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Nadine HENRARD
Année académique 2022-2023
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD
identifier et décrire les formes contractées de l’article défini ; identifier les formes
archaïques et dialectales.
1. Article défini li < latin ille (latin vulgaire *illi) par un phénomène d’aphérèse
CS li la li les
*1 Ces deux formes s’élident devant voyelle. Il est rare de rencontrer une élision du
CS singulier, hormis parfois dans les textes en vers, souvent dans le cas du pronom
l(i) uns. L’élision de l’article aux CS et CR pluriels est quant à elle impossible.
que de l’examen. Tous les objectifs visés (notamment ceux concernant la syntaxe) ne relèvent pas
nécessairement d’un point du syllabus.
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*2 La forme archaïque lo se maintient dans l’Ouest (lo, lou) ainsi qu’en anglo-normand
(lu).
Par un phénomène d’enclise°3, l’article défini peut présenter des formes contractées
® a + le > al, au
® en + les > es
[SYNTAXE]
3 Les termes inscrits en lettres grasses et suivis du signe ° doivent pouvoir être définis.
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[SYNTAXE]
substantifs qui désignent des objets composés de deux éléments symétriques (uns
ganz, unes chauces, unes narines, unes levres). Il est également utilisé avec des
cops « une volée de coups », uns vallés « des domestiques », unes noveles « des
nouvelles »).
L’indéfini pluriel des, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’existe pas en ancien
français : il apparaitra de façon sporadique à partir du XIIIe siècle. Il ne faut donc pas
Tacchella : pp. 50-53 ; Ménard : pp. 18-19 ; Raynaud de Lage : pp. 18-19).
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3. Les numéraux
Les trois premiers chiffres se déclinent, ainsi que vint et cent à l’occasion. Mil et mile
sont invariables.
À lire…
Les ordinaux
Ménard : p. 54 ; Moignet : pp. 50-51 ; Raynaud de Lage : p. 37
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LE SUBSTANTIF
Bazin-Tacchella : pp. 34-38 ; Joly : pp. 14-32 ; Moignet : pp. 16-25 ; Raynaud de Lage : pp. 17-26
sein de la phrase.
1. SUBSTANTIFS MASCULINS
latine (murus, i), de quelques anciens neutres alignés sur le modèle de la deuxième
(bos, bovis > bovis, bovis ; dux, ducis > ducis, ducis). Font partie de cette catégorie la
une consonne ou par une voyelle, parmi lesquels les substantifs en –age, les emprunts
CS li chevaliers li chevalier
li songes li songe
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Ces substantifs en –e (ermite, frere, livre, maistre, pere, etc.) proviennent de substantifs
CS li pere* li pere
Ces substantifs (li abes, l’abé ; li ancestre(s), l’ancessor ; li enfe(s), l’enfant ; li niés, le
nevo ; li pastre(s), le pastor ; li sire(s), le seignor ; li traïtre(s), le traïtor ; etc.), qui offrent un
double base s’explique dans la plupart des cas par un déplacement de l’accent dans
le passage du nominatif latin (qui est court, avec une syllabe en moins) à l’accusatif
latin (à radical allongé) : ábas > abes, abátem > abé ; imperátor > emperere,
imperatórem > empereor, empereur. Dans d’autres cas (les substantifs cuens, conte et
des autres cas, sans déplacement d’accent : cómes > cuens, cómitem > com’tem > conte.
4 En latin, les noms de la première déclinaison (domina, ae) sont féminins, à l’exception des noms
d’hommes qui sont masculins.
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CS li emperere(s*) li empereor
garçon ; lerre, larron ; Aumes, Aumon ; Charles, Charlon ; Hues, Huon ; Naimes,
Naimon ; etc.)
CS li ber(s) li baron
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différente
Ces substantifs (huem, home < hómo, hóminem et cuens, conte < cómes, cómitem) ne
différence de formes est ici générée par une évolution phonétique différente du o
ouvert tonique et libre au nominatif singulier. Pour plus de précisions quant à cette
Ces substantifs (bois, borjois, cors, fonz, marchis, os, païs, piz, pris, solaz, tens, uis, etc.)
présentent un radical qui se termine par une sifflante –s ou –z. Ils proviennent de
(frankiscum).
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2. SUBSTANTIFS FÉMININS
latine (rosa, rosae) ou bien de substantifs neutres pluriels devenus féminin (folium >
folia ; gaudium > gaudia), ou de la cinquième déclinaison alignée sur la première (face >
etc.). Le [e] central du français est, dans ce type de cas (la cendre, la mere, etc.), une
Ces substantifs féminins, qui se terminent par une consonne ou par une voyelle
parisyllabique (flos, floris > floris, floris ; civitas, civitatis > civitatis, civitatis).
*1Le –s désinentiel est instable et le type tend à s’aligner sur celui du type 1 par des
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*2 L’addition du –s à la suite d’une dentale (citez < civitatis) peut provoquer des
Ces substantifs sont, pour la plupart, des féminins qui présentent un élargissement
suffixal en –ain, pendant du suffixe masculin –on : ante, antain ; pute, putain ; Aude,
Audain ; Berte, Bertain ; Eve, Evain ; Morgue, Morgain ; etc. L’alternance radicale
À ces substantifs en –ain s’ajoute un cas isolé, qui s’explique également par un
Ces substantifs féminins (croiz, empereriz, foiz, pais, soriz, voiz, etc.) présentent un
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L’ADJECTIF
Bazin-Tacchella : pp. 39-44 ; Joly : pp. 33-44 ; Moignet : pp. 26-32 ; Raynaud de Lage : pp. 64-69
épicène.
Ces adjectifs, dont la flexion correspond à celle du type 1 des substantifs masculins et
CS buens, bons buene, bone buen, bon buen, bon buenes, bones
l’adjectif masculin lorsqu’elle est suivie de –e. L’évolution phonétique peut conduire
sein de la séquence.
……….
Ne possédant pas de déclinaison propre en ancien français, les adjectifs indéfinis (qui
suivants :
• uns et ses composés < unus, a, um : cf. tableau de l’article indéfini (p. 4).
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Singulier Pluriel
Nombre
CR tot, tout tote, toute tot, tout toz, tous totes, toutes
……….
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Au sein de cette première classe, des adjectifs en –re (destre, meigre, senestre, etc.),
type 1.
CS altre(s), autre(s) altre, autre altre, autre altre, autre altres, autres
CR 1 altre, autre altre, autre altre, autre altres, autres altres, autres
à celle des substantifs féminins de type 2. Au sein de cette catégorie figurent des
adjectifs à suffixe –al (feal < fidelem, leal < legalem, real < regalem, etc.), –el (cruel <
crudelem, mortel < mortalem, etc.), –il (gentil < gentilem, vil < vilem, etc.), ainsi que des
labiodentale (grief < gravem, souef < suavem) ou par une dentale (fort < fortem, grant <
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grant
* Des formes féminines en –e se créeront progressivement dès l’afr, par analogie avec
L’adjectif indéfini tels < talis, is, e se décline également selon ce modèle :
tieus tieus
tel
tieus
Ces adjectifs sont essentiellement des adjectifs comparatifs issus des adjectifs
felon ; etc.)
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meillor
meillor
Rares sont les adjectifs invariables. Parmi ceux-ci figurent toutefois les adjectifs vieux
À lire…
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® –t + s > z : mot, moz ; nuit, nuiz ; sergent, sergenz ; vaslet, vaslez ; etc.
® –ing + s > inz : coing, coinz ; compaing, compainz ; poing, poinz ; etc.
® labiodentale f + s > s : cerf, cers ; chief, chiés ; soif, sois ; vif, vis ; etc.
® vélaire c ([k]) + s > s : clerc, clers ; duc, dus ; franc, frans ; etc.
® –el + s > eaus, iaus : bel, beaus (biaus) ; chastel, chasteaus (chastiaus) ; etc.
® –el + s > eus, ieus : ostel, osteus (ostieus) ; tel, teus (tieus) ; etc.
® –eil + s > euz (picard : aus) : conseil, conseuz, consaus ; vermeil, vermeuz,
vermaus ; etc.
® –ol + s > ous (picard : aus) : col, cous, caus ; fol, fous, faus ; etc.
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L’ADVERBE DE MANIÈRE
Moignet : pp. 33-35
Certains adverbes sont caractérisés par un -s final, dit « -s adverbial » : certes, gaires,
primes, volentiers. Ce morphème résulte peut-être de l’extension analogique du -s de
certains adverbes latins : ainsi mais (< magis), plus, pis, mieux (< melius)… Il pourrait
aussi provenir d’un accusatif féminin latin : certas > certes, primas > primes (‘en
premier, d’abord‘).
La majorité des adverbes de manière sont des adverbes en –ment, formés sur la base de
substantif latin mente (mens, mentis, ‘esprit’, à l’ablatif : bella mente ’avec un bel esprit’,
— Pour les adjectifs de 1re classe, les formes sont semblables au FM : *Bellus, bella, bellum :
bella + mente > bellement ; ainsi, lieement (< laeta, ‘joyeuse’), hardiement, veraiement, bonement…
— Pour les adjectifs de 2e classe (épicènes), tenir compte du fait que le féminin est
identique au masculin : fortis, fortis, forte, au CR masc. et fém. = fort —> lat. forte + mente (au
fém., à l’ablatif) > afr fort + ment ‘ avec un esprit fort’ > forment ; forment sera plus tard
refait en fortement sur la base de la nouvelle forme féminine de l’adjectif, refaite par analogie
(a suivi la réfection du fém. des adj. épicènes, voir supra : réfection achevée au XVIe s.).
Plusieurs formes du frm montrent que cet alignement n’a pas été généralisé et gardent la trace
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LE POSSESSIF
Bazin-Tacchella : pp. 54-57 ; Joly : pp. 65-75 ; Moignet : pp. 40-42 ; Raynaud de Lage : pp. 45-51
men pic.)
ten pic.)
5 Abréviations : AN = anglo-normand ; pic. = picard ; wall. = wallon. Cela vaut également pour le
tableau des pronoms personnels.
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sen pic.)
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Comme dans le cas de l’article la, les formes du fém. s’élident devant un mot
commençant par une voyelle : par ma ame > par m’ame (=frm ‘par mon âme’) t’arme (=
afr m’ame > frm mon ame ; t’amie > ton amie etc…
L’analogie s’est opérée sur les autres prédéterminants qui, devant les mots
commençant par une voyelle donnent, à l’oral, l’impression qu’il y a une forme
l’ami, l’amie ;
D’où : son ami, son amie, qui instaure le même parallélisme que celui qu’on
observe pour les autres déterminants à l’oral, et repose sur une logique de
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indéfini ou démonstratif)
Nombre Singulier Pluriel
pic.)
pic.)
(tuns AN, toens (tue AN, tieue, (tun AN, (tues AN,
Ouest) tiue pic.) toen Ouest) tieues, tiues pic.)
(tun AN, (tue AN, tieue, (tuns AN, toens (tues AN,
(sun AN, soen (sue AN, sieue, (suns AN, soens (sues AN, sieues,
CR
6e pers. CS
CR
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LE DÉMONSTRATIF
Bazin-Tacchella : pp. 57-66 ; Joly : pp. 76-82 ; Moignet : pp. 42-44, 150-155 ; Raynaud de Lage : pp. 52-
62 ; Hélix, fiche 41
Ce démonstratif, qui peut être employé comme déterminant ou comme pronom, est
de l’allocuteur. Il peut avoir une fonction déictique (il situe les êtres et les objets dans
l’espace, désignant dès lors ce qui est à proximité de la personne qui parle ou de son
((i)chis pic.)
tonique*
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Ce démonstratif, qui peut être employé comme déterminant ou comme pronom, est
présente, la personne troisième, objectivée. Il peut avoir une fonction déictique (il
situe les êtres et les objets dans l’espace, désignant dès lors ce qui est à une certaine
cieus, cius
((i)chils,
(i)chis,
(i)chieus,
(i)chius pic.)
(i)ceus
((i)chiaus
pic.)
tonique (i)ceus
((i)chiaus
pic.)
*1Les formes neutres cest et cel sont rares en dehors du domaine anglo-normand. Les
formes usuelles sont iço (forme archaïque) et ice (forme classique) : (i)che, (i)chou
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*2La confusion entre les formes cestui et cesti, celui et celi est fréquente.
(i)cez aux CR atones masculin et féminin pluriels, ainsi qu’au CS féminin pluriel.
1) En afr, l’opposition entre les formes de cil (ecce+ ille), et celles de cist (ecce+
iste) est d’abord d’ordre sémantique (proximité vs éloignement), comme c’était le
cas en latin entre iste et ille. Les formes des deux séries pouvaient occuper les places
de prédéterminant et de pronom.
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LE PRONOM PERSONNEL
Bazin-Tacchella : pp. 67-75 ; Joly : pp. 56-64 ; Moignet : pp. 36-39, 126-150 ;
archaïques ou dialectales.
1. Personnes 1, 2, 4, 5, 6
Les pronoms personnels se déclinent selon des formes faibles (atones) et des formes
fortes (toniques). Les formes atones n’ont aucune autonomie : elles doivent faire
pas apparaitre en tête de proposition ou être régies par une préposition. Les formes
ju wall.,
gé, gié)
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CR tonique mei, moi tei, toi sei, soi nos, nous vos, vous
(mi pic.) (ti pic.) (si pic.) (nus AN, (vus AN,
Est) Est)
Est) Est)
2. Personne 3
pluriel
(ilh wall.) (el Ouest) (el Ouest) (ilh wall.) (els, eus
Ouest)
Centre)
*Dans l’Est et le Centre-Est, cette forme atone est fréquemment employée en position
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[SYNTAXE]
1) Le sujet pronominal est fréquemment omis dans la phrase en ancien français (Bazin-
Tacchella : p. 71 ; Ménard : pp. 38-39 ; Moignet : p. 128 ; Raynaud de Lage : p. 75).
2) Lorsque deux pronoms conjoints se rapportent au même verbe, l’ordre de ces pronoms
dans la phrase en ancien français est toujours le suivant : complément d’objet direct –
complément d’objet indirect : ces armes, qui les te bailla ?/ Le rois, fet il, les me donna (Conte du
Graal, vv. 1373-1374). On notera que l’ordre est inverse en français moderne, mais
(te/nous/vous) les donna et il les lui donna. (Bazin-Tacchella : pp. 71- 73 ; Ménard : pp. 36-37 ;
Raynaud de Lage : p. 81).
le verbe : Dis me tu verité ? (‘Me dis-tu vrai ?’, Orson de Beauvais, v. 1885) ; Diseient li : « Sire,
rendez le nus » (‘Ils lui disaient’ : « Seigneur, rendez-le nous », Ch. de Roland, v. 2560) ; Ot le
5) En ancien français, le pronom sujet peut être exprimé dans des constructions verbales à
l’impératif : Ne doutez vous ja ces garçons (Roman de Thèbes, v. 4875) (Moignet : p. 213).
6) Notez la structure pronom + verbe + infinitif, de règle en ancien français : Nus ne le puet
conforter (‘Personne ne peut le réconforter’, Aucassin, VII, 4) : « Quand le pronom est cplt
[— ou comme ici, sujet —] d’un infinitif qui dépend lui-même d’un verbe à un mode
personnel, l’ancienne langue considère les deux verbes comme un ensemble et place le
pronom en tête du groupe » (Ménard, §41 rq). Cette structure régulière de l’afr qui amène l’
antéposition du promom devant le verbe introduisant l’infinitif est extrêmement très fréquente
dans les textes. Elle vaut aussi pour les adverbes pronominaux en et y : ex : se Renart i puet main
tandre)
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À lire…
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LE SYSTÈME VERBAL
Bazin-Tacchella, pp. 77-107 ; Joly : pp. 97-212 ; Moignet, pp. 52-82, 126-150 ; Raynaud de Lage, pp. 114-
152
valeur du temps au sein de la phrase ; distinguer les types forts des types faibles
1. Indications liminaires
• Dans l’analyse d’une forme verbale, il faut distinguer la base (radical, élément
lexical propre à chaque verbe) des morphèmes verbaux, qui peuvent être de
(désinence verbale).
les verbes à une base des verbes à deux bases ou alternance radicale, et des
apparaitre entre les formes fortes du radical (quand celui-ci porte l’accent
tonique) et ses formes faibles (quand l’accent tonique porte sur un autre
mordre, naistre, ocire, oïr, partir, rire, rompre, sembler, sentir, sortir, vendre,
vestir, etc.
tonique : é/ a : il léve, nous lavóns ; ié/ é : il fiért, nous feróns ; ói/ e : il bóit,
nous bevóns ; í/ oi : il príe, nous proións ; úe/ o : il múert, nous moróns ; óu, éu/
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o : il plóure, nous ploróns ; úi/ oi : il enúie, nous enoións ; áim, áin/ am, an : il
áime, nous amóns ; ién/ en : il tiént, nous tenóns ; éin/ en : il méine, nous
menóns.
— Tantôt, l’ensemble du paradigme est refait sur les formes accentuées (crois,
— tantôt, l’analogie s’est opérée sur les formes faibles (parole, parlons —> parle,
— mais l’alternance vocalique peut aussi s’être maintenue, d’où les nombreux verbes
2. L’infinitif
En ancien français, il existe quatre types d’infinitif (trois dits « faibles » et un dit
® infinitifs en –ir (participe passé en –issant) < –īre latin (verbes gagnés par
l’infixe –iss).
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• 3e groupe : boivre, clore, faire, manoir, metre, movoir, plaindre, pooir, rire, tenir,
® infinitifs en –ir (participle passé en –ant) < –īre latin (verbes non gagnés par
l’infixe –iss).
® infinitifs en –eir, –oir < –ēre latin non précédé d’un phonème palatal ou
palatalisé.
3. L’indicatif présent
• 1er groupe :
• 2e groupe :
• 3e groupe :
4. L’impératif présent
• 1er groupe :
• 2e groupe :
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• 3e groupe :
® ri ; rions ; riez/-es
5. Le subjonctif présent
• 1er groupe :
• 2e groupe :
• 3e groupe :
6. L’indicatif imparfait
• 1er groupe :
dureient/-oient
• 2e groupe :
-iies ; fenisseient/-oient
• 3e groupe :
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• 1er groupe :
dureroient
• 2e groupe :
• 3e groupe :
dormiront
-iies ; dormiroient
-iies ; morroient
-iies ; movroient
offreroient
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Une forme verbale est dite « faible » lorsque l’accent, fixe, porte sur une voyelle qui
suit le radical. En effet, la base des passés simples de type faible étant
systématiquement atone, ils sont accentués à toutes les personnes sur la désinence
a) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –a (< parfaits latins
en –ávi)
Exemples :
Quels sont les verbes concernés ? Ce type est celui de la quasi-totalité des verbes en
–er, –ier du 1er groupe, sauf ester et arester (cf. types forts en –u).
6Lorsque cela est plus éclairant, nous passons par des formes reconstruites du latin postclassique ou
du latin tardif.
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b) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –i (< parfaits latins
en –ívi et –dedi)
Exemples :
Quels sont les verbes concernés ? Ce type est celui de la plupart des verbes en –ir du
(batre, defendre, descendre, perdre, rompre, tendre, …), à l’exception de gesir, loisir, nuisir,
plaisir, taisir (cf. types forts en –u), tenir et venir (cf. types forts en –i) et morir (cf. types
forts en –ui).
Notons que parmi ces formes, certaines présentent une alternance –i/–ié. C’est le cas
de verbes en –re (batre, naistre, rompre, vivre, etc.), à l’exception de prendre et des
Exemples :
c) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –u (< parfaits forts
latins en –ui)
Quels sont les verbes concernés ? Ce type, peu représenté, se rencontre dans
quelques verbes en –ir (corir, morir, …), en –oir (chaloir, doloir, paroir, valoir, …) et en
Les passés simples de type fort sont caractérisés par un accent mobile. Celui-ci se
place, selon les personnes, tantôt sur le radical du verbe, tantôt sur la désinence. Ces
passés simples présentent donc une alternance de deux bases toujours accentuées :
ð Si l’accent est placé sur le radical de la forme verbale latine, cela aboutira en
ancien français à une forme brève et forte, accentuée sur le radical (1ere, 3e et 6e
personnes).
ð Si l’accent est placé sur la désinence de la forme verbale latine, cela aboutira en
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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
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§ Type en –i
observé dans le radical de quelques parfaits au sein desquels le [e] initial était en
7Les lettres surplombées d’un tréma correspondent aux voyelles accentuées. Cette remarque est
valable pour tous les tableaux où ce type de cas se présente.
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Quels sont les verbes concernés ? Ce type, peu fréquent, apparait essentiellement
dans les verbes tenir, venir, veoir, voloir et leurs éventuels dérivés.
§ Type en –s, accentué sur une voyelle thématique en –i (< parfaits latins à
Exemples :
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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
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Quels sont les verbes concernés ? Ce type se rencontre dans de nombreux verbes qui
remontent généralement à des parfaits latins sigmatiques en –si (dire, faire, manoir,
mettre, ocire, plaindre, querre, rire, seoir, traire) et leurs éventuels dérivés.
§ Type présentant une alternance entre des formes à base en –o et des formes à
base en –eü (< parfaits forts latins en –ui avec base en –a (ex. : habui) ou en –o
(ex. : potui)
[w] qui va engendrer une labialisation du [a] initial en [o] (Joly : p. 152).
*2 Pour les verbes présentés, ce même [w], issu de la fermeture du [u], va également
Quels sont les verbes concernés ? Les principaux verbes de ce type sont présentés
dans le tableau. On peut ajouter à cette liste les verbes paistre, plaisir, taire, …
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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD
§ Type qui présente une alternance entre des formes à base en –u et des formes à
base en –eü (< parfaits forts latins en –ui à base en –e (ex. : debui), –a (ex. : jacui),
* Pour les verbes présentés, le [w] issu de la fermeture du [u] va labialiser le [i] initial
*2 Pour les verbes présentés, ce même [w] va labialiser le [i] accentué en [u] aux
Quels sont les verbes concernés ? Les principaux verbes de ce type sont boire,
amassent
• Type en –isse : verbes à passé faible en –i (1) et verbes à passé fort en –i (2) et
en –s (3)
partissent
-ssoiz/-ssez ; plainsissent
• Type en –usse (flexion analogique à celle du verbe estre) : verbes à passé faible
parussent
-ssez ; coneüssent
® Subjonctif présent : aie ; aies ; ait ; aiiens (aions) ; aiiez (aiez) ; aient
avoient
(ourent)
(eüssiez) ; eüssent
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® Subjonctif présent : soie ; soies ; soit ; soiiens (soions) ; soiiez (soiez) ; soient
® Indicatif imparfait :
® Futur :
esterez/estrez, esteront/estront
fussent
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À lire…
Le participe passé
Joly : pp. 208-212 ; Ménard : pp. 77-79 ; Moignet : pp.204-207 ; Raynaud de Lage : pp.
135-136
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1. Le système bicasuel (Joly : pp. 225-240 ; Ménard : pp. 13-16 ; Moignet : pp. 87-99)
• L’ancien français est une langue flexionnelle qui se caractérise par un système
s’il s’agit du verbe avoir, pour lequel le cas régime est employé) ; apposition au
sujet ; attribut du sujet ; apostrophe (dès la seconde moitié du XIIe siècle, le cas
régime sera utilisé pour cette fonction, surtout lorsqu’il s’agit de noms
propres) ; etc.
complément suivant une particule présentative (voi ci, vez ci, ez, ez vos, etc.) ;
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2. L’ordre des mots dans la phrase (Bazin-Tacchella : pp. 132-137 ; Moignet : pp. 343-368 ;
Raynaud de Lage : pp. 232-236)
phrase.
proposition, un élément atone (par exemple, la forme faible d’un pronom) sera
• Le verbe occupe fréquemment une place centrale : Li espreviers vaut un tresor (Le
Bel Inconnu, v. 1588). Toutefois, il existe également, d’une part, des séquences à
verbe initial : [V + S] : Si est dires de cest castiel (Le Bel Inconnu, v. 1581) ;
rois, le sens cuide changier (Le Charroi de Nîmes, v. 102) ; d’autre part, des
séquences à verbe final : [S + C + V] : Uns vallés son escu li tent (Le Bel Inconnu,
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commandement le roy
® qu’il réfère à un être humain de rang social élevé (empereur, roi, prince), à
défini ou du possessif).
subsistera dans des locutions figées (la Dieu merci, la pais Dieu) ou avec certains
pronoms (l’autrui doleur, ‘la douleur d’autrui’, le roi de France, cui cusin ere
Si une de ces trois conditions n’est pas remplies (référent marquant une situation
b) la construction prépositionnelle avec a : les chevaus a nos gens ; Fiz sont a contes
chien) ;
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prince de Moree
À lire…
La phrase
Raynaud de Lage : pp. 232-252
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BIBLIOGRAPHIE
Les outils suivants, dont la liste n’est pas exhaustive, sont à votre disposition :
I. DICTIONNAIRES
4. Fr. GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, Paris,
1881-1938 (10 vol.).
5. Fr. GODEFROY, Lexique de l’ancien français, publié par J. Bonnard et A. Salmon, Paris,
Leipzig, 1901 ; rééd. Paris, 1995.
10. LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française, publié sous la dir. d’A. REY,
Paris, 1re éd. 1992 (2 vol.) ; rééd. petit format 1998 (3 vol.).
11. Sur le Net : Dictionnaire du moyen français (1330-1500 [=DMF] de l’ATILF (Analyse
et traitement informatique de la langue française) : http://www.atilf.fr/dmf/
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7. G. JOLY, Précis d’ancien français, Paris, Armand Colin, 1998 (Coll. U).
8. Ph. MÉNARD, Syntaxe de l’ancien français, Bordeaux, Éditions Bière, 4e éd. 1994.
9. G. MOIGNET, Grammaire de l’ancien français, Paris, Klincksieck, 1re éd. 1973 (Initiation
à la linguistique, B2).
10. G. RAYNAUD DE LAGE, Introduction à l’ancien français, nouvelle éd. revue par G.
HASENOHR, PARIS, SEDES, 1990.
11. G. ZINK, Morphologie du français médiéval, Paris, PUF, 1989 (Linguistique nouvelle).
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12. Chr. MARCHELLLO-NIZIA, La langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, Nathan,
1997.
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16. Ch. Th. GOSSEN, Grammaire de l’ancien picard, Paris, Klincksieck, 1re éd. 1970 ; 2e éd.
1976 (Bibliothèque française et romane).
17. L.-F. FLUTRE, Le moyen picard, Amiens, Société de Linguistique picarde, 1970.
18. M.K. POPE, From latin to modern french with especial consideration of anglo-norman :
phonology and morphology, Manchester, Manchester University Press, 1934.
24. G. ZINK, Phonétique historique du français, Paris, PUF, 1991 (Linguistique nouvelle).
III. LITTÉRATURE
1. G. GRENTE et al. Dictionnaire des lettres françaises : I. Le Moyen Âge , éd. Robert
BOSSUAT et al., Paris, 1964. Éd. revue et mise à jour par G. HASENOHR et M. ZINK,
Paris, Le Livre de Poche, 1992 (Pochothèque, Encyclopédies d’aujourd’hui).
5. M. ZINK, Littérature française du Moyen Âge, Paris, PUF, 2004 (Quadrige) [1re
éd. : 1992].
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ARTICLE ET NUMÉRAUX 2
1. Défini 2
2. Indéfini 4
3. Numéraux 5
SUBSTANTIFS MASCULINS 6
1. SUBSTANTIFS MASCULINS 6
différente) 9
2. SUBSTANTIFS FÉMININS
L’ADJECTIF 12
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L’ADVERBE DE MANIÈRE 19
LE POSSESSIF 20
LE DÉMONSTRATIF 24
LE PRONOM PERSONNEL
1. Personnes 1, 2, 4, 5, 6 27
2. Personne 3 28
Syntaxe du pronom 29
Enclise 30
LE SYSTÈME VERBAL 31
1. Indications liminaires 31
2. L’infinitif 32
3. L’indicatif présent 33
4. L’impératif présent 33
5. Le subjonctif présent 34
6. L’indicatif imparfait 34
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a) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –a (< parfaits
latins en –ávi) 36
b) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –i (< parfaits
c) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –u (< parfaits forts
latins en –ui) 38
a) Type en –i 39
b) Type en –s, accentué sur une voyelle thématique en –i (< parfaits latins à
des formes à base en –eü (< parfaits forts latins en –ui avec base en –a
des formes à base en –eü (< parfaits forts latins en –ui à base en –e
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1. Le système bicasuel 46
BIBLIOGRAPHIE 50
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