l'Aulnaye). Ce chijje correspond sons à ces auteurs la responsabilité de ces
à angl. cJii]), copeau. assertions, que nous ne sommes pas à même
CHIPIE, terme populaire, d'origine incer-
de vérifier.
taine. On rapprochede ce mot le subst. vfr. CHŒUR, L. chorus {yopà-). Ce mot a fini
cJiipoe, grimace, mauvaise mine. Dans le pa- par signifier aussi la " place où se tient le -t

tois norm., chiper signifie crier; serait-ce le chœur, et par désigner une des divisions prin- .

primitif du mot? femme criarde? En tout cas, cipales d'une église.


l'ail, chepisa, auj. hebse, concubine, qu'on a
CHOIR, cheoir, du L. cadere (traité
vfr.
aussi allégué, n'a rien à voir ici. d'après la conjugaison, donc prononcé
2"
CHIPOLATA, de l'it. cipollata, m. s., dér. cadére), \yvov. caser, it. cadér. Du part, passé
de cipolla, ciboule. L. cadutus", it. caduto, fr. che-u chu, vient
CHIPOTER, s'arrêter à des riens, vétillcr, le subst. participial chute, pi'ov. cazuta. Du
lanterner, de 'chipe, bagatelle, vétille (voy. part. prés, chéant vient chéance', chance
chiper). —
D. chipotier. (v. c. m.). —
Composés déchoir, échoir,
:

1. CHIQUE, puce; prob. le même mot que


m,eschcoir'\ rechoir d'où recliute.
chiche 1, petit.
2. CHIQUE, propr. petite quantité, petite
CHOISIR, primitivement voir, aperce- =
voir, discerner, rouchi chicsir,prov. causir,
chose, est, comme le précédent, une variété
de chiche 1, dans le sens de petit, mince. — chausir; du goth. hausjan, essayer, examiner
(cfr. le nom propre Choisy, de Causiacum).
D. dimin. chiquet, petite partie; verbe c7iî-
Si la forme prov. était causar au lieu de
quer, manger, pr. broyer en petits morceaux,
causir, Diez donnerait la préférence au goth.
ou manger une chose de peu de valeur (cp.
brifer de brife = bribe).
kiusan (ail. mod. hiesen), élire. — D. chois'',

choix, angl. choice.


CHIQUENAUDE, selon Génin, un composé
CHOIX, sub.st. verbal de choisir.
de chique, petite chose, puis petite monnaie
(voy. cJdcJie), et de naud, qui serait une con- CHÔMER, d'après Diez, Ae calme {\. c. m).
traction de nasaud; chiquenaude, d'après Littré oppose à cette étymologie que la plus

cette conjecture, serait une chique nasaiide. ancienne forme du mot est choiner et non pas
Génin cite à l'appui l'expression allemande chaumer; il préfère donc le celtique brct. :

«as<?HS^i«&c>' = chiquenaude, litt. stiibcr [nom choum, s'arrêter, cesser, gaél. cum, arrêter.
CHO i06 — CIC

Malheureiisemeot, Arbois de Jubainville, Ne du


vaudrait-il pas tout aussi bien partir
grande autorité en cette matière, tient ces fréqu.BL. cautare, traiter avec précaution?
mots celtiques pour empruntés au roman. CHREME, dugr. jjyis/ia. onction. D.chre'- —
CHOPE (doù chopine), gobelet contenant meau.
environ un demi-litre; de l'ail. scJioppen, CHRESTOMATHIE, gr. ypn-sTo/xêcâncc, recueil
m. s. (de schôpfcn, puiser). Ménage y voyait d'extraits de choses intéressantes »to;) à (5(0*]

un L. cuppina, dim. deciippa; mais le c latin apprendre de différents auteura.


(uxâ-Tv), tirées
devant o ou it ne devient jamais ch. CHRÉTIEN, L: christianus (Christus). D. —
CHOPINE, voy. chope. —
D. chopinei'. chrétienté, L. christianitatem ; christianisme
CHOPPER, vfr. souper, heurter du pied, est un terme savant, reproduisant exactement
trébucher ; vient du subst. vfr. chope, tronc le gr. YfinTtxviifÂOT.
d'arbre, souche (pour la filiation des idées, CHRIE, L. chria, de x/5s't. sentence.
cp. broncher et choquer). Quant à chope, je CHROME, CHROMATE, du gr. xywy^a, -«to,-,

n'en connais pas l'origine; je doute de son couleur. — D. chromatique.


rapport avec le verbe ni. schoppen, ail. CHRONIQUE, adj., gr. ypo-nM^, de x/so»"*
schupfen, pousser du pied. —
Cps. achopper. temps; chronique, subst., du plur. ypovmà,
CHOQUER, angl. shock, esp. chocar, lieur- s. e. (îiSlia, les livres des temps passés. D. —
ter du pied; du subst. vfr. choque (dimin. chroniqueur. —
L'élément ypotoi, temps, entre
chouquct), it. ciocco, tronc, bloc, dont l'ori- encore dans les mots suivants :

gine est obscure. —


D. subst. verbal choc; Chronogrammk, inscription marquant la
adj. choquant. date.
CHORISTE, qui chante dans le chœur, et Cronologik, science du temps.
choral, chant, dérivés du L. chorus, fr. chœur CimoNOMKTRK, mesure du temps.
(v. c. m.), dont la forme latine s'est conservée CHRYSALIDE, gr. ypxiTxnii, -iSoi (de x/suïo'î.
dans l'expression faire chorus. or). C|). vu latin aurelia de auruin.
CHOSE, it., esp., port., prov. cosa, du L. CHRYSANTHÈME, gr. ypv^jUv^tfiov fleur
causa (voy. cause). Le mot chose s'est substitué d'or.
dans les langues romanes au latin res, dont CHRYSOCALE, mot industriel, litt. beau
l'ace, retn a donné rien. L'ail, sache réunit, (/xyo:) ronnne di; l'or (^jOUîci;).

comme le BL. causa, les deux significations CHRYSOLITHE, gr. youioU^'i;, pierre d'or.
de caitsc et de chose. CHUCHOTER, autrefois chucheter, aussi
CHOU, vfr. choV (plus souvent le dim. chuchiller, prov. chuchutare, esp. cuchear,
cholct), it. cavolo, esp. col, prov. caul, ail. cuchuchear ; mots imitant le chuchu que l'on
kohl, du L. caulis, colis (xau>o;), tige, chou. entend quand on est près de deux pci*sonnes
CHOUC, choucas noir; du mha. chouch, qui se i)arlent à l'oreille. Ce sont des onoma-
hibou (voy. chouette). —
D. choucas (prov. topées, de même que les équivalents lat.
caucala). susuD'are, angl. whisper, it. cicciorare,
CHOUCROUTE, corruption de l'ail, saiier- basque chuchurlatu.
kraut (composé de sauer, aigre, et kraut, CHUT, onomatopée. Cp. it. sitto, esp. chito.
herbe); l'élément chou s'est facilement sub- — 1). chuter, crier chut.

stitué ù sauer (prononcé soùr par les Suis.ses), CHUTE, voy. choir. —
D. chuter, faire
le tout désignant une espèce de chou. chute.
CHOUETTE (wallon chawette), dér. do vfr. CHYLE, gr. yxjU-,, suc.—D chylifier.
choc, pic. cave, prov. eau, chau. Autre dérivé CHYME, — D.
çhymi/ier.
gr. yy^ô;, suc.
du même mot pic. cawan, Anjou chouan,
: Les formes vfr. iqui,equi, it. qui, esp.,
CI.
Berry chavant, \wov chauana ; bret. kaouan,
. prov. a^Mi viennent du L.eccuhic, tandis que
BL. cavannus (v^ siècle). Le jnot chat-huant it. ci, pi'ov. aici, aissi, cat. assi, fr. ici et ci,
n'est probablement qu'une transformation accusent une provenance de ecce hic, contracté
populaire pour chaûan. Le primitif choe doit en eccic. Cfr. ça.
être identique avec le mba. chouch, hibou CIBLE, anc. cibe; du vha. sciba, auj,
(angl. chouf/h, chouette); cp. néerl. kauw, scheibe, m. s. (angl. shivc, ni. schyfj. La
corneille. Voy. aus.si chouc. On rencontre lettre dans cible est euphonique.
/

aussi, pour chouette, la forme dérivative CIBOIRE, vase consaci'é aux saintes hosties,
chei:éche, cJiavèche. L. ciboriuyn (/lôcj^jnv). —
On trouve sur une
CHOUQUET, bloc de bois, voy. choquer. épitiiplie gravée sur cuivre dans l'église de
CHOYER, traiter soigneu-sement (hommes Jollain-Merlin, à une lieue et demie de Tour-
on choses), ménager, « contregarder » (Nicot). nai «
: Le chiboule pour mettre corpus
Deux opinions méritent attention. Bugge Christi. n Ailleurs chyboille.
(Rom., III, 146), mettant en parallèle vfr. CIBOULE, vfr. civolle, it. cipolla, esp.
suer, chuer, caresser, flatter (xiii^ s.), it. ce&o//rt,' angl. chibbol, ail. zwiebel, du L.
soiare, flatter, propose le goth. suthjon, cha- cœpulla, dim. de cœpa, oignon v. cive). —
touiller. Cette et. laisse des doutes, tant pour D. ciboulette.
la lettre que pour le sens. Havet iib. 331, CICATRICE, L. cicdtrix. D. cicatriser. —
note) part d'un type caucare cavicare (de = CICEROLE, voy. chiche.
cavere, ; il invoque le normand couayer CICÉRONE, mnt italien, tiré du nom de
(Guernescy), ménager, épargner; « couayer Cicéron, le grand orateur, à cause de la
le feu ", prendre garde au danger du feu. — loquacité de ces gens.
,

cm 107 — cis

CIDRE, it. sidro, cidro, esp. sidra (anc. CINNAMOME, L. dnnamomum(y.i-JvxfXMfj.o-j).


sigra), valaque cigheariu; du L. sicera De là vha. sinamin, mha. zintnent, d'où
:

{lUtpa), gâté en cicera, d'où cidra (cp. ladre nha. 2immt, cannelle.
de Lazarus). CINQ, L. quinque. —
D. cinquidne. —
CIEL, L. cœlum. Quinquaginta, chiquante. D. cinquantième,
CIERGE, prov. ciri, du L. cereiis prononcé -aine.
•cerius (de cera, cire). CINTRE, CINTRER, voy. ceitidre. Nous
CIGALE, it., pr., cat. cigala, *esp. cigarra, ajouterons ici que les formes- parallèles it.
"du L. dcada. Pour d l, comp. it. caluco = centina, centinare, qui paraissent plus an-
pour caduco, ellera (lierre) do hedera. Je — ciennes, jettent de l'incertitude sur l'étymolo-
n'admets pas, avec Bracliet, dans cigale une gie cincturare.
Xîontraction de L. cicadnla. CIPPE, L. dppiis, voy. cep.
CI&ARE, de l'esp. cigarro, qui vient de CIRCON-, forme que prend en français la
cigarra, cigale, soit par une vague compa- prép. lat. circum, autour, dans les composi-
raison de forme avec le corps d'une cigale, tions ne se rencontre que dans des composi-
;

soit par l'intermédiaire du verbe esp. cigarrar, tions déjà latines nous ne connaissons comme

;

papilloter. D. cigaricr; cigarette. nouvelle formation faite avec cet élément,


CIGOGNE, L. ciconia. En vfr par la chute parmi les mots u.suels, que circonvoisin.
de consonne médiane c (cp. vfr. ceiie
la
,

= CIRCONCIRE, L. drcumcidere, couper au-


ciguë), ciconia était devenu cëoigne, puis tour; circoncision, L. circumdsio.
soigne; ce dernier nous fournira le primitif de CIRCONFÉRENCE, L. circumferentia (de
soignole (v. c. m.). drcimiferre, porter autour); cp. Tzipi^ipia..
litt.

CIGUË, vfr. cdle, it., esp. cicida, du L. CIRCONFLEXE, L. circumflexus (flecto),


cicuta, m. s. fléchi des deux côtés.
CIL, L. cilium. —
D. ciller ; composé décil- CIRCONLOCUTION, L. circiimlocidio tra- ,

ler, orthographié plus tard dessiller, it. disci- duction littérale du gr. jzirA^py.'^iç, ; cp. l'ail.
gliare. umscltrcihung, employé dans le même sens.
CILICE, L. cilicium (zJtzicv), étoffe de poil CIRCONSCRIRE, L. drciimscr ibère, tracer
de chèvre (de Cilicie). les limites autour d'un espace; circonscription,
CIME, it., esp., prov. cima, du L. cynia L. circumscriptio.
(xû/^y), pousse, pr. la partie la plus élevée d'un CIRCONSPECT, L. circumspectus (circum-
végétal. Cfr. it. vetta, qui signifie à la fois spicere, regarder de tous côtéspar prudence);
rejeton etsommet. —
D. cimier, ornement cp. en ail. le terme analogue umsichtig. —
qui surmonte la cime d'un casque, li.cimiero, D. circonspection, L. circumspectio.
esp. dînera. CIRCONSTANCE, L. circumstantia, traduc-
CIMENT, angl. cernent, du L. cœmentuin tion exacte du gr. Trî^fîT^^i;, litt. état autour
moellon
(csedere), ; il faut d'après cette étym. d'une chose, l'accompagnant; cfr. l'ail, um-
supposer à ciment le sons propre petits mor- : stand. —
D. drconstancier circonstanciel.
,

ceaux de pierres. — D. cimenter. CIRCONVALLATION, du L. circumvallare,


CIMETERRE, sdmitarra,e»p. cimitat'ra,
it. fortifier autour.
mot probablement oriental; on cite le persan CIRCONVENIR, L. circumvenire, qui avait
chimchir. Si, toutefois, le mot est de prove- déjà le sens métaphorique propre au terme
nance espagnole, dit Diez, l'explication de français.
Larramandi, par le basque dme-tarra,^'- celui CIRCONVOISIN, extension de voisin au
au fin trancliant ", pourrait bien être fondée. moyen de circu)n, autour; voy. l'ai't. drcon.
CIMETIERE, it. dmeterio, esp. cirnenterio, CIRCONVOLUTION, du L. drcumvolvere,
vfr. aussi chimentire, du L. ccemeteriian rouler, tourner autour.
(xoiy./3rïi'.t'/v), pr. lieu de repos. CIRCUIT, L. circuitus (circum-ire). On se
CIMIER, voy. cime. Ce même mot, employé sert parfois aussi du verbe circuir, = L.
comme terme de boucherie, a donné aux Alle- circu-ire.
mands leur ziemer. CIRCULAIRE, h.circularis; vcrhc circider,
CINABRE, it. dnahro, prov. cynohre, angl. L. circulari Primitif drcidus (dim. de dr-
:

cinnabar, ail. sinnoher, du L. cinnabaris cus), =


fr. cercle, ail. zirkel.
(zivvàSv -,t). CIRE, prov., it., esp. cera, du L. cera. —
CINÉRAIRE, L. cinerarius [àocinis cendre). , D. drcr, cirage, cirier.
1. CINGLER, autref. singler, esp. singlar, CIRON, vfr, siron, bourguign. soiron, BL.
vfr. sigler, du vha. segelen, nord.
naviguer ; sirio, siro, surio, flam. siere (hoU. sï'er), du
de».
sigla, faire voile, avec insertion vha. siurn, m. s.
2. CINGLER, frapper avec quelque cliose de CIRQUE, L. circus.
léger et de pliant (fouet, lanière). C'est le CIRRE, L. cirrus, boucle de cheveux.
même mot que sangler, qui s'emploie égale- CIS-, préfixe, signifiant en deçà, du L. cis,
ment pour fustiger. L'un et l'autre viennent m. s.

de cingle, sangle, qui représentent le cingu- CISAILLES, voy. ciseau. —


D. cisailler.
liim latin (voy. saiigle). Cingle signifiant la- CISEAU, cisel", esp. cincel, port, .nsel, it.
nière a produit le verbe cingler, comme fouet cesello, BL. dsellus, angl. chisel. L'étymo-
a donné fouetter, et it. stafple, étrivière, logie L. cœsus, coupé, est fort problématique.
^tafjilare, fouetter. Mieux vaut, d'après Diez, celle de sidlica
.

CLA — 108 CLA

(Pîante), petit instrument à couper; ce voca- le terme clarisonus)\ éclairer, éclaircir (v.
ble aura été altéré en sidIiccJIi<s, scilceUus, ces mots). Composé claiitoyant ; claire-voie,
:

d'où les divei-ses formes romanes citées. — D. anc. clairvoie (do voir ou de voie?) clairsemé, ;

cisailles (cfr. tenailles); ciseler, ciselct. CLAMEUR, L. clamor. L'ancienne langue


CISELER, -ET, voy. ciseau. se servait encore beaucoup de clamer, appeler
CITADELLE, de l'it. cittadella, dimin. de (angl. daim), d'après le !.. clamarc. De cla^
città = cité. mosus, criard, vient clameux, p. ex. dans
CITADIN, de Vit. cittadino, dér. àe città = chasse clameuse =
chasse bruyante.
cité; cp. citoyen. CLAMP, morceau de bois servant à jumeler
CITÉ, it. città, esp. ciudad, prov. ciielat, un mât; hoU., angl. clamp, ail. hlampe^
ciptat, angl. city, du L. civitàtem —
D. citoyen crampon (tous mots congénères avec l'allé

(v. c. m),
concitoyen. hlenimen, serrer, pi'csser).
CITER. L. ci tare; suhst. citation, h.citatio. CLANDESTIN, L. clandestinus (rac clam).
CITÉRIEUR, L. citerior (de citra, en deçà). CLAPET, petite soupape, ail. hlappe = cla«
CITERNE, L. cistenia. D. citemeau. — pet, valvule, languette (cfr. hlappen, Map"
CITHARE, L. cithara {x^xpo^), ail. nther. pern, faire du bruit, claquer, cliqueter),
Voy. aussi guitare. BL. clappa, trappe.
CITOYEN, vfr. citicn, citeen, prov. ciptadan, CLAPIER, dérivé du prov. clap, tas do
d'un type cimtadaniis (do civitais) ; cp. mi- pierres (d'où aclapar, entasser), BL. clapits,
toyen =
mitadanus, dér. de prov. mitad, fr acervus lapidum, hara cunirularia ; les ga»
moitié. rennes étaient formées d'abord au moyen do
CITRON, dér. du L. citrus (citronnier), d'où pierres superposées de manière à ménager dea
aussi citrin, -ique, -ate, et citrouille (v. c. m.). trous de retraite. Quant à clapv.s, les uns le
— D. citronnier. rapjwrtent au cymr. claj), clamp, masse, d'au-
CITROUILLE, parun ty\^c ritrucula (p. citri- tres au nord, hlaupp, roc.
cula), du L. citrus, citron, à cau.se de la cou- CLAPIR (dit du cri des lapins), de la même
leur. famille que clabaud, clajx>tcr.
CIVE, L. cœpa, oignon. — D. civet, anc. CLAPIR (SE), .se cacher, selon Diez, du L.
civé, pr. ragoût dans lequel il entre des cives; se clepcre, se dérober selon d'autres, le terme
;

civette,espèce d'ail. L. œ changé en /, so s'employant particulièrement des lapins, do


rencontre encore dans ciboule, ciment et clap (voy. clapier), donc pr. s'entasser. Du
pivoi7je. Cange pensait au BL. clappa, trappe, piège.
CIVETTE, chat mu.squé, it. xibetto, dbetto, CLAPOTER raiipelle l'ail, hlappen, angl.
angl. civet, ail. zibeth, bas-grec ^«Trirnv, de clap, clapper, tous verbes exprimant le bruit
l'arabe zabâd, zcbed, qui proprement signifie produit parle choc des corps.
écume ; l'animal a pris son nom do la .sécré- CLAQUE, mot onomatopée exprimant un
tion odorante qui le distingue. bruit .sec et éclatant, comme celui du coup du
CIVIERE, vénitien civiera, milanais jfcjucra, plat de la main ; cp. mha. hlac, néerl. hlak-
sont des formes dérivatives de l'it. civéa,civëo, hen, claquer, ail. klack (interjection) et klat-
traîneau à panier. On explique ce dernier par schen; cat. claca, babil, norm. claquard,
le BL. cœnovehum, charrette à tran.sporter le babillard. Clac, d'ailleurs, n'est qii'une va-
fumier, puis brancard, civière, mais cette éty- Tièié phonique de clap. — D. claquer, cla-
mologie est douteuse. D'autres proposent gueur, claquet ; claqueter, claquette; claque'
pour sens premier un engin à transporter des dent, misérable qui tremble do froid. Do —
provisions de bouche et pour étymon le L. la même espèce est l'ancien verbe cliquer,
cibus. retentir. L'expression clique, société de caba-
CIVIL, L. civilis; civilité, L. civilitas. — leurs, est tout à fait analogue à claque, réu-
D, civiliser. nion de claqueurs. —
Cliques et claques, expr,
CIVIQUE, L. civicus. —
D. civisme, néolo- populaire, =
l'ensemble des choses d'une
gisme; terminaison grecque appliquée à un maison, réunies bruyamment pour les enle-
radical latin. ver. L'ail, a le terme analogue ^erumpeZ, de
CLABAUD, propr. chien aboyeur, appar- rumpeln, faire du bruit.
tient, comme clapir, glapir, à la racine ger- CLAQUEMURER, dérivé du subst. claque^
manique, d'où Fall. klûffen, néerl. hla])pen, m,ur, « homme qui claque^ (tape, bat) le mur
suéd. glappa, faire du bruit, bavarder, aboyer. de sa prison, prisonnier (Meunier).
— D. clabauder. CLARIFIER, L. clarificare. D. clarifica^—
CLAIE, anc. cloie, prov. cleda, BL. clida; tion.
le type direct d'où vient claie est cleta (Gré- CLARINE, CLARINETTE, dér. de claii^
goire de Toui's a le dim. cletella). Le mot est (v. c. m.).^
celtique v. irl. clyath, cymr. cltcyd, même
: CLARTÉ, L. claritatem (clarus). En \îi\
sign. (irl. ia, cymr. wy et
sont des modalitésc aussi =
renommée.
vocales qui se correspondent). D. clayon, — CLASSE, L. classis. —
D. classique, L. cto»
clayonnage, cloyère (tiré de l'anc. forme sicus (qui est de la première classe) ; classer,
cloie) déclasser; classification.
CLAIR, L. clarus. —
D. clarté; clairet CLATIR, onomatopée d'une racine clat,
(angl. claret); clairière; clairon, BL. claro, exprimant un bruit, comme clac, clap; cp.
angl. Clarion ; clarine, clarinette (cp. en latin ail. klatschen, ni. hlateren.
CLl — 109 — CLO
CLAUDE, sot, imbécile; du nom de baptême cli7iicare. — D. clin (subst. verbal), cligne-
Claude ; cp. Benoit, Nicolas, etc., employés ment; dim. clignoter.
dans le même sens. CLIMAT, L. clima, gén. climatis {vtXiij.'x).

CLAUDICATION, L. cJaudicatio,de claudus, D. acclimater.
boiteux (voy. clocher). CLIMATÉRIQUE, du h.clhnactericusi^y.yiixxA
CLAUSE, pr. chose arrêtée, disposition, du de ^liixy.ATrip, échelon, puis les divers
z-npi.y.0:),

L. clausa, substantif participial de claudere, degrés de l'échelle de la vie humaine.


clore, conclure; c'est le primitif du dimin. CLIN, dans clin d'œil, voy. cligner.
clausula, it. clausola, fr. clausule, ail. hlau- CLINCHE, ou clenche, principale pièce du
sel. loquet, en Belgique cliché et clichette, pic.
CLAUSTRAL, L. claustralis, de cïaustrum cliquet; c'est l'ail, klinke, nôerl. hlinh,
= fr. cloître. loquet.
CLAVEAU, clavel, 1 . terme d'architecture, CLINCAILLE, voy. clinquant,
dér. de L. clavus, clou, le claveau étant taillé CLINIQUE, L. clinicus, gr. x),ivtzo; (de /iivvj,
en forme de coin 2. terme d'art vétérinaire,
; lit).

maladie des bêtes à laine, dér. de clavus, CLINQUANT, lorr. clinclant, prov. mod.
clou (la pustule étant comparée à un clou) clinca)i, soit de
l'onomatopée allemande
de là clavelée. —
D'autres placent le nom de
;

hli'>%ghlang, soit un part. prés, do clinquer =:


la maladie dans l'élément celtique gaél. : néerl. hlinhen, ail. klinken et hlingen, son-
clavar, teigne, gale. ner, tinter, rendre un son métallique. Les
CLAVECIN est tronqué de clavicymbalum, Allemands rendent clinquant \)a.v rauschgold,
nom donné d'abord à cet instrument (it. claoi- litt. or bruyant. —
Le subst. clincaille, dérivé
cembalo et (jravicembalo, esp. clavecimbano), du môme radical, et signifiant ustensiles de
composé du L. elaeis, au sens de touche mo- ménage en métal, s'est altéré en quincaille,
bile (d'où le mot clamer, ensemble des touches d'où qui7icaillier , quincaillerie.
ou clefs du clavecin) et de cymbalum, instru- CLIQUER, d'où clique, voy. claque. D, —
ment à forte résonance. cliqueter (d'où cliquetis), cliquet, cliquette.
CLAVETTE, dim. moderne, tiré de L. cla- CLISSE, vfr. clice (d'où le composé esclice*,
vis, clef. éclisse), du vha. kliozan, fendre. Pour vha.
CLAVICULE, voy. cheville. io = fr. i, cp. fr. quille du vha. Mol. D. —
CLAVIER, voy. clavecin. Clavier se repro- clisser.
duit dans l'ail, hlavier, devenu, dans cette CLIVER, de l'ail, hlieben, ags. cleofa^i,
langue, lo nom du clavecin. angl. cleave, fendre.
CLAYON, voy. claie. CLOAQUE, h. cloaca[d& cluere =:purgare).
CLEF, L. clavis (cfr. nef, de navis; grief, CLOCHE, BL. ctoca (viii" siècle), prov. cloca,
dey ravis). clocha. (En vfr. et quelques parties de la
CLEMATITE, gr. y.lY,;xy-~i^ii (de /.^vj^arî,-, France, on appelle aussi cloche ou cloque un
menue branche). large manteau do voyage c'est de là que les

;

CLEMENT, L. démens. D. clémence, L. Anglais ont tiré leur cloak.) Il y a lieu de


cleïnentia. douter si les formes germaniques ags. clucga, :

CLEPSYDRE, it. clessidra, du L. clcpsydra nord, hlucka, vha. clocca (ix" siècle) et glocca
m. s.
(^/lii'jù'.y). (ail. mod. gloche, angl. dock), ou les mots

CLERC, L. clcricus (/.)./; îi/.î',-), de clerus celtiques, irl. clog, cymr. cloch, sont les ori-
[/.Irto-ji), clergé; pr. appartenant ou aspirant à ginaux ou des reproductions du mot roman.
l'état e('clésiasti({ue,puis homme lettré, enfin On a donc proposé, pour ce dernier, diverses
homme do plume, greffier, commis, apprenti étymologies, telles que verbe fr. clocher (v.
:

(de là la locution ^xti- de clerc De clerc pro- . c. m.) à cause du balancement de la cloche,
cède le vieux mot clergie, condition de clerc, — ags. doccan, angl. cluck, glousser (cp,
doctrine, science. —
Le latin clericus a pro- classer , —
vha. klochôn, frapper, vha. —
duit subst. clericatus, d'où fr. clergé, corps hloppen, frapper, romanisé en cloppicare,
des clercs —
clericatura, fr. clericature
; ;
— d'où clocher. La dernière conjecture se re-
clericalis, fr. clérical. commande le plus à cause de l'existence du
CLERGÉ, voy. clerc. valaquc dépôt =
cloche. Cp. aussi ail. hlop-
CLÉRICAL, CLÉaiCATURE, voy. clerc. pel, battant de cloche. —
D. clocher, BL.
CLICHER, variété de cliquer; cp. en alle- clocarium clochette, clocheton,
;

mand terme équivalent ab-klatschen


le = CLOCHER, boiter, pic. cloquer, prov. clop-
cliclier,do klatschen, claquer. L'opération du char, vient ou du L. daudicare, m. s., ou, vu
clichage est envisagée comme se faisant avec la facture du mot provençal, d'un BL. cloppi-
le plat de la main. care, issu de BL. cloppus (voy. dopin), qui
CLIENT, L. cliens. —
D. clientèle, L.clien- parait tenir à l'ail, hloppen, frapper (en pre-
tela. mier lieu, comme klappen, produire un
CLIFOIRE, jouet d'enfant, voy. sous écla- bruit). Cette dernière explication gagne en
bousser. vraisemblance par le rapprochement de l'it.
CLIGNER, vfr. cliner, clinner, du L. cli zoppicare, boiter, zoppo, boiteux, qui se rat-
narc, incliner, baisser la paupière. Pour la tache à l'ail, schicppon, heurter, et celui du
forme cligner, cp. vfr. crigne, p. crine, L, vieux verbe français doper =
clocher (voy.
crinis ; la forme vfr, clingier accuse un type dopin). L'idée boiter se déduirait donc du fer
CLU — 110 — CGC

d'un cheval, qui s'est détaché et qui clapote CLYSOIR, du gr. xXû^tv, laver, qui est le
primitif aussi do xXuTTvi,*, pr. le nettoyeur,,
contre la terre, ou bien de l'effet de la clau-
dication, qui est de se heurter, de trébucher.
d'où fr. dystère. Du même x).û^!tv vient clyso^
— Cps. à clœhe-pied. pompe (pompe à laver).
CLOISON, du L. clausio cîosio, fermeture CLYSTÉRE, voy. l'art, préc.

(de claudere). Cp. poison de potio. D. cloi- — CO-, CON- (par assimilation devant les la-
biales con, devant 1, col, devant r, cor; de-
sonnage.
vant des voyelles co). Ce préfixe latin repré-
CLOÎTRE, angl. cloister, ail. kJoster, du L,
sente, comme on sait, la préposition cum,
claustrum, barrière, clôture. — D. cloîtrer.
avec. Nous n'avons pas à exposer ici les modi-
CLOPIN-CLOPANT, terme familier. Cette
fications de sens qu'il conférait en latin au
expression, comme le verbe ancien doper et primitif; les langues romanes ne s'en sont
son dérivé clopiner, tire son origine d'un guère servies comme élément de composition.
ancien adj. clop, boiteux, BL. cloppus (Lex On ne le rencontre, à peu d'exceptions près,
Alam.). Ce cloppus, à moins que l'on n'ap- que dans des vocables formés d'après un pré-
prouve l'étymologie aventureuse claudipes ou cédent latin. Quelquefois les composés latins
clodipes (de claudus et pes), ou bien celle du en question, en se romanisant, se détériorent
grec y^uioi7:o\j;, perclus du pied, doit provenir au point de ne plus laisser reconnaître la
du germanique hloppen, frapper (voy. clocher). particule latine, ainsi dans cailler, couvrir,
— De clop : l'adj. éclopé, boiteux, estropié.
coudre, coucher, cueillir, etc. Dans les cas
CLOPORTE, mot altéré de claiispoi-que,^Ycai
rares où le roman se sert de la particule
clusilis, porc enfermé. Cette étymologie se pour créer des composés, elle exprime asso-
confirme par le rapprochement des noms ciation (p. ex. coaccusé, compagnon, cond-
donnés à ces insectes dans différents dialectes :
toyen, confrère, combattre), entourage (coU'
en 'L&wgneàoc pourcelets, en \ia.\\G porcellini, tourner), ou renforcement [controuvei'). —
porceletti, en Anjou et Bretagne trées (truies;, Nous omettons dans co livre les mots de
à Lyon et en Dauphiné kaïons (cochons), en façon nouvelle, qui s'expliquent d'eux mômes,
Champagne cochons de saint Antoine. Les comme coaccusé, cfindjutcur et sembl.
Grecs et nommaient des petits
les Latins les
COACTIF, COACTION (L. coactio), dérivés
ânes, gr. L. asellus, d'où \a\\.assel
à-jlrAOi, = du L. coactum, supin de cogère (p. coagere),
cloporte). Cseliu s Anrelius, cependant, emploie contraindre.
àé]kporccUio. —
Bugge (Rom., IV, 353), se COAGULER, du L. coag^lare, qui s'est in-
fondant sur le nom actuel de cloporte dans le troduit dans le fonds populaire de la langue
prov. mod., porquet-de-crota, suppose comme sous la forme cailler (v. c. m.). D. coagu- —
forme première crote-porque (porc de cave, de lation .

grotte), d'où clote-porte {dota p crota se dit COALESCENT, -ENOE, du L. coalescere,


encore en prov.), d'où cloporte (cp., p. la con- Du supin du même
s'unir à, faire corps avec.
traction, champliire fr. chantepleure). La verbe, coalitum, le fr. a tiré coalition; so
:

forme dausporque (xvii^ siècle) parait être coaliser (par un tvpe fictif coalitiarc).
une interprétation ; on trouve, au xvi® siècle,
COALISER, COALITION, voy. l'art, préc.
douporte, dooporte. COASSER, L. coaxare (de /oiÇ, onomato-
CLORE, clorre',du L. claudere, daud'rc. pée) .

Du part, passé dausus : fr clos, employé à la COBALT, de l'ail, kobalt, m. s., sur l'ori-
fois comme adj. (« à huis clos, porte close »j gine dn([uel voy. Grimm, s. v.
et comme subst. dans le sens de « espace COCAGNE, it. cuggagna, esp. cucana, v.
fermé ». De
là les dérivés closeau, closet, clo- angl. cohaygne, signifie proprement une es-
sette, doserie. —
Composés de clore : éclore pèce de pain ou do gâteau ; de là l'expression
(v. c. m.), enclore, déclore. — 3:lore el en- pays de cocagne, pays où tout abonde, pays de
clore sont étymologiquement identiques avec délices, et les autres applications de ce mot. Le
exclure et inclure et tirés, sous l'influence du primitif est le mot cat. coca, pic. couque, gâ-
primitif dore, des formes latines includcre, teau (du L. coquere, cuire), qui a également
excludere. —
L'anglais a tiré sa forme dose donné l'ail, huchen, gâteau. Le v. angl. co-
du fréq. clausare. haygne parait être le primitif du mot actuel
CLOSEAU, CLOSERIE, voy. dore. cokney (anc. coheney), enfant gâté. Le —
CLOSSER, variété de glousser (v. c. m.), mot cocagne, pain conique de pastel, vient
CLOTURE, dér. de L. claudere par un su- du L. caecum, kermès.
pin barbare daustum; l'anc. langue employait COCARDE, it. coccarda, angl. cochade,
plus souvent closure (de dausum). D. clô- — wall. cockcid, dérivé probablement de coq, à
turer. cause de la ressemblance avec la crête de cet
CLOU, do, vrall. clâ, prov. dau. esp.
vfr. animal. Anciennement, cependant, le mot no
davo, chiavo, du L. clavus.
it. —
D. clouer, désignait pas un insigne porté au chapeau,
esp. clavar, Bl. davare; douter, garnir de mais un bonnet porté coquettement .sur un
clous, p. doueter ; doutier (cp. feutier de feu). côté de la tête ; Rabelais bonnet à la co-
:

Composes dédouer, enclouer. quarde. Ce dernier sens renvoie à l'anc. adj.


:

CLOYÈRE, panier à huîtres, dér. de cloie, coquart, vaniteux, fat. —


Ou cocarde tien-
ancienne foi'me pour claie (v. c. m.). drait-il à l'expression « coque de ruban " (ru-
CLUB, mot anglais. —
D. dubiste. ban plissé en nœud) ?
.

COG — m COG
COCASSE, étrange et ridicule, prob. dé- COCHER, anc. caucher, chaiicher, du L»
rivé de coq, comme coqicard, coquet. Jadis, on calcare, fouler, presser,
employait le mot pour coquille, mais, dans COCHET, dim. de coq.
cette acception, il est différent du nôtre et COCHEViS, alouette huppée, pic. coviot,
vient de coque. wall. coklivis (d'où Grandga-
fr. cochelivier).
COCATRIX, animal fantastique, espèce de gnage croit le mot français cochevis formé du
basilic, esp. cocotriz ; mot altéré du vfr. coco- wallon et analyse celui-ci en livi ( ags. te» =
drille, esp. cocotrix = crocodile. werk, néerl. leuwerik, alouette, d'où l'ail. ler~
COCCINELLE, nom savant de la bête à bon che) et cok, ce genre d'alouette étant, relative-
Dieu; du L. coccinus, de couleur écarlate (de ment aux autres, quant à la forme, ce que le coq
coccum, grain rouge). est aux poules. Mahn rapproche cochevis du
1. COCHE, vfr. coque, bateau, it. cocca, port, cotovia, alouette (esp. totovia) et en voit
esp. coca. La forme italienne se refuse àl'éty- l'origine dans le celtique bret. kodioch^
:

mblogie L. caudica, que Papias interprète D'après d'autres coklivis, cochevis représen-
par navicula. Diez le fait venir du L. concha, tent le cri de l'oiseau (Littré, suppL).
coquille, vase, et cite à l'appui it. cocchiglia, COCHON, porc, type de la malpropreté,
de conchylium, et le dim. vfr. coquet, qui si- voy. coche 4. De là cocho7iner (ce verbe si-
:

gnifie bateau et vase. On trouve également le gnifiait anciennement tuer un cochon pour
mot roman dans les idiomes germaniques régaler les amis), cochonnerie, -ode, -et.
et celtiques vha. koccho, dan. hogge, néerl.
: 1. COCO, fruit du cocotier, angl. cocoa, ail.

kog, cymr. cwch, bret. kohed. kokos ; on trouve déjà en gr. xojai. D. coco- —
2. COCHE, voiture couverte, surtout grande tier.
voiture de transport en commun, it. cocchio, 2. COCO, terme de caresse ou de moquerie,
esp. coche, angl. coach, ail. hutsche, néerl. prob. p. cocot et dér. de coq; cp. cocote.
koets. La forme italienne favorise l'étymologie 3. COCO, sorte de boisson d'origine in-;

L. conchulus, petite coquille, ou cochlea, co- connue.


quille de limaçon. La dérivation du hongrois COCON, dér. de coque. —
D. coconner.
hotczy fvalaque code, albanais cotzi, bohémien COCOTE, poule, dér. de coq.
hotsch) ne s'accorde pas avec l'it. cocchio, bien COCTION, L. coctio (coquere). Coction est la
qu'elle s'appuie d'un passage d'Avila où il est représentation savante du mot latin la vraie ;

dit que Charles-Quint se mit à dormir dans forme française est cuisson.
une voiture couverte " al quai en Hungrialla- COCU, variété du mot coucou. Par anti-
man coche, el nombre y la invencion es de phrase, on a appliqué au mari trompé le nom
aquella tierra » Diez est donc d'avis que fr.
. de l'oiseau qui pond ses œufs dans le nid d'au-
coche vient de l'it. cocchio, comme niche de trui. Encore n'a-t-on pas besoin d'admettre
nicchia. —D. cocher; porto coc/iére. une antiphrase, si l'observation du scoliaste
3. COCHE, entaille, prov. coca, it. cocca, Acron(ad Horat. Sat. VI, 7) est juste « Cucu- :

angl. coch. Probablement d'origine celtique ; lus avis hoc vitio naturali laborat, ut ova, ubi
le gaél. a sgoch, m. s., le breton coch. Le mot posuerit, oblita, ssepe aliéna calefaciat ». Le
désigne particulièrement l'entaille faite à l'ar- cocu de même nourrit des produits étrangers
balète pour arrêter la corde ou à la flèche L'étymologie ci-dessus est appuyée par 1©
pour l'assujettir à la corde. De là les verbes vieux substantif coies, celui « de qui sa femme
encocher et décocher. fait avouterie » (adultère), comme dit le Père
4. COCHE, truie, primitif de cochon (v. c. Labbe. Cous reproduit le BL. cugus (avec
m.), esp. cochina. Coche ayant d'abord si- conservation de 1'^ nominatival), altération de
gnifié l'animal châtré, ce mot pourrait se rat- cucus (Isidore) et primitif de cuculus, coucou.
tacher au précédent signifiant entaille. Diez De ce cucus dérive BL. cucucia, adultère de
rapproche, pour justifier ce rapport, l'esp. la femme, et cucuciatus, mari trompé (prov.
carnero, mouton, et le piémontais crina cogotz). Malgré le crédit dont jouit cette
(truie), qu'il rattache à L. crena, entaille. Il . étym., qui convient, en effet, au prov. cogul,
repousse comme primitif le cymr. hwch, bret. cat. cugul, esp. cuquillo, cuclillo, elle sou-
hoc h, houe' h, cochon (d'où l'angl. hog). Littré lève de graves difficultés phonétiques en ce
observe que la signification première d'ani- qui concerne le fr. cocu, qui ne peut s'accor-
mal châtré, prêtée à coche, n'est pas consta- der ni avec le L. cucus, ni avec cuculus. Aussi
tée et que l'origine celtique a plus de vrai- bien que la forme prov. cucut (fém. eue ida),
semblance [h aspirée changée en c dur). Le cocu accuse un type lat. cocutus et un radical
hongrois a kotza, l'illyrien kutsitza. D. co- — coq. Or, en présence des termes synonymes
chon (v. c. m.). champ, coquard, coquillard, ail. hahnrei
COCHENILLE, it. cocciniglia, esp. cochi- (qui, sans aucun doute, comme l'a démontré
nilîa, dérivés du L. coccinus (coccum), cou- Grimm, est un composé de hahn, coq), angl.
leur d'écarlate. Voy. aussi coccinelle. L'esp. kuckold (= koke-wold), on ne saurait mécon-
cochinilla signifie aussi cloporte, mais, en ce naître dans cocu, un dérivé de coq, l'animal
sens, il est distinct de notre mot et vient de jaloux par excellence le cocic, c'est celui qui
;

cochino, cochon (voy. cloporte). Le vfr. cou- se trouve placé dans la position du coq lésé
chille est le diminutif de L. coccum. D. — dans ses droits de mari. C'est par une méta-
verbe cocheniller. phore analogue, tirée d'un animal tout au.ssi ar-
COCHER, subst., voy. coche2. dent et jaloux que le coq que l'on a qualifié le

COI 112 COL

mari trompé de cornard ou porte-cornes (gr. libéré, dégagé » ; Lex Longobardorum : sit
y.-paricc;, x-p-xvfdpoi). Cette explication étym. quietus '=sit absolutus. Dans cette acception,
de cocu par coq, que j'ai dubitativement on lui trouve la forme spéciale quitus. Do là
émise dès 1861, a fait l'objet d'un long et sa- viennent les adj. vfr. quite, cuite, auj. quitte,
vant article de M. Brickmann dans ses « Meta- prov. quiti, esp. quito, ail. quitt, et les verbes
phern » (1" vol., pp. 521-533). D. co- — esp. quitar, libérer, élargir, enlever, fr. quit-
cuagc, cocnficr. —
On voit l'adj. coci« appli- ter, renvoyer quitte, exempter, lai.sser aller,
qué au sens de cornu à certains objets abandonner, it. quitare, chitare, céder son
{heaume, pain, chaudron); peut-on admettre droit.
que la synonymie de cocu avec cornu au sens COIFFE, it. cuffîa,scuffia, esp. cofia, escofia,
figuré se soit transférée au sens propre? port, coifa (anc. cscoifa), angl. coif, BL. cofca,
CODE, du L. codex, m. s. (pr. assemblage cofia, cuphia. Comme l'original de ce voca-
de planchettes à écrire, puis manuscrit, re- on a proposé 1 l'hébreu hobha, kova,
ble : .

gistre), it. codice, esp. codigo. —


D. codicille, casque, mais la facture du mot s'y refuse; 2.
L. codicilhis; néolog. codifier, -fication. ail. hauhe, néerl. huif, mais le durcissement

COEMPTION, L. coemptio. de h initial en c dur ne se produit dans aucun


COERCITION, COERCITIP, du L. co-erccre, appellatif roman; 3. vha. kuppa, kuppha,
forcer, vfr. coercer. Au lieu de coercition, on kuphya =• mitra. Cotte dernière étyiuoldgic,
a coerdon.
disait anc. cohertion; l'angl. mise en avant par Diez, est la plus probable,
CŒUR, it. cuore, prov. cor, L. cor. D. — celle qui concorde le plus avec le BL. cuphia.
courage; écœurer. —
La locution par cœur Toutefois, ces vocables germaniques eux-
rappelle l'expression prov. et esp. dccorar, mêmes sont des emprunts faits au latin ;
apprendre ou réciter par cœur. Autre — huj)pa, huppha
représentent le L. cuppa,
combinaison contre-cœur, anc. subst..
: = vase, gobelet, fr. coupe. Pour le rapport logi-
dépit, répugnance, d'où la locution adver- que entre coupe et coiffe, cp. h.galea, casque,
biale à contre-cœur.
: etgaleola, vase, et le vfr. bacin, prov. bassin,
COFFRE, it. cofano, esp., prov. cof7'e, angl. signifiant aussi heaume. —
D. coiffvr, -eur,
coffer; dans le sens de panier ou étui, osp., -urc; décoiffer.
prov, cofin, fr. coffin (l'angl. coffin signifie COIN, vfr. coing, it. conio, esp. cima, cuno,
cercueil). Toutes ces formes reproduisent le angl. quoin, coin, du L. cuneus, coin à fendre
L. cophinus (xo^ivo;), panier. D. coffrer — le bois, BL. =
angle. —
D:cog7ier (v. c. m.],
(emprisonner); coffret, coffrctier, encoffrer. encogner; cognée (v.c.m.); quignon (v.c.m.);
COGNAC, cau-de-vie, de Cognac, ville de recoin.
Finance, département de la Charente, où se
fabriquent les eaux-de-vie les plus renom-
COÏNCIDER, mot savant formé de co cum =
-\- incidere (rad. cad-ere), tomber sur, surve-
mées.
COGNASSE, voy. coing. —
D. cognassier.
nir. — D. coïncident, -ence.
COING, anc. cooing, prov. codoing, it. coto-
COGNAT, C06NATI0N, L. cognatus, -atio.
gna, du L. cotonia, forme accessoire de cydo-
COGNÉE, vfr. 5!(?^;i2>;répondàBL.cj<nea/a,
nium ou -a (zuJwvtîv), fruit nommé d'après la
dér. de cuneus, coin à fendre le bois.
COGNER, fendre ou frapper avec un coin,
viUe do Cydon dans l'Ile de Crète. D. —
cognasse, coing sauvage, coudoignaç' , coti-
se heurter contre un coin ; dér. de coin, vfr.
coing =
L, cuneus (cp. L. cuneare). Voir
gnat', auj. cotignac, confiture de coings.

aussi cognée. COION, poltron, lâche, prov. colho, it. co-


COHABITER, L. cohahitare (St. Aug.). glione, esp. cojon, angl. cuUion; par anti-
COHÉRENT, L. cohœrens; subst. cohé- phrase du L. coleus, testicule. D. coton7ier, —
rence, L. cohœrentia. La langue a conservé colonnade.
adhérer, pourquoi repousse-t-elle cohérer pour COKE, mot anglais sign. charbon désoufré,
rendre le L. cohœrere, qui dispenserait de COL, forme antérieure à cou et coexistant
bien des circonlocutions? L'allemand traduit encore avec cette dernière, mais pourvue
fort bien le mot latin par zusammenhânge^i. d'acceptions spéciales, du L, collum. D, —
COHESION, L. cohœsio (cohœrere). collier, L. coUarium; collet, collerette-^ colée',
COHORTE, L. cohors, -tis. coup sur le cou; accoler; décoller, -atio7i;
COHUE, BL. cohua, anc. halle de marché, encolure.
aussi lieu où siégeaient certains petits tribu- COLAS, homme stupide; abrégé de Nicolas.
naux. Probablement, d'après Diez, le sub- COLATURE, L. colatwa, de colare, couler.
stantif verbal d'un verbe co-huer, crier en- COLBACK, du turc halpàh.
semble. Voici
qu'inventa Ménage pour
ce COLERE, it. collera, du L. choiera {yorip%),
sortir d'embarras L. convocium, ensemble
: maladie bilieuse, choléra, plus tard bile. ^
de voix, convocum, convoca, coûoca, coiia, Notez l'emploi adjectival de colère, analogue
cohue ! à celui de chagrin. —
D. colérique. Colère —
COI, autr. quei, quoit (de là encore le fém. était remplacé en vfr. par ire (L. ira) ou par
coite), it. cheto, esp., port, quedo, du L. qicie- cole(— gr. yolYi, bile) joint aux adject, 7nale
tus, tranquille. De quietus, par quietiare, ou chaude.
vient le verbe coiser (cp. hausser de altus) et COLIBRI, mot de la langue des Caraïbes.
le composé aquoiser, apaiser. — Au moyen COLIFICHET, composé de col, et fichet,
âge l'adj. quietus avait pris l'acception « libre, donc pr, chose petite attachée au cou en
,

COL 113 — COM


guise d'ornement; cp. afflquet. D'autres pré- compagnie (de colligere, réunir). — D. collé-
tendent que ce mot signifiait d'abord des gial; collégien.
petits morceaux de papier ou de carton repré- COLLÈGUE, L. collega.
sentant des images et collés sur du bois, et COLLER, voy. colle.
expliquent le mot par fichés (fixés) à la colle. COLLERETTE, dimin. de collier, voy. col.
COLIMAÇON, d'un type latin cochloUmax, COLLET, dim. de col. L. colleter, pren-—
limaçon à coquille? Cochlo représenterait le dre au collet ; se décolleter, pr. ôter son col-
grec /.dy}oi =
concha, d'où L. cochlea, lima- let. —
D'après Roulin, il faut séparer l'ex-
çon. —Pour la chute de la syllabe lo dans le pression collet de buffle, sorte de pourpoint,
{jT^ecochloUmax cp. idolâtrie p. idololâtrie
,
où collet se rattache à L. culeus, sac (voy.
matin p. maiuthi. —
Darmesteter, alléguant Littré, suppl.).
les formes pic. et norm. calimachon, à côté COLLIER, voy. col. —
D. collerette.
de.resp. limichon et limachon, voit dans l'élé- COLLIGER, mot savant, du L. colligere, 'qm
ment co la particule péjorative cal, ca. est également le type du verbe cueillir.

COLIN -MAILLARD, de Colin, nom d'iiomme, COLLINE, it. collina, esp. colina, du L.
et maillard, qui paraît, comme tnaillot, être collinus, adjectif tiré de collis (it. colle), col-

dér. de maille, filet, tricot. line.

COLIQUE, L. colica (xcoitz/î), dér. de xw/ov,


COLLISION, L. collisio, rencontre, choc (de
collidere, se heurter).
intestin.
COLIS ou de l'it. colli, plur. de collo
coli,
COLLOCATION, L. collocatio, placement.
au sens de charge, ballot de marchandise.
COLLOQUE, L. colloquium, entretien.
COLLABORER, L. collaborare. COLLOQUER, L. collocare, placer; forma-
tion savante, car du même verbe latin le fr. a
COLLATÉRAL, BL. collateralis, « qui ad
fait coucher (v. c. m.).
iatus est alterius, socius, amiciis. »>

COLLUDER, L. colludere; subst. collusion,


COLLATEUR, L. collator (qui confère).
L. coUusio adj. collusoire, L. collusorius.
;

COLLATION, L. collatio [conferre), signifie COLLYRE, L. collyrium [y.oll-ljpi.ov).


conformément au latin : 1 . action de conférer ;
1, COLOMBE, pigeon, L. columba. Du
2. action de comparer (d'où le verbe colla-
masc. columbus, le fr. a fait le masc. colon*
tionner). Une
troisième signification s'y est coulon (it. Colombo, prov. colomb). D. co- —
attachée, celle de repas léger. En voici l'ori- lombier, L. columbarium colombin, L. co- ;

gine la plus accréditée, telle que l'expose Du lumbinus.


Cange « : A
collationibus monasticis (confé-
2. COLOMBE, grosse soli%'^e, anc. = co-
rences, lectures de moines), qui bus finitis ad lonne, du L. columna, prov. colompna. —
bibitionem ibatur, serotinee cœnae collatio- D. colombage, colonnade; colombelle, en
num, appellationem sortitse sunt. » Collation typographie, le filet qui sépare deux colonnes;
serait ainsi un rafraîchissement pris à l'issue colombette, champignon.
d'une conférence ; le terme a élargi ce sens COLON, L. colonus (de colère, cultiver).
primordial et a fini par passer du couvent COLON, gr. xûXov, membre du corps, et
dans le monde. D'autres, à tort, pensons-nous, particulièrement un des intestins.
ont vu dans la collation un pique-nique, pour COLONEL, vfr. coronel, esp. coronel, de
lequel chacun contribue (« confert ") sa part. l'it. colo7iello, chef de la colonne. Colon- —
Cette explication pourrait au besoin s'autori- nelle =
première compagnie d'un régiment.
ser du terme BL. confertum, compotatio, = — L'étymologie corona, couronne, est fau-
festin à écot. En it., pour le sens repas, la tive coronel est une modification euphonique
;

forme savante collazione s'est modifiée en cola- de colonel. Les Anglais, tout en écrivant
zione, colezione, -izione, ce qui a fait surgir colonel, prononcent queurnel.
l'îdée que le vrai type latin est colationem, = COLONIE, vfr. cologne, colonge, du L.
bouillon, soupe (cp. souper do soupe); voy. colonia (dér. de colonus). —
D. colonial, co-
Canello, Arch. glott. , III, 401. A cette expli- loniser.
cation, Suchier (Ztschr. IV, 183) objecte fort,
COLONNE, vfr. colombe, L. columna. —
bien que l'it. colazione ne s'est jamais appli- D. colonnade, -ette.
qué à un mets déterminé ; on n'y voit jamais COLOPHANE, anc. colophone, du L. colo-
prendere ou mangiare colazione, mais tou- phonid, résine de Colophon.
jours far colazione. COLOQUINTE, gr. mIoaù-^^-.,, citrouille.
COLLE, L. colla {/t.6\l%). — D. coller, dé- COLORER, L. colorare (color).
coller, encoller. COLORIER, COLORIS, voy. couleur.
COLLECTANÉES, recueil de différentes piè- COLOSSE, L. colossus (xsXoîîo,-). D. —
ces, L. plur. collectanea. Cp. m,iscellanôes. colossal.
COLLECTE, BL. collecta, subst. participial COLPORTER, de col -\- porter, litt. = collo
du verbe colligere, recueillir; cp. quête, subst. gestare. — D. colporteur, -âge.
partie, de qucerere. Collecte est la forme sa- COLURE, gr. xoUuDOi.
vante de cueillette. — D. collecter, -eur. COLZA, colzat (Richelet), du flam. kool-
COLLECTIF, L. collectivus. saed, semence de chou cp. en ail. rubsamen
;

COLLECTION, L. collectio. — D. collec- = colza, litt. semence de raves.


tionner. ^
COMBATTRE, it. combattere, esp. comba-
COLLEGE, L. collegium, association, corps. tir, voy. battre. C'est un des rares exemples

8
. .

COM 114 — COM


où le français fait application de la particule De « commission n le sens s'est étendu à
prépositive con {cum). — D. combat. « petite réunion ».
COMBE, vallon, gorge, prov. comba; sans COMMANDER, L. commendare (mandare),
doute le même mot que prov. comb, esp. confier, tran.^mettre recommander, puis,
,

combo, courbé. On trouve en BL. cicmba, dans la basse latinité, =


ordonner, enfin
comme nom géographique, dès 631 ; quant à avoir le droit de commander, dominer. D. —
son origine, les uns le tirent du BL. cumba commande(it. comando, vfr. cornant), comman-
p. cyynba (xû/xSjj), barque (le point de rapport dement ; commandant, commandeur, -crie;.
serait la concavité), les autres du cymr, cicm, par un singulier métaplasme it. commeii- :

vallée, breton comb. Diez oppose à cette der- dita d'où fr. commandite, d'une forme latine
nière étymologie que cwm laisse le h de la com,mendire, cfr. le subst. vfr. comandie et
forme romane inexpliqué et que le breton commandise. —
Cps. recommander, qui,
comb pourrait être emprunté au français ; il malgré le 7-e intensitif, exprime une action
conjecture donc pour type L. côncava, qui, moins intense que le simple commanda'.
par la chute de la syllabe atone ca, a réguliè- COMMANDITE, voy. l'art, préc. D. com- —
rement pu produire comba ; il rappelle sur- manditer, -aire.
tout les expressions usuelles du BL. « côn- COMME, come, esp., port, como, prov.
it.

cava vallium, concava montium «•. Cette opi- et vfr. cotn, citm,forme tronquée du L. quo-
nion est contestée en faveur de cymba, par modo. Joint à l'élément adverbial ment, com
Storm, Rom. V, 175. est devenu prov. cornent, fr. comme7it. L'ex-
COMBIEN, p. com bien [com =
comme, et plication de comment par quomodo indc [com
bien dans le sens de multuw), donc qnam ent) est peu probable. Voy. pi. loin l'art.
rnidtum, cp. ail. vne tiel, angl. hovomuch. comment. —
Le comme français exprime, do
COMBINER, L. combinare [Uni, deux). — mémo que le vrie des Allemands, aussi bien
D. combinaison. des rapports de comparaison que des rapports
1 COMBLE, substantif, it. , esp. colmo. Pour de temps ou de causalité. Les formes des lan-
l'étymologie de ce mot, on peut balancer entre gues it., esp. et port, défendent do ratta-
L. culmen, -inis (BL. culmus), faite, sommet, cher le mot dans cette dernière fonction au
et L. cumulus, tas, amas, surcroit. Le sens latin cum.
et la forme permettent l'un et l'autre ; toute- COMMÉMORATION, -AISON, L. commemo-
fois, d'un côté la forme colmo fait pencher ratio. — Ni'ol. annmémoratif.
pour culmen, de l'autre le français comble COMMENCER, it. cominciarc, esp., prov.
pour cumulus, qui, au moyen âge, signi- comcnsar, d'un type latin cum-initiarc (ini-
fiait aussi faite, comble. C'est évidemment tium). Dans le Milanais, on emploie le mot à
cumulhs qui a donné le port. c<!mioro,
• l'état simple (sans cum) insa L. initiare. =

:

combro, tas de terre, BL. combrus, prov. D. commencement.


cômol, tas, ainsi que les composés fr. en-com- COMMENDE, it. commenda, subst. verb.
bre et décombre. On peut aussi distinguer du L. commendare. —
D. commendataire,
entre comble, mesure qui déborde, haut BL. commondatarius.
degré, et comble, faite, en ramenant le pre- COMMENSAL, BL. commensalis, compa^
mier à cumulus, le second à culmen, par gnon do tahlo (L. mensa).
l'esp. cumbre (p. culmbre). —
D. combler, it. COMMENSURABLB, mot scientifique, de
colmare, esp. colmar, L. cumulare. Le latin cum (préfixe de corrélation) et mensiirare,
cumulare s'est reproduit aussi sous la forme mesurer.
savante cumuler. COMMENT, voy. comme. —Cornu (Rom..
2. COMBLE, adjectif, tiré du verbe com- X, 216) repousse aussi bien l'explication
bler de la même manière qui a produit lâche étym. de cet adverbe par quomodo -j- mente
de lâcher, trouble de troubler, à Genève (Diez) que celle par quomodo -\- ent (Littré).
gonfle, enfle =^ gonflé, enflé. Il démontre l'origine qua mente. L'a de qua

COMBLER, voy. comble 1 s'est changé en u (la plus anc. forme est

COMBUSTION, L. combustio, du supin


cument) ou o sous l'influence des deux la-
combustum (comburere), dont biales (w et m). G. Paris conteste cette expli-
est tiré aussi
l'adj. cotnbustihle. cation en note de l'art, de M. Cornu, et l'ét. de
COMÉDIE, L. comœdia (/«/i«5ta). — D.
Littré lui parait encore la meilleure.
COMMENTAIRE, L. commentarius.
cotnédien.
COMESTIBLE, BL. comestibilis (Isidore),
COMMENTER, L. commentari.
dér. du L. comestum, supin de comedere COMMERCE, L. commercium, trafic, puis
manger; formé à la façon de combustible. en général relation sociale. D. commer- —
cer, L. commerciari (d'où commerçant) com,-
COMETE, L. cometa {xo^riz-m, de x6/iri, che-
;

velure). mercial.
Notez le changement de genre du
latin au français, dans ce substantif,
COMMÈRE, BL. commater (qui est mère de
comme société avec une autre,
dans planète. cp. compère), prov.
comaire, esp, cotnadre, it, comare [-atre,
COMICES, du
COMQUE,
plur. L. comitia (cum-ire).
L. comicus (/w/xi/o;).
-adre). —
D. com.mérage.
COMMETTRE, L. committere, litt. mettre
COMITE, de l'angl. committee, tiré lui- ensemble, d'où les sens pi'époser qqn. à une
:

même du L. committere, déléguer, commettre. afiaire ou confier qqch. à qqn., mettre ei>
,

COM — 115 — COM


mauvais rappoii, compromettre, exposer; viendrait mieux, c'est un type compaginus
dans « commettre une faute », sens déjà clas- (de compingere, réunir), analogue à compa-
sique, committere se rapproche de permittere gina, réunion (iv" siècle), mais l'explication
et exprime au fond l'idée de laiss t aller, ne par pa)}is satisfait complètement.
point retenir. A ce verbe se rattachent les COMPAGNIE, COMPAGNON, voy. com-
substantifs commettant, coinmis (L. com-
: pagne. ^
missus, préposé à); commise, commissaire, COMPARAITRE, du L. comparescere tan-
commission, 1 action de commettre, de pré-
. dis que la forme comparoir reproduit le
poser, de confier 2. objet de cette action ;
; L. comparere. —
De comparens, fr. compa-
3. ensemble des personnes commises. rant ; de comparitio, fr. comparution, forme
COMMINATOIRE, L. comminatorius* (de vicieuse p. comparition.
com,m,inari, menacer}. COMPARER,L. comparare (de par, égal.
COMMIS, pr. chargé d'une affaire, voy. comparer, pr. égaliser, signifiait com-
'EiQ.vîv.,
com,m,ettre. penser, payer, expier). —
D. comj^araison
COMMISÉRATION, L. commiseratio, pitié. L.-atio; -able, L. -abilis; -atif, L. -ativus. —
COMMISSAIRE, voy. commettre.— D.com- Le com,parare latin, homonyme du précédent,
missariat. composé de parare, et signifiant acquérir, se
COMMISSION, voy. commettre. — D. com- procurer, s'était conservé dans l'ancien com,-
missionner, -aire. parer, acheter (aussi comprer), qui corres-
COMMISSURE, L. commissura, jointure. pond à esp., port, et prov. comprar, it. com-
COMMITTIMUS, mot latin signifiant " nous prare et comperare.
commettons ». COMPAROIR, voy, comparaître.
COMMODE, adj., L. commodus-. — D. com- COMPARSE, dans le principe un terme de
mode (subst., meuble); commodité, L. com- carrousel exprimant l'entrée des quadrilles.
moditas; incomm,ode. Le sens propre est apparition, car il vient
:

COMMOTION, L. commotio (com-movere, de l'it. comparsa, action de paraître, puis, en


vfr. commouvoir). sens concret, figurant de théâtre, subst. par-
COMMUER, L. commictare. — D. com- ticipial de comparire ; comparsa est un dou-
m.uable. blet de comparita.
COMMUN, L. com,munis. D. commune — COMPARTIMENT, subst. du vfr. compar-
(cp. en ail. gem,einde, de gem,ein); com,m,u- tir,L. compartiri, distribuer, diviser. La ter-
nal, d'où communaltc* com,munauté; L. minaison n'est pas d'accord avec département,
communio, communion, 1. communauté;
fr. appartement (cp. sentiment et conseniemcHf).
2. participationau sacrement de l'eucharistie ; COMPARUTION, voy. comparaître.
L. communicare (en t. d'église, prendre part COMPAS, it. compasso, esp. compas, angl.
à la communion), d'où fr. 1 communiquer : .
compass ; d'après Diefenbach, du cymr. cwmp
(mot savant); 2. communier. =^ cercle, cwmpas = circuit (cp. en ail. zirkel
COMMUNAL, -AUTÉ, voy. commun. = cercle et compas). mots celti-
Maigre ces
COMMUNIER, pr. rendre ou être partici- ques, Diez, partant du sens primitif du vfr.
pant, voy. commun. Cps. excom,m,imier. — et prov. compas, savoir « pas égal « propose ,

COMMUNION, voy. commun. l'étymologie L. com-passus. (On trouve le


COMMUNIQUER, voy. commun. D.com- — verbe compasser, tenir pas égal, marcher au
municable, -ication, -icatif. pas, mis en opposition avec trespasser, ne
COMMUNISME, -ISTE, néologismes, tirés pas aller au pas, marcher outre, c.-à-d. pren-
de commun. dre les devants.) De cette première accep-
COMMUTATION, L. commutatio (commu- tion découla celle de mesure, juste mesure,
tare). régularité, puis d'instrument à mesurer. —
COMPACITÉ, V. l'art, suiv. D. compasser, faire selon la règle, etc. ; part.
COMPACT, L. compactus (part, de com- compassé, régulier, mesuré.
pingere), resserré, pressé. Les physiciens ont COMPASSION, L. compassio, pr. souffrance
tiré de cet adj. le mauvais subst. compacité; commune [cum-passio, cp. l'ail, mit-leiden).
il fallait, d'après les règles de l'analogie, com-
COMPATIR, com-patiri, litt. souffrir
L.
pactité.
avec; de là l'adj.-part. compatissant, d'où
COMPAGNE (fém.), vfr. compaing (masc),
compatissance (néolog.). De là aussi l'adj.
it.com,pagno, esp. compaho, ail. kompan;
compatible d'après un type compatibilis --- qui
d'un latin barbare cum-panio, qui mange le
peut être toléré, qui peut s'accorder avec un
pain avec [depanis, pain), donc commensal; = autre; p. ex. compatibile beneficium i. e.
composition analogue au vha. gi-mazo oxxgi-
quod potest cum alio possideri.
leip (de gi =
L. cmot, et resp. mazo, nour-
COMPATRIOTE, BL. compatriota [cum +
riture, et leip, pain). — D. compagnie (angl. patria), cfr. gr. (Tu//7ro)£r/7;, et fr. concitoyen.
com.pany); com.pagnon (qui en réalité n'est
COMPENDIUM, subst. latin, signifiant
que la forme du cas-régime de l'anc. com-
paing) ; compagner fréquenter, et accompa- épargne, action d'abréger.

,

gner. L'étymologie com.-paganus, « qui est COMPENSER, L. compensare, pr. contre-


du même pagus, du même pays », bien que balancer, équilibrer. —
Cps. récompenser.
patronnée de nouveau par Grimm, est insou- COMPÈRE, it. compadre, com-pare, BL.
tenable ; il faudrait compayen. Ce qui con- compater, 1. parrain d'un enfant, relative-
;
,

COM — 116 — COM


ment au père marraine, cp. ail. gc-
et à la tif du mot roman complot, d'où vient-il ?
vatter, D. compérage.
sodalis, amicus. — D'après Wcdgwood, c'est une forme parallèle
2.^

COMPÉTER, appartenir, revenir de droit, de plat. —


Il est bon de noter que comj)lot se

du L. conqjetere, m. s. (depeterc, au sens do présente en vfr. aussi avec la valeur de foule


tendre vers). De là compétent, L. compe- et de bataille. —
D. comploter.
tens, qui convient, d'où compétence. Au — COMPONCTION, L. compunctio, de com-
même L. competere, dans son sens actif de pungi, pr. être picjué, blessé, fig. être tour-
rechercher ensemble et concurremment, se monté par les remords de la conscience.
rapportent les subst. compétiteur et compéti- COMPORTER, du L. comportare, mais, en
tion, L. competitor, -itio. latin classique, ce composé signifiait trans-
COMPILER, L. compilare, pr. ramasser porter plusieurs choses à la fois ou vers lo
pièce à pièce, puis piller. même lieu, tandis que le mot français a pris
COMPLAINDRE', extension de plaindre, l'acception 1 porter en soi matière à, don-
plaindre avec sympathie, angl. complain. — : .

ner lieu à; 2. au réfléchi, se conduire, cp.


D. complainte, \a.menisXioï\, chanson lugubre. L. se gerere, ail. sich betragcii.
COMPLAIRE, L. com-placere. D. com- — COMPOSER remplace le latin componere,
plaisant, qui cherche à complaire ; complai- voy. poser. — Cps.
dé-, recomposer.
sance. COMPOSITE, terme savant, L. compositus.
COMPLANT, t. d'agriculture, de complan- La vraie forme française do ce participe est
ter,planter on masse, comme plant de planter. compost, mélange de terre, de fumici-s, etc.
COMPLÉMENT, L. complemcntum (com- (en angl. =
engrais); au fémmin, composte',
plerc). —
D. complémentaire. compote, propr. mélange (it. composta).
COMPLET, L. complétas. D. compléter. — COMPOSITEUR, -ITION, L. compositor,
COMPLEXE, L. complexus, part, do com- -itio. —Forme syncopée composteur. :

ph'cti, enlacer, embrasser. D. complexité. — COMPOST, voy. composite. —D. comp)OS-


COMPLEXION, L. complexio, assemblage, ter, fumer les terres, anc. aussi sophistiquer
arrangement; le mot s'applique en français à le vin.
l'ensemble des propriétés phj^iques, disposi- COMPOTE, voy. composite. — D. compo-
tion générale. En anglais, ce mot a rétréci tier.

cette signification de constitution, temi)éra- COMPRÉHENSION, -IBLE, L. comprehen-


raent, à celle de teint. sio, -ifn'lis.
COMPLICE, it., esp., angl. complice, du L. COMPRENDRE, L. comprehendcre, corn-
complcx, -icis,ou strictement d'un type corn- proulerr.
plicius, litt. impliqué dans la même affaire, COMPRESSE, subst. verbal de compresser*
D. complicité. (du L. roi/ijjrt'ssiis, serré).

COMPLIES, prov., cat., esp., port, complé- COMPRESSION, L. compressio (compri-


tas, compieta, du BL. complétée, officium
it. mero).
ecclesiasticum quod cœtera diurna officia COMPRIMER. L. comprimerc.
complet et claudit. COMPROMETTRE, L. compromitterc ; le la-
COMPLIMENT, it. complimento (prov. com- tin exprime l'engagement pris par divers
pr.
pUm,en, achèvement), officiosa urbanitas, ci- intéressés réunis à s'en rapporter au juge-
vilité,du L. complere, au sens de officium ment d'un arbitre ; le mot fr. a développé en
exsequi, rendre ses devoii's, cfr. it. compier outre le sens (Je mêler quelqu'un dans une
voti, effectuer ses vœux (angl. cmnply, s'ac- affiiire, en l'exposant à l'une ou l'autre at
commoder). L'it. a, pour L. complere, outre teinte, de là l'acception exposer, mettre en dan-
com,piere, la forme compire, faire son devoir, ger. — D. compromis, BL. compromissum.
se rendre obligeant. La forme compliment COMPTABLE, voy. compter. D. compta- —
(comme le mot complies) se déduit de l'anc. bilité.
verbe complir, et ne vient pas directement du COMPTER, it. contare, esp. contar, prov.
latincomplemcntum,. D. complimente^'. — comtar, angl. count, du L. computare, comp'-
COMPLIQUER, L. complicare. tare, calculer, supputer. Substantif verbal :

COMPLOT, pr. toute résolution prise en compte, it. computo, conto, BL. computus
commun. Du L. complicitum complic'tum,, = ce dernier a donné aussi le terme scientifique
complicatio, intrigue. Com,plot est, d'après comput. —D. comptable, mot détourné de
Diez, pour comploit, comme frotter p. frotter. son sens naturel « qui peut être compté » et
— Cette étymologie soulève quelques doutes. signifiant 1. chargé de tenir les comptes;
:

Pourquoi la forme comploit ne se présente-t- 2. responsable ; comptant (argent), forme ac-


elle jamais comme esploit (de explicitum), et, tive, sens passif; à-com,pte (un); comptoir
d'autre part, pourquoi jamais esplol p. es- (angl. counter); décompter, subst. décompte;
ploit? L'angl. a le simple plot, signifiant m,écompter, méoompte. —
La langue savante
pièce de terre, plan, puis complot ; cette der- se sert, outre compter, de la forme computer
nière signification parait être survenue, sous dans le même sens que supputer. Voir aussi
l'influence de complot, et il est difficile d'éta- conter, forme variée de compter,
blir une connexité de sens enti'e plot, pièce COMPULSER, BL. compulsare, fréq. de
de terre, et plot, complot, si ce n'est par cette compellere, forcer, obliger quelqu'un à pro-
filière : terrain, plan, projet, machination (cp. duire des titres en justice de là, par une ;

dessiti et dessein). Si l'angl. jsZof est le primi- extension de sens, « compulser des registres »
CON — 117 CON
rechercher des pièces dans les registres, puis CONCIERGE, BL. (texte de 1 \<^&iconsergius,
« compulser des pièces ». Du terme de droit esp. conserge; Gloss. de Lille (mon éd., p. 47):
" litera compulsoria » vient le subst. fr. com- conservator conchierge. Le P. Labbe déduit
pulsoire, ordre donné pour se faire expédier notre mot de con-scario, composé du BL.
un acte, etc. scario, qui est le vha. skarjo, nha. scherge,
COMPUT, COMPUTER, voy. compter. sergent, guichetier; cette étym. pèche par le
COMTE, it. conte, esp., port, conde, angl. sens et la forme. Ménage établit pour type
count, du L. à la forme du
cornes, comitis; conservius de conservare, mais Diez objecte
nominatif cornes se rattachent prov. coms, vfr. qu'il est insolite d'appliquer le suffixe tus à
cuens, quens. —
D, comtesse; comté, BL. des verbes. Cette objection me semble trop
comitatus; comtal; cps. vicomte viceco-
: = absolue; le BL. a bien fait de pelles parare
m,es. le subst. pelliparius, pelletier (Gloss. de Lille,
• CONCASSER, L. con-quassare. p. 46). D'ailleurs, s'il faut écarter conservius,
CONCAVE, L. concavus. je poserai la forme conservium, action de
CONCÉDER, L. con-cedere; du subst. lat. garder, que les formations analogues exter-
concessio, fr. concession, d'où concession- minium, dispendium, repurgium, et même
fictive . commercium autorisent à supposer, dont le et
CONCENTRER, CONCENTRIQUE, voy. cen- sens abstrait « garde » peut facilement avoir
tre. tourné en celui de «gardien» (cp. garde, té-
CONCEPT, L. conceptum (concipere), chose moin et autres). Le BL. consergius est calqué
conçue, angl. conceit, it. concetto. Le plur. it sur le français. —
Dicz, se fondant sur R. Es-
concetti, pensées brillantes, fausse pointe, a tienne, qui définit concierge par « qui ha la
été reçu dans le dictionnaire français avec le charge du lieu d'exercice » et qui le traduit
même sens. par gi/mnasiarchus prend ce mot gréco-latin
,

CONCEPTION, L. conceptio (concipere). pour la source du mot français la syncope en ;

CONCERNER, BL. coyicernere (de cerner e, ayant fait gymsarchus il a pu en effet, sous
,

voir); cp. l'expression regarder dans « cela l'influence de conservare (car gym, régulière-
me regarde » et le L. spectare. — D. concer- ment, appelait gon), s'être métamorphosé en
nant. conserge, consierge, concierge. — Littré, se
CONCERT, voy. l'art, suiv. mettant en contravention avec le principe
CONCERTER, L. concertare, combattre, posé par Diez et mentionné ci-dessus, enchaîne
lutter, puis lutteren paroles, disputer, d'où ainsi les formes et les sens con-servire, être
:

s'estdégagé le sens moderne conférer entre ; au service, conservius, serviteur en général


plusieurs pour l'exécution d'un projet; con- (sens rétréci dans la suite), fr. consierge (cp.
certé, qui a été l'objet d'une discussion, d'une sergent de servientem) et concierge. D. —
entente préalable, puis (appliqué à des per- conciergerie.
sonnes), ajusté, composé, trop étudié, — CONCILE, L. concilium (de conciere, assem-
Substantif verbal concert, it. concerto, 1. ac- bler).
tion d'agir en commun, 2. intelligence entre CONCILIABULE, L. conciliabulum (conci-
des personnes pour arriver à une fin; 3. lium).
lutte musicale, puis production musicale, CONCILIER, L. conciliare [V^ sign. assem-
avec le concours de plusieurs. D. concer- — bler, unir). — D. conciliation, -ateur, -able;
tant; déconcerter, troubler un concert, un cps. réconcilier.
ensemble de mesures prises, faire perdre CONCIS, L. concisus, litt. coupé, morcelé.
contenance. —
On a aussi, vu surtout l'or- — Concision, L. concisio. — • Cp. précis, pré-
thographe it. conserto (coexistant avec con- cision.
certo), rapporté concert au L. conserere, lier, CONCITOYEN, voy. citoyen.
enchaîner, p. e. dans conserere sermonem, CONCLAVE, pr. lieu de réunion, du L. con-
s'entretenir,converser. D'autres enfin, avec clave, appartement (sous une même clef). Pour
moins de probabilité encore, ont conjecturé la valeur actuelle du mot, comparez les termes
dans concerto une altération du L. concentus, analogues chambre, cabinet, consistoire, di-
accord de voix, harmonie (gr, av/xfuvix). van, pris dans leur sens politique.
CONCERTO, mot italien, concert, appli- = CONCLURE, L. concZifrfere (claudere).— D.
qué à un morceau écrit pour un instrument de concluant. Dvi supin conclusum : conclusion
musique, avec accompagnement d'orchestre. (L. conclusio), et conclusif.
CONCESSION, voy. concéder. CONCOMBRE, prov. cogombre, it. cocomero,
CONCETTI, voy. concept. esp. cohombro, angl. cucumber, ail. kukum-
CONCEVOIR, angl. conceive, du L. conci- mer, du L. cucumis, gén. cucumeris.
pere (capere), langues romanes
traité par les CONCOMITANT, -ANGE, du L. conco^nitari,
(de même que re-, décevoir) comme étant de la renforcement de comitari, accompagner.
conjugaison en ère ou en ire; esp. concebir, CONCORDE, L. concordia (cor). Concor- —
it. concepire, port, conceber, fr. concevoir; à der, L. concordare, se mettre d'accord; D.
classique se rattachent toutefois le
l'infinitif concordant, -ance, -at.
prov. concebre et le vfr. conçoivre. D. con- — CONCOURIR, L. concurrere; concurrent.
cevable. L. concurrens; concours, L. concursus.
CONCHYLIOLOGIE, science des My^^'^'-^y co- CONCRET, L. concretics (concrescere). Un
quilles. nombre concret est un nombre exprimé « con-
. —

CON — 118 — CON

jointement" avec l'espèce des unités; il est sion, d'où confessionnal, -aie. — Confesser,
opposé au nombre abstrait. De là le sens phi- fr. confesseur.

losophique du mot. CONFIDENCE, voy. l'art, suiv.


CONFIER, du L. confidere, qui n'avait
CONCRÉTION, L. concretio.
encore que neutre avoir confiance ; du
le sens
CONCUBINE, L. concubina (con-cubare, op.
part, latin cmifidens viennent 1. confiant; :

Je gr. TTaoi/îiTt;).
2. confident; du subst. confidentia, 1. con-
CONCUPISCENCE, L. concupiscentia (de
Le
fiance, 2. confidence, d'où confidentiel.
concupiscere, convoiter).
maintien du d radical caractérise
CONCURRENT, voy. concourir. — D. con- du fonds savant.
les formes

currence. Pour la loc. jusqu'à concurrence


CONFIGURER, L. configurare.
de, cp. l'expr. ail. bis zum belauf (de laufen,
courir).
CONFINS (plur.), L. confine. D. — confiner,
1. toucher aux confins, 2. reléguer dans *in
CONCUSSION, exaction, extorsion, du L.
certain lieu (litt. assigner des limites), faire
concussio, litt. secousse, employé dans le
Digeste avec le sens du mot français. — D. vivre à l'écart (angl. confine, bannir, empri-
sonner).
co7icussionnaire
CONFIRE, régulièrement formé de conficere
CONDAMNER, L. condemnare.
confie re (= préparer, apprêter), comme dire
CONDENSER, L. condensare (densus). de dicere. L'acception générale préparer de
CONDESCENDRE, L. condescendere, des- conficere s'est, au moyen âge, restreinte à la
cendre, s'abaisser pour se mettre au niveau conifection de remèdes on. de préparations cu-
(de là le préfixe con); sens mod. céder com-
linaires; auj. confire signifie faire cuire des
plaisamment aux désirs ou aux goûts de qqn. fruits, etc.,dans un suc ou une liqueur qui
L'anc. langue employait dans ce sens aussi le
pénètre leur substance. L'allemand emploie
simple descendre.
pour la même opération un terme analogue :
CONDIMENT, L. condimentum, assaisonne- einmachen. C'est ainsi que le sens général de
ment (de condire, confire). préparer, inhérent au mot corroyer (v, c. m.),
CONDITION, L. conditio (de condere, éta- a été limité par l'usage à l'apprêt des cuirs,
blir, fixer), état, situation; pacte, clause. que necare, tuer en général, no signifie plus
D. conditionner, mettre dans tel ou tel état; que tuer par immersion. —
Les formes esp.
conditionnel. confitar, angl. confect, comfit, it. confettare
CONDOLÉANCE, subst. formé sur patron
le sont tirées du dér. confectare'. — Au moyen
du simple doléance, du verbe condouloir, L. âge confectœ fructus saccharo
signifiait «
condolere, litt. souffrir avec (cfr. compatir), conditi " ; la même signification s'attache en-
prendre part à la
c.-à-d. douleur do qqn. core à l'ail, confect et it. confetto. D. confi- —
CONDOR, de cuntur, mot de la langue des ture (litt. =
latin confectura), confiseur (de
Incas. fonmation moderne); cps. déconfire [\. c. m.).
CONDOULOIR, voy. condoléance. CONFIRMER, anc. confermer, L. confir-
CONDUCTEUR, L. conductor. Les anciens mare (finnns).
employaient le mot conduiseur, tiré du fr. CONFISEUR (les Anglais disent confectio-
conduire (cp. faiseur à côté de facteur). ner), voy. confire. — D. confiserie.

CONDUIRE, L. conducere conduc're. D. — CONFISQUER,


— D. confiscation.
L. confiscare, adjuger au
conduite, subst. part, fém., désignant l'action fisc.

et l'agent ou l'instrument ; conduit, subst. CONFIT, L. confectus, voy. confire.


partie, masc, exprimant auj. l'agent (autre- CONFITEOR. mot latin. je confesse. =
fois aussi l'action);de là sauf-conduit; cps.
'
CONFITURE, voy. confire.
éconduire (sens figuré), se méconduirc, recon- CONFLAGRATION, L. conflagratio, embra-
duire; inconduile. sement.
/^
CONFLIT, L. conflictus, subst. de confligcre,
CONE, L. conus (y.ôivî;); le circonflexe n'a
pas de raison étymologique. D. conique; — se lienrror l'un contre l'autre, combattre.
CONFLUER, L. confluerc, couler ensemble;
terme de botanique conifhre, qui porte du
:
part. prôs. confiuens, d'où fr. confluent.
fruit en forme conique.
CONFONDRE,
CONFECTION, L. confectio (conficere). — ble,
L. confundere, verser ensem-
mélanger, mettre en désordre, en déroute,
D. confectionner.
déconcerter. Du participe latin confusus, fr.
CONFÉDÉRER, L. confœderare (fœdus, al- confus du subst. confusio, fr. confusion.
liance, traité). — D. confédération, -atif.
:

CONFORME, L. conformis, qui a la même


CONFÉRER, L. conferre (pourvu déjà de forme ; de là subst. conformitas, fr. confor-
toutes les acceptions modernes). D. confé- — mité.
rence (autrefois aussi dans le sens de compa- CONFORMER, 1 L. conformare, donner la
.

raison). forme complète de là conformation; 2. dérivé


;

CONFESSER, L. confessari, fréq. de confi- de conforyne, =


rendre conforme.
teri.Du part. lat. confessus " qui s'est confessé " CONFORTER, it. confortare, esp. conhortar
vient confès; le fém. L. confessa, dans le sens (h = f), prov. conortar (d'après Diez, par
de l'action, a donné confesse (celui-ci pourrait chute de f, comme dans preon de profun-
cependant aussi répondre à confessio, comme dus); du BL. coiifortare, fortifier {fortis).
préface à prœfatio). —
Confessio, fr. confes- — D. confort, secours, consolation (puis bien-
.

CON — 149 CON


^tre, aise, acception particulière au mot cor- CONJONCTION, -TURE. voy. l'art, préc.
respondant anglais, co»/bî-to&^e, qui procure CONJOUIR (se), L. congaudere; cp. co?idoU'
du confort); — Cps. déconforter, réconforter. loir. —
D. conjouissance, terme corrélatif de
CONFRÈRE, BL. confrater. — D. confrérie, condoléance, qu'il ne faudrait pas abandonner.
BL. confratria, association de confrères, CONJUGAL, voy. conjoindre.
confraternité, BL. confraternitas, rapport CONJUGUER, L. conjugare (jugum), pr.
entre les personnes d'un même corps. réunir, puis réunir toutes les formes diverses
CONFRONTER, pour ainsi dire mettre /Vonf d'un verbe. —
D. conjugaison.
à front; Latins disaient pour la même
les CONJURER, L. conjurare, pr. se lier par
chose, d'une manière moins imagée, conferre un même serment, conspirer, comploter. —
ou componere. A la longue, confronter s'est L'acception moderne supplier, prier instam-
appliqué aux choses et a fini par devenir syno- ment, est analogue à celle de L. adjurare ;
nyme de comparer. Le BL. employait con- c'est prier sous l'invocation de quelque chose
frontare dans le sens d'assigner des limites, de sacré ; cp. l'ail, beschwôrcn, et le L. ohse-
et confrontari pour être limitrophe
: ces ; crare, —
D. conjuration.
verbes sont tirés du subst. frons =
frontière
CONNAITRE, anc. cognoistre, L. cognoscere.
(v. c. m.) ; ils ont laissé des traces dans des

locutions telles que « ce bois confronte du


:
— D. connaisseur, -ance, -able, -ement; com-

côté du levant au pré d'un tel ». D. co7i- — posés : méconnaître, reconnaître.


CONNÉTABLE, autr. conestahle, it. cones-
frontation.
tabile et contestabile, êsp. condestable, port.
CONFUS, CONFUSION, voy. confondre.
CONGÉ, vfr. conget, congiet, prov. comjat; condestavcl, angl. constable, du L. cornes sta-
du L. commeatus (meare), permission d'aller, buli, comte de Cette dignité, dans
l'é table.

l'origine, était donc à peu près celle d'un


puis permission en général. Le verbe congé-
dier, qui a remplacé l'anc. congéer (d'où l'adj. grand écuyer nous n'avons pas à nous occu-
;

congéable) ou congier, paraît être formé sous per ici des applications successives de ce titre.
l'influence de de l'it co7igedo, qui, lui, est tiré
La langue néerlandaise, ayant gâté le mot en
du subst. vfr. conget. Qui reconnaîtrait encore, conincstavel, a donné lieu à la favisse étymo-
sans le secours de la science, dans congé le logie « fulcrum régis » soutien du roi [coninc
,

et stavel) La forme cojiesiaô/e paraît irrégulière


verbe meare, élément fondamental de com- .

meatus ?
à côté des formes avec d ou t contestabile, :

condestable. Une chute du t ou d est inadmis-


CONGELER, L. con-gelare.
sible; elle s'explique plutôt par le BL. copies-
CONGÉNÈRE, L. con-gener, du même
genre. tabulus (a 807) p comestabulus Jean de Gênes .


. .
,

CONGÉNIAL, ou congénital, termes savants


donne conestabularius D. contiétablie. .

tirés decongenitus, né avec ; congénial, cepen-


CONNEXE, L. connexus (con-nectere) ; de
dant, par sa formation, implique aussi l'idée là connexité. —
Connexion, L, connexio.
«t qui a le même génie,
le même naturel «.
CONNIL*, lapin, it. coniglio, esp. conejo,

CONGESTION, L. congestio (congerere), port, coelho, prov. conil, angl. coney, du L.


accumulation, afflux. cuniculus. Le même radical se retrouve dans
vfr. connin, flam. konyn et, modifié, dans
CONGLOMÉRER, L. congîomerare {glomus,
^eris), pelotonner. l'ail, kanin, dim. haninchen. D. coniller, —
CONGLUTINER, L. conglutinare (gluten). avoir peur, se tapir, chercher des subterfuges.
CONGRATULER, L. congratulari, féliciter. CONNIVER, L. con?iivere, cligner les yeux,
CONGRE, poisson, du L. congrus [-/dy/po-). fig. être indulgent. —
D. connivent, L. con-
CONGRÉGATION, L. congregatio, réunion nivens, d'où connivence.
(rac.grex, troupeau). Le terme congréganiste CONQUE, L. concha (m'/x^); la forme
procède de BL. congreganus, « qui est du conque est savante la forme vulgaire du mot
;

même troupeau « est coque (v. c. m.).


CONGRES, L. congressus (congredi), entre- CONQUÉRIR, vfr. conquerre, angl. co7i-
vue, assemblée. quer, du L. conquirere (ou strictement con-
CON GREVE, du nom du colonel anglais qui quœrere, voy. acquérir), rechercher avec ar-
inventa les fusées à la Congrève. deur; l'acception romane est étrangère au
CONGRU, L. congruus, conforme, conve- latin classique et exprime le résultat de la
nable. —
D. conrjruité; incongru, incongruité. recherche ou de la poursuite, le gain, la vic-
CONIFÈRE, CONIQUE, voy. cône. toire. —D. conqiiéra7it ; le vfr. conquéreur
CONJECTURE, L. conjectura (de conjicere, est restédans l'angl. conqueror ; du part, latin
combiner dans l'esprit, juger). D. conjec- — conquisitus, conquis'tus viennent 1. conquêt :

turer, -al. {=• acquêt), 2. conquête, angl. conquest, it.,

CONJOINDRE, L. conjungere, d'où pro- esp. conquista.


cèdent aussi conjonction, L. conjunctio, con-
: CONSACRER, L. consecrare. En règle gé-
Jonctif, L. conjunctivus; conjoncture (mot nérale, le français adapte ses verbes composés
moderne), liaison, enchaînement de circon- à la forme du verbe simple ; c'est pourquoi
stances. Le terme participial conjoint, uni par consacrer et non pas consecrer (cfr. acquérir,
mariage, est analogue au subst. latin conjux, condamner, etc.); Ve du mot latin reparait
époux ou épouse Ccon-JUG, con-jungo), d'où dans le dérivé savant consécration (L. conse^
Tadj. conjugalis, fr. conjugal. cratio).
CON 120 — CON

CONSANGUIN, L. consanguincus, stricte- rattacher à consolidare; console serait tiré,


ment consanguimis. —
D. consanguinité, L. d'un subst. consolida, comme pâle de pallia
consanpruinitatem. dus (retranchement du suffixe atone). Cette
CONSCIENCE, L. consctentia. — D. cm- manière de voir serait justifiée par le fait
sciencieux. que, dans les patois, on ti'ouve console p.
CONSCRIPTION, L. conscriptio, enregis- consoude, autre i-eprésentation du L. co)i30^
trement conscrit, L, conscriptiis (de con-scri- lida.
;

bere, inscrire siir un rôle, enrôler). CONSOLIDER, L, consolidare.


CONSÉCRATION, voy. consacrer. CONSOMMER, it. co7isumare, esp. co7isti'
CONSÉCUTIF, mot de formation nouvelle, mar, du consummare, achever, parfaire.
L.
tiré de consecutum, supin de conseqin, suivre. L'acception attachée au mot français dans
Le part. prés, du même verbe, consequens, a « consommer des denrées, des objets manu-
donné conséquent « qui suit » et conséquence, facturés », ainsi que celle do « absorber,
suite. user ", est moderne et déduite [de celle do
CONSEIL, angl. counsel, consiglio, esp. « achever, venir à bout de «. Il est probable
it.

consejo, prov. conselh, du L. consilium.


— cependant que le latin consumere, fr. consu^
Verbe conseiller, L. consiliari (composé •.dé- mer, a eu quelque influence sur la produo.
conseiller); subst. conseiller, L. consiliarius. tion de ce sens nouveau ; aussi les Allemands
CONSENTIR, L. conseMire, litt. sentir, traduisent le dérivé français consommateur
penser de même ; le passage de ce sens primi- par consument =
L. consunientem; l'espa-
tif à celui de « acquiescer au désir de quel- gnol rend consommer =
dépenser, user, etc.,
qu'un, admettre, permettre » se présente aussi par la forme consumir, qui se rapporte au
dans le mot accorder. —
D. consentement. consumere latin. La confusion des deux ver-
CONSÉQUENT, -ENCB, voy. consécutif. bes ressort du reste encore du fait que l'espa-
CONSERVER, L. conservare. D. con- — gnol, pour consommer le mariage, contre le
serve, subst. verbal = conservation, puis, au sens étymologique, dit consumir matrimonio.
sens concret, =substances conservées (aussi — D, consommation, -ateur; consomme.
espèces de lunettes pour conserver la vue) ; (bouillon) = parfait.
conservation, -ateur, -atotre. CONSOMPTION, L. consumptio, destruc^
CONSIDÉRER, vfr. consirer, L. conside- tion (do consumere).
rare. —D. considération, L. -atio; considé-
CONSONNE, L. consona, litt. qui sonne en-
rable, qui mérite considération, cp. les termes semble consonant, L. consonans, d'où con^
;

analogues ail. ansehnlich, betràchtlich (de sonancc.


ansehen, betrachten, regarder); considérant,
CONSORTS, L. consortes, plur. de consors^
substantif formé de la formule adverbiale ou
qui participe à, coïntéressé.
gérondive considérant qui se trouve dans
l'introduction dos arrêts judiciaires; inconsi-
CONSOUDE, plante, esp. consuelda, L.
déré, part, passif à sens actif (cp. réfléchi). — consolida. Voy. aussi console.

Cps. déconsidéi'er, mettre hors de considéra- CONSPIRER, L. conspirare, souffler ensem-


tion.
ble, fig. comploter. — D. conspiration, -ateur.
CONSIGNER, consignarc, revêtir d'un
L. CONSPUER, du conspuere (souiller de
L.
sceau {signuni), établir sous la foi du sceau, du fréq. consputare.
crachat), ou plutôt
certifier, garantir, marquer, noter, ordon- CONSTABLE, mot anglais qui n'est qu'une
ner. —D. consigne, consignation, -ataire. transformation de connétable (v. c. m.) ; titre
CONSISTER, lu. consister e, se composer de. officiel qui signifiait successivement gouver-^
— D. consistant, solide, et consistance, soli- neur, commissaire, officier de police. La
dité, force de résistance, acceptions tirées du forme constable peut s'être fixée par la suppo-.
L. consistere au sens de tenir ferme, persis- sition de quelque rapport étymologique aveo
ter ; consistoire, L. consistorium, pr. lieu où C07istare, se tenir fixe, être planté là (cp. le
l'on se réunit (de consistere =
s'arrêter, sé- mot français planton). Le mot allemand con-
journer, siéger), puis assemblée délibérante stabler, qui, entre autres acceptions, signifie
(cp. conclave, chambre et assemblée délibé- aussi artilleur, est rapporté par quelques-uns
rante). à constabulariiis, ce mot étant pris non pas
CONSISTOIRE, %-oy. consister. comme une des transformations subies par
CONSOLE, voy. l'art, suivant. comes stabuli, mais comme un composé dis-,
CONSOLER, L. consolari. —
D. consola- tinct de cum, avec, et de stabulum, écurie
tion, -ateur, -ahle. Le verbe français a dégagé et signifiant propr. compagnon d'écurie on y ;

aussi le subst. verbal console, mais ce dernier a vu une latinisation du terme allemand sfaZ?-
offre un singulier retour du sens moral, inhé- bruder, employé tout bonnement pour cama-
rent au verbe co7isolari, au sens physique et rade. Nous pensons au contraire que constat
primitif de ce mot, savoir soutenir, affermir bularius = compagnon d'une constabularia
(rac. sol, d'où solum, solidus), sens effacé (compagnie militaire ou connétablie), ayant
déjà dans la langue classique. Les mots cor- été étymologiquement mal compris et mal
respondants it. consolo, esp. consuelo, sont analysé, a donné naissance au terme alle-
synonymes de consolation. —
Si l'étymologie mand stallbruder, qui serait ainsi une malen-
que nous prêtons ci-dessus à console n'est contreuse traduction du mot latin.
point jugée digne d'approbation, il faudra le CONSTANT, L. constans (de consiare, tenir-
;

CON — 121 CON


ensemble, tenir ferme); constance, L. con- (contendere), 1 effort, tension 2. lutte, riva-

.
;

stantia. lité, combat. qui aime la


Cojitentieux, 1 .

CONSTATER, mot nouveau, tiré du parti- dispute; c'est l'acception du L. co7itentiosus


cipe L. status, fixé, déterminé; constater un 2. qui fait l'objet d'un débat.
fait, c'est le fixer, l'établir comme vrai, CONTER, variété orthographique de comp-
comme réel.peut aussi que constater
Il se ter (v. c. m.). Pour
rapport entre énumérer
le
soit une formation fondée sur la loc. impers. et narrer, nous rappelons le vha. zeljan, qui
constat (il est constaté j. réunit également les deux sens (cp. en ail.
CONSTELLÉ, L. constellatus cotistella- mod. zdhlen =
compter, et erzâhlen con- =
tion, L. constellatio.
;

ter). —D. conte, conteur. Cps. vfr. ac07t- —


CONSTER, L. coHstare, être établi, avéré, ter, d'où raconter.
sûr. Cp. constater. CONTESTER, L. contestari, avoir un débat
CONSTERNER, L. co7isternare, m. s., judiciaire, avec appel et confrontation de té-
forme accessoire de consterner e, ']Qtev k terre, moins [testes), entamer un procès de là l'ac-
atterrer (d'eff'roi). —
D. consternation, L. ception mod. élever opposition. On a vu à
;

consternatio. tort dans contester une mutilation de contres-


CONSTIPER, du L. constipare, presser, ter (voy. contraster). —
D. conteste, contesta-
— D.
resserrer. L. cojistipation, -atio. tio7i, -able.

CONSTITUER, L. constituere, établir, fon- CONTEXTE, L. contextus (contexcre), pr,


der, — D. constitution,
instituer. L. consti- tissu,enchaînement, contexture ; de là l'ac-
tutio (d'où les néologismes constitutio7inel, ception moderne texte dans son ensemble ou
:

-alité, -alismé) ; constiticant, cotistitutif. son enchaînement. —


Contexture, L. contex-
CONSTRICTEUR, L. constrictor ; constric- tura, tissure.
tion, L. constrictio ; constringent, L. con- CONTIGU, L. contiguus (contingere), qui
stringens tous termes savants, procédant du
; touche à. — D. contiguïté.
verbe latin constringere, signifiant resserrer CONTINENT, -ENCE, voy. contenir.
et passé en fr. sous la forme contraindre. CONTINGENT, du L. contingere, au sens
CONSTRUIRE, L. construere; d'où con- neutre d'échoir, tomber en partage.
structio, -tor, fr. construction, -teur. CONTINU (vfr. contenu), L. continuus, pr.
CONSUL, L. consul. —
D. consulaire, L. qui tient ensemble. D. continuel. —Con- —
-aris consulat, L. -atus.
; tinuité, L. continuitas. Continuer, L.con- —
CONSULTER, L. consultare (fréq. de con- tinuare; cps. discontinuer.
sulere), examiner, réfléchir, demander con- CONTONDANT, du L. contundere, broyer,
seil. —D. consulte (subst. verbal) ; consulta- meurtrir. Du supin contusum, : subst. contu-
tion, L. -atio, consultatif. sio, fr contusion.
CONSUMER, L. consumere. Voy. aussi con- CONTORSION, L. contortio (contortum, su-
sommer. pin de contorquere, tordre, entortiller).
CONTACT, L. contactus (con-tingere, tou- CONTOUR, voy. l'art, suiv.
cher à). CONTOURNER, du BL. contornare, 1 tour- .

CONTAGION, contagio L. (con-tingere) ;


ner autour; tracer les lignes extrêmes
2.
contagieux, L. contagiosus. d'un corps, d'une figure (l'anglais désigne fort
CONTE, voy. conter. bien ces lignes par outline). Anciennement,
CONTEMPLER, L. contemplari. contourner se prenait aussi dans le sens de
CONTEMPORAIN, L. contemporaneus ou retourner, bouleverser et de détourner, soit
plutôt contemporanus' . — D. contempora- en bien ou en mal. Cette signification est
néité. encore en vigueur au sens physique. — D. le
CONTEMPTEUR, L. contemptor (contem- subst. verbal contour,it. contorno.

nere). —
Les anciens employaient encore le CONTRACTER, du L. contractare, fréq. de
verbe contemner =
mépriser, et l'adj. con- contrahere (vfr. contraire), 1° resserrer, ré-
temnible. trécir, 2° conclure, faire un arrangement. Du
CONTENANT, -ANGE, voy. contenir. participe passé de contrahere, contractus,
CONTENDANT, L. contendens, de conten- viennent 1 vfr. C07itrait', contrefait, dif-
: .

dere, au sens de combattre, lutter, rivali.ser. forme; l'ail, dit encore dans ce sens hon-
CONTENIR, L. contiyiere, 1. renfermer; trakt; 2. le terme de grammaire contracte.
2. maintenir, retenir. —
Du part, continens : Le subst. contractus, pacte, convention, a
1. contenant, qui contient; 2. continent, a) donné contrat, d'où contractuel; le subst.
adj. qui se contient, chaste; b) subst., terme contractio, fr. contraction. Néologisme, régu-
de géographie, pr. qui tient ensemble, qui lièrement tiré du supin contractum : con-
forme une suite continue, de là continental, t7*ClCtiJ G *

— De continentia 1. contenance, a) capa-


: CONTRADICTEUR, -TION, -TOIRE, L. con-
cité; b) maintien; de là décontenancer; 2. con- tradictor, -tio, -torius* . Le verbe contradicere
tinence, chasteté. a été régulièrement francisé par contredire.
CONTENT, L. conte?itus (continere), propr. CONTRAINDRE, angl. constrain, du L.
qui se retient,renferme dans cei'taines
se co7istringere, serrer, lier, obliger. Pourquoi
limites et ne vise pas au delà. D. contenter, — la terminaison aindre dans contraindre et
contentement, mécontent. celle de eindre dans étreindre, astreindre,
CONTENTION, vfr. contençon, L. contentio restreindre, qui dérivent cependant tous du
.

CON 122 CON


même Yinmïtïî strinff ère ? — D. adj. contraint, gue avait aussi le subst. contrefaiture (cp.
subst. contrainte. forfaiture).
CONTRAIRE, L. contrarius (contra). D. — CONTREFORT est le subst. verbal d'un
contrariété, L. contrarietas; contrarier, -ant. ancien verbe contreforter, renforcer, servir
On avait anciennement, p. contrarier, la d'appui (cp. confort de conforter).
forme contralier; c'est l'effet d'un change- CONTREGARDER*, garder contre les dan-
ment euphonique. Le verbe contrarier se liait gers, l'attaque ou la convoitise ; vieux mot qui
jadis avec un régime indirect, contrarier à ou méritait d'être conservé. De là le subst. contre-
vers qqn. garde, pr. ouvrage qui préserve.
CONTRARIER, voy. contraire. CONTREMANDER, it. contrammandare,
CONTRASTER, it. contrastare, prov. con- donner un ordre en sens contraire; cp. l'ex-
trastar, BL. contrastare, être contraire, faire pression contre-ordre.
opposition. Nous pensons que contraster, CONTRE-MONT, adv. très ancien, signifiant
dans le sens moderne, est un emprunt fait à (comme amotit) en montant, vers le haut. Son
l'italien, la forme française du mot latin étant opposé était contreval. Contre exprime ici la
vfr. contrester, =
résister (« rien ne lui pour- direction.
roit contrester », Marie de France). D. con- — CONTRE-PIED, d'abord un terme de chasse;
traste, it. contralto. chasse contre-pied, où les chiens suivent les
CONTRAT, voy. contracter. voies de la bête, mais sur le chemin qu'elle
CONTRAVENTION, dérivé, à forme savante, vient de faire au lieu de suivre celui qu'elle
du L. contravenire, fr. contrevenir. fait. De là le sens métaphorique l'inverse, le :

CONTRE, L. contra. —
D. contrée (v. c. m.); contraire de qqch.
cps. encontre (v, c. m.). —
La particule contre CONTRE-POINT, it. contrappunto; point, en
a servi dans les langues néo-latines à de nom- musique, éfjuivaut à note, et le contre-point
breuses compositions pour marquer l'oppo- est la science do mettre une note en rapport
sition (parfois aussi la juxtaposition, p. ex. harmonique avec une autre.
dans contre-allée, ou la subordination, p. ex. CONTRETEMPS, inopportunité; propr. un
dans contre-amiral, contre maître). La forme terme do nuisi(jue signifiant une infraction à
latine contra [contro dans controverse) s'est la mesure, qui jette le désordre dans l'ensem-
maintenue dans plusieurs cas et accuse l'in- ble.
troduction récente du mot composé ; les com-
posés du vieux fonds, tant ceux de provenance
CONTREVALLATION, de contre + L. val-
latin, palissade.
latine que ceux de façon romane, ont la forme
CONTREVENT exprime en termes français la
contre. Nous ne consacrons d'articles spé-
môme chose (jue paravent, qui est empnmté à
ciaux qu'aux composés qui nous semblent
rit. p'iravcnto. Voy. parapluie.
offrir quelque particularité intéressante, soit
au point de vue du sens, soit pour la forme. CONTRIBUER, L. contribuere, litt. donner

CONTREBANDE, voy. ban.— D. contreban-


ou payer avec d'autres. —
D. contributiofi, L.
contributio; contribuable, sujet à contribution
dier.
(la finale ablc \n'ise en sens actif).
CONTRECARRER, selon Frisch (approuvé
par Dicz), de carrer =
L. qnadrare, pris dans
CONTRISTER, L. contristare.
le sens de compasser, régler, arranger; donc CONTRIT, L. contritus, part, passif de con-
= déranger, contrarier. —
D. vfr. contre- tei'ere,
Le
broyer, briser; contrition, L. contritio.
sens métaphorique de ces mots leur a été
quarre opposition, rivalité.
,

donné par les théologiens le mot tribulation


CONTREDANSE, danse où chacun fait en ;

sens contraire ce que fait son vis-à-vis. Le mot,


présente le même trope, il est également tiré

dans son application à une certaine danse de ter ère.


,

rustique, importée d'Angleterre en France, CONTRÔLE, autr. contre-rôle, d'abord deu-


est altéré du terme anglais country-dance, xième nMe ou registre servant pour la vérifi-
litt. danse de campagne. cation du premier, puis marque de vérifica-
CONTREDIRE. L. contradicere. — D. con- tion, enfin vérification, critique. — D. contrô-
tredit. ler, -ciir.
CONTRÉE, prov. contrada, angl. coun-
it., CONTROUVER, inventer une chose fausse.
try, du BL. contrata, le paysage qui s'étend une euriouse application du préfixe con
C'est
devant [contra) vous; cp. en ail. le subst. à un mot non latin. Le môme préfixe se trou-
(/egend, contrée, de gegen, contre. Ménage a vait dans des termes analogues latins, tels
commis la bévue de rapporter contrata à con- que comrninisci commentiri, confingere,
: ,

tracta s. e. regio. contechnari. L'angl. aie verbe cojitrive, signi-


CONTREFAIRE, 1. faire contrairement à la fiant inventer, en bon et mauvais sens; c'est
règle (de là le part, contrefait difforme); = une forme altérée du v. angl. controve, con-
2. faire en opposition, ou en imitation de treve. Le vfr. avait, et les dialectes ont encore,
quelque chose d'autre. —
D. contrefaçon ou le subst. verbal contreuve = mensonge.
contrefaction; contrefacteur ou contrefaiseur CONTROVERSE, L. controversia, opposi-
Du part, contrefait (it. contrafatto, esp. con- tion dispute (de contro-versus, litt.
d'avis,
trahecho, angl. counterfeit), l'ail, a tiré son tourné contre, opposé). —
D. contraoerser,
subst. konterfei, image, portrait. L'anc. lan- -iste.
CON — 123 — COQ
CONTUMAX, mot latin, ^^ récalcitrant, en t. CONVOITER (r« est parasite), vfr. covoiter,
de qui refuse de comparaître en justice.
droit, coveiter, cuveiter, it. cupitare, covidar e,'prov.

On se sert aussi de la forme vraiment française cobeitar, angl. covet. Toutes ces formes diver-
contumace. —
D. subst. contumace, L. con- ses se rattachent à un type latin cupitare,
tumacia ; verbe contumacer, juger par contu- fréq. de cupere, désirer. — L'adjectif convoi-
mace. teux, vfr. convoitons, coveitous, prov. cobei-
CONTUSION, voy. contondant. — D. contu- tos, it. cubitoso, angl. covetous, est tiré du
sionner. verbe convoiter, comme boiteux de boiter.
CONVAINCRE, angl. convince, L. convin- Quant au substantif convoitise, covoitise*, qui
cere, d'où subst. convictio, fr. conviction. correspond à it. cupidigia,
cupidezza, esp.
CONVALESCENT, du L. convaîescere, re- codicia (p. cobdicia), -prov cobitizta, cobezeza,

.

couvrer la santé. D. convalescence. ilaccuse pour type BL. cupiditia p. cupidi-


CONVENIR, L. convenire. Acceptions du tas (de cupidus, désireux). Le changement de
mot latin 1. venir ensemble, s'assembler;
: d en t, cependant, étant insolite, j'aimerais
de là co7iventus, assemblée, corporation, fr. autant considérer convoitise comme le dérivé
couvent (vfr. convent); conventio, m. s., fr. direct de convoiter; cp. vfr. vantise, hantise,
convention =
assemblée constituante, et con- de vanter, hanter.
venticiûum,, fr. conventicule, petite assem- CONVOLER en secondes noces, phrase du
blée, réunion illicite; — 2. être ou tomber Digeste convolare ad secundas nuptias.
:

d'accord (de là conventio, fr. convention, CONVOLVULUS, nom latin du liseron (on
pacte, accord). De cette dernière acception l'aaussi francisé par convolvé), dér. de C07i-
découle celle d'accorder, d'admettre une asser- volvere, rouler ensemble, dont le part, convo-
tion avancée par un autre ; l'opposé de conve- lutus a donné le terme de botanique convo-
nir, dans cette signification, est disconvenir ; luté, roulé en forme de cornet,
— 3. être conforme à ce que l'on désire ou CONVOQUER, L. convocare. — D. convo-
exige. A ce sens du mot latin, qui s'est aussi cation, L. convocatio.
communiqué au verbe français, se rattachent CONVOYER (d'où it. convoiare, esp. co7i-
les dérivés convenance, L. convenientia, con- voyar), accompagner, escorter, du BL. con-
venable, et déconvenue. viare (via), faire route avec qqn. (cp. envoyer
CONVENTICULE, voy. convenir. de inviare). Ménage a proposé l'étymologie L.
CONVENTION, voy. convenir. D. cotiven- — convehere, qui est inadmissible. D. convoi, —
tionnel, 1. conforme à une convention, 2. pr. accompagnement, escorte.
membre d'une convention. Cps. reconvention. CONVULSION, L. convulsio, spasme, crampe
CONVENTUEL, qui appartient au couvent, [convelleré), d'où convulsionnaire — Du même

.

L. conventus, voy. corwenir. D. conven- convellere., par le supin convulsum : l'adj . co)i-
tualité. vulsif.
CONVERGER, L. converger» (Isidore), pen- COOPÉRER, L. cooperari.
cher, tourner vers un point commun. D. — COOPTER, L. cooptay'e, choisir, se donner
convergent, -ence. un collègue.
CONVERS, L. conversus, converti ; en basse COPEAU, BL. copellus, vfr. coupeau, cou-
latinité = religieux sorti du monde pour en- pel, dérivé de coper = On trouve
couper.
trer au couvent; spécialement aussi frère = aussi copon, correspondant à coppone, et l'it.

laïque chargé des travaux manuels des mo- formant une variété du mot coupon.
nastères. COPIE, angl. copy ; ce mot vient sans doute
CONVERSER (dans l'ancienne langue, ce de la phrase latine « copiam facere scripti »,
verbe signifiait généralement demeurer, sé- multiplier les exemplaires d'un manuscrit. Il
journer), du L. conversari, demeurer, vivre signifie: 1. transcription; 2. exemplaire de
en société ; sens actuels du mot 1 échanger : . la transcription ; 3. en imprimerie, le manu-
des paroles; 2. faire un mouvement de con- scrit d'après lequel on imprime. D. copier —
version (=L. conversare, fréq. de convertere). = transcrire; copiste, néolog. (le BL. disait
— D. conversation, L. -atio. copiator p. librarius, écrivain); la termin.
CONVERSION, L. conversio (convertere). iste a été particulièrement choisie dans les
CONVERTIR, L. convertere. D. conver-— temps modernes pour désigner des professions,
tible. co>ivertissement, -isseur. p. ex. fumiste, lampiste, droguiste. Du L. —
CONVEXE, L. convexus (convehere). — D. copiosus, adj. de copia, abondance fr. co- :

convexité, L. convexitas. pieux, angl. copious.


CONVICTION, voy. convaincre. COPIEUX, voy. copie.
CONVIER, it. convitare, esp., port., prov. COPTER la cloche, p. clopter, clopeter,
convidar, d'un verbe bas-latin convitare = dim. du bas-ail. kloppen, frapper? Ou p. co-
invitare ce préfixe con parait avoir pour peter, de copet, petit coup? Nicot songeait à

;

cause une assimilation au mot convive. D. xo'7rr£tv, frapper.


vfr. convi, it. convito, prov. convit, invitation, COPULE, terme savant, du L. copula, lien,
repas, banquet. union, francisé en couple (v. c. m.).
CONVIVE, L. conviva, commensal. En vfr. 1. COQ, mot imitatif fait d'après le chant
convive répondait à L. convivium, festin. de cet oiseau « coquerico " ; cp. ags. coc, angl.
CONVOCATION, voy. convoquer. cock, ail. gôcker, gôchel. —
Le primitif coq
CONVOI, voy. convoyer. a engendré de nombreux dérivés « dont les
COQ — 124 — COR

mœurs du coq sont le type figuré », comme COQUILLE, it. cocchiglia, du L. conchy-
dit Ch. Nodier. Les principaux dérivés usuels lium, BL. conquilium (gr. xoyx"^"-')- ^* —
sont coquet, vain comme un coq ; dans l'an-
:
coquillage, coquillier, recoquHler.
cienne langue et dans les patois, on trouve COQUIN, gueux, fripon. Voici les diverses
aussi coquart, p. fat, élégant, niais, ridicule ; étymologies avancées sur ce mot 1. L. co-
:

cocarde (v. c. m.); cocasse (v. c. m.); cachet, quina, cuisine ; coquinus serait un « sectator
petit coq; cocotte; coqueliner. —
Voy. aussi coquin»" (Nicot) ; 2. gr. xcoxûsiv, pleurer; le
cocu. coquin serait un pleurnicheur qui demande
l'aumftne; 3. nord, hok, gouffre, hoka, ava-
2. COQ, cuisinier à bord d'un vaisseau, du
ler, dévorer (conjecture de Diez); 4. vfr. eau-
L. coqiius, cuisinier ; cp. queux.
quain, chausson, dont coquin aurait été tiré
COQUARD, vieux coq, fig. fou, benêt.
Pour la
pour désigner un homme de rien, un va-nu-
COQUE, du L. concha, coquille.
lettre, cp. coquille de conchylium. — D. co-
pieds (l'auteur de cette étymologic a négligé
un point essentiel, c'est qu'un va-nu-pieds ne
quetier, cocon (v. c. m.).
porte pas de chaussons) ; 5. L. coquus, cuisi-
C0QUECI6RTJE, aussi coccigrue, baliverne, nier; un coquin serait pr. un marmiton
balourdise; mot burlesque, dont nous n'es- « homo vilissimus, nec nisi infimis coquinse
sayerons ni d'établir l'étymologie, ni de
ministeriis aptus » ; 6. coq ; donc une variété
réfuter ou d'approuver celles qui ont été
de coquet, mais avec un sens plus défavorable;
émises. Seulement, nous nous passons la fan-
enfin, 7. nous lisons ce qui suit dans la Meuse
taisie de traduire à notre tour la locution pro- « Le
belge du docteur Fremder (M. Morel) :

verbiale « à la venue des coccigrues » (qui


même ordre (les Augustins) avait en ville
dit la même chose que « quand les ânes
d'autres représentants, entre lesquels, au bas
voleront par « à la venue des grues écar-
») du faubourg Saint-Gilles, les frères Cockins,
lates " [coccum -\-grus). Evidemment, coccigrue
installés en 1150 par le vénérable Lambert
est le nom de quelque oiseau aquatique fabu-
le Bègue. Hâtons-nous de dire que, v\ilgaire-
leux. Littré rapproche le mot d'autres compo-
ment, un cuisinier s'appelait autrefois un coq
sitions similaires et tout aussi obscures pour le
[coquus). Les Cockins de Lambert le Bègue
sens précis et l'origine : coqiiefague, coque-
avaient des fourneaux charitables où ils cui-
fredouille, coquelutrie.
saient pour les pauvres. Mais les pauvres qui,
COQUELICOT, variété de coquericot, imita- sans travail, sans l'excuse des infirmités, de
tion du cri du coq ces mots désignaient
;
l'âge ou du manque d'ouvrage, trouvent à se
d'abord le coq, puis, vu la couleur de la crête faire nourrir de l'aumône, ne sont pas tou-
du coq, le pavot des champs (cp le languedo- jours de simples fainéants. Le coquin ali-
cien cacaraca, et le pic. coqriacot, signifiant menté par les Cockins est un vilain person-
également à la fois cri du coq et coquelicot). nage, flétri même autrefois. De là le mauvais
Chevallet y voyait le mot gaulois calocatonos,
sens du mot qui le désigne ainsi que les dis-
papaver sylvestre, cité dans Marcellus Empi- tributeurs de sa pitance quotidienne de :

ricus, De remediis empiricis.


même un hôte [hospes], c'est tour à tour celui
COQUELOURDE, espèce d'anémone; d'ori- qui donne et eelui qui reçoit l'hospitalité. »
gine douteuse d'après Ménage, de clocca lu- On le voit, il n'y a que l'embarras du choix.
;

rida, cloche jaune ; d'après Bourdelot = Notons encore que dans les plus anciens
coque lourde, la coque de la coquelourde exemples, le mot signifie truand, gueux. —
ayant plus de poids que celle des autres ané- D. cnquiner, -erie.
mones. L'anglais nomme la coquelourde COR, 1. durillon; 2. instrument à vent;
Flora s bell, cloche de Flore. 3. corne qui sort des perches du cerf (ne
COQUELUCHE (d'où coqueluchoiï) , capu- s'emploie qu'au pluriel). Ce mot, masc. dans
chon, dérivé du L. cucullus, capuchon d'un ces trois acceptions, écrit primitivement corn,
vêtement. La maladie dite coqueluche a été est le latin cornu. —
D. de cor, instrument
ainsi dénommée, dit-on, parce que ceux qui à vent : cornet, petite trompe ; corner, sonner
en étaient atteints s'encapuchonnaient la tête. du cor. Voy. corne.
Du même primitif, les Italiens ont dénommé CORAIL, L. coralium, aussi corallum
une maladie semblable coccolina. Nous ne ga- (xo,oà))tov). — D. corallin.
rantissons pas la justesse de cette explication CORAN, mot arabe, signifiant » lecture »,
du nom donné au rhume appelé coqueluche. la lecturepar excellence. Voy. aussi alcoran.
Pour l'élément coque, il n'y aurait pas de CORBEAU, anc. corbel, dfm. du vfr. corb^
difficulté à alléguer l'angl. cough, flam. kuch, m. s., prov. corp; ce primitif, comme l'it.
respiration difficile, suffocation, toux, et l'ail. corbo, corvo, esp. cuervo, vient du L. corvus.
keuchhusten =
coqueluche, mais que faire de Pour b =^ V, cp. courbe de curvus. De —
la fin du mot? —
En Champagne, coqueluche, corbeau, corbel', employé comme terme d'ar-
aussi cocloche, signifie un gâteau au lard. chitecture, vient le composé encorbellement.
COQUEMAR, dérivé du L. cucuma, chau- CORBEILLE, L. corbicula, dim. de corbi»
dron; cp. it. cogoma, pot, coquemar. (ail. korb). —
D. corbillon, corhiUard(\. c. m.).
COQUET, dérivé de coq, l'oiseau vaniteux CORBILLARD, de corbeille; signifiait dans
par excellence; voy. coq. — D. coqueler, le principe une voiture tressée en jonc, un
coquetterie. char à panier, cp. en ail. l'expression horb-
COQUETIER, dér. de coque. wagen. D'autres, se fondant sur l'ancienne
COR d25 — COR
signification du mot >< coclie d'eau faisant le pourvu de deux cornes. Il faut donc abandon-

sei'vice de Paris à Corbeil », le font venir du ner l'ôtym. « qui corne do la muse ». D'après
nom de cette ville. Meunier, toutefois, l'italien corna-musa, non
CORBLEU, aussi corhieu, modification pas corno-musa, prouverait que c'est celle-ci
eupbémistique de cors Dieu (donc par le = qui est la bonne (Composés, etc., p. 138).
corps de Dieu); cp. morbleu, palsambleu. 5. Corner, sonner du cor ou de la trompe.
CORDE, L. chorda {yopor). —
D. cordeV, — D. corneur.
cordeau (d'où cordelle, cordelier ,-ière); corder, 6. Cornet, diminutif de cor [corn) ou corne,
cordeler, décorder, cordier, -erie, cordage, 1. petite trompe ; 2. petit morceau de papier

cordo)i. roulé en cône; 3. autres objets (comme écri-


CORDIAL, BL. cordialis (de cor, cordis, toire) faits de corne ou en forme de corne.
cœur). — D. cordialité. 7. Cornette, BL. corneta, 1. coiffure de
GORDON, voy. corde. — D. cordonner, femme avec deux bouts ressemblant à des
cordonnet. cornes anc. aussi chaperon de docteur (déjà
;

CORDONNIER, gâté de cordouanier, en- le primitif corne signifiait jadis une coiffure
core en usage dans les dialectes it. cordova- de femme) 2. petit étendard de compagnie (à
;

niere, angl. cordicainer. C'est un dérivé de cause de sa forme) ; 3. genre masculin =


coi'douan, prov. cordoan, esp. cordoban, it. porte-étendard. D. encorneter.—
cordovano, espèce de cuir, tiré de Cordoue 8. Corniche, 1. petite corne; 2. petit con-
(Cordoba*,en Espagne. combre, d'où cornichon.
CORIACE, L. coriaceus*, de coriiim, cuir. 9. Cornier, BL. cornerius, qui forme le
CORIANDRE, L coria7idrum (i^opt'xvûpov). coin (de là l'angl. corner, coin). Le prim.
CORME, dial. aussi corbe, d'après Littré, du corne s'applique parfois aussi pour désigner
L. cornum, corme. Mais ce mot latin désigne un angle saillant, p. ex. dans faire une :

la cornouiUe et non pas la corme. D. cor- — corne à un livre à cette signification se rat-

;

rnier. tache encore le verbe écorner. D. cor-


CORMORAN ; ce mot représente
breton le nière, gouttière à la jointure de deux pentes
morvran composé de môr, mer, et de bran,
i de toit.
corbeau, précédé par pléonasme du mot 10. CoRNOUiLLE, it. corniola, angl. cor7iel,
roman corb, corbeau. Un semblable pléo- ail. kornelhirsche, BL. cornolimn. La forme
nasme se trouve dans la combinaison loup- franc, procède de coi'nucula, dimin. du L.
garou (v.c. m.). 'Cette étymologie se confirme cornum,, m. s. —
D. cornouiller (arbre),
par le prov. corpmari, et port, corvotna- anc. aussi corniller.
rinho, qui représentent le Li.corvus marinus. 11. Cornu, L. cornutus. D. subst. cor- —
CORNAC, mot indien, conducteur d'élé- nue, prov. cornuda, nommée ainsi à cause de
phant. sa forme recourbée ; cps. biscornu (v. c. m.).
CORNALINE, voy. sous corne. 12. Les composés bigorne (v. c. m.); écor-
:

CORNE, du L. corna, plur. de cornum, ner, rompre les angles saillants; encorner,
forme accessoire de cornu. On sait que beau- racornir, rendre dur comme de la corne. Voy.
coup de substantifs féminins français remon- aussi licorne.
tent à des formes plurielles neutres (par ex. CORNEILLE, it. cornaccliia, esp. corneja.
fête, arme, fde, joie, graine, etc.). Le singulier prov. cornelha, du L. cornicula, dim. de
cornu ou cornum s'est reproduit dans le fran- cornix (gi^ec zopwv/j).
çais sous la forme masc. corn cor (v. c. m.). , CORNEMUSE, voy. sous corne.
Dérivés de corne ou de cor : 1. CORNICHE, voy. sous corne. — D, cor-
1. Corné, adj. mal formé par les savants nichon.
modernes du L. corneus, d'où le subst. cornée, 2. CORNICHE,
terme d'architecture, it.
(cp. en ail. hornhaui), tunique extérieure de comice, esp. cornisa, wall. coronise, ail.
l'œil. harnies, du L. coronis {/.'jp'j}-jiij, fin, couron-
2. Cornaline, prov., port, cornelina, esp. nement. Toutefois, les formes franc., et ital.
cornerina. L'it. dit, d'après l'adj. latin cor- accusent plutôt comme primitif le L. cornix
neolus : corniola; l'angl. a corneîian ou car- (corneille), auquel on a fort bien pu prêter
nelian stone. Le nom a été donné à cette le sens de coronis, d'autant plus qu'en grec
pierre à cause de sa transparence. Comparez Z5/5WV/J signifie à la fois corneille, courbure et
le nom donné pour la même raison à l'onyx couronne.
(de Ôvul, ongle). Une assimilation à caro, COROLLE, L. corolla, dim. de corona. —
carnis (couleur de chair) a détei'miné sans D. corollaire, L. corollarium, 1. petite cou-
doute la forme ail. harneol au lieu de kor- ronne de fleurs 2. petit présent supplémen-
;

neol. Ménage voyait dans cornaline une modi- taire de là 3. dans la basse-latinité, l'accep-
;

fication de coraline. tion argument supplémentaire en mathé-


: ;

3. CoRNARD, cocu, qui porte des cornes, matiques, conséquence naturelle découlant
expression très ancienne pour désigner un d'une proposition déjà démontrée.
mari trompé. Les Italiens disent becco cor- CORPOREL, voy. corps.
nuto, bouc cornu, ou simplement becco; les CORPS, vfr. cors, du L. corpus, corp)oris
Espagnols, cabron, bouc. = (en opposition avec la terminaison us de la
4. Cornemuse, de corne -f- muse (voy. mw- 2'' décl. lat., de la 3" décl. a transmis
celle
sette}-., primitivement, cet instrument était son s aux formes françaises, cp. temps, lez).
COR — 126 — COS

— Du primitif latin découlent corporel, L.


: CORSAIRE, it. corsare, corsale, esp. corsa-

corporalis corporation, réunion de personnes


;
rio, cvsario, prov. corsari, navire qui fait la
formant un corps; corpulent, L. corpulentus, course (esp., it., prov. corsa).
coypulence, L. corpulentia; corpuscule, L. CORSE. CORSELET, CORSET, voy. corps.
corpusculum. —
Dérivés romans corset, pr.
: CORSER, donner du cori' =
corps (v. c. m.).
petit corps (cp. les expr. angl. bodice de body, CORSIN, banquier, usurier, mlat. caor-
corps, ail. leibchen, de leib, corps, it. cor- ci)ius, prov. chaorcin. De cadttrcinus, habi-
petto, corpcttino) ; corselet, corsage, corsé. tant de Cahors ou plutôt de Caorsa en Pié-
CORPULENT, CORPUSCULE, voy. corps. mont (voy Littré, et Godcfroy s. v. caorsiti).
CORRECT, L. correctus, participe de cor- CORTÈGE, de l'it. corteggio, pr. suite d'une
rigere. —
Correctif, correctivus* (corrigere). cour, verbal de corteggiare (en vfr.
subst.
— Correction, correctio, d'où correctionnel. cortoier), faire la cour, dérivé de coHe, cour.
— Correcteur, corrcctor. CORVÉE, BL. corvaia, la tâche exigée par
CORRÉLATION, CORRÉLATIF, mots didac- le seigneur. Ce mot est formé do corrogata
tiques modernes, servant à mieux préciser les (comme vfr. rover de rogare, enlervei-' de
simples relation, relatif; le préfixe cor (cum) inten'ogare , Bavay de Bagacum) et signifie
marque ici, comme souvent, correspondance, propr. convocation, appel. Cette étymologie est
réciprocité. appuyée par les formes prov. couti'oc, vfr. et
CORRESPONDRE, L. correspondere com- , rouchi coi<roto<*e, wallon et picard du x m* siè-
posé inusité de rcspondere ; ici encore le pré- cle coruée. On trouve même dans la basse la-
fixe sert à mieux faire ressortir un rapport tinité la forme-type corrogata avec le même
mutuel. —D. correspondant, -ance. sens que corvée.
CORRIDOR, de l'it. corridore, esp., prov. CORVETTE, anc. corbette, francisation du
corredor, dérivés du L. currere, courir; cp. L. corbita, navire de transport, esp. corbeta.
couroir, t. de marine, passage, et ail. gang CORYPHÉE, du gr. /.opuyatoî, chef, particu-
de gehen, aller. Le mot est fréquemment lièreiiK-nt chef do chœur (de Ttrjpvf/i, sommet).
gâté par le peuple en colidoi\ Voy. aussi COSAQUE, en langue kirghise husak, cava-
coidoir. lier ou gucM'rier.
CORRIGER, L. corrigere, redresser, amé- COSMÉTIQUE, gr. xoj/ijjtwo'î (xoh/aîw), qui
liorer (rad. regere, diriger). —
D. corrigible. orne, enibollit.
CORROBORER, L. co7-ro*orar«, fortifier (de COSMO-, élément de composition, dcxo'î/toi,
robur, force). monde. On le trouve dans* cosmogonie,:

CORRODER, L. corrodere (de rodere, ron- xo7,us/ovt5t, genèse du monde; cosmographie,


ger); du supin coivosum : subst. corrosio, fr. description de l'univers ; cosmolo-
t.otit.o-/çict^lx,

corrosion, adj. corrosivus, fr. corrosif. gie, Ao^Hf>Xoyla, science du monde ; cosmopo-
CORROI, substantif verbal de corroyer (v. lite, xot/ionoUftii, citoyen du monde.
c. m.). GOSSE, forme écourtée de <?co5*e p. escosse.
CORROMPRE, L. comimpere; du supin Quant à ce dernier, il vient, d'après Frisch,
corruption : corruption, corruptio; corrup- du néerl. schote, schosse (Kiliaen), m. s. Les
teur, -trice, corruptor, -trix ; corruptible, étymologies L. excussa (Ménage) ou concha
•ibilité, corruptibilis, ibilitas. (Poitevin) ne sont pas heureuses. — D. écosser_.
CORROSIF, -ION, voy. corroder. — L'adjectif cossu se rattache naturellement
CORROYER, préparer les cuirs, le mor- à cosse; cependant on y a vu, avec quelque
tier, etc. ; signification primordiale : apprê- raison, pour certaines applications du mot,
ter. Ce verbe correspond à it. corredare, une altération de vfr. corsu, dér. do corps
garnir, équiper, meubler, prov. correar, vfr. (cp. corsé, corset) et signifiant « qui a du
conréer. Il se rattache par conséquent aux corps, corpulent, gros ». —
Génin prend
subst. it. corredo, prov. conrei, vfr. conroi, cossu p. copsu et pose pour primitif L. copia-
équipement, préparation, arrangement, etc. sus, abondant; c'est par trop étourdi.
Or, ces subst. composés viennent, dô même COSSER, frapper des cornes, it. cozzare;
que le primitif vfr. roi, ordre, soit de la selon Diez, d'un type coctiare, issu d'un part,
même racine qui a donné goth. raidjan, latin coctus p. co-ictus, de co icere; cfr. it.
déterminer, arranger, ags. ge-raedian, ail. dirizzare, fr. dresser, de directiis. D'après —
be-reiten, préparer, néerl. reden, soit du Caix (Studi.di etim.), l'it. cozzare (d'où le
gaél. reidh, uni, terminé, prêt, rangé (le mot français) vient de l'expr. dar di cozzo,
breton reiz, règle, loi, raison, qui concorde donner de la tête, cozzo étant un terme popu-
parfaitement avec le vfr. roi, est probable- laire p. tête.
ment, selon Diez, un emprunt fait au fran- COSSON, espèce de charançon, dérivé du
çais). Le mot agrès (v. c. m.) est de la même L. cossus, ver de bois.
famille. —
Ceux qui ont mis corroyer en

COSSU, voy. cosse.
rapport avec le L. corium, fr. cui'^, ou avec COSTAL, adj. moderne dér. de costa, côte.
courroie, ont bien mal rencontré. —
D. corroi, COSTUME, it., port, costume, pi'ov., cat.
corroyeur. costuni; ces vocables masculins correspondent
CORRUPTEUR, -TION, -TIBLE, voy. cor- aux formes féminines it., prov. costuma, esp.
rompre. costumbre, fr. coutume. On sait que costume
CORS, plur., voy. cor. etcoutume ne différaient anciennement que
CORSAGE, voy. corps. par une légère variation de forme et par le
GOT 127 COU
genre, et que leur signification commune Littré signale le vfr. costeret, panier, botte
était habitude. Costume, qui, d'ailleurs, parait (« du poisson en costerés
») ; ce mot, BL. cos-
d'importation italienne, a fini par particula- tcretum, vient de costa, dans le sens de
riser son acception et ne plus signifier qu'ha- panier, botte (« costa circulorum », botte de
bitude en matière de vêtement; cp. L. habi- cercles). De botte à fagot, la transition serait
tus, habitude, devenu le fr. habit, vêtement. naturelle. — Savary (Dict. de commerce) tire
Les mots cités sont les représentants du L. le mot de Yillers-Cotterets , premier lieu de
consuetudinem. Pour la terminaison urne, provenance (réfuté par Littré).
voy. l'article amertume. La forme BL. cos- COTTE, vfr. cote, angl. coat, jupe, it. cotta,
tuma se présente déjà dans un texte de BL. cotta, cottus. On
esp., port., prov. cota,
l'an 705. —
D. costumier, -ter. tife généralement ce mot roman des langues
COTE, it. quota, prov. cota, quote-part, germaniques, où l'on trouve d'un côté ags.
nombre indiquant le quantième, etc., du L. cote, angl. cot, ail. hôte, ni. hot, hutte,
quotus, en C[uelle quantité. D. coterie {y. — cabane (nous avons vu, par mots casaque
les
c. m.); coter, marquer, numéroter, it. quo- et chasuble, que les idées hutte et vêtement
tare, mettre en ordre, esp. , port, cotar, acotar, sont connexes), de l'autre vha. chozzo, ail.
marquer suivant l'ordre des nombres ; cotiser, mod. hotze, couverture à longs poils, hutte,
régler la quote-part de chacun. froc, etc. Diez, qui pense que ces derniers
A sont empruntés au roman, est d'avis que cote
COTE, coste', it., prov. costa, du L. costa,
pourrait bien représenter un type latin cuta
côte, flanc, paroi, côté. De costa vient égale-
(par métaplasme pour cutis, peau, enveloppe),
ment l'ail, kiiste, néerl. kust, angl. coast,
rivage de la mer. — Dérivés : 1 . BL. costa-
dont le t médian, contre la règle, se serait
maintenu comme dans bette, carotte et autres.
tum, it.

COSTET*, CÔTÉ.
costato, esp. costado, prov. costat, fr.
— D. cotillon, cotteron, surcot.

2. Coteau faudrait à la rigueur un cir-


(il
COU, voy. col. Composé cou-de-pied, vfr.
col del pied, it. colla dipiede.
conflexe sur d'un type latin costellus.
l'o),

3. Côtelette (d'où angl. cutlet), petite côte;


COUARD, vfr. coard (d'où angl. coward),
le prov. dit costeta.
pi"ov. coart, it. codardo, v. esp. co6arc?o (dans
ce dernier \e b='V est intercalaire, c^.juvicio,
4. Côtoyer, costoyer*, costier*, it. costeg-
giare, esp. costear. p. juicio), flam. huwaerd. Ce mot roman
vient du L. cauda =
queue, vfr. coe, coue,
5.
tier a.
Côtier, it. costier e; côtière, it. cos-
pris soit dans son sens naturel, — les chiens

Accoster, accoter ces mots); écô-


et autres animaux, quand ils ont peur, serrent
6.
ter, ôter les côtes.
(v.
la queue entre les fesses, — soit dans un sens

COTER, voy. cote. dérivé queue d'une armée; le couard serait


:

celui qui se tient à la queue par poltronnerie ;


COTERIE, BL. coteria, anc. réunion de
paysans exploitant les terres d'un seigneur, Etienne ultimus in bello aut acie ut primus
:

auj. compagnie de personnes qui ca baient sit Le premier point de vue semble
in fuga.
plus naturel. En langage héraldique, on ap-
dans un intérêt commun; d'après Diez, de
pelle lion couard celui qui porte sa queue
cote, quote-part, chaque associé retirant sa
quote-part; d'après Littré, du BL. cota, retroussée entre ses jambes. Dans la fable,
cabane (d'oii angl. cottage). couard est devenu le nom du lièvre (cp. en ail.
l'expression hasenfuss, poltron, litt. pied de
COTHURNE, L. cothurnus (xo&opvs,-).
lièvre). Mahn rattache également couard et
CÔTIER, voy. côte. ses correspondants à cauda, mais il l'inter-
COTIGNAC, voy. coing. prète arbitrairement par qui a la queue trop :

COTILLON, voy. cotte. courte c'est à ce titre seulement que couard


;

COTIR; meurtrir, vfr. coitir (Catholicon de lui semble être devenu synonyme de lièvre, et
Lille = allidere, hurter) ; est-ce le même mot par là de poltron. D. couardise. —
que quatir, catir = L. quatere? ou bien,
COUCHER, colcher, BL. colcare, it.
vfr.
comme vfr. coitier (serrer, presser), dér. du colcare, corcare, prov. colgar, contraction du
L. coctus = coactus, serré? — Littré pense
L. collocare, placer, coucher. Nicot son- —
que cotir est le simple du prov. percutir, L. un type —
percutere. — D. cotissure, meurtrissure.
geait erronément à
D. couche, prov. colga; couchette, -ée, -âge,
latin cubicare.

COTON, it. cotone, esp. algodon, ail. kat- couchant ; coucheur, avec qui l'on couche ;
tun, de l'arabe goton, avec l'article al-qoton. :
couchis ; c\is. accoucher, découcher.
L'esp algodon et oJcoton signifie aussi
.
COUCI-COUCI, tellement quellement, imi-
ouate ; c'est de là que provient le prov. al- tation de rit. cosi cosi (cp. ail. et angl. sa so).
cotô, vfr. auqueto7i, auj. hoqueton, moy. ni.
COUCOU, est un mot onomatopée, comme
acotoen, casaque brodée. Glossaire de_ Lille
l'ail, kuchuch; le latin le rend par cucus (Isi-
:

bombicinium, aucton ou pourpoint. D. co- — dore) et cucûlus, un des mots qui, par leur
tonnier, -eux; cotonnade, -ine; se cotonner.
caractère imitatif, convaincront le plus faci-
CÔTOYER, voy. côte. lement de la prononciation ou de la voyelle ic
COTRET, vfr. costeret, fagot de bois court chez les Latins. —
L'it. dit cucûlo, le prov.
etmenu. Etymologie incertaine; Ménage ad- cogûl, l'esp. cuclillo.
mettait pour type L. costrictum p. constric- COUDE, vfr. coûte, it. cubito, prov. coide,
tum, serré, lié (it. costretto, renfermé, serré). code, esp. codo (anc. cobdo), du L. cubitus.
.

cou — 128 — COU

cub'tus. —D. couder, -ée; coudoyer, accou- COULEUVRE, du L. colubra


du L. masc. coluber, -bri).
colubre,
(it, coluhro,
prov.
der ei accoter (v, c. m.).
COUDRE, verbe, p. cousdre ; le d est Notez que le roman a fait subir au fém. colu-
1.
comme dans moldrc (auj. mou- bra un avancement d'accent et le traite
intercalaire,
dre) p. moire. Du L. consuei-e, contracté en
comme col ûlyra. —
D. couleuvreau; coideu-
consre, cousre. Du Cange, du reste, cite déjà
vrilleou coulevrine, pièce d'artillerie (cp. les
termes scrpe7itin, et ail. fcldschlange).
une forme latine cusere, et un glossaire arabe-
latin porte cosere. Les formes it. cucire, eus- COULIS, adj., qui glisse ou qui coTile, voy.
cire, esp. coser, cusir, se rapportent en par- couler. —
De là vent coulis, et coulis, subst.,
:

tie à une forme latine cusire, qui se trouve « éprainte de chappon ou autre chair bouillie
dans Isidore. —
D. cousoir, couture it., = à outrance, coulée avec le bouillon, qu'on
esp. costura =
L. consutura; cps. découdre. baille aux malades » (Nicot); coulisse, propr.
2. COUDRE, noisetier, du L. conjhis fém. de l'adj. coulis, puis chose (rainure) pour
(xo/JuXiSi), m. s., devenu d'abord co7r«s, par faire glisser.
syncope de l'y et la transposition des liquides, COULOIR, corridor, galerie. Dans cette ac-
puis, par suite de l'intercalation euphonique ception, le mot est peut-être gâté do couroir,
de d, coldrus, d'où coudre. —
D. coudrier, qui peut fort bien avoir existé, et qui répond
coudraie, coudrette. aux équivalents it. corritoio, BL. corritorium
COUENNE, it. cotenna, codenna, prov. co- (pour la confusion de r et /, cp. la prononcia-
dena, dér. du L. cutis, peau, par un intemné- tion populaire colidor p. corridor). Sinon,
diaire cutanus, d'où d'abord couaine, puis cette acception doit être déduite de colle do
couène, couenne. Cette explication, obser\'o conduit, canal, qui, comme celle d'écuollo à
Diez, n'est admissible que pour le français, fond de toile par où l'on coule le lait que l'on
mais fait difficulté pour la terminaison des vient de traire, .se rapporte à couler.
formes it. et prov. COULPE, vfr. aussi corpe, du L. culpa. —
COUETTE, lit de plumes; anciennement D. coupable, L. culpabilis (du verbe cutparc,
orthographié coîïe, vfr. coûte, heute, quieute; accuser), d'où le substantif culpabilité. Nous
formes issues de cuiîte, coite, coûte, coite, n'avons plus le verbe coulper, accuser, incul-
coulte (anc. flam. hulcht, angl. quilt), qui re- per, mais les patois ont le dérivé coupoier,
présente le L. culcta, contraction de culcita. qu'ils emploient pour médire.
— A la forme latine culcitra remontent it, :
COUP, vfr. colp, col, it. colpo, v. esp. colpe,
coltrice p. coJcitre, v. esp. colcedra, prov, Par syncope du
esp., port, golpe, prov. colp.
coiisser. Une forme contracte culctra a donné
L. colaphus (xoXapoi), coup de poing, que l'on
it. coltra, coUre, couverture, vfr. cotre, contre.
trouve, dans la basse-latinité, transformé en
— Enfin, culcitinum, culc'tinum, forme dimi-
colapus, colojnts, puis colpus. Le verbe dérivé
nutive de cidcita, a fourni le type à l'it. cus- colper', couper, it. colpire, a signifié dans le
cino, esp. coxin, prov. coissi, fr. coussin,
principe abattre le sens de trancher, tailler,
angl. cushion, ail. kiissen, hissen. D. — ;

lui est survenu. Chevallet et autres se trom-


couetteux, efféminé (cp. poltron, mot logique-
pent en faisant venir colper du germanique
ment analogue). Voy. aussi le mot coutil, klopfen ou kloppen; les langues romanes
dérivé de coûte', et courte pointe.
auraient, selon Diez, plutôt favorisé que dé-
COUILLE, vfr. coil, prov. colho, colha, du truit la consonnance initiale cl. D'autres en-
L. coleus, m. s. —
D. couillon, it. coglione.
core ont proposé vha. kolpo, holbo (ail. mod.
Le mot it., ainsi que l'esp. collon et fr. coïmi kolben), ou le cymr. colp, désignant des in-
(d'où coïonner, traiter avec mépris), s'emploie
struments à percer ou à frapper, mais l'ôtymo-
pour poltron et fripon.
logie latine l'emporte en vraisemblance. Celle
COULE, espèce de capuchon ; du L. cuculla du gr. jtoTTTuv est également insoutenable.
par une forme intermédiaire cooule; cp.
COUPABLE, voy. coulpe.
gourde de gougourde, par goourde (voy.
courge).
1 COUPE, action de couper.
2. COUPE, vase à boire, vfr. cope, it. coppa,
COULER,ce verbe, substitué en français au
en premier lieu, d'après
latin fiuere, signifiait esp., port., prov, copa, du L. cuppa. Ce mot
son primitif latin colare, filtrer, faire passer latin est distinct de cupa, chose creuse, ton-
par un sas, signification encore propre à it. neau, qui est le primitif de fr, cuve (v. c. m.).
colare et esp. colar. Il a fini par exprimer Dér. coupelle (v. c. m.). Composé : soucoupe.
tout mouvement fluide et est devenu aussi COUPEAU, COPEAU, sommet, dér. du vfr.
synonyme de glisser. —
D. cordant, -âge, -ée; cope, m. qui est peut-être le même mot
s.,

coidis, adj. (v. c. m.), vfr. coideïs, prov. = que le précédent, lequel, désignant une chose
coladitz et L. colaticius ; —
couloir, 1. tamis, concave, peut aussi servir d'appellation à une
2. =corridor ; couloire, -ure. —
Cps. écou- chose convexe ; renversez la tasse et elle prend
ler, découler. la forme d'une montagne. Le primitif L.
COULEUR, L. color. —
D. colorer, L. colo- cuppa, dans le sens que nous lui attribuons,
rare ; coloris (la finale s a été ajoutée à faux),
=
a donné l'ail, koppe et huppe, m. s. Quelle —
it. colorito (part, d'un type fictif colorire que de cope, copeau, on ne peut
soit l'origine
La forme colorier a été
colorer); coloriste. méconnaître la parenté de ces mots avec l'ail.
dérivée dans les temps modernes du subst. hop, hopf, tête. Et tête lui-même vient d'ua
coloris. mot signifiant une chose concave.
cou — 429 COU
COUPELLE, petite coupe, du L. cuppella, schlàchtig, courbatu, poussif, asthmatique
dim. de cuppa. — D. coicpeller. (de herz-schlag, battement de cœur). La forme
COUPER, voy. coup. D. coupe; coupé, — cour p. cœur en syllahe atone est correcte.
division d'une voiture ; coupeur; couperet; Comme composition, cp. solbatu. D. cour- —
coupoir, -on, -ure; copeau, composés : décou- bature, d'où courbaturer.
per, entrecouper. COURBE, adj., prov. corb, du L. curvus
COUPEROSE, it. copparosa, esp., port, ca- (pour V médial, devenu b, cp. corbeau). —
parrosa, d'après Diez, du L; cupri rosa, rose D. courbe, subst.; courber {L. curvare), cour-
de cuivre, expression imitant le gr. yâ.lit.x-i'^o; bure, -ette; recourber.
vitriol, couperose, litt. fleur de cuivre. La COUROAILLET, dans certaines contrées
forme angl. copperas semble faite sur un type earcaillet, pour appeler les cailles; la
sifflet

ail. hupferasche, cendre de cuivre, cuivre cal- première partie du mot seule est sujette à ex-
ciné; le flam. dit koperrood, rouge de cuivre. plication; est-ce peut-être une modification
— L'acception médicale de couperose parait de cor, quoique le mot désigne un sifflet? Pe-
fondée sur l'idée de rouge qu'évoque l'élément trus de Crescentiis a traduit cet instrument
rose; ou peut-être sur une confusion avec par qualilatorium (quod qualiam afiert?).
goutte-rose. —
Diefenbach, au mot coporosa, Littré tient le mot pour une onomatopée.
cite les trois termes ail. suivants comme tra- COURGE, anc. coourge, qui représente
1.
ducteurs de ce mot coperock, kupferrauch,
: L. cucurbica, transformation du classique
coperrait; ce sont des formations arbitraires, cucurbïta, qui de son côté a fait régulière-
et elles ne peuvent guère être invoquées, ment le prov. cougourde, d'où fr. goourde,
comme l'a fait Littré (suppL), ni pour ni contre auj. gourde (en wallon cahoûte).
l'étymologie de Diez. 2. COURGE, bâton recourbé à l'aide du-
COUPLE, it. coppia, du L. copula, lien, d'où quel on porte sur l'épaule deux seaux, l'un
viennent encore anc. it. côbbola, prov. cobla, en avant, l'autre en arrière. Etymologie incer-
strophe, c.-à-d. enchaînement de vers, signi- taine. Littré rappelle le cargo du moy. lat.,
fication propre encore au diminutif français que D. G. interprète par « stirps, truncus, fus-
couplet. —D. coupler, accoupler, découpler. tis » mais tout en admettant connexité avec ce
;

COUPLET, voy. couple. D. coupleter. — mot, celui-ci n'est pas le primitif immédiat
COUPOLE, de l'it. cv/pola, diminutif de de courge. Notre vocable traduit dans le
coppa, voy. coupe 2; l'ail, en a fait kuppel. Gloss. de Lille (p. 53 de mon éd.) le lat.
COUR, anc. court, cort, esp., port., it. corte, coligerium (aussi coligeriatum), mot forgé
prov. 007"^, BL. cortis, curtis, du L. cohors, de colla gerere (cp. fr. colporter) et resté in-
chors, cors, -tis, cour de ferme escorte, cor- ; connu à D. C. et à Diefenbach; mais on ne
tège. Acceptions du terme en bas-latin : saurait faire sortir courge de coligerium.
1. cour de maison, ferme, métairie, basse- COURIR, vfr. corre, courre (forme conser-
cour, de là les dérivés courtil, BL. curtile,: vée dans chasse à courre), L. currere. D. —
wallon corti, jardin dépendant d'une habita- courant, courante =
diarrhée, coureur, cou-
tion rurale courtine (v.c.m.); 2. cortis regia,
;
reuse; courrier.
regia aula, familia et domus principis ; de là : COURLIEU, courlis, courleri, angl. curlew,
it. cortese, esp. cortes, fr. courtois, répon- BL. corlivus, it. chiourlo, ésp., chorlito, oi-

dant à un type latin cortensis; it. cortigiano, seau nommé d'après son cri.
esp. cortesano, BL. cortisanus, fr. courti- COURONNE, L. corona. — D. couronner,
san (cp. la forme it. Parmigiano = Parmen- L. coronare.
sis);verbe it. corteggiare, esp. cortejar, prov. COURRE, COURRIER, voy. courir.
coHezar, fr. courtiser; corteggio, subst. de COURROIE, it. corrcggia, esp. port, correa,
ce verbe, a donné au français le mot cortège prov. correja, valaque cureâ, du L. corrigia,
(v.c.m.). — Le mot latin chors, BL. cortis, courroie, lanière, fouet.
s'est ainsi substitué au latin classique aula, COURROUX, vfr. coroce, prov. corrotz, it.
dans les deux sens qu'avait ce dernier ; ces corruccio. D'après Diez, ces mots sont formés
deux sens sont également propres à l'ail, hof. de colroux, colruccio et viennent de choiera,
Nous rappellerons encore une troisième ac- bile, colère. Littré, se fondant sur l'it. corrotto,
ception du mot cour, dérivée de la deuxième, vfr. cor7'ot (rare), deuil, qui répond à un type
savoir celle de siège de justice. L. corruptus, action de corrumpere (au sens
COURAGE (anc. =
cœur, sentiment), it. co- d'irriter, mettre en peine), estime que la forme
raggio, esp. corâge, 'ÇTow.coratge, BL. cora- corous, courroux (avec s, z o\\ x k la fin) ac-
gium; dér. de cor, fr. cœur. L'absence du d cuse pour type un subst. fictif corruptium. Il
radical (L. cor, cordis) prouve que le dérivé est difficile de ne pas souscrire à l'opinion de
s'estproduit sur le terrain roman, en dehors Littré ; selon moi, vfr. corrot, corropt repré-
de toute influence latine ; il en est de même sente le subst. verbal de corruptarc, courroux
du dérivé vfr. corée, entrailles. D. cou- — celui de corruptiare (cp. vfr. corroptios,
rageux; encourager décourager. coroços =
L. corruptiosus); vfr. coreçon

,

COURBATU, part, passé d'un verbe fictif (courroux) =


corruptionem. Pour le sens
courbattre, que les uns expliquent par battre de fâcher », dont corrumpere s'est
« irriter,

à bras « raccourci » (Littré), d'autres par revêtu, cp. ail. àrgern, fâcher, litt. gâter, et
« courbe-battre », et qui, selon moi, repré- fr. altérer, propr. gâter. —
D. courroucer
sente « frapper au cœur » ; cp. ail. hers- (vfr. courecier, courcier).
.

cou — 430 — CRA


COUTEAU, colteV, coutcl, it. coUello, prov,
corso, esp. curso, prov. cors.
COURS, it.
du L. cursus (currere). Les langues romanes coltelh, du L. cultdhis, dim. de cuUcr —
D. coutelier cuiler), coutellerie, coutelas
ont en outre une forme féminine it. esp :
[9.ï\g\.
=
, ,

coltellaccio.
prov. corsa, fr. course, action de courir.
it.

COURSE, voy. cours. —


D. coursier, prov. COUTER, couster*, it. costare, esp., prov.
corsier, corsiere; corsaire {v. c. m.).
it. du L. constai'e, m. s. Pour
costar, ail. kosten,
COURSON, voy. court. la transformation du mot latin, comparez les
COURT, it., esp. corto, prov. cort, L. cur- mots costume et coutume, coudre, couture,
fiis^ — D. courson, branche taillée de court Coutance, nom de ville, de Constantia. — D.
(type latin curtio)\ courtaud, it. cortaldo; subst. verbal coût, prov. cost, it. costo; adj.
écourter, accourcir (v. c. m.). coitteux, esp. costoso.
COURTAGE, voy. courtier. COUTIL, keutiV, dérivé du vfr. coûte, coite,
COURTAUD, voy. court. D. courtauder. — keute, r= L. culcita (voy. couette), toile dont
COURTEPOINTE, p. coidte pointe cul- = on couvre des oreillers, matelas, etc. Autre
cita puncta, couverture piquée. Pour coulte dérivé du même primitif : coutier, faiseur de
= culcita, voy. couette. coûtes, tisseur en coutil.
COURTIER, contraction du vieux mot cou- COUTRE, it. coltro, du L. culter, -tri, soc
ratier, couretier, it. curattiere (p. curatiere); de charrue.
d'un type latin curatarius, dérivé du L. eu-
— COUTUME, — D. coutumier,
voy. costume.
ratus, chargé d'une affaire (de cura, soin). accoutuynrr (v. c. m.).
COUTURE, voy. coudre. — D. couturier.
Le subst. courtage se rapporte dir. au verbe
courcter, courter (peu usité).
COUVENT, voy. convenir.
COURTIL*, voy. cour. — D. courtilière, in-
COUVER, en parlant des oiseaux, it.
1.
secte qui ravage les jardins, taupe-grillon ;
covare, prov. coar, du L. cubare, pris dans
cp. le nom de l'insecte à^\i jardinière.
le sens do incubare, être couché dessus ; de
COURTINE, prov. cortina. Sont
it., esp.,
là : couvaison, L. cubatio ; couvée, couvin =
tirés gardine, angl. curtoin.
du français ail.
L. cubamen*; couveuse, couvi; 2. en parlant
:

Isidore cortinse sunt aulœa. Comme au-


du feu, du L. cubare, dans le sens d'être
:

laeum (aù>xîx) se rattache à aula {xùH), cour, couché (= caché soms la cendre) ; de là : cou-
courtine vient du BL. cortis, cour. Au moyen
vet (bourg, couveau), chauflerette.
âge cortina signifiait « minor cortis », la
petite cour, puis une certaine partie des
COUVERCLE, it. coperchio, du L. coopercu-
remparts, encore aujourd'hui appelée cour-
lum (cooiM5rire). L'ancien mot couverseau
répond à un type coopercellurn.
tine. Leur origine respective permet d'assi-
gner à courtine et au L. aulœum pour signi- COUVERT, voy. couvrir.
fication première mur de clôture, séparation
:
COUVET, voy. couver.
entre deux, cours, d'où découle l'acception COUVRIR, angl. cover, it. coprire, osp.,
abri, rideau. Le cortina du latin classique prov. cubrir, du L. cooperire. Du part. L.
(espèce de vase) n'a de commun avec le coopertiis, copertus : fr. couvert. — D. subst.
cortina des langues romanes, issu de cortis, couvert, ce dont on couvre une table, une
1 .

que la racine, qui exprime une chose ou un lettre ; 2. ce qui couvre, abri, asile ; couverte,
espace circulaire. —
Bugge explique le cor- couverture, couvreur; cps. découvrir, recou-
tina classique par une contraction do covor- vrir, couvre-chef ot sembl. Je tiens couvert —
tina, cf. l'ombrien covortus. Voy. Rom., V, et couverte pour des subst. verb. d'un type
176, note. — D. encourtiner. dérivé copcrtare.
COURTISAN, COURTISER, voy. cour. CRABE, mot d'origine germanique : ags.
COURTOIS, voy. cour. —
D. courtoisie, it., crabba, angl. crab, suéd. hrabba. ixW.hrabbe
esp. cortesia, angl. courtesy. (cp. gr. xâ/sa6o;). —
D. crabier, oiseau qui se
1. COUSIN,
cugino, prov. cosin, est selon
it. nourrit do crabes; dim. crevette (v. c. m.).
l'opinion généralement reçue et sanctionnée CRAC, onomatopée (cfr. vha. krac, ail.
par Diez, une contraction du L. consobrinus. krach, angl. crack, gaél. crac). D. cra- —
Les formes grisonnes accusent davantage cette quer, ail. krachen; craquelin = néerl. kra-
origine cusrin, cusdrin; l'esp. a sohrino
: keling
= neveu. Chevallet, à la suite de Nicot, pro- CRACHER (prov. es-cracar, vfr. escrachier)
pose pour primitif une contraction de consan- parait être équivalents
un renforcement des
guineus. Entre les deux contractions mises vfr. radier,wall. rachi, pic. raquer, prov.
en avant, le choix ne peut rester douteux. — racar. Ces formes sont identiques avec le
D. cousiner, -âge, nord, hrâki, salive, hrœkia, cracher, ags.
2. COUSIN, anc. cusin, moucheron, d'un hraekan. Malgré ces rapports étymologiques
type latin cidicinus, diminutif de culex, cou- incontestables, on est admis à ne voir dans
sin. Grôber, récemment, a objecté contre cracher qu'une des manières adoptées dans
l'étymon culex qu'il postule en fr. coiicin ou les diverses langues pour imiter le bruit qu'on
coissin; mais que mettre à sa place? D. — produit en tirant un flegme du fond de l'esto-
cousinière.
— D. coussinet. mac. —D. crachat (cp. pour la finale pissat),
COUSSIN, voy. couette. crachoir, -oter.
COÛT, voy. coûter. CRAIE, vfr. croie, it. creta, esp. greda.
CRA 131 — GRÉ
anc. flam. hryd, ail. kreide, du L. d'eta. — amours. — Enfin, l'on a proposé le mot grec
D. crayeux, crayon, rouclii croïon. xypyu/.To; ;
pour notre part, nous ne connais-
CRAINDRE, vfr. cremre, criemhre, cre- sons pas cette forme, mais bien un verbe
mir, prov. cremer, du L. tremere (prov. et y.xpYZi.-i, contracter. On voit que le nom de ce

vfr. tremir), avec changement euphonique hideux reptile a beaucoup embarrassé les éty-
de tr en cr. Pour la forme finale, cp. gein- mologistes. — D. crapaudine, -ière; crapdet,
dre de gemere, empreindre de imprimere et jeune crapaud.
sembl. —D. crainte, d'où craintif. CRAPAUDAILLE, espèce de crêpe ; corrup-
CRAMOISI (le peuple dit encore en quelques tion pour crépodaille (radical crêpe, angl.
provinces, d'une manière plus juste, ker- crapé).
moisi), voy. carmin. CRAPOUSSIN, 1. sorte de crustacé (?);

CRAMPE, BL. crampa, d'origine germa- 2. personne contrefaite, terme de dérision.


nique, =
angl. cramp, ail. krampf. Le mot Ce mot est sans doute du même lignage que
est de la même
famille que le suivant; l'idée crapaud.
fondamentale est contracter, resserrer, re- CRAPULE, L. crapula {^px^nx).-^). D. —
courber. crapuler, -eux.
CRAMPON, de l'ail, krampe, crochet (vha. CRAQUE, bourde, vanterie, =
chose qui fait
cramph, courbé); cp. it. grampa, griffe. — du bruit, sonore, qui craque; on a fait du mot
D. cra)7iponner, -et.
un personnage de comédie.
CRAN, vi^all. cren, crenne, entaille,
vfr.
CRAQUELIN, voy. crac.
pays de Coire crenna mha. hrinne),
(cp. le
CRAQUER, voy. crac; sens métaphorique,
du L. crena, rainure, entaille. —
D. créneau,
faire le vantard, débiter des
angl. to crack). —
mensonges
D. craque, mensonge,
(cp.

vfr. crenel, et par transposition de Vr : carnel,


gasconnade (v. c. m.); craqueur, -erie; craque-
carneau, -èle (d'où carneler)-^ créner.
ler, -eter.
CRANCELIN, de l'ail. hranzUn, dimin. de
CRASE, contraction, dugr. x,oâîi;, mélange,
hranz, couronne.
fusion.
CRANE (mot inusité en vfr. , où il aurait CRASSANE, sorte de poire fondante. Mot
fait crange), du L. cranium, gr. y:pyMo-i. De gâté de cresane, par suite d'un faux rapport
crâ7%e,dans le sens métaphorique « écervelé, avec crassus, épais, ramassé ; il vient de Cre-
tapageur, rodomont « vient le subst. crânerie.
,
sane, nom d'un village de la Nièvre (Littré,
CRAPAUD, vfr. crapot, picard crapeux, suppl.).
prov. crapaut, grapaut, cat. gripau, limou- CRASSE, adj. fém. (dans crasse ignorance),
sin gropal. On fait généralement venir ce mot du L. crassus, épais, gras (voy. aussi gras).
du L. crepare, le crapaud étant un animal — D. crasse, subst., ordure épaisse et grasse,
prêt à crever; mais pourquoi, dans cette hy- variété de graisse, à forme plus latine ; cras-
pothèse, le mot ne s'est-il pas, conformément seux, décrasser, encrasser.
à la règle, francisé en crevaud ? Chevallet CRATERE, L. crater, gr. xpxr-ôp, pr. coupe
prend crapaud pour une corruption du danois où l'on mélange
(xspàw, mélanger).
groenpadde == crapaud, mot composé de CRAVACHE, esp. corbacho, ail. karbatsche,
groen, vert, etpadde, grenouille ou crapaud. lioll. harwats, russe harbatsch ; du turc kyr^
Il cite à l'appui de sa supposition le passage batch, nerf de bœuf.
suivant du Dictionnaire de Trévoux : •< Le CRAVATE (patois croate, croyate), it. cra-
plus dangereux crapaud est celui qu'on ap- vatta, croatta. esp. corbata. Le mot s'est in-
pelle crapaud verdier ou graisset ou raine troduit en France dans la première moitié du
verte (rana viridis). » Nous ne nous rangeons XVII® siècle et vient du nom de peuple Cra-
pas à l'avis du linguiste français ; les diverses vatte = Croate (esp. corvato). Le même mot
formes romanes du mot nous disposent plutôt cravate, au masculin, désigne un cheval de
en faveur de l'opinion de Diez et autres, qui Croatie.
rattachent le mot à la racine, signifiant ram- CRAYON, voy. craie. —
D. crayonner.
per, des vocables germaniques: ags. creopan, CREANCE, ancienne forme de croyance; la
angl. creep, néerl. kruipen. D'après Brachet, créance, dette active, est un effet de la con-
il existerait, en effet, en vfr. un verbe craper, fiance, de la croyance, du crédit accordé à
ramper, mais il est inconnu à Godefroy. Il — qqn. Le mot est tiré de credens, vfr. créant
faut, du reste, aussi citer ici le mot crape, (voy. croire). — D. créancier.
qui se rencontre dans des patois français avec le CRÉATEUR, -TION, -TURE, voy. créer.
sens d'ordure. Crapaud en serait-il un dérivé? CRÉCELLE, moulinet de bois qui fait un
Dans le dialogue français-flamand publié bruit aigre. Selon Ménage, de crécerelle, à
par Hoffmann de Fallersleben (Horae belgi- cause de la ressemblance du son de la crécelle
cae, IX, p. 99), nous rencontrons crapois, avec le cri de cet oiseau ; étymologie bien pro-
traduit par merswin (marsouin). Cp. cra- blématique. Peut-être d'un type latin crepi-
poussin. Ménage invente pour le besoin une cella, tiré du L. crepare, craquer, rendre un
de ses enfilades favorites repère, repare, re- son, pétiller (cp. L. crepitaculum, hochet,

:

paldus, crepaldus, crapaldus, crapaud. crécelle); ou bien du hoU. hrehel, (alle-


On a vu aussi dans crapaud l'onomatopée du mand d'Aix-la-Chapelle, kreckel) grillon (voy.
léger son guttural, court, flùté, que ces ani- criquet), ou enfin du v. néerl. kt'eken, cra-
maux donnent vers le soir au temps de leurs queter (angl. creak, creek). — Le Nomen-
.

CRÉ 132 CRE

clator de Junius donne cercerelle, daqitette, large do ce mot est individu de race étran-
:

pour traduire crotalus. Disons encore — gère né dans le pays.


qu'on a proposé de rattacher crécelle à CREPE, crespe', du L. cri.ipus, frisé. Le —
kyrielle, par hysielle (qui se trouve), d'où subst. fém. crêpe, pâte faite de farine et
crisielle, crésellc, a-esselle {Rom., VUI, 619). d'œufs, est le même mot; pour ainsi dii'e,
C'est par trop d'effort. pâte rugueuse, ridée. Anciennement on em-
CRÉCERELLE, anc. querquerelle, oiseau de ployait, dans ce sens, aussi le dimin. crepet.
proie ; variété de vfr. crécelle, homonyme du Ou bien O'épe et crepet seraient-ils de la
subst. traité plus haut. Ce primitif cr«/ce?/e famille de l'ail, krapf, dim. krûppel, espèce
est une modification de cercelle (v. c. m.), qui de gâteau? —
D. crêper, L. crispare; crépir,
vient du L. querquedula. enduire de mortier (les aspérités du crépi ont
CRÈCHE, vfr. crebe, greche, wall. crêpe, donné naissance à ce mot ; cp. le terme angl.
cripe (angl. cratch, râtelier), prov. crepia, roughcast); crépine, crépon (esp. crespon),
crepcha, it. greppia, du vha. krippa, hrippea, crépodaille, gâté en crapaiulaille; crépu.
vieux saxon cribbia, ail. krippe, angl. crib. CRÉPIN (SAINT), ensemble do l'outillage
Pour la forme, cp. sèche de sœpia (sepia). d'un cordonnier, de saint Crépin (Crispinus),
CRÉDENCE, mot d'introduction étrangère, patron des cordonniers.
it. credenza, esp. credencia, ail. kredens-tisch, CRÉPINE, prov. crespina, voy. crêpe.
du BL. credentia, prsegustatio, experimen-
1. CRÉPIR, vfr. crespir, voy. crêpe. D. —
tum, épreuve ; 2. la table « in qua vasa in con- crépi, crépissurc.
vivio reponuntur n. Du L. credere, croire. CRÉPITER*. -ATION, L. crepitare, -atio.
Avant de servir les vins et les mets, ils étaient CRÉPUSCULE, L. crqmsculum, dim. d'un
dégustés, pour certifier qu'ils ne renfermaient subst. (inusité) crépus, qui a laissé sa trac©
rien de nuisible; cette dégustation, inspirant dans l'adj. creperus, sombre, douteux. D —
confiance, s'est appelée crc'dence, variété de crépusculaire.
créance et de croyance. L'acte a communiqué CHÉQUIER, prunier (ou cerisier) sauvage,
son nom à la table sur laquelle il s'accomplit. du vfr. crèque, prunelle; celui-ci=vha. crick,
Le sens de crédence s'est dans la suite élargi petit fruit à noyau; cp. dans quelques dia-
et le mot signifie aujourd'hui buffet, dressoir, lectes ail. krieke, kriechc, cerise ou petit©
chambre à provisions. —
D. crédencier, BL. prune; dan. krûge, prunelle.
credentiarius CRESCENDO, terme de musique italien,
CRÉDIBILITÉ, L. crcdibilitas (de credibi- mot latin si<?nifiant en croissant ».
•»

lis, croyable). CRESSON, pic. kerson, BL. crissonus, it.

CRÉDIT, it. crédita, ail. kredit, du L. cre- crescione. Selon Ch. Esticnnc, « a celeritate
ditum, pr. la somme de ce qui est cru, c.-à-d. crescendi »; si cette étymologie est la bonne,
confié à qqn., ou de ce qui lui est fourni ou il faut considérer comme empruntés au rom'an

prêté dans l'espoir d'un remboursement, puis les mots germaniques vha. chresso, nha.
= réputation de solvabilité, et, enfin, con- kresse, ags, cûrse, angl. cress, néerl. kerse;
fiance en général. Crédit est le corrélatif do "Weigand, cependant, les rattache au verbe
débit, L. debitum, chose dufc. D. créditer, — vha. chresan, ramper, à cause des tiges ram-
inscrire au crédit, créditeur; accréditer, pour- pantes du cresson de fontaine. Le mot s'est
voir de crédit ; décréditer ou discréditer, pri- aussi transmis aux langues slaves. Voy. aussi
ver de crédit. Hildebrand dans le Dict. de Grimm.
CREDO, mot latin =« je crois premier mot CRÊTE, it esp. cresta, angl. crest, =
L.
— D.
,
;

du symbole apostolique. crista. crété; vfr. crestcau = créneau,


CRÉDULE (en Champ., créole, criole), du cp. prov. cristal, hauteur écréter, t. d'art
L. credulus, m. s. —
D. crédulité, L. -itas; militaire.
;

incrédule, L. incredulus, qui ne croit pas. CRETIN, dans la Gironde crestin, dans les
CRÉER, L. creare. —
D. créateur, -ation, Pyrénées crestian. L'étym. christianus (bon
-ature L. creator, -atio, -atura.
, chrétien, innocent, idiot), mise en avant par
CRÉMAILLÈRE, CRÉMAILLON, vfr. cra- Bridel, Canello, Génin, ne laisse plus de
mait, wall. crama, cramion, cramier, champ. doute; les idiots, dit G. Paris, sont appelés
cramaille, du bas-latin cramaculus venu lui- , dans toute la France des innocents. D. —
même du néerl. kram, croc de fer. L'origine crétinisme, -iser.
grecque /.^C5,aàî3ai, suspendre, est peu pro- CRETONNE, toile blanche; du nom du pre-
bable. Du fr. crémaillère, l'espagnol a fait mier fabricant de cette toile, à Lisieux.
gramallera. CRETONS, déchets de graisse de bœuf ou
CRÈME, prov. crema, angl. cream, du L. de mouton. Origine inconnue le picard dit ;

cremum (Vénance Fortunat), p. cremor. Cre- croton pour graillon. Le mot pourrait se rat-
mor lactis, suc du lait est une expression sem- tacher à crotte.
blable à flos lactis, it. fior di latte, fleur du CREUSER, voy. creux.
lait; l'it. dit aussi capo ou cim.a di latte. L's CREUSET (angl. cruset, cruisel), vfr. croi-
dans vfr. cresme est intercalaire. D. cré- — creusai, croiseul, lampe, esp crisol, creu-
.s'el,

mer, -eux, -ier; écrémer. set, cn'isuelo, lampe ; it. crogiuolo, creuset.
CRÉNEAU, voy. cran. D. créneler. — Tous ces mots, comme leurs équivalents bas-
CRÉOLE, anc. criole, de l'esp, criollo, qui ail, kreusel, hrusel, etc., dérivent du mha.
paraît être d'origine indienne. Le sens le plus kr us [nha. hraus), pot, cruche, jatte, =néerL
., .

CRI 133 — CRO


hroes, angl. cruse, cruise. — Le BL. crucibo- Inutile de remonter à des sources celtiques
lus, crucibulum, lampe de nuit (d'où la forme ou germaniques (goth.^^r^ton, pleurer, néerl.
angl. crucible, creuset), est une extension hrijten, crier; ou bien vha. scrian, ail.
arbitraire du radical germanique, opérée schreien). —
D. cri, vfr. et prov. crit, it.
peut-être sous l'influence de crux, à cause des grido, grito; crieur, -ard, -ée, -erie;
esp.
mèches croisées de certames lampes. —
Les criailler, prov. crizaillar; cps. décrier,
formes picardes crachet, crechet et angl. cres- s'écrier (it. sgridar, prov. escridar).
set, lampe, sont indépendantes de notre mot CRIME, L. crimen.
et tiennent à crache, graisse, suif. —
Diez ne CRIMINEL, L. criminalis (crimen). — D.
traite pas creuset; mais il rapporte, à tort criminalité, -aliser, -aliste.
probablement, l'esp. crisuelo et crisol au mot CRIN, vfr. aussi crine (fém.), L. crinis,
basque criselua, lampe; ce dernier paraît cheveu. —
D. crinier, crhtière; crinoline,
plutôt emprunté au roman, étofie de crin; crinon, petit ver fin comme
CREUX, prov. cros, BL. crosus. Etymolo- du crin.
gie incertaine Diez émet modestement une
;
CRINCRIN, onomatopée.
conjecture, d'après laquelle le prov. cros
CRINIÈRE, CRINOLINE, voy. crin.
une forme contracte de corrosus.
serait
cite à l'appui un passage provençal pan :
Il
CRIQUE, petite baie, ags. crecca, = angl.
creeh, holl. crech.
on raton fan cros, pain dans lequel les rats
font des trous, « quem corrodunt ». Littré,
1. CRIQUET, insecte, angl. crichet, néerl.
hrehel (d'où picard crequeillon), cjmr.cricell,
tenant compte de formes dialectales creut et
wallon crihiod, crehioyi. Tous ces mots sont
du BL. crotum, se prononce pour le L. crypta,
imitatifs.
grotte, mais il ne s'explique pas sur l'intro-
duction de la finale s ou œ. —
Fôrster (Zeitschr.
2.
kraak,
CRIQUET,
ail.
cheval faible, cp. ni.
petit
hriche (Luxembourg
krache,
VL condamne l'étymologie corrcsus (o
109)
krck], m. s. En anglais, cncÂe^ s'emploie aussi
fermé) comme contraire à la forme ue que
notre adjectif présente en vfr. [crues] et qui
pour tabouret; terme analogue à chevalet de
cheval.
postule absolument un type crusum (o ouvert),
CRISE, L. crisis (xpt'irt,-, jugement, déci-
lequel fait défaut. Il va sans dire qu'il est
sion).
plus sévère encore contre l'opinion de Littré,
qu'il ne discute même pas. — Avant Fôrster CRISPER, L. crispare, friser, rider, con-
tracter; c'est la forme savante de crêper.
déjà, Paris avait élevé la même objection
contre corrosus. CRISSER, vfr. crinser (Froissart dit en
CREVASSE, voy. crever. — D. crevasser. parlant d'un doux vent « si net et si serein:

que feuillettes n'en faisoient que crinser »).


CREVER, prov. crebar, it. crepare, esp.
quebrar (rompre), du L. crepare, craquer, Ce verbe ne peut être identique avec grincer
(v. c. m.); il appai-tient sans doute à la même
.s'ouvrir avec bruit, éclater. Le roman a donné
en outre à ce mot le sens de mourir en par- famille que vfr. croissir, grincer des dents,
lant des animaux (= ail. krepiren); dans le it. crosciare, esp. cruxir. On trouve sou-
sens actif, le verbe signifie faire éclater, rom- vent dans les vocables exprimant un bruit ou
pre, percer [crever les yeux). — D. crevasse, un mouvement des modifications de voyelles,
sans changement essentiel de sens ; cp. cra-
prov. crebassa; eps, crève-cœur, it. crepa-
cuore. quer, criqucr croquer, claquer, cliquer.
,

CREVETTE, provenance
petite écrevisse ; la
Comparez du reste encore holl. hrissen, bas-
de o^abe (v. c. m.) est combattue, au double saxon krischen, krishen, ail. kreischen, pé-
tiller, craqueter.
point de vue du sens et de la phonétique, par
Joret ; pour celui-ci, le mot vient du type *cra- CRISTAL, L. crystallum (xpûîraUo;). —
petta, métathèse de *capretta (de capro^, qui a D. cristallin, 1j. CTystalXinns \ cristalliser
donné chevrette. Sous ce dernier mot, nous CRITERIUM, latinisation du gr. yt.piT-fipi.ov,

avons déjà dit que Suchier conteste cette ma- moyen déjuger (z/stvw!.
nière de voir et rapporte crevette au moy. ni. CRITIQUE, gr. ypi-cw.ài (qui juge), fém.
crevet (écrevisse) ; on trouve au xvi^ siècle xpiTt)!/;, de xpt'vîiv, juger. — D. critiquer.
une forme escrevette. La longue polémique CROASSER, onomatopée; cp. L. crocirc,
entre les deux savants se déroule dans Rom., gr. xpw^îtv.
Vni, 441 ; IX, 301, 431 ; Grôber, Ztschr., III, CROC, it. crocco, prov. croc, port, croque,
611; IV, 383; V, 173. esp. cloque; ce mot roman se trouve aussi
CRIBLE, L. cribrum. Du dim. L. cribelr bien dans les langues germaniques que dans
lum vient la forme it. crivello. —
D. cribler. les idiomes celtiques v. nord, krokr, angl.
Directement de la forme latine cribrare pro-
:

crooh, néerl. krooke (Kiliaen), cymr. crog. —


cède le terme de chimie cribration. D. crochet; croche, adj. et subst. ; crochu;
CRIC, angl. creeh. Onomatopée, imitant verbes accrocher (v. c. m.) et décrocher. A
le bruit de cette machine. croc, dent canine, se rattache peut-être cro-
CRIER (angl. cry), esp., port, gritar, it. quer, mettre sous la dent, manger (v. c. m.).
gridare, prov. cridar, du L. quiritare (m. CROCHET, dér. de croche, voy. croc. D. —
s.), par syncope critare (cfr. Cricq, nom crocheter, ouvrir avec un crochet; croche^
propre, de Quiricus). Les gloses Lindenbr. teur, crocheton.
portent « quiritant vermes cum vocem dant » CROCHU, dér. de croche, voy. croc.
, .

CRO — 134 — CRO

CROCODILE, L. crocodîîus {xpoxoSuUi). Par quigner, croquigne, dim. croquignole. Le


transposition de IV .-it. cocodrillo, esp., port. wallon dit crokète.
cocodrilo, prov. cocodrille. CROQUIS, voy. croquer. La terminaison
est analogue à celle de gâchis, chablis, et
CROCUS, mot latin, gr. y.pdxoi, safran.
sembl.
CROIRE, vfr. creire, du L. credere, cred're.
créant, conservé dans CROSSE, bâton pastoral, partie reeourbéçi
Ane. part, présent :

mécréant. De là le subst. créance, et le vieux


du fut d'un fusil, =
it. croccia, gruccia,

béquille, cruccia, boyau, prov. crossa, v.


verbe creanter, cautionner, assurer, dont la
esp. crosa, m. sens que le mot français. Diez,
forme aàoxiàe greanter.graanter est la source
de l'anglaiseront accorder. D. croyable, — pour des scrupules fondés sur les règles de
permutation littérale, conteste une origine
croyance; cps. accroire, décroire, mécroire.
CROISER, voy. croix. — D. croisé, croi-
de croc, chose crochue(qui aurait donné, selon
lui, en fr. une forme croche) ; il pose par con-
sade crociata, prov. crozada, esp. am-
(it.
séquent l'étymologie crux, croix, par l'inter-
sada), croisement, -ure ; croisière, croisée, pr.
médiaire d'un adj. cruceus. Nous ne compre-
fenêtre croisée par des montants et des tra-
nons pas trop les scrupules du linguiste alle-
verses (cp. l'ail, hreussiock, pr. montant en
mand, et pourquoi croceus, dérivé du roman
forme de croix).
croccus, ne peut pas aussi bien déterminer
CROITRE, croistre", vfr. creistre, du L. la forme crosse que cruceus, adj. de crux.
crescere; du part, croissant, les subst. crois- Les divers objets désignés par crosse et les
sant et croissance; du part, cru, les subst. analogues étrangers ne permettent guère de
cru, terroir où quelque chose croît (« vin du renoncer à l'étymologie croc (cp. ail. hruche,
cru »), crue = croissance; subst. verbal ra- angl. crutch, béquille, et ail. krummstab,
dical : croît. Composés : accroître, L. accres- crosse, bâton recourbé). Crosse, du reste,
litt.
cere ; décroître, recroître, surcroître. Le latin s'orthographiait autrefois croce, ce qui témoi-
excrescere a fourni en outre le subst. excrois- gne encore en faveur de l'étymologie commu-
sance (cp. ail. auswuchs). nément adoptée. —
Ce qui, aux yeux de
CROIX, creus, it. croce, esp.
vfr. crois, wall. Fôrster, doit décider en faveur de crocceus,
port, crus, prov. crotz, angl. cross, ail. c'est que l'o do crosse a, dans l'anc. poésie,
kreujs, du L. crux, cincds. De là croiser (v. :
toujours été traité d'o ouvert, tandis que
c. m.), prov. crozar; dim. croisillon, croi- crucea eût produit un o fermé. —
D. cros-
sette. sette, crosser.
CROQUANT, homme de rien, va-nu'pieds, CROTTE (ce mot se trouve déjà dans le
vient peut-être de croc,croquer, comme le Reclus de Moliens), angl. crottle, prov. crota,
terme de mépris crocheteur de crochet, cro- d'origine inconnue; peut être, dit Diez, delà
cheter. même famille que le bas-allemand et suéd.
CROQUE-MITAINB la seconde partie de ; hlôt{=t\\. hloss), angl. cZorf, c/ot, masse,
ce mot n'est pas encore expliquée. boule, motte, grumeau. La forme prov. s'op-
CROQUER, variété de craquer, 1 sens neu- . pose à l'étymologie latine crusta. —
Quant
tre, faire un bruit sec (« cela croque sous la au sens de galle ou de croûtes sur la peau, si
dent "), de là croquant, croquet, croquette l'on ne veut pas le déduire du sens primitif de
(cp. craquelin); 2. sens actif, manger des globule (cp. grêlé), on pourrait au besoin
choses croquantes. Le sens général manger l'expliquer par une altération du mot croûte.
avec avidité, cependant, pourrait bien, ce me — D. crotter, décrotter, crottin; les termes
semble, se rattacher à croc, dent. Cro- — populaires croteux', crotu, marqué de la
quer =
crocher est une forme picarde. Jadis, petite vérole.
croquer signifiait aussi dérober, enlever CROULER, vfr. crodler, croller (it. crol-
promptement, subitement ; cette acception lui lare, prov. crotlar, crollar, ébranler, secouer),
vient également du primitif croc au sens = du L.co-rotulare*, contracté en crotulare,crot-
de crochet, instrument qui sert à saisii', agrip- lare (cfr. rouler de rotulare). Diez juge cette
per. Le terme métaphorique croquer, peindre étymologie préférable à celle du nord, krulla,
à la hâte (d'où croquis), me parait dériver de mettre en désordre, brouiller. Crouler, c'est
ce sens accessoire enlever. Comparez l'expres- tomber par morceaux se détachant et roulant
sion figurée enlever un morceau de musi-
: du haut en bas. Ce qui appuie cette étymo-
que c'est enlevé La même acception enlever
; ! logie, c'est l'analogie du terme ébouler, de
a donné lieu aux composés croque-morts, boule et de l'ail, gerôlle, éboulis, de rollen,
croque-notes. rouler. Diez invoque aussi l'expression an-
CROQUIGNOLE ; désignant une pâtisserie, cienne crouller les iex, synonyme de roïller
ce mot se rattache évidemment au verbe cro- les iex, et sur le terme crouler un vaisseau,
quer, manger ; dans le sens de chiquenaude, le lancer, propr. le rouler à la mer. D. —
je me l'explique par le verbe croquer, déro- croulier, -ière. Cps. s'écrouler,
ber, enlever, comme exprimant un petit coup' CROUP, espèce d'angine, mot anglais et
donné rapidement à l'improviste. On peut
et employé en premier lieu en Ecosse; d'une
rapprocher l'angl. rap, qui signifie à la fois racine celtique marquant contraction, rétré-
enlever et frapper vivement. La terminaison cissement ; gaél. crup, contracté, crupadh,
est en tout cas insolite et étrange, à moins contraction.
d'admettre la filière suivante : croquer, cro- CROUPE, vfr. crope, prov. cropa, it.
. . .

CRU — 135 — GUI

groppa, esp. yrupa. Ces mots paraissent ap- cruauté, L. cru délitas. —
La forme crualté
partenir à la même famille que groupe, angl. se rapporte à la forme anc. crual (cp. féal),
group, it. groppo, gruppo, esp. grupo et CRURAL, L. cruralis (de crus, cruris,
gorupo, et se rattacher à une racine mar- cuisse).
quant agglomération, quelque chose de ra- CRUSTACÉ, L. crustaceus* [crusta, croûte).
massé, faisant saillie en forme de boule. On CRYPTE, L. crypta, gr. xpùnTr,'^ du parti-
la retrouve dans le vha. chroph (ail. mod. cipe xpvnTOi, caché. De là l'ail, gruft, caveau.
kropf), goitre, nord, kryppa, bosse, ail. Voy. SMs?,ï grotte
hrUppel, homme estropié, rabougri; puis CRYPTOGAME, de xpuTiToyâ/to;, mot forgé
dans le gaél. crup, rétrécir, contracter, déjà de yxn'toi, se marier, et de xpuTrro'j, caché,
mentionné à l'art, précédent, cymr. cropa, donc « qui a les organes sexuels cachés »
gésier, goitre. —
D. croupir, dont la signifi- CRYPTOGRAPHIE.écriture cachée 'y.pvnroi).
cation propre est se tenir sur la croupe, auj
= rester dans un état d'immobilité; com-
CUBE, L. cubus (xûSo;). D. cuber, -âge; —
cubique, L. cubicus.
posé s'accroupir (le préfixe ad, comme dans
croupe, croupière, croupio7t
CUBOÏDE, du gr. xuSastSyjs, qui a la forme
asseoir)-^ (v. c.
d'un cube.
m.). La locution « être assis en croupe der-
rière qqn » a donné naissance aux termes de
CUBÈBE, prov , esp. cubeba, de l'arabe
kabâbat.
jeu croupe et croupier.
CROUPIER, voy. croupe. CUBITUS, mot latin = fr. coude. — D.
cubital.
CROUPION, it. groppone, voy. croupe. En
allemand biirzel =
croupion, signifie éga- CUEILLIR, anc. coillir, it. cogliere, prov.

lement quelque chose de protubérant. En — colher, esp. coger, du L. colligere, colligWe

vfr. on trouve aussi crépon crespon crou- = (légère). Pourquoi colligere


cueillir e? cp. affligerç, vfr. afflire. Je n'ai pas
n'a-t-il pas fait

pion, échine, et dans certains dialectes du


nord, crépon ou querpo7t existe encore pour de réponse à cette question, mais je décline
celle de Littré, qui présuppose un type immé-
signifier la croupe d'un toit. Rabelais a cres
pion pour croupion. Peut-être, dit Gachet, diat colligire. —
D cueillette, forme vulgaire
.

ces formes avec e ne sont-elles pas de la môme du mot savant collecte =


L. collecta; Frois-
famille que croupe, et désignent au propre sart emploie ce mot dans le sens de réunion :

« cueillette de gens d'armes » ; cueilloir; cps.


la partie du corps de l'animal dont le poil se
accueillir (v. c. m.), recueillir (v. c. m.).
hérisse. Elles se rattacheraient alors au L.
crispus. Diez, cependant, préfère dériver cré- CUIDER', prov., esp., port, cuidar, anc.
pon du nord, hrippa, forme secondaire de it. coitare, du L. cogitare, cogHare, penser.

hryppa, bosse. Ce verbe, abandonné par l'Académie, s'est


conservé dans le cps. outrecuider.
CROUPIR, voy. croupe.
CUILLER, anc. masc, it. cucchiajo, prov.
CROUTE, crouste*, it. crosta, esp. castra,
ail. kruste, holl. korst, du L. crusta. — D. culhier; formes féminines
cuchara, fr. cuillère, du L.
: it. cucchiaja, esp.
cochleare, plur.
croûtelette, croûton croustille, croustiller,
cochlearia.
eroustilleux (ne s'emploie qu'au figuré) ; cps.
cuojo, esp. cuero, prov. cuer, du
écroûter, encroûter. —
Croûte, dans l'accep-
CUIR,
L. corium.
it.

Le sens « faute de langage «
tion de vieux tableau gercé par le temps, et
est attribué, dit Littré, à l'analogie que pré-
dans celle de mauvais tableau en général, à
sentent les expressions écorcher un mot et
produit croùtier, mauvais peintre, faiseur de
faire un cuir avec l'action d'enlever la peauT
croûtes (on dit aussi croûton).
des animaux pour en faire du cuir. Peut-être
CROYABLE, -ANGE, voy. croire.
est-ce aussi à cuir de rasoir qu'il faut le rap-
1. CRU, subst., voy. croître.
porter, les cui7's étant de prétendus adoucis-
2. CRU, adj., L. crudus. — D. crudité, L. sements de la prononciation, comme le cuir
-itas.
CRUAUTÉ, voy. cruel.
adoucit les rasoirs. —
D. cuirasse, formé
sur l'exemple du prov. coirassa, esp. coraza,
CRUCHE, anc. cruie, prov. crugô, gasc. it. corazza. L'ancienne langue avait cuirie.
cruga, du cymrique crwc, vase arrondi. Cette
origine est plus directe, selon Diez, que celle
CUIRASSE, voy. cuir. D. cuirasser, —
du vha. cruoc, crog (nha. krug), m. s. D. — cuirassier.
CUIRE, cuocere, esp. coccr, prov.
cruchon, cruchée.
it.

cozer et coire, du L. coquere, coc're. —


CRUCIAL, L. crucialis [di^Q crux, croix). D. CUITE, subst. partie. ; cuisson L. coc- =
CRUCIFERE =
crucem /ferens, porte-croix. tio; CUISTRE (v. c. m.); cuisine, it. cucina,
CRUCIFIER, prov. crucificar, du L. cruci- esp. codna, prov. cozina, vha. kuchina (nha.
ficare , forme altérée de crucifigere (d'où it. huche), angl. hitche^i, du BL. cocina, L. =
crocifiggerê), attacher à la croix. Littré se — coquina, forme qui a remplacé dans les au-
trompe en identifiant l'élément -ficar, -fier teurs de la décadence le mot classique culina.
avec le verbe ficher. CUISINE, voy. cuire. D. cuisinier, cui- —
CRUCIFIX, du part. L. crucifixus., sinière; verbe cuisiner.
CRUDITÉ, voy. cru. CUISSE, prov. cueissa, coissa, it. coscia, du
CRUE, subst. participai fém. de croître. L. coxa, hanche. —
D. cuissard, cuissot,
CRUEL, L. crudelis {crnàus). D.crualté*, — écuisser.
CUR — 136 CUV
CUISSON, voy. cuire. duit, au lieu de curatio, dans le latm du
CUISTRE, valet de moines, répond, selon moyen âge sur l'exemple de tutela.
Diez, à un type latin coquaster, cp. prov. CURATIF, L. curativus' (curare). cura- —
coffuastrodos gloses d'Isidore portent cocistro). teur, L. curatorem. Si ce mot s'était autant
D'autres, comme Littré, supposent que cuistre répandu dans le peuple que procurator (fr.
n'est qu'une autre prononciation du vfr. cous- procureur), il se serait francisé par cureeur',
tre, sacristain (ail. kiisiei'), qui vient du BL. puis cureur.
ciistor, =L. custos. G. Paris (Alexis, p. 184), CURE, 1. soin, souci; du L. cura, m. s.;
tout en accordant que le cocist7'o d'Isidore 2. charge ecclésiastique, pr. cure d'âme (cp. le
soit la source du vfr. coistron, est du même terme allemand seelsorge), et par extension,
avis. L'idée que cuistre est appelé à exprimer habitation du curé ; de là BL. curaius,
s'attaclie plus naturellement à un sacristain chargé d'une cure, fr. curé, angl. curaie, it.
qu'à un marmiton. —
Cette manière de voir curato (l'esp. emploie le mot abstrait cura
est appuyée par vfr. coiw^or (cas-régime), citée p. curé); 3. guérison, subst. verbal de curer,
par Littré au Suppl. guérir. ^

CUITE, subst., voy. cuire. CURÉ. voy. l'art, préc.


CUIVRE, esp,, port, cobre, ail. kupfer, CUREE, terme de vénerie, anc. cuirée,
du L. cuprum ou plutôt quant à la forme angl. 'querry, quarry ; de cuir, parce que la
française, à cause de la diphthongue ui, de cuirée se préparait et se donnait dans un cuir;
l'adj. cupreum. — D. cuivrer, -eux. voy. Modus, f xxiii, verso, passage cité par
CUL, L. adus. — D. culasse; verbe culer, Littré, et décisif sur la question. Le vfr.
aller en arrière ; culée (l'it. dit, par un trope Corée, courée (prov,, esp. corada, anc. it. co-
analogue, les cuisses [cosce) d'un pont); eu- rata), viscères, entrailles, qui, comme le vfr.
Hère, culot, culotte. Cps. acculer mettre à = coraille, se rapporte à cor, cœur, présente-
cul; éculer, recula'; culbute (v. c. m.); cul- rait, malgré dans curée, une excellente
l'u
de-sac =
fond de sac, fig. rue qui ne pré- explication de ce mot, si l'on avait des exem-
sente pas d'issue, impasse. ples du mot Corée employé avec le sens de
CULBUTE, voy. l'art, suiv. curée. —
Brakelmann pense que curée pour-
CULBUTER = buter, bouter {pousser) cul le rait dériver de l'angl. cur, vilain chien, =
en l'air ; d'après Darmcsteter, = buter sur le ail. hôter, m. s. (anc. chien de chasse).
cul; cp. en ail. burzelbaum, m. s., de bursel CURER; du L. curare, soigner. Cette si-
croupion, et bâumen, dresser en l'air. Le gnification première du mot français s'est
danois a, avec le même sens, kuldbôtte, le suéd. effacée dans la langue moderne. —
L'accep-
kullbylte; sont-ce des mots exactement iden- tion spéciale porter des soins à un malade, le
tiques avec le français culbute t Nous ne som- guérir, encore vivace dans l'it. curare, esp.
mes ])ap à même d'en juger. D. culbute, -is. — curar, ail. kurieren, s'est également perdue ;
CULÉE. CULER, -1ÈRE, voy. cul. elle subsiste cependant dans les dérivés cure
CULINAIRE, L. culinarius, de culina, cui- (ail.hur), curatif, curation, curable, incura-
sine. ble. Aujourd'hui, curer ne signifie plus que
CULMINER, L. culminare (culmen). nettoyer, ôter les ordures. De là : curage,
CULOT, voy. cul. —
D. culotter (une cureur, curette (t. de chirui-gie), recurer,
pipe). écurer; cure-dents, cure-oreilles.
CULOTTE, voy. cul. — D. culotter (un en- CURIAL, L. curialis, qui concerne le ser-
fant). vice religieux d'une curie; auj., comme au
CULPABILITÉ, voy. coulpe. moyen âge, =
qui concerne une cure (v. c.
CULTE, L. cultus (colère). Se rattachent m.). Toutefois, le mot n'est pas tiré de cura,
encore au L. colère par le supin cultum : mais de curia.
culture, vfr. couture, L. cuîtura; l'adjectif CURIEUX, L. curiosus, pr. soigneux, sou-
latin (inus.) cultivus, d'où le verbe BL. culti- cieux. L'acception « digne de curio.sité » était
tare, fr. cultiver; inculte, L. incultus. étrangère au mot latin. —
D. curiosité, L.
CULTIVER, voy. culte. — D. cultivateur, curiositas.
cultivable. CURSIF, BL. cursivus (de currere, supin
CULTURE, voy. culte. cursum).
CUMIN, cuminutn (xû/ztvov).
L. CUSTODE, vfr. garde, auj. rideau, du L.
CUMULER, L. cumulare (voy. aussi com- custodia, garde (BL. vélum, aulaeum); cp. en
bler). —
D. subst. verbal cumul; cumulatif. allemand ^arrfme, rideau mobile, flam, ^ar-
CUNÉIFORME, en forme de coin, du L. dijne, gordijne (Kil.), mot étranger formé
cuneiis, coin. en réalité de courtine, courdine', mais sous
CUPIDE, mot savant, du L. cupidus (de l'influence de garder.
cupere, désirer) ; aipidité, L. cupiditas. CUTANÉ, L. cutaneus* {de cutis, peau).
.CUPULE, L. cupula, petite coupe. CUTTER, petit bâtiment qui tire plus d'eau
CURABLE, L. cwabilis employé par Cœ- à son arrière qu'à sa proue, mot anglais de
lius Aurelianus (iii^ siècle), dans le sens de eut, couper; donc « qui fend les eaux ».
« qui sanari potest ". CUVE, du L. citpa, voy. coupe. D. —
CURAÇAO, liqueur préparée en premier cuvée, cuvette, cuveau, cuveV (d'où cuveler),
lieu dans l'ile du même nom. cuvier; cuver, séjourner ou laisser séjourner
CURATELLE, du L. curatela, mot intro- dans la cuve, fig. laisser s'évaporer.
DAD 137 — DAI

CUVBLER, propr. faire une sorte de cuve CYNIQUE, L. cynicus, gr. xuvixo;, dér. de
l'intérieur du puits de mine dér. du dimin.
; xuwv, chien. Cependant, la philosophie cynique
cuvel, voy. cuve. ne tire pus son nom directement de xuwv,
CUVER, voy. cuve. mais d'un gymnase à Athènes où son fonda-
CYCLE, du gr. xûAoç, cercle. —
D. cy- teur, Antisthêne, avait établi son école et qui
<:lique, gr. xux).ixo;; cyclone, tempête tour- s'appelait Kovo-japys;. Il est vrai que l'on n'a
nante. pas tardé à faire d'une épithète tirée d'une
CYCLOPE, de xû/)iwj^, à l'œil rond. — D. circonstance accidentelle une qualification ca-
cyclopéen et q/clopien. ractéristique de la doctrine même. Un ancien
CYGNE, du L. cycnus, cygnus (xûxvo?). Le commentateur d'Aristote dit " Les cyniques
:

vfr. cisne, qui se retrouve également en esp. sont ainsi nommés à cause de la liberté de
et en port. a une autre origine ; il vient du
, leurs paroles et de leur amour pour la vérité ;
]BL. cecinus, cicinus, qui, ainsi que Vit. ce- car on trouve que le chien a, dans son in-
cero (cygne), vient de cicer, pois, et se rap- stinct, quelque chose de philosophique et qui
porte au tubercule sur le bec de l'oiseau. lui apprend à distinguer les personnes ; en
CYLINDRE, L. cylindrus {xû^i^Spoi). Voy. effet, il aboie à la vue des étrangers et flatte

aussi calandre. —
D. cylindrer, -ique. les maîtres de la maison de même les cyni-
:

CYMAISE, cimasa, terme d'architecture,


it. ques accueillent et chérissent la vertu et ceux
L. cymatium, grec xu/xâruv, m. s. (litt. petite qui la pratiquent, tandis qu'ils repoussent et
onde). blâment les passions et ceux qui s'y abandon-
CYMBALE, ail. zimbel, L. cymbalum, grec nent, quand même ils seraient assis sur le
xûy.Sx>ov, de vaisseau. Le vfr.
AÛf^èoç, cavité, trône » Pour être étymologiquement fausse,
.

présente la forme régulière cymble. D. — cette définition de la philosophie cynique n'en


cymbalier. est pas moins intéressante. —
D. cynisme.
CYME, orthographe première de dme (v. CYPRES, li. cupressus (xuTràpiTjs?).
c. m.). CYSTIQUE, -ITB, de xùtti;, vessie.
CYNANCHE ou cynancie, angl. quinsy, an- CYTISE, L. cytisus (xùnw/).
gine, dans laquelle les malades tirent la CZAR (mieux vaut l'orthographe tzar),
langue à peu près comme font les chiens hale- mot slave, que l'on suppose connexe avec
tants; du grec xuvày^^v;, angine des chiens. La le L. cœsar, d'où vient également l'ail, kai-
prothèse d'une s a fait de ce mot it. schi- ser, empereur. — D. czarine; czarowich
nanzia, d'où anc. fr. squinance, esqumance, (l'Académie écrit czarowitz) signifie fils du
auj. esquinancie. czar.

D
DA, dans oiii-da, nenni-da, vient de divâ, DAGORNE, vache à qui il ne reste qu'une
ancienne inteijection exhortative, contractée corne; ce mot, abandonné par l'Académie
en dea, puis da. Nicot « Dea est une inter-
: dans sa dernière édition et repris par Littré,
jection, laquelle enforce la diction où elle est est analysé par ce dernier et par d'autres :
apposée, comme non
deâ, oui deâ, mais en dague ^ corne, la corne unique étant compa-
telles manières de parler on use plutôt de dâ, rée à une corne. Je partage l'avis d'un critique
fait dudit ded, par contraction ou syncope, et qui dit, à propos de cette étymologie, qu'une
dit-on non dâ, oui dâ. »
: Pour diva on a — vache peut perdre son licou, mais non pas une
proposé : 1 la formule vv? zàv Ma., ou vn 5ïi
. corne, et qu'il ne peut y avoir dans aucune
(Ménage), 2. Biva, mère de Dieu (Franc. Mi- langue un mot substantif pour désigner une
chel), fr. 3. dis valet, imitation du L. die. puer vache qui s.'est cassé une corne. Je doute donc
(P. Paris), etc. Toutcela n'est pas soutenable. et de la définition, et de l'étymologie usuelle
Diez y voit l'ancienne interjection va (impé- de ce terme, pour lequel, d'ailleurs, Littré ne
ratif du verbe aller), qui est employée dans un cite aucun exemple.
même sens, renforcée par di (impératif de DAGUE, it., esp. da^a. D'origine germa-
dire), et fournit à cet égard des exemples par- nique suéd. daggert, angl. dagger, néerl.
:

faitement suffisants. dagge, m. s. (cp. l'ail, degen, épée). Les lan-


DACTYLE, du L. dactylus (SàxTuXog), qui est gues celtiques ont également le mot. Le sens
aussi le primitif de datte (v. c. m.). de pointe explique le mot dague en tant
DADA, vocable enfantin, exprimant les pre- qu'il désigne le premier bois du cerf. La
miers essais à marcher ; cp. angl. to dade a forme portugaise adaga, observe Littré,
child, apprendre à marcher à un enfant vfr. ;
pourrait indiquer une origine arabe. — D.
dadée, enfantillage. Cette même racine a daguer ; daguet, jeune cerf.
donné le mot dadais, niais, nigaud ; nasalisée, DAHLIA, du nom d'un botaniste suédois,
elle est devenue, dit-on, la source de dandiner, Bahl, à qui Cavanilles dédia cette plante
balancer le corps; modifiée en dod, elle a vers 1790.
donné dodiner. DAIGNER, it. degnarsi, du L. dignari,}Vi^eT
DADAIS, voy. l'art, préc. digne. Composé :dédaigner, L. dedignari.
DAM — 138 DAN
DAIM, vfr. dain (d'où le fém. daine), it. nier les Français ont fait duêgné); en port.
damo, dama du L. datniis p. dama. dom, dona; en prov. don, donna. Les dimi-
DAINE, voy. daim. nutifs de ces formes diverses, représentant un
DAIS, modification du vfr. dois (cfr. épais, type latin dominicellus (domnicelliis, domi-
anc. espois), prov. deis. Le mot désignait cellus), sont respectivement : it. domello,
une table à manger, surtout une table d'ap- -ella; esp. doncel, -ella; prov. donsel, -clla,
parat il est régulièrement formé du latin
;
fr. damoiseV damoiseau, damoisele' demoi-

discus, primitif de l'it. desco et de l'ail, tisch, selle. C'est des Français que les Italiens ont
table L'acception du mot moderne se rap- pris leur damigello, -ella. —
Dérivés de
porte aux tentures en forme de ciel dont les dame : 1 dans son acception propre, dame-
.

dois ou dais étaient ordinairement surmontés ret, it. damerino ; 2. dans l'acception que ce
pour empêcher que rien ne tombât du plafond mot a prise au jeu des échecs et des dames,
sur les mets. —
L'étymologie ail. dach, toit, damier, verbes damer, dédamer.
ne peut être soutenue en présence des an- 3 DAME, terme des ponts et chaussées,
ciennes formes du mot. du flam. dam, ail. damm, digue.
DALLE, tablette de pierre, tranche de gros DAME-JEANNE, sorte de très grosse bou-
poisson, tient sans doute à la même racine teille, it. damigiana, prov. mod, dama-jana
(l\xegoi\i.dailjan,ags.daelan, angl. rfeaZ, ail. (Honnorat), fait l'effet d'être une altération po-
theilen, bret. dala, irl. tallam, qui tous signi- pulaire et burlesque d'un mot français corres-
fient fendre, diviser, partager. — D'après pondant au synonyme it. damigiana, arabe
Mahn, du celt. dal, dalen, feuille, planche damajan, qui ont la même signification, et
mince (Herrig, Archiv, XXXVII, 133). — dont l'origine reste à fixer. Le mot arabe
Le mot dalle, employé dans quelques patois paraît venir de l'étranger. On a pensé à une
du Nord pour évier, et d'où vient dalot, gout- forme catalane (fictive) damajana, qui ré-
tière pour faire écouler les eaux hors du na- pondrait à lat. dimidiana et s'expliquerait
vire, représente plutôt une idée do concavité par » demi » -aime. GrÔber (Ztschr., H, 352)
et rappelle la famille des mots gotli. dal, ags. remarque qu'en argot de Paris on dit dame-
dael, ail. thaï, signifiant vallée. Cependant, blanche pour une bouteille do vin blanc, de
Diez préfère pour primitif l'arabe dalla, con- manière que ./ane =jalne' jaune s'applique-
duire (cp. it. doccia, égout, du L. ducere, rait à la couleur do l'enveloppe nattée de la
conduire); il se fonde sur le rapprochement bouteille. En définitive, l'histoire du mot est
de la forme espagnole adala =
dalle, évier, encore à faire.
qui présente dans sa première syllabe l'article DAMER. DAMERET, DAMIER, voy. dume2.
arabe al. — D. daller, couvrir de dalles. — DAMNER. L. damnare.
Le vfr. dail, faux, prov. dalh, esp. dalle, DAMOISEAU, -ELLE, voy. dame 2.
d'où vfr. dailler, trancher, ferrailler, parait DANDINER, balancer niaisement son corps
être, selon Diez, un diminutif de daga, faute de contenance ; selon Pasquier, de dan
dague. din ou din dan, terme imitatif pour désigner
DALOT, voy. dalle. le bruit et le mouvement des
cloches ; selon
DAM, dommage, du L. damnum, m. s. Le Diez, de tand, niaiseries; cp. anc. flam.
l'ail,
sufiixeâge en a fait dam,age (forme usitée en- danten, ineptie, ail. tàndeln, badiner, angl.
core en anglais) et, par la mutation de a en o, dandle, bercer; selon nous, de la rac. dad
damage' dommage. Voy. aussi danger. (voy. dada) exprimant les premiers pas tentés
DAMAS, it. damasco et damasto, BL. da- par un enfant, et appliquée ensuite fig. à un
mascus, ail. damast; de la ville de Damas maintien peu assuré. Le mot peut d'ailleurs
(Damascus), lieu d'origine de cette étoffe. — être considéré comme une variété de dodiner
D. damasser. —
Le même nom géographique a (v. c. m.). — De dandiner vient dandin,
donné le mot damas, lame d'acier finement homme niais, fat, et peut-être l'anglais
trempée, it. damaschino, d'où le verbe fr. da- dandy.
masquiner. DANGER, anciennement domination, auto-
DAMASQUINEtl, voy. damas. rité,particulièrement droit du suzerain relati-
1 .DAME, interjection, domina ^ (c.-à-d. vement aux possessions de ses vassaux pour se
la Vierge), ou plutôt =
domine, cp. en vfr. dédommager éventuellement du non-acqxiit-
l'expression dame Dieu, =
dominus Deus. tement de leurs obligations ; de là la locution :
Nodier s'est trompé en y voyant le L. dam- estre en dangier de qqn., être sous sa puis
num. sance, à sa merci. C'est ainsi que danger prit
2 DAME, subst. it. dama, vient du L.
, l'acception de violence arbitraire (sens inhé
domina, de la même manière que le masc. do- rent encore à ce mot en Normandie), puis
minus a produit les formes vfr. dam, dan, cellede refus, contestation, difficulté : faire
dame, damp (dans damedieu, vidame, et les danger de dire qqch. =
refuser de dire qqch.
noms propres Dampierre, Dammartin). Pour Ces anciennes significations, ainsi que l'or-
la mutation o a, rappelons encore vfr. da-
: thographe dongier qui se rencontre assez sou-
mesche de domesticus, et vfr. danter de domi- vent, prouvent en faveur d'un type latin do-
tare. — Les formes correspondantes dans les miniarium, donï'niarium, forme extensive
autres langues, pour dominus et domina de dominium, souveraineté, autorité. Le sens
(Inscript, domnus, domna), sont en it. donno, actuellement attaché au mot, celui de péril,
donna; en esp, don, dona, duena (de ce der- peut à la vérité se ramener assez facilement à
.

DAT — 439 — DE
celui de domination ou de son corrélatif dé- date == indication du lieu et du jour de l'ex-
pendance ; être en danger de mort, c'est avoir pédition ou de l'enregistrement d'une pièce,
la mort pour maîtresse, c'est être sous la puis, en général, époque précise où une chose
puissance de la mort cependant, la définition
; a été faite.
de danger par « situation où l'on encourt du DATE, voy. dataire. — D. dater, cps. anti-
dommage [damnum) » fait pencher beaucoup dater (mieux vaudrait antédater) et post-
de philologues pour le type damnarium, dater.
d'où damnier, puis danger (cp. calenger p. DATIF, L. dativus (dare).
calomnier)-^ et, en effet, les deux étymologies DATION, L. datio (dare).
proposées sont justifiables, suivant les deux DATTE, anc. dacte (p. dactle, cp. amande
significations puissance et péril, et l'on est en p. ama7idle), it. rfafiero, esp., prov. rfaii7, ail.
droit de soupçonner que les deux sens se rap- dattel, du L. dactylus, m. s. —
D. dattier.
•portent à deux homonymes. Il est curieux que DAUBE, voy. dauber.
la moyenne latinité ne présente ni dominia- DAUBER, frapper, angl. cZaJ, de l'ags. dub-
rium, ni damnarium, et qu'au xiv^ siècle on ban, m. s. (voy. adouber). —
D. daube (pour
ait latinisé dangier ou dongier par domige- être mise à la daube, la viande doit être frap-
rium, dangerium. —
D. dangereux. pée); endauber.
DANS, vfr. deens dens, combinaison de de DAUPHIN, prov. dalfin, L. delphinus.
et ens (v. c. m.) —
L. de ïntus. Par une nou Comme titre de l'héritier du trône de France,
velle combinaison avec de, on a fait dedans dauphiii vient du nom propre Dauphin, porté
modifié par syncope en déans, d'où le cps par plusieurs seigneurs du pays dit Lau-
endéans. phiné. « Par le privilège de la donation que
DANSER, angl. dance, it. danzare, esp. Himbert, dernier seigneur de Dauphiné, fit
port., prov. danzar ou dansar, du vha. dan de sa terre, l'an 1349, à Jean Roy de France,
son, tirer en long. La danse, étymologique' autre ne peut estre Dauphin que le fils du
ment, désigne une chaîne, une file (cp. l'ail Roy régnant. » (Fauchet).
reigen, danse, mot identique avec reihe, file DAURADE (poisson), d'un type L. de-aurata
série). Le mot tanzen de lallemand actuel (la dorée) donc de la même origine que le
est un emprunt fait aux langues romanes. — ;

poisson dit dorade.


D. danse, subst. verbal. DAVANTAGE, p. d'avantage, cp. it. di
DARD, it., esp. dardo, prov. dart, de l'ags. vantaggio ; voy. l'art, ains.
daradh, darodh, angl. dart, nord, darradhr, DAVIER, pince recourbée dont se servent
vha. tart, lance. Le mot se trouve aussi dans les dentistes ; origine inconnue. Comme on
les idiomes celtiques. D. darder.— trouve dans Rabelais l'orthograplie daviet, et
DARNE, tranche de poisson, du cymr. ou que des noms propres sont parfois donnés à
bret. dam, morceau, pièce (cfr. sanscrit da- des outils, Littré émet conjecturalement l'éty-
rana, division). mologie Daviet, dimin. de David, qui a été
DARON, maître de la maison, à Lille = aussi le nom d'un outil de menuisier ou de
mari Bugge y voit une forme familière déri-
;
tonnelier. ^

vée, peut-être sous l'influence de baron, du DE-, DE-, DES-, particules prépositives,
vfr. danre =
lat. dominum; cp., pour la répondant aux préfixes latins de et dis. 1. Le
chute de l'n, sire de senior, Berry dare'e = de latin se retrouve en français sous la forme
denrée. —
Notez que, dans les Assises de Jéru- de et dé, tant dans les verbes transmis du latin
salem, le mot daron signifie « manoir sei- (ex. demander, déclarer, désigner, déléguer)
gneurial » que dans ceux de création nouvelle (ex. dé-
DARSE, darsine, de l'it. darsena, voy. choir, défiler, découler). On remarque que la
arsenal. forme de (sans accent) se met de préférence
DARTRE, patois dertre. Diez rejette l'éty- devant des primitifs appartenant déjà au vieux
mologie ôa/sTo';, écorché s'il avait fallu recou-
;
fonds constitué de la langue, comme debout,
rir au grec pour trouver un nom à la mala- dedans, devers, degré. La forme dé est d'in-
die appelée dartre, les médecins y auraient troduction plus moderne; elle est générale-
puisé le nom propre de cette maladie, qui est ment appliquée aux verbes, tant à ceux de
Uixri-^- Pictet opine pour un radical celtique, provenance latine qu'à ceux de création ro-
en alléguant le cymr. tarvodan, m. s., bret. mane; exceptions demander, devenir, de-

:

darvuéden, dervoéden ; on rattache aussi le meurer. Le préfixe rf^(it di, esp., prov.
mot à l'ags. teter, angl. tetter (ail. zitter), qui de) a servi particulièrement à exprimer éloi-
signifie dai^tre. Quelle que soit l'origine immé- gnement, privation, enlèvement. Comme le
diatedu mot fr., celui-ci est incontestable- préfixe L. dis =
fr. dés, il communique au

ment identique avec le sanscrit dardru, m. primitif le sens du contraire : fr. débâtir,
s., venant d'un verbe signifiant gercer. D. — prov. de-bastir. Il se fait surtout remarquer
dartreux. comme l'opposé du préfixe en, p. ex. embour-
DATAIRE, en BL. primus cancellarise roma- ber, débourber ; embrouiller, débrouiller. —
nae minister, sic dictus a litteris expeditis, 2. Le préfixe latin dis, di se retrouve dans
quibus vulgo addit datum Romse. La cliarge
: des mots fr. de provenance latine (ex. discer-
de cet officier s'appelait dataria, fr. daterie. ner, dispenser, dilacérer). Appliqué à des
C'est aussi cette formule datum Romce, donné vocables nouveaux, où il sert à exprimer sé-
à Rome, etc., qui a donné naissance au terme paration, cessation ou négation, il se trans-
.

DÉB — 140 DÊB


forme en dé devant les consonnes, en dés DÉBARDER, enlever (des marchandises) au
devant les voyelles ; parfois, cependant, devant moyen du hard (v. c. m.). —
D. débardeur.
des consonnes et dans des mots de formation DÉBARQUER, de la barque (v. c.
sortir
savante, le dis latin reparaît. Ex. désagréer, m.). —
D. débarcadère, terminaison espa-
décharger, défaire, déranger, discontinuer ; gnole, cp. esp. desembarcadero. m. s. (an-
désarroi, désastre, désagréable, déloyal, dis- ciennement on disait débarcadour).
grâce. Il arrive que dés, à cause de son sens DÉBARRASSER, esp. desembay-azar, it.
plus précis, a supplanté le de du composé sbarassare; voy. barre. —
D. subst. ver-
latin cp. L. de-armare, it. disarmare, esp.
: bal débarras.
desarmar, fr. désarmer; il en est de même DÉBAT, subst. verbal de débattre.
dans déformer, dénier, déniter, etc., vfr. DÉBATTRE, composé de battre; se débat-
desformer, desnier, desnuer, etc. Parfois il tre est un terme analogue à se démener; le
est difficile, même impossible, de décider si préfixe dé ne représente pas dis (car l'an-
le préfixe dé se rapporte au L. dis ou à de; cienne langue ne disait pas desbattre), mais
p. ex. déchoir, qui d'un côté correspond au de, ayant force intensitive cp. it. dibattere,
;

prov. des-cazer, d'un autre à l'esp. de-caer. esp. debatir.


— Notez encore la forme des pour de, devant DÉBAUCHER, d'un primitif bauche, vieux
des primitifs commençant par s, ex. : dessus, mot fr. signifiant boutique, atelier, et dont
dessous, dessécher, desservir, dessiner. l'origine n'est point éclaircie. L'étymol. prov.
1 DE
à coudre, forme apocopée du vfr. bottica = boutique, n'est pas admissible ; le
del. Ce dernier est contracté de deel (Anjou mot pourrait bien remonter au balk germa-
déau, Berry diaic), lequel, ainsi que l'it. nique, signifiant poutre, puis par extension
ditale, esp. dedal, vient du BL. digitale (de hangar et choses sembl. Débaucher serait
digitus, doigt). ainsi pr. tirer qqn. de son atelier, puis fig. le
détourner de son travail, de ses devoirs ;
2. DÉ à jouer, prov. dot, it., esp., port.
dado, BL. dadus. Voici ce qui a été avancé embaucher, par contre, c'est attirer dans un
sur l'étymol. de dadus : 1 =
L. datus, de
.
atelier, enrôler. Nicot ne mentionne pas le
sens de boutique attribué par Ménage au
dare, jeter (dans des locutions comme « dare
subst. bauche, mais bien celui de crépissure
ad terram », etc.), donc cho.so jetée; 2. Go-
d'une muraille, barbouillage. Ce sens, qui
lius : arabe dadd, jeu ; 3. Ménage : des, de
dati, donnés, c.-à-d. donnés de main en main;
indique un primitif de la famille du gaél.
baie, croûte de terre, s'accorderait bien avec
4. DuCange, au mot decius (latinisation bar-
la signification d'ébaucher, dessiner grossière-
bare du vfr des), prétend que jeu de dé
vient par corruption àe juis de Dé, lequel
ment; cependant, ce verbe paraît avoir une
groupe de mots représente ^'urfzcjww Dei, ju- autre origine (voy. plus loin). En Sain-—
tonge, bauche signifie tâche, de sorte que
gement de Dieu; dé, selon lui, se rapporte-
rait ainsi à Beus. Au rapport de Ménage, Du
débaucher serait détourner qqn. du travail,
Gange appelait cette découverte la reine de embaucher, l'y mettre (Littré, Suppl.). Mais
ses étymologies. —
Pour notre part, nous ne d'où \ient bauche tâche?= —
D. subst. ver-
souscrirons à aucune de ces assertions ou bal débauche, pr. abandon du travail, puis
conjectures. Bé, à notre avis, représente L. dérèglement (d'où l'adj. débauché); débau-
datum, et a d'abord signifié le hasard, litt. ce cheur.
qui est donné (cp. chance =
ce qui tombe,
DÉBET, mot
DÉBILE, du L.
latin, =. il doit.
debilis, faible (contraction
quod accidit); jeu de dé est synonyme de jeu
de hasard puis le nom s'est donné à l'instru- de de-habilis, inhabile). — D, L.
débilité,
;

ment servant à consulter, à tenter la for- -itas ; débiliter, L. -itare. — La vraie francisa-
tune. tion du L. dëbilis est deble, dieble, doivle
qui ne se trouve que dans les composés vfr.
DÉBÂCLER, contraire de bâcler (v. c. m.),
désobstruer, débarrasser, rompre. —
D. dé-
endeble, endieble; y&i relevé endotoZe dans les
Poésies de Froissart, t. I, p. 131, 1518).
bâcle, rupture des glaces, fig. changement
subit, confusion. DÉBINER, wall. dibiner, aller en déca-
dence, perdre sa fortune (d'où subst. débine,
DEBA60ULER, vomir des injures ; puis
misère) ; je ne connais pas l'origine de ce
vomir en général. Ce terme accuse un pri-
mot familier. Est-il identique avec le rouchi
mitif bagoide, auquel on doit aussi l'ancien
biner, débhier, qui signifient s'enfuir? Ou
verbe bagouler, bavarder, et le subst. bagoul,
est-ce une formation de fantaisie, tirée de
bavardage (usité dans les dial. du Nord).
debere, avoir des dettes?
On peut aussi l'expliquer par 5'oiîZe,*^i«cî<Ze,
muni du préfixe péjoratif ba, bé; une ba- DÉBIT, mot savant, du L. debitum, ce qui
est dû, comme crédit de creditum, ce qui est
goule serait une mauvaise langue ; cp. l'ex-
pression vulgaire engueuler qqn.
cru (confié, prêté). De là débiter inscrire =
au compte du débit. Le mot debitum, signifie
DÉBALLER, voy. balle.
également la marchandise vendue et portée au
DÉBANDER, 1. ôter une bande, desser- débit de l'acquéreur, comme due par lui de ;
rer; 2. rompre, disperser une bande de com-
là le verbe débiter, dans son sens de vendre,
battants, —
D. débandade [à la), néolo- surtout vendre en détail, fig. mettre en cir-
gisme. culation, émettre (des nouvelles), réciter,
DÉBARCADÈRE, voy. débarquer. produire en public. C'est à ce dernier que se
.

DEC 141 DEC


rapporte comme subst. verbal le mot débit DÉCADI, mot créé pour le calendrier répu-
signifiant vente, droit de vendre, et fig. ma- blicain pour désigner le dixième jour de la
nière de réciter, de prononcer. décade, de déca, Sk/.x == dix, et dies, jour.
DÉBITER, voy. débii. DÉCAGONE, à dix angles {Sky.oc, ywvo;).
DÉBITEUR, vfr. deteur, 1. L. débiter, = DÉCALOGUE, gr. Sîy,=cloyoi, litt. les dix pa-
qui doit (fém. débitrice) ; 2. dér. du verbe dé-
biter (voy. débit) =
qui débite (fém. débiteuse). DECALQUER, voy. calquer.
DÉBLAI, voy. déblayer. DÉCAMPER, lever le camp, puis se retirer
DÉBLATÉRER, L. deblaterare, jaser, dé- précipitamment, voy. camp.
biter. DÉCANAT, L. decanatus, dérivé de deca-
DÉBLAYER, BL. dehladare (bladum), voy. nus, litt. dizenier. Ce primitif decanus s'est
blé. — D. déblai. francisé en doyen (cp. necare == noyer). On
disait autrefois aussi, par la syncope du c mé-
DÉBLOQUER, voy. bloc.
dial, dean, forme conservée dans la langue
DÉBOIRE, mauvais goût que laisse une
anglaise.
boisson dans la bouche, fig. dégoût, regret.
Infinitif subtantivé d'un verbe inusité, repré-
DÉCANTER, decantare, esp. decantar,
it.

sentant le L. debibere, boire deqqch., dégus-


pr. verser une liqueur en penchant
le vase ;
dérivé de canthus, it. canto, coin, côté (voy.
ter ; selon Littré, de dé, préfixe, et boire : un
boire qui ôte l'envie de boire.
canton et champ2). —
J'abandonne ma conjec-
ture décaneter, de canette, petite cruche.
DÉBOÎTER, voy. boîte. 1. DÉCAPER, pr. enlever la superficie, la
DÉBONNAIRE, voy. air. — D. débo7i- croûte de qqch.; de cape, chape, vêtement,
n air été. enveloppe,
DÉBORDER, pr. sortir hors des bords, voy. 2. DÉCAPER, de marine, prendre la
bo7'd. — D. débord, débordement. haute mer; de cap.
t.

DÉBOUCHER, 1. v. a., opp. de boucher; 2. DÉCAPITER, BL. decapitare (caput), enle-


v. n., par la bouche (ouverture) d'un
sortir ver la tête; cp. decollare, couper le cou.
défilé, d'une gorge, d'une rue, de là débouché, DÉCATIR, voy. catir. —
D. décatisseur,
endroit où l'on débouche, issue, lieu d'expor- décatissage.
tation pour les marchandises. DÉCÉDER, L, decedere, mourir, pr. s'en
DÉBOUILLIR, renforcement de bouillir ;
aller.
cp. L. decoquere, ail. abhochen. DÉCELER, le contraire de celer (v. c. m.),
DÉBOUQUER, terme de marine, variété de DÉCEMBRE, L. december{à.ecem), le dixième
déboucher. mois de l'ancienne année latine.
DÉBOURSER, voy. bourse. — D. débours. DÉCENNAL, L. decennalis (decem, annus).
DEBOUT, p. de bout, sur le bout. Ye7it de- DÉCENT, L. decens (part, de decere), con-
bout, vent qui soufiie sur la proue (le bout) du venable. —
D. décence, L. decentia.
*

vaisseau. DÉCEPTION, L. deceptio, dérivé du verbe


DÉBOUTER, dér. de bouter, = pousser decipere =
fr. décevoir.

loin, repousser, voy. bouter. DÉCERNER, L. decernere.


DÉBRAILLER, voy. braie. DÉCÈS, L. decessus, départ, dérivé de de-
DÉBRIS, voy. (acception fort
briser; 1. cedere, fr décéder.
raie) action de débriser (verbe tombé en dé- DÉCEVOIR, angl. deceive, du L. decipere,
suétude), destruction, ruine; 2. reste d'une m. s. (cp. concevoir, recevoir de concipere,
chose brisée. recijyere). Les formes en -cevoir ont pour type

DÉBUCHER, sortir du bois ou buisson du ;


L. -cipére; la bonne forme latine -cipëre a pro-
BL. buscHS, bois. duit les anc. formes deçoivre, conçoivre, re-
DÉBUSQUER, variété de débucher ; comme çoivre. —
D. décevable.
verbe actif, faire sortir de l'embuscade, fig. déchaîner, it. scatenare, ôter la chaîne
chasser d'un poste avantageux. (v. c. m.). — D. déchaînement, signifiant à la
DÉBUT, subst. verbal de débuter, jouer le fois l'action et l'état qui en résulte.
premier coup au mail, à la boule, pr. tirer de déchant, deschant*, it. discanto, angl.
but, du lieu où est le but, puis commencer en descant, BL. discantus, litt. variation de
général.
chant, discordance. —
D. déchanter.
DÉBUTER, voy. début. — D. débutant. DÉCHARGER =
lat. dis-caricare (Venant.
DEÇA-, dans les compositions décagramme, Fort.); it. scaricare, esp. descargar, angl. rfts-
décalitre, etc., marque le décuple de l'unité. charge. — D. décharge.
Du grec ôj/a, dix.
DÉCHARNER, it. scarnare, esp. prov. des- ,

DEÇÀ, voy. çà. carnar, ôtcr la chair, charn*\ voy. chair.


DÉCADE, dizaine, espace de dix jours, du DÉCHAUSSER, erAevovla, chausse, esp. des-
gr. i5-:zxc, -à5^; dizaine. calzar ; cp. lat. discalceare. — D. déchaua>
DÉCADENCE, L. decadentia*, dér. àedeca- (carmes), vfr. descaus, forme adj., tirée du
dere, forme barbare pour decidere (primitif BL. discalceus =
discalceatus
cadere). Le mot n'est qu'une forme savante et DÉCHE, misère, terme populaire, dans
moderne de déchéance, comme on a cadence « tomber dans la dèche » Comme l'équivalent
.

concurremment avec chéance* chance. débine, ne tiendrait-il pas à L. debere, par-


. .

DEC 142 — DEC


quelque type barbare dehicare, mettre en DÉCOCHER, it. scoccare, litt. faire partir
dette? ou par un subst. lat. debia? la flèche de la coche (v. c. m.).
DÉCHÉANCE, dér. de déchéant, part, prés, DÉCOCTION, L. decoctio (coquerc).
de déchoir; étymologiquement identique avec 1 DÉCOLLER, L. decollare, couper le cou
décadence. [collum). — D. décollation.
DÉCHET, dérivé bizarre de déchoir; l'ail, 2. DÉCOLLER, détacher une chose collée,
dit de même ah-fall, litt.= déchet. Le mot de colle.
répond exactement au BL. decatum, decessio, DECOLLETER, de collet, voy. col.
imminutio, mais je suis porté à croire que DÉCOLORER, L. de-colorare.
decatum a été formé d'après le mot français ; DÉCOMBRER, débarrasser; subst. verbal,
or, ce dernier me semble issu du L. decasus, pi. décombres ; \o-j . comble.
subst. de decadere, qui en BL. signifie la DÉCONFIRE, défaire, détruire, d'un type
même chose que decatum; de là d'abord nom. discwifîcere, propr. désassembler les parties
dechez, puis, par méprise, déchet. Littré et, d'un tout. Voy. confire. — D. déconfiture.
après lui, Brachet prennent déchet pour la DÉCONVENUE, formé de la particule advor-
prononciation normande de déchoit, et ce sativedé =
L. dis, et du subst. inus. con-
dernier pour un part, passé de déchoir. Un venue, arrangement. Déconvettue signifie
part, dcchcoit p. decheti se rencontre en effet, donc pr. le dérangement d'un plan, de là :

et déchet pourrait au besoin s'y rapporter contre-temps, mauvaise aventure, déception.


comme benêt à benoit. DÉCOR, subst. verbal de décorer.
DÉCHIFFRER, ôter à qqch. son caractère DÉCORER, L. decorare (de decus, -cris, or-
de chiffré, c.-à-d. difficile, illisible, embrouillé. nement). —
D. décor, décoration, -ateur,
L'ail, dit de même entziffem; it. descifrar, -atif.^

esp. diciferare; voy. chiffre. DÉCORUM, mot lat. sign. bienséance;


DÉCHIQUETER, tailler menu, de chiquei propr. le neutre de l'adjectif decorus, conve-
(v. c. m.). — D. déchiqiieture. nable, décent. Ce terme étranger s'est popu-
DÉCHIRER, composé du vfr. eschirer, larisé, comme si la langue était impuissante
prov. esqiiii'ar. Ce dernier se laisse très bien à le remplacer par un mot français. Garder
rapporter au vha. skerran, scalpere, radere, le décorum est devenu une locution tout à fait
eradero (ags. sceran, ail. scheren, tondre, bourgeoise.
couper). DÉCOUCHER, autr. le contraire de coucher,
DÉCHOIR, decheoir', prov. descazer, d'un donc se lever ; auj. =
ne pas coucher chez soi;
type de-cadere. strictement -cadêre [= latin cp. L. decubare, coucher loin ou dehors.
classique decidere)\ du même type : angl. DÉCOUDRE, voy. coudre. D. décousure; —
decay =
déchoir ; voy. choir. D. déchéance — ce dérivé est tiré du partie, décousu, tandis
(v. c.^ m.). que couture a pour primitif le latin consu-
DÉ CI-, mot de convention tiré du L. deci- tura.
mus, employé pour former des noms de
et DÉCOULER; cp. le L. de-fluere.
mesure, exprimant la dixième partie de DÉCOUPER, couper par morceaux ; le pré-
l'unité : ex. déciare, décilitre. Cp. déca-. fixe dé rend ici la valeur primitive du L. dis;
DECIDER, L. décidera (prim. cœdere), pr. cp. zcr-schneiden.
l'ail, D. découpure. —
trancher, fig. décider. Du supin decisum : DÉCOURS, L. decursus, coui-s descendant.
décision, L. decisio; indécis, indécision; déci- DÉCOUVRIR, pr. ôter ce qui couvre, angl.
sif. discovcr; cp. ail. ent-decken, L. de -tegere. —
DÉCILLER, forme orthographique qui a D. snl)sr. i)articipial découvert et découverte.
précédé dessiller; dérivé de cil (v. c. m.). DÉCRASSER, voy. crasse.
DÉCIME, dixième partie, du L. décima DÉCRÉDITER, voy. crédit. Variété do dis-
(sous-entendu pars), dont la vraie forme créditer.^
française est disme' dîme. De decimus déri- DÉCRÉPIT, mot savant forgé par imitation
vent encore : décimer, frapper, punir le de lat. decrepitus {i bref); le génie naturel
dixième; décimal; décimateur, qui lève la de la langue avait transformé decrepare en
dime decrever, au participe decrevé. Jean de Condé,
DÉCISIF, DÉCISION, voy. décider. I, 363 : Halés, magres et decrevés. — Le mot
DÉCLAMER, L. declamare (clamare). latin signifie propr. qui a cessé de faire du
DÉCLARER, vfr. declairier, it. dichiarare, bruit (rac. crepare), puis fig. sans force, usé.
du L. declarare (clarus); cp. ail. erhlûren — D. décrépitude.
(klar) DÉCRET, L. decretum (decemere). — D. dé-
DÉCLIN, subst. verbal de décliner. créter; décrétale, L. decretalis, s. -e. epistola.
DÉCLINER, 1. dévier, pencher vers la fin; DÉCRIER, ou proclamer en sens défa-
crier
2. terme de grammaire, fléchir la forme d'un vorable, rabaisser en criant. D. décri. —
mot ; 3. éviter, se soustraire (à cette dernière DÉCRIRE, du L. describere, primitif de :
acception se rapporte le terme de procédure descriptio, fr. description, descriptivus, fr.
déclinatoire). Du L. declinare, qui a les descriptif.
mêmes significations. —
D. déclin, déclinai- DÉCROCHER, détacher une chose accro-
son. L. declinatio; déclinable. chée^; voy. croc.
DÉCLIVE, L. declivis (de clivus, pente). — DÉCROIRE, ne pas croire, cp. L. discredere
D. déclivité, L. declivitas. (Jules Valèrej.

DÉF — 143 — DÉF


décroître, L. decrescere. — D. décroît de faire, puis désassembler, mettre en déroute
(cp. croît), décrois sèment, -ance; décrue. (cp. déconfire, mot de formation et de signi-
DÉCROTTER, voy. crotte. — D. décrotteur, fication analogues). Pour la locution se défaire
décrottoir. de (à laquelle se rattache défaite -— débit,
DÉCRUS, voy. décroître. placement d'une marchandise), cp. l'ail, sich
DÉCRUïïR, lessiver le fil cru; d'un type losmachen. —
D. défaite, 1. état de celui
discrudare, du L. crudus, qui avait aussi qui a été défait, 2. excuse employée dans la
l'acception de » non préparé » [corium crudum, défaite.
cuir non tanné). —
La foi'me décruser pour DÉFAITE, voy. défaire.
L. discrudare est conforme aux habitudes des DÉFALQUER, it. diffalcare, esp. defalcar,

idiomes du midi de la France cp. L. cru- ;


prov. defalquar, est généralement rapporté à
delis, prov. cruzel. faix, faux, donc enlever avec la faux, pour
DÉCUPLE, L. decuplus. D. décu^jUr.— ainsi dire défaucher. Diez cependant préfère
DÉDAIGNER, it. disdegnare, voy. daigner. le vha. falgan, falcan, priver, retrancher.
— D. dédain m.), dédaigneux.
(v. c. D. défalcation.
DÉDAIN, desdaing, subst. verbal de
vfr. DÉFAUT, anciennement fém. défaute; ce
dédaigner, it. disdegno. dernier (cp. it. diffalta, prov. defauta) se
DÉDALE, labyrinthe, de Dœdalus, nom rapporte à défaillir, comme faite*, faute (v. c.
mythologique de l'architecte du labyrinthe de m.) à faillir. Comme le verbe défaillir, dans
Crète (de S-dSx'koi, savant, habile). sa structure, paraît avoir subi l'influence du
DEDANS, voy. dans. '
L. deficere, faire défaut, nous attribuons de
DÉDICACE, L. dedicatio [dedicare, dédier). même l'introduction du masc. défaut à l'in-
Dédicace, préface et vfr. estrace extraction,= fluence du subst. defectus = défaut, it. di-
(peut-être encore populace) sont les seuls mots fetto.^
dans lesquels la désinence latine atio se soit DÉFAVEUR, it. disfavore, voy. faveur; cp.
convertie en ace au lieu de ation ou aison, disgrâce. — D. défavorable.
qui, comme on sait, vient strictement de l'ac- DÉFÉCATION, voy. déféquer.
cusatif ationem, l'accent tonique sur o. Il est DÉFECTIF, L. defectivus, de deficere, man-
curieux de voir dédicace, appliqué à la dédi- quer. De ce verbe procèdent encore L. defec-
cace d'une église, se corrompre en dicace, du- tio, abandon d'un parti, fr. défection; L. de-
cace et ducasse, mots wallons exprimant la fectus, manque (mot conservé dans défet,
fête patronale de l'église et correspondant terme de librairie, = feuilles superflues, dé-
ainsi à l'ail, kirch-weih, néerl. kermesse (p. pareillées d'un ouvrage, pr. ouvrage à défaut),
herhmess, messe de l'église). Roquefort s'est d'où l'adj fr. défectueux.
.

fourvoyé en rattachant ducasse à duc (fête DÉFECTION, voy. défectif.


donnée par les ducs). DÉFECTUEUX, voy. défectif — D. défec-
DÉDIER, L. dedicare, d'où dédicace (v. c. tuosité.
m.), et dédicatoire. DÉFENDRE, L. defendere, litt. détourner,
DÉDIRE, BL. dedicere == contredire, nier, repousser, écarter les dangers de qqn., puis
désavouer. — D. dédit. protéger. La signification « interdire, prohi-
DÉDOMMAGER, indemniser d'un dommage ber », qui se tire naturellement du sens fon-
souffert. cier « x'epousser, ne pas admettre », n'était
DÉDOUBLER, défaire le double, enlever la pas encore propre au mot latin. Au supin
doublure. latin defensum remontent les dérivés dé- :

DÉDUCTION, L. deductionem, m. s. (dedu- /è>z5e, L. defensa (Tertullien) défens (bois end.),


;

cere). L. defensum; défenseur, L. defensor; défen-


DEDUIRE, du L. deducere, tirer loin, éloi- sif, -ive (opp. de offensif, -ive). Sont dérivés
gner. —Le subst. déduit, amusement, BL. du mot français défendable, défendeur,
:

deductus, est tiré du L. deducere, dans le sens -erosse, qui se défend en justice.
de divertir que lui donnait le moyen âge ; cp. DÉFENSE, voy. défendre. D. défen- —
divertir, distraire, formés d'une manière tout sable ', en état de se défendre.
analogue et signifiant litt. tourner en sens DÉFÉQUER, L. defœcare, ôter la lie, les
divers, c.-à-d. détourner des choses graves ou fèces (L. fsex). —
D. défécation, L. defaecatio.
tristes. DÉFÉRER, L. déferre, litt. porter vers,
DÉDUIT, voy. déduire. puis présenter, offrir, accorder, d'où la signi-
DÉESSE, vfr. deuesse, it. deessa (aussi fication moderne céder, condescendre.
: D. —
dea), prov. deuessa, diuessa (aussi dea). Pour déférence, condescendance.
donner au L. dea une terminaison plus sonore DÉFERRER, 1. ôter le fer, la. ferrure; 2. ti-
qu'un simple a on e muet, on a eu recours au rer le fer, lepée, dégainer.
suffixe essa, esse. L'espagnol a fait de dios, DÉFET, voy. défectif
dieu,^ le fém. diosa. DÉFI, voy. défier.
DÉFAILLIR, propr. manquer, faire défaut, DÉFICIT, mot latin, signifiant « il man-
s'affaiblir la composition avec de est peut-être que » (de deficere, manquer).
;

faite sous l'influence du L. deficere, m. s. — DÉFIER (SE), du L. diffide7-e, ne pas se


D. défaillance, défaillant. fier. — D. défiant, adj., L. diffidens; dé-
DEFAIRE, it. disfare, esp. deshacer, prov. fiance, L. diffidentia. Le verbe défier, au sens
desfar, BL. disfacere p. deficere, d'abord opp. actif de provoquer, braver, d'où le substantif
.

DÊG — 144 DEG


DÉFI, vient du BL. diffidare (prim. fidiis), hanc, deçà et delà. Nous la renseignons pour
dont le sens est : a fide quam quis alicui débet mémoire. Le sens propre parait être « dislo-
aut poUicitus est, per litteras aut epistolam qué, désarticulé » et la forme primitive, dé-
deficere; donc retirer sa foi, se mettre en état gigandé (usitée à Genève, Borry déguigue-
de guerre ouverte. It. sfidare, prov. desfisar. nandé); ce qui donne raison à Littré, qui
DÉFIGURER, gâter la figure, déformer; explique le mot par le primitif gigue : « qui
verbe de création romane; it. dis-figurare, n'est pas bien sur ses jambes ». On trouve le
esp. desfgurar. verbe déhingander dans Rabelais « brûlez, :

DÉFILER, 1. V. a., ôter le fil, voy. fil; noyez, crucifiez, bouillez, escarbouillez, escar-
2. V. n., aller l'un après l'autre, à la file. De la telez, dehingandez carbonnadez ces méchants
,

seconde acception dérive défilé, 1 action de . hérétiques, etc. » Que voulait dire l'auteur
défiler, 2. passage étroit, où il faut marcher par déhingander, sinon démembrer? Bugge —
un à un. (Rom. III, 146) rapproche l'it. sgangherato,
DÉFINIR, L. definire, m. s. (litt. fixer les pr. sorti des gonds, fig. dégingandé. Le pri-
limites, fines). — D. définissable, indéfinis- mitif gingand (norm. genguand) serait une
sable, défini, indéfini. Au supin latin defini- transformation de it. ganghero, prov. gan-
tum ressortissent : définitif, -itivus, défini- guil, gond: d final serait paragogique; in,
tion, -\ûo. en, pour aiJi an; le 2* n fait l'effet d'une assi-
DÉFLAGRATION, L. deflagratio, combus- milation au 1*' (cp. milan, canchen it. =
tion.^ ganghero).
DÉFLEURIR. L. defl^rere, cesser de fleu- DÉGLUTITION, L. déglutit io (de deglutire,
rir; défiorer, L. deflorare, ôter la fleur, flé- avalçn.
trir. DÉGOBILLER, dér. de gober, avaler.
DÉFLORER, voy. défleurir. DÉGOISER, Berry dégoisiller, parler avec
DÉFONCER, ôter le fond (vfr. fons), aussi volubilité, gazouiller, jaser; anc. chanter à
fouler au fond, voy. fond. pleine gorge, s'ébattre; se rapporte proba-
DÉFORMER L. deformare. blement au primitif de gosier; cp. égosiller.
DÉFOURNER. tirer du four (v. c. m.). — Subst. vcrb. degois', ébat.
DÉFRAYER, dispenser du payement des DÉGOMMER, terme populaire, tiré de
frais,payer pour un autre, entretenir. Voy. gomme; propr. décoller, fig. déplacer d'une
frais. — D. dé
frai', défraiement* position où l'on se croyait sûrement établi.

DÉFRICHER, faire sortir de l'état de friche DEGOR. voy. l'art, suiv.


(v. c. m.). DÉGORGER, 1. vendre gorge ; 2. contraire
DÉFROQUER, priver du froc (v. c, m.), fig.
d'engorger. — Substantif verbal dégor, tuyau
faire sortir de l'état monastique. D. dé- — de dôoliarge.
DÉGOTER, faire tomber au tir un objet
froque, effets, liardes, laissés par un religieux
décédé; par extension, biens mobiliers laissés placé comme but; fig. déposséder qqn. d'une
par un particulier décédé. Cp. position acquise. Anciennement degotter, dé-
le terme dé-
pouille. goutter; le sens premier serait-il « faire cou-
ler bas n ou « couler dessus »?
DÉFUBLER, vfr. desfuler, dégrafer, désha-
biller.Voy. affubler. DÉGOURDIR, contraire de engourdir, de
DÉFUNT, L. defunctus (de defungi terra lad). f/o)ird[v. c. m.).
ou vita, ou simplement defungi, mourir); DÉGOÛT, prov. degot, subst. de dégoutter.
dans certains patois on trouve défunher, dé- DÉGOÛT, it., esp. disgusto, angl. disgust,
functer p. mourir. absence de goût (v. c. m.). —
D. dégoûter,
DÉGAGER, opp. d'engager; par extension, ôter le goût, l'appétit, inspirer de la répu-
désobstruer, débarrasser. —
D. dégagement. gnance; adj. part, dégoûtant.
DEGAINER, sguainare, esp. desenvai-
it. DÉGOUTTER, couler en bas goutte à goutte
nar, faire sortir de la gaine (v. c. m.). D. — (v. c. m.), cp. le terme L. de-stillare. —
dégaine, propr. manière, attitude de celui qui D. di'igoùt.
se met en garde, puis par extension : tour-
DÉGRADER, L. degradarc (Cod. Just.),
nure (ridicule), manière, maintien; dégaineur, faire descendre de son grade; par extension,
batailleur.
diminuer graduellement, puis détériorer, en-
DÉGÂT, subst. d'un verbe dégâter {vîv de- dommager.
ou desgaster) tombé en désuétude. La compo- DÉGRAFER, opp. de agrafer m.).(v. c.
sition dégâter est analogue à celle du L. de- DÉGRAISSER, contraire de engraisser,
vastare. Voy. gâter. voy. gras. — Subst. verbal, dégras, graisse
DÉGELER, contraire àe geler. D. dégel. — exprimée des peaux.
DÉGÉNÉRER, L. degenerare, litt. sortir de DÉGRAVOYBR, litt. enlever le gravais (v.
son genre, perdre ses qualités génériques. c. m.)
D'un primitif non classique degenerescere, on DEGRÉ, prov. degrat, port, degrao, com-
a fait l'adj. dégénérescent*, et le subst. dégéné- posé du L. gradus. Le préfixe de, dont l'in-
rescence. tention était de marquer l'abaissement,
DÉGINGANDÉ, anc. déhingandé, dial. nor- comme dans le verbe dégrader (intention sur-
mand déguengandé, délabré, mal tourné. tout sensible dans dégradation des tons), cp.
Roquefort pose pour étymologie L. dehinc- ail. abstufen, a eu pour effet secondaire de
DÉJ — 145 — DËL
différencier gré = gradiis de gré = gra- rappelle l'expression allemande sich werfen,
tiim. angl. icarp.
DÉGRÉER, ôter les agrès (v. c. m.); opp. DÉJEUNER, BL. disjejunare, litt. cesser
de gréer de agréer.
et déjeuner; cp. l'angl. breahfast, litt. rompre
DÉGREVER, opp. de ^^rct-n- (v. c. m.). No- le jeûne, et en ail. subst., friihstilch, dé-
tez que le latin dcgravare signifiait juste l'op- jeuner (d'où le verbe fri'ihstïickcn), litt. =
posé du fr. dégrever, c.-à-d. couiber sous le morceau matinal). En esp. on dit disayunar,
poids, surcharger. Le préfixe de, dans le mot =r dis-adjcjnnarc. En italien, le composé
litt.
latin, marque, conformément à sa nature, digiunar, ainsi que le prov. dejunar, signifie
mouvement descendant, tandis que le préfixe jeûner (le préfixe, dans ces verbes, n'est pas
français est la particule adversative. — D. dé- négatif). —
D. déjeuner, subst. Dans l'anc.
gritn lient. langue, desjeuner avait un sens plus lai'ge :

DÉGRINGOLER, rouler du haut en bas. Le act. nourrir, régaler, réfl. se nourrir, se lé-
P. Menestricr établit un primitif grwgole, galer.
qui, selon lui, est à la fois un synonyme et DÉJOINDRE, du L. dejungere ou disjun-
ime corruption de gargouille. Dégringoler, gère, comme on veut. En tout cas, le mot fait
serait ainsi tomber d'en haut comme l'caxi qui double emploi avec disjoiiulre.
tombe des gargouilles. Le picaid a dérin- DÉJOUER, jouer (c.-à-d. travailler, ma-
goler, ce qui fait penser à un primitif ringole nœuvrer) en .sens contraire, faire manquer ou
= rigole. Pour la prothèse de g, cp. gre- échouer un projet; cp. le L. de-ludcre, y)ucr,
nouille, Voy. aussi le mot grivgolé. tromper une personne, jouer contre elle.
DÉGUENILLÉ, de guenille (v. c. m.); litt. DÉJUC, voy. l'art suiv.
tombé en guenille. La composition n'est pas DÉJUCHER, sortir du juchoir, \oy. jucher;
heureuse, puisqu'elle exprimerait tout aussi subst. verbal déjuc, temps du lever des oi-
bien l'opposé, c.-à-d. " privé de guenilles ». seaux.
DÉGUERPIR, litt. abandonner;
jeter loin, DÉJUGER (SE), désavouer un jugement
de l'ancien verbe guerpir xoerpir, BL. guer- qu"on avait porté, cp. le terme se dédire.
pire, abandonner, quitter. Ce primitif vient DELA, corrélatif de <^%à, p. de là, it. di
du goth. vairixin, ancien saxon xcerpjan (ail. là, esp. de alla; combinaisons au delà, par :

mod, werfen), jeter. L'expression guerpir delà^


avec le sens d'abandonner est fondée sur un DÉLABRER, voy. lambeau, vfr. label'
ancien usage germanique, selon lequel on labeau, cfr. l'ail, zer-fetzcn — D. délabre-
jetait un fétu dans le sein de qqn. pour sym- ment.
boliser un acte de cession, de renoncement à DÉLAI, voy. délayer 1.
une propriété. —
La signification neutre s'en DÉLAISSER, abandonner le pri'fixe parait ;

aller est déduite de celle de l'enoncer. appliqué par imitation du L. de-serere, de-
DÉGUISER, prov. desguizar, quitter sa relinquerc, —
D. délaissement ; anc. délais.
guise habituelle pour en revêtir une autre, DÉLARDER, terme d'architecture; étymo-
travestir. —
D. déguisement. logie inconnue. Si parmi les diverses opéra-
DÉGUSTER, L. degustare (gustus). tions techniques désignées par ce verbe on
DEHISCENT ci déhiscence, du L. deJtiscere, peut réellement placer en premier lieu,
s'entr'ouvrir. comme le fait Roquefort, celle de piquer la
DEHONTÉ, {v. c. m.). On dit
privé de liante pierre avec le marteau, alors il est permis de
de môme élionté.Corneille s'est servi du verbe voir dans le mot un dérivé de lard, aussi bien
défiante)- dans le sens de couvrir de honte. que dans le verbe simple larder, dans son ac-
DEHORS, vfr. defors, voy. fors. ception métaphoricpic, percer de coups. Ou le
DÉIFIER, L. deifieare, mot de la latinité sens foncier est-il rendre mince comme une
de l'Eglise, fait comme tant de mots modernes pièce de lard?
se terminant de môme, et formés d'après le DÉLASSER =: dés-lasser, le contraire de
précédent des vocables latins œdificarc, am- lasser. Le lat. de-lassare dit ro2)posé du mot
pliJiearc {-fcare est un dérivé de ficus, adj. français le préfixe y a une autre valeur.
de faeia, faire). —
D. déification.
;

DÉLATEUR, L. delator (déferre); terme lo-


DÉISME, DÉISTE, termes .savants tirés du giquement égal ax\ terme [v.ra/jjjorteur ou ail.
L. Deus, comme on a fait t/téismc, théiste, du hintcrbringer.
gvcce-di. DÉLATION, L. delatio.
DÉITÉ, L. deitas (deus), mot créé par les DÉLAVÉ = efiacé ; en parlant des couleurs :

Pères pour divinitas, faible, blafard; du L. delavare, cp. ail. ab-


DEJA, anc. desjà, composé de la particule waschen. Le vfr. dcslavé, sale, est le contraire
dès (v. c. m.), et de l'advci'be ja, qui est le de lavé, comme l'indique le préfixe des = dis.
latin Jam, et qui s'est conservé encore dans 1. DÉLAYER* DILAYER, retarder, dif-
et
Jadis et jamais. Déjà signifie donc au fond férer, du BL. dilatai-e, m. s., fréq. de diff'erre
« dès l'heure pré.sente ». (cp. le L. pro-latare, remettre, différer, de
DÉJECTION, L. dejectia (dejicore). proferre):, subst. verbal délai. —
P'ôrster
DÉJETER, anc. =
rejeter, L. dejectarc*, repousse le type dilatarc, qui, dit-il, ne peut
fréq. de dejicerc. L'acception actuelle de se produire que de-laer, de-léer, formes introu-
déjeter, s'cnller, se courber, se contourner. vables. Il y voit un composé de l'anc. verbe
10
DÉL — 146 — DÉM
laier, laisser, tarder. J'accepte son étymolo- DÉLIMITER, du L. delimitare (limes, -itis),

gie, mais en observant qu'en ouvrant le dict. cp. ail. ah-(/rànzen.


de Godcfroy, il verra maintenant que deléer==' DÉLINÉÀTION. du L. delineare (linea), tra-

dilayer n'est nullement introuvable. cer le.-; ooiitoars, csijuisser.


2. DÉLAYER, vfr. alayer, détremper dans DÉLINQUANT, partie, prés, àcdélinquer^
un liquide, prov. dcs-leguar, it. dilcguare; L. dclinquere, manquei', faire faute. Du verbe
d'un type latin dis-Uquare (du L. liquare, latin vient encore le subst. delictum, primitif
rendre liquide). Pour le préfixe, il est ana- du fr. délit.
logue à celui de détremper. —
D. délayant, DÉLIRE, L. dclirium; verbe délirer, L.
délaycment. Dans l'expression « délayer son delirare (sens litt. sortir du sillon, de la
:

discours, ses idées », on peut .se demander ligne droite).


auquel des deux homonymes il faut le ratta- 1 . DÉLIT, infraction à la loi, voy. délin-
cher. On peut invoquer d'un côté la phrase quant.
latine dilatare orationem, argumcntum, al-
: 2. DÉLIT, t. do maçon, pr, côté (d'une
longer un discours, développer un sujet ; pierre) hors de son lit, do sii position natu-
d'un autre, une métaphore tirée de délayer = relle dans la carrière. D. déliter. —
détremper serait tout à fait naturelle ; cp. en DÉLITESCENCE, du L. delitescere (latere),
allemand wàsserige schreibart, litt. style se C'ichor.
aqueux, p. trop fluide, lâche ; et en fr. même 1. DÉLIVRE, subst., nom des enveloppes du
le terme diffus, litt. répandu (L. diffusus, de fœtus, (|ui, en sortant, délivrent la femme.
diffundci'e). —
Fôrster n'admet ni dilatare, 2. DÉLIVRE, anc. adj. (voy. délibérer),
étendre (voy. préc), ni dis-Uquare, qui
l'art, conservé dans de fauconnerie un oiseau
le t. :

ne l'épondrait qu'à déléguer, ou, dans l'hypo- à délivre. Pour la forme, cp. comble.
thèse d'une forme lat. secondaire dislicare, à DÉLIVRER, 1. mettre en liberté, 2 =^
desleier, dislier, disjoiicr. L'examen phoné- livrer, exj^dicr; du BL. deliberare, composé
tique de la question le pousse vers un type do liberare. Le préfixe de est, dans les deux
dis-lacare, de lacus (lac), d'où aussi it. alla- acceptions, parfaitement à sa place, puisque
gare (vfr. alayer) et dilagare, submerger, le verbe implique l'idée do séparation. D. —
noyer (Ztschr., VI, 108). G. Paris (Rom., XI, délivrance ; subst. délivre (v. c. m.).
444) sauve l'étym. disliquarc, devenu disli- DÉLOGER, contraire de loger, c.-à-d. quit-
care, en invoquant l'anc. forme desleyer. II ter ou f;iiro quitter lui logement.
n'y a donc pas lieu de séparer fr. délayer du DÉLOYAL, it. disleale, négation de loyal.
prov. dcslcgar, it. dileguare. — D. desloialté' déloyauté.
DELÉBliiE", L. delehilis [ào delere,cfSa.ccr). DELTA, quatrième lettre de l'alphabot
— D. indélébile. grec, ayant la forme d'un triangle.
DÉLECTER, vfr. déliter (cp. lit de lectits, DÉLUGE, du L. diluvium (diluere), d'où
confit de confcctus), angl. delight; du L. dc- aussi les termes scientifiques diluvial, dilu-
Icctare (fréq. do deliccre). —
D. délectation, vien, dihivion.
délectable, (vfr. délitalflc); l'anc. langue avait DÉLURÉ, dégourdi, déniaisé, anc. déleurré,
en outre le subst. verbal délit =
plaisir, agré- donc; pr. qui ne se laisse plus piper ou leur-
ment. rer.
DÉLÉGUER, L. dclegare, m. s. DÉLUTER. ôtcr le lut (L. lutmn).
DÉLÉTÈRE, gr. i-nUrip^oi, nuisible (5>jJîw). DÉMAGOGUE, gr. ô/j/ia/w/o^, qui entraino
DÉLIBÉRÉ, voy. l'art, suiv. le peuple (ô^/*o;, iyety). — D. démagogie,
DÉLIBÉRER, L. deliberare, pr. peser, pon- -ique, isrne, -iser.
dérer, examiner (dér de libra, balance). — DEMAIN, it. dimani, domane, prov. de-
Le sens de l'adj délibé^'é, ré.solu, se rapporte,
. man, du L. mane, matin, pourvu du préfixe
comme l'anc. adj. délivre, au verbe deliberare de. — D. lendemain, it. l'ijidoynani, composi-
= rendre libre, dégager. tion de le -\- 'endemain ; l'ignorance étymolo-
DÉLICAT, L. delicatus (àa deliciœ), 1 char-
. gique a fait que l'article s'est uni au corps du
mant, délicieux, 2. voluptueux, efféminé, mot la môme chose est arrivée dans le subst.
;

douillet, 3. fin, doux,


tendre. L'anc. fonds lierre (v. c. m.); le lendemain est une aber-
avait ime forme plus française delget, delgé : ration de langage p. Vendemain.
(prov. delguat, delgat, esp. delgado), puis DEMANDER, it. domandare, prov., esp.,
dcngé, dougé. La langue actuelle a con- port, dernundar, L. demandarc. Le mot clas-
servé une autre forme tout aussi régulière- sique ne signifie que confier, recommander ;
ment tirée du primitif latin, sans syncope de la latinité du moyen âge donna à ce compo.sé
l'e radical; c'est l'adjectif rft'/iV, menu, mince, de mandare le sons de mander, faire savoir,
fin (cp. plié, de plicatus), qui n'a, étymolo- pour faire connaître ce que l'on veut (cp. corn-
giquement, rien de commun avec le verbe mandet-); enfin, de l'idée de prier que l'on
délier. —
D. délicatesse, délicater ; indélicat, fasse telle ou telle chose, s'est déduite une
« qui manque de délicatesse. » nouvelle et importante acception, savoir :
DÉLICES, L. deliciœ. —
D. délicieux, L. prier que l'on dise, interroger. D. demande, —
deliciosus. demandeur, fém. -euse et -eresse.
DÉLIÉ, menu, mince, fin, voy. délicat. DÉMANGER, comp. do manger. « Ce mot
DÉLIER = dis-ligare; le latin deligare est a été dit par rapport aux parties de notre
un intensif de ligarc. corps qui sont rongées des vers de notre

1
DÉM — Ul — DÉN
vivant, lesquels, par leur mouvement, exci- DÉMESURÉ, hors de mesure, excessif.
tent en nousune démangeaison. » Nous DÉMETTRE, opp. de ^nettre, mettre hors
n'ajouterons rien à cette explication, un peu de sa place, disloquer, déposséder. Le terme
crue, fort plausible du reste, de Ménage (cp, français ne correspond pas logiquement au L.
en latin verminare, de vertnis, et en ail. demittere, pas plus que le substantif rfJmi*
wurnien, de wur^n, ver) nous dirons seule-
;
sion (v. c. m.) au L. demissio. Le préfixe de
ment que l'expression démanger est logique- du vocable français est négatif, c.-à-d. le de
ment égale aux termes ail. beisscn, mordre, it. latin marquant éloignement, partant privation;
2yiz2icare, pincer, esp. picar, piquer (nous dans mot latin il exprime l'abaissement.
le
disons aussi picotement p. démangeaison), esp. Le a généralement démettre et non pas
vfr.
comezoH = L. comestio, qui tous ont la desmettre; le type latin, est donc bien de-mit-
même valeur que le mot français. D. déman- — tere et non pas dis-mittere ou di-mittero. La
geaison. dernière forme, cependant, peut être invo-
DÉMANTELER, dépouiller du manter man- quée en faveur du verbe « démettre d'un em-
teau, ce pi'imitif étant pris dans le sens dérivé ploi " ; cp. langl. dis-miss.
de rempart. DEMEURE, it.dimora, esp., prov. demora,
DÉMANTIBULER, anc. démandibuler (pour subst. verbal de demeurer.
d changé en t, cp. appentis Gi apprenti), pr. DEMEURER, 1. s'arrêter, rester, tarder;
démettre la mâchoire (L. mandibula), puis 2. séjourner, habiter. C'est le L, demorari
disloquer, démonter en général. (morari), dans le sens neutre de ce verbe. —
DÉMARCATION, tiré du BL. «larca, limite, D. demeure, I. séjour, retard (signification
d'après l'analogie de délimitation. propre déjà au L. mora), 2. habitation; cp.
DÉMARCHE, subst. verbal d'un ancien verbe maison =
niansio, do manere, rester, de-
démarcher, se mettre en mouvement 1 façon ; . meurer; de)neurant, subst., =^ l'este; loc.
de marcher, allure; 2. façon de se conduire, adv. au demeurant au reste. =
de s'y prendre pour arriver à un résultat. DEMI, adj. L. dimidius.
DÉMARQUER, ôter la marque. DÉMISSION, vfr. desmission, angl. dismis-
DÉMARRER, contraii-e de amarrer [y. c. m.), sion, d'un type latin dis-missio (cp. l'ail, ent-
défah'e un amarrage. lassung). — D.
démissionner, -aire.
DÉMASQUER, ôter le masque, fig. mettre DÉMOCRATIE, gr. 5/;/xo/-/=àr£i'/, gouverne-
à nu, d^écouvrir (une batterie). mont du peuple de ce subst. abstrait on a
;

DÉMÊLER, contraire de mêler; fig. dé- dégagé le subst. personnel démocrate qui =
bi'ouiller, débattre une affaire, reconnaître est attaché à la démocratie. D. démocra- —
qqcli. au milieu de beaucoup d'autres, discer- tique, -is»ie.
ner. — D. démêlé, querelle, pr. action do DEMOISELLE, anc. damoiselle, voy. dame.
débrouiller une affaire ; démêlement, -oir. DÉMOLIR, L. demoliri, contraire de mo-
DÉMEMBRER, it. smembrare, dépecer, = liri, bâtir. — D. démolisseur; démolition, L.
mettre en pièces, dér. de membre. D. dé- — demolitio.
membrement. DÉMON, L. dœmon (5at>wv), esprit, génie.
DÉMÉNAGER, opp. do emménager, voy. — D. démoniaque, du gr. ëxi/j.'j-Hy./.oi.

ménage. DÉMONÉTISER, terme môd. tiré directe-


DÉMENCE, L. dementia [de-mois, sans ment du L. mo)ieta, type du fr. monnaie.
liaison). L'ancienne langue employait le verbe DÉMONSTRATION, -ATEUR. -ATIF, L. de-
se dcmenter dans le sens de se lamenter. monstratio, -ator, -ativus; mots savants, tan-
DÉMENER (SE), it. dimenarsi, esp. me- dis que démontrer, =
L. demonstrare, ap-
nearse. Se mener = se conduire ; sedémener partient au fonds commun de la langue.
= s'éloigner de la convenance dans una DÉMONTER, pr. faire tomber ou descendre
affaire, user de violence, se débattre; cp. ce qui était monté, dressé, défaire ce qui était
déportement. Anciennement, démener n'avait assemblé, arrangé. Voy. mo)iter.
pas toujours un mauvais sens, c'était l'équiva- DÉMONTRER, anc. demonstrer, du L. de-
lent de diriger. Le subst. démènement (cp. monstrare.
angl; demeanour) est tombé en désuétude. DÉMORDRE, cesser de mordi'c, lâcher prise ;

DÉMENTIR, prov., esp. desmentir, it. anc. employé en sens actif « démordre une
smenlire, BL. dismentiri, convaincre de men- opinion ".
songe, prouver comme faux; se démentir, DÉMOUVOIR, L. demovere, écarter.
s'accuser de mensonge, se contredire; en DÉNAIRE, adj., L. denarius, qui contient
pari, de choses, ne pas répondre à ce que le nombre dix. Le même type a produit denier
l'on en attend, se montrer en défaut. Les an- = dis as; cp. primaire et premier.
ciens disaient « desmentir le haubert ", dans DÉNATURER, faire changer de nature, cp.
le sens de le percer ; c'est propr. faire voir sa défigurer. ^
faiblesse, son incapacité de remplir sa tâche, DENCHÉ, t. de blason, v. dent. D'un type
le mettre en défaut on employait de la même
; latin dentieatus.
manière le verbe fausser. Au fond du mot, on DÉNÉGATION, L. denegatio.
le voit, il y a l'idée d'annuler le mensonge, de DÉNI, subst. verbal de dénier.
mettre la vérité à nu. —
D. subst. démenti. DÉNICHER, pr. faire sortir du nid, fig. dé-
DÉMÉRITER, c'est faire le contraire de busquer d'une retraite.Voy. nicher. Le con-,
mériter. — D. démérite. traire, " faire entrer au nid, faire couver », se
DÉP — 148 DÉP

rendait autrefois par anicher (« un anicheur séparer, se désister, s'éloigner, s'en aller ; de
de poules », Noël du Fail). —
D. dénicheur. là le subst. départ (anc. aussi, tiré du parti-
DENIER, L. denarius, voy. dénaire. cipe, départie). Voy. aussi jmrtir, qui pré-
DÉNIER, L. dencgare; voy. nier. D. — sente les mêmes variétés d'acception; cp. l'ail.

subst. verbal déni. scheiden, v. a. >=» diviser, v. n. = partir.


DÉNIGRER, L. denifjrarc, noircir ; le mot DÉPASSER, 1 aller au delà, devancer, ex-
.

français n'a plus que le sens figuré; cp. ail. céder en longueur ou en largeur (le préfixe
anschicar:en. est le L. de), 2. (t. d'arts ot met.) retirer ce
DÉNOMBRER, L. denumerare. qui était passé (le préfixe est le négatif dis).
DÉNOMMER, L. dcnominarc. —
D. déno- Dans le premier ordre d'acceptions, le préfixe
mination, -atci'.r, -atif, L. denominatio, -ator, n'ajoute guère au sens du verbe simple que
-ativus. l'idée d'un point sei'vant de déjiart à la com-
DÉNONCER, L. dcnuntiare. — D. dénon- paraison, ou bien simplement l'idée d'éloigné
ciation, -ateur, L. denuntiatio, -ator. ment, d'écart.
DÉNOTER, L. denotare (de nota, signe, DÉPAYSER, litt. mettre hors de son pai/s;
comnic desir/narc de signwn). fig. dérouter, désorienter.
DÉNOUER, défaire le nœud, opp. de nouer. DÉPECER, ou dépiécer, it. spcszarc, mettre
DENRÉE, prov. dcnairada, esp. dinerada, en pièces. 'Voy. pièce. L'ancienne langue disait
it. derrata, duBL. dcnarata{iin^s'\ denariata), aussi simplement pecier, pcçoyer.
pr. somme ou valeur d'un denier {denarius), DÉPÊCHE, voy. l'art, suiv.
puis valeur d'une chose en deniers, enfin toute
DÉPÉCHER, it. dispacciare, spacciare, esp.,
espèce de marchandise qui s'acquiert à beaux
port, dtispachar ; subst. it. dispaccio, spaccio,
deniers comptants auj. principalement mar-
;
esp. despacho, fr. dkpèche. C'est le contraire
chandise destinée à la nourriture. àe empêcher (v. c. m.). Quoique f/<|/x*c/u'r cor-
DENSE, L. dcnsus. —
D. densité, L. den-
responde, quant aux significations et môme
sitas.
DENT, L. dcns, gén. dentis D. den- — quant à la représentation métaphorique qui
les a produites, au L. expcdire, il n'est pas
taire, L. dentarius dental, L. dentalis ; denté,
;
permis de rattacher le mot français, et encore
L. dentatus, opp. c'denté; dentier, denture,
moins ses analogues it. et esp., à un primitif
dentiste; dentelle (v. c. m.); dentition, L. den-
comme
titio, du verbe dentire, faire ses dents. Les — latin dis-j)edirc ou dispedicare
veut Ménage, dcpediscarc). Nous le montre-
(ou,

t. de blason denchc, denchure accusent pour


rons à l'art, empêcher. Le sens fondamental
souice un type verbal denticarc.
de dépêcher est débarrasser. Il faut, toutefois,
DENTELLE, pr. petite dont, puis tissu à convenir que la forme vfr. despeecher, con-
bords dentelés; aujourd'hui, cette définition
currente de dcspcscher, accuse bien réclio-
ne suffirait plus à ce que nous appelons une
ment un type dispedicare.
dentelle. Le terme allemand spitj^e>i den- = DÉPEINDRE. L. depingcrc.
telles ne dit également (pic pcjintes. Ane, dcn-
tille, qui répond à un type denticula. D. — DÉPENAILLÉ. Ou ce terme
d'abord aux oiseaux dans le sens de déplumé,
s'appli(iuait

dentelé, -ure.
ou plutôt « qui a le plumage en désordre »»
DENTIFRICE, L. dentifriciwn, litt. frotte-
dent (mot employé par Pline). (BL. depcnnarc, déplumer), et vient du mot
DÉNUDER, L. dcnudare (nudus), mettre à penne, L. penna =
plume; ou bien c'est un
nu. — La forme dénuder est savante; le fran- dérivé du vfr, dépané, déchiré, en haillons
(BL. depanare,= ùiûviccvsive), quia pour pri-
çais du fonds comnuin a, d'après la règle gé-
mitif le L. pannus, morceau, lambeau, pan.
nérale de la suppression de la consonne
médialc, la forme dénuer. Le mot penaille et l'analogie de déguenillé
parlent en faveur de la seconde étymologie.
DÉNUER, voy. l'art, préc. ; do mettre à nu
s'est déduite l'acception dépouiller de ce qui DÉPENDRE, 1. sens actif, opp. àa lyendre,
est nécessaire. —
D. dcnùnient. détacher une chose pendue ; 2. sens neutre, du
DÉPAREILLER, opp. de appareiller. L. dependêre, être subordonné, assujetti ; de
DÉPARER, faire le contraire de parai' là dépendant, -ance; 3. vfr. despendre, auj.
:

(orner), enlever ce qui pare. dépendre, du L. dispendére, dépenser. De ce


DÉPARIER (le peuple dit plus naturelle- dernier verbe latin procède le part, dispensus,
ment dépairer), séparer ce qui fait \a. paire, d'oii fr. dcspens" dépens, ce qu'on dépense,

opp. de apparier. frais; puis BL. dispensare, fréq. de dispen-


DÉPARLER, cesser de parler ; en vfr. = dére, d'où fr. DÉPKNSER, Le latin classique
parler en mal, décrier. avait également produit un fréq. dispensare,
DÉPART, vov. départir. mais avec le sens de distribuer c'est notre fr. ;

DÉPARTEMENT, voy. l'art, suivant. — D. DISPENSER (v.c.m.) =


distribuer, qu'ilfaut dis-
déjKirtcmental. tinguer à son tour, étymologiquement, de dis-
DÉPARTIR, anc. despartir, ïi.spartire, esp. penser =
exempter.
despartir, L. dispartirc, 1, acception propre: DÉPENS, voy. dépendre, dans sa troisième
distribuer, partager, diviser ; de là procède acception.
le dérivé déjmrt, séparation, triage, et dépar- 1 DÉPENSE, subst. verbal de dépenser,
.

tement, pr. division; 2. signification déduite, voy. dépendre, troisième acception. D. dé- —
inconnue au latin classique : se départir, se pensier, adj., qui aime la dépense.
DÉP — 149 DËP

2. DÉPENSE, promtuarium, lieu où l'on portement, conduite (ordinairement pris en


conserve et où l'on distribue les provisions de mauvaise part), cp. fr. se comporter, angl.
bouche, office, cambuse d'un vaisseau, subst. portance, ail. betragen, conduite. D. dé- —
de vfr. despenser, notre dispenser actuel. — port (dans l'acception délai, ce subst. accuse
D. dépensier, économe, maitrc d'hôtel. l'existence d'un ancien verbe déporter, avec le
DÉPENSER, voy. dépendre. sens du L. ditferre, dont il est la traduction
DÉPERDITION, L. dep)erditio* (deperdere). exacte), dipoj^tement, -ation.
DÉPÉRIR, L. de-perire. D. dépérisse-— DÉPOSER, prov. depausar, composé de po-
ment. ser, d'après l'analogie du L. depojiere.
DÉPÊTRER, anc. débarrasser
depet^trer, DÉPOSITAIRE, L. depositarius (depositum).
les pieds d'une entrave, opposé de empêtrer. DÉPOSITION, L. depositio.
Ces verbes, correspondants de l'it. impasto- DÉPOSSÉDER, mettre hors de possession;
jare et spastojare, ont pour primitif le vfr. mot de création moderne et fabriqué comme
pasture (voy. pjaturon), BL. pastorium (it. si 2')0sséder signifiait mettre en possession ;
jjas<o;'a) =compedes quibus equi, ne abcrrent mieux valait le vfr. despossesser (angl. dis-
in pascuis, impcdiuntur, entraves des chevaux. 2)ossess) =
ex possessu mittere ; dépossession,
Empêtrer, dépêtrer sont des contractions de action de déposséder, état d'une personne dé-
emjjûtKrer, dêpàtiirer (cp. accoutrer, de cul- possédée.
ture, cintrer, de ccintui'e). L'étymologie de-
DEPOT, du L. depositum, dcptos tum.
petrare (petra) est tout à fait rejetable.
DÉPOTER, ôtcr du pot.
DÉPEUPLER, contraire de p)eiq)ler. DÉPOUILLER, esp. despojar, prov. despol-
DÉPILER, L. depilare (de 2nlus, poil).
DÉPISTER, découvrir la piste. La struc- — har, spogliare, du L. despoliare.
it. D. dé- —
2')ouillement, action de dépouiller dépouille, ;

ture de ce verbe parait faite par assimilation


ce qui reste après le dépouillement, puis ce
à découvrir, dénicher.
que laisse une personne à sa mort. Ce com-
DÉPIT, desjiit' prov. despicg, chagrin mêlé posé s'est .substitué au simple latin S2wlium,
de colère, déplaisir, humeur, du L. despectus,
qui se retrouve dans vfr. espoilles, angl.
dédain, mépris (subst. de despicere, litt. voir
du haut en bas). Pour la forme du mot fr., cp.
S2Joils =dépouilles enlevées à l'ennemi, it.
spocjlio, S2ioglia (dégénéré aussi en scoglia),
répit de respectus, confit de confectiis. Le
V. esp. e&pojo. Du Cangc consigne BL. dis-
sens classique prévaut encore dans la locution
polia dans une pièce de 834.
671 dépit de, au mépris de, malgré, anglais m DÉPOURVOIR, opp. de pourvoir; loc. au
une mutilation de
spite of (ce spite est
— D. dépiteux*; dépiter = fâcher. Notez que
despite).
dé2wurvu = sans être pourvu ou préparé, à
l'improviste.
le dépiter actuel est tiré de dépit ; c'est mettre
en dépit. Par contre, le vfr. despiter, comme DÉPRAVER, L. depravare (de 2^ravus, per-
verti).
le prov. despeytar, it. dispettare, est le L.
despectare, mépriser, fréq. de despicere. Ce DÉPRÉDATION, L. deprecatio [precari,
dernier s'était aussi introduit dans l'ancienne prier). Cp. ail. ahbitte.

langue sous la forme


despire (cp. confi- DÉPRÉCIER, L. depretiarc (pretium), bais-
cere, fr. encore dans
confire), et se retrouve ser le prix, la valeur. Le bon mot français est
l'angl. despise. L'anc. langue avait aussi un dépriser.
adj, despit =lat. despectus au sens de mépri- DÉPRÉDER, L. deprœdari [prœda, proie).
sable et de méprisant. — D. dé2irédatio)i , -ateur, L. deprsedatio,
DÉPLACER, mettre hors de sa place ; le dé dcprfedator.
est le préfixe de l'éloignement. DÉPRENDRE, séparer; se dé-
détacher,
DÉPLAIRE, anc. infinitif desplaisir, opp. prendre, au l'antonyme de s'éprendre.
fig., est
(ic2>laire; cfr. L. displicerc. D. déplaisir — Le part. vfr. des2ms signifiait dénué, pauvre,
subst., déplaisant, -ance. misérable.
DÉPLIER, anc. desplier, d'un verbe L. dis- DÉPRESSION, L. depressio (doprimere).
2)licare (inusité on trouve bien de-plicarc,
; DÉPRIER, 1 demander une remise au sei-
.

mais le préfixe des du vfr. accuse un type gneiu', du L. de2irecari (prier pour détourner
dis). un mal); de là l'anc. subst. dépri; 2. retirer
DÉPLORER, L. deplorare. une invitation, opp. de prier.
DÉPLOYER, forme secondaire de de'plier. DÉPRIMER, L. de-primere (de premere,
DÉPLUMER, L. deplumare. presser). Le vfr. di.sait depraindre, deprcsser.
DÉPOPULATION, L. depopulatio. DÉPRISER des2')riser' , prov. desprezar,
DÉPORTER, L. deportare, exiler. Se dé- faitdouble emploi avec déprécier ; c'est un
porter a pris le sens littéral se porter loin, : composé de 2'>^iser, moins négatif que mépri-
se tenir à l'écart, puis s'abstenir, se désister. ser. — Subst. verhal dépris*.
— Au moyen âge, deportare et déporter avaient DÉPUCELER, priver du pucelage, voy. pu-
l'acception excepter, exempter, épargner elle ;
celle.
s'est tout à fait effacée. Comme divertir, pr. DEPUIS, voy. puis.
tourner en sens divers, et distraire, sens ana- DÉPURER, L. depurare. —
D. dépuration,
logue, le mot déporter a revêtu axissi le sens dépmratif, -atoire.
de s'amuser ; enfin, nous lui trouvons encore DÉPUTER, L. deputare, assigner, destiner,
l'acception du L. se gerere dans le subst. dé- désigner pour. —
D. député, -ation.
DÉR — 150 Dl'S

DÉRACINER, arraclier avec la racine, cp. le 2. DEROUTER [se), vfr. desronter, rompre
L. cradicarc, exstirpare. Le picard déracher les lignes, débander; de dis-ruptare,
se frécj.

a pour type dis-radicarc. Cp. arracher. de dis-runipcre. Voy. déroute.


DÉRAILLER, sortir des rails. Voy. rail. DERRIÈRE, it. dietro (p. diretro), prov.
DÉRAISON, contraire de raison. D. dé- — dereyre, du composé BL. de-retro, comme
raisonner, -able. arriére de adretro. L'adverbe s'est substantivé
DÉRANGER, opp. de ranger, arranger. dans le derrière, cp. Varriè)'e, le devant.
DERECHEF, voy. chef. L'it. da capo dit DERVICHE ou dcrvis, du persan dei'wisch,
.sim))leinont dechef. pauvre.
DÉRÉGLER, faire sortir de la règle. — D. DES, gén. plur. de l'article défini, contrac-
déréglé, -onent. tion de dels ; c'est donc le pluriel de del, voy.
DÉRISION, L. derisio (ridere); dérisoire, L. dit. Comparez vfv.jes \).jels je les. Pour =
derisorins. l'élision de l, cp. vfr. as p. als aux. =
DÉRIVE, stibst. verbal do dériver 2. DÈS, depuis, à partir de, vfr. aussi dois,
1 DÉRIVER, vfr. des-river, quitter le ri- prov. des, deis, v. esp., v. port, des, n. esp.
.

vage, de rive. desde = des de. On a généralement expliqué


2. DÉRIVER, \-fr. dériver, 1. couler ou cette préposition par une concrétion de de
faire couler provenir) do; 2. sortir ou
(fig.
ipso ou de isto s. e. illo tempore, à partir de
faire sortir de son courant. Du L. derivare ce temps-là. Dicz, suivi par Littré, est d'un
(rivus). Nous ne voyons pas ce qui a pu enga-
autre avis; pour lui, dés représente l'associa-
ger Clievallet à mettre dériver en rapport tion des deux prépositions latines de et ex. Il

avec l'angl. drive (ail. trciben). Il existe, à la appuie cette opinion sur le caractère exclusi-
vérité, dans le vieux fr., un verbe driver dans vement prépositionnel de dés et en citant vfr.
la locution « laisser driver un bateau n p. le desans =
de ex ante, v. esp. deseiit de ex =
laisser flotter à la merci du courant; il se inde, desi =
do ex ibi, esp. mod. des])ues =
peut bien qiie ce terme de navigation soit de ex post. Ces différentes combinaisons néo-
emprunté à l'angl. drive ou au flam. drijvtti, latines ont déjà en quelque sorte leur précé-

fluitare, fluctuare, mais il est indépendant du


dent dans le L. exante et exinde. On trouve —
mot dérirrr. —
D. dériver, dérivation, -aXif. encore dès dans la combinaison adverbiale
de'soi'inais (v. c. m.),
DERME, gr. ôip/xx, peau.
DERNIER, contraction de vfr. derrenier p. DÉS-, lU'éfixo, voy. dé-.
d errai n i er ; or, celui-ci est dérivé de l'ancien DÉSAPPAREILLBR, 1 . enlever un appareil,
adj. derrain, =
dernier. Quant à derrain, un vêtement, une parure (signification obso-
vfr. dcerrain, il représente une forme barbare lète) : 2. = dépareiller.
latine deretranus (de de rétro, dont un autre DÉSAPPOINTER, voy. appointer.
dérivé deretrarius a produit le prov. derrier DÉSARÇONNER, jeter hors des arçons.
= dernier). Le dernier est donc étymologi- DÉSARROI, voy. sous agrès.
quement celui qui est le plus par derrière, ou DÉSASTRE, prov. desastre, it. disastro,
en arrière (v. c. m.). pr. astre contraire, infortune cp. l'ail, un-
DÉROBER desrober, BL. derobare et dis- stern . — D. désastreux.
;

robare, dépouiller (qqn.), piller, enlever fur- DESCELLER, ûtor le scel (sceau).
tivement, puis soustraire, cacher. Se rap- DESCENDRE, du L. de-scendere{?,canàcvQ).
porte à BL. ro&a, comme despoliare à spoUiim En vfr. descendre s'employait aussi p. con-
(dépouille) c'est pr. priver de la roba, pris
;
descendre. —
D. descente (d'un supin barbare
dans le sens large de supellex en général descenditum; le vfr. descense \\ent du supin
(biens, vivres, équipement). Voy. robe. classique descensum) ; descendant, -ance.
DÉROGER, du L. de-rogare, déroger aune DESCRIPTION, -TIP. L. descriptio, -tivus,
loi. Du sens primitif annuler une partie d'une
:
de describere = fr.décrire.
loi, porter atteinte à un droit, découle l'idée DÉSEMPARER, voy. emparer. — Autre-
de manquer à son honneur, se discréditer, fois = démanteler (une place forte).
s'abaisser. —
D. dérogation, L. derogatio; DÉSERT, adj., L. désertas (part. pass. de
dérogeance. deserere, abandonner); dksert, subst., L.
DÉROULER, étendre ce qui était roulé; desertum ; dksertkr (ce verbe s'est aussi em-
terme analogue à déplier, développer. ployé jadis dans le sens de rendre désert), L.
DEROUTE, vfr. desroute, est la représenta- desertare', fréq. de deserere; déskrtion, L.
tion exacte du L. disrupta, substantif parti- désert in; déserteur, L. desertor.
cipial de disrumpere, vfr. desrompre, rompre DÉSERTER, voy. désert.
une ligne de bataille à divers endroits. L'it. a DÉSESPÉRER, négation de espérer; déses-
dans le même
sens rotta, esp., port., prov. poir, négation de espoir. Le latin rendait la
rota, et en vfr. route s'employait aussi p. dé- négation par le préfixe privatif de : de-spe-
route. Tous équivalent au L. rupta. Le subst. rare, d'où vfr. desperer, despoir.
route (v. c. m.), chemin, est étymologique- DÉSHÉRENCE, absence d'héritiers, com-
ment connexe avec roule et déroute = dé- posé du préfixe négatif dés et de hérence,
fiiite. dérivé de heir', hoir' héritier. ,

1. DÉROUTER, mettre hors de la bonne DÉSHÉRITER, priver d'héritage ; de dis et


route (v. c m.). Iiœreditare" == hseredem facere.
,

DES — 151 Dr:T

DÉSIGNER, L. designare. Le même mot nuire ; 3. =


L. descrvire, servir avec zèle,
latin s'est vulgarisé en dessigner* dessiner avec soin, remplir une fonction, faire le ser-
(v. c. m.). vice d'une cure, de là desservant, prêtre fonc-
DÉSINENCE, L. desincntia, de desinere, tionnant, desserte, fonction du desservant;
tenninei". 4. mériter (cp. ce verbe mériter hû-mèmo, qui
DÉSINTÉRESSER, le contraire de intéres- dérive de merere, signifiant à la fois servir à
ser, propr. mettre les intérêts de qqn. hors l'armée et mériter; ; cette dernière significa-
de cause, les tenir saufs; dcs-intëressé, adj. tion de desservir s'est perdue en fr., mais elle
= qui détache son intérêt dans une affaire ou a survécu dans l'angl. descrve.
qui en fait abstraction.— D. désintéresse- DESSICCATION, -ATIF, voy. dessécher.
niciit. DESSILLER, séparer les paupières, afin de
DÉSINVOLTE, adj. employé par Voltaire, faire voir clair; orthographe vicieuse, mais
Chateaubriand, etc., imité de l'it. dis-involto, autorisée malheureusement, pour déciller,
pr. non enveloppé (du L. involvere), libre, voy. cil. Le terme est tiré de l'usage de ciller,
dégagé. —
D. désinvolture, it. disinvoltura, _ c.-à-d. coudre les paupières de l'oiseau do
tournure désinvolte. proie à dresser.
DÉSIR, subst. verbal de désirer; le mot ne DESSIN, voy. dessiner.
vient pas, comme c'est le cas pour le vfr. DESSINER, anc. dessigner, it. disegnare,
dcsier, prov. désire, du L. desiderium. — esp. disenar, du L. designare (signum),
D. désireux. marquer, tracer (cp. en ail. zeichnen, dessi-
DÉSIRER, du L. desiderare ; cp. vfr. con- ner, de zeichen, signe). C'est étymologique-
sirey^ de considerare. —
D. désir, désirable. ment le même mot que
désigner; celui-ci a
DÉSISTER, jadis neutre, auj. pronominal, une forme plus latine
l'autre. que
D. subst. —
L. desistere, litt. se tenir loin. verbal dessin, orthographié dessein dans le
DÉSŒUVRÉ, opp. de œuvré' —- occupé, sens métaphorique de projet, intention; des-
voy. œuvre. — D. désœuvrement. sinateur, il faudrait, selon la règle dessi-
DÉSOLER, convertir en solitude, en désert, nejir; voy. mon observation au mot accoTnpa-
ravager, du L. desnlare (solus), 1. ravager, gnateur.
dévaster, 2. fig. jeter dans le délaissement, 1. DESSOLER, ôter la sole d'un cheval, de
dans l'affliction (« desolatus et exspes »). Le sole 2.
mot n'a que l'apparence d'être l'opposé de 2. DESSOLER, t. d'agriculture, changer
consoler. —
D. désolant, -ation. l'ordre des soles d'une terre labourable, de
DÉSOPILER, désobstruer, déboucher, néga- sole 1.
tif du L. oppilare, boucher. DESSOUS, voy. sous.
DÉSORMAIS, combinaison de des ore mais DESSUS, voy. sus.
= dès cette heure en plus, c.-à-d. en avant, DESTIN, voy. l'art, suiv.
locution tout à fait analogue à dorénavant, DESTINER, L. destinare, fixer, arrêter,
qui est une concrétion de « de ore en avant » désigner. — D. subst. verbal destin, it. des-
it. d'or innanzi. tino, ce qui a été arrêté par la Providence à
DÉSOSSER, dépouiller de ses os. l'égard du sort de qqn., puis synonyme de
DESPOTE, gr. ôîsttot/i,-, maître, seigneur. providence, fatalité (cp. L. fatum, litt. ce qui
— D. despotique, -isine. a été prononcé, ail. geschick, ce qui a été
DESSAISIR, autrefois actif, = dépouiller, envoyé par la volonté suprême); destinée,
déposséder, voy. saisir; se dessaisir, se dé- subst. participial, synonyme de destin, mais
pouiller, céder ce que l'on avait. D. dessai- — exprimant plus particulièrement l'effet du
sissement. destin.
DESSÉCHER, du L. de-siccare (siccus), d'où DESTITUER, L. destituere (statuere), litt.
les mots savants dessiccation, -atif. D. des- — = déplacer. — D. destitution.
sèchement. DESTRIER, it. destriere, du BL. dextra-
DESSEIN, it. disegno, esp. designio, angl. rius (dérivé du L. dexter, vfr. destre), pr. le
design, pr. tracé, puis plan, projet, inten- cheval que l'écuyer conduisait à sa droite,
tion ce mot n'est qu'une variété graphique
; avant que le chevalier montât dessus; c'est
de dessin (voy. dessiner). donc propr. le cheval du chevalier, puis che-
DESSERRER, relâcher ce qui était serré. val de distinction, de bataille.
Subst. verbal desserre, dans la locution « être DESTRUCTEUR, -TION, -TIF, L. destructor,
dur à la desserre » , desserrer avec peine les -tio, -tivus, de dcstruere (fr. détruire), par le
cordons de sa bourse. supin latin dcstructum. —
Destructible, L.
DESSERT, DESSERTE, voy. desservir. destructibilis, d'où destructibilité ; indestruc-
DESSERTIR, opp. de serifr, enchâsser. tible.^

DESSERVIR, 1. opp. de servir, enlever le DÉSUÉTUDE, L. de-suetudo (opp. de con-


service ou mets d'une table de cette signi-
les ; suetudo, coutume), perte d'une habitude.
fication relèvent le subst. masq. dessert, ce
: DÉTACHER, destachier', it. staccare, opp.
que l'on sert à table quand les plats princi- de attacher (v. c. m.); délier, défaire, puis par
paux ont été enlevés (l'allemand dit pour des- exten.sion, séparer, éloigner. D. détache- —
sert : nach-tisch, litt. arrière-table)puis le ment, 1 . action de détacher, éloignement, 2.
subst. fém. desserte = ;

les mets desservis ; partie de troupe détachée pour une mission


2. = mal servir, rendre un mauvais office. particulière.
Dl'T — 152 — DÉV

DÉTAIL, subst. vcrb. do détailler. vei'be estranf/icr, mettre dehors, chasser, BL.
DÉTAILLER, pr. tailler en pièces, puis extraneare (extrancum facere).
vendre par petites parties, fig. exposer minu- DÉTRAQUER, pr. faire sortir de son allure
ticusoment. — D. détail, détaillant. traquer; cp. le nécrl.
habituelle, voy. trac,
DÉTALER, destalcr, opp. de étaler (v. c. vcrtrekhoi, déranger une chose en la faisant
m.); c'est remballer sa marchandise, fig. bouger de place.
décamper, s'en aller au plus vite. D. déta- — DÉTREMPER, 1. oppo.sé de tremper, faire
laffe. perdre la trempe; 2. intensif de tremper;
DÉTEINDRE, desteindre , opp. de teindre; pour dé-, op. délayer. — D. détrempe,
faire i^ordre ou (sens neutre) perdre la cou- DÉTRESSE,vfr. destrece, prov. destreissa,
leur. subst. verbal d'un ancien verbe destrecier,
DÉTELER, denteler , npp. de atteln' (v. c. destresser, prov. destreissar, répondant à un
type latin districtiare, formé lui-môme du
DÉTENDRE, destendre' opp. de tendre \ ce part, districtus (stringere), serré, oppre.s.sé.
n'est pas logiquement le L. distendere, qui Détresse est donc logiquement égal à angoisse,
signifie étendre, déployer. Ou trouve en latin qui vient do a)igi'stus, étroit, serré.
dc-tendere dans le sens de notre détendre, — DÉTRIMENT, L. detrimentum, dommage
D. détente (cp. tente de tendere). (de delercrc, user en frottant).
DÉTENIR, L. detinere, d'où dotentor, fr.
DÉTRITUS, du L. détritus, part, do dete-
détenteur; detentio, fr. détention. rere, user on frottant.
DÉTENTE, voy. tendre. DÉTROIT désirait' prov. destreit,destreich,
,
,

DÉTENTEUR, -TION, voy. détenir. représente le bas-latin districtum (de distrin-


DÉTERGER, -ENT, L. detergere, -ens. gere; cp. étroit de strictus) =
via stricta, pas-
DÉTÉRIORER, L. dcteriorare, de deterior, .sage étroit, gorge, défilé. Dans l'anc. langue,
pire.^ — I). détérioration.
l'adj. destroit signifiait oppressé, tourmenté,
DÉTERMINER, L. delerminarc (terminus),
et l'on disait estre en destroit, pour être à
pr. marquer les limites, d'où l'idée circon-
comme
résoudre. —
l'étroit; subst., ce mot était .'synonyme
scrire, arrêter, fixer, préciser,
de détresse (v. c. m.). Le subst. ba.s-latin dis-
D. détermination, décision, résolution; adj. trictus, d'où nous est resté le terme savant
déterminé, résolu (sens actif).
district, se rattache au môme primitif latin;
DÉTERRER, tirer de terre, opp. de enterrer; il signifiait : amende, punition pécuniaire,
1.
logiquement égal à exhume^' de humus, terre, d'après le verbe BL. distringe>'e (vfr. destrain-
opp. de inhumer.
dre) en son acception punir, châtier (cp. con-
DÉTERSIF, dér. de L. dctersnm, supin de traindre):, 2. droit de justice; 3. étendue d'une
deterf/ere, essuyer.
juridiction, ressort administratif, circonscrip-
DÉTESTER, 'L. detestari, pr. prendre (les tion; c'est le dernier .sens qui est resté au mot
dieux) à témoins, puis maudire, exécrer.
fr. district (vfr. aussi destroit), it. distretto,
DÉTIRER, destirer, tirer en tous .sens. esp. distrito.
DÉTISER, éloigner les tisons les uns des
autres, voy. attiser. DÉTRÔNER, dépos.séder du trône.
DÉTONER, faire explosion, du L. detonare, DÉTROUSSER, 1. opp. de trousser; 2. dé-
éclater comme la foudre, —
D. détonatio7i, pouiller (jqn. de ses trousses, c'est-à-dire de
L. dctonatio. son bagage; cp. dévaliser.
DÉTONNER, sortir du ton, fig. faire dispa- DÉTRUIRE, destruire, du L. destruere
i^ate.^ — D. dc'tonnation. (struerc), aliattre, démolir.
DÉTORDRE, 1 défaire ce qui était tordu,
. DETTE, L. débita deb'ta, plur. de debitum
opp. de tordre, ~- L. dislorquere ; 2. dans « se (debcre), ce qui est dû. —
D. endetter.
détordre le pied», augmentatif de tordre, = DEUIL, vfr. duel, subst. verbal de l'ancien
L. dctorquere. verbe doloir =
L. dolere (cp. le vfr. vuel voel,
DÉTORQUER, mot savant, du L. detor- volonté, de voloir vouloir).
qiiere, détourner par violence. DEUX, vfr. deus (au nominatif dot, dui),
DÉTORS, opp. de tors, tordu. de l'accusatif lat. duos. —
D. deuxième; cps.
DÉTOUPER, opp. de étouper. vfr. ambedui, andui =
L. ambo duo, tous
DÉTOUR, subst. verbal de détourner. les deux.
DÉTOURNER, destourner , pr. tourner en DÉVALER, descendre ou faire descendre,
sens contraire, faire changer de direction, de val (v. c. m.); cp. avaler, ravaler. Le pi-é-
faire quitter le droit chemin. D. détour, — fixe (lé marque ici le mouvement descendant.
changement de direction, chemin qui éloigne DÉVALISER, pr. dépouiller de la valise (v.
de la route, fig. biais, ruse; détournement, c. m.). Cp. détrousser.
action de soustraire qqch. à sa destination. DEVANCER, de devant, comme avancer de
DÉTRACTER, L. detractare, ravaler, déni- avant, voy. sous ains. —
D. devance* (cp.
grer, fréq. de detrahere, tirer en bas; cp. avmce), d'où le subst. devancier.
ail. herabziehen ^
àéiractcv \ du supin de- DEVANT, voy. sous ains. D. devantier —
tractum : detractor, fr. détracteur; detractio, (anc. aussi devantail), tablier; devantière;
fr. détraction. devanture; devancer (voy. ce mot^.
DÉTRANGER, chasser les animaux nuisibles DÉVASTER, L. deoastare (vastusj.
aux jardins; rejiforcement par de de l'ancien DÉVELOPPER, it.sviluppare, prov. desvo-
DEV — 4 DËV
lopar; opp. do envelopper. Ces verbes sont des les détails d'un récit. En ce qui concerne le
composés (avec transposition des voyelles) du sens de s'entretenir familièrement, propre
vfr. volcper, envelopper (anc. it. voluppare, encore au verbe deviser et auquel se rattache
anc. esp. et prov. volopar), lequel se rattache le subst. devis, discours, propos, il découle
au subst. it. vilnppo, assemblage confus de du L. dividere, on tant que signifiant détailler,
fils, touffe. Mais l'origine de viluppo reste exposer, discuter (divisus sermo menus=
encore à débi'ouiller, —
D. développement. — propos, cp. csedere scrmones, dans Térence,
Pour exjdiquer le thème vomaiwoliip, volep, Héaut. II, 3, 1). Quant au subst. fém. devise,
Storm (Rom., I, 187j, fait appel à un type lat. on lui trouve dans l'ancienne langue les trois
voluti'.are, tiré du subst. vol ut us {comme fluc- acceptions suivantes 1. testament, pr. la
:

tuare de fluctus), d'où se serait produit volu- division, le pai'tago des biens; 2. division,
paré comme pipUa Aeintuita (cp. dv b, dans = portion de l'écu (t. de blason); 3. les robes ou
•lat. bis, bellum p. duis, ducllum). habits bigarrés (« vesti divisati ") servant de
DEVENIR, it. divenire, du L. devenire, marques distinctives soit des emplois que
auquel le moyen âge a donné l'acception du l'on occupait, soit des maisons au service des-
classique evadere, dont le sens littéral corres- quelles on se trouvait. Ces significations déri-
pond exactement à celui de devenire. vent clairement de l'idée diviser. La significa-
DÉVERGONDÉ, de se dévergonder
part, , tion actuelle signe ou emblème distinctif,
:

litt. vergonde ou vergogne


se dépouiller de sentence choisie (cp. l'ail, wahlspruch) parait
(honte); prov. desvergonhat D, déoergon- . — procéder de la troisième de ces applications
dage. (pr. marque de famille, ou de parti), ou bien
DEVERS, forme composée de vers, cp. elle tient à l'acception distinguer, choisir,
dehors, devant, dessus, etc. inhérente déjà au L. dividere, mot organisé
DÉVERS, L. deversus, tourné d'un côté. — tout à fait de même que dis-cernere. Devise,
D. déverser, pencher, incliner (sens actif et dans sa valeur actuelle, peut aussi être ramené
neutre). à devise =division de l'écu, étant d'abord le
1 . DÉVERSER, incliner, coui-ber, de dévers terme propre pour la légende placée au-dessus
(v. c. m.). d'une fasce en devise. L'anc. locution à devise
2. DÉVERSER, faire
couler, répandre, com- ou à devis == à souhait, suivant qu'on se l'était
posé de verser. —
D. déversoir, endroit où se proposé, tient au verbe deviser, i)rojeter, sou-
porte l'eau superflue d'un étang. haiter, lequel, à son tour, peut se ramener à
DÉVIDER, vfr. desvuidier, dérivé de vide divisare, l'égler les détails d'une affaire, si on
(v.c. m.). Dévider, c'est propr. vider le fuseau. ne préfère y voir un type devisare (dér. de
— D. dévidoir. Jean do Garlandc Dovacua- : devidére), analogue à l'ail, ab-sehen, d'où
trices gallice dasvuideressès dicuntur. absicht, intention.
DÉVIER, L. deviare (Macrobe), sortir du DÉVISAGER, 1. analogue de défigurer, 2.
chemin la bonne forme fr. du mot est : regarder quelqu'un longuement et avec effron-
— —
;

dévoyer (v. c. m.). D. déviation. Un au- terie. Cette seconde acception métaphorique,
tre verbe dévier, formé de vie, s'employait omise dans le dictionnaire de l'Académie, dé-
autrefois pour mourir, trépasser cp. l'expr. ; coule de la première, savoir arracher le
:

ail. ableben. visage à qqn.


DEVIN, du L. divinus, employé déjà dans DEVISE, DEVISER, voy. devis.
la bonne latinité au sens de « ariolandi vel DÉVOIEMENT, voy. d&voycr.
divinandi peritus ». —
D. deviner, L. divi- DÉVOILER, ôter le voile. Révéler ne dit lit-
nare. Delà subst. dcvineur, fém. 1. dcvineuse, téralement pas autre chose.
2. devineresse (cp. défenderesse, pécheresse). DEVOIR, L. debere. —
D. devoir, subst.
Cette dernière forme n'est nullement, comme DÉVOLE, t. do jeux de cartes, vole man
dit l'Académie, le féminin grammatical de quée. — D. dévoler.
devin. —
Pour le vfr. devinement, on a préféré DÉVOLU (on trouve aussi dans l'anc. langue
reprendre la forme latine divination (divi- le participe devolt), L. devolutus, part, de devol-
natio). vere, pr. rouler d'un endroit à un autre,
DEVINER, voy. l'art, préc. employé au moyen âge pour transporter un
:

DEVIS, angl. device, prov. devis, it. diviso, bénéfice do l'un à l'autre; subst. dovolutio, fr.
est le subst. verbal de deviser diviser (cp. = dévolution, transmission d'un bien. La locu-
deviner de divinare), it. divisare, esp. devi- tion jeter son dévolu sur tient à l'emploi sub-
sar. Le mot devise (it. divisa, esp. divisa, de- stantival de dévolu au sens de provision
:

visa) n'est également pas autre chose qu'un en cour de Rome d'un bénéfice vacant par
subst. verbal, à forme féminine, du mémo incapacité du titulaire; do là les phrases :
verbe. Les significations de ces mots décou- obtenir un dévolu, plaider un dévolu; de
lent toutes d'acceptions particulières déjà au même, jeter un dévolu sur un bénéfice, c.-à-d.
L. dividere (prov. devire) et passées naturel- l'impétrer, le solliciter par dévolu. C'est ce qui
lement à son fréquentatif divisare. Deviser a fait donner à ladite locution la valeur de :

(comme diviser, son correspondant à forme prétendre à qqch., arrêter ses vues sur qqch.
savante) veut dire tout simplement détailler. — Quoi est l'infinitif du fr. dévolu? Il faut
Un devis est la division, le d'un projet
<• détail •. bien lui en fixer un, puisque ce participe entre
en ses diverses parties, cp. les expressions dans la conjugaison («< on lui a dévolu «). On
logiquement analogues le me>iu d'un diner,
: ne saurait, d'après l'analogie de résolu, qui
.

DIA — i54 DIË

vient de resolverc, lui en établir un autre que DIAMÈTRE, gr. Siûfisrpoi, litt. qui mesure à
dévoudre. Les anciens disaient dévohcr, mais travers, expression exactement traduite par
cet infinitif est savant et ne cadre pas avec le l'ail, durchmesser . —
D. diamétral.
participe dévolu (anc. devolt). DIANE, dans » battre la diane », battre =
DÉVORER, L. devorare. le réveil, de l'esp. diana, étoile du matin, qui
DÉVOT, du L. devotus, dévoué, auquel le vient de l'adj. diano, dérivé de dia, jour.
moyen âge a donné la valeur de pieux. — D. DIANTRE, euphémi.smc pour diable.
dévotion, piété, du L. devotio; dévotieux (mot DIAPASON, L. diapason, octave; de la
mal fait du xvi® siècle). phrase grecque èix ttkîwv yfopSôiv ava^uvi-x, litt.
DÉVOUER, L. dévot are, fréq. de devovere. accord sur toutes les cordes; Siomxsûv signi-
— D. dévouement. fiait chez les Grecs l'octave, comme >) Six

DEVOYER, vfr. desvoycr, prov. et esp. des- TSîîâpwv, la quarte, yj Six TrévT!, la quinte.
viar, disviare, détourner de la voie, éga-
it. Aujourd'hui, le mot, détourné de son accep-
rer; c'est, au fond, le même mot que dévier, tion originelle, exprime l'étendue des sons
mais il a pris le sens actif. Parfois aussi = qu'un instrument ou une voix peut parcourir,
donner le dévoiement. — D. dévoiement, 1. en puis spécialement un instiiiment d'acier pour
architecture =
inclinaison, en t. de marine = prendre le ton.
écartement de la direction, 2. flux du ventre DIAPHANE, gr. îiap«v>îî, transparent. —
(cp. l'ail, ah-weichen, litt. =decursus). D. diaplianéité (mot mal fait).
DEXTÉRITÉ, voy. l'art, suiv. DIAPHRAGME, gr, Siicj>p«-/fx-., m. s., pr.
DEXTRE, destre", vieux mot, main droite, = cloison intorniédiairc.
côté droit, de l'adj. L. dexter {itUztpoi), «qui DIAPRER, varier do plusieurs couleurs,
est du côté droit ". Au sens figuré adroit dérivé de vfr. diaspre, étoffe do couleur
(encore vivace dans l'adv. dextrement) se rat- bigan-éc ou jaspée, drap do soie à ramages,
tache le dérivé L. dexteritas, fr. dextérité. à arabesques. Quant à co dernier, c'est le
DI, vieux mot français signifiant jour, du L. même mot que jaspe, it. diaspro (pour j
dics; ne subsiste plus que dans les compo.sés : rendu par di, cp. la forme dialectale it. diacere
hindi, mardi, etc., jadis, tandis, midi; cet = Xsii.jacère). —
D. diaprure.
élément di est préposé aussi dans dimanche ; DIARRHÉE, L. diarrhœa, du gr. Sikp^oi*
voy. ces mots. (oixopiu), que les Allemands ont traduit à la
DI-, préfixe, voy. dis. lettre par durch-laitf, et qui serait exacte-
DIABÈTE, gr. oixSriT»)^, m. s., de ôixeafvetv, ment traduit en latin par un composé trans-
aller à travers. —
D. diabétique. fluxus.
DIABLE, du L. diaholus (ôii^o/^î, litt. le DIATHÈSE, gr. ^iSsït;, mot traduit litté-
calomniateur ou accu.=atcur). D. diablesse, — ralement par le L. dis-positio.
diablerie, diablotin, endiablcr, adv. diable- DIATRIBE, L. diatriba, école, académie,
mei^t. — Dérivé dir. du latin ou grec : diabo- puis discussion, conférence; du gr. èiaT/5i6v7,
lique. pr. manière d'user le temps, diverti.^sement.
DIACRE, vfr. diacne (pour cette permuta- On voit que le mot a singulièrement dévié
tion n-r, cfr. coffre de cophinus, ordre do de son sens primitif.
ordinem, pam^ore de 2i(^ni]mucs, etc.), du L, DICTAME, L. dictamnus (ôf/Tz/zvîv).
diaconus (ciàxovo;), desservant, ministre. Dé- DICTATEUR, L. dictator. D, dictatorial, —
rivés du latin diaconesse, diaconie, -at, -al. dictature.
— D.
:

DIADÈME, L. diaderna (5.âèï;//a, bandeau). DICTER, L. dictare, fréq. de dicere.


DIAGNOSTIC, -IQUE, du gr. à«yv<u»Tt/o;; dictée.
DiAGNOSE. gr. tiàyvwîi;, art de discerner {Six- DICTION, L. dictio (dicere), action ou ma-
/v6ii/iij =
L. dignoscere). —
D. diagnostiquer nière de dire. Un recueil de manières de dire,
DIAGONAL, L. diagonalis, du gr. fiaywvioç, dictions, phra.ses, locutions, a été appelé un
qui va d'un angle (ywvia) à l'autre. dictionnaire, terme étendu plus tard à toutes
DIALECTE, L. dialectus (àiâJszroî). Ce mot sortes de recueils disposés par ordre alphabé-
dérive de 5i«/5y.:<T&«i, s'entretenir, discourir, tique. Cp. le terme gr. >ïÇixov, lexique, de
dont relève aussi l'adj. subst. hritt-riy-ri, s. e. Jî^t;, diction.
tkyy/), l'art de disputer, fr. dialectique, d'où DICTON, L. dictum, chose qui se dit. Cet
dialecticien. original latin, franci.sé, est le subst. actuel
DIALOGUE, L. dialogus, gr. ciiloyos, en- dit, qui fait ain.si double emploi avec dicton.
tretien, de s'entretenir.
3ia/iy5î&zi, D. — DIDACTIQUE, adj. gr. o%ûy.xTi/o,-, qui con-
dialogique, dialogisme, dialoguer. cerne l'enseignement (nttà7Z£iv, enseigner).
DIAMANT, it., esp. diamante, prov. dia- DIÉRÈSE, gr. èixipi-jii, séparation.
nian, angl. diamond; par corruption du L. DIESE, gr. 5t£7i,- (subst. fém. de èiUixi), ré-
adamas, gén. -antis (voy. aimant). Cette cor- solution d'un ton. Le français a fait de dièse
ruption s'est faite peut-être, dit Diez, par un subst. masc. —
D. die'ser.
quelque influence du mot diafano, diaphane. 1.DIETE, régime hygiénique, du L. diœta,
Le vha. avait la forme correcte adamant, gr. èt'yiTz, manière de vivre du verbe ;

écourtée et transformée depuis en demant ctyiTâîSrat, mener un régime, vient l'adj.


(encore en usage chez les poètes); auj., les ci«ir/jTi)^«ic, fr. diététique.
Allemands disent, comme les néo-latins, dia- 2. DIÈTE, assemblée politique, it., esp.
mant. —
D. diamantaire, lapidaire. dieta. C'est un dérivé de dies, jour. Au

DIG — 155 DIM

moyen âge, le mot (lies signifiait accessoire- digcstio, digestivus* (p. digestorius), digesti-
ment le jour fixé pour une délibération ou bilis, indigestus, d'où en fr. digestion, diges-
uno réunion officielle, puis cette réunion tif, digestible, i7idigeste ; ù.\a.socondo, digesta,
même; baronum, " quo scilicet ba-
p. ex. dies pr. recueil méthodique, bien classé, puis spé-
rones convenire soient ad dijudicandas vassal- cialement le recueilde lois appelé code Justi-
lorum lites ". La même valeur est attachée à nien, fr. digeste.
l'ail, tag, qui signifie jour et assemblée ; ainsi DIGESTE (anc. du genre fém.), voy. digé-
reichs-tag, assemblée, diète de l'empire, d'où rer.
le verbe tagen, être assemblé, siéger, traduc- DIGESTION, voy. digérer. — D. indiges-
tion du BL. dietare, commorari (le BL. a de tion.
la même façon fait dériver de dies l'adv. DIGITAL, L.
digitalis (de digitus, doigt).
dietim ^^ qnotiàio) C'est ce verbe BL. qui est
. La plante dite digitale a été ainsi nommée
le générateur direct du subst. dieta, fr. diète. parce que sa corolle ressemble à un doigtier
DIEU, vfr. deu (cfr. lieu de vfr. Jeu), L. renversé.
deus. Composés adieu (v. c. m.), et l'excla-
: DIGNE, L. dignus; dignité, L. dignitas.
mation dame-dieu (voy. dame) it. domened- = D. indigne, indignité; dignitaire.
dio (écourté en iddio), seigneur Dieu Dieu- ; DIGRESSION, L. digressio (do digredi,
donne', nom de baptême, =
a deo datits, cp. s'écarter).
le nom Déodat. DIGUE, it. diga. esp. diquc (masc), du
DIFFAMER, L. diffamare (fama). — D. néerl. dyh, m. s. = ags. die, angl. dihe, ail.
diffamateur, -ation, -atoire. deich. — D.
diguer, endiguer.
DIFFÉRENCE, voy. différent. — D. diffé^ DILACERER, L. dilacerare (lacerare).
rencier. DILAPIDER, L. dilapidare (lapis), pr. dis-
DIFFÉREND, voy. différer. perser des pierres, de là fig. jeter l'argent
DIFFÉRER, abstrait du L. differre, 1. dans comme si c'étaient des pierres, dissiper, dé-
le sens d'ajourner (du supin f?î7a(um ; fr. délai, penser follement.
v. cm.); 2. dans celui d'être différent. Du part, DILATER (mot savant), du L. dilatare (do
prés, differens, fr. différeyit (d'où difFerentia, latus), élargir, étendre.
fr. différence et différentiel)-^ le négatif indif- DILATOIRE, L. dilatorius* (de dilatum,
férent signifie, 1. qui ne donne pas lieu à supin de differre), qui fait différer et gagner
faire une différence ; tel est aussi le sens du du temps.
L. indifferens (trad. littérale du gr. à.^wopoi), DILATER, renvoyer à un temps plus éloi-
2. qui ne met aucune différence, qui n'a pas gné, anc. délayer (v. c. m.).
de préférence. L'ail, gleichgiltig, indifférent DILECTION, L. dilectio, amour (diligere).
(litt. équivalent), a également un sens double DILEMME, L. dilemma, gr. SO.Yiij.y.y., m. s.,
analogue. — Le terme différe^id, contestation, litt. action de prendre (ia/zSivîtvj par deux

querelle, n'est qu'une variété orthographique, côtés.


d'une introduction assez récente, de différent. DILETTANTE, mot italien signifiant ama-
L'adjectif a pris la valeur du subst. diffé- teur, part. \)vés do dilettarsi[='L. sedelectare,
.

rence, en tant que différence de vues, d'opi- fr. se délecter], prendre plaisir. — D. dilet-
nions; le BL. employait déjà differentia pour tantisrne.
controversia, dissidium. DILIGENCE, voy. le mot. suiv.
DIFFICILE, L. difficilis (facere); difficulté, DILIGENT, L. diligens, attentif, soigneux,
L. difficultas. — D. difficultueux, dérivation assidu; c'est l'opposé de negligens. — D. dili-
moderne, tiré do difficultas selon l'analogie gence [L. diligentia), 1. soin, empressement,
de voluptueux de voluptas. poursuite active, 2. voiture publique, ainsi
DIFFORME, du L. deformis, avec change- nommée à cause de son service régulier et
ment du préfixe de en dis pour mieux accu- accéléré, cp. ail. eilwagen, m. s., litt. voiture
ser l'opposition on disait anc. aussi déforme. qui se presse ; —
verbe diligenter, hâter,
— ;

D. difformité (Calvin et Montaigne di- presser.


saient encore déformité), difformer, syno- DILUVIEN, voy. déluge. Cps. anté-dihmien.
nyme de déformer. DIMANCHE, vfr. diemenche,])Vov.dime)ige.
DIFFUS du L. diffmus, participe de dif- On explique généralement le mot par uno
fundere, répandre. Diffus est un de ces nom- contraction de dies dominica, d'où success,
breux adjectifs-participes de la langue fran- diedotninica, died'min'ca, fr. diemoiche, di-
çaise, dont l'énoncé s'applique d'abord à une manche. La nécessité de supposer cette con-
chose, puis à la personne qui fait l'action ex- traction est basée uniquement sur l'élément
primée par le verbe ainsi diffus se dit du dis-
; die pour di dans l'anc. forme diemenche; les
cours aussi bien que de l'orateur. Cp. réfléchi, Italiens disent tout court domenica, les Es-
recherché, avisé, discret, et en latin déjà : pagnols domingo. N'était l'ancienne forme
circumspectus. —
Diffusion, L. diffusio. française, on pourrait aussi ne voir dans
DIGÉRER, du L. digerere, qui signifiait : dimanche que le simple mot dominica ; le
1. distribuer, séparer, dissoudre, et dans « ci- do se serait changé en di, comme domesticus
bum digerere », digérer les aliments, litt. les a fait en italien dimestico. — Un type lat. dies
distribuer dans tout le corps ; 2. classer, domtnia a motivé les formes vfr. die -moine
mettre en ordre, arranger. A la première si- ou -maine, ou (sans l'élément dies) demoine
gnification ressortissent les dérivés latins : ou demaine.
,

DIN — 4,% — DIP

DIME, p. (h'sme, contracté du RL. décima, Ronsch (ib., 418) escarc, cscinarc, dcesci
:

la dixième partie voy. aussi décime. — D. nare (cp. l'expression ail. ab-fiittern), desci-
dimer.
;

narc, etc. —
Toutes ces explications ont leur
DIMENSION, L. dimcnsio (dimctiri), me- pour et leur contre. Voy. 'mon Anhang,
sure. au Dictionnaire de Diez, p. 717. 10. Eu —
DIMINUER, L. dimimierc (de minus dernier lieu, Gaston Paris (Rom., VIII, 95)
moins). —
D, diminution, L. diminutio; développe longuement l'équation disner »=^
diminutif, L. diminutivus. dis -\- junarc. Cette forme junare était
usuelle en lat. populaire à côté de jejunare
DINÂNDERIE, marchandises (ustensiles en
et a donné vfr. juner, qui n'est nullement
cuivre jaune) qui autrefois faisaient la répu-
tation de la ville de Binant en Belgique D. — une contraction de jeiiner jejunare. A=
côté de jmiei' existait aussi desjuner (con-
dinandier.
curremment avec desjeiiner), qui dans le prin-
DINDE, expression elliptique pour coq (ou prenait dans les
\>\\\iôi poule) d'Inde, cp. angl. turkcy-hen. — cipe, en se conjuguant,
formes à terminaison accentuée le thème
D. dindon, d'où dindonneau. contracté disn. Ce phénomène verbal, bien
DINER, anc. disner, disfjner, digncr, it. connu des romanistes, a fait qu'il a subsisté
desinare, disinare, prov. disnar, dirnar, di- dans la suite deux verbes distincts desjuner
nar. Voici les étymologics diverses qui, à ma et disner, disant la même chose et dont l'un
connaissance, ont été mises en avant sur ce seul est parvenu aux temps modernes ; car il
mot. 1. gi'ec ôîtTvjîv, devenu d'abord dincr, ne faut pas perdre de vue que notre déjeuner
puis, par l'épentliôse d'un s, disner. 2. Diy-— actuel (anc. desjeiïner), tout en coexistant
nare Domine, « daigne. Seigneur! », com- avec desjuner et disner (dont il était syno-
mencement d'une prière de table ; cette 6ty- nyme) est autrement fait : il vient de des et de
mologie s'est surtout accréditée par l'ortho- jeiin et signifie « faire qu'on no soit plus à
:

graphe diijner. —
3. Tiecimarc, manger à la jeun ». L'étymologie exposée ici est on ne
dixième heure; on allègue pour justifier cette peut plus correcte dans ses moindres détails
origine le vfr. noner, goûter, et quant à la (Tobler l'a sanctionnée sans réserve); il ne res-
permutation »î-h, on jwurrait au besoin s'ap- tait plus que la signification foncière « déjeu-
puyer de l'it. decina, dizaine, dérivé de decem- ner, prendre le premier repas *
» à justifier.
— 4. Desinare, p. desincrc, ccs.scr de tra- Or, G. Paris a démontré, par d'abondantes
vailler. —
5. Dis-jyicnare, donc le même ori- citations, que c'était bien là, et que c'est en-
ginal que celui de déjeuner. C'est l'opinion core, dans beaucoup de patois, le sens vrai et
de Mahn. Enfin, G. decœnare, d'où decenare, exclusif du mot dîner. D'ailleurs, déjà Papias
desnare, disnare ; pour la formation, cp. dé- (xi® siècle) porte «jentare disnare dicitur »,
:

cima, desme, dismc, dime; L. buccina, it. et le proverbe suivant n'en fait pas moins foi :
husna; cp. sux'tout cecinus, pi'imitif du vfr. « Lever à six, di)ier à neuf, souper à six,
cisne (cygne). La dernière étymologie,
pa- coucher à neuf, fait vivre d'ans ncmante-neuf. »
tronnée par Diez et Pott, est celle qui se — Espérons que, par ce dernier avis, la cause
recommande le jilus parmi celles passées en est finalement jugée. —
Il est encore digne
revue jusqu'ici. ToiUes les formes diverses do remarque que dîner s'employait dans la
citées plus haut s'en déduisent facilement, langue d'oïl, avec l'acception active donner à.
sans sortir des règles de la romanisation. Elle diner, et qu'on disait, au lieu de dîner, pren-
s'appuie surtout de l'existt'nce, dans l'ancienne dre son repas, se dîner (voy. la phrase latine
langue et dans les patois, d'un verbe analogue, citée plus haut). Il en était de même de d(jcu-
signifiant goûter, faire collation; c'est reci- ncr. L'anc. forme diyner p. disner est ana-
ncr) aussi receit/ner, rechiner, rcclnyner, er- logue à vfr. règne p. rcsnc (rêne). Dérivés —
chiner), qui dérive de re-cœnare (d'où BL. reci- du verbe dîner : dîner, subst.; dîneur, dî-
nium, mei'enda). On rencontre encore en nette, dînée, après-dinée.
italien pusignare, faire un repas après le sou- DIOCÈSE, anc. féminin, du L. diœcesis =
per, qui est évidemment le L. post-cœnare. gr, ètîû/j7iî (^t'yixîu), administration, puis
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la province, district. — D. diocésain.
forme disnare est celle qui remonte le plus
DIOPTRIQUE, gr. Stonzf.iAdi, de SionTfix,
haut, Ys est par conséquent radical et essen-
miroir.
tiel on trouve au ix" siècle (Gloses du Vati-
;

can) disnavi me ibi, disnasti te hodie; dans


:
DIPHTHONGUE, prov. diptonge, du L.
Papias on lit jentare disnare dicitur vulgo.
:
dijilithongus (du gr. SîfBo/yoi, à deux voix).

Le préfixe dans decœnare a la même valeur DIPLOMATE, etc., voy. diplôme.


logique que dans devorare, depascere, etc. — A
DIPLOME, acte public, chartre, titre, du
Aux six étymologies consignées ci-dessus, il gr. Sinlajxx, gén. -xroi, pr. écrit plié en deux
y en a quatre nouvelles à ajouter dans cette (du verbe SitcXo'm), lettre ouverte, lettre de
nouvelle édition, à savoir 7. Storm (Rom.,
: crédit. —
D. diplomer, pourvoir d'un di-
V, 177) admet un type 'discœnare, calqué sur plôme diplomatique, qui se rattache aux di-
;

disjcjunare, d'où discenare, dissenare, disi- plômes; comme subst. fém. =


science de lire,
nare, disnare. —
8. Suchier (Ztschr., I, 429) d'interpréter et de reconnaître les titres au-
propose pour primitif discus, table, en moy. thentiques. Les savants appellent aujourd'hui
lat. =table à manger, d'où discinare, etc. 9. — les connaisseurs en diplomatique des diplo-
DIS 157 — DIS

matistes; ceux qui s'occupent particulière- DISCRET, du L. discretus, part, passé de


ment des traités internationaux ont été nom- discernere; l'acception classique est « quod
més des diplomates, et leur profession a reçu discernitur », l'acception romane « qui dis-
le nom de diplomatie. Tous ces dérivés sont cernit « qui sait distinguer la convenance et
,

de création moderne. On ne se doute guère l'inconvenance, de là =


avisé, retenu, pru-
que le mot dij)lomate découle d'un terme mar- dent. C'est un de ces adjectifs à forme passive
quant duplicité et à sens actif dont nous avons parlé à propos
DIPTYQUE, du
!

gr. Sîmvxoi, à deux plis, de diffus. —


Discrétion, L. discretio; ce
double. subst. correspond à l'adj. discret dans toutes
DIRE, L. dicere, dicre. —
D. dire, subst. ; ses acceptions ; mais l'ancienne signification
diseur, dit (voy. dicton). —
Composés contre- : distinction, discernement, survit encore dans
dire, dédire, maudire, médire, prédire, re- le dérivé discrétionnaire. Termes négatifs :
dire. indiscret, indiscrétion; ils se trouvent en
DIRECT, L. directus, part, de dirigere. Le latin, avec leur valeur actuelle, dans Corippo
même type latin a donné le mot droit; direct et dans S. Grégoire.
appartient à la couche savante de la langue. DISCRÉTION, voy. l'art, préc.
— Direction, L. directio; directeur, L. direc- DISCULPER, vfr. descouper, du BL. dis-
tor; directoire, L. directorium, d'où directo- culparc, culpam amovere, cp. ail. ent-schul-
rial . digcn.
DIRIGER, L. dirigere (regere). DISCUSSION, voy. l'art, suiv.

DIRIMANT, adj., du L. dirimere, séparer, DISCUTER, L. discutere (quatere), pr. sé-


rompre. parer en frappant =
in partes divisas concu-
DIS-, particule-préfixe latine, marquant di- tere, d'où l'acception figurée (étrangère à
vision et opposition. Nous avons déjà fait re- l'usage classique) distinguer, démêler, bien
:

marquer que cette particule s'est générale- examiner les arguments et les objections; le
ment francisée en des ou dé (voy. dé), mais mot débattre présente la même métaphore. Du
que néanmoins on la rencontre dans bon supin latin discussum : subst. L. discussio,
nombre de composés français sans précédent fr. discussion.
latin. C'est ainsi que do faveur on a fait l'op- DISERT, L. disertus, éloquent.
posé défaveur, tandis que de grâce on a fait DISETTE, d'un type latin disecta, subst.
disgrâce. On peut établir que les composés participial de di-secare; pr. état où l'on se
avec dis appartiennent au fonds savant de la trouve dépourvu, litt. retranché (cp. l'cxpr.
langue. Désavouer est du fonds ancien, dis- ail. abgeschnitten) de subsistances. L'étymo- —
continuer, un terme savant. Nous rappe- — logie dcsita, part, de desincre, ces.ser, pêche à
lons que L. dis reste invariable devant les la fois contre le sens et contre les règles pho-
voyelles et devant c, ^9, q, t ai s (suivi d'une nologiques; ce type aurait produit une forme
voyelle), quil assimile l'^' final devant f[diffa- deste. —
L'anc. forme disjete, alléguée par
mare p. dis-famare), et qu'il le perd devant Littré, est reconnue fautive elle est fondée ;

les auti'cs consonnes (diligere, dirigere, dimi- sur disiete (e diphtongue en ié), abusivement
care, dividcre). lu disjete. —
D. disetteux.
DISCALE, déchet dans poids d'une mar-
le
DISGRÂCE,1 absence de faveur de là le
. ;

chandise verbe discaler, perdre son poids


; ;
verbe disgracier ; 2. absence de grâce, d'agré-
d'un type lat. dis-calare, descendre, s'abaisser
ment de là l'adj disgracieux.
; .

(voy. cale 1); cp. it. cala, déchet.


DISGRÉGATION, de dis-gregare' {^vey.), dés-
DISCERNER, L. discernere, séparer, dis- agréger, opp. de aggregare.
tinguer.
DISJOINDRE, L. disjungere, d'où disjunc-
DISCIPLE, vfr. deciple, L. discipulus (de tio, fr. disjonction, disjunctivus*, disjonçtif.
discerc, apprendre).
DISLOQUER, BL. dislocare, loco moverc,
DISCIPLINE, L. disciplina. —
D. discipli-
mettre hors place. Les anciens avaient une
ner, L. disciplinari (S. Aug.), disciplinable,
forme plus française de ce verbe; ainsi on lit
disciplinaire.
dans Biaise de Montluc « je me deslouay la :

1. DISCORD, vfr. descort,


cors, -dis, qui est en désaccord.
adj., du L. dis-
hanche ». —
D. dislocation.

2. DISCORD, vfr, descort, subst. verbal de DISPARAITRE, né^nûî àe paraître ; subst.

discorder. disparition, fait sur le modèle de apparition et


DISCORDE, vfr. descorde, du L. discordia. comparition (qu'un mauvais usage a déna-
DISCORDER, L. discordare (opp. de con- turé en comparution).
cordare). — D. discord, discordant, -ance, 1 DISPARATE, action capricieuse et dérai-
.

DISCOURIR, L. discurrere, courir çà et là, sonnable,mot tiré de l'esp. disjjarate, sottise,


employé déjà par Ammien Marcellin dans le extravagance (du verbe dAsparar, faire des
sens figuré moderne : s'étendre sur un sujet. sottises).
— D. discoureur. 2. DISPARATE, mot savant, adj. et subst.,
de disparare,
DISCOURS, du L. discursus, action de dis- du partie, disparatus, différent,
currere (s'étendre sur un sujet). Le latin clas- litt. dépareiller, différencier,
sique ne donnait pas encore le sens figuré au DISPARITÉ, L. disparitas*, de dis-par,
subst. discursus. inégal.
DISCRÉDITER, voy. décréditer. DISPARITION, voy. disparaître.
DIS — 158 — DIV

DISPENDIEUX, L. dispendiosus (de dispen- DISSONER, L. dissonare. — D. disso-


dium, dépense, subst. de dispendere, voy. nant, dissonance.
dépendre). DISSOUDRE, p. dissolre, L. dissolvere. Lo
1 . DISPENSER, despenser, distribuer,
vfr. participe dissolutus s'est produit sous deux
L. dispensare, litt. peser à divers, donner à formes : 1. dissolu, employé au figuré seule-
différentes personnes, voy. dépendre, et dé- ment ; 2. dissous, fém.
dissoute, directement
pense 2. —
D. dispensateur, -ation, L. -ator, de dissoltus, fonne syncopée de dissolutus.
-atio; mot modei'no : dispensaire, du BL. C'est ainsi que absolu existe, avec le carac-
dispensarius =
dispensator. tère d'adjectif, de concurrence avec absous. —
2. DISPENSER, exempter, d'un type dis- D. dissolvant, L. dissolvens.
pensare, dér. de pensum, donc litt. déchar- DISSUADER, L. dissuadere\ subst. dissua-
ger de la tâche, du « pensum » imposé. D. — sion, L. dissua.sio.

dispense, dispensable, sujet à dispense; in- DISTANCE, voy. distant. D. distancer.
dispensable, non sujet à dispense. DISTANT, L. distans (do di-stare, être
DISPERSER, L. disjjersare' , de dis-
fréq.
éloigné). — D. distance, h. distantia.

perycre (spargero), dont le supin dispersum a


DISTENDRE, L. distaxdere, tendre en tous
sens. Lo dis est loin d'être négatif dans co
donné dispersio, fr, dispersion.
verbe, bien que celui-ci soit étymologique-
DISPONIBLE, mot savant tiré de disponerc,
ment identique avec détendre (du moins au
et signifiant " dont on peut disposer »,
point de vue do l'orthographe ancienne des-
DISPOS, anc. dispost (Ronsard a même le
féminin disposte), du L. dispositus, disposé,
tendre). — Subst. distension,- L. distcnsio.
DISTILLER, neutre, couler goutte à goutte ;
contracté en dispostus.
actif, épancher, verser; signifie, technique,
DISPOSER, composé de 2^<^^*^^' d'après extraire le suc, l'esprit, avec l'alambic. Du
l'analogie du L. dis-ponere, dont il partage
L. distillare (.stilla), forme concurrente do
les significations, en y ajoutant celles de pré-
parer, engager, « faire ce que l'on veut de
destillare, dégoutter. —
D. distillation, dis-
tillateur, anc. distilleur {(X'oii distillerie).
quelqu'un ou de qqcli. ». Nous voyons de
DISTINCT, L. distinctus (part, do distin-
même le verbe ordonner, pr. arranger, pas-
ser au sens de commander. Le français a ingé-
guère). — D. dislinctif. — Distinction, L.
distinctio.
nieusement su distinguer entre je dispose mes
DISTINGUER, L. di-stinr/uerc (litt. séparer
soldats, je les range (selon mon bon plaisir),
par des pi^)ints); lo terme scolastique </i'st»i-
et entre je dis^wse de mes soldats, j'ai puis-
ffuo est du latin pur et signifie «je distingue ».
sance sur mes soldats, c.-à-d. faculté de m'en
DISTIQUE, du gr. ôi^zt^oi, litt. à doux
servir comme bon me semble. —
Disposi-
rangs, à deux vers.
tion, L. dispositio, arrangement, ordre; terme
DISTORDRE, du L. distorquere, dont le
savant dispositif.
:
supin distoi'sum a donné distorsio, fr. distor-
DISPUTER, L. disputare, discuter, exa-
miner, débattre. — D. disjnite, disputeur.
sion.
DISTRAIRE, L, distrahere (cp., pour l'ac^
DISQUE, L. discus, palet {Ui/.oi), voy. aussi ception figurée, le terme analogue divertir do
dais. divertere)\ du participe latin distractus, fr.
DISQUISITION, L. disqidsitio (do disqui- distrait, procède le subst. disti'actio, fr. dis-
rere,examiner en tous sens). traction.
DISSECTION, L. dissectio, subst. du verbe DISTRIBUER, L, distribuere, d'où, par le
dissecai-e, disséquer. supin distributum, les dérivés distribution,
DISSÉMINER, L. disseminare (semen). — -teur, -tif.
D. dissémination. DISTRICT, voy. détroit.
DISSENSION, L. dissensio (dissentire). Fait DIT, subst., voy. dire.
double emploi avec dissentiment, qui dérive DITHYRAMBE, L. dithyrambus, gr. ôiSû-
directement de l'ancien verbe dissentir.
DISSEQUER, mot savant et irrégulièrement DITO, inot fait d'après l'it. delto (part, de
tiré du L. dis-sccare, m. s, dire) = déjà dit.
DISSERTER, L. dissertare, fréq. de disse- DITON, intervalle composé de deux tons,
rere, discuter. — D. dissertation, -ateur, L. de l'adj. gr. utovsî =
de deux tons.
-atio, -ator. DIURNE, du L. diurnus (dics), le même
DISSIDENT, L. dissidens (sedere), litt. qui primitif d'où est issu le mot jour; diurnal,
siège à part, puis qui diffère d'opinion. D. — forme savante Ac journal, L. diurnalis.
dissidcnee. L. dissidentia. DIVAGUER, L. divagari, errer çà et là. —
DISSIMULER, L. dissimulare. D. dissi-— D. divagation.
mulation, -ateur, L. dissimulatio, -ator. DIVAN, de l'arabe diwàn (d'origine per-
DISSIPER, L. dissipare (p. dis-supare [su- sane), q^i signifie d'abord registre, puis par
pare =
jeter). —
D. dissipation, -ateur, L. extension, bureau des finances, conseil d'Etat,
dissipatio, -ator. salle d'audience, cabinet des ministres. Au
DISSOLU, L. dissolutus, relâché (part, de moyen âge, l'arabe diwàn s'employait particu-
dissolvere),d'où dissolutio, fr. dissolution. lièrement dans le sens de bureau de douane;
Voy. dissoudre. latinisé par diuana, doana, duana, il est
DISSOLUBLE, L. dissolubilis (dissolvere). devenu lemot fr. douane. —
L'acception sofa,
.

DOD 159 — DOM


propre à divan dans le turc actuel (et en fran- sont sortis dodiner, dodeliner; le rapport de
çais), est déduite de celle de conseil des minis- balancement et de corpulence n'a guère besoin
tres; le nom de celui-ci s'est transporté au d'être justifié.
meuble sur lequel les ministres sont assis. DOGE, mot vénitien formé de L. dux, ducis
DIVE =divine, L. diva, fém. de divus. (voy. duc).
DIVERGER, L. diverr/ere, opp. de conver- DOGME, gr. ôoy^ixa (o^xio), opinion, décision;
ger e. — D. diverr/ent, -ence. Soy/xuri/.d;, dogmatique; o^y/xccTil-i-j, dogmati-
DIVERS, L. divcrsus, pr. tourné en sens ser, d'où dogmatiste, -isme.
différents, part, de divertere. —
D. diversité, DOGRE, esp. de bateau, du nécrl. doggcr-
L. diversitas; diversifie^', du latin ûctifdiver- boot, nom des bateaux pêcheurs du Doggcrs-
sificarc. bank.
DIVERSION, action de détourner et l'effet DOGUE, de l'angl. dog, chien. — D. doguin;
"de cette action, L. diversio', do divei'tere, cps. bouledogue (v. c. m ).

détourner. DOIGT, vfr. deit, doit, du L. digitus (cp.


DIVERTIR, L. divertere, sens littéral : dé- roide de rigidus, froid de frigidus). D. —
toui'ner; sens figuré : distraire, amuser. — D. doigter, doigtier.
divertissement (appliqué au sens figuré seule- DOIS, DOIT, petit cours d'eau, du L. ductus,
ment). Cp. déduit. conduit (dans aquae ductus).
DIVIDENDE, L. dividenda (s. e. pars), part DOL, L. dolus, fraude.
à diviser, à partager. DOLABRE, L. dolabra.
DIVIN, L divinus. —
D. diviniser; divi- DOLÉANCE, grief, plainte, de l'anc. adj.
nité, L. divinitas; divination, voy. deviner. doléant, forme incorrecte p. dolent. Cp. con-
DIVIS, partage, subst. verbal de diviser. doléance.
DIVISER, L. divisare, fréq. de dividere. DOLENT, pr. qui souffre, du L. dolens,
Subst. verbal divis. —
Dérivés du supin latin part, de dolere (d'où fr. se douloir). D. do- —
divisum : divisas, -a, d'où le subst. divise, t. léance (v. c. m.); indolent, qui se soucie peu,
de blason, et l'adj. indivis; divisio, fr. divi- nonchalant.
sion; divisor, fr. diviseur; divisibilis, fr. divi- DOLER, L. dolare; de ce dernier, BL. do-
sible, d'où indivisible. latoria, vfr. doleoire, nfr. doloire.
DIVISION, voy. diviser. — D. division- DOLIMAN ou dolman; mot hongrois : dol-
naire. niany, bohème doloman.
DIVORCE, L. divortium (divertere). — D. DOLLAR, mot angl., représentant l'ail, tha-
divorcer. ler, écu, lequel tire son
de Joachims-thalnom
DIVULGUER, L divulf/are, répandre dans en Bohême, où cette monnaie a été frappée en
le monde {vul(/us), publier. —
D. divulgation. premier lieu.
DIX, vfr. dis, prov. det:^, du L. decem. — DOLOIRE, voy. doler.
D. dixième, dizain, dizaine (d'où dizenicr):,
DOM, ancien titre d'honneur de cléricature,
dizeau.
DOCILE, L. docilis, litt. qui se laisse ensei-
du L. dominus. — D. dotnerie.
gner (lat. docere). —
D. docilité, L. docilitas. DOMAINE, vfr. demaine, directement du L.
DOCK, mot anglais, = chantier, bassin.
dominium,, propriété. Pour le changement de
i en ai, cp. je maine (forme vfr. p. je moine,
DOCTE, L. doctus (pr. part, de docere,
auj. mène, de minare, mener); l'anc. langue
instruire); docteur, L. doctor, pr. maître en-
offre, du reste, aussi la forme plus régulière
seignant, d'où doctorat, -al.
DOCTRINE, L. doctrina (docere), enseigne- demoiiie. —
D. dotnanial.
ment. —D. doctriiial, -air'e; endoctriner. DOME,gr, Sùt/nx, maison, puis église, église
DOCUMENT, L. documentum, pr. moyen à coupole (signification propre surtout à l'ail.
d'instruction. —
D. documentaire. dom et à l'it. domo). Au moyen âge déjà la
DODINER, DODELINER, aussi dondeliner, signification s'est réduite à celle de coupole.
bercer un enfant pour l'endormir; expression Le gr. Sû;j.x, cependant, au dire de saint
onomatopéique, comme faiî^e dodo, expression Jérôme, aurait déjà eu lo sens réduit de tec-
enfantine pour dormir. Dodo, comme dada, tum : < Doma
in orientalibus provinciis ipsum
exprime vacillation; aussi se dodiner, pr. dicitur quod apud Latinos tectum; in Palses-
se balancer, se bercer, se dorloter, au sens tina enim et ^gypto... non habent in tectis
figuré ^= prendre soin de sa personne, n'est-il culmina scd domata qnve Romie vel solaria,
qu'une variété do se dandiner [radical varié et vel mseniana vocant, id est, plana tecta quae
nasalisé). —
Appartiennent à la môme famille :
tran.svcrsis trabibus sustentantur ». Au.ssi la
angl. doddle (en province aussi daddle, dai- Vulgate traduit-elle habiter au coin d'un toit
dlé), se laisser aller nonchalamment, dandle, (Prov. 21,9) par « sedcro in angulo domatis »
bercer, dorloter, it. dondolare dodiner, = Ailleurs « Eos qui in domatibus adorant
:

dandiner. militiamcœli,solemetlunam, etastrareliqua"


DODO, voy. l'art, préc. DOMERIE, voy. dom.
DODUappartient sans doute à la même ra- DOMESTIQUE, L. dom-sticus (domus). La
cine que vfr. dondé, gras, replet, nfr. dondon vraie forme française du mot est le vfr. dom,es-
Cette racine pourrait se trouver dans le frison che (cp. \>vov. domesgue). D. domesticité, —
dodd, bloc, masse, ou bien dans le thème L. domcsticitas verbe adomestiquer (Saint-
;

dod, exprimant mouvement vacillant, d'où Simon).


DON 160 DON
DOMICILE, L. domiciliiim (domus). — D. même que ad hv.nc (s. e. modum ou finetn), allé-
dcniiciliaire, se domicilier. gué par Muratori. Dicz s'en tient à ijo^c; seule-
DOMINER, L. dominari, être le maître. — ment, vu l'inadmi-^sibilité dune mutation du t
D. dominateur, -ation, L. dominator, -atio. initial en d, il pcn.se qu'il faut prendre pour
DOMINICAL, dér. du L. dominiciis (donii- base une foime barbare ad-ttiiic, d'où a-tu.nc,
nus), 1. qui appartient au, ou qui vient du adonc, puis, par aphérèse du préfixe, r^<»c(cp.
Seigneur, 2. relatif au dimanche, jour du lois p. alors). —
Cornu (Rom. VII, 3G3) cherche
Seigneur, voy. dimanche. à expliquer toutes les foinies romanes par la
DOMINO, mot esp. qui signifiait à l'origine : formule niimqua, plur. de uumqtrid, d'abord
capuchon des ecclésiastiques, camail. De do- interrogative, puis conclusive (cp. car de
mino, titre d'ecclésiastique à certains degrés qitarej pour n devenu d, cp. vfr. damer p.
de la hiérarchie; les ministres du culte s'ap- notnei'.
;

— En dernier lieu, Fcei-ster (Roman.


pellent encore en Hollande àes> dominé. Le — Forschungen, I, 322) propose lat. donique,
jeu de domino, dit Littré, a été ainsi nommé à altération de dcniquc.
cause du revêtement noir que chaque dé porte DONDAINE, V. dondon.
en dessous mais voici une anecdote qui révèle, DONDON, fenmie grasse et d'un teint frais,
;

parait-il, la véritable origine du jeu et de son voy. dodu. — Dicz est porté à voir dans ce mot
nom ; je l'ai cueillie dans mon journal et l'ai un redoublement de don et rajiproche don do
retrouvée plus tard dans le suppl. de Littré : l'angl. ditmp, radical de dumpy, court et
Dans un des nombreux couvents entourant épais, et de dumpling, petite pei-soiuie grasse.
le célèbre monastère du Mont-Cassin, fondé par Le mot dondaine, soit qu'il signifie, comme
Saint-Benoit au sixième siècle, deux moines dans Froiss;irt, une machine do guerre pour
avaient été enfermés un beau jour dans la cel- lancer de grosses pierres, ou qu'il s'applique
lule de pénitence, par suite d'une infraction à à \\n instrument à vent du genre de la corne-
la règle. Pour i)asser plus aisément le temps mu.sc, est .sans doute une variété de dondon,
de leur réclusion, ils imaginèrent de tailler et s'y rapporte comme bedaine à bedon, mi-
en forme de carrés, de jwtites j)ierres blan- taine à tniton.
ches (de craie probablement), sur lesquelles DONJON, DONGEON, vfr. au.s.si doignon,
ils gravèrent des points noirs en nombre va- dongnon, dangeoii, donjO, liL. dotnnio,
\}VO\'.

riable pour cliacune d'elles. Puis ils disposè- le plus haut bâtiment d'un ca.stel, maitres.so
rent ces petits carrés de manière à former des tour. Zcuss, sur la base d'une ortliographo
séries dont les diverses combinaisons tenaient dangio, qui est dans Orderic Vidal, y recon-
leur esprit en éveil. Cette distraction leur fut naît l'irl. daingean, mais dangio
fortification ;

si agréable, que, sortis de leur cellule, ils n'est que l'imitation du


dangeon, modifi-
vfr.
mirent les frères du couvent dans le secret de cation toute naturelle de dangeon (cp. valenté
leur invention, et tout le monde, depuis le p. volonté, chalcngcr' p. chalongcr). Grand-
prieur jusqu'au portier, se passionna pour ce gagnage (Mémoires sur les anciens noms de
jeu. Celui des joueurs qui avait trouvé le lieux de la Belgique orientale, p. 77, ad
moyen de placer le premier tous ses dés té- voccm di'.nch, donch), ai)rès avoir expliqué le
moignait sa satisfaction, comme il est d'usage terme dioïc, dung, do)ik, suttixe si fréquent
parmi les religieux, après )in travail ou une dans les noms de lieux des pays flan)and et
recherche quelconque, en s'écriant Denedi-
: rhénan, par « locus e palustribus cmergens »,
canius Domino. De sorte que le mot domino, définition déjà donnée parGramaye etlleylen,
revenant toujours à la fin de chaque i)artie, fait l'observation suivante « Une émincnce
:

finit par servir à désigner ce jeu, auquel on entourée d'eau ou de marécages formant né-
ne savait encore quel nom donner. L'exclama- cessairement un lieu de refuge convenable ou
tion : Domino! et l'expression faire domino, un fort, on pourrait peut-être dériver le mot
qui s'emploient encore aujourd'hui pour mar- français donjon de notre dwigo, dong, forme
quer la fin de chaque partie, prouvent bien citée par Heylen, aussi bien ou mieux que de
que c'est là la véritable origine du mot dont l'irlandais dun, d'après Diez, ou de l'irlandais
nous parlons. —
D. dominoiicr, dotninoterie. daingean, d'après Zeuss, qui signifient aussi
DOMMAGE, voy. dam. —
D. dommageable, un lieu fortifié ». A l'appui de cette significa-
dédommager, endommager. tion de refuge ou de fort que le savant philo-
DOMPTER, anc. donter, dantcr, angl. logue wallon prête au mot dungo, il cite le
daunt, du L. domitare. — D. dompteur, nom de lieu Ursidongus, expliqué par un
domptable, indomptable. biographe de saint Ghislain " ideo sic dictus,
DON, L. donum. quod ibi solita erat ur.sa catulos fovcre », donc
DONC, vfr. dune, donhes, it. dunque, prov. la tanière de l'ourse. Dicz, abandonnant son
donc, doncas; sous forme composée vfr. ancienne opinion en faveur de l'irl. dùn (lieu
a-donc, adonques, aussi adont. Le sens de donc fortifié), par l'intermédiaire du BL. dunio, se
était à l'origine alors; c'est de lu que s'est rallie à celle qui admet pour type immédiat
déduite l'acception ergo, cfr. Festus igitiir : le BL. dornnio (p. dominio), avec le sens de
apud antiques ponebatur pro inde et j^tostea corps de bâtiment principal, dominant ; elle
ettiim; cp. en allemand le même rapport est i-endue indubitable, dit-il, par l'emploi de
entre dann, alors, et la variété demi, donc, la forme dominion =
donjon, relevée par Mus-
L'étymologic du mot n'est pas encore assurée ; safia dans l'écrivain milanais Bonvesin da Riva.
un type de-iinquam est contraire au sens, de DONNER, L. donare. —
D. donnée, don-
DOT 161 DOU
neur, qui aime à donner; donateur, L. dona- lis;doter, L. dotare, qui est aussi le primitif
iov\ donation, h. àowsXio\ donataire, -atif, de douer, pr. pourvoir; dotation, L. dotatio;
L. donatarins, -ativus. douaire, BL. dotarium.
DONT, it., esp., port, donde, prov. don, du DOUAIRE, angl. doicer, voy. dot. D. adj. —
L. de unde, composition barbare pour itnde. douairier, subst. douairière, veuve qui jouit
Il faut observer que le simple unde (it., port., d'un douaire (angl, dowar/er).
V. esp. o7ide, cat. on, prov. ont, o>i) avait i)ris DOUANE, it. dogana. Voici les diverses éty-
le sens de où, ce qui jnstilio la composition mologies inacceptables qui ont été mises en
de-unde pour d'où. L'emploi pronominal de circulation :I. Fri.scli Ducere, introduire
:

unde ou de-unde n'a rien qui puisse paraître des marchandises, mais on n'a pas d'exemple
étrange; Icfr. d'où s'emploie également pro- d'un suffixe ana joint à des radicaux verbaux.
nominalement dans certaines applications, 2. Ferrari :Doga, baril, tonneau, puis les
p. ex. : c'est vouloir renfermer un chêne
dans marchandises arrivant dans des tonneaux;
le gland d'où il est sorti (Bern. de Saiut- mais doga ne signifie jamais tonneau (voy.
PieiTe). Et, du reste, le latin en a déjà donné douve). 3. Ménage hy.x^ti, lieu de réception,
:

l'exemple « in fines suos unde erant profecti "


:
puis lieu où l'on perçoit l'impôt, dérivé de
(César) ; « liereditatem unde ne numum quidem ôox/7 =Soy-ft (de ùiyti^sa.!.), mais ùo/k-jfi n'a eu

unum attigisset » (Cic. de Fin., 2, 17). Do7it le sens de douane à aucune époque de la

est un adverbe pronominalisé avec caractère langue grecque. 4. Dogana serait la forme
i-elatif, comme le sont en =
L. inde, et y = normale d'où se sont produites les auti-es BL. :

L. ibi avec caractère démonstratif. duana, prov. doana, fr. douane, et signifie-
DONZELLE, de l'it. et prov. donzclla, di- rait l'impôt du doge, comme les regalia sont

min. de donna, voy. dame. l'impôt du roi. Cette dernière explication était
DORADE, du part. prov. dorada = fr. celle que je hasardais dans ma première édi-

dorée; Fit. dit orata. — D. doradon. Voy. tion depuis, j'ai cru devoir accueillir l'étyin.
;

aussi daurade. posée par Diez et indiquée déjà sous divan.


DORÉNAVANT, concrétion des mots d'ore L'origine arabe du mot res.sort surtout de
(de cette heure) en avant. Cp. désormais, l'esp. et port, aduana (le préfixe a représen-
DORER, L. dc-aurare. — D. doreur, -ure; tant l'article arabe). Le g de l'it. dogana est
rforarfc (poisson); opp. dcdorer. intercalaire, comme dans ragunare p. rau-
DORLOTER, du vfr. dm-elot, mignon, favori narc. — D.
douanier.
(Rabelais emploie le mot pour enfant gâté). DOUBLE, L. duplus. —
D. doubler, L. du-
Diez l'apporte dorelot à l'ags. dcorling (angl. plare (Festus) doubleau, doublet, -ette, -on,
;

darling), et rappelle le cymrique dorlaicd, -ure; cps. dédoubler, redoubler.


qu'Owen décompose en dawr, avoir soin, et DOUCET, -EUR, -IR, voy. doux.
llawd, garçon. Chevallet cite le terme breton DOUCHE, de l'it. doccia, conduit, tuyau,
et gaél. dorlota =
dorloter, qu'il dérive de dérivé du verbe it. docciare, couler, ver.ser
dorloi, dorlô, caresser avec la main comme (fr. doucher), qui lui-même représente un
on fait aux petits enfants. Mais ces mots pour- type latin ductiarc, formé de ductus, comme
raient bien être empruntés. D'autres voient suciiarc (fr. sucer) de suctus.
dans dorelot, mignon, une acception figurée DOUELLB,
vfr. doelle, douille, lorr. dou-

d'un ancien subst. dorelot signifiant une espèce dim. de douve (v. c. m.). Ces mots expri-
ville,

de bijou, et qu'ils rattachent à dorer (cp. le ment un revêtement voûté ou une courbure
terme de caresse mon bijou !). On trouve en
: quelconque.
effet dans la vieille langue les mots dorlotier, DOUER, forme vulgaire de doter, voy. dot;
dorloterie, désignant le métier de bijoutier. du L. dotare; angl. cn-doio.
Tout en admettant qu'un mot populaire dore- DOUILLE, manche creux d'une baïonnette,
lot ait ])u se produire de dorer sur le patron etc., selon l'oijinion très plausible de Diez, du
de bimbelot, bibelot, je pense qu'il est préfé- BL. ductile, gouttière cp. andouille de in-
;

rable de ne voir dans dorelot, ]o\axi, qu'une ductile. Toutefois, douille pourrait bien être
acception déduite de dorelot, mignon. issu par contraction de dou-ille indiqué sous
DORMIR, L. dormire. —
D. dormeur, dor- doucllr.
meuse ; dortoir contracté du
, L. dormitorium; DOUILLET, dimin. de l'anc. adj. douille,
cps. endormir. doille, mou. (juidu L. duclïlis, ductile,
vient
DORSAL, du L.dorsum, dos. malléable de là douillette, vêtement ouaté.
;

DORTOIR, voy. dormir. DOULEUR, vfr. dnlour, L.dolur. D. dou- —


DOS, it., esp. dorso (it. aussi dosso), prov. loureux =
L. dnlorosu^ (Végèce); endolori.
et anc. catal. dors, dos; du L. dorsum, de- DOULOIR (SE), du L. dolere, éprouver de
venu dossum (voy. Paris, Rom., X, 47). — la douleni-.
Rabelais dit dours. —
D. dossier, 1. dos d'un DOUTER, L. duhitare (cp. coude, de cubi
siège ; 2. terme d'administration le carton : tus). Anciennement, douter s'employait dans le
o\i la liasse relative à une affaire, étiqueté au sens actuel de redouter, se douter, dans celui
dos; endosser, edosser. de se méfier. —
D. doute, douteux', redouter.
DOSE, L. dosis, gr. Sôisi;, quantité donnée. DOUVE, it., prov., cat. doga, milan, dova,
— D. doser. néerl. duig (suisse daugc), ail. daube (p.
DOSSIER, voy. dos. — D. dosseret. dauioe). Doga se rapporte à fr. douve, comme
DOT, L. dos, dotis. — D. dotal, L. dota- L. rogare au vfr. rouver; c.-à-d. qu'il y a eu
11 '
DRA — 162 — DRI

d'abord syncope du g médial [doué), puis 1. DRAGUE, instrument pour draguer, de


intercalation de u {douve). Diez admet l'iden- l'ags. drâge, angl. drag, crochet, râteau. —
tité de doga, douve, ais de tonneau, avec le D. draguer, -eur.
prov. doga, norm. douve, fr. doue, qui signi- 2. DRAGUE, orge cuite qui demeure dans
fient revêtement d'un fossé. Quant à l'origine le brassin après qu'on a cuit la bière, rouchi
de l'un et de l'autre, Frisqji a proposé le L. draque, wallon drâhe, du v. nord, dregg,
ducere (cp. doccia, douche), comme ayant angl. dregs, lie, sédiment (ail. dreck, fumier).
déterminé le sens de fossé, cavité. Mieux DRAIN, subst. verbal de drainer.
vaut l'étymologie de Ducange, savoir le latin DRAINER, terme d'agriculture, tiré du
doga, signifiant un vase ou une mesure et qui verbe angl. to d7'ain, écouler l'eau,
faire
vient du gr. ëox^, receptaculum. La filiation mettre à sec. — D. draiti; drainage.
logique serait ainsi réservoir d'eau, creux,
: DRAME, gr. Spx/xa, pr. action, puis pièce de
fossé (signification encore existante), puis théâtre; o/sa/ianzo,-, dramatique; Spxfx'xriiiiv,

revêtement ou parement d'un fossé, enfin dramatiser, Sp^xf^aziiTru (inus.),dramatiste ;


planche d'un tonneau. —
D. de la forme doue : èpy.!xxxo\jp-/6i, litt. faiseur de drames, drama-
le dim. douelle (v. c. m.); de douve : douvain. turge.
DOUX, fém. douce, vfr. dois, L. dulcis. — DRAP, it. drappo, prov., cat. drap, esp.,
D. douceur, L. dulcor (Tertull.); doucet; dou- BL. drappus, pannus. L'origine
port, trapo,
ceâtre, doucereux; doucir, L. dulcire (Lu- de ce mot n'est pas encore tirée au clair.
crèce); adoucir. Dérivés directs du thème Frisch a supposé quelque connexité avec l'ail.
latin dulcifier; édulcorer, L. edulcorare. trappen, fouler, serrer. Diez, dans sa dernière

:

DOUZE, contracté du L. duodecim. D. édition, indique un mot allemand trabo, qui,


douzième, douzain, -aine. dans un glossaire du xii" siècle, se trouve
DOUZIL, DOUSIL, angl, dosil, fausset pour traduit par « trama, oxtrema pars vestimenti,
tirerdu vin, cheville servant à boucher le trou fimbria »; le nom do la trame ou de la bor-
d'un tonneau du BL. ducicidus, m. s., dérivé
;
dure a pu, dit-il, s'étendre à tout le tissu. —
de ducere. J'ai rencontre dans Jean de Çondé l'orthogr.

DOYEN, angl. dean, néerl. deken, voy. dé- trap. —


Baist (Zeitschr.VI, 116) propose ags.
canat. — D. doyenné. Irâf, =
vfr. tref, prov. trap, tente en drap

DRACHME, DRAGME, vfr. drame, du gr. (opp. kloge, tente en feuillage), dont, d'accord
cçjTiy fi.fi (monnaie et poids). avec Sucliier [ib. I, 433), il conteste la con-
DRAGÉE, vfr, aussi dragic, prov. dragea, nexité avec le lat. trabs, poutre. [L'opinion
esp. et port, dragea (et gragea, grangea), it. qui distingue entre vfr. tref, poutre, et vfr.
treggea; BL. dragata, -eia, -ia; toutes for- tref, tente (=ags. trâf) est péremptoirement
mes altérées de tragemata (Papias) gr. = renversée par G. Paris, Rom. VI, 629.] D. —
Tii9.Yr,u.%T'x, friandises, de rpx/zTv, infin. aor. 2 drapeau [ce mot a signifié autrefois aussi vê-
de Tj5(û/stv, grignoter. —
D. drageoir, sou- tement; proverbe : « l'on ne connoist pas la
coupe pour sei'vir des dragées. gent au drapeau »; aujourd'hui encoi'e les
DRAGEON, rejeton, bouture, du verbe goth. patois emploient ce mot pour linge et langes),
traibja^i (ail. mod. treiben), pousser; cp. bou- du BL. drapellus, panniculus; drapier, dra-
ton de bouter, pousse de pousser. Cette étymo- perie; verbe draper.
logie est préférable à celle du subst. fictif DRASTIQUE, gr. Sp^^n^di (5piw), agissant,
traducio, -onis (dér. du L. tradux, sarment énergique.
de vigne), qu'avait avancée Ménage. D. — DRECHE, marc de l'orge concassée qui a
drageonner. servi à faire do la bière, est, d'après Diez, le
DRAGON, animal, L. draco, -onis. Quant vfr. drasche, BL. drascus, qui dit la même
à l'origine de dragon, en tant que terme mili- chose et qui vient du vha. drascan (ail. mod.
taire, les opinions varient beaucoup. Adelung dreschen), battre le blé en grange. La drèche
pense que les dragons ont été nommés ainsi serait donc le grain battu, trituré, le résidu.
d'après leurs épaulières, appelées dragoni; Il y a quelque difficulté à identifier, étymolo-
Voltaire, d'après Ménage, parce qu'ils portè- giquement, les mots drague et drèche. D'a- —
rent un dragon dans leurs étendards; d'autres près Bugge (Rom. III, 147), drèche représente
font remonter le nom au pistolet orné d'une î'aha. drastja, drestja, mot à supposer d'après
tête de dragon dont les dragons auraient dans l'ags. dœrste (« faex »), a. angl. drastes (pL),
le principe été munis. Peut-être dragon résidu des grappes pressurées, ail. mod. très-
est-il tout bonnement le nom de l'arme, ter.
étendu à ceux qui s'en servaient (cp. carabi- DRESSER, voy. droit. — D. dressoir, re-
niers, mousquetaires); et quant au nom de dresser.
l'arme, il serait analogue à celui de coulevrine 1. DRILLE, camarade, du vha. drigil, gar-
(voy. aussi notre article mousquet). On peut çon, serviteur, nord, thraell.
encore admettre que le nom dragon ait servi 2. DRILLE, lambeau, chiffon. Diez met en
de symbole pour exprimer l'audace et l'éner- avant, avec quelque hésitation, le nord, dril,
gie militaires, sens qui s'attache encore acces- déchet. Chevallet cite le bret. trul, chiffon et
soirement à ce mot. —
D. dragonne, galon le cymr. dryll, lambeau, verbe drylliaw,
d'une poignée d'épée ; dragonnier, plante d'où mettre en pièces. —
D. driller (v. pi. bas).
coule le sang-dragon ; enfin, les fameuses dra- 3. DRILLE, foret, de l'angl. drill, ni. dril-
gonnades, d'odieuse mémoire. Icn, percer, forer.

DRU — 163 — DUC


BRILLER, 1 . aller vite, courir ;
j'y vois l'ail. épais. Ce mot est distinct du vieux subst.
drillcn, tourner çà et là, aussi tourbillonner; français drut, it. drudo, qui signifie ami,
2. ramasser des chiffons, voy. drille 2. chéri, et qui vient de l'ail, trùt (drût), traut,
DROC, un des noms de l'ivraie. En vfr. on m. s. Il dérive, dit-on, du celtique : gaél.
trouve la forme fém. droe; Besant de Dieu, druth, pétulant, cymr. drud, vigoureux,
1593 : Dessus le biau furment sema Garzerie hardi. J'accepte cette étymologie pour le sens
e droe e neele E ivraie. D'autres exem-
|
— |

gaillard, mais quant au sens abondant, dense,


ples ap. Godefroy. elle ne me
parait pas satisfaisante. Rabelais se
DR06MAN, drogoman, esp. drago-
prov. sert de dru avec
le sens de dodu, bien nourri
nian, it. dragomanno ; de l'arabe lardjoman, et dans celui d'épais. Cachet pense que cet
tordjoman, interprète (qui, selon Dozy, vient adjectif pourrait se rattacher à l'islandais
•de tardjama, interpréter). Le même vocable driugr au suéd. dryg, qui réunissent
et
oriental s'est encore introduit dans nos lan- toutes les acceptions du mot français, accep-
gues sous les formes it. turcimanno, esp. tions qui se retrouvent aussi dans l'adjectif
tri'Jaman, fr. trucJieman, truchement, vfr. grec iûpo; (lisez icSodi), indiqué déjà par H. Es-
trughemant. tienne Ce dernier, en effet, signifie à la fois
1. DROGUE, épice, matière chimique, etc., robuste, fort, gras, serré, dense, abondant,
it., esp., port., prov. droga, angl. drug, du luxuriant ; mais il n'a aucune afiînité étymo-
néerl. droog, sec, donc pr. marchandise sèche. logique avec le mot français USpà^, d'après :

—D. droguerie, droguiste, droguer. Buttmann, est une variété de ùSivd;, qui si-
gnifie à peu près la même chose et a pour
2. DROGUE, chose sans valeur, mauvaise
marchandise prob. le même mot que le pré- racine AA, d'où aussi «S-^-j, adv., à satiété. —
;

cédent, pris dans une acception péjo'-ative. — Une transposition de durus ou de rudis n'est

D. droguet, étoffe do laine de bas prix, angl. pas acceptable. Nodier rattache dru, fort,
drugget. vigoureux, à SfiZi, chêne, se fondant sur
l'exemple de robustus, qui vient de robur,
3. DROGUE, esp. de jeu de cartes (voy. Lit-
chêne ; cette étymologie est spécieuse, mais
tréj, d'un mot gaulois signifiant nez ou bec
insoutenable.
(id., suppl.).

DROIT, adj. etsubst., prov. dreit, dreich, it.


'
DRUGE, pousse surabondante de pois; vfr.
provision, multitude drugicr, pousser
; vfr.
diritto, dritto, esp. dcrccJio, du L. directiis
abondamment (en parlant des plumes); dans
(part. pass. de dirigere), qui a la même va-
leur et qui, dans les langues romanes, a sup-
le Haut-Maine, drugir devenir dru, =
grand, fort. D'origine incertaine ; il est diffi-
planté le simple rectus. Le neutre directum
cile de séparer le mot de dru (abondant, luxu-
s'est substitué au L. jus pour signifier le
riant), dont la consonne finale a dû être g. Le
droit; cp. ail. rccht, tiré également d'une ra-
mot parait être identique avec vfr. druge ==
cine reg signifiant diriger, ajuster. Cicéron
plaisanterie, bourde pour la relation logi-
déjà a employé directum comme synonyme de ;

justum et verum. — D. droitier, qui se sert


que, cp. l'expression bombance, qui implique
à la fois l'idée de richesse, ampleur et celle de
de la main droite; droiture, signification
fanfaronnade.
morale (dans Vitruve, on trouve directura
dans le sens propre d'alignement). De droi- DRUPE, charnu, portant im noyau ;
fruit

ture : vfr. droiturier, droit, juste, légitime.


d'origine On trouve en latin
incertaine.
Composés adroit (v. c. m.), endroit (v.
: c. m.).
druppa, en grec ^c^ûrrTia, appliqué à l'olive
Du trop miirc ou qui commence à mûrir, et rat-
part, direct us s'est produit un verbe direc-
taché par Pline à l'adj composé grec opuTiâT^;,
tiare, d'uù les dh'izzare, drizsare,
formes it.
.

signifiant « qui tombe de l'arbre, mùr ». Lit-


esp. derezar, prov. dressar, fr. dresskr, vfr.
tré fait venir druppa, avec plus de probabi-
drecier (cps. adresser, v. c. m.). L'angl. em-
lité, du gr. op\jT,s.TZfti en tant que ce composé
ploie le même mot dans le sens de préparer,
(de op'ji -f- TTjTTTciv) signifie " mûrissant sur
arranger, puis spécialement dans celui d'ha-
l'arbre « ; les lexiques, en effet, ont soin de
biller. L'it. possède en outre une forme riz-
distinguer entre les deux mots grecs.
zare ^=- dresser, tii^ée de rectiare' , de rectus.
DU, vfr. deu, don, régulièrement formé de
DROLE, mot inconnu aux lexicographes du del =' de le.
XV i*^ siècle, bien qu'on le rencontre, orthogra-
phié drolle, dès le xv^ ; sans aucun doute DU, contracté de vfr. deû, du L. debutus,
identique avec l'angl. droll, plaisant, comique, forme barbare p. debitus.
'

ail. et néeri. drollig, == drôle ; cp. néerl. DUALITÉ, -ALISME, -ALISTE, dér. du L.
drol, nord, drioii, gaél. droll, lourdaud. — dualis, adj. de duo, deux.
D. drolatique (formation populaire; ; drôle- DUBITATIF, mot savant pour douteux, du
rie. Le féminin drôlesse se rapproche, par L. dubitativus.
sa valeur, de l'ail, drolle, femme commune, DUO, duca, esp., port, duque, val. duce.
it.

angl. trull, prostituée, et trollop, salope. Du latindux, ducis ; sauf l'italien duca, qui,
DROMADAIRE, L. dromadarius, dér. de selon Diez, remonte au L. dux par l'intermé-
dromas, -adis, = gr. §pofjLx;, coureur. diaire de la forme byzantine ôoûl (accus. 2oûxa)
DROSCHKI, espèce de voiture ; mot russe, ou ooû/ui, employée longtemps avant l'époque
ail. drosclihc. littéraire de la langue italienne pour désigner
DRU, adj., gaillard, vif, abondant, serré, le chef militaire d'une ville ou d'une pi'ovincc.
E 164 DYS
Une dérivation directe du L. diix n'eut jamais let, dupe a été le nom de la huppe, oiseau qui
pu produire l'italien duca, mais bien doce, que passe pour un des plus niais, et c'est ce qui
l'on rencontre en elTet adoucie dans le vénitien expliquerait le sens attaché à ce mot dans la
doffe. —
D. duchesse, BL. ducalissa; ducal; langue actuelle. Littré, qui approuve cette
duché, it. ducato, esp. ducado, prov. ducat, étymologie, compare la valeur analogue don-
BL. ducatus. Ce dernier terme ducatus signi- née pigeon (cfr. aussi celle de l'ail, gimpel,
'd.

fiait aussi une espèce de monnaie, frappée bouvreuil). Il est possible que Chevallet ait
d'abord par Roger II, roi de Sicile, pour le bien rencontré; cependant, il est curieux de
duché de Fouille {ducato d' Apuglia), vers not«r que le nom de la huppe a aussi donné
1140 ; de là fr. ducat et ducaton. Bue est — naissance à l'adj. huppé, dans le .sens do fin,
aussi devenu une appellation ornithologique adroit « les plus huppés y seront pris «. Cet
:

pour désigner un genre d'oiseau nocturne; on adj. sauve un peu la réputation que fait à cet
distingue le grand duc, le moyen duc et le oiseau le mot dupe. En admettant que notre
petit duc. mot dupe vienne de dupe, huppe (le glossaire
DUCAT, voy. duc; dimin. ducaton. de Jaubert porte dube), il reste à trouver l'ori-
DUCHE, autrefois, comme comté, du genre gine de ce dernier. —
D. dupei', -eur, -crie.
féminin, voy. duc. —
La forme vfr. ducheet, DUPLICATA, pluriel neutre do duplicatus,
ducheé (fém.) accuse un type ducitatem; de participe latin signifiant doublé.
là s'explique, par conti'action, la duché. DUPLICITÉ, L. duplicitas. Chez Horace
DUCTILE, L. ductilis (ducere). Voy. aussi déjà duplex avait le sens de faux, perfide, à
douille. — D. ductilité. double langage cp. le vfr. doubler, tromper.
;

DUEGNE, de l'esp. duena, =


L. domina; DUPLIQUER, répondre à une réplique,
voy. dame. litt. doubler la réponse, en faire une deuxième;

DUEL, combat singulier, du L. duellum, forme savante du L. dupUcare. D. duplique. —


ancienne forme de bellum (celui-ci vient d'une DUR, L. durus. —
D. duret; dureté, L.
racine bis, l'autre de duis, son équivalent; cp. duritas ; durcir, L. durescerc (cps. endurcir);
duoniis, ancienne forme de bonus). Ce n'est durillon, bourg, duroillon {de dur-\-œil f).
que dans le moyen âge (pie duellion a pris le DURER, L. durare (de durus, dur, résis-
sens actuel de duel. —
D. duelliste. tant et par conséquent persistant). D. du- —
DUIRE, verbe neutre, convenir, plaire, du rant (prépos.), durée, durable.
L. ducere, pris dans le sens de conduccre. Au- DUVET, étymologie inconnue. Si Von peut
trefois, duire avait aussi le sens actif du L. admettre l'identité de ce mot avec l'anc. mot
ducere, conduire (un vaisseau), diriger, élever dumet, m. s. (qui pourrait bien en eflet s'être
(un onfîiiit), dresser (des animaux). modifié d'abord en duhet et de là en duvet),
DULCIFIER, voy. doux. —
D. duldfica- l'embarras disparait. Le vfr. dun, duvet (d'où
tion. dumet), BL. duma, remonte au nord, dûn,
DULCINÉE, maitressc; d'après le nom de qui est aussi le primitif des équivalents angl.
la maitressc de don Quichotte ; mot tiré do doicn et ail. daune. —
D. duveteux.
dulcis, doux. DYNAMIB, gr. ôùvaai; (strictement o\jvxfilx),
DULIE, gr. ô'iyldy., pr. culte scrvilc. puissance. —
D. dynamique ; di/natnite.
DUNE, it., csp., port. duna\ d'origine ger- DYNASTE, gr. èuvi-jr/j;, qui tient le pou-
manique vha. diDi, dû)ia, i)romontorium,
: voir (oùva^âai); dynastie, gr. ouysc^rt'a, puis-
nécrl. duin, ags. dûn, angl. doicn. Ces mots, sance; sens moderne : succession do souve-
toutefois, apparticinient aussi aux langues rains dans la même famille.
celtiques auc. irlaud. dùn, gaél. din, col-
: DYSCOLE, difficile à nourrir, de mauvaise
line, primitivement lieu fortifié. Cp. aussi gr. humeur, gr. cjt/.o/oj, m. s. (de Su;, préfixe
Si; ât'v, butte de sable au bord de la mer, péjoratif, et xoiov, nourriture).
colline. Dun a donné le suffixe des noms de DYSPEPSIE, gr. Smi-k-Uu, digestion pénible
lieux tels que Lugdunum, Augustodunum, etc. (de 7r-::rrîiv, cuire, digérer).
Voy. aussi l'art, donjon. —
D. dunette. DYSSENTERIE, litt. mal aux
gr. ouîîvtî,o/«,
DUO, forme italienne et latine àcdeux. intestins (-fvri/sx). — Le redoublement de V$
DUPE; étymologie inconnue. Frisch rap- est contraire â l'étymologio et vicieux.
proche souabe dïippel, imbécile (voy.
le DYSURIE, gr. ôuîsuofx (ôû;, mal, -|- oùpûv,
Grimm, v'* dôbel et diippel). D'après Cheval- uriner.)

E
1 . E-, syllabe prépositive, devant les mots binaison a disparu en français : ainsi nous
commençant par st, se, sp, sm. On sait que prononçons et écrivons état, étable, écrire,
cette voyelle d'appui, que l'on a fort bien épée, émeraude, p. estât, eslablc, escrire, es-
comparée à ce que l'on appelle appoggiature pée, esmeraude [de status, stabulum, scribere,
en musique, est également propre aux idiomes spada, smaragclus). \Js s'est cependant con-
provençal, espagnol et portugais; p. ex. L. servé dans estimer, estomac, esclandre, espace,
stabulum, esp. c-stablo, port, e-stavel, prov. espalier, espèce, espérer, esprit, estampe et
et vfr. e-stable. Avec le temps, l'*' de la com- quelques autres.
.

ÉBA 165 — ËBR


La forme actuelle é résulte do
2. É-, préfixe. ÉBAUCHER, voy. débaucher. Le mot n'est
1 dans l'ancien i^réfixe es, et quant
elision de s pas très ancien dans la langue ; au xV^ siècle,
à celui-ci, il représente le latin ex, qui, en on le trouve sous la forme esbocher, qui parait
composition, mai'que mouvement du dedans au reproduire l'équivalent it. sbozzarc (= abboz-
dehors, par conséquent sortie, extraction, dé- zare), dégrossir, donner la première forme.
pouillement de la chose, ou délivrance de Esbocher, p. esbosser, n'est pas plus étrange
la situation, exprimées par le radical, aussi que la forme picarde boche p. bosse (it. bo2zà).
aboutissement, parachèvement, renforcement. — Subst. verbal ébauche.
Les composés latins de cette espèce, qui se sont ÉBAUDIR, voy. baudir.
transmis à l'ancienne langue française, ainsi EBBE, ÉBE, reflux de la mer, de l'angl. ebb,
que ceux de création nouvelle, changent le pré- a\\. ebhc, m. s.

fixe latin ex ou e, quand il précède une con- ÉBÉNE, L. cbenus (iSivoî). — D. ébënier;
sonne, généralement en es : p. ex. eUgei'e, ébéniste, ébénisterie; ébéne?'.
fr. eslire; ex-caldare, fr. es-chauff'er. h' s du ÉBÊTIR, rendre bête. Le préfixe a ici son
préfixe a fini par céder, sauf devant s; de là caractère intensif.
é-lire, ë-diauffer, essouffler, essuyer. La lan- ÉBLOUIR, vfr. esbloïr, esbleuir; l'étymo-
gue savante, dans ses emprunts au latin, logie bleu (" faire bleu devant les yeux ") con-
maintient soit e, soit ex [ef devant /}; elle dit vient très bien aux formes françaises, mais
donc expirer (non pas épirer) de expirare, non pas aux termes esbalauzir (p. esblauzir),
é-noncer de e-nuntiare. La romane d'oïl chan- assourdir, et einblauzir, étonner, ébahir, de
geait ex aussi en es devant les voyelles, en la langue provençale. C'est pourquoi Diez so
doublant 1'*' ; p. ex. essilier, auj. exiler, esso- range de l'avis de Grandgagnage faisant re-
rer" (d'où essor), de exaurare. monter ces mots au vha. blodi, hebes, infir-
EÂU, prov. aigua, esp., port, agua, it. mus, timidus (verbe blàdan, aflîiiblir). L'alle-
acqua. Rien de j)lus varié que les formes sous mand dit encore blôdsichtig, p. qui a la vue
lesquelles le mot latin aqua s'est modifié dans faible. Strictement, observe Diez, blauzir ap-
les idiomes français, et rien de plus bizarre pelle plutôt pour primitif un verbe gothique
que ce simple son o qui le représente aujour- blauthjan, mais ce verbe ne se trouve pas avec
d'hui et que trois voyelles' concourent à figu- le .sens qu'il faudrait.
rer. Voici à peu près la succession phonéti- ÉBORGNER, rendre borgne (le préfixe est
que de ces transformations diverses : ague, intensif).
aiguë, âge, egue, awe, èwe, ève, iave, iaiie, ÉBOULER, renforcement àe bouler =^vo\\\eT
eaue, eau. On soupçonne à bon droit le goth. cornmo une boule. —
D. éboulis, -ement.
ahva, vha. awa, fleuve, d'avoir exercé quelque ÉBOURIFFÉ, qui a les cheveux en désor-
influence sur la déformation du mot latin. Un dre. Mot moderne d'une bizarre facture,
philologue allemand, Langensiepen, a émis assez diflicile à expliquer. La seule idée qui
l'idée que les formes eaue, eau, procèdent nous vienne, c'est de le rattacher à bourras-
d'une forme diminutive aquella ou aqucllus que : cheveux livrés à la bourrasque; cp. l'ex-
modifiée successivement en avellus, avel, evel, pression allemande zer-saust, qui dit la même
ëel, eau mais cette conjecture est insoute-
; chose que le mot fr. et qui exprime également
nable; \u dans eau est un effet de la vocali- les effets du vent sur les cheveux. Littré pro-
sation du V dans iave, d'où iaue, eaue, eau. pose bourre. — Néol. ébouriffer, -ant. Peut- —
Pour les dérivés qu'ont laissés les formes être ébouriffé est-il une corruption de ébouf-
aiguë et ève, voy. sous aiguë. Mahn voit dans feré, qui se rapproche du prov. mod. rabu-
la locution être en nage une mauvaise ortho- ferat, rebufelat (même sens), lequel tient à
graphe, résultant d'une fausse interprétation l'it. rabuffçito, de buffare, souffler (Bugge,
étymologique de être en âge [âge = eau), Rom., IV, 354). —
Caix place notre mot sous
être mouillé; cependant l'on disait aussi à l'it. rabbuffato, " désordonné, brouillé » Celui- .

nage, et le wallon dit ête en nange. Voy. l'art. ci, selon lui, est une métathèse de baruffaio
nager. « mêlé, confus » (cp. arruffato), qu'il fait déri-

ÉBAHIR (S'), prov. esbahir, wall. esbawi, ver du vha. biroufan; fr. ébouriffé, dans ce
it. sbaïre; le radical de ce verbe paraît être cas, serait p. ebirouffé.
bah, l'interjection de l'étonnement. Il aurait ÉBRANLER (préfixe intensif), voy. branler,
ainsi une origine analogue à celle de badare, ÉBRASER (aussi embraser), terme d'archi-
d'où béer. —
D. ébahissement tecture, élargir à l'intérieur, suivant un plan
ÉBARBER, pr. ôter la barbe, rogner. oblique, la baie d'une porte ou d'une fenêtre.
ÉBAT, subst. verbal de ébattre. D'origine inconnue. Voy. aussi embrasure.
ÉBATTRE (S'), vfr. esbatre, it. sbattere; ÉBRÉOHER, patois ébercher, faire une brè-
l'idée première est se débattre, se démener, che{v. c. m.). Quelques patois du Nord disent,
puis s'agiter, se donner du mouvement, enfin dans le sens d'ébrécher, escarder, écarder;
se divertir. —
D. ébat, subst. verbal. sans doute de la famille de l'ail, scharte, en-
ÉBAUBI, d'un ancien Verbe esbaubir (encore taille, brèche.
en usage en Normandie), qui variait avec ÉBRENBR, aussi éberner, de ôran (v.c.m.);
abaubir; du baube (d'où fr. bauber, bal-
vfr. opp. de embrener.
bier =
bégayer). Ce baube est le L. balbus, ÉBRILLADE, t. de manège, =
it. sbrigliata,

bègue; ébaubir qqn., ce serait donc pr. le de briglia, bride.


faire bégayer de frayeur. ÉBROUER; ce verbe, dans l'emploi réfléchi.
ÉCA 166 — 1«:CH

= étcrnncr, souffler, ronfler, est de même ÉCARTER, it. scartare, esp. descartar,
origine qu'au sens actif de laver, passer dans d'abord jeter la carte hors du jeu, puis sépa-
l'eau. L'un et l'autre viennent de 'broite (forme rer, éloigner en général; de L. carta, charta.
maso, breu), qui correspond à vha. prot, prod, — D. écart, écartement, écarté (jeu de cartes).
angl. broth, BL. brodum, et qui implique à — L'étymologie tirée du jeu de cartes ne
la fois l'idée de bouillon (cp. ail. briilie, fr. convient, paraît-il, qu'au terme de jeu; dans
brouet) et celle de « écume » (signification le sens d'éloigner, détacher, le mot date
constatée pour le patois normand broue et d'une époque bien antérieure au jeu de cartes.
pour l'angl. froth, doublet de broth. De là, Littré (Suppl.) relève le passage suivant du
d'une part, ébrouer, pr. échauder, passer dans xiii" siècle « Li Bedoins et li Sarasins qui
:

l'eau boiiillantc, d'autre part, s'ébrouer, pr. etoient espians entoui" l'ost quant il trouvoient
rejeter l'écume par la bouche ou les nascaxix. qui avoient escarté l'ost, il leur couroient
Il faut donc rejeter, pour le second, l'étymo- sus... » (Lettres de Jean Pierre Sarrasin,
logie bravo posée par Diez et adoptée par p. 262). De même dans Benoit, Chron. de
Littré et moi. Voy. Joret, Rom. IX, 118. — Normandie, 9281, on trouve escard au sens
Le primitif germanique signifiant aussi « va- de « moyen de se tirer d'affaire ». Je pense
peur », ébrouer est de la même famille que les avec Littré que cet escorter est dérivé do
vocables brouet, brouée, brow'ne , bruine, quart signifiant partie, part. Notez encore le
brouillard (anc. brouilas) et très probable- vieux terme rscart appliqué à certains droits
ment aussi brouiller. mobiliers dus au seigneur.
ÉBRUITER, faire du bruit d'une affaire; ÉCARVER, t. do marine, joindre deux
cp., pour le préfixe, ail. aus-plaudern , m. s. pièces de bois entaillées, de l'angl. to scarf,
ÉBULLITION, L. ebullitio (de cbullire, fr. ail. scharben, m. s. —
Bugge (Rom. IV, 367)
ébo^allir). approuve cette étymologie et la confirme par
ÉCACHER, écraser, anc. escacher, esgua- des termes correspondants des langues du
chicr, pic. écoacher, esp. acachar, agachar, Nord.
do l'adj. esp. cacho, qui correspond à l'it. ÉCATIR = carfr (v. c. m.).
quatto, prov. quait, et représente le latin ECCHYMOSE, gr. J/x'i,«'-'«î. effusion d'hu-
coactus, comprimé. Voy. aussi les mots cacher meurs.
et catir. ECCLÉSIASTE, -IQUE, gr. £//)^««TT»i«,
ÉCAGNE, portion d'un écheveau, voj.cche- -I/O--, dérivé de è/xi/iîta, égli.se.
veau. ÉCERVELÉ, it. scervellato, évaporé, tête
ÉCAILLE, escaille', it. scaglia; d'origine chaude, pr. sans cervelle. Part, du vfr. escer-
germanique goth. scalja,
: tuile, ail. schalc, vêler, briser la cervelle.
écaille. Une autre forme du même mot est ÉCHAFAUD, vfr. escadafaut, escaffaiit,
écale. — D. écailler, verbe; écailler (subst.), BL. scadafaltum, scafaldus. Voy. catafalque.
vendeur d'huit res; écailleux. — D. échafauder, -âge.
1. ÉCALE, voy. l'art, préc. — D. écaler, ÉCHALAS, cscaras, pic. écarats, piém.
vfr.
écalot.^ scaras; selon quelques-uns de scala, échelle.
2. ÉCALE ou ESCALE, lieu de mouillage ;
Mieux vaut le BL. carratium, m. s., joint
variété de échelle, m. s.; l'un et l'autre repro- au préfixe es; quant à celui-ci, il reproduit le
duisent le lat. scala. gr. yà/szÇ, pieu, échalas. Dans une charte du
ÉCARBOUILLBR, pat. champ, écrabouiller, Beauvais de 1158, on trouve : « Virgas ad
écacher, broyer; d'un type L. cxcarbiculare, vineas su.stentandas que vulgo hescaraz ap-
réduire en cendres. A Bruxelles, j'entends pellantur. " —
D. échalasser.
nommer scrabouilles le résidu du charbon non ÉCHALIER, anc. escliallier, forme variée
entièrement consumé. Les verbes escarbiller de escalier. Le mot signifie d'abord une petite
(d'où escarbilles) et escarbouiller sont de sim- échelle pour passer au-dessus d'une haie,
ples variétés de notre mot. puis une clôture de branches d'arbre (ayant
ÉCARLATE, escarlate', prov. escarlai, it. la forme d'une échelle).
scarlatto, esp. escarlate, ail. scharlach, du ÉCHALOTE, altération de vfr. eschaloigne,
persan sakirlàt. — D. scarlatine (fièvre), escalone (patois divers escalogne), it. scalogno,
aussi écarlati)7e. esp. escalona, du L. csepa ascalonia, ciboule
ÉCARQUILLER, étymologie inconnue. Pour d'Ascalon, introduite en P^urope par les croi-
écartiller? Le fait d'une permutation entre k sés; ail. aschlauch, eschlauch, aussi (d'après
et dans des mots populaires ne serait pas
t le français), schalotte.
isolé nous rappelons la confusion faite entre
; ÉCHAMPIR, réchampir, t. de peinture, dé-
targuais et carquais (carquois), et fr. quinte rivé de champ ; pr. ftiire sortir du champ.
p. quinque. ÉCHANCRER, évider en forme de crois-
ÉCART, subst. verbal de écarter; voy. aussi sant de chancre =
écrevisse, d'après la
le mot suivant.
;

forme de ce crustacé. —
D. échancrure.
ÉCARTELER, anc. esquarleler, mettre en ÉCHANDOLE, du L. scandula (scandere). —
quatre quartiers ; forme dimin. de csquarter De la forme scindula (scindere), l'allemand a
= it. squartare; de quart, L. quartus. Es- tiré schindel, m. s.
quarter a laissé le subst. verbal écart (anc. ÉCHANGER, prov. escambiar, voy. chan-
esquart), terme de blason, quart d'un écu ger; cp. pour le préfixe, ail. aus-tauschen.
partagé en quatre parties. La chose échangée sort des mains de celui
, .

ÉCH 167 — ÉGH


qui la tenait le préfixe est donc parfaitement
; ÉCHARS, vfr. escars, ménager, chiche, it.
à sa place. Siibst. verbal échange. scarso, prov. escars, escas, esp. escaso, néerl.
ÉCHANSON, esp. escanciano, port, escan- schaars, angl. scarce. Du BL. excarpsus
çâo, BL. scancio, dérivés des verbes vfr. (aussi simplement scarpsus), participe de
eschancer, esp. esca7iciar, port, escançar. Du excarpere =
excerpere ; le sens du mot serait
vha. scencan ou plutôt scancjan, verser à ainsi « dont on a tout cueilli, qui en est réduit
boire, ail. mod. schenhen ; subst. scancjo, ail. à rien «. Donc, d'abord désignation d'une
mod. miind-sc/ienh, échanson. — D. échan- chose épuisée ou à peu près, transportée
sonner, -erie. ensuite à une personne mesquine dans ses
ÉCHANTIGNOLE = chantignole (v. c. m.). calculs ou ses dépenses. C'est là l'étymologie
proposée par Muratori et accueillie par Diez.
ÉCHANTILLON, Hainaut écantillon,^vo^v.
Dans Rathier de Vérone on trouve scardus
morceau, pièce, puis morceau de montre,
pour avare cela ressemble bien au fr, échars,
;
étalon de mesure, direct, de 'eschantil, subst.
mais le d ne s'accorde pas avec les formes pa-
verbal de 'eschanteler, 'eschantiller (angl.
mettre en pièces ; l'anc. langue disait
scantle),
rallèles indiquées ci- dessus. — Le mot échars
aussi eschantelot (angl. scantlet). Quant au
s'est aussi appliqué à une monnaie qui n'a pas
son titre légal, et se dit encore, en termes de
verbe eschanteler, il dérive du vfr. cant,
marine, d'un vent faible, peu prononcé.
chant, coin, bordure, morceau (voy. cantine,
canton). —
D. échantillonner.
ÉCHASSE, vfr. eschace, wall. écache, du
néerl. schaats, « grallœ, vulgo scacœ, gai.
ÉCHAPPER, it. scappare, esp., port., prov.
eschasses, it. zanche, hisp. cancos, angl.
escapar, wallon chaper, haper; dérivé du
skatches » (Kiliaen). Aujourd'hui les Italiens
mot roman cappa, manteau. Échapper, éty- disent trampoli, les Espagnols zancos. Angl.
mologiquement, c'est se glisser hors de sa
shate (= scatche) et néeii. schaets signifient
ciiape, se débarrasser du manteau, pour faci-
liter la fuite; cp. en gr. l/.!-ùzi^7.i, pr. se dés-
patin. —
D. échassier.
ÉCHAUBOULER, probablement de chaude
habiller, puis s'enfuir. En dial. champ, j'ai
= boule {boule =
bulle). Les dialectes disent
trouvé exuer (L. exuere) sortir, c'est une
analogie digne de remarque. On ne saurait,
encore chaudebouillure ou chaubouillure. —
D. échauboulure
sans faire violence aux règles, admettre dans
ÉCHAUDER, L, ex-caldare, it. scaldare,
it. scappare, fr. échapper, une altération de
it. scampare, se sauver, échapper, fr. escam-
prov. escauder, angl. scald, voy. chaud. —
D. échaudé, petit gâteau de pâte échaudée,
per (auj. décamper), et encore moins l'étymo- d'œufs, de beurre et de sel.
logie ex-captus. signifiant sorti de la capti-
ÉCHAUFFER, vfr. eschaufer, voy. chauf-
vité, posée par Roquefort. —
Le mot échever,
fer. —
D. échauffenient, -aison, -ure; cps.
employé par Montaigne pour fuir, est le vfr.
réchatiffer
eschever =
esquiver, et tout à fait indépen-
ÉCHAUPFOURÉE
dant de échapper. —
D, échappée, échappe-
rée) ; mot
(le peuple dit échaffou-
à expliquer. Littré cite non
difficile
ment, échappade ou escapade, échappatoire.
seulement deux passages de Rabelais où l'on
ÉCHARDE, voy. chardon. trouve le verbe chauffourer employé, paraît-
ÉCHARNER, voy. chair. il, dans le sens de salir, maculer,- et un de

ÉCHARPE, d'où it. sciarpa, ciarpa, esp. Montaigne, où on lit « l'idée de leur amen-
:

charpa, néerl. scaerpe, ail. schàrpe, angl. dement est chauffourée », mais il allègue
scarf. Dans la vieille langue escharpe, es- encore un passage de Brantôme qui offre le
cherpe, escerpe se disaient pour la poche sus- composé escafourer (« j'ai délibéré de n'esca-
pendue au cou du pèlerin. C'est de là qu'on fourer mon papier de si petites personnes »).
suppose que s'est déduite l'acception bande « Échauffourée, dit Littré, vient sans doute
d'étoffe l'accessoire aurait fini par emporter
; de ce verbe, mais chaufourer, d'où vient-il?
le sens. Quant à escharpe, poche, on le met Le verbe fourrer parait bien y être ; quant au
en rapport avec des mots germaniques ayant préfixe cha ou chau, on peut croire que c'est
la même valeur, tels que vha. scherbe, Bas-
: l'adjectif c/iaurf: fourrer dans le chaud, c'est-
Rhin schirpe, bas-ail. schrap, angl. scrip. à-dire dans le feu, de manière pourtant à
Nous doutons fort que le mot écharpe bande = s en retirer, à ne pas y périr ». Cette expli-
allongée, ceinture, soit tiré de écharpe, cation de chauffourer ne cadre guère avec les
poche ; le prov. escharpir et fr. écharper en exemples cités, et l'origine de notre sub-
indiquent suffisamment le sens primitif cou- : stantif doit s'expliquer autrement. Au fond,
pon d'étoffe. Quant à ces verbes, voy. l'art, il ne dit autre chose que « entreprise faite

suiv. dans un mouvement de colère, d'emportement,


ÉCHARPER, vfr. escharpir, entailler, puis de chaleur; pourquoi le séparerions- nous du
en pièces; dim. écharpillcr. Peut-être
tailler vfr. eschauffeUre, eschauffure (variantes de
du simple charpir, d'où charpie (v. c. m.) ;
eschauffaison), par l'intermédiaire d'un verbe
mais on peut aussi s'adresser, soit à l'ail. eschauffourer, mettre en chaleur? Froissart
scharf, angl. sharp (ags. scearp), tranchant, (Chron. IV, 273, éd. Luce, ms. de Rome) em-
d'où les langues germaniques ont tiré bon ploie eschaiifée au même sens que le mot qui
nombre de verbes signifiant tailler, soit au nous occupe. Restent toujours à éclaircir les
néerl. schrapen, angl. scrape, gratter, scal- verbes employés dans les passages cités ci-
per. dessus par Littré.
l'.CH 108 — ÉCH
ÉCHAUGUETTE, vfr. eschanjaite (d'où d'a- lon, degré, bâton d'échelle; verbe édifier.
bord puis cschaHtjuettc), signi-
esc/ia/ffiictte, Sont d'une origine plus modi-rnc et tirés soit
fiait en premier lieu une troupe qui fait senti- des langues du Midi, soit directement du
nelle, puis sentinelle isolée, puis guérite (pour latin escalier et escalade, it, scalata.
— D. échelonner,
:

cette filiation do sens, cp. corps de garde, ÉCHELON, voy. échelle.


d'abord troupe, j)uis le lieu où elle se tient). ranger en échelons.
Escarc/aite, BL
scaraguayta, reproduit fidèle- ÉCHEVEAU, anc. eschevet, dim. du vfr.
ment l'ail, schaarwacht, troupe-sentinelle eschief. ce dernier et la
La chose désignée par
(voy. guet). En wallon, l'on dit encore scar- définition que lui donne Nicot •» spira filacea,
iraiter pour être aux aguets. orbis filaceus " font préférer l'étymologio pro-
ÉCHAULER, cp. chauler, de chaux. posée par Dicz, savoir L. scapus, rouleau, à
ÉCHE. amorce, L. esca. celle de chevcl, cheveu =
L. capilhis. Le
ÉCHÉANCE, subst. tiré de échéant, part, même primitif scapus a donné échevette, petit
de escfieoir', échoir (v. c. m.). écheveau (= it. mod. sgavetta) et vfr. escha-
ÉCHEC fjeu plur. eschacs,
(ïéchecs), vfr. voir, dévidoir. Chevallct s'est mépris en met-
eschas, cschics; it. scacco, esp., port, xaque, tant ces mots sur la même ligne avec vfr.
prov. escac, ^h.scacciis, ail. schach. Les lin- cschagnc, escaigne (auj écagnc, angl. skain),
.

guistes hésitent encore entre deux étyrtiolo- qui signifient partie d'un écheveau », et qui
••

gies. Les uns (parmi eux Ducange et Diez) procèdent d'un primitif celtique.
voient dans ce mot le persan schach, roi, le ÉCHEVELÉ, voy. cheveu.
roi étant la pièce principale du jeu. En faveur ÉCHEVETTE, voy. écheveau.
de cette opinion on se fonde surtout sur ce que ÉCHEVIN, it. scabino, schiavino, esp. escla-
plusieurs des noms des figures du jeu, usuels vin, RL. scabinus. D'origine germanique : v.
dans l'anc. langue, ont incontestablement une saxon scepeno, vha. sceffeno, scheffcn, nha.
origine orientale (p. ex. fierce, la reine, aufin, schoffc. Tous ces vocables so rattachent au
le fou, roc, la tour). D'autres reconnaissent verbe schaffen (bas-ail. schapen), régler, soi-
dans le jeu d'échecs la traduction de l'ex- gner, administrer.
pression ludiis latruncutorum, en usage chez ÉCHIF, voy. esquiver.
les Grecs et les Romains et d'origine orientale. ÉCHIGNOIÎE, espèce de bobine ou fuseau
Les particularités qtie nous possédons sur ce qui sert à dévider ; nous tenons ce mot pour
jeu antique ne permettent aucun doute sur un dérivé do escaigne, indiqué sous écheveau
l'analogie qu'il pré.sente avec le jeu d'échecs. (cp. pour la voyelle, chignon do chaîne).
Il se peut donc que l'expression même
fort bien ÉCHINE (forme variée : esquine), it. schiena,
au moyen âge. Echec serait
se soit transmise esp., esquena, prov. esqueiia, esquina. L'éty-
donc un nom correspondant par sa valeur à mologio L. spina est rejetable aux yeux de
latninculus, voleur. Pour établir cette cor- Diez parce que d'un côté la mutation sp en se,
respondance, les partisans de l'étymolcgie sq ne so produit pas dans les idiomes néo-
dont nous parlons prennent eschac, jeu, pour latins do l'Ouest, et que, d'autre i):irt, l'i
identique avec le vfr. eschac, eschcc, prov. long de spina ne peut se convertir en e ou ie.
escac, RL. scacus, qui signifiait butin, prise, Toutes les formes romanes s'accordent parfai-
et qui vient du vha. scah, m. s., mha. schach tement, selon lui, avec le vha. shina, aiguille,
(d'où l'ail, schacher, larron), holl. schaak. V^n piquant (cp. le L. spina, qui signifie égale-
flamand schaehen signifie à la fois jouer aux ment à la fois épine et échine). D. échiner, —
échecs, et enlever, ravir, voler. Cachet, qui rompre l'échiné ; échinée, partie du dos d'un
incline pour cette dernière étymologie, fait cochon.
encore ressortir la circon.stance que le mot ÉCHIQUETÉ, divisé en carrés semblables à
persan schach, roi, ne servit pas à désigner ceux d'un échiquier; forme diminutivo de vfr.
en Eui'ope la ))ièce principale du jeu et que eschequié.
les trouvères donnent, au contraire, le nom ÉCHIQUIER, anc. eschequier, tableau pour
cchec à toutes les autres pièces, même en jouer aux échecs (v. c. m.), cp. en latin tabula
opposition avec le roi. Quant à l'expression latrunculaHa. La magistrature d'Angleterre
échec et mat (pour le sens, elle correspond aux et de Normandie, désignée par ce mot (BL.
termes latins aUigatus, ou incitus, ad incitas scax:arium), a-t-elle tiré son nom, comme
redactus), on ne saurait lui contester sa pro- le pensent Dicz et beaucoup d'autres, du pavé
venance orientale ; elle reproduit trop mani- en forme d'échiquier de la salle où elle tenait
festement la formule persane schach mat. ses séances, ou du bureau même autour du-
C'est d'elle que découle le sens figuré donné quel siégeaient les juges et sur lequel on met-
au subst. échec, savoir celui de mauvais coup tait un tapis quadrillé? Nous ne nous pro-
de fortune, défaite, et les locutions tenir en noncerons pas à cet égard. Gachet est d'avis,
échec, donner échec. —
D. échiquier (v. c. m.), ici encore, de remonter au primitif eschac,
échiqiœté (v. c. m.). butin ; maistredel eschehier, phrase employée
ÉCHELLE, vfr. eschele, du L. scala (p. dans le Livre des Rois avec le sens de « super
scad'la, de scander e). Dans le terme de ma- tributa prsepositus », aurait, selon lui, si-
rine faire échelle (aussi écale, escale), le mot gnifié d'abord préposé à la garde du butin,
échelle =
port de mouillage, se rapporte au puis receveur des tributs et des impôts. Au-
même primitif. L'échelle est essentielle pour jourd'hui on appelle encore en Angleterre ex-
relâcher dans un port. — D. échelette; éche- chequer l'admini-stration du trésor royal, la
. .

ÉGL i69 ECO


cour des finances les bons du trésor sont des
; ÉCLATER, prov. esclatar, it. schiattarc',
billets de Véchiquier. Clievellet déduit le mot, schiantare, se fendre, se rompre, se briser
dans sou sens financier, de l'allemand schatz par éclats et avec bruit; du vha. sleizan (ail.
(ags. sceat, goth. skatt), argent, trésor. C'est mod. schleissen, schlitzen), = ags. slitan
incontestablement une erreur. (aussi slaetan), angl. slit La correspondance
ÉCHO, L. écho, gr. rr/r'.i. —
D. écJioïque. de la diphthongue vha. ci avec la voyelle fr. a
ÉCHOIR, anc. escheoir, représente L. exca- est le fait d'une règlecouunune, et 5/ initial
dêre (p. excadëre), comme choir (v. c. m.) re- germanique est souvent romanisé par sel. —
présente cadcre; part. prés, échéant, d'où Le même mot exprimant un mouvement subit
subst. échéance. (propr, une rupture, une scissure) accompa-
ÉCHOME (p. échaumé), t. de marine, it. gné de bruit, et frappant la sensibilité audi-
scalmo, scarmo, du L. scalmus, tolet. tive, a été transporté, comme il arrive sou-

1. ÉCHOPPE, BL. scopa, petite boutique, vent, dans le domaine de la sensibilité visuelle.
bas-ail. schupp, nécrl. schop, nha. schoppen, Le même vocable signifiant frapper l'ouïe a servi
et schuppen, angl. shop. pour signifier frapper la vue. On dit donc,
2. ÉCHOPPE, espèce de burin, anc. escho- aussi bien de la lumière que du son, qu'elle
ple, altération du vfr. eschalpre, qui est le L. éclate. —
Nous sommes loin de contester l'éty-
scalprum, lancette, scalpel, esp. escoplo, port. mologie ci dessus établie i)Our éclater; elle est
escopro. — D. échopper, vfr. eschopler. conforme aux principes phonologiques. Ce-
ÉCHOUER; d'origine incertaine. Du L. sco- pendant, ne pourrait-on pas aussi bien ratta-
pus, primitif de scopidus, écueil? ou, comme cher es-clater, en tant que signifiant bruit, à la
propose Diez, du L. cautes, rocher? —
D. racine klat d'où le néerl. klateren strepere, =
échpucment; cps. déchouer et dés-échoiier fragorem edere? Le préfixe es serait le ex in-
ÉCLABOUSSER, modification de l'anc. tensif, ou bien même le ex marquant mouve-
forme esclaboter, encore usuelle dans les patois. ment du dedans au dehors. Les idées rupture
L'explication par « éclat de boue » (Ménage et bruit, du reste, sont corrélatives; logique-
et autres) n'est pas sérieuse il faut un thème
; ment il vaudrait mieux partir d'un verbe
esclab. Or, ce thème se trouve dans l'allemand marquant rupture (cp. L. fragor, d'abord bri-
schlabbern, lapper, baver, jeter de la bave, sure, puis son éclatant), mais la transition in-
souiller ; Gœthe a « bis ûber die ohren mit verse se rencontre aussi dans crepare, d'abord
hoth beschlabbert », couvert de boue jusque faire du bruit, puis crever. En picard, éclater
par-dessus les oreilles. — Littré est porté à s'est régulièrement modifié en éclayer, verbe
voir dans esclaboter une « transformation ir- qui exprime la disjonction des douves d'un
régulière de l'anc. verbe esclafer, signifiant tonneau par l'efi'et de la chaleur (cp., pour la
éclater et dont le radical claf ou clif se forme, dilalare, fr. dilayer). D. éclat de—
trojive sans doute dans clifoire " bois, de voix, de lumière; adj. éclatant.
ÉCLAIR, pr. lumière vive, subst. dérivé de ÉCLECTIQUE (d'où ecZeciii-me), gr. W^ati^o;,
éclairer, comme L, fulgur, fulmen, de ful- de s/),èy.tv, choisir.
gere ; cp. champ, himer, faire des éclairs, du se rompt, qui éclate, vfr. esclier,
ÉCLIÉ. qui
L. luminare ; ailleurs écloise de exliccere, briser, d'où aussi subst. verbal écli ; de l'ags.
angl. lifjhtening de light, vha. blig (auj. blitz)
de blikken, briller, étinceler.
= vha. sleizan
slitaii (voy. éclater).
ÉCLIPSE, L. eclipsis, du gr. UUiU;, pr.
ÉCLAIRCIR, forme inchoative (factitive) de manque, défaut. — D. éclijiser, faire dispa-
Va.dj. clair, cp. diir-cir, noir-cir, voy. accourcir.
ÉCLAIRER, it. schtarare,^= L. ex-clarare.
raître, mettre dans l'ombre, eflFacer. — Éclip-
— p. éclairage, -eur.
tique, gr. tAj-uTtrixô;.
ÉCLISSE, vfr. esclice, pic. éclèche, propr.
ÉCLANCHE, épaule de mouton (selon d'au-
morceau de bois plat, puis osier fendu, etc.,
tres définitions, gigot de mouton l'Acadé-
;
voy. clisse.
mie, depuis 1835, s'est prononcée pour
épaule). Chevallet, se fondant, je suppose, sur ÉCLOPÉ, voy. doper.
l'acception gigot, indique le vha. scinca, ail. ÉOLORE, esclorre' (part, éclos), prov. es-
mod. schinken, angl. shanh, jambe, jambon; claurc, du L. exclaudere', faire sortir. Le
il tient la lettre l pour euphonique. Génin verbe n'a plus aujourd'hui que le sens neutre.
consacre à notre mot plusieurs pages de ses La forme vraiment latine, ex-cludere, a donné
Récréations philologiques et s'attache à dé- exclure ; le niême rapport existe entre enclore
montrer qu'il désigne la partie gauche, ce qui et inclure. — D. éclosion.
revient à dire la partieantérieure, donc ÉCLUSE, esp. esclitsa, néerl. sluis, ail.

l'épaule, de l'animal et qu'il représente l'anc. schleuse, du BL. exclusa, sclusa, subst. de
adj. fém. esclenche = gauche. Ce dernier, excludere (part, exclusus), défendre l'entrée.
dont Génin ne donne pas l'étymologie, est le Donc litt. =
retenue d'eau. D. éciuser, —
néerl. slinh (ail. link), gauche. On a pensé éclusier, éclusée.
aussi au vha. hlanca, flanc, mais ce primitif ÉOOBUER, terme d'agriculture; la pre-
est contraire à la lettre. —
Baist, alléguant mière opération de l'écobuage, c'est enlever
l'it. lacchettaetïe?,^. carnero (dérivé de crena), d'un terrain couvert d'herbes des parties de
qui traduisent le fr. éclanche, pose pour plusieurs pouces d'épaisseur, à l'aide d'un
étymon le fr. cran, entaille (par un verbe es- outil appelé écobue. D'où vient ce mot? Y a-t-il
cranchcr, d'où esclancher). communauté radicale entre écobue et écope?
.

ECO — d70 — ECO

ÉOŒURER, faire perdre le cœur (le goût), harnôffel; 2. rouer de coups. Hildebrand, en
dégoûter. traitant le mot allemand, cite le verbe angl.
ÈCOFRAI, ÉCOFROI, établi d'ouvrier, vfr. cani/le, employé dans le Devonshire pour
aussi escofl'raie,-froir ; doit être une alté- flatter. — L'étymologie de Ménage mérite
ration du flamand schap-raede (Kiliaen : bien une mention pour sa singularité. Les
promptarium, repositorium), auj. schnpraey. Grecs ayant nommé les parasites des ràpx^.tu
— Le mot se trouvant avec le sens de bou- c'est-à-dire des corbeaux, il veut qu'^corni-
tique où l'on vend du cuir, Littré estime qu'il fler vienne de ex-corniculare (rad. cornix,
tient ail german. schuh, soulier; c'est bien corneille). C'est pousser un peu loin l'esprit
difficile à admettre. d'analogie. —
D. écornifleur, -erie.
ÉCOINÇON, terme d'architecture, dérivé de ÉCOSSER, voy. cosse.
coin\ cp. arçon àe arc, rcusson do cet'.. Le 1. ÉCOT, escot', it. scotto, esp., port, es-
j)réfixc es, é n'a pas plus de valeur que dans cote,prov. escot, BL. Iscotam, contribution,
échantignole, écru etc. , taxe, cens. C'est le même mot que le v. fri-
ÉCOLE, L. schoJa. —
D. écolier, L. scho- son shot, angl. scot, shot, gaél. sgot, ail.
euphonique,
laris; écolâtre, L. scholasticus (r schoss, qui tous ont la signification impôt,
cp. r^istre de rusticus)\ écoler, enseigner, contribution. Tous ces mots se rapportent à
d'où écolage. la racine germanique shùt (ail. mod. schies-
ÉCONDIIIRE, litt. conduire hors, éloigner; sen), dont l'idée radicale est « sortir, faire
de bonne heure le mot, quant à sa valeur, sortir Cp. l'ail, zxi-schuss, contribution,
»».

s'est confondu avec l'anc. verbe es-condire écot supplémentaire.


(type lat. ex-condicere), refuser, débouter. 2. ÉCOT, tronc d'arbre mal dépouillé de
ECONOME, L. œconomus, du gr. ol/.ovojxoi, ses menues branches, du vha. scuz, nha.
qui gouverne le ménage. D. économie, — schoss, angl. shoot, pousse, branche. Mot
iquc, -iste ; économiser. congt'nère avec le j)récédent.
ÉCOPE, aussi escope, escoupe; d'origine éCOUER, escoer', couper la queue (vfr.
germanique : néerl. shop, ail. schuppe, angl. coue).
seonp, m. s. ÉCOUFLE, sorte de milan. DIez pense que,
ÉCOPERCHE ou escoperche, t. d'arts et puisque les oiseaux de proie ont donné le
métiers; d'après Littré, de escot (morceau de nom à différents engins de guerre, il se pour-
bois) -f- perche. L'anc. langue présente les rait bien aussi qu'une arme de guerre ait
formes escoberge, escorberge, escoiiberge au prêté le sien à un oiseau de proie il propose ;

sens de « petite perche de bois scié >». donc, dans notre cas, l'ail, schupfer, nom
ÉCORCE, prov. escorsa, it. scorsa. On peut d'une ancienne arme à projectiles, qui répond
faire venir ces mots soit de la forme adjecti- parfaitement à escofle, écott/Ie. Pour r changé
vale L. scortca, de cuir (cuir et écorce ont en /, cp. crible de cribrum, temple (tempe)
souvent la même appellation), soit du L. cor- de tempora, eschople' de scalprutn. Le breton
tex, corticis, avec 5 prépositif, représentant shoul, m. s., allégué par Chevallet, répugne
un préfixe ex, ajouté sous l'influence d'un à l;i lettre du mot français.
verbe ex-corticare, écorcer. J'incline pour la ÉCOULER, composé de couler, litt. = ex-
dernière dérivation. —
D. direct du fr. colare, logiquement = effliœre, ail. aus-flieS'
écorce verbe écorcer.
-. —
De cortex, par l'in- sen.
termédiaire de l'adj. corticeus, dérivent les ÉCOURGEON, voy. escourgeon.
formes it. corteccia, esp. corteza, port, cor- ÉCOURTER, it. scurtare, L. ex-curtare', =
tiça, signifiant également écorce
puis les ; voy. court.
verbes it. scorticare, prov. escorgar (n. prov. 1 ÉCOUTE, lieu où l'on écoute.
escourtega), esp., port, escorchar, t'r. écor- 2. ÉCOUTE, it. terme de
scotta, esp. escota,
CHER. qui tous répondent au L. excorticare. marine, espèce de cordage, du suéd. skot,
La forme française, surtout en présence des néerl. schoot, ail. schote, m. s.
mots similaires des autres langues, ne peut se ÉCOUTER, anc. escouter, escolter, ascouter,
déduire de excoriare; ce dernier a donné it. ascoltare, scoUare, prov. escoutar, du L.

escourger (v. c. m.) ou écourger. auscultare, gâté en ascultare. Les médecins


ÉCORCHER, voy. écorce. ont tiré du même verbe latin le terme savant
ÉCORE, et par altération accore, terme de ausculter. — D. écoute, 1. action d'écouter;
marine, lieu abrupt sur la cAte, représente 2. lieu où l'on écoute, petite loge.
l'ags. score, angl. shore, rive, propr. le lieu ÉCOUTILLE, esp. escotilla, angl. scuttle;
où la terre est coupée, cp. néerl. schorre, pr. Wedgwood rapporte le mot à l'esp. escotar,
ruptura, scissura. Pour le sens d'étai, cp. angl. couper en forme de croissant, échancrer (le-
shore, néerl. schoore, appui, étai. quel verbe dérive, d'après Diez, du goth,
ÉCORNIFLER, » écorner les dîners, pren- shaut, vha. scoz, ail. schoss, flexion, giron,
dre une corne, un morceau à quelque bonne sein); Mahn le dérive de écoute, lieu où l'on
table d'autrui » ; dérivé de fantaisie de écor- écoute, à cause de la communication que les
ner (on trouve aussi escornichèr, escorni- écoutilles sont destinées à établir entre deux
zer). Il est difficile de démontrer une con- étages d'un vaisseau. Littré dit ({u'escoutille
nexité avec le mot ail. karniffel, harnôffel, a signifié le panneau qui recouvre l'ouver-
qui signifie à la fois une hernie, et un célèbre ture; si c'est bien là le premier sens, on
jeu de cartes; verbe harnôffeln, 1. jouer au serait tenté d'indiquer le néerl. schutten.
ËCR — 174 — ECU
fermer, obstruer, angl. slait, subst. néerl. ags. skrubb,
scraef, scraefe, scrute, suéd.
schut, ail. schuts, protection. D. écoiitil- — cavité, ne saurait être méconnue). L'angl.
lon. screw, vis, parait venir du français. Dans cette
ÉCOUVETTE, petit hâ\a.\;écouvillon, linge langue ou distingue femaJe screw == écrou
ou peau à nettoyer; diminutifs du vfr. es- (cp. ail. schraubenmutterjetmaJescreio^=vis.
couve, vcrgette, balai, prov. escoba, qui est 2. ÉCROU,
article du registre des prisons
le L. scopa, menue branche, ramille; dans la indiquant jour, la cause, etc.. d'un empri-
le
Vulg. = balai. sonnement, d'où e'c7'ouer, inscrire au registre
ÉGRAIG-NE, aussi ecraine, escrenne, anc. de la prison. Les exemples cités par Littré
hutte recouverte de paille et de gazon, dans et Godefrov démontrent que le sens originel
laquelle les femmes allaient passer la veillée à'écrou (vfr. escroe, escroue) ôta.it lambeau, ban-
pendant l'hiver. De l'ail, schranne (vha. delette, d'où cédule, liste. L'origine reste dou
scranna), clôture de treillis, hutte, chau- teuse; l'angl. scroll, rôle, liste, ne peut servir
mière. On a aussi proposé une origine du L. d'étymologie au vfr. escroue; bien au con-
scriniwn, coffre (d'où fr. écrin et ail. schrein), traire, Wedgwood est d'avis qu'il est altéré
dont le sens est voisin de celui de hutte. d'une ancienne forme escroto, qui reproduit
ÉCRAN, escran, escren, escranne', selon le mot français; pour ce dernier, l'étymolo-
les uns du vha. scranna, mentionné sous giste anglais cite le nord, skra, suéd. shrâ,
l'art, préc, selon les autres de l'ail, schragen, petit écrit. Pour ma part, je pense qnescroice
tréteau à pieds croisés (cp. fïan de l'ail. est identique avec le flamand schroode,
fladen). Pour admettre l'étymologie de M. de schroye, que Kiliaen définit par « segmen,
Chevallet, savoir le vha. scerm, abri, ail. pars abscissa, pagella, segmen chartaceum,
mod. schirm, il faut supposer les transforma- sceda ", et qui est le subst. du verbe schroo-
tions suivantes scerm, screm, scren, scran,
: den, truncare, resecare. —
Mon ancienne
écran. L'angl. screen paraît tiré du mot conjecture, d'après laquelle e'crouer serait le
français sous l'influence de scrhiùtm, écrin. L. scrutari. examiner, doit naturellement
Wedgwood cite le bohème chranili, schraniti, être jetée par-dessus bord.
garder, protéger. ÉCROUELLES, du L. scrobella, dim. de
ÉCRANCHER, effacer les faux plis d'une scrobs (donc pr. fossettes allusion aux rava-
;

étoffe; dérivé de cran, pf.r un type excreni- ges que font les écrouelles sur la peau), ou
care; une forme variée est éclancher. du L. scrofella, p. scrofuîa. La dernière ori-
ECRASER, mot d'origine germanique : gine, quoique approuvée par Diez, me semble
nord, krassa, triturer, suéd. krasa, écraser, moins bonne, vu la grande rareté de la syn-
angl. crash etcrush. cope de Yf. Cette syncope se produit, à la
ÉCREVISSE, escrevisse, d'un thème ren- vérité,dans Estienne et antienne, mais dans
forcé scrab p. crab; cp. vha. chrepaz (ail. d'autres conditions ; c'est là plutôt une assimi-
mod. hrebs)\ en wallon du Hainaut, on dit, lation qu'une syncope. On n'oseraitdonc trop
graviche, à Namur, gravase; le vfr. disait se reposer sur ces exemples.
aussi crevice. — Pour le groupe initial scr p. ÉCROUER, voy. éerou, 2.
cr ou gr, cp. en angl. grabble, griffonner (= ÉOROUES, plur., autrefois les états ou rôles
ail. krabbeln) et scrabble, m. s. Voy. aussi de la dépense de la bouche pour la maison du
l'art, écru. roi; c'est le même mot, à la forme féminine,
ÉCRIER (S'), voy. o-ier. — Pour le préfixe, qu'écrou 2.
cp. L. ex-clamare, ail. aus-rufen. ÉCROUIR, battre à froid un métal pour le
ÉGRILLE, prob. une mauvaise prononcia- rendre plus dense; étymologie inconnue.
tion p. égrille (le mot dit la même chose que ÉCROULER, voT. crouler.
égrilloir)\ j'y vois un subst. verbal d'un verbe ÉCRU, escru, qui n'a pas été passé à l'eau
es-griller, retenir par une grille. bouillante; soie écrue =
soie naturelle. En
ÉCRIN, it. scrigno, angl. shrine, ail. présence du L. crudum scorium, cuir non
schrein, du L. scrinium, pr. meuble pour tanné, crudum linum, lin écru, et du verbe
conserver des objets. De l'ail, schrein, caisse, fr. décruer la soie, on ne saurait se refuser à
armoire, vient ail. schreiner, menuisier, si- l'étymologie crudus. Ecru est tout bonnement
gnification qu'avait également le vfr. escrimer une variété de cru; dans la langue des ouvriers,
(rouchi ecrenier). on trouve de nombreux exemples de cet es
ÉCRIRE, escrire*, L. scribere, scriVre. — prépositif, ne répondant à aucune modifica-
D. écrit, L. scriptum, dim. écriteau, vfr. tion de sens, et basé, soit sur l'euphonie, soit
escriptel, BL. scriptellum; écritoire, L. scrip- sur une fausse assimilation au préfixe es ou
torium; écriture, L. scriptura; écrivain, BL. é. Ainsi les couvreurs disent échenal pour
scribanus, p. scriba; écrivailler, -eur, -erie; chenal; ainsi l'on dit encore indifféremment
écrivassier ; écriveur; écriveux (M™® de Sévi- chantignole et échantignole.
gné). ,
ÉCRUES, bois qui ont crû spontanément;
1. ECROU, anc. écroue, trou pour faire forme participiale du vfr. escroistre == L. ex-
passer une vis. On rapporte généralement ce crescere.
mot à l'ail, schrube, schraube, vis, mais Diez ECU, bouclier, puis monnaie, ainsi
escut",
est d'avis que ce primitif aurait déterminé nommée parce qu'elle était chargée de l'écu
une forme fr. écrue ou écru; il préfère L. du souverain, it. scudo, du L. scutum. D. —
scrobis, fosse, cavité (dont la connexité avec prov. escudier, it. scudiere, BL, scutarius, fr.
.

ÉDI — 172 — EFF

escuyer', écuykr, d'abord gentilhomme por- ces termes est également propre à l'analogue
tant Vécu d'un chevalier, puis oflRcier de cour all(Miiand erbaucn.
en général, particulièrement celui chargé des ÉDILE. L. œdilis (de œdcs, édifice). — D.
écuries, enfin expert dans l'art de l'équitation, édilitc', auj. = magistrature municipale.
dresseur de chevaux. Du fr. escuyer l'anglais ÉDIT, L edictum, proclamation.
a fait esquive et sqvire. Le mot écusson— ÉDITER, d'un type L. editare, fréqu. de
(v. c. m.) répond à un type latin scutio (cp. edere, publier, dont le supin a donné : éditer,
L. arcus, arcio, =
fr. arc, arçon). Vient en- fr. éditeur, editio, fr. édition, in-editus, fr.

core ôîécu : le vieux terme écuage= BL. scu- inédit.


tagium. ÉDREDON (en angl. edderdown), de l'ail.
ÉCUBIER, aussi écuban (Littré cite encore eiderdaun, composé de daun, nord, dun,
les formes cquibien, escouvan et escouvé)\ duvet, et de eider, nord, cdder, oie du nord;
d'origine inconnue. Le mot est sans doute donc litt. => duvet d'oie.
connexe avec l'angl. scuppers, trou par où ÉDUCATION, L. educatio, du verbe educare
l'eau se décharge. (fr. éduquer, mot dédaigné pour je ne sais

quelle raison).
ÉCUEIL, prov. escuelh, it. scogUo, esp.
escoUo, du L. scopulus (ï/67rî)oi). ÉDULCORÉR, voy. doux; cp. L. edulcare.
ECUELLE, escuelle', escudela,prov. it.
EFFACER, prov. esfassar, propr. enlever
scodella, du L. scutella, dimin. de scutra. — l'empreinte, la figure, la marque de qqch.,
puis en général faire disparaître. Du L.
Jadis on prononçait cs-cu-ellc.
faciès, figure, face.
ÉCULER, voy. cul.
EFFANER, ôter les fanes (v. c. m.).
ÉCUME, it. schiuma, aussi scuma, sgiima,
EFFARER, prov. esferar, du L. cfferare
esp., port., escuma, du vha. scûm,
prov.
(férus), rendre sauvage; sauvage pris dans le
nord, shùm, gaél. sgûm, m. s. L'étymol. L.
sens de timide, troublé, épouvanté. D'iui dérivé
spuma est aussi insoutenable que celle de
spina attribuée à échine. D. écumer; le — de férus, L. ferox =
fr. farouche, vient le
verbe analogue efj'aroucher.
sens figuré de ce verbe « prendre çà et là,
:
EFFAROUCHER, voy. efjarer.
butiner ••, a donné lieu au terme écumer les
EFFECTIF, L. <?/ffcfjci«(efficere), pratique,
mers (d'où écumeur de tners, pirate). qui entre en action, d'oii l'acception réel, :

ECURER, escurer", it. sgurare, esp. escu- po.sitif ; cp. en ail. wirhïich, m. s., do toirhen,
rar, du type latin excurare; donc un renfor- agir, et fr. actuel, de agere, agir.
cement de curer, soigner, tenir propre. On EFFECTUER, dér. du subst. lat. effectua
pourrait ramener aussi le mot aux verbes (efticerc),exécution, qui est le primitif du fr.
germaniques ail. scheuern, néerl. schuren, effet. Cp. pour la formation, graduer de gra-
angl. scour, mais Diez tient plutôt ces der- dus, habituer de habitus.
niers pour empruntés au latin. D. récurer. — EFFÉMINER. L effeminare (femina).
ECUREUIL, escureuil', prov. escurol, angl. EFFERVESCENT, L. effervescens. — D.
squii'rel, du BlL. scuriolus, altéré du L. sciu- effervescence.
rulus, dim. de scim-us {r/ioxjr.o:) L'it. scojat- EFFET, L. effectua (efficere); signifie : 1
tolo accuse de mémo un primitif latin scurius exécution, « mettre à effet ", 2. résultat de
p. sciurus. l'action. Le français y a ajouté l'acception :

ECURIE, cscurie', escuyrie", prov. escuria, valeur effective, chose mobilière.


escura, du vha. scûra, shiura, BL. scuria EFFICACE, 1. adj., L. efficax, 2. subst., L.
(Loi salique) =
stabulum (ail. mod. scheuei-, effiracia = clficacitas (fr. efficacité).
grange). — Littré pense, avec raison, que la EFFICIENT, L. effidens, agissant.
forme en rie du mot français escurie (qui n'est EFFIGIE, L. effigies (fingere), image. D. —
pas très ancien) s'est produite sous l'influence effîgier, exécuter en effigie. Au xvii" siècle
à'escuyer; il se fonde surtout sur l'it. scu- encore, ce verbe équivalait à L. effigiare,
deria, écurie, qui évidemment vient de scu- faire le portrait, et il se pourrait bien que
diere, écuyer. effigie (si ce n'est pas un mot .savant, car lat.
ECUSSON (d'où l'angl. scutcheon), voy. écu; effigies réclame effige) fût le subst. particii)ial
sign. 1. écu d'armoiries,en horticulture,2. do ce verbe effîgier.
petit morceau d'écorce d'arbre, taillé en écus- EFFILER, prov. esfilar, 1 . ôter les fils, 2.
son et portant un œil ou bouton, que l'on v. réfl. s'allonger en forme de fil;de là effilé,
enlève pour l'appliquer ou l'enter sur le bois mince, étroit.
d'un arbre ; de là le verbe écussonner = gref- EFFILOCHER, -OQUER, voy. filoche.
fer., EFFLANQUER, étirer les fiantes, les affai-
ÉCUYER. voy. écu. D. e'cuyère.— blir, rendre maigre.
ÉDEN, mot hébraïque (signifiant pr. délice), EFFLEURER, 1. ôter la fleur; 2. ne faire
nom du lieu de séjour des premiers hommes, qu'enlever la superficie de qqch,, toucher lé-
paradis terrestre, aiij. employé au fig. pour gèrement, raser, passer tout près, de fleur,
lieu plein de charmes. — D. édénien. niveau. —
Au L. efflorescere, être en fleur,
ÉDIFICE, vfr. edefce, du L. œdificium. ressortissent le verbe effleurir, terme de chi-
ÉDIFIER, vfr. cdefier, du L. œdificare (= mie, puis efflorescent et efflorescence (enduit
sedem facere), d'où iedificator, -atio, fr. édi- pulvérulent).
ficateur, -ation. Le sens figuré, religieux, de EFFLUENT,-ENCE, du L. effluere, s'écouler.

EGA 173 — ËIIO

EFFLUVE, L. cffluvium, écoulement. ÉGARER, esgarer', perdre de vue, mal sur-


EFFONDRER, prov. esfondrar et esfondar, veiller, mal guider, fourvoyer, composé de
défoncer un terrain, puis briser le fond. Du garer (v. c. m.); adj. égaré, perdu, éperdu;
subst. fond. La forme effondrer ne parait pas subst. égarement.
reposer sur une intercalation euphonique d'un ÉGAYER, factitif de gai.
r, mais sur une correspondance avec la forme ÉGIDE, bouclier, gr. aty£,- -iôo,-,

diminutive it. sfondolare. —


D. effondrilles ÉGLANTIER, ÉGLANTINB, dérivés du vfr.
= ce qui reste au fond. aiglent, prov. aguilen, fruit du rosier sau-
EFFORCER, vfr. esforœr, it. sforsare, esp. vage. Diez explique ce dernier par aiguille,
esforzar, composition intensive de forcer'^ prov. agiiilha, muni du suffixe ent. D'après
anciennement, avec sens neutre =
gagner de d'autres, aiglent serait le gr. â/.av&î; (litt. =
la force. — D. subst. verbal auc. esfors, auj. fleur épineuse), avec insertion de l; cela n'est
effort; cp. renfort de renforcer. pas impossible.
EFFORT, voy. efforcer. ÉGLISE, prov. gleiza, glieyza, esp. iglesia,
EFFRACTION, L. effractio (de effringere, it.chiesa, du gr. £/./.)./)«'«, dont le premier
supin effractum). sens est assemblée.
EFFRAIE, nom d'une espèce du genre ÉGLOGUE. L. ecloga, du gr. kAUyri, propr.
chouette, du verbe effrayer:, c'est l'oiseau de choix, recueil, puis, au plur., poésies fugi-
mauvais augure, qui cause de l'effroi. Cet tives
oiseau s'appelle aussi fresaie (v. c. m.). EGO, pronom latin, ^^^ je (alter ego, autre
EFFRAYER. Voici la véritable histoire de moi-même). — D. égoïsme, le culte du moi
ce mot, pour la première fois établie par G. (l'angl. dit egotism)\ égoïste, -ïsiique, égoïser.
Paris (Rom. VII, 121). Le type est exfridate, ÉGORGER, couper la. go7-ge (v. c. m.), puis
litt. mettre hors paix (vha. fridu, ail. mod. en général
tuer ; cp. en latin jugularc, de
friedé), d'où prov. esfredar, esfreiar fr.
, jugulum, gorge.
esfreer, esfraer (dans les formes verbales toni- ÉGOSILLER, du vfr. gueuse = gosier, 1.=
ques esfroui, esfrAiE), enfin effroyer (d"où le égorger, 2. réfl. =
se faire mal à la gorge à
subst. effroi), effrayer. Voy. pour plus de dé- force de crier. Cp. dégoiser et gosier.
tails Fœrster, Ztschr. VI, 109, et Rom. X, 443; ÉGOUT, subst. verbal de égoutter. D. —
ib. XI, 444. égouiier.
EFFRÉNÉ, L. effrenatus, sans frein [fre- ÉGOUTTER, faire écouler goutte à goutte ;

nuni). Lopposé enfrené se trouve déjà dans cp.^L. exstillare, do D.égout.


still a, goutte.
les Lois de Guillaume. —D. effrènement. ÉGRATIGNER, vfr. sans mouillure esgra-
1. EFFRITER une terre, l'épuiser, la rendre tiner, forme dimin. de esgrater. Rabelais dit
stérile, autrefois effruiter, donc un dér. de esgrafignar, dont le radical est graf, lequel
fruit; cp. prov. csfruguar, m. s., du L. fruges, rappelle graphiiim, poinçon, pi'imitif de
fruits. greffe. Nous mentionnerons ici encore, comme
2. EFFRITER(S'), s'en aller en poussière, issu du même graf ai comme tout à fait ana-
s'user,d'un type e/7'ncto?*e, fréqu. de effricare, logue au fr. égratigner, l'it. sgraffiare, 1 faire .

enlever en frottant. des hachures (terme de gravure), d'où l'ail.


EFFROI, EFFROYABLE, dériv. de effrayer. schraffiren, 2. égratigner. La même langue
EFFRONTÉ, prov. csfrontat, it. sfrontato, dit aussi sgraffinare pour voler, dérober, cp.
dérivation participiale de l'adj. L. ef-frons notre gripper.
(Vopiscus), m. s. (litt. =
le front en avant, le ÉGREFIN, aussi églefm, nom d'un poisson ;
front levé). Littré définit le mot par « qui a variété orthographique de aigrufni (v. c. m.).
du front et l'explique cependant étymologi-
>» ÉGRENER, p. égrainer, voy. grain.
quement par « sans front n; cela ne s'accorde ÉGRILLARD, 1 . vif, gaillard. 2. fin, adroit.
guère. — D. effronterie. Selon Roquefort = esguiJlard* , de aculeus,
EFFUSION, L. effasio {àeeffusum, supin de aiguillon, donc pour ainsi dire un boute-en-
effundere, répandre). train. Nous sommes loin de souscrire à cette
ÉFOURCEAU, espèce de chariot; peut-être, étymologie, mais nous n'en avons pas d'autre
comme fourgon, un
dérivé de furca, fourche. à y substituer. Celle de Littré, « qui sort des
ÉGAILLER, esgaiUer, éparpiller, éten-
vfr. grilles, c.-à-d. dos bornes », ne nous sourit
dre (Littré, Suppl.). Répond, selon Jorct, au pas non plus. Le dialecte bourguignon a
prov. mod. cigalhar, diniin. de eigar, arran- s'égrailli, se divertir.
ger, préparer, qui est =
eisgar =
exfe)quare ÉGRDjLOIR, voy. écrille.
= exœquare (Rom. VIII, 440). Cette étymo- ÉGRISER diamant, d'où égrisée, poudre
le

logie est contestée par Suchier (Ztschr. III, de diamant, qui sert à polir ce corps; d'ori-
611); la forme s'y refuse aussi bien que le gine incertaine ; de l'ail, qries, gravier,
sens. poudre grossière ? ou de la couleur grise, le
EGAL, L. œqualis. — D. égalité, L. eequa- diamant perdant sa couleur foncée par le
litas (d'où le néol. égalitaire); égaler (dans les frottement?
arts et métiers aussi égalir), égaliser. ÉGRUGER. voy. gruger.
ÉGARD, esgard', attention, respect, subst. ÉGUEULER, de gueule, 1. ôter le goulot
verbal du vieux verbe fr. esgarder, it. sguar- (v. c.m.); 2. v. réfl., se faire mal à la gueule
dare, considérer, examiner, composé de gar- à force de crier, cp. s'égosiller.
der; cp. respect, de respicere, regarder. EHONTÉ, vfr. cshonté, qui est sans honte.
ÉLE 174 — ÉLO

BJOUIR (S'), esjouïr, prov. esgausir, com- ÉLÉGANT, L. elegans, litt. choisi, exquis
posé die jouir. — D. réjouir. (de eligere); élégance, L. elegantia.

ÉLABORER, L. e-laborare. ÉLÉGIE, L. elegia {i).v/six). — D. élégiaque,


gr. £/;/tia/.Oi.
ÉLAGUER, Berry alayer. Selon Ménage,
d'un L. e-lucare; malgré l'existence du L. col-
ÉLÉGIR, aussi allégir (vfr. eslegier, allé-

lucare, m. s., il est impossible d'approuver


ger), en technologie, = amincir; formé do

cette étymologie. Frisch propose ab-laqueare,


levis,comme alléger (v. c. m.).

déchausser un arbre. Diez rejette ce primitif, ÉLÉMENT, L. elementum; adj. élémen-


taire, L. elementarius.
qui aurait fait élacer, selon lui ; il serait plu-
tôt disposé à admettre ce même verbe sous la
ÉLÉPHANT, L. elephantus (aiva^).

forme ablaquare; toutefois, il rattache de pré- ÉLÈVE, 1. fém., action d't'/euer, 2. masc.

férence élaguer au vha. lah =


incisio arbo- et fém. celui ou celle qu'on
du L.
élève.

rum (étymologie proposée aussi par Grand- ÉLEVER, eslevcr', e-levare, soulever,

gagnage), ou uu v. flam. lahen, dfcterere, at-


dresser. Pour le sens « nourrir, éduquer »,
cp. le terme e-ducare {e-duccre) et l'ail, auf- ou
tenuare.
ELAN, subst. verbal de élancer.
erzielien. — D. élève (v. c. m.), élevage, éle-
1.

2. ÉLAN, animal, du vha. elaho, accus.


veur, élévation, élevé haut. =
ÉLIDER (mot de facture savante), de L. e-li-
élahon (contracté en élan), ail. mod. elen-
de7-e (faire sortir, éliminer en blessant l'orga-
thier.
nisme), d'où L. clisio, fr. élision.
ÉLANCER, jeter en l'air, composé de lan-
ÉLIGIBLE, L. eligitilis [eligere), d'où éli-
cer; pour le préfixe, cp. L. cf-ferre, et fr.
é-lever. — D. élan, p. élans; adj. élancé.
gibilité.
ELIMER, user en limant ou frottant, L. eli-
ÉLARGIR, eslargir', factitif de large. Lo
mare. L'idée d'usure n'est propre qu'au mot
préfixe ex, en français, a quelquefois le sens français, mais conforme à la nature du pré-
factitif, comme ad, p. ex. dans égayei' ; toute-
fixe. Cependant l'on trouve dans Cœlius Au-
fois, ici mouvement du dedans au dehors
le
relius climatus avec lo sens fig. d'affaibli,
n'est pasà méconnaître. Notez une acception énervé.
particulière d'élargir relâcher, mettre hors
:
ÉLIMINER, L. eliminare, litt. mettre hors
de prison. Je me suis demandé, s'il y avait là du seuil (limen).
une imitation du L. ampliare (do amplus, ÉLINGUE, aucienn. eslingue, fronde sans
large), différer l'afTaire judiciaire de qqu., ou
bourse, it. slinga, esp. eslingua, port, es-
quelque souvenir du L. largiri, donner par linga, du vha. slinga, fronde. Le même mot
libéralité, par ex. libertatem largiri populo
élingue, comme terme de marine, signifie un
(Bossuet emploie en effet eslargir dans le sens
cordage à nœud coulant (= ail. schlinge). —
du L. largiri.) Mes doutes se sont dissipés D. clinguer.
quand j'ai lu dans le Roman de la Charrette ÉLIRE, part, élu, du L. eligere, m. s., dont
de Chrétien de Troies, à propos de Lancelot,
le part. fém. electa a donné le français élite,
délivré de prison « Or est au large et à
:
1. choix, 2. troupe choisie.
l'essor. »
ÉLISION, voy. élider.
ÉLASTIQUE, gr. tlscani'.o; (de aàw, «laûvw, ÉLITE, voy. élire.
pousser), qui a du ressort, de la force propul- ÉLIXIR, esp., angl
sive. — D. élasticité.
xivc. D'après Adelung
,

ot autres,
ail. elixir, it. eli-
du L. elixus,
ELBBUP, espèce de drap fabriqué à JfcVtcM/'
cuit, bouilli (dér. de lix, lessive). L'origino
(Normandie). arabe, supposée déjà par Ménage et les au-
ELDORADO, mot espagnol el dorado, litt. :
teurs du dictionnaire de l'Académie d'Es-
doré nom d'un prétendu pays d'une
le (pays) ;
pagne en 1732, est aujourd'hui hors de doute.
richesse fabuleuse, découvert lors de l'expé- Le mot représente un composé de l'art, al et
dition do Pizarre dans l'Amérique méridio- du subst. iksir == quintessence, pierre philo-
nale. Beaucoup d'aventuriers ont en vain, de- sophale, lequel est issu du verbe kasara,
puis lo xvi" siècle, cherché à constater cette rompre. La pierre philosophale devait, comme
découverte. En attendant, le nom a été donné on sait, servir également de remède universel.
à une province de la Californie, et même à ELLE, pronom personnel fém., =^ L. illa.
une petite ville de l'Arkansas. ELLÉBORE, L. elleborus {illiZopoi).
ÉLECTEUR, L. elector (de eligei-e, élire), ELLIPSE, grec i\).ivUi, pr. omission;
d'où électoral, éleclorat; élection, L. electio; illuizxiMi, fr. elliptique.
électif, néol. =
qui est établi ou qui s'obtient ELME (SAINT-), p. saint Erasme (protec-
par voie d'élection. teur des marins), Erasme a été corrompu
ELECTRE (peu usité), L. electrum, succin d'abord en Erme, d'où Elme.
ou ambre jaune, gr. T,lzArpo-j. — D. électri- ÉLOCHER, eslocher', secouer, ébranler;
que, -icien, -icité, -iser. ne peut venir du type ex-locare, qui, selon les
ÉLECTUAIRE, anc. letluaire, it. lottovaro, règles, donnerait eslouer; c'est un composé
lattuaro, esp. electuario, prov. lactoari, ail. de locher (v. c. m.) —
L'ét. ex-luxare, posée
latwerge, du L. electuarium, forme accessoire par M. Rigal (dans la Revue des Langues ro-
de electarium, dér. du gr. IaIua-co-j, médi- manes, VIII, 145) convient parfaitement pour
cament qu'on laisse fondre dans la bouche le sens, mais pour la phonétique elle soulève
(de ï/./ît^;-;iv, lécher). deux graves difficultés c'est d'abord que les
:
EMB — 475 — EMB
textes anciens n'ont pas à's ni dans elocher EMBAUMER, voy. baume.
(esloschier dans un ms. de Joinville du xiv^ s. EMBELLIR, voy. beau.
est une forme accidentelle), ni dans locher ; EMBÉRIZE, nom scientifique du genre
puis que Vu de luxare (= luscare) postule la bruant, tiré de l'ail. em,meriz, emberitz, em-
forme csZoucAier. Voy. P. Meyer, Rom. XI, 618. britz, qui lui-même est un dérivé de l'ail.
ÉLOOUTION, L. elocutio (eloqui). ammer, m. s., dont la racine exprime l'idée
ÉLOGE, L. clogium, sentence, inscription de brillant.
tumulaire. — D. élogieux, élogier, Hogiste. EMBERLIFICOTER, embarrasser; mot do
— D'après Schuchardt (Vokalismus, II, 325), fantaisie et d'origine inconnue.
éloge représente sùXoyioc (louange), eu étant EMBERLUCOQUER (S'), s'aveugler, s'entêter
= e en latin vulgaire. d'une idée (on trouve aussi embrelicoquer et
ÉLOIGNER, anc. eslongier, esloignier, dér. emberloquer); mot de fantaisie dans lequel
de loin, anc. loing. — Le terme de marine berlue paraît jouer un rôle; cp. prov. s'abel-
élonger est synonyme de longer ou allonger. lucar, s'aveugler. Le Duchat définit le mot :

ÉLOQUENT, -ENCE, L. eloquens, -entia. " s'occuper de chimères semblables à celles

ÉLUCIDER, rendre lucide, BL. elucidare. que les moines ont coutume de loger sous
ÉLUCUBRER, L. elucubrare, produire à leurs capuchons de bure [coques) ».
force de veilles (de lucubrare =
luçe operari), EMBÊTER, terme vulgaire formé de bête,
ÉLUDER, du L. eludere, parer, esquiver. syn. de abrutir ; fig. ennuyer.
ELYSEE, mot mal formé du L. elysium EMBLAISON, voy. l'art, suiv,
(»jAÛ7t0v). EMBLAVER (un champ), ensemencer en
ÉMÂCIÉ, L. emaciatus, amaigri. blé, voy. blé. —
D. em,blavure. Les mots em-
EMAIL, anc. esmail, it. smalto, esp.,port. blaison, p, embléaison, et emblure, p. em-
esmalte, ail. schmelz, BL. smaltum. Diez bléure, se rattachent à la forme anc. embléer,
préfère à l'étym. L. maltha, espèce de ciment, régulièrement tirée, sans insertion de v, du
une origine du vlia. smalzjan, smaltjan, BL imbladare.
smelzan (ail. mod. schnielzen), fondre, parce EMBLÉE (D') = de plein saut, du premier
que la contexture du mot français émail ne effort, d'une levée, d'un coup; du vieux
litt.

concorde nullement avec maltha, mais bien verbe français embler, qui signifiait enlever,
avec smclzi, smalti, dont Vi final a été attiré dérober (" l'avoir d'autrui tu n'embleras •<);
par Va, comme d'habitude, et le t final apo- le verbe réfl, s'embler signifiait anc. s'esqui-
cope. L'émail, en efiet, est du verre fondu ver. Ce verbe embler, prov. emblar, vient du
avec de l'étain. — D. étnailler. L. in-volare, litt. empaumer {vola, le creux
ÉMANCIPER, L. emancipare, mettre hors de la main); cp. L. manuari, voler, de manus,
de tutelle, aff"ranchir. main. Chevallet fait dériver embler du L.
EMANER, L. e-manare, écouler. ablatus ; cela n'est pas sérieux,
ÉMARGER, 1. couper la marge; 2. signer EMBLÈME, L. emblema, du gr. lix^Una.
un reçu en marge d'un compte. —
D. émar- (de èuSàUsiv, jeter dessus), ouvrage en relief
gement. des vases ou autres ustensiles de là orne- ; :

EMBABOUINER, voy. babouin. ment symbolique, figure symbolique ; e/x8)./j-


EMBALLER, voy. balle. /j.y.Tiyoç,eynblématiquc.
EMBARCADÈRE, de l'esp. embarcadero (de EMBLURE, voy. emblaver.
embarcar, embarquer). EMBOIRE, absorber, composé do boire;
EMBARGO, mot espagnol, subst. du verbe forme vulgaire de imbiber, L. im,bibere. Le
embargar, séquestrer, saisir par autorité de part'cipe embu a donné le subst. embu, terme
justice; prov. em,bargar, embarrasser (subst. de peinture.
embarc, obstacle) ces verbes représentent L.
;
EMBOISER, engager qqn. par de petites
imbarricare, de barra, barre, obstacle (d'où à faire ce que l'on souhaite de lui,
flatteries
aussi embarrasser, etc.). même signification que l'ancien verbe simple
EMBARQUER, voy. barque. —
D. embar- boiser =
tromper, surprendre. Boiser vient
cation (le sens abstrait de ce mot s'est effacé; du BL. bausia, trahison, perfidie, vfr. bois-
il signifie canot d'embarcation), embarque- die, bugia, termes généralement rappor-
it.

ment. tés au vha. bausi, ail. mod. bôsc, méchant

EMBARRAS, .subst. verbal de embarrasser. Le verbe emboiser, toutefois, pourrait au


EMBARRASSER, voy. barras. —
D. em- besoin s'expliquer aussi par « attirer dans le
bois " ce serait une variété du vieux verbe
barras .
;

embùcher (d'où embûche), qui ne signifie pas


EMBÂTER, voy. bât. autre chose.
EMBAUCHER, voy. débaucher. Le sens at-
taché au primitif bauche, savoir : boutique, EMBOITER, de boite, comme enchâsser, de
atelier, usine, se révèle encore dans le dérivé châsse.
embauchure, qui, dans les salines, signifie EMBONPOINT, réunion en un mot de en
fourniture des ustensiles nécessaires pour la bon point, c.-à-d. en bon état.
fabrication du sel, pr. approvisionnement EMBOQUER des animaux, c'est leur intro-
d'atelier. duire de force le manger dans la bouche (syn.
EMBAUCHOIR, terme de cordonnier, alté- Ag engaver, empâter):, de boquc, variété de
ration de embouchoir, voy. ce mot. bouche, L. bucca ; puis généralement en- =
.

ËMB — 176 EMM


graisser ; do là le terme pré d' embouche , pré EMBUSQUER, voy. embûche. — D. embus-
consacré à l'engrais. cade.
EMBOSSER, amarrer, de bosse, cordage. ÉMENDER, L. e-mcndare ; le peuple a dé-
EMBOUCHE, subst. verbal de emboucher, formé ce mot on ame)uler (v. c. m.).
voy. emboqtter. ÉMERAUDE, it. smcraldo, esp., port, esme-
EMBOUCHER, mettre en bouche, dresser ralda, prov. esmerauda, du L. smaragdus
['j/j.xoix-/Soi). Pour la permutation de^ en /, cp.
(un cheval) à la bouche. L'endi'oit où la mer
ou un fleuve reçoit un affluent est comparé à ax'/fjiy., it. salma, d'où fr. saume', somme,
une bouche de là le terme s'emboucher, en Baldacco, p. Bagdacco (Bagdad). La guttu-
;

parlant d'une rivière, cp. ail. miïndcn ou rale primitive s'est conservée dans le v. esp.

cinmiinden, de mund, bouche. D. embou- — esmerac(fa, prov. marngde.


ÉMERGER, L. e-mcrgere, sortir (en parlant
chure, 1. partie d'un instrument à vent sur
lequel on applique les lèvres pour en tirer de choses situées dans l'eau). Chateaubriand :
« les Açores émergèrent du sein des flots ».
des sons 2 entrée d'un cours d'eau dans la
;

mer ou un autre cours d'eau embauchoir, ;


Du participe emergens, les physiciens ont tiré
aussi, par corruption, embauchoir, instru-
émergent et émergence.
ment de cordonnier qui embouche la botte. EMERI, mieux émeril, it. smcriglio, esp.

esmeril, ail.smirgel, schmcrgel ; dimin. du


EMBOUQUER, terme de marine, entrer
grof nfj.ùpi;, '7fiipi;, pierre .servant à polir.
dans un canal ou dans un détroit, variété
di'embouclicr.
ÉMERILLON, espèce de faucon, le plus pe-
tit et le plus vif des oiseaux de proie, it. smc-
EMBOURRER, garnir de bourre; composé
riglione, esp. esmcrejon, prov. esmeril hô, for-
r-e7nbourrcr
mes diminutives de prov. esmirle, it. smerlo,
EMBOUTER, garnir le bout d'une canne, ail. schmerl, m. s. Ces mots viennent du L.
d'un parapluie; de là le subst. verbal embout.
merla, p. merula, renforcé d'un * initial.
EMBOUTIR, donner luic forme concave ou L'anglais nomme le même oi.scau merlin, anc.
repoussée à une plaque de métal, comp. de marlynn. Ce nom d'oiseau s'est communiqué,
bolir, bouter, frapper, voy. bout. comme l>eaucoup d'autres, à des instruments
EMBRANCHER, lier à un corp.s, comme la divers et anciennement aussi à une .sorte do
brandie se joint au tronc. —
D. embranche- canon; cp. fauconneau de faucon. D. éme- —
ment, 1. action d'embrancher; 2. la chose riUi»ini'\ gai, vif, éveillé conmie un émcrillon.
embranchée, telle qu'une route acces.soire qui EMÉRITE, L. e-meritus, qui a fini de ser-
part d'un clicmin principal. vir (liiercre). — I). cmih'itat.
1 EMBRASER, mettre en braise.
. ÉMERSION, L. emrrsio (de emersum, supin
2 EMBRASER, variété à\'braser (v. c. m.). de l'mergere, fr. émerger).
— D. embrasure, 1. ouverture pratiquée ÉMERVEILLER, de merveille. Le préfixe
dans l'épaisseur des murs d'une maison pour é—ex, par assimilation à étonner.
y placer les fenêtres ou les portes 2. ouvcr ;
ÉMÉTIQUE, gr. i;xi-:u.6i (i^uîw, vomir). — D.
ture percée dans le massif d'une batterie à émi'tisrr.
épaulement et ménagée pour donner passage ÉMETTRE, L. c-mittere, d'où emi.ssio, fr.
à la bouche d'une pièce. L'existence des émission, et omissarius, fr. émissaire.
termes d'architecture cbraser et embraser, ÉMEUTE (La Fontaine a dit émule), voy.
qui concordent parfaitement avec la chose émouvoir. —
D. émeuter, émeutier.
appelée embrasure, ne permet guère de rap- ÉMEUTIR, fienter (en pari, des oiseaux),
porter la deuxième signification de ce dernier vfr. esmeltir; du néerl. smelten stercus li- <•

à embraser =
mettre en feu. quidum egcrerc n, mot identique avec smel-
EMBRASSER, serrer dans ses bra^, puis, ten, ail. schmelzcn =^ liquidum facere. Il n'y
par extension, baiser; de là découlent d'un a pas lieu de songer ni à ex-77ioti'.s, écarter, ni
côté les acceptions ceindre, environner, ren- à emunclus, mouché. —
D. émeut, excrément.
fermer, d'un autre, s'attacher à, saisir avec ÉMIER, ou (hnietter, de mie, miette.
affection et empressement. —
D. embrasse; ÉMIGRER, L. e-migrare; cp. ail. aus-toan-
embrassade (à suffixe étranger; Montaigne dcvn,
disait encore donner une embrassée). ÉMINBNT, L. e-minens, qui s'élève au-des-
:

EMBRASURE, voy. einbraser 2. sus d'un niveau, hors ligne. —


D. cminence,
EMBRENER, de bran (v. c. m.). L. cminentia.
ÉMIR, mot arabe signifiant commandant ;
EMBU, voy. emboire.
du verbe amara. commander.
EMBRYON, gr. i/^&pxjov = zà ivrô; ,9/3Ûov,
ÉMISSAIRE, ÉMISSION, voy. émettre.
qui germe dedans, c.-à-d. dans le ventre de
EMMANCHER, pourvoir d'un manche, ajus-
la mère.
ter le manclie à un instrument pour s'en ser-
EMBUCHE, subst. verbal de embuschcr, vir, de là l'expression tig. emmancher une
embusquer imboscare, prov. et esp. em-
(it. affaire (pr. y mettre le manche, le premier
boscar), litt. aposter, dans un bois ou buisson bout) et s'emmancher = s'agencer.
(BL. buscus, boscus), des personnes chargées EMMITOUFLER, de mitoufie, forme altérée
de surprendre l'ennemi. Les chasseurs disent de mou /le sous l'influence de mitaine; le vfr.
encore d'une bête qu'elle s'embûche, quand présente emmofler.
elle entre dans le bois. EMMUSELER, voy. museau.
— .

EMP — 177 — EMP


ÉMOI, esmoV grande peine, frayeur;
,
alté- tar, c'est enfoncer dans l'écorce. L'ail, emploie
ration de esmai [oi p. carquois, ef-
ai, cp. également pour enter, greffer, Xeraot pelzen,
froi), it. smago, découragement, prov. esmai, depelz, peau. Une assimilation avec le mot
souci, subst. verbal du vfr. esmaier, esnioyer, peau a^fait transformer empeut en empeau.
être en émoi, prov. esmaiar, anc. it. smagare. EMPECHER, mettre entrave, anc. empescher
Le primitif de ces verbes est le goth. magan, (dont r* est épenthétique); ce mot s'accom-
être fort (d'où l'ail, macht, puissance, force). mode, aussi bien pour la lettre que pour le
Esmaier signifie donc proprement perdre sa sens, d'un primitif lat. impedicare, enlacer
force, n'en pouvoir plus, et correspond logi- (m, pedica), les anciennes formes empeechier
quement au vha. un-magen, tomber en défail- et em,pegier (cp. esragier à côté de esrachier)
lance (ail. mod. un-macht, mal orthographié et le prov. empedegar l'imposent en quelque
ohnmacht, défaillance). L'étymologie L. emo- sorte; cp. h.prœdicare devenu fr. preechier,
vere est une bévue. prechier, prescher, prêcher. Cependant il
ÉMOLLIENT, L. emolliens (de mollis). existait en vfr. un synonyme de notre mot
ÉMOLUMENT, L. emolumentum (emoliri), sous la forme empacher, dont empechier em- ,

pr. effort, peine, puis profit que l'on retire de pecier peuvent fort bien dériver (l'atténuation
ses peines. — D. émolumenter. de a en c étant un fait régulier). Cette forme
ÉMONCTOIRE, L. emunctorius (de emun- secondaire et concurrente est parallèle au
gere, moucher). prov. empachar. empaitar, esp., port, empa-
ÉMONDER, L. emundare (de mundiis, net). char, it. impacciare. Pour ces verbes, Mura-
ÉMOTION, L. emotio (de emovere, fr, émou- tori avait proposé un type impactiare, au sens

voir). — D. émotionner. de pacta inire, s'engager dans des procès.


EMOUCHER, de mouche. — D. émouchette, Son avis n'est pas digne d'accueil. Mieux vaut
assurément celui de Diez qui partant du
-air; émoucheter. , ,

verbe L. impingere, mettre qqch. sur les bras


ÉMOUCHET, mouchet; de mouche, à
aussi
de qqn., l'en charger, l'en embarrasser (com-
cause du ventre moucheté de cet oiseau l'it. ;
posé de pango et reproduit par vfr. empain-
dit moscardo.
dre), en tire un fréq. impactare, d'où s'expli-
ÉMOUDRE, L. emolere (de mola, meule).
quent très régulièrement les formes empachar
D. émouleur, -erie; cps. rémoudre.
(et encore mieux la forme accessoire prov. em-
ÉMOUSSER, 1. ôter lamou55e; 2. rendre paitar, subst. empaig), et vfr. empacher et
mousse.
em,pecher (cp. fléchir de flectere, vfr. delecher
ÉMOUSTILLER, litt. rendre pétillant comme de delectare). Quant à la forme italienne im-
du '>noût (L. mustum,).
pacciare, elle accuse un primitif impactiare p.
ÉMOUVOIR, L. e-movere, dont le sens clas- impactare, modification familière aux langues
sique (éloigner) diffère du sens moderne (met- romanes. Cette forme me semble aussi devoir
tre en mouvement, agiter, troubler); de l'anc. être admise comme source immédiate des
participe esmeiït, d'où esmeut, s'est produit le autres verbes cités à radical pach ou pjcch .

subst, émeute; cp. meute de movere. A empêcher correspond le terme opposé dépê-
EMPALER, voy. pal. cher (v. c. m.), qui, par sa variété despeecier,
EMPAN, altération du vfr. espan, wallon remonte à dispedicare, mais par ses corres-
aspagne, BL. spannus; du vha. spanna, mha. pondants esp. despachar, it. dispacciare, au
spa7i, mesure de la main étendue. Il se peut — type dis-pactare ou -pactiare, de dis-pingere,
qu'empan se soit produit de espan par une qui fait opposition à impingere, comme dis-
forme intermédiaire enspan (cp. vfr. engrot = Jungere à injungere, discingere à incingere.
segrotus, vfr. ensir =
exire, vfr. ensaier p. EMPEIGNE, vfr. empiegne, empengne (esp.
essaier). empeyne, cou-de-pied); d'origine incertaine.
EMPARER (S'), se rendre maître de qqch., Le bas-latin présente impedia, de in eipes,
esp., port., prov. em,parar, amparar, prendre pedis cuir sur le pied), mais ce ne peut
(litt.
en possession; le contraire est rendu par dés- être le type du mot français; il faudrait impe-
emparer, abandonner, lâcher ce dont on s'est diva, cp. it. redina = vfr. règne, reigne
emparé. La signification actuelle découle de (rêne).
l'acception • fortifier, renforcer « qu'avait en EMPENNER, voy. penne.-
premier lieu ce verbe et qui correspond à celle EMPEREUR, vfr. empereor (nomin. empe-
du verbe simple parer, défendre, garantir du L. imperator. Pour rendre le fémi-
(v. c. m.). —De emparer, fortifier, viennent
rere),
nin et ne pas dire empereuse, les modernes
le composé désemparer, démanteler, mettre
ont préféré tirer du L. imperatrix le mot
hors d'état de servir, et remparer, remettre savant impératrice. Pourquoi dédaigner tous
en état de défense, d'où le subst. rempar, les termes de l'ancien vocabulaire : empereris,
orthographié plus tard rempart. pereresse, -p}ereïs, -peresse (d'où angl. em-
EMPATER, impastare, rendre pâteux,
it. press), -péris, periere, -pereusel L'ancienne
voy. pâte. —Dans le sens d'engraisser de la langue ne reculait pas devant les formes
volaille =• L. impastare' fréq. de im.pascere*
, naturellement indiquées.
EMPEAU, ente en écorce, prov. empeul, cat. EMPESER, anc. empoisser (d'où est resté le
empelt, subst. du verbe empeltar. Celui-ci est subst. empois), àe poix (v. c. m.). Empoisser
dérivé àe pellis, peau ou écorce de l'arbre, ou est une dérivation française de poix; empeser,
plutôt du dimin. peleta; empeltar p. cmpele- comme prov. empezar, se rapporte au prov.
12

EMP — 178 — ENG

pes,pez =
poix. On trouve aussi empiger mere. — A l'appui de l'ét. p^'omutuum,
pour enduire de poix, formé d'après le latin Rônsch (Ztschr., III, 102) cite, dans le gloss.
impicare (pix, picis). gréco-latin de Cyrille (éd. Vulcan., p. 58):
EMPÊTRER, voy. dépêtrer. npoSsivxlo/jLxt, promutuor. — Subst. verbal :

EMPHASE, gr. £,uf zti,-, pr. apparence, puis emprunt.


éclat,pompe dans le discours; adj. è/iyxTixo; ÉMULE, L. œmulus, — D. émuler*,
rival.
fr.emphatique. Racine s'est permis le terme emulateur, -ation.
emphatiste =
qui parle avec emphase. EMULGENT, du L. emulgere, traire jus-
EMPHYTÉOSE, altéré de l'anc. mot emphy- qu'à la dernière goutte Du supin emulsum :
teuse,du gr. l/xfùnini;, action d'implanter, fr. émulsion (d'où émulsionner), émulsif.

BL. emphy teosis ={nndi perpétua locatio. EN représente 1. la particule-préposition


:

D. emphytéotique. L. in; 2. l'adverbe L. inde, vfr. ijit, ent (en


EMPIÉTER, 1 donner du pied (à une co-
. Hainaut end, dans le cps. end-aller en =
lonne) ;mettre le pied sur (le terrain d'au-
2. aller). De même que undie ou plutôt la forme
trui); dérivé de ptet (auj. pied)\ cp. piéton, composée de-unde a donné l'adverbe pronomi-
piétiner. —
Composé rempiéter. : nal relatif dont, ainsi le L. inde a fourni l'ad-
EMPIFFRER, voy. pi/fre. verbe pronominal démonstratif en. Dont (L.
EMPIRE, L. imper ium. unde) est le corrélatif de en (L. inde), comme
EMPIRER, BL., impejorare, vo^.pire. où (L. ubï) l'est de y (L. ibi). — L'un et
EMPIRIQUE, gr. lannw.à;, qui agit d'après l'autre en, tant celui qui représente le L. in,
l'expérience (et non pas d'après les principes que celui qui est issu de ind^, servent d'élé-
scientifiques).— D. empirisme. ment de composition, en se modifiant en em
EMPLACER, voy. place. — D. emplace- devant des consonnes labiales (p. ex. empor-
ment ; cps. remplacer. ter, embellir). —
En préfixa L. in se =
empiasto, du trouve d'abord en tête de quelques verbes
EMPLATRE, esp. emplasto, it.
français d'ancienne formation, reproduisant
h.emplastrum, gr. ï,uTiaTTov (s. e. ficpfi^Aov),
des verbes latins déjà pourvus du préfixe, p.
aussi iixTty.TiiTp'i-i, de i/*-7r>âï«iv, appliquer
dessus. — D. emplâtrer, it. iynpiastrare. — ex. emplir, L. im-plere, enfler, L. in-flare,
enduire, L. inducere, empreindre, L. impri-
De l'adj. l,u:rÀa»Ti/.o,-, fr. emplastique.
mere, employer. L. implicare. Les verbes
EMPLETTE, vfr. emploite, norm. empleite, latins composés avec in, entrés dans la langue
du L. implicita implic'ta, part, passé de im-
française sous l'influence savante, conservent
plicare, au sens de dépenser (voy. employer).
la forme latine in-duire, im,-primer, im
:

EMPLIR, L. implere; cps. dés-emplir, rem- pliquer (comparez ces verbes avec les trois
plir.
derniers mentionnés;. Appliqué à des mots
EMPLOYER, it. impiegare, esp. emplear,
romans sans précédent latin, le préfixe en est
prov. empleiar, du L. implicare, impliquer, destiné à exprimer le pas.sage d'un état en un
usité dans la basse latinité p. expendere,
autre; c'est là sa valeur inchoative et fattitive;
insumere. Ce même trope engager qqch.
:
ex. enorgueillir, empirer, embellir, enrichir,
dans une affaire, en faire usage pour un but
endormir, etnbraser, puis introduction dans
déterminé, se rencontre également dans l'ail.
ver-wenden, de wenden, tourner, plier. — l'intérieur de qqch., engagement, implication
[empiéter, enfoncer, embûche, engager), ou
D. subst. verb. emploi, it. impiego; employé;
action de pourvoir ou toucher qqch. de la
voy. aussi emplette.
chose exprimée par le primitif [empoisonner-,
EMPOIS, EMPOISSER,
EMPORTER,
voy. empeser.
porter loin [em, en =. inde),
enfariner). —
Le préfixe en =
inde exprime
éloignement. Il ne se rencontre plus que
enlever; s'emporter, fiig. =
se laisser entraî-
dans s'encourir, enfuir, enlever, emmener,
ner par un mouvement de colère; cp. les
emporter, s'ensuivre, envoler, entraîner.
expressions analogues fr. transporter, émou-
coir, sedémener, et L. efferre. D. em- — ENCAISSER, voy.
équivaut à :
caisse. Le^ubst. encaisse
ce qui est en caisse.
porté, emportement ; cps. remporter.
EMPOTER, mettre en pot. ENCAN, anc. encant, prov. enquant, encant,
it.incanto,&nQ.. esp. encante, ail. gant; delà
EMPREINDRE, du L. imprimere,
presser dessus ; c'est la forme vulgaire de im-
litt.
phrase lat. in quantum, à combien? — D.
vfr. enquanter, encantcr, enchanter, mettre
primer (cp. geindre, de gemere). Du participe
empreint vient le subst. empreinte, d'où ont à l'enchère. Ménage songeait à incantare,
été tirés Vit. imprenta, impronta, esp., prov.
auquel il prêtait le sens de proclamer;
d'autres à in cantu, vente faite au son de la
empretita, puis les verbes néerl. printen, im-
primer, et angl. print. trompe !

EMPRESSER (S'), se mettre en presse, en ENCAQUER, voy. caque.


mouvement. —
D. empressé, empressement. ENCARTER, terme d'imprimeur ou de re-
EMPRUNTER, wall. épronter, it. impron- liure, de carte -= carton.
tare; du L. inpromutuum, en prêt (Digeste). ENCASTELER(S'), t. de vétérinaire ; d'après
Cette étymologie de Diez est confirmée par la Littré du BL. emmurailler (de
incastellare,
forme valaque imprumut, et met à néant les castellum), la corne du cheval étant compa-
anciennes explications par in promtu dare rée à une muraille. Le sens étant tout sim-
ou accipere, ou par promptare, fréq. de pro- plement « enserrer», on peut très bien expli-
ENG — 179 ENG
qiier encasteler, comme dimin. du BL. incas- du L. carmen, chant); de là subst. verbal
tare{\oy. encastrer). vfr.encant, it. incanto, esp. encanto. D. —
ENCASTRER, emboîter, enchâsser, prov. e72chantement, -cur ; désenchanter, rompre
encastrar, ital. incastrare, du BL. incas- l'enchantement.
trare (Vulgate, Isidore), forme variée de ENCHAPER, de chape, couverture.
incàstare (d'où esp. engastar, enchâsser, ser-
ENCHASSER, voy. châsse.
tir). Le radical de ce dernier peut être, soit

l'alL kasten (vha. chasto), caisse, coffre, ar-


ENCHÈRE, voy. enchérir.
moire et pai'ticulièrement chaton (v. c. m.), ENCHÉRIR, devenir plus cher, augmenter
ou le thème congénère latin cast (exprimant de prix le sens actif élever le prix, rendre
;

plus cher, propre auj. à la forme e^ichérir,


serrer, enfermei') qui est au fond de castrum
était autrefois rendu par encherier (BL. inca-
et de son dimin. casteJlum, et qui remonte à
riare) c'est à cette dernière forme que res-
Ja même racine cas qui a donné casa, maison. ;

sortit le subst. enchère, offre d'un prix plus


ENCAUSTIQUE, L. encausticus, gr. iyxauj-
tuo;, dérivé de iy/.xuiTOi, adjectif verbal de
élevé. — D. enchère, enchérisseme7it, -isseur;
cps. renchérir, surenchérir.
ly/aûiv, brûler sur ou dans. L'encaustique est
l'art de peindre avec des couleurs mêlées de ENCHEVÊTRER, voy. chevétre.
cire et durcies ensuite par l'action du feu. — ENCHIFRENER, causer un embarras dans
Le L. encaustum, gr. iy/.ocv7zov, était aussi' le le nez étymologie douteuse. Ménage, pour
;

nom de l'encre rouge dont se servaient les sortir d'embarras, forge un mot barbare inca-
empereurs romains pour signer. Les Italiens mifrœnare, en se fondant sur Psaume 32, 9 :

en ont fait incosto, inchiostro; d'auti'es lan- « in camo et frœno maxillas eorum con-

gues ont singulièrement écourté ce mot, et stringe » Littré appuie cette explication en
.

l'ont transformé en vfr. enque, enche, auj. disant « De en et chanfrein, par l'intermé-
:

ENCRE, angl. inh, néerl. inht. L'ail, tinte, esp. diaire de chinfreneau, coup à la tête le sens, ;

tinta, =
encre, vient du L. tîjictus, part, qui était général (on trouve d'amors enchi-
passé de tingere, teindre. frenés dans le Roman de la Rose) s'étant par-
ENCEINDRE, L. in-cingere; part, enceint, ticularisé au rhume assimilé ànn chanfrein ».
d'où le subst. participial fém. enceinte, cir- Pour notre part, nous citerons le bas-breton
cuit, clôture. Quant à l'adj. fém. enceinte, sifern, rhume, mais il se peut qu'il soit d'ori-
grosse d'enfant, =
it. incincta, prov. cncen- gine française.
cha, voici ce qu'en dit Isidore «-incincta: = ENCHYMOSE, gr. èy;^,i,acoît;, effusion d'hu^
praegnans eo quod est sine cinciu ». D'après meurs {yy/J.6;).

cette étymologie, inci^icta serait =^ discincta ENCLAVER, du BL. inclavare, enclore (de
ou no7i cincla; c'est comme si nous disions clavis, clef). — D. enclave.
0.ujourd'liui par euphémisme » femme sans ENCLIN, L. inclinis, penché.
corset ". —
AI. de Chevallet, d'après Ménage, ENCLORE, prov. enclaure, L. inclaudere,
rattache le BL. incincta (grosse) au latin classi- forme barbare pour includere; de ce dernier
que inciens, -tis, qui a la même signification. les savants ont fait inclure. Le part, enclos
Cette dérivation n'est pas impossible seule- ; (L. inclausus) a donné le subst. enclos, d'où
jnent il faudrait admettre que la forme lat. et les chasseurs ont forgé le verbe enclotir.
it. incincta fut l'effet d'une fausse application ENCLOS, voy. enclore.
étymologique, ce que la date reculée de l'em- ENCLOTIR, voy. enclore.
ploi de ces formes engage à repousser. L'es- ENCLOUER, voy. clou.
pagnol dit estar en cinta ; cela fait songer à ENCLUME, it. incude, incudine, ancude,
une autre représentation do la chose, savoir : ancudine, esp. ayunque, yunque, prov. en-
être enveloppé, être doublé, in cinctu (ou en clutge, encluget; toutes ces formes viennent
mauvais latin in cincta) esse. L'it. incignere,
: du L. incus, incudis. Une déclinaison bar-
prov. encenher, vfr. enchaindre (Richart li bare incudo, incudinis, a donné les formes
Biaus) =r engrosser, confirment cette manière italiennes. L'espagnol s'explique par la syn-
de voir; ils représentent le L. incingere, en- cope du d, d'où incu'e, d'où, par la transpo-
tourer.; c'est une figure un peu moins gros- sition de u : iunce, yunque. Le provençal ac-
sièreque le fr. engrosser elle rend ; l'idée : cuse un type incudium, avec l intercalaire.
donner de l'ampleur, du volume. Quant au mot français, il vient de l'ace, incu-
ENCEINTE, voy. l'art, préc. dinem avec l intercalaire; pour la terminai-
ENCENS, it. tncewso, esp. incienso, BL. in- son, cp. L. amaritudinem, fr. amertume. —
censum, == tlius, de incendere, allumer, D'après Cornu (Rom., VII, 594), enclume se
brûler — D. encenser, -oir. — Les Alle- serait produit par la série de formes suivantes :

mands rendent encens par weih-rauch, fumée incudinem, *encum.ne, *encnume, enclum,e.
eacrée.^ ENCOCHER, voy. coche 3.
ENCÉPHALE, gr. lyAv^aloi, adj., = qui se ENCOGNER, voy. coin. Cps. rencogner. — ,

trouve dans la tête (/ï-j/î«V/î) ; comme subst. == ENCOLURE, \ofmol.


cerveau. —
D. cnccphalie, -ite. ENCOMBRE, subst. verbal de encombrer.
ENCHANTELER, du subst. chanteV, chan- ENCOMBRER, prov. encomhrar, it. ingotm-
teau = chantier; voy. canton. hrare, obstruer, embarrasser, du BL. com-
ENCHANTER, L. in-cantare, fasciner par brus, abattis; voy. sous comble. — D. encom-
le chant de formules magiques (cp. charmer. bre, pr. obstruction, obstacle.
ENC — 180 END
ENCONTRE, ancienne préposition, compo- sances, de sciences ou arts, que tout jeuntf
sée de contre, =^ BL. in<ontra p. contra, cp. Grec de condition libérale devait parcourir
L. insuper p. super. —
D. encont7-er à qqn., avant de s'engager dans l'étude des matières
verbe tombé en désuétude =
le rencontrer, nécessaires à une profession spéciale; les
l'attaquer, lui venir à l'encontre; de là le branches dont se comptisait cette éducation
subst. encontre (it. incontro, esp. encuentro), (TTaiÔEfa) s'appelaient î/xû/iia ua&/i/i«rx. La va-f
événement imprévu, embarrassant. Ce subst. leur du mot a été élargie par les modernes.
nous est resté dans la locution à l'encontre et ENDÉMIE, -IQUE, du gr. h^r.jxoi, particu-
dans le composé malencontre p. mal encontre lierà un peuple.
[oicoiitre était masculin). Encontrer et encon- ENDEVER, enrager ou faiie enrager; com-
tre ont fait place aux composés reixcontrer et posé du vfr. desvcr, derva', m. s., d'où vfr.
rencontre. Ces termes sont analogues à l'ail. desvé, dervé, diervc, furieux, forcené. Ce
begegnen, begegniss, de gcgen, contre. verbe a foi't torturé les linguistes. Ducange
BNCOR, ENCORE, it. ancora, prov. encara, proposait L. deviare. sortir du droit chemin;
enquei'a ; du L. hanc oram, =
jusqu'à cette M. de Reiffenberg, le flam. dief, voleur;
heure-ci ou cette heure-là. Comparez L. ad- d'autres, un BL. de-ex-viare, puis l'esp. rfer-
huc, m. s., litt. jusqu'ici. De même que ce ribar, abattre, démonter. Toutes ces tenta-
dernier, d'abord adverbe de temps, a pris le tives sont malheureuses. Diez, s'appuyant sur
sens ad-hoc et marque addition, gradation, l'expression « tôt a le sanc dosvé », avait été
:

avec la valeur de quoque, etiam, il en est porté à rattacher desver au L. dissipare,


arrivé de même à son équivalent néo-latin gâter (it. scipare); il alléguait dans ce sens le
encore. Sénèque unam rem adhuc adjiciam,
••
vers de Dante : « La memoria il sangue ancor
j'ajouterai encore une chose ; Quintilien Cal- : mi scipa n ; mais il est revenu sur cette conjec-
licles adhuc concitatior, encore plus animé. ture, arrêté par le scnipule qu'il est impro-
— L'étymologie hanc horam échappait encore bable que dissipare fasse disipar en prov., et
à Sylvius et Nicot, qui faisaient forcément desver en français. D'autres raisons l'ont em-
venir encore dn L. incvram, en présence de. — pêché de poser les étymologies diruere :

Havet (Rom., VIII. 93) cherche à démontrer (transformé en diruare, d'où dervare, der-
pour cet adverbe fr. (it. ancora) l'étym. atque ver), et derogare (cp. fr. enterver interro- =
ad horam, atque étant devenu acque, puis par qare, fr. corvée =
corrogata). Il s'en tient
nasalisation anche, et are (o ouvert) issu de donc à la conjecture (consignée dès la 2* édit.
aora. Cette explication nouvelle est théori- de son livre) on s'est servi d'abord de la
:

quement correcte et sourit beaucoup, mais 3" pers. sing. desve, qui répond correcte-
elle se heurte contre un fait, relevé par Su- ment à L. desipit (il est fou); puis de la forme
chier: c'est que la formule prov. anc no, pic. du présent desve on a dégagé un infinitif deS"
aine ne, = jamais (relativement au passé) ver et un participe desvé. Chevallet, au mé- —
appuie trop solidement pour anche l'origine pris de toutes les règles de dérivation, met en
adhuc ou adhunc. avant l'ail, iaiib, insensé, fou, verbe toben,
ENCORBELLEMENT, voy. corbeau. être enragé il aurait mieux fait de citer les
;

ENCORNER, voy. corne. mots angl. deaf{=a\\. taub), verbe bas-saxon


ENCOURAGER (au xvi* siècle, on disait aussi daven, = ail. toben, qui se rapprocheraient
acourager), voy. courage. davantage du mot français. Gachet, par- —
ENCOURIR = courir dans, s'exposer à; cp. tant du fait que la derverie semble avoir
en latin le même emploi figuré de incurrere emporté une idée de possession diabolique,
dans incurrere odia hominum, encourir la incline vers ceux qui, avant lui déjà, ont
haine des hommes, incurrere in crimen, en- pensé à une origine de diable, par la forme
courir l'accusation. —
Dans le réfléchi, s'en- angl. devil ou ail. teufel, Endévé serait ainsi
courir, le préfixe en est =
inde. = endiablé. En rouchi, on dit, pour « il e.st
ENCRASSER, voy. crasse. En \'fr., encras- diablement beau " il est biau endévé. Pour
:

sier avait la valeur de engraisser ; il en est de faire accorder aussi bien la lettre que le sens
même du wall. écrauchi, rouchi encrachier. avec cette étymologie, Gachet rapproche le
ENCRE, voy. encaustique. —
D. encrier. port, endiabrar et prov. endiablar, qui selon
ENCROUE (arbre) ne vient pas de croix, lui peuvent s'être altérés en endiavrar, en-
comme prétend Bescherelle, mais par le BL. diarvar d'où enfin enderver, endesver. Il
,

incrocare {Loi salique), encrocher, de la racine pense aussi (à tort, sans aucun doute) que
croc. î'angl. endeavour, s'efforcer, s'acharner à
ENCYCLIQUE, gr. iyxuxiixo,-, de y.ùAoi, cy- faire qqch., est le même mot. De mon —
cle, cercle; cp. L. circularis (decirculus), d'où côté, j'ai proposé quelque part l'explication
le subst. fr. circulaire, ail. rimdschreiben. de dervé (d'où desvé) par le BL. debriatus (p.
ENCYCLOGRAPHIE, mot nouveau formé de-cbriatus), enivré, fou. En somme, la con?
d'après encyclopédie, recueil de traités sur jecture de Diez est celle qui satisfait le plus
les diverses branches d'une science ou de la aux conditions d'une saine étymologie. Littré
science en général. s'abstient de se prononcer, et laisse la discus-
ENCYCLOPÉDIE, du gr. lvxuxio:r«.5s.'K, qui sion ouverte. Et voici ce que j'ai enregistré
estune fausse leçon pour ly/ûx/taj Traids^a, lo- de nouveau sur ce terrain. L'explication do
cution fréquemment employée depuis Aristote l'ancien desver par dis-vadere {s,ovtiv du sens;,
pour désigner le cercle L-j/.Ui) de connais- tentée par Ulrich (Rom., VUI, 264), est par
,

ÉNE — 181 — ENF


trop ingénieuse. Voici son procédé Dt'svadere : ÉNERVER, L. enervare (nei-vus).
— disvarre —
disvare, fr. desver, comme ENFAGOTER, voy. fagot.
calefacere a fait calfarre, calfare, d'où fr. ENFANT, du L. infantem (le nomin.
infans,
chauffer. Une antre conjecture du même avec l'accent sur i, a donné naissance au vfr.
auteur (Rom., IX, 579) porte sur de-ex- enfe ou enfes, forme réservée au cas du sujet
ripare. Pour le sens, cp. lat. delirare, « sortir masculin). —
D. enfance, L. infantia; enfan-
du sillon». La conjugaison aurait été d'abord çon; enfantin, L. infantinus* p. infantilis;
desrif, desrives, desrive, desvôns, desvéz enfantillage ; enfanter (v. c. m.).
desrivent, puis le thème des formes syncopées ENFANTER, donner le jour à un enfant,
et accentuées sur la finale, comme dans beau- it. infantare, prov. enfantar, efantar, du L.

coup d'autres verbes, aurait pris le dessus. infantare ; toutefois, ce verbe latin ne se
On objecte, d'une part, que Ve du thème desv trouve que dans Tertullien, au sens de nour-
est ouvert et postule un e bref d'origine (G. rir. —
D. enfantement. .

Paris), d'autre part, que les composés par de ENFARINER, 1. poudrer de farine; 2. fig.
^ ex sont imaginaires (Grôber). endoctriner. Cette dernière acception se rat-
ENDIVE, it , esp., port., prov. endivia, du tache peut-être au sens métaphorique qu'a le
L. intybus (IvruSov), chicorée, ou plutôt de la L. farina, dans ejusdem farinœ esse, être de
forme adjectivale i7itybea. la même pâte, de la même trempe.
ENDOLORIR, litt. affecter ou être affecté ENFER, prov. enfern, it. inferno, du L.
d'une douleur. infernum (Tacite inferna, -orum,
: les en- =
ENDORMIR, de dormir. Le latin
factitif fers), d'où infernalis, fr. infernal.
classique indormire dit autre chose, c.-à-d. ENFERMER, mettre dans un lieu fermé,
dormir ou s'endormir sur qqch., et fig. la composé de fermer, comme includere de clau-
traiter avec négligence. Végèce cependant dere. — Cps. renfermer.
l'emploie dans le sens de s'engourdir en par- ENFERRER, enfoncer un fer, percer d'un
lant des membres. fer, de ferrum, —glaive. Avitrefois = mettre
ENDOS, subst. verbal de endosser. aux fers.
ENDOSSER, mettre sur le dos, de là endos- ENFILER, passer un fil à travers le trou
ser un habit puis mettre sa signature au dos d'une aiguille, réfl., sens fig., s'introduire,
;

d'un papier, d'où endosser une lettre de s'engager dans. —


Enfiler des phrases, etc.,
change; en reliure, mettre le dos à un vo- est une métaphore tirée de « enfiler les
lume. —D. endos; fém. endosse poids = grains d'un chapelet ». —
D. enfilade, suite
dont on chargé (terme familier).
est de choses disposées sur une même ligne, pro-
ENDROIT, anciennement préposition, = pres à être enfilées ou traversées sans obstacle
dans la direction de, vers, à l'égard de, quant (« enfilade de chambres >i).

A, p. ex. etidroit le vespre, vers le soir; aussi ENFIN, p. en fin, •= pour finir, pour ré-
adverbe, avec le sens de vis-à-vis, en face, di- sumer.
rectement, du côté qui se présente tout d'abord ENFLAMMER, L. inflammare.
à nos regards. Cet adverbe ou préposition re- ENFLER,
L. in-flare, litt. souffler dans,
présente littéralement le L. in-directitm, di- cp. gonfler de con-flare. —
D. enflement, -lire;
rigé vers (voy. droit). La combinaison avec in cps. renfler. Notons encore ran3. adjectif
est analogue à celle de encontre, envers, etc. e7ifle = enflé, encore en usage dans quelques
Quant au sens, endroit rend à peu près la dialectes.
même idée et de la même manière que envers, ENFONCER, pousser vers le fond (v. cm.),
qui représente le L. in-versus, tourné vers. puis faire pénétrer dans le fond, enfin défon-
D'adverbe, le mot s'est fait substantif, et en- cer et en général briser, rompre /« enfoncer
droit a pris les significations 1 place, lien, : . une porte »). Nous ne citons pas les emplois
propr. ce qui est devant nous, cp. contrée de figurés de ce verbe. —
D. enfoncement, 1 ac- .

contre (l'ancien sens adverbial perce encore tion d'enfoncer; 2. vide, creux, profondeur;
dans la locution à Vendroit de en ce qui = enfo7içure, chose enfoncée. L'ancienne langue
concerne); 2. côté droit, beau côté (d'une disait aussi enfondrer, pour enfoncer (cp.
étoff'e), opp. au subst. envers, côté retourné, effondrer). Voy. aussi /b?îcer.
ENDUIRE, du litt. appliquer
L. inducere, ENFORCIR, rendre ou devenir plus fort,
sur, puis = enduire, dans coîorem in-
p. ex. cp. endurcir =
durcir. L'ancienne forme
ducere picturœ (Pline). Dans le sens de mener enforcier nous est restée dans le composé ren-
vers, le L. inducere est devenu le fr. ind,uire. forcer.
'— D. enduit, subst. participial, L. induc- = ENFOUIR, L. in-fodere, mettre dans la
tum. terre.
ENDURCIR; le préfixe ajoute à la valeur ENFOURCHER, prendre en fourche, aussi
factitive du verbe simple. percer avec la fourche, ou disposer en forme
ENDURER, L. indurare, pris dans le sens de fourche.
de durare, obdurare, résister, persister, sup- ENFOURNER, de four (anc. forn).

porter (« perfer et obdura «), • ENFREINDRE, non pas du L. in-frendere,


ENERGIE, gr. è-jipyiix, activité, puissance comme prétendait Caseneuve, mais de in-frin-
{îp'/p^, travail)^. —
D. énergique. gere, briser, d'où le subst. infractio, fr. in-
ÉNERGUMÈNE, gr. htpyo<)ixtio;, travaillé, fraction.
possédé, s.-e. parle démon. ENFUIR = fuir loin; en = L. inde.
.

ENG 182 ENG


ENFUMER, emplir de fumée, prov. enfu- s'endzà, s'engendrer (en parlant de la ver-
mar, du fum', fumée.
vfr. mine), et le sarde présente angiai, faire des
ENGAGER (ital. ingaggiare, prov. engat- petits. —
D. engeance {v. c. m.); vfr. enge,
jar), 1. mettre e^i gage(v. c. m.), à la merci race, engeance. —
Il y a lieu do noter ici

d'autrui, aliéner; opposé dégager; 2. pren-


:
encore le composé vfr. a-engier, sign. à l'ac'

dre gage de qqn. qui s'oblige à vous servir, tif : augmenter; au neutre
faire croître, :

le prendre à son service, l'enrôler, le déter- grandir, s'accroître (« Partout voi le mal
miner à un service, à une prestation, lier, a-engier » Baud. de Condé).
obliger; 3. exhorter, persuader à prendre ENGIN, vfr. engieng, eytgien, it. ingegno,
part dans une affaire ou à faii'e qqch. ; de là prov. engeinh, engin, d'abord esprit, surtout
4. faire entrer, entraîner dans, mêler à ; esprit inventif, puis ruse, finesse, instrument
5. dans les locutions « engager le combat, là de guerre ou de chasse ; du L. ingenium. De
conversation », le verbe équivaut à s'engager l'anc. forme enginh', engeinh' vient le vieux

dans, et devient synonyme de commencer. — verbe engeigner (v. c. m.), machiner, imagi-
D. engageant (se rattache à l'acception 3); ner, tromper, BL. ingeniari, =» ingenium
engagement (se rattache à toutes les accep- exercere (la langue moderne en a tiré s'ingé'
tions du verbe) engagiste.
;
nier =
se creuser l'esprit) puis le subst,
;

ENGAINER, mettre en gaine (v. c. m.). — engigneor" faiseur de machines, mot que les
,

savants ont plus tard réhabillé en ingénieur


Cps. rengainer.
{ingénieur se rapporte logiquement à inge-
ENGAVER, « le pigeon engave ses petits «,
nium, comme mécanicien à finx^-j-n, L. ma-
c -à-d. dégorge la nourriture dans le bec;
il
china) ; enfin, l'adj engignos', abandonné pour
dans le nord de la France engraisser de la = .

la forme plus latine ingénieux, et répondant


volaille, empâter; du même radical que le
à L. ingeniosus.
picard gaviot, gosier, ou gavion (lo peuple
ENGLOBER, joindre à un ensemble, de
dit :en avoir jusqu'au gavion jusqu'à la = globus, au sens de masse, amas.
gorge, se rincer le gavion boire. Lo pri- = ENGLOUTIR, it. inghiottire, du L. inglu-
mitif est gave, terme populaire pour le jabot
tire.
des oiseaux cp. wallon gaf, champ, gueffe.
;
ENGONCER, rendre la taille lourde, con-
Diez rapporte ces mots au L. cavus ou caxiea.
en parlant d'un vêtement qui
— Voy. aussi engouer.
trainte, gênée,
produit cet effet. « Comme tu es engoncée
ENGEANCE, pr. action de multiplier par dans ton corset ", dit Picard. Roquefort se
engendrement, puis terme collectif pour des fourvoie en donnant à ce verbo pour premier
êtres d'une même espèce, race dér. de enger sens « rentrer la tête dans les épaules « et
= croître (v. c. m.). — Engeance;

signifie l'identifiant avec lo vfr. esconser, se cacher.


aussi populairement embarras, de là le verbe Corblet dit de même « engoncé, perdu dans
:

engeancer qqn. d'une chose, l'en embarrasser, ses vêtements, gêné dans un habit qui monte
la lui mettre à charge. Dans le deuxième jusqu'aux oreilles du roman esconcé, caché »
;

sens, c'est un dérivé de enger == embarrasser. Je crois aussi que ce mot se rattache au
ENGEIGNER (vieux), = tromper (Lafon- L. condere, mais non par le composé abscon-
taine), aussi engignier, prov. enginhar, en- dere (dont le partie, barbare ahsconsus a
geingnar. cat. engegnar, voy. engin. Les donné esconser), mais par le participe barbare
formes vfr. enganer, esp. enganar, it. ingan- inconsus, p. inconditus, qui signifiait désor-
nare, qui signifient la même chose, sont d'une donné. Pline a dit « inconditus ordo ramo-
source différente. mm ", Suétone, « turba incondita ». On pour-
ENGELER, de geler, avec
se congeler ; le rait du
reste aussi donner au primitif incori'
préfixe en marquant passage d'un état à un sus sens de conditus, « caché, enfoncé »
le
autre. —
D. engelure. (cp. " engoncé dans son chapeau «), en pre-
ENGENDRER, L. ingenerare. nant in pour le préfixe marquant mouvement
ENGEOLER, voy. enjôler. du dehors au dedans. Remarquons, en outre,
ENGER, embarrasser qqn. de qqch., « qui que l'anc. langue employait en effet s"esconser
m'a engé de cet animal? », « Nicot a engé la au sens de « se cacher « . —
Ménage expliquait
France de l'herbe nicotiane ". Selon Diez du le mot par ingonnicatus mot qu'il a forgé à
.

L. e-necare (contracté en'care), qui avait plaisir de gonne', robe. Littré le dérive dé
également l'acception torturer, fatiguer, im- goyid (it. gonzo), engoncer étant comparé à
portuner pour la forme, cp.vindicare, coïitv. l'état d'une porte mise en ses gonds.
vîncare,
;

venger. Le port, engar, solliciter


fr. ENGORGER, anciennement gorger, met- =
vivement, doit être le même mot. Un ho- — tre dans la gorge, avaler ou faire avaler, cp.
monyme enger signifiait autrefois croître, se ingurgiter ; de là, le mot gorge étant pris
multiplier, en parlant surtout de choses nui- dans le sens de tuyau, canal, se dégage l'ac-
sibles, vermine, etc., « cette dartre enge ception obstruer. Le composé se rengorger,
grandement, la peste enge fort » (il avait cependant, se rattache à gorge, poitrine;
aussi le sens actif peupler, propager). Mé- c'est se donner de la gorge. D. engorge- —
nage fait venir ce second verbe enger du ment, obstruction.
L. ingignere; cette dérivation ne peut être ENGOUER (d'où engouement) est une forme
admise, et l'origine du mot reste encore un accessoire de engaver, mentionnée plus haut.
problème. En dialecte limousin, on trouve Elle s'y rapporte comme clouer à clavus. Le
ENL — 183 ENQ
mot signifie d'abord bourrer le gosier; s^ en- selon Nodier, de la famille du bourguignon
gouer, c'est pr. se gorger, s'en donner jusqu'à lizeu, glissoire; ce serait donc pr. glisser
la gorge ; le sens figuré se passionner, : dans. Quant à lizeu, il se rattache k glisser,
s'exalter, s'explique aussi facilement que celui dont l'initiale a été retranchée, cp. en norm.
donné parfois à Ce dont on raf-
se repaître. lider =ags. glidân, angl. glide. Littré dé-
fole est représenté comme quelque chose qui rive notre verbe de lise, lise, nom donné, dans
vous remplit. la baie du mont Saint-Michel, à la boue des
ENGOULER, faire entrer dans la gueule, chemins et, plus spécialement, aux sables
avaler, aussi saisir de la gueule, mordre de ;
mouvants il croit que lise pourrait être »»
;

goule, variété de gueule (d'où goulot), L. gliise, nom de la glaise en normand.


gula. Le participe engoulé est particulière- ENLUMINER, forme vulgaire de illuminer,
ment un terme d'héraldique. Cps. engoule- — L. illuminare, illustrer, rehausser de cou-
vent, nom d'un oiseau, appelé ainsi à cause leurs.
do la grande ouverture de son bec. ENNEMI, du L. inimicus ou plutôt du lat.
ENGOURDIR, opp. de dégourdir, voy. ce populaire Miam2cu5 (cp. prov. e7iamic); du
mot. subst. inimicitas, p. inimicilia, fr. inimitié
ENGRAISSER, it. ingrassare, vfr. encras- (vfr. enemistié).
sier, dér. àe graisse. — D. ejigrais. ENNUI,vfr. anoi, anuf, chagrin, peine. Les
ENGRAVER, s'engager dans le sable, voy. étymologies diverses tentées à l'égard de ce
grève. —
D. engravée,iQTmQ d'art vétérinaire, mot {noxa, noxia, nausea, gr. Évvna et àda)
maladie du pied des bœufs, résultant des ter- sont toutes contraires aux règles phonolo-
rains garnis de cailloux sur. lesquels ils mar- giques ou au sens. La seule qui puisse soute-
chent. nir la critique est celle de L. odium, déjà pro-
ENGRÊLÉ de blason), muni de petites
(t. posée, mais imparfaitement, par Cabrera. Le
dents arrondies, àe grêle. D. engrêlure. — mot se rattache à la phrase « est mihi in
1 ENGRENER, mettre le grain dans la tré-
. odio ». Les deux mots in-odio, ayant subi une
mie du moulin (appliqué aussi à d'autres opé- sorte de concrétion, ont donné esp. enojo (anc.
rations analogues) empâter avec du grain.
;
enoyo), port, nojo, prov. enoi, enuei, it. noja,
De grain. anc. aussi nojo, p. inojo, et enfin fr. anoi,ètc.\
2. ENGRENER, terme de mécanique, faire dans l'anc. dialecte vénitien, on trouve encore
entrer les dents d'une roue dans les rainures la formule intacte inodio. Pour justifier le
d'un cylindre. De L. crena, entaille, cran (pour rapport formes et le primitif
littéral entre ces

g =c, cp. gonfler, grotte, vfr. englume p. in-odio, cp. L. badius, devenu it. bajo, esp.
enclwne). —
D. engrenage, -ure, Cette — bayo, prov. bai; et pour la transformation
étymologie n'est peut-être pas la vraie l'ac- ;
française, il suffit de rappeler hoi hui de
ception mécanique pourrait bien découler hodie. Au lieu de « l'amors m'es en oi » (ob-
d'une acception plus générale que donnaient à serve Diez, auteur de notre étymologie), =
engrener les meuniers, comme celle de « met- amor mihi est in odio, le px^ovençal a fini par
tre en mouvement », de sorte que notre second substantiver la formule et par dire amors :

engrener ne serait pas un homonyme distinct m'es enois » Cette opinion se confirme encore
.

du premier. par l'ancienne construction du verbe ennuyer


ENGUEULER, c'est gueuler dans le sens avec le datif. Diez cite à cet égard le passage
actif, l'action étant portée sur qqn. suivant du Livre des Rois « icest afaire al
:

ÉNIGME, gr. a'fnyfix, -XTOi (de (xhl'S'!Sj°Kxi, roi enuiad ". —


Les mots it. nabisso, nin-
parler en paraboles) ; énigmatique, xhiy/iyTMi. ferno, ingordo, fr. enjeu, avenir, fournissent
ENJAMBER,litt. prendre entre ses jambes d'autres exemples de la réunion de la prépo-
(fig. un espace), puis, écarter ses
franchir sition avec le substantif. Il n'est pas sans inté-

jambes, marcher à grands pas dépasser, em- rêt de mentionner ici l'expression champenoise
;

piéter. — D. enjambée, -emcnt. oder p. fatiguer, ennuyer, odable p. en-


ENJEU, ce qui est mis enjeu (au jeu). nuyeux. —
D. ennuyer, -eux.
ENJOINDRE, L. injungere, m. s., d'où le ÉNONCER, L. e-nuntiare,d^o\xénonciation,
subst injunctio, fr. injonction. -atif, L. enuntiatio, -ativus.
A
ENJOLER, aussi engeôler, pr. attirer dans ÉNORME, L. enormis (e norma) " qui sort de
\a, geôle (v. cm ).
la règle ". — D. énormité, L. enormitas.
ENJOLIVER, voj.joli, anc.jolif. ÉNOUER, ôter les nœuds, type lat e-nodare
ENJOUER, égayer; du h.jocari, plaisan- (nodus).
ter, badiner c'est un factitif rendant l'idée
; : ENQUÉRIR, anc. enquerre, comp. de qué-
mettre en bonne humeur; de là le participe rir (ou querre) avec en, cp. L. inquirere. La
passif enjoué, gai, plaisant. — D. enjoue- tournure s'enquérir est illogique; elle s'est
ment. produite peut-être par imitation de s'informer.
ENLACER, 1 . enfermer dans des lacs, fig. — D'un part, latin fém. inquistta vient le subst.
serrer, étreindre; 2. passer l'un dans l'autre enqueste, enquête, d'où s'enquêter. Le mot
des lacets, rubans, etc., syn. de entrelacer. enquête fait double emploi avec le terme
ENLEVER =
en (L. inde) -\- lever, porter savant inquisition ; le subst. e7iquêteur se tire
loin. régulièrement de inquisitor et forme double
ENLISER (S'), s'enfoncer dans les sables ;
emploi avec inquisiteur. Les participes enquis.
.

ENT 184 — ENT

conqt'is, etc., de i)iqi(is'tus, ont perdu leurf ENTAMER, prov, entamenar, du L. in-ta-
primitif, comme dispos p. ilispost. minare, au sens de at-taminare, mettre la
ENQUINAUDER, litt. rendre quinaud (v. main, toucher à; radical tamcn p. tagmen
c. m.), pr. rendre confus, gagner en sa faveur. (racine tag' tang, toucher). Chevallet invoque
L'auteur Qninaidt n'a l'ien à voir dans ce mot inutilement des l'acines celtiques signifiant
créé par Lafontaine. couper; l'étymologie «vts^uvjiv (avancée par
Nicot, Etienne, etc.) est encore moins digne
ENRAYER, retenir les roues en barrant
1 .

les rais (v. c. m.); cps. dcs-em'ayer. d'attention. —


D. entame, entaynnre.

2. ENRAYER, patois e>iroyer, tracer le


ENTASSER, mettre en tas (v. c. m.).
dans un champ qu'on veut
ENTE, voy. enter.
premier sillon
ENTENDRE, L. intendere s. e. animum;
labourer, de voie raie (v. c. m.).
donc proprement tendre l'esprit vers, faire
ENROLER, pr. inscrire sur le rôle. L'esp. attention, s'appliquer à, écouter. Ce sens an-
dit de même alistare, l'angl. enlist, de lista, cien s'est affaibli et entendre n'exprime plus,
liste. au propre, que l'activité, môme passive, du
ENROUER, it. arrocare, rendre rauque, dér. sens de l'ouïe (comme tel, le verbe a fini par
du li. raucus rocus' (cp. louer de locare). supplanter le verbe ouïr = L. audire) et, au
ENS*, prov. ins, iyiz, intz, du L. intics; ce figuré, comprendre, saisir ^d'où le part, en-
vieux mot nous est resté dans les compositions tendu, à sens actif, =
qui s'entend à). D. —
dans (v. c. m.), céa7is (v. c. m.) et léans. ente)ideur, -ement; tnalentendu. Du part. L.
ENSABLER, 1 mettre sur le sable, cp. en-
. intentus procède le subst. fém. entente (cp.
graver; 2. couvrir de sable. attente, vente, descente).
ENSACHER, rouchi ensaquer, mettre en ENTENTE, voy. entente.
sac. ENTER, d'où subst. ente. Ce mot se rattache
ENSEIGNE, insegna, anc. esp. enseîia,
it. au gr. implanté (verbe s^yuTîûuv
îu.f\j7ov, =
du L. insignia, plur. de insigne, qui est le enter) par l'intermédiaire do la forme BL.
primitif également du mot moderne insigne. impotus, greffe, que l'on rencontre dans la Loi
— Enseigne signifie en premier lieu signe, salique (pour ph devenu ;;, cp. gr. xolayo;,
marque distinctive, puis indice d'identité, BL. colapus). Le même primitif grec a donné
d'authenticité, de vérité de là les locutions ; le vha. impiton, mha. impfeten, nha. impfen,
à bonnes enseignes =
à bon titre, avec sûreté; enter, inoculer. Cette étymologie, due à Diez,
à telles enseignes, avec telle garantie. Enfin, ne laisse rien à désirer ; elle l'emporte sur
le mot s'emploie pour drapeau (au masculin toutes les autres, savoir l. In -\- fiamand
:

= porte-drapeau). La valeur d'indice, marque poot = pied et greffe, bouture, mai'cotte. C'est
de reconnaissance (« donner enseignes » = de cette combinaison que Diefcnbacli fait déri-
indicia dare (« montrer par enseignes n == ver le BL. impotus, greffe, primitif direct de
argumentis monsti*arc) a donné naissance au empter, enter; mais cette étymologie est diffi-
verbe enseigner, indiquer, instruire, informer, cile à admettre, car, dit Diez, elle entraîne-
it. insegnare, esp. ensenar, port. insi7iar. rait le recul de l'accent sur le préfixe, puisque
D'autres ont préféré rapporter enseigner di- dans niypothèse de Diefenbach, le BL. impo-
rectement au L. insignare, qui se présente, en tus aurait l'accent sur Vo, tandis que pour
efiet, très naturellement Diez est aussi de cet ;
Diez, cet accent, conformément au grec
avis en prêtant à ce verbe le sens primitif ifx:j>\j7ov, repose naturellement sur le préfixe.

« graver dans », d'où découlerait le sens fig. 2. Im-putare, couper dedans; Diez trouve ce
« mettre dans l'esprit » primitif parfaitement acceptable au point de
ENSEIGNER, voy. enseigne. D. enseigne- vue des principes phonétiques; mais il a des
ment ; cps renseigner. doutes quant à la signification que lui prête
Pott, auteur de cette étymologie. 3. Insitus,
ENSEMBLE, it. insembre, insembra, anc.
esp cnsembra; du L. in-simid, p simul. Cp. ins'tus, participe de i^iserere; mais comment

le verbe sembler de simiilare.


veut-on y rapporter la forme intermédiaire

ENSEVELIR, vfr. sevelir, du L. sepelire.


empter? —
D. ente, greffe; en vfr. branche,
arbre, [plante.
ENSIMER, enduire de saindoux, vfr. ensey-
ENTÉRINER,anc. accomplir, parfaire, auj.
mer, ensaincr, du L. sagimen p. sagina; voy.
de l'anc. adj. enterin, entier, parfait,
ratifier,
saindoux. Le contraire à!ensimer est essimer,
juste, qui représente un type integrinus, dér.
dégraisser, faire maigrir.
de integer, fr. entier.
ENSORCELER, voy. sorcier. ENTÉRITE, dér. du grec h^ipo-i, intestin.
ENSOUPLE, aussi ensuble, ensuple, du
insubuhtm
L. ENTÊTE =
ce qui s'écrit en tête.
(Isidore), m. s.
ENTÊTER, porter à la tête, étourdir, fig.
ENSUITE, de en suite, cp. ail. in der folge. =
préoccuper, prévenir en faveur de qqn. ou
ENSUIVRE (S')= en (L. inde) + suivre.— qqch.; de là entêté =
trop prévenu, qui ne
Le verbe actif vfr. ensuivre est = L. inseqni. revient pas facilement sur une opinion ou sur
ENTABLER, assembler des planches ou une résolution, opiniâtre. —
D. entêtement.
planchettes (L. tabula)\ le dérivé entablement ENTHOUSIASME, gr. iv&,u7,a5//.o; (de rvSou,-
répond à peu près pour le sens au L. tabula- p. Év^îî,-, litt. plein de Dieu). — D. enthou-
ti'.m, litt. couche, assise. siasmer. — Enthousiaste, gr. îv^îUîtajT»?; in-
ENTAILLER, tailler dans. — D. entaille. spiré, fanatique.
. — ;

ENT — 185 ENT


ENTICHER, vfr. entcchier, propr. infecter (d'où entragno, esp. entranas), dans lequel
it.

d'une contagion selon Diez, de l'ail, anstec-


;
on a substitué au suffixe aneus la terminaison
ken, m. s. On trouve, en effet, dans le vocabu- de collectivité aille (cp. tripaille). La termi-
laire d'Evreux entichement contagium; = naison latine était encore observée dans le vfr.
cependant, cette étymologie soulève quelques entraigne, gloses deCassel entrange (cp. estra-
doutes, d'abord à cause de l'absence de Vs ra- gne' étrange, de extraneus).
dical dans les anciens textes, puis à cause du ENTRAÎNER = en (L. inde) -\- traîner, donc
caractère r lativement moderne du sens infec- pr. traîner loin, syn. de emmener, enlever.
ter inhérent au mot allemand. Il me semble D. entrain.
plus rationnel de ne voir dans enticher qu'une ENTRAVE, subst. verbal de entraver.
variété du vfr. entecher, entacher, vicier, de
ENTRAVER, du L. trabes, poutre, bâton;
teche, tache. Le passage de e en i, en syllabe
donc mettre une poutre dans le chemin,
litt.
atone, rentre dans les faits habituels de la
d'où embarrasser, gêner la marche, puis gêner
langue (cp. lion, ciboule, pion, etc.). Littré se
prononce également pour entecher. Dans — en général; opp. vfr. destraver, débarrasser.
Le mot embarrer, d'où embarras, s'est formé
son emploi réfléchi, enticher est peut-être un
homonyme, savoir : le vfr. enticier, aussi
de la même façon. —
D. entrave.
ENTRE, L. inter, intra. Comme préfixe
entechier (angl. entice), inciter, instiguer,
roman, le mot exprime mutualité, réciprocité
propr. attiser.
(s'entr'aider, s'entre-choquer)\ il s'y attache
ENTIER, it. intero, esp. entcro, port, in-
parfois aussi l'idée d'un ou de plusieurs inter-
teiro, prov. enteir, du L. integer, gén. integri,
pr. intact. — D. Pour donner à entier un sub- valles (entre- larder, entre-coupe?^, entre-mêler,
entrouvrir)\ le préfixe revêt alors souvent le
stantif, on recule aujourd'hui devant la forme
naturelle et ancienne entièreté et on a préféré
sens de " par-ci par-là ou de « à moitié »
r> .

Le préfixe latin inter, marquant insertion,
repêcher la forme latine et faire intégrité.
interposition, conserve sa forme latine dans
C'est ainsi que, par des scrupules dont on ne
lesmots à physionymie savante, comme inter-
se rend pas compte, court, complet et beau-
caler, interroynpre, intervalle. Les anciens
coup d'autres adjectifs sont restés privés d'un
disaient régulièrement en^re-rompre, entreval.
subst. abstrait correspondant.
ENTIERCER, BL. intertiare, mettre en ENTRECHAT, mot tiré de l'it. capriola in-
trecciata, litt. cabriole entrelacée.
main tierce, séquestrer.
ENTITÉ, terme philosophique, formé de ENTREFAITES [sur ces) équivaut à ces :

ens, entis, participe présent du verbe esse, choses étant faites (accomplies) dans l'inter-
signifiant chose, être (Quint., 8, 3, 33; plur. valle.

entia, 2, 14, 2). ENTREGENT, usage du monde, adresse à


du se conduire entregent, c.-à-d. en société.
ENTOMOLOGIE, science des insectes;
grec svrouov, insecte. Ce mot grec, comme ENTRELACER, enlacer une chose dans uue
le mot latin insection (in-secare), qui n'en est autre, entortiller. — D.
subst. verbal entrelacs

que la traduction, signifie littéralement " en- (où Ys final n'a pas plus de raison d'être que
taillé ". dans le simple lacs).
1. ENTONNER, mettre en tonne. — D. en- ENTREMETS, vfr. entremés, it. tramesso,
tonnoir. mets servi entre deux principaux services de ;

2. ENTONNER,
mettre un air sur le ton, entre -\- mets (v. c. m.).
BL. intonare, in tonum ponere, cantum impo- ENTREPOSER, déposer provisoirement.
nere, d'où intonation. La double n, dans ce
ENTREPOT, L. interpositum* (interponere)
verbe, comme dans détonner, est vicieuse,
cp. dépôt, impôt.
mais autorisée.
ENTREPRENDRE, prendre entre ses mains,
ENTORSE, du L. intorsus (p. intortus), par-
se charger de, aussi s'attaquer à, d'où l'accep-
ticipe de intorquere, =
tordu en dedans.
tion gêner, embarrasser ; aussi =^ empiéter. —
ENTOUR, formé de en -f tour, était d'abord D. entreprenant, -preneur, -prise.
adverbe et préposition, synonyme de autour,
comme encore le correspondant it. in-
l'est
ENTRER, L. intrare. —
D. entrée; rentrer.

torno; puis on en a fait un subst. signifiant


ENTRE-SOL, litt, entre le sol et l'étage.
lieu environnant; de là les entours et la locu- ENTRE-TEMPS, intervalle de temps; aussi
tion adverbiale à Ventour. De cette dernière employé comme adverbe = dans l'intervalle.

on a fait sans nécessité un nouveau subst., les ENTRETENIR, pr tenir entre ses mains,
alentours. —
D. entourer, mettre ou être d'où tenir en état, rendre durable, faire sub-
entour (cp. environner de environ). Le carac- sister, pourvoir aux dépenses de subsistance ;

tère récent de cette dérivation se trahit par fig. retenir par la conversation, amuser, d'où

le fait qu'on n'y a plus respecté Vn final du s'entretenir =


converser. Toutes ces accep-
"

radical turn, devenu tour. Au xvi" siècle et tions sont également propres au terme ana-
dans quelques dialectes, on trouve encore, logue ail. unterhalten. — D. entretien; entre-
cependant, la forme ancienne et normale tènement.
entouryier ENTRETIEN, v. l'art, préc; cp. maintien,
ENTOURER, voy. entour. D. entourage. — soutien.
ENTRAILLES, prov. intralias. C'est le plur. ENTREVOIR, 1 voir imparfaitement ou ra-
.

L. interanea (Loi salique, intrania), intestins pidement, ne voir qu'à demi (cp. entr'ouïr)\
. .

ENV — 186 — ÉPA

2. s'entrevoir, so voir, se visiter mutuelle- diare, pour le sens = L. invidere)\ envieux^


ment, d'où le subst. participial entrevue. L. invidiosus.
ENTREVOUS, t. d'architecture, subst. ver- ENVIER, verbe, voy. envie. —
D. enviable.
bal de entrevoHsser (voy. voitter). ENVIRON, de la formule en viron (voy.
ÉNUMÉRER, L. enumerare.
virer),comme entour de en tour; à la fois pré^
position et adverbe. On en a fait aussi un
ENVAHIR, envatr, prov. envasir, du
vfr.
L. invadere (cp. traïr U'ahir, de tradei'e).
subst. plur. les environs (cp. les entours).
:

D. verbe environner
ENVELOPPER, vfr. envoleper, \oj. dévelop-
per. — D. enveloppe. "ENVIS ou à envis, =- contre son gré, à
regret. Cette expression, perdue aujourd'hui
ENVENIMER, voy. venin.
et qu'il est intéressant de rappeler, est le L.
ENVERGER, garnir de petites verges ou de
invitus. Monstrelet : •» laquelle chose luy fut
— D. envergeure.
baguettes.
octroyée assez envis ». Ce mot figure encore
ENVERGUER, attacher (les voiles) aux ver-
dans le dictionnaire do Nicot en 1573.
gues m.). — D. envergure,
(v. c. développe-
ENVISAGER, pr. regarder au visage, face à
ment d'une dans la partie qui touclie à
voile
face; fig. regarder ou considérer une chose
la vergue; en hist. nat., étendue des ailes de telle ou telle face.
déployées d'un oiseau. ENVOI, voy. envoyer.
1 ENVERS, préposition, composition de en ENVOLER (S') =^en (L. inde) -\- voler.
et de vers (v. c. ra.),cp. encontre, vfr. enprès.
ENVOÛTER (le circonflexe est fautif), dé-
2. ENVERS, subst., du L. inversus, re-
chirer, piquer, brûler une figure de cire avec
tourné, dont les savants ont directement tiré
certaines paroles cabalistiques, en vue do
l'adj.inverse et le subst. l'inverse.
maléfice ou do faire souffrir celui qu'elle re-
ENVI, prov. envit, anc. subst. signifiant ap-
présente; répond exactement au BL. invul'
pel, provocation, défi; il nous est resté comme tare, vultum eflfingore. Diez est d'avis que
terme de jeu et dans la locution à l'envi =• en
envoûter n'a été mis en rapport avec vultus
se défiant mutuellement. Ce mot n'est pas que par méprise, qu'en réalité il faut y voir le
connexe avec envie, encore moins avec l'an- type in-votare =
devotare (employé par
cien adverbe envis, involontairement [^= lat.
Apulée avec le sens de devooere). Il cite à
invitus), comme a cru Génin c'est le subst. ;
l'appui de son opinion ce distique d'Ovide :

verbal de l'ancien verbe envier, prov. envidar,


enviar, inviter, provoquer, défier ^cp. Jean Deeopft absentes siinulacraqiie cerea flngit.
Et miserum tenues in Jecur urgel acus.
de Condé, II, 108 Car lor nature i envie eus,
:

car leur nature les y pousse). Ce verbe, qui Cette explication est forcée et ne satisfait
est la bonne forme française du mot savant pas à la lettre, car L. devotare n'a pu donner
inviter, a laissé le composé renvier, d'où renvi au français que la forme dévouer. D'ailleurs
Raynouard n'avait pas entrevu de rapport en- on trouve le primitif vaut avec le sens de
tre envidar, inviter, 'fetenutdar, renvier, car il figure de cire servant aux sortilèges.
les a placés, le premier sous la rubrique con- ENVOYER, it. inviare, esp., prov. enviar,
vit (t. dernier à part (t. III). Et cepen-
II), le mettre en chemin, en voie (L. in viam). Lo
dant un vers de Merlin Coccaïe qui
il cite mot latin inviare se trouve employé par Solin,
aurait bien pu le mettre sur la trace : mais avec le sens de marcher sur, parcourir.
Quum facio invitum, facias quoque, Balde, revitum.
Cp. vfr. avoyer, mettre en route. —
D. envoi;
renvoyer.
En effet, et par là nous résumons cet article, ÉPACTE, du gr. èTrxxTo; (iTri/oi), intercalé.
envier, c'est faire une invite, renvier, c'est y ÉPAGNEUL, variété de espagnol;
l'adj.
répondre, y faire face. Mon explication du cette espèce de chiens est originaire d'Espa-
mot envi, que j'avais émise pour la première gne angl. spaniel.
;

fois, à propos du dérivé enviai, dans mes notes ÉPAIS, anc. espais, espois, prov. espes, it.
sur Baudouin de Condé (1866), p. 426, a, spesso, esp. espeso, du L. spisstis, dense,
depuis, été sanctionnée par Ad. Tobler (Mit- épais. — D. épaisseur, épaissir.
theilungen aus altfranz. Handschriften(1870), ÉPANCHER représente un type latin expan-
p. 262) et G. Paris (Mémoires de la Société de dicare, dérivé do ex-pandere, fr. espandre'
linguistique, 1870, I, p. 289). épandre (cp. pencher, formé de la même
ENVIE, it. invidia (Dante inveggia), prov. manière de pendicare). —
D. épanchemeM.
enveia, esp. envidia, cat. enveja, 1 déplaisir ÉPANDRE, espandre", du L. expandere,
qu'on ressent du bien d'autrui, jalousie; étendre, déployer, d'où expansio, fr. expan-
2. désir, volonté. Du
L. invidia. L'acception sion, et l'adj. expansif. —
D. répandre.
désir se déduit naturellement du premier sens; ÉPANOUIR, déployer, extension du vfr. es-
on dit de même être jaloux de faire qqch. panir, p. e.ipandir, forme accessoire de espan-
Pour les acceptions pathologiques données au dre (cp. évanouir, p. esvanir). Pour la chute
mot envie, 1 marque sur la peau que l'on ap-
.
du d, cp. prenons p. prendons. D. épa- —
porte en naissant, 2. petits filets douloureux nouissement.
qui s'enlèvent de la peau autour des ongles ÉPARGNER, espargner it. sparagnarc,
,

(les Allemands disent de même neid-nagel), dér. du vha. sparen, m. s. Pour la terminai-
nous ne savons comment en expliquer l'ori- son on peut rapprocher le verbe lorgner do
gine. —
D. envier (pour la forme =» BL. invi- l'ail, luren; mais elle n'en reste pas moins
,

ÉPA — 187 ÉPI

difficile à expliquer. Peut-être faut-il voir appelle espatard l'enclume et le marteau d'un
dans épargner une contraction de esparigner gros martinet. Le vfr. espautrer, écraser (en-
formé d'un primitif esparer à la façon de core usuel en Picardie) est de la même famille.
égratigner, trépigner. Lorgner de même serait ÉPAULE, espaule* vfr. espalde, espalle,
,

pour lorigner. Tous ces mots procéderaient prov. es2')atla, esp. espalda, it. spalla, du L.
d'un primitif adjectival en in : sparin, lorin, spathula, diminutif de spatha, gr. yni^/j,
trepin, gratin (cp. cliner, cligner). De esparin omoplate. —
D. épauler, 1. rompre l'épaule;
viendrait d'abord espariner, puis esparinier, 2. prêter l'épaule à qqn., fig. assister; =
esparigner, espargner, épargner. Il n'y a pas épaulette, -ière.
de doute que le L. parcere ne soit au fond ÉPAVE, espave*, propr. égaré, errant fen
connexe avec le fr. épargner, mais ce dernier parlant de bêtes), puis, en général, chose
n'en dérive pas immédiatement l'ail, sparen,
; dont on ne connait pas le propriétaire. Du L.
ags. sparian, est bien plus voisin de la forme expavidus, effrayé, qui s'enfuit de frayeur.
italienne et française que le mot latin. Ce ÉPEAUTRE (l'r est parasite), prov. espeuta,
dernier, comme le mot ail., remonte au sans- esp. espelta, BL. spelta (iv® siècle);
it. spelta,
crit sparç, presser, serrer. —
L'opinion la du vha. spelta, spelza, ail. mod. spelz, m. s.
plus acceptable parait être celle de Ulrich ÉPÉE, espée* esp., port., prov. espada, it.
,

(Ztschr., III, 266), qui revendique pour spa- spada, du L. spatha [t^tùS/yi), dont le sens géné-
ragnare et épargner un type vha. 'sparanjan; rique est « chose plate » (voy. épaule, du dim.
de même pour lorgner : "luranja^i (cp. gagner spathula), et qui dans Tacite déjà se rencontre
de weidaty'an}. —
D. épargne. avec le sens d'épée large à deux tranchants.
ÉPARPILLER, vfr. esparpailler, v. angl. De la forme esp. espada vient le dérivé espa-
desparple, prov. esparpalhar, it. sparpa- don. A la même racine appartiennent les mots
gliare; du même radical que le subst. it. par- germaniques ags. spadu, angl. spade, néerl.
paglione, prov. parpalhô, foi'mes altérées du sp)ade, ail. spaten, signifiant bêche.
L. papilio, fr. papillon. Le prov. actuel dit ÉPEIGHE, vfr, espeche, pic. épèque, du vha.
de même esfarfalhâ =• éparpiller, de farfalla, speh, ail. mod. specht, m. s.
papillon. L'idée primordiale serait donc battre ÉPELER, vfr. espelir, anc. énoncer, dire,=
des ailes, voltiger, voleter çà et là à la ma- expliquer, prov. espelar, expliquer, angl.
nière des papillons cp. l'expression papil-
;
spell, épeler du vha. spellôn, goth. spillôn,
;

lonner. Le verbe, neutre en principe, a dans la raconter. L'étymologie appellare est tout à
suite pris une acception active =
disperser, et fait inadmissible, bien que l'anc. langue, par
s'est appliqué surtout à des objets qui volent conversion de préfixe, ait es-peler p. ap-peler.
facilement dans l'air, comme de la paille, du — D. épellation.
foin, de la braise, etc. ÉPERDU, prov. esperdut, it. sperduto, par-
1. ÉPARS, L. sparsus, Tpa.vtic.ae spargere, tic, du vfr. esperdre, égarer, étonner, trou-
verbe latin que l'anc. langue possédait sous bler.
la forme espar dre (cp. sourdre de surgéré). ÉPERLAN, esperlanc, =angl. sparling,
2. ÉPARS, éclair (mot autrefois très ré- ail. spierling, néerl. spiering, esp. espe-
pandu et usuel encore comme terme de mer), rinque.
en réalité espart; subst. verbal de l'ancien ÉPERON, anc. esporon, esperon, prov. es-
verbe espardre ^^= spargere (voy. l'art, préc),
perô, esp. espolon, port, esporâo, it. sperone,
dans son acception faire des éclairs, pr. ré- sprone ; formes simples (sans suffixe) esp. :

pandre de la lumière. Espart, à son tour, a espuela, espuera, port, éspora. Du vha. spore
produit l'ancien verbe espartir, faire des (accus. sp>oron), aW.moà. sporen, sporn, angl.
éclairs. —
Notre étymologie laisse subsister spur, hoU. spoor. —
D. verbe éperonner.
quelques doutes ; il est difficile de l'accorder
ÉPERVIER, prov. esparvier,
espervier",
avec le verbe ancien s'esparer, s'éclaircir.
anc. esp. esparval, it. sparamere, sparviere,
ÉPARVIN ou épervin, anc. esparvain, ma- du vha. sparawari, ail. mod. sperber (la ra-
ladie du cheval, it. spave7iio, spavento, esp.
cine spar se retrouve aussi dans le goth.
esparavan, angl. spavin, cat. esparverenc;
sparva, ail. mod. sperling, angl. Sjoarrow,
Machautala forme espavain. D'après Ménage,
approuvé par Diez et Littré, d'épervier, parce
moineau). —
D. épervière, plante.
ÉPERVIN, voy. éparvtn.
que les chevaux ayant ce mal lèvent le pied
à la façon des éperviers. Les formes it. et ÉPHÉMÈRE, gr. h-n/ji-poi, ne dui\int qu'un

angl. suggèrent quelques doutes. jour, passager; éphémérides, gr. èf/j/xî/st;,


-ISo:, journal; cp. L. acta diurna.
ÉPATER. 1. casser le pied, tronquer, de
patte; 2. aplatir, écraser (« nez épaté »). Ce ÉPI, espi\ L. spicus p. spica (cp. ami de
dernier sens peut, au besoin, également être amicus)- it. spiga, esp. espiga. — D. épier,
rapporté à patte; mais il nous semble dériver monter en épi; dimin. épille* = L. spicula,
plus naturellement de la racine pat, expri- d'où épillet.
mant un coup plat, racine largement répandue ÉPICE, espèce et espice (angl. spice), esp.
vfr.

dans les langues de l'Europe. Nous la trou- especia, spezie; du L. species, employé
it.

vons surtout dans le L. patina, plat, dans déjà avec le sens d'épice dans Maci'obius, Pàl-
l'ail, patsch, etc. Épater correspond au wal- ladius et autres. Pour le rapport logique entre
lon spater, écraser; cp. en esp. espadar, species (espèces) et épices, on peut rapprocher
broyer le chanvre. Dans les usines de fer on l'ail, materialien -= drogues, de materies.
ÉPI — 188 — ÉPI

matière. — D. épicier fcp. it. spéciale, dro- isfinâdj , isfànâdj , aspanahh (moy. grec
guiste, pharmacien); épicerie, ail. spezerei; ïTiavâ^fiîv).
verbe épicer. — Épice
n'est qu'une forme con- ÉPINE, espine', L. spvia; alba spina -= fr.
currente et variée de espèce (cp. empire du L. aubépine. —
D. épinaie, L. spinetum; épi-
itnperium). neux, L. spinosus; épinette (v. c. m.); épi-
ÉPIDÉMIE, du gr. i-xi^nij.lx (i^ri, sur, et nier, -ière (adj.); épinard (v c. m.); épinoche,
injj-oi, peuple), maladie répandue par tout le poisson (cp. anglais stickle-back, ail. stich-
peuple. ling).

ÉPIDERME, gr. iizi^ipuii (ittî, sur, et oî/jux, V ÉPINETTE, it. spinetta, esp, espincta, ail.
peau). spinett, instrument de musique à clavier et à
ÉPIE*, espie espion, angl. spy, it. spia, cordes; du L. spina, épine. Cette dénomina-

,

esp., prov. espia; du vha. speha. D. tion est fondée sur ce que l'instrument en
espion, it. spione, ail. spion; verbe épier, it. question était touché avec des tubes de plume
spiare, esp., prav. espiar (cp. vha. spehen, pointus. —
Épinette, cage à volaille, tire son
auj. spàhen, m. s). nom des épines dont ces cages étaient primi-
1. ÉPIER, voj. épi. tivement fiiites.
2. ÉPIER, voy. <?pte. ÉPINE -VINETTE, arbuste ainsi nommé,
ÉPIEU, vfr. espieil, champ, espiel, du L. d'après Lcgoarant, parce qu'on fuit avec ses
spiculum, pointe, trait, dard (cp. essieu de baies une sorte de vin; Littré pense que le
tuciculus). — On rattache à tort épieu à l'it.
mot pourrait venir de ce qtie les fruits en
spiedo, épieu, broche; ce dernier est iden- grappes de l'épine-vinette lui donnent l'aspect
tique avec l'esp. espeto, broche (d'où espeton, d'une petite vigne.
rapière, grosse épingle, etc.), vfr. espiet, ÉPINGLE, espingle' ,A.\\h. spinula, dim. de
espies, espois, BL. spietum, spitum. Ces vo- spina. Épingle est dit, selon Dicz, p, épinle,
cables se rapportent aux mots germaniques et leg est intercalaire le patois champenois,
;

vha. spiz, pointe, lance, ail. mod. s/3iew,holl. par transposition de la liquide /, dit éplin-
speet, angl. spit, suéd. spiut, signifiant pique, gue. [Le picard épiculc, épiule et vfr. espille
broche, épieu. —
L'étymon spiculum (t long) accusent une origine du L. spiculum (voy.
est contesté par Sucliier (Ztschr. I, 429) ; pour épieu).] Ducange, v° spinula, cite le passage
lui, la plus anc. forme du mot a été prov. suivant de Tacite, Germ., c. 17, favorable à
espeut (= bourg, ou franque spcut ail. = l'étymologie rapportée : tegmen omnibus
mod. spiess). A espeut aurait succédé espieut, sagum consertum.
fibula, aut si desit, spina
dont le nom. espicus a fait supposer et provo- L'it. spillo vient également de spinula (cp.

qué un thème espiel, espieic. Quant à vfr. es- it. ella de enola, lulla de lunula, L. ullus p,

pieil, il se rapporterait à espieus, comme vieil unulus, et pour le changement du genre, cp.
à vieus (vieux). orlo de orula). Le flam. dit spclle ci spelde. —
ÉPI6RAMME, gr. =- inscrip-
iTt'.ypy/jifjir, litt.
L'étym. spinula pour fr. épingle, malgré l'au-
tion, puis légende poétique écrite au-dessous torité de Diez, no nous paraît pas à l'abri de
d'une œuvre d'art, enfin, petite poésie sur un toute objection. Cette insertion de g entre
sujet quelconque, faisant ressortir une pensée n-l est trop insolite (on trouve plutôt ten-
délicate et intéressante. A
cette dernière ac- dance à supprimer la gutturale dans la com-
ception du grec ressortit le sens moderne du binaison ngl; à preuve le vfr. estranler p.
mot. — D. épiçrammatique,gv. i:Ti/pxaij.xTixdi. étrangler) pour ne pas nous décider à don-
ÉPIGRAPHE, gr. ;Ti//5a?vi, inscription,
ner la préférence à une étymologie germa-
ÉPILEPSIE, gr. i7rt).vj|t«, m. s.; do nique. L'ail, spange, agrafe, a produit dans
î7ri/r,7rro;
(adj. verbal de èTniauSàvsiv), les dialectes des diminutifs spangel, spengel
affecté, saisi, vient
et spingel, qui nous paraissent expliquer plus
ÎTtivjTrrtxo,-, fr. épileptique.
ÉPILER, L. e-pilare fpilus), ôter les poils. naturellement la forme française épingle, —
L'ét. spicula, avec insertion de n, me paraît
ÉPILLET, voy. épi.
ÉPILOGUE, gr. i-.O.oyoi, péroraison, opp. peu probable, malgré l'autorité d'Arcoli,
de npoU^/oi, prologue. —
D. épiloguer, faire
G. Paris admet identité de épingle avec sphin-
gula, dim. du BL. sphinx, agrafe (Rom., IX,
des observations critiques à ce que l'on dit.
trouver à redire (se rattache au sens littéral 623). — D. épingler, -ier, -ette.

de ïTciXoyoi, discours ajouté). ÉPINOCHE, poisson, aussi dit écharde ou


épinard, voy. épine.
ÉPINARD (le d est ajouté), vfr. et prov. es-
pinar, dérivé de espine* épine, à cause des
,
EPIPHANIE, fête de la manifestation de
pointes épineuses du calice fructifère. L'it. Jésus, du gr. i-Ki-ik-mx, apparition.
spinace, esp. espinaca, vfr. espinoche, angl. ÉPIQUE, gr. £Ti/.o; (de éttî;, pi. Itt/j, épopée),
spinale, sont tirés d'une forme latine adjec- ÉPISCOPAL, -AT, L. episcopalis, -atus (de
tivale spinaceus ou spinaticus. L'ail, spinat episcopus, gr. ÈTt^itsTro;, fr. évêque).
accuse un primitif latin spinatus. Sans doute, ÉPISODE, gr. ÈrruTîâiîv, action intercalaire,
tous les mots romans cités ci-dessus, auxquels incident (composé de InL adv, marquant ,

j'ajouterai le port, spinafre(=lat. spinifer), ajoute, insertion, et de s.Uoloi, pr. entrée),


sont inconsciemment formés sous l'influence puis marche du chœur au théâtre, D. épi- —
de lat. spina, mais Devic démontre qu'ils sont sodique.
en réalité tirés de l'arabo-persan équivalent ÉPISSER, terme de marine, séparer les
.

ÉPO — 189 — ÊQU


torons de deux bouts de corde et les entrelacer noël de natalis, dommage de damnum. D, —
de manière à réunir les deux cordes; du épouvante, épouvantail.
néerl. splitsen, fendre, diviser, angl, split, EPOUX, espoiis', fém. épouse, it. sposo, esp.
sph'ce, par la syncope de l. esposo, prov. espos, du L. sponsus (part, de
ÉPISTOLAIRE, L. cpistolaris (de epistola). spondere, fiancer;. —
D. épouser, prendre
ÉPITAPHE, gr. iinrà-.ioi (adj.), tumulaire. comme époux ou épouse, prov. esposar, it.
ÉPITHALAME, gr. è7ri3«)à/*tov s. e. ix^oi, sposare (L. sponsare == promettre en mariage).
litt.chant exécuté devant la chambre (aàia^o?) Anciennement, épouser se disait aussi p. ma-
de la mariée. rier, en parlant du prêtre qui donne la béné-
ÉPITHÉTE, gr. ètj^&ïto,-, ajouté, expression diction nuptiale.
traduite exactement par le L, adjectïvus, ad- ÉPREINDRE, espreindre, du L. exprimer e
jectif. (cp. empreindre). — D. éprei^ite.
ÉPITOMÉ, gr. kTtiTo/x-n, litt, retranchement, ÉPRENDRE, esprendre" , saisir, forme ren-
uis abrégé, résumé. forcée du simple prendre, anc. enflammer, =
ÉPITRE, épistre,du L. epistola {gr. l-fSToH, au propre et au figuré; de là le part, éprii.
de èizi'jrklUi-j, envoyer, mander, faire savoir); ÉPREUVE, subst. du verbe éprouver. Le
cp. apôtre de apostoîus, chapitre de capitu- changement de voyelle repose sur la circon-
lum. — La langue moderne a de même créé le stance que dans le subst. l'accent porte sur lo
subst. missive du L. mittere, envoyer. radical.
ÉPIZOOTIB, maladie qui se jette sur les ani- ÉPROUVER, esprover , L. ex-probar& in-
maux (èttî iûx). C'est un mot de forge moderne tensitif de probare. —
D. épreuve, éprcu-
,

et peu correcte. vette.

EPLORÉ, du L.plorare, pleurer; le préfixe ÉPUCHE, pelle pour enlever la tourbe,


rappelle celui de éperdu (v. c. m.). subst. du verbe e'pucher; celui-ci, variété
V.

EPLOYER, esployer', L. explicare. Le mot picarde de épuiser, se rattache au vfr, pue,


plus d'usage qu'au participe passé, et
fr. n'est puch =
L. puteus, puits.
cornme terme de blason, ÉPUISER, espuiser, puiser jusqu'au bout,
ÉPLUCHER, espliicher*, composé de es == tarir, mettre à sec, consumer, affaiblir, etc.
ex plucher, picard pluquer, champ, pîu-
-\- Voy. aussi épuche.
chotter; dans Walter de Biblesworth et dans EPURE, voy. le mot suivant.
le Reclus, je trouve espeluker ; l'it. a piluc- ÉPURER, L. ex-purare (purus). D. épu- —
care, égrapper des raisins. Ces verbes sont ration, -atif; subst. verbal épure, dessin tracé
dérivés, par le suffixe uc, du L. pilare, arra- au net, plan définitif;
cher des poils. Il ne faut pas songer, observe ÉPURGE, espurge', plante purgative, l'eu-
Diez, à l'ail, p/îiicken, cueillir (ni. plucken, phorbe ; subst. verbal de espurgier , L. expur-

ags. pluccian, angl. pliich), qui paraît plutôt gare.


de provenance romane; notons toutefois que ÉQUARRIR, tailler à Vcquerre (v. c. m.). —
à tout aussi bon titre, soutenir l'ori-
l'on peut, Le verbe équarrir, dépecer une bête morte,
gine germanique de ^^7MCcare*, fr. es-plucher. doit être le même mot il signifie pr. couper
;

BPOINTER suivant la différente


signifie, en quartiers.
valeur du préfixe é, tantôt casser la pointe, EQUATEUR, L. œquator, qui partage en
émpusser, tantôt rendre pointu. deux parties égales, —D, équatorial.
ÉPOIS, espois', cors qui sont au sommet de ÉQUATION, L. œquatio, égalité.
la tête du cerf; du vha. spis, pointe, lance, ÉQUERRE, esquerre' esquarre",
, angl,
néerl. spit, broche. C'est le même mot que vfr. square, esp. esquadra, it. squadra, subst.
espiet mentionné sous épieu. d'un verbe L, ex-quadrare, fr. équarrer, tail-
EPONGE, esponge\ L. spongia (aTroyytà), ler en carré ou à angles droits. Les mots —
d'où l'adj.spongiosus, fr, spongieux. —D, it. et esp. signifient aussi un carré d'hommes

éponger, L. spongiare. de guerre, troupe, détachement. De là fr. es-


ÉPOPÉE, gr. êTtoTToita, composition épique cadre; puis, d'après l'augmentatif it. squa-
[înoi, noiîivj. drone, esp. esquadron, le fr. escadron et l'ail.
EPOQUE, gr. inox^^ (de in-k'/^nv, retenir, ar- schwadron. —
Vient à son tour de esquarre',
rêter), arrêt, point fixe dans l'histoire. anc. forme pour équerre, le verbe actuel
ÉPOUILLER, voy. pou. équarrir (v. c. m.).
ÉPOULIN, aussi espolin, espoultn, épolet, ÉQUESTRE, L. equestris (equus),
dér. de espole, espoule, vfr espeul, qui vient du
. ÉQUI-, premier terme de composés scienti-
vha. spiiolo, ail. mod. spule, fuseau, bobine. fiques, marquant égalité de la chose désignée
ÉPOUSER, voy. époux. D. épousailles.— par le second terme, ex. équiangle, équiaxe,
:

ÉPOUSSETER, voy. poussière. — D. épous- équicrural, équilatère ou -latéral (L. eequila-


sette. terus). C'est le latin œquus, égal, en composi-
ÉPOUVANTER, vfr. espaventer, espaenter, tion œqui.
espoenter, espovefiter, it. spaventare, spantare, ÉQUILIBRE, L. œquilibrium, de l'adj.
esp. espantar, prov. espaventar; patois fr. du œquilibris (sequus, libra), de poids égal. —
nord épanter. Du L. expaventem, participe
: D. équilibrer ; équilibriste
présent de expavere, s'effrayer. Pour le chan- ÉQUINOXE, L. œquinoctium, égalité des
gement de a en o ou ou en syllabe atone, cp. jours et des nuits. —
D. équinoxial.
ERG 190 ERR
ÉQUIPER, csquiper', esp. esquifar, esqui- végétale en forme d'éperon ou de corne qui
par, pr. pourvoir un navire du nécessaire, vient sur les épis de quelques graminées.
puis en général fournir le nécessaire à qqn. L'origine de ce mot reste encore à établir.
Ce verbe, qui en premier lieu signifiait Ménage invente pour la trouver la filière sui-
quitter le rivage, prendre la mer, vient vante : articKS (primitif de articulus selon
du subst. esquif, vfr. eschif, eship, it. scJdfo, Ménage), articottus, arcottus, argottus, argot.
esp. esquife. Quant à ce primitif, c'est le Nicot renvoie à!ergot aux synonymes hérigote
vha. shif, goth., ags., nord, skip, scip, ail. et argot; d'autres proposent soit L. erigere,
mod. schiff, navire. —
D. équipe, subst ver- soit gr. ttp,siv, défendre, repousser; enfin,
bal, pr. attirail de choses nécessaires, puis Frisch invoque harken, râteau. Diez
l'ail,

détachement d'ouvriers ; —
équipement, 1 ac- . ne
s'abstient et que rappeler la forme
fait
tion d'équiper; 2, les choses qu'il faut à cet champ, artot. Une fois que nous sommes
eflfet. —
Équipage, 1 ensemble de ce qu'il
. dans le domaine des conjectures, nous en
faut pour commencer, continuer et mener à hasarderons une à notre tour. Ergot serait
bonne fin certaines opérations ; en ce sens, le une contraction de érigot, et signifierait quel-
mot est synonyme d'attirail; de là : train de que chose de pointu, de saillant comme un
chevaux, de carrosses, de valets, puis l'ensem- éperon ; cet érigot viendrait du même radical
ble du personnel d'un navire; 2. voiture et eric qui a donné L. ericius (d'où fr. ?iéris-
tout ce qui s'y rattache ; 3. accoutrement, S07i), ainsi que le gr. IptUi), L. erica, bruyère.
manière dont une personne est vêtue. Équi- — L'existence d'une forme érigot se révèle par
pée, entreprise (particulièrement
entreprise celle du dérivé eiHgoté (orthographié plus tard
téméraire et manquée), pour laquelle on vicieusement ?iérigqfd) =
muni d'un piquant
s'était équipé. —
L'historique des applica- ou d'un éperon. Ce mot est, dit-on, un terme
tions du verbe csquiper mériterait une étude de vénerie désignant les chiens qui ont une
particulière. marque aux jambes de derrière, mais on ne
ÉQUIPOLLENT, L. œquipollem. dit pas en quoi cette marque consiste. Je
ÉQUITATION, L. equitatio [equitare, do pense que mon étymologie de ergot ne sera
cquus). pas qualifiée de trop aventureuse. Mais s'ap-
ÉQUITÉ, L. œquitas (aequus), m. s. — D. pliquera- t-elle aussi à ergot, nom de la mala-
équitable; cp. charitable de charité. die qui attaque le seigle? Je suis disposé à le
croire, puisque cette maladie consiste dans
ÉQUIVALOIR, L. œquivalere; de là équiva-
lent, -eu ce. des excroissances en forme de corne ou d'épe-
ron qui se produisent sur les épis. Quant à la
ÉQUIVOQUE, L. œquivocus, à double sens.
— D. équivoquer.
forme argot, elle me paraît postérieure à
ergot; cp. fr. tnarle, p. merle, margotte,
ÉRABLE,
mots
esrable' , esrabre', concrétion des
latins acer arbor, ou acer albula (?).
marcotte, de mergus. —
D. ergoté, -isme.
ÉRAFLER, voy. rafle. — D. éraflure. ERGOTER, voy. ergo. L'étymologie L. ar-
gutari (bavarder, discourir), proposée par
ÉR AILLER, csrailler, d'un type latin ex-
rallare, tiré de l'adj. rai lus, transparent en
Ducange, est contraire aux règles. Littrô cite
les verbes vfr. hargoter, provoquer, quereller
parlant d'une étoffe, ou du subst. rallum,
racloir. Un type c-radulare, de radula, ra-
(bourguignon crigotay, provoquer, erigo, chi-
cane), qui paraissent, dit-il, devoir être rap-
également admissible. D'autres ont
cloir, est
proposé le type exradiculare.
portés à ergot, éperon. —
D. ergoteur, -erie,
-isme (Marot ei-gotis, chicane théologique).
:
ÈRE, du L. œra =» nombre, chiffre (Luci-
lius), —r époque, ère (Isidore). L'origine du ÉRIGER, L. e-rigere, élever, dresser.
mot latin n'est pas encore fixée; peut-être ÉRIGNE, ÉRIHE. instrument de chirurgie
(pince armée de crochets), altération du ^r.
est-ce le pluriel œra, de œs, pièces de cuivre,
araigne, iraigne, araignée.
jetons de compte.
ERMINETTE, aussi herminette, espèce de
ÉRECTION, L. erectio {àeerigere, dresser).
— D. l'adj. néo-latin erectilis, fr. érectile.
hache à tranchant lunaire convexe; « de her-
mine parce qu'on a comparé la partie recour-
ÉREINTER, vfr. esrenei', rompre les reins bée de l'erminette au museau de Yhermine «
(v. c. m.).
(Littré).
ÉRÉSIPÈLE, orthographe et prononciation ERMITE ou hermite, du L. eremita, gr.
vicieuses p. érysipèle, du gr. Ipuilnùui (de
ipriulrrii {ïptjfioi, désert). —
D. ermitage ou
ipu^oài, rouge, et ttéXo;, peau = L. pellis). hermilage.
ÉRÉTHISME, g;r. ipt^n,x6i, irritation. ÉRODER, L. erodere, d'où erosio, fr. éro-
ERGO, mot latin = donc,
introduisant la sion.
conclusion dans le syllogisme; àelà. ergoter EROTIQUE, gr. l^wn/oî, adj. deé^w,-, amour.
(v. c. m.), faire des syllogismes, fig. pointiller, ERRATA, mot latin, plur. de erratum, er-
disputer, chicaner. La formule familière ergo reur, faute.
glu constitue les premiers mots de la conclu- ERRATIQUE, L. erraticus (errare).
sion ergo glu capiuntur aves, donc les oi-
:
ERRE, voy. errer 2.
seaux sont pris par la glu. 1. ERRER, aller çà et là, s'égarer, être dans
ERGOT,aussi argot, ongle pointu à la par- l'erreur, du L. errare.
tie postérieure de quelques animaux; aussi 2.*ERRER(chant de St. -Léger edrar), voya-
l'extrémité d'une branche morte; production ger, faire du chemin, procéder, agir, se con-
. ;

ESC — 191 ESC

duire; composé mes-errer' =


mal agir. Le 2. ESCALOPE, tranches de viande roulées
primitif est le verbe i^. iterare, cheminer en escalope (voy. l'art, préc).
(Venant. Fortun.), tiré de it,,r. chemin. De ESCAMOTER, esp. escamotar, d'origine in-
là chevalier eri'ant, juif errant de là encore
: ;
connue. Ménage, s'appuyant de l'esp. camo-
les subst. erre, allure, trace, vestige, et erre- dar, changer l'état ou l'ordre des choses,
ment, marche d'un procès, procédure, manière propose le L. commutare, échanger. C'est
Notez encore l'adv. vfr. errant, et
d'agir. peu probable. Ihre, d'après Ducange, cite le
er7-amment —
tout de suite, litt. couramment. vha. scamara, voleur. Diez, sous forme dubi-
ERREUR, L. error. tative, met en avant le L. squama; escamer
ERRONÉ, L. erroneus, errant, vagabond, ou escamoter serait pr. enlever comme des
dér. de c?">'o, -onis, vagabond. écailles; il invoque l'expression allemande
ERS {Vs est la finale de l'ancien nominatif, weg-putzen, enlever d'un coup de balai ou de
op. lacs, rets), it. ervo, esp. yervo\ catal. er, brosse en nettoyant (pw^zen), puis souffler une
prov. ers, du L. ervurn, m. s. Les mots ail. chose à la manière d'un escamoteur. Le cymr.
erbeis, erbis, erbse, ags. earfe, néerl. erwet, et gaél. cam, tromperie, artifice, également
erwt, ert, signifiant pois, sont de la même cité par Diez, aurait, selon lui, produit plutôt
famille. une forme fr. échamoter. —
D. escamote.
ERUBESOENT, L. erubescens{ruber, rouge). ESCAMPER, vfr. eschamper, it. scampare,
.
— p. érubescence. d'un type L. ex-campare, cp. décamper; de
ÉRUCTER, L. e-ructari; voy. aussi roter. là l'expression familière poudre d^escampette,
ÉRUDIT, L eruditus, part, àe erudire, in- qui a peut être été d'abord dite en plaisan-
struire, litt. dégrossir; érudition, L. eruditio. tant par assonance avec poudre d!escopette.
ÉRU6INEUX, L. œruginosus (de œrugo, Escampette est proprement le dimin. de l'anc.
-inis, rouille de cuivre, vert-de-gris). subst. escampe, action d'escamper.
ÉRUPTION, L. eruptio{àe e-rumpere). ESCAP, terme de fauconnerie, subst. verbal
ÉRYSIPÉLE, voy. érésipèle. de escaper, mettre le gibier en liberté pour
ES, contraction de en les (cp. des p. de les, lâcher l'oiseau de proie à sa poursuite. Esca-
vfr. ques, nés p. que les, ne les). N'est plus per est une variété de échapper (v. c. m.).
guère en usage que dans " maître es arts, ESCAPADE, it. scappata, voy. échapper.
docteur es lettres » ESCAPE, fût d'une colonne, L. scapus, m.
ESCABEAU, ESCABELLB, en terme d'archi- s., du gr. TxâTTs;, tige, rameau.
tecture escabelon ou escablo7i = piédestal, du ESCAPER, voy. escap.
L. scabellum, m. s. De la forme latine sca- ESCARBILLES, voy. écarbouiller.
mellum, dimin. de scamnum (pic. escaine) ESOARBOT, vfr. escharbot, it. scaràbone,
vient vfr. eschame,l,a.\\. schâmel, escabeau. prov. escaravat, dérivés du gr. (j/.âp3(6o;. Le
ESCACHE, t. d'équitation, mors ovale. L. scarabeus a donné la forme savante scara-
Probablement du verbe escacher, écacher, bée ; à l'aide d'une prononciation scarabaius,
aplatir. aussi l'it. scarafaggio, esp. escarabajo, prov.
ESCADRE, ge-schvoader, voy. équerre.
ail. escaravai.
— D. escadrille. —
Voy. aussi escouade. ESCARBOUOLE, du L. carbunculus (avec
ESCADRON, angl. squadron, ail. schwa- prosthèse du préfixe es)\ it. carbonchio, esp.
dron, voy. équerre. —
D. escadronner. carbunclo, ail. karfunkel.
ESCAFIGNON, espèce de chaussure (de là ESCARBOUILLER, écraser, voy. écarbouil-
sentir l'escafignoti, sentir mauvais des pieds), ler.
anc. escafilon (Eust. Dechamps) ; de la même ESCARCELLE, it. scarsella; d'après Diez
famille que escafotte, écale de noix ou de d'un type scarp(i)cella, dimin. du BL. scarpa
moule (Froissart; dans Watriquet de Couvin, = fr. écharpe (v. c. m.) dans son ancienne si-

esca filon, escafelote, m. s.), en rouchi écaflion, gnification de poche de pèlerin. D'autres font
brou de noix, écaflier, écailler des noix, du mot un dér. de l'adjectif escars*, échars
écafote, écaille. Ces mots dérivent, soit du L. (v. c.m.), avare, économe; ce serait la poche
scapha, gr. «àTTî;, auge, bateau, ou de vha. à épargnes. Uit.scarsella, et esp. escarcela
scaf, auj. schaff, cuve, boisseau, ou enfin de paraissent être empruntés au français.
l'ail, schelfe (vha. sceliwa), écaille, écosse. ESCARGOT, vfr. escargol, probablement le
ESCALADE, it. scalata, voy. échelle. D. — même mot que caracol, augmenté d'un s ini-
escalader. tial, devenu la syllabe es. Il peut avoir été

ESCALE, voy. échelle D.escaler. — façonné par imitation de esca7'bot.


ESCALIER, BL. scalarium, voy. échelle. ESCARMOUCHE, it. scaramuccia, scher-
ESCALIN, it. scellino, esp., prov. escalin, mugio, esp., prov. escarmuza, BL scarmu-
BL. schelingius =
vha. shilling, ail. mod. tia, angl. scarmish', skirmish, ail. schar-
schilling, schelling, angl. shilling,
flam. miitzel. La forme italienne est la primitive;
Kiliaen rapporte schelling à schelle, sonnette c'est une dérivation, à l'aide du suffixe uccia,
(vfr. esquille), comme signifiant une pièce de du verbe scher mire, faire des armes, lequel
monnaie « sonnante ». vient du vha. sherman, se défendre contre
1. ESCALOPE*, coquille, angl. escalop, une attaque, combattre (dér. de skerm, bou-
scallop; de la famille germanique scala, ail. clier, ail. mod. schirm, abri). Ducange et
mod. schale, écaille néerl. schelp, ail. mod.
;
autres décomposent le mot en scara-muccia
aussi schelfe. scara, pour eux, est l'ail, schaar, troupe, et
ESC — 192 ESC

muccia, un subst. du fr. miisser, cacher; le escient «= me sciente. Anciennement escient,


sens primitif serait ainsi troupe sortant
: aussi cnscicnt, prov. escien, essien, étaient
d'une embuscade mais cette étymologie ne
;
des substantifs signifiant sens, avis, discer-
s'accorde ni avec le sens, ni avec la forme. nement ; ils avaient pour opposés en prov.
L'ancienne langue possédait, au surplus, un nescies, nesciesa, nescietat, ignorance, sot-
dérivé du type schermire plus simple, savoir tise. Cp. le vieux substantif e*"<fu?^ également
cscarmie, combat Le germanique skei-man tiré d'un participe pré.sent.
estégalement le primitif du mot roman escri- ESCLANDRE, vfr. eschandle, escandre, es-
mer, it. schermare et schermire, esp., port. cande, du L. scandahim avec insertion de /.
esgrimir, vfr. escriynir, escremir. ESCLAVE, vfr. escla, prov. csclau, it.

ESCAROLE, en botanique lacttica scariola; schiavo, esp. esclavo, port, esa'avo, de l'ail.

d'origine inconnue. sklave, angl. slave, BL. sclavus. Le terme


ESCARPE, it. scaiya, esp. escarpa, du s'appliquait d'abord aux prisonniers slaves
nord, sharp, vha. scarf, ail. mod. scharf, réduits à la servitude par Othon le Grand et
aigu, tranchant, l'escarpe exprimant quelque ses successeurs. — D. esclavage,
chose de terminé en pointe, en angle aigu. — ESCLAVON, pr. langue des Slaves.
D. escarper, escarpé, -ement ; cps. contres- ESCOBAR, " adroit hypocrite, qui sait ré-
carpe. — La signification du fr. escarpei', soudre dans sens convenable à ses intérêts
le
couper à pic, droit de haut en bas, et celle de les cas de conscience les plus subtils " du nom ,

l'esp. escarpar, nettoyer, râper, polir, laissent d'un célèbre casuiste espagnol, de l'ordre des
quelques doutes sur la justesse de l'étymologie Jésuites, Ant. Escobar y Mendoza (1589-
ci-dessus; nous la préférons toutefois à celle 1669), auteur d'une Théologie inorale, deve-
du L. excarpere. Y aurait-il quelque incon- nue célèbre par la doctrine qu'elle défend. —
vénient à voir dans escarper et ses similaires D. escobarder, -ei'ie.

le latin scalpere, tailler et gratter? Il est évi- ESCOFFIER, mot forgé populairement sur
dent que it. scarpello, ciseau, est bien le L. le vfi". esconfire, prov. escofir, it. sconfiggere,
scalpelhtm, d'où scarpellare, sculpter, tailler tuer, défaire; ces mots représentent un type
des pierres. L'esp. escarpar, du l'este, peut latin exconficere; voy. déconfiture. L'ital. a —
fort bien venir aussi du germanique st7tra;;«n, scuffiare, manger goulûment, dévorer; qui
gratter. — Obs. On me fait dire à tort dans saits'il n'a pas donné naissance au terme po-

Littré que escarpe pourrait venir de l'it. pulaire français?


scarpello =
lat. scalpellum, petit couteau. Ce ESCOFPION, de l'it. scuffionc, dér. de sauf-
que j'ai dit, c'est que le verbe escaiper, dont fia {= cuffia, fr. coiffe).
escarpe est le substantif, pourrait aussi bien ESCOGRIFFE, mot de fantaisie; le griffe se
se rapporter à scalpere que l'it. scarpello comprend; quant à les uns y voient lo
esco,
représente lat. scalpellum. L. esca, mangeaille, les autres le mot escroc.
ESCARPÉ, ESCARPER, voy. l'art, préc. ESCOMPTE, de l'it. sconto, subst. verbal de
ESCARPIN, vfr. aussi escapin, it. scappino, scontare =
dis -\- computare. Cp. esp. des-
scarpino, esp. escarpin, dérivés du BL. scar- cuento, ail. d sconto, angl. discount, cor-
pus, it. scarpa, sorte de chaussure. Ménage respondants litt. du fr. décompte. D. —
connaît un plur. L. carpi, espèce de souliers escompter.
découpés (de carpere «= scindere), dont il tire ESCOPE, escoupe, voy. e'cope.
les mots cités par une forme composée inter- ESCOPETTE, de l'it. schioppetto, scoppietto,
médiaire excarpi. Diez y voit le germanique diminutif de schioppo, fusil. Quant à schioppo
sharp, scarf (voy. escarpe) terminé en (transposé en scoppio), il signifie propr. déto?
tranchant ou en pointe. —
D. escarpiner, nation, bruit. Il vient du L. stloppus, claque
courir légèrement. (employé par Perse, 5, 13; d'autres lisent
ESCARPOLETTE, diminutif de escarpole, sclopv.s). Pouf la transformation de ce mot,
autre dérivé de escarpe =
cclmrpe. « Origi- cp. fistula, fist'la, devenu it. fischia. La Loi
nairement, dit Ménage, on brandillait à l'es- salique déjà présente le verbe sclupare, p.
carpolette dans une grande écharpe. « Selon tirer avec une arme. —
D. escopetterie.
Brachet, de l'it. scarpoletta, m. s.; mais je ESCORTE, de l'it. scorta; celui-ci du verbe
cherche ce mot en vain dans les dictionnaires scortare, qui lui-même, par le part, scorto,
de cette langue. vient de scorgere, accompagner. Scorgcre re-
1. ESCARRE, t. de blason, «=» «^gwarrc, présente le L. ex-corrigere ; de la signification
éqiierre. diriger du primitif latin s'est déduite celle de
2. ESCARRE, aussi escare, eschare, es- conduire, convoyer. —
D. escorter.
charre, croûte formée sur une plaie, du gr. ESCOUADE, p. escouadre, anc. appliqué
liykfx, L. eschara, m. s. —
D. escarrifier; aussi dans le sens de flotte, est la forme fran-
escarrotique, gr. i^yjxpcortxdç. cisée de l'esp. esciiadra (prononcez escoua- :

3. ESCARRE, ouverture, plaie


entaille, dra), =
it. squadra, d'où fr. escadre.

(terme vieilli), paraît appartenir à la famille ESCOUPE,, voy.


escope.
germanique skar, tailler (ail. scheren), d'où ESCOURGÉE, fouet de lanières, it. scu-
suéd. shûr, dan. shaar, entaille. Froissart riada; d'après Diez, de excoriata, s.e. scutica,
(Poésies) orthographie escart; cela fait penser fouet préparé de cuir. Cela est correct pour la
à l'ail, scharte, entaille, brèche. forme, mais excoriare n'est pas connu avec
ESCIENT, du L. sciens, -ntis ; à mon cette valeur. Ce verbe, en basse latinité,
.

ESP 193 ESP

signifie plutôt ccorchcr et s'appliquait spécia- une galère, dit ainsi parce qu'il était placé
lement à la peine de la flagellation il a donné ;
sur Yespale.
au vfr. le verbe cscoryier, battre à coups d'es- ESPALIER, it. spallicra, spalliere (aussi =
courgées. De ce verbe se sont dégagés, pour dossier), csp. espaldera. du L. spatula, spaCla,
exprimer d'abord l'acte, puis l'instrument de chose plate en général, qui est aussi le pri-
la flagellât: DU, deux subst. verbaux, l'an à mitif de épaule (it. spalla); des arbi-es en
forme radicale, vfr. escourijc, l'autre à foi'rae espalier sont pr. des arbres à dossier, à palis-
participiale, notre escov.rgée (= vfr. escorgié). sade.
— Malgré Vit. scorer/giata, coup de fouet, ESPALMER, it. spahnare, prov., esp. espal-
une étyniologie par ex-corrigiarc (de corri- mar, goudronner (un navii-e), du BL. ex-pal-
gia, courroie) est peu probable; en BL. ce marc, litt. frotter avec la paume [palma) de
verbe signifiait dénouer la courroie. Chevallet la main.
range notre mot dans l'élément celtique, mais ESPAR, ESPART, perche, levier, etc., do
les mots analogues qu'il cite trahissent une l'ail, sparren, néerl., angi. spar, chevron,
provenance romane. —
On emploie encore, barre.
en style familier, le verbe escourger avec le ESPARCETTE owesparcet, sainfoin; en csp.
sens de fouetter. csjjarciUa; du verbe esp. esparcir, disperser?
ESCOURGEON ; leterme analogue allemand ESPART, voy. espar. Le t final est adven-
futtcr-gerste, litt. orge de fourrage, justifie- tice.
rait l'étymologie L. esca, nourriture, -\- orge. ESPÈCE, du L. species (voy. aussi épice).
Mais les formes wallonnes soucrioii, souco- ESPERER, L. sperare. — D. espoir, prov.
rion (rouclii), socouran (Namur), orge semée esper, subst. verbal; le changement- de e en oi,
avant l'hiver, soucrioii, orge nue (Liège), ne en syllabe tonique, est conforme aux règles;
s'en accommodent pas et la rendent douteuse. aussi les anciens dhaiQïitj'espoire p.jespère;
La série des formes pourrait bien être : sou- cp. pois' (poids) de peser. Il est tout à fait
crion, scourion, scoarjoii, escomyeon. Ue inutile d'avoir recours, avec Littré (suivi par
initial serait dans ce cas purement euphoni- Brachet), à la forme insolite latine speres (plur.
que. Du Gange cite le BL. scario, avec le de S2')es), dont on ne retrouve aucune traco
même sens; ce pourrait bien ètixî, vu l'uni- dans la basse latinité espérance, it. spcranza.;
;

cité de l'exemple allégué, une faute de lecture cps. dés-espérer (analogue au L. de-sperarc),
p. scurio. subst. désespoir.
ESCOUSSE, it. scossa, prov. escosa, subst. ESPIEGLE. Le latin spéculum, miroir, a
tiré du vfr. escous, partie, de escourre L. = donné specchio, speglio, esp. espiejo, port.
it.

cxcutere, secouer. Cp. rescousse et secousse. espcljo, prov. espelli, ail. spiegel. Ce dernier
ESCRIME, subst. verbal de escrimer, sur mot étant entré dans la composition eulen-
lequel voy. escarmouche. spicgel (litt. miroir des hiboux), qui est le nom

ESCROC, it. scrocco (écornifleur). Ces mots du héros d'une composition littéraire bien con-
n'ont rien de commun avec croc, crochet; nue et traduite en français sous le titre Tiel-
mais, ainsi que le néerl. schroch, glouton, Ulespiègle, a fourni par allusion à ce person-
,

écornifleur, ils reproduisent l'ail, schurke nage, type de l'espièglerie, le mot fr. espiègle.
(vha. scurgo), dan., suéd.s/iurA, coquin, dont — D. espièglerie.
le sens étymologique est probablement grip- ESPINGOLE, voy. l'art, suiv.
peur. Ce qui appuie cette étymologie de Diez, ESPINGUER espringuer (mots obsolets),
et
c'est la forme it. scorcone. —
D. escroquer (it. sauter, danser, it. springare, spingare, do
scroccare), escroqueur, -crie. —
Je dois ajou- l'ail, springen, sauter, sprengen, faire sauter,

ter que l'identité radicale entre l'ail, mod. lancer. —


D. espiringarde, espingarde, esprin-
s(^hurhe. ci le vha. scurgo (qui signifie plutôt gale, ancienne machine de guerre pour lan-
un « repoussé ») n'est pas absolument certaine. cer des pierres ou des traits, cspingard, petite
ESCULENT, L. escuhmtus.— D. esculence. pièce d'artillerie, et espingolc, espèce de fusil.
ESPACE, L. spatium. D. espacer.— ESPION, voy. épie. D. espionner. —
ESPâDE, t. de technologie, lame de bois en ESPLANADE, de l'it. spianata, terrain
forme de sabre pour battre le chanvre; c'est aplani, nivelé, de spiana7'e L. ex-planarti =
la forme prov, [espada) du L. spiatha, qui a (planus), vfr. csplaner.
aussi donné épéc. —
D. espader; espadot [t. de ESPOIR, voy espérer.
pèche) ESPOLE, ESPOLIN, voy. époulin.
ESPADON, do spadone, augmentatif de
rit. ESPONTON, de l'it. spuntone; ce dernier
spada, fr. espée' épc'e. —
D. espadonner. est le mot jjuntone, grosse pointe, renforcé
ESPAGNE. L. Hispania; l'adj. espagnol de l'.v initial.
(variété cpagneul, v. c. m.) vient d'une forme
: ESPOULE, it. sjncola, voy. époulin.
latine Hispaniolus —
D. espagnolette (les
. ESPRINGALE, voy. espinguer.
objets désignés par ce mot étant d'importa- ESPRIT, vfr. esjjerit, L. spiritus (spirare).
tion espagnole), espagnollser. L'ancienne langue avait une forme secondaire
ESPAGNOLETTE, voy. l'art, préc. plus conforme à .son génie, puisqu'elle res-
ESPALE, distance de la poupe au banc des pecte l'accent tonique du primitif latin et sa-
rameurs le plus en arrière; autre forme crifie les syllabes atones qui suivent la toni-
d'épaule, dans le sens d'appui ; de là espalier, que c'est espir.
:

D'après d'autres, es'^Jz'?' est
le premier forçat d'un banc de l'ameurs dans le subst. verb. de s/jirare.

13
ESS — 194 EST
ESQTJICHER, esquiver le coup au jeu de ESSENCE,L. essentia (esse); en chimie, ce
cartes. Etym. inconnue. Littré cite l'ancien qu'ily a de plus pur et do plus subtil dans un
verbe eschisser, glieser, couler. L'identité est corps, de là les termes « essence de rose, do
jirobable, mais d'où vient cschisserî menthe, etc. n —
D. essentiel, L. esscntialis.
ESQUIF, voy. équiper. ESSEULÉ, délaissé, de seul. L'anc. lan- —
ESQUILLE, dim, du L. schidiœ, copeau, gue présente s'csseulcr, rechercher la soli-
éclat de bois (grec d^t'^iov), it. scheggia. Che- tude.
vallet se trompe en rapportant le mot au ESSIEU, p. aissieu (Noël du Fail a aixeuT),
verbe ancien csclicr, fendre, briser. D. — it. assiculn, du
L. axiculus, dim. de axis.
csquilleux ESSIMER on esseimer, amaigiùr(un oiseau),
ESQUDîANCIB, it. schinansia, voy. cynan- affaiblir, diminuer, voy. ensimer.
che. ESSOR, subst. verbal de essorer.
ESQUINE, forme variée de échine. ESSORER (S), prov. s'cisaurar, it. sorarc,
ESQUIPOT, sorte de tire-lire si ce ; n'est un angl. soar, s'élever dans les airs, du L. ex-
composé de pot (cp. flam. spaer-pot, tire-lire), aurore (aura), pour ainsi dire, prendre l'air.
on pourrait l'envisager comme un dérivé de Dans le provençal actuel, on trouve le verbe
esquiper (équiper), fournir du nécessaire (donc simple aura, avec le sens de voler; le dial.
litt.fonds d'équijx"mentt, ou, à cause de la champenois emploie le subst. essor dans le
forme donnée à l'objet, conmie un dérivé d'es- sens de soupirail. — D. essor, pr. élan pour
qidpe, forme dialectale p. esquif, ou enfin prendre le vol. — Le verbe actif «worer (it.

comme tronc des équipes (ouvriei*»). scio7'inarc), sécher, repré.«ente également le L.


ESQUISSE, esp. csqnicio, aW.skiise, néerl. exaurare, pr. exposer à l'air.

angl. sketch, de l'it. schiszo. Quant à


scliets, ESSORILLER, vfr. essoreUler, prov, ysso-
ce dernier, il vient du L. schedium, im- rel/uir, couper les oreilles, d'un type L. ex-
promptu, gr. 3;(îcio.:, fait à la hâte; schizzo auriculare'.
est pour schezzo, cp. BL. scida p. scheda. ESSOUFFLER, mettre hors de souffle, d'ha-
ESQUIVER, vfr. eschiver, cscheter, esquic- leine.
vcr, it. scliivare, schifare, esp., port., prov. 1 . ESSUYER, vfr. aussi essue)', prov. eisu-
esqidvar, du vlia. shiithan,a[\. mod. schcum, gar, asciugare, esp. enxugar,
it. du L. ea:-
avoir peur, s'effrayer. A
l'adj. ail. schcu, pri- sucare, ôter le suc, l'humidité. — D. essui,
mitif de scheiicn, correspondent it. schito, prov. eissi'g.
schifo, esp. esquivo, prov. esqmti,\{r.cschii(, 2. ESSUYER = éprouver, subir, souffrir.
eshiei(, craintif, revêche, nfr. échif, farouche Ce verbe, dans ce sens, doit être séparé du
(en parlant du faucon). précédent. C'est le L. cxequere p. exequi,(i\\\
ESSAI, vfr. assai, épreuve que l'on fait de signifiait également supporter, cp. œrumnam,
qqch., it. sar/gio, esp. oisayn, cat. ensaig, egestatem, probrum exsequi. De la 3" conjug.
prov. essay, BL. assagium. Ces mots vien- le verbe a passé, comme souvent, dans hi
nent du L. exagium, que l'on trouve dans première. —
Littré, vu le caractère insolite
Théodose et sur une inscription latine avec de la forme fr. suyer p. sequi, cherche à
le sens d'estimation. Cp. exainen p. exagmen, démontrer que le sens souffrir, subir, peut
épreuve, contrtMe. —
Un ancien glossaire très bien se déduire du .sens propre du verbe
gréco-latin porte sÇà/nv, pensitatio. Il est
: essuyer, ôter l'humidité; en disant « elle a :

probable que le mot essai s'appliquait d'abord essuyé mes lassitudes » M""^ do Maintenon ,

à l'essai de l'or et de l'argent. —


D. essayer, fait entendre ù la fois qu'elle lui a enlevé ses
it. saggiare, assaggiare, esp. eiisayar. lassitudes et qu'elle s'en est chargée elle-
ESSAIM, prov. eissam, esp. enxambre, même. Qu'un même verbe puisse signifier a
port, enxatne, it. sciame, sciamo, du L. exa- la fois ôter la chose d'un autre et la prendre
men (p. exaginen), m. s. Pour la deuxième pour soi, la subir, n'aurait en soi rien do
acception du mot latin (épreuve), nous avons surprenant (Littré allègue, à cet égard, les
le mot savant examen. —
D. essaimer (anc. acceptions diverses du verbe saisir), mais
aussi par corrupticn échcmer) L. exami- = dans l'espèce, cette explication par la conver-
iiare, former un esfaim. sion des rapports me semble quelque peu
ESSANGER =
L. ex-saniare'' faire sortir , forcée. Les exemples d'essuyé?', subir, souffrir,
la sanie [sanics). ne vont pas au delà du xvi^ siècle.
ESSART, prov. eissa)-t, subst. verbal de es- EST, mot germanique : ags. est, angl. east,
sarter (BL. cxaii.are), arracher les ronces ail. ost.
d'une terre pour la défricher ; celui-ci dérive ESTACADE, à l'origine estecade, de l'it.

du part, ex-sartus (p. ex-saritus) de ex-sarirc, stcccata, palissade, de stcccare, clore, dér. do
sarcler, houer. Dans les provinces du Nord on siccchi, bâtons, palis; stccco est l'ail, steck,
dit simplement sart pour champ, du BL. sar- stecken, bâton. La forme estacade s'est pro-
tum, terre défrichée. duite sous l'influence de l'anc. subst. estache,
ESSARTER, angl. assart, voy. l'art, préc. estaque, pieu (it. stacca, esp., prov. estaca),
ESSAYER, enlever l'eau, d'un type L. exa- qui vient du vha. staca, angl. stahe, m. s.
quare*. ESTAFETTE, de l'it. staffetto, selon Ferrari

ESSAYER, voy. essai. = cursor tabellarius cui pedes in stapede


ESSE, instrument en fer ayant la forme de perpetuo sunt. Cette définition est juste, car
la lettre S. — D. essette. staffeta est \\n déi-ivé de staffa, étrier, qui
.

EST 195 — EST

vient du vlui. staph, stapho = pas, marche; terme philosophique esthe-


sensibilité, vient le
ail. mod. stapfe, trace, staffel, degré, marche. sic.L'esthétique est la science qui a pour objet
Du vha. staph, le BL. a fait stapia, stapha, la sensibilité de l'homme l'elativement à l'art
étrier; le siibst. stapes, gén. -edis, trahit la en tant que l'expression du beau. Le nom do
même origine, mais en môme temps la ten- cette science a été créé par A. G. Baumgar-
dance à lui faire dire « in qiio pes stat » ten, philosophe allemand (mort en 1762), qui
ESTAFIER, laquais qui tenait l'étrier à son lepremier en a fait une branche philosophi-
maitre, etc., de l'it. stafficre, dérivé de staffa, que spéciale.
étrier (voy. l'art, précédent). Le sens originel ESTIMER, L. œstimare. — D. estime, subst.
du mot s'est considérablement modifié dans les vei'bal; estimation, L. sestimatio; -ateur, L.
temps modernes. -ator; -ahle, -atif; cps. més-estimer d'où més-
ESTAFILADE, de lït. stafjilata, coup d'étri- estime. —
L'ancienne langue avait pour le L.
vière. Le sens coupure, attaché actuellement œstimare la forme contracte esmer estimer, =
au mot, découle de cette première acception ; évaluer, calculer, viser; c'est le correspondant
couper lui-même ne signifie également dans le de l'anc. port, asmar. C'est de
esp. et anc.
principe que frapper. Stafplata est un dérivé esmer aumer, a'mer) que vient le verbe
(aussi
de staffîle, étrivière (pr. courroie qui soutient angl. aim, nha. amen, viser, tendre à.
les étriers], lequel vient de staffa, étrier (voy ESTIVAL, L. œstivalis, extension de œsti-
estafette). — D. estafîlader. vus, qui concerne l'été. —
Le même mot latin
ESTAGNON, vase de cuivre étamé, dér. de a fourni le nom d'une chaussure légère d'été :

estaiii' êlaiii (v. c. m.), it. stagno. vfr. estival, resté dans it. stivale, ail. stiefel.
ESTMM, ÉTAIM, prov., catal. estam, esp. 1 . ESTIVER, passer (ou faire passer) l'été,
estamhre, it. stanie, du L. stamen, fil de la du L. œstivare, m. s.
quenouille ou du fuseau..
2. ESTIVER, t. de marine, serrer, entasser
ESTAME, même mot que le préc. D. — des marchandises, du L. stipare, serrer, pres-
estamct, estamette.
ESTAMINET, mot usuel en Belgique pour
ser. —
D. estive, t. de marine, pr. la (bonne)
manière de charger les marchandises.
cabaret, lieu public où l'on se réunit le soir
pour boire de la bière. On cherche encore
ESTOC, souche, 2. ancienne épée longue
1.

et étroite;de l'it. stocco, ail. stock, souche,


ïetymologie de ce mot. Je ne sais où Beschc-
relle a puisé ce qui suit ; le fait est que ses
bâton. —
D. estocade =
it. stoccata.

assertions semblent plus que hasardées « Es- :


ESTOMAC, L. stomachus (7ro>ax9;); verbe
estomaquer 's'), L. stomachari, se fâcher.
taminet vient du flam. sfamenaij, dérivé de
stamm, souche ou famille, parce que c'était ESTOMPE, de l'ail, stumpf néerl, stomp,
autrefois une coutume de la Flandre, pour
tronqué, épointé. L'estompe est un instru-
tous les membres d'une famille, de se réunir ment à pointe émoussée, de là le nom. D. —
estomjjer.
alternativement chez l'un et chez l'autre, après
les travaux de la journée, pour y boire et y ESTOUFFADE, t. de cuisine, de estouffer
fumer ; on appelait ces assemblées être en étouffer; autre forme (méridionale) de étouffée.
stamnie, c.-à-d. en fiimille. " Littré— on 1. ESTRADE, route, chemin, dans battre
= courir
:

peut y voir un dérivé d'étamine, sorte d'étoffe, l'estrade les grands chemins de l'it. ;

et supposer que les tables étaient couvertes strada, esp., port., prov. estrada, chemin pavé
d'étamine. —
On n'oserait certainement pas (la véritable forme française, abandonnée au-

avancer que les estaînientos espagnols aient jourd'hui, est estrée\ en picard on dit encore
prêté leur nom pour désigner les assemblées étrée). Du L. strata, chemin recouvert de

de buveurs flamands, bien que l'on prétende pierres, empierré, forme participiale de ster-
que le faro, la bière si renommée de Bruxelles, nere, étendre. Le même mot latin a donné le
a reçu son nom des Espagnols, des anciens néerl. straat, ail. strasse, angl. street, rue.
maîtres du pays. On rattache aussi à strada, grande route, le
ESTAMPE, 'subst. verbal d'estamjjer. mot estradiot ou stradiot, nom d'une espèce
ESTAMPER, it. stampare, esp. estampar, de cavalerie légère. La provenance grecque
faire une empreinte avec une matière dure, de ces chevau-légers nous fait préférer, cepen-
du vha. stamphon, ail. mod. stampfen, flam. dant, une dérivation du gr. îrpzTtwri;,-, soldat.
stam-pcn, angl. staynp, signifiant frapper du 2. ESTRADE, ou plancher élevé, esp.
siège
pied, fouler, presser. Au lieu de estamper, on estrado, prov. estrat, it. strato, du L. stra-
dit aussi en terme d'arts et métiers, avec la tum, chose étendue, dans Vitruve plate- =
syncope habituelle de l's, étamper. D. es- — forme (de sternere, étendre).
tampée, it. stampa ; estampille, estampiller. ESTRADIOT, voy. estrade 1 .

ESTER (en jugement, à droit), du L. stare ESTRAGON; Saumaise : « Hodie dracuncu-


(cp. laformule latine stare juri), lus vocatur herba hoi'tensis, qua vulgo utun-
ESTERE,natte de jonc, de l'esp. estera, qui tur in acetariis cum oleribus et lactucis, facie
vient du L. storea, natte, par la forme inter- in totum diversa ab illis dracunculis Plinianis.
médiaire estucra. Targonem vulgo vocant olitores nostri es- :

ESTHÉTIQUE, du gr. aî;ây,7tzs,-, adj. tiré tragonem corrupta forte dictione ex dracone. »
de «lî&vjTo;, part, du verbe àtî&àvîî&ai, sentir, Estragon correspond ait. targone, esp. tara-
percevoir; de là subst. esthétique =
science gona, wail. dragone, ail. dragun, arabe tar-
esthétique. —
Du subst. a.h^o'<-i, sentiment, chiin, port, estragâo. — Devic pense que le
EST — 196 ÉTA
l)rofixe rs dans les formes port, et fr. est une ESTRIVIERES. vov. ciririère.
altération de l'article arabe ti. ESTROPE. ÉTROPE, terme de marine,
ESTRAMAÇON, coup d'éuée, puis le nom espèce de cordage, du Jiéerl. ou angl. strop,
d'une espùcc d'épée de l'it. strama3:one,
; m. s. (connexe, sans doute, avec L. struppus,
action de renverser. Le verbe it. strama^- courroiej. Le mot estroffe est do môme ori-
:ore signitîe jeter à terre, étendre sur le car- gine.
l'eau. C'est probablement, connue le subst. ESTROPIER, csp. cstropear, de l'it. strop-
it. stramaao, matelas, un dérivé du L. piari\ storjtiare. Partant de cotte dernière
stramen, couchette (de sterncre, étendre). forme. Diez, avec doute, foit venir le mot d'un
L'arme dite estramaçon aura l'cçu son nom type L. extorpidare' =
torpidum rcddere,
,

d'après l'effet qu'il produit. Chevallet, suivi engourdir, paralyser (on trouve en latin la
par Littré, voit dans rstramaçnn le HL. scra- forme inchoativc exlorpescerc). Muratori pro-
inasaxus, mentionné par Grégoire de Tours posait, coiiune i)rimitif, le L. turpis, difforme.
avec le sens, de culter vaiidus, mais je ne vois ESTUAIRE, du L. œstus, marée, flux.
pas comment scramasaxits a pu produire le ESTURGEON, HL. sturio, it. storione, esp.
mot it. st7'amazzone. rstt'.rioii, angl. stiirf/eon; du vha. sturio, ail.
ESTRAN, aussi cirai ti, terme de marine, mod. star.
plage, de l'ail, on angl. stranil, m. s. ET, L. et.
ESTRAPADE, =
it. strappata, csp. cstm-
ÉTABLE. eslable', du L. stabul iim {starc).
jtnda, du verbe it. strappare, arracher, tirer,
qui correspondu l'ail. [^m&!^) stj-ajifoi, tirer,
— I). itablcr, L. stabulare.
ÉTABLIR, establir, angl. establish, du L.
lequel est de la même famille que l'adj. ail.
sta'Aliri\ litt. vcnàvcatahlo [stabilis, de starc).
slraff, fortement tendu. Un dérivé de l'it.
strappare, savoir strapa::are, maltraiter,
— D. rtabli, établissement.
ETAGrE, estaffc", HL. stat/ium, «= it. stag-
excéder de fatigue, a donné le fr. estrapasser,
et l'ail. )>tropaze, grande fatigue. —
Le verbe
gio, demeure, s('jour, jjrov. estaUje, demeure,
résidence, étage. Ce substantif roman exprime
iranc^ins estraper ou cHraj)er[\. c. m.), arracher
ainsi à lu fois l'action de se tenir, de .séjour-
les chaumes, parait plutôt venir de l'it. strap-
ner, de s'arrêter, et la manière, l'ordre dans
parc que du vfr. estreper —- extirper. Cepen-
dant, vfr. estraper =
estreper, extirper, est
lesquels une chose se trouve placée. Le mot
français moderne a considérablement res-
bien constaté.
treint la signification première et ne dé.signe
ESTRAPASSER, voy. estrapade. Dicz, suivi
plus au propre que l'espace qui sépare les
par Littré, explique l'it. strapazsare par stra
gitages superposés les uns sur les autres
^= extra -\-paz:o, fou; donc pr. rendre fou.
dans un bâtiment. L'anglais stage signifie,
.l'ai contesté cette manière de voir dans la
4* éd. du Dictionnaire de Diez sous pazzo,
d'une manière plus conforme au sens pre-
mier, établi, échafaud, théâtre, relais do
j). 741. Vc>y. aussi Caix, Studi, n° 62.

ESTRAPER, voy. estrapade. D. cstra-— poste. Quant à l'étymologie, il représente un


adj. L. siaticus, dérivé de status, état. Il faut
pciirc
ESTRASSE, ÉTRASSE, bourre de soie, = absolument rejeter l'étym. tirée du gr. griyn
(toit, puis maison, chambre), patronnée par
it. straccio, chiffon, pi. stracci, fleuret, soie
du verbe stracciarc, déchirer, la-
Nicot, Ménage, etc. De l'it. staggio, rési-
grossière,
cérer. Ce verbe représente un type latin dis-
dence, l'on a tiré le mot savant stage. — D.
étager. disposer par étages; étagère.
tractiare ou extractiarc du part, distractus ou
iwtractus, étiré, détiré. ÉTAI. ÉTAIE, esp. estay, angl. stay; d'après
Diez du flam. sta'de, sto'yc, fulcrum, susten-
ESTRIF, voy. estrive.
ESTRIQUE, fourneau pour recuire les gla- taculum (Kilisen), dér. du verbe stœden, sta-
ces, aussi un outil de l'étendeur dans les
bilire. —
Hrcusing, quant à la sign. « gros
de strechen, vha. cordage qui sert à soutenir le mât d'un vais-
verreries,
étendre.
l'ail, strecan,
seau ", y voit avec raison l'ail, stag, m. s. —
D. étaycr.
• ESTRIVE, vieux mot (aussi estrif, estri),=
quei'elle, débat, subst. du verbe estrivcr, que- ÉTAIM, voy. estaim.
reller, angl. strife, lutter. Ce verbe repré- ÉTAIN, cstain, it. stagno, esp. estano,
sente peut-être le vha. streban, faire des prov. estanh, du L. stagnum, forme primi-
offoi'ts contre, combattre. Il peut cependant stannum.
tive de —
D, étamer p. etaner (cp.
aussi venir du vha. stritan, lutter (ail. mod. venimeux p. venineux). —
Voy. aussi tain.
xt7'eitc>i); il y aurait eu d'abord estri-er, puis ÉTAL, estai', lieu l'où on expose des mar-
cstriver, cp. pouvoir de po-oir p. podoir. chandises, it. stallo, demeure, habitation (lieu
Même en partant du subst. estrif, comme où l'on prend position), prov., vfr. estai, lieu
antérieur au verbe estriter, Vf final ne s'op- où l'on est, séjour, position fixe ; angl. stall,
pose nullement à l'étymologie stritan. On établi. Ces mots appartiennent à la lacine
trouve encore /"pour d ou t dans le vfr. bleif stal, marquant fixité, racine fort répandue
= blé de bladi'.m, et dans soif de sitis. La dans la famille des langues germaniques;
forme est7-ît, qui se présente dans le chant de cependant, l'origine directe des mots romans
Saint- Léger, décide Diez en faveur de stritan. semble être le vha. stal =
statio, locus, sta-
— Le rouchi dit encore estrife, p. débat, di.s- bulum. —
En dehors des formes masculines,
pute, angl. strife. il existe des formes féminines it. stalla, esp. :
ÉTA — 197 ÉTA
estala, établc, fr. stalle, siège. — D. étaler quier (Rom., VI, 452) assigne à fr. estancher,
(flam. stade.) I, stallen, m. s.j, opp. détaler, pr, prov. estancar, barrer (une porte), faire un
plier bagage; étalier. — Le t. de marine étaler barrage à un cours d'eau, arrêter (la faim, etc.),
vient également de estai, d,ans son acception le primitif ail. stange, bâton, barre, it stanga,
de position fixe, résistance (cp. vfr. rendj'c barre. Etang serait le subst. verbal de étan-
estai, résister, tenir tête). cher, faire un barrage, et non pas la reproduc-
ÉTALE, dans mer étale; de la même rac. tion de L. stagnum. —
D. subst. verbal
i<tal dont il vient d'être question et qui marque étanche, dans les locutions à étanche d'eau,
fixité. Ladj. ail. still, tranquille, est égale- mettre à étanche.
ment de cette nombreuse famille. ÉTANÇON, du vfr. estance, m. s, ; ce der-
ÉTALER, voy. étal. —
D. étalarje. nier du L. stantia, état de ce qui est debout.
1. ÉTALON, estalon, it- stallone, angl. Iciencore le nom de l'eff'et appliqué à l'in-
est
stallion. D'après Ménage, approuvé par Diez, strument qtù le produit. —
D. étançonner ;
du BL. et it. stalla, étable Diez cite l'expres-
;
vfr. estançot, tronc d'arbre coupé.

sion equits ad stalluni dans la loi des Visi- ÉTANFICHE, d'après Littré, suivi par Dar-
gotlis. L'étalon, dit Ménage, reste à l'écurie. mesteter, =
estant (debout) -\- fiche. Mais que
M. de Chevallet, ainsi que Roquefort, fait signifie fiche?
venir estalon du vfr. estalles, testicules, qu'il ETANG, estang* , esp. estanque, port, tan-
rattache au gaél. yslahc, productif, généra- du L. stagnum; le durcis-
que, prov. estanc.
teur. Je ne trouve pas estalles, testicules, sement de gn en ne (au lieu de ng, esp. n,
dans Godefroy, mais j'y trouve estaillé =^c\\k- prov. dans quelques-unes des formes
nh),
tré, qui fournirait une excellente étymologie, romanes, motivé par le désir de
est peut-être
s'il n'v avait à rendre compte que du sens. distinguer le mot de cstain, étain, e^^.estano,
2. ÉTALON, modèle de poids ou de mesure prov. qui vient d'un autre stagnum
estanli,
réglé par la loi, BL. stallo ; de la racine ger- latin durcissement qui a déter-
C'est aussi ce
manique stal marquant fixité. Cp. Tangl. miné les formes étancher (p. ctanger ou éta-
standard, modèle, étalon, dérivé de la racine gner), et it. stancare à côté de stagnare. —
stand GtvG ^\e
, . —
D. étalonner. Voy. aussi étancher.
3. ÉTALON, baliveau, vfr. estaillon, d'après ÉTAN6UES, estangnes, tenailles composée-;
Littré, du vha. stihil, poinçon, pieu ; selon de deux stangues; stangue (it. stanga, barre)
moi, plutôt d'un type stacula[-= fr. estaille), s'emploie en langage héraldique et signifie
dirn. de BL. staca, pieli (voy. estacade). une perche; le mot vient de l'ail, stange, long
ÉTAMBORD, par corruption étambot, litt. bâton. Avant de conuaitre cette étymologie do
madrier de support, composé du dan. steaven, Diez, j'avais considéré estangue comme un
appui, support, et bord, planche, madrier. composé du préfixe es et du flam. tanghe, te-
Selon d'autres =
estant-bord (bord-debout). nailles =ail. zange, angl. tongs. Je ne
ÉTAMER. voy. étain. renonce pas absolument à cette manière de
ÉTAMINE, petite étoffe peu serrée, it. sta- voir.
estamena, v. flam.
tnirjna, esp., ^ovi., ^vo\. ÉTANT, estant", part, du verbe être, L, =
stamyne, du h.staminciis, adj. de stamen, fil, stantem. Autrefois, estant était traité en subst.
filament. Le terme de botanique étamines est exprimant la position d'un homme ou d'une
un mot savant et vient du L. stamiiia, plu- chose qui est debout, comme séant exprime
riel de stamen. la position d'un homme assis (>' être sur son
ÉTAMPER, variété de estamper (v. c. m.). séant »). " Se mettre en son estant », c'est .se
ÉTANCHER, estancher angl. stanch, BL. , lever. Gachet compare fort à propos les tour-
stancare, esp., prov. estancar, arrêter l'écou- nures « en son vivant, en son dormant, en
lement d'un liquide, puis mettre à sec, épui- son ensciant » (voy. escient). Aujourd'hui en-
ser. Dans étancher la soif, le verbe ne repré- core, quelques patois se servent de la locution
sente plus que l'idée d'arrêter. DuL. stagnare, en estant pour debout, et les forestiers vous
de staynum, étang, pr. eau qui ne s'écoule parlent de môme d'arbres e)i étant p. arbres
pas, eau fixe. L'it. staneare a l'acception fati- sur pied
guer (cp. le sens fig. de épuiser) pour le sens ;
ÉTAPE, estape' (anc. aussi estaple, angl.
arrêter l'écoulement, cette langue a la forme staplc, qui est la forme exacte), a signifié
latine staynare. Raynouard considérait le foire, marché, boutique; auj. provisions ^
prov. estancar comme un composé de tancar, de vivres et de fourrages, puis lieu où l'on
boucher, dont il n'indique pas la provenance. distribue les vivres aux soldats en marche ;

Diez tient tancar pour une mutilation de enfin, lieu d'arrêt. Le mot vient de l'ail, stapel,
estancar, et il s'appuie avec raison du port. amas (d'où auf-stapcln, entasser), flam. stapel,
tanque, étang, p. estanqiie. Pour le rapport emporium, forum rerum venalium. — Une
littéral entre estancher, etc., et L. siar/nare, ville d'étape est une ville où se déchargent les
voy. étang. En champenois, on se sert de marchandises importées du dehors. — D. cla-
estancher dans le sens d'éteindre cela fait ;
pier.
penser à un primitif latin extinctiare, qui ÉTAT, estât', it. stato, esp. estado, ail.

pourrait convenir aussi au fr. étancher, en staat, angl. state, estate, du L. status (stare).

tant qu'appliqué à la soif (ou à la faim), si Ilest curieux de suivre la filiation des idées
elle n'était en dé.saccord avec la forme picarde qui sont rendues par le mot français ; d'abord
estanhier (Reclus de Molicns). M. Ban- — manière d'être, situation, position, puis posi-
. à

ÉTÉ i98 ÉTO

tion dans la société, profession, métier ; écrit fila, ail. mod. stoppe!, angl. stubble, m. s.
constatant l'état, la situation d'une affaire ou — D'après Schuchardt elles découlent du lat.
d'une personne relativement" à l'administra- vulgaire stupula.
tion, de là =
inventaire, compte, mémoire, ÉTHER, L. o'tha' (•/î&ij/s), air subtil des ré-
bordereau, etc. enfin, la forme du gouverne-
; gions supérieures. — D. éthéré, éthérlser.
ment sous lequel vit un peuple (L. status civi- ÉTHIQUE, gr. n^ixc';, moral, adj. de r.âoi,
tatis), d"où : goiivernement, et, par métony- pi. Y,~ir,, mœurs.

mie, société politique unie par le lien d'un ETHNIQUE, gr. E&vixoi, de e^voî, peuple (rà
même gouvernement. éâv/j, les Ce dernier a donné encore
gentils).
1. ÉTÂU, boutique déboucher, etc., forme et hnofi rapine,description des peuples.
variée de étal (v. c. m.). ÉTIA6E, le plus grand abaissement des
2. ÉTAU, instrument de serrurier, etc. La eaux d'une rivière, litt. niveau des eaux pen-
forme lorraine eitanque permet de donner à dant l'été; dérivé d'un verbe estiei' lat. œsti- —
ce mot pour original le mot ail. stock, souche, vare, passer l'été, ou représentation du BL.
bloc; l'ail., en efl'et, dit schraub-stock pour œstivaticus, extension de a'stivus, relatif à
('tau (litt. étau avis); stock, dans cet emploi, l'été. Cette étymologie est sujette à caution ;
exprime pièce fixe. Ce qui nous confirme dans »m verbe estier fait défaut, et la chute du v est
cette étymologic, c'est que le picard dit égale- insolite ; malheureusement, le mot n'a pas
ment étau p. souche morte, ce qui est indubi- d'historique.
tablement une transformation de estoc, qui a ÉTIER ou estier, petit conduit d'eau, du
le même .«cns. Étau est prob. une forme pos- L. (Tstarium (j). cvstuarium), canalis quo
térieure à étou, plus rapprochée du primitif intrat a;>tus maris.
germanique. —
D. estoquiau, étoquereaux, éto- ÉTINCELLE, estincelW, par transposition
qucrcsse. \w\xv escinti'le, du L. scintilla. —
D.élinceler,
ÉTAYER, voy. état. L. scintillare (d'où le terme savant scintiller).
1. ÉTÉ, esté', subst., prov. estât, du L. ÉTIOLER, à coup sùi-, n'a rien de commun
(estas , -atis avec le mot étiolof/ie, partie de la médecine
2. ÉTÉ, part, passé du verbe être, it. = qui traite des causes (gr. «trta) des maladies,
.ttato, csp. cstado, du L. status (de starc). sous la lubrique duquel Roquefort l'a rangé.
ÉTEINDRE, estchulrc', du L. exstivguerc. Littré trouve l'étymologie, longtemps cher-
— p. éffiffiioir. chée, de ce mot dans le normand s'étieuler,
ÉTELON, cstelon, modèle, épure, prob. une j)Ousser en chaume, qui vient d'éteule. (Ktieule
modification de étalon 2. .se rapporte à éteule, comme vfr. nieule =
ÉTENDARD, cstendanV, prov. estamlart, nebula, à neule.)
it. stcndardo, esj). estandarte, ail. standartc, ETIQUE, forme poptilaire du mot savant
Mngl. stujidard, BL. standard um ; .«elonDiez, hectique (v. c. m.). —
D. étisie.
du L. extendere, fr. estendre', déployer. Cette ÉTIQUETTE, êstiqucttc', écriteau affiché.
étymologie, quelque séduisante qu'elle soit, L'étymologie est hic quœstio, abrégé en est
n'est pas à l'abri de contestation ; on lui oppo.sc hic quœst. (mots inscrits sur les sacs à procès),
«elle du vha. standen, angl. stand, éti-e est une pure plaisanterie. Le mot, écourté par
debout, être dressé, être fixe, qui, d'une part, les Anglais en iichet, vient du verbe ail. stec-
s'accommode mieux des formes avec a (esp. ken, angl. stick, ficher, afficher. (Le même
estandarte, angl. standard), et, d'autre part, primitif germanique, à l'état de sub-st., signi-
explique très bien le sens particulier piopre fiant bâton, a donné naissance au fr. étiquet,
l'angl. standard, que j'ai relevé sous t¥a/on 2. petit bâton, étiquette, filet à perche.). Se —
ÉTENDRE, estendre', L. ex-tenderc. — conformer rigoureusement à Yétiquette, à l'in-
Subst. participial fém. étendue. dication, à la règle, a donné lieu au sens
ÉTERNEL, L. œternalis jjGviwWieTi), forme figuré « formes cérémonieu.ses » qui s'est atta-
(lérivative de œternus. —
Étkrmté, L. œlei'- chée à notre mot. —
D. étiqueter.
nitas —
Dérivé moderne : éterniser. ÉTISIE, substantif fait dt; l'adj. étiquc (v. c.

ÉTEENTJER, L. sfernutare. m.), sous l'influence de phthisie.


ETEirF,eà-<ei(/", balle ; le sens étymologique ETNETTE. pince, p. estcnette; le même
est bourre, car le mot parait être de la même mot, avec un autre suffixe, que vfr. estenelles,
famille que étoitpc estoiipe, et venir du L. tenailles, pinces.
stuppa. Pour le changement de p final en f, ÉTOC, tronc, souche, variété de estoc (v.
comparez c/if/" de caput, vfr. apruef prov. = c. m.).
aprop, près. On pourrait aussi remonter au ÉTOFFE, estoffe\ it. stoffo, esp.
stoffa,
vha. stophôn, angl. stuff, bourrer, farcir. Le estofa, BL. stoffa. Le sens originel parait être
BL. stoffus, qui n'apparait qu'au xiv* siècle, bourre, remplissage, d'où l'acception géné-
peut être calqué sur le français et ne doit pas rale matière, et venir du L. stitpj^ia, étoupe,
nous guider dans la recherche du primitif du par l'intermédiaire de la prononciation ail.
mot csteuf. de ce mot stupfa, stuffa. Le mot ail. stoff est
ÉTEULE, esieuJe', estuhic', chaume, du L. un emprunt au roman. —
D. étoffer.
stipula; cp. vfr. neuîe, du L. nebuîa. Les ÉTOILE, estoile' prov. estela, esp. estrella,
formes fr. étouhie, prov. estoble, it. stoppia,
,

it. Stella, du L. Stella ou plutôt stëla'. D. —


accusent une origine ou du moins une in- étoile, L. stellatus.
fluence germanique et reproduisent vha. stup- ÉTOLE, estoW, L. Sc'o/a (^rsl»:).
ÉTO 199 ÉTR
ÉTONNER, anc. es-tonncr, v. angl. astone Le primitif serait ainsi torpidus, engourdi. Vo
du L. ex-tonare, p. attonare,
(auj. astonisJt), ouvert de L. torpidus fait repousser cetétymon
frapper de la foudre, fig. frapper de stupeur. à Fôrster; il reprend l'étymologie turdus,
Cette étymologie, patronnée par Diez, satis- comme phonétiquement plus correcte. (Ztschr.,
fait parfaitement; cependant, l'absence du mot II, 84). Baist (ib., VI, 119) préfère turbidus,
dans les idiomes du Midi donne quelque pro- troublé.
babilité à une origine germanique le mlia. a :
ÉTOURNEAU, L. sturneUus*, diminutif do
stûiieii (ail. mod. staimen), s'étonner, l'angl. L. stur>ius.
gtun, étourdir. ÉTRANGE, estrange* angl. strange, it. ,

ÉTOUFFER, estouffer (le mot n'est pas an- stranio, esp. estrano, prov. estranh, du L.
cien dans la langue), est, d'après Diez, dérivé
=
cxtraneus (de extra). —
D. étranger, it. stra-
d'un subst. touffe (inus.) it. tufo, tuffo, esp. niero, prov. cstrangier, esp. extrangero,
tufo, vapeur suffocante, dont le primitif est angl. stranger; étrangeté; .verbe étranger,
Le gr. tû^î;. vapexir. On se demande cependant éloigner.
comment il se fait d'un côté que le primitif ÉTRANGLER, cstrangier* , L. strangulare.
touffe n'existe plus en fr., et de l'autre que les
autres langues n'en ont pas le dérivé. Le mot
— p. étranglement, ctranguillon.
ÉTRAPER, estraper* aussi estreper, étré-
,

ne serait-il pas plutôt foncièrement identique per, prov. cstrepar. Les formes avec e sont
avec ctouper, par l'intermédiaire du vha. sto- probablement issues, par transposition, du L.
phon, ail. mod. stopfen, bourrer? L'idée bour- exstirpare. Les formes avec a rappellent l'it.
rer, boucher et celle de couper la respiration,
strappare (voy. sous estrapiade) et sont par
obstruer les conduits de l'air, sont assez rap- conséquent d'origine germanique cp. suisse :

prochées pour qu'on puisse avancer cette strapfen, enlever la surface, bavarois slraffen,
étymologie, qui en tous cas ne répugne pas à
la lettre. On pourrait encore invoquer l'angl.
tailler. —
D. ctrape, faucille à couper le
chaume; on dit aussi étrèjye et éterpe.
stiiff, étouffer, mais ce mot peut être tiré du
français. Le terme allemand sticken (étouffer),
ÉTRASSE = cstrasse (v. c. m.).
ÉTRAVE, de marine, nom des pièces do
t.
en ce qu'il exprime propr. obstruction,
bois courbes qui forment la proue du vais-
arrêt de la respiration, favorise ma manière
seau ; du dan. stavn, suéd. staef, holl. steven,
de voir; d'autre part, le synonyme ddmpfen
m. s., avec épcnthèse d'un r; il est inutile
(de dampf, vapeur) corrobore celle de Diez,
d'y cherher le subst. verbal d'un verbe étraver
Celui-ci cite, en sa faveur, le lorrain touffe,
suffocant, mais cet adjectif pourrait bien
= ex-trahare, de trahs, poutre.
ETRE, estre*, it. essere, prov. esser, du L.
être p. stouffe, comme tain p. staiit (j'entends
souvent dire autour de moi : il fait stouffe). — essere, forme barbare pour esse, cp. tistré' de
texere {tisser) —
D. être, subst.; cps. bien-être
.

Bien que peu plausible, je ne puis négliger


(cp. ail. icohlsein).
l'opinion de Boucherie, qui part d'une forme
ÉTRÉCIR, voy étroit; cps. rétrécir.
stupefare p. stupefacere, qui serait analogue
à calefare (d'où fr. chauffer) p. calefacere. ÉTREINDRE, cstreindre\ L. str ingère. —
D. subst. participial étreinte.
ÉTOUPE, estoupe', it. stoppa, esp. estopa,
du L. stuppa (ttûtîvj). Ce dernier est congénère
ÉTRENNE, cstrenne*, L. strena, présage,
avec l'ail, stopfen, boucher, cité dans l'art,
augure, puis présent de bonne année. D. —
précédent (voy. aussi étoffe). —
D. ctouper, étrenncr.
Nvall. stopeir, rouchi stoupper, it. stoppare, ETRES (les) d'une maison; ce terme, à mon
boucher avec de l'étoupe, puis en général sens, est le même mot que être, existence,
boucher ; détouper, déboucher étoujnlle,
;
manière d'èti^e, état particulier. Les applica-

ctoiipillon. tions qui en sont faites dans l'ancienne lan-

ÉTOUPER, voy. ctoupe. gue (p. ex. les estres d'un verger, d'une tour)
ÉTOURDIR, cstourdir it. stordire, d'un et le caractère tout à fait exceptionnel de l'or-
,

type latin cx-turdire. L'esp. dit a-turdir. thographe aiti-e doivent écarter l'étymologie
Covarruvias explique aturdir par une allu- atrium que l'on a mise en avant. On voit, en
sion à la grive (L. tu.rdus, esp. tordo), la- anglais aussi, le mot being signifier à la fois
quelle tombe étourdie à la grande chaleur du existence, manière d'être, condition, et de-
jour, d'où le proverbe te7ier cabeza de tordo,
:
meure, place. —
D'après Neumann (Ztschr.,
avoir une tète de grive, p. s'étourdir facile- V, 386), le mot signifie pr. les localités exté-
ment. — Wachter avait proposé une origine rieures d'un édifice et a pour étymon lat.
du cymr. twrdd, bruit, tonnerre, en s'appuyant exteras (s.-e. partes domus). Le sens restreint
du terme analogue étonner. —
Diefenbach cite originel se serait, avec le temps, généralisé.
l'angl. sturdy, fort, hardi, mais les significa- ÉTRÉSILLON, voy. trésillon.
tions ne concordent pas. —
L'étymologie de ÉTRIER, estrier', vfr. estref, estrief, estricu,
l'ail, stï'.rzen, précipiter, fig. frapper de stu- cst7'iu, estrif, prov.
cstreup, estriub, cat.
peur, suivie parChevallet, et celle de Ménage, estreb, esp. estribo, BL. strepa; cette forme
qui avance le L. stolidus, sont démenties par latine, d'après Diez, vient du vha. streban,
la forme espagnole. —Diez, qui s'était pro- s'appuyer avec effort. L'étrier est donc envi-
noncé d'abord en faveur du primitif turdus, sagé comme un appui pour le cavalier. —
explique maintenant étourdir par un type ex- Chevallet, insistant sur la circonstance que
torpidire, modifié régulièrement en extordire. les étriers ne consistaient autre fois qu'en
ÉTR — 200 — ÉTY
une coui'ioïc, invoque, avec raison, Je pense, chier qui répond à un type strict iarc. — Voy.
des primitifs allemands signifiant la môme au.ssi détroit, détresse.
cliosc. Dans le nombre de ceux qu'il cite, ÉTRON, estron, estront', it. stronso, BL.
l'ail, striepc est celui que j'accepte: on strrmtus, du néerl, stront, ail. strunt, in. s.
dit aussi dans cette langue strippe; Tangl. ÉTROPE, voy. est rope.
a stripe. ^^'ackcrnagcl proi)osait lall. steyc- ÉTUDE, csti(<tc',L.sti<diHm. — V.chidier.
rcif, étrier (litt. anneau pour monter), ou ÉTUI, prov. estug, cstui, port, estojo,
esti'i',
plutôt la forme bas-ail. do ce mot, stireip, esp. estuche, KL. estw/iu.m; du mha. stùche.
qui se serait contractée en strccp, mais Dioz ail. mod. staxiche, pr. objet dans lequel on
observe que les formes romanes ont dii pré- fourre qqcli. L'it., avec le préfixe ad, dit as-
exister à la formation du mot sli-reip. L'angl. tuccio. — Notre éty m., proposée en premier
stirrup (dial. stifjhropc) est un composé de lieu par Frisch, n'est point approuvée par
sffffan, monter, et de rope, corde. Dérivés : — Langensiepen, qui établit le L. stttdium pour
estrivière' ctrivù'^rc, anc. synonyme d'étrier,
, primitif d'ctid. La forme, en effet, ne s'y
auj. la courroie de Tétrier (cp. esp. vsU'i- oppose pas, cp. appui do appodivm ; pour lo
bcra, port, cstribeira, prov. estrubiera, rapport logique, il admet une métonymie du
tous =r étrier). Notez encore le bon vieux contenu au contenant studiv.m d'abord -=»
:

verbe dés-estriver (Raoul de Cambray), i-en- objet de l'étude ou du travail, puis le petit
verser des étriers, désarçonner. Ce qu'il — meuble (pii le renferme (cp. le mot étiidiole,
importe d'obsen'er encore, c'est que contrai- nom d'un petit meuble do travail). Quant à la
rement à l'opinion émise jusqu'ici dans les forme it. astuccio, il l'cïxpliipie.un peu violem-
dictionnaires (le mien compris), élrier n'est ment, par un type ad-studicinm, ou même
pas une conti'action de cstrivier. Il .se rap- adstiidium, d'où asti'.tii'.m,astKciitm {cp.tnesso
porte à vfr. cstrieu comme Anyiers, Poitiers de tneditts). —
Cette étym. par studinhi, bien
à Angieus, Poitieus, vfr. nicrs à vfr. nieus que recommandable à certains égards, ne me
(neveu). Voy. sur cette confusion des finales .semble pas favorisée par les sens cachette,
iv, ieu avec ier (Toblor, Jalirb., XV, 202; prison, baquet, qui s'attachaient à étui dans
O. Paris, Rom., V, 380; Suchier, Zt.-^clir., I, leprin<'ipc.
430). —La forme en iei'. existe encore dans le ÉTUVE, estu.re', prov. estuba, esp., port.
terme technique ctricnx (plur.), étais trans- estufa, it. stufa, angl. store, néerl. stoof, HL.
versaux . stuba, stufj'a, = 6«/HeM)»,liypocaustum suda-
ÉTRILLE, rstriUc', it. striffUa, ail. strirr/eJ, torium. Ces mots .^^ont identiques avec le vha.
du L. strifjilis (stringere), m. s. — D. étriller. stuba, ail. mod. stube, d'abord chambre à
ÉTRIPER (dans à et ripe-cheval), c'est, éty-
bains, auj. = chambre en général, angl. stove.
mologiquemcnt, faire sortir les trijws. étuve, poêle. .\ujourd'hui, l'on appelle étuve
une chambre ou armoire dans laquelle on
ÉTRIQUER, rétrécir; origine douteuse. Le
fait circuler l'eau réduite en vapeurs pour
fréquentatif strictare (de striuf/crc, étreindre)
faire suer, de môme un lieu chaufTé pour faire
ne convient pas à la letti'e si le sens premier;
sécher, enfin, en Helgique du moins, le mot
emporte
proposer
l'idée de maigre et allongé, on peut
l'ail, strechcn, étendre, allonger
équivaut aussi à poêle. D.étui-cr. — Buggc —
(lîom., IV, 354) démontre que les mots germa-
(cp. l'ai't. estrigi'.c); si l'idée primitive est celle
niques invoqués sont empruntés au roman.
de mesurer rigoureusement, on peut rappe-
Selon lui, étuve est le subst. verbal de étuver
'

ler le rouclii étriqué, rouleau de bois servant à


(z= esp. estuvar, estofar, cstovar, it. stufare),
raser les mesures de grain, râcloire, qui vient
lequel reproduit une forme lat. vulg. ex-tufare,
du tlam. strijken, tergerc, radere, ail mod.
streichen, angl. strike. Enfin, le verbe ail.
tirée du grec r'jfoi, vapeur, it. tufh, tuffQ,e?,\}.
tnfo. Cp. en terme de cuisine, l'ail, ddmpfen,
strichcn (de slrick, corde), dans son acception
lier, serrer, se prête également comme pri-
étuver, de dampf, vapeur. —
L'opinion do
mitif du mot
Buggc quant à l'origine romane de l'ail.
français. Ltriqiœr n'est pas an-
stube a trouvé des contradicteurs, et je crois
cien dans la langue au sens de serrer et pour-
rait bien être une forme wallonne du latin
que les formes avec /"radical doivent être
séparées de celles avec f Ex-tufarc peut avoir
.
strictare. Dans ce
dialecte, on dit affcqué p.
affecté. — Dans étriqucr les harengs », le mot
«
donné étouffer (\. cm
), mais non pas étuver.

ÉT"5rM0L0GIB, gr. ir-j/xolo-/», subst. abstrait


représente, scmble-t-il, une foi-me picarde du
L. ex-tricare, démêler.
de îTu,uo).5y9; =
qui s'occupe de riTu//ov,sub.st.
adjectival, exprimant chez les Grecs la vraie
ETRIQUET, espèce de filet, de l'ail, strick,
signification d'un mot d'après son origine
corde.
(îru/i5;, vrai, pur). L'étymologic, qui s'oc-
<•

ÉTRIVIÈRE, voy. étrier. cupe de l'origine des mots, est appelée par
ETROIT, estroit', prov. cstreit, it. stretto, Cicéron notatio, parce qu'elle est désignée
du L. stricti'.s, serré, part, àa striiigei-e.
D. — chez Aristote sous le nom de îû//S5>«v, qui veut
étroitesse (l'ancienne langue, sur le type stric- dire signe, car il se défie du mot veriloquium,
tia, avait la forme estrece); verbe étrécir (un de qu'il a créé lui-même et qui est la traduction
ces verbes à forme inchoative et à signification littérale de îru,aî).o/£a. D'autres, qui se sont
factitive, dont la langue française présente tant attachés au sens virtuel du mot, l'appellent
d'exemples, cp. obscurcir, durcir, écJaircir); originatio. " Quintilien, I, 6. D. étymolo—
l'ancienne langue avait aussi la forme csire- gique, -iser, -iste.
ÉVA 201 EX
EU, part, passé de avoir, anc. eu ; e repré- EVASIF. EVASION, voy. évader.
sente le radical hab, u la terminaison utus ÉVECHÉ, voy. évéquc."
(cp. su =
L. barb. sap-utus, dit dcb-utus). = EVEILLER, esveiUer', = L. ex-vigilare,
EUCHARISTIE, L. eucharistia, du gr. mais avec une .signification factitive. — D.
sOx«pi7Tîa, pr. actions de grâces (de sJyxf,nzo'7, éveil ; cps . réveiller.
reconnaissant) ; les pères ds TEglise ont appli- ÉVÉNEMENT, it. evenimcnto, mot dérivé

qué le mot à Cène dans la suite, ce


la sainte ; du L. evenirc, d'après le précédent de avène-
nom abstrait d'un acte est devenu concret et ment. Le subst. latin cventum, chose arrivée,
signifie le saint sacrement. — D. eucharis- est resté dans l'it. evento, angl. event. On
tique. trouve dans l'Art poétique do Vauquelin d(!
EUCOL06E,gr. vjyol&/<.o-i{^màs.i) = recueil LaFresnuye, poète qui florissait sous Henri III,
de prières {lîiyr). plusieurs fois le mot évent p. événement.
EUFRAISE, plante, du gr. î'j^py.iix, gaité. L'homonyme évent de éventer n'a pas permis
EUNUQUE, gr. tj-joZyo;, castrat; sens éty- à ce terme de se fixer. A la forme L. eventus,
mologique : gardien du lit (-rjy/i -\- îyu). gén. -us, se rattache l'adj. fr. éventuel (pour
EUPHÉMISME, gr. gh-n/n^ad;, emploi d'un leqjiel Rousseau s'est permis éventif).
terme plus agréable à entendre pour une ÉVENTAIL, voy. éventer.
chose qui ne l'est pas en réalité (de l'adj. ÉVENTER, mettre au vent, du vent, faire
'/j-fnuoç, bien sonnant; su, bien, s-/;///j, parole). donner de lair, que l'it. a
cp. L. eventilare,
EUPHONIE, !gr. sO-^tuvîs^, subs't. de si^/ovo,-, conservé sous la forme sventolare et que la
qui sonne ou qui parle bien (-J, bien, çcov/j, langue d'oïl possédait également sous la forme
voix). —D. euphonique. s'esventcler. — D, ('î;cHi (subst. verbal) ; éven-
EUX, anc. ds, plur. de eV il. Dans la , tail^[— prov. ventalh, it. ventaglio); éventoir.
langue d'oïl, on trouve aussi lés formes als, ÉVENTRER, ouvrir le ventre. Mot du
els, a\'.s, eus, iaux. xvi'^ siècle, qui à la lettre dit " priver du
ÉVACUER, L. cvacu.are (de vacuus, vide). ventre ".
ÉVADER (S'), L. etadere, litt. s'en aller; ÉVENTUEL, voy. événement. — D. éven-
du supin evasum : subst. évasion (L. evasio), tualité.
adj. évasif. ÉVEQUE, évesque', du L. episcopus, gr.
EVAGATION, L. evagatio (vagari). îTiiT/.o-r.o:, litt. surveillant, inspecteur. Le mot
ÉVALUER, dér. de xahœ, subst. participai episcojius , \^av l'aphérèse de la syllabe initiale,
de valoir. — D. évaluation. adonné vfr., prov.
vesquc, it. veseovo, néerl.
ÉVANGILE, du gr. îOayyâ/tîv, bon message. angl. bishop, ail. bischof. Au dérivé
bis.-;cho]'j,
— p. évang clique, -iser (-t'^îiv), -iste (-îTr/;;). latin episcopatus se rapportent 1 epnscopat, : .

ÉVANOUIR esvanouir', vfr. aussi esva-


(S'), terme savant; 2. évèché, vfr. evesquiet (formé
nir et envanir, prov. esvanuir, it. svanire comme co>nit', duché de comte, duc). Cps. ar-
(présent svanisco). C'est le L. ex-vanesccrc, chevêque (v. c, m.).
dans lequel le français a intercalé une espèce ÉVERSION, L. eversio (de cvertere, ren-
de suffixe ou, comnie dans épanouir et vfr. verser).
engenouir, engendrer. Quant à la raison de ÉVERTUER (S'), vfr. sesvertuer, prov. es-
cette .singulière intcrcalation. Cachet et To- vertudar, de vc7'tu (dans le sens de vigueur),
bler, approuvés par Dicz, y voient ww. effet de comme s'efforcer de force, vfr. s'csvigorer de
l'ancien parfait latin en ui.La langue romane vigueur. Cachet rappelle le vieux terme fr. se
ayant emprunté tout d'une pièce les formes resvertuer, et prov. revertuzar reprendre =
latines ingenuit, evanuit en faisant engcnouis, coui-agc.
esvanouis, on en a déduit des infinitifs d'une ÉVICTION, action d'évincer, L. evictio, de
façon analogue. Par assimilation, on a traité evi/icere, pr. vaincre complètement.
le verbe épanir (p. épandir) à la manière de ÉVIDENT, -ENCE, L. evidcns, -entia (vi-
csvanir, et on lui a donné au prêt. déf. la dere).
forme épanouis. Car il faut bien insister sur ÉVIDER = vider; le préfixe ajoute l'idée
ce point que les verbes en question présentent du mouvement du dedans au dehors, qui s'at-
d'abord un infinitif en ir, et que c'est le par- tache à l'opéi'ation désignée i)ar le vei'be.
fait en oui qui a déterminé une nouvelle forme ÉVIER, du vfr. ève, eau, voy. sous aiguë.
verbale en ouir. —
D'intéressants détails sur ÉVINCER, L. e-vinccre, voy. éviction.
les circonstances qui ont fait naître les verbes ÉVITER, L. e-vitare.
en ouir ont été donnés par Suchier dans ÉVOLUTION, L. e-volutio (do evolvere, dé-
Ztschr.. VI, 437. rouler, déployer). Les écrivains militaires en
ÉVAPORER, L. evaporare (vapor). ont dégagé le verbe évoluer, qui d'ailleurs
ÉVASER, élargir une chose circulairement, réix>nd fort bien à un fréq. latin evolutarc,
à la façon d'un vase, dont la largeur va en d'où aussi le t. de zoologie coquilles évolu- :

augmentant jusqu'à son ouverture. Ce verbe — tées.


moderne évaser doit être séparé, je pense, de ÉVOQUER. L. =
D. évocation.
e-vocare.
l'ancien esvaser (voy. Godefroy), qui signifiait ÉVULSION, L. cvulsio, du L.
e-vellerr, arra-
s'ébouler, fig. trouver une échappatoire (= cher, par le supin e-vulsum, d'où aussi l'adj.
c-vasare", de evadere, sortir des fondements?) évulsif
Toutefois il se peut que esvaser .s'ébouler = EX, particule latine dont le sens premier
soit une variété de envaser (de vase, fém.). est hors. Ya\ tant qu'élément de composition.
,

EXC 202 i:\H

la langue française se lest appropriée sous la EXCITER, L. cxcitare, fréq. de cx-ciere,


forme es, plus tard e (voy. é-). Les composés pr. appeler hors, provoquer.
qui ont conservé la forme ex appartiennent à EXCLAMER, L. eœclatnare.
ce que nous appelons le fonds savant do la EXCLURE, L. exclud4:re (claudere) ; du
langue. Dans les temps modernes, on a beau- supin excli'sum : sub.st. exclicsio, fr. exclu-
coup appliqué le préfixe ex à des substantifs sion, cp. ail. aus-schluss (de schliesscn, fer-
marquant une condition, une qualification, mer), adj. exclusif. Voy. aussi éclorc. —
un emploi, pour indiquer que cette condi- EXCOMMUNIER, \-fr. eseomenier, du L.
tion, etc., se rapporte à des temps passés, que d'église excommunicare, mettre hors de la
la personne en question ne la possède plus, communion de l'Eglise D. excommuni- —
p. ex. ex-roi, ex-prêtre, etc. cation .

EXACT,L. exactus, m. s. (exigere). D. — EXCORIER, L. cxcoriare, enlever la peau


l'xactitude,façonné d'après rectitudo, etc. [corium).
C'est un mot que j'ai vu naître comme un
'• EXCORTICATION, subst. du vorbe L. ex-
jnonstre contre qui tout le monde s'écriait « corticare, \)rhinû( d'écorcher (v. c. m.).
(Vaugelas). EXCRÉBÎENT, L. excrementum, (de ex-cer-
EXACTEUR, -TION, L. exactor, -tio, m. s. nerre, séparer). —
Ejtcrétion, excréter sont
EXAGÉRER, L. ex-ar/gerare (agger). pr. des dérivés do excretum, supin du même verbe
élever par des terres rapportées, hausser, cx-eerncre.
amonceler. Notez le sens actif du pai"t. exaffcW EXCROISSANCE, du L. ex - crescentia
(cp. exalté =? qui exalte). (Pline), m. s. L'ancien verbe cscroistre était
EXALTER, L. exaîtare, haus.ser, élever. synonyme de accroître.
Le a prêté au mot des significations de
fr. EXCURSION, L. excursio (ex-currere).
l'ordre moral toutes particulières. D. exal- — EXCUSER, L. excu^are [causa), litt. mettre
tation. hors d(> cause, cp. disculper, mettre hors de
EXAMEN, it. ésame, du L. examen. Le mot coulpe. —
D. subst. verbal excuse.
latin a deux sens principaux : 1. essaim EXEAT. mot latin, = qu'il s'en aille
(v. c. m.); 2. la languette ou aiguille de la (3'' pors. du prés. subj. de exire).
balance qui sert à mesurer, à ex-igere, c'est- EXÉCRER, L. ex-secrare (sacor), maudire.
.•V-dire dégager le vrai. C'est du dernier que EXÉCUTER, L. ex-secutare ', fréq. de ex-
se déduit le sous-sens épreuve, contrôle. Le sequi, poursuivre jusqu'au bout, achever, exé-
même primitif lat. exigere, mesurer, peser, a cuter. —
Dérivés du supin ex srcutum (de.
aussi produit le BL. exagium, mesurage, d'où cx-sequi) subst. exécution, L. cxsecutio,
:

essai (v. c. m.). —


D. exatniner, L. exami- exécuteur, L. essecutor, adj. exécutif, exécu-
nare. toire.
EXASPÉRER, L. raj-cutperare (asper), irriter. EXÉGÈSE, gr. i%n,r,^li, interprétation ; exé-
EXAUCER, p. exaiisser,vfv. es/ialcer, essal- gHe, îçy; r,-r,; ;eXi'gétiqUC, ii/jyY)Tl/.6;.
cer, es^aucier, prov. eissaitssar, esp. cnsahar EXEMPLE, it. esempio, du L. excmplum,

Le mot exaucer, étymologiquemeut, n'est (d('!r.de ex-imere, prendre hors), pr. éclian-
qu'une variété orthographique de exhausser ; tillon, modèle. —
D. exemplaire, subst.,
tous deux signifient élever, l'un au propre, = L. cxemplar, modèle, type; exemplaire,
l'autre au figuré, et l'épondent à un type latin adj., ^= L. cxemplar is
exaîtare, ou plutùr exaltiare. Exaucer une EXEMPT, L. cxemptus, partie, de eximere,
prière, c'est la relever, terme métaphorique prcndie liors, excepter, dispenser; exemp-
pour " l'accueillir favorablement ». tion, L. oxemptio; exemp>ter, rendre exempt.
EXCAVER,L. ex-carare (de cavus, creux). EXÉQUATUR, p. exsequatur, mot latin
EXCÉDER, L. ex-cedere, outrepasser. — signifiant « qu'il exécute, qu'il exerce »
D. excédant. —
Du supin latin excessum (3^ pers. du subj. prés, de exsequi, exécuter).
viennent subst. excessus, action de dépas-
: EXERCER, L. cxercere (arcere) exercice, ;

ser la limite voulue, fr. excès, puis l'adj. L. exercitium.


excessif. EXERGUE, it. esergo, du gr. riipyov (inu-
EXCELLER, L. excelîere (pr. s'élever, cp. sité) = hors d'œuvrc
l'exergue, dit Domergue,
excelsus). — D. excellent, -ence, L. excellens, est un espace ménagé hors de l'oKvrage, hors
;

cxcellentia. du type, an bas de la médaille.


EXCENTRIQUE, du L. ex centra, hors du EXFOLIER L. ex-foliare (folium).
(S'),
centre, opp. de concentrique. —D. excentri- EXHALER, L. ex-halare, faire sortir par
cité. le souffle, rendre sous forme de vapeur. D. —
EXCEPTER, L. de ex-
ex-ceptare, fréq. exhalaison et exhalation, L. exlialationem.
cipcre, litt. prendre hors, ôter, enlever. D. — EXHAUSSER, ^= ex-\-hau.sser, voy. exau-
excepté, logiquement égal à hormis (= hors cer et hausser. Exhausser est une compo-
mis). —
La forme primitive excipere est restée sition produite sous l'influence du L. ex-
dans le langage du palais sous la forme exci- aîtare.
per, alléguer ou opposer une exception. Du EXHÉRÉDER, L. exhœredare, déshériter.
supin exceptum : subst. exceptio, fr. excep- EXHIBER, montrer, L. ex-hibere (habere),
ir'on, d'où exceptionnel. litt. tenir hors, cp. le terme ex-poser; du

EXCÈS, EXCESSIF, voy. excéder. supin exhibitum subst. cxhibitio, fr. exhi-
:

EXCIPER, voy. excepter. bition.


.

EXP — 203 — EXP


EXHORTER, L. ex-hortari. — L'ancienne EXPLIQUER, L. ex-plicare, litt. déployer,
langue employait, dans le même sens, le com- développer. — Du part, latin explicitus =
posé enorter, du L. inJiortari. explicatus, vient le terme savant explicite, pr.
EXHUMER, L. ex Jiumare*, tirer de terre, déployé, d'où clair, distinct, opp. de impli-
ex humo; opp. de inhumer. cite.
EXIGER, L. ex-igere, litt. tirer hors, de là EXPLOIT, esploif, prov. esjoleit, espîec,
faire payer, puis réclamer comme dû. D. — subst. verbal de exploiter, prov. espleitar,
exigeant, exigence, exigible. esplechar. Ce verbe répond correctement au
EXIGU, L. exiguus, strict, étroit, faible, etc. type explicitare, fréquentatif de explicare,
— D. exiguïté, L. exiguitas. débrouiller, expédier, exécuter une affaire
EXIL, vfr. eissil (cp. vfr. eissir, auj. issir, (cp. en latin « peto a te, ut ejus negotia ex-
de exire), du L exiliicm, p. ex silium, dérivé plices et expédias » Cic, Fam ,13, 26, et
de exsul, banni. —
D. exiler. « his explicitis rébus ", Caes, B. G. 3, 75); il

EXISTER, L. ex-sistere. D. existence. — s'y est attaché l'idée d'une exécution prompte
EXODE, gr. Uiooi, sortie nom du 2" des ; et vigoureuse, et subsidiairement celle d'un
cinq livres de ^loïse, qui raconte la sortie des travail fait avec fruit. On comprend, par ce
Israélites hors du pays d'Egypte. développement de signification, les acceptions
BXOINE, BL. exoniian, vfr. essogne, excuse, militaii-e et judiciaire qu'a prises avec le temps
voy. l'art, besogne. le terme exploit. Au fond de l'une, il y a l'idée
EXONÉRER, L. exonerare, litt. décharger. d'accomplissement, d'exécution au fond de ;

EXORÂBLE, L. ex-orahilis, qui se laisse l'autre, celle d'exposé, de signification, en vue


fléchir par des prières. L'opposé inexorable d'exécution. Le passage de Cicéron cité ci-
est plus souvent employé. dessus établit fort bien la synonymie des deux
EXORBITANT, du L. ex-orbitare, sortir de mots fr. exploit et expédition, tant comme
Yorbite, dévier. termes militaires que comme termes judi-
EXORCISER, h.exorcizare, dugr. l^ipviiiv^ ciaires. — En vfr., on trouve la forme s'es-
(5/5x0;, serment) = conjurer. — D. exorcisme, ploxjer p. se presser ; c'est bien encore là le
-iste, gr. ÏXop/.i-jfi'ii, -ittv;,-. L. explicare au sens de expedire. Quant à la
EXORDE, L. cxordium (de ordiri, ourdir). locution vfr. à esploit, promptement, prov. a
EXOSTOSE, gr. ||oîtwîi; (ÔTrbv, os). espleit, a espleg, elle découle directement du
EXOTIQUE, L. exoticus, gr. s|o,ri/o,-, de l|«, sens dégagé, libre dans ses mouve-
« délié,

•lehoi's; cp. L. extraneus, de extj-a. ments propre déjà au L. explicitus.


", Il —
EXPANSION, L. expansio; adj. expansible, est hors de doute que le L. explicare, part.
expansif. Du L. expa?iSHm, supin de expan- explicitus, est la seule étymologie (déjà pro-'
(Iere=^{v. épandre, étendre, dilater, épancher. posée par Ménage) qui puisse satisfaire au
EXPATRIER, it. spatriare, BL. expatriare, point de vue tant de la forme que des accep-
a patria recedere, de ex patria, loin de la tions diverses des mots exploit et exploiter.
patrie. Ce verbe, comme son antonyme rapa- Ce verbe se rencontre aussi en vfr. sous la
trier, est actif aujourd'hui le sens neutre est; forme espleiter csploiter et avec le sens de
rendu par la forme réfléchie s'expatrier. faire une chose à espleit, promptement. Nous
EXPECTANT, -ATIF, -ATIVE, du L. cx- rejetons positivement comme impossibles les
spectare (fréq. do ex-spicere), attendre. explications par explcre (Génin) ou par expla-
EXPECTORER, L. ex-pectorare (de pectiis, cifare (Boscherclle).
•oris, poitrine;, litt. faire sortir de la poitrine. EXPLOITER, voy. l'art. pr5c.
EXPÉDIER, d'un type expeditare, fréq. de EXPLORER, L. "exjjlorare.
cxpedire, débarrasser, débrouiller, délivrer, EXPLOSION, L. explosio, subst. du verbe
mener à fin. — expédient, adj et subst. du explodere (plaudere), rejeter un acteur en bat-
L. expediens, partie, de expcdire, au sens tant des mains, le siffler, fig. chasser, con-
impersonnel « être avantageux ». expédi- — damner. La langue moderne a attaché au mot
tion, 1. action
d'expédier, 2. préparatifs explosion, et aux adj. explosif, explosible, le
militaires, L. expeditio ; de là adj. exjte'di- sens général de commotion violente, accompa-
tionnaire; expéditif, q\ii expédie prompte- gnée de bruit, de détonation fig. manifestation
;

ment; expéditeur, = ail. sjK'diteur (de l'it. bruvante d'un sentiment.


spedire). EXPORTER, L. ex-j)ortare.
EXPÉRIENCE, L. cxjjerientia, du verbe EXPOSER, de ex -f- poser, par analogie
e.vpereri, éi)rouver, faire l'essai. De ce verbe avec L. ex-poncre, dont le verbe fr. a conservé
viennent encore, par le part, expertus, l'adj. tous les sens. L'anc. langue avait régulière-
expert, et parle subst. experimertum, essai, ment francisé le mot latin par espondre. —
l'adj. expérimental et le verbe expérimeiitcr Expositeur, -ition, L. expositor, -itio.
EXPERT, voy. cxjwrience. D. expertise, — EXPRÉS, voy. exjvimer.
d'où expertiser. EXPRIMER, 1. presser hors (dans ce sens
EXPIER, L. expiare (pius), m. s. nous avons la forme plus française épreindre):,
EXPIRER, L. ex-spirare, 1. rendre l'air 2. énoncer, expliquer du L. ex-primerc, cp.

;

aspiré; 2. cesser de respirer, rendre l'àme ail.ausdrûcken. D. exprimable, inexpri-


3. cesser en général, échoir. \). expiration, — ;

mable. —
Du supin expressum dérivent :

1. action de rendre l'air aspiré; 2. échéance. exprès, L. expressus =


distinct, clair, for-
EXPLÉTIF, L. expletiviis (de explerc). mel; expression, L. exprossio expressif. ;
FAB 204 FAC

EXPROPRIER, BL. expropriarc, quocl ali- fait unsubstantif dans faire un extra»,
«•

ciii pioprium donc ^= déposséder.


est auferre, faire quelque chose en dehors de la coutume.
EXPULSER, L. cxpulsare, fréq. de expel- Le sens «hors, outre », propre à extra dans les
lere, dont le supin expulsion a donné expul- : compositions latines, lui a au.ssi été appliqué
sion, L. expulsio, expulsif et expidscur. — dans quelques compositions du cru roman, p.
Expultrice vient du L. cxpiiltrix, lequel dé ex. extravagucr, cxtravaser. Il marque supé-
rive d'une A>rme do supin expu.ltum. riorité dans extra-fin.
EXPURGER. L. ex-purgare, émonder. EXTRACTION, L. ex tractio [ex trahcre ==
EXQUIS, p. esquist, it. squisito, angl. eo> fr. extraire).
quisite, du L. ex-quis"itus, pr. recherché, EXTRADER (néologisme), du L. ex-tradere ;

choisi. e.i'tradition, L. extraditio.


EXSANGUE, privé de sang, L. ex-sanguis. EXTRADOS, surface extérieure d'une voûte,
Montaigne a dit :" des paroles si exsangues, du L. e.i-trn dorsum.
si descliarnées.sivuidesde matière et de sens. » EXTRAIRE, vfi'. estraire, L. extrahere;
EXSUCCION. L. ex-suctio (exsugere). partie, e.vtrait = L. extractus; de là le subst.
EXSUDER, L. ex-sudare, litt. suer hors. t^xtrait.
EXTASE, L. ecstasis, du gr. î/ïrajt; [Hl-:- EXTRAORDINAIRE, L. extra-ordinarius.
rrifii), litt. déplacement (au propre et au moral), EXTRAVAGUER, errer au delà des idées
dérangement d'esprit, ravissement, enthou- raisonnables, L. extra-vagari (mot non clas-
siasme, folie, aussi pâmoison verbe s'extasier.
; sique). —
D. extravagant, -ance.
De l'adj. è/TrxTi/s,- fr. extatique. Les mots
: EXTRAVASER(S'), sortir, se répandre hors
fr. ravissement (de lavir), ail. vcrri'cht, fou, du vase. —
D. extravasation, forme préfé-
néerl. vcrrucht =
ravi, présentent le même rable à extravasion, qui est une abnormité. —
trope. Linguet a employé le mot extravasion dans lo
EXTENSION, L. extensio; extcnsif, L. ex- sens de digression; parlant des discu.ssion.s
tensivus; extensible; tous de extensum, supin du parlement d'Angleterre « Hommes assez :

'de extendrrc. étendre. heureux, dit-il, pour pouvoir influer sur les
EXTÉNUER, L. extenuare {iGnwh). opérations du gouvernement, ne perdez pas
EXTÉRIEUR, L. exterior, comparatif de dans des extravasions puériles votre temps et
exterus. votre enthousiasme. " Mais ce substantif n'a
EXTERMINER, L. eodei-minare (terminus), rien à faire avec extravaser, sortir du vase; il
litt. chasser loin des frontières. Pour la filia- répond à un type latin extra-vasio, du verbe
tion des idées expulser et détruire, cp. le vfr. extra-vadrre, qui est d'une structure et d'une
cssillier, pr. exiler, bannir, puis ravager, dé" valeur analogues à celles de di-gredi ou de
truirc, exterminer. exlravagnri.
EXTERNE, L. cxternus (oxter). D. ex- — EXTRÊME, L.exlremus (superlatif de exter).
terncU. — D. extrémité, L. extremitas.
EXTINCTION, L. exstinctio, du verbe ex- EXTRINSÈQUE, de l'adverbe latin exlrin-
stinguere (= fr. éteindre), d'où encore in-ex- secus, du ou en deliors.
tinguible. EXUBÉRANT, -ANCE, L. ex-uberans (do
EXTIRPER, vfr. estreper, du L.ex-stij-pare idjer, abondant, riche), -antia.
(stirps),arracher avec la racine, et arracher EXULCÉRER, L. ex-ulcerare.
les racines dans un champ. EXULTER, L. exsultare, sauter de joie.
EXTORQUER f mot savant y>.Vanc.estordre), EXUTOIRE, du verbe L. exurre (part, cxu-
L. ex-torquere, pr. tordre hors des mains de tus), lirt. tirer dehors, dégager.
qqn., fig. obtenir par violence; du supin EX-VOTO, expression latine, offrande =
cxtorsum: ^\\hf,t. cxtorsio, fr. extorsion, d'où faite ex vota, c.-à-d. à la suite d'un vœu.
extorsion^iaire. Les Latins donnaient déjà au substantif »o<u»?,
EXTRA, adv. et prép. latine (=» exterà de par métonymie, le sens d'objet votif (Virgile :

exter), signifiant en dehors. Nous en avons lustramurque Jovi votisque incendimus aras).

F
FABLE, it. favola, prov. faula (en esp. revenus d'une église affectés à son entretien et
fabla, habla, et port, falla, discours), du L. aux be.soins temporels du culte; de là le subst.
fabula (de fari, dire), récit, histoii'e, tradi- fabricicn. —
D. fabriquer, L. fabricari; fabri-
tion, fable. — D. prov. fablel, d'où fr.
vfr., cant, -at. —
La langue romane a en outre, par
fabliau (cp. vfr. biau, p. bel); fablier; verbe la résolution du b en ii et l'orthographe o p.
fr. fabler, raconter, parler, it. favolare, favel- au, converti fabr'co.re et fabr'ca en forger,
hablar (c'est de l'esp. que nous tenons
lare, esp. forge (cp. tabula, fr. tôle).
le mot luibler), prov.
faular L. fabulari. = FABULEUX, -ISTE, voy. fable.
Dérivés à forme latine fabuleux, L. fabulo-
: FAÇADE, voy. face.
sus, fabuliste. FACE, it. faccia, prov. fats, fassa, esp. ha2,
FABRIQUE, L. fabrica. Le sens ecclésiasti- du L. fada p. fades (facere), pr. figure, as-
que attaché au mot fr. vient du BL. fabrica. pect, forme, puis visage, ce qui se présente à
. .

FAC — 205 — FAI

Ja vue. —D. façade, extérieur d'un édifice, de rattache à l'expression facultas doccndi, li-
l'it. facciata (esp. fachada)\ facette, pr. petite cence d'enseigner telle ou telle science. Tous
face; facer, t. de jeu de cartes; face (aussi ceux qui ont obtenu cette licence spécialisée
facié), « un homme bien face '»; facial; effacer ont plus tai'd été compris sous le nom collec-
(v. c. m.); surface. tif de faculté. —
D. facultatif, pr. laissant la
FACÉTIE (mot de façon nouvelle), du L. faculté de faire ou de ne pas faire.
facctia (facetus). — D. facétieux. FADE, prov. fat (it. fado est un emprunt au
FACETTE, voy. face. — D. facetter. français), du L. fatuus, fade, sans goût, sot
(pour la chute de n, cp. vide dovidiais, prov.
FACHER, fascher', du prov. fasticar, fasti-
vacs de vacuus). Gaston Paris, n'admettant
(/ar,dégoûter (cp. inâclic)' de niasticare). Le pas que le t de fatuus (qui équivaut à fatvus)
verbe prov. est dérivé de fastic, fastir/, qui,
puisse s'afllaiblir en d, n'accepte ce primitif
conformément au génie de la langue proven- que pour le mot fr. fat, sot, niais, et assigne
çale, représente le L. fastidiuni, dégoût,
à l'adj. fade, pour origine, le L. vapidus, éva-
aversion, ennui; fâcher, c'est donc pr. donner
poré, éventé, gâté. Ce qui gène dans cette
du dégoût, de l'ennui. Le L. fastidire n'a pu
directement donner la f^rme fâcher. D. — étymologie, d'ailleurs très plausible (cp. sa-
l)idus, sade" , rapidus, rade' c'est l'initiale v
,

fâcheux, prov. fastifjos:, fàchi:rie ; cps. se


durcie en f, qui n'est constatée que dans un
défûcJier.
seul autre cas, .savoir L. vicem, fr. fois, fie'.
FACIENDE, BL. facienda, negotium, litt.
Le scrupule qui fait rejeter à M. Paris l'étym.
= ce qui est à faire (d'où affaire), puis cabale, fatuus est fondé, mais on peut le faire dispa-
intrigue.
raître sans difficulté. Fatuus a donné d'abord
FACILE (mot du fonds savant de la langue,
le masc. fU; ce masc, ensuite, selon les rè-
comme agile, habile), du L. facilis (facere),
gles, a dégagé le féminin fade, lequel féminin
litt. faisable. — D. facilité, L. facilitas;
s'est substitué au masculin, comme la forme
faciliter.
roide, féminin de roit' s'est fixée pour les
,

FAÇON,
faissô,
angl. fashion,
du L. factionein (facere), action ou
it. fazione, prov.
deux genres. —
D. fadeur, fadaise (vfr.

manière de faire. —
D. façonner; foçonnier;
fades.se)
FAGNE, ou
adj. fadasse.
-.^

faigne, dans les Ardennes, clai-


cps. rnalfaçrm. Voy. aussi faction, forme sa-
rièremarécageuse dans les bois. C'est le niême
vante de factionem.
mot que fange [w c. m.); cp. le wallon s'èfaniiy
FACONDE, vfr fagonde, L. facundia. Ron- s'embourber.
sard employait aussi l'adj. facond, L. facun-
FAGOT, aussi faguette, it. fagotto, esp.
dtis.
fogote, angl. faggot. Ces mots ne viennent pas
FAC-SIMILE, expression latine signifiant
de fagus, hêtre, qui aurait fait en fr. fayot,
litt. « fais de même ». — D. fac-similer mais du L. fax (thème fac), dont le sens pri-
FACTEUR, L. factor (facere), celui qui fait,
(plisoigne, etc. —
D. factorage (aussi factage),
mitif est faisceau de petit bois (cp. gr. sizdci;,
fasciculus). Ce ]}v\m\ïi{ fax =
faisceau parait
factorerie (mot mal fait) ou factorie.
s'être conservé dans le valaquo hac fagot =
FACTICE, it. fattizio, L. factitius (facere). {fagus, 'hètvc, fait dans cette langue fag). Nicot
Le même mot latin, en modifiant son sens, a pensait à fascis en disant « fagot, quasi un fas-
donné le vfr. faitis, bien fait, gracieux. cot î> Les Italiens ont nommé l'instrument
.

FACTIEUX, L. factiosus (factio). dit basson fagotto (d'où ail. fagott), parce que,
FACTION, parti, L. factio. Ce primitif latin, après l'avoir démonté, les diverses pièces sont
pris dans le sens de « accomplissement d'un
l'éunies en forme de fagot. —
D. fagoter, met-
service", a également donné le mot faction tre en fagot, fig. arranger, et surtout mal
dans .son acception militaire soldat en fac- :
arranger, mal vêtir (cp. l'expr. « cet homme
tion est en quelque sorte équivalent à soldat comme un fagot «); fagotin.
en action, en service. —
D. factionnaire.
est habillé

FAGOTER, voy. fagot. Id.fagotage, -aille,
FACTOTUM (expression lutine de factui'e -eur; cps. enfagoter.
moderne), litt. = un fais-tout. FAGUENAS, odeur de sueur « telle que celle
FACTUM, mot latin, = a
fait, acte; on lui d'un crocheteur échauffé ». De la Monnoye y
donné le sens de « exposé d'un fait, d'un voit un dérivé de faquin, portefaix. Selon —
litige ", puis il est devenu synonyme de Bugge (Rom., III, 147), c'est une métathèse
libelle; cp. le mot «c<e =
exposé d'un acte. de fanegas, auquel il donne pour primitif le
FACTURE, vfr. faiture, 1 manière de faire,. vha. fnehan, mha. phnehen, « anhelare »,
syn. de façon, 2. énumération des choses fai- bavarois pfneclien, d'où pfnucheln, " puer »,
tes, compte de marchandises; il se peut cepen- subst. j)fndkeln, " odeur rebutante » L'initiale .

dant que ce deuxième sens découle de celui fn francisée par fan (cp. Jianap), et l'aspirée
(][u'avait pris factura au moyen âge, savoir le h remplacée en fr. par un g sont conformes aux
prix d'un travail; du L. factura (facere), façon, règles. Mais comment ce mot nouveau aurait-
confection. —
D. facturer.
^ il était cherché chez les Allemands ?

FACULTÉ, puissance physique ou morale FAIBLE, POIBLB, vfr. ftoiblc, fioibe, it.

d'agir, du L. facultas [defacul, dér. de facere). fievole, port. feb7-c, du L.


esp., prov. feble,
Le terme faculté désignant les divisions éta- flebilis, déplorable, qui est à plaindre, misé-
blies, dans le corps universitaire, suivant les rable. L'allemand schwach, faible, a signifié
principales branches de l'enseignement, se également en premier lieu flebilis, miser, et
.

FAI — 206 — FAI

dans la même langue, xoenig, parcus, paucus, — D. fainéanter, fainéantise (Montaigne disait
vient de loeincn, pleurer, et a pour sens fon- fainéancé). — Il distinguer, comme
faut l'ob-
cier « déplorable » ; notre chctif n'est non serve fort bien Génin, le mot fainéant, « qui
plus au fond que captif, misérable, — - D. fai- ne fait rien », de feignant, mot populaire,
blesse; faiblir, a/faiblir. signifiant » qui ne va pas de tout cœur au
FAÏENCE, sorte de poterie recouverte d'un travail, ou plutôt qui, n'osant pas avouer sa
vernis, fabriquée d'abord à Faënza, d'où le paresse, accepte le travail sans le rechercher »
mot. Ce feignant-\ù. vient de se feindre, hésiter,
1. FAILLE (dans l'ancienne locution sujis faire difficulté, se soustraire au travail. Un
faille et comme t. de géologie, endroit où terme analogue est l'it. infingardo.
la roche faid), subst. verbal de faillir. FAIRE, L. facere. facre (cp. taire, plaire
2. FAILLE, étoffe de soie noire à gros de tac're, placre)\ de là fait, L. factum; fai-
grains, fabriquée en Flandre; vêtement de sable, faiseur, faisances ; cps. affaire (v. c. m.),
'
tête des bourgeoises flamandes; flam. falie. bienfaire (voy, bien), contrefaire, défaire,
La faille est, dit-on, un vêtement introduit par forfaire, malfaire, méfaire, refaire, satis-
les Espagnols; ne serait-ce donc pas l'esp. faire, surfaire (voy. ces mots),
falla, sorte de chaperon que portaient les FAISAN, anc, avec un t adventice, faisant,
femmes espagnoles ? Tout en admettant l'iden- fém. faisande et faisane, angl. pheasant, it.
tité de l'esp. falla avec notre mot faille, on fagiano; du L. phasianus, gr. saiiavo;, litt.
ne doit pas négliger le fait que faille était en oiseau du Phase. —
D, faisandeau, faisan-
cours dans la langue française longtemps der, faisandier, -erie, se rattachant tous à
avant l'arrivée des Espagnols dans les Pays- l'ancienne terminaison en ant).
Bas; dans le Gloss. de Uouui, il traduit L. 1. FAISANDIER, qui tient une faisanderie,
jtœnula, manteau à capuchon. de faisan.
3. FAILLE, ancien mot, encore usuel dans 2. FAISANDIER. dans les Landes, métayer
les dialectes, torche,du L. faciila, m. s. de pas.sagc, du BL. facienda, métairie. Le
FAILLIR, manquer, it. fallire, anc. esp. même mot latin, pr, cho.ses à faire, a dégagé
fallir, falir; du L. fail ère au sens de man- les sens « affaire, exploitation, terres à ex-
quer à, ne pas répondre à. On sait que le L. ploiter, biens », inhérents à l'it. faccenda,
fallere comme le gr. if i/istv signifient éty- port., prov. fazvnda, esp. hacienda, fr, fa-
mologiquement tomber ou faire tomber et cicnde (v. c. m.). Cp. prov. afar, pr. affaire,
sont congénères avec Tall. fallen, tomber, et puis métairie, domaine.
peut-être avec fehlen, man(juor.* —
D. faille, FAISCEAU, faiscel ', faissel ', du L. fas-
prov. faJha, manque, faute ; failli, qui a cellus, p. fasciculus, dim. de fascis, fr, faix.
manqué à ses engagements ;
faillite, BL. fal- FAISEUR, qui fait. Littré ramène vfr. fai-
\\t&: faillible, i}ifailliblc; faillibilité, infail- sière (nom.) et faiseor (accus.), je ne sais com-
libilité; cps. défaillir. — Outre forme en
la ment, à un type factatorem ; à la vérité, il no
ir, le L. fallere a donné au fr. une forme en peut provenir du L. factoron, mais il y a une
rc et en oir, savoir falloir, vfr. fahlre, faudre, ressource pour l'expliquer .sans recourir à des
employé impersonnellement, avec le sens de moyens forcés. Le suffixe fr. éeur, d'où eur
faire défaut, de là être nécessaire, cp. en L.
:
(= L. atùrem, itôrem), s'est appliqué au thème
fallit me, cela m'échappe, me fait défaut. Une fais, qui représente le lat. fac devant une
forme fréq. fallitarc a donné les verbes it. voyelle (le c devenant sifflant), tout aussi natu-
faltare, esp., port., prov. faltar, manquer ; rellement que able dans faisable, ons, oie
c'est de là que proviennent les subst. verbaux dans faisons, faisoie *. Cp. liseur, du thème
it., esp., port, falta, fr. fautk, et le composé lis, de lire =légère, confiseur de confire.
diffaha, prov. defauta, vfr. defaute (auj. L'anc. faiseor ne peut représenter que la
dkfact). forme théorique facitôretn ; factatorem répond
FAILLITE, voy. faillir. à vfr. faiteor.
FAIM, prov. fam, it. famé, du L. famés. — FAISSE, L. fascia, lien, bande. D. fais- —
D. famine (d'un type famina), affamé. ser, faissier (vannier), faisserie.
FAIM-VALLE, faim excessive, composé de FAISSELLE, du L. jlscella, petit panier de
faim ci du celto-breton ^j'ica//, mauvais. Cette jonc, dim. de fiscus. —
Cp. féchelle.
étymologie, corroborée par l'expression ana- FAIT, L. factus ou factum, voy. faire.
logue mah-faim, explique aussi les formes FAITARD, voy. fainéant.
accessoires faim-yalle, faim-cal le et p-aim-
ijallc, fringale. Ménage y voyait une faim de
FAITE, fa.'s^e ', vfr. aussi fcst, festre; selon
Diez, du L. fastigium, mais cet original ne
cheval; 'î!sodicv ime fatnes valida; conjectures
s'accommode guère, puisqu'il porte l'accent
insoutenables.
sur ti, à moins de présumer un déplacement
FAINE, contraction du vfr. faîne, en picard de l'accent sur la première syllabe; il n'ex-
faigne, de l'adj. fagineus, defagus, hêtre, — pliquerait pas non plus la forme vfr. faïste
D. fainee, récolte des faines. que suppose le linguiste cité. D'autre part,
FAINÉANT, qui fait néant; cp. le terme une forme latine fastum, telle que la propose
vaurien, et l'it. farniente, le rien-faii'c, la Littré comme radical de fastigium, appelle-
douce oisivité. Une expression analogue est le rait faste, et non pas faiste. J'admettrais donc
vieux mot faitard =
qui ta^-d fait, paresseux. plutôt un type fastium comme intermédiaire
FAL — 207 FAN
entre fastigium et faiste. En Suisse, on dit range it. falotico sous l'art, préc; le sens
frète [frestc] ; peut être euphonique, mais
l'r propre serait ainsi « flambant, vacillant. » —
n'y aurait-il pas lieu de rapporter cette forme D. falotcrie.
à l'ail, first, sommet, faite? —
D. faitage, 1.FALOURDE, fagot de bûches d'origine ;

faîtière, enfaiter. —
Cet article était depuis inconnue. Letym. de Nicot, faix lourd, re-
longtemps textuellement rédigé comme ci- prise par Diez, est contredite par les formes
dessus, quand parut le premier cahier de la velourde, belourde qui se trouvent dans Frois-
Romania, où Gaston Paris, par une démons- sart. Bugge pense que falourde s'est fait de
tration historique et phonologique irrécu- velourde, mot équivalent (voy. mon Gloss. de
sable, a placé l'étym. first au-dessus de tout Froissart), sous l'influence de falourde =
doute. Il résulte de son étude approfondie que bourde. Quant à velourde, belourde, il y voit
les formes constantes de l'ancienne langue le fém. d'un adj. velouj'd, qui serait, comme
que l'exis-
étaient fest (masc.) et feste (fém.) et l'esp. vilordo («= lourd), formé avec la parti-
tence d'une forme faïste n'est aucunement cule péjorative bis (Rom., IV, 355).
assurée. Ajoutez-y à l'appui les formes an- 2. FALOURDE, dans le vfr, et les patois,
ciennes festre, frestc. bourde, tromperie (d'où falourder, falour-
FAIX, prov. fais, it. fascio, esp. haz, du L. deur). Est-ce le même mot que le précédent,
fascis, faisceau, paquet, charge. —
D. affais- pris dans un sens métaphorique? L'acception
ser (v. c. m.). Voy. aussi faisceau. ^
identique que prend fagot, son synonyme,
FALAISE, vfr. falise, faloise, BL. falesia, autorise à l'admetti'e. D'autres cependant, et
du vha. felisa (forme masc. fels), rocher. — parmi eux Burguy, font de falourde =
D. falaiser. bourde une composition analogue à celle d(3
FALBALA, de même en it., esp., port., en balourd (v. c. m), c'est-à-dire fa-lourd [fa do
esp. aussi farfala, dial. it. de Crémone et de fare, faii-e). —
Les mots familiers falibourde,
Parme frarnbala, piémont. farabala, en Hai- menterie, faligoterie, sottise, niaiserie, falot,
naut farbala, ail. falbel. On a, sur ce mot, qui plaisant, et faribole, p. falibole, nous dispose-
date du temps de Louis XIV et qui est syno- raient à supposer à toutes ces formes une
nyme de ce que nos dames appellent de nos origine commune. Ont-elles quelque affinitt;
jours un volant, diverses étymologies anecdo- avec le L. fallere, tromper, vfr. falir, d'où vfr.
tiques que nous passons sous silence comme falie, faloise, tromperie? Le prov. faular (L.
n'offrant aucune probabilité. Le Duchat le fabulari), conter des fables, ou même le fr.
rapporte à l'ail. faJd plat, «qui signifie, selon fabler, y seraient-ils tout à fait étrangers ?
Leibnitz, jupe plissée », mais ce mot est in- C'est sur quoi nous ne saurions décider. —
connu aux Allemands. Johanneau voit dans Nous ajoutei'ons qu'en Cliampagne on a le
falbala l'angl. furbelow, m. s., composé de mot fafelourde, p. mensonge, conte.
fur, fourrure, et de below, en bas. Cette ori- 3. FALOURDE, hirondelle de mer ; d'ori-
gine, fort acceptable pour le sens, ne serait gine inconnue.
pas plus improbable, sous le rapport de la FALQUER, t. de manège, d'où subst. fal-
conformation littérale, que celle de redingote, que; du L. faix, faux, à cause de la courbure
de l'angl. ridingcoat (les termes désignant des mouvements du cheval que l'on fait fal-
des objets de toilette sont particulièrement quer.
exposés à l'altération, surtout en venant d'une FALQUES, t. de marine, aussi fargues, it.

langue aussi peu fixée dans sa prononciation falche, esp. falcas; d'origine inconnue.
que l'anglais), mais le mot furbeloio pourrait FALSIFIER, L. falsificare. — D. falsifica-
bien n'être qu'un arrangement du mot roman, tion, falsificateur.
imaginé pour donner à ce dernier une appa- FALTRANK, mot allemand, boisson itranh)
rence de sens. Millier est porté à prendre les pour les chutes [fall).
formes avec r, farbala et farfala, pour anté- FALUN, étymologie in-
terre coquillière ;

tieures aux autres et à les rapporter au mot connue de l'ail, falil angl.
d'après Littré, ,

roman farfala, papillon. —


Génin fait venir
;

fallow, gris cendré, à cause de la couleur du


falbala de l'esp. falda, bord ou pan de robe terrain falunier, —
D. faluner, faluniè7-e.
(voy. faude), d'où faldellin, cotillon plissé; il FAME, vfr. aussi faume, L. fama. D. —
lui parait « clair " que falda s'est allongé en famé, L. famatus fameux, prov. fa>nos, L.
falbala! —Il est bon de noter que si falbala famosus. Voy. aussi infâme.
;

date eu France du xvii" siècle, Luther s'est FAMÉLIQUE, L. famelicus (famés); le vfr.
déjà servi de l'ail, falbel dans ses Propos de disait fameleux, fameilleux ; en t. de faucon-
table (voy. Grimm). nerie on dit encore familleux.
FALLACE, L. fallacia (fallerc). — D. falla- FAMEUX, voy. famé.
cieux. FAMILLE, L. familia (famul) familier, L. ;

FALLOIR, voy. faillir. familiaris, d'où familiarité, L. -itas, verbe


1. FALOT, lanterne, it. falô, feu de joie, familiariser.
du gr. vavo;, lanterne, ou de fxpoi, phare FAMINE, voy. faim.
(piém. fard, vénit. fanù). La mutation des FANAL, it. fanale, voy. falot 1 .

liquides permet les deux dérivations. Le mot FANATIQUE, L. fanaticus, inspiré des
f«vo; est aussi le primitif de fanal. dieux (de fanuni, temple). D. fanatisme,—
2. FALOT, plaisant, drôle; cp. it. falotico, fanatiser.
fantasque, capricieux. Origine inconnue. Diez FANCHON, objet de toilette féminine (espèce
FAN i208 — FAR
»lefichu), de Fancho», nom familier de fana, morceau d'étoffe (ail. mod. fahne =
femme, dimin. de Fanny (Françoise). drapeau). Voir aussi gon fanon. Fano)i, —
FANE, subst. verbal de faner. —
D. fanu. comme t. de chirurgie, cylindre de paille ou
FANER, vfr., pic. fhier, convertir en foin, de foin entouré d'une bande, se disait autre-
faire flétrir \iiie plante (anc. f'anir, au sens fois /J.'^io;; et vient, d'après Littré, do foin.
neutre) ; du L. fœnum, fœnum, foin. — D. FANTAISIE, gr. v«vr«i;a, L. phantasia,
fane, pr. feuille sèche, fane, flétri, faneur, imagination, vision, force sensitive. Le sens
fanage; fanaison, miews. fenaison ; fanair. actuel du mot français est un peu détourné de
FANFAN, terme de caresse, tiré de enfant. sa valeur primitive, qui est encore entière
FANFARE, musique bruyante. — D. fan- dans l'allemand phantasie. Le grec -^«vri^siv,
farcr ; fanfaron, pr. tapajreur, vantard, esp. rendre visible, a produit en outre 1 le subst.

: .

fanfarron. Faiifare est probablement une sàvraïaa, vision, d'où prov. fantasma, fan-
onomatopée, cp. it. fanfano, hâbleur, anc. tauma, fr. kantômk; 2. l'adj. çiavraîri/o';, d'où
esp. fanfa, bravade, farfante, rodoniont. En fantastique, par contraction, fantasque;
et
arabe on trouve farfar p. babillard serait-ce ; 3. le terme moderne fantasmagorie (composé
l'original ? —
Pour l'onomatopée fin fa, on de fxjTx-jfjLv, fantôme, et de iyoplx, subst.
pourrait rapprocher pafîa, lanfari, qui supiKJsé de ày5,oîÛ£tv, parler, annoncer), donc
disent à peu près la même chose. propr. appel ou évocation de visions, de fan-
FANFARON, voy. fanfare. —
D. fanfaron- tômes .

ner, fanfaron il ade, -crie. FANTASMAGORIE, voy. fantaisie.


FANFRELUCHE, vfr. fanfclue, chose futile, FANTASQUE, voy. fantaisie.
bagatelle (norm. fa/i/fiie, éblouissement), it. FANTASSIN, de l'it. fantaccino, .soldat à
fanfaluca, flammèche, fig. chanson, vétille. pied. Voy. iiifanleric,
On trouve dans les gloses florentines fnm- :
FANTASTIQUE, voy. fantaisie. — D. fan-
faluca grîcce, bulla aquatica latine dicitur. tastiquer', suivre .sa fantai.^e.
(''est, selon toute apparence, une corruption
du grec nofji^d/jS, qui signifie bulle, bosse de
FANTOME, voy. fantaisie. En \îv., fantasme
était synonyme d'illusion ou de mensonge.
bouclier, puis un ornement de la coiffure des
femmes, enfin vapeur arsenicale coagulée. Ces PAON (d'où angl. fawn), vfr. fcon, pr. petit
significations diverses font très bien compren-
de toute espèce de bête fauve. Fi^on, d'où plus
tiird faon (pron. /'«><), a été précédé d'une forme
dre celles du mot français et italien. Par aphé-
rèse, fanfreluche a donné frelnche, freluquc, fedon et vient du L. fétus, m. s. I). faon- —
d'où freluquet. —
Fanftole, mot de Diderot :
ner, anc. fedoner, feonner, mettre bas.
" les fanfioles de la toilette », parait égale- FAQUIN, it. facchiiio, esp. faquin, d'abord

ment dégagé de fanfreluche. portefaix, puis homme


de peu, coquin, inso-
FANGE (vfr. masc. fane), it., esp. fango, lent. Si le mot
se rencontrait dans l'anc.
prov. fanhaetfanc. Du goth. fani, gén. fan- langue fr., Diez serait dispo.sé à croire que
jis, houe; pour le rapport littéral, cp. L. le sens primitif était celui de jeune homme,
venio (je viens) et it. vengo, prov. venc. On a d'où ceux de fort, robuste, fier, et que l'ac-
sans raison, dit Diez, rattaché le dérivé fan- ception portefaix (homme fort) s'en .serait dé-
geux, it. esp. fangoso, prov. fangns, au L.
,
gagée dans la suite. Les Italiens et les Espa-
famicosus, qui se trouve dans Fcstus avec le gnols auraient emprunté le mot avec ce der-
sens de marécageux. Pour notre part, nous nier sens au français. Dans cette vaine suppo-
penchions également pour cette dernière éty- sition, il fait dériver le mot d'une forme néerl.

mologie, qui satisfait parfaitement. Famieosus vantkin, antérieure au mot actuel ventje (Ki-
présuppose un primitif famex ou famicus ou liaen a. vegjitken) jeune garçon. Il écarte l'éty-
,

farnica, qui représenterait très bien le type mologie L. fascis, et accepterait plutôt celle
du subst. roman fange. La forme famex se de l'arabe faqir, pauvre, misérable. Dans
trouve effectivement avec la signification de quelques dialectes, /«/^f«'/i signifie un élégant;
sang coagulé, abcès. Malgré cela, nous avons en français, l'acception crocheteur, portefaix,
cru devoir donner la préférence à une origine s'est tout à fait perdue. Il est certain que si

germanique, après avoir lu l'article de Grand- faquin n'était pas si récent dans la langue, les
gagnage relatif au mot wallon fanii; (fr. divers emplois du mot s'accorderaient assez
fagnc), appliqué surtout au nom géographique bien avec le sens étymologique que lui prête
les hautes faniez des Ardennes, dont la signi- Diez; cp. en ail. herl, en fr. garçon, qui ont
fication de marais, ainsi que saconnexité avec des valeurs analogues. L'avis du philologue
les mots allemands équivalents veen ou vcnne allemand .serait corroboré par le sens « manne-
(angl. fen, néerl. veen], a été si bien démon- quin de bois n on n'a qu'à rapprocher le mot
;

trée par le savant philologue liégeois. Or, mannequin même, qui est également d'ori-
fanië (BL. fania) répond exactement par sa gine germanique (néerlandaise) et signifie
facture aux formes fr. fange, prov. fanha et petit homme. — D. faquinerie.
ne pourrait pas être rapporté à L. famicem FARANDOLE, dan.se provençale, est le
ou famica, d'où famicosus. —
Littré, au même mot que farandula,
l'esp., cat., port,
Suppl., se prononce aussi en faveur de fange comédiens ambulants, qui dérive d'un primi-
= fagne, en citant l'Aunisien fagne, boue, tif faranda, dans lequel Diez retrouve le par-
fagnon, boueux. ticipe ail. fahrend, ambulant.
FANON, aussi fanion, du vha. fano, goth. FARAUD, homme fier de ses beaux habits ;
.

FAR — 209 — FAU


étymologie incertaine ; la plus probable est fouiller (on dit aussi fafouiller) un de ces
fier, L. férus; pour le passage à!e en a, en redoublements que se permet parfois la lan-
syllabe atone, cp. farouche, faon, etc. gue populaire, cp. en Hainaut béhête p. bête;
PARCE, it., esp., port, farsa, voy. farcir. on peut encore rappeler fanfan de enfant,
— D. farcer, faire des farces, d'où farceur. floflotter p. flotter. — Vu le langued. fur-
FARCIN, L, farcimen farciminum. = — fulià, Ascoli explique far dans notre mot par
D. farcineux. le préfixe péjoratif for =^ L. faris (cp. for-
FARCIR, L. farcire. Du partie, farsus— faire, forconseiller , etc.). Mais il faudrait
p. fartus, dérive subst. farce, 1 l'emplissage .
;
quelque preuve à l'appui de cette altération
2. au fig. bouffonnerie (en quelque sorte pot- de for en far.
pourri de plaisanteries), pièce de théâtre boiif- FARGUES. = falqiies[v. c. m.).
tbnne. Pour la seconde acception, Wackerna- FARIBOLE p. falihole, voy. falourde 2.
gel rapproche L. satira. 1. mélange, pot- Henri Estienne, La Monnoye et Trippault
pourri; 2. satire. y voyaient une altération de parabole ; cela
FARD. D'après Diez, l'analogie de teinte, est aussi absurde que l'étymologie frivole,
L. tincta, autorise à faire remonter ce mot au tentée par Ménage. —
Quelques-uns ont
vha. ge-farwit, gi-farit (part, de faricjan, pensé à fari huilas, dire des bulles. D'après
teindre). —
D. farder. Littré, c'est un mot de création individuelle,
FARDE, esp.. port, farda, paquet, ballot; sans racine réelle, comme faridondaine.
dim. esp. fardillo, port., prov. fardel, fr. FARINE, L. farina (de far, blé). D. —
fardeau. L'esp. ou port, farda, alfarda signi- farineux, farinier ; fariner, cps. enfariner
fie à la fois entaille dans une poutre, puis un (y. c. m.).
certain impôt (cp. l'expression fr. taille = FAROUCHE, L. ferox, -ocis (c ch se =
impôt), enfin le manteau du soldat; le dérivé trouve aussi dans mordache). Le même mot
esp. fardage (port, fardagem, it. fardaggio) latin a donné au fonds savant de la langue
équivaut à bagage de soldat. La forme al- la forme féroce. —
D. effaroucher
farda accuse une extx^action arabe; aussi Diez FARRAGO, mot latin, mélange de grains
juge-t-il que le mot roman, avec ses diverses (dérivé de far, blé).
acceptions, est l'arabe fard, qui i^éunit égale- FASCE, L. fascia, bande. — D. fasce'.Yoj.
ment les significations coche de flèche, paye- aussi faisse.
ment légal, solde militaire, étoffe, vêtements. FASCICULE, L. fasciculus (fascis).
Pour le sens paquet, si on ne veut pas le faire FASCINE, L. fascina (fascis). D. ~ fasci-
découler du sens bagage de soldat, on pour- nage.
rait alléguer l'arabe hard [h esp. f), qui = FASCINER, vfr. fesner, du L. fascinare
signifie impedimentum, chose embarrassante. (/Sstïza/v'j). — D. fascination.
En tout cas l'étymologie de Fall. burdc, FASÉOLE, vfr. faisole, du L. jihaseolus
charge, fardeau, avancée par Chevallet, ne
mérite aucun crédit. Il en est de même de FASHION, mot anglais d'origine romane et
celle du gr. yopr^?, fardeau. Devic allègue — identique avec façon, dont il partage les
le fr.
l'arabe fard, pour autant qu'il signifie une significations principales. Le français l'a repris
des deux parties d'un objet divisé en deux, et aux Anglais. —
D. fashionable, « qui est à la
particulièrement une des deux charges que mode ».
porte le chameau. —
D. fardeau, farder, FASTE, L. fastus. D. fastueux.—
peser, s'affaisser fardier, chariot pour con-
; FASTES, L. fasti, calendrier, annales.
duire de gros poids. FASTIDIEUX, L. fastidiosus.
FARDEAU, fardel", voy. farde. — D. far- FASTUEUX, L. fastuosus' (p. fastosus).
deler (voy. aussi ferler), fardelier. FAT, L. fatuus, insipide, fig. sot; voy.
FARFADET, lutin, esprit follet, fig. homme fade. —
D. fatuité, L. fatuitas fatuisme; ;

vif et frivole de Côme) farfatola,


it. (dial. infaiuer, L. infatuare.

;

esprit léger. Ces mots paraissent être de la FATAL, L. fatalis (de fatum, destin).
même famille que l'it. farfalla, papillon, fig. D. fatalité, L. -itas; fatalisme, -iste, -iser.
évaporé, léger. FATIDIQUE, L. fatidicus.
FARFOUILLER, fouiller sans ordre; les FATIGUER, L. fatigare. D. fatigue. —
formes farfogliare (Naples), farfoja (Lom-
it. FATRAS, par transposition p. fartas, d'un
bardie), esp. farfullar, rouchi farfoulier, type latin fartaceus, dérivé de fartus, farci,
montois farfeyer, signifient bredouiller, bé- bourré. Cp. le terme latin fartilia, mélange
gayer. Le mot est difficile à démêler. Ménage littéraire, macédoine, l'atras, L'explication —
y voit une altération àQ par -fouiller ;\q désir par fartas, remarque Littré (au Suppl.), est
d'assimiler aurait amené le changement du contrariée par les anciennes formes fastras,
p
initial. Je proposerais bien d'expliquer far- fastrealle, fastrasie; mais est-il démontré que
fogliare (forme it.) par fra-fogliare fureter = l's de ces mots n'est pas adventice, arbitrai-
parmi les feuilles ; mais comment y ramener rement introduite?
l'acception bredouiller, bégayer? Serait-il per- FAUBOURG ; les savants sont partagés entre
mis de la rattacher à l'idée de confusion ou les étymologies faux-bourg (= le bourg qui
d'embrouillement? D'un autre côté, on est n'est pas le vrai) et for-bourg, le bourg extra
tenté de voir dans cette bizarre composition muros {for == foris, fr. hors). On a allégué
le ]}vïmiiiî fouiller, et de reconnaître dans far- de bonnes raisons pour l'une et pour l'autre.
14
.

FAV — 210 — FÉL

Diez est favorable à la première ; il pense FEAGE, d'un type fedagium p. BL. feoda-
que les formes forborg, forsbourg, même hors- gium, contrat d'inféodation, de feodum, fief.

bore (Roquefort), sont postérieures et moti- — D. afféager.


vées par le désir de donner un sens au mot FÉAL, par substitution de la finale a/ à el
faubourg, dont l'origine était moins sensible. (cp. vfr.cruaV p. a'uel), p. feel, anc. forme
Le wallon dit fàbor (fà ^= faux le picard
, p. fidèle, L. fidelis. — D. féalté' féauté.
forbourg. Les deux variétés répondent à deux FÉBRICITANT, du L. febricitare.
interprétations diverses de la chose. For- FÉBRIFUGE, L. febrifugus, qui chasse la
bourg, toutefois, est, d'après les textes, la fièvre.
forme la plus ancienne. —
D. faubourien {mot FEBRILE, L. febrilis (de febris, fièvre).
nouveau). FÉCAL, voy. fèces.
FAUCHER, voy. faux 1. —D. fauche, FÈCES (pi.), L. fœx fœcis. —
D. fécal, L.
subst. verbal; fauchaison. faecalis;verbe fécer; dim. fécule, L. faecula;
FAUCILLE, voy. faux. —
D. faucillon. cps. déféquer (forme picarde), L. defsecare.
FAUCON, falcon, L. falco, -otiis (falxj. — FÉCHELLE, petite claie pour faire égouttor
D. fauconneau, -ter, -erie. qqch., du L. fiscclla, petit panier (fiscus),
FAUDER, plier, du vfr. faude, it. falda, clayon ; donc le même mot que faisselle.
esp. falda, halda, port, fralda, prov. fauda, FÉCOND, L. fecundus (fco). D. fécon- —
la partie inférieure et plissée d'un vêtement; dité, L. fecunditas; féconder, L. fecundare.
du vha. fait, ail. mod faite, pli. FECULE, voy. fèces. —
D. féculent, -encc,
FAUFILER, de faux fil (fil provisoire). L. fœculcntus, -entia; féctdeux,féculer,-erie,
FAUSSAIRE. FAUSSER, voy. faux 2. -iste, -ouïe.

1 FAUSSET, voix de tète, voy. faux 2. FÉDÉRAL, L. fœderalis (fœdus). D. —


2. FAUSSET, petit bouchon, prob. pour fédérahscr, -alisme, -aliste. —
Fédérer (se\
faucet, dim. tiré du L. faucem, gorge, fig. L. fœderare (cps. con fédérer) ; fédération, L.
goulot. fa'deratio ; fédératif.
FAUTE, voy. faillir. — D. fautif FÉE, it. faia, esp., prov., port, fada, esp.
FAUTEUIL, vfr. faudesteul (Nicot : fau- hada, du L. fata ^= parca (le mot se trouve
deteid), prov. fadestol, it., esp., port, fal- sur une monnaie du temps de Dioclétien).
distorio, du vha. faltstuol, chaise pliante (voy. Fata se rattache à L. fari, parler, comme
fauder). — Définition de Nicot : « chaire à fcUum, destin. On trouve la forme fatua
dossiers et à accouldoirs ayant le siège de employée, avec le sens de devineresse, par
sangles entrelassées, couverte de telle estoflfe Marcianus Capella. —
D. /Ver, vfr. /*a<?r (prov.
qu'on veut, laquelle se plie pour plus commo- fadar, osp. hadar, it. fatare, a\l. feien); féerie,
dément la porter d'un lieu à un autre et est féerique.
chaire de parade, laquelle on tenoit ancien- FEIGNANT, voy. fainéant.
nement auprès d'un lict de parade. >» FEINDRE, L. fingere. — Du participe
FAUTEUR, L. /aw^or (favere). feint subst. feinte
: (ail. finte) et feintise. —
FAUTIF, voy. faute. Voy. aussi fainéant.
FAUTRE, variété de feutre {y. cm.). FELD-MARÉCHAL, mot ail. = maréchal do
FAUVE, it. falbo, prov. falb, angl. fallow, camp.
pâle, blême, terne, du vha. falo (gén. fale- FELDSPATH, mot allemand = spath de cam-
wes), ail. mod. /a/&, jaune gris. L'étymologie pagne.
tirée du L. fulvus n'est pas admissible; le FELE, FESLE, FELLE, canne creuse pour
latin ol o\i id ne produit pas al ou au ; L. souffler le verre, du L. fistula, fist'la, tuyau.
flavus doit également être rejeté. —
D. fau- — D. félatier, aussi fératier.
veau ; fauvette, oiseau à plumage tirant sur le FELER, feshr, du L. fissidarc, dér. do
fauve. fissum, supin de findere, fendre ou bien do ;

FAUVETTE, voy. fauve. fissictdare, forme qui se rencontre dans


1. FAUX, subst., prov. faus, it. falce, du Apulée, et qui a pu donner fêler, par la syn-
L. faix. — D. faucille, L. falcilla p. falcula; cope de la syllabe médiaie eu, comme niiscu-
faucher, BL. falcare; les noms des anciennes lare a fait mêler. —
Les formes wallonnes
armes de guerre fauchard, faussard, fauchon. faieler (Liège), /àîciWeriNamur), foler (Valen-
2. FAUX, adj , vfr. et prov. fais, du L. ciennes) sont ramenées par Grandgagnage au
falsus (fallere). — D. fausser, L. falsare; subst. faie =
faille, faute, lacune, fente.
fausseté, L. falsitas faussaire, L. falsarius;
;
L'orthographe ancienne feller, qui suppose
fausset, it. falsetto, fausse voix ; la forme ita- une forme antérieure fesler (avec un s radi-
lienne défend d'interpréter fausset par faucet cal) me fait douter de cette étymologie pour
et de le rattacher à L. faux, gosier. notre fr. fêler.
FAVEUR, L. favorem. — D. favorable, L. FÉLICITÉ, L. félicitas (felix); féliciter, L.
favorabilis; favori (participe de l'anc. verbe felicitare (rendre heureux).
favorir, it. favorire); favoriser; opp. défa- FÉLIN, L. felinus (de felis, chat).
veur. FELLE, voy. fêle.
FAVEUX, qui ressemble à des rayons de FÉLON, qui manque à la foi, traître, it.

miel, du L. favus, rayon de miel. fellone, cruel, traître, esp. /è//on, prov. félon,
FAVORI, fém. favorite (anc. favorie), voy. felhon, fellon, BL. fello (ix« siècle), cruel,
faveur. — D. favoritisme. courroucé, félon. Ces vocables sont des formes
,

FEL — 211 FER


dérivatives des primitifs vfr. et prov. fel, it. arabe folk, bateau, est repoussée par Dozy,
fello, qui se rencontrent avec les significations ce mot n'ayant jamais existé dans l'arabe du
de scélérat, cruel, impie, terrible, coura- moyen âge avec le sens de bateau. Devic
geux. En rouchi, fêle équivaut à fort, ro- n'abandonne pas l'étymon folk ou foulk, par
buste, en parlant de choses, et à arrogant lequel les traducteurs de la Bible en arabe
en parlant de personnes; dans d'autres dia- n'ont pas hésité à rendre l'arche de Noé.
lectes, le mot veut dire le contraire, c.-à-d. FEMELLE, du L. femella, dim. defemina.
faible. A Bruxelles, on dit un felle cadet pour FÉMININ, L. femininus (femina).
un gaillard. Comment accorder toutes ces FEMME, L. femina (rac. feo, donc. pr.
acceptions bonnes et mauvaises, et les rame- celle qui porte fruit), cp. lame de lamina,
ner à une signification originelle commune ? homt7ie de homi^iem. — D. femmelette; terme
Comment surtout expliquer le lien commun scienti fique féminiser.
entre cruauté et trahison (car, pour le rapport FÉMUR, mot latin cuisse. =
D. fémo- —
entre les idées cruel, terrible, redoutable, vi- ral; les Champenois nomment les caleçons
goureux, ardent, il ne présente pas de diffi- des fémoraux.
culté)? Ces questions, malgré la sagacité des FENAISON, voy. faner.

.

étymologistes, ne sont pas encore résolues FENDRE, L. findere. D. fente, subst.


d'une manière qui lève tous les doutes, et je partie, (cp. pente, descente, vente); fendeur,
suis porté à croire que le félon, traître, et le -erie; djm. fendiller.
félon, cruel, sont deux homonymes d'origine FENÊTRE, fenestre\ L. fenestra.
différente. Voici ce qui a été successivement FENIL, L. fœnile (fœnum).
proposé sur l'origine de fel : Ducange invoque FENOUIL, it. finocchio, esp. Iwiojo, port.
le saxon faelen, felcn, errare, derelinquere, funcho, ail fenchel, angl. fennel, du L.
cadere. Il ajoute que Hickes et Schilter déri- fœnicidum, litt. petit foin, en basse latinité
vent fel de l'ags. felle (d'où l'angl. fell, cruel) fenuclum ; cp. genouiV genou, de genucu-
que d'autres ont pensé soit au L. fel, fiel,
;

lum p. geniculum. —
D. fenouillet, -ette.
« (3[uod qui crimina perpeti^ant ea felleo animo FENTE, voy. fendre. —
D. (enté, fenton.
perpetrare dicantur », soit au gr. -^/i^îTv, deci- FENUGREG, L. fœnum grœcum.
pere, illudere, d'où v'!*')?. imposteur, Grand- FÉODAL, voy. fief —D. féodalité.
gagnage remonte à l'ags. fell et le v. frison FER, L. ferrum. —
D. ferrer, ferrant
fal, holl. fel, écoss. fell, féroce, violent, rude ;
(maréchal), ferrement (L. ferramentum), -ure,
Chevallet, au vha. fel, en citant les autres ferrailles, ferret d'où ferretier, ferreux, fer-
similaires germaniques. Duméril propose rique, ferrière, ferron, ferronnier, -erie;
l'island. fella, tuer, renverser, en faisant ob- cps. verbes oiferrer, déferrer; subst. fer-
server que dans le sens de faible, propre au blanc (ce nom vient de ce que la lame de
dialecte normand, fêle pourrait se rapporter à fer ainsi nommée est trempée dans de l'étain
l'island. feill, vice, défaut. Diez, récusant l'éty- fondu). — Notez encore vfr. ferrant, gris do
mologie du L. fel, bile —
il observe à cet fer (couleur de cheval).
égard que l'adjectif fel ne se produit qu'avec FER-BLANC, voy. fer. — D. ferblantier.
un e, jamais avec la forme
diphtonguée, FERIE, L. feria, jour consacré au repos
propre au subst. it. fiele, esp. hiel, fr. fel cessation de travail. —
D. férié, férial.
;

— ainsi que celle de l'ags. fell, qui ne se FÉRIN, L. ferinus (de fera, bête sauvage).
trouve nulle part dans les sources littéraires FÉRIR sans coup férir »), L. ferire,

de cette langue, place le prototype des mots frapper. Jadis, férir (prés, je fièi'e, part. pass.
romans dans le vha. fillo, flagellateur, bour- féru) était d'un usage très fréquent.
reau, subst. supposé du verbe vha. fdlan, FERLER, trousser les voiles en fago t autour
fouetter. Il fonde son opinion sur deux consi- de l'antenne, contracté de fardeler, dér. de
dérations 1 :en prov. et vfr., le mot fait au
. fardel (voy. fardeau), fagot, paquet. L'an-
nom. sing. fel (ou fels), à l'accus. félon, ce glais dit furdle, furl. — D. déferler.
qui concorde avec le mot ail., dont le nom. 1. FERME, D. fermeté,
adj., L. firmus. —
est fdlo, l'ace, fdlun, fdlon; 2. la forme L. firmilatem ; ce mot, contracté en ferté, a
mouillée prov. felh, felhon, trouve son ana- pris le sens de forteresse; fermer, clore (v.
logue dans la forme germanique fdjan, p. c. m.); ferme, suhst. (v. c. m.); fermir', af-
fdlan. —D. félonie, it. fellonia, prov. felnia, fermir.
feunia, esp. felonia. 2. FERME, subst. , convention, bail à ferme,
FELOUQUE, sorte de petit bateau d'après ; domaine ou héritage, droits, etc., donnés en
Dozy, de l'arabe harrâka, qui désignait à location pour \\n temps déterminé. Ce subst.,
l'origine un bateau d'où l'on jetait le naphte ainsi que l'it. ferma, esp. firma signa- =
sur les vaisseaux ennemis (du verbe haraka, ture, conclusion d'un traité, d'un accord, est
brûler), puis un petit navire en général. Le dérivé du vfr. fermer == promettre, con-
mot arabe a passé d'abord dans l'espagnol clure, qui est le L. firmare (firmus), établir,
sous la forme haloque (xiii® siècle), d'où, par fixer. —
D fermage, fermier, affermer.
la permutation constante entre h et f, falo- FERMENT, L. fermentum (p. fervimen
que; de là les formes esp. faluca, it. feluca, tum, de fervere). — D. fermenter, L. fer-
fr. falouque, felouque, néerl. feloek. L'arabe mentare.
felouka est une reprise faite au roman dans FERMER (sens étymologique mettre ferme, :

les temps modernes. L'étymologie usuelle. fixer, de là clore de murailles, puis clore en
FES 212 FEU
général), du L. fiiinare, rendre solide, forti- ser par lat. factare (faire souvent), devenu
fier. — D. feigne 2. (v c. m.); fet'metw'e, L. faxare (forme en effet consignée dans Die-
firmatura (vfr. fei'meilre, fennure) ; fertnoir, fenbach). Cela me parait par trop subtil;
fermait (type L. flrmaculum)\ cps. enfer- faxare, qui est issu des formes classiques
me^", vfr. dcff'ermer deffremer =
ouvrir. faxim =
fecerim, fuxo fecero, n'a laissé =
FERMIER, voy. ferme 2. aucune trace dans l'ancienne langue.
FÉROCE, L. ferox, -ocis (voy. aussi farou- FESTIN, it. festino (aussi bal), pr. repas

che). — D. fcrocité,L. ferocitas. de d'un adj. L. festiniis (festum), équi-


fête,
FERRAILLE, àafer. —
D. ferrailler, -eur. valent de festivus. D. festiner.—
FERRUGINEUX, L. ferruf/inosus\ p. fer- FESTIVAL, h. festivalis, extension de /"<?«-

riiffine^'s^ (de ferrvgo, rouille de fer). tivHS, de fèto. gai, divertissant.


FERTÉ, voy. fcmie 1. FESTIVITÉ, L.
FERTILE, L. fertilis (ferre). — D. ferti-
do festivus, adj. de festum,
festivitas, allégresse, gaieté,
fête.
lité, L. fcrtilitas; fertiliser. FESTON, it. feston, guir-
festonc, esp.
FÉRU, voy férir. lande, propr. ornement de fête, de l'adj. fes-
FÉRULE, L, ferv.la (ferire), verge, ba- tus, de fête, solennel, gai, gracieux. D. —
guette. festonner.
FERVENT, L. fervens (de fervere, être
FESTOYER, prov., cat., esp., port, feste-
chaud). jar, it. festcr/giare ; d'un type latin festicare,
FERVEUR, L. fervor. dérivé de festicus, adj. de festum (Varron ap.
FESSE, du L. fîssits, fssa, fendu, part, de
Non. a la forme adverbiale festice, au sens
fmdere. — D. fessu, fessie)-, fesser, donner de « comme pour une fête, joyeusement ••).
sur les fesses (Grandgagnage, suivi par Diez,
FÊTE, prov. festa, esp. fiesta,
feste", it.,
rapporte avec plus de vraisemblance fesser,
fouetter, à l'ail, dialectal fitzen, frapper avec
du L. festa, plur. de festum.
D. fêter, —
festoyer, festin, festival, festivité (voy. ces
une verge). Cps. fesse-mathieu,\ji?>\\v\GV. Cette
mots).
dernière expression n'a, suivant quelques-uns,
rien de commun avec fesse. Les uns l'expli-
FÉTICHE, du port, feitiço, = esp. hechiso,
sortilège, maléfice, enchantement. Ces for-
quent, ou plutùt ne l'expliquent pas, par
mes représentent le latin facticius (cp. en alle-
feste-Maihieic, comme qui dirait un homme
mand enchantement, du v\\&.zouijoan,
;;rti?ieî',
qui chôme la fête de saint Mathieu, qu'on sup-
faire;.Des objets fétiches sont donc pr. des
pose avoir été banquier ; les autres ont recours
objets soumis à une préparation ou con.sécra-
à face- Mathieu, homme à la physionomie d'un
tion spéciale, des objets enchantés, doués
banquier, ou même à « qui fait le mathieu »;
pour Noël-Dufail, .'^uivi par Littré, un fessc-
d'une puissance surnaturelle. — D. féti-
chisme.
inathieu est uu homme qui bat Mathieu, qui
lui tire de l'argent. Tout cela ne me sourit
FÉTIDE, L. fœtidus, puant (fceterc).
pas. J'admettrais plutôt un verbe fesser, tenir FÉTU, festu', vfr. et prov. festuc (à Liège
sous ses fesses, auquel le génie populaire au- on dit fistou), du BL. festucus p. festuca.
rait attribué le sens métaphorique de garder L'it. a la forme classique festuca.
avec soin, caresser, s'attacher, etc. Une mé- 1. FEU, sub.st., it. fuoco, esp. fucgo, port.
taphore analogue est au fond du L. incum- fogo, prov. fuec, du L. focus, foyer, et poét.
bcre alicui rci, pr. être couché sur qqch., et = feu. — D. feutier.
de l'ail, auf etwas versessen sein, pr. êti'e 2.FEU, feue, fera, fu, n. prov. fu,
adj., it.

assis sur qqch., y tenir beaucoup. Ainsi s'ex- fue, = défunt; du L. fuit = fut. Cette éty- il

pliqueraient facilement les expressions fami- mologie (que l'on trouve dans R. Estienne) est
lières fesse-cahier =
homme qui gagne sa corroborée par le fait que « les notaires de
vie à faire des écritures fesse-mathieu, grand
;
quelques provinces di.sent encore au pluiùel
cultivateur de saint Mathieu, le banquier; furent en parlant de deux personnes conjoin-
fesse-pinte, qui cultive la pinte; fesse-maille, tes et décédées » ^Jault). Mahn .se prononce
qui tient à la maille (monnaie). N'étaient les décidément pour fuit. Il dit que fuit a donné
autres compositions similaires, on pourrait feut, puis feu; et du reste on trouve tour à
aussi expliquer fesse-maille (avare, ladre) tour, dans l'anc. langue, fuit, fut, fud et fu,
par un verbe fesser =
fendre, représentant feu. La forme féminine, p. ex. la feue reine, a
lin mot L. fssare, fréq. de findere. Le fesse- été longtemps combattue finalement, quoique ;

maillâ serait alors celui qui fendrait une étymologiquement mal fondée, elle a été
maille en deux. L'expression analogue ^?'rtce- reçue. —
D'autres étymologies ont été tentées,
maille me semble cependant plutôt favorable mais sans succès ; Ménage avançait le L. felix
à ma première explication, pincer étant ici (contracté en feux) ; d'autres le participe
synonyme de serrer fort. Littré rapporte functus [cç. berrichon /"uni =feu). Wachter
fesse-maille, fesse-cahier et fesse-pinte, à fes- pensait même à l'ail, weih sanctus, sacer. =
ser == faire vite, locution qui viendrait, selon Diez ne s'est point occupé du mot. Littré ex-
lui, de ce que l'on traite la chose qu'on fait plique feu comme contraction du vfr. fahu,
comme le petit garçon qu'on fouette (?). feii, mort, auquel il assigne pour type un
FESSER, voy. l'art, préc. — J'ajouterai ici adj. fictif L. fatutus de fatum, destin; donc
que Meunier (Les composés, etc.) dans les pr. qui a accompli sa destinée.
composés fesse-mathieu, etc., interprète fes- \ FEUDATAIRE, voy. fief.
,

FIA — 213 — FIE

FEUILLANT, du nom d'abbaye Notre-Dame FIBRE, L. fibra. — D. fibreuœ, fibrine,


de FeuiUans (Haute-Garonne). fibrille.
FEUILLE, L. folia, plur. de folium. — FIBULE, L. fiibula (contr. de figibula).
D. feuillet, d'où feuilleton (pr. une petite Fie, excroissance de chair, du L. ficus
feuille détachée du journal; la chose ne répond (figue), employé dans le même sens par Mar-
plus au nom), feuilleter, feuillage, -ard ; tial.
verbe fcuiller, feuillir, d'oii fcuillée, -aison; FICELLE (p. filcclle, cp. pucello p. pid-
adj. feuillu. celle), du L. fidiccUa, plur. de filicellum'
FEUILLETTE, tonneau à vin dont la con- dimin. de fiilum. — D. fiiceler, enfiiceler,

tenance est d'environ 135 litres; ailleurs on FICHE, subst. verbal de ficher.
dit fdlotte, fdlette (Bourgogne), n. prov. fui- FICHER, it. ficcare, v. esp., port., prov.
heta, it. foglietta ; le mot désigne aussi dans fiicar (esp. mod. hincar, port, fincar) ; com-
le Midi une mesure de liquides équivalant à posés it. afficcare, prov. aficar, fr. afficher.
une chopine de Paris ou à une double pinte. Toutes ces formes, impliquant l'idée de fixer,
Ducange conjecture que le mot est altéré de planter, accusent, d'après Diez, un type latin
fialette ou fiolette et vient de phiala, vase; figicare (cp. fodicare, de fodere, vellicare,
c'est peu probable. —
Voy., pour l'emploi de vellere) ; une dérivation immédiate de
ancien du mot, l'article fiUettc dans Godefroy. figerc est inadmissible. —
Il est difficile de
FEURRE, vfr. forre, fuerre, BL. fodrum, se rendre compte de la transition d'idée entre
paille mélangée
; vient du vha. fuotar, ail. ficher, planter, enfoncer, et se ficher de, faire
mod. fourrage, nourriture,
futter, nord. = fi de. En it. et esp., le réfléchi fiiccarsi, esp.
fodr, suéd., dan. foder, holl. voeder, angl. fincarse, signifie persister dans une chose,
fodder. —
D. fourrer", aller au fourrage; s'obstiner. —
Dérivés : fiiche, nom de divers
d'où fourrage, fourrier, anc. aussi feurrier. outils servant à fiicher; la fiche marque =
FEUTRE, vfr. feltre, fautre, it. feltro, esp. au jeu, tient son nom probablement aussi
fieltro, du BL. filtrum, tissu épais de laine d'un objet semblable, destiné à être fiché dans
ou de crin.Ce dernier vient de l'ags., angl. qqch. (le sens prim. est encore propre au
felt, ail. vïlt, feutre. L'r dans fd-
fd^, néerl. dim. fichet, marque qui se met dans les
trum euphonique comme dans épeautre,
est trous du trictrac); //c/u<, adj., signifiait pro-
perdrix, etc. —
D. feutrer. —
Le même pri- bablement dans le principe " planté là comme
mitif a donné la forme savante filtre. un piquet, borné, stupide " (cp. en ail. vei--
FÈVE, L. faba. —
D. dim. féverole. nagelt, m. s., litt. clouéj, puis aussi planté
FEVRE, dans l'anc. langue et encoi'e dans là,perdu, flambé (« mon espoir est fichu »).
les patois, =
ouvrier, forgeron, prov. fabre, — Nous ne nous faisons pas fort de four-
du L. faber, gén. fabri (d'où fabrica). Il s'est nir la clef de toutes les applications basses
conservé dans un grand nombre de noms de ou familières du mot fiiclœr (p. ex. ficher le
famille (Lefebvre, Lefebure, etc.) et dans le camp, je t'en fiche) n'oublions pas qu'on
;

composé orfèvre =
L. auri faber. s'en sert particulièrement pour remplacer le
FÉVRIER, L. februarius. terme synonyme foutre, lequel, à cause de
FI, vfr. fui, interjection du mépris, du dé- sa nature obscène, est banni de la bonne
goût, onomatopée, =
angl., dan. fy, ail. société. On a même été jusqu'à charger
pfui, etc. ; de là faire fi de qqch. ficher des acceptions propres au terme mal-
FIACRE. Le premier entrepreneur des voi- sonnant ou du moins de celles qui en décou-
tures ainsi nommées (1640) demeurait à l'en- lent. On remarque surtout cette tendance dans
seigne de Saint Fiacre; de là le nom. l'interjection fiichtre!
FIANCE, ^vov.fizansa, fiansa, esp. fianza, FICHU, pièce d'habillement; est-ce un dé-
it. fidanza, =
confiance, serment de fidélité, rivé de //c/i^r, jeternégligemment? C'est pi'o-
promesse, engagement, du L. fidentia, con- bablc.
fiance. —
D. fiancer, promettre, garantir (pr. FICTIF, L. fictivus" (le bon latin a fictitius),
engager par serment), promettre en mariage. de fictum, supin de fingere (feindre), d'où éga-
FIANCER, voy fiance. —
D. fiançailles. \Q.vî\&vii ^fiction, L. fictionem.

FIASCO, dans « faire fiasco » aucun dic- ; FIDÉICOMMIS, du L. fiidei commissum, litt.

tionnaire ne me renseigne sur l'origine de confié à la bonne foi.


cette expression. Le mot est italien {fiasco FIDÉJUSSEUR, L. /?rfe;"i<ssor (Digeste), cau-
signifie bouteille), mais la locution est étran- tion, répondant; fidéjussion, L. fidejussio;
gère à cette langue. Voici l'explication d'un de fidejubere, sanctionner par son crédit.
journal américain sur l'origine de l'expr. FIDÈLE (voy. aussi féal), L. fiidelis (fides).
« faire bouteille >» == ne pas réussir (voy. — D. fidélité, L. fidelitas.
Littré, Suppl.) « Les souffleurs de verre de FIDUCIE, terme de droit romain, L. fiducia,
— D.
:

Venise, essayant de faire un verre, s'ils man- confiance. fiduciaire, grevé d'un fidéi-
quent leur coup, jettent le même paquet de commis; fiduciel.
sable dans un fiasco, et leur impatiente répé- FIEF, domaine relevant d'un autre seigneur
tition de fiiasco donna un nouveau sens à ce que celui qui en a la jouissance et qui, rela-
mot y>. tivement au propriétaire véritable, prend le
FIAT, interjection, mot latin (3^ pers. du titre de vassal. La forme
fiief, par le durcisse-

subj. prés, de fiere)j —


que cela se fasse, que ment de t( ou Ven f, procède d'une forme an-
cela soit. térieure fiteu. Fieu correspond à prov. feu;
,

FIE — 214 — FIL

rit. fio relève directementdu longobardique sens primitif a subi bien des vicissitudes pour
fiu composé /a(/e?'/Çu -m, bien paternel.
dans le arriver à l'acception moderne. Farouche,
Tous ces mots représentent le vha. fiu, fehu, cruel, rude, vigoureux, inflexible, sévère,
bétail (ail. mod. vieh), gotli. faihu, fortune, orgueilleux, superbe, hardi ; telle est à peu
biens, frison fia, bétail, avoir. Telle est près la pente sur laquelle le mot a glissé. —
l'opinion de Diez, reproduite par Littré. — Le D. fierté, L. feritatem.
mot vfr. fiu, fieu est passé en bas-latin sous FIER-Â-BRAS, fanfaron, matamore. D'après
la forme feudum, fcodum (gr. mod. ^isoûSov); les uns de Fierabras, le héros du fameux ro-
cette forme est, selon Diez, fondée sur l'inser- man des douze pairs; selon d'autres p. fiert-
tion euphonique d'un d; fcuum est devenu à-bras {fiert de férir) =
homme qui frappe à
feudum, comme it. ?arfîco est p. laïco, chiodo tour de bras; pour d'autres, enfin, c'est une
p. chioo =
L. clavus. C'est à feodum que se expression altérée, soit de ferrea Wachia
rattachent les dér. féodal, inféoder, tandis (bras de fer), ou de fera brachia (bras cruels).
que feudum nous a laissé feudataire, feudiste. FIÈVRE, L. febris. —
D. fiévreux.
— D'autres ont expliqué feodum [d'où serait FIFRE, pifrc, it. piffero, e&ii. pifaro.
Slm&si
venu fied, et de là fief, comme soif de sitisj] De l'ail, pfeifer, joueur de flageolet, ou plutôt
par une composition de vha. fee, salaire, et de la forme suisse pfiffer (les fifres étaient
6d bien; Wackernagel y voit le subst. gotli. surtout en usage dans les régiments suisses).
thiuth, bien. Le prof. Kern, ne pouvant ad- — Le mot ail. pfeifer vient de pfcifen, siffler,
mettre, avec Diez. le d de feodum comme lequel représente le roman pipe7', voy. pipe.
euphonique et insistant sur le sens « usus, — Le mot fifre signifie à la fois le joueur et
fructus, id quo quis fruitur, usus-fructus « son instrument.
attaché anciennement à feudum, défend TIGER, v{v. feffier, fiffier, cailler; n'a rien
une autre origine, savoir un subst. fehod, de commun avec L. figere, fixer et vient,
dérivé du verbe goth. feihon, vha. fehon, d'après G. Paris (Rom., VIII, 434), d'un type
jouir, profiter, et signifiant « id quo quis fediare, dér. de fedio, qui est une dos multi-
fruitur ». Fehod, d'après M. Kern, est un ples transfoi mations romanes du lat. ficatum
mot francique, mais peut avoir été allemand (foie). « Le sang coagulé a paru ressembler au
répond à un goth.
aussi. L'it. fio, selon lui, foie par sa couleur et sa consistance »; cp. le
faih, jouissance. —
Notons encore que Grôber mha. libère)!, cailler, dérivé de l'ail, leber,
n'approuve pas la manière dont Diez rend foie, et le terme ail. lebermeer =
fr. mer be-
compte de la finale f dans fief; d'une étude tée (p. beter, voy. s. béton). J'accepte cette
très précise sur les mots français terminés étymologie comme « bizarre, mais certaine "
en f •= d [Zt^ahr II, 459), où il comprend
.
, selon l'expression de son auteur, mais la forme
aussi l'histoire génétique de fief, il résulte figer n'a-t-cUe pas pris le dessus sur fcgier
que fief{fûna\ sonore) est le subst. verbal tiré par quelque souvenir du classique figere, fixer
de fiiever (BL. fevare), lequel découle directe- (cp. ail. erstarrcn, raidir, se coaguler, dont
ment de l'étymon ail. fe\h)u, u final s'étant l'idée foncière est la fixité)?
consonnifié en v, comme dans esquiver du FIGNOLER, mot très répandu dans les patois,
tudesque skiu{h)an. Le subst. fiief une fois signifiant raffiner, faire avec grâce, se donner
créé, il a engendré à son tour le verbe fiefer, des airs, faire le fashionable. Grandga;.'nage,
fie/fer.Fief ne serait donc pas une simple v° fignon = élégant, pimpant, propose dubi-
modification des anciennes formes feit fieu, tativement, comme primitif, le mha. fin, ail.
comme pensait Diez. mod. fein, etc., fin, délicat, joli. L'anglais ^ne,
FIEFFER, pourvoir d'un fief (voy. l'art, beau, et l'expression allemande scfiôtithun,
préc). —
De là fiieffc, possesseur d'un fief. Au cajoler, mignoter, appuient cette supposition ;
figuré, fieffë prend le sens d'achevé, con- pour la consonnance^n, on peut alléguer c/i-
sommé, et ne s'emploie qu'en mauvaise part, gner p. cliner, vfr. crigne du L. crinis.
p. ex. un fripon fieffé, une sottise fieffée. FIGUE, du prov. figa =
L. fica, forme fém.
Cette acception métaphorique découle prob. de ficus. La bonne forme française fie se
du sens « diplômé, bien eu titre, bien qua- trouve dans la Chron. des Ducs de Norman-
lifié «. die, par Benoit. —D. figuier, figuerie. Voy.
FIEL, L. fel. — D. fielleux; enfieller. aussi fie. En Belgique on appelle, par assimi-
FIENTE, cat. fempta, prov. fe^ita, prov. lation, figotc une pomme ou une poire dessé-
mod. fento, fienlo. Ces formes accusent pour chée au four.
type, d'après Diez, un mot latin fimita FIGURE, L. figura (figere* fingere := for-
fim'ta (cp. vfr. friente de fremitus), lequel mer). — D. figuri}ie; figurer, L. figurare;
fimila est probablement une forme acces- -atif, L. -ativus; figurant; cps. configurer,
soire de fimetum, fosse à fumier. Dans — défigurer, transfigurer.
l'ancienne langue, et encore dans les patois, FIL, it. filo, esp. hilo, du L. filum =
1. fil,
on trouve fien, fiens, qui correspond à prov. 2. objet mince et allongé, 3. tranchant d'un
fem, cat. fems, esp. fimo, it. fime, fimo. Ces instrument, coupant. A la 2" acception se
formes rendent le L. fimus. D. ftenier. — rapporte le dérivé effilé et filardeau, jeune
1. FIER, verbe, du L. fidere (passage de la arbre droit et de haute tige ; à la 3* le verbe
3« conjug. à la V^). Composés défier, confier, : affiler. Quant au sens premier, il s'y rattache
méfier (voy. ces mots). de nombreux dérivés français, à sens propre
2. FIER, adj., du L. férus, sauvage. Ce et à sens figuré.
FIL — 215 — FIN

FILAGRAMMB, lettres ou figures en fil de moyen âge, filiolus désigna l'enfant relative-
cuivre fixées sur la forme à fabriquer le pa- ment à son parrain, de là le sens actuel de
pier, et dont la marque paraît sur la feuille ;
filleul.
mot technique formé de yrAmix, écriture, et FILOCHE, dér. de ^/.
de filurn fil. Voy. filigrane FILON, it. filone, dér. de fil.

FILAMENT, mot à forme savante, tirée du FILOSELLE, de l'it. filugello, ver-à-soie;


BL. fiJare, fr. filer. — D. filamenteux. celui-ci parait être une altération du BL. fol-

FILANDIÈRE, formé de à l'instar de licellus, cocon de ver-à-soie (dimin. de follis),


filer,
lavandière. cp. prov. folleil, filoselle, d'un type folliculus.

FILANDRES (de là it. fdandra et esp. filan- FILOU, en Piémont et à Côme filon, BL.
dria), dérivé bizarre de filer. — D. filandreux. filo,vaurien. L'origine de ce mot est fort con-
testée. « Ce mot a signifié originairement, dit
'

FILARDEAU, dimin. de filard (inus ), voy.


Ménage, un petit bâton, long de trois pouces,
fa.
= esp. de la grosseur du petit doigt, à six pans mar-
FILASSE (litt. hilacha, hilaza), lin
prêt à être filé, L. fdacea Ce mot pourrait .
— qués comme un dé sur chaque face, qu'on
appelait un cochonnet et avec lequel on jouait.
bien être une corruption, ou s'être pi'oduit sous
Or, comme il était facile de piper à ce jeu et
l'influence, de l'ail, flachs (vha. fiahs, angl.
qu'on y pipait ordinairement, on appela à
fiax, holl. vlas), qui signifie la même chose.
— D. filas sier.
Paris, il y a environ 70 ou 80 ans, filoux et
filoutiers ceux qui pipaient et escroquaient en
FILATEUR, -ATRICE, -ATURE, dérivés à
quelque occasion que ce fût. » Cette explica-
forme savante du verbe filare (cp. fileur,
tion inspire peu de confiance, bien qu'en Cham-
fileuse, filure).
pagne filou signifie encore une espèce de jeu
FILE, it. esp., port., prov. fila, pr. cor-
,

deau, puis suite, rangée, du BL. fila filum; = de dés. —Langensiepen propose feliculus (sur-
nom romain, tiré de felis, chat), d'où felcolus,
de là filer, aller à la file l'un après l'autre, et
felocus, filou. Cela est bien subtil; le mot
défiler.
caillou pourrait cependant servir d'appui quant

BL.
1. FILER, prov. filar, esp. hilar, it. filare,
du fil, tirer en fil; dérivé de
filare, faire
à la transformation. —
Diez remonte au vha.

filum, fil. — D. fileur, filerie, filure,. -âge;


filon, limer, et rapproche pour le rapport
d'idées les termes fourbe, fripon, polisson,
filandière (v, c. m.): filatier (mauvais mot
venant également de primitifs exprimant frot-
p. filandier)\ composés : enfiler, effiler, fau-
ter, user, polir. Il cite en outre le lorrain
filer, parfiler, tréfiler (voy. ces mots).
aiffîlei, aiguiser et tromper, et le terme aifjî-
2. FILER, aller à la file; voy. file.
lou disant la même chose que filou. Pour ma
FILET, 1. petit fil, 2. réseau; dimin. de
fil. — D. fileter.
part, en cherchant l'étym. de filou, j'ai noté
l'expression rouchi avoir le fil fie taillant) -=
FILIAL, L. filialis (filius).
être adroit, puis le mot ficelle employé en Pi-
FILIATION, descendance de père en fils en
cardie et à Mons p. petit voleur (d'où ficeler,
ligne directe, L. filiatio (filius).
escroquer), enfin l'angl. filch, filouter, qui

2.
FILIÈRE, 1. objet fait en forme de fil,
instrument servant au tirage des fils mé-
semble être de la même famille. D'après —
Brachet, filou est un doublet de fileur, comme
talliques (d'où
filière «); dér. de
l'expression " passer par la
gabelou de gabeleur. —
Il est important de
fil.
noter que filou est étranger à l'ancienne lan-
FILIGRANE (l'angl. dît filigrane, filligram, gue; Littré, auquel nous renvoyons pour
fillegrean et fiUigree-work), de l'it. filigrana, quelques autres tentatives d'éclaircir l'origine
ouvrage d'or et d'argent (ou de tout autre mé- de ce mot, le croit introduit dans li langue
tal ductile), composé de fils déliés, de grains,
dans le cours du xvii° siècle. En considération
et d'autres De filum, fil, et gra-
ornements. de cette introduction tardive de filou, Diez
num, à grain, ainsi nommé
grain, donc filet croit pouvoir signaler l'angl. felloio, compa-
parce que les Italiens, qui nous ont apporté gnon, qui, dans le Midi de l'Angleterre, a
ce genre d'ouvrage, y enfilaient de petits pris un caractère injurieux. — D. filouter,
grains ronds ou aplatis. Après qu'on eut em- filoutier.
ployé ce filigrane pour la fabrication du FILS, L. fiUus. L's final du mot français est
papier, on appela de ce nom ce qu'aupara- un reste de l'ancien nominatif; on disait fil
vant on nommait marque du papier (ail. aux cas obliques; cet s s'est conservé pour
wasser-seichen angl. watermark). Le mot
,
difierencier le mot de fil filnm. =
parait s'être altéré en fdagramme (v. c, m.) FILTRE, voy. feutre. —
D filtrer, infiltrer.
par l'effet d'une tendance à mieux exprimer
la chose énoncée par le terme filigrane. — FIN, subst., L. finis.
1. —
D. final, L. fina-
subst. finage, t. d'ancienne pratique, éten-
lis;
D. filigraner. due d'une juridiction; verbe finir, L. finire;
FILIN, t. do marine, dér. de fil. composés afin, enfin. —
D'un verbe BL.
FILIPENDULB, terme savant disant sus- :
finare, terminer, conclure, acquitter, payer,
pendu ipendulus) à un fil {filum). vient vfr. finer, m. s. ; de là le subst.
FILLÂTRE, du L. filiaster (filius). finance, d'abord fin, conclusion d'une affaire,
FILLE, L. filia. — D. fillette, fillage = état puis payement d'un engagement contracté,
d'une fille qui vit dans le célibat. quittance, d'où enfin le sens général de somme
FILLEUL, L. filiolus, dimin. de filius; au à payer, argent. On employait même, avec ce
FIX — 216 FLA

dernier sens, dans la vieille langue, le siibst. l'ancien adj. fis, assuré, certain; c'est une
verbal masculin fin, p. ex. dans Baudouin erreur; vfr. ^5 est la foi'me du sujet sing. et
de Sebourg : « quant il n'ot plus de fin «, du régime plur. de l'adj. fit, qui est le latin
u dignes d'avoir terre et grant fin » (voy. fidi'.s;de là les formes adverbiales de fit et
Gachetj. Cp. aussi l'angl. fuie, propr. action fieme)it, certainement.
de finer /payer;, pais amende. FIXER, voy. fixe.
2. FIN, adj., it., csp., port, fino, prov. /m. FLABELLATION, du L. flabellare (de fla-
C'est de l'élément roman que proviennent helhiiH, de flabrum, soufl[lct, éventail).
diin.
mba. fin, ail. mod. fein, angl. fine, et non pas FLACCIDITÉ, L. flacciditas, do flaccidus,
les mots romans du fonds germanique, comme flasque.
l'ont cru Raynouard et Chevallet. La signifi- FLACHE, les diverses significations do ce
cation pi-imordiale est « parfait, fini, pur, véri- substantif, dont la forme varie avec flaque,
table ", cp. prov fin aur, fin'amor, vfr. fine expriment quelque chose d'aplati, d'écrasé,
ire et nos expressions des vins fins, des yncts
: une surface jetée sur une autre et faisant en
fins, le fin fond, la fine fleur. De ce sens pre- quelque sorte tache avec elle. C'est bien là la
mier découle aussi l'emploi adverbial du mot valeur de la racine flac. Cette racine sert
dans les patois, où il sert à exprimer un haut aussi d'interjection imitative du bruit qui se
degré (voy. des exemples dans Gachet). Les — produit quand on jette quelque chose de large,
acceptions modernes se ramènent fociloment de plat ou de liquide sur une surface. Le
à la valeur première; d'un côté, au moral : fr. flache ou flaque rappelle l'ail, flach, plat,

adroit, subtil; d'un autre, au physique délicat, : uni (d'où flâche, surface) et fleck, tache. Le
léger, opp. à gi'ossier, ordinaire. On ne peut mot flache s'emploie à Bruxelles aussi pour
guère douter, observe Dicz, d'accord avec Du- flan, tarte. —
D. flacheux.
cange, que cet adjectif ne soit tiré du L. fini- FLACON, fldscon, dérivé du vfr. flxische,
tus. Pour le procédé, il allègue prov. clin de esp. fiasco, frasco, it. fiasco, fiasca. Ce mot se
clinatus, esp. cuerdo de cordatus, it. manso trouve aussi bien dans les idiomes celtiques
de mansuetus. Pour le sens, on trouve des que dans les germaniques, et il est fait emploi
analogies dans les expressions esp. acabado, de flasca, fiasco, dans les plus anciens monu-
L. perfectus (d'où parfait) et gr. rk^ttoi. — ments de la basse latinité. Les gloses d'Isi-
D. finesse; finasser (d'où finassier, -erié), dore présentent aussi la forme pilasca vas =
finaud; finet (Lafontaine), aussi fiaot; finette, vinarium ex corio Joli, de Janua pilasca :

— Voy.
;

étoffe légère; verbe affiner (v. c. m.). vas vinarium corio piloso opertum ; cela fait
aussi fujnolcr. présumer de leur part une dérivation de pilus,
FINANCE, voy. fin\. —
D. financer, dé- poil. Cependant la forme flasca remonte plus
bourser de l'argent; financier. haut que pilasca, et voici comment Dicz la
FINCHELLE, corde dont on se sert pour revendique au fonds latin Fiasco est issu du :

haler les bateaux, variété dialectale de fichelle latin vasculum, par l'effet 1) d'une transpo-
= ficelle. Le picard présente aussi la forme sition do la liquide (cp. it. fiaba, p. flaba, de
frinchclle. fabula, prov. floronc de furunculus, fr. blou-
FINIR, vfr. fenir, du L. finire (finis). que p. boucle, etc.), 2) du durcissement de v
FIOLE, prov. fiola, it. fiala, du L. phiala en f (cp. palefroi de paravercdus, fois de
{'fixlo)- — D. fioler, vider bouteille. vicis). Ce serait le BL. selon Dicz, qui aurait
,

FION, dans " donner le fion à un ouvrage >» fait passer le mot dans les diverses langues
=-' y mettre la dernière main. Je ne connais de l'Europe. L'antiquité du mot, qui est dans
pas l'origine de cette expression populaire. Isidore et Grégoire de Tours, rend douteuse,
Littré la rattache à fignoler. Voici, en — pour Littré, la métathè.se {vlasco p. vasclo)
attendant mieux, une conjecture Fion me fait : sur laquelle Diez s'appuie.
l'effet d'être un mot du patois wallon et de FLAGELLER, vfr. flaela; L. flagellare, de
représenter /t/on {cp. fioul =
filleul); donner flagelluni, fouet (voy. fléau).
le filon équivaudrait à donner le fil, c.-à-d. FLAGEOLER, voy. l'art, suiv.
la finesse. 1. FLAGEOLET, dimin. du vfr. flageol, fla-
FIORITURE, de l'it. fioritura, dér. de fio- Jo/, prov. flaujol, qui représente un type dimi-
rire =^ L. florere. Rousseau a remplacé ce nutif latin ^au^/o/us (voy. sous /ïiife). Le primi-
terme étranger par fteuretis. tif flageol a encore donné le verbe flageoler,
FIRMAMENT, L. firmamentum (firmare). jouer du flageolet; au fig. piper, leurrer,
FIRMAN; du persan fertnan ordre en = tromper. L'acception chanceler, vaciller, qu'a
général; en Turquie le mot s'applique spécia- prise le mot flageoler en parlant des jambes,
lement à tout écrit expédié par le grand-vizir est moderne et est expliquée conjecturalement
au nom du souverain. par Littré au moyen d'une expression méta-
FISC, L. fiscus; le sens premier de ce mot phorique flageolet au sens de jambe grêle et
était bien modeste; c'était une corbeille d'o- peu assurée. —
L'étymologie gr. Trlayésiulo;,
sier. — D. fiscal, L. fiscalis (d'où fiscalité); flûte traversière (= 7T>.âyi<Jî «j/o';) n'a que
confisquer, L. confiscare. l'apparence de vérité.
FISSURE, L fissura (findere). 2. FLAGEOLET, variété de haricots; mau-
FISTULE, L. fistula. —
D. fistuleux. vaise prononciation fageolet, dimin. de fa-
]).

FIXE, L. fixus, part, passé de figere. D.— geol, qui est le L. phaseolus, haricot.
fixité, verbe fixer. — Littré place sous fixe. FLAGORNER, d'après Le Duchat, un mot
,

FLA 217 — FLA


de fantaisie, composé des éléments flatter et mot it. fiamm.esca, à supposer d'après l'ana

corner (aux oreilles) Nicot lui attribue tout logie de falavesca, p. favalesca, de favilla);
simplement le sens du L. déferre = rapporter; flamiçhe, gâteau cuit à la flamme; flam-
le sens serait donc pr. dire à l'oreille, et l'idée mette; flammerole; cps. enflammer.
de flatter lui est survenue peut-être sous l'in- 2. FLAMME, lancette à saigner, esp. fleme,
fluence de la syllabe p,a ; Littré y voit une prov. flecmei-ç. fletme), wallon de Liège flîme,
altération de flageoler, jouer du flageolet, fig. vfr. fiieme, hoU. vlym, angl. fleam; vha. flio-
piper. dima, fliedima, nha, fliedme, fliede, fliete;
FLAGRANT, L. flagrans, brûlant, chaud; cymr. ffluym. Toutes ces formes procèdent
estemployé dans quelques expressions, telles du L. phlebotom.us {pj.sZdro/xoi, litt. coupe-
que « en flagrant délit, en flagrant mensonge » artère), lancette, par l'intermédiaire du type
pour actuel, en pleine chaleur de l'action. — syncopé fleb't'mus flebmus. L'équisonance de e
D. flagrance. et a fr. devant m a déterminé l'orthographe
FLAINB, voy. sous flanelle. flamm,e.
FLAIRER, prov., cat. flairar, du L. fra- FLAMMÈCHE, voy. flamme, 1.
grare, exhaler une odeur. Le mot fr. d'abord , 1. FLAN, tarte, est une contraction du vfr.
= rendre odeur a pris le sens actif
(Nicot), fiaon. Celui-ci, =
fiadone (gâtea^j de miel),
it.

sentir, percevoir une odeur, comme , à l'in- proT. flauzon, esp. flaon, angl. flawn, BL.
verse, sentir s'emploie aussi en sens neutre. flado, -onis (Vén. Fort.), reproduit le vha.
— D, flair. —
« Autrefois on éciivait et pro- flado, flada =
laganum, placentum, torta,
nonçait aussi fleurer avec le sens d'exhaler libum, favus (ail. mod. flade, fladcn), flam.
«ne odeur, et fleur =
flair, et l'on a long- vlaede, propr. quelque chose de plat. Cp. en
temps douté à laquelle des deux formes il wall. flate =
bouse de vache, de même en
fallait accorder la préférence. L'Académie, ail. kuh-fladen.
dans son dictionnaire de 1694, écrivait : 2. FLAN, t. de monnayage, pièce de métal
« Flairer, on prononce ordinairement fleu- prête à être monnayée ; le même mot que le
rer « et les autres dictionnaires se réglant
, précédent; pr. pièce plate et ronde.
plutôt sur l'usage adopté par les écrivains, FLANC, prov. flanc, it. fianco. Diez op-
entre autres par Molière et Boileau, qui ont pose des raisons phonologiques à l'étymologic
écrit fleurer, disaient que flairer était vieux vha. hlanca, lancha, m. s. Il allègue surtout
et qu'il devait se remplacer par fleurer. Au le faitque le groupe initial tudesque hl ne se
xviii" siècle grammairiens trouvè-
enfin, les romanise jamais par fl et que d'ailleurs la
rent bon d'utiliser les deux formes. Ils décré- forme hlanca a disparu de très bonne heure
tèrent que l'un se dirait p. exhaler une en allemand. Flanc désigne proprement la
odeur Cela fleure comme le baume et que
:
; partie molle depuis le défaut des côtes jus-
l'autre exprimerait la sensation que l'on en qu'aux hanches cette partie du corps est ap-
;

perçoit flairez un peu cette rose» (Cachet).


: >* pelée chez les Allemands weiche, de weich,
— Sur la vraie origine de cette concurrence mou (cp. le terme fr. mollet), et au moyen
entre fleurer et flairer, voy. fleurer. âge elle s'appelait en ail. hrenhe, de krank,
FLAMAND, vfr. flameng, du néerl. vla- faible. Cette circonstance détermine le philo-
ming, d'où le terme flamingant (« la Belgique logue allemand à rapporter le mot roman au
flamingante »). Le (^ final du mot actuel est L. flaccus, mou, flasque. L'insertion d'un n
anti-étymologique. devant les gutturales n'a rien d'extraordi-
FLAMANT, oiseau, anciennement /ïammanf naire, cp. it. fangotto p. fagotto, fr. ancolie
ou flambant, de flanimer, flamber. Buffbn ^.acolie, jongleur diG joculator Il est remar- .

proteste contre l'idée d'y voir un oiseau fla- quable de trouver, en langage de marine et
mand, à plus forte raison que ce volatile n'a d'artillerie, le terme flasque avec un sens
jamais paru dans les Flandres. Son nom lui analogue à flanc. On serait tenté d'en inférer
vient de la belle couleur rouge de son plumage. que les deux formes ont été employées comme
FLAMBE; ce mot est prob. gâté de flamble, synonymes, l'une venant de flaccus, l'autre du
qui répond au L. flam.mula; cp. étape p. esta- dérivé flaxidus, p. flaccidus (voy. flasque). —
pie. —D'autres sont d'avis que flambe est C'estdu roman que les langues germaniques
une forme spécifiquement anglo-normande de ont tiré leur mot flanke D. flanquer, —
flamme (voy. Ztschr., IV, 550, note). D. — flanchet, flanconade.
dim. ftambel' flambeau, flambarl; verbes FLANDRIN, adj., qui est de Flandre.
flamber, flamboyer. Comme subst. signifiant homme grand et fluet,
FLAMBEAU, FLAMBER, FLAMBOYER, le mot a, selon Littré, la même origine ; c'est
voy. flambe. un sobriquet péjoratif motivé par la haute
FLAMBERGE, épée; d'après Frisch, suivi par taille qui est ordinaire chez les Flamands ;
Diez, un composé de flanc, côté, et de bergen, j'avais soupçonné autrefois une contraction de
protéger; donc =
défense du côté. Cp. fro- fdandrin (cp. fllardeau).
berge, autre nom d'épée, litt. (selon Grimm) FLANELLE, it. flanella, frenella, esp.
== défonse>ir du seigneur. franela, angl. flannel; du vfr. flaine, cou-
FLAMINGANT, voy. flamand. verture de lit faite de laine (auj flaine signi- .

1. FLAMME, L. flamma (p. flagma). — D. fie une espèce de coutil de Flandre). En gaél.
flamm,er, L. flammare; flammèche (cette sin- on voit également le mot curaing signifier
gulière forme dérivative vient peut-être d'un d'abord couverture, puis flanelle. Quant à
FLA 218 — FLÉ

flaine, couverture, Diez le rapproche du L. Cela paraît subtil ; cependant, cette opinion a
veîamen, -inis (r7ame?i), ce qui voile, couvre ; pour elle le nord, fladra =
blanditiis fal-
cp. flasca p. vlasca (voy. fiacon). — Les éty- lere. En flamand on disait aussi vlaeden p.
inologistes anglais tirent, le mot du gaél. flatter (auj. vîcijen). —
Enfin, nous croyons
(fvolanen, gwlan, laine. qu'il est utile de signaler le verbe latin fla-
tare défini dans les glossaires de Placidus et
FLANER, mot populaire des patois ; Diez
de Papias par « augere et ad amplum red-
cite fiana, marcher à l'aveugle ; en nor-
l'isl.

mand, le verbe se dit aussi p. faire des com- dere » En prenant ce verbe intensif de flare
.

mérages. —
D. flâneur, -erie. pour le primitif de flatter, nous aurions au
fond de la flatterie l'idée de boursouflure,
FLANQUER, voy. flanc. Dans les locutions
d'exagération. Mais on oppose avec raison à
populaires flanquer par terre, flanquer un
«
l'étymologie flatare que ce type aurait donné
souflBet », ce verbe me fait l'efiet d'être une
flayer ou flcer, et quant au passage cité dans
variété nasalisée de flaquer (rac. flac). C'est
les gloss. de Placidus et de Papias, Buggo
aussi l'avis de Littré.
croit qu'il faut y corriger elatare. Storm a
FLAQUE, aussi flachc, BL. flaco, flam.
donc recours à ime forme-type équivalente :

vîache (Kiliaen : locus stagnantibus aquis


flatitare (Rom., V, 179). Mais ce qui méfait
opertus). De la racine flac traitée sous flache.
hésiter à l'approuver, c'est que je ne connais
FLAQUER, jeter avec force un liquide ; de
dans le fonds commun de la langue aucun
la racine flac (voy. flache). — D. flaquée. autre exemple d'une formation semblable. Il
1. FLASQUE, mou, sans vigueur; selon
faut par conséquent en revenir au germanique
Diez, d'un type latin flaxidus (p. flaccidus),
m. s., transposé en flasquidus. Dans les patois
fiai, plat; flatter serait ainsi lécher du =
plat do la langue, laper, ou caresser du plat
on dit aussi flaclie (cp. laxus, fr. lasque,
de la main. L'action contraire, c'est gratter,
lâche ]. Quant aux mots similaires
esp. flaco, port, fraco,prov. etvfr. flac, fla-
it. fiacco,
met germanique aussi. —A l'appui de cette
dernière manière de voir, G. Paris 'Rom.,X,
que, ils relèvent directement du L. flaccus.
— Selon Caix, flasque serait le résultât d'une
404, note) rappel le qu'on di.sait jadis « l'ourse
flatte son ourson ••, et qu'on dit encore: « le
:

confluence des deux thèmes 'flac et 'lasque


palefrenier flatte son cheval » L'ancien fran- .

(lâche).
çais disait aussi flater du lait pour « le
2. subst.,=. flanc {v. c. m.).—
FLASQUE. laper », l'absorber à coup de plat de langue.
On appelle aussi flasque la poire à poudre
dos chasseurs, mais dans ce sens, le mot est
— D. flatteur, -erie.
FLATUEUX (d'où flatuosité), et flatulent
fc= flasque, le primitif de flacon (v. c. m.).
(d'où flatulence j, dérivés du L. flatus, souffle,
FLATIR du vfr. flot.
(angl. flattai), dér. vent.
coup, tape. germanique
D'origine nord. :
FLÉAU, vfr. flaiel, flael, angl. flail, it.
fletia, aplatir (ail. mod dos metall fletschen, fragello, ail. flegel, du L. flagellum, fouet,
aplatir le métal avec le marteau vha. flas, ,
fléau, dim. do flagrwn.
angl. flat, plat. Dans la langue des trouvères, 1. FLÈCHE, au sens du L. sagitta, it.
flatir signifiait aussi jeter ou tomber à plat
et est synonyme de flastrir. D. flatoir. — — freccia (dial. frizsa), v.
esp. mod., prov. flécha,
esp.,
wall.
port, frecha,
fliche; du
Le vfr. flastrir, tomber à plat, est probable- mha. m. mod.
ment distinct de flaistrir (d'où flétrir = nécrl.
flitz-pfeil.
flits, flitsch, s., ail.

ternir, décolorer) et a laissé sa trace dans FLÈCHE (aus.si fliche) de lard, vfr. flique,
2.
flàtrer, appliquer un fer chaud à un ani-
comme le précédent, d'origine germa-
flcc;
mal mordu, se flairer (subst. flàtrurc], se
nique ags. fliccc, v. angl. flick; angl. mod
mettre sur ventre terme de vénerie).
le De — flitch,
:

nha. flick, fleck, morceau, pièce. —


la môme racine flat (= plat) procède, d'après
L'étymologie ail. fleisch, viande, nord, flask,
Diez et autres, prov. flatar, fr. flatter (v. lard, posée par Chevallet et autres, ne peut
c, m.), pr. caresser (= passer avec la main
prévaloir sur celle que nous venons d'indiquer
plate sur la surface du corps;. On pourrait d'après Diez.
tout aussi bien partir de l'idée se mettre à FLÉCHIR, du L. flectere; cp. réfléchir de
plat devant qqn. ; nous disons encore être à Pour ct=^ch, cp. empêcher de im-
reflectere.
plat ventre devant qqn. p. lui faire bassement pactare, cacher de coactare, allécher de allec-
la cour. tare. —Cette étym. est douteuse; l'équation
FLATOIR, voy. flatir. et lat. =ch franc, n'est pas suffisamment assu-
FLÂTRER, d'où flàtrure, voy. flatir. rée. L'anc. langue employait tout aussi bien
FLATTER, voy. flatir. Nicot : « aucuns flechier, fleschier, qui accu-sent pour type lat.
jiensent de flatare (fréq de flaré), parce que flexare (dérivé de flexus); cp. lâcher de laxare.
les flatteurs soufflent toujours qqch. aux Fléchir serait donc postérieur à flechier. Mais
oreilles de ceux qui les veulent ouïr, et les ce qui fait difficulté, ce sont les formes picardes
enflent de la bonne opinion d'eux-mêmes ». flekir ^Reclus de Moliens), flekier, qui ne s'ac-
Cette étym. pourrait s'appuyer du vfr. flavelle, cordent plus avec flexare. —
D'après G. Paris,
flatterie,de flabelJare, souffler sur. Grimm — la généalogie de fléchir se présenterait ainsi :

met le mot en rapport avec l'ail, flattern Il part de flexus, de là verbe vfr. fleschier ="
(aussi fladern), voleter; « le flatteur bat des flexare, de là adj. vfr. flesche (cp. lasche,
ailes, comme le chien flatte de la queue ». lâche, issu de laschier = laxare), d'où enfin
FLE 219 — FLO

fleschir, fléchir (Rom., VIII, 628). Mais ici Voy. Suchier, Ztschr., I, 431. Cette étym., —
encore le thème picard fait difficulté. approuvée par G. Paris (Rom., VI, 629), ne
FLEGME, vfr. flemme, fleume, au propre l'est pas par Cornu (Rom., XI, 413), qui, lui,

pituite, humeur visqueuse, du L. phlegma part de L. fragrorem, d'où vfr. flair ur, puis,
IfUyfxa). — De là flegmatique, fï-yfjLxn/.oi,
: l'r étant venu à tomber par dissimilation,

ppopr. pituiteux, lymphatique, fig. d'un ca- flaieur, devenu plus tard fleiir, fleur. Pour
ractère froid, calme. C'est le sens fig. de l'adj. ma part, je trouve l'effort de Cornu inutile et
qui a reflué sur celui du primitif flegme, dans ne vois pas pourquoi l'ancienne langue n'a
sa signification de calme, tranquillité d'àme. pas pu posséder d'un côté flaieur, flëeur,
Du grec ^It-jft.à-iri, inflammation des parties fleiir de flatôrem, d'un autre flairur de
sous-cutanées, vient L. phlegmone, fr. fleg- fragrorem,.
mon. FLEURET, voy. fleur.
FLET, FLETAN, aussi fleton, fletelet, noms FLEURON, voy. fleur. — D. fleuronner.
de divers poissons plats ; de la racine flat, plat, FLEUVE, vfr. fluie, du L. — Da L.
fluvius.
voy. flatir. flumen la langue d'oïl avait fait flun = prov.
1 FLÉTRIR, altérer, corrompre, diminuer flum, it. fiume.

.

la force, la fraîcheur ou la vivacité naturelle FLEXIBLE, L. flexiUlis. D. flexibilité.


d'une chose, déshonorer; vfr. flaistrir,
fig. FLEXION, L. flexio (flectere).
dans le Berrichon flatrir; de l'adj. vfr. flais- FLIBOT, petit navire de flibustier, esp. fli-
tre, flestre, fané, décoloré, qui représente, à bote, filibote, néerl. vlieboot, de l'angl. -
/?«/-

l'avis de Diez (peu soutenable selon moi), une boat, litt. vaisseau volant (cp. flying coach,
forme latine flaccaster (de flaccus). D. flc- — diligence)
trissure.^ FLIBUSTIER, anc. fribustier, du néerl.
2. FLÉTRIR, marquer d'un chaud, vfr. fer vrybuiter, dan. fribytter, angl. freebooter,
flastrir, flestrir. C'est une variété de flatir [r ail. fi^eibeuter, litt. franc butineur. L'a* est

euphonique), qui ne diflere que par la termi- comme dans fluste" (flûte).
intercalaire
naison du terme identique flàtrer, employé FLIN, du vha. flins, ags. angl. flint, silex,
par les vétéi'inaires. Le verbe dont nous par- d'où le terme (anglais) flint-glass, sorte de
lons est distinct du pi^écédent. —
D. fléti-issurc. cristal.
FLETTE, sorte de petit bateau de rivière; FLIRTER, coqueter mot nouveau d'impor-
;

d'après Jal, de l'angl. flat, plat; peut-être tation anglaise ; expliqué par Bau-
to flirt est
tient-il à l'anc. flam. vletten, flotter. dry (vu la prononciation fleurt), par fr. fleu-
1. FLEUR,
it. flore, esp., port., prov. flor, reter, conter fleurettes; d'autres le rappro-
du L. gén. floris.
flos, —
D. fleurir et florir, chent de l'ags. fleurdjan, nugari, ou de l'ail.
L. florere; —
fleuraison, aussi floraison (cp. flirren, flirtsen, flirtschen, faire du bruit,
feuillaison), subst. du BL. florare, pousser bourdonner, voltiger.
des fleurs; —
fleuré, bordé de fleurs, BL. flo- FLOO, FLOCHE, toufTe de laine ou de soie;
ratus; —
fleuri =
en fleur; —
fleuret, it. fio- aussi traité en adj. (" étoffe floche ") velu, =
retto, épée munie d'un bouton garni de peau velouté. Du L. floccus, m. s. (cp. ail. floche,
et res.semblant à un bouton de fleur; aussi angl. floch). Voy. aussi froc. —
D. flocon,
soie tirée de la bourre qui est aux environs propr. petite touffe de laine.
du cocon et qui est comme une fleur que le 1. FLOCHE, subst., petit morceau de laine,
ver-à-soie a produite avant de former son houppe, voy. floc,
ouvrage; —
fleuron, ornement à forme de 2. FLOCHE (dans les patois), adj., mou, it.
fleur, un des éléments de l'ensemble d'une floscio, esp. floxo, prov. fluis, du L. fluxus,
couronne; — fleurette, petite fleur, fig. jolie pr. fluide, fig. mou, sans force.
petite chose, de là propos galant, cajolerie FLOCON, voy. floc. —
D. floconncr, flocon-
amoureuse; — fleuriste (néolog.), qui cultive neux.
les fleurs.De fleur de lis on a fait le verbe FLONFLON, onomatopée.
fleurdeliser . —
Dans la locution à fleur de, FLORAISON, voy. fleur.
au niveau de, sur le même plan, on est tenté FLORAL, L. (flos). Les auteurs du
floralis
de rapporter le mot fleur à l'ail, flur, terre- calendrier républicain ont eu recours à un
plein, angl. floor, néerl, vloer; cependant, type florealis, extension de floreus, pour en
cette expression peut aussi se déduire du sens faire un nom de mois.
superficie attaché parfois à fleur (p. ex. ne FLORE, nom de la déesse qui présidait aux
contempler que la fleur des objets); l'italien fleurs ; on en a fait le titre des ouvrages ayant
dit aussi à flor d'acqua. Voy. aussi affleure^-, pour objet la description des plantes et des
effleurer. fleurs d'un pays.
2. FLEUR, au plur., menstrues, est le même FLORÉAL, voy. floral.
mot que le précédent on a comparé les mens-
; FLORENCE, FLORENTINE, taffetas léger;
trues, à cause de leur couleur rouge, à une de la ville de Florence, qui elle-même tire son
fleur. L'explication usuelle par flueurs est nom des campagnes fleuries qui l'environnent.
démentie par le BL. flores et l'it. flori. FLORÈS, dans « faire florès », faire deréclat,
FLEURDELISER, voy. fleur. du plur. L. flores, fleurs.
FLEURER, flairer; dérivé du subst. vfr. FLORILÈGE, du latin moderne florilegium,
fleur, fleur, odeur, qui est =
lat. flatôrem imitation du gr. i-j^oUyix, recueil de fleurs
(it. fiatore), lequel explique aussi angl. flavour. {flores légère).
FLU 220 FOI

FLORIN, it. fiorino; les premiers florins, flûte, dans l'acception verre long et étroit
frappés à Florence, portaient une fleur de lis; (d'où flûter, boire à longs traits), n'a pas une
de là le nom. autre origine que le nom de l'instrument de
FLORIR, voy. fleurir. musique Littré écarte ce doute en faisant
;

FLOSCULE, ail. floshel, L. flosculus (flos). remarquer qu'on dit flûter, siffler un verre
FLOT, it. fiotto, frotto, du L. fluctus, m. s. de vin, ce qui autorise à confondre flûte verre
Dans la locution « être à flot » , le mot est le et flûte instrument. Ce qui pei'met encore
subst. verbal de flotter. — D. flotter, pr. ba- cette confusion, est, me semble-t-il, l'analogie
lancer sur les flots. du terme pipe employé comme mesure de
FLOTTE, vfr. flotc, signifiait anc. afiiuence, liquide. — D. flûter, flûteur, -iste.
foule, troupe ("la grande flote de ses larmes «,
2. FLÛTE, verre à boire, long et étroit (ail.
" une flote de brebis, flote de gensn), signifi-
flôtenglas), voy. l'art, préc.
cation conservée dans l'esp. flota, it. flotta, A
3. FLUTE, espèce de bâtiment de chai'ge,
frotta. C'est la forme féminine de flot (L.
angl. flûte, bas-ail. fleute, néerl. fluytschip;
fluctus) dans son sens de multitude, abon-
de la famille du verbe ags. fleotan, fluere,
dance. Le sens moderne du mot peut aisé-
ment se déduire du sens primitif troupe, fluctuare. —
Roulin tient le mot germanique
d'autant plus que cette troupe était flottante.
pour emprunté au roman flûte est vfr. ;
=
fluste, qui est p. fuste et vient de l'esp. fusta,
Cependant il est difficile de méconnaître une
sorte de navire (= L. fusils, bois).
influence des idiomes germaniques, oii l'on
renconti'e des mots similaires signifiant train FLUVIAL. L. flutialis (fluvius).
de bois, radeau, flotte. L'acception actuelle, FLUX, L. //uoriw (fluere). D. reflux. —
groupe de navires, ne date que du xvi" siècle, FLUXION, L. fluxio (fluere). -- D. fluxion-
dit-on. Effectivement on rendait la chose au- naire.
paravant par navie, navirie ou cstoire (BL. FOARRE, FOUARRE, variété de feurre.
storium, du gr. uroio;). FOC, FOQUE, de marine, sorte de voile,
t.

FLOTTER, voy. flot. — D. flotte, bouée;


= nord, fœka, ail. focke, hoU. fok.
train de bois flottant; flottaison, -able. FOCAL, du L. focus, foyer.
FLOU, vfr. flo, floi, flau, mou, mat, sans FŒTUS, mot latin, au.ssi fétus, = embryon.
vigueur; dans certaines conditions cependant, FOI. L. fides.
vfr. feid, fei,

le flou peut, en peinture, devenir une bonne


FOIE, vfr. fie, wall. feûte, fête, it. fégato,
esp. higaxlo, port, flgado, prov. feige, val.
qualité ; il est alors opposé à dur, sec. Il se
peut que ce flou =
fondu, tendre, représente ficat, du lat. flcatum, s. e. jecur, litt. foie
d'oie engraissé de figues, puis foie on géné-
le L. fluidus. Pour l'autre, les formes an-
ral. Par l'usage, l'expression composée fica-
ciennes obligent à admettre une provenance
du néerl. flattvo m. s. (angl. flew, ail. mod.
tum Jecur s'est réduite au terme ficatum et
flau). Pour le rapport de au oi — — — ou,o
l'accessoire a fini par l'emporter sur le mot

pou. — D.
principal (jecur). l.'n fait analogue se pré-
cp. L. paucus, vfr. pau, poi, po,
sente dans trojanus porciis, d'où truie, dans
fluet, anc. flouet.
seta serica pr. écheveau de soie, d'où soie,
FLOUER, voler, duper; étant un mot po-
dans réverbère p. lanterne à réverbère, etc.
pulaire, flouer parait être un doublet de filou-
ter (filou). —
Boucherie le tire trop savam-
Le grec moderne a de même réduit l'expres-
sion suxwTo'y >iiTap, traduction du L. ficatum
ment du lat. fraudare.
jecur, à ^ix^ri, qui signifie maintenant foie. Le
FLUCTUATION, L. fluctuatio (fluctuare).
souvenir des figues n'existe plus que pour le
FLUER, L. fluere. D. fluant, -ent, — linguiste et pour le lecteur d'Horace (« pingui-
fluence; cps. affluer, refluer. Du verbe /ïjtere bus et ficis pastum jecur anseris albi ".Sat. 2,
viennent en outre flueur, L. fluor, et les
8, 88) Ce qui est à noter, c'est le déplace-
:

termes de chimie fluate, fluor, fluorique,


:
ment de l'accent de la seconde sur la première
fluorure; —
fluide, L. fluidus, d'où flui- syllabe ficatum p. ficâtum.
: Sur les dé- —
dité.
gradations successives qu'a subies le type
FLUET, voy. flou.
ficâtum dans le domaine roman, surtout à la
1. FLÛTE, flmte' [s intercalaire), instni- suite du déplacement de l'accent (thèmes
ment à vent, contraction du vfr. flav.te, fla- fégato, figido, fidico), voy. G. Paris, Rom.,
hute (encore usuel dans les dialectes), aussi VI, 132. C'est le type fidico qui a créé le fr.
flahuste. De flaiite le prov. a fait flauta, d'où fie et foie; le wallon feûte [eu oi) répond à =
sont tirés esp. flauta et it. flauto, mha. floite, figido.
nha. flote. Le primitif /?a»<e est le subst. ver- FOIN, du L. fœnum, fenum.
vfr. fain, —
bal du verbe vfr. flaiiter; or, celui-ci s'est Comme servant à exprimer la
interjection,
produit, par l'effet d'une transposition, de fla- répulsion, Jaubert tire le mot de fouin, qui
tuer, cp. vfr. veude p. vedue, prov. teu7i p. signifie en Berry « putois », personne qui
tenu. Le verbe flatuer, à son tour, est un dé- pue. Cela reste douteux.
rivé du subst. L. flatus, souffle. D'un type — 1. FOIRE, marché, it. fiera, esp. feria,
diminutif flautiolus proviennent les formes port., prov. fei7^a, angl. fair ; du L. feria,
prov. flautol, flautjol, flaujol, vfr. flageol, ou plutôt du pluriel feriœ, temps de fête, de
flajol, conservé sous la forme diminutive fla- chômage. On sait que les foires coïncidaient
geolet (v. c. m.). — On peut demander si I avec des jours fériés. Comparez en ail. messe,
FON 221 FON
foire, qui est identique avec messe, messe, et Nord, on dit foncer p. se frayer un passage,
m. s., du BL. mduîtum, indulgence, jour
du7t, pr. s'enfoncer dans la foule. —
D. foncé,
d'indulgence. —
L'étymologie L. furum n'a couleur de fond, de couleur sombre ; fon-
pas de valeur. çaillcs, traverses du fond d'un lit ; composés :
2. FOIRE, norm. foiire, flux de ventre, du enfoncer, défoyicer.
L. foria, m. s. — D. foirer, -eur. FONCIER, voy. fond.
FOIS, vfr. fie, \tvo\. vetz, fetz, it. vece, FONCTION, L fu7ictio (fungi). D. fonc- —
csp., port, vcz, du L. vicis (« tiibus vicibus » tionnaire, fonctionnel, fonctionner.
= trois foi.s). Le v initial s'est durci en f.
Voir FOND, et avec conservation de l'ancienne
aussi le mot voie. finale s du nominatif, fonds. L'usage a nuancé
FOISON, yfv.fidson, du L. fusio (funderc), la signification des deux formes. Les deux
effusion, profusion. — D. foisonner. mots répondent au L. fundus, fond, base,
FOL, FOU, it. folle, v. esp. et prov. fol, fonds de terre, domaine, d'où fundare, fr.
ângl. fool, BL. follus. L'origine du mot est fonder. —
La forme fonds a communiqué l'i*
le L. follere, se remuer çà et là, qui vient (devenu c) à quelques dérivés, savoir foncer, :

du subst. L. follis, soufflet, pr. qqch. qui est prov. fonsar; foncier, qui tient au fonds;
toujours en mouvement de va-et-vient. Cette en-, défoncer. On remarque un r intercalaire
idée de mouvement, de ballottement, était dans le dérivé fondrer*, aller au fond (angl.
:

encore propre à l'anc. verbe foler, folier, foundcr), à'oixfondrier, fondrière, fo7xdrilles,
errer çà et là, marcher de côté et d'autre, effondrer (v. c. m.). —
Dans l'anc. langue, la
flotter, puis extravaguer, errer, mener une forme dominante était fons, tant au sujet
vie de débauche elle est encore sensible dans
;
qu'au régime ; ce n'est que plus tard qu'on
it. folletto, prov., cat. et fr. follet, t= lutin, établit une distinction de sens entre les deux
feu follet (cp. ail. irr-Jicht ,i>r lumière errante).
. formes. Voy. mes notes sur Jean de Condé,
En BL. on trouve d'aboi"d l'adj. follis, inùs fai- t. I, p. 459. L's final étant considéré comme

llis. —
D'autres admettent bien comme source radical, le dérivé fonser' foncer est tout
mais ils insistent
le L. follis, soufflet (vfr. foie), naturel.
moins sur l'idée de remuement que sur celle FONDAMENTAL, du L. fundamcntum (fun-
de gonflé de vent. C'est aflaire de goût ils ;
dare), fondement.
pourraient avoir raison, seulement, le terme FONDER, angl. found, du L. fundare {ivm-
feu follet ne s'y prête pas aussi bien. D. — dus). —
D. fondement, L. fundamentum;
follet, v. pi. h. folie, probablement un subst.
;
fondation, L. fundatio; fondateur, L. fun-
verbal du vfr. folier, être fou (l'anc. langue dator.
avait encore pour folie les formes folage, FONDRE, sens actif et neutre, L. fundere.
folour); folâtre, folichon; affoler (v. c. m.), La filiation des sens est répandre, d'où, d'une
:

FOLÂTRE, de fol, fou. folâtrer. — D. part, rendre liquide, mettre en fusion, d'autre
part, verser, renverser, tomber, se précipiter.

chon.
FOLICHON, de fol ; cp. barbichon, corni-
— D. folichonner. — D. fonte, d'un type L. fundita; fondeur,

FOLIE, voy. — Quant au sens


fol. « maison
-erie; fondiie; fondis et fontis.
FONDRIÈRE, du vieux verbe fondrer, s'af-
de tolérance » donné parfois à ce mot, il se faisser, s'enfoncer; voy. fond.
peut qu'il soit dû à une confusion avec feuil-
FONDRILLES, lie qui se forme au fond des
lic; cette conjecture s'est imposée à Littré
vases, voy. fond.
par des textes du moyen âge tels que « foleia :
FONDS, voy. fond.
quse erat ante domum ", « folia Joannis Mo-
FONGE (en médecine fongus), du L. fun-
relli «,
FOLIO, ablatif du L. /bZù«m, feuille on dit
f/us, champignon. —
D. foncer; fongueux, L.
fungosus, d'où fongosité:, fongineux, L. fun-

;

folio 3, la feuille trois, comme on


litt.
ginosus*, extension de l'adj. funginus.
dit numéro 3 au nombre trois. De là folio-
p. FONaiBLES (choses), L. res fungibiles (Di-
ter =
numéroter les feuillets. geste).
FOLLE, filet à larges mailles, du L. follis, FONGUEUX, voy. fonge.
pr. poche de cuir, puis soufflet. D. follier, — FONT, source, fontaine, du L. fons, fontis.
bateau pour pêcher aux folles. Quoique le subst. latin soit du genre mascu-
FOLLET, voy. fol. lin, le mot
français n'en est pas moins du
FOLLICULAIRE, du L. folliculus (follis), genre féminin, comme le prouvent encore une
1 . terme de mépris pour dési-
petit ballon 2. foule de noms propres, tels que Lafont, Rel-

;

gner un écrit sans valeur. Le mot ne dé- iefont, la Chaudefont, Fonfrède (fons frigida).
rive pas de foliwn, feuille, pas plus que le Dans fonts baptismaux, qui est la seule appli-
terme de botanique follicule, qui signifie pr. cation du mot qui nous soit restée, le genre
capsule, pochette. est également féminin, car l'expression re-
FOMENTER, L. fomentare, de fomentum monte à une époque où les adjectifs en al ne
(p. fovimentum, sub.st. de fovere), moyen de distinguaient pas encore les deux genres (cp.
réchauffer, calmant, lénitif. lettres royaux). Bien que cela ne rentre pas
FONCEAU, petit vallon, d'un type latin précisément dans notre cadre, nous citons
fundicellus (fundus). encore, dans la catégorie des mots latins en
FONCER, voy. fond; mettre au fond, faire ns ou rs, les changements de genre suivants :

le fond, fournir des fonds. Dans les patois du est devenu féminin le masculin dens, fr. la
,

FOR 222 FOR

dent; sont devenus masculins les féminins d'après exclusion ; il faudrait strictement far-
frons, le front, —
gîans, le gland, ars, le — closio)i,comme éclosion.
art, —
sors, le sort. —
D. fontaine, L. fon- FORER, prov. forar, it. forare, du L. fo-
tana* (de l'adj. fontanus). rare, percer. — D. foret.

FONTAINE, voy. font — D. fontainier et FORESTIER, voy. forêt.


FORÊT, forest', it. foresta, esp., portug.
De fontaine, L.
fontenier. fontana, les anato-
mistes chirurgiens ont tii"é le dim. fon-
et les floresta, prov. forest. Les documents de la
tanelle, litt. =
petite source; cp. aussi l'ex- basse et moyenne latinité portent indifférem-
pression analogue fonticide, L. fonticulus. ment forestis, forestc, forestus, forestum, fo-
FONTANELLE, voy. fontaine. resta, forasta. On désignait par là le bois

FONTANGE, nœud de ruban à la coiffure soumis au droit de cha.sso, mais non enclos
(en opposition à parcus, bois enclos, parc),
des femmes, du nom de la duchesse de Fon-
XIV. puis aussi les viviers de poissons. Ou fait
tangcs, une des maîtresses de Louis
généralement venir le mot de l'ail, forst, m. s.
1 . FONTE, action de fondre, voy. fondre. mais c'est le contraire qui parait être le vrai.
2. FONTE, fourreau de pistolet sur le devant Pour l'origine de forst, et par là de forêt, les
d'une selle; p. fonde, du prov., ital. funda, primitifs vha. foraha, pin (ail. mod. fohre) ou
poche prob ;
le même mot que funda,
fronde,
forahahi (ail. mod. forchach), bois de pins, se
qui se trouve, dans Macrobe, avec les accep- présentent fort naturellement, mais on ne se
tions de valise, sacoche. Pour le changement rend pas compte de la terminai.son en est.
de d en t', cp. démantibuler. Abandonnant la dérivation germanique, on
FONTS, voy. font.
s'estadressé au L. foris ou foras (notez qu'on
FOQUE, voy. foc. trouve à la fois les formes BL. foresta et fo-
1 . FOR, it. foro, esp. fiiero, juridiction, tri-
rasta), en se fondant sur un adj. forasticus =
bunal, du L. forum, barreau. cxterior, cité par le grammairien Placidus,
2. FOR-, préfixe, voy. fors. et formé à la façon de cras-tinus, rus-ticita.
FORAGE, terme de coutume, impôt sur les
La forme forasticus aurait été écourtée en
denrées, surtout sur les vins, du BL. forum,
forastis, forestis, et signifierait un lieu mis à
prix des marchandises. Voy. forfait 2. part, prohibé, rései-vé pour la cha.sso ou la
FORAIN, it. foraneo, forano, angl. forcign, pèche. A l'appui de cette manière do voir,
BL. forancus, syn. de extrancus, étranger, Diez rappelle, pour justifier la supposition
dérivé de l'adv. L. foras, dehor.^;. Le marchand d'un adjectif tiré de foras. Vit. forastico, sicil.
forain est un marchand qui vient du dehors. furestico, prov. foresgue, cat. feresteg, sau-
FORBAN, voy. sous ban. vage, rudo, puis vaudois forest, it. forestière,
FORBOIRE, anc. = boire avec excès [for, étranger, qui se rattachent sans aucun douto
préfixe de l'excès). Voy. aussi fourbu. à l'adv. fo7'is ou foras. La signification spé-
FORÇAT, forme prov. de fo7'cé; voy. force. ciale " bois réservé « s'est, avec le temps, géné-
1. FORCE, it. for:;a, esp. fuosa, prov. ralisée, comme il arrive souvent, et forêt est
forsa, BL. forcia p. fortia. Ce subst. est soit devenu synonyme de bois. —
D. forestier;
un dérivé de l'adj. fortis (cp. BL. falsia de enforester =planter en bois. —
Grimm, au mot
falsus), ou le subst. verbal du verbe fortiare forst, s'attache à démontrer l'origine germa-
(qui est le fr. forcer), verbe formé de fortis, nique du BL. forestis et tient ce terme pour
comme Bh. graviare, leviare de gravis, levis. un vocable introduit en France par les Francs.
— D. farcer; forçat, autr. aussi force', it. Il insiste surtout sur ce que l'extension du sen.s

forzato, esp. forzado, condamné aux travaux primitif « bois de pins » en celui de bois eu
forcés. général se pré.sentc encore dans le slave bor
2. FORCE, ciseau, voy. forces. (correspondant de l'ail, fohre) =
pinus et
FORCENÉ, mauvaise orthographe pour for- silva. Aussi le mha. tan, pr. bois de sapin, a
séné, prov. forsenat, it. fm'sennato, litt. hors signifié bois en général.
de sens; c'est un composé de for (voy. f&rs) et FORFAIRE, anc. it. forfare, prov. forfar,
le vfr. sen, sens, =
it. senno, v. esp. et prov. BL. foris facere, offendere, nocere, litt. faire
sen. Ce mot sen est le vha. sin (ail. mod. sinn), hors de (c.-à-d. contre) son devoir. Ancienne-
sens, sentiment. De là vfr. scné, prov. sénat, ment on construisait forfaire avec le datif do
sensé. Anciennement on avait aussi un verbe la personne; on di.sait aussi se /'or/'azre envers
forcener, forsener =
perdre la raison, d'où qqn. (cp. vfr. se mesfaire \cvs qqn.). Avec l'ace,
les subst. forcènement, mot employé par Cor- de la chose, le verbe signifiait " se rendre indi-
neille, et forcènerie. gne, se priver de la possession d'une chose
FORCEPS, mot latin, signifiant tenailles, par quelque forfait " p. ex. foi'faire son fief, de
,

pince. même en mha. ver-iciirken (auj. verwirhen),


FORCER, voy. force 1. Cps. efforcer, ren- ags. for-ryrcean. Ces analogies me suggèrent
forcer. la remarque que, selon mon sentiment, le pré-
FORCES, grands ciseaux, it. forbici, du L. fixe roman for, tout en se rattachant au L. fo-
forpices, forp'ces (plur. de forpex), tenailles, ris, doit avoir été appliqué sous l'influence du
ciseaux, Cp. herce' herse de hirpex, -icis. préfixe germanique goth. fair, fra, vha. far,
Diminutif forcettes. flr, fer, mha., nha. et néerl. ver, ags., nord,
FORCLORE, it. forchiudere,^^ L. forts clau- et angl. for. Les idées se correspondaient. On
dere; synonyme de exclure. D. forclusion, — ne saurait contester les influences germaniques
FOR 223 FOS
qu'ont subies même les éléments latins de la petit, qui ne donne que la sensation d'un four-
langue française. —
D. forfait, BL. forisfac- millement).
tum, forfaiture, BL. forisfactura. FORMIDABLE, L. formidabilis (de formi-
1. FORFAIT, crime, voy for faire. dare, redo'itor, formido, crainte).
2. FORFAIT, dans « vendre ou acheter à FORMULE, L. formula (forma). D. for- —
forfait »», à foi'fait est une concrétion de à for midaire, L. formularium ; formuler.
fait, c.-à-d. à prix fait. Ce for «= prix est le FORNIQUER, L. fomicare (de fornix, pr.
L. forum (marché), qui, au moyen âge, signi- voûte, puis mauvais lieu). —
D. fornicateur,
fiait « pretium rerum venalium ». (voy. plus -ation, L. fornicator, -atio.
loin fur). Cette étymologie n'est pas mention- FORS, hors ; cette préposition, correspon-
née par Littré; mais il en présente une autre, dant à it. fuori, fuora, esp. fuera (anc. fueras),
qui pourrait l'emporter. Dans un texte du prov. foras, fors, est l'adv. latin foras ou
XVI® siècle, on trouve la forme retournée foris, qui est venu, dans les langues néola-
fayfort, d'où il conclut que forfait vient de tines, se substituer au latin classique extra,.
se faire fort de, s'engager à. La forme fors n'est plus d'usage depuis le
FORFANTERIE, hâblerie. Ce mot n'est pas, xvi^ siècle; mais tout le monde connaît le
comme l'ont avancé quelques-uns, l'it. fur- mot de François l^'", après la bataille do
fantaria, déiùvé de l'it. furfante, qiii signifie Pavie « tout est perdu fors l'honneur » Par
:
, .

tout autre chose, savoir coquin, fripon; j'ai- le changement de l'aspirée labiale en aspirée
merais mieux y voir un dér. de l'esp. farfante, pure — changement fréquent en espagnol et
rodomont, ou d'un type foris-fari, parler avec en valaque, rare en français (cp. vfr. harouce
excès. Mais d'autres explications se présen- p. farouche, wallon horbi p. fourbi) fors —
tent. Enwallon, forfaut veut dire prodigue, est devenu hors. —
Le fr. fors, avec retran
beau, magnifique, et Grandgagnage y voit le chôment de Y s final, a été, comme le L. extra,
part. prés, du verbe wall. forfer (= fr. for- employé comme préfixe; il exprime comme
faire), dépenser, cp. ail. ver-thun. De l'idée tel exclusion, écart, abandon de la ligne
prodigue, magnifique, à celle de hâbleur, tracée, excès. Il devient ainsi souvent syno-
vantard, la transition est facile. Un autre nyme du préfixe mes, mé. Voici les prin-
mot wallon encore se rapproche beaucoup cipales de ces compositions, dont plusieurs
du sens et de la forme de forfanterie : c'est appartiennent au vieux langage forbannir :

forvanttse, fanfaronnade; fo)'vanter, c'est se (voy. ban), forboire (voy. fourbu), forcené (v.
vanter outre mesure. On pourrait fort bien c. m.); forclore,forconseil 1er, mal conseiller,
admetti'e xme dégénérescence de forvanterie forcompte =
mécompte, fo7'faire (v. c. m.),
en forfanterie amenée par Tinfluejice de Vf forhuer, sonner du cor pour rappeler les
initial. On a bien fait fois de vicem. Littré se chiens, forjeter (se), sortir de l'alignement,
prononce pour l'origine italienne, en allé- forjuger, mal juger, aussi débouter qqn. do
^lant que le sens italien se trouve dans les son droit, forlancer, lancer une bête hors de
exemples du xvi'' siècle qu'il a cités et que le son gite, forligner, dégénérer, forlonger.,
passage du sens coquinerie au sens actuel ne traîner en longueur, formarier, .se mésallier,
doit pas faire difficulté. forpaiser, anc. forpaïser, quitter son gîte,
FORGE, FORGER, voy. fabrique. — L'esp. forpaitre (d'où forpaisson), chercher sa nour-
a forja et forjar, mais l'a conservé dans
s'est riture loin de son gîte, fortraire, faire sortir,
le Tprov. farffa, fargar et dans le nom propre soxistraire, aussi excéder de fatigue, forvoyer,
La Farge. — D. forgeron (cp. btlcheron, auj. fourvoyer (v. c, m.), forvétu (orthogr.
vigneron). vicieuse fort- vêtu), vêtu hors de sa condition,
FORIÈRE, terme d'agriculture, terre = au delà de ses moyens.
qui forme ceinture des champs, aussi
la FORT, adj. et adv., L. fortis. D. fort —
lisière d'un bois. Nous pensons avec Grandga- (subst.) =
place fortifiée, dim. fortin; forte-
gnage que ce mot représente un type latin resse, vfr. fortelesse, prov. fortalessa, esp.
foi-aria, de foras, en dehors. D'autres, lui fortaleza, du BL. arx, castrum ;
fortalitia,
prêtant le sens de pâturage, le placent dans force (v. c. m.); adv. fortement.
la famille de fourrage, fourrier (voy. feurre). FORTE, t. de musique, de l'it. forte, avec
FORJET, subst. verbal de forjeter; voy. force; au superlatif fo7'tissimo.
fors. FORTERESSE, voy. fort.
FORLIGNER, dégénérer, litt. aller fors (c.- FORTIFIER, L. fortifcare (rendre fort).—
à-d. hors) de la ligne (= lignage). D. fortification.
FORLONGER, s'éloigner voy. fors. FORTIORI formule latine, à plus forte
(A),

;

FORME, L. forma. D. former, L. for- raison, litt. " en partant d' [un argument]
mare, formateur, -ation, L. formator, -atio ;
plus fort ».
format, L. formatum; formel, L. formalis ;
FORTRAIT, de fortraire, voy. fors.
formule, L. formula. FORTUIT, L. fortuitus [fors).
FORMEL et formai, L. formalis. De là : FORTUNE, L. fortuna (fors). — D. infor-
formalité, formalisme, -iste; se formaliser, tune, L. infortunium ;
fortuné, L. fortunatus,
pr. s'attacher aux formalités, et s'offenser opp. infortuné.
quand on les croit négligées. FOSSE, creux dans la terre, L. fossa (part,
FORMIGANT, -ATION, du L. formicare passé de foderc, creuser). —
D. fossette, dim. ;
(Pline : venarum formicans percussus, pouls fossé, vfr. fosset, prov. fossat, it. fossato, BL.
FOU 224 FOU
fossatiun, du partie, latin fossatus defossare FOUGÈRE, anc. feugùre, fcuchière, wall.
(fossa), faire une fosse ; fossoyer, d'un type fechère, du L. filicaria', dér. de fdix, fdicis
fossicare. (type de l'it. fclce). — D. fougcraic.
FOSSÉ, fosse creusée en long, voy. fosse. FOUGON, prov. fougon, it. focone, cuisine
FOSSILE, L. fossilis, pr. enfoui dans la de vaisseau, de focus, foyer.
terre {fossum, supin de foderc). — D. se fos- FOUGUE, directement de l'it. foga, ardeur.
siliser. Ce dernier (dans la Romagno et à Crémone
FOSSOIR, L. fossorium", instrument à fuga) est le L. fuga, fuite, précipitation,
creuser (de fossum, supin de fodere). zèle fuga, vivacité. Pour admettre
cp. esp.
FOSSOYER, voy. fosse. — D. fossoyeur. ;

une dérivation de focus, feu, chaleur, il fau-


1. FOU, adj., voy. fol. drait en it. la forme fuoca ou fuoga. D. —
2. FOU, au jeu d'échecs, du persan fd, fougueux.
éléphant (dans l'ancien jeu, le fou était fij^ui'é FOUILLER, du L. fodiculare', diminutif
par un éléphant). Avec l'article al, le mot /// de fodicare {voy. fougei'). D. fouille, subst. —
a donné l'esp. alfd, arfd, port, al fil, arfir, verbal; fou.illis{\a, terminaison is marque ici,
it. alftdo, aussi alfierc, vfr. aiifin, BL. alphi- comme ailleurs, le résultat de l'action).
niis. Pour
devenu fou, cp. fov.r/cre de fit-
fil 1. FOUINE, martre des hêtres, vfr. fayne
carius. D'abord fd a donné feu; la mutation (en rouchi ftoène, fiorène, wallon fawcive),
en fou se présentait d'autant plus naturelle- it., prov. faina, cat. fagina, n. prov. fa-
ment que l'on y voyait une allusion aux fous guino, fahino, BL. fagina; l'esp.fuina est
de cour. Les Anglais nomment la pièce que un emprunt au français. D'après Adeluug, de
nous désignons par fou bishop (évoque) les ; l'ags. fag, fah, ail. feit, fech, adj., de couleur
Allemands, làufer (coureur). bigarrée (également nom d'une espèce d'écu-
3. FOU, nom du hêtre en vfr. et dans plu- reuil); mieux vaut rapporter le mot, dans ses
sieurs patois, variété de fau. Du L. foffus, diverses formes, à L. fagus, hêtre, fr. fou, par
hêtre.Voy. aussi fouet. l'adjectif /a/7J»i£4". Nous avons déjà rencontré
FOUACE, dans le Midi aussi fougasse, sorte ag converti en ou dans fou, hêtre, et fouet.
de pâtis.sei*ic en forme de galette, it. fccac- = — D. fouina', s'esquiver comme la fouine;
cia, esp. hogaza, BL. focacia, panis sub peut-être aussi le genevois fouiner, rouchi
cinere coctus; du BL. focus, feu. fougncr, fouiller (la terre), cp. fureter de
FOUAGE, BL. focagium, census pro singu- furet.
lis vassallornni focis, redevance sur les feus. 2. FOUINE, espèce de fourche pour éle-
FOUAILLE, t. de vénerie, curée, BL. focale; ver les gerbes en tas, espèce de trident pour
le mot vient du feu (focus) sur lequel cette percer les gros poissons, prob. d'un type
curée se fait. fodina, de fodere, creuser, fouiller ; selon
POUAILLER, voy. fouet. — Dans le sens Littré, du L. fuscina, trident, par fusne,
« détruire par ce verbe vient de
l'artillerie »>, focnc, fouine (filiation de formes peu proba-
focus, feu, et signifie pr. brûler. ble).

1. FOUDRE,prov. foldre, fohcr, du L. FOUIR, du L. fodere (cp. p. la finale, L.


fulffur (d'où d'abord foire, foldrej, it. folgorc. traderc, fr. traïr' trahir).
— D. foudroyer (cp. L. fidgurire, çaxt. ful- FOULARD, nom d'un taffetas des Indes ; le
guritus, == foudroyé). mot est-il oriental, ou vient-il de fouler ?
FOUDRE, dans « foudre de vin », de
2. FOULE, it. foUa, fola, esp. folla, pr. =
fuder, flam. voedcr, pr. charretée, puis
l'ail, pi'esse, dérivé de fouler, presser. Cp. it.
mesure de capacité. Cidca, m. s., du L. calcare, fouler.
FOUDROYER, voy. foudre 1 .
FOULER, it. follare, esp. hollare, prov.
1. FOUÉE, chasse aux petits oiseaux, à la folar, d'un verbe latin inusité fullare, à sup-
clarté du feu ; dô focus, feu. poser d'après le subst. fullo. D. foule, —
2. FOUEE, feu pour chaufifer un four ; de grande multitude m.); le sens primi-
(v. c.
focus, feu.^ tif presser, fouler, est encore sensible dans
3. FOUEE,
fagot, petite provision de bois cette phrase « Les impôts sont la
: foule
à brûler également de focus, foyer, feu en
; des habitants de cette province " ainsi que
partant du sens de ramée, on pourrait aussi
;

dans " la foule des draps >•; foulon, it. — ;

bien y voir un dérivé de fou, hêtre (v. c. m.). follone, L. fullo, -onis, — fouleur, -erie, -oir,
FOUET, diminutif de fou, hêtre à lorigine ;
ure. — Cps. refouler. — L'anc. verbe affo-
= faisceau de verges, acception encore pro- ler, blesser,a été tiré, par Diez, de notre fou-
pre au mot dans le Hainaut de là s'est déve- ;
ler; mais cette manière de voir n'est plus ad-
loppé le sens baguette, verge pour frapper. mise voy. affoler.
;

Du radical fou vient encore fouaille (en cham- FOULQUE (cacographie moderne p. fouque),
penois — fagot, botte), d'où foiiailler, verge- genre d'oiseau aquatique, prov. folca, it. fo-
ter. — Un autre
dérivé analogue de fagus lega, du L. fulica. — De là prob. fouquet,
est fouenne p. faîne, L. fagina. =
D. — hirondelle de mer (v. c. m.).
fouetter. FOUPIR, vfr. feupir, chiffonner, friper; du
FOUGASSE, t. de guerre, de focus, feu. vfr. feljye, friperie (cp. norm. feiipes, mauvais
FOUGER, du L. fodicare, fod'care, D. — vêtements); felpe est une forme variée de ferpe
fouge. (voy. fripe).
FOU 255 FOU
FOUQUET, 1. hirondelle de mer, 2. ancien myrméleon (les LXX ont /j.vp/j.-ti/oiio>-j, de
nom vulgaire de l'écureuil. Litti'é « dimin. :
lj.\jpft.nK-> fourmi, et )iwv, lion).
de Foulque, nom propre les noms propres ; FOURMILLER, voy. fourmi, 1. abonder;
sont plus d'une fois devenus des noms d'ani- 2. démanger (cp. L. formicare; voy. aussi
maux. » Le premier sens, toutefois, ne s'ac- démanger, où, à propos de la citation du L.
commoderait-il pas mieux de l'étymologie verminare, nous aurions encore pu citer l'esp.
foulque (v. c. m.)? Quant au sens écureuil, je gusanear, m. s., àegusano, ver).
ne le trouve pas consigné dans Godefroy. FOURNAISE, prov. fornas, it. fornace,
FOUR, vfr. for, forn, prov. forn, du L. esp. hornasa, du L. fornax, -acis (furnus).
furnus. — D. fourneau, forncV, it. fornello; FOURNEAU, FOURNIER, FOURNIL, voy.
fournée, -âge, fournier, L. furnarius, bou- four.
langer; fournil, verbe enfourjier, defourner. FOURNIR, angl. furnish, it. fornire (aussi
FOURBE, adj., it. furho, du verbe fourbir; fronire, frunire), esp., port., prov. fornir. En
cp. loolisson, àe polir (voy. aussi le mot filou). prov. on trouve aussi formir, furmir, au sens
C'est par une métaphore semblable que le d'achever, exécuter, satisfaire; c'est sans
grec a produit les expressions l-jirpi.fj./j.ci, aucun doute, observe Diez, le même mot que
;zsplTpi/jif/.«, homme rusé, fin, du verbe rplZu-j, fornir, fornire, puisque ce dernier a une va-
frotter. — D. fourbe (subst.), fourber, four- leur identique en it., en esp. et même en
berie. — L'étymologie tirée du L. furvus, finançaisII faut donc admettre soit un chan-

noir, sombre, admissible au besoin quant à gement de m en n ou de n en m, ce qui des


la lettre, se refuse pour le sens. deux manières est rare dans le corps des
FOURBIR, angl. furbish, it. forbire, prov. mots. Une forme accessoire du prov. formir,
forbir, du vha. fwban, nettoyer, frotter. — savoir fromir, étant prise pour la plus an-
D. fourbe (v. c. m ). cienne, Diez est amené à poser pour source
FOURBU, forbu, part, passé de l'anc. verbe de notre mot le vha. frumjan, mettre en
for-boire, boire outre mesure ou hors de sai- avant, faire avancer, accomplir, produire.
son; de là le subst. fourbure.La maladie des Donc frumjan —
frotnir formir —fornir —
chevaux ainsi nommée exprime pr. un rhu- — fournir. Cette dérivation est certainement
matisme provenant d'avoir bu en état d'échauf- plus plausible que celle du président de
fement. Cette définition n'est plus satisfaisante Brosses, qui pensait à furnus, four. Après •«

aujourd'hui; mais notre étymologie n'en est que la farine est cuite au four, dit-il. le pain,
pas moins valable, elle se rappoi'te à une pre- aliment nécessaire, est la principale provi-
mière représentation de la chose. sion dont on a soin de fournir sa maison.
FOURCHE, prov., it. força, angl. forh, du Mais on généralise cette expression fournir.
L. furca. — D. fourchet, fourchette, fourchon, '
On l'emploie pour apporter des provisions
fourchu, fourcher, enfourcher. Le latin /icrm quelconques, se pourvoir de quelque chose
est en outre le primitif de fourr/on 1 outil de . que ce soit. » —
D. fournissement (la forme
boulanger, 2. chariot à fourche (it. for cône, fourniment est analogue à garniment, gar-
esp. hwconej\ ainsi que de fourcat, terme de nement, anc. équipement), fournisseur, four-
marine, = varangiie dont les branches font niture.
la fourche. L'ancien fr. avait aussi un verbe FOURRAGE, voy. feurre. — D. verbe four-
furgier, remuer, fouiller avec une furca ou rager, adj. fourragère.
qqch. de semblable [furgier les dents, les cu- FOURREBUISSON, nom d'oiseau; selon
rer); cp. l'it. frugare (p. furgare), fouiller, Meunier = qui fourre (c.-à-d. qui fourrage),
sonder. le buisson. Pour l'anc. verbe fourrer (it. fode-
FOURCHE-FIÈRE, fourche à deux dents; rare, esp. forrar), voy. sous feurre.
Darmesteter repousse avec raison l'explication FOURREAU, forrel\ BL. forellm, dé-
vfr.
de ftcre par ferra (de fer); il ne peut s'agir rivé du vfr. fuerre, forre, gaine,
fourreau (it,
que de férus (fier) au sens de fort. fodero, esp. forro), d'oii aussi le verbe fourrer,
FOURDAINE, nom vulgaire du prunellier. doubler, prov., cat. folrar, esp., port, forrar,
En vfr. et dans les patois, fourdine signifie le it. foderare. —
Le primitif forre, fuerre, re-
ou du prunier des haies
fruit de l'épine noire présente le goth. fodr, vha. fuotar (ail. mod.
Nicot écrit fourdrine, Cotgrave de même. — ;

fidter), gaine, enveloppe, doublure, pr. chose


Cachet cite du Roman de Perceval « si œl : qui contient.
furent noir comme fordinc. » Quant à l'éty- FOURRER, voy. fourreau. Ce verbe exprime
mologie, nous n'en savons rien. 1 garnir, doubler, envelopper, 2. mettre une
.

FOURGON, voy. fourche. D. fourgonner,— chose dans une autre, introduire. D. fourré —
remuer avec le fourgon. d'un bois, endroit où ce bois est très garni,
FOURMI; ce mot était autrefois, et est très épais; fourreur; fourrure, BL. forratura.
encore dans les patois, du genre masculin et FOURRIER, BL. fodrarius, àc forre, feurre,
répond à un type latin forinicus (cp. fétu de voy. feurre. Les fourriers étaient d'abord des
festucus p. festuca). Le féminin for?nica a officiers chargés des fourrages et de l'appro-
donné l'ancienne forme forinic, foiirmie. — visionnement. —
Le même primitif forre,
D. vfr. forime7', =
h. formicare; fourmiller, fourrage, nourriture, a donné fourrière, dans
d'un type formiculare ; subst. fourmilier, « mettre un cheval en fourrière », et fourrière,
fourmilière =
{ovra\c\\\avi\\?., -ia; fourmillo)i. lieu où l'on renferme les provisions.
Composé fourmi-lion; le terme savant est FOURRIÈRE, voy. fourrier.

15
FKA 220 — FRA
FOURRURE, pruv. fulradura, voy. fourrer. ponere, apaiser. —
Le sens de fredum s'est,
FOURVOYER, forvoyer, -- mettre /ors la avec le temps, généralisé on la employé :

voie, égarer, induire eu erreur. — D. fourvui. pour taxe, redevance, dépense de tout genre.
FOUTBAU, nom vulgaire du hêtre. Selon Lit- Le mot est distinct du subst. frait. fret (v. c.

tré, du L. fayus, vfr. fou, fo, feu, par un type m ),dépense pour la location d'un navire.
fat/itelhis. Ce type est inadmissible; mieux L'orthogr. fractum, dans le latin du xiv" siè-
vaut, avec Diez, voir dans /bureau une variété cle, repose sur l'analogie de vfr. frait --^ frac-
de forme, avec t intercalaire, du rouchi foiau tus, brisé. —
D. adj. frayeux, verbe vfr.
(= fagellus'). A l'appui de cette explication, fraier. dépenser (d'où frayant, coûteux), dé-
on peut norm. foutille, faine. Pour
citer le frayer.
l'emploi dans un but de dérivation, cp.
du t 2. FRAIS, adj., fém. fraîche, vfr. fresch,
cloutier de clou, feutier de feu. D. fou- — fres, frec, fém. fresche, it.,esp., ])ovi. frcsco,
telaie. prov., cat. fresc, wall. friss; du vha. frise
FUYARD, hêtre, dér, de fou == L. fagus; (ail.mod. frisch), néerl. versch, ags. fersc,
cp. en picard foyau. angl. fresh, cymr. fresg, bret. fresh; la suc-
FOYER,prov. foguie^', du BL. focarium, cession des sens, en ail., est recens, crudus, :

dérivé du L. focus, foyer (en BL. feu). = vegetus, subfi'igidus. —


D. fraîcheur, fraî-
chir, rafraîchir, fraîche (terme rural).
FRAC, ail. frach, polon. frac. Mot d'origine
1. FRAISE, fruit, directement d'un type
obscure.
latin frayea, dér. de fragutn (it. fraga, wall,
FRACAS, subst.
FRACASSER, it.
verbal de fracasser.
fracussare, esp. fracasar. frève). —
D. fraisier.
2. FRAISE, t. de boucherie, rouchi frasse,
Ce mot a probablement pris naissance en
Italie, et doit s'analyser par fra-cassare, litt.
BL, frassa; variété de frise (v. c. m.). Cp.
le terme équivalent ail. gekrôse, pr. frisure.
opérer une brisure au beau milieu d'une
3. FRAISE, collet plissé do frise (v. c. m.).
chose, la briser en morceaux (cp. une compo-

;

sition analogue dans le L. interrumjjere ; it.


D. fraiser; dim. fraisette.
fra =infra a la même valeur que L. inter). FRAISER, plisser, de fraise 3. Dans fraiser
la pâte, fraiser dos fèves, le mot vient du L.
Daiitres ont pensé à une combinaison de fran-
gere avec quassare. l'ne décomposition en fresus (frendero), brisé, concassé.
radical frac (= frangerc) \- suffixe ass est FRAISIL, menues parcelles de cliarbon
inadmissible, selon Uiez, l'italien ne connais- restant après combustion, peut-être de fraiser,
sant pas ce sutîixe. —
Caix analyse le mot par briser (voy. l'art, préc). Le type fractillum,
conjecturé par Littré, est inadmis.siblo.
frac -\- quassare. Quant à frac, il y voit soit
un produit de frangere, soit le thème flac de FRAISSE, aussi frèche, nom vulgaire du
paccus. —
D. fracas, it. fracassa, esp. fra' frêne, esp. frexo, port, freixo, prov. mod.
fraissi', du L. fraxiis, primitif de fraxinus.
caso.
FRACHOIR, petit râteau pour égrapper la FRAMBOISE, wall. frombahe, frambàhe ;
vendange, prob. d'un subst. prov. frachm', selon Dioz, du néerl. braambezie, vha. bràm-
qui, comme fracha à fracta, frachura à frac- beri (ail. mod. brombeere), composé de beri
tura, répondrait à L. fractorium, brisoir. fnéerl. besie) =
baie, et du vha./j7*«mo, mha.

Pour ch p. et, cp. fléchir. brame, arbuste épineux. Le b initial s'est


FRACTION. L.fractio (frangere). — D. frac- changé en f, prob. sous l'influence du mot
fraise, (jirandgagnage décompose le mot en
tionnaire, fractionner.
vha. fram, from, utile, bon, -f- goth. pasi,
FRACTURE, vfr. fraiture, L. fractura {fran-
gere). — D. fracturer. .
holl. besie. Bourdelot interprétait fautive-
ment framboise par fragum bosci, fraise do
FRAGILE, L. fragilis (frangere); le même bois. La forme française a donné naissance à
primitif a donné à l'ancien fonds le mot frêle;
d'abord fraile (angl, frailj, puis frêle, frcsle
esp. frambnesa. — D. framboisier.
FRANC,
[s parasite), frcle. — D. fragilité, L. fragi-
1. esp., port, franco,
adj.,
it. ,

prov. franc, libre, sincère, loyal ; du vha.


litas.
franco, libre, le même adj. qui a donné le
FRAGMENT, L. fragmcntum (frangere). nom au peuple des Francs. Contrairement à
FRAGON, petit houx; d'origine inconnue. cette étym., patronnée par Grimm, Diefcn-
FRAI, subst. verbal de frayer 2 (v. c. m.;. bach juge l'origine de franc plutôt celtique
FRAÎCHEUR, voy. frais 2. que germanique. —
Les Francs ont donné
FRAIRIE. voy. frère. leur nom à la France, L. Francia, d'où fi'an
1. FRAIS, subst. plur. siugul. vfr. fruit,
; ceis, français, français =
L. francensis ou
du BL. fredum, pr. l'amende à laquelle était franciscus, puis le verbe franciser, De —
condamné celui qui s'était l'endu coupable l'adj. franc dérivent : franchise, it. fran-
d'avoir troublé la paix publique d'après Du- ; chezza, esp. franqueza; —
franchir, prov.
cange compositio qua fisco exsoluta reus
: franquir, pr. s'affranchir, se débarrasser d'un
pacem a principe exsequitur. On fait donc obstacle, traverser(cp. L. liberare 'flumen dans
venir fredum du vha. fridu, paix (ail. nwd. Hygin); enfin la locution populaire à la bonne
friede). Cette relation entre fi'editm, pr. ac- franquette.
quittement de l'amende, et l'ail, fridu, paix, 2. FRANC, monnaie ; tire son nom de la
rappelle celle qui existe entre fr. payer et L. figure d'un Franc ou Français à pied ou à
pux, entre BL. cùmposilio, amende, et corn- cheval, qu'il représentait dans l'origine.
. .

FRA — 227 — FRÉ


FRANÇAIS, voy. franc. (encore dans Littré) au sens de libertin, cou-
FRANCHIR, voy. franc; cps. affranchir = reur. —
D. subst. verbal frappe.
rendre franc. FRASER, variété formale de fraiser.
FRANCHISE, voy. franc. FRASQUE, action extravagante, imprévue
FRANCO, forme it. de l'adj. franc, = sans et faite avec éclat, tour malin, de l'it. frasca,
frais. pr. feuillage, branchage, puis baliverne, farce.
FRANGE (d'où it. frangia, csp. franja, ail. — Sur la parenté possible de l'it. frasca avec
fransé), à'&hord frinr/e (qui est encore la l'ail, fratx; (bouffon), voy. Grimm, Dictionn.,
forme anglaise, cp. wall. frinche, sicilien IV, l,p. 68.
frima)'., du L. jimbria, extrémité, bord, FRATERNEL, L. frater nalis, extension de
transposé en frimbia (en valaque on dit encore fruternus (frater); de ce dernier subst. fra-

:

frimbie). D. franger, frangeon. ternitas, fr. fraternité, et verbe fraterniser.


FRANGIPANE, de l'it. frangipana. Nous FRATRICIDE, vfr. frerecide, subst. de la
ne hasarderons aucune conjecture sur le nom personne, L. fratricida; subst. abstrait de la
de la pâtisserie dite frangipane, pas même chose, L. fratricidium (fratrem cœdere).
celle de frangere panem, qui se présente en FRAUDE, L. fraus, fraudis. —
D. frauder,
première ligne. En tant que signifiant une L. fraudare; fraudeur; frauduleux, L. frau-
espèce "de parfum (" pommade à la frangi- dulosus.
pane »), le mot vient, dit-on, de l'inventeur, FRAXINELLE, du L. fraxinus, frêne.
le maréchal marquis de Frangipani Il se . FRAYANT, voy. frais 1
peut que la pâtisserie ait été nommée d'après 1. FRAYER un
chemin, bourg, froyer ; ce
le parfnm. mot peut s'expliquer soit par une altération
FRANQUETTE (forme picarde p. fran- du vfr. froer, briser (cp. fr. brisée et le mot
chette), voy franc. route =
rupta), lequel parait identique avec
FRAPPER, prov. frapar. Diez y voit le nor- le verbe froyer frayer de l'art, suiv., soit
dique hrappa, rudoyer, faire la leçon. L'exis- par une dérivation irrégulière et populaire
tence du mot anglais (dialectal) frapje == faire de l'anc. participe frait =
fractus, brisé.
des repi'oches, lui fait supposer que le fr. 2. FRAYER, frotter, anc. froyer,
angl. fray,
frapper a dii à Torigine avoir une significa- it. fregare, esp., port., prov. fregar; du L.
tion semblable. Nous avons quelque peine à fricareic^. ployer deplicare). Notez les accep-
croire qu'un mot exprimant une idée aussi tions spéciales dans « frayer avec qqn. », pr.
matérielle que taper, battre, puisse avoir eu se frotter à lui, puis dans l'application qui a
pour primitif immédiat le nom d'une action été faite de ce mot à l'acte de génération des
rentrant dans l'ordre moral. A la vérité, le poissons. —
D. frai, 1. diminution du poids
mot moral remonter à une représenta-
doit des monnaies, par l'effet du frottement, 2. ac-
tion physique à ce titi'e, l'avis de Diez ne
; tion de frayer (en pari, des poissons); /Va^t're,
doit pas être repoussé en principe, et dans lieu ou -saison où les poissons frayent frayoir, ;

notre cas le L. increpare àecrepare présente- frayure (termes de vénerie).


rait un exemple d'une métaphoi'e analogue. FRAYEUR, vfr. froior, prov. freior, du L.
Mais il nous semble qu'il faudrait du moins frigor, froid, frisson. —
Il est aujourd'hui re-
démontrer pour frapper Ve-s.ïëtence réelle d'un connu par la science que ce subst. est étymo-
correspondant exprimant faire du bruit, et logiquement indépendant du verbe effrayer
Diez, à cet effet, ne cite que l'angl. fraple, (v. c. m.). Quant à son radical, les opinions

d'où frape (vfr. frapyin, frapaille), qui signi- sont encore partagées entre fragorern (cra-
fie assemblée. Nous préférons une dérivation quement) et frigorem.
du bas-allemand fiappen, angl. flap, frapper FREDAINE, mot d'origine inconnue; à coup
avec qqch. de plat. On trouvé du reste dans sur il ne vient pas de fraudana idér. hypo-
la vieille langue fiaber, fiauber, en wall. fla- théti(iue de fraus, fraudis), comme le propo-
bauder, = battre. La permutation de Z et r sait Furetière. D'autres invoquent le BL. fre-
est ordinaire. — L'italien aie werhe frappare dare (de fredum, voy. frais) =
multam exi-
avec le sens de découper, hacher, subst. gere, d'où aussi molestare, vexare; cela ne
:

frappa, lambeau. Ce dernier peut avoir dé- nous sourit pas davantage. Mieux vaudrait un
terminé le verbe sinon, on serait autorisé à
;
adj. fredanus, digne d'amende. Littré pro-
voir dans frappare, couper, un transport de pose dubitativement le bourg, vredai, aller çâ
sens analogue à celui qui a produit couper et là, ou fredoji, la fredaine étant à la con-
à&coup. Quant à frap)iKi, lambeau, on pour- duite ce que le fredon est au chant.
rait aussi le rapprocher de l'angl. flap, pan FREDONNER (subst. fredon). Ce mot rap-
d'un habit (cp. le champenois /î-a/)ouz7Ze, gue- pelle par le l'adical fred, le L. friti>inire, ga-
nille). — N'oublions pas de rappeler que zouiller, mais il pourrait bien être un produit
dans l'ancienne langue, fraper signifiait aussi naturel, imitant le roulement et le tremble-
<• courir », d"où le subst. frapier dans les ment de la voix
locutions fréquentes " se mettre au frapier » FRÉGATE, it. fregata, esp., port., cat.,
(se metti'e à la course), et à frapant (à la napol. fragata. On trouve cette dernière
course). C'est à cette valeur-là (pr. » battre forme déjà chez Jayme Febrer, poète de Va-
les routes >•) qu'il faut peut-être rapporter le lence. Diez pense que le mot pourrait être
collectif /J'opm'Z/e, « gens de rien », vagabonds une forme contractée de fabricata (d'abord
(cp. ail. fahrendes volh) et aussi frapjpai't fargata, puis fragata)-., il rapproche it. lasti-
,

FRÈ 228 FRE

niento, fr. bâtiment = navire. Chevallet invo- FRESÂIE, p. presaie (forme usuelle en Poi-
que le V. allera. fûrge, fei'(/e, nacelle, barque, tou), on Gascogne bresague; du L. prœsaga,
dan. faerge. L'étymologie de Jal, gr. «vpaxra, qui présage le hibou est un oiseau de mauvais
;

bâtiments non pontés, est encore moins admis- augure; on l'appelle aussi pour cette raison
sible. —
Roulin (Littré, suppl.) tient frégate effraie.
pour une altération de rabo forcado (queue FRÉSAN6E, anc. fresanche, fressange,
fourchue) et forcado tout court, signifiant fraissangue, BL. friscinga, 1. jeune porc,
d'abord un oiseau, puis par métaphore un 2. redevance d'un cochon de lait imposée aux
bâtiment de mer. —
D. frégaton. fermiers de la glandée du vha. frishing, vic-
;

FREIN, L. frcnum. tima, porccUus (ail. mod. frischling, jeune


FRÉLAMPIER, homme de peu, vaurien; animal, marcassin). Le prov. actuel a fraysse,
mot allumeur
altéré, dit-on, de frîre lampier, jeune porc.
de lampes, métier peu considéré dans les cou- FRESCADE (anc.) = air frais; de Vit. fresco
vents. = frais ; loc. être à la frescade, prendre l'air
FRELATER, anc. fralaicr, genevois ferla- frais; les patois disent à la frisquette.
ter,propr. transvaser, puis altérer, mélanger; FRESQUE, terme de peinture, do lit. fresco
d'après Diez, de l'expr. néerl. icijn verlaeten (correspondant du fr. frais, v. c. m.). La
transvaser du vin (Kiliœn : elutriare vinum). peinture al fresco .se fait sur un enduit encore
FRÊLE, voy. fragile. frais do chaux et de .sable combinés.
FRELOCHE, poche de gaze pour prendre FRESSURE, genevois fresure, froissure;
des insectes volants; prob. le même mot que d'après Littré, du HL. frixura, friture. Cette
frcluchc. étymologie convient pour la lettre (Littré cite
FRELON (dialectes frulon, foulon); d'après vfr. fressoir =
L. frixorium); pour le .sens je
Diez, prob. un dérivé de frôle, qui auti'efois préfère fraysse (jeune porc) mentionné sous
signifiait aussi mince, grêle; le nom viendrait fresangc; le mot signifierait ainsi à l'origine
de la structure effilée de cet insecte; celui-ci cochonnade. Il se peut aussi que fresure
s'appelle en Beri'y grêlon, dérivé de grêle, et vienne de frese' fraise, en tant que terme de
en IS'ormandic l'insecte dit demoiselle porto boucherie (voy. ce mot); l'ail, dit pour fraise
également le nom de frêle. Comme nom — gehrôs, et pour fressure geschlinge, deux ex-
du petit-houx ou hou.sson, le mot parait, pressions presque synonymes, Iiuggo(Rom.,—
selon Littré, altéré de fregnon (qui se disait IV, 355) patronne le type frixatura (friture),
pour fragon), par assimilation au nom de et compare, pour le sens, le synonyme esp.
l'insecte. asadura, de asar, rôtir. Le foie et d'autres
FRELUCHE, freluque\ freloqite', selon Diez, parties de la fressure sont souvent frits, la
écourté àe fanfreluche; Littré préfère y voir plus grande partie étant cuite.
un composé du préfixe fre, fer, fra et loque. FRET, anc. aussi frait, port, frète, esp.
— D. freluquet, homme léger, frivole et sans flete; de l'ail, fracht (vha. freht, néorl. vracht,
mérite, pr. homme qui aime à porter des angl. frcight), qui signifie à la fois le prix du
frehiches. transport à payer, puis la charge du navire.
FRELUQUET. v..y. freluchc. — D. fréter, donner et prendre un bâtiment à
FRÉMIR, L. frenierc. On ne saurait nier la louage, d'où fréteur; cps. affréter.
coriespondance matérielle de ces deux mots; FRÉTILLER, anc. freteler, prov. frezilhar;
cependant, il faut remarquer que le L. fre- soit d'un verbe L. fritillare, secouer, supposé
mere ne signifie jamais trembler ou avoir par Saumaise sur la base du subst. fritillus,
peur, mais seulement murmurer, bruire, cornet à dés, soit de fj'ictillare' dérivé sup- ,

gronder, etc., et au fig. être indigné, être posé de frictare, fréq. Aefricare, frotter, soit
agité. Il faut donc admettre que l'idée morale enfin du HL. fritillare, piler du poivre dans
et figurée d'agitation ait été reportée dans un mortier (fritillum), à cause du mouvement
l'ordre physique et qu'ainsi se soit produite de va-et-vient dif pilon. —
D. frétillard, -on.
l'acception moderne du mot. D. fivmisse- — FRETIN, choses de peu de valeur; sans
ment. —
Le subst. L. fremitus avait donné à doute connexe avec BL. freto, fretonus, petite
l'ancienne langue la forme fricnle, frinte, monnaie, maisj'hésite à rattacher freto, comme
bruit, ^tumulte. fait Littré, à l'angl. farthing (ags. feording),
FRENE, fre^-ue', vfr. fraisne, it. frassino, anc. fertldng, le quart du penny. J'interpré-
es]). fresno; du L. fraxinus. D. frênaie.— terais plutôt freto et fretin par monnaie frot-
FRÉNÉSIE, angl.frensg, 'L. phrenesis, du tée, usée, ou par déchet, en rattachant le
gr. r^ir^ziip. ypîvîri;, maladie mentale, folie mot, avec Frisch et Diez, au L. frictum,
(de
'f

»///3v, esprit); frénétique, angl. frantic, du frotté. — Appliqué au poisson, le primitif


L. phreneticus , gr. rfrjvjfiTi/.rJi. frictum exprime « ce qui résulte du frai •>

FRÉQUENT, L. frcquens; subst. fréquence, mot qui étymologiquement signifie frottement


L. frequentia; verbe fréquenter, L. frequen- (v. frayer) et vient de fricare.
tare. FRETTE, cercle de fer, aussi fret, contrac-
FRÈRE, vfr. fraire, freire, du L. fratrem, tion de feret, ferette; radical fer, L. ferrum.
cas oblique de frater. —
D. frairie ou frérie, De là fretter, garnir de fer.
compagnie; de là partie de plaisir, dans
: FREUX, corneille moissonneuse; du nord.
«être en frairie, faire frairie -. Compo.sés : hrôhr, m. s., par le changement de h en /"(cp.
confrère et confrérie. frimas et friper). I*our oh =
eux, cp. coquus,
. .

FRI 229 FRI

quoux. Au nord, hrôkr correspondent vLa. FRICOT, premier sens régal, bon repas, :

hruoch, ags. hrôc, dan. roge, ail. ruech, angl. puis toute espèce de viande en ragoût ; voy.
rooh. Ménage avait vu dans /j'gKa? une contrac- fricadelle. — D. fricoter, faire un fricot, fig.
tion du L. frugilegus, ramasseur de grains! manigancer dépenser en bonne chère.
;

FRIABLE, L. f7-iabilis, de friare, broyer, FRICTION, L. frictio (de fricare, frotter).


émier. — D. friabilité. — D. frictionner
FRIAND, voy. sous /nVe. — D. friandise, FRIGIDITÉ, L. frigiditas (frigidus).
affriander FRIGORIFIQUE, L. frigori/icus.
FRICADELLB, boulette de viande hachée, FRILEUX, vfr. frilleux, freilleux, contrac-
FRICANDEAU, FRICASSER, FRICOT. Tous tion d'un type latin frigidulosus, dérivé de
ces mots sont rapportés par Diez au radical frigidulus. Cette contraction est un peu forte,
gothique frihs =
avide, correspondant du vha. mais cependant régulière : frigdlos, friglos,
fri-h, ni. s., mha. frec, ail. niod. frccli, hardi, frillos, frilos, frileux.
gaillard, v. angl. frek, vif. Ce mot germani- FRIMAS, du vfr. frimer, geler; celui-ci
que on ne peut en douter, Ic.type de l'adj.
est, du nord, hrim, gelée blanche (d'où angl.
vfr. frique, encore en usage dans les patois et ritne, néerl. rijm, picard riniée, m. s.). —
signifiant gai, leste; ce mot a pris aussi dans Du radical frira on a aussi tiré frimaire,
beaucoup de dérivés le sens de gourmand, ami nom de mois dans le calendrier républicain
des bonnes choses, du plaisir. Nous rappelons (du 21 novembre au 20 décembre).
à ce sujet les mots prov. mod. fricaiid, gour- FRIME, mine, semblant. Le premier sens
mand, bon à manger, délicieux, champ, fri- doit avoir été grimace, " changement des
candeau, friandise, fricot, régal, fricoter, se traits du visage » Charron raconte du page
.

régaler, friquette, fille de joie. Il n'y a donc d'Alexandre « qu'il se laissa brusler d'un
rien qni puisse choquer dans l'opinion de charbon sans faire frim,e aucune, ny conte-
Diez quand il rattache à l'élément germa- nance de se plaindre pour ne troubler le sa-
nique tous les mots placés en tête de cet arti- crifice » Bugge (Rom. IV, 355) rattache fri^ne
. ,

cle. Il lui semble impossible, sans faire vio- au lombardique frignare, pleurer, faire la
lence aux règles de transformation, de les grimace, qui tient de l'ail, flennen, suéd.
faire dériver, du moins directement, du L. flina, patois angl. frine, faire la grimace.
frigëre, frire. Néanmoins, Mahn cherche à re- Frime est donc p. frine (cp. venimeux p. veni-
vendiquer cette dérivation pour friçasser. neux, etc.). —
Par la tendance de Vi à passer
Selon lui, ce verbe est un dérivé du BL. fri- en u devant m, l'anc. langue disait plus sou-
care, frire. Quant à fricare, il y voit une cor- vent frume. —
D. frimousse, visage, mine
ruption de frictare (fréq. de frigere, par le (mot forgé peut-être sous l'influence de vfr.
supin frictum), par assimilation à fricare, mouse, museau).
frotter. Pour la terminaison asser, Mahn FRINGALE, corruption de faim-valle. Voy.
pense qu'elle est aussi bien péjorative dans sous faim-valle.
friçasser, que dans rêvasser, rimasser, vfr. FRINGANT, part, présent de fringuer 1 , se
putasser (fréquenter les putes), et que le mot remuer vivement, sautiller.
signifie pr. faire toutes sortes de choses en FRINGILLE, du L. fi-ingilla, pinson.
mélange; il rappelle à cet égard le terme 1. FRINGUER, vfr. fringeler, sautiller.
fricasseur =mauvais cuisinier. Si l'on peut Diez place ce verbe sous la racine frig, fring,
admettre, comme le fait Mahn, l'existence de d'où sont formés L. p'ig-ulare ifr. fringuler),
fricare, dans les premiers temps du moyen frig-utire, fringutire, gazouiller (anc. fr.
âge (Ducange ne cite qu'un seul texte, tiré des fringoter, it. fringottare) et fringilla, pinson.
sermons de Menot, xiii" siècle), alors rien On dit encore « gai comme pinson » Littré .

n'empêche, nous semble-t-il, d'y rattacher préfère l'étym. frigere, sauter, bondir, avec
également fricandeau, forme diminutive de l'interposition de la nasale n, mais ce verbe se
fricande, et fricadelle, mot d'un usage géné- trouve-t-il?
ral en Belgique. 2. FRINGUER, rincer (un veiTe) selon ;

FRICANDEAU, voy. l'art, préc. Bugge (Rom., IV, 357), emprunté à l'esp.
FRICASSER, voy. fricadelle. — D. fricas- fregar, nettoyer en lavant et en frottant.
sée. Pour l'intercalation d'un n devaiit une gut-
FRICHE, terrain non cultivé, soit de tout turale, cp. langouste (L. locusta), vfr. engrot,
temps, soit par abandon ; Ducange explique (L. œgrotus), etc. Quant à /re^ar, c'est le L.
le mot par l'ail, frisch, récent, en compa- fricare, dont la vraie forme franc. es,t frayer,
rant L. novale, terre en ft'iche, de novus ; devenu plus tard frayer.
vfr. fresche et BL. friscum favorisent cette FRIPE, chiffon, vfr. frepe ou ferpe =
manière de voir). Grimm part d'un type frac- frange en BL. vestes frepatse ou ferpatce
;

ticium (de fractus, rompu), pour arriver, par étaient des habits à franges, et par ironie des
fraiiche, freïche, à friche; donc, champ la- habits effiloqués, frangés par la misère ou ie
bouré pour la première fois. Cette étymologie long usage. Telle est, selon Génin, l'histoire
se recommande moins par la lettre (car la du mot fripe; mais ce spirituel philologue ne
syncope de t après c offre quelque difficulté) nous apprend rien sur la provenance de ce
que par l'analogie des termes ail. brache, de frepe ou ferpe, frange. Nous pensons qu'il est,
brechen, rompre, et languedocien roumpudo en tout cas, plus sur de suivre Diec et de tirer
(terrain récemment recassé), —
D. défricher. frijje du verbe friper au sens fondamental
.

FRI 230 — FRO


d'user,consumer, gâter, détruire, de là man- du mot roman s'y oppo.scnt,
la lettre et le sens
ger goulûment, et de rattîicher ce verbe au du moins en ce qui concerne le français puis ;

nord. hHpa, dont le sens générique est faire «« l'anglais fleece, ail. vliess, peau laineuse,
vijte »
;
pour hr initial — /»% cp. les mots toison ; enfin, l'on s'est prévalu do l'étymo-
freux, frimas. Le mémo type hripa, faire logie attribuée au nom do peuple des Fri-
vite, expliquera fripon, pr. agile, leste, qui sro7is, qui serait un adjectif frisa, fresa =
enlève facilement, qui escamote adroitement crépu, frisé ; le mot roman se trouve, en effet,
(au XVII* siècle on disait encore friper, dans le dans l'idiome frison, sous la forme frisle (angl.
sens de dérober; ainsi l'écolier fripait ses frizle). Dlez pose la question : les frisii panni
classes, c.-à-d. qu'il n'y allait pas) enfin, de ; du moyen âge (voy. Ducangc), étaient-ce do«
friper, manger goulûment, nous tirons fripe, draps frisés ou des draps do la Frise? Lo fait
bon morceau, et fnpc-sauce, goinfre. Fripe, est que, dans les premiers siècles de la basse
frange (pr. tissu etïiloqué), sous sa forme /Vryje, latinité, on trouve fréquemment mention de
felpe, a donné naissance à l'it. et esp. felpa,. saga ou pallia fresonica, vestimenta de Fre-
sorte de peluche, et a fr. foupir (v. c. m.). sarum provincia. Rest« à savoir s'ils étaient
— Après avoir cherché à démontrer le peu frises, velus. —
Peut-être faut-il distinguer
de créance que mérite à ses yeux l'origine entre f7'ise, étoffe do laine grossière, et frisé,
islandaise de ce mot, Bugge (Rom., III, 148) bouclé, annelé. Ne pourrait-on pas admettre
explique ce dernier (vfr. frepe, ferpe, felpe, pour type commun des mots romans le BL.
feiipejTpar L. fibra,lambeau, extrémité, fibre, frigium et faire procéder celui-ci de la môme
filament. Pour
métathèse de l'r, cp. frange
la racine qui, sous forme nasalisée, a produit
de fimbria; pour b devenu/?, cp. ensouple = l'ags. vringen, vringlian, anneler, fri.ser, ou,
insubidum. Le verbe friper aurait donc pour ce qu'il vaut encore mieux de rapprocher, le
acception originelle chiffonner, do là gâter par nord, hringr, anneau (pour nord, hr fr, =
usure, consumer, enfin manger goulûment. cp. les mots freux, frimas, fripe)'i Nous —
— D. fripier, friperie. citons pour mémoire uno conjecture émise
FRIPER, voy. fripe. par Atzler, qui rapporte le mot à l'ail, fnesel,
FRIPON, \'oy. fripe. — D. friponnerie, fri- frisson, le froid fai.sant friser la peau. Le —
ponner. — S'il faut, comme il résulte de terme d'architecture est généralement envi-
l'opinion de Bugge à l'égard de fripe, écarter sagé comme une métaphore do frise, chose
l'idée de «• faire vite »•comme sens primordial plissée. à surface non unie cela parait fondé.
;

dQ friper, il faudra bien considérer l'acception On parle, il quelquefois de frises


est vrai,
inan(jeur,gour)nand comme la première dans lisses, unies et sans sculptures; mais cela ne
fri^ion (de friper, manger goulûment). On prouve rien, une fois le mot appliqué à une
est, toutefois, tenté de l'appeler ici le mot ail. partie déterminée d'une con.struction. Le mot
lump, qui signifie à la fois chiffon, haillon et emporte dans toutes ses applications technolo-
gueux, gredin, coquin. giques une idée de ci.selures, d'ornements en
FRIQUET, moineau, litt. -^ gai, vif, de la relief. —D. friser^ rouler, boucler, plisser,
racine frique mentionnée sous fricadellc. De froncer, puis raser, gratter, écorcher uiie
là vient aussi le vieux mot friquette, jeune surface, d'où le sens effleurer; frisette.
:

coquette. 2. FRISE, sorte de toile venant do la


FRIRE, prov. frire et fregir, it. friggere; Frise.
du L. frigcre (frig're). faire rOtir. Il serait — FRISER, voy. frise 1 —
D. friseur, frisure,
.

difllcile de ne pas rattacher à ce verbe le frison, frisotter, défriser.


subst. friand (anc fria^it), pr. 1 qui aime à . FRISQUE, gai, gaillard, de l'ail, frisch
frire 2 qui est bon à frire (cp vfr. beste
; (\o-j. frais). Ce i-adical frise se touche avec
bersant, béte qui chasse p. qui est bonne à fric, mentionné sous fricadelle, et il se pour-
chasser) 3. ami de la bonne chère, de même
; rait que fx'isque fût une simple variété de
que les vieux mots frioler, être friand, friolet, frique, qui se trouve encore dans les patois
gourmet, friolerie, friandise, affrioler, allé- et remonte très haut.
cher. —
Ces mots ne pourraient .s'expliquer FRISSON, p. friçon, anc. féminin; du L.
aussi aisément par l'anc. adj. frique, dont il frictionem, mot employé dans le sens du mot
est fait mention sous fricadelle. Du part. — français par Grégoire de Tours et que Du-
frictus dérivent les subst. friteau (anc. aussi cange explique par une contraction de frigi-
frit ce), friture, ainsi que le terme fritte, nom tio, subst.supposé de frigere, avoir froid. —
donné dans plusieurs arts industriels à la tor- D. frissonner
réfaction ou demi-fusion que l'oii fait subir à FRITEAU, FRITURE, voy. frire.
diverses substances. FRITTE, voy. frire. —
D. fritter, fritteux.
1. FRISE,de laine à poil frisé, est
étoffe FRIVOLE, L. frivolus. —
D. frivolité.
identique avec fraise, chose plissée, entor- FROC, prov. floc, pr. étoffe de laine gros-
tillée, vfr. fressc. Les mots correspondants sière, puis habitde moine; du L. floccus, flo-
des langues congénères sont it. fregio, esp. : con de laine. D'après "Wackernagel, du vha.
friso, freso; ils expriment tous ornement en hroch, ail. mod. roch, habit. On a des exem-
forme frisée, frange, étoffe frisée, vêtement à ples du passage de hr initial en fr (voy.
frisures. L'étymologie de ce vocable est con- freux, frimas, etc.), mais Diez, fort scrupu-
troversée. On a d'abord mis en avant \esvestes leux dans ces matières, prétend que cette
phrygios ou « habits brodés des anciens, mais .. permutation ne se produit que sur des mots
FRO 231 FUI

nordiques, — D. frocard; enfroquer, ddfro- FRONDE, anc. fonde, it. fainda, esp. honda,
quer. prov. fronda, du L. funda, m. s. D, fron- —
FROID, du L, frigidus [frig'dus), cp. roide, der, lancer des pierres, fîg. blâmer, ci'itiquer.
de rigidus, doit' doigt de digitus. — D. froi- — Un diminutif BL. fondahulum, fondibu-
deur, froidure, refroidir. lum, a donné le vfr. fondieffe, fondi/ie.

FROISSER, vfr. aussi /rumer ; du L. fres- FRONT, du L. f7^ons, frontis. — B. frontal;


sus, participe de frendere, broyer, écraser. frontel' fronteaic; fronton (cp. façade de fa-
C'est là l'opinion générale. Si elle est fondée, ciès) ; frontière (v. cm);
affronter, attaquer
il faut partir d'une forme fresus avec un de front, d'où affront (en vfr, afronter, comme
seul s, car e latin en position ne produit ni le prov, afrontar, signifiait aussi confiner) ;
fr. ui ni oi (le subst. mois vient directement confronter, mettre front à front (v, c, m.);
de mésis, p. mensis). Alors, il faudrait aussi effronté', prov, esfrontat, it. sfrontado (cp. L.
supposer des formes froiser, fruiser, anté- frontosus, insolent), d'après le L, effrons. Du
rieures à froisser, fruisser. Nous inclinons BL. frontispicium, pr. ce qui se voit de face
donc plutôt pour le type frictiare (de frictus, = façade, vient frontispice.
frotté), bien que la forme fruisser ne s'y prête FRONTIÈRE, dér. de front; BL. frontaria,
pas trop bien. —
Littré invoque L. frustum, limite où deux territoires se rencontrent, ou
morceau, d'où viendrait barbarement frus- pour ainsi dire « se frontent » ; autrefois aussi
tare, mettre en morceaux, qui serait devenu = front d'une troupe, façade, frontispice, et
fruissier, froissier. Si frustum est au fond de == fronteau.
notre verbe, il faut partir du type dérivatif FRONTISPICE, voy. p^ont.
frustiare. Cette étymologie rallie aujourd'hui FRONTON, voy, front.
le plus de suffrages (ainsi ceux de Schu- FROTTER (p, frotter), aussi fretter, prov,
chardt, Forster, Havet et Lûcking). En tout fretar, it, frettare; du L, frictare, fréq. de
cas, elle l'emporte en correction sur les fricare; cp. comploter p, comploiter, d'un
autres ; frustiare, fruissier, froisser est une type complic'tare (voy, complot). De fretter —
suite très régulière cp. angustia, anguisse,
; vient le vieux mot fretté, fin, rusé, métaphore
angoisse. Ce qui, à mes yeux, favorisait parti- analogue à celle de fourbe et de polisson.
culièrement le type frictiare, c'est que froisser FROUER, onomatopée, comme frou-frou.

emporte plutôt, et surtout dans les applica- FRUCTIDOR, 12" mois du calendrier repu
tions morales, une idée de frottement, de blicain, composition hybride de fructus, fruit,
meurtrissure, qu'une idée de mise en pièces, et de ëupùv, donner.
mais, d'autre part, on ne peut se dissimuler que FRUCTIFIER. -FICATION, L. fructificare,
celle-ci dominait dans l'ancienne langue. — fructificatio.
D. froissement, -ts, -lire; rappelons encore le FRUCTUEUX, L. fructuosus (fructus).
subst. vfr. frais, fruis, fracas, tumulte.
FRUGAL, L. frugalis, modéré, économe.
FROLER, d'après Diez, p, frotler, donc une — D. frugalité, L. frugalitas,
forme diminutive de frotter. Comme on trouve FRUIT, L, fructus. Comme terme de—
aussi frosser p. froisser, une explication par maçonnerie (= inclinaison donnée à un mur),
frosler p. froisseler serait tout aussi admis- fruit est \>o\iYfrit, dont l'origine m'est incon-
sible, mais si froisser (v. e. m.) vient non pas nue. — 1). fruitier, fruiterie.
de/^'îWmre, mais de />n<s^t«m, il fauty renoncer. FRUSQUIN, héritage, avoir. Etymologie
FROMAGE, anc. formage, prov. formatge, inconnue. Prob. un dérivé du vfr. frusques,
fromatge, formaggio, BL. formaticum ;
it. vêtements, effets, nippes.
du L. formaticus, fait dans une forme. L'ac- FRUSTE, de l'it. frusto, usé, vieux ; celui-
cessoire, ici comme dans bien d'autres cas, a ci du L. frustare, prov. frustar, morceler
fini par l'emporter sur le principal. Roque- [frustum-, morceau). Le mot fruste désignait
fort, d'après Barbazan, expliquait fromage par d'abord une chose dont on a enlevé quelques
la formule foras missa aqua, « dont on a tiré parcelles de l'idée entamer à celle d'user, la
;

l'eau " cela rappelle l'étymologie caro data


;
transition se présente naturellement.
vermibus prêtée au L. cadaver ! FRUSTRER, L. frustrari, tromper.
FROMENT, anc. aussi forment, fourment, FUCHSIA, plante dénommée d'après le bo
du L. frume7itum,[]y. frugimentum).. taniste bavarois Léonard Fuchs (mort en
FRONCE, primitif du verbe froncer, voy. 1565).
l'art, suiv. FUGACE. L. fugax (fugere),
FRONCER, froncir, rider, plisser, prov,
vfr. FUGITIF, vfr. fuïtif du L. fugitivus (fu-
froncir, fronzir, fruzir, cat. frunsir, esp. gere).
fruncir, ni. fronsen dérivé de fronce, pli,
; FUGUE, de l'it. fuga, fuite, L. fuga. Pour
coexistant anciennement avec ronce (m. s.), la valeur de ce mot comme terme de musique
qui répond à l'ail, runze, pli, ride. C'est (morceau dans lequel différentes phrases se
ainsi que l'on rencontre dans l'anc. langue à suivent, se succèdent, tour à tour), on peut
la fois ronchier, rouchier et fronchier p. lat. comparer le terme it. fuga di stanze, enfilade
rhonchare (ronfler). Voy. ma note ad v. 570 de chambres,
du Bastart de Buillon. — Il faut rejeter l'ét, FUIE, colombier, petite volière (en vfr,
frontiarc\ pr, plisser le front, — D. froncis; aussi =
fuite), du L, fuga, pour ainsi dire ==
composé défroncer. refuge.
FUR 232 FUT
FUIR, anc. fuir, L. fugere. — D. subst. (d'après l'habitudedu furet de pénétrer dans
participai fuite, fuyard ; cps, s'enfuir. les terriersdos lapins), au fig. chercher soi-
FUITE, voy. fair. gneusement après qqch. Cp. genevois /ti»2«cr,
FULGURAL, -ATION, L. fulguralis, -atio rouchi founier, de fouine.
(do ftiif/ur, foiuli'o). FURETER, voy. furet.
FULIGINEUX, L. fuliginosus (de fuligo, FUREUR, L. furor.
suie). FURIBOND, L. funbundus (furere). D. —
FULMINER. L. fuhninare (fiilmen), lancer furibonder.
la foudre, foudroyer. —
D. fulminant, -ation, FURIE, L. furia. —
D. furieux, L. furiosus.
t. de cliiiiiie fulminate, -ique. FUROLLES, exhalaisons enflammées, pour
FUMER, jeter de la fumée, do la vapeur ; feue rôles, dérivé populaire de feu, à la façon
du L fumare. Dans le sens actif exposer à la de flammerolle, qui désigne un phénomène
fumée, le verbe e.st un dérivé du vfr. funi = marécageux analogue.
L. fumus, fumée. Enfin, dans l'acception en- FURONCLE, ^^ioï^ fronde, fronque, du L.
graisser avec du fumier, c'est un verbe ab- furunculus, pr. petit larron, métaphorique-
strait de fumier (v. c. m.). —
D. fumée, subst. ment petit abcès. —
Schuchardt rapporte
participial; fumet; futneux, L. fumo.sus; fu- notre mot à un type lat. fervunculus (de fer-
meur, fumoir, fumeron, fumiste ; ci^s. enfu- vere, être entlaminé), altéré en furunculus.
tner, parfumer. FURTIF, L. furtivus, adj. du subst. fur-
FUMIER, de femier, peut-être
altération tum, vol (vfr. furt, encore dans Rabelais).
par assimilation au mot fumer, car le fumier FUSAIN, 1. arbrisseau dont on fait les fu-
fume. On peut comparer, du reste, pour cette seaux (cp. le nom ail. spindel-baum, litt.
permutation de e en ^^ devant m, le vfr., pic, arbre à fuseau); 2. charbon de fusain, crayon
champ. wall. fumellcp. femelle, et vfr. frumer
,
de fu.sain. Du L. fusus, fu.seau, par un adj.
p. fremer =
jfermer. Quant à fcmicr, il vient
fusnni's.
du L. fimarius, adj. de fimus, excréments, FUSEAU, fusel', du L. fusellus, dim. de
engrais, fumier. —
D. fumer, vfr. femer,
fusus (iwov. fus). —
D. fuseler, façonzior en
prov, femar.
fuseau; fuselier, faiseur do fuseaux.
FUMI6ER. L. fumigare (fumus).
FUSÉE, du L. fusus, fuseau, par un
FUNAMBULE. L. funambulus (Suétone) = cipe fusata; signifie,: 1. la quantité do fil
parti-

qui amlndat in fune, danseur do corde.


enroulé sur le fuseau ; 2. par assimilation do
FUNÈBRE, L. funebris (de fwms, funé-
forme avec un fuseau, pièce de feu d'artifice
railles, mort).
composée d'un cylindre en carton attaché à
FUNÉRAILLES, L. funeràlia" (funus). une baguette et rempli de poudre 3. en hor- ;
FUNÉRAIRE, L. funerar tus {tnnns).
logerie, le petit cône tronqué autour duquel
FUNESTE, L. funestus (funus), qui amène s'enveloppe la chaîne d'une montre.
la mort.
FUNIN, cordages, dér. du L. funis, corde, FQSER, se répandre, répond à L. fusare,
fréq. do fundere, supin fusum; de co supin
d'où aussi l'expression funer un mât.
vient aussi fusible. Voy. aussi transfuser.
FUR, dans la locution « au fur et à me-
sure », une modification du vfr. fuer,
est FUSIBLE, voy. fuser. — D. fusibilité.

du \j. forum,
feur, taxe, prix, valeur, et vient FUSIL, it. propr.
facile, fucile, esp. fusil,

en basse latinité =
pretium (voy. forage et pierre à feu, puis pièce de métal pour frap-
afforage). On disait d'abord payer, estimer per la pierre à fou ; enfin, le nom do l'acces-
au fur de l'ouvrage, c.-à-d. selon la valeur ou soire étant donné au principal, arme à feu ;
en proportion do l'ouvrage puis l'expression cp. en ail. flinte, fusil, do flint, silex. Du L.

est devenue équivalente à « proportionnelle-


;
focus, feu. — D. fusiller, fusilier.

ment à ". —
« En disant faire qqch. au fur FUSION, L.

fusio (fundere); voy. aussi foi-
et à mesure, nous entendons que cette chose son. D. fusionner.
doit se faire proportionnellement et compara- FUSTE, espèce de vaisseau, it., esp., port.
tivement à une autre " (Gachet). Je tiens à — fusta, du L. fustis, bûche, bâton, en BL. =
déclarer que la mutation forum-fur présente arbre, bois. C'est ainsi que le L. lignum,
quelque irrégularité phonétique. bois, a donné lit. legno, navire ; cp. on latin,

FURET, it. furetto, néerl. fu7-et, foret,


trabs, poutre, employé pour vaisseau. D. —
fret, ail. frett; anc. esp. furon (auj. huron), fuslereau.
port, furào, vfr. fuiron. Isidore connaît déjà FUSTET, espèce de sumac, pr. petit bois ;
le mot
fu7-o, qui parait appartenir au fonds
de ; anc. aussi fustel.
fust, bois

vulgaire de la langue latine « furo, dit-il, a :


FUSTIGER, L. fustigare (de fustis, bâton).
furvo dictus, unde et fur, tenebrosos enim et FUT, fust', prov., cat. fust, esp., port.
occultos cuniculos effodit >>. Le mot vient, fiiste, it. fusto, du L. coupé, arbre,
fustis, bois
d'après Diez, de fur, voleur. D'autres rappor- pieu, bûche, bâton. Le mot fût s'emploie
tent furet au cymr. ffured, ^=r angl. ferret, surtout pour exprimer, dans certains usten-
mais la terminaison on et la voyelle radicale siles, le bois en opposition aux autres parties,
des mots romans, accusant dans le primitif un p. ex. le fût de la lance, d'un fusil, d'un
u long, répugnent à cette dérivation. D'après rabot, puis le tonneau en opposition avec son
Villemarqué, du breton fur, rusé. — De furet contenu; enfin, le tronc d'une colonne (entre
vient fureter, chasser au furet, puis fouiller la base et le chapiteau). En vfr. fuste signi-
.

GAB — 233 GAD


fiait poutre, soliveau. Dérivés français de fût qui forme un faubourg du Caire, et d'où la
ou fuste: 1 futaie, fiistaie' (d'un type latin fiitaino était originaire pour l'Europe.

.

fustetum), bois composé do grands arbres; FUTÉ, voy. fût. Kn héraldique, ce mot
puis haute croissance (d'un arbre); 2 KU- se dit d'une arme dont le fut est marqué d'un
TAiiJ.E, vaisseau do bois pour mettre le vin. émail différent du fer. —
Littré fait dériver
3. KUSTER, anc. =
fustiger ; se dit en véne- le sens « habile, expert, rusé »>, do l'anc.
rie de l'oiseau qui s'échappe des bois, c.-à-d. \cvhQ fuster, fustiger, piller; donc battu, re-
de la trappe; de là l'expression futé, fin, rusé ; battu, las, fatigué, .le préfère l'explication
4. AFFÛTER, AFFÛT (v. C. m.); 5. FUTIER, fuS- que j'ai donnée.
tier', anc. charpentier, menuisier, tonnelier, FUTIER, voy. fut.
auj. faiseur de coffres. FUTILE, — L.
L. futilis. T). futilité, futi-
FUTAIE, voy. fût. litas
FUTAILLE, voy. fut. D. enfutaiUer. — FUTUR, L.futurus. — D. futwition [terme
FUTAINE, it. fustagno, frustaçno, esp. moderne didactique], d'un verbe latin fictif
fustan, prov. fustani, espèce d'étoffe croisée futurire.
nommée d'après la ville de Fostat ou Fossat, FUYARD, voy. fuir.

G
GABAN, variété de caban (v. c. m.), i^epro- gabbo, prov. et vfr. gap, plaisanterie, moque-
duisant yabbano.
l'it. rie. Du nord, (suéd.) gabba, tromper. La
GABARE, it. gabarra, petit bateau large et même racine se trouve aussi dans les idiomes
plat: de la même famille que L. gabata, d'où celtiques bret. goap, goab, irrisio. C'est plu-
:

jatte? Le bas-breton a kôbar. — D. gabare.r; tôt à ces derniers qu'il faut ramener la forme
subst. gabaricr; dim. gabarot. pic. gqiiaper et l'expression se guabeler de
GABARIER, t. de marine, façonner une Rabelais.
pièce de bois d'après les indications d'un mo- GABIE, hune, de l'it. gabbia (voy. cage).
dèle du subst. gabari (ou gabarit), modèle
;
— D. gabier, matelot qui fait le guet sur la
de vaisseau, que Littré rattache, je ne sais hune.
comment (par garabi .?;, à l'arabe qalib, moule, GABION, pr. cage, panier, it. gabbione,
forme (d'où fr. calibre). dérivé de l'it. gabbia, cage. — D.gabionner.
de
GABATINE, tromperie, mot populaire
l'it. gabbato [tvom])Q). Voy. gaber.
tiré
1 . GACHE, t. de serrurerie; d'après Devic =
esp. alguaza, gond, penture, qui correspond
GABEGIE, micmac, intrigue. « Ce mot tri-
à l'équivalent arabe al-rezza [r confondu avec
vial », dit Ch. Nodier, qui le définit par ruse,
î7t,que l'espagnol transcrit d'ordinaire par^j;).
fascination, etc., « est d'un usage si commun
dans le peuple qu'il n'est presque pas permis 2. GACHE, truelle, voy. gâcher.

de l'omettre dans les dictionnaires et qu'il est GACHER, détremper, délayer, puis fig.
du moins curieux d'en chercher l'étymologie. travailler malproprement, it. guazzare (vfr.
Il est évident qu'il nous a été apporté par les waschier, aussi = souiller) du vha. waskan,

;

Italiens du temps des Médicis... Gabgie ou laver, waschen.


ail. mod.D. gâche,
gabbegie est fait de gabbo et de bugia, ruse et truelle, instrument pour faire le mortier;
mensonge >> .

Rien de ))lus invraisemblable aussi instrument pour battre l'eau gâcheur, ;

que cette dérivation. Gabegie est, selon toute gâcheux, gâchis, flaque d'eau, puis ordure
probabilité, de la même famille que l'anc. fr. causée par un travail à l'eau, fig. désordre,
gabuserie; on le rattachera donc au verbe position désagréable (cp. angl. wash, lavure,
gaber, tromper, railler. puis marais, bourbier). Il faut séparer ce —
GABELLE, d'abord impôt en général, puis mot, parait-il, de l'it. guazzare, qui accuse,
spécialement impôt sur le sel, enfin dépôt de lui, une origine du vha. wazzar (auj. xcasser)
sel, it. gabella, esp., \>vo\. gabela, BL. ga- eau », et dont le subst. verbal eî^t guaszo,
"
bliim, gabulum, gabella. De l'ags. gaful, fr. gouache, peinture à la détrempe (cp. le
gafol, angl. gavel, m. s., qui dérivent du terme lavis).
\cvhe gifan, goth. giban, ail. geben, donner. GADE, du grec yxSoi (poisson de mer).
Cp. le vfr. (lace, impôt, du L. cJatio, don. On GADELLE, espèce de groseille rouge aussi ;

a aussi mis en avant le vha. garba, manipu- gradelle, gade, grade. Ces mots désignent, en
lus, mais l'élision de r devant b n'est pas pro- Normandie, le fruit du ribes rubrum, c.-à-d.
bable d'autres produisent l'arabe qabala,
; la petite groseille. Bien que les gades soient
recevoir, mais l'adoucissement de q initial glabres, Joret n'en croit pas moins devoir
arabe en g est sans exemple, d'après Diez. A rattacher gade au norois gaddr (aiguillon),
cette objection, toutefois, Devic oppose la goth. gazds (id.), donc un » fruit à aiguil-
forme accessoii'e it. caballa, cabella. —
D.ga- lon ... (Rom., VIII, 440). Suchier (Ztschr.. —
beler, déposer le sel à la gabelle gabeleur
;
III, 611) identifie gade, grade avec fr. carde
(popul. gabelou), employé de la gabelle. (en Lorraine gade). Le premier aurait perdu
GABER, prov, gabar, it. gabbare; subst. it. l'r radical, l'autre l'aurait transposé.
GAG — 234 GAL
GADOUE, vidange. Etymologio inconnue; conjecturalement le vha. geinan, ouvrir la
de caduta (cadere), donc déchet? on du = bouche, auj. gàhnen).
bas- saxon kath,gaut, ni. haet, ^«^^^(Kiliaen), GAI, it. gajo,v.esY>. gago, port, gaio.^vov.
vlia. quàt, ail. mod. hoth, m. s.? Notez que gai,jai; d'après Diez, du vha. .^d/îi', prompt, vif
le wallon a r/odait p. jus de fumier. D. gia- — (ail. moà.jûhe, précipité, à'oix jûhzarn, fou»
doitard, vidangeur. gue, emportement). — Littré se demande si
GAPFE, angl. ffaff', croc de fer, esp.,port. le nom propre Gains {\tr. le réjouissant?)
latin
(/afa, prov. ffaf, croc; cp. gaél. ffnf, bret. ne pourrait pas avoir donné naissance au mot
f/wâf, uncus, liamus ferro cuspidatus. Diez roman. —
Baist (Ztschr., V, 247) conteste la
rappelle aussi l'ail, (dialectes du Midi) verbe correspondance it. gajo,
littérale entre esp.
gaifen, tailler en crochet. — D. gaffer. gayo posé par Diez c^mme Littré,
et l'étymon ;

GAGE, gaggio, esp., prov. gage, objet


it. il s'adresse ù Cajus (prononcé Gajus), nom
placé en nantissement (au plur. salaire, = qui jouait un rftle dans les cérémonies nup-
rémunération ; angl. wages) en prov. une ; tiales (on connaît la formule « ubi tu Cajus
forme secondaire gadi, gazi, s'emploie aussi ego Caja ") et qui pouvait avoir dégagé le
p. testament; BL. icadium, vadium, grec .sens de nuptial, gai. —
D gaieté, gatté; fac-
mod. i-yxciov. Diez préfère à l'étymologie ordi titif, égayei'. — L'adjectif ^ai a donné le nom
naire tirée du L. vas, vadis, répondant, celle à l'oiseau à^\tgeai, nnc.gai, \)roy gai, jai, esp.
.

du goth. vadi =• gage, vha. wetti, ags. vedd, gayo, gaya, donc pr. l'oiseau vif, ou l'oiseau
ancien frison ved, gage, caution, promesse. bigarré, car anciennement gai signifiait aussi
De la signification primordiale nantissement, multicolore (les verbes esp. gayar, wall. gaie-
sûreté, se sont déduites les acceptions ga- loter, .signifient encore barioler).
rantie, assurance, promesse, récompense,
GAILLARD, it. gagliardo, esp. gallardo,
salaire. —D. gager, anc. donner en gage, prov. galhard, anciennement =
généreux,
auj. faire un pari (cp. ail. mod. voetten, vigoureux, hardi, a l'air d'être un dérivé de
pai'ier, du vha. wetti, gage); de là gageur,
gai (cp. bai, baiUet), et les formes it., e.sp. et
gagerie, gageure, gagiste. Compo.sés enga- :
prov. pourraient n'être que des assimilation.s
ger (v. c. m.j, BL. invadiare\ dégager, BL. du fr. Néanmoins, Diez préfère rattacher le
disvadiare. mot soit à l'ags. gagol, geagle, hardi, lascif,
GAGNER, \îr.gaaignier,guaignier, d'abord ou au cymr. gall, force, anc. gaél galach,
cultiver, labourer, faire valoir, puis tirer pro-
courage, vaillance. —
D. gaillarde, gaillar-
fit,acquérir; \t. guadagnare, \)rov. gasanhar
= dise, ragaillardir. —
Gaillard, comme t. de
p. gadanJiar, v, esp. guadaîiar mois- marine, est le même mot; la locution com-
sonner. Toutes ces formes viennent soit direc- plète es^'t château gaillard, château fort.
tement du verbe vha. weidanon ou plutôt to«-
GAILLET, plante, variété do caillet, d'après
danjaix, chasser, pâturer, soit du \\\a..weida,
Littré, contraction de caille-lait.
chasse, pâture, à l'aide du suffixe roman a^n.
GAIN, voy. gagner. Il faut distinguer ce
En ail. mod. le verbe weiden signifie paitre,
mot du vfr. gaïn, qui est le simple de regain
et l'anc. subst. wcide, chasse, est encore con-
(v. c. m.).
servé dans wcidmann, chasseur, weidvoerh,
travail de la chasse. Le sens primordial de GAINE, contraction de vfr. gaine, Hainaut
gagner se rattacJie donc aux travaux soit de icaine, it. guaina, cymr. gwain ; du L. va-
la vie agricole, soit de la chasse, puis atix ac- gina, m. s. —^D.gainier, engainer, 7'engai
quisitions qui en résultent ainsi faire paître,
:
ner, dégainer.
exploiter un champ, i-écolter, d'où acquérir GALA, mot étranger; répond 4 it., e.sp. et
en général. L'acception labourer, cultiver, port gala = magnificence, faste, réjouis-
est encore vivace dans gagnage, pâturage, sance, parure, grâce. Le correspondant vrai •

terre en produit; cp. gaigneur, culti-


vfr. ment français de ces vocables est le vfr. gale,
vateur. Il faut rejeter les autres étymolo- d'où l'ancien verbe galer, se réjouir, faire la
gies qui ont successivement été émises sur noce, mener du train. Ce vieux mot a laissé
gagner, savoir ail. winnen, être vainqueur,
: une trace dans le wallon s'agali, se parer. —
gagner (Chevallet), —
arabe ganîa, tirer Sont dérivés de gale ou gala : 1 it. gallone,

.

profit, L. vindicare, —
grec y.ipS^xhuv, ga- esp. galon, fr. g.vi.on, pa.ssementerie de luxe,
gner. — Le subst. verbal de gagner est fr. : ornement de parade (cp. feston de feste, fête) ;
gain ,\îv gaaing it.guadagno, Y>rov.gasanh.
, 2. vfr. galois, aimable, gentil, poli, répon
— .

Bopp rattache le L. venari, chasser (p. dant à un type latin galensis ; il est remplacé
vednari), à la même famille weid, d'où s'est aujourd'hui par la forme galant, it. galante,
produit le roman guadagnare d'où gagner. Il esp. galante, galan, galano; voy. aussi réga-
se peut que l'angl. gain, malgré sa ressem- ler. Quant à l'origine du vfr. gale, nfr. gala,
blance avec la forme française actuelle, soit laetitia, voluptates, epulae, facetise, Diez, d'ac-
d'une autre extraction (voy. le Dict. de Millier), cord avec Diefenbach, lui assigne le \\\&.geil,
— La forme esp. ganar, acquérir, gagner, luxurians, pinguis, libidinosus (en Autriche,
n'est pas le môme mot que guadagnare; c'est le mot geil signifie également gai, réjoui),
ganare, m. s., dont on trouve l'emploi
le 'QV,. ags. gâl, gai, alerte; subst. vha. geili, faste,
déjà dans un document de 747, et qui dérive luxure. Le sens foncier est donc plaisir, joie.
du subst. gana, désir, dont Tétymologie est — Suchier, vu l'initiale w que gale et galer
encore enveloppée d'obscurité (Diez indique ont eue en premier lieu, préfère comme pri-
GAL 235 GAL
mitif l'angl. iceale, bonheur, opulence, au moy. GALÉASSE. voy. galée.
néerl. wale. —
Le verbe latin gallare, em- 1 . (ancien nom des bâtiments ap-
GALÉE
ployé par Varron ap. Non. Marc, pour bac- pelés plus taYi\. galères), prov. galea, galeya,
chari, est distinct de notre mot et se rapporte gale, it. et anc. esp. galea, port, gale, dan.
aux prêtres de Cybèle, appelés galli. galleye, ni. galei, angl. galley ; V>L,. galea,
GAL ANE, genre de plantes; altération de gnleia,galeida. Voici les diverses étymologies
chelonc (gr. Xs^wv/?, tortue). mises en avant sur ce mot : gr. -/yl?,, belette,
GALANT, anc. galand (Lafontaino a dit à cause de la rapidité de la marche (Ménage)
au féminin galandc), voy. gaia. Il faut — — gr. yà).-/;, mot cité par Hésychius avec le
abandonner 1 oiym. tirée du L. valens, d'après sens de galerie, à causé de la longueur de la
laquelle <7rt/a;î^ équivaudrait àvaiî/ant. Dans galée ;
— L. galea, casque, la galée étant
le mot galant et son dérivé galanterie, .se comparée à un casque retourné, ou bien parce
des.sine le culte de la femme dans ce qu'il a de que le vaisseau qui portait Ovide tirait son
noble et d'élevé, aussi bien que dans ce qu'il nom « a picta casside " arabe chah, ;

présente desen.suel. Voy. à ce sujet le Dic- ruche, grand navire (Muratori) enfin ya).so;, ;

tionnaire philosophique de Voltaire au mot requin (pour cette assimilation, Diez cite un
galant. —
D. galanterie, d'abord qualité, ancien texte décrivant ainsi la galée lignum :

procédés, attentions d'un homme galant; puis a prora prsefixum habet et vulgo calcar dici-
paroles flatteuses, petits présents de bijoux tur, quo rates hostium transfiguntur percus-
que l'on se fait par politesse ; aussi intrigue sse). Il est difficile de se fixer sur aucune de
avec une femme, etc. (toutes les acceptions, ces opinions, dont aucune, d'ailleurs, ne tient
nobles ou basses, de ce terme se rapportent compte du BL. gçileida (mha. galeide) et ga-
en dernier ressort aux relations de l'homme ledellus. —
D. galkasse, it. galeazzo, esp.
avec la femme); galantin, homme ridicule- port., galeaza; galion, it. galeone, esp. ga-
ment galant galantise' =xz galanterie, d'où
; leon, port, galeào; g.u.iot*, gauote, it. ga-
galantiser, faire la cour aux dames(terme bas). leotta, port, galiota.
GALANTINE (c'était à l'origine une prépa- 2. t. d'imprimerie, ais à rebord,
GALÉE, en
ration de poissons), du BL. galatina; ce n'est où compositeur met les lignes à mesure
le
donc qu'une forme variée de gélatine; cp. qu'il les compose; c'est le même mot que le
l'ail, gdllerte, gélatine. préc. l'ail, appelle de même la galée, schiff,
;

GALBANUM, " donner du galbanum, bailler c.-à-d. bateau; l'angl. ait galley.
le galbanum » =
trom.per, duper. Cette fiiçon GALÈNE, du gr. va)vivv).
de parler peut avoir été prise, dit de Rrieux, GALER, gratter; est-ce le primitif ou le dé-
de ce que, pour faire tomber les renards dans rivé de gale? D'après ce que j'ai dit sous gale,
le piège, on y met des rôties frottées de gal- on est en droit de poser la question.
banum, dont l'odeur plaît extrêmement aux GALÈRE, it.. esp., port., prov. galera ;
renards et les attire au lieu où ils en sen- prob. un dérivé du même radical qui a donné
tent. Selon d'autres, la locution vient de ce gctlée. L'étymologie L. galérus, chapeau,
que la gomme-résine àitegalbamcm (motlatin, casque, n'a pas plus de probabilité qnegdlea.
du gr. yccX^x-jfi) était considéi'ée autrefois casque, pour galée, bien que l'accent s'y prête
comme une panacée universelle. davantage. D. galérien. —
GALBE, anc. garbe, guerbe, contour gra- GALERIE, it. galleria, esp. galeria, port.
cieux, bonne grâce, agrément. Le mot vient galaria, salle plus longue que large, corridor,
du vha. garawi, garvoi, ornement. Diez, né- allée. Le Bh. galeria (il remonte au ix^ siècle)
gligeant la circonstance que l'on .s'est servi de présente les acceptions maison élégante, puis :

garbe avant galbe, fait venir ce dernier, qui, lieu enfermé, cour. D'après Diez (2'' et 3^ éd.),
en effet, est proprement un terme d'architec- du gr. yâ>ï7, sorte de galerie, par le canal
ture, du mha. walbe (auj. toalm), courbure d'un dérivé galera. On avait autrefois —
du toit du côté du pignon. proposé l'ail wallen, marcher solennellement ;
.

GALE, maladie cutanée; Nicot dérive ce puis le verbe galer', festoyer (voy. gala),
mot du L. calliis, peau dure, et effectivement donc propr. salle de fête. Littrô, tout en —
le BL. dit callosus = galeux.
Cette étymolo- prenant en bonne considération l'étym. de
gie est correcte à la lettre, et s'appuie en outre Diez, rappelle le BL. galilœa, vfr. galilée,
du rouchi gale =^ cal. durillon. Néanmoins, signifiant long portique, nef d'église, dont
Diez croit devoir rapprocher les termes ail. ^a/(?Wa pourrait s'être produit par corniption.
galle, partie endommagée, tache, angl. gall, — Le vfr. galerie signifie réjouissance et est
écorcher. En faveur de cette étym., on peut un dérivé de gale fvoy. gala).
rappeler le vfr, rasche, gale, du prov. rascar, GALERNE (vent de) vent du nord-ouest, =
gratter vfr. gratelle de gratter; ail. hràtze
; esp.. port, galerno, prov. galerna, bret.
de kratzen, gratter. Voy. aussi 'galer. Che- gwalarn. La racine est gali qui signifie en
vallet cite le bret. gai, gale, et le gaél. gall, irlandais souffle du vent, et en anglais, sous
éruption en général reste à savoir si ces mots
; la forme gale, vent frais. La terminaison de
sont réellement celtiques. Pictet invoque l'irl. galerne fait supposer que ce mot a d'abord été
galar, maladie. —
Les mots it. galla, esp. employé dans le midi delà France (Diez cite
agalla, tumeur, se rapportent plutôt au L. bolerna, tempête, buerna, brouillard, su-
galla, noix de galle, excroissance de feuilles berna, courant), mais le radical parait celti-
de chêne. —
D. galeux. que, bien que Nicot ait pensé au L. gelare
,

GAL 236 — GAM


en disant : nom de vent qui fait geler les GALLINACÉ, L. gallinaceus (de gallina,
vignes. — Johanneau dérive le bret. gicalarn poule).
de gwaJl, mauvais, et (\!arne, temps d'orage. GALLON, ancienne mesure de liquides
— Millier rapporte l'angl.^fj'a/e,au novàgola, encore usuelle en Angleterre ;cp. vonuln gai ot,
vent froid, verbe gola, souffler; Wedgwood, m. s , \i\u. galetas, -a,-iun. mensura vinaria ;

au nord, galen, furieux. gillo, gello, gallo,\as vinarium. D'origine in-


GALET, caillou plat et rond, qui se trouve connue ;
peut-être connexe avec Jale, jalon
sur la grève ; dimin. du vfr. gai, pierre ;
(v. c. hi.).
quant à celui-ci, on .le rattache au breton GALOCHE, d'où it. galoscia, csp. galocha
haJed, dur, gaél. gai, caillou. De galet— (aussi haloza). D'après Baïf, suivi par Roque-
\ïcnt galette, petit gâteau plat et rond. fort, L. gallica, chaussure des Gaulois,
à\\
GALETAS (anc;. galatas, avec le sens de avec changement do suffixe. Cette dériiation
grande salle, signification encore propre au me parait fautive, bien qu'elle soit patronnée
champenois ^a/etoi'); Littré pense que le mot par Diez. Je préfère celle du BL. calopodia,
est venu, par les croisés, de Constantinople, mot qui correspond au grec xaioTroSt^v ou
où galatas était le nom d'une tour; on lui zaioTTou;, soulier de bois (z«iov, bois) ;
çalopi'dia
voit, dans les chartes, désigner un apparte- a régulièrement pu donner la forme galoche
ment dans la maison des Templiers et à la (cp. vfr. treche, danse, do tripiidium). Littré
Cour des Comptes. m'objecte « la galoche n'est pas le sabot
:
;
•>

GALETTE, it. galetta, prov. galeta, voy. non, mais une espèce de sabot; j'ai porté moi-
galet. même des galoches à semelles de bois, et d'ail-
GALIETTE (mot du nord de la France et de leurs l'esp. galocha s'emploie pour sabot. —
la Belgique^, morceau de houille de moyenne Dans les derniers temps, notre mot a été étudié
dimension; aussi gaillette, gayette. Etymo- par Mussafia (Beitrag, p. 62); il ne sait pas se
logie inconnue du même radical que caillou î
;
décider entre ^a//ece et calones « calcei lignei »
— D. gailleteries. (ap. Festum); quant à calopodium, il ne le

GALIMAPRÉE, anc. calimafree (Ménagier repousse pas absolument, mais pense qu'il
II, 5), ramassis de toutes sortes de viandes, faudrait, en l'admettant, admettre aussi que
les formes ital. sont tirées du français. G. Pa-
plat grotesque; d'après Darmestcter (p. 113),
composé de la particule péjorative cali (cp. ris approuve l'étymon calopia p. calopodia

califourcJmn, charivari) et an radical ma fi ou (Rom. III, 113). —


D. galochier, faiseur de
mafr, qui se trouve dans le pic. ma/lia ou galoches, autr. aussi pauvre et gro.ssier, =
litt. porte-sabots, aussi verbe galocher, se
mafia, gourmand, goulu; verbe ma/lier,
inafier, ronger entre ses dents, et qui se rat-
comporter en ru-^tre.

tache au flam. maffelen, moff'ele», agiter ses GALON, voy. gala. D. galonner. —
joues. Cp. l'art, suiv. GALOPER, it. galoppare, esp. port, galopar,
GALIMATIAS, discours embrouillé et confus. prov.galuiipar ; du vlia. hlaiipun, courir
D'après Huet, ce mot vient du quiproquo d'un (ail.mod. laufen) avec le préfixe ga : vha.
;

avocat qui, plaidant en latin pour le coq de gahlaupau ags. gehleapan. D'après Wacker-
,

Mathias, à foi'ce de répéter Gallus et Mat- nagel, du vha. gaho lilaupan, courir rapide-
thias et voulant dire gallus Matthiae, vint à ment. —
D. galop, subst. verbal, prov. cat.
dire galli Mathias, ce qui fit rire tout l'audi- galop, galoppo; galopade; galopin, nom
it.

toire; de manière que l'expression se fixa donné dans la fable au lièvre faisant office de
pour signifier un discours embrouillé. Nous courrier, plus tard =
petit commissionnaire,
pensons que cette histoire est forgée pour le marmiton, puis petit polisson qui trotte dans
besoin de l'étymologiste, et que galimatias est les rues, etc.

plutôt un mot de formation semblable à celle GALOPIN, voy. galoper.


de galimafrée (v. c. m.). —
Darmestcter GALOUBET, instrument à vent; d'ori-
petit
y voit une forme altérée de carimaftache, gine inconnue au prov. gualau-
; « tiendrait-il
forme picarde de galimafrée, signifiant la bin, gaillard, gracieux « (Littré) ?
même chose que celui-ci et en outre, au figuré, GALVANIQUE, -ISME, -ISER, du nom de
ramassis de sottises, discours incohérent. — l'Italien Galvani, physicien à Bologne, mort
Dans des glossaires latins-allemands, on trouve en 1795.
balliinathia, défini par cymbale et par chan- GALVAUDER, maltraiter de paroles, aussi
son malséante. = faire de ne dirai
la mauvai.se besogne. Je
GALION, GALIOTE, voy. galce. de ce mot qu'une négation, c'est qu'il ne vient
GALIPOT, résine qui coule du pin d'après ; pas de caballicare, chevaucher, comme pré-
Bugge (Rom. III, 149), dérivé de l'ail, hlibe, te.ndent certains dictionnaires.
>' gummi, lacrima arborum « (du mha. kliben GAMACHE, guêtres, du vfr. game, jambe.
<==• haerere). Pour l'insertion de a dans ^7, cp. — Devic pense que le mot vient du v. esp.
canif; pour l'initiale g, p. c, cp. ganivet; le guadamaci signifiant un cuir préparé en pre-
/(s'explique parquelque forme haut-allemande. mier lieu à Gadames (Tripoli"» et plus tard en
En définitive, galipot serait == clipe, calipe, Espagne. De là viendrait aussi le mot gara-
galipe -\~ sutT. ot maches, usité dans le midi de la Fi'ance pour
GALLE, L. g ail a. — D. gallique; en- de grandes bottes à l'écuyère.
galler. GAMBADE, de l'it. gambata, dér. ào gamba

#
GAN 237 — GAR
= vfr. gambe, auj. jambe (v. c. m.). — crochet. Le hongrois gants parait emprunté
D. gambader. du français.
" GAMBESON, GAMBOISON, sorte de vête- GANT, vfr. want, it. guanto, esp., port.
ment qu'on portait sous le haubert (on champ. guan, BL. tcantus, v. flam. wante; mot ger-
^a»iè/6'on, vêtement doublé, piqué;; c'est un manique nord, vôttr (qui équivaut d'après
:

dérivé wambeis, prov. gambais, v.


du vfr. Grimm à vantr), dan. vante. — D. gantelet,
esp. gaynbax, v. port, canbas (de là mha. ganter, gantier.
wamLeis, nha.wams p. wammes), pourpoint. GARANCE, esp. granza; un vieux glos-
Ces mots sont issus du vha. wamba, ventre, saire, cité par Ducange, dit « Sandix, herba :

par le BL. wambasium. tincturse, quam vulgus varantiam vocat ". On


GAMBILLER, de gambe, variété de Jambe. a pensé que varantia était pour verantia et
GAMBIT, terme du jeu d'échecs, de l'it. que ce dernier venait de verans color, sive
gambetto, yîv.jambete, croc-en-jambes. verus « hoc est vere ruber et coccineus " Cela .

GAMELLE, esp., \iOvt. gamella, du L. ca- ressemble à un tour de force on a cherché, ;

meUa, espèce de vase à boire. il est vrai, à prouver que le grec à/yj&cvo;
GAMIN, mot d'introduction récente, d'ori- (vrai) était de même employé dans le sens de
gine inconnue. Le mot serait-il ^ponv gambhi, couleur rouge, mais je n'ai pu m'en assurer.
de gambe, jambe, donc trotteur, qui court les — D. garancer, -ière.
rues? 11 est bon de rappeler le terme picard GARANT, vfr. warant, anc. it. guaretito,
et rouchi galmite =
gamin gamin serait-il
;
es]), garante, ^vov. guaran, guiren, BL.toa-

peut-être '^.galm.in; mais alors, que veut dire rens, anc. frison icerand, warend, flam. loae-
cette racine gai ? Le fait est qu'elle se repro- rande; du vha. weren, anc. frison xoara,
duit dans le wallon galapia, vaurien, garne- xcera, faire prestation, cautionner, garantir.
ment, vfr. gaJose, drôle, vaurien, dauphiné — D. garantir (angl. warrant), d'où subst.
galistran, fainéant, etc. Atzler rapporte gai garantie.
à la racine germanique gai, signifiant crier, GARBE, anc. forme pour galbe (v. c. m.).
faire du bruit. —
On a aussi pensé à l'angl. 'GARBURE, potage épais; Littré le rappro-
gante, jouer. En dernier lieu, nous enregis- che de l'esp. garbias, ragoût. J'ajouterai
trons l'opinion d'après laquelle gamin aurait l'angl. garbage of a fowl, la petite oie.
signifié en premier lieu un simple soldat, GARCE, garse' , autrefois fille en général,
puis aide-ouvrier, enfin enfant, et qu'il vient servante, auj. terme d'injure; c'est le féminin
de l'ail, gemeiner, simple soldat. Voy.Arc/ie» du vfr. gars, prov. gartz, sens primordial =
fur clas Studimn der neueren Sprachen, L. puer, puis serviteur, manouvrier, au fig.
XLL 229. —
D. garniner, -erie. et en mauvaise part. =
fripon, goujat. Dans
GAMME, du grec gamma, nom de la troi- le dialecte du Jura, gars, garse signifient fils
sième lettre de l'alphabet grec. Gui d'Arezzo, et fille, sans aucune mauvaise acception. On a
inventeur de la gamme, ajouta le g comme produit différentes étymologies. Pott, et après
septième à la .série des lettres a, b, c, d, e, f, lui Gachet et Littré, alléguant la forme prov.
qui lui sei'virent à, noter ses tons ou inter- guarz, défendent la provenance celtique et
valles. C'est cette septième note g (en grec rapportent le mot au breton gioercli, virgi-
^awi»m), conclusive de la gamme en a (ou la), nal. Chevallet remonte au vha. vair, homme.
qui a donné le nom à la séi'ie d'une octave. Diez rejette l'une et l'autre de ces opinions,
GANACHE, de l'it. ganascia, forme péjora- prétendant que les initiales ail. v ou et w
tive du L. gêna, joue. —
D'où vient le sens celt. gw auraient produit en ital. guarzone
figuré et injurieux de ce mot? Exprimc-t-il et non pas garzone. Il pense que le mot est
réellement l'idée d'un homme à la mâchoire latin etcache une métaphore. Par conséquent,
pesante, comme le pensait Ménage ? On est il le place, ainsi que son dérivé garçon, it.
en droit de l'admettre, puisque Littré dit que garzone, sur la même ligne que l'it. garzo,
« mâchoire a le même sens figuré.
»• Re- — dim. garzuolo, cœur de chou, milanais ^«r-
monter au vha. ganazzo (ail. mod. gans), zoeu, bouton, jeune pousse, et lombard gar-
oie, serait par trop hardi. ^on,laiteron. Or, ces mots viennent du L. car-
GANDIN, dandy ridicule, du nom d'un per- duus, chai'don. Le mot garçon figurerait
sonnage de vaudeville. ainsi l'idée d'une chose non développée, et
GANGLION, gr. yà/y/nv. serait une expression analogue à l'it. toso
GANGRENE, it esp. cangrena, du L.gan- (de tonsus), d'où vfr. tosel, garçon, ou au

,

grœna =
gr. yàyypaivct, m. s. D. gangre- fr. petit trognon
(cp. ail. kleiner biltzel),
neux, se gangrener. enfin au gr. qui signifie à la fois l'eje-
xo'po;,

GANGUE, tei^me de mines, it. ganga, de ton, pousse et garçon. Diez, en faveur de son
l'ail, gang, allée, galerie. étymologie, se prévaut encore do ce qu'à
GÀNIVET, voy. canif. Milan garzon signifie non seulement garçon,
GANSE, aussi gance. L'étymologie de ce mais aussi une plante chardonniôre. Toute-
mot ne m'est pas connue, mais bien certaine- fois, sa manière de voir (à l'appui de laquelle
ment il ne vient pas du L. ansa, anse, cava- on serait tenté de rappeler le fr. chou, en tant
lièrement mis en avant par Roquefort. Diez, que terme de caresse) n'a pas trouvé grâce
se fondant sur le sens « lacet servant de bou- chez d'autres philologues compétents. Ainsi
tonnière, accrochant le bouton », pense que G. Paris, arrêté par une forme warçon, citée
le mot pourrait être l'it. gancio, esp. gancho, par Roquefort, soupçonne une origine germa-
,

CAR — 238 — GAR


nique VI, 426) iudino pour
Baist (Ztschr., à gurg du L. gurges, gorge ; l'altération s'est
;

l'identité de gars avec jars, gars (oie). — produite, faut-il croire, sous l'influeuco de
D. ga7'çon, il. garzone, esp. garzon, port. garga7-isare. On la trouve encore dans it.
garcào. gargagliare, gargozsa, pour gorgogliare,
GARCBTTE, t. de marine, petit cordage; gorgossa. —
D. gargouiller, verbe désignant
de l'esp. garceta, dont l'oriprine est inconnue ; le bruit que fait l'eau en passant par une gar-
l'angl. dit gaskct, gaschette (plur.).
l'it. gouille, d'où gargouillis.
GARÇON, voy. garce. —
D. garçonner, GARGOUSSE. Ce mot se rattache prob. au
-aille, -ii-re. même radical garg, d'où procède le mot pré-
GARDER, vfr. et dial. warder, it. giiar' cédent et qui implique l'idée de cavité allon-
dare, esp., port,, prov. guardar, du vlia. gée. Il parait être fait sur le patron de l'it.
warten, faire attention, veiller sur. — gargozza, gorge, gosier. Par une métaphore
D. garde, esp., it. guardia, prov. guarda analogue, on appelait au xvii* siècle des cu-
= goth vardja,y\\ii. toarta et (masc.)ic>a7'to; lottes àc^garguesques Ou bien le mot serait-
— gardien, it. giiardiano, esp., prov. giiar- il une corruption de cardousse, qui représen-

dian, ail. wardein. —


Composés esgarde}'', : terait le subst. cartouche, it. cartocciot Le
avoir l'œil sur (d'où fr. esgart' égard), it. fait est qu'on dit aussi gargouges et gargou-
sguardare, v. esp. esyuardar ; regarder — ches. —
D. gargoussier, -ière.
d'où regai'd. Pour le rapport logique entre GARIGÏÏE, terre inculte (pr. couverte de
garder == conserver, et regarder voir, cp. = chênes), \{v. garrie, jarrie; prov. gariga,
L. servare et observare, tueri et intueri, angl. gxoarriga, cliènaio; du prov. ^arn'c, chêne,
hold et behokl. vfr. garris,jarris.
GARDIEN voy garder.
, . GARNEMENT (v. angl. garnement, con-
GARDON, nom d'un petit poisson ; d'origine tracté plus tard en garinent), autr. vête- =
inconnue. ment, ameublement, armes, dér. de garnir.
GARE, voy. garer. L'acception « mauvais sujet viendrait>»

GARENNE, lieu où l'on conserve des lapins d'après Ménage, suivant en ceci d'autres de-
(anc. = bois, vivier, étang, auxquels était vanciers, de ce que les fainéants et gens inu-
attaché un droit do chasse exclusif; tenir en tiles ne servent que \Mur garnir, c.-à-d. pour
garenne =
tenir en défense), aussi vareiine, renq)lir et fournir le nombre voulu d'hommes.
vfr. loaretine, BL. warenna, angl. loarren, Mieux vaut, avec Littrô, déduire cette accep-
ni. warande. Si le mot, conmie il y a lieu do tion de celle de garnemoit, défense et défen-
croire, vient du vfr. garer, warer, il faut seur, de là mauvais garnement, mauvais sol-
voir, selon Dicz, dans la forme garenne une dat, généralisé en mauvais sujet.
corruption de garine, cp. vfr. gastine, giier- GARNIR, it. guarnire, guernirc, v. esp.
pi ne, liaïne, autres subst. dérivés de radicaux guarnir (auj guarnecer), prov. garnir,
.

germaniques. d'abord ^= avertir, prémunir, préserver, avoir


GARER, prov. garar, garder, faire atten- soin, puis pourvoir de ce qui est nécessaire,
tion, mettre à l'abri; du vha. warôn, obser- fournir, munir, fortifier. Du vha. warnôn,
ver, prendre garde. —
D. gare, inteijection, ail. mod. warnen, prémunir; ou
avertir,
= pi-ends garde; gare, subst., refuge, = plutôt, à cause de la tcrminai.son, du corres-
abri; garenne (v. c. m.); esgarer égarer, pondant ags. varnian, prendre garde, avoir
pr. négliger, laisser aller sans suiTeillance, soin. —
D. garnisseur, garniture ; garne-
conduire dans l'erreur. ment (v. c, m.); garnache, manteau =« it.
GARGARISER, gr. yxiiyocp,i^ti-j, L. gargari- guartiaccia, esp. garnacha; —
garnison,
zare; gargarisme, gr. /yp-/'x.ç,izfi.ôi. propr. munition, provision d'argent ou de
GARGOTE. Selon Dicz, ce mot n'a aucun vivres, puis nombre d'hommes nécessaires
rapport étymologique ni avec l'ail, garhiiche, pour la garde d'une place, enfin ville occupée
qui y correspond pour le sens, ni avec le par une f^arnison. —
Cps. dégarnir.
L. gurgusiimn, mauvaise auberge; il faut 1. GAROTJ, dans loup-garou, vfr. garol,
])lutôt rattaclier ce mot au verbe picard gar- garuid, gurwall, signifiait un sorcier qui aie
gâter, bouillir très fort, (jui a l'air d'être une don de se changer en loup et qui rôde la nuit
onomatoi)ée. —
On pourrait être tenté de " (juod hominum genus geridphos Gallinomi-
;

songer à caro cocta, chair cuite, donc endroit iiant, Angli vero vere-wolf >», dit Gervasius
où l'on donne à manger chaud; mais il fau- par Ducange. Ce mot anglo-saxon
Tillib., cité
drait j)our cela un intermédiaire italien ca7'- vere-wolf, qui est en effet le primitif du vfr.
cotta. Sans rien préjuger sur le rapport éty- garoul (cp. lluoid de Radulphus), et qui est
mologique, je crois ne pas devoir omettre conservé dans l'angl. were-wolf, ail. wûhr-
BL. gurgutia (vii« siècle) « loca ubi convivia wolf, signifie litt. homme-loup, gr./o/âv&pwTro;.
turpia tinnt «. —
D. gargoter, gargotier. le loup garou est donc une composition
fr.

GARGOUILLE, esp. gargola, endroit où en superfétation, puisque l'idée de loup se


l'eau d'une gouttière se dégorge, anc. = trouve déjà renfermé dans le mot garou. De
gorge. De la même famille que le vîv.gargate garou vient le fr. garouagc (norm. varouagè)
(encore en usage dans les patois) gorge, = =: vagabondage nocturne, vie débauchée.
gosier, it. gargatta, esp. garganta (d'où Ra- 2. GAROU, poisson, un des noms vulgaires
belais a tiré son gargantua, équivalent de du smaris. Banquier (Rom., VI, 267, note 7)
grandgousier). Ce radical garg est identique tient ce mot pour une mauvaise lecture de
GAU 239 GAU
garon, qu'indique Rondelet comme nom du parler droitement, franchement, biaiser;
smaris à Antibes et qui appartient au même aussi =^ rendre gauche. Ce verbe vient directe-
radical ([wq jarret (voy. pi. loin). ment de gauche, en tant qu'opposé à droit.
1. GARROT, articulation, joint; petit bâton Chovallet et Gachet se sont trompés en pre-
(pour serrer). Il faut abandonner l'étymologie nant gauche p.. guenclie, et en identifiant
reçue L.uen«<«<m, dard, javelot. Le mot, appli- gauchi)- avec le vfr. gauchir, guenchir, se
qué à une partie du corps du cheval, parait détourner, éviter, qui vient du vha. loanhjan,
appartenir, comme (jarret, auj jarret, à la .
wenhjan, vaciller, se retirer, céder (ail. mod,
racine celtique yàr dans cymr. gàr, cuisse, wanken). Diez se prononce contre l'opinion
pr. flexion, courbure, bret. gar, os de la qui fait venir gauche de wanhjan, d'abord
jambe. —
D. garrotter, parce que l'on ne voit pas d'adjectifs romans
2. GARROT, sorte d'oiseau du genre canard dériver directement de verbes, et que la muta-
peut-être un dérivé de gars, &w}.jars (v. c. m.).
;

tion an en au resterait sans explication. D. —


GARS. voy. garce. subst. verbal vfr. gauche, tromperie, détour.
GARZETTE, espèce de héron, de l'esp. gar- GAUOHOIR (t. de technologie), moulin à
zeta, héron. fouler le drap, de l'ail, walken, fouler.
GASCON,L, Yasco, habitant de la Yasconia, GAUDE, reseda lutcola, esp. gualda, it,
fr. Gascogne. —
D. gascoJi)ier,-ade. guada (dans guadarella), esp. gualda; de
GASPILLER, prov. guespillar, wall. cas- l'angl. xceld, herbe à jaunir, écoss. xoald,
pouï, de l'ags. gaspillan, vha. gaspUdan, icaude, wau. —
D. gauder.
consumer, dépenser. GAUDIR (SE), .se divertir, se moquer, du L.
GASTER, mot savant pour ventre ou esto- gaudere ; gaudir est donc étymologiquement
mac, du gr. yctir-zip, m, s. De là gastrique, : identique avec jouir. — D. gaudisseur, -erie.
gastrite; gastronomie, gr. yaîT.c(3v«/;itz, règle GAUDRIOLE, propos facétieux, p. gaudiole,
relative aux- soins do l'estomac, art de faire du L. gaudiolum, dim. de gaudium, joie,
bonne chèi-e ;
gastronome (abstrait de gastro- plaisir. Voy. aussi godailler.
iiomie). GAUFRE, pic. toau/'e, du holl.ioa^^/'É;Z,angl.
icafre, ail. ioaffel,v, es\).gua/la,BL.gafru)7i.
GATEAU, gasteV
gastal, du mha.
,

toastel,
breton gwastel,
m. s.
prov.
Cp. ail wabe, rayon de miel. — D. gaufrer.
GAUGALIN, p. galgalin, du L. gallus-gal-
GATER, guaster, it. guastare, v. esp.
vfr.
lina, poule-coq.
port., prov. ^uai'tor.angl. waste, piller, rava- pic. gaugue,
GAUGE, dans noix gauge,
ger, détruire; du L. vastare, ravager, en noix, pr. noix éti-angère du vha. toalah,
basse latinité =
endommager. Vax vfr. on — ;

étranger, non allemand, prononcé d'abord


avait l'adj. guaste, inculte, solitaire, en mau- loalc. Cp. ags. veal-hnut, ail. mod. wallnuss,
vais état, =
it. guasto, poi't. gasto, du L.
angl. icalnut.
vastus. — La
fornie ancienne gastir, d'où le
1. GAULE, grande perche, en Hainaut
suhat. g uasti ne, gasti ne, clairière dans un bois,
waule; du goth. valus, bâton, perche, fri- =
désert, tei're en
lande (cp. flam.
friclie,
son walu. La diphthongue au, toutefois,
waestyne, woestgne), accuse une dérivation accuse un radical à double ce qui recom-
directe du vha. wastjan, m. s. D. gâteux; — mande l'étym. tirée du
l,

L. vallus, pieu. La
cps. de'gâter, L. devastare, d'où dégât.
mutation du L. v en fr. g se trouve encore
GATTILLIER, arbrisseau scientifiquement dans gaine et gâter. Le mot se trouve aussi
appelé « vitcx: agnus castus -., vient de l'esp. dans les langues celtiques bret. gwalen,
:

sau3 (= salixigatillo, qui a la même valeur. cymv. g wialen. Lefr. gaule parait avoir donné
Ce gatillo a l'air d'êti'e le dim. degato, chat, l'angl. goal, pieu marquant le but de la lice.
mais le terme esp. parait être une altéi'a- Notre mot n'est pas connexe avec le vfr.
tion populaire de agno castil, qui se trouve gaut, gault, bois, forêt ('primitif de vfr. gau-
en portugais à côté de agno casto (Bugge, dine, bois), leciuel vient de l'ail, wald. On a
Rom., IV, 357). eu tort de l'y rattacher. L'étymologie du L.
GAUCHE, V. angl. gauk; l'angl. gauUc caulis, tige, est également fautive. D. gau- —
hand ^dialectes), main gauche, autorise à pré- lette, gauler, gaulis.
supposer l'existence d'un vfr. gale; cp. en wall. 2. GAULE, du L. Gallia. La diphthongue
frère wauquier (= waJquier), frère gaucher, au vient de la résolution du premier / en u;
demi-frère. Diez rapporte le vfr. gale ou walc voy. l'art, préc. —
D. Gaulois. Il est bon —
au vha. loelk, faible, fatigué, ce cpii est par- de rappeler ici que la syllabe gai, dont les
faitement admissible tant pour la forme que Latins ont fait (?a//iw, est identique avec wal,
pour le sens. D'autres langues encore rendent qui se trouve dans le vha. walh ou walah,
la main gauche par un mot exprimant fai- non-allemand, employé déjà au viu« siècle
blesse ; ainsi l'it. dit stanca, la fatiguée, et pour désigner lespeuples romanlsés, puis dans
manca, l'endommagée, la défectueuse, l'esp. l'angl. Wales, et dans notre wallon {v. cm.).
a zurda, la soui-de (qui n'obéit pas), le n. Les Allemands appellent encore aujourd'hui
prov. man senèco, la vieille, la décrépite. wulsch{\). wulisch) tous leurs voisins romans,
— D. gaucher, gaucherie; verbe gauchir tant italiens que français.
(v. c. m.). GAUPE, femme malpropre, vfr . toai<pe;d'aprè3
GAUCHIR, sortir de la ligne droite, détour- Diez du V. angl. wallop, morceau de graisse.
ner le corps pour éviter un coup, fig. ne pas Je ne puis souscrire à ce que dit Trippault :
.

GAZ 240 GÉM


« Les anciens Gaulois appelaient les paillardes prononce pour l'opinion de Ménage ; Diez fa-
gaupes, lequel mot je recherche de gausape vorise la seconde. — D. gazetier.
et ainsi gaupe, diction prinse des couvertes GAZON, du vha. waso (ail. mod. icasen),
où couchaient en guerre les paillardes ». Le m. s. — D. gazonner.
L. gausape signifiait une étoffe de laine à GAZOUILLER, vfr. gaziller, est soit le
poil frisé. L'étym. vha. iciilpâ, louve, est re- dimin. de gazer, ancienne forme de jaser
poussée par Diez parce qu'il faudrait lu forme (v. c. m.), ou tiré du bret. geiz, gazouille-
goupe. Le néerl. voelp, petite chienne, con- ment.
viendrait mieux à la lettre. —
L'arabe gabba, GEAI, voy. gai.
vieille femme, mentionné par Dcvic, no peut GÉANT, vfr. gaiant, wall. gaiâ, prov. Jaiant,
guère être mis en question. cat. giga7it, esp., port., it. gigante, angl.
GAUSSER, mot obscur. Frisch y voit l'it. gia7it ; du L. gigas, gigantis; de l'it. gigan-
gavazzay'e, babiller; Dicz, Tesp. gozarse, se tesco vient fr. gigantesque.
réjouir. (Quant à l'origine de gozar, le philo- GÉHENNE, L. gehcnna, gr. -/hwa; de l'hé-
logue allemand balance enti'e L. gaudium et breu gëhinnom, nom d'une vallée près de
L. giistv.s.) D'autres rattachent gausser au Jérusalem. Les Israélites idolâtres y avaient
nord, ga/si, pétulance, mais le mot est d'in- offert leurs enfants au dieu Moloch, c'est pour
troduction trop récente pour que cette origine cela qu'elle constituait plus tard, aux yeux
soit admissible. Une dérivation directe d'un des Juifs, un lieu de damnation éternelle, et
fréq. L. gavisare, do gavisum, supin de^au- que dans le Nouveau Testament le mot yéîwa
dere, n'est point correcte non plus. D. subst.— est devenu le symbole de l'enfer. De ge- —
verhal gaitsse. henna ignis, la condamnation du feu, enfer,
GAVACHE, de l'esp. gavaclio, homme sans s'est produit le mot vfr. gehène, avec le sens
cœur, làclie et négligé. général de condamnation, torture, contrainte;
GAVE, jabot, voy. engavcr. —
D. gaver, de là,, par contraction, le mot actuel gène.
gavion Le sens de torture se remarque encore dans
GAVION, gosier, voy, gave. le vers de Molière « Je sens de son courroux
:

GAVOTTE, danse originaire des Gavots, des gênes trop cruelles ». Dans les temps
habitants du pays de Gap. modernes, le terme a bien jierdu de .sa force
primitive la torture, l'enfer, sont devenus
GAZ, fluide aériforme et élastique. Ce mot, ;

créé par Van Helmont (mort en 1644), n'est


une légère incommodité, un embarras passa-
pas encore éclairci au point de vue de l'étymo- ger. —
Littré, dans l'historiqiie donné sous
gène, confond le vfr. //«Ai»*?, confession, aveu,
logie. Je n'ose croire que la gaze, tissu fort
léger, y soit pour quelque chose; cependant
subst. formé do gehir, affirmer, avouer, avec
la métaphore ne serait pas trop forte, le gaz
géhenne, torture. Dans mettre à la gehine
substance à molécules éloi- (à la question, arracher des aveux), il est vi'ai,
rendrait l'idée •<

les deux mots, distincts d'origine, viennent à


gnées plutôt comme primitif la
". J'établirais
racine qui a produit les mots allemands
confondre leur valeur.
gàscht, gischt, fermentation, mousse, et qui GEINDRE, ancienne forme p. gémir, régu-
viennent d'un verbe gâschen, bouillir, mous- lièrement produite du L. gemere (cp. impri-
ser, variété de gârcn, suéd. gdsa, fermenter. mère =
empreindre):, de là geignant, en
On me dit que Van Helmont envisageait le Champagne geindeux plaignard. =
gaz principalement comme la vapeur qui se GÉLATINE, liquide visqueux tiré des os, etc.,
dégage des liquides en fermentation, Léon qui se prend en gelée par le refroidissement.
Meyer a démontré, de son côté, par l'examen Du L. gelatus, congelé. — D. gélatineux.
des œuvres de Van Helmont, que celui-ci a GELER, L. gelare. — D. gel ^
(it. gielo) ;

inventé le mot gaz arbitrairement, toutefois gelée (it. gelata, prov. gelada, esp. helada) ;
sous l'influence du mot chaos des anciens dégeler ; engeler.
(Kuhn, Ztschr. XX, 303). —
D. gazeux, GÉLIF [bois gélifs sont des bois fendus par
gazéifier, gaséifortne. les grandes gelées), d'un adjectif gelivus *,

GAZE, esp.gasa, tissu léger et transparent; formé de grlu. —


Le féminin gélisse accuse un
de la ville de Gaza, en Palestine, d'où prove- type laïm gelicius D. gélivure.—

.

nait autrefois cet article de commerce. D. — GELINE, L. galiiia p. gallina (gallus).


gazer, couvrir d'une gaze, fig. voiler. D. gelinotte, aussi gelinette.
GAZELLE, it. gazzella, esp. gazela, de GÉMEAU, L. gemellus (dim. de geminus);
l'arabe gazai, antilope. lemot jumeau n'est qu'une modification pho-
GAZETTE, de nétique do gémeau, lequel est réservé au lan-
l'it.^ra^-^e^a, m. s. Ce sub-
stantif était d'abord le nom d'une petite mon- gage astronomique ou anatomique.
naie, pour laquelle on achetait le journal, et GÉMINÉ, du verbe L. geminare, doubler,
a par désigner le journal même. Tel est
fini GÉMIR, h. gemere. Noy. aussi geindre.
l'avis émis successivement par Ménage, par GEMME, L. gemma. Le motfr. a les deux
Ferrari (167G) et par G. Gozzi (1713-1786). acceptions du mot latin, savoir bourgeon, œil,
Schmeller considérait le moi gaz zetta comme et pierre précieuse. Le sel gemme est ainsi
le diminutif de ^a^^a. pie; les premières ^a- nommé à cause de sa transparence.
zeltes auraient porté, suppose-t-il, l'emblème GÉMONIES, du L. gemoniœ, escalier du
de l'oiseau bavard par excellence. Mahn se mont Aventin qui conduisait au Tibre, où l'on
GÉN — 241 GÉN
traînait les condamnés pour les jeter dans le GENOU, anc. genouil, it. ginocchio, esp.
Active. hinojo, port. giolho,joelho; dîi L.
genucnlum
GENCIVE, it., port., prov. gengiva, esp. (genu), forme de la basse latinité pour
geriicu-
encia, en Sardaigne sinzia, dans le Berry gcn- lum. —î). genouillère, agenouiller.
dive; du L. gingiva, d'où les médecins ont GENRE, it. génère, esp. genero,
angl. gen-
formé directement leurs termes gingival et der, du L. genus, generis.
gingivite.
GENS, Yoy.gent 1.
GENDARME, de gens d'armes = hommes 1. GENT, nation, peuple, race
d'armes. Autrefois, on entendait \)av gendarme (auj. d'un
emploi limité au stylo badin), du L. gens,
un homme de guerre armé de toutes pièces,
gentis. Le plur. fr. gens exprime 1. un
puis un homme pesamment armé. Nous en-
semble de personnes déterminées ou qualifiées
n'avons pas du reste à faire ici l'historique de
par un subst. ou adj. [gens de guerre,les gens
l'application de ce mot. Mais comment gen-
du roi, honnêtes gens), 2. le monde, L. ho-
darmes est-il venu à signifier les binettes qui
mines.
sortent du fer, les petites parties de lie qui
se trouvent quelquefois dans le vin, etc.? D. — gue
2. GENT, fém. génie, adj. de la vieille lan-
(ne s'employant plus que dans le style
gendarmerie; se gendarmer, se défendre, se
enjoué), prov. gejit, fém. genta, poli, gra-
révolter, pr. prendre un air martial, faire le
cieux, beau, comme il faut. Cet adjectif no
brave.
vient directement ni du subst. L. gens, ni de
GENDRE, du L. gêner, generi. Les patois
gentilis (par le retranchement du suffixe),
en tirent un féminin et disent ^cnrfresse pour
mais représente le part, latin genilus (voy.
il
bru.
GENE, voy. géhenne. D. gêner.— pi. h. génital), avec le sens « de naissanc'-e »
homo genitus, c'est un homme bien né. C'est
;

GÉNÉALOGIE, gr. ',vnylo-M, litt. exposé


de cet adjectif gent, ou plutôt du type bar-
relatif à la race, à la naissance (y-vsà).
bare L. genitius, que dérivent, au moyen du
GÉNÉRAL, h.generaUs (genus), relatif
adj.,
à tout le genre, universel. —
D gênerai titre . ,
préfixe a (= L. ad), le verbe agencer, mettre
en bon état, (type L. agentiare), it. agenzare,
de certains fonctionnaires ou officiers supé-
cat. agenzar, prov. agensar et aussi sans pré-
rieurs (superlatif généralissime) ;
générale,
batterie de tambour pour avertir
ûxegensar; on peut comparer, pour le sens
tout le
et la forme, le verbe ajuster. Le vfr. avait
monde généralité ; généraliser.
;

également sans préfixe les formes geiicer et


GÉNÉRATION, -ATEUR, -ATIF, du L. ge-
nerare (genus), engendrer.
genser =
orner, parer.

GÉNÉREUX, du L. generosus (genus), pr. GENTIANE, du L. gentiana (ail. enzian).


de bonne race, de bonne qualité puis digne GENTIL, gracieux, poli, agréable, pr. de
d'un homme de condition. —
D. générosité,
;

bonne race, de manières nobles, distmguécs


;

grandeur, nol)lesse. donc de même valeur que l'adj. gent. Du l!


GÉNÉRIQUE, mot moderne, formé du L. gentilis, pr. == qui gentem habet, qui a de la
genus, generis, genre. race. —Comme le plui-iel gentes exprimait
GENÈSE, du gr. v-:v-:7i;, génération, créa- chez les Romains les étrangers, les barbares,
tion. Le premier livre de Moïse a été appelé et chez les Pères de l'Eglise les non-chrétiens,
genèse parce qu'il raconte la création du V adjectif gentilis a pris aussi en style d'Église
monde. le sens de païen ; de là l'expression les gentils

GENET,
petit cheval d'Espagne, vfr. ginet, et le subst. collectif gentilitê (employé par
it.ginneito ; aelon toute probabilité du L. gin- Bossuct) p. les nations païennes. Dérivés —
nus, mulet. —
D. adv. à la ge^iette. de gentil : subst. gentillesse; adj. gentillâtre
GENET, genesf , champ, genistre, ail. = de noblesse douteuse. Notez l'élision de 1'^
ginst, ginster, e^i.ginesta, hiniesta, it.gines- dans l'adv. gentiment, p. gentilment. On sait
tra; du L. ginesta, m. s. —
D. ge7iétière ; que dans l'ancienne langue les adjectifs pro-
genestrnlle. venant d'adjectifs latins en is n'avjiient pas do
GÉNÉTIQUE, du gr. yzvizn;, générateur. forme distincte au féminin; gentilment repré-
GENETTE, espèce de civette, angl. genêt, sente donc correctement l'adverbe de gentil.
jennet, gineta; de l'arabe âjerneyth.
cs\i. Le composé gentilhomme, conformément à la
GÉNIE, voy.le mot cn^iH, .signification primitive de gentil, par laquelle

GENIÈVRE, vfr. genoivre, it. ginepro, il est l'opposé de vilain, do roturier, signifie

])ort. zirnbrv, angl. Juniper, néerl. jenever; un homme de noble extraction. Les anciens
du L,Jumperi(s. —
D. genévrier; genévrette. di.saicnt même gentilfemme, gentifemme, et

GiiiNISSE, vfr. gcnice, wall. ginihe, prov. plus tard gentillefemme. Les Anglais ont
junega. Du L. junix, -ieis. Uu atone s'est rendu gentilhomme par gentleman, devenu
assourdi en e comme dans genièvre de Juni- pour eux, avec le temps, synonyme de mon-
per u.^. sieur.
GÉNITAL,L. gcnitalis (de genitum, supin GENTILHOMME, voy. gent. — D. gentil-
de génère', forme primitive, d'où, par le re- hommerie.
doublement de la syllabe initiale, gignere, en- GÉNUFLEXION, mot néo-latin, tiré de
gendrer). Le supin genitum a produit encore flectere genu, genou.
fléchir le
genitivus, d'où fr. génitif, puis gcnitura, fr. GENUINE, angl. genuine, du L, genuinus,
génilure. naturel, non falsifié.

16
GER — 242 GIB

GÉODÉSIE, grec yîwoantx, mot scientifique, rhénans, nous n'avons pas à nous en occuper
foi'iné do yô, terre et Suioi, partager, donc litt. ici; cependant, nous jugeons convenable de
partage des terres ou des surfaces géogxo- ; rappeler que Jacques Grimm s'est inscrit en
siE, connaissance de la terre (yyj, yvwji;), (/éo- faux contre l'étymologie d'après laquelle ger-
ffnoste (gr. yvùïT»);, qui se connaît en), -iqiie ; manus serait un composé de gér ^^ hasta, ot
GÉOGRAPHE, gr. yîojypaj,©; (y»), y/5àj?w), qui dé- rnan =
homme. Le célèbre linguiste a démon-
crit la terre, d'où géographie : géologue, litt. tréque ce nom a été donné aux Allemands
qui traite de la terre [yr,, l6-/oi), d'où géologie, non pas par les Allemands eux-mêmes, mais
-iquc; géométrie, gr. yr^/iST/sia (/à. fUTpku), par les Gaulois, d'après une (jualité domi-
art de mesurer la terre, d'où géomùtrc, géo- nante qui frappait le peuple chez lequel les

métrique. Germains vinrent s'introduire. 11 y voit un


GÉOGNOSIE, GÉOGRAPHIE, voy. l'art, dérivé du celtique gairm, cri, correspondant
précédent. aux mots gaël. gairmadair.cymv.garmwgn,
qui signifie vociféi'ant.
GEOLE, vfr. gaole, gaiole, jaiole, it. gab-
GERMANDRÉE, it. calamandrea, esp. ca-
biuola, esp. gayola, port, gaiola, cage, pri-
medriu, ail. ganuinder, dér. du L. chamae-
son. Ces formes représentent le diminutif L.
drgs ^=- gr. ^i^x/x-zièsù;.
caveola, comme \t. gabbia, ^a/7^Mt. esp., port.
GERME, L. germen (gerere); verhegotner,
gavia, n. prov. gavi, vfr. caive, nfr. cage ré-
vfr. aussi gerner, L. germinare, d'où germi-
pondent au simple cavea. En plaça^nt le mot
natio, fr. germination ; germinal, septième
geôle dans l'élément celtique, Chevallct a
mois du calendrier républicain.
négligé les formes parallèles des langues con-
GÉRONTE, du gr. yi/s'^v, -svro^, vieillard.
génères ; les mots celtiques qu'il cite ne sont,
GÉSIER, \ii'.jusicr, du L. gigerium, pi.
comme souvent, que des emprunts faits au gigeria, entrailles cuites des volailles; cp.
roman. —
D. geôlier; voy. aussi cajoler et
gencive, do gingiva. Cette dérivation est con-
enjôler.
firmée par les formes patoises giger, gigier,
GÉOLOGUE, GÉOMÉTRIE, voy. gcotlésie. = gésier.
GÉORGIQUE, du gr. y'.',>p-,\xoi, adj. do GÉSINE, anc. =
couches dune femme,
/it^p-/iii, travail do la terre, agriculture. verbe gésir, coucher, voy.
subst. do l'anc.
GÉRANIUM, bec-dc-grue, gr. yî/iâvi5v, do gisant. La Fontaine s'est encore servi de ce
/tpa-JOi, grue. mot « La perfide descend tout droit, à l'en-
:

GERBE, vfr. garbe, jarbe, prov., esp. droit où la laie était en gésine, "
garba, du vlia. gaiba, ail. mod. garbe, m. s. GESSE, du L. vicia, vessc, ail. wicke. Cp.
— D. gerber, p. // =
r, givre (de vipera).
GERCER, dans quelques dialectes jarcer; GESTATION, L. gestatio, action do porter.
d'après Uiez, du L. carptiare ", arracher, tiré 1. GESTE, mouvement du corps, du L.
de carptns, part, do carpcre. Littré préfère gestus [i^iiveve), m. s., dont le dim. gesticulas
l'ét. BL. charaxare, scarifier (c'est le gr. a donné gcsticulari, fr. gesticuler.
yypin.'S'Jîvi, gratter), mais la lettre ne la recom- 2. GESTE, dans « les faits et gestes », du
mande guère. —
Baist identifie Jarwr avec plur. L. gesta (gerere), les choses faites; de là
esp. saijar, sajar, et présume une forme nor- cliansiin de geste, et //eA"<<j tout court.
male esp.^arsa?', qui dériverait du subst. gr. GESTICULER, voy. geste 1.
otat/ssîij (incision chirurgicale). Cela reste pure- GESTION, voy. gérer.
ment conjectural. — D. gerce (subst. verbal), GIBBEUX, du L.gibbosus {do gibbus, bosse).
nom d'un insecte rongeur; gercenx, gerçure. — I). gihhosité.
GÉRER, mot d'inti'oduction moderne, du L. GIBECIÈRE, e.st présenté par Diez comme
gerere, qui avait déjà l'acception moderne un dér'wé de gibier ;\e\îv.gibecer, aller à la
conduire, administrer. — Du h. gestio, snhst. chasse, appuie cette étym. cependant, il se ;

de gerere, vient le fr. gestion, administra- pourrait bien que cette parenté ne fût qu'aj)-
tion . parente. Le fait est que l'on employait le mot
GERFAUT, BL. gerofalco, gyrofalcus, ainsi pour des poches de toute destination. Dans la
nommé, dit-on, à cause de son vol tour- latinité du moyen âge, je trouve giba =^
noyant d'autres ont expliqué l'élément gero
; capsa, arca, thcca reliquiarum; c'est de là
par hiero (du gr. «po,-, cp. fr. sacre), ou par que semblent provenir gibecière (type giba-
XÛ015;, dominus. —
La vérité est que le BL. caria) et giberne. Quant à giba, il vient peut-
girofalcus est tout simplement un mot façonné être du L. gibbus, bosse, à cause de la forme
d'après l'ail. geierfaJk, gerfalk, gierfalk, qui convexe de l'objet, ou parce qu'il forme bosse
est un composé de gdei' (vha. gir), vautour, et sur la personne qui le porte. On ne peut tou-
falk, faucon. tefois se défendre de rapprocher de gibe,
1. GERMAIN, adj. déterminant un degré de gibecière ot giberne les mots grecs synonymes
parenté, du L. germanus, frère. zi'SSk, /.îSi7i:, aussi ziSvj-i;, /.iSuîi; et l'arabe

2. GERMAIN, nom de peuple, du L. Ger- djib, poche.


manus, habitant de la Germanie; de là ger- GIBELET, anc. guibelet, guimbelet, foret;
manicus, îv.germ,anique,et néologismes les : norni. icimblet, angl.gimlet; on trouve dans
germanisme, germaniser Quant à l'ori- . — l'élément celtique hvei. guimelet, ivl.gimeleid,
gine du mot latin germanus, employé par les gaél. gimleid, signifiant tous foret. Bugge
Romains pour désigner les peuples ti'ans- (Rom. III, 149) ramène les formes citées soit
..

GIB — 243 — GIF

à L. vibrare, soît à la forme nasalisée vim- ture à l'égard de l'étymologie àQ gibier; Ca-
brare (constatée dans de vieux glossaires). Du chet en a osé présenter une qui certes n'est pas
sens " vibrer, branler, tourner » s'est développé dépourvue de probabilité. Il voit à&ns, gibier
celui de « forer », comme, en ail., drillen si- d'abord un verbe, ayant pour signification
gnifie à la fois tourner et foret. Le verbe forcer l'oiseau que l'on poursuit (Ducange cite
gibier (d'où subst. yiblet, gibelet comme foret un mot latin gibeiiit qu'il traduit par cogat),
de forer) est donc =
vibler (r étant changé puis il en rapproche
vieux mot gibier de la
le
en l) ; pour l'initiale gi, f/ui =
h. vi; cp. [/ivre, langue d'oïl signifiant action de se démener,
guivrc == L. ripera. de regimber. De là il arrive à supposer une
GIBELOTTE, ragoût de volaille ; en wallon, racine gib exprimant lutte, violence d'où :

on dît r/iblèd'awe p. abattis d'oie, de même en viendrait à la fois gibier, 1 chasser, 2. se .

angl. giblets, qui répond au vfr. gibelet. La démener, puis le composé vfr. regiber (notre
source du mot est. inconnue. moderne regimber), récalcitrer. Mais d'où
GIBERNE, dér. de l'it. giberna;vo\. gibe- faut-il tirer cette racine gib i Ce problème est
cière. Bugge (Rom. IV, 357) cherche à dé- encore à résoudre. Peut-être ^tôter, chasser,
montrer l'identité decemotavecle BL. zaberna est-il congénère avec un mot gibet indiqué
" arca ubi vestes ponuntur aut quodlibet aliud par Ducange (au mot gibetum) d'après quel-
armariolum, vestiai'ium. » Quant à zaberna, ques textes poétiques et qui exprime une
ce serait une variété de zabaria, zabarium, espèce d'arme (voy. l'art, gibet). Par une —
bas-grec i,%-iv^^v.o-i (i-j S, «î C^S«i, at îtiiv ctt).» conjecture habilement soutenue, Bugge (Rom.
~5)s//iyà, irro'/.îtvTzt). IV, 358) rattache le verbe gibier à un type
GIBET, angl.gibbet, de l'it.
vfr. auiiiii juibet, *capicare tii'é de BL. capiis, faucon, en rap-
giubbetto, m. qui est un dimin. de giubba,
s., prochant angl. to hawke, chasser à l'oiseau, de
veste, camisole. Dicz voit dans cette dénomina- hawk, autour, faucon. Pour expliquer ca
tion du supplice désigné par giubetto une devenu gi, il s'en réfère à girofle caryo- =
plaisanterie populaire, par laquelle on aurait 2)hyllum et à degingandcr milanais scan- =
appelé la corde du condamné « sa petite veste » chinà. Le p changé en b (au lieu de v) ne
11 rapproche à ce sujet le mot correspondant imrait pas l'arrêter.
espagnol _;'w^0H, qui signifie à la fois pour- GIBOULÉE étymologie inconnue. En dé-

;

point et la peine du fouet. Quoi qu'on pense sespoir de cause, les lexicographes invoquent
de cette étymologie, il faut rejeter celle de un mot grec yo^oH signifiant trait lancé subi-
Yarahegibel, montagne, que l'on fonde sur ce tement mais, à part la singularité de cette
;

que les gibets sont d'ordinaire érigés sur les métaphore, le mot grec a le tort de faire dé-
hauteurs. —
On a aussi pensé aune connexité faut, du moins dans les dictionnaires à ma
avec l'ail. %cippen, trébucher, balancer, don- disposition. Pour nous en consoler, consultons
ner l'estrapade; mais il faudrait alors les Ménage, qui nous dira que giboulée vient de
formes guibctto, guibct. Littré, doutant — nimbus, lequel aurait pris successivement les
qu'un mot qui se trouve dès le xiii*' siècle costumes suivants nimbuliis, nimbulata,
:

dans la langue, soit emprunté de l'italien, gnimbulata, ghimbulata, ghibulata, enfin


demande si gibet, qui est essentiellement un giboulée ! Littré propose pour radical vfr. gibe,
bâton, une fourche, n'est pas identique avec charge; donc charge de mauvais temps. Notez
le vfr. gibet, désignant une espèce d'arme, et qu'en Bcrry on dit gibe, gible, p. giboulée on ;

qu'il explique comme diminutif de gibe, bâton trouve aussi guebelettc.


ferré. GIBOYER, voy. gibier. Y), giboyeux. —
GIBIER, subst., anciennement = chasse au GIFPER, ancien verbe signifiant « faire une
vol, puis le produit de cette chasse ; finale- croix sur une maison en .signe de confisca-
ment a désigné et désigne encore par
l'on tion », BL. guiff'are, wifarc, mettre une
gibier tous les animaux que l'on prend à la marque à une pi'opriété en signe de possession
chasse, et surtout ceux dont on mange la légale (voy. Du Gange); du subst. wiffa,guiffa,
chair. Il résulte des vieux dictionnaires que signum possessioni a})positum comme l'anc. ;

gibier s'appliquait plus spécialement à la vo- it. aggueffare, anncxere, pr. attexere, le mot
laille, mais déjà Nicot remarque que le mot vient du germanique weifen, tisser. Voir Diez
s'est " entendeu à toute beste poursuivie ou s. V. aggueffare.
prinse à la chasse, soit rousse, soit noire « GIFLE, claque sur la joue; ce mot gifle,
L'étym. du mot reste encore à fixer. Celle qui aussi giffe, a signifié d'abord la joue même,
figure dans la plupart des dictionnaires, d'où gifjlard joufflu. Comme l'avait déjà
,

savoir cibaria, représente le gibier comme de avancé Grandgagnage pour le wall. chife,
la mangeaille en général elle n'est entachée
; le mot représente l'ail, kicfe, kicfel, kiefer,
que d'une seule faute, mais suffisante pour la inaxilla, branchia voy. aussi Bugge (Rom.
;

faire rejeter c'est la transition de ci en gi, qui


: III, 150). Génin, peu scrupuleux en matière
est tout à fait anormale. Le mot gibier était phonologique, po.se dans ses Récréations une
aussi anciennement employé comme verbe il ; autre étymologie de gifle; je ne la cite que
répond comme tel à un type gibicare ; et gi- pour mémoire. 11 part dogysser, plâtrer, d'où
boyer = chasser au gibier, n'en est qu'une \iendvait g tffer, faire une croix avec du plâtre
modification (cp. plier et ploijer). Le latin du en .signe de confiscation, d'où giffe, gifle, af-
moyen âge présente gibicere (vfr. gibecer) et front, soufflet, puis la joue qui reçoit le souf-
gibostare. —
Diez n'a donné aucune conjec- flet.
.

GIN — 244 — GIR

GIGANTESQUE, voy. ffcant. I


vero, prov. gingcber, esp. gengibre, BL. gin-
GIGOT, cuisse, do ffiffue (v. c. m.). Chcval- giber; du L. zingiberi, gr. ^lyyt'Sîpi;. Le môme
Ict explique sans aucune probabilité /yjV/oi par mot se retrouve dans l'angl. gingcr, v. angl.
charnu, et invoque à cet effet le bret. kigek, gyngeverre, gingiver, dan. ingefer, ail. ing-
charnu, do hig, chair. —
D. gigotter, remuer bcr, ingiccr, holl. gengber. L'origine du mot
les jambes. latin et grec est orientale (arabe zendjcbil,
GIGUE, vfr. anan'i giglc, it. v. esp., prov-z/î^a, pràcrit siugabcr, sanscrit çringavôra).
angl. gig, instrument à corde du genre des GINGEOLE, aussi gingioule, jugeole, it.
vielles, puis une espèce de danse, et en der- giuggiola, du L. zizgpJiolum, dimin. de zizg-
nier lien, à cause de la ressemblance de phitrn, gr. ^t^O^siov. Le L. zizgphuni est aussi
forme, = jambe, la cuisse comprise (de là : le ])rimitifde jujube. —
D. gingeolier.
gigot). Du mha. gi'ge (auj. geigc), violon. La GINGUET, adj., sans force, j)uis étroit, serré,
l'acine de ce mot semble exprimer remuement, minco. Ménage nous apprend qu'on disait do
vibration ; du moins à en juger du nord. son temps un habit guinguet pour dire un
geiga, tremere, subst. geigr, tremor. Cotte habit trop court ou trop étroit. L'étymologie
signification a survécu dans ^îV/ner, aller vite, du mot est obscui'o. Peut-être y a-t-il au fond
danser, sauter, et dans gigolter, remuer les l'idée de grêle, d'cflilé (d'où celle de minc^,
jambes, aussi vaciller, balancer. Une modifi- étroit, faible se déduirait naturellement), et
cation de giguer est gingiier, donner de la le mot do gfgue, jambe (en Picardie
dérivc-t-il
jambe, ruer. —
.le suis porté à croire, sans on une gigue une grande fille maigre
aftpellc
être à môme de le démontrer, que de la racine et de mauvaise tournure). Aujourd'hui ///>*///«ef
gcrm. gig, se remuer, s'est i)roduit d'abord désigne particulièrement la f(ualité d'un petit
gigue, jambe, d'oii gigot, jambon, gigotter, se vin sans force; c'est de là (on disait aussi
remuer, giguer, faire aller les jambes, danser, guinguet) que découle probablement le subst.
et que do ce giguer s'est dégagé le subst. guinguette, cabaret où Wm
boit du petit vin.
gigue, danse, puis air de danse, et enfin in- On pourrait encore proposer pour guinguette
strument de musique pour faire danser; cette le verbe giguer (forme nasalisée guinguer),
filiation me semble i)lus naturelle. Voy. aussi danser ; la guinguette serait nommée d'après
guingvct. les bals, les bastringues, qui .s'y donnent. —
GILDE, confrérie; mot allemand, francisé Ginguet est peut-être radicalement connexe
autrefois ytnr gehle, giteude. avec gringalet (v. c. m.).
GILET. D'après Schuchardt (Grober, Zt.scbr. GIRAFE, de l'arabe zaràfa, zeràfa, m. s.
V, 100), =
esp. gileco (Don Quijote I, XLi). GIRANDE, faisceau de jets d'eau, di!o\x giran-
jalcco, chaleco. —
« Cette étymologie \nxv gileco, dole (it. girandola), roue, cercle de feu ; du
qui signifie une ca.saq»ie d'esclave et qui vient verbe gijrare, tourner (voy. girer). Pcut-i'iti'o
du iwYcyeJec, a déjà été proposée par M. Mill- ce mol fr. girande est-il plutôt abstrait que le
ier, mais elle me parait peu probable, à cause primitif do girandole.
de la date fort récente de l'introduction du GIRANDOLE, voy. girande.
mot en français gilet vient du costume do
: GIRASOL, de lit. girasole, littéralement =
Gilles, type du théâtre de la foire, comme tournesol.
pantalon de Pantalon » (G. Paris, Rom. GIRER, ancien verbe, remplacé par virer, it.
X, 444). girarc, BL. rjyrare, du L. gyrus, gr. y-iisoî,
1 GILLE,
. nom de baptême, du L. Acgidius cercle, tour, rond, it., esp. //?ro, prov. _^/r. De
(par aphéré.se de la première syllabe). Pour là girande, girandole, giratoire, girouette
:

idius rendu par illc, cp. esquille de schidice. (V. c. m.),


2. GILLE, personnage de théâtre, bouffon ; GIROFLE, aussi gérofle, vfr. et rouclii ge-
de là gilleric, niaiserie, sottise, mot de la rofe, genofe, genofre, v. angl. gylofre, it.
création de Beaumarchais. Quant à la locu- garofano, esp. girofle, girofrc, val. carofil,
tion faire gille, prendre la fuite, Ménage, garofd, toutes formes altérées du L. caryophyl-
après avoir combattu l'idée de Bourgoing, lum, qui — D.
est le gr. /.xyjofDDo-t. giroflée,
qui pensait au L. agilis, l'explique par faire giroflier. — Les mots anglais gilly-flowzr et
guile, c.-à-d. faire banqueroute [guile = july-flower sont prob. des corruptions du mot
tromperie, voy. guillcr 2). Nous pensons que fr. giroflée, dues à cette tendance du peuple
gille, anc. gile, est le subst. du verbe giler, à donner une physionomie indigène et une
qui se rencontre dans les patois (n, prov. apparence de signification aux mots exotiques
gilha) avec le sens de s'enfuir, et que Diez incompris.
rapporte au vha. gilan, giljan, se mettre à GIRON, '\t. ghcrone,garo)ic, Gi>\).giro)i, port.
courir. D'autres ont rapporté faire gille à girao, vfr. aussi gucron et (contracté) gron.
saint Gilles, qui s'est enfui de son pays de Sens premier pan coupé obliquement, puis
:

peur d'être fait roi. triangle à pointe longue (t. de blason) sens ;

GIMBLETTE, petite pâtisserie sèche, dure, secondaire la partie de l'habillement qui


:

en forme d'anneau ;
peut-être de la même fa- s'étend de la ceinture aux genoux d'une per-
mille que l'it. ciarnbeila, espèce de craquelin sonne assise. Gachet (sous gierons) s'étend
en forme d'anneau. —
On peut aussi rattacher longuement sur ce mot pour démontrer qu'il
gimblettc à l'angl. gimmal, double anneau, signifiait chez les trouvères les pans, coupés
qui vient de « annulas gemellus >» en pointe, à droite et à gauche de la robe ou
GINGEMBRE, it. gcngiovo, ze^izero, zcnso- de la tuni(|ue, ce qui explique la valeur du
GIV — 245 — GLA

prov. f/iro dans l'ai't liéraltlique. Il pense s'expliquent aussi les formes vfr. wivre, cymr.
avec raison que le sens de gremiiun attaché gwiber, bret. wiber.
au mot actuel et même au mot ancien, est dé- GLABRE, L. glaber, ras, chauve.
duit de l'acception « pans d'habit ". Diez — GLACE, L. glacia p. glacies. D. glaçon; —
tire ^«'OH d'un vha. gèro (accus, pèrun], qu'il ycrhe glacer, L.glaciare glacial, L. glacialis;
:,

suppose avoir existé à juger du mha. gère, glacier, -ère ; glacis, talus, pente douce et unie
pan, pointe d'habit, anc. frison gare, m. s. (litt glissante, car ce dérivé se rapporte à
Ces mots sont, d'après lui, des dérivés àegàr, i'anc. verbe glacier, glisser).
pointe triangulaire de la lance. Diez rappelle GLACIS, voy. glace.
à l'appui de cette transition de sens le BL. GLADIATEUR, L. gladiator (gladius).
jnJiini vestimcnti, litt lance du vêtement; il
GLAÏEUL, en botanique gladiole, du L. gla-
aurait pu encore citer le terme L. sagitta, dioliis. Le termes/ta, employé auj. pour signi-
flèche, employé au moyen âge avec la valeur :
fier une île de glaïeuls dans un étang et qui
« pars ea vestis, quee contrahitur in sinus, quod
dans le principe était le nom de la plante,
sagittse specicm eflingant » Ducange cite à
.
représente le L. gladius (cp. rai de radius).
ce sujet un passage des Coutumes de Cluny
trop intéressant pour ne pas le reproduire.
— Le xîv.glaget répond à un type gladiellus.
GLAIRE, humeur visqueuse, blanc d'œuf
« Sedens ad Icctioncm antcriora frocci sui
cru, prov. glara, clara (aussi clar, masc),
semper in gremium ita attrahit, ut pedes pos-
esp. port, clara, it. chiara, angl. glair. Grimm
sint bene videri. Girones quoque, vel quos
l'attache ce mot à l'ags. glaere, amber, suc-
quidam sagittax vocant, coliigit utrinque, ut
cinum, pellucidum quidvis. Diez balance entre
non sparsim jaceaut in tei'ra. »
clarus (clara pars ovi) et glarea, gravier, qui
GIROUETTE. Selon Caix, du thème gir dans d'anciens glossaires est défini par « chose
(tourner) -|-roi«?<<e (cp. pirouette). Un primitif
glutineuse, argile, colle ". Malm le place
it. girotta, invoqué par Litti'é, n'existe pas.
dans l'élément celtique en citant le bas-breton
GISANT, part. prés, du vieux verbe gésir glaour et glaouren, bave, salive, glaire ; gal-
ou gisir. Ce xevhegésir, être couché, reposer, lois glyfoer, bave. —
D. glaireux (Nicot con-
correspond à it. giacere, esp. yacer, port. signe un adj. glaireux =
pierreux; mais
jazer, \)VOv.jacer, et vient du 'L.jacere,Ta. s. celui-ci est le L.glareosus de glarea) ; glairine,
(cp. plaisir, taisir' , de placerc, tacere). Du glairer (t. de reiïeur).
verbe //('Wr vient l'anc. snhst. gésine[v. cm.).
GLAISE, prov. gle ;a, \{r. glisse, du. BL. gli-
A l'infinitif //z's/r se rapportent encore les 3"^
teus, gliceus =
cretaceus, adj. de glis, glitis,
pers. prés, indic. git, gisent, l'imp. gisais;
:
humus tenax, argilla. Quant à glis, on n'en
puis les dérivés gisement, et giste, gite, pr. on l'a cherchée à tort
connaît pas l'origine ;

couche, couchette, puis lieu de .séjour (en Le


dans le gr. yUoc, colle, et yli'jyj.d;, collant.
Belgique, =
solives d'un plancher), ^h.gista
subst.BL. glis, glitis paraît plutc)t d'origine
et gesta. \Ji radical dans le verbe gisir p.
germanique on a en allemand d'abord le mot
:

gésir est un eflet du voisinage de la palatate/


kleg, teri'e gluante, argile, puis en v. flam.
ou g; cp. vfr. giter = jeter. klissen, adhœrere, d'où hlister, gluten (ail.
GISARME, y oy. giàsarme. kleister). Un t radical se trouve dans l'ail.
GISEMENT, voy. gisant. hlette, ni. Mit (aussi hlis), glouteron. Je ne
GIT, voy. gisant. me dissimule pas que l'adoucissement du k
GITE, voy. gisant. — D. gîter, demeurer, primitif en g, dans un mot latin du temps
coucher en Belgique
;
= mettre les solives. d'Isidore, fait quelque difficulté.

1 . GIVRE, gelée blanche, bourg,.^r^r^?, prov. GLAIVE, \wov.glazi,glai, glavi, du L. gla-


givre, gibre, cat. gebre. Eln languedocien givre dius. Le prov. fait voir comment, dans ce mot,
se dit aussi pour les glaçons qui pendent aux ainsi que dans plusieurs autres ({'p.cmô/ai:«',

branches des arbres et aux gouttières. Cette avoultre" p. adultère, veuve), il y a ou d'abord
dernière valeur peut avoir, observe Diez, dé- syncope du d, puis insertion d'un v eupho-
gagé l'acception générale du mot. Dans le nique. La forme française découle du reste
Languedoc, le givre s'appelle aussi barbasto; directement du t^vov. glavi, cp. vfr. saive, sage,
cette expression rap])elle celle des Picards et du prov. savi. Le prov. glat a donné fr. glai,

des Normands : gelée barbelée. Le sens pri- primitif de glaïeul.


mordial de givre étant glaçon, chose qui res- GLAND, L. glans, glandis; notez le chan-
semble un peu ù de petits serpents, on est gement de genre en fr. —
Y). glande, p glandle

autorisé à confondre le mot avec le suivant. (vfr. glandre), du diminutif glandula, =


La métaphore ne serait que naturelle. Mé- — amygdale gonflée (terme sa\ant gland ule, d'où
nage s'évertuait à adapter le mot au L. gela- glanduleux) ; glandc'e.
tiira; or, avec son procédé il était sur de GLANDE, voy. gland.
réussir dans ce cas-ci comme dans tous les GLANER, pic. champ. ///mer, V>L. glenare
autres. {yf siècle). Leibnitz admettait une provenance
2. GIVRE, en termes de blason serpent. = celtique : cymr. glain, glùn, net, glanhau,
Le mot s'gnifiait autrefois serpent en général, nettoyer; cp. nord, glana, éclaircir. Glaner
et s'écrivait plus correctement guivre. Diez serait donc pr. déblayer, nettoyer. Il est dif-
dérive guivredu L. vipera, mais par l'inter- ficile de se prononcer en faveur de cette éty-
médiaire du mot similaire vha. icipera, d'où mologie ;car le subst. glane implique, à juger
GLO — 246 — GOB
de diverses applications (p. e. glane d'oignons), recueil de ^Zoses, c.-à-d. de mots obscurs, s'est
l'idée fondamentale de faisceau, liasse, poignée. appelé wnglossarium, d'où fr.glossaire; et le
On est par là porté à voir dans glener une commentatour do gloses, un glossateur.
contraction de geliner, et à le rapporter au GLOSSAIRE, voy. lart. préc.
BL. f/elima, aussi yelina, =
manipulus, GLOTTE, gr. -/iwTrf; (de yïûzrx, langue).
gerbe. Pour ce r/elima, on peut le référer à GLOUME, équivalent de glume (L. gluma,
l'ags. gelm, yihn, poignée. Reste à savoir si paille, enveloppe), se rattache à une forme lat.
l'on peut admettre pour X^glcnarc du vi" siècle gloma consignée par DC.
une contraction àegeîinare. —
D. glane, subst. GLOUSSER (it. chiocciare, a'occiare), ono-
verbal. matopée; cp. L. glocire, glutire, aU. glucfi-
GLAPIR, de la même famille que le néerl. zen, glucksen. On dit aussi du dindon qu'il
hlappen, klaffoUyRu]. kluffen, m. s.; cp.
vlia. glougloute. —
D. gloussette, poule d'eau
le mot fr. rlabaud. Au lieude/7/«p?> on disait, bnine.
et les patois disent encore, glatir (it. ghiat- GLOUTERON, bardane, voy. ghttei-on.
tire). Les racines hlap et Mat ont une valeur GLOUTON, it. ghiottone, esp. prov. gloton,
fondamentale identique. —
D. glap, ancien du L. gliUo, -onis. Du primitif L. glutus ou
subst. verbal, auj glapissement. L'ancienne— plutôt gluttus viennent vfr. glout (le pic. a lo
langue n'offre pas d'exemple de glapir, mais dim glouet), wall. glot, friand. Dans le verbe
dansl'Ysopet de Lyon(v. 298) on iroxwe glaper L. glutire, d'où vfr. gloutir', auj. engloutir,
au sens de « poursuivre en aboyant " (en par- on ne peut méconnaitre la racine imitative^/i«
lant des chiens). (prononcez ^'/ok), que les poètes-buveurs aiment
6LÂS, anc. glais, prov. clas, it. chiasso, du à célébrer sous la forme de glouglou,. D. —
L. classicum, signal de trompette, en BL. =^- gloutonnerie, anc. gloutomiie.
sonnerie de cloches. GLU, aussi glue, prov. çlut, du L. glus,
GLAUQUE, L. glaucus, gr. 7>s!u/o;,m. s. glutis (Ausone), i>r\mitï( de gluten, fv. gluten.
GLÈBE, L. gleba, motte de terre, puis poét. — D. gluau, L. glutalis*; gluer ou e^igluer ;
:=^ terrain cultivé, fonds, domaine. gluant.
GLÈNE, t. d'anatomie, du gr. -/l>5v>j, cavité. 6LUI, d'abord faisceau de chaume; aujour-
GLETTE, oxyde de plomb, de l'ail, gliitte, dont on couvre les toits. Ce mot
dluii, paille
m. s., dérivé de l'ail. ^/a«, uni, lisse, brillant. est,selon Chcvallet, celtique, et identique
GLETTERON, anc. forme deglotiteron; mo- avec récos.sais glac, paume de la main, puis
dification du vfr. cleton, gleton, qui vient do botte, poignée, ou avec le gaél. cloig, botte
l'ail, hlettr, flam. klit,m. s. La forme glniUe- do chaume. Ducange le fait venir du flam.
ron peut s'être produite sous l'influence du L. gcluye, gluye; peut-être l'inverse est-il plus
gluten l\oy. ghi). probable.
GLISSER, pic. glicher; c'est l'ail, glitsen, GLUTEN, voy. ;5/7k. —
D.glutineux, L. glu-
glitschen, néerl. /jt/îY^ctî, formes dérivatives de tinosus.
gleitcv, ags. glidan, angl. glide, suéd. glida, GLYCINE, du gr. yiuzu,-, doux ; de mémo
m. s. On a cherché à expliquer le mot par le gh/cose.
vfr. glaicier (voy. sow?, glace^, qui signifiait la "glyptique, gr. y>uTTt/,j, l'art du -/JÛTTr/;;,

même chose, mais Diez oppose que le chan- graveur, de y/ûjiîtv, graver.
gement de ai en i ne se rencontre que devant GNOME, mot employé en premier lieu par
gn et / mouillé, cp. chig^ion de chaignon, Paracelse et prob. tiré du grec yv^/^i/j, intelli-
grille de graille. gence, esprit. —
D. ^nomù/c, gnome femelle.
GLOBE, L. globus, de là englober; dim. GNOMIQUE (poème), du grec yvw//i/o;, sen-
globule, L. globula, d'où globuleux. tencieux, adj. de yvjj/x»), sentence, adage.
GLOIRE, vfr. glorc. du L. gloria. D. dim-— GNOMON, L. gnomon, gr. yv'j)/xwv, pr. con-
gloriole, L. ^\or\o\a.\ glorieux, L. gloriosus; naisseur, indicateur.
gloriette, petite maison de plaisance, pavillon GO, dans " tout de go » =
librement, sans
de jardin, en vfr. =
petite chambre ornée, façon. On a rapporté cette expression popu-
esp. glorietta. On s'explique cette dérivation laire tantôt à l'angl. go, aller, tantôt au L.
par le sens de " pompa, apparatus », attaché gaudium (donc =de gaieté de cœur). De la
au mot f/loria dans la latinité du moyen âge. Monnoye explique go par gobe; tout de go se-
GLORIETTE, GLORIEUX, voy. gloire. rait gâté de tout de gobe, donc tout d'une=
GLORIFIER, L. glorificare. —
D, glorifica- pièce. En eflet, des textes du xvi^ siècle por-
tion . tent " avaler degob, tout degob n.Yoy. gober.
GLOSE, dugr. yj.wîîa, pr. langue, puis en GOBBE, morceau, spéc. morceau d'une com-
stylede grammaire, =
mot tombé en désué- position en forme de bol qu'on donne aux
tude ou étranger, qui demande à être expliqué chiens pour les empoisonner. Il devrait être
par un autre terme connu, appelé y}iw77<5;xz écrit gobe, car c'est le subst. verbal do gober,
Glose, le mot à expliquer, a donné le verbe mais je suppose que le mot vient direct, de
gloser, BL. glossare, interpréter, d'où s'est l'angl. gob, bouchée.
dégagé verbal glose avec le sens d'in-
le subst. GOBELET, dimin. de gobeV gobeau, BL. gu-
terprétation qui lui est encore attaché. Dans bcllus, prov. cubel; dimin. du L. cuppa, coupe.
les temps modernes gloser, pr. commenter, a — De la forme variée gobelot vient gobelotter,
pris le sens de critiquer, et un gloseur est un buvotter.
homme qui trouve à redire sur tout. Un — GOBELIN, GOBLIN, angl. goblin, lutin.
. .

GOD — 247 GOË


esprit follet, ail. hobo7cl,dév. du BL. cobalits ; m. s. ; ronchi godan, appât, enfin le mot fr.
du grec fourbe, trompeur, malfaisant.
zoSaXo,-, goinfre, dont la terminaison fre lui .semble
Diefcnbach (Gotb. Wôrt. I, 150) cite le bret. adaptée à celle du synonyme goliafrc. —
gobilin, feu follet. —
Les matelots disent Nous placerons également, à notre tour, sous
goguelin, prob. par assimilation à gogues, la racine god, luxure, le champ, godin,
plaisanterie, malice. mignon, godinet, gentil, galant, le fr.godard,
GOBELINS, nom d'une célèbre manufacture gourmand, et godiveau, sorte de pâtisserie.
de teinture et de tapisseries, à Paris ; il lui a — Voy. aussi gaudriole, qu'il est difficile de
été donné d'après Gilles Gobclin, teinturier séparer de gaudere. —D. de godailler :
s(T)ns François I"". subst. verbal godaille.
GOBELOTTER, voy. gobelet. GODE, mesure de longueur. D'où?
.GOBER, avaler sans savourer, avec avidité, GODELUREAU, au xvi" siècle, goguelureau,
prendre sans réflexion, fig. croire légèrement, mot de à analyser. Le plus
fantaisie, difficile
d'où gobe-mouches, et terme gobe-affront,
le simple est d'y voir une composition des radi-
employé comme synonyme de courtisan par caux god (voy. godailler) et lur (d'où luron).
Scarron; d'origine celtique Chevallet cite : La forme ancienne godelereau permet cepen-
irl., gob, gaél. gob, gwp, signifiant
écoss. dant d'y voir un dérivé de godelier, mot très
bouche, bec. —
D, subst. verbaux :^oô*,dans supposable comme dérivé de goder, mentionné
tout de go (voy. go), tout d'une pièce, eigobbe sous godailler. On trouve au xvi® siècle gogue-
(v. e. m.) et son dimin. gobet; verho dégobiUer lureau, fait sans doute sous l'influence de
1. GOBERGE, morue; d'origine inconnue. gogue, gogaille, goguelu (Rabelais).
2. GOBERGES, petits ais d'un lit liés avec GODENOT, magot, idole ; le mot n'a prob.
de la sangle pour soutenir la paillasse. D'ori- rien à faire avec le germ. god, dieu. On y a
gine inconnue. Littré croit que goberge, au vu aussi une composition du celt. go, petit,
sing. petite perche, servant d'instrument à mal fait, et den, homme. Cela est tout aussi
diverses opérations de menuiserie, est une problématique.
corruption d'éco2Krche (v. c. m.). Du pi. — GODER, faire de mauvais plis, de làgodure,
goberges vient peut-être segoberger, s'étendre faux pli. Goder parait être pour gauder (la
sur une paillasse, prendre ses aises, se diver- mutation au en o est fréquente) or, gauder
;

tir. L'Académie porte se goberger avec le sens se déduit très régulièrement du goth. valtjan,
de se moquer serait-il distinct du même
; ags. vaeltan, angl. welter (ail. mod. wâlzen)
verbe sign. se divertir? Si cela est, on peut le rouler. De goder vient encore le subst. godron,
considérer comme un dérivé du vfr. gobe, plis ronds, puis, en architecture, espèce d'or-
hâbleur, fanfaron, lequel pourrait bien rele- nements à forme ovale taillés sur les mou
ver du même mot celtique gob, bouche, men- lures.
tionné plus haut sous gober (prendre la GODET, verre à boire sans anse ni pied ;
bouche pleine). Cependant le sens foncier de l'étymologie par L. guttus, vase à col étroit
l'adj. vfr. gobe parait être « enflé, vain, fier. » rencontre de sérieuses difficultés phonétiques
GOBERGER (SE), voy. l'art, préc, (voy. Rom., X, 39); il faut donc l'abandonner,
GOBET, morceau, angl. gobbet, voy. gober. bien qu'elle soit patronnée par Diez et Littré.
— Le verbe gobcter, jeter du plâtre avec la G. Paris rattache le mot au vovhQ goder (voy,
truelle pour le faire entrer dans les joints des godailler)
moellons d'un mur, vient-il do là, par l'cflet GODICHE, forme populaire à suffixe 2cA(? pour
d'une de ces métaphores un peu brusques que Claude, dont il partage le sens figuré sot, :

l'on rencontre dans le langage des ouvriers? maladroit. —D. godichon.


GOBILLE, p. globille? de globe, boule. Ou GODINE, forme antérieure à gouine (voy.
un dérivé de gobbe, bol ? godailler). —D. godinette.
GOBIN, bossu, de Fit. gobbo, hossu, gobba, GODIVEAU, voy. godailler.
bosse; ce mot italien vient de la- forme L. GODRON, voy. goder. —
D. godroniier.
gybbus [y latin =
o roman) pour gibbus, GOELAND; Chevallet, comme Diefenbach,
bosse. suivi par Diez, se fondant sur la forme bre-
GODAILLER, boire avec excès; d'après tonne gicélan (qui se prononce gouéla7i), et
Diez, un dérivé du vfr. goder, m. s. D'autres sur la description que fait Buffon du cri du
rattachent godailler au vieux mot fr. godale, goéland, fait venir ce mot du bret. gioela,
gondole, bière, qui vient l'angl. good
de pleurer.
aie, d'où le subst. godailler ou godalier, GOELETTE, 1. hirondelle de mer (on la
brasseur ou buveur de bière. Voy. aussi nomme aussi goualette):, 2. sorte de petit vais-
godet. —
Diez range encore sous le même seau de mer léger et rapide. La deuxième
radical god, dans lequel il n'ose reconnaitre acception semble découler de la première, et
legaudere latin, mais plutôt le cymr. god, le nom de l'oiseau paraît avoir la même origine
luxure, les mots suivants n. prov. goda, : que goéland.
femme de mauvaise vie, fr. godine et gov.ine, GOEMON, varech, mot celtique ; le Catho-
m. s., yîv.godoii,\\\yiuv\.QWs.,ho\\vg.godine.la, licon du Lagadeuc porte " goumou ha bezin,
:

ronchi godinete, bourg, gaudrille, tous à peu gallice (goëmon), lat. alga, » où Bngge
près de la même valeur quo godme et goidne. (Rom. IV, 358) propose la correction goumon;
Il cite encore esp. godo, godeno, godizo, le gallois donne le même terme ^lo^mon pour
gourmand, goderia, régal, piém. gaudineta. varech.
GON — 248 GOU
GOFFE, it. ffoffb, csp. f/ofn; d'origine incer- dnvha.gundfano, composé do //i<;w//rt, com-
taine. Un a cité s^r. /«ujjo^, stupide, et bava- bat, et de fano, drap, drapeau. — D. gonfa-
rois ffoff\ m. s. D'autres, prêtant au mot le îonicr.
sens de grossier, le retrouvent dans la glose GONFLER, ïi.gonfiare, du L. con-flare, souf-
d'Isidore " bigera, vestis ffnfa vel villata », fler ensemble enfler de in-flare). Diez
(cp.
liabillement grossier et velu. cite " intcstina conflata « (Cœlius Aurelius).
GOGO (A), 60GAILLE, GOGUE,ctc. ; tous ces GONIN, adroit, fripon, du nom d'un célèbre
vocables découlent d'une lacine ffof/, expri- escamoteur du temps de François I'""".
mant plaisir, bonne vie et qu'on retrouve dans GORD, t. do pêcherie j'estime que c'est le
;

le BL. ar/of/arc, donner à manger, norm. même mot que le vfr. gort, nwygour (v. cm.).
(jogon, doux, mignon. Cette racine est-elleiden- GORET, dimin. du vfi'. gori'e, gore, truie,
tique avec celle du bret. gogé, plaisanterie, esp. gorrin. Pour gorre, Diez compare le
raillerie, cymr. gog, abondance, ^oyan, satire, verbe allemand goii'en, gwi'en, produire le
ouderall.//«Hr/t, jeune sot, niais et coucou, ou son gurr, grogner, puis le subst. gorre,
du nord, gauha, être fier? Tout cela est diffi- jument, rosse. Hurguy conjecture une dériva-
cile à décider. Le latin Jocus doit rester hors tion de la racine vha. et celt. gor, qui signifie
de cause; de même gaudimn (étymologie de boue, limon, fumier.
Génin). Nous rapportons 1 au sens plaisir, . GORGE, it., esp., pvov.gorga (it. aussi ^or-
bonne chère, les mots gogail le, repas joyeux, gia), ail. giirgcl, du L. gurges, goufre. La
èt7'e à gogo =
être dans l'abondance, gogue. connexité entre l'idée cavité, profondeur, et
sorte de mets friand, gogueh'., amateur du celle de sein, cho.so rebombéc, se retrouve
plaisir; 2. au sens plaisanterie gagnes' ànviii : dans xoItio;. qui a donné à la fois golfe et
" être en ses gogues » =
être de bonne hu- gouffre. —L'éty)non/7Kr/7e« a été mis en doute
meur, d'où goguettes, anc. aussi goguenettes, par Meyer et (l. Paris (Rom., III, 335, et IX,
propos joyeux, etc., goguenard, railleur, 332) par la rai.son que \'o dans gorge est
anc. goguenette, propos joyeux; 3. au sens fermé. — Le lat. gurges, dans sa valeur pri-
lier, goguelu, qui se disait d'une personne mordiale d'abime, tourbillon, est indubitable-
fière de sa richesse. ment le primitif de it. grn'go, prov. et vfr.
GOGUE. GOGUELU, GOGUENARD, GO- gorc, gwt, et le fr. mod. gour. Dans les
GUETTE, voy. l'art. i)réc. Cévennes, on nomme gourgo des réservoirs
GOINFRE, voy. .sous godaillei'. Le mot ne destinés à l'irrigation des terres. D. de —
serait-ilpas tout bonnement une altération gorge: goi'ga'ette ; gorgei-in; gorger, remplir
populaire de gouffre] —
D, goinfrer, goin- jusqu'à la gorge; dégm-ger; égorger; engor-
frcHe. ger ; regorger ; rengorge^'.
GOITRE (mot n'apparaissant pas avant le GORILLE, nom de singe ; nom donné d'abord
à dos femmes velues que le.s Carthaginois
XVI" siècle) parait venir du L. giittur, mais
disent avoir trouvées sur la C(\te d'Afrique.
Paris (Rom.,X, 59) ob.scrve qu'il faudrait
pour cela une foi-mo intermédiaire guctur. — GOSIER, dérivé du vfr. gueuse, gorge
quant à celui-ci, on a invoqué, comme primi-
;

D. vfr. goitron, guitron, gosier; goitreux.


tif, l'it. gozzo, gosier (forme tronquée do
GOLFE, it., esp., port. goJfo; du gr. zoi^To;
gorgozzo), mais ce rapport reste douteux. Le
(plus tard xo/y «,-, cp. it. trofeo de rpo-uxTo-j),
))atois lorrain a gosse signifiant le gosier et
1. -sein, giron, 2. golfe. Le mot grec signifiait
l'estomac des bêtes qu'on engraisse; en ail.
aussi fond de la mer, abîme; c'est dans ce !<ens
gosse signifie tuyau, égout, rigole et parait
qu'il est devenu le primitif du fr. goufre',
indépendant du radical des mots romans
gouffre (v. cm);flam. golpe (Kil.) traduit
cités. — D. s'égosiller (dans les trouvères, je
par lat. giirges.
trouve se desgoisier).
GOMÈNE, GUMÈNE. câble, it. gomona, go- GOSSAMPIN, h.gossympinus{y\me, 12,10,
mena, esp. gomena, de
l'arabe al-gommal, le
21), espèce de cotonnier, extension de gossy-
câble. Diez doute de l'exactitude de cette déri-
pium {/'y'j'jùTiiov), m. s.
vation.
GOTHIQUE, du nom de peuple Goth.
GOMME, 'L.gummi,gT. xô/ifti. h. gommer; — GOUACHE, voy. gàcJier.
gommc-guttv(gutte =
h. gutta, goutte). Devic, GOUAILLER, railler, plaisanter; wall.
cependant, est d'avis que dans gomme-gutte le
gûaii. D'origine inconnue peut-être syncopé
second mot n'est que la traduction du premier
de gogailler {\o\ gogo). — ;

Fin berrichon notre


.

et représente le
gomme, baume (d'où
malais gatah
aussi gutta-percha).
ou ghetah, mot est synonyme de godailler (cp. gouine =
godine).
GOND, soit du L. contus, croc, épieu, ou GOUDRON, aussi goudran, guitran, it. ca-
une forme tronquée du L. ancon, pièce de trame, port, aleatrào, esp. alquitran, BL,
bois ou de fer coudée, que l'on retrouve dans
le lorrain angon ^- gond, ou du L. gomphus
caiarannus, de l'arabe al-qatran, m, s. D. —
goudronner.
{/dy.-fOi), clou. Cette dernière étym. convient GOUFFRE, p. goufle, transposition de golfe
surtout au prov. gofo, gofon, gond.
m.). Du T^Tim. golpe
(v. c. gurges, le fla- =
GONDOLE, de rit. gondola. Ce dernier est mand a fait le verbe golpen, gulpen ingur- =
un dim. àegonda, m. s., et vient du gr. xovou, giter. — D. engouffrer.
vase à boire, coupe. —
D. gondolier. 1. GOUGE, espèce de ciseau creux ou
GONFALON, anc. go7\ fanon, ït. gonfalone. courbe, prov. mod. giibio, esp. gubia, port.

GOU — 249 GOU


f/oiva ; Riigge (Rom., IV, 358) tient le mot cier était gras. Pour le rapport logique entre
l)Our'celtique, en alléguant anc. gallois ffiîb gras et sot, cp. le gr. Tr^t^ù,- et L. crassus. —
(foratorium, rostrum), golbin (rostrum), gal- D. gourdir\ engourdir, dégourdir.
lois mod. gylf,gylfni (bec), gaél. [/ilb, ciseau, GOURDE, voy. courge.
irl. mod. ijulbba (« aculeum "). Le radical GOURDIN, de l'it. co7-dino, corde dont on
est /7«76(=gr.y}iv?w),qui explique les formes frappe les galériens métaph. ; =
gros bâton
BL. gulvia, gulvium (it. [/orhia, sr/orbia) et court; d'après Littré, le mot se trouvant
fr.gouge. Cp. aussi Baist (Ztsclir., VI, 118), déjà dans l'ancienne langue, plutôt de l'adj.
qui estime que gouge, au sens de fille, est gourd au sens de gros, épais. —
D. gott7'-
identique avec govge, mais sans indiquer le diner.
rapport idéologique qui les i^elie. D. — GOURE, drogue falsifiée; d'origine arabe;
goiiger. Littré indique le verbe arabe ///i an-, tromper.
2. GOUGE, n. prov. gougeo, fille, servante — D. gourer, falsifier.
(dans quelques provinces on dit gouije) d'après ; GOURGANDINE, vers la fin du xvn« siècle,
Huet, du mot judaïque goye, servante chré- un vêtement de femme, peu chaste à ce qu'il
tienne (les Juifs appellent les chrétiens des semble c'était un corset ouvert par-devant
;

goyim, peuples, comme les chrétiens se ser- qui laissait voir la chemise. Le nom s'est con-
vaient du mot gentils pour désigner les servé dans la langue pour désigner les femmes
païens); étymologic sujette à caution. C'est de qui ont quelque chose de trop libre dans l'air
gouge que vient, goujat, valet, anc. goujart ou dans l'ajustement. Le mot parait venir de
aussi gouge avait ce sens. Voy. aussi — ;

gorge; cp. l'anc. adj. gorgias, qui se disait


gouge 1. d'une personne galamment habillée, vêtue
GOUINE, voy. godailler. On a erronément d'une manière décolletée. —
Si réellement
rapporté gouine au vha. quena, angl. queen, le sens prostituée
>< a préexisté, comme le
»>

m. s., ainsi qu'au v, gaél. coinne, femme. Un suppose Littré, à celui de vêtement, mon éty-
poète tire le mot de la reine Goïne qui trom- mologie vient à tomber. Littré cite le verbe
pait son mari et le fit périr pour fuir avec son normand, gou.rgandir, se livrer à la débauche,
amant. —
Le masc. gouin désigne un matelot que Le Héricher décompose par gore, prosti-
de mauvaise tenue. tuée, -\- gaudir.
GOUJAT, dial. gouyat, voy. gouge. GOURMA.de, voy. gourmer.
1. GOUJON, en patois govion, angl. gud- GOURMAND, voy. gourme 1. — D. gour-
geon, it. gobio, du h.gobio, -onis (gr. zojSn;). mandise.
2. GOUJON, outil de fer à divers usages; GOURMANDER, voy. gourmer.
dans Palsgrave, ^oH^eon désigne entre auti'es 1. GOURME, matière visqueuse que les
des menottes de prisonnier Godefroy traduit : jeunes chevaux évacuent par les naseaux;
le mot (v. gojon) par " cheville à pointe per- croûtes de lait. D'origine incertaine. Dicz
due prob. connexe avec gouge 1
•>
; On dit . — cite le nord, gormr, bourbe, limon (de gor,
aussi gouviun. fumier), angl. (dial.) gorm et grom, salir,
GOULE, ancienne forme Tpoiiv gueule. Delà: berrichon eau gourmie, eau stagnante. Che-
goitlée, gros.se bouchée ; goulet, goulette, en- vallet mentionne le mot gor de différents
trée étroite, petit canal, etc. ; goulot, goulotte; idiomes celtiques, signifiant, pus ou pustule.
goulu; champ, goulerie, gourmandise; verbe A cette idée de malpropreté, de bave ou de
regouler 'w. c. m.). salive, se rattache aussi le rouchi gourmer,
"goulot, dim. àogoule{\.c. m.). humer, siroter. C'est de ce dernier que se dé-
GOULU,
voy. goule. duisent le plus naturellement les mots gour-
GOUPIL, aussi golpil, houpil, mot de l'an- met m.), gourmand, et norm. gourma-
(v. c.
cienne langue, remplacé par re;iar(/(v.c. m.), clier,manger malproprement. Grandgagnage
du L. vulpeculus. —
D. goupUlerie. Voy.aussi traite le gourmet avec un peu plus d'égards et
goupillon. conjecture (avec un point d'interrogation),
GOUPILLE, fiche, cheville, du L. cuspicAila, comme radical du wall.^oi«rm<?i< gourmet, =
pointe. le hoU. geur, odeur, dial. d'Aix-la-Chapelle
GOUPILLON. L'étymologie goupil, renard gilhr, saveur de la viande, bouquet du vin.
(donc pr. == queue de renard, généralement Mais la lettre m
resterait inexpliquée et je
reçue jusqu'ici, est contestée par Paris (Rom., pense que l'étymologie de Diez doit l'emporter;
XIV, 306) il identifie le mot avec le vfr. je ne sais si, pour appuyer cette relation entre

;

guespeillon (pr. chasse-guêpes). Notez, les idées bourbe, bave et gourmet, je puis
cependant, que l'ancienne langue présente rapprocher le terme allemand schlàmmer,
aussi guipillon et qu'il se pourrait bien que goinfre, que certaines acceptions m'engagent
les étymologies vulpeculus et guespa se fus- à déduire de schlamm, bourbe.
sent rencontrées dans goupillon. D. goic- — 2. GOURME', dans « gourme de chambre»,
pillonner, nettoyer avec un goupillon. un des bas-officiers de la maison des ducs de
GOUR, voy. sous gorge. Bretagne c'est l'angl. groom ou flam. grom
;

GOURD, roide, peu agile, esp., port. ^orrfo, (Kil.) transposé. L'ancienne langue disait aussi
prov. gort, gros, gras. Du L. gurdus, mot gromme, dim. gromet =
valet, serviteur.
d'origine espagnole, au dire de Quintilien, et L'esp. a.grumete p. mousse, garçon de bord;
équivalent de stolidus. Isidore l'interprète par c'est évidemment le même mot. Cependant,
lentus, inutilis ; il faut croire que le sens fon- Diez, en citant sous grumo, mot esp. signi-
, ,

GOU 250 — GRA


fiant monceau, Vit. gmmolo, cœur du chou, avec autant déraison se porter sur l'ail. /j*v/.s-e,
y retrouve la même métaphore, sur laquelle flam. hulschc [K\\\&en: siliqua, calyx,utricu-
nous l'avons vu tant insister en faisant 1 oty- lus), et je n'hésite pas, jusqu'à meilleure infor-
mologic de garçon (voy. gars). Les Portugais mation, à identifier gousse (au sens général
appellent dans leurs colonies gronietos les d'enveloppe) avec housse, et à y voir une
valets nègres gagés sans être esclaves. modification de forme analogue à celle de
3. GOURME, roideur, gravité affectée, voy. gouspiller pour houspilln-. Du reste, le ger-
gourmeUe. manique A permute paifois avec g en roman
GOIJRMER, 1. mettre la gourmette à un (voy. Dicz, Gramm., éd. franc., "l, 297-298).
cheval, \oy gourmette ;
.

2. battre à coups — De gousse wQXit gousset creux de l'aisselle
,

de poing, d'où gourmade; ^o ne m'explique (par extension la mauvaise odeur qui en sort),
pas l'origine du mot dans cette acception ;
— puis petite bourse portée d'abord sous l'ais-
3. maltraiter, critiquer sévèrement; c'est une selle.
acception adoucie de la précédente; de là GOUSSET, voy. gousse.
gouiinander ; — 4. affecter un air raide, de
GOUT, du L. gustus.
goust', D. goûter, —
gourme 3. L. gustare (l'acception « faire un léger repas»
GOURMET, voy. gourme 1 Avant de signi-
.
était déjà propre au mot latin Plin. Ep. 6.:

fier friand, gourmand, ce mot signifiait, comme 16, deinde gustabat dormiebatque mini-
5 :

il signifie encore (c'est même la seule signifi-


mum). —
D. goûter, subst. ; compo.sés dé- :

cation que lui assigne l'Académie), dégusteur goûter ; rngoùter.


de vins. Cela confirme en quelque sorte l'éty-
GOUTTE, it gotta. esp.. port, gota, du L.
mologie posée à l'article gourme 1 et l'étroite ,
gutta. La maladie de ce nom était attribuée
relation de ce mot avec le rouchi gourmer,
à certaines gouttes d'une humeur viciée qui
humer, siroter. On connaît l'opération buc-
arrivaient aux articulations. On sait que
cale et gutturale (si je puis m'esprimer ainsi)
goutte, exprimant une chose menue, a servi
qui caractérise la dégustation du vin. Littré
comme m,ie, pas, point, à renforcer la néga-
rattache gourmet à gourme 2. par le sens
tion ne; cette valeur nous est restée dans ne
intermédiaire, « garçon d'un marchand de
vin ". .le doute que gourmet ait signifié par
voir goutte. —
D. gouttelette, goutteux,
gouttier , gouttièi'e, goutter, égoutter, dé-
excellence un valet de marchand de vin et
goutter.
que ce valet ait eu la charge de déguster
les vins.
GOUVERNER, L. gubernare. D. gou- —
verne, règle, conduite gouvernement, gouver-
GOURMETTE d'un cheval; dimin. Aegourme, ;

neur, L. gubernator; gouveiiiante, gouver-


inusité dans ce sens; de ce dernier vient aussi
nail, L.gubernaculum.
gourmer un cheval, lui mettre la gourmette;
part, gourmé, fig. roide dans son maintien GRAAL (saint), prov. grasal ,'BL. gradalis

comme un cheval gourmé (l'anglais dit de Dicz conjecture l'étymologie cratus, forme
môme curbed au fig .) de cette acception
;
KL. p. cratrr.
figurée se dégage le subst. gourme, roideur, GRABAT, L. grabatus (xpàSaro;).
gravité. Quant à l'origine de gourme* et gour- GRABEAU, subst. verbal de grabeler, dé-
mette, le P. Labbe pensait qu'ils venaient de mêler, éplucher, examiner; de là le sens de
gourme, bave (cp. bavette, bavolet); mais il se petitmorceau, menu fragment et celui de
trompait. La forme bretonne gromm gour- = discussion,.'scrutin. Voy. l'art, suiv.

mette, combinée avec la dénomination anglaise GRABUGE, micmac, désordre, querelle. La


curb, engage à rapporter le mot au radical terminaison engageait à tort feu Cachet à
celtique ou germanique hrom, courbe. Efi'ec- considérer ce mot comme une forme accessoire
tivement, la gourmette, accrochée aux deux de gabegie. Nous rencontrons, avec le sens de
cfttés du mors, forme une courbe au-dessous dé.sordre, confusion, la même racine ^raè ou
de la ganache du cheval. garb dans les vieux mots grabeler (d'où gra-
GOUSPILLER, variété de houspiller. beau, V. c. m.), grabouiller ou garbouiller,
GOUSPIN, polisson, t. pop.; selon Littré, brouiller, d'où grabouil, it. garbuglio; on di-
de gousse-pain (gousser = manger, xvi^ siè- sait autrefois être en grabouil avecqqn. p. être
cle). brouillé avec lui. .Te n'hésite donc pas à rat-
GOUSSANT, goussaut, lourd, trapu; du tacher au même groupe notre mot grabuge et
BL. gossus, chien-mâtin? à voir dans le radical grab, soit l'ail, graben,
GOUSSE, it. guscio, à Milan ^'w^s et gussa, creuser, fouiller, soit le néerl. hrabbelen,
dans les Romagnes goss et gossa. L'origine gratter, et fig. écrireou peindre d'une manière
de ce vocable roman n'est pas encore tirée au confuse; cp. en fr. le terme fouillis de fouil-
clair. Diezcite unmotlat mîoï me galUdciol a, ler. Je suppose qu'il a existé ou existe encore
expliqué par Placide par « cortex nucis ju- dans quelque coin de l'Italie une forme gra-
glandis il le suppose mal écrit pour galU-
».
; bugia, qui serait le type immédiat de gra-
ciola; ce diminutif renverrait à un primitif buge, car la terminaison uge n'est pas du cru
gallicia, qui équivaudrait à « nux gallica » français, et d'ailleurs le mot fr. paraît être
et qui aurait pu se transformer en it. galcia, d'une introduction assez récente (cp. en it. le
galscia, guscio, et en fr. gausse, gousse C'est subst. grattugia, grattoir, râpe, en vfr. gra-
là, on le voit, une conjecture émise en déses- tuise). Le prov. grahusa (p. gra-usa), m. s,,
poir de cause. D'autres conjectures pourront est l'efl'et d'une syncope de la médiale b ; c'est
GRA — 251 GRA
le primitif du vfr. f/rahuse grcnse (dans le ticus, grammairien; 2. fém., =ars gramma-
Jura greuse), querelle, dispute. tica, sciencedes lettres. Pour l'étymologie du

GRACE, L. gratia (de gratus, agréable). — mot, la plus simple parait être de prendre
pour type une forme lat. grammarius, mais
D. gracier, faire grâce, gracieux, L. gratio-
cette forme pécherait contre les règles et,
sus, d'où gracieuseté et gracieuser ; opp.
en outre, on n'en trouve aucune trace. De
disgrâce, disgracieux, disgracier, composés
toute façon, aussi bien pour le prov. gramàdi
modernes.
GRACILITÉ, L. gracilitas. — L'adj. gréJe
(grammairien) et gramatge (grammaire), que
pour grammaire (prov. gramaira), il faut
est le L. gracilis, mais la pruderie française
partir du lat. grammaticus Cette forme grçim,-
refusée à sanctionner le bon vieux mot
.
s'est
maire s'en est produite par le même procédé
grêJeté.
quia fait naître l'afr. mire (médecin) de medi-
GRADATION, L. gradatio (gradus).
GRADE, L. gradus. Voy. aussi degré. — cus, vfr, daumaire de dalmatiçus, et qui con-
siste dans l'insertion d'un r dans une forme
D. gradin; grader, conférer un grade opp. ;
antérieure en aie (gramaie). Cette théorie de
dégrader; graduel; graduer, diviser en
Vr intercalé dans des conjonctures analogues,
degrés.
soutenue par Tobler (voy., pour notre cas,
GRADINE, dentelé du sculpteur;
ciseau
Rom., II, 244), est combattue par G. Paris
d'origine inconnue. Le mot tient -il à vfr.
(Rom., VI, 132); pour celui-ci, gramaire dé-
grater, ou à craies (qui est au fond àegril), ou
à l'ail, grat, arête? — D. gradiner. coule direct, de gramàrie, mais cette forme-
ci est issue, par l'intermédiaire de gramûlie,
GRADUEL, voy.grade. Le terme ecclé-
de gram,ddie. Cette gradation de formes est
siastique vient du BL. gradus, qui signifiait
savamment démontrée par le prof, de Paris,
la partie de l'église (plus élevée) oii se chan-
mais, bien que patronnée aussi par Mussafia,
taient l'Evangile et les leçons de l'Ecriture
je n'oserais affirmer que cette manière de
sainte. Un type gradalis a donné le vfr. graël,
voir détruise péremptoirement le raisonnement
greel.
de Tobler. — D. gramm,airien.

GRAILLER, sonner du cor, de graille",


GRAMMATICAL, mot savant tiré de gram-
trompette (voy. greillé).
maticus, comme 77iusical de musicus.
GRAILLON, en picard = gratin, me semble
GRAMMATISTE, L. gramtnatista (Suét.) =
êtreune contraction de gratillon, donc pr. ce
gr. '/py.y.y.xri'yTri;, maître d'école, de ypx/xy.x-
que l'on gratte au fond de la marmite ;de là
rî^uv, enseigner les ypu.iiii.xrx (lettres, élé-
l'expression « sentir le graillon «. D'après
Littré, de graille, ancienne forme de grille. — ments).
GRAMME, gr.ypxix/j.x, scrupule valant deux
Le mot s'emploie aussi pour restes ou rognures
oboles.
des marbres.
GRAND, L. grandis. —
D. grandeur; de
GRAIN, L. granum; le pluriel grana a la forme esp. grandezsa nous avons fr. gran-
donné le fém. graine, semence. Au û^., grain desse, titre d'honneur (l'ancienne langue em-
exprime inie petite quantité. " Il n'est pas — ployait toutefois aussi la forme grandece avec
sûr, dit Littré, que grain, au sens d'orage,
la même valeur que grandeur) grandir, sens ;
soit le même mot que^ram de blé cependant ;
neutre, L. grandire, d'où le {het^itiiî agrandir ;
on peut concevoir que cet orage ait été appelé de l'it. grandioso : fr. grandiose; superlatif
un grain, à cau.se des grains de grêle et des grandissime, L. grandissimus grand elet ;
gouttes de pluie qu'il verse. » D. grainer — grand-père grand'mère. Les expressions
,
;

et grener ; grenette; grainier ; grenier , L.


grand'mère, grand'route, grand'messe, da-
granarium grange[\. cm.); grainu, grenu ;
;
tent d'une époque où l'adj. grand n'avait pas
composés égrener, engrener (v. c. m.).
:
encore de forme féminine elles ne sont donc
GRAINE, voy. grain. D. grenaille.— ;

en aucune manière irréguliôres et l'apostrophe


GRAISSE, subst. de gras (v. c. m.). — D. est un signe inutile, une trace d'ignorance
graisseux ; graisser, engraisser (TertuUien relativement aux règles de la vieille langue.
incrassare), dégraisser. — Notre adverbe grandement est, par adap-
GRAISSET, aussi gresset, petite grenouille tation à la règle moderne, une transformation
verte. D'où? Chevallet fait venir, sans qu'on de la forme ancienne et seule correcte gram-
puisse s'en rendre compte, le mot graisset de ment, conservée par les patois.
l'ail, ^n'in, vert; c'est vouloir lutter en fait GRANGE, esp., port., prov. ^rawj'a, du BL.
de hardiesse avec Ménage, qui avait au moins granea, lieu pour battre le grain. Le vfr.
le talent d'inventer des intermédiaires. Selon granche et prov. granga, m. s., accusent pour
d'autres, graisset pourrait tirer son nom de type le BL. granica, forme concurrente de
ce qu'il a la faculté de monter le long des granea. —
D. granger, engranger.
corps les plus lisses ou graisseux ; ce qui me GRANIT (de l'it. granito, m. s., pr. =
parait forcé. Comme l'ail- dit, à côté de laub- grenu) cette roche tire son nom des grains
;

frosch (grenouille de feuillage), aussi gras- ou petites taches qui la caractérisent.


frosch, on serait tout aussi autorisé à penser GRANULE, h.granulum, dim. de granum.
à l'ail, gras, herbe, ou plutôt à l'angl. grass. — D. granuleux; granuler.
GRAMEN, mot latin = gazon. — D. grami- -GRAPHIE, dans les compositions telles que

née, L. gramineus. bibliographie, géographie, etc., équivaut à


GRAMMAIRE 1. masc, = gramma-
vfr. description, et correspond au grec -ypx^lx (qui
. ,, .

GRA — 2fJ2 GRA


ne se trouve de môme qu'en composition), — D. graC, fumier Cpr. lieu où les poules
dérivé de -yrA-fO:, == qui écrit. Les mots ter- gViitU'ut); gratte, grattoir;gratin (w c. m.);
minés en -yraphie sont tous corrélatifs à un grattelle, =• gale, cp. le terme ail. hrùtse;
terme masculin en -yraphe, désignant la per- gratigneii-' d'où àjratigner
, Notez encore .

sonne qui s'occupe de la chose qu'ils expri- gratte-cul, fruit de léglantier, expression po-
ment, ainsi qu'à un adjectif en -f/raphique, pulaire se rapportant à la plai-santcrie qui
rendant le grec -j'ivr^uo;. Beaucoup de — consiste à fourrer ces graines à bourre pi-
composés modernes de la nature de ceux dont quante dans le lit.
nous parlons n'expriment pas précisément une GRATUIT, L. gratuitus {gvaÏK). D. gra- —
idée de description, mais celle d'écrire, de tuite, mot mal formé; nulle part ailleurs on
tracer, de graver, signification première du ne trouve un suffixe é pour faire un subst. fé-
gr. y/sàïiîtv sont lithorfraphie, chàlco-
: tels minin.
ffraplne, photorjraphie, eic. —
Oi-thof/raphc p. 1. GRAVE', subst., auj. gr<\'e, rive plate et
orthoi/raj)hie n'est pas contre le génie de la sablonneuse, anc.= gros sable, petit caillou.
langue cp. yratia-f/ràce, luxnria-luxure la
; ; Cp. prov., cat. grava, caillou, grison graca,
forme témoigne de l'ancienneté de son usage greva, plaine de sable, vénitien /yraoa, lit d'un
et de l'accentuation orthoiirùphia de l'origi- torrent. Il faut sans doute ranger ici aussi le
nal latin. champ, cran, champ de pierre, et le \ir.grae,
GRAPHIQUE, grec vr'«?«oj (•/!»«?«). relatif yroe, groi, roc, rocher. L'origine de ce mot
à récriture ou au dessin. est celtique Cornouaille grou, sable (pré-
:

GRAPPE, grains ou Heurs attachés en bou- suppose une forme antérieure grau), breton
quets à une petite bi'anche (en champ, le mot grouan, gravier, cymr. gro, gravier, plur.
se dit aussi métaphoriquement pour ulcère, gravel. Les dérivés de grave sont gravier, :

pustule), r/rappo, grappolo; en vfr., et


it. autr. =
terre abondant* en gros sable, puis
encore dans certains patois, on trouve crape ; = gros sable; gravais, gravais (type latin
cp. néerl. f/rappe, krappe, angl. (jrape. Par gravcnsis) gravelle, pr. sable, puis le nom de
;

l'idée «accroché, attaché ", ce mot se range la maladie que l'on appelle aussi la pierre ou
sous la même famille que l'it. grappa, osp. le calcul ; engraver = ensabler. — Le môme
prov. ijrapa, vfr grappe, crampon, cro- = mot a donné nom au
vin de Grave, pr. le
le
chet, et se rattache ainsi an vha. krapfn, vin des terrains caillouteux de la banlieue de
crochet (voy. agrafer). —
D. grappclei' grap- ,
Bordeaux. Voy. aussi grî've.
piller, grappillon, grapjm ègrapper , 2. GRAVE, Sauf
adj., L. gravis, pr. pesant.
GRAPPIN, du vfr. grappe, crochet, cram- le terme de pliysique « les corps graves «, le
pon (voy. grappe). —
D. grappine^'. mot ne s'emploie plus (ju'au figuré p. qui a
GRAS, cras (de même en wall , en rou-
vfr. du poids, de l'autorité, de la considération, etc.
chi et en picard), it. grassn, esyt. g7-aso, port. Il appartient à la couche savante de la lan-
graxo, prov. gras, du L. C7'assi(S, BL. gi'assus gue; la vraie forme française est //j'/e/" (v. c.
(voy. aussi cj'asse). —
D. graisse (v. c. m.), m.). —
D. gravite. L. gravitas ; graviter, pe-
graiset. grassoidJlet, grasseyer. ser vers un point. Voy. aussi rengréger.
GRATERON, de gratter, à cause de la qua- GRAVELÏ3T, grimpereau, voy. gravir.
lité de s'accrocher propre aux diverses plantes GRAVELEUX, voy. l'art, suiv.
de ce nom. GRAVELLE, voy. grave 1. D. gravcU —
GRATICULER, terme de peinture, û.grati- («cendres gravelées «) ; graveleux, 1. mêlé de
colare, du L. craticula, petit gril la toile ; gravier, 2. relatif à ou affecté de la maladie
graticuléo, par sa division en petits carrés, dite gravelle, 3. au fig., libre, peu décent.
ressemble à un gril. Comment expliquer cette acception figurée
GRATIFIER, L. gratificaH, accorder une àe graveleux et du subst. gravelure? On dit
faveur. — H. gratification. que l'on a appelé un conte « graveleux « parce
GRATIN. Nicot demourant de la
: « le que le récit cause autant d'embarras que si
bouillie des petits enfants qui demeure en la on avait du gravier dans la bouche ou parce
paëlle il vient de gratei-, car on baille aux
; qu'il fait sur l'esprit le môme effet qu'un gra-
autres petits du pain pour grater et amasser vier qu'on rencontre. Il est curieux que deux
ce gratin. » Pour être naïve et presque un pe- termes opposés, graveleux (pierreux) et lu-
tittableau de genre, cette définition n'en est brique (glis.sant), soient venus à exprimer la
pas moins juste. —
D. gratiner. même chose dans leur sens figuré. Cp. aussi
GRATIS, mot latin = gratuitement. le terme croustilleux.
GRATITUDE, L. gratitudo (gratus). GRAVER, de l'ail, graben. néerl. graven,
GRATTE, dim. grattelle, voy. gratter. creuser, buriner. —
D. graveur, gravure.
GRATTER, it. grattare, esp., \\Yoy gratar . GRAVIER, voy. grave 1
BL. des Frisons), cratare; du vha. chra-
(loi GRAVIR; pour Diez, l'it. gradire, monter
2 on, mod. kratzen, suéd. hratta, angl.
ail. par degrés (du L. gradus), donne la clef de
grate, m. s. Langensiepen a émis la singu- l'étymologie de ce mot. Gradire aurait
lière conjecture d'après laquelle gratter re- d'abord fait gra-ïr, puis, par l'insertion habi-
présente une contraction du L. corraptare; tuelle de V, destinée à faire disparaître l'hiatus,
c'est là, nous semble-t-il, de la sagacité mal gravir (cp. emblaver, pouvoir). Je ne puis —
employée, car il ne nous dit pas ce qui a pu me Ranger à cette opinion le sens foncier ;

lui rendre suspecte la dérivation germanique. étant s'accrocher, ramper, grimper il serait ;
.

GRE — 253 GRE


de le détacher de la racine germanique
difficile — D. greffier, BL. graphiarius = notarius,
qui a donné l'angl. grab, saisir, empoigner, scriba.
ail. grahcln, ramper en tâtonnant, et beau- 'Z. GREFFE, subst. fém., terme de jardi-
coup d'autres formes avec^ ou h initial. Il — nage ; c'est le subst. verbal de greffer (angl.
se peut que gravir (en patois on dit aussi graff). Ce verbe est étymologiquement le
graver et gravouiller) soit directement dérivé même que celui mentionné à l'art, préc, et
de vfr. grau (griffe), comme ramper (anc. = qui signifie, par sa dérivation, aussi bien
gravir; de 'rampa, griffe. C'est à notice mot buriner, faire une incision, qu'écrire. Greffe,
que se rattache le nom d'oiseau graveîet, gra- comme nom de l'opération greffer, émane di-
visset, -isstoH == grimpereau. rectement du verbe; mais en tant que signi-
GRAVITÉ, GRAVITER, voy. grave 2. fiant un objet concret, savoir la petite branche

GRAVOIS, voy. grave 1. — D. dégra- même que l'on greffe, le mot est le même que
voycr. grafe, greffe, style, poinçon, d'où dérive le
verbe (cp. en esp. mugron, marcotte, du L.
GRÉ, subst., prov. grat, it., port., esp.
mucro, pointe). Dans les deux articles nous
grado, du 'L.gratum, pr. ce qui est agréable,
avons donc l'enchaînement logique suivant :
traité en BL. avec la valeur du subst. abstrait
greffe, instrument, greffer, opérer avec cet
gratia, fr. grâce, équivalant aussi à bon vou-
instrument, puis greffe, nom de l'opération ou
loir, disposition favorable, reconnaissance,
du lieu où elle se fait.
puis aussi volonté en général, do sorte qu'il
a pu être question autant d'un mal gré (jue
GREFFER, voy, l'art, préc. — D. greffoir.

d'un bon gré. Le mal gré -- mauvais gré,


GREFFIER, voy. greffe 1
nous est resté dans la préposition malgré,
GRÉGE, dans " soie grége " (aussi gâté en
grèzé]\ l'it. dit seta greggia. Cet adj. greggio
anc. raaugré ^= à contre-cœur, en dépit, et le
verbe maugréer. —
D. agréer {y. c. m.), litt.
(aussi grezzo), grége,
d'où vient dir. le
pas travaillé. On
fr.

= prendre à gré, avec plaisir.


signifie : brut, qui n'est
n'en connaît pas l'origine. L'ét. L. agrcstis—
GRÈBE,oiseau aquatique selon Devic, du
(d'où grezzo en premier lieu), proposée par
;

gr. mod. y/àjîo;, le même oiseau qui s'appelle


Caix (Studi di etim. ital. e romanza, n° 39) est
gabian en Provence.
avec raison mise en doute par Paris (Rom.,
GREC, L.grœcus (du gr. ypxï/.d;). —
D. grec- —
que, t. d'architecture ;
grécité, gréciser. — VIII, 618). Le rapprochement de l'it.
anéantit l'étym. de Frisch,qui proposait lall.
Du même primitif relèvent grégal, dans :
werg, étoupe, d'où, selon lui, d'abord //((crc/e,
« vent grégal « ; grégeois, dans « feu gré-
puis, )iar transposition de la liquide, grége.
geois »; cet adj. se trouve aussi dans l'an
GRÉGEOIS, voy. grec.
cienne langue sous les formes gregois, gri-
GRÉGUE, culotte; d'après Ménage, du L.
gais, griegois, grezois, et correspond au v.
grcecus; ce seraient pr. des culottes à la grec-
cat. greguesc, prov. grczesc grezeis. On en
que (H. Estienne chausses à la greguesque).
:

fait aussi venir le feu grisou des houillères ;


ce serait, pense-t-on, une forme wallonnisée
— Cette étym. est fautive : selon Schuchardt
(Ztschr. IV", 149; le mot appartient à l'élément
de feu grégeoù.
celtique : cymr. gwrag, gwregys, corn, gru-
1. GREDIN, gueux. Ménage pensait que ce
gis, grygis. Cesformes répondent au type pri-
mot vient des valets qui sont de garde sur le
mordial vrac, qui est aussi la source du gallo-
degré (sur les gradins) de la chambre de leurs romain braca, fr, braie. Il y a affinité radi-
maîtres de cette simple conjecture, Roquefort,
;
cale entre tous ces vocables et le gr. fyrtp-j;j.i.
BeschercUe et Corblet ont fait une assertion (rompre), pxMi, ^[Am^ (lambeau).
scientifique. D'après Dicz, gredin (pic. guer-
GREILLE, vfr. graille, grelle, anc. in- =
dtn, lorr. gordin) est un dérivé de Vit. gretto,
strument à son aigu; de l'adj. vfr. graile, auj.
avarice, mesquinerie, lequel est connexe avec
grêle (v. c. m.). Cp. clairon, de clair.
le mha. grit, avidité. Comparez goth. gredus,
1. GRÊLE, adjectif, vfr. graile, graille,
faim, nord, grâd, avidité, angl. grecd, faim, menu, en par-
graisle, prov. graile, mince,
avidité, d'où l'adj. ^çreerfy, gourmand, rapace.
lant de la voix = faible ou aigu (cp. l'ail.
Pour ma part, je préfère rattacher gredin grell, mot qui a l'air d'être tiré du roman,
directement au v. flam. grete, avidité, d'où mais qui no peut-être pas). Du L. gra-
l'est
l'adj. gretigh, interprété par Kiliaen avidus, :
cilis, grac'lis (cp. frêle de fragilis).
appctens, vorax, ce qui s'accorde parfaitement
2. GRÊLE, gresle', snhiit., forme dimin. du
avec le sens de fr. gredin. —
D. gredincrie. prov. greza, gressa, dérivé de grès, pierre.
2. GREDIN, -INE, petit chien à longs poils. La grêle signifie doncpr. petit caillou. Cp. en
Connexe avec ail. kiesehi,gY(i\er, de Mes, caillou. Un autre
Doi'i? vfr. ^rcrf/Z/'i, crêpé, frisé?
GREER, voy. agrès. — D. gréeur, grée- diminutif de 5'/-t'à-, à forme masculine, est le
ment. mot grésil, prov. grazil. Ducange déduisait
fr.
1. GREFFE, subst. masc, représente, dans à tort gresleàe gracilis, « quod minutatim ca-
son acception actuelle, le subst. verbal d'un dat grando ". —
D. grêler (notez \!c\pi\ grêlé
\erhe greffer, écrire (BL. graphiare)\ celui- = marqué de la petite vérole), grêlon; gre-
ci, ù son tour, est dérivé d'un ancien subst. let, marteau de maçon.
grafe, greffe, prov. grafi, style, poinçon GRELIN, t, de marine, espèce de cordage ;

servant à écrire ou à buriner. Toutes ces de grcling, dont l'origine m'est inconnue.
l'ail,

formes répondent au h.graphium, gv.ypx-^to-j. GRELOT; on a proposé diverses ctymologies


,

GRÉ — 254 — GUI

pour ce mot, savoir : appelé


1. l'insti'ument tion sur le bord ou la grève de la Seine.
grelle (voy. greiUe)\ L. crotalum, cli-
2. Comme que les ouvriers, ayant cessé
c'était là
quettes, castagnettes, qui a pu, en effet, se leur travail pour des griefs quelconques,
franciser par f/rocl f/réel grel ; 3. le subst.
,
,
avaient coutume de se rassembler, se sont
grêle, en tant que signifiant pierrette. Il se- l)roduites les expressions se tenir ou se mettre
rait permis, vu le terme de blason griUet, en grève, faire gr. et finalement le subst.
griUot,griUette =
grelot, de penser à gtnlle. grève =
cessation de travail, coalition d'ou-
L'idée de claquer, cliquer, inhérente à crota- vriers. N'était cette origine histori<|uc et toute
lum^ revient dans le terme ^rc/o«c>", trembler moderne, on serait tenté de ramener le mot
de froid, pr. claquer des dents. au lat. gravari, éprouver du malaise, se plain-
GRELOTTER, voy. l'art, préc. dre (d'oii aussi grief). —
D. gréviste.
GRÉMIAL, du L. gremium, giron. GREVER, du L. gravure, m. s. D, dc- —
GRÉMIL, genre de Ménage,jjlantes, selon grcrrr.
de granuni tnilii. Nicot consigne pour la GRIBLETTE, modification de riblelte.
même plante la forme grenil, qu'il explique GRIBOUILLER, =
grabouiller, voy. gra-
par granillum, petit grain. buge. Pour le rapport entre les radicaux ///-«ô
GRENADE, prov. granada, du L. granata, et grib, cp. claquer et cliquer ; en ail. krat-
plur. de granatum sous-entendu mahim, zen, gratter, et hritzen, auj. hritzeln, gri-
pomme à grains. —
Y), grenadier, arbre qui bouiller, fiam. hrabbelen et hribbelen, angl,
porte les grenades grenadiUe. Du sing.
;
scrab/t\ ci sc7'ihle.
L. granatimi vient le terme grenat, nom GRIÈCHE, dans pie-grièchc, ortie-grièche.
d'une pierre précieuse, de couleur rouge. Le Les ditt'érents dictionnaires dont je suis en-
mot grenade, dans son accej)tion de petit bou- touré définissent cet adjectif, les uns par rude,
let creux que l'on remplit de poudre, a donné pi(|Uant, les autres par sauvage, d'autres en-
grenadier, dénomination donnée primitive- core par bariolé. Pour tenter une étymologie,
ment à un corps de fantassins créé pour lan- il faudrait d'abord être d'accord sur le sens.

cer des grenades. En attendiint des ren.seignemcnts positifs à


GRENADIER, voy. lart préc. D. grena- — cet égard. Je i)cnchc pour le sens « bariolé »,
diere. liarce que l'ail, traduit pie-grièclie par bwit-
GRENAILLE, \oy. grain. D.grenaUler. — specht, l'angl. par spechled magpie. Quant à
GRENAISON. voy. grain. l'étymologie, il faudra s'en tenir à celle do
GRENAT, voy. grenade. D. grenalique. — griecus, indiquée déjà i)ar Hrunetto Latini et
GRENER, voy. grain. —
D. greneler' ; gre- O. de Serres, (juoiqu'elle ne se justifie pas par
7ietcr. le sens; l'angl. dit pour ortie-grièche greeh
GRENETER, voy. grener. -— D.grenelis. nettle, et Y wtie grecque est en effet un terme
GRENIER, voy. grain. de botaniste.
GRENOUILLE, vfr. renouille, \n-ov. grano- GRIEF, gref, fém. grève, griève, anc. adj.
Iha, it. ranoccliia; du L. ranucula, ]}.ranun- '=^ pénible, dangereux, grave, it. grève, \)Vo\
cula, diminutif de ?xi)ia (le simple rana .se greu; du L. gravis. L'adj. a dégagé le subst.
trouve encore dans les patois sous les formes grief, chose qui pèse, qui peine, et qui j)àr là
raine, ranc, etc.). Pour le g initial i)ara- •
devient l'objet d'une jdaintc; l'ail, dit de même
gogique, cp. it. gracimolo == racimolo, grappe beschwerde, grief, de l'adj. schwer, pesant,
de raisin, fr. grihlette et autres. D. gre- — pénible; cp. \{v.pesancc, souci, peine. D. —
nouiller, grenouillère, grei^oiiillette. vfr. greyer (cp. alléger de levis), d'oii nous
GRENU, voy. grain. est vcstô engrcger, rengréger ; sxxh^t. grièveté,
GRES, jnerre formée par l'agrégation de qui fait double emploi avec le terme savant
petits grains de sable, BL. grcsum; du vha. gravité. (Quand nous disons double emploi
griez grioz ail. mod. //ries, pr. chose cassée
, , dans des cas comme celui-ci, cela ne veut pas
en dragées, gravier, gruau. De là grêle, gré- : dire que nous méconnaissions les nuances i)ar
sil (voy, grêle) grcsière, gresserie. De gri^s
;
lesquelles on a, dans l'usage, différencié les
vient également l'instrument du vitrier appelé deux termes.)
grésoir, instrument qui sert à égniger les GRIFFE, verbe griffer:, du vha. grif, saisie
extrémités d'un carreau de verre, ainsi que (au moyen âge aussi =
griffe, serre), subst.
les termes groison, craie blanche pulvérisée, verb. du vha. grifan, ail. mod. grcifcn, sai-
dont les mégissiers se servent pour prépa- .
sir. —
Le subst. gripe, p. griffe et le verbe
rer le parchemin et groisil, rognures de gripper empoigner, saisir, se rattachent aux
cristal. variétés goth. greipan, ags. gripan, néerl.
GRÉSIL, voy. grêle. D. grésiller. — grijpcn, m. s. —
D. griffon, qui écrit mal,
GRÉSILLER, déterminer un plissement, un comme avec des griffes s'ugriffcr, s'attacher
;

racoinisscment, prov. grazilliar ; de la forme avec ses griffés.


prov. grazilh, gril grésiller est donc au fond
;
1. GRIFFON, oiseau, it. griffa, grifone,
le même mot que griller. IS'icot porte gredil- esp. grifo, ])rov. grifô, du L. griplms
(yf^ûp,
ler, ce qui appxùe une étvm. par craticidare. griffon, yr.hTzoç, crochu). Du même primitif
GRÉSOIR, voy. grès. viennent les noms d'oiseau, griffard, griffct.
GRE S SET, voy. graissct. 2. GRIFFON, qui écrit mal, voy. griffe. —
GREVE, voy. grave 1. On sait que la place D. griffonner, -âge.
de la Grèce, a Paris, tire son nom de sa situa- GRIGNON, partie de la croûte du pain où il
.

GRI — 255 — GRI

est le plus cuit. Ce mot, d'après Diez, est allusion à l'homme en colèi'e)? Cet it. grimo,
formé de graignon, comme chignon de citai- d'ailleurs, est peut-être la source directe de
gnon, et vient du L. granam, grain. La grimace. — D. grimacer, grimacier
croûte serait la partie grenue du pain. Le 1. GRIMAUD, écolier, voy. sous grimoire.
philologue allfoiand fonde sa conjecture sur 2. GRIMAUD, d'humeur chagrine, dér. do
l'existence du n. prov. grignoun, le pcpin d'un grime. — D. grimauder.
raisin (cp. grignoidii sorte de raisin), qui
, GRIME, pr. homme chagrin, grognard
vient du même primitif. Ce qui lui vient en (d'où la valeur que le mot a reçue dans le lan-
aide, que grignon signifie (ou signifiait)
c'est gage du théâtre) ; il vient de l'it. grimo, au
aussi les croûtes et les morceaux de pain qui front ridé, et par là du vha. grim ("voy. gri-
restent d'un repas, ainsi que biscuit de mer mace^. —D. grhnaud; se grimer, pr. se
en .morceaux. Le mot est directement issu de rider, s'arranger la figure pour jouer les
grigne (p. graigne), encore en usage en Nor- grimes (ce mot doit être d'une introduction
mandie de ce grigne se sont produits pic.
; : assez récente). Ou bien se grimer serait-il
grignettes, croûtes graveleuses de pain, et le proprement =se noircir, et identique avec
verbe grignoter, croustiller, manger en ron- l'angl. be-grime, v. fiam. begriem,e7i, diegrym,
geant; on disait aussi grignonner Diez rejette . suie de cheminée?
formellement les étymologies tirées du L. GRIMER (SE), voy. l'art, préc.
ringi, grincer les dents, ou de l'ail, rinde ou GRIMOIRE, foi-mulaire de sorcellerie; Diez
grind, croûte. Chevallet rattache grignoter rapporte ce mot au nord, grima, sorcière,
au breton krina, ronger; Littré, è. grigner, déjà mentionné sous grimace. D'autres l'ex-
cnBerry =
grincer les dents (du vha.^rman, pliquent par l'it. rimario, livre de rimes (le g
m. s.). initial serait paragogique comme dans gre-
GRIGNOTER, voy. l'art, préc. nouille). Génin, approuvé par Littré, se fon-
GRIGOU, pingre, avare, selon l'opinion dant sur l'ancienne orthographe grimaire et
re(;ue, degrœcus, cat. greg, esit.griego, port gramarc, identifie grimoire avec grammaire,
grego. Cp. pour la terminaison le terme de anc.. = étude du latin, et au fig. science =
marine gregou, vent grec. Le rapport du— profonde. Diez objecte à cette hypothèse la
l'adical avec grec reste douteux. Quant à la différence de genre. Pour nous, nous attri-
finale, elle rappelle celle de filou, gabeloa, buons au mot, comme idée foncière, celle
voyou et est de création populaire, son origine d'une écriture indéchiffrable aux profanes, et
est problématique; pour les uns, elle est = nous sommes porté à y voir le dérivé d'un
fr. eur, eu, pour les autres, BL. ulfus (ail. verbe grimer que l'on rencontre dans les dia-
olf, idf), qui est dans (loup) -garou, guille- lectes avec le sens de gratter, mais dont nous
dou (v. c. m.). sommes incapable d'établir la provenance.
GRIL, voy. grille. Grimoire deviendrait ainsi synonyme de grif-
GRILLE, vfr. g radie, graille [i p. ai, cp. fonnage. Ce primitif grimer =
griffonner
chigno)i, grignon)\ du L. craticula, BL. gra- explique en môme temps les mots grimaud et
ticnla, dimin. de crûtes. Ce dernier a laissé grimelin ^^ écolier, pr. griffonneur.
les formes it., esp. grada, port, grade, = GRIMPER, p. glimper, du vha. hlimban,
grille, dimin. gradella, treillis, l'éservoir
it. ail. mod. hlimr^en, m. s. ; ou bien grimper
de poissons, angl. grate, gril, grille. La représente-t-il la forme na.salisée de griper
forme masc. gril répond au vfr. graïl L. = (le norm. et le wall. di.sent en effet griper p.
craticulus. —
D. griller 1. faire cuire sur le grimper) et vient-il ainsi des mêmes primitifs
gril, brûler subitement par une chaleur vive, germaniques indiqués sous gy'iffe? L'action
de là grillade ; 2. fermer avec une grille ; de grimper implique l'idée de s'accrocher, de se
là grillage. cramponner (voy. gravir) l'ail, hlettern, m.
;

GRILÎiET, GRILLOT, voy. sons grelot. s., a également pour origine un radical signi-
GRILLON, du L. gryllus [yr.ùXlo:). On disait fiant s'attacher. Cp. aussi l'it. arpicare de
aussi grillot, d'où grilloter. L'anc. mot gre- arpa, griffe. —D. grim,pereau.
sillon parait être p. grel-sillon et formé sur GRINCER, \nc.gri7icher, du v\ia,.gremi:6n,
le modèle de oisillon, par un type intermé- nha. grinsen, m. s. — De là le terme popu-
diaire gryllicellus. laire //r/;?c//m«ic.
GRIMACE,
d'après Diez peut-être du nord. GRINGALET, petit, chétif (dans les trou-
grima, masque, aussi sorcière, ags. grima, vères, le mot désigne surtout un petit cheval).
ma.sque et fantôme (de là champ, grimarré, D'après Chevallet, de l'ail, gering, petit, mi-
sorcier). Le mot ne se rangerait-il pas mieux nime, chétif; étymologie peu satisfaisante.
sous le prov. grim. (voy. grime), qui signifie On trouve aussi guingalet et gringalet parait
affligé, triste, et qui e.st le primitif ào grima, être altéré de guingalet fcp. fronde p. fonde).
tristosse, grimar, s'affliger? Or, ce grim dé- Or, celui-ci vient médiatement, par guingal,
rive du vha. grim, furieux, colère. Pour la d'un radical guing ; peut-être du même qui a
déduction des idées, on peut alléguer 1 vfr. . donné guinguet. Bugge (Rom. III, 160) est
gram, graim, triste, it. gramo, prov. gram, favorable à cette étym. et pense que ce radical
du vha. gram, en colère 2. prov. ira, cha-
; guing est germanique ; il allègue goth. vai-
grin, du L. ira, colère. Grimace, contorsion nags, vha. xoenag, misérable, chétif, mince,
de vi.sage, ne serait-il pas aussi bien issu de petit (auj. icenig).
l'ail, grim (pic l'it. grimo, ridé, froncé (par GRINGOLÉ, terme de blason .^ qui se ter-
. .

GRI — 256 GRO


mine en têtes de serpents, dites autrefois gar- beaucoup à fréquenter les vignes et à se griser
gouilles; dn vfr. grinyole, forme transposée (d'où le proverbe « soûl comme une
grive »).
et nasalisée du BI-. garyiila, fr. gargouille. De ce même
primitif //n», fém. grive, vien-
Voy. aussi ch-griiigoler. drait, d'après le même auteur, aussi grivois,
GRINGOTER. vfr. aussi gringenoier, ga- soldat qui aime à boire. Ne pouvant admettre
zouiller; d'origine inconnue. la prémisse gris =
griu, je dois rejeter les
GRINGUENAUDE dorigine inconnue.
; étymologies qu'en a déduites le philologue
1. GRIOTTE; d'origine inconnue. Les uns franc^ais.
(Académie) définissent la griotte comme une GRIVELER, voy. grive. — D. grivelée.
cerise plus douce que les autres, d'autres GRIVOIS, soldat éveillé et alerte, drille ;

(Nicot) comme une cerise aigre); un troi- fém. grivoise, vivandière; de là le mot a pris
sième parti prétend qu'il y a des griottes l'acception « libre, hardi ». Ce vocable, qui
aigres et des griottes douces. Cette confusion parait ne dater que de la fin du xvii" siècle,
me confirme dans l'opinion que la griotte serait- il tiré de \a grive, l'oiseau maraudeur?
(appelée du reste aussi agriote), signifie origi- Littré déduit grivois de grivoise, la l'àpe à
'•

nellement cerise sauvage et vient du grec tabac, s'étant introduite parmi les troupes, fit
û'/ùio, ou à/ciwTvji. — D. griottier. mode et ceux qui .s'en servirent, reçurent le
2. GRIOTTE, marbre tacheté de rouge et de nom de grivois ». Cela me sourit fort peu.
brun appelé ; ainsi d'après la ceri.sc du morne GRIVOISE, làpe à tabac. l'our faire l'éty-
nom mologie de ce mot, on a tout bonnement
GRIPPE, voy. l'art, suiv. attribué le pi'cmier usage du tabac ou de la
GRIPPER, du goth. grcipan, nord, gripa, râpe à tabac aux grivois (v. c. m.). D'autres,
nécrl. =
vha. grifùii (voy. sous
gyijpcn plus scrupuleux, ont songé à l'ail, rcibeiscn,
griffe), D. grip,
saisir, — rapine, vol; = râpe, qu'en Suis.se on prononce rib-isen. Cette
grippe, caprice, idée fugitive qui vous prend étymologie est ingénieuse à la vérité et Juêmo
subitement, mauvaise humeur (de là « pren- correcte (le// prosthétique est ausi<i bien admis-
dre qqn. en grippe » et " se gripper "), aussi sible ici que dans grenouille, et pour la ter-
accès de catarrhe; verbe agripper. Compo- minaison, cp. ti'icoise), mais je ne voudrais en
sés : grippe-sou; grip^ye-niinaiid chat , = garantir la vérité.
grippcur. GROG, mot anglais. On raconte (pie l'ami-
GRIS, it. gnso, grigio,es\)., port, gris, BL. ral Vernon ayant défendu aux matelots de
grisous, grisius. Du vha. gris, qui a les che- boire du rhum pur, ceux-ci, par dépit, appe-
veux blancs (ail. inod. greis, vieillard). D. — lèrent le rhum baptisé d'eau d'après le sobri-
grisâtre ; grisct . jeune chardonneret ; gri- quet Old-Grof/ que portait l'amiral, à cau.so
sette, étofle de laine grise, portée par les de sa tunique en grogram (gros grain). Voy.
femmes de médiocre condition, puis, par mé- l'Kncyclopt'die do Chalmcrs, 5. 113.
tonymie, femme du commun, grison, etc. : GROGNER, vfr. groigner, wall. gronni,
d'où g7isonncr ; grisard , grisaille, d'où gri- prov. grovchir, esp. grunir, it, grugnire,
saillcr ; \erhe griser =
rendre gris, c.-à-d. un grugnare, du h. grumiire; le flam. groonen,
peu ivre (pour cette métaphore, cp. l'ail. et angl. groan, soupirer, .sont d'extraction
benebcln, pr. envelopper de nuages). germanique. —
D. subst. verbal groin (au
GRISETTE, voy. gris. trefois monosyllabe), \fv.groing, prov. gronh,
GRISOU, voy. grégeois. Littré on fait un it. grugno, pr. le grogneur, puis mu.seau du

dérivé de gris, l'arrivée du grisou donnant cochon grognard, grognon.


;

Les gram-
une teinte grisâtre aux lumières. mairiens citent, comme une forme antérieure
GRIVE; mot d'origine obscure. Quelques-uns à grunnire, un verbe grundire ; c'est de
ont pensé au son gri gri que cet oi-^^eau fait celle-ci que nous sont venus le prov. grondir,
entendre ; d'auti'cs le rangent .sous la racine vfr. grondir, grondre et enfin gronde^'
gris. A côté de pareilles explications, j'oserais GROIN, vov. f/rof/ner.
bien risquer à mon tour une conjecture, en GROISIL, GROISON, voy, grès.
faisant venir ^nfc d'un {-^^^q gripa, du verbe GROLLE, nom d'oiseau, p. graule, du L.
gripare, gripper. La grive serait l'oiseau graculus, grac'lus; pour la résolution du c
grippeur (cp. î'expr. oiseau de grip) le nom :^
en u (au lieu de i), Diez rappelle le vfr. seule
serait analogue à celui de l'oiseau ÔAi prr/yer du L. scc'hcm, sœculiim. Autre est l'avis de
{de proie). C'est bien aussi à un diminutif de Ed. Meyer (Zeitschr. X, 172); selon lui, le
gripjare qu'il faut rattacher le \evhegriveler, prototype latin est "graulus =
gravulus,
faii'c de petits profits illicites, à moins qu'on reste à décidei" si ce dimin. se rattache à
ne préfère une origine du flam. kribbelen, ravus gris ou à ravis enroué et si le g pros-
racler. L'adjectif ^rire/t' (dans « plumage gri- thétique est du à l'influence de L. gracula. —
velé »), bigarré, tacheté, parait être un dérivé Je mentionne pour mémoire l'explication par
de grive, d'où procèdent encore les noms d'oi- L. 'corvula, tentée par de Boucherie. L'it. —
seau grivelin, grivclette. —
Génin, pour qui grola et fiam. grol paraissent empruntés au
l'adj. gris, tant comme nom de couleur, que français.
dans son acception de « ivre, «et surtout dans GROMMELER, wall. groumî, =
ail. grum-
cette dernière, représentait le vfr. griu (pro- mcn, grurnmcln, angl. grumble, flam. grom-
noncez griv) =
grn'cus, avait beau jeu pour melcn. L'ancienne langue avait aussi (sans le
en tirer le mot grive, puiscpie cet oiseau aime g ïniû&l) rornmclcr (dict. de Cotgrave), cp. le

GRO 257 CRU


dan. rutnh; aiigl. riimblc, flain. rommclen, quant le mot roman par cavti, rtAa (rota =
m. s. rupta), cave brisée. On est autori.sé à croire
GRONDER, voy. i/rorjncr. que fr. r/rotte vient direct, de l'italien. — Les
GROOM, mot anglais le vfr. grommc, ;
f/ro- figures bizarres qui ont été trouvées, à Rome,
met (voy. fjov.rme 2) est sans doute le même dans Xcnf/rottes ou ruines de Titus, ont donné
mot, mais il serait difficile de décider û(/rooni lieu à l'adj it. t/rotesco, d'où fr. fjrotcsque.
.

anglais est un emprunt fait au roman; les GROU, dim. yrouelte, sol pierreux, p. i/rau,
linguistes anglais sont unanimes à le rappor- voy. grave 1 .
— Au môme radical se rattache
ter à l'ags. et gotli. (/uma, vlia. (jonio, homme grouine, amas de gravier calcaire.
(avec épenthèsc de r). GROUILLER, du vha. grubiUn, bas-ail.
1GROS, it. port, f/ro^xo, esp. f/vueso, prov.
.
,
grubcln, fouiller, fourmiller,
picoter entre
[/ros, du L. f/rossus, qui pourrait bien n'avoir cuir et chair. Pour le sens « remuer, bou-
rien de commun avec le germanique (/rot ou ger », on pourrait petit-ètre alléguer le nord.
tjross, grand, lequel, toutefois, se retrouve hruUa, brouiller, mettre en désordre. Encore
dans formes ;/rot, fjrov.t du Berry.
les D. — est-il possible que grouiller soit une contrac-
f/ rosse l'.r, f/rossessc; r/rosse 1. t. de com- tion de grfivouiller (dial. de Berry), qui à son
merce, 2. == écriture en gros caractères, tour est une forme tirée de graver connue
puis expédition d'un acte, opp. à la minute, grabouiller (voy. sous greibugc), et vient de
qui est écrite en caractères petits, menus l'ail, f/raben, creuser, fouiller (d'où le fr.
{minutus), d'où r/rossoyer ; f/rosslr, opp, dé- graver). —
Le picard grouiller signifie s'af-
f/rossir ; f/rossier [v. c. m.). faisser et est prob. d'une origine distincte;
2. GROS, monnaie, ail. f/roschcn, du L. peut-être,comme le pense Littré, une forme
f/rossus, épais, lourd, cp, sou de solidus. Le populaire de Tanc. crouller crouler. =
bas-ail. [/rot, ni. f/root et angl. t/roat indi- GROUP, voy. groupe.
quent toutefois le bas-ail. {/rot, grand. GROUPE, it. groppo, gruppo, esp. grupo,
GROSEILLE, anc. f/roiselle, esp., cat. f/ro- goru/io (angl. group, monceau, d'où le fr.
sclha, à Côme crosela, en rouchi f/rusiele, group), prov. grop, nexus, nodus (Faidit).
\vall. yruzale. Ne vient ni de l'adj. L. f/ros- Ces mots, dont le radical, exprimant " chose
sus, gros, ni du subst. f/rossus, figue non ramassée, monceau ", se rencontre dans un
mûre, mais de l'ail, hràusel dans hrâuselbeere, grand nombre de mots, tant celtiques que
= suéd. hrusbar, néei'l. /fjvew&e^fe (Kiliaen : gei'maniques, appartiennent à la même fa-
kroesbcsie, uva crispa, vulgo grossula, cro- mille que croupe (v. c. m.). Le mot fr. parait
.sela). Le radical kraus signifie crépu aussi ; être d'importation italienne. Dans ce qui —
rit. rend-il f/roseillc par iiva crespa ou cres- précède, nous avons suivi l'opinion de Diez ;

jiina. Chevallet place le mot dans l'élément cependant nous nous demandons si l'it. f/ruppo
celtique et cite écoss. f/roseid, irl. f/roisaid, ne peut pas aussi bien découler direct, de
m. s. — L'étymologie germanique ne .s'applique l'ail, klujipe, qui présente la même valeur
naturellement qu'à la grosse groseille (nom (choses réunies, agglomérées), et dont la
scientifique grossularia spinosa, aussi ribes
: forme nasalisée est ^/'«/»^j<';i, m. s. Ce klu.ppe
grossularia, vulgairement on l'appelle gro- est identique avec l'angl. club, x'éunion, so-
seille à maquereaux, parlée qu'elle sert à ciété. La permutation de une gut-
/ et r après
assaisonner le macpiereau) c'est elle qui a la ; turale .serait-elle contraire génie de la au
surface crépue et épineuse; aussi les Alle- langue italienne, pour que Dicz n'ait pas cru
mands l'appellent-ils plus souvent stucheJ- devoir établir ce rapport? D. groitper. —
bcere (baie à épines), les Flamands de môme 1. GRUAU, vfr. et angl gruel, BL.grufel-
stchelbesie. Le nom .s'est communiqué dans lum. De l'ags. grut, vha. gruzzi, ail. mod.
la suite à la petite groseille qui vient par grïdze, m. s l'ancienne langue avait yr«, la
grappes (ribes rubrum, ribes Johannis). — forme radicale pure.
;

Les Anglais appellent la grosse groseille f/oo- 2. GRUAU, dim. de grue.


scberrij il est probable que ce f/oosc est
; GRUE, L. grus, gruis. La valeur technolo-
pour t/roosc et rentre dans la famille des gique, == machine pour soulever des charges
mots germaniques ou romans que nous ve- (dim. gruaii), se l'attache à une valeur ana-
nons de citer. —
\i. f/roscillier, t/rfiseillon. logu<e du mot latin. En grec yï^.x-joi, grue, dé-
GROSSIER, dérivé de i/ros. .ladis, le mot signait également une macliine il en est de :

signifiait aussi jiiarcliand en gros, de là : même de l'ail, krahn et kranich, qui répon-
i/rosserie, commerce en gros mots conservés ; dent aux deux acceptions du mot français.
dans \'ang\.f/rocer, anc. m. s., auj. épicier, = Laissant à d'autres le soin d'examiner ce fiui
oi f/roccry, épiceries. —
De f/rossier, au sens a pu faire nommer la machine d'après l'oi-
moral, vient r/rossièretr. seau, nous rappelons ici quelques autres
GROTESQUE, voy. f/rotte. noms d'animaux désignant des machines :

GROTTE, t. //ro««, esp port.//n(;a,


i prov. L. corvus, fr. corbeau, machine de guerre;
crota, vfr. croie, du L. crypta (/^oJTrr/j), ca-
,

mouton, bélier; angl. coch, ail. hahn, = ro-


veau. Le type immédiat est une forme. L. binet chien d'un
;
fusil, etc. ; robinet de rfibin
crupta, f/rupta, l'elevée en eflct par Ducange (mouton'.
dans une charte de 887 de là s'est produit ;
GRUERIE. voy. gruyer.
f/rotc, grotte, comme route, anc. rote, de GRUGER, angl. grudge. Le sens propre est
rupta. Raynouard a mal rencontré en expli- broyer, casser en petits morceaux (on gruge
17
.

GUÉ 258 — GUÉ


ainsi les saillios du granit) le sens grignoter être du vha. wefsa, ail. mod. locspe, cp. le
n'est qu'accessoire.
;

Grandgagnagc, se fondant lorr. voisse {po =^ vha. w), champ, gouêpe. —


sur le wa.\\. ffrii::/, greûzi, tire le mot du bas- D. guêpier.
ail, grusen, flam. gruysen, broyer. D. — GUERDON, vieux mot (couservé en anglais)
griigeur, -rie; c\ià,égrtiger. signifiant récompense, contracté de \fv.guer-
GRUME, vfr. =toute espèce de grain, redon, =
it. guidcrdone, prov. guizardon,

prov. grum, grain de raisin, it., esp., port. guasardon, esp. galardon (prob. j). gadar-
grimio, du L. gyinnus, petit tas. De là gru- lon), BL. iciderdonum. Ce mot rejiroduit le
meV, gvHineaUy d'où grumeleux, se grumcler. vha. widarlôn, récompense, qui est une com-
— Quant à grume, écorce laissée sur le bois position de l'adv, widar, en retour, et du subst.
conpô, j'en ignore l'origine. lôn, salaire. La liquide l a été convertie, par
GRUMEAU, \. grume. euphonie, peut-être sous l'influence du L. do-
GRUMELER, -EUX, voy. grume. num, en d. Cette étym. est la .seule scientifi-
1. GRUYER, officier ou juge en matière fo- quement admissible. —
Chevallet, négligeant
restière, du iiiha.^rjco, vert, aussi verger; cp. les analogues étrangers et marchant sur les
le synonyme fr. verdier, du L. viriclis, vert traces do Ménage, rattache guerdon au vha.
L'explication rapportée par Bescherelle, werd, prix, valeur, auquel on aurait donné la
d'après laquelle gruger vient de grue, parce forme latinisée xccrdo, -onis, Raynouard a
que cet oiseau fait le guet pendant la nuit, no commis une autre erreur en faisant dériver le
peut être ])risc au sérieux. —
D. gruerie. prov. ^«îa;ar(/o« degasanh, gain. Nicot rap-
2. GRUYER, dans faucon gruger, fai.san
« prochait gnerdonner, récompenser, du gr.
gruyei ", est un dér. de grue. gagner; Caseneuve décomposait le
xipSxlviij,
GUANO, du mot péruvien huanu, .signifiant mot récompense accordée aux
en/7»<?/vT don,
fiente d'oiseaux de mer. honuiies de guerre.
Gi\i'k,\h\guct,wet, \iVo\\gua, \t. guculo, GUERE, et plus correctement, avec l's ad-
du vlia. wal, nord, vad, m. s. ; \Qvhii gucer, verbial, guères, vfr. guaires, waires, wall.
pi'ov. guazar, it. guadare, du vlia. walan, ail. wair, it. guari, \iVO\., eut. gaire. Cetadverbe
mod. watcH, m. s. —
Comme nous avons e.st synonyme de rnultum, et ne signifie ;w7h
d'autres exemples du changement du v initial (]ue par son a.ssociation avec la négation n",. Il
latin en ^, git, (cp. gaine, goupil, gui, etc.), est d'extraction germanique. Diez lui assigne
rien n'empêche de dériver gué et les mots pour origine le vha. wari, == L. verus, jjris
cctrres[)ondants directement du L. vadum, en adverbialement dans le sens de probe, c.-à-d.
admettant influence de la forme germani- fortement, grandement. L'expr. « je no l'es-
que. time guère " écpiivaut donc propr. à « je ne
GUEDE, vfr. guide, waide, it. gundu; du l'estime (pas) fort ». De fort à beaucoup il n'y
vha. wclt, ugs. vad, angl. vxxul, ail. mod. a qu un pas ; « je n'ai guère le temps » 6(|ui-
tcaid, m. s. L'insertion d'un* muet, si fré- vaut à " je n'ai pas beaucoup de temps n. On
quente dans l'ancienne langue, d'où la forme a émis sur cet adverbe les plus singulières
gucsde, a donné lieu au HL. waisda, guas- conjectures, qu'il serait oiseux do reproduire.
dii'.m, gui'sdium ; de là le wall. waiss p. — L'ne seconde étymologio proposée par Diez
icaisl, bleu royal. Chevallet se trompe en porte sur le vha. weigaro, beaucoup elle se ;

identifiant guède avec le L. glastum, glas- recommande surtout par la plus ancienne
trum ^Plinc), m. s. —D. gueder, teindre forme prov du mot, qui est gaigre. De la—
avec la guède. locution impersonnelle il n'a (= ny a)
GUEDER, ras.sasier, .soûler, wall. ucaidi, guùres, it. non ha guari, =
il n'y a pas long-
paitrc; de wciden, paître.
l'ail, —
Littré pen.se temps de ça, vient l'adv. naguère.
que c'est le même mot que guéder, teindre ; GUÉRET, vfr. gar-;t, varet, prov. garag,
ce serait traiter le corps comme le teinturier esp. burbecho, se déduit très correctement du
traite uno otofî'o qu'il guède. L. vercactum, BL. veractutn terre en friche,
,

GUENILLE, du llam. queue =


vestis lanae jachère (part, du verbe tercar/ere défricher).
suporior (Kiliaen); ce serait donc pr. un vieux GUERIDON, n(jm d'un meuble composé d'un
jupon. D'autres, maintenant le même trojje, l)ilier et d'un plateau. Je n'ai aucune donnée
expli(juent le mot ]ydv gonille p. gonelle, ca- sur l'étymologie de ce mot, qui n'a de corres-
sa<jue, de vfr. ffone, it. gonna, jupe. D. — pondant ni en it.,ni en esp. D'après Richelet,
guenillini, cnguenillé, déguenillé. c'est un mot apporté d'Afriipie par les Proven-
GUENIPE, femme malpropre et déréglée ;
çaux. Ou verra au suppl. de Littré comment
d'après Diez, du v. tlam. knijpe, piège, at- guéindoa, après avoir désigné un personnage
trape, hitip, bordel /cp. l'ail, kneipe, petit de fiicétie, puis une espèce de vaudeville, puis
cal>arct). La forme employée dans le Dau- un personnage de vaudeville tenant un fiam-
pliiiié estgaitippa; c'est d'elle que procède beau à la main, a fini par signifier un meuble
immédiatement le fr. guenipe. Pour la forme, de salon
cp. canif, deTangl. knife. GUERIR, vfr. ioarir,guarir,garir,'vt. gua-
GUENON, singe femelle d'après Frisch, du
; rire, guerire, prov. garir; du goth. warjan,
vha. quona, femme, angl. queen; cp. it. monna vha. icerjan, protéger, défendre, empêcher,
= guenon, contraction de maxlonna. D. — mettre en sûreté, ail. mod. wehren. D. —
gn.cnvr.ke, anc. aussi gucniche. gucrison, sûreté, sauveté (vfr. garison, it.
GUEPE, du L. vcsjxi, sous l'infiueuce peut- guarigione)\ guériLe (v. c. m.).
GUE 259 — GUI

GUÉRITE (vfr. (jarite, refuge, retraite), = effluerc cum murmure seu sti'epitu (Kil.).
])rov. i/uerida, port, (juarita, esp. t/arita, pr. Le moule d'où gueuse sort s'appelant de la
la
lieu sur, où l'on se mot « à garison ". Le mot même manière, on pourrait aussi proposer
vient de (juérir, mettre en sûreté, abriter (v. vfr. gueuse, gosier, fig. canal, conduit. Génin
c. m.). La terminaison ite du mot fr. fait pen- voit dans gueuse le vfr. queux, gueuse, pierre
ser à une inti'oduotion italienne, eomme pour à repasser, cjui est le L cos, cotis; la brique
réussite; cependant, on a des raisons de croire de fer fondu aurait été ainsi nommée à cause
que c'est plutôt du français que les Portugais de la ressemblance de forme, l'un et l'autre
et les leur forme. Ces der-
Espagnols ont tiré représentant un carré allongé. L'expres- —
niers ont une autre forme, plus conforme au sion ail. gusseisen, fer de fonte, fait penser à
génie de leur langue, pour le même vocable l'ail, guss, action de vei'ser, couler, mais la

.pris dans son acception générale de refuge, lettre faitdifficulté le suéd. gôs, m. s., parait
;

savoir (juarida, tandis que leur yarita ne si- emprunté du français. L'ail, dit gans p.
gnifie que loge de sentinelle. De cette diver- gueuse, donc pr. cela nous dirige vers
oie;
sité il faut inférer que garita leur vient d'une l'angl. goose, oie, qui signifie aussi par assi-
forme étrangère. milation de forme le carreau des tailleurs.
GUERRE, it., esp., port., i)rov. (/uerra, Mais cette étymologie manque de tout appui
angl. tcar (anc. angl. et anc.flam. loerre); du historique.
vlia. werra, dispute, querelle. D. guerrier — GUEUX, mendiant, misérable. On n'est pas
Tanc. -— adversaire) ;^«(,'rro?/er, vfr yuerier; d'accord sur l'origine de ce mot. Barbazan le
aguerrir. rattachait au vfr. gueuse, gosier un gueux ;

GUET, fém. gaite, guette, prov. maso.


vfr. serait pr. un affamé ou vorace. D'autres ont
guach, gayt, fém. guaita; subst. verbal du songé à queux =
L. coquus ; c'est ce qui sou-
verbe guetter, vfr waiter, guaiter, it. guai- rit le plus, vu l'analogie de coquin et vu l'or-
tare, guatare, prov. guaitar. Ce verbe est le thographe gueux p. queux, cuisinier, con-
correspondant roman du vha. icahten, faire statée dans Olivier de la Marche. Le parti
la garde (angl. icait , subst. wahta (auj. politique et religieux qui s'est soulevé au
icaclit). Composé avec le préf. a : it. aggua- xvi*^ siècle dans les Pays-Bas contre le gou-
tare, esp., prov. aguaitar, vfr. aguetier, rou- vernement espagnol a pris son nom du mot
clii agueter, wall. awaiti, d'où subst. it. français; les savants qui, de nos jours, dans
aguato, esp. agait, fr. aguet. Le composé un sens contraire, ont voulu faire dériver le
guet-apens, autrefois y «ci-o/jcrtAr, signifie litt. dernier du nom de ce parti, paraissent ignorer
guet prémédité ; apcnser c un composé hors les circonstances dans lesquelles les noliles
d'usage de penser. —
D'après d'Arbois de flamands se sont affublés des insignes de la
.lubainville, guetter vient directement du gueuserie. G. Paris (Chansons du xv** siècle,
franc vaela, garde, qu'on trouve dans plu- p. 129; rejette positivement l'identité du mot
sieurs^ textes carlovingiens. avec queux (= L. co(iuus) ; l'orthographe
GUÊTRE ïr
souvent défaut
;
ainsi le
fait : gueux dans Olivier de la Marche, cité par
languedocien agueto, le wall. guett, le champ. Littré, est, dit-il, une faute de copie ou de lec-
guète, etc. L'origine de ce vocable est incer- ture, p. queux. Le sens primitif est non pas
taine on a proposé le breton gweltr en, m. s,
;
" mendiant », mais « compagnon » et rappelle
Diez, rapprochant l'it. guattera, récureuse, le legayeux employé avec le même sens dans le
vénitien guaterone, lambeau de drap, vfr. Jargon de Villon. —
D. gueuser, gueuserie,
gaitreux, misérable, déguenillé, suppose à gueusaille.
guêtre une signification primordiale « mor- GUI, it., esp. visco, cat. vesc, du L. vis-
ceau de di'ap ". Ne serait-ce pas tout bonne- cus, m. s.

ment le L. vestis, ou plutôt l'ail, weste, veste, GUICHET, anc. guischet, prov. guisquet,
pris dans une acception spéciale? L'r serait petite porte pratiquée dans une grande. On
intercalaire, explique souvent ce mot comme un dimin. de
GUETTER, voy. guet. liuis, porte (= L. ostium), mais la forme vfr.
1. GUEULE, L.gula. — D. gueuler, -ard, wiket (d'où l'angl. wichet, flam. wihel, winc-
ee gueuleton; égueuler,
: casser la bouche kel, m. s.) s'y refu.se. GuicJiet vient du nord.
d'un vase; dégueuler, vomir; engueuler, crier vik, cachette, ags. vie. — 1). guichetier.
(•onti'e. Voy. aussi tjoule. GUIDE, maso, et fém., it. guida, esp. gu.ia,
GUE'ULES, angl. gu.les, terme de blason
2. yuida, guit, \iv.guit; subst. verbal de
\)V0\'.

= rouge; Ducange le rapjiorte au BL. guider, vfr. guier, it. guidare, esp., port.
gulœ, vfr. goule, collet ou bordures de pelle- guiar, prov. guidar,gui:ar, guiar. L'origine
teries,généralement teintes en rouge; selon de ce verbe reste douteuse. Malgré la rareté
d'autres,du pensan gui l'ose, ou bien une = de la permutation du t goth. avec le d roman
contraction du L. conehgliuni, poui'pre. Nicot (cp. goth. Italan, devenu hndir' haïr), Dicz ,

explique le terme par gueule L. gula, = s'adresse au goth. vilan, observer, garder.
parce que le dedans de la bouche est ver- Pour le sens, il se prévaut de l'it. scorgere,
meil et rouge C'est là l'origine la plus accep- qui réunit également les accei)tions observer
table. et guider il rappelle aussi le subst. ags. vita,
;

GUEUSE, en
métallurgie, " grande, grosse = ancien et conseiller. Parmi diverses autres
et lourde masse de fer " (Nicot). Je ne sais pro))c»sitions étymologiques, nous ne croyons
d'où vient ce mot; peut-être du tlam. guyson, devoir accueillirque les deux suivantes Bugge :
/ GUI 260 — GUI

(Rom., III, 150) s'adresse au nonis vita île d'œil jaloux du destin, et vient de ^»i^>it>',
correspondant du goth. vitan) dans son accep- regarder du coin de l'œil.
tion *. signifier, présager, indiquer «. Le sens GUILÉE, wall. walaie, p. icaslaic; d'après
fondamental du verbe serait donc « indiquer Diez, dér. du vha. wasal , pluie.
le chemin «. Scttcgast (Roman. Forschun- GUILLEDIN, cheval hongre, de l'angl.
gen, I; pense au L. vitare, éviter, se garder. i/cldin(/, qui vient du verbe ffcld, châtrer;
Pour terminer, rappelons la remarque de cp fîam. fjliellc, gyltc, = porca castratii (Ki-
Paris (Rom., XII, 133), que le mot ç/uider de lia en).
la langue moderne est pris à l'italien la lan- GUILLEDOU d'origine douteuse. Voyez à
gue ancienne disait régulièrement ijmjer.
;

— ;

ce sujet les Curiosités de Nisard, qui identifio


D. guidon, pcut-otrc le cas- régime du vfr. f/i'illcdoH avec f/inllcdin, cheval, la prosti-
;iait, peut-t';tre aussi un dérivé à la manière tuée ayant été companSe à une monture.
de planton. Le terme de marine ou de pèche D'après Hugge, courir le ifuilh'dou dit la
f/uideau est un composé de i/vider -\- eau. même chose qu'autrefois courir le //arou.
6UI6NARD, oiseau dont la chair est très Guilledou est mi terme mythyque du paga-
délicate; d'après Ménage, du nom de .loan nisme germanique et répond à tm mot norois
Gi'lf/nard, bourgeois de Chartres, lequel, le 'hvfldulfr, vha. 'chwiltiwolf 'hiltvcolf =
. i)remier, reconnut la délicatesse de cet oiseau homme qui se transforme en loup depuis le
en 1542. .le donne le fait comme je le trouve, coucher du .soleil. Cette dérivation .séduisante
à défaut (l'auti'os ressources. est appuyée d'excellentes pi cuves, tant histo-
GUIGNE, anc./7i(?»c,//i(/*;j<7,gr.mod.6t5ivov, riques que phonétiques (Rom., III, 151).
valaque visinc, it. visciola; toutes ces formes GUILLEMET, du nom du premier impri-
paraissent être des altérations du vha. tcih- meur qui s'est servi de ce signe typogra-
*•<;/«, auj. loeichsel, griotte. La forme fv.f/aisnc phique.
serait alors la bonne, et représenterait une 1. GUILLER, feiTucnter, jeter sa levure, en
contraction de //«!/*«H«. — D.f/icif/tiier. parlant de la bière: c'est une contraction de
GUIGNER, regarder du coin de l'œil, pic. t/uesiller, et par là dérivé du wall. yurse, le-
r/itenicr, it. //hif/nare, Sf/hif/nare, sourire en vure de bière; ce dernier représente le nord.
secret, esp. ;/uinar, prov. f/idnhar, = gui- (fàsa, ali. mod, tforcn, fermenter. I.ittré —
gner, i^ort. f/uina)', s'écarter du chemin, aller invofiueau.s.si le brct.//o*7, fermenter. Hugge —
décote. L'étymologie vha. winkjan, ail. mod. tient le mot pour empi'unté à l'équivalent hoU.
winhen, faire un signe, présenterait une difti- ifijlun, qui, à .son tour, a, dans les langues
culté sérieuse, c'est que, contre les règles, le gcrmani(jues, une nombreuse parenté et no
k iiiédial aurait subi la syncope. Il n'y a que peut donc être emprunté au français. Il peut
laforme norm. ffi(hichc7-, lancer des œillades, avoir raison toujours est-il que \l mouillé,
;

qui s'accommoderait de ce primitif. Diez re- dans ce cas, n'est pas correct, mais il ne l'est
jette de même l'ags. //inian, nord, f/ina, vlia. pas davantage, parait-il, dans le f/uiller cpii
f/inôn, ouvrir la bouche, d'où se seraient dé- suit. — D. f/uilloirc.
gagées les acceptions « suivre des yeux, lor- 2. GUILLER, tromper, prov. //H<7ar; subst.
gnei-, épier, regarder de travers « Il donne en . vfr. f/u.illc, f/uilc, nise, fourberie. Le mot
définitive hi préférence au \\\ii.hinaa adri- = f/uille rimait jadis avec évangile; Diez en
dere. Le basque qv.enita, kheinua, signe de conclut (pie 1"/ ne [)eut être considéi-é comme
tête, porte le caractère d'un emprunt fait au mouillé; c'est ce qui le détermine à rejeter
roman, et ne peut donc être invoqué. L'angl. l'étymologie tirée du nord, vigla, mettre en
squine, forme secondaire de squint, loucher, désordre ou ags. viglian, faire de la sorcel-
ne convient pas non plus, à cause de son ini- lerie (il faudrait nécessairement une forme
tiale. —
D. t/ui;/non (v. c. m.). prov. //jeiMor), et à adopter celle de l'ags. vile,
GUIGNON, mauvaise chance, surtout au jeu. angl. wilc et guile, m. s. Diefenbach cite
D'origine douteuse. Ménage le fait venir de aussi le cymr. fjwil, brct. f/icil, voleur.
tfuif/ner, à cause des fascinations qui se font GUILLERET, gai, un peu libre; étymologie
avec les yeux ; il cite à cet effet l'esp. aojar[Ae inconnue. '^' aurait-il rapport avec i/uillcri,
qjo, œil) =
ensorceler par le regard. Cette chant de moineau, ou avec le goth. ijuilhan,
étymologie est approuvée par de La Mon noyé réjouir ?

en ces termes « Cette manière de regarder


: 6UILLERI, chant du moineau. Onomato-
du coin de l'œil, attribuée à l'envie, a de tout pée? D'après Bugge (Rom., III, 152), peut-
temps passé pour une espèce de fascination être pour r/uidderi (à peu près comme cif/oJe
qui portait malheur; Horace, Epist. 1, 14: = cicada, it. ellera =
hedera), qui rappelle
suéd. quittra, gazouiller, dan. hviddre, écosa.
Non istic ofth^ffO ocifiomea coiniiiodaquisquani
Liiiiat. .. 7, quitter, ail. (patois) hittern, quittern.
GUILLOCHER, selon Ménage, du nom d'un
Wedgvvood (Rom., VIII, 437) reconnaît dans ouvrier nommé Guil/ot (Brachet dit Guil-
notre mot l'anc. angl. wnnion, malc-chance, loche), qui aurait été l'inventeur de ce genre
qui vient du verbe anc. angl. rcanicn, auj. dornoment. —
D. f/uiltocheur, -is.
rcanc, décroître (en parlant de la lune). Le GUILLOTINE, du nom de l'inventeur, le
déclin de la lune est considéré comme une pé- médecin Guilloiin (mort en 1814). — D. guil-
riode de mauvaise influence. Pour notre part, lotiner.
nous dirons tout court (juif/non est le coup
: GUIMAUVE, voy. muuvisquc,

1
GUT 201 — GYP
GUIMBARDE ; Génin pense que c'est l'ono- f/irande, d'où r/irandole. Chevallet pose une
matopée (/idni-f/nim, jointe à la terminaison dérivation celtique, et part d'une racine //toyr,
ard, qui réunit les idées d'habitude et de mé- courbé. Reste à savoir si la deuxième partie
pris ou de blâme. Lyre r/uirnbarde, musiqur du mot peut être déduite du celtique, car il
f/uimbarde, équivaudrait à « qui i-eproduit est plus que probable que le bret. garlantez,
constamment le son monotone //uhn-f/idm » gaél. (jwyrhn, =
guirlande, sont d'importa-
le b serait adventice pour l'euphonie. Le spi-
;

tion romane. —
D. f/uirlander.
rituel philologue ajoute à cette explication GUISARME, vfr. aussi f/isarme, r/issarme,
fort hasardeuse " si non, liis utere mecum ».
: jusarme, prov. f/azarma, jusarma, it. f/iu-
Sa conjecture est cependant plus près dobte- sarma; notons encore vfr. wisarme, visarme,
.nir noti'e assentiment que l'idée de ceux qui bisarmc, v. esp. bisarma, v. angl. f/isarm,
attribuent le nom de f/uimbarde à M. le con- f/i/sam. On est aussi peu d'accord sur lu défi-
seiller aulique Gidmbard de Nuremberg! — nition que sur l'étymologie de ce mot. Gachet
D'autres prétendent que c'est un mot breton démontre l'anc. synonymie du mot avecpaffiU,
signifiant abeille chantante. Le mot (pdm- — qui était une hache à deux tranchants ; de là
barde signifie aussi un gros chariot à quatre s'explique peut-être la variété de forme bi-
roues et couvert ; ser£iit-ce également en sou- sarme, pour ainsi dire double arme (de bisarme
venir de son invention par quelque conseiller on peut ûver guisarme; cp. f/uimauve de bis-^
Guimbard l malva). C'était en tous cas une arme tran-
GUIMPE, anc. f/uhnple, angl. xoimplc, chante et probablement, dans le principe, une
prov. f/impla, voile, fichu ; du viia. wimpal, arme en forme de faux. Diez conjecture,
habillement léger pour l'été, nha. wimpel, comme primitif, le vha. /7e<-2*"or«(=all.mod.
banderole, guimpe. La racine du mot ail. à sarcler), par lequel on traduit
f/at-cisen, fer
parait signifier « flotter dans les airs ». D. — dans les vieux glossaires latins-allemands le
f/uimper, faire prendre le voile. L, faix on falcast>-um, et qui pouvait facile-
GUINDER, hisser par le moyen d'une ma- ment se défigurer en (/etsarna, yisarna, puis,
chine, it. (ildndare, csp., \>ort.i/id)idar; do sous l'influence du mot roman arma, en //««'-
l'ail. wijHlen, rouler, guinder, angl. wind .
— sarma. La fréquence de la permutation entre
De là : it. r/uindo/o, esp. r/uindola, fr. (juin- les initiales r/u, y et vo, dans le domaine fran
dre, petit métier pour doubler les soies filées, çais (c'est ainsi que l'on trouve tour à tour
et (/uindoulc, machine pour décharger un (juivre, yivre, wivre; yachicre, jachicre, wa-
vaisseau ;//u/a(;/e, nom
d'une petite presse à quirre) a pu motiver la multiplicité des formes
moulinet et sans f/uindeau ; les
vis; f/uindal, de ce mot, —
Gachet admet pour primitif le
formes f/idndas et vindas sont importées du }ih. y y sarum, qui, d'après lui, est une forme
néerl. windas (= ail. wind-achse), p. l'arbre allongée de gœsum, javelot nous n'oserions ;

duguindal. —
De f/>dnder, au sens figuré, lui donner raison.
affecter trop d'élévation, M'"** de Se vigne a GUISE, it., esp., port., prov. //?«5a, du vha.
{altf/idiidei-ie. wisa, ail. mod. todse, manière. D. déyuiser, —
GUINEE, monnaie d'or anglaise, ainsi nom- changer de manière, de costume.
mée parce qu'elle fut fabriquée, dans son GUITARE (vfr. yuUerne, yuinterne), it.
origine, avec l'or que les Anglais avaient cldtarra, esp., port., prov. yuitarra; du gr.
ai)i)orté de la Guinée. xirâ,/5a. —
D. guitariste. —
Du latin cithara
GUINGOIS, inégalité, obliquité; d'après (avec c chuintant) dérivent les formes it. ce-
Diez, du nord, kinr/r courbure, flexion; , tera, cetra, prov. cidra, citala, vfr. citare,
coin le mot serait ainsi pour quinr/ois, et la
; citole, ail. cither.
terminaison ois représentei\ait le suflfixe latin GUITRAN, voy. youdron.
ensis. Le picard a quint/ouin. GUIVRE, serpent, voy. givre 2.
GUINGUET, GUINGUETTE, voy. ffim/uet. GUMÈNE, gomcne.voy.
GUIPER me semble venir de l'angi. tcliip, GUSTATION, du L.gustarc, goûter gustuel ;

surjeter, plutôt que du goth. veipan, border (Brillât-Savarin), mot savant, tiré du L. gus-
en rond (ornement circulaire) ou l'ail, loeben, tus, goût.
tisser, proposés par Diez. Le subst, angl. GUTTA-PERCHA, mot forgé par les Anglais
ffi^np « a kind of lace madeof threadswhipped du malais : yetali pertjah, litt. gomme de Su-
or twisted round with silk » l'eproduit le ra- matra.
dical français sous forme nasalisée (cp. fr. GUTTURAL, L. gutturalis (de guttur, go-
fjibelet, ang\, r/imblet). —
Le terme de marine sier).
f/uipon se rattache prob, à l'ags. loipian, GYMNASE, du gr. yuavâTuv, lieu destiné
angl. loipe, nettoyer. aux exercices de corps, qui se faisaient à nu-
GUIRLANDE, it. f/hirlanda, esp., port, corps (de là le nom ; yuavoi
=
nu). —
Du verbe
gidrnalda, v. es^. ffarlanda, port, aussi ffi'i- grecyu,avî«^£tv, faire des exercices de corps, vien-
nalda, prov., cat. f/arlanda, angl. f/arkuid. nent encore : subst. yyy.vjejryi,-, fr. gymnaste,
Les dérivations usuelles de r/irulare, viruJare adj. fjij.-jv.'7Tv/.6i, fr. gy7nnastique.
(diminutifs imaginaires de f/irare, virarp) ne GYNÉCÉE, du gr. yvyzi/.-:Tov, appartement
sont guère recommandables. Mieux vaut l'éty- réservé aux femmes (yuval/î;)
mologie de Frisch,qui rapporte ^»/Wa»t/^ au GYPSE, du L. f/ypsum (gr. yûio;), pierre à
mha. wierelen, border (vha. wiara, cou- plâtre. L'ail, gipset it. gesso signifient plâtre.

ronne) le suffixe serait le même que celui de


;
— D. yypseux.
.

IIAC — 262 IIAI

H
HABILE (forme savante moderne p. vfr. néerl. hache, houe, pioche (verbe hacken,
able), it, abile, prov. abilh, angl. ablc, apte, hacher)et c'est du mot français que viendraient,
propre, convenable, adroit, intelligent, du d'après lui, les formes it accia, assa, esp.
mot latin habilis (habere), qui avait de même Jtacha, port, fâcha, hacha, prov. apcha, p.
dégagé ces diverses acceptions figurées du acha. L'étymologie tirée du L. (wcm,doloire,
sens primordial facile à tenir ou à mettre
: est fausse pour hache, mais elle convient à
(« calcei habiles •»), commode, approprié (par lit. ascia et prov. aissa. —
L'opinion do Diez
là synonyme àe ajjtus et idoneus). D. habi- — e.st conte.stée par Forster (Ztschr., 111, 264;
Iftr, et comme terme savant de jurisprudence "VI, 111); selon lui, le seul type qui explique
habilité, L. habilitas; inhabile, L. inhabilis, toutes les formes romanes est ail. 'hajyû,
et malhabile. — De habilis vient BL. habili- devenu vlia. happa, auj. happe, heppe, hippe
tare, rendre habile ou apte, fr. habiliter (faux, faucille, serpette). —
D. hachot, ha-
(terme de droit), op. facilite^' de facile. Voy. chette, hachereau ; hacher (pic. héquer), ha-
aussi habiller. choir, -is, -ure.
HABILITER, voy. habile. Cps. réhabiliter. HAGARD, angl. ha^gard, farouche; s'appli-
HABILLER, d'où subst habillemen f Le su bst
. .
quait d'abord au faucon," qui n'est de l'année,
BL. habili))ii'ntiim, préparatifs militaires, ains ha plus d'une mue et a longuement esté
équipement (angl. habiliments, m. s.), pré- à luy, qui a esté prins de repaire ou au pas-
suppose un verbe habilire, dont les accep- sage et est le contraire de sor » (Nicot).
tions étaient rendre habile, mettre en état, D'après Diez, c'est un mot que les Normands
apprêter, façonner, disposer pour un but dé- français auraient forgé du v. angl. hauhe
terminé, arranger, vêtir. L'ne filiation analo- (auj. haiok) au moyen du suffixe i)éjoratif
gue se remarque dans le verbe dresser {angl. artl (cp. busard); le nord, hak-r, tète chaude,
dress), pr. diriger vers un but, disposer, dit Diez, présenterait toutefois un primitif
arranger, \m\s, (en angl. du moins) habiller. tout aussi acceptable. Huet tirait le mot do
Cependant, notre habiller (prov. habilhar, l'ail, hag, clôture, haie, lieu fortifié, « propre

esp. habil.lar), ne répond pas à la forme tiabi- à rendre fier celui qui l'a pour défense ".
lire, mais à celle de habillare; ov, celle-ci ne Littré reprend cette étymologie, mais en l'ex-
peut remonter à habilis, mais ù un adj. bar- pliquant autrement « le faucon hagard, dit
:

bare équivalent habilus, habillus. L'accep- — un auteur du xiv*" siècle, est celui qui mue de
tion ancienne apprêter, préparer a sui*vécu haie, c'est-à-dire dans les haies (ail. hag) et
dans h's expr. " îiabiller du chanvre, de la non en domesticité.» —
L'ail, (dial. de Mont-
volaille, etc. ", et surtout dans le subst. habil- l)éliard) présente également la forme hagart,
luf/e. Babiller s'employait anc. aussi au .sens pour faucon hagard, et (îrimm l'interprète
d'habituer ainsi .lean Lomaire des Belges, I,
; par hag-hart, fort à la défense. De hagart-
236. —La dérivation de habitus, par l'inter- falk le peuple allemand a fait hager-falh, en
médiaire d'une forme barbare habitulare, ne lui donnant ainsi l'air de signifier faucon
mérite aucune créance. —
D. habillement; maigre {hager}.
déshabiller. HAGIOGRAPHE, qui écrit sur les saints
HABIT, du L. habitus (habere), sign. : ma- {i/iii, saint). — D. hagiographie, -ique.
nière d'être habituelle, état, constitution, HAIE, BL. liaga, haia, du flam. haeghe,
appareiice extérieure, puis habillement, cos- ou du vha. hag, ail. mod. hag, clôture, pr.
tume, mise. Pour le développement de l'idée, lieu épineux, plein de ronces et de haies. —
^P- &•'• 'X'^i<*=! i'-y.'-^)' manière d'être et vête- D. vfr. Jiaier, clôturer.
ment, costume, de consuetudo, coutume,
le fr.
HAILLON, par had'lon, dérivé du mha.
pr. manière. Au
et fr. i/iiise (dans déguiser),
haxlel, ail. mod. hader, m. s.
sens premier du primitif latin ressortissant
HAIM, liameçon, vfr. ain, ham, cat, am,
les dérivés habitude, L. habitudo ; habituel,
:

L. habitualis*, habituer, L. habituare*.


it.amo. Du latin hamus, m. s. D. hame- —
çon (v. cm.).
HABITER, du L. habitare (habere), pr. te-
nir, occuper. —
D. habitable, L. -abilis;
HAINE, anc. haine, voy. haïr. D. hai- —
neux.
habitant habitation, L.-atio(m. s.); habita-
\

cle, L. habitaculum. —
L'anc. langue avait
HAÏR, vfr. hadir; du goth. hatan, vha. ha-

aussi un subst. verbal habit habitation, = zan,


vu
ail. mod. hassen, angl. hâte, ou plutôt,
la terminaison en ir, de l'ags. hatian, v.
maison.
frison hatia. Cette explication satisfait pleine-
HABITUDE, HABITUEL, HABITUER, voy.
liabit.
ment, et Diez, en la présentant, a eu raison de
passer sous silence une opinion qui, dès 1869.
HABLER (le circonflexe est de trop), de
s'était fait jour dans le Jahrbuch fiir rom. Lit.
l'esp. hablar, parler, qui reproduit L. fabii- (X, 191) et que je ne reproduis ici que comme
lari.
un échantillon des écarts où les hommes les
HACHE, répond, d'après Diez, à l'ail, ou au plus ferrés en science phonétique se laissent
,

IIAL 263 — HAM


parfois entraîner : d'après M. Bœhmer, fr, subst. du \evheit. al en are,
prov.,cat. alenar,
haïr découle du latin fastidire par les étapes fr. haleine}-',halener. Ces formes sont le pro-
suivantes haasidir, hasdir, hadir, haïr ;
: duit d'une transposition des liquides radicales
cela vous est prouvé par a-|-b, non pas en se et viennent du L. anhelare, respirer; on
jouant des règles, mais en jouant avec elles. trouve de môme les formes plus correctes it.
— D. haine, d'où Jiaine, vfr. aussi liaenge, anelare, esp. anhelar, prov. anelar. Littré —
haor. — Il faut séparer de notre haïr les préfère pour type lialenare, dérivé de halare,
subst. prov. azir, vfr. aïr, colère; ils sont souffler ; mais la grande rareté d'une dériva-
tirés du verbe azirar, aïrer, qui représente tion par le suffixe ena rend cette et. fort pro-
lat. adirare, mettre en colère. blématique, d'autant plus qu'elle est inutile.
HAIRE, du vlia. hàra, nord, haera, tissu HALENER, voy. haleine. D. halenée. —
de'crin ou de poil (ail. haar cheveu). Dans = 1. HALER. esp. halar, du nord, hala,
l'ancienne langue, le mot avait pris aussi vha. lialon, ni. haalen, angl. haie, haul
lacception figurée peine, ennui, tourment, tirer.
d'où le verbe harier", tourmenter. 2. HALER, exciter (un chien); de l'anc. in-
HAL6RAN, jeune canard sauvage, esp. al terjection halle « an interjection of cheering
bran. Diez rejette, comme purement imagi- or seiting on of a dog » (Cotgrave). L'angl. a
naire, l'étymologie àît-^Sr^jv&o^ = oiseau de mer, halloo à la fois comme verbe et comme inter-
proposée par les étymologistes anciens. Il jection.
pense, comme Le Ducliat, que le mot est d'ex- HALER, voy. hàle.
traction germanique. Dans quelques dialectes HALETER, it. alitare, du L. halitare
français, on désigne par halbran, haie- (halai'e).
brand, etc., le même oiseau que les Alle- HALITUEUX, du L. halitus, -us, souffle.
mands, à raison de sa petitesse, appellent HALLALI. Ce cri de chasse doit s'analy.ser
halb-ente (litt. demi-canard) et les Néerlan- par ally ally == allez allez (sus) le synonyme ;
dais middel-end (litt. canard moyen), c'est-à-
hahaly par « ha allez » Voy. Darmesteter, !

dire l'oiseau appelé par les naturalistes «anas


Composés, p. 320.
querquedula » (cp. en v. flam. half-voghel,
HALLE, alla, du vha. halle, temple,
pr. demi-oiseau, =
anaticula, brentus). Au
grande salle,
it.

ags. lieal, angl. hall. D. —


lieu de halb-ent, on a pu dire halber-ent [eut
hallage.
étant masculin dans le mha-.). De là s'explique
HALLEBARDE,
la forme française à merveille. D. halbroié — port ,
prov. alabarda,
it. alabarda, labarda,esp.
du mha. hehnbarte
(v. c. m.).
(composé de helm, fût, et barte, hache), ail.
HALBRENÉ, au propre
qui a des plumes
--=
mod. hellebarte. D'autres rapportent la pre-
rompues, au fig. = en mauvais
état, mouillé,
mière partie du mot à ail. helm, casque ;
déguenillé. Le faucon halbrené, dit Littré, est
celui qui s'est cassé des plumes on chassant le
donc pr. arme à fendre les casques. Halle- —
breda est prob. une altération plaisante de
halbran. On dit aussi halbrcner p. chasser
hallebarde.
aux canards sauvages. —
Il est difficile de &é-
HALLIER, buisson épais, vfr. halot, pic.
Tpavev halbrené de halbran; cependant, cette
hallo. On fait dériver ce mot du BL. hallus,
dérivation présente l'irrégularité de négliger
branchage, employé dans la loi salique, 41,
le t final étymologique du primitif. Cp. fai-
4, aut de ramis aut de hallis super coopc-
'.

sander, de vfr. faisant. D'autre part, le pas-


ruerit » cejiendant, la plupart des manuscrits
;
sage de Montaigne, cité par Littré: « harassez
lisent en cet endroit callis pour hallis. Diez
et lialbrenez de travail et de faim » rend le
préfère donc s'adresser au BL. hasla de la
rapport avec halbran bien suspect.
Loi ripuaire « in hasla, h. e. in ramo ". En
:

HALE,air sec et brûlant; d'après Diez, du ail. hasel signifie coudrier et baguette de cou-
flam. hael, sec, brûlant. Si cette étymologie drier.
est juste, faut admettre que l'** est épenthé-
il HALLUCINATION, L. hallucinatio.
tique et non radical dans le vfr. hasle, par HALO, du gr. «>w;, m. s. (pr. aire).
conséquent aussi muet. Cependant, puisqu'il HALOT, de l'ags. hal, vha. hol, cavité.
a subi la transformation en r dans harle HALTE, station, arrêt, vfr. hait, ma.sc.,
(auti'e forme courante au moyen âge), il faut séjour, demeure (" il est venuz el hait des
conclure que cette lettre était prononcée et hors fours) et des lions». Partonopeus, II, 26);
radicale. Les foi'mes successives seraient :
it., esp. alto, arrêt. De l'alI. halten, tenir
hasle, harle, halle, lu'de (cp. mesler, merler, (sens neutre = s'arrêter), subst. //«/<, fermeté,
meller, mêler; vaslet, var-let, vallet, valet). — fixité, arrêt.
Chevallet allègue le gallois h(i,ul, soleil, mais HALURGIE, fabrication du sel, du gr.
cela ne lève pas la difficulté signalée, tout en aloup/loi. (iti-r, sel, et Ipyo^j, travailj.
se recommandant plus que le a/io; de H. p]s- HAMAC, amaca, esp. hamaca et ama-
it.
tienne, ou (chaleur du soleil; de Case-
le i/îa haca, port, maca; mot originaire de l'Améri-
neuve. Ménage proposait L. assum frôti),
:
que du Sud; le ni. hangmat (au xvii" siècle,
d'oii assulum, hasle, hâle. —
D. verbe hàler, hangmaK) et ail. hûngematte, sont des trans-
vfr. hasler, harier, haller, wall. ai'.rler (des- formations du mot roman faites de façon à
sécher); haloir, séchoir. faire signifier au mot « natte suspendue ".
HALEINE, it. alena, lena, prov. alena; L'angl. dit hammoc.
lîAX 2G4 — IIAN

HAMEAU, haéiicT dér, du vlV. hanr; celui-


, quelque rapport de forme ou d'habitude entre
ci du gi»tli. fiainta, village, vha. hehn, de- rins(!cte et l'oiseau.
meure, angl. home. Du dimin. ancien Jiamclet HANSE, angl. hans, hanse, société de mai'-
l'anglais a tiré s(>n mot hanilet. chands, compagnie; d'après le nom de la célè-
HAMEÇON, dér. de//«îw(v. e. m.),ùraidc bre hanse, as.sociation de villes unies pour
du suffixe icioiicm; cp. vfr. angJeçon, petit leurs intérêts commerciaux. Du goth. hansa,
angle; les formes wall. ainclie, anzin répon- multitude, compagnie, vha. hansa, troupe de
dent à dos types hamichim et haniicinKS. soldats. —
Adj. hansc'atique.
HAMPE; d'après Diez, une contraction du HANTER, d'où angl. haitnt, uM. hanth-en.
vlia. /lant/iabe (auj. Itandhabc), partie d'un = Diez estime que ce mot a été introduit par les
instnuiient ou d'un outil par laquelle on le Normands et vient du nord, heiinla (de hcim,
tient (d'abord huntbe, d'oii par transposition chez soi), = redemander ou reprendre chez
hamptc, et enfin hampe;. Malgré la coiuniu- .soi un objet jiordu ou absent ; de là se serait

nautô du sens, il n'a aucun rapport étymolo- déduite une idée d'attachement en général.
gique avec le vieux mot français hante ou Cette manière de voir 7no semble subtile et
hanste, anste, bois de lance, lequel vient du forcée ; je veux bien remonter à un radical
L. amcs, amitis, perche (l'étyinologic hasla germanicjue heim, mais pris dans le sens de
étant peu probable]. demeure, habitation. Hanter aurait alors la
HAMSTER, mot allemand. valeur « habiter avec qqn. ". Si le nord.
HAN, onomatopée, exprimant le cri d'un hcimta n'en est pas la source immédiate, on
lioivime qui frappe un coup avec effort ; de là pourrait admettre un type latin ]iamitare,X\Tè
uhaaer, ahan (v. c. m.). de hamus, représentant bas-latin du germ.
HANAP, hcnap', it, auappo, nappo, prov. heim (voy. hatneau). —
Le verbe se trouve
enap, nap; du httap (auj. nnpf), vase,
vlia. frAjuemment dans la vieille langue avec le
ags. hnap, flam. nap. —
D. vfr. hatiapicr, sens de manier, pratiquer hanter la guerre,
:

crâne (cp. tête, de testa, tesson), casf|ue. un métier; on trouve le mire de leyier han-
:

HANCHE, voy. anche. — Selon Bugpc temenl, le chirurgien à la main légère, habile,
(Rom.; 111, 152), ce mot est indépendant do et Gachet cite l'adj. antaule (appliqué à che-
anche, tuyau. Il rejjroduit l'ail mod. hanke min) =» praticable, mais cela ne suffit pas
{Kiliaen hanche, hencke,
: coxa, coxendix), l)Our justifier l'étymologie vha. hant, main,
lequel à son tour est indépendant du vlia. mise en avant par Chevallet. —
Littré s'en
ancha, tibia, crus (= fr. anchc) et vient du tient à l'étym. halritarc, qui, « devenant hab-
mlia. lii)ike)i, hank, hioiken, boiter. D. — tare, a pris facilement une nasale, et, déri-
dèhanclié, rhanchè. vant de habere, a eu dans la latinité, et a pu
HANEBANE, jusquiamc, de l'angl. hoi- avoir dans le français, le sens de avoir sou-
*'

hane, m. s., litt = i)oison de poule. vent ". —


Je crois qu'il se trouve un mot
HANGAR, ou anyar; ce mot a-t-il quelque hitin qui, pour le .sens et la forme, convient
rapport avec L. ant/aria (gr. xy/xfA'x), cor-
le parfaitement et auquel je sacrifie volontiers
vée consistant à fournir des chevaux pour les le hamitare proposé tout à l'heure. Hanter,
courriers impériaux? Je n'en doute pas; le anciennement, était neutre et se rencontrait,
mot latin découle du grec ây/«ooî, estafette, comme signification, avec convcrse.r, lequel
courrier, d'où procède le sens du BL. aut/a- avait conservé la valeur du \ii\'\n conter sari,
rvim =
lieu couvert où l'on ferre les chevaux; se tenir habituellement dans tel lieu, autour
ce sens s'est généralisé dans l'acception ac- de telles personnes; l'un et l'autre reprodui-
tuelle du mot lieu couvert à divers usages.
: s<>nt lesens deJ'all. i</«^cAc« [mitjemand h.,
Une dérivation de l'ail. Itanr/en, suspendre c'est frtHjuenter q<in., mitetwas ii., c'est ma-
(Chevallet), ne convient en aucune façon. nier, pratiquer (jqcli.). Or, umgehen et con-
HANICROCHE, voy. anicroche. vcrsari ont dans le domaine latin un corres-
HANNETON, anc. haneton, aneton, dérivé pondant logitpie ; c'est ambire, dont Ic! fré-
de vfr. hanette. Celui-ci est. selon toute proba- quentatif atnbitare appelle tout naturellement
bilité, le diminutif de l'ail, hahn, .abréviation en fr. la forme anter. Je m'attends à deux
du mot composé tceiden-Jiahn (pr. coq des objections. D'abord, ambitare est inconnu au
saules', qui est la dénomination de cet insecte latin classique et à celui du moyen âge; mais
dans plusieurs contrées de rAUemagne. Mahn l)our quiconque s'est familiarisé avec les al-
corrobore cette étymologie de Diez par la lures de la langue française et qui sait que
comparaison de l'angl. cocA-c//a/î'r, hanneton, celle-cia emprunté un grand nombre de ses
composé de cock, coq, etchafcr, scarabée. — formes verbales aux formes fréquentatives des
Selon d'autres, le mot .serait p. aleton et re- verbes anciens, cette objection est sans valeur.
présenterait le diminutif du L. rt/rt, aile; mais Personne ne contestera que nos verbes oser,
par quelle raison i)articulière aurait-on dé- user, profiter, oublier, procèdent des mots
nommé hanneton une « petite aile « ? D'au-
le 'latins aiidere, uti, proficcre, oblivisci, par
tres encore, dans la même supposition d'une leurs fréquentatifs ausare, tisare, profcctare,
forme aleton, ont imaginé pour la cause un oblilare, que les lexiques latins ne renferment
composé latin uli-tonus =
qui fait du bruit pas plus que ambitare. Kn .second lieu on fera
avec les ailes. Génin, enfin, prend haneton valoir l'/t aspirée de hanter. A cette seconde
pour un diminutif du vfr. ane, L. anas, = objection j'oppo-serai non pas l'orthographe
canard; cette application serait fondée sur anter, qui n'est pas rare dans les manuscrits.
IIAR — 265 — HAfl

et qui est déjà une présomption en faveur de HARAS. Pour expliquer l'origine de ce mot,
rabseuce d'aspiréo, mais l'exemple d'autres on a sans succès mis en avant le vha. }tari,
mots pourvus d'une h aspirée contrairement troupe, armée (nha. liecr), de même le lom-
à leur étymologie, ainsi liaut (altus), hérisson bard fara, race. Dicz préfère l'arabe faras,
(cricius), houlette (dimin. du lat. agohim), cheval (d'où esp. alfaraz), pris dans jin .sens
hulotte (ulula», /ac/)p« (upupaj, huiler, hurler collectif, comme le prov. mod. ^^ci(=L. equa)
(ulularc). La langue supprime ou applique est employé p. haras. Cette étymologie serait
l'aspiration tout à fait à sa convenance, et quant décisive, dit-il. si l'on trouvait la trace d'une
à notre verbe CDtter ou hanter, elle avait une anc. forme fr. faras ou d'un mot BL. fara-
l'aison toute naturelle de l'aspirer c'est le
; ciu.m-. Cette découverte est faite; un passage
besoin de le ditîorencier de enter (planter). Et deBercheure porte farat (voy. Littré); j'ajoute-
d'ailleurs hanter n'a pas toujours été aspiré ; rai (pie Godefroy cite plusieurs cas de vfr. farat,
à preuve, pour le verbe même, le vers suivant faratz au sens de amas, troupeau). —
.le ne

de Baud. de Condé, p. 76, v. 384 Par le : vois cependant pas pourquoi l'on dédaigne
dragon qui dedans n'ante; Baudouin de Se- l'étym. tirée du L. hara, qui signifiait une
bourg, V. 347 : Car d'anter ses amis vault petite écurie (pour oies, poules, pon;s) ce :

on mieux bien souvent, —pour le dérivé


et mot a pu s'étendre au local où l'on retenait
antise, les vers suivants du Trésor amoureux ,
l'étalon et en môme temps s'agrandir par
III, 222, 7 Siques tant qu'il en ait l'antise,
: l'augmentatif act'ion; je m'en tiendrai donc à
etib., 188, 1648: D'acquérir hoinourable an- hara, petite étable, d'où haraceum, étable à
tise. Je ne pense pas que, pour la forme et étalons, d'où fr. haras. —
Dans les gloses
le sens, aucune des différentes étymologies d'Al. Neckain et d'Adam du Petit-Pont (voy.
proposées avant moi présente moins de diffi- ma Lexicogr. latine du xii" et xiu" siècles,
cultés ((uc celle à'ambitare. — 1) hantise pp. 105 et 122), haras est la traduction de
(l'anc. langue avait en outre le subst. verbal equitiu.m.
haut). HARASSER (d'où angl. harass), peut-être
HAPPE, demi-cercle de fer, cranqion, du un dérivé du har, baguette d'osier, fig.
vfr.
vha. /lappà, faucille; de là le verbe happer, fouet, cravache. On m'objecte que liar n'est
prendre, saisir, raller, angl. hap. Cependant, qu'une variété orthographique de hart et
il est possible que le verbe happer ne soit que la dentale finale aurait reparu dans le
qu'une onomatopée. — Composé happe- dérivé; cette objection est en elFet sérieuse,
lourde, pierre fausse qui a l'éclat d'une pierre mais il reste encore à voir si le t dans hart
précieuse, ainsi appelée parce qu'elle happe, n'est pas j)aragogique, comme dans rempart
c.-à-d. surprend ou trompe une |)ersonne et autres. S'il faut abandonner har, nous nous
lourde, stupide, qui n'y fait pas attention ; cp. bornerons à dériver direct, harasser du vfr.
les expressions happe-chair , happe-foie ,
harier, hericr, fatiguer, maltraiter, agacer,
happe-lopin =
écornifleur, et surtout attrape- importuner, norm. harerctungl.hare, exciter,
lourdaud. presser, dér. du subst. haire, au sens ancien do
HAPPELOURDE, voy. happe. peine, tourment (v. c. ). m —
Ou bien faut-il
HAPPER, voy. happe. admettre un rapport entre harasser et le vfr.
HAQUENÉE," cheval de taille moyenne; ce harasse, qui signifiait un bouclier couvrant
mot, ainsi que le v. csp. et port, facanea, n. tout le corps, et qui, par conséquent, devait
esp. hacanea, it. acchinea, chinea, repré- être passablement lourd ? Je ne le pense pas.
.sente l'angl. hach-ney, ou néerl. hakhc-nei, Rapportons encore, pour mémoire, l'opinion
composé de liack, hakke, cheval, et de nei, de Nicot, qui déduisait harasser de haras,
= angl. naff, néerl. nef/r/, nha. nickel, petit « auquel l'estallon par force et fréquentation

cheval, bidet. Ce mot germanique hach a de saillir les juments devient desnué de force,
aussi donné l'esp. haca, port, faca, vfr. haque, estancé et allangoury », —
Godefroy cite de
bidet, criquet. Du vfr. haque vient le dimi- nombreux exemples d'un subst. haracc, panier
nutif vfr. haquet, pic. Itaguette, petitejument; formé de cordes, mais je doute qu'il soit con-
auj. le fr. haquet signifie une espèce de char- nexe avec notre verbe, comme on le présume
rette. —
Les dictionnaires qui rattachent lia- dans Rom. VIII, 453.
qne au L. equus commettent indubitablement HARAUDER, voy. haro.
une erreur. HARCELER, vfr. herccler; d'après Diez,
HAQUET, voy. l'art, préc. — D. haquetier. dérivé de herce', auj. herse (v. c. m). Il allè-
HARANGUE, it. aringa, esp., port, arenga, gue l'angl. harroïc, qui réunit également les
\)Vo\' . arengua ; le masc.it. aringo signifie significations de herser et de tourmenter. J'y
le lieu où se fait
le discours, chaire, tribune, verrais plus volontiers une dérivation de haiy
puis aussi lieu du combat. Du subst. vha. cellc, vieux mot français (évidemment le dimi-
hring, cercle, as.semblée, théâtre, tribunal, nutif de har ou hart (voy. s. harasse^'), qui
vient d'abord le verbe haranguer, it. ai'in- signifiait une petite baguette servant à faire
gare, etc.. assembler du monde autour de soi, aller les chevaux. Pour appuyer mon étymo-
pour lui adresser la parole ; puis du verbe logie par voie d'analogie, je réunis ici les dé-
procède le subst. harangue =
le discours rivations suivantes : forme har, verbes harer,
même. Pour l'initiale germaniqtie hr dégagée harasser (?), forme hart, verbe
vfr. hardier,

en har, cp. hanap de hnap, canif de knif. — irriter,harceler; —


forme dimin. harcelle,
L'ét. angl. hearing, audience, est insoutenable. verbe harceler ; trois variétés du même primi-
ÏTÂR — 200 — lïAR

tif dégageant tout autant de verbes à forme Palsgrave : « hotchpotch of many meates,
variée, mais de signification semblable. haricot »). Ce mot repré.sente, selon Génin,
1. HâRDE,
troupe de bêtes fauves, vfr. une variété du fém. vfr. haligote, hcrligote,
pic. hei'de l'ail. Jierdc, goth. hairda,
; c'est = morceau, pièce, lambeau, d'où ha/igotei',
ags. heard, troupeau. harigoter, déchirer, dépiécer. Le spirituel
2. HÂRDE, lien pour attacher les chiens de philologue nous fait voir par des recettes culi-
chasse, forme féminine de hart, corde. D. — naires qui remontent au xiv* siècle comme
hurder, attaclior les chiens. quoi le haricot de mouton a toujours été en-
HARDEAU, voy. haH. visagé comme un ragoût, dans lequel le mou-
HARDES = bagage, peut-être le subst. ton est coupé menu en beaucoup de morceaux.
verbal du verbe harder, lier (v. harde 2), Quant à l'origine de haligote, il la trouve
mais on peut y voir aussi, pour autant qu'il dans le L. aliquot, exprimant pluralité. Diez,
signifie paquet, une simple modification de plus prudent, s'abstient d'a.ssigncr un primi-
forme du moi farde (v. c. m.). Pour /"devenu tif au mot haligote, et se borne à citer l'angl.
h, cp. ho7's de fors. On trouve, en effet, vfr. harl, fibre et vha. harluf, licium. Quoi qu'il
hardel pour fardeaii. en de menu, inhérente au mot ha-
soit, l'idée
HARDI, part, du verbe ancien hardir (pour clairement du vieux verbe hari-
ricot, ressort
lequel nous disons aujourd'hui enhardir) = cote-, employé au figuré pour spéculer mes-
prov. ardir, it. ardire. Ce verbe représente quinement, et du terme haricoteiir, pie. hari-
le vha. hartjan, rendre dur, fortifier, aguer- cotier, marchand de détail. Cp. le wall.
rir (radical hart, dur). Bien qu'en esp. ardido, halcoter, barguigner, chipoter.
brûlant (de arder, brûler), coïncide avec 2. HARICOT, plante légumineuso. D'ori-
Y aà.^. ardido, hardi, ce dernier n'a rien à faire gine incertaine. Amusons-nous un instant à
avec le L. ardere. Quant à l'étymologie tirée voir le docte Ménage .se débarrasser de la diffi-
du gr. y.apoi-x, cœur, c'est une insigne bévue. culté. Le mot vient, selon lui, de faba, fève :

— D. hardiesse =
prov. ardidesa (en vfr. on « faba, fabarius, fabaricus, fabaricotus, fari-
avait le subst. hardernent, =
prov. ardimen, cotus, haricotus ». Malheureusement, il a
it. a7'dimento); verbe enhardir. Kn picard,— négligé de nous montrer sur la carte une
l'adv. hardiment équivaut à beaucoup, fort, .seule dôs diverses étapes de la longue route
tout comme le vha. harto. —
Du même radi- qui conduit de faba à haricot. Voici mainte-
cal germanique viennent sans doute aussi les nant l'avis beaucoup plus ingénieux de feu
termes hardeau et hardelle, =
jeune garçon M. Génin Haricot, mot qui no fait concur-
:

et jeune « garsette », que je trouve consignés rence à /^v que depuis le xvii" siècle, est le
dans Nicot, et encore d'usage en picard. même mot, avec une acception détournée, que
HAREM, mot arabe, litt. chose sacrée, ac- haricot r^ ragoût de mouton (voy. l'art,
cessible à certaines personnes seulement. préc). " L'aspect d'un plat de haricots rappe-
HARENG, prov. arenc, du vha./(«nnc, ags. lant à la vue un plat de ces petits morceaux
Jiaeo'inff, nha. hdrinq, angl. lierrinq. l'ne de mouton mis en ragoût, quelqu'un se .sera
connexité radicale entre ces mots germaniques avisé de transporter au légume le nom du
et le L. halec, saumure (rac. gr. «i;, sel), plat de viande. Ces ironies ne sont pas incon-
n'est pas admise par les germanistes mo- nues dans le vocabulaire gastronomique, où
dernes. une croûte de pain frottée d'ail s'appelle un
HARGNER*, fâcher, harceler; en picard = chapon ».
injurier, se moquer. Diez rapproche hargner HARIDELLE, mauvais cheval maigre, fig.
du vha. harmjan, ags. hearmjan, injurier, et par méj)ris =
femme grande, sèche et
blesser. On pourrait aussi le placer dans la maigre. Comparez angl. harridan, wall.
même famille que les vei'bes harcr, liarasser harott, rouchi aroi(<(?, norm. harin,]iarousse,
et harceler. Pour la forme, voy. ce que nous m. s. N'y aurait-il pas ici encore au fond le
avons dit à l'article épargner. La série des har du verbe harer, aiguillonner, frapper du
formes serait hariner, harinier, haringer,
: fouet? Haridelle serait une rosse que l'on ne
harigner, hargner, modifications littérales fait marcher qu'à coups de bâton. On a aussi
qui n'ont rien que de très ordinaire. D. — pensé, mais à tort, je crois, au L. aridella,
hargne, déplaisir, chagrin (effet de l'action dérivé imaginaire de aridus, sec.
hargner), &nc. aussi querelle; adi.. hargneux, HARLEQUIN, voy. arlequin.
qui aime à taquiner, à chagriner; chagrin, HARMALE, it. arm<jra, nom de plante, en
querelleur. L'étymologie L. herniosus, -= botanique pcganum harmala, du gr. ûpij.y.'i.y..
qui a une hernie (elle date déjà de Nicot), De là le terme de chimie harmalinc.
est ridicule ; on rencontre bien le subst. vfr. HARMONIE, L. harmonia {xfjf/.ovl7:). D. —
hargne dans le sens du L. hernia (Godefroy harmonieux, harmonique, L. harmonicus
ne le connaît pas), mais ce n'est qu'un homo- (de là l'instrument dit ha.rrnonica)\ harmo-
nyme de hargne, chagrin. On peut avoir une nier, -iser, -iste; opp. disharmonie, aussi
hernie sans être hargneux le moins du monde I désharmonie (Michelet).
Dans « chien hargneux », l'adj. pourrait être HARNACHER, prov. ar)iescar,arnassar, dér.
une altération de hagneux, qui vient du verbe du vfr. harnas, voy. l'art, suiv. Cps. enha7'- —
hagner (dial. rouchi), mordre, dont on ne nacher, déharnacher.
connaît pas l'origine. HARNAIS, HARNOIS, vfr. harnas, p. har-
1. HARICOT de mouton (en vfr. hericot; nasc, it. arnese, esp., port., prov. «nies. C'est
IIAU — 207 — ITAS

la racine cymr. haiarn. irl. rotran," fer, jointe D'origine inconnue ; on peut supposer que le
au roman iscus ou ensis. Ou bien est-
suffixe d ou t est paragogique comme dans bard,
il préférable d'admettre que le mot cymr. homard, etc (voy. pi. h. sous harasser) et que
haiarnaez, attirail de fer, ferraille, ait d'abord le mot signifie primordialement baguette
donné l'angl. harness, d'où seraient prove- d'osier, souple et pliante, .servant
de lien (cp.
nues formes romanes? Notez que harnais
les en ail. wiede, lien, de weide, saule). D. —
signifiait dans le principe armure, attirail de hardeau, petite corde, aussi vaurien (qui mé-
guerre. On dit encore " endosser le liarnois, rite la hart).
vieillir sous le liarnois •>. Le mha. harnasc/i, HASARD, it. az:;ardo, prov., esp., port.
ail. mod. harnisch =
cuirasse, est d'impor- a:ar (en esp. et port., le mot signifie coup
tation romane. —
D. harnache)' [v. c. m.). malheureux), cat. atsar, entreprise ]ia.sar-
HARO, aussi hai'P, angl. harrow, interjec- deuse. Notons d'abord que le vfr. hazart si-
tion " crier haro » .D'après Diez, du vha. Jiei'a
; gnifiait pr. im jeu de dés, puis coup de dés
ou hara. aussi harot, .saxon herod, signifiant (« geter hasart "j, enfin chose futile (ainsi dans
ici L. hue La forme hcrod donne l'explica-
! ! la phrase « ne valent pas un hasart »). L'éty-
tion du verbe fr. haroder, harauder. L'an- mologie de ce vocable a beaucoup torturé les
cienne explication par ha Rou! (RoUon, duc linguistes sérieux autant que les amateurs.
de Normandie), bien qu'elle date du xiv" siè- On a proposé tour à tour 1° le latin as, au :

cle, est de pure fantaisie. sens d'unité au jeu de dés, mais la consonne z,
HARPAGON, avare, du personnage ainsi qui parait être un élément organique du mot
nommé dans la comédie de Molière intitulée roman, y fait obstacle; 2. l'arabe rfarr, dom-
J' Avare. Molière avait puisé ce nom, qui vient mage, mais il n'y a là ni rapport de sens, ni
du grec àpTrà^uv ravir, piller, dans la comédie concordance littérale 3. l'hébraïque zarah,
;

latine. nécessité, situation critique; mais ce primitif


1. HARPE, instrument de musique, BL. aurait donné une forme féminine, telle que
harpa,it., esp., prov. arpa. Du nord, harpa, l'it. zara; 4. l'arabe j'asara, jouer aux dés,

ags. harpe, vha. harpha, ail. mod. harfe, jasar, partie de dés la consonne arabe s per-
;

VénanceFortunat mentionne la harpe comme mute en effet avec le z roman, mais comment
un instrument particulièrement cultivé par expliquer l'aphérèse de l'initialej ? Ajou- —
les Germains. Diez est d'avis que c'est la tons à ces conjectures hasardeuses la suivante
forme crochue de l'instrument qui a déterminé d'un homme sérieux, mais qui, à force de la
l'acception griffe, crochet, propre également démontrer, lui enlève toute probabilité ha- :

au mot harpe (voy. l'art, suiv.). Les/; aspirées sard, selon Bohmer (Jahrb. f. rom. Phil., X,
trahissent selon lui une provenance germa- 190), provient d'un type latin /tworanum par
nique le grec â/sn/j aurait, suppose-r-il, donné
; les évolutions suivantes hauriar, haryar,
:

simplement arpe. Je pense que le célèbre lin- harzar, harsar, hasar, hazar. C'est bien là
guiste use ici d'un peu trop de subtilité, d'au- fatiguer les mots et soi-même en pure perte.
tant plus que le fr. présente plus d'un exemple Diez n'ose pas se prononcer; il est porté à
où \h aspirée est ajoutée sans raison étymo- croire cependant que le rf final est parasite,
logiqiie, soit par l'influence germanique ou comme dans homard, blafard et autres; que
par assimilation à quelque homonyme. D. — la forme it. azzardo vient du français et que
harpiste, harper ; jouer de la harpe. le véritable mot italien est l'anc. zaro, auj.
2. HARPE, croc, griffe; esp., prov. arpa, zara,ie\\ delà chance, risque, danger (d'après
m. s. Du grec âpn/i, croc; ou bien, ce qui Diez, coup de trois as). —
Raynouard rattache
pouri^ait lever les difficultés opposées par Diez le mot au suéd. asar, plur. de as, dieu ; le
à une disjonction étymologique de harpe, hasard équivaudrait à « les dieux, le destin».
instrument, et de harpe, griffe, crochet (voy. Cela n'est pas plus probable que les autres
l'art, préc), du vha. hrepan, par transposi- moyens proposés. —
Génin fournit des preuves
tion herpen, saisir, accrocher, qui nous parait constatant <\nehasard signifiait primitivement
également être au fond du nom de l'instru- le coup de six au jeu de dés, le point qui fait
ment musical; cp. le bavarois /iar^/èn, grim- gagner Jean de Garlande (xi"' siècle) Senio, :

per. —
D. harper; harpailler ; harpeau,
;

-onis, dicitur numerus senarius, gallice ha-


grappin harpin, harpon,
; sard. On trouve effectivement souvent dans
HARPEAU, voy. l'art, préc. l'ancienne langue « geter hasart » Dans la .

HARPÈGE, voy. arpège. suite, l'idée d'incertitude aurait effacé le sens


HARPER, voy. harpe 1 et 2. primitif, et l'on aurait fini par personnifier le
HARPIE, L. harpuia {xoTtuict). liasard, la chance fortuite et par en faire en
HARPIGNER (SE), prendre
s'attaquer, se quelque sorte lesynon.de destin. Littré fa- —
au collet, formé de harpin, à la façon de vorise l'opinion de Guillaume de Tyr, contem-
éparpner, trépir/ner, éyratif/ner. On dit aussi porain des croisades, à savoir que le jeu de
Jiarpjiller,harpailler. dés ^sens primordial du mot) fut trouvé pen-
HARPIN, voy. harpe 2. — D. harpùjner dant le siège d'un château de Syrie nommé
(v. c. m.). Hasart et qu'il prit le nom de cette localité.
HARPON(angl. harpoon, néerl. harpoene, — Pour compléter l'historique des tentatives
ail.harpune), augmentatif de harpe 2. D. — étymologiques faites sur hasard et avant de
harponner. clore par celle qui paraît être destinée à ter-
HART, corde; forme fém. harde (v. c. m.). miner le débat, nous donnerons encore accueil
HAT 208 lîAV

à une ingénieuse, mais tout aussi aventureuse HATIER, de haste, broche.


supjKtsition de Lanjronsioixïn. La voici La :
HÂTIF, voy. hâte. — D.hàtiveté, hàtlveau.
préposition ad, avec Ys adverbial, aurait pro- du nord, hnfud-
HAUBAN, anc. hobcnt,
duit ladv. roman ads, prov. a:. De cet culs
battd, cordage principal, ou plutôt du flam.
(imaginaire; procéderait un verbe ads-are,
hobant p. hoofdbaiit. C'est de même le néerl.
prov. azar (comme ab-ans, =^ L. ab-ante,
raaband, cordage de vergue, qui a donné le
fr.atant, a produit le verbe abans-itre, =fr.
avancer), avec le sens du L. accedere, venir,
fr. rahaii. —
D. haubaner.
HAUBERT, cotte de mailles, vfr. halberc,
tombera, échoir. Les subst. asar, esp., port, hauherr, prov. ausberc, it. osberf/o, tisbeiy/o,
et prov., et le cat. atzar ne seraient donc
BL. halsberi/a; du vha. halsberc, m. s., litt.
autre chose que cet infinitif adsare au sens pièce d'annure protégeant le cou. Le sens du
déchoir (en bien ou en mal). Comparez les mot s'est, avec le temps, élai'gi de même l'ail.;

substantifs plaisir, loisir, qui ne sont non


holle^', pr. collerette, a signifié dans la suite
plus que des infinitifs. Le français ajouta à une espèce de cuiras.se ou de veste .sans man-
asar un d paragogique, et de asard, hasard,
— ches. — De l'anc. forme hauberc vient le
hazard, lit. fit azzardo. Les conjectures
dim. haubertfeou —
^^'ackernagel et Beneke
.

n'ont pas fait défaut, comme on voit; il faut voyaient dans halberc un type germ. al-berc
savoir gré à Mahn d'avoir mis un terme à = (pli cache tout; mais les formes it. et prov.
cette incertitude par une étymologie, sinon
.sont contraires à cette origine.
certaine, du moins tout à fait plausible. Le HAUSSE-BEC, voy. hausser.
mot vient, d'après lui, du mot arabe sehnr, HAUSSER, vfr. haucier, haucei', it. alsare,
contracté-;»/', signifiant dé; combiné avec l'art. esp. alzar, prov. alsar, ausar; d'un type latin
aZ,il est devenu assahar et assar ; de là les
altiare, formé de altus, haut. — D. hausse
formes e.sp., i)ort., prov. et franc., tandis que (d'où l'adj. haussier):, l'ehausser; voy. aussi
la forme it. zaro, sara reproduit le même
— \Jh initiale est parasite
exaucer. —
Cps. hausse-bec' , 7nouvement qui
subst. sans article.
consiste à hausser le bec en signe de dédain,
dans le principe, comme
et n'était pas aspirée
de là verbe haussebecquer, railler; hausse-
l'a démontré M. Génin.
fort bien I). ha- — col.
le

sarder, hasardeux.
HAUSSIÈRE ou aussière, aussi haiisière,
HASE, femelle du lièvre, du vha. haso, liè- cordage à trois toi-ons; n'a prob. rien à faire
vre, ail. mod. hase, ags. //^ovi, angl., dan., avec hausser. Langl. dit hawser, mais ce mot
suéd. harc. est emprunté du fr ; l'étymologie (!st le ni. et

HAST, dans « arme d'hast «, vfr., prov. ast, ail. hais, qui signifie cou et, en t. de marine,
forme masc. du L.hasta. càbh'.
1. HASTE, lance, L. hasta. HAUT, vfr. hait, ait. L'h est une ajoute

2. HASTE, broche et ses dérivés hâtier, faite sans doute .sous l'influence de l'ail, hoch.
lutteur, etc., sont bien, à l'avis de Hugge Du L. altits. — D. hauteur; hautesse, jadis
(Rom., IV, 359), issus du lat. hasta, mais en = grandeur, élévati(m; hautain (voy. aussi
subi.s.sant l'influence de l'ail, harst, ustensile allier). Le terme altesse est tiré directement

servant à faire rôtir, gril, mais non préci.sé- de lit. alti'zza.


ment broche. Ce mot .se disait aussi, comme le HAUTBOIS, pr. instrument en bois (\\n va
haut, ou dont le t<jn est fort clair. L'italien en
hastc, d'une pièce de viande rôtie, d'une
ifr.

tranche do porc rôti. a fait oboe, l'ail, hoboe, l'angl. hautboy. —


/\
D. hautboïste (dérivation irrégulière).
HATE, liaste, mot germanique : v. frison
Jiast, lioi'à. h astr, ail. hast. — D. sovhehàtei', HÂVE, d'après Diez, de l'ags. hasva, mha.

adj. hittif[\\vo\. astiu). heswe, desséché, pâle. Forster (Ztschr. V,
97) n'qjrouve cette étymologie, et pour le sens,
HÀTELET, dim. de hastc, lance ou broche.
et pour la lettre. L'anc. français ne pi'é.sentc
— I). hâtclcttes.
jamais hasve, mais toujours hâve. De plus,
HÂTEREAU, tranche de foie de porc, poi- cet adjectif était primitivement un terme
vrée, salée et grillée, de haste, broche. — Il technique du jeu des échecs, synonyme de mat,
séparer, je }»ense, le vfr. hatcrel, chignon,
fîiut d'où se sont produites les acceptions actuelles.
nuque, que Diez rapporte au mha. halsadcr, De l'adjectif hâve vient le verbe haver ^^
m. s., d'où halster-el, haltcrel, haterel. — mat et hâve.
faire — Le mot, .selon Fr. Michel
Bugge (Rom., IV, 300), pas plus que Grand- (Roman de la Rose, I, p. 221), serait le L. hâve
gagnage, vo/za^î-rt/Ccou), ne distingue de notre (bon jour! salut!)
mot le vfr. haterel, cou, nuque, chignon. Le HÂVENEAU, HAVENBT, nom d'un petit
mot aurait d'abord signifié col de veau ou de filet une espèce de poche conique,
f(jrmant
porc et fini par s'apjiliquer au cou ou à ouverte par un cercle sur lequel il est trans-
l'échiné de l'homme. Cela ne m'est nullement filé. C'est un mot .Scandinave; un filet de
démontré; je ne puis entrevoir de connexité même forme se dit en norois hùfr, norv. haav,
entre les deux termes pourquoi pour l'un; suéd. hàf, patois de l'Angleterre sept entr.Aaa/.
régulièrement hastercl, pour l'autre haterel ? HAVERON, avoine sauvage, du vha. habaro,
HATEUR, officier de cuisine chargé des ail. mod. hafer, haber, angl. haver; Diez
viandes qui sont à la broche, de liaste, br<x*he jiropo.se aussi une contraction de aveneron
(v. c. m.}. (folle avoine), dér. de L. avenu.
. .

HEL — 269 — IIÉR

HAVET, crochet (outil des ardoisiers), ainsi HEMATITE, L. hœmaliles,àn gr. «;//«t(t/,î
que havcau, aiic. haveJ (outil des sauniers), (de ai//z, sang).
dérive du vfr. Itef, crochet, d'où aussi vfr. HEMI-, élément initial de composés; c'est le
haver, tirer à soi au moyen d'un crochet. grec /-//i-, équivalentlittéral du L.semi, demi.
Voy. Fojrster, dans Grobei-, Ztschr. VI, III. , Les principaux composés sont Hkmicyclk, :

Le jiluriel hés (crochets) que j'ai relevé dans


mon Cdossaire de Froissart en le rapportant
/;>.i/.û//iîv, demi-cercle (/.ù/.>5,-, cercle; ;
— Hk-
Mi.si'HKUi-;, r,y.i7vx'.pii-j, demi-boule (ifxïp-x,
à un sing. conjectural liée ^= ail. hahc, est en boule, globe); — HkmH'ncuE,/,y.nzi.y_oi, demi-
l'éalité le plur. de Iwf (il se trouve aussi dans vers _

Ph. Mousket, 19592). HEMORRHAGIE, gr. xi'j.opp7.-/i7'., éruption


HAVIR, dessécher; selon Diez, du vha. de sang {cïy.y., sang, pr,/-ji>iM, rompre).
heiaii, briller, avec insertion de v. Le verbe HÉMORRHOÏDES, gr. xifj^opp.f.; (plur. -;o%i),
ne parait pas avant le xvi'^ siècle on no le ;
flux de sang (xiy.v., sang, et pin-,, coulerj,
voit jamais avec un s radical ou un circon-
HÉMOSTATIQUE, gr. xiy.o,rxz,AÔ;, propre
flexe, ce qui fait écarter l'ags. hasva, dessé-
à arrêter le sang, de aî/zz, sang, -]- îTzrt/.o,-,
ché, mentionné sous luïve.
(pli arrête (î'ttvî'/i, 2TA-oj).
HAVRE, vfr. hàcenc, havle, habic, BL.
HENNIR, (hiL. hiwiire, m. s.
habidum, Iiaula, direct, de l'ags. Iiâffhi,
nord, liôfn, dan. Juui, m. s. L'ail, dit Itafcn,
HÉPATIQUE, gr. r.Tzxzudi (de vÎTa,-., foie).
l'angl. Itavcii. Pour la formation du mot, cp. HÉPATITE, inflammation du foie, gr. r,7ry.-
ordre de ordcne.
HAVRE-SAC, de lall. habcrsack, sac à HEPTAMÉRON, titre d'un célèbre
ouvrage,
avoine, ])uis sac à provisions. composé de en sept jour-
i)arties distribuées
7iées (sTTri r,ij.irixi.). Cp. le dt'eaméron de Bocacc.
HEAUME, vfr. hcalmc, ehne, hiaume, it.,
porr. elmo, esp. yehno, prov. elm ; du vha. Ces mots ne sont pas trop correctement for-
helni, nord. Iiiahur, goth. hUrns, m. s. Cp. més.^
Guillaume de l'ail, Wi/helm. Voy. aussi HÉRAUT, hcralt*, it. araldo, esp. huraldo,
armet heraldo, angl. herald, ail. herold, port.
HEBDOMADAIRE, dér. du L. hcbdomas, arauto, esp., port, aussi farautc; du BL. ha-
-adis (gr. îSèo/zi^), semaine. raldus, heraldus. Peut-être, remanpic Diez,
HÉBERGER, anc. herbcrf/er, voy. auberr/e. d'un composé vha. harioioalt officier d'ar- =
HÉBÉTER, du L. hebctare (de hcbes, mée. Un trouve ce mot germanique aussi
é moussé). employé comme nom propre, sous les formes:
HÉBRAÏQUE, du L. hcbraicus. D. hé- — Chariovaldus, saxon Hariolt, nova. Ilui-aldr.
N'y aurait-il i»as au fond la racine har, du
braïscr La forme hcbrcu vient du L. hebrœus
= /lebreus, cp. vh'.Judeu, de jndœus. vha. hareii, crier, appeler, racine congénère
HECATOMBE, gr. UxToy.Z/), sacrifice de cent avec le sanscrit har, crier, appeler, et qui se
victimes. retrouve dans le gr. x/j^u;, héraut. La termi-
HECTARE = cent ares, du subst. are et du naison aldus, aut ne peut guère faire diffi-

grec i/«7ov, cent. De la môme manière : /lee-
culté. Du BL. heraldus on a formé l'adj.
ioiitre, hectoslère, heetomrtrc, Jieetof/ramme. héraldique.
HECTIQUE, terme .savant pour étique (v.
HERBE, L. herba. —
D. herbacé, L. hcr-
c. m.>. baceus herbetle, herbage, Jicrbeux (L. lier-
;

HEIDUQUE, bohème hayduh; forme slave bosus); herbu; herbier (L. herbarium); verbe
du hongrois liadju, fantassin.
V. herber, exposer sur l'herbe; herbivore liovmé
HEIM, hein, interjection répondant pour le d'après carnicore), =
herbam vorans; herbo-
sens et le son au L. hem. riste, herboriser, mots de fantaisie, créés pro-

HÉLAS, prov. ailas, angl. alas, it. ahi bablement par assimilation à arboristc et arbo-
lasso, de l'interjection 7'iser, qui sont moins arbitrairornont formés,
/;« et de l'adj . las [L.
lassi(s), anc. = malheureux. et aussi d'introduction plus ancienne.
HÉLER, appeler de loin, de l'angl. hail, HERBORISER, -ISTE, voy. herbe.
l)r. saluer; Kiliacn donne au flam, hacleu 1 HÈRE, mot de date peu ancienne ; d'après
aussi le sens d'aj)peler. Diez, de herr ou néerl. }>eer, monsieur,
l'ail,

HELICE, gr. -;).i;, ïy./r,, m. s. (de iH.-jsu-i, seigneur. Pourquoi pas aussi bien du L. herusf
rouler en spirale). La solution de cette question dépend du mi-
HjîiLIOTROPE, litt. tourne-sol (de vi'/io,-, so- lieu dans lequel l'expression pauvre hère a
leil, et TrA-îTivj, tourner). pris naissance, Forster (Ztschr., III, 262) se
HELLÈNE, gr. ?av,v, habitant de la Hellade, demande mot, dans cet emploi, ne repré-
si le

puis Grec en général. — D. hellénique, sente pas le vfr. hère (fém.), figure, mine.
helléniste. 2. HÈRE, terme de vénerie, le jeune cerf
HELLEQUIN, anc. feu follet, du néerl. hel- qui commence à pousser ses premiers bois.
lehen, dim, do helle (ail. halle), enfer. Ce Kst-ce une expression métapliorique se ratta-
mot, ayant pris une acception personnelle, a chant au mot préc? ou y aurait-il là le même
fourni le nom it. Alichino, employé par Dante radical qui a donné vha. hiru: (ail. mod.
pour un des démons de la fosse des baratieri. kirsch), ags. heorut, angl. hart, ni. hcrt,
De là le sens chevalier de l'enfer, fantôme
: cerf?
armé. HÉRÉDITÉ, vfr. Iiérité, hireté, du L. hcre
HER — 270 — HEU
lUtas (liei'es) ; héréditaire, L. liereditarius, puisque la hei'se est hérissée do piquants.
primitif aussi du fr. héritier. Bescherelle reproduit la bévue de Morin,
HÉRÉSIE, IVamisation de L. hœnvsis = d'après qui herse vient du gr. i^xiov, barrière
choix, option, puis la doctrine
gi". atr.5îir, i»r. ou clôture dont on environne une maison pour
pour laquelle on se déclare, la secte à laquelle la fortifier. 11 est certain que les paysans ont
on s'adonne. —
D. hérétique, L. htereticus, eu le nom et la chose avant que les ingénieurs
gr. ?(r.-:Ti/&-:, sectateur. aient songea garnir les portes des villes de
HÉRIGOTÉ, voy. ert/ol. grillages à pointes de fer. —
D. herser, her-
HÉRISSER, voy. le mot suiv. silhm ; voy. aussi harceler.
HÉRISSON, vfi .aussi hcriçon,eriçon,iriçon. HÉSITER, L. hœsitare (frôq. de hœrerc).
wall. ireson, ureson, it. riccio, esp. erizo, HÉTÉRO-, élément initial de quohiues com-
l)ort.ericio,ouriço, rouchi hirchon, tturchon, posés scientifiquesdu gr.
; autre.
izipoi,
ângl. urchon; prov. crisson ; dér. du L. eri- Parmi ces comjKjsés nous citons hktkroci.itk,
:

cius, m. s. —
Du même primitif vient aussi gr. £Tî/5o/)iT(}i, litt. qui se décline ou fléchit
le verbe hausser,it. arricciare, esp. erizar, i/'iiv'ù) autrement ;hktkkodoxk, opp. de or-
port. prov. e>-issar. On donne le nom
oi'.)-içar, thodoxe, gr. 'zTtpoôoî i, qui est d'une opinion
de hérissoniie à une espèce de chenille velue, (èo|a) différente; hktérooknk, gr. iripoysvrn,
dont le poil forme des houppes. qui est d'un genre (/ivo;) différent.
HÉRITER, \fr eriter, ireter, it. ereditarc, HÊTRE, du flam. heester, hrster, arbrisseau,
eredare, redare, esp. heredar, port, heidar, jeune hêtre, ail. heister, jeune
bas-ail. /tester,
prov. lierctar ; quelques-unes de ces formes arbre de bosquet. Le mot, spécialisant son
accusent pour type le L. hn-cditare, d'autres acception, a fini par supplanter en roman les
le BL. heredare. —
D. hérité' , hiri'té' L. he- , anciennes dénominations du hêtre, fau, fou
reditas héritance, héritar/e; cps. déshériter.
: (L. fagus), fouteau. — Ménage voyait dans
HÉRITIER, voy. hérédité. haitre, variété orthograiiliifpie p. hrtre, une
HERMÉTIQUE^ qui a rapport à la science contraction d'un type fictif fagastci'; bien
du frrand (puvre, de Hermès Trisméf/isle, que les Espagnols disent haya, j>. fagus ou
philosoi)he égyptien. La cliimie s'appelle au.ssi l»lutôt pour fagfa,}e crois devoir rejeter cette
la science hermétique on nomme sceau her- ; dérivation, ))uis<juc la latinité du moyen âge
métique une manière <'himique de boucher les ne fournit aucune trace d'une forme fagaster
vaisseaux, quiempèciie que les esprits les plus ou fagislcr.
subtils ne puissent s'exhaler de là l'expression ; HEUR. Malgré toute l'apparence de vérité
herïnétifji'onenl scellé ou fermé. que donnaient à létymologie usuelle (hora)
HERMINE, vfr. ^'j-j/tt', tv»u'«c, prov. crntini, nom de Yhoroscope, ce vieux mot
l'usage et le
it.armellino, eiune/linu, esp. annino, du L. masculin, regretté par La Bruyère et Voltaire
armenius. La peau d'hermine était originai- et conservé dans les composés bonheur ot hial-
rement tirée de l'Arinénie, vfr. Ermenie. heur, n'a rien de commun avec le féminin
C'est la fourrure qui a donné le nom à la bote, heure. 11 suffit de tenir compte des anciennes
car celle-ci n'est i)as du tout arménienne formes aiir, ciir, heur, pour s'en convaincre.
d'origine. —
D. hcrutiner. Le mot correspond au prov. auguri, augur,
HERMITE, voy. ermite. agur, e.sp. agiiero, port, agouro, it. augurio,
HERNIE, vfr. herijne, hargne, du L. //tv- wall. aweure, et reproduit le latin augurium,
nia, III. s. présage, auspices. 11 est donc, par son origine,
HÉRON, vfr. ]iairon,\^vo\.ui(/ro»,\t. <u/hi- synonyme de destin, chance, sort; dans le
rime, esp. uiro)i ; du vlia. heigir, heigru, v. principe, une « vox média », c.-à-d. à double
flam. Iteif/lier, m. s. Voy. aussi mV/reWe. sens; l'équivoque disparaissait par l'adjectif
HÉROS, L. hcros {r.pui}, fém. héroïne, L. apposé; toutefois, l'adjectif faisant défaut, le
heroina {/.pm-jv)). — D. hércA'que, L. heroicus mot était pris en bonne part. Le subst. heitr
{r,p'jiï/.6t) ; subst. héroïsme. a ])Oussé le rejeton heureux (vfr. eïireus) ; le
1. HERFE,
ancien terme d'art militaire ^:^ subst. ei'.rté, félicité, a disparu, de même que
hei-se, du L. hir'jitcem fpar apocoi)e du suf- le verbe <mr^r, ei'.rer, aheurer it.,prov. =
fixe;. ahurar, rendre heureux que vous estes eitrée!
2. HERPE, griffe d'un chien, variété de disaient les anciens. — ;

Mentionnons, pour
harpe 2. mémoire, létymologie L. favor, proposée par
HERPES, matières rejetées i)ar la mer, pr. Bo'hnicr.
choses hcrpées ou liarpées, ramassées au HEURE, L. hora. Le même subst. latin a
moyen de la harpe. donné aux langues lomanes un grand nombre
HERQUE, râteau de fer des charbonniei*s, de d'adverbes, ainsi au fr. :or, lors,alors,jlésor-
l'ail, harhe, m. s. mais, dorénavant, encore (voy. ces mots).
HERSE, anc. herce, hierche, BL. hercia ; du HEUREUX, voy. heur.
L. hirpco:, gén. hirpicis, m. s. Cette étymo- HEURTER, anc. hurler, prov. urtar, it.
logie est correcte, et coiTO borée par l'it. er. urtarc. Bien qu'on retrouve ce verbe dans le
jiice, et par la forme hcrpe et hirpe, anc. mha. hurten, néerl. hurten, horten, angl.
terme d'art militaire équivalent de herse, et le hurt, hurtle, Diez estime que ces vocables
n. prov. erpi =
herse. Le synonyme BL. hc- germaniques sont d'importation romane, puis-
ricia est moulé sur le mot français jjar a.ssi- qu'ils font défaut dans les vieux dialectes.
milation au L. cr ictus; assimilation natui*ellc, Parmi les idiomes celtiques, le cymrique seul
IIID — 271 IIIS

jiourrait fournir un pi'iniitif : c'est le subst. HIE, vfr. =


effort, vigueur, du fiam. hijyhen,
hwrdh, bouc et heurt, d'où le verbe hyrdhu, respirer fortement, cp. ags. hiye, zèle, verbe
hyrdlixjo, frapper, heurter. Pour Nodier heurt, higan, angl. hie, se presser. Ménage cite un
comme tant d'autres vocables dont l'origine verbe picard hinguer, s'efforcer ; c'est un cor-
lui écliappait, n'était qu'une onomatopée, ren- respondant nasalisé du flam. hijghen. Le —
dant le choc de deux corps durs qui se ren- subst. hie moderne, nom d'un instrument
contrent faut une oreille bien fine pour
! Il servant à enfoncer des pavés ou des pilotis
onomatopée.
saisir cette —
L'étym. proposée (appelé aussi demoiselle, mouton), répond au
par Langensiepen, L. urgitare, fréq. de ur- holl. hei, et le verbe hier au hoU. heijcn. Diez
gere, presser, est forcée et l'initiale aspirée ne pense que heijen n'est qu'une variété littérale
serait pas motivée. —
D. heurt, it. iirto. de hijghen et que la hie tire son nom de l'ef-
Composé a'aheurter.
: fort que demande le maniement de cet in-
HEUSE, anc. ==> botte, chaussure, auj. t. strument. Ce qui corrobore cette opinion,
de mécanique =
cylindre de bois qui joue c'est qu'on appelle hienient aussi le bruit (les
dans le corps d'une pompe, et qu'on nomme soupirs) que fait une machine en élevant un
aussi sabot; c'est le même mot que le vfr. fardeau et celui que cause un effort violent
hosc, mentionné sous houseaux. Le sens de — dans un assemblage de pièces de bois.
piston de pompe se prête d'ailleurs aussi à HIEBLE, prov. evol, it. ebbio, du L. cbu-
une extraction du flamand hoosen, puiser lum.
(Kiliaen). 1. HIER, adverbe,vfr. her, er, ier, prov.
HIATUS, mot latin, signifiant pr. ouver- her, it. ayer, du L. heri.
ieri, esp.
ture, bâillement, puis,comme terme de gram- 2. HIER, verbe, voy. hie.
maire, rencontre de deux voyelles, sans éli- HIÉRARCHIE, gr. i-pxpxix, autorité souve-
sion de l'une des deux. Cette dénomination raine en matière religieuse le chef de l'ordre ;

vient de ce que, pour passer de l'une à l'autre, hiérarchicpie s'appelait i-fyxpyyji, grand prê-
la bouche reste ouverte. tre, litt. le saint régent (de hod;, sacré, et
HIBOU, mot imitatif (cp.L. ulula, hW. uhu)-^ xpxîij, dominer). Le mot moderne a pris le
en vfr. on trouve aussi houpi. L'origine — sens de « ordre des degrés qui existent dans
onomatopéique de hibou n'est toutefois pas l'état ecclésiastique entre le premier pontife
admise par tout le monde; Baist ^Ztschr., V, (le pape) et le simple tonsuré ", puis celui de
236) tient le mot pour celtique et l'identifie « filière administrative « en généi'al. D. —
avec irland. seboec, cambr. hebouc; cp. en hiérarchique.
catalan siboc = hibou. — L'étym. assignée à HIÉROGLYPHE, gr. hor//ùy9,-, pr. carac-
hibou par Huet est assez jdaisante hic bubo; : tère synib()li(pic [iipoi, sacré, et/}v'jp-:tv, graven.
Ménage, plus fort encore, n'a pas même be- HILARITÉ, L. hilaritas (de hilaris, gai).
soin du Jùc; bubo lui suffit buho, bubus, : HIPPO-, élément initial de quelques com-
vubus, hubus, hybus, hibus, hibuxius, m- posés grecs reçus dans le dictionnaire fran-
HOl; ! çais; du subst. iTfjtoi, cheval. Parmi ces com-
HIC, dans la locution voilà le hic. Ce vo- posés, nouscitons : HiPPODROMi!;,gr. iTZTioSp6fj.oi,

cable /t 'c est l'adverbe latin signifiant ici; la lieu destiné aux courses de chevaux [krjo<xr,,

locution française reproduit celle du latin hic course) hippogriffe (hippogryphe),


: che- =
est, sous-entendu quaistio (ou autre subst. val griffon (y.où'l, L. gryphus), monstre fabu-
analogue) =
ci git la question, le point en leux célébré par l'Arioste; hippopotame, gr.
discussion, le nœud de la difficulté. iTzioTtoTocixoi, cheval de rivière {Tt6Tx/j.6i).
HIDE*, HISDE*, mot de l'ancienne langue HIRONDE, vieux mot, remplacé par sou
signifiant horreur, et dont nous est resté le diminutif hirondelle, du L hirundo, it. 7-un-
dérivé hideux. On a pensé que hideux, vfr. dine. — L'ancienne langue disait aussi aronde,
hisdeux , hindous, venait du L. hispidosus, d'où les dimin. arondeau, arondelle., aron-
hérissé, rude (forme que présentent quelques delet. Ces formes se retrouvent encore dans
éditions de Catulle), et que de cet adj. se se- la langue des arts et métiers, et dans des
rait dégagé un subst. hisde, hide. Un pro- noms de famille.
cédé semblable ne serait pas sans exemple, HIRONDELLE, voy. l'art, préc.
mais ce qui soppose à l'acceiitation définitive HISSER (aussi hinser), it. issare, es[)., port.
de cette étymologie, c'est qu'il se pourrait que i:ar, du suéd. hissa, basall. hissen, m. s.
la forme Jùde fût antérieure à hisde. Peut- HISTOIRE, L. kistoria (bro.oia). D. histo- —
être hide (c'est là une conjecture de Diez) riette; historique, L. historicus; historien;
émane-t-il du vha. et/idi =« horreur; l'initiale historial, L. historialis; historiographe, gr.
h devrait dans ce cas être envisagée comme 'nTopi'}/px:j>'3i. Le verbe historier s'employait
adventice. La d(icouverte d'une ancienne forme anciennement, 1 pour décrire, dépeindre ;
.

licidc ou kcde loverait tous les doutes à cet 2. pour ornementer un livre, manuscrit ou
égard. —
D'après Schuchardt (Vokalisnuis, imprimé, par des figurines tirées du sujet
II, 288), hide est =
L. "fœda, subst. abstrait ou do Yhistoire traités dans le livre (do
de fcedus. —
Les écrivains du xvi" siècle em- là lettrines ou vignettes historiées). Auj. ce
ployaient encore l'anc. subst. hideur; FroLs- verbe est un terme de peinture qui signifie
sart emploie eshidcr p. effrayer. observer tout ce qui regarde l'histoire c'est :

HIDEUX, donnant (anc. aussi éprouvant) de aillai qu'on dit " un tableau bien historié <>.

l'cfiroi, voy. l'art, préc. HISTRION, L. histrio.


HOC ^72 HOM
HIVER, prov. hivcni, du L. hibernum tom- si hocher venait de Jioc, il signifierait plutôt

\i\\>. — • l). Iilrrriwl ; hirrrner, L. hibcrnaro. accrocher que chercher à décrocher ; en effet,
HOBEREAU, HOBREAU*, yoy. l'art, suiv. le picard dit horpi.er, ahoquer p. accrocher.
HOBIN. cspùco de cheval d'Kcosso (do là l'it. — D'a)itre part, l'existence du i)icard hoque-
nbi)io) de Taiigl. hohhii, qui signifie ù la fois
; ter, secouer, faire des mouvements saccadés,
une espèce de petits chevaux et une espèce jette du doute sur la manière devoir de Diez.
de i)ctits autoui-s. De ce primitif liobhy déri- — D. //oc/irt, jouet d'enfants; hocheur, espèce
vent: l.env. angl. subst. ^o/x7cr qni monte = de singe. Composés hochequ.eue; hochepied ;
:

un hobby (voy. Ducange v° hobellani); 2. en hochepot (flam. hutspot, caro jussulenta. wall.
fr. hobereau, jictit gentilhomme, et petit oi- hose]x>f), ragoût ainsi nommé parce qu'il faut
seau de proie. Le sens gentilhomme docoule- parfois hocher le pot, de \x^uv que la viande
t-il de celui d'oiseau, de sorte que le gentil- ne brûle; l'angl. a estropié le mot en hodye-
homme ainsi nommé serait pr. un gentil- p(xlf/e, holch-j)otch.
homme à hobereaii, trop pauvre pour tenir 1. HOCHET, jouet, voy. l'art, préc.
des faucons? ,1e n'ose rien affirmer à ce sujet; 2. HOCHET, sorte de bêche usitée pour les
toujours que lesp. tai/arote, comme l'a
est-il terrains légers, de L. occare, herser.
fait remarquer Dicz, signifie de même petit H06NER, anc. hoiguer, hoiyner, gronnne-
faucon et petit gentilhomme. Richelet — 1er, grogner; Diez rapproche ce verbe des
avait la singulière idée que hobereau était équivalents ail. hitnimen, angl. hum, et sup-
»u)c mauvaise orthographe \)o\\v hautbereau, pose comme origine immédiate une forme
et qu'il vient de haut bcr =
haut baron. C'est vha. hunijan ou nord, humja.
faire d'un petit gentilhomme un pair du HOIR, vfr. aussi heir, du L. hères, héri-
royaume; mais pourquoi ne le ferait-on pas tier. —
I). hoirie; des-hérciice.

(|uand il s'agit de se donner la satisfaction HOLOCAUSTE, gr. iio/^vTrov, litt. entiè- =


d'avoir trouvé une érymologie? .l'ai repro- — renu-nt brûlé: sacrifice où l'on brûle la vic-
duit, pour l'étymologie de hobereau, en tant time tout entière, puis la victime même.
que nom d'oiseau, lopinion de Diez; cepen- HOMARD (led est parasite), du suéd ,dan.,
dant, elle laisse (pielcjucs doutes. D'aliord, la ail., ni. hutnmer (de même famille avec gr.
signification autour prêtée à l'angl. hobby /.i'/'/vc'/; lat. eammarus).
est-elle bien établie? Puis n'est-il pas tout HOMBRE, jeu de cartes dont le nom et
aussi possible que ce hobby soit tiré du vfr. l'usage viennent d'Hspagne; Vhombre en esp.,
hobe, oiseau de chasse, qui me semble être le signifie l'homme; c'est donc litt. le jeu de
primitif le plus natui'el du vfr. hobel, et de l'iiomme.
hobereau; le rajjpnx'hement du mot fr. au- HOMÉLIE, du gr. iyiÀta, pr. réunion; pour
brier et des analogues prov. et it. que nous la filiation des sens, cp. haranyue, ut L.
avons cités à l'occasion de ce mot, ne porte- eoncio, assemblée et discours. — D. homilè-
t-il pas plutôt ù admetti'c pour hobe un type tique, gr. hiuïriZirr,, S.-e. Tîjjvvj.
alba, et pour hobereau, un ty|>e albarelîus, HOMÉOPATHIE, néologi.sme, forgé avec les
d'où aubereau, Jiaubcreau, hobereau f — éléments grecs oy-'Âot, égal, et aà&o;, affection
Quant à hobin et à son |)i"imitif angl. hobby, maladive. On voulait, au moyen de cette com-
on peut en rapprocher le frison et suéd. hoppa, binaison, rendre l'idée traitement patholo-
:

dan. hoppe, signifiant également une espèce gique d'après le principe « similia similibus
de cheval. curantur •>. Le terme forme opposition à alJo-
HOC, sorte de jeu de cartes; du L. 7ioc, pniliie iz/)o;, aiitre).
cela, c'est cela. HOMICIDE, 1. adj., du L. homicida, tueur
HOCHE, entaille; on y a vu une forme wal- d'homme, 2. subst., du L. homicidium,
lonne p. coche (cp. wall. haver = L. eavare, meurtre.
lioche = cosse), ou bien le subst. d'un verlx; HOMMAGE, it. omaggio, esp. homenage,
hocher aboquer), accroclier, et l'équi-
(pic. prov. HL. hominatieutn, dérivé
honienatge,
valent de coup de crochet (radical HL. hoccus, du L. honmie, dans son acception
hoiiii)iem,
crochet, =
flam. hoek), ou enfin le subst. du féodale =^ homme-lige, vassal. L'hommage est
L. occare, herser, donc pr. entaille par = ])r. l'engagement pris par le vassal à l'égard
l'effetde la herse. Aucune de ses conjectures du seigneur, puis =
soumission, resjwct, en-
n'est soutenable, l'ancienne forme étant oschc, fin =
don respectueux. —
D.adj. hommager,
verbe oschier (l'aspiration est sunenuc jdus qui doit l'hommage.
tard). —
Un dialecte pi'ovençal offrant auscar, HOMME, it. uoiiio, esp. hoinbreide horanem,
Forster (Ztschr. V, 98) propose l'ét, L. abse-
, comme f'embra de fem'na), port, homem, prov.
care, étymologie phonétiquement correcte. vfr. hom ; du L. homo, -iiiis. D. hommage —
1. HOCHER, faire une entaille, vt)y. l'art, (v. c. m.), hotnmasse, hotumclet, hommeau
préc. (La Fontaine). —
Voy. aussi o».
2. HOCHER,secouer, branler ; de la même HOMO-, élément initial de certains termes
famille que le flam, hotsen, hutsen, wall. composés savants ; c'est le grec i;/o;, sem-
hossi (Diez). D'après Forster (Ztschr., V, 90), blable, égal, commun. Parmi les termes les
hocher aurait pour sens primordial « sai.sir et plus usuels nous, citons :

attirer un ou suspendu moyennant


objet fixé Homogkm:, gr. irj.oyîW,i, de môme nature
un hoc (crochet), par quoi il est mis en mou- — D. homogénéité.
vement « Cette explication est peu plausible
. HoMoi-OGLi':, gr. î/y.s)4yî,-, coiicordant, con-
;
.

HOR 273 — HOU


forme, analogue. — D. homolotjucr, déclarer Ménage expliquait le mot par oreillon! On
conforme. trouve, en effet, en vfr. (Gaydon, p. 244),
Homonyme, gr. bn'jyi\)i).oz, qui porte le même orillon =
coup de poing. Chevallet range —
nom. —
D. homonymie. le mot sous la famille heurter. C'est singu-

HONGRE, cheval coupé, ainsi appelé de ce lièrement heurter contre tous les principes de
que les Hongrois
châtraient les chevaux phonétique.
qu'ils allaient vendre à l'étranger. D. hon- — HORIZON, L. horizon, -07itis, du gr,
(jrer. ô,'>i^.jv, = qui forme la limite — D. ho-
HONNÊTE, L. honestus. — D. honnêteté rizontal.
(opoi).

(cetteforme répond à un type BL lionestitatem .


, HORLOGE, L. horologium {6)pol6-/i.Tj, indi-
tandis que l'anc. mot honesté VG\)Voàmi leclas- cateur de l'heure). D. horloger. —
si-que Tionesiatem). HORMIS p. hors mis, préposition partici-
HONNEUR, vfr. honour, cnor, du L. hono- piale, synonyme de excepté. L'expression
rcm. — D. lionoraire, L. honorarius [honora- hormis moi répond verbalement à L. me
rium =don gratuit; aujourd'hui, le mot excepto.
n'est plus qu'un euphémisme pour salaire) ;
HOROSCOPE, L. horoscopium (gr. 6>po',y.o-
honorer, L. honorare ; honorifique, L. hono- T.fio-j,examen de l'heure).
rificus opp. déshonneur.
;
HORREUR, L. horror (de horrere, pr. se
HONNIR, onire, prov, aunire, déshono-
it. hérisser); horrible, L. horibilis; horrifique,
rer du goth. haunja7i, humilier, faire honte, L. horrificus.
vha. hônjan, nha. hôhnen. De là le subst. HORRIPILATION, L. horripilatio, litt. hé-
participial fém. it. onta, \)Yow anta {^ auntd], . . rissement du poil,
fr. HONTE, correspondants du vha. honida, HORS, autre forme de fors (v, c. m.). Com-
V. saxon honda, déshonneur. Anciennement, posé dehors:

/(o;i;iz> prenait aussi le sens physique de souil- HORTICOLE, -CULTEUR, -CULTURE, mots
ler, tacher. faitsdu L. hortus, jardin, sur le patron de
HONORER, voy. honneur. — D. honorable; agricole, -culteur, -culture.
désltonorer. HOSPICE, L. hospitium,\io?,^\{iiY\ié.
HONTE, voy. honnir. — D. honteux ; éhonté HOSPITALIER, -ALITÉ, voy. hôpital.
HOSTIE, vfr. oiste, du L. hostia, victime.
HOPITAL, mot de la couche savante, du L.
L'acception antique de victime était encore
hosjntale (hospes, -itis). Le môme primitif la-
vivace du temps de Corneille et de La P^ontaine.
tin a donné, selon les règles usuelles, la
forme hostel, auj. hôtel. — D. hospitalier,
De
et
là s'est dégagé le sens liturgique d'ofli-andc
particulièrement celui de pain eucharis-
hospitalité.
HOQUE, aussi hoche, huque, anc. = petite tique.
HOSTILE, L. _
casaque que l'on portait au-dessus de l'ar-
Jiostilis (liostis). D. hosti-
lité, L. hostilitas.
mure; du moy. néerl. hoicke, frison hohke,
manteau. — On rattache ordinairement à HOTE, it. oste, prov. oste, osde, esp. hues-
hoque, comme en étant le diminutif, le mot pcd, port, hospede, valaque oaspete; du L.
hoqueton (v. c. m.), mais les analogues des hospitem, accus, de hospes, lequel, comme
autres langues obligent à lui assigner une le fr. avait déjà le double sens « qui donne
,

autre origine toujours se peut-il que son or-


; ou qui reçoit l'hospitalité ».. Le passage de —
thographe ait été influencée par le mot hoque. Cicéron, De Officiis, 1, 12: "Hostis apud ma-
HOQUET, onomatopée; cp. angl. hichiip jores nostros is dicebatur quem nunc pere-
et (sous l'influence de cough, toux) hiccough, grinum dicimus », pourrait engager à poser
wall. hihett, bret. hoh, hih. L'origine — hostis comme étymologie du fr. hôte, mais
onomatopéique de hoquet pourrait bien n'être celle que nous suivons s'accorde seule avec
qu'apparente; le mot ne serait-il pas plutôt toutes les formes et est mieux recommandée
le subst. de hoqueter, secouer, saccader (voy. aussi par le sens.
hocher 2)? Quel que soit le primitif de ce
dernier, il serait difiîcile de séparer hoquet au
HOTEL, voy. hôpital. —
D. hôtelier, hôtel-
lerie, anc.loger; composé hôtel-
hosteler,
sens de « choc, heurt, difficulté, chicane » du Dieu, =— hôpital, parce que les pauvres y sont
primitif /i oc, croc, crochet; cp. le sens méta- reçus pour Dieu (Nicot).
phorique dufr. accroc. —
D. hoqueter, avoir HOTTE, de la même famille que l'ail, hotze,
le hoquet. berceau, suisse hutte, hotte. La racine indo-
HOQUETON, vfr. auqv.eton ; voy. coton et européenne hot, cot, est au fond d'un grand
lioque. nombre de vocables exprimant des choses qui
HORAIRE, L. horarius (hora). couvrent, qui protègent ou renferment.
HORDE, it.o?r/a,all. Aorrfe, albanais Aort//, HOUACHE, voy, ouaiche.
russe orrfa, etc. mot d'importation asiatique.
;
HOUBLON, anc. houbelon, dimin. du BL.
Dozy indique le turc ordoe, camp. hupa. Ce dernier répond à l'angl. ou néerl.
HORION, coup rudement frappé; cp. lorr. hop, ail. hopfen. La forme BL. humulus,
horié, fustiger, pic. horniote, petit coup, humulo, hwtnlo, reproduit le flam. hommel
norm. horgne, coup de poing. Diez citeChev. (cp. nord, humall, suéd., dan. humle).
au Cygne, v. 1189 sy l'en donrai ou chief
: HOUE, wall. hawe, du vha. houwa, ail.
un si grant horion. — D'origine inconnue. mod. hauc. D'après Fôrster (Ztschr., V, 98),
18
HOU 274 — IlOU

du vfr. hoc, crochet, qui serait vha. haco, = rencontrée parmi celles qui ont été mises en
ags. hoc, et qu'il tient aussi pour le primitif avant par mes devanciers. Cependant, l'exis-
de hochet. D'autre part (ib. VI, 11 1) il dit que tence d'un L. agolum, interprété par Festus
le thème vha. hàko n'a pas laissé de trace comme houlette de pasteur, m'oblige à don-
dans le domaine roman. En présence de cette ner la préférence à ce primitif latin; houlette
fluctuation, je maintiens l'ét. que j'ai posée représenterait donc un type agoletta, d'où
d'après Diez. —
D.honel hov.au SM^.hoyau; , aolette, aoulette, oulette, houlette. L'A aspirée
verbe houer =
vha. houwan. pourrait être envisagée comme l'effet d'une
HOUHOU, dans l'expression « vieille hou- assimilation à houe. Ma conjecture a été fa-
liou M. Ce mot, traduit dans le Dict. des trois vorablement accueillie par Littré et Brachet ;
langues d'Oudin par vecchia strega, vieille Diez n'a pas traité le mot. — D'après Jehan
sorcière, est évidemment le nom d'un animal. de Brie, Le bon berger (xiv® siècle), le mot
" Elles sont plus noires que les taupes, plus vient de houler (vfr. = jeter), parce que la
laides que des guenons, plus sottes que des houlette sert à « coper et jeter la terre légère
houhous « (Chapelain, traduction de Guzman sur les brebis. » Il peut avoir bien rencontré,
d'Alfarache). Ne serait-ce pas le uhu allemand, mais cela reste douteux. —L'anc. langue avait
nom donné au hibou ?
imitatif aussi le simple houle.
HOUILLE, BL. etesp. huila, \\a\\. haie. On HOULQUE, HOUQUE, du L. holcus (6i.xoi),
croit ce mot originaire du pays de Liège; orge sauvage.
l'étymologie en est encore à fixer. En wallon, HOUPPE, toufle, flocon, bouquet, esp. Aopo,
je remarque fréquemment la correspondance queue velue des animaux ; on a identifié ce
non seulement de h et se, mais celle de A et mot avec le nom d'oiseau L. upnpa, fr. huppe
ch et de h et c (Grandgagnage ne reconnaît (on sait que cet oiseau se distingue par une
la dernière que pour le dialecte de Ver- touffe de plumes sur la tête), mais les lois
viers) ; n'y aurait-il donc pas lieu do supposer phonologiquos s'opposent à cette étym. ; aussi
un rapport entre le germ. col, hitl, hohlc, faut-il préférer colle de Diez, savoir •
ni.
charbon, et le mot houille f Atzlcr, de son fioppe. houblon, à cause de la forme globu-
côté, propose l'ail, scholle, motte. Cela expli- laire et écailleuse de cette plante. —
D. houp'
querait l'expression charbon de terre en per, hnuppier, houppifère, t. d'hist. naturelle.
houille, dans un texte de 1664 ; ce serait du HOUPPÉB, élévation de la vague, peut-être
charbon en blocs. En 1854 déjà, feu le professeur du flain. hoppen, angl. hop, sauter; Littré le
Bormans de Liège écrivait ce qui suit : « Au- déduit de houppe, l'écume qui couronne la
jourd'hui je suis convaincu qu'il faut rappor- vague étant com|)arée à une houppe.
ter houille au verbe thiois schillen ou schcl- HOUPPELANDE. Les continuateurs do Du-
len, peler, écaler, écailler, etc., dont les cange, après avoir cité divers documents du
dérivés schol, schel, schil et schael signifient xv^ siècle où se rencontre le mot hopelanda,
écaille, éclat, motte de terre, schiste, ar- ajoutent : « Vocis etymon ab Uplandia pro-
doise, etc. La
dérivation du mot houille vincia arcessit Huetius, quod indo crédit alla-
(aussi écrit Iwule) du thiois schol, scholle, tas fuisse huppelandas. Pelandas eas vocant
déjà si probable quand on la considère en (?) ».
Itali La forme bas-latine oppcllanda
elle-même, devient évidente par la comparai- amène Bugge (Rom., III, 153) à poser l'étymo-
son du mot haye, ardoise, en ancien wallon logie suivante L. palla, vêtement long, non
:

scaille, en namurois scaie, qui se rapporte à ; delà le verbe factice oppal-


ajusté à la taille
schael. » A l'appui de l'opinion de Bormans, lare, couvrir d'une palla, d'où oppallanda
je mentionnerai la forme angl. s école dans (cp., comme dérivation, les subst. guirlande,
Palsgrave 260), trad. par
(p. charbon de offrande, viande, etc.). L'A aspirée ne ferait
terre — D. houiller, -ère, -eur. pas difficulté, mais l'aspect général de l'éty-
HOULE delà mer, esp., cat. ola. D'origine mologie inspire quelque méfiance. Voy. aussi
celtique; cymr. hoexcal, mouvement de l'eau, Mussafia, Beitrag zur Kunde der nord-ital.
breton houl, vague. Jal, cependant, et d'après Mundarten, p. 86, à propos de l'it. pelanda
lui Littré, invoquent le hoU. hoUe (lisez hol), (vêtement ample).
creux, dan. huul, creux [huulsee, mer hou- HOUR, anc. hourt, claie, retranchement,
leuse). — On pourrait citer aussi le wall. holer, palissade, hangar ; d'origine germanique :

s'agiter, remuer, le vfr. holler, changer


se goth. haurds, porte, ail. hûrde, horde, flam.
continuellement de place, et houler, pousser, horde, angl. hurdle, claie, cloison formée de
exciter, mais ces verbes ne s'accordent guère branches entrelacées. —D. hourder (v. c. m.),
avec le sens de creux. —
Devic suppose une maçonner grossièrement (dans le principe
origine orientale et invoque le terme arabe sans doute = faire un clayonnage) hourder
;

haul, terreur, qui, lié avec mer (donc « ter- un plancher, en faire l'aire avec des lattes ;

reur maritime ") signifie mer houleuse. hourdis, BL.hurdicium.


HOULETTE, bâton du berger, aussi usten- HOURDER, voy. l'art, préc. dans l'accep-
;

sile de jardinage pour lever de terre les oi- tion pourvoir (" hourder ses hôtes de pré-
gnons de fleurs, donc pour creuser. J'avais sents »), le mot vient, d'après Grandgagnage,
toujours considéré ce mot comme le dim. de du mha. horden, entasser, accumuler, qui dé.
houe, donc pour houelette; rien ne me sem- rive du subst. hort, amas, provision, trésor
blait s'opposer à cette étymologie, tellement angl. hoard. Le sens premier des mots ger'
simple, que je m'étais étonné de ne pas l'avoir |
raaniques et x'omans est enceindre, entourer'
,

IIU — 275 llUG

établir une ceinture (pour préserver) de là bêtes dans une battue, ainsi qu'à exprimer le

;

découlent les autres acceptions; cp. munir mépris. De là (d'après Diez) le verbe huer,
pourvoir, procédant de L, munire, pr. con- crier après qqn. Voy. hucher. Au cri hu —
struire (un mur), etc. se rapportent encore les subst. huard, nom
HOURET, mauvais petit chien de chasse. d'oiseau, huette, hibou, appelé ainsi d'après
Diez rapproche l'ags. horadr, maigre. son cri, norm. huant (cp. ail. uhu) et huijau
HOTJRQUE, vfr. aussi hulqice, houlque, es- = coucou.
pèce de navire, it. urca, orca, esp. iirca. On HUARD, aigle de mer, voy. hu.
a avancé les et. gr. é/xà; « navire tiré à la HUCHE, vfr. huge, angl, hutch, du BL.
remorque 'i,lat. orca, «sorte de baleine » (esp. hutica (cp. le vfr. nache et nage, du L. na-
urca)\ Caix tire le mot du vha. holcho, mha. tica). Quant à hutica, il se rapporte â l'ail.
holche, anc. angl. et néerl. hulk (qu'indi- luttte = fr, hotte (v. c. m.). On a invoqué
quait déjà Littré); Baist, enfin, rapproche aussi l'ags. hvacat, boite, caisse, mais la
aussi gr. xjpyrt espèce de vase. lettre ne correspond pas. Les faiseurs de
HOURVARI, cri de chasse. D'après Dar- huches ou menuisiers se nommaient au
xiv" siècle des huchiers, et la menuiserie était
mesteter (p. 320), ce cri représente hou!
revari! ce qui, en langue de chasseurs, équi- de la Imclierie.
vaut à « hou retournes-y (sur la bête) »
! !
HUCHER, pic. huquer, wall. hr.uki, prov.
uchar, ucar, BL. hucciare; cp moy. néerl,
HOUSEAU, dimin. du vfr, house, liose,
huuc, cymr, hwcJtw, serbe tcka, appeler à
heuse, it. uosa, v. esp. huesa, BL. hosa, bro-
haute voix n'est plus guère employé que
dequin, bottine. Du vha. hosa, chausse, bas, ;

nha. ho.se, haut-de-chausses.


comme terme de chasse. Diez, se fondant sur
l'expression analogue harer (v. c. m.), le rap-
HOUSPILLER le radical fu)usp est mis en
;
porte à l'adv. latin hue, ici, pris comme ad-
rapport i)ar Diez, à défaut d'autres données,
verbe d'appel. Au prov. ucar répond un
avec l'ags. hyspan, injurier. Chevallet ima-
subst. verbal uc, cri, appel; je pense avec Ga-
gine, comme primitif, un composé ags. ut-
chet que le subst vfr, hu (avec \'s nominatival
spillen, maltraiter quelqu'un en le tirant
hus p. hues) est le correspondant de ce prov.
dehors; cela me parait très hasardé. En pré-
uc. Le verbe huer me semble être l'analogue
sence de la forme normande gouspillcr (d'où
fr. du prov, ucar, et une simple variété litté-
peut-être houspiller s'est produit comme vfr.
houpil de goupil), je préférerais partir d'un
rale de hucher. —
De liucher vient le subst
huchet, petit cor de chasse,
type latin cuspicula, pointe, aiguillon, d'où
gouspille et verbe g ouspiller ; la valeur éty-
HUER, voy. /«< et hucher. D. huée. —
HUETTE, aussi huet, voy, hu.
mologique serait ainsi analogue à celle de
HUGUENOT, sobriquet donné aux réformés
harceler. —
La forme la plus ancienne du en France, à partir de 1560. On prétend qu'il
mot étant houcepigner, d'où houssepiller
a été appliqué en premier lieu à Tours, Les
Littré l'explique par pigner [peigner) ou piller conjectures sur l'origine de ce sobriquet sont
(saisir) lahousse (le vêtement de dessus) et
nombreuses. En voici, pour distraire mon
figurément, battre, secouer; il compare la
public, une quinzaine 1. L'ail, eidgenos-
:

loc. tomber sur le casaquin de quelqu'un.


Cette manière de voir sourit assez cependant,
sen, =confédérés non seulement la forme
;

s'y refuse, mais le sens. Le mot ne consti-


;

le houcepigner du Renart pourrait bien être


tuerait pas xin terme d'injure comme les
une transformation populaire, d'autant plus
calvinistes l'envisageaient eux-mêmes, et de
que housse =
vêtement n'est pas constaté.
plus il ne pourrait s'appliquer qu'aux Suisses
Pour bien asseoir une étymologie, il faudrait protestants, qui cependant n'ont jamais été
d'abord savoir si le mot avait en premier lieu
l'acception physique secouer, tirailler, ou
nommés ainsi. —
2, AU, hug-genossen ^=
compagnons de cœur ou d'esprit (v, ail.
l'acception morale faire affront. C'est à cette
hugi, hug, cœur, esprit) en ce qui concerne ;
dernière que parait se rattacher le subst.
l'idée, cette opinion est aussi insoutenable
houspillon, que nous trouvons défini de la
sorte dans Bescherelle demi-verre d'eau que
que la précédente. —
3. La porte du roiHu-
:
gon à Tours, comme lieu présumé des réu-
l'on faisait boire à celui qui avait manqué à
nions de protestants, —
4, La tour du i"oi Hu-
quelque cérémonie de table. Si l'acception
morale avait précédé, la conjecture de Diez
gon à Tours. —
5. De Hugues Capet, ou roi
Hugon; la tradition populaire à Tours fait
mériterait d'autant plus de considération.
errer la nuit l'esprit du roi Hugon; les pro-
HOUSSE, BL. hulcia, hulcitum, du vha, testants, à cause de leurs assemblées noc-
hulst, m. s., cp. angl. et ni. holster, fourreau. turnes, auraient de là été nommés Huguetiots.
Littré cite aussi le cymr. hws, couverture. — 6. Du môme roi Hugues Capet, parce que
HOUSSAIE, HOUSSER, wop houx. les protestants défendaient les droits de la
HOUSSINE, voy. houx. D. houssiner. — ligue capétienne contre les Guises, qui se fai-
HOUX (p. hols), du vha. hulis, ruscum, saient passer pour les descendants de Char-
bas-ail. hulse, flam. hulst (ags. holegn, angl. lemagne. —
7, D'après un certain Hugo, hé-
holly). — D. housser, d'où houssoir ; hous- rétique du temps du roi Cliarlcs VL 8. —
sine; hou.ssaie ; housson, petit houx, D'après un autre Hugo, rebelle contre l'auto-
HOYAU, voy. houe. rité royale, —
9, D'après une petite monnaie
HU, interjection, servant à effrayer les datant du temps d'Hugues Capet et appelée
IIUM 276 UUP
hugiiowt ; le peuple voulait pai' cette expres- ncm institutionemque in bonas artes dicimus »

sion témoigner lo prix auquel il taxait les (Aulu-Golle. XII), (5).

scctateui's de Calvin. 10. De Biiss, ou— HUMBLE, L. humilis (humus), litt. terre à
plutôt do « les guenons de Huss « 1 1 Du . — .
terre, peu élevé. —
D. humilier, L. humi-
suisse hais (p. gens) guenaus (guenaix) ou liare, vaha\ssev ; humilité, L. humilitas. Notez
hue guenaus. —
12. Du flam. hegJieiien, que humilitas n'était, pour les Latins, en au-
observer, purifier, donc puiùtains. = — cune manière une vertu le mot. chez eux, ;

13. Un gentilhomme allemand, arrêté par signifiait bassesse, petitesse, faiblesse, pau-
:

le cardinal de Lorraine et interrogé sur vreté. Ce n'est qu'au point de vue chrétien
la conspii'ation d'Amboise, aurait commencé que le sentiment de la faiblesse, de l'indi-
sa défense par les mots « Hue nos, sere- gnité, constitue une vertu.
nissime princeps, advenimus », puis il se HUMECTER, L. humoctare.
serait arrêté tout court. — 14. Du L. lU HUMER, wall. houmcr, pic. heicma', ava
nos! —
15. De Huc-nox, monstre engendré 1er quehpie chose en retirant l'haleine, c'est
par Culvin avec un incube. Nous avons — donc en quelque sorte un synonyme d'aspirer.
produit cette liste de conjectures, plus invrai- Diez demande si le mot n'est pas une ono-
semblables les unes que les autres, d'apiès matopée, .le pense que cette manière do voir
Mahn. Ce savant est d'avis que huguenot est est plus naturelle que celle de Sylvius et de
un diminutif de Hugues, comme Huct,ci(\vni Nicot, qui disent ab hutnere, id est humi-
:

le mot, en tant que terme de dérision ou dum fieri, quia sorbitione corpus humescit ».
d'injure, se rattache à quelque hérétique ou
— — D. h umetter (Rabelais), boire à la manière
conspirateur de ce nom. En effet, un texte des chevaux.
du xvi° siècle, rappelé par Littré, mentionne HUMÉRUS, mot latin, = bras supérieur,
comme tel un Pascal Huguenot de Saint .lu-
nien en Limousin, docteur en décret En — épaule. — 1). humerai.

présence des formes populaires ayant coui"s


HUMEUR, angl. humour, it. umore, du
L. hi'.mor, liquide. Le sens figuré : disposi-
dans le midi de la France pour huguenot,
tion de l'esprit, du tempérament, fantaisie,
comme alganau, higanau, iganau (voy.
caprice, est étranger au mot latin. Je ne vois
Rom., XI, 414), l'étyiiiol. cidgawssen gagne
pas non plus qu'il ait eu cours en Krancc avant
beaucoup de crédit; aussi M. Baudry l'a mise
le xV siècle. Je n'examinerai i)oint comment
hors de doute dans sa notice préliminaire à la
la valeur psychologique actuellement atta-
l'cproduction des gravures historiques de Tor-
chée au mot s'est déduite du .sens physiolo-
torcl et Péi'issin.
gique; mon nMe .se borne à j)oser l'étymo-
HUL adverbe, i)rov. Iiuci, hoi, esp. hoi/, it.
logie. — A part la signification générale :
oggi, du L. hadif ; ne s'emploie plus que
disposition do l'esprit (" bonne, mauvaise
dans la phrase au jour d'hui (réunie en un
humeur, humeur noire, chagrine »), le mot
mot).
huineur, sans épithète, s'emploie tantôt pour
HUILE, vfr. aille, angl. oil, du L. oleum.
gaieté spirituelle, veine comique (ce sens ré-
— 1). huiler ; voy. aussi œillette.
pond à l'angl. humour, ail. humôr), tantôt
HUIS, jjorto (n'est plus guère employé que pour humeur ch.agrine. Les deux .sens, oppo-
dans la locution à. /mis clos), it. uscio, prov. .'^és l'un à l'autre, ont chacun dégagé le subst.
uis, us, du L. ostiuni. — D. huissier, pr. humoriste (d'où liumcrristique). Le sens de
portier, it. usciere, L. ostiarius (BL. ustia- gaieté est particulièrement propre au mot
rius).
comme terme de littérature; on aime alors,
HUISSIER, voy. huis. D. huisserie. — pour le distinguer de l'autre, à lui laisser lo
HUIT, du L. octo (cp. nuit de nod.ein). costume anglais et à l'écrire humour.
HUITRE, vfr. oistre, angl. oyster, ail. aus- HUMIDE, L. Jimnidus. D. humidité. —
ter, it. ostrica, esp. ostra; du h.ostrea. HUMILIER. HUMILITÉ, voy. humble.
HULOT, de marine, trou piatiqué dans
t. HUMORISTE, voy. humeur.
une écoutille,pour y faire passer un câble ; HUMQS, terre végétale mot latin.
de l'angl. Itole, dan. hul, cavité, trou. HUNE, du nord, hun, m. s,
;

D. hunier. —
HULOTTE, espèce de hibou, dérivé du L. HUPPE, du L. npupa. Ce mot latin, it.
ula (primitif de idv.là) x=> ags. ide, néerl. upupa, s'est d'une part transformé par aphé-
uyl, vha. Jùuwila (dér. de huico), ail. inod. rèse en bupa, 'p02)pa, poupa, etc. (dialectes
eule. divers d'Italie), dimin, buhbola, ctc, d'autre
HUMAIN, L. humanus. — D. humaniser; part en prov, upa, v. flam. hoppe, fr. hup)pe.
humanité, L. humanitas. Notre terme huma- Ce dernier signifie aussi la toufl'e de plumes
nités (« faire ses humanités «) relève du L. qui caractérise l'oiseau huppe, puis particu-
hutnanitas dans son acception culture de lièrement le bouquet de soie, de fil ou de laino
l'esprit, instruction. Les savants appellent en- qui surmontait le bonnet des docteurs. La
core aujourd'hui " humaniora studia » les huppe, étant devenue, dans le vêtement, une
études qui constituent une éducation libérale, marque de distinction, a donné huppé, pourvu
parce qu'elles appellent, comme a dit fort bien d'une huppe, au fig. =
notable, distingué, de
Estienne Pasquier, à une « duc humanité » .
— haut parage. Les patois di.scnt dans un sens
« Humanitatem veteres appellaverunt id pro- analogue acrrté (de crête).
pemodum quod Grajci nxiodx-j, nos eruditio- HUPPÉ, voy. huppe.
.

IlUT — 277 — IIYP

HURE (Palsgrave heure) 1


: cheveux , . HUVE, ancienne coiffure do femme, du vha.
héi'issés; 2. tète de sanglier, aiitr. aussi le hùba (foncièrement connexe avec L. cupa),
museau du loup, du lion et d'autres animaux. ail. mod. haube, bonnet, néerl. huif, huive,
Ce mot parait avoir pris naissance dans les dim. vfr. huvet, -ette.
provinces septentrionales « la gent barbée :
HYACINTHE, gr. ùxavj^o;. Ce mot exotique
et ahurie (Rob. le Diable); norm. huré, à
..
s'est vulgarisé sous la forma jacinthe.
poils hérissés (Roman d'Alexandre h.v.rées :
HYADES, gr. ûxôt; (Oîiv, pleuvoir).
ont les testes), rouchi liurée, sol raboteux.
HYBRIDE, L. hybrida aussi ibrida, mons-
L'étymologie est obscure. En Suisse, on trouve
trueux, irrégulier, né de deux espèces diffé-
le mot huwel qui signifie à la fois hibou,
,
rentes. Le mot latin vient prob. du gr.
grand-duc ÛZpii,
et, par allusion au plumage hé-
violence, mépris des lois ou des règles.
'rissede cet oiseau, homme aux cheveux héris-
sés (cp. dans le Roman de la Rose « le huon
HYDRAULIQUE, gr. !3o>aj).i«',-. dérivé de
avec sa grant hure »); Diez conclut de là que Îiopu-JH:, orgue mis en mouvement par l'effet
de l'eau. Cette étymologie vient de ce que
«
hure pourrait être une modification littérale
l'hydraulique, chez les anciens, consistait uni-
de hule (cp. vfr. mure p. mule, fr. navire it.
navile) hule reproduirait dans ce cas le mot
quement à construire des jeux d'orgue et que
;

suisse mentionné huwel =


vha. hiuioila (voy.
dans la première origine des orgues, où l'on
ne savait pas encore appliquer des soufflets,
hulotte). Cependant, le philologue allemand ne
pose pas catégoriquement cette étymologie et
c'était une chute d'eau qui y faisait entrer le
pense que le vha. un-hiur, im-hiwH, hor- = vent et les
tier).
fiiisait sonner » (Noël et Carpen-

rible, effrayant, qui inspire la peur, mérite


non moins d'être pris en considération, tant HYDRE, L. hydra [uôpx).
pour le subst. hure que pour le verbe ahurir. HYDRO-, élément initial de mots scienti-
Sur ce dernier point, je ne puis pas être d'ac- fiques composés, = gr. ùàpo-, de Uup, eau.
cord car U7i-Jiiur ne signifie horrible que par
;
Les principales compositions de ce genre
le préfixe, et le simple liiur dit tout juste le sont :

contraire. — Bugge (Rom., IV, 361) démontre Hydrockle, gr. ùiîpr/.ri'/.r, (z/j)/;, tumeur).
que le sens premier de fr. hure est - chapeau, Hydrockphalk, gr. ùcpoy.ïrfxUi, hydropisie
bonnet d'où s'est développé celui de cheve-
», de la tète (/spa^/,).

lure, surtout chevelure hérissée, et celui de Hydrogène, néologisme, rendant l'idée


tète hérissée (du sanglier, du loup, etc.) II « qui engendre l'eau ».
fait ainsi dériver lemot du norois hûfa, bon- Hydrographie, description des mers.
net ou casquette (surtout bonnet de poil ou de Hydromel, gr. ùàpo/juli [ukU, miel).
peau). La syncope de f a donné en danois Hydromktre, mesureur d'eau {u.tzpo-j, me-
hue. La base du mot français serait donc hue, sure).
d'où, par épenthèse d'un r (cp. vfr. mire de mie), Hydrophobe, gr. ùSpovdZo;, qui a horreur
la forme hure. Cette dernière s'est transfor- de enragé {ipoZzh, avoir peur).
l'eau,
mée au xvr siècle en huze ; de là l'expression Hydropique, gr. ÙSp'jinu.di, dér. de voprjyh,
huse à hu^e = tête à tête (Satire
Ménippée). amas d'eau, hydropisie. —
D. hydrojnsie (dé-
HURLER a été précédé de la forme huiler, rivation arbitraire), angl. dropsy.
hùler, encore vivace dans les patois et qui HYÈNE, gr. vxcjx, L. hyœna.
vient du L. ululare (forme diminutive de HYGIENE gr. ù-/iîi-j6;, conforme ou relatif
ulare). La prosthèse d'une h est un effet des à la santé {ù/inx). — D. hygiénique.
formes germaniques ail. heulen, ni. huilen,
HYGROMÈTRE,
angl. hoxol. —
Ur dans hurler, it. urlare, est {'j-/p6;. humide,
mesureur
ij.izpo-j, mesure).
de l'humidité

inorganique.
HYMEN, HYMÉNÉE, gr. iy.Jv«t,,-,
HURLUBERLU, brusque, étourdi; onoma- i/..v;'v,

ou génie du mariage, par extension


pr. dieu
topée.
HUSSARD, de l'ail, husar. Ce dernier
=mariage. —
Comme terme d'anatomie, hy-
men répond au gr. ûa-^v, membrane, pelli-
vient du hongrois huszar =^ le vingtième
[husz =
vingt). Le roi Mathias do Hongrie
cule.
HYMNE, gr. Cavoç, chant, poème.
ayant levé en 1458 le vingtième des paysans
pour en fixire des cavaliers, on donna le nom HYPERBOLE, gr. ù^z^ZoH, substantif de
de hussar à ces troupes. u7r-:îS5c>/5iv, littér. jeter par-dessus, puis exa-
HUTIN, vfr. hustin, vif, emporté, querel- gérer; cp. en ail. iibcr-treiben
leur; adj. tombé en désuétude, qui a survécu HYPERTROPHIE, de la particule gr. ù::io
dans le surnom d'un roi de France, Louis le marquant excès, et nourriture.
rpo^-r,,

Hutin. Grandgagnage rattache avec rai.son ce HYPOCONDRES, gr. ùiio^o-Jùpix, parties laté-
mot au wall. hustiner, maltraiter, brusquer, rales de
région épigastrique, sous les
la
qu'il suppose radicalement identique avec fausses côtes (de ùito, sous et yo-jèpo;, cartilage).
l'angl. Jnistle, flam. hutselen, secouer, ti- Ces parties étaient envisagées comme le siège
railler. Le subst. vfr. hustin signifiait que- de la maladie dite hypocondrie. Le subst.
relle; le wall. a le même mot au sens d'ébran- hypocondre s'emploie aussi adjectivement, p.
lement. hypocondriaque , == gr. ÙT:o-/o-iSpixy.6i.
HUTTE, == ail. hutte, angl. hut. — D. hut- HYPOCRITE, gr. irro/,5tr^;, interprèto, co-
ter, loger. médien, dissimulé; hyrocrisie, gr. !i-ox|Biïi;.
IDI — 278 — IGN

HYPOGASTRE, gr. ù-^o-ji^izçnoy, bas-ventre. HYPOTHÈSE, gr. uizn^i'Hi, m. s.; l'hypo-


HYPOTÉNUSE, j,'r. ^Tror^vou,». tormo d'Eu- thcso est co qui est placé « sous » une assertion
clidc, litt. (la lififne) qui s'étend [riivivî) sous pour l'appuyer. Le mot grec est exactement
[j-no] l'antrlo droit, ligne sous-tendant«. traduit par le L. suppositio. D. hypothé- —
HYPOTHÈQUE, gr. ùio^-n^-ri, litt. ce qui se tique, gr. 'JTO&ÎTIXO',-.

met dessous, gage, nantissement; l'hypo- HYSOPE ou hyssope, L. hyssopus, gr.


thèque est ce qui est placé sous la dette et en
assure le payement. — D. hypothécaire; hy- HYSTÉRIE, dér. du gr. ùiripy., matrice. —
pothèque)', donner pour hypothèque. D. JiystiTique.

ïambe, L. ïambus, gr. ïvuZo;. — D. ïam- mune, fr. idiotisme. Chez nous, ce mot a pris
hiqur. l'acception plus générale « manièj-e de parler

IBIDEM, adverbe latin, == là même, au même particulière à une langue ».

endroit. IDIOSYNCRASEB, gr. t^t5ïuv"i»«»^«. consti-


IBIS, L. ihis, gr. Igi,-. tution particulière composé de îSiif, propre,
;

ICEL*, fém. icelîe, cas oblique icehii; forme et ïûy/ffcrii;, mélange, tempérament.
qui a précédé cel, celui; =
prov. aicel, va- IDIOT, L. idiota, gr. ISiiïrru, homme vul-
laque accl. Diez proteste avec raison contre gaire, sans éducation, sot, ignorant. Dans les
l'éventualité d'une explication par ipse ille, temps modernes, la valeur de ce mot a été
au lieu de la seule soutenable ecc'ille; le c, :
forcée jusqu'à signifier l'imbécillité comme
dans icel, ne répond point à un * ; à preuve affection pathologique. — D. idiotisme (on
la forme picarde icheluy. Icelle et icclui sont préfère à ce terme la forme idiotie, pour em-
aujourd'hui considérés comme archaïstiques. pêcher la coïncidence avec le mot idiotisme,
L'ancienne langue possédait également icest, terme de grammaire, voy. idiome) ; idiotique.
iceste, icestui = L. ecc'iste. Voy. celui. IDIOTIQUE, gr. JS.wnzo;, 1. = particulier,
ICHTHYOLOGIE, -GRAPHIE,' resp. science dans " expression idiotique « ; 2. = relatif à
et traité des poissons (ï^Sù;). l'idiotie, voy. idiot.
ICI se rapporte à ci (v. c. m.), au point do
IDIOTISME, voy. idiome et idiot.
vue de la formation, comme icel à cel.
IDOINE (ce mot n'est plus guère employé
ICONOCLASTE, bri.<;eur d'images (x>àîiv,
qu'au palai.s) =apte, du L. idoneus Le subst.
briser, îî/mv, image); le même ««cov forme =
idoineté et sa forme savante idonéité apti-
lélément initial des composés savants icono- :
tude, sont tous deux également tombés en dé-
i/raphe, iconcJogue, icmiophile, iconolàtre
suétude.
(/x-o'v-iv, adorer).
IDÉAL, qui n'existe que dans Vidée, opp. IDOLATRE (le circonflexe est anti-étymolo-
de réel. — D. idéalité, idéaliser, -isme. gique), gr. ïto&j).o)seT/5>j;, adorateur d'images
IDÉE, L. idea, gr. tèia, pr. apparence,
-iste,
{iiSo)Ao-j, image, iaT/sîûîiv, adorer. D. ido- —
forme type, image d'une chose vue, perçue h'itrie, gr. gtowioiaT/sît'a ; idolàtrique (Vol-
puis =^ représentation, notion. « J'appelle
;

taire); verbe idolàtrei'.


— IdolcUre est écourté
idée, Locke, tout ce que l'esprit aperçoit
dit àe idololâtre ; cp. amphibologie p. amphibo-
en lui-même. " De là idéal (v. c. m.). M. de lologie.
Donald et autres modernes ont créé le verbe IDOLE, vfr. aussi idle, idre (d'après l'accen-
idéer =
connaiti'e métaphysiquement ; les tuation grecque), du L. idolum, gr. sî^wiov, =
Italiens disent idearsi p. s'imaginer. Autres image.
dérivés savants : idéologie, théorie des idées ; IDYLLE, L. idyllium, du gr. !t5ûi)i5v,dim.
idéologue ; idéographie, expression des idées de image, donc pr. petit tableau, petite
îlooi,
par l'image ou le symbole. pièce, pièce fugitive. « C'est le talent de Théo-
IDEM, mot latin, =
le même. De là les dé- crite, dit Firmin Didot, qui a fait transporter
rivés non classiques identique, identité, iden- le nom d'idylles aux pastorales. » — D. idyl-
mots importants qu'il serait difficile de
tifier, lique.
remplacer (le terme mcmeté n'a pu se natura- IP, esp., port, iva, angl. yew; du vha. iwa,
liser). mha. iwe, nha. eibe. —
En celtique on trouve :

IDIOME, du gr. ISiu/xx, particularité dans cymr. yw, bret. ivin.


l'expression (de ioi'j:, propre, spécial) ; le L. IGNARE, L. ignarus, p. in-gnarus, m. s.
idioma est pris dans le sens d'idiotisme ; en IGNÉ, mot déformation savante, L. igneus
fr. le mot peut se définir ainsi langage par : (ignis). — Du même primitif latin ignis, feii :

ticulier, ou langue l'elativement au génie ignescent, L. ignescens, igntfère, L. ignifer,


particulier qui la distingue. Au grec t^i'jr/j;, igniaire, L. igniarius, igmtion, subst. du
homme privé, hojnme du commun, vulgaire, verbe L. ignire, mettre en feu ; ignicole (qui
ressortit le verbe î^iwrî^îiv,
parler vulgaire- colit ignem).
ment, d'où L. idiotismus,
îôiwTiTuo';, ma- = IGNOBLE, L. ignobilis, p. in-gnobilis {ffno-
nière vulgaire de s'exprimer, élocution com- bilis, forme première de nobilis).
IMB 279 IMP

IGNOMINIE, L. ignominia. p. in-gnominia IMITER, L. imiiari.


(de f/nomen, nomen); litt. mauvais noin, IMMANENT, L. iminanens, litt. qui réside
affront. — D. ignominieux, L. ignominiosus. à demeure dans.
IGNORER, L. ignorare, d'où adj. ignorans, IMMANQUABLE, qui n'est pas sujet à man-
fr. ignorant (d'où ignorantin, -ismé), stibst. quer, mot du xyiii® siècle, fait de manquer,
ignorantia, fr. ignorance. comme infaillible de faillir. Le simple man-
1. IL-, clément de composition (latin et quahle n'a point été mis en usage.
franc.) devant des radicaux commençant par IMMATRICULER, BL. immatriculare, in
l ; c'est le préfixe in (v, c. in.), dont la finale matriculam referre (voy. matricule).
s'est assimilée à la consonne suivante. IMMÉDIAT, voy. médiat.
2. IL, pronom, du L. ille, dont le fém. illa IMMÉMORIAL, du latin moderne immemo-
.a donné elle; plur. ils et eux. rialis, ce dont on n'a plus mémoire (memoria),

ILE, isle*, prov. isla, it. isola, du L. in-


très ancien. Le simple de ce composé n'cxi.ste

sida. — Diminutifs : îlot, ilet et ilette. C'est


pas comme adjectif.
de l'it. isola que vient isolé (it. isolato = IMMENSE, L. im-mensus
— D. immensité,
(metiri), litt. dé-

détacher mesuré. L. immensitas.


L. insulatus) et le verbe isoler, litt.

de toute communication. IMMERGER, L. im-mergere, plonger de-


dans, d'où, par le supin immersum, le subst,
ILLUMINER, L. illuminare (lumen), ré-
pandre de la lumière, éclairer. — D. néolog. immersio,
mersif.
fr. immersion, et l'adj. mod. im-
illuminisme, système des illuminés.
IMMEUBLE, opp. de meuble (v. c. m.), du
ILLUSION, apparence fausse, du L. illusio,
L. immobilis, 'qui ne peut être mû un im- ;
subst. de illudere (ludere), se jouer de qqn ,
meuble est un bien fixe, tenant au fonds. La
le tromper, l'égarer —
D. illusionner.
langue des savants a repris le même mot la-
ILLUSOIRE, L. illusorius' (illnà^ve).
tin, aveoson sens naturel, sous la forme immo-
ILLUSTRE, L.

illastris, pr. brillant, fig. bile. —D. immobilier , qui se rapporte aux
célèbre. D. illustrer, 1, rendre illustre, biens immeubles; immobilité, L. immobilitas;
2. orner, donner du lustre, = L. illustrare, verbe mod. immobiliser,
éclairer, mettre en lumière ; subst. illustra- •IMMIGRER, opp. d'êmigrer, L. im-mi-
tion. grare. —
D. immigration.
ILOTE, du gr. zll6iz-ni, serf, esclave, pr. les IMMINENT, L imminens, pr. qui est
captifs pris par Spartiates dans la ville
les comme suspendu au-dessus de la tête de qqn.,
d'Bélos ; selon d'autres, le mot grec vient de qui menace par sa proximité, fig. très pro-
EAÛ = aî|5-:(M, prendre (cp. l'équivalent ^//.c'j^ chain ; subst. imminence, L. imminentia.
de AEMû = Sx/jixc), dompterj. D. ilotisme. — IMMISCER, mot savant, du L. im miscere,
DU-, préfixe; voy. in-. mêler à, dont le supin immixtum a donné le
IMAGE, du L. imago, -inis. D. verbe — fr. imynixtion.
imager (néolog.), rendre par image, par em- IMMOBILE, voy. immeuble. — Les anciens
blème, puis oi'ner, embellir d'images; imagi- disaient immouvable.
naire,L. imaginarius, apparent, fictif; ima- IMMOLER,L. im-molare, pr, mettre sur la
giner, L. imaginari, se figurer, rêver (cp. têtede la victime de l'orge mêlée avec le sel
l'ail, ein-bilden, de bild, image). (molam salsam) avant de l'égorger, puis par
IMAGINER, voy. image. D. imaginable ; — extension, sacrifier, tuer.
imagination, L. -atio; imaginatif, L. -ativus, IMMONDE, L. im-mundus, impur. Le simple
d'où le subst. Imaginative. monde =
L. mundus est tombé en désué-
IMBÉCILLE (l'Académie écrit imbécile), L. tude. —D. immondice, L. immunditia. Les
imbrcillus. —
D. imbécillité, L. imbecillitas. théologiens ont forgé, avec le sens d'impureté
IMBERBE, L. imberbis (barba). morale, la forme immondicité.
IMBIBER, mot savant, du L. im-bibere, ab- IMMORTEL, L. immortalis. — D. immor-
sorber, s'imprégner de. En fr., le mot se dit telle (plante); immortalité, L. -itas; imm,or-
pour mouiller, pénétrer de liquide (le sujet du taliser.
verbe ne boit pas, mais fait boire). D. im- — IMMUABLE, L, immutàbilis ; ona dit aussi,
bibition. —
La langue française a une forme d'une façon savante, immutable, d'où immu-
vulgaire pour î'wèzèer, mais elle est auj. d'une tabilité.
application plus restreinte c'est emboire (v. ; IMMUNITÉ, L. immunitas, exemption de
c. m.), dont le part, embu est équivalent à charges ou d'impôts (immunis).
im,bibé. La forme imbu, plus particulièrement IMPAIR, L. tm-par.
réservée au sens moral, représente le L- im- IMPASSE, rue où l'on ne passe pas, cul-de-
butus, part, de imbuere, qui est, logiquement sac, négation de passe. Le mot est dû à Vol-
et peut-être radicalement égal à imbibere. Ce- taire. Guillot de Paris (xiv^ siècle) disait p.
pendant, comme on a dit aussi imboire p. im,- impasse « rue .sans cliief » (sans issue).
biber (Rousseau, dans Emile s'imboire de : IMPASTATION, du L. impastare, mettre en
préjugés), iinbu peut être envisagé comme pâte.
part, de imboire. IMPATIENT, du L. im-pattens, qui ne peut
IMBROGLIO, mot italien, signifiant em- ou ne veut supporter, auj, aussi =: peu dis-
brouillement (voy. brouiller). posé à attendre. —
D. impatience, L. impa
IMBU, voy. imbiber. tientia ; verbe impatienter.
, .

IMP 280 — TMP

IMPENSE, t. de droit, L. impensa, dépense = homme d'autorité et de mérite, on qui s'en


(impeiiflere). attribue.
IMPÉRATIF, L. impcrativxts (de imperarc, IMPORTUN, L. importitnus, incommode,
comiiKiiidor). qui vient mal à propos. —
D. iinportiuiilc,
IMPÉRATRICE, vfr. empereris, dn h.impc- L. importunitas verbe importuner, non pas
;

ratrix. Voy. empereur. = rendre importun, comme on le croirait,


IMPÉRIAL, L. imperialis (imperium). — mais être importun à l'égard de qqn. (cp. le
D. impei~iah, le dessus d'un carrosse d'où ; L. molestavc aliquem, =
molestum esse ali-
vient cette appellation? Découlc-t-elle de la cui).
signification qu'a le mot en architecture, sa- IMPOSER, poser sur ou à charge de qqn.
voir celle de « dôme doi)t le sommet est en répond pour sens au L. im-ponere.
le Le — ;

pointe et qui s'élargit en forme de deux S sens absolu du verbe français équivaut à :

jointes par le haut " ? D'après Littré, les deux commander le respect (l'ail, dit de môme im-
significations indiquées s'expliquent par la ponire)i)\ de là l'adj. imposant. — L'accep-
situation élevée de 1 impériale. Autres dé- — tion métaphorique tromper, duper (en impose^'
rivés jmpr'n'alisme, -iste, néologismes,
: à qqn.), était déjà propre au mot latin, p. ex,
IMPÉRIEUX, L. impei-iosHS (imperium). dans la phrase " Catoni egregie imposuit Milo
IMPÉRITIE, L. tmperitta {àe peiHtus, ex- noster ». De cette acception relèvent les dé-
pert). rivés imposteur et im.posture, L. impostor,
IMPERTINENT négatif do j^erti-
; c'est le -tura (p. impositor, -itura). En vfr. on trouve
nent, qui ne se dit plus qu'au barreau dans le l'adj. cmposte, faux, mensonger. Notons —
sens de " qui tient au fond de la cause " Le . encore le néologisme imposa' = frapper qqn.
sens foncier de impertinent est «inconvenant, d'impôts.
incongru » (non pertinens ad rem), de là IMPOSITION, L. impositio (imponere).
l'acception contraire aux convenances, aux
:
IMPOSTE, direct.de l'it. imposta == L.im-
règles de la politesse, offensant. D. imper — posita, pr. chose mise dessus ou dedans.
tinence, IMPOSTEUR, -TURE, voy. imposer.
IMPERTURBABLE, L. imperttirhahilis, — IMPuT, L. impositum, pr. choseimpo.sée.
qui non pcrturbari potest. Le simple est inu-
IMPOTENT, L. im-2)otens, impuissant. Le
sité en français.
IMPÉTRER, vfr. empêtrer, du L. impe- simple jwtent fait défaut. — D. impotence,

trarc, obtenir par supplication. D. impé- — L. impotentia.


IMPRÉCATION, L.itn-precatio (im-precari,
trant.
IMPÉTUEUX, L. impetiiosus (impetus). — l)r. sKuhaiter du bien ou du mal à l'égard de
D. impétuosité. qqn.). ,

IMPIE (mot de facture savante ; les anciens IMPREGNER, vfr. onpraigner, pr. féconder,
it. impregnare, esp. emprenar, du L. impnc-
disaient i>npieus), L. im-pius ; subst. impieté,
L. im-pielas. gnare =
gravidam facere, implere. Cp. les
adj. romans it. pregno, v. ^ovt. prenhe, prov.
IMPLACABLE, h.implacabilis [àe placare,
apaiser). Le simplen'est pas d'usage. « Il
y
prcnh, \i'v. pi'aing, prains, =
gros, enceinte,
a, dit Voltaire, à propos de cette lacune, des chargé, adj. dégagé du L. pra'gnans, prfp-
gens implacables et pas un de placable. On ne gnas, fécondé, enceinte. Pour le sens méta-
finirait pas si l'on voulait exposer tous nos be
phorique du partie, imprégné, cp. en latin
soins. " —D. itnplacabilité. herba pi-o'gnans succo (Pline), en fr. l'expr.
IMPLANTER, L. implantare {inusité). gros d'orage, ail. gewitterschwanger
IMPLEXE, L. im-plexiis (implectere). IMPRESSION, du L. iyn-pressio (im-pri-
IMPLICITE, L. im-plicitiis (plicare), qui est mere), pr. empreinte, fig. impression, sensa-
comj)ris (litt. plié) dans une chose. tion. Du sens moral de ce subst. relèvent le
IMPLIQUER, L. im-plicare, litt. plier, faire verbe impressionner (d'où impressionnable)
entrer dans une affaire. Le même mot latin et le néologisme itnpressible. —
La langue
s'est régulièrement francisé par employer. — moderne a fait naturellement du mot impres-
D. implication. sion aussi le substantif du verbe imprimer, en
IMPLORER, L. îm-plorare, supplier pour tant que désignant l'opération technique ex-
ainsi dire avec pleurs. primée par ce mot. Ce substantif rend à la
IMPORTER, 1 porter dedans, introduire ;
.
fois, comme souvent, l'acte et le résultat de

2. être de conséquence. Le premier sens l'acte.

(d'où relèvent les dérivés importation, -ateiir, IMPRIMER, L. im-primere, litt. pres.ser
-able) est naturel et conforme à celui du sur. Le même mot latin s'est régulièrement
li. im-portare. Le second est figuré im.porter, ;
francisé par empreindre (v. c. m.). D. —
dans ce sens, veut dire apporter, introduire :
imprimeur, -crie.
dans une affaire des éléments dont dépend le IMPROBATION, -ATEUR, L. im-probatio,
succès où l'insuccès d'une entreprise, le bien- -ator ; du verbe improbare =
fr. improuver.
être ou le malaise de qqn.; de là exercer de : IMPROMPTU, mot moderne tiré de la locu-
l'influence, avoir de la valeur; cp. les termes tion lat. in pi'omptu habere, avoir à la dispo-
analogues lat. refero^e, ail. eintragen. Du sous la main. Pour la facture de ce
sition,
sens figuré relèvent : important, adj , qui = on peut la rapprocher de celle du mot
subst.,
est de conséquence (d'où importance), subst. ennui =
in odio. —
Impromptu veut dire
. .

INC 281 — INC

pr. une chose qui se fait avec 'ce que l'on a sous incarnare, pr. rendre chair (cp. l'art, .suiv.).
la main, sans préparation; c'est un synomyrne — D. incarnadin,
d'ii/ijirorisnfinn. INCARNER, anc. encharner, transformer
IMPROUVER, L. «yiproiare, désapprouver. en chair (rad. carn). — D. incarnation.
IMPROVISER, de l'it. improvmsare,
direct,
INCARTADE, boutade, ruade, insufte. D'où
verbe fait du pai'ticipe improvviso L. ini- = vient ce mot (évidemment de formation méri-
provisuSy non prévu. —
D. improvisation, dionale)? La signification première, est-ce
-ateur. ruade (acte physique) ou affront (acte moral) ?
IMPROVISTE (À L'), de l'it. impromisto = Je ne le sais pas, et c'est ce qui rend la re-
à l'impourvu (ancienne locution française). cherche d'une étymologie d'autant plus diffi-
On sait que l'it. fait de vedere, voir, deux
participes veduto et visto.
cile. — En latin du moyen âge, in-cartare
:
signifie généralement mettre par écrit, puis
IMPUDENT, L. im-pudens, éhonté. — aussi mettre qqn. en possession d'un bien en
D. impudence, L. impudentia. vertu d'un titre, d'une charte; toutefois, on y
IMPUGrNER, L. i7n-p)U(/nare, combattre. trouve aussi le sens de déposer une plainte
IMPULSION, L. impidsio (im-pellere). contre qqn. Il faut bien que, de près ou de
IMPUNÉMENT, p. impunément (cp. corn- loin, le mot incartade, qui certainement n'est
micnément comm,imemcnt), adv. de l'adj.
p. pas de date ancienne, se rattache à cette idée
L. impunis, impuni, d'où le subst. impunitas, de caj'tani alicui mittere, envoyer à qqn. soit
fr. impunité. une plainte, soit une lettre injurieu.se, soit lui
IMPUTER, L. im-putare, pr. porter en cartel. — Littré dérive le mot de l'esp. encar-
compte. tarse, prendre une mauvaise carte, d'oii déri-
IN, préfixe ou particule prépositive (in se verait le sens « faire une sottise ». Mais les
change en il devant l, en im devant b, ou m Espagnols ne donnant pas ce sens métapho-
j), en ir devant r). Il répond à la fois au L. in rique à leur terme, et l'explication de Littré
= dans ou contre, et au L. in, comme parti- laissant de côté l'idée de brusquerie, qui est
cule négative. Comme représentant de in, inhérente au mot français, je ne me sens pas
dans, il est la forme savante de en (v. c. m. ), sati.sfait. Lafaye définit étymologiquement in-
et ne se rencontre que dans des termes tirés cartade par " action d'entrer en cartes hors
tout d'une pièce du fonds latin. L'emploi — de son rang »'.
de Min négatif est illimité en français. Plu- INCENDIE, L. incendium (incendere). —
sieurs composés latins avec in sont passés D. incendier; incendiaire, L. incendiarius.
dans la langue française sans que le simple y
ait été reçu; p. ex. impotent, ^»^ra^. (Nous
INCESSANT, = qui ne cesse pas (voy. ces-
ser). L'adv. incessamment d'abord, signifie
n'avons, en règle générale, recueilli les com- comme L. incessanter sans relâche, puis sans
,

posés négatifs que lorsque les simples font retard, au plus tôt.
défaut.)
INCESTE, subst. et adj., du L. inccstus
INADVERTANCE, absence d' " advertance»
ce simple, hors d'usage depuis longtemps,
;

si-
(rad. castus), adj. et subst. — D. incestueux.
INCIDENT, adj., L. in-cidens (cadere), litt.
du BL. advertentia,
gnifie attention, et vient
tiré du L. advertere, s, e. animum, faire atten-
= qui tombe dans, qui vient interrompre une
continuité, qui survient dans cours d'une le
tion (voy. avertir).
INANITÉ, L. inanitas (de inanis, vide,
affaii^e. — D. incident, subst., événement inat-
tendu ; incidence, incidentel.
vain).
INCINÉRER, néo-latin incinerare (de cinis,
INANITION, pr. vide
d'estomac, néo-latin
cineris, cendre). Encendrer serait plus fran-
inanitio, subst. du verbe latin inanire, rendre
vide, évacuer. —
Plante a inania.
çais; cp. prov. cncendrar.
INCISE, L. incisa, fém. de incisus (inci-
INAUGURER, L. in-augurare, litt. prendre
dere), taillé dedans.Le même verbe incidere,
les augures, puis consacrer, installer (ne
par son supin incisum, a donné subsl. incisio, :

s'employait chez les Latins que pour les per-


sonnes). —
D. inaugural, adjectif moderne,
fr. incision, adj.
verbe fréq. incisare,
incisivus*, fr. incisif, et le
fr. inciser.
irrégulièrement tiré du verbe inaugurer
INCA6UER, défier qqn. avec mépris verbe
INCITER, L. in-citare. —
D. incitation.
;
INCLINER, vfr. encliner, du L. in-clinare.
tii'é direct, de l'it. incacare, faire peu de cas
Du subst. inclinatio viennent à la fois incli-
(cp. les expr. vfr. concilier, traiter avec mé- naison et inclination, dont on a su différencier
pris, et l'ail, hescheisscn, au sens fig. de faire
la valeur, en donnant (relativement à la signi-
fi, tromper). de pente) au premier un sens phy-
fication
INCAMÉRER, faire entrer dans le domaine sique, à l'autre une acception morale.
de la cliambre [caméra] ecclésiastique. INCLURE, forme plus latine que enclore;
INCANDESCENT, du L. incandescere, s'em- ce dernier répond au type non classique in-
braser. —
D. incandescence. claudere; inclure, par contre, à la forme clas-
INCANTATION, L. incantatin; forme .sa- sique in-cludcre; part, inclus, L. inclusus. —
vante p. encliantement. D. inclusif, inclusion.
INCARCÉRER, forme savante pour l'anc. INCOGNITO, sans être connu, locution ad-
enchartrer, du L. carcer, fr. chartre. verbiale venue de l'italien du L. incognitas,
;

INCARNAT, de Tit. incarnato, participe de inconnu


. —

IND 282 — IND

INCOLORE. L. incolor (cp. L. muhicolc»'). INDÉLÉBILE, L. in-delebilis, ineffaçable.


INCOMBER, L. in-cumbe^'e, coucher, peser INDEMNE, L. in-demnis, sans dommage
sur, être à charge de qqn. Ce verbe, quoi- — ,{dn>niu(iii). — D. indemnité, indemniser.
que fort usité, n'a pas été accueilli par l'Aca- INDEX, 1. table d'un livre; 2. spéc. cata-
démie. logue des livres prohibés par l'autorité ecclé-
INCOMMODE, 1 . qui n'est pas commode ; siastique; le terme complet, dans ce sons, est
2. importun du L. hicommodus
; D. incom- .
— index expiirgatoire ; 3. le doigt entre le pouce
modité, L. -itas incommoder, L. incommo-
; et le médius. Mot latin, signifiant indicateur.
dare (verbe neutre en latin, construit par INDICE. L. indicium, indication {indicare).
conséquent avec le datif). INDICIBLE, L. in-dicibilis. Pourquoi pas
INCONTINENT, adv. aussitôt, vfr. enconte- indisable, puisque l'on dit disablc et non
nant; de la phrase latine in continenti, m. s., dicible ? Pourquoi latin pour l'un et français
pr. sans interruption, tout de suite (do conti- pour l'autre?
nens, continu). INDIFFÉRENT, voy. différe^it. — D. indif-
INCONVÉNIENT, reproduction littérale du férence, indifférentisme.
L. inconveinens = qui ne s'accorde pas, con- INDIGÈNE, L. indigena (né à l'intérieur).
trariant ;
pour l'emploi substantival, cp. les — D. indigénat.
termes accident, incident, expédient. Ancien- INDIGENT, du L. indigere, avoir besoin.
nement le mot était synonyme d'accident,
D. indigence, L. indigentia.
malheur, malencontre.
INDIGESTE, du L. in-digestus, qui signifie
INCORPORER, L. in-corporare, faire entrer
1 .embrouillé, litt. mal coordonné ; 2. non di-
dans le corps.
géré; 3. indigestible (Boôce). —
Subst. indi-
INCRÉDIBILITÉ, forme savante pour in- gestion, L. indigestio.
croyabilité. du L. incredibilitas
INDIGNE, L. in-dignus; indignité, L. in-
INCRÉDULE, L. increduïus, qui ne croit dignitas; indigner {s'), L. indignari ; le fr.
pas ; cette valeur ne répond pas exactement à emploie le verbe indigner aussi activement,
celle du simple crédule; ce dernier exprime un
p. mettre dans l'indignation (indignatio).
défaut, mais incrédule ne dit pas l'opposé
direct de ce défaut.
INDIGO, voy. inde. — D. indigotier.
INDIQUER, L. indicare
INCRIMINER, BL. incriminare, in cri- = (dicere).

men adducere. cp. inculper. D. incrimina- — INDIRE, terme de droit


cere, prescrire.
féodal, du L. indi-

tion. Tertullien emploie le mot incriminatio


dans le sens opposé de criminatio, c.-à-d. dé- INDISPENSABLE, voy. dispenser.
faut de culpabilité, justification. INDISPOSER. = mal disposer le ; part, in-
disposé (([ui a probablement donné naissance
INCRUSTER, forme savante de encroiUer,
du L. i>i-cnislare, couvrir d'une croûte. au verbe) équivaut 1. à « non disposé >•, c.à-d.
prévenu désavantageusement à l'égard do
INCUBATION, L. incubatio, de incubare,
qqn, 2. à 7ïon dispos, c.-à-d. malade; sub.st.
être couché dessus, couver.
indisposition, disposition peu favorable, lé-
INCUBE, L. incubiis, cauchemar (de in-cu- gère altération dans la santé.
bare, être couché dessus, oppresser).
INDIVIDU, mot introduit dans la langue par
INCULPER, vfr. encouper, du BL. incul-
la philosophie et exprimant un être distinct,
pare = culpam adducere, cp. inci'iminer.
in
formant unité relativement à l'espèce. Il est
INCULQUER, du L. inculcare (rad. calx), tiré du L. individuus, indivisible (étymolo-
pr. fouler, tasser, faire entrer de force.
giquement, individu ne dit pas autre chose
INCULTE, L. in-cultus, non cultivé. qu'atom*?). On nomme individuelles les qua-
INCUNABLE, livre imprimé du temps où lités propres à un être organisé et qui ne
l'arttypographique se trouvait encore dans peuvent être détachées de lui sans détruire
« les langes un incunable est une expres-
r,
; ce qui constitue l'en-semble de son organisa
sion brachylogique pour « un livre datant des tion, lequel ensemble s'appelle individualité.
incunables de l'imprimerie ». Du L. incuna Le verbe individualiser équivaut à considé- :

bula, langes, berceau. rer ou présenter une chose individuellement,


INCURABLE, L.in-curabilis, voy. ciire. abstraction faite de l'espèce individualisme,
:

INCURIE, L. incuria, absence de cura. == esprit ou système opposé à celui qui est
INCURSION, L incursio (in-currere). porté vers l'associatiort, la fraternité, l'huma-
INCUSE (médaille), du L. in-cusus (cudere), nité.
non frappé. Selon Littré, àeincusus, part, de INDIVIS, L. in-divisus; superfétation inu-
incudere, frapper dessus; mais cette étymo- tilede la langue, puisque indivisé dit la même
logie est contraire à la valeur du mot. chose et que divis ne se dit pas.
INDE, d'abord adjectif, de couleur bleue, du INDOLENT, L. indolens (S. Jérôme), pr.
L. indiens, indien (cp. vfr. ruste, hérite, de non L'indolent est celui que rien
souffrant.
rusticus, hœreticus). La forme esp. indico a n'affligeou n'émeut. C'est un synonyme de
fourni le mot fr. indigo. nonchala^it « qui ne s'échauffe pas ». —
INDÉCIS, du L. in-decisus (S. Grégoire), D. indolence.
non tranché {decidere, couper, régler, déci- INDU, non dû, ou plutôt = contraire à ce
der). De là aussi mdemion. qui est dû ou convenable.
— . ,

INF 283 INF

INDUBITABLE, L. in-ihibitahilis. Le simple nom de troupes de l'infante ou infanterie. Ce


dubitable ne se dit pas, il est rendu par dou- récitmanque d'appui historique. — D'autres
teux. déduisent le mot du BL. infancio (dér. de
INDUCTION, L. inducfÀo, subst. à'induù'e infans, et répondant au vfr. enfançon), par
(L. inducere), litt. action de conduire d'une lequel terme on qualifiait en Espagne les en-
chose vers l'autre, du connu vers l'inconnu. De fants des chevaliers, qui n'avaient pas encore
là philosophes ont tiré l'adj. inductif
les obtenu ce titre, qui n'étaient pas encore ca-
(L. inductivus, chez Priscien, a le sens d'hy- balleros. —
Une autre étymologie se rattache
pothétique). au mot fant, it. fante, flam. vent, == ju-
ail.

INDUIRE, inducere, 1 mener dans (p. ex.


'L. .
venis, adolescens, puer; elle .se recommande
induire en erreur), 2. inférer (v. induction). par les formes it. fanteria, fantaccino (d'où
L'opération matérielle exprimée par le verbe fr. mais elle ne nous avance pas,
fantassin),
latin est rendue en fr. par la forme vraiment puisque les mots fa^it et fante ne sont que des
française enduire (v. c. m.). formes tronquées du L. infantem (pour
INDULGENT, L. indidgens (de indulgere, l'aphérèse de in, cp. it. stromento, instru-
être bienveillant). —
D. indulgence, L. indul- mentum). Le mot ail* fant est tiré de l'it. et
gentia. indépendant du vha. fendo fmha. vende), qui
INDULT, L. induUum (indulgere), conces- signifiait piéton et plus tard pion ; ce dernier
sion, permission, grâce. ne peut être invoqué pour fatiteria, à cause
INDUSTRIE, L. industria, zèle, travail. — du désaccord entre d et t. — En attendant
D. industrieux, L. industriosus, appliqué; = que cette origine soit tirée au clair, je crois
industriel, =: qui se rattache, qui s'applique que le plus sur, c'est d'expliquer infatiterie
à l'industrie, d'où industrialisme. par troupe des infantes, ce dernier mot étant
INDUT, t. d'église, L. indutus, habillé. — pris dans le sens du germ. fant et it. fante,
c.-à-d. valet. Les valets servaient à pied. In-
Ane, subst. indutio7i, investiture.
fantes, d'où infanterie, n'est peut-être que la
INÉDIT, L. in-editus, non édité.
traduction du germanique landshnechte
INEFFABLE, L. h^-effabilis . Le simple
terme qui litt. signifie valets ou mercenaires
effable ne se dit plus.
du pays, et par lequel on désignait en Alle-
INÉNARRABLE, L. in-enarrabilis, qui ne magne, vers la fin du xv" siècle, un soldat
peut être narré. d'infanterie.
INEPTE, L. in-eptus (in aptus). D. ineptie, INFANTICIDE. 1. subst. de l'agent, ==
L. ineptia, inconvenance, sottise. L. infanticida, 2 subst. de l'action, == L. in-
INERTE, L. in-ers, inertis (ars), inapte à fanticidium (infantem caedere).
tout art, à toute activité, qui ne produit rien. INFATUER, L. infatuare, rendre fou
— D. inertie, L. inertia (inaction, torpeur). Los (fat'uus).
mots inerte et inertie ne sont employés dans le INFECT, L. infectus, part, de inficere, litt.
langage ordinaire que depuis le milieu du mettre une chose dans une autre, puis mêler
xviii'* siècle.
avec une substance délétère, altérer, cor-
INEXORABLE, h.in-exorabilis (de ex-orare, rompre. —
D. infection, L. infectio verbe ;

gagner qqch. ou toucher qqn. par ses infecter, d'où dés-infecter ; néolog. médical
prières). infectieux.
INEXPIABLE, L. in-expiabilis INFÉODER, BL, infeodare (feodum), voy.
INEXPUGNABLE, L. in-expugnabilis, im- fief. ,

prenable iex-pugnare =• prendre à force de INFÉRER, conclure (Quintilien), litt. intro-


lutte). duire (dans le discours), alléguer, prétendre.
INEXTINGUIBLE, L. in-extinguibilis' (de INFÉRIEUR, L. inferior, comparatif du po-
extinguerc = fr. éteindre). sitif inferus (dont les botanistes ont tiré leur
INEXTRICABLE, L. in-extricabilis (de ex- terme infère). — D. infériorité.
tricare, démêler). INFERNAL, L. infernaiis, dérivé de infer-
INFAME (le circonflexe n'a pas de raison num, type du fr. enfer.
d'être), du L. in-famis (de fama, réputation); INFESTER, L. infestare, attaquer, inquié-
subst. infamie, L. infamia; verbe actif in-fa- ravager.
ter, puis
mer, L. infamare. INFIBULER, L. infibulare, attacher avec
INFANT, de Fesp. infante = L. infans, en- une agrafe [fibula). —
Vfr. enfubler affu- =
fant. bler.

INFANTERIE. On n'est pas d'accord sur INFILTRER, pénétrer comme par un fdtre

l'origine de ceterme militaire. Les uns le font (v. c. m.).


remonter à une infante d'Espagne, qui, à la INFIME, L. infimus (superlatif de infer ou
nouvelle que les troupes de son père avaient inferus), placé le plus bas, au dernier rang,
été battues par les Maures, aurait rassemblé — D. infimité.
quelques soldats à pied, dont l'usage pour les INFINI, L. infmitus (finis/, illimité subst. ;

combats était alors inconnu, et à la tête des- hifinité.L. infinitas, étendue infinie (le sens
quels elle aurait remporté la victoire. En " grande quantité » n'est pas classique). Les

souvenir de cet acte d'héroïsme, les troupes mathématiciens ont tiré de infmitus la forme
de pied auraient conservé en Espagne le numérale infinitesimus, d'où le dér. fr. infini-
.

ING 284 INO

trsimal;\cà grammairiens: in/7>î î<«ï-»smodus, Besclicrolle, savoir in privatif et gcnium,


[mode imléfini, indéterminé).
fr. in/!)n'tif génie, invention, adresse, est fausse. Le latin
INFIRME, vfr. cufcrm, enfer, du L.' in/Jr- ingenuus vient de i))ge-uj, faire naitre dans ;
niiis, non ferme, faible, malade (cp. znra/îV/e). il est synonyme de indigena (indi, indu =
— D. infirmer (vfr. enfermer), L. infirmare, gr. hSo-j, et geno, gr. rr:N!y, naitre ou faire
invalider. A l'ac^ception « malade »• se réfèrent naiti'e). L'idée foncière a<;t « naturel» , d'où s'est
les mots : infirmité', L. infirmitas, infirmier, déduite celle de légitime, libre, puis celle de
infirmn'ie. digne d'un honune libre, généreux, franc,
INFLAMMABLE, -ATION, -ATOIRE, du naturel (au figuré); cp. naïf de nativus. —
L. inflammarc =-- fr. enflammer. D. ingénuité, L. ingenuitas.
INFLÉCHIR, formé sur le simple fléchir, INGÉRER, L. in-gerere, porter dans, intro-
d'après L. in-flectere, d'où, par le supin i)i- duire; .luvénal employait déjà se ingern^e
flexam, le subst. inflexio, fr. inflexion. — avec le sens de notre expression s'ingérei',
L'adj. inflexibilis, fr. inflexible, dit le con- c.-à.-d. s'imposer, s'immiscer, s'entremettre
traire de flexibilis. avec importunité. —
D. ingérence. Le subst.
INFLIGER, L. in-fligere, litt. frapper ingestion, L. ingestio, ne se rapporte qu'à
contre ; supin inflictum, d'où infliction, inflic- l'acception médicale du verbe ingérer.
tif. INGRAT, L. in-gratus ; ingratitude, L. in-
INFLUER, exercer une
action sur qqcli., du gratitude. —
Le simple gratus n'a pas trouvé
L. in-fluere, couler dans, se glisser, s'insi- accueil dans la langue française comme adj.,
nuer; de là influent et influence, d'où in- mais seulement comme subst., sous la forme
fluencer. La langue allemande présente le gré{\. c. m.).
môme trope dans ein-fluss. Le sens naturel — INGRÉDIENT, L. in-grediens, qui entre
de couler se retrouve dans le terme médical dans.
it. influcnza [gv\\)'po)\ cp. catarrhe, fluxion. INGUINAL, L. inguinalis (de inguen, aine).
IN-FOLIO, terme latin, litt. en feuille. = INGURGITER, L. ingurgitare (gurges), en-
INFORME, L. in-furmis (forma). goull'rcr.
INFORMER, vfr. enfermer, L. in-formare, INHALER, L. in-halare, souffler dans.
donner une forme, façonner, puis au fig. en-
seigner, instruire, dresser. La valeur du mot
INHÉRENT, L, in-hœrens, attaché ù, —
D. inlii'rrnce.
fr. s'est rétrécic, et l'information n'est plus
INHIBER, L, in-hibere, retenir, empêcher
qu'une instruction relative à un fait particu ;

subst. inhibition, L. inhibitio.


lier. Les Allemands appellent encore infor-
mator un précepteur, INHUMER, L. in-humare (humus), mettre
en terre.
INFRACTEUR, -TION, L. in-fractm-, -tio,
du verbe infrinf/ere(^\\\ni\ infractuni), type du INIMITIÉ, vfr. enemistiet, formé du L, îni-

fr. enfreindre. mi citas []^. initnicitia), comme amitié de ami-


citas.
INFUS, L. in-fusus (fundere), versé dedans;
en fr. le terme est devenu synonyme du mot INIQUE, L. in-iquus (œquus). — L. iniquité,
inné. Le subst. infusio (action de verser sur) L. iniquitas.
a donné infusion, qui exprime à la fois l'opé- INITIAL, L, initialis [deinitimn, commen-
ration et son résultat du type infasare, fréq, cement).
;

de infu7ulere, vient le verbe infuser. Le mot INITIER, L, initiari, 1 , commencer, de là


infusoire a été créé par les modernes dans le le subst. fr. initiative, 2, introduire qqn, dans
sens de « qui se développe dans les infusions les mystères d'un culte, fig. le mettre au faij
végétales et animales " d'une science ; de là les subst, initiation, ini-
INGAMBE,qui est bien en jambes, de l'it. tiateur. Le primitif est le L, in-itium (in-ire)
in (jamha Jambe), alerte, dispos ; au
(voy. propr. entrée. On sait que ce mot est aussi au
xvi" siècle on écrivait encore cet adjectif en fond, du fr, commencer.
deux mots « les plus in gambe ».
: INJECTER, L. i7ijectare, fréq. de injicere
INGÉNIER (S'), litt. se donner, dans un cas (jeter dans); injection, L. injectio (in-jicere),
déterminé, le ingenium (l'esprit, le talent) INJONCTION, L. in-Junctio, subst, de in-
nécessaire pour réussir, donc = s'évertuer ;
Jungere =
fr. enjoindre.

voy. engin. INJURE, L, in-Juria (jus, juri.s), injustice,


INGENIEUR, engigneus, voy. engin.
vfr. outrage. —
D, injurier, L. injuriari ; inju-
» Tous lesquels instruments de ject s'appe- ricux, L. injuriosus,
loient engins et artillerie et les maistres in- INNÉ, L. in-natus, synonyme de insitus;
venteurs et conducteurs ingénieux, pour ce se dit des choses qui sont nées avec nous. —
qu'il falloit avoir vif et subtil esprit que nous D. innéité, terme philosophique moderne.
appelons engin, du \&t\n ingenium, et de l'art INNOCENT,
L. in-nocens, pr. qui ne nuit
pour composer ces ouvrages siibtils " (Cl. Fau- pas. — D.
innocence, L. innocentia; verbe
chet. Origine de la milice et des armes). ifinocenter, déclarer innocent.
INGÉNIEUX, engigneus, L. ingenio-
vfr. INNOCUITÉ, du L. in-nocuus, irioffensif.
sus (ingenium). D. ingéniosité.— INNOMBRABLE, L, in-7nimerabilis.
INGENU, L. ingenuus, franc, sincère. L'éty- INNO'VER, L. in-7iovare (novus).
mologie du mot latin, telle que la produit INOCULER, L. in-oculare, greffer en écus-
INS — 285 — INS

son (oculiisj, fig. = inculquer — D. inocula- (litt. soufflt*) des révélations ou des vertus
tion, -ateur; inocuJiste, partisan de l'inucula- supérieures. — On se sert aussi de inspirer
tion. pour exprimer la chose contraire de ex-spi
INODORE, L. in-odorus. rare, donc comme d'un synonyme de aspirer.
INONDER, anc. enonder — L. in-undare INSTALLER, BL. installare, pr. in .stal-

(unda). — D. ino7idation. lum mittere. « A dando stallo in choro, novo


INOPINÉ, L. in-opinalus imprévu. ,
conflato verbo, dicimus inidiotisni0 2n5ta//are,
pro in possessionem mittere " (La Coste, dans
INOUÏ, L. in-auditiis (voy. ouïr).
ses ConDiientaires sur les Décrétales de Gré-
INQUIET, L. in-quietus. Le simple quietus Le terme s'appliquait d'abord à
s'est francisé en coi [voy. ce mot). X). inquié- — goire IX).
l'installation des chanoines et des juges; de
tude, vfr. enquitunie. L. inquietudo, -inis;
là, le sens s'est étendu aux significations ac-
inquiéter, L. inquietare.
tuelles, et le mot est devenu synonyme d'éta-
INQUISITEUR, inquisitor (de in-qui-
I...
blir. Quant à stallus, voy. stalle et étaler. —
rsre =fr. enquérir), d'où inquisitorial ; in- D. installation..
quisition, L. inquisitio; inquisitif, L. inqui-
INSTANCE, vfr. istance (avec le sens d'in-
sitivus.
tention, but), du L. instantia, pr. action de
INSANITE, L. in-sanitas, do ia-sanus (pr. se tenir sur (in-stare), d'insister, de presser,
non sain, malade), insensé. d'où se dégagent les idées de persistance, de
INSATIABLE, L. in-satiabilis. D. insa- — travail assidu, de prière pressante.
tiabiiité.
INSTANT, adj., L. inslans, 1. pressant;
INSCRIRE, L. in-sribere, d'où le subst. in- 2. imminent, urgent (cp. Salluste : instat nox,
scrjptio, fr. inscription. la nuit approche). — En termes de grammaire
INSECTE, L. insectum (de in-secare, pr. l'adj. latininstans signifiait présent. Or, le
entailler) ; voy. aussi entomologie. Aristote :
présent n'est, relativement au passé et à
l'avenir, qu'un point dans l'espace et n'a
Pline : jui'e omnia insecta appellata ab inci-
qu'une durée fugitive. Cette représentation
suris. — D. insectier.
de la chose a engendré le sens de momentum
INSÉRER, L. in-screre, intercaler, mettre temporis, inhéi^ent au subst. instant de la
dans, supin insertum, d'où subst. insertio, langue moderne, syn. de moment. L'idée pre-
fr. insertion. mière de proximité survit encore dans la lo-
INSIDIEUX, L. insidiosus (du subst. insi- cution à l'instant, =
tout de suite. On peut
diw, embûches, rad. sedcre). du reste aussi envisager à l'instant comme
INSIGNE, adj. L. in-sifjms (signum), remar- l'équivalent de in prœsenti et comparer l'ex-
quable; le subst. L. insigne, marque distinc- pression tout à l'heure, ail. ^ur stunde, ou
tive, s'est francisé de deux manières : 1 . par augenblichlich. —
Dérivé moderne du subst.
enseigne (y. c. m.), 2. \)SiV insigne. instantinstantané; cet adj. semble
: fait sur
INSINUER, L. insinuare (sinu.s), pr. intro- le patron de momentané.
duire dans le sein, fig. introduire secrètement. INSTAR (À L'), du L. ad instar, à l'image
— D. iiisinuatio7i, L. insinuatio; insinuatif. ou sur le modèle de.
INSIPIDE, L. insipidus (sapidus), pr. sans INSTAURER, L. in-staurare.— D. instau-
saveur. Voy. aussi maussade. D. insipi- — ration.
dité. INSTIGUER, L. in-stigare, m. — D. s. in-
INSISTER, L. in-sistere, litt. tenir sur ou stigation, -ateur, L. -atio, -ator,
à. — D. insistance (cp. instance de in-stare). INSTILLER, L. in-stillare, verser dedans
INSOLATION, L. insolatio (do in-solare, goutte à goutte [stillà).
exposer au soleil).
INSTINCT, h.instinctasÇm-iûn^wcvcj, im-
INSOLENT,L. in-solens, pr. contraire à pulsion, excitation, mouvement. D. in- —
l'habitude, puis démesuré, immodéré, arro- stinctif.
gant, impertinent. —
D. insolence, L. inso- INSTITUER, L. in-stituere (statuere), éta-
lentia. blir. — D. institution, L. institutio; le mot
INSOLITE, L. insolitus (solerc), inaccou- fr.exprime à la fois l'action d'instituer et la
tumé. chose instituée (de même que le syn. établis-
INSOLUBLE, L. in-solubilis = quod solvi sement) [)0ur ce dernier sens, le mot institut,
;

non potest. ---- L. institutum est plus correct. Du plur.


INSOLVABLE, voy. solvablc. — D. insolva- instituta, principes établis, les juristes ont
bilité. Le latin du moyen âge disait insolven- tiré leur terme institufes. Le verbe latin —
tia, doinsolvens, qui ne paie pas; cp.en ail. instituere comme le terme
signifiait aussi,
insolvent et insolvenz. analogue in-siruere, élever, enseigner la jeu-
IMSOMNIE, L. in-somnia (somnus). nesse cette acception est demeurée dans nos
;

INSPECTER, L. in-spectare, fréq. de in- dérivés institution (enseignement, école) et


spicere, regarder sur, dont le supin inspjec- instituteur.
tum a donné inspectio, -tor, fr. insjiection,
: INSTRUIRE, L. in-struere. Le terme latin
-teur. l'épond, quant aux acceptions déduites du sens
INSPIRER, L. in-spirare, litt. souffler foncier construire, aux termes synonymes
dans. — D. i)ispiré, à qui on a communiqué informer, instituer, et en queb^ue sorte aussi
. .

LNT — 286 INT


à édifier. — D. instruction, instructeur, L. tiennent au fonds savant de la langue, qu'ils
instructio. -tor ; instructif soient d'origine latine ou non. La forme vrai-
INSTRUMENT, vfr. estrummti L. instru- ment française de i)iter est entre {\. c. m.).
mentum, pr. moyen pour

in-struere, au propice INTERCALER, L. inter-calare. — D. inter-
etau figuré. M. instrumental, -aire, -iste, calation, L. -atio, intercalaire, L. -aris.
verbe instmimcnter déduit du subst. instru- INTERCEDER, L.
,
inter-cedere, marcher
ment, au sens d'acte de procédui-e, titre. entre, s'entreposer. Du supin intercessum :

INSU (A L"), opp. de au su de. les subst. intercessor, -cessio,{i\ intercesseur,


INSUFFLER, L. in-sufflare. -cession.
INSULAIRE, L. insidaris (insula). INTERCEPTER, L. inlerceptare, fréq. de
INSULTER, L. insuUare, fréq. de insiïire intcrcipcrc, pr. saisir cntre(c.-à-d. entre celui
(salirc), pr. sauter sur, attaquer. — D. in- qui expédie et le destinataire, entre le point do
sulte, subst. verbaL Le vfr insuit, soulève- dépait et le but); interception, L. iutcrcep-
ment, vient direct, tio.
du subst. L. insultus,
attaque. INTERDIRE, \(t. entredire, L. iixter-dicere,
INSURGER, L. i^i-surgei-e, litt. se lever pr. interjeter une opposition (cp. l'ail, unter-
contre. Le mot fr. a pris le sens factitif (sou- sagen)\ interdit, L. interdictum; interdiction,
lever). Du supin latin insu'n'ectum, : subst. L. intcrdictio. —
Le sens métaphorique du
insurroctio, fr. i>isurrection. partie, interdit =
déconcerté, troublé, se
INSURRECTION, voy. l'iirt. préc. — D. in-
déduit-il de l'idée frapper d'interdit, ou du
sens défendre à qqn. rexcrcicc de ses fonc-
surfcctionnel.
tions, le priver d'action, le paralyser? J'in-
INTACT, vfr. entait, du L. in-tactus (tan-
cline pour la dernière manière de voir.
fferc), non touché, non entamé; intactile,
L. intactilis, non palpable. INTÉRESSER, voy. l'art, suiv.
INTÈGRE, L. in-tcger (rac. TAG, d'où tan- INTÉRÊT, subst. tiré du L. interest, il im-

gère, toucher). Le fr. n'a conservé que les porte ce qui importe ou ce
: qui rapporte ou
acceptions morales du mot latin profite à qqn. s'est appelé son interest. On
au sens ;

propre" intact, complet», integer s'est fran- peut comparer, au point de vue de la dériva
cisé en entier (v. c. m.) Les deux sens sont tion grammaticale, le subst. déficit, du \j. dé-
applicables au subst. dér. intégrité. D. in- — ficit = il manque. — Le sens])rimitif du mot :

tégrité, L. integritas intégral (d'où intégra- profit, revenu, importance, s'est, avec le temps,
;

lité):, intégrant (du L. integrare, compléter)


considérablement élargi, mais on le démêle
;

réintégrer, L. redintegrare. encore facilement dans les diverses acceptions,


p. ex. part dans une afTaire (jjris au moral
INTELLECT, L. intellectus (in^eWigQTe).—
D. intellectuel, L. intellectualis.
dans je prends intérêt
: =
je prends part) ; les

INTELLIGENT, L. intelligens (intelligere,


intérêts de l'Etat =
cequi est importantàl' iJtat
l'intérêt, dans le .sens absolu la recherche du :
p. inter-legere, discerner, démêler, com-
l)rendre), d'où intelligence, L. intelligcntia,
profit, etc. —
L'allemand, comme la latinité
du moyen âge, a tiré le subst., au lieu du prés,
entendement, connaissance. Dans l'acception
de l'indicatif, de l'infinitif interesse, de là
" correspondance entre deux personnes qui
notre dérivé intéresser, offrir de l'intérêt,
s'entendent (cp. le terme entente àeentendre,
•>

mettre dans l'intérêt, d'où intéressant, inté-


ail. verstândniss, ein-verstandniss), ce sub-
ressé, dés-intéresser Il est curieux de remar-
.
stantif a pour opposé més-intelligence (ail.
quer que dans l'anc. langue interest, par son
miss-verstand niss)\ dans les autres accep-
caractère de vox média, tournait au sens de
tions, in-intelligence.
dommage, intéresser en celui de causer pré-
INTELLIGIBLE, L. intelligibilis. — D. in- judice, nuire ; encore Massillon dit Pilate :
teUigibiliié.
craint d'intéresser sa fortune, s'il l'cnd justice
INTEMPÉRIE, L. intempéries, mauvaise à Jésus-Christ.
disposition de l'air.
INTERFOLIER, mettre des feuillets blancs
INTEMPESTIF, L. in-tetnpestivus (tempes- entre les feuillets imprimés d'un livre; du
tas j, qui est hors de saison, déplacé, inoppor: lat. inter folia, entre les feuilles.
tun.
INTÉRIEUR, L. interior, comparatif de
INTENDANT, L. mtendens, du verbe in-
— interus. — D. intériorité.
tendere, au sens d'être attentif, surveiller.
INTÉRIM, adverbe = pendant ce
latin,
D. intendance, surintendant.
INTENSE, L. intensus, de in-tendere, au
temps, en attendant. — D. intérimaire.
INTERJECTION, L. interjectio (inter-jicere,
sens de donner de la tension, renforcer. — jeter entre). L'interjection ne fait pas partie
D. intensité, intensif [t. de grammaire). intégrante d'une proposition ; c'est un cri de
INTENTER, L. intentare, fréq. de in-ten- l'âme qui en interrompt la structure, de là le
dere, litt. =
diriger vers, de là porter (une nom
accusation) contre. INTERJETER, anc. L. interjectare' fréquen- ,

INTENTION, L. intentio, dessein, projet (de tatif de interjicere.


intendere s. e. animum, porter son esprit). — INTERLIGNE, mot technologique formé du
D. intentionné, intentiotinel. L. inter lineas, entre les lignes. — D. intiê'li-
INTER. Les composés avec inter appar- iiéaire, interligner.
INT — 287 — INV

INTERLOCUTEUR, -TION, -TOIRE, du su- INTITULER, vfr. entiteler, BL. intitulare


pin interlocutiim, (lu verbe inter-loqui, par- (titulus).
ler entre, interrompre le diseoui's de quel- INTONATION, du L. intonare (tonus), en-
qu'un; au sens juridique d'ordonner un inter- tonner.
locutoire, on dit aussi en fr. interloquer. INTRADOS, composé nouveau, du L. intra
INTERLOPE, direct, de l'angl. to interlope, dorsum, ce qui e.st à l'intérieur d'une voûte.
faire le commerce en contrebande. Celui-ci Cp. extrados.
estune composition hybride du préfixe wi<er et INTRÉPIDE, L. in-trepidus, litt. qui ne
du verbe bas-ail. loopen[^= nlia. laufen) et ne tremble pas — D. intrépidité.
dit autre chose que L. inter-currere. Le com- INTRIGUER, anc. entriquer, du L in-tri-
merce interlope est celui qui contrecarre carc frad. trica, impedimentum), embarras-
celui d'une compagnie ou d'une nation seule ser, embrouiller. —
D. m^ri/^we, subst. verbal
autorisée à le faire. (Corneille employait intriques) intrigant,
INTERLOQUER, voy. interlocuteur; aussi intrigailler, intrigoterie . —
Le mot intriguer
;

synonyme ûjntercltre, rendre interdit. ne se présentant ni sous la forme de entricher,


INTERMÈDE, L. inter-medius it. inte^'- , ni sous celle de entrier, doit être attribué au
mezzo. — D. intermédiaire intermédiat.
, fonds savant de la langue etprob. un emprunt
INTERMITTENT, du L. inter-mittere, in- à l'italien. —
On trouve, dès le xiv" siècle,
terrompre, discontinuer. —
D. intermittence; cntriqué au sens physique d'embarrassé.
intermission, L. intermissio. INTRINSÈQUE, adj. tiré de l'adv. L. in-
INTERNE, L. internus, qui est en dedans trinsecus, intérieurement.
(de imiter; cp. externus, infernus, supernus). INTRODUIRE, du L. intro-ducere, d'où, par
— D. interner, internat. le supin introductum, les subst. introduclio,
INTERNONCE, L. inter-nuntius, pr. négo- -tor, fr. introduction, -teur.
ciateur, médiateur entre deux partis; auj.
INTROÏT, du L. intro-itus, entrée.
titre de la chancellerie romaine, =
nonce
INTRONISER, BL. inthronizare, fait sur le
intérimaire, ou substitut du nonce.
grec ;v&,55vîi;-cv, placer sur un siégo ou trône
INTERPELLER, L. inter-pellare, inter- L. thronus)\ Fane, langue disait en-
{bodvoi
rompre un discours.
trosner ; cp. installer.
INTERPOLER, L. inter-polare, modifier,
refaire, altérer.
INTRURE*, L. in-trudere, pousser dedans
(cp. i7iclure de includere) part, intrusus, fr.
INTERPOSER, variété de entreposer, de ;

intrus, subst intrusio, fr. intrusion.


poser, d'après l'analogie du L inter-ponere.
— D. interposition. L. interpositio. INTUITION, L.
der). —
iniuitio (de in-tueri, regar-
D. adj. intuitif.
INTERPRÈTE, L. interpres, -etis; verbe
interpréter.^ L. interpretari. INVALIDE, L. in-validus l'cp. infirme, im-
INTERRÈGNE, L. inter-regnum. jjotenl) —
D. invalider ; cp. infirmer.
INTERROGER, L. inter-rogare. —
D. in- INVASION, L. invasio, de in-vadere -- fr.
terrogation, -ateur, -atif, -atoire. —
L'an- envahir.
cienne langue avait transformé le simple INVECTIVE, del'adj. L. invectivus, formé,
rogare en rover, rouver, et le composé inter- par le supin invectum, de invehi, assaillir,
rogare en enterver[^.entrerover),'çvov.enler- attaquer. —
D. invectiver.
var. Cp. corvée de corrogata. INVENTAIRE, L. inventayHum = descrip-
INTERROMPRE, L. inter-rumpere, d'où in- tio reruin quse, post alicujus decessum, in
terruptio, -tor, fr. interruption, -teur. illius bonis inveniuntur. On rencontre aussi

INTERSECTION, L. intersectio (inter- la forme inventorium ; c'est d'elle qu'on a tiré

secarc, couper par le milieu). le vfr. inventore et notre verbe inventorier..


INTERSTICE, L. inter-stitium (de inter- INVENTER, L. inventare', fréq. de in-ve-
stare, supin inter-stitum'}. nire, venir dessus, trouver (cp. l'ail, aufetwas
INTERVALLE, anc. entreval, L. interval- kommen, trouver qqch. du supin inventum
j ;
:

lum, pr. espace entre deux palissades (val- invention, L. inventio, inventeur, L. inven-
lum). tor; inventif.
INTERVENIR. L. inter-venire ; subst. in- INVENTORIER, voy. inventaire.
tervention, L. interventio; interventif. INVERSE, L. inversus, renversé (in-vertere).
INTERVERTIR, L. inter-vertere, m. s., Du même type latin procède aussi le mot
d'où interversio, fr. interversion. envers m.).
(v. c. —
Substantif de invertere,
INTESTAT, L. i^i-testatus, qui n'a pas testé. par le supin inversum : inversio, fr. inver-
Ab intestat, L. ab intestato hères, qui hérite sion.
d'un intestat. INVESTIGATION, -ATEUR, L. investigatio,
INTESTIN, 1. adj. =L.intestinus, m. s. -ator,de in-vestigarc, pr. suivre la piste [vesti-

(rad. intus), 2. subst. =


L. intestinum,. m. s. gium), puis rechercher en général.
— D. intestinal. INVESTIR, L. investire, pr. revêtir. Au
INTIME, L. intim.us (superlatif de inter). moyen âge ce mot a pris le sens de « conférer
— D. intimer, L. intimare « quasi in intimo l'habit, les insignesd'une dignité ou d'un em-
ponere " intimité, L. intimitas. ploi, puis en général mettre en possession » ;
;

INTIMIDER, BL. intimidare [tïmidii&) ;


pré- de là le subst investiture. —
Le sens de « en-
fixe in avec valeur factitive. tourer » (investir une place) était déjà propre
.

ISA — ^288 — IVR

ail mot classique on trouve investiro focum


; aussi sicart; d'après les uns, à cause du siffle-
ii^ s'asseoir autour du foyer; de là le subst. ment que l'animal fait entendre par les narines,
iiwestixsemmt. de l'angl. Jiiss, siffler ; d'après Saumaise, du
INVÉTÉRÉE (S'), L. ùweterare (rad. vetits, gr. içs-Jo; (sauteur?!, épithète fréquente du
veteris, vieux). chamois —
c'est par trop savant enfin, vu la
INVINCIBLE, L. imincibilis (vincere). — forme prov., Littré allègue le german, isarn,
;

D. invincibilité. eisern, gris de fer. Une tentative d'explication


INVITER, envier (voy. envi), prov. en-
vfr. par basque beicccorra (!) peut se lire dans
le
vidar, du L. invitare. —
\). invitation, L. in- la Ztschr. de Grober, V, 559; je m'abstiens
vitatio ; subst. verb. iiwite, t. de jeu. de la reproduire.
INVOQUER, L. in-vocarc. — D. invocation, ISLAM, mot arabe signifiant soumission (à
L. invocatio; invocaloire. • la volonté de Dieu), du verbe asJama, se sou-
IODE nom
de cet élément chimique, dé-
; le mettre (d'oii aussi le participe actif >r2o.s7îm,
couvert en 1811 par Courtois, est tiré du gr. dévot; le pluriel do celui-ci, sous la forme
îoîiv/i-:, violet. persane mosfimân, a donné le motfr. inusul-
IOTA, la plus .simple, la plus grêle des tnan).
lettres de l'alphabet grec. La valeur figurée ISOLER, voy. ilc; pr. séparer comme une
de ce mot se l'encontre déjà dans l'Evangile; ile.

dans le sermon de la montagne, Jésus dit : ISSU, part, passé du vieux verbe issir (aussi
" Un seul iota de la loi ne passera pas que eissir); ce dernier, = prov. cissir, it. escire,
toutes ces choses ne soient faites » uscire, vient du L. ex-ire, .sortir. —D subst.
lOULER, de YaW.jotleln, ou directement du mue (prov. issida, it. cscita) ; le part, présent
cri i-a-ou. issant (sortant) s'emploie encore comme terme
IR-, i)réfixe ; c'est le préfixe in, modifié par de blason.
l'effet d'un r suivant; ex. ir-régtilier, ir- ISTHME, L. isthmus, gr. iï3«/.o,-, pr. pas-
réligion. .sage.

IRASCIBLE, L. irascihilis, du verbe irasd, ITEM, mot latin =


de morne, aussi,
se fâcher (vfr. iraistrc, prov. irasccr, iraisser). ITÉRATIF, L. iterativus, de iterarc, faire
— D. irascibilité. une seconde fois, répéter. Le fr. n'a plus ce
IRE, L. ira. —
D. les mots vfr. irer, mettre verbe qu'avec le préfixe ré [ré-itérer) ce pré- ;

en colère, iror, rancune, irons, fâché. fixe constitue dans ce cas-ci une -superfétation.
IRIS, L. iris, gr. t;.t;. D. irisé. — ITINÉRAIRE, L. itincrarius (de iter, gén.
IRONIE, L. ironia, du gr. îi/syvjt'z, pr. inter- itincris, chemin).
rogation, puis par allusion à la méthode de ITOU, dans les patois, = aussi du vfr.
Socrate, raillerie fine. — D. ironique, gr. itel, semblable, qui, devant les con-
pareil,
;

etr^wvizo;; verbe ironiser. sonnes, fai.sait iteii, itou. Gp. champ, ital,
IROQUOIS nom d'une nation sauvage
,
autant, au.s.si.
d'Amérique, employé quelquefois comme terme IVOIRE, prov. evori, it. avorio, angl. ivory,

d'injure. de l'adj. L. eboreus, (de ebiir, ivoire). Pour —


IRRIGUER, L. irrigare, arroser. — D. ir- \i initial, cp. ivre, vfr. iglise.
rigation, -ateur. IVRAIE, anc. ivraie, prov. abriuga, du
IRRITER, L. irritare, dont la racine nf est L. ebriuc.us, ivre, à cau.sc de la vertu enivrante
peut-être la même que celle de l'équivalent de R. E.stienne « pour ce que le pain
l'ivraie;
— D.
:

ail. reizen. iri'itable, -ation, L. irrita- d'ivroie «. Cp. le terme scientifique


enivre
bilis, -atio. « lolium temulentum ». Au dire de Ménage,
IRRUPTION, L. irrvjHio (ir-rumpere). les Italiens nomment l'ivraie de même capo-
ISABELLE, nom de couleur. Isabelle, une girlo (pr. vertige; et imbriaca, ebriaca. Les =
princesse quelconque, avait fait le vœu, lors Allemands disent raiischkorn, taubkraut ; en
du siège d'une ville, dans lequel son mari était v. flam. je ivoxw a dronchaert Nodier a eu le —
engagé, de ne pas changer de chemise que caprice de faire venir ivraie du verbe L. abo-
son mari ne fût victorieux. Le siège dura rior, parce qu'elle fait avorter l'espérance du
trois mois ; on devine la teinto que, dans cet laboureur! Cet homme d'esprit tenait peu
intervalle, l'auguste chemise avait prise. Aussi, compte de la vérité étymologique, quoiqu'il se
pour perpétuer le souvenir de cet acte « hé- fut beaucoup occupé de phonologie. Le —
roïque on donna dorénavant le nom de la
», L. ebriacus, ivre, a donné naissance aussi à
princesse à la nuance en question. On pré- — l'anc. adj. imbriaqiie, ivre, stupide, it. im-
tend que la princesse dont il s'agit est î'ar- briaco.
chiducliesse Isabelle, fille de Philippe II, IVRE, du L. ebrius. — D. ivresse ; ivrogne
gouvernante des Pays-Bas ; et le siège en (v. c. m.); verbe enivrer.
question serait celui d'Ostende (IGOl à 1G04). IVROGNE, àoivre. La ter-
vfr. ivroin, dér,
D'après cette version, la chemise aurait été minaison ognc (=
L. 07ieics, it. ogno, esp.
portée trois ans, et non pas trois mois. En ueno, port, onlio) est tout à fait isolée dans la
attendant les preuves diplomatiques de cette langue française (le mot carogne ou charogne
étymologie, je rapporte l'historiette pour ce est d'importation étrangèi'e, et la finale de ci-
qu'elle vaut ; si non è vero, è benc trovato. gogne, vigogne a d'auti'es raisons d'être. —
ISARD, chamois, prov. vsarn, catal. isart, D. ivrognesse; ivrognerie.
,

JAI — 289 — JAL

JÀ, it. già, csp. et anc. port, ya, n. port, et mais non pas ^ dcj; il conjecture donc une
prov. ^a, du h.jmn. Cet adverbe, très usité origine de l'ail, wallon, bouillonner. Ce qui
autrefois, ne s'emploie plus à l'état simple ;
prouve encore contre jaculari, c'est que la
il s'est avec le préfixe de (cp. de-
combiné forme non mouillée ja/Zr prédominait dans le
dans, de-hors, etc.) et a produit le composé vfr.; la formo jaillir est postérieure et faite
de-jà, dont on a fait abusivement déjà, cp. peut-être sous l'influence du synonyme saillir.
it. di già. Le mot,;^ se retrouve en composi- Avec tout cela, l'étym. de Diez laisse subsis-
tion Anw?' jadis et jamais (voy. ces mots). ter dos doutes.
JABLE, vfr. aussi gable, t. de tonnellerie; JAIS parait être dégagé àejayet, que l'on
d'origine inconnue. D.jabler.— aura pris pour son diminutif, mais qui répond
JABOT, p. gibot, d'après Diez, dérivé du à la lettre au L. gagates, gr. jo.-j'j.-zn; (cp, wall.
L. gibba, bos.se icçi. jaloux, ^.geloux, aro)ide gaieté). L'orthographe gest dans le Livre des
= L. hirundo). L'allemand hropf =^ jabot métiers (xui'' siècle) parait arbitraire.
signifie également pr. qqch. d'cnfié. Cette éty- JALAP, de Xa^ajia, ville du Mexique, lieu
mologie renverse celle de Ménage, qui, pour de provenance.
la circonstance, avait imaginé un mot latin JALE, espèce de baquet ; de là prob. le vfr.
capuUus fait d'un i)rimitif capits, tout aussi jalon, galon, galoie, jalaie, BL. galo, gale-
imaginaire, et auquel il prête la vertu d'avoir tum, angl. gallon (v. c. m.), mesure de capa-
signifié « toute chose qui contient ». De — cité ; rouchi galot, broc, jellot, en termes de
iabot vient le \erhcjabotcr, babiller, murmu- savonnerie, =
baquet, etc. L'étymologie de
rer, marmotter " comme les volatiles qui ont jale est incertaine. On a proposé le h.gaidus,
rempli le jabot ". seau à puiser, mais ce mot ne s'accorde pas
JABOTÉR, voy.Ja&oi. avec l'a radical. Le L. galea, casque, s'accor-
JACASSER, de jacasse, femme bavarde ;
derait parfaitement avec la forme \iv.jaille
celui-ci tient prob.,dit Littré, -kjacot fpctit (cp. galeola, interprété par Papias vas vina-:

Jacques), nom populaire donné aux perroquets rium), mais l'absence de Yl mouillée dans les
et aux pies. —
On serait tenté aussi de ratta- formes dérivées ci-dessus mentionnées ne per-
cher le mot à la famille de l'ail, gacken, met pas de l'adopter comme source du mot
gackern, gachsen, caqueter, babiller. français. Chevallet cite l'écoss.
et irl. sgal,
JACENT, L. jacens (jacere). —
D. jaccnce. sgala, baquet, écuelle; autant vaudrait citer
JACHÈRE, vfr. gaschière, gachière, pic. étymologie contraire
Tall. schale, écale, jatte,
gaquière, ghesquièrc, garquière. L'origine de à la lettre. — Baist
(dans Grober, Ztschr.,
ce mot n'est point fixée ; seulement, il est cer- VI, 118) rapproche le radical gai du BL.
tain qu'il ne vient pas du L. jacere, ni du galida =^ vha. gellita, nha. gelte, sans toute-
L. vacare, être vide, reposer. En BL. on fois rien affirmer quant au rapport étymolo-
trouve gascaria, terre nouvellement labourée gique.
et non encore ensemencée, ainsi qu'un mot JALET ce mot ne vient pas, comme on l'a
;

gascha cju'on interprète par « agri proscissio " avancé, du h.jaciUum; c'est une forme va-
et qui doit être le primitif de gascaria. — riante de galet (cp. gambe et jambe). Il se
D.jachércr. peut toutefois que l'ancienne forme jaillet,
JACINTHE, -prow. jacefiti,jacint, forme vul- que je trouve dans R. Etienne et Nicot avec
gaire p. hjjacinthe. la valeur de « globus missivus », soit un dérivé
JAÇOIT QUE, encore cpie, p-.;à soit que. de jaculari.
JACONAS origine inconnue.
; JALON, bâton planté en terre pour arpenter
JACQUOT, JACOT, dimin. de Jacques fcn ou prendre des alignements. On n'est pas
champ, on dît auasi Jacques pour merle, geai); fixé sur l'origine de ce mot. Voy. aussijauger.
pour cette dérivation, l'on peut rapprocher — D. jalonner.
d'autres noms d'animaux tirés de noms pro- JALOUX (on trouve en vfr. le dim. gelosel);
pres, tels que sansonnet, pierrot, renard, etc. = it. gcloso, prov. gelos, esp. zeloso; du L.
et surtout, dans notre cas, jacquet bécas- = zelosus, dér. de sclus,zè\e. —
D. jalousie, it.
sine, écureuil. gêlosia; l'acception figurée : treillis au tra-
JACTANCE, L. jactantia (de jactare, van- vers duquel on voit sans être vu, nous vient
ter). de l'Italie, et se voit déjà dans J. Du Bellay ;

JADIS, du L.jam diu; cp. tandis, de tant yerhe jalouser (le chava]). geloser ^^ jalouser
diu. Us final est la lettre caractérisrique de signifie désirer; cp. e»r2e= jalousie etdé.sir).
l'adverbe. La termin. oux, anc. ous au lieu de eux
JAILLIR, anc. employé aussi au sens actif [jaleus est fréquent au w"
siècle), est irrégu-
(lancer, jeter) ce verbe est, d'après l'opinion lière et motivée par l'assimilation à jalousie,
;

reçue, p. jailler et vient du L. jaculari, lan- jalouser, où ô en syllabe atone


lat. fr. ou =
cer, mais Diez remarque que l'anc. langue est régulier. C'est de même que ventouse p.
pi'ésente parfois la îovmc galir, ce qui contra- venteuse (encore dans Commines) a été modifié
rio cette étym., car J peut procéder du g. sous l'influence du verbe ventouser.
19
JAQ — 290 — JAR

JAMAIS, it. giammai, du L. jam magis, On


l'a ainsi nommée, disent les auteurs du

donc pr. =
ja plus; la phrase « je ne le ver- Dictionnaire des Origines, du nom de l'ouvrier
rai jamais » équivaut dans le principe à " je qui en a été l'inventeur et qui s'appelait Jac-
ne le verrai de ce temps (j'ai en avant [magis, ques Marc. Cette étymologie demande des
mais) » cp. jà en ma vie no verrai mais si
; pièces à l'appui qui font défaut. On disait
bêle chose (Barbazan, P'abliaux et contes, II, peut-être bien avant l'invention de ce que nous
p. 434). La formule ne...ja mais, litt. non = appelons aujourd'luii un jaquemart : « armé

jam magis, a, avec le temps, pris la valeur de pied en cap, comme un jaquemart » Pour .

de non icnquam magis, puis de nic7ïquam expliquer cette locution, on a découvert un


tout court. On sait que jamais sans négation Jaquemar de Bourbon, connétable do Franco
(excepté quand il est prononcé seul, sans re- sous le roi Jean (xiv*' siècle), honuno très vail-
lation syntaxique avec une proposition) étjui- lant, type de bravoure et de bonnes manières
vaut à L. unquam. —
La valeur primitive de guerre. Cela est tout aussi sujet à caution,
« dès maintenant en avant » perce encore mais nous sourit plus que l'ôtymologïe jaque
dans l'expression à jamais à toujours. = de 7nailles proposée par Ménage. Qnï .sait si
JAMBE, it., esp.. cat., prov. gamba, vfr., lejaquemaH n'est pas tout bonnement Jacques
pic, wall. carnée (forme encore usitée dans bonhomme, affublé en Maï's i Littré pense que
viole de gambe); en v. esp. aussi camba, et c'est une altération de l'ail, ou flam. jacAman,
dans quelques dialectes du Midi comba; on homme armé (^wwq jaque.
trouve, sans b, en v. esp. cama et en vfr. JAQUETTE, voy. jaque.
(aussichamp. )jawîe. Que le radical soit cam, JARDIN, vfr, aussi gardin, it. giardino,
ou camb, toujours est-il qu'il y a au fond du es\). jardin, ^vo\ gardi)i,jardin,jirr3in ; dô
.

mot jambe la. môme racijie cam = recourbé, rivé du vha. gaHo, enclos (cp. gotb. gards,
plié, d'où procèdent L. ca7n-itriis, cam-erns, demeure, maison), nlia. garten, jardin. On
courbe, cam-era, voûte, camerare, voûter (fr. trouve aussi le môme radical avec la valeur
cambrer), ainsi que le celt. cam, courbé. Il se d'enclos dans les idiomes celtiques. L'auc.
peut que la langue vulgaire ait déjà pos- langue se servait aussi du simple j'arf au sens
sédé un mot lat. camba, jambe, type des vo- de jardin, verger, maison de campagne. —
cables romans. Végèce, en eflet, présente la D jardinier, jardiner.
.

forme gamba, mais avec la signification de JARGON, pic gergon, wall. geargon, it.
sabot. 11 n'y a pas de doute que le vha. hamma, gcrgo et gcrgone, v. esp. girgonz (auj. geri-
jarret, tlam. et angl. ham, jambon, n'appar- gonza), prov. gerzonz. Le vfr. disait aussi
tiennent à la même famille. U.jambcr,— gargonner pour jargonncr. Le mot jargon
iambage, jambon, jambier, -ière ; cn-jam- parait être originaire de France et .s'être com-
ber. municpiéde là aux autres langues congénères.
JANISSAIRE, du turc jeni tsjeri, litt. = Diez est d'avis (jue (/argon procède de la même
nouvelle milice. va.c\nc g arg qui adonné gargouiller; c\i.ja-
JANTE, pic, norm. gante, a.n'^\. jant pro- ,
boter dejabot. Du temps de PaUgravc, jargon
bablement d'un mot latin cames, camitis, qui avait encore la valeur de caquet, gazouille-
se trouve mentionné comme synonyme de ment; il traduit le mot par chattering, chyr-
canthus dans des gloses florentines, et qui king of byrdes. Kn champ, jargon signifie le
procède de la même racine cam, recourbé, cri de l'oie, et d'ailleurs déjà dans les Donatz
dont il est question sous jambe. Le wallon proensals do Faidit (xiii° siècle) on trouve
chame .= jante accuserait, selon l'avis de gergons traduit par « vulgare trutanorum •>.
Diez, pour type le nomin. cames; la forme Tout cela parle en faveur d'une dérivation de
jante, par contre, viendrait du cas oblique jar-s, en supposant que ce mot est réellement,
catiiitis, catn'tis. Au lad. camit répond aussi comme on l'a pensé, une contraction do ja?v/-s ;
le cammed.
\)\\'X. —
D. jaiitille,jantière. d'autant plus que l'on trouve un verbe jar-
JANVIER, L. januariiis, \'u voyelle devenu gauder au sens de s'accoupler (en parlant du
u consonne; cp. vfr. tenve àe tennis, veuve jars) et dans celui de caqueter, jaser. L'ori-
(vfr. vcdte, veve), de vidua. gine de jaser présenterait aussi un argument
JAPPER, prov. japar; onomatopée, cp. ail. en faveur de cette dérivation. L'expression
jappcn. —
jappe, babil, caquet.
Vi. entendre le jars pourrait également confirmer
JAQUE, espèce de justaucorps, it. giaco, le rapport que nous supposons exister entre
esp.jaco, angl. jack, ail. jache. Ce vêtement jargon et jars, en l'entendant ainsi com-
:

militaire aurait, d'après une conjecture de prendre le jars quand il caquette. — Nous ci-
Ducange, reçu son appellation de Jacques, terons encore pour mémoire quelques autres
nom d'un clief militaire de Beauvais vers conjectures émises à propos de ^aj'^on. Covar-
1358. — B. jaquette, angl.jacket. ruvias et Le Ducliat pensèrent à grœcus (le
JAQUELINE, espèce de vase ou de bou- grec pris pour type d'un langage incompré-
teille. De Jacqueline de Bavière, comtesse de hensible); Ménage eut assez d'habileté pour
Hollande, qui, prisonnière à Teilingen, s'amu- démontrer la filiation qui relie jargon à bar-
saità faire de petits vases de terre. Histoire à baricus! Enfin, Génin s'est efforcé de prouver
vérifier. que la lingua gerga des Italiens vient du gr,
JAQUEMART, figure de métal qui repré- urjOi-., ce serait ainsi la langue sacrée, c.-à-d.
sente un homme armé, frappant avec un mar- la langue secrète connue des initiés seulement.
teau les heures sur la cloche d'une horloge. C'est bien là une étymologie par antiphrase !
JAR 291 JAU
Lo jargon, langage do l'Olympe A part ! employé pour exprimer l'accouplement du
d'autres objections à faire, comment accorder jars, donne lieu à supposer un radical primitif
avec cette étymologie le g final, car pour lej jarg. Mais ce dernier n'est pas plus facile à
ou g initial on aurait au besoin le précédent expliquer que jars. Le terme nord, gassi signi-
de Jérôme, Jéruialem, jusquiame, jacinthe. fiant à la fois jars et barboteur, caqueteur, on
— D.jargonner {C&lw'm gergoiiner). est amené, par l'analogie, à rattacher aussi la
JARNAO {coup de). Cette expression tire forme romane au latin garrire, conservé,
son origine, d'après l'abbé Le Laboureur, du selon Diez, dans le verbe angl. Jar, faire du
combat singulier de Guy de Chabot-Jarnac bruit, se quereller. —
D'autre part Du Cange,
et do François de Vivonne de la Châtaigneraie, au mot jasia, cite jas comme synonyme do
qui eut lieu dans la cour du château de Saint- coq, et dans le Maine, on trouve la même
Germain en Laye, le 10 juillet 1547, et dans forme pour signifier une oie mâle. Cette forme
lequel le roi Henri II s'intéressait beaucoup jas s'accorde fort bien avec le nord, gassi que
en faveur de la Châtaigneraie. Jarnac, quoi- je viens de mentionner, et fournit aussi l'éty-
que affaibli par une fièvre lente qui le consu- mologie la plus acceptable du verbe jaser. —
mait, renversa son adversaire par un revers Frisch identifiait ^ç'ars, oie mâle, avec gars,
qu'il lui donna sur le jarret et qu'on a depuis garçon. —
Pour nous résumer, nous avons à
appelé le coup de Jarnac. choisir entre 1 un type jarg d'où jargauder,
: .

1 . JARRE, grandvaisseau de terre vernis- jargon, mais dont la provenance reste obscure ;
sée, angl. jar, it. giara, esp., port., prov, — 2. un radical gar, revêtu d'un s nomina-
jarra, aussi cat. gerra, prov. guarra (formes tival, = L. garrire; —
3. un radical gas
masc. it. /ymrro, esp., port. Jarro); de l'arabe = nord, gassi (d'où jaser), avec insertion
djarrh, vase à eau. d'un r.
2. JARRE, poils longs et durs, qui recou- JAS, t. de marine ; d'origine inconnue,
vrent le duvet soyeux de certaines pelleteries. JASER, vfr. gaser, prov, gasar ; du subst.
Origine inconnue. Atzler propose le vha. jas ^=jars {V. c. m.). D'autres ont pensé à l'it.
harra, hara, cilice, mais il n'y a pas corres- gazza, pie, mais cette langue non seulement
pondance entre h ail. et ^' fr. Il cite aussi angl. n'a pas le verbe gazzare, mais, existât-il, il
gare, laine grossière aux pieds des moutons ; eût produit en fr. gacer et non pas gaser,
celui-ci conviendrait mieux comme étymologie jaser. La forme gaser parait avoir donné le
de jarre (écrit aussi jars;, qui s'applique par- dimin. gaziller* , gazouiller (v. c. m.). D, —
ticulièrement à la toison des moutons. — jaseur, jaserie.
Angl. gare étant traduit en gallois par gwlan JASERAN, anciennement une espèce de
gario, laine inide, Bugge (Rom., IV, 362) con- cotte de mailles, puis collier d'or formé de
jecture que gare est d'origine celtique. Ou mailles, bracelet en forme do chaine, chaîne
bien, poursuit le judicieux étymologiste, fr. d'or à très petits anneaux. Ce mot est le même
jarre vient-il plutôt de l'esp. xaro, jaro, qui que l'it. ghiazzerino, esp. jaccrina, port. ;a-
se dit du cochon semblable au sanglier par la zerina, prov. jazeran, \ir.jazcrant,jazcrenc.
rudesse de ses poils? Littré (II, p. 2609) pense C'est propr. un adjectif, =
(^ui est fait de
que notre mot pourrait être identique avec mailles, cp. esp. cotajacerina,v{v. haubercjaze-
jarre, nom d'une herbe (la cuscute) qui enve- rant. Le Duchat dérivait le mot de VaW.ganz-
loppe les autres plantes et se roule autour, rinc (tout anneau), mais ce composé n'existe
mais dont l'origine est inconnue. pas; Reiffenberg, àa jaque acei'in =
jaquette
1 . JARRET, = lat. poples, vfr. garret, it. d'acier; Chevallet, de lall. eisern, de fer. Diez
garretto, esp., port, jarete. Dérivé du cymr. rappelle d'abord le mot esp. jazarino, algé-
gâr, cuisse, breton gar, os de la jambe. — rien, de l'arabe gazaïr, Alger (Covarruvias
D. jarreter, jarretière [dïal.jarticr, garticr, afiîrme que les meilleures cottes de mailles
d'où angl. gartcr). venaient d'Alger) puis il cite un passage du
;

2. JARRET, poisson, le Sparus smaris de Willehelm de Wolfram, où il est dit que le


Linné, Smaris vulgaris de Cuvier, que Littré roi de Barbarie portait un haubert travaillé à
a placé sous la rubrique de jarret lat, = Jazeranz.
l)oples, n'a rien de commun avec ce dernier. JASMIN, it. g esmino, esp. jasmin; c'est le
Voici, d'après une étude très détaillée et scien- môme mot que Yarahe jasamun, qui toutefois,
tifique sur ce nom ichthyologique, faite par lui-môme, est d'importation étrangère, selon
J. Banquier, Rom., VI, 266-9, l'étymologie de Freitag.
jarret Il remonte au lat. gerres, gierres JASPE, gr. taîTTt;, L. iaspis (d'origine orien-

-.

(Pline, XXXII, 53, 5), d'où fr. gerre, jarre, tale). jasper.
l).

dim. jarret ; à Marseille giarret; d'un dim. JATTE, pic. gâte, novm. gade, jade, ït. ga-
lat. gcrrulus', se sont dégagés fr. gerlc, vctta, esp. gabata, du L, gabata, m, s. (cp.
jarle', di!oii gerllet, garrlet, jarlet. Toutes ces dette de débita). Le mot jadeau de Rabelais est
formes sont examinées, justifiées et localisées le dim. de jade, forme normande de jatte. —
par M. Banquier. —
Sachs consigne, avec la D.jatlce. —Voy. aussi joue.
valeur de Sparus mœna et comme provincia- JAU, nom vulgaire du coq dans quelques
lisme du Sud, la forme jara^ provinces, p. gau; ce dernier, ^^ gai. vient
JARRETIÈRE, voy. jarret. du L. gallus. Le même mot signifiait aussi
JARS (Nicot jar), pic, gars, bret. gars, robinet; ce qui rappelle le terme allemand
wall. gear, oie mâle. Le verbe jargauder. hahn, signifiant à la fois ceq et robinet.
JA.V 292 JET

JAUGE est le primitif, ou le subst. verbal de javrelot,glavelot ; bret. gavlod, mha. gabilot,
jauger [\. c. m.). V. flam. gavclotc; avec le suffixe i)ic : fr. jave-
JAUGER, gauger, angl. gaiige. Les dé-
vfr. line, ït. giavelina, esp.jabalina,hi'et.javli)i.
rivations soit du
vfr. jalaie, mesure de vin, Le ]a,t'm jacuhmi ne se prête en aucune façon.
ou du BL. galo (v. pi. h. sows jalé) ne peuvent Grimm rappoi"te gavelot à l'angl. gaveloh ou
satisfaire. Uiez conjecture un type L. œqita- plutôt à l'ags. gaflac =
javelot, composé,
Uftcare, c.-à.-d. rapporter à une
égalificr, d'après lui, du nord, gefja, =
lance, et de
mesure modèle. De ce type a régulièrement l'ags. /«c, jeu. —
Pott propose une dérivation
pu se produire par syncope ime forme égal- de l'irl. gabhla, lance. Diez incline également
ger (cp. vfr. niger de nidificaré)-^ de là se pour l'ags. gaftàc ; seulement il préfère y voir
déduisent naturellement égauger, ganger, et le cymr. gafi-acli, =
lance à plume. Les for-
enfin yaK^er. Cette ingénieuse étymologie ne mes gaverlot, garlot lui semblent être des
laisse rien à désirer quant à la régularité des altéi'ations sans importance étymologi(]ue.
transformations supposées (les formes rouchi — Diefenbach l'ange les mots germaniques
cauque, gaiique, comme observe M. Diez, cités dans la même catégorie que le germ.
accusent un thème immédiat cale, qui peut gabel, fourche, et le vfr. gaffe, longue perche
fort bien avoir été contracté de calfc) ; et en avec un croc. —
Littré « Javelot ne tien-
:

ce qui concerne le sens, on voit de même le drait-il pas à javelle ? et si javelle vient du
L. œquare donner naissance à l'ail, eichen L. capulus, poignée, javelot ne pourrait-il
= jauger, nécrl. ijke^i (Kiliaen >jche,jcchc, : pas, à l'aide d'un diminutif, venir du BL. ca-
vasis mensura et capacitas; signum sivc nota pulus, capilum, branche taillée? » Toblcr —
justse mensurse). Si œqualificare peut être (Kuhn, Zt.schr., XXIIL 418) part de la forme
établi comme le type àejavger, il n'y aurait glavclot, dim. do glaive, lance ", d'où s'ex-

pas à douter plus longtemps quant à l'ori- pliquent toutes les autres. L'r est éj)onthé-
gine de jalon, dont le radical répondrait à titjue dans les anc. formes gavrelot, gaverlot,
un type latin œqiialis; pour l'aphérèse de la garlot (Rom., VI, \b(\). G. Paris combat cette
syllabe initiale, cp. le mot mine. Diez pro- — étym. pour des raisons tenant à la fois à la
pose encore pour jauger, comme tout aussi forme et au .sens.
acceptable, le L. qualificare, d'où calf'care, JAYET, \oy. jais.
cal'cure, etc.), au sens de fixer la qualité, les JE, vfr. eo, ieo,jeo,jo, prov. ieu, eu, it. io,

conditions d'une mesure. —


Mon opinion est esp. go. Du L. ego, syncopé en eo.
que jauge ou gauge signifiait en premier lieu vfr. Johan, Jehan, du h.Johannes.
JEAN,
une verge à mesurer et a pour radical le Il estcurieux de parcourir l'histoire de ce nom
morne gai on j al d'où procède Ja/o», perche de baptême à travers les langues modernes.
d'arpentage. Le type serait gaUca on jalica. Disons d'abord que le gr. 'iwâvwj,-, L. Johan-
Quant au radical gai, on peut le rapporter nes, découle de l'hébr. Jochanan qui signifie
soit au breton gxcalen, perche, ou au goth. « Jéhovah est clément » (cp. ail. Gotthold).
valus, bâton, ou enfin au lat. vallus, pieu, Les Allemands disent généralement Johann,
échalas (voy. gaule). —
Littré incline pour puis, par aphérèse de la syllabe hûûa.\e,Uan-
l'étymologie jalc (v. c. m.), dans la supposi- ncs, îfajj*; les Néerlandais contractent le mot
tion sans doute que le mot s'appliquait dès en Jan, les Anglais en John (élision de l'a).
l'origine au mesurage de la capacité, ce qui Les Espagnols en ont fait Juan, les Portu-
est à vérifier. gais Joao, les Italiens, par élision de h rem-
JAUNE, vfr. et pat. gaine, jalne, gaune, placé par V (cp. jwuvoir, glaive, etc.), Gio-
gane. Du français jalne vient esp. et port. vanni, les Russes Iwan. —
Dérivés Jeanine, :

jalde. Le mot représente le L. galbinus (gaW- Jeannette, Jeanneton. —


Le dérivé Jeannot
nus), jaune verdàtre. La forme it. giallo, par est employé souvent pour désigner un sot, un
contre, découle du vha. gela (nha. gclb). — homme simple (cp.CTai«c/e, Colas, Benoît, etc.);
D jaunâtre, jaunir, jaunisse, jaunet.
. on se sert dans le même sens aussi de Jean-
JAVART, tumeur chez les chevaux et les nin ou Janiii (anc. aussi Jenin).
bœufs. Ménage invoque pour type l'équivalent JÉRÉMIADE, de Jérémie, le prophète juif,
it. chiavardo (auj. les It. disent ^'mrrfa), qui auteur des Lamentations sur la captivité
vient de chiavo, L. clavus, fr. clou. Cette éty- d'Israël.
mologie est douteuse. JÉSUITE, anc. jesuiste, religieux de la
JAVELINE, voy. javelot. Compagnie de Jésus. —
D. jésuitique, jésui-
1. JA"VELLE, prov. guavella, \wvt. gavela, tisme. — Jésuite dans quelques pro-
est aussi
esp. gavilla, BL, gavella; d'un type latin vinces le nom vulgaire de dindon, parce que
capellus, p. capulus (capere) =
poignée. La l'on attribue aux Jésuites missionnaires de
forme masculine s'est communiquée au n. l'Inde l'introduction de cet oiseau en Europe.
prov. gavel, pic. javiau, anc. fr. javeaii. — JÉSUS, nom d'une sorte de papier, qui por-
L'étymologie garbeUe[àe gerbe.) est arbitraire. tait autrefois pour marque le nom de Jésus
— D.javeler, enjaveler. ([. H. S.).
JA"VELLE (eau de), de Javelle, nom d'un
2. JET, subst. verbal àe jeter.
moulin près de Paris, où cette eau se fabri- JETER, vfr. gieter, giter, prov. getar, gitar,
quait en premier lieu. it. gettare, gittare, esp. jitar, aussi ecliar
JAVELOT, formes anciennes gavelot, ga- : (p. j ecliardu h.jactarc, ou plutôt, puisque
y.,

verlot, gaurelos, garelos, garlot, gaurlot, la mutation de a en e ou i se remarque dans


. .

JOG m) — JOU
tontes les brandies du domaine roman et quo ruption de Jacques; je n'oserais pas toutefois
iactare ne peut faire en it. gettare ou gittarc le poser sérieusement comme source do jo-
(comme l'observe Diez), du composé ejectare crisse! Le champenois a un terme/o^'ue^us =
[vsiiaque aïepta). Pour l'apliérôse de la syllabe dupe. Je le retrouve dans Godefroy, sous la
e, voy. tnine et jauger. —
Cette étymologie rubrique joques sus et traduit par jocrisse.
do Diez est contestée et contestable selon ;
— En wallon, je trouve jobrise nigaud, =
Cornu (Rom., Vif, 354), Vi radical dans les jocrisse, lequel accuse un thème job (voy.
formes romanes est l'effet de la môme action jobard). Quoi qu'il en soit, la formation du
de la consonne _/ qui précède, qui a produit en mot est bizarre.
fr. gist gît de vfr. gésir L. jacëre. = — JOIE, vfr. goie, port., prov.Jom, it. gioja,
D. jet, it. geto, prov. get; jetée, it. gettata; esp. joga. En esp. et port., le mot ne signifie
jeton (v. cm.). Composés déjeter, forjetcr, : que joyau, en it. à la fois joie et joyau. Du L.
rejeter, surjeter. gaudia, plur. de gaudium. Le type dérivatif
JETON, it. gettone, dér. àe. jet [\oy. jeter). gaudiellum a donné les formes it. giojello,
On simplement
disait jadis aussi gettoir, et esp.jogel, ^vo\.joiel, néerl.juioeel, ail. juwel,
giet, get. Les jetons servaient à calculer, ils angi.jetcel, vfr. joël, à'oh joyau. Le BL. Jo-
remplissaient donc les mômes fonctions que cale = joyau repose sur une fausse relation
les calculi des Romains, ou les t^vjjj^t des avec Jocus, jeu. Le v. flam. avait, dans le sens
Grecs. do joyau, également le mot simple, c.-à-d. la
JEU, prov. juec, esp.juego, it. giuoco, du forme joye (Kiliaen). —
D. joyeux.
h.jocHS (cp. lien, feu, queux, de locus, focus, JOINDRE, du L.jiingere{cp. oindre, poin-
coquus). dre de ungere, p)ungere). —
D. joint, L. junc-
t\is\ jointure, L. junctura.
JEUDI, giovedi, du L. Jovis dies; en
it.

prov. dijous (aussi jous tout court) dies = JOINT, substantif, voy. joindre. D.jointe; —
Jovis. vorbo jointoyer
JEUN, vîv.jeiln (employé comme adjectif), JOLI (vfr. jolif, fém. jolive) ; la significa-
du h.jejunus ; snhst. jei'me, du L.jejuninm; tion première de cet adj. était gai, joyeux,

vorhejeiiner, h. jejunare, it. giunare /plus galant, qui est encore le sens de l'it. giulivo
souvent di-giunarej, prov. jeonar; de là fr.
et de Vaxïgi.jolly. De là s'est déduite celle

déjeuner {y. c. m.), pr. rompre le jeune. d'agréable, qui plaît, gentil. Les étymologies
jovialis etjoculivus (vocable imaginaire tiré
JEÛNE, JEÛNER, voy. jeun. dejocus) n'ont rien de sérieux. Les linguistes
JEUNE, \{r. jouene [oue formant diplithon- sont d'accord auj. pour rattacher le mot au
gue), it. giovane, du L. juvenis. — D. jeu- nordique jol, qui désigne les fêtes et les fes-
nesse ; ajeunir' rajeunir.
,
tins solennels qui se célébraient vers l'époque
JOAILLIER, dérivé du vfr. joail (voy. du solstice d'hiver ou de Noël, époque toute
joyau). — Y), joaillerie. consacrée au plaisir. En suéd. et dan. jul (eu
JOBARD, niais, crédule; d'où subst.jo&ar- angl. yule) signifie fête de Noël. D. vfr. —
dcrie. D'après Génin, ce mot, comme nom de joliver, s'amuser, festoyer ; Jo^zy êtes, babioles,
famille, estune forme variée de Jobert, Jau- gentillesses, pr. petits cadeaux de fête ; enjo-
bcrt, lequel viendrait du bas-latin jobago, liver ( cliamp.j olloyer).
jobagio, >in esclave appliqué à la culture du JONC, h.juncus. —
D. joncher, pr. parse-
sol. Comme terme d'injure, le linguiste fran- mer do joncs les nies par oii passaient les
çais le rattache, de même que jobelot,gobelin, processions religieuses. On a plus tard fait
jobet, au personnage Job du Vieux Testament, abstraction de l'idée jonc en disant joncher :

dont la patience et la longanimité prover- de fleurs, d'herbes, voire de morts; cp.


biales auraient donné lieu à prendre ce nom vfr. glagier, joncher, de glay. De jonc —
comme im équivalent de niais, dupe, homme viennent encore ijonchaie, jonchet, jonchère,
prêt à tout endurer. —
Le v. flamand a le jonquille (v. c. m.).
mot jobbe =: insulsus, ignavus, obtusus homo ;
JONCHER, voy. jonc. — D. jonchée.
je pense que c'est ce dernier qui a fait naître JONCTION, L.junctio (jungere).
vfr. jobe, m. s., et las dérivés jobet, jobard, JONGLER, v{i\jogler,jugler, v^aW. jongler,
jobelin, jobelot, et qu'il n'a aucune affinité du L.joculari, jouer, plaisanter. Pour la na-
avec le nom du patriarche juif. Je rapporte au salisation du radical .;oc, cp. chami). joncher
même mot flamand l'ancien verbe jober, (jouer) de jocari. —
D. jongleur, vîr.jogleor
railler. (au nomin. sing.joitglère), d'on jonglerie.
JOCKEY, mot anglais, dérivé de Joch, forme JONQUE, esp., \)ort.junco, it. iu7ico [vénit.
variée de Jack (fr. Jacques). zonco) ; du chinois tchouen, bateau
JOCRISSE, benêt je ne connais pas l'ori- JONQUILLE, it. giioichilia, es'p.junquillo,
;

gine de ce mot populaire on pourrait au;


en botanique 7iarcissus juncifolius ; diminutif
besoin le rapporter au L. jocari, ou plutôt de^onc, h.juncus.
direct. Wava. jocken, nugas agere, ang\. johe, . JOTTE, voy. joue.
plaisanter. La première signification, cepen- JOUBARBE, vfv.jombarbe, es^.jusbarba,
dant, parait avoir été celle de valet de ferme prov. barbajol (inversion des termes), it.

qui avait soin du poulailler. Cela me rappelle barba di Giove, du L. Jovis barba. Comme —
le suisse jockeli, nom donné souvent aux gar- la plus ancienne forme est jumbarbe et que
çons de ferme dans ce pays et qui est une coi"- le nom de cette plante était, en gallois, iou,uj3a-
JOU — 294 JUC

pou// (Dioscoride, IV, 16), Littré conclut avec aussi rencontre dans un sens analogue? —
toute raison que le terme Jovis barba repose Subst. verbal joute, it. giostra, itrov.josta,
:

sur une confusion avec le terme gaulois, car justa, mha. tjost, néei'l. du moyen âge joeste
il n'y a guère de rapport entre la joubarbe et (Kiliaen porte jost impetus). = Cette —
la barbe de Jupiter. Darmesteter (Composés, étym. de joute était déjà connue de Jacques
p. 47) partage cet avis. Sylvius.
JOUE, \î\\jode,joe, angl. jaw (mâchoire, JOUVENCE', jeunesse, type latin juventia,
&nc.jowe), \t. gota, prov. gaula. Cette der- p. juventa onjuventus (ces derniers sont les
nière forme nous met sur la trace de l'étymo- types de \fr.jouvent et jouvente).
logie de ce mot ; elle procède régulièrement JOUVENCEAU, anc. joiivcncel, it. giovin-
du L. gabata, écuelle, bas-latin gavata, ccllo, diin type L.jurenicellus; fém. jouven-
contracté en ganta (cp. parabola, paravola, celle.
paraiila, jmrole). Le rapport logique entre JOUXTE, anc. préposition (voy jouter), . du
jatte et joue est conforme à ces comparaisons h.juxta.
bizarres que fait le peuple entre certains ob- JOVIAL vient directement, je pense, de Vit.
jets et les parties du corps (cp. tcte de testa), gioviale. Quant à on le rapporte
celui-ci,
Le type latin gabata{d'o\\, par assimilation de communément à Giove, « Jupiter,
Jovis, it.

if, s'est également produit le subsx. jatte) est que les astrologues disent être cause de joie
encore bien sensible dans la forme brct.^^accd, et de bonheur dans les horoscopes. On ap-
joue. —
Le terme de marine Jotte cùté de = pelle une \n\meur joviale celle qui est agréa-
l'avant d'un vaisseau, doit être le même mot ble, divertissante, qui semble avoir été com-
que ganta, gota, à en juger par le terme équi- muniquée par quelque heureuse planète »
valent allemand backen joue. De mémo = (Dict. de Trévoux). Cette étym. est acceptable
jotte, un des noms vulgaires de la bette. (voy. sournois) ; cependant, je suis d'avis que
JOUER, prov. jogar, it. giuocare, csp. la création de l'adj. giovale peut avoir été
jugar, du h.jocari (jocus), — Ti. jouet; jou- influencée par une fausse relation avec Giove,
jou, mot enfantin ;
joueur, jouailler, jouer mais que le mot dérive en réalité du verbe
petit jeu.Composés déjouer, enjoué. : giocare {L.juvare), qui signifiait, du temps
JOUFFLU, mot de fantaisie, pour lequel les de Dante, aus.si bien « faire plaisir " qu'aider
mots joue et enfler ou //o^î^er paraissent avoir ou être utile. On bien y aurait-il au fond
fourni les éléments. Ou bien joufflu serait-il l'idée de juvénile et le mot serait-il issu d'un
\wuvjouffu, et ce dernier arbitrairement tiré thème giove, jeune, comme giovina, giovi-
déjoue ? nettot — H. jovialité, it. giovialità.
JOUG, giogo, es^t.jugo, du h.jugum;
\t. JOYAU, vfr. joel joail, voy. joie. — D,
cp. iiW.joch, angl. yohc; même radical que joaillier.
iiigere' jungere, (v. joindre. JOYEUX, it. gioioso (Dante a la forme plus
,

JOUIR, vfr. joïr, goïr, it. godere, gloire, \at\neg audioso), \oy. joie. D.joyeusetc. —
yivov gausir, jauzir (cp. aussi fr. segaudir),
. JUBÉ; la partie de l'église ainsi désignée
du L. gaudere. —
D. jouissance, esjouir', tient .son nom de ce que les chanoines pu les
rejouir. diacres y adressaient au célébrant les paroles :
JOUR, vfr. et prov. jorn, it. giorno, de Jubé, Domine, bencdicerc. Telle est l'expli-
l'adj. latin diurnus (diies):^ cp. les subst. ma- cation que je rencontre chez Ménage et Roque-
tin, s»ir, hiver, t'ivés, de même des adj. L. ma- fort et qu'approuve Littré. Il faut, jepense, —
tutinus, serus, hibemus. — D. journal, L. considérer comme indépendante de notre jubé
journe'e
à\\xvïïa.\e\ =
durée d'un jour, travail la locution venir à jubé, se soumettre par
d'un jour (en angl. journey signifie voyage, contrainte; serait-ce en venir à dire à l'adver-
pr. le chemin fait dans une journée) ;journer saire -jubé, ordonne, je ferai tout ce que tu
:

(resté dans V aà\erhe journellemait), ajour- voudras »?


ner, séjourner (v. c. m.). JUBILE, Tprov.jubiîeu, du L. jubilœus an-
JOURNAL, it. giomale, voy. jour. D. — nus (gr. tu6/]>at5;), année jubilaire; dér. de \hé-
journalier ; journaliste, -isme. hreujobel, pr. bruit de fête). D. jubilaire. —
JOUTER (mieux sevaxt jouter). La préposi- JUBILER, it. giubilare, esp. jubilar, ail.
tion latine^ua^to {vadi. jug jungere, donc pr. , jubeln, du L. jubilare, pousser des cris de
= joignant) s'est romanisée en it. giustq, joie. Festus jubilare est rustica voce incla-
:

giusto, prov. josta, vfr. jouste, joste (les sa- mare; Varron ut quiritare urbanorum, sic
:

vants du xvi" siècle disaient jouxte). De là jubilare rusticorum. —


h.jubilaiion, L. jubi-
s'est produit le verbe it. giustare, giostrare, latio.
csp., ^ovt. justar, ipr ov. jostar, justar, fr. JUC, subst. verbal àejucher.
joster', juster, jouster', auj. jouter. Ces JUCHER ; ce verbe français n'est qu'une va-
verbes signifient d'abord réunir, assembler, riante de jouquer, joker (angl. jicke), que l'on
puis particulièrement se rencontrer à la lutte, trouve dans les dialectes du nord avec le sens
au tournoi. Le premier sens s'est conservé de croupir, rester en place sans bouger; en
:

dans les composés fr. ajuster et ajouter (prov. rouchi aussi =


se reposer, et tarder, séjour-
ajostar) Quant à la deuxième acception, toute ner longtemps dans un endroit. Voy. aussi
chevaleresque, on peut rapprocher les mots Godefroy au mot joquier. Je ne connais
assembler, approcher, anc. combattre = pas l'origine de ces mots ; bien certainement
{assemblée =
combat), et ne disons-nous pas ils ne viennent ni de mcere (quoique le par-
JUM — 295 JUS

fait jacui se soit francisé entiez), ni. comme le JUMEAU, (ém. jumelle,gemel, gémeau
vfr.
pensait Ménage, dejuf/iirn au sens de perche (d'où gémeaux, t. du L. gemel-
d'astronomie),
mise en travers. Pour plusieurs de ces signifi- lus, dim. do geminus). —
D. jumelles, nom
hukken, ail. Iwcken, être
cations, le néerl. d'objets divers, impliquant tous une idée de
accroupi, conviendrait quant au sens, mais h gémination ; vevhe jumeler.
ne correspondent pas; cette éty-
ail. et j' fr. JUNGLE; mot indien, sanscrit, jangala,
mologie, toutefois, convient à la forme nor- désert (Littré).
mande hucher. —
S'il est difficile d'identifier JUMENT, du L.jumentum {p.jug-mentum),
ce verbe français avec le germanique hukken, bête de trait, surtout chevaux, mulets et ânes
Jtochen, peut-être, pensait Diez, en découle-t-il en latin du moyen âge =
cavale.
;

par l'intermédiaire d'une forme composée ge- JUPE, ang\.jub,jumb, it. giubba, giuppa,
hukken. Notez encore la forme berrichonne esp. aljuba, prov. jupa, de l'arabe al-djubbah,
gucucher, subst. gucuche. — Baist (Ztsclir., vêtement de dessous en coton (voy. Golius,
VI, 425), comme Ménage, place le subst. juc p. 460 et Freytag I, 238»). —
D. jupon,
dans la fomille de jugum et rappelle goth. et it. giubbone, esp., pvov.jubon; viv.jupel. —
xà.juk, vha. juh, pour la forme, et pour la L'allemand a tiré de la même source son mot
valeur, le nord, oki, « barre transversale en schiiba, auj. schaube.
bois ». —
D.juc (anc. aassi jouc\ action de JURER, L.jurare, faire sermeat. Dejura-
jucher; juchoh'. Composé déjucher. : tus, participe à sens actif, vient juré, as- =
JUDICATURE, du BL.judicatura = digni- sermenté. —D. jurement, L. juramentum;
tas judicis. juron, jury, corps de jurés (mot d'importation
JUDICIAIRE, L.judiciarius (judex). anglaise).
JUDICIEUX, d'un type latin judiciosus, = JURIDICTION, 'L.juris-dictio, litt. action
qui fait preuve de jugement (judicium). de prononcer le droit, de dire la justice à ce ;

JUGE, angl. juclge, prov., cat. juge, du L. subst. latin correspond l'adj L.juri-dicus,{v.
.

judex, judicis ; verhe juger, L. judicare. juridique.


JUGER, voy. juge. —
D. jugement. JURISCONSULTE, L. juris-consultus, litt.
JUGULAIRE, du L. jugulum, gorge ju- ;
qui s'entend en droit.
guler, L. jugulare, = égorger. JURISPRUDENCE, L. juris-prudentia, de
JUIF. prov. jus-zew, cat. jueu, it giudeo. l'adj. j urisprudens mot de la décadence,
,

du L. judœus, devenu d'abord judeu, puis synonyme des expressions cicéroniennes^'Mris-


jueu, juev, juif. Il faut remarquer qu'en vfr. peritus ou juris-consultus.
juif était de deux syllabes on y trouve aussi
; JURISTE, mot savant, mais très ancien,
le iémin. jidse, et au cas obliqvie du sing., tiré dejus,juris, le droit; cp. légiste.
juïs, mais ces formes accusent un type judi- JURY, aussi juri, voy. jurer.
cius. Voici, d'après Suchier, la succession 1. JUS, subst., angl. juice, du L.jus, m. s.
des représentations françaises du lat. judœus: — D. juteux. Le t dans ce dérivé pourrait être
En premter lienjuïu (cp.Mathseum Mathiu, euphonique, comme dans cloutier, cafetier et
caecum du, grsecum ^rn<) de ce masc. s'est ; autres, mais je pense plutôt qu'il a sa raison
dégagé le îérmmn juiue, juwe ; de là, par ana- dans le génïtïî jutis, que L.jus doit avoir eu
logie, comme s'il s'agissait d'un adj. en ivus, dans le temps, à juger d'après Jean de Gênes.
s'est produit un nouveau masc. jnïf, con- 2. JUS, ancien adverbe, =
en bas, anc. par
tracté en juif. Voy Grôber, Ztschr., VI, 438. terre, prov. jos, anc. esp. diuso, yuso, it.
— D juiverie. giuso, == directement du BL. jusum. Cette
JUILLET, vfr. juinet, juignet, c.-à-d. le îovm.e j usum, procède régulièrement du clas-
deuxième moisdejuin; on trouve de même en sique deorsum, devenu d'abord deosum (cp.
sicilien giugno, juin, giugnetto, juillet. Dans en latin hœsi p. hcersi, susum p. sursum,
la suite, pour accorder le terme juinet avec dossum p. dorsum), puis djosum, enfin
le L. julius, on le transforma en juillet; ce josicm, jusum [cp. jusque de de-usque, jour de
n'est qu'ainsi que s'explique la forme diminu- diurnusi. —Les Wallons disent encore àju
tive donnée au nom de ce mois. L'ancienne — p. en bas; à Valenciennes on entend dire mete
langue disait aussi jule,juil,juilot. jus p. jeter à terre.
JUIN, L.jimius. —
D. juinet * (voy. l'art, JUSANT, marée descendante, dér. proba-
préc). blement de l'adverbe Ji<5 (v. c. m.).
JUJUBE, du L. zizyphum (du gr. ^î^u^jv) JUSQUE, d'un type latin de-usque, combi-
csTp. jujuba. — D. jujubier. ;

naison analogue à celle de de-foris, de-


JULEP, it. giulebbe, esp. julepe, de l'arabe intus, etc. Pour la forme romane, cp. l'adv.
djolab, pr. eau de rose. jus de deosum. La vieille langue présente
JULIENNE, sorte de potage; d'abord « po- aussi les formes jesqua p. juesque, puis dus-
tage à la Julienne " ; l'origine de l'expression, que, et usque tout court. Le provençal a
qui n'apparaît qu'au commencement du xviii'' duescasetjuscas. L'orthogvaphej usq ues , avec
siècle, est inconnue. Vs final des adverbes, est plus conforma au
JUMART, gemart;
ce vocable tient-il
aussi génie de la langue française.
au L.jicmentum? ou, comvae jumeau, au L. JUSQUIAME. L. hyoscyatnus, gr. ùiif.'jt'xoi,

geminus (animal à double nature)? Nous n'en litt. Végèce présen-


fève de porc. Pallade et
savons rien. Le languedocien gimere, gime- tent déjà la forme jusquiamus.
roû, dit Diez, fait penser à chimœra. JUSSION, L.jussio (juhere).
.

LA — 296 — LAB

JUSTE, L. ji'.stns, pr. conforme au droit tice était traité parfois avec un sens conci^et, et
(Jus). Du
sens moral «' exact » s'est produit le juge ou justicier; cette valeur est
signifiait
sens physique étroit, serrant » (do là juste,
•• encore propre à l'angl. justice dans Lord chief
nom d'un vêtement, et son composé p'stmi- justice, le prcmiei' Y>vés'\àent, a justice ofthe
corps). Le snbst. \aùn Jitslitia s'est francisé do peace, un juge do paix. Les mots patois /o/stf,
deux manières, dont l'une appartient an lan- juïsc (champ.) =
justice, juiser (picard) =»
gage savant, l'autre au fonds commun, à la poursuivre un débiteur, no viennent pas do
première couche de la langue c'est ainsi que
; justiis et encore moins de juif, comme
nous avons justesse et justice, chacun réservé a cru l'abbé Corblet, mais du L. jialicium,
à des applications spéciales. Justesse se rap- jugement, qui au moyen âge s'employait
porte ajuste, commo f/cntiJlessc à. gentil, c'est pour juridiction, droit de justice, tribunal,
le nom de la qualité d'une chose qui est juste; et qui a donné le prov. judici, jusizi,juisi,
la iovr(\ejustice exprime plutôt, comme le latin esp, juicio, port, juizo, vfr. juïse, juge-
justitia, la qualité d'un homme juste ou cher- ment.
chant à d'un état,
l'être; l'un est l'appellation JUSTIFIER, h.justificarc. D. justifica- —
l'autre, d'une vertu morale. Il va de soi que tion, • atfur, -atif.
nous n'entendons pas épuiser ici la définition JUTEUX, soy.jus.
des deux termes. JUVÉNILE, L. juvenilis (juvenis). —
JUSTICE, voy. juste. —
D. suhst. justicier, D.juvrnilitr.
d'un type hit'm justitiaHus; vevhe justicier, JUXTAPOSER, terme introduit par les phy-
rendre la justice, punir, ù'oii justiciable, sou- .sicicns, du L.jtixta, à coté, ot posa*; subst.
mis à une juridiction. — En vfr. le subst.^'jw- juxtaposition.

K
KAKATOES, aussi cacatou, cacatois, nom solennitas dodicationis templi; plerumquc ker-
fait d'a])rùs le cri de ces oiseaux. misse dicitur do yxpwitÙJOf agaudio nempe et
KALÉIDOSCOPE, voy. calêïdoscope. Uetitia. « J'ai de la peine à croire que cette
KALI nom de la plante (soude) dont les dernière interprétation ait jamais pu sérieuse-
Arabes ont premiers retiré
les le sel végétal, ment être donnée à kermesse; cp. aussi, à
qu'ils appelèrent al-cali. l'appui de l'étymologie reçue, le terme hen-
KALPAK ou liolbah, sorte de bonnet, du nuyer ducasse, à l'art, dédicace.
turc kaljittk, bonnet en fourrures. KILO-, p. chilio-, mot numérique, servant
KANDJAR, sorte de poignard ; mot arabe, d'élément initial dans la composition dos ter-
signifiant coutelas. mes du système métiùque français il équi- ;

KANGOUROU; l'animal et son nom nous vaut à mille et vient du gr. yC/ioi mille;=
viennent d'Australie. p. ex. kilor/ramm,e = mille grammes.
KAOLIN, sorte d'argile blanche; mot chinois. KIOSQUE, du turc hieusjk, pavillon de jar-
KARAT, voy. carat. din, belvédère.
KÉPI, d'origine inconnue; selon toute pro- KIRSCH-WASSER, mot allemand =eau de
babilité une transformation de l'ail, happe, cerises; on dit aujourd'hui généralement
casquette.! de la même famille que chapeau) \
kirsch tout court.
en Suisse on a le dim. kuppli, kdppi. KNOUT, mot russe (d'origine tartare), .signi-
KERMÈS, de l'arabe qermez cochenille , fiant fouet.
(voy. carmin, cramoisi), KYRIELLE, mot
tiré de la phrase
litanie,
KERMESSE, dans les Pays-Bas et dans le grecque Kûii-: Seigneur, aie pitié «,
£/.î/jj;v, «
nord de France, le nom de la fête parois-
la qui est la formule initiale de la litanie au fig. ;

siale célébrée le jour de l'anniversaire de la = longue enfilade de paroles ennuyeuses,


dédicace de l'église. C'est un mot gâté de fastidieuses à entendre. —
Le mot a donné
hei'k-misse =
messe de l'église; cp. le terme aussi en vfr. le nom a une esp. de poésie (voy.
synonyme ail. hirch-ioeih, m. s. Kiliaen : — Littré).
« Dies compitalitius... ; vulgo festum sive KYSTE, du gr. aùtzi;, vessie, vésicule.

article» du L. illa, par aphérèse de


l.LA, 2. LA, pronom, du L. illam; cp. ja, de
la syllabe initiale. L'anc. langue présente jam ,

aussi bien le que la, tant au nom. qu'à l'ace. LA, adverbe, prov. la, lai, it. là, esp, alla,
sing. Le est une forme sourde où viennent du L. illac, de ce côté-là.
aboutir à la fois les formes distinctes an- LABEUR, anc. aussi labour, travail, peine,
ciennes lo, la et H. Si le n'est plus aujour- fatigue, du L. labôrem. —
D. labourer,
d'hui que masculin, ce n'est là qu'un effet do anciennement travailler en général, et spécia-
l'usao-e. lement travailler la terre fsvnon. du vfr. arer
. . .

LAC — 297 LAI

= L. arare), du L. laborarc, travailler. Au- LACTATION, L. laclatio (lac, lactis), allai-


jourd'lmi labourer ne s'applique plus qu'au tement.
travail agricole, d'où s'est déduite en seconde LACTÉ, L. lacleus (lac, lactis).
ligne l'acception : remuer, sillonner (p. ex. le LACUNE, du L. lacuna, marc, bourbier,
canon laboure rempart). Madame de Sévi-
le puis enfoncement, cavité, vide ; l'it. a pour
gné, cependant, l'employait encore avec le le sens vide, défaut, comme pour le sens mare
sens classique neutre « être en peine, soulfrir » ou marais, les deux formes lacuna et laguna;
Kn syllabe tonique, ou de labourer devenait du dernier le fr. a tiré soii mot lagune. Le la-
régulièrement eu ; cet eu a survécu, grâce à la tin lacuna découle de lacus (réceptacle d'eau,
rime, dans l'expression proverbiale « Ku peu : bassin, lac). —
D. lacuneux, L. lacunosus.
d'heure Dieu labeurc ». LACUSTRE, du néo-latin lacustris, tiré de
LÂBIÂL, relatif aux lèvres, L. labialis (la- lacus, sur lemodèle do palustris do ^mlus
bia) en botanique, labié, pourvu de lèvres.
;
LADANUM, voy. laudanum,.
LABILE [mémoire), du L. labilis, glissant
(de labi, glisser, s'écouler, faillir).
LADRE, d'abord = atteint de la lèpre, puis
insensible, enfin avare. Ce mot correspond à
LABORATOIRE, pr. lieu de travail; de la-
l'esp. lazaro, mendiant, au pic. lazaire, pau-
borare, travailler.
vre, misérable, prov. ladre, lépreux. Peut-
LABORIEUX, L. laboriosus (labor).
LABOURER, voy. labeur. D. le subst. — être ladre, en tant quïl signifie avare, pingre,
est-il emprunté à l'it. ladro, voleur, larron,
verbal labour, action de labourer labourage,
sordide, désagréable. Quant à ladre, lépreux,
;

laboureur.
misérable, il \\ei\i de Lazar us, le personnage
LABRE, poisson, L. labrus ['/kZpoi). de la parabole évangélique (saint Luc, XVI, 1 9,
LABYRINTHE, vfr. (cas isolé) nabiriiUe; du et suiv.), comme l'a déjà remarqué J. Sylvius
gr. ly.&ùpi-^^o;.
(1531) Ladre, id est leprosus a Lazaro esse
: ^^

LAC, L. lacus, congénère avec l'ail, lâche, videtur, z in sd soluta ». On a une transfor-
mare, marais (bas-saxon lahe), néerl. lar/h,
mation analogue de sdr ou sr en dr dans ma-
lach, ags. laça, angl. lake, etc.). Voy. aussi
dré de masar, S. Ludre de S. Lusor, et cidre
lacustre.
LACER, prov. lassar, lachar, voy. lacs.
de cicera. —
D. ladrerie. De lazaro déri- —
— D. lacis, laçure ; oïlacer, délacer, entre-
vent encore it. lazzeretto, esp. lazareto
:

(d'où le fr. lazareth) et le napolitain lazza-


lacer.
rone.
LACÉRER, L. lacerare, déchirer. LAGAN, droit du seigneur sur les débris que
LACET, voy. lacs. la mer jette sur ses rivages dérivé du BL. ;

LACHE, lasclic dial. lasque, rouchi


, làJie, laga maris, droit maritime. Laga est le nord.
prov. lasc, lasch, it. lasco, duL. /aa;t«s, trans- lag, loi, statut =
ags. lag, lah, angl. law.
posé en lascus. —
D. lâcheté (v. c, m.). — Voir sur le droit de lagan le long article de
Il est intéressant de suivre la filiation des Du Gange. Cette étym. pai^ait folulée; toute-
acceptions de laxus : ample, large. dé- — fois, il est important de rappeler qu'en vfr. la
tendu, desserré, —
sans ressort, sans cou- gan signifiait essentiellement les débris jetés
rage. La dernière ne se rencontrait pas encore parla mer et, par extension destruction, ruine,
dans l'emploi classique. Notons encore — dégât.
que G. Paris (Rom. VIII, 448) considère l'adj. LAGUNE, voy. lacune,
lâche comme un adjectif verbal de lâcher (cp. 1. LAI, fém. laie (cp. ail. laie, angl. lay-
trouble, comble, etc.). man), forme plus ancienne que laïque; du
LACHER, du L. laxarc. — C'est au fond L. laïcus, gr. J.kiv.î,-, pr. qui est du peuple
le môme mot que laisser ; seulement lâcher a (>ao;), opposé à /./•/) oi/.o',-, « qui est du clergé »

pour type la forme transposée lascare, l'autre (/.)./îio^). Laïcus a donné lai, par apocope du

le mot correct lacsare ou laxare. L'it. dit las- sufiîxe atone, comme classicum a donné
ciare, pour lâcher comme pour laisser. Lais- glas.
ser, c'est l'opposé de retenir, comme lâcher. 2. LAI, vfr. lais, genre de poésie, prov. lais,

— D. relâcher. lag ; ce mot ne vient pas du L. lessus, mais


il est d'origine celtique : cymr. liais, son,
LÂCHETÉ, L. laxitatem. Ane. lascheté, mélodie, irl., gaél. laoith, poème (cymr. ai et
lasqueté s'appliquait plutôt à la lassitude, fai-
gaél. aoi se correspondent en règle générale).
blesse, défaillance dans l'accomplissement du
Diefenbach admet parenté entre le gaél.
devoir.
laoith et le goth. liuhton, chanter, qui est la
LACONIQUE,concis à la manière du par-
source de l'ail, lied (vlia. liod).
ler des Lacédémoniens, du L. Laconicus,
propre à laLaconie (Lacédémone). D.laco- — LAÎCHE (p. féc/ie), piém. lesca{^xt. lisca, fétu,

nistnc. arête), du vlia. lisca, fougère, roseau, nha.


LACRYMAL, L. lacrymalis (de lacryma, liesch. — Le mot fr. lèche, tranche fort mince,
larme) = it. llesca, prov. lesca (Faidit
lisca, cat. :

LACS représent» l'ancienne désinence


iVs particula panis), n. prov. lisco, lesco est le
du nominatif comme dans fils, corps, rets, môme mot.
etc.), it laccio, esp., port, laso, prov. latz, LAID, it. laido.pvov. lait. D'origine germa-
du L. laqueus. — D. dimin. lacet; verbe nique ags. ladh, odieux (d'où lathian, dé-
:

lacer. tester), vha. leid, mha. ZcjjY, détestable, odieux.


LAI 298 — LAM
désagréable, nha. leirl, désagréable, pénible. (voy. latte = fer-blanc, pr. lame, pièce plate.
Le vfr. avait aussi un subst. hiil, dans la lo- C'est de la même manière que l'esp. plata,
cution « faire lait à qqn. » lui faire tort. — pr. pièce plate, a pris la valeur d'argent. La
Laid a donc signifié désagréable, détestable, dénomination serait donc déduite de la forme
avant de signifier vilain; il en est de même et nullement de la substance. —
Sans vouloir
de l'ail, hdsslich, qui signifie litt. haïssable, contester cette manière de voir, nous posons
et qui est auj. généralement employé pour cependant la question est-il bien établi que
:

laid, vilain. Du sens foncier désagréable pro- BL. lato n'a rien de commun avec l'ags., angl.
cèdent les verbes it. laidare, v. esp. hisar. lead (plomb)? de plus, la forme italienne
blesser, faire mal. Ces verbes correspondent au lottonc (mutilée dans la suite en ottone, l'ini-
vha. leidon, mais l'it. Iaidire,\tYO\. et vfr. lai- tiale ayant été prise pour l'article), n'aurait-
dir, m. s., ont |)Our type direct la forme vha. elle pas de rapport avec l'ail, loth, plomb,
leidjan, ags. lâdjan. Le verbe roman, au sens BL. lotumf —
D'après M. Rossignol, notre
de blesser, à son tour, a engendré les vieux mot vient du L. luteum, œs luteum, cuivre
subst. français laidange, injure (dont la ter- jaune. J'en doute fort; car laton, qui se ren-
minaison n'est pas encore bien éclaircie, mais contre dès le XII" siècle, ne peut procéder d'un
qui peut être rapproché de celle de vidange thème lût. —
Quelle est l'origine du wallon
et de mélange) et laidure, outrage. D. lai- — laton (aussi laiton, loton), qui signifie son?
deur, laideron, enlaidir. LAITUE, L. lactuca.
1. LAIE, femelle du sanglier (BL. laha se LAIZE, largeur, d'un type latin latia'
trouve dans le Capitulare de villis, mais la (latus) ; c'est donc une variété de vfr. laÀice,
leçon est douteuse). Le mha. liche, m. s., pa- Icôssf = latitia'.
rait être le même mot. LAMA (quadrupède), nom péruvien, qui
2. LAIE, route dans une futaie, BL.
taillée s'appliquait à tous les animaux couverts d'une
lada, leda; d'après Diez, du nord, leid, ags. toison.
làd, m. s., néerl. leydc, lijde, lije, ductus, LAMANEUR procède dir. d'un verbe lama-
;

tractus, meatus. Le forme


vfr. avait aussi la ner, dont je n'ai pas d'exemple ; celui-ci du
Je'e. — De là le nom propre Saint-Germain en vfr. laman, pilote. On s'accorde à voir dans
Laye. — D. layer. laman une simple modification phonique do
LAINE,
L. lana. D. laineux, — L. la- locman, son synonyme. Quant à locman, on
nosus; lainage, -ier; verbe lainer. le considère comme une altération du néerl.
loodsman, angl. loadstnan, pilote, que l'on
LAÏQUE, aussi laïc, voy. lai.
explique par « homme de sonde » (ni. lood,
LAIS, t. d'eaux et forêts, subst. verbal de
angl. lead, plomb, sonde). Tout cela me sem-
laisser. Le même mot avait jadis aussi le
ble problématique. Pour ma part, je ne déci-
sens de legs, litt. ce qu'on laisse.
derai pas si locman, qui se trouve aussi dans
LAISSE, it. lascio, wall. Liège lahe, Na-
quelques dictionnaires anglais, est issu, par
mur lâche; \{v. aussi masc. lais; se rattache corruption, de loods-man, maisje crois devoir
au L. laxare, la laisse étant envisagée comme contester l'interprétation donnée à l'angl.
une corde « lâchement" tenue (cp. la glose loadsman. D'après l'analogie de loadstone
d'Isidore laxamina habencei. =
Au sens — (aimant), loadstar (étoile polaire), je l'inter-
de cordon de chapeau (autrefois on orthogra- prète par « homme qui conduit". Load est
phiait lesse), Diez prête au mot une origine
une modification de l'ags. lAd (angl. lead), du-
directe du néerl. litz, ail litse, cordonnet.
quel radical làd, conduire, vient le composé
LAISSER, it. lasdare, lassare, v.e^p. lexar, lAd-man, conducteur, qui répond à merveille
leixar, port, leixar, prov. laissar, valaque au vfr. laman, et pour lequel j'abandonne
lesà; du L. laxare (voy pi. haut lâcher). La
. — volontiers mon ancienne conjecture laman
vieillelangue et les patois ont en outre une = lag-man, directeur (du nord. ags. lag,
forme laier, mais celle-ci appartient au fonds ordre, droit, loi, voy. lagan). —
Je vois avec
germanique de la langue ags. laetan, goth. :
satisfaction que ma manière de voir est parta-
lêtan, v. saxon latan, néerl. laeten, haut ail. gée par un spécialiste en étymologie mari-
lazan (auj. lassen). C'est de cette forme laiei' time, M. Breusing, directeur de l'école de
que vient relayer {y. c. m.). Diez, à cause de navigation à Brème, dans son travail Die :

l'analogie du lombard laya employé dans le Sprache des deutschen Seemanns (Niedei'-
sens de lasciare, admet plutôt le lat. legare deutsches Jahrbuch, V, p. 8).
Claisser par testament) pour le primitif de LAMBEAU, LAMBEL', esp. lambel fen Berry
laier. Je ne suis pas de son avis. D. de — lambriches, franges;. Le radical lamb a été
laisser : lais, t. d'eaux et forêts (v. pi. h.); précédé d'un radical non nasalisé lab ; l'on:

laisse, terrain d'atterrissement ; délaisser (v. trouve BL. labellus, vfr. labiaii, labeau,
c. m.); relais (v. c. m.). angl. label avec le sens de « ornement frangé
LAIT, L. laCflactis. —
D. laitage, laiteux, de la casaque de guerre ". L'existence bien
L. lactosus; laitier, laiterie, laiteron. établie de ce radical lab ne permet pas de rat-
LAITE, L. lactés (plur.), m. s. — D. lai- tacher, du moins directement, lambel au
tance. L. lamberare, déchirer. Mieux vaut, surtout
LAITON, laton, leton esp. laton, alaton, , en considération de la forme lampel, propre
it. ottone (p. lotone), BL. lato, flam. latoen, au dialecte de Côme, invoquer l'ail, lappen,
est, selon Diez, dérivé du mot roman latta angl. lap =
lambeau. L'élément celtique pré-
;

LAM — 299 — LAM


sente le gaél. leab, cymr. llabcd, bret. labas- ci-dessus, tant pour la forme que pour la
hen. —Friscli identifie le BL. labelhis avec chose exprimée. —
On sait que notre mot
le L. labellum, diminutif de labrum, lèvre, s'applique aujourd'hui à toutes sortes de
bord, lisière; pour Ducange, lambellus est le découpures (v. Littré).
dim. du L. limbiis, bandeau. Je suis d'avis LAMBRIS, dérivé du vfr. lambre, boiserie,
que les deux formes, la simple et la nasalisée, revêtement. Or, lambre représente correcte-
pourraient bien être indépendantes l'une de ment le L. lamina et est une forme concur-
l'autre, se rattacher chacune à une origine rente de lame. L'étym. L. ambrex proposée
distincte, et avoir confondu leur sens. — par Dacier aurait quelque probabilité, si
D. délabrer (v. c. m.) p. délabeler, mettre en l'autre ne satisfaisait pas parfaitement. L'ini-
lambeaux. —Ascoli se prononce en faveur tiale française serait, dans cette hypothèse, un
d'un primitif latin lamber, lambeau, dont le effet de l'article. —
D. lam,brisser.
dim. lambellus conviendrait parfaitement; LAMBRUSQUE , LAMBRUCHE, LAMBROT,
mais il reste à constater l'existence de ce lam- it. lambrusca, du L. labrusca, vigne sau-
ber. vage.
LAMBEL, terme de blason, ancienne forme LAME, du L. lamina, lam'na. D. dim. —
de lambeau (v. c. m.). lamelle, L. lamella, d'où lamelle, -elleux
LAMBIN. On se plaît généralement à ratta- verbe layniner.
cher l'origine de ce mot au pliilologue Lambin LAMENTER, L. lamentari.
(du xvi^ siècle), à raison de la longueur fasti- LAMIE, poisson, L. lamia.
dieuse de ses commentaires.,T'aime à douter de LAMINER,réduire (le métal) en lame, voy.
la justesse de cette hypothèse, sans vouloir lam,e. — D.
laminoir, -erie.
contester absolument que ce soit un nom pro- 1 LAMPAS, sorte de tumeur dans le palais
.

pre qui ait déterminé l'expression. En effet. du cheval, nommée ainsi, selon les uns, parce
Lambin est une forme variée de Lambert, qu'on la guérit en la brûlant avec une lampe
comme Hubin de Hubert, Robin de Robert, et ou un fer chaud selon Morin, parce qu'elle
;

il est très possible que le peuple ait attaché à se produit dans l'intérieur de la bouche, car
ce nom propre, comme à tant d'autres, l'idée lampas se prend dans le style burlesque pour
de quelque qualité défavorable; d'autant plus le gosier, le palais. — Quant à lampas =
que le son de lam coïncide avec celui de lent. palais (« arroser le lampas »], Jault est dis-
— Je laisse à des étymologistes plus autorisés posé à le rattacher au verbe lamper, qui si-
le soin de décider s'il y a lieu de tirer une gnifie boire à grands coups, comme étant
conclusion relativement à un rapport étymo- l'endroit dans lequel on verse la boisson quand
logique entre lambeau et lambin, de ce on lampe. —
De ce lampas viendrait le terme
qu'en ail. trôdeln signifie à la fois lambiner de blason lampassé, c.-à-d. tirant la langue,
et faire le fripier. J'ai pensé que la coïnci- « que le vulgaire en quelques lieux appelle
dence était toujours curieuse à noter. Je rap- assez improprement le lampas, a lambendo(?),
procherai également le subst. ail. lappen, pour ce que les lions, comme les chiens et les
lambeau, vétille, du \erhe verlappen, verldp- chats, boivent en léchant (Le Laboureur,
»>

pern, dépenser Cson temps, son argent) à des Origine des armes).
vétilles. — D. lambiner. 2. LAMPAS, étoffe de soie à grands dessins
LAMBOURDE; ce terme de charpentier d'une couleur- vive. Le nom lui a-t-il été donné
paraît tenir au même thème que lambeau. en Chine, dont elle provient, ou par des tech-
LAMBREQUIN, volets d'étoffe qui descendent nologues savants qui connaissaient le gr.
du casque. La terminaison accuse une piove- y.ii.lJ.nu-1, briller? C'est encore à savoir.

nance directe de quelque dialecte bas-alle- LAMPASSÉ, voy. l'art, préc.


mand. On suppose donc comme source un LAMPE, it. ,prov. lampa, du L.lam,pas,-adis
dimin. flam. lamperkin, dér. de lamper ou (Ay.fjiTTà;). — D. lampion
[v. c. m.), lamperon;
lamfer, aussi lampen =
velamen tenue et pel- lampiste lampier).
(vfr.
lucidum, aussi =amictorium linteum. Ki- LAMPER, variante nasalisée de laper (v. c.
liaen rapporte ce mot à i^/jiTrpo,-, brillant, mais m.). Le mot ne peut venir directement du
il est plus probable qu'il se rapporte à L. lambere. —
D. lampas (v. c. m.); lampée,
l'ail, lappen, morceau d'étoffe. —
Le wallon a grand verre de vin; lam.pan, chanson à
lamekène == basque, pan d'habit, à propos boire.
duquel Grandgagnage s'exprime ainsi Forme : LAMPION, dér. de lampe. Le caractère in-
féminine de lambequin (ou lambrequin), mot solite d'un suffixe masc. ion, appliqué à des
qui, selon le roi René (voy. Œuvres choisies, choses, me fait croire que lampion est une
II, p. lOj, était employé « en Flandres et en altération populaire p. lampillon; je re-
Brabant et en ces haulx pays où les tournoys marque la même dégradation de illon ou
se usent communément », pour signifier la ignon en ion dans champignon (p. champillon),
pièce d'étoffe armoriée qui recouvrait immé- devenu en wallon champion.
diatement le heaume (en dessous du timbre) et LAMPROIE, lampreda,esp., port, lam-
it.

tombait sur le dos. —


Le P. Ménestrier pré- prea, ail. lamprey, flam.
lamprete, angl.
tend que lambrequin vient du L. lemniscus lampreye; du BL. lampetra mursena, =
{)riix-dT/.oi), qui signifie les rubans volants transposé en lamprêta. Quant à lampreta, on
attachés aux couronnes des anciens. Cette éty- le tire de « lambere petram « Cette interpré- .

mologie ne peut concourir avec celle rapportée tation a déterminé l'ancienne dénomination
.

LAN — 300 — LAP


anglaise de ce poisson : snchstone, lickstone. j
et sans courage, il voUo do faim et do néces-
— I). ?ti))iprni/oii,î<tmprtIlo)i. sité ,..

LANCE, it. lancia, csp., port, hiiiza, prov. LANIERE ; l'orthographe première lasniêre
la)iça, du L. Jancea, qui est, d'après Varron, défend de .songer à L. lana, laine (lanière se-
un vocable d'origine hispanique, selon d'au- rait une courroie de laine) ou à l'ét. laniare, ;

tres, d'origine gauloise; ail. hiuze, gr. mod. déchirer, patronnée par Littré. Le mot
)a:vT|ct sont empruntés au roman. — D. lancer vient du L. lad nia coin d'une robe, lan-
(v. c. m.), lancette, lancier. guette, lambeau, « particula rcsecta et sepa-
LANCER, it. lanciai-e, esp., port, lamar, rata », d'où vfr. lasne; d'un prototype laci-
prov. lansar, angl. laïuich; dérivé do lance niaria provient régulièrement lasnière, auj.
[c^. darder de dard). Tertullien emploie lan- lanidre. Etyniologie do Bugge (Rom., III,
ceare p. manier la lance. —
Composé cslan- : 154). que j'avais également émise, presque
cer', élancer, prov. eslançar, it. slanciare, simultanément, dans mes « F'ragments d'un
d'où le sub.st. verbal fr. eslans', clan, prov. roman sur la reine Sébile ».
eslans. LANIFÈRE, L. lani-fer ;lanigi're, L. lani-
LANDE, prov. landa, bruyère, terrain
it., gpv
plat, on vfr. au.ssi =
forêt. Malgré l'apparence LANSQUENET, it. lanzichenecco, esp. las-
d'origine germanique (goth. la)td -/w.ca, = quenete ce sont autant de formes estropiées
;

à.yç,6i, ail. mod. land, terre, pays), Diez, à de l'ail. la)ids-hncclit, fantassin, pr. serviteuf,
cause do la signification que le mot a eue en valet du pays.
tous temps, croit devoir donner la préférence LANTERNE, L. latcrna, lanterna. D, —
au breton lann, bui.sson d'épines, plur. lan- laiderneau, lanternicr. Au figuré, lan- —
non, steppe (cp. fr. brandc, buisson, plur. ternes signifie fadaises, balivernes (« conter
brandes, bruyère). des lanternes »i; de là le verbe lanterner =
LANDIER, andin, wall. andi;
vfr. andiei', dire des fadaises, ennuyer, fatiguer, aussi
VI initial est un effet de l'agglutination de l'ar- perdre le temps en choses frivoles. D'où vient
ticle (on entend dire de même au peuple de ce sens métaphorique donné au mot lanterne ?
Paris un levier \w\\r un évie)') ; le BL. pré- Les opinions varient; nous nous bornons à
sente les formes andedus, anderius et andena. rappeler la description du pays Lanternais de
On ne connaît pas l'origine de ce mot. L'an- Rabelais. Cependant, nous posons la question :

glais andiron (Palsgrave anndyernt a fait : le sens figuré de lanterïïe, et par conséquent
penser à Itand-iron, fer pour la main (le pré- le verbe lanterner, sont-ils bien réellement
sident de Brosses traduisait en effet le mot issus de lanterne =
objet qui éclaire? Le
par " main de fer «) ; mais cela n'a rien de sé- terme équivalent lantiponncr éveille à cet
rieux. Cîievallet, plus hardi encore, explique égard quelques doutes. Kiliaen traduit le mot
andiron par brand-iron (fer à feu). Notons flam. lentcren, en latin par « lente et ignave
encore que le basque dit landera et que agere, cunctari », et en fr. par lanterner; no
Frisch (ne connaissant pas les formes du pourrait- il pas y avoir en effet, au point do
moyen latin et du vfr.) faisait venir moins vue du peiiple, quelque rapport étymologique
aventureu sèment landier du gorm. landcr, entre lentus et lanterner ? Pour rien décider,
dans f/clànder, rebord, parapet. Andin ou il faudrait savoir exactement ce qu'au xvi® siè-
andier no viendraient-ils pas du germ. oïde, cle on entendait par langage de lanternais
bout, limite, bord {c\^.andoHiller)^ (d'après Godcfroy, langage trompeur).
LANDWEHR, mot ail. =
défense du pays; LANUGINEUX, L. lanuginosus {ào lanngo,
cp. hoiilstnrrn, litt. tourbillon du pays. -il lis, duvet).
LANERET, diminutif de lanier. LAPER, forme nasalisée /aw^er; de la racine
:

LANGE, anc. un adjectif draps langes »),


(«< lup, réjjandue dans presque toutes les langues
auj. subst. =
vêtement ou étoffe do laine; de indo-germaniques pour exprimer l'action de
l'adj. L. lanetra (lana). Cp. linge. laper : ags. lappian, angl. lapp, flam. lappen,
LANGOUSTE, du L. locust'a, sauterelle n ; ail. labbern, gr. /âTTTsiv, L. lambere, etc.
épenthétique, comme dans jongleur, lam- LAPEREAU, voy. lapin.
britsque, lanterne, etc. —
En vfr. aussi LAPIDAIRE, L. lapidaHus (lapis), tailleur
laouste. de pierres.
LANGUE, L. lingua. — D. languette; lan- LAPIDER, L. lapidare, lancer des pierres ;

gage; langiiard, babillard; languèyer, t. d'art dans la basse latinité = poursuivre à coups de
vétérinaire; vfr. languart, bavard. pierres
LANGUIR, L. languere, -escere; subst. lan- LAPILLEUX, du L. lapillus, petite pierre.
gueur, L. languor. —
D. langoureux ; vfr. LAPIN, peut-être d'un type latin lapinus,
langouHr, alangouri, auj. s'alanguir. tiré du vadïcailep de lepiori primitif de lièvre).
LANIER, oiseau de proie, it. lanière, angl. Diez, toutefois, justement retenu par des rai-
lanner, du L. laniarius, boucher, écorcheur. sons phonologiques, est d'un autre avis; il
— D. laneret. —
En vfr. lanier veut dire prend lapin pour clapin, et le range sous le
lâche, paresseux c'est peut-être un homo-
; thème clap, d'où se clapir et clapier (cp. loir
nyme, dérivé de lana, \ame (c^. poltron). Ce- p. gloir). — D. lapereau, (d'où néerl. lam-
pendant, cette acception peut aussi se déduire pjreel) ; lapine, lapinière
du nom de l'oiseau dont un spécialiste (Har- 1. LAPS, subst. dans " laps de t^mps », du
mont. Miroir de fauconnerie) dit qu'il est « mol L. lapsus (labi), écoulement.
.

LAR — 301 LAS


2. LAPS, adj., du part. L. lapsus (labi), qui lequel répond à un type largitia[\}. largitas).
a glissé. — Cp. relaps. LARGUE, variante de large. D. lar- —
LAPSUS, subst. lat. = glissement, chute. guer.
LAQUAIS, esp., port, lacayo, ail. lahaiiVlt. LARIGOT, p. Varigot (conci'étion de l'ar-
lacchè est tiré du français). On lit dans Frois- ticlej. Arigot ou harigot peut être un dérivé
Bart " En France, il y a cent ans que les pa-
: du L. arinca, mot cité par Pline comme d'ori-
ges vilains allans à pied ont commencé d'estre gine gauloise et signifiant une espèce de blé
nommés laquets et iiaqucts. " Un document (seigle). Ce serait, dans ce cas, un terme ana-
de 1470 porte « geiis arbalestriers appelez
: logue au L. avena, avoine, tuyau d'avoine,
laquais. >• On a émis bien des conjectures flûte. —Le peuple donne aussi à larigot le
sur l'origine de ce mot. Les uns ont pris na- sens de gosier cp. l'expression boire à tire-la-
;

quet pour la forme antérieure de laquet et, rigot =boire sans fin. On sait que flûte pré-
sur cette prémisse, ils ont proposé l'alle- sente de même une acception populaire ana-
mand hneclit, valet, voire fr. narquois! logue. —
Frisch tire larigot dn terme musical
D'autres ont eu recours à l'arabe, du fond it. et esp. largo, copieux, abondant pour la ;

duquel ils ont exhumé tantôt laquit, garçon forme, cela est peu plausible, le sens premier
exposé, tantôt lahia, sale, vil. Larramandi y étant flûte; je ne sais pourquoi Diez a renoncé
voit \n\ mot basque, composé de lacuii, lar/un, à l'étymologie arinca, qu'il avait proposée
société, assistance, et de aj/o, suivant, aide. dans .sa première édition. —
Le motlat. arinca,
Tout cela n'a pas de valeur; un peu plus ce- qui, selon Diefcnbach, pourrait biim ne pas
pendant que l'idée do Ménage, qui ci'oyait avoir été un mot exclusivement gaulois, avait
avoir trouvé la solution en allongeant le L. pour variante L. alica; cette dernière con-
verna en vernula, puis en veriiuïacus, puis viendrait davantage au primitif du mot lari-
en veniulacaius; ici il s'arrête pour reprendre got. — Une étymologie par lary)iv n'est
haleine; puis avec courage il saisit le mot guère assurée par l'article larigaude, gosier,
vcruulacaius, pour le trancher en deux piè- goi"gc, qui se trouve dans Roquefort sans
ces ; la premièi'e est mise au rebut la seconde ; exemple à l'appui en tout cas, ce mot, s'il
;

est conservée pour en faii'c un laquais. Ce est constaté, ne peut être séparé de larigot
que nous établissons là n'est pas une plai- dans tire-larigot, pour l'explication duquel
sante invention de notre part, mais cela se j'ai une nouvelle tentative à signaler. Lîi
voit sérieusement exposé dans l'in-folio que découverte d'un mot fr. rigot (Est de France)
nous avons par devers nous. Diez se renferme au sens de ceinture (qui viendrait du vha.
dans l'élément roman. Partant du prov. lecai, riga « ligne circulaire"») détermine G. Kay-
gourmand, et du limousin laccai, qui signifie naud à interpréter cette locution par à tire le
1. parasite du froment, 2. laquais, il en infère rigot =^ à étire la ceinture, en rapiirochant,
que dans l'acception de laquais valet de = pour l'image, cette autre phrase vulgaire :

pied, il y a une métaphore tirée des parasites " S'en faire péter la sous-ventrière ". Voy.

végétaux, inséparables de la plante qui les Rom., VIII, 100.


fait vivre. Il appuie sa conjecture du v. port. LARME, prov. lagrema, esp., port it. la- ,

lecco -^^ laquais, qui concorde littéralement grinia, du L. lacryma; en vfr. lairme (réso-
avec le prov. Zcc, primitif de /eca?', gourmand. lution de c en i). —
D. larmier; verbe
— D'après Pihan, de l'arabe lahiyye, attaché; larmoyer (vfr. larmier), prov. lagrcmeiar
Littré, se fondant sur une anc. forme esp. LARRON, du L. latro, latronis. Dans l'an-
alacays, opine pour une provenance arabe. cienne langue, larron était la forme du cas
LAQUE, it. lacca, esp., prov. laça, du per- oblique le nominatif latro y apparaît sous la
;

san lak, teinture rouge (correspondant du forme laire, lerre. Hère == prov. laire.
sanscrit ràkschà, dérivé de randscli, teindre). LARVE, du L. larva, masque, parce que
— D. laquer, Ixiqueux. l'insecte ailé est pour ainsi dire masqué dans
LARCiN, vfr. lareciii, du L. latrocinium la chenille.
(devenu, par transposition, prov. laironici, LARYNX, gr. /àpvy?.
esp. ladroiiicio, it. ladroneccio). LAS, lasso, L. lassus.
it. D. lasser, —
LARD, L. lariduvt, lardum. larder, — li. L. lassare (opp. dé-lasser)\ lassitude, L. las-
piquer une viande avec du lard, fig. piquer, situdo. Las signifiait autrefois aussi mal-
railler, lancer des épigrammcs, des brocards, heureux, de là les interjections it. aJii lasso,
d'où subst. lardon. prov. ai las, vfr. ha las, nfr. helas, angl. alas.
LARGE, du L. laryus, co])ieux, abondant, LASCIF, L. lasctvus. —
D. lascivcté, L. las-
puis au fig. généreux, libéral. Notez que — civitas.
l'acception principale attachée actuellement LASSER, LASSITUDE, voy. las.
au mot large, savoir celle d'étendue dans le LASSERET, LASSERIE. LASSIÈRE, termes
sens opposé à la longueur, était inconnue à la d'arts et métiers, dérivés de lacs (v. c. m.) ==
langue latine. Le mot largus a fini par rem- L. laqueus.
plir le rôle de latus et par se substituer au LAST, LASTE, it. lasto, port, lasto, lastro,
vieil adj. let, lé, it. lato = latus. L'idée d'où esp. lastre, =^ ail. last, charge, poids. Le
est partie cette acception moderne est l'am- subst. lest, anc. leste, n'est qu'une modification
pleur, l'abondance, relativement à l'espace. vocale du même mot. Le mot last a en esp. et
— D. largeur; élargir, —
Au sens classique port, aussi le sens de lest; il est donc syno-
latin se l'apporte encore le dérivé largesse. nyme de ballast (v. c. m.).
LAY 302 — LÉG
LATENT, L. latenlem (latere), caché. lade, tiroir d'armoire, caisse, coffre. Layette
LÂ.TÉRÂL, L. lateralis (latus, -ei'is). contenu
signifie d'abord tiroir, colfre, puis le
LATIN, L. latinus (Lutium). — D. latinité, du spécialement lo linge d'un enfant
tiroir, et
L. latiiiitas ; latiniste, -isme, -iser. — La lan- nouvoau-iié. —
D. layctier.
gue latine ayant été considérée comme la base LAZARET, voy. ladre.
de toute culture scientifique, on a à^it perdre LAZARONE, voy. ladre.
son latin dans le sens de " y perdre tout son LAZZI, mot italien, plur. de kuzo, badi-
savoir, faire des efforts inutiles ». Toutefois, nage.
cette locution pourrait bien se rattacher direc- LE, par aphérèse, du L. ille, illum et illud.
tement au sens propre au
« ruse, finesse ", Au dernier type neutre se réfère le vfr. lo.
subst. latin en on sait que celui-ci y
vfr. ; LÉ, vfr. let, anc. adj. = large, du L, latus.
signifiait aussi langage en général, même Il nous en est resté le subst. lé = largeur.
celui des oiseaux. LÉANS (vieux), voy. ctkvis.
LATITUDE, L. latitudo (latus). D. lati- — LÈCHE, tranche fort mince, voy. laiche.
tudinairc, large dans les opinions religieuses. LÈCHEFRITE, voy. lécher.
LATRIE, gr. "kx-rr^û^, service, culte. LÉCHER, it. leccare, prov. liquar, Hchar,
LATRINES, L. lalrina (p. lavatrina). pic. liker,norm. licher (gloses d'Isidore leca-
LATTE, it. latta, esp., prov. lata, du vha. tor =^ gulosusj; du vha. lecchôn. ags. liccian,
latta, m. s., ags. lâtta, flam. latte, angl. lath. angl. lich, v. saxon liccon, leccon, ail. mod.
— D. lutter, lattis; voy. aussi laiton lecken, m. s. —
D. léchonnci'. Cps. lèche- —
LAUDANUM, selon les uns, le même mot frite, anc. lechcfroie, lèchifraie, d'abord un
que ladanum (gomme-résine exsudant des mets, puis l'ustensile servant à le préparer ;
feuilles et des rameaux de plusieurs espèces composé de lèche, chose friande, et frire; cp.
de plantes du genre cistus), lequel vient d'un it. leccarda, m. s,

mot persan par le gr. iàoavov ; d'autres préten- LEÇON (rouchi et vfr. lichen), prov. leisso,
dent que laudanum est distinct de ladanum lesso, du L. lectionem, lecture, puis objet de
et vient du L. laus, laudis, pour ainsi dire la lecture (cp. façon de faclionem, rançon de re-
« le médicament loué ». de))iptionrin).
LAUDATIP, néologisme, L. laudativus LECTEUR, L. Icctor; lecture, L. lectura.
(laudarc). LÉGAL, L. Ivgalis (lex). Du même mot latin
LAUDES, L. laudes, louanges. la langue a fait, par la syncope de la con-
LAUREAT, L. laureatus, couronné de lau- sonne médiale, léal, leyal et la forme actuelle
rier [hmrea). , loyal. — D. légalité ; légaliser.
LAURIER, dérivé du L. laurus. LÉGAT, L. legatus, envoyé (legarc); léga-
LAVABO, mot latin =
je laverai. Dans lo tion, L. legatio.
principe, un terme d'église, désignant lo pas- LÉGATAIRE, L. Icgatarius, du L. lega-
sage du saci'ifice de la messe commençant f«»i. legs; légateur, L. legator.
par ce mot latin, puis l'action du prêtre qui LÉGE, terme de marine, non chargé ; est
se lave les mains, puis linge pour se laver le même mot que lige, et vient de l'ail ledig,
les mains, enfin meuble de toilette ser\'ant vide, par le néerl. leeg, forme syncopée de
au même but. Icdig
LAVANCHE, LAVANGE, voy. avalanche. LÉGENDE. L. legenda, s. e. portio, litt,
LAVANDE, it. lavanda,
lavendola, esp. portion qui doit être lue ; dans la latinité du
lavandula, ail. lavandel. angl. lavender ; le moyen âge =
liber acta sanctorum per totius
mot est originaire d'Italie, où lavanda a la anni circulum digesta continens, " sic dictus
valeur d'un subst. abstrait lavage ; eau de= quia ceitis diebus legenda in ecclesia et in sa-
lavande, c'est pr. == eau (parfiuiiée) pour cris synaxibus designabantur a moderatoro
l'usage du corps. chori ». De là découle la signification ac-
LAVANDIER, -1ÈRE, du L. lavandarius, . tuelle. —
On a nommé de même légendes les
mot supposé d'après lo plur. neutre lavanda- inscriptions gravées autour des médailles et
ria (Laberius ap. Gelliumj, signifiant linge à des pièces de monnaie ; c'est la partie à lire
laver. Pour ces dérivations par andus, cp. opposée à la partie à voir. —
D. légendaire.
buandier, fdandière, taillandier. Lavan- — LEGER, it. leggiere, prov. leugier, d'un type
dière est déjà dans Baud. de Condé, 224, v. latin leviarius, dér. de levis (primitif con-
573 (au v. 585, laver esse). sei*vé dans l'it. lieve, prov. leu). D. légè- —
LAVE, it., angl., ail. lava; du napolitain reté.^
lava, torrent causé par la pluie, qui inonde LÉGIFÉRER, du L. legifer, qui porte des
les rues mot tiré de lavare, comme lavasse,
; lois.^
pluie subite. LÉGION, L. legio. — D. légio)inaire, L. le-
LAVER, L. lavare. —
D. lavage, lavaii- gionarius.
dier, -ière (v. c. m.), lavasse, laverie, lave- LÉGISLATEUR, -LATION, -LATURE, L. le-
ment, lavette, lavis, lavoir, lavure, relaver. gislator, -latio, -latura ilator, etc., subst. d<î
LAXATIF, L. laxativus , de laxare (là- ferre, Latins disaient legeni ferre comme
les
cher). on dit encore « porter une loi »). Adj. néol.
LAYER. t. d'eaux et forêts, voy. laie. législatif.
LAYETTE, dimin. de l'anc. laie, boite, LÉGISTE, qui connaît les lois, BL. legista
caisse, qui vient du flam. laeije, laedc, = ail. (lex). Q'ç. juriste.
LÉO 303 — LEU
LÉGITIME, L. legitimus. —
D. verbo le'ffi- LÉOPARD, vfr. liei^art, leupart, du L. leo-
tinter néologisme légitimiste.
; pardus {t-ion'/pôii), Utt. lion-panthorc.
LEGS, subst. verbal de léguer, avec main- LÉPIDOPTÈRE, mot forgé de UtiIu -iioi,
tien de l'anc. s nominatival. J'attribue la écaille, et n-t[.ov, aile; donc insecte à ailes
forme vfr. lais à laisser, d'autant plus qu'on écailleuses.
trouve tout aussi souvent le fém. laisse. LÈPRE, L. lepra, gr. )£7r'>a (de \f!tp6i, rude,
LÉGUER, L. legare. —
D. legs (v. c. m.). écailleux). — D. lépreux, BL. leprosus, d'où
LÉGUME, vfr. legim, leïui, du L. legumen, léproserie.
-inis, —D. légumier; légumineux, L. legu- LÉROT, dérive de loir.
minosus. LES, article (plur.), affaibli du masc. las
LENDEMAIN, par agglutination de l'article, (foi'me espagnole, se rattachant au L. tllos) et
pour endemain, forme extensive de demain du fém. las (= L, illas), comme le s'est affai-
(v. c. m.). bli de lo et la (on sait qu'en vfr. le est aussi
LENDIT, foire de Saint-Denis; ici, comme féminin).
dans landier, lendetnain, etc., il y a eu con- LÈSE, dans lèse-majesté et sembl. ; du
crétion de l'article, car lendit est pour Vendit L. lœsus, blessé, ofiensé (laedere), d'où le
et vient du BL. indictiim =
annonce officielle verbe fr. léser et le subst. lésion (L. lœsio).
(spécialement de fête), fête annoncée d'avance; LÉSER, voy. l'art, préc.
restreint auj. à Vendit de Saint-Denis. LÉSINE, de avarice sordide.
l'it. lésina,
LANDORÉ, breton landar, paresseux. La C'est étymologiquement vocable que le même
forme française s'est produite sous l'influence le fr. alêne (v. c. m.). Nous ne prétendons pas
du verbe endormir (cp pic. lendormi, pares- que l'étymologie historique qui se trouve rap-
seux, nonchalant). Le mot rappelle le flam. portée sous cet article soit la véritable tou- ;

lenteren, lente et ignave agere (Kiliaen), au- jours est-il qu'elle se recommande mieux
quel correspond peut-être l'ail, sch-lendern, que celle de Le Ducliat, d'après qui lésina a
anc. angl. slcnten. Pour landore, le vfr. disait pu se produire de lazzarilla, ladre l'ie !

plus correctement layidreux. En champ., je D. lésiner, -eur, -erre, -eux.
trouve lander, landiner, fainéanter, lendras, LESSE*, cordon, voy. laisse.
endormi, paresseux. LESSIVE, it. lisciva, esp. lexia, prov. lissiu,
LÉNIFIER, L. lenificare (lenem facere, ren- du L. lixivia, lixiviutn (de lix). D. lessi- —
dre doux). ver.
LÉNITIF, du L. lenire{\ems). LEST. voy. last. D. lester. —
LENT, L. lentus. — D. lenteur, alentir, LESTE, it., port, lesto, esp. listo; d'après
ralenlir. Diez, du goth. listeigs =^ izx-iolip-io^, vha. listic
LENTE, prov. lende, du L. lens, lendis (it. (ail. mod. listig), habile, rusé; apocope du

lendine), m. s. comme dans it. chiasso, fr. glas, de


suffixe
LENTILLE, L. lenticula (lens, lentis) d'où classicum, vfr. ruste de rusticus, et autres
l'adj. savant lenticulat'is, fr. lenticulaire. vocables. Du sens foncier « habile » se dé-
LÉONIN, L. leoninus (leo). — Les opinions duisent sans difficulté les diverses acceptions
varient sur l'origine du mot léonin, en tant du mot roman. Liebrecht (Jahrb. XIII, 227)
que terme de littérature. Maitre Pierre Fabry, indique le lat. lestus , dans sublestus, lé-
curé de Méray, qui vivait sous Charles VIII, ger (« vinum sublestum »); cp., pour la tran-
tirait cette expression de leo parce que la sition du sens « léger » à « agile », l'adj.
rime léonine est la plus belle des rimes, ainsi levis. Cette étymologie reste douteuse
que le lion est la plus noble des bêtes. — LÉTHARGIE, gr. ),v,3«pyi:. (Avi^yj, oubli). —
Mervesin (Hist. de la poésie française) I^éon II : D. létTiargique.
voulant réformer les liymnes que l'on chantait LETTRE, L. littera. — D. lettré, illettré,

à l'église SU!' la fin du vi** siècle, parce qu'elles L. litteratus, illiteratus; lettrine; leltrisés
étaient trop obscures, ordonna qu'on en fit de [vers).
nouvelles. Un diacre, nommé
Paul, fit celle de LEU, dans la locution à la queue leu leu,
saint Jean-Baptiste en vers d'une nouvelle est l'anc. forme régulière de loup. Cette locu-
espèce qu'on appela léonins du nom du pon- tion est une modification arbitraire de à la
tife, dans lesquels il mit une rime au repos queue le leu, c'est-à-dire, d'après l'ancienne
et l'autre à la fin. —
Pasquier attribue l'in- syntaxe, à la queue du loup (Rom., X, 50).
vention des vers léonins à un poète nommé 1 . LEUDE*, « les leudes du roi », de l'ail.
Léonins, chanoine des Bénédictins, qui vivait leute, gens.
à Paris sous le règne de Louis VII, vers 2. LEUDE,
péage, l'edevance, taxe, prov.
l'an 1 154, et qui se rendit célèbre par ses vers leuda, Diez récuse l'opinion de Du
leida.
latins qui rimaient à chaque hémistiche. — Cange. d'après laquelle le mot viendrait du
En vfr. on trouve très souvent rime leonime germ. lendis, homme, la leude étant pr. une
ou lionime, ce qui fait poser à Wackernagel amende pour un homme tué le sens et la ;

l'étym. Uoiwixoi (de ).-tsj et ô-jof^x), donc rime lettre s'y opposent. Il le rapporte à levare
« lisse d'expression ». C'est trop subtil, et (« tributum levare, lever un impôt »), d'où
Diez observe fort bien que la finale ime p. ine l'on a fait un part, levitus (cp. L. cubitus de
ne tire pas à consé(^uence cette mutation cubare, domitus de domare, BL. dolitus p.

;

n'est qu'euphonique. La véritable origine dolatus, rogitus p. rogatus). Levita a donné


de l'expression reste incertaine. correctement leuda et même leida. De la même
LIA 304 Lie

manière on a tiré de levare l'it. liévito, csp. au moyen âge entre argentum album
faisait
Icudo, port. Icccdo, levain. argeyitnm arsiini. De la Monnoye pense que
et
LEUR, i)rov. et vfr. lo7', it. Inro, du génitif la dénomination vient de deux fleurs de lis
L. illnrutn; leur maison équivaut ainsi àillo- que portaient les liards fabriqués .sous
rum domus. Le même mot roman a pi'is aussi I^uis XI. Enfin, d'autres prétendent qu'elle
la valeur du datif L. illis, vient de Guigues-Liard, de Crémicu en Vien-
LEURRE, vfr. et prov. loù^e, it. logoro p. lo- nois, qui en 1430 aurait frappé les premiers
fjro. ou lodro (it. ff p. d est un fait fréquent), liards ils n'eurent d'abord cours que jjour le
;

angl. lurc ; du mha. luoder, m. s. (cp. ftnirre Dauphiné, mais Louis XI les aurait rendus
du mlia. viiotci'). —
D. Ieur7-er. comnuuis pour tout le royaume en leur con-
LEVAIN, prov. Imam,
d'un type latin leva- servant le nom du premier ouvrier. Dicz —
men formé de levare. Du même
, primitif levare incline pour H ardi; hardit était une petite
viennent les équivalents it. lievito, esp. leudo, monnaie du midi de la France (== limousin
prov. levât, napol. levato; cp. l'ail, hefc, ordi, esp. ardité), dont les uns rattachent le
néerl. hef =
levain, de heben, lever, et ail. nom à Philippe le Hardi, les autres au basque
bùrme, levure, mousse, de bercn, .se lever. ardita, dérivé de ardia, brebis (cp. pecunia,
LEVANT, où le soleil se lèvc[c^. L. oiHens, de pecus). —
11 y a là une question d'archéolo-

d'où fr. orient). —


D. levantm, levantine, gie numismatique que je m'abstiendrai do
étoffe de soie. trancher. Il va de soi que nous n'acceptons ni
LjîjVE, objet qui, au jeu de mail, sert à la dérivation de // ars ni celle de lis. Si, —
lever la boule. dans l'oiigine, le liard était, comme pi"étend
LEVER, L. levare. — D. lief (v. c. m.), Liebrecht (.lahrbuch, XIII, 234j, une mon-
levée, levier (cp. ail. hebel de heben), levis naie d'argent, l'appellation liart (blanc, gris
(v. c. m.l; cps. enlever., relevée' [v. c. m.). clair) s'expliquerait aisément. Cp. fr. blanc,
LÉVIGER, L. levi(/are (lœvis, levi.s). csp. blmira (noms de monnaie), D. liarder. —
LEVIS, adj. (dans pont-levis), vfr. let'cïs, LIBATION, L libatio (libarc).
répond à un type levaticiHs;yaï trouvé en vfr. LIBELLE, L. libellus, dim. de liber. —
planclie levndissc p. ])ont levis ; prov. levadis. I). libeller, libcl liste.
LEVRAUT, voy. lièvre. —
I). levrauder.
LIBÉRAL, L. liberalis (liber). — D, libéra-
LÈVRE, L. lalrum. lité, L. liberalitatem; libéralisme.
LEVRETTE, LÉVRIER, LBVRON, voy.
LIBÉRER, L, liberare, rendre libre.
lièvre.
LIBERTÉ, L, libertatem (liber).
LEXIQUE, gr. UW'^u de )îçi; ()îv'-"). «équi-
valent du L. diclio, d'où dictionarium. LIBERTIN, L. libertinus, fils d'affranchi
ilibertus). Le sens du mot français n'est qu'une
LEZ, côté, prov. lats, laz, esp., port, ladn,
application au moral de l'idée d'atrranchi ; le
it. lato; du L. latus, côté. Ce subst. latin est

déjà employé comme préposition, avec la


libertin est =
celui qui s'aifranchit, qui

valeur de « à côté de «, dans la Loi salique:


sémancipc de la règle. —
D. libertinage.
« dcintus curte aut latiis curte ». La langue LIBIDINEUX, L. libidinosus (libido).
d'oïl en faisait un fréquent emploi, aussi bien LIBRAIRE, L. librarius (liber). Le mot la-
comme subst. que dans le sens de juxta. Au- tin s'appliquait aux esclaves employés à co-
jourd'hui, cette préposition ne se trouve plus pier ou à rédiger; Sénèque cependant s'en
que dans des appellations géographiques, sert déjà dans le .sens de marchand de livres.
telles que Saint-Denis-lcz-Paris, IxcUes-lcz- — D. librairie, L. libraria(sc. taberna), bou-
Bruxelles. Anciennement on disait lez à lez = tique délivres. Le mot français signifiait jadis,
côte à côte. comme signifie encore l'angl. library, une
LÉZARD (vfr. aussi lézarde), it, lacerta, lii- bibliothèque.
certa, lucertola; esp., port, lagarto, prov, LIBRE, L. liber, génitif liberi.
lazcrt; du L. lacertus ou lacerta. Le mot 1. LICE, aussi lisse, lieu destiné aux tour-
français a pris la physionomie d'un mot à nois, it. liccia, lizza, esp. liza, pi'ov. lissa,
suffixe art, ard, par assimilation à tant d'au- laissa, bret. lez (prob.emprunté au roman),
tres noms d'animaux munis de ce suffixe. La première du mot est enclos,
signification
LÉZARDE, forme féminine de lézard, 1, fe- cp. le terme de marine lisse, aussi appelé
melle du lézard par assimilation de forme,
; 2. ceinte et préceinte. Diez conjecture donc une
fente, crevasse dans un mur. D. lézarder. — dérivation du mha, letzc (r-= vha. lazi), rem-
LIAIS, vfr. liois, angl. lias; d'origine in- part, quoique la mutation e en i ne soit pas
connue. D'après Legoarant, de lier (ligare;, régulière. —
L'explication par L. licium,
parce que le grain de cette pierre est fin et trame, proposée par Ducange (à cause que
bien lié. les pieux sont rangés comme les fils dans une
LIANE étymologie
; incertaine ; d'après Lit- trame) parait forcée. Pour ma part, j'imagine
tré, peut-être une autre forme de lien (de que lisse est la bonne orthographe, et que ce
lier). mot vient de liste dans son sens primitif de
LIARD, petite monnaie. L'on n'est pas d'ac- bord, clôture, lisière. Aussi bien l'anglais tra-
cord sur l'origine de ce mot. Les uns le rat- duit-il lice par list. (A la vérité l'angl. list
tachent au vfr. liart, gris, =
it. leardo; d'au- n'est pas concluant, le t final pouvant être
tres l'expliquent par vfr. H ars —- le brûlé, le adventice, après Vs, comme dans d'autres vo-
roux, par rapport à la distinction que l'on cables anglais. )
LIE 305 — LIG

2. LICE, LISSE, dcans « haute ou basse L. lix, gén. /zm (défini par Non. Marc. lix
lice », du L. licium, trame de tisserand. — étiam cinis dicitur vel humor cineri mixtus) ;
:

D. licctte, liccron. c'est la dérivation pour laquelle paraît incliner


LICE, chienne coui'ante, wall. lelie (na-
3. Grandgagnage. Mon savant professeur, feu
murois, pic. et rouchi Uc]ie),\ïi\ Jeisse, prov. Doederlein, faisant venir lix de liquére lin-
hissa. « Ce vocable, dit Grandgagnage, se quere, on est tenté d'admettre, à côté de lix,
i^etrouve dans les mots allemands nha. lat- : une forme rustique liqua ou lica qui expli-
sclie,aownhe latich, laitsch, lusch,heiv. leusch, querait parfaitement le n. prov. lica et notre
Jusch, qui ont au propre et au figuré la même fr. lie. — Le mot angl.
lee signifiant plutôt
signification (chienne et prostituée). D'autre levain, (Dieffenbach, Diez, Mahn)
d'autres
part on rencontre en latin et moy. latin le conjecturent plutôt une dérivation de levare
mot Jycisciis, chien
lycisca, letissa (sorte de (cp. levain).
que l'on croyait provenir de l'accouplement 2. LIE, adj., =
gai, joyeux; ne s'emploie
d'un loup et d'une chienne voy. Servius ad
: plus que dans l'expression faire chère lie.
Virg. Eclog., III, 18, et Ducange, v° letissa, et C'est le féminin de lieC lié* (monosyllabe; =
v° odorenceci). Reste à savoir: 1. si ces formes it. lieto, prov. Iet2, v. cat. let, esp., port, ledo,

latines, comme aussi les formes allemandes, qui vient du L. lœtiis. —


Le fém. lie est tout
sont identiques entre elles ou si elles ont ce qu'il y a de plus régulier, du moins pour
plusieurs primitifs 2. si le roman vient du
;
les dialectes du Nord ; il est la forme contracte
latin ou de l'allemand 3. enfin, ce qui rentre
; de à l'adverbe, on trouve liement
liée; ainsi,
en pai'tie dans la question précédente, si le alternant avec liéem.ent. Néanmoins, on a mis
mot allemand ne vient pas lui-même
du latin. en doute dans ces derniers temps que l'expres-
N'abordant que deuxième problème, nous
le sion chère lie soit d'origine proprement fran-
dirons que l'origine latine semble plus plaii- çaise (Rom., IX, 167); je ne connais pas les
sible, principalement à cause de la similitude arguments sur lesquels on se fonde. D. —
des formes lat. letissa et prov. leissa. Nous liesse, L. lœtitia.
remarquerons aussi que le glossaire de Lille LIEE, action de lever (des scellés), subst.
rend Jicisca par lisse. « — Diez admet égale- verbal de lever (cp. relief àc relever).
ment l'origine latine ; le type toutefois auquel LIEGE, du L. levis, léger, par l'intermé-
il rattache le prov. leissa n'est pas letissa, diaire d'une forme dérivative levius.
mais lycisce, car, selon lui, lycisca ic=k) au- LIEN, vfr. lïen, loyen, prov. liant, angl.
rait entraîné une forme prov. leisca, et pic. leam, du L. ligamoi (ligare). —
D. vfr. loie-
liquc. I.e philologue de Bonn ajoute que des mier, licmier, nfr. Hunier, prov. lianier,
glossaires allemands ti'aduisent lycisca par angl. leamer, pr. le chien tenu en laisse. Cette
zàha, chienne, ou brachin, chienne dédiasse. étymologie de limier a le degré de certitude
— Quant au mot allégué comme latin
letissa, suffisant pour faire rejeter celle du L. limi
par Grandgagnage, pas plutôt une
n'est-il narius (pris dans le sens de chien ouvrant la
latinisation des vocables germaniques cités chasse), qui ne s'accorde nullement avec les
par lui en tête do son article? Ou bien une formes primordiales du mot.
mauvaise leçon pour lecissa ? LIENTERIE, gr. /îi;vTî/5ta ; deUlo;, lisse, et
LICENCE, L. licentia, permission (tant celle £VTîp5v, intestin.
que l'on reçoit que celle que l'on prend). — LIER, anc. loyer, du L. ligare. — D. liai-
D. licencier (cp. congédier, de congé L. = son, L. ligationem; lien (v. c. m.); liasse.
commeatus, permission d'aller) ; licencieux, — Cps. al-, dé-, relier.
L. licentiosus. LIERRE la consonne initiale l
; est un effet
LICET. mot latin = il est permis. de l'agglutination de l'article; le mot corres-
LICHEN, L. lichen {ïiiyrr^). pond à vfr. ierre, hierre, it. edera, cllera, esp.
LICITE, L. liciius, Yievmïs [de licere) ; illi- hiedra, prov. edra, et vient du L. hedera.
cite, L. illicitiis. LIESSE, voy. lie 2.
LICITER, L. licitari, offrir un prix, enché- LIEU, vfr, leu, du L. lociis ; cp. feu de fo-
rir (de licere, être mis à prix). — D. licita- cus, queux de coquus. Composé — lieute- :

tion. n9ti/t, == locum tenens.

LICOL, LICOU, p. lie-col (cp. limier p. lie- LIEUE, du L. leuca, vocable cité par les
micr, dimanche p. diemanche. écrivains latins comme gaulois. Adouci
LICORNE, it. liocorno (cp. liofante), ali- d'abord en leuga, gr. iiO-/»;, la transposition
corno; gâté du L. unicornis, esp. imicornio. en a fait légua, vfr. lègue, d'où, par syncope
1. LIE, dépôt d'une liqueur, prov. Ihia, du^ et diphthongaison de e en ie (cp. lieu p.
angl. lee. Direct, du BL, lia (Papias : leuj, la forme actuelle lieue. L'it. et le prov.
amurca Gloses do Reichenau
;
fex) mais : ; ont Icga, l'esp. légua, le port. Icgoa, l'angl.
d'où vient lia? La question n'est pas résolue. leaguc.
On trouve en breton léit, vase, limon, gaél. LIEUTENANT, it. luogotenenie (et tcnenle
llaid, m. s. —
Une origine du goth. ligan, tout courtj, voy. lieu. —
D. lieutenance.
vha. liggan, fris, liga, angl. lie, jacere, = LIÈVRE, it. Icpre, du L. lepus, gén. Icporis.
cubare, serait-elle trop aventureuse (cp. sédi- — D. lévrier, L. leporarius; levi'aut, levrette,
ment, de sedercjl D'autre part, le wall. lise, levrou.
anc. angl. lysc, et vfr. lessu ^= levain, don- LIGAMENT, L. ligamentum (ligare) ; liga-
nent quelque pi-obabilité à une dérivation du ture, L. ligatura.
20
à

LIG 306 — LIM

LIGE, BL. Cet adjectif roman avait


ligiiis. lineolus ; lignei'olle, lignette, lignolet; verbe
le sens » tout entier, sans réserve » (» ligia ligner, L. lineare; aligner; lignée. Com —
potestas, Jigia voluntas, ààw .ligement et fran- posé foriigner, dégénérer.
:

chement, purement et ligcment «). Il n'y a LIGNÉE, de ligne, comme bouchée de bou-
pas à douter que ce soit le même mot que le ehc; le mot exprime « tous ceux de la ligne ».
wallon lige dans la locution quit' et lige ^= LIGNER, voy. ligne. —
Composés aligner, :

quitte et libre. D'où vient le mot dans cette cnligner, souligner.


signification ? Grandgagnage y voit une con-
LIGNEUL, fil enduit de poix; n'est peut-être
traction du mha. ledec, gén. Icdiges, néerl. et pas un dérivé de L. linea, fr ligne; il me pa-
nha. Icdig = libre, dégagé. Quant à l'emploi
rait tenir du même thème lien (== gr. yvyv,
du mot dans le terme féodal hommage lige, d'où è/).ûzviîv, mèche), quia donné en BL. lu-
voici comment le philologue liégeois le mo- cinium, licinium, lichcnus, licmen (voy. lu-
tive :Un hommage lige ne signifie pas lit-
"
mignoi). Son sens propre serait donc mèche.
téralement, comme on le pense d'ordinaire, J'ai relevé dans Jean de Garlande (ms. de
un hommage par lequel on se lie pleinement Bruges; licinium traduit par lincl.
envers son seigneur, bien que ce soit là le
LIGNEUX, L. lignosus, dér. de lignum,
sens logique, ou, si l'on veut, l'effet de ce
bois (=:= vfr. laigne, wall. legnc). "Termos
genre d'hommage, mais un hommage dégagé scientifiques : se lignifier, lignite.
de toute restriction au profit d'un tiers et par
là absolu. " —
Diez, sans prendre de parti défi-
LIGUE, du BL. liga (subst. verbal de li-
gare), confœderatio. D. liguer, liyueur. —
nitif, cite à l'appui de cette manière de voir
un document du xiii^ siècle portant « ligius :
LILÂS it., e.sp. lilac, port, lila; mot per-
san [niladj, liladj).
homo, quod teutonice dicitur ledigman »
(c.-à-d. libre do tout engagement envers un LILIACÉ, voy. lis.

tiers). Voss dérivait ligius du mot roman


LIMACE ou limas, it. lumaca, lumaccia,
liga, lien, alliance, de sorte que la significa- esp. limasa, port., par transposition, Icsma;
tion " obligation rigoureueo » aurait amené du L. Umax, -acis (limus). — D. limaçon,
celle de « obligation absolue ».Mais Diez y wall. limeson, lumeson, vfr. limechon.
oppose, peut-être trop catégoriquement, que LIMANDE, poisson plat, à peau rude, it.
la langue française ne présente pas d'adjectif lima; daj)rès Le Duchat, du L. lima, lime,
répondant à un type latin en ius ou eus qui cause de la rugosité de la peau. La forme
n'ait pas un précédent dans la bonne latinité. gérondivo limande se rattache à l'idée li- <•

Cachet, se fondant sur ce que Guillaume le mando aptus ».

Breton, dans sa Philippéide, traduit toujours LIMBE, L. limbus, bord.


homme lige par ligalus, se déclare également LIME, L. lima. —
D. limer, L. limarc;
en faveur de ligare. Chevallet fait de même. litnaille. Voy. aussi limande.
— Diez admettrait de préférence à ligaTe, une LIMIER, voy. lien.
dérivation du nord, lidi, compagnon, -lati- LIMINAIRE, L. liminaris (limen).
nisé en //rfz-tw (d'où viendrait, selon les règles, LIMITE, L. limes, limitis, BL. limita. —
la forme fr. lige., mais il n'en est pas satisfait D. limiter, L. limitare.
au point de vue du sens. —
Ducange prend LIMITROPHE, L. limitrophus, composition
pour type un adj. litius,lidius, du BL. litus, hybride, formée du L. limes, limite, et du
lidiis, homme attaché à la glèbe. —
Pour ma grec rpdfoi, adj. verbal de t/sî^siv, nourrir,
part, j'estime l'explication par ledig d'autant soigner. —
Le mot se rencontre pour là pre-
plus acceptable que ce mot, dans les dialectes mière fois dans le Code Justinien limitrophi :

néerlandais, se présente le plus souvent sous agri ou fu7idi, terres frontières, nom des
la forme syncopée leeg. —
Les formes prov. champs concédés aux soldats qui gardaient
litge, it. ligio, angl. liège, sont déduites du Dans la suite, le mot est devenu
les frontières.
français. — U. allégeance m.). (^. c. synonyme de limita?ieus.
LIGNÂ.GE, prov. linhatge lignatge, esp. li- 1 LIMON, boue, bourbe, forme augmenta-
.

nage, port, linhat/em, it. legnaggio, voy. tivedu h. limus. — D. limoneux.


ligne. — D. lignagcr. 2. LIMON, une des deux branches du timon
LIGNE, trait simple, puis suite, rangée, des- d'une voiture d'après Diez, de l'esp. /imon,
;

cendance de famille (linea sanguinis). Du L. m. s., dér. de leme, timon, gouvernail, dont
linca (linum) =
cordeau, ficelle, signification l'origine n'est pas encore éclaircie. Le flam. —
encore vivace dans « pèche à la ligne «, «tirer a lamoen pour limon, et Kiliaen cite à ce sujet
ime muraille à la ligne ». L'ancienne langue une forme française lamon. Ce changement de
présentait aussi une forme masc. lin, ling, voyelle, en syllabe atone, ne prouve rien
au sens de lignage, parenté, race, répondant contre la dérivation ci-dessusétablie, laquelle,
au prov. linh, ling (esp. lino =
série, ran- nullement à l'abri d'opposition.
toutefois, n'est
gée). Génin s'est fourvoyé en expliquant cette L'angl. limbers, limm,ers, limonière, avant-
forme par une apocope opérée sur le dérivé train, est rapporté par Mûller au nord, lim,
lignage. La forme vfr. lin cependant peut plur. limar (suéd. lem, lemmer), membres,
aussi se rapporter directement au simple L.- branches. Ce pourrait bien être là la vraie
linum, fil, cordon (on trouve aussi bien Zma^ye origine du mot esp. leme et du fr. limon. Il
dans les anciens textes que lignage). D. — n'est pas probable que limo}i, qui se trouve
lignage (v. c. m.), ligneul (v. c. m.), type déjà dans Chrétien de Troyes, soit venu au
LIO 307 LIT
français d'un radical espagnol, — D. limo- LIPPE, vfr. et wallon lepe, de l'ail, lippe,
ner, limoiier, -ière. lèvre, —y \).lippée, lippu.
3. LIMON, citron, esp., prov. limon, it;. LIQUÉFIER, d'un type liqueficare p. lique-
limonc, angl. lemon, flam. limoen, du per- facere; liquéfaction, d'un type liquefactio; pour
san limû, arabe laimùn. D. limonade, li-— mettre le verbe d'accord avec son substantif,
mo)iie7'. il fallait dire ou liquéfaire pour l'un, ou lique-
4. LIMON, en t. d'architecture, pièce de fication pour l'autre,
bois ou de pierre taillée en biais, du L. limus, LIQUEUR, L. liquorem. — D. liquoreux.
oblique. LIQUIDE, L. liquidus. — D. L.
liquidité,
LIMPIDE, L. limpidus. — D. limpidité. liquiditas; verbe liquider, de liquidus au
LIN, L. linum. —
D. linier; li nette, graine sens de clair et net,
de lin; linon, linot, linotte (cp. en ail. les ap- LIRE, L. légère (leg're). D. lisible, L. Ic- —
pellations hanfling ou leinfinke). gibilis, liseur (le L. lector se trouve, dans les

LINCEUL, it. lenzuolo, prov. linsol, du L. vieux glossaires, traduit correctement par
linteolum, morceau de linge, serviette (dérivé litre).

de linteum, linge). Ane. particulièrement = LIRON, voy. loir.


drap de lit, d'où l'acception actuelle. LIS, prov. un, liri, lis, esp., port, lirio;
LINÉAIRE, L. linearis; linéal, L.linealis; du L. lilium (gr. Idpiov). L's final du mot fr.
lineame7it,L. lineamentum; dérivés de linea, est un reste de l'ancien nominatif, devant le-
fr. lifjne. quel VI final du radical s'est efiacé car lis est ;

LINGE, pour lils. Cet s s'est communiqué aux dérivés,


(linum) ;
pr. toile de lin ; de
cp. lange de laneus. —
l'adj . Uneus
D. linger,
de là : liset, liseron, liseret, liserolle. — Du
lingère, -erie. — Ane. linge, adj. comme L. lilium : l'adj. Uliaceus, fr. liliacé.

dans dras linges, une linge robe, a disparu. LISERER, dér. de lisière. — D. liseré.

LINGOT, dér. du L. lingua, langue, lequel, LISIERE, pour listière, dér. de liste (v, c,

de même que le dim. lingula, ligula, avait, m.j. — D. liserer.


dans la bonne latinité déjà, dégagé des accep- 1. LISSE, adj., prov. lis, ït. liscio, e.sp.,

tions diverses se rapprochant de celle de lin- port. liso. On peut hésiter entre le gr. J.itîo,-,

got. — Une autre étymologie s'est produite m. s., et le vha. lîsi, doux (nha. leise). Diez,
pour des considérations phonologiques, favo-
sur la base de l'angl. ingot =^ lingot. On a
prétendu que lingot n'était que le mot anglais rise l'extraction germanique. D, lisser, —
avec agglutination de l'article. Et quant à d'où le subst. lissoir.
ingot, d'après la définition que lui donne le 2. LISSE, t. de marine ou de construction,

glossaire de Tyrwhit, « moule à couler les variante de liste [p. ss de st, cp. le nom propre
lingots », on l'explique par in-got, coulé de- Cassel de castellum). Cette étymologie se con-
dans. Nous ne sommes pas à même de com- firme par les dérivés listeau, petite lisse. Voy.
aussi lice 1 .
battre cette manière de voir; la seule objec-
tion que nous pourrions y faire, c'est que 3. LISSE, ficelle à lier des marchandises,
l'angl. actuel ne possède pas le verbe get, cou-
soit du L. licium, fil, ou de l'ail, litzc, cor-
ler, fondre, correspondant au néerl. gieten,
donnet.
ail. giessen; mais il se peut que la vieille lan-
LISTE, d'abord pièce longue et étroite en
gue lait possédé, puisque l'ags. avait geotan. général, bord, bande, puis spéc. bande de
En attendant des preuves plus concluantes de papier, d'où catalogue, énumération (une dé-
l'étymologie prêtée à iiigot, nous pouvons toiit
duction logique semblable se présente dans
aussi bien prétendre que le mot anglais est le bordereau); it., esp., prov. lista, port, lista,
mot français avec retranchement de l'article, listra. Du vha. lista, nha. leiste, m. s. D. —
d'autant plus qu'on a en angl. le mot linget
lister liter (une étoffe), listel, listeau, liteau,
défini par petite mesure de métal ».
'•
D. — liston, lisière, p. listière. Voy. aussi litre 2.
LIT, duL. lectus{cY>. confectus, confit ; pec-
lingotière.
LINGUAL, L. lingualis (lingua).
tus, pis). —
D. liter (du poisson;, literie, li-
tière, BL. l ect aria ; vGvho aliter.
LINGUE, ail. leng,ang\.ling, nom de pois- LITANIES. L. litaniœ, du gr. Uzx-Jiiy.,
son, du L. lingua; cp. la dénomination allem.
action de faire des /trà,- ou prières.
zungcnftsch.
LITEAU, autre forme de
LINGUISTE, néol., de lingua. — D. lin-
1

dérivé de
.

liste.
listeau, listel,

guistique.
2. LITEAU, t. de chasse, dér. de lit.
LINIMENT, L. linimentum (de linirc, oin- 1 LITER, arranger par lits, de lit.
. •

dre).
2. LITER, lister', couvrir avec de gros fils
LINOT, LINOTTE, voy. lin. la lisière du drap avant de le teindre de liste, ;

LINTEAU, esp. lintel, dintel, BL. lintel- bord.


lus, limensuperius, d'un type latin /«mYt'//»*-, LITHO-, en composition [lithographe, etc.),
dim. de limes, -itis, bord, lisière. Cette éty- du gr. n^o:, pierre
mologie de Diez se confirme par l'esp. linde, LITIÈRE, it. lettiera, BL. Icctaria; de lit.
port, linda, =-. limite, prov. lindar, seuil, = LITIGE, L, litigium (de litigare litem. =
L. limitaris. agere, d'où fr. litigant)\ litigieux, L. litigio-
LION, leon\ L. leo, leonis. — D. lionne, sus.
anc. lionesse, dim, lionceau. 1. LITRE, mesure de capacité, du gr. )izç,x..
, — ,

LOC — 308 LOx\I

2. LITRE, ceinture de deuil, prob. p. Ustre, LODS, Iodes', los\ dans » lods et ventes »,
variété do liste, bande, bordure (v. c. m.), cp. du BL. laudes, qui, comme subst. de laudare,
la forme prov. et it. (siennoisc) listra. consentir, octroyer, signifiait sans doute en
LITTÉRAIRE, L. litterarius (de littera, premier lieu octroi, puis aliénation d'un bien
lettre) ; littéral, L. litteralis ; littérature, en vertu d'octroi, puis le droit payé pour
L. litteratura ; littérateur, L. litterator. cet octroi d'aliénation.
LITTORAL, L. litoralis (de lit us, -oris, LOF, terme de marine, angl. loof, ail. luf;
rivage). du néerl. loef, m. s. D. lofer. —
LITURGIE, gv.UiTc-jpyix, office public. LOGARITHME, terme scientifique, fait do
LIVECHE, ane. levesse, it. levistica, libis- y-d/Oi, proportion, et de i^,i^y.6;, nombre.
dernière forme ital. a été défigurée
tico; cette LOGE, petite hutte, autr. aussi = tente, etc.
par l'interprétation imaginative du peuple en it. Coire /aH^»a, lomb.,piém./oWaj,
lof/ffia (à
V. flam. levestock, liefstickel, ail. liebstôckel, port, loja, prov. lofja, angl. lodr/e, BL. laubia.
en apparence =
chère petite plante. Du Du vha. lauba, laubja, nha. laube, feuillée,
L. levisticwn [Yôgèce), forme altérée de liffus- berceau, cabinet, galerie. Pour la transition
ticum litt. =
de Li^urie). logique, Diez rappelle le vfr. foillie, cabane,
LIVIDE, L. lividus. D. lividité. — de feuille. —
D. lof/er (cp. caser de casé).
LIVRAISON, voy livrer. LOGER, de iof/e. — D. lof/is, vfr. lof/cïs ;

1. LIVRE, musc, L. liba; libri. — cps. dé/or/er.


D. Ui-ret. LOGIQUE, gr. /o/i/o',- = relatif au discours
2. LIVRE, fém., it. libbra et lira, du L. ou à la raison (/o'/o;). — D. logicien.
libra. LOGOGRIPHE, composé de \6,o^, mot, -j-

LIVRÉE, voy. l'art, suiv. yiîTv'>;, filet, piège, énigme.


LIVRER, prov. liurar, it. live^'arc, librare, LOGOMACHIE, gr. lopii.-jLxlx, dispute do
BL. liberare (« libcrare dona », du L. libe- mots.
rarc (liber), rendre libre. L'idée moderne se LOI, vfr. /('/, du L. lex, legis. — D. loyal,
déduit naturellement du sens clas.sique ; affran- vfr. léal, L. legalis. Cps. aloi — (v. c. m.).
chir, détacher une chose ou la laisser partir, LOIN, anc. loing, du L. longe. — D. éloi-
la livrer, ne plus la retenir, sont des idées fini gner [eslongier', csloignier'). — D'un type
se tiennent, l'ne filiation de sens analogue longitanus s'est produit it. lontano, prov.
se remanjue dans le latin solvcre signifiant lonlidmi, fr. lointain.
payer. La valeur latine de liberare (alfran- LOINTAIN, voy. loin.
chir) est rendue par l'it. liberare, en csp. LOIR, prov. glirc, it. ghirn, du L. glis,

par librar, en fr. i)arcomposé délivrée'. Le


le gliris. Pour chute du g initial, cp. esp.,
la
prov. liurar réunit les deux acceptions an- port, lande pour glande, du L. glans. —
tique et moderne. —
D. livraison, action de D. liron (vfr. gliron), esp. liron; lérot (l'aLs-
livrer, fourniture; livrance', fourniture, d'où grave donne leyrot, dormeuse). Le champ, a
livrancier ; livrée, pr. ce qui est fourni, puis lairon =
sorte de rat.
spécialement ce qui est fourni en habille- LOISIR ; ce substantif est proprement un
ments par le maître au serviteur. Jadis, le infinitif, de même que plaisir, li'anc. verbe
chancelier, les grands officiers de la couronne loisir, prov. léger, n. prov. léser, lesir,
avaient, aussi bien que les domestiques, leurs représente le L. licere, et signifiait être per-
habits de livrée. mis. Le sens primitif du sub.st. loisir est donc
LOBE, gr. UZo;. —
D. lobé; dim. lobule; licence, permi.ssion la valeur de « j'ai la per-
;

locellc p. lobicclle (v. locellc). mission ou la faculté d'écrire », s'est rétrécie en


LOCAL, L. localis (locus). — D. localité, celle de « j'ai le temps libre d'écrire ». L'éty-
locdliser. mologie tirée du L. otium, mise en vogue par
LOCATAIRE, LOCATIF, LOCATION, du Ménage, est tout bonnement une absurdité.
L. locare, louer. Le même verbe loisir ^^ L. licere (d'où l'an-
LOCELLE, voy. lobe. D'après d'auti'es, du cienne locution loist à savoir L. scilicet) =
L. loccllus, petite loge (de locus). a laissé l'adjectif loisible.
LOCH, LOG, t. de marine, de l'angl. lor/. LOMBARD nom des établissements ainsi
; le'

LOCHE, poisson, esp. loja, angl. loach; nommés de lombard


est tiré usurier. « En =
d'origine inconnue. ce temps-là (en l'an 1200) l'usure et l'impudi-
LOCHER, branler; du mha. liicke (nha. loc- cité régnaient à masque levé dans la France.
hcr), = lâche, peu serré, que l'on met en rap- Mathieu Paris dit que le premier de ces
avec ail. loch, dial. luck, trou, liicke, il entend
'
l)ort vices y avait été apporté d'Italie ;

lacune. Chevallct place le verbe locher dans les Lombards qui publiquement
l'exerçaient
l'élément celtique et cite bret. lusha, branler, et sur l'autorité des princes, auxquels ils en
remuer, écoss. luaisg, gallois Ihoygaw payaient tribut » (Mézeray). Les monts-de-
irland. luasgaim. —
Cps. élocher (v, c. m.), piété étaient dans le principe des maisons de
secouer; rouchi ar/oc/ier, p.relocher, ébranler. prêt sur gages, les premiers furent sans
LOCMAN, voy. lamanenr. doute fondés par ces étrangers italiens, dont
LOCOMOTION,-TEUR,-TIVE,LOCOMOBILE, le nom était devenu synonyme d'usurier.
néologisme?, tirés du L. loco moverc, mou- LOMBES, L. lumbus, dont l'adj. fém. Inmbea
voir de place. s'est francisé en longe, anc. loigne, terme de
LOCUTION, L, Ivculioncm (loqui). boucherie, « longe de veau », wall. logne, v.
LOR — 309 — LOS

flam. loenie, longie, angi. loin; cp. aussi le LORIOT (l'initiale l provient de l'aggluti-
wall. lomberai, gribclette de porc, échinée. nation de l'article), vfr. oriouz, pic. nriot,
LONG, L. ]oi>gus. —
D. longueur (anc. prov. auriol, esp. oriol ; du L. aureolus, de
longueté, longuesse), longuet, longueric; longe, couleur d'or (cp. ail. gold-ammer). Les La-
bande de cuir ou de corde; longer, allonger. tins appelaient le merle doré galgulus. —
— Cps. longtemps =
long espace de temps ;
D'où vient l'expression compère loriot, pour
ce dernier est venu bien inutilement rempla- désigner l'orgelet ou bouton qui vient sur les
cer l'anc. adverbe longues. paupières? Nous donnons pour ce qu'elle
LONGANIMITÉ, L. longanimitas ; cp. l'ail. vaut l'explication qui se trouve dans le glos-
langmutli. saire picard de l'abbé Corblet « Pline et
:

1. LONGE, courroie, lanière, voy. long. Plutarque ont avancé que le regard du loriot
2. LONGE, terme de boucherie, voy. lombes. est tm remède excellent pour ceux qui sont
LONGÉVITÉ, L. 7oî?^«?î;?'te6'(longumfovum). atteints de la jaunisse. Cette opinion s'ac-
LONGITUDE, L. longitudo. D. longitu-— crédita au moyen âge et les personnes qui
dinal. souffraient de cette maladie prenaient un lo-
LOOCH, t. de pharmacie ; port, lohoc; de riot pour compère. De là notre expression :

l'arabe look (du verbe laaka, lécher). compère louriot pour exprimer un orgelet.
LOPIN; l'étym. L. lobus (),og5;), follicule, Du Ménil la dérive du BL. lorum, qui signi-
gousse, mise en circulation par Nicot, est fiait une blessure dont il ne sort pas de
impossible tant pour le sens que pour la let- sang. » Nous espérons que l'on finira par
tre. D'après Frisch, p. lapin, de l'ail, lappen, trouver une explication plus satisfaisante que
morceau c'est peu vraisemblable. Grandga-
; ces dcux-là! Je crois, pour ma part, que dans
gnage cite l'angl. lop, élaguer, d'où, selon Du- cette expression populaire, loriot ne représente
cange, BL. loppare, resecare, amputare, pas Vorjol =- aureolus, mais l'orgeol =
subst. lopadium, segmentum, frustum. Si le L. ordoolus (orgelet, v. c. m.).
mot désignait dès l'origine principalement LORMIER, anc. lorenier, loremier, lori-
un morceau à manger, on serait tenté de le mier, angi. lorimer, aussi loriner. Avant de
rapprocher d'un vieux mot fr. cité par Ro- signifier éperonnier, ce mot s'appliquait à
quefort louper, manger goulûment. Cp. en
: tous ouvriers fabriquant des objets concernant
patois champ. licTier, être gourmand, et li- le harnachement. Il dérive du vfr. lorain,
chette, petit morceau. Mais le sens foncier lorin, bride, rêne, longe, et par là du L. lo-
est masse; je le placerais donc plutôt dans rum, courroie. On appelait autrefois les lor-
la famille do l'équivalent anglais lump, v. miers aussi frenniers, faiseurs de freins Pour
flam. lompe, frustum, massa, qui sont des lorinier devenu lorimier, je rappellerai les
formes allégées de angl. clump, néerl. klomp, mots étamer, p. étaner, de étain, et veni-
ail. mod. klumpen. —
D. pop. lopiner, cas- mouo: de venin. —
Baudry pense que lormier
ser une croûte anc. aussi diviser en lopins.
; est p. Vormier, et ormier un dér. du radical
LOQUACE, L. loquax. —
D. loquacité, orm qui a donné BL. ormilla, boucle, et
h. loquacitas. ormiscus, collier. Cette étymologie est tout à
LOQUE, pièce d'étoffe usée ou déchirée du fait inutile, l'autre ne laissant aucun doute.
nord, lôkr, chose pendante (ce mot se re-
;

— D. lormerie,
trouve dans les composés breloque et pende- LORS, vfr. lores (la finale s caractérise l'ad-
loque). —D. dim. loquette, d'où loquctc, t. de verbe), du L. illa hora, à cette heure-là; le
blason, et loqueteux* =
déguenillé. composé alors, it. allora, représente la for-
1. LOQUET, laine gfossière; de l'ail, loche, mule ad illam horam. —
D. la conjonction
boucle do cheveux, anc. aussi flocon. = lorsque, litt. =
au temps que.
2. LOQUET, it. lucchelto, fermeture de LOS, vieux mot, signifiant louange. Du
porte, dim. du vfr. loc, m. s.; ce dernier vient plur. L. laudes IXsiwàixve). — Voy. au.ssi lods.
de l'ags. loc, angi. loch, flam. luyche; cp. LOSANGE, it. lozanga
de blason), figure
(t.

vha. bi-loh, verrou, goth. ga-luhan, enfermer quadrilatère à quatre côtés égaux ayant deux
(voy. aussi bloc). —
D, loqueteau, loquxter. angles aigus et deux angles obtus. On a pro-
LORETTE du quartier de Notre-Dame-de-
; posé, pour expliquer ce mot, d'abord une
Lorette à Paris, où beaucoup de ces femmes transformation de lorange, lequel viendrait
se logèrent étym. analogue à celle de fiacre. du L. laurus, vfr. lor, à cause d'une certaine

;

Fournier, dans le Vieux-Neuf, prétend ressemblance avec la feuille du laurier, puis


que lorette avait sa signification actuelle dès une transformation de loxangle, mot hypo-
le temps d'Henri III. thétique, que l'on expliquait par une combi-
LORGNER, en Normandie, loriner ; c'est, naison du grec \à\-z, oblique, avec le L. an-
d'après Diez, un verbe de la même famille gulus, angle. Ces co)ijectures sont loin de la
germanique d'où sortent suéd. lura, ail. vérité. D'après Cachet, le mot est identique
lauern, suisse loren, luren, néerl. loeren, avec le vieux subst. losenge, flatterie, men-
guetter, regarder à la dérobée. Ulrich sup- songe, tromperie (voy. plus loin l'article
pose un type vha, 'luranjan. Voy. aussi épar- louange). Jadis les armes, les devises des fa-
gner. L'angl. lurk, m. s. est rapporté par milles étaient brodées, peintes ou gravées
Malm au celt. Uerc, llercian. —
D. anc. adj. dans ce que nous appelons des losanges ainsi
lorgne, lour, louche lorgnette, -on ; lor-
; que cela se fait encore pour les blasons des
r/nadc. filles. « On aura dit d'abord de ces dessins,
LOU 310 — LOU
destinés souvent à exalter les grands sei- die, mensonge. Diez proposerait volontiers
gneurs par les allégories qu'ils renfermaient, (d'après Ziemann) le mha. lôsen, flatter avec
([ue c'étaient des losanges ou louanges, puis fausseté, si les formes romanes, par leurs di-
des mensonges, et bientôt le mot, dont le verses significations, n'imposaient pas le \j.lau-
sens primitif fut oublié, ne signifiait plus que dare, qui convient d'ailleurs parfuitemont
l'encadrement. » Nous ajouterons, à l'appui aussi sous le rapport de la forme. Cette com-
de cette manière de voir, que le subst. prov. munauté du radical los avec laud n'est pas
lauza (du verbe lauzar =
L. îaudare), port. admise par Baist; voy. l'art, cité sous lo-
loiisa, esp. etpiém. losa, vfr. lauze, a égale- sange. —
La terminaison ange est générale-
ment dégagé successivement, du sens primi- ment lapportée au latin emia dans vindemia,
tif louange, celui d'inscription funéraire, puis fr. vendange, etdans BL. landemia laudatio, =
celui de pierre sépulcrale, et enfin celui de consentement, autorisation. Pour la lettre, il
carreau dont on dalle les églises. Diez — n'y à rien à opposer, mais les deux seuls
aussi, pour expliquer losenge, flatterie, part exemples latins que l'on cite ne sufiisont pas
du prov. lauzar =
Iaudare, mais cette iden- pour établir un suflîxe emia ange, servant =
tité a été combattue par Baist (Grob. Ztschr., à former des subst. de l'action ; d'autant
V, 246). L"esp. losa, dalle, surtout dalle moins que l'élément emia y tient à la compo-
tombale, est probablement connexe avec fr. sition \vi7idemia est expliqué par vinum
losange et les autres correspondants romans demere, laudemia par laudcm emere, acheter
ou angl. formés d'après celui-ci, mais bien le consentement du seigneur pour aliéner un
assurément, pense Paist, il ne tient pas de bien). Je crois que atige ou enge dans les mots
Iaudare; la mutation d en s est étrangère à fr. laidange, mélange, vidange, louange, vfr.
cette langue. Le laiida de la même langue, au lavange, haenge (haine), coustange (frais),
sens de tombeau fpr. pierre funéraire), que doit avoir une autre source ; pourquoi no
l'on invoque également à propos de losange, serait-ce pa.s le suflSxe germanique ing (équi-
n'a rien non plus à faire avec Iaudare, louer, valent de ange), particulièrement propre à
et représente L. lapîdem. Schuchardt— l'anglais et au néerlandais (en moy. ni. sous
(Zt.schr.,VI, 424) suppose une origine celtique la forme inghe) et remplacé par img dans le
et invoque, dans la Lex metalli Vispacensis (de haut ail. actuel? Je ne fais qu'effleurer ici co
la 2" moitié du P"" siècle), le terme lapides sujet, qui appartient plutôt à la grammaire
latisiœ. Liebreclit (Jahrb XIII, 226) rappelle
, historique
un passage du livre « Eckermann, Kelten » 1. LOUCHE, adj. (le vfr. disait au masc.
(VII, 45) disant que dansLanguedoc et la
le lois),prov. losc, flam. losch; du L. luscits,
Provence, loza signifie pierre, que la Lozère a borgne. —
Chevallet, se formalisant sans
pris son nom de ses montagnes pierreuses et doute de la difl'érence de signification entre
qu'en breton laç signifie pierre sacrée, dolmen. louche et htsciis (qui, cependant, ne peut
— D'après Godefroy lauze s'appliquait jadis à faire difficulté), s'adresse à l'ail. lauscJien,
une espèce d'ardoise et l'on appelle encore auquel il prête la signification regarder de
maintenant de ce nom en Daupbiné des côté, tandis qu'il signifie écouter. Ce qui ag-
pierres plates servant à couvrir des murs de grave cette erreiir, c'est que l'auteur, totit
clôture. aussi malencontreusement, range sur la même
LOT, part qui échoit à qqn. dans un par- ligne l'ail, lauschcn, le néerl. lonhcn, regar-
tage, gain à la loterie, it. lotto, esp., port. der de côté, et l'angl. looh askew, regarder
lote; d'origine germanique vha. hloz, goth.
: de travers. —
D. loucher.
hlauts, nba. loos, flam , angl. lot, sort, part, 2. LOUCHE, grande cuiller pour servir le
lot; cp. encore vha. hluz, chose obtenue par potage, en agriculture, écuellc
puis aus.si,
le sort, nord, hhit, part. —
D. loterie; verbe pour répandre les engrais liquides. Génin
lotir, faire des lots. s'est à juste titre récrié contre l'omission de
LOTERIE, voy. lot. ce mot " ancien, fort usité, légitime et néces-
LOTION, L. lotio (p. lautio, de latare). — saire », dans le Dictionnaire de l'Académie.
D. lotionner. Le mot louche (vfr. lousse, wall. losé) est
LOTIR, voy. lot. — D. lotissement, -issage. rendu dans la latinitédu moyen âge par lo-
LOTO, jeu,^ de l'it. lotto, lot, sort (v. lot). chea; est-ce une tran.sformation du L. coch-
LOTTE, esp. Iota, d'origine inconnue. — lear, cuiller?
Comme ce poisson se tient dans des rivières l. LOUCHET, hoyau, propre à fouir la
limoneuses, on a signalé prov. lot,limon = terre ; dérivé de vfr. louche, bêche, un homo-
Lit. lutum. nvme de louche, cuiller.
'
LOTUS. LOTOS, L. lotos {\o>r6i). 2. LOUCHET, petite cuiller, houlette. Nous
LOUANGE, dér. de louer, comme vidange distinguons ce mot du précédent, vu la forme
de vider. De la forme prov. lauzar, L.laii- = des objets qu'il désigne, laquelle nous engage
dare, procède le subst. prov. lauzenga, vfr. à y voir un diminutif de louche 2.
losenge, it. lusinga, esp. lisonja, d'abord 1 . LOUER, vfr. loer, donner ou prendre en
louange, puis vaine flatterie, mensonge, d'où location, du L. locare, m. s. —
D. louage
le verbe losenger, flatter, tromper. Fallot (d'où louagenr). — Direct, du latin viennent
et Chevallct ont mal rencontré en ratta- lesmots savants location, -atif, -ataire ; le dér.
chant losenge, l'un à l'ail, lob-singen, chanter L. locarium, piov. loguier, s'est francisé en
des louanges, l'autre au vha. los, ruse, perfi- loger.
. .

LOU — 311 — LUE


2. LOUER, donner des louanges, du L. lau- lement. D'autres ont songé à lyra ; manière
dare. — D. louange (v. c. m.). de voir qui n'est pas aussi contraire à la lettre
LOUP, vfr. leu, du L. lupus; fém. louve, (cp. bourse de /îû^^/j) qu'au sens. Godefroy —
du L. lupa. — D. louvat (cp. l'it. lupatto)-^ observe que dans les pays de Bray et de Caux,
louvet (couleur), louveteau, louveter, louve- loure signifie flûte, flageolet. D. le terme —
tier, -eterie.Noy. aussi, pour la loc. à la queue de musique lourer.
leu leu, l'art, leu. LOUSTIC, de l'ail. lustig,gaï.
1 LOUPE, tumeur le plus souvent ronde LOUTRE; l'étym. généralement admise, lat.
ou ovale, puis en terme d'optique, lentille à luira, m. s quoiqu'elle paraisse toute natu-
,

deux faces convexes, esp. lupia et lobanillo, relle, est fautive; lutra, d'après les règles, se
à Coire luppa. La dérivation de L. lupa, bien fut francisé par leure. « La conservation du
qu'irrégulière, est admise par Diez et rendue t, observe Paris (Rom., X, 42), indique que

probable non-seulement par le terme allemand loutre provient soit d'un type luttra qui n'est
wolfs-f/escJiwulst, litt. tumeur de loup, mais pas attesté, soit de l'ail, otter, ce qui est plus
parce que le mot fr. loup lui-même s'emploie probable. Le Berri possède la forme régulière
pour une sorte d'ulcère virulent qui vient aux leure (et aussi loure). »
jambes. Cette dénomination n'est pas plus LOUVE, L. lupa, 1. louve, 2. prostituée.
étrange que celle du flegmon appelé /"wroncZe, — Le mot fr. signifie aussi, par comparaison
pr. petit voleur. Lanimal Carnivore a aussi avec la morsure de la louve, un outil de fer
prêté son nom à une espèce de chenilles qui qu'on place dans un trou fait exprès à une
rongent des boutons d'arbre. Notez encore le pierre et qui sert à l'enlever; de là le verbe
dimin. louvet, dans le sens spécial fièvre : louver.
avec tumeurs charbonneuses. D. loupeux.— LOUVET, LOUVETER, etc., voy. loup.
2. LOUPE, paresseux, «par allusion à celui LOUVOYER; les uns rattachent ce terme à
qui travaille à la loitjje et qui, par conséquent, louve, donc pr. marcher à la manière des
ne va pas très vite » (Bescherelle et Littré) loups allèguent l'angl. laveer, ail.
d'autres
— ; ;

étymologie bien forcée, me semble- t-il. D. laviren, m. s. Une troisième opinion déduit
louper, faire le paresseux. louvoyer de louver, m. s., qui serait issu du
LOUPER, voy. loupe 2. subst. lof{v.c. m.), partie du vaisseau qui est
LOUP-GAROU, voy. garou. au vent. Je tiens avec Diez cette dernière pour
LOURD, prov, lort; malgré la différence la plus raisonnable.
d'acception, cet adjectif, aussi bien que l'it. LOVE, dans « love de savon », de l'angl.
lordo, lurido, livide, pâle, malpropre, sale, loaf, pain, cp. l'expression « pain de sucre «.
vient du L. luridus, livide, jaune [(part, luri- LOVELACE, nom du héros du roman de Ri
datus, sale, souillé). Non seulement il s'est chardson « Clarisse Harlowe «

dégagé de l'acception classique, dans la latinité LOYAL, voy. loi. — D. loyauté'; opp. de
du moyen âge, l'acception de sale, mais aussi loyal.
celle de pourri, purulent. Les gloses de Rha- LOYER, voy. louer 1 .

banus traduisent en effet luridus par l'ail. LUBIE, caprice ex-


fantaisie impertinente,
fui. Or, du sens physique pourri au sens mo- travagant, d'un type latin lubia p. lubido.
ral stolidus, stupidus, pesant, la transition LUBIN, poisson, aussi nommé loup de mer;
est naturelle. rencontre plus d'une
Elle se comme l'it. hipazzo, dér. de lupus.
fois; nous citerons d'abord l'ail, fùl (auj. LUBRIQUE, vfr. lubre; du L. lubricus,
faul), que nous venons de mentionner et qui glissant, qui au moyen âge a pris la valeur de
signifie à la fois pourri et paresseux (la forme lascif (l'ail, schliipfrig réunit également les
flam. correspondante vuil veut dire sale). deux acceptions). —
D. lubricité, L. lubricitas.
Le wallon pourri s'emploie également pour LUCARNE, selon Diez, du L. lucerna, lan-
paresseux. La filiation livide, malpropre,
: terne, transformé de bonne heure en lucarna
pourri, paresseux, pesant d'esprit, n'a donc (d'où goth. lukarn); Littré, en présence des
rien qui puisse infirmer l'étymologie luri- anciennes formes luqueniie, lucane, explique
dus ; mais ce qui est plus extraordinaire, c'est le mot par lucanus, dér. de lux, lumière les ;

de voir le sens physique « pesant « se déduire finales donnent lieu à objection et j'aimerais
de l'acception morale pesant d'esprit, transi- tout autant recourir à l'ail, lucke, luke,
tion rare dans la langue. —
D'autres ont rap ouverture et particulièrement lucarne (même
porté lourd, it. lordo, au L. horridus, vfr. mot que li'icke, lacune).
ort, it. ordo, sale, en expliquant l'initiale l LUCIDE, L. lucidus; le fr. ne s'emploie
par l'agglutination de l'article. Mais cette qu'au sens figuré. — D. lucidité.
agglutination de l'article, dans un adjectif, LUCRE, L. lucrum; adj. lucratif, L. lucra-
serait un fait presque isolé (on la suppose tivus.
encore dans it. lazzo, du L. acidus). — LUETTE, p. uette (par l'agglutination de
D. lourdaud, lourdeur, lourderie, verbe fac- l'article). Uette est le dimin. du L. uva 1. =
Cps. balourd (v. c. m.).
titif a/ourc/ir. raisin, 2. luette. L'italien a la forme diminu-
LOURE, anc. =
musette, do là le sens ac- tive ugola, p. iivola.
tuel « espèce de danse grave ". Diez le fait LUEUR, prov. lugor, v. it. lucore, dérivé
venir du nord, lùdr, dan. lour, flûte de ber- du verbe lucerc, luire; un subst. L. lucor est
ger. —
Littré propose L. lura, outre, sacoche, admissible, d'après l'analogie de L. putor (vfr.
bourse, d'où le sens musette découle naturel- pueur), de putere.
LUS ?,12 — LUT

LUGUBRE, L. lugubris (lugerc). 2.LUSTRE, subst. du verbe lustrer (v. cm.).


LUI, cas oblique de il ; d'une forme compo- LUSTRER, L. lustrare, éclairer, rendre
sée ill-idc (voy.Diez, Gnimm.,2'' éd., II, 70). clair, luisant. — D. lustre, 1. éclat, 2. chan-
LUIRE, du L. htcrre p. hϐrc. A la forme delier suspendu ; lustrine.
verbale de la 2" conjug. latine répond vfr. LUT, L. lulum, limon. D. htter. —
hiisir; op. le même dualisme de forme dans LUTH, vfr. leiit, prov. laiit, it. liùio, leuto,
les verbes placere, iaccrn,jaccrc, licere, fran- esp. laud, port, alaùd, ail laute; de l'ai'abe
cisés à la fois par plaisir, taisir, gésir, loisir aVùd, m. s., pr. objet en bois. L'étymologie
et \iSLV plaire, taire, gire, loire . fondée sur l'ail, laut, son, ou goth. Iiulh6)i,
LUMBAGO, L. lumbago (lumbus). chanter au .son de la harpe, pèche contre les
LUMIÈRE, prov. lumncira, lumeira, du règles phonologiques. —
D. luthier.
RL. h'.iiii/uxria (lumen) lucerna. = LUTIN, vfr Imton ; dans les pays wallons
LUMIGNON, mèche, n'a rien à faire avec on rencontre fréquemment la forme nuiton,
L. lumen. Les formes anciennes sont limi- îiifton. Citons en premier lieu Grandgagnagc :

gnon, lemignon; pour le changement de i en " L'étymologie de ce mot est fort controver-

ii, cp. fumier p. fcmier, chalumeau p. chale- sée. Selon Roquefort, le vfr. luicton (sic) est
inel, etc. Parmi les nombreuses formes sous dit pour nuicton, et vient de nuit. L'auteur
lesquelles le gr. ïV-ù/yio-/ (lat. cUyclmium) des Wallonnades (J. Grandgagnage, oncle du
s'est communiqué à la latinité du moyen âge, philologue), qui considère nulon comme la
on trouve licimen, licmen, que je tiens pour forme normale, est à plus forte raison de cette
le primitif de l'anc. limignon. Pour plus de opinion « nutons, noctis homines; la nuit se
:

détails,voy. mon art. Rom., IV, 460 (fauti- « dit encore nittte dans plusieurs de nos patois

vement attribué à M. Cornu dans le Supplé- « wallons ». A cela, il y a deux difficultés :

ment de Littré). d'abord, la forme lùton,lutin est prédominante,


LUMINAIRE, L. luminar (lumen). en même temps qu'elle est exempte de su.spi-
LUMINEUX, L. luminosus (lumen). cion, tandis que celle en n peut avoir été pro-
LUNDI, it. luncdi, du L. Lunœ dies^ en duite précisément par l'influence du mot nuit;
pi'ov.diluns, dilus dies Lunœ. = puis le u de nute est bref, tandis que celui
LUNE,L. 7îfHa(p. luc-na). D. lunaire, — do lùton ou nùton est long ou moyen. Noël —
L. lunaris; lunaison ; lunatique (vfr. limage), et Charpentier dérivent notre mot du lat. lue-
L. lunaticus (pr. .soumis à l'influence do la tan, lutter. Enfin Gi'imm dit que le lutin ou
lune); lunel,t. de bla.son lunette {v. c. m.),
;
lùton vient peut-être du L. luctus, le .sons ver-
lunule. bal étant esprit plaintif, messager do deuil...
LUNETTE, pr. petite lune; comme terme l'ne étymologio qui se rapprocherait davan-
d'architecture, =
petites ouvertures réservées tage de la tradition serait celle du vha. liut,
pour donner du jour, ainsi nommées parce peuple, gens; cp. la dénomination lusacienuc
qu'elles remplissent en quelque sorte les fonc- ludki, les petites gens, de lud vha liut. =
tions de la lune ; le terme d'optique se rap- Mais le plus vraisemblable selon nous est (lue
porte à la forme des verres, « a circulis vi- lùton, lutin vient du vieux bas-saxon luttil,
treis veluti lunulis duabus « (Sylvius), — ags. hjtel, angl. little, v. flam. luttel, liltel,
D, lunettier. etc., = i)etit. » —
Diez laisse la question
LUPIN, L. hipinum (lupus; cp. l'expr. ail. indécise; il remarque que la dérivation de
wolfsbohnc). —
D. hqnnclle. nuit n'offre, pour nuiton, aucune difficulté
LURON. Quel est le véritable sens decemot? sérieuse, mais que l'on ne se rend pas compte
On l'emploie tantôt pour homme joyeux, gri- comment, au mot intelligible nuiton, on a pu
vois, bon vivant, tantôt pour homme vigou- substituer luiton, dont le sens étymologique
reux, déterminé. L'étym. qui m'attire le plus, était par là tout à fait eflacé. Sans vouloir —
c'est l'ail, hidcr, dont le sens primordial d'ap- nous prononcer pour aucune des ôtymologies
pât (de là fr. leurre, angl. lure) a engendré rapportées ci-dessus 'auxquelles il faut encore
celui de charogne, chose vile, etc., et qui ajouter celle de Fri.sch, qui remonte au vlia.
s'emploie aussi comme t. d'injui'e dans un hlùt, auj .-^on), nous répondrons
laut, bruit,
sens répondant aux diverses acceptions fran- à de Diez que le vfr. s'est égale-
l'olyjection
çaises de luron. —
On a aussi en ail. le subst. ment plu, au détriment de la clarté, c'est-à-
lauer (anc. lùr), coquin. —
Partant du sens dire du rapport sensible avec lo sens du pri-
«leste, agile, déterminé, qui ne s'embarrase de mitif, à transformer le verbe nomer,noumer,
rien », Génin, se pi'évalant de l'anc. ortho- nom.tner en lomer, loumer, lommer, formes
graphe leuron et de l'identité de u et v, inter- usuelles en wallon et dans le Poitou. D. —
prète le mot par levron, petit lévrier. Pour — luliner.
ne rien omettre, disons qu'on l'a expliqué en LUTRIN, anc. letrin, luitrin, du BL. lectri-
dernier lieu parle morvandeau luron, leuron, num, dérivé de lectrum (i-r/Ts-jv), pupitre pour
lureaic, bélier et au fig. luron, godelureau, lire, « analogium, super quolegitur " (Isid.).
qui, à son tour, est ramené à un mot germa- Cp. de less
le flam. lessenaer, lutrin, L. =
nique dont la trace est conservée par le poly- lectio; wall. leseni (Geste de Liège, lachenier)
ptyque d'Irminon lear, learis (bélier). Voy.
: litt. =
leçonnier, de leçon, L. lectio. La —
Revue critique, 1880, 2" .sem., p. 93. vieille langue avait, de la même façon, fait du
1. LUSTRE, espace de cinq ans, L. lus- subst. participial lecta, action de lire, le subst
trum,. luite, lecture.
MAC — 313 MAC
LUTTE, vfr. lidte, loite, du L. Zucto; verbe LYCÉE, du gr. Iv/.ùo-i, nom d'un gymnase
lutter, vfr. hiiter, du L. luclari. célèbre près d'Athènes, consacré à Apollon
LUXE, L. luxiis. — D. hi.vuciix, L.luxuo- Li/cien,c[ où Aristote enscignaitla philosophie.
sus. LYCOPODE, pied-de-loup. BL. lycopodium
LUXER, L. luxare(g\\ ii^îî/v). déboiter, dis- {'i-'j"j:, loup -\- TT-.O;, TTOr'c';, piod).
loquer; d'où luxation, L. luxatio. LYMPHE, L. li/mpha, eau. — D. lympha-
LUXURE, L. hixuria (luxus) D. luxu- — tique. L. lymphaticus.
rieux, L. -osus; luxurier, L. -ari; luxuriant, LYNX, it., csp. lince, du L. lynx i^i.'j/l) ; cp,
luxuriance. ail. luchs, angl. lox.
LUZERNE, 11. pr. lauzcrdo; champ, luzctte, LYRE, L. lyra (/û,'.a, instrument à corde.s).
ivraie, Berry luzet, ges.so sans feuilles. D'ori- — D. lyrique, L. lyricus ()u',t/o;) ; lyrisme,
gine inconnue. grec )-jf,ny.d;.

M
MA, fém. de mon, du L. mea. MACARONÉE, -ONI, -ONIQUE, voy. l'art.
MACABRE de citorea Machabœo-
(danse), préc.
ruin. —
Nous ne dirons ici sur l'étvmologie MACÉDOINE. " Ce mot, dit Ch. Nodier,
de ce terme que le fait qu'en vfr., la forme s'est probablement employé d'abord en parlant
Macabre =
Machabéc se rencontre dès le d'un mets très composé, par quelque allusion
xii" siècle. à cette variété incroyable de peuples aux-
MACADAM, du nom de l'inventeur (mort en quels Philippe et Alexandre firent subir les
1835). — D. tnacadamiser. lois- de la Macédoine et dont on remarqua les
MACARON, de l'it. macarone, plur. tnaca- vêtements divers et confus dans les armées de
7'oni. L'origine de ce mot n'est pas encore ce dernier. Il n'y a point d'expression plus
éclaircie. Kn attendant, on a mis en avant heureusement figurée au sujet de certains
macco, bouillie de fèves pilées, qui ne con- livres. " C'est là tout bonnement une supposi-
vient nullement; puis le gr. //a/aoï'a, pr. béa- tion en attendant que l'on ait découvert les
titude, cité dans Hcsychius comme désignant circonstances dans lesquelles le mot a en pre-
^fiùiULv. l/. ^'jiy.oî/ xoà à/sïTwv, mets fait de bouil- mier lieu été revêtu de sa signification ac-
lon, et de farine (d'après Curtius, yx/urAy, en tuelle. La date de cette signification n'est en
tant que nom d'un mets, tient au verbe tout cas pas très i"eculée. Il se pourrait bien
//.à77-:(v, pétrir). La composition de la pâtisse- qu'elle fût due au langage culinaire de quelque
rie qui actnellcment porte le nom de macaron Vatcl français.
ne répond plus à cette définition, mais bien MACÉRER, L. macerare.
celle dite macaroni; la dénomination « béati-
MACHE, plante potagère dont on mange
tude (cp. le terme béatilles), réjouissance »
leur conviendrait assez bien. —
Citons encore

les feuilles en salade; prob. danâcher.
Liebrecht (Jahrbuch, XIII, 230;, qui dérive MÂCHECOULIS ou MÂCHICOULIS. D'après
notre mot de -/.i/caoî--, les bienheureux; le repas l'Académie 1 :galeries établies à la partie
.

funèbre en l'honneur des morts s'appelle encore supérieure des fortifications anciennes, et
aujourd'hui //«/y^sia ; les maccheroni ou ma- dans lesquelles sont pratiquées des ouver-
caroni en formaient le principal élément ; de tures pour voir et défendre immédiatement le
là leur nom. —
D'où vient le nom de macaro- pied des ouvrages, 2. ces ouvertures mômes.
lires ou des vers ynacaroniques ? Etaient-ce Huet explique le mot par machine-coulis,
des pièces devant servir d'assaisonnement aux cela n'est pas sérieux; Le Duchat, par ma^/^a
macaronis? Ou les a-t-on nommés ainsi à ffula, autre plaisanterie. Mieux vaut l'opi-
cause de leur facture bigarrée à la façon du nion de Boniface « Màche-coulis est une cor-
:

mets favori des Italiens? C'est ce qui est le ruption de masse-coulis, espèce de couloir de
plus probable. Ce qui est acquis, c'est que Mer- galerie, d'allée, de passage, ])our aller à cou-
lin Coccaie (Théophile Folengo) est, s'il n'en vert autour d'un bâtiment, d'une tour. C'est
est l'inventeur, du moins le premier qui ait de cette galerie saillante que les assiégés, pro-
cultivé avec succès la poésie macaronique et tégés par les parapets, faisaient pleuvoir des
qu'il lui a donné ce nom en composant son pierres, àes, masses, etc., sur les assiégeants.
fameux poème « Macaronea ». D'après lui, Comme on trouve aussi musse-coulis on pour-
la poésie macaronique « nilnisi grassedinem, rait faire dériver ce mot de l'ancien verbe
ruditatem et vocabulazzos in se débet conti- musser, mucher, cacher. » — Dans Pals-
nere ». Littré remarque que le caractère plai- grave, je trouve / m.agecolle (Lydgate), I
:

sant, dans le populaire de plusieurs pays, a make false brayes about a towne wall, j<? ma-
été désigné par le nom de l'aliment favori de checoulle. Le grammairien anglais ajoute que
la nation que les Italiens appellent les Lydgate a emprunté mar/ecolle du fr. mâche-
;

plaisants de cette espèce macaroni ; les Fran- coulys, =


false bray, mais que les Français
çais, Jean Farine; les Anglais, Jacques Pou- n'emploient pas le verbe machecouller. Les
dings. dictionnaires anglais donnent encore le subst.
MAC — 314 — MAC

machicolation avec la définition : in old en question. Il incline vers une étymologie


castles tlie pouring of liot substances through déjà mentionnée par Ducange, d'après la-
apcrtxires iipon assailants. Cette définition quelle macio serait tiré du BL. marcio, m.
allègue à cet effet, pour la syncoi)e
cache une interprétation étymologique. La s. il ;

deuxième partie, cotation, peut être rapportée del'r. l'esp. macho, marteau, du L. marcii-
lus. Quant à marcio, le philologue allemand
à L. colatio de colare, couler, verser; quanta
mâche, il paraît désigner soit des substance^ y voit un dérivé du L. marcus, marteau (cp.
pilées (pierres, mortier), soit des blocs, et
tabelho de tabella]. Pour le rapport littéral
dériver ainsi du verbe macqucr, broyer (v. entre machio et macio, il cite le vfr. bracel
c. m.).
(d'où bracelet), du L. brachiale. Nous ne —
pensons pas que les objections de Diez contre
MÂCHEFER, scorie qui sort du fer à la
forge qnnnd on le bat, voy. macquer. Au — l'extraction germanique soient concluantes.
Ducange passages fort anciens
cite plusieurs
sens de fanfaron, b
mot se rapporte au verbe
où il emploi do mattio, qui doit étic
est fait
mâche}-. Cp. l'it. mangiaferro, ail. eisenfres-
antérieur aux formes macio et machio, et qui
ser.
se déduit très bien des radicaux germaniques.
MÂCHELIER, du vfr. machellc = L. 7na- —
La latinité du moyen âge présente encore
xiUa, mâchoire. le vocable maceria avec la signification do

MÂCHER, mascher, prov. mastegar, was- mur de clôture fde là le vfr. maisière). On ne
c7mr,esp.,port. masticar, mastigar, mascar, peut guère douter du rapport do ce mot avec
du L. masticare (de mandere par un supin macio. Or, comme on trouve également ma-
mastum). —
D. mâche, mâchicatoire, p. ynas- ceria, bois do construction, au lieu de mate-
ticatoire; mâchoire (v. c. m.); mâchonner^ ria, on est peut-être autorisé à ramener le
màchotter. Cps. màchedru, bon mangeur. macei-ia, mur. et partant au.ssi son primitif
MACHINE, L. machina i/i-nyxv^). D. ma- — immédiat macio, également à un radical mat.
chiner, L. machinari, inventer qqch. d'in-

D. maço7\ner, maçonnerie, maçonnique.
génieux, méditer qqch. de mal (d'où wiae/tma- MACQUE, instrument pour briser lo clian-
tion, machinateur et machineur, mot em- vre, subst. du verbe macquer, voy. l'art,
ployé par Lafontaine); machinal, L. machina- suiv.

lis m.achinerie, ?nachiniste, -ismc. MACQUER, briser lo chanvre. Ce verbe,


;

d'après Diez, est de la même famille que l'it.


MÂCHOIRE, de mâcher (cp. nageoire de
maccare (composé s-maccaré), esp. macar,
nager-). Les mots équivalents it. mascella,
prov. macar, tnachar, fouler, concas.ser.Die-
vfr. macheUe (d'où dent mâchelière, L. dons
fenbachrangeces verbes sous une racine mac,
maxillaris). et prov. maisseJla viennent du L.
frapper, meurtrir, fort répandue dans les lan-
maxilla, transposé en mascilla.
gues indo-germaniques et à laquelle il rat-
MACHURE, marque laissée par une pres- tache aussi le vfr. maquelette, petite massue,
sion, meurti'issure. tàclie, voy. l'art, masque. maillet, le goth.»îe/tt,épée, =
ags.mâAt.etc,
— D. mâchurer, wiv. mascurer, masqueler, gr. u.xxvir.«. —
Cachet poi-te l'attention en outre
souiller, tacher. sur le subst. maque, mas.se d'armes, qui, en
MACIS, écorce intérieure de la noix mus- Hainaut, signifie un bâton muni d'une boule
cade, du L. macis, écorce aromatique. au bout, donc une petite ma.ssue, pms macque,
1. MACLE, t. de blason, losange percé à la partie du fléau qui frappe le blé; maquet,
jour par le milieu, prob. de macula, maille. instrument de bois avec lequel on chasse la
2. MACLE, t. de cristallographie; àcmacle boule appelée choulet; enfin, maca, nom du
1, par assimilation de forme? martinet dans les usines métallurgiques. En
3. MACLE, châtaigne d'eau, de L. macula, vfr. macque signifie le gros bout d'un bâton ;
tache? On dit aussi m,acre. c'est de là qu'on a fait maquelotte, m. s.

MACLER, t. de verrerie, remuer verre le Grandgagnage, traitant le mot wallon mahe,
fondu, p. mascler, du L. misculare, voy. tête d'épingle ou d'un autre petit objet (dim.
mêler; a p. e ne fait pas difficulté en syllabe mahête, tête, pommeau, verbe maher, dim.
protonique. maketer), rappelle également les études de
MAÇON, prov. masso, BL. machio, macio. Diefenbach sur la racine mac, frapper ; tou-
Isidore, sans aucune probabilité, a dit ma- : tefois, il pense que les verbes romans cités
chiànes dicti a machinis quibus insistunt plus haut pourraient bien être rapportés au
propter altitudinem parietum. Huet, moins L. mactare (ctedere, ferire), lequel, au moyen
heureux encore, propose une dérivation du âge, s'employait effectivement dans le sens de
vfr. mas, maison; le maçon serait un faiseur de diffringere, in massam contundere. Le mot
maisons. L'origine la plus naturelle en appa- roman, dit-il, représenterait le primitif de
rence est celle de l'ail. metz(steinm,etz, tailleur mactare; cp. pour ce primitif macare, outre
de pierre), vha. mezzo, meizzo, cp. goth. mai- le gr. /y.â-/57&'/t, déjà cité parDoederlein, l'anc.
tan, tailler, ail. mod. meisseln, ciseler. Toute- scandin. moka, dan. rwoÂ^e (tailler, hacher).
fois, Diez objecte deux circonstances; d'abord, Cette savante conjecture soulève de graves
le mot étant cité par Isidore, il y a peu de difficultés. —
wall. mahe, vfr. maquet,
Le
présomption en faveur d'une provenance ger- foule, macco, macca, abondance,
amas, it.

manique; ensuite, la forme BL. machio ne viennent aussi de notre verbe macquer, comme
s'accorde pas avec les vocables germaniques foide de fouler. Caix explique it. macca par
. .

MAG — 315 MAG


le vlia manac, beaucoup (d'où fr. maint, v. MAGE, L. magus. — D. magie, L. magia
pi. loin); cela n'est pas soutenable. (•j.^y'J.y), magique, ynagicien.
MACRE, voy. macle 3. MAGISTÈR, mot maître). — D.
latin (voy.
MACRELLE, poule d'eau (Nicot a 7na- magistère, L. magisterium (vfr. maistire) ;
croulc); macreuse, macroifsc*, canard de mer, magistral, L. magistralis; magistrat, L. ma-
de couleur noire; prob. de la même origine gistratns, d'où inagistrature.
que maquereau, à cause de la bigarrure du MAGNAN, dénomination usuelle du ver à
plumage. soie dans le midi de la France ; d'origine in-
MACULE (mot savant), L. macula, tache. connue; pour le radical ma/7,cp.cymr.macat,
— D. maculer, Ij.ynacuîare, d'où maculation, angl. maggot, ver, mite. D. magnanier, —
-ature,immaculé. — Le même vocable latin magnanerie
s'est régulièrement franci.sé en mmï/e (v. c. m.). MAGNANIME, L. magnanimus; cp. ail.
MABIER, t. de marine, pièce de bois, est grossmfitJu'g, grossherzig, — D. tnagnani-
le même mot que madrier. mité, L. magHanimitas.
MADONE, de l'it. ma donna, ma dame. = MAGNAT, L. magnas, -atis, grand sei-
MADRAGUE, pêcherie faite de câbles et de gneur.
filets pour prendre les thons esp. almadraba,
; MAGNESIE, nom d'une terre, ou plus exac-
qui vient de l'arabe aJmazraba, enceinte de tement, l'oxyde d'un métal appelé magnésium.
filets pour prendre les thons (du verbe ^araôa, Quant à ce dernier, je ne me prononcerai pas
enclore). sur l'opinion de ceux qui le font venir du
MADRAS, nom d'une étoffe provenant de la L. magnes, aimant, le magnésium ayant la
ville de Madras, dans l'Inde. propriété de happer à la langue, comme l'ai-
MADRE, cœur et racine des différents bois mant a celle d'attirer le fer.
servant à faire des vases à boire puis vase à ;
MAGNÉTIQUE, adj. formé du L. magnes,
boire en général du vha. masar, nœud ou
;
-etis (jj/xy-j-n;), aimant. Quant à ixx,vrii, les
veines dans le bois, nha. m,aser, bois madré. anciens ont pensé, les uns qu'il venait d'un
Cp. ladre de lazarus. —
D. m,adré, tacheté nommé Magnus, qui aurait découvert ce
de diverses couleurs ; m,adrure. minéral (Pline), les autres de la ville de Ma-
MADRE, de madré (v. c. m.). — Le sens gnésie (Lucrèce). —
D. magnétisme, magné-
figuré de madré, fin, rusé, découle naturelle- tiser.

ment de celui de varié en couleur, cp. en MAGNIER, chaudronnier ambulant (dans


L. varius animus =
esprit fécond en res- les dialectes); aussi vfr. m.agnan, maignan,
sources, et en gr. Trot'ziiî;, multicolore et wall. m.ignon. Etymologie inconnue. En it.
adroit, rusé. magnano signifie serrurier.
MADRÉPORE, famille de polypes, de l'it.
MAGNIFIQUE, L. magni ficus. D. magni- —
madrcpora (d'après Littré, de madré, mère, ficence, L magnificentia 'magnifier, L. ma-
;

pierre).
gni ficare (d'où le chant dit Magnificat, pre-
-f- TtZipoi,
mier mot du chant).
MADRIER, en de marine wac^zer, planche
t.

de chêne fort épaisse, dér. du L. materia [es^^


MAGNOLIA, MAGNOLIER, arbre nommé
d'après Pierre Magnol, botaniste mort en
madera), bois de charpente.
1715. Le fruit s'appelle magnole.
MADRIGAL, it. madrigale, anc. madriale, 1. MAGOT, gros singe, au fig. homme fort
•mandriaîe, v. esp. mandrial; d'après Dicz, de
laid, figui'e grotesque. Voici les étymologies
MANDRiA =L. mandra, troupeau. Le mot
que l'on a mises en avant.: 1. Magodus, per-
exprimerait donc en premier lieu une chan-
sonnage du théâtre des anciens, qui remplis-
son pastorale. Cette étymologie vaut à coup
sait les rôles d'hommes et de femmes et qui
sûr mieux que celles qui font venir le mot
est mentionné dans Athénée. 2. L. mimus,
soit de Madrid, ou del'esp. madrugar, se
grimacier on devine que nous avons affaire
;
lever matin, et qui ne méritent aucune at-
ici à Ménage, qui, de ce type, apparemment si
tention. L'opinion de Huet offre plus d'inté-
éloigné, vous construit avec le plus grand
rêt, mais tout aussi peu de vraisemblance il ;
sang-froid un magot au moyen des échelons
dérive le mot de martegales ; et les marte-
mimicus, mimacus, macus, m,acuttus et
gales, dit-il, ont pris leur nom de martcgaux,
magottus ! 3. L. maccus, acteur qui joue les
peuples montagnards de Provence. Toutes ces
rôles de niais, arlequin, bouffon (dans les
étymologies sont d'ailleurs rendus suspectes
depuis la découverte d'un texte latin du
Atellanes), puis nom commun niais, imbé- =
cile. 4. L. imago. En voilà assez, de sottises
xiv^ siècle qui offre la forme tnatrialia, espèce
de composition musicale.
gravement débitées. —
Nous laisserons pru-
demment la question indécise.
MAISTRAL, voy. mistral. 2. MAGOT, amas d'argent caché, anc. ==
MAFLÉ, MAFLU étymologie inconnue;
; poche, le même mot que vfr. magaut, BL.
parait être une simple variété du rouchi mou- magaldus, poche, bourse, besace. Mais d'où
fiu et de mouflard {v. c. m.); cp. esp. mo- vient ce dernier? On n'oserait songer au vha.
fletes, grosses joues. mago, ail. mod. magen, estomac, bien que
MAGASIN, it. magaszino, esp. magacen, l'estomac puisse fort bien être comparé à une
almagacen, almacen, port, armazem; de poche. Et cependant, je crois pouvoir mainte-
l'arabe machzen, machazen, dépôt de mar- nir cette conjecture, depuis que j'ai vu, sur
chandises. cette relation d'idée entre estomac, poche,
. .

MAI — 3IG MAI

bourse, monceau, les nombreux excmi^lcs 1. MAIN, L.7nfl»?!.s\ —


D. menotte, manette;
tirés des dialectes italiens et réunis à propos verbe manier et subst. tnanièi'e; composé
du mot uiugon par Mussafia (Heitraj? zur maintenir (voy. ces mots).
Kunde der Nord-ltal. Mundarten, p. 7(5). — 2. 'MAIN, adv., voy. s. matin.

Grandgagnage voit dans mayot une altération MAIN DŒUVRE, tournure étrange qui,
du yiv.mitgot (encore dans La Fontaine), trésor logiquement, serait mieux rendue par « œu-
caclié, lequel est prob. dérivé de l'ags. laueg, vre de main » faut-il lui donner le sens
;

mitr/a, BL. muffa, mtigium, monceau, tas. « travail de façon » (main étant pris fig. pour

« Si le fr. magot, dit le pbilologue liégeois, travail), ou bien y voir une expression malen-
n'a pas l'origine que nous venons de dire, contreusement forgée d'après ynanœuvrc (v. c.
sans doute qu'il vient alors du souabc mauhe, m.)? .l'incline vers cette dernière explication.
lieu où les enfants caclient leurs friandises, MAINMORTE, de main, au .sens de puis-
bavarois maucken épargne secrète en ar- sance, droit do tester, d'aliéner, et de inort
gent, fruits, etc., et même cette dérivation = amorti, sans force
resterait vraisemblable (seulement dans ce MAINE, poignée (Molière), du HL. maniia,
cas en tant que médiate), si l'on tirait directe- manipulus.
ment magot du vfr. macaut, magaut, c.-à-d. MAINT, prov. tnaint, mant, it. manto, =
que ce dernier paraîtrait aussi être dérivé do multus. Les étymologistes hésitent entre
mauke, etc. » [Ce mot allemand mauke se cymr. maint, multitude, grandeur (cp.
rattache, ainsi que meiicheln, agir en cachette, trnppo, de truppits) et le subst. vha. ma-
à une racine muli, miich, qui pourrait bien nagôti, néerl. menigte, multitude, ou l'adj.
être aussi celle du vfr. muchier, wallon muchi, vha. manag, nha. manch. Dans la sup-
nfr. miisser, cacher (v. c. m.) L'explication do position d'une extraction germanique, ce
magot, soit par mugot, soit par l'ail, mauke, serait à la forme adjectivale neutre managas,
n'est d'ailleui's pas sans difficulté.
managat, qu'il faudrait rapporter directement
MAI, 1. nom de mois, 2. arbi'e planté le
le vocable fr. maint. Au mot allemand manch
1*^''
de ce mois: du L. majus. correspond encore le néerl. menig ags. ,

MAIE (dans les dial. mait, met), auge pour


mâneg, angl. manij. Langonsiepen peu ,

pétrir la pâte, fond d'un pressoii", prov. mag,


satisfait des étymologies ci-dessus produites,
n. prov. madi, mait, du L. magis, -idis,
a émis luie conjecture aussi bizarre que har-
va.'^e à pétrir, huche, pétrin,
die, en tirant maint du L. humanitus. Kn ce
1. MAIGRE, adj., du L. macei', fém.
qui concerne le sens, maint dirait propre-
macra. —
D. maigreur, L.macror; maigrir,
ment "humainement ", et de là sd dégagerait
L. macrescore maigret, maigrelet.
« communément,
;
l'idée souvent " ; maint
2. MAIGRE, vfr. maigiie, nom de poisson ;
étym. inconnue; Ducange cite maigite, pi.scis
homme serait ainsi souvent un homme;=
pour la transformation d'un adverbe on adjec-
régi us.
tif, il allègue les adjectifs vite et alerte;on{\\\,
MAIL, it., esp., port, maglio, espèce de mar-
quant au rapport littéral de humanitus à
teau, puis nom d'un jeu où l'on s^e sert d'un
mail. Du h. maliens, marteau. — D. mailler, maint, ou plus exactement, pour l'aphérèso
do la syllabe initiale, il rappelle moite de
battre; maillet, mailloche.
humectus (?). Nous ne présageons pas grand
1. MAILLE, it.,csp. î/ia/y/m., petit anneau
succès à cette trop ingénieuse étymologio.
ou nœud dont plusieurs font un tissu surtout ;

aussi les annelets de fer dont on faisait des


MAINTENANT, voy. l'art, suiv.

armures, d'où le terme cotte de mailles. Du L. MAINTENIR, en main, ne pas


pr. t<>nir

macula, qui signifiait 1 tache, marque (voy, lâcher, de là les subst. maintien, ynaintcnue
.

(et avec une physionomie plus .savante, manu-


macule), 2. ouverture pratiquée avec art dans
les choses tricotées ou tissées. Le sens pre- tention), puis l'expression adverbiale mainte-

mier " tache " est encore propre au mot fr. nant, it. im-mantenente, jadis équivalente à
dans quelques applications, comme « maille incontinent, sur-le-champ (le sens littéral est
à l'œil, mailles de perdreau ». D. mailler, — « pendant qu'on tient la main, qu'on a les
choses en main, qu'on est après "). Cette
d'où maillurc (mouchetures sur le plumage
des oiseaux), maillon, chaînon; maillier, valeur littérale de maintenant implique aussi
chaînetier maillot, espèce de réseau ou de bien l'actualité que la conséquence immédiate,
;

tricot, dont on enveloppe un petit enfant. ce qui explique les deux sens en ce moment :

MAILLE, et aussitôt (sens ancien).


2. maaille, petite monnaie
vfr.
valant un demi -denier, pour méaille, qui MAINTIEN, verbal de maintenir,
subst.
vient, par syncope, de médaille {y. c. m.); en donc de maintenir; notez la signi-
pr. action
v. port, mealha, prov. mealja. De là les locu- fication déduite « contenance, habitude du
tions « maille à partir; n'avoir ni sou ni corps en repos >•

maille «. MAIRAIN, voy. merrain.


MAILLET, -OCHE, vov. mail. — D. mail- MAIRE, du L. major, pr. plus grand, plus-
letcr. important, principal; dans la latinité du moyen
MAILLON, voy. maille 1 âge, appellation usuelle pour diverses fonctions
MAILLOT, voy. maille 1. — D. cmmaillo- Ce mot lat. major, nom de
civiles et militaires.
icr, démaillotcr. titreou dignité, .s'est francisé de diverses ma-
MAILLURE, vov. maille 1. nières au nominatif maire, aux ca-s obliques
:
\

MAJ — 317 — MAL


major, majeur, maiour, mai/cur. La langue MAJUSCULE, L. majusculus, un peu plus
majeur, ne connaît plus
actuelle, à part l'adj. grand.
que le major et le maire. L'expression ynajor- 1. MAL, adj., L. malus. L'adj. mal a dis-

do}ne est tirée tout d'une pièce du BL. major paru de la langue il n'en reste que des traces
domus. —
D. mairie.
;

dans quelques combinaisons ti'aditionnelles,


MAIS, mai, ma, v. esp., port, mais, n.
it. telles que malaise, malgré (v. c. m.), male-
esp., prov. mas, du L. magis La signification heure, malebouche malencontre ,malen- ,

primordiale " plus, amplius » est encore facile gin, malfaçon, malemort, malefaim, maie-
à démêler dans les locutions « )ie plus jamais « peste, etc.; notez encore les noms de famille
= non amplius, désormais dès mainte- = Malherbe, Malesherbes, Malebr anche, etc.
nant en avant (cp. dorénacaiit), n'en pouvoir 2. MAL, adv.. L. maie. En composition, oii
mais. Dans le vieux langage et dans certains il devient mau devant consonne (p. e. tnau-
patois, on emploie )nais, p. plus, devant des gré), il exprime souvent tout simplement la
noms de nombre mais de cent, p. plus de
: négation du simple ; maladroit, m,alade (v. c.
cent, La valeur de mais comme conjonction m.), malpropre, etc.
adversative lui vient du BL. sed inar/is p. 3. MAL, subst., L. malum.
sed potius au lieu de sed magis, on a fini par
; MALADE, vfr. malabde,
it. malato, prov.
dire magis iont court. —
L'ancienne langue malapte, malaut (résolution commune de
p
faisait grand usage de la conjonction itiaÀs en n). Cet adjectif avait communément été
que, pourvu que, pour peu que. Le gotli. — considéré comme représentant la combinaison
=

tnais, plus, plutôt, auquel correspond latine maie aptus. En effet, les mots fr.
l'ail. m,êr, auj. mehr, n'est pas issu de «m^w, indisposé et ail. impass unpâsslich (du ,

comme le fr. mais, mais il appartient à la vevhcjiassen, m. s. que L. aptare), offrent une
même racine indo-germanique mag d'où pro- métaphore analogue. Cependant, le typo maie
le mot latin.
cède apAus a été abandonné (voy. Cornu, Rom., III,
MAIS, de mains, mot haïtien. 377 et Ronsoh, Grober, Ztschr., I, 419) en
MAISON, it. magione, pi'ov. et v. esp. faveur de malc habitas en mauvais état, =
mayson, v. port, meyson; formes plus com- mal portant, locution constatée déjà dans la
plètes prov., ea^.mansion, it. mansione, vfr. bonne latinité et qui se prête parfaitement

:

mansion; du L. mansioiiem (manere), séjour; pour le sens et la lettre, D. maladie


cp. demeure àodemcurer. D. dim. maison- — (Gachet a recueilli dans son Glossaii'o un
nette; les vieux mots maisonnée, m.aisonner. subst. maladie au sens figuré d'embarras,
De maisonage, mais' nage, la vieille langue a position critique) ; maladif; inalaircrie, hôpi-
fait ménage (v. c. m.), gouvernement d'une tal de lépreux, p. maladerie (Yr parait être
maison, économie domestique, aussi mai- = l'effet d'une assimilation à ladrerie, lèpre).

sonnée, ensemble des personnes vivant dans MALADROIT, voy, adroit. — D, mala-
une maison. Un type latin mansionata, auquel dresse.
l'épond notre maisonnée, a produit par con- MALAISE, voy. aise.
traction les formes it. masnada, esp. mesnada, MALANDRE, L. malandriurn. — D. malan-
menada, prov. mainada, vfr. maisnée, mais-_ dreux (se dit du bois dans lequel il y a des
nie, famille, troupe, bande. — Enfin, c'est à nœuds pourris).
un rejeton de mansionata que se rattache MALANDRIN, brigand. vagabond, it. malan-
aussi le nom du chien dit màtin.(\. c, m.). drino ; d'après Diez,p. mal land^nn; or, lan-
MAITRE, vfr. maïstre, it. maestro, mastro, drin est un dér. du mot roman landra,
esp. maestro, maestre, port. mestre,Si\\.mcis- slandra, coureuse, cp. n. prov. landrin, lan-
ter, néerl. meester, angl. master, du L. ma- draire, fainéant, truand (à Côme, slaiidrnn.,
Le mot maître est traité adjectivale-
gisler. m. malandra, meretrix), prov. vilandrier
s.,

ment avec le sens de principal dans maitre- vagabond. Diez rapproche du


p. vil-landrier,
autel, maitresse-voùte, etc. D. maîtresse — mot landrale vlia. lantderi, litt. qui nuit au
(leL. domina avait le même sens erotique pays, brigand, le mha. lenderen nlia. schlen- ,

que notre mot français); maîtrise i^^nffi's.e iso der7î, vagabonder; il cite aussi le basque
l'anc. langue disait, avec le suffixe ie, mais- landerra, étranger, indigent. Le primitif —
trie) ; maîtriser, vfr. maistrier. malandre, anc. =
lèpre allégué par Littré,
MAJESTÉ, L. majestatem. D. majes- — n'est pas impossible. G. Paris (.\lexis, p. 194)
tueux, dérivation faite comme s'il existait un enseigne q-ue les mots anc. malan, rnaland,
L. mqjestus de la quatrième déclinaison cp. ;
malandre s'appliquaient aussi à mallieur,
voluptueux, de volupté. misère en général. Malandrin serait alors
MAJEUR, L. majorem. Le sens juridique sim]ilemcnt • misérable « au sens moral.
est déduit de l'idée aîné, L. major natu. — MALART,
sauvages, dér. de mâle.
pic maiUard, mâle des canes
D. majorité, 1. état de celui qui est majeur,
2. le plus grand nombre ; majorât, BL. ma- MALAXER, L. malaxare (gr. //aiscjTstv),
joratus, droit d'ainesse; verbe majorer, amollir.
augmenter. MALE, masle*, du L. masculus, masclus,
MAJOR, titre d'officier, voy. maij-e. m. s.
• MAJORDOME, voy. maire. MALÉDICTION, L. maledictio, mot latin
MAJORER, -ITÉ, voy. majeur. transformé régulièrement dans l'anc. lan^irue
. ,

MAL 318 — MAN


en maleïçon (cp. vfr. maleïr = maudire, de MALOTRU, malastru, malestru, wall.
vfr.

rnalcdicerc). malastru, malastruc, v. csp. malas-


prov.
MALÉFICE, L. maleficium. — D. maléficiè. trugo, it. (Dante) malestrui ; dér. de astrum;
MALÉFIQUE, L. maleficiis. le sens premier est « né sous un astre défavo-

MALÉNCONTRE, mauvaise rencontre, voy. rable » (on dit encore dans le Midi, dans un
encontre. — D. malencontreux. sens contraire, benatru) ; de là se produisent
MALFAIRE, maufaire' méfaire), L. ma-
[z^. les acceptions malheureux, mal vêtu, mal
lefacere. — D. malfaisant, -ance; malfaiteur, bâti. —Les étymologies maie inst7'uctus
L. malcfactor. (Ménage, Littréj, tnale intrusus (pour ainsi
MALGRÉ, mai.gré, = mauvais gré,
vfr. dire qui s'introduit mal à propos), sont inad-
déplaisir, malffrado, prov. malgrat. Ce
it. missibles, h'e dans l'anc. forme malestru,
subst. composé ne s'emploie plus que comme résulte de l'assourdissement naturel de l'a on
locution prépositionnelle malgré moi équi-: syllabe atone.
vaut à " avec mal gré de moi », c.-à-d. à mon MALT, mot germanique : angl. tnalt, ail.
regret, ou en dépit de moi. La suppression de mah, ni. molt, moût. D. malter. —
la préposition se rencontre encore dans force MALTÔTE, perception d'impAt illégale,
p. à force, crainte p. par crainte. Quant à exaction, anc. maie tolte, maletote. Tolte est
l'absence du signe génitival, elle était, comme le subst. participial du vfr. tollir, lever, et
on sait, conforme au génie de la vieille signifie levée ou perception d'impôts. —
langue; cp. hôtel-Dieu, li fils l'empereour D. maltôtier.
(Yillehardouin) du reste, on a d'anciens
;

exemples de construction avec de, p. ex. dans


MALVEILLANT, voy. vouloir. — D. tnal-
veillance.
les Cent Nouvelles nouvelles maulgré d'elle. :
MAL VERSER. L. rnale versare (fré(i. do
Au lieu du génitif du pronom per.sonnel, on
trouve aussi le pronom po.sse^>sif: maugré
vcrtcri'), litt. tourner ou employer à mal. —
D. >/ialvi'rsation.
voslre p. maigre cous, cp. it. mal mio grade,

prov. mal vostre grat. La phrase ^nalgré


MALVOISIE, vin fort doux; le nom lui
vient de Najjoli di Malvasia (Monembasie),
qu'il en ait équivaut à quelque déplaisir
«
ville de la Morée, près d'Argos; plus tard, il
qu'ilen ait ». Le mot ne peut donc en aucune
manière être envisagé ici comme conjonction.
s'est appliqué à des vins do même qualités

— Voy. aussi maugré.


d'autre provenance.

MALHEUR, voy. heur. Le féminin — MAMAN, onomatopée du


fants, qui se rencontre
langage des en-
partout; on trouve
malcheure, dans l'expression populaire à la
malcheure! n'est pas le même mot, mais avec le même sens mamma tlans Varron, ap.
représente mala hora, mauvaise humeur (cp. Nonium.
un mauvais quart d'heure). D. iiuxllicureux, — —
MAMELLE, h.mamilla,
D. mamelu, mamelière.
)iiainelon,
dim. de mamma.

vfr. inaleiïré.
MALEHEURE, voy. l'art, préc.
Termes savants tirés du latin mamillaire, :

MALICE, L. malitia. D. malicieux, — mamillé.


MAMELUK, mot arabe, signifiant esclave
L. malitiosus.
MALIN, anc. maling, fém. maligne, du L. {litt. possédé), nom d'une milice du Soudan
malignus. —
D. tnalignité, L. malignitas. d'Egypte, recrutée déjeunes esclaves.
MALINE, grande marée, L. malina (Beda MAMIE, p. m
amie, ma amie; on disait de
Venerabilis). même yn'amour, p. tna amour (le subst.
MALINGRE, p. mal heingre. Cet adj. vfr. amour était, comme on sait, autrefois fémi-
heingre heingre ont le cors e graisle »,
(" nin).
Chanson de Roland) est, d'après Diez, le MAMMIFÈRE, litt. =• porte- mamelles
L. œger, avec n intercalaire (cp. prov. engal, (mamma).
vfr. ingal, de œquàlis, bourg, aincre p. acre. MAMMON, mot araméen signifiant richesse
— Boucherie explique inutilement malingre et employé dans le Nouveau Testament comme
par un type lat. mcâigmdus' personnification des riches.se.s.

MALITORNE, maladroit, voy. maritorne. MAMMOUTH, d'origine inconnue.


MALLE, anc. maie, esp., port., prov., BL. MAN, en Normandie, ver blanc, larve du
mala ; soit du vha. malaha, maleha, malha, hanneton. Du vha. mado (auj. made), goth.
mantica, pera, flam. ynaal, maale, angl. matha, larve, ver, par une forme BL. mado,
mail, ou du gaél. maladh, màlah, sac, madonem, d'où fr. 'maon, man (cf. flan de
gousse. —D mallette, malletier, mallier fladonem). Joret, Rom., IX, 120.
composé malle-poste. MANANT, prov. manent, esp. manente, ha-
MALLÉABLE, L. malleabilis qu'on peut = bitant d'un bourg, puis paysan, fig. r=
étendre à coujjs de marteau, de malleare, rustre, grossier. Du verbe manoir, demeurer.
frapper avec le marteau [maliens). D. mal- — « Manant signifiait dès l'origine simplement
léabilité. habitant, demeurant. Dieu sait depuis lors ce
MALLÉOLE, L. malleolus, dim. de mal- que la langue française, sous l'influence d'une
iens, marteau. caste orgueilleuse et vaine, est parvenue à
MALMENER, vfr. maumener, maltraiter, jeter de mépris sur les manants, c.-à.-d. les
it.malmenare, prov., v. cat., v. e.sp. malme- bourgeois ou habitants, obligés de séjourner
nar. —
Voy. mener. dans la limite seigneuriale Voy. ce que dit !
. .

MAN 319 — MAN


Diicange sur les nia)iants et habitants, les risé ce mot savant sous la forme mande-
levants et couchants, levantes et cubantes. Ce gloire.
mot est encore un exemple frappant des vicis- MANDRIN, terme d'arts et métiers, d'appli-
situdes philologiques. Manant, avant d'être cation très variée. D'après Bugge (Rom., III,
un des mots les plus méprisants de notre lan- 154), dn L. mamphur, par la dérivation inan-
gue, avait désigné au moyen âge l'homme furinum, manf'rin, man'rin. Mamphur
aisé, l'homme riche qui avait un inanage, (dans Festus; signifie l'arbre d'un tour, .signi-
un manoir, une 7nanandie, ou, comme on l'a fication qui convient parfaitement à plusieurs
dit plus tard, qui avait pignon sur rue. " (Ga- des acceptions actuelles du mot mandrin.
chet.) Au point de vue de la lettre (cp. poudre de
MANCENILLE, de l'esp. manzenilla, petite pol fe p. polc're) comme du sens, l'élymologie
pomme, dim. de manzana, pomme L.malum de Bugge ne laisse rien à désirer.
Matianum). — D. rnancenillier MANEGE, art de dompter et de discipliner
1. MANCHE, subst. masc, it. m«/îzco, esp., le cheval, de Vit. maneggio, subst. verbal do
port, mango, prov. inargae, partie d'un in- m,aneggiare, manier, gouverner, dresser un
strument qu'on prend à la main pour s'en cheval. L'it. maneggio a de plus dégagé, de
servir; du BL. ma«?ci»«, m. s.(Papias), dér. son sens primordial maniement, le sens figuré
de manus. —
D. nianclievon, emmancher, de manigance (v. c. m.), également propre au
démoMcher fr. manège.
2. MANCHE, subst. fém., esp.,prov. tnanga,
it. manica, du lat. manica (manus), m. s. — MÂNES, L. mânes.
MANETTE, poignée, dimin. demain; cp.
D. manchon, inanchette.
manette et menotte.
MANCHOT, dérivé duvfr. et pi'ov. manc, it.,
esp. nianco, =^= L. tnancus, privé d'un mem-
MANGANESE, appelé anciennement magné-

bre, estropié, incomplet, défectueux. Au — sie noire;demaganesia,misa[iséma)iganesia,


corruption de magnesiai^). L'ail, dit mangan
xvii" siècle on employait encore l'adj. manque
tout court et, composé avec erz (minerai),
au sens de défectueux; ainsi « un manuscrit
mangancrz.
manque de plusieurs cayers ».
... MANCIB. dans les composés chiroman- MANGER, prov. manjar, it. mangiare, du
L. manducare, mand'care, mâcher, employé
cie, etc., du gr.
MANDARIN, mot
;j.acjziix,

portugais par lequel les


divination.
plus tard p. manger. —
D. mangeaille, man-

geoire, etc. cps. démanger (v. c. m.).


Européens désignent les fonctionnaires publics ;

en Chine. Les uns le tirent du L. mandare, MANGONNEAU (p. manganeau), it. man-
confier, ordonner, d'autres du sanscrit man-
ganello, prov. manganel, dim du vfr. man-
trin, conseiller (de mantra, conseil).
gan, it. mangano, fronde, qui vient du
MANDAT, voy. mander. — D. mandater; L. manganum, m. s. =: grec jj.xj/y.-j'i-j, en-
gin en général.
mandataire, chargé d'un mandat.
MANDE, panier d'osier à deux anses. Voy. MANÎCHORDIUM, voy. mo7iocorde
manne. —
D. mandrier, mandrerie [r ïnter- MANIE, L. mania, gr.
fixvix. D. ma- —
calaire comme dans maladrerie). niaque, L. maniacus, dérivé fait d'après l'ana-
MANDER, L. mandare, litt. mettre en = logie de dœmoniacus, car le grec ne présente
main, donner charge, faire savoir, faire ai)pe- que la forme ,axvt/.o;.

1er. —
D. mandetnent (vfr. niant):, m,andat, MANIER, anc. manoier, d'un type latin ma-
L. mandatum composés demander, com,man-
;
nicare (de manus; cp. en ail handhaben et
der, contre ynander. gr. ^îiîî^civ), d'où it. mancggiare (voy. ma-
MANDIBULE, mandibula (mandere),
L. nège), esp. manear, prov. maneiar. — D.
mâchoire. — D. mandibulaire verbe déman-
, inaniement, maniable.
tibuler (v. c m.). MANIERE, BL, maneria, angl. manner,
MANDILLE, sorte do casaque des laquais; habitude d'être ou de faire; subst. dérivé de
vfr. manda, illot-, -illon, petit manteau cp l'anc. adj. manier, « qui a la main faite à

;

BL. mandela, petite nappe, esp., port. )nan- qqcli., habitué, habile ". D. maiiiéré.
dil, tablier, couverture de cheval, prov. man- MANIFESTE, L. manifestus. D. mani- —
dil, serviette, arabe mandil, linge à essuyer ;
fester, -ation, L. rnanifestare, -atio.
venant tous du L. mantele (manus tela), man- MANIGANGE, manœuvre artificieuse. Ce
tile, mantilium, serviette. — Dozy admet mot est d'origine douteuse, du moins en ce qui
pour source directe de m,andiUe, l'ar. man- concei^ne le primitif immédiat, car il serait
dil,tiré lui-même du bas-grec fxc^ioô'nov = difficile de ne pas le rapporter en dernier lieu
lat. rnanlilc. à un radical m.anus. La inanigance n'est au
MANDOLINE, voy. le mot suivant fond qu'un tour de main. 11 .se rattache évi-
MANDORE, luth, anc. mandole fd'oii le dim. demment à un verbe manicare, mais on se
mandoline), mandola D'après Diez, m,an-
it. demande manicare est l'équivalent du
si ce
dora ou mandola est une corruption du L. fr. manier, ou un dérivé de wantca
si c'est =
pandura, pandurium, gr. Tia/jooûpa, qui a manche Diez est du dernier avis il rappelle ;

donné it. pandura, pandora, (r pandore puis .


que les manches sont l'instrument essentiel
aussi esp. bandurria, bandola. des prestidigitateurs pour exécuter leurs
MANDRAGORE, du L. mandragora, grec tours d'adresse, et cite le BL. maniculare
//.zv^/o«:/îpy.j. La langue populaire avait vulga- (ap. Papiam) =
dolum vel strophas excogi-
MAN 320 — MAQ
tare, do manicula, dim. de manica. Pour ma travailler avec la main. — I). manonvrier et
part, je pense que le manicare fr. manier, = ituum'Hvricr.
it. rnaneggiarc, suffit pour justifier le sens MANOIR, prov. mancr, angl. manor ; infi-
attaclié au dérivé manigance, celui-ci procé- nitif substantivé de l'anc. verbo manoir ==
dant direct, d'une forme savante inanigucr) on L. manere, demeurer, qui s'était francisé
trouve aussi manigant, artisan) ; on n'a qu'à aussi sous la forme maindre; voyez aussi ma-
se rappelor la valeur figurée du mot it. maneg- nant. — Peut-être la source immédiate cst-
gio, fr. manège, subst. verbal, issu de la forme ellc le HL. )ita)icrium.
it. maneggiare. Le mot wallon manihe, arti- MANOUVRIER. voy. tnanœuvre.
fices, tours d'adresse, ainsi que l'anc. fr. ma- MANQUER, it. mancare, cs'p. mancar,Qtve
nicle, m. s. (dict. de Trévoux), représente le en défaut, du L. mancits, imparfait, incom-
subst. verbal du dimin î>/a>j?ci</«r^. Cp. aussi plet. —
D. manque, manquement, imman-
l'ancienne forme manigottcr, jouer des mains. quable /mot du xvn* siècle).
I). manif/anccr. MANSARDE, fenêtre sur un toit a comble
MANIGUETTE, graine de paradis ; altéra- brisé, puis chambre pratitpiéc sous un comble
tion de malaguctte, csp. malaguela. Ce der- brisé d'après Jules Hardouin Mansard, cé-
;

nier vient du nom d'une ville d'Afrique où lèbre architecte à Paris, mort eu 166G.
l'on faisait In commerce de cette graine. MANSUÉTUDE, vfr. mansuetutne, du L.
MANIGUIÈRE, filets tendus aboutissant à tnansuetudo, -inis.
des manclies, dér. de manica, manclio. MANTE, it., esp., prov. manta, BL. man-
1. MANILLE,maniglia, terme du jeu
it. tum. Isidore avait émis l'étymologie absurde
d'hombrc; selon Dicz, de l'esp. manilla, bra- que voici tnantum Hispani vocant quod ma-
:

celet, it. maniglia =


L. monilia. Les K.spa- nus tcgat tan tum. Le mot représente le pri-
gnols, d'où nous vient le jeu d'hombro, se mitif inusité du L. inantellum : de ce dernier :

servant p. manille du terme malilla, il serait it.mantello, ail. mantel, fr. mantd' , man-
peut-être plus rationnel d'expliquer notre mot teau; la fomie fémin. csp. mantilla a donné
par « la malicieuse >' {malillo, dim. de tnalo)\ le fr. mantille.
lesFrançais et Ifailiens auront par cuphonio MANTEAU, voy. mante. — D. dim. mante-
transformé la liquide / en n. lii; do manteau au .sens do rempart (Froissart)
2. MANILLE, anneau, bracelet, autrefois vient dihnantelcr.
surtout anse d'un pot (Cofgi-uvc « liandle of : MANTILLE, voy. mante.
a jK>t "); du L. w«;îîc/«/rt (manus). MANUEL, ([ui se fait à la main, du L. tna-
MANIPULE, L. manipitlns (manu.s), poi- nuali.i. Ane. on di.sait argent manuel p. ar-
gnée, faisceau, puis un certain nombre de gent donné en main ou argent comptant. Isi-
fantassins. Du latin manijmlns
chimistes les dore mentionne déjà un subst. manuaU; ^^
ont tiré leur tei-me manipuler, préparer avec livre qu'on doit avoir à la main, d'où le subst.
la main. —
En BL. on trouve le subst. >/mni- fr. manuel; cp. le gr. s/xî./si^iîv do yûp main,
pula, signifiant serviette et truelle. et l'ail, handbuch. —
D. manuelle (t. d'arts
MANIPULER, voy. l'art, préc. et métiers).
MANIQUE ou manicle, espèce de gant, du MANUFACTURE, mot moderne, tiré de L.
L. rnanicula, petite manche. manu facere, fabriquer à la main (cp. manœu-
MANI"\rEAU, petit panier en osier; parait le terme a survécu à l'invention des
vrer,-.,
être xin dimin. Ae marine on mande; pour la machines, qui a singulièrement réduit le rôle
forme, cp. baliveau. des mains. —
D. manufacturier, verbe >/ia-
MANI7ELLE. it. manovcllo; mot hybride nufactnrer.
composé du L. manus et du vha. icellan, MANUSCRIT, L. manu scriptus.
tourner wclla, arbre, essieu).
l'subst. MANUTENTION, forme plus latine que
1. MANNE, nourriture céleste, suc végétal, uiainlien, de manu Icnerc, tenir en main, ad-
L. manna (hébreu man). ministrer.
2. MANNE, panier, pour mande (forme pi- MAPPE, anc. =
serviette, torchon, du L.
carde), BL. manda; du néerl. mand, mande, mappa, Mappe, par le changement
serviette.
ags. mond, angl. maund. D. mannequin, — de m en n, est devenu nappe (v. c. m.). De
m. s forme diminutive faite d'après le néerl.
, mappa les savants, par allusion à une ser-
mandekcn, sportula, fiscella (Kiliaen). — viette pliée en deux ou à une nappe étendue
L'étymologie gcrman. parait devoir prévaloir .sur la table, ont créé le terme mappa mundi,
surcelle tirée du celt. men Cvov. banne). d'où le fr. inappemonde.
1. MANNEQUIN, panier, vov manne 2. MAPPEMONDE, voy. l'art, préc.
2. MANNEQUIN, figure d'homme, servant MAQUE, MAQUER, voy. macque.
aux peintres, du manneken,
néerl. petit 1MAQUEREAU, poi.sson, maquereV (d'où
homme [man). — D. mannequiné, de pein- t.
.

néerl. mahrccl, angl. machci'cU, cymr. ma-


ture, « qui sent le mannequin ;•, disposé avec crell). Ce vocable est d'habitude tirédu L. ma-
affecrarion. cula, tache, à cause des raies que ce poisson
MANŒUVRE, it. manom-a, esp. maniobra, porte sur le dos; maquereau serait ainsi p.
BL. manopera, subst. verbal (an masc, c'est maclereau. Je préfère ramener macarcllus
le nom de l'ouvrier, au fém., le nom de l'ac- (type immédiat de maqucrel) à maca -— tache
tion); tiré du verbe manœuvrer, it. mano- produite par le froissement d'un fruit. Or, je
vrarc, csp. maniubrar =
L. manu opcrari, rattache maca et .son dérivé macula au verbe
MAQ 321 — MAR
hypothétique macare, dont il a été question MARABOUT, 1 . religieux mahométan, pais
sous 7uacquer. La tache est envisagée comme 2. par dénigrement, homme laid; 3. par assi-
le résultat d'une meurtrissui'e. Notre ma-— milation à la coupole de la demeure des mara-
nière de voir se confirme par la forme champ. bouts, cafetière à large ventre ; 4. sorte d'oi-

maquet\).maquereau. il/a^'itej-eau s'applique seau, et par assimilation au plumage de cet
aussi à dos taches de brûlure aux jambes. — oiseau, sans doute, sorte de ruban. L'appella-
D'après Malin, le maquereau tire son nom de tion de prêtre vient du participe arabe, mara-
inaquereau 2, parce que, selon l'opinion popu- bath, lié à Dieu, dévot.
laire, ce poisson poursuit les petits poissons,
MARAÎCHER, MARAIS, voy. mare.
pour les amener à leurs mâles.
MARASME, gr. //apaT//o,-, du verbe ij.%py.hz\.-i
2. MAQUEREAU (fém. maquereUe), entre-
flétrir, dessécher.
metteur. Du néerl. maher, subst. du verbe
mahcn (= ail. machen), négocier, trafiquer. MARASQUIN,
liqueur faite avec la marasca,
petite cerise acide ce dernier mot it. est p.
Cp. en vha. mahhari de tnalihôn, macliinari,
;

amarasca, et vient de amarus., amer; on


huormahhari, entremetteur de prostituées.
appelle cette cerise en it. aussi amarina.
La source immédiate du mot français pour-
rait bien être le v. flam. makelaer (ail. i7iâk- MARATRE, du BL. matrastra == noverca,
ler), courtier, entremetteur, de mahclen, belle-mère. Cp. parùtre, BL. patraster.
dérivé de mahcn. Cette étymologie est, de . MARAUD, homme de rien, va-nu-pieds ; de
toutes celles qui ont été produites, la seule làmarauder, voler, piller. L'origine de ce
qui soit plausible. Donat ayant énoncé la mot n'est pas encore établie. Passons en
phrase " », on
leno pallio varii coloris utitur revue les diverses tentatives faites à ce sujet,
avait pensé que le mot fr. venait, comme le naturellement sans les apprécier. Le Duchat
préc, de macula. Mais comment, observe rattache maraud, de môme que maroufle, à
Diez, la France seule aurait-elle gardé cette un primitif marre, sorte de houe ; on voulait,
trace d'un usage de la scène comique des pense-t-il, exprimer par ces termes le rustre
Romains? —
D'autres ont songé au verbe qui n'est bon qu'à manier la marre. Ménage —
hébreu rnachar, vendre, ou au Ij.aquariolus, (suivi par Rônsch) s'adressait à l'hébreu ma-
aide, valet de mauvais lieu (ap. Tertullien). Le riai, gueux, exilé, vagabond. Mahn se —
Dnchat y voyait même une corruption de prononcerait volontiers pour l'arabe marada,
mercureau, c.-à-d. petit mercure! D. nia- — maridun, rebelle, insolent, si le mot avait
querellage. surgi en Espagne (le port, maroto est tiré du
MAQUETTE, t. de sculpteur, de l'it. mac- fr.). Il incline donc plutôt pour L. moratcr,
chietta, petite tache, première ébauche, dim. retardataire, traînard (en parlant des sol-
de m,acchia --— L. macula; cp. le terme dats), étymologie qui, pour le sens, concorde
brouiUon. tout à fait avec le fr. maraudeur Le mot .

MAQUIGNON, anc. maquillon, a la même latin aurait, par le peuple, été altôi^é en maro-
origine que maquereau ; c.-à-d. néerl. malien, tor. —
L'opinion du Simplicisismus (écrit
faire, trafiquer, troquer. Cp. le champ, ma- célèbre sur la guerre de Trente ans), d'après
que, vente, m.aquelard, courtier, maquignon. laquelle le mot viendrait d'un comte de Mé-
Le L. manr/o, m. s., ne peut être invoqué. rode, commandant d'un régiment composé de
MAQUILLER (SE), se farder, se grimer, pr. mauvais drôles, est démentie par le fait que
se maculer. Mon étymologie par L. maca, pri- les mots maraud, marauder, maraudise figu-
mitif de macula, tache, a été taxée par Fôr- rent déjà dans le dictionnaire de Robert Es-
ster (Grôb. Ztschr., III, 565) darchimalheu- tienne de 1549. —
Diez avait successivement
reuse et de contraire aux règles les plus allégué l'adj. esp. mal-roto, port, maroto,
élémentaires. C'est raide, et l'on me passera litt. =
maie ruptus, ruiné, dépravé, d'où
quelques mots de justification. J'avoue que vient également le verbe ma/rotor (aussi mar-
mon article est mal libellé, mais il n'est pas lotar, marrotar), détruire, dissiper son bien,
aussi pitoyable qu'on se complaît à le pré- puis Tanc. fr. marrir, s'égarer. Il est plus —
senter. Maquiller se pi'ésentait à moi comme que probable que marauder s'appliquait
un mot de façon moderne ou savante, échap- d'abord aux déprédations des soldats retarda-
pant par conséquent aux lois de foi'mation taires, aux traînards laissés sur la route et
rigoureuses; je le ramenai ainsi à un thème abandonnés à eux-mêmes; il faudrait donc,
savant maque =
csj). maca (meurtrissure, si l'étymologie de Mahn, patronnée plus tard
tache), que l'on est bien en droit de rappro- par Diez, n'était pas admise, remonter à un
cher de maca, primitif hypothétique du dimi- mot exprimant fatigué, rompu, répondant au
nutif lat. macula. A la rigueur, waca eût fait sens encore attaché à l'ail, .marode (mot
maie en fr., mais on peut admettre une forme évidemment tiré des langues romanes), ainsi
lat. macca (cp. vacca, fr. vaque et vache). En qu'au mot marodi, maladif (dial. de Coire), et
tout cas, depuis que Forster a ou la bonne marà (dial. de Côme). —
D'après Bugge,
chance de rencontrer iine forme ancienne r)iaraud serait =
^maraldus, qui serait, lui,
masquillier, dûment constatée (Chans. d'An- formé de "malaldus par dissimilation, comme
tioche,II, 279, var.),je n'hésite pas à assigner mérancolic de mélancolie. Quant à malaldus,
(avec lui) à ce verbe la même origine qu'à vfr, dérivé de malus, il est analogue, pour la for-
mascurer, dont je parle à la tin de l'art, mation, aux adj. courtaud, 7'ichaud et semjb}..
masque. (Rom., III, 155),
^1
.

MAR 322 MAR


MARAUDER, voy. maraud. — D. maraude MARCHER (vfr.aussi marchir) ; les mots
(d'où l'esp. merode), maraudeur, -âge, -aille. it.marciare, esp, marchar, ail. marschiren,
MARBRE, angl. marble, it. màrrno, prov. sont empruntas du français. On a proposé
marme, esp. marmol, port, marmore, du L. entre autres comme sources de ce verbe :

marmor, marmoris. — D, marbrer, mar- 1. L. mercari, négocier, trafiquer, d'où so

brier, etc. serait dégagée l'idée de va-et-vient (cp. le


1 MARC, poids et monnaie, de l'ail, mark, verbe ail. wandeln, aller, primitivement =
pr. signe, puis chose marquée d'un signe, tourner, changer). Sylvius, partisan de cette
poids, monnaie. Cp. le motpinte. étymologie, dit A mercari iovia, quia « Im-
:

2. picard merc, résidu des fruits


MARC, piger extrêmes currit mercator ad Indos » ;

pressés, d'après Ménage du L. amurca, lie 2. un subst. marche p. marque, au sens de


d'huile; étym. contraire à la lettre; Diez vestige, trace du pied. Diez rejette ces éty-
serait plutôt tenté d'admettre comme* source mologies par des raisons soit logiques, .soit
le L. emarcum, mot gaulois employé par phonologiques. Comme le verbe marcher est
Pline et Columelle pour une espèce de vigne d'une date relativement récente, il n'admet
de qualité médiocre ; le sens foncier serait pas non plus le celt. march, ou vha. marah
alors chose de rebut. Pour l'aphérèse de e = cheval. —
Chevallet s'est rendu coupable
initial, cp. mine de hemina. On pourrait — d'une insigne bévue en faisant venir marcher
aussi rattacher marc à l'ail, mark, chair des de l'ail, marschiren (\\. écrit et prononce môme,
fruits, pulpe, moelle, angl. marrow, néerl, seconde méprise, marchiren pour faire venir
marg ; les significations ne sont pas trop le mot de march, cheval), comme si, par sa
distantes; mais je pense être plus près de la terminaison déjà, ce verbe ne s'annonçait pas
vérité en faisant dériver marc du verbe mar- comme un mot étranger. — Je no puis
cher, au sens de fouler, piétiner (v. c. m.). approuver aucune de ces tentatives pour
MARCASSIN, dim. d'un subst. marcasse expliquer l'origine d'un terme aussi usuel que
(inusité), truie, cochon, dont l'origine est tnarcher. Ce verbe, avant de signifier « met-
inconnue. Y aurait-il communauté radicale tre le pied sur, faire des pas », signifiait fou-
avec le vfr. margoilloier rouler dans la , ler, presser, piétiner ; on dit encore aujour-
boue, subst. margouillis, bourbier, BL. d'huimarcher l'étoffe, la ouate, la terre les ;

marcasium,, bourbier, norm. wan/a^i'c, marc marchent l'argile dans le u mar-


briquetiere
bourbeuse? —
Chevallet n'hésite pas à remon- cheux », et l'iincienno langue abonde en
ter au tudcsque harc, porc, néerl. barg. Mais exemples à l'appui do cette valeur do notre
le passage de b initial en m
est cho.se trop mot. Or, l'idée de piétiner, fouler, et celle do
insolite dans les langues romanes. Je ne — mettre le pied, faire des pas, se touchent
puis me rallier à Roulin, qui (Littré, suppl.) aussi près qtie possible; aussi l'ail, treten
ÛVQ marcassin du melkswijn, cochon de
ni. signific-t-ilà la fois fouler et marcher; il en
lait. La lettre s'y oppose trop fortement, .le est do même de l'angl. icalh, marcher, qui,
maintiens ma conjecture d'une dérivation de sous la forme allemande walken, veut dire
vfr. marquais, BL. marcasium, bourbier ; le fouler (le drap, etc.), et de l'ail, traben, qui
gr. ypofx.fii et lat. scrofa (truie) sont fondés de signifie trotter et qui est à la fois le primitif
même sur l'idée de fouiller dans les bour- de trdber, marc (chose pressurée). Reste à
biers. fixer l'origine de marcher, fouler. Il so peut
MARCASSITE, pyrite, d'après Sonsa, do fort bien que la languo latine ait déjà pos-
l'arabe marhazat, m. s., participe du verbe sédé dans son fonds un verbe viarcarc, frap-
rahaza, trouver du minerai. per, aplatir; le subst. marcus, le frappeur,
MARCHAND, vfr. marchedant, marcheant, marteau (dim. marculus, marcellus), permet
it. mercadante, part, du verbe mcrcatare, de le présumer. Quoi qu'il en soit, je n'hésite
prov. mercadar, formes fréquentatives du pas à ranger notre mot dans la même famille
L. mercari. On a du reste aussi it. mer- que L. marcere, marcescere, être flétri (les
cante, et dans la vieille langue déjà les idées flétrir et fouler ou presser sont corréla-
formes marchant, markand, qui se rappor- tives, à preuve le mot fr. flétrir lui-môme, et
tent directement au L. mercari. D. tnar- — en outre l'ail, welk, fané, de walken, rouler,
chandcr, marchandise (dans l'origine = cylindrer, fouler). D'après ce qui précède, on
trafic, commerce). comprendra que je considère le mot m,arc,
1. MARCHE, action de marcher, etc., voy. résidu de substances pressui'ées, comme le
marcher. —
Cps. marche-pied marche = subst. verbal de marcher; j'ai pour moi les
pour le pied Meunier, se fondant sur l'it.
; équivalents ail. trester (de treten), trdber (de
marciapiede, définit le terme lieu que inar- : traben) =néerl. draf, drabbe (de draven,
che le pied. drabben). Le subst. verbal de marcher,
2. MARCHE, frontière, BL. marca, it. mettre le pied, a la forme féminine ; c'est
marca, vfr. aussi to arc
(vocabulaire d'Evreux, marche 1 action de marcher ; 2. degré qui
.

= confinium), du goth. marka, vha. mar- sert à monter et à descendre. Composés :


cha, ags. mearcr. nord, mark, mha. mark, démarche ; mémarchure, entorse du cheval,
pr. signe, marque (de délimitation). — De Fit. provenant d'un faux pas. —
J'ai eu la satis-
marca dérive, par
type marchensis,
le l'it. faction de voir mon
étymologie de marcher
marquese, es,^. marques, fr. ynarquis. favorablement accueillie par deux autorités,
MARCHÉ, L. mercatus, trafic. Diez et Litlré. Le premier a renoncé à son
. •

MAR — 323 — MAR


ancienne interprétation par « aller de marche MARGAJAT, galopin, polisson; d'origine
en marche ". inconnue ; tient peut-être à margoule men-
MARCOTTE, en champ, et roiichi plus cor- tionné sous marjolet.
rectement margotte, it. margotta; du L. mer- MARGE, L. margo, -inis. D. margelle, —
gus, provin (de mergere, plonger, enfoncer). rebord d'un puits; marger, émarger; mar-
— D. marcotter. giner, L. marginare marginal, L. margi- ;

MARDI, martedi, marti, du L. Martis


it. nalis.
(lies; les mêmes éléments renversés, dies MARGOT, foi'me populaire du prénom
Martis, ont donné prov. dimars, ou mars Marguerite ; nom vulgaire de la pie (cp. Jac-
tout court ; l'esp. dit martes. quot), de là l'acception « bavarde ». —
MARE, amas d'eau dormante, néerl. maer, D. margotter
maar, stagnum, lacus, palus; du L. mare MARGOUILLIS, gâchis, bourbier. D'origine
(BL. aussi fém. ïnara), qui au moyen âge incertaine, voy. marcassin; peut-être le
avait pris le sens de « receptus quarumvis thème marg est-il identique avec celui du
aquarum " (Isidorus omnis congregatio
: BL. marcasiuni, marais, étang.
aquarum sive salsse sint, sive dulces, abusive MARGRAVE, de l'ail, tnarh-graf, comte
maria nuncupantur). —
D. vfr. maresq ; de qui administrait une marche, mafquis. —
cette dernière forme viennent le subst. mare- D. margraviat.
cage, vfr. mareschière =
marais, et l'adj. ou MARGUERITE, vfr. margerie, 1. perle; 2.
subst. maraîcher, jardinier qui cultive des par métaphore, nom d'une fleur; du L. mar-
légumes dans les marais dont Paris est envi- garlta {tj.xp/c.pir-nij, perle.
ronné. Maresq répond au BL. marescum, MARGUILLIER, vfr. marreglier, champ.
mariscus, v. flam. maerasch, maersche, mairlier, du BL. matricularius, qui tient les
meersch, angl. marsh, ail. ynarsch. La forme registres [matricula) d'une fabrique d'église.
marais (vfr. aussi inarois) peut au besoin — D. marguillerie, vfr. m,arlerie.
venir de maresq, mais comme il existe un MARI, marif prov. marit, it. marito, du
it. marese, on peut aussi lui supposer un type L. tnaritus (mas, maris).
,

D. marital, L. —
latin ?narensis. maritalis; inarier, L. mari tare.
MARÉCAGE, voy, mare. — D. maréca- MARIER, voy. mari. D. mariage. —
geux. MARIN, L. marinus (mare). D. mari- —
MARÉCHAL, mariscaîco, maniscalco,
it. nier; marine, 1. science de la mer, 2. troupe
maliscaJco, csp., port, mariscal, i^rov. ma- de mer (anc. le mot signifiait généralement
nescalc; du vha. marah-scalc =
valet \scalc) rivage) ; mariner, pr. assaisonner des mets à
qui soigne les chevaux (tnarah). » Cette éty- la façon des marins, les tremper dans le vinai-
mologie s'explique d'elle-même pour le maré- gre, dans la saumure.
chal ferrant ou le vétérinaire; quant aux MARINE, voy. marin.
maréchaux, officiers de divers grades dans MARINER, voy. marin. D. marinade. —
l'armée, je dois faire observer ^^ue le mares- MARINGOUIN, d'origine inconnue.
cal, ou BL. marescalcus, ne fut d'abord qu'un MARIONNETTE, du fr. Marion (Marie),
simple domêsïique de la maison de nos pre- nom de poupée dans le département de
; la
miers rois, auquel était confié le soin d'un Marne, on dit aussi mariole pour poupée.
certain nombre de chevaux plus tard, il fut
; MARISQUE, L. marisca, grosse figue et
chai'gé de ranger la cavalerie en bataille sous excroissance de chair (cp. ftc).
les ordres du connétable {cornes stabidi). MARITAL, voy. 77iari.
Depuis, l'office de maréchal a toujours été en MARITIME, L. maritimus.
augmentant d'importance jusqu'à devenir la MARITORNE, servante d'auberge dans Don
première charge de l'armée. " (Chevallet.) — Quichotte de là fille hommasse, laide, mal-
; ;

D. maréchalat, maréchalerie ; du subst. ISL. propre. Lin changement do liquide a donné


marescalciata, primitivement =
troupe sous malitorne, =
grossièrement maladroit cette ;

les ordi'es d'un maréchal, vient le terme modification .s'est faite sans doute sous l'in-
marécJi/iussce (anc. marechaiissiée, -ie). fluence de ^ maie tornatus ", mal tourné.
MARÉCHAUSSÉE, voy. l'art, préc. MARIVAUDER, imiter le style de Mari-
MARÉE, 1. flux et reflux; de
2. poisson vaux.
mer non d'un adj. mareus, tiré du
salé, MARJOLAINE, v. flam. margheleyne, maio-
L. mare. Dans la première acception, tou- leyne, it. majorana, esp. mayorana, port.
tefois, lemot parait être plutôt le subst. ver- ail. majoran, angl.
m,aiorana et tnangerone,
bal du vfr. maréer, naviguer, flotter cp. l'it. ; marjoram, vfr. marone, BL. majoraca,
mareggiare, ondoyer, voguer, d'où mareg- majorana, tnagorana, ynagerona; a^Mi Dios-
marée, mareggio, agitation de la mer.
giata., coride, )x-).\.lo\>p7.-)y.. Toutes ces formes sont
MARELLE, voy. mérelle. défigurées du L. amaracus, qui a la même si-
MARFIL (ont dit plus souvent morfd), dent gnification.
d'éléphant, de l'esp. marfd (v. esp.
direct, MARJOLET, petit fat, muguet selon quel- ;

al-mafil), port, marfim,; l'explication par la ques-uns p. mariolet, de m,a7'iole, poupée;


combinaison des mots arabes nab, dent, et fd donc pr. =
petite poupée. Cette étymologio
éléphant, ne satisfait pas à la lettre. Aussi est peu probable. Mieux vaudrait déduire le
Baist pi'opose-t-il comme l'origine la plus mot de marjolaine (cp. muguet). Peut-être
probable nah-al-fd. est-il identique aveclowall. margoule, homme
MAR — 324 — MAR
de rien, valaqiic rnarghiolu, fourbe, coquin, grave a mannotonner, « to grumble, mutter,
cp. rouclii mariaule, homme de rien. it. ma- or mui-mure ".
riiiolo, mariolo, fripon, larron. Grandga- MARMOT, 1. singe, 2. figure grotesque.
gnage traite au long cette famille, qu'il rat- D'après H. Estienne, du gr. /xopy-i), masque,
tache à un antique primitif marg exprimant figure de femme inspirant la terreur. Cela
en premier lieu de mélange, alliage,
le sens est peu i)robable. — Pour la signification
d'où viennent naturellement, ensuite, diffé- petit gai'çon, qui estprobablement indépen-
rentes déncminations méprisantes. dante de marmot, singe, je propose pour pri-
MARMAILLE, it. mminaglia, troupe de mitif le \ïr.mcrme, petit (qui dérive du L. mi-
marmots (v. c. m.). nimus comme vfr. arme, âme, du L. anima).
MARMELADE, esp. mcrmelada, du poi't. De cet adj. viendraient notre ynarmot, it.

viarmeJo, coing (esp. par transposition )>jc'»i- marmocchio, terme collectif marmaille,
et le
briUo), donc, pr. confiture de coing. Quant à troupe d'enfants, it. marmat/lia, gens de rien,
warme/o, il vient du h.nidhnclum [aîAifi-»}*.o-j), canaille. A mer me se rapporte aussi
cet adj.
litt. pomme de miel. le prov. diminuer, décroître, d'où
tnei'mar,
MARMITE, it. (dial. lombard) et esp. mar- subst. nicrmansa, mermaria, décadence, dé-
niita, de marnio. marbre? La marmite
l'it. péris-sement. On
pourrait au besoin y ratta-
était peut-être en premier lieu un i)ot de pierre, cher encore marmite, nfr. viarmiteiix
le vfr.
espèce de mortiei-, et les marmites de métal (V. c. m.), piteux, minable. Cp. encore dans
auraient conservé le nom usuel d'abord pour le dial. de Çôme et de Crémone mannèl,
la chose. C'est plus natu-
l'étymologie la iiiarmcfrrn, petit doigt.
relle, et encore la terminaison m'embarra.sse- MARMOTTE, marmotta, esp. mamiota,
it.

t-elle un peu. —
J'ajouterai cependant une rat des Alpes un vocable gâté, par a.ssi-
; c'est
autre conjecture marmita se voit dans le
: milution au verbo marmotter, du vhu. mi(7'e-
livre « Inquisitio de vita et moribus B. .loan- monto, vncrmi'.nti, suisse uninnct, dial. do
nis, episcopi Vicentini » avec le sens do Coiro murtnoiit. Le mémo dialecte de Coiro
diaconus ou minister. Cela suggère l'idée que dit aussi montanella, d'où Diez conclut avec
le sens de marmite était d'abord sei*viteur, raison que le mot murmont représente mus
valet, au fém. servante; de là viendraient les (gén. mûris) montanus, qui est le nom scien-
dér. ynarmiton r= valeton, et maryniteux = tifique donné par Bochart à la marmotte. Les
qui a l'air pauvre (voy. l'art, suiv.). Le nom Allemands ayant gâté le mot en rnurmel-
aurait, dans la suite, ét^ appliqué à un u.sten- thicr,\Qs Romans ont imité ce terme et en ont
silede cuisine, comme le nom dera/pf sedonne fait marmotte (ail. miirmeln di.sant la mémo
pareillement à toutes sortes d'outils, .le citerai chose que fr. marmotter).
à l'appui de cette métaphore le rouchi niêqurne, MARMOTTER, vfr. aussi may'mouscr ; prob.
pr. servante (voy. mesquin), qui signifie le des mots onomatopées analogues au L. mur-
gros chenet placé du côté opposé à la poulie ynurmdn. Grandgagnage décom-
»>a«r«re, ail.
du {ourne-broche, et notre mot cuisiniiVe ne po.se maiinouser en mar[s{v. »ia/j-|-wall. =
s'applique-t-il pas aussi au poêle de cuisine? niùser, fredonner =
L. mussare (HL. mu-
Reste à savoir d'où vient ce marmite dia- = sare), bourdonner; et marmotter en mar -\-
conus. —
On objecte que marmita, dans le mottcr =
L. tniittire, submissa voce loqui.
passage cité est une leçon douteuse il faut ; Cela e.st-il aussi vrai qu'ingénieux? Wacker-
donc chercher ailleui's. Diez, d'après Fri.sch, nagel rattache le mot à la marmotte, mais
voit dansmarmite une onomatopée, tirée du je suis d'avis que c'est plutôt notre verbo
bouillonnement (marmotter) ; Marina le rap- qui a déterminé le nom du quadrupède (voy.
porte à l'arabe marmicl. lieu oii on cuit la pi. h.).
viande. —
D. marmiton (it. marmit07ie, esp. MARMOUSET, petite figure grotesque. Peut-
7na7'miton). être du même radical que marmot, singe,
MARMITEUX, mal partagé du côté de la dont la forme bretonne marmous (Gm\ivnniéc,
fortune et de la santé. Autr. cet adj., comme du reste, au roman) aurait fourni le thème.
le simple marmite, signifiait hypocrite, pape- Grandgagnage est d'avis qu'on pourrait faire
lard il se peut que les deux sens se tiennent
; dériver le mot du yyaWonmarmouzer tour- =
par l'intermédiaii-e de l'idée «qui se donne un menter, importuner, dans le sens verbal :

air faux de misérable y. Littré explique mà7-- lutin, petit taquin ; mais quant à ce verbe
mite, hypocrite, par "faux doux »,de inar ^ marmouzer, l'auteur du dictionnaire wallon
mal, et mite (L. tnitis), doux, en se fondant ne va pas au delà de la pure conjecture
sur un vers du Renard (142) Si l'une est : fvoy. l'art, préc). —
L'ne ancienne étymo
chate, l'autre est mite. —
Diez fait découler logie, et c'est la plus accréditée, consiste à
le sens " misérable « de la marmite des pau- expliquer marmouset par m,armourct (on
vres. —
Je n'insiste pas sur ma conjecture, trouve en effet vicus mainnoretorum pour
émise à l'art, préc, puisque le marmita = traduire riœ des Marmousets), c.-à-d. les gro-
serviteur est soupçonné d'être une fausse leçon. tesques petites figures en marbre qui ornent
Voy. aussi marmot. les fontaines et par lesquelles l'eau sort. —
MARMITON, voy. marmite. Littré (suppl.) cite le BL. marmoscti (du
MARMONNER = marmotter (1). Littré de- xiii'' siècle) appliqué aux écoliers qui, comme
mande si ce n'est pas le norm. màner, gein- de petites figures sculptées, ne font pas atten-
dre, joint à la particule mar, mal. Cot- — tion à ce que dit le professeur.
.

MAR — 325 — MAR


MARNE, vfr. et dial. marie, merle, angl. 1 . MARRON, châtaigne, it. marrone. Mura-
marie, du BL. margila, marg'la, dérivé de tori est d'avis que ce vocable appartient au
L. marga, m. s., cité par Pline comme étant fonds latin et pourrait être identique avec le
d'origine gauloise. Pour l devenu n, cp. ^jo- surnom de famille vue portait le poète Virgi-
terne p. posterle. Dans les langues germani- lius Maro. Selon d'autres, le mot serait gâté
ques, margila a produit vlia. mergil, nha. de l'hébreu armôn, platanier. que l'on tradui-
mergel, v. flam. marghel. D. marneux,— sait autrefois par castanea. Dans Eustathe —
marner, marnière. on trouve Mzoccîv. —
D. 'marronnier.
MAR0NA6E, p. marenage (cp. vfr. chardo- 2. MARRON (anc. simarron), nègre fugitif,
nal p. cliardenal, ca.vdi\TX-à\\ maronier,ma- mutilation de l'esp. cimarron, pr. sauvage;
rin, p. marenier), dérivé de vfr. marrain, se dit aussi des animaux domestiques qui re-
auj. merrain (v. c. m.). prennent le chemin des bois. C'est de ce —
MARONNER, t. populaire p. murmurer. marron-\îx que vient aussi marron au sens
Le mot n'a pas d'histoire. de « ouvrage imprimé clandestinement », et
MAROQUIN, cuir du Maroc. — D. maro- courtier marro7i ^= qui exerce sans brevet.
quincr. — D. marronnage.
MAROTIQUE, MAROTISME, de Marot (Clé- MARRUBE, plante, L. marruhium.
ment), poète célèbre du xvi" siècle. MARS, nom du mois, du L. martius (de
MAROTTE, tête bizarre, grotesque, placée Mars, dieu de la guerre). —
D. tnarsage,
au bout d'un bâton entouré de grelots puis le ; blés semés en mars.
nom du bâton même, le sceptre de la folie ; MARSAULT, du BL. marsalix, litt. saule
enfin =
objet d'une passion folle. Selon les mâle.
uns p. mérotte, petite mère, petite poupée ; MARSOUIN, cétacé du genre dauphin du
suivant d'autres, p. mariotte de »iarze pou- = vha. meri-suin (nha. meerschwein), litt. co-
;

pée (cp. marionnette de Mario)i). Dans les — chon de mer.


Ardennes marotte équivaut à marionnette, MARTEAU, anc. martel, it. m,artello, esp.
poupée, jouet c'est de ce dernier sens qu'il
;
martilln,à\\ BL. marias, primitif du L. mar-
faut prob. déduire la locution « chacun a sa liilus. — I). martelet, marteler.
marotte," etsembl.; cp. » c'est son c/ac?a ». MARTEL, anc. forme de marteau, restée
1. MAROUFLE, rustre, fripon, malhonnête. dans la locution avoir martel en tète, qui se
Serait-ce le wallon mrtr7ou/"=gourdin, rondin, rattache à une acception métaphorique du
fig. homme gros et court? Ou le mot vien- mot tourment, souci, propre aussi à l'it.
:

drait-il du radical marre, it. marra, houe? martello. Cp. le sens figuré de marteler,
Ou est-ce une transformation populaire de tourmenter.
maraud ? MARTELER, -ET, voy. marteau.
2. MAROUFLE, colle dont on se sert pour
MARTIAL, L. martialis (Mars).
maroufler des tableaux étymologie incon- ;
MARTIN, nom propre, appliqué par la fan-
nue. taisie à divers animaux, quadrupèdes (âne,
MARQUE, it., esp., port., prov. marca, de
ours) et oiseaux {martin -chasseur, martin-
l'ail, mark, signe, borne. Voy. aussi les mots
j)ècheur\ diminutif war^mei, espèce d'hiron-
ynarc et marche. —
D.marquer{a\\.. merken),
delle). —
D'où vient le vfr. martin, idée,
signaler, indiquer; fréqx-ienl. marqueter
MARQUER, voy. marque. —
Cps. remar-
projet, dans la locution « chanter ou parler
d'autre m.artin », encore usuelle dans les pro-
quer, démarquer. vinces belges?
MARQUETER, fréquentatif de marquer,
synonyme de tacheter. — D. mai^queteur, MARTIN-BÂTON, Delboulle (Rom., IX,
marqueterie. 127) pense que l'origine du dicton est dans le
MARQUETTE, pain de cire vierge; selon roman du Renard (v. 754), où le prêtre Mar-
tin, après avoir pris le loup dans une fosse,
Littré, du BL. marca, monnaie, prix de ce
pain. lui tient ce langage :

MARQUIS, voy. tnarche. D. marquise; — Sire Ysengrin, or vous vouldrai


d'après Génin, on a appelé marquise un petit Ce (iue je tant promis vous ai :

Aprendrai vos. à cent baitton


auvent au-dessus d'un perron, parce qu'il Comment jjvestrc Martin a nom.
protège les nmrches ou degrés du perron;
c'est peu vraisemblable ; il fallait dire plutôt,
1. MARTINET, hirondelle, fig. petit chan-
delier plat à queue et sans patte; voy. pi. h.
je pense, " parce qu'il protège les marquises »;
sous martin.
marquisat.
MARRAINE, vfr. ynarrine, prov. mairina, 2. MARTINET, gros marteau de forge, du
it., esp. madrina, du BL. matrina (mater);
même l'adical mart qui a donné marteau.
cp. parrain depatrinns, 3. MARTINET, fouet, prob. de l'expression

MARRE, it. marra, houe de vigneron, du familière moMin-bâton; sinon du radical wrtrï,
L. marra, gr. fj.àpp'i'j. —
D. marrer. d'où marteau.
MARRI, particii-o du vieux verbe marrir, MARTINGALE, espèce de courroie; « au
contrarier, gêner, fàclier, faire de la peine. XVI" siècle, ce mot désignait une espèce de
Ce verbe représente le goth. marzjan, vha. chausses portées par les Martigaux, habi-
rnarrjan, ags. niearrian, impedire, irritum tants des Martigues en Provence » (Ménage).
facei'e. Nous donnons cette explication sans aucune
. ,

MAS — 326 — MAS

confiance, d'autant plus que notre mot a lesmots suivants : port, mascarra, cat. mas-
d'autres acceptions qui n'en sont guère justi- cara, tache noire au visage, d'où les verbes
fiées. mascan'ar, prov. mascarar, vfr. mascarer,
MARTRE, aussi marte, esp., port, marta, mascurer, auj. mâchtirer, bourg, macherer,
prov. niart très répandu dans les lan-
; mot barbouiller de noir ; ags. màscre, v. flam.
gues germaniques ail. marder, ni. marier,
:
maschel, mascher, tache. Ils découlent, par
angl. marten. Les formes it. marlora, fr. le suffixe arra, du vha. masca, dérivé de
martre, paraissent déterminées par le BL. môsa, tache.
martaïus {r p. l). —
Le mot latin martes MASSACRE, BL. »naj*acn»m. Il est impos-
(dans Martial) est douteux et abandonné par sible d'admettre que ce mot soit composé du
les critiques, qui l'ont remplacé par mêles. subst. masse = masse et du suffixe acre; ce
MARTYR, vfr. martre, subst. personnel, du suffixe n'existe pas. Diez dérive avec plus de
h.7narti/r, gv. /xxprvp, témoin subst. abstrait vraisemblance le verbe massacrer (d'où le
martyre, du L. martijrnum, gr. /xxpTÙpiov.
;

— subst. verbal massaa'c) du bas-allemand


D. martyriser, faire souffrir le martyre; matsken, ou plutAt des formes variées présu-
martyrologe, BL. martyrologium fasti = mables matseken, matsekern, tailler en piè-
sanctorum. ces. Mahn préfère le haut-allemand metsgern,
MARUM, mot latin, gr. ixkpo-/. égorger le bétail, en invoquant vfr. m.asse-
MAS, dans quelques contrées maison de = crier =
boucher. —
Un type massaculare,
campagne (de là le nom de famille Dumas) ; (de massa) est inadmissible; j'admettrais plus
c'est le vfr. mas, mes, qui vient du BL. man- volontiers, bien que je ne la recommande pas,
sus, demeure (de maiiere; cp. manoir, ma- xme dérivation (avec transposition) du BL.
sure et maiso7i). scramasaxus, espèce de coutelas, servant
MASCARADE, MASOARON, voy. masque. d'arme de guerre c'est l'étymologie qu'avait
;

MASCULIN, L. masci'.linus, dér. de mas- proposée Caseneuve. —


Quelle que soit l'ori-
ciilus == fr. masle' mâle. gine de ce mot, il est difficile de le séparer du
MASQUE, BL. mascus, larve. La forme fé- thème macecl du vfr. maceclier, -rier, bou-
minine masca a précédé la forme masculine. cher, bourreau, macec/erie, -rerie, boucherie,
Le sens primordial de masca est sorcière ; carnage. L'élément sacrer a tout l'air d'une
Loi des Lombards « striga (sorcière) quod
: assimilation à h.sacrare. —
Caix (Studi, etc.,
est masca ». En Piémont wiasca signifie encore p. 201) suppose dans massacrer une fusion de
une sorcière. Quant à l'origine du mot, Grimm deux termes 'massare (frapper) -\- sacrare
propose L. masticare, la sorcière étant envi- (immoler). Peu probable.
sagée comme engloutissant les enfants, cp. le 1. MASSE,
vfr. aussi mac^c, it. mazza,
L. manducus, pr. le mangeur, employé p. esp., port,maza, prov. ma^sa, maillet, mas.se
épouvantail (Plante, Rud. 2, 6, 51), le langue- d'armes, bâton muni d'une tête en argent, etc.
docien roumeco ^= moine bourru et épouvan- porté en cérémonie ; de là massier, officier
tail (du L. ruma, gueule, gouffre), le roma- qui porte la masse, et massue,'p\c. machuque,
gnol 2^apon =
glouton et épouvantail. D'au- gr. mod. /«3tT^oûx5t, valaque maciuce, v. port.
tres, comme Kiliacn, attribuant à mascus une nuxssuca, massua. La forme it. masza (cp.
provenance germanique, s'adressent au vlia. piassa de plalea) ne permet pas de douter,
masca, filet, nba. masche, et citent à l'appUi suivant Diez, que ces mots ne viennent du
le passage de Pline XII, 14 persona adjici-
:
L. matea, primitif perdu de mateola, instru-
tur capiti densusve reficulus. Diez préfère ment pour enfoncer en terre (Pline et Caton).
l'une ou l'autre de ces étymologies à celle de
2. MASSE, amas de parties qui font corps
Saumaise, qui proprosait le gr. (Htax, cité
par Hésyche comme signifiant 1 [i.xy:t)n, pio- .
ensemble, du L. massa. —
D. massif, adj. et
subst.; verbes masser, et a-tnasser [v c, m.). .
che, houe, 2. /Sasxavix, médisance, d'où
^ai/àvia, 7rpo8x<rxàvta = res turpiculse MASSEPAIN, anc. marsepain,
do l'it.
et de-
marzapa7ie, esp. mazapan, ail. marztpan,
formes larvae quae ad avertendum fascinum
adliibebantur. — Les formes it. maschera,
angl marchpane. On ne sait que faire de la
première partie de ce composé les uns y
esp., port. masca7-a, ne sont pas. comme il
voient le nom de l'inventeur, d'autres le
;

semble, dérivées de masca, mais, d'après


Diez, dégagées delà forme accessoire mascra
L. maza, grec /xi^a, pâte, pain d'orge. Ou
(r intercalaire); cp. esp.
bien le mot représente-t-il massa panis ou
cascara, de casco, it.
tartaruga, de tartuga. C'est à ces formes que
panis martius ? Tout cela reste probléma-
ressortissent les dérivés mascarade, it. mas-
tique. Mahn incline pour maza.
cherata, etmascaron, it mascherone. Il nous
reste à rapporter l'opinion de Mahn, d'après
— 1

2.
MASSER, disposer en masse, de masse 2.
MASSER, pétrir les chairs de l'arabe
;

laquelle masca est une forme écourtée de Fit. mass, manier, palper, origine plus probable
maschera, par assimilation à masca, sorcière; que celle tirée du gr. ^à7«iv, pétrir.
or, maschera répond, d'après lui, à l'arabe MASSICOT, protoxyde de plomb de ;

maschara, risée, bouffon. Le mot se serait masse 2, parce qu'on l'obtient par petites
appliqué d'abord au polichinelle, puis à son masses.
principal caractère, le masque. Dozy appuie MASSIER, voy. masse 1.
cette manière de voir de nouvelles preuves. — MASSIF, voy. masse 2.
D. masquer. —
Il faut détacher du mot masque MASSUE, voy. masse 1.
,

MAT' — • 327 — MAT


MASTIC, L. mastiche, gr. fj.'xn-zly^fi. — Jal. Diez le tii'e de mafto, natte; donc pr.
D. mastiquer coller avec du mastic.
, « qui couche sur des nattes ou hamacs ». Le
MASTICATION, L. masticatio, du verbe mot, modifié de mater ot (l'ail, dit matrose, le
masticm-e, mâcher, d'où vient encore masti- néerl. matroos, cp. aussi matelas p. ^nateras),
catoire, et le t. de maréchaierie m,astigadoiir. viendrait donc directement du L. mattarius,
MASTIQUER, 1. forme savante de mâcher qui signifie en effet « qui couche sur des
(v. c. m.); 2. voy. 7nastic. nattes » Cette opinion est démentie par le fait
.

MASTODONTE, nom créé par Cuvier pour que l'usage de faire coucher les matelots sur
i^ndre l'idée des dents molaires tuberculeuses des hamacs ne remonte pas au delà du xvi" siè-
ou mamelonnées de ce quadrupède; de /xxi-oi, cle. L'étymologie la plus digne de crédit est,
mamelle, et iôoùi, oôovro;, dent. à mon avis, celle d'un spécialiste en matière
MASTOTJCHE, en Belgique capucine, = de marine, M. Breusing [Niederdeutsches
cresson indien, graine de capucine marinée, Jahrbuch, V, 10-12). D'après lui, matenot,
= it. masturzo, esp. mastuerzo, BL. mas- forme première constatée, représente un
triizum, du L. nasturtiiim, cresson à larges composé pléonastique néerlandais maatge-
feuilles. noot, dont les deux éléments signifient associé,
MASTURBER, L. masturhare, p. mastu- compagnon; devenu régulièrement, par la
prare (manus -)- stuprare). chute du préfixe ghe, m,atenoote, d'où le mot
MASURE, BL. mansiira mansio, mai- = français. A l'appui du sens compagnon, Breu-
son de manere, demeurer. Le mot a pris
;
sing cite l'anc. expression vaisseau-matelot,
avec le temps une acception péjorative. traduit en angl. par " a good company keeper »
1. MAT, au jeu d'écliecs, it. matto, esp. et le terme de mer amateloter l'équipage
mate; abréviation de la loc. it. scaccomatto, (mettre les matelots deux à deux pour s'aider
esp. xaquimate, fr. écJiec et mat; du persan l'un l'autre. —
Bugge (Rom., III, 155) avait
schach mat =
le roi est mort. De là it. — déjàrecommandé pour étym. le nord, môtu (ou
mattare, prov. matar, fr. mater, humilier, matu) -nautr, répondant à mha. mâs-genôze,
mortifier mots qu'il ne faut pas confondre
;
commensal; le personnel de bord se formait
avec le BL. t?iatare, tuer, qui est le L. mac- en plusieurs compagnies de table. Breusing
tare. —
C'est de mat du jeu d'échecs que oppose toutefois à cette explication Tp&rmatu-
découle le sens « humilié, abattu, triste «, nautr (en angl. mess-mate, compagqpn de
propre à l'adj. mat dans la langue d'oïl. table), deux circonstances c'est que si mate-
:

2. MAT, sans éclat, terne, lourd; mot lot étaitd'importation noroise, il se présente-
réC3nt, tiré direct, del'ail, matt, faible, sans rait dès le temps des Normands puis, pour- ;

vigueur, qui lui-même est tiré dès le xii'' siècle quoi les langues Scandinaves actuelles ne
du mot roman de l'art, préc. D. matir — l'auraient-elles pas conservé, au lieu de se
et mater, m,atité, matoir, servir de la forme néerl. corrompue matroos f
Notez encore, en faveur de l'origine maci, que
MAT, mast', prov. mast, port, masto,
ce mot et son dérivé maetken sont déjà dans
mastro, esp. mastil; du vha. mast, nord.
mastr, ags. mast, m. s. D. mâtereau, — Kiliaen avec la valeur de lat. remex, mate-
lot. —En breton, le mot se dit martôlod. —
mater, démâter, mâture.
D. matelote, mets accommodé à la manière
MATADOR, mot espagnol signifiant le des matelots.
tueur, appliqué d'abord au principal toréador,
MATER, voy. mat, 1 et 2.
celui qui doit combattre le taureau à pied et
le tuer du verbe matar
; =
L. mactare, tuer. MATER, MÂTEREAU, voy. ynât.
Du même verbe matar vient l'expression ma- MATÉRIAUX, du type L. materialia (dér.
tamoros, fr. m,atamore, litt. sabreur de de materia).
maures, terme introduit par la comédie espa- MATÉRIEL, L. materialis (materia). —
gnole. D. matérialiser, -iste, -isme.
MATAMORE, faux brave, voy. l'art, préc. MATERNEL, L. maternalis p. maternus ;

MATASSE, dans l'expr. « soie en matasse », maternité, L. maternitas.


vfr. madaisse; du L. mataxa, soie brute, gr. MATHÉMATIQUE, gr. ^o,^r,!xy.Tiy^6i, adj. de
lx%°tfifxa.Toc, les mathématiques (litt. les con-
MATASSIN, de l'esp. matacJnn, dont je ne naissances), — D.
mathématicien.
connais pas l'étymologie. MATIERE, vfr. matire, L. materia.
MATELAS, anc. materas, it. materasso, MATIN, it. mattino, prov. mati, du L. ma-
prov. al-matrac, esp., port, al-madraque, tutinum (s. e. tempus). —
De l'adv. latin
ail. matratze, angl. mattress, BL. matera- mane, au matin, la vieille langue avait fait
cium; selon Sousa et Dozy, de l'arabe al- main, que nous avons encore dans demain,
matrah, m. s., dérivé du verbe taraha, jeter lendemain. « Tel rit au main qui le soir
loin, étendre par terre. Diefenbach, tout en pleure », ancien proverbe. D matinée, —
admettant l'étymologie arabe, compare cepen- matinal, matineiix, matines (v. c. m.).
dant le cymr. mâth, plat, étendu, d'où, entre MATIN, it. m,astino, prov., esp. mastin,
autres dérivés, mathrach, action d'étendre, chien domestique, chien de garde; dir. de
de mettre plat. —
D. matelasser. l'adj. vfr. mastin, domestique. Celui-ci se
MATELOT. Ce mot ne vient pas, à coup sûr, rattache au BL. masnata, famille, ménage
de mât, comme le pensait Nicot, suivi par (voy. sous m,aison), par un dérivé m,asna-
.

MAT — 328 MÂU

tinus, domesticus, contracté en niaslînus ; la


matte, mas&G compacte; mais le mot ail. est-il
chute de la syllabe atone na ne fait pas plus bien du fonds germanique?
de difficulté que celle do tu dans matutininn MATTON, brique, tourteau, it. mattone;
devenu matin. —
L'angl.. à l'aide du suffixe vient prob., connue le fr. (dialectal) maton,
a créé la forme mustiff. Bracliet tire — cat. matù =
fromage, de lall. mats, mattr,
ivits,
mastin d'un type fictif mansatinus, dérivé lait caillé. L'enchaînement lait caillé :

de mansuni, maison mais un suffixe ntiniis ;
fromage —
brique, n'a rien que de très natu-
n'existe pas. —
D. mutiner; pour le sens rel. Reste à savoir si lo mot allemand n'est

fig. maltraiter de paroles, cp. ail. hiinsen,


pas d'importation romane ; Baist (Ztschr , V,
injurier, de hicnd, chien. 563) est d'avis que l'ail, mats, matte, au sens
MATINES, L. matutinœ (se. precationcs). de fromage trempé, ne vient i)as du L. mat-
MATIR. voy. mat 2. tus, humecté (Pétrone), qui, lui, vient do

MATOIS, madré, rusé adj. dérivé de mate, ;


madidus.
lieuà Paris où s'assemblaient les gens de MATURER, L. maturarc, d'où maturaiion,
mauvaise vie. Telle est l'étymologie admise •atif; subst. maturité, L. maturitas. DeTudj.
par Littré; voy. d'autres conjectures dans L. maturus, d'où fr. mûr (v. c. m.).
Grandgagnage, sous 7nat. D. matoiseiHe, — MAU, en composition, est la transforma-
fourberie. tion de mal devant une consonne. Outre les

MATON, lait ou réduit en grumeaux,


caillé composés recueillis nous citons
ci-après,
de l'ail, matte, m. s. Voy. aussi matton. — encore les anciennes exjjressions maupi- :

MATOU, vfr. mitou. On fait venir mitoii do teux, impitoyable, maumencr, malmener,
mite (encore employé dans chatte^nite)\ et maubué, mal lavé, tnausage, fou, mautalent,
mite serait une onomatopée analogue à it. mauvais dessein; mauconscil, mauniarié,
micio, micia, mucia, esp. tnicha, 7)iija, ail. maufe, démon =
malefactus (cp. it. malftitto,
mies, mus. Notez le proverbe d» Roman du najiol. bridto fatto, m. s. que vfr. tnaufé).
Renard : « se l'une est chate, l'autfe est MAUDIRE, L. maledicei'e. Lo mot latin
mite ». — Le wallon
pour matou, la forme
a, s'étaitreproduit dans la vieille langue, par la
tnarcoîi; en Lorraine, on dit raoul. On peut syncope du d médial, sous la forme malcïr,
inférer de là que comme marcou se rapporte analogue à bencïr (plus tard bcnir) de bene-
au nom d'homme Marculphus, et raoul à dicere. Du part, mal'dictus vient fr. maudit ;
RaduJphus, matou est de même un nom du subst. maledictio, 1 vfr. maleïçon, aussi
.

d'homme (peut-être Mathieu), ou du moins, maudisson ; 2. nfr. malédiction


sous l'influence de mitou et comme celui- MAU6RÉ, forme ancienne de maîr/ré. —
ci lui-même, mitou, assimilé à un nom D. maur/rccr, épancher brusquement son
d'homme. —
Le picard, cependant, dit viar- mauvais gré, sa mauvaise humeur, jurer,
lou, qui est p. m,aslou (de masle, mule). pester.
A Valenciennes, on se sert do tnarou (de mas, MAURE, noir, pi*. fi:t\jp6;, foncé, noir;
maris), mâle. —
Matou p. mitou, c'est-à- voy. avissi more. De là maurettc, fruit do
:

dire a p. i en syllabe protonique, n'a rien l'airollo, iiinurin, pigeon noir.


d'étrange cp. vfr. aronde
; îat. hirundo. = MAUSOLÉE, L. mausoleum (de Mausolus,
mots synonymes marou, mar-
D'ailleurs, les roi d"Hnlicarnasse).
cou, marlou peuvent y avoir exercé quelque MAUSSADE, p. mal sade = L. maie sapi-
influence. dns (cp. insipide). Voy. sade — D. maussa-
1 . MATRAS,vase de verre à col long et derie.
étroit, vfr. matheras, matelas; d'origine in- MAUVAIS, vfr. malvais, prov. malvais, it.

connue; peut-être de mrtiras 2, par assimila- malvaf/io, du goth. balvavesis présumé (adj.
tion de forme. d'après le subst. balvavesei, méchanceté), ou
2. MATRAS (Palsgrave a mattei'as), gros plutôt d'un type vha. balvasi, méchant,
trait d'arbalète, prov.m«<r«f;r, matrat, dérivé transformé, sous l'influence du L. malus, en
du L. matara, vocable d'origine gauloise. — malvasi, d'où tnauvais. —
La langue des
D. matrasser, écraser, meurtrir, assommer. trouvères présente aussi un adj. mais =
MATRICE, vfr. marris, du L. matricem mauvais, que l'on prend (prob. à tort) pour
(mater). Par extension, on a nommé matrices une contraction de mauvais. Pour les for- —
les originaux des modèles, des poids et mes esp. malvado, prov. malvatts, m. s., il
mesures, des moules de fonte, etc. cp. en faudra, si l'étymologie ci-dessus établie (et
ail. le terme analogue mutter. Le latin — ;

dont la paternité appartient à Diez, je pense)


donnait à matrix aussi le sens de registre ori- est fondée, leur chercher une autre origine.
ginal, de là le dim. matricula, fr. matricule. En eff'et, Diez les explique comme des parti-
MATRICIDE, L. matricida et matricidium, cipes d'un verbe malvar, rendre mauvais, et
MATRICULE, voy. matrice. D. matri- — ce dernier comme un composé de mal-levar,
culaire, immatriculer. Voy. aussi tnar- mal élever. —
Bugge (Rom. IV, 362) jette une
guilUer. nouvelle lumière sur l'histoire de la forme
MATRIMONIAL, L. matrimonialis, de ma- mauvais. Amenant des arguments très sérieux
trirnoniuni, mariage. contre l'étymologie germanique, il expose
MATRONE, L. matrona [maiev). comme quoi •tnauvais, it. malvagio, répond à
MATTE, matière métallique impure; à ime formation rnalvatius (cp. palatium, fr.
Genève, tas, monceau; d'après Littré, de l'ail. palais, it. palagid), tirée de 'malvatus, esp.
MAZ — 329 MÉC
malvado, méchant, prov. malvet, vfr. nialvé. sens métaphorique de m,ulet. On sait que les
Or, ce *malvatus, comme l'a fort bien établi sens mulet et bâton se confondent plus d'une
Diez, représente maie levatus, mal élevé. fois (voy. pi h. l'art, bâton). A propos de —
Pour la forme extensivo malvat-ius, Bugge l'ail. m.atz, faible, inapte, imbécile, notez
rappelle it. crojo =
a'i'.dtus, esp. crasio de l'expr. ein matzicJit 2'ifcTd (cquus frigosus),
crassus, prov. novi de novus. D. vfr. mal-— qui se trouve dans Frisch.
vestic, mauvaisetc =
prov. malvastat. ME, L. mê ; une forme secondaire fr, est
1. MAUVE, plante, du L. malva. moi [c long latin changé selon la règle en ai
2. MAUVE, nom donné à quelques espèces fr.). Moi est la forme accentuée, m,e la forme

Je mouettes, vfr. miawe, pic. maice; le atone ou sourde.


même mot que l'ail, viôice =
vha. mèh, mlia. MÉ, préfixe, voy. mes.
niewe, ags. maew, angl. mow, meic, ni. MEA-CULPA, mots latins = par ma faute.
meew. —
D. dim. mouette. MÉANDRE, allusion aux sinuosités du
MAUVIETTE, dim. moderne de maucis. Méandre, fleuve de l'ancienne Phrygie.
MAUVIS, anc. malvis, wall. màvi, esp. MÉAT. L. meatus, conduit.
malviz, lïn^oX.marvizzo, BL. malvitius. On MÉCANIQUE, gr, /jt/jx«vi/o,-, adj. de ;j.oy%->r,,

a proposé une origine de malus -\- vitis l'pour machine. — D. m.écanicien, mécanisme, gr.
ainsi dire malum vitis, le fléau de la vigne), IJ./iy'X.vi'jixOi,

cet oiseau étant nuisible aux vignes (c'est MÉCÈNE, d'après le nom de Mœccnas,
pourquoi on l'appelle aussi grive de ven- favori d'Auguste et protecteur d'Horace et de
dange, en ail. weingarts-vogel, oiseau de Virgile.
vigne). Grandgagnage, approuvé par Diez, MÉCHANT, mes-cheant, part, prés de
vfr.
allègue le breton milfid, milvid, m. s. en ;
tnescheoir, prov. mescazer, BL. mescadere,
Cornouaille, melhuez signifie alouette. Pour litt. =
tomber à mal, mal réussir (cp. esp.
éclaircir la question, il est bon de noter m,alcaïdo, malheureux). « Un honnête philo-
que Jean de Garlande donne L. mavtscus logue du xvi" siècle (Cli. Bouille), parlant de
(voy. ma Lexicogr. lat., 73), qu'il traduit par ce mot, a écrit les lignes suivantes Meschant :

mauviart. —
D. mauviette, sorte d'alouette; qua voce abutentes Galli virum interdum
en patois rouclii, on a le mot niauviar pour inopem, interdum iniquum, dolosum et infe-
merle. licem effantnr. Ce brave homme s'est dit, avec
MAUVISQUE, it. malvavischio, esp. malva- le proverbe « Pauvreté n'est pas vice » et il a
:

visco, du L. malva ibiscurn (îSîTjto^). Les conclu que les Français faisaient un abus
mêmes mots latins retournés ont produit BL. de langage en donnant tour à tour au mot
et it. bismalva, puis le fr, guimauve qui est meschant (pr. malheureux) le sens de mal-
p. vimauve (b primitif adouci en v, puis con- heureux et celui de mauvais. Il aurait pu en
verti en gu, cp. gui, guêpe de lat. viscus, dire autant de Vit. cattivo (pr. captif), dont
vcspa). on abuse de la même manière. C'est qu'indé-
MAXILLAIRE, du L. maxilla, mâchoire. pendamment de la logique individuelle du
MAXIME, du L. maxima, s. e. sententia, cœur et du sentiment, il y en a une autre qui
proposition majeure ; d'où l'acception « pro- fait croire que le malheur rend mauvais,
position générale, principe (cp. gr. »i
-/ufAy.i- qu'il aigrit l'âme et la rend capable d'actions
co'çai). criminelles. Et d'après cette loi rigoureuse,
MAXIMUM, plur. maxima, du L. maxi- tous les malheureux, tous les déshérités de
mum, le plus haut point, superlatif de m.ag- la fortune sont condamnés presque sans ap-
nus, grand. — D. maxim.er, établir le pel. On dirait do ces familles de l'antiquité
maximum. que le de.stin avait maudites et dans les-
MAYONNAISE, t. de cuisine, d'origine in- quelles se perpétuait éternellement l'union du
connue; selon quelques-uns, il faut dire crime et de l'infortune, " Cette manière de
mahnnnaise, d'après Malion, ville prise par voir de feu mon ami Gachet est peut-être un
Richelieu. peu trop sentimentale la valeur étymologique
:

MAZAGRAN, breuvage dont l'usage et le de m,eschant, c.-à-d. mal tombé, mal venu,
nom datent de la défense de Mazagran en mal réussi, comporte en elle-même tout aussi
Algérie. bien l'acception morale « méchant " (= qui
MAZETTE, méchant petit cheval ;
personne est tombé dans le mal) que l'acception « mal-
inhabile. D'après Frisch, de l'ail matz, t. d'in- heureux » (= qui est tombé dans le mallieur).
jure, personne stupide ; Littré indique ma- — D. vfr. meschéance, malheur, calamité,
zette = fourmi (Berrj) ; le nom
de ce petit litt. mauvaise chance, d'où nfr. mécJianceté,
insecte pourrait avoir été transféré à un petit dérivation tout à fait insolite c'est comme si;

cheval. Quant à mazeite, fourmi, Littré de- on se permettait" de forger un substantif m,édi-
mande s'il vient de l'uU. am,eise, m', s. En — sanceté.
présence du peu de crédit qu'inspirent les MÈCHE, du L. myxus, pr. bec de la lampe,
explications données jusqu'ici, il ne faut en lumignon. L'it. îmcda, esp., port., prov. m,e-
négliger aucune. L'existence de Vit. (dial.) cha, sont empruntés au français. D.mécher —
mazeta avec le sens de bâtonnet (voy. Mussa- (un tonneau),
fia, Beitrag, p. 78), donc un dim. de mazza MÉCHEF, anc. m,esc1ief, angl. mischicf,
« bâton " a suggéré à G. Paris l'idée que notre
, anc. esp. mescabo, anc. cat. menyscab, esp.,
mazette pourrait être le même mot dans le port, menoscabo, prov. mescap. C'est le subst.
MÉD 330 M EL
verbal du vfr. meschever, ne pas réussir, avoir MÉDIUM, mot latin, = terme moyen,
mauvaise chance, opposé de a-chever, venir à moyen.
chef, à bout; il ne faut pas confondre ce verbe MÉDONNER. mal-donner (les cartes). —
i= prov. mescabar, esp. nienoscabar) avec le Subst. verbal >Hcdonne.
synonyme mesclicoir (voir méchant), MEDULLAIRE, L. medulîaris, de medulla
MÉCOMPTE, MÉCOMPTER, voy. compte. = fr. moelle.

méconnaître, négatif de connaître; cp. MEETING, mot angl , signifiant rencontre,

ail. mm'Aennen. — D méconnaissant -ance,


réunion. — D. meetinguiste.
méconnaissable.
. ,

MÉFAIRE, = mes -\-


faire, mal faire ; de là

mécontent, voy. content. — D. mécon- subst. nu-'fait.

tenter. MÉFIER, =mM-]-/îer. — D. méfiant, -ance.


MÉCRÉANT, anc. mes-o'éant, part prés, de MÉGARDE, = tnes -{-garde, inattention.
7nes-croire, mécroire =
ne pas croire. MÉGÈRE, femme méchante, du L. Megœra,
MÉDAILLE, it medaglia, esp. medalla, nom d'une des trois Furies.
d'un adj. L. metalleus, fém. -ea. Médaille MÉGIE, subst. verb. de mégir, blanchir les
vient direct, de l'italien ; lanc. forme fr. peaux. Quant à l'origine de ce mot technique,
était meaille, d'où maille (v. c. m.). Le sens on a proposé tantôt le L. mergere, plonger
actuel de médaille découle du sens monnaie dans l'eau, tantôt l'angl. meeh, doux, ou le
qu'avait le mot dans la moyenne latinité, où néerl. meuk, amollissement. Ce dernier, dit
medallia signifiait tantôt une obole, tantôt Diez, pourrait au besoin être accepté, à la
une pièce d'or. — D. médaillon, médaillier, condition d'admettre dans \mégie une altéra-
mc'dqil liste. tion de méguie, ce que la forme picarde me-
MÉDECIN, L. medicinus, développement guichier =
mégissier autorise à supposer.
de medicus fém. medicina a donné fr. mé-
; le Littrô soupçonne une défiguration de l'équi-
decine =
1. science médicale, 2. remède, valent ail. weissgerben (litt. tanner en blanc),
surtout remède purgatif; un développement mais la distance de forme est par trop grande.
ultérieur de tnedicinus est medicinalis, d'où — Le subst. mégis signifiait autrefois une com-
fr. médicinal. —
Autres dérivés latins et fran- position d'eau, do cendre et d'alun, que l'on
çais du L medicus (rac. medkri = guéi-ir) : employait dans la mégisserie ; il est le primi-
Medicalis, fr. médical ; verbe medicari, trai- tif immédiat du subst. mégissier et du verbe
ter, d'où medicamentum, fr. tnédicament; mégisser. Les formes vfr. mesgeyer, mesgui-
medicatio, fr. médication. —
Le latin medicus chier, BL. mtî«^eycM«, mégissier, et le mot fr.
s'était régulièrement transmis à la vieille mesquis, basane apprêtée avec du redoul,
langue sous la forme mege, miege, m,ige, indiquent un radical mise, mesc. Tobler,
puis, par apocope de la terminaison, meide, incidemment (Rom., II, 244), explique subst.
midi', d'où mie et mire. megeïs, d'où megis, par le type medicaticium,
MÉDECINE, vfr. mechine, voy, médecin. — comme étant un dérivé de vfr. megier =
D. médeciner. medicare (soigner médicalement). Cela est
MÉDIAIRE. Le mot latin médius (= qui se correct et sourit beaucoup; mais comment
trouve au milieu), francisé en mi (v. c. m.j, a se rendre ccfmpte du verbe mégir, d'où notre
poussé les dérivés à radical latin suivants : subst. mégie? Aurait-il été tiré direct, du vfr.
médiaire, t. de botanique; médial. L. media- mege 'médecin) =
medicus t Et qu'est-ce que
lis médian, L. medianus (type du mot vul-
; le médecin a à voir dans la mégisserie ? Peut-
gaire moyen) médiat, d'un type BL. media-
; on donner ici au mot la valeur de chimiste, et
tus =
mis en rapport avec qqch. par un terme àmegis celle de préparation chimique?
moyen; médiateur, BL. mediator, du verbe MÉGIS, d'où mégisset -ier, -erie, voy. , l'art,
mediare, intervenir dans une affaire (cp. vfr. préc.
moyenner), d'où aussi médiation; médiocre, MÉGUE, petit lait; d'origine inconnue. On
L. mediocris. a pensé à maigre maigre du lait),
(la partie
MÉDIAN, voy. l'art, préc. puis au gaél. tneog, m. s. En BL., on trouve
MÉDIANOCHE, repas en gras après minuit mesga, en vfr. mcsgue, en n. prov. mergue,
sonné; mot emprunté à l'esp. et venant du L. en pic. mingle; Kiliaen cite le mot megJie
média nox, minuit. comme allemand, avec le sens de coagulum.
MÉDIASTIN, t. d'anatomie, du L. mediasti- — Il est difficile de faire intervenir l'ail.
nus, qui se tient au milieu. milch, ni. melh, lait.
MÉDIAT, voy. médiaire. — D. immédiat; MEILLEUR, de l'anc. lat. meliôrem (l'ac-
verbe médiatiser. cent sur o) ; le nominatif m,élior (l'accent sur
MÉDIATEUR. MÉDL/^TION, voy. médiaire. e)a donné à l'anc. langue la forme mieldre,
MEDICAL, -AMENT, voy. médecin. mieudre.
MEDIOCRE, L. mediocris (médius) — MÉLANCOLIE, yfr. mérencolie, gr. ,«£>«•/-
D. médiocrité, L. mediocritas. yy^-iv., litt. = bile noire. —
D. mélancolique,
MEDIRE, =
mes -\- dire, parler en mal. — atrabilaire.
D. médisant, d'où médisance. MÉLANGE, autr.du genre féminin; subst.
MÉDITER, L. meditari. de mêler (cp. louange, vidange). D. mé- —
MÉDITERRANÉ, L. mediterraneus, qui est langer.
au milieu des terres. MÉLASSE , sirop de sucre , de l'esp.
.

MÉM 331 MÉN


melasa, qui vient du L. mellaceus (de mcl, à la mémoire, puis cahier de notes, enfin
miel). aussi, comme m.émoire, = écrit, bref, etc.

MÊLER, mtscAm)-g, esp., port.,


mesfej'*, it.
— Au L. memorare répondent it. m,em.brare,
prov. mesclar, du BL. misculare, dim. du L. prov. membrar; la langue actuelle a aban-
miscere. —
D. mélange (v. c. m.j mêlée (cp. ;
donné le correspondant fr. membrer; cps.
ail. handgemenge, de m,engen, mêler); cps. remembrer* angl. rem,ember (d'où le vieux
,

pêle-m,éle,emmêler, dém,êler. subst. ïr remembrance) latin rem.em,orare, =


— De membrare,
.

etc., viennent le part. it.


MÉLÈZE; quelques-uns prennent ce mot
pour un dérivé de m,el (miel), au sens de 7nembrado, prov. m,embrat et vfr. membre =
manne, en rapprochant le gr. y.î).ioc, nom du prudent, circonspect.
frêne qui donne la manne commune. Diez y MÉMORANDUM, voy. l'art, préc.

voit la combinaison mel-lerce lerce (


= MÉMORIAL, subst., L. memorialis (s. e.

L. larixj. En Languedoc, on dit m^ele tout libellus),m. s. Le sens adjectival du mot latin
court. est resté au terme négatif im,métnorial.

MELILOT, aussi mirlirot, trèfle jaune, du MENACE, it. minaccia, esp. a-menaza,
De là aussi flam. prov. 7nenassa, du subst. L. minaciœ (Plante),
L. m,eliloton [julzïO.'mzo-j].
malloete (Kiliaen). tiré de l'adj. minax, menaçant.— D. mena-
cer.
MÉLISSE, appelée aussi piment des mou-
ches à miel, en L. m,elissophylhim (gr.
MÉNAGE, voy. sous maison. — Le sens pre-
mier est l'ensemble despersonnes vivant sous
[j.ùiTs6^\)llo-), plante d'abeille), du gr. ij.i'jx'j ;/.,
un même étendu à l'ensemble des meu-
toit,
abeille.
bles, des ustensiles à l'usage d'une famille de ;
MELLIFLU, L. meîUfluus , d'où coule le
là : entretien de la maison, gouvernement
miel.
domestique (cp. le gr. ouovo/mI.o(, économie,
MÉLODIE, gr. fiùuSix (,aao;, phrase ca-
— m. s.), puis aussi, de même que le terme éco-
dencée, -|- ôio-r,, chant). D. m,élodieux, -iqiie.
nomie, == manière profitable de gouverner la
MÉLODRAME, drame avec chant (/aé/o;).
maison, épargne. Je préfère considérer mé-
MÉLOMANE qui raffole de musique nage, dans les deux dernières acceptions,
,

(^•atvîT&ai, être fou, et fj.tloi, chant). — D. mé- comme subst. verb. de ménager, faire, diriger
lomanie. le ménage. —
D. m,énager, adj. (cp. ail.
MELON, it. m,ello7ie, esp. m,elon, du L. haushalierisch, m. s., de haushalten, tenir
melo, -onïs, m. s. (du gr. /ji.ôlov).
maison; fém. ménagère, qui a soin du mé-
;

MÉLOPÉE, gr. iiïlo-nodx, art de composer nage; ménager, verbe, user d'économie, épar-
de la musique. gner conduire, mener, procurer, pratiquer
;

MEMBRANE. L. membrana, pellicule dont qqch. avec adresse (d'où le cps aménager)
les membres sont couverts. — D. m.embra- ménagerie (v. c. m.). La valeur étymologique
;

neux. du mot reparaît sensiblement dans emménager,


MEMBRE, L. membrum,. D. m,em,bru, — déménager. —
Il faut distinguer ménage, vfr.
m.em,bré, membrure, démem,brer mesnage, de l'anc. subst. manage, maison,
MEME, mesm,e' , vfr. meesme, meïsm,e, it. habitation, qui procède directement du verbe
medesimo, prov. m,edesme,
m,eismo, esp. m,anoir =
L. manere, demeurer.
mism,o, port. m,esm,o. Ce mot roman repré- MÉNAGER, verbe, voy. l'art, préc. —
sente un type latin m-etipsimus, qui est encore D. ménagement, égard, circonspection.
assez bien conservé dans le prov. sm,etessm,e MÉNAGERIE, de ménage; pr. lieu bâti
(Boëthius) =
semetipsimus Cette forme . auprès d'une maison de campagne, qui ren-
superlative en imus est développée de metipse, ferme tout ce qui appartient à la vie et aux
qui se trouve romanisé dans le prov. medeps, commodités champêtres, et particulièrement
meteis, medeis, v. port, medes ; p. ex. per mi les bâtiments destinés aux animaux domesti-
meteis = L. per me m.etipsum,, par moi- ques. Le mot s'est appliqué dans la suite à
même. — Il faut se garder de confondre toute réunion d'animaux, et spécialement à
mesme, m,eïsme, avec l'adv. vfr. m,aism,e, une collection d'animaux rares et étrangers.
orthographié aussi meism,e, mesm,e (avec le MENDIER, vfr. mendeier, du L. mendlcare.
suffixe ment : m,esmem,ent), qui signifie sur- — D. mendiant. —
Du L. mendicus (vfr.
tout, particulièrement, et qui vient du L. mendis), primitif de mendicare, y lemi le subst.
maxim,e. —
Le subst. mémeté, proposé par les L. mendicitas, fr. mendicité.
journalistes de Trévoux et patronné par Vol- MENDOLE, nom de poisson, voy. mène.
taire, n'a pas été naturalisé. On ne veut pas MÈNE, terme d'ichthyologie, L. mœna, gr.
démordre du terme savant identité. ixy.ini. De là, d'après Banquier (Rom.
//.atv/j,

MÉMENTO, mot latin, = souviens-toi. VI, 266) par un type "mœnidida, prov. meti-
MÉMOIRE. L. memoria Dans le sens — dole, fr. mendole.
de « écrit destiné à recueillir des souve- MENEAU, t. d'architecture, anc. maineau;
nirs, etc. ", sens qu'avait déjà le mot latin, ap. Cotgrave meneau, transome or crosse-
:

le subst. fr. mémoire a pris le genre masculin. barre of a window. D'où ? De meieneV, dér.
MÉMORABLE, L. memorabilis, du verbe de medianus, moyen, intermédiaire? L'angl.
m,eniorare, rappeler à la mémoire, dont le a mullion, munnion =
meneau ils me font ;

participe futur passif a donné le mot fr. m,é- l'effet d'être gâtés de moielon, moienon.

m,orandum, pr, chose que l'on veut rappeler MÉNEOHME, personne qui ressemble par-
, —

MEN —— -».k"r — MEN


faitement à une autre, du nom propre Me- MÉNINGE, gr. yv.'ivî, membrane. — D.mt•-
nechme, personnage d'une comédie de Plante. »/;(/7i''^'•

L'usage du mot dans sa signification actuelle MÉNISQUE, du gr. firi-Aixii, croissant.


date de la comédie de Kegnard intitulée : MENON, chèvre dont la peau fournit le
Les Ménechmes ou les Jumeaux, et jouée maroquin; it. ^nrinno, BL. meno)uis ; mot
en 1705. d'origine inconnue.
MENER, it. menare, prov. menar, con- MENOTTE, pr. petite main, dimin. de
duire, faire aller, mettre en
puis diriger, mai)!, cp. menetta,
it. —
D. emmenotta'.
œuvre du verbe L. minare, employé dans MENSE, table à manger, puis revenu d'une
Apulée pour
;

« faire marcher des bestiaux de- abbaye, du L. j/ie^wa, table. 1). mensal,—
vant en leur donnant des coups de fouet ".
soi, MENSONGE, vfr. aussi mensogne, it. men-
Paulus Diaconus agere modo significat ante
: zogiui, mensoiiga, inensonja. Ce mot,
\)V0\\

se pellere, id est rninare;... aga.sones equos : par sa terminaison, embarrasse les étymolo-
agentes id est riiinauies. Quant à minare, on gistes. Ce qui est sur, c'est que les étymolo-
le suppose identique avec minan, menacer. gies mentis somniuni ou tnentitum soninium
La signification toute spéciale du verbe latin ne sont pas soutenables. L'opinion de Diez est
s'est, dans la suite, élargie en celle de ducere ; plus raisonnable. Il pense que tnensonye re-
« minare, dit Papias, ducere de loco ad lo- présente le L. inentitiôuem (encore reconnais-
cum, promovere ». Cette étymologie se con- sable dans le prov. mentizô), que l'on aura,
firme par la forme vfr. moiner, qtii constate au moyen de la terminaison onge, assimilé au
\\\\ primitif minare [i bref), d'après le rap- nom d'un autre vice de même nature, savoir :

port habituel i bref latin


: =
oi fr. (pirus- calonge, calonja =
L. calumnia. Notez
poire), —
L'orthographe ancienne inainci' encore que mensonge était autrefois du genre
repose sur un faux rapport avec main, — féminin. —
Selon toute apparence, le type de
D. menée, meneur; verbes composés ame- : mens&nge est 'mentionea. Miissafia (Beitrag,
ner, ramener, emmener, se dêmenei', pro- p. 74) nous a révélé d'autres noms abstraits
mener (v. c. m.). formés par le suffixe oneits et qui se rencon-
MENESTRIER*. MÉNÉTRIER; forme con- trent dans le.s dialectes ital. Outre cativonia
currente de l'anc. nienestrcl (angl. minstrel). (anc. milan.),» perversité », il cite ambriaco-
Celui-ci représente un type L. ministerialis gna, ivresse (piém.), tisicogna, phtisie (piém.),
serviteur, de ministerium, .service. Co der- marzimonia, pourriture, et cressimonia ,

nier subst. a pris dans la bas.se latinité le sens crois.sancc (crém.); enfin, dans le Glos.<:aire du
général de ars ; c'est le primitif de notre mot xv^ siècle qu'il traite, levrosonia, lèpre. On
fr. mestier, métier; le mot ininisteriahs, ti'ouve d'ailleui's maizonca dans l'ancien pié-
ministralis, est ainsi devenu synonyme de ar- montais (voy. Forster, Ztschr.,111, 259).
tifex, artisan et artiste. L'acception artiste MENSTRUES, du L. menslruus (dérivé do
s'est plus tard particularisée en celle de musi- mensis, mois).
cien, joueur d'instrument, chanteur. Aujour- MENSUEL, L. metisualis ^mensis).
d'hui, nous nommons par dérision méiuUrier ...MENT, terminaison adverbiale, it., esp.,
un mauvais joueur de violon. —
Dans un arti- port, mente, prov. men. C'est le mot latin
cle où il applique rigidement les théorèmes de mens, esprit, sens (à l'ablatif mente), dont le
la phonétique française à notre mot ainsi sens naturel a dégénéré en celui de inodus,
qu'au terme grammatical ^/MrtW(Ztschr., IV, ratio. L'adverbe parfaitement équivaut donc
379-80), Fcirster nous apprend que la forme litt. au L.perfecta mente, d'une manière par-
menestrier est restée inconnue au vieux fran- faite. Ce .suffixe étant de sa nature un sub.st.
çais et n'apparaît pas avant le xv** siècle. 11 fém., on comprend qu'il se joint à la forme
s'est substitué à ménestrel (seule forme an- féminine de l'adj.; mais comme les adj.fr.,
cienne) par permutation de suffixe, comme répondant à des adj. latins à genre commun,
"plurel, la vraie forme franc, de L. pluralis, n'avaient autrefois pas de forme féminine, on
a été de bonne heui-e supplanté par plurier, disait loiahnent [loiaument), forment, gram-
dont, bien tard, les savants, tout arbitraire- ment, cruelment. Des traces de cet usage
ment, ont fait pluriel au lieu de reprendre nous sont restées dans les formes adverbiales
p)lureJ. prudemment, méchamment, etc.
MÉNIL, mesniV,
demeure, habitation, MENTAL. L. mentalis (mens).
ferme; vieux mot conservé dans un grand MENTHE. L. mintha {,xh=,x).
nombre de noms de localités, comme Blanc- MENTION, L. mentionem. — D. mention-
ménil, Menilmontant; il représente le BL. ner.
inansiojiile, voy. ynaison. MENTIR, L. mentiri. —
D. menteur, men-
MENIN, gentilhomme attaché au Dauphin; terie, mensonge m.); c.\ts. démentir.
[v. c.
de Tcsp. 7nenino, enfant de qualité placé MENTON, prov. mento, augmentatif du L.
comme émule auprès des jeunes princes. L'esp. mentum, qui a donné direct,
l'it. mento,
menino, port, minino, petit garçon, est de la MENTOR, du nom propre Mentor, guide
même famille que le n. prov. menig, menit, et conseiller de Télémaquc.
petit, norm. minet, minette, rouchi minette, MENU, du L. minidus, petit, mince, de
petite fille, et vient, selon Diez, do l'adj. peu de valeur. Comme subst., menu a pris le
gaél. min, petit, gentil (congénère sans doute sens de détail, dont la valeur étymologique
avec le min-or des Latins). est la même. —
D, menuaille, menuet, pr.
.

MER — 333 — MÉR


dimin. de incnn (" il a le visage menuet et le 1. MERCURIALE, plante, L. mercurialis
ventre rondelet ») ; la danse de ce nom est s. e. herba.
appelée ainsi à cause de ses petits pas. Voy. — 2. MERCURIALE, d'abord assemblée du
aussi menuiser parlement de Paris, puis harangue du prési-
MENUET, voy. menu. dent tenue à cette assemblée (fig. on appelle
MENUISER, couper menu, tailler, it. mi- aujourd'hui mercuriale une réprimande
nuzzare, prov. menuzar, d'un type latin quelconque, par allusion au caractère de
minutiare (dér. de minutus, fr. menu). — ces discours du président du Parlement de
D. menuise, la plus petite espèce de plomb à Paris); l'assemblée fut ainsi nommée parce
giboyer ine^iuisier pr.
; artisan en menues
,
= que ces assemblées se tenaient le mercredi
pièces (cp. le mot
équivalent U-Jizoupyo;,
gr. (jour de Mercure).
menuisier), ou bien =
celui qui coupe (cp. le 3. MERCURIALE, registre où sont inscrits
terme équivalent tailleur, appliqué à l'artisan les prix des grains et denrées aux marchés pu-
en étoifes). blics, de Mercure, comme personnification
MENUISIER, voy. l'art, préc. — D. menui- du commerce (?j.
serie. MERDE, L. merda. — D. mcrdeux, mcr-
MENU-VAIR, petit-gris, de menu et vair. daille.
MÉPHITIQUE, infect, fétide, L. mephiticus, MÈRE, it., esp., port, madré, prov. maire,
de yncphitis, exhalaison pestilentielle de la du L. mater, matris. — Mère se prend par-
terre. —
D. mephitisme. fois adjectivement et entre dans la composi-
MÉPLAT, t. d'arts, pas tout à fait plat, mes = tion de plusieurs mots pour marquer l'excel-
(particule négative ou péjorative) -\- plat. lence, comme dansmère-goutte, le premier
MÉPRENDRE (SE), = mes-pretidre, mal jus qui sort du raisin, mère-laine, mère-
prendre. — D. méprise. perle, etc. Mais dans ces applications, uière
MÉPRISER = mes-priser, esp. me7iosp7'e- vient de l'adj. L. mer us ; on trouve uie7-a
ciàr, prov. menesprezar estimer à vil prix. gutta, goutte pure, dans un document du
— D.
.

subst. verbal mépris, esp. menospre- XII i^ siècle.


cio ; adj. méprisable. MÉREAU, petite pièce de métal servant de
MER. L. mare. jeton à différents usages, BL. mcrellus, Voy.
MERCANTILE, de l'it. mercantile, dér. de l'art, suivant.
mercante, marcliand. MÉRELLE ou MARELLE, jeu d'enfants
MERCENAIRE, L. mercenarius, stipendié (Kiliaen marel-spel). Ce jeu consiste en une
:

(plutôt rnercennarius p. mercedinarius , de échelle tracée sur le pavé, dans laquelle on


tnercedem, salaire). saute à cloche-pied, en poussant avec le bout
MERCERIE, voy. mercier. du pied une espèce do palet. Le même nom
MERCI, vfr. mercit, it. mercè, esp. merced, est donné au jeu appelé en allemand mnhlen-
port., prov. mercé, grâce, miséricorde, par- spiel, jeu du moulin. Le mot rnêrelle ou ma-
don. Du L. merces, mercedis, salaire, récom- relle signifie pr. le palet, le pion ou le jeton
pense. Le sens originel « don rémunérateur » dont on se sert pour ce jeu c'est la forme
;

s'est modifié au moyen âge en celui de don féminine de méreau (voy. l'art, préc). On le
gratuit, offert par sympathie, commisération rattache à un type niatrellus, matrella (d'où
ou reconnaissance, d'où s'est dégagé celui de mairellus, marellus), qui serait un dérivé du
miséricorde, ainsi que celui de simple recon- h. matara, tnataris, materis, sorte de jave-
naissance. —
D. vfr. mercier, 1. crier merci, line (voy. matras), mot d'origine gauloise et
supplier; 2. recevoir à merci, faire grâce; dont la racine, à juger du gaol. methred,
3. remercier (de là le subst. verbal merci = jaculator, exprimait l'idée de jeter. Cp. jetait
remerciement; nfr. remercier, rendre grâces. de jeter.
— ;

11 est bon de noter que l'expression Dieu MÉRIDIEN, L. meridia^ius, de meridies,


inerci, d'après les analogies que présente l'an- midi. —
D. méridienne, 1. sommeil de midi,
cienne langue {vostre merci, le merci Dieu), 2. ligne méridienne.
ne signifie pas « grâce à Dieu », mais « par MÉRIDIONAL, L.meridio7ialis{dév. de ine-
la ^râcc de Dieu ». ridies, midi).
MERCIER, verbe; voy. lart. préc. MERINGUE, sorte do pâtisserie, garnie de
MERCIER, subst. BL. mercerius, de mey^x, crème ou de confituies. Mot nouveau, d'ori-
mercis, marchandise. D. mercerie. — gine inconnue. L'esp. le rend par melindrc,
MERCREDI, it. mercoledi, mercordi, prov. qui signifie pr. beiçnet fait avec de la farine
(avec renversement des deux éléments consti- et du miel, puis délicatesse en général. Le
tutifs) dimercres\ du L. Mercurii dies. Sans mot fr. serait-il une altération du mot espa-
dies, l'esp. a fait miercoles, le prov. aussi gnol (rac. 7nel =
miel)? Selon d'autres, c'est
mercres. une pâtisserie venant du pays do Meh7-iiigc7i ;
MERCURE, nom donné par les chimistes au malgré l'existence de nombreux villages alle-
vif-argent, soit parce qu'ils reconnaissaient la mands de ce nom, cette étymologie me fait
planète Mercure pour son générateur, ou l'effet d'une plaisanterie.
parce qu'étant d'une susceptibilité extrême, il MÉRINOS, de l'esp. merino, mouton d'Es-
a quelque rapport avec l'agilité du dieu Mer- pagne, pr. mouton errant, passager [)7ierin6),
cure, que les poètes représentent avôc des c.-à-d. changeant de pâturage.
ailes au talon. —
D. mercuriel. MERISE, cerise sauvage, d'où merisier;
MER 334 — MES

d'origine douteuse. D'après Le Héricher, méi-i- inai'is lucius, brochet de mer. Darme- —
sier serait p. mécerisier, mauvais cerisier; le steter précise davantage d'après lui. merlus,
;

Glossaire de Lille porte rneserasiis, meri- -iiche est une composition française de mer -\-

sier. lus, fém. luce (pic. litche):, elle a passé à l'it.


^

MÉRITE, du L. meritum (merere), service merlusso, esp. tnerlusa. Quant au primitif


ou acte digne d'estime, qui commande la re- lus =
lat. lucius, il est dans Palsgrave et a

connaissance. Dans l'anc. langue, mérite était survécu dans fr. luset, nom d'une espèce do
fém. et signifiait récompense; c'est le subst, truite. —
De son côté, Joret, à la suite do son
participial du verbe merir, récompenser. — art. merlan (voy. pi. h ), analyse merlus par
Envfr., mérite était aussi adj.= L. meritus, merula -|- suffixe uceus (non pas par maris
méritant. —
Mériter, L. ^neritare, fréq. de lucius), merluche par mei'ula -\- ucea. Je ne
merere. —
Méritoire, L. rnej'itorius, qui t^to- reproduirai pas les arguments ichthyologiques
duit un salaire. et phonétiques exposés par le savant romaniste
MERLAN, vfr. merlenc, melJenc, v. angl. et me borne à dire que son raisonnement parait
merling, rouchi merlen, merîin, breton mar- probant.
louan, Bl. merluus; les données manquent MERRAIN, dans le principe, bois de con-
pour fixer l'étymologie de ce mot. « Une struction en général, vfr. mairien, wall.wjaî-
forme germanique merling au sens de poisson rain, prov. mairam, mairan, du BL. mate-
de mer [mèr) nous tirerait d'embarras, mais riamen; dérivé du h.materia, au .sens de bois
elle fait défaut. " (Diez). D'après Joret — de construction (en opposition avec lignum,,
(Rom., IX, 121), du lat. meruJa (poisson do plutôt bois de chauffage).
mer); c'est donc le thème merl -\- la term. MERVEILLE, it., esp., port. tnaravigUa,
germ. ing (cp. harenc =
ail. haring, éper- ->:illa, du L. mira-
-vilha, prov. maraveglia,
lan =
ail. spierling). Lat. merula (poisson), bilia, plur. neutre, =» choses étonnantes. —
survit encore dans merle et merlot, « poisson D. merveilleux, verbe s'émerveiller.
du genre labre » (Littré). Les anciens gloss. 1. MES- (devant les consonnes, sauf s, la

german. traduisent mervla par meer-amsel. consonne finale do mes vient à tomber et mes
Le nouv. prov. merlan est prob. un emprunt devient mé); particule prépositive ou préfixe
au français ; il n'autorise pas l'admission du exprimant que l'action désignée par le verbe
type merulanus. —
G. Paris, à propos do l'art, auquel elle est jointe est mal faite ou avec un
de Joret, remarque que l'anc. angl. merling fâcheux résultat; prov. mes, it. mis. Ce pré-
accuse plutôt un composé de mér (forme fixe a la même valeur que le miss allemand
germ. de L. mare) et li)ic, suffixe si riche en (goth. vha. missa, mha. misse, ags., angl.,
anglais ; on aurait ainsi la forme gnrmanique ail. miss, mis). Malgré cette correspondance
cherchée en vain par Diez. A ceci, Grober de sens et de forme, on ne peut assigner au
(Ztschr., IV, 475) objecte qu'il est préférable préfixe roman une origine germanique; la
de laisser le mot merlan sans rapport avec forme prov. 7nens et les formes esp. et port.
m.er et d'accepter l'explication de Joret, sinon menos engagent à voir dans ynes une contrac-
m,erl -\- ing, du moins me^'l -\- ling. tion du L. minus, pris dans le sens de
MERLE, L. merula (ou plutôt merulus). — « moins bien, c.-à-d. pas très bien ». Je pense
D. 7nerleau, merlette. que cette étymologie est à l'abri de contesta-
1, MERLIN, t. de marine, cordage à trois tion, mais que. d'un autre côté, la multiplicité
fils servant à faire des rabans, ni. marlijn, des composés français avec mes ou mis s'est
angl. marline, ail. maarlicn;\e premier élé- pi'oduite sous l'influence de la particule ger-
ment représente le mot german. maren, raar- manique. A l'appui de cette manière de voir,
ren, lier (voy. amarrer) ; le second, lijn, angl. je ferai remarquer 1. que la latinité du
:

Une, allem. leine, anc. Une, signifie corde. moyen âge ne présente aucun exemple du
— D. merliner. préfixe minus, tandis qu'on trouve dès le
2. MERLIN, t. de boucherie, == marteau, ix" siècle des verbes tels que mis-dicere, mis-
d'un type marculinus, dér. du L. marculus, facere, mis-docere, mis-evenire ; 2. que la
marteau. forme mis, en italien (p. e. dans mislealtà,
MERLON (anc. aussi merlet), esp. merlan, mistentura}, a, comme représentant du L. mi-
port, merîào, partie du parapet entre deux nus, quelque chose d'anomal (cp. L. tniniste-
embra.sures, dér. du BL. mei-la, it. merlo, rium, it. mestiero, non pas mistiero):, 3. que
créneau. On a proposé, comme source de ce le préfixe esp.menos est d'une application
vocable 1. L. mœrulus, dim. de mœrus,
: limitée à un nombre de cas seulement.
petit
forme archaïque de munis (Bolza) ; 2. L.
.
2. MES. plur. du pron. possessif mon ; du
mince, cp.minse murorum, d'où les dim. mi- L. meos, prov. mos, d'où, par l'assourdisse-
nula, mzVw^a (Ménage) 3. L. me?'_$^a, fourche,
; ment habituel de o en e, la forme mes (cp. les
d'où dim. mergula, les crénelures de la mu- de los, L. illos). —
Dans l'anc. langue, m,es
raille ayant été comparées aux pointes d'une représentait également le nom. sing. L. meus-.,
fourche. La 2^ étymologie a pour elle l'esp. nous en avons encore la trace dans messirc
almena, créneau la 3«, le sicilien mergula,
; = mon sire.
m. s. La se recommande par
l'"'' les formes MÉSAIR, t. de manège; d'après Littré, de
BL. merulus, merula. l'it. mezzaria (de ^nezzo^ demi, et aria, air).
MERLUCHE, MERLUS, MERLU, it. mer- MÉSANGE, vfr. ynasange, wall. masenge,
luzzo, prov. merlus, esp. merluza, du L. rouchi masinque, pic. masaingue, BL. ma-
. ,

MES — 335 — MET


sance, aussi misinffa ; dér. de l'ags. mâse, v. MESURER, voy. mesure.
flam. niêese, nha. meise, m. s. La terminaison MÉTAIRIE, voy. métayer.
a7iffe représente le suffixe allemand ii^ff, qui MÉTAIL, voy. métal.
se trouve dans le v. nord, meisingr. MÉTAL, L. m,etallum. L'anc. forme —
MÉSELLERIE, v. mot hôpital de lé- = métail, selon Diez, accuse type adjectival un
preux, du vfr. mesel, lépreux, ladre, qui est metalleum. L'anc. valeur de métail, « compo-
le BL. misellus, m. s., dim. à.Q miser. sition de plusieurs métaux », me fait plutôt
MÉSENTÈRE, gr. //.î^îv-rspnv (intestin du supposer un type barbare mixtaleus, cp. le
milieu I. — D. mésentérite. tei^me méteil (v. c. m.). En BL. on trouve
MESQUIN, vfr. meschin, it. meschino, esp. en effet mestallum au sens de cuivre. — D.
mezquino, pauvre, misérable, à l'origine = métallique, -in, -iser. — Voy. aussi médaille.
serf, serviteur. D'après Diez, de l'arabe mes- MÉTALEPSE, gr. //.îrà/vv^î, permutation.
hin, m. s. A l'appui de cette origine arabe MÉTALLURGIE, gr. fxtTxnoupyi:c = travail
on peut alléguer le fait (voy. Grandgagnage) du métal. • — • D. ynétallurgique.
que le plus ancien passage de la moyenne MÉTAMORPHOSE, gr. //.;ra//.5>y^.j,t,- =-
latinité où mischinus ait certainement le L. transformatio (.aopf/j = formaj. — D. mé-
sens homme lige ou serf, a été écrit en Ara-
: tamorphoser.
gon en 1131. Le mot s'est donc introduit en MÉTAPHORE, gr. /.j-as^pà, transport.
Europe par l'Espagne. Un vieux glossaire MÉTAPHYSIQUE du gr. ,
'

fx-ri rà ^u-.iy.x,
porte Saraceni mischinum mendicum vo-
: après les choses naturelles » premiers mots
"

cant. — De
l'acception « pauvre, chétif » s'est du traité de métaphysique d'Aristote, placé
,

dégagée celle de « petit » (de là les subst. après les traités de physique. D. métaphy- —
vfr. meschin, petit garçon, yneschine, petite sicien.
fillcj, et enfin, pour le féminin, celle de ser- MÉTAPLASME, gr. /,.îrac7rXa,^ao,-, change-
vante, acception propre surtout à l'it. mes- ment de forme; adj. métaiilastique, gr,
china et au wall. tneskène, rouchi méqicène. ll.tT y.~'>.%r;T<./.0 ;,

— Le néerl. nieisken, ')neisje (à Bruxelles MÉTATHÉSE, gr. y.srà^sît,-, transposition.


j'entends dire niasken), n'a rien de commun MÉTAYER, pr. fermier à moitié fruits, dé-
avec notre mot c'est un diminutif de m,eid,
;
coule dir. d'une forme prov. meitadier, dér.
ail. 7naid, formé de magd (par la résolution de meitad, moitié cp. BL. medietarius, m.
;

du /7 en t), jeune fille. —


D. tnesquinerie s., de niedietas; l'anc. terme équivalent me-

MESQUIS, voy. mégie. gier répond à la lettre au BL. mediarius (de


MESSAGE, du BL. missaticum, dér. de tnedius).
nitssus (it. messo, vfr. mes), envoyé. L'anc. MÉTEIL, anc. mesteil, BL. mestellum,
langue employait au.ssi message missaiicus, = mixtellum, mixteolum, frumentum miscel-
messager. —
D. messager, messagerie. lum dér. du L. mixturn (misccre), mélangé.
;

MESSE, it. messa, esp. misa, ail. messe, Le méteil est un mélange de froment et de
angl. mass ; du BL. missa. On fait générale- seigle. Cp. le terme allemand mangkorn (de
ment venir ce terme d'église de la formule mengen, mêler). Le wallon dit mesteure, qui
missa est, s. e. concio, par laquelle le diacre est le L. m,ixtura, mélange. Une variété
renvoyait l'assemblée. Pour être plus exact, littérale de cette forme est mosteure, qui est
il faut définir la valeur étymologique de messe le fr. inouture =
mélange de froment, de
en disant que c'était la partie du culte qui seigle et d'orge, par tiers, mot qu'il ne faut
commençait après que les catéchumènes, qui pas confondre avec monture do moudre. —
ne pouvaient participer au sacrifice de la messe, Cp. aussi angl. meslin, inaslin, méteil, d'un
étaient renvoyés avec la formule messa est con- type lat. misculinum.
cio. Ferrari voyait dans missa un synonyme MÉTEMPSYCOSE, gr. ;;.îrc,al-û/«îi;, trans-
de oblatio, offrande, donc =
id quod mittitiir. migration do l'âme d'un corps dans un autre.
Cette manière de voir mérite d'être prise en MÉTÉORE, phénomène atmosphérique, du
considération; cp. notre mot mets. Luther — gr. /Miziupoi (p. y.tT-xioipoi), litt. qui est dans
faisait venir m,esse de l'hébreu mas, tribut, l'air, atmosphérique. D. météorologie. —
servitude. MÉTHODE, L. methodus, gr. ij/zStoSo;, ma-
MESSIE, L. messias, du participe hébreu nière (litt. voie) pour poursuivre qqch. —
maschiach, oint, consacré, dont -/oi'jto; est la D. métliodAquc, -isme, -iste ; méthodologie.
traduction grecque exacte. MÉTICULEUX, L. ^neticulosus [metws).
MESSIER, garde champêtre, BL. messa- MÉTIER,anc. mestier, it. mestiero, mes-
rius, mossium custos, de messis, moisson. tiere, esp. ynenester, port, mister, prov.
MESSIRE, composé de mes (vfr. mon, = menestier et mestier, du L. m,inisterium,
voy. 'mes 2) et sire. — L'it. dit messere, d'où service, charge, emploi, profession. Pour la
la forme fr. messer. transformation littérale, cp. vfr. m,oustier,
MESTRE ou MEISTRE (arbre de), le grand moutier, de m,onasterium. Dans l'anc. —
mât d'une du nord, mastr, mât.
galère, soit langue, mestier =
service avait dégagé la
soit = maistre, maître au sens de principal. signification « besoin » on disait est m,estier :

MESTRE DE CAMP, de l'it. maestro di p. il est besoin, comme on dit encore avec le
cai/ipo, maitro du camp. même sens en it. e mestiere, en esp. es mencs-
MESURE, L. mensura (metiri). D. me- — tcr, en wallon avu mesti (avoir besoin). Pour
surer, L. mensurare; adj. m,esuré, démesuré. cette transition logique, cp. en latin opus ^=
. ,

MEU — 336 — MIC

ouvrage et besoin, en fr. besogne et besoin. — analogies foi'males vfr. seule de sa^culum,
Enfin métier, nom abstrait -= service, a pris reule (angl. rule) de régula, no permettent
l'acception concrète de machine ou appareil pas de douter que meule, mule reproduisent
pour diverses opérations techniques. un dim. latin metula (syncope du t). L'éty- —
MÉTIS, aussi mesticc, esp. mcstiso, d'un mologie L. moles, masse, peut donc hardi-
type latin mixtitiiis, mélangé. ment être rejetée. —
D. meulon.
MÉTONOMASIE, gr. //sTovoyxjia, change- 2. MEULE pour moudre, L. mola. —
ment de nom. D. mculard nindier, meulière.
,

MÉTONYMIE, gr. /ijrwvu/zia, emploi d'un MEUM, MÉON, plante, L. meum, gr. /t^ov.
mot pour un autre. MEUNIER, voy. moulin. D. meunerie. —
MÉTOPE, gr. /x-Tox/), ouverture intermé- MEURON. dér. de mûre (v. c. m.).
diaire. MEURTRE, anc. aussi meurdre, mourdre,
MÈTRE, gr. y-irpo-j, L. niety-itm, mesure. — angl. murdei', BL. mordrum, du goth.
D. métrique, métrer. mawthr, ail. mord, m. s. D. meurtner; —
MÉTROPOLE, gr. fir^rpoTroAu, litt. ville- subst. meurtrià'e, t, de fortification; verbe
mère. Delà, par /xYirpo-^ioUz/i:, évoque siégeant meurtrir, vfr. m(nirdrir, anc. tuer, auj. faii'o
dans la métropole, l'adj. métropolitain. une contusion, blesser, assouplir (le cuir; cp.
METS, vfr. mes, angl. mess, it. messo, du l'expr. mortifier la viandej.
L. mission (mettere), donc pr. ce qui est MEURTRIR, voy. l'art, préc. D. meur- —
envoyé ou m,is sur la table. L'orthographe trissv.)-!'.

moderne mets trahit la tendance à mieux MEUTE, anc. soulèvement, sédition, entre-
marquer le rapport entre le substantif et le prise et troupe militaire. De là expédition :

verbe mettre. L'étymologie ci-dessus so con- de chasse, puis enfin troupe de chiens de
firme par le rapprochement des termes équi- chasse (signification actuelle du mot). Du vfr.
valents L. fercidiun, de ferre, gr. npot-fopx,
: vieïite, contr. meute, part, passé de mouvoir

de 7:po;-/tpîiv, apporter; vfr. «^jporf =r^ ser- (cp. émeute). Lo sons premier de mouvement
vice de table (Du Fail « sur lo dernier
: insurrectionnel s'est consen'é dans les dérivés
apport r,\ — Wachter avait crronémcnt mutin (p. meutin), et ameuter, mettre en
pensé à une dérivation du gotli. matM, vha. meute, exciter. Du fr. viennent les mots ail.
Mîrtj. nourriture. — Cps. entremets. meute, meute, tneiUer, séditieux, et meuterei,
METTRE, it. mettere, esp. metcr, port. mutinerie.
metter, prov. m,etrc; c'est le L. miltcre, lais- MEZZANINE, entre sol, dér.del'it. messano,
ser aller, laisser partir, envoyer, qui, dans " qui est au milieu (de messo
•• tncdius). =
certaines applications, frisait déjà le sens MI, vfr. mei, fém. mcie, moie, mie, formes
vague du mot roman, p. ex. dans tnmius ad prov. meg, mdtz, miciz, etc.; ces formes cor-
arma mittere (Sénèque), fiindamenta mitterc respondent au L. médius, -a, -um.. Dans la
(Lactance). La valeur classique « envoyer •> langue actuelle, le mot mi n'a plus d'existence
se retrouve encore dans le composé trans- séparée; il est réduit à l'état d'un préfixe,
mettre. — Du part, missus fr. mis, parti-
: marquant division par moitié ; il répond à mé-
cipe, et mise, subst. \ oy. aussi message. dius, comme demi au composé dimidius. Ex.
1 MEUBLE, adj., L. mobilis, qui peut être mi-parti, mi-jambe, mi-aoïït , mi-caréme
remué, transporté; « terre meuble, biens Dans ces cas 7ni est adverbe ; il conserve sou
meubles «. — D. ameublir, l'endre meuble; caractère d'adjectif dans les compositions midt
immeuble, bien-fonds, litt. bien non mobile, = médius dics, minuit (anc. mie-nuit) me- =
bien fixe. —
Forster (Grob., Ztschr., III, 5G1) dia nox, milieu =^ médius locus, point cen-
me reproche d'avoir, sur les traces de Littré tral. — Le neutre L. médium (fr. mi) a donné
(ceci n'est pas exact, puisque mon péché les locutions prépositionnelles in medio, d'où
remonte à 1862), fait venir meuble de mobi- 'emmi, etper médium, d'où le (v. parmi.
le fr.
lis. C'est, à ses yeux, une hérésie G ne peut : — Génin a commis une lourde bévue en pré-
donner eu; aussi le vfr. écrit-il moeble, tendant que mi était une forme apocopée de
mueble, l'esp. mucble ; il faut donc absolu- milieu.
ment pour base un o bref et admettre un lat. MIASME, gr. fiixt/ioi. (de i^xhuA, souillure,
vulg. mobilis =
mo [v) bilis. J'accepte hum- infection. — Du thème jutxî/xxr adj. mias-
:

blement la réprimande du rigoureux censeur. matique.


2. MEUBLE, subst., 1. objet mobile (voy. MIAULER, onomatopée, it. miagolare, cp.
l'art, préc), servant à garnir une maison, un vfr. miauwer, ail. miaucn, angl. mcw.
vaisseau ; 2. t. collectif =
toute la garniture MICA, esp. de minéral du L. mica, par-
ou le mobilier d'un appartement. D. meu- — celle, paillette, ou,
;

ce qui est plus vraisem-


bler, amcubler*, d'où ameublemeiit. blable, du verbe micarc, briller. — D. ?/</-

MEUGLER, it. mugghiare, BL. mugulare, cacé.


dérivé du L. mugirc, sous l'influence de MICHE, L. mica, parcelle, en BL. par- =
buculare (d'où fr. beugler). vus panis. En flam. tnickc signifie panis
v.
1. MEULE (de foin), dans certains dialectes triticius (Kil.). Hasselt, éditeur de Kiliaen,
et en vfr. aussi inouïe, mule, d'où mulon, ajoute: nostra vero mikhen non parvi panes
meulon, BL. mullo. La forme picarde et sunt, sed vulgaribus latiores, majores, cras-
wallonne «i!o/e, qui est évidemment le h. meta, siores, graviores. En holl., mih signifie : fine
cône, pyramide (en BL. =
meule), et les farine de seigle. Il se pourrait donc que miche
MIE — 337 — MU
et loBh. iuica n'eussent rien de commun avec tion suivante meuni — mum — mon — men
:

le L. mica et fassent de provenance germa- — mien. Pour passage de on en en, cp.


le va-
nique, ce qui est d'autant plus vraisemblable luntas, volonté = vol J'objecterai
vfr. enté.
que le L. mica a donné le fr. mie (v. c. m.). contre l'opinion de Diez 1 que de tout temps : .

MICHE, sot, niais, corruption du prénom micji a été monosyllabe, ce qui prouve contre
Michel. une formation dérivative 2. le très ancien ;

MICMAC, intrigue, tripotage; cp. ail. emploi de tnen p. mo7i (Chans. de Roland).
misch-inasch, dan. misk-mak, pêle-mêle — Sur l'origine des formes 7no}i, ton, son et
(ail. mischen = mêler) ; on peut encore citer, mien, tien, sien, qui n'est pas encore sortie du
en de ces mots de fantaisie ail. pck-fack,
fait : domaine de la controverse, on peut consulter
détours, subterfuges (de ficken, remuer), Cornu (Rom., VII, 593), Grôber (Ztschr., III,
hJip-hlap, sing-sang, fr. flic-flac. 157) et Mussafia (ib., 267). Ce qui est généra-
MICROCOSME, = yMprji M-jp-oi, monde en lement abandonné, c'est le type lat. ineanus ;
petit — 1). microcosmique. notez surtout que le fém. miene (mienne) n'ap-
MICROSCOPE, mot créé pour dénommer un parait que fort tard dans la langue.
instrument qui sert à examiner (îxoTtsîv) les MIETTE, voy. mie 1. — D. émietter.
petites choses [fM/.pd:). D. microscopique. — MIEUX, vfr. mels, miels, m,icx, mix, prov.
MIDI = médius dies, cp. l'ail, mit-tag, va. meilhs, du L. nielius. Cp. vfr. mieudre, meil-
s., et le L. meridies, qui est ^owvmedi-dies. leur, de melior.
Voy. mi et di. — Dans le Lyonnais, on dit mé- MIEVRE, norm. nièvre, enfant vif, remuant;
joicr\). midi. d'après Ménage, du L. nebulusnebulo), (p.
MIE,
1. petite partie qui tombe du pain polisson cette étymologie conviendrait assez
;

quand on mange, du L. mica, parcelle,


le bien, pour la forme, au norm. nièvre, mais,
fragment. Ce mot a été remplacé par son sans parler de la disparate des sens, comme
dim. miette. — D. émier, m.ioche (v. c. m.). l'observe fort bien Diez, m initial se change
MIE, la partie du pain enti'e les croûtes,
2. pai'fois en n, mais non pas n en m; ce qui
esp. miga, prov. mica, miga, anc. cat. mica. fait que l'oinginedu mot reste encore à trou-
On rattache d'habitude ce vocable au L. mica, ver. — En Berry, on dit maffion pour un en-
petit morceau la valeur de ce mot latin,
; fant vif; je ne pense pas qu'il soit connexe.
cependant, est loin de celle du fr. mie. On n'y Jusqu'à meilleure information, je suis d'avis
trouve rien qui caractérise la mie en tant que mièvre sonnait à l'origine mieuvre et que
qu'opposée à la croûte. Il faut donc que le ce mot représente une variété phonétique de
sens « partie molle du pain » ait été appliqué meuble =
L. mobilis, mobile, léger, vif. 11 me
au mot mie, petit morceau, en seconde ligne semble que le thème mobl a aussi correcte-
et par une liaison d'idée que je ne saisis pas. ment pu faire mieuvre que popl a fait pieu-
N'étaient les similaires étrangers, je ne ver- vre (v. c. m.). —
L'observation de Diez sur le
rais aucun inconvénient à expliquer mie par caractère insolite du changement de n initial
média, s. e. pars. L'italien ne dit-il pas, par en mrencontre, cependant, une exception
une métaphore semblable, midolla mie de = dans le mot mastouche et sainte mitouche
pain, lequel midoUa est le mcdulla latin (voy. ces mots). — Notons encore l'anc. subst.
[moelle) et par conséquent dérivé de médius ? mieuresse, gaieté.
L'italien rend en outre la mie par mollica (de MIGNARD ; c'est le radical de mignon avec
mollis). le sufRxe péjoratif ard. — D. mignardise,
3. MIE, ancien renforcement de l'adverbe afféterie ; mignarder. — Avec le suffixe ot,
négatif ne, équivalent des termes analogues le même radical a produit mignot, joli, déli-
fr. pas, point, goutte (anc. aussi brin, gt^ain, cat.
rien, etc.), it.pwdo, mica, fore, etc., L. hi- MIGNON, adj. = gentil, subst. = favori;
hcm (d'où nildl). C'est le même mot que le du vha. minni ou niinnia, amour; mha.
mica latin = petit morceau (voy. 7nie 1;; minne, amour et objet aimé; cp. hvet. mi-
l'expression iie-mieiwaW.. ni-mic) signifie donc nonez, amie; irl. 7nian, mion, amour. —
pr. pas une miette ». Cp. la phrase de
« L'étymologie mine (« qui fait de petites
Martial « Non est in tanto corpore mica
: mines «) est insoutenable. D. mignon- —
salis " (pas un brin de sel, ou tout court pas nette.
de sel). MIGNOT, voy. mignard. — D. mignoter,
4. MIE, p. amie; forme abstraite de l'ex- mignotise.
pression ni amie, que l'on a mal décomposée MIGRAINE, vfr. migraigne, it. eniigrania,
par ma mie. magrana, esp. migrana, du grec /)>.t/.|oav{a,
MIEL, L. mel, mellis. D. mielleux, em- — mal de tête affectant une moitié (/J/jt) seule-
mieller, vfr. amidler = enjôler. ment de la tête {/px-nov).
MIEN. Les formes mien, tien, sien, sont MIGRATION, L. migrationem (migrare).
tirées, d'après des an-
Diez, directement MIJAURÉE je ne saurais comment faire en-
;

ciennes formes possessives 7ni, ti, si, à l'aide trer ce mot, comme l'a fait Roquefort, dans
du suffixe en =
L. anus (cp. ancien de anz, la famille mignon ou mignard. J'attends en-
ains). D'autres préfèrent voir dans 7nien une core l'étymologie du mot. Cp. Berry mijau-
forme diphthonguée de men, forme picarde dcr, mignarder. Voy. aussi initonncr. Le mot
du L. mcum. Si cette dernière explication est I
me semble radicalement connexe avec mijoter,.
la bonne, il faut alors admettre la dégrada- user de douceur, de caresse.
MIN — 338 MIN

MIJOTER, à petit feu sur l'éty-


faire cuire ;
a porté ses vues sur le vlia. minnisto, super-
niologic, voy. conjecture sous mitonner;
ma latif de min, petit. On voit parfois ^ipernmtor
cependant, j'aime à donner la préférence à avec 5' fort cfr. broce', brosse de l'ail. borste)\
l'explication de G. Paris, qui s'exprime ainsi mince serait ainsi p. minse, comme rincer p.
(Vie de Saint-Alexis, p. 187) » Dans le Maine :
rinser. — Une autre opinion est que mince
et ailleurs,on dit des fruits qui attendent au vient du L. 'mancius p. mancus (^= qui est on

migeot (voy. ))1. loin l'article nmgot) leur ma- défaut; par l'intermédiaire maince; on allègue
turité qu'ils migeoltent. Le verbe a pénétré en à cet effet le fr. rincexiu p. rainceaii, du L,
français sous la forme mijoter avec le sens ramicellus. D'ici lui-même, comme le fait re-
dérivé de « cuire doucement ». — L'idée de marquer l'auteur de cette étymologie, NL Lan-
douceur qu'implique le verbe peut avoir donné gensiepcn, attache une certaine irnportance
lieu à m,ijoter =
mignoter, caresser. à cette disposition des adjectifs latins en us
1. MIL, MILLE, L. mille, millia. D. — à changer leur terminaison en ius, en revê-
mille, subst. (anc. fém.), mesure itinéraire tant la forme romane; cp. esp. gurvio de
(it.miglio, esp., prov., milla,\\vx. mïle,\\\\a.. curviis, ci'osio de crassus, soberbio de super-
meile), du L. millia == mille passus, d'où : bus, etc. —
Une conjecture do Littré, fondée
milliairc, L. milliarium. sur l'anc. signification « petite monnaie va-
2. MIL, plante, esp. mijo, it. tnigUo,di\x L. lant un demi-denier », vise à rattacher mince
milium. —
D millet fdimin.); miliaire, L. à l'angl.Hu'nf, ail. miin s e,monmÙQ. Toutes —
miliarius ;
mille^'aie, champ semé de millet. ces tentatives tombent à néant devant la solu-
MILAN, esp. milano, port, milhano, prov. tion proposée par Paris (Rom., VIII, 618).
milan, à\n\\j.milua7ius, dér. àcmiluus, forme Mince est un adjectif verbal (comme lâche,
qui a précédé milvus. D. milaneau; mi- — comble, trouble, etc.), tiré du vfr. tnincier;
louin =
L. miluinus p. milvinus (?). quant à c«lui-ci, il représente correctement
MILIAIRE. voy. mil 2. L. 'minutiare et se rapporte à menuiser,
MILICE, L. militia (miles). — D. mili- comme pei'cer à 'pertuiser. D. minccr (t.—
cien. de cuisine), amincir.
MILIEU, p. mi-lieu, voy. mt. 1. MINE, air du visage, it. mma. Les opinioos

MILITAIRE, L. miliiaris (miles, -itis). sont partagées sur l'origine do ce mot. Ecou-
MILITER, L. militare, être soldat, com- tons d'abord le président do Bros.ses « Mine :

battre. vient du L. minari, menacer par l'air du vi-


MILLE, voy. mil 1 —
D. viilliesme mil'
. sage. Ainsi l'expression n'a d'abord été appli-
lièine, L. millesimus (d'où aussi le terme sa- quée qu'à une mine terrible et fàtiheuse,
vant millésime); m.illénaire, L. millenarius; comme quand nous disons faire la tnine.
millier; m,illion =
mille mille; milliard = Toute altération de l'air du visage, soit qu'elle
mille millions ; milliasse, mille milliards. provienne de passion ou d'affection, a été
MILLÉSIME, voy. l'art, préc. aussi nommée mine, et enfin l'expression s'est
MILLET, voy. mil 2. étendue à toute sorte d'air du visage on a

:

MILLI-, terme de composés marquant


initial dit une jolie mine, une mine gracieuse. »
une mesure il exprime la millième partie de
; Chevallet déduit le mot do l'ail, miene, air,
l'unité désignée par le simple, p. ex. milli- extérieur, contenance (= dan. mine, angl.
gramme, millilitre. mien, meen). Mais il est bien avéré que les
MILLION, voy. mille. D. millionnaire. — mots germaniques sont d'importation romane
MILOUIN, voy. milan. aussi bien que les formes celtiques min, man,
'
MIME, L. mimiis {fxi/xoi). D. mimique, — mein. —
Diez e.st d'avis que mine, contenance,
L. mimicus; mimer, exprimer par des gestes; geste, manière de .se pré.senter, se rattache au
tjiimosa ou mimeuse, nom de la sensitive verbe se mener, lat. se minare-; il rapproche
(type L. mimosus), donc litt. celle qui exprime à ce sujet le mot analogue L. gestus de se
ce qu'elle sent. gerere. Cette manière de voir me parait la
MIMOSA, voy. mime. plus rationnelle, —
D, minaud, type minai-
MINABLE, pitoyable, misérable, wall. mi- dus (suffixe péjoratif), d'où minauder^ mi-
nàv, rouclii minape. Comment expliquer ce nois.
mot fort répandu dans les provinces du Nord 2. MINE, lieu d'où l'on extrait les métaux,
et en Belgique ? Exprime-t-il « ce qui est fa- galerie souterraine (puis, par métonymie, la
cile à mi»er », c.-à-d. à détruire? matière minérale même), it., esp., port, mina,
MINARET, de l'arabe menàrah, chandelier, prov. mina et mena. C'est le subst. du verbe
lanterne, phare, puis tour en général; en turc, m.iner, creuser, caver, it. wmare, esp., port.,
menâret. prov. m,inar. Or, ce dernier est une applica-
MINAUDER, voy. mi^ie 1 .
— D. minaudier, tion spéciale du L. minare =
roman menare
mi)iaiidorie. (voy.mener), conduire ; cp. les expressions
MINCE. Les règles phonologiques ne per- EL. tninare consilium, préparer un coup,
mettent nullement ni î'étymologie L. "minu- mener une affaire, minas parare, dresser des
tius, ni celle du comparatif gothique minniza, embûches, prov. menar secretz, faire un com-
moindre (= vha. minnira, nha. minder); la plot de là le sens du sub.st. menée. (Je men-
;

langue française ne présente aucun vestige du tionnerai ici le vieil adj. fr. mmewa?, caché, =
goth. z (=-vha. r), en tant que lettre caracté- secret, couvert, pr, qui se fait par menée ou
ristique du comparatif. Diez, par cette raison, comme souterrainement.j Mina serait donc
.

MIN — 339 — MIR

d'abord = dessein secret, intrigue, puis, au MINIMUM, le moindre ; mot latin ; voy. mi-
ligure, un conduit souterrain pour miner les nime.
nuirailles d'un lieu assiégé, d'où se déduirait MINISTÈRE (mot savant), 1 service, entre- .

finalement l'acception « excavation souter- mise, 2. "fonctions de ministre, 3. les ministres


raine pour extraire le minerai » C'est ainsi . pris collectivement du L. ministeriuni ser-
; ,

C|ue L. ducere, conduire, a donné l'it. doccia, vice (voy. aussi m(?Y/er); de là V&à]. ministériel
conduit, canal. Ce qui gêne un peu, cepen- (voy. aussi ménétrier).
dant, c'est la forme minareaM lieu de menare. MINISTRE, 'L.minister, serviteur.
Diez pense que cette variation a eu pour bue MINIUM, oxyde de plomb rouge, aussi mine,
de différencier les significations. Pour nous, ail. mennig, mennie, du L. minium, cina-
cette déviation ne parait pas devoir faire diffi- bre, minium. —
D. verbe 'Qh.miniare, écrive
culté si d'un côté menare, mener s'est pi'o-
; avec du minium, d'où miniature (v.c. m.).
duit du L. minare dans tel sens, qu'est-ce qui MINOIS, mot familier, tiré de mine 1 .

empêche d'admettre que l'on ait plus tard tiré MINON, voy. iininet.
du même minare de la basse latinité une MINORITÉ, subst. de mineur, L. minor,
forme variante miner dans un autre sens donc 1 =
état de mineur, 2.
. le nombre =
secondaire ou dérivatif? En d'autres termes, moindre.
mener est de la première formation, miner MINOT, moitié d'une mine, mesure de cé-
de la seconde. D'ailleurs, on trouve Ve dans réales (v. mine 3;. —
D. minotier, pr. mar-
prov. mena et meniera. —
Rossignol pense chand de farine, d'où minoterie.
que tniner vient du L. miniaria, pr. mine de MINUIT, p. mi-nuit, voy. mi.
minium; nii)ie= minium se serait généralisé MINUSCULE, L. minusculus, un peu petit.
en toute espèce de métal. —
D. minière, prov. MINUTE (mot savant), du L. minutus, donc
meniera, esp. minera. propr. chose menue, petite parcelle; de là
3. MINE, mesure de capacité, vfr. emine, petite fraction dans la division du temps et de
esp. hemina, prov. mina, du L. hemina (gr. l'espace, d'où les acceptions actuelles, mathé-
r.fjihu), mesure de liquides et de solides, pr. matiquement circonscrites. L'acception —
moitié du setier {sextariiis). Pour l'aphérèse » original, brouillon d'un écrit » vient de la
de la syllabe initiale, cp. migraine. Notre mot petite écriture déliée dans laquelle on écrit les
mine mina, gr.
n'a rien à faire avec le L. brouillons. Dans ce sens, la minide corres-
juvâ, =
poids de cent drachmes, ni avec me- pond à en
la grosse (v. c. m.), qui est écrite
dimnus. —
D. minage (droit de), minot (v. gros caractères. De là le verbe minuter (un
c. m.). acte).
MINER, voy. mine 2. D. mineur. — MINUTIE, L. «imitùa, chose menue, affaire
MINERAI, dér. de minière comme miné- de rien. — D. minutieux.
ral, dont il représente la forme wallonne (L. MIOCHE, mot familier, dérivé de mie, petit
-aiis =^ wall. -ai). morceau (voy. mie 1).
MINÉRAL, dér. de mittière (voy. mine 2). MIQUELOT, pr. pèlerin de saint Michel et
— D. minéraliser, minéralogie.
-iste, qui se sert de ce prétexte pour mendier, fig.
MINERVAL, honoraire payé pour l'ensei- hypocrite.
gnement des sciences et des beaux-arts, du MIRABELLE, esp. mirabel, it. mirabella,
L. minerval (de Minerve la déesse de , prune jaunâtre, qui tient son nom, dit-on, de
l'étude). l'une des nombreuses localités du nom de
MINET, MINETTE, MINON, MINOU, déno- Mirabeau, Mirabcllo ou Mirabella. Diez —
minations familières du chat. Diez range ces identifie cette dénomination avec celle du
vocables dans la famille de menin (v. c. m.) ; fruit dit myrobolan =
gr. /7.ui5oSà)«vo5, pai'ce
Littré les dérive de mine 1 (« l'animal qui fait qu'en italien le mot mirabolano désigne
des mines »1. l'arbre qui donne les mirabellas ; je crois que
1. MINEUR, subst., du verbe miner. la prémisse et la conclusion sur lesquelles
2. MINEUR, adj., vfr. meneur, de l'accus. repose cette étymologie sont sujettes à con-
h, mi}iôrem ; le nom. minor (l'accent sur i) testation.
s'est francisé en moindre. D. minorité. — MIRACLE (mot savant;, L. miraculum (de
MINGRELET, dimin. de mingre' forme na- mirari, cp. merveille). La vraie forme franc,
salisée de maigre.
,

de miraculum est mirail, voy. s. miroir. —


MINIATURE, subst. du verbe BL. miniare, D. miraculeux.
écrire ou dessiner avec du minium, cinabre MIRE, voy. mirer.
la tniniaturecst donc pr. un dessin en vermil-
;

MIRER, vfr. =
contempler (de là : se
lon intercalé dan* les anciens manuscrits ; ces mirer), auj. =
voir attentivement, fixer des
dessins ou peintures étant généralement de yeux, viser, du L. mirari, voir avec admii-a-
dimensions fort petites, le mot miniature a tion. —
D. subst. verbal mire, dans « point de
fini par signifier un ouvrage d'art de petites mire « mirage, m.irement; miroir, d'un type
;

proportions, et une chose de petite dimension miratoriihn (vfr. mirëor, prov. mirador, it.
en général. L'idée du miniutn ou vermillon miradore, accusent un type mirator. le
s'est tout à fait effacée. —
D. m,iniaturiste mircur); miraille, t. d'héraldique; mirauder.
MINIÈRE, voy. mine 2. MIRLIFIQUE, voy. l'art, suiv.
MINIME, duL. minimus, -a, -iim, superlatif MIRLIFLORE, jeune homme qui fait l'agréa-
de petit. — D. mhtimal. ble mot de fantaisie sur lequel je m'abstien-
;
MIT — 340 — MIT

drai de fixer une étyniologie. Serait-ce peut- cal mit se rencontre encore dans miton, syno
être un mire-les-fîeurs, espérant par ce genre nymc de mitaine, puis dans le vfr. mitan,
d'admiration obtenir les bonnes grâces de moitié (d'où mitanier, syn. de métayer), et
quelque femme sensible? Ou bien une altéra- dans le nfr. mitoyen. On pourrait cependant
tion de meUifluus? Ou enfin un parfumé aussi admettre que le radical ^}iit do tous ces
d'eau de mille- fleurs ? Le champ aux conjec- mots représente une contraction du thème
tures est vaste. —
Notez encore la corruption mediet et rapporter mitaine à un type bar-
mirlifque (p. mirifique, L. mirificus) ad- — bare medictanus, mi-parti ; cfr. medictatem
mirable, d'où vfr. mirlifichurcs, atours. romanisé par esp. mitad, prov. mitât, fr. mei-
MIRLIROT, corruption do mélilot (v. c. m.). tié 'moitié. — Je penso que la forme mite (=
MIRLITON, espèce de flûte. D'origine in- mitaine) des patois est dégagée de miton. —
connue. Littré pense que c'est un de ces mots Wedgwood, à propos de l'angl. mitten fr. =
pris pour refrain, qui ne signifient rien par mitaine, Clic legaél.);H<f«»,gros gant, ^nutap,
eux-mêmes, comme biribi, tralala, tniron- gant sans doigts, qu'il ramène au nord, mudd,
taine. L'ancienne école étymologique aurait vêtement en peau de renne. Mahn se prononce
hardiment expliqué le mot par le L. mirus aussi en faveur do l'origine celtique, mais en
lituus. trompette admirable ! ramenant les mots cités à math, main.
MIROIR, voy. mirer. Cp. L. spéculum de MITE, esp. mita; mot germanique vha. :

spcccre, regarder. L'anc. langue disait aussi Diica, nha. miete, ags. mite, angl. viite,
mirail =
miraculum. —
D. verbe miroiter ni. mijt.
(dérivation irrégulière), réfléchir la lumière ; MITIGEE, L. mitigare (mitis). — D. miti-
miroitier, d'où miroiterie. rjali'Di, tnitif/atif.

MISAINE, mât qui est entre le beaupré et MITON, gant qui ne couvre que l'avant-bras ;
le grand mât; de l'it. mez3ana[=h. me- .'synonyme de mitaine (v. c. m.), dont il par-
diana), d'abord la voile du nuit du milieu le ; tage l'étymologie. On a bien songé à l'adj. lat.
mot gâté chez les Anglais en missen,
s'est mitis, doux, et à mite, mitou =
chat (les
chez les AU. et Néerl. resp. en bcsan et enfants nomment pareillement les manchons
bezaaii. en fourrure des minons, terme familier pour
MISANTHROPE, grec;/tîiv&j5w;r5j, do//i«îv, chat), mais ce caractère de douceur j)rêté aux
h;iïi-, et ivjpoj-o;, homme. mitons ou mitaines parait être bien i)ostéricur
MISCELLANÉES, L. miscellanea, dér. do à l'introduction de ces mot»?. Cette étymologio
rnisccilus (inisccre), mêlé. — Cp. collcctances. serait tout au phis acceptable s'il était démon-
MISCIBLE, qui peut se mêler, du L. mis- tré que mitaine ci miton désignaient dans le
cere. principe des gants en peau de chat. —
Quant
MISE, voy. mettre, 1. action de mettre, à l'expression populaire onguent miton mi-
manière de se mettre; 2. ce qu'on met (sur- taine, on croit qu'elle provient de la synony-
tout au jeu). mie entre miton et mitaine:, « qu'on .se serve
MISÉRABLE, L. miserabilis, digne do ou non d'un tel onguent, c'est tout un, comme
pitié. miton et mitaine « ; telle est du moins l'inter-
MISÈRE, L. miseria (subst. de miser). prétation posée par Le Duchat.
MISERERE, impératif latin = aie pitié de MITONNER, dorloter, cajoler; puis aussi
moi mot initial du 50" psaume. Le nom a été
; laisser cuire doucement, du L. mitis, doux,
donné, par métaphore, à une terrible maladie. tendre. Ou bien l'idée de traiter avec dou-
MISÉRICORDE, L. miscricordia {deVndy ceur, caresser, .se seiait-elle dégagée du subst.
miscricors, litt. au cœur compati.ssant). — miton, gant? Cp. emmitonncr, cmniitoufler,
D. miséricordieux [ci\ y îv. iiiiscricort). envelopper de fourrures. — Ce rapport entre
MISSEL, prov. mcssal, du BL. missalis, mitis et niitomier, cuire à petit feu, me sug-
qui se rattache à la messe (L. missa). gère la pensée que mijoter, qui partage les
MISSION, L. missionem (mittere), envoi acceptions diverses de mitonner, pourrait
dans un but déterminé ; commission, charge avoir une origine analogue. Le verbe latin
à l'étranger dans un but politique, religieux mitigare, rendre doux, mûrir, amollir, a pu
011 autre. —
D. missionnaire, pr. envoyé en se perpétuer dans quelque patois sous la
mission, mot appliqué particulièrement à celui forme miger, dont migcoter, mijoter (laisser
qui est chargé de la prédication de l'évangile mûrir, devenir tendre, puis traiter doucement)
à l'étranger. serait le dérivé. — Le mijé du patois de
MISSIVE, L. missiviis, destiné à être Berry, comme le miton de quelques autres
envoyé (latin mod. tiré du supin missum de provinces, employés pour la partie molle du
mittere). pain, se déduisent difficilement de mica, mie,
MISTRAL, aussi macstral, mestral, esp. tandis que, par mitigare et mitis, nous arri-
maestral, it. maestrale, prov. maestre, nom vons à l'idée foncière « mou, tendre ". —
du vent de nord-ouest ; pour ainsi dire le Mijaurée, la mignonne, la doucereuse(v. cm.)
maître des vents. pourrait appartenir à la même famille.
MITAINE, BL. mitana, du germ. mitte, MITOUCHE {sainte), altération de mainte
milieu. Cette dérivation est fondée sur ce que nitouche, faite peut-être sous l'influence do
la mitaine est un gant divisé en deux moitiés, l'idée mitis. On désigne par là une prude, une
ou fpeut être) un gant couvrant la moitié du fille hypocrite, « dont il semble qu'elle n'y
bras ou la moitié de la mam. Ce même radi- touche pas et qui cependant nuit aux gens de
MOD — 341 — MOEU
fait et de paroles dans l'occasion, ou bien qui, MODELE, it. modello, ail. modell, d'un
faisant la dégoûtée, semble ne vouloir toucher type L. modellus p. modulus (modus), pr. la
à rien de ce qui a été mis devant elle » (Le mesure d'après laquelle on se dirige, patron,
Diichat). original. —
D. modeler, pr. faire un modèle,
MITOUFLE, forme populaire de mitaine; puis aussi conformer à un modèle. Le cor- —
voy. einridtoufler. respondant littéral fr, du L. modulus est
MITOYEN, singulière forme produite peut- moule (v. c. m.).
être du même radical mit, traité s,o\xii mitaine, MODELER, voy. modèle.
avec assimilation du suffixe au mot équiva- MODERER, L. moderari (de modus, me-
lent moyen. La langue fr. ne présente qu'un sure). — D. m,odére, pr. mesuré; modéra-
seul mot de formation semblable, c'est citoyen. teur, -ation, modérantisme,
Or, l'un et correspondent avec un
l'autre MODERNE, it.,esp. moderno,da L. moder-
subst. prov. de façon également uniforme, nus, récent, actuel (adj. formé de l'adv. ynodo,
savoir citad et mitad. On peut en inférer que récemment; cp. hocliernus, hesternus, formés
les formes dérivatives citoyen et mitoyen en de même des adverbes hodie et heri). —
procèdent et représentent un type latin cila- D. moderniser.
danns, mitad.anus. Il va de soi que nou^ fai- MODESTE, L. modestus (modus). D. mo —
sons peu de cas de l'opinion de Roquefort qui destie, Tj. modestia.
voit dans mitoyen une abréviation de moyen MODIFIER, L. modificare; le sens latin est
toyen =
mien tien, expression qui aurait été modérer le sens moderne, donner un mode,

;

employée jadis pour exprimer une chose com- changer le mode ou la manière. D. modi-
mune entre deux propriétaires. Une explica- fication, -atif.
tion par medietanus serait contraire à la MODILLON, de
l'it. modiglione, augmenta-

lettre. — D. mitoyenneté. tifde modiglio, qui, à son tour, représente


MITRAILLE, Normandie
vfr. mitaille, en un type L niodiculus p. modulus, moule.
mindraiUe, mon-
vieille ferraille, puis basse MODIQUE (mot d'introduction savante), L.
naie prob. du vfr. mite, petite monnaie de modicus (de modus, mesure); cp. ail. tndssig,
;

cuivre; cp. le rouchi mitrale, monnaie de m. s., de inass, mesure. —


D. modicité, L.
cuivre et de billon. Quant au primitif mite, modicitas.
c'est le néerl. mijte, minutia, oboli vilissimi MODULE (mot d'introduction savante), L.
genus (Kiliaen). — D. rnitï'ailîer. modulus fvoy. aussi tnodèleet moule].
MITRE, D. milré; mi-
L. mitra{a[rpx). — MODULER, L. modulari (de modulus, mode
tron, garçon boulanger, nommé ainsi de la musical, chant, mélodie).
mitre de papier dont il était coiffé dans les MOELLE p. méolle \c.^. port, joelho p.
vieux temps, pendant qu'il faisait la pâte (Le jeolho), prov. m,ezola, mezolla, meola,
Duchat). ninelha, esp., port, medulla, it. midoUa,
MITRON, voy. l'art, préc. Berry miolle ; du L. medidla (médius). Voici
MIXTE, L. mixtus (miscerc); mixtion, la succession des formes franc. meoule, :

L. mixtio (doù tnixtionner) ; tnixture, L. mooule, mouelle, moelle. —


L'étymologie tirée
mixtura. du gr. y.uû6; est insoutenable. D, moel- —
MNÉMONIQUE, gr. ix-jyiu.'-j-jim;, qui concerne leux.
la mémoire ;
plur. ij.vYifj.o-jiy.it., prsecepta de MOELLON, vfr. et patois moilon, moielon;
momoria. l'étymologie de ce mot est controversée. Les
MOBILE, adj., L. wio&z'Z/s (movere) ; sub- uns le dérivent de moelle, à cause que cette
stantivé, ce mot signifie « quod movet ",
id pierre est tendre ou qu'elle sert de remplis-
force mouvante, impulsion, motif. Le mot sage dans un mur. D'autres ont proposé le
français d'usage commun p. L. mobilis est L. moles, masse, ou mollis, tendre. (Pour ce
tneiible (v. c. m.). — D. mobilité, immobile, rapport de moilon au L. mollis, on pourrait
mobiliser, mobilier, mobiliaire, comparer le mot moilette, molette, outil cou-
MOCA.de ou MOQUETTE, étoffe de laine vert de feutre pour polir les glaces, qui paraît
velue ou peluchée, tissée, croisée ou coupée bien venir de mollis.) Je ne serais pas éloigné
comme le velours. D'où vient ce terme? De d'admettre pour moilon une étymologie me-
quelque nom géographique ou d'un type diolus, et d'expliquer l'orthographe moellon
^nollicns, mol'cus (de mollis; cp. molleton)1 par un faux rapport avec ynoelle. On trouve,
MODAL (peu usité), L. modalis (modus) ; en effet, souvent un vfr. moilon avec le sens
modalité, L. modalitas. de milieu, et Littré remarque qu'en langage
1. MODE, subst. masc, manière, L.tooc/ks. de maçonnerie moye (= média) signifie la
— D. modifier, L. modificare. La langue — partie tendre d'une pierre dure. — Peut-être
d'oïl avait francisé modus, comme terme de est-ce le même mot que sarde
l'esp. m,ojon,
grammaire, en mœufiw. c. m.). mullone, pierre servant de borne, tas, que
2. MODE, subst. fém., -= manière, façon; Dicz rapporte dubitativement à L. mut ilu s ;
puis façon habituelle, coutume. C'est le même donc une pierre non équarrie, brute, informe.
mot que le précédent le changement do ; Il serait hardi d'invoquer l'ail, tnull, terre
genre parait être un effet de la physionomie pulvérulente, gravois.
du mot. Il est bon de noter que le mot mode, MŒUF, terme de grammaire, •== mode (v.
masculin ou féminin, est étranger à la langue c. m.). —
L'étym. traditionnelle « modus » est
antérieure au xv*^ siècle. D. modiste. — mise en doute par Grober (Ztschr., II, 459);
MOI — 342 — MOI

il le subst. verbal de movoir (mou-


y reconnaît à côté do la
l'autre do ces explications sont
voir). trouve en effet mitef avec le sens do
On vérité. Littré cite un vers du xiu" siècle :
motif dans le Renart, IV, 981. Si niœuf — « Quar en son tref royal do mire aloxan-
vient de mouvoir et non de modus, objecte drine » ; cela fait supposer que la forme mire
G. Paris, comment se fait-il qu'il traduise a précédé moire; l'angl. mohair parait être
toujours et uniquement le latin modus (Rom., une transformation faite sous l'influence de
VIII, 135)? hair, poil. Mais d'où vient miref —D. moi-
MŒURS, L. mores, plur. de mos. rcr. —
Une étude approfondie récente sur la
MOFETTE, gaz non respirable, dér. de Vit. signification première et l'étymologie de
muffa, BL. rnufa, ail. mii/f, moisissure; on moire, due au prof. Tobler(Grob. Ztschr. X,
dit aussi moufette. 574), tend à démontrer que moire est une
MOI, foi'me tonique de me{L. me). fonne tronquée de marmoire, adj. anc. =
lat.

MOIE, tas, du L. meta (voy. meide). D. — marmoreus, marbré. L'argumentation est


moyette, faisceau de gerbes (peut-être le subst. riche et entraînante ; l'étude du grand roma-
d'un verbe moyeter, mettre en tas), niste comprend aussi les formes diverses ail.
MOIGNON, charnure, partie charnue, reste angl., ital. et esp. issues du fr. moire. M. To-
d'un membre après l'amputation anc;. aussi ;
mire mise en avant
bler suspecte fort l'étym.
^= estropié, mutilé ; d'origine obscure. Le par Littré.
breton a la forme simple m.on, moun avec le MOIS, vfr, mets, prov,, esp. mes, it, mese,
sens « mutilé de la main ou du bras » cp. ; du L. ntensis.
aussi mugnà en dial. de Côme, écourter, moïse, pièce de bois longue et plate qui se
tronquer; dans les Romagnes mugnac, bloc; place perpendiculairement aux montants de
en esp. mimon signifie le grand muscle du certaines constructions pour les maintenir,
bras. —
J'ai relevé l'adj. vfr. mohig, dans etc.; du lat, mtnsa, table, pièce plate (cp,
Adenet le Roi, Bueves de Comarcliis, 311 : toise de tensa). Cette étym. do M. Gaston
« Tel coup donne un paien que dcl bras le fait Paris mo fait abandonner mon explication par
moing ». —
D. vfr, esmougoito', esmougno- le lat. médius, qui figure dans les deux pre-
ner, mutiler, mières éditions de ce livre. —— D. moiser,
MOINDRE, meure, mendre, du L. mi-
vfr. garnir de ou lier par des moises. Le cjirac-
nor (voy. m,ineur). —
D. amoindrir. tère spécifique do la vxoise étant d'être com-
MOINE, esp., port., prov. monge, cat, posée do deux pièces réunies par des boulons
mo>ijo, du gr. fjojioi, solitaire. De la forme et io\\]o\\r?> parallèles , Devic rapproche notre
viennent l'it. monaco, bas-saxon m.un- mot de l'arabe mouAsi, parallèle, et recon-
fj.o-j7.y6;

nih, ail. mônch, ags. munuc, angl. monk. — naît dans l'ancienne forme amoise la trace do
U. tnoineric, -illon. l'article arabe al.
MOINEAU. « De moine, dit le P. Labbe, MOISIR, prov. mosir, du L. mucerc, mu-
nous avons appelé m.oineau les passereaux, cescere — D. moisissure.
parce que, au Psaume 101, il est dit sicut : MOISON, dimension normale, du L. men-
passer solitarius in tecto. » Ménage explique sionem, mesure.
moineau par la couleur grise du vêtement de MOISSINE, faisceau de sarments de vigne,
certains m.oines. —
Les formes équivalentes garni de feuilles et de grappes. D'où? de mes-
vfr. maison, norm. moisson, pic. mouchon, sis, moisson; bouquet, trophée de la mois.sonî
ynousson, wall. mohôn, cat. m.oxo appellent Ou, comme propose Littré, deL. muslus, frais
un type latin m,uscio, -onis, de musca. Les (branche fraîche)? J'ai relevé dans mon Glos-
petits oiseaux ont souvent été nommés mou- saire de Lille, p. 40 : phalanga moisine ;
ches; cp. ail. gras-mucke, fauvette, litt. mou- cela rend l'étym. plus difficile encore.
che d'herbe, et le n. prov; mousquet, « nom MOISSON, prov. meisso, rouchi michon,
donné par le peuple à toutes les petites es- misson, du L. m.essionem (metei'e). — D. mois-
pèces d'oiseaux, assez indistinctement ». On sonner.
est ainsi parfaitement en droit de voir, avec MOITE, vfr. moiste, angl. moisi; étymologie
Diez, dans moisnel, d'où moineV moineau, incertaine. On a proposé L. humectus, mais
une contraction de moisonel, et partant un il faut bien torturer ce mot pour en faire
diminutif de moison, cité plus haut, L, = moiste. Baudry s'adresse à h. mucidus, moiû,
muscio. —
Cependant, à cause de la haute pr. morveux, mais il est difficile de faire
antiquité des formes moinet, moinel sans s concorder les formes ; mucidus par mue dus
(dans J. de Garlande, j'ai relevé » passeres pourrait engendrer muit, moit, et moide,
momies »), Littré estime qu'il y a eu double mais non pas moiste; il n'est pas probable
formation l'une de moine, solitaire, l'autre de non plus que, malgré l'identité de sens, l'angl,

;

m,oison. musty découle directement de m,ucidus.


MOINS, mains, prov. mens, esp., port.
vfr. Il faut écarter avec plus d'assurance encore
menos, it. meno, du L. minus. le L. niadidus, humide ; ce dernier peut avoir
MOIRE, anc. mohère, mouhaire, wall. produit le wall. mate (aussi rouchi et limou-
moile; 1. étoffe calandrée, 2. action de moi- sin), par la forme contracte L. mattus ou
rer. L'angl. a moAaiV, d'où ail. mohr. Le mot moins, qu'Isidore définit par humectus, emol-
est tiré, selon les uns, de mou-haire, poil litus, subactus, et qui se trouve déjà dans
doux, selon d'autres, d'un mot oriental inoia- Pétrone. — Diez, se fondant sur la corrélation
car, sorte de camelot. Je pense que l'une et des idées tendre, mou, juteux, humide (cp.
. .

MOM — 343 — MON


mouiller de mollis, mou), indique le L. m,us- MOMERIE, mascarade, subst. dér. du vfr.
teus, frais, récent, de m,ustum, moût, qui monter, se masquer; ce dernier de l'ail, mum-
convient parfaitement à la lettre. Pour ma — me7i, angl. mumm, masquer, déguiser. Selon
part, je me suis adressé en dernier lieu au L. Ducange, de mahomerie, pratique musul-
mixtus (moite un intermédiaire entre sec
est mane, que les chrétiens regardent comme
et mouillé) passage de L. i, en position,
; le ridicule. Cela n'est pas plus probable que
en fr. oi n'est pas sans exemple, cp. espois* l'étymologie tirée de Momus, le dieu bouffon
(épais) de spissus, dois* [dais] de disons froiter* ,
de la mythologie. —
Dans la Suisse française
(frotter) de frictare, doigt de dig[i)tus, enfin, le subst.momier désigne un dévot outré.
exploiter de explidtare. (Ducange, sous mix- MOMIE, MUMIE, it. mummia, esp. momia,
tuni, frumentum miscellum, cite un texte cadavre embaumé mot oriental moumia,

:

français de 1336 portant bled m,oitangé). dér. du persan-arabe mnm, cire.


;

D. momi- —
Mais cette manière de voir est combattue par fier.
Fôrster fZtschr., III, 26,0); il démontre le MON,
L. meu')n,Yoy. aussi mien. Autrefois,
fondement parfait de l'étymologie niûccidus mon forme réservée aux cas obliques ;
était la
(non pas milcidus), mise en évidence par la pour le nominatif meus, l'ancienne langue
comparaison de buxida "bustia, devenu
, avait mes et mis.
*boiste, boîte. —
D. m,oiteur. MONACAL, MONACHISME, dérivés de mo-
MOITIÉ, vfr. meited, m,oitiet,^vow. meitad, nachus, gr. fj.ovocydi (voy. moine).
mitât, angl. moiety medietij, du L. medieta- MONADE, gr. /j.o-jx;, -xôoi, unité (,aoyo;). —
tem, (médius). —
Pour la terminaison tié, cp. D. tnonadisme, -iste.
amitié, pitié. MONARCHIE, gr. fAcvxpxi^, gouvernement
MOL, MOU, L. mollis —
D. molière (dans par un seul (//o'vî; -f" °^PX-'-^)-
— Monarque,
" terre molière »), L. mollaria molasse, d'un ;
gr. fxovy.pyo;. qui gouverne seul.
type viollaceus ou altéré de vfr. tnollastre ; MONASTÈRE, gr. /xo-jx^rripiov, L. monaste-
subst. mollesse, L. mollitia verbe mollir, L. ;
rium, dont l'anc. langue avait fait régulière-
mollira (voir aussi mouiller); adj. mollet, ment, par syncope, moustier, moutier (ail.
dimin. de mol. miÂ7ister)\ comparez couster* coûter de con-
MOLAIRE, L. molaris (de m,ola, meule). stare ; mestier" métier de min isterium
MOLASSE, voy. mol. MONASTIQUE, gr. //^vzîti/o; (de //.ovà^nv,
vivre seul).
1. MOLE, terme d'art obstétrique, du L.
MONAUT,qui n'a qu'une oreille, du gr.
vtola, faux germe (Pline, 7, 15, 13;.
y-d-joTOi, m.Le nom de famille Monod est
s.
2. MOLE,
jetée de pierre à l'entrée d'un prob. le même mot. La forme monaut est
port, molo, du L. moles, masse (avec chan-
it. façonnée sur un type immédiat monaldus
gement de genre). MONCEAU, monceV, du L. monticellus,
MOLÉCULE, terme scientifique , formé,
— dimin. démons. —
D. amonceler.
comme diminutif, du L. moles, masse. 1. MONDE, subst., vfr. mont., L. mundus.
D. moléculaire. — D. m,ondain, L. mundanus, d'où monda-
MOLÈNE, angl. m,ullein, plante (verbascum nité.
tliapsus) ; de mollis, mou, à cause des
soit 2. MONDE, adj., net, pur, L. mundus. —
feuilles souples revêtues d'un duvet moelleux, D. immonde, monder, nettoyer, L. mundare;
ou du dan. mol, mite, ou vlia. mol, papillon mondifier, L. mundificare.
(donc herbe aux mites). MONDRAIN, t. de marine, monticule de
MOLEQUIN, vert de mauve, du L. molochi- sable, p. montain ; insertion de r et adoucis-
nus fdugr. y.'y)ày/j, aussi ixoloy/i, mauve). sement du t en d.
MOLESTER, L. molestare. MONÉTAIRE,L. monetarius (de moneta =
MOLETTE (d'éperon, etc.), du L. mola, fr. monnaie). —
De la forme latine moneta
moulin, donc pr. moulinet. vient encore monétiser, cps. démonétiser.
;

MOLIÈRE, voy. mol. MONITEUR, L. monitor (monere); moni-


MOLLESSE, voy mol. tion, L. monitio; monitoire, L. monitoria,
MOLLET, adj., dim. de mol; subst. gras = s. e. epistola, d'où monitorial.
de la jambe, anc. aussi lobule de l'oreille. — MONNAIEautr. monnoie, esp. moneda, it.
D. molleton, sorte d'étofie; mollette, tumeur moneta, angl. m,oney, du L moneta. D. —
molle à la jambe des chevaux. monnayer.
MOLLETON, voy. mollet. MONOCLE, à un seul œil, mot liybride
MOLLIR, voy. mol; cps. amollir, ramol- formé de ij.6v9^, seul, et L. oculus, œil.
lir. MONOCORDE, gr. fj.o-joxooSov, instrument à
MOLLUSQUE, duL. mollusca (mollis), noix vine seule corde. Par une fausse relation à
dont l'écale est fort tendre ; cp. le terme manus, on en a fait en esp. et port, manicor-
ail. weiclithicre. manichordion (vfr. monacorde),
dio, et en fr.
MOMENT, L. m,omentum, (p. movimentum), instrument de musique à clavier.
pr. moyen d'impulsion, puis poids, impor- MONOGRAMME, gr. fj.o-jojpxixu.ot, pr. nom
tance, petite division d'un tout, enfin, petit écrit en un seul (^ovo^) trait.
espace de temps instant, moment.: \). mo- — MONOGRAPHIE, gr. f,.y,'),p%fi'x., composi-
mentané, d'un type momentaneus (Vulgatc), tion littéraire sur un point unique ; en his-
analogue à subitaneus, spontaneus. toire naturelle, sur un seul genre ou une
MON — 344 — MOU
seule espèce unique). — D. monogra- MONTRER, vfr. monstrer, mostrer, mons-
phique.
(//ov5i,
trcr, du L. monstrare. — D. montre, 1. action
MONOLITHE, gr. /xovo/iâoj, d'une seule de montrer, exposition, étalage, échantillon;
pierre. 2. cadran de l'horloge, qui inontrc l'heure,

MONOLOGUE, gr. ixojiU/ii, qui parle seul, puis par métonymie =


horli)ge portative;
opp. à viicio/oi, parlant à deux. Les Latins 3. autr. =
revue (des troupes).
ont traduit littéralement ^ovoio/o; par solilo- MONUMENT. L. monumcntum (monerc).
qininn. — D. nwnuiiii'iital.
MONOMANE, adj. abstrait de monomanie, MOQUER (SE), vfr. moquer, au sons actif;
néologisme signifiant aliénation mentale: prov. iiiocliar. Du gr. m'j/5v, m. s., selon
(azv:'/) portée sur une seule (uivo^) idée fixe. l'opinion traditionnelle. Cela est-il bien cer-
MONOPOLE, gr. /xo-jonuyi-x, droit de vendre tain? Pourquoi l'appellation d'une clioso si
[izoïiku) conféré à un seul («o'vo;). — D. mono- générale, d'un acte qui se produit partout où
poliser. il y a des hommes, serait-elle exceptionnelle-

MONOTHÉISME, croyance en un seul dieu ment tirée du grec? Je suis donc disposé à lui
assigner une origine plus vulgaire et plus
MONOTONE, gr. usvorovoî, d'un seul ton. naturelle. Moquer et moucfier no sont que
— D. monotonie. deux variétés d'un même type (le premier est
MONS, abréviation familière et méprisante la forme picarde de moucher). Or, ce type,
du mot monsieur. selon moi, est le BL. mucare, mucum ejicerc,
MONSEIGNEUR, MONSIEQR, \oy. seigneur. se moucher. Moucher qqn. est uno locution
(mot savant), L. monstrum.
MONSTRE — figurée pour railler, duper, connne l'ail, spot-
D. monstrueux, L. monstruosus, d'où mons- ten, railler, se moquer, signifie dans le prin-
truosité. cipe cracher contre qqn. Ce qui me confirme
MONT, L mons, montis. — D. montueux, dans cette interprétation, c'est qu'en latin,
L. montuosus; montagne
m.); monto' (v. c. cmungei'e, moucher, signifie de môme au fig.
(v. m.); monticule, L. monticulus (voy.
c. duper, escroquer. Peut-être encore se moquer
aussi monceau):, montain, pinson des Arden- (emploi pronominalj n'est-il autre chose quo
nes; amont, = L. ad montem. se mouchei' de qqch., avec le sens en faire -.

MONTAGNE, montaigne' , angl. mowxtain, peu de cxis. —


En faveur de mon étymologie
d'un dérivé fictif L. montanea p. montana (acceptée par Littré), je puis encore alléguer
(mons). —
D. montagneux, -ard. l'ail, schneuzen, pr. moucher, fig. duper. —
MONTER, dér. de mont, pr. s'élever, aller Les acceptions morales tirées de l'acte phy-
en sens ascendant, puis, au sens actif, élever, sique moucher ne sont pas plus étranges que
faire monter, dresser. De la même manière celles tirées de l'acte cacare dans les expres-
se sont produits de vallis, vallée, les verbes sions vfr. concilier, ail. bescheissen, •=^ conca-
avaler, dévaler, anc. = descendre. — Dérivés : care, impudenter decipcrc, puis ail. auf
montage, action de monter; montant, pièce etwas scheisscn, = en faire fi, s'en moquer.
posée de bas en baut, cliose qui monte monte, ;
— Le prov. mochar s'accommode également
pr. action de monter (au sens de saillir, en fort bien de mon étymologie. Le radical —
paillant des cbevaux) ; montée, action de mon- dans les
tnoc, avec le sens de railler, est aussi
ter, endroit où l'on monte; monteur,
puis langues celtiques. —
D. moqueur, -crie; com-
montoir, clioso servant pour monter moii- ; posé mnquoiseau == trompe-oiseau. Voy. —
ture, action de monter (dans le sens teclmolo- aussi narguer.
gique de ce mot), ce qui .sert à monter qqcli., MOQUETTE, voy. mocade.
puis garniture, enfin bète sur laquelle on MORAILLES, tenailles servant à serrer le
monte. —
Composés démonter, ôter la mon-
: nez d'un cheval impatient ou vicieux. Ce mot
ture, désassembler remonter, monter de
; n'a étymologiquement rien de commun ni
nouveau surmonter, monter au-dessus, pas-
; avec lat. mores, mœurs (« faire la leçon au
ser par-dessus, franchir. Je me suis — cheval »), ni avec mors de mordre; il dérive
demandé si le verbe monter, dans certaines du radical mor, mour, très répandu dans
acceptions, comme « monter une broche », du Midi et qui .signifie museau ;
les dialectes
« se monter en linge » est bien le même mot signifie donc propr. mu.selière; cp. n. prov.
il
;

s'il ne représente pas plutôt un fréq. muni- mourrai, mourrau, muselière, n. prov. mo-
tare, de munire, pourvoir, garnir (je ne pense railla, visière. Mussafia (Beitrag, etc., p. 80)
pas qu'avec de la bonne volonté, \'i long de mu- rapproche encore, outre de nombreux voca-
nltare, en syllabe atone, doive faire difficulté). bles congénères de l'Italie du Nord, le cat.
On peut, à la vérité, déduire ces tei-mes de 7norallas, muselière, cat. morralet " sacculus
l'idée générique « mettre sur », et quant au cibandis equis ». Reste à trouver l'origine du
sens fournir, pourvoir, de l'expr. « monter un radical 7nor, mour; Mussafia reconnaît ce
cavalier », lui fournir un cheval et l'équipe- radical encore dans prov. mor, vfr. mourre,
ment. Gs^^.morro, lèvre proéminente, museau, groin,
MONT-JOIE, autr. monceau de pierres en mais il n'en détermine pas la provenance. —
signe de victoire; du L. mons gaudii. Quant D morailler.
au cri de guerre monjoie, voy. à ce sujet des MORAILLON. t. de serrurerie, prob. un
opinions diverses dans Cachet' et Littré. dérivé du mot précédent, cp. prov. moralha,
MONTRE, subst. \erhal de montrer (v. cm.). « quod pendet in vecte » . Une explication par
MOR J45 — MOR
mordaillon (cp. pins loin ?nordache) n'a aucun la fameuse fée Morgane (litt. la très bril-
appui ni phonétique ni historique. lante), sœur d'Artus et élève de Merlin.
MORAL, L. moralis (mores). D. subst. — 2. MORGANATIQUE {mariage). Origine in-
morale; moralUc, moraliser, démoraliser, certaine; i)eut-ôtre une dérivation savante du
moraliste. verbe goth. «lauîvy'an, raccourcir, diminuer,
MORATOIRE, L. moratorius dilatoire, = restreindre ; ce serait pr. un mariage avec
de morari, retarder. restriction. Je no vois pas comment on peut
MORBIDE, L morbidus, maladif, malsain rattacher le mot, ainsi qu'on le fait générale-
(morbus). —
D. it. morbidezsa, d'où fr. ment, à l'ail, morgengabe, don du matin, soit
morbidesse, mollesse des chairs ; niorbifîque, pour le sens, soit pour la forme. On trouve
L. mo7'bificus' qui rend malade.
,
cependant, dans le droit lombard, le terme
MORBLEU, anc. morbieu, euphémisme p. murgitatio ei rnurganalc, désignant le " don
mort dieu, c.-à-d. mort de dieu; cp. corbleu. du matin » que le mari s'engage à payer à la
MORCEAU, anc. inorsel, morcel (pour le femme le lendemain de la nuit nuptiale. Go
changement de s en c, cp. 'percer, rincer, don constituait-il le seul avoir dotal de la
saucer, etc.), it. morsello, dimin., du L. mor- femme mariée ad morganaticam ? Les juristes
sitm (mordere), pièce enlevée en mordant, doivent le savoir. Si cette dei"nière explication
bouiîhée cp. ail. bisscn, morceau (dim. ein
;
doit prévaloir, il faudra bien accepter pour
bisschen, un petit peu), de beissen, mordre. primitif l'ail, morgen, matin.
— D. morceler, d'où morcellement, MORGELINE, du L. morsus gallinœ; cp.
l'expr. angl. chickweed, herbe de poulet, ail.
MORDACHE, du L. mordax,-acis;
tenaille,
cp. l'expr. ail. beiss-zange [beissen, mordre)
vogelhraut, herbe d'oiseau. —
Daprès Dar-
et esp. m.ordacilla les cloutiers (et les im- mesteter (Composés, p. 134), le premier terme
;

primeurs) disent également morda)it dans morgeline lîomme dans l'it. mordigel-
,
p. pince.
lina, représente le verbe mordre à l'impéra-
MORDACITÉ, L. mordacitatem (mordax).
tif; il faut lui donner raison.
MORDICANT, L. mordicantem, du BL.
mordicare (mordicus).
MORGUE, voy. morguer.
MORGUER, 1. regarder fixement, exami-
MORDICUS, adverbe latin, == sans démor- ner; 2. braver d'un air fier et menaçant; do
dre, comme fait le chien, qui ne lâche pas le
là subst. 'morgue, 1 mine fière, air grave et
.

morceau qu'il tient.


orgueilleux 2. endroit où l'on examine les
;

MORDIENNE (à la gi^osse), aussi mor- prisonniers qu'on écroue ou les corps morts
ffuienne, expression populaire == sans façon ; dont la justice est saisie. L'origine de ce mot
prob. du juron mordienne, variante de mordié m'est restée inconnue. Grandgagnage cite le
= mort dieu. languedocien murga, visage on pourrait
MORDORÉ = more doré,
doré noir.
;

donc voir au fond de morguer l'idée dévisa-


MORDRE. L. mordëre, forme barbare p. ger. On pourrait aussi rattacher le sens de
onordére. Dimin. tnordiller. Du supin — fierté au bas-ail. murk, morose, sombre, cp.
morsutn, les subst. L. morsus, fr. mors, suéd. mark. noir.
tnords, et L. morsura,*fr. morsure. Voy. — MORIBOND, L. moribundus.
aussi morceau. MORICAUD, de more, noir; type latin
MORE, nom de peuple, du L. maurus, moriscaldus, extension de mo7'iscus.
morus (grec fX'xZpoç), pr. de couleur foncée. — MORIGÉNER (mot datant du xv'' siècle), est
D. moresque, qui se rattache aux Mores. An- prob. p. morigérer, qui dérive du L. m^orige-
ciennement, mor était un adjectif signifiant rus, docile, soumis, donc pr. rendre docile,
noir, noir brun; de là les dérivés: moreV, dresser, élever.
moreau, it. morello, cheval de poil noir ; MORILLE, pic. merouille, meroule, néerl.
m,orelle, nom de plante de la famille des sola- morilhe, angl. morel, vha. morhila, nha.
nées; moricaud (v. c. m.); mordoré (v.c.m.). morchel, suéd. m,urkla; le radical mor, mor h,
MOREAU, -ELLE, -ESQUE, voy. more. mork, pour les mots romans com.me ])our les
1. MORFIL d'un rasoir, = fd mort, tran- mots germaniques, représente, selon les uns,
chant émoussé. more =
noir; selon d'autres, le mot germa-
2. MORFIL, dent d'éléphant, voy. marfd. nique mor, moor, marais. —
L'étymologie
MORFONDRE, causer un catarrhe nasal (chez la plus digne d'approbation est le primitif
le cheval;; semorfondre, prendre froid, fig. du vha. morhila, savoir vha. 'tnoraha, mha.
perdre son temps à la poursuite d'une affaire. morcha, fungus esculentus.
On ne se rend pas très bien compte de l'accep- MORILLON, raisin noir, de more, noir,
tion figurée découle-t-elle directement de
; foncé.
l'idée » gagner froid à force d'attendre »? MORION, armure de tête, it. morione, esp.
Quant à l'origine du mot morfondre, on s'en TTiorrion, port, morrido; d'origine inconnue;
tient généralement à morye fondre; le froid peut-être de l'esp. morra, crâne; selon quel-
l'a morfondu, ce serait pr. « le froid lui a fait ques-uns a Maurorum usu.
: —
Le même
couler la morve »; le mot était d'abord un mot, comme nom d'un châtiment militaire,
terme purement médical. —
D. morfondure, vient de ce que, à l'origine, on chargeait
refroidissement des chevaux. le délinquant d'un gros et pesant morion qui
1. MORGANATIQUE, nocturne, mystérieux, l'incommodait beaucoup.
de morr/ane, lumière nocturne, pr. le nom de 1. MORNE, adj., prov. morn, du goth.
MOR 346 — MOR
mournan, vha. moi^nen, angl. motirn, être moiiajo, 1. vase à piler, d'où, par assimila-
triste.
tion, les acceptions : pièi-c d'artillorio; bonnet
2. MORNE, aux Antilles = petite mon- du chancelier de France et des présidents do
tagne, altér.ition de l'esp. moron, monticule. parlement 2. mélange do sable et de chaux.
;

3. MORNE, anneau mis bout do la au Du L. mortarium, qui possède déjà les deux
lance courtoise; ce subst. s'est dégagé do acceptions principales que nous venons d'in-
lexpr. lance morne, lance triste, par oppo- diquer. —
Pour le terme de maçonnerie, lo
sition à la lance émoulue, dont le fer était BL. avait aussi mcrtella, d'où l'ail, mortel =
brillant. —
D. mori^é. mortier, et lo dér. fr. mortellier.

MORNIFLE, coup de la main sur le visage. MORTIFIER, voy. moi-t.


L'origine de ce mot populaire m'est incon- MORTUAIRE, voy. mort.
nue. MORUE, dans les dialectes aussi mohte,
MOROSE, L. morosus. D. morosité. — wall. tnulowe, ynoleuice; Linné appelle ce
MORPHINE, de Morphée, fils du Som- poisson ^arfiw morhiia. Diez pense que morue
meil. est une syncope de moruda, comme barbue de
MORPION, de L. mordens peiio, pou mor- barbttda, barbuta. Cependant, il ne trouve pas
dant [pedio, it. pedione, forme dérivative de dans la forme de ce poisson une raison suffi-
pcdis, Y^rimitif de pedicuhts). Cette étymolo- sante pour identifier ce mot moruda avec le
gie de Ménage doit à coup sûr l'emporter sur prov. morut (fém. moruda), esp. moi'ritdo,
celle de « mort à pigeon » proposée par lippu. Il s'adresse donc de préférence à l'esp,
Bourdelot. morros, qui signifie pr. de petits corps arron-
MORS, L. morsus (mordere). dis, petits morceaux, et qui s'applique parti-

MORSE, mammifère marin. D'après Littré, culièrement aux intestins de la morue qui sont
du danois war (mer) -f- ros (cheval), mais on salés et mis dans le commerce. Pour notre —
ne trouve ni en danois, ni ailleurs un com- part, nous posons ici deux questions, qui
posé de cette nature comme nom du morse. pourront peut-être mettre sur la trace d'une
Le mot est d'origine slave (russe morsch, étymologic plus satisfaisiinte : 1. L'angl. me-
pol. mors), mais il se trouve aussi dans le hiel, meltoell, =
morue sèche, merluche,
finnois mursu. lapon murs. Voy. Bugge, — n'est-il pas un dérivé diminutif de molue?
Rom., IV, 363. Sans doute; nous trouvons de même dans
MORSURE, voy. mordre. l'anc. langue moluel, muruel, mais la ques-
1. MORT, adj.ou participe, L. mortuiis. — tion reste ouverte le thème premier est-il
:

D. mortuaire, L. mortuai'ius. mul, mol ou mur, mort 2. Est-il probable


2. MORT, sub.st., L. mors, mortis. D. — que morue nous vienne de l'espagnol, où l'on
mortel, L. mortalis; mortifier, -fication, L. a nommé ce poisson d'une tout autre manière
mortifieare, -atio; amortir; cps. mortaille,t. {bacallao)'i —
Baudry pense que molue est
de droit féodal, taille sur la mort, au moyen- une forme dégénérée de merlus.
âge =
jus domini in bona liominum manus 1. MORVE, port, morma, esp. miiermo,
mortuse, d'où mortaillable. prov. vorma, sic. morvu. La motxe est une
MORTADELLE, esp. de saucisson, de l'it. des maladies principales on plutôt la maladie
mortadella, qu'on rattache à mortajo, mortier par excellence du cheval. Une étymologie
(les ingrédients de la mortadelle étant piles tirée du L. morbus ne peut donc être taxée
dans le mortier). d'arbitraire pour le sens (cp. le terme médical
MORT AILLE, voy. mort 2. — Il faut distin- morbilles, it. morviglione, également appli-
guer un autre mortaille de l'anc. langue signi- qué à des affections spéciales). Quant à la
fiant massacre, mortalité, funérailles, et qui lettre, toutes les formes citées s'y prêtent
vient du plur. n"utre mortalia. sans difficulté, si ce n'est que l'on s'attendrait,
MORTAISE, aussi mortoise, angl. mortise, pour le français, plutôt à morbe qu'à morve.
cymr. mortais, entaille dans une pièce de bois Il n'y a que la forme prov. vorm,a qui fait

pour y faire mordre un tenon. L'étym. par le penser à une origine de gourme. La question
verbe mordre est vicieuse il faudrait mor-
; se réduit donc à savoir s'il faut expliquer
daise. Il vaut donc mieux se rallier à celle mo^^e ou morma par une corruption de vorme,
qui reconnaît, dans esp. mortaja, fr. mor- vorma, ou le prov. vcyrma par une transposi-
taise, la transcription très exacte de l'arabe tion de morva. —
La maladie de la morve se
mourtazsa, fém, de mourtazz, participe du manifestant par un flux de mucosité âpre plus
verbe razz,k la huitième forme, et signifiant ou moins copieux qui découle des naseaux, on
planté, fixé, inséré. M. Devic, auteur de cette comprend que le même nom a été donné à
étym., observe que le mot arabe conviendrait cette mucosité même. —
D. morveux; mor-
mieux autenonqu'àla moi'taise; mais, «dit-il, veau. — Voy aussi l'art, suiv.
outre que l'un ne va pas sans l'autre, on peut 2. MORVE, t. de jardinier, pourriture (d'où
remarquer que l'ancienne expression est trou morvcr, se pourrir). Cette application du mot
de mortaise «.(Mém. delà Soc. de linguistique, morve aux plantes (chicorées et laitues) parait
III, 168.) —D. mortaiser. confirmer l'étymologie morbus, maladie, éta-
MORTEL, voy. mort. —
D. mortalité, L. maladie des
blie ci-dessus à propos de m,orve,
mortalitas immortel, immortaliser.
; chevaux. Ou bien cette nouvelle acception
MORTELLIER, voy. mortier. engagerait elle à chercher une autre origine,
MORTIER, esp. mortero, port, morteiro, it. i
qui convienne aux deux applications du mot
;

MOT 347 — MOU


morve et qui soit mieux en rapport avec l'idée que. Il en gaél. mota,
existe, toutefois, aussi
de pourriture, de décomposition ? Car on ne mont. —
Gaston Paris (Rom., X, 58) avance

peut négliger la circonstance qu'en allemand l'étym. L. movita, mou/a, donc pr. mouvement
rot2 s'emploie à la fois pour la morve des de terre. —
D. mottee, pièce de terre entourée
chevaux et pour celle des végétaux, et que ce de fossés profonds (dér. du mot m,otte dans
rotz appelle nécessairement, comme primitif, l'ancienne signification de digue; ; se motter,
le verbe vba. ruzzen, bas-ail. rotten, pourrir. en parlant des perdrix, se cacher derrière des
Mais pour trouver à morve une étymologie mottes de terre.
analogue, je n'ai que deux conjectures à pro- MOTUS, interjection, = n'en dites rien !

poser c'est ou l'ail, mïirbe, v. flam. morwe,


: Prob. une forme gâtée demiitus; muet.
= qui se décompose, ou un verbe latin bar- 1. MOU, adj., voy. mol.
bare moi'tuarey d'où success. mortvare, mor- 2. MOU (de veau), vfr. aussi mol; c'est le
vare, avec le sens de mortifier, macérer. même mot que le préc. ,
pr. la partie molle,
MORVOLANT ;ce mot désigne le déchet de opp. au cœur et au foie, qui sont appelés dans
soie (mor<) qui tombe [vola7it) dans le dévidage certains dialectes dur ».
« le

des cocons (Darmesteter). MOUCHARD, dér. de mouche, avec suffixe

1. MOSAÏQUE = qui vient de Moïse, L. péjoratif; le mouchard voltige et s'introduit

Mos es.
partout comme la mouche. Voltaire, à la suite
de quelques autres, prétend que le mot mou-
2. mosaïque, ouvrage de rapport, it. niu-
chard =
délateur, espion, vient d'Antoine
saico, esp. mosaico, prov. mozaîc, aussi mu-
Démocharès recteur de l'Université sous
,

zec, d'un type //«utzI/o;, prob.dér. de p.wiy-,


Henri II, fameux par son zèle à dénicher des
art. Par un autre suffixe, le latin a tiré du
protestants et dont le véritable nom était
gr. ij.o-1-jCi.oi la forme niusivus, = faiten mo-
Mouchy. Cette assertion n'est pas fondée.
saïque, d'où l'ail, fnusiv-arbcit, fr. musif.
Comme l'a fort bien rappelé Ch. Nodier,
MOSCOUADE, sucre brut, anc. mascouade mouche est encore synonyme de mouchard
du port, mascabado, non purifié l'en pari, du tant dans ce sens particulier que dans son
sucre), litt. déprécié (Littré, suppl.). usage proverbial « une fine mouche ; je vou-
MOSQUÉE, it. moschea dans Dante mes- drais être mouche «. Mouche de cour se lit
chita, esp. mezquiia, de l'arabe mesdjid, lien déjà dans l'Eperon de discipline d'Antoine du
d'adoration, du verbe sadjada, se prosterner, Saix, qui fit imprimer cet ouvrage à une
adorer. époque où le père de Mouchy était encore fort
MOT, prov. mot, it. motto, esp., port. mo<e, jeune. —
Du reste, déjà le L. musca s'em-
L. ynuttum,. « Muttum, nullum emiseris pro- ployait figurément pour une personne curieuse
verbialiter dicimus, id est verbum » (Cornutus ou importune. —
X) moucharder , anc. (xv^s.)
.

ad Persium); « non audet dicere muttum » aussi tnoucher.


(Lucilius). On fait dériver généralement m,ut- MOUCHE, prov., it. et esp. mosca, du L.
tiim, du verbe L. mutiire, parler entre ses m,usca (gr. fjLvh/.Yi, dim. de /xjTa). D. m,ou- —
dents, grogner ce verbe latin mutlire a
; cheron, petite mouche moucherolle gobe-
;
=
donné le vfr. et prov. motir, wall. moti, mo- mouches; mouchet, ém,ouchet. nom d'oiseau,
ter, dire mot. Le subst. exprimerait ainsi pr.
cp. le terme ail. gras-m,ucke (voy. notre ob-
le moindre son que la bouche peut émettre. servation à propos de moineau):, d'autres
Toute autre étym., comme le grec yv&o;, pa- toutefois pensent que mouchet vient du plu
role, ou L. modus, est insoutenable. Dim. — mage moucheté) moucheter, verbe fréquen-
;

t. mottetto, d'où fr. motet, parole mise en mu- petites mouches ou


tatif, =• parsemer de
sique. En vfr., le simple m,ot était déjà em- taches.
ployé dans le sens moderne de m,otet. MOUCHER,du L. mi«c«s; moue Aer, c'est faire
MOTET, voy. mot. sortir la mucosité du nez en pressant ou pin-
MOTEUR, L. motor (movere) motif, L. mo- ;
çant les narines; puis, par assimilation, ôter
tivus, pr. ce qui meut, ce qui porte à faire le bout du lumignon d'une chandelle, qui
qqch.; ^notion L. motionem, action de mou- empêche celle-ci de bien éclairer. Voy —
voir et d'agiter. aussi notre article moquer. D. mouchon —
MOTIF, voy. l'art, préc. — D. motiver, in- on-mouchures; m,ouchettes (pour la finale, cp.
diquer les motifs, ou servir de motif. pincettes); moucheron, bout d'une mèche brû-
MOTTE (de terre), vfr. mote, tertre, colline, lante ; mouchoir, linge pour se moucher ([)ar
digue, motta, terre éboulée par suite des
it. extension, le mot s'emploie pour des linges à
pluies, bourbe, esp., port, mota, levée de d'autres usages). Quelque subtil linguiste
terre pour clôturer un champ ou retenir l'eaii. avait imaginé un jour une distinction étymo-
L'esp. rnota signifie aussi « petit nœud qui logique entre mouchoir et mouchoir il pré- ;

reste au drap ", ce qui détermine Larra- dait que si le mouchoir de poche servait à se
mendi à rapporter le mot au basque motea, moucher, le mouchoir de cou servait à éloi-
petit bouton. Mais l'existence du néerl. moet, gner les mouches !
mol, petite élévation, puis tache, défaut, du MOUCHERON, mouche et moucher.
voy.
bavarois mott, monceau de terre maréca- MOUDRE, vfr. moldre, ynolre (le d épenth.é-
geuse, du suisse muite, morceau de gazon, du tique disparait devant les voyelles et Vl primi-
néerl. mot, décliet de la tourbe, fait supposer, tif reparaît, de là le partie, molu* tnoulu); du
pour le mot roman, une extraction germani- L. m.olere. —
D. mouture, y», molture.
.

MOU — 348 MOU


MOUE, anc. moe (c'est du fr. que vient 1. MOULE, fém. ; les formes langued.
l'angl. nioïc, m. s.; cp. vow de vouer). Suivant muscle, en Bretagne moucle, cat. inusclo,
Diez, de l'anc. néerl. mouwe^ lèvre inférieure angl. tnuscel, vha. muscla, i\\\.muscfiel,ctc.,
avancée, dansnioiiwc tnahcn =fairela moue, ne permettent pas de douter de l'étymologie
cp. le rouclii faire la li])pe (lippe = lèvre). L.inusculus, moule, coquillage. —
D. mon-
L'étymologie angl. moutli, boudie, ne parait lièrr, mouli'Uc.

point admissible au philologue allemand, bien 2. MOULE, masc, du L. modulus, devenu


que l'angl. dise mahe nioiUh pour faire la d'abord modtc (d'où par assimilation le prov.
moue. et vfr. molle, et par transposition, esp., port.
MOUETTE, voy. mauve 2. molde, angl. mould). L'ail, dit" model. —
MOUFETTE, voy. mofette. D. mouler, jeter en moule, d'où moulure,
1. MOUFLE, V. flam. moffel, dans les pa- ornement moulé, et mouleur.
tois mofe, mouffe, BL. muff'ula, ni. moffel. MOULIN, it. midino, esp. molino, d'un type
gros gant fourré, dimin. de l'ail, muff, lequel latin molinus (Amm. Marc, a le féminin mo-
représente mlia. mou, mouwe, manche, man- lina), dérivé de mola, m. s. (qui est la .source
chon. Turnèbe expliquait fort ingénieusement, directe du fr. meule). Du dérivé latin molina-
trop ingénieusement, le mot mou/le par « ma- rius viennent :esp. molinei'o, it. inulinaro,
nuum infulee », dont petinfulœ, pantoufles = mugnajo, fr. molinier' molnier', mounia',
pedum infulœ, foi'meiait le pendant. La — mewiiei'. — D. de mouJiyi : le dimin. mouli-
dérivation de muff, ci-dessus consignée sur net verbe mouliner.
;

l'autorité de Diez, n'est pas à l'abri de doute; MOULT*, beaucoup, du L. multum.


le mot germanique pourrait bien être abstrait MOURIR, L. moriri, forme archaïque do
du mot roman (voy. Heyne, ap. Grimm), et mori.
l'onne peut, à l'égard de ce dernier, se dis- MOURON, wall. moron, n. prov. moiir-
penser de prendi'e en considération les mots roun, inourel, mouret. Le v. flam. a muer,
équivalents BL. manitfollia, tnuffola, niani- muei'krugd, mui/r; Kiliaen définit : herba in
flua, et le languedocien manoufla, que mûris et tectis nascens ; mais Grandgagnage
Gi-andgagnage décompose, interrogativement, conteste cette étym. pour des raisons diverses
en manu-muffula mais dans lequel il faut
, et conclut ainsi « Si l'on compare avec les
:

plutôt voir une altération du L. manupola autres formes ci-dessus l'esp. muruge et le fr.
p. manipulus, poignée (cp. vfr. inofleile foin morgeline, autre nom pour l'alsine f)u mou-
= manipuhis fœni). —
Voy. aussi pantoufle. ron des oiseaux, on sera porté à croire que le
2. MOUFLE, visage gras et rebondi, d'où radical commun à tous ces mots est le lang.
mouflard, tnouflé, moxiflu, verbe mou/ler, mourrc et morga, museau la cause de cette
;

serrer les joues et le nez à qqn. de manière à dérivation consistant naturellement, si elle est
lui faire boursoufler les joues. Cp e.sp. tno- fondée, en ce que l'on a vu, ou cru voir, une
fletes, grosses joues. Grandgagnage compare ressemblance entre un museau et la fleur ou
les termes germ. v. néerl. moffelen, muffe-
: la feuille du mouron ». Cette conclusion reste
len, buccas movere, dial. d'Aix mofel, une problématique, et l'étymologie de mouron
grosse bouchée, et mofcln, manger à pleine encore à fixer. J'abandonne mon ancienne
bouche. Cependant, le linguiste liégeois ne explication par mordre.
déduit pas le mot fr. de l'un ou l'autre de ces MOURRE (jeu de la), de l'it. morra. Le nom
vocables; moufle, malgré son genre féminin, de ce jeu, qui répond, quant à la chose, à la
est, d'après lui, une forme variée de m.ufle micatio des Latins [m,icare digitis), n'est pa.s
(v. c m.). Diez pense que moufler, boursou- encore expliqué.
fler, pourrait bien être déduit de la moufle MOUSQUET, vfr. moschete, esp. mosquete,
=- gros gant. —
Ce serait par trop hardi que de it niosc/ietto, BL. miischeta, primitivement
ramener moufle au mot (dialectal) ail. mump- une espèce d'arbalète, puis une arme à feu.
fcl =: bouche pleine, lequel est gâté de mund- Cette arme tire son nom d'une espèce d'éper-
voit (on trouve aussi muff'cl) =
plein la bouche. vier appelé prov. mosquet, mosqueto, it. mos-
3. MOUFLE, système de poulies assemblées cardo, fr. m.oiichet et émouchet, et qui à son
dans une même chape, etc. ; étymologie in- tour tire le sien de musca, mouche (voy. moi-
connue ; de moufle, gant ? ou de l'ail, muffeln, neau, émouchet et manchet). On sait que les
angl. mufflc, envelopper? anciens ont souvent appelé leurs armes ou
4. MOUFLE, petit four mobile, ail. miiffel, engins de guerre d'après des noms d'animaux ;
angl. muffle; l'assimilation sur laquelle re- cp. tiercelet, couleuvrine, sacre, bélier, it.
pose cette dénomination ne m'est pas connue. falconetto, etc. —
D. mousqueton, it. moschet-
MOUFLON, d'origine inconnue l'ail, appelle ; tone ; mousquetaire, mousqueteric
7nilfjel un chien à grosses lèvres pendantes. 1. MOUSSE, masc, jeune apprenti mate-
MOUILLER, prov.,port. molhar, esp. mo- lot, it. mozzo, esp. mozo, garçon; selon Diez,
jar, d'un type latin molliare, fait de mollis, du L. mustus, jeune; étymologie contestable;
comme graviare, leviare de gravis, îevis. d'après Baist (Grôb., Ztschr., VI, 118), d'un
L'ail, dit de même einweichen, tremper, type lat. muticus =mutilus (tondu, imberbe);
mouiller, de weich, mou; cp. it. molle, hu- c'est, à son avis, aussi à mutihis que répond
mide. —
D. tnouillage, subst. du verbe esp. mocho (tondu i, d'où muchacho, garçon.
mouiller au sens spécial de « mouiller l'an-
cre ».
— Notez qu'au xv" siècle, on trouve le fr.
mousse aussi au sens déjeune fille.
. . .

MOU — 349 — MUE


2. MOUSSE, subst. féminin, plante, prov. mot moût (n. prov.), mot (dial. de Côme),
mossa; du vlia. mos, nlia. moos, angl. moss. mult(àia\. des Grisons) =
châtré. Or, ce thème
La forme it., esp, musco, cependant, repré- 7niclt, d'où moût, est produit, par transposi-

sente le L. muscus (gr. //.stx'î) it. muschio i


tion de la liquide, de l'adj L. mutiJus. Diez,
et valaque muschiu ont pour type un dim. auteur de cette étym., rapproche le n. prov.
L. tnuscnlus. —
D. mousseron, moussu. cabro 7nouto, chèvre à laquelle on a enlevé les
3. MOUSSE, subst. fém., écume. C'est le cornes (en suisse muttli, c'est la capella mu-
même mot que le précédent, avec une signifi- tila de Columelle). Mouton, pour le sens,

cation métaphorique. —
L'étymon L. 'mulsa dérive du L. mutilus de la même manière
(de mulsus, mêlé de miel), proposé par. Bou- que le terme équivalent ail. hammel de vha.
cherie, a peu de probabilité. D. mousser, — hamal = mutilé (cp. aussi vfr. castrois, mou-
adjectif mousseux. ton). — D. moutonner, moutonneux, -ier.
4. MOUSSE, adj., it. mozzo, prov. mos, du
MOUTURE, voy. moudre.
néerl.nwts =
dont la pointe est cassée, cp. ail. MOUVOIR, en termes de jardinage et d'au-

mutzen, ccourter, courtauder. D. émous- — tres métiers



aussimouver ^=^ remuer, du
ser. L. movere. D. mouvement ; mouvance, tiré
MOUSSELINE, esp. musso-
niuselina, it.
àemouvant, t. de droit féodal.
lino et uiussoJo, angl. muslin, toile de coton MOXA, t. de chirurgie; mot chinois.
très fine que l'on tirait autrefois de la ville de MOYE, voy. moyer.
Mossul, en Mésopotamie, d'où lui vient le MOYEN, adj. et subst., prov. meian, esp.

nom mediano, du L. medianus (médius). D. —


MOUSSON, monsone, esp. monson, port.
it.
moyenner, d'où moyennant, pr. participe,
monçào, angi. monsoon, malais musim, puis préposition, cp. comme formation, les
hindostani niausim, de l'arabe mausim, prép. nonobstant, durant, pendant.
temps désigné, saison. MOYER, t. de maçon, couper une pierre en
deux, d'un type h. mediare tiré du L. médius.
MOUSTACHE, it. mostaccio, esp. mostacho,
albanais mustakc, du gr. /a-j-tk?, m. s.
— D. subst. verbal moye, partie tendre de la
pierre que l'on enlève en la moyant.
MOUSTELLE, sorte de ga de (poisson), L.
1. MOYEU (d'une rouej, du L. modioJus,
niHstela, -clla. Le mot inoutelle, autre nom
m. s. Au .simple modiics répond la forme it.
de ])oisson, est une variété du môme mot.
mozzo.
MOUSTIQUES, par transposition p.mous-
2. MOYEU, jaune d'œuf, pr. le centi-e de
quitcs; de l'esp. mosquUo, dér. du L. musca,
mouche. — D. moustiquaire. l'œuf, prov. moiol, miciol ; selon les uns, d'un

type mediolus (de médius), donc le milieu de


MOUT, most, ÔM h. miistum, ii. G. vhmm
ail. l'œuf; selon d'autres, c'est le môme mot que
nouveau, d'où aussi mou-
(de raustus, jeune, le préc. « par assimilation de figure arrondie
tard et verbe émoustiller). D. moutarde — et de situation centrale " (Littré) Diez pro- ;

(v. c. m ). pose L. mutilus [mytilus), accentué mutûlus,


MOUTARD, jeune garçon vif, du L. mustus, moule, coquillage, mais la forme n'y est pas
jeune. — Ce
terme populaire moutard sup- favorable fr. eul ne se produit jamais que
:

pose, d'après cet étymon, une forme anté- sur un type latin en olus. L'anc. orthographe
rieure wioiwtorcZ, dont tout exemple fait défaut moiœuf est une orthographe interprétative,
jusqu'ici. Malgré cela, l'étym. historique rap- que démentent les textes les plus anciens, qui
portée dans
suppl. de Littré et d'après
le ont mieul ou moyeid.
laquelle, d'une lutte entre gamins de
lors 3. MOYEU, sorte de prune confite; d'ori-
Paris, en 182G, le mot moutard aurait été, gine inconnue. —
En Normandie, rnoyeu est
par corruption, appliqué aux gamins du quar- synonyme de noyau (de cerise, de prune,
tier Moufl'etard, ne mérite guère de crédit. d'abricot).
MOUTARDE, mostarda; dérivé du
prov., it. MUCHE-POT (A), en cachette, de mucher
L. mustum, fr. moût; cp. mha. mostert (auj. forme picarde AQ7nusser[^. c. m).
mostrich), néerl. mosterd, angl. mustard. La MUCILAGE, du L. mucus, fixit sur le mo-
moutarde est de la graine de sénevé broyée dèle de ca.rlilage. —
D. mucilagineux
avec du vinaigre ou du moût. Le nom s'est MUCUS, mot latin ; de là muqueux, L. mu-
communiqué ensuite à la graine de sénevé, cosus (d'où «uîcosîYc'y ; verbe BL. muccare,îv.
puis à la plante môme. D. moutardier — moucher [y. c. m.); mucilage (v. c. m.), mu-
MOUTELLE, voy. moustelle. cique, mucite.
MOUTIER, moustier, voy. monastère. En 1. MUE, snbst. fém., àemuer (v. c. m.).
Lorraine, mote =
moutier est encore le mot 2. MUE, dans « rage mue », fém. de
adj.,
usuel pour église. mut* mu, prov. mut, it. muto, qui e.st le
MOUTON, bélier châtré, vfr. molton, it. L. mutus, muet —
D. muet, dim. muter {ie ;

montone, pic. monton, \émtïen moltone, prov., moût), en arrêter la fermentation.


cat. molto, BL. multo. On trouve le mot dans MUER (en t. de marine muder), prov. mu-
les langues celtiques (anc. irl. molt, gaél. dar, du L. mutare, changer. D. mue, —
mult, cymr. molt, Cornouailles molz, bret. changement (de plumes, de peau, de voix),
maoïit), mais on n'y rencontre aucune racine puis aussi la cage où l'on met l'oiseau quand
qui les explique. La langue romane présente il mue (dimin. muette (v. c. m.); muance,

elle-même un primitif très acceptable; c'est le muMÙle, immuable, remuer (v. c. m.).
MUG — 350 MUL
MUET, voy. mue 2. —
Pour muet, le vfr. cp. varlet de vaslet), Au subst. muguet,—
disait muel, d'un type mutalis. dans lésons de galant, petit-maitro (cp. mus-
MUETTE, pr. local où l'en tient les ani- cadin se rapporte le verbe mugueter, faire
,

maux pendant le temps de la mue, puis par le galant auprès des dames.

extension pavillon ou rendez-vous de chasse


: ;
MUID. prov. muet, mueg, it. moggio, csp.
dim. de mue, voy. muer. Selon Génin, — tnoyo, du L. uiodius, mesure, boisseau.
toutefois, le dernier sens a une origine dis- MUIRE, it. moja, du L. muria. Voy. sau-
tincte savoir le vfr. mucte, qui se prononçait
:
mure.
meute; la prononciation moderne reposerait MULÂTRE, esp., port, mulalo, ail. mulatte ;

erronément sur l'orthographe antique; en sens premier issu d'un étalon et d'une
:

effet, le lieu du bois do Boulogne dit la ânesse, puis né d'un blanc et d'une négresse,
Muette s'est dit et écrit aux xvii« et xvill* siè- ou d'un nègre et d'une blanche ; dér. du
cles, la Meute. Il s'agit donc d'un lieu où l'on L. mulu.s, mulet.
tient des meutes de chien. MULCTE', amende, L. muleta. D. mulo —
MUFLE, d'après Diez, de l'ail moff'el ^qui ter, punir, maltraiter, L. tnulctare.

a de grosses lèvres pendantes. Cp. aussi le 1. MULE, femelle du mulot, L. mula. Lo

norm. moufler, faire la moue, pic. moufeter, vfr. avait aussi le maso. m,ul L. mulus. = —
l'emuer les lèvres, ail. muffeln, mâcher. Voy. D. mulet.
aussi l'art, moufle 2. —
D. muflier, t. do 2. MULS, chaussure sans quartier, it.

botanique. mula, esp. mulilla, wall. mole; du L. mul-


MUGE du L. mugil, m. s.
(poisson), Icus, soulier de cuir rouge, que portaient les
MUGIR, muïr, L. muyire.
vfr. patriciens de Rome qui avaient exercé une
MUGOT, trésor caché. Ce mot, que l'on magistrature curule.
suppose avoir été altéré dans la suite en yna- 3. MULE, engelure au talon (pr. creva.sse);
got, son équivalent (v. c. m.), était autrefois puis spécial, fente ou crevasse qui so montre
musgot, et se beaucoup dans les
présente sur lo derrière du boulet du cheval et d'où
patois avec uni migeot; on trouve
; m.igot, suinte une sérosité fétide. Du v. flam. mugi,
aussi les formes féminines musgode, musgoe, m. s., signification qui s'est peut-être déduite
murjoe (cp. varlet p. vasîet), migoe. Le sens de celle de mugi, bouche, ouverture.
primordial était « fruitier, lieu où l'on garde 1. MULET, quadrupède, voy. tnule 1.

les fiuits ». G. Paris, qui s'occupe en détail D. mi'.lfticv, muleton.
de ce mot dans sa Vie de saint Alexis, p. 186, 2. MULET, poisson, dim. do muîle, pois-
n'avance aucune étymologie; il se borne à soti, qui est le L. 7nullus, rouget.)
citer, dans deux glossaires ilamands-latins> 1. MULLE, poisson, voy. l'art, préc.
d'une part, muedecke pomarium, locus<• 2. MULLE,
garance, du L. mulleus, do
ubi poma reservantur »; d'autre part, muych, couleur rouge (de niullus, rouget.
muydick (avec la môme traduction), sans MOLLETTE, gésier des oiseaux do proie,
établir aucune communauté d'origine. Kffecti- dér. do raulle, usité seulement dans l'expres-
vement, la forme primitive musgot est difficile sion franche-mulle, qui désigne l'estomac
à concilier avec le l'adical mited, muyd, du chez le bœuf; du vfr. m,ule, poche, sac,
mot flamand. Aussi le prof. Storm a-t-il estomac (d'après Littréj.
recours à une autre explication. Le mot lui MULOT, du néerl. mul, ags. myl; terre en
semble avoir eu d'abord le sens de garde- poussière; cp. néerl. mol, angl. inole, =>
mangor, provision de vivres et, plus spéciale- taupe, et l'ail. maul'Vourf, taupe, pr. qui
ment, celui de pomarium », ce qui l'amène
<» jette de la terre. — Il n'y a pas de doute que
à rattacher m.usgode au mha. muos-gadem le radical immédiat des mots gerinaniqtics
« cenaculum » (composé de muas « cibus, cités ne soitmit? (cp. les gloses de Rcichenau,
cibus coctus, pulmentum », et gadem « con- p. 51 talpas, mi«/t qui terram fodiunt), mais
:

clave, domus, septum »). 11 chei'che à écarter les étymologistes allemands sont d'accoi'd à
la difficulté que présente Vo du mot fr. en voir dans les formes mul-werf, înole, myl,
présence de l'a de gadein, en alléguant divers inul, des corruptions du thème premier qui
cas de ce changement de a en o dans le do- estniuldeii[\n signifie terre, poussière; goth.
maine de la langue allemande elle-même tnulda, ags. molde, angl. mould. Le vha.
(Rom., II, 85). —
Il est utile d'ajouter qu'en disait p. maulwurf exclusivement molt-werf
Normandie, mugot se dit pour la provision de (ou -wurf). —
L'étymologie L. mus, mûris,
fruits que l'on garde pour l'hiver et qu'on n'est pas probable. D. mnloter. —
laisse mûrir sur la planche. MULQUINIER, ouvrier qui tisse les batistes,
MUGUET, vfr. musguet ; anciennement on les linons ; aussi murquinier et musquinier.
disait aussi Jioix muguctte p. noix muscade. Le vrai mot e.st molequinier, mulequinier ; il
Du fr. muguet vient l'it. mughetto. Je rétracte vient de molequin, muUequin, étotfe fine et
l'équation que j'avais posée, muguet L. = précieuse dont on fai.sait les vêtements légers
muscatus, qui pèche contre les lois phoné- nommés chainses ou chemises. Or, m-olequin
tiques françaises; mot est le dim. d'une
le est un diminutif {hin, suffixe diminutif néer-
forme simple musgue, mugue, qui se ren- landais) du L. mollis; Littré, cependant,
contre encore dans les dial. du Midi et qui identifiele mot avec molequin, mauve l'angl.
vient de 'musca, fém. de muscus, musc. En a mull, avec le sens de mousseline fine.
;


wallon on dit micrguè (l'ancien s changé en r ; D. m,ulquinerie.
. . . .

MUS — 351 — MUT


MULTICOLORE, L. multicolor. muselière. —
Du primitif wiua", muse,A.é.vi\e,
MULTIFORME, L. multi-formis. selon Diez, aussi le verbe museriv. c. m.), pr.
MULTIPLE, h.muUiplus, p. multiplex. diriger le museau vers qqcli. (voy. 77tuse 2),
MULTIPLICITÉ, L. multiplicitatem (mul- regarder fixement, bouche béante, attendre
tiplex). longtemps, s'arrêter à des bagatelles puis ;

MULTIPLIER, vfr. rnoutepUer , ?nontepJier muserolle, partie de la bride d'un cheval


ou -ployer, L. niultiplicare. qui se place au-dessus du nez, pr. petit =
MULTITUDE, L. multitudo. museau.
MUNICIPAL, L. municipalis (munlcipium). MUSÉE, voy. muse 1. C'est pr. un lieu con-
— D. mimicipalité. sacré au culte des Muses.
MUNIFICENCE, L. munificentia. MUSELER, MUSELIÈRE, voy. museau. —
MUNIR, pourvoir du nécessaire pour la dé- D. emmuseler
fense ou la nourriture, puis syn. de pourvoir 1. MUSER, d'après Diez de mus = museau
en général, du L. muim^e, pr. travailler à un (voy. museau); en effet, le Dict. de Trévoux,
mur, puis fortifier, mettre en état de défense. lui assigne comme signification première
— D. munition, h.munitionem (fortification); « avoir le visage fiché vers un endroit », d'où
le sens actuel du mot français est déduit de découlerait celle de fainéanter, se distraire de
l'acception verbale garnir du nécessaire »
•<
;
son travail. D'autres, appuyant sur le sens
de là : miodtionnaire, tnimitionnet' méditer, rêver, penser, réfléchir avec tristesse
MUQUEUX, voy. m,ucus. (sens particulier surtout à l'angl. muse et au
MUR, L. ynurus. D. mut'al, — muraille, mot fr. dans le dicton " qui refuse muse »),
murer, emmurer. ont préféré soit un L. rnusari, primitif de

MUR, contraction du vfr. niaiir nieiïr,


musinari =
muser, soit le L. mussai'e (en
prov. madur, du L. maturus. — D, m,ùrir basse latinité musare), dire à den^i-voix,
avoir peur, hésiter. —
Les étymologies tirées
(cp. l'inchoatif L. maturescere)
de l'ail, musse, loisir (Ménage) ou du L. va-
MURE, meure (forme normale), wall.
vfr. care musis (Huet) ne sont pas recevables. —
vieule (cp. maulbeere), prov., esp. inora,
ail. D. musard ; verbe actif a-muser (v. c, m.),
it. moro, du L. morum, [/xô>po-j). D. mû- — tenir qqn., lui faire perdre son temps.
rier ; vfr. m,ouré, vin de mûres. 2. MUSER, t. de vénerie, mettre le nez en
MURÈNE, L miirœna (/xû/saiva). terre, entrer en rut (en parlant du cerfy; de
MUREX, L. m,urex, coquillage à pourpre. mus, radical de museau.
MURMURE, L. murmur. D. murmwer, — MUSETTE, dér. du vfr. muse, BL. inusa,
L. murmurare (vfr. murmeler, cp. ail. mur- instrument de musique (d'où corne-muse, qui
meln). corne de la muse). —
Ce musa doit être consi-
MUSARAIGNE, esp., port, musarana, du déré comme le subst. verbal du vei-be BL.
L. musaraneus, m. s. musare (wall. muser), faire de la musique.
MUSARD, voy. muser. — D. tnusarder, Quant à ce dernier, d'après Grandgagnago,
musardie. il peut s'expliquer 1 comme acception déri-
MUSC, L. tnuscus — D. musquer,
[ixoix^i).
.

vée du verbe rouclii muser, fredonner, chan-


parfumer de musc (part, musqué, an fig. == tonner, qui est le latin mussare (BL. musare),
afTccté,qui aime l'apprêt); muscat (« raisin bourdonner, 2. comme contraction (mieux
muscat "), it. muscato, d'où fr. muscade, valait-il dire comme abstrait) de musicare,
muscadier, muscadet, -elle; muscadin, 1. 3. comme dérivation du L. musa.
sorte de pastille, 2. fat musqué. — Voy. aussi MU3IF, L. musivus ; voy. m,osaiqu.e
m,ur/uet et le mot suiv. MUSIQUE, L. musica (;j.ouji.-/.-n), dér. de
MUSCARDIN, espèce de loir, forme variée musa. —
D. musiquer, musical, m,usicien.
de muscadin, « l'animal parfumé ». MUSOIR, tête d'une écluse. Je ne connais
MUSCAT, voy. musc. pas de cette dénomination.
l'orii^ine
MUSCLE, L. musculus, d'où musculaire, MUSQUER, voy. musc.
iuusculeux MUSQUINIER, voy. mulquinier.
l.MUSE, L. musa [un'jTx.]. — D. rnusée MUSSER, cacher, vfr. mucer, pic. muc/ier,
{ij.ovT.y.o-^), musique (jj.ou'ji/.d;). wall. muchi, sicilien am,-mucciarsi, d'après
2. MUSE, commencement du rut des cerfs, Diez, du mlia. sich musen, se retirer dans
muser 2.
subst. verbal de l'obscurité. —
D. musse, cachette. Grand- —
MUSEAU, museV, prov. mursel; sans suf- gagnage pense que mucher, forme première,
fixe prov. tnus, vfr. muse, mouse, it. niuso.
: se rattache à la môme famille que le mha.
On a essayé de nombreuses étymologios pour muchen, mucken, agir d'une manière cachée,
ces mots. Diez parait avoir résolu le problème. nha. meuchlings à la dérobée. L'étymologie
,

Il admet pour type le L. morsus ,dans le sens L. mussare, dissimuler, hésiter (signification
de " chose avec laquelle on mord » (on sait d'un ordre moral), ne peut convenir, surtout
que Virgile déjà donnait à ce subst. l'accep- en présence de la forme sicilienne.
tion do dents). Pour la voyelle m p. o et la MUSTELLE. L. mustcla.
syncope de la liquider, c^. c/iuso, îv.jus*, MUSULMAN, voy. islam.
du L. deorsum. L'r radical s'est, toutefois, MUTATION, L. mutationem (mutare).
maintenu dans la forme prov. mursel et le MUTER (le ynuc 2.
vin), voy.
bret. morseel. —
Dérivés de musel* : museler, MUTILER, L. mutilare.
NAC — 352 — NAG

MUTIN, vfr. mcutin, voy. tncutc. — D. verbe mirari, le peuple a pris ce nom do fan-
mutinerie.
mi'tittcr, taisie pour un synonyme burlesque du parti-
MUTISME, du L. miUus, muet. cipe émerveilhuit. » Je donne pour co quelle
MUTUEL, dér. du L. mutitus, m. s. — D. vaut cette explication philologique, que je
niutiudi/c. trouve dans Bescherello. Littré rattache notre
MUTULE. L.viutuhis. mot au précédent, sans préciser le lien logique
MYOPE, gr. //ûoji, m. s. (litt. qui sci-rc les qui les unit.
yeux). — I). myopie, gr. /jtuwTrt'z. MYRRHE, L. myrrha, gr. ixùppy..
MYRIA-, mot prépositif des noms do me- MYRTE, vfr. murte, meiirte, Anh. myrUis,
sure, exprimant dix mille fois la chose du ;
gr. fxù^iTOi. Anciennement, le nom vulgaire
gr. neutre //û^cia, dix mille.
//v'-t'-t, était nc7-te (changement de m en n comme
MYRIADE, grec //u^^ii^, -âôî;, nombre de dix dans nappe, nèfle, natte).
mille. MYRTILLE, un des noms vulgaires de l'ai-
MYRMÉLEON, voy. sous fourmi. relle; de myrte. Cette dénomination estfondéo,
MYROBOLAN, aussi myrabolan, nom do d'après les uns, sur ce que cette plante pré-
plusieurs fruits desséchés à forme do prune, sente quelque ressemblance avec le myrte;
venant des Indes; du gr. //u/soCàlavov (litt. d'après d'autres, sur ce que les pharmaciens
gland parfumé). —
D. myrobolanier. .s'en servent à la place du vrai myrte (piand il

MYROBOLANT, merveilleux. Voici comment leur manque.


on explique l'origine de ce néologisme, que je MYSTÈRE, L. mysterium (yau-rTïi/siov) D. —
}n 'étonne de voir admis dans les dictionnaires mystérieux ; du mémo thème mystique, gr. :

avec un y « Un auteur, nommé Hauteroche,


: d'où tnysticisme, mystifier, composé
fiuirt/fi;,
fit représenter une comédie appelée Scapin mal forgé pour dir-e tromper qqn. finement,
:

médecin, dans laquelle parait un médecin qui d'une manière cachée, subtile (voy., sur l'his-
traite tous ses malades avec des pilules. Mé- toire de son introduction dans la langue, lo
decin, en vfr., se disait »<j/r; pilule, en latin, .se Dictionn. de Littré) ; do là mystification,
traduitpar holns. lùi réunissant c«s deux mots -ateur.
par une voyelle euphonique o, et entemiinant MYTHE, gr. /aw,,-, fable.
le subst. ainsi compo.sé par la désinence ant, MYTHOLOGIE, gr. y,u=r,)oy(a, traité do la
qui marque l'action, Hauteroche a fait un fable (aù3'/;). puis ensemble des traditions reli-
nom [M'o\nvinir-o-lK>l-a)it, mirobolant. Tromjw gieuses d'une nation païenne et science y rela-
par le radical du mot, (^u'il a cru dérivé du tive.

N
NABAB, mot arabe (plur.de )iatb, pr. lieu- NACHE, t. de boucherie, fe.sse do bœuf, anc.

tenant, vice-roi), titre des princes de l'Inde fesse en général, du BL. natica, dér. do
musulmane; puis nom ironique que les An- L. naiis, m. s.
glais donnent à leurs compatriotes qui se NACRE, anc. au.ssi nacle, it. nacchcra,
sont enrichis aux Indes. ffnacc/iera et masc. naccaro, esp. nacar'a et
NABOT, vfr 9n'»î5o<, d'après Dicz, du nord. ma-<c. nacar; d'origine orientale chez les :

nabbi, bosse, nœud; d'après d'autres, avec Kurdes nakera ; cp. le verbe arabe luihara,
moins do probabilité, du L. 7\apus, navet. cxcaver. —
Chevallet place à tort le mot dans
L'angl. knap, bosse, pourrait aussi fournir la famille do ïidl.schneche, limaçon (vha. nec-
l'ctymologie de nabot, qui s'employait anc. cho, =coquillage, selon lui). D. nacré. —
avissi p. hotte. —
Joret (Rom., IX, 435) con- NADIR, de la formule arabe nadhir-as-
firme l'étymologie de Diez par la circonstance semt =point oppo.sé au sénitJi (v. c. m.).
que, dans le Hyndlu-ljôd,7,le mot nabbi sert NAFÉ, fruit do la ketmie, dont on fait du
à désigner un nain. L'angl. knap, que j'ai in- sirop ou de la pâte pectorale ; c'est lo premier
voqué, a, dit-il, la même origine que nabbi. mot de la phrase arabe nàf'i li'-z-zadr (litt.
J'ajouterai,commeanalogie dosons, (pie l'équi- bon pour la poitrine); d'après Devic, du per-
valent ail. hnirps, kmlrps, knôrps est aussi san nafah, vésicule de musc.
de la même famille que knorren, protubé- NAFFE (eau de), it. nanfa, lanfa, de l'arabe
rance, nœud. nafah, odeur agréable.
NACAIRE, timbale, BL. nacara; de l'arabe NAGER, d'abord =
naviguer, puis en géné-
7mhar, battre tambour.le ral flotter sur l'eau, du L. navigare (nav-
NACARAT, de l'esp. nacarado, d'un rouge gare). —D. subst. verbal nage, action de na-
clair tirant sur l'orange, dér. de nacar, nacre. viguer ou de flotter, cp. l'expr. « une cha-
NACELLE, BL. nacclla. Ce dernier repré- loupe bonne de nage » ; anc. on disait « par
sente, selon Diez, plus probablement un dim. terre et par nage » =
par terre et par eau ;
latin naviccUa (de navis), qu'un dim. du BL. de là la loc. « être à nage ou en nage », =
naca =^ rouchi naquc, nacelle, barque, qui être tout trempé d'eau. Dans celle-ci on a,
est le vha. nacho (auj. nachen), v. flam. sans raison sérieuse, voulu voir une confusion
nacche, m. s. avec « être en âge « (agc anc, forme de cai'.) ;

n
NAQ — 353 NAS

pour démentir cette interprétation, à part narguer). Le rouchi présente naquer, flairer,
d'antres considérations, il suffit de rappeler chercher en flairant.
les applications métaphoriques analogues de NAQTJET, valet de jeu de paume. Je no con-
l'ail, schwimmoi, nager, comme, p. ex., « das nais pas l'origine de ce mot comme laquais. ;

Auge scliwimmt in ïhi'ânen » (est baigné de Ménage le fait venir, avec son sans-façon bien
larmes).— Autre de nager nageoire.
dér. : connu, du L, verna, par un intermédiaire
— Le L. natare a donné noer vfr. a (cp., p. vernacetus ! —
D. naqueter, attendre servile-
devenu o en syllabe atone, natalis, fr. noël). ment à la porte de qqn.
NAGUÈRE,\oy. guère. NARCISSE, L. narcissus (vâcpzuîo;).
naïade, L. naias, gr. V5;fâ;, -xSor.
NARCOSE, du gr. vàp/.wit;, étourdissement ;
adj. •jxpxurixd:, fr. narcotique, d'où narco-
naïf, du L. natimis (naturel), dont la lan- tisme, narcotiser.
gue savante a fait natif. Le sens attaché à ce NARD, L. nardus (-jccpSoi).
dernier était propre anciennement aussi à la
NARGUER, mépris ce mot, qui
railler avec ;
forme syncopée naïf, p. ex., .serf naïf ^= serf semble inconnu à l'anc. langue, est rapporté
par naissance. — D. naïveté.
par Diez à un verbe latin inusité naricare
NAIN, prov. nan, it. nano, esp. enano, du
L. naquis (viwî?).
(nares) =
tirer le nez, ou faire un pied de
nez. Cp., dans les gloses d'Isidore, le mot
NAISSANCE, voy. naître. nario, interprété par subsannus, d'où le vei'be
NAITRE, naistre*, de l'infinitif latin bar- narire (Jean de Gènes) =
subsannare. Diez
bare nascere (cp. connoistre' de cognoscere). fait dériver de ce même substantif nario l'ail.
Ancienne forme concurrente nasquir. C'est: narr (vha. narro), fou (pr. bouffon, moqueur),
de celle-ci que vient le passé défini je naquis. d'où le verbe narren, duper, narguer. L"n
Le participe latin nascentem a donné nais- type naricare n'est admissible pour narguer
sant, d'où naissance, L. nasccntia. Le par- — que par l'intermédiaire d'un prov. nargar;
ticipe passé natus (tiré de narC, forme anté- or, celui-ci n'existant pas, on est en droit de
rieure à l'inchoatif nasci) a régulièrement suspecter l'ét. de Diez. —
Ce rapport étymo-
produit net* né. logique entre nez et moquerie me remet à la
NAMP, meuble (terme de coutume), BL. mémoire ma conjecture relative à l'identité
namjytum, namptium. Voy. nantir. radicale des mots moucher (pr. pincer le nez)
NANKIN, étoffe nommée d'après la ville do et moquer. —
D. nargue, vfr. narque, narc.
Nankin. Le q ancien s'est conservé dans l'adj nar- .

NANTIR, dér. duv. subst. nam, 7ian namp, quois, qui signifie 1 fourbe, trompeur
: .
;

qui signifiait gage, puis par extension, objet, 2. argot, langage de fripons 'fcp., pour la
meuble susceptible d'être mis en gage. JS^am finale, vfr. clerquois, langage des clercs). En
désignait d'abord le gage déposé par un débi- Champagne, on dit no.card, nargueur, et na-
teur entre les mains d'un tiers. Si le créan- carder, narguer; ce radical imc me semble
cier n'était pas payé à lechéance, alors, après être pour nasc, de sorte qu'on pourrait ad-
les sommations requises, il était libre de se mettre un type latin nasicare, d"où nasquer,
saisir du nam ou de se nantir. De l'idée se naquer, coexistant avec naricare, d'où nar-
saisir d'un gage s'est développée l'acception guer. Ou bien vaut-il mieux rattacher ce
se mettre en sûreté, à couvert, prendre ses thème nac, ainsi que le v. flam. naggJien =
précautions, se pourvoir. Quant à l'origine irritare, à la famille germanique d'où pro-
de nam, elle est fournie par le nord, nam, cède l'ail, necken, agacer? Cps. naque- —
prise, mha. nàm, butin (de la famille du mouches.
verbe ail. nehmen, prendre). Cp.esp. jîrcnrfa, NARINE, du L. nar?n»5, adj. de nares, nez
gage, de py-ender, prendre. —
Je suis étonné (ce dernier nare, nari
a donné prov. nar, it.

de voir que personne ne s'est arrêté sur le = narine). La forme concurrente


vfr. narille,
mode peu régulier dont nantir procède de de narine, vient d'un type naricula.
nam, namp; on s'attendrait à namir ou NARQUOIS, voy. narguer.
nam.pir. En admettant même une forme inter- NARRER, L. narrare.
médiaire nant (avec un t adventice, pris plus NARVAL, genre de cétacés, angl. narwhal,
tard pour radical), les analogies indiqueraient du dan.,suéd. narhwal, ail. narwal, composé
une dérivation par nandir (cp. faisant*, fai- du nord, nàr, corpus nudum, cadavre, et wal,
sander; truant* truander). Il y a là un point
, baleine.
obscur à éclaircir. —
D. nantissement, gage, NASAL, L. nasalis (nasus). — D. nasalité.
sûreté. Autres dérivés du L. nasus Nasard, jeu
:

NAPHTE, L. naphta Gôcf^x). d'orgue qui imite le chant nasillard; Na- —


NAPPE, du L. mappa; changement do m SARDE, chiquenaude sur le nez, d'où nasar-

en n, comme dans nè/?e, natte. D. nappe- — der ; —Naseau, L. nascllus ; Nasiller, —
ron, d'où l'angl. apron, tablier, p. napron. parler du nez, d'où nasillard.
NAQUE-MOUCHES, espèce de lézard, qui NASITORT, cresson Nicot explique le mot
;

naque (attrape) des mouches. Quant à l'anc. « a naribus torquendis ». Cette explication
verbe naquer, d'où vient-il? L'ail, necken (rac. peut être juste, car le mot français accuse un
nac) paraît trop distant par sa valeur « taqui- type L. nasitortium, forme qui doit avoir
ner, tourmenter « (il a donné peut-être le précédé la forme classique nasturtium.
champ, nacard, naqueuoc, railleur; voy. s. NASSE, du L. nassa, nasse de pêcheur,
23
. .

NAV 354 iNÉH

puis filet, piège on général. — Génin, qui NAVRER, it. jmivrarc (dans le cps. innave-
dans SCS Récitations philologiques s'est lon- ra7v], prov., cat. tuifrar., transpercer, blesser
guement occupé de la locution fi\ laisser (sarae naf'rar, meurtrir, tacher) ; d'après
dans la nasse et des deux locutions italiennes Diez, approuvé par Littré, du vha. nabagér,
analogues lasciare in asso, et lasciare in ail. naeber, néerl. neviger, nefpger, nord
nasso, conclut que toutes les trois n'ont de nafar, instrument pour percer. Gaston Paris
commun qu'une ressemblance extérieure toute combat cette étym.par des raisons auxquelles
fortuite. —
D. nassone. il serait difficile de rési.st«r; il insi.ste surtout

NATAL, L. natalis; voy. aussi noùl. sur l'impo-ssibilité d'accorder phonétiquement


NATATION, L. nalationan (natare); tiata- nabagér avec les formes romanes et sur lo fait
ioire, L. natatorius. que le sens roman est partout celui de bles-
NATIF, L. nativus. La vraie foi'me fran- ser, ou plutôt, dans le principe, entamer la
çaise est naïf (v. c. m.). — D. nativité, peau. Il préfère, en attendant meilleure infor-
L. nativitatem. mation, ramener le mot à l'ail, narbe, cica-
NATION, L. nafjo fnari', nasci). — D. natio- trice (en vha. narvca, mha. «arioe), auquel on
nal, d'où -nationalité, -iser, -isme. trouve aussi lo sens de grain de cuir, côté
NATRON, de l'arabe nathroun, nom du car- rude du cuir (lequel est exclusivcmont celui
bonate de soude naturel. du dan. »ojt et suéd. narfi, ce ([ui indique
NATTE, it. matta, ail. maitc,àu L. matta, comme notion première celle de marque, éra-
m. s. (cp. nappe de mappd). Grégoire de rture. Pour les formes, nous aurions la succes-
Tours : illud quod intextis junci virgulis sion suivante : nartoa, par transposition
fieri solct, quas vulgo nattas vocant.— D. nat- navra, nafra (cp. gr. vîOpov avec L. ncrvus),
ter, natticr. subst. prov. =
blessure, sarde tache, d'où =
NATURE, L. natura. — D, dénaturer; les verbes nafrar, navrar, navrer; pour les
adj. naturel, L. naturalis, d'où natiircUité, sens faire une balafre, écorcher, érafler,
:

naturaliser, -alisme, -aliste. blesser en ôcorchant, blesser au figuré.


NAUFRAGE, L. naufi-a{/ium (do navcm - Cette étym., dit M. Paris, serait hors do
frangerc, cp. ail. schiff'-bruch). — D, iiait- doute, si l'on pouvait trouver en roman une
frager. trace do l'emploi do nafra, navra, au sens
NAULAGE, voy. nolis. de cicatrice » ou do « côté rude du cuir "
••

NAUSÉE, L. nausea, gr. vjeuî(«, pr. mal de Les vocabulaires techniques, surtout dans
mer nauséabond L. nauseabundus (le mot
; , les patois, en fourniraient peut-être quchpio
latin =^ qui éprouve le mal de mer ou qui a exemple. » —
.l'ajouterai que Kiliaen donne
envie de vomir, le mot fr. qui cause des = au ni. nervc {van het leder) la définition :

nausées ou qui donne envie de vomir). grana in coriis, squamœ, oculi coriorum, et
NAUTILE. L. nautilus (vayrOo^). qu'il compare le fr. nervc. Cette forme fran-
NAUTIQUE. L. nauticus (v^iurixo;). çaise cxi.stc-t-elle ? Baist (Ztschr., V, 550),
NAUTONNIER, dér. du vfr. noton, marin, rencontrant l'étymologio de 0. Paris, remar-
qui dérive du L. naiita, gr. vaûr>j;, naviga- que que dan. narr et suéd. narf sont d'im-
teur. I>ortation haut-ail., et que dans cette langue,
NAVAL, L. navalis (navis). narxjva (cicatrice) napparait (ju'au xii" sièdo,
NAVÉE, BL. et it. navata, charge d'un comme dérivé du morne radical qui a donné
bateau, dér. du L. navis, bateau. anc. sax. narti, ags. nearu, angl. narrow
NAVET, anc. aussi iiavel, naveau, dimin.du et qui emporte l'idée d'étroitesse, de peine et
L. 7iapus, m. s. D. navette. — d'accablement. Baist pense que le sens .secon-
1 NAVETTE, forme fém. de navet (v. c. m.). daire de narwa : grain de cuir, côté rude du
2. NAVETTE, instrument de tisserand, et cuir, est trop récent pour y rattacher le
vase pour conserver l'encens ; dimin. duL. na- verbe navrer.
vis, bateau ; ainsi nommés par assimilation NE, négation, forme affaiblie de non ou
de forme ; l'ail, dit de même schiff'chen. nen' =^ L. non.
NAVIGUER, anc.
naviger (d'où nager, NÉANMOINS, voy. tiéant.
V. c. m), prov. navejar, du L. navigare. NÉANT, vfr. aussi noiant, nient, prov.
NAVIRE (anc. du genre féminin), vfr. 7ia- neien, nien, it. niente. C'est le subst. ens,
viJe, it.naviglio,navilio,navile,T^YOv.navili, gén. entis, = être, chose (mot que l'on doit
d'abord =
flotte, puis, par restriction =^ bâ- supposer avoir été vulgairement employé,
timent de mer. Pour la substitution de r à ;, quoiqu'on ne le rencontre que comme terme
cp. vfr. concire de concilium et wall. cir, philosophique), précédé de la négation ne ou
ciel. Le type du mot roman est l'adj. navilis', ncc. Etymologiquement, néant équivaut à ne-
formé de navis comme civil is de civis. — chose on ne-rien; c\). L. nihil, pr. ne hilurn,
D. wallon naviy^on, sur lequel voy. aviron. vha. neowiht[a.\\]. contracté en nicht, comme
— D'après Toblcr (Rom., II, 243), fr. navire subst. nichts) et angl. nothing no-chose, =
estune transformation du vfr. navie, flotte, gr. «iJoiy =
pas une chose, etc. D. anéan- —
analogue à celle de vfr. mire, médecin, issu tir, fait d'après l'analogie du L. an-nihilare.
de mie par insertion- de r. Navire doit donc Composés néanmoins, qui répond, par sa
être rapporté à L. navigium. De .son côté, facture au L. nihil o-mhius ; fainéant (v.
G. Paris (Rom., VI, 132) maintient l'étym.
BL. c. m.).
naviliiim, vfr. navile.
NÉBULEUX, L. 7iebulosus (de nebula, fran-
;

NÉN 355 — NIC

cisé dans le vfr. aïeule, nieule, brouillard nymiiha, esp.,it. «n^fa. Cependant on trouve
épais, brume). — D. nébulosité. on persan noùfer, niloûfer.
NÉCESSAIRE, L. necessarius nécessité, — NÉO-, en composition, du grec vi^,- neuf,
L. nécessitas. —
U. nécessiter, nécessiteux.

nouveau [néologie, etc.).
NEC (ou NON; PLUS ULTRA, phrase latine, NÉOPHYTE, gr. vso-^uro,-, litt. de nouvelle
= pas plus loin, employée pour désigner le venue, né do nouveau, converti.
terme, la limite où il faut s'arrêter. NÉPHRALGIE, douleur aux reins, de Jifpoi,
NECRO-. du grec vî/.po';, mort. On rencontre rein, et v.lydv, avoir mal. Au mot 'Jtsipdi se rat-
ce terme dans les composés suivants Nécro- : tachent encore le subst. néphrite, gr. vîçpfrt;,
loge, registre des morts, d'où nécrologie, et l'adj. néphrétique ou mieux néphritique,
notice ou suite de notices sur des personnes gr. vîystTtxO;.
mortes; adj. nécrologique. —
Néckom.vncik, NÉPOTISME, pr. crédit, autorité, faveurs,
gr. v;z/5o-/AxvT£fa:, d'où nécromancien (pour accordés dans les affaires publiques aux ne-
lequel on disait autr. nécromant; litt. gr. = veux = L. nepotes.
jv/po/j.k-JT-/iij. L'idée de magie noire a déter- NERF, L. nervus. —
D. nerveux, d'où ner-
miné les altérations it., esp. 9iigromante; vfr. vosité ; nervin;
nerver, d'où nervure. Cps.
nigromance et, par transposition, ingre- ncrfférure, coup sur le tendon de la partie
mance. —
Nécropole, gr. v-/./5o-7ro>t;, litt. postérieure des jambes [férure do férir, frap-
ville des morts. per, V. c. m.).
NÉCROSE, gr. vb.pwTt;, mortification. NERPRUN ou noirprun = L. p^'^^^nus ni-
NECTAR, L. nectar (vb.rzjs); nectaire, t. de gra ; le wallon dit merprun.
botanique, de l'adj. nectareum. NET, it. netto, esp. neto, port, nedeo, prov.
NEF, 1. navire; 2. vaisseau d'une église net, angl. neat ; du L. nitidus (cp. pâle (fe
3. espèce de vase en vermeil pour le linge de
;

pjallidusj. —D. netteté; verbe nettoyer; vfr.


la table royale; du L. navis (cp. clef àa clavis). nettier, prov netejar, ncteyar, d'un type lat.
Le mot navis s'est aussi francisé en vfr. nau. niticare p. nitidare. Vfr. neier, nier vient
NÉFASTE, L. nefaslus. d'un type nitidare.
NEFE, gros du bec d'un oiseau de proie, = NETTOYER, voy. net.
1. NEUF, adj., du L. novus. Du dim. L.
prov. 7iefa, it. niffa, niffo, dim. niffblo. Mot
germanique : ags., angl., néerl. neb, bas-ail. novellus vient novcV nouveau. ,

nibbe, nif, nord, nebbi, nef, bec, nez. Voy. 2. NEUF, nom de nombre, du L. novem.

aussi nifier. — D. neuvième, neuvahie.


NÈFLE, p. nesple, it. nespola, esp port. NEUME, t. de plain-chant, du BL. pneuma,
nespera, cat. nespla, du latin mespilum\n p.
,
= gr. Tz-n'jixy-, souffle, émission de voix. Pour

m, cp. natte, nappe). L'm subsiste dans v. esp. l'aphérèse du p, cp. tisane.
mespero, basque mizpira, vfr. mespïe, mesfle, NEUTRE, L. neutrum, dont le dér. neutra-
wall. mespe, vha. mcspila, nha. mispel. — lis (ail. ncutral) a donné neutralité, neutrali-
ser.
D. néflier.
NÉGATION, L. negationem (de negaj-e,
NEVEU, vfi'. nevod, prov. nchod, du L.
fr.
nepotem (nom. nepos). Au nomin. nepos res-
nier); négatif (d'où le subst. yiégative), L.
sortissent les formes vfr. niez, prov. neps
negativus.
NÉGLIGER. L. negligere. — D. négligent, neb s.
NÉVRALGIE, souffrance (i>yf«) des nerfs
-cnce, L. negligens, -entia.
Du même vvjpo-j (= L. nervus)
(vîv^^ov). vien-
NEGOCE, L. negotium, affaire; négocier, nent les termes médicaux névrose, névrite,
L. negotiari, d'où négociant, -ateur, -ation, névrologie, etc.
-able^
NEZ, prov. nas, du L. nasus (cp. rez de
NÈGRE, it., esp., port, negro L. niger, = rasus, chez de casa).
noir. — D. négrier, nègrerie, négrillon.
NI, vfr ne, du L. nec.
NÈGUE-, élément de composition dans les NIAIS, pr. oiseau de proie pris dans son
termes nègue-chien, nègue-fol; du verbe né- nid, fig. inexpérimenté, faible, simple, sot
guer, forme méridionale de L. necare, fr. (cp. l'expression béjauné), it. nidiace, d'un
7ioger. type latin nidax (nidus); prov. nizaic, niaic,
NEIGE, d'après Diez du type latin nivea ;
d'après Paris (Rom., IX, 623j subst. verbal de
d'un type nidacus (nidus). —
D. niaiser, niai-
serie; déniaiser.
neiger (v. c. m.). NIOAISE, du nom de baptême iV/casa«s(cp.
NEIGER, d'un type BL. nim-
vfr. negier, les acceptions péjoratives des noms propres
gare ou nemcare. —
De là le subst. verbal Claude, Colas, Nicodème, etc.).
neige, d'où adj. neigeux. —
Au subst. latin NICE, vfr. nisce, simple, novice, prov.
nix (thème nio) répondent vfr. nief, neif noif, nesci (auj. neci), esp. necio, du L. nescius,
prov. neu, nieu, it. 7ieve, esp. nieve. ignorant. L'angl. nice, délicat, joli, est le
NENNI, vfr. nenil, prov. nonil, représente môme mot ; sa valeur lui est venue par la série
le L. non illud ; de la même manière oïl ou d'idées simple, qui s'attache aux petites
:

oui{v. c. m.) répond à L. hoc ille. choses, minutieux, raffiné (voy. les dict. de
^
NÉNUFAR, NÉNUPHAR; quelle que soit Wcdgwood et E. Muller).
l'origine directe de cette appellation de la 1. NICHE, terme d'architecture, direct, de
nymphée, il est probable qu'elle se rapporte à l'it. nicchia, enfoncement en forme de co-
NIG — 356 — NIV

quille (it. nicchio). Or, ce mot nicchio, co- mille, mais qui sans doute est dans le fond
quille, Diez, sur les traces de Ferrari, le fait un nom commun, procède do ce même primi-
venir du L. mytilus, moule comestible, qui tif. Diez, se prévalant du principe que le suf-

convient parfaitement pour le sens et pour la fixe ald ou aud accuse provenance germa-
lettre. Pour la transformation, Dicz allègue, nique, conjecturait pour nigaud ou }iigald,
d'une part, l'it. scccJiia de silula, recchia de un type immédiat niijcald {w—g), lequel vien-
vetidus, etd'autre part, quant à l'initiale n drait du \\\aL.niuioi, niwi, neuf, novice. Dans
p. m, l'it.nespola (fr, ni^fïe) de mespilum. ses dernières éditions, cependant, Dicz fait
L'ail, nische et esp. nicho, synonymes de fr. de nigaud un dérivé du prov. nec, sot, qu'il
niche, sont tirés du français. rattache dubitativement ù. l'esp. niego, niais,
2. NICHE, malice, espièglerie; c'est une M, Kug. Ritter (Littré, suppl.) propose do
variété vocale de niqitc (v. c. m.), rattacher nigaud (comme les noms de famille
NICHER, vfr. niffei; nigier; Diez nliésite Nigaux, Nigon, Nicard) au nom propre
pas à voir dans ces formes une contraction du Nicolas (op. pour la filiation des idées le rap-
L iiidifcare[ni(l'fcure, nid'care, nicare). Pour port entre 6t»<'< ci Iicnoit)\ j)our l'application
ma part, j'admettrais plutôt un type nidicare, du suffixe aud (= aldus), cp, courtaud, rus-
de nidits. — D. nichée, nichet, tiichoir, jdé- taud. Cette manière de voir est plausible, —
nicher. I). nigauder, )iigauderie.
NICKEL, mot suéd.; métal appelé, par dé- NIGROIL. poi.^^son, du L. niger occulus;
rision, par les mineurs suédois, d'après Nic- l'ail, dit de même schvoars-auge, j)r, œil
kel,un des génies nains des mines. noir.
NICOTIANE, NICOTINE, plante du tabac, NIGUEDOUILLE, nigaud; wall, nickdonic,
ainsi nommée du nom du président Jean langucii. )ùg(ulunUio. Comment analyser le
Ntcot (le même que le lexicographe), qui, mot ? est-il connexe avec nigaud ou nique f
étant ambassadeur en Portugal, envoya le NILLE, t. de blason, etc., forme écourtée
premier cette plante en F'rance (1560). do amnlle (d'un type annicula, variété de an-
NID, L. nidus. — Nidification, L. nidifi- nules, anneau?).
catio.
NIMBE, L, nimbus, nuage.
NIDOREUX, L. nidorosKS (do nidor,
NIPPE; suivant Frisch, du néerl. ,,tjin,i,
odeur).
pincer (mieux eût valu citer l'angl. nip, m.
NIECE, prov. 7ietsa, du L. neptiap. neptis.
s, que )Jî;pc>j), parce que les j)etits colifichets
1. NIELLE, plante, melantluum, papaver
de parure s'attachent avec des agrafes, Jo
nigrum. du L. nigella (niger).
n'approuve pas cette étymologie ; les nippes
2. NIELLE, maladie des grains, causée par
ne comprennent pas seulement les j)etits orne-
les brouillards (dans les patois nnile, neulc)
;
ments d'ajustement, mais aussi des habits et
c'est le même mot que vfr. brouéo,
nielc,
brouillard, qui vient du L. nebida. D. — des meubles. C'est un .'synonyme de hardes, et
comme ce dernier, il doit avoir un primitif
nieller, gâter par la nielle (it. ajinelbiare,
exprimant lier, nouer.Or, ce primitif se trouve
esp. anieblar; ces verbes confirment l'étym.
dans le nord, Imeftpa (parent du reste avec lo
nebula).
néerl, nijpen, cité ci-dessus), d'où lu'ocôde en
NIELLE,
3. t. d'oifèvrerie, vfr, neel, it.
cff'et un mot nord, hneppe hardes, trous- =
niello, esp., prov. niel,
en émail noir sur fond d'or ou d'argent; de
BL. nigcUum, dessin
seau, nijjpcs. —
D, nipper.
l'adj. nigellus, dim. de niger. D. nieller — NIQUE
usité que dans
(variété vocale :

la locution « faire la
niche) ; n'est plus
nique à
(vfr. noielcr), niellure.
NIER, anc. noyer, du L. negare. D. ni\ — qqn. « = s'en moquer, en haussant le men-
subst. verb.; on disait autr. « cela n'est point ton. Ce mot (en langued. nica) est générale-
en ni =
non abnuitur(cp. lecomposé(/t'»2).
..
ment dérivé du vha. hnicchan, ail, mod. nic-
A verbe noyer correspondait le subst.
l'anc. ken, faire un signe de tête (on trouve en effet
noy\ dans la locution « mettre en noy r, = niquer, branler la tête), mais il parait se rap-
contester. —
Cps. dénier, renier. porter plus directement au suéd, nyck, dan.
ngkhe, néerl, ni'.k, ail. niïche, malice, mé-
NIFLER*, mucum veluti resorbcre. Dicz
rattache ce verbe à la famille niff'a (mention- chanceté. Cp. l'angl. nich-name, sobriquet.
née sous lart. nèfe). qui désigne à la fois bec — L'ail. necÂcJî, taquiner, pourrait aussi être

et nez. Il est impossible de ne pas alléguer ici invoqué, mais il parait être étranger au vha.
l'angl. s-niff, snuff, l'ail, sch-nilffeln, qui et remonter à un radical nac. Voy. aussi le —
disent la même chose. — L'on n'emploie plus mot pique-nique.
aujourd'hui que le composé — D.
renifler. NIQUER, gagner, du premier jet de dés; cp.
pic. niflette, narine. l'angl. nick, l'encontrer juste ou heureuse-
NIGAUD, d'origine incertaine. Je ne puis ment.
approuver ni une dérivation de nicc, ni celle NITOUCHE, voy. mitouche.
du L. m'ga. Une interprétation par un type NITRE, L. nitrum {-jizpo-j).
nidicaldus{c\). niais) serait également forcée. NIVEAU, nivcî', p. livcl, it. libello, port.,
Ne pourrait-on pas rapporter nigaud -k nique, prov. livcl, nivcl, esp. nivel, angl. level, du
comme exprimant celui qui se laisse facile- L. libella (dim. de libra), m, s., avec change-
ment nique? Je soupçonne que vicot,
faire la
ment de genre. Pour l changé en n, cp,
qui ne m'est connu que comme nom de fa-
nomblc. — I). niveler.
. ,

NOG 357 NOM


NIVEREAU, pinson de neige, dér. du vfr. NOIR, vfr. neir, ner, prov. nègre, nier, it.
nive, neige = L. nix, nivis. negro, ncro; du L. nigrum (nom. niger). —
D. noirâtre, noiraud ; «oîVaV (forme inchoa-
NIVOSE, quatrième mois du calendrier ré-
tive, avec sens factitif), esp. negrecer, prov.
publicain (21 déc. au 19 janv.), du L. nivo-
ncgrecir, du L. nigrescere ; subst. noirceur,
sics, abondant en neige.

NOBLE, L. nobilis. —
D. noblesse, 1. qua-

formation incorrecte p. noireur (L. nigror),
faite sous l'influence du verbe noircir (la
lité de ce qui est noble, 2. corps des nobles
(pour ce sens collectif, cp. L. nobilitas, les
vieille langue avait noireur et noireté). Du —
port, negro vient la forme fr. nègre.
nobles, rustictlas, les gens de la campagne,
civitas =cives, fr. bourgeoisie, magistrature,
NOIRCIR, voy. noir. D. noircissure. —
NOISE, vfr. nose (angl. noise, v. néerl.
etc.); nobiliaire; vfr. se nobloier, s'illustrer,
noose, nogse), prov. nausa, cat. nosa, que-
briller, éclater; îâcûiih a-noblir et en-noblir
relle, dispute. Diez, se réglant sur la forme
NOCES, du L. nuptiœ (de nubere, se ma-
provençale, se prononce pour l'étymologie du
rier), d'où nuptialis, fr. nuptial. — D. nocer,
faire bombance (terme populaire), noceur. — L. nausea, dégoùt,,de sorte que la significa-
tion première serait fâcherie. Cette manière
G. Paris (Rom., X, 398) consacre un article
de voir pourrait être appuyée du mot fr. fâ-
fort étudié pour débrouiller la question de
cherie lui-môme, qui dérive de fastidium, si-
l'incompatibilité des formes romanes it. noszc,
gnifiant proprement dégoût. Je préfère l'opi-
prov. nossas, fr. noces avec l'ii; long dé L. 7iup-
nion de Diez à celle qui remonte au L. noxa,
tias, qui postule, nuzze, tiussas, nuces, et
tort, dommage, qui convient beaucoup moins
de l'influence qui a dû amener cette perturba-
tant pour le fond que pour la forme. Gachet
tion de la loi phonétique il reconnaît cette
plaide en faveur de noxa ou noxia, en allé-
;

influence dans L novus, d'où nova nupta (la


guant les formes v. cat. et v. esp. noxa, puis
mariée) et un type fictif nôvtias, qui expli-
le sens de débat donné au L. noxia par Au-
querait les formes romanes.
sone. Quoi qu'il en soit, en présence des deux
NOCHER, it. nocchiere, esp. ^lauclero (anc. primitifs proposés, nausea et noxa,\\ me reste
esp. naochero, nauchel), prov. naucler, nau- un scrupule, c'est que noise signifiait aussi
chier ; cesubst. ne vient pas, comme pensait (et signifie encore en anglais) tapage, bruit,
Ménage, d'un type navicarius, mais bien du
L. nauclerus, grec jxù/Mp'^i, armateur. — dans le sens littéral de ces mots, voire
le gazouillement des oiseaux. Peut-on ad-
Une étude très subtile consacrée par Fôrster mettre dans ce cas-ci la transition logique do
à ce mot et à ses (soi-disant) parallèles des fâcherie à bruit, de la cause à l'effet? Le pas-
langues sœurs dans Grôb. Ztsclir., III, sage d'une signification morale à une signifi-
567, aboutit à la thèse Nauclerus est étran-
:
cation purement matérielle se présente rare-
ger à it. nocchiere, v. esp. nauclier, pour ment (voy. notre mot lourd). — D. noisif
lesquels revendique pour primitif le mot
il
querelleur.
lat. classique navicularius (d'où nauclarius)\
NOISETTE, dim. de noix. D. noisetier. —
quant à prov. nauchier, auj. nocher, il faut NOIX, prov. notz, it. noce, qs^. nues, port.
écarter aussi bien navicularius ou le navica- no3, du L. nux, nucis (cp. croix de crux).
rius proposé par Ménage que nauclerus; —D noiseraie; dim. noisette. Du latin jzîja? —
Foerster ne sait les accorder qu'avec un type procèdent nucalis, d'où prov. nogalh, fr.
:

nauticarius (mot constaté par les Inscrip- NOYAU ; nucarius*, d'où prov. noguier, fr.
tions). NauclernsnQ reste plus admissible que nogado, nougat
noyer; nucatum, esp. fr.
pour esp. et port, nauclero et prov. naucler; (mot d'importation méridionale).
ce sont des mots d'introduction savante. NOLET, voy. noue.
NOCTURNE, L. nocturnus (nox, noctis). NOLIS, subst. verbal de noliser.
NODOSITÉ, voy. nœud. NOLISER, it. noleggiare, dérivé du L. 7iau-
NODUS, mot latin, employé en chirurgie lum lyx'Ao-j), fret; anciennement on disait
pour nœud, qui en est la forme française. nauler, d'où le subst. naulage. Subst. verbal
NOËL, pour naël (pour cette substitution nolis. Le dér. nolissement est irrégulier
de o à a, cp. vfr. noer, it. notare, du L. na- p. noîisement, qui est la bonne et ancienne
tare, fr. poêle, subst. fém., p. paêle), it. na- forme.
tale, prov. et v. esp.nadal; du L. natalis, s. e. NOM, L. nomen. —
D. nommer, vfr. nomer

dies, jour de la nativité. Le fr. noèl, outre la et lomer =
L. nom.inare (prov. noninar).
fête, signifie aussi les chants composés pour Cps. surnom. —
Direct, du latin nominare,
la célébrer, etc. les mots savants nomination, -ateur, -al,
:

NŒUD, nodus.
L. —
D. nouet; verbe -atif, L. nominatio, -ator, -alis, -ativus.
no-uer, L. nodare; adj. noueux, L. nodosus NOMADE, L. nomas, -adis (vo/jtâ;).
(d'où direct, le subst. nodosité). Le latin — NOMBLE, p. lomble, du L. himbulus (lum-
nodus pour cnodus, et tient à la même
est bus).
famille indo-germanique d'où sortent l'ail. NOMBRE, L. numerus. D. nombreux, —
hnoten, m. s., angl. knot et môme le k)iut de L. numerosus; nombrer, L. numerare; zn-
la langue russe. nomZ/re, dans la locution" innombre de fois»;
NOGUET, grand panier d'osier; d'origine cp. le terme ail. unzahl.
inconnue, tient peut-être au mot naiic, auge, NOMBRIL, pour lombril (cp. ,
pour la con-
mentionné sous noue 1. version de Z en n, niveau, nomble). Lombril

NON — 358 Nor


(vfr.)estformé, par uirglutination de l'article, nain (cp.Ecain, cas obliipio d'/^*<% nfr.
vfr.
de ombril, prov, iimbriJh quant à ceux-ci, ils
;
putain de Le terme nonnv.s, fém.
^)?<<e).

sont p. omblil et représentent un type latin nonna, introduit dans la basse latinité (saint
umbiliculus dim. de umbilicus; c\). p&i'il Ae
, Jérôme et autres pères de l'Eglise) était un
pcriculum. Au type iimbilicus se rattachent terme do vénération, synonyme do pi^'re et
les formes vfr. ombil, it. ombelicn, bellico, mère dans le sens religieux En italien.
bilico, valaque buric, esp. ombligo, port, um- nonno, nomia signifient grand-père, grund'-
bigo, embigo, prov. ombelic et enfin le terme mère; cp. en lorrain nonnon, en n. pr.
scientifique français ombilic. L'agglutina- — nounnoun = onde. L'origine du mot n'est
tion de l'article se remai-que également dans pas encore sûre, bien que Scaliger ait avancé
le cat. llombrigol; dans la transformation do une provenance égyptienne. -^ D. nonnette,
lombril en nombril, le synonyme geimianique nonnerie.
nabel, ni. navel, nord, nafli, m. s., n'aurait-il NONOBSTANT, prépos., pr. un participe à
pas exercé quelque influence? l'ablatif absolu non-obstant cela équivaut à
:

NOMENCLATEUR, -TURE, L. nomendator, la phrase latine « hoc non obstantc » , litt.


-tiira (nomen-calo, xziwj. cela ne formant pas obstacle. Cp. moyen-
NOMINAL, etc., voy. nom. nant, pendant, durant, autres participes
NOMMER, voy. nom. — Cps. renommer, présents ayant pris la valeur de préposi-
tions.
d'où le partie, passé renommé (\. c. m.) et le
subst. verbal renoyn; surnommer, NOPE, petit nœud dans le drap, du vlia.

NON, L. non. et v. flam. nappe, hoU. nop; de là le verbe


noper, arracher les nœuds. Le mot germa-
NONAGÉNAIRE, L. nonagenarius.
nique noppe est une variété de l'ail, knopf,
NONANTE, L. nonaginta.
NONCE, L. nutitius, messager. — D. non- nécrl. hnoop, angl. knop, nœud, bouton,
NOQUET. voy. noue.
ciature; verbe noncer", L. nuntiare.
NORD, do l'ags. nordh, angl. north
NONCHALANT, non chalant, qui no se
p.

NORMAL, L. normaJis (norma). D. anor-
soucie de rien, qui ne s'échauffe pour
pr.
mal{\. c. m.).
rien. Chalant est le part. prés, du vieux verbe
chaloir (v. c. m.) =
être d'importance, puis
NORMAND {d paragogique, comme dans
metti'e de la chaleur, de l'ardeur, de l'empres-
alleniaii(f), du gerjn. nord-man, homme du
sement dans une affaire. On employait autre-
noi'd. — D. Normandie.
fois aussi le verbe négatif «oncAa/oir;" Depuis
NORME, L. nortna.
NOS, plur. do nostre, notre, p. nost-s. Cp.
longtemps la loy avoit demouré oubliée et
nonchalue " (Al. Chartier). D. noncha- — dispos p. dispost -\- s.

lance, nonchalander' —
Nicot a eu la bizarre
.
NOSTALGIE,
retour, yi/iv, maladie).
pr. maladie du retour (voVto,-,

• idée de rattacher notre mot au gr. vu^î^^i.


lourd, paresseux. C'est par trop d'érudition !
NOTAIRE, L. notariiis, copiste, scribe.
NONE, du L. nonus, neuvième. Dans plu- D. notarial, -at, notarier.
sieurs patois, comme en anglais (noon), le NOTE, L. nota noter, L. notare ; mar- =
mot s'est conservé avec le sens de midi et de quer, d'où notable, L. notabilis, remarquable
repas de midi, diner. En vfr., noner signifiait (subst. notabilité^; notation. L. notatio; adv.
goûter, faire un repas vers le soir. La neu- notamment, pr. ^== en notant.
vième heure après minuit correspond à neuf NOTICE, L. notitia (notus), connaissance,
heures du matin; la neuvième heure, comptée NOTIFIER, L.notificare (= notum facere).
à la manière romaine, correspond à trois — I). notification.
heures du soir. Les deux manières de compter NOTION, L. notionem (noscere),
ne cadrent pas avec la signification de midi. NOTOIRE, L. notorius; la signification
Mais, comme le remarque Grandgagnage, classique " qui fait connaître » a tourné on
encore sous François \", on nonoit ou dinait à celle de connu. — D. notoriété.
neuf heures ; ce philologue cite, pour le dé-
NOTRE, NÔTRE, nostre', L. noster.— La
montrer, le dicton suivant :
distinction orthographique entre notre ci nôtre
I.ever à cinq, diner à neur. est affaire de pure convention.
Souper à. cinq, coucher à neuf.
Fait vivre d'ans nonante et neuf. 1. NOUE, t. d'architecture, endroit où
deux combles en angle rentrant,
se joignent
« On a donc d'abord, dit-il, nommé le
tuile creuse, etc. Le sens étymologique est
dîner d'après l'heure à laquelle il se prenait;
canal, gouttière, etc. La forme noue (aussi
ensuite, cette heure ayant été successivement
non, noe, nouve, etc., dans les dialectes; a été
reculée jusqu'à midi, on l'a néanmoins dési-
précédée d'une forme noque (BL. noccus) à
gnée par le nom du diner, quoique ce nom
laquelle ressortit le dimin. noquet (terme de
fût devenu inexact par son sens étymolo-
gique. « Les Allemands continuent bien à
plombier). —
Dérivés de noue : nou^tte, tuile
bordée d'une arête, noulet, nolet, p. nouelet,
appeler leur diner un mittag-essen {manger
de midi), quelle que soit l'heure où l'on
gouttière, etc. — Le mot est d'origine gei'ma-
nique et correspond au vha. nôch, cuniculus,
prend ce repas.
foramen, nha. nnche,nache, canalis, cp. aussi

nam
NONNE, BL. nonna, dont
a déterminé la forme secondaire non^
l'accusatif î?o?î- vha. nochs, imbrex. —
A la même famille
parait appartenir le lang. non, nauc, naucQ,,
.

iNOY — 359 NYM


auge à pourceaux, auge de moulin à foulon, dans la basse latinité, en celui de tuer par
fosse à tan on peut ceijendant les ramener immersion. — D. noyade, noyon.

;

aussi à navis, 'navicus, vaisseau. NU, vfr. nut, L. nudus. D. nudité., L.


2. NOUE, lieu bas où se jettent les eaux nuditatem; nuesse =^ nue-propriété.
des rivières lors de leurs débordements, puis NUAGE, voy. nue. —
D. nuageux.
terre grasse de pâturage; paraît être le même NUANCE, voy. nue. —
D. nuancer.
que le pi'écédent. NUBILE (mot savant), L. nubilis (nubere).
NOUER, voy. nœud. Cps. dénotier,— — D. nuhilité.
7'enouer. NUDITÉ, voy. wu.
NOUET, dimin. de nœud; it. nodetto. NUE, L. nubes. —
D. nuage; m«er, assom-
NOUETTE, voy. noue 1. brir, foncer, ombrer (litt. ennuager); d'où

NOUEUX, voy. nœud. nuée et nuance (cp. pour ce mot le terme ail.
NOUGAT, voy. noix. schattirung, action d'ombrer). On a, à —
NOUILLE, de l'ail, nudel, m. s. tort, dérivé nuer tantôt de nutare, fléchir,
NOULET, voy. noue 1. tantôt de mutare, changer.
NOURRAIN, anc. nourrin, prov. noirim, NUER, voy. nue.
du L. nutrimen, nourriture. NUIRE, L. (forme barbare) nocëre(cp. luire
NOURRICE, 1 . du L. nu-
celle qui nourrit, de lucëre). A côté de nuire, l'anc. langue avait
tricia (saint Jérôme) =
nutrix; 2. action de aussi, selon la bonne forme noccre, nuisir,
nourrir, allaitement, dans « mettre en nour- îjoî^z'r (prov. nozer, v. esp. nocir)\ cp. luisir*

rice ", du L. nutricium. D. nourricier. — de lucere, plaisir de placere, taisir* (p. taire)
NOURRIR, norir', prov. noirir, du L. nu- de tacere. Cet infinitif ancien nuisir est plus
trire, —
D. nourriture, L. nutritura nour- ; en rapport avec la conjugaison du verbe et
risson (y. c. m.). avec les dérivés nuisance et nuisible (vfr.
NOURRISSON, vfr. noriçon, anc. subst. nuisable).
fém. =
nourriture, éducation, d'après Diez, NUIT, vfr. noit, du L. noctem (cp. huit de
de L. nulritionem ; par la conversion du sens octo). — D. nuitamment, cp. BL. noctanter
abstrait en sens concret, accompagnée d'un (le vfr.nuitantre vient, selon Diez, de l'abla-
changement de genre, s'est produit nourris- tif comme soventre do sequcnte) ;
noctante,
son, enfant qui est en nourrice cp. élève subst. nuitée; verbe s'anuiter.

;

(fém.), action d'élever, et élève (masc), celui NUL, L. nullus. D. nullité.


qu'on élève la jjrison (vfr. l'arrestation) = NUMÉRAIRE, L. numerarius' (numerus) ;
et le prison (vfr.
;

=
le prisonnier); ep. sur- c^?,. surnuméraire, L. supernumerarius ; —
tout polisson. —
Hornung (Grôb. Ztsclir., wwwemZ, L.numeralis; numérique, L. nume-
VI, 436) proteste contre l'équation nouriçon ricus*; numérateur, -ation, L. numerator,
:^ nutritionem, ce mot latin postulant plutôt -atio (numerare)numératif, numéro, forme
;

norison (cp. trahison) il propose par consé-


; d'ablatif du L. numerus.
quent un type nutricationcm, i^omanisé par NUMÉRO, voy. l'art, préc. —
D. nuynéroter.
nutrictjon. Ses doutes sont certainement légi- NUMISMATIQUE, relatif aux médailles ou
times, mais ne pourrait-on pas attribuer l'ir- monnaies, du L. numisma, -atis, gr. vôfiiifix,
régularité à l'influence de nourrisse L. = monnaie. —
D. numismate, numisrnatiste
nutricia ? NUNCUPATION, -ATIP, du L. nuncupare,
NOUS, vfr. nos, L. nos. nommer, énoncer.
NOUVEAU, nouvel', L. novellus (novus). — NUPTLAL, voy. noces.
D. nouvelle, d'où nouvelliste; vfr. novelté, NUQUE, nuche, it., esp., port., prov.
vfr.
auj. nouveauté; verbe renouveler. — Les nuca. L'étymologie tirée des mots allemands
novelles [novellœ] de Tliéodose et de ses suc- équivalents ge-nick, tiacken (angl. ncch, cou)
cesseurs, comme celles de Justinien, sont ainsi ne s'accorde pas avec la lettre u. Diez rat-
nommées parce qu'elles sont postérieures à la tache par conséquent le mot roman directe-
rédaction de leurs codes respectifs. ment au L. nux, nucis, en invoquant l'expr.
NOVALE, L. novalis (novus), qu'on laboure sicilienne nuci di lu coddu (= noce dello
pour la première fois. collo vertèbre du cou Cla forme nuca, à la
,

NOVATEUR, -ATION, L. novator, -atio vérité, fait quelque difficulté); dans sa pre-
(novus). mière édition, il avait proposé le néerl. nocke,
NOVEMBRE, L. november (novem), neu- qui signifie à la fois coche de flèche (cp. angl.
vième mois de l'année romaine. nock, notch) et colonne veilébrale (les idées
NOVICE, L. novicius (novus). D. novi- — cran et articulation se touchent), mais il pense
ciat. que ce mot néerl. est plutôt le correspondant
NOYALE, sorte de toile à voiles; de la ville de l'it. nocca, cheville du pied, que de nuca.
de Noyai (Côtes du Nord), lieu de fabrica- Notre mot ayant signifié autrefois moelle épi-
tion. nière, Littré reprend l'étym. arabe noucha,
NOYAU, vfr. noial, noiel, voy. noix. — moelle épinière, qu'avait repoussée Diez.
D. noyalière. NUTATION, L. nntationetn /nutare).
1. NOYER, subst., voy. noix. NUTRITIF, NUTRITION, termes savants,
2. NOYER,
verbe, vfr. neier, nier, prov. du L. nutrire = fr. nourrir.
negar, esp., port. e-n«^ar, du L. necare, dont NYMPHE, L. nym^ha [wfj^foi). — D.nym^
le sens générique tuer s'est individualisé, phée,
OBO — 360 — OCC

O
OASIS, gr. Ixik;. OBOMBRER, L. ob-umbrare, ombrager.
OB... Ce préfixe latin, modifié suivant l'ini- OBREPTICE. L. obrepticius (de obrepere,
tiale du radical qu'il précède, en oc, of, se glisser furtivement); obreption, L. obrep
op (parfois o, obs, os), n'a pas été employé tionetii.

comme élément de composition dans les lan- OBSCÈNE, L. obsceniis. — D. obscàiitd.


gues romanes, et ne se trouve donc que dans OBSCUR, vfr. oscur, L. obscuriis. — D.
des vocables venus tout d'une pièce du latin obscurité, L. obscuritas ; factitif obscurcir.
ou créés par les savants. Néologismes obscurant (ou obscurantirC),
:

OBÉIR, L. obcdire (audire). —


D. obéissant, d'où obscurantisme.
-ance; direct, du L. obedientia vient le terme OBSÉDER, L. ob-sidere (cp. posséder de
savant fr. obédience. j)ossidere), dont le supin obsessuni a donné les
OBÉLISQUE. L. obeîiscus (58î)i«o;). subst. obsessio, obsessor, fr. obsession, obses-
OBÉRER, L. ob-œrare (ne se trouve em- seur.
ployé en latin qu'au part, passif obœi'atus = OBSÈQUES, BL. ob-scquiœ = L. exse
fr. obéré). quia'.
OBÈSE, L. ob-esus, pr. qui s'est gorgé de OBSÉQUIEUX, L. ohseqidosus (de obse-
nourriture. —
D. obésité, L. obcsitas. quiton, obéissance). D. obséquiosité.—
OBIER, arbrisseau appelé par Linné « vibur- OBSERVER, L. observare (litt. garder de-
num opulus «; Littx'é y reconnaît un mot hypo- vant les yeux ; cp. le terme regarder). D. —
thétique fr. ube, dont la forme répond correc- obsei'vance, L. observantiu; observation,
tement au L. opulus (it. oppio), érable, affublé ateur,h observatio. -ator; obsei'vatoire{c\).,
de la teiminaison ter, qui appartient à une pour la vaU'ur du suffixe, le mot laboratoire).
foule de noms d'arbres. Je crois plutôt que OBSESSEUR, -ION, voy. obséder.
obte7' n'est qu'une variété graphique d'aubier OBSDIENNE, L. obsidianum vitrum (de
(v. c. m.). Obsidii's, a découvert cette pierre).
(jiii

OBIT (mot savant), service de mort, du L. OBSIDIONAL, L. obsidionalis (de obsidio,


obtins (ob-ire). décès. — D. obitiiaire. siège).
OBJECTER, L. objectare (fréq. de ohjicere OBSOLÈTE, = hors d'usage, L. obsoletus,
= vfr. obicier, cp. ail. vor-toerfen):, objection, usé, suraimé.
L. objectio ; objectif, L. objectivus*, d'où ob- OBSTACLE. L. obstaculum (ob-stare).
jectiver, -ivité. OBSTÉTRIQUE, L. obstetrica ars, art des
OBJET, du L. objectus, 1. action de mettre sages-foiiiiiies (do obstetrix, litt. assistante).
sous les yeux, 2. chose mise sous les yeux ; do OBSTINER (S"). L. obstinare. — D. obstiné,
cette deuxième acception vient la valeur ac- atioii, Ïj. ()l)stinatus, -atio.
tuelle du mot, Cp. en ail. les termes analo- OBSTRUER, L. ob-struei-e. Le verbe fr avec
gues vorwurf, sujet (d'un discours, etc.), sa terminaison en er fait disparate avec les
gegcnstand objet (en général).
, formes congénères instruire, construire, dé-
OBLAT, mot savant (cp./)r<?/af), du L. obla- truire; il faudrait ostruire; aussi bien est-ce
tus, part, passé de offerre, donc litt. qui s'est un mot de formation savante. Cps. dés- —
offert ; oblation, L. oblatio. obstruer. — Du
supin latin obstructum :

OBLIGER, L. sens moderne


ob-ligare (le subst. obstnictionem, fr. obstruction.
« attacher qqn. par la reconnaissance en lui OBTEMPÉRER, L. obternperare.
rendant service » est étranger au mot classi- OBTENIR, L. obtinere, supin obtentum,
que). —
D. obligeant (l'ail, a le tei'me ana- d'où le subst. obtentio, fr. obtention.
logue verbindUch), d'où obligeance (mot nou- OBTURER, L. ohturare, boucher. D. —
veau); obligation, -atoire, L. obligatio, -ato- obturation , -ateur.
rius; désobliger, faire le contraire d'obliger, OBTUS, L. obtusus, émoussé (obtundere).
contrarier, faire de la peine. — Sous allier, OBUS, esp. obuz; l'ail, dit haubitze (angl.
j'ai faitremarquer le fait que, contrairement howitz), mais il ne parait pas y avoir de rap-

à ligare et alligare, obligare n'avait pas subi port étymologique entre les deux mot.'!, à
la syncope du ^; j'en attribuais la cause au moins que l'on n'admette que obus .soit pour
caractère plus moderne du mot; cependant, obis et que ce dernier reproduise la forme it.
obliger se voyant déjà dans des textes du obizzo. —
L'ail. Jiaufnitz, auj. liaubitzc, est
xiii" siècle, il vaut mieux expliquer le main- venu à la .suite de la guerre des hussites, du
tien du g par le besoin d'éviter l'homonymie bohème haufnice, fronde à pierres. D. —
avec oblier =
oublier. obusier, obuserie.
OBLIQUE, L. obliquus. —
D. obliquité, L. OBVIER. L. ob-viare, pr. .se mettre dans le
obliqnitas; obliquer, L. obliquare. ^chemin [via),
OBLITÉRER, L. ob-literare, effacer. D. — OC (langue d"), voy oui.
oblitération, L. obliteratio, OCCASION ochoison, achoison, ochi-
(vfr.
OBLONG, L. ob-longus, de forme allongée. son),L. pccasioncm, de oc-cidere (cadere),
OBOLE, L. obohis [ôèrAd;). tomber (cp. accident de ac-cidere, îitt. ail. =
.

ODI 361 — OFF

zu-falJ). L'occasion est donc pr. chance, ren- ODONTALGIE, mal {i.).-jU) aux dents (èo^û,-,

contre ; le mot synonyme occurrence n'a pas


d'autre sens étymologique. L'ail, dit gelegen- ODORANT, ODORAT, etc.voy. odeur.
heit, àegelcgen, situé, placé à propos, oppor- ŒCUMÉNIQUE, qui appartient à toute la
tun. — D. occasz'ojmer, donner occasion, don- terre habitée, du gr. olAouixi-i-ri, (terre) habi-
ner lieu ;
occasionnel. tée.
OCCIDENT, L. occidens (oc-cidere) == cou- ŒIL, vfr. oil, œl, prov. olh, esp. ojo, port.

chant. — D. occidental. olho, it. du L. oculus (dim.de ocus


occhio, =
OCCIPUT, mot latin (ôb + caput), gén. oc- ail. auge). Leyeux est p. ieux, moda-
plur.
cipitis, d'où l'adj. occipital. lité vocale de eux =• euls ou uels. Qui pour-
OCCIRE*, tuer, L. occidere (ob -j- csedere); rait direpourquoi l'on s'est écarté de la règle
supin occisum, d'où L. occisio, fr. occision . en ce qui concerne le pluriel du mot œil, sur
OCCLUSION, L. occlusiotiem (de occludere, quel fondement légitime on a établi une dis-
fermer). tinction entre œils et yeux ? Au même titre,
OCCULTE, L. occultus (oc-culere). Du — on aurait pu conserver les anc. formes pa-
fréq. occultare : subst. occultation, L. occul- raux, consaux, etc., comme plur. àa pareil,
tatio. conseil, etc. — D. œillé, œillère, œillade,
OCCUPER, L. occupare (ob -j- capere), œillet. ,

premier sens s'emparer, se saisir de qqch.


: ŒILLADE, it. occhiata, de œil. — D. œil-
— D. occupation, -ateur. L. occupatio, -ator. lader.
OCCURRENT, qui survient, L. oc-currens. ŒILLET, 1 , petit œil; de là le terme de jar-
— B^occurreiice, rencontre, occasion. dinage et d'optique œilleton; 2, nom d'une
OCEAN. L. oceanus (ôj/savoç). fleur ;
je ne saurais motiver cette dénomina-'
OCHLOORATIE, gouvernement de la popu- tion ; les Allemands nomment la fleur en
lace (gr. Syloi). question nelke p. nâgelke, c.-à-d. petit clou ;

OCRE, L. ochra, du gr. ôr/pdi, d'un jaune 3 petit trou fait à une étoffe pour y passer un
pâle. — D. ocreux. lacet,
OCTA- ou OCTO-, élément de composition, ŒILLETTE, pavot, puis huile de pavot;
du gr. i/T'i), en composition o/.rx. anc. aussi œillet, huillet, dimin, du vfr. œille,
OCTANT, L. octayis, m. s. (pr. huitième du = fr. mod. huile, L, oleuni. Le pic. dit oul-

cercle). lette.

OCTANTE, L. octaginta, p. octoginta. ŒSOPHAGE, gr. oUoffk-zoi (porte-manger),


OCTAVE, espace de huit jours, intervalle ŒSTRE, L. œstrus (gr. ohrooi), taon.
de huit tons, du L. octavus. Le sens huitième ŒUF, L. ovum. D. œuve'. —
a tourné en celui de huitaine. D. verbe oc- — ŒUVRE, ouvrage, subst, verbal de ouvrer,
tavier ; format in-octavo =
en huit (la grande ou direct, tiré du L. opéra, travail, peine. Au
fouille étant pliée en huit feuillets). sens de « chose faite », et surtout comme
OCTOBRE, vfr, octembre, uitouvre, hui- terme collectif « ensemble des œuvres d'un
tième mois de l'année romaine, L october auteur », le mot vient du L. opéra, plur. do
(octo). opus, œuvre. —
D. désœuvré, manœuvrer.
OCTOGÉNAIRE, L. octogenarius. OFFENSE, du L. offensa, heurt, lésion,
OCTOGONE (gr. oxTO)-/wv9f), à huit angles. offense (de offendere), ou tout simplement le
OCTROYER, vfr. otrier, it. otriare, esp. subst. verbal du wevhc offenser
otorgare, port, outorgar, prov. autorgar, au- OFFENSER, L. offensare, fréq, de offen-
trcijar, d'un type latin auctoricare p. aucto- dere = vfr. offendre. — Du supin latin offen-
rare, confirmer, accorder définitivement. — sum : offenseur, L. offensor, et offensif, L. of-

D. octroi. a nommé spécialement octroi


On fensivus, d'où le subst. offensive.
un impôt mis sur certaines marchandises à OFFERTE, voy. offrir. D. offertoire, d'un —
l'entrée des villes, parce qu'il appartient à ces type latin offertoria.
villes en vertu d'une concession, d'un octroi 1. OFFICE, masc, L. officium, service,
du gouvernement. fonctions. —
D. verbe officier (d'où officiant);
OCTUPLE, L. octiipJi'.s. —
D. octupler. subst. officier, L. officiarius officiai, anc, ;
=
OCULAIRE, OCULÉ, OCULISTE, dérivés du officier (dans des applications spéciales); adj,
L. ociilns --= fr, œil. officiel, L, officialis; officieux, L. officiosus,
ODALISQUE, du turc odalik, pr, cham- m. s.

brière, femme attachée au service des sul- 2. OFFICE, fém., lieu d'un hôtel où l'on
tanes, garde ou prépare le fruit pour la table, où se
ODE, L. ode (i>^-/,, chant). Du dér. ô)Sù.ov, fait le dessert. Ce mot, quoique de genre diffé-
local destinéaux exercices de chant ou de mu- rent, est peut-être le même que le précédent ;

sique, vient L. odeum, fr. odéon. il aura été appliqué dans une circonstance
ODEUR, L. odorem. —
Du L. odorare, par- spéciale et sera resté en usage c'est comme si ;

fumer, vient odorant; du L. odorari fane. fr. on disait le « service » D'un autre côté, il
. —
odorer), flairer, l'adj. adorable, et les subst. se pourrait aussi que le fém. office représen-
odorat et odoration, L. odoratus, -atio odori- ; tât un type latin officia, primitif de officina,
férant est une formation nouvelle p. odori- lequel terme latin (pr. =
atelier, laboratoire)
fère, L. odorifer. se rencontre fréquemment dans la latinité du
ODIEUX, L. ofZîo.'MS (odium). moyen âge, en parlant des monastères, avec
. ,

OIN — 362 — OMR

le sens de " sedicula qulbus asservantur quœ


:
OING, voy. oindre.
...OIR, OIRE, suffixe masc, répondant au
ad victus aut alios usus monacliorum spec-
L. orium (dortoirt directoire, purgatoire) lo
tant », donc chambre à provisions.— D'après
;

suffixe DIRE, dans les subst. fém., rci)rôsonto


la définition établie par Jean de Gènes offi- :

cina locus sunt officia, c.-à-d. les offices,


iibi L. oria (victoire, histoire}, dans les adjectifs,
les services manuels, les métiers
^ministoria), L. orius, a, um {notoire, transitoire).
...OIS, suffixe d'adj. et de subst. répondant
on est tenté" de croire à une parenté d'ori-
I) à L. ensis {bourgeois. Bruxellois):, 2) à L.
gine entre officium et officina. Il n'en existe
iscus (franciscus, françois', theotiscus, thiois';
pas cependant, car il est à peu près certain
cp. disciis, fr. dois' (dais).
que officina est une contraction de opificina,
et vient de npifex, ouvrier. OISEAU, oisel', it. uccelio (aussi augeîlo),
prov. ausel. d'une forme BL. aucellus p. avi-
OFFICIEUX. -lEL, -lEUX, voy. office 1
OFFICINE, pr. atelier de travail, plus tard
cellus. —
D. oiseler d'où oiseleur, oiselier,
dim. oiselet, oisillon.
oisel leine;
spécial, laboratoire du pharmacien, du L.
officina, voy. office 2 — D. officinal.
OISEUX (^ qui no fait rien ou qui ne sert
à rien), reproduit L. otiosus; quant à oisif, il
OFFRANDE, OFFRE, voy. offrir.
accuse par sa facture un ancien primitif oise,
OFFRIR, p. off'crir, \t. offei'ire.c&t.ofei'ir,
représentant le L. otium.
d'un type latin offcrire p. offerre; du partie, —
OISIF, voy. oiseux. D. oisiveté.
barbare offertus vient le fr. offert, d'où le
subst. participial offerte; du partie, passif
OISON, voy. oie. —
D. oisonnerie.
OLÉAGINEUX. L. oleaginosus' , forme cx-
offcrendus vient offrande, pr. chose à offrir,
puis chose offerte. —
Subst. verbal de offrir:
tensivo do olcaginus (oloum).
OLÉANDRE. laurier-rose, it. oleandro, esp.
offre, 1. action d'offrir, 2. ce que l'on offre.
eloendra, port, eloendro, loendro; ces formes
OFFUSQUER, L, of-fiiscare (Tertullicn),
diverses sont gâtées de lorandrum, mot cité
obscurcir, ànfuscus, sombre.
par Isidore. Ce dernier parait à son tour être
OGIVE, anc. aussi aiigive; ce mot est géné-
une corruption de rhodrulendnim, sous l'in-
ralement tiré de l'ail, auge, néerl. oog, oeil, fluence de quelque allusion à laurus, laurier.
parce que les arcs des cintres dans les voûtes On a aussi songé, vu le caractère vénéneux
gothiques forment des anglescurviligncs sem-
do l'oléandre, à un type gr. ô)i75tv5|30i qui =
blables à ceux du coin de l'œil ; Ménage le
détruit l'homme.
dérive du fr. auge (donc litt. « en forme = OLFACTIF, dérivé du subst. L. olfactus,
d'auge «); Le Héricher, approuvé par Littré,
odeur {olf'acere, rac. ol p. od).
de augere, l'arc en diagonale augmentant la
OLIBAN, encens, d'après Lassen, de h.oleum
force de la voûte et de l'arêtier. D. ogival. — du baumier.
libaiii, huilo
OGRE, pour orgue, it. orco, esp. huerco, OLIBRIUS, étourdi qui fait l'entendu, du
ogro, ags. orc, du L. Orcus, dieu des enfers. nom d'un sénateur romain sans capacité, pro-
— D. ogrerie, clamé empereur d'Occident en 472.
OIE, vfr. oe, oue, prov. auca, esp., port., OLIFANT, cor des chevaliers errants, pr.
it. oca, direct, du BL. auca. Ce dernier est ivoire, du L.elephas -antis (prov. olifan, flam.
l'effet d'une contraction de avica, formé de
oiefont).
avis, comme natica de isatis, etc. (cp. raucus gouvernement
OLIGARCHIE, gr, ô'ufxpyia,
p. ramcus). Le terme clas.sique anser a été d'un i)otit nombi'e (àif/oi).
supplanté par avica ou auca, l'oie étant en-
OLIM, mot latin =
autrefois; de là les
visagée, au point de vue de l'économie domes-
olim =
les anciens registres du Parlement
tique, comme l'oiseau par excellence. C'est
de Paris dès 1313.
ainsi que les bœufe et les vaches, comme con- OLINDE, sorte de lame d'épée, venant deU
stituant les animaux principaux d'une exploi-
ville d'Olinde dans le Brésil d'après d'autres,
;

tation rurale, étaient désignés par le terme


de Solingcn en Wostphalie (en effet, des so-
générique aumaille = L. animalia. Nodier,
lingucs a i)U se gâter en des olindes).
plus
mot oie
commodément, trouve
dans le cri de l'oiseau!
l'étymologie du

D. oison
OLIVE, L. oliva {D-Ati). —
D. olivier, oli-
vaire, L. olivarius ; olivaison, du L. olivare,
i\'sreproduit le c du primitif latin, cp. cler- olivâtre; olivet, L. olive-
récolter les olives ;
çon de clerc et le mot oiseau). Les gloses de danse en
tum; olivète, olivetier; olivettes,
Cassel ont déjà le type latin aucionem
usage chez les Provençaux après qu'Us ont
OIGNON, prov. itgnion, du L. iinionem, cueilli les olives.
m. s. — D. oignonet, -ière, -ade.
OLLAIRE, L. ollaris (de olla, pot).
OIL (langue d'), voy. oui. OLOGRAPHE, gr. èU/poc:^oi == écrit en
OILLE, OUILLE, de l'esp. olla Cpotage de entier.
différentes racines et viandes), qui est le OMBELLE, du L. umbella, parasol (umbra).
L. oUa fvfr. oie), terrine, marmite. Sous l'influence du mot ombre, on dit aujour-
OINDRE, L. ungere, d'où, parle supin iinc- d'hui p parasol, ombrelle, au lieu de ombelle.
tum, les subst. 1. L. imctio, fr. onction; Cp. gr. n/ixcto-j, L. umbracidum == om-
2. L. unctus, d'où l'adj. onctueux. Le subst. brelle.
oing répond au h.unguen; \a, ïoYme onguent OMBILIC, t. de botanique et d'anatomie,
au L. unguentxim. —
On appelait jadis les du L. vmhilicus, nombril. Voy. nombril. —
parfumeurs des ointiers, 1. OMBRE, L. timbra. D. ombreux. —
ONC — 363 — OPP

L. umbrosus; ombrer, L. umbrare; ombrage, patruus), par la forme contracte aimculus


1 ancien adj signifiant obscur, couvert, du
. . (cp. avtca = auca).
L, umbraticus; 2. subst., ensemble de = ONCTION, voy. oindre.
cboses qui donnent de l'ombre ; je suppose ONCTUEUX, voy. oindre. — D. onctuosité.
que le sens figuré défiance, soupçon, est abs- ONDE, unda.L. —
D. 07zdé, ondée, on-
trait del'adj. ombrageux. Du subst ombrage doyer, d'un type undicare =• undare. Du
viennent verbe ombrager, et adj. ombra-
: dim. L. undula viennent onduler, L. undu-
geux, " qui s'eflfraye de son ombre » Pour . — lare (d'où ondulation) et onduleux.
le mot ombrelle, voy. ombelle. ONÉRAIRE, L. onerarius", qui supporte la
2. OMBRE (te7're d'), bien que servant à charge [omis, ; onéreux, L. onerosus,
-eris)

om,brer, cette terre tire son nom de VOmbrie. qui pèse, qui est à charge.
3. OMBRE, poisson, L. iimbra. ONGLE, L. ungula. Notez le changement de
OMBRELLE, voy. ombelle. genre dans le mot fr. —
D. onglet, pr. pli
OMELETTE, patois amelctte. Les opinions faitavec l'ongle; ongle, en hist. nat. ongulé,
sur l'étymologie de ce mot culinaire sont va- du L. ungulatus; onglée.
riées; aucune ne peut satisfaire. Citons-les ONGUENT, ^L. ungentum (ungere).
brièvement 1. œufs mêlés (La Motte le
: ONOMATOPÉE, gr. ô-joixxtotzoXx, pr. action
Vayerj 2. animaletta, de anima, l'âme, ici
;
de faire un mot, surtout un mot imitatif.
= le dedans d'un œuf (Ménage) 3. â/xu^xTo-j, ;
ONQUES, voy. onc.
mot imaginaire, devant signifier « délayé ONYX, L. onyx, gr. SmX, pr. ongle du
ensemble » (Lancelot) ; 4. ovum molle, œuf doigt ; l'agate a été ainsi nommée à cause de
mollet (Bourdelot) 5. o/xû.iv., composé imagi- son brillant.
naire de wov, œuf, et de ^aè^ii, miei; 6. BL.
;

ONZE, du L. undecim. D. onzième. —


obleta, oublie, nasalisé en ombleta (Atzler). OPALE, L. opalus {oTzxlhoi).
— La forme ancienne et la plus répandue île OPAQUE, L. opacus. — D. opacité, L. opa-
ce mot est amelette, mais celle-ci, à son tour, a citas.
été précédée de alemette, alemelle ou alumelle, OPE. t. d'architecture, L. [oTt-fi).

pr. lame (l'omelette étant plate comme une OPERA, mot italien (en ail. oper), corres-
lame). C'est là que Littré, avec raison, trouve la pondant littéral du fr. œuvre (v. c. m ).
solution de ce problème culino-étymologique. MM. Noël et Carpentier ont mal rencontré
OMETTRE, L. o-mittere, d'où, par le supin en voyant dans opéra l'idée du plur.L. opéra,
om,issum, subst. omissio, fr. omission. les ouvrages « parce que l'opéra est la réu-
OMINEUX, lu.ominosus[omeTi). nion de plusieurs ouvrages ou l'ouvrage de
OMISSION, voy. omettre. plusieurs, le poète, le musicien, le peintre ou
OMNIBUS, mot latin, sign. « pour tous », décorateur contribuant à la confection de ces
à l'usage de tout le monde. La chose et le nom sortes de pièces » Il n'y a dans le mot opéra
.

datent, dit l'histoire, de 1829. qu'une particularisation du sens générique


OMNIPOTENT, L. omnipotens = tout-puis- « composition ». Cp le sens spécial donné au

.

sant. mot générique fr. compositeur D. opérette. .

OMOPLATE, du gr. w//.oû 7r)àT-/j, le plat de OPERCULE, t. d'histoire naturelle, L. oper-


l'épaule. culurn, couvercle.
ON, vfr. hom, om. C'est le latin homo. OPÉRER, L. opjerari (opus), dont la langue
« On représente littéralement homo,
dit >' vulgaire a fait ouvrer. —
D. opérateur, -ation,
dicit, logiquement =: homines dicunt. Cette -atoire, L. operator, -atio, -atorius.
origine du pronom indéfini explique son em- OPHlCLÉIDE,nom technique donné au ser-
ploi avec l'article, « l'hom dit, l'on fait ». Les pent à clefs, et forgé avec le gr. Sfii, serpent,
Allemands emploient de même 'man m,ann, = et y.h.ii, gén. x/îcSo'î, clef.
homme. Comparez l'emploi analogue du mot OPHTALMIE, -IQUE, du gr. à^BxlfAÔi, œil.
2)ersonne, dans « personne n'a jamais vu " = OPILER, obstruer, L. oppilare. D. opi- —
on n'a jamais vu. latif, -ation, dés-opiler.
ONAGRE, L. onagrus, du gr. ôvo; 5ypt5;, OPINER, L. opinari. — D. opinant, pré-
âne sauvage. opinant.
ONG*, ONQUES*, L. unquam. OPINION, L. opinionem. D. opiniâtre —
1. ONCE, (mesure), L. iincia (^ùyjtîa). — (mot du XVI® siècle qui paraît fait sous l'in-
D. onciale, grande lettre pour les inscriptions, fluence d'acariâtre}, d'où s'opiniâtrer, et opi-
du L. uncialis, qui mesure un pouce. niâtreté.
2. ONCE, jaguar, panthère, d'après Quatre- OPIUM, mot latin, tiré du gr. Ôttiov, suc
mère et Pihan, du persan nouz par l'inter- de pavot. — D. opiacé, opiat.
médiaire du port, onça, m. s. d'après Dicz, ; OPPORTUN, L. opportunus. D. oppor- —
vu la forme it. lonza, du L. lyncem,, lynx, ou tunité, L. opportunitas néolog. opportu-
;

plutôt d'une forme adjectivale lyncea, par nisme, -iste.


aphérèse de l'initiale; d'après Wackernagel, OPPOSER, déposer, d'après le Ij. opponere.
de iîo'vTto;, " appartenant à l'espèce du lion » De ce dernier, par le supin oppositum, vicn»
(on trouve, en effet, en mha. lunze, lionne). nent opposite, L.
; oppositus, opposition,
ONCIAL, voy. o)ice 1. L. oppositio, et oppositif.
ONCLE, du L. avitnciihis (oncle maternel, OPPRESSER, voy. l'art, suiv.
employé déjà dans la loi salique au sens de OPPRIMER, L. opprimere (premere), dont
. . . ,

ORA 364 — ORD


le supin oppresswn a donné 1. le verbe : ORANG-OUTANG, mot malais, signifiant
fréq. oppresser; 2. les subst. oppresseur, homme dos bois.
-ion, L. oppresser, -sio; 3. l'adj. oppressif. ORATEUR, L. oratorem (orare); adj. ora'
OPPROBRE, L. oj)probrimn. taire, L. L>ratorius; subst. oratoire, L. orato-

OPTER, L. optare, faire choix, fréq. d'un rinm (lion do prière).


ORATORIO, mot italien, correspondant au
ancien verbe op-ere, dont le supin optum a
donné le siib-st. optio, fr option. fr. oratoire. Le nom oraioino, en tant que
terme musical, vient, selon les uns, de Phi-
OPTIMISTE, qui croit que tout est au
mieux, du L. optimv.s, très bon. — D. c^ti-
lippe de Neri, fondateur de la congrégation
de l'Oratoire (mort à Rome en 1595), comme
misme.
ayant le premier introduit ce genre do repré-
OPTION, voy. opter.
OPTIQUE, gr. ô:rTt/.o,-, relatif à la vue. — sentations musicales ; selon d'autres, do ce
que le duc Annibal Marchesi, retiré dans un
D. opticien.
couvent do l'Oratoire à Naples en 1740, y
OPULENT, L. opidentiis (opes). — h. opu- écrivit des drames religieux pour le théâtre
lence, L. opulentia.
de ce monastère.
OPUSCULE, L. opusculum (opus). coup orbe, mur
1. ORBE, adj., dans «
1 OR, vfr. ores ; cette particule signifiait orbe », du L. orbus, pr. privé, d'où successi-
jadis maintenant, à cette heure auj. elle sert
;
vement les sons spéciaux orphelin, veuf, :

à relier une proposition nouvelle à une pro- aveugle, puis « qui no se voit pas, non appa-
position antérieure, et à marquer un léger rent ».
rapport de conséquence. Dans la vieille 2. ORBE, subst., t. d'astronomie, L.oriw.
langue, on aimait à renforcer or par donc — D. orbiculaire, L. orbicularis (du dim.
ou doncques. Cette conjonction a une valeur orbiculus).
toute spéciale dans le syllogisme. Elle vient ORBITE, L. oréî'to, trace d'une roue (orôts).
du L. hora, et correspond ainsi à l'esp., port. La vraie représentation fr. de orlnta est vfr.
hora, ora, it. ora, prov. ora, m'as, or ; cepen- orde. —
D. orbitairc, L. orbitarius*. Ce
dant l'o ouvert de ladv. fr. ore parait être même type orbitarius, au féminin, a donné,
l'effet d'une fusion des mots latins ha hora
dit-on, par l'effet, d'une contraction tout à
(Suchier, Grôb. Ztschr., I, 432). Elle entre, foit régulière, le vfr. et pic. ordiàre, d'où, par
avec l'acception temporelle de maintenant, le changement euphonique do d en n, s'est
dans la composition des termes dcsoB.mais et produit le fr. mod. ornière; mais voy. d'autres
doïiénavafit (voy. ces mots). Voy. aussi 7or5, explications s. ornière. Le thème primitif orô
alors et encore. s'est conservé dans la forme wallonne orbîrc,
2. OR, subst., L. awitm. —
D. vfr. orer, ourbire = ornière.
p. dorer (ce dernier vient du composé L. de- gr. èpyyrtzpx, place du théâ-
ORCHESTRE,
aurare) où s'exécutaient les danses (iy/ilt^-xi, dan-
ORACLE, L. oracuîum. —
D. oracuïeux.
tre
ser) ou plutôt les évolutions du chœur. Chez
ORAGE, esp. orage, prov. auratge, autr. les Romains, l'orc^e^fra était la place affectée
=^ vent, souffle. On distinguait « bel orage « aux sénateurs. Auj. le mot désigne 1. le lieu :

vent favoi"ablc, et « grant orage », tempête. où se tiennent les musiciens; 2. le corps des
Auj. la signification s'est rétrécie et ne com- musiciens d'un théâtre. —
D. orchestrer.
prend plus que ce dernier sens. C'est un dé- ORCHIS, plante dont les racines ressem-
rivé du vfr. ore, qui est le L. aura (it. aura, blent à des testicules, du gr. ép/n, -i5oî, testi-
ora, esp., port, aura), d'où vient aussi l'an-
— cule. —
D. orchidée.
cien mot orée, pluie d'orage. D. orageux. ORD, ORT, vieux mot =
vilain, sale (en t.
ORAISON, L. orationem (orare). de commerce, ort s'emploie encore en opposi-
ORAL, L. oralis (os, oris). tion avec net, « poids ort » =
poids brut), du
ORANGE, BL. arangus, arangia, aran- it. L. horridus, qui excite l'horreur, repoussant.
cio (à Milan naranz, à Venise naranza), esp. — D. ordure; verbe ordir', salir.
naranja, port, laranja (basque larania), cat. ORDALIE, vfr. ordel, jugement de Dieu,
taronja, valaque neranze, gr. mod. vsoàvT^i, BL. ordalium, de l'ags. ordûl, v. saxon ur-
V. flam. arangie, aranie. "Toutes ces formes déle, angl. ordcal, ni. oordeel, ail. iirteJ, ur-
diverses sont des défigurations plus ou moins teil, jugement.
fortes du persan narenj, arabe nâranja, hin- ORDINAIRE, L. ordinarius (ordo, -inis);
doustani naringe. La forme française est ordinal, L. ordinalis; ordination, L. ordina-
l'effet d'une relation imaginaire avec or; en tio.
effet, les Latins appelaient les oranges des ORDONNER, vfr. ordener (voy. ordre), du
pommes d'or, aurea mala. Du latin moderne L. ordinare. —D. ordonnance, vfr. orde-
pomum aitrantium, les Allemands ont fait le nance ; ordonnateur, L. ordinator; désor-
composé pomeranze. —
M. Eug. Fournier donné =
déréglé.
(Mém. de la Soc. de linguist. de Paris, I, ORDRE, vfr. ordene (l'accent sur o), prov.
122) démontre que la vraie source de ce mot orde, orden, esp. orden, it. ordine; de l'ace,
est le sanscrit nûgaranga, un des dix-sept latin ordinem (nom. ordo);c]').cofre de cophi-
noms sanscrits de l'orange, qui signifie éty- nus. —
D. verbe ordener', devenu par abus
niologiquement « rouge [ranga) comme du ordonner. —
Cps. dés-ordre, sous-ordre.
rninium (nâga) >.
ORDURE, voy. ord. —
D. ordurier.
. —

ORG — 365 ORN


ORÉE, lisière d'un bois, du vfr. or, bord ^= M. Baudry (Revue des langues rom. Vj, qui
L. ora, m. s. On disait autrefois aussi orière suppose dans orgueille subst. verbal d'un verbe
= lisière. Voy. aussi orle. orgucillir, qui serait le représentant fr. d'un
OREILLE, prov., port. ore77m, it. oreccTda, composé lat. adrecolligere. — D. orguilleux,
esp. oreja, du L auricula, dim. de aiiris. — s'enorgueillir.
D. oreiller, oreillard, oreillon ou orillon. ORIENT, L. orientem (oriri), levant. — U.
— Cps. essoriller (v. c. m.). oriental, orienter, pr. placer une chose dans
OREMUS, oraison, mot latin signifiant la direction de l'est (celui-ci trcHivé, les autres
« prions », de orare, prier. points cai'dinaux s'offrent d'eux-mêmes); opp.
ORFEVRE, du L .auri fabcr, ouvrier en or. dés-07'ienter.
— D. orfèvrerie ; orfévr'i. ORIFICE, L. orificium.
ORFRAIE, p. osfraie, du L. ossifrac/us, ORIFLAMME, aussi oriflamhc et oriflant,
brise-os. Pour s changé en r, cp. varlet' p. prov. au.riflan, d'abord l'étendard de l'abbaye
vaslet. —
L'angl. osprey, d'après Suchier, de Saint-Denis, qui était de soie rouge avec
n'est de même origine; il représente,
pas une hampe dorée (voy. Du Gange, s. v. auri-
comme vfr. orprès, le ^v(iCO-\'dX\r\.oripelargus flamma). C'est un composé de aurum, or, et
(cigogne des montagnes), gâté en oripera- de flamma, étoffe coupée en zigzag, en forme
(JUS. de flamme (cp. L. flammula, petit drapeau).
ORFROI, broderie employée en bordure, — Je préfère considérer oriflamme comme
galon, vfr. prov. aurfres, v. esp.
orfrais, issu de orie-flojnme de la Chanson de Roland
07'ofres, litt. =
auri fresium, fraise ou frise (cp. minuit p. mie nuit], où oric est un adj.
d'or (Isidore vestimentum aurifrisatunï). Le
: féminin.
BL. auriphrygium est une création arbitraire ORIGAN, L. Oiiganu.m [ipzi ,x-jo;).
(voy. frise), qui a prob. déterminé la forme ORIGINE, du L. origo, gén. originis. Ce
fr. orfroi. mot origine est de facture savante la bonne ;

ORGANDI, mousseline très claire. D'où ? forme française, à laquelle on n'aurait pas du
ORGANE ^mot savant), L. orfjanion (ôp^x-jo-^). renoncer, est le vfr. orine. — D. original et
— D. organique, L. organicus; organiser originel, L. originalis (d'où originalité) ori-

;

(cps. désorganiser), organisme. Le latin ginaire, L. originarius.


orga)ium, instrument, a régulièrement donné ORIGNAL, élan du Canada; la bonne forme
le fr. orgue, vfr. et angl. organ [d'où 07'ga- est orignac, mot introduit en Amérique par
niste), ail. orgel. Au point de vue de l'Eglise, les Basques d'après leur mot orenac, cerf.
l'orgue était l'instrument par excellence. ORILLON, voy. oreille. —
D. orillonner.
ORGANISTE, voy. l'art, préc. ORIPEAU, oripeV, it. orpello, esp. oropel,
ORGANSIN, sorte de soies torses qu'on a prov. aurpel, pr. peau d'or, du L. auripellis.
fait passer deux fois par le moulin prob. un ORLE, anc. ourle, bordure, it. orlo, esp.
dérivé iiTégulier de organum, instrument.
;

— orla, d'un type orula, dim. du L. ora, bord;


D. organsiner. Q\), perle dejnrula. — D. dim. commu-
orlet,
ORGE, it. orzo, prov. ordi, régulièrement nément ourlet, anc. owelet; verbe ourler,
fait du L. hordeum. —
D. orgeat, boisson border, it. orlare, esp. orlar. — Caroline Mi-
primitivement faite avec de l'eau d'orge, du chaëlis tient it. orlo et esp. orla pour emprun-
sucre et des amandes orgelet, petite tumeur
;
tés au fr. orle, et identifie celui-ci avec ags.
ou en forme de grain d'orge, qui se
enfiui'e, orl, bord, qui, lui-même, est d'origine cçlti-
produit sur le bord des paupières; on dit que.
aussi orgeolet, dim. de orgeol, qui reproduit ORME, en vfr. aussi oume, prov. olme, du
le dim. L. Iiordeolus, employé, avec le jnéme L. idmus. —
D. ormeau, ormille, ormaie ou.
sens, par Marcellus Empirions ormoie, L. ulmetum.
ORGIE, gr. (spyta, fêtes de Baccluis. ORMIER, espèce de mollusque, aussi appe-
ORGUE, voy, organe. lée oreille de mer, du L. auris maris.
ORGUEIL, it. orgoglio, esp. orgullo, prov. 1. ORNE, sorte de frêne, L. ornus. D. —
orgolh,vfa\l.orgowe, orgou, faste, vanité; du or) lier.
vha. urguolt, subst. supposé de l'adj. urguol 2. ORNE, t. rural, du L. ordinem, rang,
= insigne, haut, hautain cp. vha. urgilo, rangée.
supcrbus, luxurians, ags. orgel, superbia.
;

ORNER, L. ornare. — D. ornement, L.


— Il faut rejeter les étymologies tirées du ornamentum, d'où ornementer,
gr. Qpy%ii-i, être enflé, ou de SpyiXoi, sujet ORNIÈRE, voy. orbite. — Fôrster(Ztschr.,
à la colère, et proposées par plusieurs III,262) n'est pas assuré sur la formation de
savants français. Chevallet place le mot sous ce mot par l'intermédiaire de ordière. En ad-
la rubrique roJi, mot breton signifiant fier, mettant même, malgré certains doutes, que
rogue, arrogant, en admettant une transpo- ordière, terme propre exclusivement aux
sition en ork, mais il se garde de rendre testes picards, soit issu de *orbitaria,\\. prouve
compte de la terminaison. Langensiepen pro- l'existence tout aussi ancienne de ornière et
pose orthocolium, subst. fictif de ort/iocolus ormiere et pense que nous pourrions bien avoir
(gr. ip'xi6y.',)\o:) =
qui a les arrticulations afl"aire à deux mots synonymes, mais d'origine
raides c'est assez bien imaginé pour la lettre,
; distincte. Quant à ornière, ce serait une mo-
mais peu satisfaisant pour le sens. Citons dification de ormiere et celui-ci un dérivé d'un
encore pour mémoire une conjecture de lat. fictif orma = it. orma « trace, piste ".
ORT — 366 OTA
dans parce (juc ces oiseaux luibit<»nt volontiers dans
G. Paris (Rom , VIII, 028; incline à Voir
les haies vives dosjardins.
ornière un dérivé du vfr. orne (rang, tile,
ligne, voie), une des deux formes qu'a
prises ORVALE, sauge sdaréo, litt. valant deVor.
ordene {l'autre est ordre) (v. c. m.j; dans ORVET, petite couleuvre dér. du L. or- ;

bus, aveugle (voy. orbe 1); cp. hlind-


ordièï-e une forme allégée de oi-driùre ou ord'
ail.

nière, car orbita est inconnu à toutes les


schleiche.

langues romanes (le wall. onrbire peut diffi- ORVIÉTAN, it. orvielano, du nom d'un
cilement venir de orbitaria). Il pense que la opérateur italien, qui s'appelait Orvietano
forme ormière vient de l'it. orma. d'après la ville d'où il était ; son nom véritable
ORNITHOLOGIE, science des oiseaux (o>»i- était Lujipi.
ORYCTOGRAPHIE, -L06IE. -6N0SIE; le
ORPAILLEUR, par corruption arjMiUeur, premier élément do ces composés est le grec
qui tire dos paillettes d'or du sable des fleu- ô/suxTo';, fos.silo.

ves. OS, L. os, ossis. —


D. osscl', d'où osselet;
ORPHELIN, vfr. orfenin, àér. du vfr. orfene, osseux, ossement; ossuaire, L. ossuarium ; os-
orfe, qui est le L. orphanus (ô/s^avs,-).
sifier, ossatui'e, désosser,
ORPHIE, VEsox bclone, poisson. Littré no OSCILLER, L. oscillare (do oscillum, petite
tente aucune étymologie. Jorct (Rom., IX, figure suspcMidue et agitée au gré des vents).
125) y voit une déformation du lioU. horen- OSCITANT,du L. oscitare, ouvrir la bouche,
visch, ail. hornfisch (même sens). On trouve
bâiller
aussi horfî ; et pour la manière de franciser tiré du L. axa-
OSEILLE, d'un type oxalia,
le germ. vis, ftsch, il rappelle stocphis, stoc- dérivé de l'adj. ôjû;, acre,
lis, gr. ôlstlii,
(mots constatés), escJefin (d'où aiglefin, aigre. En BL. on trouve acidula, ce qui s«ig-
fiz
aigrefin), précédés peut-être de esclefi, = gèro à Diez l'idée d'une foi-nio première
mlia. scelfisch. aceille, transformée par le peuple on oscille,
ORPIMENT, du L. auri pigmentiim, ma- puis oscille.
tieï^ pour peindre en or (Pline, XXXIII, iv, OSER, L. ausare', fréq. do aitdere (supin
22). L'ail, a gâté le mot en oj^n-ment. La ausimi). Im théorie do Chevallct. d'api-ès
forme orpin vient peut-être d'un type orpig- laquelle oser, divisa-, inciser, infuser, Icsn',
men, orpimen, cp. nourrin de nutrimen. peseï', raser, etc., viennent resp. de audere,
ORPIN, voy. orpiment. dividcre, incidere, infudere, lœdere, pendere,
ORQUE, mammifère marin, L. orca. radere, par substitution d'un s doux au (/ pri-
ORSE, OURSE, côté gaucho du vaisseau, mitif, est en contradiction avec une dos règles
cordage à l'extrémité gauche de la vergue, it. les plus élémentaires do la romanisation, (pii
orsa, pcov. orsa, du moy. néerl. lurts, bava- consiste à tirer les verbes des formes frérpicn-
rois lurs, = gauche, avec chute de 1'/ initiale,
tatives au lieu des formes naturelles du verbe
prise pour l'article.
corresjwndant latin.
ORSEÏLLE, it. orcella, rocella, angl. orchil
OSERAIE, dér. de osier.
et archil (Linné : lichen roccella) ; le mot est
OSIER, en Berry oisis, brot. aozil, wall.
altéré de orchelle, transposition de rochclle ; flam. du gr. sorte
woisir, V. loisse; oîïo;,
cp. le terme équivalent angl. j-ock-moss, étymologie douteuse en présence des
mousse de rocher. — Quatromère propose
d'osifr ;

l'arabe ouurs = memecylum


tinctorinm. — formes ausarice, osariœ (oseraies), qui se
trouvent dans des textes latins du ix* siècle.
D'après Littré, qui s'appuie sur Hœfor, Hist.
de la chimie, du nom de Federigo Rucellai OSMAZOME, terme scientifique fait de ài/jni,

ou Oricellari, qui, vers l'an 1300, introduisit odeur, et ^jijj.o;, bouillon.

dans les fabriques de teinture l'emploi de ce OST, vieux mot, = armée,


prov. host, ost,
lichen. esp. hiteste, it. oste;d\.\ L
ennemi, qui,
hostis,

ORT, voy. ord. dès les premiers temps du moyen âge, avait
ORTEIL, vfr. arteil, lang. artel, artelh, du pris le sens d'armée. En picard, ost signifie
L. articulus, pr. jointure, pais aussi doigt. encore troupeau. —
D. vfr. ostoyer, guer-
L'orteil a pris son nom comme étant le doigt royer, = it. osteggiare.

de pied par excellence. Cp. it. artiglio,— OSTENSIBLE, adj. moderne tiré du supin
griffe, esp. artijo, port, artelho, membre, ôstensum de ostendere (obs-tendo), montrer,
articulation. d'où aussi ostensif, et le subst. ostensoir (cp.
ORTHODOXE, gr. àc&oSoÇo,-, d'opinion (So'la) ail. monstranz de monstrare).
iuste (ôp&o;). — D. orthodoxie. OSTENTATION, -ATEUR, L. ostentatio,
ORTHOGRAPHE, dugr. op&ovp»?'«. écriture -atcr (de ostentare, fréq. de ostendere, mon-
juste, correcte. Voy. graphie. — D. verbe trer).-
orthographier. OSTÉOLOGIE, science des os, du gr. ôttsov,
ORTHOPÉDIE, terme scientifique, fait d'un os.
type grec opaî-axif^î-ia, formé de TracJsia;, ma- OSTRACISME, gr. à^rpot/tî-/©,-, subst. de
nière de traiter les enfants, et de ôpSo;, droit. ô-.zr^y./JXin =^ fr. ostraciser.
ORTIE, L. urtica (urere). D. verbe or- — OSTROGOT, du nom de peuple Ostrogolh,
ticr. pr. Gotli oriental.
ORTOLAN, it. ortolano, Linné emeriza : OTAGE, ostage', it. ostaggio, esp. hostaje.
hox'tulanus; du L. hortulanus, jardinier, prov. ostatge; i'étym. traditionnelle, patronnée
,

GTE 367 OUB


par Diez, est L. obsidalicus (devenu osdaticus), Romanis, ils garnissaient les terres des
terras
lequel est dérivé du subst. obsidalus, action Romains d'iiôtes (bourguignons), c'est à-dire,
de donner des otages ou d'être donné en otage, ils les en dépussédaient,
ils les leur enle-
dérivé lui-même du subst. obses, obsidis, otage. vaient, « Cette étymologie est
ôtaient «.
L'étymologie tirée de ost, armée (pour ainsi forgée avec trop d'érudition historique, trop
dire gage donné à 1*05^ à Tarmée ennemie), idéologique et dépourvue de textes à l'appui,
est erronée. —
Les étymologies *obsidaticum pour qu'elle ait trouvé crédit. Gaston Paris,
et " kostaticmn sont péremptoirement réfutées qui la repousse (Rom., Vil, 131), observe
par Tobler (Grober Ztschr., III, 569). Il y que, si absolument il faut exclure les opinions
substitue hospitem (fr. oste, auj. hôte). Le mot émises jusqu'ici, il invoquerait do préférence
ostage se voit souvent employé dans le sens hostare, de hoslis au sens postclassique
'de « condition d'hôte, état d'hospitalité » d' « armée " Ce verbe aurait d'abord voulu
.

[prendre ostage =
s'établir, s'installer); pour- dire « traiter en ennemi, en pays conquis ",
quoi le mot ne s'appliquerait-il pas à l'état puis « x'avager, piller, enlever » cf. l'ail.
;

d'hospitalitéoù se trouve l'otage, d'autant verheeren, dévaster (de heer, armée).


plus que le mot s'est employé d'abord pour OTTOMAN, Turc, du nom ^Othoman ou
" sûreté, caution «, au sens abstrait, avant Osman, premier empereur des Turcs (1299-
de signifier " caution =
personne livrée en 1326). —
D. ottomane, sofa à la manière
otage " ? turque.
OTALGrIE, gr. ^rai/îa, mal d'oreille (ij-rov). OU, it. od, 0, esp. o, û, port, ou, prov. o,
OTER, oster, prov. ostar, angl. oust. On 02, valaqueaw, du L. aut.
n'est pas encore parvenu à une pleine certi- OU, it. ove, prov. o, du L. ubi. Cps. it.
tude sur l'origine de cet important verbe dove, fr. d'où = L. de ubi (cp. dont do dc-
français. Du Gange le dérivait de L. ob-stare, unde),
pr. se mettre dans le chemin (cp. les tour- OUAICHE, sillage ou trace que le vaisseau
nures « ôter le chemin à qqn. »>, BL. aliquem fait à la mer; aussi orthographié houaclie,
de sua via obstare, « ôter le soleil à qqn. »), houaiche. Diez, se fondant sur l'orthographe
puis empêcher, ôter les moyens, enfin enlever, ouage (mentionnée dans le dict. de Trévoux
ôter en général. Pott est également de cet identifie ce mot avec l'esp, aguage, courant
avis seulement, il enchaîne les acceptions à
; maritime, qui est le L. aquagiuni, cours
peu près de cette manière se mettre à
: d'eau (Pandectesj. L'angl., pour la môme
l'encontre, surprendre qqn. (en parlant chose, dit wahe; serait-il connexe avec le mot
des voleurs de grand chemin), de la piller, français? Tandis que E. MùUer le croit tiré
détrousser, puis prendre (avec l'accusatif de la de ce dernier, Wedgwood lui assigne pour
chose). —
Diez propose une autre solution. Il origine le finnois waka. sillon.
voit dans oster le L haiistare, fréq. de haurire, OUAILLE, p. oueille, brebis, du L. ovicula,
pr. = puiser, tirer, retirer, de là aussi enlever m. s., dim. de avis; esp. oreja, prov. oue/Aa.
(il cite l'expression latine haurire arbusta, OUAIS, interjection; cp. gr. oùzt, lat. vœ,
enlever les broussailles, et compare le prov. goth. vai, it. guai, etc.
ostar e desrazigar, enlever et déraciner). Ce OUATE (du fr. viennent ail. loatte, angl.
qui vient à l'appui de cette conjecture, c'esi le wad, esp. huata). On appelait ouate non seu-
vfr. doster, ôter, enlever (dans le Bcrry dollar, lement la première soie que l'on retire sur le
limons, dousta), qui ne peut être que le cocon du ver à soie, mais aussi un duvet léger
L. de-haurire à la forme fréquentative, car un que fournit une espèce d'oie. C'est prob. à
primitif latin de-obsiaro serait un non-sens cette dernière acception qu'il faut rattacher
en outre, une glose de Festus exhaustant: = ;

l'origine du mot, qui se prononçait aussi


efferunt, qui m'a été signalée par mon confrère ouette (forme encore usuelle en Normandie),
à l'Académie de Bruxelles, le prof. Wagencr de sorte qu'il serait un dérivé du vfr. ouc, nfr.
à Gand. Ménage avait déjà entrevu l'étymo- oie, qui représente le L. auca. Cette étymo-
logie haustare, mais sans lajustifier. Littré,— logie appartient à M. de La Monnoye. Diez a
pesant les arguments en faveur des deux opi- proposé rit. ovata (et par là L. ovum, œuf),
nions, reste indécis^ mais incline plutôt vers donc pr. chose en forme d'œuf (le sens étymo-
obstare, empêcher; Diez, dans sa dernière logique serait ainsi un bourrelet ou tortillon
édition, persiste dans son opinion pour haus- pour doubler les habits), mais Tit. ovata
tare. Quant à une étymologie abstare (d'où semble être lui-même une transformation du
régul. austare, oster), pris dans le sens actif mot fr., et d'ailleurs Diez lui-même n'exprime
d'enlever, que j'avais développée dans une pas grande confiance dans cette étymologie.
étude spéciale en 1863, j'ai cru devoir la reti- Millier penche vers le vha. wat, habit, mais
rer pour certaines objections qu'elle soulève. les sens sont par trop distants. —
D. ouater.
— Aux diverses étymologies mises en avant OUBLI, voy. oublier.
depuis Du Gange est venue s'ajouter, en 1877, OUBLIE, altération populaire de obi aie,
celle de Liieking, l'auteur de « Die altesten oblce, d'abord le pain de la communion (syn.
franzôsischen Mundarten " Il propose hospi- de du BL. oblata (otferre), panis ad
hostie),
tare (« garnir d'un hos]^es »), en se fondant sacrificium oblatus. Le sens sacré ou ecclésias-
sur la valeur que devait avoir, pour les Gallo- tique attaché primitivement au mot s'étant
Romains, à l'époque des invasions germa- efiacé, celui-ci a fini par signifier une pâtis-
niques, une plu^ase telle que hospitabant
: serie très mince. Du même L. oblata, les
OUR — 368 OUV
Allemands ont mot oblate, d'abord
tiré, le cin; variété de hchnsson, cp. les correspon-

liostie, à cacheter.
auj. pain M. de Mon- — dants de ce mot, wall. ureçon, port, ouriço,
teil, par une bévne assez curieuse, dérive angl. ii.rcliin.

oublie du verbe oublier, parce que ces gâteaux OUTARDE, it. attarda, esp. aoutai'da, port.
sont si légers qu'un moment après les avoir abetarda, bctarda, prov. austarda. Toutes
mangés on ne s'en souvient plus, on les ces formes rojjrésentent L. avis tarda, quoi
oublie! — D. oublieur, faiseur d'oubliés qu'en dise Ch. Nodier, qui, no se souciant
(anc. oblatjer) ; oublierie. que de la forme française, rapportait outarde
OUBLIER, vfr. oblier (d'où it. obliare), à oue (= oie) tarde. On lit dans Pline, H. N.,
prov. et v. esp. oblidar, n. esp. et port, (par 10, 22 proximse iis sunt quas llispania avcs
:

transposition) olvidar, du L. oblitare, fréq. tardas appcUat. Les mots latins se transformè-
de oWmsce (sup. oblitum). —
D. subst. verbal rent d'abord enau-tarda, d'où otarda, utarda,
oubli (it. obblio, prov. obUt)\ oublieux, fr. outarde. Par une nouvelle prosthèse de l'élé-

oubliettes (ceux qui y tombaient étaient censés ment avis, l'esp. fit av-utarda. Le aus dans
oubliés à tout jamais). le prov. austarda est une reproduction plus

OUEST, ags. vest, angl. et ail. west. complète do l'élément ai*i:f. Le vfr. et champ.,
La forme prov.
par aphérèse de la syllabe initiale a de avis
OUI, vfr. oïl, prov. oc.
tarda, et par le durcissement du v devenu ini-
repi'oduit nettement le lat. hoc, cela; l'adv. oc
équivaut ainsi à « c'est cela »>. A cet oc corres-
tial en b, ont fait bistarde. —
Comp. la facture
pond dans l'anc. langue parlée en deçà de la analogue du mot autruche. D. outardeau. —
Loire le mot o (" je n'en sais plus ne o ne OUTIL, vfr. ostil, tistil, wall. usteie. Lerf
règU's s'opposent à ce que l'on admette pour
non »). Combiné avec le pronom illtul, le pro-
nom hoc a produit l'ancien adverbe o-il = hoc primitif le L. u.tcnsilc; ce dernier se serait

illud (cp. nenil, nenni = no7i illud), d'où


par contraction transformé en outsil et ousil.
Certaines formes do la Haute-Italie, relevées
enfin, par l'apocope de \'l finale, notre mot
oui. Cette étymologie a été contestée, mais les
par Diez, telles que usedel (Côme), usadcj
arguments allégués ne sont pas solides. L'an- (Milan), qui signifient des uslcnsiles de cuisine

cienne forme awil, que l'on objecte tout par- et qui répondent à un type lat. usatcllum,

ticulièrement, ne présente aucune difficulté dim. de usato, dér. lui-même de usure, fréq.
;

comme wallon avooi, c'est un composé de


le
de uti, se senir, engagent à assigner à ustil
l'interjection ah, et de oi«7, loil ou icoi, donc un primitif usatilc, p. iisatellum. Quoi qu'il
tout bonnement un oui renforcé. On sait — en
que se rapporte
bien à cette dernière forme latine
soit, c'est
pic. otieu =
que les deux formes oc et oïl ont déterminé le (ieu ell).

les dénominations lavgue d'oc et laur/ue d'oïl. Littré allègue le RL. itsibilia, tistensiles
— L'explication de o-ïl par hoc illud doit (ix* siècle), qu'il suppose avoir été gâté en

être modifiée aujourd'hui dans le sens de usitilia, d'où oustils. L'étym, utilis doit

l'opinion de Tobler, pour qui l'élément il être écartée. — D, outiller, outillage.


représente ille, et non pas ilbid (ce neutre OUTRAGE, voy. outrer. —
D. outrager,
eut amené la forme cl)\ oïl était d'abord outrageux.
une réponse affirmative restreinte aux cas 1. OUTRE, subst., du L. iitcr, utris. — Ce
où il s'agissait de la troisième personne sin- subst., qui n'apparaît qu'au xvi'' siècle, devait
gulier; ainsi à vient-il ? on répondait o il s. e. naturellement, comme reproduisant h.ùtrem,
vient. On avait autrefois, d'une manière a;ia=" devenir eure; aussi est-on admis à croire qu'il
logue, des réponses par o je ou o f/ié, o tu. nous vient direct, de l'it. ôtre; l'anc. langue
Voy. Ztschr. tiir vergl. Sprachfoi*schung, employait p. outre le terme bouc, dim. bou-
nouv. série, III, p. 423, et Grober, Ztschr., II, cel. Voy. Paris, Rom., X, 59.

406 (note). ?. OUTRE, adv. et prép , vfr. oUrc, du

OUILLER un tonneau de vin, pr. le rem-


L. idtra. —
D. outrer, vfr. oltrer, dépasser
plir jusqu'à l'œil, le but, pousser au delà des bornes convena-
jusqu'au bondon de ouil,
variété de œil. — En vfr. aouiller (voy.
;
bles, excéder, excéder do fatigue, mettre à
bout, fâcher, irriter.
Godefroy).
OUTRECUIDANT (voy. cuider), = qui pense
OUÏR, vfr. odir, oïr,
auzir, esp, oir, port, ouvir,
du L. audire
it. udire).
(prov.
— trop de soi-même, présomptueux. — D. outre-
cuidance (cp. it. tra-cotansa).
D. ouïe.
OUTRER, voy. oictre 2. — D. outrance (à)
OURAGAN, uracano, esp. hui'ocan,
it.

port, furacào, ail. orkan, angl. hurrycane,


= à l'excès; outrage, insulte, injure (cp.,
pour le sens, l'équivalent gr. Gê/si;, de ÙTtip).
terme marin d'une introduction assez mo-
OUVERTURE, dér. du part, ouvert de ou-
derne, provenant, dit-on, de la langue des
vrir.
Caraïbes. Dans l'Amérique centrale, Hurakati
est ou était le nom du dieu de la tempête
OUVRAGE, voy. ouvrer. D. ouvrager. —
OUVRER, L. operari (d'où aussi la forme
(Liebrecht, Jahrb., XIII, 238).
OURDIR, du L. ordiri, ourdir,
savante opérer). —
D. œuvre (v. c. m.), ou-
commencer. vrage, ouvrable ouvrier, L. operarius; ou-
OURLER, OURLET, voy. orle. vroir, ouvrée.
OURS, L. ursus; fém. ourse, L. ursa; dim. OUVRIER, voy. ouvrer.
ourson; adj. oursin.
OUVRIR, prov. obrir,ubrir, anc. it. oprire,
OURSIN, hérisson de mer, prob. p. oure- anc. cat. ubrir. L'it. aprire, esp. abrir, rap-
,

FAG 3G0 — PAG


pelleut sans difficulté l'équivalent L. aperirc. posé avec de au sens augmentatif; d'ailleurs,
La forme fr. ouvrir, cependant, ne peut pas il existe quelques traces de l'emploi d'une
en venir, bien qu'elle appartienne à la même forme avrir, dans l'ancienne langue d'oc. [La
famille; quant au L. operzrc, qui concorde forme avranz, alléguée par Littré, est une
pour la lettre, il dit juste le contraire. Ce mauvaise leçon, p. auvranz, voy. Rom., X,
dernier n'en est pas moins au fond de l'éty- 52, note 4.J En
entrant dans l'ordre d'idées
mologic du verbe français. Comme l'a démon- do Littré quant au changement de avrir en
tré Dicz, ouvrir représente une contraction ovrir, on pourrait non seulement alléguer,
du vfr. a ouvrir (cp. août =
oût), qui, par la l'exemple de arteil, devenu orteil, mais
syncope habituelle du d médial, procède du se prévaloir aussi d'une certaine infiuence
prov. adubrir. Or, ce dernier est un composé exercée par le german. open, offc)i, ouvert.
du préfixe l'oman a, et du verbe dubrir, qui, — Du part, ouvert vient le substantif ouve)'-
à son tour, représente le L. de-operire, em- ture.
ployé par Celsus au sens de découvrir, et que OVAIRE, OVALE, dér. du L. ovum, œuf.
l'on retrouve dans le n. prov. durbir, piém. OVATION, L. ovatio (du verbe ovare, faire
durvi, wall. drovi, lorrain deurvi. La généa- une entrée triomphale).
logie du mot ouvi'ir se résume donc en ces OVE, terme d'architecture, ornement en
termes opcrire, dc-operire, dubrir, adubrir,
: forme d'œuf, du L. ovum. D. ovicule, —
a-ubrir, auvrir, ouvrir. —
Littré n'admet pas L. ovicula.
que le prov. adubrir se décompose en a-du- OVINES (bêtes), L. oviuus, de ovis, brebis.
brir, mais qu'il représente ad-]-iibrir. Il OVIPARE, L. oviparus (qui parit ova).
pense que ou la langue a confondu aperire et OXY-, élément de mots composés
initial
opcrire, ou bien, l'a latin ayant été changé scientifiques, tiré du gr.piquant,
«^ù-, acide,
en o, ce qui est admissible on français, c'est aigu p. ex. oxygène, oxygone, oxytnel. Du
;

du français qu'il a passé au prov. et an cata- même primitif grec s'est produit le terme de
lan. Quant aux formes qui commencent par d chimie oxyde.
on peut, dit-il, les rattacher sans doute à de- OXYDE, voy. l'art, préc. D. oxyder. —
opcrirc, mais on peut aussi y voir ouvrir com- OYANT, part. prés, de ouïr, entendre.

PACAGE, anc. pascagc, pâturage, dér. du tions », à la suite de Y An des Sept Dames,
L. p)'^''^'^^'^'-^'^> pâturage. —
D, pjacagcr. Du m'a suggéré l'idée (pie pagina a pu produire,
même rad. latin ^jasc, paître, et non de pa- à côté de page, une forme par// p. pagre, 6'

ganus, vient le terme 2'icicant, manant, lour- comme ordre existe à côte de orde* et 1 ambre*
daud, cp. rustre, pr. paysan. à côté de lame. Page est un mot récent dans
PACHA, mot turc signifiant gouverneur, la langue selon les lois strictes, il aurait dû
haut dignitaire. —
D. pachaJik.
;

être francisé par paine on paigne. De pagina —


PACIFIQUE, L. j)acificus. — D. pacificare, procèdent direct, les dérivés paginer, -ation.
fr. pacifier, d'où pacificatio, -ator, fr. paciji- PAGNE, esp. de vêtement de nègres, de
cation, -atcur. Tesp. paho, drap, =
it. panno, L. pannus,

PACOTILLE, du même radical que ^jff^'iîe^. étoffe, linge, lange, fr. pian.
PACTE pachc, d'un type BL. paxusV),
(vfr. PAGNON, drap noir fabriqué à Sedan,
L. pactum (pacisci), d'où aussi l'ail, pacht, nommé, dit Littré, d'après le premier fabricant,
m. s. —
De l'adj.L. pactitius, convenu, vient PAGNOTE, poltron, lâche, de l'it. j)agnotta,
vfr. imctis, convention, qui, à son tour, a sorte de pain [pane). « Les Italiens, dit Mé-

donné le vei'be pactiser. nage, gentiluomini di pagnotla


appellent
PACTISER, vov. pade. ces gentilshommes que les seigneurs louent
PADOU, ruban de Padoue (ville d'Italie). pour leur escorte aux jours de cérémonie, à
PAGAIE, t. de marine, sorte de l'ame cause qu'on leur donnait des pains ce jour-
mot indien. —
D. pagayer.
;

là. » Le peu d'estime de ces personnes amena


PAGANISME, du L. pjaganus =^ fr. païen le sens méprisant du niotpagnotta. Je repro-
(v. c. m.). duis ci-dessus l'opinion de Littré, sans vouloir
1. subst. masc, de Y\t. p)aggio, ré-
PAGE, l'approuver. L'analogie de poltron, pr. qui
gulièrement formé du gr. r.cc'.ëio-j, petit gar- aime les cous.sins, et de port, madruço, pa-
çon, jeune serviteur (en terme de marine resseux, puis l'existence du mot pagnot avec

:

pages mousses). Littré admet pour type le sens de sot, puéril (digne de l'enfant en
une ioiina pagius p. pagensis, paysan, le mot langes), enfin le terme rourhi* s'épagnoter,
signifiant à l'origine un .serviteur de bas étage; faire le fainéant, parlent en faveur de l'étym.
c'est bien douteux. pagne = esp. pàno, drap, morceau d'étoffe,
2. PAGE, du 1j. ptagina [\mn-
subst. fém., lambeau, tapis. — encore les
Je rappelle
gcre), comme ordc" de ordinem, lame de la- significations de ail. lump, gueux (de lamp-cn,
mina, famé* femme de femiiia. L'emploi lambeau), laf/e, fat, nigaud, =^ lappen, lam-
constant A.G parge p. page dans les " Correc- beau. — D. pagnolcrie.
24
. ;

PAI — 370 — PAL


2, PAISSON, subst. masc outil de fer en
PAGODE, temple indien, puis idole; du ,

peisan but-khoda {but =


idole, khoda = forme de cercle pour étendre les peaux peut- ;

maison). être le même mot que paisseau avec change-


ment do finale ou gâté de polisson (dérivé do
païen (le Cbant de sainte Eulalie a pagicii),
prov. pagan, payan, it., esp. pagano, port.
pal) qui dit la même chose. — D. pais-
sunner.
pagao, angl. pagan, du L. paganus (pap;us),
pr. rustique. Cette dénomination vient de ce PAITRE, anc. paistre, d'un infin. L, jias-
que, depuis Constantin le Grand, le culte des cere p, pasei (cp, Jiaitre). Du supin latiu —
anciens dieux s'était réfugié dans le plat pays, pastum vient lo subst. pastioncm, fi-ancisé en
dans les p)(^0^- Cp. lo terme équivalent ail. paisson.
heide fvlia. heidhen, angl. heathcn), du vha. PAIX, L. pax, pacis. D, paisible (co—
heida, goth. haithi, campagne, mot outre pénible, le seul exemple d'un
est,

PAILLARD, voj. paille. Le mot n'a rien à adjectif formé d'un subst. avec lo suttixe ible)-.,
faire avec gr. 7ra/ia/.t; ou lat. pellax (concu- apaiser (v. c. m.). —
Voy. aussi payer.
bine). — D. paillardcr, -ise. PAL, L /)a7z«(d'où aussi l'ail, pfahl, m. s.).

1. PAILLASSE, subst. fum., voy. paille. Voy. aussi j^ieu. — D.j)alé, pale'e ; palis (d'où
— D. paillasson. 2)alisscr), L. imVic'nis ; cm-jjalcr.
2. PAILLASSE, subst, masc, bateleur, PALADE, do palata, mouvement do
l'it.

boulfon, de paillasse 1, à cause de son habit rames ; celui-ci du subst. pala, le bout largo
fait de toile à paillasse. do la rame, qui est lo L. pala, chose plate ;
PAILLE, it. jmglia, esp paja, prov. port.
, ,
voy. pale et pelle.
pallia, du L. palca, m. s, —
D. paillasse, d'un (formo adoucie de palatin), du
PALADIN
iy^c jjaleacca ; verbes pailler et cm-puilhT , L palatinus, mot appliqué en premier lieu
subst, pailler, cour d'une ferme (L. palca- aux seigneurs vivant dans lo palais de Char-
ràcwî, grenier à paille); pailleiac, qui ren- lemagne.
ferme des pailles ; pailletle, petite lame ou 1. PALAIS, maison prlnciôre, prov. joa/ai,
parcelle d'or (cp. lo L, œrispalcœ, == limaille palait, it, palasso, palagio, a.ng,\. palace, ail.
de cuivre); ^;a«7/o», i)etito feuille do cuivre pfals; du L. ^talatium.
battue très mince (d'où paillunner) ; paillât, 2, PALAIS,
partie siipérieure de la cavité
l)etitepailhusse; paillard (v, c, m.); que lo de bouche. Vouloir douter de l'étymologio
la
sens premier de ce mot soit fripon, coquin, ou L. palatum, qui signifie absolument la mémo
liommo adonné aux plaisirs do la chair, chose, .semble prescjuo se créer dus difiicultés
l'idée foncière est toujours « qui couche ou à plaisir. Et cependant, les règles phonologi-
qui se vautre sur la paille », indice de ques s'opposent absolument à cette dérivation ;
paresse, de gueuserie, aussi bien que do palatum n'a pu se franciser en palais; co
luxure ou de débauche. primitif latin réclame une forme jjalet ou
PAILLER, subst voy. l'art, préc.
,
paie, dont il n'existe aucun exemple. Diez,
PAILLET, sorte de vin, d'après quelques- avec l'accent de la conviction, identifie donc
uns, le dimin. de paie, vfr. palle (v. c. m.); notre mot avec le précédent, dont il ne repré-
cp. en ail. bleicher, vin clairet, de bleich, senterait qu'une acception métaphorique, Lo
pâle; d'après Littré, Hlg paille, à cause de la vfr. palais .signifiait la .salle voûtée d'un châ-
couleur de ce vin, (jui tire sur celle de la tt^au, diistiné.e aux solennités et constituant
paille. On dit en clfut vins de paille.
d'ordinaire une construction séparée. C'est do
PAIN, L. panis. là que découle l'acception figurée du subst.
1. PAIR, adj., L. 2^<^'>'- —
D- l^ciire (ail. palais =
voûte de la bouche. Cette métaphore
jmar), couple, deux choses semblables, qui n'est pas restreinte à la langue française;
vont ensemble; opp. impair, L. impar. elle a ses analogues dans d'autres langues.
2. PAIR, subst., angl. peer, du L. par, Diez rappelle d'abord un semblable transport
égal. Les pairs de France ont été ainsi nom- d'idée, mais en sens inverse, dans l'expression
més parce qu'ils étaient égaux en dignité et d'Ennius « cœli palatum ", le palais, c.-à-d.
en pouvoir. —
D. j)airie, pairesse. la voûte du ciel ; puis il s'attache aux expres-
PAIRE. \oy. pair 1. sions suivantes, employées dans les langues
PAIRLE, t. de blason, du L. palus (avec sœurs pour palais it. il cielo délia bocca,
:

insertion de r) selon d'autres, du L parilis,


; . esp. f,l cielo de la buca, pi'ov. mod. lo ciel de
égal, à cause de la division en deux parties la bouca, valaque ceriul gurii = cœluiii
égales. gulic, neerl, luit gcliernelte des monds, enfin
PAIROL, grand chaudron en cuivre, prov. le gr.o-jpy-il'j/.oi signifiant pr, petit ciel, puis
pairol, esp, pcrol, it, pajuola; selon Schu- 1 voûte d'une salle; 2. palais (de la bouchej.
,

chardt, du kjniri pair, bret. jt^er, chaudron. Les langues slaves ont également le inciiie
L)icz rattachait le mot, par les intermédiaires mot [neho) p, ciel et pour palais. Pour —
patinol, patnol, pjatrol, à L. patina. nous résumer, l'opinion de Diez est que lo
PAISIBLE, voy. paix. pjalais =
L. palatium ayant pris le sens de
PAISSEAU, paisscV, L, paxillus. — D salle voûtée, puis de voûte tout simplement, a
Jjaissdcr. donné naissance au mot jjalais ^= voûte de la
1. PAISSON, subst, ién-i.,yoy. paitre. — bouche, organe du goût, —
Après tout, il se
D. paissoaaier peut que notre mot ait été tiré de jialatum
— •

PAL 371 — PAL

par voie irrégnliôre, par assimilation à un décompose ce mot en palle-toque (robeà capu-
mot homonyme très répandu. chon^; en flamand on trouve paltrocketpalts-
PALAN, anc. pal aiic, du \>\ui\it. ])a!anchi, rock, défini par « vêtement long et ample » ;

rouleau à rouler les faix, qui est, avec chan- quoique les lexicographes néerlandais le con-
gement de genre, prob. le L. palangœ ou sidèrent comme une composition bâtarde faite
phalangœ, « fustes teretes per quos naves in sur le fr. palletoc, Littré y voit la source du
mare attrahuntur ". —
D. dim. palanquin mot fr. , en l'expliquant par robe (rocA; de pè-
(t. de marine; palatxquer.
;
lerin [palster):, mais cette explication me pa-
PALANCHE, palanca; même origine
it. raitmal fondée ni Kiliaen, ni Weijland ne
:

c^\(i palan. —
D. palançon. connaissent le mot palster autrement qu'avec
PALAN QUE, prob. le même mot que le préc. lesens de gros bâton ferré, canne à épée. —
PALANQUIN, sorte de litière; mot indien. D. paltoquet, paysan, rustre.
PALATAL, L. p)alataUs (palatum), PALETOT, altération de paletoc (v. c. m.).
PALATIN, L. palatinns fpalatium). — 1. PALETTE, planchette mince à différents
usages, angl. pallet, voy. pale.
D. palatinat, dignité ou domaine de l'électeur
2. PALÉTIE, p3tite écuelle d'étain, pour
palatin palatine, nom d'une fourrure portée
;
recevoir le sang de ceux que l'on saigne, con-
par les femmes ce nom se rapporte à la
;

princesse palatine Elisabeth-Charlotte, mère tracté de vfr. paëlette, dim. de L. patella;


anc. poylctte, variété de poêlette, dimin. de
du Régent, qui mit ce genre de vêtement à la
mode. poêle 3.
PALE, nom de différents objets à forme PALÉTUVIER, no]a d'arbre; mot exotique
pala, bêche, pelle, omoplate, d'origine inconnue.
.plate; c'est le L.
pr. chose plate; mot congénère SNec pjal-ma, PALIER, type latin palarium. Ce mot ne
h'.pMiime. —
D. 2)alet, pierre plate, disque veut peut-être dire autre chose que plate-forme
nom ou ustensiles et se rattache à la famille pala, chose plate.
de plomb ;
palette, d'objets
divers à forme plate paleron, partie plate de D'autres l'expliquent par la « natte de paille «
;

l'épaule de certains animaux (cp., p. la finale,


qu'on met sur les paliers pour nettoyer les
pieds, et l'orthographe 2^aillier donne quelque
.aileron de ala; l'it. àxt pjaletta).
appui à cette manière de voir.
PALE (vfr. pjalle, j^cile, puis, par insertion
PALIMPSESTE, gr. noc).[,ai;-n-zo;, litt. gratté
de s, pasle, pâle), du L. pall-idwi. — D. pâ- à nouveau ; parchemin dont on a gratté la pre-
leur, L. Y'^\\ovcïn\ pâlot; i^àlir, Ij. pallescere.
mière écriture pour y écrire une seconde
— De la forme palle dérive peut-être l'adj. fois (TTà>iv).
paillct, dont Yl mouillé ne serait pas plus
PALINGÉNÉSIE, du gr. 7tx)ir/^ji7Îx, régé-
anomal que celui du vfr. ^JailHf P- pâlir ou
nération, renaissance (7rà)iv, yï-jm:).
de faillir, doublure de falloir.
PALINODIE, L. ijalinodia, chant répété,
PALEFROI, ixdefroid, prov. palafrai,
vfr. refrain, gr. Tra/ivw'ît'z (de itxlu -\- ôjS-^), répéti-
cs^.palafren, it. 2mlafrcno,n.ïi'g\.palfrey; du tion ou changement de chant, au fig. rétrac-
BL. parafredus, palefridus. Ce dernier est tation, désaveu. —
Le terme de liturgie pali-
une altération du L. j)aravcredus cheval de ,
nod ow palinot, cantique religieux avec répé-
voyage, qui vient de -x.'/â, à côté, et veredns, titions, est le même mot à forme masculine.
donc litt. cheval de service accessoire. On PALIS, voj.pal. D. palisser. —
suppose, par de bonnes raisons, que para- PALISSANDRE le nom et la chose vien-
;

veredus est aussi la source de l'ail, jjferd nent de la Guyane.


(vha. pheril), cheval. —
La mutation r en l PALISSER, voy. palis. B. palissage ; —
est habituelle. Quant aux formes esp. et it., palissade palizzata), d'où p>alissader.
(it.
elles reposent sur une fausse interprétation qui PALLADIUM, mot latin tiré du gr. iz-xllk-
rattachait le mot à frenum, frein. Ce sont cA'j-j, pr. statue de Pallas (Minerve), dont la
elles aussi qui ont motivé le dénvé palefre- conservation sauvegardait la ville de Troie. —
nier p. palefredier. On s'est livré à de bien Benoit, l'auteur du Roman de Troie (xii" siè •

aventureuses explications au sujet du mot pa- cle), a francisé le mot par pallddes au cas-
lefroi, en mettant en avant la formule imr le sujet, yiav palladion au cas-régime.
frein (cheval conduit par le frein), ow palœs- PALLIER, L. palliare, litt. couvrir comme
trœ fractus, rompu au manège, ou pallium d'un manteau [pallium). L'ail, donne au mot
fere)is, etc. bemànteln (de mantel, manteau) mêmes
les
PALÉOGRAPHIE, science qui a pour objet acceptions figurées qu'a prises le verbe fr.^a/-
les écritures anciennes, mot forgé de rizh^io;, lier. —
l). palliation, palliatif.
ancien, et ypcfn, écriture. PALLIUM; mot latin signifiant manteaiu.
PALÉONTOLOGIE, science des êtres primi- PALMAIRE, du L. palma fr. paume. =
tifs ou anciens (-à/o<i «vrz, existant autrefois). 1. PALME, fém., L palma. D. pal- —
PALERON, \oy. jjule. mier, L. palmav'ms •,23alm.elte, palmiste, pal-
PALESTRE, h.imlœslra (7rz>aÎ7Tpz).. mite.
PALET, voy. pale. D. p)aleter. — 2. PALME, masc, mesure de longueur, L.
PALETOC, -OQUE, plus tard paletot, esp. ixdmus, m. s.

pali'toque, bret, paltôk, vêtement de paysan. PALOMBE, L. palumba.


Diez,comme l'avait déjà fait Legonidec à pro- PALONNIER, aussi palonneau ; prob. de la
pos du mot breton (qui du reste est emprunté), famille j)a^w5, fr. pal ou pala, chose plate.
. —

PAN — 372 PAN

1. PANACHE, vfr. pennache, 1. bouquet


rustre, lourdaud; de ;)a/o^ instru-
PALOT,
de plumes fiottantcs, 2. rainures en panache
ment de paysan (dim. àe palle, pelle)i
PALPER, L. palparc. —
D. palpe, pal- sur une fleur, esp. penacho, it. pennacchio;
dér. deitcnne, plume. —
D. panacher, empa-
pcts; palpable, L. palpabilis.
nne fier.
PALPITER, L. palpitare.
2. PANACHE, oreilles do cochon i)anees et
PALSAMBLEU, corruption de « par le
cuites sur le gril.
san"- dieu '-; cp. «jori/f». On dit aussi />a/i'tt>i-
PANADE, dér. doimner.
(juc et palsatiguienne.
PANADER (SE', se pavaner, voy. paon.
PALTOQUET, voy.paleloc. PANAGE, droit de faire paître les porcs
PAMER, anc. jmsmcr, cspasmcr, cspaumcr, dans les forêts; \^oy\Y iMsnaije forme contrac- ,

prov. lilasmar, esplamar,csplasmar {l intcr- tée do pass<ma//e, dér. do paisson, L. pas- =


calaiiej, esp. espasmar, pasmar, it. spasi- tionem.
mare; ces verbes sont tirés rcsp. des subst. PANAIS, du L. pastinaca ou plutôt }Msti-
it. spasimo, esp. et prov. espasmo, qui repré- iiacits', m. s. (ce qui piésuppose une ancienne
sentent le L. spasmus, gr. 5:ra7/*o; (i-àw), orthogr. pasnais); d'après Littré du L. panax
tiraillement, crampe, convulsion (d'où le primitif de ;)a>/act'c.
(:Tivaî), D'un type pas- —
terme scientifique fr. spasme). Le rejet de \'s tinata vient pastenade, ancien nom du panais.
initial (on disait d'ailleurs autrefois spasmer) PANARD, dans « cheval panard ", cheval
vient de ce que, cet élément ayant été con- dont les pieds do devant sont tournés en do-
fondu avec le préfixe es =
ex, on a pris pour hoi-s ". Prob. pour pandard (cp. prenons p.
primitifun mot pasmus (voy. tain). D. pâ- — pj-endons, vfr. esjianir =
L. exjxinderc), lequel
moison p. pàmaison ; cette substitution do viendrait du L. pandits, ^ curvus, incurvus",
oison à aison est unique dans la langue ac- esp. pande (légèrement courbé vers le milieu).
tuelle, mais cp, vfr. ochoison do occasio- Voy. Hugge, Rom., III, 15G.
nem, oraison, p. oraison. PANARIS, it. j)aiiereccio, du L. j)anari-
PAMPHLET, brochure, libelle, livret; l'ori- ciitm, mot gâté, p;ir la transposition do r et
gine de ce mot, qui est d'introduction anglaise, », du gr. ^txpoivv/t;, m. s. (composé de :tsr/si,

est fort controversée. Les anciennes formes à C(^té, et de i-ju-, ongle).


angl sont pam/Ict,pam filet, paunflet; Pegges,
. PANCARTE, RL. 2^>ic^^^'ta> charte, di-

dans Johnson, l'explique par jxilmc-feitillet, plôme. Prob. composta de eharta, et do zàv,
feuille que l'on tient facilement dans la paume tout; c'était, dans le principe, un diplôme con-
de la main ; d'autres proposent par/ina filata firmant tout à la fois; cp. gr. uavoî/rv;;, re-
(je ne sais ce que l'on entend par là), paulm- cueil universel, L. pandectœ. Frisch expli-
fii/leaf, feuille volante grande comme la main, quait le mot à tort par une contraction de pa-
et autres tours de cette force. Le plus ancien tcnle-cartr.
emploi du mot se rencontre dans Richard de PANDECTES. voy. l'art, préc.
Bury, l'auteur d» Philobiblon (xiv^ siècle) PANDORE, ancien instrument du genre
sous la forme pampletos; cela nous rapproche lutli; VDV. ma)idore.
singulièrement de l'étym. indiquée par Web- PANDOURB, da la ville de Panditr (Hon-
ster, Wedgwood et Weigand, savoir : l'esp. grie), qui avait fourni le premier contingent
papeleta, petit papier, petite gazette, dimin. de ces troupes
depapel, papier; pour la nasalisation de l'a, PANÉGYRIQUE, du gr. Tratwjyuîtzo; s. e.
cp. flam. pampier, papier. —
La conjecture )6/o:, discoursprononcé dans une assemblée
étym. la plus récente est celle de G. Paris; il générale ou dans une solennité par restric-
rappelle le mot pamflette dans la traduction tion =
discours laudatif. D. panégyrismc, — ;

néerlandaise de Flore et Blancheflore par -iste.


Dirk van Assenede (xiii*^ s.); or, pamflette est PANER, dér. du L. panis. — li.2)anade;
le nom vulgaire de Pamphilus, espèce de co- cp. pour la finale salade.
médie en vers latins du xii" siècle, fort répan- PANETIER, e^'^.panadero, Bh.panetariiis,
due. Voy. Littré, suppl. —
D. pampliletairc. dér. soit de paneta, qui fait lo pain (d'où vfr.
PAMPRE, prov. pampol, du L. patupinits pa)ieter, faire le pain), ou du dim. panetus,
(;« permuté en r, comme dans diacre de diaco- petit pain. —
D. panetei'ie, panetière, sac
71US). pour mettre le pain.
PAN, L. pannus, morceau d'étoffe, pièce, PANIC, \t. panico, du L. panicum,m.?,.
lambeau, puis au moyen âge = partie, mor- PANIER, pr. corbeille à pain, puis cor-
ceau. — D. Jeanne, Hh.panna, = pièce de bois beilleen général, du L. imnarium (panis).
(dans diverses applications technologiques); U. panrrce.
dim. panneau, pièce de bois ou de vitre en- PANIFIER, subst. panification, du \..j)ani-
fermée dans une bordure ; aussi filet carré ficare (de j)anifkt: =
qui facit pa^em).
(d'où la locution « donner dans le panneau »); PANIQUE (terreur); du gr. Sùy-a Tz-^n/.ôj,
panneton d'une clef (si ce mot n'est pas un frayeur inspirée par le dieu Pan. Cette expres-
diminutif did penne, =
plume, aile; cp.enall. sion se rattache, dit-on, à l'épouvante qui se
l'expression correspondante hart, pr. barbe). répandit parmi les Gaulois attaqués, près du
PANACÉE, L. panacea, grec jzxrx/.nr., re- temple de Delphes, parles Grecs, dont le dieu
mède universel (de l'adj. •:îKv-jtx/j; =
qui gué- Pan avait pris la défense par extension, ;

rit tout). frayeur subite et sans fondement.


PAN — 373 — PAN
1. PANNE, \{c. 2^e:ne, it. jyenna, 2oe)m,T)L. cend jusqu'aux pieds " découle directement
panna, foiinnirc, puis poluche, étoffe vclou- de celle de boufïbn, à cause du vêtement pri-
tôe. Diezsuppose que le mot roman a été tiré mitif des j^antaZoHS-bouffons. C'est une ques-
du L. mais sous l'influence du sens
^)e?2»a, tion d'archéologie dans laquelle je no veux
donné au mha. fédère, qui signifiait à la fois point m'engager.
plume et peluche. — D. panneau, bourrelet, PANTELER, voy. pantois.
coussinet. PANTER, t. technologique, =
étendre, d'un
2. PANNE, pièce de bois à usages divers, type latm pan ditare, fréq. irrégulier de jian-
voy. pan. dere, étendre? ou pour^9rtn»cto* {yad. pan-
3. PANNE, anc. ^>e»ne, graisse qui garnit nus jl
la peau de cochon d'origine inconnue ; se-
; PANTHÈRE, L. joanthera (Tàv^/j.o).
rait-ce le même mot ([ne panne, fourrure? PANTIERE, p. 2^(i>ietiè7~e, de 2^cuinette, dim.
4. PANNE, comme terme de marine, d'où du L. pannus (cp. pMiineau =
pannellus),
la loc. « être en panne », so rattache à ^îo??, filet,piège. D'autres, et peut-être avec plus de
lat. pannus. J'ai vu l'écemment expliquer raison, allèguent le L. 2'>0'nlJœra, employé p.
sérieusement ^a;?;îe de la loc. fig. " être dans filet dans Ulpien, ou le vfr. j;a»<e, filet, qui
la panne »-, par le gr. izvj-.a., pauvreté. parait être, dit Littré, le même que le subst.
5. PANNE, partie du marteau opposée au 2wnte =ce qui pend. —
On dit aussi j^ion-
gros bout, ne me parait p;is représenter l'équi- tenne. — Dans le sens de sac à provisions de
valent ail. bahn, mais plutôt, vu l'expr. ail. bouche, pMntiùre est p. j)a/ie<2('?*f? (voy. jîawe-
synonyme hamnicrpinne, le mot BL. ^3n(;<rt, tier).
pointe; donc sans doute p. penne. PANTIN ;
je no m'explique pas trop bien
PANNEAU, voy. p)an, et pan7ic 1 . l'origine Y a-t-il rapport
du nom de ce joujou.
PANNETON, voy. ^xtn. avec panditare, fr. 2)cinter, étendre, ou avec
PANNON, autre forme de j^cnjiOJi (v.c. m.). 2'>enditare, suspendre? D'autres ont pensé aux
— D. jxinoiiceaii. jeunes gens du village de Pantin, qui excel-
PANOPLIE, gr. -îz-x-j^^tijâ^-, armure com- laient à la danse.
plète. PANTOIS, court d'haleine le ^vox. j)cintais
;

PANORAMA, mot nouveau, fait du grec est employé comme subst. et signifie essouf-
TTÎv, vue, donc pr. vue sur le
tout, et opixux, flement, au fig. aussi détresse, confusion. On
tout, vue embrassant tout l'horizon du specta- trouve encore en prov. le verbe j)anto<'^ar,
teur. aussi 2)ctnteiar, n. prov. pantaigea, valaque
PANOUFLE, morceau de peau de mouton panto'arar, être coulât d'haleine En fr. le ra-
avec sa laine dont on garnit des sabots prob. ;
dical pmnt a poussé les rejetons pantoier'
du radical panne, fourrure, avec une termi- [d'où le snhst. 2'M7itoicme)it), et le dim. 2^(i>i-

naison assimilée à celle de manov.fle ou de teîer, haleter. Diez déduit ces mots de l'angl.
pantoufle. pant, haleter, qui vient à son tour, d'après
PANOUIL, épi de maïs, d'un type L. panu- lui, du cymr. ^)a;?^, oppression. Millier do
culus p. pta^iiculus, dim. de jmnicum millet. mande si l'angl. p>ant n'est pas plutôt d'ori
On trouve dans Festus la forme fém pjanu- gine romane et si les mots romans ne peu-
cula, à laquelle l'épond Fit. pannocchia, esp. vent se ramener au L. 2')andicidari, s'étendre
panoja. en bâillant. Le d changé en t ne m'arrêterait
PANSE, pic. panclïc, prov. ^jansa, esp. pas (cp. démantibuler), mais les sens concor-
panzo,pancIio,\t. pancia,ii\\. bantsch, banze, dent-ils suffisamment? —G. Paris (Rom., VI,
a.ng\. pmunch, du L. pantex, jjanticis, abdo- 629), insistant sur le fait que dans les dialectes
men. De là viennent aussi it. panciera, esp. du midi, 2WJïtaiser, a, dès le moyen âge, à côté
panccra, vfr. panchire, ail. panier, partie de son sens « être essoufflé », celui de rêver,
de l'armure qui couvre le ventre. D. — pense quïl doit proprement signifier «avoir le
pansu. cauchemar » et se rattacher à phantasiare ;
PANSER; la première signification de ce les adj. ^jaH'rtïA*, par/to?"s seraient ainsi =^
verbe est soigner, prendre soin. Comme l'a 2)hantasticus Cette opinion, partagée par
.

déjà fait remarquer Nicot, c'est le même mot Tobler, peut soulever quelques objections,
que27enscr, réfléchir, méditer, porter son at- d'abord pour l'initiale j), puis à cause des
tention vers, etc. Penser se construisait formes pantoier, 2^o,7Ueler, mais elle est moins
d'abord avec de, ci ptenser d'un malade est une risquée que celle de Caix (Ztschr., I, 428),
expr. usuelle chez les trouvères. L'esp. pe7isar qui voit dans j;a;2toe'6'e7' une fusion du thème
signifie de môme penser et panser. Diez cite la 2)a)it -\- "anxiare (= it. ansare). Le génois
locution l&tïnc 2^ensare sitim, a\)nïser ouétan- pantasma « oppressione, incubo " cependant, ,

cher la soif. Pour la graphie j>a;ise?', cp. tan- favorise singulièrement la manière de voir de
cer p. tencer. —
D. }-)anseme)it. Paris.
PANTALON. Le nom et la chose viennent, PANTOMIME, L. 2'>antomimus (7rxvTo>t,(/.o,:,
disent les étymologistes, de Venise, dont les litt.qui imite tout).
habitants portent le sobriquet Pantaloni, par PANTOUFLE, it. pantofola, p)antufola,
allusion à leur patron, saint Panlalcon. — esp. pantuflo, ail. pantoffel. D'origine con-
PantaJo7i est également le nom d'un bouffon troversée. Budé songeait à une composition
vénitien, de là pa)italonnade. Quelques- — grecque 7rav7cys//o;, ïitt. tout-liège, "crepidse
uns pensent que l'acception « culotte qui des- quarum solum subere constat ". D'autres ont
PAP 374 — PÂP

proposé une composition de îrarnv, marcher, gallo, csp., port, papagayo, prov. papagai,
et de r^'ù'ioi, li«>go. Roquefort y voyait le angl, popinjay, ail. papagei, grec du moyen
L. pcditm infula, do même que Turnèbè âge TTaTrayi;, gr. mod. :ra:Tayà))94. L'origino
expliquait moufle [v. c. m.) par manuum de ce nom du perroquet reste douteuse. On y
influa. Môna<re faisait venir le mot de l'ail. a vu un composé de papa, prêtre, et do geai
pantoffeî, qu'il s'était fait expliquer par ,
{xîv. gai) on gallus {coq), les prêtres « ayant
quelque paysan de la Haute-Bavière, sans beaucoup aimé à entretenir cette espèce d'oi-
doute, comme une composition de ^<?;?, jambe, seau ". D'autres ont recours à /jo»i(5-/7(j//».f,
et de toffel, tablette, lame, semelle. Ces tenta- paon-coq. L'arabe bahagà, m. s., est, selon
tives sont dépourvues de toute valeur. Ce qui Diez, un emprunt, ot no le fùt-il pas, le h
nous semble devoir être admis en premier arabe ne devient jamais j) en roman : au con-
lieu, c'est que le fr. pantoufle (sur lequel les traire, l'arabe adoucit le 7) en 6 (cp. Bograt p.
autres mots cités paraissent être copiés) e.st la Ilippocrate). —
Nous pensons que le mot se
forme nasalisée depatoitfle, comme le prouvent compose de gai oji geai' et de pape, antre
le néerl. pattuf/'el, et le piémont. jyatofle, et nom d'oi.scau multicolore, osjièco do vcrdier.
que la première partie du mot est le subst. Ou l'élément ;)07)c tiendrait-il à la racine pap,
patte. C'est à ce même primitif que se rap- babiller (v. l'art, suiv.)? Il va de soi que nous
portent les expressions genev. patoufle, rou- ne prenons pas au sérieux l'interprétation do
chi et novm. patoi(f= homme au pas traînant, Génin papegault
: =
qxùpape le gault, c.-à-d.
lourd (cp. fr. pataud). Ces vocables se rap- qui mâclionne les branches de la forêt.
prochent trop de notre patoufle ou pantoufle, PAPELARD, it. pappala7'do, faux dévot,
qui signifie chaussure traînante, pour ne pas anc. marmotteur de prières. Le Duchat di^finit
être tenté de les identifier, en expliquant la le mot par « qui trafique dos bulles papales et
valeur « homme au j)as lourd « comme une qui élève la puissance du pape au delà de ses
acception dérivée de celle de pantoufle, justes bornes ». Cette explication n'a aucune
chaussure. En tout cas, il reste à rendre vraisemblance; quant A la véritable, je l'at-
compte de la terminaison oufle. A ce sujet, tends encore, à moins que celle do Génin
Diez, que nous avons suivi pour la première « qn'i pape du /arrf en cachette tout on feignant
partie du mot, émet la conjecture que patoufle un régime austère » ne soit approuvée. Du
pourrait avoir été tiré de patte sur le patron Cange n'a pas mieux rencontré en disant :

du mot manoufle, encore employé en Pro- " qui papœ fréquenter exclamât ». Y aurait-
vence pour moufle (v. c. m.) et qui, d'après il quelque rapport avec l'ail, pappeln (aussi
Dicz, accuse un type L. manupula p. mani- babbeln), \iii\ii\\cr, bavarder? Un juipelard
jnda. —La forme catalane plantofa n'est .serait ainsi un dévot qui ne fait que remuer les
qu'une détérioration de pantofla, par la trans- lèvres et marmotter des prières. Enfin on peut,
position de la liquide, motivée sans doute par en supposant un sens premier « qui fait l'in-
une allusion au mot ])lanta, plante du pied. nocent, le petit enfant », voir dans papelard
PAON, L. ]Mvo, -onis. Pour la pronon- une acception figurée et burlesque, tirée do
ciation ^)an, elle est analogue à celle de tan p. celle de mangeur de j)appe, de bouillie. —
taon, Lan^. Laon; mais pourquoi l'Académie Meunier (Les compo.sés, etc., p. 219), comme
a-t-ellesanctionné la graphie paon, taon, et Génin, rattache l'élément /)a/»c au verbe pa-
répudié flaon p. flan f Sans doute pour éviter per « avaler do la bouillie », ou « avaler
la concurrence dejmn, tan avec j)(ion et taon. comme on avale de la bouillie », et définit le
Quoi qu'il en soit, la contraction ;)a?î, tan mot par « homme qui mange du lard les jours
contrarie la règle qui exige que la voyelle d'abstinence en lecommandant aux autres de
atone a soit absorbée par la tonique o (avûn- faire maigre ». Il cite à l'appui ces deux vers
culus n'a pas donné ancle, mais oncle), mais des Miracles de la sainte Vierge :
la même irrégulai-ité se remarque dans les
Tel fuit devant le papelart.
formes verbales sonnan, trovan p. sonna on, Qui jMir derrière pape lart.
trova on, qui se présentent dans le.s Poésies de
Froissart. —
D. 2)0,onne, paonneau. Le verbe PAPELINE, de pape, parce qu'elle
étoffe ;

sep)avancr se rattache à un adj. inusité pa»a- se fabriquait à Avignon, terre papale (?), ou
oius, tiré de la forme accessoire \a.Wne pavus, parce qu'elle servait aux costumes des papes.
iém. pava (on trouve, d'ailleurs, en anc. fr., L'angl. poj^e =
fr. pape a donné lieu à la

aussi se j^avonner). Par contraction, ^aranare forme popeline.


a pu faire pajtare, d'où le terme panade' et se PAPER', it. pappare, esp. papar, manger
jm7iadcr, équivalent de sepavaner. de la pajjpe, au.ssi manger on général. Voy.
PAPA, L. pajm, gr. 7ià7r>rz.:, père, mot jmpelard. —
Cp. csp. papapgo, bccquefigue.
onomatopée du langage des enfants, comme PAPERASSE, de papier; le suffixe asse
maman. L'Eglise en a fait un titre de véné- (== ace, ache, L. acca) revêt ici, comme sou-
ration comme tel, papa a donné le mot fr. vent, un caractère péjoratif, cp. bestiasse,
2xipe.
;

2')opnlace. — D. paperasser, paperassier.


PAPE, L. 2^apa (voy. l'art, préc). D.^ja-— PAPETIER est une altération de paperier,
pal, L. papalis, d'où papjalté' papaicté, et comme vfr. sometier\t. somerier (devenu sotn-
pa2ialin, soldat du pape papable, papaliser,
;
melier). Voy. Tobler, Rom., II, 244. —
pKipisme, papiste. D. papeterie.
PAPEGAI, anc. ax\%û papp.gault, it. pappja- PAPIER, prov. du L. papyrus
2^'^P'^'''^j
— .

PAU — 375 PAU

(TriTTuo-s;), par rintcrmôJiairc cVim adjoctif quand ils appartiennent au fonds commun ou

2Ktpirhts; l'esp. jîa^K*/ ac?.ase, par son accent ancien de la langue (p. e\.,2'iarfait, parvenir);
tonique, pour type immédiat le subst. ils conservent la forme per lorsqu'ils sont

2Mpj/7'lt!i. d'introduction savante (p. ex., perc/i«s, persis-


PAPILLE, L. papilla. — D. pnpillaire, ter). —Dans les locutions « de par le roi » et
-eux. sembl., le mot par est gâté à.Q part, comme
PAPILLON, \îi\ paveillon, papillot, wall. le prouvent les termes correspondants esp. de,
pawion, ^am. pejiel, pimpel, du L. papilio-
v. parte, it. da parte, prov. de part; il on est
nrm, d'où également le mot pavillon. D. — de même dans l'expression à par soi.
piapillomicr. Voy. aussi l'art, suiv. PARA-, répond, comme préfixe, au grec
PAPILLOTE, de papillot papillon, par = T.yfA. Toutefois, le roman ne s'en est pas servi

assimilation de forme. —
D. papilloter; le pour créer des composés les mots où il se ;


sens de ce mot, appliqué au mouvement invo- trouve sont d'origine grecque ou latine.
lontaire des yeux, q>ii ne peuvent se fixer, 11 faut distinguer de ce para-ci celui des mots

dérive de celui de painllonner, voltiger. parachute, parapluie, etc. (v. ces'mots).


PAPIN, \oj.pappe. PARABOLE, similitude, allégorie, L. para-
bola, gr. :T'xpy.&oH (de 7ra,oa-?5c).).stv, comparer).
PAPPE, bouillie (très usité en Belgique),
]-inppa, esp., port, papa, ail.papp, angl. pap),
it.
— Le latin parabola a pris au moyen âge le
du p)appa, m. s.,
li. mot imitatif du langage sens général de verbum, sermo, et est, par là,
des enfants. —
D. papin, verbe populaire devenu la source du fr. parole (v. c. m.).
2^aper (v. c. m.). PARACHUTE, objet qui empêche la chute.
L'élément para dans ce mot, comme dans
PaQUE, it. pasqua, esp., prov pasciia (cette paravent, parapluie, etc., est emprunté de
dernière forme trahit quelque allusion au
l'italien, où on le rencontre dans para-jjetto,
L. pasciia, pour ainsi dire nourriture en op-
para-sole, etc. Il vient du vevhe parare, pré-
position au jeune qui cessait ce jour-là); du
server, garantir =• fr. 2'>ar'er[v. c. m.).
L. pasciia, gr. Trà-rx^» 1"^ vient de l'hébreu
PARADE, montre, étalage. Cette significa-
pesach, nom d'une des trois grandes fêtes des
tion implique l'idée de l'action préalable parer
Israélites, établie en commémoration do la
qqeh. ou qqn. pour lui faire faire belle
sortie d'Egypte ou plutôt du passage de l'Ange
figure ; un dérivé du L. parare, dans le
c'est
destructeur devant les maisons des Israélites,
sens que donnait la moyenne latinité,
lui
car le mot hébreu signifie proprement pas-
celui d'orner, sens qui est encore celui du
sage. —
De la forme latine vient V-àày pascal. parer moderne. La terminaison ade fait sup-
PAQUEBOT, de l'angl. packet-boat, vais-
poser une introduction étrangère, soit ita-
seau qui transporte les j^^Qucts ou les dé- lienne ou espagnole. On lit dans Jean Le Maire
pêches. des Belges lit de parement p. lit Ao, parade.
PÂQUERETTE cette fleur ne tire pas son
;
— D. parader. —
Notez que parade est aussi
nom de ce qu'elle fleurit vers le temps de le subst. àid parer, comme terme d'escrime.
Pâques (car elle fleurit à peu près toute l'an- Littré nous apprend que le sens avec lequel
née), mais le mot est dérivé du vfr. pasquis, le moiparade s'est introduit le premier en fr.
ou i)\utôt pa.tquier = pâturage (L.pascuum). est celui de l'esp. parada : arrêt brusque d'un

« Habitat in pascuis apricis », disent les bota- cheval qu'on manie.


nistes. PARADIS, L. paradisus, gr. Try.picPmro;,
PAQUET, ang\. packet, diminutifdunéerl., mot biblique d'extraction per.sane et signifiant
angl., ai], pack, it. pacco, BL. paccus,gaé\., enclos, parc. —
Voy. si,\i?,i^i parvis.
bret. pac. Le mot est de la même famille que PARADOS, ouvrage qui « protège le dos »;
haf/iie (d'où bagage), et congénère avec le mot formé à l'instar da parapetto, fr. 2iara2Wt
L. pangere (rac. pag), fixer, lier, et le gr. (v. c. m ).

Ky./y;, serré, épais. —


D. paquetcr, empaque- PARADOXE, gr. Tr^pxco^oi, contraire à l'opi-
ter. Du même radical verbe paquer (les
: nion commune (irrcà W|«v), D. paradoxril —
harengs). PARAFE, PARAPHE, d'après l'opinion cou-
PAR, préposition, L. per (pour c devenu rante, une forme étranglée du BL. paragra-
a, cp. marchand et parchemin). Comme — phus = peculiaris subscribentis nota, qui est
préfixe, par a dans le roman la même valeur le gr. = écrit en note, par
K7p7.-/pxfô;
qu'avait per chez les Latins, savoir celle de ajoute mais;
bien démontré que parafe
est-il
renforcer la signification du simple, d'y ajou- n'est pas phitôt = gr. de Krpy.or,, Tz-xpxnztu,
ter une idée d'achèvement. Il partage sous ce annexer, ajouter? — D. parafer.
rapport la fonction assignée au préfixe trans, 1. PARÀGrE, rang dans la société, prov.
fr. très. Comme ce dernier, il formait jadis paratge, it. ^^rtra/z/j-îo ; du BL. paragium, qui

un mot séparé, signifiant b'^aucoup, fort. Ainsi signifie: 1. " conditionis ac nobilitatis paritas,
on dans la Chanson de Roland Sur lui se
lit : juxta quam baronos debent maritare sorores
pasmet, tant par est angoisseux; cp. l'emploi aut amitas, fratres aut nepotes ". donc égalité
du L. per dans « per autem, inquit, inconse- de condition sociale, 2. ipsa nobilitas. Le Vo-
quens » (Aulu-Gelle, XIV, 1 ). Nous avons en- cabulaire d'Evreux traduit ;3ara^e par cogna-
core un reste de cet emploi dans la locution tio. Parage est donc un dérivé de par, fr.
jiar trop (cp. L. pernimium). Les verbes la- pair; « de (\\\e\ parage est-il? » équivaut à
tins composés avec per changent |)cr en par « quels sont ses pa?r5 ou égaux? ». Il faut
PAR PAU

absolument écarter l'étym. par L. pa7'nr, voir que Y\i.2^aragoiie csi issu du vcvhoparago-
ongondror, selon laquelle pavage no diiait varc, X frotter à la pierre de touche, essayer «

autre chose que naissance. (le premier sens serait dans ce cas - essai ").
2. PARAGE, étendue de ccitcs accessibles à Or, 2^07'agonar(' répond parfaitement au gr.
la navigation do l'adj. BL. paragins, con-
;
TTz^'sazoviw, « frotter contre », un composé do

tigu, proche, mais ce 2if^)'agi us, d'où vient-il? à.M-ix'A, « aiguiser, affiler », qui vient de
Du gr. 7r'(5i/:iv, conduire ou marchera côté? à<ovr], « queux •». On trouve même en moy.

Il se pont que notre mot, comme le précédent, grec le subst. 7tz,î«/ovvj comme nom de la
exprime une égalité de condition, ici de con- pierre qui sert aux miniatcurs pour l'imposi-
dition physique. On bien pavage serait-il tout tion de l'or. —
Il y a longtemps qu'on s'était

bonnement le subst. du verbe 2^C''''^' ^^'"i'' clForcé à trouver à ce mot un type grec, et
^jarcr (doubler) un cap ? —
Littré, faisant fond l'on a tourmenté à cet eirot tantôt le verbe
sur le BL. jxnr/yùon (xiii'' siècle), pense à Tc-^yx/wt, conduire, mettre à côté, tantôt rao»-
une dérivation du L. pa7-ics, fr. pavni : le ywv;^:î&7t, lutter. Nicot disait alors que c'était
parage serait la paroi de la mer. Cola me « le rapatrier trop loing ». —
D. pavangonner,
.semble hai'di. PARAPET, petit mur à hauteur d'appui do ;

PARAGOGE, gr. Tra.ox/wyvî. addition. l'it. 2>ci''(i-2'clto, litt. = qui garantit, protège
PARAGRAPHE, du gr. 7:«,ay,îavo;, litt. {2^ava) la poitrine [2^etlo). L'ail, a imité le

(signe) écrit à côté, en marge. Le mot s'appli- terme en disant brust-icehr, pr. défense do la
quait dans le principe à un petit trait destiné poitrine.Le ;jc<^o italien est le L. jicclus.
à marquer la séparation des versets ou des Pour pava, voy. jmrachiite.
subdivisions d'une composition écrite quel- PARAPHE, voy. pavafe.
conque. Le nom de la marque, dans la suite, PARAPHERNAJj, du gr. Trrpàpj.ovo; (do
est devenu celui de la chose marquée. L'no :rr;5-i yîovTîv, cn dehors de l'apport ou do la
transition de sens analogue se remarque dans dot).
le mot tilve =division d'une loi. Voy. — PARAPHRASE, gr. :ra:>âp««ïi;, développe-
aussi pavafe. ment explicatif. — D. parajmvasrr.
PARAGIJANTE, présent fait en reconnais- PARAPLUIE, voy. imrachute.
sance de quelque service; mot espagnol signi- PARASITE, gr. Tr^joiTirs-, litt. qui mango
fiant « pour les gants »>, « parce qu'on ne don- (•jirîTîj/i) avec, ou plutôt à côté.
nait d'abord pour un présent honnête qu'une PARASOL, de l'it. ^>rt?'a-5o/e. Voy. ji('-'>'<^-

paire de gants ; c'est ce qu'on appelle ailleurs chute.


le pot-de-vin, le pour boire " (Neufchàteau, PARATONNERRE, voy. parachute.
note sur Gil Blas). PARAVENT, de l'it. para-ve^Uo, qui em-
PARAITRE, anc. jMvotstre, correspond au
pêche le vent. — Voy. parachute.
L. pavesccre', comme l'ancienne forme />arotr
PARBLEU, anc. parôteif, euphémisme
pour ))av Dieu; cp. sacrebleu, morbleu.
à parcve.
PARC, pr. enclos où l'on renferme du gi-
PARALIPOMÈNES, pr. livres d'abord
lais.sés
bier, prov. jicti'c, 2)Civgue, it. jjnrcr), osp., port.
de côté, d'où le sens >> livres supplémentaires ••,
j)arque. Le mot bas-latin parcus, qui a fourni
du gr. Tzxp'A-i-dy.fjoi, laissé de côté.
tous ces mots (ainsi quo néorl. po-A, ail.
PARALLÈLE, gr. Trar.i))/;/,,-. litt. prés l'un 2>ferch, ags. pcavvuc et les formes celtiques
de l'autre. — D. 2^amflclisme; cps. parallà- 2>airc, 2^nrc et parwg), pourrait bien, tel est
logvamme, gr. 7:jpx):j.r,)6-^yjt.!x;x-i-j.
l'avis de Diez, appartenir au vieux fonds latin
PARALYSIE, gr. TtypAU-t:, dissolution comme subst, verbal de 2}'^>'c^f'<^ épargner, ,

(Tty.pyjMivi); aà]. paralytique, gr. Trxoa/un/.o;. préserver, garantir. Le linguiste allemand


De 2^(ivaIi/S7e, on s'est permis de dégager un rejette comme primitif l'ail. i(e?v7c;?, protéger,
verbe factitif porra/?/.9er; le \)Vo\. 2')avaliticar cacher, par la raison que l'initiale ^) dans
est formé correctement. — Les Anglais ont 2)arc lui semble incontestablement originelle,
estropié j)ara///.v/c en palasyc, puis 2^(dsg. et qtiant à l'origine celtique, proposée par
PARANGON, autr. 2^ai-agon,
comparai- 1. Diefenbacli, il la l'cpousse, parce que les mots
son; 2. terme de comparaison, modèle, pa- celtiques lui font l'etrot d'être tirés du dehors.
tron; es\). 2-)aragon, 2Jarangon, \i. 2iavagone. — D. pavqnev, cmpavquev, pavquet (v. c. m.).
Le mot est d'origine espagnole il est formé, : PARCELLE, \i. 2)avticella, du h. parlicella
d'après Diez, de la formule prépositionnelle p. [tarlicTla, dim. àepars, ptavtis.
para con exprimant comparaison ; p. ex., « la PARCE QUE. p. 2^'^''' c« î'«^. c.-à-d. par
criatura jortj-a con el criador », la créature en cette raison (par le fait) que.
comparaison du créateur. —
On a dit elpara PARCHEMIN, vfr. pircawzu, prov. ^jar-
con (adouci en el pavagon), comme nous di- guamina, du L. pcrgamenum, c\\a.visi pcvga-
sons le iiourquoi, le dedans, etc. L'étym. — rnena, de Pevgamc, où l'on a fabriqué les
de Diez n'est pas fondée, prétend Tobler (Grô- premiers parchemins. Le durcissement de g
ber, Ztscbr., IV, 373); elle pèche par divers cn c est insolite. L'allemand dit plus correc-
côtés. Le mot, d'ailleurs, est plus ancien en tement pevgamcnt.
Italie qu'en Espagne, et signifie « pierre de PARCIMONIE (mot savant), L. 2)<^<-^'(^itnonia
touche » en premier lieu, d'où les sens (parcere). — I). 2^«'^'ci>'>ionieux.
« épreuve, essai, modèle, qui sert de base à PARÇONMIER, qui a sa portion dans un
la comparaison, etc. >.. L'étude de Tobler fait partage. Du subst. \h\ parçon, 2'Kivson, prov
PAU — 377 — PAR
2')arsô, qui représente, non pas, comme dit par gr. Ttiç,'., autour, n'est pas sérieuse. —
Gaclict, le L. jyortionom, mais bien le L. par- Voy. aussi parar/e 2.
tition cm. 4. PARER, dans j)a?'(7r une poire, la peler,
PARCOURIR, L. percurrere; subst. p)ar- = prov. 2Mrar; le sens découle facilement
coiirs. de parare, apprêter, et il serait par trop
PARDI, de rit. pcr Dio. aventureux d'y voir une modification littérale
PARDON, subst. verbal de p)arclo7incr. de peler.
PARDONNER, du BL. per-donare, litt. PARESSE, prov. 2isreza, vfr. 2i(^^'sce, it.
faire abandon complet, faire grâce cp. 1 équi- pigrezza, esp., -^ovt. p)ereza, du h. 2)ir/ritia.
valent ail. vergeben, angl. for-give. Le
;

— — Le gr. 7txpni;[-aip-ir,jxi), relâchement, lan-


latin classique disait condonare. D. par- — gueur, ne peut en aucune manière être invo-
'don, pardonnable. qué comme primitif de ^jajvs^e. Le voisinage
PAREIL, prov. parclh, it. p)arecc]no, esp. de la forme et l'affinité de sens sont fortuites.
parejo; c'est le Bl^. 2^-tricuhis (Loi salique), — D. paresseux, 2^aresser.
dim. de p)ar. — D. appareiller (v. c. m ), dc- PARFAIRE, de j^a?- -|- faire, d'après l'ana-
piareiUer. logie du L. perficere.
PARELLE, parella, lat. ruraex, lapathiim, PARFAIT, adj., vfr. p^arfil (cp. confit), du
catalan paradclla. —
Diez pensait à L. i^ra- L. perfectas.
tum, parce qu'Horace a dit « lapathi p)rata
: PARFILER, =
filer (efiiler) tout à fait.
amantis » mais il faudrait alors passer par
; PARFOIS, p. par fois (cp. ail. zii-weilen,
un [-^^^iG iwatellum, devenu pmratcll uni, ce qui pr. par moments).
est forcé.Le lat. ptaratclla du Pseudo-Maccr PARFUM, voy. l'art, suivant.
parait emprunté au catalan. Une formation PARFUMER, litt. pénétrer ou imbiber do
lapaiella, devenue, par transposition de con- fumée, et particulièrement de fumée agréable,
sonnes, palatella, paratclla, n'est qu'une sim- odorante, d'un type latin jîer/'/.nnare, cp. en
ple conjecture. —
Notez encore qu'en wallon ail. durch-rduchern, darch-diïften. D. —
on dit poràlCy jioréle (cp. dans ce dialecte subst. verbal 2^nrfum, jinrfameur, -crie.
poroche, paroisse, tç>. jiarochc). PARI, voy parier.
PAREMENT, L. paramentum (S. Aug.), PARIA, mot indien, désignant la dernière
ornement, spéc. garnitures du devant d'un caste des Indiens.
habit, d'une robe, d"une manche, de 2'>(i^'(i'^'^, PARIER, pr. joindre deux choses égales,
orner. mettre valeur contre valeur de là l'acception

;

PARENT, L. 2^(i^'dicm. D. 2^are7itaffc, gager (A met une somme pour, B une somme
vieux mot remplacé par 2^(iysnté; ce dernier, égale contre), du L. j)a?"/are (par), égaliser,
anciennement masculin, répond au subst. BL. balancer un compte. Jadis, j;a?'2gr signifiait
2}arentatus; 2'>circntèlo (cp. pour la forme clien- comme l'ail. j9«are;i, accoupler; de là est
tèle)-^ verbe apparenter. resté le terme de chasse jjarmrfe. Aujourd'hui,
PARENTHÈSE, L. 2^arcnthesis, gr. tixo- on emploie dans ce sens plutôt le composé
Iv^îîi;, pr. action d'insérer une chose à côté a2)parier.^ —
D. p)ari, subst. verbal; parteio*.
d'une autre; adj. parcnthélique, gr. Trao-vS-- PARITE, L. pjaritatern (par).
Ti/.o';. PARJURE, 1 . adj. = L.2)e)'-juriis ; 2. subst,
1. PARER, apprêter, orner, du h. 2')arare, = L. p)crj}iriian; se pjarjurer = L. per-
appi^êtcr, dans la latinité du moyen âge = jurare.
orner. — D. parement, parure, 2^o.rad e, ré- PARLEMENT, subst. de parler, pr. entre-
parer. tien, conférence, puis assemblée délibérante.
2. PARER, écarter, détourner, éviter (un — D. parlementer, conférer, négocier; 2^<^'>'-
coup), ail. ^)a?7re;?. Cette signification de lemoifaire, -arisme.
2^arer découle de celle propre au parer de PARLER, it. pjarlare, esp., prov. parlar.
l'art, prcc. par l'intermédiaire de l'acception Le verbe parler présente dans son anc. conju-
« soigner, mettre à couvert, protéger », accep- gaison deux thèmes: X.ptarol dans les formes
tion inhérente au BL. 2^n^'a^"e et qui perce portant l'accent sur le corps du verbe (ainsi
encore dans expressions it. para-29,c;/to,
les je ou il 2')ctroh^\ 2. 2^o,^'l '^ans les formes ac-
2')ara-sole (d'oii fr. ^^a^'a^jc^ pMrasol). On peut centuées sur la finale (ainsi nous parlons, je
comparer, pour le rapport logique, le L. de- 2mrloie, inf. j9rt?7cr). Le système actuel est
fetidere, qui signifie à la fois détourner, re- l'effet d'une dégénérescence; le thème des
pousser et protéger. —
Pour bien apprécier formes accentuées sur la finale a fini par l'em-
notre manière de voir, il faut ne pas perdre porter. Un infinitif paroler est étranger à
de vue que la construction naturelle de pMJ^er l'ancienne langue. Le mot représente BL.
est se 2'>arer de ou contre qqch.; les construc- ptaraholare (voy. parole). D. parlemiint —
tions ^:*arer qqch. ou à qqch. sont survenues. (v. c. m.); composé ^90ur^9arZer. Notez encore
J'ai pensé longtemps que ^7ar<37*d qqch. répon- les vieux mots bien em2Jarlé et emparlier,
dait au L. parem esse alicui rei se mesu- = avocat, d'où emparlerie.
rer avec, résister, tenir tête, mais je me suis

PARMI, =
jjar mi, it. per 7nezzo, du L.
ravisé. X). 2^aradc. per madium, au milieu de ; cp. le vfr. emmi
3. PARER un cap, le doubler, du L. iiar. = in média. —
Conformément à son origine,
C'est donc suivre parallèlement la même ligne /3ar>n2 signifiait autrefois aussi « au nuyen
que celle de la terre que l'on côtoie. L'étym. de, moyennant ».
PAT\ — 378 — PAR
PARODIE. L. parodia, gr. Tra/iMÔta, pr. p>atrino, csp. padriiw, du BL. 2'Xitrimts
coiitre-olinnt. — D. jjarodier. (pater).
PAROI, prov. paret, it. pai-cte, du h. parie- PARRICIDE, adj. et subst., rc.^p. du L.
tem (nom. paries). parn'cida ei parriddium.
PAROISSE, anc. paroiche, it. parroccida, PARSEMER, voy. seincr.
csp., prov. pjarrorjitia, BL. parocliia, gât6 du 1. PART, subst. masc, L. ^ar<»5 (parère).
grec Tz-xfjtn/.iy, d'où le 1j. parœcia (saint Augus- 2. PART, subst. fémin., portion
que l'on a
tin),source directe du mot roman. Le mot ou que l'on prend dans une affaire, puis =i
grec signifie pr. voisinage; la paroisse est, lieu, côté, du L. ^)«>\s', partis. A la dernière
dans le principe, l'ensemble de ceux qui acception, « lieu ou.ct>té «, so rapportent les
demeurent dans le voisinage d'une église. — locutions quelque part, de toutes parts, départ
D paroissien -ial.
. , cnjmrt, ^ pari (prov. a part, it. aparté). Si,
PAROLE,
anc. paraide, prov. paraiûa, it. dans la formule de par le roi, le par est pour
parnJa, anc. it. jMrauJa. Cette dernière forme p>art (voy. par), il y a eu confusion en sens
est directement produite du L. parabnia, pn- inverse, dans les locutions à part moi, à part
rab'la, par la résolution de b en ii (cp. L. fa- sot, que les anciens écrivaient à par moi, à

bula, it. fola, prov. faula; L. tabula, prov. par A'Oî, conformément au L. per se, oW. bei
tailla, fr. tôle). Par l'interver-sion des liquides, sich, angl. by himself. —
La locution pren-
du type parabla la forme
l'espagnol a fait dre en bonne part {(.hi bon côté) est latine in :

palabra. La substitution du terme parabola bonam partent ou in bonas partes accipci'c


au L. verbicm est motivée, d'après Schlegel, se disait déjà du temps de Cicéron.
par une espèce de respect pour le sens reli- PARTAGE, voy. partir. D. partager. —
gieux et mystique prêté au mot verbe. Mais PARTANT, adverbe, —
par tant, per tan-
parabola. gr. Trx/saCîivi (idl, parabel) n'c.<!t-il tum, pour telle raison. Cp. pou}'tant.
])as aussi un terme biblique? D'après Max PARTENAIRE, forme francisée do l'angl.
Muller, l'extension donnée dans les langues partner, associé (dér. de part).
néo-latines au mot parabola s'est faite par PARTERRE, aire plate et unie; c'est la lo-
imitation de l'ail, tcort, qui de bonne heure cution adverbiale par terre substantivée.
avait pris le sens de proverbe propre au L. PARTI, subst., voy. partir. —
D.pai'tisan,
parabola; ce dernier mot roman étant em- p)artial (voy. ces mots).
ployé, dans ce sens, pour traduire le mot ail., PARTLAIRE. L. partiarius.
il a fini par traduire aussi celui-ci dans son PARTIAL, d'un type BL. jiartiaîi.s', auquel
acception primitive et générale. Cette explica- se rattacheégalement \a (orme partiel L'adj. .

tion nous semble raisonnable ; les c^s sont en al se rapporte, pour le sens, au primitif
nombreux où se manifeste l'influence germa- ma.sc. parti; celui en el, au primitif fém.
nique dans les formes et les acceptions prêtées partie. —
D par<m/i<fc', impartial, se par-
.

aux mots de source romaine. D. parler — tialiser.


{v. c. m.). PARTICIPER, L.participare,à6r. de l'adj.
PAROTIDE, gr.TTxpoiTii, -iSoi (de T:xp&,iprès, particeps (
=
qui partem capit), d'où vient
et où;, iizd:, oreille). également le terme de grammaire subst. ;)ar-
PAROXYSME, gr. izxpoXmiiô;, excitation,
tidpium, ù'. participe. —
ï). participation.

irritalion PARTICULE, L./>aW2a«/a (pars), petite par-


[-y.r^'^X'j-ni-j).

PARPAILLOT ; ce sobriquet des protestants tie. Voy. aussi parcelle. D. particulier, —


vient de Jean Perrin, sieur de Parpaille, pré- L. particularis, pr. qui ne se rapporte qu'à
sident à Orange, que Fabrice Serbelloni, pa- une petite partie et non pas à la généralit*';, cp.
rent du pape, fit décapiter à Avignon en 15G2. spécial =
qui se rapporte à une espèce, et
Les autres étymologies mises en avant (vfr. singulier =
qui se rapporte à un seul.
jiarpaillot, prov. parpailleux, papillon par-
;
PARTICULIER, voy. l'art, préc. parti- —D.
cularit '•,
-ariser, -arism.e.
pillote, petite monnaie) n'ont aucun fonde-
ment. PARTIE, subst. participial de partir di- =
PARPAING, pierre qui tient toute l'épais- viser; BL. et it. partita, csp., port., prov.

seur d'un mur; aussi pierre parpaigne; partida.


d'après Littré, c'est un composé de^er, d'outre PARTIEL, voy. partial.
en outre, et pan, altéré en paigne. L'ail, PARTIR, diviser, séparer, L. 79a W m. Le sens
appelant la pierre dont il s'agit durchbinder, premier et actif de partir n'est plus guère
vollbinder, je àécom^^Oie parjming plutôt par conservé que dans le langage héraldique
(« parti d'or et de gueules »j et dans la locu-
2-)er -\- pangcre, planter, fixer.
tion « avoir maille à partir ".Biaise de Mont-
PARQUE, L.^arca.
luc disait encore « pour s'entre-partir ce
:
PARQUER, mettre dans un ^arc (v. c. m.). royaume «, etMontaigne « tout le monde so
:
PARQUET, dimin. de^«rc(v. c. m.), donc voit 2')arti pour trois belles ... A ce sens pri-
litt.=: petit enclos de là espace réservé
;

aux juges ou aux officiers du ministère public


:
nom àa?, jeux partis.
mitif se rattache aussi le
Le moyen âge employait le vcvha partir pro-
dans un tribunal ; lieu des agents de change
nominalement et disait se partir]), se séparer,
à la bourse ; plancher à compartiments, etc.
^- D. jiarqKcter, -eur, -erie.
s'éloigner, s'en aller ; cette même valeur est
restée au verbe dépouillé du pronom réfléchi,
PARRAIN, vfr. parrin, prov. pairin, it. | tel qu'il est en usage aujourd'hui. Comparez
. . ,,

PAS 379 — PAS

en ail. sclieiden, =
diviser en deux, sich nommé qui se plaisait à lancer des brocards
schciden, se réparer, puis sclieiden, sens aux passants. —
L"it. pasquillo (fait, comme

neutre, =
partir. —
D. 1 les subst. de l'action
. suppose Diez, sur la base de 2^cisqui?ioJo) est
partetvent (vieux, aussi =
division) et par-. synonyme de pasquinata et a donné aux Alle-
ta7ice (le subst. départ du composé d<'partir mands leur pasquill et aux Liégeois leur
a prévalu sur ces deux formes); 2. les subst. p)askcie (chanson satirique).
de résultat, à forme participiale, l'un mascu- PASSABLE, voy. 2')(i'Sscr.
lin, l'autre féminin, savoir par/te (v. c. m.) et PASSADE, prov., port, passada, esp. jja-
piarti, pr. la part que l'on prend, le côté où sada, it. passata, passage, traversée, de pas-
l'on se tourne dans un partage d'opinions (cp. sare, etc.
l'expression latine par-tcs), enfin, le lot qui PASSAGE, prov. passatge, esp. pasage,
vous échoit, situation, etc. Le subst. latin — port, passagcm, it. passa^^î'o, 1. action de
jiartitionem, partage, division, classification, 2iasser, 2. lieu par où You pxtsse, puis endroit
n'existe plus que dans le terme musical p«?'<«- particulier dans l'ensemble d'une composition
tion ; les anciennes formes vulgaires par son et littéraire ou musicale. D. passager, adj. et —
2mrtison se sont perdues (voy. pa7^ço7î7iier) subst. (aussi vei'be, comme terme de ma-
— Composés départir (v. c. m.) et repartir
: nège).
(v. c. m.). PASSAVANT, ]). passe-avant, billet portant
PARTISAN, de l'it. partigiaiw, dérivé de ordre de laisser passer; cp. le terme prtsse-
parte (comme artigiano, fr. artisan, de arte). deboiit.
Autrefois, partisan désignait le chef d'une 1. PASSE, subst. verb. féminin (cp. pas 2),
bande de troupes légères, de là vient (outre la dépasser dans ses diverses acceptions. D. —
.signification militaii^e attachée encore au mot) dim. passercZ/c, passage ou ponton étroit pour
le nom d'une arme appelée en it. partigiana^ les piétons; passette, imj'iasse (v. c. m.).
angl. p)artisan, et que les Français, par une 2. PASSE, fauvette, du L. passer. Com- —
fausse assimilation à l'adj. pertuis percé, = posés 2)asse-bleu, passe-vert, espèces de pas-

:

ont gâté en piertuisane. Il faut se garder sereaux; passe-folle, espèce de mouette.


de considérer partisan comme formalement 1 PASSEMENT ce terme, en tant que si-
. ;

et directement dérivé de iiarti. gnifiant une espèce de bordure d'orncnent,


PARTITIF, t. de grammaire, qui dési- = ne paraît pas dériver en ligne directe de 2')as-
gne une partie d'un tout, h.jjartitiviis*. ser, comme on serait tenté de le croire, d'au-
PARTITION, voy. pai-tir. tant plus que l'on dit passer un lacet, etc.
PARTOUT, =
par tout; cp. l'ail, iïhcr-all. C'est, selon toute probabilité, une francisation
PARURE, voy. pai-er. de l'esp. pasamano, d'où aussi it.passamano.
PARVENIR, L. per-ve7iire. D. parvenu. — Le mot esp. signifie proprement une rampe
PARVIS vient du L. paradisus, qui dans la ou balustrade (« por que pasamos por el la
latinité d\i moyen âge avait pris le sens de mano « suivant l'explication de Covarruvias)
parvis; d'abord /)araï5, puis (par l'intercala- puis par extension bordure en général et spé-
tion euphonique d'un v) paravis, parevis, en- cialement passement. On a rendu la terminai-
fin fpar syncope) /)a?*m. On sait que le sens son man conforme au suffixe me^it habituel.
fondamental de paradisus est « lieu clôturé ». — L'ail, a gâté le mot primitif encore davan-
1. PAS, mouvement de jambes, Yi. passus. tage et en a iiiii posament .
— Vi. passementier,
Exprimant une petite étendue de terrain (la -erie.
mesure d'un pas), ce mot a servi, comme 2. PASSEMENT, action de passer une chose
goutte, 2')oi7it, mie, à renforcer la négation; à l'eau ou autre liquide.
« je ne vois pas » équivaut litt. à « non video PASSE-POIL, liseré; comment se rendre
passum ». — De ims vient, d'après l'opinion compte de ce composé?
reçue, le verbe passer {s. c. m.). — Voy. aussi PASSER, it. 2'^C'SS'-''-'>''^> Gsp. pasar, prov.,
compas. port, passar. Diez est d'avis, sans rien affirmer
2. PAS, dans « pas de porte, pas de Ca- pourtant, que ce verbe, qui paraît avoir dès
lais " et plusieurs applications
technologi- le principe une signification transitive, est
ques, est le subst. verbal de passer. C'est plutôtune forme fréquentative du h. parjdcre
donc un synonyme de passage, défilé, détroit, (sup.passum), =
ouvrir, fendre, séparer,
équivalent à it., port, passo, esp. paso, prov. qu'un dérivé direct du subst. passus, pas. L'it.
jms, ail. pass. « On choisissait d'ordinaire un a de la môme façon tiré spassare, se récréer,
passage étroit pour y attendre l'ennemi, et s'ébattre, du L. ex-2')andere . " Pandere rupem »

cette habitude donna naissance à ce que, c'est ouvrir le rocher, faire un passage à
dans les mœurs chevaleresques, on appelait travers le rocher; " panduntur inter ordines
un pas d'armes » (Gachet). vise », signifie des passages sont ouverts
:

3. PAS, élément de formule négative, voy. entre les rangs. Passare serait donc d'abord
2ms 1 = ouvrir, donner passage, laisser ou faire
PASCAL, adj. de pasque* pâque (v. c. m.). passer, puis passer en sens neutre, c.-à-d.
PASQUIN, de l'it. pasquino, nom d'une sta- aller à travers, aller d'un bout à l'autre,
tue à Rome, contre laquelle on affichait des passer devant le regard pour disparaître en-
placards satiriques ; de Là it. pasquinata, fr. verbe comme élément ini-
suite. On trouve ce
pasqidnade. Le nom de la statue vient, dit la tial de composition dans une foule de siibst.
tradition, d'un nommé Pasqiano, tailleur re- servant à dire, soit « qui passe ou fait passer,
PAS — 380 — PAT

p. ex. :2iasse-coT(lo7i, passc-/ÎI, passepo7't ; soit rinvolto 2Msta », pâté de viande, 2. « mis-
(ï\

« qui surinasse, qui outrepasse ", p. gk..: j^assc- tura di varie cose », mélange, jiot-pourri.
droit, j)asse-fleii.r, dansunc foule dosubst. corn- Nous laissons à d'autres le soin dotablir com-
posés. — \i.2ms = passage; passe, passable, ment de ces significations a pu se produire la
j)assade^ -âge, -ant, -ation (d'un acte), -ement valeur du mot_ en tant que signifiant" pein-
(v. c. m.); passé, adj. et subst; 7>flsst'c, pas- ture d'imitation ». Kntendait-on d'abord
seur, passoire. Composés : compasser (voy. qualifier jmr là un travail do jjièces rappor-
compas), dépasser, outrepasser repasser, sitr- tées d'après diverses manières, non originales?
2iasser, trépasser. Notez encore la locution Il va de soi que l'étym. L. post, après, d'après,

tour de jmsse-passe. « qui vient de ce que les est réprouvable; 2iiistichc n'est pas une va-
joueurs de gobelets, en faisant leurs tours, riante (\o postiche. — I). ])asticher.
disent aouvcnt jjasse, jmsse «. Géniua traité— PASTILLE, L. pastnium (de jtasta, pâte).
la question de savoir si certaines a})i»lications PASTORAL, PASTOUREAU, -ELLE. voy.
du \crhe passer, telles que sejjasser de qqch.
: 2msteur.
(autr. on disait sans qqch.), jiasscr condam- PAT, t. d'échecs; d'origine inconnue.
nation, se Classer une fantaisie, je vous la '?k'î,])ast', L. ^xisfjï* (pascere). Voy. aussi
2Msse, n'appartiennent, pas à un 2)asser homo- re2ias.
nyme, c.-à-d. à une forme fréquent, du L. PATACHE, \Lpatascia,(is^.patache, néerl.
2Mli, souffrir, subir, tolérer. Je n'ai pas
2^ctas; d'origine inconnue.
encore d'opinion arrêtée à ce sujet, mais je PATARAFFE, corruption populaire à.<i pa-
crois que cette manière de voir est légi-
rafe.
time ; Froissart emploie souvent se souffrir
PATATE, esp., it. jiatata, angl. poiatoe;
dans les divers sens de se 2^cissei', c.-à-d. se mot américain.
contenter et s'abstenir. Je pourrais rappeler
PATAUD, propr. chien à groi^ses pattes.
encore de nombreux passages de nos trou-
PATAUGER, dial. patoier, 2mtouiller, pato-
vères, tels que celui-ci du Cléomadès d'Adenet
qucr, di'-r. de j}atte ; voy. ansai p<droi' il le et
le Roi :
cp. l'équivalent ail. imtschen.
Bien fait legièromont paxxci'
Ce que on ne jx'iU amender. PATE, 7)«A'/«*, it., esp., \tovi. pasta,du L.
Passer = passari\ tolérer, admettre, ex- 2)asta (Marc. Km pi riens). Le mot latin est-il
plique fort bien au.ssi l'adj. \{v. passé, reçu,
du vieux fonds de la langue, ou tiré soit do
admis, certain, et notre adj. 2i<^ssable, tolo- 2mscere {donc pr. nourriture), soit de Tr'/airoj
rable.
= formé(suj)position fondée sur ïcs[).plasta,
«= argile, pâte)? L'examen de cette question
PASSEREAU, du
dim. de passer.
L, passercllus (inusité),
— Cp. passcrct,
émerillon.
n'est i)lus de notre tâche. —
D. pâté (part, du
PASSERELLE, dimin. (\e j,asse 1. BL 2)astarc, mettre en pâte), cp. &\\..2^ustete;
PASSIBLE, L. 2)(issibilis (pati), susceptible 2>àtéc, 2i''tteu.x, 2y'tt<^n ! Vit 2'>asticcio, . pâté =
(voy. pastiche), a fourni les formes 2^àtisser,
de souifrir de là imjmssible, non susceptible
;

2mtissicr, -cric; verbe cmjjâter, d'où le subst.


de souffrir ou d'être affecté ou ému de qqch.
PASSIF, L. jmssicus (pati). D. pMSsiveté— savant it»j imitation.
PATELIN, du nom du principal personnage
et passivité.
PASSION, L. passionem (pati), souffrance, d'une farce composée vers la fin du xv* siècle.
mouvement de l'àme. —
D.jiassionner, mettre
— On se demande si le nom de ce person-
en état de passion ou d'affection vive. nage est de pure fantaisie ou s'il rei)résente
une idée. A ce sujet, Ducange et Le Duchat
1, PASTEL, de l'it. 2MsteUo, qui est un di-
minutif de 2)asta, pâte, le pastel étant un ont pensé que patelin était une corruption de
crayon composé avec une 2Mte de couleurs pul- 2Wterin, hérétique vaudois qui séduisait ses
vérisées. auditeurs par son beau langage. Ducange
2. PASTEL, plante de
allègue un texte du xiii" siècle, où paterin
teinture, guède;
comme le préc, de jy^i-sla, est expliqué par deviseur, parleur. M. Hrinck-
pâte, parce qu'on
en faisait do petits gâteaux. mann est d'avis que le nom du héros de la
PASTENADE, voy. 2Hinais. pièce vient plutôt de l'adj. patelin, qui aurait,
PASTENAGUE, poisson, L. pastinaca. selon lui, préexisté, et dans lequel il voit une
PASTÈQUE, port. 2^ateca, de l'arabe baticha, épithète du chien « qui donne la patte « pour
courge, melon d'eau. soutirer un bon morceau. Il se fonde sur ce
PASTEUR, du L. 2iast6rem, berger, litt. que icvmc 2^atel in cur est employé dans la
le

celui qui fait paître (pasci, sup. pastum) le pièce même


(« que de patclineurs! »). J'in-

troupeau. Le même primitif latin, sous la cline vers l'opinion du savant allemand ;
forme du nomin. seulement, je serais plutôt porté à voir dans
2^àstor, s'est francisé en
2'jdtre, vfr. pjateliner une forme diminutive de ^jfli^aer,
paistre ; cette dernière
2^C'Si^'c<

forme était, dans la vieille langue, réservée au caresser (cp. angl. ^)a^, caresser).
cas-sujet, l'autre aux cas obliques. D. pas- — PATÈNE, L. imtena, plat.
toral, L. pastoralis ;|9astoi!rmu, -elle, dimin. PATENOTRE, francisation de pater nosler,
de l'anc. foi-me 2^0-Stour ; 2^astourelle, poésie premiers mots de l'oraison dominicale, appe-
pastorale. lée aussi vulgairement pater tout court. Du
PASTICHE, de l'it. pasticcio, m. s. (dérivé sens dérivé chapelet vient le nom industriel
i\.iipasta, pâte) = 1, « vivanda cotta entro a pjatcnôlrier, fabricant de chapelets.
.

PAT — 381 — PAU


PATENT, L. patentem, ouvert, libre, dé- PATRIE, L. patria. — L? mot est étranger
couvert; de là lettre patente et patente tout à l'ancienne langue.
court. Cp. l'expr. analogue manifeste. D. — PATRIMOINE, L. 2iatrimoniu)n, d'où l'adj.
2)ateiiter. patriinonial.
PATER, voy. patenùtrc. PATRIOTE vient, avec modification du sen?,
PATÈRE, h. paiera, coupe, plat. du gr. 7rzr,'yiwr/7;, compatriote. —
D. patrio-
tique, -isme.
PATERNEL, extension du L p)aternus . (fr.

2Kttcrne), d'où paternitas, fr. paternité. PATRON, protecteur, maitre, L. patronus.

PATHÉTIQUE, grec Tiz^/jn/o; émouvant, — L'acception « modèle » qu'a prise le mot

dér. secondaire de itxxi'i;, souffrance, passion,


2Mtron (ail. patrone, angl. pattorn) repose sur
affection, en fr. jxithos. De ce môme subst.
une métaphore le modèle impose la loi ou
zicSs; vient le terme savant patholoijie, traité
prête
;

son assistance comme un patron. —


ou science qui traite des affections maladives. D. patronal, -âge, -at; wQvha 2iC''tronner
PATHOS, PATHOLOGIE, voy. p)athétique. PATROUILLE, forme primitive patoulUe,
PATIBULAIRE, dér. du h.patibulam, gibet. ït. pattugJia, esp. patruUa; subst. du verbe

1. PATIENCE, \oy.2iatieJit. jjatouiller, patrouiller, qui a eu et a encore,


2. PATIENCE, plante (rumex paticntia); dans les patois, la môme valeur qnc 2}alauger
d'origine inconnue. Littré cite le bas-ail. ^;rt- (v. c. m.) comme ce derniei", il vient de
;

tich, qu'il croit gâté, par aphérèse, du L. 2nitte, terme vulgaire p. pied. Patrouiller, —
lapalJtum,m. s. terme militaire, est donc une expression pure-
PATIENT, L. pja'ientcm == qui souffre. — ment populaire p. faire la ronde ou le guet ;

D. pjatience, L. patientia patienter; impa- pr. marcher gravement au pas.


;

tient. PATTE ce synonyme de pied appartient à


;

la racine ^Jflf on pot, largement répandue dans


PATIN, it. ]'jatli?io, angl. jmtten, d'abord
une espèce de soulier fort haut; dérivé (ou du leslangues européennes avec la signification
moins de la famille) de pjatte. Ou bien le v. de chose plate, de pied, de marcher. Nous ne
flam. 2>^att!/nen = soulier de bois (soulier rappellerons ici que le gr. t.xto;, pied, TrarîTv,
plat ?'^
doit-il faire exjjliqucr 2^at par une alté- marcher; vha parf, mha. pata, has-a\\. pote,
ration do 2>^at: .? — D. patiner. ail. mod. pfote, patte; L. 2^<^d {nom. 2^05 p.
=
PATINER, terme familier,
1. manier ou = peds), pied sanscrit 2)C'da, m. s.; saxon

tâtcr, dér. de jiatte =


main; 2. glisser sur p)adden, 2')edde)i, marcher. De la même famille
la glace avec des^M^z'ns.
relèvent les mots îw pataud, p)atauger,p)atin,
2iatrouiUe. —
La racine équivalente jj/af n'est
PATIR, du 'L.2')atiri, forme barbai^e \\.pati
(cp. mourir de moriri p. mori). Comment
qu'une variété de^mt. D. 2^cittu. —
justifie-t-on le circonflexe dans 2^àtir Le com- .?
PATURE, j?ai'<tere*, L. pMstura (pasccre). —
posé comp)atir n'en a pas. D. pjdturer, -âge, 2^c(,t>^if'on (v. c. m.).

dér. de
PATURON, it. 2^»sturale, dér. du vfr. ^?«i"-
PATIS, L. 2>ctsticius p. ^^a^iïctfs,
tu7~e, corde pour attacher les bêtes qui paissent
2Kistum, supin de jxjscsn?, faire paître.
= it. 2'>c-stoja, BL. 2^o,storia (de 2^ci,stuin, supin
PÂTISSER, -1ER, -ERIE, voy. pâte. de 2Jcisci, paitre). Le mot désigne pr. la partie
PATOIS; d'après Ménage, approuvé par de la jambe du cheval où se mettait la pcii*-
Littré, p. jmtrois, qui représenterait BL. j>a- ture. L'ail, fessel a de même les deux accep-
triensis, indigène (cp. pour la chute de l'r tions. C'estau vfr. 2^ci,sture que se rattachent
prov. pays, et vfr. patois, localité, pays ;
'pati, aussi les composés empxitrer et dépêtrer (voy.
dans le Midi, on dit 2Mois p. compatriote). ces mots).
Cette étymologie doit prévaloir sur toutes les PAUME, L. jmlma {TTulxtrn)- — '
T). 2'>ciumer,
autres qui ont été produites aussi je ne re- ; pr. frapper avec le plat de la main en signe
l)résenterai plus mes arguments en faveur de la conclusion d'un marché, puis fixer la
d'une explication \mv2)^alots, langage du plat mise à prix, d'où jjawmcv, prix de l'adjudica-
pays. —
Je cite encore l'opinion de M. de tion dans une enchère ces valeurs des mots
;

Chambure (Glossaire duMorvan), qui rattache 2)aumcr et paumée, très usuelles en Belgique,
le mot à 2)aUC', patauffer, patouiiler. » Parler manquent dans les dict. de l'Académie et de
patois " rendrait une idée analogue à celle de Littré; ils ne portent que />a»;H3r, donner un
bredouiller, barboter, patauger. coup du plat de la main, et mesurer avec la
PATRAQUE, machine usée ou mal faite. paume. —
Le jeu de jiaume a reçu son nom
D'origine inconnue. On emploie particulière-' parce que primitivement, on lançait la balle
ment ce terme pour une montre de peu de non avec une raquette, mais avec la paume de
valeur cela fait penser à y voir une expres-
; la main. —
D. ^)a»me/^e.
sion burlesque et populaire, empruntée à PAUMELLE, espèce d'orge, de L. jmlma, à
])atraque, terme populaire p. pomme de terre, cause de la ressemblance des épis avec une
à cause de la ressemblance de forme. Le peu- petite palme.
])le dit de môme pour une montre épaisse, à
PAUPÉRISME, néologisme tiré du L. ^xfH-
l'ancienne mode, un oir/non. 2)er, pauvre.
PÂTRE, voy. pasteur. PAUPIERE, en vfr. anssï 2Jctupsrre. pal2»'e,
PATRIARCHE, h.patriarcha, <^v.-xrf.ixpy-ri:. 2Kipière, ït. pal2)ébra, esp. pdlptobra; les mots
— D. patritti'cal, -at. correspondants des divers dialectes romans (et
PAV — 382 PEA

ils sont nombreux) peuvent se diviser en do la finale a', laissant


2)avcr, par l'apocope
deux classes; les uns tiennent à h. palpcbra pour thème devenu d'abord jjavau,
jïujhiv,
[e tantôt long, tantôt bref, les autres à L.pal- 2/avù, puis, par confusion do la finale avec lo
mira. Notre terme usuel français peut so suffixe ol, 2>(iVot; cp. vfr. chaillot, pierre à
ramener aux deux types latins, Ye do leur paver, Coexistant avoc c/tailiau.
finale étant tonique ; vfr. ^ia//;>'c accuse, par PAYEN, voy. j)ajt';j.

contre, l'accentuation de la première syllabe. PAYER, it. j)o.go.re, esp ,


port, intyar, prov.
PAUSE, L. pausa, gr. :rajîa (de -«ùîiv, ces- 2}agar, payar, du L. 2^(i<''(*''^t apaiser, satis-
ser). — D. iKiuser (BL. pausare),àont poser faire,en BL. =
solvere, cxsolvere. Une mé-
n'estqu'une modification de forme. taphore analogue est au fond des mots quitte
PAUVRE, vfr. novre, L. paupcr, -eris. — et acquitter. « Page e dette de paco latino
D. pauvret, p)auvresse; pauvreté, L. pauper- cho valo concordo, perciochô il debitoro,
tatcm appauvrir.
; quando paga il suc creitore, lo contenta et
PAUX, pieux, plur. de^>a/, L. palus. quasi fa j)ace co'n lui m (Acarisio). D.subst. —
PAVANE, danse, vient, dit-on, de l'it. pa- verbal jMi/e; 2i(i!/eur, 2ni!/ement.
vana, que l'on considère comme une abrévia- PAYS, ït.2)(iese, esp., port, païs, ^ro\. pacs,
tion àc paduvana (donc pr. danse de Padoue). représente un type latin 7>a^CJW«, dérivé do
Comme la pavane est une danse espagnole, 2)agus, canton; pr. lo plat pays, lo village,
mieux vaut peut-être l'étym. pavanus', adj. opposé à la ville; cp. prov. pages, BL pagen-
de jMVus =
jiavo; donc danse où les danseurs sis, paysan. —
Lo caractère adjectival do
font la roue l'un devant l'autre comme les 2)agcnsis perce encore dans le mot ])ags, fém.
jjaons font avec leurs queues. 2)aysc (= compatriote, né dans la môme loca-
PAVANER (SE), voy. paon. lité), usuel dans les campagnes. \).2)agsage, —
PAVER, du L. 2iavire, avec changement do pjagsan, it. i)acsano, dépayser.
conjugaison (cp. tussire, fr. tousser). D. — PAYSAGE, voy. ;>aj/^. D. paysagiste. —
2javc; pavement, L. pavimentum; dépaver. PAYSAN, voy. 2ms.
PAVILLON, tente, tenture, drapeau, éten- PEAGE, prov. pezatgs,\i. jicdaggio, esp.
dard, it. pjadiglione, sarde papaglioni, csp. jieagc, \\L.2Vidagiurn, dQ2ies,2iedis. » Pcdagia
jjabellon, prov. pabalhô, du L. papiïioncm, dicuntur qufu dantur a transeuntibus » (lîre-
qui a le sens do tentorium, tabernaculum, viloquus). C'est donc la redevanco des pas-
dans Lampridius et les auteurs de la basse sants, pr. des piétons. D. ^jt'aycr. —
latinité. PEAU, anc. j)6'/, L. peîlis. A la forme —
PAVOIS, pavese (aussi palvese),
bouclier, it. ancienne jyel ressort issent les dérivés 2)cler, :

csp. paves; d'après P'crrari, de Pavie, où ces ôter la peau (v. c. m.). — L'adjectif L. 2)elli-
boucliers se confectionnaient particulière- cius a donné le subst. pc/m<5. et la forjiie ulté-
ment. Diez rappelle aussi les formes valaques rieure 2>(^i^'ciarius a produit le fr. peaiicier'
pavëzê, hongrois pais et bohème jiaicesa. 2)caussicr, prov. 2>sllicier.
Chevallet allègue le gulloisjiarvaes, bouclier, PEAUSSIER, voy. 2^eau. —
D. peausserie.
dér. de 2Ja}'V, ce qui est entre deux, ce qui 1 . PEAUTRE, dans la locution envoyer qqn.
s'interpose; il cite aussi le bret. paves, = au 2)C(iutrc. Lo dictionnaire de Trévoux fait
pavois, mais je crois que l'étym. Pavie doit venir co mot du bas-breton, où, dit-il, l'on
prévaloir, surtout en pré.sence du vfr. jtaviois appelle ainsi les mauvaises filles ou les mau-
(Rom. de Troie « dcsoz le Xnawmc jfaviois »),
: vaises gens. Johanneau pense <jue lo mot est
qui répond à p)aviensis. L'ancienne forme p. cpeautre et que lo sens do la locution est
pavcsc/tc (d'où pavesché, muni d'un pavois, équivalent à envoyer paître. Roquefort inter-
mot fréquent dans Froissart; accuse pour type prète pycautrc par lieu de débauche. Enfin, l'on
la tonne pjaviscus, qui convient au.ssi k pavois. a prétendu à l'aventure que peautrc se disait
— D. du radical pav : verbe pavicr (t. do ma-
.

autrefois du gouvernail d'un bateau, et que de


rine) de pavais' pavois : pavoiser et pxœe-
; là vient l'adj. héraldique peautré dans : dau-
sade. 2)hin d'asur 2)eai'tré d'or, au gouvernail, c-
PAVOT. Le thème ;>iac peut
tenir au L. 2>(i- à-d. à la queue d'or (voy. j^eaw^re 2). Tout —
paver; il que ce dernier, la syl-
est possible cela est avancé sans aucune preuve; aussi je
labe initiale ayant été prise pour réduplica- laisserai la question indécise, sans cependant
tive, ait laissé une forme paver, qui est en me priver do la satisfaction d'émettre une
du provençal. Diez, cependant, rap-
effet celle
conjecture. En Champagne, pautrc signifie
pelle aussi les formes ags. papi(j, jiopig, lit ou paillasse; no serait-ce pas notre mot,
angl. poppij, cymr. ptahi. Cp. aussi les formes de sorte que « envoyer qqn. au peautrc » no
papou (Berry) et pmpÀ (Normandie). Voici dirait autre chose que s'en débarrasser en l'en-
comment M. Brachet rattache notre mot à voyant coucher ? Or, jîawirc me fait l'effet d'ètro
piupaver. D'abord papave, puis pa-ave, 2^aaue,
p. 2ioutre et = l'ail. 2wlsier (voy. ^ioltron). Il
2jaoe, pao, 2Mot, enfin, par intercalation de v, de mau-
se peut que le mot impliquât l'idée
pjavot. Cette enfilade de formes n'est pas pré-
vais grabat et qu'il s'y attachât ainsi celle do
cisément contraire aux règles (bien que l'on misère de là l'anc. ^JcawiraîY/e, canaille.
;
ne connaisse aucun autre exemple de la syn- 2. PEAUTRE, étain, puis sorte de fard ; it.
cope du p
médial), mais, à coup sûr, peu 2'>cJlro, esp. pelLre, vfr es2)eaulre (sorte do
vraisemblable. —
D'après Tobler (Grob. métal). C'est du fr. que "Viennent néerl.
Ztschr., IV, 375, note), pavot vient du L.
j^a- piauler, angl. 2^<^i-otcr. — Si, comme le pense
;

PÉD — 383 PEL

Litti-é, la source du mot est le nord, inùtr, PÉDICURE, qui a soin des pieds (qui pedes
étain, il faut admettre que peJtro
plutôt curât).
QtpcUre viennent àQpeautre\ nous aurions ici PEIGNE, vh\ pigiie, it. pettine, esp. peine,
un nouveau cas d un changement de au en el port, pente, prov. j^onche, du L. pecten, pec-
ou al., comme celui noté sous calme. D. — tinis. —
D. peigner., L. pcctinare, d'où pei-
le de blason pea((<r<^, qui se dit des poissons
t. gnoir., -eur, -ures.
dont la queue est d'un tout autre émail que PEINDRE, \ir.p)oindre[cp. le wall. de Liège
celui du corps. jjond)., —
prov. ^^(^'iher, du L. 2Ji'iff<!J'(^- ^^
PEO{hareng), salé dégagé du néerl. pekel,
;
supin la.tin jiictum viennent L. pictor., prov.
:

angl. pickJe, ail. pôkel et pikel., eau salée. pictor., pintor.,it. pittore, pintore, fr. pei.ntrh

PEOCABLB, capable de pécher, tiré du (pour la facture du mot fr., cp. chantre. pat r^i
verbe L. peccare., d'où les médecins ont aussi de cantor,p)astor) •,pictura., "pvow.pinctura., fr.
fait leur terme pcccant == vicieux. PEiNïURK. Les formes nasalisées sont l'effet
PECCADILLE, de l'it. pcccadiglio, esp. d'une adaptation au part, passé du verbe, qui
pGcadilîo, dimin. de l'it. peccato., esp. pecado est peint; adaptation motivée par le précé-
= L. pcccatum., fr. péché. dent de teinture., L. tinctura. Il est permis
PEOOAVI, mot latin, j'ai péché, = du reste aussi d'admettre l'ancienne existence
PECHE, subit, verbal àa pêcher. d'une forme latine v\xs,i\>\\\opinctor,pinctura.,
1.

2. PÊCHE, fruit (du fr. vient angl. peach), PEINE, vfr. poine, du L. jiœna (Tr^yiv/j). —
it.pesca., contraction àa pcrsica, esp. pers-igo, D, pénal, L. pœnalis; pjénible (v. c. m.),
prisco, al-persico, port, pesego, prov. pesega, peiner.
ail pfîrsich, du h.pcrsicum, pr. fruit persan.
PEINTRE, voy. peindre.
— D. pécher. PEINTURE, voy, peindre. —
D. peinturer.

PÉCHER, L. peccare. D. — jj(?cAJ = PÉJORATIF, du L. pejorare (pojor), em-


pirer
L. 2vccatum ; 'pécheur -eresse.,

PÉKIN, aussi j^équin, t. d'injure dans le


PECHER, anc. pescher, L. piscari (piscis).
langage militaire. Ne serait-ce pas un diminu-
— I). pèche, jjêcheur., -erie.
tif de pcc, sot, niais, imbécile, renseigné sous
PÉCORE, \t.p)ecora, du L.pccora, plur. de pjecque? D'autres ont pensé à l'esp. jjc^u/n,
pccus^ bête de troupeau.
petit. D'après Littré, àQpéhin, étoffe de soie
PECQUE, sotte, impertinente c'est le fém. ;
qui, sous l'Empire, était beaucoup portée en
du vfr. et prov. pcc, sot, niais, lequel vient pantalon et qui tire son nom de Pékin, cai)i-
prob. du L. pccus., bête (cp. le champ, peque,
talo de la Chine. Pour d'autres explications
mauvais cheval).
conjecturales sur l'origine de notre mot, je

mot
PECTORAL, h.pcctoralis rpectus) le même
dans le fr. du fonds commun,
latin a fait,
;
renvoie au suppl. de Littré. —
Depuis que
ces conjectures ont été imprimées, un bien-
poitrail; de même le type latin pectorina a
veillant lecteur, ancien ami du maréchal
donné régulièrement le subst. poitrine. Excelmans, m'écrivit, d'après une communi-
PÉCULAT, L. x>eculatus. cation de celui-ci, que le mot d'injure pékin a
PÉCULE, L. j^x'cttZrum, avoir, épargne. surgi en 1790, le 14 juillet, à la fête de la
PÉCUNE, L. pecunia. D. p)écuniaire, — Fédération, où se trouvaient réunis les dépu-
L. \)vcx\nyAv\s\j)écunieux^ L. pccuniosus.
tés de Yar)nëe et les députés de canto>is. D'une
PÉDAGOGUE, gr. 7rs<:i^«y',)/04, pr. conducteur ville chinoise, Canton, à une autre ville clii-
d'tuifant. — \''. pédagogie, -ique. noise, Pékin, il n'y a pas loin et l'on comprend
PÉDALE, L. 2^edalis (pes). que la plaisanterie ait converti les « députés
PÉDANT, de Vit. 2:)edante. Ce dernier signi- de cantons en « députés de Pékin »», puis
»>

dans le principe pédagogue, instructeur;


fiait en Pékin tout court. Jusqu'à preuve du con-
c'est une forme participiale d'un verbe inusité traire, j'ai lieu de tenir cette solution histo-
jjœdare, romanisation du gr. Traiàîùuv. Diez rique du problème qui nous occupe, pour tout
allègue en faveur de cette étjmologie, du à foit digne de crédit.
reste fort plausible en elle môme, le passage PELADE, direct, tiré du prov. pelada, dér.
suivant de Varchi (Ercol., p. 60, éd. de 1570), de L. pilus., poil.
que nous traduisons en fr. « Quand j'étais : PELAGE, couleur du poil ; dér. de palus,
jeune, les personnes chargées de l'instruction poil.^
et de la conduite des enfants, ne s'appelaient PÊLE-MÊLE, anc. aussi mesle-peslc, mesle-
pas conmie aujourd'hui pedanti, ni par un nieslc; le terme un mot de
jjc/e est peut-être
mot ^VQC-pcdagogi., mais par un vocable plus pure fantaisie créé par assimilation à mêle.
hori'ible ripititori. » La signification actuelle Ou faut-il y voir, avec Diez, le mot pelle?
du mot du sens primitif.
se déduit aisément Mêler ou remuer avec la pelle ? Littré pense
La pente est ici fort douce, et Voltaire aurait que oui, et rapproche le t. Y\ivà\ p)ellemrser,
pu réserver l'exclamation suivante à des cas labourer à la bêche.
plus saillants que le nôtre « Que de termes :
PELER, eso., port., prov. pcZar, it. pelare
éloignés de leur origine Pédant, qui signi- !
ce verbe signifie à la fois ôter le p)oil et ôter
fiait instructeur de la jeunesse, est devenu \si2')cau. Il faut donc le rattacher pour cer-
une injure. " taines acceptions à. pilus, pour d'autres à, pel-
PÉDESTRE, L. pedcstris (pes). Voy. aussi lis. — D. pelade, chute des cheveux (v. c. m.);
piètre. pelure, pelauder, peloter, battre, étriller, cp.
.

PEN — 38i — 1>EN

les expressions ail. sich ranfen, se battre (pr. PENDILLER, prov. 2^<^^^dciUar, d'un type
s'arracher, soit la peau ou le poilj, et sich latin pendicHlare.

balf/ni, m. s., de ba/ff, peau. PENDRE, du L. pendere, tant do celui do


PÈLERIN, prov pellegrino,
]teh'ffrin, it. la deuxième que de celui de la troisième con-
esp. 2)ercff7i>w, du L. pcîvf/rinus, qui va à jug. ; car verbe
réunit les acceptions
le fr.

1 étranger, litt. à travers champs (;)cj-o/7>-06-). transitive et D. pente (v. c.


intransitive. —
Une inscription de l'an 360 a déjà la forme m.); ^>c>j(/ai/f, -ard; 2>endaison (c'est le seul
2iclcgri)nts. —
Du roman viennent l'ail. jyîTyc»-, subst. en aison qui soit fait d'un verbo do
])ilffri))i, nngl. pi7{/rim. —
li. p'-lcrine, nom la quatrième conjug. française^; pendant,
d'un ajustement de femme ; iHtlcrinage. 1. subst. =
chose suspendue ou à quoi l'on
PÉLICAN, L. liclicanus (:tj/£/5cv). suspend ; puis en peinture, jiièco pareille à
PELISSE, voy. peau. D. pclisson. — iine autre, métaphore tirée do l'égalité do
PELLE, vfr. pelc, pallc, it., esp., prov. deux pendants d'oreilles; 2. i)rép. et conj.,
pala, du L. p)ala, m. s. D.j)cllce, pcUetve,— cp.durant; l'expression ^Jc;K/a;(< Vorar/e veut
jwUcrée; dim. pelelte, pelleron; verbe pcUa- dire litt. « pcndentc tcmpestate, l'orage pla-
et son dim. pel/etn'. nant, étant encore suspendu au-dessus do
PELLETIER, formé de pcl {peau) ; cp. p. nous " —
penderie, ^>e)i(/t'ro/ci', ^>c?K/<//<.'r
;

le suffixe bijou-ticr, Iriquc-tier, grainc-lier, (v. c. m ).

2)anc4icv, etc. — D. ptcllctei'ie. PENDULE, 1. ma.sc du L. jtenduhan, s. c.


PELLICULE, L. 2)enici'.Ia, dim. de pellis. 2)ondus, poids suspendu; 2. fém., ellipse p.
PELOTE, boule, it. pillotta, esp., port ,
horlngc à pendule.
prov. j^elota; dér. du L. jjila, m. s Déjà les PENE d'une serrure; Roquefort identifie
gloses d'Isidore ont les formes jnlotellus (esp. ce mot au L. pénis; il peut être dans le vrai,
2)clotiUa). —
D. 2'clotcr,2>elotiin (y. ces moti^). car les ouvriers ne sont pas moins imagina-
PELOTER, mettre en peloton, jouer à la
1. tifs que peu chastes dans leurs termes méta-
de jWcr (v. c. m.).
balle, ùc pelote; 2. battre, phoriques. Cependant, comme on disait anc.
PELOTON, dim. do ;k'/o<^; au fig. petit 2)es1e jnUe, qui est le L. j^essidus, bari'o,
nombre de personnes raina.ssécs et jointes en- verrou, il est plus probable que ^^«vjc est une
semble, petit corps de troupes. D. jWo- — forme altérée de pèle.
tonnc7'. PÉNÉTRER, L. pcndrare.
PELOUSE, gazon à herbe épaisse et courte. PÉNIBLE, voy. peine. Pénible et 2»aisïblc
« Le mot pas ancien en français, dit
n'est sont les deux seuls Ciis du suffise ible appliqué
G. Paris (Rom., X, 46j; c'est sans doute un à des sub.stantifs l'ancienne langue donnait
;

terme de jardinage emprunté à un patois ii2M'nib/e le sens de dur à la p>iine.


(d'un pays où on avait appris à donner au PÉNIL, vfr. 7>o»n7, 7>fwu7, d'un type ;jfdî-
gazon cet aspect uni et serré qui caractérise nilis, dér. du L. jiectcn, employé dans le
la pelouse); l'anc. fr. avait l'adj. ^W<?»jf, jie- même sens par Juvénal (« inguina jam pectine
Icuse; on trouve même le subst. 2)eîeus =^ lieu nigro ") et par Pline. Ce qui vient à l'appui
couvert de gazon ». Do L. ^>?7o5«s, poilu, de cette étym., ce sont les formes prov. jtcn-
serré, fourré. chenil, it. pellir/none, esp. em2)eine.
PELU, prov. 2)^lut, autre forme de jjoilic. PÉNINSULE. L. 2^^'ninsula, litt. traduit
PELUCHE, it. 2^cluccio, 2i'''h'.2S(), dér. du 2)ar notre fr. presquile; c^. pénombre.
L. pnh'.s, poil. Cp. esp. pehisa (anc. ^m'/h^o, PÉNITENT ( vfr. 2^cneant, 2^cnant), L. ;>fP-
cat. 2)chissa), le duvet des fruits. Du français nitentetn ; subst. 7>t'?»>c;jcc (vfr. 2^'^''^^^^^^'^^

l'ail, a iiiii pjîusch. D. — 2^'^^'^iclicr, épAuchcr 2jenancc)^ L. pauiitentia. — D. pc;'»ïtoj</c7,


(V c. m.). 2)cnite> i cier, 2^ét i ito i tiaire
PELURE, \oy. 2)eler. PENNE, L ^A'«na. — D. 2^anache (v. c.

PENAILLE, dér. du L. ji«?i;n«5', drap, m.); 2'i'>i}>('ffe = plumage; pennon (v. c. m );


étoire; cj). en ail. himp)en-vo1k, m. s. de htm- cmpenner.
peu, guenille, lambeau. D. ^^«««î'Z/on.— — PENNON, étendard à longue queue, prov.
Anc on disait aussi peneaux p. bardes, hail- jienô, it. jw-p^Howc, Entre les
esp. 2^cndon.
lons (d'un \\'\)e pjannelh'.s). trois étymologies pos.sibles pannus, pcndcrc :

PENAL, L. pcenalis. D. jjJjm/eft'. — et 2>enne, Dicz se décide, par des raisons pho-
PENARD, libertin, du L. 2^cnis. nétiques, pour la dernière. Quant à la forme
PÉNATES, h. 2^enates (de 2^env., intérieur). esp. 2icndon, elle ne fait pas obstacle à cette
PENAUD (autr. 2^e>iei(x), qui est en peine, manière de voir, puisque nous trouvons dans
embarrassé; dej^eine. Il n'est pas impossible cette langue aussi pendola p. L ^^ennu/a. Le
cependant que le mot soit formé sous l'in- sens étymologique de pieftjion est donc la
fluence de vfr. penant ^^ pénite^H; donc pr. flamme ou banderole de la lance, comparée à
qui fait une mine de pénitent. une plume. Le mot signifiait autr. aussi la
PENCHER, prov. pç??^ar, pmijai-, d'un type plume qui garnit la baguette d'une flèche. —
L. 2^cmUcurc, dér. de pie.ndere, pendre. — D. d'un. 2ien]ionccau (panache) it. jjcnnon- =
D. penchant. ccllo.
PENDANT, voy. pmdre. PÉNOMBRE, dun type L. pom-iimbra -=
PENDELOQUE, vfr. pcndilochc, mot foimô presqu'oijibrc.
avec loque (vov. lrcloquc\ et le ycihe pendre. PENSÉE, subst. particjp. de pjenscr. Il —
PENDENTIF, dér. savant dépendant. est ditiicilc de dire ce qui a valu ce nom à la
PEP ô^o PER
viela tricolor (cp. le nom du ne Voubliez ims). et qu'il faut y voir un dérivé du L. pepo
Les Angl. expriment le nom do la fleur par (ttîtt'jvj, melon (cp. lemot esp. pepino, con-
'pansy {anc. jKiunce). combre). Cette opinion est très plausible le ;

PENSER, du L. pcnsarc, pr. peser, froq. mot 7ioyau ne signifie en premier lieu non
de pcndere. Ce verbe latin ^jc;î5rtre s'est trans- plus que le noyau de la noix. Diez remarque
mis au roman sous une double forme, dont la coïncidence des significations pépie et pépin
une se rattaclic au sens propre et physique, dans l'it. 2npita et l'esp. pepita; cela indique-
l'autre au sens figuré et moral 1 peser (v. c.
; . t-il une communauté d'origine? D. pépi- —
m.); 2. ptenser, esp,, port., \)):ov. piensar, it. nière.
pensare. Pour le rapport logique entvQpescr PÉPINIÈRE, voy. pépin. — D. pépinié-
et pteiiser, cp. en ail. xoàffen et erwàgcn. Pen- riste.
ser, c'est donc pr. peser, apprécier à leur juste PÈQUIN, voy. j)<ikin.
valeur les rapports que les idées ont entre PERCALE, toile de coton plus fine que le
elles. — D. ptenscr, infinit, subst. pensée (v. ;
calicot. Mot d'origine persane. —
D. p)erca-
c. m.), penseur, pensif {^vQis.pensiu,\t. pen- linc.
sivo). —Le composé latm per/jendcre a fourni PERCEPTEUR, L. jm'ceptor Cqui percipit);
l'angl. perpend, examiner, considérer, et, par })erccption, L. perceptio; pcrcepitible; tous
le &v\^m p)crpcnsum, le prov. perpensar, per- îoYvaés de perccptum, supin du verbe ^x'?tî-
piesar, auquel répondait le vfr. ptourpenser et 2)ere, lequel, traité d'après la troisième conjug.
s'apourpeiiser, réflécliir (le préfixe iwiir est latine, a donné le vfr. perçoivre, et, traité
souvent substitué au L. per). —
Voy. aussi le d'après la deuxième, la forme actuelle j^erce-
verbe j)a)iser, variété orthographique de voir.
penser. PERCER (d'où l'angl. pierce), picard ^jcj'-
PENSION, pr. payement, somme payée, cliier, prov. perçar; d'après l'opinion de Mé-
puis particulièrement somme payée pour l'en- nage, reproduite par Diez, c'est une contrac-
tretien d'une personne; du L. p>ensionem(^eix- tion du vieux verbe pe7'tuisier, prov. pertu-
dei'e). —D. p)cnsionnaire, -at, pensionner, sar, it 2wrtugiare. Ce dernier est formé de
pourvoir d'une pension. joertusus, participe de pertundcre, perforer.
PENSUM, mot latin, =
tâche; litt. \a pesée — Si le L. ante ou plutôt le cps. abante a pu
do laine qu'une esclave devait filer en un jour. donner avancer, il m'avait semblé qu'il ne se-
— Voy. aussi le mot ptoids. rait pas si téméraire de faire procéder le mot
PENTA-, en composition (ex. pentagone, 2^ercer de 2')er, ou plutôt de j9e?"-s (s adverbial),
p)entamètre, etc.), du gr. -jvt-, cinq. et j'avais, dès ma première éd., avancé cette
PENTE, subst. verbal participial dépendre, étymologie comme une modeste conjecture.
d'un type barbare ^>eî«c?2to; cp. vente, tente, Bien qu'elle fût jugée digne d'attention par
rente. Littré, qui l'appuie de l'expression de Rabelais
« percer un fossé », j'y renonce, surtout à
PENTECÔTE, L. pcntecosle, du grec ttîvt-:-
cause de la forme picai'de 2^<^^'chier, dont le
/oîT/j, S. c. cinquantième jour (après
r,ij.îpx,

Pâques). La forme peutecoste est devenue, par


ch ne concorde pas avec un type lat. '2wrsare;
le mot avancer, dont je faisais état, ne i)ro-
contraction, en ail. et en holL, resp. pfing-
cède pas d'un élément adverbial s ajouté au
sten et pinhster.
thème ab-ant, mais du type barbare abantiare.
PENTURE, p. panture, du L. imndere,
étendre, par le supin barl)are panditum ?
— Littré avait aussi i^elevé une glose de

PÉNULTIÈME, L. pœn-ultinius, presque le


Festus 2^'ii'sicus
: =
pneacutus, mais, nous
venons de le voir, il est difficile de jiartir d'un
dernier composé ante-pénultième La termi-
; .

thème j>ers; j'accorde toutefois qu'un type


naison a été assimilée à celle des autres nom-
2^ersicare ne serait pas contrarié par la forme
bres ordinaux, qui répond à un type L. -csi-
mus, es'mus.
])ic. 2^^'>'c^^^(^^' •

1 ne nouvelle explication
s'est fait jour de])uis ma dernière édition ;
PENURIE, L. 2^ennria, manque de vivres. c'est celle de M. Bartsch (Grob. Ztschr., II,
PÉON, soldat à pied aux Indes, mot esp. 309). Il admet pour base de 2)(!^^ccr un type
correspondant à Vît. pcdone, pvov. peso, peon, 2)eritiare, tiré de perire, au sens de l'anc.
fr. pi(»i (v. c. m.); du L. pedo, -onis. trespasser = traverser, pénétrer. Pour la
PEPERIN, tuf volcanique, =
it. pcpcrino, signification, il transformation
rappelle la
ainsi nommé à cause de la l'essemblance des française que l'on a fait subir au primitif
petits charbons semés dans ces tufs avec des celtique qui est au fond du nom de Perceval,
grains de poivre, et qui à son tour a déterminé le nom de Per-
PEPIE, prov. prpida, it. pipita, esp. pe- ceforcst; pour la lettre, il se prévaut de l'ana-
pjitu,pevide, pixide, du h. pituila, m. s., con- logie de fr. comcnchier, contencier issu de
verti de bonne heure en pivita, puis (par un cum -\- initiare. G. Paris (Rom VII, 630) ,

changement insolite de v en p) en pipita. Le oppose à cette solution de la question par


milanais, par syncope, en a fait jnïida, puis pjeritiare, que cette forme constitue une fic-

pn'œida. Le vha. avait jjJiipJiis, phepAs, le nha. tion monstrueuse et nullement analogue à
dit phipps, pipps, l'angl. pip. initiare, qui procède du subst. initiutn, en-
PÉPIER, L. inpiare, piauler, vagir. suite (pic l'idée primitive de « aller à travers >»
PEPIN. Frisch pense que le mot ne signi- inhérente à. pjerire s'était déjà effacée en latin.
fiait dans le principe que le pépin des courges D'ailleurs, M. Paris ne croit pas devoir abau-

25
.

PÉK — 386 — PEU

s'applique à un point (ordin. lo


plus haut
pertusnire qm a
donner définitivement l'ét. point ou point culminant) ou à un
espace de
en vtr au
régulièrement pu se conjuguer
la façon suivante
:pcrtms temps indéterminé. —
D. périodique, d'où
présent de l'.nd.,de périodicité.
pertuises, pertuiset, pertsons (= Pf^W'
^°"^P°'^ "" PÉRIPÉTIE, gr. irjciTTîTîia, subst. del'adj.
pertsie. (= P"'^^^)' i>«^'««^"*- tombé ou tombant autour; \ï\ jiéri-
Trî&.TTîT/;;,
transpercer.
a-per- .
ptkie est étymologiquement un mot analogue
PERCEVOIR, voy. perception, t.ps. =
renversement. C'est un
à catastrophe, litt.
ccvoiv*
port. i)e»-c/(a, prov. événement subit, imprévu, amenant le dénoù-
1 PERCflB, esp., atrtion dramatique.
L.perlica (pert ca, ment d'une
«cry«,i5e7-^«. ït.pertica,dn
perça). —D percher, se poser sur une por- PÉRIPHÉRIE,
tement par lo
gr. nir.K-fïyAn, traduit exac-
L. circum-fercntia circonfé-
,

che; jx'rc// /s.


PERCHE, poisson, h. pei-ca {Tt'.p^n)- rence
2.
PERCHER, voy. J9erc/te. PÉRIPHRASE, gr. T:irA-ffixii;. litt. = lat.

PERCLUS, L. perclusus (mus.), = entiè- circntnlocutio, circonlocution.

rement enfermé, privé de


mouvement. PÉRIR. L. per-irc. —
La valeur radicale
PERCUSSION, L. perciissionem (percutere). de l'élément ir —
L. ire ^racine i aller) —
percutere, s'est effacée, et cet élément est réduit
au rôle
PERCUTER, néolog., du L.
frapper. de simple termrnaison conjugative ; cp. issir
PERDRE, L. pcrdere. —
D. i>c)-<«,
,
subst.
,

de exire. .\utr. périr avait aussi le sens actif


participial = L. p^rdita, perdition, L.
per- de faire mourir. —
D. périssable.
ditio; ad), jt^rdablc. ^ a„ .
PÉRISTYLE, gr. T:iç,hr\j).ov (de iztpi, autour
dimin. de pertZna;; formé du
, .

PERDREAU, _|_ îr //,;, colonne).


thème perd à la façon de lapereau. PERLE, vfr. pelle, it., esp.. prov. jjcW«,
de
PERDRIGON, anc. fr. perdiyoine, sorte port, perula, vha. perala, berala, ags.,angl.
prune noire, d'après RouUn (Liltré,
Suppl.) pcarl, BL. ^jeriJa (gloses disid.). On peut
village de Perdigon, province de
Zamora, balancer entre h.pirula{à(i pirum, \t. pera),
du
Espagne. _
petite poire (cp. bacca =
baie et perle) et pi-
PERDRIX, perdis, pietns, it. perdice,
vfr. lula, petite bille {l changé en r). D'autres
ont
permce,c^\^., prov. perdis, an^X.
paitridyc,
vu dans perle une modification de pcrna,
de r. sorte de coquille, et en effet les Napolitains et
du L. perdiccm {nif^Sil) avec insertion
— D. perdreau (v. c. m.). les Siciliens di.sent perna \>o\\r perla, et en
it.

PÈRE, prov. pjaire, du L. pafrcw (nom. pa-nocchia veut dire nacre. Mais comment
palcr). port, perula et vha. perala s'accomniode-
, x7 .

PEREGRINER. L. percffrtuari (voy. pèle- raient-ils de l'étym. pernaf Un (luatrièmo


j./;,i — 1). pih-c't/ ri nation. parti enfin propose une origine de sphœrula,
PÉRÉGRINITÉ, L. pcrcfjrinitatem. UL. sjiindd. — h. perlé,2wrler.
PÉREMPTION, L. jieremptionen (de prri- PERMANENT, L. pcr-mancntcni. — D. pcr-
mcre, détruire, =
fr. périmer). Pcrcmp- — riUDiCiic.f.

taire, L. peremptorius, litt. qui


abat, qui PERMÉABLE, L.per-nieabilis = par oii 1 on
renverse. peut i)asser (jH'r-mea7'e). —
D. imperméable.
PEREQUATION, L. per-œquationem, égaU- PERMETTRE, L. jja'-mittere (litt. laisser
passer), d'où, par le supin permissum :
per-
sation i)arfaite, répartition équitable.
PERFECTIBLE, adj., fait du L. perfectum, missionem, fr. permission; permi.ssum, fr.
supin de perflccrc, parfaire, perfectionner. jirriiils
PERFECTION, L. pcrfectiuncm. — D. /^cr-
PERMISSION, — D. per-
voy. permettre.
fcctioiiticr. missioinK'.r, jterynissionnaire.
PERFIDE, L. per-fulns (qui transgresse la PERMUTER, L. pcr-mutare. — D.permu-
foi); subst. perfidie, L. perfidia. tation, pej-mutable.
PERFORER, L. ^^cr-forare. PERNICIEUX, L. jjerniciosus ''rac. nex).
PÉRICARDE, gr. ^zpL7.xf.ëioi, qui entoure le PÉRONNELLE, femme sotte et babillarde,
cœur. — D. pcricardite. par syncope, du prénom Pétronelle.
PÉRICARPE, gr. qui entoure
7rîft/à|5::iîv,
PÉRORER, lu. per-orare, l. discourir, trai-
le fruit. ter une (lueslion d'une manière complète,
PÉRICLITER, L ^^ericZîïarî (periculum).
PÉRIL, \)Vov.2)crilh, du L. periculum.
— 2. terminer un discours ; c'est à ce deuxième
sens classique, étranger au verbe fr., que
se
D. prr (lieux L. periculosus.
.
rapporte le subst. y^eromwort, L. perorationem
PÉRIMER (mot savant], L. perimere, pr. 1. PÉROT, baliveau qui a
l'âge de deux

coupes dim. de père; on dit aussi parle même


anéantir.
gr. ^irA-u.izpo-j, ligne qui me-
;
PÉRIMÈTRE,
trope, iayon, pr. grand-père.
sure le circuit d'un corps. perroquet.
2. PÉROT. perroquet, voy.
PjURIODE, L. periodus, gr. iisrA-oSoi, pr. à
PERPENDICULE, L. j)erpendiculum, fil
chemin autour, circuit, contour, puis cours, — D. perpendiculaire, -arité.
plomb.
révolution d'un astre, époque, période. Dans
le sens du mot en rhétorique, Cicéron tradui-
PERPÉTRER, L. per-petrare (patrare).
sit ce terme grec lyavambitus verborum.
— PERPÉTUEL, BL. perpjctualis, extension
Le mot fr. prend le genre masculin, quand il do perjjctnus; verhe perpétuer, L. perpetuare
PER 387 — PES

[d'où perpétuation) ; ?,\\\)?>t. perpétuité, L. per- ter inflexible jusqu'au bout. — D. persévérant,
petuitutein. -aiice.
PEPLEXE, L. loer-plexus, compliqué, em- PERSICOT, dér. du L. persicum, pêche.
bi'oiiillé. — D. perplexité, L. perplexitatem. PERSIENNE, contrevents à jour, ainsi nom-
PERQUISITEUR,-TION, L.joerçi«57tor,-<io. més, parce que c'est de cette façon
dit-on.
PERRÉ, PERRIÈRE, voy pierre. que les croisées sont fermées en dehors en
PERRIQUE, voy. s,on& perruque. Perse.
PERRON, voj. pierre. PERSIFLER, L. per-sibilare* , mot de créa-
PERROQUET, it. parrocchetto, esp. peri- tion nouvelle. —
D. persiflage.
quito. Selon les uns, de parochus, paroissien, PERSIL, vfr. pierrèsil, it. petrosello, -seU
le perroquet étant envisagé comme l'oiseau lino, esp. perejil, port, perrexil, prov. pey-
favori du clergé (voy. papegai). D'autres, par- ressilh., ail. petersilie, angl. parsley, du
tant de la forme espagnole jjcWco, primitif de L. petroseliniim, gr. TTîToosîiivov, litt. ache
pjeriquitOy expliquent celle-ci par petit Pierre desrochers, opp. à WpoTsJivov, ache aquatique.
ou })ierrot (cp. niaryot =
pie, etc.). Cette éty- Notez en vfr. et dans les patois du Nord la
mologie convient tiès bien à l'angl. parrot et iovme présin (p. persin, à Liège p^t;rs^;^, cp.
fr. pérot. Diez se borne à citer ces deux opi- V. flam. persyn) = persil. —
D. persillade.
nions, mais il ne se prononce pas. Pour ma PERSISTER, L. per-sistere. —
D. persis-
part, je considère ^jerro^tsei comme un dimin. tant, d'où jjersistance.
de 2ierruche, et ce dernier comme une variété PERSONNE, L. persona, pr. masque que
de perruque (v, c. m.). C'est donc pr. l'oiseau portaient les acteurs, puis, par métonymie,
à perruque. Je sais bien que la luippe n'est l'ùle d'un acteur, personnage représenté par
pas précisément un caractère distinctif du lui ; enfin, le mot a fini par i^eprésenter en
perroquet, mais les noms vulgaires des ani- général l'idée d'individualité, de personnalité.
maux ne sont pas fondés sur des définitions — Le mot jjcrsonne devenu syno-
est ainsi le
scientifiques rigoureuses. On n'a qu'à compa- nyme de honio, de que ne-personne
sorte
équivaut à nemo. — D. personnage,
,

rer les formes it. , esp. et fr. aux formes corres- per- pr.
pondantes pour p)erruque parrucca, esp.
(it. sonne avec égard au rôle qu'ellejoue dans une
'perico, toupet et perruche, fr. p>si'ruque)pour composition dramatique ou dans le monde;
incliner pour ma manière de voir. Quant à la ptersonnel, adj. et subst. (d'où personnalité,
signification maritime du mot, on peut con- -aliscr); personnifier (ô! où. personnification),
jecturer, dit Littré, que l'idée de capuchon, de une chose abstraite ou inanimée comme
traiter
perruque (cp. l'équivalent it. pappafico, pr, une personne vivante.
capuchon), de perroquet, a suggéré cette PERSPECTIF, PERSPECTIVE, du L. pers-
dénomination. pectum, supin de pcr-spicere, voir à travers.
PERRUCHE, voy. perroquet. PERSPICACE, L. perspicax, qui a la vue
PERRUQUE ; ce mot que
l'on rencontre pénéti'ante. — D. perspicacité, L. perspica-
pour la première dans Coquillart, parait
fois citatem.
être d'importation italienne. Dans cette langue, PERSPICUITÉ, L. perspicuitatem, transpa-
on trouve parrucca et perrucca, coiffure à rence, clarté (de l'adj. perspicuus).
longues boucles. Nous n'approuvons pas l'éty- PERSUADER (mot savant), L. per-suadere,
mologie mise en avant par Wachter et d'après dont le supin persuasum est la base des dér.
laquelle p)e7-rucca viendrait du grec Tt{jif,t.y_oi, persuasion, L. persuasionem, persuasible, L.
fauve, jaune, parce que les premières perru- persuasibilis, persuasif.
ques étaient faites de cheveux blonds, couleur PERTE, voy. perdre. —
Les formes vfr.
fort estimée des Romains. Les formes sicil., pterde, prov. p)erda, sont des subst. verbaux
sarde piJucca, lomb. peluch, esp. pcluca tirés directement du radical perd.
engagent à se i-allier à l'avis de Diez qui rap- PERTINENT, L. per-tinens, qui appartient
porte le mot au subst. L. pihts, poil, cheveu. à, qui se rapporte à, convenable, D.paHi-—
On voit le même suffixe ne, appliqué au nence ; impertinent {y c. m.). .

même radical, dans it. piluccare, prov. pelu- PERTUIS, trou, ouverture, passage, du
car, é-plucher.
fr. —
Mais d'où vient l'csp. L. piertusus (ou plutôt d'une forme barbare
perico, toupet, dim. per/^'i^ïo, pei'roquet? pertusius), percé, troué, part, dopertuiulere.
Est-ce le même radical pÀl pourvu d'un autre — D. jjertuiser (t. vieilli), voy. ptercer.
sutfixe? — D. perruquier. PERTUISANE, voy. sous partisan.
PERS, bleu, violet, BL. persus, persicus, PERTURBATEUR, -ATION, h. p)erturbatur,
" color ad cairuleum vel ad persici mali colo- -alijneni.
rem accédons ». PERVENCHE, L. pervinca.
PERSE, toile de lin peinte, de la Pe^^se, PERVERS, voy. l'art, suiv.
pays d'origine. PERVERTIR, L, per-vertere, dont le part,
PERSÉCUTER, d'un type L. persecutare, per-vcrsus a donné pervers, d'où perversité,
fréq. de per-sequi (voy. poursuivre); cp. exé- L. -itatcm. —
D. perversion, L. perversionem.
cuter de exsequi. Du supin persecutum les : PESANT, voy. peser. —
D. vfr. pesance,
subst. persecutor, -tio, fr. persécuteur, persé- ennui, afiiiction; pesanteur [c]). pua)iteur de
cution. louant) verbe a/jpesantir.
;

PERSÉVÉRER, L. per-severare, pr. ne pas PESER, 1. sens actif, examiner le poids.


quitter son sérieux {severus), son ardeur, res- 2. sens neutre, avoir du poids. D'un type latin
; ,

PET — 388 — PEU


de pendere. Au sens actif se
2K")isarc, fréq. probable do Dicz, est, ainsi que le v. it. pitctto,
rapportent les dér. pesage, 2i€sci(r, pesc'c ; au petitto, \)VOV., cat. petit,n.\>i'ov.pitit,vfal\.piti,
sens neutre, l'adj. part, pesant et le subst. angl. petti/, le rejeton d'une racine celtique
peson, contrepoids. —
Voy. aussi penseï' et pit, signifiant qqch. de pointu et mince (cymr.
poids. jnd, pointe). A cette racine Dicz rapporte
PBSSAIRE, L. pessarium, m. s., dér. de encore csp. pito, petit bois pointu, \ïv. pite,
p)cssum (ttîîtov), m. s. nom d'une très petite monnaie (ici, Dicz pour-
PESSE, sa])in, du h. picea {ào pix, pois). rait bien se tromper, v, c. m.), rouchi j^ete,
PESSIMISME, -ISTE, qui voit tout comme bagatelle, dial. de Cùme pit, peu, sarde pi tien,
allant très mal, du L. j^essimiis, très mauvais. petit, valaque pitic nain, vfr. i)etn'in, i)etit et
PESTE, L. pestis. —
D. verbe pester, se faible. Quant au rapport logique entre pointu,
rattachant au mot peste, en tant qu'interjec- effilé et petit, on \w\\i comparer l'it. jnccolo,
tion de la répugnance ou de l'indignation ; ])etit,qui bien
certainement vient depî'c, pointe.
pestilent, L. pestilens ; ^j^-fe/tre, L. pestifer, Pour la terniinaison, Diez i)ense que jietit est
d'où pestiféré, infecté de peste. une modification euj'honique de petet. Littré
PESTILENT, voy. peste. — D. pestileiwc, suppose que L. petilus, mince, grcle, est do
L. pcstilentia, d'où pestilentiel. la même famille. —
La vieille hingue traitait
PET, voy. jKtcr. petit aussi en adverbe, avec la valeur do peu.
PÉTALE, gr. TzkrccUv, feuille. Elle disait un petit p. un peu. Cette valeur
PÉTARD, voy. peter. —
D. jKUanler. nous est restée dans les exjjrcssions ^x'iit à
PÉTAUDIÈRE, pr. la cour du roi Pétaitd, petit, t/af/nepctit. —
h. petitesse apctisser, ,

assemblée confuse où tout le monde est maî- rapetissa-. On avait autr. les diniin. 2>clitct,
tre. On i)rétend que l'expression « la cour du p^tict et petiot.
roi Pétaud » désigne pr. une as.'^emblée de
gueux, de mendiants, et que Petaud est un
PÉTITION, L. petitiojicni (petere). — D. jjt'^i-
tiojDirr, pétitionnaire.
terme burlesque formé du L. pctere deman- PETON, voy. pied.
der, mendier. Littré pense que Petaud signi-
PÉTONCLE, du L. pectunculus (pccten).
fie pr. peleur, et il en fournit un exemple tiré
de Des Accords.
PÉTREL, oiseau de mer, de Petrus, par
allusion à l'apotre Pierre maicliant sur les
PÉTÉCHIES, it. pctecchie, esp. jyetcqitia.^
eaux. L'ail, dit petasvoffel.
d'après Littré, de peste, étyinol. contraire à la
forme et qu'un pcsticliiœ isolé du xvi" s. no PÉTRIFIER, pr. rendre pierre, L. pétrifi-
suffit pas à confirmer; d'après Dicz, du plur.
carc\ (petro). —
D. péltificalion.
gr. TTiTTà/iK, petites pièces ou mouches, en-
VÉÏBXIA, pestrin' , du L. pistrinum, moulin
duites d'onguent, qui servaient d'emplâtres;
à blé, \oj. 2}ét7-ir. La locution « être dans le
pi'trin " se rattache au L. 2iistrinuni, dans le
cp. L. pittacium, emplâtre.
sens fig. endroit de travail pénil)le, affaire
tt
PÉTER; ce verbe est prob. dérivé de pet,
difficile, joug ". Cp. la phrase de Cicéron
de sorte qu'il ne faut pas prendre ce dernier :

pour le subst. verbal de pt'ter. Or, le subst. « tibi mecuni in eodem pistrino est vivendum >>

peto, représente le L. peditum


j)et, it. ci-e- = il nous faudra travailler dans le même mou-
lin, c.-à-d. traîner le mémo
pitus ventris, qui, lui, est le subst. partici- boulet.
pial du verbe ])cdere. Rabelais, pour repro- PETRIR, anc. pestj'ir, prov. pestrir, 2'>res-
duire ce dernier, orthographiait arbitraire- tir; selon Diez, d'un type pisturitv, formé du
ment jx-rfo-. De pcderc, le vfr. avait fait^JOîVc h. 2)istui'a {auh&t. do 2)insere), action de mou-
(subj. poie). —
D. j)étarade, pétard, péteur dre le grain pour faire du i)ain. Comp. i)rov.
ou péteux, pétiller, éclater avec un petit bruit pestre, it. pistore, du L. pnstor, boulanger.
l'éitéré (v. c. m.). Pour la .'syncope de Vu dan^ pisturire, cp. cin-
PÉTILLER. Je pense qu'il faut distinguer trer do cinctura, it. scaltrire de scalj^tura. —
deux homonymes. L'un est diminutif de
le Le mot pétrir n'éveille plus dans .sa significa-
péter; il s'applique dans les expressions « le tion actuelle, comme le latin pistor, l'idée de
bois pétille dans le feu ", et sembl. C'est ce moudre le grain, mais celle de remuer la
pctilUr-c\ qui, par une métaphore naturelle farine détrempée avec do l'eau; dans l'une
(transport des perceptions de l'ouïe à celles de comme dans l'autre de ces opérations, cepen-
la vue), a donné l'adj. jjétillant =
brillant; le dant, subsiste toujours l'idée de broyer, écra-
verbe éclater off're une métaphore du même ser. — D. 2'>ctrissage.
genre. —Dans l'emploi de pétiller =
être PETROLE, BL. 2Jet7'oleuni (de 2)'itra, pierre,
impatient, ardent (« pétiller de joie, d'indigna- et oleum, luiile). — Des événements de péni-
tion »), le verbe est synonyme de trépigner, ble mémoire on fait naître le dérivé pjétro-
sautiller, piétiner; on peut le rattacher au leuse (cp. le néolog. dynamitard).
L. pcs, pedis, fr. pied (le t ne serait pas plus PETTO (IN), locution italienne, signifiant
anomal ici que dans empiéter, piéti^ier, peton litt. dans la poitrine, dans l'intérieur du cœui-,
et piéton), ou bien, ce qui est préférable, vu en secret. Ce subst. it. peito répond au h.picc-
l'ancienne orthographe pestiller [tvaàwii dans tus.
Palsgravo, par paddyll, patauger, cp. wallon
pestelé, piitlé, m. s.), au L. pnstare. ït.pjestare,
^

PÉTULANT, h.pjclulans. — D. pjétulance,


L. pctulantiu.
fouler, piétiner {àapjisium, supin depiiisere).
PEU, vfr. pau, poi, pou, pjo, prov. pauc,
PETIT. Cet adjectif, d'après l'opinion très it., esp. 2J0C0, du L. pjaucus. L'anc, langue
.

PIII — 389 — PIA


employait encoi'o le mot adjectivement, p. ex, ami de la sagesse. —
D. philosophie, -ique,
poies choses = res paucas. -al; pliilosopJier, L.philosophari. Dans les —
PEUCÉDAN, L. peucedanum, gr. tzîu/àSxjo-j. composés modernes, on a préféré renverser
— D. penciklanite, t. de chimie. les termes bibliophile, ami des livres, icono-
:

1. PEUPLE, vfr. 2^cuble, peiiïe,\^vov 2wblc, p)hile, amateiu' d'images. Ce procédé est con-
csp. jmêbh, du L. p)'^>pidus (it.
.

popolo). — forme aux précédents de bibliographe, géo-


D. peuplade; verbe peupler, emplir d'habi- graphe, etc. Génin a eu tort de trop s'en
tants ; notez que notre fr. peupler dit le con- formaliser, en rappelant que, d'après l'usage
traire du L. popndari, qui équivaut à dépeu- «aimé des livres»
grec, bibliojjhile &igmûevait
pler, dévaster. comme théophile veut dire « aimé de Dieu •».
2. PEUPLE, peuplier, L. populus. — Les mots se forgent d'après des impressions
D. peuplier. vivantes et non pas d'après le sens antique.
PEUPLIER, voy. jmqile 2. — D. 2-)ei(ple- Il faut accepter ce fait.

raie. PHILTRE, L. 2^hiltrum, gr. yt).Tpov, litt,


PEUR, forme contracte de vfr. paour, moyeu de se faire aimer.
pjeeu.r, qui répond au L. pavorem. D. j^eu- — PHOQUE, du L. phoca {-.r;„,^).
reu.x (vfr. peiireux). PHOSPHATE, terme de chimie, arbitraire-
PHAETON, sorte de petite voiture légère ment forgi! sur la hase p h 0S2)h du mot phos-
et découverte, nommée ainsi par allusion au 2jhore.
char du soleil que PAae7/(on voulut conduire. PHOSPHORE, gr. ^w^op,^, qui porte la
Autr. on employait le mot dans le sens de lumière, qui éclaire. — D. 2^hosphorique,
conducteur ou cocher. ph osp 11 or es CCI ce i

PHALANGE, L. pjhalcmx (pà).«7l), armée, PHOTOaRAPHE, néologisme, = qui fait


ordre de bataille. L'es anatomistes ont, par des dessins (y^iàpsiv) au moyen de la lumière
comparaison, nommé phalanges les trois par- (sw,-, tf'ATOi). — D. photographie, -ique, -ier.
ties dont se compose chaque doigt, parce — Photogravure, gravure faite d'après un
qu'elles sont rangées les unes à côté des autres procédé pliotographiquc.
comme des soldats en bataille. [).p)halcm- — PHRASE, L. phrasis, du gr. rppx'n; (de

stère, néologisme créé par Fourier. 9pi:|-:tv, dire). —
l). phraser. Phraséologie,
PHARE, du L. 2'^harus, m. s., pr. le nom pr. science relative à la structure de la
de l'Ile de PJtaros près d'Alexandrie, célèbre phrase.
par le phare qu'y fit construire le roi Ptolé- PHRÉNÉSIE, voy. frénésie.
méo-Philadeli)lie. PHRÉNOLOGIE, pr. science de l'esprit (jjpvfv).

PHARMACIE gr. ^jzoukxîT^v. dér. de pzjs^K/.ov, PHTISIE, gr. 'jï&îîi; ('de 9&:-uv, disparaître,
médicament. — • D. piharmacien. Du verbe — se consumer). — D. 2'>^d,isique, (vfr. tisique).
fc(pux/.-ù-fj, donner des médicaments, vient PHYLLOXERA, genre d'insectes, dont une
l'adj. vxouce/.zijzi/.o;, fr. pharmaceutique. — espèce s'attaque particulièrement à la racine
de la vigne et la fait périr; le naturaliste qui
Pharmacopée, du gr 'jixpij.xM-7toLc(., prépara-
tion des médicaments. — Pharmacologie, a créé ce terme doit avoir eu l'intention de lui
science des médicaments. faille dire « dessèche-feuille », puisqu'il a em-
PHARYNX, gr. çipuy?, m. s.
ployé les éléments grecs ^{jUa-j, feuille et Up6;,
PHASE, L. phasis, sec.
gr. <fx^l:, apparence,
manière de paraître (px--iy).
PHYSIOLOGIE, science de la nature (»Û7t;).
PHEBUS. style ampoulé et prétentieux.
PHYSIONOMIE, du grec yv7t,yv..;.i«' (Sto-
Cette expression vient, dit-on, d'un ouvrage
bée), forme écourtée de yu7i5yv..j/A5Vi'5c, l'art de
celui qui juge (yvoV^jv) d'après les qualités
de vénerie, écrit au X(v^ siècle par le comte
naturelles {-^ùii;) part. Fart de juger du natu-
Gaston de Foix, intitulé Miroir de Phébus. ;

Il est plus probable que phébus langage = rel de quelqu'un par l'inspection des traits du
visage (on emploie dans ce sens encore le
d'un faux brillant, doit son nom au gr. ysISo,-,
brillant, comme Phébus, le surnom d'Apollon.
terme 2^^^y^iognomoniè). Par métonymie, le
terme a fini par s'appliquer aux traits du
PHÉNIX, du
fabuleux, pr. le rouge.
gr. yoîvi;, nom d'un oiseau visage même pris dans leur ensemble, —
D. ph]isionomiste.
PHÉNOMÈNE, gr. satvo>-y5v, chose qui .se PHYSIQUE, adj., gr. «u^uo;, naturel, de
présente, qui apparaît (sxîv-tSki). D. phê- — sÛ7i;, nature; subst., litt, .science de la =
noynénal. nature. — D. 2^^Wsicien.
PHILO-, devant les voyelles phil-, qui = PIAFFE, vaine somptuosité, ostentation;
aime, du grec -^Lloi, ami. Ce mot est devenu, subst. verbal de piaffer, faire le beau ou le
dans la langue moderne, un élément de com- brave, d'où pjiufleur. Grober (Ztschr. X, 293)
position très usuel, d'après le précédent d© conteste avec raison l'opinion de Tobler qui
compositions grecques telles que ^i/àv&pojTi-s.-, voyait dans piaffer une variété de pieffer ',
ipi/iTTîTo;, etc. Nous recueillons ici les princi- et dans celui-ci un dérivé de pief\ pied, mo-
paux de ces composés Philanthrope, gr. : dification de piet Cep. fief=fiet);
il insiste sur
çitJâvSpwTro;, ami de l'homme. D. philan- — le caractère bissyllabique àepia. Selon lui, le
thropie, -ique, -isme. — Philologue, gr. mot se rattache à la même racine que pianner
çt).o>5yo;, ami de la littérature. — D. pthilo- (du cri du dindon), 2nauler 2nailler et autres;
loffie, -ique. — Philosophe, gr. tfOo^io^o^, il démontre, d'après un passage du sieur du
,
,.

PIC 390 — PIÈ

Bartas, La Semaine V, 827 (Le paon cstoillé. .. « nnp>ocotin do loisir », mais c'est \m italia-

pïafard arrogant, d'une desmarche grave, fait nisme.


parade, ctc ), qu'il s'est appliqué en i)remier 1. PIB, subst., voy. pic. Nom de couleur
lieu au paon. dans cheval-pic. —
D. pictte.
PIAILLER; le radical pi est onomatopée, 2. PIE, adj., dans «« œuvro pio », du
comme piauler, L. piptre,pipilare, etc.
àaiïi^
L. p'ks. Voy. jjieux.
— D.piailleur, -erie.
PiéÇA, il y a longtemps ; vieux mot com-
1 PIANO, adv., mot italien, signififint dou-
cement (du L. 2jlanus, uni, facile); c'est en po.sé de jndce a, comme qui dirait pièce de
musique l'opposé de forte. Superlatif pianis- temps il y a. Pièce pour temps, espace do
simo. Après que le clavecin fut muni d'un temps, est fréquent dans les anciens auteurs.
appareil permettant de distinguer les piano et Montaigne encore disait : « bonne pièce avant
les forte, on désigna ces nouveaux instru-
la venue de .T. C. ». — Le mot piièçà dit lo
contraire de naguère.
ments par le nom de piano-fo7'te ou forte-
piano; puis en omettant le forte, on finit par PIÈCE, it. pessa, pièce d'étoffe, pesso,
dire^jmjio tout court. morceau, esp. piesa, port, peça, prov. pesa,
2. PIANO, subst., nom
d'instrument de mu- jyessa. Ce mot roman se produit dès lo
sique, voy. l'art, préc. —
D. pianino, dérivé viii® siècledans la latinité du moyen âge sous
italien pianiste, pianoter.
;
la forme petium,pctia, et avec lo sens de mor-
PIASTRE, monnaie italienne et espagnole ; ceau de terre On a produit, }\ son sujet, los
de l'it. piastra, pr. lame de métal, plaque. étymologies suivantes 1, Cymr. peth, chose,
:

PIAULER, voy. piailler. D. piaulard,-is.— morceau, quantité, bret. pés, pièce, mor-
1 PIC, oiseau, L piciis (de la même racine ceau, gaél.péos, m. s., mais jamais, observe
que l'équivalent ail. s-pecht). Le mot latin Diez, lo roman 3 no correspond à cclt. th. 2.
pica, qui est la forme féminine de picits, a Grec TTî^a, pied, bord, lisière; cette étymo-
donné le fr. pie. —
Composé p)ivert p. 7»c- : logie grecque se recommande, outre la forme,
vert, esp., it. pico ver de. par la circonstance que le mot petium paraît
2. PIC. 1 instrument pointu ; 2. montagne
. avoir pris nai.ssanco en Italie. 3. Contraction
à sommet pointu. La racine /^ic, pointe, est = du \iL. petacta, pctacium, panni fragmentum,
fort répandue dans les langues do l'Eurojie. = it. petaccia, esp. pedazo, port, pedaço,

C'est à elle aussi que se rapporte le mot pré- daco-rom. ptHecu, prov pedùs, remplissage,
cédent, pic, l'oiseau au bec pointu, ou qui languedocien pelas, d'où fr. rapetasser Cette
pique dans l'écorce des arbres. L'expression — troisième manière de voir a pour elle la con-
tailler à pic, c.-à-d. verticalement, équivaut formité do signification, mais il est difficile
à la façon de parler « couper au couteau », d'admettre la contraction de pedaso en pesso.
c.-à-d. couper net, sans aspérité, à ras. — — On voit quo l'origine du mot est encore
D. pique, piquer, picot, pioche, etc. enveloppée d'obscurité. La source la plus
PICHENETTE, pic. inkenole, chiquenaude. naturelle mo semble être lo primit f (inusité)
D'origine inconnue. du L. pctiolus, petit pied (it. pezsolo), savoir
PICHET, aussi picher (cp. angl. piichei-), petium, qui, dans la langue vulgaire, a fort
petit vase à bec, BL. jticarium, bicariitm, bien pu dégager la valeur de .semelle, de chose
prov. pechier, pichier, vfr. jnchier, v. it. pe- plate ou do chose d'une dimension analogue à
chero, it. mod. bicchicre. Ces mots romans celle d'une trace de pied ou enfin colle d'em-
sont identiques avec le vha. peJthar, nha. prointo. Or, petium est do la famille de pes,
hccher, néerl. beher, etc., gobelet; cp. gr. = pedis, à laquelle pourrait appartenir aussi le
^l^oi. vase à anse, susdit esp. pedazo, etc., puisque l'on trouve
PICORER, aller en maraude, pr. voler du on prov le mot /)ea-o- (lequel présuppo.se une
bétail, du L. pecus, pecoris, bétail. Cette forme antérieure pedazo), avec le sens d'em-
étymologie de Diez ne m'inspire pas une preinte de pied. (Diez, il est vrai, dérive l'esp.
entière confiance. — Y), picorée, esp. picorea. pedazo et ses correspondants du L.pittactitm,
PICOT, dér. dope, chose pointue. gr. TTiTrâ/iov, morceau de papier ou d'étoffe,
PICOTER, fréq. àe piquer. mais c'est là une opinion qui reste à vérifier).
PICOTIN, ration d'avoine que l'on donne à Au surplus, la filiation logique « trace do
nn cheval, de jjicoter; ce serait donc pr. ce pied, empreinte, tache, pièce » no serait pas
que l'on prend en une seule piquée. Je préfère isolée dans la langue ;
pour la transition do
cette étymologie à celledeLeDuchat, qui pen- l'idée marcher, fouler du pied, à celle do
sait mot vient de ce que le picotin (ici
que le tache, je ne citerai que L. macula (dim. de
pris comme le nom du vase) était communé- maca') d'une racine mac =
frapper et pour ;

ment enduit de poix (L. pix). De la Monnoye le passage de la notion tache à celle de mor-
dérive le mot de pichot =
petit (cp. it. pic- ceau, flech qui signifie l'un et l'autre, et
l'ail,
colo et le mot familier fr. pichon petit en- = le mot tache lui-même, comparé au dérivé
fr.
fant). Si picotin =
mesure, n'est pas déduit rouchi tacon, pièce, morceau. A l'appui du
de picotin =
portion d'avoine, mais plutôt ce rapport que je suppose exister entre pièce et
dernier du premier, on pourrait rattacher le le \j.pes,ie me prévaudrai encore de la forme
mot au radical de pichet. Ménage pensait à— pedica, qui se trouve employée par Anasta-
paucurn, un tantinet, donc pjicotin poquitin. sius le Bibliothécaire (ix^ siècle) dans le s'cns
p.
Dans Estienne, Deux Dialogues, on trouve de pièce de terre. — Une autre conjecturo
.

PIÈ — 391 — PIL

pourrait aussi, mais avec moins de plausibilité, sies de Gille le Maisit de Tournai. Voy. mon
faire fond sur la même racine ^m7 (devenue par Etude loxicol. sur cet auteur.
la perte de l'accent tonique pc;!), d'où s'est pro- PIETTE, dim. de pie 1.
duit petit (v. c. m. —
D. vfr. pcçoier, mettre PIEU, du vfr. jozW, forme diphthonguée de
en pièces; dépecer; prov. despessar ; rapiécer p)cl, modification de pa/, L. palus.
it. rappezzare. PIEUX, adj., forme extensive de pze, répon-
PIED, esp. pie, port., prov. pe, it. piede, dant à un type piosus.
du L. pcdem (nom. p'^s). C'est sans doute à PIEUVRE, poulpe d'un type poZpus (p. poli-
;

l'ancienne orthographe piet qu'il faut attri- pus), transposé evipoplus, d^oi\peuvle,petivre,
buer la dérivation du subst. piéton (v. c. m.) diphthongué pieuvre.
et des verbes ^32e'<f?% j)iétincr. — Composé : PIFFRE. Le premier sens de ce mot est fifre
contre-pied, prov. contra-pes (v. c. m.), dont il ne constitue qu'une variété.

PIÉDESTAL, de l'it. piedestallo, composé De cette acception parait s'être produite celle
de piede, pied, et de stallo (vha. staî), base de joufïlu, c.-à-d. aux joues gonflées, bour-
donc pr. reposoir du pied, ail. fuss-gestell.
;

souflé comme un fifre, puis celle de goulu. —


PIÉDOUCHE, t. d'architecture, petite base, D. s'empiffrer.
de l'it. piedduccio, console, dim. de piede. PIGEON, vfr. pipion, pivion, it. pippione
du L. pedica et picoione, esp. pichon, prov. pijon, du L.
PIEGE, piedica,
entrave, piège.
it.

— Pour la formation àe piège,


(pes),
pipionem (dér. de pipare, pipire). D. pi- —
geonneau, pigeonnier.
cp. vfr. miege de mediciis.
1. PIERRE, prénom, L Pefrus,gr.UkTpoi,
PIGNE, fruit du pin, L. pinça (pinus), —
pr. = rocher, traduction de l'hébreu Képhas. D. pignon 2.

— D. pierrot, 1. personnage du théâtre, PIGNOCHER, prob. une variété de épino-


2. =moineau (v. c. m.). cJier,qui se trouve consigné, avec le même
sens, dans Bescherelle. En le rapportant au
2. PIERRE, fém., prov. petra, peira, cat.
pedra, esp. piedra, it. pietra; du 'L. petra L. spina, on interprète ce verbe par « éplu-
(cp. nourrir de nidrire). D. pierraille, — cher scrupuleusement ce que l'on mange en
écartant les épines ou arêtes ". La parenté —
pierreux, L. petrosus ;
pierrerie, pierrette,
jnerricr, canon pour lancer des pierres ; avec spina se confirme par le terme pigne-
verbe empierrer Dérivés conservant Ve radi-
.
roUe =
chardon étoile, qui selon toute appa-
cal non diphthongué perrière carrière
: = ;
rence vient de spina. Du reste, on prononce
aussi piitocher.
pcrro», prov. peiro, peyroji, pr. escalier en
pierre. 1 PIGNON, it. pignone, dér. du L. jwma,
.

PIERROT, moineau, dér. de Pierre; cp. créneau de muraille. Le t. d'horlogerie a la


les appellations analogues : sansonnet, mar- même on^me.
got, colas (corbeau), richard (geai), martin, 2. FIGNON, voy. pigne.

robert, fouquet. PILASTRE, de l'it. inlastro, dér. du L.


pila, pilier.
PIETÉ, du L. pietâtem (it. pietà, esp. pie-
dad). — D. pitiétiste, -isme, (néologismes). — 1. PILE,
pila, mortier à piler.
auge servant à broyer, du L.
Voir au.ssi pjitié.
2. PILE, tas, amas, du L. j'ji'Za, pilier,
PIÉTER,
2)ied (v. c.
tenir pied
m.).
ou faire tenir pied ; de
motte de terre. —
D. pilier, L. pilarium (de
là pfeiler, angl. pillar)\ pilot
l'ail, (v. c. m.);
PIÉTINER, vfr.
pieds, fouler, àe piet*, pied.
pietier, pietoier, remuer les empiler. —
Voy. aussi pilastre.
3. PILE, côté d'une pièce de monnaie où
PIÉTON, ptédon, d'un type L. p)edo,
p. sont les armes du prince. L'origine de cette
-onis (d'où it. pedone, esp. peon, prov. pezo, expression n'est pas encore tirée au clair. Les
peon). Le f p. d dans piéton vient prob., conjectures, toutefois, no font pas défaut.
avons-nous dit sous pied, de lancienne ortho- Quelques-uns imaginent que p^7e est un vieux
graphe piet ; d'autres cependant voient dans mot gaulois signifiant navire, que l'on suppose
le dérivé piéton un type L.pedito, -anis, dér, aussi être le ^vimiïiî de pilote m.). Les (v. c.
de pedes, -itis (cp. BL. peditare, aller à pied). Romains représentaient en effet un navire sur
— Voy. aussi pion. la monnaie, et, d'après Macrobe, les enfants
PIÈTRE; on a proposé L. pedestris (ped'- jouant à croix ou pile, criaient capita aut
stris — —
piestre), donc pr. qui va à
])estris navim, parce que les as portaient d'un côté
pied, opposé à cavalier, puis .synonyme de un Janus à deux têtes et de l'autre un navire.
chétif, misérable. Cette étymologie, quelque De là vient qu'on disait autrefois en finançais
peu discréditée par l'absence d'une anc. forme aussi chef et nef D'autres prétendent que sur
piestre, a été réhabilitée depuis que l'on a l'un des côtés de la monnaie royale il y avait
rencontré Y&d]. peestre, avec le sens de notre une croix et de l'autre des piliers ou un por-
piètre, dans plusieurs passages de Gautier de tique (BL. pila). Nous abandonnons aux nu-
Coinci peestre, par piestre (cf pion \>.peon),
;
. mismates la solution de ce problème étymolo-
est régulièrament devenu J02<?<re(cp. diable -ç. gique.
diable, lien p. lïen). Voy.Tobler, dans Kuhn PILER, broyer, it. pillare, du verbe L. pi-
Ztschr., XXIII, 418. La forme monosylla- lare, serrer, presser fortement, fouler, ou du
bique /(î'cs^re au sens do « vulgaire, commun, subst, pila, mortier à piler. —
Y).p)ilée, piloir,
chétif", est d'un fréquent retour dans les poé- pilon.
PIL — 302 — PIM

PILIER, voy. />î7c 2. roborée par le verbe piloter, employé par


PILLER, W.pigliare, esp., prov. pillar. soit Palsgrave dans le sens de sondei-. L'étymolo-
du L. pihirc [i bref, Ae.pilus, poil) =
épilcr, gie tirée d'un vieux mot français pile =
et métaplior. = dcpouiller, piller, voler, soit navire (voy. pile 3^ est une étymologie en
d'un autre verbe pilare H long) que l'on l'air, car il n'y a nulle trace de l'existence de

trouve dans Animien avec le sens du composé ce primitif. —La filière établie par Ménage :
ex-pUare, (également =
dépouiller. La per- prorita 'gr. TTf.'jtr.-fjTYii [sic), qui dirige la proue)
sistance de Vi dans les inots romans appuie la — pirata —
pilota, est tout aussi arbitraire.
darnière explication. Quant à 17 mouillé, — M. Breusing, dans son étude « Die Sprache
Dicz pense qu'il pourrait avoir été motivé par des deuti^chcn Seemanns ", a soumis à un
le désir de distinguer le verbe de l'homonyme examen spécial les applications diverses faites
pifer, broyer. A cause de 1'/ mouillé, J'ai cru du M\ot pilote, en pavi roman et germanique,
d'abord que les mots romans étaient formés dejiuis la première apparition de ce terme, au
du L. pecu/ari, =piller le tisc; mais je suis xiii'" s. (dans les parages de la Méditerranée^,

d'avis que l'étymologie de Diez est tout à fait ainsi que les nombreuses tentatives (sérieuses
acceptable, 17 mouillé s'étaiit également pro- et aventureuses fuites pour en découvrir l'éty-
I

duit, sans même qu'il y eut néccs.sité de le mologie. Quant à celles-ci, il est amené à les
distinguer d'un homonyme, dans un comix)sé rejeter toutes et surtout à nier toute i)arcnté
de pH are, savoir l'it. c.ompù/liare (L. com-pi- avec le germ. lootse, lootsman, en alléguant
lurc, notre compiler). —D. piïloter. des raisons puisées dans la science nautitpio
PILON, voy. pile. —
D. pilonner. au.*jsi bien que dans la phonétique, et conclut

PILORI, \ïi\ j^ellori, pillmHt, angl. pillori/, en propo.sarit rétymoh)gie suivante, que lui
prov. espitlori, port. ]ieloi{ri)iIio. Du Cangc suggère la coexistence en Italie des formes
rattache le mot à pilier; Grimm, au mha. pednta et pelota. Kn grec, le gouvernail so
2)filaere, qui est la forme germanique Ac pilier. dit r.-niov et T.r,r.xi ivj no peut-on pas en infé-
',

Cette étymologie ne concorde pas avec les mots rer l'existence, dans les bas temps do la gré-
indiqués ; elle n'a pour elle que le BL. pilmn- cité, des dérivés ;r»î5'JT/i;, n/;ô;<>i'Jjrv3,-? D'après
citni, mais, outre cette forme, le BL. pré.scnte le pi"écédent du gr. iôi'i»T>3; = it. idiota, un it.

encore jiillaricwn, pellericum, jtelloriitm, pedota = îT/jè'ijr/;; mais mes


est acceptable,
jjilioriiini, spiloriitm Ce qui fait que la véri-
. connai.ssances lingui-stiques ne me permettent
table origine est encore à trouver. Le Voca- pas de décider si do Tir,£xli6}T/ti a pu so déga-
bulaire d'Kvreux, publié par Chassant, porte ger it. pilota i —
D. piloter, -aye.
collistrigium [carcan) ^^ pilori. —
WedgAvood PILOTER. -IS, voy. pilot et pilote.
(Rom., VIII, 430, et dans son Dictionnaire), PILULE, \,. pilula, dim. de pila, boule.
sur la base du prov. espitlon et partant du PIMART, nom d'oiseau, du h. jticus mar-
sens carcan, conjecture comme origine du tins.
mot le catalan espitUera (trou par où l'on PIMBÊCHE, femme impci-tincnte, qui se
regarde, fenestrelle) qu'il identifie avec
,
donne des airs de hauteur. D'origine incon-
L. specularium. Ce serait un tenne populaire nue. Riclielet, qui écv\i painbdch c entend par ,

fondé sur la comparaison du trou par lequel ce mot une femme fainéante à qui il faut
le patient passe sa tète et contemple la foule, mettre le pain au bec. I*our Génin, la com-
avec un observatoire. —
D'après Baist (Grôb., tesse de Pimbêche de Racine est la comtes.so
Ztschr., V, 233), le nom et la chose sont d'ori- de pince-bec ou du bec pincé; il identifie le
gine espagnole; pilo^-i serait \>o\\v pnhmi (»), mot avec ej>pitnteche du Ménagiei" de Paris,
dim. de pilon (pilierj; le mot n'apparait pas, sorte de sauce au verjus, qui faisait pincer le
dit-il, avant le xin* s., mais, comme remarque bec. Qu'on nous pardonne la citation de ces
G. Paris, il est dans la Cliarette (xii^ s.). — jeux d'esprit.
D. piloriei'. PIMENT, vfr. piiiment, esp. pimiento, du
PILOSELLE, sorte d'herbe, en botan. L. piytnentuni (pingere), matière colorante,
Hieracium pilosella, du L. pilosits, jK)ilu ; suc des plantes dont on fait des couleiirs ; dans
c'est « comme qui dirait pel nette ou veluette " la moyenne latinité =
épice, aromate, aussi
(Nicot). = boisson composée de miel, de vin et de
PILOT, dér. de pile, colonne. — D. pilo- diverses espèces d'épices. Les médecins ont le
ter, enfoncer des pilots, d'où p/oto^e, terme pigment p. matière colorante de la
pilotis. peau. — D. pimentade, sauce au piment.
PILOTE, it., esp., port, jnloto, ït. au.ssi PIMPANT, du prov. pimpar,pipar, rendre
j)ilota; mot inexpliqué encore. Le néerl. pimpant, pomponner. Dans le Roman de la
jvjloot, que l'on pourrait au besoin analyser Rose, je trouve pipelé au sens d'orné. Le ra-
en pjijlen, mesurer la profondeur de l'eau, et dical o-st pip, mais que signifie-t-il ? E.st-ce le
lood, fil à plomb, présenterait bien une même que pipe et pipeau avec l'idée
celui de
source convenable, mais Diez pense que le mot d'alléclicr, tromper? Oudin définit « piper en
néei'l. est plutôt un emprunt fait au roman. une cliose » par y exceller.
Il nous semble cependant difficile de ne pas
PIMPESOUÉE, d'après Auger, un composé
admettre une connexité entre le nécrl. pijl- de pimpcr [so^ pimpant) et l'adj. souef (sua-
.

loot, jnloot, pilot, et l'équivalent ail. vis), doux


lootse, Génin explique pimpesouéc par
;

lothse, angl. lodesman, dan, -loods, néerl. « une agréable pouponne >»; il voit dans pim.pe
loots, lootsman. Cette manière de voir est cor- l'it. bi/nbo, bimba, poupée, et dans souée.
. .

PIN — 393 PIP

comme Auf^er, le fém. du vieil adj. soiief. — flam. espink


\at,2tinque.''L(i v. est p. csp-pinke
Le masc. pimpcsoué se trouve dans les patois pinque en bois de peuplier.
avec le sons de fot, précieux, ridicule. PINSON, une. pjinçon, it. jnncioiie, esp. pin-
PIMPRENELLB, it, pimpinella, esp. pim- zon, pinchon, du cymr. pinc, gai, pinson (cp.
pùiela, ail. pjitnpernell (le terme scientifique le nom d'oiseau geai). Le même radical a pro-
est « pimpinella saxifraga »); on y voit géné- duit pinche, petit sagouin, et p)inchard,
ralement une corruption de bipennclla p. bi- espèce de pinson. —
Le radical pinc est-il
penmtla, =
à deux ailes. Les formes cat congénère avec l'ail. /?nA, angl. finch =^ pin-
painpÂnella, ^\é\n. pampinela, font supposer son? Grimm rattache ceux-ci par rapport au
une dérivation do 2Ja>npinus ; mais quel est le plumage à la racine fink, funk, exprimant
rapport qui puisse justifier cette dérivation ? luire, briller.
PIN, L. pinus. —
\).p)inaie, L. pinetum; PINTADE, de Yesp. 2nntado, bigarré, part,
pdnastre, pinier, pngne (v. c. m.); pnninc, de pin.tar (= L. 'pictare), peindre, bigarrer,
résine du pin; acide pinique, pinasse (v. c. à cause du plumage de cet oiseau. Le nom du
m.); pmean, sorte de raisin noir, qui par sa pintail faisan de mer, a la même origine.
.

forme et par l'entassement de ses grains les PINTE, mesure de liquide. Kn espagnol,
uns sur les autres, ressemble à une pomme de marque, signe; or, cepi7ita
ptinta signifie aussi
pnn (Le Ducliat). vient de printar, peindre, marquer. Pinte est
PINACLE, L. pinnaculum (pinna). donc prob. == chose marquée, jaugée cp. le ;

PINASSE, sorte d'embarcation, it. pinaccia, mot marc, pr. marque, poids, puis nom d'un
angl. 2n)i]iace, du L. pinus, 1. pin, 2. navire certain poids. — D. pnnter (cp. chopiner, de
(de bois de pin). chopine). Dans la Suisse romande pinte est
PINCE, voy. pincer. —
D. jnnceitfi. synonyme de cabaret.
VÎ^G'ËAU, pincer, prow jnn^el, ail. jnnsel, PIOCHE, prob. p. picocJie, dér. de^9zc (cp.
du L. penicillum (dim. de pénis), queue, pin- vfr. piasse, sorte de hache, p. jncasse). —
ceau. crayon, est le même
L'angl. jK'ncil, D. 23wcher, travailler à la pioche, fig. travail-
mot. —
U. pnncelier; pinceauter. ler avec ardeur ; 2Jiochet fv. c. m.).
PINCER; ce verbe est une variété nasalisée PIOCHET, grimpereau, de pmche ; cp. son
du wallon pissi, it. (Venise) 2nzzave. Notez nom baum-hûckel, qui pioche les arbres,
ail.
encore les formes dérivatives it. jnzzicare, PIOLE, dér, de jji'e, l'oiseau à deux cou-
valaque pitzigà, pnscà, cat. p)^^^^0'^'^j csp. leurs. —
Les étym. piculatus piqueté, =
pizcar. La source directe de ces vocables tacheté (Ménage) ci pipnn, pigeon, cp. l'expr.
paraît être le néerl. pitsen, ail. ftfetzen^ gorge de pigeon (M. de Croissandeau) ne mé-
pfdzcn, pincer, serrer, tenailler, qui est nn ritent aucun crédit.
rejeton sans doute de la rac. pit, pointu, indi- 1. it. pedone, esp. peon ;
PION, anc. ;3(^bn,
quée sous jjcizY. —
D subst. \Qv\>-à\. pince, nom pr. hommede pied, puis fantassin. Du L.pedo,
de l'agent et de l'action, esp. pinzas (plur.), •onis. —
D, pionnier, vfr. peonier, prov.
cp. it. pinzo, aiguillon; pincée, pnnçon, mar- pezonier, d'abord fantassin en général, puis
que sur la peau quand on a été pincé. Compo- spécial, ffintassin occupé aux tranchées et
sés :èpincer, d'où épnnceler; pince-maille. autres travaux de siège.
PINCETTE, voy pince.— D.pinceter. 2. PION, t. du jeu des échecs (vfr. ^jco»,
PINEAU, voy. pin. aussi, selon la fluctuation habituelle de la
PINGOUIN onpinguin; d'origine douteuse : voyelle en syllabe atone protonique, poon,
d'après Clusius, du L. pinfiuis (cp. le terme paon); c'est le même mot que le préc, cp. en
ail. fett-f/ans, oie grasse)
d'après Roulin, le
; mlia. fende, ve7ide, pr, fantassin (auj. pion se
mot s'appliquait d'abord à des oiseaux à « tête dit en ail, baicer, pr. paysan). Il faut écarter,
blanche, ]n'Qt. pen giooin ". je pense, l'étymologie joaoiz,
PINGRE; je ne connais pas l'origine do ce PIONNIER, voy. ^20» I.
mot, dont la signification, du reste, n'est pas PIOT, boisson, vin, dér. du vieux verbe
encore fixée (« avare, méticuleux, malin, 2ner, chopiner, qui parait être plaisamment
effronté, de mauvaise mine » Littré ne lui
; formé d'après le gr. (infin. aor,^ tti-Iv, Cp,
reconnaît que celle d'avare). On peut penser trinquer, de l'ail, trinken.
au L. piger, vfr. pngre., lâche, misérable, ou à PIOUPIOU, t. populaire = fantassin; re-
pinguis, gras, grossier, lourd. Fournier doublement de piou (pion)?
avance (sans preuves) que pingre a signifié PIPE, 'it.2npja, prov. j)im,pa, n\.p)ijp, angl.
juif, usurier, et qu'il vient de pingre, jnpe; en premier lieu chalumeau pour siffler,
épingle, parce que les juifs étaient accusés à l'usage des oiseleurs, puis tuyau en général,
d'enfoncer des épingles dans la chair des d'où découlent les différentes acceptions
enfants modernes. Le mot avec sa signification fon-
PINNE, dans le composé pw2ne-man'»(7, gr. cière « sifflet d'oiseleur '>, représente le subst,
m. s.
Tzh-jv], —
D. pinnier. verbal du verbe ^?per, contrefaire la voix des
PINQUE, esp. pnnguc, pinco; le même mot oi.seaux pour les prendre, =
L. pipare, qui
que le néerl. et angl. pink, ail. pinke, dont exprime le cri des oiseaux. Du roman pipa
Torigine est douteuse. On a proposé un type l'ail, a {ait 2if> fa, auj. pfeife, m. s. D. pi- —
pinica, jjinca, dér. de L.2nnus, vaisseau (cp. peau, chalumeau. — Voy. aussi 2)ivot
pinasse], mais on réclame une étymologie se PIPER, contrefaire
.
la voix des oiseaux
rapportant à un des caractères distinctifs de pour les prendre, puis prendre à la pipée, au
.

PIQ — 394 PIS

fîg, = tromper; voy. pipe. — D. pipc'e, ter ». —


D. pique, fâcherie, brouillerie;
pipai.r, p)ii>crie; pipet, oiseau qui prend les piquant, subst. pointe d'un chardon piquant, ;

= qui
,

inouclies. adj. pique, qui mord, qui frappe, on


PIPIER, le même mot (\nG pépier. général qui i)roduit une impression vive, tan-
1 PIQUE, dér. de la rac. pic (v. c. m.)- — tôt agréable, tantôt désagréable; piquette,

D. piquet, 1. jjelit pieu, 2. lig. un certain mauvais vin; piqueur, pr. qui })ique (aiguil-
nombre de fantassins établi (pr. pique) dans lonne) les chevaux ou les ouvriers; piqûre;
nn endroit, cp. les termes pJa7Uon, poste. picoter, d'où picotement.
D'après Littré, ce dernier sens vient, par PIQUET, voy. pique. —
D, piqueter. Le —
oatachièse, de celui de " pieu grand et fort nom du jeu de piquet est, dit on, celui de son
dont on se sort dans un camp pour tenir les inventeur.
chevaux à l'attache ». Ce serait donc une PIRATE, L. pirata, du grec izupkTr,;, pr.
troupe dont les chevaux sont réunis autour qui tonte la fortune (sur mer), aventurier. —
du même piquet. D. piraterie, piratei'.
2. PIQUE, brouillerie, voy. piquer. PIRE, du L. ptijor; l'anc. langue n'em-
PIQUE-NIQUE, repas où chaque convive jiloyait co mot qu'au cas-sujet ; pour les cas-
paye son écot ou apporte son plat, angl. pich- obliques, elle se servait de pïe'ur, qui répond
mck. Le mot est-il d'importation anglaise? au L. pejôrem (it. peggioi'e, esp. peor^. —
Nous ne le savons pas. Ménage s'abstient d'es- D. empirer.
sayer aucune étymologie et se borne à dire que PIROGUE, aussi piravgue, esp. piragua,
le mot est d'introduction récente. Roquefort mot d'origine caraïbe.
pose carrément la singulière explication que PIROUETTE (le mot n'est pas antérieur au
voici pich an each, mots anglais, auxquels
: xV siècle), dim. d'un subst. inusité /»/ro», que
il prête la prononciation ^»"c/i-e«-îc^, et la va- Frisch prend pour un composé de pied (dial.
leur « repas où chacun est piqiié, où chacun pi) et do roite, donc =
roue tournant sur un
a sa taille particulière •». Génin, s'il n'est pas pied, Diez pourpjcô ^radical de pivot) -{-roue.
dans le vrai, est infiniment plus spirituel. Voy. aussi pivot, —
Pour Caix (Grober,
Prenant pour point de départ du subst, actuel Ztschr , I, 277). les deux éléments de la com-
l'ancienne tournure adverbiale [souper] à position sont pir -|- rouette. Le thème pir
]}ique-nique, il définit cette dernière en ces désigne des objets qui tournent autour d'eux-
termes « faire un repas dans lequel aucun des
: mêmes à l'instar d'une vis; on le rencontre
convives n'est redevable de rien à son voisin, dans de nombreux composés italiens et dans
où il y a parfaite égalité do position et do le fr. jnron (espèce de gond); cp. gr. mod.
maintien à pnque, mauvaise humeur, bou-
; nilp'):, cheville, Dans ses
tarière, Ttûtuov, vis.
derie, on oppose nique (v. c. m.), clin de l'œil Studi, n° 454, cependant, Caix le ramène au
en signe de moquerie ou de mépris tu me ; lat. epigrus (clou, cheville). D'après Darmcs-
piques, je te nique, partant quittes». Le phi- teter, qui allègue les formes norm. perrouette
lologue français n'y voit qu'une de ces expres- (filleévaporée), wallon herweter (pirouetter),
sions familières et sonores, telles que « à bon le mot indique plutôt une composition du
chat bon rat », « à bien attaqué, bien péjoratif bis -\- roue. Mais il se heurte cepen-
défendu dit-il, partie et revanche;
». C'est, dant à l'initiale /> p. i. — Cp. la formation
c'est l'expression de l'équilibre, do l'égalité de girouette et voy. aussi l'art, pivot. —D.
entre les parties. —
Boniface interprète le mot jnrouetter.
par « repas où chacun pique au plat pour sa 1.PIS, adj. et adv., du L. pejus.
nique » [nique pris dans le sens de petite mon- 2.PIS, anc. =
poitrine, auj. mamelle
naie). — Littré dit que le mot est anglais et d'une vache, etc. ; vfr. peis, prov. peits, pits,
se compose de ta pich, saisir, prendre, et it. petto, wall. pé. Du L. pectus. « Mettre la
nich, ajoute que cette
point, instant, et il main au pis » [pis =
poitrine), ancienne
étym. dispense de toutes celles qui ont été locution =
prêter serment.
faites malheureusement, cette explication est
; PISCINE, L. piscina (piscis).
obscure Wedgwood passe le mot sous silence; PISER. fouler, esp. pisar, port., prov.
Millier dit que, si le terme est originellement pizar, du h. pisarc on piserc, forme concur-
anglais, il faut partir des mois pick ci nick rente de pinsere, piler, tasser. —
D. pisé,
(ce qui n'est pas douteux), mais il ne dit pas terre dure, compacte, battue; pison, instru-
dans quel sens ; pich se comprend (c'est cueil- ment pour piser.
lir, prendre), mais nich a plusieurs significa- PISSER (pic. picJier, wall. piJii), it. pis-
tions instant précis, point nommé, tromper,
: ciare, prov. pnssar, angl. piss. L'ail, pissen
coche, cran, dont aucune ne se présente favo- paraît être emprunté au roman, car il n'est
rablement. pas fort ancien dans la langue. Les langues
PIQUER, dér. de la racine pic (v. c. m.); celtiques ne présentent aucun vocable sembla-
ar\g\.2)ick, aW. picken.it. piccJiiare, cai. , esp., ble qui puisse être considéré comme leur
port., prov. picar. Pour la loc. se piquer de étant propre. L'étymologie reste donc à trou-
cjqch. =
la prendre de mauvaise pai't, s'en ver. Diez ne pense pas que l'on puisse invo-
fâcher, elle est analogue à celle de s'offenser quer le L. jjytissare pntissare = gr. TurfiJI-tv,*
de qqc.li., pr. '^ se blesser de qqch. Je com- qui signifie cracher; il voit plutôt danspm<?r
prends moins bien l'emploi pronominal de le sens fondamental d'éjaculation et est ainsi
notre verbe au sens de « se glorifier, se van- amené à conjecturer un type pipisare (d'où
PIS 395 — PIT

pipsare, pissare), dérivé de pipa, tuyau ; il des langues modernes », l'origine du mot
invoque, à ce sujet, les acceptions analogues pistola a fait l'objet d'une discussion appro-
de l'ail. j)feifen. —
T). pisse, pissat, j)issotcr ; fondie ; Mahn y a défendu l'étymologie tirée
cps. 2^issenJit, plante appelée ainsi à cause de de Pistoria, le nom latin de Pistoie, en s'ap-
ses propriétés diurétiques. pnyont de preuves tant historiques que gram-
PISTACHE, L. pistacium (-t7T«/nv). — maticales. —
Il est fâcheux que Larousse en

D. pistachier. mettant si amplement à profit mon article


PISTE, trace du pied, it. pesta, esp. pista, quant à l'origine du mot pistolet, n'ait pas
subst. du verbe it.peslare, esp. pistar, prov. connu l'étude signalée de Mahn, il y aurait pu
pestar, fr. (patois) ^zs^er = L. pistare, broyer, recueillir d'intéressants détails relatifs à l'his-
fouler, fréq. àepinsere. toire de la chose cela m'engage d'autant plus
;

PISTIL, L. pistilhim (pinsere), pr. pilon à indiquer le livre où ils sont présentés Ety- :

à mortier; les Allemands nomment de même mologisclie Untersuchiingen, Berlin, 1855,


cet organe de la fleur stcmpel, pr. pilon. p. 97 et suiv. —
Quant an mot pistolet, en
1 .PISTOLE, monnaie d'or. D'où vient ce tant que signifiant petit pain au lait (v. pi,
mot? On a prétendu sans aucun fondement h.), il n'a sans doute rien de commun avec le
qu'il dérive de Pistoja, comme le mot florin L. pistor, boulanger; le dictionnaire rouchi
de Florence. Le mot n'est ni italien ni espa- de Hécart m'apprend que dans ce dialecte
gnol. Diez cite ce passage de Claude Fanchet: pistoulet .signifie un petit pain fort long et
« Ayant les escus d'Espagne esté réduicts à étroit, que l'on nomme aussi flûte. Il faut donc
une plus petite forme que les escus de France, croire que le mot est tiré par métaphore du
ont pris le nom de pistolets et les plus petits nom de l'arme à feu.
pistolets bidets. « Ce serait donc un terme de 3. PISTOLE, logement en prison pour le-
dérision (v. le mot s.). —
D'après Mabn, pis- quel on paye. Est-ce une acception déduite de
tola est une corruption de piastruoJa, dimin. pistoie, nom de monnaie? Il parait que oui ;

de piastra, fr. piastre (v. c. m.). la pistoie s'obtient moyennant pistoie.


2. PISTOLE, arme à feu (d'où le dim. pis- PISTOLET, voy. pistoie 2.
tolet^, it., esp. pistola. Covarruvias dérivait PISTON, it. pestone, du L. pistare, voy.
pistoJa de fistula; cela jurerait par trop avec p)isfe.
les règles de transmutation romane. Voici ce PITANCE, it. p)ietanza, esp., prov. pie-
qu'en dit H. Estienne « A Pistoie, petite
: danza, pidanza. catégoriquement
Il faut
ville, qui est aune bonne journée de Florence, rejeter l'étymologie de Le Duchat, savoir
se -souloient faire de petits poignards, lesquels L. 2')ctentia, dans le sens de ce que les moines
estans par nouveauté apportez en France se procurent par les quêtes; il faudrait pour
furent appelez, du nom du lieu, premièrement cela une forme esp. pedenza. Muratori pen-
jjistoiers, depuis pistoliers et en la fin insto- sait à l'it. piatto, plat cela est tout aussi con-
;

lets. Quelque temps "après estant venue l'in- traire à la facture des mots en question (le
vention des petites harquebuses, on leur trans- prov. piatansa, qu'on pourrait invoquer ici,
porta le nom de ces petits poignards. Et ce est analogue au mot piatat, pitié, qui est p.
pauvre mot ayant esté ainsi promené long- pietat). La forme it. pietanza donne lieu à
temps, en la fin encore a esté mené jusques en expliquer le mot par « œuvre de charité » (it.
Espagne et en Italie pour signifier leurs petits pict.à)\ mais les correspondants esp., prov. et
e.scHS et croy qu'encore n'a-t-il pas fait, mais
: fr. ayant pour radical ^nt, il est plus rationnel
que quelque matin les petits hommes s'appel- de voir dans la forme it. une modification de
leront pistolets et les petites femmes pisto- pitanza, qui est en effet le mot usuel pour la
lettes. » H. Flstienne avait bien prévu que le chose dans la Lombardie modification basée ;

rôle dej-jistolet ne se bornerait pas aux signi- sans doute sur une fausse interprétation du
fications qu'il lui connaissait; chez nous, à mot. Or, pitanza paraît être, tel est l'avis do
Bruxelles, on appelle de ce nom les petits Diez, un rejeton de la racine pit peu de =
pains au lait que nous prenons au déjeuner. chose, bagatelle (voy. petit), par l'intermé-
Le président Fauchet déduit également le diaire d'un verbe pitare (cp. le génois pittà =
mot, dans sa signification de petite arquebuse, picoter), qui aurait signifié « prendre un menu
du nom de lieu Pistoie. —
Diez admet au repas ». — Sans vouloir formellement con-
fond cette étym., mais en la rectifiant en ce damner l'opinion do Diez, nous devons objec-
sens que pistola aurait été dégagé de pisto- ter que la forme généralement adoptée dans
lese, sabre court, qui esi\>. pistojese, adj. de la moyenne latinité pour pitance, est pictan-
Pistoja. Dans sa première édition, il inclinait tia, et que Du Cange définit ce mot par por-
pour l'opinion de Frisch, d'après laquelle jîî's- tion monacale de la valeur d'une pite (v. c.
tola est une modification de pistillus, it. pes- m.); cp. le mot BL. pictata, valor unius
tello, pilon, et signifie propr. un instrument pictse.
pourvu d'un bouton ; à l'appui le
il citait PITATJD, paysan, grossier; quelques-uns y
vénitien piston, pcston, ==• petite arquebuse, voient une dérivation de L. pcdes, peditis,
mot littéralement identique avec l'it. p)estone, donc un synonyme do piéton (on trouve dans
pilon, mais le suflixe ola la lui a fait écarter; Y voissaiVt 2i6taud, désignant une sorte de trou-
les règles de formation italienne imposent une pier à pied) peut-être est-ce une forme variée
;

forme pistuola, qui n'existe pas. Dans une do pataud.


séance de la « Société de Berlin pour l'étude PITE, petite monnaie, duBL. picta « moneta
PLA — 306 — PLA

comitum Pictavensium, minutissjina fero om- PLACIDE, L. iilacidux. — D. j)lacidilé,

nium monetarum ». Voy. aussi pitance. L. -itati'in.

PLAFOND, fond plat


p. plat-fond, c.-à-d. le
PITEUX, prov. pitos, voy. pitù-.
PITIÉ, vfr. piteit, jntiet, pitcd, modifica- entre les solives. —
Les ouvriers, se diri-
tion vocale de piété (pr mie contraction do geant d'après l'oreille, faisant donc jieu do ca.s
piet, 2)iyet en pijt; voy. Rom., IV, 123). L'ac- du d final et radical, en ont dérivé sans scru-
ception piété ne se compose-t-ello pas en clfet pule le veil)e plafonner (cp. quarda'on^icr).
de deux éléments l'amour de Dieu {piété) et
:
PLAFONNER, voy. j^lafond.
l'amour du prochain (pitiéM Du thème ptt de PLAGE, it. d'un type immédiat
]n'ar/f/ia,

pitié, procède l'adj.jyîiaw 'autrefois ^= misé- jtlayia ; la forme classique plaga, contrée,
ricordieux, aiij. =
digne de pitié), et le verbe région, est le iype do l'esp. playa et \îr. plaie
(inusité) pitoijei-, prendre en pitié, constuTé = plage.
dans le composé s'apitoyer et l'adj. pitoyablr, PLAGIAT, L. plagiatus, subst. du verbe
(anc. aussi pitîahle),1 enclin à la pitié (opp.
.
playi'are' , commettre un plnfjium. Les Ro-
impitoyahh); digne de pitié.
2. mains apiielaient plat/iuni le vol d'esclaves, ou
PITON, sorte de fiche de fer ou clou ; prob. l)lutôt la vente d'un esclave dont on n'est pas

un rejeton de la racine pit, traitée sous petit le propriétaire légitime. —


Plagiaire, L. pla-
et exprimant chose pointue. Cp. esp. pito, giurius, couytaXÀQ do plagium, voleur d'hom-
petit morceau de bois pointu. mes. —
Ce n'est pas à nous de traiter la ques-
PITOYABLE, voy. pilie. tion de l'origine du mot L. plagium, à propos
PITTORESQUE, de l'it. pittwesco, àér. du de laquelle les opinions diffèrent beaucoup,
subst. pittnre, peintre. mais nous tenons à établir ici l'époque où
PITUITE, L. pititita. l'expression plagium a été appliquée au vol
PIVERT, voy. pic 1. littéraire. A ce sujet, nous citerons le passage
PIVOINE (dans les dial., on dit, sans le v suivant do la Dissertatio philosophica de pla
épenthétique, pioine\ pennia, du L. pœo-
it. gio litterario de Jacques Thomasius, Leuco-
nia, m. s. (gr. TratwviaJ. —
Le nom de la Heur petrîe, 1679 : « Plagii vocem autplagiarii,
a été, à cause de la couleur rouge, aussi quod .sciam, ncc ante Maitialem scriptor quis-
transporté au bouvreuil. quam, nec post Martialem ante duo htec so
PIVOT, d'après Diez, un dérivé de pipe Ht. cula {evnm ullum ad furtum litterarium ajipli-
piva) cette étymologie est possible, mais non cuit. » Le i)as.sage en question do Martial est

;

a.ssurée. Une fois que l'existcnc* d'une ra- la 53" épigramme du l'""" livre : « Iniponcs
cine jiit, chose pointue, e.st accordée, ne j)lagiario pudorem. »
serait-il pas tout aussi rationnel d'en dé- 1. PLAID, it. piato, esp. pleito, prov.p/a/f ;

duire pitut, puis par syncope piot, enfin par du L. placitum, dont ce
le .sens propi-e est «
l'épcnthèse si commune de v, la forme pivot t qui plait ", c.-à-d. opinion, jugement, arrêt
Ce primitif jpff, d'où je déduis aussi piton (v. do justice (cp. en gr. Zola, de ôozjw). De cette
c. m.), est peut-être aussi au {oxxà. Ae piron signification première « décision judiciaire »
{^. jnterou), d'où pirouette, pr. = petit bâton procèdent celles de « assemblée de justice,
tournant. — Yi.pivotei-. audience, parlement, contrat ", puis de « af-
PLACAGE, subst. dcpJaqiier, \oy. plaque. faire judiciaire, procès ». Au sens de plaidoi-
PLACARD, voy. plaque. — D. placar- rie, plaid doit être considéré comme le subst.
der. verbal abstrait de plaider. D. plaider (BL. —
PLACE, esp., port., prov. plasa, plaça, j)lacitare), conduire un procès, disjjuter, etc.
plassa, it. piazza, ail. plat:, du L. plalea, d'où plaideur. Une forme extcnsive Ac plaider
large rue, place publique (gr. Tr/KTîîa. fém.de est :it. piateggiare. esp. pleitear, vfr. plai-

7r)aTÛ;. large). Le sens primitif s'est généralisé dier, niv. plaidoyer. Ce dernier mot, toutefois,
en celui de lieu, emplacement. —
1). placier ; ne s'emjjloie plus aujourdliui qu'à l'état de
j)lacct, tabouret ; verbe placer (mot récent substantif; il est le primitif du suhsi. jjlaidoi-
dans la langue). rie p. plaidoierie.
PLACER, voy. place. —
D. placement ; 2. PLAID, manteau écossais, du gaél.
composés replacer déplacer, emplacer d'où
: plaide, que l'on considère comme contracté de
remplacer. peallaid, peau de mouton.
l.PLACET. voy place. PLAIDER, PLAIDOYER, voy. l'art, préc.
2. PLACET, pétition. C'e.st un mot latin qui PLAIE, L. jjlaga (Tr/zj/ïi), coup, blessure.
signifie " il plaît r, formule
et qui constitue la La signification actuelle du mot repose sur
par laquelle celui à qui la pétition est adressée un transport à l'efïet; il en
d'idée de la cause
y accorde son consentement. Placet signifie est de même de celle du mot blessure. —
donc pr une requête accordée, « oui placet D. vfr. plaier, blesser, it. piagare, esp.
adscribitur »,ou bien, comme disent les juris- llagar.
tes, une requête placitée, puis requête en 1. PLAIN, it. piano., L. planus.
uni, plat,
général. —
Le mot initial des suppliques était — La forme savante de plain est plati (v. c.
d'ordinaire la forme subjonctive jj/aceaf,c.-à-d. m.). —
D. plaine; en vfr. on disait aussi lo
« qu'il plaise », mais ce n'est pas de cette for- plain =
la rase campagne; c'est le L. pla-
mule que l'on doit déduire le mot placet, bien num,. —
Composé jilain-cJiant, chant à l'unis-
:

que cette étymologie i^pondrait mieux à la son. Notez encore la loc. de plain-pied de =
chose. môme niveau, au même étage.
— ,

PLA — 397 — PLA

2. PLAIN, cuve où l'on trempe les peaux PLANTAIN, du L. plantaginem (nominatif


p. peJain, ^jeZm, dér. de pellis , peau.
— ;

plantagci).
D. pi amer (v. c. m.). PLANTE, h. planta, 1. plant, herbe, végé-
PLAINDRE, L. plangerc. D. plainte, — tal, 2. plante du pied. —
D. j^lcinter (v. c. m.).
subst. participial de ^j/azpK/re. Le vieux subst. PLANTER. L. plantarc. —
D. plant (v. c.
maso, plaint (it. inanto^ port, pranto, prov. m.); plantard; 2'>lcin-^on, soldat de service
2jlanch) répond au subst. latin pJanctus. — (cp. le tei'me analogue piquet) \ ijlanteur.,
Cps. complaindre [s c. m.). . p}lantation. Cps. déplanter, transplanter.
PLAINE, voj.plain. PLANTUREUX, adj. tiré du vieux subst.
PLAINTE, voy. plaindre. D. pZani</f. — ptlenté [angl. 2>lenti/) =
plénitude, abondance,
PLAIRE, L. 2'iJo.ccre p. iilacêre. En vfr.on qui est le L. plenitatem. L'anc. langue disait
avait aussi l'infinitif plaisir (cp. les deux aiissï plentiveux. —Quant à la facture inso-
formes loire' et loisir' de licere, nuire et nui- lite de cet adjectif, Tobler (voy. Rom., VI,
sir* de nocere., taire et taisir* de tacerc). Cet 130-131) voit dans pdentureus une transfor-
infinitif plaisir nous est resté à l'état de sub- mation du vfr. 2J^(^ntiveus, par suite d'élision
stantif. —
D. plaisant; plaisance (cp. nui- du V remplacé par r (pour u il allègue machu-
sance de nuire). —
Cps. complaire, déplaire. rer). G. Paris préfère l'expliquer par j>/c^i<C2-
PLAISANT, I. qui p/a/i, agréable ^signifi- vureux, adj. formé d'un subst. plenteivure,
cation obsolète), 2. qui vise à plaire en faisant tiré à son tour de jdenteïf; on trouve, dans le
rire, enjoué, folâtre, 3. ridicule, drôle. — Dolopathos, V, 2770, plantiverouse comme
D. pjlaisanter, d'où plaisanterie. variante à 2'>l«->dei'troiise. Littré rattache notre
PLAISE, nom de poisson, angl. j;/«/ce, mot à un anc. subst. plentor, plénitude, prov.
flam p/a(/?/.s% du L. platessa (Ausonet, gr. 2)lendor, mais Tobler objecte que plentor n'a
::lâ.-Ji.i, BL. jjlctfisa. —
Plaise est sans doute jamais été rencontré, et que le prov. plendor
une forme contracte àepjlaïse. Voy. âiiss'i plie. est une faute de lecture p. ploi d'or.
PLAISIR, voy. plaire. PLAQUE, pr. chose plate; les formes jjZan,
PLAMER, tremper les peaux dans la cuve à 2Jlat, 2ilac, sont des modalités de la même
chaux; dér. àe plain 2 (cp. étamer do étain). racine ^j/a. Le radical ^j/ac se trouve encore
— D. plamée. danslenéerl ji/ac/îc, morceau plat, vha j)/ec/i,
1. PLAN, adj., voy. plain. De là le subst. nha. blech, lame de métal, etc. —
D. jjZaguer,
])lan, d'abord surface plane, puis le dessin mettre à plat, d'où les subst. placage, pla-
d'un bâtiment, d'une ville, etc., réduit à la card (cp. affiche; les Flamands d'iacnt pi ackaet
surface plane, projet de construction, enfin p. ainsi dire j:)/rtca<itm, chose plaquée) ctjj/ti-
projet en général. —
La locution laisser en quette, petite monnaie (dim. du
vfr. pAaque.,
plan =abandonner, planter là, me semble BL. Kiliaen placke
^>7aca, ap. nummus =
venir du L. inp)lano =
à terre; ce serait donc varii apud varios valoris), puis aussi petit
pr. ne pas relever celui qui est tombé. Ou livre peu épais.
bien le sens primitif serait il: ne pas admettre PLARON, petite musaraigne à queue plate
en justice, laisser in plana, c.-à-d. en dehors à l'origine; prob. contracté de j>Z«to'on.
do l'enceinte élevée du tribunal? D. apla- — PLASTIQUE, L. 2J^asticus, du gr. nlu^ziArj^
nir ; planer (v. c. m.). (adj. de 7r).5(îî-iv, travailler avec une matière
PLANCHE, it. pianca., prov. ptlanca, du molle, modeler, fjxçonner).
L. planca, m. s. (p. j5/aîi)ca.?;. D. jv/an- — PLASTRON, de l'it. piastrone ; pr. pièce
chctte, plancher ; verbe plancheier, plate, placard pour protéger la poitrine dér. ;

PLANÇON, \'oy. plant. de^r/aA'/ra, plaque (le même mot que pZàirt;).
1. PLANE, arbre, contraction du L. ^^Za- — D. 2^1<:''Stronner.

tàjius. PLAT, adj. et subst., it. piatto. Le radical


2. PLANE, nom d'outil, voy. planer I. 2dat est équivalent à jj/an oupZac; il est fort
1. PLANER, verbe actif, unir, aplatir, répandu dans les langues. Nous ne citons que
polir, dér. de l'adj. pla7i. — D, plane, outil le gr. n'>.xTÙ:, large, pr. aplati. Le sens figuré
pour planer; ;>Za«02>', -ure. de l'adj. plat, c.-à-d. dénué de saveur et de
2. PLANER, verbe neutre, de l'adj. p/an, force, dérive prob. de l'idée « qui ne présente
pr. se tenir dans un même plan. « On dit aucun relief, rien de piquant, aucune saillie ».
d'un oiseau qu'il plane quand, volant en l'air, D.2^later,2J^^deau;2]laterie,platine.i2Jlatee,
il rase l'air sans escourre (secouer) les ailes » t. d'architecture; platitude, mot façoiuiô à la
(Nicot). Signification dérivée voir d'un lieu : latine, qui a supplanté la forme 2)^atise
élevé, comme l'oiseau qui plane. qu'avait hasardée Rousseau ; verbe a2)latir.
PLANÈTE, L. pjlaneta (-).Kv/iT/!;, pr. étoile L'anc. fr. avait le subst. 2^lcde, avec le sens do
errante). — D. ptlanétaire. pièces plates do métal, et appliqué surtout à
PLANIMÉTRIE,
-^

terme scientifique, = l'armure du chevalier; c'est du sens lame


science de mesurer [ij.-.Tpil-j) les surfaces d'argent que dérive la signification argent de
planes. l'esp. plala, et celle de l'angl. plate, argente-

PLANISPHÈRE, mot scientifique, représen- rie. — Composés 2')lc-te-hande, plaie-forme,


:

tation d'une sphère (globe) sur un^j/a/i. platfond", dowenn 2Aafond (v. c. m.).
PLANT , subst. verbal de planter. — PLATANE, L. platanus; la forme commune
D. plançon, type \-d.^!v!\ plantionem (cp. arçon est ]ilanc (v. c. m.).
de arc). PLATEAU, voy. pZaf.
PLE — 398 — PLÈ

PLATINE, nom d'ustensile : plat, etc. verhe plàvir il le tire d'un tj^to prcedire, qu'il
Comme nom d"un métal, ce mot (du genre considère comme l'infinitif inusit^.^ du parti-
masculin par assimilation aux autres noms de cipe ^>rft»rfi7»jf, doué, nanti (l'i bref do ce der
métaux; est dérivé de l'esp. plata, argent (voy. nier ne jiarait pas l'embarrasser). Kn nous
plat). plaçant au point de vue de Cachet, nous ad-
PLATONIQUE, du nom du philosophe Pla- mettrions plutôt un type jytpdcre (composé de
ton ; r » amour platonique " tire son nom des dare), donner, fournir, (\wi jn'œdire, qui est
opinions émises par ce philosophe sur les rap- inadmissible; csxv prœdei-e pourrait tout aussi
ports entre l'amour sensuel et l'amour pur. bien se romaniser en plévir que convertci'c en
du grec ifinA^trpov ou convertir. Seulement nous ne poiivons, par
PLATRE, piastre ,

principe, admettre avec Cachet que v dans


L. emplastum (voy. emplâtre), ==
lix'.'j.y'szov,
plcvir soit une conversion de d ; dans tous les
substance molle plaquée sur qqch., dont on a
cas allégués jiar lui, le r est l'effet d'une épen-
retranché le préfixe iv. Il est possihle (pie le
thèse opérée après la syncope de la dentale;
grec vulgaire ail déjà possédé le simple
or, Diez l'a démontré (v. pi. h.), dans le cas
n'>x'7Tpdv, dans le sens de matière plastique.
Les langues germaniques ont la Ibi'me écour- qui nous occupe, les formes provençales no
tée (sans préfixe), dans le sens du mot fr.
l)ermettent pas de considérer le v comme épen-
emplâtre; angl. plaster, néerl. jjlaestei', ail. thétique, mais bien comme l'adoucissement

pflaster. Dans ces langues, le même mot se


d'un b radical et primitif, ce qui nous force
dit aussi pour pavement (vfr. j)laistre), donc de renoncer à un type jtrcvdire ou pnvdere et
à accepter l'étymologie po.sée par Diez. Littré

dans le sens de chose plaquée sur une autre.
D. ]^lùtrer, j)lùtras, plàtreitx,
Yoy. aussi plastron.
-ièi'e. — flotte entre les deux opinions indiquées.
Bartsch (Grob. Ztschr., II, 309) réunit un

PLAUSIBLE, L. jilaiisibilis (plaudere), grand nombre d'arguments i)our rattacher
digne d'être applaudi ou approuvé. — l'anc. iv.plecirii une forme gothique supposée'

D. ploHsibilité. 2jlaihvan. —
L'étymologie de \\'achtcr, qui
PLÈBE, L. plebs, plebis, d'où l'adj plebeius, .
pensait à YaW. p/legcn, avoir soin, a été reprise
fr. plcbc'e' (Malherbe;, d'où par extension plc- par Behaghel (Grob. Zt.schr., I, 4G8), eu four-
beianus*, fr. plébéien. nissant les preuves de la signification « ga-
PLÉBISCITE, L. plebiscilum, décret du rantir, cautionner " inhérente à l'anc. saxon
peuple. j)lrf/an (= haut ail. pflegen). D. plciyer. —
PLÉIADE, réunion de sept, allusion à la PLEIN, L. plcnits. — De la forme dériva-
constellation des Pléiades (TrlstiSj;). Sous le ti\c picua) ins, vient fr. jtlénicr. — D. pléni-
iègne de Ptolémée-Philadelphe.on donna di\jà tude, L. i)lenitudo; vfr. plenté, jUanté,
lo nom de pléiade poétitpie
•• aux sept illus- »•
L. i)lenitatem, d'où plantureux (v. c. m.).
tres poètes de son temps, Théocrite, etc. PLENIBR. voy. i>h'in.
PLEIGB, caution., angl. pledf/e, it. plezo PLÉNIPOTENTIAIRE, du h.plenai>otentia,
(Venise), prcggiu (Sicile;. Suivant Dicz, d'un plein pouvoir, ail. voll-macht.
type L. privbium, chose que l'on porte devant PLÉONASME, gr. nUo-jx^yi;, superfluité.
soi [prœhiiet ou prœbet), puis garantie, sûreté. PLÉTHORE, gr. 7r/>!»w/s>j, plénitude.
C'est, d'après lui, la phrase latine j/rœbere PLEURE, variante de plèvre iv. c. m.).
/idem qui a donné naissance au terme vfr. PLEURER, L. plorare. —
D. pleur, subst.
plàvir la foi et plévir tout court (plus tard \ev\)3\\ pleureur, -eux, -euse ; \erbe pleurni-
]ileuvi7') === donner caution. Dans cette suppo- cher (v. c. m.).
sition, le subst. prov. jylevi^o répondrait au PLEURÉSIE, voy. ph'^crc.
L. prœbitio. Pour la mutation de r en /. cp. PLEURNICHER, 'terme familier d'introduc-
vfr. temple (auj. tempe) du L. tempora. Plan- tion récente, dérivé péjoratif de ;>/6't«rc'r; d'une
chais de Prancatins p. Pancratiits. Le phi- facture bizarre et sans précédent.
lologue allemand écarte l'étymologie de Sau- PLE OROPNEUMONIE, inflammation de la
maise, Du Cange et Ménage, qui consiste à plèvre (::'> et des poumons (ttvîÛjUwv).
i'jf,%)
fqLÏre venir j^leige dun type latin pj-œdiian, PLEUTRE (champ. ^)7au<, plaulre) ; peut-
dér. du L. prœs, p)rœdis, caution. Ce qui l'y être formé par transposition de pcultre, paul-
engage, ce n'est pas l'infinitif ;j7tâ-/r, qui peut trc et partant le primitif de jjoltron ; la signi-
très bien s'accorder d'un primitif j»res (par fication première serait alors paresseux,
prëir, plëir, plévir), mais la forme du px^ésent lâche. Génin explique pleutre j)ar bullcudre,
prov., quiestp/tu«, j>/«(. Pour Dioz, cette finale vieux mot qui signifiait « un bêlant, un mou-
u accuse nécessairement un radical terminé ton, un homme sans énergie, qui ne sait que
on b, cp prov.^^eu bibit, deu =
débet, cscriu = bêler lorsqu'il faudrait se battre, un i)leutre
= scribit, etc. C'est bien là mettre de la con- enfin ». —Bugge (Rom., IV, 364) rapproche
science dans ses assertions ; car rien n'est plus vha. plodar, dégénéré, bloder, peuieux, nord.
tentant que de rapporter ^jte^/e et pZtTzr au blai'.dJir, « imbellis, ignavus, mollis «.
L. prœs, qui signifie caution. Cachet croit PLEUVOIR, p. jjleu-oir {v intercalaire), d'un
devoir passer sur les scrupules de Diez ; il type I,. pluére p. plucre. Dimin. pleuviner.
voit dans 2^lcige la représentation littérale et
PLÈVRE, gr Tzlvj^.x, côté, côte, d'où 7r>-:u-
la traduction du L. prcedium, en se fondant
firii, ù\pleu7'ite. — Le terme pi cui-ésie (UL.
sur l'expression jjtxedia bona biens hy- = jjlcuresis) est fait diaprés un type supposé
l)othéqués (Asconius Pcdianus). Quant au 7r/5Ùiîîi;, p. 7r).»u^lTt;.
.

PLU — 399 — POG


PLEYON, voy. i>Uer. extraordinaire. Au surpus, le BL. ne présente
PLI, subst. verbal de p/zer. aucune forme plumitivus On est donc amené .

PLIE, vfr. plaie, d'un type latin plata, = à donner créance à l'étymologie de Ménage,
la plate (cp., pour la filière des formes, oblata, qui explique le mot par une corruption de^ri-
fr. oblaie, oublié). Ce poisson s'appelait aussi mitif. En effet, les patois disent prume, p.
plane du L. planus Voy. aussi plaise. prime (premier) peuple a donc aussi pu
; le
PLIER, forme concurrente ployer (i bref d'we prumitif, puis 2dumiiif, ^. j)rim.itif. Le
latin =
oi fr.), vfr. pleyer (d'où le dér. changement de la liquide r en / est un fait
pleyon, osier pour lier la vigne), it. piegare, constant. Pour e ou. i transformé en u, cp.
esp., prov. plegar, du h. plicare. D.pli, — encore vfr. pn^^mier (premier), fumiele (fe-
anc. aussi j)loil p)liable, p)lioir. Composés : melle). Ce qui nous confirme dans cette ma-
rejilier, employer (v. cm.); déplier et dé- nière de voir, c'est que la moyenne latinité
ployer (v. c. m.). —
Une forme barbare plie- employait en effet primitivum au sens de pro-
tiare, tirée de plicitum, plictuni, supin de tocollum. —
Reste à connaître l'origine du mot
plicare, a donné plisser. — Le subst. verbal plmnetis dans la locution « broder au plume-
p)lica [de plicare) a donné le nom de la mala- tis », Faut-il y voir le même mot que j^hcme-

die appelée pliqiœ. tis = minute d'une écriture, ou le dérivé d'un


PLINTHE, L. plinthus, gr. 7r/iv&5,-. verbe jj/(«me^er. qui signifierait orner de
PLIQUE, voy. plier. plumes ou plumettes? Le terme de blason
PLISSER, voy. plier. 2)lumeté, parsemé de mouchetures ayant la
PLOC, poil de vache p. pelcc d'un type forme d'un bouquet de plumes, et d'autres
h. inlucus (pilus)? Cp. pjluche.
;

Une forme — acceptions anciennes de ce terme parlent en


féminine p)loque signifie feuillet de laine ou faveur de la dernière manière de voir.
de coton cardé. —
X). plaquer. PLUMITIF, voy. l'art, préc.
PLOMB, L. p)lumbum. D. plombier;— PLUPART ^LA'. abréviation de la formulo
verbe plomber, l'anc. langue disait aussi Icirjdus grande part.
(d'après le ^v'imiWî plom., pion) plom,er, p)lou- PLURIEL, L. pluralis ^plures). D. lilura- —
mer. Composé a/jlomb (v. c. m.). Voy. aussi
plonger.
litc, L. pluralitatem. —
Le mot jduriel pèche
contre les lois de phonétique qui postulent
PLOMBAGINE, L. p)liimbago,.-inis. plurcl. Cette forme doit, en effet, avoir existé,
PLONGER, d'un type latïn plumbicare (cp. mais on est en droit de supposer que de
le vfr. clingcr dc-cli/iicare, enferger de infer- bonne heure elle s'est assimilée à singulcr
rican.'], pris dans le sens de » tomber à plomb
(L. singularis) et s'est faite jdurer (forme
dans l'eau «, cp. it. piombare, tomber ù constatée). A l'époque où la finale cr lat. =
plomb, prov. plonibar, enfoncer. Cette étymo-
logie de Diez est trop bien établie pour qu'on
a7-is s'identifia avec ier lat. arius, au =
xvi" siècle, nous trouvons singulier, plurier
ait recours aux langues celtiques, où l'on (fém. -ieré). Pluriel ne se ti^ouve pas avant le
trouve bret. plunia, cymr. pliong, m. s. xvii^ siècle (lepluriex cité par Littré est une
Elle se l'ecommande encore par les formes vfr. représentation graphique de plurieus plu- =
jjloncher, pic. ijlonquer, wall. plonki. Le
mot plonger se rencontre pour le sens avec
rieurs = plusieurs) cette forme accuse évi-
;

demment la tendance à rejoindre VI du latin


l'ail, plumpjen (néerl. plompen), qui se dit
pluralis, manifestée par les savants, qui ne
de la chute d'un corps lourd; mais ce der- connaissaient guère encore les véritables lois .

nier, tout en paraissant connexe avec le L. de la phonétique française. Voy. Fôrster, ap.
jjlumbtcm, n'est pas l'ascendant direct du mot Grober, Ztschr., IV, 379.
français. —
D. pdungeur, 2)longeo)i.
PLUS, L. —
PLOQUER, voy. ploc. D. plocage.— sor,
j^lus. D. 2)1 us leurs, vfr. plui-
prov. plusour. Ce mot est tiré de phu,
PLOT, billot l'ail, plock, X)flock, cheville
;
d'après l'analogie du BL. pj^^i'iores tiré de
de bois, ne convient pas comme étymoa à jilures. C'est ainsi que le vieux latin avait fait
cause du sens; les idiomes celtiques ont ^/oc, du môme pZi<5 le superl. 2dusimus, au lien
et l'allemand plotzen, au sens de frapper.
PLOYER, voy. plier.
deidurimus. — Composé surjdus.
PLUCHE, peluche (v. c. m ).
p.
PLUSER. t. de draperie = éplucher, p. 2)3-
luuser, du L. pilosus[cp. pelouse et pjcluche).
PLUIE, pdeuve, champ, ploge, it.
vfr.
pifxjgia (anc. piova, pjloj a), du L. pluvia.
PLUSIEURS, voy. plus.
PLUMS, L. pjluma. —
D. plumage, plu- PLUTÔT, p. plus tôt.
mail (type lat. plumaculum), plumeau, plu- PLUVIAL, L, jduoialis (pluvia); pluvieux,
met; plumasseau, plumassier (dér. d'un type L. pluviosus (d'où le nom de 2Ji>-i>^iose du
pdumacius =
fr. plumas) verbe plumer,
^
calendrier républicain).
ôter les plumes L. plumare signifie le
(le PLUVIER, plouvier', du L. pluvia, pluie,
contraire, garnir de plumesj; jjZ«-
c.-à-d. parce que cet oiseau arrive en troupes dans
meux, L. plumosus. la saison des pluies
PLUMETIS, brouillon d'une écriture, mi- PNEUMATIQUE, gr. n.zofj^xr.y.o;. de n.tZu^,
nute ce mot est la forme populaire de plu-
;
souffle, esprit.
miUf ^= original des arcéts et sentences. Or, POCHADE, voy. poche.
plumitif à'oii vient-il? Do plume? Nous en POCHARD, voy. 2Joche. — D. 23ochardcr.
doutons; la facture du mot serait par trop POCHE, dans les patois 2ioque, pouque. Le
POË 400 — POl

sens fondamental de ce mot est incontestable- 2. POÊLE, masc, vfr. jmsle (l'Académie
ment cliosc creuse ou, ce qui revient au même, autorise l'orthographe poilc\ étuvo,
aussi
chose enflée. Les diverses significations ac- chambre à étuve, puis fourneau. Mot d'ori-
tuelles ou anciennes : sac, panier, jabot, faux gine obscure. Il vient directement du BL.
plis, bouillon, cuiller, creuset, tumeur, pus- pisele, piselis, 2^isehitn (l'accent porte sur la
tule (dans le populaire poqv.es, poquettes),
t. première syllabe). Mais ces types immédiats,
s'y laissent aisément ramener. Le mot est comment les expliquer? Diez observe qu'ils
d'origine germanique et répond pour le sens pourraient, pour la forme, se déduire àspen-
et la forme au nord, poki, ags. pocca, angl. sile, pesile (d'où le frison pysel, mha. 2)t>sel
jwck, 2wche,]}oiic7i La même racine, nasalisée,
. = poêle), mais il ne se rend pas compte de
se retrouve dans les mots équivalents vlia. l'applic^ition spéciale du mot latin qui a pu
phunc, mha. pfiinc, suéd., dan. pn»ff, BL. motiver la signification. Il cite le horrcum
praiga, jmncha, grec mod. Troûy/t (it. vénitien 2)cnsih de Columelle; puis le domus pensilis
p)onga, jabot). —
D. pochette (angl. pochct), et le camei'a pendens de la moyenne latinité.
iVoù 2iocheter ; pochce. Quant au verbe j>oc//er, Nous acceptons la judicieuse étymologio du
on n'est pas fixé sur son origine, en ce qui professeur allemand, en ajoutant que ses
concerne les expressions ^jocAo* des œufs, et doutes relativement au rapport logique entre
1/ eux poches. On a mis en avant, les uns l'ail. pensilis, suspendu, et étuve, nous semblent
pochen, frapper, d'autres le verbe fr. dialectal levés par l'expression de Pline : balneœ pen-
poucher (aussi pauche^-), qui vient de poUex, siles =cabinets do bain suspendus, c.-à-d.
-icis, et qui signifie presser du pouce. Je suis construits sur des voûtes et chaulftis par-
d'un autre avis; selon moi, j)ochc7' des œufs, deiv«;ous (hypooausta). —
Littré part du liL.
c'est les apprêter de manière à laisser au pischim, ouvroir des femmes, que Ducange
"
jaune sa forme arrondie et rebombée. Le mot tire, par jiensilc, do 2)ensuin, tâche (cp. pen-
se rapporte à la valeur foncière de jxichc : siles ancillœ, seivantes à la tâche; il en- ;

chose concave ou convexe. Vœil poché est une chaîne ainsi les sens et les formes 2>^»>sife. :

expression i)opulaire reposant sur une res- pesile, 2ioish' , ouvroir, chambre chauiréo,
semblance de son et de fait avec un ontf poêle. — Je préfère ma manière do voir,
j)oché; une écriture toute pochée, c.-à-d. puisqtic le i>ensilis ou sus2)ensu}'a, en t. d'ar-
pleine de jtochons (mot familier) ou pâtés chitecture romaine, implique nécessairement
d'encre, présente encore, parait-il, le même l'idéedo chauffage, et que le sens actuel du
trope. — Quant an pocher des artistes (d'où mot po*'/« reposerait sur le même enchaîne-
pochade), il pourrait venir de pauchc, poti- ment d'idée que celui du mot éliivc{v. c. m.);
che, pouce (travailler du pouce); cependant en Suisse, {Mêle se dit encore pour chambra
Génin explique ainsi le mot pochade : « es- à poêle. — D. j)0(^liei', d'où potUerie.
quisse rapide et négligée, où la brusquerie 3. POELE,fém., ustensile de cuisine, vfr.
du pinceau a jeté les couleurs comme des paèle, jtaes/e (Nicot a paelle et à Bruxelles
pochons par saillies inégales. C'est l'opposé de j'entends dire pai/cllc). du L. patella (it. pa-
faire léché, tranquille et miroitant ». — délia, esp. j)adilla), dim. de palena. D. —
Autres dérivés de poche jiochard, rempli :
poêlon (Nicot poillon), pof}leUc, poi-lée. Voy.
coinme une poche (?); pochon, jtâté d'encre, aussi jmleltc 2.
propr. i)ustule (?)
POCHER, voy. l'art, préc. — Pour l'anc.
POlàME, L. 2^oana, gr. noir.ax, pr. œuvre,
composition en général; j)oésie, L ])oesis,gv.
valeur « mettre en poche »>, nous n'avons plus
que le cps. etnpoche?-. — D. j)Ocheter, porter
K'Ar,ii;'., poète, L. pod'rt, gr. Ttoior/n; pofHiqne,
L. poclieus, gr. Tr^i/jn/o;; dér. mod poétiser
(des fruits) dans sa poche (pour les faire mûrir).
(d'un type ^l'sivjTt^uy).
POCHETTE, POCHON, vov. j^oche.
PODAGRE, L. podagra (Trôaiv,'»)- POÉSIE, voy. poème.
1. POELE, masc, drap mortuaire, voile POETE, voy. poème. D. 2^wtercau. —
nuptial, vfr. poésie. Dicz conjecture un type POÉTISER, voy. poème.
gr. 7rîra).ov, chose étendue, déployée; il rap- POGE, t. de marine, de l'it. 2"'^U''^> '^l"'
pelle L.petalum, lame d'or qui couvrait la tête vient du gr. rcoh-j-j, au bout infé-
pr. la corde
du grand prêtre des Juifs. Le primitif L. pal- rieur de la voile ; puis employé pour désigner
îium, prov. ^m//, ne lui convient pas, parce le câble de droite, en opposition avec ona.
que 2)aUium ne répond qu'au vfr. paile. Lit- fr. orse, =
câble de gauche. D. p)oger, —
tré se prononce néanmoins pour pallium, en pijugei'.
se fondant snr ce qu'au xvi= siècle on a pro-
POIDS, vfr. 2^ois, it., esp., port, peso, piov.
noncé et écrit ^9027^^. Je trouve dans Palsgrave pens, 2>cs, du L. pensum (pendere), pr. cliose
à la fois un mot palle traduit par canopy pesée. Le vfr. avait aussi la forme fém. poise.
(dais) et un mot poille traduit par clothe for
L'insertion du d dans poids i)araît être moti-
a dead (drap mortuaire). —
Je suis d'avis que vée par un souvenir trompeur du L. ptondus,
s'iln'y a pas lieu de faire cas de l'orthogra- joint au désir de différencier le mot de pois,
phe po<'s/e,/>ow7(?, Vs y étant parasite, l'opi- L. pisum. f)n peut aussi considérer pois
*

nion de Littré doit prévaloir 2wile issu de comme le subst. verbal de peser au sens neu-
;
^a«7c n'est pas plus étrange que 'esmoi, cmoi tre " être lourd " [e changé en oi en syllabe
~ vfr. esmai, foin =
vfr. fain, et (en syllabe tonique était autrefois de règle dans la conju-
atone) la forme voisin raisin. ~ gaison de ce verbe).
POI 40 POL
POIGNE, du poing je tiens ce mot
force médicinal. Cp. Suétone « potionatus ab
:


;

pour verbal de poiff/ic?'' saisir avec


le subst. , uxore », empoisonné par sa femme. D.
le poing, user du poing " un préfet à
; e7npoisonne7^.
poigne » est un préfet qui sait agir avec POISSARD, primitivement = fripon, vo-
énergie. leur, vient d'après Rob. Estienne (approuvé
POIGNARD, anc. i^oingnal, it. pugnale, par Littré) de poix; « celui dont les doigts se
esp. i^ahcU, du L. pugnus, poing; d'après collent aux objets comme de la poix »; le sens
Diez, du L. pugio, -onis, m. s. (étym. dou- de grossier est survenu et l'application dii
teuse). —
D. poignarder. mot aux femmes de la halle, aux « mar-
POIGNÉE, POIGNET, voy. poing. chandes de poisson ", repose sur une fausse
POIL, L pilus [i bref). D. poilu. — étymologie.
1. POINÇON, it. punzo7ie, esp. punzon, POISSER, dér. do iwix. —
Le L. picare
angl. pjuncheon, du L. punctionem, action avait donné à l'anc. langue ^jo^cr; cp. apaier',
de piquer (do ce mot latin les médecins ont dejMcare, coexistant avec a/jawer, depacem.
fait leur terme ponction). La substitution du — D. cmpoisser ou empeser (v. c. m.).
sens concret (chose piquante) au sens abstrait 1. POISSON, pescion, pession, iv'chon,
vfr.
a déterminé le changement du genre (cp. it. pescione, prov. peysso, dér. du L. piscis
nourrisson, ^joison, p)oîisson, scion). — D. ^= prov. jieis. —
D. empoissonner [nn étang).
p)oinçonncr.
-POISSON, anc. pnchon, pocon, mesure
2.
2. POINÇON, mesure de liquide on trouve ;
de liquide d'origine inconnue. Le premier
;

aussi ponchon, pochon; prob. le môme mot sens est petit vase prob. nn dim. de pouce,
;
que poisson 2.
vîv.poch, mesure contenant un pouce cubique.
POINDRE, piquer, 2. apparaître comme
1 .

POITRAIL, anc. et dans les patois aussi


une pointe (en parlant du jour, des herbes) ; poitral, -= L. pectorale (de pcctus).
du L. pungere (cp. joindre, oindre). Part,
poignant; subst. participial jointe (dans
POITRINE, prov. peitrina, d'ua type L.
prés,
« la pointe du jour »). —
Du subst. latin
pect(jri}ia ('pectus). — D. poitrinal., -aire.

punctus et puncturn : fr. jjoint (v. ce mot); du


POIVRE, prov. esp. pebre, it.p?ps, du L.

subst. L. punctura : fr. pointure.


ptiper, 2^iperis. — D. 2^'^^^^'^^% jîozum^, poi-
vrier.
POING, vfr. pung, puing, prov. punh,
ponh, du L. pugnus. —
D. poignée (cp. le
POIX, L p?.r, 2yici'S ("gr. zii-na.). — D. pois-
ser, poissard (v. c. m.j.
synonyme vfr. manée, de main)-., j:)o?V/;2ei;
emptoigner. Voy. unssi poigna^'d. POLE (le circonflexe n'a pas de raison), L.
POINT, it. punto, ail. punkt, 1. action de 2wlus. — D. polaire, d'où polarité et i^ola-
poindre ou de piquer, piqûre, L. puncliis, = riscr.
gén. -us; 2. marque ou résultat d'une piqûre POLÉMIQUE, gr. 7rî/-//t«; (de tio/î,^,,-,

(d'oii découlent de nombreuses acceptions guerre).


propres et métaphoriques; L. puncturn; = POLENTA, mot italien, du L. 2^'''^^>^^<^>

3. terme servant au renforcement de la néga- farine d'orge.


tion, covLxme pas, mie, goutte, etc. — D. poin- 1. POLICE, administration, maintien de
ter, diriger vers un point, aussi faire des l'ordre, esp., port. 2^olicia, it. 2w/2;»za, vient
points ; cps. appointer (v. c. m.). d'une manière irréguliôre du latin 2Jolitia
POINTE, 1. action de poindre; 2. pr. chose iVi de la terminaison ia étant traité comme
aiguë par le bout, piquant, puis extrémité ;
brève) == gr. 7r'y)iTî:a, administration. L'ail.
du participe fém., subst. verbal de poindre. polizei est plus correctement formé, ladiphth.
— D. pointu; pointer, frapper de la pointe ei reproduisant Vi long du mot latin.
de ré]iéc aussi, au sens neutre,
; poindre. = 2. POLICE, contrat d'engagement, acte offi-
POINTER, voy. j^oint ctjjointe. D.poin.- — ciel. Dans ses deux premières éditions, Diez
tage, pointeur ; jwintiller. trouvait l'explication de ce mot dans le liL.
'POINTILLER,dim. de pointer. D. subst. — polgptj/chum, registre des actes publics et
vcvhal poi7itil, instrument de verrier /)owz- ;
particuliers, livre terrier, livre de souche,
tillage, -eux. dont on a fait par corruption aussi j>o/ec^/c«»i
POIRE, it. 2^s^'a, du L. 2>iruni. — D. p)oi- et polctum (quiest le type du mot iv. 200 uil le
ricr, poiré. vfr. 2wulié).Police répondrait ainsi à un type
POIREAU ou plutôt porreau, du L. porrcl- immédiat po/cim. Reconnaissant les difficultés
luin dim. du L. p)orrum (it. porroj. Par
, diverses attachées à cette étymologie, il n'en
comparaison le nom de cette plante bulbeuse parle plus dans sa troisième édition (la der-
s'emploie pour verrue. nière publiée par ses soins) ; il l'y remplace
POIRÉE, anc. iwrée, dér. de porrum, poi- par la suivante. L'italien ptôlizza, auquel le
reau. —
Voy. aussi p?.«rc;c. français aurait em\)Y\\nté j)olice, avec avance-
POIS, L. pisum. ment de l'accent, lui semble reproduire, sous
POISON, autr. =
breuvage, potion ''signi- une forme féminine, le L. iwllex, 2wllicis, qui
fie, encore usuelle dans les patois) et du genre en basse latinité, a été employé avec la valeur
féminin, it. pozione, prov. poizô, esp. pocion, de sceau (Du Gange cite, en cfFi-t, dans un
du L. pnlionem, dont la langue savante a fait acte, sub pollice S. Mauricii), d'où se serait
potion, et qui dans la langue classique s'em- naturellement dégagée celle de " feuille munie
ployait déjà pour breuvage empoisonné ou d'un .sceau ". —
En présence du mot vfr. apo-
2G
POL 40^2 — l»OM

lice (== registre, peut-être = document public latm, laine, et port, madraço, paresseux. Il
en général) qui se trouve dans Mainet, chanson se peut que le mot fr. pleutre (v. c. m.) repré-
de geste du xii" siècle (voy. Rom.. IV, 330), sente le primitif italien ^o/O'o. L'étymolo- —
rapproché du BL. apodixa =
cautio de sus- gie polliee truncus =
à qui on a coupé lo
cepta pecunia (voy. Du Gange) et du mot pouce (pour le faire exempter du service mili-
méridional podisa =
reçu, quittance (voy. taire), est abandonnée elle jure avec la forme
;

it. poltronc. Mais il s'en est produit une autre


Rom. X, 620), je me demande s'il n'y a pas
lieu d'introduire ici une nouvelle conjecture. qui a plus de vraisemblance, et qui peut riva-
Le gr. x-KoSii^ii, démonstration, exposé, docu- liser avec celle que nous avons poi^ée ci-dessus

ment, preuve, ne serait-il pas la source des après beaucoup d'autres. Génin explique />o/-
mots en question? La mutation du d médial tron comme le dimin. du \fr. poultrc (BL. pul-
en l ne serait pas plus étrange que celle qui letrus), cavale (ou plutôt poulain). « Lnjjoul-

se remarque dans it. caluco =


L. cadiicus; Iron est ce petit poulain qui, gambadant au
quant à la chute de l'a atone initial, j'invo- soleil près de sa mère, la poultre, s'effarouche

querai l'histoire des mots it. bottega (apotheca), de son ombre et dont le premier mouvement
rena (arena), fr. la Fouille (Apulia) et de tant est toujours de s'enfuir. " Déjà Ménage avait
d'autres. proposé pour \>v\m\i\{ pnllus ou plutôt />»//f-
POLICHINELLE, de piildnello, per-
l'it. ti~us. Cette étymologie conviendrait assez bien
sonnage de la comédie napolitaine représen- même pour la forme italienne (car j>ci//racc7t?o,
tant un paysan balourd qui dit plaisamment poulain, présuppose un primitif poltro, dou-
des vérités. Galiani (Vocab. Neap.) rapporte le blure àc polcdro); cependant, le double sens
mot italien à Piiccio d'Aniello, nom d'un petit du verbe it. poltrire, se livrer au sommeil et
paysan des environs de Naples, qui aurait créé à la paresse, nous décide pour l'étym polstar.
le rôle de polichinelle. Selon d'autres, et cela Nous invoquerons encore en sa faveur l'cxpr.
me parait plus plausible, le mot n'est qu'une ail. biirenhûuter , qui désigne, d'après Sanders
expression de caresse et vient du L. jmllus, (contrairement à l'opinion de Grimm), l'homme
par l'intermédiaire àe pulcino (voy. pniissiyi). de guerre qui, au lieu do guerroyer, reste
Citons encore l'opinion de ceux qui ratta- couché paresseusement sur sa peau d'oure
chent le mot à un Paulo Cinella, qui aurait (bûrenhaut).
joué les Polichinelles du temps de Charles POLY- du gr. t.o).\j;, J)1u-
(en composition),
d'Anjou, à Naples. —
L'angl. dit (n p. /) pim- sieurs. C'estdonc un équivalent du L. ynulli-
chineUc et tout cowvipunch. Voici les principaux composés avec polij :
POLIR, L. polire. —
D. poli, vfr. polit, PoLYÈDKK, gr. no'/ùîopo;, à plusieurs bases
L. politus (de là politesse); polisseur, -oir, (iSr^oc, face).
-ure; polisson, du L. politionem, action de Polygame, gr. -rzo/ù/y/j-oi, plusieurs fois ma-
polir ; ce subst. abstrait et féminin a pris dans rié (de /Xy.iea. se marier), d'où polygamie.
la suite une signification concrète (cp. poin- POLYGLOITK, gr. TToiu/JwTTOj (do yiwTTa,
çon, nourrisson), accompagnée du genre ma.s- langue).
culin, savoir « nettoyeur de rues «, puis cou- Polygone, gr. 7:o)ùycjv5; (de ywv{«, angle).
reur de rues, gamin, etc. L'idée àc j)olir des Poi.YGHAPHK, gr. qui écrit sur
Tt'i)<j-/[jy'fOi,

rues, d'où part cette explication du mot polis- diverses matières. —


D. polygraphie, -ique.
son (posée par Diez et approuvée par Littré) Polynésie, groupe de beaucoup d'ilcs
ne me sourit pas ; je pense plutôt qu'il y a {Tto\ia.l vri9oi).
entre polir et polisson le même rapport méta- Polysyllabe, gr. wolmOilaês;.
phorique qu'entre fourbir et fourbe (v. c. m. j ; Polytech.mquk, gr. TroJurc-xvixo',-, qui se
ou bien, comme le notin'isson (v. c. m.) est rattache à plu.sieurs arts ou métiers (tî/v/î).
celui qui est à nourrir, le polisson est celui Polythéisme, dér. de tzo).^^'.^;, qui adore
qui est encore à polir (car le vrai sens du mot plusieurs dieux.
est « petit garçon mal léché, mal élevé n), POLYPE, L. polypus, du gr. ^l'txjTzovi, ver
POLISSON, voy. l'art, préc. — D. polisson- aquatique à plusieurs pieds. D.polypeux,—
ner, 2)olissonnerie. polypier. Voy. aussi /;0i(/p6' 2 ^i pieuvre.
POLITIQUE, L. politicus, gr. 7ro)tTi/o;, de POMMADE (it. pomata), dér. de pjomtne;
7ro)i;, ville, Etat, république ; subst. =, gr. d'abord le mot s'appliquait à un onguent fait
TToJtTixïj, s. e. Tî5(vyi, art de gouverner un Etat. avec de la graisse et des pommes d'api. —
— D. politiquer. D. pommader.
POLL, mot anglais, pr. tête, puis énuméra- POMME, prov., esp., it. poma (vfr. aussi
tion par têtes, liste de personnes, rôle. masc. pKim, pun, prov, pom, it. porno), du
POLLEN, mot latin =
farine très fine. L 2^omum, nom général donné à toute espèce
POLLUER, L.poUuere (strictement ^fréqu. de fruits à pépin ou à noyau. D. se pom- —
pollutare); subst. pollution, L. pollutionem; mer, t. de jardinage ;/>omm2er, d'où pomme-
vfr. poilu, du L. pollutics. raie (vfr. 2)omaie, L. pometum) pommeau, ;

POLTRON, de Vït.poltrone; celui-ci est dér. \îv. poniel, petite boule en forme de pomme ;
de l'adj. pjoltro, paresseux, qui aime ses aises, forme férn. pjomm,elle, plaque de plomb bom-
lâche. Quant kpollro, il vient du vha. polstar, bée pleine de petits trous qu'on met à Tem-
nha. polster, coussin. Pour le rapport des bouchure d'un tuyau pour empêcher les
dées, cp. vfr. lodier =
couverture de lit et ordures de passer se pjommeler, se couvrir de
paresseux, vfr. lanier =
poltron, lâche, de
;

petits nuages en formes de petites boules;

1
. ,

POiN 403 POK


2wnimclé, marqué de taches en forme de I PONCTUER, voy. l'art, préc. — D. pjonc-
boule (cp. en ail. geapfelt, apfel-schim-mel) \
tuation.
pommette. PONDÉRER, L. ponderare (pondus).— D.
POMOLOGIB, mot nouveau et hybride, 2)ondëration, L. ponderationem ; ijonc/eretea?,
"soionce des arbres fruitiers. L. ponderosus.
1. POMPE, appareil somptueux, du L. PONDRE, prov. pondre, du L. ponere,
pompa, m. s. (du gr. tto/jl!:-/!, procession publi- poser. Cp. vfr. espondre == exponere. D. —
que). —
D.2Jompeiix, L. pomposus pompon, ;
subst. \>iivi\cip\n\ ponte ; pondeur , -eiise.

ornement d'ajustement (v. c. m.). PONEY, de l'anglais po/zy (qui vient du gaél.
2 POMPE, appareil destiné à élever et à ponaidh, petit cheval).
pousser les eaux d'un lieu dans un autre, PONGSR, p. éponger.
machine pour élever l'eau, angl. jnvmp, ni. PONT, L. pons, pontis. — D. ponceau (v.
pum,pe ; d'origine incertaine peut-
pom,]), ail. ;
c. m.), po)ité; ponton, pont flottant, L. ponto,
être une onomatopée, imitative de la chute du -onis, bateau de transport.
piston. Ménage proposait hardiment le gr. 1 . PONTE, subst. verbal participial de pon-
action de conduire (l'eauj. Cette éty-
nofMiiri, dre.
mologie serait acceptable, si le mot nous 2. PONTE, au jeu d'hombre, de Icsp.
venait par l'intermédiaire d'un it. pompa, punto, point. — D. ponter.
mais celui-ci fait défaut. Les langues esp., PONTIFE, mot savant, du L.pon<2'/èa?,-zcw,
oat port, ont bom,ba, ce qui détermine Diez d'où jjontificalis, -atus, fr. pontifical, -at.
,

à envisager notre mot comme un dér. du mot PONTON, \oy.po7it. — î). pontonage, i^on-
roman bom,bare, boire, aspirer, absorber, tonnier vevhe po7itonner.
qu'il considère comme une onomatopée. — PONTUSEAU,
;

verge de métal qui traverse


D. pomper, pompier. les vergeures dans les formes sur lesquelles
POMPON, ane. awssi pompete, Ae pompe 1, on coule le papier, puis les raies que ces
faste, magnificence (cp. l'origine de galon et verges laissent sur le papier; sans doute p.
feston). On a aussi pensé à vfr. pompon, pontiscau, du L. ponticellus, petit pont. —
courge (du h.jjeponem). \) pomponner — .
Notez cependant que l'esp. puntizon indi(jue
PONANT, occident, prov. ponent, it. po- plutôt un rapport a\ec puntar, pointiller.
nente, esp. ponienté; c'est la contrée « ove il POPELINE, voj.papeline.
sol si pone», où le soleil se couche; cp. POPULACE, anc. masculin, anc. aussi po-
L. occidens et fr. couchant. D. ponantais. — pulas ; de l'it. populazzo, forme péjorative de
1. PONCE, pierre, it. pomice, esp. pomez, popolo, peuple. —
D. populacier.
du L. pumex, -icis. — D. poncer (cp. L. pu- POPULAIRE, L. popmlaris. D. popula- —
m,icare) ponceux , -is.
,
rité, L. popularitatem po/(u/a?"/ser. ;

2. PONCE, subst. verbal de pjoncer 2. POPULATION, L. populationem, en latin


1 . PONCEAU, ponceV, couleur rouge, puis classique =
action de populari, dévaster,
coquelicot, pavot rouge d'après Diez, dun ; mais employé déjà dans le sens modei'no de
ijpe punicellus dér. du h. punicus ou puni-
, peupler par le poète Sedulius (v® siècle).
'
ceus {foi-d/.ôOi), couleur de pourpre. Le sens — POPULEUX, L. populosus.
coquelicot, parait-il, a précédé celui de cou- POQUE, variété picarde de poche (v. c. m.).
leur rouge le mot représente, d'après Tobler
; Le nom du jeu de caites ainsi nommé (ail.
(Grôb. Ztschr , IV, 374), une contraction de pochspiel) vient des cassetins de la planche
vfr. pooncel et quant à celui-ci, il n'est prob. qui sert à ce jeu. —
D. poquer ; poqucites
pas le dimin. àe poo7i [^= pao7i L. pavo- = petite vérole (provincialismcj.
nem), mais celui de pavô (voy. pavot) la ; PORACÉ owpjorracê. du L. por7'aceus, d'or,
série des formes serait pavocel, devenu (peut-
: de po7^7-um, poireau.
être par confusion avec pavonem,) pavoncel, PORC, L. porcus. — D. imrcin, L. porci-
pooncel, j)on cet, ponceau. G.Paris (Rom., — nus; dim. j'joî'ceZ*, auj. pourceau, L. porcel-
X, 302) estime que l'on pourrait aussi regarder lus ;
pHjrcher, L. porcarius.
pooncel comme se rattachant à paeonia, d'où PORCELAINE, it. porcella7ta, esp., port.
fr. pivoine, anc. pione,peone. porcela7ia., signifie en premier lieu la coquille
2. PONCEAU, ponceV , petit pont, d'un type dite de Vénus, et tire son nom du L. porca,
L. ponticcUus p. ponticulus (pons), it. ponti- vulve de truie (cp. le termeanaloguepuceZa^e).
cello. Puis le nom de la coquille s'est successive-
1. PONCER, polir avec la pierre ponce. ment transporté à la nacre que l'on tirait de la,
2. PONCER un
dessin, à mon avis, d'un coquille dite porcelaine, aux vases faits avec
type punctiare tiré dn part, punctus. D. — cette nacre, et enfin à une poterie, importée
subst. verhal ponce, action de poncer et sachet de l'Orient vers le xvi° siècle et qui offrait la
servant à poncer, d'où poncis et poncif. même blancheur nacrée. Le nom de pour ce-
PONCHE, voy. punch. laine, comme coquille et comme nacre, appa-
PONCIRE, esp. poncidre, du L. pjomum raît dès le xiu*^ siècle.
citrus. PORCELET, cloporte, voy. cloporte.
PONCTION, voy. poinçon. PORC-EPIC, gâté du vieux \\\ç>ipo7-c-espi,
PONCTUEL [Ci oix ponctualité) et \evhe ponc- dans le(piel on interprétait erronément espi
tuer, mots savants faits du L. punctus, -us, par le L. spica, épi,aulieu d'y voir une forme
piqûre, point. provençale de espin (cp. prov. pairi p. patri-
.

POS 404 POT

nus, pouzi = poussin)\ l'it. dit porco-spîiw, basse latinité, a pris le sens actif de faire
l'esp. piterco espino; c'est donc un porc à cesser, arrêter, mettre à l'état de repos. Po-
épines, cp. l'ail, stachel-schicein. ser a, en français, pris la place du L. p)onere,
PORCHE, régulièrement tiré du L. pôrti- tant à l'état simple que dans les composés
cus (porta), dont la langue savante a fait^oj'- (de-ponere, déposer-., reponere, reposa', Gic).
tiquc. La francisation véiùtable de ponei'e est jjo«-
PORCHER, voy. porc. — D. porcherie; cp. dre (v. ce mot), mais ce verbe a été restreint
bergerie, beuverie. à une application toute spéciale. D. subst. —
PORE, L. points, gv. Ttdpoi, pr. conduit, verbal pose (v. c. m.); poseur, -âge.
passage. — D. poreux, d'où porosité. POSITION, POSITIF, L. positionem, -ivus.
PORION, en Belgique, surveillant des tra- POSSÉDER, du L. possidere (pone sedere),
vaux dans les houillères d'où ? ;
dont le supin possessum a donné possession, :

PORNO-, dans 2)or7io-crcUique, -graphe, du possesseur, possessif, L. possessionem, -orcm,


grec TTopyyj, fille publique. -ivus. —
Composé déposséder. Posséder —
PORPHYRE, du gr. mpfùpso;, de pourpre. est une forme moderne et mal faite aussi ;

Un type direct jzoptfDpiT/ii, porphyre (Littré), l'ancienne langue disait- elle ou posseoir, ou
est contraire à la lettre, l'accent de ce mot possesser (fréq.), cp. angl. 2wssess.
grec ou latin portant sur la pénultième. POSSIBLE, L. possibilis (posse). D. pos- —
PORREAU, voy. poireau. sibilité, L. possibilitatcm.
1 PORT, action de porter, subst. verbal de POST-, élément initial de composition,
porter. Acceptions déduites manièi'e de se : signifiant après, du h. post, après. ]^x.: post-
porter, capacité de porter (en parlant d'un dater, post-scriptum, post-poser, post-face
navire), transport d'une marchandise ou d'une (opp. de préface).
lettre et prix de ce transport. 1. POSTE, fém., pr. déptU de chevaux do

2. PORT, lieu destiné à recevoir les vais- rechange, station de relais, d'où découlent
seaux et à les tenir à couvert, du L. portus. toutes les autres acceptions ; du BL. posta p.
— D. portulan (v. c. m.). posita, subst. participial do ponere, sta- =
PORTAIL, voy. porte. tion. —
D. postal, postillon. ,)aà\s poste—
PORTE [aW. pforte), du h.poi-ta. D.joor- — signifiait aussi proposition, arrangement, con-
tail^anc. potial, angl,, ail. portai, d'un type vention, convenance, etc., « faire qqch. à sa
portale; portier, L. ^OTia.v\\xs\ portière, por- poste »; auj. encore on dit « payer à poste »
tereau. c.-j\-d. à des termes convenus d'avance.
PORTER, L. portare. —
D. port (v. c. m.), 2. POSTE, ma.sc., lieu ou position officielle
portée; portière, adj. =
qui porte; subst. = où l'on est placé {jiositus) par ordre; puis
utérus. Le mot porter, comme élément de aus.si = détachement
do soldats occupant un
composition, a servi pour l'expression d'un poste, corps de garde. Les deux mots—
très grand nombre d'objets (ustensiles, pièces poste, masc. et fém., sont peut-ôti'e mieux
d'habillement) ou de fonctions, p. ex. porte- envisagés comme les subst. verbaux du verbe
crayo7i, porte-feuille, porte-épée, porteman- poster, qui représente posture, placer, fré-
teau, porte-voix., porte-drapeau, portefaix, quentatif du L. ponere.
porte-queue. POSTER, voy. poste 2. Cps. ajioster.—
PORTION, L. portionem. POSTÉRIEUR, L. posteriorem (comparatif
PORTIQUE, voy. porche. de 2)ostcrus) —
D. i^ostériointé, L. posterio-
.

PORTOR, sorte de marbre à veines jaunes ritatem \


sur fond noir, àe porter -f- or (Littré). POSTÉRITÉ, h.p)osteritatem (posterus), litt.

PORTRAIRE ou POURTRAIRE, vieux mot ceux qui viennent après [posl) nous.
dont Voltaire a eu raison de regretter la POSTHUME, L. posthumus, fausse ortho-
perte, du L. protrahere. L'ancienne langue graplic de postumus, superlatif de posterus.
s'en servait dans le sens de mettre au dehors, POSTICHE, fait et ajouté après coup, de là
en évidence, étaler, puis de représenter, des- = qui n'est pas primitif ou naturel direct, ;

siner, peindre. Du partie, protractus vient le de l'it. posticcio, forme écourtée de aposticcio
subst. pourtrait', portrait, pr. chose pour- (= postiche), qui est la reproduction d'une
traite, dessin, effigie, image. Ane. on avait forme latine apposititius ajouté. ,

aussi les àévï-vca portraiture (dessin, portrait) POSTILLON, voy. poste.


et portraiteur. POSTULER, L. 2wstulare. — D. postulant,
PORTRAIT, voy. l'art, préc. — D. poitrai- -ation, -at, L. postulans, -ationem, -atum.
tiste. POSTURE, du L. p)0situra, action ou ma-
PORTULAN, direct, de l'it. portolano, dér. nière de poser.
de porto, L. portus. POT, ce mot se retrouve à la fois dans les
POSE, subst. verb. de poser (v. c. m.), ac- langues romanes (prov. pot, esp., port. pofe),
tion de poser; du sens «attitude, surtout atti- germaniques (nord. 2^ottr, suéd. j^^tta, dan.
tude affectée », découlent poser, prendre une 2')otte, néerl. jjot) et celtiques (cymr. jwt, gacl.
attitude étudiée, et le subst. poseur, qui aime j90i<). Il est difficile de le ramener au h.pjôlus,
à poser. boisson, par métonymie du contenu au con-
POSER, prov. pausar, esp. posar, it. j50- tenant les règles phonologiques s'y opposent
;
:

sare, du BL. pausare. Ce dernier représente il faudrait on fr. soit pout ou peut, et l'it.
le h. p)ausare, s'arrêter, cesser, qui, dans la 2-)otta, qui est le même mot avec une applica-
POT — 405 POU
tion spéciale et métaphorique (cp. le double POTIER, voy. pot. D. poterie. —
sens du L. concha), contrarie également cette POTIN, alliage de cuivre et de zinc, mêlé
étymologie. D'autre part, on peut admettre souvent de plomb. On en fait des pots, ce qui
que langue latine employait àé^kpotus avec
la en a probablement déterminé le nom.
le sens de pot du moins un dictionnaire pré-
; POTION, L. potionem,. Voy. aussi poison.
sente ce mot comme se trouvant dans Pline POTIRON, aussi poturon, patron, gros
avec la valeur d'urne, et Fortunat (vi"^ siècle) champignon grosse citrouille ;
, d'origine
en fait un synonyme de canna et calix. Voy. incertaine. Devic propose l'arabe fouiour,
aussi l'art, ^joie. —
Dans l'expr. » sourd champignon.
comme wnpot «, vu l'angl. ^ deaf as a post »• POU, contr. àepéou ou ^^Inibi péouil, wall.
(sourd comme un poteau), Littré (suppl.) sup- piou, prov. pczolh, it pidocchio, port, piolho,
pose avec raison que nous avons affaire ici esp. piojo, du BL. pcduculus = L. 2)ediculus.
au vfr. post (lat. postis, poteau), qui se dit — D. pouilleux, L. pediculosus; vevhe pouil-
encore en Normandie. —
D. potage, pr. ler, chercher des poux, fig. injurier grossiè-
choses mises dans le pot (légumes, pois, etc.); rement chercher des poux à
(cp. la locution
dans certains dialectes =
légumes; potier, la tête de qqn.et l'ail, lausen, rudoyer, laver
230tce; potiche; empoter. Composé ijot-pourri la tête) pouillis, endroit plein de poux ;
;

(trad. de lït. olla potrida). pouiUier, méchante hôtellerie ; pouillerie,


POTABLE, L. potabilis (potare). épouiller (it. spddoccliiare).
POTAGE, voy. 2^ot. —
D. potager. POUACRE, POUAGRE, salop, vilain, bourg.,
POTASSE [àeWit. potassa), lat. raoà. potas- norm. polacre, polaque, n. prov. pou-
pic.
sium, de l'ail, iwttasche, angl. potash, suéd, lâcre. Diez voit dans ces formes une dérivation
2')ottasha, litt. cendres de pot. populaire de l'interjection de dégoût p)ouah.
POTE, dans main p)Ote =
main grosse, Bien qu'il ait, à propos de massacre, contesté
enflée, lourde, anc. main gauche. Evidem- l'existence d'un suffixe français acre, nous ne
ment, le mot pote dans cette signification est voulons pas lui imputer à ce sujet une incon-
le primitif de jiotelé, gras, replet. Mais d'où séquence, puisqu'il s'agit d'un terme populaire
vient l'un et l'autre? L'ancienne îovvcïQposteïé, et que acre pourrait être corrompu de aque
poiistelé, porte vers une racine pos, pus, mar- (L. acus). —
Le Duchat dérive le mot depo-
quant enflure (cp. en s\\. paus-backig ,io\\^\x). dager, goutteux « en tant que le goutteux est
Ou bien y aurait-il parenté avec le L. pus- couvert d'emplâtres puants ». En effet, l'on
tula? Toutefois, l's àaxis postelé peut être envi- trouve dans Jean de Meung les pouacres asso-
sagé comme parasite (cp. vfr. puste =
it. ciés aux « ydropiques et aux frénétiques »,
putta, vfr. loister p. luiter, lutter), de manière et ailleurs le s\\h?,t. poacrise comme synonyme
que le thème du mot serait pot. Or, cette de goutte. Dans les formes pjolacre, etc., il
racine parait impliquer l'idée d'enflure, de faut admettre, si l'on part de podager, la
rebombé ; nous citons à cet égard le prov. pot permutation de d en l, comme dans cigale.
et lorrain potte, lèvre, puis l'expr. suisse faire En tout cas, nous n'hésitons pas à rejeter
la potte, angl. to pout, =
p. faire la moue ou l'opinion do l'abbé Corblet, qui voit dans po-
la lippe. En n. prov. pot, en Xunowûn poutou, lahe, ordurier, dégoûtant, un synonyme de
signifient baiser. Cette racine pot =
gonflé, polah = polonais. Nous épargnerons cet
arrondi, ne serait-elle pas aussi celle du aff"ront à la Pologne.
subst. pot, vase de terre? POUCE, vîv. 2^olz,pauc, prov. polce, pous,
POTEAU, vfr. postel, du h. postellus, dim. du h. 'poUicem. —
D.poucet.
du L. pastis, poteau (d'où ail, pfosten). — POU-DE-SOIE; ce paraît être, dit Littré,
D. potelet. une altération de padoue-soie, soie de Padoue;
POTELÉ, voy. l'art, pote. cp. l'angl. padilasoy, une soierie de Padoue.
POTENCE, BL. j^otentia, 1. instrument de L'orthographe habituelle poult-de-soie (cp.
supplice, 2. poteau couvert servant de sou- poult-de-laine) ne contrarie-t-elle pas cette
tien, etc., 3. aussi =
béquille (« crotch for étymologie ?
a lame man », dit Palsgrave). La dernière POUDING, de l'angl. pudding, dans lequel
signification est la première dans Tordre his- Millier voitune altération du fr. boudin.
torique ; penser au L. classique po-
elle fait POUDRE, vfr. poldrc,porre,pourre, du L.
tentia, donnant de la force aux
la béquille pulvis, gén. pulveris (cp. fr. soudre du L.
" impotents »; cependant, il se pourrait bien solvere). —
'D.2wudrer, poudrette, poudreux,
que cet emploi, dans un sens concret, du mot poudrier, -ière, poudroyer. Voy. aussi —
abatraït potentia, eût été déterminé par une pousse 2 et poussière.
assimilation à postis, poteau. POUF, pierre pulvérulente serait-ce une ;

POTENTAT, anc. souveraineté, puis, par forme gâtée du latin pulv-is, poussière, ou un
conversion du sens abstrait au sens concret, dérivé de pouffer, crever? Voy. aussi l'art,
prince souverain (cp. l'it. podestà)\ du BL. suivant.
potentatus, dér. du l^.potens, puissant. POUFFER de l'interjection pouf;
de rire,
POTENTIEL, L. potentialis (potentia). voy. aussi bouffer. de gonflement,
L'idée
POTERNE, posto'ne", p. posterle, it. pos- d'enflure Cet par métonymie, de crèvemont,
tierla, du L. posterula, sentier dérobé, fausse d'éclatement) attachée à cette racine pouf est ,

porte, cp. Yj. j>ostica, porte de derrière; l'un encore bien sensible dans le subst. 2^ouf ^^
et l'autre sont dérivés àcpost, deirière. coiff"ure de femme et tabouret^ dans faire
.

POU — 406 — POU

2wnf, employer de la vanité, et dans l'anglais FOULEVRIN, p. poulveriu, gâté du L. pul-


pu/f'ifv. jwuffe), au sens de nouvelle fausse, ve7ini'.s (|)nlvis).

histoire forgée à plaisir (op. craque). FOULICHE, d'un type latin pulliai, ou
POUILLÉ, inventaire, registre, voy. sous plutôt puUicia', dér. de pullus. Cp. poulain.
2>olicc 2. FOULIE, voy. l'art, suiv.
FOUILLER, verbe, voy. pou. — D.poiiilles FOULIER, verbe, de l'ags. pullian, nngl.
(v. c. m.). pull, tirer, guindor. — D. poulie, subst.
FOUILLES, reproches mêlés d'injures chan- ; verbal, machine pour tirer, d'où esp. polea,
ter pouilles à qqn. =
l'invectiver; subst. ver- jinit /)o]i\ angl pulley.
bal dépouiller, injurier (voy. 2^oti). On s'est, FOULINER, voy. poulain 1.
ce me semble, inutilement creusé la tète sur FOULIOT, espèce de menthe, dimin. d'un
l'origine de ce terme. mot poulie (inusité), qui correspond à l'it.

FOUILLEUX, voy. pou. polegcfio, esp. poleo, port, pocjo, piov. pulcgi,
POUILLOT, nom d'oiseau; sans doute un ail. polci, et qui vient du L. puler/ium, lui-
dérivé de L. puUus, jeune, petit. môme dérivé do pulex, puce (lierbo chas.^ant
FOULAILLE, voy. poule. — D. poulail- les jjucos).
ler. FOULOT. voy. poule.
1. FOULAIN, p. ^ou7m, petit d'une jument, 1 FOULFE, fém., aussi pulpe, du L. pulpa.
prov. pulin, du L. pullinus, dér. do pul lus, — D. poulpeton on poupeton.
jeune d'un animal; Pline pullus equinus.
:
— FOULFE, masc, espèce do molln.squo,
2.
D. 2)0Hli)ie, poulinière, \erhe pouliner. it.polpo, esp. pulpe, du L. pôlypus, polype.
2. FOULAIN, bubon, tumeur. Roquefort se POULS, it. polso, du L. pulsus (pellere),
complaît à dire que cette acception vient battement. L'/ dans pouls est d'introduction
de jwulain, petit d'un cheval, parce que les savante les anciens écrivaient correctement
;

personnes qui ont des poulains marchent les pous.


jambes écartées comme les poulains. — Littré POUMON, it. polmone, prov. poJmo, du L.
tient cette étymologie pour probable; je pré- pulmo, -onis, d'où l'adj. pulmonarius, fr.
fère, pour ma part, rattacher lo mot à un type pulmonaire. —
D. s'époumonner.
pusulaniis issu de pusula (forme accessoire FOUFARD, voy. poupe 2.
de pustula). Ce type a régulièrement pu pro- 1. POUPE, l'arrière du vaisseau, du L.
duire pouslain, poulain. jnippis.
FOULAINE (souliers à la). On explique 2. POUPE, mamelle, '\i.poppa, prov. popa,
généralement cette expression à la poiilaine du L. pu])a, jeune Diez compare le
fille.
par à la polonaise, Poulaine s'étant dil autre- même transport d'idée, mais en sens inverse,
fois pour Pologne. Mais n'oublions pas que dans l'it. 2ita, jeune fille, de l'ail, sitze, ma-
poulaine signifie aussi lo bec, l'éperon d'un melle. —
D, poupard, noiirrisson.
vaisseau, et qu'il se peut que cette dernière POUPÉE, dér. du L. p\ipa, petite iillo,
valeur ait déterminé l'expression « souliers poupée, fém. de jnipus. Du même pupus
à la poulaine ». —
Littré,, cependant, est viennent : jioupon, pouponne; poicpin, d'où
d'avis que le tei'mo de marine vient de pou- poupiner et lo v. mot poupelincr, caresser,
laine, pointe de soulier, par assimilation, et mignarder.
que celui-ci vient directement du vfr. pou- POUR, vfr., esp., port, por, direct, du
lanne, peau de Pologne. latin vulgaire por, qui s'est substitué à L.
FOULE, BL. pulla, du L. pullus, jeune pro. L'italien n'a pas reproduit cette préposi-
d'animal, Tite-Livc puUi gallinacei,
: pou- = tion latine; il la remplace par /)<;r. D'un autre
lets. —D poularde, poulet, poulette; temne côté, l'esp. et port, por fait en môme temps
collectif pou7aî7/e (cp. volaille).Dans le chant les fonctions du L. per. —
En composition,
de Saintc-Eulalie, le mot vfr pouiUe, confor- on remarque dans les langues romanes de
mément à la valeur générique du L. pullus, fréquentes confusions entre les prépositions
veut dire jeune fille ; nous en avons conservé latines pei' et pro. Ainsi, le fr. dît parfumer,
les d'imln. poulot et poulette, termes de caresse rit. profumare; le fr. pourchasser, lo prov.
adressés à des enfants. —
Voy. anài^i poussin percassar. Nous remarquons cette confusion
et pucelle. de pour et par surtout dans les composés fr.
FOULET, angl. ^m//<?^, dim. de poule. Dans pourfendre, pourfiler, pourpoint et les vieux
l'acception « billet d'amour «, Dacier dérivait mots porgarder, porprendre, portastcr, pour-
le mot du BL. poletiim = polecticum = penser, poursemer (parsemer), parfont pour
polyptychum (traité kl' àvi. police), maïs pole- profond. Dans les applications no remontant
tum signifie un gros registre, et non pas un pas au latin, le préfixe pour marque perfec-
petit billet galant. Furetière et d'autres tion, achèvement, l'extension de l'acte sur
pensent que ces missives ont été ainsi appelées toutes les parties.
ou parce qu'on les ployait en forme de pCu- POURCEAU, voy. porc. —
D. pourcelct.
let, ou parce qu'elles étaient glissées par des POURCHASSER, prov. percassar, cps. de
marchands de poulets (cp. en it. portar polli, chasser, d'après l'analogie de poursuivre. —
faire le métier d'entremetteur). On s'est servi \Jan%\.purchase a développé le sens « obtenir »
au xvi« siècle du mot chapon dans le môme (par ses poursuites;, puis acquérir, acheter.
sens. Une interprétation plus récente de pou- — D. subst. verbal pourchas'.
let = billet se trouve dans Larousse. POURFENDRE, renforcement de fendre; lo
. , .

POU 407 — POU


préfixe représente soit le L. yier (voy. pour), sière (v. c, m.). Un texte du xiv^ siècle écrit
soit le L. 2)ro, =
en avant, pour rappeler le poulcc. — D. épousseter
bras étendu. —
D. poicrfendcm\ 3. POUSSE, 1. maladie des chevaux, courte
POURFILER, pi-ob. pour parfiler. Voy. haleine, suffocation; 2. exhalaison dans les
jwur. souterrains qui peut suffoquer les ouvriers.
POTJRPARLER, vieux verbe, = délibérer, Du verbe ancien pousser, avoir des pulsa-
comploter nous est resté à l'état de siibst.
; il tions, respirer péniblement, d'où poussiflaliéYé
signifiant abouchement, conférence, négocia- en angl. enpursy). Ménage expliquait poussif
tion. par ilia pidsans, pris dans le sens de la
POURPIER, p. pourpié, poulpied, du L. phiase ilia ducens ou trahens des Latins, qui
pidlipedetn, pied de poulet, étymologie confir- signifie haletant, essoufflé.
mée par la forme renversée piepou des dia- POUSSER, e.sp., port, pul-
prov. polsar,
lectes. sar, du pulsare, fréq. de pellere.
L. —
POURPOINT [pour par, voy. pour),
p. D. pousse {y. c. va.), poussée, poussette, pous-
prov. perpnnh,e^'ç. perpunte, pespunte, port. sière (v. c. m.), repousser.
pespo7ito, du BL. jKrpunctum, vestis mili- POUSSIER, forme masculine àe poussière.
taris coactilis lana vcl gossipio serta et acu POUSSIERE. L'opinion générale est que ce
stipata ac perpuncta. —
L'ancienne langue mot est de la même famille que poudre; seu-
avait le verbe pourpoindre, piquer à tra- lement, les uns(Diez;y voient une transforma-
vers. tion du vfr. porriere, dérivé de vfr. porre =
POURPRE, angl. purple, du L. purpura nfr. poudre; les autres(ainsi Gachet et Littré)
(TTo-^pu^a). — D. pourpré, empjourprer. le dérivent de prov. pois, cas sujet de lat.
POURPRIS, enclos ; du
verbe pourpren- v. pulvis, d'où vient l'adj. prov. polsos, pou-
dre, prov. perprendre, prendre en entier, dreux, et d'où viendrait aussi 'polsieira, type
dans tout son pourtour. du fr. poussière. Cette étymologie présente
POURQUOI pour =
quoi. de toute façon quelqiie difficulté au point de
POURRIR, type lat. putrire, p. putrescere vue des lois phonétiques. Aussi s'en pré-
(cp. nourrir de nutrire). —
D poui'^Hture . sente-t-il une nouvelle, très digne de consi-
POURSUIVRE, du L. prosequere p. prose- dération Horning, dans une étude sur les
;

qui. —
D. 2)oursuite. dial des Vosges et de la Lorraine (Ztschr,,
POURTANT =
pour tant (cp. partant). IX, 499), à propos du mot chpusd (pron.
Cette expression, qui d'abord signifiait " pour xpuse), poussière, émet l'avis que ni le prov.
cela ", a fini par signifier malgré cela, : pois, ni le dérivé fr. poussière, n'ont rien à
néanmoins, cependant. Du reste on remarque faire avec pulvis; qne pois (d'où fr. 'pousiere)
la même valeur de pour dans les tournures représente L. pulsum, =
chose frappée, tri-
fr, telles que « pour être fêté partout, il n'en turée, moulue ; que le patois ocpusd est ^=
est pas plus fier " (Académie). expulsum. —
Voy. aussi pousse.
POURTOUR, circuit, renforcement de tour, POUSSIF, voy. pousse 3.
cp. pourpris; peut-être le subst. verbal d'un POUSSIN, du L. pullicenus, BL. pulci-
ancien ponrtourner. nus, dérivé àepuUus. —
D. poussinière.
POURVOI ce mot est-il le subst. verbal du
; POUTRE est le même mot que le vfr.
verbe p)ourvoir, donc pr. l'action de se pour- poutre, jument, qui répond au BL. pulletrus,
voir en justice, ou y a-t-il lieu (vu le caractère jwledrus, puledra (it. polédro, esp., port.
tout à fait insolite d'un subst. voi tiré de potro) et qui, d'après Diez, parait venir d'un
voir) d y reconnaître un similaire de envoi, diminutif gr. ttwJh'Siîv, iru/ASpiov (de nôtloi,
convoi et de le rapporter à un verbe pour- poulain). La signification actuelle du mot —
voyer = L. proviare*, aller en avant? Je grosse pièce de bois équarri, qui sert à sou-
laisse la question mdécise. tenir les solives d'un plancher est déduite,—
POURVOIR, anc. pourveoir, du "L. provi- par métaphore, de celle de jeune cheval,
dere. — D. pourvu que (<> je viendrai, pourvu comme on a tiré en latin equuleus de equus,
qu'il ne soit pas là équivaut à « je viendrai,
»> en fr. chevalet de cheval, en ail. folter,
si l'on a eu soin ou si l'on a pourvu qu'il n'y instrument de torture, du roman ptoledrus.
soit pas "); pourvoyeur (v. c. m.); pour- hh poutre serait donc d'abord simplement une
voyance", anc. pourveance" providentia;= pièce destinée à en soutenir une autre, un
pourvoirie (v. c. m.) ; cps. dépourvoir d'où la , chevalet. Ménage soutenait déjîi cette étymo-
locution au dépourvu. logie, mais en l'expliquant ainsi « la, poutre :

POURVOIRIE, p. pourvoierie, mot forgé à ou grosse solive porte de petites solives,


la façon de pourvoyeur (v. l'art, suiv ). comme la poutre ou jument porte des pou-
POURVOYEUR, -EUSE, mot modernisé par lains » , c'est ingénieux, mais peu exact. Nous
assimilation au vfr. porveeur (cas sujet pour- ne voulons pas contester l'étymologie ci-des-
veeres,; il n'a jamais existé, que je sache, de sus, que nous avons puisée dans Diez elle ;

verbe pourvoyer. n'a rien d'invraisemblable, d'autant plus que


1. POUSSE, action de pousser ou chose tant d'autres termes du domaine des arts et
qui pousse, subst. verbal de pousser. métiers reposent sur des intuitions plus ou
2. POUSSE, poussière des épiées; c'est moins grotesques; nous lui sacrifions donc
prob. la forme féminine du prov. po7s, pou- volontiers notre première manière de voir,
dre, et de cette manière le primitif de pous- qui consistait à expliquer poutre par poustre.
,

PRA — 408 — PRÉ

Palsgrave j)o^iste balke of an house), et PRÉ, it. jjrato, esp. prado, du L. pratum.
(cp. :

ce dernier par L. 2MStis avec r intercalaire.


— — Du dimin. pratelhim. viennent it. pratello,

Storm (Rom., V, 181) estime que imlletriis prov. pradelh, vfr. praSl, praiel, nfr. jjre'au.
peut avoir déjà appartenu au fonds latin et PRÉ-, préfixe, L. prce. Les mots français
qu'il n'est pas nécessaire de recourii-, avec composés avec ce préfixe sans précédent latin
Diez, à un primitif grec; il se fonde, en cela, sont fréquents ils appartiennent à la langue
;

sur le mot latin porceira, jeune truie, d'après savante et marquent supériorité ou priorité.
lequel on a pu créer pulhtra, pouliche.
— Nous citons parmi les plus répandus les sui-
D. poutrelle. vants jire'acheter, 2)rt'alable, préavis, précité,
:

POUTTIRB, nourriture des animaux engrais- précotnjite, préconcevotr, 2yfédécéder, p)'>'cdé-


sés à l'étable, vfr. aussi peuture. L'étym. ad- cès, prédileviiMi, prédispose^', prédominer,
mise, d'après Du Cange, par Littré, savoir lat. prélever, j)'>'ésuj)poser.
pastura, est impossible celle que j'ai émise;
PRÉALABLE, mot nouveau, formé avec
dans mes Trouvères belges (nouv. série), allei' et le préfixe pré, sur le patron du L.
p. 342, à propos de 2^ciUu7'e, savoir l'anc. 2irœ vius, ail. vorlûiifig.
part, passé peitt (de piaistre), contracté en
PRÉAMBULE, do l'adj. L. prœ-ambuhis,
peitt, a donné lieu A l'objection que d'abord
qui marche en avant.
elle est contredite par le monosyllabisme de
PRÉAU, voy. pré.
oit et eii dès l'apparition du mot, puis par la
persistance du t. Je reconnais que mon expli-
PREBENDE, it.,prov. 2^rebenda, prevenda,
cs-^.prebcnda, du L. 2)>'(f'be7ula, cho.sc à four-
cation se heurte contre l'âge reculé du mot
et l'absence d'une forme jwiititre ou poiiture
nir. Le mot signifie en j)remier lieu : la ration
journalière à fournir aux moines et aux autres
et j'admets, avec Fôrster et Joret, l'étymon
pultura (mot constaté par Du Cange), dérivé ecclésiastiques ; puis, le sens se rétrécissant,
le revenu alloué à un chanoine, et enfin le
de2ni7s, pidlis, bouillie, pâtée. Cp. pour on,
vfr. sepoiiliire (sépulture).
canonicat même. —
Une confusion avec provi-
POUVOIR, du pooir (par intercalation
vfr.
dnnla (d'où l'ail, provtant), dér. de 2irovide)'e,
de v), it. potere, esp., port., prov. podcr; de pourvoir, a fait subir au mot prœbcnda, pro-
l'infinitif barbare potere, sub.stitué à j>os*e (cp.
visions à fournir, une altération en provenda,
volére, d'où vouloir, p. velle). D. pjoitvoir, — pi'ovisions de bouche, d'où tr. provende. C'est
subst. ce dernier qui est le type de l'ail, pfrunde,
PRADIER, ouvrier chargé du soin des prai- l)rébtnde. —
D. prébende, prébeiidier.
ries (nom de famille très répandu), du BL. PRÉCAIRE, du L. ;}r^t'arâ(*(prcx), obtenu
pratarnts (pratum). La forme prcul iet' est de à force de prières; de là que l'on n'a que=
facture méridionale ou savante. par permission, d'une manière mal assurée,
PRAGMATIQUE, h.pragmaticits, gr. Tpayu-.- par simple tolérance.
Ti/o'j (de affaire). « Pragmatica sanc- PRÉCAUTION. L prœcautionem, de prœ-
iz^y.iij.-x,

tio », édit impérial, est un terme du Code caterc, se mettre en garde. D. ^w-t'cau- —
Justinien. tionner.
PRAIRIE, vfr. praeHe, prov, pradaria, du PRÉCÉDER, L. prœ-cedere, aller en avant.
BL. prataria (pratum). D. prairial, nom — — \). pyyécédent, adj., jjuis sub.st., h. prcece-
du neuvième mois du calendrier républicain. dens. —
Du supin 2i^'<^cessutn : subst. prse-
PRALINE, amande rissolée dans du sucre, cessionem, fr précession.
ainsi nommée d'après un sommelier du maré- PRÉCEINTE, t. de marine, BL. prœci7ictum
chal Ditplessis-Pralin. qui s'avisa le premier (pra'-cingorel, pourtour.
de préparer les amandes de cette manière et PRECEPTE, L. 2»'<^ceptum (prœ-cipero);
d'en servir sur la table de son maître. — précepteur, L. praîceptorem, d'où préceptorat,
D.]^raliner, griller avec du sucre. -orial.
PRAME, sorte de vaisseau, du néerl. praatn, PRECHER, anc. prescher (s intercalaire),
dan. pram, angl. prame, ail. prahm. angl. preach, vfr. pjrcechier, du L. pjredt-
PRATICIEN, voy. pratique. care (d'où ail. predir/en). — D. préehe, prê-
1. PRATIQUE, adjectif, l.. iiraclicus, gr. cheur. — Termes savants tirés du même
Ttp^xTiy.d; (de TZf.à'j-jîi-j,à l'action,
agir), relatif prœdicare : prédicateur (anc. ausû prédicant),
à l'exécution. —
D. subst. prcdiden. prc'dicntirm.
2 PRATIQUE, subst. fém. du gr. izp^c^.ziy-r., . PRÉCIEUX, L. 2^<^'^osus (prctium).' —
art d'agir, opp. à yvw7Tt/y- ou B-upviziy.r,. — D. ])récievse, pjréciosité.
B. pratiquer, mettre en pratique, exercer (un PRÉCIPICE, L. prœcipitium, dér. do l'adj.
art), employer beaucoup, fréquenter, etc. prœceps (gén. prœcipit-is), la tête en avant,
3. PRATIQUE, subst. fém., chalandise, d'où aussi prsecipitaro, -ationem, ïv précipiter .

chaland, représente le subst. veibal du verbe -aiion. Montaigne s'est servi de l'adj. préci-
pratiquer au sens de fréquenter, hanter. pjiteux.
4. PRATIQUE, instrument des joueurs de PRÉCIPITER, voy. précipice.
marionnettes, de l'esp. p)latica, conversation PRECIPUT, avantage accordé à un héritier
(entre les marionnettes), qui est le subst. do sur SCS cohéritiers, terme de droit tiré d'une
platicar, converser (litt. (v. pratiquer). = manière irrégulière du L. prœcijnaim, pré-
PRATIQUER, dér. de pratique 2. D. pra- — ciput, dér. lui-môme de prœ-cipere, prendre
ticable; subst. pratique, chalandise, chalaiid.
d'avance, prélever. Le t final n'a aucune rai-
.

PRÉ -- 409 — PRÈ


son d'être, et s'explique peut-être par le sou- PRÉJUGER, L. prœ-judicare juger
venir du t qui est dans le subst. BL. prœci- d'avance. —
D. préjugé, cp. l'ail. vor-u7'-
,

puitas ou par la forme du mot occiput. — theil, ^angl. préjudice.


D. prc'ciputaire. PRÉLAT, mot savant =
L. prœ-latus, pré-
PRÉCIS, adj. et subst., L. prœcisus, pr. féré, préposé; c'est un terme synonyme de
coupé par devant, puis =
abrégé, succinct prœfecius et àe prœpositus (fr. préfet et pré-
(cp. concis de con-cisus). La langue moderne vôt). —
D. prélature, se prélasser (Montaigne
a ajouté à ces acceptions celle de « arrêté, disait plus correctement se prélater), affecter
fixe, circonscrit, exact ». Cp. BL. pra3 cisa, l'air de dignité d'un prélat.
s. e. sententia =
jugement, arrêt; cp. aussi PRELE, 'presle, vfr. asprelle, it. asperella,
notre expression " couper court à une dis- dim. du L. aspier ; le nom vient de la tige
cussion ». —
Y), précision, L. pra^cisionem ;
rude de cette plante. On a dit fautivement
veibe préciser, soit tiré du fr. p7'écis, ou la presle p. l'asprelle. Us dans presle est
représentant un mot L. prœcisare, fréq. de intercalaire. — D. prêler.
prœcidere. PRÉLÉGUER, L. prœ-legare. — D pré-
PRÉCOCE, L. pjrœ-cox, -ocis (coquore), pr. legs (d'après legs).
qui cuit ou mûrit avant le temps. D. pré- — PRÉLIMINAIRE autrefois, on se contentait
;

cocité. du simple liminaire (v. c. m ).


PRÉCONISER, BL. x^rœconizare, dér. du PRÉLUDE, BL. jjrcehcdium, deprce-liidere,
\j.prœconium, publication (type du ïv. prône, fr. préluder. Le sens fig. de ce verbe, s'es-
V. c. m.), sayer à, est déjà classique.
PRÉCURSEUR, L. prœcursorcm, litt. = PRÉMATURÉ, d'un type L. prœmaturatus
avant-coureur.
pour p)'>^ce^n(^turus, mùr avant le temps. —
PRÉDÉCESSEUR, L. prœ-decessorem. Prématu7nté == maturité avant le temps.
PRÉDESTINER, L. prœ-destinare.
PRÉDIAL, BL. jjrœdialis, du L.prœdium,
PRÉMÉDITER, h.prœ-meditari. T>. pré- —
méditation, L. prsemeditationem.
bien-fonds.
PRÉMICES, h. primitiœ (primus).
PRÉDICAT, \j.j)rœdicatum, chose énoncée. PREMIER, du L. primaimis (primus), qui
PRÉDICATEUR, -ATION, voy. prêcher. est aussi le type àe primaire.
PRÉDICTION, L. ];)rœdictionem (prae- PRÉMISSE, du part. lat. prœ-missus {-^YSi-
dicere). mittere), mis en avant.
PRÉDILECTION, litt. dilection (L. dilectio, PRÉMUNIR, L. prœ-munire.
affection) do préférence {p)rc)\ cp. l'ail, vor- PRENDRE, du L. prehendere, prendere.
liebe, m. s. L'ancienne langue conjuguait ce verbe (et ses
PRÉDIRE, L. prœ-dicere. composés) aussi bien en conservant qu'en
PRÉÉMINENT, du L. prœ-eminentem. — omettant le d radical; elle disait correcte-
D. prééminence, L. prteeminentia. ment ^)rewrfo«s,^rewc?an^, mais aussi pre7ions,
PRÉEMPTER, L. prœ-emptare' ,^ fréq. do prenant. — D. prenable, preneur.
prœ-imere\ prendre ou acheter par avance, PRÉNOM, L. prœ nomen.
supin prœemptum, d'où prseemptionem, fr. PRÉOCCUPER, L.prœ-occupare, s'emparer
préemption. le premier de qqch. Le mot ne s'emploie plus
guère qu'au fig. « cette idée me préoccupe »
PRÉFACE, L. prœ-fatio (de pr£e-fari), litt.
;

= avant-propos. Pour atio = ace, cp. dédi-


veut dire pr. cette idée m'occupe plus que
:

toute autre, elle m'absorbe. D. préoccupa- —


cace. Les mots it. prefazio et esp. prefacio
tion.
(faisantdouble emploi avec prcfazione et
prefacion) me semblent imités du français,
PRÉOPINER, opiner (L. op)inari)\c premier.
PRÉFECTURE, voy. préfet.
— D jwéopina^it.
.^

PRÉFÉRER, d'un type h&vh . prœ-fcrere (p.


PRÉPARER, lu.pjrœ-parare. D. prépara- —
tion, -ateur, -atif, -atoire.
p7-œ-ferre)^ converti pour la francisation en
2')rœ-ferare .
— D. préférable, -ence, PRÉPONDÉRANT, -ANCE, du L. prœ-pon-
PRÉFET, mot de formation derare, poser plus; cp. vor-wiegend. l'ail,
savante, L.
prœfcctus (part, de prœ-ficere, préposer); PRÉPOSER répond, par sa valeur (voy.
subst. prtefcctura, fr. préfecture. Selon la loi 2Mser), au L. prœponere. D. préposé (voy. —
générale préfet nous fût parvenu sous la aussi prévôt).
forme 2'iJ'éfit = perfectus,
(cp. vfr. px^rflt fr. PRÉPOTENCE, L. prœ-potentia.
confit = confoctus, profit = profectus. PRÉPOSITIF, -ITION, L.prœpositivus, -itio-
PRÉFIX, PRÉFIXE, L. prœ-fixus, fixé nem
d'avance ou par devant. PRÉPUCE, L.prœ-putium.
PRÉJUDICE, du L. prœ-judicium, juge- PRÉROGATIVE, du L. prœrogativa centu-
ment anticipé, présomption, puis dommage, ria, lacenturie à qui l'on demand;iit le vote
préjudice, —
D. préjudiciel, question judi- le premier, d'où le sens abstrait primauté,
ciaire préalable; préjudicier, porter préju- privilège de prœrogare, demander en pre-
;

dice, d'où l'adj. préjudiciable, « qui porte mier.


préjudice ». —
Le mot angl. préjudice a PRÈS,
^

prov. près, it. pressa, du I^. pres-


conservé le sens originel de préjugé, pré- sas, pressé, serré contre. Pour l'idée, cp. le
tention. gr. 5/xi et l'esp. junto de, fr. joignant, L.
. . —

PRE — 410 — PRË

juxta. Cette préposition s'est substituée au mere. — D. pressant, pressé, pressage, près-
L. prope, que la vieille langue possédait sis; subst. verbal presse \. action de presser;
encore sous les formes prop, prof, pruef, etc. 2. machine à presser; où l'on est
3. situation
— Composés vfr. emprès, nfr. a-prês, it.
:
pour l'effet) foule,
pressé, serré, de là (la cause
ap-prcsso, prov. a-pres ; ir. presque (v. c. m.), multitude. Du sens « machine à imprimer «
it. prcssochd. découle le sens collectif moderne ensemble :

PRÉSAGE,L. prœ-sagiwn {àeprce-saf/ire, aussi bien des produits do Timprimerie que


augurer, deviner). D. présager. — de ceux qui font imprimer ou qui publient.
PRESBYTE, du gr. 7r,r.ei6ÛT»i;, vieillard, Du supin jjressitw : pressionem, îi\ pression ;
donc pr. qui voit comme un vieillard
" ». — pressorixim, fr. pressoir; pressura, îv. pres-

D. presbytie, preshytisme. sure' .

PRESBYTÈRE, gr. -(.i-AxjrUi'/^, dér. de PRESSURE', voy. presser. — D. pres-


7r/os36ûr£/5î,-, L. jnrsbytei', type du fr. prêtre surer.
(v. c. m.). PRESTANCE, L. j^rœstantia, excellence,
PRESCIENT, L. prœ-scientem. — D. pre- distinction, ào i)r(t'-stare, surpas.ser.
science. PRESTATION, L. prœstationem , subst. de
PRESCRIRE, du L. prœ-scribere, ordon- pro'stare (fr. prêter), fournir, livrer.
ner, cp. ail. vorschreiben. Du ?.\\^\r\ prœscrip- PRESTE, de l'it. presto. Le mot preste
tmn viennent subst. prescription, L. pra?-
:
représente une modalité de sens et de forme
.«criptionem,1 ordonnance; 2. t de droit, du mot prêt, qui est le vrai correspondant fr.
manière d'acquérir par le fait d'une longue du mot italien presto. D. prestesse, it. —
possession; pour l'origine de cette dernière prestes sa.
acception, qui .s'est communiquée aussi au PRESTIDIGITATEUR, mot nouveau fait
verbe prescHre et qui a fait naître l'adj. avec presto, agile, prompt, et le L.
l'adj. it.

presnnptible =
qui peut être prescrit, voy. le digitus, doigt.
Dict. de Littré, à l'art, prescription. PRESTIGE, L. prœstigium. D. presti- —
PRÉSÉANCE, du L. prœ-sidentia (cp. vfr. gieux, L. prœstigiosus; pre-stigiatcur, L. pros-
reseant =
residens), d'où au.ssi le terme savant tigiatorcm.
présidence ; cp. ail. vor-sit3. PRESTOLET, dimin. de preste, forme pa-
1. PRÉSENT, adj., L. prœsentetn. D. — toise (aussi cat. et esp.) de prestre' prêtre.
présence, L. press^enûa; présenter. L.prœsen- PRÉSUMER, L. prœ-stimei'e, litt. prendre
tare. —
L'adv. à présent répond au L. ad d'avance, juger par induction. — D. présu-
prœsens s. e. tempus (Tacite;. mable. De prœsumptum, supin do prsesumere:
2. PRÉSENT, subst., don, cliosse pré.^cntéc; prjesumptionem, fr. présomption; pnestimp-
tiré du vovhc présenter, comme do7i de don- tivus, fr. présomptif; prsesumptuosus, fr. jn'é-
ner, achat de achater ,' acheter Littré raiiporte . somptueux.
le mot et sa valeur à l'ancienne locution mettre
PRÉSURE, acide faisant c^iiller ou prendre
en présent (in preesenti) à qqn. =^ pré.senter, le lait; c'est le \îv. présure, action de prendre,
offrir. La forme it. et esp. jiresente (au lieu qui reproduit le latin prensura.
de présenta) appuie cette manière de voir.
PRÊT, adj., prov prest, esp., port.
PRÉSENTER, voy. présent 1. D. pré- — 1.
presto, du L. vulgaire prœstus, d'où
it.,

l'adv.
sentation, -ablc, représente^'
prœsto, =
sous la main. De l'it. presto nous
PRÉSERVER,
précaution.
h. prœ-servare, garder avec
— D. préservation, est venu lefr. preste v. ). D. apprêter.cm —
-aiif.
2.PRET, siihst. verbal doprêter.
PRÉSIDER, L. prœ-sidere ; président, L.
PRETANTAINE. « Ce mot e.st une onoma-
prœsidentom, ô^oix jyrésidcnce (voy. préséance)
to])ée, dit Ménage, du bruit que font les che-
et présidentiel.
vaux en galopant pretanlan, pretantan,
:

PRÉSOMPTION, PRÉSOMPTIF, PRÉSOMP- prétantaine. » Cela peut être accepté à défaut


TUEUX, voy. présumer.
de mieux.
PRESQUE, voy. près. Je ne m'explique pas
autrement cette composition qu'en considérant PRÉTENDRE. L. prœ-tendere, pr. tondre
devant, mettre en avant, prétexter, mani-
fig.
le que comme le terme de rapport entre la
préposition et son régime, agglutiné avec la
fester, enfin (dans le Digeste) réclamer. —
préposition ; on aura dit « près que cent ans »
D. prétendant, prétendu. Du supin pne- —
« près de cent ans i, puis on a fini par
tentum sub.st. prétention, prétentieux.
:
p.
écrire « presque cent ans n et par établir un PRÊTER. L. prœ-stare, litt. mettre en
mot particulier presque. On sait que fors se avant, puis fournir. —
D. prêt {suh?:i.)\ prê-
construisait également avec de et que, comme teur.
on leencore après plus.
fait PRÉTÉRIT L prœteritus (prœter-ire) passé.
,


.
,

1 PRESSE, dans
ses acceptions abstraites D prétérition, L. prœteritionem.
et concrètes, sub.st. verbal àepresser{\. cm.). PRETEUR, L. prœtorem (de prœ-ire, aller
2. PRESSE, sorte de pêche; c'est une fran- en tête). — D. prétoire, L. praetoriiim ;
pré-
cisation, par transposition, du L. persicum ture, L. prsetnra.
(voj. pêche); cp. le ^rov. presega. PRÉTEXTE, L.prœ-textus, de prœ-texere,
PRESSENTIR, L. prœ-sejitire. D. pres- — litt. faire un
devant une cho.sc pour la
tissu
sentiment cacher; pour le sens fig., cp. pallier do {pal-
PRESSER, du L. pressare, fréq. de pre- lium) et voiler. —
D. prétexter.
. .

PRÉ — 411 — PRI

PRETINTAILLE, ornement en découpure nance. — Du supin L. prseventum : subst.


pour robes je ne m'explique pas l'origine
les ; BL. prseventionem, fr. prévention, et adj.
do ce terme de couturière, du moins en ce qui préven tif.
concerne l'élément pretin. «< Je crois, dit
PRÉVISION, L. 2^rœ-visionem.
Jault,que c'est une onomatopée; en effet, le
son de ce mot bizarre exprime fort bien les
PRÉVOIR, L. prœ-videre. —D prévoyant,
d'où prévoyance.
ornements frivoles et superflus des
femmes. »
Quand les données font défaut, on s'empare FRYNOT py'evost" , li. prevosto, esp., port.

,

assez vite de la ressource des onomatopées.— Xjrebostc; du L. prœpositus. D. prévôté, -al.


— D.^pretintaiUer. — Une confusion avec propositus a donné
PRETRE, py^estre*, it. prête, esp. preste, lieu aux formes provost, ail. propst,
vfr.

ags. preost, angl. priest, nord, prestur, ail. probst et profnss, provoost.ni.

priester; du L. presbyter, gr. 7roî56ÛT£/5o,- (litt. PRIER, anc. prêter, py'oier (cp. nier et
=- senior), titre ecclésiastique en usage dès noyer', plier et ployer), du L. precari. —
lespremiers temps de l'Église. Isidore « pres- D. prière, it. preyaria, prov. preguicra, du
:

bytcr, senior non pro eetate vel decrepita L. precaria, s e. oratio.


senectute, sed propter honorem et dignita- PRIÈRE, voy. prier.
tem '. De
^

l'accus. presbyterum (l'accent sur PRIEUR, du \j. priorem = qui précède, qui
viennent les
.
y)
anc. formes de cas oblique pre- a le pas sur un autre. — D. prieuré, RL.
vcire, prevoire, p)roroire (^ prêtre), prioratus.
que l'on
a fait erronément dériver àe provisorem. PRIMAIRE, L. primarius, forme savante
D. prêtrise, prêlraille. de premier.
PREUVE, voy. prouver. PRIMAT, « qui primas partes tenet », it.
PREUX, anc. prou,preu, etc. prov. pros et ,
primate, a.\\. primas, du L. primas, -atis. —
pro. L'origine de cet adj est controversée. On a
.
D. primatie.
allégué comme primitif: 1. le subst. it., esp., PRIMAUTÉ, vfr. primalté, d'un type latin
prov.pro, afr. ;9ro, prou, preu, signifiant avan- primalitatom fcp. principauté), dér. du BL.
tage, bénéfice, et que l'on tire de la particule
L.
primalis, premier, principal. L'it. pri- —
2^ro, en faveur, au profit fcp. notre
subst. pour
mato et l'ail, primat viennent du subst. L.
dans « le pour et le contre »,; le sens foncier primatus.
serait donc « profitable, utile «, d'où se serait 1. adj., du L. primus. A l'état
PRIME,
dégagé celui de généreux, vaillant ; 2. L. — d'adjectif, nous ne trouvons plus ce mot que
p)robi..s ; cette étymologie conviendrait
parfai-
dans les locutions déprime abord, de prime
tement, dit Diez, si l'on rencontrait, comme face, et dans les compo?.és primevère (v. c. m.),
fém. du prov. pros, fr. preux, une forme printemps (p. prime-temps), et l'adj. prime-
prov. p?'om, fr. prove; mais il est constaté sautier, tiré du v. subst. prime-saut (aussi
que cet adj. ne fléchissait pas au féminin (voy. prinsaut) =
L. primus saltus, premier saut,
Raynouard, IV, 659, la pros cpmtessa ; Gilles premier mouvement. —
D. primer, avoir le
de Chin « la dame fv\ preus et honeste
:
premier rang, devancer; subst. primeur,
«);
or, il est sans exemple qu'un adj. (sans
e final)
première saison des fruits ou légumes, etc.
de genre commun dérive d'un adj. lat. en us 2. PRIME, subst., dans ^rme d'assurance,
et a; — 3. h.prudus[îoTme accessoire àepru- d'encouragement, de bourse; direct, de
dens), it. prode, pr. sage, puis,
en général l'angl. premium (prononcé primium), qui,
:

qui se conduit bien, qui fait son devoir. Cette ainsi que l'ail, prûmie, vient du L. prœ-
étymologie a pour elle l'ancienne orthographe mium (de prœ-imere*). —
D. primer, doter
prud, prode, pros, mais elle pré-
jjrod, jirot, d'une prime,
sente deux grands inconvénients c'est que :
3. PRIME, t. de lapidaire, \î\^ presme ;
Vu long ne s'accorde ni avec le fr. ou ou eu, c'est le même mot que prisme.
ni avec le prov. o, et qu'il nous faut
absolu- PRIMER, voy. prime 1 et 2.
ment pour type un adjectif à genre commun. PRIMEROLE, syn. de primevère, dér dimi-
— Le plus probable est (et c'est là la seule nutif de l'adj. prime [c^. féverole, banderole),
étym. admise par G. Paris, Rom. III, 420), pr. première fleur.
que le type est l'élément prod qui se trouve PRIME-SAUTIER. voy. prime 1

dans prod-esse, être utile, rendre service, et PRIMEUR, ()remière saison, voy. prime 1
qui a également donné l'it. prode, profit. De — PRIMEVÈRE, vfr. primevoire, fleur des
l'ancienne forme ;)ror< vient le subst. prouesse, premiers jours du printemps; it., esp., prov.
dont le correspondant it. prodesza atteste net- primanera (forme masc. prov. primveri, d'un
tement un radical terminé en d ou t composé populaire latin primavera, tiré du
PREVALOIR, L. prœ-valere. L. primum ver, premier printemps.
PRÈVARIQUER, L. prœ-vartcari, pr. aller PRIMICIER, aussi princier. Voy. sous
à droite et à gauche, biai.ser. —
D prévarica- .
pri7ice.
teur, -ation, L. prasvaricator, -ationem. PRIMITIF, L. primitivus. Voy. aussi plu-
PREVENIR, L. prœ-venire, venir le pre- mitif.
mier, aller au-devant. L'acception " inculper, PRIMOGÉNITURE, aînesse, du L. primo-
accuser » (d'où le subst. prévenu) est déjà yenitiis, né en premier.
propre au verbe latin dans le Digeste et dans PRIMORDIAL, L. primordialis (de prim-
Ulpicn. Du part, prévenant : .subst. préce- ordium, premier commencement;.
. —.

PRl — 412 — PRO

PRINCE, du L. principem ; pour la mutila- PRIX, pris, prov. prêts, esp, prez,
vfr.

tion finale, cp.évéqiie de episcopns, souple de precio, pregio et pressa, ail. preis, angl.
if,

suppliccm. —
D. princesse; princier (adj.); price, prise, du L. prctium. D. priser, —
il ne faut pas confondre avec ce dérivé mo- mettre un prix, apprécier, prov. presar, it.
derne de prince l'ancien subst. princier = prezs are et pregiare, ail, prcisen, angl,
grand seigneur, homme de cour, qui répond j)raisr.
au L. primiceriiis, chef de corps, primicier. PROBABLE, mot savant, L. probàbilis,
PRINCIPAL, L. principalis (princeps). — (quod probari potcst), — D, probabilité, L,
D. principalté" principauté, dignité de
,
probabilitatem.
prince, puis terre gouvernée par un prince ; PROBANT, L. probantem.
forme substituée à principal =
L. principa- PROBE, L, probus. D. probité, L. pro- —
tus, it. principato (cp. pi-imautc p. priinat). bitatciii.
En lat. principalitas signifiait primauté, préé- PROBLÈME, gr. Ttp6%).r,(iu (cliose jetée en
minence. avant), cp. \ex\tv. proposition, pr. chose posée
PRINCIPE, L. pri7icipium, commence- en avant; problématique, gr. 7r|9îêi»);taTixoî.

ment. PROCÉDER, L. pro-cedcre, marcher ou


PRINTEMPS =
primum tempus, première venir on avant, d'où les significations déri-
saison. Dérivé arbitraire printanier; un
: vées 1. sortir de, provenir, tirer son origine,
:

dérivé régulier printemporel eût été par trop 2. se prendre dételle ou telle manière dans la
pédant. poursuite d'une affaire (à cette signification
PRIORITÉ, L. prioritatem (prier). se rapporte le subst, partie, procédé,; 3, agir
PRIS, vfr. prins, L. preiisus ; de \ii prise, en justice. A la dernière signification ressor-
VÎT. prinse, subst. participial àe prendre. tissent les procédure (do formation
subst.
PRISE, subst. action de prendre, puis pin- moderne) formé d'après le type latin
et procès,
cée de tabac, dose d'un médicamment, voy. processus {deprocessum, supin de proccdere),
pris. — D, priser. auquel on a transféré la valeur moderne du
1 PRISER, prendre une prise (voy. prise). verbe procederc. Au sens premier et matériel
2. PRISER, mettre un prix à qqch. (vfr. de ce verbe « aller en avant », se rattache le
proisiei'), dér. de^Wa;, vfr. pris (v. c. m.). dérivé \aûn processio, marche, d'où le terme
D, priseur, prisée ; cps. mépriser {v. c. m.), d'église procession.
vfr. despriser.
PROCÈS, voy. l'art, préc,
PRISME, L. prisma, gr. npiia/xx. Voy, aussi PROCESSION, voy, procéder.
prime 3.
PROCHAIN, forme extensive de proche,
PRISON, vfr. aussi proison, it. prigione, répondant à un type latin propianus.
esp. j»'isio7i, port, prisâo, prôv. preisô,
L. prensi67iem {de prendere). Le sens abstrait
du PROCHE, du BL. propius p. propis. D, —
prochain, approcher, reprocher (voy, c«s
« action de prendre » a tourné en celui de
mots),
" lieu où l'on enferme ceux que l'on a pris »
La vieille langue employait le mot prison
PROCLAMER. L. pro-clamarc. — D. pro-
clamation, L. proclamationem,
dans le sens naturel de capture, de prise, puis
aussi (comme le fait l'it. et le prov. à l'égard
PROCRÉER, L, pro-creare. — D. procréa-
L. procreationem,
tio)i,
de prigione et preisô, dans celui de prison-
PROCURER, L, pro curare, litt. avoir soin
nier), mais avec changement de genre (cp.
nourrisson, polisson). —
H. prisotmier, em-
de qqch. pourqqn. —
D. procureur, vfr. pro-
cureur, L, procuratorcm ; procuration, L,
prisonner.
procurationem.
PRrVAUTÉ, d'un type privalitatcm, tiré
d'une forme privalis, extension de privus. PRODIGE, L. prodigium (prodigere). D, —
prodigieu-x, L. prodigiosus.
Une auti^e forme extensive de privus, savoir
PRODIGUE (mot savant), L. prodigus (pro-
privensis, a donné l'adj. privois, qui est à
supposer d'après le verbe dérivé ap-privoiser. digere). — D. verbe prodiguer, et, par un
adj.inus. prodigalis, le subst. prodigalitatem,
PRIVE, du h. privatus, opposé àpublicus,
donc =
particulier, individuel, personnel,
fr. jjrodigaJite.
PRODUIRE, duL. pru-ducere, d'où, par le
dérivé de l'adj. privus, isolé, particulier.
supin productum produit, L. prodnctum,
Dans la moyenne latinité, le mot privatus a :

pris le sens de « ami intime, familier «, de là


chose produite ; producteur, L. productorcm ;
la valeur des termes priver =r rendre fami-
production, L. T^vodnctionem', productif p)ro- .,

lier, privé, opp. à farouche, privante et appri-


ductible.

voiser (voy. l'art, préc). —


Le sens du subst. PROÉMINENT, -ENCE, du
être saillant.
L. pro-eminere,
privé, lieux d'aisance {\{v. privée), découle du
sens « particulier, secret ». PROFANE, L. pro-fanus, litt. ce qui est
1. PRIVER, apprivoiser, voy. l'art, préc. devant ou hors du temple' fonum). D. pro- —
2. PRIVER, déposséder, dépouiller, L. pri- faner, L. pi'ofanare.
vare. — D. privatio7i, privatif. PROFÉRER, L. pro-fej-ere p. proferre.
PRIVILEGE, L. privilegium, pr. loi qui ne PROFES, L. professus, qui a fait profes-
concerne qu'un individu {primes), loi person- sion ;^ro/è55er, L. profcssari*, fréq. de profi-
nelle, d'exception, de faveur, —
D. pjrivilé- teri déclarer ouvertement; profession, L.
,

gier. professionem professeur, L, professorein.


;
. . . — .

PRO 413 PRO


PROFESSER, reconnaître, puis exercer, PROLIFIQUE, L. prolificus', qui fait des
pratiquer publiquement. Voy. l'art, préc. enfants 2)roles
PROFESSEUR, L. professorem (m. s.). PROLIXE, h. prolixus, relâché, étendu.
PROFESSION, h. 2)rofessioneni. Les accep- D. prolixité, L, prolixitatem.
tions modernes sont corrélatives à celles don- PROLOGUE, gr. itpo-loyi, exact, traduit par
nées successivement au verbe professer. — le L. pjrœfatio.
D. professionnel. PROLONGER, L. prolongare (Vulgate). —
PROFICIAT, mot latin, signifiant « que cela D. prolonge (subst. verbal) ; p^'^'olongation,
(vous) profite! ». -ement (le premier subst. se rapporte au temps,
PROFIL, voy. profiler. le second à l'espace).
PROFILER, it. profilare, esp. perfilare PROMENER, anc. piourmener, du L. pro-
(d'après la confusion fréquente depro etper); minare, faire aller; « prominare jumenta ad
de là les subst. it. proffilo, esp. perfilo, fr. lacum » se trouve dans Apulée. D. prome- —
PROFIL, anc. porfll, pourfil. Composition de nade (le mot a une physionomie it. ou esp.,
filum, ligne, trait, contour. Le préfixe pro a cependant, ces langues ne le possèdent pas);
ici la même valeur que dans portrait. promeneur, promenoir
PROFIT, it. profetto, prov. profieg, du PROMESSE, duBL.promma, subst. parti-
subst. h. 'profectus, progrès, succès, avantage cipial de p)roniittere.
(cp. confit de confectus, lit de lectus, pis de PROMETTRE, ptro-mittere, d'où promissa*,
pectus, dépit de despectus). —D. profiter, fr. promissionem, iv promission
promesse, et
prof table. PROMINER, L. pro-minere. D. promi- —.

PROFOND, vh\ parfont, L. profundus [fun- nent (on dit auj. de préférence ^?'0-emmeni),
dus); le prov. a,par syncope, transformé le prominence.
mot latin Qxxpreon comme le fi'. a converti le PROMISCUITÉ, dér. fr. de l'adj. L. promis-
L. rotiindus en reond, puis rond. D. pro- — cuus (promiscere), mêlé, confus.
fondeur, approfondir. PROMONTOIRE, L. promontorium (mons),
PROFUS, L. profusus, litt. répandu en cp. l'ail, vor-gebirg
abondance (pro-fanderc); profusion, L. profu- PROMOUVOIR, L. piro-movei^e ; du supin
sionem. Cp., pour le sens, foison, grande quan- promotum viennent promotor, promotio, fr.
tité, de fu-sionem, fusion. promoteur, promotion.
PROGÉNITURE, L. progenitura\ tiré de PROMPT, L. piromptus (promere). —
progenitus (pro-gignere), engendré. — D. p)romptitude. L. promptitudo; promp-
PROGRAMME, gr. K^.ô-ipy.p.u.oL, édit, mani- tuaire, L. promptuarium, provision d'où l'on
feste, litt. traduit par L. prœ-scriptum et va tirer (promere) ce qu'il faut.
ail. vvr-schrift. PROMULGUER, h.ptro-mulgare.
PROGRES, L. progressus (pro-gredi). — PRONE, vfr. preone., du L. prœconium
D. progressif, \erho progresser et subst. ^ro- (preeco) par la syncope du c médial. —
gressiste (néologismes). D. prôiier.
PROGRESSION, L. progrcssio^iem (pro- PRONOM, L. pro-nomen; adjectif prono-
gredi). minal, L. pronominalis.
PROHIBER, L. pro-hibere,
en avant, mettre obstacle
litt. tenir qqch.
du supin prohibi-
PRONONCER, 1,. pro-nuntiare. — X). pro-
;
nonciation, L. pronuntiationem.
tum: prohibition, L. prohibitionem, et prohi-
PRONOSTIC, p. prognoslic, du gr. 7:po-
bitif.
yvwTTtxo'v, présage, litt; qui se rapporte à la
aussi^me, L, prœda.
PROIE, vfr.
PROJECTILE, mot nouveau, tiré du supin
7row-/vw7i; (connaissance par avancej. D.p7'o- —
7iostiquer.
projectum, de ^jro-Jwere, lancer en avant.
PROPAGANDE, 1. pr. congrégation de la
PROJECTION, L. 2-)rojectionem (projicere).
propagande, c.-à-d. de jjropagajida flde, litt.
PROJET, L. p7'ojectum (pro-jicere), chose
de la foi à propager; 2. association quel-
jetée en avant, proposée l'acception moderne
;
conque ayant pour but la propagation d'une
est étrangère au mot classique aussi vaut-il ;
opinion; 3. syn. de propagation.
mieux considérer projet comme subst. verb.
de projeter (v. c. m.). —
L'ail, a la même mé-
PROPAGER, L. propagare, pr. provigner
[propages, bouture, lignée).
taphore dans ent-wurf et vor-wurf.
PROJETER, litt. jeter en avant (signification PROPENSION, L. propensionem (pro-pen-
encore propre aux expressions « projeter une dere).

ombre et « se projeter puis tracer un PROPHÈTE, L. iiropheta, gr. Tr.îo-p/îr/j;,


plan, faire
•>

un projet.
»),
litt. -= pré-diseur. —
D. prophétesse, L. pro-
PROLÉGOMÈNES, grec 7r«o-),£/5>r;a, litt. phetissa; prophétie, gr. ;ipo-:p-firi'.y.\ prophé-
choses dites d'avance; cp. préface. tique, gr. npoip-ziTixài, prophétiser, gr. Tzpof/]-
PROLEPSE, gr. 7rpo/ïj|t,-, exact, traduit
par le L. anticipatio, action de prendre PROPICE, L. 2^ropitius;du verbe dérivé
d'avance.^ latin ijropitiare, rendre favorable, viennent
PROLÉTAIRE, h.proletarius, citoyen de la propitiation, -atoire, L. propitiationem, -ato-
dernière classe, pr. homme du peuple ; dérivé rius.
de *proletum, population (de proies, progé- PROPORTION, convenance et rapport des
niture); cp. plébéien. —
D. prolétariat. parties entre elles et avec leur tout, du
PRO — AU — PKO

L. proporlionem , mot créé par Cicéron pour D. prosodique, gr. ti/soîwoixo'j ; verbe /jroi'o-

rendre grec ivz/o/ta.


le D. proportionnel, — dier.
L. proportionalis ; yerha proportionner ; o\i^, PROSOPOPÉE, gr. T/so^coTrîTroï-y, personni-
dis-proportion. fication.
PROPOS, ^. propost (cp. dispos p. dispost), PROSPECTUS, mot latin, =. vue perspec-
du L. propositum = 1. dessoin, intention, tive, d'ensemble ; employé figu rénient
vue
volonté (signification encore propre au mot dans le sons de plan ou programme d'un
français) ; 2. sujetque l'on traite, thèse, ques- ouvrage on d'une entreprise annoncée.
tion, pr. chose que l'on met en avant. A la PROSPÈRE, mieux vfr. prospre, du L.
dernière signification se rattaclic la locution pro-sperus (sperare). D. prospérer, L.—
adverbiale à propos, convenablement au prosperare p7'ospérité, L. prosperitatem.
;

temps, au lieu, etc., dont on a fait le su bst. PROSTERNER, L. pro-sternere, couchera


Va propos, pour lequel les Italiens ont un terre, renveiser; de \k prosternation, -ement.
opposé dans sproposito, sottise, chose hors de Du supin pro-straturn vient le subst. prostra-
propos. Mais d'où vient l'acception « discours tio, abattement, d'où le terme médical fr. pro-

de conversation » qui prime aujourd'hui toutes stration.


les autres? Je pense que dans cet emploi, ^n'o- PROSTITUER, L. pro-stituere, litt. placer
j)os est le subst. verbal de proposer, pris dans en avant, exposer au public. — D. prostitu-
le sens ancien de dire, discuter. tion, L. prostitutionem.
PROPOSER, composé de jt»os^', fait d'après PROSTRATION, voy. prosterner.
le L. pro-ponerc, dont lesupin propositum a PROTE, (lu gr. T.p^Tii, premier, chef.
donné : proposition, fr. proposition, et propo- PROTECTEUR, voy. ;)roW^tr. D. protec- —
situm, fr. propos
m.). {v. c. torat.
1. PRpPRÉ, qui appartient à qqn. à l'ex- PROTECTION, \oy. protéffcr. —D.protec-
clusion de tout autre, particulier, bien carac- tio7i)uste {i\ôo\i)gïsmc).
térisé, L.jii-opiHus. —
D. propriété, L. proprie- PROTÉGER, L. pro-teyei-e (litt. couvrir par

tatem, 1. droit sur les biens qu'on a en pro- devant), par


d'où, le supin protcctum, les
pre; puis les biens mêmes ; 2. qualités, vertus sub.-<t. protectorem, -tionem fr. protecteur,
,

particulières d'une clio.se ; cp. ail. eiyenschaft. protection.


— D. s'approprier qqch., s'en faire le proprié- PROTESTANT, voy. protester. ~ D. ^pro-
taire. testantisme.
2. PROPRE, convenable, ayant les qualités PROTESTER, L. protestari. — D. subst.
particulières requises pour telle chose ; cette verb. protêt, ail. jn'otest ; protestant, nom
signification se déduit de celles du mot pro- donné en premier lieu aux Luthériens qui
pre traité ci- dessus. — D. approprier, ren- protestèrent dans la dièto impériale tenue à
dre propre. Spire en 1529 confie un édit d'une diète
3. PROPRE, net, opp. à sale ; c'est le même antérieure, tenue â Wôrms, prohibant toute
L. proprius dont il est question dans les deux innovation en matière de i-eligion le terme ;

articles qui précèdent ; l'acception « net •» s'est étendu à tous les schismatiqucs anti-
découle du sens « convenable »; c'est un des romains du XVI" siècle; protestation, L. pro-
cas rares où l'on remarque le passage de testât ion om.
l'ordre moi^al à l'ordre matériel (cp. lourd). — PROTÊT, voy. l'art, préc.
D. dim. propret (anc. aussi pn'opet) ; subst. protocole', du gr. 7rpwT5/.o>./ov. Ce mot
proprefê. signifiait chez les auteurs byzantins propre-
PROPRIÉTÉ, voy, propre 1. D. proprié- — ment le premier (tt/jwto;) feuillet collé (xoi)àv)
taire, L. proprietarius. sur les rouleaux manuscrits, et sur lequel on
PRORATA, du L. pro rata, s. e. parte, à énonçait sous quel « cornes largitionum » et
proportion, litt. pour la part déterminée. par qui le rouleau avait été écrit; plus tard,
PROROGER, h. jjro-roffare. — D.jtroroffa- le mot s'est particulièrement appliqué aux
tion, L. prorogatio. documents notariés, parce que ces documents,
PROSCRIRE. L. pro-scribere, bannir, d'où : d'après un édit de .Justinien, devaient, pour
proscriptionem, fr proscription ; proscriptus,
. prévenir les faux, toujours être accompagnés
fr. po^oscrit. de ce feuillet d'étiqtiette. Aujourd'hui l'on
PROSE, L. prosa (p. prorsa, s. e. oratio, entend par protocole le registre des notaires,
c.-à-d. langage droit, non contourné comme la minute des actes publics, etc.
le vers poétique ou oratio inversa). D. pro- — PROTOTYPE, gr. tt^wtotuttos = tt/swtoî
saïque, L. prosaicus prosaïser, proser, pro- ; tûttî;, premier tvpe.
sateur. PROTUBÉRANCE, du h. pro-tuberare, pré-
PROSECTEUR, L. pro-sectorem (secare). senter une saillie 'de forme aiTondie).
PROSÉLYTE, L. proselytus (terme des 1. PROU, adverbe, vieux mot signifiant
pères de rÉglise), du gr. 7t|00î-/;;uT5-:, litt. = assez, beaucoup, pas mal, prov. ^;iro, cat.
L. advena; donc pr. nouvellement entré dans prou, du L. prod contenu dans 2Jrod-esse, être
une société religieuse. — D. prosélytique, utile (voy. G. Paris Rom., III, 420). L'étym.
-isine. probe (Bie-i) doit être abandonnée.
PROSODIE, gr. ^poi-o,Si!K (litt. traduit par 2. PROU, preu, ancien subst. signi-
vfr.
le L. ac-centus), 1 accent tonique . 2. ensem- fiant profit, conservé dans « bon prou lui
ble des règles relatives à cet accent.
;

— fasse » ; c'est, comme le précédent, l'adverbe


. . . .

PRU — 415 PSY


prod dans prodesse, prode fieri, être ou deve- II, 569, et Vermi.schte Beitràge, p. 113),
nir utile. Voy. nviS'ài preux représentent des expressions analogues à
PROUE, it. prua, esp., port., prov. jjroa; drôle de corps, diablesse de femme (dont le
du L. prora, avec élision euphonique de IV savant romaniste de Berlin a rassemblé un
niédial, élision du reste tout à fait insolite. grand nombre d'exemples anciens). Elles sont
Le vlia. avait p. prora la forme ^ro^, définie donc primitivement =
preu d'hoynme, p/'ew
dans une glose ancienne par " prior pars de femme; preu ou preuz (voy. jjreux)
navis «, et l'it. dit anssi p7'oda pour proite. n'avait qu'un genre. Le peuple, dans la suite,
Le mot fr. pourrait donc, ce nous semble, en dégagea, par méprise, un adjectif preude
très bien venir, comme l'it. proda, dir. du et finit par écrire au Tplnrïelpi'eudes hommes,
germanique prot (ttcwts;?), et avoir à son tour preudes femmes. La prononciation prude est
déterminé les formes esp., etc.. jn-oa, prua. tout à fait moderne le passage de Berte cité
;

D'autre part, il se peut aussi que le mot ger- par Littré ne porte pas prude., mais preude.
manique soit emprunté du roman, d'après — D. pruderie.
l'encliainement suivant ipjrora [iip'hpu), proda, PRUDENT, L. prudentem (pro-videns), —
proue, proa, enchainemcnt qui serait parfai- D. prudence, L. prudentia.
tement analogue au suivant L. pti'urire, puis: PRUD'HOMME, homme sage et probe;
prudire, it. prudere, prov. pru;ser, port., d'après ce que nous avons exposé sous prude,
cat. pruir. D'après G. Paris (Rom., X, le d représente de, et le terme serait analogue
42), le fr. proue, qui n'apparaît pas avant le à p7'eu de femme; mais tout en admettant le
xv" siècle, est tiré de l'it. proda. bien fondé de ce que dit M. Tobler sur l'ori-
PROUESSE, voy. p)reux. gine de l'adj. prod, prou, nous sommes à
PROUVER, provcr (au présent sing.
vfi'. nous demander si l'on peut séparer le vieux
jjreu.ve),prov. provar, néerl. proevcn (ail. composé fr. prudome des termes analogues
priiféx), du L. prohare. —
D. preuve, BL. prov. pjrozom, esp. prohom,bre, it. produomo.
proba, subst. verbal. Il est admis aujourd'hui que l'élément procZ ou
PROVENDE, provision de vivres, it. pro- proz représente le prod latin dans le verbe
fe)uJa, voy. prébende. prodesse. —
D. prud'homie.
PROVENIR, L. pro-venire. — D. prove- PRUINE, h.pruina.
nant, d'où provenance. PRUNE, L. prunum. —
D. prunier; du
PROVERBE,
L. proverbium (verbum). — dimin. prunellus: l.masc. prunel', pruneau,
D. proverbial L. proverbialis.
. 2. fém. prunelle, petite prune sauvage et, par
PROVIDENCE, vfr. pourveance, L. pro- assimilation, =
pupille, l'ouverture ronde et
vide nti a. —
D. pyrovidentiel noire dans le milieu de l'œil (cp. l'expr. ail.
PROVIGNER, voy. l'art, suiv. augapfel, pomme de l'œil); de prunel décou-
PROVIN, \{r. pjrovain, provainff, prov. jjro- lent les subst. prunelaie, prunele'e
baine, it. propaggine., du L. propago, gén. PRUNEAU, voy. prune.
propaginis (cp., pour la îovvae, plantaginem PRUNELLE, voy. prune. D. prunel- —
devenu plantain). D provigner. — lier.
PROVINCE (forme savante;, L. provincia. PRURIGO, mot latin = démangeaison. —
— D. provincial. — Comme nom géographi- D. prurigineux, L. pruriginosus.
que, P7'ovincia a fait régul. Pt^ovence, d'où PRURIT, L. pruritus (prurire).
l'adj . pi'ovençal PSALMISrE,dér.duL.psa/mMi-(gr.'i«;v/Ao;),
PROVISEUR, L. pro-visorem, iitt. = pour- = fr. 2]sau)ne. De hoùp.d; et ùo/i vient ^ix^./jl'.i-

voyeur. où-j, chanter des psaumes, d'où ^x).p.rj)Six, fr.


PROVISION, L. provisionem (pro-videre), psalmodie, d'où verbe psalmodier. Du verbe
I action de prévoir ou de pourvoir; 2. choses
. i/zâ/Xîiv, pincer les cordes d'un instrument, dé-

amassées par prévoyance. —


D. provisionnel, rive le subst. iz/Tv-piov, h. psalterium, instru-
approv isionn er ment de musique et recueil des psaumes, fr.
PROVISOIRE, d'un type h. provisorias{]ivo- psaltérion et psautier.
videre), rendu par provision. PSAUME, vfr. salme, saume ; voyez l'ar-
PROVOQUER, L. -pro-vocare. —
D. provo- ticle précédent.
cateur, -ation, L. provocatorem, -ationem; PSAUTIER, vfr. sautier. Voy. p)salmiste.
provocatif. PSEUDO-, mot prépositif marquant fau.sseté
PROXIMITÉ,
L. proximitatem (proximus). ou apparence trompeuse, du grec <hvjhii-/,

PRUDE; =
sage, sensé, se
cet adjectif, pr. mentir, tromper.
prend aujourd'hui en mauvaise part pour PSEUDONYME, du gr. ^luUyjuixi; (f;055
exprimer une sagesse ou une circonspection 4- iîv5,u«), fait ou écrit sous un faux nom. —
exagérée ou affectée d'un type latin prudus,
; D. pseudont/mie.
contraction de pirovidus (comme prudens de PSYCHÉ, du grec iu^vi, âme; en mytholo-
providens). Telle est l'étymologie reçue, mais gie, le nom d'une princesse d'une grande
elle parait devoir être écartée. L'adj. franc. beauté, qui devint l'épouse do l'Amour. La
prude, inconnu aux autres langues romanes, fantaisie a fait nommer ainsi une espèce de
a été dégagé des combinaisons prud'homme miroir mobile permettant aux belles de se
et prude femm,e. très anciennes aussi dans la mirer dans toute leur beauté. —
De iu;^/i dans
langue 'aussi avoco ou eu p. u). Or, ces com- son acception propre, souffle, âme, nous
binaisons, comme le démontre Tobler(Ztschr., avons le dérivé psi/chique, gr. 'iiu/izo',-, et le
PUN 416 — PUR

cps. psychologie, gr. '^xiy^oloyis., science de fonncs pic. punasse, piém. punas autorisent
l'âme. à remonter à un i^poputinaceus. D. subst. —
PUBÈRE, mot de facture savante, h.pitber. jninaisc, fém. de pitnais, nom do l'insecte
— D. j)ubcrté, L. pubertatcm. puant par excellence.
PUBLIC, h.piiblicus populicus, de popu-
(p.
PUNAISE, voy. l'art, préc.
liis). — D. publicité; publicistc^ qui fait des PUNCH, orthographié aussi ponclic, mot
études ou des traités sur des questions du venu des Indes et tiré du sanscrit
angl.
droit ou d'intérêt public. 2mnch, cinq, le punch étant composé do cinq
publish, du L. publicare, ingrédients.
PUBLIER, stxigl.

d'où publicationem, fr. publication. PUNIR, L. punire. — D. punition, L. pu-


nitioncm jmnissable.
PUCE, it. pidce, esp. pulga, du L. index, ;

piUicis. —
D. puceron, é-pucer, it. s-pul- 1.
pus), cp
PUPILLE
en gr.
(de l'œil), fém., L.pujnllafim-
xopr,, pupille, pr. jeune fille.
ciare.
PUCEAU, ^t<ceZ*, fém. pucelle pnlcella), 2. PUPILLE,orphelin, masc. et fém., L.

du L. piûlicellits", dim. de ^m77us, jeune.


(it.
— 2n(pillus (pupus). —
D. pu2nllaire.
D. pucelage, dé-puceler. PUPITRE, d'un type lat. immédiat ;n(7jj/<K-
PUCELLE, voy. l'art, prée, lum, dim. Ao 2ndpitum, estrade; cp. epistola
PUDEUR, L. pudorem. —
D. impudeur. épitre. Je rétracte, comme contraire aux
règles de l'accent, mon ancienne explication
PUDIBOND, L, pudibundusJij^ndieTQ).
PUDIQUE, \j.pudicus (pudere). D.^j«/i- — du mot (bien que je la retrouve dans Littré et
sur un changement de
Brachet), reposant
L. pudicitatem; impudique.
citë,
PUER, vfr. p)uir, du L. putere. — Du paît, pulpitum en 2>i<pitli(>^i —
Pulpitum, régu-
puant puanteur pesan- lièrement francisé, devait (mvc iwute ; il est
prés, : le subst. (cp.
le type de l'it. 2^ul2iito et de l'ail, pndt.
teur de 2icsant) et le verbe empuantir.
PUÉRIL, L. puerilis (puer). — D. puéri-
PUR. h.2nirus. —
D. pureté, L. puritatem;

lité.,L. puerilitatem.
puron, petit-lait épuré; néologismes pw :

ristc, purisme, puritain.


PUGILAT, L. pugilatus Cpugilare).
PUREAU, t. de couvreur, partie d'une tuile
PUINE =
puis né. Voy. puis. ou d'une ardoise qui n'est pas cachée par la
PUIS, vfr. j)ois, prov. pois, esp. pues, port, tuile ou l'ardoise voisine; d'après Littré, do
poz, it. poi, d'après Diez du L. post; compo- 2nir. Cela est probable ; pur est souvent sy-
sés de-2)uis
: =
de-post {depuis emporte à la nonyme de simple, non doublé, nu.
fois une idée de point de départ et une idée PURÉE; comme aujourd'hui la purée
de succession ou de postériorité); puisque, éveille l'idée de passer par un tamis, on est ten-
anc. =
depuis que, après que (le sens de cau- té de voir dans ce mot un dérivé ou plutôt un
salité est sui'venu), littéralement le L. post- subst. participe, d'un verbe j)«rer, purifier.
quam; puîné = jniis né. — Avec M. Thomas Mais cette étymologie n'est que spécieuse. Le
(Rom., XIV, 574), je rattache pîf/5 plutôt à mot (notez les formes champ. j)oréc, poîrée)
un type \a.ûn postius' comparatif de 2?os<. ,
signifiait auti'efois tout simplement un potage
PUISER, voy. puits. D. puisard, puisa- — de légumes, et l'épond aux formes BL. porea,
tier ; cps. épuiser (cp. L. exhaurire). 2)urea, pureya, 2Mf^'eta, 2^ori'ecta, porraia,
PUISQUE, voy. puis. jusculum ex porris confcctum. C'est donc
PUISSANT, vfr. aussi poissant, d'un i)ar- prob. un dér. du L. porrum, ])orreau, légume
ticipe présont barbare jjoss(?ns, -ntis, depossum dont on faisait et dont on fait encore de la
{= potis-sum). — D. puissance, impuissant. soupe. Il parait cependant que l'anc. terme
PUITS, puis, 'puch, wall. puss,
vfr. 2^ois, purée de raisin est distinct de noti'o mot et
rouchi, pic. puche, \t.posso, esp.jwzo, flam. tient à puj'er, nettoyer ; cp. mère-goutte, de
put, du L. puteus. —
D. ^miscr, dans les pa- merus, pur. —
Brachet présente une tout
tois du Nord pucher. autre explication ; il enchaîne très correcte-
PULLULER, L. pullulare (pullus), faire ment les formes suivantes L. piperata (do
:

des jeunes, se multiplier. piper, poivre), d'où success. (v pevrée, pjeurée,


.

PULMONAIRE, -IQUE, du L. pulmo, -onis purée. Si l'on peut admettre que le poivre
= poumon.
fr.
joue le principal rôle dans la confection de la
PULPE, L. puljm. — D.puljjeuœ, L. pul- purée, cette étymologie doit l'emporter. 11 —
posus ; verbe pulper. est bien po.ssible que, suivant les applications
PULSATION, L. pulsationem fpulsare). dépurée, il y ait dans ce mot un concours de
PULVÉRISER, réduire en poussière; exten- plusieurs primitifs. Aussi l'on ne peut nier
sion du L. pulverare (pulvis) = fr. poudrer, que ce que l'on entend généralement par
couvrir de poussière. purée ne s'accorde à souhait avec l'ét. de Jo-
PULVÉRULENT, L. pulverulentus. ret, savoir L. pura7'e, « découler, dégoutter «;
PUNAIS, anc. puant en général, auj. par- c'est donc le coulis qu'on obtient en écrasant
ticul. puant du nez, prov. putnais. Le mot des pois, etc., et en faisant passer et purer la
est formé de la racine put (d'où putere, fr. bouillie à travers un sas. Voy Rom , IX,
puer) et d'un suffixe qui, bien certainement, 337.
n a rien de commun avec nasus, nez. Le mot PURGER, L.purgare (purus). — Y), purge,
répondrait parfaitement à un type it. piito- subst. verbal; purgation, -atif; purgatoire,
nazzo, mais cette forme n'existe pas. Les lieu où l'on se purge de ses souillures.
. . .

QUA 417 — QUA


PURIFIER, L. puri-ficare, d'où purifica- légèreté avec laquelle il me reproche d'avoir
tion. copié sur Littré la phrase erronée. » Par son
PURIN, dér. du h. pus,puris,\)\\?; orànve, étymologie, le moi pute, etc. »; il aurait pu
excrément. — D. puriner. — PuTOt, citerne et dû s'assurer que la phrase en question
à fumier, a la. même origine, était déjà textuellement dans ma 1^"" éd. qui
PUROT, voy. purin. date de 1862, tandis que Littré l'a reproduite
PURPURIN, dér. de purpura, pourpre. en 1869. Il n'y a pas de déshonneur à se
PURULENT, L purulc7itus (pus, puris). — tromper en société de Littré, mais je dois pré-
D. purulence, L. purulentia. férer assumer la responsabilité de l'erreur que
PUSILLANIME, L. pusiUanimus (pusillo passer pour un copieur servile et malhonnête
animo, cp. ail. klein-muthig). D. pusilla- — de l'illustre lexicographe. D. 2>ut^o.nisme.—
nimilé, L. ])usillanimitatem (Lactance). PUTATIF, L. putativus (putare), supposé.
PUSTULE, L. pusiula. —
D. pustuleux. PUTOIS mot tiré de la racine latine j3t(/,
;

PUTAIN, forme d'accu.satif du vfr. pute ^= puer, à cause de l'odeur infecte qu'exhale cet
fille (cp. nonain de tinnne). Quant h pute, it. animal l'it. a pit^-^o/a (de la forme verbale
;

piitta, il représente le fém. du L. putus, petit puzzare., puer), le BL. putaciiis, putosius,
garçon. \)e pute =
putain viennent les vieux putonius.
mots putuge et putei'ie =
putanisme, et le PUTRÉFACTION, du L. putrefacere; le
mot putassicr. Par son étymologie, le mot vei'be putre'/ier, vient d'un type 2nitreflcare
pute n'implique aucun mauvais sens, pas plus PUTRIDE, L. putridus. Q. putridité. —
que garce 1^. c. m.). Il n'est pas nécessaire PUY, anc. i^îjz, puie (voy. Cachet), lieu
d'attribuer à l'acception injurieuse " femme élevé, hauteur, prov. pueg, jnioi, it. poggio

de mauvaise vie » une influence de l'adj. vfr- poyo,


(esp., port, =
banc devant la maison),
put, qui signifiait puant, vil, bas, l'epoussant, du L. podiiun, terrasse, éminence, tertre. De
et qui est le L. putidus. Ne disons-nous pas jnii vient le verbe vfr. j^uier, gravir. Dans
encore « courir les filles ", comme on disait l'anc. langue, ^^i" signifiait aussi pièce pour
autrefois courir les, putes? —
Notice manière soutenir (dimin. pjao<); c'est à cette dernière
de voir a trouvé un contradicteur de gi'ande acception que se rapporte le verbe cps. aj)-
autorité. Le vfr. ji>iti, iém.. pute, d'où pjutain, puyer, it. appoggiarc.
ne peut, selon les règles strictes de la phoné- PYGMÉE, nain. pr. nom d'uH peuple fabu-
tique, représenter le lat. putus, jjiita (garçon, leux, dont la taille ne dépassait pas une cou-
fille);celui-ci eut produit it. poto, esp. podo, dée; grec nxi-iii.zùoi, de n.-j-nj.-h, pr. poing, puis
pou, fém. 2wue {ou plutôt, d'après G. Paris,
i'v. distance du coude à la naissance des doigts.
peu, pteué). Les îoYmes putta pjuta, fr. pnf^, ,
PYRAMIDE, gr. Try^.aa-:;, -mo;. D. pyra- —
accusent plutôt lat. pûtidus (cp. nelto, neto, midal, employé fig. d'une chose colossale;
fr. net de nitidus) et impliquent un sens mau- vei'be pt/ramidcr
vais. Tel est le fond d'un article de M. Fôrs- PYRITE, L. pyrites, gr. Trui^rv,; (rtUp).

ter, consacré à ces mots dans Grôber Ztsclir., PYROSCAPHE, bateau à vapeur, mot nou-
III, 5G5, en rectification de l'opinion de Diez, veau, formé de ttj/s, feu, et îx;fy/)> navire.
adoptée jusqu'ici par Littré et moi. Je me range PYROTECHNIE, l'art (rr/v/j) de se servir du
sincèrement à son avis, mais je mo plains de la feu {jfjri).

0,

QUADRAGENAIRE, L. quadragenarius; QUALIFIER,BL.2'Hfl7//<mrcfqualemfacere),


QUADKAGiiSiME, forme savante p. carême (v. c. certa qualitate donarc, d'où qualification,
m.). -atif.
QUADRANGLE.L. quadrangulus, d'où rpia QUALITÉ, L. qualitatom, d'où qualitativus,
drangulaire. fr. qualitatif.
QUADRATURE, L. quadratura (quadrare^ QUAND, L. quando.
QUADRI-, en composition, =-= L. quadri QUANT, adj. (dans quantes fois p. combien
(dans quadri-cnnium, quadri-laterus). de L. quantus.
fois), —
D. quantième; quan-
QUADRILLE, de quadriglia
l'it. petite ,
tité, L, quantitatem, d'où quaiititatif. —
troupe; on disait aussi esquadrille =- it. squa- L'adv. quant à est une locution elliptique,
driglia; voy. escadre, équerre tirée du L. quantum pertinet ad.
QUADRILLE, du BL. quadrillus carreau. , QUARANTE, L. quadraginta. D. qua- —
QUADRILLION, formé avec l'élément quadri rantième, quarantaine.
de la môme façon que billion avec bi [bis). QUADERONNER, terme de charpentier, de
QUADRUPÈDE, L. quadrupes, -edis. qicart de rond, cp. pour la forme le terme
QUADRUPLE, L. quadruplus. D. qua- — technologique plafonner de plafond.
drupler. QUART, 1. adj. =
quatrième, employé seu-
QUAI, néerlandais Aaaz, angl. /jffy, bas-ail. lement dans « quart denier, fièvre quarte »,
haje, digue le long d'un fleuve (vfr. caye et et dans le composé (terme de vénerie) (/uar ton
esp. cayo, banc de sable), du cymr. cae, enclos, p. quart an, quatrième année; 2.subst., qua-
barrière. 1 trième partie d'un tout. Du L. quartus. —
27
,

QUE — 418 — QUI

D. quarte; quartaut (vfr. quartal); quarteron quelongne, champ, coloigne. — L'ail, kunkel,
(suffixedimin. eron); quartier (v. c. m.); m s. a la même origine.
écarteler (v. c. m.). QUERELLE, d'abord plainte, puis grief,
QUARTAINE (fièvre), L. quartana febris, aflaire, débat, procès, du L. querela (queri),
fièvre quarte. plainte, ou plutôt, selon d'autres, de qucerella
QUARTAN, voy. quart. (de quœrere), mot latin dont on a des exem-
QUARTERON, voy. quai-t ples. —
D. quereller.
QUARTIER,L. quartarius (quartus) ; pr. QUERIR, vfr. quen'e (cp. cowrir et courre),
la quatrième partie d'un objet ou d'une éten- L. quœrere, d'où, par le supin quœstum, les
due, de là partie ou division en général subst. quajstor, fr. questeur; qusestio, fr. ques-
(«quartier d'un gâteau, d'une ville, d'une mai- tion, et le subst. partie, queste' quête.
son "j ; de l'idée quartier de ville s'est dégagé QUESTEUR, — D. questure.
voy. l'art, préc.
le sens certaine étendue de voisinage, canton,
: QUESTION, voy. j»tWr.— D. questionner,
puis en t. de guerre l'endroit où une troupe est questionnaire, L. qusestionarius.
casernée, campée, campement d'un corps do QUÊTE, voy. quérir. — D. d'où quêter,
troupes, d'où quartier-maitre. D'où vient l'ac- qurteur.
ception traitement favorable à l'égard do QUETSCHE, sorte de prune; do l'ail.
— D. quetschier.
:

troupes vaincues, grâce, pardon? Voici ce quctsclie prune.


qu'en dit De Brieux « Cela vient de ce que
: 1 . QUEUE, vfr. coue, coe, prov. coa, it. coda,
les Hollandais et les Espagnols étaient autre- du L. cauda. — D. couard (v.cm); quoail-
fois convenus que la rançon d'un officier ou ler,remuer la queue ; e'couer. — De queue,
;:

d'un soldat se payerait d'un quartier de sa terme de billard, on a verbe queuter.fait le


paye; de sorte que quand on ne voulait pas 2. QUEUE, futaille; d'origine inconnue, dit
recevoir à rançon, mais qu'en usant de tous les Littré; l'orthographe keuwe permet do sup-
droits de guerre quelqu'un tuait .son ennemi, poser que ce mot est identique avec vfr. cueve
il C'est en vain (pie tu offres un quar-
lui disait : (prononcez queuce) =
cuve, bien que la voyelle
tier de tes gages, on n'en veut point, il faut eu soit conti'aire au type latin cUj)a.
mourir. » Littré i)en.se (jue quni-ticr, au sens 1. QUEUX, luasc, cuisinier, vfr. cou, it.

de vie sauve, provient plutôt de quartier au cuoco, (lu L. ciiquus.


sens de logis, résidence « donner quartier »: 2. QUEUX, i'ém., aussi queus et queue,
sej'ait donc =
recevoir en son logis, à sûreté. pioi-re à aigui.ser, prov. cot, du L. cos, cotis.
QUARTZ, mot allemand. D. quartseux. — QUI, i)ron., L. qui et quis.
QUASI, mot latin (p. quam si) = comme si. QUIA (A), du L. quia, parce que. Être à
QUATERNB, quaternus. Voy. aussi
L. quia, c'eut no plus trouver raison pour répon-
ca/iier. —
D. quaternaire. dre, être poussé à bout. La métapliore se
QUATORZE, L. quatuordecim. D. qua- — rapporte à celui qui ne sait plus dire autre
torzième. chose que quia, sans achever la phrase énon-
QUATRAIN, dér. de quatre, cp. sixain de ç-<intla raison. P. Meyer (Rom., IX, 126), se
six. fondant sur les commentaires du vers de
QUATRE, prov. quatre, catre, esp. cuatro, Dante(Purg., III, 37) « State contenti, umana
:

it. quattro, du L- quatuor. — D. quatrième ; gente, al quia », croit que « être à quia »
quat7'ain. signifiait, dans le principe, être dans c«tte
QUATUOR, mot latin, = quatre.- situation modesteoù on .'^ait qu'une chose est
QUE, it. c/te, esp., port., prov. que. Comme (tô on, quia) sans réussir à en connaître la
pronom relatif, ce mot répond au L. queni, cause (rô êioTi).
quam, qitod, quid, pi. quœ ; comme conjonc- QUIBUS, argent comptant, écus. Ce mot
tion, au L. quod et quam, latin (ablatif plur. du pronom relatif) rend
QUEL (avec l'article lequel), L. qtialis; quel- exactement la phra.se française « de quoi »
conque, L. qualïscxmqne \ quelque, it. qualche, dans avoir de quoi ».
<•

prov. quahque, d'un type L. qualisquam QUICONQUE, L. quicumque.


formé d'après quisquam. QUIDAM, mot latin --^ un certain.
QUELQUE, voy. quel. — Composés : quel- QUIET, vieux mot savant L. quielus (qui, =
qu'un , quelquefois. dans le fr. du fonds commun, est devenu coi,
QUEMAND, mendiant, vfr. caimant, chai- V. c. m.j. —
D. inquiet, L. inquietus; quié-
mant ; d'origine inconnue. — D. quémander tismc, quiétude.
caimandise (Cotgrave;. On trouve en vfr. — ;

QUIGNON, p. cuif/non, dér. de coin, qui est


quémander p. comander, commander, mais le L. cuneus. En rouchi, on dit un keunié de
ni le sens, ni la forme ne conviennent à notre pain. Compavez c/ianlcau, decant, coin, bord,
mot, puisque la forme la plus ancienne est 1. QUILLE à jouer, it. quiglia, du vha. che-
cannent (3 syll.). hil, chegll, ail. mod. et néerl. kegél, pr. objet
QUENOTTE, dent des petits enfants, dimin. allongé en forme conique, ags. heel, hilc, —
du vfr. quenne, dent ou mâchoire, qui tient D. subst. quillier, quillette., verbe quiller.
sans doute au nord, kenna, mâchoire, goth. 2. QUILLE de navire, it. chiglia, esp. quilla,
kinnvs, mlia. hinne, joue. du vha. c/iiol, nord, kiotr, ags. ceol, ail. mod.
QUENOUILLE, conocchia, du BL. conu-
it. hiel. —
D. quillage.
cula, lequel est p. cohœula, dimin. du L. colus, QUINAUD, honteux, confus; d'après Littré,
m. s. On a conservé 1'/ naturel dans le bourg. tiré du vfr. quine, grimace (expression écour-
, . .

RAB — 419 — RAB


tée de quine-mine, espèce de geste moqueur), quième essence supérieurcauxquatre éléments
tiré du L. quint, cinq, à cause que les cinq de la terre. C'est ainsi que les pythagoréens
doigts étaient employés dans la quine-mine. qualifiaient l'éther; auj. le mot exprime la
— D. enquinaudeo' m.). (v. c. meilleure force extraite d'une substance quel-
QUINOâILLE, voy. clinquant.
p. clincaille, conque par les procédés chimiques, et fig. ce
— D. quincaillier, quincaillerie. qu'il y a de meilleur, de plus subtil dans une
QUINCONCE, du L. quincunx [quinque un- chose. —
D quintessencier, raffiner, subtiliser.
.

cise), 1 . monnaie de cuivre valant cinq onces QUINTEUX, voy. quinte.


ou cinq douzièmes de l'as cinq boules y étaient QUINTUPLE, h.quintuplus p. quintupler.
;

représentées pour en marquer la valeur 2. fi- — D. quintupler,


gure formée par des objets disposés respecti-
;

QUINZE, contraction du L. quindecitn. —


vement les uns par rapport aux autres comme D. quinzième, quinzaine.
le sont les cinq points sur un dé à jouer. QUIPROQUO, du L. quis (ou quid) pro quo,
QTJINE, L. quinus, mot analogue à qua- c.-à-d.aliquis (ou aliquid) pro aliquo, l'un
terne. pour Tautre ; d'après Littré, « de prendre un
QUININE, dérivé de quina, abréviation de quid pour un quod «.
quinquina (v. c. m.). QUITTANCE, voy. l'article suivant. —
QUINOLA, d'origine inconnue. D. quittancer
QUINQUAGÉNAIRE, L. quinquagenarius. QUITTE, vfr. cuite, prov. quiti, esp. quito,
QUINQUENNAL, L. quinquennalis (quin- ail. kwitt, du L. quietus, en repos. Le bas
quennium ^= quinque anni). latin attachait à quietus le sens « qu'on laisse
QUINQUET, ellipsci, p. lampe à la Quinquet, tranquille ,
qu'on n'inquiète plus , comme
du nom du premier fabricant (1785). s'étant dégagé de ses obligations », c.-à-d.
QUINQUINA (Linné cinchona), àvi péruvien libéré, affranchi, qui ne doit plus rien. De là
kinakina, signifiant écorce par excellence. leverbe quitter, d'abord laisser tranquille, lais-
QUINT, L. quintus. —
D. quinte, t. de ser aller, tenir quitte, renoncer à une chose,
musique. —
F o\xv quinte =
toux, voy. l'art. la céder, s'en désister, s'en séparer; de là le
quinte. subst. quittance, acte par lequel on quitte
QUINTAINE, BL. prov. quintana, it. chin- quelqu'un de qqch. —
Quitte ne peut venir
tana; d'origine inconnue. —
Papias définit le de quietus que par l'intermédiaire du BL.
mot pars platese qua carpentum provelii
: ^quitus, absolutus, liber. La forme pure a
potest. donné coi (v. c. m.), comme parietem, a fait
QUINTAL, it. quintale, esp. quintal, de 2xiroi. L'esp. distingue également entre quito
l'arabe qintar, poids de cent. et quedo. —
L'angl. quite, tout-à-fait, est le
QUINTAN, forme masculine de quintaine. même mot; pour la filiation des idées, cp. le
QUINTE, toux acre et violente, qui prend terme fr. absolument.
par redoublement fig. caprice, bizarrerie,
; QUITTER, 1. tenir quitte, 2. se désister,
mauvaise humeur (de làl'adj. quinteux). Le abandonner; voy. l'art, préc. Dai-mesteter —
sens toux procède-t-il du terme « fièvre quinte » (Rom., V, 151) ne veut pas déduire notre
fièvre qui revient tous les cinq jours, ou de^ verbe immédiatement de quitte, mais le fait
quinta hora, accès de toux revenant à chaque procéder du L. quieta,re, parla gradation pho-
cinquième heure? Les médecins en sauront nétique suivante quijetare (j
: yod ail.), =
là-dessus plus que moi. Pour ma part, je suis quijtai'e, vfr. quitter, auj. quitter; développe-
disposé à voir dans quinte une modification de ment analogue à celui de pitiéïs,s,\\ àe pietdtem
quinque (la permutation de  et i est fréquente Ce l'aisonnemcnt est juste, mais alors il faudra
dans les patois). Or, quinque se rattacherait au tenir quitte pour un adjectif verbal de quitter,
V. flam. kinchen, forme nasalisée de kichen, ce qui est admissible; ce qui ne l'est pas, c'est
ail. heichen, respirer difficilement, tousser d'expliquer Yi tonique de quitte, comme fait
péniblement. De ce kinchen viennent flam. : Brachet, en s'appuyant de Yi atone à.e pitié.
hinchhoest, ail. heic/i-husten, coqueluche, que QUOI, du L. quid (i bref latin oi fr.). =
je retrouve dans le rouclii quintousse p. qimi- Composé: quoique p. quoi que; cp. le vfr.
cousse. Le wallon de Liège dit caihioule, cai- quanque, m. s., p. quant que.
coule, le dialecte do Bayeux a clinke p. QUOLIBET, du L, quod libet, ce qui plait,
quinque [l épenthétique) —
Cp. à l'appui de
. tout ce qui passe par la tète.
cette étymologie, pour la forme, le vfr, ainte QUOTE, dans « quote-part », du L. quotus,
p. ainque, encre, et le nom de plante quinte- en quel nombre? —
D. quotité.Yoy. aussi cote.
feuille., p. quinque feuille (L. quinquefolium). QUOTIDIEN, L. quotidianus (quotidie),
QUINTESSENCE, pr, quinte essence, cin- QUOTIENT, du L. quotiens, combien de fois.

R
RABÂCHER. Les tentatives pour éclaircir Génln, dans ses Récréations, ne voit dans le
l'origine de ce mot ont été nombreuses néan-
; mot qu'une autre prononciation de ravasser
moins, la question leste encore sans solution. fréquent, de rêver, auj. rêvasser, mais sa
Nous ne reproduirons ici que ce qui, scienti- manière de démonti'er l'équation » 6 et =
fiquement parlant, mérite d'être mentionné. 6S =
ch ne trouvera guôi-e d'accueil auprès

RAB — 450 RAC


des philologues de l'école de son compatriote cune probabilité, ni pour la forme ni pour le
M. Gaston Paris. —
Chevallet( 1853) s'adresse sens. — D. râblu, râblé.
à l'élément celtique il cite l'écoss. rabhanach,
;
2. RABLE, instrument pour remuer, con-
rabâcheur, qu'il dérive de raft7/ac//aji, censure, traction des anc. formes rouble, rouable, lan-
réprimande, bret. rebecli, reproche. Nous ne
sommes pas assez celtologue pour apprécier
gued. redable; du L. rittabidutn, m. s. —
D. ràbJer.
la valeur de ces allégations, qui, au point de
RABONNIR, = re -f abonnir (v. c. m.).
vue phonétique, sont loin de satisfaire. Lit-
tré (1869), sans en tirer une conclusion pro-
RABOT, subst. àa raboter.
bante pour l'étym. de rabâcher, dont la ter- RABOTER; d'après Diez, ce verbe est p.
minaison est ti"op distante, rappelle vfr. raba- rabouter, et un composé de bouter, pousser,
icr (Berry rabàter), faire du bruit; il remanjuc heurter; cp. prov. rebotar, it. ributtarc,
en outre que Oudin, dans son dictionnaire, repousser. Cette signific^itiun première repous-
traduit rabascher par it. far strepito. Dans — ser, observe Dicz, est j)lus sensible dans l'adj.

la dernière édition publiée par les soins do raboteux, dont la signification propre serait :

« qui présente des reliefs, des objets qui


l'auteur (1870j, Dicz se borne à rapprocher
l'it. abbacare, tenir de sots propos, mais ce
repoussent ", et dans le moy. nécrl. rebot,
mot est tout aussi énigmatique que celui obstacle. Nous ne sommes pas porto, on le
qui nous occupe. —
Des deux conjectures pense bien, pour l'étymologio do Nicot, qui
que je m'étais permises dans ma première faisait venir rabot de radereboscum, et encore

édition (1862), l'état actuel de la question moins pour celle de Ménage, qui procède do
(il changera, faut-il espérer, quand auia la manière suivante radere. radum, radu-
:

paru la lettre r du dictionnaire de Godefroy) tuni, rabutum, rabot! Sans vouloir affirmer
m'engage à maintenir la suivante On dit en :
que Diez ait rencontré juste, nous tenons à
français, dans un sens qui coïncide avec celui remarquer qu'en termes d'arts et métiers, on
de rabâcher, serùier, rechanter toujoui"s la dit si.\\sû rabattre p. aplanir, raboter (cp. angl.
môme chose, chanter sur le même ton, puis rebate); ce rabattre pourrait fournir, comme
aussi familièrement viellcr; en aW.Jciern ^pr. synonyme répondant à une représentait ion
jouer de la vielle) s'emploie de même p. répé- analogue, un argument en faveur de l'origino
ter toujours la;néme chanson, le même refrain. pré'iée iircboter par le linguiste allemand. —
Pourquoi donc ne rattacherait-on pas aussi Une explication au moyen de raspoter, rapo-
rabâcher, sans s'appesantir sur l'orthographe ter, d'où, par adoucissement, raôoto', manque

à, à rebec == vielle (v. c. m.), qui existait d'appuis historiques. —


D. rabot, raboteux.
sans doute aussi sous la forme variée rabac, RABOUGRIR ; faut supposer pour primi-
il

puisque le catalan dit rabaquetf Avant — tif un adj. btiuf/re, ayant la valeur de « débile,
de nous séparer de ce vocable, mentionnons étiolé ". Mais malheureusement, cet adjectif
encore que le genevois dit rcbàchcr et le wal- est purement hypothétique. Ménage, par un
lon do Liège rabègi. Pour ne rien négliger de ces tours de force qui lui sont propres,
d'utile à la solution du problème, rappelons arrive à renouer le mot au L. abortus (avor-
aussi que les dialectes du Midi présentent le ton) Pour nous, nous avançons timidement
!

subst. rabasta, dispute,


chamaillis et les la question Rabougrir ne serait-il pas trans-
:

verbes rabaslar, rabast(jar, tarabuster, tra- posé de ragroubir, et ragroubir un rejeton


casser. de la famille germanique hrub hrupfEn ail.,
RABAIS, subst. verbal de rabaisser. l'on traduit en effet rabougrir par vcrhriip-
RABAISSER, voy. abaisser. —
D. rabais. jjeln; cp. aussi le champ, se ragroubiller, .se
RABAN, voy. hauban. —
D. rabaner. blottir. Littré part de bougre, hérétique, qui

RABAT, voy. l'art, suiv. aurait dégagé le sens de contrefait, mal venu.

RABATTRE,voy. abattre. —
D. rabat :
Diez (dernière éd.) concilie mon opinion avec
celle de Littré par la supposition que la fan-
1 action de rabattre, diminution de prix (ail.
.

taisie populaire, voulaut colorer le mot en le


rabutt) ; 2. chose rabattue, petit collet des
gens de robe et des ecclésiastifjues; rabatte- rapprochant de bougre, aurait transformé
ment (terme de droit) ; cps. rabat-joie. ragroubir en rabougrir. Voy. aussi 7'ccrolnl-
RABBIN, de l'hébreu rabbi (vir amplissi-
ler. —
Godefroy cite d'un texte de 1409 :

chesnes bougres (rabougris).


mus), titre honorifique des docteurs de la loi
judaïque du temps de Jésus. RABOUILLÈRB, trou où la lapine fait ses
petits ; d'un primitif immédiat rabouille, qui
RABDOMANCIE, gr. /i«g55A'«vr-t«, divina-
tion par lemoyen d'une baguette (pi'.èooi}.
tient à la môme racine que l'angl. rabbit (anc.
rabct), lapin, v. flam. robbc, wall. robelle.
RABIOLE, -OULE, grosse rave, d'un tvpe
rabeola, dér. du BL. 7'abea, raba, =" L.
RABROUER, voy. sous brave. L'étymo- —
logie L. î-e/7ro&are n'a aucune vraisemblance;
o'apa.
pas plus que celle de l'abbé Corblet, qui pose
1. RABLE, partie de certains animaux, pour type L. re-abrogare.
surtout des lièvres c'est le bas des épaules
; RACAGE, voy. ragot.
jusqu'à la queue ou jusqu'aux cuisses. Ménage
RACAILLE; le primitif de ce mot est,
fait venir le mot de ra^ndum, dérivé de rapiim, d'api^ès Diez, le nord, rachi, angl. racA, chien
auquel il prête le sens de queue, en alléguant
(ail. racher, rehel). Cette manière de voir
lesp. rabo, queue.. Cette étymologie
n'a au- peut, en effet, s'appuyer de l'analogie du tei'me
.

RÀG — 421 — RAF


canaille, qui vient de canis. Le gr. px/.oi, deuxième c est un abus. — D. racoleur, -aye.
guenille, conviendrait parfaitement (cp. pe- RACONTER, voy. conter.
naille, m, s., àepannus,\t\m\)o.im),s'i\ fallait RACORNIR = re -\- acornir (inusité), ren-
absolument, à défaut d'autre ressource, avoir dre dur et coriace comme de la corne, dessé-
recours au grec. Le mot n'étant pas très cher, rabougrir.
ancien, on pourrait aussi lui supposer une 1. RADE, vieil adj., signifiant prompt,
forme antérieure rascaille, et le ramener, rapide, formé du h.rapidus (rap' dus), comme
ainsi que l'angl. rascal, coquin, au verbe ro- sade (dans ^naussade) Ae sapidus. L'adi. rade,
man rascare, racler (il exprimerait « raclure, encore usité dans les patois, correspond au
déchet, rebut "), ou bien à rasca^ radie, port, raudo (cp. dans cette langue caudal du
teigne, gale. —
Littré établit l'étymologie L. capitalis, résolution de ^? en u). Je ne vois
raca, terme d'injure syriaque, cité dans l'évan- pas pourquoi Diez rapporte ces mots plutôt à
gile. — Pour faire venir racaille de race vabidus qu'à rapidus. On disait autrefois la
(donc « mauvaise race »), comme on me l'a radeur de l'eau p. la rapidité de l'eau; Je ne
proposé, il faudrait racaille. puis non plus approuver Gachet, qui invoque
RACCOMMODER re = +
accommoder (v. le flam. rad, prompt, et l'angl. ready, prêt,
c. m.) --^^ remettre en état, rajuster. D. rac- — qui sont de source germanique vha. rado', :

comm,odage (sens propre), racommodement rato, hrato, mha. ge-rat, prompt.


(sens figuré). 2. RADE, subst., it., esp. 7-ada, ail. rhede,
RACCORDER — re -\- accorder, remettre ni. reed.e, 7'ee; du nord, reida, équipement,
d'accord. — D. raccord, raccordem,ent armement vaisseaux). C'est donc litt. le
(des
RACCROCHER = re -\- accrocher. — lieu où
équipe les vaisseaax. Cp. ail.
l'on
D. raccroc. rheder, armateur. Nicot songeait à radere
RACE, lignée, it. 7-az^a, esp., port., prov. terram,! —
D. rader, dérader.
ra:;a, angl. race; du vha. reiza, ligne. Les RADEAU, radel", prov. radelh, dimin. du
formes romanes ne s'accordent nullement avec L. ratis. Ce mot latin, =
trabes connexse,
l'étymologie L. radicem [nom. 7-adix), dont Vi doit, je pense, être aussi, par un dérivé rata-
est long. —
D. racer. rius, le primitif du fr. radier, assemblage de
RACHAT, subst. de 7'acheter [anc. rachater), madriers.
voy. acheter. RADER du sel, du grain, faire tomber avec
1 RACHE, lie de goudron (dans les Grisons la racloire de dessus les bords, du L. radere,

.

rascha), d'un type rasica, dér. du L. rasis, raser. D. radeur, mesureur.


poix brute. RADIAL, L. radialis; radiation, rayonne-
2. RACHE, rascAc, teigne, prov. rasca,
vfr. ment, L. radiationem. De radius, rayon.
subst. verbal de rascar, fr. radier, gratter 1. RADIATION, rayonnement, voy. l'art,
= L. rasicare (voy. l'art, suiv.). D. ra- — préc.
dieux; du type rasca vient aussi le dimin. RADIATION, action de rayer (voj. raie 1).
2.
ragiiette (p. rasffuette), herbe aux teignes, RADICAL, L. radicalis (radix). D. o'adi- —
parelle (cp. muguet de muscatus). calisme. Le radical veut des réformes radi-
RACHER, faire un tracé avec la pointe du cales, c.-à-d. qui partent de la radne.
compas sur une pièce de bois; du L. rasicare" 1. RADIER, subst., voj. radeau.
(dér. de rasum, supin de radere, gratter)? 2. RADIER, verbe, forme savante de rayer.
Cp. port, rasgo, trait fugitif, esquisse. RADIEUX, L. radiosus (radius), rayon-
RACHIS, colonne vertébrale, du gr. 'pkyi;, nant.
m. s., d'où pxyârii, moelle épinière, puis en RADIS, ail. radies, voy. racine.
pathologie le nom rachitis, nouure, d'où ra- RADOTER, vfr. redoter, redouter, du v. flam.
chitiqve, -istne. doten (Kiliaen), aussi dutten, angl. dote, m. s.
RACINE, prov. razina, valaque redecine, — Casaubon faisait venir radoter d'Hérodote
du L. radicina' dér. de radix. Le simple
, (quel aff"ront !), La Mothe le Vayer de rc-addu-
radix ''ace. -Icem) existait dans la vieille lan- bitare ; et voilà comment les savants se four-
gue sous la forme raïs ; la botanique nous l'a voient ! —
Tout satisfait que je suis de l'éty-
rendu sous celle de radis. D. raciner, ra-— mologie germanique ci-dessus, émi«e déjà par
cinal, en-raciner, dé-raciner. Frisch. il m'est venu l'idée que vfr. redoter
RACLÉE, volée de coup, t. populaire; de pourrait aussi être considéré comme itératif
racler (v. c. m.); cp. l'exp. frottée. de vfr. reder, être fou (voy. rêve, et mon
RACLER, ratisser, gratter, vfr. rasder, it. Glos.saire de Froissart, v° enj'ederie).
rasdiiare, cat. rasdar, d'un type L. rasicu- RADOUBER, voy. adouber. D. radoub. —
lui'e; formes diminutives de l'it., port., prov. RAFALE, peut-être d'un verbe raffaler,
rascar, fr. radier, gratter L. rasicare' = composé Aq affaler, terme de mai-ine, pousser
(de rasum, supin de radere). D. racle, — un bâtiment vers la côte. Richelet cite la
racleur, -oir, -oire, -lire, raclée. Baist rat- — forme raflais (un coup de vent qui rafle ?), ce
tache rasder à un type lat. rastulare (de qui rend cette étym. douteuse. Storm/Rom., —
rastrum, râteau), en rapprochant \sit. pestulus V, 182) allègue l'esp. rafaga, coup de vent,
= it. pesdiio, lat. fistulare it. fisdiiare, = qui pourrait avoir été transformé en fr. sous
lat. ustulare =
prov. icsdar. l'influence de afpder.
RACOLER, renforcement de accoler, pren- RAFFINER, voy. affiner.
dre i)ar le col ou le collet. L'absence d'un RAFFOLER, voy, affoler.
RAI 422 RAI

RAFLE, 1 action de rafler 2. grappe dont trait); co verbe répond directement au L.


;


.

on a raflé les grains. — Voy. rafier. Cp. radiare, d'où vient le terme savant verbe
râpe. radier et subst. radiation, action de rayei'.
RAFLER, enlever avec rapidité. Ce mot 2. RAIE, entre-deux des sillons, puis sillon,
(ainsi que l'it. arraffare ou -iare, s'emparer vfr. raie, prov. rcga, du BL. riga, m. s.

vivement de qqch., piém. rafa, butin, gain, (subst, verb. de rigare, arroser). Cp. rigole.
lorr., pic. raf]'e =
rafle, etc.), vient du mha. 3. RAIE, poisson, L. raia. D. dim. raie- —
reffen, ali. mod. raffcn, saisir promptement ton ou raicteaii.
(congénère sans doute avec le L. rapere), d'où RAIFORT, du L. radix fortis, pr. racine

le subst. ail. raff'el, instrument pour racler forte, rai on rais, racine, a existé dans
si

ou arracher; cp. aussi le nord, hrafla, enle- l'anc. langue, mais il ne peut venir que de
ver lestement. —
Rafler peut aussi se rame- rùdix, et non pas, comme dit Bracliet, de
ner à im type rasjmlare, dérivé de BL ras- radicem, dont l'a est long et accentué.
pare (fr. râpa*). —
Cps. éraflei'. l'ne va- — RAIL, mot anglais, =
barrière, barreau,
riété de rafler est riflcr[\. c. m.). balustre, puis ornière de chemin de fer. Les
RAGE, prov. rahia, raije, du L. rabies (i étymologistes le rapportent à l'ail, riegel,
consonnifié). —
D. râper, enrager. regel, barre, et l'analogie de sail (voile i
=
crampon en au timon ail. segel leur donne rai.son; c'est ce qui me
RAGOT, subst., 1. fer
fait abandonner l'idée que rail pourrait être
d'une chan^ette ; 2. vfr. =^ cochon de lait, auj.
sanglier de 2 à 3 ans; 3. grosse rave, d'où de source romane (p. raiel, dimin. de rai,
l'adj. ragot =
de courte taille, gros, ramassé, radius). —
D. t. angl. rail-way, chemin do
dim. ragotin ; 4. homme d'humeur chagrine, fer; verbe déraille)- (ou, ce qui vaut mieux,
d'où ragoter, murmurer, verbe qui, à son dérailer). sortir des rails.

tour, a dégagé le subst. ragot, bavardage, RAILLER, d'un type latin radtdare{r&à&re),
médisance. —
De ces quatre valeurs du mot gratiller, d'où viennent aussi esp cat. rallar, ,

ragot, je ne m'explique que la troisième, mais port, ralar, frotter (cp. L. rallum p. radu-
en appliquant la méthode Ménage et en for- Uim). Le vfr. rasgler accuse un type rasicrt-
geant un type rajncus, d'où rapicottits, rap- lare (cp. racler; néerl. raeckelen). Que le pri-
coiltis, racottiis. —
Pour la quatrième, cp. mitif immédiat soit rasiculare ou radulare,
l'cxpr. patoise équivalente ragoimer bou- = l'acception du verbe railler est sans aucun
gonner. —
Pour la deuxième, cp. le wall. doute une métaphore tirée du sens primitif
rogiiin, jeune cochon. —
La première (cram- gratter, déchirer, écorcher. Cp. les expr. ana-
pon de fer) tient peut-être à l'ail, ou angl. logues vfr. ratnponner, railler (v. c. m.); fr.
rack, d'où le t. de marine fr. racage, appa- brocard; flam. schrobben, ail. schrauhen,\iT.
reil pour serrer la vergue contre le mât. frotter, gratter, fig. railler; flam. schcersen,
ail. schcrzen [t), railler, plaisanter, dér. do
RAGOUT, subst. verbal de
A
ragoiUer.
scheren, tondre, raser? — Je ne puis sous-
RAGOUTER, composé de vfr. agouster au crire à proposée par Flechia
l'étym. type

:

sens de mettre en appétit. D. ragoût, mets ragulare, de 'ragire = bragire,


tiré fr.
assaisonné, propre à exciter l'appétit; adj. braire, — D. railleur, — L'anc. langue
-erie.
ragoûtant L'opposé de ragoûter est dégoûter. avait le subst. raillon = dard, et soc de char-
RAGRÉER ; dans ses diverses applications, rue, pr. le déchireur.
ce verbe se rapporte à agréer (voy. agrès), au 1. RAIN', lisière d'un bois, de l'ail, rain,
sens foncier de mettre en état. D. ragret, — limite. Ce mot ail. correspond au nord, i-ein,
t. de relieur, derniers apprêts donnés à une angl. du nord ram, dan., suéd., flam. rên,(]m
reliure cp. agrès (^p. agrets, dontle t est con-
; tous signifient limes, proca, lira, margo.
forme à l'étymologie du mot). 2. RAIN*, branche, rameau détaché chargé
RAGUER, terme de marine, écorcher ( « câble de ses feuilles, du L. ramus. D. raineeau —
ragué de l'angl. ro^, lambeau, ags. hracian
" ) ; ou rinceau (type latin ramicellus), pr. petite
déchirer. Diez, toutefois, le rapporte au nord. branche, feuillage.
raka, frotter. RAINGEAU, voy. l'art, préc.
RAGUETTE, voy. rache 2. RAINE, vieux mot p. grenouille, du L. rana.
RAI, vieux mot, employé au pluriel seule- — D. rainette, petite grenouille. D'après Le
ment (« rais du soleil, d'une roue >»), prov. raig, Duchat pomme rainette ou
et l'Académie, la
rai. C'est le L. radius (cp. glai de gladius, reinette est ainsi nommée parce qu'elle a la
voy. glaieid), it. raggio, razzo, esp. port. pelure marquetée comme la peau des raines.
rayo. Le simple rai a fait place au dérivé RAINER, faire ime entaillure en long au
rayon (v. c. m.). Le L. radius a produit aussi jbord d'une planche pour y assembler une
des formes féminines, savoir it. razza, rayon : autre ou pour servir à une coulisse. Il faut
de roue, esp., port, raya, fr. raie (v. c. m.), renoncer à une dérivation directe de raie; un
d'où rayon, trait, ligne. A rai (pi. rais) de type latin radinare (de radere) me semble
roue se rapporte le verbe enrayer. Voy. aussi également inadmi.ssible. J'incline, dans une
rail. mesure égale, pour les deux hypothèses sui-
RADE, voy. roide. vantes l. de rai7i (v. c. m.), limite, bord,
:

1 RAIE, trait tiré en long, voy. l'art, préc. sillon; 2. p. raisner ou raisener, du vfr. raise,
— D. rayer,
.

faire des raies, puis aussi biffer, prov. rasa, rigole quanta celui-ci, il est le
;

effacer (cp. en ail. streichen, biffer, et strich, nord, ràs, ags. raes, angl. race, m. s. (voy.
RAM — 423 — RAM
aussi race). —
D. rainoire, rabot pour rainer; bures; de Rambures, localité des environs
rainette ou rénette (outil; ; rainure; les épin- d'Amiens.
gliers, par changement de liquide, disent la 1. RAME, branche plantée en terre, pour

railure d'une épingle cette forme, on ne peut soutenir des pois, du L, rama p. ramus,
en disconvenir, serait favorable à une conjec-
;

branche. Voy. l'art, suiv. D. ramer. —


ture qui verrait dans rainer une altération de 2. RAME, aviron c'est le même mot que le
;

raieler et par là une dérivation de rai ou précédent, c'est-à-rlire le correspondant de


du dim. raiel. it., esp., prov. rama, branche, formes fémi-

RAINETTE, voy. raine et rainer. nines du L. ramus. Le mot rame, dans plu-
RAIPONCE, aussi raponce, reponce; Linné : sieurs métiers, exprime \\n instrument, un
campanula rapunculus; dans les autres langues, bâton servant à remuer des matières en fusion
on a it. raperonzo, ramponsola, romagnol
: ou liquides il n'est donc que très naturel de
;

raponzal, esp. reponche, ruiponce, ail. ra- lui voir prendre la valeur d'aviron. Cp. gaél.
punzel. C'est un dérivé du L. râpa, rave, au ramh, qui signifie branche et rame. Il n'est —
moyen de suffixes italiens (Diez). pas admissible que rame vienne de l'équiva-
1 RAIRE raser, du L. racler e, dont le
. , lent L. remus (it., esp., port, remo, cat.,
supin rasum a donné le fréq. rasare, fr. prov. rem) ce primitif aurait fait 7^ei7i, comme
;

raser. ramus a fait rain. Cette forme rein se trouve


2. RAIRE, bramer, type latin rdgëre, p. en dans la Chronique de Benoit (xii" siè-
effet
ragîrc, mot onomatopée, formé d'après l'ana- cle) ; y a donc, dans les diverses formes
il

logie de mugire, rugire, vagire; l'it. en a fait romanes, un double courant, l'un partant de
par extension ragghiare (cp. L. mugire, vfr. ramus, l'autre de remus; ce n'est pas au der-
muire, it. mugghiare). Voy. aussi braire. — nier qu'appartient la forme rime, fréquente
1 RAIS, part, passé de raire I On ne s'en
. .
dans l'ancienne langue et usuelle surtout dans
sert plus que dans la locution « ne se soucier Froissart, laquelle procède direct, du vha.
ni des rais ni des tondus ». riemo, nha. riem, ni. riem (rame). D. = —
2. RAIS, plur. de rai (v. c. m.). ram.er.
RAISIN, prov. rasim. esp. racimo, du RAME, mesure de papier (vingt mains),
3.

L. racemus. En vfr, et en pic. on trouve aussi vfr. raime, angl. ream, it. risma, esp., port.
raisin, puis rosin; c'est de ce dernier que resma, néerl. riem. De l'arabe rizma, ballot,
l'ail, a tiré rosine, raisin sec. — D. raisiné. paquet; cette étymologie, posée par Sousa,
RAISON, L. rationem. D. raisonner, — suivie par Pihan et Engelmann, et en der-
nier lieu démontrée par Dozy, ne laisse plus
-ement, -able, -eur, arraisonner ; cps. dérai-
son. La langue savante a tiré de rationem le
aucun doute. La fabrication de papier de
coton, introduite en Espagne par les Arabes,
substantif ?'a<zon (v. c. m.) etl'adj. rationnel.
florissait dans ce pays pendant le moyen âge.
RAJEUNIR =re -{- ajeunir.
L'it. 7'isma, syncopé en rima, a donné les
RALE, 1. action àe râler [\. c. m.); 2. nom formes rim,, riem,, ream, ; par apocope elle a
d'oiseau, voy. râler.
produit l'ail, ries, suéd. ris. Le fr. rame sup-
RALER, selon Diez, de provenance germa- pose donc des intermédiaires raisme, resme.
nique; angl. rattJe, néerl. et bas-ail. ratelen — L'étym. àpiS/xo; (nombre), proposée par
(ail. rasseln). J'ai rencontré dans Froissart la Muratori, doit être définitivement écartée. —
phrase « Et ouïrent les chevaux arateler « ;
: D. ramette, rame de petit papier.
elle confirme (îette étym. D. râle, râle- — 4. RAME, dim. ramette, châssis d'impri-
ment, râleux. L'oiseau râle, d'où ail. ralle, meur, du ni. rahmen, cadre.
raam, ail.
tire également son nom du verbe râler; cp. RAMEAU, rameV, d'un type L. ramellus",
les expr. correspondantes n. prov. ronfle du dim. de_ ramus, branche.
verbe roufla =
ronfler, pic. roussclet de l'ail. RAMÉE, branchages, fagot de rames,
rosseln, esp. ronca de roncar ; ail. wiesen- fouillée dér. du L. ramus, branche.
;

schnarcher, pr. le ronfleur des prés. RAMENER, =


re -j- amener.
RALINGUE, du néerl. raa (vergue) -\- néerl, RAMENTEVOIR, vieux mot faire souve- =
leik, suéd. lik (cordage de bordure). Le mot nir; c'est \\n composé du verbe vfr. amente-
serait donc p. ralique ou ralinque. — D. ra- voir ou amentoivre, prov. amentaver ; ce der-
linguer. nier représente la phrase lat. ad mentem,
RALLIER, = re -}- allier. — D. rallie- habere, it. a mente aver, avoir à l'esprit, se
ment. souvenir. Le sens « se souvenir » a, dans la
RAMAGE, 1 . branchage, feuillage, 2. ellipse suite, tourné en celui de » faire souvenir " ;
pour chant ramage, cantus La der- silvestris. cp. cesser = faire cesser, passer = faire
nière signification se rattache à un ancien adj. passer, etc.
ramage (type ramaticus) qui signifiait silves- RAMEQUIN, tranche de pain grillée, sur
tris. Du primitif L. ramus. D. ramager. — laquelle on étend de la crème ou du fromage ;

RAMASSE, de l'it. ramazza, espèce de traî- c'est l'ail, râm, rahm, crème, pourvu du suf-
neau en branchage, dér. de ramus, branche. fixe diminutif néerl. kin, ken (ail. chen).
— D. ramasser, traîner dans une ramasse. RAMEREAU, voy. ramier.
RAMASSER, re -|- amasser. =D. ra- — RAMETTE, voy. rame 3 et 4.
mas (subst. verbal), ramassis. RAMEUX, L. ramosus (ramus).
RAMBQUR, espèce de pomme, anc, ram- RAMIER, pigeon ramier, = qui perche sur-
RAM — 424 RAN

les branches, pigeon sauvage, dér. du L. ra- Pour la filiationdu sens, cp. railler, pr. grat-
mus, vfr. rain, branche. —
D. dim, ramc- ter, déchirer; ramponna' en vfr. aussi ram-
reau. prôner], c'est pr. donner des coups do griffo ;
RAMIFIER, d"iin type ramiftcare, faire des nous disons bien aussi au figuré donner des
branches (rarnus). coups do patte.
RAMILLE, prov. ramilla, menues brandies, RAMURE, branchage d'un arbre, bois d'un
dér. dimin. àeramus, branche. cerf, dt'r. du L. ratnus, branche.
RAMINA6R0BIS, nom appliqué par Rabe- RAN, dans quelques contrées =
bélier;
lais au poète Guillaume Crétin, par La Fon- c'est le nôorl. et angl. ram, ail. ratnm, m. s.

taine au chat. Nicot disait que c'était un mot RANCART, dans la locution mettre an ran-
« de gaudisserie ", forgé à j)laisir pour tour- cart, mettre de c6té. On a proposé deux expli-
ner on ridicule un homme grave. Borcl y cations. Baudry, dans Littié, suppose qu'il
voyait une corruption de domine Grohis [gro- faudrait lire rencart, qui serait p. récart (do
bis est un vieux mot fr. signifiant homme fier, re -\- écarter) ; Delbouille, en effet, dans son
important, présomptueux, voy. Godefroy). Gloss. de la vallée d'Hyères, cite la loc.
Selon Le Duchat, c'est un composé de va « mettre au récart ». D'autre part, le Gloss.

(abrégé de raoul. matou) -f- hermine ffour- du doyen Bridcl (Suisse romande), mentionne
rure) ou mine -\- grobis ; le mot signifierait un mot du Valais rakard, signifiant fenil,
donc soit le matou qui fait le grobis sous la petite grange.
fourrure d'hermine, soit le raoul ou matou RANGE (ail. ramig), esp. rancio, du L. ran-
à mine de grobis D'autres, se fondant sur la cidus (pour la chute du suffixe, cp. pâle de
forme rominaffi'obis, rattachent romina au j)allidns, net do nitidu.^). —
D. rancir, d'où
verbe rominer, qui se dit en Berry du mur- ranci>snrc.
mure de satisfaction dos chats. La critique RANCHE. échelon d'un rancher, du L.ramea?,
n'a pas trop de prise dans les questions de -Icis, branche, bâton (dér. de ramus). —
cette nature; aussi nous nous abstenons do D. rancher. —Le même latin ramex, rami-
nous prononcer. cis, branche, a donné le terme de marine
RAMINGUE, prov. 7-amenc, it. ramingo = rancc, bois pour consolider le haut d'un vais-
jeune faucon, qui vole de branche en branche. seau, ainsi que les mots rançon^ anc. -^ pique
C'est un dérivé de ramus, branche ; le suffixe à trois branches, jiuis le t. héraldique ran-
cependant est germanicpie. Le fr. a transporté chier, rangier, for d'une faux.
le mot au cheval tôtu, rétif. RANÇON, vfr. raençon, angl. ransom, ni.
RAMON, balai, dér. de L. ramus, branche. ransoen, du L. redemptioncm, rachat, subst.
— D. ramoner (dans les patois, vergetcr, de redimere, racheter (ce verbe s'est conservé
fouottor', d'où ramoneur. dans quelques patois .sous la forme vfr. raem
RAMPE, voy. l'art, suiv. — D. rampei\ bre). — D. rançonner, mettre à rançon, fig.
t. d'architocture. surfaire le prix.
RAMPER; lacception actuelle est déduite RANCUNE, modification du vfr. rancure,
de l'ancienne signification « gravir, grimper », ital., prov., esp. rancura, qui, lui, accuse un
encore propre à l'angl. vamp, et à laquelle se type L. rancôrea, rancôria, dér. de L. rqncor,
rattachent le subst. rampe, plan incliné, 1. rancidité, 2. rancune (Saint Jérr>me). Voy.
montée, escalier (puis balustrade d'escalier;, Grob. Ztschr., V, 98. —
Le L. rajjcor a donné
et le terme héraldique lion rampant mon- = vfr. rancœur, prov. rancor, it. rancorc. —
tant. Ramper, grimper, est de la famille de En vfr., rancune signifiait aussi « contrariété,
rit. rampa, griffe, rampare, donner des coups chagrin •», faire rancune = molester. — D,
de griffe, et rampo, crochet. Or, ces mots rancunier.
se rapportent au bas-ail. rapen (en Bavière RANDON, impétuosité, violence de là ran-
;

rampfen), s'accrocher. Le prov. a, pour ram- donner, aller rapidement, d'où le subst. ran-
per, la forme non nasalisée rapar. L'enchaî- donnée, circuit que fait un bête lancée autour
nement des significations se présente donc d'un lieu avant de le quitter. D'après Diez,
ainsi s'accrocher, grimper, gravir, aller à
: randon, prov. rando, est le dér. du prov.
quatre pattes, ramper. Voy. aussi l'art, grim- randa, qui signifie point extrême, ])uis fig.
per. Après tout, il se peut bien que le L. résolution extrême, violence, d'où la locution
repère ait exercé quelque influence sur la adverbiale a randa, jusqu'au bout, d'em-
production du sens moderne de ramper. — blée. Or, randa vient du vha. rand (encore
D. rampin\ ad., t. de manège; ramponeau, en usage dans la langue actuelle) ^
extré-
jouet d'enfant v. Littré). mité, lisière. Gachet appuie cette étymologie
RAMPONEAU, nom d'un célèbre cabaretier en rapprochant l'ancienne expression aller
de la Courtille, d'où vient, dit-on, l'expression tout à ung coroniyîv. coron, coin, bout, l'ûté),
populaire ramponer, boire un peu plus qu'il qui signifie aller tout d'un bout, tout d'une
ne faut. file. Il compare aussi le mauvais coron de
RAMPONNER, vieux mot signifiant railler Froissart (= mauvaise fin) avec l'équivalent
et correspondant à l'it. rampognare, tirailler, mal randon employé dans Gilles de Chin. —
pincer, injurier, puis gronder, gourmander, Clievallet rapporte randon, course rapide, au
réprimander. L'it. rampognare est un dér. du mot germanique rennsn, courir. Cela est
subst. rampogne, croc, griffj, dér. lui-même insoutenable. —
Si l'étymologie de Diez n'est
de rampa, m. s., mentionné à l'art, ramper. pas la bonne, je serais disposé à voir dans les
.

RAP 425 RAS


mots en question des dérivés nasalisés del'adj. de papier, de toile ou de cuir, BL. pitacium.
Q'ade, rapide (cp. rc7idreàe reddere, jongler de RAPETISSER, voy. i^etit.
joculari, lanterne p. Interne, etc.). bien que RAPIDE (formation savante p. rade), L
je no me dissimule pas que cette étymologie rapidus (rapere;. —
D. rapidité, L. rapidi
soulève certaines difficultés. Le picard a — tatem. —
Voy. aussi rade.
conservé encore le verbe randir, p. aller çà RAPIÉCER, = re -f- apiécer (pièce) ; di-
et là le rouchi a randouiller, remuer avec
; minutif rapiécetcr
fracas, avec rudes^^e. RAPIERE, d'où l'ail, rappier, angl., néerl.
RANG, vfr. renc^ picard ringue, prov. renc, rapier. Ce mot est de source germanique, et
ligne, file, série. Ce mot a passé du roman appartient à la famille de l'ail, rappen, raff'en,
dans un grand nombre do langues tant ger- arracher, ou à celle du goth. raupjan, vha.
maniques que celtiques : ail., néerl., siiéd. roufan, ail. mod. raiifen, arracher, fig. se
rang, angl. rank, cyrar. rhenge, bret. renh. batailler (cp. l'expr. raufer = rapière). Diez,
Diez le dérive du vlia. hring, cercle (voy. insistant sur le caractère péjoratif du mot
aussi harangue], et particulièrement cercle rapière, disposé à le dériver, comme
est
de personnes réunies dans un but déterminé, l'avait fait le P. Labbe, du subst. râpe; la
donc pr. rangée circulaire (cp. vfr. faire renc rapière (p. raspiere) serait donc pr. une lame
autour de soi). L'idée de cercle s'étant, dans ébréchée.
la suite, effacée, il ne serait resté que celle de RAPIN, élève peintre, puis mauvais pein-
disposition, arrangement de personnes ou de tre; p. raspin, ràpeur ou broyeur de cou-
choses sur une même ligne. Une autre — leurs?
conjecture que je me permettrai d'émettre RAPINE, L. rapina (rapere). Voy. aussi
consiste à voir dans le prov. renc une forme ravin. —
D. rapiner,
nasalisée et masculine soit du L. rega, primi- RAPPELER, =- re appeler. + D. rappel, —
tif inusité de régula, pr. ligne di'oite, soit du aussi, mais avec un sens modifié, ré-appel.
vha. riga, ligne. Le prov. présente, avec le RAPPORTER, =
re-\-apporter;(ic^t, dans
même sens, un féminin rengua. D. ran- — ses diverses acceptions, la traduction du L. re-
ger. ferre (d'où référer, relation). —
D. rapport,
1 RANGER, verbe, pr mettre en rang; rapporteu)-. —
L'angl. dit re-port.

.

voy l'art, préc D. rangée; cps. arran- RAPSODE, grec ^^kj/ojôoj, litt. qui coud =
ger, déramier. ensemble (yîiTrrsiv) des chants (oj^/;) détachés.
RANGER ou rangier, autre nom du
, — D. rapsodie, gr. ^.xl/'j)Sisf, fig. mauvais
renne , dérivé du laponais raingo norv. , ramas littéraire.
hraingyr. RAPT, vfr. rat, prov. rap, it. o'atto, du
RANZ des vaches, litt. la marche des vaches ;
L. raptus (rapere j, enlèvement.
l'étym. de ce terme particulier à la Suisse 1 . RAQUETTE, esp. raqueta, d'après Diez
romande n'est pas certaine Brachet identi- ; de l'it. racchetta, contraction de retichetta,
fie le mot avec rang, Liltré fait intervenir un dér du L. rete, réseau, filet. —
Littré l'identifie
mot ail. rans, course rapide, dont aucun avec le vfr. rachette, rasquette, paume de la
dictionnaire ne fait mention. main, plante du pied, dim. du BL. racha, qui
RAOUT, voy. rout. signifie la car|)e, le tarse et qui vient de
RAP ACE, prov. rapatz, du L. rapacem l'arabe. —
D. raqueton.
(rapei'e). — D. rapacité, L. rapacitatem. 2. RAQUETTE, aussi roquette, roquet, fusée
RAPATELLE, toil" de queue de cheval. de guerre, ail. rahete, angl. rocket, de l'it.
Riigge (Rom., III, 156) imagine un mot por- racchetta, dimin. de rocca, quenouille. Cp. le
tugais 'rabatela p. 'rabitela (cp. rabacoelha rapport entre fusée et fuseau.
p. rabicoellut], composé de raho, queue et RARE, L. rarus. —
D., rareté L. rarita-
tcla, toile. tem ; raréfier, prov. rareficar, d'un type rari-
ficare.
R.\PATRIER, ^= re-apatrier, pr. rentrer ou
dans la patrie. Dans la langue
faire rentrer RAS, dontlepoil est rasé. L. rasus (radere).
des trouvères, le mot correspondant rapai- La vraie forme française p. rasus est rez 'v.
c. m.1, dont notre mot partage les acceptions.
rier signifiait, comme repairier, revenir,
retourner; voy. La table rwie est pr. une planche grattée,
RAPE,
pi. b.

voy. râper.
repaire.
— Râpe, grappe de rai-
nue, sur laquelle on n'a pas encore gravé. —
D. subst. ras (nom d'étoffa); rasade, -— con-
sin, a donné 7'apé, boisson obtenue avec de
tenu d'un verre rempli à ras; rasiè:re, me-
l'eau jetée sur la râpe.
sure de grains remplie à ra^i. Voy. aussi —
RAPER, anc. ramper, it. raspare, esp. ra^- pi. h. la variété rais.
par, du vha. raspôn, ramasser*, ratisser, nha. RASADE, voy. ras. —
D'autres, sans néces-
raspeln, angl. 7'asp. —
D. rcj/je, 1. instru- sité, ont recours au prov. rqjada, filet, petite
ment pour râper; 2 —
it. raspo, esp., prov. quantité de liquide, de rajar, couler.
raspa, grappe de raisin dont on a enlevé les RASE, poix, du L. rasis.
grains (cp. rafii')\ râpure.- RASER, du L. rasare, fréq. de radere. —
RAPETASSER, ^
re -\- apetasser ; le pri- D. rasoir (prov. rasor, it. ra^oio, BL. ra%o-
mitif se trouve dans le langued. pelai, lam- rium)\ terme burlesque rasibus tout ras, =
beau, pièce, esp. pedaso, morceau. C'est, tout contre; sans doute une expression forgée
d'après Diez, le /»z7<aca«m des Latins, morceau par les moines, d'un emploi très a«cien ;
.

RAT — 426 — RAV


l'expression rasibus de (à ras de) se voit sou- objet composé d'une suite de dents ou de
vent dans Commines. clievilles. comme un râteau.
RASIBUS, voy. raser.
RÂTELÉE, voy. râteau et râtelle.
RASIÈRE, voy. ras.
RASSASIER, = re-\-assasier (type ad-sa- RATELER, de rasteV, voy. râteau.
tiare). RÂTELIER, v. râteau.
RASSEMBLER, = re-\-assembler. RATELLE (terme vieilli),dimin. de rate,
RASSEOIR, = re-\-asseoir d'où part, ad
; le j signifiant rate et mal de rate. —
D. rate
rassis (au sens fig., syn. de^os^; l'ail, dit de leux; râtelée [Sinc.sa.ns circonflexe) dans «dire
même r/esetst). sa râtelée «, pr. se décharger la rate.
RASSÉRÉNER = re-{-assérà7er ^factitif du RATER, manquer, ne pas réussir; je ne
L. sereniis, serein); opp. de assmnbrir. sais d'oi'j vient ce mot. « Le fusil rate " serait-
RASSIS, voy. rasseoir. ce pr. « le fusil a ses caprices », do sorte
RASSOTER. intensitif de awo<^(v. c. m.). que rater .se rapporterait au subst. rat, au
RASSURER, = re-assiirei\ sens figuré de caprice, d'où le terme popu-
RAT, it. ratto, csp., port, rato, prov, rat. laire ratier, capricieux, bizarre? Cette étym.
Le nom de ce quadrupède correspond plu- est approuvée par Littré.
tôt au vha. rato (maso.), ags. raet, qu'au gaél. RATIER, 1 qui chasse aux rats, 2. capri-
.

radan, bret. 7'az. Que dire de l'opinion de cieux, voy. l'art, préc. — Le vfr. ratier,
Barbazan, qui rapportait rat à radere, et de morose, difficile, chiche (voy. mon Oloss. des
celle de Ferrari, qui se permet l'enfilade que Poé.^ies de Froissart), me semble tout au.'îsi
voici mus (souris), micris mitriis muratus,
: , , bien .se déduire do rate (cp. dératé, qui dit
ratits, rat.' —
La Fontaine a fait usage d'un le contraire).
fém. rate; il correspond à l'ail, mod. ratte, RATIFIER. BL. ratificare = ratum facere.
ratze. — D. raton, ratier{c\iien), ratière. — — I). ratification.
Voy. aussi rater. RATINER. friser, gaufrer; peut-être du
RATACONER, mot populaire = raccommo- flani. gaufre de miel Cvoy. rate). Le
rate,
der, ravauder, it. rattaconare;
c'est remettre vfr. raiin, raiis, fougère, fournirait une
des tacons ou pièces, voy. tache. excellente origine, si l'existence réelle de ce
RATAFIA, anc. rataftat, mot d'origine mot. cité dans Trévoux, n'était pas contesta-
indienne, d'après Ménage. D'autres, en déses- ble (voy. Diez;. —
D, ratine, angl. raiteen,
poir de cause, ont imaginé que c'était un verre esp. rathxa, it. rattina, néerl. ratijn, étoffe
de liqueur qu'on buvait en ratifiant un con- de laine ratinée.
trat, et que le mot vient de la formule latine RATION, du L. ratimiem, au sens primitif
rata fuit conventio ! —
Au Siippl. de Littré, je de calcul, compte, mesure. D. rationner. —
trouve une solution moins fantaisiste ; ratafta RATIONNEL, du L. rationalis (ratio).
serait un composé de arack ou rach, eau-de-vie RATISSER, ôtcr en raclant, dérivé de l'an-
de riz, -|-<a/7a, eau-de-vie de canne. cien verbe rater, effacer, ou plutôt directe-
RATATINER; d'origine inconnue. Roque- ment (car un suffixe verbal isser n'existo
fort le dérive de raten l'expliquant par " se pas) du subst. dérivé ratis. Quant à ce —
resserrer comme le rat dans son trou ». Cela verbe rater, qui est aussi l'ascendant de rature,
me sourit peu. J'ai l'idée que c'est un redou- l'absence d'une s devant t ne permet pas do
blement populaire de ratiner. On pourrait le rapporter au même thème que râteau.

aussi le ramener à tatiner (de tàtei-), en par- Littré met en avant, sans toutefois rien affir-
tant d'un sens premier chiffonner par le mer, soit un type raptare (de rapere), enle-
maniement, d'où celui de rider. ver, soit le verbe rater, ronger (que l'on peut

RATATOUILLE, inconnue; le
d'origine
supposer d'après l'anc. mot raté rongé par =
les rats). Un type raditare ne serait-il pas
champ, a ratatinis, =
ragoût de viandes mê-
tout aussi bien admissible?
lées. Nisard prend pour primitif tatouiller,
1. RATON, petit rat, dim. de rat.
tâter d'une façon mal avenante Littré rap- ;

proche tatouzâ, mot de la Bresse signifiant 2. RATON, pâtisserie, dim. du néerl. rate,

ragoût, et le poitevin tatouiUade, mauvaise gâteau de miel (voy. l'art, rate).


marmelade. Le mot pourrait aus.si tenir au RATURE, voy. s. ratisser. D. raturer. —
vfr. teouiller, auj. touiller, brouiller. RAUQUE, L. raucus. —
D. raucité, L. rau-
citatem enrouer (v. c. m.).
RATE; d'après Frisch (approuvé par Diez),
;

du néerl. rate, gaufre de miel, à cause de


RAVAGE, dommage fait avec violence et
rapidité; ce subst. présuppose un verbe raver,
la ressemblance du tissu cellulaire delà rate.
Quant au néerl. rate, il correspond au v. correspondant au prov., esp., port, rapar, et
tiré, par métaplasme. àuL. rapere. Oulesubst.
saxon rata, mha. ras. L'anc. français le pos-
ravage viendrait-il de la forme ravir? cp. rem-
sédait également sous la forme raie ou rée
de miel, dont nous avons conservé le dér. place de remplir. D. ravager. —
raijon (p. réo7i), gâteau de miel. D. dim. — RAVALER, =
re-\-avaler, tant au sens de
râtelle (v. c. m.), dératé, vif, alerte.
rabaisser que dans celui de faire descendre

RATEAU,
dans l'estomac. —
D. ravale, instrument ara-
anc. rastel, it. rastello, rastrello, toire pour niveler le terrain.
esp. rastillo, du L. rastellus, dim. de ras- 1 . RAVAUDER ce verbe représente, dans
;
trum.—B. râteler, râtelée de foin, râtelier. ses deux acceptions, raccommoder à l'aiguille
,

RE- — 427 REB


et ranger, fureter, un type latin re-advali- r-échauffer Il en est de même devant le pré-
.

dare, remettre en état, en ordre; cp. raccom- fixe en : r-enforcer, r-emporter. Devant un
moder = re-adcommodare. simple commençant par s, \s est redoublée
2. RAVAUDER, dire des discours futiles, [ressembler, res-seiitir), sauf quand le préfixe
impertinents, maltraiter de paroles, est pro- exprime itération {resaluer) et dans les com-
bablement un homonyme du préc. Ce serait positions remontant au latin [résoudre, o'ésis-
un dérivé de ravaut, fanfaron, diseur de sor- ter). Re généralement (les exceptions sont
est
nettes (mot supposé) et primitif à son tour nombreuses) prononcé et écrit ré dans les mots
du subst. abstrait ravaut, bourde, moquerie, l'eproduisant des vocables latins composés avec
signalé dans le Gloss. de Gacliet. Quant à re [référer, répéter). Cependant, quand il s'agit
ravaut, fanfaron, appartient-il au même thème d'accentuer le caractère itératif du préfixe, on
rav (d'où bourg, ravasser ^= rêvasser), formé emploie re (cp. reform,er et réformer, resigner
au moyen du suffixe ait (op. badaud)^ Kiliaen et résigner, recréer et récréer). Il règne du
donne le subst. rabaud. dont les acceptions reste à ce sujet du désordre; ainsi l'on dit re-
concordent avec celles attachées à ribaud, et belle, recevoir, religion, rem,ettre, bien qu'on
rabauderij " nequitia, scurrilitas, jocus scur- dise rébellion, réception, irréligieux rémission ,

rilis et lascivus et le vei'be rabauden, scur-


>> Devant les voyelles ''sauf ce qui a été remar
ram agere. Ce rabaud est-il le correspondant que quant aux préfixes romans a, é ou en) et
du fr. ravaut? cela reste à examiner, ainsi devant h (exceptez rhabiller), on dit en géné-
que la question si rabaud est une simple mo- ral ré, p. ex. ré-itérer, ré-ussir ; de même
dification de ribaud, qui est absent dans Ki- devant a dans les cas suivants rc-assurer :

liaen. —Il faut écarter, pour expliquer ra- ré-appeler, différents de rassurer, rappeler.
vauder, aussi bien ail, rabbelen, bavarder, REAL, variété de royal, L. regalis.
que L. rabulare, criailler, chicaner.
— RÉALISER, RÉALITÉ, dér. de réel (L.
RAVE, L râpa. D. ravier, ravière.
realis).
RAVELIN, anc. rere/ni.esp. rebellin, port,
revelim, it. revellino. On pense que le mot RÉBARBATIF, rude, repoussant, adj. tiré
romanes.
italien est la source des autres formes de rebarbe, qui se disait au xv!** siècle avec
Et voici comment l'explique Storm (Rom., V, un sens analogue à contre-poil ou rebours.
182). Rwellino est p. rivallino par suite d'un
Ménage croyait assez drôlement que rébar-
faux rapport avec rivellaihovdi) et est le dim. batif marquait la grimace d'un homme qui

de 'rivallo, subst. verbal d'un verbe 'reval- mâcherait de \a rhubarbe.'


lare, jeter un nouveau rempart. Ou bien REBAUDIR, vfr. resbaldir (itératif de esbal-
rivallo est =
re -(- vallo (L. vallum), cp. le dir), ranimer, rendre du courage, du vfr.
baut, hardi, joyeux, voy. baudir.
terme it. ripiano, second plan.
RAVIGOTER, vfr. resvigoter, altération des REBEC, vielle, it. ribeca, port, rabeca, cat.

anc. verbes resvigorer ravigorer tirés du


,
rabaquet, prov. rabey ; ces mots, ainsi que
,

L. vigor, fr. vigueur; cp. l'it. rinvigorire. l'it. ribeba, vfr. rebebe, rubebe,etYe?>^.rabel,
— D. ravigote =• mets ravigotant. port, arrabil, vfr. rebelle, m. s., se rappor-
RAVIN, RAVINE ; ces mots sont, comme un
tent à l'arabe rabâd, qui désigne instru-
ravage, issus du L. rapere, arracher, entraî- ment analogue en forme ronde. Pour la mu-
ner (cp. i^vov.rabina, vîv. ravine, impétuosité, tation de b en c, Diez cite les mots esp.jabeba
rapidité) d'autres les rattachent à tort au
;
et jabega, flûte mauresque. —
Voy. aussi
BL. lavina (p. labina), éboulis. rabâcher.
RAVIR (angl. ravish), it. rapire, du L. ra- REBELLE, L. rebellis, qui recommence la
pere avec changement de conjugaison. D. — guerre. —
D. rébellion, L. rebellionem ;
ravisseur, ravissant, ravage (?) (v. c. m.). verbe se rebeller, L. rebellare.
RAVISER =
re -\- aviser. REBÉQUER (SE), dér. de bec; cp. l'expr. se
RAYER, voy. raie I —
Dans l'anc. langue,
.
prendre de bec avec qqn., se défendre du
raier signifie couler, jaillir, mais comme tel bec, etc.
c'est un dér. de rai (=^ radius), jet d'eau. REBIFFER, résister; d'origine aussi obscure
1. RAYON, jet de lumière, voy. rai. — que biffer.
D. rayonner ,
jeter des rayons. REBONDIR, voy. bondir. L'adj. rebondi
2. RAYON, gâteau de miel, voy. rate. ('pour ainsi dire « repoussé ») parle en faveur
RAZ, courant de mer très violent, mot de l'étymologie bontir p. botir, boter.
bas-breton (du L. raptus, action de rapere?). REBORD, pr. deuxième bord ou bord sura-
RAZZIA, de l'arabe rhaziat, expédition jouté, ou bord replié.
guerrière des musulmans contre les infi- REBOUCHER, fausser, émousscr, voy. bou
dèles. quer.
RE- ce préfixe latin est très vivace dans
; 1. REBOURS, contre-poil, voy. b^^osse. —
les langues romanes. Il marque tantôt répé- D. rebrousser, brosser, peigner à contre-poil,
tition, tantôt retour ou action rétroactive; puis (avec ou sans chemin) revenir sur ses
souvent aussi il ne fait que reproduire l'idée pas. Pour la variation rebourser et rebrousser,
du verbe simple sans valeur sensible. Devant comparez vfr. tourser, forme antérieure de
les verbes commençant par a ou é, particuliè- trousser. —
G. Paris (Rom., X, 55) n'admet
rement si cet a ou cet é répond à ad ou ex pour BL. rebursus aucune parenté avec brosse;
lat., l'e du préfixe est élidé, ainsi r-avaler, il n'est selon lui qu'une simple variété de
,

REG -^ 428 REC

reburrus. Je n'en suis pas pleinement con- départ. Le mot se dit on ail. reichstags-ab-
vaincu .
schicd, ])r. séparation ou départ do la diète.
2. REBOURS, adj , revêche, peu trai- = RÉCHAPPER. =
rc -f- échapper.
table ; c'est prob. lo même mot que le préc. ; RÉCHAUD, vfr. reschaut, subst. verb. d'un
sinon, par le BL. reburrus, hérissé, un verbe récluiuOev, correspondant fr. de l'it.
dérivé de bourre (v. c. m.). riscahhirc L. re-cx-calidare).
'tY])e

REBRASSER, retrousser, de bras; donc RÉCHAUFFER, voy. chauffer.


litt. relever les manches ; de là rebras', RECHE, anc. resche, rcsquc, rude, âpre,
revers, do lall. resche, rude, cassant. Dans le midi
REBROUSSER, voy. rebours 1 de l'Allomagne. j'ai souvent entendu appli-
REBUFFADE, voy. bouffir. quer 7'(isch ou ras, à du fruit àprc au goût,
RÉBUS, du L. rébus (abl. plur. de res) = au vin d'une saveur un peu acre. D. vfr. —
par les choses. Le rébus est une charade en et dial. rcchin, fém. rechigne, rude, gro.s-
action ou « par objets « figurés. D'après sier, rébarbatif, qui est. d'après Diez. lo pri-
Ménage, lo mot vient des pièces satiriques que mitif du verbo rechigna', anc. aussi rechi-
les clercs de Picardie composaient tous les ncr. être do mauvai.se humeur (cp. le sens
ans à l'époque du carnaval et qui, roulant figuré de l'ail, sauer, aigre, et du fr. maus-
sur les afTaires du temps, étaient dites « de sade, pp. =
de mauvaise saveur). Voy., —
rébus quve geruntur ». contre l'opinion do Diez, celle do Fœrster à
REBUT, voy. l'art, suiv. l'art, recliir/ncr.
REBUTER, repousser, rejeter, it. ribiittare, RECHERCHER ; co verbe fiiurnit un exem-
de buter = bouter. —
Subst. verbal rebut, ple bien sensible du caractère intensitif du
1 . action de rebuter, 2. clioses rebutées. préfixe re. —
D. recherche.
RÉCALCITRER, L. re-calcitrare (calx), RECHIGNER, d'après Diez, àcrechin, voy.
regimber, ruer. — D. adj. récalcitrant. réche. —
D'une étude minutieu.se consacrée
RÉCAPITULER. L. rccapitulare, pr. reve- à co verbe par Fœrster (tirober, Zeitschr.,
nir su I' les points principaux [capitula), m, 264), il ré.sulte que, dans aucune de ses
RECELER, voy. célcr. —
D. recel. acceptions, il no dérive do réche ou rechin.
RECENSER, L. re-ceiisere. —
D. recense- Les diver.ses applications du mot remontent
ment. à l'idéo fondamentale « faire la grirrace,
L. recentem. Le mémo primitif
RÉCENT, grincer les dents » et au vha. kinan (« ad-
latin a donné à Tanc. langue roisanf, frais. ridere »), qui explique aussi les anc. formes
Voy. aussi rccliinser. —
D. adv. récemment. composées [cschignicr, re^chigniei', treshi-
RECEPER. do cep. gnier, reskignier. —
G. Paris (Rom,, VIII,
RÉCÉPISSÉ, mot latin, = avoir reçu. Le 629) adhère au raisonnement de Fœrster,
sens vient de la formule : X. déclare « avoir mais en observant que jusqu'ici les exemples
reçu etc. •> , du changement de ki ail. en chi fr. lui
RÉCEPTACLE, L. receptaculum (re-cipere). paraissent douteux, .l'avais, dès 1HG7 (Jahr-
RÉCEPTION, voy. recevoir. buch fier rom.. u. cngl. Lit., VIII, 82), eu
RECETTE, voy. recevoir. l'occasion de relever la glose cliinur r= gan-
RECEVOIR, vfr. reçoivre, du L. recipere. — 7uo)iem, qui aux yeux de Forster assure l'éty-
D. recevable, receveur, reçu (subst.). Du part, mologic germanique.
prés, latin rccipiens vient le terme de chimie RBCHIN, fém. rechigne, voy. réche; co mot,
récipient ;àw part. fut. pass. recipiemhis, le inusité dans la langue actuelle, est non pas,
mot o-écipiendaire, celui qu'il s'agit de rece- comme pensait Diez, issu de réche {\. c. m.),
voir ou d'admettre. —
Au supin latin recej)- mais plutôt un dérivé du verbe rechigner
tum ressortissent les subst. receptio, fr. ré- ('îp. 'délivre de délivrer,. C'est de lui que
ception, et BL. recepta, fr. recepte', recette, procède l'it. arcigno, aigre, âpre {far visa
qui signifie à la fois 1. ce qui est reçu, opp. arcigno =
rechigner).
à ce qui est dépensé; 2 fonction ou bureau RECHINSER, t. do métier, laver la laine
de receveur; 3. prescription médicale (it. dans l'eau claire. Ne vient pas, comme dit
ricetta, ail. rczept). Pour cette dernière accep- Littré, du BL. resincerare; c'est plutôt le
tion, elle se rattache sans doute au mot ini- vfr. rechincier, relaver, rincer, pic. rechin-
tial des recettes, qui est recipe prends = Or, ces
chier, rincer à l'eau claire (Corblet).
/impératif de recipere), d'où le subst équiva- formes paraissent concourir avec prov. recen-
lent récipê ^
recette. Recette dit donc pr. sar, it. (Ferrure) arsenzar,iModène)arj:i?iser,
« res receptfce ", l'ensemble des ingrédients (Mantoue) arsa)izar, que Diez et, après lui,
pris pour faire la composition d'un remède. Mussafia Beitrag, etc., p. 94; ont traité par le
(

D'un autre côté, le BL. receptiim procédé, = type \a.Xinreccntiare{Ac recens ), pr. renouveler,
moyen, méthode, pourrait engager à voir rafraîchir. Cette étymologio a été ébranlée par
dans receptum et recepta l'effet d'une con- G. Paris (Rom., IX, 482), qui, objectant que
fusion avec prœceptum = ordonnance. recPMtiare eût donné roisancier (voy. plus bas
RECEZ de l'Empire, résumé des délibéra- récent), tient notre mot plutôt pour appa-
tions de l'assemblée des États ou de la diète, renté à vfr. cinces, chinces, chiffons, lam-
lu au moment de la séparation; puis, en beaux servant à laver.
général, loi faite par une assemblée législa- RECHUTE, du verbe rechoir, comme chiite
tive ; du L. rscessus, action de se retirer, de choir. —
D. rechuter.
.

RËG — 429 RÉG


RÉCIDIVE, du L. recidivus (re-cidere), qui RECOLTE, voy. l'art, préc. — D. récolter.
retombe (dans la même fciute). D. réci- — RECOMMANDER, intensitif du L. commen
diver. dare^ (mandarc), confier.
RÉCIF, aussi ressif et rescif, chaîne de RÉCOMPENSER, compenser un service.
pr.
rochers à fleur d'eau. Commençons par repous- Le mot fr répond à pour la valeur, au
la fois,
ser formellement la baroque opinion de Ciie- cps. L. com-pensare, pr. donner un équiva-
vallet, qui venir récif d'un vocable gcrm.
fait lent, et au cps. L. re-pcnsare, payer en retour.
de même sens, savoir l'ail, riff (ou plutôt — D. récompense.
d'un anc. ail. riif que nous ne connaissons RÉCONCILIER, L. re-conciliare, pr. rame-
pas et qui nous semble bien suspect), ang'l. ner, rapprocher, mettre d'accord.
rccf, holl. rif. Comment, en vertu de quelle RÉCONFORTER, voy. conforter. — D. ré-
loi ou d'après quels précédents le philologue confo)-t.
français a-t-il pu poser une étymologie de RECONNAITRE joint à l'idée du simple con-
cette nature? Jamais ni riff, ni riif(h, ni naître celle d'une seconde ou nouvelle présen-
recf n'ont pu se franciser par i^écif. Rien de tation de l'objet. C'est le L. rc-cognoscere, =
plus étranger au génie du fr. que la dis- 1. se rappeler; 2. examiner. Le fr. ajoute à
jonction d'une syllabe par l'insertion d'une ces acceptions classiques celle de " accepter
consonne. Récif, comme nous l'apprend Diez, ou avouer une chose comme réelle, comme
est l'esp. port, ar-recife (en port, aussi recife,,
,
vraie, comme légitime "; c'est là le résultat
et vient de l'arabe al-araçaf, arraçaf, rangée de l'examen. La reconnaissance ou constata-
de pierres placées dans l'eau pour passer à tion d'un service implique ou entraine l'idée
gué. — Roquefort pensait a un type latin de gratitude ; de là le terme reconnaissant,
recisus, taillé, brisé; rccifou recis, cela lui devenu synonyme du L. gratus. Ce dernier
semblait tout un. mot latin devait se romaniscr en gré, ranisgré
RÉCIPÉ, vov. rcccUe. existant déjà à l'état de subst. représentant le
RÉCIPIENDAIRE, RÉCIPIENT, voy. rece- iientro graturn, il a fallu recourir à une autre
voir. façon d'exprimer la même chose. Le contraire
RÉCIPROQUE, L. reciprocus. D. récipro-— de gratus nous est toutefois resté dans le mot
cité, L. reciprocitas ; réciproquer, L. recipro- savant ingrat. —
D. reconnaissa)it -ancc, ,

care.^ -able.
RÉCITER, L. rc-citare. — D. substantif ver- RECOQUILLER, retrousser en forme de
bal récit. coquille. On trouve aussi recroquillcr
RÉCLAMER, L. re-clamare, litt. = récrier. RECORD, voy. l'art, suiv.
— D. subst. verbal réclame (vfr. masc. RECORDER, L. re-cordari, x'emettre à l'es-
reclain), pr. = rajjpel ; subst. savant récla- prit, pr. au cœur (cp. notre expr. apprendre
mation. par cœur). De là le subst. record, pr. récit
RECLURE, L. re-cludcre (claudere) ;
part. d'un fait (anc. =
souvenir, mémoire), puis
reclus, L. reclusus; subst. )-éclusion, L. re- témoignage, attestation, témoin (pour cette
clusio. conversion du sens abstrait en sens concret,
RECOCHER, rabattre une pâte, de cocher', cp. témoin, de testimonium). Record témoin, ,

prov. cochar, presser, lequel peut s'expliquer cependant, n'est resté dans la langue que
soit par le L. calcare. fouler (voy. cocJœr), sous l'ancienne forme nominativale recors.
soit par une formation barbare coctiare, de RECORS, voy. l'art, préc.
corjcre, serrer, condenser (à la rigueur il fau- RECOURIR, L. re-currcrc, 1. courir en
drait coichier). arrière, 2. courir de nouveau, 3. avoir recours
RECOGNER, renfoncer, composé de cogner-., à. C'est à la 3"^ acception latine que se rattache
de là subst. verbal recoin, litt. renfoncement, cellcdusubst. fr. recours, =
h.recursusi).eqp.Q\
coin. n'avait pas encore le sens du mot français;.
RECOIN, voy. l'art, préc. RECOURRE*, reprendre, retirer qqch.
RÉCOLER, du BL. rocolare, repasser, exa- d'entre les mains de ceux qui l'emportent. Du
miner, vérifier de nouveau, lequel n'est pas BL. re-cutere (= rétro quatere), res captas
nécessairement un métaplasme du L. 7-eco- recuperare, eripere. Ce verbe, par son étymo-
lere, reprendre en œuvre, pratiquer de nou- logie, emporte l'idée de faire lâcher prise en
veau ; on ti'ouve aussi le simple collare, vfr. employant la force, en frappant. Du part, re-
coler, au sens de coUationncr, vérifier, lequel cussus (vfr. recous, échappé, délivré) vient le
parait avoir été dégagé du part, collatus (con- subst. rccousse (cp. le vfr. secourre succu- =
ferre), comme prostrare de prostratus. — tere et son subst. secousse). La forme variée
D. récolement. rescourre" d'où rescousse, représente le type
,

RÉCOLLET, du L. recoUectus, recueilli, L. 1-e-cxculcre. Yoy. aussi cscousse.


part, de recolligere, recueillir. En langage RECOURS, voy. recourir.
théologique ou ascétique, on se sert encore du RECOUSSE, voy. recoun-e.
terme se récoUic/er p. se recueillir, qui est le RECOUVRER, du L. recuperare, que les
vrai mot roman correspondant. Le même par- savants ont inutilement reproduit sous la
ticipe recoUectus, recueilli, contracté en re- forme récupérer. —
D. recouvrement, -able.
colctus, récoltas, a produit le subst. féminin RÉCRÉANCE, =
nouvelle créance, de vfr.
récolte (cp. l'expr. cueillette, de cueillir), it. recroire au sens de confier à nouveau, remettre
raccolta. en crédit.
.

REC 430 — RÉD


=
RECRÉER créer de nouveau, et récréer, venu, mais tard, à dire « recruter des hommes
ranimer, délasser, amuser, du L. re-crcare, pour un régiment Quant à recluter, rapié-
».

qui réunissait déjà les deux acceptions. — cer, il vient, dit G. Paris, du vfr. dut, mor-
D n'création, -atif. ceau, pièce d'étoffe, mot germanique, =
RÉCRÉMENT, L. recrementum, déchet, norois klutr, suéd., dan. hlut, angl. clout,
excrément (re-cerno). morceau d'étotfo, chiffon. Notez que l'it. dit
RÉCRIER (SE), = re -f éa-ier, pr. répondre encore rechUare et reclutar pour recru-
l'esp.
par un cri. Pour le sens fig., cp. le L. re-cla- ter, et recluta pour recrue. Faut-il en con-
mare. clui'o que notre subst. recrue (anc. rea'eue),
RÉCRIMINER, BL. recrimitmre, pr. ré- qu'on trouve dès le xvi^ s., doive aussi se
pondre à une incrimination. — D. récrimina- rattacher à dut] Nullement; je pense plutôt
lion, rccrinii}intoire. que c'est lui qui a déterminé la forme recruter
RECROBILLER (SE;, se contracter; de la p. recluter. »
même racine ci'ob que nous avons mentionnée RECTANGLE, du L. rectus angidus, angle
sous rabougrir. droit. — I). rectangulaire.
RECROÎTRE, vov. recrue. RECTEUR, L.?Yc<ort'>rt (de /rçrtfî-e; cp. régent

RECROQUEVILLER, comme recroquiUer,


= professeur, du part, regens). — D. recto-
rat., -al.
parait être un mot de recoquiller,
altéré
moyennant l'immixtion de l'idée de croc, chose RECTIFIER, L. rectificare, d'où rectifica-
tioneni, fr. rectification.
recourbée, repliée.
RECRU, anc. 7'ecreu, harassé, fatigué, qui RECTITUDE, L. rectitudo.
ne petit plus fournir à la peine ; le même sens RECTO, s. e. folio, phrase lat. = au feuil-
let droit.
s'attachait autrefois à recréant, lequel prenait,
en outre, le sens accessoire de lâche, sans REÇU, subst., voy. recevoir et récépissé.
courage. Ce sont des participes de l'ancien RECUEILLIR, L. re-colligere fvoy. cudllir
verbe recroire, qui, ainsi que son correspon- et riTollei). — D. recueil, recueillement.

dant BL. recredcrc, signifiait « s'avouer RECULER (it. rinculare), aller ou mettre
vaincu, lâcher prise », litt. s'en remettre (se en arrière, du L. culus, cul (cp. ail. sich
confier, L. se credere)à la merci du vainqueur. àrsen, flam. acrselen, do ars, cul). D. —
Or, on ne deriiande quartier que quand ou est recul, rcculetncnt, -ode; reculé (adj.j; recu-
lons fà)
à bout de ses moyens ou quand on n'en peut
plus. A nos mots fr. recru et recréant (dans RÉCUPÉRER, L. recuperare, voy. recou-
les patois recrant) répondent les anc. mots it. vrer.
recreJuto et reo'cdcnte, prov. recresiU et RÉCURER, v(jy, écurer.
recrezens =convaincu. Le terme fr. rendu RÉCUSER, L. re-cusare, récuser, refuser
(dérivé de causa).
fournit un analogue parfait; il dit la mémo
chose que recru, par le môme enchaînement RÉDACTEUR. RÉDACTION, voy. rédiger.
logique. On a, par une bévue bien étrange, REDAN, t. de fortification, certains ou-
rapporté recru à recrudescere, qui dit juste le vrages disposés à peu près en dents de scie,
contraire. L'abbé Corblet, au mot reci-and, de manière qu'ils se flanquent ou se défendent
cite une étymologie requietn requœi'ans (sic); réciproquement, liedan est une déviation
c'est de la iilaisantorie. orthographique de l'anc. forme redent, pr.
RECRUDESCENCE, du L. recrudescere, pr. ouvrage dentelé, subst. verbal d'un verbe
redevenir cru, violent; en parlant des blessures redenfcr. Cp. les expi-essions ail. sàge-toerk,
^^ se rouvrir. angl. saw-worh, ouvrages en scie.
RECRUE, subst. part, du verbe recroître, RÉDARGUER, de rcdargutare', dér. de
pr. accroissement, spéc. renouvellement, ren- L. red-argurre, réfuter une accusation.
fort de troupe, nouvelle levée de soldats, puis REDDITION, L. rcdditionem (de reddere).
homme de la nouvelle levée. —
A côté de re- RÉDEMPTEUR, L. redemptorem (red-
crue, il a dû exister une forme recrute (elle se imere) rédemption, forme savante du mot
;

trouve d'ailleurs encore en champ.; cp. cheii, rançon (v. c. m.;, L. redemptionem.
fém. cheute, d'où chute); c'est par elle que je REDEVOIR, 1 devoir de nouveau, être en
.

m'expliquais jusqu'ici les formes étrangères reste aj)rès règlement d'un compte, 2. devoir
ail. rekrut, angl. recruit, it. et esp. recluta en retour à cette dernière acception inusitée)
; f

et particulièrement notre verbe r^c/7<f<?r; mais se rapportent \e?,àév\\és, redevable, redevance.


la lecture de l'art, suivant fera voir que cette RÉDHIBITION, L. redhibitionem, action
explication n'a que l'apparence de la vérité. de reprendre ou de rendre un objet vendu
RECRUTER, mot introduit au xvu" s. (voy. qui a un défaut; réd hihitoire , L. redhibito-
Littré).D'après G. Paris (Lemke's Jahrbuch, rius ; du verbe red-hibere, pr. avoir de l'etour,
XI, 158), ce verbe est indépendant de recrue faire re])rendre, reprendre.
et représente une altération de l'anc. verbe RÉDIGER, L. red-igere (agere), mettre en
recluler, rapiécer. « Rechcter ou recruter un un état; en particularisant le sens, le mot
régiment, c'est le rapiécer, lui remettre des s'est dit p. mettre en ordre, puis en sens spé-
morceaux qui manquent ; c'est une métaphore cial, arranger un écrit. Le BL. ne connais
poi)ulaire, aussi les dictionnaii-es du xvii« s. sait pas encore le sens moderne de rédigera.
avertissent-ils que « ce mot n'est pas du bel
usage
— Du supin redactum les subst. rédacteur, :

». De recruter un régiment, on en est i rédaction.


RÉF 431 — REF

REDIMER (SE), L. redimere


se racheter, sique). — Du supin reflexum viennent : L.
(emerc). Le raembre.
vfr. avait reflexio, fr. réflexion et les néolog. réflexible
REDINGOTE, corruption de l'angl. ridinff- et réflexif. —
Le verbe L. reflectere a égale-
coat, habit pour monter à cheval. ment produit une forme fr. de la 1'" conju-
REDIRE, 1. répéter, 2. reprendre, blâmer. gaison : en esp. reflectar et re/te-
7-efléter (cp.
— D. 7'edite, rediseur. jar). — à cette forme anc. reflecter
C'est
RÉDONDER, L.red-imdare (unda), refluer, qu'il faut rapporter le subst. réflecteur (car il
être superflu (cp. super-fluus., pr. qui coule n'existe pas de mot reflector en latin).
par-dessus). —
D. redondant, -ance. REFLET, subst. verbal de refléter; l'anc.
REDORTE, t. de blason, branches retortil- mot reftex reproduisait le L. reflexus.
lées en anneaux, p. retorte, du L. retortus, REFLÉTER, vov. l'art, préc. D. reflet. —
tortillé. RÉFLEXION, voy. réfiécJdr.
REDOUBLER, renforcement de doubler. REFLUER, L. re-fluere, couler en arrière,
REDOUL, voy. roudou. d'où (par le supin refluxum) le subst. reflu-
REDOUTE, t. de fortification, de l'it. xus, fr. reflux.
ridotto, = L. 'reductus, retraite, réduit. L'it. REFLUX, voy. refluer.
ridotto ou riduito signifie aussi un lieu où REFORMER (= former une deuxième fois)
l'on se réunit pour le jeu ou la danse, de là le et réformer, rétablir dans l'ancienne forme,
fr. redoute ^^ assemblée où l'on se divertit rectifier, etc., du L. reformare. D, ré- —
(dans ce sens on employait anc. aussi le vrai forme {d'où le néol. réformiste) ; réform,é, par-
corresp. fr. réduit), lieu public pour bals, tisan de la réforme ou réformation religieuse,
puis bal public. Par une confusion avec le calviniste, protestant.
vei'be fr. redouter (type re-dubitare), les An- REFOULER, 1. fouler une seconde fois, 2.
glais ont rendu redoute, t. de fortification, pousser en arrière. —
D. refoulement, -oir.
par redoubt; les Allemands, par la même RÉFRACTAIRE, du L. refractarius (re-
méprise, l'ont traduit par schrechschanze, fringerc), rebelle, qui regimbe ou résiste.
litt. = fort d'épouvante. RÉFRACTER, du L. refractum, supin de
REDOUTER, ridottare, prov. redojjlar,
it. refringere, briser, réfracter, d'où aussi le
renforcement de douter (v. c. m.), hésiter, subst. refractionem, fr. réfraction, et refracti
craindre. —
D. redoutable. vus, fr. réfractif. A une forme re-frawjere se
REDRESSER, litt. remettre droit. = rapporte terme de physique réfrangible.
le
RÉDUIRE, L. reducere, ramener, retirer, REFRAIN, prov. refranh (esp. refran, port.
dont le supin reductum a donné le subst. bL. referâo =
proverbe). On a maladroitement
reductus =
locus secretus, refugium, d'où it. expliqué le mot soit par une forme mons-
ridotto, fr. réduit (yoy. aussi redoute) ; reduc- trueuse referaneus, de referre (quod refera-
tio, fr. réduction ; réductible, réductif. tur, repetatur saepiusj, soit par refrenare,
RÉEL, L. realis (res). D. réalité, L. — refréner. De même que le prov. refranh se
realitas ; néolog. réalisme, -iste.
réaliser ; rattache à refranher =
L. refrangere, le fr.
RÉFECTION, repas, L. refectionem, répa- refrain représente le subst. verbal du vfr.
ration, restauration, subst. de reficere = refraindre. Le refrain est donc étymologi-
refaire. Cp. le sens métaphorique de restau- quement l'équivalent de coupure, brisure;
rer. Du BL. refectorium, lieu où l'on « se c'est pr. un vers intercalaire, qui interrompt
refait, se restaure », vient réfectoire; en vfr., une suite de strophes. Ou bien refraindre
pur l'insertion de r (cp. fronde p. fonde), on étant pris, comme réfracter, dans le sens de
trouve refreitour, 7'efroitour ; le prov. a de réfléchir, répercuter, nous dirons, conformé
même refreitor, à côté de refcctor ou refei- ment à l'origine de la chose refrain signifie
:

tor. pr. r"éponse, écho, antistrophe, puis mots ou


RÉFECTOIRE, voy. l'art, préo. vers répétés. Notre étymologie se confirme
REFENDRE, intensif et itératif de fendre; par la comparaison de la forme vfr. (et angl.)
de là le subst. verb. refend dans mur de : refret, qui évidemment représente le L. refrac-
refend, qui sépare les pièces au dedans d'un tus. — En t. de marine, le même mot refrain
bâtiment. ^ ou refrein s'applique au bris des vagues con-
RÉFÉRÉ, pr. l'apport; àa référer. tre les rochers.
RÉFÉRER, du L. re-ferre, litt. rappor- ^ REFRÉNER, du L. refrenare (de frenum,
ter. Du supin relatum viennent relatio, -tor, : frein).
-tivus, fr. relation, -teur, -tif, et le fréq. RÉFRIGÉRANT, -ATIF. -ATION, du L. re-
relater. — Du part. fut. pass. (plur. neutre) frigerare (frigus), refroidir.
referenda, -= choses sur lesquelles il s'agit de RÉFRINGENT, du L. refringere, briser,
faire rapport, vient referendarius, fr. référen- réfracter.
daire. REFROGNER (ou renfrogner), anc. refroi-
RÉFLÉCHIR, it. riflettere, cat., esp., port. g)ier, plisser, contracter le visage, en signe
reflectir, du L. re-flectere, pr. recourber, re- de douleur ou de mécontentement. Ce mot n'a
tourner (de là le sens mod. répercuter). Le pas de rapport étymologique avec L. frons,
sens « penser, méditer » se rattache à l'expr. front, ou avec son dér. froncer. Il parait être
latine « reflectere animum
», reporter son de la même famille que l'it. infrigno == qui a
esprit,son attention sur qqch. D. réfié- — le front ridé, soucieux, et le lomb. fr ignare,
chissement (substantif du verbe au sens phy- pleurer, pleurnicher. Diez, dans l'hypothèse
RÉF — 432 — RÉG
que frif/iiare est p. flignare, propose une ori- 1 REGAIN, reprise do santé (peu usité),
gine de lallemand ficnnen, suéd. /liva, angl subst. verbal de regagner.
ftnne, faire la grimace, pleurer. L'angl. tra- 2.REGAIN, deuxième foin. Quoi qu'en ait
duit frogner par frown. —
Autre est l'expli- dit Jacques Sylvius, qui traduisait ce mot par
cation de Bugge(Rom., IV. 356) refrognier :
<• secundum lucrum «, regain, dans l'accep-
accuse pour primitif une forme germanique tion en question, ne vient pas de regagner. Il
'friinjan, qui répondrait à suéd. ^ryna, con- se peut, toutefois, que cette fausse étymologie
tracter et plisser le visage en signe de mécon- ait déterminé le pi"éfixe re. La chose s'est dite,
tentement (il se dit d'un homme et d'un che- en vfr., gatn, watn, vuin, vain, qui est le
val). — Cette étymologie me fait revci.ir sur correspondant du wallon icagen, lorr. vegn,
mon explication de frongnier dans ce passage rouchi xcaimiau, norm, vouin, it. guaime.
de Froissart (Chroniques). « Le cheval... se Toutes ces formes appuient l'étymologio posée
commença à hennir et à frovgnicr et à frapper par Diez, savoir celle du vha. weida, nourri-
du piet en terre », où j'ai identifié frongnie}' ture, herbe (ou du verbe weidàn, nourrir), au
avec vfr. froirchier, fronhcr, roniîer (vcy. moyen du suffixe roman ime. La forme mo-

mon Glos.«aire.) La forme renfrogner auto- dèle .sei'ait donc guadimc, d'où guaïme (cp. it.
rise à admettre comme ayant préexisté un guastime do guaslare), fr. gain, gain. —
Du
verbe en frogner répondant à it. infrignare; reste, ^rt^;i«* (v. c. m.) est de la même famille
je ne le rencontre pas dans Godefroy. mais je que weida. —
Il aura suffi de recueillir les

n'en demande pas moins si l'adjectif vfr. en- correspondants étrangei-s du fr. re-gain \>o\xv
frum, au sens de morose, refrogné, constaté faire re.s.sortir la fausset<5 des explications
par de nombreux exemples, n'est pas ajipa- données soit au moyen de re-foin (d'où serait
rcnté au mot qui nous occupe et le correspon- venu revoin, puis regain), ou de L. rc-seca'
dant de l'ital. infrigno. Cet enfriim-ci serait »M«^j (res'camen), seconde coupe.
alors un homonyme d'un autre enfrum = REGAL, it.. esp., port, regalo; ce mot no
mangeur, glouton, avare, que Diez explique représente pas, comme on affirme souvent,
par L. in-frumcn " dans le gosier ». le L. régale s, e. convivium, festin royal.
REFROIDIR, factitif ou inchoatif de froid. C'est lo subst. verbal du verbe régaler (voy.
REFUGE, L. refughim; la vraie forme ce mot).
française est refiii, encore usitée comme RÉGALE. «= droit régalien, et dans lo
terme de vénerie (cp. prov. refug, refuy). — terme chimique « eau régale », du L. regalis,
D. réfugier [se], d'où le subst. réfugié. royal. —^ D. n'gatien.
REFÙIR, L. re-fugere. —
D. subst. parti- 1. RÉGALER, it. regalare, esp,, port.
cipial fém. refidte. regalar. Diez, dans l'hypothôse que le mot it.
REFUS, voy. l'art, suiv. et fr. est importé de l'Kspagnc, établit, pour
REFUSER, it. rifiisare, port. . prov. rc/jwor, l'esp. rtv/rt/ar, l'étymologie que voici. Du latin
esp. rehi'.sar ^esp. Ji =^
Rien ne semble
f). regelare, faire dégeler, récliauffer, s'est pro-
plus naturel que de voir dans ces mois une duit (à une époque où le g latin avait encore
variété de réfuter, it. rifhitare,\M'ov.refudar, conservé sa valeur gutturale devant e] le verbe
qui signifient, du moins en ce qui concerne esp. regalar, qui, à l'origine, signifiait liqué-
lit. et le prov. , la même chose que refuser, fier, fondre. Cette signification, dont M. Diez
et qui reproduisent le L. refutare, repousser, fournit les preuves, s'est perdue, mais il est
lequel, dès les premiers temps du moyen âge, resté celle de réchauffer, au fig., cares.scr,
avait pris la valeur de respuere, rejicere. prendre en amitié, faire bonne chère (dans
Mais comment expliquer ce changement inso- l'anc. sens de bon accueil). 11 ne faut pas
lite de t en s doux? Dans l'impossibilité de le perdre de vue que le verbe régaler n'implique
faire, Diez conjecture que Vs est l'effet d'une nullement dans le jinncipe l'idée d'un repas,
assimilation au verbe équivalent recusare.W y et que l'on cm])loyait aussi ce verbe avec lo
aurait eu en quelque soi'te fusion entre les sens de gratifier d'un présent. Diez ajoute à
deux vocables refutare et rccusare. Je tiens sa démonstration la remaïque que le subst.
cette explication en z"éserve pour le cas que la regiel =caresse, qui se trouve dans le chant
conjecture que je vais })résenter ne serait pas d'Eulalie : por manatce, régie! ne preie-
••

jugée digne d'être approuvée. Le latin rcfun- ment ",= par menaces, ni par caresse, ni
ni
dere signifie très souvent refouler, repousser, par prière (Chcvallet a commis ici une méprise
rejeter son fréquentatif naturel est refusare,
; en liant regiel avec manatce et en traduisant
qui fournit, me semble-t-il, une étymologie « par menace royale "), autorise à pi-ésupi)o-
très convenable au l'oman refusare. Bra- — ser également pour le fr. un verbe regeler,
chet fait découler refuser d'un type barbare correspondant à l'esp. regalar, caresser. —
refutiare, mais outre qu'on n'a aucun exemjjle Malgré toute la ])lausibilité de cette étymo-
de la finale lat. tare appliquée ailleurs logie, en ce qui concerne l'enchaînement des
qu'après des formes participiales ou des adjec- significations, il nous reste quelques doutes,
tifs en tus, cette forme fictive eût produit d autant plus que régaler, qui se rencontre
refuiser (cp. aiguiser, menuiser, de acutiare, dès le xiv" siècle, ne parait nullement em-
minutiare). — Voy. aussi ruser. D. subst — prunté à l'espagnol, et nous nous demandons
verbal refus. si le vfr. galer, déployer de la magnificence,
RÉFUTER, du L. refutare (de futare, être prodigue, s'amuser, et régaler (voy. sous
accuser). gald], ne fournirait pas une étymologie con-
RÉG — 433 — REG
venable pour le mot roman regalare, festoyer, L. regulare; réglct, réglette. — De régula,
traiter amicalement. Littré incline également par syncope du g, vient la forme vfr. reule,

vers cette dernière manière de voir, ainsi que angl. rule


7'ieule, règle. =
Suchier (Grob., Ztschr., I, 431). D. régal — RÉGLER, voy. règle. —
D. règlement, d'on
anc. aussi régale) régalade.
;
réglementer, réglementaire ; cps. déréglé. —
2. RÉGALER, partager en parts égales, Au type latin regulare se rapportent les
niveler, étendre également, =
re -{- égaler. termes savants régulateur, -ation.
— D. rcgalement. RÉGLISSE, it. regolizia, esp. port, regaliz, ,

REGARDER, voy. garder. Littré décompose prov. regalicia, regulecia, picard regoliche.
regarder en re -\- vfr. esgarder (d'où égard) ;
Ces formes sont toutes basées sur la transpo-
c'est une erreur, l'ancienne langue ne présente
sition des liquides r et l. Le mot réglisse est

pas la forme resgarder —


Pour regarder
.
pour légrisse (cp. les formes vfr. licorice, it.

= intéresser, cp. le t. concerner (du L. cer- legorizia et l'ail, lakritzé) et vient du L.


nere, voir) et L. spectare. —
D. subst. verbal liquiritia, qui est une altération du gr. -/iu-
/.xjppi^^.'x., litt. ^= racine douce.
regai'd.
RÉGATE, course de barques à Venise, du RÉGNE, L. regnum ; verbe y^égner, L. re-
vénitien regatta, pr. émulation, lutte. gnare.
RÉGNICOLE, qui habite le royaume, du L,
RÉGÉNÉRER, L. re-generare.
regnum colit.
RÉGENT, h. regens (regere). — D. régence; regni-cola, qui
REGORGER, pr. ressortir de la gorge, puis
verbe régenter.
s'épancher, déborder, etc.
RÉGICIDE, formé de rex, régis, roi, sur le REGOULER, 1. rassasier jusqu'au dégoût;
patron de parricide, etc.
2. apostropher de paroles dures, pr. renvoyer
RÉGIE, subst. participial féminin du verbe à coup de gueule (cp. engueuler)-., àQ goule"
régir, litt. = administration. =
gueule L. gula.=
REGIMBER; quasi rejamher, jecter la
«
REGRAT, voy. l'art, suiv.
jambe rière ou derrière «. Cette étymologic REGRATTER, 1. gratter de nouveau; 2.
de Nicot, fort accréditée encore de nos jours, faire des réductions sur les petits articles d'un
n'est pas fondée. Regimber est la forme nasa- compte; puis faire des petits profits. Du
lisée du vfr. regiber (on trouve aussi regiper temps de Nicot, le mot signifiait « refaire
et giber tout court). Voyez le mot gibier. comme neuf ", acheter une chose pour la
RÉGIME, prov. regisme, du L. regimen, vendre plus cher. —
D. regrat, vente en
gouvernement, conduite (de regere). Pour détail ;
On trouve
regrattier, fripier, -erie. —
regimen, la moy. latinité disait aussi re^/men- dans Palsgrave (p. 215) regreteur comme tra-
tum, =
vitœ ratio, d'où a été tiré, avec un duction de « dressar of gownes or other gar-
autre sens, le fr. régiment. Ce dei'nier subst. mentes » Nicot regrateur
; : =
qui remet à
ne signifie au fond que commandement (il se neuf de vieilles choses pour les revendre. L'it.
rattache à regere, comme com,mandement à dit pour regrattier =- revendeur, rigattiere.,
commander):, de là l'acception « corps placé l'esp. regaton; ces derniers sont-ils de sources
sous un même commandement " Les Anglais .
distinctes, ou tiennent-ils au mot français?
et les Allemands se servent encore du mot Flechia tire rigattiere de ricattare, racheter.
régiment dans le sens du fr. régime. REGRÈS, pouvoir de rentrer dans un béné-
RÉGIMENT, voy. l'art, préc. D. régi- — fice qu'on a résigné, du L. re-gressus, vùtonv,
mentaire. rentrée.
REGINGLETTES, pièges pour les petits REGRETTER, désirer ravoir une chose
oiseaux, dont Littré donne la description perdue, anc. =
pousser des plaintes au sujet
détaillée et dont l'étymologie est inconnue. d'une personne perdue. L'étym. généralement
Littré rapproche le mot du Berry reginguer, reçue est un type L. reqnioHtari, composé de
regimber, qui vient de gigue, jambe. Selon queritari, fréq. de queri, se plaindre. Pour
moi, d'un verbe hypothétique rcgiglcr, nasa- la permutation de qu en g, on peut alléguer
lisé rcgingler, faire jaillir, lancer en arrière, Guienne de Aquitania, vfr, frcgonder de
cps du mot populaire gicler, jaillir, L. jacu- frequentare ; et quant au maintien du t, quel-
lare, lancer. que insolite qu'il soit (cp. quiritare, fr. crier),
RÉGION, L. regioncm (le vfr. en avait fait on peut au besoin, dit Diez, rapprocher fuite
royoïf). — D. régional. p. fuie. — Mahn présente une autre solution.
RÉGIR, L, regere. — D. régisseur, régie 11 part du L. gratus, agréable, reconnaissant

(v. c. m.). (d'où le neutre gratum, chose agi'éable, qui


REGISTRE, REGITRE, it.. esp. registre, plait, complaisance, merci, type de l'it., esp.,
port, rcgisto,BL. registrum, forme gâtée du port, grado, prov. grat, fr. gret, gré), d'où
L. regestwn, « liber in quem regeruniur com- découlent it. gradire, prov. grazir et les corn.-
mentarii quivis vel cpistol^e summorum ponti- Y)0^é)i\i. aggradire, aggradare, iv. agréer, etc.
ficum » (Du Cange). L'intercalation de r après Si donc l'on rencontrait un prov. regradar ou
t on d précédé de consonne est un fait ordi- regredar, il signifierait nécessairement « avoir
naire (cp. perdrix p. perdix, vfr. cclestre, do retour avec plaisir, reprendre avec recon-
tristre p. céleste, triste, et arbalestre^. arba- naissance » et répondrait, pense-t-il, parfai-
leste). — D. enregistrer. tement au sens et à la lettre du fr. regreter
RÈGLE, L. régula (regere). —
D. régler, (auj. regretter), Or, ce mot prov., qui jusqu'ici

28
RÊII — 434 — REL

avait fait défout. Malin pense l'avoir décou- grum composé de hahilitare
rcstituere, ha- =
vert dans un passage de Girard de Rossillon. bilcm i.idoneum l'eddere, vfr. habileter.
e.

Itegreter vient donc, d'après lui, de la foi^me REHAUT, t. do peinture, parait être un
comme le prov. regradar de grado.
vfr. gi-et, subst. verbal mal formé de rehausser.
— Diez, dans sa réplique à Mahn, combat REIN, anc. esp. et it. rené; esp. mod.
par des raisons tant logiques
cette étymologie rinon, du L. re« (d'où l'adj. renalis, fr.
que phonologiques et se rallie à celle do rçnal). —
De rein vient le composé vfr. esre-
Matzner, qui, appuyant sur le sens « plain- ner, nfr. éreinter (cp. le prov. dcs-renar. de-
dre », attaché anciennement au mot regret- regnar, m. s.). On a de même fait abusive-
ter, renvoie au goth. gretan, nord, grata, ment, en t. de vénerie, reintc p reine. D. —
ags. graetan, graedan, anc. angl. grate, pleu- rognon (\. c. m.).
rer, plaindre. —
Feu mon excellent maître et REINE, vfr. 7'eïne, raïne, du L. regina.
ami Chavée (Revue de linguistique, 1868, REINETTE, sorte de pomme, voy. raine.
t. I, p. 224) établit pour signification fon- RÉINTÉGRER, L. red-integrare.
cière de regret « recroissance, pousse nou- RÉITÉRER, du L. iterare; le préfixe re
velle w, signification perdue pour le français, constitue ici un vrai pléonasme.
mais conservée en wallon p. ex. dans H rgret REITRE, aussi rêire, mot introduit au
d'on mau, la recrudescence d'une affection xvi'" s., de l'ail, reiter, cavalier.
morbide. 11 tire ainsi notre mot du L. recretum, REJETER, L. re-jcctare (rejiceie). D. —
partie, passé de recrescere. Il compare, pour rejet, 1 action de rejeter, 2. nouveau jet, de
.

la forme, L. secretiim, vfr. segret (la persistance


là rejeton.
du t dans le dérivé regreter ne le préoccupe
pas); pour le développement de l'idée, il in-
RÉJOUIR, = re (préfixe intensif,

voque l'expression italienne mi riucrescc,


esjouir', \o\. jouir. — I). njouissance.
-f-

tsedet me, je suis fâché, je regrette. Tout RELACHER, desserrer, détendre, inter-
cela sourit, mais ne se concilie pas avec le rompre du L. re-laxare (en t.
le travail, etc.,

sens ancien « demander, appeler (au .secours), de palais, on dit encore relaxer un prisonnier),
plaindre, pleurer (un mort) », dont il fauttenir voy. Inche. — I). rcléiche, relâchement.
plus de compte. —
Littré (1809), appuyant, RELAIS, RELAISSBR, voy. relayer.
comme Chavée, sur l'idée de retour, recru- RELANCER, 1. lancer de nouveau (t. do
descence d'un mal, propose L.re-gradits, qui chasse), de là fig. aller chercher (((jn. au lieu
aurait donné regret, comme de-gradus a fait où il est, le faire sortir de son rej)os, pour
vfr. degret ; il justifie le < dans regreter l'engager à qqch., puis importuner; 2. lancer
(p. regreder) par l'exemple de convoithe (p. loin, repousser, répondre rudement aux pro-
convoidise) et de piéton (p. pie'don). En — position.s de qqn.
somme, de toutes les conjectures indiquées ci- RELAPS, L. relapsus (rc-labi), retombé.
dessus [le regret wallon pourrait bien n'être RELATER. -ATION. -ATIF, voy. référer.
qu'un homonyme connexe avec l'it. rincres- RELAXER, voy. relâcher.
cere], c'est celle de Matzner qiii satisfait le RELAYER, itératif de lager (vieux verbe
plus sous tous les rapports ; elle se recom- signifiant laisser, ces.ser, voy. laisser); il
mande en outre par la circon.stance que exjjrime les arrêts successifs dans une course
l'absence du mot regretter dans les autres lan- ou dans un travail (juelconquo. Reloger,
gues romanes lie prov. regretar ne se trouve neutre, signifiant cesser, prend, au sens actif,
que dans une rédaction demi-provençale de la valeur de faii-c cesser un travail à qqn. pour
Girard de Rossillon) rend, selon l'observation le reprendre soi-même. De même (pie le —
de Dioz, une origine germanique trôj pro- simple lager est, pour le sens, identique avec
bable. —
Je m'étonne qu'à côté de requiritari laisser et lâcher, on trouve aussi relaisser
on n'ait pas plutôt invoqué reqiiiritaré, rede- dans le même sens que relayer, c.-à-d. relâ-
mander (fi-équcnt. àerequirerc),(:[m se trouve cher, discontinuer, s'arrêter. Le subst. —
dans Plante. Quant aux opinions de Ménage verbal de relayer est relai (encore conservé
et de Le Ducliat, qui alléguaient l'un le L. dans l'angl. relay, relais); celui de relaisser
régressas, retour, l'autre un type regradatare est relais, dont le sens propre est arrêt, halte,
(tiré do gradatus),no\\^ ne les citons que pour c.-à-d. action de sarrêter, puis action de
mémoire. —
J'ai rencontré deui exemples relayer, c.-à-d. de relever ceux qui ont tra-
d'une forme regrater; l'un (cité par Littré) vaillé (cp. angl. release, repos). Frisch avait
dans le Romancero « Soupirant prist à 1er-
: songé à l'angl. Zay, placer, poser; cette ma-
moyer Et regrate son dru Helier » ; l'autre nière de voir n'e.st pas à dédaigner, je r4.voue;
dans le Perceval de Chrétien de Troie, v. le mot angl. re-lay serait dans ce cas analogue
2493 « Issi li rois pleui-e et regrate Le var-
: au fr. =reposer. Relai serait aussi étymo-
mate ». C'est, me scmble-t-i],
let et fait ciere logiquement rapproché de son synonyme
lin nouvel argument en faveur de l'étymologie poste, qui vient de ponere. Cependant, si
germanique. —
D. regret^ subst. verbal; cette dernière étymologie devait prévaloir, il
regrettable. faudrait expliquer Ys du subst. relais comme
RÉGULATEUR, voy. règle. un reste de l'ancien nominatif, comme dans
RÉGULIER, L. regularis (rcgula). — D. lacs, corps, recors, etc., ce qui ne se pi'ésente
régularité, L. regularitatem régulariser.
; généralement que dans des subst. se termi-

REHABILITER, BL. rehabilitare, in inte- nant par des consonnes. —
Littré est d'avis
,

REM 435 REM


que relayer est un mot i^écent et irrégulière- des terres », il a pris par analogie la signifi-
ment formé du subst. relais. Diez (S** éd.) pa- cation de « amener des terres ». Subst. —
raît partao^er cette opinion. verbal remblai.
RELÉGUER, L. relegare, renvoyer. REMBOURSER, =-. re -{- embourser, litt.
RELENT, mauvais goût, goût de moisissure faire rentrer en bourse.
prov.n;/e,s, c&i. relient ;V6ijm.. L. redolenteni REMBRUNIR, = re -f embrunir.
(red'lentem) = qui exhale de l'odeur, ne s'ac- REMBUOHER, = re + embucher (vfr.
corde pas avec le sens foncier, qui parait être e?nbuschier), litt. faire rentrer au bois ; it.

liumide et visqueux, ni avec la forme simple rimboscare.


lent, que présente le patois de Genève. Littré REMÈDE, L. remedium (mederi). — D.
s'adresse donc au L. lentus, visqueux, gluti- remédier, irrémédiable.
neux, en s'appuyant encore de la signification REMEMBRANCE, voy. remémorer.
d'humide qu'avait l'adj. lent à Paris au REMÉMORER, L. rememorare, dont l'an-
XVII'' siècle. cienne langue avait fait rem,embrer (angl.
RELEVER, intensif et itératif de lever; = remember), d'où le subst. remembrance, sou-
rehausser, remettre debout, rétablir, faire venir.
ressortir, etc. —
D. relèvement, relevailles REMERCIER, voy. merci. — D. remerci-
relevé, relevée; puis le subst. verbal relief ment.
(cp. grever et grief), 1. état de ce qui est REMERE, d'un mauvais mot latin réméré,
relevé, ou qui fait saillie (de là le terme d'art re emere), p. redimere, racheter.
-f-
haut- ou bas-relief), 2. ce que l'on relève de REMETTRE ; les diverses acceptions de ce
table, reste, 3. droit de mutation. Les formes verbe se rattachent aux significations 1 met- .

correspondantes de relief sont BL. rele-


: tre de nouveau ou mettre dans l'état primitif
vium, prov. releu, cat. relleu, esp. relieve, ou naturel; 2. faire remise ou grâce; cette
it. rilevo, relievo, angl. relief. Le même rap- dernière acception était déjà propre au L.
port littéral qui existe entre le prov. releu et rem,ittere (d'où le subst. remissionem, fi". ré-
le vfr. relieu (d'où, par le durcissement de u mission, et l'adj. remissibilis, fr. rémissible).
ou V en f, la forme relief], se présente entre — D. remise, 1. action de remettre, spéc.
prov. feu et vfr. fieu, d'où fief. lieu oii l'on remet une voiture à couvert, 2.
RELIEF, voy. relever. action de faire grâce.
RELIER, L. re-ligare. —
D. relieur, -ure. RÉMINISCENCE, L. reminiscentia (de
RELIGIEUX, L. reliogiosus. retni7iisci, se i-essouvenir).
RELIGION, L. religionem. —
D. religion- REMISE, voy. remettre. —
D. remiser.
naire et coreligionnaire. L'ancienne langue RÉMISSION, L. remissionem (voy. re-
donnait à religion aussi le sens d'état monas- mettre.). — D. rémissionnaire.
tique et de couvent ; il nous en est resté la RÉMOLADE ou rémoulade, sauce piquante
locution « entrer en religion ». La locution (mot à forme méridionale, cp. panade,
« surprendre la religion de quelqu'un » le = salade). Le nom lui vient des ingrédients
tromper par de faux exposés, se rattache au hachés ou plutôt moulus menu dont elle se
sens « conscience, bonne foi » qui s'attachait compose; c'est un dér. de remaudre (part.
déjà au religio des classiques. remolu). On a mis rémolade en rapport avec
RELIQUAT, du L. religuare (reliquus), rémoudre, parce qu'elle « aiguise » l'appétit.
rester dû. — D. reliquataire.
- Mais rémolade est aussi le nom d'un onguent
RELIQUE, L. reliquiœ, restes. D. reli-— pour les chevaux, et à coup sûr cet onguent
quaire. n'aiguise rien du tout.
RELUIRE, pr. luire par réflexion, L. re- REMOLE, forme masc. remol\ remou et,
lucere; voy. luire. avec Ys du nominatif, remoui*, tournant d'eau;
RELUQUER, lorgner du coin de l'œil com- ; subst. verbal de re-moldrc" , composé de m,ol-
posé de luquer, usité dans les patois, wall. dre" moudre, tourner un moulin.
, Cp. esp. —
louki, lequel vient du germanique vha. luo- : rcmolino, tourbillon.
gen, ags. lôrjan, angl. ZooÂ, regarder. J'ai — REMONTE, voy. l'art, suiv.
relevé dans la Geste de Liège, II, 2664 A : REMONTER, monter de nouveau; du sens
un costeit visât, par la citcit luquoit. spécial « pourvoir de nouvelles montures »
REMARQUER, 1. marquer de nouveau, 2. vient le subst. verbal remonte (de la cavale-
intensif de marquer = noter, faire attention. rie) .
— D. remarque, remarquable. REMONTRER, 1. montrer de nouveau, 2.
REMBARRER, = re -f embarrer; le sim- montrer, avertir, par voie de réplique (cp. le
ple embarrer, dans l'ancienne langue, s'appli- terme représenter), —
D. remontrance.
quait particulièrement au sens de pousser, RÉMORA ou rémore, du L. re-mora, ob-
enfoncer l'épée, puis de enfoncer, fendre le stacle, retard, puis nom du poisson appelé
heaume. aussi arrête-nef ou échêne, à qui l'on attri-
REMBLAYER, re= ^
emblayer. Le buait la force d'arrêter les vaisseaux.
verbe emblayer ou emblaver dit le contraire REMORDS, remors (le d est une mau-
vfr.
de déblayer (voy. blé):, dans son sens étymo- vaise ajoute des temps modernes), subst. par-
logique, il signifie mettre en blé, ensemencer; ticipial de 7'emordre (L. re-mordere, mordre,
son corrélatif déblayer ayant généralisé fig. peiner), qui faisait au participe passé
son acception naturelle en celle de « enlever remors (L. remorsus).
REN — 436 REN

RÉMORE, voy. rémora. nation française était volpil, vorpil, goupil


REMORQUER, d'où le subst. verbal remor- (v. c. m.), reproductions du L. rulpeculus

que, ne vient pas, selon Paris, direct, du L. (dim. de vidpes, prov. voIp, it. volpe). La
remidcare, mais indirect, soit par l'esp. haute réputation du poème a fait que le nom
remolcar, soit par l'it. remorchiare. Le mot poétique de l'animal rusé a fini par supplanter
ne date que du xvi^ siècle. l'appellation commune. Regnard est contracté
REMOUDRE, =
moudre de nouveau ; de l'ail, reginhart, dont la signification (pr.
rémoudre =
re -|- émoudre {esmolre') \ de là « fort en conseil ») correspond parfaitement

rém,ouleur. au caractère attribué au renard. D. vfr. —


RÉMOULEUR, voy. l'art, préc. renardie et renardise, iistuce nfr. renarde, ;

femelle du renard, renanleau, renardier,


REMOUS, voy. remole.
-ière ; verbe renarder, employer des ruses,
REMPARER, refortifier, remettre en état
de défense, voy. emparer. — Subst. verbal
user de finesse.

rempar avec un t
et adventice rempart, RENASQUER. voy. renâcler.
,

pr. défense ; it. riparo.


:

RENCONTRER, voy. encontrer. D. ren- —


REMPART, voy. r emparer. contre (autr, du genre masc, comme l'it. in-
REMPLIER, r= re -f- em-plier (inus.). — contrn).
Subst. verbal rempli. RENDRE, it. rendere, esp. rendir, prov.
REMPLIR, = emplir; répétitif et
re -\- rendre; du L. reddere, L'intercalation de n,
intensif. — D. remplissage et l'emplage {mau- ou en d'autres termes la nasalisation du radi-
vaise formation, cp. ravage). D'après Littré, cal, parait remonter assez haut; toutefois, le
remplage vient d'une fomie vfr. rempler, vieux it. avait aussi, sans n, reddere, et le
mais je doute de l'existence de cette forme prov. la forme redre. — Subst. participial it.

jusqu'à présentation de preuve. rendita, esp., prov. renta,rkntk, du L.


(r.

REMPORTER, ^
re -\- emporter; « rem- reddita, les choses rentrées, le revenu. Autres
porter la victoire » est une imitation du L. dérivés rendable, qui est à rendre, rcndage,

:

victorlam refcrrc. rendement, rendant =


qui rend compte.
REMUER, prov. remudar., de muer L. = Notez encore le participe rendu, I qui se .

mutare, changer ; remuer est donc pr. chan- rend à l'ennemi, 2. fatigué, qui n'en peut plus
ger (ou faire changer) de place. Le sens (expression analogue à recru), et le subst.
« changer » perce encore dans l'expr. « remuer rendes-vous, imité par le stell-dich-ein des
un enfant » =
le changer de linge. L'éty- — Allemands.
mologie removcre est inadmissible. D. — RÊNE, anc. resne, resgne, reigne, reine,
remuant, remuement; cps. rcm,ue-ménage pi'ov. régna, correspond à l'it. redina, esp,
(anc. on se servait du terme remuer mesnagc (par transposition) rienda, port, rcdea. Le
p. causer du désordre). primitif de ces mots est le L, retinere, rete-
REMUGLE, anc. remeugle, odeur de ce qui nir, par un subst. verb. fém.retina,({\i.\ d'une
a été longtemps renfermé. D'origine incer- part s'est adouci en redina, forme it., d'autre
taine; Littré, faisant fond sur les mots prov. part syncopé en rctna^ d'où reina, puis régna,
rem,ueyll, remoil, cat. rcm.ull, esp. remojo, foi'mc i)rov. Us du fr. resne (d'où rêne) est
port. rem,oljo, humidité, détrempe, rapporte intercalaire. Raynouard s'est trompé en pla-
notre mot à viouillcr; mais il n'y a guère de çant le prov. régna sous la rubrique regnar,
conformité entre les formes. Je ramènerais dominer.
plutO)t meugle, mugle au thème mue du L.
RENÉGAT, BL. rencgatus (negare), qui a
mucor, moisissure; l'ancienne langue présente, renié sa foi, forme savante de renié. Le vfr.
et le patois normand a conservé (voy. Gode-
disait renoijé (de renoi/er' =" renier), et les
froy), l'adj, mucre, relent, moite. Un adj.
patois disent encore renoyé, renois.
latin muccr p. înucidus est très admissible. RÉNETTE, nom d'oiitil, voy. rainer.
Pour le changement de r en l, cp. temple' RENFORCER, =>. re -f- enforcer (auj. en-
(tempe) de tem-pora.
forcir). Subst. verb. renfors' d'où l'on a,
RÉMUNÉRER, L. re-munerare (munus). — sous l'influence du mot fort, fait renfort; cp.
,

D. rém,unératcur -ation, -atoire. ,


effort p. effors.
RENACLER, dimin. de renasquer, renifler; RENFROGNER, voy. refrogner.
Grandgagnage dérive ces mots du vfr. nasque RENGAINE, banalité; n'a rien à faire,

(bourg, naque) =
morve; ils signifieraient parait-il, verbe rengainer ; on dit que
avec le

donc pr. faire remonter la morve du nez c'est le refrain d'une vieille chanson turlu- :
;

quant à nasque, il répond à un adj. nasicus, tutu rengaine n (Littré).


-ica, tiré de nasics, nez. C'est par Littré que RENGORGER [re intensif), = se mettre en
j'apprends l'étymologie ci-dessus de Grand- gorge, se donner de la gorge ; cp. en ail. sich
gagnage pour ma part, je ne l'ai rencontrée,
;
briisten, m.
de brust, poitrine.
s.,
dans son Dict., ni à l'art, rinaker reniûer, = RENGRÉGER, vieux mot aggraver re = ;

ni sous nagueler, fureter un mot vfr. nasque, grever


;
-f- vfr. engréger, cps. de vfr. gregier,
morve, est inconnu à Godefroy. (L. gravis), d'un type graviaretcp. alléger de
RENARD, vfr. aussi regnard. Ce terme allevaré). —
L'étymologie vfr. greignour,
était, dans la célèbre satire du Renard, le greindre (grandior), posée par Littré, ne
nom donné au renard, dont la vraie dénomi- s'accorde en aucune façon avec la lettre. On
. . . .

REP — 437 — REP


trouve d'ailleurs en vfr. l'adj. ffj'er/e = gravis, RÉPANDRE, = re -f épandre (v. c. m.).
et f/Tfjos, dur, pénible. RÉPARER, L. re-parare.
RENIER, voy. nier. —
Subst. vcrb. 7r)ii. REPARTIR, 1 . partir de nouveau, 2. répli-
RENIFLER, voy. nifler. quer', d'où le subst. participial repjartie. Dans
RÉNITENT, -ENCE, du L. re-7iitt, résister. la dernière acception, repartir est l'itératif
RENNE, du nord, hreinn, suéd. ren, ail. de partir au sens de prendre son vol, sortir
rcnn-thier ags. hran. Voy. aussi ranger 2.
,
avec impétuosité, dans des expressions telles
RENOMMER, = nommer souvent avec que « sa réponse ne tardait pas à partir » ou
éloge. — D. subst. verb. renom; adj. -parti- « partir d'un éclat de rire » (cp. les termes

cipe renommé, d'où le substantif renommée. sortie, saillie).

RENONCER, L. renuntiare. — D. renonce RÉPARTIR, =


re -f vfr. espartir, distri-
buer, composé de pa?'tir (au sens de parta-
(les patois ont un subst. verbal masc. reno7i)
renoncement (et renonciation = L. renun-
;
ger). Peut-être l'accent aigu dans ré n'est-il
qu'arbitraire, et le mot se rattache-t-il à par-
tiationem).
tir, diviser (de là le terme d'ardoisier repar-
RENONCULE,
grenouille (cp. le
L.
nom
rannncuïa, pr.
gr. j9aTpi7i5v, de ^x-
petite
ton). — D. répartition
REPAS, voy. repaître.
rp-j-yoç,, grenouille).
REPASSER,
RENOUER, voy. nouer. D. renouée, — passer de nouveau, 2. faire
1.
passer et repasser souvent un objet sur un
plante qui tire son nom de la quantité de
nœuds dont les tiges sont garnies.
autre, de là repasser un rasoir, du linge.
: —
D. repassage, repasseuse.
RENOUVEAU, voy. l'art, suiv. REPENTIR, =
re -f- vfr. pentir, it. pen-
RENOUVELER, \oy. nouveau. Columelle a
déjà le composé renovellare. D. subst. \ev- — tire, prov. pentir, L. pœnitere. = D. —
repentant, -ance; subst. in^miiî repentir
halrenouvel', renouveau, 1. renouvellement,
RÉPERCUTER, L. re-2:)ercutere ; par le
2. nouvelle saison, printemps cp. appel ;
supin repercussum : subst. répercussion, L.
{appeau) de aj^peler, dégel de dégeler.
repercussionem.
RÉNOVER, L. re-novare (novus). REPERE, marque ou point qui sert à se
RENSEIGNER, intensif de enseigner
— D. renseignement.
(v. c. retrouver, du L. reperire, retrouver. D. —
m.), faire savoir. repérer. Voy. aussi repaire 2. L'étym. —
rendre. — D.
'

RENTE, voy qui


rentier, a repmre est mise en doute par G. Paris (Rom.,
(anc. = qui doit) des rentes ; verbes renier et VI, 477) il voit dans repère le subst. verbal
;

arrenter. de reimirer, revenir (voy. repaire 1).


RENTRAIRE (aussi de la P" conjug, ren- RÉPERTOIRE, registre, liste, du L. reper-
traycr), = re -{- vfr. entraire, pr. retirer en torium, formé de reperire, trouver, comme
dedans, type L. re-in-trahere ; rentraire, c'est inventaire de invenire.
pr. coudre en faisant rentrer le rebord, de RÉPÉTER, L. re-petere, pr. chercher,
manière qu'il ne paraisse pas*. D. ren- — aller prendre de nouveau (cp. le terme reprise,
trayeur, rentraiture.
= — synon. de répétition). —
D. répétailler; du
RENTRER, re -\- entrer. D. rentrée. L, repetitor, -tio : fr. répétiteur, -tion.
RENVERSER, du vfr. enverser, retourner, RÉPIT, prov. rcspieit, it. rispitto et ris-
culbuter, qui vient de l'adj. envers L. in- = petto, du L. respectus ; donc pr respect,
versus. —
D. renverse (dans la loc. « à la ren- égard, ménagement, d'où découle le sens
verse >>) et renversement. moderne délai, relâche. Pour la forme, cp.
RENVI, voy. renvier, dépit de desfjectus. Respect est donc un dou-
RENVIER, d'où subst. verb. renvi; voy. blet savant de répit.
envi. REPLET, L. repletus, rempli; réplktiox,
RENVOYER, voy. envoyer, — D. renvoi. L. repletionem,
1 . REPAIRE,
retraite, demeure, gîte, subst. REPLIER, itératif de plier ; subst. repli.
verb. du vfr. repairer, retourner chez soi, se Replier correspond au L re-plicare ; ce même .

retirer. Ce dernier répond à l'it. repatriare, verbe latin, dans vme acception spéciale qui
prov. repairar et est le latin repatriare, re- se rencontre dans le Digeste, savoir « refu- :

tourner dans sa patrie (d'où les gens de police tare, iterare responsum » s'est conservé sous ,

on fait repatrier " un vagabond »). Voy. aussi la forme fr. répliquer.
rapatrier
2. REPAIRE, t. de chasse, fiente il faut
RÉPLIQUER, voy. l'art, préc. D. ré- —
;
plique.
écrire repère (v. c. m.), de L. reperire, car le RÉPONDRE, L. respondere. D. respons*, —
mot, dans cette acception, vient de ce que la répojis, L. responsum; réponse, L. responsa
fiente sert à retrouver la bête. Voy. toutefois
p. responsio, d'où responsable (comme comp-
la remarque de G. Paris s. repère. table de compte).
REPAITRE (part, passé repu, d'où le v. REPORTER, porter de retour ou à nouveau,
subst. repue, repas), du L. re-pascere, d'où, anc. aussi =
rapporter (d'où angl. reporter,
par supin repastum, le subst. re-pastus,
le rapporteur). —
D. report.
fr. repasf, repas. Cp. fr. appât, p. appast, et REPOSER, re -\- poser, d'après le L. repo-
appas (qui était anciennement aussi la forme nere. — D. rejMS, subst. verbal; reposoir,
du singulier). Pour cette apocope du t final, reposée.
cp. dispos p. dispost, enquis p. enquist. REPOUSSER, =^ pousser en arrière; cp..
RÉP — 438 — RÉS

pour los acceptions, lo fr. rejeter et le L. RÉPULSION. L. repiiJsionem{do re-pellere).


rc-pcllerc (dont rcponsscr représente le fré- RÉPUTER, L, rc-putare, compter, penser,
quentatif —
D. repoussant, -oir.
r^/)r<7s«>v'). piiis,par extension, estimer, présumer. D. —
RÉPRÉHENSIBLE, -ION, voy. reprendre. réputation, pr. compte, appréciation.
REPRENDRE, 1. prendre de' nouveau ; de REQUÉRIR, vfr. requerre, de BL. requœ-
là le subst. part, rcptrise; 2. L. reprchen- = rei-e (p. requirere). —
D. requérant, requé-
dere, pr. arrêter, saisir, puis fig. blâmer, rable. — Du supin requisitum viennent : 1.
gourmander. De la forme latine relèvent : re- requisitus, requis'tus, fr. requis p. requist, et
préhension, -ible, L. reprchensioncm, -ibilis. de là le subst. part. fém. requeste requête; 2.
— A la forme contracte j'eprendere, au sens requisitioncm, fr. réquisition; 3. rcquisitorius,
de prendre de retour ce qui a été pris, par le fr. réquisitoire.
part, reprensiis, ripreso, se rattache l'it.
it. REQUÊTE, voy. l'art, préc.
ripresafflia, d'où les Français ont tiré repré- REQUIEM, messe des morts; c'est le mot
saille (réparation qu'on se donne à soi-même latin par où commence cette messe, ace. sing.
dun dommage essuyé) et les Anglais repri- de rcquies, repos, dont l'ancienne langue
sais. avait fait requoy. —
Le même mot requiem,
REPRÉSAILLE,voy. l'art, préc. s'est transformé en requin (le dictionnaire de
REPRÉSENTER, 1. présenter de nouveau, Trévoux écrit requiem), qui est le nom que
2. = L. reprœscntare, placer sous les yeux, les matelot* normands, selon la tradition, ont
reproduire, exprimer, figurer. Aux accep- donné au chien do mer, parce que l'apparition
tions classiques, la langue moderne a ajouté de ce monstre marin entraînait infaillible-
celle de remontrer, donner un avertisse-
« ment la mort et par conséquent un requiem,
ment n. De
mettre sous les yeux «, le sens a
« REQUIN, voy. l'art, préc.
facilement tourné en celui de « mettre à REQUINQUER (SE), se parer d'une manière
cœur ». L'allemand emploie de la même ma- affectée ; ce mot populaire est-il de la famille
nière les verbes vor-stellen, vor-halten, vor- de quincaille (voy. clinquant), ou p. recoin-
wc7-fen, vor-riœken, et le terme fr. reprocher qiu*)',qui serait une corruption de re-cointer
repose sur un trope analogue. D. rejjrc- — (cp. une mutation inverso dans quinte p.
sentant, -ation, -atif. quinque), et dérivé du vfr. coint, paré? Nous
RÉPRESSION, L. repressionem (de repres- ne déciderons pas. .lault proposait pour type
siim, supin de rejjrimcre, fr. réprimer); néol. Je L. re-concinnarc raccommoder. Ménage
,

rc2:)rpssff. recomere, peigner, ajuster ; ce sont des erreurs


RÉPRIMANDE, voy. l'art, suiv. — D. répri- manifestes. Littrô pose l'étymol. requinquare,
mander. d'un verbe latin quinquare signifiant nettoyer
RÉPRIMER, L. re-prîmere, pr. refouler. (les dictionnaires le donnent avec le sens de
— D. réprimahle. Du L. reprimenda (faute faire des lustrations pendant une fête de cinq
à réprimer), les savants ont fait réprimande, jours). Si ce moi quinquare, que l'on rencontre
pr. chose blâmable, puis action de blâmer (cp. dans Charisius, grammairien du iv" siècle,
le mot offrande, action d'offrir). est la bonne étymologie, requinquer a dû être
REPRISE, voy. reprendre. D. repriser, — un terme né dans la société monastique, passé
faire dos reprises (t. de couturière). ensuite dans le parler populaire. Il faudrait,
RÉPROBATION, L. reprobationcm (voy. pour se prononcer, lui historique plus riche
réprouver),. sur l'emploi du mot.
REPROCHER, prov. repropchar ; d'un type REQUISITION, -ITOIRE, voy. requérir.
latin re-propiare (prope). C'est donc pr. un RESARCIR, L. re-sarcire, —
D. resarcis-
synonyme de rapprocher Pour . le sensmoral sure.
attaché à ce verbe (et qui rappelle bien le RESCIF. voy. récif.
nahe fûhren et le vor-riïcken des Allemands), RESCINDER, L. re-scindere, déchirer, an-
voy. l'art, représenter. Le P. Labbé s'est sin- nuler, casser; du supin rescissum : rescis-
gulièrement fourvoyé en expliquant le mot sionem. fr. rescision (il faudrait rescission),
en ces termes « C'est proprement récuser
: RESCISION, voy. l'art, préc.
qqn. pour juge ou pour témoin, à cause qu'il RESCOUSSE, voy. recourre.
est proche parent de la partie. » Les étymolo- RESCRIT, L. re-scriptum, pr. réponse.
gies tirées de reciprocare ou de opprobrium RÉSEAU, anc. résel, roisel; ce mot repré-
sont tout aussi insoutenables. D. reproche, — sente littéralement le L. reticellum, dim. de
reprochable, irréprochable, rete, rets, filet (vfr. roit). L'it. dit reticello,
REPRODUIRE, yoy. produire. reticino. Une autreforme diminutivedu même
REPROUVER (à distinguer de reprouver = primitif est reA«7/e; les pêcheurs emploient les
prouver de nouveau), L. re-probare, m. s., mots résure et reseuil (= L. retiolum) pour
d'où rép7~obation. désigner des ou des appâts qu'ils y met-
filets,
REPTILE, L. reptilis (reTpere). tent. Le latin reticulum s'est
vrai dimin.
REPUBLIQUE, du L. res publica, la chose introduit dans la langue pour désigner un
publique. — D. républicain, -anisme. petit sac à ouvrage à grandes mailles, sous la
RÉPUDIER, L. repudiare. — D. répudia- forme ridicule, corruption de réticule.
tion.
RÉSÉDA, plante, mot latin.
REPUGNER, L.
re-pugnare, lutter, être RÉSERVER, L. re servare. — D, réserve,
contraire. — D. répugnant, -ance. réservoir; adj. réservé = retenu, part, passif
RES — 439 RES
à sens actif, comme circonspect, discret, rési- vagues; c'est sans doute le subst. de l'anc.
gné, retenu, etc. verbe resacher, retirer (voy. sac).
RÉSIDER, terme moderne et savant p. vfr. RESSASSER, repasser au sas (y. c. m.).
reseoir =
L. re-sidêre (sederej. D. résident, — RESSAUT, it. risalto; du verbe ressaillir,
résidence. L'anc. langue avait régulièrement comme saut de saillir.
formé du part, residensle t. de droit resséant, RESSÉANT, voy. résider.
domicilié dans le lieu, d'où rcsséantir, être RESSEMBLER, intensif de sembler. D. —
tenu à résidence. ressemblant, d'où ressemblance.
RÉSIDU, L. residuus [ve-ûàeve). RESSENTIR, intensif de sentir. Dans le
subst. 7'esscntifnent, le préfixe re conserve
RÉSIGNER, L. re-signare, pr. rompre le
cachet isignum), desceller, puis au fîg. casser, légèrement son caractère itératif c'est pr. le:

dissoudre, renoncer à, se démettre d'une renouvellement, le ressouvenir d'un senti-


charge ; se résigner, =
se soumettre, s'aban-
ment, un reste d'une sensation éprouvée (p.
donner. —
D. résignable, résigner, résigna- ex. « il a encore des ressentiments de fièvre «),
d'où le sens spécial souvenir qu'on garde
tion, 1. action de résigner, renoncement, :

soit des bienfaits (cette acception, encore


abandon, 2. action de se résigner, c.-à-d. de
usuelle dans Molière, s'est perdue), soit des
s'abandonner à la volonté de Dieu.
injures ou offenses.
RÉSILIER, verbe irrégulièrement formé du
L . en arrière, reve-
resilire (salire), pr. sauter
RESSERRER = serrer de nouveau et ser-
rer davantage.
nir sur ses pas dans la basse latinité, ce verbe

;

est devenu synonyme de renuntiare. D.


RESSORT, voy. les deux art. suiv.

résiliation.
1. RESSORTIR (conjugué comme sojHir =
aller dehors), 1. de nouveau;
sortir, partir
RÉSILLE, voy. réseau.
2. intensif de sortir, pris dans son sens pri-
RÉSINE, L. résina (gr. p-^rh-o). — D. rési-
mitif de saillir, avoir du relief. De là le subst.
neux, L. resinosus.
verbal ressort, pr. rejaillissement, rebondis-
RÉSIPISCENCE, L. resipiscentia, de re- sement, contre- coup (cp. esp. resurtir, rejail-
sipiscere (composé de saperé], redevenir sage. lir). Voy. aussi le mot sortir 2.
RÉSISTER, L. i-e-sistcre. — D. résistance, 2. RESSORTIR (conjugué, comme assortir,
7'é.<!istible, iryx'sisiibïe, L. rcsistibilis, irrcsis- d'après finir), appartenir à une juridiction.
tibilis. Subst. verbal ressort, it. risorto, étendue de
RÉSOLU, etc., voy. résoudre, juridiction. D'après Diez, la signification
RÉSONNER, L. D. réso-
re-sona7'e. — actuelle de ce terme juridique se rattache au
nance, résonnement. vfr. resortir, se retirer, chercher un abri,
RÉSORPTION, L resorptio7icm (vG-sorhere). avoir recours, d'où le subst. vfr. resort,
RÉSOUDRE, L. re-sohere. Du supin reso- retraite, recours, tribunal où l'on recouvre
lutum viennent 1 part, rcsolutus, fr. résolu;
: . son droit. Quant à ce verbe ancien resortir
notez que dans l'emploi adjectival de ce mot, (BL. resortire, habere jus appellationis), Diez
le sens est contraire au sens latin ; ce dernier y voit un composé de sortir, obtenir (dér. de
se rapporte au verbe resolvere, en tant que sort, V. c. m.); resortir, c'est recouvrer son
signifiant détendre, relâcher, tandis que droit. Ce savant s'appuie de l'analogie que
l'acception moderne (déterminé, hardi) est présente le terme it. ricovrarc, qui signifie
active et tirée du verbe résoudre en tant que 1. recouvrer, 2. se sauver, se réfugier. Du —
signifiant donner une solution, trancher une Gange avait mal défini le subst. rcssortum
diîRculté 2. resolutio, fr. résolution,, action
; par ces mots «quidquid intra sortes continetur
de dissoudre, cassation, décision, fermeté ; seu jurisdictionis terminos », et Budé a versé
3. resolubilis*, fr. résoluble; 4. resolutorius, dans une erreur encore plus forte en dérivant
fr. résolutoire ; 5. resolutivus*, fr. résolutif. ressortir de sort, par cette raison « causse :

— Le part, résous est p. resols et vient de la enim sortibus ex urna ductis cognosceban-
forme contractée resoltus ''cp. absous, dissous, tur ». — Pour me rallier à l'explication éty-
coexistant avec absolu, dissolu). mologique de Diez, dans tout son développe-
RESPECT, L. re-spectus (re-spicere), litt. ment, je voudrais savoir si le vfr. resortir,
= regard (cp. nos expr. analogues égard, avoir recours, que l'on invoque comme ana-
considération). —
D. respecter, L. respectare), logie de sens, avait également la conjugaison
d'où respiectablc, respectueux, respectif, mot inchoative (les exemples d'appui me font dé-
de façon nouvelle, qui se rapporte au sens faut à cet égard). En attendant, il me semble
« égard, rapport, point de vue », qu'avait toujours que ce vieux resortir, avoir recours,
aiitrefois le mot respect. —
Le latin respectus trouver sa ressource, doit être le même mot
se retrouve encore dans la langue fr. sous la que notre ressortir, qui foncièrement dit :

forme répit (v. c. m.). rejaillir,remonter, relever (j'invoquerais bien


RESPIRER, L. re-spirare. D. respirable, — ici aussi le terme relever =
dépendre juridi-
respiration., respiratoire. quement, si l'on disait relever à comme res-
RESPLENDIR, L. re-splendere. D. res- — sortir à). Enfin, je rappelle ici le subst. vfr.
plendissant, resplendissement. retour =
recours, refuge, protection, syno-
RESPONSABLE, angl. responsible, voy. nyme du vfr. resot^t.
répondre. — D. responsabilité. RESSOURCE, it. risorsa. Je trouve dans ce
RESSAC, t. de marine, rebattement des mot quelque chose de plus qu'une simple
RET — 440 — RET

variété formelle de source. De même que ce RÉTABLIR,= re establir, ou -|- direct, du


dernier vient de sordre ou sourdre, notre mot — D. rétablissement.
L. rc-stidii/ire.
dérive directement de resors, part, du verbe RETARDER, L. rc-tardare. — D. subst.

vfr. resordre, qui est le L. re-surgere et qui verbal retard; mots savants retardation, :

signifiait 1. se i-elever, 2, relever (sens ataire.


:

h&ressource est donc pr. une chose qui


actif/, RETENIR, L. re-tinn-c (tenere). D. re- —
vous relève, un moyen qui fait sortir d'embar- tenu [ad}, part. A sens actif, voy. réservé);
ras. —
Dans Jean Le Maire des Belges (II, subst. retenue —
Du supin L. retcntum, le
283), je lis la ressorce (= résurrection, réta- subst. retentio, fr. rétention et adj. retentif.
blissement) de Troye. RETENTIR, =
re -\- vfr. tentir, lequel
RESSUER, rendre son humidité intérieure, vient d'une forme L. tinnitire p. tinnitare,
fie yc -|- suer, == L. re-sudare, it. in'sudarc. fréq. de tinnire. Le L. tinnitare a donné
— Dans langue, le mot est différent et
l'anc. tinter.
représente re -j- essuer (= essuyer). RÉTICENCE, L. reticentia (de re-ticerc, so
RESSUI, t. de vénerie, subst. verb. de rcs- taire).
suyer, sécher. RÉTICULE, L. reticulum (voy. réseati). Ce
RESSUSCITER, L. re-siiscitare, relever, mot, au sens de petit sac, s'est gâté en ridi-
réveiller, faire revivre. cule.
RESTAURER, L. re-staurare, rétablir, re- RÉTIF, vfr. restij, qui s'arrête ou recule au
mettre, refaire. —
D. restaurant, -ation, lieu d'avancer, prov. restiu, it. restio p. res-
-ateur. Le premier « restaurateur " (traiteur), tivo (à Milan on dit restin), dér. du L. res-
un nommé Boulanger, vers 1765, avait, dit tare = resistere, regimber. — D. rétiveté.
l'histoire, mis sur sa porte la devise suivante : RÉTINE, d'un type L. retina, dér. de rete,
« Venite ad me omnes qui stomacho laboratis réseau ; l'ail, dit de môme nets-haut.
et ego restaurabo vos. » RETIRER, ti rer en arrière, syn. de retraire.
RESTER, L. re-stare, demeurer en arrière. — I) rrtiré (adj.), retirade.
— D. reste, restant. Cps. arréttT (v. c. m.). RETORDRE, renforcement de tordre, cor-
RESTITUER, L. rc-stituere, pr. replacer, respondant au L.re-foj'ç»(^<', dont les savants
d'où restitutio, fr. restitution. —
Restituerc ont fait rétorquer. Du part, retortus ou retor-
appelle, d'après l'analogie d'autres verbes en sus viennent fr retoi's
: =
retordu ; rctortc,
ëi-e, i>h\tôt restituir ; ce mot peut avoir existé cornue; n-torsion, -if.
comme on trouve constituir, mais l'emploi de RÉTORQUER, vcy. l'art, préc.
l'infin.en er pour statuere, comme pour ses RETORS, RETORTE, voy. retordre.
composés en -stituere, remonte assez haut RETOURNER, = re -f tourner, au sens
dans la langue, pour ne pas l'expliquer, plutc'it — D. subst. verbal retour.
actif et neutre.
que par un simple métaplasme arbitraire des RÉTRACTER, L. re-tractare, do re- fréq.
temps modernes, en partant des formes fré- trahere, — D. rétractation.
retirer.
quent, statutare', -stitutare'. RETRAIRE, L. re-trahere, retirer, dont le
RESTOUPER, =
re -\- estouper, qui est supin retractum a donné retractus, fr.
:

l'ail, stoppen, stopfen, bourrer, boucher (voy. retrait, subst. part. fém. retracta, fr. retraite;
étoupe). puis les mots savants rétraction et retraç-
RESTREINDRE, L. re-stringere, resserrer aie.
(cp. étreindre).Du supin restrictum restric- : RETRAITE, voy. l'art, préc. D. retrai- —
tion, restrictif; du part, restringentem le t. : ter, mettre à la retraite.
médical restringent. RETRANCHER, renforcement de trancher.
RÉSULTER, L. rc-suîtare (fréq. de re- — D. retranchement, 1. action de retrancher,
silire), pr. rejaillir,rebondir; au moy. âge le 2. espace retranché, .séparé d'im plus grand ;
mot a été traité en synonyme de evenire, de la dernière acception .s'est déduite l'accep-
exirc (fr. issir). Cp. les termes réussir, res-' tion spéciale et militaire du verbe se retran-
sortir. —
D. résultante, résultat, mot de cher.^
création savante, =
ce qui résulte ou provient RÉTRÉCIR, =
rc 4- c'trécir (v. c. m.). —
d'une, affaire. D. rétrécissement.
RÉSUMER, L. rc-sumere, reprendre, d'où RÉTRIBUER, L. re-tribucre, payer en
le sens mod. : redire, exposer de nouveau retour, d'oùretributionem, fr. rétribution.
en abrégé. — D. subst. résumé. RÉTRO, adverbe latin, francisé en rère,
RjîiSURRECTION, L. re-surrectionem, de rière (d'où les composés ar-rière, de-rière,
resurrectum, supin de re-surgere, vfr. re- auj. derrière). On le trouve encore appliqué,
sordre comme préfixe, dans les mots fr. (du fonds
RETABLE, vfr. restauh. Cette dernière savant) suivants rétroagir [-action, actif),
:

forme et le genre du mot défendent de songer rétrocéder et rétrocession, rétrograde, L.


à une origine de table (p. ainsi dire contre- retrogradus d'où rétrograder, -ation), rétro-
table). Restaide nous renvoie à un adj. lat. S2Jeciif[de retrospicere).
re-stabilis, avec un sens particulier d'archi- RETROUSSER, voy. trousser. — D. re-
tecture, soit celui de « fixé contre » ou tout troussis.
autre. Le retable (mieux voudrait rétable) est RETS, Vs représente l'ancienne finale du
un ornement de bois, de pierre ou de marbre, nominatif (cp. temps, corps, etc.), du L. rete,
contre lequel est appuyé l'autel. m. s. —
Voy. aussi réseau, rétine.
REV — 441 — REV
RÉUNIR, du BL. rc-unirc, iterum conjun- fortifier.Il existait au xvi^ siècle un syno-

gerc ; aiij. le sens itératif dn re s'est effacé ;


nyme de rêver sous la forme redder (cp. re-
subsr. réunion, fait sur le patron de union. derie, deliramemtum, Vocab. d'Evreux), et le
RÉUSSIR, vfr. réissir, =
ré -{- issir (voy, dialecte picard a conservé un verbe réder,
issu), anc. aussi (sans ré) iissir (it. uscire]. Le avec le sens de raffoler. Les deux mots se
mot donc pr. sortir, résulter, avoir une
dit tiennent-ils par l'origine? Nous pensons que
issue bonne ou mauvaise (Molière dans le oui. Si rêver se rattache à rabies ou plutôt à
Tartufe « Vovons ce qui pourra de ceci réus-
: rabia, nous rapporterons redder à un dérivé
sir»), puis spéc. avoir un bon résultat. D. — rabidus, forcené, en délire, d'où rabidare,
subst, part, réussite, direct, de l'it. riuscita. d'où rabder, radder, redder, réder. Le chan-
— La substitution des formes vfr. iissir, it. gement de a en e, en position, n'a, comme
à issir et esctre est peut-être fondée
icscire on sait, rien d'étrange ni d'irrégulier dans
sur quelque allusion au vfr. ics, it. uscio, une syllabe atone. — Littré s'adresse au
porte, issue (au], huis, v. c. m.). danois roeve, angl. rove, vagabonder, mais la
REVANCHER, forme durcie de l'anc. reven- voyelle radicale ne permet pas de le suivre.
ger, prov. revenjar, angl. revenge (voy. xen- — Bugge(Rom., IV, 364) s'eff'orce par trop
ger). Cp. pour ce changement, la fluctuation subtilement de rattacher notre mot à L.
qui se présentait jadis entre vfr. nage, et errare, errer, divaguer, par l'intermédiaire
nache, du L. natica. — D. revanche. d'un dérivé fictif errâtare, d'où, par l'aphérèse
REVE, anc. resve, verbe rêver. Us est inter- de la syllabe initiale et la syncope de t, rem-
calaire, car le prov. a rêva (cp. vfr. esve p. placé par V, raver, rêver. Les traces qu'a lais-
ève =
L. aqua). On a mis bien des étymolo- sées dans les dialectes italiens le type "errati-
gies en avant sur ce mot. Nous citons d'abord careiradegar, errer; moàen. andâr aradégh,
celle puisée dans le gaél. rabhd, radotage. courir çà et là) ne sont pas de nature à nous
Partant d'une signification première de cette convaincre de la réalité de ce rapport. Malgré
nature, autant vaudrait, observe Diez, invo- l'exemple tiré de imbladare devenu emblaer,
quer un type latin re-evare =
être pris d'en- puis emblaver, il reste divers petits traits qui
thousiasme. Le P. Labbé, Ampère et Génin ébranlent le crédit de cette conjecture. — Du
ont supposé une parenté avec desver (voy. fr. rêver (plus tard resver, rêver), le flam. a tiré
endetter) ; cela est impossible, ne fût-ce qu'à reven et revelen (Kiliaen, 1599^ et le mha.,
raison de 1'^, qui est organique dans desver reben. La langue des trouvères avait égale-
et épenthétique dans resver. D'autres, peu ment une forme diminutive révéler; elle se
soucieux des lois physiologiques qui déter- révèle dans l'adj. révélé, extravagant, et les
minent la formation des mots, ont cavaliè- subst. revel, reviel, reviau, aussi rivel (en
rement avancé soit le gr. pifi^iu, tourner, angl. revel, revelry), divertissement, réjouis-
errer, aller â l'aventure, soit re-puerare, re- sance, pr. extravagance, ribote, synonyme
devenir enfant. Chevallet, enfin, s'adresse à de rêverie, riverie, qu'on y trouve dans le
l'angl, rave, délirer, rêver, holl. revelen, m. même sens. [Nous n'adoptons pas la manière
s. ; il cite encore un anc. ail. reuberschcn, m. de voir de Diez et autres qui dérivent ces
s.,mais ce mot m'est inconnu. Le philologue vieux mots de rebellare; nous les ramenons
parisien ne se doutait pas que les mots ger- de préférence au premier sens de rêver, se
maniques qu'il cite sont empruntés au fran- laisser aller à des folies nocturnes, v. pi. h.
çais. —
Avant de produire une étymologie On peut même se demander si le terme réveil-
plus plausible, nous remarquerons qu'il ne lon n'est pas p. revel on, par assimilation à
faut pas perdre de vue quoréver signifiait à veillée. Après cela, nous ne disconvenons pas
l'origine « courir çà et là », faire le vagabond qu'il y a eu un vieux verbe révéler, se rebel-
(on disait un « resveur de nuit », p. coureur ler, mais nous le tenons pour un homonyme.
de nuitj que le mot s'est dit ensuite de l'alié-
;
Voy. ma noteBaud. de Condé, p. 401.] — D.
nation mentale (cette acception est encore rêveur, rêverie, rêvasser.
celle de l'angl. rave, cp. notre expr. vous rê- REVÊOHE, port, revesso; selon Diez du L.
vez, p. vous divaguez, vous extra vaguez), puis reversus, retourné, contraire. Cette étymo-
enfin des songes. Voici, en conséquence, la logie, quelque étrange qu'elle paraisse au pre-
solution présentée par Diez, et qu'a suivie mier abord, s'appuie de ce fait que revêche
Burguy. Rêve une variété dialectale de
est reproduit exactement l'it. rivescio (rovescio),
rage, fait parfaitement acceptable on voit de
; auquel, à raison de sa signification de revers,
même alterner, dans la vieille langue, les for- renversé, on ne saurait contester une prove-
mes caive et cage (du L. cavea). L'enchaîne- nance de reversus. Ce dernier, par la syncope
ment serait : rabia (p. rabies), raive, rêve; régulière de ,1a liquide (cp. dosicm p. dorsum,
cette succession explique la longueur de la L. hœsi p. hcersi), a pu donner rivescio,
voyelle radicale e et partant Y s paragogique^ comme vesica a fait vescica. La même syncope
dont elle a été plus tard accompagnée. L'a de r se présente dans le port, et esp. rêves,
primitif perce encore dans l'orthographe revers, port, revessa, contre-courant. L'anc.
angl. rave et le bourg, ravasser. Nous hési- langue offre d'ailleurs à la fois reverse, re-
terions beaucoup à ébranler le crédit de l'opi- verche et revesche. —
Diez pense que le vfr.
nion si bien justifiée par le vénérable profes- revois représente également un primitif re-
seur de Bonn; aussi n'aurons-nous garde de vcsus pour reversus. Cela peut être vrai pour
le faire. Au contraire, nous cherchons à la le mot en tant que synonyme de revêche ; mais
REZ — 442 — RIB

quant à vîr. revois, signifiant convaincu, avéré,- RHÉTEUR, L. rhctorcm, du gr. ^>iTO),o, do
je parle; rhétorique^ gr. ^rirupix^. s. c.
et que l'on trouve aussi sous les formes
7-eveit, /îîw,

revoit, j'estime qu'il ne vient pas derrvocatiis, TJx>"î, art du rhéteur. —


D. rhétoricicn.
étymologie que patronne Burguy, mais du RHINOCÉROS, L. rhinocéros, du gr. pivoxipu;
L. rc-victus, qui correspond exactement pour (de p'-;, /'-'voî, nez, et xipxi, corne); l'ail, tra-

le sens et la lettre. Voy. aussi G. Paris


Rom. duit exactomont le mot par nas-horn.
m, 505. RHODODENDRON, gr. poS6Sivop^-j, pr. arbre-

RÉVEILLER, = re-\- éveiller. — D. réveil, rosier.

de peinture. RHOMBE, L. rhombtis, losange, du gr.


réveillon, t.

RÉVEILLON, repas nocturne, voy. l'art. pofjitoi. —


D rhomboïde, gr. po/itotiHi, q"i a
la forme (ùSoi) du rhombe.
rêve.
RÉVÉLER, L. revelare, pr. dévoiler. — RHUBARBE, jirov. reubarda, esp. ruibarbo,
reobarbaro, du L. rheu-barba^'um ; Isidore
it.
D. révélateur, -ation, L. revelatorem, -atio- interprète rhcii par racine, mais c'est une
nem. erreur; rhcu représente le gr. /s»î9v,adj. do "l'«,
REVENDIQUER, = re -\- L. vindicare, ré-
clamer (Montaigne a vemliquei'). —
D. reven-
L. liha, nom indigène du Volga (chez les
Latins Rha barbantm et liha ponticum). La
dication.
revenire. —
forme Rha a donné lieu à l'it. rabarbaro et
REVENIR, L. D. revenant;
ail. rhabarber. La rluibarbe se tirait princi-
revenu (ce qui rentre d'une mise de fonds ou
palement des rives du Volga.
d'un travail, cp. l'équivalent latin reditus, do
RHUM,
de l'angl. rum, qui, selon les uns,
redire): revenue, ]e,\\ne pousse de bois; retient
vient du sanscritrôma, eau, selon d'autres, de
(dans « prix de revient »).
source américaine.
RÊVER, voy. rêve. RHUME, vfr. reume, prov. rauma, fluxion,
RÉVERBÉRER, L. re-verberarc, repousser,
du L. j'heuma, gr. fn^f^t, fluxion; cp. le
rejeter (ne s'applique plus qu'en parlant de la terme analogue catan'he, de *v.r«p'pot.x, pr. =
lumière et de la chaleur). —
D. révtrbéraiion ;
defluxus. —
D. enrhumer {s) \ rhumatique,
réverbà-e, d'abord lame concave et luisante en gr. /9!u/*5(Ti)!o;; rAj<ma^wer,gr./5iw««Tt?!iv;rA»-
fer-blanc disposée dans le fond d'une lampe, matismc (d'où rhumatismal), gr. ^!u,«atTn;to'î.
pour réverbérer la lumière, puis, par ellipse, RHYTHME, L. rhylhmus, du gr. /suâ^tto;.
lanterne munie de cet appareil.
— noiiil)ie, mesure, symétrie. D. rhi/thmer; —
RÉVÉRER, L. re-verei'i. D. révérend, rhytlnniqi(e, pv. pvâfit/ài.
L. rcvorondus ; révére^ice, L. reverentia, d'où RIBAMBELLE, longue suite, mot burlesque
révérencieux -iel. ,
d'étymologie inconnue. Littré pense i\ riban
REVERS, subst., côté retourné, fig. dis- = ruban ; le mot aurait été forgé sur l'idée
grâce de fortune, du L. re-vcrsus, retourné. u bi'llo file «.
Du même part, latin vient le subst. BL. revcr- RIBÂUD, vfr. ribalt, it. ribaldo, nord, et
sum, réponse, d'où reversai ; puis réversion, mha. ribbalt, BL. ribaldus, enfant perdu de
L. reversionem, et réversible, sujet à retour. l'armée, bandit, débauché, libertin. Grimm,
Le jeu de reversi, aussi reversis, est sans doute partant do l'acception « déterminé. intrépide »,
de même origine ; c'est une sorte de triomphe dérive le mot du vha. regim.bald, homme
renversée fesp. revesino, it. rovescino). hardi, « perfortis, latro ", mais ce type ger-
REVÊTIR, 1. =
vêtir (acceptions pr. et manique se serait romanisé par it. rambaldo,
doubler.
fig.), 2. investir, 3. —
D. revêtement. fr. raimbaut., rimbaut (ce mot existe comme
REVISER, L. rcvisare, fréq. de re-videre, nom de famille très répandu). Diez insiste sur
d'où, par le supin revisum, les subst. revisor, la définition fures, exulcs, excommunicati,
:

revisio, fr. réviseur, revision. en un mot homme sans aveu (Nicot inter-
REVIVIFIER, L. revivificare. prète : putier, bordelier) ; il rapporte ainsi le
RÉVOLTE, tiré direct, de l'it. rivolta, .subst. mot au vha. hriba, mha. ribe, prostituée,
participial de rivolgere =L revolvere, retour- qui, joint au suffixe péjoratif a/(Z, aurait donné
ner, bouleverser. Le mot fait double emploi ribaldo, etc. Cp. vfr. riber, séduire des fem-
avec révolution, qui est le subst. latin revolutto- mes, auj. ribler, courir la nuit. En partant —
nem. — D. révolter. de l'ail, reiben, mha. riben, fricare, terere,
RÉVOLU, L. revolutus (revolvere). je vois dans ribaud une appellation analogue
RÉVOLUTION, L. revolutionem (revolvere). aux termes latins perfrictus, tritus, fr. fourbe,
— D. révolutionner, -aire. fripon, polisson, qui découlent tous de l'idée
RÉVOQUER, L. re-vocare, rappeler. — D. frotter. —
D. ribaudcr, -erie; anc. ribaude-
révocable, révocation, L. revocationem. quin, arme ou engin des ribauds. Ribote, —
REVUE, subst. part, de revoir. riboter sont des dérivés du même radical rib.
RÉVULSION, L. revulsionem, de revulsum, RIBE, moulin à meule conique pouç broyer
supin re-vellere, d'où aussi révulsif. le chanvre. Bugge (Rom., III, 156) s'adresse
REZ, anc. subst. =
niveau, état de ce qui au bas-ail. repe (fém.), brisoir, broie, suéd.
est à fleur de ; il n'est plus d'usage que dans repa, brisoir, ni. repel (Kiliaen, repe, instru-
le composé rez-de-chaussée, puis comme pré- mentum quo Uni semen stringitur), nha. riffe,
position signifiant à fleur ou à ras de {rez riffel.
pied, rez terre); du même L. rasus (part, de RIBÉS, de l'arabe ribas.
radere), dont on a tiré la forme ras (v. cm.). 1. RIBLER, voy. ribaud. — D. ribleur.
. ,

RIC 443 — RIF

2. RIBLER, aiguiser, de l'ail, rihcn, aiij. autre valeur), et cochet, jeune coq. Qu'un
reiben, frotter? oiseau est en jeu, on est autorisé à le présu-
RIBLETTES, tranches de lard, frites dans mer en voyant les Anglais traduire ricochet
la poêle, dont on entrelarde souvent les ome- par la formule « a diich and a drahe » (une
lettes. D otymologieinconnue. Au moyen d'un cane et un canard), les Allemands (en termes
renfort de huit chaînons intermédiaires. Mé- d'artillerie^ par^ô^/er, qui est aussi le nom du
nage était parvenu à faire tenir ensemble rib- pic-vert. —S'il s'agissait d'expliquer ricocher,
lelte et L. laridum! Aujourd'hui, l'on ne se ricochet en tant qu'exprimant l'idée de répéti-
joue plus si aisément de son public. —
Peut-être tion, sans patronner une étym. faite par je ne
du germ. rib, rip (n\\. rij/pe), côte, nervure sais plus qui :« coche répétée coche étant
»,
(saillies longitudinales des feuilles). —
Buggc dit de la hachure que la pierre fait en rasant
(Rom., III, 157) rapproche deriblette le suéd. la surface de l'eau, j'alléguerais soit re -\-
reppling, tranche (de viande, de fromage, etc.), cocher [cocher pris p. décocher), soit un type
norv. ripel ou repcl, long et étroit morceau ;
lat. recoctiare* (tiré do recoctus), recuire au
verbes suéd. repa, déchirer, arracher, norv. sens figuré de rebattre, multiplier à l'infini,
ripa ou repa, dépouiller, angl. rip, arra- soit enfin re -\- copiare^ multiplier (cp. proche
cher. La même racine a donné ribe et riblon. de propius). —A propos de la « fable du rico-
RIBLON, « petits morceaux de fer à refon- chet », je juge intéressant de fixer l'attention
dre ». J'avais jusqu'ici assigné à ce mot, qui des amateurs sur le passage suivant de Bau-
signifie proprement rognure, pour étymoL, le douin de Sebourg, XIV, 947 :

germ. riben, reiben, frotter, broyer, mais je Tant la mena la dame de quoquet en fciblel.
me rallie à l'opinion de Bugge mdiquée à Que li rois li dist Dame, foi que doi Jupitel,
: etc.

l'art, préc.
RIDE, RIDEAU, voy. rider.
RIBOTE, RIBOTER, voy. ribaud. Littré RIDELLE, chacun des deux côtés d'une
croitque riboter est =
rebouter, bouter de charrette (faits en forme de râtelier); brin de
nouveau, bouter sans cesse, mais on n'entre- chêne en grume; on trouve aussi rizelle et
voit pas trop la liaison des sens.
rudelle; de même reddalle, gros bâton, et
RICANER, recaner, rechaner^
vfr. et dial.
redon, bâton de fagot. Littré pense que ce
recaigner, grincer des dents, braire comme sont là des dérivés du L. rudis, rudicida,
l'âne, clabauder, esp. reganar, prov. reganar,
baguette, et aussi de ridica, échalas, piquet.
grincer des dents. Diez pense que ces mots
tiennent an L. cachinnare, rire à bouche
— Il se pourrait bien que ridelle fut de la

famille de rideau [ob^ei qui cache, préserve);


ouverte, d'où procéderaient les différentes ac- mot rideau appliqué à une rangée d'ar-
cp. le
ceptions ; l'élément prépositif ri pour re lui
paraît être une modification postérieure amenée
bres préservant du vent ou du soleil. L'angl. —
traduit ridelle par rach, pr. râtelier cela ;

par la relation du sens avec Wre. Je doute de porte vers une étymologie L. rete, rets,
cette étymologie; à part les improbabilités
réseau. La forme première, dans cette hypo-
résidant dans la forme, le sens aurait tourné thèse, serait redelle.
au contraire, car ricaner, c'est rire à demi, et RIDER, froncer, plisser, du vlia. ga-ridan,
non pas à bouche ouverte. Toutefois, je n'ai mha. riden, ags. vridhan (d'où angl. writhe),
rien de mieux à opposer; je dirai seulement
que l'interprétation de Nicot « lascivire » et
tordre; adj. vha. me?, crêpé, ridé. D.7'ide; —
dim. rider rideau, BL. ridellus, v. angl.
)a forme anc. re-caig7icr font penser à canis,
à moins qu'il n'y ait deux homonymes à dis-
ridel, riddle, pr. qqch. de plissé. Périon, —
de son temps, n'hésitait pas à poser le grec
tinguer. Littré indique vha. geinan, ouvrir la puzli (= rugosité quelconque), comme l'éty-
bouche. —
D. ricanement, ricaneur, -erie. mologie de ride.
RIO-A-RIO = au pied de la avec une
lettre, 1. RIDICULE, adj., L. ridicidus (ridere). —
exactitude rigoureuse. D'origine inconnue; du D. ridiculité, ridiculiser
radical rig [g final durci) do rigor, rigueur? 2. RIDICULE, suhst. ma.sc., voy. réseau et
ou du prov. rie, puissant, fier, rigoureux? réticule.
RICHE, it. ricco, esp. rico, prov. rie, du RIÈBLE, nom de plante d'où? ;

vha. rihhi, goth. reihs, ail. mod. reich, angl. RIEN, vfr. ren (jadis du genre féminin),
rich. — D. richesse (vfr. richeté, ricoise, pr. chose ; le sens opposé est le fait de la né-
prov. riqueza); richard; enrichir. gation qui accompagne le mot (voy. l'art.
RICIN, L. ricinus. otéant). Du L. rem, ace. de res.
RICOCHER, d'où ricochet. L'étymologie de RIFFER, vieux verbe, égratigner, écorcher
ricochet ne peut être entreprise avec quelque cp. le bavarois riffen, m. s., variété de l'ail.
sûreté que lorsqu'on sera éclairé sur l'origine raffen, reffen, arracher. —
Forme diminu-
de la locution proverbiale « c'est la fable (ou la tive rifler, variété de rafler (cp. nha. riffeln,
:

chanson) du ricochet », et surtout sur le v. flam. ryffelen, angl. rifle).


fond de cette fable, que les Italiens appellent 1. RIFLARD, rabot, voy. rifler.

la favola delV uccellino, c.-à-d. de l'oiseau. 2. RIFLARD, vieux parapluie; d'une pièce
Si, dans ladite fable, que personne n'a encore de Picard (la Petite Ville), où l'acteur chargé
révélée, il s'agit réellement d'un oiseau comme du rôle de Riflard apparaît armé d'un énorme
du principal personnage, on est à priori porté parapluie.
à décomposer ricochet par ri (forme populaire RIFLER, voy. riffer. — D. riflard I, gros
p. re, ou, dans le cas spécial, pourvu d'une rabot.
RIN — 444 — RIQ

RIGIDE, mot savant, L. rigidus. — D. W- du nord, hrcinsa, nettoyer. L'autorité de Diez


gidité, L. rigiditatem. —
Le même adj. latin me fait abandonner une étymologio tirée de
est le primitif de roit' roide (v. c. m.). ramits (cp. p. la forme rinceau, et pour le
RIGODON, mieux rigaudon, espèce d'air et sens ramoner, nettoyer). Langensiepen—
de danse ; Rousseau (Dict. de musi-
d'après n'aura guère de succès avec son étymologie,
que), du nom de l'inventeur Rigaud. d'ailleurs habilement exposée savoir un mot :

RIGOLE, BL. rigat-a, rigidus,


vfr. rigot, hypothétique rinciarc p. rincare, lequel se
it. rigoro, dérivé du BL. rigus, ruisseau. rapporterait à runcare, sarcler, racler, comme
D'après les uns, d'origine celtique; ils allè- pingcre à pungerc. —
Ce qui affaiblit consi-
guent cymr. rhig, entaille, rhigol, sillon, dérablement la valeur de l'opinion de Diez et do
petit fossé. D'autres invoquent le bas-ail. nge, la mienne, c'est que rincer est une forme con-
ruisseau. Je ne vois pas pourquoi le L. rigare, tracte de l'équivalent vfr. raincier (pron. ra-
arroser (d'où aussi BL. riga, fr. raie, sillon) incier), dont l'origine reste à trouver. Voy.
ne suffirait pas. Grôb., Ztschr., VI, 112. —
Schuchart [ib.,
RIGOLER, SE RIGOLER, se divertir, s'amu- 424j, propose 're-initiare (renouveler), bien
ser; partant de l'idée « danser •», j'avais avancé que strictement il faudrait ra-encier. Il faut

l'étymologie vha. riga, nha..reigcn, danse par écarter recentiare (v. pi. h. rechinser).
files je crois pouvoir y renoncer. Notre verbe
;
RIOLÉ, rayé; par syncope du g, de rigolé,
était jadis transitif et signifiait « railler, se dér. de rigole, ou du vha. riga, ligne. L'anc.
moquer », voy. Jean de Condé, I, p. 21, fr. l'iule, réglé, rayé, ne convient pas, car riu

V. 694; Froissart, Chron.,éd. Kervyn, VI, 25 n'y forme qu'une syllabe. — L'it. rigaXo,
(notes); Chansons du xv" siècle (éd. Paris), rayé, prouve également en faveur d'un thème
p. 56, et mon Gloss. de la Geste de Liège, rig.
p. 264. Quant à l'origine, G. Paris pose le RIORTE, anc. reorte, voy. rouelles.
L. ndiculus. RIOTER, rire un j>eu dim. de rire.
;

RIGUEUR, L.rigorem. —
D. rigoureux, L. RIOTTE, vieux mot, querelle, tumulte (d'où
rigoi'osus; rigorisme, rigoriste. angl. riot), prov. riota, it. riotta. D'origine
RIME, prov., esp. et it. rima; prov. aussi incertaine; peut-être, dit Diez, du vha. riban,
rim (masc). On ne peut balancer qu'entre frotter (ce qui expliquerait aussi la forme
deux étymologies, savoir le L. rhythmus et v. flam. revot, ravot)\ cp. esp. refriega, dis-
l'ail, r/m, auj. reim, série, nombre, puis pute, de fricare, frotter. L'étymologie rixa,
rime. Au moyen âge, rhythmus n'a jamais querelle, est impossible.
exprimé la consonance; versus rhythmicus RIPAILLE (faire) ; d'après la tradition (con-
s'appliquait d'abord au vers soumis à la me- testée par quelques-uns), d'un lieu nommé
sure, au mètre des syllabes, puis au vers rimé, Ripaille, sur le bord du lac de Genève, parce
pour autant qu'il est assujetti à un nombre qu'Amédée VIII, duc de Savoie, après avoir
fixe de syllabes. C'est cette dernière espèce qui abandonné le gouvernement en 1430, s'y
a fini par s'appeler rima. Mais ce mot, pré- serait retiré, uniquement pour s'y livrer aux
tend Diez pour de bonnes raisons, ne peut, du plaisirs de la table. —
Le Duchat pensait à
moins en ce qui concerne l'it., en aucune une contraction (monstrueuse) de repaissaille,
façon procéder de rhythmus, tandis qu'il s'ac- mot de Rabelais —
Une fois qu'abandonnant
!

corde porfaitement avec l'ail, rim, nombre (on le terrain historique, on se laisse aller à la
trouve ce mot aussi dans quelques idiomes conjecture, j'aimerais autant voir dans le mot
celtiquesj. « Si l'on objecte, poursuit Diez, un parent de ribaud (v. c. m.) ou ribote, et le
que le vers rimé ne s'est développé chez les rattacher, non pas à l'ail, riben, puisque b no
Allemands qu'à une époque postérieure à l'ap devient jamais p, mais à la forme populaire
parition du mot roman rima, on peut répon- équivalente rippe>i, ribben, d'où vient aussi
dre qu'ils le connaissaient tout en n'en faisant le fr. 7'iper, gratter.
pas usage. Au surplus, les Romans peuvent RIPER, voy. l'art, préc. — D. ripe, outil
s'être approprié dès longtemps le mot alle- pour gratter.
mand dans son ancienne signification de nom- RIPOPÉE, aussi ripaupé, mélange de restes
bre, et même avoir communiqué à ce dernier de vins. D'origine inconnue.
sa valeur actuelle. » Notez bien, ajouterons- RIPOSTE, anc. aussi risposte, de l'it. ri-
nous, que rime s'appliquait dans le principe sposta, subst. partic.de rispondere, répondre;
au vers nombre (non rhythmé), qui, lui, était prov., port, resposta, esp. respuesta. —D
accompagné de ce que l'on appelle aujourd'hui riposter.
la rime. La rime constituait donc d'abord 1. RIQUET, grillon c'est probablement le
l'accessoire. —
D. rim,cur, rimailler, -asser. mot criquet mutilé.
;

— De rime, nombre, vient aussi le cps. ai'ri- 2. RIQUET, contrefait, bossu, riquct à la
mer, entasser (dans le berrichon, enrimer, houppe, m. s. par allusion à un personnage
arranger symétriquement). des Contes de Perrault; en angl. le nom usuel
RIMEUX, fendillé, L. rimosus, de rim,a, pour la maladie dite rachitis est le plur. the
crevasse. rickets, mais il a été historiquement démontré
RINCEAU, voy. rain 2. que ce dernier est étymologiquement indépen-
RINCER, d'après Diez, p. rinser (puisque le dant du gr. p-xyiTi;, bien qu'il ait fini par dési-
pic. dit rinser et non pas rincher,
que les et gner cette maladie. M. Kecks, prof, de méde-
anciens dictionnaires portent reinser)-, donc cine à Bonn, a consacré à ce sujet une re-
,

RIV — 445 ROC


cherche toute spéciale(Ax'cluv fur Gynàkologie, RIVAL, L. rivalis. « Rivales dicebantur
Bd. XXVII), d'où il résulte que l'angl. richets qui in agris rivum haberent communem et
est d'origine commune avec notre fr. riquet et propter cum seepe disceptarent » (Acron).
doit son nom à la légende populaire. Sur les Déjà Cicéron a dit « amare sine rivali «. —
traces de Ch. Deulin, » Les Contes de ma Mère D. rivalité, L. rivalitatem; rivaliser.
l'Oye avant Perrault », il expose que le Riquet RIVE, L. yHpa. —
D. rivage, BL. ripati-
à la houppe de Perrault représente le nain cum, terrain avoisinant une rive; rivière,
Alberic de la légende germanique (identique BL. riperia., rivaria, it. riviei'a, esp. ribera
avec Alberon, Aubcron, Oberon) et que Riquet (et par mutilation vera), port, ribeira (et

est une abréviation de Albcriquct ; riquet, beira), prov. ribeira, d'abord rivage, ou =
bossu, particulièrement usuel en Noi'mandie, terre arrosée par un cours d'eau, puis, par
a passé avec les Normands en Angleterre avec extension, le cours d'eau môme. On trouve,
le sens de bossu ou de bosse, et s'est appliqué dans la basse latinité, même le primitif repa
définitivement dans ce pays aux affections employé, par une métonymie analogue, pour
rachitiques. fluvius. —
D. arriver (v. c. m.) ad ripam =
RIRE, L. ridére, par l'intermédiaire d'une appellere.
forme barbare ridêre (cp. taire de tacëre p. RIVER, prob. du néerl. rijven, ou du nord.
tacëre). —
T). rieur, rioter, risible, direct, du rifa, dan. rive, râteler, c.-à-d. aplatir ou
L. lisibilis. replier ce qui est proéminent ces verbes sont ;

1. RIS, L. risus, action de rire. T). risée. — du reste congénères avec le vha. ribnn, ail.
2. RIS, t. de marine, propr. les plis que mod. reiben, frotter. —
On trouve dans Fai-
fait une voile dans la partie qu'on en soustrait dit déjà ribar, clavos repercutere.
:

au vent; d'après Littré, du danois riv, rift, D. rivure, rivet, rivoir.
ris ; suéd. ref, angl. 7'eef. —
D.7'iser, arriser, RIVIÈRE, voy. rive. — D. riverain.
prendre des ris. RIXE, L. rixa, querelle.
3. RIS de veau; on dit que c'est une forme RIZ, prov. ris, it. riso, ail. reis, valaque
gâtée pour rides de veau, mais, observe lirez, du L. oryza, gr. Spui.y.. D. rizière. —
Littré, on trouve au xvi^ siècle risée pour ROB, suc de fruits, it. robbo, rob, esp. rob,
fressure ; ris doit donc tenir à risée; mais d'où port, robe, de l'arabe robb, m. s.
vient risée ? ROBE, vêtement, prov. rauba, dépouille et
RISBâN, t. de fortification, de l'ail, riss- robe, catal. i^oba, esp. ropa (anc. roba), port.
banh, banc d'arrachement (mot omis dans
litt. roupa, it. roba (effets en général, bardes).
Sanders). —
Cp. le composé fr. risberme. Tous ces mots représentent le BL. rauba,
RISDALE ou rixdalc, de VaW.reichs-thaler roba, équivalent du L. spoliuni, signifiant pr.
écu de l'empire. butin, dépouilles enlevées à l'ennemi, et dont
RISIBLE, L. risibiUs (de risum, supin de le sens s'est généralisé en celui d'effets, choses
rider e). — D. risibilité. d'équipement, et circonscrit ultérieurement
RISQUER, mettre en danger, it. risicare, en celui de vêtement, tunique, robe. Rauba
esp. ar-riscare ; subst. it. risico, risco, esp. est le subst. verbal du verbe BL. raubare.,
riesffo, BL. riscus, risigus, fr. risquk; de voler, dérober (vfr. rober), lequel vient du
l'esp. risco,écueil, rocher escarpé. Ce risco vha. roubôn, roupôn (ail. mod. rauben), ravir,
parait venir du L. resecare (cp. en suéd. piller. — D. robin; desrobcr" dérober,
shûr, écueil, de skâra, couper). L'écueil con- dépouiller (v. c. m.).
stituant pour le marin le principal danger, 1. ROBIN, homme de robe, voy. robe.

on comprend la transition de sens ; aux deux 2. ROBIN, nom de la fable pour mouton,
acceptions propre et figurée répondent, en puis terme de mépris; c'est une forme varice
esp., deux variétés de forme, savoir risco, A.Q Robert, qui est le vha. hruod-peraht bril- ,

rocher, et riesgo, danger. Cette étymologie lant en gloire. On s'est fourvoyé en déduisant
est appuyée par Diez sur le rapprochement du robin =
mouton soit du L. rupinus (à cause
prov. mod. rezegue, danger, avec rezega, de sa tête dure, ou parce que les moutons se
couper; il rappelle aussi le mot resega = plaisent sur les rochers), soit de robe, à cause
scie et danger, des dial. de Milan et de Côme. de sa toison. Robin est pr. un prénom, comme
— D'après Devic, risque est l'arabe rizq ce = renard. De robin, mouton, vient robinet,
qui échoit àqqn., sort. ainsi nommé parce que les robinets étaient et
RISSOLER; Diez, rejetant la manière de sont encore faits en forme de tête de mouton
voir de Mahn (d'après laquelle ce verbe serait (d'autres pensent que le nom vient de l'inven-
p. roussoler et viendrait de roux, comme l'it. teur). Cp. l'équivalent ail. kahn, pr. coq.
rosolare vient de rosso), rapporte le radi- ROBINET, voy. l'art, préc. — Littré (Suppl.)
cal fr. à un verbe répondant au dan. riste, de disjoindre étymologi-
dit qu'il est difficile
rôtir, isL, suéd. rist, rôt, et la forme it. roso- quement robinet de robins ou roubine, mots
lare, norm. roussoler, à l'ail, rôsten, rôtir. du midi de la France et signifiant canal d'écou-
— D. rissole, rissolette. lement.
RIT, RITE, du L. ritus, — D, rituel, ROBUSTE, L. robustus.
L. ritualis. 1. ROC, masse de pierre, it. rocco (cat. roc,
RITOURNELLE, de l'it. ri-torncllo, refrain caillou, gaél. roc, angl. rock), forme masc.
[ritornare, retourner). abstraite du féminin roche, prov. roca, rocha,
RIVAGE, voy. rive. it. rocca, roccia, esp. 7'oca. L'origine de ce
RÔD — 446 — ROM
mot roman est douteuse. On a mis en avant par ronffe (rodere) montagne (Lo Diichat) ou
tantôt l'arabe roc, une des figures du jeu par l'ail, rede -|- munter, c.-àd. vif de parole
d'échecs, tantôt le grec p6>t, fente, ou le cymr. (Vocab. univ. Ital. de Naples) ne méritent
rhwg, cliose proéminente. D'après Dicz, le fr. aucun crédit. —
D. rodomontade.
roche et l'it.reproduisent un type
roccta ROGATIONS, L. rogatio^ies prières.
, Comme
latin r-M^6'a, adj. de riq)es fcp. approcher, it. on a dit, dans la vieille langue, rouver p. ro-
upprocciare de appropiare), tandis que l'it. gare, on y trouve aussi le subst. rouvaiso7i
rocca provient d'un type varié rupica (cp. les p. rogationem. —
Rogatoire, L. rogatorius
dérivations avica, cutica, natica do avis, cutis, (de rogare, demander).
natis), d'où rup'ca, puis, par assimilation, ROGATON, 1. terme plaisant p. requête;
rocca. Cette solution est la plus plausible, bien 2. petites pièces de vers, dédiées à des sei-
qu'elle ne soit pas à l'abri d'objections. — gneurs dans un but intéi'essé ; 3. choses de
Fœrster (Grob. Ztsclir., 11, 86), vu le carac- peu de valeur, rebut, restes de viande ; du
tère ouvert de l'o dans les mots romans en L. rogatum, demande, prière.
question, proteste contre toute conncxité avec ROGNE, vfr. roigne, prov. ronha, it. rogna,
L. ritpes et n'admet qu'un type latin 'roccitm, gale ; d'après Ménage (approuvé par Diez), du
'rocca, 'roccia, sans rien dire de plus sur l'ori- L. robigincm, rouille, carie; la contraction
gine de ces vocables hypothétiques. D. — mais admissible.
est forte, D. rogneux. —
rocaille, rocher, subst. ; verbe fr. rocher, jeter ROGNER, vfr. 7'ooigner (employé particulière-
des pierres (cps. d&rochcr , déroquer), adj. ment pour la coupe des cheveux), prov. redon-
rocheux; dim. rochelle. —
Les formes néeil. har, rcsoynar; le mot rend pr. le L. circum-
rots, gr. mod. pdri'x, seraient-elles détermi- cidere et vient évidemment de rotundus (vfr.
nées par l'it. roccia ? roond, reond), d'où aussi l'esp. redondear,
2. ROC, anc. la tour au jeu d'échecs, it. arrondir. Pour l'idée, cp. l'esp. cercenar,
rocco, du persan rohh, chameau monté par rognei-, de circinus, cercle. D. rognure. —
des archers, —
D. roquer, t. du jeu d'échecs. ROGNON (d'où it. rognone), esp. rinon,
ROCAILLE, amas de petites j)ierres, dér. prov. renhô, ronhô; dér. de rein (v. c. m.).
de roc. —
D. rocailleux, rocailleur. Le mot fr. est gâté de roignon et présuppose
ROCAMBOLE, de l'ail, roggen-bollen, litt. une forme dérivative latine renio, -onis.
bulbe de seigle, ainsi appelée, dit-on, à cause 1. ROGUE,
arrogant, d'après Dicz du nord.
de la ressemblance de sa tige avec celle du hrôkr, m. s. ; le mot se trouve dans la plupart
seigle, ou de celle de ses bulbilles avec des des dialectes celtiques, ce qui rend l'opinion
gi^ains de seigle. de Diez i>eu sûre. L'angl. rogue signifie filou,
ROCHE, ROCHER, voy. roc. vagabond et s'écarte sensiblement du sens
\. ROCHET, it. rocchetto, esp.requête. Le français et celtique. Cp. wall. aroguer, traiter
primitif de ce subst. se trouve sous la forme avec fierté, angl. to rogue, chapitrer qqn.
latine rocciis, dans un capitulaire de Cliarlo- Malgré l'atlinité du sens, L. arrogare parait
magne. C'est le vha. roc (aussi hroch), nord. devoir être écarté.
rochr, ail. mod. ?'ocA, robe. Le sens rétréci 2. ROGUE, œufs do poisson, de l'ail, rogcn,
•• vêtement plissé »> en-rocar, it.
(d'où port, m. s., isl. rogn.
arrochcttare, plisser), rappelle, observe Dicz, ROHART, ivoire des morses, anc. rochal,
le nord, hrucka, gaél. roc, ride, pli, angl. ruhal; prob. d'une forme antérieure roshal
to ruch., froncer. = anc. aW.rossioall, nordique hrossvalr, litt,
2. ROCHET.bobine, fuseau, dimin. du BL. cheval-baleine, qui est identique avec ags.
rocca, it. rocca, quenouille, qui vient de horshwacl, morse. Littrô se trompe en con-
l'ail, roche, rocken, m
s. Le mot dans » roue sidérant notre mot comme une corruption de
à rochet » est probablement le même. rorqual; \oy. Bugge. Rom., III, 157.
ROCOCO, mot abstrait de rocaille, à cause ROI, vfr. rei, L. reœ (thème reg). D.dim. —
de la rocaille qui figurait dans le style roitelet (cp. le L. rcgidus, gr. ,5«if/i7/.5;) ;

rococo. notez que roitelet est pour roiet-el-et, triple


RODER, tournoyer, courir çà et là (le cir- diminution; le wallon du Hainaut dit roiet
conflexe n'a pas de raison étymologique) c'est ;
p. roi; adj. royal, L. regalis.
le prov. rodar, it. rotarc, rouler, tournoyer. ROIDE (aussi raide), vfr. roit., prov. rege,
L'anc. langue avait p. rôder la forme plus rede, rczc, rot, du L. rigidus (cp. froid de
française rouer ; le patois rouchi dit de même frigidus). — D. roideur, roidir, raidillon.
rouier, ce qui confirme l'étymologie ci-dessus, ROITELET, voy. roi.
A
posée par Diez et qu'avait déjà indiquée Mé- ROLE, prov. rotle, rolle, it. rotolo, ruln,
nage. —
D. rôdeur.

esp. rollo, angl. roll, ail. rolle, pr. qqch. de


RODOMONT; c'est pr. le nom d'un héros roulé, rouleau de papier, du L. rotulus, rou-
mauresque, brave, mais altier et insolent, leau. —
D. dim. vfr. rolel, auj. roideau ; en-
bien connu par le portrait qu'en font le rôler; composé conii'ôle p. contre-rôle.
Boiardo et l'Arioste. Le nom de ce héros, 1. ROMAINE, balance, de l'arabe rom-
d'abord rodamonte, a été inventé par le mana, poids et balance.
Boiardo et signifie, selon Mahn, dans l'inten- 2. ROMAINE, espèce de laitue, rapportée
tion de l'inventeur, un homme qui prend sur au xiv" siècle d'Avignon, où siégeait la cour
soi « de rouler ou de transporter des
mon- pontificale ou romaine.
tagnes [rotarc montem). Les interprétations
r,
1. ROMAN, vfr. et prov. romans, esp. ro-
. .

RON 447 ROS


mance, it. romanzo, BL, romancium, subst.; faire, vu l'imitation du mot fr., en mettant à
1. langage du peuple, sermo rusticus (formé profit l'existense du mot tartsche, bouclier;-
dans les pays conquis ^a,v\&s Romains), opposé ce dernier, toutefois, quoique d'extraction pri-
à la langue latine ou savante des clercs; mitive germanique, est également un emprunt
2. composition poétique en langue vulgaire. fait au français (voy. targe).
— De là le verbe prov. roinansar, vfr. roman- RONDEAU, rondel', prov. redondel. pièce
cier, traduire ou écrire en roman, puis l'adj. de vers « faite en mode circulaire », comme dit
romance dans « langue romance » [langue Ch. Fontaine (1576).
romane est un terme savant façonné d'après RONDIN, pr. bois rond. —
D. rondiner.
lingua romana), et le subst. 7'omance, d'où RONFLER, prov. ronflar, sicil. runfuliari,
les dér. \îv .romande, âvi de faire des romans, toscan ranfiare, lomb. ronfare\ le radical,
et romancier, faiseur de romans. La forme — dans ce mot roman, doit être le même que
romancium, parait issue de l'adv. romanice celui du vha. rof-azan, eructare cp. bret. ;

dans « romanice loqui », vfr. parler romans. ruflà, gr. po-fùv, siroter, grison g-rufflar,
A l'accusatif, la langue des trouvères disait ronfler. Ronfler est prob. p. ronfuler (suffixe
ramant (cp. vfr. nom. païsans, ace. païsant); diminutif id) la contraction a pu être amenée

;

de là le subst. ramant', auj. roman, et l'adj. par assimilation à souffler, nifler. M. Bou-
romantique. De roman la langue moderne a cherie ramène ronfler à L. rhombus, fuseau,
tiré l'adj. romanesque (l'it., respectant l'an- par un verbe dimin. *rhombulare, bourdon-
cienne finale dentale, dit rom,anzesco), et le ner comme fait le fuseau. C'est fort douteux.
verbe romaniser Bien plus séduisante est la conjecture de Caix
2. ROMâN, anc. adj., L. romanus. Aujour- (Studi 51), qui explique ronflar e par re-un-
d'hui on désigne par langue romane une flare = re-inflare, en s'appuyant, pour le
langue issue de source latine d'où romaniste ;
sens, sur l'expression de Virgile : " somnum
= qui s'occupe de l'étude des langues toto pectore ^ro/?are «.
romanes. RONGER; Ménage pose le type rodicare
ROMANCE, -CIER, voy. roman 1. (rodere) avec insertion de n. Cette insertion
ROMANISTE, partisan de l'église romaine, n'étant pas usuelle en fr. devant les palatales,
savant en droit romain, et voy. s. roman 2. Diez juge préférable d'identifier ronger avec
ROMANTIQUE, voy. roman. D. roman- — l'esp. et le port. rumiar,^voy.romiar, qui est
tisme. le L. rumiqare, ruminer; cette signification
ROMARIN, L. ras marinus, pr. rosée de ruminer était anciennement propre aussi
marine. à notre mot fr. ronger, et les chasseurs di-
ROMPRE, L. rum-pere, dont le supin rup- sent encore « le cerf fait le ronge », c.-à-d. il
tum a donné ruptura, fr. rupture. Voy. aussi rumine. —G. Paris est plutôt favorable à rodi-
le subst. route. care (encore conservé dans le berrichon et poi-
RONCE, anc. épine en général, du L. ru- tevin rougier) et pense que raugier aura été
mex, ruwdcis, espèce de dard. Le prov. a changé, à une époque assez reculée en ron-
ronser, d'un type rumiciarius. L'analogie du gier, sous l'influence de rungier, ruminer.
L. 2)U)nex ^= fr. ponce et prov. potnser, et du ROQUER, voy. roc 2.
L. jwllex =
fr. pouce et prov. polzer, et le 1 ROQUET, manteau foi^t court des laquais,
rappi'ochcment du langued. roumcc, ronce, comme rocJiet 1, dér. de l'ail, rock.
ne permettent guère, selon Diez, de douter 2. ROQUET, bobine, autre forme de ro-
de l'étymon rumex. Celui-ci a peut-être signi- chet 2.
fié chardon, plante épineuse, avant de s'appli- 3. ROQUET, chien Chevallet rapproche ce
;

quer à une pointe métallique (Féline l'applique mot du V. ail. rakcl, reckel, isl. rachi, suéd.
à une plante dite patience; notre mot chardon racka, chien ou chienne (voy. aussi notre mot
;

ne signifie-t-il pas aussi une pointe en fer? — racaille)-.! ce rapprochement est-il fondé? Je
Le BL. runcus, ronce, s'il n'est un produit de n'en sais rien, mais j'en doute. Cp. aussi
rumicus (rumex), doit être un dérivé du L. rouquet, lièvre mâle. —
D'après Brachet, le
runcare, arracher les mauvaises herbes. — mot désigne proprement le chien de saint
D. ronccux, ronceraie. Roch.
RONCIN, voy. roussin. 1. ROQUETTE, chou, angl. rocket, it. ruc-
ROND, vfr. rooncl, reond, Y>vov.redon, esp., clietta, esp.ruqueta, dimin. des mots prov. et
port, redondo, it. rotanda, ritonda, du L. ra- it. ruea, prov. et esp oruga, ail. rauke, qui
.

tundus. — D. ronde, rondeau (v.c. m.), ron- vient du L eruca, m. s.


delle^ rondelet, rondache (v. c. m.), rondin, 2. ROQUETTE, fusée, angl. rocket, ail. rac-
rondeur ; factitif arrondir. kete. voy. raquette 2.
RONDACHE, bouclier rond, aussi appelé RORQUAL, espèce de baleine, n'a l'ien à
rondelle; c'est un formé de rond avec
subst. faire, selon Bugge (Rom., III, 157), avec le
le suffixe ache (= L. aceus), cp. mordache, suéd. rôr, tuyau, comme pense Littré (ce serait
garnache, panache. Chevallet s'est mépris en une « baleine à tuyau »); le mot signifie
faisant venir le mot fr. de l'ail, rund-tartsche ; « baleine [quael] rouge » ; ror représente le
il est certain que ce dernier composé a été suéd. raudhr, rouge.
imaginé pour expliquer rundartsche, forme ROSAIRE, voy. rose.
sous laquelle les Allemands se sont approprié ROSBIF, francisation du mot anglais roast-
rondache. On a naturellement été amené à le heef., bœuf rôti.
ROS — 448 — ROU
ROSE, L. rosa. A la rigueur L. rosa eût (anc. rossenol), port. rouxinhol,\iVo\.rossin-
dii sefranciser par reuse, mais il n'est guère hol, du L. lusciniolus, dim. de luscinia. La
permis pour cela d'établir une forme secon- mutation en r est basée sur l'euphonie elle
Z ;

daire rossa rien que pour sauver la règle. se pré.sento dès le ix^ siècle, où l'on rencontre
— D. rose, adj. (d'où rosir et raser); rosé, ruscinia, roscinia. L'it. a cependant la forme
rosacé, L. rosaceus, d'où aussi le substant. lusignuolo et même(rinitiale / étant prise pour
rosace, rosier, L. rosarium; rosaire. BL. l'article) usigmiolo; en vtr. on trouve de même
rosarium (les gi'es grains du chapelet s'appe- loiisignol, lurcignol.
laient des roses, voy. chapelet, sous cape) ; ROSSINANTE, le coursier de Don Quichotte,
rosette, roséole (cp. rougeole) roson, it. ro-
; auj mau va is cheval dér. de rossin v. i-oitssin.
.
; ,

sone; rosat, L. rosatum. ROSSOLIS, nom de plante, du L. ras solis,


ROSEAU, roseV, prov. raitzel, dimin. du rosée du soleil. Le nom de la liqueur se rat-
prov. raus, qui est le goth. raus, vlia. rùr [s tache-t-il à celui de la plante, ou est-ce, comme
= r), nha. j-oAr, jonc. —
D. roselière. on a conjecturé, une mutilation de rossa
ROSÉE, prov. rosada, cat. ritxada, esp., liquore, liqueur rouge? Littré pense que la
port, rociada, it. rugiada, subst. part, du liqueur a été nommée ros solis à cause de .son
verbe esp. rociar, cat. ruxar, d'où prov. excellence supposée. En effet, les Allemands
ar-rosar, fr. ar-roser. Le verbe rociar, selon traduisent le mot par sonnenthaubrantwein
Diez, dérive de l'adj. rocio, formé du L. ros- (eau-de-vie de rosée de soleil). Les Italiens
cidus, par la syncope du d médial (cp. esp. disent rasolia et rasolino.
limpiar de limpidus). Voy. notre obs. à l'art. ROT, it. ruUu, du L. nictus (cp. flot do
arroser. flurtus). — D. ratei', L. ructare.
ROSIER, voy. rose. —
D. roseraie. RÔT, voy. rôtir.
ROSSE, prov. rossa,\t. rossa, mauvais che-
ROTATION, L. rotationem (rotare).
val. L'étym. la plus naturelle semble être le
ROTE, juridiction do la cour de Rome; do
vha. hros, mha. ros, nha. ross, cheval. Cepen-
l'it. rota, pr. l'oue, à cause de la succession
dant l'it. rossa s'y i-efuse et la rend douteuse.
— Le norm. a harousse, p. rosse; cette forme
des jugements.
ROTER, voy. rot.
se rattache visiblement au vha. hi'os (l'initiale
ROTIN. ROTANG, roseau des Indes, canne
hr dégagée par har; cp. harangue de vha.
faite de la tige du rotin du malay ratàn. ;
hring). Voy. aussi roitssin.
ROSSER, battre Est-ce un dér. de rosse, ROTIR, rostir (d'où angl. raast), prov.
donc pr. traiter qqn. à coups de bâton, comme rattstir, du vha. rosfJa7i ; sinon, du celtique,

une rosse (cp. màtiner de màtiuy? ou = néerl. où l'on trouve gaél. roist, cymr. rhostio, bret.
rosscn, étriller, fig. battre, rosser? Malgré rasta. — D. subst. verb. rot (prov. ratist, it.

l'attrait de ces étymologies, on a cru devoir ar-rasto), puis à forme participiale : masc.
s'adresser ailleurs. Mahn voit dans notre mot rôti, fém. rôtie; rôtisseur, -isserie, -tssoire.
une modification (par assimilation de n) du ROTONDE, it. rotonda, du L. rotundus,
prov. ronsar, ronsar, renverser, lancer, jeter rond.
avec force, agiter, qui, selon Diez, dérive du ROTONDITÉ, L. rotunditatem.
L. rumex. Cotgrave consigne un mot ronce ROTULE, mot savant, L. ratula (dim. de
= hurled, cast with violence; il répond au rota).
prov. ronsar. —Diez oppose à l'étymologic ROTURE, du L. ruptura, qui, au moyen
ronsar ou en définitive à l'étymologic rumex, âge, avait pris le sens de champ défriché,
ritmicis les considérations suivantes : 1 . l'assi- rompu parle .soc, puis celui de « petite cul-
milation de ns en ss est contraire au génie ture tenue en villcnage «, d'où le sens mo-
du fr.; 2. le 6's de rosser est originel (non pa.s derne du mot. —
D. roturier, 1. tenu à titre
une mutation de ç), ce qui appert de l'exis- de roture, 2. tenancier d'une roture, 3. qui
tence de la vieille forme pic. roissicr, rimant n'est pas noble.
avec froissier; si le verbe se rattachait au ROUAN, roan, it. roano, rovano, esp.
thème rumic, le picard eût d'après toutes les
, ruano. D'origine inconnue dit Littré; pour-
analogies, fait roichier. Cette forme roissier quoi pas de l'ail, rot, rouge ou du radical rub
prouve en même temps contre l'étymologie de L. rùberi ; les Allemands traduisent roi{a)î
rosse. —D'après Fœrster (Grôb. Ztschr., II, aussi bien par ro<A-schimmel que par grau-
87), rosser, anc. roissier, répond à un type schimmol.
lat. *rocccarc (de 'roccca, roche). Il pense ROUANNE, nom d'outil : grattoir, pour
qu'une forme pic. rochier pourrait encoi'e marquer les bois. D'après Littré, de roue, la
être découverte. Du reste, dit-il, vu la fluctua-
tion orthographique entre ss, ch et Â. le mot
rouanne fai.sant une marque circulaire. D. —
rouanne)'.
peut être expliqué aussi par le vfr. rochier, 1. ROUCHE, carcasse de vaisseau, voy.
jeter, lancer. Malgré de son auteur,
l'autorité ruche.
cette étymologie n'aura guère do succès, et 2. ROUCHE, laiche, roseau, angl. rush, ail.
somme toute, la question reste ouverte ; car msch; tient soit au L. ruscus, brusc, ou au
on n'admettra pas à coup sûr l'étymologie goth. raus, roseau.
rudiciare (de L. rudis, bâton) qu'avait proposée ROUCOULER; onomatopée.
Ménage. ROUDOU, RODOUL, REDOUL, prov. rodor,
ROSSIGNOL, it. rossignuolo, esp. rv.isenor m. s.; d'origine inconnue.
ROU 449 ROU
ROUE, L. —
D. rouer (v. c. m.),
o'ota. velopper dans sa casaque et dormir ». Cela
rouage; rode, auj. rouelle, L. rotclla
vfr. mérite vérification. —
Il n'est pas impossible

(d'où roueletté' roulette) \ rouet, roué (v. c.


, que roupiller, ainsi que roupie, tiennent à l'ail,
m.); royer, faiseur de roues (a vieilli), type (dial.) ruspen, ruspern, ronfler, râler, faire
latin rotm'ius. un effort pour cracher.
ROUÉ, jjr. qui a subi le supplice de la roue, ROURE, ROUVRE, vfr. robre, it. rovere,
puis fig. (cp. pendard) = scélérat, vaurien esp. roble, du L. robur, m. s.

homme sans mœurs, digne de figurer sur la ROUSSEAU, rousseV, dimin. de roux. —
roue. — D. rouerie. D. rousseJet, rousseline.
ROUER, 1. punir du swp-plice àe la roue, 1. ROUSSI, odeur d'une chose qui a été
2. battre. Dans ce second sens, on emploie roussie par le feu.
aussi roider. — En vfr., roer avait aussi le 2. ROUSSI, cuir de Russie, du L. Russicus.
sens de rôder m.).(v. c. ROUSSIN, cheval entier; cp. vfr. roucin,
ROUETTES, brins de taillis dont on fait des prov. roci, rossi, esp. rocin (d'où la rocinante
liens. Non pas de roue, comme pense Littré, de Don Quichotte), port, rossim, exprimant
mais du fr. reoi'te, qui, en effaçant Vr devant tous un cheval de peu de prix. Le c radical,
t, est devenu roete, rouette, comme meolle observe Diez, rend leur parenté avec l'ail, ross
(medulla) est devenu moelle. Voy. Tobler douteuse ; ils semblent être plutôt des modi-
(Kuhn Ztschr., XXIII, 418). Quant à reoi^te, fications des formes suivantes avec n vfr. -.

lien pour lier les fagots, il répond à l'it. W- roncin, ronchin, it. ronzino, prov. ronci,
to7'ta, hart, lien (BL. retorta), et vient du L. wall. ronsin, cheval entier, BL. runcinus.
retortus de retorquere. Littré a accueilli, avec Ces dernières sont tirées par Voss, par un
la même valeur, comme un mot de la Loire- intermédiaire ruincinus, du néerl. ruin,
Inférieure, reorthe (orthographe abusive), cheval hongre, mais cela a peu de probabilité.
sans y reconnaître le vfr. reorte. Dans Sachs, — Roncin peut avoir précédé roucin, comme
je trouve riorfe =
viorne c'est une simple ; sponsa est le primitif de espouse; d'autre part,
variété de reorte, hart, comme le prouve les formes sans n peuvent avoir produit les
l'appellation liardeau donnée aussi à la auti^es par voie de nasalisation dans ce der-
;

viorne. nier cas, on pourrait admettre comme souche


ROUFFE, vfr. roife, gale éphémère des commune l'it. rozza, i^osse (voy. rosse). Les —
enfants à la mamelle; cp. ail. rufe, néerl. rof, anciens traducteurs néerlandais et allemands
escarre, croûte, et le terme d'art vétérinaire de trouvères français ont transformé notre mot
rouviettx. Voy. aussi l'art, rufjîen. resp. en rosside ou ronside et rimzit. L'éty- —
ROUGE, roggio, robbio, esp. rubio, prov.
it. mologie fondée sur vfr. ros =
roux ne se
rog (fém. roja), du L. rubeus ou robius. — prête ni pour le sens, ni pour la lettre.
D. rougeur, rougeàtre^ rougeole, rouget (pois- ROUSSIR, inchoatif et factitif de roux. —
son) ; verbe rougir. —
Je rappelle ici encore D. subst. roussi.
vfr. rovor, L. ruborem, rouvant, L. ruban- ROUT, assemblée, de l'angl. rout, m. s. (la
tem, dim. rouvelant. prononciation anglaise a donné lieu à l'ortho-
ROUILLE, prov. roïlh, roïlha, représente graphe raout). Le mot angl. est d'origine
un dimin. rubigula, du L. riibigo. Les française et =
vfr. route, troupe (voy. rouie 2j.
formes prov. rozilh, ruzil, cependant, don- 1. ROUTE, chemin, du L. via rupta, voie
nent quelque crédit à l'étymologie rodicida, faite en rompant la forêt ou le sol j'ai com- ;

de rodere, ronger, avancée par Huet, ou à xin paré dans ma première éd. le terme brisée
type ruticulus p. rutilus. —
D. rouiller, en- (dans « aller sur les brisées de qqn »), mais
rouiller. ce terme repose sur l'opération des chasseurs,
ROUIR (patois roder), du néerl. roten (ail. qui rompent des branches pour reconnaître
mod. rotten), pr. macérer.
faire pourrir, — où est la bête. —D. routier, subst. et adj.,
D. rouissage, rouissoir, aussi rotozr (du thème au fig. homme qui connaît les chemins, qui a
rot). beaucoup de pratique; routine, expérience,
ROULEAU, voy. rôle. habitude, pratique (angl. rote). On pouri'ait
ROULER, vfr. roller, rolcr, prov. roular, aussi rattacher routier et routine directement
rolar, it. du BL, rotulare, forme
rotolarc, au part, ruptus =
rompu (aux affaires). Cps.
dimin. de rotare, tourner ou faire tourner (de dé-router, mettre hors la route (voy. aussi
rota, roue). —
D. roulage, -ement, -ade, -is; l'art, déroute). —
Chevallet place à tort le mot
roulier, voiturier. Cps. dérouler; voy. aussi route dans l'élément celtique; il cite écoss.
croider. —
Notez le vfr. roeiller rouler les = rod, trace, bret. roudcn, irl. rodh, rot,
yeux, qui accuse \m type roticulare. chemin.
ROULETTE, petite roue, jeu de hasard, p. 2. ROUTE*, rote*, prov. rota, ail. rotte,
ronelette, diminutif de roue (v. c. m.). angl. rout bande, compagnie
(assemblée),
ROUPIE, BL. ropida; un type ropidia a d'hommes armés; du BL. rupta (de rumpere),
donné le berrichon rouiche. L'origine du mot pr. fraction, division. —
D. routier, troupier,
reste à trouver. —
D. roupieux. pillard ; arouter, assembler.
ROUPILLE, sorte de manteau, de l'csp. ro- ROUTIER, voy. route 1 et 2.
pilla, d'un, de ropa, robe. ROUTINE, voy. route 1. —
D. routinier,
ROUPILLER, sommeiller à demi; d'après routiner. Il se peut que le verbe routiner ait
Littré, de roupille (v. c. m.), donc pr. « s'en- précédé et déterminé le subst. routine.
29
RUG 450 — RUI

ROUTOIR, lieu do rouissage, voy. rouir. provenance celtique; on trouve irl. ritsc.gaél.
ROUVIEUX (l'imagination populaire en a rusg, bret. rusk, cymr. rhisg, écorce, et bret.
fait roux-vieux)^ gale des chevaux ; propr. un rushcn, ruche. D'un autre côté, des gloses
adjectif; voy. rouffe. anciennes portent vha. rusca, avec le sons de
ROUVRE, voy. roure. panier, corbeille. La forme rouche, carca.sse
ROUX (fém, rousse), prov. ras, it. rossa, do vaisseau, n'est qu'une variété do ruche. —
esp. roxo, du L. russus. —
D. roussâtre, L'ail, rcuse, nasse, ruche, dim. reuschen
rousseur, rousscau (v. c. m.), roussir, rous- Kiliaen donne ruysche =
ruche), est-il
siller. indé pendant de notre mot? —
D. ruche,
ROYAL, vfr. reial, real, du L. regalis frex). ruchée.
— D. roialte royauté; royalisme, -iste. — • RUDANIER* (Molière) p. rude ànier, comme
D'un type latin, assez bizarre, regalimen vient qui dirait un ànier qui est trop rude à ses
fr. reaime (angl. rcalm), roialme, auj. ânes (Trévoux). « A rude asne rude asnier. »
royaume, prov. reyalmc, esp. realmc, it. RUDE, L. rudis. —
D. rudesse, rudoyer.
reame Le vfr. a produit de la mémo façon le RUDENTÉ, t d'architecture, du L. rudens,
mot (luclieaum,c p. duché. cordage. —
I). rudentci', -ure.

ROYAUME, voy. l'art, préc. RUDIMENT, L. rudimentum, apprentissage,


RU, vfr. Wu. rui, rouchi iHcu, prov. riii, début (de rudis, grossier, non dégixjssi, ; cp. lo
esp. rio, du L. rivus. La forme rui est l'effet mot érudit). — D. rudimentaire.
d'une transposition, analogue à celle do tuile 1. RUS, chemin, pa.s.sage, prov. rua, osp.,

de tegula. —
D'un type riciccllus, riv'ccllus, port rua, v. it. ruga, du L. ruga, .sillon, en
puis (par transposition de iv, iu en ni) ruiccl- BL. = platca, viens On trouve au.ssi BL.
lus, vient ruisseV ruisseau (dont l'it. par ruta, prov. ruda; cela indique lo celt. ruta,

,

emprunt, a fait ruscello). —


Fœi*ster (Grôb. rot, passage, chemin. D. ruelle (d'où ruel-
Ztsehr.,V, 96j conteste cette manière do voir; ler); ruottr, rigolo (ou dim. do nif).
d'après lui, il faut partir d'un primitif avec t"< 2. RUE, phmte, it. ruta, esp., port., prov.
radical, qui cxpliqtiora à la fois vfr. ru, ruicel ruda, ail. rautc; du L. ruta, m. s.
(= ruisseau) et it. ruscello il argumente ; RUER, jeter avec impétuosité; co verbe,
surtout sur l'absence d'une forme vfr. riuccl tiès ancien, a pour source immédiate non pus
bien constatée. Le thème riv, par contre, n'a L. ruere, dont Vu est bief et qui eût i)roduit
pu donner que les formes riu et riW<. rouer, mais lo fréijuont. rûlare, dont Vu est
RUBAN, wall. et Berry riban, v. angl. long (cp. muer do mûtare); voy Fœrster,
ryband, n. angl. riband, ribbon ; d'origine Grôb. Ztschr. II, 87.
, —
D. ruade, rueur.
incertaine. L'étyin. L. rubcns, rouge,, bien RUFIEN, osp., i)rov rufian, de l'it. rufpano,
qu'on orthographiât autrefois aussi rubeii, est ma(juoreaii, j)uis homme débauclié. Selon Du
trop arbitraire. L'ail, band, ruban, y est-il Cange, le mot it. vient de ce que les femmes
pour quelque chose? C'est â examiner; mais publiques portaient des cheveux roux (L. ru-
que faire alors de l'élément ru ? Diez propo.se fiis). Cette étymologie est bien suspecte, tant
le néerl. ring-band, collier; Wedgwood, le pour la forme que pour le sens. Lo mot se
néerl. riigband, fascia, ligamen; j'aimerais rattache plus naturellement (etj'ai été heureux
tout autant une composition riem-band (de de me rencontrer ici avec Diez) à la racine
l'ail, riem, riemen, courroie, lien) ou inp-band germ. hruf, ruf, exprimant impureté, pr.
(de l'angl. rip, déchirer). Mais tous ces efforts gale, dont dérivent, outre lo fr. rouffe (v.c.m ),
sont gratuits, tant que l'on ne sait j)as si ru le milan, ruff, piém. et com. rnfa, escarre,
n'a pas précédé ri ; le fait est qu'on trouve le gale, vénit. rufa, malpropreté, roinagn. rofia
BL. rubanus dans un texte de 1367. D. — (p. rofla). croûte de lait, dial. du Jura rouffle.
rubaner; rubanier, -crie. Diez. pour appuyer cotte valeur du mot comme
RUBÉFIER, mot fait sur le type rubcftcarc terme de mépris, cite le passage de Dante :
p. rubefaccre. —
D. rubéfaction, L, rube- " ruffian, baratti e simile lordura ». D'un
factionem. autre côté, il allègue les provincialismes alle-
RUBICAN on y a vu une composition de
; mands, subst. ruffer, maquereau, verb.
ruber, rouge, et de canus, blanc Littré pré- ; ruffeln, faire le maquereau, et le v. angl.
fère le tirer du BL. rubricantcm, rougcàtre. rujfiner (avij. 7'uffian), paillard; ajoutez-y le
RUBICOND. L. rubicimdus. flam. roffiaen, maquereau.
RUBIS, vfr. rubi, it. rubino, esp. rubin, RUGINE, t. de chirurgie, racloir; d'origine
ruhi. prov. robi et robina, ail. rubin, BL. inconnue. Au xiv" siècle, on trouve roisne,
rubinus^ dér. du thème rub de L. ruber. — roignc; cela s'accorde avec un type rugina,
La finale s de rubis est un reste de l'ancien qui pourrait être le subst. verbal de ruginare
nominatif. (fr. ruginer^, ôter les aspérités (dérivé fictif de
RUBRIQUE, pr. titre écrit en rouge, du L. rugn, aspérité, ride).
rubrica (ruber), craie rouge, puis rubrique, RUGIR, L. rugire (d'où vient aussi l'an-
titre de loi. —
D. rubriqucr. cienne forme ruir). —
D. rugissement,
RUCHE, vfr. rusche, rusque, rouche, prov. RUGUEUX, L. rugosus {ruga, ride). — D.
rusca, ruscha, d'abord —
écorce, puis, panier rugosité.
pour abeilles, ces paniers étant faits d'écorces RUILER (aussi ruiller), faire des repères
d'arbres (en esp. le mot corcho signifie aussi pour dresser toutes sortes de plans et de sur-
à la fois écorce, liège et ruche). Le mot est de faces, du vfr. ruile, == règle, mesure, formé
SAB — 451 — SAB

du L. régula, barre, règle, comme tuile de RURAL, L. ruralis (de rus, ruris, cam-
tegula. — D. ruilée, bordure de plâtre ou de pagne).
mortier. RUSE, Ce dernier,
subst. verbal de ruser.
RUINE, L. ruina (ruere). D. ruiner; — vfr. reûser,
présente la succession d'acceptions
ruineux, qui menace ou qui cause la ruine, suivante repousser, reculer, s'échapper par
:

L. ruinosus. des détours (en parlant du gibier) et finale-


RUISSEAU, ruisseV, voy. rie. — D. ruis- ment employer de la ruse, tromper. Tous ces
seler. sens se déduisent facilement du L. recusare,
RUMB, t. de marine (it. rombo, e?,\}.rumbo, repousser, refuser, et il est inutile de recourir
port, runibo et rumo, angl. rumb, viennent à refuser, la syncope de /"dans un mot roman
-du français), vfr. rum; du néerl. ruirn (ags. étant insolite, tandis ({werecusar, reïiscr. ruser
rum, ail. raum), espace le rumb, en parlant ;
a son analogue phonétique exact dans securus,
des vents, est l'espace compris entre deux sefir, sûr et dans secundus, vfr. seond.
vents. Il faut écarter les étym. gr./suao';, timon RUSTAUD, dér. du vfr. ruste, grossier, vio-
(en tant qu'il indique la direction d'un cliar), lent (cp. lourdaud). Ruste, devenu rustre, est
et le L. rhombus, losange. Le b dans rumb le L. rust-icus (apocope du suffixe, cp. éco-
est adventice. —
Notre mot est le primitif du làtre de scholasticus, inde de indiens).
verbe arrum,cr, dessiner les lignes du vent RUSTIQUE, L. rusticus (rus). D. rusti-—
sur une carte marine. cité, rustiquer (t d'architecture).
RUMEUR, L. rumorem, m. s, RUSTRE, voy. rustaud. Pour Vr épenthé-
RUMINER, L. rum,inare (de rumen, go- tique, cp. registre àe regestum,\iv tristre, p. .

sier). triste.
RUNES, caractères Scandinaves, du suéd. RUT, gâté del'anc. ruit, subst. participial
runa, lettre ancienne. D. runique. — de ruire, rugir (du type barbare rugëre,
vfr.
RUOTTE, voy. nie. p. rugire); ruit, rut signifie donc pr. rugisse-
RUPTURE, L. ruptura (de ruptum, supin ment, à cause des cris que pousse le cerf en
de 7'umpere). Rupture est la forme savante de chaleur.
roture (v. c. m.). RUTILANT, du L. rutilare, briller.

S
1. SABBAT, jour de repos, L. sabbatum, nue. On y a vu une corruption de angl. sawn
grec çàSgiîT^v mot biblique, de l'iiébr.
, board (planche .sciée), mais ce terme est in-
schabat, repos. —
De sabbati dies vient fr. connu aux Anglais. —
D. saborder.
samedi p. sabedi vha. sambaz-dag, nha.
(cp. 1. SABOT, soulier de bois. Je ne suis pas à

samstag). Le prov., retournant les termes, dit même d'établir l'étymologie de ce mot, mais
dissapte (et aussi sapte tout court). bien certainement il ne vient ni de Axl'inoM^,
2. SABBAT, assemblée nocturne des sor- pied en bois, ni do sac de bos (Du Cange), ni
cières, accompagnée de danses (d'où le sens de Sabaudia (« chaussure do Savoie "). J'incli-
bruit, tintamarre Ce mot est prob. identique
. nerais plutôt pour une dérivation du vfr. et
avec le préc, l'idée fondamentale paraissant prov. sap =
sapin, donc pr. chaussure en
être fête, solennité, ou un dénigrement du bois de sapin, si réellement le sens " soulier
sabbat des Juifs. Le savant Huet pensait au de bois », et non pas plutôt le sens général
au grec ilaSi^co;, épithète de Bacchus, en de soulier, doit .servir de point de départ pour
L. Sabazius, aussi Sabadius. la recherche de l'étymologie. Frisch rappro-
1. SABLE, L. sabulum. D. sabler; — chait le mot du slave sabogi, chaussure. Quelle
sableux, L. sabulosus; sablier, sablière que soit la valeur du l'adical sab ou sap, nous
(v. c. m.), sablon (v. c. m.), ensabler. pensons que le sabot (rouchi chabot) est radi-
2. SABLE, terme d'héraldique, couleur calement identique avec l'it. ciabatta, esp.
noire; du vfr. et angl. sable, marte zibeline, zapata, etc. (voy. l'art, savate). Le mot —
BL. sabellum (mot d'origine slave == russe sabot, qui dans ses nombreuses acceptions
sobol, d'où ail. zobel). — De sable, nom d'ani- techniques emporte l'idée de chaussure, de
mal, vient le vfr. sebelin, aujourd'hui zibeline garniture au bas des objets (la qualité « de
(v. c. m.).^ bois " s'effaçant tout à fait), s'expliquerait
SABLIÈRE, où l'on tire du sable,
1 . lieu facilement s'il était permis de tirer le thème
dér. de sable; 2. de chai'pcntier, pièce de
t. sap de la racine german. stap, exprimant
bois de support. D'après Ménage, le deuxième fouler, marcher (cp. ail. stappen, marcher,
sens renvoie au primitif de scapularia (sca- fouler, stapf, trace du pied, stapel, pieu,
pula\ quasi une épaxilière ; d'après nous, support); pour le sens, cp. le slave stopa,
sablière est plutôt p. stablière, et remonte à vestige et chaussure. —
D. sabotier, verbe
L. stabilis. Pour la chute du t dans st, cp. saboter.
saison et sabot. 2. SABOT, corne du pied du cheval et
SABLON, L. sabulo, -onis. D. sablon- — d'autres animaux. C'est le même mot que le
neux, sablonnière, sablo)iner. précédent. Le latin solea réunit de même les
SABORD, embrasure au bordage d'un vais- deux acceptions,
seau par où l'on tire le canon d'origine incon- ; 3. SABOT, toupie; d'après La Monnoye, le
.

SAC — 452 — SAC

même que sabot I, ces toupies étant faites la cher ce verbe à l'ags. scâcan, quatere, concu-
plupart d'un morceau de vieux sabot. J'en tere, angl. shake, secouer. Diez, il est vrai,
doute. —
D. saboter, jouer au sabot, faire n'admet pas la correspondance du se initial
tourner. germanique avec s initial roman (voy. l'art,
SABOTIÈRE, ustensile pour péparer les suiv.), mais saquer peut être p. chaquer,
glaces; mot altéré, suivant Littré, de sarbo- comme on dit beaucoup dans le Nord sanger,
tière, qui, à son tour, serait pour sorbetière sarc/ierp. changer, chercher. Nous rappelle-
(de sorbet), L'ail, appelle cet ustensile querl, rons à ce sujet le subst. champ, socquct,
quirl, pr. moulinet, subst. du verbe querlen, cahot d'une voiture, qui est sans doute un dér.
faire tourner ; cela nous engapc à voir dans de choquer, =angl. shoh, ail. schauheln.
sabotiè)'e plutôt une dérivation de saboter, 2. SAC, pillage, it. sacco, esp., port, saco,
faire tourner (dér. de sabot 3). subst. verbal d'un verbe (inusitéj saquer (BL.
SABOULER, terme populaire, houspiller, saccare), dérivé de sac, poche, et signifiant
réprimander. C'est peut-être un dé-
tirailler, pr. empocher, puis fig. voler, butiner, piller.

rivé du même radical sab, qui est dans sabot, Diez (et d'après lui Burguy) diffère de notre
toupie; le prov. sabotar signifie également manière devoir; il part du subst. saccus, au
secouer, ébranler, agiter. Je ne puis admettre sens de gros paquet, d'oii se serait développée
de rapport entre le verbe sabouler et un jeu l'acception « chose empaquetée ", butin II
d'enfants usuel en Espagne et en Italie, et qui compare à cet égard le mot germanique^7i«7i-
consiste à faire des espèces d'anguilles (mou- der, qui veut dire en ail. bagage, et en angl.
choir roulé) que l'on remplit de cendre ou de butin. — Diez rejette l'étymologie vha. scàh,
sable et dont on fiappe ceux qui ont fait butin, parce que, d'après lui, se initial ne so
quelque faute au jeu. Ni l'esp, ni l'it. ne pré- simplifie jamais en s. Cependant il admet que
sentent un verbe sabularc. —
Ou bien le '
l'it.zajipa (voy. sape) a pu venir de T/.incrivi,
thème sab remonterait-il au L. sapo, savon, et zolla do l'ail, sholla (auj. scholle); or,
ascendant du terme figuré savonncy-? Dans les phonologiquement, ce qui .s'applique à l'it. s
patois du Midi, saboula s'emploie pour rouler peut aussi s'appliquer :ï s, ces deux lettres
dans l'ordure. ))ermutant si souvent dans cette langue. —
SABRE, it. sciabola, scia6/a (Venise saJ)ahi), liien que l'étymologie que nous avons jioséo
esp. sable; de l'ail, sabel, qui à son tour est d'abord nous convienne parfaitement, celle du
d'importation étrangère, cp. hongr. szablya, vha. scdh, mlia. schach, BL. scacus (cp. vfr.
russe sabla, pol. sjrt6/e, serbe sablja, valaque eschec, butin), n'en pourrait pas moins être la
sabje. — D. sabrer; sabretache, de l'ail. vraie; et le mot BL. saccomannits (it. sacco-
sabelstache, })Oche de sabre. wa«»o, valet d'armée, goujat, esp. sacomano,
SABRENAS, artisan qui travaille malpro- n. prov.sacawan, V. flam. sachmann, voleur)
prement, grossièrement. On dit au.ssi sabre- me fait l'effet d'être identique avec l'ail, (bav.)
naud. Peut-être de l'esp. sa&enarfa (sait- rien) ; schachmann ou schàcher, voleur, brigand, et
Yr serait euphonique. Bugge, qui a émis cette le flam. sachen, di ri père, depnedari, n'est non
conjecture (Rom., IV, 365), compare le patois plus peut-être qu'une forme allégée de sc/^aec-
suisse sapou (sait- peu). On a trop peu d'élé- hen, rapere. —
Un autre subst. verb. (à suf-
ments historiques pour contrôler la valeur de fixe dérivatif) de saquer, piller, est saccoffe,
cette explication, qui reste fort douteuse. — d'où saccayer. Le type saccicare a donné esp.
D. sabreuasser. saquear, it. saccheygiare =
saccager. —
Lit
SABURRE, L. saburra. tré se trompe quand il me prête l'opinion que
1. SAC, poche. L. saccus. —
D. sachet sac, pillage, so rattache à l'ancien verbe sa-
(dim.), sachée, sacoche (de l'it. saccoccia). — cher, saquer =
tirer ; c'est saquer =
empocher,
Diez et autres considèrent comme un dérivé ensacher, qu'il fallait dire, car les deux verbes
de sac le vfr sacher, sach iei\ saquer, esp. port.
. ne me paraissent pas identiques. Lisez aussi,
sacar, = tirer, extraire, arracher, et comme
,

dans Littré, à l'art, saccade, à l'étymologie :

dérivé de celui-ci, le subst. saccade, action staccare p. scaccare.


de tirer (d'où saccade). Nous ne partageons SACCADE, voy. sac 1. —
D. saccader, sac-
pas cet avis ; nous admettons que sacher est cade.
un dérivé de sac, pour autant qu'il signifie SACCHARIN, du L. saccharum, sucre.
ensacher, mettre dedans, comme le n. prov. SACCAGE, d'où saccager, voy. sac 2.
saca et le BL. saccare (voy. l'art, suiv.), mais SACERDOCE, L. saccrdotium; s.vckrdotal,
nous ne pensons pas qu'on puisse lui donner L. sacerdotalis
en même temps le sens contraire « faire sortir SACHÉE, SACHET, SACOCHE, voy. sac 1.
du sac " Notre idée est que le fr. sacher et
. 1. SACRE, action de sacrer (v. c. m.).
l'esp. 5acor sont des formes allégées
p. stacher, 2. SACRE, sorte de lanier, esp., port.
stacar (cp. sablière, saison, etc.) et reprodui- sacre, it. sagro, ail. sakcr; c'est prob. une
sent l'it. staccare, détacher, séparer, et que le traduction du gr. hpx^, épervier, faucon, pr.
subst. saccade, secousse, petits mouvements oiseau sacré (Virg. sacer aies), appelé ainsi à
détachés, non soutenus, répond parfaitement cause de son vol circulaire (cp. en ail. weihe,
à l'it. staccato. —
Une seconde conjecture milan, du vha. wîho, sacré). D'autres propo-
que nous nous permettons d'émettre à l'égard sent pour origine l'arabe çaqr, oiseau de
de saq\(.er, tirer, tirailler, secouer brusque- proie, autour, qui, d'après des autorités com-
ment (d'où viendrait saccade), c'est de ratta- pétentes, n'est pas emprunté aux langues

SAG — 453 — SAI

romanes. —
Ane. sacre et son dim. sacret fiècho, du L. sagitta, ô^oxi sagittaire, h. ?,Sigi.i-

désignaient aussi, comme d'autres noms d'ani- tarius.

maux, une sorte de canon. SAGOU, nom du sagouticr dans les langues '

3. SACRE, brigand; sens métaphorique de


papoues. — D. sagoutier.
sacre, oiseau de proie; sinon de l'ail, schti- SAGOUIN, espèce de singe ; d'origine incon-

chcr, m. s. (voy. sac 2). nue.

SACREMENT, L. sacramentum, consécra- 1.SAIE, manteau, prov. saga, saia, esp.


tion.— D. sacramental ou — Voy. aussi -tel. saya du L. saga (Ennius), forme con-
et saia,

serment. currente de sagum ;mot d'origine gauloise.


SACRER, L. sacrare. — D. sacre, action D. sayon. —
Sa^uw s'employait, suivant Die-
de sacrer; adj. sacré. fenbach (Orig. Europ ), dès les temps classi-
ques, comme nom d'une étoffe; de là 'Rh.saia
SACRIFICE, L. sacrificium ; sacrifier, L.
(panni species), d'où les dim. it. sagetta, esp.
sacrificare, d'où sacrificateur, -atoire, -alure.
sayete, fr. sayctte, serge.
SACRILÈGE, 1. adj., L. sacrilegus (litt.qui
2.SAIE, brosse des orfèvres, du L. seta,
recueille des objets sacrés), 2. subst.,L. Srtcr2-
leginm.
soie de porc, pinceau. —
D. saietter.
SAIGNER, du L. sanguinare, être san-
SACRIPANT, de l'it. sacripante, personnage glant, dans la basse latinité sanguinem =
de rOrlando inamorato de Bojardo. emittere. —
D. saignée.
SACRISTAIN, it. sagrestano, prov. sagres- SAILLIR, h. salire. —
D. saillant, saillie;
tan, dér. du BL. BL. sa-
sacrista, d'où aussi composés assaillir (angl. assail), d'où subst.
:

cristia, fr. sacristie =


1. sacristse manus; assaut, L. assaltus, tressaillir, L. transsalire.
2. le lieu où sont déposés les objets du culte. — Subst. verbal de salire L. saltus, fr. saut,
:

L'ancienne langue avait francisé sacristanus, d'où L. saltare, fr. sauter.


en sccretan (nom de famille encore fort ré- 1. SAIN, adj., L. sanus, d'où subst. sani-
pandu) et segrctain ; de sacrista, l'allemand a tatem, fr. santé, et le type sanitarius, fr. sani-
tiré son mot sigrist. taire. Verbe sainir (patois fr. = guérirj et
SACRISTIE, voy. l'art, préc. cps. assainir.
SADE*, de bon goût, gracieux, du L. sa^n- 2. SAIN (dans le composé sain-doux,
dus, qui a de la saveur, du goût de là le dim. ; graisse de porc fondue), vfr. saïn, champ.
sadinef, joli, gracieux, et le composé maus- sahin, esp. sai7i, prov. sagin, it. saime; du
sade p. mal-sade. BL. sagimen, forme vaiiée du L. sagina,
SAFRAN, zafferano, esp. a-zafran,
it. graisse. — D. ensimer et essim,er (voy. ces
valaquc safran, de l'arabe zàfarân. D. sa- — mots).
franer. SAINBOIS, =
bois sain, appelé ainsi à
1. SAFRE, glouton, goulu. Diez propose cause de son emploi médical.
soit le vha. seifar =
l'eau à la bouche, ou le SAINFOIN (Cotgrave écrit sainct-foin), =
verbe gothique (supposé par Grimm) safjan, saint foin; l'ail, dit de même heilig-heu. 0. de
savourer. Chevaliet y voyait tout bonnement Serres, toutefois, interprétait le mot par foin
une transposition de l'ail, fresser, dan. fraad- sain « à cause de sa vertu médicale et engrais-
ser. Il cite aus.si un mot holl. schaffer, goulu, sante y.
de schaffen, avaler. C'est un peu légèrement SAINT, L. sanctus. —
D. sainteté, L.
traiter le sens des mots; le holl. schaffen sanctitatem.
signifie donner à manger, puis par extension SAISIR, prov. sazir, it. sagire ('mettre en
prendre ses repas. —
Safre, par sa terminai- possession) et staggire (saisir, user de main-
son, vai)T[)c\\G goulafre, goinfre. Littré rap-— mise), BL. sacire, s'approprier. Le vfr. saisir
proche de notre mot le berrichon chaffrer, avait également la valeur de Fit. sagire,
détériorer. Pour tout épuiser, nous indique- mettre en possession; c'est de cette acception
rons aussi l'ags. ceafle, mâchoire. Nicot — que relèvent les expr. « le mort saisit le vif »>,
traduit safre par « petulans, lascivus » est-ce ; puis se saisir de qqch. et le cps. dessaisir,
le même mot? L'anc. langue avait, et quel- prov. desazir, mettre hors de possession.
ques patois ont encore, un mot safre élé- = Diez pose comme étymologie le vha. sazjan,
gant, gentil, que Littré tire du BL. saffium placer (pris dans le sens du cps. bi-sazjan =
(vfr. safre), orfroi, broderie. nha. besetzen, ags. bisettan, angl. beset, pren-
2. SAFRE, oxyde de cobalt en poudre, dre en possession); il cite à l'appui le prov.
servant à faire du verre bleu, de l'it. zaffera, sazir la terra, occuper la terre, puis la syno-
m. s. nymie des formules BL. « ad proprium sa-
SAGACE, L. sagax. — D. sagacité, L. sa- cire " et « ad proprium ponere » (ponere =
gacitatem. ail. selzen). La forme ital. sagire, observe
SAGE, vfr. saive fcp. rage et vfr. raive), it. Diez, se rapporte à sazjan, comme palagio à
savio et saggio esp., port, sa&i'o, prov. sahi,
, palatium [prononcer palatsium). J'aban- —
satge. du L. sapius, vocable populaire (cp. le donne l'idée que j'avais eue d'abord, et d'après
cps. ne-sapius, insensé), transformé en sabiiis, laquelle le BL. sacire ne serait qu'un retour
savius. Le wallon dit sa?/ et m^tsa?/" (insensé) à la forme primitive du L. sandre, établir;
cp. vfr. mausage. —
D. sagesse, it. saviezza.
;

mais il ne m'en reste pas moins des doutes



-

Cps. sage-femme, pr. femme habile. quant à la justesse de l'étymologie de Diez.


SAGETTE*, vfr. saielte, saète, it. sactta. Comment l'accorder avec la forme it. stag-
.

SAI — 454 — SAL

gire? Ne faut-il pas ici, comme dans plusieurs pour le moi souche. En outre, je la vois confir-
autres cas, admettre, contrairement à la théo- mée par le prov. *a«c (gaucher) et sanca (main
rie de Diez, la simplification d'un st initial en gauche), qui, bien certainement, reproduisent
s (cp. sablière, saccade, saison) et partir de le stanco, stanca de l'italien; puis par le
staggire pour expliquer sagire? Or, quelle verbe sanchier, rassasier, que j'ai noté cinq
est 1 origine de ce mot italien? Diez propose ou six fois dans Froi.ssart et qui est lo même
les vieux verbes ail. stàtigàn, sistere, mettre mot que stancare,é\.&r\^A\ev. D'ailleurs, Diez
arrêt, ou stàlian, fixer. Pour moi, j'émettrai admet l'équation st initial =
s pour plusieurs
deux conjectures : 1. On trouve en BL. sta- cas (ainsi zanco p. stanco, zambccco p stam-
gium avec les acceptions de demeure, séjour becco; esp. Zuniga p. Esticniga)\ or, la dis-
(notre stage), puis d'étage, de salle; puis je tance de z à s n'est pas grande. Lo procédé
trouve s^a^m, maison, pieu, poteau; enfin, qui a fait lisiiire do listièrc peut foit bien
stagire, séquestrer. Toutes ces acceptions avoir exceptionnellement atteint la tête des
comportent l'idée de fixer, établir, inhérente vocables. — Certainement, saison est lo L.
au primitif de ces vocables, le L. stare, et qui satio, dans la phrase : •• domaine divisé en
est aussi celle du verbe ail. setzen, primitif trois saisons « (Berry), saison = sole; mais
de sagire selon Diez. 2. Dans saisir, il n'y a je tiens ce saiso7t-\k pour distinct de celui qui
pas seulement l'idée de mettre en possession, nous occupe. — Mentionnons encore pour
mais aussi celle de prendre. Cette dernière mémoire l'étym division, mise en avant
sectio,
découle, par généralisation, de celle de pren- par Le Duchat. — D. assaisonner m.), (v, c.

dre en gage, en siireté; par là nous scmmes dessaisonné, anc. = déplacé, dérangé, décon-
amené à l'étymologie staggio, otage, caution, certé.
qui est p. ostaggio (voy. otage), d'où staggire, 1. SALADE, ail. salât, angl. salad, it.

prendre ou mettre en siireté, d'où le subst. insalata, pr. mets assaisonné avec du sel,
staggina, fr. saisine, prise de possession (cp. puis, par extension, herbes destinées à être
se nantir, se saisir, de namp, gage). —
Storm mangées en salade, subst. i)artic. des verbes
(Rom., V, 167) pense, comme moi, qu'il est prov., esp. *a/ar, it. saJare, fr. salei', dér. du
difficile de séparer sogire de staggire, et quant L. snl. —
D. saladier.
à ce dernier, il incline pour l'ail, stàlian (de 2. SALADE, casque, it. celata, esp. célada,
stûti, stable), proposé par Diez, ou mieux V. angl. salet, cymr. saled, du L. cassis
encore pour un verbe stadjan, conservé en cœlata, casque jwurvu d'une image ciselée.
norois sous la forme stedja, stabilire, sistere, SALAIRE, L. salarium (sal), pr. indemnité
statuere, de stadr (thème stadi), locus. La donnée aux soldats pour acheter le sel, puis
finale des dérivés it. staggitia, fr. saisine, salaire en général. —
D. salarier.
ajoute Storm, en le démontrant, n'exclut SALAMALEC, de la salutation arabe salam-
nullement une provenance germanique. aleick, salut à toi.
SAISON, prov. sazo, esp, sason, port. SALAMANDRE. L. salamandra, gr. -joàT.-
sasao, it. stagione. La forme ital., combinée fiùvSpix.
avec l'esp. estacion, port, estaçâo (= saison), SALE, d'après Dioe, du vha. saîo, trouble,
porte nécessairement à prendre pour origine terne, étymologie corroborée par le rapproche-
le L. stationem, arrêt, séjour, point fixé, d'où ment de rit. salavo = sale, qui répond au
le sens le temps voulu, le moment propice
: même mot germanique à l'état fléchi : salavoer,
(Diez rapproche judicieusement stunde,
l'ail, gén. salawes. —
L'étymologie L. squalidus,
heure, de stehn =
stare). Quant aux autres crasseux , n'est guère plausible. Che- —
formes avec s initial, Diez les disjoint et les rap- vallet invoque le celtique, en citant l'écoss.
porte, avec Du Cange, au L. sationem, acWon et irl. salach, gaél. salw, == malpropre;
de semer, d'où découlerait l'acception temps reste à savoir si ces dérivés sont du fonds cel-
convenable pour semer, et enfin temps conve- tique; cp. angl. sallow, ni. zahiw, terne,
nable en général. Nous ne partageons pas son livide. —
D. saleté, salir, salaud, saligaud.
avis : nous voyons dans 1'^ initial, ici comme SALEP, pr. orchis, puis substance tirée des
dans d'autres cas, un affaiblissement de st, tubercules des orchis, enfin boisson que les
d'autant plus que le mot saison exprime essen- Orientaux font avec les bulbes des orchis
tiellement les divisions ou, à proprement dire, (arabe sahlab, turc salleb). Le mot est tiré,
les quatre stations de l'année. « Cela est de d'après Dozy, de la phrase chosâ at-tha'leb -=
saison équivaut à « cela est de l'époque »
<>
testicules de renard.
J'ai développé ailleurs mes arguments en SALER, voy. salade. — D. salade, salai-
faveur de l'étym. stationem; elle ne donne son.
lieu qu'à une seule objection, c'est que st ini- SALIÈRE, de L. sal, sel.
tial ne peut se transformer en s. Cette loi, je
SALIN, salifie, L. salinus (sal).
la reconnais; mais des exceptions sont admis- SALIR, voy. sale. —
D. salisson fcp. p, la
sibles pour toute loi, et cette exception s'im- {orme polisson), salissure.
pose si naturellement dans un certain nombre SALIVE, L. saliva. —
D. saliver, -ation.
de cas, que, pour ma part, j'aurais de la SALLE, it., esp., port., prov. sala, du vha.
peine à la méconnaître. Dans ce qui précède, sal, maison, demeure, séjour; cette significa-
on a pu voir quelle facilité elle off're pour tion était aussi celle du vfr et du prov.
l'explication des mots sablih^e, sabot, saccade (« celestials sala », céleste séjour). Plus tard,
et saisir, et plus loin je l'invoquerai encore
elle s'est restreinte à celle de « grand apparte-
SAN — 455 — SAN
ment »; auj. l'ail, saal dit la même chose que S AND ARA QUE, L. sandaraca {jxv^apxxïi).
fi". salle. — Les mots romans étant féminins, SANDRE, nom de poisson, de l'ail, sander,
M. Kern leur assigne pour origine directe le zander.
francique sala, moy.-néerl. sale (auj. zaal). SANG, L. sanguis. —
D. sanguin (d'où
— D. s nion. sanguine, minéral), L. sanguinus, p. sangui-
SALMIAC, corruption de sal ammonia- neus; sanguinaire, L. sanguinarius ; san-
cum.. glant, L. sanguilentus (forme accessoire de
SALMIGONDIS, voy. salmis. sanguiiiolentus qui se trouve chez Scribo-
,

SALMIS, d'origine inconnue. On est tenté nius Largus). A propos do sanglant, Gachet
d'y voir une contraction d'un type salgamicius, observe " Nous sommes tenté de croire qu'une
:

.du L. salgama, choses confites dans la sau- satire sanglante est une satire qui sangle ou
mure. Je suis tout aussi embarrassé pour qui fouette il en est de même d'un reproche
;

salmigondis ; serait-ce le mot salmis amplifié sanglant, etc. Le sang n'a rien de commun
de conditus, accommodé, assaisonné ? avec cette expression » Cela peut être vrai ;
,

SALON, angl. saloon, voy. salle. cependant, nous ne voyons pas pourquoi san-
SALOPE, soit un dér. de sale (mais com- glant ne serait pas justifiable comme méta-
ment expliquer la désinence?), soit p. slope, phore; sanglant et cruel se touchent de bien
correspondant de l'angl. .slop, gâchis, saleté. près, et crudelis n'est-il pas lui-même un
— D. saloperie. — Leslomp, salope,
holl. dérivé de crudus, saignant, cru? Le cps. —
paraît être la forme nasalisée de slop. sang-froid parait être une corruption de
SALORGE, magasin de sel, selon Bugge, l'anc. locution sens froid (cp. sens rassis). Le
un composé formé de L. sal, sel -f- horreum, changement du reste est naturel, cp. l'ail.
greniei', ^dépôt, magasin. kaltbliïtig (adj.).
SALPÊTRE, mot savant, de L. sal petrœ, SANGLE, vfr. cengle, it. cinghia, prov.
sel de roche. Le circonflexe n'a pas de raison singla, du L. cingida (de cingcre = ceindre).
d'être. — D. sangler. 1. ceindre avec une sangle, 2.
SALSEPAREILLE, it. salsapariglia,
de donner des coups d'étrivières, fouetter, d'où
l'esp. zarzapjarilla, composé de l'esp. zarza, sanglade.
ronce, et de Parillo, nom d'un médecin qui a SANGLIER, sengler* \)Voy cinglar, it. sin-
,
.

employé le premier cette racine. Telle est ghiale, du BL. singularis. Cette di^nomina-
l'explication de Scaliger, rapportée par Mé- tion est une imitation du gr. ij.6-ii.oi, bête sau-
nage. vage, pr. solitaire. —
Quelques patois ont
SALSIFIS, anc. sersifi; l'it. sassefrica en conservé un adj. sangle, unique, du L. sin-
est-il l'original ou une déformation? gulus.
SALTATION, L. saltatio)iem (de saltare, SANGLOT, voy. l'art, suiv.
sauter j. SANGLOTER, prov. sanglotar, du L. sin-
SALTIMBANQUE, de
saltimbanco, qui
Fit. gultare, transposé en singlutare; à l'autre
saute sur un banc [saltare in banco); l'it. a forme latine singultire se rattache le vfr. sen-
de même cantimbanco, chanteur de tréteau. glotir, souglotir. —
D. subst. verbal san^Zoi,
SALUBRE, L. salubris. —
D. salubrité. vfr. saitglout, seglout, souglout, prov. san-
SALUER, prov., esp. saludar, it. salutare, glot, singlot, sanglut, h.singiUtus. La forme —
du L. salutare. —
D. salut, subst. verbal, it singhiozzo est basée sur singluttio p. sin-
action de saluer; saluade; salutation, L. salu- gultio; le vfr. souglout, sur une transforma-
tationem. tion de sin en sub.
SALUT, vfr. salu, 1. L. sahis, -utis, d'où SANGSUE, prov. sancsuga, L sanguisuga,
salutaris, fr. salutaire; 2. subst. verb. de qui suce le sang.
saluer. SANICLE, d'un type sanicula, dimin. do
SALVE, décharge de mousqueterie, d'abord sa)ia, la (plante) saine.
en signe de salutation, de bienvenue, du L. SANIE L. sanies ; mot de formation
,

salve (impératif de salvere, se bien porter), savante, ce qui équivaut ici à irrégulière, car
formule romaine de .salutation. il faudrait san^'c. —
D. sanieux, L. saniosus.
SANGIR, t. de marine, couler bas (en par- — Y oy. aussi essanger.
lant d'un navire) Diez pense que c'est une
; SANITAIRE, néologisme, voy. sain.
altération du prov. sumsir, submerger, dont SANi, vfr. setis, prov. senes, sens, ses, it.

l'étymologie est encore discutée et que Paris senza, v. it. sen, osp. si)i, port. sem. C'est le
(Rom., VÎ, 148 et 437) croit pouvoir rattacher latin .?me, pourvu de Vs adverbial.
à L. sorpsus, de sorbere, engloutir. SANSCRIT, du sanscrit sanskrita, parfait.
SAMEDI, voy. sabbat. SANSONNET; cet oiseau ne s'appelle pas
SANCTIFIER, -FIOATION, L. sanctificare, ainsi, comme dit l'abbé Corblet, parce qu'il
-ationetn. apprend facilement à chansonner fie mot
SANCTION, L. sanctionem (sancirc). — D. s'applique du reste également à un poisson) ;

sanctionner. le mot vient du prénom Sainson, comme pier-


SANCTUAIRE, L. sanctuarium (sanctus). rot de Pierre etjacquot de Jacques.
SANDAL, aussi santal, en botanique santa- SANTAL, voy. sandal.
lum; de l'arabe zandal (gr. Tôc-jTdlovj, lequel SANTÉ, voy. sain.
répond au sanscrit tschandana. SANTON, de l'esp. santon, hypocrite (de
SANDALE, L. sandalium i^x-j^kliov). santo, saint). Rabelais a sanctoron.
.

SAR 456 — SAU

SANVE, nom populaire du sénevé, du L. d'herbe qui causait, dit-on, le


accpSoviov, sorte

sinapi, accentué sdnapi; cp. angl. senry, ail. rire sardoniquo; voy. les commentateurs
scnf. d"Hoinèro (Od., XX, '501).
SAOUL, voy. snùl. SARMENT, L. sarmentum (do sarpere,
1. SAPE, action de saper, subst. verbal. émonder). — D. sarmeiiteitx, L. sarmen-
2. SAPE, outil pour saper; it. zappa, esp. tosus.
::apa, lioyau. L'initiale z engage Dicz à rap- SARRASIN, musulman, RL. sai'acemts, de
porter le mot au gr. s/àîTTîiv, fouir (cp. it. l'arabe scliarkiin, gens de l'Orient. Le blé
zoUa, motte, du vha. skolla). L'it. et l'osp. z sa7'rasin s'appelle ainsi parce qu'il est do
procédant parfois de s (cp. it. zoJfo, soufre, provenance africaine. Sai'rasine, herse (t. do
de sidphur, esp. zandalo, sandale), je ne vois fortification), tire également son nom do sa
pas pourquoi l'étym. L. sappa Isidore) ne forme nriontalc.
serait pas préférable. —
Chevallct voit dans SARRAU ou SARROT, wallon sarot, rouchi
zappa une transposition de l'ail, spaten (vha. soro, BL. saiTotus. Cette dernière forme est
spato), pioche, C'est par trop hardi. D. sa- — altérée, par assimilation, de sai^cntus (d'où
BL. sarcotium, rochet). Chevallet dérive sar-
SAPER, voy. sape 2. D. sapeur. — cotiis de l'isl. serA, tunique, ags. syrc, syric,
SAPHIR, L. sapphirus [ikifitipoi). m. s., dan. et suôd. saerh, chemise. Il peut
SAPIDE, L. sapidus, dont la langue vul- avoir rai.son, mais l'angl. shirt, chemise, qu'il
gaire a fait sade m.).
(v. c. cite également, n'a rien à voir ici. Il aurait dû
SAPIENCE, L. sapientia. citer avant tout comme primitif immédiat do
SAPIN, L. sapinus. Le vfr. et le prov. sarcntus, saricotus, le HL. sarica, robe mise
avaient dégagé de ce mot le simple sap. — par-de.ssus les vêtements ordinaires.
D. sapine, snjnnièi'e. SARRETTE ou SERRETTE, anc. san-et,
SAQUEBUTE, angl. sachbut, esp. saca- ail. scharle, formes dégagées do l'it. serra-
buche; je ne connais pas l'étymologie du nom tftla, f|ui est le L. serratula, bétoine.
de cet instrument de musique (à vent), car jo SARRIETTE, dimin. do sarrie'; celui-ci
ne puis approuver Ménage, qiii voit dans le répond au ])rov. sadrcia, lequel vient du L.
mot une altération du L. samèj<ca ^instrument satunja (ail. saturei, it. santoreggia).
musical à cordes). Une fois qu'on se laisse 1 SAS, tissu de crin pour tamiser, contrac
aller aussi loin, autant vaudrait remonter au tion du vfr. scas, saas, langued. sedas, =
L. sambucus, sureau ; les patois disent on BL. sedatium, sitacium, qui sont pour seta-
effet sambuque pour une flûte de sureau. La ceitm, dérivé du L. seta, soie, crin. L'it. a
forme esp. sacabiiche a l'air de dire quelque transformé sctaceum en staccio p. setaccio;
chose comme tire-bedaine. l'esp. a cedazo, l'angl. searce. D. sasser, —
SARABANDE, pg sarabanda, de l'esp.
it. ressasser.
zarabanda, qui vient du persan serbend (espèce 2. SAS, t. dliydraulique, du néerl. sas,
de chant, d'après Ménage). écluse, qui tient prob. au thème sat (aW.sats),
SARBACANE, anc. sarbatane, esp. cerba- arrêt, station. — D'après Littré, de l'it. sawo,
tana, zarbalana, it. cei'botana, de l'arabe t. de fortification, qui est le L. saxum,
zabatibia, sarbacane pour tuer les oiseaux. pierre; étym. i)eu probable.
SARCASME, L. sarcasmits, grec sapza^juo; SASSAFRAS, esp. sassaf7'as, salsifrax,
{de nxpAx^^îiv, l'onger, fig. railler) ; sarcastique, saxifragia; de même origine que saxifrage.
grec '7y.r,yX7Tl/.6i. SASSER, voy. sas 1.
SARCELLE, voy. cercelle. SATAN, mot hébraïque (pr. l'ennemi), grec
SARCHE, cerceau qui porte peau d'un
la saravi,-.L'anc. langue traduisait litt. le mot
tambour, d'un crible, du L. circus ou plutôt par avei'sicr (adversaire). D. salanique. —
circa. donc p. ce?-c7ie (cp. cercelle et sarcelle). SATELLITE, L. satelles, -itis, garde du
SARCLER, L. sarculare (sarculus). corps.
SARCOPHAGE, L. sarcojihagus gr. , (jxoxo- SATIÉTÉ, L. satietatem.
<fU/oi pr.qui consume les chairs, Carnivore. Le SATIN, vfr. (par la chute de la médiale)
nom s'appliquait d'abord à une espèce particu- sain, it setino, port, setim, dér. de seta, soie.
lière de pierre à chaux qui avait la propriété de — D. satiner, satinade.
consumer, dans l'espace de quarante jours, la SATIRE, L. satira ou satura. — D. sati-
chair et même les os d'un corps que l'on y ren- rique, satiriser. Il faut distinguer satire de
fermait (voy. Pline, H. N., XXXVI, 27). Cette satyre, pièce de théâtre chez les Grecs, qui
pierre servait à faire des cercueils, quand on vient de -jàr-jp^;, satyre.
enterrait le corps tout entier sans le brûler, SATISFAIRE, L. satisfacere; subst. satis-
ce qui fit que le mot a fini par s'employer faction, L. satisfactionem.
pour toute espèce de cercueil quels qu'en fus- SATURER, L. scUurare (satur).
sent les matériaux. C'est dans ce sens général SAUCE, vfr. sausse, it., esp., prov. salsa,
que Juvénal en usage (Sat., X, 172).
fait de l'adj. salsus, salé; donc pr. chose prépa-
SARDE, baleine, du L. sarda. D. sar- — rée au sel. — D. saucer, saucière. A un type
dine, L. sardina (lapûivvj). salsicia, dérivé de salsus, répondent it. salcic-
SARDOINE, sardonico, prov. sardonic,
it. cia, esp. salchicha, BL. salcitia, fr. saucisse.
du L. sardonyx, grec 5a;o5ovu?((îàpôto,- o'vu|). SAUCISSE, voy. l'art, préc. — D. sau-
SARDONIQUE [ris), gr. ,:.pcà-no, y^co,-, de cisson.
.

SAU — 457 — SAV


SAUF, L.salvus. —
D, sauveté* Compo- . D. saute, t. de marine ; saute', t. de cuisine;
sés sauf-conduit (it. salvocondutto) et sauve-
: sauteur, sauterie, sautereau, sauterelle, sau-
garde (it. salvaguardia), d'où sauvegarder. toir, sautiller.
SAUGE, L. salvia. SAUTOIR, pr. une pièce du harnais du che-
SAUGRENU (anc. aussi saugreneiix), com- valier, qui lui servait d'étrier pour sauter sur-
posé de sel et û.e grenu; pr. « au gros sel, au son cheval ; de là, d'après Littré, par assimi-
sel grenu » lation de forme, la locution en sautoir.
SAULE ; ce mot ne peut se déduire du L. SAUVAGE, angl. savage, it. salvaggio et
salix, gén. salicis. A ce dernier cependant selvaggio, aussi salvatico, prov. salvatge,es'p.
répondent les formes bourg, et lorr. sausse, salvage, port, salvagem,, direct, du BL. salva-
.
vfr. saux, prov. sauze, sautz, it. saJcio, esp. ticus p. silvaticus (silva). —
D. sauvagerie,
salce, sauce, sauz, de môme que le dér. saus- sauvageon, sauvagin, -ine.
saie reproduit le L. salicetum. Diez assigne à SAUVER, L. salvare (salvus). D. sau- —
la forme fr. saide pour origine le vha. salaha, veur; dhnïn. sauveter, d'où sauvetage.
m. s écourté en sala (d'où saule, comme
,
SAVANE, de l'esp. sabana. Ce dernier, au
gaule de valus).
A

D. saulet, nom d'oiseau. propre, signifie drap de lit, du L. sabanum.
SAUMATRE. it. salmastro, d'un type sal- (îàSavov), linge, nappe la savane est donc
rnaster, salmacidus. Ce dernier vocable
p.
;

envisagée comme une nappe de verdure. —


a donné le prov. samaciu, vfr. saumaclie. D'après Roulin (Littré, Suppl.), le mot est
SAUMON, it. salamone et sermone^ du L. d'origine américaine, ce qui parait probable.
salmo, -onis. —
D. saumoné. Saumon de — SAVANT, pr. part. prés, du verbe savoir.
plomb (champ, sommon) est-il le même mot, Le mot ne vient pas direct, de la forme L. sa-
par assimilation de forme, ou un dérivé de piens, à laquelle ne répond que la forme
somme, charge, poids? L'expr. angl. pig l'on sachant. —
Les latinistes de la Renaissance,
sow) oflead, pr. cochon de plomb, fait pencher imaginant quelque rapport étymologique
pour la première interprétation. entre savant, savoir et le L. scire, crurent
SAUMURE, it. salamoja, esp. salmuera, faire honneur à leur savoir en écrivant sça-
composé de sal, sel, et du L. muria, sau- vant. sçavoir.
mure (vfr. mûrie); cp. le gr. kl-fjrjpi;, m. s SAVATE, it. ciabatta, m. s., esp. zapata,
SAUNER, faire du sel, d'un type salinare espèce de bottine, poi^t. sai^ata, soulier de
(sal). —
D. saimage, saunier, L. salinarius, dame, bottine formes masc.esp. zapato, port.
;

d'où saunerie. çapato, prov. sabato, soulier. Diez cite Sousa,


SAUPE, nom de poisson, L. salpa. d'après lequel le mot vient de l'arabe sabat,
SAUPIQUET, du verbe saupiquer", prov., subst. d'un verbe sabota, chausser, mais cette
esp. salpicar = piquer ou saupoudrer de sel, signification du verbe n'est pas indiquée par
assaisonner au sel. Freytag. Selon Mahn, du basque zapata, ?,ou-
SAUPOUDRER, pr. poudrer ou asperger lier, zapatu, mettre le pied, zapatcea, fouler
de sel. L'idée du sel s'effaçant, on dit: saupou- aux pieds, presser, enfoncer, chiffonner.
drer de farine, de sucre, etc. Pour cette géné- A coup sur, les vocables sabot iv. c. m.) et
ralisation de sens, c\). joncher. savate sont d'origine commune, mais cette
SAUR et SAURE, vfr. sor, sore, de couleur origine reste encore à fixer. Pour ma part,
brun clair, jaune tirant sur le brun, prov. sans contester la valeur de l'opinion de Mahn,
saur, blond jaune, it. sauro, soro. Le sens je soupçonne fort le rad. sap ou zap de n'être
foncier est « desséché "(cp. « hareng saur "),d'où qu'un allégement de stap, racine fort répan-
s'e.st déduit celui de jaune, blond (cp. lecolor due dans le système indo-européen et signi-
aridus de Pline, et les vestes serampelinœ, ha- fiant « mettre le pied, marcher », d'où l'idée
bits de couleur de feuille morte, de Juvénal). semelle, soulier. Voy. sabot. En admettant un
Le mot vient, selon Diez, du néerl. soor, angl. type sapa p. slapa, chaussure, objet servant
sear, sec (verbes ags. searian, vha. soren, sau- à marcher (ail. stappen, stapfen, etc.), nous
ren, sécher); d'après Mahn, du basque ^i«Wa, en déduirons sans difficulté 1 sapotus : . =
churia, blanc. Diofenbach (Kuhn, Zeitschrift, sabot; 2, sapata ^= savate; enfin, avec réserve
t. XII) propose goth. Sauria, it. Soria, Syrie, cependant, 3. sapella, -= sebelle (hypothé-
en alléguant le syricum pigmentum d'Isidore tique), d'où semelle (cp. samedi p. sabedi). —
(Orig., XIX, —
Littré .songe à saurex,
17). D. savetier Cane, sabatier, savatier); verbe
sorex, souris (une nuance prise pour une savater, saveter.
autre). — Chevallet remonte à un mot goth. SAVEUR, vfr. savour (d'où savourer, savou-
sûr, brun, bis, fauve; le grand défaut de cette reux), du L. saporem (de sapere, avoir du
étymologie est que l'on ne trouve pas ce mot goût).
gothique dans les dictionnaires. D. so7'el' — SAVOIR, it. sapere, savere, esp., prov.
(nom pr. Agnès Sorel) =
angl. sorel, sorrel, sabér, du L. sapere p. sâpëre (avoir du goût,
brun rouge; sauret (hareng); vavhQ?, saurir et être sage), qui, dans les langues romanes, a
saurer. supplanté verbe scire (conservé encore dans
le
SAURER, SAURET, SAURIR, voy. saur. le mot et l'adv. sciemment).
escient Le —
SAUSSAIE, voy. saule. subj latin sapiam a régulièrement fait sache,
.

SAUT, soit direct, du L. saltus (salire), comme sepia a donné sèche; le part. prés.
soit subst. verbal de sauter. s'est produit sous une double forme, 1. sa-
SAUTER, L, saltare, fréq. de salire. — chant, répondant littéralement au type sapien-
SCE 458 — SCO

savoir. SCEPTRE. L. sceptrum, gr. wHitrpov, bâton


tem ; 2. savant, tiré de l'infinitif
adjec- (de i/r-Trrîiv. apptiyer).
L'usage a réservé ce dernier à l'emploi
tival. —D. savoir, infinitif substantivé.
SCHISME, it. cisma, du gr. »x<7M«« division

SAVON, L. sapo, -onis. —
I). savonner, (de ^/Muv, fendre). D. schismatiquc, grec

savonnier, savonnerie, savonnette.


SAVOURET, SCHISTE, gr. ^^'iTOi, fondn. — D. schis-
SAVOURER, SAVOUREUX,
dér. de saveur, \{y. savour. — Le L. sajxrrare teux.
SCHLAGUE. de l'ail. scJiîag, coup.
signifie, difieremment de savourer, rendre
SCIATIQUE, BL. sciaticus, mot tronqué du
savoureux.
de plante. L. saxifraga L. ischiaxlicus, gr. i^xiaôi/o';, dér. de Uyil»;,
SAXIFRAGE, nom
cause des -iôoç, douleurs i\ la hanche (Uyiov).
(pr. brise-pierre), appelée ainsi à
SCIE. voy. scier.
vertus lithontriptiques attribuées â cette
SCIEMMENT, it. scientemente, adv. du
plante. Voy. aussi sassefras.
part. prés. L. sciens, sachant, vfr. scient,
SAYETTE, nom d'une étoffe de laine, voy.
escient.
saie 1. Comme ilde laine, il faut écarter
s'agit
SCIENCE, L. scieixtia (scire). Dérivé mo-
l'étymol. saie, forme variée de soie.
derne scientifique; on a sans doute, par
:

SAYNÈTE, pièce de théâtre bouffonne, de cette création, voulu éviter le mot peu harmo-
l'esp. sainde, qui est dérivé de sain,
graisse
nieux scicntiel.
(voy. sain)\ donc pr. morceau de graisse, le c a été inséré par abus, comme
SCIER
morceau délicat.
dans scavant' et sccau),vîv. séer, seier, soier, it.
SAYON, voy. saie 1.
segare, prov., esp, segar, du L. secare, couper
SBIRE, de rit. sbirro. m. s.
(cp. nier, vfr. noyer, de ncgare). D. scie, —
SCABELLON, L. scahellum, dont le vrai vfr. sigue, instrumment à scier.
correspondant roman est escabel' escabeau.
SCELLE, oignon marin, L. scilla (»/<>ia).
SCABIEUSE, nom de plante, dér. du L. SCINDER (mot savant), L. A'Cin(/<*7"<?; supin
scabics, gale, à cause des propriétés dépura- scissum, d'où scissio, fr, scission; scissura,
tivcs de cette plante.
fr. S(:is.'<ure,
SCABRE, rude au toucher, L, scaber, sca- scintillare, do scintilla,
SCINTILLER, L.
bra, rude, raboteux. —
D. scabreux. = fr. éiincelle (v. c. m.).
SCABREUX, voy. l'art, préc. SCION, p. secion, du L. sectionem, cou-
SCALPEL, L. scalpellum. pure: cp. le terme analogue ail. schnittUng
SCALPER, L. scalpëre, gratter. de schneiden, con^ev. Le .sens concret de scion
SCANDALE, occasion de chute, puis, par
a motivé le genre ma.sculin.
métonymie, les actions ou paroles qui la four-
SCISSION, voy. scinder. D. scission- —
nissent, une nouvelle progression
puis, par naire.
d'idée, l'indignation qu'on ressent, ou l'éclat SCOLAIRE, du L. scholaris (schola, nyoU),
qui se produit des actes ou discours de mau- type aussi du mot écolier; scouastique, L.
vais exemple: L. scandalum, gr. !jxàvSa)9v, scholasticus (type aussi de écolûtre).
piège, trébuchet. —
La langue commune a SOOLIE, gr. tyo^i'iv, note, de là t/o^ixliu,
métamorphosé scandalum en esclandre (v. c. faire des notes, d'où 9-/o>iaiTV7;, annotateur,
m.). — D. scandaleux, scandaliser = grec fr. scoliaste.
SCORBUT, it. scorbuto, esp.. port, escor-
SCANDER, L. scandere[<^ scandera versus », buto, du schorbock, néerl. scheur-
bas-ail.
Horace). buik, dont la signification étymologique est
SCAPHANDRE, corset à nager, mot tech- incertaine. On a expliqué le terme néerl. par
nique de «a^/;, nacelle, et àv-hp, àvSpo:,
fait
homme, donc pr. homme-bateau.
scheuren, déchirer +
buih, ventre; d'autres
rapportent l'élément scor à l'ail, schorf, angl.
SCAPULAIRE, BL. scapulare « vestis sca- scurf, escarre, croûte, gale. Le même mot
pulas tantum tenens ». s'est modifié en ail. scharbock, suéd. skorb-
SCARABÉE, L. scarabœus («âf «êoi). jugg, angl. scurvy. Le fait est que l'origine
SCARIFIER, L. scarificare. de cet important terme médical, que le latin
SCARLATINE, voy. écarlate. du moyen âge nous a légué sous la forme de
SCEAU, anc. scel ; vfr. seel, sael, saiel, scorbutus nest pas encore découverte; qui
angl. seal, du L. sigillum (d'où l'ail, siegeï). sait si scorb n'est pas le scorp radical de scor-
Le c est inorganique et une ajoute moderne, pius, l'insecte venimeux? On m'apprend au —
motivée peut-être par le désir de distinguer dernier moment que la plus ancienne forme
le mot de l'homophone seau. D. sceller, — néerl. se terminait par but (au lieu de buih).
cps. desceller. — D. scorbutique.
SCÉLÉRAT, L. sceleratus (scelus). — SCORIE, L. scoria, gr. 5/w,ota, déchet de
D. scélératesse. métal. —
D. scor ifier.
SCELLER, voy. sceau. — D. scellement. SCORPION, L. scorpionem, gr. nMo-Kîoi.
SCENE, L. scena, gr. — D. scénique,
o/rivn- SCORSONÈRE, de l'it. scorzonera, composé
L. scenicus. de scorza, écorce, peau, et de nera, noire;
SCEPTIQUE, L. scepticus, gr. sx^TTrizo; (de l'ail, l'appelle sc/iicar^wur^, litt. racine noire,
ffxîTTTîîSat, considérer, méditer). —
D. scepti- — Diez pense que scorzonera, la forme ital.
actuelle, a été précédé de la forme scm'zo-
SÉC — 459 SÉD
niei^a etque la véi'i table étyniologie est scor- SECOND, prov. segon, vfr. seon, de L.
zonc, serpent (la "plante étant supposée salu- secundus [de sequi, suivre). D. secondaire, —
taire contre la morsure des serpents). L secundarius subst. seconde, pr. deuxième
;

SCRIBE, L. scriba. division de l'heure ou du degré.


SCRIPTEUR, L. scriptorem. SECONDER, L. secundare (de secundvs,
SCROFULE, h.scrofuJa (scrofa). Voy. aussi favorable).
écroicelle. — D. scrofideux. SECOUER; d'après G. Paris (Rom., VIII,
SCRUPULE, L. sc7-upuîus (dim. de scru- 620), un verbe tout moderne fait par méprise
pus), pr. petite pierre pointue, puis le poids sur l'anc. indic. prés, secout (de vfr. secorre,
le plus faible (et la plus petite monnaie d'or secouer) cette opinion n'est-elle pas quelque
;

•qui eût cours à Rome), enfin sentiment d'in- peu contrariée par le prov. secodar (Blondin
quiétude pour peu de chose, embarras, exac- de Cornouaillcs, 139j, et n'y a-t-il pas plutôt
titude minutieuse. —
\) scrupuleux L. scru- , lieu d'admettre un métaplasme de date an-

.

pulosus, m. s. Il se peut que l'acception cienne succutare p. succutere? Quoi qu'il —


morale attachée au L. scrupulus ne découle en soit, la forme usuelle, dans l'anc. langue,
pas de l'idée de bagatelle, mais plutôt de celle était secon'e, correctement formée de L. siic-
de pierre pointue ou de pierre en général cutere ; elle correspond avec le prov. socodre,
(métaph. =chose qui gène, chose scabreuse); secodre. L'esp. et le port, ont sacudir ;V\i.
elle s'appliquait en latin de même au primitif scuotere représente le composé ex-cutere (voy.
scru]nis. Cp. les expr. figurées ail. einen stein escousse). —
Le participe succussus s'est
vom herzen wâhen, roulrr une pierre de son francisé en vfr. secous, et a produit le subst.
cœur = décharger son cœur d'un souci ; aile participial féminin secousse, action de se-
steine aus dent wege ràumen, ôter toutes les couer.
pierres du chemin, =
aplanir toute difficulté; SECOURIR, vfr. succurre, secorre, du L.
et ne disons-nous pas de même, p. embarras, succurrere. —
D. secourable, 1. qui peut être
« pierre d'achoppement " ? secouru, 2. disposé à secourir (cp. l'anc.
SCRUTER, L. scrutari, pr. fouiller. D. — aidable, qui aide volontiers). Subst secours,
scrutateur, L. scrutatorem. —
Du même radi- BL. succursus, d'oii succursalis, auxiliaire,
cal : scrutinium, fr. scrutin, pr. inqui- = fr. succursale.
sitio, recherche, examen, puis action ou mode SECOUSSE, voy. secouer.
de recueillir les suff'rages. SECiiET, vfr. segret, segroi (cp. coi do
SCRUTIN, voy. l'art, préc. quietus), du L. secretus, secretum (de seccr-
SCULPTER, L. sculptare\ fréq. de scul- nere, mettre à part). —
D. secrétaire, BL.
pere, graver, ciseler; supin sculptum, d'où secretarius, =
qui est a secretis, scriba; d'où
les subst. sculptor, -tura, fr. sculjjteur, -ture. secrétariat.
SCURRILITÉ, L. scurrilitatem. SECRÉTAIRE, subst., 1. personne de coii-
SE, L. se; c'est la forme secondaire et atone fiance chargée des écritures (voy. sccret)\
de soi (vfr. sei). 2. meuble dans lequel on serre ses papiers,
SEANT, prés, de seoir (v. c. m):
part. bureau.
comme adj . =
qui siège et qui sied ; comme SÉCRÉTER,
^

L. secretarc\ fréq. de secer-


subst., = position assise (cp. le vieux mot nere, séparer, supin secreticm, d'où subst.
estant, voy. l'art, étant). —
D. séance, action secretionem, fr. sécrétion.
de seoir fane. =^ convenance, gré). SECTATEUR, voy. secte.
SEAU, vfr. seel, du L. sitellus. La pronon- SECTE, du secta, manière de vivre,
L.
ciation sé-au est réprouvée par la bonne com- méthode, système puis parti, secte. Ce mot
;

pagnie; elle est, à la vérité, plus correcte au latin, en tant que signifiant parti, renvoie à
point de vue étymologique, mais à ce titre il secare, diviser (cp. l'origine départi)-^ cepen-
faudrait également prononcer ve'au p veau, dant, sectari, s'attacher à un système (d'où
ce mot venant de ve-el, == L. vitellus. Les sectatorem, fr. sectateur), signifie en premier
formes lai.situlus, sitiila, syncopées en s2Ï/i<5, lieu suivre assidûment et est incontestable-
sitla, s'étant altérées en siclus, sida, il en est ment le fréq. du verbe sequi. — D. sectaire.
résulté les mots équivalents it. secchia, SECTEUR, L. sectorem (secare), coupeur;
secchio (cp. vccchio de vetulus), prov. selha, SECTION, L. sectionem, coupure (voy. aussi
fr. sfizY/e (forme vieillie). scion). — C])?,. prosecteur.

SÉBACÉ, mot de création scientifique, tiré SÉCULAIRE et SÉCULIER (cp. scolaire et


de L. sebaceus (de sébum, suif). écolier), du L. sœcidaris. La seconde forme
SÉBILE, d'origine inconnue. Peut-être le se rattache au sens religieux de sœculum, fr.
Yicrsan zambil, panier, corbeile, (Littré.) siècle, = monde, choses do ce monde. D. —
SEC, L. siccus, — D. sécheresse, anc. séculariser.
séchesse (le vfr. disait aussi sécheur). — Verbe SÉCURITÉ, L. securitatem. Voy. sûr.
sécher, L. siccare. — Les savants ont tiré SÉDATIF, du h.sedare,ca.\imr.
direct, du radical latin : siccité, L. siccitatem, SÉDENTAIRE, L. sedentarius (sedens).
et siccatif. SÉDIMENT, L. sedimentum{s,edere), afTais-
SÉCABLE, SÉCANTE, SÉCATEUR, du L. semnnt, tassement.
secare, couper. SÉDITION, L. seditionem (subst. du verbe
SÈCHE. SEICHE, L. sepia {.riuLx). sedire', aller à l'écart, faire dissidence); sédi-
SÉCHER, voy. sec. tieux, L. seditiosus.
.

SEI — 460 SEL

SÉDUIRE, L. se-(htcere, pr. conduire à du L. sagcna, m. s. On trouve aussi, par cor-


l'écart, supin seductum, d'où seductio, -tor, rui>tion, senne.
fr. séduction, séducteur. SEING, prov. senh, du L.signum; ou plu-
SEGMENT,L. segmentum (secare). tôt le subst.verbal de signer (vfr. seingner).
SE6RAIS, bois séparés des grands bois et SEIZE, du L. sedecim; cp. treize do trede-
qu'on exploite à paît, subst. verbal de l'anc. cini
scgrayer, segréer, qui vient de secretare SÉJOUR, voy, l'art, suiv.

(fréq. de secernere), mettre à part. L'officier SÉJOURNER, anc. sojorner (d'où l'angl.
forestier chargé des bois segrais s'appelait s(yourn). prov. sojomar, it. soggiornarc, du
segrayer, en BL. secrctaHus N'était cette L. subdiurnare' , eps. do diurnare, rester

.

forme latine, on pourrait aussi rattacher ces longtemps. Subst. vcrb. séjour, prov.
termes au L. segr égare, séparer. sojorn, soggiorno.
it.

SEICHE, voy. sèche. SEL, patois se, sau, du L. sal. D. saler, —


SÉIDE, du nom d'un personnage de la tra- salière, etc.
gédie de Mahomet par Voltaire. — De Zùid, SELLE, pr. petit siège, du L. sella p.
nom d'un affranchi de Mahomet. seil-la (sedcre). — D. sellette, seller (cps. des-

SEIGLE, vfr. soilc, it. segale, segola, seller), sellier.


prov. segiiel, du L. secale, m. s., soit par SELON, vfr. suivi par Bur-
selonc. Diez,
déplacement de l'accent {sécale p. secdlc), soit guy, par une espèce do fusion
f'Xpli(iue selon
par l'intermédiaire d'une forme sécula ou du L. secundum et du L. longum; car il no
sécuhtm (cp. it. ségola). ' faut pas perdre de vue que le sens ancien de
SEIGNEUR, prov., port, senhor, esp. senor, selon, comme celui du L. secundum, est le
it. du L. seniorem, pr. plus âgé,
signorc, long, à côté de, en suivant. Secundum a fait
devenu dans la basse latinité un terme d'hon- le vfr. second, et longum (cp. ail. lângs) a
neur et de dignité, équivalent de dominus. fait long ; ces doux termes combinés auraient
Cp. le gr. 7r|5îjêûrî,6(j,-, l'ags. ealdor (pr. senior, produit le vocable selon. (L'anc. forme solonc
puis princcps, dominus), l'angl. alderman et serait un effet d'assimilation aux formes
l'arabe cheikh (vieillard et chef). Le mot — sojorner, socors, p. sijourner, secors). J'avouo'
seigneur une forme d'accusatif, répondant
est que ce procédé, pour ne pas être impossible,
au L. seniorem; le nom. senior a fait senre me parait improbable, et que je me range
et par euphonie sendre ; les serments de 842 plutôt de l'avis de von Orelli, à qui les formes
présentent sei^dra (cp. fradra p. fradre). La vfr. solunc, sulunc, etc., ont fait proposer,
forme senre, à son tour^ s'est contractée en pour le mot qui nous occupe, l'étymologio
sire. D'après Diez, cette contraction s'est pro- stiblongttm. A ce sujet, Burguy observe :

bablement produite dans le nord de la France, » Orelli aurait dû avant tout expliquer la
où les Picards ont également modifié tendre signiticiition qu'on peut attribuer à sublon-
en tere, et tiendrons en térons. On pourrait gum, car ce n'est pas facile à découvrir », et
alléguer encore à ce sujet le mot latin tira que Diez se prononce dans le mémo sens. On pour-
Doederlein suppose être une contraction de rait d'abord leur rétorquer le même argu-
tenej'o (donc pr. le tendron, d'où l'idée : ment à propos de l'étymologio subdiurnare
jeune homme inexpérimenté). —
Après tout, appliquée, de leur consentement, je pense, au
l'explication de sire par senre reste douteuse ; fr. sejournei', bien que le latin cla.ssiquc ne
mieux vaut admettre un thème sefr, produit produise pas de composé semblable. Admettre
par l'élision de n, et qui justifie parfaitement un composé sublongum n'est pas plui» arbi-
la voyelle i. D'autre part, seigneur s'est traire qu'admettre un composé subdiwnare.
simplifié en sieur. En partant d'une forme Mais à part cela, nous croyons qu'il n'est pas
seior (contraction de senior), nous trouvons si difficile de découvrir la valeur que l'on a pu
pour les formes sieur et sire une analogie attacher au mot sublongum admis par M. von
frappante dans la francisatifjn dti L. pejor, Orelli comme type de selonc. Deux interpré-
qui se produit également sous les formes /)ior, tations se présentent aussitôt. 1. Le préfixe
pieur (formes d'accusatif perdues) et pire sub remplirait ici le rôle qui lui est propre
(forme de nominatif encore debout). Il faut en latin, savoir d'atténuer la force du simple,
croire que les mots prov. sira, sire, esp. ser, p. ex. dans subdurus, subrusticus; 2. (et cette
sire, angl. sir, sont d'introduction française. interprétation me plait davantage) le préfixe
— D. seigneurie, seigneurial. sub avait chez les bons auteurs déjà la valeur
SEILLE, voy. seau. d'exprimer proximité ; sublongum ne serait
SEIME, t. de maréchalerie, fente de la donc pas moins rationnel que le L. subinde
corne du cheval, du L. segmen (secare)? On ou subsequens. Et même en considérant, dans
m'a objecté contre cette étym. que ce serait notre cas, sub comme préposition, et non
le seul cas de la résolution par i d'un
g comme préfixe, il me semble que sub longo
devant m; en effet, pigmentum fait, en vfr., maris (vfr. selonc la mer) est tout aussi bien
piument, flegma fait fleuma. Littré pense dit que le sub montis radicibus de César. Je
que c'est le même mot que seine, filet (vfr. pense avoir répondu d'une manière suffisante
aussi seime), mais les sens sont trop dis- aux scrupules qui empêchent Burguy de se
tants. rendre à l'avis de von Orelli, et nous termi-
SEIN, vfr. et pat. soin, du L. sinus. nons par demander, à notre tour, à l'auteur
SEINE, filet, vfr. saine, seine, angl. sean, de la Grayninairc de la langue d'oïl do vou-
. . ; .

SEM — 461 SÉN


\o\v bien fournir xin précédent qui justifie régulier). Quant à sommele, on peut le rat
l'étymologie secundum-longum qu'il patronne. tacher soit à summ,um, extrémité, soit à
— La vieille langue avait aussi, avec la valeur somme, charge. Dans le dernier sens, il
de selon, les formes som, son, sun; ce sont là faudra définir sommele par « support » fporte-
des contractions, non pas de selon, comme le charge); cp. sommier. —
Bugge (Rom., III,
fait entendre Burguy, mais de scgond. — 157) part aussi d'une forme primitive 'sumella,
Ménage voyait dans sdon une dérivation de mais selon lui celle-ci serait pour subella
secundum par le changement de c en l; un (comme samedi p. sabedi), donc un dim. de
changement semblable est inouï. Chevallet — suber, liège. Semelle signifierait donc propr.
déduit également selon de secundum ; seule- « petit morceau de liège ». —
D. ressemeler.
ment, n'osant sans doute pas aller jusqu'à SEMENCE, voy semer. —
D. ensemencer.
admettre l'équation c (k) -= 1, il tombe dans SEMER, h.seminare, sem'nare(cp. nomer'
l'amphigourique. « Dans scZon, dit-il, le n de de nominare, entamer de intaminare), prov.
secundum s'est changé en l et le în final en semenar, semtiar,esp. sembrar, port, semear,
n. n Mais cela ne ferait que seculdon; Che- it. seminare. —
D. semeur, semaille (prov.
vallet peut-être tacitement de là à
va-t-il semenalha, L. seminalia*); semence, it. se-
seculon, sccîon, Tponv aboutir à selon? Le phi- men.za, prov. semensa, d'un type latin semen-
lologue français se garde bien de citer, parmi tia p. sementis (Berry semant):, semis. Cps. —
les anciennes formes de selon, celles termi- 2')arsemer.
nées en c [solonc, selonc)-^ il se serait compro- SEMESTRE, L. semestris (sex menses). —
mis davantage. —
Depuis la publication de D. semestriel, -ier.
ma dernière édition, la controverse sur ce SEMI (en composition) L. semi (gr. /j/^i),
mot s'est compliquée par l'intervention de la demi.
forme vfr. soron, seront. Ici, Tobler voit une SÉMILLANT, part, de sémiller, êti-e sémil-
nouvelle application de sa théorie du c médial lant, d'où aussi le subst. vfr. semille, agita-
élidé, puis remplacé par r (donc secundum,- tion, semilleux, alerte, vif; d'après
vitesse,
scont, se-r-ont):, Paris, une simple permuta- Diez, d'une racine celtique cymr. sim, :

tion des liquides etr; Fœrster enfin, la vraie


l remuant, léger. —
D'après une conjecture
forme (il approuve Tobler), celle qui a pré- de Bugge (Rom., IV, 365), l'anc. verbe sémil-
cédé selon. Si Tobler et Fœrster paraissent ler représente L. *sub-m,iciclare, dim. de mi-
appuyer par se-7'-07i l'étymon secundum,, il care[sub signifierait « un peu "). Pour se =
n'en ont pas pour cela péremptoirement L. sub, cp. séjourner. On
que dans le sait
détrôné sub-lo7igo. Seron de selon est tout lat. micare les deux idées de « remuant et ••

aussi présumable (cp. caramel de calam,el) de « brillant » sont associés, ce qui fait que
que selon àe seron, et même davantage. Je sais la conjecture de Bugge ne laisse pas que
que secont a laissé des traces dans l'anc. lan- d'être correcte.
gue (voy. Littré; et j'accorde que som, (xii'' s.) SÉMINAIRE, L, seminarium (semen), pr.
soit une contraction de segon, 6v;on, mais il pépinière. Tite-Live : seminarium senatus. —
n'en est pas moins certain qu'il a du céder le D . séminariste
pas à selonc ou à lonc tout court. SEMONCE, voy, l'art, suiv. D. semoncer. —
SEMAINE, prov. setmana, it. settimana, SEMONDRE*, du L. sub-monere (pour le
semmana, du h.septimana hebdomas (Cod. = préfixe se, cp. secourir, secouer); le part,
Théod ). —
D. semainier passé de vfr. semondre est semons, de là le
SÉMAPHORE, mot technique moderne, subst. semonse* semo7iee. , Le vfr., par un —
représente un mot gr. 'jfjy.ii.--sopo; porte- = changement de conjugaison, a produit aussi
signal . la forme semoner, d'où provient le subst. se-
SEMBLER, vfr. sanler, it. semhrare, sem- monneur (vfr. somoneor, xin*^ siècle). L'angl.
hiare, esp., prov. semblar, du L. sim,ilare on dit to summon. Génin a été mal inspiré en com-
sim,ulare = similem reddere, imiter, avoir battant l'étymologie submonere au profit d'une
Le mot fait double emploi avec simuler.
l'air. dérivation de sermo. —
Voy. aussi l'art. so7n-
Notez que les anciens construisaient sembler m,er.
avec l'accusatif. — D. semblable fcet adj. fait SEMONNEUR, voy. semondre.
les fonctions du L. similis ;o\)]). dissemblable, SEMOULE, gruau de froment pur, de l'it.

fait d'après leL. dissimilis), semblant, appa- semola, qui simila (p. simula).
est le L.
rence, mine; semblance", opp. dAssemblance SEMPITERNEL, L. sempiternalis* p. sem-
cps. ressembler [re comme dans reproduire, piternus; cp. éternel, de œternus.
représenter) SÉNAT, L. senatus {^Qno'&.). D. sénateur, —
SEMELLE, voy. savate. L'étymologie sopeZZa L. senalorem, d'où sénatorial.
(comme dim. de sapa, prim. àosapinus), qu'a SENAU, =
ail. schnaue, angl. i'uoio, néerl.
proposée Ménage, est trop hasardée. Le snaauw, dan. snav.
sapella, d'où moi j'ai déduit le mot, est p. SÉNÉ, it., esp..9ena, ail. senes-baiim, angl.
stapella. —
Une autre voie étymologique, senna, de l'arabe se^ià. — La finale dans séné
toutefois, Le
glossaire de Lille
se présente. s'explique peut-être par senel (cp. sénevé p.
(voy. mon éd., p. 17) traduit solea par som- senevel). car on trouve aussi saine p. séné.
mêle ; ce mot peut donc être considéré comme SÉNÉCHAL, BL. senescalcus, it. shiiscalco
l'étym. de semelle (le changement do som- etsescalco, esp., i^vov . senescal ; selon Grimm,
mclle, semelle en semelle .serait parfaitement du vha.sinwcaZ/i. (mot composé hypothétique),
SEN — 4G2 SEN

litt. le plus ancien serviteur, surveillant dos tion, manière. —La loc. sois dessus dessous
autres esclaves. Cp. pour la deuxième partie (aussi SC7IS devant derrière) est le produit

du mot, le composé maréchal. —


D BL. d'une altération de mettre c'en dessus des-
»•

senescalda, vfr. senechauchie, nfr. sthie- sous » (ce qui est en dessus mis dessous) ; on
chaussée. trouve fréquemment chez les anciens ce des-
SENEÇON, L. senecionem (petit vieillard). sous dessus ou ce que d. d.
SENEGRÉ, nom vulgaire du fenugrcc. ré- SENSATION; ce mot, répandu dans toutes
pond au catal. sinigrec, q\ie l'on explique par les langues romanes, répond à un type L. sen-
fœnum grœcum en admettant un changement sationem, qui fait présumer un verbe scnsarc,
de f initial en s, comme dans cat. siveUa = frapper les sens. Le dérivé sensé, pourvu de
L. flbula. Voy. Diez, Gramm., éd. fr. I, 263, sens (opp. ùisaisé), accuse également un verbe
note. Les cas de 6* p. /"sont trop isolés dans le sensare, et sensatus se trouve en effet dans
domaine roman pour qu'on admette sans Firmicus et dans la Vulgate.
réserve cette explication, que Grandgagnago SENSÉ, voy. l'art, préc. —
D. sensément,
a appliquée aussi au vfr. sijiail^ wall. sina, avec sens (qu'il ne faut pas confondre avec
fenil. Je crois donc que l'étymologie par censf'ment de censé, réputé, putatif).
semen grœcum (Baist) mérite d'être prise en SENSIBLE, L. seiisibilis (scnsus); anc,
considération, bien que G. Paris objecte que comme l'angl. sensible, = intelligent, sensé.
ce type aurait rigoureusement fait setigrc. — D. sensibilité, L. sensibilitatatem ; néol.
SENELLE, aussi ce;?e//e(Nicot écrit cine1le)\ sensiblerie.
Clievallet, se fondant sur la définition du dic- SENSITIP. prov. sensitiu; dér. anormal du
tionnaire de Tiévoux petite prune violette
: supin sensum, do sentire. — D. scnsitivo
qui vient sur l'épine noire, rattache le mot, (plante).
comme diminutif, au \\ia,. slcha <nh&. schlehc), SENSUEL, L. sensualis (sensus), — D. sen-
prunelle. C'est inadmissible. Ménage, inter- sualité, -alisme, •aliste.
prétant le mot cenelle par baie du boux, y SENTE, vieux mot, esp. senda, = chemin,
voit avec raison une fonne tronquée de coc- du L. sémita. — D. sentier (pr. un adjectif,
cinella, dim. de coccinus, de couleur écar- on disait d'abord « chemin sentier ), it. sen-
late.^ tiiTO, esp. setulero, prov. semdier, =
L. se-
SÉNESTRB, gauche, L. siuistcr. La forme mitarius. Dans quelques provinces, sentier
savante sinistre n'a plus que l'acception figu- signifie sergent do ville, guet; cp. voyer de
rée du mot latin, c.-à-d. mauvais, malheu- voie. Voy. aussi smtinelle.
reux, funeste. SENTENCE, L. sententia (sentire), manière
SÉNEVÉ, p. scneveV{c^. dé p. dd'), du L. de voir, opinion, jugement, vote, pensée for-
sinapillus, dimin. de sinapi. Ce dernier a mulée, phrase. — D. sententieux, L. scnten-
donné aussi it. scnapa, gotli. sinap, ags. (ios».v (plein do sens et plein de sentences).
senepe, angl. senmj, vha. senaf, nha. senf, SENirEUR, subst. façonné de sentir d'après
v. flam. scnncp, Voy. aussi sanve. l'analotrio do saveur et odeur.
SÉNILE, L. senilis (senex). —
D. sénilité. SENTIER, voy. sente.
SÉNILLE, nom de plante, aussi smicle, du SENTIMENT, voy. sentir. — D. senti-
L. schœnicula (de schœnus, jonc). Grandga- meiital.
gnage, à l'art, sainète (traînasse ou renouêe), SENTINE, L. scntina.
invoquant les deux noms fr. correspondant au SENTINELLE, it. sentinella, esp. centinela.
mot wallon, savoir :sanguinaire et fausse Le mot a pris naissance en Italie. Vossius et
sénillc, voit dans tous ces mots des dérivés de autres ont prétendu qu'il est tiré du verbe
sanc;en dialecte wallon, le verbe «aî^ntr se ital. sentire, entendre, comme l'équivalent
dit saini, en picard sainer. Le nom botanique scoltaYest de scoltare, écouter. Mais comment,
sénillc serait ainsi d'origine wallonne. dans cette hypothèse, se rendre compte de la
SENS, L. scnsus. —
L'ancienne langue terminaison inella t Galvani, avec plus de
employait, avec la même valeur, le mot son raison, est d'avis que c'est un dérivé de scn-
= prov. sen, cen, it. senno. de là sont déduits tina, et désignait d'abord, comme le L. senti-
vfr. séné, prov. sénat, esp. senado =
sensé, nato7', le gardien qui veillait à la sentine, d'où
et les composés fr. forsené, gâté en forcené = le sens se serait élargi en celui de veilleur en
hors de sens. Ce sen vient du vha. sin, nha. général. Deux autres conjectures pourraient
sinn, m. s. — II existait en outie dans la encore être émises, sans toutefois lever les dif-
langue d'oïl un second subst. sen, signifiant ficultés de la finale ; on pourrait partir d'un
sentier, voie, manière. Celui-ci se rapporte au BL se.ntina indépendant du L. sentina, dont
vha. sinnan, proficisci, tendere, qui proba- le sens serait « détachement militaire, piquet
blement est identique avec sinnan, meditari, de garde », et qui se rattacherait soit au vha.
cogitare, et, par conséquent, au fond le même sentan (nha scnden, goth. sandjan, envoyer,
mot que seti, sens. Nous citons ce vieux voca- charger d'une mission), ou au verbe roman
ble sen, chemin, parce que le mot sens actuel scntare, placer (qui vient du partie, sedens,
(cp. « marcher dans tel sens, à contre-sens ») -entis, àesedere); dans ce dernier cas, scn/zaa
nous laisse encore apercevoir les relations serait un terme analogue à planton, poste,
intimes qui existent entre les notions ratio et piquet. Dans l'une et l'autre de ces conjec-
via; sens = L. sensus absorbe donc à la fois tures, il faut admettre que le sens abstrait ou
la valeur de sen, intelligence, et de sen, direc- collectif " garde » a tourné en sens concret ou
. .

SÉQ — 463 SÉR


individuel de « homme de garde », conversion arbitre, dépositaire, L.seg'we.yter; d'où séques-
de sens fréquente et que nous retrouvons dans trer, L. sequestrai'e, confier à une tierce per-
le mot garde lui-même et son équivalent alle- sonne, puis éloigner, séparer ; de ce verbe
mand wache (cp. '\{ prigione. =
prison et pri- procèdent les subst. verbaux séquestre (action
sonnier j. —
Wedgwood (Rom., VIII, 438) de séquestrer, état de la chose séquestrée, puis
propose de dériver notre mot de vfr. sente, la chose séquestrée) et séquestration.
sentier =
L. seraita; ce serait un dimin. SEQUIN, de l'it. zecchino, nom d'une mon-
secondaire de ce dernier et signifierait d'abord naie d'or ce dernier est dérivé de secca
;

le passage confié à la garde d'une sentinelle (esp. zeca, seca), lieu où l'on frappe la mon-
(signification constatée et subsistant encore naie, lequel, à son tour, reproduit l'arabe
.dans les loc. « lever ou relever de senti-
: sekkah, coin qui sert à frapper la monnaie.
nelle »), puis « gardien de sentinelle ». Cette SÉRAIL, direct, de l'it. serraglio; ce der-
étymologie, comme l'a déjà remarqué G. Paris, nier vient du mot persan et turc seràz, palais,
est séduisante, mais elle se heurte contre le château. La forme ital. est motivée par une
fait qu'elle ne peut s'appliquer à rit.A'e?iiîn6'//(2, confusion avec serraglio clôture (de serrare,
qui a procédé le mot français. enfermer, dér. du L. sera, serrure). Sérail,
SENTIR, pr. recevoir l'impression des signifie en général château, hôtel, et particul.
objets par les sens; puis appliqué particuliè- la résidence du sultan, puis restreint à l'ap-
rement à la sensation de l'odorat et du tou- partement ré.=ervé aux femmes, dont le nom
cher; enfin, répandre de l'odeur ou avoir une spécial en turc est harem, c.-à-d lieu défendu.
saveur; L. sentire. —
D. sentiment, anc. — Voy. aussi caravansérail, pr. hôtellerie de
sentent cnt (cp. C07tsentement) caravane.
SEOIR, vfr. sedeir, seeir, prov. sezer, it. SÉRAN, anc. serans, subst. verb. du verbe
sedere, du L. sedet'e (cp. voir, anc. veoir, de sérancer (cp.élan de élancer). Quant au verbe
videre). Le sens pi^emier " être assis » s'est sérancer, il reproduit d'après Frisch, approuvé
effacé il ne reste plus que l'acception figurée
;
par Diez, le bas-ail. schranzen, déchirer,
•» être convenable »>, appliquée d'abord à un dilacérer.
vêtement qui va bien (l'ail, dit de même SÉRAPHIN, de l'hébreu
serafim ('subst.
« dièses kleid sitzt gut »). Le sens naturel plur.), que l'on par « les brûlants,
iutei'prète
cependant est encore inhérent au partie, prés. les anges de feu
». —
D. séraphique.
Sikmt (v. c. m.j. —
Le d radical, syncopé à SERASQUIER, du tuvc serasker, chef d'ar-
l'infinitif, reparait dans la forme verbale mée.
sied = L. sedet. —
Comment expliquer le SERDEAU, ofticier de bouche de la maison
participe sis f Burguy, dans sa grammaire, du roi, qui recevait des mains des gentiLs-
cite, ))our les diverses formes de la conjugai- hommes servants les plats que l'on desservait
son du verbe seoir, de nombreux textes à l'ap- de la table puis lieu où l'on portait cette des-
;

pui, mais pour sis pas un seul; Littré en a un serte. L'ancienne forme du mot était sert-de-
exemple du x^ siècle (« j'ai sis sur le siège de l'eau ; elle en fournit aussi l'étymologie Cp.
mes pères »j. Ni l'un ni l'autre n'en indiquent Paris sous Pliilippe le Bel, par Géraud, p 143 :
le type latin selon, moi sis représente sesiis,
; Jehan, sert de l'eaue.
\).sessiis,Gommeprisvient depj'esus ^.prensus. 1. SEREIN, adj., L. serenus. —
D. sérénité,
Brachet rapporte sis à situs, ce qui présente- L. serenitas; verbe rasséréner. Notez encore
rait de graves irrégularités, l'expr. supoilative sérénissime
SÉPARER, L. scparare, popul. seperare, 2. SEREIN, subst., prov. seren, napol. se-
dont la langue d'oïl avait fait sevrer sépa- = rena, vapeur froide du soir, esp. sereno, garde
rer, lequel n'est plus d'usage que dans un du soir. D'api'ès quelques-uns, dérivé de sera,
sens spécial. —
D. séparation, -ahle, L. sepa- soir, mais le suffixe enus étant tout à fait
X'ationem, -abilis, étranger aux langues romanes, Diez se
SÉPIA, de l'it. sepia, qui est le fr. seiche. demande s'il ne faut pas plutôt admettre un
SEPS, lézard, gr. ^/if. type seranus, d'où en fr. serain, puis serein ;
SEPT, L. septem. —
Vi. septante L. septua- celui-ci aurait déterminé le prov. seren, qui à
ginta septembre, L. septembris (le septième
; son tour serait la source de l'esp. seix'no. Mé-
mois de l'année romaine); septénaire, L sep- nage favorise VôtymologïeL serenus la vapeur
. ,

tenarius ; septennal. L. septennalis septua- en question se produisant particulièrement


génaire, L. septuagenarius.
;

les jours sereins. —Pour ma part, je pré-


SEPTEMBRE, voy. l'art, préc. sume que le L. serenus, clair, calme, paisible,
SEPTENTRION, du L. septentnonem'pr. la aura été envisagé populairement comme un
constellation des sept étoiles 2>lacées vers le dérivé de sera, soir (cp. Caton in sereno
:

pôle Nord, puis le nord).. —


D. septentrio- noctu, par une belle nuit), de sorte qu'il a pu
nal. prendre, outre sa valeur originelle, encore
SÉPULCRE, L. sepulcrum (sepelire). — celle de « ce qui se produit le soir » ; de là
D. sépidcral, L. sepulcralis. esp. sercnada, prov. serena, chant du soir, et

.

SÉPULTURE, vfr. sepouture, L. sepuUura notre serein, humidité du soir. Je vois


(sepelire). cette opinion partagée par Storm, Rom.
SÉQUELLE, L. sequela, suite (de sequi). V, 182.
SÉQUENCE, L. sequentia (.sequi). SÉRÉNADE, voy. l'art, préc.
SÉQUESTRE, personne tierce, médiateur. SÉRÉNE, SERET, voy. l'art, suiv.
SER — 464 — SER

SÉREUX, L. serosHs (de sérum, petit-lait). pondance entre l'esprit rude gr. et Vs latin).
— D. sérosité. —
De sérum viennent aussi — D. serpette.
serène, machine à battre le beurre, et sèret, SERPENT, L. serpentem (serpere, gr. îpr.nvj.
espèce de fromage. En vfr. on disait aussi simpl. serpe, cp. prov.
SERF, L. servus. —
D. scrtage. sei-p, it. serpe, esp. sierpe, — D. serpenter,
SERFOUIR, peut-être du prov. sos-foire = serpentin, -ine.
L. suf-fodere (cp. pour*' =
r, prov. asermar SERPILLIÈRE, grosse toile d'emballage,
p. azesmar, vfr. acesmer). Ou, ce qui sourit peut-être connexe avec le vfr. serpol, paquet,
davantage, de serpe-fouirf —
Littré, vu l'anc. trousseau, dont je ne connais pas l'origine.
orthogr. cei-foïr, fait venir le mot de circum- Littré rapporte notre mot aux serapellinœ
foclere. —
D. serfouette. vestes (vieux vêtements) du moyen âge. Les —
SERGE, SARGB. it. sargia, esp. sarga et mots correspondants sont en esp. arpil-
sirgo, prov. scrga, ail. sarschc, du L. scrica, Icra, en angl. sarjïîier, sarp cloth; Caroline
étoffe de soie, BL. sarica. —
D. sergcr ou Michaelis et Baist .sont d'avis que le mot. par
sergier, d'où sergcr ie, son radical ai'p, saip, a dû exprimer « toile
SERGENT, it. sergente, esp. sargento (anc. qui gratte » ; toutefois, Baist ob.serve que lo
sargente). D'après Grimm, du vha. scarjo (ail. mot peut avoir été rattaché par interprétation
mod. scherge, huissier). Cette opinion n'a pas à ces radicaux, et que la véritable origine est
eu de succès. Nous sommes de l'sivis de ceux encore à fixer (voy. Grob. Ztschr., V, 234).
qui proposent pour primitif le L. soticii- SERPOLET, d'im. du L. serpullum, gr.
tem ; car le sens foncier du mot n'est autre que épnuiisv (prov., esp., port., «erpoi. it. serpello,
serviteur (« serjant de deu ") et le piémont. serpil/o).
dit encore seiDient p. le fr. sergent. Le mot SERRE, voy. l'art, suiv.
latin seinientetn s'est transformé en sergait, SERRER, BL. serare, prov. serrar, sarrar,
comme salvia en sauge, d'après le principe esp. cerrar, it. serrare, d'abord enfermer,
de la consonnitication de Vi atone devant barrer le pas.sage, puis étroindre, presser. La
une autre voyelle. La forme servant se rap- l)remière signification est encore vivacc en fr.;
porte à sergent, comme savant à sachant. — " serrer son argent «, c'est le mettre sous clef.
Pour l'application du mot à un outil de me- Le mot du L. sera, serrure, barre
vient
nuisier, cp. le mot valet, nom de divers usten- de clôture, verrou; un verbe latin clas-
siles. sique serare ne se trouve pas, mais bien les
SÉRICICOLE, sérictailture, mots faits sur conqwsés ob-serare, enfermer, re-serare et
le primitif L. sericum. D'autres pi-éfèrent de-serarc, ouvrir. —
D. sat'e, 1. lieu où l'on
scricole, -culture, tirés de scr, latinisation de serre des plantes, 2. pied des oiseaux do proie,
<:^P, ver à soie. Voy.*Littré, Suppl. griffe ; dans les patois aussi =
serrure ; ser-
SERIE, mot savant, L. séries. rement, serrure. Composés en-, res-, desser-
:

SÉRIEUX, L. seriosus', forme extensive de rer.


serius. SERRURE, voy. serrer. — D. serrurier,
SERIN, nomen habere putatur a Sireni-
« serrurerie.
bus, à cause de son chant » (Nicot). En effet, SERTIR, enchâsser (une pierre précieuse)
on trouve, dans Hésychius, avec la signi-
îîioi^v dans un chaton ; Diez conjecture une origine
fication de petit oiseau. —
D'autres, à cause du L. sertum, couronne; donc pr. entourer
de la couleur, voient dans serin l'adj. L. citri- d'une couronne. Peut-être le mot est-il p. en-
nus, couleur de citron; étymologie démentie sertir et vient du L. inserere par le supin m-
par le BL.serena(\i\^ siècle), défini par « avis scrtuni. A la vérité, comme m'objecte Dioz, il
viridis coloris » donc le serin vert de Pro-
, faudrait serter et non sertir, mais ce vice de
vence. —
D. seriner, d'où serinette. forme affecte aussi notre verbe, s'il vient de
SERINGAT, ou syringa, du L. syrinx, sa'tum, couronne.
roseau; cp. le terme d\\. pfeifen-hraut. SERVAGE, voy. serf.
SERINGUE (Nicot syringue), L. syringa SERVANT, fém. servante, part. prés, de
(Végèce), clystère, lavement. —
D. serin- servir. Voy. aussi sergent.
gucr. SERVIABLE, == qui aime à seixir, mot de
SERMENT, autr. sairement et plus anc. formation peu correcte La bonne forme est
encore sagrement, prov. sagramen, du L. serviçable =
BL. scrvitiahilis ; ^oYaï rencon-
sacramentum, m. s. —
D. assermenter. trée dans Guillaume de Falerne, 551, 755. et
SERMON, L. scrmonem, discours, au moyen elle est encore en cours dans le patois rouchi.
âge =
homilia. —
D. sermonner L. ser- = SERVICE, vfr. servisc,du L. sercitium.
monari (Aulu-Gelle sermonari rusticius
: SERVIETTE; d'après Diez, ce mot est p. ser-
videtursed rcct'ms,se7'mocinartcrehrius estsed vitette, et vient de l'it. settito, service (= plats
corniptius) sermonnaire.
; servis à table), prov. sentit =
semce en gé-
SÉROSITÉ, voy. séreux. néral. Le professeur allemand n'admet pas
SERPE, anc. sarpe, instrument de jardi- que scmiettc puisse procéder directement du
nage, du L. sarpere (Festus sarpere antiqui: verbe servir.Il faut a cet égard lui donner
pro pnrgare dicebant). Le même thème est au raison, mais faut-il absolument que serviette
fond de sarmcntum p. sarpmentum, fr. sar- vienne de servir? L'it. a salvietta, l'esp. ser-
ment. Le type sarpa est sans doute identique villeta = serviette, et salvilla == soucoupe ;
avec le gr. âpn-zi, crochet (on connaît la corres- cela suggère l'idée qu'il' pourrait y avoir au

SIE — 465 — SIL

fond de tous ces mots l'idée de garantir et par sixième heure du jour ou midi de là le verbe ;

conséquent soit le L. salvare, soit le L. ser- esp. sestear, faire la méridienne.


varc. Quoi qu'on pense du radical, reste tou- SIEUR, voy. seigneur. Nodier expliquait
jours l'irrégularité de la terminaison iette. On cavalièrement le mot par la formule abrévia-
peut présumer que cette finale se soit, popu- tive S'"'" = seigneur! —
Cps. monsieur ;
lairement, par négligence de la mouillure, poui-quoi tolère-t-on ce monsieur et non pas
dégagée d'une précédente en illette. cette madame?
SERVILE, L. servilis (servus). D. servi- — SIFFLER, prov. chiflar, du L. sifdare
lité, -isme. (Non. Marc). La forme sibilare a donné
SERVIR L, servira. — D. servant, -ante ; prov. siblar siular et vfr. sibler. — D. sifflet.
serviteur, BL. servitor, et serveur. SIGILLÉE [terré), marquée d'un sceau, L.
SERVITUDE, L. servitudo; vfr. serviticne sigillata (sigillum).
représente servitudinem, vîv servitute (comme. SIGISBÉE, imitation de Fit. cicisbeo, dans
le prov. servitiit)^\Q L. servitûtem. lequel Pasqualino (cité par Diez) voit fr.
SES, pronom fplur.), du L. sos*, contraction chiche +beau L'it. cicisbeo est-il le dérivé
!

de suos,comme les de illos. ou le primitif du verbe cicisbeare? Je n'en


SÉSAME, L. sesamum (^^:xy.ov). sais rien; en tout cas, son étymologie est
SÉSÉLI, L. seselis (îlîî/t^). encore à trouver.
SESSION, L. sessioncm (sedere). SIGLE, du BL. sigla, -orum, signes abré-
SETIER, prov. sèstier, it. sesticre,es,^. scx- viatifs (p. singla, singula, monogrammes?).
tario, du L. scxtarius (sextiis), sixième partie SIGNAL, it. scgnale, du BL. signale (si-
d'une certaine mesure romaine. gnum). —D. signaler, d'où signalement.
SÉTON, it. setone, dér. du L. seta, soie de SIGNE, L. signum; dim. signet (la pronon-
porc, crin (cp. le terme ail. haarseil). ciation sinet est un souvenir du vfr. sinet,
SEUIL, it. soglia, soglio, prov. sulh, sol, dim. de la forme sin, voy. tocsin):, signer,
esp. siccla, port, solha, du L. soJeà, BL. L. signare; signal (v. c. m.j. Voy. aussi
soliicm, base, seuil (Festus!. Le vha. suclli — seing.
(nha. schwolle) =
seuil, mis en avant par SIGNER, L. i'^V/nare (signum) — D. signa-
Chevallet, ne s'accorde pas avec les formes ture, signataire.
romanes. SIGNIFIER, vfr. senefier, L. significare,
SEUL, L, soins. — D. seulet; vei"be esseu- marquer d'un signe, désigner. — D. signifi-
Icr. ,
cation, L. -ationem; significatif, L. -ativus ;

SEVE (l'Acad. écrit sève), prov. saba, du part. adj. signifiant, insignifiant, subst. si-
L. sapa, jus, mot congénère avec le vha. saf gni fiance.
(nha^. snft), angl., néerl. sap. SIGNOLE, voy. soignole.
SÉVÈRE, L. scveinis. — D. sévérité, L. SIL, L. sil.
severitatem. SILENCE, L. silentium (silcrc). — T). silen-
SÉVICES (plur.), L. sœvilia, cruauté. cieux, L. silentiosus.
SÉVIR, L. sœvire (de sœvus, cruel). SILEX, mot latin, = caillou. — D. silice,
SEVRER, pr. séparer le nourrisson de la L. siliceus; siliceux.
mère voy ; . séparer. SILHOUETTE ; c'est le nom d'un contrôleur
SEXAGÉNAIRE, L. srxagenarius. général des finances sous Louis XIV, dont les
SEXE, L. scxus. —
D. sexuel, L. sexualis. opérations infructueuses éveillèrent la raille-
SEXTE, L. scxtus; sextuple, L. sextu- rie des Parisiens et leur firent désigner par le
plus. mot silhouette tout ce qui présente un aspect
SHAKO, mot hongrois. triste, mesquin, imparfjxit. C'est ainsi qu'on fit
1. SI, adv., L. sic. Voy. aussi les art. ainsi des portraits à la silhouette tirés de profil
et aussi. Le même mot s'est substantivé avec d'après les contours de l'ombre d'une chan-
le sens de » condition », dans l'anc. loc. par delle. Voy. Mercier, Tableau de Paris, et
un tel si. Sismondi, Histoire de France, XXIX, pp. 94
2. SI, conjonction, vfr. se, du L. si. Com- et 95. — D. silhouetter.
posé sinon. SILIQUE, L. siliqua. —
D. siliqueux.
SIBYLLE, L. sibîjlla. — D. sibijUin. 1. SILLER, fendre les flots. D'après Diez,

SICAIRE, L. sicarius [àa sica). du nord, sila, couper, diviser (pour VI mouillé,
SICCATIF, SICCITÉ, du L. siccus, sec. cp. piller de pilare). Diez rattache à ce verbe
SIDÉRAL, L. sidcralis [ûàna, -eris). le sub.st. sillon, qu'il a raison de ne pas faire
SIECLE, L. sœculuni [sccuhim, scclum). — venir du L. sulcns. —
Nous ne sommes pas
. La forme secluni, par la vocalisation du c mé- rassuré sur la solidité de l'étymologie mise en
dial a donné en vfr. seule (cp. vfr. renie de avant par le linguiste allemand. D'abord, le
rcgnla). terme d'agriculture sillon est-il réellement
SIEGE, it. sedia, seggia, et sedio, seggio, tiré de siller, qui parait être une expression
direct, de BL. sedium =
sedes; du dérivé exclusivement maritime? Puis ce dernier ne
sediare', fr. siéger, qui à son tour a donné le j)eut-il pas aussi bien n'être que la forme
subst. verbal siège =
action de siéger. — mouillée du vfr. sigler (auj. cingler, v. c. m.),
Cps. assiéger, BL. it. assediare, esp. asediar. cp. fr. étrille, du L. strigilis; ou la représen-
SIEN, voy. mien. tation d'un type latin secnlare,diïm. de secare,
SIESTE, de l'csp. siesia, qui est le L. sexta. couper (cp. it. segare =^ siller)? Ce dernier
30
.

SIN — 466 SIR

type secu7are conviendrait également au terme SINÉCURE, mot reçu des Anglais et formé
agricole siUer (inus.), d'où procèdent sillêe du L. sine cura, sans soin, sans occupation
(fosse creusée autour de la vigne) et sillon. Il réelle.
est vrai que strictement seculare devrait faire SINGE, L. simius. — D. singer, singerie.
seiller, mais n'avons-nous pas de fréquenta SINGLER, t. d'architecture, = contourner
exemples de l'affaiblissement de ei ou ai en if avec le cordeau, p. cingler, formé du L. cingii-
Et d'ailleurs seiller^'est dit p. siller. Ce qui lurn, dér. de cingere.
appuie cette dernière étymologie, c'est le BL, SINGULIER, vfr. singider, L. singidaris
sica, sillon, et la forme scillon du vfr. et du (singulusi, d'où si)igidaHté, L. singularita-
dial. de Berry, p. sillon. On peut comparer tem veibe singulariser.
;

encore, pour le rapport des idées, L. incite, SINISTRE, i. ac\j., malheureux; 2. subst.,

fossé, rigole, dérivé de in-cidere, entailler, malheur. Voy. senestre.


d'où it. incigliare, sillonner pour la seconde SINOPLE. en t. do blason vert, corres- =
fois. pond à it. senopia, port, sinopla, angl. sinO'
SILLER, en t. de fauconnerie, coudre
2. per. Malgré la différence de la couleur dési-
lespaupières d'un oiseau de proie, p. ciller; gnée par ces mots, ceux-ci viennent du L.
du L. cilium, cil. —
D. dessiller. sinopis, fer oxydé ligneux rouge nommé
SILLET, t. de luthier, de la même famille d'après la ville de Sinope. Il y avait deux
que sillon ; c'est pr. une fissure. espèces de jrt«opi«,à juger d'après un texte do
SILLON, voy. —
D. sillonner.
siller 1. 1400 cité par Ménesti'ier « sicut et in urbe :

SILO, fosse à grains, de l'esp, silo, qui à Sinopoli rubicundum invenitur et viride dic-
son tour représente L. sm«, gr. «mpo;. tum sinoplum... sinoplum utrumque venit de
SILURE (aussi par transposition siride), L. urbe Sinopoli «. J'ai reproduit à peu près,
silurus (gr. alXonpoi). dans ce qui précède, l'art, sinople du Dict. de
SILVES, t. de littérature, recueil, mélan- Diez, mais il me semble qu'il renferme deux
ges, it., esp. sclva, du L. silva, forêt, bosquet, étymologies distinctes : celle tirée de Sinope
bouquet, recueil. n'exclut-elle pas celle de Sinojïolis, qui est en
SDIâGREE, prub.de la formule *i, rn agrée tout cas celle qui se recommande le plus par
= oui, cela me convient; la répétition do ces la forme?
mots dénote une obséquiosité fastidieuse, une SINUS, mot latin, employé dans les
courtoisie affectée. Cette étymol., que je ren- mathématiques
sciences et dont la langue
contre dans le Dict. de Brachet, peut convenir commune a fait sein. — D. shiucux., L.
jusqu'à meilleure information. Déjà Frisch sinuosus, d'où sinuosité.
avait indiqué la formule s il m'agrée, qu'il dit SIPHILIS, SYPHILIS, terme médical, d'ori-
avoir désigné un jeu. Toutefois, il est bon de gine inconnue. Il a été appliqué en premier
noter qu'à l'origine on disait cimagrée,chima- lieu par Fracastor dans son poème sur la
grée. —
J'ai depuis longtemps abandonné mes maladie vénérienne.
étyin. ]>ar simulucrum ou par siniius. 1. SIPHON, it. sifone, tuyau recourbé, du

SIMÂRRE, vfr. chamarre, it. simarra, L. sijiho (ît^wv), luyau, jet d'eau.
voy. chainarrer. 2. SIPHON, trombe, du gr. a^çiwv, m. s. ;
SIMILAIRE, L. similaris (similis) simili- c'est le môme mot que le précédent.
TiDi:, L. similitudo.
;

SIRE, voy. seigneur. —


Il faut espérer que
SIMILOR, mot industriel, fait de L. similis les étymologies tour à tour tentées, telles
aitrn, qui imite l'or; cp. VaW. schrin-gold. que gr. vîpw;, gr. xûsio;, L. herus, celt. seir
:

SIMONIE, trafic des choses saintes ou des (soleil).^ ont définitivement fait leur temjis.
bénéfices ecclésiastiques, de Simon le magi- SIRENE, vfr. scraine, L. sireniitipriv).
cien, qui voulait acheter le don de conférer le SIROC, vent du sud-e.st, it. scirocco, sci-
Saint-E.sprit. — D, simoniaque, BL. simo- locco, sirocco, esp. xirque, œaloque; de l'arabe
niacus. sjarhi, oriental. Des pays occidentaux le mot
SIMPLE, L. simplus (forme accessoire de est revenu à l'arabe, transformé en sjaloek,
simjilex). — D. simplesse', simplete'; simpli- sjeloek, sjoloeh.
fier. SIROP, it. siropj)0, sciroppo, sciloppo, esp.
SIMPLICITÉ, L. simplicitatem. xarope, prov. yssarop; de l'arabe sjarâb,
SIMULACRE, L. simulacrum. sjorba, m. s., pr. boisson, Voy, aussi sor-
SIMULER, L. sim,idare. Voy. aussi sem,- bet.
bler. SIROTER; d'origine inconnue. Plusieurs
SIMULTANÉ, mot moderne, d'un type tiré pensent que siroter vient irrégulièrement de
latin simultaneus, forgé sur la base du BL. sirop, comme tabatière de tabac.
simultim, en même temps. D. simidta- — SIRVENTE, prov. sii'vente et sirventesc
néité. (adj.,d'où le vfr. servantois), pr. un poème
SINAPISER, gr. «vaTré^uv, d'où subst. composé par un ménestrel au service de son
ci-jy'xi'jij.rz^ fr.sinapism,e. Voy. aussi sénevé. maître il peut exprimer soit le blâme ou la

;

SINCÈRE, L. sincerus. D. sincérité, L. louange et forme opposition aux chants


sinceritatem. d'amour. Voy. Diez, sur la Poésie des Trou-
SINCIPUT, mot latin (litt. moitié de la tête). badours (éd. ail.), p. 111, et Wolf, sur les
SINDON, mot latin =
linceul, venu lui- Lais, p 306. —
D'autres pensent que sirven-
même du gr. (ïivôwv, toile des Indes. tesc vient direct, de sirvente (L. servientem),
.

soc — 467 — SOI

au sens spécial de sergent, soudoyer; voy. piédestal. Cp. seuil de solea. — Voy. aussi
Rom., X, 264. l'art, souche.
SIS, voy. seoir. SOCQUE, L. soccus, chaussure.
SISON, L. siso7i (,^Jwv). SODOMIE, de la ville de Sodome.
SISTRE, L. sistrum (tîTtt/ssv). SCBUR, vfr. sor, soer, suer, du radical sor
SISYMBRE, L. sisymbrium{'snùiJ.^pio-j). du L. soror, -cris ; le vfr. avait aussi francisé
SITE, L. situs (gén. situs). D. verbe — lemot latin, pour le cas-régime, en seror,
situer, placer, d'où part, situé et subst. situa- screur. Du dér. sororius, il avait fait serorge
tion = beau-frère ("encore en usage dans les patois).
.

SIX, L. sex. — D. sixième, sixain, sizelte — D. sœurette.


(jeu de cartes;. SOFA ou sopha, de l'arabe çoffah, estrade
SIXTE, it. sesta, du L. sextus. élevée couverte d'un tapis; d'après Freitag
SIZERIN, linotte, appartient comme le = banc de repos placé devant la maison.
champ, sizettes, petits oiseaux, à la famille SOFFITE, t. d'architecture, directement de
du mha. sisig (auj zeisig), dim. zis-lin, bas- l'it. soffitto, m. s., qui est le L. suffictus
ail, zieske, angl. siskin, m. s. (p. suffixus).
SLOOP, de l'angl. sloop, néerl. sloep, dan. SOI, pronom, voy. se.
sluppe. Voy. aussi chaloupe.
SOIE, it. seta, esp., prov. seda, vha. sida,
SM06LEUR, de l'angl. smuggle, néerl.
nha. seide, irl. sioda, cymr. sidan. La source
smokkelen, schmuggeln, faire de la con-
ail.
de tous ces vocables est le L. seta, poil long
trebande, qui tiennent au suéd. smyga, intro-
et rude de certains animaux, surtout du
duire clandestinement.
cochon, signification encore propre au mot
SOBRE, L. sobr-ius, d'où sobrietas, fr. so-
fr. et esp. La signification « fil de soie » est
briété (l'anc. fr. avait le subst. sobresse).
venue au mot seta par ellipse. On disait
SOBRIQUET,
composé de
anc. aussi sotbriquet, d'après
briquet (mau-
d'abord seta serica =
fil de soie, puis on s'est
Diez, sot et du vfr.
contenté de dire tout court seta pour exprimer
vais drôle, = it. bricchetto, petit âne). Je
la même chose ; le terme générique a absorbé,
doute fort de cette étymologie, tout en la pré-
comme souvent, le terme spécifique. Il est
férant à celles tirées de subridiculus (Ménage)
curieux de voir les termes gr. //àraÇa, fil, et
ou de supra quest., acquis par-dessus. Quelque l'esp. p<?7o (= fr. poil), crin, revêtir, par un
patois dévoilera un jour la véritable origine.
procédé identique, l'acception spéciale de soie
Pour le moment j'imagine un type supricare
^de supra) =^ surajouter (cp. l'expr. surnom);
brute. —
Les étymologies par L. sw«/on(îiv5wv),
mousseline, gr. ovj^, gén. a-o-oi, mite, etc.,
l'orthographe sotbriquet pourrait bien n'être
qu'un effet du désir de prêter un sens à un
sont dépourvues de fondement. D. soierie, —
soyeux. Voy. aussi sati7i et séton.
vocable incompris. Le lat. super, supra a
SOIF, vfr. soi, soit, prov. set, it. sete, du
donné aux patois du midi le verbe sourâ,
La
être de trop =
suprare; de là à sobriquet il
L. sitis. finale d'une muta-
f^.t
tion qui se présente parfois. Cp. vfr mœuf
est l'effet

n'y a pas plus loin que de tourner à tourni-


de tnodus, bleif, blé, de bladum, faudestuef*
quet. Le picard a surpiquet, qui se comprend
(fauteuil) p. faudestuet*, nif de nidus et le
mieux, et qui, au besoin, peut être envisagé
comme nom propre Maimbeuf an vha. Meghibod{L.
quet, sobriquet.
la forme normale : sorpiquet, sopri-
— On trouve dans un texte Magnobodus), — Grœber (Ztschr., II, 460)
est d'avis que, dans ces mots, la finale f était
du xiv*^ siècle soubzbriquet avec sens de le
menton. — Le sens premier du
dans le principe une simple addition graplii-
coup sous le
que; cette opinion est combattue par G. Paris
mot
barbe),
étant «
Bugge (Rom.
coup sous
,
le
III,
menton » (cp.

198j rapproche
so}is-
l'it.
(Rom., VIII, 135). —
Je ne puis me rallier à
l'opinion de Diez (dern. éd.), d'après laquelle
sottobecco,même sens, dont le dim. sottobec-
la finale f dans soif se serait produite sous
chetto répondrait à une forme soubzbéquct
l'influence de l'ail, saufen, boire.
(petits coups sous le bec), d'où sobriquet par
insertion de Vr comme dans fanfreluche, pim-
SOIGNER, voy. soin.
prenelle, etc. Cette explication est acceptable, SOIGNOLE, vfr. ceoignole, piston de pompe,
si l'on part de l'idée que le sens antérieur à du L. ciconiola, dim. de ciconia (vfr. soigne) ;

« surnom a été « propos railleur, bon mot »,


» Isidore hoc instrumentum (telon) Hispani
:

ce qui est probable, M ciconiam » vocant. En effet, l'esp. ciguena


SOO, BL. socus ; on balance entre gaél. signifie manivelle, bascule de pompe. — Lit-

soc, cymr swch, m. s., et L. soccus, soulier tré n'a pas recueilli le mot soignole, bien que
(à cause de la pointe recourbée du soc de
fort répandu en province ; il en donne cepen-
charrue). dant la variété signale (dévidoir construit sur
SOCIABLE, L. sociabilis (sociare). D. so- — l'axe d'un treuil), mais sans étymologie.

ciabilité, sociabiliser SOIN, vfr soing, patois sogne, prov. sonh,


SOCIAL, L. socialis (socius). — D. néolo- voy. l'art, besoin. —
D. soigner, soigneux.
gismes socialisme, socialiste. SOIR, prov. ser et sera, it. sera; du L.
SOCIÉTÉ, L. societatem (socius). — D. socié- sérum, temps avancé de la journée (cp. le
taire. sero diei de Tacite), L'esp. dit, de la même
SOCLE, it. zoccolo, esp. zocalo, zoclo, zueco, façon, tarda p. soir, du L. tardus. D. soi- —
du L. socculus, soulier, d'où le sens base. : rée (it. scrata).
.

SOL — 468 — SOL

SOIT, conjonction, 3° pers. du prés, du à prêter au mot plus de corps et de sonorité.


subj. du \ovbet'l)'e, = L. sit. — Le simple sol est resté dans l'it. sole, cat.,
SOIXANTE, vfr. scisante, L. sexaginta. esp., port. sol. —
D. ejisoleiller.
SOL, terroir, L. sohim. .
1. SOLEN, espèce do coquillage, L. solen
2. SOL, SOU, vfr. soit, it. soldo, esp. sueldo, (îwJjjv).

du L. solidus s. e. nummus, pr. monnaie SOLENNEL, L. soîennalis", extension de


épaisse (opposée à la monnaie bractéate), puis solennis, d'où aussi le subst. solknmtk, L.
monnaie d'or ou d'argent de valeur variable. solcnnitcUon, et verbe solenniser. le
— D. BL. solidare, soldare, fr. soi.dkr, SOLFÈGE, de solfeggio. Ce dernier est
l'it.

payer; de là le subst. verb. solde (it. soldo, le subst. verb. du verbe solfeggiare (= esp.

esip. sueldo, pi'ov. sont, ail. sold). puis les solfearet fr. sol/iti'), qui, à son tour, dérive
formes participiales it. soldato, esp. soldado, du subst. solfa (it., esp., port., prov.) =
fr. SOLDAT, pr. militaire à gage, mercenaire. gamme. Quant à ce solfa, voici comment on
A un type solidanus ressortissent les formes l'explique : Les syllabes musicales, introduites
vfr. et angl. soldier = soldat; à soldatarius, par Gui d'Arezzo, ut, ro, mi, fa, sol, la, font
prov. soudadier, vfr. soudeiei', soudoier. Du À rebours la, sol, fa, mi, re, ut; les trois pre-
radical sold, combiné avec le suffixe gei"m. mières ont fourni lasolfa, puis la ayant été
ard, provient le mot soudard. Une dériva- — pris pour l'article, il est resté solfa tout court.
tion ultérieure de solder est le verbe soudoyer SOLFIER, voy. l'art, préc.
(type lat. soldicare), payer qqn. pour faire SOLIDE, vfr. soude, du L. solidus (do sol-
qqch. (il faut en distinguer l'adj. vfr. sou- lus', entier, ^= gr. Sïoi). — D. solidité, L. soli-
doyant, souduiant, séduisant, qui est le L. ditatem ; solidaire (d'oii solidarité), solidifier.

subducentem). SOLIER, grange, du L. solaHum (sol),


SOLAS", SOULAS, prov. solats, esp. solas, plate-forme, terras.se, balcon; au moy. âge,
it. solazzo, du L. solatium. D. solaciei', — le plus haut étage d'une maison; cp. ail. sùl-
soulacier", prov. solassar, esp. solasar, con- Icr (de même origine), grenier, galetas, ni.
soler. solder, nngl. sollar.
SOLACIER. voy. l'art, préc. SOLILOQUE, L. soliloquium, traduction lit-

SOLAIRE, L. solaris (sol). térale du trr. fjL-ifiïor-x. (voy. monolugue).


SOLBATU, litt. frappé à la sole; op. cour- SOLIPÈDE, it. solipcda, contraction du L.
batu. — D. solbature. solidijtcs, -j>cdis = dont le sabot est entier
SOLDAT, voy. sol — D. soldatesque, do
2. [solidus], non fondu.
lit. soldatcsca. — Les so/rf«ni gaulois, men- SOLITAIRE. L. solitarius {so\\n).
tionnés par Jules César, n'ont rien à faire SOLITUDE. L. solitudo.
avec la racine du mot soldat. Le mot est tra- SOLIVE l'étymologio do ce mot
; n'est pas
duit en grec, par Nicolaus Damasc. ap.Athc- fixée; langues .sœurs no l'ont pas. On a
les
nseum, Deipn., par îiioo5u,do;, et il se peut proposé comme source Frisch, le L. solum, :

bien qu'il soit ibérique (voy. Diofendach, Ori- base (la solive serait donc pr. un soutien, un
gines Europseae, p. 421). étai) Du Cange, l'ags. syl, colonne; d'autres
;

1 SOLDE, paye, voy. sol 2. le bas-bret. soi, poutre mais la dérivation par ;

2. SOLDE, règlement de compte, subst. ivus fait difficulté. Isac Vossius pensait au L.
verbal de solder 2. sublica (accent sur Vt), pieu on pourrait au ;

1 SOLDER, donner une paye, voy. sol 2. besoin, pour cette étym., admettre la filiation
2. SOLDER (un compte), it. saldare, du suivante soulie, puis par intercalation do r,
:

BL. solidare, soldare, m. s., pr. aflèrmir, soulive, solive, mais la signification satisfait
régler. — D. solde (de compte), it. saldo. — peu. Diez conjecture une composition solum,,
Le même mot dans son accep-
latin solidare, sol -j- vfr. ive == equa, cavale, dans le sens
tion naturelle de raffermir, a donné le verbe figuré de poutre (v. c. m,) puis il indique ;

fr. souder, it. saldare, esp. soldar. aussi l'esp. solivio ('= L. sublcmum), de subie-
1 SOLE, t. d'agriculture, forme féminine tare, soutenir, appuyer. Si l'existence d'un
de sol = L. solwn. —
D. assoler, dessoler. vfr. solievc, au sens de support, était consta-
2. SOLE,
dessous du pied (d'un cheval) et
le tée, l'étym. sublevare ne laisserait plus de
autres objets marquant base, support, pièce doute. —
D. soliveau, soUvure.
plate de dessous, it. suola, prov. sol, sola, SOLLICITER, L. sollicitare. Voyez aussi
esp. suela, ail. sohle, du L. solea, plante du soucier.
pied, semelle. Voy. aussi soidier. SOLLICITUDE, L. sollicitudo (de sollicitus,
3. SOLE, prov. solha, it. soglia^ poisson de dont le sens étymologique est « fortement
mer plat, du L. solea, m. s. (Pline). agité «).
SOLÉCISME, L. solœcismus, du gr. 59)01 SOLO, mot it., =
L. solus, fr. seul.
xi5/^o,-, manière vicieuse de s'exprimer
pr. la SOLSTICE, L: solstitium (litt. arrêt du
propre aux IoIoimi, c.-à-d. aux habitants de soleil).
Soles en Cilicie. Du verbe saJot/î^uv, on a SOLUBLE, L. solubilis (de solvere, dis-
fait soléciser. soudre).
SOLEIL, prov. solelh, du L.soliculus, dim. SOLUTION, L. solutioncm (solvere).
de sol; la forme diminutive est fondée, comme SOLVABLE, mot mod. tiré du L. solvere,
celle de tant d'autres vocables
(p. ex. oreille,
genouiV, abeille, sommeil), sur une tendance
dans son acception de payer. — D. solvabi-
lité.
.

SOM 469 SON


SOMBRE Diez est d'avis que cet adjectif
; du BL. saîma, onus, sarcina, qui est p. sagma
(qui a le néerl. somber) est identique
donné et tiré du gr. axyixa., m. s. Isidore sagma :

avec le cat., port., esp. somb^-a, == ombre. qu£e corrupte vulgo salma dicitur. Pour la
Quant à ce dernier, il dérive d'un verbe som- mutation de g en l, cp. smaragdus, it. sme-
brar, mettre dans l'ombre (il n'existe qu'à raldo, d'où fr. émeraude. D. sommier, —
l'état de composé, a-sombrar). Or, ce verbe sommelier, assom,mer (voy. ces mots). —
est, selon la conjecture de Diez, une contrac- Notons encore que Rônsch établit pour le mot
tion de so-ombrar, qui répond à un type L. roman salmala succession de formes suivante :

sub-umbrare. Cette conjecture est fortement sagma, sauma, salma (voy. Grôb. Ztschr.,
appuyée par l'existence du prov. sotz-umbrar, III, 103).^
ombrager. On trouve en vfr. aussi le mot SOMMÉ, voy. sommet.
essombrc, lieu ombragé (Godefroy le consigne SOMMEIL, voy. somme. D. som,meiller.—
avec les valeurs 1 terre sombrée, 2. bois de
, SOMMELIER, d'après Tobler (Rom., II,
lit), lequel accuse un type ex-umbrare; Burguy 244) un dérivé direct de sommier =^ bête de
estime que sombra pourrait en être formé par somme; donc, p. sommerier, cp. vfr. contra-
aphérèse. Cette opinion ne me semble pas fon- lier p. contrarier, sorcellerie de sorcier. Le
dée. Je crois que la filiation sub-u?nbrare, premier sens était « qui mène une bête de
so-ombrar, sombrar, satisfait parfaitement. somme » ou « qui a les bêtes de somme sous
Elle gagne en vraisemblance par le rappro- ses ordres « De là s'est dégagé celui de « is,
.

chement de la suivante sub-u7%dare, jeter


: cui sagmata seu onera commeatuum ac prse-
dans l'eau, so-ondar, esp. sondar, fr. sonder. cipue panis et vini commissa erant », donc
Elle se confirme encore par le verbe fr. som- officier chargé des grandes provisions d'une
brer (couler bas, pr. disparaître sous les maison, puis particulièrement celui de cavier.
eaux), qui présente une métaphore très natu- — D. som,mellerie.
relle de sub-umbrare. —
Ce qui est digne 1. SOMMER, faire la somme, voy. somme
d'attention, c'est le passage du subst. sombra, 2. — D. sommation, de mathématiques.
t.

ombre, à l'état adjectival sombre, qui est = 2. SOMMER, faire un dernier et suprême
dans l'ombre. — Voy. aussi l'art, suivant. avertissement. Les uns prennent ce verbe
1. SOMBRER, couler bas. A l'appui de pour un dérivé de sum,mus, suprême, d'autres
l'étym. donnée à ce verbe par Diez (voy. l'art, y voient une variété du vfr. semoner, donner
préc), je dois mentionner encore que l'exis- assignation, variété de sem,ondre (v. c. m.),
tence de h.subumbrare aux iv", v" et vm^ s. a qui est le L. submonere. Ce dernier type a,
été constatée par Rônsch mais une nouvelle ; en efl*et, pu donner successivement somoner,
explication de notre verbe a surgi. Wedg- somener, sommer (cp. le nom de rivière
wood (Rom Vni, 439^ pense que somlrer
, Somme, de Somona). —
D. sommation.
est indépendant de sombre; il le rattache au SOMMET (d'où l'angl. summit), dimin. du
norois sum,bla, abîmer, engloutir, norm. vfr. som, (« en som », == en haut, « à som »,
sumla, couvrir d'eau. C'est donc, selon toute = à bout), qui, ainsi que l'it. sommo, prov.
apparence, un terme maritime emprunté aux som, esp. somo, vient du L. summ,um, som-
Normands. met, extrémité. Le môme type latin aurait
2. SOMBRER, donner le premier labour, aussi, selon Diez, produit le subst. fr. son,
en parlant des jachères. Ce mot est-il identique pr. la partie du blé moulu qui reste « en
avec le précédent? Je n'oserais l'afiîrmer, mais haut » du tamis. —
Notez encore comme dé-
il me semble que l'étym. de Littré par BL. rivé de som le vfr. sommer, mettre le couron-
sombrum, anni aetas qua ager primum pro- nement, d'où le terme de blason « som,m,é ».
.scinditnr (Du Cange) et, par conséquent, par 1. SOMMIER, cheval de somme (BL. sag-
l'ail, sommer, été, mérite toute considération marius), 2. cofi"re de voyage, matelas (accep-
;

je trouve encore chez les Allemands le terme tions déduites de somme, charge, chose
" ein feld sommern » dans le sens de notre lourde), 3. par métaphore (cp. les mots 2wutre
sombrer. et chevalet) =
poutre, solive, support. C'est
SOMMAIRE, adj. et subst., voy. somme 2. un dérivé de somme, charge, fardeau.
SOMMATION, voy. sommer 1 et 2. 2.SOMMIER, registre, grand-livre où s'ins-
1. SOMME, sommeil, it. sonno, prov. som, crivent lessommes reçues, voy. som,me 2.
son, du L. 5omnii5(p. sop-nus). D. sommeil, — SOMMITÉ, L. siimmitatemiswmxmi?,).
prov. sonelh, dimin. (sans valeur diminutive, SOMNAMBULE, mot de création moderne,
comme soleil, etc.), qui a remplacé somme, = qui ambulat. in somno. — D. som,nambu-
sans doute, pour le différencier de deux lisme.
autres homonymes. SOMNOLENT, L somnolentus (somnus). —
2. SOMME,
quantité totale, du L. summa, D. som,nolence.
pr. le total principal (de summus, p. supmus, SOMPTUAIRE, L. sumptiiarius [desumptus,
superlatif ^e superus). —
D. som,mer (v. c. dépense); somptueux, L. sumptuosus qui =
m.), faire la somme; sommaire, qui ne donne demande de grands frais. —
D. som,ptuosité.
que les choses essentielles, principales, L. 1. SON, adj. ou pron. possessif, voy. mon.
summarius*; sommier, registre, L. summa- 2. SON, partie grossière du blé moulu. Trois
rium explications sont en présence 1 la partie: . =
3. SOMME, some, charge, it. salma,
vfr. du blé qui reste en haut, « in summo » , du
soma, esp. salm,a,xalma, enxalm,a, ail. saum; tamis (Diez) ;

2. le BL. seonnum engage
.

SOR — 470 — SOR

Littré à supposer l'cxistcnco d'une forme vfr. SORITE, L. soritcs, gr. -»w|is(r>),-.

seon, dans laquelle il est disposé à voir seciin- SORNETTE, selon Dicz, du cymr. swrn,
rfus (op. vfr. seon, selon, secundum)', le = bagatelle, baliverne ; selon Huet, du breton
son serait ainsi « la seconde mouture ». Sëon sorc'hen, bavardage. Le Duchat, rattachant
existe, en effet, ainsi dans EustacheDccliamps, sornette au vieux mot fr. sorne, crépuscule,
p. 197 (cité par Fœrster, Grôb. Ztschr., III, prov. sorti, sombre, y voyait un dérivé de
i?62) trible pur de seon.
:

G. Paris (Rom., serotina s. e. fabula, un conte de veillée. Il
nous
VIII, 628), et c'est la 3" explii;ation qu'il se peut que soitie (voy. l'art, sournois) et sor-
reste à produire, est amené à remonter de nette .se tiennent, mais bien certainement l'un
seon à sedon, pour lequel, à titre de simple et l'autre sont étrangers au L. scrotinus. —
conjecture, il propose pour étymon L. seta, En Berry, sornette s'emploie p. sobriquet. —
qui a donné au gr. mod. in^ra, afTot, tamis, Le vfr. et les patois ont un verhe sornei', dire
et au fr., par le dérivé setaceiim, les mots des sornettes.
seas' sas (v. c. m.). Il admet toutefois l'admis- SORT, destinée, L. sors, sortis. Do co der-
sibilitéd'une explication par sccundns. nier vient le verbe latin sortiri, it. sortire, fr.
3. SON, bruit, L. sonus. D. sonnet, vfr. — SORTIR (prés. it. io sortisco, fr. je sortis),
soneC, it. sonetto, dimin. de5on,anc. bruit = obtenir en partage, obtenir, recevoir (n'est
d'une petite cloche, chansonnette, petit chant. plus usité que dans la locution « sortir son
Cp. motet de mot. effet »). Voy. aussi ressortir 2.
SONATE, de l'it. sonata (sonare). SORTE, it. sorta, espèce, manière, tiré du
SONDER, pr. descendre sous l'eau, d'un L. sors, au .sens de manière d'être, condition.
type latin sub-undare, voy. sombi'e. D. — — D. assortir (v. c. m.}; sortable, de sorte
subst. verb. sonde, instrument pour sonder, convenable.
esp. sonda. SORTILÈGE, L. sortilegiurn , de sortilegus,
SONGE, L. somnium; verbe songer, L. devin, prophète.
somniari. 1. SORTIR {\^vés. je sortis), voy. sort.
SONNER, L. sonare (sonus). D. sonneur, — 2. SORTIR (prés.> sors), it. sm^tiro (prés.
-crie, sonnette; sonnaille, type L. sonacula', io sorto), passer du dedans au dehors, en vfr.
d'où sonnaiîler, verbe, et sonnailler, subçt. aus.si = s'échapper, prov. sortir, sauter, faire
SONNET, voy. son 3. sauter, esp. surtir, port, snrdir, jaillir. On
SONORE, L. .so«or«« (sonus). D. sonorité. — a rattaché ce verbe au L. sortiri, pris dans le
SOPHA. voy. sofa. sens do faire un partage, en se fondant sur
SOPHISME, gr. oo'fiî/xa; SOPHISTE, gr. l'analogie de partir du L. partiri, diviser,
(ToyiîTvj; (de lo-^li'.t^-xi, abuser de la philoso- séparer, mais différentes considérations tant
phie); adj. SOPHISTIQUE,
gr. ooçiïnxo'i, d'où de forme que de signification s'opposent à
sophistiquer, subtiliser, s'écarter du vrai, user cette étymologie. Si l'on considère que les
de faux arguments (d'où le subst. sophisti- patois emj)loient jai//ïr comme synonyme do
querie), puis (sens particularisé) falsifier, fre- sortir (en Berry on dit « à la jaillie do la
later des drogues. messe "), que l'esp. surtir signifie jaillir, et
SOPHISTIQUER, voy. sophisme. que L. ex-pcrrigere, par son participe ex-
SOPORATIF, du L. soporare (sopor), en- perrectus, a produit le vfr. espertir, éveiller
dormir. (cp. it. erto =
erectus), on acceptera volon-
SOPORIFÈRE, -FIQUE, du L. sopoHfer', tiers, pour le sens et la forme, l'étym. mise en
-ficus'. avant par Ménage et Frisch et partagée par
SOPRANO, mot it., la voix de dessus, dérivé Diez, savoir le type surrectire (par surrectus,
du L. sujira. participe de surgere). La signification étymolo-
1 SOR, variété orthogr. de saur (v. c. m.). gique du verbe serait ainsi « faire surgir, faire
2. SOR (oiseau) = qui n'a pas encore mué, sourdre (v. c. m.), faire jaillir » Elle est encore
.

qui est encore roux ; saur.


le même mot que sensible dans les applications sortir de table;
:

J'abandonne l'étym. essorer, prendre son vol, cette figure sort bien. L'idée d'un mouvement
que j'avais émise dans ma I''^ éd. de bas en haut (se lever) s'est peu à peu effacée
SORBE, L. sorbum. D. sorbier. — pour faire placé à celle d'un mouvement du
SORBET, it. sorbetto, esp. sorbeta,
angl. dedans au dehors après avoir, selon la valeur
;

sherbet ; du persan sjarbet, sorbet, lequel est étymologique du mot, dit sortir de terre, de
de la même famille que l'arabe sjariba, boire. l'eau, on a dit aussi sortir d'un lieu, d'une
— D. sorbetière. position, d'un état. —
Littré, en disant que
SORCELLERIE, du verbe sorceîer*, voy. sortir pourrait bien être un doublet de sour-
soi~cier. dre, n'est pas loin de notre ordre d'idées. —
SORCIER, d'un type latin sortiarius (l'it. D'autres explications se sont produites en der-
sortiere et l'esp. sortere accusent un type sor- nier lieu. Ronsch tire sortir du part. L. exor-
tarius), du L. sors, sortis; donc pr. diseur de tus, levé, né, sorti ; Bôhmer, d'un type latin
sort, de bonne aventure. —
D. sorcerie'; vfr. fictif sevortere. Storm (Rom., V, 183) se
sorcerer et sorceler ; cps. ensorcerer, auj. en- rallie à celle que j'ai reproduite d'après
sorceler. Ménage et Diez; seulement, au lieu de partir
SORDIDE (mot de façon savante p. sordé), de surrectus, il part de sortus. la forme con-
L. sordidus. — D. sordidité. tracte, bien constatée par Festus, qui observe
SORET, voy. sauret. que Sivius Andronicus s'en est souvent servi.
, . .

sou — 471 — SOU


Ce participe a survccn dans it. sorto, insorto. SOUCIER, du L. soUicitare [sol'citare),
D. sortie; cps. ressortir, rejaillir (v. c. m.). agiter, inquiéter. — D. subst. verbal soMci.
SOT, esp port, zote, ags., angl. sot, holl.
, SOUCOUPE, = sous-coupe.
zot, BL. sottus ; du mot rabbinique ou syriaque SOUCRILLON, espèce d'orge d'hiver, modi-
schoteh =
stultus. Diez rapporte cette étym. fication de vfr. soucrion. Ce dernier, dans le
comme celle de Cujas, mais sans se prononcer, Glossaii^e, comme dans Catholicon, de
le
et renvoie à Du Cange, qui cite les jeux de mots Lille, traduit le L. trimestris, blé trémois.
de Théodoulfe, évêque d'Orléans (mort en 821 ), Comme je l'ai dit dès 1865 dans les notes de
à propos de scottiis et sottus. Du Cange lui- mon Gloss. de Lille, p. 36, d'après l'opinion
même dérivait le mot du grec Stcoto; =; perdu, de Grandgagnage, le mot paraît être une
qu'on ne peut plus sauver c'est-là une étymo- ; variété de sccourr/eon (voy. escourgeon).
logie tout aussi malheureuse que le L. stultus. SOUDAIN, prov. sobtan, du L, subitanus p.
Pictet rapproche sot de l'irl. suthan imbécile, subitaneus .

D, soudaineté.
fripon, sotal, orgueil, soithir, fier, sotaire, SOUDAN, vfr. soldait, BL, soldanus ; va-
fat, et du sanscrit çotha, sot. Dom L. Lepel- riété du mot sultan.
letier le rattache au breton saot, qui signifie SOUDARD, voy. l'art sol 1.
gros bétail, bête à cornes. Quoi que vaillent SOUDE, it., esp., port. 506i!a, vfr. soulde. On
toutes ces conjectures, le mot nous semble être dérive généralement ce mot de solida, nom
connexe avec l'ail, zote, auj. propos libre, latin de la plante marine qui fournit le sel de
obscène, qui, chez Luther, ne disait pas plus que soude.
sottise, plaisanterie. —
D. sotie', farce, auj. SOUDER, voy. solder 2. D. soudure. —
sottise (d'où sottisier); vfr. assoter, rendre sot, SOUDOYER, voy. sol 2.
SOU, forme secondaii'e de sol (voy. sol 2). SOUDRE, L. solvere.
SOUBASSEMENT; c'est le mot bassement SOUDRILLE, d'un type soldarillus, exten-
(de bas) et le préfixe sous. On a aussi lieu de sion péjorative de soldarius, soldat, soudard.
croire à une altération de sous-bastement (de SOUFFLER, it. soffiare, du L. sicfflare {snh-
bastir) flare). — D. souffle, subst. verbal; souffleur,
SOUBRESAUT, directement de l'esp. sobre- •ure, soufflet (v. c. m.),
salto, it. soprassaho; d'un type L. supra- SOUFFLET, de souffler, signifiant
dôr.
saltus, saut en l'air; pour la forme, cp. le 1. instrument servant à souffler, et objets en
verbe prov. sobre-saillir surpasser, et le mot , ayant la forme 2. coup du plat de la main sur
;

fr. soubre-veste. la joue: pour cette transition d'acception, voy.


SOUBRETTE, d'origine inconnue; d'après l'art, bouffer. Cependant, en rectification de
Heyse, du L. sobrius; au sens de soigneux, cet article, je me vois amené à dire que le
prudent. L'équivalent ail. zofe parait étymo- deuxième sons indiqué de soufflet me semble
logiquement distinct. provenir de soufflet pris métaphoriquement au
SOUCHE (le prov a socca et une forme sens de grosse joue ; c'est ainsi que giffe, gifle
masc. soc, l'it. (Ra venna) ^-occo, le BL. zoccus signifie à la fois joue et soufflet, de même buffe,
et soccus): le mot signifie pr. le tronc d'un bouffe, joue boufiie et coup. L'ail, maul-
arbre. Diez tient le mot pour identique avec schelle, m, s., signifie litt. coup résonnant
le latin classique soccus, chaussure, dont le sur la bouche, et quant à ohr-feige, il n'a rien
sens primordial doit avoir été base, fondement à faire avec feige, figue (il est p. ohr-fege,
(cp. socle). — : Si l'équation st initial = s est coup sur l'oreille, voy. Grimm, v° fege). Je
admise pour saison, sabot, etc., nous préfére- remarquerai encore que le mot angl. blow,
rions ici comme primitif l'ail, stock, qui cor- souffler, cité en comparaison dans mon article
respondrait parfaitement pour le sens et pour bouffer, est, d'après les étymologistes anglais,
la lettre. —
En présence de la variation des d'une autre origine que l'homonyme blow,
initiales qu'a reçues notre mot s, ch (pic. : frapper. —D. souffleter.
choque, chouque), z, et de l'existence du vfr, SOUFFRETEUX; malgré toute l'apparence
coche =
souche (voy., outre l'exemple du qu'il y a, cet adjectif ne vient pas de souffrir;
Renard cité par Littré, le suivant, que j'ai il répond au prov. sofraitos, sofrachos, vfr.
recueilli dans le Chevalier au Lyon, 290 : soffraitous, pauvre, privé de, et vient dir. du
Assis estoit sur une coche, une grant maçue subst. vfr. soufraite, sou ffrete, prov. sofraita,
en sa main), pourquoi ne risquerai-je pas sofracha, manque, disette, dénùment; quant
l'étymol, que voici BL. caudica : L. = à celui-ci, c'est un dérivé du L. suffractus,
caudex, tronc d'arbre, souche, bûche, d'où se brisé, à qui l'on a retranché les ressources
tire sans le moindre effort coche, chouche, : (part, de suffringere, vfr. soufraindre)
chouque et enfin souche (cp. les formes ser- SOUFFRIR, prov. sofrir, it. soffrire, d'un
cher, angl. search, p. chercher). D. sou- — type L. sufferere p. sufferre, cp, offrir de
chet, soucheter. offerre. —D. souffrant, souffrance.
SOUCI, plante, vfr. soulcie, soussicle ; du
1 SOUFRE, prov. solpre, solfre, it. solfo,
L. solsequium, qui dit la môme chose que le zojfo, esp. azufre, flam. solfer, du L. sul-
gr. ïj)i5Tpo7ri5v, ou tournesol. La fleur du souci phur. — D. soufrer,soufrière.
se ferme quand le soleil se couche et s'ouvre SOUHAIT, subst. verbal de souhaiter.
quand il se lève. SOUHAITER ; ce verbe composé vient du vfr,
2. SOUCI, subst. verbal do soucier (v. c, m.). hait, gré, plaisir, franche inclination de vo-
— D, soucieux. lonté, d'où découlent aussi en vfr. : haiticr
sou — 47-2 — SOU

(qqn.), faire au gré de qqn., i"éjouir, encoura- SOULER, voy. soûl. — D. soûlard.
ger, ethaitier{q(\ch.), avoir à gré, dehaitier, SOULEUR. frayeur ; les patois du Nord ont
chagriner, abattre (subst. Ochait, chagrin, soit', stui)éfait ;
je ne me rends pas compte de
ma\&à^\c),enhaitier, cshaitier, e\c\ter, animer, l'origine do ce mot; serait-ce le L. solatus,
et la loc. adverbiale à hait =
à souhait. Sou- frappé d'un coup de soleil? Littré i)ense à
haiter est le verbe haitcr, au sens do prendre soins, seul ; souleur serait la crainte quo
à gré, aimer, désirer, combiné avec le préfixe donne la solitude. Le fait est qu'en vfr , sou-
mitigatif, sub. — Génin a bien mal compris ce leur a signifié solitude.
préfixe; en disant sérieusement souhait vient: SOULEVER, du L. subletare, 1 relover, .

de son hait =
son gré, comme couvent vient do exhausser, 2. soutenir, consoler. Le sens
conventiis. —
Reste à savoir d'où vient ce mot figuré du verbe fr. : « exciter, faire surgir ou
fr. hait,d'un usage si répandu jadis. Dicz et s'insurger " n'était pas encore propre au terme
Grandgagnagc le rapportent au nord, heit, latin; d'un antre côté, la deuxième acception
goth. ga-hait, vlia. ga-hris, subst. de verbes (métaphorique)dc celui-ci est |)assée i la forme
signifiant promettre, fiiire vœu (ail. mod. ivr- variée subhTtare, d'où soulager (v. c. m.).
heissen, promettre). Une
de sens ana-
filiation SOULIER parait tenir au L. solea, sandale;
logue se remarque dans L. vovere 1 faire = . cependant l'anc. forme sollei' favorise l'étym.
vœu, 2. désirer, souhaiter, d'où voiian, fr. BL. sotular, subtalar, soulier (syncopé en
vœu = promesse et désir. L'étymologio cel- sot'lar, d'où sullar), qui vient de subtel, creux
tique invoquée par Clicvallet est loin de valoir du pied (formé de sub 4- talusK
celle que nous rapportons. —
D. souhait. SOULOIR', avoir coutume, du L. solêre.
SOUILLE, aussi masc. souil, lieu bourbeux SOULTE. SOUTE, d'un type lat. sot'tus p.
où se vautre le sanglier; selon Diez, de l'adj. soluti's, d(> solvi're, payer.
L. sidllus, qui concerne les cochons n (L.
u SOUMETTRE, L. sub-mittere; subst. sou-
sus). J'inclinais à voir dans souille un dérivé mission, L. sub-missionem, de là soumission-
du verbe souiller (voy. l'art, suiv.), mais je ner, -aire.
reconnais cependant que la forme seuwilhe (ip SOUPAPE, de l'esp. sopapo, pr. coup plat
intercalaire), que je trouve dans la Geste do sous le menton {papo, partie charnue sous lo
Liège de Jean d'Outremeuso, v. 1837, et que menton), puis soupape. Cp. les acceptions
l'e suppose devoir signifier bourbier, est plus technologiques de sous-barbe, coup sous lo
favorable à l'explication par suilla. Voici le menton. Lo sens premier de soupape, coup
passage « ...parmi une seuwilhe (l'éditeur,
: plat, se rencontre dans Baud. de Condé, p. 172
par méprise, mais bien sciemment, a imprimé (voy. ma note, p. 460). Cp. aussi, pour la
senwilhe) Perchoit un porc sangler qui for- transition des sens. ail. klappe, soupape, do
ment s'cntortilhe. » hlappeti, claquer, frapper.
SOUILLER, prov ; s»/7/rtr, angl. soil. Deux SOUPÇON, vfr. souspeço7i, du L. suspicio-
étymologies se présentent avec des titres d'une nem, q^ie les savants ont reproduit sous la
valeur à peu près égale. La première est ger- forme suspicion. —
Cette étym. est tout à fait
manique. On a d'un côté goth. bi-sauljan,\w\- satisfaisante; cependant, comme l'a remarqué
luere, et mha. bcsulvoen, solgen, v. flam. M. Horning (Grôb. Ztschr., VI, 43G), pour
soluwen, inquinare, macularc, ail, mod. sich tenir compte des formes it, suspezione, prov,
snhlen, aussi sullen, se vautrer dans la boue ; sospeisso, port, sospeiçâo, il convient, do
d'un autre, l'ail, mod. sudehi =
salir. Sans substituer à suspicionem le mot latin congé-
vouloir préciser ici quel rapport do parenté nère et synonyme suspectionem, d'où se déduit
il y a entre les formes ail. sudeln et sullen correctement souspeçon, soupçon, comme
(Diefenbach croit que sudeln est d'une souche leçon, prov. leisso, de lectionem. D. soup-—
différente), nous rappelons que fr. souiller çonneux ; soupçonner. —
Rappelons ici encore
peut se rapporter à sudeln, comme nouille à lo verbe vfr. suscher, tirt^, par syncf>pe du p
nudel, et brouiller à brudcln. La deuxième médifil,du L. suspicari.
opinion, à laquelle Diez est favorable, part du SOUPE, vfr. sope, it, stippa, esp., port.,
mot latin sucida, dimin. de sus, cochon, d'où prov. sopa, potage, composé de bouillon et
prov. sulha, cochon, sulhon, cochon de mer. de tranches de pain, puis, par spécification,
De ce subst. viendraient les verbes prov. sul- la tranche de pain seule (de là « trempé comme
har, fr. souiller, pr. cochonner, faire mal- une soupe »). C'est un mot germanique nord.
proprement, couvrir de boue. —
D. souille, saup, sup, vha. sauf, suf, néei-1. sop, soppe,
:

bourbier (v. c. m.); souillon, souillure. = jus, sorbillum, pulmentum. Au sens de


SOUL, pr. rassasié, contracté de l'anc saoul « tremper dans un liquide » se rattachent
= prov. sadol, it. satollo, valaque setul, du l'esp. sopar, verser du jus sur des tranches
L. satullus {y&vvon), dimin. de satur. D. — de pain, et le fr. soiiver, t. de tannerie =
soûler, pr. rassasier. mettre les cuirs dans le plain cible. Les mots
SOULAGER ne doit pas être confondu avec
; germaniques rappelés ci-dessus sont congé-
soulacier (voy. solas) il se peut pourtant que
; nères avec l'ail, saufen, bas-ail. supen, nôerl.
celui-ci ait déterminé la forme soulager au ^uipen, angl. soop, sup, etc. sorbere, =
lieu de souleger, qui serait plus correct, car bibere; des correspondants de ces derniers
le mot, comme l'esp. soliviar, répond à un sont vfr. souper, humer, et le t. de marine
type latin sub-leviarc (cp. alléger de allemare). super, aspirer (en parlant d'une pompe) .

SOULAS, voy. solas. D. souper, pr. prendre la soupe, puis dénomi-
;•.

sou ~ 473 — SOU


nation spéciale du repas du soir; soupière. sorne, crépuscule, esp. (argot) sorna, nuit;
— L'étymol. donnée ci-dessus est singulière- it. sornione, susornio7ie, =
sournois, susor-
ment ébranlée par remarque suivante de
la niare, murmurer. Diez présente deux étymo-
G. Paris (Rom., X, 60, note 2) « Le mot : logies. Il se peut, dit il, malgré la rareté du
soupe, quoi qu'en disent Diez, Littré, Sche- fait, que l'acception » sombre » au sens phy-
originairement « tranche de
1er, etc., signifie sique soit déduite de l'acception morale
pain » et non ce dans quoi on la trempe » de ; « morne » et que le mot découle d'un radi-
là souper, à l'origine « faire collation » et cal celtique, savoir le même qui est au fond
non « manger la soupe » au sens moderne » du cymr. swrn-ach, grommeler, corn, sor-
Malheureusement, Paris n'ajoute rien sur l'ori- rcn, être fâché (les mots sôr, sôrllyd, morose,
gine de soupe, « tranche de pain » En ce qui . sotirnois, sont trop distants pour la forme).
concerne soupe =potage, il parait bien ditR- D'un autre coté, rapprochant les vocables port,
cile de le séparer de l'ail, suppe, bas-ail. sop, et dial. de Côme sofurao, piém. saturno, sard.
soppe, et par conséquent de la racine sup, saturnu, genevois saturne, esp. et florent.
boire, d'où procèdent mha. supfen, boire en saturnino, tous = sournois, Diez est d'avis
sirotant, et vha. sufan, auj. saufen. Notez que ces formes dérivent du L. taciturnus, par
encore ni. zuipen, boire, angl. sup, sip, une contraction de taci en fçi, tço, tça, ça, sa
humer, à côté de sop, tremper, saucer. et que le radical sorn serait une contraction
SOUPENTE, subst. partie, du L. suspen de sadorn, seorn (cp. rond de rotundus, mûr
dere, vfr. soupendre ("cp. pente de pendre). de maturus). — Avant de connaître ces expli-
SOUPER, voy. soupe. cations, me fondant sur lasignifi-^ation « terne,
SOUPIR, vfr. sospir, souspir, du L. suspi- silencieux, muet ", qu'a fréquemment le
rium; soupirer, L. suspirare. L. surdus, j'avais pensé à une contraction de
SOUPIRAIL, tiré du verbe so?«/>2Ver d'après sourdinois (type latin surdinensis), tiré de
le L. spiraculum (it. spiraglio), dérivé du sourdin (cp. la loc. " à la sourdine »), comme
simple spirare, tapinois vient de tapin, caché. Je n'abandonne
SOUPLE, d'une forme barbare L. suplus pas définitivement cette étymologie, qu'ava,it
p. sui-)plex. Le mot fr. ne reproduit que le du reste déjà posée Ménage. En Champagne
sens primitif (mais inusité) du vocable latin on dit sourdois p sourd, d\\n type s urdetisis ;
(rac./)/zca?'e), c.-à-d. flexible; l'acception ordi- ce pourrait bien être là le type immédiat du
naire" suppliant qui fléchit le genou) y
« l'pr. fr. sournois; cp. ornière p. ordière. —
Les
reste étrangère. —D. souplesse, assouplir. formes ital. citées, avec leur thème saturn,
SOUQUENILLE, dimin. du vfr. souquenie, ne viendraient-elles pas de Saturnus, ce dieu
BL. succania. L'origine de ce mot m'est ayant été considéré comme causant l'humeur
inconnue. Le BL. présente aussi les formes sombre et la tristesse? Le prov. sorn, vfr.
succama, soscania, le gr. du moyen âge sorne se prêtent également à cette étym. —
(Tou/.via. Palsgrave traduit « hewke, a gar- Storra (Rom., V, 104) reprend mon étymon
ment for a woman " par surquayne. froc. Saturnus, mais en ce faisant, il considère ce
SOURCE, voy. sourdre. —
D. sourciller, dieu comme représentant la planète d'influence
sourdre. funeste et opposé à Jupiter (d'où jovial) Cp.
SOURCIL, prov. sobrecilh, it. sopracciglio, angl. saturnine, fr. saturnien, « sombre,
du L. supercilium (de cilium,c\\). —
X). sour- triste » (voy. Littré). Le vfr. sorne serait donc,
ciller, remuer le sourcil; sourcilleux. par 'seorne, issu de "sadorne.
SOURCILLER, verbe, v. source et sourcil. SOUS, vfr. soz, prov. sots, valaque siibt,
SOURD, vfr. sort, 1. qui n'entend pas, it. sotto, du L. subtus. Composé dessous (ït.

2. qu'on n'entend ou ne sent pas, du L. sur- di soto), analogue aux composés de-ans*
d)is. — I). sourdaud, sourdine, assourdir. {dans), devant, dehors, dessus, etc. La langue
SOURDRE, vfr. sordre, du L. surgere, romane fait emploi de sous comme élément
s'élever, jaillir; c'est la forme ancienne du de composition marquant infériorité, subdivi-
mot savant surgir. L'anc. part, passé sors, sion, subordination, en général ave; la valeur
sours a donné le subst. sorse, sorce, auj source, . du préfixe latin sub, lequel, de son côté, s'est
pr. = jaillissement. Voy. aussi ressource. — francisé dans les mots du fonds commun en
Le vfr. disait aussi essource =
source ; c'est sou, su et se.
un dérivé de essourdre, lat. exsurgere. SOUSCRIRE, L. sub-scribere ; subst. sous-
SOURIRE, verbe et subst., L. sub-ridere ription, -teur, L. sub-scriptionem, -torem.
subst. souris, it. sorriso, du L. sub-risus. SOUSTRAIRE = sous \- traire =
subtus
1. SOURIS, masc, voy. l'art, préc. -\- trahere; subst. soustraction, L. subtrac-
2. SOURIS, fém., prov. soritz; le L sorex, tionem à la lettre = subtus-iractionem.
gén. sôricis ne s'accorde pas avec ces formes, SOUTACHE, du hongrois szuszak, tresse
qui ont l'accent sur i, mais bien avec l'it. et de galon au shako du hussard. — D verba
esp. 5orc/3; il faut donc admettre pour type soutacher. Je doute fort de cette étymol. hon-
soit une forme latine accentuée soricem, soit groise que je recueille dans Littré; j'ai dj la
un adj. soricius. — D. souriceau, L. sori- peine à voir dms soutache autre chose que la
cellus; souricière.La Fontaine s'est permis subst. verb. de soutacher, da la mîma famille
soimquois (« le peuple souriquois ").
l'adiectif que attacher, détacher.
SOURNOIS, morne, caché, tient au même SOUTANE, pr. vêtement da dessous, opp.
ralical que prov. sorn., sombre, obscur, vfr. do surcot, surtout; dir. da l'it. sottaii. Ca
. . ;

SPA — 474 SPO

dernier est un dér. de la prép. sotto, sous, et SPÉCIAL, vfr. especial, du L. spccialis (do

répond au BL. suhtana, subtaneiim; cp.BL. specics, fr. espèce). — D. spécialité, spécia-
superale (de super), vêtement de dessus.
— liser. ^

D. soutanelle. SPECIEUX, L. speciosus, de belle appa-


1. SOUTE, voy. soulte. rence.
2. SOUTE, t. de marine, chambre pratiquée SPÉCIFIQUE, BL. spedficus, qui constitue
en dessous du pont d'un navire ; d'après Jal, une espèce à part; spécifier, BL. spccifi-
du L. suhtiis, en dessous. care, = speciatim notare, d'où spécification,
SOUTENIR, soustenir', angl. sustain, de -atif.

h.sustinere, pr. tenir en l'air. D. soutien, — ^

SPÉCIMEN, mot latin signifiant exemple,


subst. verbal; soutènement, soutenable. échantillon.
SOUTERRAIN. L. sub-terraneus SPECTACLE, L. spectaculum fspectare),
SOUVENIR (SE), du latin sub-venire. Dans aspect, vue, théâtre (cp. âixrpov, de SsâiSai,
le principe, ce verbe était exclusivement im- regarder).
personnel l'étymologie ne s'applique qu'à la
;
SPECTATEUR, L. spectatorem.
tournure » il me souvient » subvenit mihi, = SPECTRE, L. spectrum (specere), vision,
dans le sens non classique de l'ail. « es fôUt fantùrne.
mir bei » il me vient (à la mémoire Cp. la
, . SPÉCULAIRE, L. specularis, transparent
locution « ce nom ne me 7'evient pas », pour (spéculum).
je ne me rappelle pas ce nom. D. souvenir — SPÉCULER, L. specuîari (specere), obser-
(inf. subst.), souvenance* ver, mr-ditor attentivement.
SOUVENT, it. sœn,
sovente, prov. soven, SPÉCULUM, mot latin, = miroir.
du L. subinde, qui immédiatement
signifie : 1 . SPÉE, t. d'eaux et forêts, mot gâté de cepée
après; 2. successivement, à la file, coup sur (de cep).
coup. Diez fait remarquer, à propos de l'it. SPENCER, Dom de vêtement mot anglais ;

sovente, l'irrégularité du changement de d en tiré d'un nom propre (lord Spencer).


t et il est disposé à y voir quelque influence SPERGULB, nom de plante (on dit aussi
des mots repente, fréquente, immantinente. spargoutc ou espargoute), ail. spark, spergel
Pour le t final du mot fr., il n'est pas plus d'origine inconnue; je penso qu'il tient à
étrange que dans le vfr. ent (= nfr. en), qui L. asparagus, a.spcrge, ail. spargel, ni.
est le L. iiide; on sait d'ailleurs que l'anc. spergi'l.
langue n'admet pas de d final. SPERME, gr. <tnip/xot, semence.
SOUVERAIN, it. sovrano, d'un type L. SPHÈRE,L. sphœra, du gr. 5pa(/i«, globe.
superanus, formé de super (comme antianus, — D. sp/ic'rique (d'où sphàncité); sphéroïde,
fr. ancien, de ante, prov. sotran, inférieur, gr. lyxtp'iuSti;, à forme {ùSoi) sphérique.
du L. subtus =
prov. sots). D. souverai' — SPHINX, L. sphinx, gr. a^f/f.
neté. SPIC. du L. spicus (== spica), épi.
SOYEUX, voy. soie. SPICILÈGE, pr. glane d'épi-s L. spicile-
SPACIEUX, L. spatiosus (de spatium, fr. gium (action de cueillir des épis).
espace). SPINAL, L. spinal is (de spina fr. =
SPADASSIN, de l'it. spadaccino (de spada, épine K
fr. espéc' épée). SPINELLE, espèce de rubis ; d'origine in-
SPADILLE, as de pique, de l'esp. espada, connue.
épée (en Espagne le pique est marqué par des SPIRE, L. spira =
gr. unûpu, enroule-
épées). ment. — D. spiral, L. spiralis, d'où subst.
SPAHI, du persan sipâhi, soldat, particul. spirale.
cavalier; angl. sexipoy.On dit aussi cipaye. SPIRITUEL, L. spiritualis (de spiritus =
SPALME, subst. verbal de spalmer = it. fr. esprit). — D. spiritualité, -aliser, -aliste,
spalmare, fr. espalmer (v. c. m.j. -alisme.
SPALT, mot allemand. SPIRITUEUX, mot modorne, = qui con-
SPARADRAP; l'étymologie de ce mot, en tient beaucoup d'esprit (L. spiritus), esprit
ce qui concerne l'élément spara, m'est restée pris dans le sens physique ou chimique du
inconnue. Il est déjà constaté au xiv® siècle. mot.
Littré cite la forme spandarapum du Lexique SPLEEN, mot anglais, pr. rate, puis mal
de Castelli. de rate, du L. splen {'}n).-nvj, rate.
SPARE, nom de poisson, L. spams, brème. SPLENDEUR, L. splendorem. Lamartine —
SPARTE, L. spartum (gr. uTràprov), sorte s'est servi du verbe splendir, L. splendere.
dejonc. — D. spartei'ie. SPLENDIDE, mot à formation savante,
SPASME, L. spasmus, du gr uTraî^o;, L. splendidus.
tiraillement (îTrânv, tirer); adj. spasmodique, SPOLIER, L. spoliare. —
D. spoliateur,
du gr uTzx'jfjLijërii, convulsif. Voy. aussi -ation.
pâmer. SPONGIEUX, L. spongiosiis. Voy. éponge.
SPATH, mot allemand. SPONTANÉ, L. spontaneus (de sponte., de
SPATHE, L. spatha {jnxBn). son propre mouvement). D. spontanéité, —
SPATULE, mot de formation savante, L. SPONTON, voy. esponton.
spathula, dim. de spatha, morceau de bois SPORADIQUE, gr. ^nopuw.oi {^nopxi, -x5oi,
large et plat. dispei'sé, isolé j.
. . . .

STÉ — 475 — STR

SPORT, mot angl., tronqué do l'anc. dis- STÉGANOGRAPHIE, gr. z-:vi%-io-,py.-^l<x, écri-
port = vfr.
desport, déportoment, plaisir. ture en signes cachés (^rsyavo,-).

SPORTE, panier des moines quêteurs, du STELLIONAT, L. stellionatus (de stcllio,


L. spo)'ta, panier, dont le dim. est sportula, lézard, figu rément =; fourbe qui change faci-
fr. sportuJe, pr. petit panier. lement de peau).
SPORTULE, voy. l'art, préc. STÉNOGRAPHE, mot moderne fait d'un
SQUALE, L. squalus, chien de mer. type gr. uT-voypàyj,-, qui écrit d'une ma-
litt.

SQUAMMEUX, mauvaise orthogr. p. squa- nière serrée (ttjvo,-). —


D. sténographie, -ique.
meux, L. squamosus (de squama, écaille). STENTOR (voix de), de Stentor, personnage
SQUELETTE, esp. esqueleto, it. scheletro, do l'Iliade d'Homère, « le guerrier à la voix
d« gr. îXî/îTo;, desséché (rô (jzîisro'v, momie, d'airain ».
de !7/-:>)ïiv, séchei'). STEPPE, mot emprunté au russe.
SQUIRRE, mieux squirrhe, gr. r/ip'p6i, STÈRE, nom de mesure de capacité, égale
tumeur dure. —
D. squirreux. au mètre cube; prob. du gr. rô îTspsov, con-
STABLE, vfr. estable, estaule, L. stabilis tenu cubique, de TT-pîo',-, solide, massif.
(stare), d'où stabilitatem, fr. stabilité. Du STÉRÉOMÉTRIE, gr. aT-:p-5//-:Tpta, mesure
verbe stabilire : fr. établir. des corps solides (nzip-oi).
STAGE, BL. stagium, obligation de résider STÉRÉOTYPE, mot moderne, fait du gr.
dans un endroit désigné, puis résidence, sT-oidi, solide, fixe, et tOtto^, type, donc pr.
séjour. Le mot stagium, formé avec le suffixe type immobile (opp. aux caractères mobiles).
BL. agium (= L. aticum) de stare, est aussi — D. stéréotypie, stéréotyper
le type du mot fr. étage (v. c. m.). D. sta- — STÉRILE, L. sterilis. — D. stérilité, L.
giaire, BL. stagiarius, qui in stagio est. sterilitatem.
STAGNANT, L. stagnans, du verbe stag- STERNUM, du gr. cttîovov. m. s.
nare, dér. de stagnum fr. étang; subst. = STERNUTATION, -ATOIRE. du L. stérnu-
stagnation, L. stagnationem tare =• fr. éterniier.
STALACTITE, dérivé du gr. c7Ta>«/To,-, adj. STIGMATE, L. stigma, -atis, gr. iTîyixr, pr.
verbal de ira/à^stv, tomber par gouttes, lequel point,marque, spéc. marque que laisse le fer
verbe a donné encore le subst. uraXav/xo.-, sur la peau des esclaves, flétrissure. — D.
filtration, d'où le dér. stalagmite. stigmatiser.
STALAGMITE, voy. l'art, préc. STILLATION, L. stillationem, de stillare,
STALLE, BL. stallum, du vha. stal, statio,
couler goutte à goutte.
locus. Voy. aussi étal et installer. STIMULER, L. stimulare, exciter (do sti-
STANCE, dir. de l'it. stanza, strophe, qui mulus, p. siigmulus, aiguillon).
vient d'un type L. stantia (stare) = arrêt. STIPENDIER, L. stipendiari (de stipen-
STANGUE, voy. étangues. dium,
du holl. stadhouder =
solde).
STATHOUDER, ail.
STIPULER, h.stipulari. — D. stipulation.
statthalter ; cesmots traduisent exactement le
fr. lieutenant; l'élément stat ne présente pas
STOCKFISCH, mot ail., poisson séché. =
holl. staat =
état, mais stad, lieu, place. — L'élément stock (bâton) vient de ce que les
poissons à sécher sont suspendus à des bâtons.
D. stathoudérat
STATION, L. stationem, arrêt. D. sta- — STOIQUE, L. stoïcus, gr. (TTotto,- (de sToâ,
tionner ; stationnaire, L. stationarius. portique, parce que Zenon enseignait sa philo-
STATIQUE, du grec îtktixvî, s. e. rkyyn, sophie sous un portique à Athènes). D. —
science de l'équilibre des corps. stoïcien, stoïcisme.

STATISTIQUE, mot établi par les savants STOMACAL, STOMACHIQUE, du L. stoma-


modernes et tiré du verbe gr. uTar^^uv, éta- chus estomac.
('jzdfxxxoi),

blir, constater. La statistique ne fait propre- STORAX ou styrax, mot latin, gr. qrvpu^.
ment que constater les faits. D. statisti- — STORE, du L, storea, couverture tressée,
cien. natte faite de joncs ou de cordes; it. stoja, esp.
STATUE, vfr. estatue, du L. statua (stare). estera (p. estuera).
La différence de l'accent recommande d'ad- STRABISME, gr. (jTpaêi-r/AO; (de arpaSo;,
mettre, du moins pour vfr. estatue, le type louche).
latin statiïta. —
D. statuaire, -ette. STRANGULATION, du L. strangulare = fr.
STATUER, prov. estatuir, L, statuere, fixer, estrangler* étrangler,
d'où le subst. statutum, chose arrêtée, fixée, STRAPASSER, de strapazzare, maltrai-
l'it.

fr., statut. ter. Voy. plus haut estrapade. L'étymo-


l'art,

STATU QUO (IN), formule latine écourtée de logie stra (préfixe) -(- pazso, fou, attribuée à
in statu quo sunt (laisser les choses) « dans l'it. strapazzare-çSiV Diez (donc traiter comme

l'état où elles se trouvent »; de là la locution un fou, railler) est contestable. D. stra- —


statu quo traitée en subst., état de choses = passon, mauvais peintre, d'où strapassonner
actuel ou ancien. STRAPONTIN, de l'it. strapuntino, dér. de
STATURE, vfr. estature. du L. statura. strapunto, matelas, hamac.
STATUT, estatut, voy. statuer. D. sta- — STRAS, composition imitant le diamant, du
tuaire. nom de l'inventeur de cette composition.
STÉARINE, du gr. ^rixp, graisse. STRASSE, ^variété de estrasse (v. c. m.).
STÉATITE, gr. stîsctit»;,-, m. s. STRATAGÈME, L. strategema, gr. <jt/5«.
. . .

SUB — 476 — suç

-r/iyriii-yy tactique militaire, puis ruse de est apdatée à celle du simple ordonner). — D.
guerre. std)ordinntion, L. subordinationem.
STRATÈGE, gr. ^rpar/iyo,-, conducteur d'ar- SUBORNER, L. sub-ornare, pr. préparer,
mée (îTjcaro;, armée, 5/îiv, conduire); stra- former en secret. —
D. submmeur, -ation,
tégie, gr. TTo^Tvj/isf, d'où stratégique, -iste. -etnent.
STRATIFIER, lat. mod. stratificare (de SUBRÉCAR6UE, de l'esp. sobrecargo, « qui
stratus, couché, étendu). — D. stratifica- a la survelHanoe d'une cargaison ••.
tion. SUBRÉCOT, le surplus de l'écot : c'est un
STRIBORD, esp. estribord, de l'ags. steor- composé du L. su.pra et le mot écot (v. c. m.).
hord, angl. starhoard, suéd., dan. styrbord, SUBREPTICE. L. subrepticius (sub-ripere),
ail. steuerbord. —
C'est le même mot que enlevé, dérobé, clandestin.
tribord (p. estribord). SUBREPTION. L. subreptionem.
STRICT, mot savant, du L. strictus (strin- SUBROGER, L. sub-rogare, substituer. —
gcre), serré; type aussi de étroit (v. c. m.). D. std/mr/utinii, L. .subrogationem
STRIDENT, L. stridcntem; stridkur (Buf- SUBSÉQUENT, L. sub-scquentem.
fon, L. stridor. SUBSIDE, L. subsidium (subrsidere), ré-
STRIE, L. stria. — D. st7'ié, L. striatus; serve, aide, secours, —
D. subsidiaire, L.
striures. isid)sidia7i}ts ; verbe subsidier.
STROPHE, grec (ttoo^ï), m. s. (pr. évolution SUBSISTER, L. sub-sistiTc, rester, conti-
du clicour sur le théâtre grec). nuer d'exister. —
D. subsistance, L. subsis-
STRUCTURE, L. structura (struere). tentia, d'abord action, puis moyen de sub-
STUC, it. stucco, esp. estuque, angl. stuc, sister.
stuke, du vha. stiicchi, croûte. D. stuca- — SUBSTANCE, L. substantia, traduction du
teitr d'après Tit. stuccatore. gr, ÛTTOTTaTi;, être, essence, nature D. sub- —
STUDIEUX. L. studiostts (studium). stantiel L. substantiali.« subsfaiitif, L. sub-
, ;

STUPÉFIER, L. stupeficare' Tp.stupefacere; staiitivus. ,


STUi'KKAiT, L. stupefactus, d'où subst. stupé- SUBSTITUER, L. sicb-stituerc, mettre à la
faction. place. —
1). substitut, L. substitutus; substi-

STUPEUR, L. stuporem; stupide, L. stu- tution, L. substitutionem,


pidus, d'où stupidité, L. stupiditas. SUBTERFUGE, L. subterfugimn , subst. de
STYLE. L. Stylus, gr. stû)©;, pr. aiguille, subtn-fitgi're, fuir secrètemeut, s'esquiver.
burin pour écrire, puis manière d'écrire, enfin, SUBTIL, vfr. soittil, soutif, prov. sobtil,
manière en général. — D. styler, faire au sotil, esp. sutil, it. sottile, du L. subfilis (pr.
stylo, habituer, dresser. finement tissé). — D. subtilité', L. subtilitatcm ;

STYLET, it. stiletto, dim. de styhis, au .subtiliser (en vfr. soutiller, it, sottigliare).
sens naturel de poinçon, SUBVENIR, L. sub-venire, venir en aide
STYLOBATE, grec sTuioeàr»»;, litt. base de (type aussi de soutenir-). Subst. subvention, —
colonne (de srOs;, colonne, et BAÛ, j3«{v«, pr. L. sTihvpntionem*, d'où subventionner.
se tenir sur ses pieds). SUBVERTIR, L, sub-vertere; supin subver-
SU, part, de savoir; anc. seii, d'un type L. suin. d'où subversion, subversif.
saputus Cit. saputo). —
D. insu [à t). SUC. !.. succus.
SUAIRE, L. sudarium, « linteum quo sudor SUCCÉDANÉ, L. sttccedaneus, substitué,
detergitur ». SUCCÉDER, L. succedere (sub-cedere, venir
SUAVE, L. suavis (dont l'ancienne langue après), supin successum, d'où L. successus, fr.
avait fait suef, soucf ^=Tprov. suau). D. sua- — L, successionem, -orem, -ivus, fr. suc-
sitcci^s;
vité.. L. s u avi tatem cession, -eur, et les t^ermes mod. succès
-if,
SUBALTERNE, BL. subal termes, adj. formé sible et snccessibilité.
de sub alterno, donc litt. placé sous les ordres SUCCÈS, L. successus (v. l'art, préc), pr.
d'un autre. issue, suite d'une affaire. Composé insuccès.
SUBIR, L. sub-ire, que les Anglais tra- SUCCESSEUR, -ION. voy. succéder.
duisent littéralement par to iinder-go. SUCCIN, L. succinum (succus), m. s.
SUBIT, L. subitus, mot de facture savante, SUCCINCT, du L. succinctus (sub-cingere),
dont l'anc. langue a fait correctement soude serré, court.
(cp. soudain de subitanus), SUCCION, d'un type latin suctionem, subst.
SUBJECTIF, relatif au sujet {subjectus). de sugere, sucer (supin suctuw).
SUBJONCTIF, L. sub-junctimis SUCCOMBER, L. suc-cumbere, être couché
SUBJUGUER, L. sub-jugare, mettre sous le dessous; rp, l'ail, unter-liegen, succomber.
joug. SUCCULENT. L. succulentus,m. s. (succus).
SUBLIME, L. subUmis, haut, relevé. D. — SUCCURSALE, dérivé du L. succursus, =
sublimité, L. -itatem ; sublimer, t. de chimie, fr. secours.
L. sublimare, élever, en BL. coctione perpur- SUCER, it.suzzarc, d'un type
succiare,
garo. de suctum, supin de sugere.
latin suctiare, tiré
SUBMERGER, prov. somergir, it. sommer- Voy. aussi succion. —
D. suceur, suçoir, suçon
gere, L. sub-mergere, dont le supin submer- (v. c. m.); suçoter.
sum a donné submersionem', fr. submersion. SUÇON
est une variété populaire desuccio7i
SUBORDONNER, L. sub-ordi^iare, mettre (lat.suctionem); en passant du sens abstrait
sous les ordres de qqn. (la forme du composé au concret, il est devenu masculin, comme
SUI — 477 SUP
c'est le cas pour nourrisson, poinçon, vfr. suizan ("nha. schwitzen), angl. sweat, néerl.
prison (prisonnier). swecten, suer. — Subst. verbal suint.
SUCÉE, it. ziicchero, esp., port, azucar, SUITE, vfr. seute, sieute, du subst. lat.
vlia. zucura, nha. zucher, ni. suiker, angl. secta, formé de sequi, suivre; cp. tuile (vfr,
sugar; de l'arabe sokkar, assokhar; cp. le teule) de tegula.
persan shahar, gr. sx/.y'n.po-i, L. saccharum. — SUIVRE,vfr. seure, sieur e, sivre, suivir,
D. sucrer, -ier, -erie, adj. siicrin. prov. segre, scguir, it. scguire., de l'infinitif
SUD, esp., it. sud, port, sul, de l'ags. sudh, barbare lat. sequere p. sequi. D. suivant,—
angl. south, nord. 6-KC?r, néerl. xruit^. subst. ifém. suivante), puis prép. (cp. en L.
SUER, wall. souwer, L. sudare. — Y). suée, S(?cunrfum également tiré àe sequi),
frayeur subite; suette. — Sueur, L. sudo- SUJET, vfr. sougit, L. sub-jectus, soumis,
rem. exposé à; de là sujet, subst., personne « placée
SUFFIRE, L. sufpcere (cp. confire de con- sous n l'autorité d'un gouvernement » (cp. l'ail.
/îcere).— D. suffisant, d'où suffisance. unterthan). Quant au subst. sujet, comme
SUFFOQUER, L. suffocare (sub + faux), terme de logique et de grammaire, d'où se sont
étouffer.— D. suffocation. déduites différentes autres acceptions (entre
SUFFRAGANT, du L. suffragari, pr. voter autres celle de personne en général), il exprime
poui", puis seconder, aider. la substance formant la base de la proposition ;
SUFFRAGE, L. suffragium. le mot traduit le gr. ùno^o).-^ ou i^TroâîTt;. Le
SUGGÉRER, L. suggerere (sub-gerere, litt. mot substance répond à une idée primitive
mettre sous ('s. e. la main), fig. fournir, insi- semblable. —
D. assujettir.
nuer); sw'pm' suggestum, à! oh suggestionem, SUJETION, L. subjectionem, soumission.
dans la basse-latinité =
avis, conseil, fr. sug- SULFATE, SULFITE, du radical suif, qui
gestion. est dans L. sulphur, soufre, en chimie sulfure,
SUICIDE, formé, avec le pron. L. sui =- de d'où aussi les adj. sulfureux, -ique.
soi-même, sur le patron des subst. homicide, SULTAN, dir. de l'arabe soultan, qui lui-
parricide, etc.; cp. ail. selbstmord. Ce mot, môme vient d'un radical chaldéen sjalat,
qui dit pr. « occision de soi-même ", ne re- dominer. Voy. aussi soudan.
monte qu'au xviu" siècle et le supplément du SUMAC, it. sommaco., esp. zumaquc, port.
Dict de Trévoux, publié en 1752, en attribue sumag 7-e, hoW. smak, de l'arabe sommak,
la paternité à l'abbé Desfontaines. Montesquieu m. s.

ne l'emploie pas; il dit « homicide de soi- SUPER, t. de marine; le sens propre parait
même » ou
mort volontaire ". Voltaire s'en
« être « aspirer ». Voy. sowii soupe.
sert dans son Commentaire sur l'Esprit des SUPER ., préfixe marquant supériorité, ac-
lois en 1778 et il est accueilli, la même année, croissement ou excès; du L. super, au-dessus,
dans la 3" éd. du dictionnaire de l'Académie. sur.
— D. se suicider, expression mal faite, puis- SUPERBE, L. supcrbus, orgueilleux,
adj.,
qu'on ne peut pas suicider im autre, cepen- magnifique, d'où superbia. fr. superbe.
le subst.
dant justifiée par Génin (Récréations philolo- SUPERCHERIE répond à l'it. soperchieria,
giques). sovcrchieria, outrage, tromperie, dérivé de
SUIE, prov. suia, sueia, suga, cat. sutje l'adj. soperchio, =
qui excède, qui dépasse la
(masc). Le type immédiat du mot français est mesui'e (employé aussi comme subst. p. su-
le prov. suga, qui, selon Dicz, vient, à son perfluité, puis p. outrage et supercherie).
tour, de l'adj. ags. sôtig (contracté en sotg) L'it. sopercliio répond à un type latin non
= angl. sootif, dérivé d'un subst. ags. sot, classique superculus, dér. du L. super; il
angl. soot, néeil. soct, suie, d'où vient aussi marque donc excès en tout genre (cp. outrage,
gaél. suith, suithe. Le Gloss. de Douai a siue, de ultra). —Ménage, malgré sa familiarité
celui de Lille sieuée {sieue .?); les formes wal- avec l'italien, a commis la bévue d'imaginer
lonnes sont sife, seuve, souf. une contraction de super -tricherie Roquefort .

SUIF, it. sevo, scgo, esp. sebo, prov. seu, du et Bescherelle ont versé dans la même
L. sébum, sevum. La forme fr. s?»/ peut se erreur.
déduire de seuf{cp. tuile p. teule du L. tcgula, SUPERFÉTATION, subst., du L. super-
suite p. seute), qui, en effet, est sous la forme fetare, produire en sus, par surabondance.
fém. seuve, signalée par Grandgagnage. SUPERFICIE, mot savant, L. superficies
Selon les règles, seywm, devait faire sef on soif (faciès); ce mot fait double emploi avec sur-
ou seu (forme vfr.). Il se peut qu'il y ait dans face. — D. superficiel, L. superficialis.
suif une substitution à une forme ancienne SUPERFLU, L. superfluus, traduit exac-
soif (cp. nuit, huit, anc. noit,oit, etc.), et que tement par l'ail,ûberfliissig. —
D. sujwr-
cette substitution ait été motivée par le besoin fluité.
de distinguer deux homonymes. Notez la forme SUPERIEUR, L. superioreni (comparatif de
rouchi sien, régulièrement tirée du radical superus), — D. supériorité.
sev. — D. suiver, suiffer. SUPERLATIF, L. supej-lativus (de super-
SUINTER ce verbe ne vient pas de suer,
; latus, porté outre mesure, exagéré).
comme on est tenté de croire que ferait-on de
;
SUPERPOSER, =poser par-dessus.
la terminai.'^on? D'après Diez, il est p. suitcr SUPERSÉDER, forme savante de surseoir.
(cp., pour l'insertion de îi, cingler* p. sigler, SUPERSTITION, L. superstitionem. — D.
ronfler p. rofler)\ quant à suiter, c'est le vha. superstitieux, L. superstitiosus.
. .

SUR 478 — SUR


SUPPLANTER, L. sup-planta7'e [déplanta, tion la forme vfr. seiir, et si l'on peut, dans

plante du pied), pr. renverser qqn. en lui celle-ci, voir la forme sciireau dépouillée de
donnant un croc-en-jambes la terminaison eau (= ellus). Voici ma —
SUPPLjliER, du L. supplere, compléter. Ce manière de voir jusqu'à meilleure information.
verbe est de facture moderne et ne s'accorde Le type est le L. sabucus, sureau; de là prov.
pas avec celle des analogues emplir, accom- sauc, esp. sauce, val. soc, vfr., pic. séu,séhit
plir (on trouve en vfr. soupplir) il vaut donc ;
(wall. saou, lang. sahuc); d'un type dimin.
mieux partir d'un type fréquent, snppletare, sabuceltus viendrait séusel, seusel, suseau
qui répondra aussi à une autre forme ancienne (Paré), et par la substitution régulière de r à
souploier. —
D. suppléant, supplément (d'où s, seurel, surel, sureau; le type sabucarius,

supplémentaire), L. supplementum. enfin, aurait déterminé, par séuycr, la forme


SUPPLICE, L. supplicium. D. verbe — sui/er, consignée par Nicot. Quant à la forme
supplicier. séur. je n'y vois pas plus clair que Diez. —
SUPPLIER, L. supplicare fpr. plier le Je citerai encore pour mémoire, et pour
genou). —D . suppliant Au type latin ressor-
.
guider les recherches, les formes sus (Pals-
tissent directement les subst. supplique et grave), wall. de Namur scusse, et lo dér.
supplication (L. supplicationcm).
:

champ, susain., =
sureau. Pour Tobler —
SUPPLIQUE, supplica, voy. supplier.
it. (Rom., VI, 131 j, Vr est l'effet de réponthèse.
SUPPORTER, L, supportare, pris dans Sabucus, devenu seii, a produit lo dim. seii-el,
l'acception de suflferre (sub-ferre). D. sup- — puis sciirel, d'où surel, sut'cau, mais ici
port, supportable. encore le vfr. seiir reste embarrassant.
SUPPOSER, de poser, d'après le L. suppo- SURELLE, SURET, voy. sur 2.
nere, dont lo part, suppositus (mis sous la SURFACE, tyi)o super-fades p. superficies
dépendance do qqn., subditus), a donné = (d'où la forme savante superficie).
fr. supjwsC suppôt, et L. suppositiunem (trad. SURFAIRE un prix, c'est pr. le faire avec
du grec ôizo^nii), fr. supjxisition. exagération, le porter trop haut ; par conver-
SUPPÔT, voy. lart. préc. sion de régime, on a fini par dire « surfaire
SUPPRIMER, L. supp7'imere (prcmcrc; op. une marchandise » et même •« surfaire l'ache-
ail. unter-driichcn); du supin suppressum, le teur ».

subst. suppressio, fr. suj^7'cssion. SURGE, laine non lavée, non dégraissée.
SUPPURER, L. suppurare (pus). Cette laine, dit G. Paris (Rom., VII, 103), se
SUPPUTER, L. supputare, m. s. disait en lalin « lana sucida ", et surge est le
SUPREME, L. supremus. D. supréma- — même mot que sucida. Cette équation est
tie, mot moderne, façonné arbitrairement savamment démontrée au moyen de la succes-
d'après les mots primatie, aristocratie et sion de formes suivante : sucida, sudica, suria,
sembl. surje, surgc (cp. vfr. mirje, mirge do medi-
1. SUR, prép., vfr, et v. it. sor, du L. cum).
super (d'où sujjr, sur). Les formes vfr, sovi'e, StJRGEON, vfr. sorjon; c'est pr. une chose
soure, sore, sopra, sevra, esp.,
seurc, it. qui sort ((piaj surgit) du pied d'un arbre.
port., prov. sobre, accusent pour type lo L. ,]uàh surjun (•. petit surjon d'eau », Montai-
supra. Sur est moderne, dit Paris (Uom., gne) était .synonyme de sorce' source et dési-
X, 51); il a remplacé seur par l'effet de la gnait l'eau qui sort de terre. Cest un dérivé
proclise (cp. l'article du p. deu, prudhomm.e de surgere, fr sourdre. J'estime cette étymo-
p. preudhomme). —
Comme préfixe, sur logie plus correcte que celle tirée du L. sur-
marque position supérieure, addition et excès. culv.s, n jeton, par un primitif sui'cius.
2. SUR, acide, du vha. ags., nord, sûr, flara. SURGIR, L. surgere. Voy. aussi sourdre.

,

suer, soer, angl. sour, nlia. sauer, m. s. SURJETER, coudre en jetant les deux bords
D. suret, surelle, oseille (pic. suriele, wall. d'une étoffe l'un par-dessus l'autre. — D.
sural, flam. suo'ick, angl. sorrel). subst. verbal surjet.
SUR, segur, sëur, prov., cat. scgur,
vfr. SURMONTER, monter par-dessus, franchir,
esp., port, seguro, it. sicuro, du L. securus cp. ail. iïher-stcigcn . — D. surmontablc.
(litt. sans souci). —
D, sûreté et (forme sa- SURMULET, poisson; p. sor mulet (mulet
vante) sécu7-ité, L. securitatem; verbe assurer saur); mulet, dim. du L. mullus.
(v. c. m.). SURNAGER, formé de nager, d'après le
SURANNER, v n., gagner plus d'un an précédent du L. super-natare.
d'âge, vieillir. — D. suranné. SURNOM, nom ajouté (voy. sobriquet),
SURBAISSER, baisser par-dessus, dépri- verbe surnommer.
mer.
SURNUMÉRAIRE L. supra-numerarius
SURCROIT, subst. verbal de surcroitre, (de supra numerum); cp.
,

ail. iXber-zâhlig . —
accroître avec excès D. surniimérariat
SURDITÉ, L. surditatem (surdus). Voy. SUROS, de sur -\- os; it. soprosso.
sourd. SURPASSER, passer, aller plus haut qu'un
SUREAU,anc. surel. D'après Diez, c'est le autre.
vfr, se« augmenté du
suffixe dimin. arellus ; SURPLIS, vfr. sorpelis, prov. sobrepelitz,
cependant le philologue allemand se demande BL. superpelliceum Voy. pelisse.
.

comment il faut accorder avec cette explica- SURPLOMBER, dépasser l'aplomb, avoir le
.

sus 479 SYN


haut plus avancé que la base. Voy. aplomb. SUTURE, L. sutura, couture [suere).
— D. subst. verbal surplomb. SUZERAIN on croit ce mot formé de
SURPRENDRE, prendre ou saisir qqn. en
;

susum, fr. sus, comme souverain de supra. —


venant par au-dessus, sans qu'il puisse s'en D. suzer^aineté.
apercevoir, prendre à l'imprévu, fig. acquérir SVELTE, de l'it svelto, dégagé, agile, lequel
frauduleusement, étonner (cp. les expr. ail. vient du verbe svellere (fait du L. ex-vellere),
ûber-fallen, ûber-raschenj. D'autres expli- arracher, étirer, dégager. Ceux qui rap- —
quent le sur, moins bien à mon avis, par portent it. svelto à svegliato, fr. éveillé, com-
« prendre qqn. sur le î-a.ït ». — D. surprenant, mettent une grave erreur.
surprise. SYCOMORE, L. sycomorus, gr. lu-Aoïxopoi,
SURSAUT, 1. attaque brusque (cp. sur- litt. figuier-mùrier.
prise), saut en l'air,
2. L. supersaltus= SYCOPHANTE,gr. av^ofic-^r^i, pr. dénon-
subst. de supersalire. Cp. soubresaut. ciateur de figues fraudées, puis en général
SURSEOIR, L. super-sedere cesser dïsGon- , , délateur, calomniateur.
tinuer. —
D. surséance et sursis, suspension, SYLLABE, L. syllaba (ail. silbe), du gr.
délai. nuUxZ-n, ce qui est pris en une seule émission
SURTOUT, adv., pai^-dessus toutes choses; de voix; du gr. îuX/a^oàvav, prendre ensem-
subst., d'habillement ou de vaisselle,
pièce ble, L. comprehendere. — D. syllaber, sylla-
mise par-dessusles autres. baire. Un autre dérivé du même
verbe grée
SURVEILLE, jour au delà de la veille, en est 5Û).)./î|/t;, fr. syllepse, pr. action de lier en-
comptant en arrière, cp. sur-lendemain. semble.
SURVEILLER, veiller sur, cp. ail. ilber- SYLLABUS, terme ecclésiastique, récapitula-
wachen. — D. surveillant, -ance. tion sommaire des erreurs doctrinales, signa-
SURVENIR, L. super-ventre, arriver à l'im- lées dans les allocutions, encycliques et autres
prévu . documents officiels du Souvei'ain-Pontifo du
SURVIVRE, L. super-vivere. D. sw^i- — L. syllabus, sommaire, résumé (du môme
;

vant, d'où sfwmvance. Par analogie, on a tiré verbe c;uUsf/;.,5àvîtv qui a donné syllabe).
de vie, L. vita, le composé survie. SYLLEPSE. voy. l'art, préc.
SUS, adverbe, prov. sws, esp., it. suso; c'est SYLLOGISME, L. syllogismus, du gr.
le L. susum (forme accessoire de sursum, = 'j\t\lo-/i.zu.6;, calcul, raisonnement. — D. syllo-
subvorsum), vers le haut, en montant, abrégé gistique, gr. aullo-ziiruo;.
en sus dans la locution susque deque, de haut SYLPHE, ail. sylphe, papillon, génie élé-
en bas. —Composé de-sus' dessus. Notez
:
mentaire de l'air; tient sans doute au grec
aussi en-sus. —
Dans quelques compositions
5().-fv7, mite (cp. salamandre, génie du feu;.

romanes et techniques [suscription susdit, ,
D. sylphide.
etc.), le préfixe sus équivaut pour le sens au
SYMBOLE, L. symboluni, du gr. (îÛ,uSo/&v,
L. supra. —
Le préfixe latin sus (dans sus- signe, marque, de ou/x-SàX/siv deviner, ,

cipere, sus-tinere, etc est une variété de


)
expliquer, traduit littéralement par le L. con-
sub par la forme intermédiaire subs; cp. os
(dans os-tendere) p. obs, ob, et as (dans aspor-
jicere (d'où conjecture). —
D. symbolique, gr.
'7u/;t8o)i/o;; symboliser, -isme.
tare) p. abs, ab ; parfois, cependant, il repré-
SYMÉTRIE, gr. ^u/x/M-TfAx, juste mesure,
sente sus =
sursum.

SUSCEPTIBLE, L. susceptibilis (Boëce) = accord, concordance, proportion.
trique, -iser
D. symé-

qui facile suscipit, le verbe sus-cipere (supin


SYMPATHIE, gr. (7u//.7:a&:a:, que les Latins
susceptum.) étant pris dans le sens de "éprou-
ver, être sensible » (cp. suscipere dolorem,
ont traduit exactement par com-passio. — D.
sympathique,
invidiam). —
D. susceptibilité.
SYMPHONIE,
-iser.
gr. ^u/xyojvéa, litt. -= L. con-
SUSCITER, L. sus-citare, soulever. sonantia, accord. Le vfr. en avait fait chifonie.
SUSCRIPTION, mot fait avec l'adv. fr. sus,
en imitation du L. supra-scriptio ; opposé à SYMPTÔME, gr. GÛy-mu/xx coïncidence , ,

souscription, L. sub-scriptionem. accident qui accompagne une maladie (de


SUSPECT, L. susjjectus, part, passif de au/j.niiVT-iv, coïncider). — D. symptomatique,
suspicere, soupçonner. —
D. susjpecter, L. sus- gr. Tu/j.Tzr'jiiJ.xri/.di.

pectare, synonyme de soupçonner (l'un et SYNAGOGUE, gr. si^vxywyïi, réunion, assem-


l'autre se rattachent au verbe specere, voir), blée.
SUSPENDRE, du L. suspendere, tenir sus- SYNALLAGMATIQUE, adj. du gr. ,u.icl-
pendu, interrompre, arrêter. Au supin suspen- loL-jfxr, objet d'échange, contrat.
sum se rattachent participe suspensus, fr.
: SYNCHRONE, du gr. cûyxoovo,-, simultané.
suspens, suspendu de ses fonctions, subst. — D. synchronique, synclironisme.
participial suspensa*, fr. suspense, adv. in SYNCOPE, gr. <s\fjy.onri {-/.dnTii-j, couper),
suspenso, fr. en suspens ; suspensorium, sus- 1 raccourcissement par la suppression d'un
,

pensoir, -oire ; snspensionem, suspe}îsio7i ; sus- terme, d'un élément, 2. affaiblissement subit,
pensivus, suspensif. —
Voy. aussi soupente. défaillance. —
D. syncoper.
SUSPENS, voy. l'art, préc. SYNCRÉTISME, gr. cv/xpr^riyAo;, mélange.
SUSPICION, L. suspicionem, voy. soupçon. SYNDÉRÉSE, t. d'ascétique, remords de
SUSTENTER, L. sustentare (fréq. de sus- conscience; on a, pour origine, proposé gr.
tinere). Tuv-T>;p/)ît;, observation, garde, mais l'adou-
TAB — 480 — TAC

cissemcnt dur, pourquoi? Un linguiste mo- SYNOPTIQUE, grec auv-oirTizo,-, qui fait em-
derno a imaginé la composition allemando brasser divers objets d'un seul coup d'œil.
sûnde, péché, -\- reissen, arracher; je la cite SYNOVIE, t. médical, forgé par Paracelse
à titre de curiosité. au moyen de suv -\- wo'v (œuf) ou plutôt lat.
SYNDIC, L. syndicus, gr. «ivfwo,-, conseil ovimi.
dans un procès [èi/.r), avocat, procureur. SYNTAXE, grec »ûvr«ft; (litt. = co-ordi-
SYNECDOQUE, compréhen-
gr. 5uv;/5o-/»i, natio), airangement.
sion (implication d'un sens dans un autre). SYNTHÈSE, gr. ,ûv3îîi;, litt. = I.. com-
positio; adj. synthétique, gr. suvâsTixo';.
SYNÉRÈSE, gr. îuïatpîîi.r, contraction.
SYNODE, L. synodus, gr. oùvooî;, compa- SYPHILIS, voy. si2^h:lis. — D. syphili-
tique, syphiliscr.
gnie de route (àèoj), puis compagnie, assem-
blée en général. Le mot français devrait être SYSTÈME, grec 9<j-tTf,/jL7t, -aro;, réunion de
du genre féminin, comme les cori*espondants plusieurs choses pour former un tout, assem-
gr., lat. et ail. — D. synodal. blage, comjwsé organique; par sa facture
SYNONYME, gr. suv-wvu/xo,- == qui dé- {sùi -\- ÎTTïjjut), lo mot correspond exactement
nomme concurremment (avec un
,

autre mot). au L. con-stitutio. — D. systématique, grec


— D. synonymie, -ique. nvirrifixTuoi.

TABAC, it. mot né en


tahacco, esp. tabaco, de i)ierro servant à écrire ou graver, d'où l'ac-
Amérique en premier lieu le nom du
c'était ception écrit, liste, rcgi.stre ; 3. peinture sur
;

tube dans lequel les indigènes fumaient lo un panneau de bois, tableau. D. attabler, —
tabac; la plante elle-même s'appelait cohiba. entablcr. —
Sont encore issus de table ou
D'autres font dériver le mot de l'ile do Tabaco, tabula : T.\bi,k.\u, tablel', type latin tahit-
une des petites Antilles, d'où l'on pense que lellus. Do là la langue des feuilletonistes s'est
le premier tabac fut appointé en Kspagne. Je permis do lancer le dim. tableautin. Ta- —
ne sais qui a raison. —
Les Anglais disent Bi.KTTK, petite planche, pièc« plate, i^etito
tobacco, les Allemands tabak (aussi tobak, tu- tabula à écrire. —
D. tablelier, faiseur do
bah). —
D. tabagie, tabatière, sxnc.tabaqiiièT*:, tal)les ou planches à jouer (échiquiers, tric-
it. tabacchiera. tracs, etc.); do là tabletterie. Tahi,ati;rk, —
TABARIN ; ce fut d'abord le nom donné à un voy. ce mot. —
Tabi.ikr, 1. échiquier, damier,
farceur, vers le commencement du xvii® siècle, de tabula =
planche à jouer (d'où aussi le
à cause du tabavd (aussi tabar) ou petit man- verbe tabler, poser, caser les dames sur l'échi-
teau qu'il portait. Tabard se trouve dans l'it. quier); 2. parquet ou plancher d'un pont;
tabarro, esp., port, tabardo, angl. tabard, 3. objet de vêtement, servant à pré.server les
cymr. tabar, grec du moy. âge Tixft.-:tcipi.ov, liabits quand on se trouve à table, soit pour
mais l'étymologie en est inconnue. travailler, soit pour manger; ou bien cette
TABELLION. L. tabeUionem, notaire. dernière acception vient-elle de tabula, comme
TABERNACLE, L. tabcrnacuhim (tabcrna), signifiant chose plate et mince? Cp. en L. tabu-,
tente, petit temple. lare palati, employé par Végèco p. lo voile du
TABIS, taffetas onde, calandre, it. tabi, palais.
nécrl. tabijn; angl.tabby, ail. tabin. <• Tabis, lABLOIN, terme d'artillerie, plate-formo
zatabis, tabith, sorte d'étoffe de soie faite par faitede madriers pour placer une batterie do
ondes dont on établissait des robes et des canons, dér, de tabula, (par un type tabula-
jupes et aujourd'hui des garnitures pour les rium) ?
livres. Huet pense que ces mots ont été faits TABOURET, dérivé de tabour tambour,
du royaume de Thibet, Thébeth, d'où venaient donc pr. un petit siège à forme de tambour.
ces étoffes. Ainsi s'exprimait Roquefort. La
»> TAC, maladie contagieuse des moutons;
vérité est que le mot représente l'arabe attabi, m'est avis que ce mot est analogue à l'expres-
m. s. Celui-ci, nous apprend Dozy, vient d'une sion clou, L. clavus (d'où la maladie dite cla-
rue de la ville de Bagdad, nommée d'après veau ou clavelée); or, nous verrons dans l'art,
Attab, petit-fils d'Omaya, et où .se fabriquait suiv. que /ac signifie en effet clou. D'après —
cette étoffe. Us final du vocable fr. est adven- Brachet, c'est le L. tactus, contact, au sens
tice et s'est communiqué au dérivé tabiscr. de contagion, de lèpre, qu'on trouve à ce mot
TABLATURE, descriptions ou indications dans la version de la Bible dite Itala.
diverses dans l'enseignement de la musique, TACHE, marque, souillui'e, it. tacca, coche,
faites sous forme de tableau ; au fig. chose = cran, tache, vice, taille, taccia, tecca, tache,
embarrassante; dér. d'un verbe tabu-
difficile, — D'autres rejetons du même radical lac se
lare, faire des planches ou tableaux [tabula). rencontrent dans les idiomes romans aves
TABLE, patois taide, prov. taula, esp. diverses significations ; nous citons it. tacco,
tabla, it. tavela, du L. tabula, qui signifiait : talon (pr. pièce plate) de soulier, wallon tac,
1 . planche, ais (d'où s'est déduit le sens mo- plaque, fei'-blanc, rouchi tacq, pièce de terre,
derne = mensa); 2. morceau plat de métal ou îangued. tacJio, clou à tète plate ; it. taccotie,
TAC — 481 — TAI

fr. iacon, morceau de cuir (pour raccommoder TACHER, voy. tàclie.


des souliers; cp.fr. ratoco;iÉ;r =
raccomomder, TACHYGRAPHE, du gr. rxyy/r^k-^oi, qui écrit
rapiécer), esp., port, tacon, talon de bois pour vite. — D. tachygraphie.
souliers, et tachon, galon, clou à tête dorée, TACITE, mot à forme savante, L. tacilus;
fr. tacon, ulcère contagieux de certains TACITURNE, L. tacitumus, d'où taciturnité, L.
oignons, taquon, t. d'imprimeur, pièce plate -itatem.
mise sur le grand tympan ou sous les carac- TACT, L. taetus ftangere), le toucher; tac-
tères trop bas; les ouvriers champenois Tii.K, L. tactilis, palpable; tactuel.
appellent tache leur tablier de peau. Il est- TACTIQUE, gr. c ca.^Tiy.ri, s. e. ts/v/j, art
probable que toutes ces variétés sont de la de ranger, de disposer (-rzTrîiv) des troupes.
même famille et découlent d'une racine tac, Pour le sens fig., cp. stratagème. D. tacti- —
désignant toutes sortes d'objets faisant saillie cien.
ou relief sur ime surface plane, ou, pour nous TAFFETAS, it. taffetà, esp. tafetan, angl.
servir du mot même, « faisant tache ". Tantôt taffety, taff'eta., ail. taffet, néerl. taf, du per-
l'objet en relief est plat lui-même, tantôt san tâftah, tissu.
pointu. Cette racine se retrouve tant dans TAIE, vfr. toie; d'après Ménage, suivi par
l'élément celtique que dans les idiomes ger- Diez, du L. theca (S'vjz/)), étui, gaine, enve-
maniques nous citerons gaél. tac, corn, tach,
: loppe. Diez appuie cette origine du grison
clou, angl. tach, pointe, crochet, néerl. tak teija [teigia), = gaine et housse de lit, qui
(ail. sache), dim. fr. taquet; verbe néerl. s'accorde avec theca, comme gris, speija avec
taehen, ags. taecan, angl. tahe, empoigner, spica. —
Avant de connaître cette étymologie,
prendre. C'est du môme primitif tac que pro- j'avais noté celle de tega (tegere), pr. couver-
cèdent encore nos verbes fr, attacher, atta- ture je ne l'abandonne pas définitivement ;
quer (v. c. m.) et détacher. —
Notre mot elle est
;

acceptable au point de vue tant du


tache, dans son acception marque, souillure, sens (cp. L. tegumentum, couverture, housse,
est donc identique avec le môme mot signifiant enveloppe) que de la forme, au même titre que
morceau, pièce plate; une transition de signi- celle de theca. —
Le vlia. ziecha, ail. mod.
fication analogue se rencontre dans le mot zieche, taie, parait être congénère avec taie.
allemand flcch, qui signifie à la fois pièce L'^ germanique se retrouve dans le dim. champ.
d'étoffe, pièce de terre (d'oii flichen, va,- tiquette =
taie d'oreiller, ni. tijk, angl. tick.
piécer) et tache. —
Burguy pose la ques- Le mot taie, dans le sens médical de pellicule
tion s'il ne faut pas séparer étymologi- formée sur l'œil, s'accommode en tout cas
quement le mot fr. tache ou taiche des autres mieux avec rétymologiet<?^a. Il pourrait être
vocables rapportés ci-dessus, et le rattacher tiré du prov. taca, tache, si la forme toie
directement au goth. taihns, ags. tàcun, qu'on lui troure en vfr. ne postulait un radi-
tacn, etc. (ail. mod. zeichen), qui signifie cal tec ou teg.
marque, signe. Il est toutefois disposé à la TAILLANDIER, voy. tailler. — D. taillan-
résoudre négativement, comme l'avait déjà fait derie.
avant lui Diefenbach, et à accueillir la manière 1. TAILLE, coupe, tranchant, stature, etc.,
de voir de Diez, qui est celle qu'il a repro- it. taglia ou taglio, esp. taja, prov. talha;
duite dans son livre et que nous avons suivie à subst. verbal de tailler (v. c. m
notre tour. —Si l'on voulait disjoindre tache., TAILLE, impôt. Ce mot, à mon avis,
2.
).

taiche" des autres mots cités, une autre éty- représente un type tacula, dimin. du BL.
mologie se présenterait, réunissant toutes les tacus, impositio (charte de Charles le Simple
conditions voulues de sens et de forme. Nous de 916), dont je ne fixerai pas l'origine (p.
déclarerions tache pour le subst. verbal de taseus, taxus, de taxare ?). Il peut, cependant,
tacher, et tacher pour la représentation d'un je n'en disconviens pas, facilement être ramené
type L. tactiare, toucher, meurtrir, tiré du au mot précédent; cp.lç terme acciseiw. c. m.)
part, tactus; nous citerions à l'appui, pour la et assiette des impôts == L. assecta (secare).
iovmQ^'pUchier' plisser, àe plie tus, et pour le — D. taillable, taillon.
sens, le L. maca" dim. macula, de macarc TAILLER, du L. talea, bou-
— d'après Diez,
, ,

fouler, presser (voy. notre article macqucr). ture, scion [c^. paille, \t.paglia, du \^.p)alea) ;
D. tacher. —
On ne saurait traiter l'art, tache opinion appuyée par le verbe inter-taleare
sans, rappeler le vfr. taiche, teche =
qualité (Nonius Marcellus), couper (un surgeon). Une
distinctive (bonne ou mauvaise). Je le tiens origine du goth. dailjan, partager, pour la-
poui' identique avec tache; le sens qui les relie quelle s'est prononcée Chevallet, ne s'accorde
est l'idée " point saillant, marque distinctive ». nullement avec la lettre. D. taille, sub- —
TACHE, vfr. tasche, tasque, angl. tash, ou- stantif verbal (v. c. )
m
taillade, it. tagliata,
.
;

vrage imposé; prov. tasca, tascha, BL. tasca, d'où taillader; taillant, tranchant, outils
impôt sur les terres, champart. Ces
taxa., tranchants (surtout ciseaux), d'où taillandier;
mots dérivent du L^ taxare (cp. lâcher, de TAILLEUR (cp. l'ail. Schneider), angl. tailor;
laxare) et signifient ce qui a été adjugé, assi- TAILLIS, jeune bois mis en coupe réglée ;
gné à qqn., ce qu'on l'a taxé. —
D. tacher, TAILLOIR, plat pour tailler (d'où le v, flam.
pr. prendre à tâche, chercher à réussir dans talioor, holl. tcljoor, ail. tel 1er, voy. notre
une entreprise. art. assiette). —
Composés détailler, en- :

TACHER, voy. taclie. — D. fréq. tache- tailler.


ter; cps. entacher. TAILLEUR, -IS, -OIR, voy. tailler.

31
TAL 482 — TAN

TADÎ, écoiuté de estain étain (v. c. m.); par une transposition de tavelas, donc comme
pâmer p. espasmer.
c^. prêle, p. esprelle, le corresp.de l'it. tavolaccio,type de L. tabul-
TAIRE, d'une forme barbare tacëre fcp. aceus. On nomme encore taloche une planche
plaire dcplaceré). En vfr. on avait aussi taisir, mince et carrée pour étendre le plâtre.
forme plus correcte, puisqu'elle respecte Ve TALON, it. talloixc (le double l est irrégu-
long do la bonne forme lat. tacëre. lier), esp., du L. fa/i«. che-
port, talon; dér.
TAISSON (champ, tachon), it. tasso, prov. ville du pied, talon. — D.
talonner, marcher
tais et taisô, esp. texon, BL. taxiis et taxo, sur les talons de qqn.; talonnière.
-onis; du goth. thahs', forme (hypothétique) TALUS, pente,du L. talus, talon, pai'co
antérieure à dahs, ail. raoà. dachs. Rônsch — que le talon du pied va en pente par diminu-
(Grob. Ztschr., I, 420) rattache BL. taxus et tion d'épaisseur. — On écrivait jadis aussi
ail. dachs à l'hébreu thachasch, m. s. D. — talut, de là le verbe dér. taluter.
taissonière, contracté en vfr. taisnière, tes- TAMARIN, it., esp. tamarindo, do l'arabe
nière, d'où tanière (v. c. m.); cp. maisnage' thamar hindi = datte indienne. — D. tama-
mesnage' ménage, p. muisonage. rinier.
TALC, it. talco, ail., angl. talk, de l'arabe
TAMARIS, du
persane). — D.
aussi tamarisc, it. tamerice,
talaq (d'origine talcaire, tal-
L. tatiiun.i', m. s.
cique.
TAMBOUR, it. /amiuro, esp., port, tambor,
1. TALENT, poidâ d'or ou d'argent, L. ta-
atambor, vfr. tabor, tabour, prov. tabor. On
lenticm (du gr. ri/avrov, 1. balance, 2. l'objet
déjive généralement ce mot du persan tam-
pesé).
2. TALENT, autrefois ^= désir, envie, vo-
bùr, arabe tonbur cithara. =
D. tabourer', —
tabouler', it, tamburare, frapper comme sur
lonté, gré, signification propre encore à l'it.
un tambour; tambourin, d'où tambouriner;
talento, esp. talento, talants, prov. talen,
tabouret (v. c. m.).
talan.vi&W. dalant. Comme mot préc, celui-
le
ci découle du gr. Tàiavrov, balance il marque TAMIS, prov. tamis, it. tamigio, vénitien

;

propension, inclination. D. talenter', ata- tamiso, esp. tamis. Diefenbach y voyait un


lenter', avoir à gré, désirer, entalenter' ren-
dérivé du celt. lamma, mettre en pièces. Dans
,

dre désireux; cps. maltalent' mautalent, ce cas la terminaison is (= it. igio) devrait

mauvaise volonté, haine, rancune. répondre à un suffixe latin i7îwm,niais,ob.servo


3. TALENT, aptitude à faire qqch., habi- Diez, non seulement le BL. dit tamisium,
leté c'est le mot préc. avec une acception dé- mais encore un type tamitium aurait néces-
;

duite. Du sens inclination à celui d'aptitude, il sairement fait en prov. tamisi ou tamits et
n'y a pas loin. —
Ou bien ûiut-il voir dans cette non pas tamis. Le philologue allemand rap-
porte donc de préférence tamis au néerl.
signification « don naturel » une allusion au
talent de l'Evangile, qui est le « trésor », l'en- teems, tcms, m. s. Mais d'où vient lemsf Diez
semble dés facultés que chacun a reçues de ne c'en occu|)o plus qu'en citant le vha. *«-
Dieu, pour qu'il les fas.se valoir en les mettant misa, son. Reste à savoir si tems n'est pas un
en œuvre? —
La forme écarte l'étymol. ail. eniprunt au BL. tamisum ou tamisium. La
t/icil, tcil, part, lot, que vu tenter ces der- porte aux conjectures est donc encore ouverte.
niers temps.
j'ai
— L'angl. a taming, lammy, blutoir, mais
TALION, du L. talio, onis{ivX\^). ces formes représentent le fr. estaynine' éta-
TALISMAN, talismano, esp. talisman; mine et sont étyniologi»iuemcnt distinctes de
direct,
it.

du persan tilismùn, plur. de tilism tamis. —D tamiser.


(arabe tilsam), qui à son tour reproduit le TAMPON ou tapon, angl. tampion, BL.
bas-grec rkU'jy.cc^ image magique. tappo, esp. tapon, dér. do tape. m. s. (terme
TALLE, branche qu'un arbre pousse à son de brasserie), l^ape est l'ags. taeppe, angl. tap,
pied, esp., it. tallo, du L. thallus {^xy)oi), ail. sapf [d'où it. saffo), m. s. — D. tampon-
m. s. — D. tallcr. ner.
TALMOUSE, soufflet, coup de poing; de TAN, écorce de chêne moulue. D'api-ôs
laler, frapper (voy. taloche) et mouse, dans Frisch, de l'ail, ^an^ie, sapin, le tan s'étant fait
les patois =
museau, visage (cp. le terme (et se faisant encore) avec de l'écorce de sapin
casse-museau). —
Je ne me charge pas d'ex- d'après Diefenbach et autres, du breton tann,
;

pliquer ce mot comme signifiant une espèce chêne, mais Diez objecte que ce mot est étran-
de pâtisserie. Par l'élément tal, il tient sans ger aux langues celtiques et même au breton,
doute à l'anc. talemelier, boulanger, pâtis- à l'exception du dialecte de Léon. En ce der-
sier, que Littré explique par taler, battre nier point, il se trompe Chevallet cite ])lu-
-\- mêler. sieurs composés celtiques de tann.
;

D'où —
TALMUD, de Vliéhvcw talmoud, doctrine, que vienne ce subst., le verbe tanare remonte
enseignement. très haut dans la basse latinité. D, verbe —
1 . TALOCHE, coup de main sur la tète ;
taimer (rouchi tener, champ, temier, v. flam.
dérivé d'un verbe taler, frapper, meurtrir, tanen, tcgncn); la signification métaphorique
qui se trouve dans plusieurs patois, et dont je qui s'y rattache, tourmenter, lasser, fatiguer,
ne connais pas l'origine. Cp. talmouse. se rencontre déjà chez les trouvères cp. esp. ;

TALOCHE, anc. --= bouclier. Ce mot est


2. 2urrar, corroyer les peaux, fig. pousser à
p. taveloche (type tabulaccus), comme on expli- bout; tanin.
que très plausiblemcnt le vfr. talevas , m. s., TANAISIE, angl. tansg, vfr. tenaise; c'est
. .,

TAN — 483 TAP


la forme écoiu'tée d!athanasie (du gr. i.^uvx^iy., plus m'ante (cp. m'amie), reculant devant la
immortalité). L'esp. dit tanacelo et atanasia. forme mon ante (à Valanciennes on dit cepen-
TANCER, vfr. tencer, tencher ; de là subst. dant m'n ante, et Jean Lcmaire des Belges a
vfr. tence ou tençon, insistance, dispute, que- ton ante), on a dit ma-t-ante, comme on
relle. D'un type lat. tentiare, tiré de tentas, dit encore a-t-on, voilà-t-il. L'ail, tante est
part, de teiidere, s'efforcer, lutter, disputer tout à fait moderne et pris du français. Littré
(voy. Baist,Grob. Ztsclir., VI, 119). L'étym. pense que tajite est pour ta ante, et est devenu
par tentus de i^'^ere doit être écartée. Le — synonyme de ante par le même procédé po-
Vocabulaire d'Erreux présente l'adj. tenceux pulaire qui a donné le wall. mononh, p. oncle
= contentiosus. (mon mononk =
mon oncle). Canello (ap- —
TANCHE, angl. tench, du L. tinca, m. s. prouvé par Paris) voit dans tante un redou-
TANDIS, aussi longtemps, pendant ce temps blement hypocoristique de ante; peut-être
(signification ancienne de cet adverbe), du L. a-t-on dit d'abord antante. Cela est plus facile-
tamdiu. L'adverbe diu, romanisé en di, et, ment imaginé que démontré.
avec Ys adverbial, en dis, se trouve aussi TANTINET, vfr. aussi tantelet, voy. tant.
dans jadis. Chevallet et Littré expliquent
TANTÔT, p. tant tôt, voy. tôt.
tandis par tantos dies; en effet, le mot a pris,
TAON, prov., vfr, toyan,esp. tabano, it. ta-
dans l'ancienne langue, parfois cette valeur
fano, du L. tabanus.
par confusion, mais le prov. tandius, corré-
latif de quandius, témoigne en faveur de l'é-
TAPABOR, mieux tapabord (Corneille et

tymologie tamdiu.
Richelet), esp. de bonnet de campagne, qu'on
TANGENTE, du L. tangentem, qui touche, portait pour aller à la mer ; de l'anc. expres-
sion taper à bord, aller à l'abordage (Littré,
subst. to;i^e;ice; TANGIBLE, L. tangibilis [t&n.-
Suppl.).
gere).
TANGUE, dépôt terreux qui se trouve TAPAGE, dér. de laper. — D. iapager,
en certaines baies et qui est un excellent en- d'où tapageur.
grais. Non pas de l'ang. dung, fumier, comme 1. TAPE, coup de la main, subst. verb. do
pense Roulin (ap. Littré), mais, selon Joret taper.
(Rom., IX, 303), de l'ail, tang, angl. tang et 2. TAPE, bouchon, ail. sapf, voy. tampon.
tangle, espèce d'algue ou fucus le fucus sert ;
— D. tapette.
à fumer la terre comme la tangue; il n'est donc TAPER, frapper, d'une racine tap, répan-
pas surprenant qu'on ait donné à la seconde due partout pour exprimer l'action de battre,
le nom du premier. —
D. tanguier, engrais- surtout battre à plat. —
D. tapage, tapin, ta-
ser de la terre avec de la tangue. poter. Cps. tapecu (tape-cul), bascule.
TANGUER, balancer de poupe à proue ;
TAPINOIS (EN), voy. tapir.
d'origine inconnue d'après Roulin, de tangue,
; TAPIOCA, mot brésilien.
fange, vase (v. m.); ce serait pr. s'enfoncer
c. TAPIR (SE), se blottir dans le but de se
dans la tangue par l'avant. —
Joret est disposé soustraire aux regards; de là vfr. et prov.
à rapporter tanguer à l'island. tangy, « a point tapin, caché, prov. a tajjt, vfr. en tapin, d'où
projecting into the sea » ou « the pointed end
, tapiner, cacher, déguiser, d'où en tapinage,
by which the blade is driven into the handle » auj. en tapinois =
en cachette. Pour l'éty- —
Il compare pour le sens cp. ail. stampfer, mologie de to^>w%Frisch a pensé à to/;, bouchon,
" pilon » et stampfen., » tanguer » Cela mérite
, . pr qqch. de roulé, de ramassé ensemble, et
confirmation. —
D, tangage. Diez, à l'appui de cette manière de voir, rap-
TANIERE, pr. le trou du taisson, voy. tais- pelle le fr. cacher (v. c. m.), qui au fond dit
son. N'était la forme vfr. taisiiière, qui appuie la même chose, presser, serrer. Se
c.-à-d.
l'étymologie que nous avons suivie, le mot se tapir serait donc se peloter, se mettre en
déduirait plus naturellement de l'it. tana, paquet. Du Cange dérivait le mot de talpa,
caverne, tanière (se trouve aussi dans un texte taupe; mais, sans parler du sens, qui pourrait
latin de 1245), que l'on prend, à défaut de bien s'y opposer aussi, Diez pense que l'élision
mieux, pour une forme tronquée de sottana, de l serait un fait trop insolite pour oser lui

pr. la souterraine donner raison. D'un autre côté, le linguiste


TANNE, petit bulbe durci dans les pores de allemand ne disconvient pas que Tadj. champ.
la peau; de l'anc. fr. tanne, couleur de tan, taupin, secret, est en effet une forme créée
la tanne (pr. marque qui reste sur une peau par assimilation à taupe. —
Littré doute que
d'animal après qu'elle a été préparée) est ainsi tapir ait pu produire un adj. tapin; ce doute
dite de sa couleur (Littré). est fondé, mais nous avons un fait analogue

TANNER, voy. tan. D. tannée ; tanneur dans lapin, p. clainn, de clapir. Le terme
tamicrie. tapinois est, paraît-il, né au xvi" siècle; je me
TANT, L. tantum. —
D. tantet et tantin" l'explique par une assimilation au mot voisin
d'où dim. tantinet; tantième. sournois.
TANTE ; la forme ancienne (encore en usage TAPIS, prov. tapit, it. tappeto, esp., poi't.
dans les patois) est a7ite =
angl. aunt, prov. tapcte, tapitz, du L. tapes, tapete et tapetum
amda, et vient du L. amîta. La langue d'oïl (gr. de laine à longs poils qui
Tstîivî,-), étoffe
avait en outre la forme accusative antain (cp. servait de tapisserie pour les murs d'un appar-
nonain, putain). La prosthèse du t est pure- tement, de tapis pour les planchers, etc. —
ment euphonique ; à l'époque où l'on ne disait Cornu (Rom., VU, 351) remarque avec raisoa
TAR 484 — TAU

qu'à cause de son s final, fr. tapis ne peut comme d'un bouclier, fig. se prévaloir avec

venir ni de tapétem, ni de tapétitm, mais qu'il défi ou ostentation. En vfr. targier signifiait
représente le dim. gr. TaTr/inov, latinisé en protéger.
tapétium. —
D. tapisser, it. tappcssare; TARGUER (SE), voy. l'art, prôc.
tapissier, tapisserie, dont l'angl. a fait tapes- TARIÈRE (dans les dialectes <e»*tV<?, <(jr/<}re),

try. prov. tarairc, esp. taladro p. taradro, du L.


TAPON, voy, tampon. taratrum (Isid., 19, 19) == gr. ript-cpo-t (ts^/shv);

TAPOTER, fréquentatif de taper. les gloses de Cassel portent taradrus. Tara-


TAQUE, t. d'imprimerie, plaque de fonte ou trum à supposer l'existence d'un
autorise
de bois, voy. sous tache. — D. verbe taqucr, ancien verbe latin tarare, dont relèvent direc-
en imprimerie, presser la taque sur une tement les subst. taraud, instrument pour
forme. faire des écrous, taranche, grosse cheville, et
TAQUER, voy. taque. —
D. taquoir. taret, mollusque qui troue le bois des digues
TAQUET, piquet, crochet, de tac, clou ; voy. et des vaisseaux. Du même radical vient le
sous tache. L. tarmes, ver qui ronge le bois, d'où it.
TAQUIN, vilain, clilclie, chicaneur, etc., it. tarma, esp. tarma, it. tarlo, ver rongeur. —
taccagno, esp. tecatio; de là les verbes it. tac- Les langues celtiques ont un mot corres-
cagnare, fr. taquinei% avoir l'humeur taquine, pondant à taratrum, savoir cymr. taradr,
quereller, contrarier pour des riens. La source bi"et. tarar, tarar, tarer, terer foret. Les =
de ce mot est germanique c'est, suppose- ;
formes dialectales tcrère, ieiHère découlent
t-on, quelque forme bas-allemande (<aa^, tach, peut-être directement du L. terebra {c\\.j)au-
hoU. taig, taeg), répondant au haut-allemand pière de palpebra), dont le dimin. L. terebel-
siihe, tenace, avare. Cp. le dérivé néerl. lum a donné le prov. taravel, tarière, trépan.
taeyaerd, homo tenax, avarus (Kil.); les TARIF, it. tari/fa, esp. tarifa, de l'arabe
Latins employaient de même tenax dans le iarif, annonce, publication. —
D. tarifer; néol.
sens d'avare. —
Cependant, nous préférons tarification.
citer ici le verbe tagghen, renseigné par TARIN, chardonneret; dans les dial. tairin,
Kiliaen et traduit par disccptarc, vitilitigare, tir in, tv'rinselon une conjecture do Diez, du
;

altercari ce verbe répond mieux au radical


;
pic. tère, tendre (L. tenerj; ré(|uivulcnt ail.
du mot fr. à notre avis, tagghen est la forme
;
scisig vient de même, dit-on, du mha. seis,
néeil. correspondant au haut-ail. sanken, tendre.
disputer. —
Littré rattache taquin à tac, TARIR, du vha. iharrjan, darrjan, dessé-
clou = « ce qui attache » ; la liaison des sens cher.
me semble forcée. TARLATANE, prob. d'origine indienne. Ou
TAQUINER, voy. l'art, préc. — D. taqui- le mot aurait-il quelque rapjMsrt avec l'it. tai'-
nerie. lata, piqué des vers (dér. de tario)! Le Mila-
TARABUSTER, prob. une forme cxtensive nais dit tarlantatina p. tiretaino.
du tabider, faire du tapage
vfr. tabuster et 1. TAROT, basson. Cet instrument de mu-
(prov. tabustar, tabussar, it. tambussare; sique tire peut-être .<«on nom des trous dont il
subst. prov. tabust et talabust, it. trabiisto, est pourvu et appartient ainsi à la famille du
bruit, vaeai-me); mots d'origine inconnue. subst. tarière.
TARAUD, voy. tarière. —
D. tarauder. 2. TAROTS, jeu de cartes, de l'it. taroccho
TARD, du L. tardus, m. s.; de là adj. tar- (ail. que
taroh), dont j'ignore l'origine. Notez
dif, prov. tardiu, esp., port, tardio, it. tar- tarot signifie au.ssi un dé dont chaque cùté
divo; verbe tarder, L. tardare; cps. retarder, porte son nombre de trous noirs. Dans cette
attarder. —
Le vfr. targier, wall. targi, signification, le mot se confond étymologique-
taurgt, pic.,nomi. iar^er représente le type ment avec le préc. Il se peut que le nom du
L. tardicare. dé se soit transporté aux cartes, à cause du
TARE, déchet, diminution sur le poids dessin de leur revers. — D. taroté.
d'une marchandise, prov., it., esp. tara; de TAROUPE, — Dans
d'origine inconnue. le
l'arabe larah, écarté, tarh, chose laissée en Mans, = chanvre grossier.
arrière, rebut. —
D. tarer, causer de la tare, TARSE, gr. m. pr. claie (voy.
rà/575;, s.,
endommager, gâter; de là le part. -adj. taré, Larousse). — D. tarse, tarsien, tarsier.
avarié, gâté, mal noté. TARTAN, de laine à carreaux; de
étoffe
TARENTELLE, danse nommée d'après la l'angl. tartan, que
les étymologistes anglais
ville de Tarente. croient être roman et identique avec l'esp.
TARENTULE, it. tarantola; cet insecte tiratana (fr. tiretaine), espèce de soie mince.
tire son nom de la ville de Tarente, où il est TARTANE, it., esp., port, tartana, espèce de
assez commun. petit bâtiment de la Méditerranée; du BL.
TARER, voy. tare. tarida, tareta et tarta, qui vient de l'arabe
TARET, voy. tarière. Congénère avec L. (égyptien) taridah, nom d'un vaisseau affecté
teredo, gr. Tspvjo&jv, teigne. spécialement au transport des chevaux.
TAR6E, it. targa, esp., prov. tarja; du TARTE, p. torte, it. torta, du L. torta{ioT-
vha. zarga, défense, abri, ags. targe, nord. quere), chose faite en spirale, BL. torta panis
targa, bouclier. L'ail, mod. tartscJie est réem- (Vulgate), miche de pain. Le môme L. torta
prunté du roman. —
D. dim. ta)-get, targette; (ail. torte) a donné également le mot tourte.
verbe se targuer, pr. se couvrir de qqch. — La supposition d'après laquelle la forme
TAT 485 TAU
tarte, BL. tarta, est simplement une modifi- gelle : taxaro ^^ressius crebriusque est quam
cation de torte ou torta, ne me semble pas tangere). Tastare est doncime forme contrac-
être à l'abri de toute objection. Il doit, en tée de taxitare. Au fig., tûter, toucher, est
tout cas, y avoir eu, pour opérer ce change- devenu synonyme d'éprouver, essayer. D. à —
ment de en a (que l'on rencontre du reste tâtons (cp. à reculons); tâtonner (mot très
encore dans prov. tartuga p. tortuga, fr. tor- ancien dans la langue); tatillonner, d'où tatil-
tue), l'influence de quelque autre mot de fac- lon (popul. tatouillo7Ï).
ture et de signification similaires. L'it. a TATOU, it. tatusa, esp. toto; mot brésilien.
p. tarte aussi la forme tartara, et le BL. la TATOUER, angl. tattoo, ail. tdttowiren;
forme tartra. La tarte, c'est un point à noter, mot d'origine polynésienne ; dans l'ile d'Ota-
implique plutôt l'idée d'un gâteau plat que hiti,tataù signifie marque, signe, écriture.
'd'une pâtisserie montante, à forme contordue. TAUDE, banne de toile étendue par-dessus
Vossius pensait au L. tracta, pièce de pâtis- des marchandises; du nord, tjald, tente
serie allongée; sa conjecture n'est pas à (= angl. tilt), ou, ce qui parait plus naturel,
dédaigner; tracta, tarcta, tarta est une filia- directement du v. flam. tclde (l'ail, zelt). De
tion régulière et admissible. D. tartelette, — là vfr. taudir, couvrir, abriter, et taudis,
tarthie. hutte, refuge, plus tard logement misérable.
TARTRE, prov. tartari, it.,esp., port, tor- TAUDIS, voy. taude. D. dim. taudion. —
taro, BL. tartarum; la pierre de vin a été TAUPE, L. talpa. —
D. taupier, taupicre,
ainsi nommée, d'après Paracelse, « pai-ce taupince, taupinière.
qu'elle brûle le malade, comme l'enfer (ïàp- TAUR* ou tor (fém. taure), L. taurus. —
-y.;>oi) ». — D. tartarique, tartrique. D. taurel* taureau, d'où taurillon,
TARTUFE; la valeur actuelle de ce mot se TAUREAU, voy. l'art, préc.
rattache au héros de la célèbre comédie de TAUTOLOGIE, gr. Txvzolo;Loi, subst, do
Molière. Quant à la question, fort débattue, z'j.Dzo'ià-/'): qui dit la même chose ".
== «

des sources d'où Molière a tiré le nom de son TAUX est considéré par Diez comme la
personnage, nous n'avons pas à la traiter ici. forme nominative du vfr. tail, masc. de taille
Cependant, nous signalons à nos lecteurs deux (cp. it taglio, impôt), et l'anc. verbe tausser
notices qui peuvent les initier aux éléments comme le dérivé de taux. Cela me semble peu
de cette controverse l'une, celle de M; Des-
:
probable l'emploi de la finale nominative s
;

barreaux-Bernard, a été insérée dans le Bul- pour la dérivation est insolite je ne connais ;

letin du Bibliophile, publié par Techener, que le verbe foncer (de fond, nomin. fons),
année 1859, p. 24; l'autre est de M. Génin et qui présente ce phénomène, mais ce mot ne
figure dans ses Récréations philologiques , 1. 1, remonte qu'au xv^ siècle. Taux, loin — •

p. 293 et suiv. Nous extrayons de la dernière d'avoir produit le verbe vfr. tausser, en est le
ces quelques lignes, qui en forment pour ainsi dérivé, et quant à tausser, il représente
dire la substance « Molière n'a pas inventé
:
L. taxare. —
Dès 1861, javais écrit « Taux :

le mot Tartufe, il l'a pris tout fait dans la est le subst. verbal masc. de taxare; la forme
langue italienne vulgaire, où il s'employait fém. du même mot est taxe, it. tassa ». En
déjà comme épithète, non pas, il est vrai, dans 1869, Littré a imprimé « Taux est le masc,:

l'acception d'hypocrite que le chef-d'œuvre de de taxe ». En 1872, où parut ma deuxième


Molière lui a imprimée irrévocablement, mais édition, je m'exprime ainsi : « Taux est le
avec un sens métaphorique voisin de celui-là. » subst. verbal de tausser ». J'ai donc été sur-
Nous retrouverons le vocable en question en pris de lire, en 1882, dans un article consa-
traitant du mot truffe. —
D. tat-tuferie. cré à notre mot par M. Fœrster, dans Grôb.
"1. TAS, amas, prov. to^s-, de l'ags., angl. Ztschr., VI, 110, que Scheler s'est placé " sur
tass, néerl. tas, amas de blé; cp. gaél. dais, les épaules de Littré « en considérant taux
cymr. dâs. —
D. tasser, entasser, détasser. comme un masc. de taxe. Quant à la forme —
2. TAS, enclume portative; il se pourrait
tausser = taxer,
elle a sa raison, selon Fœr-

que tas fût le L. taxus, primitif inusité de ster (voy. aussi Ztschr., II, 166, note), dans la

taxillus (petit bloc, petit cube), qui a donné règle de phonétique, d'après laquelle lat. ac
tasseau, sinon le subst. verbal de vfr. tasser, devant consonne devient au ; donc tacsare =
battre à plat, que je présuppose avoir existé fr. tausser. —
En justifiant la forme tausser
d'après l'anc. subst. tas, coup plat (voy. ma relativement à taxer, je me suis prévalu dans
note Baudouin de Condé, p. 406) ma dernière éd. des mots épaule, fantôme,
orteil Cj'ai lâché les deux derniers dans mon
TASSE, prov. tassa, esp. taza, port, taça,
Appendice à la quatrième éd. de Diez), et en
it. tazza; de l'arabe tassah, bassin, coupe (du
cela, le successeur de Diez a raison de me
verbe tassa, tremper).
blâmer. J'aurais mieux fait, pour le change-
TASSEAU, tassel*, it. tasselo, du L. taxil-
ment de ac (devant cons.) en au, d'alléguer
lus (voy. tas 2).
'austour autour (lat. *acceptorem) ou "saume,
TASSETTE, dim. du BL. tascia, tassia,
somme (lat. sagma) ou d'autres encore, si
formes variantes de tasca, pera, sacculus toutefois le changement en question doit, pour
(= ail. tasche?). le français, être porté dans les principes pho-
TATER, taster*, BL. et it. tastare, prov. nologiques rigoureux . —
Il est utile de rappe-

tastar, ail. tastcn, angl. taste. Ce verbe roman ler ici que lat. taxare s'est francisé, 1° par
représente le fréquentatif du L. taxare {kv\\\- ^tausser, d'où taux; 2° par tâcher (par le
.

TEM 486 — TEN


type tascarc); 3° par taxer (forme savante), TEMPERER, vfr. temprer, du L. tempe-
d'où taxe. rare, mélanger convenablement, modérer. —
TAVELER, moucheter, tacheter, du vfr. D. tempérant, L. temperans; tempérance, L.
tavelé =L. tabella, échiquier. D. tave- — tcmperantia; tempéi'ament, L. temperamen-
lure. tum, =
combinaison proportionnelle de qua-
TAVERNE, L. taberna. —
D, tavemier, lités diverses, juste mesure; température, L.

BL. tahernarius (voy. Quiclierat, Addenda). temperatura, pr. juste proportion, constitu-
TAXER, L. taxare, 1. blâmer, censurer, 2. tion régulière, puis, par extension, état acci-
estimer, évaluer. —
D. taxe, taxateiir, -ation. dentel, spéc. état sensible de l'air. La trans- —
— Voy. aussi taux. position de la liquide dans le verbe roman
TE, TOI, du L. te. —
Toi est la forme toni- temprare (p. temperare) a produit la forme
que légulièrement issue du lat. te; te, par tremper, prov. trempar, cp. en latin les loc.
contre, est la forme atone et proclitique; il en temperare œs, vimtm, tremper le cuivre, le
est de même de me et se relativement à moi et vin.
soi, et de que interrogatif (L. quid) relative- TEMPESTIP*. L tempestivus (tempus), qui
ment à quoi. vient en son temps ; intempestif, L. intem-
TECHNIQUE, gr. tîj;vixo;. de riyyr., art, pestivus.
d'où aussi le cps. gr. ciyyoU/ix, fr. technolo- TEMPÊTE. L. tempesta, p. tempestas. —
gie, science qui traite des arts et métieis. D. tempétueux, L. tempestuo.sus.
ti'tnprtn',
TE DEUM, cantique d'actions
nommé ainsi d'après les paroles
de grâces,
initiales
TEMPLE, L. tcmplum. D. templier, —
:
TEMPORAIRE, L. temporariwt.
« Te Deum laudamus », nous te louons.
TEMPORAL, relatif aux tempes, L. tempo-
Dieu.
ral i s (du L. tempora, tempes),
TÉGUMENT, L, tegumentum, couverture.
TEIGNE fautr. aussi tigne), mite, vermine, TEMPOREL, relatif au temps, L. tempo-
ralis (de L. tempus, -cris, temps).
it. ligna, prov. teina, du L. tinea. Le nom de

l'insecte s'est transportéà une sorte de gale TEMPORISER, it. temporeggiare , dérivé
qui vient à la tète, signification secondaire roman de tempus, -oris, pr. gagner du temps,
déjà propre au L. tinea, dans Fortunat. — hésiter.

D. teigneux, L. tineosus. Les mots teignasse TEMPS, vfr. tans, tens (formes survivant
ou tignasse, mauvaise perruque, et tignon, dans le terme de grammaire anglaise tonse),
coiffure du derrière de la tête, chignon, sont- du L. tempus (it. Vs final est un reste
tempo),
ils de la même famille? Nous n'oserions de l'ancien nominatif latin, comme dans corps,
l'afRrmer, bien que Bescherelle ajoute à .sa fis et autres.
définition de teignasse : coiffe enduite d'un TENACE. L. tetmcem (tcnere); ténacité,
onguent contre les teignes (voy. aussi ti- L. tcnncitaton.
gnasse). TENAILLE, prov. tenalha, it. tanaglia, du
TEILLE, TEILLER, voy. tille 1 L. tenaculum (ou plutôt d'un fém. tcnacula),
TEINDRE, it. tignere, esp. tenir, du L. instrument pour tenir. —
D. tenailler, tenait-
tingere. — D. subst. part. : 1. masc. teint, Ion.
2. fém. teinte; teinture, L. tinctura. TENANCIER, de tenance' , dér. de tenant,
TEINTE, voy. — D.
l'art, préc. teinta-, voy. tenir.
teinté. TENDER, mot anglais, de to tend (p. attend),
TEINTURE, voy. teindre. — D. teinturier, être de service.
d'où teinturerie; on disait jadis aussi teindeur TENDON, voy. l'art, suiv.
et teinteur. 1. TENDRE, verbe, L. tendere, 1. tendre,
TEL,,L. talis. déployer, tirer, 2. se diriger vers (l'ail, xie-
TÉLÉGRAMME, se rapporte à télégraphe, hen réunit également ces deux acceptions).
comme ^^r. yr^àfifxo:, écrit, à ypxfoi, qui écrit. — D. part. prés, et adj. tendant, d'où ten-
TÉLÉGRAPHE, mot moderne fait sur un dance, tendeur, -erie, tendon, extrémité du
type imaginaire
— D. télégraphie, d'où télégraphier,à
-cyiVi-ypy.tfOi, pr. qui écrit muscle, it. tendine, fait d'après un type L.
distance. tendo, gén. tendonis ou tendinis (cp. en ail.
-ique, -iste. sehnen, tendre vers, et sehne, tendon). Du —
TÉLÉPHONE, d'un type gr. = r»,>£-y«voî participe tentus tendu, vient le BL. tenta,
,

qui parle loin. fr. tente, cp. L. tentorium. Les formes it,,
TÉLESCOPE, grec r/,>É-jxo7ro;, litt. qui voit port., prov. tenda, esp. tienda. ^^ tente, re-
loin.^
présentent des subst. verb. radicaux àetendre
TÉMÉRAIRE, L. temerarius; témérité, L. (cp. esp. prenda, gage, prise, de prender .,

temeritatem. prendre). Autre dérivé du part, tentus : subst.


TÉMOIN, tesmoing, du L. testimonium,
vfr.
témoignage, preuve ; en EL., le mot a pris le
tenture. Voy. aussi tancer. Au parti- —
cipe L. tensus ressortissent le BL. tensa, tesa,
sens concret de testis (cp. le mot record). — pr. étendue, largeur des. bras étendus, d'où it.
D. tesmoignier' témoigner, d'où subst. témoi- tesa, vfr. teise, nfr. toise (cp. mois de mensis,
gnage. pois' (auj. poids) de pe7isum).
TEMPE,
tempia,
anc. temple,
du plur. neutre L.
prov. templa, it. 2. TENDRE, adj., L. tener, teneri. D. —
tempora, les tendresse et tendreté {L. teneritatem) ; tendre-
tempes (r changé régul. en l).
let, tendroti; verbe iactïtlf attendrir.
. . .

TER 487 — TER


TENANT, voy. tenir. — D, tenance* , fief, TERNAIRE, L. ternarius (terni).
possessmn, d'où tenancier. 1. TERNE, adj., sans éclat, d'où le verbe
TÉNÈBRES, L. tenebrœ. — D, ténébreux, ternir, angl. tarnish; selon Diez, du vha.
L. tenebrosus. tarni, voilé, verbe tarnjan, voiler, obscurcir.
TÈNEMENT, dér. de tenir. BL. tenenien- L'étymologieL. terrenire[àQterrenus), enduire
tmni'ià quod qnis ab aliquo tenct). déterre, mise en avant par Ménage, est dénuée
TÉNESME, L. tenesmus, gv. zu-it^ixài de fondement. —
Si l'étym. de Diez ne satisfai-
{t-:-voj), pr. tension. sait pas, j'en tiens une autre en réserve, savoir
TENEUR, snbst. féminin, continuité, suite, lat. teter, sombre, obscur, d'où tetrinus (je
enchaînement de paroles, du L. tenorem trouve dans les vieux gloss. tetricus), d'où fr.
(masc), m. s. Comme terme de plainchant, terne; cp. vernir de vitrinire (par l'adj. vitri-
L. toior a pris le sens de « action de tenir nus de vitrum). —
Bugge (Rom., IV, 366)
la note dominante », puis celui de taille dans favorise mon étymon 'tetrinus et allègue,
son acception musicale, de là it. tenore, fv. pour le sens, it. tetro., ténébreux, esp. tetro.,
ténor, taille, spécialement liaute-taille. noir, sombre.
TENIA, L. tœnia (raivî^S pr. bandelette. 2. TERNE, réunion de trois nombres, L.
TENIR, L. tenere. —
D. tenable; masc. ternus.
teneur, qui tient tenant, 1 qui tient contre
; . TERNIR, voy. terne. D. ternissure. —
ou pour, 2. qui tient une terre d'un autre, TERRAIN, voy. ter rein.
vassal, 3. == attenant, 4. continuité; tène- TERRASSE, BL. terracea, levée de terre,
ment, tenure; tenue, action de tenir ou de se — D terrassier ; verbe terrasser.
.

tenir, puis spéc. manière dont les troupes 1 TERRASSER, faire des levées de terre,
sont vêtuesou entretenues, uniforme; tenailles àe terrasse. —
D. terrassement.
(v. c. m.); en chirurgie tenettes [c^. pincettes), 2.TERRASSER, jeter par terre, abattre, de
tenon (v. c. m.). terre au moyen de la terminaison péjorative
TENON est généralement considéré comme asser (cp. fricasser., rêvasser).
im dér. de tenir; les divers applications du TERRE, L. terra. —
D. terrage, redevance
mot, cependant, me font plutôt y soupçonner sur les fruits de la terre ; terrasse (v, c. m.);
un dér. du néerl. tinne, angl. tine, extrémité te7'reau, terrein [w. c. m.); terrestre, L. ter-
pointue, dent. restris; terreux, L terrosus; terrien, qui
TÉNOR, voy. teneur. —
D. ténorisant. possède des terres, aussi =
terrestre; terrier
TENSION, L.tejisionem (tendere). Le même (v. c. m.); terrine, vase de terre; territoire,
primitif a donné aussi tenson tençon, prov. L. territorium.d'où par syncope terroir [tcvre
tenso, it. tenzo7ie, querelle, puis dispute entre considérée par rapportàl'agriculturej; verbes
poètes, sorte de poésie. Voy. aussi l'art, tari- terrer, couvrir de terre, et terrir, prendre
cer. terre.
TENSON, voy. tension. TERREAU, de terre. — D. terreauder ou
TENTE, voy. tendre 1. — Au
sens chirur- terreauter
gical de sonde, le mot est le subst. verbal de TERREIN (l'orthographe terrain est fau-
tenter, tâter. tive,car elle pèche contre l'étymologie), it.
TENTER, L. tentare (fréq. de tendere). — terreno, du L. terrenus, adj. de terra.
D. tentation, -ateur. L. tentationem, -atorem; TERRE-PLEIN, de terre-\-plain (L. planus).
tentatif, L. tentativus, d'où subst. tentative; L'origine du mot réclame l'orthogr. terre-
tentacule, L. mod. tentaculum ; tente, sonde. plain (cp. de plain-pied). Cependant l'it. ter-
TENTURE, voy. tendre, 1 rapîeno montre qu'on s'est expliqué le mot
TÉNU, vfr. tenve, du L. tenuis. — D. té- par « bastione ripieno di terra » (de terre
nuité, L. tenuitatem. plein).
TÉORBE, esp. de luth, de l'it tiorba. TERRER, voy terre, — Cps. enterrer, dé-
TERCER ou TERSER, TIERCER, du L. ter- terrer.
tiare, va. s. [àetertius, troisième). TERRESTRE, L. terrestris (terra).
TERCET, de l'it terzetto (de terzo, troi- TERREUR, L. terrorem, d'où les néolo-
sième); cp. terzina. gismes terroriser, -isme, -iste.
TÉRÉBINTHE, L. terebinthus, gr. r-oi- TERRIBLE, L. terribilis (terrere).
êivâ'o?. — D. térébenthine. TERRIEN, voy. terre.
TÉRÉBRANT, -ATION, du L. terebrare, TERRIER, d'un type latin terrarius (terra).
perforer. Signifie : 1 . relatif aux terres (« papier terrier »
TERGIVERSER, L. tergiversari, pr. tour- ou terrier tout court) 2. trou dans la terre
;

ner le dos. — D. tergiversation .1


-ateur. 3. esp. de chien basset, fouissant la terre.
;

TERME, L. terminus (cp. lame de lamina), TERRIFIER, L. terrificare (Virgile).


borne, limite, fin; au moyen âge == ratio, TERRINE, voy. terre. D terrinée. —
modus, d'où l'acception moderne « le mot, en TERRIR, voy. terre. Cps. atterrir. —
tant qu'il détermine, ou pris dans un sens TERRITOIRE, voy. terre. D. territo- —
déterminé ». — D. atermoyer. Mot savant : rial, L. territorialis.
terminologie, explication des termes. TERROIR, voy. terre.
TERMINAL, L. terminalis (iQvmmns). TERSER, voy. tercer.
TERMINER, L.terminare (terminus). — D. TERTIAIRE, L. tertiarius (tertius).
terminaison, -able. TERTRE, vfr. aussi teltre., prov. tertre.
TET — 488 — TIIY

Etienne déi-ivait ce mot du gr. rj/j&oov, ni. tel, bas-ail. titte, ali mod. sitze, Cp. lo
sommité d'une chose; Dicz, revendiquant lo gr. t':tO>j, m. s. — D. subst. ietin, telinc,
mot ù l'élément latin, l'explique par terrée teton, verbe teter.
lorits^ élévation de terre; pour la négligence TEXTE, L. textus (texere), pr. tissu, puis
de l'accent, placé sur la syllabe to, et l'élision fig. suite ou enchaînement
d'idées, et suite do
de la voyelle accentuée, il lappelle le mot mots. — textuaire, textuel.
I).

trèfle de trifolhim. Ce qui vient à l'appui de TEXTILE. L. tcxtiUs (de tcxere, tissera.
l'étymologie de Diez, c'est le terme gr, yvjlîyo;, TEXTURE, L. textura (texere); c'est la
qui signifie la même chose et qui est formé forme savante* du mot ordinaire tissure.
(le la même manière. —
Je trouve dans Frois- THAUMATURGE, gr. 'rix'ja»T0Jv/6:, faiseur
sart plusieurs fois terne =
teHrc; ce mot peut de miracles.
s'expliquer soit par un type ternnv.s ( i bref), THÉ, it. tè, esp. té, angl. tea, ail. thee, du
contracté en tcrw.s, ou par la mutation chinois tschà (dialectes tha, the). La forme
de terte en terne, analogue à celle de ordièrc tscha a donné le russe tscfiai, et les formes it.
en ornière. Les dial. wallons ont aussi terne, cià, esp. c/ta. —
D. théière.
tiernc, liène, à \Àégetié)'f
THÉÂTRE, L. theatrum, du gr. Siar^sov (de
TES, voy. mes. btxiO'xi), voir (cp. L. spectaculum de spcctare).
TESSON, débris de poterie, est p, teston,
dér. de test, têt (v, c. m.).
— D. théâtral. —
Le circonflexe est arbi-
traire.
TEST, voy. têt.
THÉISME, THÉISTE, mots savants faits du
TESTACÉ. L. testaceus (testa\
grec ^iOi, comme déisme, déiste ont été faits
TESTAMENT, L. testamentum (testari;.—
du L. deus.
D. testamentaire.
THÈME, gr. &?,</», sujet posé (de 3iw, ri^-niii,
TESTER, L. testari, déclarer ses dernières
volontés. — D. testateur, L testatorem,
je po.<o). .\iitre dérivé de 3î<u
action do poser, d'oi» L. thcsit,
: subst.
fr. thèse.
&iï«j,

TESTICULE, L. testicuhis (testis), dont le


THÉOCRATIE, gr. Snoypxzlo^, pr. gouverne-
prov. a régulièrement fait testil. L'étymologio
ment Dieu (par l'organe de ses ministres).
(lo
testis est ainsi expliquée par l'Elucidarius :
THÉODICÉB, mot scientifique créé par
« quar so testimoni que hom es mascle e |)ode-
Leibnitz, et formé de &io,-. Dieu, et SUxto;,
ros de gênera r «.
juste, la théodicéc traitant de la justice de
TESTIMONIAL, L. testimoniàlis (tcstimo-
Dieu.
nium),
THÉOGONIE, gr. air/ov'a, génération des
TESTON, monnaie, ainsi nommée à cause
dieux.
de la teste du roi qui y est gravée, it, teslone.
THÉOLOGIE, gr. SsoJo/f*, science de Dieu.
TESTONNER, peigner les cheveux, de teston
= tête ; donc pr. arranger la tête.
THÉORÈME, voy. théorie.

TET, TEST (d'oii tesson, v. c. m.), du L. THÉORIE, gr. &!'.o/s{« (do aiwpûv, voir, exa-
testion, couvercle en terre cuite, pr. objet miner), spéculation, science ; de là théorique,
creux, rebombé. Le sens s'est spécialisé en BioiptAo;, et théurétique, &Jw/s>7Tuoi, Théo- —
celui de fragment de poterie. Anciennement rème, gr. &î'j,(s>}/xa, objet de l'examen, propo-
test signifiait crâne (cp. it. tcschio, d'un type sition établie par la science.
testajus). —
D. teslacé, L. testaceus. THÉRAPEUTIQUE, gr. &îr>«7r!UTt/*i, s. o.
TETANOS, mot grec signifiant tension. Tî/vvj, branche de médicale qui a
la science
TETARD, voy. l'art, suiv. pour objet le traitement des maladies; de
TETE, teste^, du L. SicxTity'.ij, servir, soigner, guérir.
vase de terre
testa, pr.
cuite, fi-agment de poterie, puis fig. crâne. = THÉRIAQUE, vfr. tnacle, L. theriaca, du
Le mot burlesque et populaire a fini par so grec â';,'-ta/i,s.e remèdes contre les
yipuz/.a,
substituer au mot propre caputlà'oix fr.chcfj. morsures d'animaux (ï/7î<ov, animal). Voy.
Dans le principe, testa se
rapportait ù capiit, aussi triacleur.
comme auj. caboche, boule et auti-es expres- THERMES, L. thermœ, s. e. aquœ, gr.
sions semblables se rapportent à tète. D. — 3î,'',"z, s.


e. ûÔKTst, eaux chaudes, bain chaud.
têtard, 1 le petit de la grenouille, 2. chabot
.
D. thermal.
(mot qui vient de cap comme têtard de tête); THERMOMÈTRE, litt. mesureur (.-itirpîç) de
têtière, têtu, entêté. — Il est intéressant de la chaleur [^-py-o;).
noter que la notion première du sanscrit THÉSAURISER, BL. thesaurizare, d'après
kapâlas, tête (d'où gr. xî^k)./-) est également le gr. ^r,-,7.upi^-.ij^ m. s. (de &/;«y,ooi, L. thé-
celle d'écale, têt. saurus, fr. trésor).
TETER, TETIN, TETINE, TETON, voy. THÈSE, voy. thème.
^
tette.^
THON, it. tonno, ail. thunfisch, angl.
TETRA —
élément initial décomposition,
, tunni/, du L. thunnus, gr. B'jwoi.
annonçant que la chose exprimée par le sim-
THORAX, gr. SrwoaÇ, tronc, buste, puis poi-
ple est au nombre de quatre; du
p. TÏTopx =
gr. rizpx,
TîTTC(px, quatrc. Ex. tétracorde, à
trine, estomac. — D. thorachique (mieux tho-
racique).
4 cordes (xop^oç) fefraèo?re, à 4 bases fsc^K),
;
r / THURIFÉRAIRE, L. thurifcrariiis' , pr.
tétragone, à 4 angles (y„vt'a) > .

porteur d'encens [thus, thuris).


TETTE, it. tetta, zitta, esp., prov. teta; THUYA, L. thya ou thyia, gr. Sutz,
dongino germanique ags. : tite, angl. teat. THYM, L. tliymum, gr. &û//^y.
TIL 489 TIM

THYRSE, L. thyrsus (^v/sso,-). une portion du tillac. L'étymologie tegula


TIARE, L. tiara, gr. zikpa., {tig'la) pourrait être appuyée du d\m. tillette,
TIBIA, mot latin, régulièrement francisé qui signifie petite ardoise, et dont l'origine du
sous la foi'me tige. —
D. tibial, L. tibialis. L. tegula (cp. champ, teille., ags. tigel, angl.
TIC, it. ticchio, mouvement convulsif. On tile) ne parait pas contestable. —
L'esp. tillà,
tient généralement ce mot pour une onoma- port, tilha, tillac, sont empruntés du fran-
topée, comme tic-tac, mais il me fait l'ofFet d'ap- çais.
partenir à la même famille que ail. zuckcn, 1 . TILLE, anc. teile, teille; ce mot signifiait
bas-saxon tucken, angl. tug, ainsi que l'ail. d'abord tilleul (cp. angl. teil-tree) ^ auj. il ne
sechen (provincialisme), qui sont des formes s'applique plus qu'à la peau fine et déliée
.renforcées de ziehen {ziegen), ags. tcngan, entre l'écorce et le bois du tilleul puis, par
tirer, tirailler. Cp. spastne de iTrà-îiv, tirer. — extension, à l'écorce des brins de chanvre ou
;

Diez incline à voir dansit. ticchio. tic, caprice, de lin. Du L. tilia, qui signifie 1. tilleul,
bizarrerie, le vha. ziki, chevreau, en rappro- 2. aubier, écorce. —
De la forme teille vient
chant capriccio, caprice, qui vient de capra, le verbe teiller ; de tille, l'équivalent tiller. —
chèvre. — D. tiquer. Au type dim. tiliolus répond le fr. tilleul.
TIEDE, du L. tepidus (par tep'diis). Le — 2. TILLE, ternie de marine, voy. tillac. —
prov. tebe, vfr. tève (esp. tibio), sont produits M. Petilleau (ap. Littré, Suppl.) pense que ce
par le rejet du suffixe idus, commo pâle, rance tille n'a rien à faire avec tillac et n'est que la

(v. c. m.). — Les dialectes wallons ont transcription de l'angl. till, petite caisse.
têne, tiène. —D. tiédeur, tiédir, attiédir. 3. TILLE, hachette des tonneliers, des cou-
TIEN, voy mien. vreurs et autres artisans. « C'est un mot ger-
TIERCELET, voy. tiers. —
Le nom de cet manique, qui signifie, dans les dialectes de
animal, comme c'est le cas pour plusieurs l'Allemagne, « petite hache, erminette, hache
autres noms d'armes, a donné l'it. terzeruolo, des tonneliers » ou quelques autres instru-
pistolet de poche, ail. terzerol. ments pareils ; dans les dial. norvég. et suéd.
TIERCER, voy. tiers. teksla, hoU. dissel, vha. dehsala, nha. dechsel.
TIERS, fém. tierce, L. tertiiis. — D.subst. « Tille est peut ère modifié pour tile d'une forme

tierce (terme de musique) ; tiercer (en termes antérieure tisle. (Bugge, Rom., III, 158).
>>

d'agriculture aussi tcrcer, terser), L. tertiare; Joret(Rom., IX, 435) préfère nord, telgja, un
tiercelet, dimin. de l'it. terzuolo, esp. tor- instrument à tailler.
zuelo, port. t7-eso, prov. tersol, vfr. terciol, TILLEUL, voy. tille 1.
angl. tiercel, tarsel et tassel, qui viennent du TIMBALE, direct, de l'it. timballo. Ce
BL. tertiolus, accipitris species minor, ou dernier est une modification, faite sous l'in-
plutôt le mâle de l'autour, ainsi nommé, selon fluence du L. tympanum (gr. tû/jittzvov), des
les uns, parce qu'il est d'un tiers plus petit formes taballo, ataballo, qui, ainsi que l'esp.
que la femelle, selon d'autres, parce que le atahal, viennent de l'arabe thabal (avec l'ar-
troisième de la nichée se trouve toujours être m. s.
ticle, altabl, attabl), D. timbalier.—
un mâle. TIMBRE, du L. tympanum, tambour
1.

TIGE, régulièrement tiré du L. tibia, yàrahe. (comme diacre de diaconus, coffre de cofinus,
— I). tiqette. pampre de pampinus). —
Le mot timbre
TIGNASSE, TIGNON, voy. teigne. — Ces signifie d'abord timbale, puis une cloche frap-
mots ne tiendraient-ils pas au prov. tenher, pée par un marteau, puis, par métonymie, le
teindre, subst. ienh, couleur, fard, avec le son que rend le timbre, enfin, son de voix en
sens primordial de cheveux teints, faux che- général. Par ressemblance avec une cloche,
veux? on a nommé timbre, en termes de blason, le
TIGRE, fém. tigresse, L. tigris, gr. ~'-ypi-;. casque qui surmonte l'écu (et tout ce qui se
— D. tigrer. met sur l'écu pour distinguer les degrés de
TIL, tilleul, forme masc. de tille (y. c. m.), noblesse ou de dignité), puis aussi populaire-
correspondant à l'it. tiglio. ment la tête (« avoir le timbre fêlé, être tim-
TILBURY, mot anglais : le nom du carros- bré *>). —
Quant à la signification « cachet,
sier qui inventa cette espèce de cabriolet. marque imprimée sur un papier >•, elle pro-
TILDE, t. de gramm. Voy. titre. cède, pensons-nous, également du mot gr.
TILLAC, du nord, thilia, suéd. tilja. ags. TÛv.7rzv5v, dans l'acception d'un instrument
thille, vha. dili (ail. mod. diele), lambrissure, servant à frapper (tût~-:iv). Cp. Tall. stempel
parquet (cp. vha. thil, ima pars navis). Mais de stampen,^^îv. estamper (d'où estam,piller).
comment se rendre compte, demande Diez, — D. timbrer.
l'auteur de cette étymologie, du suffixe «c? 2. TIMBRE, « un certain nombre de peaux
Serait-il l'effet d'une assimilation au mot BL. de martre ou d'hermine », voy. D. C, v" tim-
astracum =pavimentum domus? Pour ma brium. — C'est le même mot que l'ail, zim-
part, me rencontrant sur ce point avec Mé- mer pris dans le même sens, dont l'origine
nage, j'avais imaginé un type tegulacum (de n'est pas connue.
tegere), séduit par l'analogie de l'ail, verdeck TIMIDE, L. timidus (timere); mot d'intro-
(de dechen, couvrir), mais j'avoue que ce type duction savante. —
D. tim-idité, L. timidita-
est quelque peu forcé. On peut, du reste, éta- tem verbe vitimider, BL. intimidare.
;

blir aussi que tillac est issu de tille, qui existe TIMON, L. temoj temonis (BL. iimo), tra-
également comme terme de marine désignant verse, timon. —
D. timonier.
.

TIR — 490 — TOC

TIMORÉ, L. timoratus (saint Jérôme), de cier est : faire un mouvement brusque et


tiynor , crainte. rapide pour détruire, pour arracher; de là se
TIN, aussi tein, t. do marine, morceau de déduit l'idée de tirailler (cp. l'affinité de forme
bois servant d'appui, prob. du L. tigniim, et de sens entre l'ail, schren, détruire, et
poutre. Le dérivé tinter =
assujettir avec des serren, tirailler, distendere, vellcre). L'ail.
tins, serait, dans ce cas, librement formé, sans reissen signifie également à la fois décliirer
respect de 1 etymologie. et faire \in mouvement rapide, tirer (tracer
TINCTORIAL, dér. du L. tinctorins (tin- des lignes). —
D. subst. verb. 1. masc. tir,
gere), qui sert à teindre. 2. fém. tire (dans « à tire-d'aile, tout d'une
TINE, L. tina, vase pour le vin. — D. tire »); tirade, tirage, -eur, tiret, tt)'ant, tiroir,
tinette. tirasser, tirailler ; comi)09.és:attirer, détirei',
TINTAMARRE, d'après Pasquier, un com- étirei', retirer, soutirer. Toutes les acceptions
posé de tinter, faire sonner une cloche, et de modernes peuvent se ramener à celle do « mou-
marre, instrument pour fosser la vigne ; voir en sens de longueur, soit en approchant,
« anciennement, dit-il, les vignerons avertis- .«oit en éloignant » tirer une arme à feu ne
;

saient leurs compagnons de se retirer en tin- s'explique que comme formule faite sur celle
tant ou en frappant avec des pierres sur leurs de " tirer l'arbalète ou l'arc ».
marres » De là viendrait le sens de vacarme,
. TIRETAINE.de lesp. tirilana. \oy. tartan.
de clameur. TISANE, it., esp., prov. tisana, du L. pti-
1. TINTER, sonner, L. tinnitare, fréq. de sana, ML. tisana, décoction de gruau (Tirnàv*)).
tinnire, m. s. D. tintement. — La forme — Pour l'apocope du p initial, cp. prov. titia,
L. tiyitinare (Catulle) a donné subst. verb. p. phtizia, vfr. tisique, p. phtisique, ,<iaume,
tintin", altéré en tintouin. p. psaume. —
Le p s'est déplacé dans la
2. TINTER, t. de marine, voy. tin. forme prov. tipsana,
TINTOUIN, voy. tinter 1 TISON, it. lissone, esp., prov. titon, du L.
TIQUE, it. secca, du bas-all. teke, haut-ail. titio, -onis. — D. tisonner, tisonnier. — A
secke, angl. tike, tick, m. s. — Dim. tiquet, un type rattachent les termes it.
latin tiliiis .«se

nom vulgaire des altises. ti3so, esp. tiso, d'où le verbe it. attisare, esp.
TIQUER, àetic (v. c. m.).— D. tiqueur, atisar, prov. atisar, atusar, et fr. attkskr.
TIQUETÉ, tacheté, pointillé, peut être tiré TISSER, vfr tissir et tistre, prov. teisser,
soit de tique insecte (cp. moucheté Ae mouche), du L. texere. Le part., tissu so rapporte à Y'm-
ou du V. flam. tih, point (donc jwintillé^. — ^mi\( tistre (cp. it. tessuto de trssere). D. —
Il me
semble inutile d'expliquer le mot, ain.si tissu, subst. part.; tisserand, gâté du vfr.
que je l'ai vu faire je ne sais jdus où, comme teisserenc (c. flamand p. flamenc) ce dernier ;

une forme tronquée de étiqueté, marqué (cp. dérive du subst. vfr. tissiei' (tisserand) par le
angl. ticket = étiquette). suffixe germ. inc, ing (= vfr. ojc); tissure,
TIR, subst. verbal de tirer. tissage.
TIRAILLER, fréq. de tirer. D. tiraille- — TISSERAND, voy. tisser. — D. tisscrande-
ment, tirailleur rie.
TIRASSER, dér. péjoratif de tirer. D. — TISSU (vfr. tissut), voy. — D.
tisser. tis-
tirasse, lilet pour prendre des cailles, ce filet sutier.
étant tiré par le chasseur. TITILLER, L. ti Hilare. — D.
titillation.
TIRELIRE (déjà dans J. de Meung), petit TITRE, angl. title, du L. titulus, inscrip-
pot avec une fente, d'où l'on « tire les lires n tion, signe, marque, cause, prétexte; cp.
(ou francs). Telle était ma première manière épitre de epistola. — D. titrer, titulaire, L.
de voir, mais je dois l'abandonner pour deux titularis. — Le L. titulus a donné aussi l'e.sp.
raisons : d'abord, le mot it. tira-Iira n'existe tilde, nom du signe typographique par lequel
pas, et en fr. lire ne s'est jamais dit p. livre on mouilhment de l'n.
di.'^tingue le
(franc). Puis tirelire avait anc. un autre sens, TITUBER. L. titubare. D. titubation. ^
savoir réjouissance. J'ai noté dans Watriquet TITULAIRE, voy. titre.
de Couvin (xiv® siècle), p. 129. le pa.ssage sui- TOAST, mot anglais qui proprement signifie
vant « Mais jangleur mesdisant, gent de
: rôtie. La signification santé » vient, dit-on,
••

poure matire Et amassour qui font d'argent de l'usage qu'ont les Anglais de mettre parfois
grand tirelire... Cilz ont grâce et avoir en du pain rôti dans leur vin pour boire les
France et en l'Empire. » A l'avis de Littré, un santés. On orthographie aussi en fr. teste,
mot de fantaisie et peut-être une modification d'où le verbe tester. Teste et toast viennent du
de l'interjection de joie tureliire. L. tostus, rôti. —
D'après Wedgwood, toast
TIRER, it. tirare, esp. , port.
prov. tirar, du , pourrait bien n'être que la corruption de l'ail.
goth. tairan, vha, zeran, néerl. teren, angl. stess (lisez plutôt stesstj an, qui est la for-
tear, scindere, rumpere, lacerare, delere. mule usuelle pour inviter à choquer les
Cette etymologie, généralement admise parmi verres.
les étymologistes sérieux (Ménage, et d'après TOC, subst. verb. du verbe toquer. Voy.
lui Bescherelle, Dochez, etc. avaient imaginé , toucher.
de faire venir tirer du L. trahere.'i, est-elle TOCAN, v. le mot .suiv.
bien la véritable? Il faut le croire, puisqu'il TOCANE, vin nouveau de la m.ère goutte.
ne se produit rien de mieux. Du reste, la filia- Bugge (Rom IV, 366; rapproche le mot
,
tion des idées lui vient à l'appui
; le sens fon- masc. tecan =
saumon qui a moins d'un an,
. —

TOM — 491 TON


et Vit. Kffieannotto, \tet\t poisson qui a moins A l'appui de la dernière, Diez allègue la locu-
d'un an (litt. qui est de cette année), et pense tion ail. iiber den haufen werfen, jeter à
que tocan est issu d'un prov, jK'is d'ogan terre, litt. jeter par-dessus tas, puis l'esp.
(poisson de cette année), devenu, par l'effet tropellar, renverser, de tropel, tas. On pourrait
de la consonne précédente, peis togan. En tout aussi bien alléguer l'expression familière
supprimant 7)m', on a ditto^an (cp. dinde p. « faire un cumulé » (= faire la culbute), qui
poule d'Inde). Pour le c du mot fr., cp. celui rappelle naturellement le L. cumulus, tas. —
de marcotte, vfr. pm'camin =
pergamenum. Ménage en était réduit à imaginer pour type
C'est ainsi que tocane répondrait à un prov. de tomber un verbe latin ptomare (du grec
gota d'ogan, goutte de cette année. 7rrô)/jtr, chute), d'où tomare, tobare, tombare!

TOCSIN, toqne-sin, cps. de toquer


p. = — L'ancienne langue avait aussi une forme
toucher m.) et vfr. sing, sin.^ --= cloche.
(v. c. tumer (encore en Lorraine on dit teumei, en
Ce subst. sin, qui correspond au v. it. segno, Champagne tumer, à Liège et Namur tourner),
port, sino, est le L. signum, qui dans le BL. et a tomare p. culbuter, descendre. Diez
l'it.

a pris le sens de signal et, par métonymie, de rattache ces formes privées de b au vha.
cloche de signal. tum,on, nha. taumeln, tournoyer, trébucher,
TOGE, L. toga. sauter. D'après Littré, tumer est la forme pri-
TOI, vfr. tei, du L. te. Voy. te. mitive, et tumber une forme postérieure et
TOILE, L. tela. —
D. toilette, nappe de la modifiée de tumer, qui a fini par prévaloir.
table où se déposent les objets servant à l'or- D. tombée, tombereaic (v. c. m.).
nement ou à l'ajustement d'une personne, puis TOMBEREAU, angl. tumbrel, du verbe
tout ce qui couvre le meuble pourvu de la tomber, de même que le bourg., champ, tume-
toilette, lequel meuble lui-même s'appelle reau, tumerel, vient de la forme tumer. Le
aussi toilette (pour ce transport d'idée, cp. tombereau est une charrette dont on « ren-
bureau). Par une métonymie ultérieure, le verse " la caisse. —
D.tombrelter, tombelier,
mot s'est transmis à l'action de se parer ou d<? conducteur du tombereau.
s'habiller. — Les Italiens disent tavoletta, pr. TOMBOLA, mot italien, jeu de loto, subst.
petite table, et toeletta, forme empruntée au verbal de tombolare, tomber, échoir.
français. Marot emploie toilette dans le sens TOME, L. tomiis, du gr. to'/xo;, pr. section,
de tissu très fin, et il se pourrait bien que le division. —
D. tomer, d'où tomaison.
sens moderne du mot vînt de celui de linge TOMENTEUX, dér. de L. tomentum, bourre.
fin. —Autres dérivés de toile : toilier, toile- 1. TON, adj. possessif, voy. m,on.

rie, verbes entoiler, rentoiler. 2. TON, subst., L. tonus, gr. to'vî; (pr. ten-
TOILETTE, voy. toile. sion). —
D. tonique, tonalité.
TOISE, voy. l'art, tendre. —
D. toiser. TONDRE, L. tondëre, p. tondére. D. —
TOISON, it. tosone, esp. tuson, du L. ton- tonte, subst. participial, d'un type tonditus
sioncm-, action de tondre. Le sens abstrait (cp. pente, vente, ponte, etc.), d'où tonture,

s'est concrétisé en celui de produit ou d'objet tontice ou tontisse, tondeur, tondaison. Du —


de la tonte potion).
(cp. supin L. tonsum : les subst. tonsionem, fr.
TOIT, vfr. aussi teit, prov. teg^ tet, esp. toison {v. c. m.), ettonsura, fr. tonsure,
techo., it. tetto, du L. tectum (tegere). D. — TONLIEU, tonliu, du BL. tonleimn, cor-
toiture, L. tectura. ruption de telonium (ts^wvîTov), bureau de per-
ception des impôts, dér. de tî).wv/j;, fermier
TOLE, plaque de fer battu; variété gra-
des impôts.
phique de la forme ancienne et dialectale
TONNE, prov. tona. Ce mot se rencontre
taule, ^=-- L. tabula, planche, tablette (cp.
dans tous les idiomes germaniqvies (p. ex.
parole àe parabola., it. fola de fabula).
vha. tunna, nha. tonne), mais on lui suppose
TOLÉRER, L. tolerare. — D. tolérant, -ance.
une origine étrangère les gloses de Cassel et
;

TOLLE, impératif du L. tollere, enlever. La de Schelestadt indiquent tunna comme un vo-


signification actuelle de ce mot « cri d'indi- cable latin. La racine tun ou ton semble être
gnation
hune
» vient historiquement du « toile
que se mirent à crier les Juifs contre
une variété de la racine tin de tina. D. —
", tonnage; dim. tonneV, tonneau, tëm. tonnelle,
Pilate pour qu'il fît mourir Jésus-Christ. chose faite en forme de tonneau, voûte en
TOMATE, esp., port, tomate, cat. tomatec, plein cintre (angl. tunnel), puis espèce de filet
tomaco; du mexicain tomatl. pour prendre des perdrix.
TOMBAC, it. tombacco., esp. tumbage, port. TONNEAU, voy. tonne. D. dim. ton- —
tambaca.,du malais tam.bâga, cuivre. nelet, tonnelier.
TOMBE, L. tumba, gr. t^Soî. D. — adj. 1 TONNELET, tonneau.
petit baril, voy.
tombai:, subst. tombeau, d'un type tumbellus, 2. TONNELET, t.de théâtre, petit panier
dira, de tumba. qui relevait le pan d'un habit à la romaine;
TOMBER, vfr. tumber (qni avait aussi le c'est le même mot que le précédent.
sens actif « faire tomber
»), esp., prov. tum- TONNELIER, voy. tonneau. —D. tonnel-
bar, port., prov. tombar,ii.[Ami.)tom,bolare, lerie.
angl. tumble. On peut hésiter, dit Diez, entre TONNELLE, voy. tonne. — D. tonneler.
deux étymologies, savoir 1. nord, tumba, TONNER, L. tonare (tonus).
tomber la tète en avant; 2. le L. tumba, au TONNERRE, vfr. toneire, tonoîre, prov.
sens de tas, tertre (tomber serait pr. faire ta.s). tonedre, du L. tonitru.
TOR — 492 — TOR
TONSURE, voy. tondre. D. tonsiirer, — un mot d'usage populaire, ait pu engendrer lo

L. tonsurarc (S. Grégoire). dérivé toron, tourcomme turnus a = fait

TONTE, voy. tondre. tonret, comme plafond a fait plafonner.


TONTINE, d'après le nom de l'inventeur de 2.TORON, t. d'architecture, voy. tore.
ces établissements, Laurent Tonti (1653), — TORPEUR, L. toiporrem.
D. tontinier. TORPILLE, sorte de raie, qui frappe d'une
TOPAZE, L. topasion (roTrà^iov). conmiotion électrique et engourdit la main do
TOPER, it. topjiare, ail. toppen, consentir à celui qui la touche, puis engin sous-marin ;
une offre. De la racine top, onomatopée pour d'un type dim. torpiailn, dérivé de torjjcre,
exprimer le bruit de la poignée de main par être engourdi. La torpille, comme poisson, se
laquelle ce consentement est confii-mé. C'est disait en latin torpédo. L'ital. dit toi'pîgUa et
donc une modaliété de taper. D'autres, à — torpedine.
tort, pensent que c'est le même verbe que l'esp. TORQUE, voy. torche.
topar, rencontrer, ou le primitif de l'it. in- TORQUER, type L. torquare, p. torquere.
tojypare, heurter, trébucher. Cp. extorqua'. —
D. torquette, certaine quan-
TOPINAMBOUR, mot améi-icain. tité de marée entortillée dans de la paille. —
TOPIQUE, litt. local, puis= (médica- = Au sens fig. du L. torquei'e, faire du tort, so
ment externe) appliqué sur une place déter- rapporte le vieux mot torqitet, piège, moyen
minée du gr. TOTTizo; dér. de to'tto;, lieu.
;
d'induire on erreur.
Subst. fém. to2nque, doctrine des lieux com- TORRÉFIER.L. tonvficare, p. torrefacore,
muns, du gr. rà TO/Ttxsc, lieux communs. dont le subst. torrefactioa donné torréfaction.
TOPOGRAPHE, gr. roTr^ypàyo; = qui décrit TORRENT, L tmi-entem, qui dessèche, brù-
les lieux (totto;). — D. tojwgraphie, -ique. lant, imj)étueux, puis, comme subst., ruis-
TOQUE, it. tocca, esp. toca; mot celtique : seau rapide. Littré déduit lésons de ce dernier
cymr. toc, coiffure. — D. toqitet. de iorrere, au sens de dessécher « un cours :

'
TOQUER, variété de toîtchei\ L'expr. fig. d'eau qui se dessèche Y6t6 n. —
D. torrentiel,
l'ail, einen tick haben,&\oir
êtretoqiié rappelle torri'}iti'i'ux.

le cerveau dérangé, de tichen, mot populaire TORRIDE, L. torridus, brûlant.


pour toucher; cp. l'expr. fr. avoir reçu un TORS, L. passé de torquere,
torsits, part,
coup de marteau. —
D. toc, subst. verbal; tordre (forme concurrente do tortus). D. —
tocade ou toquade; voy. aussi tocsin. torser et torsade, frange tordue.
TORCHE, prov. torcha, pr. faisceau, amas TORSADE, voy. tors.
de choses tordues ensemble (en t. de blason on TORSE, de l'it. torso, trognon do chou ou
appelle torque le bourrelet rond qui se pose de fruit, jjuis .statue sans tête, lequel répond
sur le heaume), bouchon de paille, brandon au piém. trous, esp., port, troso, prov. etvfr.
fait d'un bouquet de paille (funale tortitium), tros. Uns, trou de chou. Comme le vha.
fr.

puis flambeau en général. Que ce mot vienne turso, torso, nha. dorsch, trognon de chou, il
directement de quelque ancien subst. torca vient, selon Diez, du L. thyrsus, gr. Sûjsioî,
(tiré de torcare ou plutôt torquare, primitif tige des plantes. Pour le transport d'idée, cp.
du surnom Torqnatus), ou par BL. tortia (it. le subst. L. truncus, tronc, et adj. truncus,
torcia), d'un participe tortus, il se rattache en coupé, mutilé (d'où en fr. trognon, tronçon).
définitive au verbe latin torquere, fr. tor- = TORSION, L. torsionem (torquere).
dre (on disait autrefois aussi tortis, d'un type 1. TORT, subst., it. torto, esp. tuerto, prov.
L. torticius). —
D. toi'cher (v, c. m.), to)'- tort, BL. tortum =
injustice, lésion, dom-
chon, -ette, torcJuh'e. mage, du L. tortus (torquere), tordu. C'est
TORCHER, BL., torcare, detergere, dér. une métaphore corrélative à celle de droit
de torca, fr. toi-che =
bouchon ou rouleau de = jus, qui rappelle la ligne droite. On
paille servant à nettoyer. Les étymologistes trouve encore dans les patois le verbe tordre,
modernes le ramènent au type lat. torticare. p. porter dommage, préjudicier, comme en
— D. torchis. latin déjà torquere signifiait torturer, tour-
TORCOL ou torcou, genre d'oiseaux grim- menter.
peurs « qui tord son cou " (Meunier), it. tord- 2. TORT, adj., tordu, L. toHus (torquere).
collo, esp. torcecuello. TORTICOLIS, d'abord un adjectif, puis
TORDRE, it. torcere, esp. port, torcer, de L. substantif; de tortum collum, cou tordu (l'ita-
torquere p torquere. —
D. tordage, tordeur.
,

lien dit collotorto et torticollo).


TORE, L. torus, nœud, renflement. D. — TORTILLER, d'un type torticulare (tortus).
toron. — D. tortille, tortillage, -etnent, -is, -on.
TORÉADOR, mot espagnol, du verbe torear, Cps. entortiller.
combattre les taureaux {tord). TORTIS, L. torticius (tortus).
TORMENTILLE (plante), de tourment (à TORTU, d'un type BL. tortuus ou tortucus
cause qu'elle apaise le toui-ment des dents, (extension de tortus). —
D. tortue (v. c. m.);
dit 0. de Serres). verbe tortuer; adj. tortueux, L. tortuosus,
1 . TORON, assemblage de
plusieurs fils de d'où tortuosité.
caret, tournés ensemble la lettre se refuse à
; TORTUE, esp. tortuga, prov. tortuga, tar-
la rigueur à une étymologie par tordre; mais tuga, du BL.
tortuca, tartuca (dér. de tortus.,
le wallon dit simplement toir (oi o), et l'on = tortu). En
anglais le mot est tortoise. L'it. a
peut admettre que <or(==tortum) .étant devenu la singulière forme tartarvga. La tortue a.
TOU — 493 TOU
dit-on, pris son nom de ses pieds tortus. du verbe toucher se reconnaît encore, dit-il,
L'ail, nomme cet amphibie schildkrôte, litt. dans l'expr. vfr. se toucher de qqch.., = se
crapeau à bouclier; l'it. dit de même botta séparer de qqch., échapper, et dans la locution
scudaja. nfr. toucher de V argent, qui rappelle Xd^S..geld
TORTUEUX, voy. tortu. einziehen. Pour la filiation des idées tirer et
TORTURE, L. tortura (torquere).— D. tor- toucher, Diez allègue encore les verbes L.,
turer. — - Cp. tourment de tormentmn, autre stringere, qui a de même les deux accep-
dérivé de torquere. tions, et attingere =
toucher et prendre, puis
TOSTE, TOSTER, voy. toast. le goth. tekan =
toucher, comparé à son simi-
TOT, promptement, it. tosto, prov. tost. On laire angl. take =
prendre, tirer à soi. —
s'estbeaucoup torturé pour éclaircir l'origine Schacht fait venir tocar e du goth. daupjan,
de cet adverbe roman, qui s'est substitué au vha. toufàn, immerger, qu'il identifie avec
L. statim ou illico. L'explication la mieux mha. tuptpeit, nha. tupfen, pointiller; il se
soutenable est celle qui le rattache au part. dispense de dire de quelle manière ; pensait-il
L. tostus, qui vient de torrere et signifie brûlé. à un intermédiaire top-icare (d'où top' car e,
Le même verbe torrere n'a-t-il pas donné tocare)] — Boucherie explique toucher par un
torrens, brûlant, puis violent, impétueux, ra- type latin "tudicare (de tud, racine de tundere,
pide? Diez, de son côté, cite à l'appui de cette frapper). Il ne trouvera pas grand crédit,
explication les expressions it. caMo caldo, tont d'autant moins qu'il faudrait disjoindre toquer
à coup, et vfr. chalt pas (= passu calido, et l'it. toccare. —
D. touche, touchant, adj. et
promptement, cp. en suisse fuss-warnis).
ail.
prép.; toucher, inf.-subst.; cps. attoucher (cp.
I^e sens de tôt s'accorderait davantage, d'après
L. attingere), retoucher.
l'opinion de Diez, avec une étymologie qui TOUER un navire, angl. tous. Ce verbe se
verrait dans tosto une contraction de tot-cito, rattacherait très bien au BL. tocare, au sens
c.-à-d. tout vite, d'où toç'to, tosto (cp. it. de tirer, qui, selon Diez, est le sens primordial
aniistà deamicltatem et destare dede-excitarc):, de ce mot (voy. l'art préc.) cp. louer de ;

pour la composition avec totus, cp. locaro. Cependant, il semble plus naturel de
it. tutto
in un tempo, tout à l'heure. M. Rajna le rattacher au subst. néerl. toute, angl. toic,

voit dans
fr.

un redoublement de isto (là,


it. tosto ail. tau, nord, taug, câble. = D. toue, —
en ce moment-là). —
Composés bientôt, tan- :
touage.
tôt, sitôt, aussitôt, plutôt. TOUFFE, vfr. toffe, v. angl. tuff, corres-
TOTAL, BL. totalis (totus). — D. totalité.
pond au mot suisse zxiff'e =
poignée de qqch.;
on connaît la correspondance qui existe entre
TOTON, L. totum, le tout le dé appelé
:
lez haut-ail. et le t roman. Ce mot zuffe est
toton a une des faces pourvues de la lettre T une variété littérale du mot ail. zopf=^ touffe
désignant le mot totum, parce que, lorsque
de cheveux, lequel, à son tour, n'est que la
le dé présente cette face, le joueur gagne tout.
forme haut-allemande du bas-ail. topp =
TOUAILLE, vfr. toaile, toeillc, angl. towel nord, toppr, ags., angs. top, touffe de cheveux,
(BL. toacula), linge pour se laver les mains; sommet d'un arbre, d'où vient le vfr. tope., nfr.
ce mot n'est en aucune façon une corruption toupe, et son dimin. toupet Cp. aussi BL.
de toile, comme on a prétendu, La simple toppus, faisceau.. —
Littré identifie avec touffe
comparaison de l'it. tovaglia, de l'esp. toalla le tu fa latin, qui se trouve dans Végèce avec
(cat. tovalla) et du prov. toalha engage à re- la valeur d'un étendard fait de plumes. D. —
jeter cette absurde étymologie. Le mot est touffu.
germanique et vient du vha. duahilla (mha. TOUFFEUR, de l'adj. touffe, suffoquant,
tiaehele, nha. zwehle), m. s., dérivé du vha. cité sous étouffer.
duahan, laver. C'est à la môme famille qu'il TOUILLER, remuer, mélanger, brouiller;
faut rattacher le verbe vfr. touaiUer, tooiller, voy. sous touaille. — Mon étymologie tocu-
laver; mais il faut en distinguer, je pense, le lare., lancée en 186 1 doit être anéantie, le
, mot
vfr. tooiiiller-., toeiller, brouiller, troubler, étant d'abord toeiller.
souiller, mot actuel <Oîfi/?er, mélanger,
dont le TOUJOURS, = tousjours ; cp. le vfr. tosdis,
remuer, forme contracte. Voy. mes notes
est la toudis = totos dies.
sur Baudouin de Condé, p. 500, et Gloss. des TOUPE, dimin. toupet, toupillon, voy.
Chroniques de Froissart s. toveillier. touffe.
TOUCAN, mot brésilien, que l'on rapporte TOUPET, voy, touffe, toupe. Le sens déduit
au cri de l'oiseau. " sommet, tête » (cp. angl, tap) a donné lieu
TOUCHER, variété chuintante de toquer (cp. aux locutions « le feu lui monte au toupet,
moquer moucher), it. toccare, esp., port.,
et avoir du toupet »>.
prov. tocar. Il se peut que ce mot soit issu de TOUPIE (angl. top, ail. topf), en Norman-
la racine onomatopée toc, comme taj^er vient die toupin ; vfr. Bodel)
topoie (Jean de la ;

de la syllabe imitative tap. C'est à une moda- rac. top = pointe,extrémité, rac. identique
lité vocale de toc que se rattache le latin TAC avec le top, tof, d'où touffe et toupet. Cette
ou TAG, dans tar/o* tan(/o toucher. Diez = — racine se rencontre également dans les idiomes
est d'un autre avis, qui peut-être doit préva- celtiques. C'est d'elle aussi que procède le
loir. Il voit dans toccare la représentation nord, top et vfr. toupon, bouchon, pr. chose
romane du vha. suchôn (ail. mod. zuchen), conique. Littré propose en outre vfr. toupin,
tirer, arracher. Cette signification originelle prov. topi, pot (de l'ail, topf, m. s.), à cause

TOU 494 — TRA

de la forme ronde de la toupie, mais les éty- Composés vfr. atourner, diriger vers, puis
:

mologistes ail. sont d'avis que c'est plutôt préparer, arranger, habiller, orner (cp. dres-
topf, toupie, qui a donné naissance à fqp/", pot,
ser), d'où vfr. atwn, nfr. atour; bistourner —
que l'inverse. —
D. toupiller. (v. c. m.); —
eo)itourner, subst. contour;
1. TOUR, fém., L. turris. —
D. tourelle. — détourner, subst. détour ; pourtour —
2. TOUR, niasc, prov. torn, 1. mouvement (v. c. m.); —
retourner, .subst. retour.
en rond, subst. verbal de tourner (v. c. m.); TOURNESOL, traduction du gr. >)/i9T/so7riov,
" qui se tourne vers le soleil ».
2. machine ou appareil du tourneur (dim.
modernes totirct, tourillon), du L. tornujs, TOURNOI, subst. de tournoyer.
gr. To>v9î, primitif du verbe tornm-c, fr. tour- TOURNOIS, terme do monnaie, L. Turo-
ner. nensis, ûaiipé à Toui"s.
TOURAILLE, t. de brasserie, étuve pour TOURNOYER, vfr. toumier, faire des évo-
sécher grain germé, du L. torrerc.
le lutions, cori'esp. du prov. torneiar, it. tor-
1. TOURBE, substance combustible, it. neare, esp., port, tornear; d'un type tornicare
torba, esp. turla, wall. (par transposition) (d'où provient aussi le subst. it. tornichetto,
Irouf, pic. troube, trouble; du vha. surba, fr. tourniquet). Subst. verbal tournoi, prov.

ags. tHrf,&\\. mod. torf, m. s. —


D. tourbeuio, tornei, esp., it., port, torneo,
tourbière. TOURTE, ail. torte, voy. tarte. — D. tour-
2.TOURBE, multitude, L. turba. tel' tourteau.
TOURBILLON, dérivé d'un type L. turbi- TOURTEAU, \o)\ tourte. — D. tourtelet,
cula(d'o\i tov.rbille'), dimin. du L. turbo,-ims elette.
(it. turbine), m.
s. —
D. tourbillonner. TOURTEREAU, -ELLE, L. turturellus,-ella,
TOURD, du L. turdus, grive et espèce de dim. de turtur, primitif conservé dans le vieux
poisson. —
D. tourdelle. mot fr. tourtre, angl. turtle.
TOURDILLE (gris), couleur de cheval, dér. TOUSELLE, blé sans barbe, féminin du vfr.

de L. turdus, grive. tousel, touseuu, iniberbo (pr. tondu, puis


lis.se),

TOURELLE, dimin. de tour 1. = damoiseau, mignon. Dimin. do tosus =


TOURET. TOURILLON, voy. tour 2. tonsus, tondu, ras.
TOURISTE, mot d'introduction anglaise, TOUSSAINT, fête consacrée à « tous les
dér. de tour, au sens d'excursion, voyage. saints ".
TOURMENT, L. tomientum (torquere), cp. TOUSSER, voy. toux.
torture. —
D. tourmenter. TOUT, du L. <ci<i«s, ou, strictement parlant,
TOURMENTE, orage, bourrasque; est-ce le d'une forme vulgaire tottus (Rom., X, 42).
subst. verbal fémin du verbe tourmenter, ou TOUTEFOIS, pr. en tout cas; voy. fois. An-
vient-il de quelque type barbare turbimmtum, ciennement on disait aussi toutevoie et toutes
de turbo, tourbillon? J'incline pour la pre- voies = it. tuttavia, esp. todavia.
mière explication ; tourmenter =
agiter vio- T0UTENA6UE, aussi tintenague; du per-
lemment, s'y prête parfaitement. —
D. tour- san toùtiyànâh, litt. = analogue à la tutie (v.

menteux. c. m.).
TOURNELLE, dim. do tour (lat. turris); TOUX, L. tussis. —
D. tousse)'; en vfr.
cela parait historiquement juste, mais n'en loitssir,d'après L. tussire.
est pas moins phonétitiuemont un problème ; TOXIQUE, L. toxicujn (ToÇt/ovj, Do là toxi-
comment expliquer l'existence simultanée do cohxjie, science des poisons.
tourelle et tournellc? Cette dernière forme TRABAN, it. trabante, suéd. drabant,
Celle remonte au xni^ siècle; serait-elle due à behême drabanti, ail. trabant. On rapporte
une influence de l'ancienne forme ail. turn ces mots à XaM. traben, trotter, courir; le
(ni. toren) concurrente de turmf traban serait ainsi pr. un piéton, un coureur.
TOURNER, angl. turn, mouvoir ou se mou- Littré parait préférer l'étym. trabe, bâton do
voir en rond, changer de direction, it. tor- bannière, aussi hallebarde, qui est L. trabes,
nare, esp., port.. prov. ?or;iar, du L. tornare, poutre.
façonner au tour (L. tornus). On est porté à TRABE. voy. l'art, préc.
croire que la langue vulgaire latine employait TRAC, 1. allure du cheval, de la racine
déjà tornare dans le sens de vertere, ce sens trac, aller, marcher, qui se rencontre dans
se produisant dans les plus anciens documents presque toutes les langues germani(jues (voy.
de la moyenne latinité. Le roman tornare, tracasser) ; cp. néerl. trehhen, tirer, aller ; —
n'était le L. tor)ius,venu dugrecTO/ivo;, s'expli- 2. trace, piste, angl. iruck; i)arait être le
querait aussi parfaitement par une contrac- subst. verbal masc. de tracer; on peut toute-
tion de L. turbinare, volvere, vertere (voy. fois aussi y voir le nord. trakka{\). tradka),
Quiclierat, Addenda). —
Subst. verbal, it., dér. de troda, marcher, fouler le sol. On
esp., port. prov. torn, fr. tour (cp.
t07-no, trouve en BL., dès le vu® siècle, traco, -onis,
four, jour, de forn,Jorn). De tour viennent pour voie, surtout voie souterraine.
les locutions adverbiales 1. entoiir (v. c. m.),
: TRACAS, subst. verbal de tracasser.
it. intorno (cp. eiiviron), d'où à l'entour et le TRACASSER, d'abord mettre en agitation ;

subst. alentours (v. c. m.) et le verbe entourer puis au sens neutre, s'agiter, courir çà et là
(v. c. m.); 2. autour. Dérivés de tourner: comme une bête traquée ; peut être considéré
tournant, -eur^ -ée, -ure, tournoyer (v.c. m.), comme une forme péjorative de traquer. Il
tournailler, tourniquet (voy. tournoyer). — peut, cependant, en être indépendant et être
TRA 495 — TRA
rappi'oché de l'écoss. traik, courir çà et là, TRAGÉDIE, L. tragœdia, gr. r/say^Sia. —
du bavarois trdcheln (suisse trockeln), être D. tragédien.
indécis (la racine trak tient sans doute au tra- TRAGIQUE, L. tragicus, gr. rpx/tzo;.
gere latin, foi'me antérieure de trahere, sans- TRAHIR, anc. traïr^ it. tradire., du L. ti'a-

crit trak, marcher, courir, gr. "^piy.fa, courir). dere (pr. livrer) =
prodere cp. envahir, de

;

Il vaut la peine, pour confirmer cette dernière invadere. Du subst. traditionem fr. trahi- :

étym., de rapprocher de tracasser un syno- son., traïson; de traditor fr. traître (v. c. m.).
:

nyme vfr. c'est trepeiller {-= courir çà et là,


: TRAILLE, pont volant, d'après Diez, du L.
être inquiet) qui vient du vfr. trepcr, faire Iragula (tragere* =
trahere), employé par
des pas, sauter (étymologiquement identique Varron pour traîneau, claie, herse selon ;

avec le néerl. trippen, ail. trippcln, angl. d'autres, p. tiraille.


irip, faire des petits pas, voy. trépigner), et TRAIN, anc. traïn, trahin, it. traino, esp,
d'où vient vfr. trcpeil, inquiétude, tourment, tragin, cat. tragi, prov. trahi, marche, allure,
tracas. —
D. tracas, tracassier. trace, suite, attirail; dérivé de trahere, tirer.
TRACE (it. Iraccia, esp. trasa, prov. trassa), Pour la relation entre tirer et marcher, cp.
subst. verbal de tracer. l'ail,siehen, qui réunit les deux acceptions,
TRACER, tirer des lignes, it. tracciare, le L. ducere, etc. Le type immédiat de traïn
suivre la piste, esp. trazar, tracer. D'un type doit avoir été un subst. L. trahimen; cp.gain,
latin tractiare, tiré, d'après le génie roman, anc. gain (dans le cps. regain) =it. gua-ims.
du L. tract us, part, de trahere, tii'er des Les formes it. et esp. paraissent calquées sur
lignes, faire des traits, (cp. chaccr' chasser, la forme fr. ou prov. —
D. traîner (anc. traî-
de capiiare). —
D. trac, trace (v. ces m.); ner, trahiner).
subst. part, trace.
TRACHÉE-ARTÈRE, gr. rpuyfix komrAy.,
TRAINER, voy. train. — D. traîne, traî-
neau, -e'e, -ant, -ard, -asse; cps. entraîner.
artère raboteuse. du L.
TRAIRE, it. trarre, esp. traer, tra-
TRACTION. L.tractioiiem (trahere). cere ou tragere, forme primitive de trahere;
TRADITION, L. traditionem, action de cp. faire de facere. Le mot traire.^ anc. d'un
transmettre [tradere). Le même subst. latin, usage aussi fréquent que le tirer d'aujourd'hui,
avec le sens action de livrer », s'est francisé
••
a rétréci son application à l'action de tirer le
en trahison (v. trahir). —
D. traditionnel. lait d'une vache. — Du part, latin tractus : le
TRADUIRE, L. tra-ducere, 1. transférer part. fr. trait, d'où le subst. partie, fém.
(cp. traduire devant les tribunaux); 2. faire traite, étendue de chemin, lettre de change
passer d'une langue dans une autre; cp. les tirée sur qqn., transport de marchandises,
termes analogues fr. translater" et angl. trans-
late (de Iranslatum, supin de tr ans ferre), et
commerce, trafic. —
Dér. du fr. traire ; subst,
trayon, bout du pis d'une vache.
ail. iibertragen, iibersetzen. D. tradui- — 1. TRAIT, L. tractum (trahere), pr. chose
sible. Du L. traductorem, -tionem fr. tra- :
tirée ou tracée ; de là flèche, corde, ligne,
:

ducteur, -tion. marque, etc. (cp. l'ail, zug).


TRAFIC, voy. l'art, suiv. L'ancienne langue 2. TRAIT, action de tirer (« d'un seul trait »),
avait aussi la forme féminine tra/lcque.
du subst. L. tractus (trahere).
TRAFIQUER, it. Irafficare, prov. trafe- TRAITE, voy. traire.
guare, sp. Irapgar, trafagar port, trafegar; ,
TRAITER, L. tractare, fréq. de trahere,
de là le subst. verbal <ra//c, it. traffico, prov. tirer;donc tirer beaucoup ou en tous sens,
irafec, trafeg, esp. trafago, trafico, port, tra- manier, cultiver. —
D. Iraitable, traitemoit,
fcgo, trafico. L'origine de ce mot n'est pas traiteur, traité, (L. tractatus).
encore tii'ée au clair. « Il est remarquable,
dit Diez, que le v. port, trasfegar, transvaser
TRAITRE forme contractée du vfr.
est la

(= L. transvicare' de vices), signifie aussi traliitre, du L. traditor (qui


traître et vient

« faire commerce que com- dans le bas-latin portait l'accent sur la seconde
", et le cat. trafag,
syllabe); au cas-régime, l'anc. langue avait
merce, transvasement.
artifice, signifie aussi
trahitour = L. traditôrem. — D. traïteus",
Mais si trafegar est identique avec l'anc. tras-
fegar, il faut qu'il y ait eu dans les subst. v.
traïtrcus, l'esté dans l'adv. traîtreusement. —
port, trdsfcgo, n. port, trdfego, trdfico, un
Voy., sur l'histoire de ce mot, Tobler, Ver-
transport de l'accent sur le préfixe, ce qui est
mischte Beitrâge, p. 81.
très exceptionnel. » —
Le sens primitif parait TRAJET,
versée.
L. trajectus (tra-jicere), ti"a-

exprimer mouvement inquiet, choc des inté-


rêts, et survivre dans lelangued. irafi, tracas, TRALE, nom vulgaire du mauvis, vfr.
trouble, désordre ; aussi Wedgwood rattache- trasle, du vha. throscela, ags. throsle, angl,
t-il le mot au verbe cymr. trafu, remuer, throslle, ail. mod. drossel.
agiter. — Si le sens primordial du mot était TRAMAIL, trémail', it. tramaglio, angl.
« commerce, négociation », on pourrait à la tramel, BL. tremaculum. Ce derniei- substan-
rigueur partir d'un adj. barbare traficus (de tif, qui représente la forme normale, se
trans-ficere) au sens de « qui transmet, négo- décompose, d'après Diez, en tre très, et =
ciateur ». Toujours est-il que toutes les formes macula, maille donc filet à trois mailles ;
;

citées ne s'y prêtent pas aisément. cp. le L. tri-licium, d'où it. traliccio, fr. treil-
TRAGACANTHE, gr. tp^y^^.x-j^x (épine do lis. Le wall. dit tramaïe pour treillis ; le pié-
bouc^. Voy. aussi adragant. montais a trimaj.
.

IRA — 496 TUA

TRAME, L. trama. D. tramer.— qui va au delà (des limites ordinaires). D. —


TRAMONTANE, de l'it. tramontana, nord, transcetulancc
puis vent du nord, étoile du nord ; de trans TRANSCRIRE. L. transcribere ; subst.
montes, au delà des montagnes (des Alpes), transcriptio, fr. transcription.
L'anc. fr. A\&a\t tresmontaine. TRANSE ce mot signifie en premier lieu
;

TRAMWAY, mot anglais, abrégé de Outram- les angoisses de la mort c'est l'esp. ou port.
;

xoay (d'après Outram, le nom d'un ingénieur trance (masc.) =


moment suprême, pas de la
anglais). mort. Ce mot trance, suivant les lois phoné-
TRANCHER, autrefois trencher, prov. tren- tiques de la langue esp., correspond à l'it.
car, triiicar, trinchar, esp., port, tî^ncar, transita (L. transitus), passage de la vie à la
it. trinciarç, couper, rompre, pic. trinquer. mort (cp. le mot trépas), à!oh trans'to, trance,
L'étymologie de ce verbe est encox'e controver- transe. Friscli cite à l'appui une forme ail.
sée. Le verbe transdndere, allégué pour type usuelle en Suisse transt : =
tran.se. Jusqu'ici
par Roquefort, ne mérite qu'une mention do nous avons reproduit l'opinion de Diez. Nous
curiosité. 11 faut également rejeter L. trun- nous permettons à notre tour une petite va-
care et transsccare, ainsi que le type mons- riante d'explication. Nous partons du verbe L.
trueux trennicare, que l'on fait dériver de trans-ire, au moy. âge =
trépasser, mourir,
l'ail, trennen, séparer, diviser. Langensiepen de là verbe fr. transir, anc.
le mourir, =
propose, avec trop de subtilité, le type fictif plus tard =
être glacé, c.-à-d. perdre le sen-
dirimicare, d'rimicare, d'rimcare, de diri- timent de la vie ; or, le subst. transe peut très
m^re; l'irrégularité de t p. d n'est pas sans bien être considéré comme le subst. verbal do
précédent, mais si elle paraissait trop cho- transir et signifier torpeur, frayeur do .^rte ;

quante, l'auteur de cette étymologio recom- qu'il n'est pas néces-sairc de suppo.«jer un em-
mande la filière suivante L. interimei'c (pr.
: prunt direct à l'espagnol. Cp. faille do faillir,
enlever du milieu, détruire, tuer), interimi- courine', do convenir. D'ailleurs, les éty-
care, intrhnicare, trincare (cp. it. tra p. mologistes ont renoncé à l'explication de
intra). A propos de cette dernière étymologio, l'esp, trance par transitus. En angl. trance
Diez conjecturerait plus volontiers i)iter)ie- équivaut à extase. —
Ménage proposait strin-
care, que Prudence emploie dans le sens de gère, serrer, et Nodier en était encore uno
détruire et qui pourrait avoir donné nais- fois réduit à la ressource do l'onomatopée.
sance au prov. entrencar, briser, d'où, par TRANSEPT, mot technique, formé de L.
aphérèse, trcncar, etc. —
Littré opte pour trans, et de septum, enceinte; donc espace
truncare; trencher serait p. troncher comme transversal.
vfr. volenté p. volonté. La difficulté des formes TRANSFÉRER. L. transferere, forme bar-
avec i {trinciare) ne lui semble pas assez bare p. trioisfrrre ; du i)art. barbare trans-

importante pour invalider cette origine. Au ferli'.s vinit le sr.bst. transfei't.


Suppl., il allègue en confirmation de son étym. TRANSFIGURER, L, trans-figurarc.
une forme troinchier recueillie dansFloovant TRANSFORMER, L. trans-formare.
(xiii® siècle), v. 153. —
ï>. tranche, tranchant, TRANSFUGE, L. transfuga.
tranchée (p. le sens « douleurs de ventre », TRANSFUSER, L. transfusare', fréq. de
cp. l'expr. analogue ail. leibschnciden), traii- transft'tulerc, par le supin trunsfusu.m, d'où
chet, -oir, retrancher. aussi subst. transfusionem. fr. transfusion.
TRANQUILLE, L. tranquillus. —
D. tran- TRANSGRESSER, L. transgressare' fréq. ,

quiUité, L. tranquillitatem ; tranquilliser. de transgredi, dont le supin transgressum a


TRANS-, élément de composition d'un grand donné transgrossorem, -ionem, fr. transgres-
nombre de mots de provenance latine. C'est seur, transgression.
l'adv. ou prép. trans, au delà, à travers. On TRANSIGER, voy. transaction.
l'a appliqué aussi à quelques verbes du fonds TRANSIR, voy. transe.
non latin, p. ex. transborder, traiuperccr. TRANSIT, mot savant, L. transitus, pas-
Dans la couche ancienne de la langue fr., le sage.
préfixe latin trans s'est régulièrement converti TRANSITIF, L. transitivus; tr.^.nsition ,
en très L. mansus, vfr. mes), dont la
(cp. L. transitionern ; transitoire, L. transilo-
finale s s'est efl'acée dans l'orthographe mo- rius, passager.
derne devant les consonnes autres que s ex. : TRANSLATER, angl. translate, voy. tra-
trespasser' trépasser, tressaillir. La forme d l'ire.
corresp. it. et prov. est tras (en it. aussi tra). TRANSLATION, L. trans-lationem (trans-
Le mot très = L.
trans sert aussi d'adverbe ferre).
pour marquer, sinon l'excès, du moins le haut TRANSMETTRE, anc. trameltre, L. trans
degré très grand
: =
excessivement grand, mitterc, supin transmissum, d'où transmis-
it. tras grande, cp. en ail. iXhergross. L'anc. sion, L. transmissionem, et transmissible, L,
langue en faisait un usage bien plus étendu transmissibilis.
;
elle disait, par exemple si très grand, la plus
: TRANSMUER, L. trans-mutare, d'où trans-
très belle gent. mutationem, fr. transmutation.
TRANSACTION, L.transactionem, subst. de TRANSPARENT, mot nouveau iaiiAçtrans,
Iransigere (litt. i)ou.sser outre,
jusqu'à bout) = à travers, et du part, parentem, qui parait,
fr. transiger. —
D. transactionnel. qui luit. C'est une imitation du gr. ciscyav^j,
TRANSCENDANT, L. transcendentem litt. , diaphane. — D. transparence.
TRA — 497 — TRA
TRANSPIRER, du L. (fictif; tram-spirare, tracaner, dévider de la soie (dont l'origine est
s'exhaler à travers, sortir d'une manière in- inconnue). Il voit aussi dans traquenard I une
sensible. simple déduction de sens " le piège, qui est
;

TRANSPLANTER, L. trans-jihmtare. du genre des trébuchets, a donné son nom à


TRANSPORTER, L. trans-portare. D. — l'allure dans laquelle le cheval semble trébu-
substantif verbal transport. cher ".
TRANSPOSER, àe poser, daprès L. truns- TRAQUER, pr. tirer des toiles autour d'un
j)onere, dont le supin transpositum a produit bois pour y faire entrer le gibier; du néerl.
transpositionem, fr. transposition. trehken, tirer. Cette origine du mot n'est pas
TRANSSUBSTANTIER, mot théologique, assurée ; il est difficile de le séparer d'un
changer une substance en une autre. D. — thème lat. tract (cp. it. tracciare, suivre la
transsubstantiation. piste); la forme fr. peut n'être qu'une variété
TRANSSUDER, L. (fictif) trans-sudare. dialectale de * traclwr, tracer comme attaquer
Lanc. langue disait tressuer, transpirer. de attacher. — M. Ulrich voit dans le thème
TRANSVASER, it. travasare, mot nouveau, traccare une forme romane commune issue de
= faire passer d'un vase dans un autre. tracticare (de tractum). —
D. traque, action
TRANSVERSAL, mot scientifique, tiré de de traquer; traqueur, traquet, piège; peut-
transvo'sus, voy. travers. être aussi tracasser (v. c. m.).
TRANTRAN. aussi train-t^-ain, d'après Lit- TRAVAIL, it. travaglio, esp. trabajo, port.
ti"é, subst. verbal de l'anc. verbe Irantraner, trabalho, prov. trabalh, trebalh, anc. tour-
qui représente, selon lui, le néerl. tranten, ment, chagrin, peine, puis ouvrage (même
trantclen, se promener çà et là. Le mot train enchaînement que dans le L. Jabor). On s'est
n'y serait donc pour rien. bien torturé pour fixer l'origine de ce mot
TRAPÈZE, BL. trapezium, dér. du gr. roman. Ferrari le fait venir de tribulum, tri-
puis toute surface carrée.
TjsâTTî^a, table, bulare, Sylvius de ti^ans-vigilia, veille, insom-
TRAPPE, prov. et BL. trappa, esp. trampa, nie, Muratori et autres de l'it. vaglio, tamis
it. (dim.) trappola, du vha. trapo, piège, tré- [travagliare serait pr. =
secouer i, Wachter
buchet. —
D. attraper (v. c. ). m du cymr. trafod ^= travail d'autres, moins
;

TRAPU, vfr. trape ; Diez admet la possi- aventureux, du gaél. treabh, labourer (cp.
bilité que trapje soit venu, i)ar transposition, l'ail, arbeiten, pr. labourer, travailler la terre,

du gaél. tarp, monceau (cymr. talp) cepen- ; et le fr. labourer =


L. laborare, travailler).
dant, il préfère le rattacher au mha. dapfer, Diez ne croit pas devoir sortir du domaine
tapfer, solide, ramassé, lourd, gros (= ail. latin ; il voit dans travail un rejeton du verbe
mod. tapfer, fort, brave), d'où vient le subst. travar (d'où le fr. en-traver), arrêter, empê-
vha. taphari, monceau. On voit de la même cher, qui lui-même procède du subst. L. trabs
manière se correspondre pour la lettre le (vfr. tref), poutre. Travar, c'est pr. mettre
verbe mha. tapfern, maturarc,et le fr. traper des bâtons dans les roues, enti'aver de là ;

= egregie succrescere (Dictionn. de Tré- se dégage l'acception contrarier, tourmenter.


voux). Auj. on dit encore d'un melon qu'il Voici, en définitive, l'enchaînement des for-
trape, qu'il grossit. Trape peut en effet aussi mes et des acceptions Trabs, ])outre, barre ;

:

bien venir du groupe tapar que tremper de de là le type trabare, d'où esp. travar,
temperare. mettre des entraves (cp. le fr. embarrasser
1 .TRAQUENARD, 1 cheval marchant une de barre), ari'êter, empêcher, tourmenter,

.

espèce d'amble appelé entre-pas, puis 2. cette contrarier, puis la forme diminutive tra-
allure elle-même. Nicot traduit le mot par baculare, ou -iculare, avec les mêmes signi-
astm'co. Hier. Victor par chinea, hacanea; fications, d'où travailler, traveiller" etc. ,

Monet le définit par ^ qui va l'amble, qui De là le subst, verb. travail, 1. (sens pi'opre)
iriarche un pas serré doux. mesuré et
, appareil composé de poutres pour tenir en
vite ». D'où vient-il? Il faut écarter Tétym. respect les chevaux vicieux; 2. (sens fig.) con-
tricanarius de tricare, « quod intricet pedes » trariété, peine, tourment (cp. embarras). Du
(Borel , Saumaise) . Le P. Labbé dit : subst. verbal travail s'est de nouveau dégagé
" Trac vient du bruit que font les chevaux en un verbe travailler, de seconde formation,
marchant, et le même bruit fait que nous di- signifiant se mettre en peine, se donner du
sons « il va son traquenard «. Littré tire la mal, s'efforcer, exercer ses forces sur qqch.,
valeur de notre mot de celle du suivant (v. comme labor, peine, a donné laborare, tra-
celui-ci). Diez rapproche l'it. traccheggiaro, vailler. —L'angl. a travel == faire du che-
faire lentement, traîner! —
Pour moi, il me min, voyager le vfr. donnait la même accep-
;

semble difficile de le séparer de trac allure = tion au verbe traveiller et le bavarois arbei-
du cheval; pour le reste, je ne saurais rien ten a le même sens. C'est la peine, l'effort,
en dire, sinon qu'il a pu se former par un envi.sagés à un point de vue spécial.
subst. intermédiaire traquon, d'où verbe tra- TRAVAILLER, voy. l'art, préc.
quener et subst. traqitenard (qui serait donc TRAVÉE, d'un type latin trabata, dér. du
simplement = marchant l'amble, equus tolu- L. trabs, trabis, poutre.
tarius). TRAVERS, du L. trans-versus, tra-versus,
2. TRAQUENARD, piège, trébuchet; de placé (pr. tourné) en travers, oblique ; de là :
traque-renard ? Ce n'est pas impossible. Lit- subst. masc. travers (l'idée d'obliquité a dé-
tré rattache notre mot au môme radical que gagé le sens moral irrégularité, bizarrerie,
32
TRÉ — 498 — THE

adverb. d'où, par mèiaXhQ&e, tréfonds (c^.'it. tremuuto


caprice), fém. traverse; les locutions
de travers, à travers, au travers
de, l'adj. = terrse motus). D'autres expliquent le mot
oreiller qui par très fonds, fonds, allant au delà du
-\-
traversier, le subst. traversin,
verbe sol, c.-à-d. sous le sol. Grandgagnage est con-
occupe toute la largeur du lit, etc.; le
traire à l'ét. teri-œ fundus et démontre que
traverser- passer à travers.
TRAVERSER,
.

voy. l'art, préc. — D. tra- très-fonds est simplement une forme superla-
tive de fonds n'ayant en soi d'autre significa-
versée.
tion que celle de ce dernier ; pour ainsi dire
TRAVESTIR, it. travestire, type latindun
archi-fonds. 11 aurait pu à ce sujet invoquer,
tram-vestire, faire changer de vêtement.
comme formation, le BL. transcensus (1138),
TRAYON, dér. àetraire (v. c. m.). plus tard trecensus, rente d'un fonds de terre
TRÉ..., préfixe, voy. trans. (voy. Du Cange). —
D. trefonciei'.
TRÉBUCHER, esp., prov. trahucar, sens TREILLE, prov. trelha, du L. trichila, tri-
actif =
renverser, jeter à terre, sens neutre cla, tricha, berceau de verdure. D. verbe —
= tomber à la renverse. Selon Diez, ce verbe treillei', d'où treillage et treillis, assemblage
et du
est un composé du préfixe trans, tra de barreaux de bois qui se croisent en forme
vfr. bue, qui signifiait tronc, buste du
corps
de treille.
humain (voy. buste 2) et que l'on croit iden- 1. TREILLIS, voy. l'ai't. préc. — Ti.treil-
tique avecit. buco, buca, cavité, trou. Comme lisser.
analogie, il cite l'it. trambustare, renverser, 2. TREILLIS, toile grossière, vfr. trelis,
de busto, buste. Trébuche)' qqn. serait donc tresUcc, it. trc.liccio, esp. treliz, du L. trilix,
pr. faire dévier le tronc de sa direction natu- (licium), qui ast aussi le
relle en passant sur quelque obstacle. — tissu do trois fils
type de lequivalent ail. drillich.
Nous n'avons pas une foi entière dans cette TREIZE, du L. tre-decim, cp. seiie de sedc-
étymologie. Évidemment, l'on ne peut guère cini, o)i:e de un-decitn.
séparer trabttcher trébucher, do l'it. traboc- TRÉMA, du gr. rpr.fix, tiou, puis les
care, lancer, jeter, renverser. Or, ce verbe points percés dans les dés à jouer.
ital. dérive de trabocco, baliste (cp. accabler, TRÉMAIL, voy. tramail.
pr. abattre, de cadabula). Ou faut-il, en sens TREMBLE, it. tremula, du L. tremnla, s.
invei'se, dériver trabocco, l'instrument, du
comme
pense le
e. populus, peuplier tremblant. — D. tj-eni-
verbe traboccare, et voir, blaie.
Diez, dans ce dernier, une simple variété de TREMBLER, trcmolare, esp. tremblar,
it.
trabucaref— Au Suppl., Littrô ob.servo que
HL. tronulare, do l'adj. L. tretmilus (trc-
l'it. <j-atoccarc signifie pr.jetersurla bouche,
mcrc). agité, tremblant. D. trembloter. —
comme le vfr. adcnter jeter sur les dents.
TRÉMIE, forme altérée des vieux mots iré-
Mais en admettant le primitif tf^cm, L. bucca muie, trt^oic, it. tramogyia, s-ic. trimoja,
pour traboccare, comment le fr. a-t-il trébu- prov. tremueia. Selon les uns, de L. trimodius
cher et non pas rrt'touc/itT? pourquoi le prov. (la trémie envisagée comme renfermant très
distingue-t-il les voyelles dans trabucar (tré-
modios)\ selon d'autres (et c'est à eux que
bucher) et dans abocar (renverser)? Si l'on — nous donnons raison, la trémie étant toujours
trouvait quelque part le type trabuscare, rien
dans un état de tremblement); tramoggia
ne serait plus facile que d'expliquer le mot serait pour trema-moggia {moggia ^fr- niuie
par " mettre une bûche à travers » pour faire représente le L. modia p. modius, boisseau),
tomber mais le radical ne se rencontre que
;

sous la forme bue (non pas buse). Enfin, ne — donc pr. =


boisseau tremblant. Cp. l'expr.
angl. mill-hojrjHr,{^ trémie), litt. sauteur de
pourrait-ou pas invoquer un primitif /rrt6«c«,
moulin, et Icsexpr. BL. tremellum, tremula.
trabucus, dérivé de trabs avec le sens de ivemWcv;
TRÉMIERE {rose),àyi h. tremere,
poutre mise en travers, traverse (cp. carruca, zitter-rose. Comme cette rose en réa-
cp. l'ail,
massuca et tant d'autres;? Cp.en \t.trabacca,
rien qui justifie cette origine, Legoa-
baraque, autre dérivé de trabs. De trabu- — lité na
raht explique son nf)m par une corruption
cus rapporté à t7-abs, viendrait le dimin. tré-
buchet, 1. obstacle, piège, 2. barreau, fléau,
dHoxitre-mci-. —
Selon d'autres de Tremier,
importateur de la plante (?j.
levier d'une balance. Les subst. prov. trabuc,
TRÉMOIS, blé de trois mois, BL. treme-
esp. trabuco, it. trabocco =
baliste, s'accom-
sium, du L. trimense, s. e. triticum.
moderaient aussi d'un primitif trabs. voir le radi-
TRÉMOUSSER; on est tenté d'y
TRÉBUCHET, it. trabocchetto, voy. l'art, à justifier le
cal latin trernerc, maisilresterait
préc.
suffixe (lussej; à moins de trouver quelque
TRÉFILER, type trans-filare, passer le fil
type italien tremozzo, treniozzare. Diez expli-
à travers la filière. — D. tréfileur, -erie. que le mot par un vocable barbare trans-
TRÈFLE ne peut venir du L. trifôlium que motiare, se remuer fort [ti-ans marquerait
par un déplacement de l'accent primitif tri- : l'excès comme dans tressaillir}. Ce qui appuie
fôlium, trifliiim, trèfle. L'accent sur o est cette étym., c'est le participe it. mosso, de
respecté dans le vfr. trefeul, prov. trefeuil. — muovere, moUvoir.
D. tréflier, chardonneret. TREMPER, transposé de l'anô. temprer, it.

TRÉFONDS, d'après NicotetDu Gange, con- temprare, angl. temper; voy. tempérer.

traction de terrœ fundus. Cette étym. est par- L'application du sens « durcir, aciérer » au
tagée par Darmesteter ; d'abord terfonds. lat. temperarc se rencontre dès le iV^ siècle
.

TRÉ — 499 — TRI

(Rônsch.,Jahrbucli, XIV, 339). — D. trempe; servée parmi le peuple, a pu passer dans le


détremper. roman (on en trouve une trace dans le breton
TREMPLIN, selon Bracliet, de Tit. tram- tensaour). De tensaur se serait produit ^«e^-or,
pellino, mais je cherche en vain ce mot dans puis trésor (pour n changé en r, cp. la forme
les dictionnaires; je crois plutôt que tremplin latine frestra, qui se trouve chez Papias p.
est une forme nasalisée de trepelin et vient du fenestra, fnestrà).
vfr. trepeler, dim. de treper, sauter (voy. TRESSAILLIR, du type trans-salire, sauter
trépigner). bien il vient, comme l'it. tram-
Ou fort [trans préfixe de l'excès). — D. tressail-
poli, échasse, directement de l'ail, trampeln, lement.
angl. tranip, tram.ple, trépigner, marcher, TRESSAUT, en termes de monnaie, inéga-
fouler. litéentre deux essais d'une même espèce d'un ;

TRENTE, it. trenta, esp. treinta, du L. type trans-saltus ; c'est donc un terme analo-
iriginta. — D. trentièm,e, -aine. gue à ressaut =
resaltus; cp. le mot saillie.
TRÉPAN, it. trepano, trapano, du grec TRESSE, anc. trece,\t. treccia, prov. ti'essa
Tjsùtav'yv, m. s. — D. trépaner. (esp. trenza, port, trança). Les étymologies
TRÉPAS, voy. l'art, suiv. L. tricœ, embrouillement, confusion, ou grec
TRÉPASSER, anc. tres-passer, it. tra-pas- ^piX, gén. zpiyoi, cheveu, sont insoutenables.
sare, outre-passer, puis fig. passer de la vie à Mieux vaut celle tirée de l'adv. -zpiyx, en trois
la mort, mourir. Voy. aussi l'art, transe, — parties, d'où a pu se produire un subst. tri-
D. subst. \evhs\ trépjas, mort, autref. = pas- chea, puis treccia (cp. L. brachium, it. brac-
sage en général. cio). Cette manière de voir, qui est celle de
TRÉPIED, it. trcppiede, du L. tri-pcs, gén. Diez, a pour elle le rapprochement de l'it.
tripedis, à trois pieds. trina, pi'ov. trena, synonyme de treccia et
TRÉPIGNER, p. trepiner, dérivé du vfr. venant du L. trinus, triple. Elle se i^ecom-
treper, sauter. Treper, triper, appartiennent mande en outre en ce que le mot latin trichea
à la racine trap, trip, à laquelle se rattaclient n'est pas trop hypothétique, puisqu'il fournit
les mots germaniques trappen, trappeln, en même temps le primitif de trichila, d'où
trampeln, trempeln, irippjeln, néerl. trippen, fr. treille. —
D. tresser, -eur, -oir.
angl. trip, etc., qui tous expriment mouve- TÏIÉTEAU, anc. trestel, BL. trestelhis,
ment du pied. Cette racine se trouve égale- angl. trestle; selon Diez, du néerl. drie-stal,
ment dans le celtique. Voy. aussi le mot^rem- siège à trois pieds. Cola me semble probléma-
plin tique, et je préfère l'étymol. L. transtrum,
TREPOINT ou trépointe, litt. (chose) piquée proposée par Diez en seconde ligne. Trans-
à travers. trum, traverse, poutre —
dim. transtellum
TRÈS, voy. trans. — fr. trestel constituent ime série de formes

TRÉSAILLE, pièce de bois pour maintenir parfaitement correctes, etje renonce à la con-
les ridelles d'un chariot; ce tei'me est sans jecture transitellus, trastellus, que j'avais
doute de la même famille que trésillon, mor- posée dans ma première édition. D'après
ceau de bois pour serrer deux cordages ou Littré, du cymr. trestyl, m. s., dér, de trawst,
pour séparer des ais nouvellement sciés. En poutre.
l'absence de toute autre information, je fais TREUIL, anc. = pressoir, auj. = machine
dériver ces mots de très, anciennement le cas pour soulever des fardeaux ; c'est le prov.
sujet de tref, pièce de bois, qui est le latin trolh. Celui-ci est p. torlh et vient, comme
trabs ou trahis. Nous aurions-là un de ces l'it. torchio,torcolo, pressoir, du L. torculum,
cas où l's accidentel du nominatif a persisté m. Horquere, tordre, tourner).
s.

dans la dérivation (cp. fond, nomin. fans, TREVE, vfr. trive., triuwe, it., esp., pi'ov,
verbes fonser, foncer, enfoncer; L. puteiis, tregua, port, tregoa., BL. treuga. L'ancienne
fr. puch et (avec l'^- de flexion) ^juz's, d'où acception de ces mots est sûreté, » securitas
pmiser). Je rattache au même très, pièce de praestita rébus et personis, discordia nondum
bois, un verbe hypothétique estresiller, mettre finita " de là s'est déduite celle de suspension
;

des étançons pour soutenir des terres ou des d'hostilités. Du vha. triuwa, triwa, gotli.
murs, d'où nous est resté le terme technique triggua, confiance, sécurité; de triggua vient
étrésillon, pièce de soutien. tregua (par transposition treuga), d'où tregva,
TRÉSILLON, voy. l'art, préc. treva, trêve.
TRÉSOR, it., esp. tesoro (v. esp. tresoro), TRIACLEUR, charlatan, fanfaron, pr. ven-
prov, thesaur, du L. thésaurus (gr. &/)î«uo5j). deur de ihériaque; du vfr. triade p. triaque
D'où vient l'r de la forme française? Est-ce = L. theriaca.
une simple insertion euphonique, comme dans TRIANGLE, L. tri-angulus, d'où triangu-
fronde de funda, ou une transposition de Va laire et trianguler, d'où triangulation.
tinal? Diez pense que cette insertion, parti- TRIBORD, p. s tribord (v. c. m.).
culière aussi au napolitain trasoro, remonte TRIBU. L. tribus.
très haut, puisque l'ags. a trésor et le vha. TRIBULATION, L. tribulationem, du verbe
treso, triso, et que ces mots germ. sont d'im- tribulare, écraser, tourmenter, affliger, d'où
portation romane. Il se peut, dit-il, qu'elle it. tribolare, vfr. tribler, écraser, ainsi que les

soit basée sur une raison étymologique. Il est anc. termes triboider et tribouiller, remuer,
établi que le mot latin thésaurus a été pré- troubler, tourmenter.
cédé d'une forme thensaurus, qui, s'étant con- 1
TRIBUN, L. tribunus (tribus). De là : tri-
TRI — oOO — TRI

Dunatus, fr. tribunal, et tribunal, pr. le siège fois broyer et examiner de près, .le me rends
plus élevé où siègent les tribuns ou les magis- volontiers à l'autorité de Diez ; pour ma part,
trats, fr. tribunal. Le sens « siège élevé » j'y avais vu le L. ex-tricare, it. strigare,

s'est conservé dans le mot BL. tribuna, fr. démêler (chute du préfixe comme dans pâmer
t7'ibic)ie. p. espasmer, dans les patois saiei' p. essayer).
TRIBUNAL, TRIBUNE, voy. l'art, préc. — D. triage (vfr. tri, trie).

TRIBUT, vfr. trcilt, du L. tributum. — TRI6AÙD, BL. tricaldtis, du L. tricari,


D. tributaire, L. tributarius. user de finesses. — D. trigauder, -erie.

TRICHER, vfr. trcchcr, it. treccare, prov. TRIGLE. poisson, du gr. -z'^ijU, m. s.

trichar. Diez, rejetant, pour des scrupules TRIGONOMÉTRIE, mesurago {jj-i-rpia) des
phonologiqucs, l'éTymologie L. tricari (j long), triangles (-ofywvovj.
faii'e des difficultés, des détours, rattache le TRILLE, it. trillo, tremblement do voix ;

mot au néerl. trek, trait (cp. l'expr. fr. « faire verbe it. trillure, fr. triller, ail. trillcrn, angl.
des traits «), subst. du verbe Irckken, nilia, trill ; probablement une onomatopée; le mot
trechen, tirer; cp. l'angl. /nc/f, tour de main, danois trille, suéd. trilla, rouler, rapproché
trait d'adresse. —
Storm incline pour l'éty- de l'expr. fr. roulade, mérite cependant d'être
mon tricari, repoussé par Diez. L'e dans le pris en considération.
vfr. treclier, it. treccare se justifie pleinement, TRILLION, formé do très, comme billion
dit-il. si admet pour
l'on la basse latinité le de bis ; cest le troisième ordre en partant de
redoublement du c l'adical[triccare), de môme million comme premier; million lUOOmille; =
que formes l'oinanes nous obligent d'ad-
les billion = 1000 millions; trillion = 1000 bil-

metUe un type ghittus p. ylùtus, cuppa p. lions.


cupa (Rom., V, 172). —
D. tricheur, triche- TRIMBALER, mot populaire, forme nasa-
rie, vfr trecerie. lisée de triballcr, (pii signifie agiter, secouer,
TRICOISE, champ, trecoise, tenaille, du danser, et qui semble être une modification
néerl. ireh-ijzer, à tirer.
fer —
Je tire cette de tribouler (voy. tribulation)\ Ou bien faut-il
étym. de Diez; mais frcA-y-cr a-t-il jamais y voir une conti'action du mot équivalent
signifié tenaille ? Aiij. il ne signifie que filière. trinquebaler (Rabelais), lequel est peut-être
Dans Palsgrave.je trouve, comme équivalent pour treque-ballcr (néerl. trekhai) tii'cr, =
de pinces, estriquoires, et le rouchi dit cstri- remuer le paquet? En Humant, trikbale, et
coisse. Cela nous porte vers étriquer. — dans le roudù, t7'i)ikebale désignent des char-
D'après Littré, qui s'appuie sur des textes, rettes ù la main pour traîner des fardeaux.
tricoises est une altération de turcoiscs; donc L'idée première attachée au verbe parait, en
tenailles à la turque. Mais, à mon avis, les effet, avoir été « traîner par les chemins -.
formes turcoisc, trucoisc, sont tronquées de Voy. aussi triqueballe.
eslrucoise, esturcoise, mots constatés par TRIMER, marcher vite, se fatiguer; Ciie-
Godcfroy et évidemment altérés de eslricoise. vallet le tire du bret. tremcni, cynu". tramwy,
TRICOLORE, L. tri-color (cp. hi-color), à courir çà et là Diez rapproche v. esp. trymar,
;

trois couleurs. courir <;ù et là, et le bascpie trimatu, se fati-


TRICOT, 1 subst. verb. de tricoter, 2.
. = guer (ce dernier de provenance romane). Lo
bâton, voy. trique. mha. présente trimen, l'angl. trim, signifiant
TRICOTER, former des mailles avec un fil, vaciller, balancer. En Normandie, on dit
pour estricoter (cp. pâmer p. espasmer), de trariur.
lall. stricken, m. s. (pr. faire des noeuds). — TRIMESTRE, L. trimcstris. — D. trimes-
Littré préfère l'étym. tricot, bâtonnet l'aiguille : triel.
en bois aurait été nommée une petite trique. — TRINGLE ; Diez ne connaît- pas l'étymologie
D. tricot, subst. verbal. de ce mot, il rappelle seulement, en suivant
TRICTRAC, mot de fantaisie; anc. tictttr., Ménage, le BL. taringœ, broches en fer, mais
onomatopéetirée du bruit que font les dés sans dii'e d'oii vient ce dernier. .le crois que
lancés sur le damier. tringle ne veut dire autre chose que « règle »,
TRIDE, t. de manège, vif, prompt, angl. car on dit encore tringler pour tracer une
Iride;emprunté à l'angl. ou l'inverse? L'ori- ligne; cela favorise l'étymologie suivante :
gine m'est inconnue et je décline les conjec- t7-inglc p étringle (cp. trcsillon, t. de marine,
'
tures L. tritus au sens de « exercé, habile » p. élrésillon, jjûmer p. épûmei', etc.), d'un
(Millier) et angl. tread, fouler (Littré). type strigula (avec n intercalairej, dimin. du
TRIDENT. L. tri-dentcm, à trois dents, L. strix, raie, rainure, cannelure. D. trin- —
TRIENNAL, -AT, du L. tri-ennis (annus), gler, tringlette.
de trois années. TRINGUEBALLE, voy. triqueballe.
TRIER, prov., cat. triar, angl. tiy.Smyant TRINITÉ, L. trinitatem (trinusj. — D. tri-
Diez, du L. tritare, fréq. de terere isup. tri- nitaire.
tum), broyer. Le sens actuel se serait dégagé TRINQUER, it. trincare, de l'ail, trinken,
de la locution « granum terere «, battre le boire.
blé, c.-à-d. séparer le grain de la paille. Le
TRINQUET, mât de misaine des bâtiments
philologue allemand invoque en sa faveur le gréés en voiles triangulaires, it. trinchetto,
l)rov. triar la gra de la palha, le norm. tril- esp. trinquete ; d'origine incertaine. Le mot
ter et rouchi trilicr, qui répondrait à un type désignant d'abord la voile (triangulaire), Diez
Iritulure, puis l'it. trilarc, qui signifie à la allègue l'esp. trinca, assemblage de trois
TRI .^01 TRO
choses, mais aussi it. trinchc, esp. trincas, fardeau. De iWç'^CT' ^= néerl. trckken, tirer.
cordages à lier. Millier cite le L. triquctrus, Tringucballc est la forme nasalisée du même
triangulaire. Storm (Rom., V, 186) reconnaît mot. Verbes triqueballer tringuebaler d'où
: , ,

ce dernier comme l'original. De là, par dissi- par contraction, trimbaler (v. c. m.). Cp.
milation triqupto, trihetto, puis par nasalisation brimbaler. Voy. Darmesteter, Composés,
(phénomène fréquent devant les gutturales), p. 197.
trmketto. —
L'esp. trinca, trmcas accuse un TRIQUE-MADAME ou tripe-madame ;
j
'aban-
type "ti'inica, triple, formé de trinus comme donne à de tirer au
la fantaisie d'autrui le soin
unici'.s de unus (Bugge). clair l'origine do cette appellation populaire
TRIO, mot italien. de la petite joubarbe. Voy. Littré.
TRIOLET, petit poème de huit vers, dont TRIQUER, au sens de choisir, séparer, trier,
le premier vers se répète après le troisième et ne peut guère s'accorder avec un type tricai-e
le sixième. Le nom vient de la triple répétition ou extricare (voy. l'art, trier) aussi Diez le ;

du premier vers rac. tri =


L. tris, très. range-t-ilsous le mot roman treccare néerl. =

;

TRIOMPHE, L. triumphus. D, triom- trekken, tirer, extraire. Cp. triqueballe.


pher, triomphateur, -al. TRIQUET. voy. trique.
TRIPE, esp., port, tripa, it. trippa, boyau, TRISTE, L. tristis. — D. tristesse, L. tris-
puis, par métonymie, ventre (d'où tripauf, titia; verbe fa,c.tit\{ attrister.
ventru); on trouve aussi angl. tripte, anc. TRITURE, L. triti'j'a [tevere),hvoicmont. —
flam, trijp, cymr. et basque tripa, mais ces D. triturer, L. triturare.
mots semblent importés du roman. L'étymo- TRIVIAL, L. <r«"u2a7/s, m. s., de trivium,
logie du mot est encore douteuse. Voici, en endroit où aboutissent trois chemins {très vice),
attendant, ma conjecture : tripe est pour carrefour. De là se déduit le sens « commun,
estripe (cp. les mots tringle et trique) et vient rebattu, vulgaire ". —
D. trivialité. ^

de l'ail, slriepe, strippe, courroie, lanière. TROC, subst. de troquer.


Cette étymologie ne s'accorde pas avec tripe TROCART ou TROIS-QUARTS, instrument
dans sa signification de ventre, mais cette de chii'urgien, mauvaise orthographe p. trois-
dernière, comme je l'ai dit, est secondaire. carres, instrument à trois carres {carre =^
Par contre, elle a pour elle la forme bretonne angle, face).
striptcn et BL. stripa. Ce qui la rend suspecte, TROCHE*, dim. TROCHET, bouquet natu-
c'est qu'elle feivait du terme fr. la source des rel de fleurs ou de fruits; ce mot poui'rait
autres mots romans cités, et qu'un ancien mot bien être de la famille de YaW.traube, grappe,
BL. estripa ne se trouve que comme nom vha. drupo, par l'intermédiaire d'une forme
d'étoffe, qui est, toutefois, encore une des BL. drupea, trupea. .Quelques dialectes ail.,
acceptions du fr. tripe. —
D. tripette, tri- du reste, présentent la forme trauch, et le
paille, tripière, triperie, verbe etriper. wall. a troke, grappe, bouquet. Ou trocch —
TRIPLE, L. triplex ou plutôt trijjliis. — serait-il une transposition de torche et signi-
D. tripler. fierait-il proprement faisceau ? Un autre dérivé
TRIPOLI, sorte de craie, selon Besclierelle, de troche est le t. d'agriculture trochée.
de la ville de Tripoli en Syrie. TROENE, en bot. Ligustrum vulgare; anc.
TRIPOT, voy. l'art, suiv. formes troine, tronne, troesne. Forme origi-
TRIPOTER, brouiller, mélanger. Le mot naire fictive 'trûg-inus. Pour la dérivation,
:

exprime confusion, ou plutôt mouvement cp. les noms d'arbre quercinus, fraxinus,
désordonné, le va-et-vient sans but déterminé; carpinus (fr. chêne, frêne, charme). Pour le
j ne serait-ce donc pas un dimin. du vfr. triper, radical germ. trugi, Bugge renvoie à vha.
treper, marcher, faire des petits pas (le champ, hart-trugil (hart, dur), auj. hartriegel {Cornu?.
dit en effet tripoter, avec le sens de frapper du sanguinea, aussi Ligustrum vulgare), dont
pied, danser), dont il a été question sous tré- l'origine est soigneusement examinée dans
pigner ? Le sens « place réservée aux joueurs l'article du savant linguiste suédois (Rom.,
de paume », puis « maison de jeu ", attaché au III, 158).
subst. tripot, s'accorderait assez bien avec TROGNE, piémont. trogno; Palsgrave :

cette étymologie ; place pour les mou-


c'est la troignettc, petit visage; .selon les uns du cymr.
vements, les ébats. —
Ou bien faut-il partir trwyn, Cornouailles tron, museau; Dioz pré-
d'un subst. tripot, marmite, qui serait fait de fère le nord, triona (dan. tryna), groin de
pot, sous l'influence de L. tripus, tripodis, cochon. Du français vient le néerl. ironie.
trépied? Mais alors, d'où vient tripot au sens Diez indique aussi le L. truo, -onis (corbeau
de jeu de paume? Tout cela reste encore à de mer), employé par Caecilius pour un
débrouiller. En tout cas, le L. tripudiare, homme à gros nez et dont a pu très bien déri-
danser, trépigner, doit être écarté. D. tripot, — ver une forme trogno, trogne.
tripotage, tripotier. TROGNON paraît, d'après Diez, venir du
TRIQTJB, bâton, p. étriqué (cp. tai^i p. vfr. tron, m. s., comme rognon de rein]
étain, champ, train p. estrain, etc.), du quant à tron, il pourrait être abstrait de tron-
néerl. strijkcn, frapper (ail. streichen), angl. çon. —
L'esp. dit truncha di una col, le sarde
strike. — D. tricot, gros bâton; triquet, petit a truncu, p. tronc de choii. —
Voy. aussi trou
battoir au jeu de paume; triquer, aussi tricoter, de chou.
donner des coups de bâton. TROIS, vfr. irm, du L. très. D. troi- —
TRIQUEBALLE, litt. trainc-balle, traîne- sième.
;

TRO — 502 — TRO


TRÔLER, mot germanique : ail. trollen, chée, à la même chose. —
Diez pense que
angl. tro/f, irowl, rouler, puis courir çà et là. trompe^', décevoir, duper, vient de trompe =
11 faut prob. disjoindre de ce mot le vfr. trait- toupie (L. ttirbo) et veut dire pr. faire tourner
iez-, qui est le L. ou it. travolare, traverser qqn. dans un cercle, au lieu de le conduire
rapidement, s'envoler. droit au but. Une fois qu'on a recours à turbo,
TROMBE, anc. trompe, it. iromba, voy. autant vaudrait, quant à la lettre, partir du
trompe. verbe turbare =
troubler ; mais dans l'un ou
TROMBLON, p. trombeîon, de l'it. tromba, l'autre cas on ne se rendrait pas bien compte
tube, arme à feu. de l'ancienne tournure « se tromper de qqn. ».
TROMBONE, mot italien, augmentatif de Citons encore l'étymologie suivante de Valois
tromba, trompette. le Jeune L. stropha, ruse, artifice, d'où stro-
:

TROMPE, esp. port, trompa, it. tromba, phare, puis, par la chute de Vs initial, tro-
,

prov. trompa et tromba. Du L. tuba, avec pare, nasalisé en tromparc. Tobler (Got- —
insertion de r (cp. tronar p. tonar, tonner) et tinger gelehrte Anzeigen, 1874, p. 1044)
de m (cp. prov. pimpa p. pipa). Cette étymo- admet aussi l'identité de tromper, décevoir,
logie de Guyet, reprise par Diez, se confirme avec tromper, jouer de la trompe. D. tram.- —
par la circonstance qu'en it. tromba signifie peur, -erie; cps. détromjier.
aussi tuyau, tube (comme en latin le mot tuba TROMPETTE, voy. trompe. — D. trompeter.
n'est que le fém. de tubiis). —
D. vfr. trom- TRONC. L. truncus. — D. trofiçon (v. c. m.)
per, publier à son de trompe; dim. trompette, verbe tronquer, L. truncare. Le terme —
it. trombetta. —
Le fr. trombe (it. tromba) d'architecture tronche (d'où tronchct) repré-
est-il identique avec trompe trompette ou = sente la forme féminine de truncus.
plutôt = tuba, ou représente-t-il une transpo- TRONCE. TRONCHE, variété féminine de
sition du L, turbo (d'où tourbillon)! Nous tronc. — D. dim. tronchet.
inclinons pour la dernière opinion, d'autant TRONCHET, voy. l'art, préc.
plus que le L. turbo. au sens de toupie, s'est
TRONÇON, peut dériver de truncus, tronc,
également transformé en esp. trompo et
par un type L. truncio (cp. arçon de arc),
trompa, et le fr. trompe lui-même signifie
mais Diez préfère, avec raison, y voir le dérivé
parfois une coquille en forme de toupie. {Voy.
aussi l'art, tromper.) L'étymologie tuba, du
direct de trotts (v. pi. loin s. trou (fr chou]. —
D. tronçonner, vfr. tronconer.
reste, peut au besoin aussi s'appliquer à la
trombe d'eau, par laquelle on entend une TRONE, anc. trosne{s interc^ilaii. ..u L. >,

« colonne " d'eau qui s'élève en tourbillon à la thronus, gr. ^pdvoi, siège. —
D. trôner, dé-
surface de la mer; aussi les Allemands la trônrr.
nomment-ils wasser-trompete (aussi wasser- TRONQUER, voy. tronc.
Jwse, pr. culotte d'eau). — Si l'on n'avait TROP, it. troppo, est le même vocable que
à nous rattacherions /ro>n/)e,
faire qu'au fr., BL. troppus (voy. troupe)\ il exprimait en
aussi bien que trombe, au L. slrombus (grec premier lieu une grande quantité en général,
arpofi^oi), objet en spirale,, à forme conique, puis excès de quantité ou de mesure. Au xvi"
puis aussi tourbillon la chute de Ys initial siècle encore, trop était synonyme de beau-
;

n'estpas sans précédent (cp. pâm^). Une — coup on disait ainsi trop mieux.
;

dernière étym. de trompe, celle de Settegast, TROPE, L. tropus (gr. rponoç), litt. tour-
doit être enregistrée d'autant plus que
ici, nure.
G. Paris la tient pour très vraisemblable L. :
TROPHÉE, angl. trophy, it., esp., port.
triiimp[h)are est devenu trumpare, comme trofeo; du L. tropœum, qui est le gr. tpoTfxiov.
qiiieto est devenu ; ce verbe a pris le
qiteto Le ph p. p serait-il l'effet de quelque confu-
sens de « entendre un son joyeux,
faire sion entre les synonymes grecs <nr>o<fxloi et
bruyant »; de là le subst. trompa, fr. trompe, Tporraîoî? Au reste,pour fo\x ph substitué kp,
angl. trump, de là aussi l'ail, trumpf, la rappelons les mots fr. golfe et it. Isifile p.
carte victorieuse. G. Paris n'approuve plus Hypsipyle.
M. Settegast quand il pose triumphare TROPIQUE, du gr. zpo-nir.oi, L. tropicus,
comme le primitif de tromper, décevoir m. s., litt. tournant.
(Rom., XII, 133.) •

TROQUER, vfr. trocher, esp., port, trocar ;


TROMPER, décevoir, v. esp. trompar. L'é- d'origine douteuse. En désespoir de cause, on
tymologie de ce mot est loin d'être fixée. 11 ne a mis en avant l'ail, tniff, tromperie, ou le gr.
faut pas perdre de vue qu'avant de dire « trom- rpox,oi, course circulaire. Diez émet deux con-
per qqn. ^ on disait « se tromper de lui » (cp. jectures : 1. de rpoTï-n, tour, changement, ou
se jouer de qqn. et jouer qqn.). Or, » se trom- plutôt de l'adj. rpo^ixo; (cp. tropica chan- =
per de qqn. » signifiait d'abord s'amuser, se gements, mot employé par Pétrone), d'où tro-
moquer de lui. D'après Génin, le mot se rat- picar, trop'car, trocar ; 2. du L. vicis, tour,
tache au subst. trompe, en tant que celui-ci changement, d'où le composé tra-vicar, trau-
signifiait guimbarde. Que ce soit la guim- car, trocar. Langensiepen y voit une transpo-
barde ou la trompette qui a donné naissance sition de torg'Kar, et compare, pour le sens,
à l'expression, peu importe (cp. en ail. einem l'ail, verdrehen =
vertauschen. Le mot fr. —
eticas vorblasen, vorpfeifen, au fig. en = troquer, ainsi que l'angl. truck, paraît tiré
débiter à qqn.), cela reviendrait, pour la fixa-
tion de l'idée qui y était primitivement atta-
directement de l'espagnol. —
D. subst. verb.
troc.
TRO 503 — TRO
TROTTER, it. trottare, csp., prov. trotar, — Nous devons observer que la latinité du
gaél. trot, cymr. trotio. L'expression latine moyen âge présente aussi, avec le sens de
« ire tolutini », = aller an trot, permet de troupeau, la forme stropus. —
D. esp., port.,
snpposer, avec Sanmaise, nn verbe latin tolu- prov., vfr. tropel, fr. troupeau; troupier;
tare, contracté en tlutare, d'où, par la muta- verbe at-trouper. — Le BL. troppus, grande
tion de l en r, trutare, trotare. D. trot, trotte,— quantité, a donné aussi l'adv. trop (v. pi. h.).
trotteur, trottoir, trottin, trottiner, vfr. tro- TROUPEAU, voy. trowpe.
tter, qui répond au L. tolutarius. TROUSSE, vfr. tourse, subst. verbal de
TROU, voy. trouer. trousser; de là gaél. trus, paquet, ail. tross,
TROUBADOUR, voy. trouver. bagage. — D. trousseV trousseau, trousse-
1. TROUBLE, adj. verbal de troubler {c^. quin (cp. en ail. l'expr. sattel-pausch, litt.
les adj. lâche, comble). bourrelet de selle).
2.TROUBLE, subst. verbal de troubler. TROUSSEAU, voy. trousser.
TROUBLER, vfr. torbler, du L. turbulare, TROUSSER, anc. trosser, prov. trossar;
dim. de turbarc, troubler. — D. trouble. c'est une forme transposée du vfr. torser,
TROU DE CHOU n'est pas. comme pense mettre en paquet, =
it. torciare, tordre en-

Littré,une simple variété de tronc de chou, semble, ficeler, esp. a-trozar, amarrer la
bien qu'il dise la même chose Trou est ici, : vergue au mât. Or, torser, torciare représente
d'après Diez, une altération de vfr. tours, un type tortiare, dérivé à la façon romane de
trous, aussi par nasalisation trons ; c'est le tortus, part, de torquere. —
Cette explication
même mot que it. torso, esp., port, trozo, de Diez n'est pas agréée par M. Forster (Grôb.
jivov. tros (tros del caul), qui signifient tro- Ztschr., in, 563). Selon lui, trousser, vfr.
gnon, tronc, tige et qui sont ^= L. thyrsus, trosser (o fermé), ne peut venir de tortiare
tige, pousse. [0 ouvert), qui ne pouvait produire en vfr.
TROUER, picard treuer,vfQ\\. trawer,]}Tov. qu'un verbe tarder Il faut, par conséquent,
.

traucar, BL. traucare. Les étymologies par dit-il, trouver un étymon à voyelle radi-
gr. vpûu-j ou goth. thairkô sont impossibles. cale?) ou û. G. Paris (Rom., IX, 333) oppose
Par simple conjecture, Diez propose pour trau- à ce jugement trop catégorique d'autres déri-
car, la forme provençale d'où émane le mot vés du thème tor avec ou, tels que tourner.,
français, un type tra-bucar, dans le sens de tourte; pourquoi pas tourser o\\ trousser? De
percer (cp. it. buco, creux, trou, bucare, creu- son côté, il propose pour et. lat. thyrsus ==
ser), d'où t7^ab'car, traucar [c\y. aul de avolus, it. torso ("trognon); fr. trousse en serait la
faula de fabula). C'est la seule étymologie forme féminine. On trouve fréquemment les
plausible et correcte que nous ayons rencon- expr. nnatorse, une trousse d'herbe, de foin,
trée. Les langues celtiques présentent cymr. de là le sens « paquet » en général, puis
trwch, bret. troch, incision, coupure. D. — « valise », etc. —D. trousse, paquet, fais-
subst. verb. trou, prov. trauc, BL. traugus ceau, d'où trosseV, trousseau (it. torsello) ;
(loi des Ripuaires), anc. cat. troc; subst. part. troussis, retrousser, détrousser, 1. détacher
trouée. ce qui était troussé, 2. dépouiller qqn. de son
TROUILLE, résidu do la fabrication des bagage.
huiles, subst. verbal de trouiller, dér. de TROUVER (vfr. aussi trover, truver; au
trouil' ou treuil, pressoir. prés., dans les syllabes toniques, l'o ou ou se
TROUILLOTTE, voy. truble. modifiait en eu, cp. mourir, prés, meurs,
TROUPE, esp., port, tropa, prov. t'^op, r=^ prouver, subst. preuve), it. trovare, prov.,
grex (Fit. truppa est tiré du
loi AUe- fr.). La eut. -trobar. Ce vocable, qui dans les langues
mannique présente déjà le mot troppus p. néo-latines, a supplanté le L. invenire, a beau-
troupeau. Quant à son origine, on a longtemps coup occupé les étymologistes. Du Cange pro-
tâtonné. On s'est adressé au gaél. drobh, m. posait pour origine le vfr. treiï, qui, représente
s., mais celui-ci est, selon Diez, l'angl. drove, le L. tributum ; les agents du fisc auraient
qui à son tour est l'ags. drâf, subst. de dre'fan, désigné par treuvé les impôts perçus. Cette
= mod. treiben,
ail. faire aller (cp. L. agmen conjecture est de toute invraisemblance. On
de agere) Le cymr. torv, troupe, répond au s'est attaché aussi au part. vha. trofan, atteint,
L. turba. Diez, jusqu'à meilleure information, rencontré, trouvé; mais ce serait le seul cas
s'est déclaré en faveur d'un type turpa, gâté, de la dérivation d'un verbe roman d'un parti-
sous l'influence germanique, du L. turba. De cipe allemand. Grimm suppose, pour expli-
là, par transposition, procéderait trupa, tru- quer trouver, un verbe goth. drupan, qui
pus. —
L'obscurité qui régnait jusqu'ici sur correspondrait au vha. trefan (ail. mod. tref-
troupe paraît devoir se dissiper par l'étyrao- fen), comme goth. trudan répond à l'ail, tre-
logie mise en avant, dès 1872, par Storm ten. Cette étymologie, observe Diez, peut satis-
(Rom., I, 490). Il rattache BL. troppus au faire, si l'on veut se contenter d'un mot ima-
germ. thorp, torp (auj. dorf, village), dont le giné pour le besoin de la cause. Selon lui, il
sens premier, comme il le démontre, a été n'est pas nécessaire de sortir de l'élément
assemblée, multitude, troupe, troupeau. L. latin. Dans le verbe « trouver », dit-il, les
turba, dit-il, est sans doute de même origine notions chercher et trouver se rencontrent,
que thorp, mais n'est nullement la source l'une est corrélative de l'autre (cp. guada-
directe de troppus. La métathèse troppo de gnare = fr. gagner, qui d'abord signifie

torpo est un procédé fréquent et bien connu. poursuivre, puis atteindre, obtenir L. conse- ;
TRU — 504 — TRU

qtti, poursuivre et atteindre). Et du reste, le filet de pèche en forme de sac, attaché au

sens poétique de trobar ou trouver, faire de bout d'une perche; peut être du L. tribu/a,
la poésie (d'où troubadour et trmtv<Ve), n'em- fléau, par assimilation de forme (cp. affubler

porte-t-il pas celui de recherche, méditation? de affibulare). En vfr. trouille, d'où trou.il-
Kn partant donc du sens premier chercher, lotte, espèce de truble sans manche.

on peut fort bien rapporter trobar au L. tur- TRUC. esp. de billard, esp.truxo,'ït. trucco;
bare (transposition de la liquide comme dans d'après Diez, de l'ail, drucken, anc. nord.
troubler) =
remuer, fouillei-. Ce qui vient à thrychia, ags.thri/cca», pousser, presser (cp.
l'appui de cett« étymologie, c'est que l'on prov. /ri<c, coup, choc). —
Est-ce de ce jeu
trouve en eflet, avec le sens naturel du latin que vient l'expr. avoir le trucf Car certaine-
turbare, en v. port, trovar, n. napol. stru.- ment il faut écarter lall. trug, tromperie.
i-arc (= disturbare), et controvare [= coxûuv- TRUCHEMAN MENT, voy. drogman.
<>ii

]jare). — L'it. controvare et fr. controiiver TRUCHER, mendier. Si le radical do truand


(v. c. m.), nous lavons dit, est, comme compo- e.st trut comme il y a lieu de suppo.ser
,

sition d'un verbe roman avec co>i, d'un carac- d'après BL. trutannus, notre verbe pourrait
tère tout à fait insolite cette singularité n'en
; bien être connexe et représenter un type tru-
est plus une si, comme le pense Diez, le mot ticare.
trouver est d'origine romaine, et si controuver TRUELLE, diminutif de Irua (BL.), cuiller,
ne fait que reproduire, avec un sens détourné, truelle; le L. trulla, m. s., est p. truilla.

le L. conturbarc. —
Dans un petit poème 1 . TRUFFE,
corps végétal, aussi lruffle{caL
dévot du XII* siècle, publié par Gaston Paris trutnfu, trumfa, plante bulbeuse). On a déduit
en 1865, on rencontre la forme torvèi'ent p. ce mot roman du L. tuber (primitif de tuber-
trouvèrent; ce qui poui'rait ajjpuyer l'opinion cidum), devenu trufe par la transposition de
de Diez. —
Celle-ci, cependant, ne résiste plus l'r et le changement de b cnf; le plur. neutre

à l'examen minutieux de la phonologie subtile tubera aurait, comme souvent, déterminé le


de nos jours; G. Paris (Rom . VII, 418) y a genre féminin du mot fr. Quant aux formes
découvert des défauts sérieux, et se sent forcé- it. tartufo (à Milan tartuffol, dans le Piémont

ment renvoyé vers un type lat. tropare, dérivé tartifla), fr. tartiki.k, qui signifient, sinon
du BL. tropus (rponoi), dans son .sens musi- précisément la truffe, toujours quelque autre
cal « variation dans une mélodie », Tropare végétal bulbeux, elles représentent, comme
serait donc soit « varier un air », soit plus le pensait déjà Ménage, la combinai.son L.
généralement composer ou inventer un
«• terrœ tuber, employée par Pline pour dési-
air », ce qui concorderait fort bien avec l'an- gner une .sorte de plante tulwrculeuse (Diez
cien sens de trmtver =
composer musicale- cite à l'appui le sicil. tirituffulu); tartufo,
ment ou poétiquement (cp. prov. trobaire, fr. d'apn^ cette manière de voir, serait une
trouvère). De •• composer » se dégagera faci- forme euphonique pour tartruffo, etc. Diez —
lement celui de « inventer, découvrir », qui a serait disposé à sanctionner sans réserve
fini par l'emporter. Diez déjà tenait l'esp. l'opinion qui explique truffe par tuber, si les
trobar pour emprunté au français; Paris dialectes ne présentaient pas généralement
pense qu'il en est de même de l'it. trovare. des formes sans r (ainsi genev. tufelle, lan-
L'exemple du Psautier d'Oxford, cité par Lit- guedocien tufcda, etc.). Il se demande s'il
tré à l'appui d'un trouver fr. =^ turbare faut rapporter ces formes à l'it. tufo, vapeur
(troubler) perd toute valeur quand on sait que (voy. le mot étouffer), soit à cause de la qua-
triiverent y traduit lat. invetierimt D. . — lité pulvérulente de la truffe ou à cause de
prov. trobador, poète, d'où fr. troubadour, son odeur, ou bien s'il faut les prendre pour
vfr. troveor (au cas-sujet prov. trobaire^ vfr, des mutilations de tartufo. Il penche pour la
trovi^re, anj. trou.vère). dernière opinion, ce qui nous ramène à tuber.
TROUVERE, voy. trouver. — La forme it. tartufola a donné, par di.ssi-
TRUAND, prov. truan[îém. tmanda), esp. milation, l'ail. Aarto//è/, pomme de terre, anc.
truhan, port, truào, vagabond, gueux ; d'après et encore dans lesdial. tartoffel, isl. tartuflur ;
Diez, d'origine celtique cymr. trii, truan,
: le n. prov. trufa a revêtu la même significa-
trwch, misérable, Cornouailles tru, triste. tion. —
D. truffer, garnir de truffes; .sub.st.
La latinité du moyen âge présente truannus, truffière.
mais aussi trutannus. Cette dernière forme 2. TRUFFE*, aussi <m/fe, vieux mot français
peut avoir été déterminée parle vha. truhting, signifiant conte en l'air, plaisanterie, four-
compagnon, BL. trotingus, jongleur. L'anc. berie, it. truffa, esp., port., prov. trufa. C'est
néerl. a trouwaiit, traicant, truwant; c'est à lemême mot que le précédent le langage a ;

tort, je pense, qu'on fait venir ces mots de transporté le nom d'un petit fruit à une baga-
l'ail, trabant. Les formes prov. et v. esp. telle, une niaiserie. — Les Italiens em-
ttyfati sont des métamorphismes faits sous ployaient tartufo dans le sens de < homme
l'influence de truffa. —
Du Cange posait pour de petit esprit ». La comédie s'en est emparée
étymologie treu, tribut; les treuans
le vfr. pour dénommer par là certains personnages
seraient pr. les collecteurs de l'impôt ; il négli- niais ou vils; c'est à la comédie italienne que
geait le fait que la forme truant est antérieure Molière a emprunté le nom de son célèbre
ù l'époque où treiï (tribut) s'est contracté en
treu. — personnage. —
Génin rapproche ingénieuse-
D. truander, triianderie. ment, pour expliquer la métaphore, la valeur
TRUBLE, aussi trouble, wall. traïd, trûl. du L.fungus, champignon, fig. sot, imbécile.
TRU — 50ri — TUL
et du fi\ cornichon, cîtrov.illr, etc. Nous— TU, L. tu. De tu et de toi on a fait tutoyer-
soumettons ù de plus experts que nous la ques- TUBE, L. tubus. Voy. aussi tuyau.
tion de savoii si le mot fr. trufle ne pourrait TUBERCULE, L. tuberculum. — D. tuber-
pas être mis en rapport avec le mot tribulus, culeux.
qui était chez les Latins le nom de la châ- TUBÉREUSE, plante bulbeuse, du L. tube-
taigne on, autrement dit, truffe d'eau, et si une rosus, bulbeux.
altération en trubihis, trublus, trufîus, est TUBULAIRE, dérivé du L. tubulus, petit
admissible ou non (cp. tîHbxla devenu trv.bh). tube.
Quoi qu'il en soit, l'angl. trifle, bagatelle, TUDESQUE, it, tedesco, du vha. diutisc,
sottise, plaisanterie
angl. aussi trufle), y
(v. ail. mod. deutsch, allemand.
répondrait parfaitement pour le sens et la TUDIEU, juron expliqué par Meunier par
— D.
;

lettre. truffer, plaisanter, railler, trom- « Dieu me tue ! »


per: tru.fferie. TUER, avant de revêtir la signification de
TRUIE, de Liège), \i.troja,
vfr. troic (Geste « occidere » (vfr. occire), signifiait mettre
anc. esp. troya, prov. trueia, BL. troja. Les (une chose) à l'abri du danger et s'appliquait
Romains appelaient « porcus trojanus ", un particulièrement au feu tuer le feu ou la :

cochon servi à table et farci d'autres animaux, chandelle, c. a. d. l'éteindre tuer le vent (d'où ;

par allusion au cheval de Troie, « machina le subst. tue-vent), c'est le rendre inoffensif;
fœta armis «, comme a dit Virgile. De ce l'expr. tuer un animal ou un homme dit donc
terme porco di Troja s'est naturellement pro- au fond rendre inoffensif ». Notre mot se
» le

duit le mot troja pour désigner une truie retrouve dans les cps. it attutare et stutare,
pleine. C'est par un procédé analogue qu'on a apaiser, comprimer, éteindre, dans le prov,
fait en esp. bernia, gros drap de laine, de tudar, attuzar, estuzar, éteindre, étouffer,
panne d'Ihernia, et en it. ficato (voy. foie) du tuar, tuer. Cette histoire du mot justifie plei-
L. jecur flcatum, pr. foie d'oie engraissé de nement l'étymologie L. tutare* ,iâ(ii\i\{die tutus,
figues. Le terme t7'oja, truie, remonte très haut sûr, hors de danger. C'est à Diez que revient
dans la basse latinité. —
Chevallet rattache le mérite de cette solution étymologique seu- ;

tnde au BL. Iroga, qu'il interprète comme lement il s'adresse dir. au L. classique tutari,
féminin du celtique (écoss., irl.) torch, porc protéger (du mal), détourner de mal). Littré —
mâle. Cotte forme troga^eUe en effet quelque n'approuve point cette manière de voir; il
doute sur l'étymologie troja, patronnée par part d'un sens foncier frapper, assommer et
Diez. ramène le mot au latin tuditare, choquer,
TRUITE, angl. trout, du L. tructa (Isidore), frapper, ou même à tudare (qu'il présuppose
qui parait venir du gr. tjswzt/j.-, esp. de thon d'après BL. tudanus, marteau). Tuer la chan-
(litt. le mangeur). delle serait pr. frapper dessus. Un primitif —
TRUMEAU, Jarret de bœuf. « Nos pères di- tiiditare est tout aussi inacceptable que tudare
saient tru.nn'l pour jambe, cuisse, gigot de (voy. Mussafia, Beitrag, p. 52). Une nou- —
mouton ; ce mot fut ensuite employé pour dési- velle étymologie est développée par Ascoli
gner un mur solide et massif placé entre deux (Saggi romani. 36;. Il s'adresse au L. totus, ou
portes ou fenêtres, puisa une glace appliquée plutôt tutus (d'où aussi it. tutto); de là tutare,
sur cet intervalle ». Roquefort, dont nous extutare. (= it. stutare), achever. On peut
venons de citer les paroles, fait venir trumeau alléguer en faveur de cette manière de voir
du gr. T/5J«/7, trou « parce que l'os s'en sépa- les expr. analogue's terminare et extermi-
:

*rant aisément, il reste un grand trou au mi- nare, fr. assom,mer (de siimmus), achever,
lieu du trumeau ". Cette explication, j'ai hâte ail. aile tnachen, den garaus machen. —
de le dire, ne m'inspire aucune confiance j'y ;
Nous ne rappelons plus que pour mémoire les
substituerai la conjecture que voici tru- : étymologies gr. &ûîiv, sacrifier, ou ail. tôdten
meau, gigot, serait pour fi<meZ(r intercalaire), (vha. todjan), tuer, quelque accréditées qu'elles
tenant au vfr. tumer, s'agiter, sauter, gam- aient été jadis, — D. tueur, tuerie.
bader, comme gigot, selon moi (v. c. m.), TUF, direct, de l'it. tufo, qui est = L,
vient d'une rac. gig exprimant remuement, tophiis.
agitation. C'est im souvenir de iremere qui a TUILE, vfr. teule (p. eu devenu ni, cp.
peut-être donné naissance à l'orthographe suite p. seute)., du L. tegula de (cp. vfr. 7'eule
trumeau. On a, d'ailleurs, aussi dit tremeau régula, prov. teun de tenuis). Tegula s'est
p. trumeau, de sorte que même un type tre- francisé aussi sous la forme teille, mot champ.
m,eUus (tenant soit au verbe trimer, marcher, =-- tuile. —
D. tuilier, -erie., verbe tuiler.
soit au L. tremere, être agité) ne serait pas TULIPE,esp. tulipa. angl. tulip, ail. tidpe,
trop aventureux pour la substitution de u à
;
irl.tulp; ce sont des formes écourtées de it.
e, on aurait à l'appui le cas de jumeau p. tidipano, esp. tulipan, qui viennent du per-
gem,eau. —
Diez dérive notre mot de l'ail. san dulband, turban. La fleur a pris son nom
trum.m, qui primitivement signifie une pièce de sa ressemblance avec un turban. D. tuli- —
courte et grosse ; mais le mot français, dans pier.
toutes s(;s applications, emporte l'idée d'une TULLE, tissu, d'origine inconnue on a cru ;

chose allongée. —
Dans l'anc. langue, trumeau généralement que ce tissu tenait son nom de
a du avoir désigné un vêtement de jambe d'où ; la ville de Tulle, mais le Suppl. de Littré
l'adj. vfr. estrumelé, privé de ses chausses nous apprend que le tulle ne s'est jamais
(voy. G. Paris, Rom., X, 591). fabriqué ni à Tulle, ni dans les environs.
. ,

UMÈ — 500 — UNI

TUMEUR, L. tiimorem; tuméfikr, type TURNEP, mot anglais ^= navet, dans lequel
titmrficnre, p. tumefacei-e (d'où tuméfaction). E. Millier reconnaît les éléments celt. turti,
TUMULAIRE, L. f»mu/am (tumulus). rond -\- gac'l. neip L. napus. =
TUMULTE, L. tumultus. D. tumultueux, — TDRPITUDE, L. turpitudincm (turpis).
tumultuaire. L. tumultuosus, -arius. TURQUOISE, it. turchese, esp., prov. tur-
TUNIQUE, L. tunica. gui'sa do tuj-quoig, anc. adj. de Turc; la
;

TUNNEL, voy. tonne. couleur bleue s'appelle turchino en italien.


TURBAN, anc. turbant, esp., it. turbante, TUTELLE, L. tiUela, d'où tutélaire, !.. tn-
BL. tuJipantiis, tulipus ; du persan dulband, telaris.
m. s. (voy. tulipe).
TUTEUR, L. tutorem (tueri).
TURBINE, de mécanique, mot savant tiré
t.
TUTIE, esp. d'oxyde de zinc, port, tv.tia,
du L. turbo, tnrbinis, toupie, mouvement de
do l'aralto tnutiyd, m. s.
rotation
TUTOYER, voy. tu.
TURBITH, nom de plante, mot oriental; les
Arabes écrivent turbadh. TUYAU, luyeV (d'où l'angl. tewcï), esp.,

TURBOT, angl. turbot, cymr. torbwt, gaél.


prov. tudcl ; ce mot ne peut pas venir, comme
turbaid, néerl. tarbot. Selon Huet, approuvé
le prouvent
les formes esp. et prov., de tubel-
lus, dimin.de tubiis ; il dérive, selon Diez, du
par Diez, du L. turbo avec le suffixe roman
ot. Dans les Vocabularies de Wright, on trouve
nord, tuda, dan. tud, néerl. tuit tuyau. = —
les mots BL. turbo, turbis traduits par angl.
D. tuyauter. —
Au même radical que tuyau
se rapporte le terme technique tuyère.
but. Les Grecs ont de même appliqué le mot
pofxZoi, =: turbo, à un poisson de la même TYMPAN, mot de forme savante, L. tym-
espèce que le turbot. —
L'ail, dornbutt, tur- j3anuw(rûtt7ravov de TVn-M, frapper). Voy. aussi
bot (angl. thornbut), composé de dom, épine, timbre. —
D. tympaniser (cp. tambouriner,
et butt, nom de la famille des poissons dite ail. pus4rnmmeln).
pléonectes, n'a pas de parenté avec turbot ; il TYPE, L. typus, gr. tvtoj (de TTH-w. frap-
paraît même façonné par imitation du mot per). De là le terme technique typographie,
roman et pour simuler un sens. art d'imprimer (pr. d'écrire) avec des types
TURBULENT, L. turbtdentus. — D. tur- mobiles.
bulence. TYPHON, espèce de tourbillon, port, tiifào,
TURF, mot anglais, signifiant gazon. Voy. angl. typhon, du chinois taï fong, grand vent
aussi tourbe. % (Littré)
TURGESCENT, -ENCE, du L. turgescere, se TYPHUS, BL. typhus, du gr. rZfii, vapeur,
gonfler. fumée, puis appliqué par Hippocrato à une
TURLUPIN, nom théâtral que prit un acteur espèce de fièvre. —
D. typhoïde, gr. rvfotiSrn
de l'ancienne farce, qui vivait sous Louis XIII. du genre du typhus.
— Le mot s'appliquait au moyen âge à une TYRAN, vfr. tirant, angl. tyrant, L. ty-
sect« d'hérétiques, mais l'origine en est incon- rannus, gr. r-jpi^vvo;. — D. tyrannie, -ique,
nue. —
D. turlupiner^ -ode. •iser.

.U
UBIQUITE, UBIQUISTE, mots modernes, udinem, ud'nem. ne peut s'être produit par
dérivés de l'adverbe L. ubique, partout. évolution phonétique normale ; que le génie
UHLAN, mot allemand, tiré du polonais créateur roman, en présence de ce suffixe, a
ula, lance. tout bonnement eu recours au suffixe lat. umen,
UKASE, mot russe, dér. du verbe ufiasat, qu'il a appliqué p. ex. aussi dans it. asprume,
indiquer, prescrire. prov. frescum, et qui se transforme, suivant
ULCERE, mot de formation savante, du L. les langues, en uma, iim, ume, esp. nmbre.
tdcus, plur. idcera. — D. idcérer, -ation, -eux, Ascoli s'évertue inutilement à établir la filia-
L. ulcerare. -ationem, -osus. tion formale .suivante udine, iidne, unne,
:

ULTÉRIEUR, L. idteriorem (comparatif de umne (d'où esp. timbre), enfin ume.


idtp.r). UN, L. xinus. —
D. unité, L. unitatem;
ULTIMATUM, mot diplomatique formé de unième.
idtimarc' au sens de « faire un dernier avis », UNANIME, L. unanimis (uno animo), d'où
de idtirnus, dernier. unanimité. L. unanimitatem.
ULTRA, mot latin, = îv.
^

outre, employé UNIFORME adj., L. uniformis, de là subst.


en composition et marquant excès, exagéra- uniforme, p. habit uniforme; uniformiser,
tion. uniformité, L. uniformitatem.
ULTRAMONTAIN, it. idtramo7îtano,de ultra UNION, L. umon^m (unus). H. unioniste. —
montes, au delà des monts (des Alpes). UNIQUE, mot savant, L. unicus (unus).
UMBLE. nom de poisson, variété de ombre, UNIR, L. unire (unus). D. uni; cps. —
L. umbra. ré-unir. dés-unir.
...UME, terminaison =lat. ...uditiem. Diez UNISSON, L. uni-sonus (Boèce), traduction
est d'avis que le suffixe urne répondant à lat. du grec /j.ovozd-jo;
. ,

VAG — 507 — VAI

UNITÉ, L. îcni'tatem. — D. unitaire. USTENSILE, du BL. ustensilia pour uten-


UNIVERS, L. universus, tout entier. D. — silia (it. utensili) ;
peut-être Vs provient-il
universel, L. -alis, d'où universalilé (L. uni- d'une assimilation kustil* d'où outil (y. c.,
). m
versalitatem fPriscien); université, L. univer- USTION, L. ustionem (urere).
sitatem, ensemble, généralité, communauté, USUEL. L. usualis[\\sy\s).
collège. USUFRUIT, du L. ususfructus, abréviation
UNIVERSITÉ, institution de haut enseigne- de l'expr. lat. usus fructusque, l'usage et
ment, litt. ensemble des membres d'une com- les fruits de là usufruitier et usufructuaire
pagnie, voy. univers. —
D. universitaire.
;

L. usufructuarius.
URBAIN, xirbanus (urbs), opp. de rusticus. USURE, L. usura (uti), 1. usage, jouis-
— D. urbanité, L. urbanitatem. sance, détérioration d'un objet par l'usage ;
URE, L. urus. 2. jouissance du capital prêté 3. ce que l'on;

URÈTHRE, L. urethra (Coel. Aurel.), du paye pour cette jouissance, intérêt. Le sens
gr, o-Jp/;&oa, conduit de l'urine (oùpku, uriner). moderne péjoratif « intérêt exagéré, illégal »
— Uretère, du gr. m. oùpyjTvjp, s. (d'où usuraire, usurier) est survenu.
URGENT, L. urgentem (urgere), pressant. USURPER, L. usurpare.
— D. urgence. L. urgentia (iv« siècle). UTÉRIN, L. uterinus (eodem utero natus).
URINE, L. urina (du gr. oùpdv, — pisser). UTILE, L. utilis (uti). —
D. utilité, L. utili-
D. urinai, -eux ; verbe uriner.
-aire, tatem(d'où utilitaire); verbe utiliser. Pourquoi
URNE. L. urna. les modernes ont-ils forgé de utilis, fertilis
URTICAIRE, -ATION, duL. urtica, francisé les verbes utiliser, fertiliser, tandis que habi-
en ortie (de urere, brûler). lis, deùilis ont fait, d'après le génie latin,
US, L usiis (uti). habilitare, débiliter ? Après avoir introduit
USER, d'un type L. usare, fréq. de uti, ces adjectifs utile, fertile, qui sont contraires
se servir. —D. usage (d'où adj. usager), au génie français (aussi en vfr. a-t-on utle), il
usance. fallait aussi appliquer à leurs dérivés le mode
USINE, BL. usina, =
officina qusevis ad dérivatif latin.
aquas exstructa. Ce mot est-il tiré de uti (su- UTOPIE, mot forgé du gr. où-zono^, non-
pin usum), par rapport à la concession ou droit lieu, c.-à-d. lieu qui n'existe pas. Thomas
d'user de l'eau, ou est-ce une altération du L. Morus a nommé ainsi le pays imaginaire où
ustrina, lieu où l'on brûle, atelier à feu? La ilplace son gouvernement fictif. Le nom du
plus ancienne signification étant celle de pays s'est transporté à ce gouvernement même ;
machine mue par l'eau, la dernière étymologie puis le mot est devenu synonyme de rêverie,
paraît inadmissible idéal. Rabelais s'en est également servi pour
USITÉ, du L. usitare, fréq. de usare* (voy. désigner le royaume de Grandgousier. D. —
user). utopique, idopiste.

V
VACANCE, voy. vacant. VACUITÉ, L. vacuitatcm (vacuus).
VACANT, L. vacans, part, de vacarc, être VADE, terme de jeu de Fit. vade fr. va =
vide, inoccupé. —
D. vacance, 1. temps pen- va et va-tout).
(impératif); cp. l'expr. de jeu
;

dant lequel une place est inoccupée; 2. temps VADE-MECUM, mots latins sign. « va avec
pendant lequel on est sans occupation, loisir, moi, accompagne-moi ».
repos. VAGABOND, L. vagabundus (vagari). —
VACARME, anc. wacarme, du cri néerl. D. vagabonder, -âge.
wacharme, malheur à toi, misérable (proh VAGIN, mot savant, à forme masc, tiré de
dolor Kil.). Comp. le Roman du Renard, IV,
! L. vagîna, type aussi du fr. gaine, gaine. —
p 239. « Flament seut, si cria waskarme >•. D. vaginal.
Pour la transition de sens, cp. les mots alerte, VAGIR, L. vagire. —
D. vagissement.
alarme. —
.Je doute fort de l'interprétation 1. VAGUE, subst., ne vient pas de unda
donnée ci-dessus au fîam. wacharme et suivie vaga, mais du vha. wâc, goth. vegs, v. fîam.
par Littré. En tout cas, l'interj. ail. weh ! n'a waeghe (ail. mod. woge, angl. wave), =
rien à y voir; à mon avis, icach est wak, = vague.
éveillé, ici comme interj. = debout, sus ! 2. VAGUE, adj.,L. r^a^us, errant, non fixe;
VACATION, 1 . de vaquer à une
action verbe vaguer, L. vagari. Dans terres vaines
affaire, puis le temps qu'on y met, 2. L. = et vagues et autres applications, cependant, le
vacatio, cessation de fonctions. mot représente plutôt le L. vacuus, vide.
VACCIN, du L. vaccinus (vacca), qui vient VAGUEMESTRE, de l'ail, wagenmcistcr,
de ou qui se produit sur la vache. D. vac- — maître des équipages.
ciner, d'où le subst. verb. vaccine. VAIGRE, t. de marine, de l'ail, weger,
VACHE, prov., esp., port, vaca, it. vacca, xoeiger, planche de revêtement, dan. waeg,
du L. vacca. Voy. aussi l'art, bâche. — suéd. wagg, paroi. D. vaigrer. —
D. vacher, vacherie. VAILLANT, forme mouillée du part, valant,
VACILLER, L. vacillare (rac. vac, cp. l'ail. du L. valentem, qui a de la valeur, de la
wach-eln et wa7^ken). force, vigoureux. —
Cp. la forme veuillant
VAL — tm — VAR

à cAté do ronTant, vfr. douillant à cAté tle VALLÉE, angl. ralley, prov. vallada, it.

doJanf. —
D. vaillance, L. valcntia. vallala, ih-r. de vallis, fr. val.

VAIN, prov. van, L. ran»5. D. vanité, — VALLON, dimin. de val.


L. vanitatem. Pour la loc. ai vain, cp. gr. VALOIR, L. valere [vaux p. vais, vaudrai
etj xivov.
— D. valable; value,
p. valrai). subst. part.
VAINCRE (vfr. veintre), L. vincn'C. — D. VALSER, de walzen.m. l'ail, s., pr. rouler,
tourner. — D. valse (ail. rjoalzer)\ valseur.
VAIR, it. rq/o, du L. varius, de couleur VALUE, it. vnluta, voy. valoir. — D. éva-
variée, bigarré. — D. vairon, m. s., aussi luer; composé plus-value.
nom d'un poisson à couleurs très variées (on VALVE. L. valva, porte.
écrit aussi réron). VAMPIRE, mot venu d'Allemagne, mais, à
VAISSEAU, vaissd', angl. vcssel, vfr. r-as- ce(|u'()n dit, d'origine .serbe.
ciel, it. rascrllo, prov. i-aissrl, esp. baxel; VAN, L. vannus. —
D. dim. vanneaux,
du dim. L. vascellum rasculum (vas). La
p. gro.><ses plumes des oiseaux de proie, à cause
forme féminine est vaisselle, employé pour de leur ressemblance avec le va7i; vanneau (it.

l'ensemble des vaisseaux (vases) ou plats ser- vannello) est aussi devenu le nom d'une espèce
vant à la table et reproduisant le plur. neutre d'oiseau, à cause de sa huppe, qu'il peut,
vascella. comme une penne, dresser et bais.ser à volonté ;
VAISSELLE, voy. l'art, préc. vannier, faiseur de vans; verbe vanner, L.
VAL, plur. vaux (dans u par monts et par vannare.
vaux val se présente sous la forme van
"j; VANDALE, destructeur, du nom des Van-
dans « à vau-l'eau », fuir à vau-de-route, et dales (par allusion au pillage de Rome
dans vaudeville (v. c. m.}. Du L. vallis. — en 4.")). — I). vandalisme.
D. vallon, vallée (v. c. m.); adv. aval (v. c. m.) VANDOISE. nom de iK)is.son, aussi vandàse ;

et verbe a-ra/cr, faire descendre. — La langue d'origine inconnue.


des trouvères présente, p. petite vallée, le dim. VANILLE, it. vainiglia, esp. vainilla et
vaitciel.^d'un type valliccllus. rainica, dimin. de l'esp. raina, gou.sse, qui
VALÉRIANE, lat. mod. ra/rn'ana; d'origine représente le L. ragina. D. vanillier. —
inconnue (on a songé à L. valerr, venir en VANITÉ. L. vanitatem (vanus). — D. vaut-
aide !); l'ail, en a fait baldrian. teux.
VALET, anc. vaslet, qui est pour vasselet, VANNE, renne, du BL. venna, digue,
vfr.
le dim.de vassal; ce mot signifiait autr. jeune haie, dùture, dont l'origine est incertaine;
homme placé en apprentissage auprès d'un Dicz suppose une contraction de viminea,
chevalier, pour devenir écuyer ; i)uis apprenti, chose faite de branches tlexibles (vimeii), en
enfin = domestique, serviteur. De vaslet, pai" vimnn, d'où nntna.
la mutation i* en r, .s'est produite la forme VANNEAU. VANNER, voy. van.
varlet (cp. vfr. marie, p. masle, mâle) et par VANNIER, voy. van. D. vannerie. —
assimilation celle de vallct. Le mot .sert aussi VANTAIL, p. ventail, voy. vent.
à désigner divers objets technologiques. D. — VANTER, it. vantare, prov. vantar, du L.
valetage, valetaille, verbe familier voleter. vanitare (.>;aint Augu.stin), fréq. do vanare,
VALÉTUDINAIRE, L. valetudinarius (vale- dire des futilités, mentir, fanfaronner (le prov.
tudo), maladif. a à la fois vanar et vantar). Quelques-uns font
VALEUR, L. valorem (valere). — D. valeu- erronément venir vanter de venditare, cher-
reux. cher à vendre, faire valoir, vanter sa marchan-
VALIDE, L. validus (valere); opp. invalide. dise. Malgré l'affinité de sens entre le L. ven-
— D. validité, L. validitatem; valider, rendre tosus et le fr. vantard, et bien que les Alle-
valide. Voy. aussi ravauder. mands disent wind machcn p. se vanter, il
VALISE, de l'it. valigia. Voici l'étymologie serait faux de rattacher vanter à ventus, vont.
de celui-ci proposée par Diez L. vidulus, : — D. vanterie, vantard.
malle en cuir, valise (Plante), de \k viditl-itia VAPEUR, L. vaporem. D. vaporeux, L. —
(cp. en L. capillus et capillitiumi, contracté vaporosus; vaporiser, évapoi'er.
régulièrement en vellitia, velligia (cp. it. VAQUER, 1 être vacant, interrompre ses
.

strillo, hauts cris, de strididus), d'où {e atone occupations ou prendre ses vacances, 2. se
passant régulièrement en a) vallegia (gloses livrer à, s'occuper de qqch., s'y appliquer; du
d'Alfric) et valigia. De valise vient le mha. L. vacare, 1, être vide, être libre, 2 avoir le
velis, d'où a forgé le mot fellisen, auj.
l'on temps, le loisir de faire qqch., y consacrer ses
felleise7i, simulant une combinaison de fell, loisirs. —
D. vacant, vacation [v c. m.).
cuir, et cisen, fer; pour ainsi dire « cuir VARAN, esp. de lézard d'Egypte, de l'arabe
à serrure ». —
Ascoli pose la question Les : ouaral , lézard.
valises ne seraient-elles pas les valeurs, c'est- VARAIGNE, forme variée de varenne.
à-dire les choses de quelque prix que le voya- VARANGUE, du suéd. (plur.; vrànger, les
geur mène avec lui (Saggi lad. 512, note)? — côtes du navire.
Devic mentionne l'arabe vualiha, " saccus fru- VARECH, 1. fucus, plante marine que la
mentarius, cophinus magnus », et le persan mer arrache en montant et jette sur le rivage.
walitchè, « grand sac », mais il ne sait si ces quelconques rejetés par
2. navire coulé, débris
mots sont indigènes dans ces langues. D. — la mer; de qqch. de rejeté, angl.
l'ags. vrac,
dévaliser (cp. détrousser). wreck, débris de navire; cp. goth, vrihan.
VAS 509 VEI

snéd. lorâka, pousser, heurter. D'api'ès — VAUDEVILLE ce mot est, comme on sait,
;

Liebrecht, varech vient eu ligne directe du d'abord le nom d'une chanson. Il est altéré de
nord, vegrck, épaves maritimes. vau-de-vire, qui tire son nom du val (ou vaii)
VARENNE. Ce met est étymologiquement de Vire en Normandie, où cette espèce de
identique avec garenne (v, c. m.). De « lieu poème prit naissance au xV* siècle. Voy. les
défendu à la culture » s'est dégagé le sens cours de littérature. D. vaudevilliste.—
« lieu inculte «. VAU-L'EAU (A), =
à val l'eau (voy. val) =
VAREUSE, blouse; mot de date récente; en descendant l'eau. —
Expx^ession de forma-
d'origine inconnue. tion et signification analogues à vau-de- :

VARICE, mot de formation savante, L. route.


vaiix, -icis. —
D. variqueux^ L. varicosus. VAURIEN, cp. les expressions fai-néant,
VARICELLE a undim. de varice,
l'air d'être va-nu-pieds, etc. L'ail, dit, comme le fr.,
mais en fait, c'est un diminutif mal fait de taugenichts, le néerl. deugniet.
variole. VAUTOUR, du L. vulturius, dér. de vultiir.
VARIER, L. variare (varius). — D. va- Cette étym. paraît être la bonne mais pour- ;

riante, variation, L. variationem; variable, quoi vautour et non pas, selon la règle, vou-
L. variablis; variabilité. tour ? Je pense que c'est un effet de dissimila-
VARIÉTÉ, L. varietatem. tion. On trouve d'ailleurs vfr. vouteur. Cp.
VARIOLE, BL. variaia. dira, de varius, aussi vautrer p. vautrer.
bigarré, tacheté; Tit. a vajuola, l'esp. viruela; VAUTRE, espèce de chien pour la chasse
ces foi'mes parlent en faveur de notre étymolo- au sanglier, veltre, viaulre, viutre, it.,
vfr.
gie et contre celle de varus, pustule. Le fr. prov =
L. vertragus. Loi salique vel-
veltro.,
vérole est p. vairole et i)rocède de l'adj. vair tritm, mot d'origine celtique. D. vautrait, —
(v. c. m.) = varius. La forme espagnole sem- anc. vautroy, équipage pour la chasse au san-
ble avoir été déterminée par une influence de glier.
virus. VAUTRER (SE), autref. vollrer, vautrer;
VARLET, voy. valet. la forme primitive est voltrer, qui correspond
VARLOPE, rabot, riflard; mot altéré du à l'it. voltolare, lequel dérive de volto, parti-
nécvi.voorloop, litt. avant-coureur (c.-à-d. qui cipe it. du L. volvere, rouler. Cette étymolo-

précède les autres plus fins); cp. le terme gie est confirmée par la forme concurrente
wallon analogue coureresse. En limousin //ar- vfr. voûter =
voltare Bestiaire de Gervaise,
lopo, esp. garlopa. —
Je ne me cache pas 288 : El (=
;

boue) se voûte maintenant.


tais
que le g initial de ces derniers favorise plutôt — Littré, se fondant sur la forme viutrer,
l'ét. de Diez, qui propose un mot supposé dérive le verbe du subst. viutre (fr. mod. vau-
néerl. loeer-loop =
qui va en retour (weer). tre, v. c. m.) == it. veltro, lévrier. Se vautrer
1. VASE, masc.,du L. ra6«m, forme acces- serait, selon lui, se rouler comme font les
soire de vas. lévriers.
2. VASE, bourbe (en norm. aussi
fém., VAVASSEUR, voy. vassal.
gase), du néerl. wase, ags. vase. Voy. aussi VEAU (d'abord vedel, forme prov., puis
gazon — D. vaseux. vé-el, aussi viel, enfin ve-au, veau), du L. vitel-
VASISTAS (aussi gâté en vagistas), petite lus. De la forme anc. véel viennent le verbe
fenêtre servant à espionner ce qui se passe ; vêler et le subst. vélin, pr. peau de veau.
mot populaire moderne, tiré de la phrase ail. A la forme vedel se rattache vedelet, pâtre qui
« was ist das », qu'est-ce? qu'est-ce qu'il y a? soigne les veaux.
VASQUE, bassin rond et peu profond, d'un VEDETTE, de l'it. vedetta. La facture de ce
adjectif vasicus (vas)? ou vasque est-il pour dernier ne se prête en aucime façon à une
vascle et représente-t-il le dim. L. vasculum? dérivation de vedere, voir. Diez suppose avec
Le mot vient dir. de l'it. vasca, bassin (dans raison un changement de veletta en vedetta
des documents du vu" siècle on trouve basca). (cp. L. amylum, fr. amidon) \ov, veletta, qui
Il est sans doute indépendant du BL. vascus, signifie vedette, est un dérivé de veglia =
vacuus. inanis. L. vÂgilia.
VASSAL, prov. vassal, it,, port, vassallo, VÉGÉTAL, dér. du L. vcgetus, plein de
esp. vasallo, BL. vassallus. La Loi des Alle- vie; VÉGÉTER, L. vegetare, pris dans le sens
mands a le simple vassus, au sens de servi- neutre de vegetum esse. D. végétation, —
teur. L'anc. langue attachait à vassal le sens L. vegetationem végétable, anc.;
végétal, =
général de « homme et de " combattant »,
>» L. vegetabilis.
et l'on y trouve le dér, vasselage, employé VÉHÉMENT, L. vehemcntem. — D. véhé-
pour vaillance. Comme l'a déjà établi Leibnitz, mence, L. vehementia.
le mot vient du cymr. gwas, jeune homme, VÉHICULE, L. vehiculum (vehere).
serviteur. On explique également le suffixe al VEHME =
mha. vëme, condamnation,
par une influence de la forme cymr. gwassawl, punition, tribunal secret.
servant. Dim. valet [v. cm.). Subst. marquant VEILLE, it. veglia, subst. verbal de veiller;
l'état de vassal vassalité et vasselage. De
: non pas de lat. vigilia (qui a l'accent sur le
vassus vassorum vient le fr. vavasseur (prov. second i).

vasvassor), tronqué en vasseur tout court. VEILLER. L. vigilare. — D. veilleiv. c. m.),


VASTE, L. vastus. —
D. vastité' , L. vasti- veillée, veilleur, -euse; cps. éveiller, d'où
tatein; vaslitude, L. vastitudinem. réveiller, surveiller.
.

VEN — 510 — VEU


VEINE, L. vena. —
D. veineux, L. veno- venelle, si l'explication ci-dessus no satisfait
sus; veiner. Voy. aussi venelle. pas, nous émettrons une autre conjecture :
VELCHE, (le l'ail, wàlisch, vcâlsch, gau- dim. du BL. venna, haie, buisson (voy. vanne),
lois.^ qui se prête assez bien pour expliquer la
VÊLER, voy. veau. locution en question. D'autres ont plus hardi-
VÉLIN, peau de veau, voy. veau. ment expliqué venelle par un dim. vianella,
VELLÉITÉ, terme philosophique formé de de via, chemin. —
Il est bon, pour se diriger

l'infinitif latin velle, vouloir.


dans les recherches, de noter que Du Cange

VÉLO CE, L. velocem, — D. vélocité, L. velo-


cite un document du xm^ siècle portant la
forme latine vanella, via strictior.
citatem.
VELOURS, anc. vêlons {Yr est intercalaire ;
VÉNÉNEUX. L. renenosus (vencnum).
cp. vfr. jalours p. jalous, sunùvant dans le
VENER, VENEUR, VÉNERIE, voy. venai-
son
i\éei\. jaloersch); du L. villosus, velu. L'it.
dit velluto, l'esp. veludo; ces formes sont cor-
VÉNÉRER, L. venerari. — D. vénération,
-abh', L. venerationem, -abilis.
respondantes du fr. velu et viennent du L. vil-
lutus. D'un diminutif veluet vient angl. vel- VÉNÉRIEN, relatif à Venus, gén. YenciHs.
vet, velours; un autre diminutif se trouve VENETTE, voy. venelle.
dans l'anc. langue fr. sous la forme velluau VENGER, prov. vengar, venjar, esp. ven-
= BL. velludellum, pannus sericus villosus. gar, it. vengiare, duh. vindicarc (c^. manger
Quant au verbe velouter,\\ est fait soit d'après de mand'care). —
D. vengeur, vengeance,
l'it. vcllutare, ou librement déduit de velous'
revenger et revancher (v. c. m.).
(cp. taluter de talus). VÉNIEL, L. venialis (venia).
VELTE, mesure de capacité. De l'ail, viei't, VENIN, vfr. veli)i et vérin du L. venenum. ;

viertel, mesure de capacité, pr. quart, quar- Pour la confusion de la finale lat. en (us, a,
taut. Bugge, auteur de cette étym. (Rom., III, um), avec in (us, a, um), cp. puUicenus :
160), l'appelle les formes variées vei'tc, verlc, jxnissin .racemus : raisin, catena chaîne' :

vergue et pense que trois mots diiféi'ents sont d'où chaîne, sageua : seine' (d'où sci7ic), per-
ici confondus 1.: notre velte ou verte; gamcnum parchemin;
: axi^-iï étrenne, strena,
2. vergue, antenne =
virga; 3. verle = variait jadis entre cstrene et estrine. — D.
virgula. —
D. velter. venimeux, aivenimer ; m p. n par euphonie,
VELU, voy. velours. —
D. velvote p. veluotc, comme dans étamer de étain, vfr. leonim,e *=•
plante à tiges velues. leoninus.
VELVOTE, voy. velu. VENIR, L. venire. — D. subst. part, venue.
VENAISON, angl. venison, du h.venalionem VENT, L. ventus. — D. vaiter, venteux,
(venari), chasse, produit de la chasse. Le verbe L. ventosus; ventail (orthographié aussi van-
venari a donné voter, courre un animal tail), pr. soupirail (par où l'on respire), puis
domestique pour en attendrir la chair; vena- aussi battant de porte (cp. venteau, porte
torein, vfr. vcneeur, auj. veneur, d'oix vénerie. d'une écluse); cps. contrevent, paravent;
VÉNAL, L. venalis. —
D. vénalité. verbe éventer, d'où éventail (v. c. m.). Ro- —
VENDANGE, L. vindemia (i consonnifié). quefort a commis la colossale méprise de pla-
Le prov. dit vendcnha. —
D. vendanger cer l'adj. éventuel sous la rubrique vent!
(-=:= L. vindemiare). Le L. vindemia a fourni VENTE, voy. vendre.
le nom au mois dit vendémiaire. VENTILER, L. ventilare (ventus), remuer
VENDIQUER, mot .savant, employé dans La à l'air, agiter, scruter. — D. ventilation,
Fontaine pour revendiquer, du L. vindicare •atcur.
(dont la forme franc, normale est venger). VENTOUSE, prov., esp., it. et BL. ventosa,
VENDRE, L. vendere. —
D. vente, it. vai- pr. soupirail, donnant pa.ssage à l'eau ou à
dita, =
L. vendita ^cp. rente, 2Jente, etc.); l'air;do là les différentes applications techno-
vendeur, vendable, revendre. logiques et médicales de ce mot. Ce que nous
VENDREDI, it. venerdi, dn L. Veneris dics. appelons ventouse en chirurgie s'appelait chez
Le prov. retourne les termes et dit divendres; les Latins cucurbita, chez les Grecs sixûa, pr.
l'espagnol (sans dies) dit tout court viernes courge ; Juvénal a cucurbita ventosa. Du
(p. vienres), le prov. de même aussi vetires. L. ventosus (ventus), primitif aussi du nom
VÉNÉFICE, L. veneficium. de mois républicain dit ventôse. D. ven- —
VENELLE, rue: p. veinelle, pr.
petite touser.
petite veine? Cela rappellerait la métaphore VENTRE, L. venter. — D. dim. vcntricuje,
du mot artère =
rue principale d'une ville. L. ventriculus; ventrée, -ière, ventru, seven-
En/ilcr la venelle signifie prendre la fuite; trouillcr; ventriloque, L. ventriloquus (qui
avoir la venettc, gagner peur. Il n'y a cepen- parle du ventre) ; verbe é-ventrcr.
dant pas de rapport de famille entre venelle VENTREBLEU, euphémisme p ventredieu;
et Roquefort explique ce dernier
venette. cp. morbleu, sacrebleu.
assez cavalièrement par « peur pareille à celle VÊPRE, du L. vesper, soir.
du gibier poursuivi par les veneurs ». Notre VER, prov., vfr. verm, L. vermis. D. vé- —
opinion est que venette dérive de vener, reux, piqué des vers véroter, chercher des
;

expression populaire p. vesser, contraction de vers. Ces dérivés sont faits en négligence du
vesiner; cp. la loc. avoir la foire. Quant à radical primitif verm.
, .

VER 511 VER


VÉRACE (néoL), L. verax. — D. véracité, donne à l'or, pour rendre son feu plus vif et
L. veracitatem. qui est composée en grande partie de vermil-
VÉRANDA, dir. de l'esp. baranda, port. lon, puis à l'argent doré. En agriculture ver-
varanda, mot d'origine orientale malais :
meil se disait d'un lieu où il y a des vers. —
baranda, persan baratnadah ; sansc. varanda, Dim. vermillon, cinabre, couleur vermeille.
portique. VERMICELLE, de l'it. vermicelli, petits
VERBE, L. verbum, pr. parole. — D. ver- vers.
bal, L. verbalis (de l'expr. procès-veî'bal vient VERMIFUGE, du L. vermis, \ei\-\-fugare,
le verbe verbalise?-) verbeux, L verbosus
; .
chasser.
d'où verbosité ; verbiage (d'où verbiager), d'un VERMILLER, chercher des vers {vermis).
verbe ancien verbier, type L. verbicare. VERMILLON, voy. vermeil.
VERD, voy. vert. VERMINE, prov. vermena, d'un type adjec
VERDICT, mot d'introduction anglaise, du tival ver-minus (vermisj. —
D. verminière.
L. veredictum; l'ail, dit wahr-spruch. VERMISSEAU, anc. vermicel, du L. vermi-
VERDIER, garde forestier, BL. viridai'ius, cellus, forme accessoire de vermiculus (cp.
dér. de viride, verdure, feuillage; cp. le terme arbr issea u, ruisseau),
gruger (v. c. m.), —
D. verderie, VERMOULU, pr. moulu par les vers; de là
VERDURE, voy. vert. — D. verdurier, vermoulure; de vermoulu, au mépris des
règles, on a abstrait un verbe se vermouler.
•ière.

VÉREUX, voy. ver. VERMOUT, de l'ail, wermuth, absinthe


VERGE, L. virga. — D. vergé, barré, rayé ;
(celui-ci étymologiquement = racine contre
les vers).
verger, mesurer avec la verge; vergcure;
enverger (v. c. m.); dim. vergette, d'où ver- VERNAL, L. vernalis (de ver, printemps).
geler.
VERNE, ou vergnc, aune (arbre), prov.
verna, ver)i. Du L arbor verna = arbre prin-
1. VERGER,
verbe, voy. verge.
tanier? Diez préfère une étymologie celtique
2. VERGER,
subst., prov. vergier et ver- :

dier, du L. viridiariurn, forme concurrente


cymr. gwern, marais, d'où la combinaison
coe.d gwern, aunes, pr. arbres de marais (on
de viridarium (viridis).
VERGLAS, composé de verre etde glace,
trouve aussi tout court gwern aune). =
donc pr. verre glacé. On trouve
VERNIR, d'après Ménage, approuvé par
aussi en vfr.
vergiel {c/iel = it. gielo, L. gelu, glace).
Diez, d"un type L. vitrinire, dérivé de vitri-
nus, adj. de vitrum, verre (cp. prov. veirin).
A cause des formes vfr. yyercglas, wall. war-
Diez appuie cette manière de voir sur le sens
gless, Littré explique le mot par « gare à la
identique des verbes it. vitriare. esp. vedriar,
glace ». Cela me semble bien risqué, sur-
sarde imbidriare; cp. aussi l'ail, glasiren,
tout en présence du parmesan vcdergiazz ==
vernir, glacer, de glas, verre. Il repousse
verglas, et du rouchi woirglache {woir vfr. = comme origine le vha. bernjan, rendre lui-
voire, verre).
sant, le germanique b initial ne s'affaiblissant
VERGNE, voy. verue.
jamais en v n'était ce scrupule phonétique,
VERGOGNE , vergonde, prov. ver-
vfr. aussi
;

le mot s'accommoderait très bien de l'ail, bern-


gonha, it. vergogna, du L. verecundia, subst.
de l'adj. verecundus, pudique. D. déver- — stein (pr. pierre luisante), ambre, succin, cette
substance fournissant un vernis très usité.
gondé (v. c m.).
L'ancienne poésie appliquait fréquemment à
VERGUE (cp. prov. vergua), comme verge,
du L. virga, baguette, pièce de bois longue.
l'écu l'épithète verni etremis (voy. des exem-
— D. oiverguer (v. c. m ).
ples dans Bormans, Texte de Cléomadès,
p. 199, et Gachet, Glossaire); le premier est
VÉRICLE, du L. vitriculus (vitrum).
le participe passé de vernir, le second répond
VÉRIDIQUE, L. veri-dicm. — D. véridi-
à un type adjectival en icius. —
D. subst.
cité.
vernis, collatéral de it. vernice, esp. berniz
VÉRIFIER, BL. veriftcare; subst. vérifica- et barniz, prov. vernitz (gr. mod. ^-p-Aïii,
teur, vérification. angl. varnish, ail. fiirnis).
VÉRIN, nom d'une machine en forme de VERNIS, voy. l'art, préc. —
D. vernisser
presse; n'est pas, comme on a avancé, un dér. (it.vcrniciare, prov. vernissar), d'où vernis-
de ver, par allusion à la forme de la vis ou de sure.
l'écrou, mais de la famille du L. veru; voy. VÉROLE (autr. v>airole) vient de vair, ver*:,
vrille. donc, comme yareofc, du primitif lat. varius
VÉRITÉ, vfr. verlé, L. veritatem. D. vé»-i- — Un autre dérivé de vair ou ver est vérette =
table (cp. équitable de équité, charitable de varicelle, et véron p. vaii'on, nom d'un pois-
charité). son (c]». héron p. hairon). —
D. vérole.
VERJUS, p. vert jus, jus de fruit encore VÉRON,voy. l'art, préc.
vert. — D, verjuté. VERRAT (p. v>errac? cp. esp. verraco), dér.
VERLE, jauge pour mesurer les futailles, du L. verres (vfr. ver):, on rencontre aussi les
de virgula, dim. de L. virga, fr. verge. formes verrou, verau, verrot.
VERMEIL, vermiglio, du L. vermiculus
it. VERRE, vfr voire, it. vetro, prov. veire,
(dim. de vermis), pr. petit ver, puis coc- = régul. tiré du L. vitrum, dont la langue
cum, teinture écarlate, cochenille. Le mot savantc^a fait vitre. —
D. verrier, -ière, -crie,
s'i3st appliqué surtout à la couleur que l'on verreux, verroterie.
VER 513 — VES

VERROU, anc. verrouil (d'où le verbe vcr- quelconque, à protéger Yinfante et que ce sont
roi'.iUcr), prov, vtTrolh, du L. ventculitm, bien les éléments vertu et garder (jui se
petite bioche. cachent sous le terme bizarre que les modistes
VERROUILLER, voy. verrou. du xvi" siècle ont imaginé pour l'engin de
VERRUE, L. verruca. toilette nouvellement inventé.
1. VERS, subst., L. versus (vertere ; cp. VERVE, du L. ve7xa, tote do bélier, orne-
srpo-fr, de 5T/5î'^(u). — D. verset, vcrsicule, L. ment de sculpture ; de là l'acception fantaisie :

verslculus; L. versificare,
verbe versifier, d'artiste, caprice. In développement analogue
subst. versification, -ateur, L. versificationem, d'idée se remarque dans le mot caprice, do
-atorem. capra, chèvre. Seulement, on se demande, à
2. VERS, prép., L. vei-sus (pr. tourné). l'égard de ce dernier, si le sens figuré ne re-
Composés envers, devers.
: pose pas sur un autre point de vue impliquant
VERSATILE, mot de facture savante, L. ver- une allusion au caractère bizarre de la chèvre.
satiiis. — D. versatilité. Ménage voyait dans verve, enthousiasme,
VERSÉ, exercé, du L. verscUus (versari). l'inspiration du verbe divin le P. Labbe pen-
;

VERSEAU, terme d'astronomie; d'après sait à vertere; entre vertige et verve, il y a en


où il faut verser (retourner)
Littré, la saison effet de l'affinité, mais il faut aussi se mettre
la terre; d'aprèsMoisy == verse-eau, une tra- en l'ègle avec la forme des mots ; or. verve ne
duction populaire de L. aquarius, m. h. se prête en aucune façon à un radical vert.
VERSER, it. versare, prov. versar; du L. D'autres se sont adressés à l'ail, xcerfen, ni.
versare, fréq. de vertere; propr. retourner, voei-pai, jeter (donc pr. élan d'esprit); Roque-
renverser. Le sens répandre, faire couler, est fort y voyait le mot vertu! Forster (Ztschr.,
déduit de l'idée renverser un vase ou l'incliner IV, 381) dit que l'ét. par verva n'est nulle-
pour en faire sortir le liquide. Le sens origi- ment assurée: l'examen de l'emploi du mot
naire « retourner » (La Fontaine disait encore dans l'ancienne langue indique plutôt le sens
verser un champ, imitant en cela le versare • verbiage, folle parole, proverbe " Cela favo-
.

glebas d'Horace) reparait dans les composés rise l'étym. vei-ba, plur. de verbum; mais le
enverser', renverser. —
D.va'sant, pente d'une passage de rb en rv serait tout à fait excep-
montagne découlent les eaux ; à vei'se,
d'où tionnel, car morve = 'nurrba (p. morbus)
locution adverb. =
en versant (de là le subst. n'est pas sur. De son côté, U. Paris observe
averse r, versement, vei'seauiv. c. m.). (Rom., X,302) qu'il professe depuis longtemps
VERSION, L. versionem (vertere), action de la même manière de voir; pour la forme, il
tourner, puis de traduire. rapproche vciTeiue de vei'bena et le latin verva,
VERSO, sous-entendu folio, mots latins = pluriel de vierf = verbum. Suchier (Roman.
au feuillet tourné. Forschungen, Ii oppose la forme piém. terver
VERT, fém. re7'tt! (autrefois, selon la règle, et propose l'ét. verbera, mais Paris no croit
fcrc/f), du L. viridis. —
D. verdàtre, verdelet, à l'existence de ce mot jtiém. verver (juo sous
verdet, verdier (oiseau), verdeur, vmxlure, la forme ver wr 'Rom., XII, 133). —
Citons
verdir, verdoyer (it. tcrdcggiare, esp. ver- encore, pour la fin, la bizarrerie d'un savant
dcar). alleiiiari(i, ipii voit dans vo've le L. fervor!
VERT-DE-GRIS est une forme corrompue ; VERVEINE. L. verbena.
au xiu" siècle, on trouve verte-gres, au xiV, VERVELLE, vcy. l'art, suiv
vert de grice; Littré conjecture comme forme VERVEUX, filet, anc. verveu; ce mot est,
première vert aigret, le vert produit par d'après Pott, suivi par Diez, la i-eprésentation
l'aigre, l'acide. fr. de l'it. vcrtovello ou bertovello, nasse, qui,
VERTÈBRE, L. vertebra (vertere). — D. à son tour, est le L. vertebolum (Loi salique;
vcriébj'é, L. vertehia,tus\ vertébral. ou plutôt vertebellum (cp. en fr, la forme vcr-
VERTICAL, L. verticalis, perpendiculaire, velle, gonds dans la quille d'un bateau foncet,
dér. du L. vertex, -icis, point culminant, som- pour y accrocher le gouvernail aussi anneau,
;

met de la tète, zénith. cylindre). Or, vertebolum est un dimin. de


VERTIGE, it. vertigine, du L. vcrtigo, -inis vertebra, et tire sa signification du verbe ver-
(vertere),tournoiement. —
D. vertigineux, L. tere; la nasse est ainsi nommée parce que le
vertiginosus. Oji a conservé le mot L. vertige col est retourné en dedans ; aussi l'orifice de
pour caprice, fantaisie. la nasse s'appelle-t-il de même en it. ritroso
VERTU (anc. aussi =
force, courage), du = retrcn'sus (pr. rctoui*né). —
La forme
L. virtutem.De là ^voy.vertudos,'ii.virtuoso, limousine vertuel se rapproche plus sensible-
fr. VERTUEUX Qe mot virtuose est emprunté de ment du type vert'beltum.
l'it.); vei-be évertuer, prov. es-vertudar. VESCE, vfr. vesse, vèche, it. veccia, ve2za,
VERTU6ADIN, dér. de l'esy.vertugado (vfr. angl. vetch, fttch, v. flam. vitsen, ail. wiche;
vertugade), m. s., dont j'ignore l'origine. du L. vicia. — D. vesceron.
D'après Littré, le mot espagnol, aussi pro- VÉSICATOIRE, du L. vesicare, produire des
noncé et écrit verdugado, dérive de verdugo, vessies, d'où aussi vésicant. —
Vésicule, L.
pr. scion, baguette, lequel vient du L. viridis, vesicula, petite vessie.
vert. Cette étymologie ne m'inspire aucune
VESOU, jus de la canne à sucre: d'après
confiance et le synonyme esp. guarde- infante Roulin, de vfr. vcsc, vessie, à cause des vessies
pourrait bien m'autoriser à supposer que l'in- ou cloches (jue produit le dégagement du gaz
vention du vertugadin visait, pour une raison acide carbonique.
.

VEU — 513 Vil)

VESPÉTRO, « de vesse, pet et rot, à cause pour le changement de c en eu, plevir devenu
des propriétés carminatives attribuées à cette pleuvir). Les mots parallèles des autres lan-
liqueur " (Littré). Je connaissais cette étymo- gues sont prov. vcuva, vezoa, it vedova, esp.
logie, mais je n'osais pas la prendre pour viuda, port, viuva, valaque vêduvë. néerl.
sérieuse. weduioe, angl. widoio, ail. wittwe. Le cor- —
VESSE, L. visium (du verbe -cisire), mot respondant masculin de veuve est veuf. Le —
radicalement identique avec l'ail, fiess, fiest, latin vidnus, au sens déduit de privé de, non
angl. ftzzle, veze. D. vesser. —
Au lat. visire — rempli, s'est francisé, dit-on, par vide, mais il
répond wall. vest. Du même primitif latin pourrait bien y avoir là une erreur (v. c. m.).
vient le verbe vfr. vesiner, d'où berrichon — D. veuvage.
têner, rouchi vena', d'où, selon moi, l'expr. VEXER, L vexare (vehere), pr. secouer,
avoir la venette (v. pi. h.). Le wall. dit dans ballotter, tirailler. — D vexation, vexatoire.
le même sens avù l'cèse (voy. Grandgagnage). VIABLE, p. vivable; cp. viande pour
VESSIE, L. vcsica, vessie, ampoule, cloche, vivande. Le mot étant d'introduction récente,
d'où le verbe L. vesicare, se gonfler, et l'adj. il a été tiré peut-être par les médecins de la

vesicatorh'.s' , fr. vésicatoire. D. vcssigon. — formule vitœ hahilis, apte à la vie étymolo-
—D
;

VESTE, dir. de l'it. vesta, habit, robe, qui gie donnée par Littré. viabilité.

vient du L. vestis, vêtement. — D. veston. VIADUC, formé de vice ductus, d'après l'ana-

VESTIAIRE, L. vestiarium (vestisj, garde- logie de aquœductus, fr. aqueduc.


robe. VIAGER, dérivé du subst. viage, cours de la
VESTIBULE, L. vestibulum, cour d'entrée. vie, ressources pour vivre, i^evenu annuel; ce

VESTIGE, L. vestigium. viage a pour type soit une forme vitaticum,


soit L. viaticum =^ provisions de l'oute, moyen
VETEMENT, L. vestimentwn fvestire).
VÉTÉRAN, L veteranus (vêtus). D. vété- — de subsistance (voy. viatique).
VIANDE, prov. vianda, it vivanda, anc.
rance, mot formé comme si le primitif était
nourriture en général; là forme ancienne et
vétérant.
complète est vivande (de là vivandière), du
:

VÉTÉRINAIRE, L.veterinariuside veterina,


L. vivenda, mot de façon barbare devant
s. e. bestia, bête ou de somme).
de traie
signifier « ad vivendum necessaria •'. Le sens
VÉTILLE, d'après Diez, du L. vitilia, mar- ancien de pâture subsiste encore dans les dé-
chandises en osier, treillis, etc. ("choses de peu rivés (termes de vénerie) viander, pâturer, et
de valeur) il cite à l'appui le L. gerrœ, qui
;
viandis. Guiot de Provins dit des chanoines
signifie choses en osier, 2. bagatelles, bali-
1 .
i\5guliers qu'ils étaient nobles viva7tdiers( qu'ils
vernes. D'autres font venir le mot de titiliti- faisaient bonne chère).
gare, chicaner, mais cette étymologie est for- VIATIQUE, L. viaticum (via), argent ou
cée. — Pour ma part, je ne vois pas pourquoi frais de voyage. S. Grégoire emploie déjà le
vétille ne serait pas un dimin. de vêtus, mar- mot au sens de sacrement admini.stré aux mo-
quant d'abord une vieillerie, chose usée, sans ribonds. Viaticum est aussi le type du mot
valeur. Raynouard rattache le mot, peut-être voyage.
avec raison, au prov.,esp. veta, cordon, bande VIBRER, L. vibrare. —
D. vibration.
(= L. vitta), et allègue le passage suivant :
VICAIRE, vfr. viguier (v. c. m.), L. vicarius
« paubre lairon pent hom per una veta w, qu'il
(vicis), qui tient la place d'un autre, lieutenant,
traduit pauvre larron on pend pour une
••

— substitut. —D. vicariat, -al, verbe vicarier.


vétille ». Brachet dit tout court du pié-
montais vetilia, m. s. D. vétiller, -eux. —
:
1. VICE, défaut, L. vitium. —
D. vicieux,
L. vitiosus; vicier, L. vitiare, corrompre.
VETIR, L. vestire. — D. vêtement, L. ves- 2. VICE-, élément prépositif de composition
timentum véture, prise; d'habit; cps. re-vêtir, du L. vice, à la place de, abl. de vicis, alter-
dé-vêtir. native, cours, lieu ; vice-roi est celui qui gou-
VETO, mot latin =
je défends, je m'oppose. verne vice régis, à la place du roi.
Le verbe vctare se trouve en prov. et esp. VICENNAL, L. vicennalis, de vicennium
sous la forme vedar, en vfr. véer, en it. vie- (viccnti anni), espace de vingt ans.
tare. VICINAL, L. vicinalïs{àe vicinus,fr. voisin).'
VÉTUSTÉ, L. vetustatem {vêtus). Un chemin vicinal est un chemin qui relie dos
VEUF, voy. veuve. localités voisines.
VEULE, vieux mot mou, faible, = léger, VICISSITUDE, L. vicissitude.
primitivement =
vain, vide. D'après Diez, la VICOMTE, p. vice-comte, BL. vice-comitem.
forme veule procède de la forme vole (Rute- — D. vicomte.
beuf « pensée vole •>). Or, vole vient de vola,
: VICTIME, L. vtctima, animal offert en sacri-
le creux de la main, soit que l'on ait pris — D. victimer, L. victimare.
fice.
creux dans le sens de vide, soit sous l'in- VICTOIRE, L. Victoria (vincere). — D. vic-
fluence de l'expression composée vanvole, torieux, L. victoriosus.
chose futile (Rom. du Renard, I, p. 147), qui VICTUAILLES, vfr. vitailles, L. victualia
signifie pr. vana vola, main vide, et que l'on a (victus). Devitailles wïent r-avitail 1er.
interprétée par vain et vole, combinaison fré- VIDAME, contraction de vice-dame, à Genève
quente chez les anciens. vidom.ne, du L. vice-dominus
VEUVE, du L. vidua, par l'intermédiaire VIDANGE, voy. l'art, suiv. — D. vidanger.
de vfr. vedve, veve (cp. L. tenuis, vfr. tenve, et VIDE, vfr. vuide, vnit, voit, prov. vuei;

33
.

YIG — 514 — VIN

selon l'ét. reçue, du L. vidiius. D. vider, — serpe p. serpens) Peut-être le mot est-il modi-
fié de vinobre et désigne-t-il pi'oprement un lieu
autr. vuider; delà vidange, propr. action de
vider, et vidiire; cps. dé-vider (v. c. m.). où l'on fait du vin, prov. obrar =- operari.
é-vider. Voy. aussi veitve. L'étymologie — VIGOGNE, it. vigogna, esp. vicuna, port.
tiduiis, à l'avis de Scliuchardt, ne convient vigunlia; en latin fcientifique, camelus vi-
qu'à it. vedovo, fr. 'vedve, veuf, veuve. L'ori- cunna; du péruvien vicuutia.
gine de vfr. virit, vuit, vuide, nfr. vide, it. VIGUEUR, L. vigorem. De la forme vfr.
voito, voio, est le participe vocitus (t:p. rogitus Di^oKr vient V ad], vigoureux, BL. vigorosus,
de rogare),ày^ verbe bas-latin focare=^facare. et le verbe vfr. raviyourer.

Pour la forme, cp. L. cot/itare devenu it. coi- VIGUIER. prévôt, forme prov, du L. vica-
tare, cotare, vfr. cuidier. Voy. Scliuchardt, rius, lieutenant. —
D. viguerie.
Rom , IV, 256, et Thomsen, ib p. 257-262, ,
VIL. !.. vilis —
D. vileté [vfv.viHe, vieuté,
ainsi que mon Appendice à la 5* éd. du Dic- prov. vii'.tal); verbe avilir.
tionnaire de Diez, pp. 765 [votOj et 818 [vide). "VILAIN, it. villano, BL. viUanus[do villa),
VIDECOQ, en Normandie vico, un des noms pr. habitant de la campagne (voy ville), rus-
de l;i btk-asse; altération de l'angl. icoodcock tique. Le mot vil a peut-être contribué à fixer
= coq des bois. les acceptions modernes de vilain. D. vile- —
VIDIMUS, mot latin =
nous avons vu; de nie, action de vilain ; villanelle, poésie pasto-
là le verbe vidimer, apposer le vidimus. rale.
VIDRECOME, grand verre à boire, ail. = VILEBREQUIN, anc. aussi virebrequin, dans
wiederhonu>i.\\<X.vQio\\r\ ce verre a été appelé les patois vuilberquin, biberquin, etc. ; ce mot

ainsi, dit-on.parce qu'il fait le tour de la représente le fianmnd xcielboorken, composé


table, chaque convivele vidant à chaque santé d^xciel, roue, tour, et de boorhen. petit foret
qui se porte. Je doute de cette interprétation ; idebore», percer); donc pr. foret à tour. L'al-
SI le mut ail existe ou existait 'je ne lai jamais tération «ie vile en vire peut s'èti-e produite
entendu et Sanders ne le porte pas), j'imagine sous l'influence de fr. virer, tourner. C'est du
que le nom lui est plutôt venu de locca-sion français que viennent esp. berbigui et port.
du festin le retour d'un ami. Ou le mot
: berbequim. Le Duchat expliquait le mot par
vidricume ne serait-il pas plu'ùr f..r!ré sur le gyrans verucum! Frisch y vi>yait le bas-ail.
terme ail ic/Z/At-mw-humptii, le giand bocal winborekeri (de xcinden, tourner, et bohren,
de bienvenue] percer, cp. Tall. windcl-bohrer, m. s.). —
VIDUITÉ, terme savant pour veuvage, L. Palsgrave présente la Jorme altérée vibriquet.
viduilaiem Voy. veuf. VILENER. VILENIE, voy. ville.
VIE. L. vita. VILIPENDER, L. vilipendere, mépriser.
VIÉDASE. imbécile; mot du Midi, composé VILLA, forme lat. ou it. de ville (v. c m.).
vit. et asr, âne (Littré . VILLAGE, voy. l'art, suiv. D. villageois. —
VIEIL (avec Vs du nom., virh', d'où vieux), VILLE, L. villa. Dès les premiers temps du
prov. vielh, it. rccchio, veglio. esp. viejo, port. moyen âge, le sens primitif de villa, savoir
vel/io, du L. vctuius, contracté en vetlus, d'où maison de campagne (encore propre à lit.
veclus, toutes formes dont l'existence est modifié en celui de hamcati ou de
villa), s'est
constatée. — D. vieillot, vieillard, vieillir, village.Par extension, le mot s'e.st appliqué à
vieillesse, -erie. —
Le L. vêtus a laissé au une ville de campagne, opposée à la cité ou
vfr. la forme indéclinable vies (cette opinion au bourg, défendus par un château. De ville
est contestée). dérive villain\ auj. vilain, it. villano, prov.
VIELLE, instrument de musique, formé du vilan, d'abord =
pay.san, homme do la cam-
L. vital la, comme viole est fait de viLuia; voy. pagne, puis, selon les préjugés du citadin, =
viole. — L). vieller, d'où vielleur. grossier, vil, bas, laid c'est de cette dernière
;

VIERGE, vfr. virge, prov. verge, du L. virgo, acception que relève le subst. vilenie et le
-tJiis. Du thème virgin vient le vfr. virgine, verbe fr. vile7ter, injurier, outrager, désho-
prov. vergena et angl. virgin. norer, dont le part, vilené a pris une acception
VIEUX, voy vieil. spéciale en termes de blason. De ville, dans—
VIF, L vivus —D vivifier,]^ vivificare; son acception d'établissement rural, vient le
a-viver, raviver. terme collectif ciZ/a^^, pr. réunion de plusieurs
VIGIE, du port, vigia, veille, sentinelle, fermes.
espion, subst. verbal de vigiar, veiller. VILLÉGIATURE, de l'it. villeggiatura, dér.
VIGILE, forme savante de veille iv. c. m.); du verbe villeggiare, séjourner à la campagne
vigilant, -a)ice, L. vigilantem, -antia. [villa).
VIGNE, L. vinea. —
D. vigneron (cp. VIMAIRE, du L. vis major, force majeure.
biicheron)-., vignette (les premières vignettes VIN, L vinum. — D. vinav-e, L. vinarius;
représentaient des pampi'es et des raisins ; cp. vineux, L. vinosus (d'où vinosité)\ vinée,
le t<^vme cul -de-lampe] vignoble (v. c. m.).
\ vinasse (it. vinaccio), vinicole (néol.), = qui
VIGNETTE, voy. l'ait, pi-éc. cultive le vin.
VIGNOBLE (se trouve déjà dans Gay don); VINAIGRE, p. vi7i aigre, it. vino agro,
d'après les uns, le mot est gâté de vi'gnole Cep. angl. vinegar. —
D. vinaigrer, -ettc, vinai-
it. vignuola; on disait autr. vignolette, p. pe- grier, vinaigrerie.
tite vigne); d'après Diez. de vini opulens, VINDAS, cabestan; on dit aussi guindas
abondant en vin (pour l'apocope de ens, il cite [v germ. =
gu fr.); voy. le mot guinder.
VIR — 515 — VIS

VINDICATIF, du L. vhidicare (fr. tcvger). roman exclut donc l'étym. flam. wieren, tour-
VINDICTE, it. vendetta, L. vindicta. ner, qui a été mis en avant; cependant, ce prin-
VINGT, L. viginti. —
D. vingtième, -aine. cipe n'est pas absolu, comme le prouvent les
1. VIOLE, primitif inusité de violette, it., mots vacarme, vague, varenne, vilebrequin
esp., prov. viola, vha. viol, mha. viel, auj. et voguer. Au verbe virer se rattache : viron,
veil, dim. veilchen ; du L viola (dim. du cercle, circuit, dans l'expression en uîVon (cp.
gr. îo-j). — D. violacé, -at, -ier, -âtre, et sur- entour, à l'entour), d'où le verbe environner.
tout violet et violette. Le Sage fait dire à Sancho : « Le papillon, à
2. VIOLE, instrument de musique, prov. force de vironner autour d'une chandelle, finit
viula, viola, it , esp., port, viola. Diez tient par se brûler » Subst. verbal virement. Cps,
la forme prov. vi-ula pour la plus ancienne, revirer', d'où revirement. —
Storm (Rom., V,
car, d'après lui, viula a pu dégénérer en viola., 187 , dérive virer de vibrare, brandir. Pour
mais non pas viola en viula. Or, viula repré- la forme, il allègue it. lira de libra; pour la
sente le BL. vitula. Ce dernier est, d'abord, transition de l'idée brandir à celle de faire
par transposition, devenu viutla (cp. prov. tournoyer, il rapproclie angl. swing, brandir,
veuza de vedua, teuna de tenuis], d'où (par et swing a ship, faire tourner un navire. Il
la chute du t, cp. rolar de rotUare) viula., aurait pu citer encore l'ail, schwenhen, qui
viola. Or, vitula (qui est aussi le primitif de signifie brandir, agiter et faire tourner.
l'équivalent ail. fiedel) vient du L. vitulari., se VIRES, en de blason, anneaux concen
t.

réjouir litt. gambader comme un veau, vitu- très, voy. l'art, préc. —
Dim. de vire: vir eton,
lus) ; de la joyeuse
la viole était l'instrument flèche tournoyante.
compagnie (« vitula jocosa », dit un poète VIREUX, L. virosus (virus).
cité par Du Cange). Comme viole vient de VIREVOLTE, de l'it. giravolta (« movi-
vitula^ ainsi vient vielle (v. c. m.) de la forme mento in giro ») Le fr. dit aussi virevousse
variée vitella. —
D. it. ^nolone et violoncello, (pour vousse = volte, voy. l'art voûte).
d'où nos mots fr. violon et violoncelle. VIRGINAL, L.virginalis ; virginité, L. uîV-
VIOLENT, L. violoitus. —
D. violence, gi7iitas (virgo, -inis).
L. violentia; verbe moderne violenter. VIRGULE, L. virgula (virga), trait d'écri-
VIOLER, L. violare. —
D. subst. verh. viol. ture.
VIOLET, -ETTE, voy. viole 1 VIRIL, L. —
D. virilité.
virilis Ivïv).
VIOLON, vov. viole 2. — D. violoniste. VIRLIQUE, de jeu, de l'ail, vier gliche
t.

VIOLONCELLE, voy. viole 2. (glciche), litt. quatre égales (s. e. cartes).


VIORNE, it. vibu7"no, du L. vihurnum, VIROLE, voy. virer. —
D. virole.
jn. s. VIRTUEL, néologisme formé de L.virtutem,
VIPERE, L. vipcra. Ce mot est de fnçon force, puissance, fr. vertu; it. virtuale.
savante; la vraie fi)rme ancienne est vivre, VIRTUOSE, vov. vertu.
xuivre, voivre, guivre, voy. pi. h. givre 2 et VIRULENT, -ENCE, L. virulentus, -entia.
pi. b vivre. VIRUS, mut latin venin.=
VIRAGO, mot latin ^= femme robuste. 1. VIS, subst. masc, vieux mot, visage, ^
VIRELAI, =^ vire-lai, do virer; donc lai conservé dans l'expression vis-à-vis = face à
.en rond, rondeau. face, tête-à-téte; c'est le L. visus, vue, action
VIRER (rouchi virler p. vireler), esp port., ,
de voir, qui, au moyen âge (peut-être sous
prov. virar, BL. virare (Loi des Allemands;. l'influence de l'ail, ge-siclit., visage, de schiin,

Diez rejette l'étymologie gyrare commimé- voir), a -pris la valeur du L. vultus vfr. vout).
rnent reçii«, la syllabe gi ne changeant jamais — D. visage, terme a'igmentatif visière, ;

en vi; il fait dériver le verbe du vfr. vire, dial. chose qui garantit le vis. —
L'expression vfr.
ital. vira, vera =^ cercle, anneau. Or, ce il m'est vis est le L. visum est mihi ; ce visum
subst. vire représente le L. viria, espèce de latin est aussi au fond du mot avis (v. c m.).
bracelet (dim. viriola, =
fr. virole, cercle, 2. VIS, subst. fém., vfr. viz. Le vfr. vis, viz
esp., prov. virola, d'où le cat. virolet = et prov. vitz signifiaient aussi escalier tour-
girouette). Au dire de Pline, viria et viriola nant ou limaçon. Le mot représente le latin
(=r esp., prov. virola) sont des vocables celti- vitis, vrille de vigne, pampre; en BL. vis =
bériques, et Guill. de Humboldt avait même de pressoir et vis en général en it. nous ;

cru les retrouver dans le basque viruncatu, voyons de même le mot vite réunir les accep-
tourner, en quoi le grand linguiste s'est tions de vigne et de vis, et en prov. mod. vis
trompé, ce mot basque représentant, selon signifie sarment, jet de la vigne. La forme viz,
Diez, le L. verruncare, tourner. Diefenbach qui a précédé vis., représente le radical vit,
(Origines Europtese) démontre que le thème plus la finale du nominatif s. Cette étymologie
vir de viria se produit tout autant dans des vitis satisfait pleinement, et il y a lieu de
vocables celtiques désignant courbure, ron- croire que le flam vijse, vis fverbe vijssen,
deur, tournoiement, sans que toutefois on soit visserl est emprunté du roman. D. visser. —
autorisé à les admettre pour sources directes — L'angl. vice est tiré de fr vis.
du mot roman, car Diefenbach est bien d'avis VISA, mot tiré de la formule de chancel-
que le v initial roman ne peut répondre ni au lerie <« visa est », (la pièce) a été vue (et
celt. (== cymr. gto, gaél. f), ni
v au germ approuvée). — D. viser, apposer le visa.
V, w. (Voy. aussi l'art, guirlande.) Le prin- VISAGE, voy. vis. — D. en-visager, dé-
cipe que w germanique ne peut devenir v en visager.

VIV — 516 — VOI

VISCÈRE, mot savant, du plur. L. viscera. VIVRE, adj., t. de blason, de vivre, mot vfr,
— D. viscéral. reproduisant le L. vipera. Voy. givre 2.
VISER, porter la vue, regarder, d'un type VIZIR, de l'arabe tcasir ou xoezir, pr. chargé
visare, fréq de vider e. D. visée, dis- — —A (de fonctions), du verbe wazara, porter.
tinguer : viser =
mettre le visa, qui vient VOCABLE, L. vocabulum (vox), d'où voca-
immédiatement de visa(\. c. m.). bulaire.
VISIBLE, L. visibilis. D. visibilité. — VOCAL, L. vocalis (vox). — D. vocaliser,
VISIÈRE, voy. vis 1. d'où vocalise ou vocalisation.
VISION, L. visionem. D. visioyinaire. — VOCATION. L. vocationem
VISITER, L. visitare (fréq. de viserc) — VOCIFÉRER, L. vociferari.
(vocare).
— D. vociféra*
D. (terme savant Visitation), visiteur.
visite tion.
VISQUEUX, L. viscosiis (de viscum, fr. = VŒU, prov. vot, voto, du L. votum
ffui). —D. viscosité. (vovere); = 1. promesse
it.

faite aux dieux,


VISSER, dér. de vis 2 (v. c. m.)- 2. souhait, désir. Du même subst. latin la
VISUEL, L. visitalis' (visusj. langue savante a tiré le terme vote, vœu ex-
VIT, =
lat. pénis, du L. vectis, en BL = primé par le suffrage. D. vouer, prov. —
vereti'um. vodar, du L. votare', fréq. de vovere.
VITAL, L. vitalis (vita). — D. vitalité,
VOGUE, V. l'art, suiv.
vitaliser. VOGUER, vogare, esp. vogar, port.,
it.
VITCHOURA, du polonais vilcsiir, fourrure prov. vogar, nager sur l'eau, du vha. wagon,
de loup c'est en imitation de celui-ci que les
;
altéré en wagon (d'où l'ail, tcogen, flotter), se
Allemands ont forgé leur mot équivalent wild- mouvoir; cp. l'expr. vha. in wagô wesan fr. =
schiir, litt. fourrure de bête fauve, puis sur- être en vogue. —
D. vogue, mouvement d'un
tout garni de fourrure. navire, fig. =
cours, réputation, dans « avoir
VITE (mieux vite ,anc. viste, prompt, alei-te, la vogue, être en vogue ".
it. visto. Diez, dans la première édition de sa

Grammaire, s'était prononcé en faveur de VOICI, VOILÀ, =


vois-ci, vois-là.

l'étymologie L. vegetus, avec intercalation


VOIE, L. via. —
D. voyer, L. viarius,
inspecteur des chemins, d'où voirie p. voierie.
de s. Des scrupules lui sont venus à ce sujet,
et dans son Dictionnaire il exprime l'opinion
Le subst. voie est au fond des composés :
que le mot italien est antérieur au mot fr. et avoycr (vfr.), mettre sur la voie, convoyer
(V. c. m.), envoyer (v. c. m.), dévoyer (cp.
qu'il ne représente autre chose qu'une forme
écourtée de avvisto, prévoyant, avisé, cir- L. conviarc, inviare, deviare) et farsvoyer',
conspect; il allègue, pour justifier cette tran- fourvoyer, mettre hors (voy. fors) de la route.
sition du sens
Voie a en outre poussé les rejetons : voyage,
circonspect, attentif, vigilant »
«•

en celui de « prompt dans ses mouvements, pr. cheminement it viaggio,es\^.viagc. Tprov.


vif ", l'analogie de l'adj. alerte iv. c. m.), pr.
viatge), qui, par sa facture, répond uu L. via-
sur ses gardes, puis vif, allègre. Diefenbach
ticum, pr. argent de voyage, mais employé
(Celtica), après avoir reproduit l'étym. vegetus, déjà avec l'acception moderne dans Venantiu.s
pose en outre les conjectures suivantes 1. it. :
Fortunatus. —
En ital., via a servi aussi à ré-
visto, vu, le mot signifierait « à peine vu, ou à
pondre à la question «combien de fois » ; una
première vue, d'un coup d'œil » ; 2. corruption via, une fois (cp. le nord, gang, allée, venue, .

de vividus (ce qui est tout à fait improbable). le néerl. reis, voyage, et heer, tour, it. volta,

Enfin, il pose la question si le synonyme tour, qui tous signifient également » fois ").
basque flte est emprunté de vite. D. vitesse. — De ce même via, durci en ^'a, vfr. fie, dérive
=
VITRE, forme savante de verre, vfr. voire, it. fiata, vfr. fiede, fiée, foiée, wall. fde,

du L. vitrum. —
D. vitrer, -âge, -ail, vitrier^ fois.Cependant, le mot fr. fois (v. c. m.) ne
-erie, vit7'ine. La science a tiré de vitrum les représente pas le L. via dont nous parlons ;
termes vitrifier, vitreux et l'it. vitriuolo,
:
ce dernier n'a plus guère de trace dans la
d'où fr. vitriol. langue actuelle, car l'anc. expression toutes-
voies (esp. todavia, it. tottavia), sous l'influence
VITRIOL, voy. vitre.
VIVACE, L. vivacem (vivus). — D. viva- de fois, s'est transformée en toutefois.

cité. 1. VOILE, masc, it. vélo, L. vélum,.
VIVANDIÈRE, voy. viande. D. voiler, L. velare; cps. dévoiler ; dim. voi'
VIVAT, mot latin = « qu'il vive " ; cp. l'ex- lette.

pression lat salve. 2. VOILE, fém , it. vêla, du L. vêla, plur.


VIVE, dragon de mer; prob. le même mot de vélum; donc une simple variété du mot
que vfr. vivre, serpent (voy. vivre). préc. —
D. voilier, voilure, voilerie.
VIVIER, it. vivajo, L. vivarium, réservoir VOIR, contraction de vfr. ve-oir; du L.
danimaux, surtout de poissons; de là aussi viderc. Du part, vu (vfr. ve-u) vient le subst.
vha. iciwari, auj. weiher. participial vue (it. veduta).
VIVIFIER, voy. vif. VOIRE lanc. avec 1'* adverbial, voires), du
,

VIVIPARE, L. vivi-parus (vivum parère). L. vere. Autrefois rotr L. verus, s'employait =


VIVRE, L. vivere. Le parf. vesquis (plus aussi comme adjectif.
tard vescus, vécus) reproduit le latin ric-si VOIRIE, voy. voie,
tiansposé en vishi. —
D. vivre, infinitif sub- VOISIN, vfr. vesin, du L. vicinus. — D.
stantivé ; vivoter; cps. revivre, survivre. voisiner, -âge; avoisinant.
.

VOL — 517 — VOU


VOITURE, it. vettura, du L. vectura (ve- volets seraient envisagés comms des ailes ou
here), transport. Sens modernes 1. transport,: des battants d3 fenêtres. Cp. le terme volant
2. charge, cargaison, 3. moyen de transport, d'un moulin, d'une robe.
véhicule. —
D. voiturer; voiturier et (d'après 3. VOLET, tablette pour trier des graines,
rit. vetturino) voititrin. appartient à la môme famille que volige,
VOIX, L. l'occ, vocis. planche mince dj sapin, et volice, voliche,
1. VOL, subst. verbal de voler = dérober, latte à ardoise. L'origine da ces mots m'est
2. VOL, subst. verbal de voJer = se mou- inconnue; sonice des dérivés du L. vola,
voir dans les airs. paume de la main?
VOLAGE, prov. volatge, du L. volaticus VOLIGE. voy. volet 3. —
D. voliger.
(Sénèque : volaticus et levis ; Cicéron : o aca- VOLITION, L. volitlon''M mot forgé par les
,

demiam volaticam!). Cp. l'ail, flalterhaft, philosophes, du L. volere, forma barbare p,


m. s de flattern, voltiger.
, velle.

VOLAILLE, nom collectif, vfr. aussi voIeilJe, VOLDNTjÉ, L. volunta'cm. —


D. volontaire,
voltUe; du L. volatilia, plur. de l'adj. vfr. volo)itier, L. voluntarius
de volontier il
;

volatilis, dont les savants ont fait volatile. nous est resté (avec Vs caractéristique des
— D. volailler. —
L'étymon volatilia est adverbes) l'adv. volontiers.
approuvé par Littré et Brachet cependant il ;
VOLTE. t. d3 manège, de l'it. volta, tour,
m'est suspect; la syncope volat'lia, retran- évolution, lequel est un subst. participial du
chant un i bref, mais accentué, me semble verba volgere. =
L. volvere (cp, réoolte de
inadmissible et j'opine pour un type volalia. revolvere). Da volte vient le verbe volter,
t. d'escrime, changer de place d'où volte-face,
VOLATILE, animal qui vole, voy. l'art, ;

préc. Le latin volatilis, dans son acception litt. =tourne-visage.


figurée « léger, fugitif », a donné le terme de VOLTIGER, pr. tournoyer, de l'it. volteg-
chimie volatil, d'où volatiliser, -ité. La — giare dér. de volta, voy. l'art, préc). D. —
double l dans le terme collectif volatille, se voltige, voltigeur.

justifie par la finale plur. ilia. VOLUBILIS, sorte de liseron; mot savant
VOL-AU-VENT , sorte de pâtisserie feuilletée ;
tiré du L. volubilis (volvere) =
qui s'enroule
pour vole-au vent à cause de la légèreté de la facilement (cp. le nom de plante convolvulus)
pâte. — De L. volubilis, == qui tourne facilement
VOLCAN, vulcano, du L. vulcanus, feu,
it. prompt, rapide, vient le subst. volubilitatem
flamme. —
D volcanique, -iser.
.
fr. volubilité.

VOLE, terme de Jeu de cartes; d'où vient ce VOLUME, L. volumen (volvere), rouleau
terme? Du L. vola, paume de la main (cp livre. —
Du sens étymologique tour, circon
« faire toutes les mains ••) ou gâté de volte, férence fpr. courbure), s'est déduit le sens
tour, ou enfin du verbe voler, fig. faire = « grosseur, étendue dans l'espace ». D —
rapidement? volumineux; Sidonius déjà emploie volumi-
VOLEE (type volata, action de voler), 1 . = nosus dans le sens de « glomerosus, convo-
lutus ».
vol, 2. bande doiseaux, fig. troupe, gens de
même rang, 3. mouvement (ou explosion) de VOLUPTÉ, L. voluptatcm.— D. volup-
plusieurs choses à la fois. tueux, L. voluptuosus; voluptuaire, L. -arius,
1. VOLER, se mouvoir dans les airs, L.
VOLUTE (mot savant , enroulement, L.
volare. — D. vol, volée (v. c. m.); volant; voluta (Vitruve); du part. L. volutus (volvere),
tourné, roulé. —
D. voluter.
dim. voleter (cp. L. volitare): volière.
2. VOLER, prendre furtivement: d'après VOMIR, L voinere. —
D. vomissement,
Diez, une forme écourtée de en-voler, prov. vomitif; vomique, subst. =
L. vomica, adj.=3
envolar, it. involare, qui reproduit le L. i7ivo- L. vomicus.
lare (pr. voler sur), employé dans le sens de VORAOS, L. voracem. —
D. voracité.
« faire incursion, dérober, enlever » (cp Cic. .
VOTE. voy. vœu. —
D. voter.
involare in possessionem). Il est inutile de VOTIF, L. votivus.
recourir à involare. L'acception « prendre VOTRE. VÔTRE. BL. voster p. vester.
furtivement » peut être envisagée comme VOUER, prov. vodar,à.\x\i. votare', fréq. de
dérivant directement de voler L. volare; = vorcre.Composés a-vouer {y. cm. )\ dé-vouer,
:

ce ne serait qu'une extension du terme de qui a son précédent dans le L. devotare, fréq.
vénerie «« voler la corneille, le héron, etc. >» de dcvovere.
= faire la chasse. Involare a donné le vfr. VOUGE, anc. sorte de lance à deux tran-
emblei' (voy. emblée) qui signifie dérober, chants, auj. esp. d'épieu de vénerie; en prov.
enlever, mais ce verbe parait plutôt être un vesoig. L'original de ce mot est, comme l'a
composé de vola, main. —
D. vol, voleur, dim. démontré M. Meyer (Ztschr. X, 173), lat.
volerean, La Fontaine), volerie. rirfufùem, qui dans des glossaires gréco-latins
1. VOLET, pr. colombier à volets, puis traduit gr. ^Ui'i-ioc (tuyau à deux pointes).
pigeonnier en général cp. pour cette manière
; VOULOIR, it. volere, prov. voler, du L
de généraliser les significations, les mots volêre, forme barbare p. velle. Le part, vfr,
réverbère, foie, truie, etc. voillant, veuillant, s'est modifié en veillant
2. VOLET de fenêtres. Je suppose que le dans les composés bienveillant, malveillant.
sens propre de volet dans cette application est VOUS, pronom, L. vos. — D. vousoyer.
aile, comme l'instrument pour voler. Les VOUSSOIR, -URE, voy. l'art, suiv.
WAL — 518 — WIII

VOUTE, vfr prov. volta, de


volte, it., quant chose tournée, tortue, cercle, etc.; à
vol'tus, vohitus, de volcerc, tourner,
part, cette même famille tcrik, icrak, wroh, appar-
courber. —
D. voûter. —
Les dérivés vous- tiennent p. ex. les mots flam. wro>ighel, spira,
seau, -air, -ure présupposent un verbe vousser, cinnus.angl. wriggle, serpenter, eiaW.ranke,
qui, de son côté, accuse un type latin voVtiare vrille. Je suis encore porté à croire que le

p. vohitiare. —
Voy. aussi entrcvous. sens de foret est postérieur au sens bota-
VOYAGE, vov. voie. —
D. voyager, -eur. nique, et qu'il y a ici le môme transpoit d'idée
VOYELLE, L". vocalis. que celui que nous avons remarqué dans le
VOYER, voy. voie. mot vis. Ou bien vrille, par un type vrititla,
VOYOU. D'après Nisard (Curiosités, p. 174 vriCla, ne riendrait-il pas au v. flam. vrijten,
et suiv. pour voirou, forme populaire de
I, angl. tcreeth (ags. vridan), tourner, tordre?
waroii, garoii loup-î?arou); d'après Fran- Mais de nouvelles explications se sont pro-
cisque Michel Dict. d'argot), de foie {" riiomme duites, qui devront probablement l'emporter.
de la voie publique, de la me »). Ainsi Bugge (Rom., III, 150, objecte aux et.
VRAL d'une forme déri-
vfr. et prov. verai, avancées par Diez et par moi, la circonstance
vative latine veracus (cp. prov. ybriai. f;iit du qu'au xiV siècle le mot n'avait pas d'r. Il
L. ebrtacus dév de ebrius ; cp. aussi Cavihrai,
.
prend donc viille, ville pour lat. viticula
Douai, du L. Cameracum, Duacum). Le (petite vigne) et vrille pour une forme ana-
simple verus existait dans l'anc. langue sous logue à fronde p fonde. Comme moi, il envi-
les formes ver (d'où avérer), veir et voir sage le .sens foret » comme dérivé, ce qui
•*

(voy. voire). —
Composés vraisemblable, : corrobore lopinion admise pour vis (lat.
-ance. vitis). Pour l'obier aussi, vrille représente

VRILLE, cirrhc de vigne, puis foret; forme lat. viticula, devenu successivement ve-ille,
syncopée p. verille (cp. vrai p. r«'aj); ce mot, puis par insertion de r voy. l'art, grammaire),
'

comme ses connexes it. verrina, laceret, piton verille, vrille. Il n'admet pas, comme Bugge
à vis, rouchi, vérin, vis, fr. vérin, machine et Paris, que l'r ait été introduit d'emblée
pourvue de vis, ne vient pas de virare, tour- après V, ce qui serait un procédé .sans exemple.
ner (les dér. de ce dernier conservent tous Voy. Kuhn, Ztschr.. nouvelle série, III, 4, et
leur i radical intact), mais du L veru ou Grôb. Zt.<chr., I, 481.
verum, pique, broche à rôtir (cp. pour Ht. VUE. vov. voir.
verrina le dérivé L. veruina, javeline, em- VULGAIRE, L. vulgarU ^vulgus\ — D. vul-
ployé par Plante). Le mot vrille, par exten- garité, vitlf/ariser.
sion, s'est appliqué aux cirrhcs de la vigne. VULGATB.. du L. vulgata se. scriptura,
— L'étymologie ci- dessus est proposée par version do l'Ecriture sanctionnée pour l'usage
Diez; avant de la connaître, je pea.sais que public.
vrille était une forme dimin. d'un primitif VULNÉRABLE, L. vtdnerabilis (vulaeTSire);
germ. vrig ou vric, racine d'où sont sortis vulnéraire, L. vulnerarius (vulnu."?).
une foule de mots germaniques à base nasa- VULVE, L. vulva, forme accessoire de volva
lisée wring, wriiik, aussi hring, etc., mar- (volvere), pr. enveloppe, gaine.

W
Observ. Les quelques mots du dictionnaire signifiant ce qui est non-allemand, comme bar-
français commençant par lo sont d'importation barus s'appliquait à tout ce qui était non-
étrangère. Fort peu d'entre eux sont d'un romain, on comprend l'acception de déni*
usage commun. gremcnt attachée à la forme française de
WACKE, t. de minéralogie, ail. icacke. ce mot welche ou velche. Voy. aussi l'art.
WAGON, de l'angl. waggon, chariot, qui est Gaidc.
l'ags vaegcn, ail. wagen, char, pourvu d'une WARNETTE, d'origine germanique; com-
tei'minaison romane. posé de garn, fil, -j- net, auj. nets, filet. Voy.
WALLON, dérivé du thème wal == L. gai, Grimm, v. garnnets. —
D. warnctteur.
gallus, gaulois, appliqué dans la suite par les WELCHE, voy. velche et l'art, préc. — D,
Allemands aux Gallo-Homains. Le même xoelcheric.
thème se retrouve dans valaque, valais, et WHISaY, eau-de-vie de grain, an;^l. whiS'
dans l'adj. vha. wal ah, nha. wàlsch par lequel key, altéré du cclt. gvoisgi, uisge, eau com- ;

les Allemands désignent tout ce qui est roman posé uisge-beatha, eau de vie (an^l. tisque-
en opposition au tudesque. Le mot wallon baiigh).
s'est restreint aux habitants de l'extrémité WHIST, mot anglais; pr. l'interjection par
septentrionale de la Gaule, aux Belges parlant laquelle on commande le silence; le jeu de
roman la langue wallonne est l'idiome parlé
; cartes de ce nom a été ainsi nommé, disent
par ces habitants et constitue un des dialectes les étymologistes anglais, parce qu'il requiert
de la branche romane française. L'ail, wàlsch du silence.
ZIB — 519 — ZOO

X
OasERv. Les mots commençint par x sont XYuOGRAPHIE, art d'imprimer ou de gra-
tous d'importation étrangère et appartiennent ver sur bois (fjÀov). On trouve déjà sur une
à la terminologie scientifi [:ie. inscription grecque le verbe ÇuX^/pap-Iv, écrire
XijRÂ.SIS, maladie des olievaiix, du gr. sur du bois.
X/iyy.-jix,sécheresse (de tifii^ secy. XYRIS, glaïeul puant, ^v, Çjpi-, m. s.

Y, it. ivi, vi, i, v. esp. et prov. hi, y, du L. YATAGAN, mot turc, signifiant coutelas.
ibi. là (cp. en deinde). YdBLS, forme variée do hièble (v. c. m.).
YACHT; ce mot nous est venu directement YilUSE, p. ieuse, forme diphthonguée du
des Anglais, qui à leur tour le tiennent des prov euse, it. elce, du L. iJex, ilici's, m. s.
Hollandais ; Kiliaen iayht, liburnica, celox,
: YEUX, p. leux, forme diphthonguée p. eux,
navis prsedatoria le marne mot signifie
; plur. d'jeià ^= œil (v. c. m.).
chasse; c'est donc pr. un vaisseau pour faire YPRÉAU, aussi ypereau, esp. d'orme, ori-
la chasse. ginaire, dit-on, de la ville ô!Yijres.

ZAIN, it., esp. zaino, cheval d'une couleur sabelijn, RL. sahellinu^, dont le primitif
unique; d'origine inconnue. Dozy demande si saballun répond au vfr. et angl sable, ail.
ce n'est pis une altération de l'arabe aç.i7im,, zob^l (voy. l'art, sabltj). Le mot e.-;t originaire
qui se trouve avec le sen; di zaia. du nord-est del'Europe; cp. l'appellation russe
ZÈBRE, it. zebro, angl., ail. zebri, esp. sobol, serbe et valaque satnur.
cebra; daprès Mahn d'origine africaine — ZIBîiTH, it. zibetto. voy. civette.
D. z>'bré. ZIGZAG, ail. zichzack, combinaison onoma-
ZÉDOUAIRE, racine médicinale, BL.zedoa- topée tenant peut-être à la famille allemande
ria, it. zetlovario. vfr. citoual, vha. citawar, zîcke iziiike) et zackj, chose allongée en
zitvar (auj. zitwer). De l'arabe zetwàr. pointe.
ZÈLE, it., zelo, angl. zeal, du
esp., port, ZINC, de l'ail, zink; le nom allemand de
L. zelas envie ardente, émulation.
(^r:iî;), — ce m^tal n'est pas de date ancienne, et l'on
D.zelé; ;rfc;7a<e«r, L. zelator, du verbe zelare, suppo.se que c'est le même mot que l'ail, zinn,
avoir du zèle. —
Voy. a.wàû jaloux. étain, muni du suffixe slave k, qui aurait été
ZÉNITH, mot écourté de la formule arabe emprunté au slave pour spécifier le sens de
svMT-er ras, le chemin de la tête. La finale h zinc. D'autres tiennent le mot pour congénère
est contraire à l'étymologie et n'existe pas avec l'ail, zinke, branche, fourchon, parce
dans l'it esp. et port, zenit.
, Voy. aussi — qu'à la fonte, le zinc se fige par fourchons. —
nadir et azimut. D. zinrfuer.
ZéPHYR, L. zephirus (^s-^îî^). ZINZOLIN, rougeàtre. aussi gingeo-
violet,
ZÉRO, gâté de l'arabe çafrun, cifrun, m. lin, selon Ménage del'arabe giolgnlan (Dcvic
s,, pr. ^= vide l'en arabe mod. et en turc, le orthographie djoVgolan), semence du sésame
zéro s'appelle syfr). Voy. aussi l'art, chiffre. dont on fait cette couleur.
ZEST, ZESTE, nom qu'on donne à une ZIST. variété phonétique de zest, employé
petite peau dure qui sépare les parties de la dans la loc. « entre le zist et le zest » entre =
noix, puis à une petite tranche de l'écorce des deux choses dont l'une vaut l'autre.
orani:es, des citrons, etc au fig, le mot ; ZIZANIE, ivraie, du L. zizania (gr.
signifie « cho.se de peu de valeur, bagatelle •»; m.
^.^ivt-jv). s,; l'expr. fig. « semer la ziza-
de là l'expr. « je n'en donnerais pas un zeste » nie n, c.-à-d. la mauvaise graine, a fait de ce
et l'interjection zest! — Zeste vient, d'après mot le synonyme de discorde, mésintelli-
Diez, du L. schistus [T^/nrô), séparé, divisé. Il gence.
est probable que le mot désignait à l'origine ZODIAQUE, L. zodiacus, gr. ^-iiSiy./o;, s. e.
les pirties de la noix celles-ci s'appellent de
; xù'.l');, des ^'^Six, signes d'animaux,
le cercle
même en dial. de Côme fis, du L. fissus, ou constellations l^'^Sio-j p. ^'.o'^îtîv, dim. de
synonyme de schistus. ^ûii-j, animal). —
D. zodiacal.
ZIBELINE, zibellino, prov. et vfr. sebe-
it. ZONE, L. zona,.gv. Oli-j/j, ceinture.
lin, esp., port, cebellina, zebellina, v. flam. ZOO-, élément initial de composition, disant
zou — 520 ZUT
animal (du gr. i'I-jv); p. ex. 3'>o-logie, des- Afrique, tirant son nom de celui d'une tribu
cription d'animaux, soolithe, litt. animal- kabyle appelée zouaoïia.
pierre (5.(&5,-), zooplnjte, litt. animal-planto ZUT, interjection de dôdain ou de refus,
(fUTo-). zootechnie, art (Tixv>j) relatif à l'élève qui, comme la plupart des interjections,
des aninjaux. échappe à l'analyse élym )l()gique. Si on en
ZOSTÈRE, varech, L. zoster, gr. ^oîTr/». trouve des traces en sanscrit, c'est que les pro-
m. s. duits spontanés de la vois humaine naissent
ZOUAVE, soldat d'un corps français en sous tous les climats.

FIN.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS

Les mots précédés d'un astérisque manquent au Dictionnaire

AIGLE. La forme vfr. a^7fcmanqaant encore un lapsus typographique), qui évidemment


dans Godefroy, il m'importe de citer le passage repose sur la phrase populaire » ami doux »
qui me l'a fourni :c'est le Bestiaire de Ger- et dont il justifie la facture; donc d'abord amf-
vaise, v. 831 et 862 (voy. Rom., 1. 1, p. 437). douer", d'où, par une déviation naturelle,
AINS', le type généralement admis aujour- amadouer. Il rend compte aussi du dévelop-
d'hui pour cet ancien adverbe est lat. antius", pement de l'idée qui a fait naître le subst.
comparatif de ante (cp. postius", d"oii fr. amadou ^que l'Académie n'a inséré dans son
puis). Dict. qu'en 1740).
ALLER. Malgré la longueur de cet article, AMBACT Signalons encore tardivement
le champ aux conjectures reste encore ou- l'opinion de Mahn Cémise dès 1 876), qui décom-
vert une nouvelle solution du problème en
; pose ambactus par l'anc. celt. ambi -[- armo-
question vient de se produire sous le patro- ricain aketus, diligent (de aketi, être dili-
nage d'un nom bien connu et bien autorisé. gent), de manière que ambactus dirait exac-
Dans la dernière livr. de Grôber'sZtschr. (Xf, tement la même chose que le gr. à/^yîTrjX?;,
247 1, H. Kônsch développe avec autant de serviteur.^
confiance que de modestie une conjecture de AMITIÉ. De l'ancienne finale -tiet, -tié =
grande valeur et d'un grand attrait. L'idée lat. -tat^m,ne reste à la langue moderne
il

fondamentale qu'il s'agit de rendre étant le des traces que dans les trois subst. amitié',
mouvement des f/ew.r jambes et des rfeua; pieds, moitié et pitié; sur la cause probable de leur
il part de L. ambo, d'où, d'une part, un dérivé conservation, voy. G. Paris, Rom., IV, 128.
ambidare, générateur du fr. aller, d'autre ATTACHER et ATTAQUER. Ulrich explique
part, un fréq. ambitare, d'où le thème roman Ztschr., IX, 429) le thème roman taccare par
concurrent andare, et qu'il faut distinguer de le type tacticare; le sens foncier serait donc
Yambitare = amb- (x^x-^l) -\- tiare', auquel je <• toucher, mettre la main à •>.
rapporte îv.'a)iter, hanter. La lettre est moins BAFOUER. Selon Tobler (Ztschr., X, 577),
favorable à ce raisonnnement que l'idée, car ce verbe est issu de bes-fouer et de même ori-
l'équation ambitare = it. andare, à côté de gine que fouet (v. c. m.), d'où fouetter. C'est
vfr. conte ^= coniitem, est-elle soutenable? En donc un péjoratif de verberare, mais au mo-
présence d'autres cas analogues de nd p nt ral maltraiter, gourmander. Cp. en ail.
:

(voy. Flechia, Archiv. glott., II, 340 , je n'en geisseln, fouetter, fig. bafouer, de geissel,
doute pas. D'ailleurs, l'an ilogie du gr. potrzv, fouet.
qui est, d'après Ronsch, une forme mutilée BARAGOUIN. Le néerl. bargoensch, argot,
de à'/yîtrxv (dérivé de àjxv;), iau^Tv) comme est-il connexe ?

pensent les hellénistes, — vient à l'appui BASCULE. L'étymologie donnée par Meu-
de la nouvelle étymologie. Pour l'équation nier n'est pas aussi assurée qu'elle en a l'air.
ambulare (qui est également issu de ambo) Il faut tenir compte des formes bascli, bascul,
= fr aller, Rônsch y voit un cas d'assimda- biscul (F v'ioxû) biscolo(Naples), it. bisciancola,
tion de consonnes non moins étrange que it. qui signifient la même chose et ne s'en accom-
spalla de spatnla, sollo de sollulus^ (Dïez). modent guère. La tentative de ramener toutes
AMADOUER. ïobler fZt.schr., X, 577) a éta- ces formes â un type lat. fictif bis-anculare
bli que de toutes les étym. tentées jusqu'ici (BL. ancla =ancula, pompe à puiser de
sur ce verbe 'lequel figure déjà dans Nicot!, l'eau), faite par Caix (Studi, n° 206) est par
aucune ne résiste à la critique, et voici celle trop risquée. D'après Caix, le mot bascule se
qu'il avance Il part du mot picard synonyme
: rattacherait donc au L. anculare « fare ail'
amidouler [amidouier, dans mon texte, est altalena » (composé exanclare, pomper), dont
— 522 —
la connexitéavec gr àvrîâv n'est pas douteuse. et du Tyrol offrent brittola, britula, signifiant
Explication hardie, pense G. Paris, mais qui couteau pliant, co qui rend l'origine bretonne
mérite toute considération. —
Dans le patois peti probable.
messin, on dit bond pour une longue poutre BROUEE. Signalons ici une intéressante
au bout de laquelle il y a un seau et qui, étude de M. Joret (Kom.. IX, 119). où les
en la faisant basculer, sert à tii-er de l'eau mot>; français broue, brouée, brouine, bruine,
(Rom.. V, 198). brouillard, s'ébrouer 'v. c. m.) sont tous
BERNIQUE. A propos de cette interjection. placés sous le primitif germanique vha. prot,
Schuchardt (Literar. Centralblatt, ISTS.n" 14) prod, angl. broth dans ses diverses acceptions
rapproche dans les dial. ital. les mots bar- » eau bouillante, écume, vapt^ur qui s'élèvo

gnich, baryntf, barlich, berlich, diable; en d'un liquide en ébullition, vapeur aqueuse (ail.
outre, l'expr. vénitienne /)cr berliche.per bi'rlo- mod. hrodcm) »».

che, d'une manière ou de l'autre en Tvrol, éer-


; BRUIRE ; strictement, ce verbe renvoie à un
lichcte bcrlochete, exclamation quand on se type latin brugëre, comme luire à luccre
jette par terre; il cite enfin le rouchi « faire (p. lucêre .

tout bci'lique berloqiie^, faire tout de tra- CAHUTE. Diez avec raison une
décline
vers. Mais y a-t-il là moyen de retrouver explication du mot parkanc, réduit,ail.

la valeur de notre fr. bernique? cage (= lat. catea -\- tr. hutte; il est d'avis
'BESI, nom générique de plusieurs espèces que le mot était déjà à l'état de composé avant
de poires; Berry f»izi(/e, poire sauvage; voy. son pas,sage au français; la t^vmQ une. cahuettc
le Gloss. du Centre par Jaubert. d'où il résulte lui semble issu de cahutette, conimj seroiette
que bezi, dans divers patois de F'rance, signifie de servitette.
sauvageon. Le mot paraît indépendant de CALOTTE. Le BL. reticulum (coiffure de
goth. basi,nécT\.bes,besie, ail. bcerc = baie, femme se trouve traduit par calle dans les
I

ainsi que de ags. basu, succineus glossaires du mf>yen âge. Voy. ma Lexicogr.
BIGN£. Les formes avec r dans les dialectes lat.des xifet xiii* siècles, p. 135.
ital. bicrgna, b)'Offna,\t.ber>wccJtio,souto\lcs CAMAIL Baist Grôb. Ztschr., V, 560) fait
congénères ? dériver le mot du gr. jfvj.uo; (aussi /atuo';),
BOUFFER. Nous avons placé sous cet L. camus (Isidore), muselière, licou, menton-
entête les mots rebvfffr et rebuffade; comme nière.
il est diflicile, vu leur valeur actuelle, de les CAPORAL. que
le BL. caporalia se
J'ajoute
séparer du mot italien rubbuffo ^= rebuffade, trouve dès I3(i4, caporale, dans J. Vil-
et it.

il nous importe d'insérer ici l'opinion émise lani. Un poème français do la croisa Je 'voy.
par Caix (Studi, n° 469), d'après laquelle ce Rom., VI. 492) donne cor/jtra/ correspondant,
rabbuffo est indépendant de it. rabbuffare, dans im texte latin de Baudri. à cnrpalatium
ébouritfer, et représente une mét«tiièse de (garde du corps), sur lequel voy. DC. au mot
baruffo; quant à celui-ci, Caix y voit le vha. cura palatii, sous cura 7.
piruofan, auj. bcrufen, au sens de "faire des CHACUN. L'emploi de chasque au delà du
remontrances » Je n'adhère pas à la distinc-
. xvi" siècle est maintenant constaté par un bon
tion faite entre les deux verbes it. rabbuffare, nombre d'exemples; voy. Grôber Ztschr., I,

et s'il faut renoncer à mon étym. bouffe, je 399.


m'adresserai plutôt à rabbuffare, =
ébourif- CHANTEPLEURE: Caix (Studi, n» 18/ voit
fer; cp. les acceptions métaphoriques prêtées dans ce mot une métamorphose populaire
au terme fr. houspiller. de L. cauna impletoria. C'est très admis-
BOULE. Le rouchi dit bourle, bourlet, sible
bourlot, qui sont prob. de la famille de bour- CHÊNE AU. L'accent aigu sur \'e est anor-
relet. mal; il faudrait au même titre chenal au lieu
BRAGUER; voy. Storm, Rom., V, 172. Je ne de chenal. D'anciens textes et des dialectes
veux pas omettre, à propos de bragard, que ont aussi )rme chenelleet quenelle.
la f
Nicot rattache ce mot à bragues (le même mot CHENET. Lanc. langue présente avec la
que braie espèce de caleçons que ne por-
, valeur de chenet les formes chemincl, -eau,
taient que les élégants; mais y a-t-il moyen -ot,dérivées de caminus, » cheminée « on ;

de tirer vanité de ses caleçons? serait donc tenté d'expliquer notre chenet par
BRAIRE. Schuchardt y voit la même racine chem'net, d'autant plus qu'on ne trouve pas
brag qui est dans l'ail, souabe braigcn, brilgen, d'anciens exemples de chienet,-el, petit chien,
m. s ladin bragir, sbragir, lomb. bragid,
, au sens de chenet.
vénit. sbragiar. CHÈRE. A.scoli ^Archivio glotîol., IV,
BRELAN. Peut-être, pense G. Paris (Rom.. 119-22) dérive it. cera, ciere, de L. cera.,
VIII, 618), vfr. berle)}c =
brelan tient-il de cerea, figure en cire, et tient la locution clas-
vfr. bellinc, belltn, it. bilenco, oblique, que sique far buona cera poui' une simple imita-
l'on explique par bis (particule péjorative; tion du fr. fai}'e bonne chère.
-j- vha. slinc, gauche.
CHIER. On ne peut plus se refuser aujour-
BRETELLE. Je serais disposé à voir dans d'hui à l'explication étymologique de ce verbe
ce mot une altération populaire de braietelle^ par L. cacare, défendue en dernier lieu par
dim. de braiette, lui-même dim. de braie, Cornu (Rom., Vil, 354); il me semble juste
courroie, ceinture. d'ajouter ici qu'elle avait été affirmée déjà
BRETTE. D'anciens textes romans du Frioul trois ans auparavant par G. Paris 'Rom., IV,
— 523 —
123, note 4). Voy, aussi Waldner, dans Her- 'ENDÉANS, = dans l'espace de, au bout de
rigs, Archiv, etc., LXXVIII
(1887), p. 422.
t. (appliqué au tempsK forme syncopée de ende-
CHIPIE. Pourrait aussi dériver de chipe = dans. Cette expression prépositionnelle, ren-
chiffe et signifier soit une personne qui ?e due dans la langue normale soit par circonlo-
préoccupe de chiffes (cp. le dérivé chipoter)^ cution ou par en ou dans tout court, est
soit déguenillée. Je tiens chipie pour un anc. encore en pleine vogue dans le pays que
participe fém. à sens actif chipiée. = j'habite, soit dans le langage des actes publics,
CONTRACTER et le subst. verb. contrat soit dans la conversation ; c'est à ce titre que
sont de formation savante, p. contraiter, con- je la signale; c'est un provincialisme digne
trait. d'exister soit comme facture, soit comme sens.
'CONTRE-PEITERIE, dérive de l'ancien Il intéressera l'auteur de la « Note sur l'Hist.
contre-peter, rendre un son de travers, d'où des prépos. franc, en, enz, dedans, dans »
les sens « contrefaire, singer, équivoquer «. (Paris, 1885, 22 p. in-12), M. Arsène Darmes-
COULEUVRE. Ce mot présente plus d'une teter; cet explorateur romaniste, dont la
difficulté phonétique sans que le grand public finesse du sens est un des traits caractéris-
s'en doute elles ont été relevées et discutées
;
tiques, conviendra que endcans est plus expres-
dans la Romania par Darmesteter (V, 147), sif et précis que dans.
Havet (VI, 433 et suiv.) et G. Paris (X, 49); 2. ERRER. Pour le sens " agir «, cp. Chan-
nous y renvoyons les spécialistes. son de Roland, 167 Pour cels de France
: •»

CRAPAUD. Voy. aussi mon Appendice ad vuelt il del tout errer. "
Diez, 5*^ éd., p. 790. ESTROPIER. D'après Schœtensack, p. es-
CUIVRE; n'est pas, selon Baist (Grôb. cropier et appartenant au même radical que
Ztschr VII,
, 116 , =
lat. cupreum, mais l'ail, hrïqjpel (impotent, contrefait, rabou-
=^ cyprium. — Notez encore les anc. formes gri). Cela mérite examen.
cuevre et coivre. FAGNE et FANGE. En traitant ces articles,
DARTRE. En rhéto-roman, on dit diervet. je ne connaissais pas encore celui d'Arbois de
DÉLECTER. Le vfr. delechicr ne peut venir Jubainville 'Mém. de la Soc. de linguist. de
directement de delectare (comme je l'ai inci- Paris, II, 72), et je tiens d'autant plus à le
demment fait entendre sous etupécher); je le signaler, que ce philologue y développe une
tire de delectus (part, de delicere) par l'inter- opinion conforme à celle émise par feu Grand-
médiaire d'une forme dérivative dclectiare. Il gagnage, dès 1845, dans son Dictionnaire, et
est distincr, à mon avis, de 'delecqinr, lécher. qui lui avait échappé.
DÉTRACTER. L'anc. langue avait le pri- FICHER. Ulrich établit pour ce verbe,
mitif détruire dans la même
acception, subst. comme pour l'it. ficcare, un type commun
detrait = médisance, et detraiteur détrac- = ficticare, d'un supin fictum, concurrent de
teur.^ fixurn (voy. Diez, I, v° fttto).
DÉTRAQUER ; doit se confondre étymologi- TIGUE. L'expr. faire la /^^neditpropr. faire
quement avec it. straccare, lasser, ennuyer, un geste d'une signification obscène et vient
incommoder; or, M. Lllrich (Zeitschr., IX, de l'it. ftca = cunnus. En esp. far la fsga a
429) est d'avis que le type roman traccare est la même valeur, mais doit en être étymologi-
issu d'un type lat. vulg. tracticare ; cela don- quement séparé.
nerait donc à détraquer le type lat. distracti- FLÉTRIR 1. L'ancien aà^.flaistre, primitif
care. —Godefroy cite un exemple de se des- de ce verbe, est, d'après W. Meyer (Ztschr.,
traquier =
se séparer. XI, 254), une variété de flaiste. et celui-ci
DOLÉANCE. Littré présuppose l'existence régulièrement produit du lat. flaccidus par le
d'un anc infin. doleier ou doloier; c'est peu même procédé qui a donné boiste (boite) de
probable. Le fait est que dolcant est déjà dans buxida, moiste, moite [v. c. m. de muccidus.
)

le Fragment de Valenciennes. Au même passage cité, en note, on m'impute
DRAPEAU, voy. drap. une erreur que je n^ai pas commise c'est ;

ÉCUEIL et les autres pai'allèles romans flétrir 2 que je dérive du tlièrae flat. mais non
accusent pour type immédiat scoc{u)lus et non pas celui dont il est question.
scopulus; c'est ainsi que vieil vient de vet{u)- FLIN. C'est à ce même flin, silex, pierre à
lus par l'intermédiaire de vec'liis. On a mis feu, que remonte, depuis le xyu*^ s., l'ail.
aussi notre écueil en rapport avec le vha. flinte, fusil, ainsi que et le mot populaire fr.
sceltan, auj. sc/ie/toî,fendre, briser; on dit d'un flinf/ot, vieux fusil
vaisseau « es zercheUte an den klippen », il
: FRACASSER. Ulrich rattache, sans se pré-
échoua contre les rochers; mais comment occuper de la finale, le radical frac à un verbe
rendre compte de la voyelle radicale et de la fraccare., issu de fracticare (fractum); il cite
mouillure? l'analogie formative entre tracas et fracas,
EFFRAIE, ce mot (anc. esfraic) a été expli- l'un issu de tract, l'autre de fract.
qué inutilement par une transposition de fre- FRELATER. La forme (ralater est posté-
saie. rieure à frelater et a été abandonnée. Le
EMPÊCHER. D'après ce que j'ai dit au mot sens premier « transvaser » est signnlé par
fléchir, ne peut plus être question des équa-
il Nicot.
tions impactare =
empêcher, flectere flé- = FRESAIE. M. Holthausen (Ztschr., X, 293)
chir, delecher =^ delectare, posées dans cet est d'avis que l'initiale /"pourrait s'être pro-
article. duite sous l'influence du germ. foresaga, équi-
— 524 —
valant à L. prœsaga, et que ce mot aurait combattue par P. Meyer, Rom., XI,
ter, est
donné naissance à un lat. vulgaire 'fresaga. 618, sur des arguments phonétiques décisifs.
W. Meyer {ib. XI, 255 conteste cette opinion
, LORGNER L'anc. adj. lorgne, louche,
à cause de l'absence d'identité logique entre le parait être abstrait du verbe.
mot ger-manique et le gallo-roman prœsaga. LUBIE. Ce mot érant étranger aux textes
Il s'explique plutôt l'initiale de frcsaie (p. pre- du moyen âge, G. Paris juge qu'il est em-
saie) par une fusion de ce mot avec le syno- prunté à l'italien et reproduit Tit.. iihbia,
nyme effraie. 11 admet, toutefois, qu'une in- appréhension superstitieuse, mauvais présage
fluence fraise (puisque, dit Littré, on a dit
(le (Rom.. IV, 499). —
Dans le florentin, on
que la fresaie portait une sorte de fraise au- trouve lubtigine, humeur mélancolique; dans
tour du cou) est aussi possible. le Frioul, lubie.
GALE. Je rappelle ici Baud. de Condé, MALADE. Pour L. maie hab'tus devenu ma-
p. 166, V. 393: lade ; coude de cubitus, cub'tus.
cp.
A tes cio\s mustiuiis as soros MALANDRIN. Ajoutez que l'ob.^ervation de
Kt i\ tes [lias pies plains de yales.
Paris est amenée par l'adj. malcndos, souf-
GRAPELLE, grateron; du t'iMne grap,
frint. dans la Vie de Saint-Alexis, str. 111.
accrocher grappin, crochet, ancre).
(cp.
'MARCHEPIED, it. marciapede; selon Lit-
HABIT, il est difficile de se refuser à l'étym. " marche i)our po.ser selon
tré, les pieds ».
L. hàhitvs, mais il faut admettre en même
Meunier (et il a raison) « lieu que marche
temps que, quoique d'une haute antiqtiité. il
(foulel le pied •».
soit venu au français sous l'influence du lan-
MASSACRE. Le mot ne date que du
gage savant ou que l'on ait accentué habitits.
xvi* siècle, et est sans doute altéré du thème
HOUSPILLER. Comment expliquer le subst.
macecl ; j'ai relevé dans les Enfances Ogier,
vfr. houssppailler, valet d'armée, palefrenier?
3685, maceclerie, boucherie, et ailleurs mase-
Sans doute de vfr. housser, brosser, balayer
crier, bourreau.
-f- paillel
HURE*. Notez vfr. dehuré, que j'ai relevé MÊ6UE. Parmi les étymologies ^malheu-
reusesj tentées, citons encore le gr. /iji/a, lait
dans La Veuve, par Gautier le Long fv. 373) et
aigre.
qui parait signifier chauve :

Nous avons chaiens un brehier. MENISQUE. Le même mot .««e voit en vfr.
Un defeû, un dehuré. sotis laforme menais (pierre précieuse).
IL, pronom. L'étymologie L. ille, quel- MINCE. Notez en it. nmncio. verbe ammen-
que assurée qu'elle paraisse, ne résiste pas à un primitif 'minutire (pro-
cire, potir lesquels
l'objection « pourquoi pas el, comme t7/a fait posé par Caix) est insoutenable.
elle, illos, els' (d'où eux) "? La cause de cette 'lONQUE, en Belgique, lieu où le poisson
inconséquence n'a pas échappé à des cher- frais est mis aux enchères; du flam. mijne,
cheurs aussi pénétrants que MM. Miussafia et minke, m. s. D'après les lexicographes néer-
Cornu (voy. surtout le travail de ce dernier landais, du verbe mijnen, uit-mijnen, mettre
Rom., IX, 360) elle vient de ce que il ne pro-
; aux enclières, adjuger publiquement à celui
cède pas de ille, mais de la forme concurrente qui crie mijn, mien (à moi I) Cela parait être
et archaïque illic et que la persistance de IV fondé, mais pourquoi minke concurremment
est un effet de l'influence régressive de Yi atone avec mfjncî Est-ce une forme diminutive?
final sur la tonique précédente. D'autre — 2. MOYEU. Lisez L. mntulus p. mutilits.
part, M. Horning (Romanische Studien, IV, 2) Il se peut qu'en bas-latin on ait dit mutolus ;
nous a démontré que il, dans son emploi de alors l'étymologie de Diez serait sauve pour
pronom neutre, emploi relativement tardif la lettre.
dans la langue, ne répond pas à .son primitit MUGIR. Je trouve en vfr. en effet mitïr,
naturel illud, qui postule el, mais qu'il esf mais plus souvent muire [ui faisant diph-
le
l'effet d'une application abusive du masc. il. thongue), ce qui accuse un type latin barbare
JONGLER L'ail, gauhcln, jongler, avec le mugëre.
subst. gaukler, bateleur, jongleur, bouffon, NANTIR. Je dois ajouter que l'esp. prenda,
parait difficile à séparer du lat..;oc«/arj; ce- gage, ne vient pas de prender, prendre, mais
pendant Grimm, par des raisons diverses, judi- du V. esp. pendrar, transposé en prend ar ==
cietisement développées, n'en croit pas moins L. pignorare de pignus, gage; vov. Cornu,
devoir hii revendiquer une origine germaniqtie. Rom., IX, 133.
JUGE. Ce subst. ne s'accorde ni avec le ca.s- 2. NOUE. Est, selon Schuchardt, esp. =
sujet judex, ni avec le cas-régime judicem ; pg. nava, plaine, mot basque, d'où, d'après
Diez le considère donc comme abstrait du Al. de Humboldt, le nom géogr. Navarra.
verbe juger, bien que cette abstraction soit ORFROI. Darmesteter, Composés, p. 23,
insolite pour les subst. à signification per- se prononce pour aurum Phrygium, d'où a
sonnelle. pu facilement se produire orfy'ois (p. s issu de
2. LAI. Voy. sur ce mot une étude spéciale
g, cp. les mots fraise, gencive, gésier).
par d'Arbois de Jubainville, Rom., VIII, 422; OUI. D'après l'étymologie nouvelle attribuée
il part de Tirl. lôid, plus tard /m"d.
ci-dessus au pronom il (v. c m.), il faut poser
LECHER. Ulrich fait remonter le type pour vfr. oïl l'équation ^
hoc illic. Voy.
roman leccare à un type lat. barbare licti- Cornu. Rom., IX, 117.
care, de Uctmn', part, de lingere.
PARRAIN est aussi ancien que parrin et
LOCHER. Une étym. par L. luxare, déboî- accuse un type Blj.patranus (Fôrster).
e. .

5"25 —
PINCER. Ulrich retrouve dans ce mot le 'RINGARD est propr une barre servant à
même thème pict, dont il déduit piquer {voj tourner » et paraît tenir à la famille germa-
«
pi. b.), en procédant ainsi pictiare, it. piz-
: nique hring, vring, exprimant cercle, tourner
zare, pinzare, fr. (avec nasalisation) pincer. en rond
PIQUER, picard ^t'cAer, it. piccare, se rap- RISQUER. Canello déduit it. risicare de
porte, d'après Ulrich, à un type picticare L. resccare, au sens de fendre les flots à
qui remonte à un thème pict, le même qui a i^ebours, d'où celui de s'exposer au danger
donné le génois pittà, piquer, prov. pAtar, (Arch. glott., XXIII, 418).
béqueter, vfr. apiter, toucher de la pointe des ROIDE. A distinguer de ce mot 1 vfr. : .

doigts (mot cité par Diez I, \°pito, mais omis ruiste., qui signifie a) sauvage, fort b) roide, ;

dans le dictionnaire Godefrov), voy. Grober escarpé; 2. roiste (parfois, sans s, roite),
Ztschr., IX, 429. qui ne signifie que " escarpé » et qui est
POUR. Pi'esque tous les composés français le même que le synonyme prov. rausl et de
avec^ro- sont savants, la forme populaire est son côté différent do ruiste. Forster ad
pour-. Pour reproduit la forme du latin vul- V. 11692 de son Chevalier as deux espées,
gaire par; si ce dernier n'a pas fait selon la me blâme avec raison d'avoir, dans mes
l'ègle peur, mais pour, c'est qu'il est toujours Notes de Jean de Condé et mon Gloss. des
proclitique et que son o est dès lors atone ;
Chron. de Froissart, rattaché roiste à roide.
voy. Paris, Rom X, 45. , Quant à ruiste, c'est une variété de ruste,
TRÉGNANT. Ce mot, surtout comme terme rustre = L. rusticus (v. rustaicd).
didactique, est encore assez vivant pour qu'il SAC. Quoi
qu'en ait dit Caix (Studi,
ne mérite pas d'être inséré ici. Son premier n" 530), le fr. saccader est tout à fait indé-
sens est « gros (en état de gestation) «, d'où se pendant de L, succutere fou esp. sacudir),
dégagent aisément les sens modernes (cp. en G. Paris est du même avis (Rom., VIII, 620).
latin la connexilé entre lat. gravis et gravi- SAULE. Vfr. saus reproduit le nom. latin
dus). L'étym. h. prœgnantem s'impose à vue, salix.
mais elle se voilait un peu sous la forme SOLAS*. L. solatium requérant en fr. la
ancienne prenant et encoi^e plus sous celle de forme solais, mieux vaut considérer l'ancien
praing, prains, proÀgne (v. imprégnerai, qui solas comme le subst. verbal de solacier.
représente régulièrement le cas-sujet prœg- SOLEIL En on avait aussi, d'après le
vfr.
nans owprœgnas. même type latin, une forme seloil.
PUER. L'anc. langue, au lieu depua7iteur, SOIF. A.scoli explique la finale par la filière
disait jsife^r =
Y^. putorem. suivante sitis-sede-see, d'où, par épenthèse,
:

RÂIRE. Une forme barbare latine radar sève = fr. soif.


a donné le fr. réer. SOUBRETTE. Devîv.soubrct'dw L.sobrius\
RANGER D'après M.Beauvois (ïlevue crit., sobre, prudent, rusé, espiègle (Mahn).
IB'O, n" 5, p. 67 j, un mot raingo n'existe pas 'SOUQUER. On a proposé pour ce terme
en laponais. de marine l'ail, zucken, de ziehcn,
l'intensif
FECROQUEVILLER. Schœtensack interprète tirer, mais il n'est pas admissible qu'une
cette forme par rc-ccque-vriller (de vrille). torme exclusivement haut-ail. se soit commu-
REFRAIN. Daprès 0. Schultz (Zfschr.,XI, niquée au langage maritime une transfor- ;

249), le sens foncier du fr. refrain est retour, mation de saquer (opinion de Jalj est encore
redite, répétition; il répond ainsi à une appli- moins probable.
cation du L. refringere suffisamment con- SPARADRAP. En présence de la forme span-
statée. darapum et dans la pénurie de tous rensei-
REGIMBER. Sur la forme regipcr =
lat. gnements ultérieurs sur la provenance et la
repedare), voy.

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