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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge

avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1)

Éléments de grammaire de l’ancien français

Nadine HENRARD
Année académique 2022-2023
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

L’ARTICLE — LES NUMÉRAUX


Bazin-Tacchella : pp. 48-53 ; Joly : pp. 7-12 ; Ménard : pp. 17-20 ; Moignet : pp. 13-15 ; Raynaud de

Lage : pp. 35-451

® Objectif2 : identifier le cas, le genre et le nombre d’un article ; décliner un article ;

identifier et décrire les formes contractées de l’article défini ; identifier les formes

archaïques et dialectales.

1. Article défini li < latin ille (latin vulgaire *illi) par un phénomène d’aphérèse

(effacement de la syllabe initiale)

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

CS li la li les

CR le*1 (lo, lou, lu*2) la*1 les les

*1 Ces deux formes s’élident devant voyelle. Il est rare de rencontrer une élision du

CS singulier, hormis parfois dans les textes en vers, souvent dans le cas du pronom

l(i) uns. L’élision de l’article aux CS et CR pluriels est quant à elle impossible.

1 Ce syllanus a été réalisé grâce à la collaboration d’Amandine BAUVIR. Nous renverrons


systématiquement aux ouvrages qui ont servi de base à l’élaboration de ce syllabus : S. BAZIN-
TACCHELLA, Initiation à l’ancien français, Paris, Hachette, 2001 (Hachette supérieur) ; G. JOLY, Précis
d’ancien français, Paris, Armand Colin, 1998 (coll. U) ; Ph. MÉNARD, Syntaxe de l’ancien français,
Bordeaux, Éditions Bière, 4e éd. 1994 ; G. MOIGNET, Grammaire de l’ancien français, Paris, Klincksieck, 1re
éd. 1973 (Initiation à la linguistique, B2) ; G. RAYNAUD DE LAGE, Introduction à l’ancien français,
nouvelle éd. revue par G. HASENOHR, Paris, Sedes, 1990.
2 Les objectifs présentés sont attendus des étudiants pour la présentation des travaux pratiques ainsi

que de l’examen. Tous les objectifs visés (notamment ceux concernant la syntaxe) ne relèvent pas
nécessairement d’un point du syllabus.
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*2 La forme archaïque lo se maintient dans l’Ouest (lo, lou) ainsi qu’en anglo-normand

(lu).

Par un phénomène d’enclise°3, l’article défini peut présenter des formes contractées

qui résultent de la soudure d’une préposition et de l’article le ou les :

® a + le > al, au

® a + les > as, aus

® de + le > del, deu, dou, du (article partitif)

® de + les > des (article partitif)

® en + le > el, eu, ou, u, on

® en + les > es

N.B. : le phénomène d’enclise se rencontre également avec des formes

pronominales (cf. p. 29).

[SYNTAXE]

! En ancien français, il est courant de rencontrer des cas d’emplois du substantif


sans article, phénomène qui illustre une sorte de degré zéro de la détermination.
L’article est souvent absent devant : des noms propres désignant des personnages,
des pays, des provinces ; des noms de peuple employés au pluriel ; des substantifs
pluriels désignant un nombre indéterminé d’individus ; des substantifs envisagés
dans leur valeur générale au sein de proverbes et de sentences ; des termes abstraits
(il te donna biauté) ; des noms de matière, lorsqu’il s’agit de signifier une quantité
indéterminée (mangier pain) ; des substantifs ayant fonction d’attribut du sujet ; des
substantifs inscrits dans des phrases négatives, hypothétiques, interrogatives ou
comparatives ; des substantifs inscrits dans des locutions verbales figées (porter
corone) ; etc. De par sa valeur généralisante, l’adjectif tout est également souvent
employé sans article (toute vile « toute la ville » ; toutes viles : « toutes les villes »)
(Bazin-Tacchella : pp. 52-53 ; Ménard : p. 2, p. 27 ; Moignet : pp. 105-109 ; Raynaud de
Lage : pp. 37-41).

3 Les termes inscrits en lettres grasses et suivis du signe ° doivent pouvoir être définis.
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2. Article indéfini un < latin unus, a, um

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

CS uns une un unes

CR un une uns unes

[SYNTAXE]

! L’article indéfini masculin ou féminin pluriel traduit la pluralité interne. Il est

employé pour marquer la notion de duel ou de paire et détermine ainsi des

substantifs qui désignent des objets composés de deux éléments symétriques (uns

ganz, unes chauces, unes narines, unes levres). Il est également utilisé avec des

substantifs qui désignent des ensembles formés d’éléments complémentaires (uns

cops « une volée de coups », uns vallés « des domestiques », unes noveles « des

nouvelles »).

L’indéfini pluriel des, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’existe pas en ancien

français : il apparaitra de façon sporadique à partir du XIIIe siècle. Il ne faut donc pas

confondre la forme des de l’ancien français, issue de la contraction de la préposition

de et de l’article défini les, avec l’indéfini pluriel du français moderne (Bazin-

Tacchella : pp. 50-53 ; Ménard : pp. 18-19 ; Raynaud de Lage : pp. 18-19).

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3. Les numéraux

Les trois premiers chiffres se déclinent, ainsi que vint et cent à l’occasion. Mil et mile

sont invariables.

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

CS doi, dui dous, deus trei, troi treis, trois

CR dous, deus dous, deus treis, trois treis, trois

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

CS vint vinz cent cenz

CR vinz vinz cenz cenz

À lire…

Les ordinaux
Ménard : p. 54 ; Moignet : pp. 50-51 ; Raynaud de Lage : p. 37

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LE SUBSTANTIF
Bazin-Tacchella : pp. 34-38 ; Joly : pp. 14-32 ; Moignet : pp. 16-25 ; Raynaud de Lage : pp. 17-26

® Objectif : identifier le type, le cas, le genre et le nombre d’un substantif ; décliner

un substantif ; justifier le cas d’un substantif par l’identification de sa fonction au

sein de la phrase.

1. SUBSTANTIFS MASCULINS

1.1. Type 1 : les masculins à –s de flexion

Ces substantifs proviennent de substantifs masculins de la deuxième déclinaison

latine (murus, i), de quelques anciens neutres alignés sur le modèle de la deuxième

déclinaison (argentum > argentus ; caput > capus), de substantifs de la troisième

déclinaison parisyllabique° (canis, canis) et d’anciens imparisyllabiques° remodelés

(bos, bovis > bovis, bovis ; dux, ducis > ducis, ducis). Font partie de cette catégorie la

quasi-totalité des substantifs masculins en ancien français, qu’ils se terminent par

une consonne ou par une voyelle, parmi lesquels les substantifs en –age, les emprunts

germaniques et orientaux et les infinitifs substantivés.

Nombre Singulier Pluriel

CS li chevaliers li chevalier

li songes li songe

CR le chevalier les chevaliers

le songe les songes

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1.2. Type 2 : les masculins sans –s de flexion au CS singulier

Ces substantifs en –e (ermite, frere, livre, maistre, pere, etc.) proviennent de substantifs

masculins latins en –r des deuxième et troisième déclinaisons latines (frater, liber,

magister, pater) ou de masculins en –a de la première déclinaison (eremita4), qui ne

présentaient donc pas de –s de flexion à l’origine.

Nombre Singulier Pluriel

CS li pere* li pere

CR le pere les peres

*Dans de nombreux cas, un –s analogique vient s’ajouter, sur le modèle de li songes.

1.3. Type 3 : les masculins à double base/ alternance radicale

Ces substantifs (li abes, l’abé ; li ancestre(s), l’ancessor ; li enfe(s), l’enfant ; li niés, le

nevo ; li pastre(s), le pastor ; li sire(s), le seignor ; li traïtre(s), le traïtor ; etc.), qui offrent un

double radical, proviennent de substantifs imparisyllabiques° non remodelés de la

troisième déclinaison latine, ainsi que de quelques noms d’origine germanique. La

double base s’explique dans la plupart des cas par un déplacement de l’accent dans

le passage du nominatif latin (qui est court, avec une syllabe en moins) à l’accusatif

latin (à radical allongé) : ábas > abes, abátem > abé ; imperátor > emperere,

imperatórem > empereor, empereur. Dans d’autres cas (les substantifs cuens, conte et

huem, homes), la déclinaison s’explique par une évolution différente du nominatif et

des autres cas, sans déplacement d’accent : cómes > cuens, cómitem > com’tem > conte.

4 En latin, les noms de la première déclinaison (domina, ae) sont féminins, à l’exception des noms
d’hommes qui sont masculins.
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• Substantifs à alternance radicale causée par un déplacement d’accent

® Noms d’agent en –ere(s), –iere(s) ou –re(s) au CS et en –eor (–eeur) ou –or

au CR (chantere, emperere, janglere, joglere, pastre, traïtre, etc.). La flexion

s’explique, dans ce cas, par l’opposition qui existait en latin entre le

nominatif en –ator (cantator, imperator, etc.) et l’accusatif en –atorem

(cantatorem, imperatorem, etc.).

Nombre Singulier Pluriel

CS li emperere(s*) li empereor

CR le empereor les empereors

*Dans de nombreux cas, un –s analogique vient s’ajouter, sur le modèle de li songes.

® Noms à élargissement suffixal en –on, dont un grand nombre sont

d’origine germanique (bris, bricon ; compaing/z, compaignon ; fel, felon ; gars,

garçon ; lerre, larron ; Aumes, Aumon ; Charles, Charlon ; Hues, Huon ; Naimes,

Naimon ; etc.)

Nombre Singulier Pluriel

CS li ber(s) li baron

CR le baron les barons

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• Substantifs à alternance radicale causée par une évolution phonétique

différente

Ces substantifs (huem, home < hómo, hóminem et cuens, conte < cómes, cómitem) ne

présentent pas de déplacement d’accent entre le nominatif et l’accusatif latin. La

différence de formes est ici générée par une évolution phonétique différente du o

ouvert tonique et libre au nominatif singulier. Pour plus de précisions quant à cette

évolution : Joly, p. 23.

Nombre Singulier Pluriel

CS li huem(s), li hom, li hons li home

li cuens, li cons li conte

CR l’home les homes

le conte les contes

1.4. Les masculins invariables

Ces substantifs (bois, borjois, cors, fonz, marchis, os, païs, piz, pris, solaz, tens, uis, etc.)

présentent un radical qui se termine par une sifflante –s ou –z. Ils proviennent de

substantifs neutres latins de la troisième déclinaison (corpus, tempus), de mots formés

avec le suffixe –ensem (pagensem) ou le suffixe d’origine germanique –iscum

(frankiscum).

Nombre Singulier Pluriel

CS li vis, li braz li vis, li braz

CR le vis, le braz les vis, les braz

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2. SUBSTANTIFS FÉMININS

2.1. Type 1 : les féminins avec –e final

Ces substantifs proviennent des substantifs féminins de la première déclinaison

latine (rosa, rosae) ou bien de substantifs neutres pluriels devenus féminin (folium >

folia ; gaudium > gaudia), ou de la cinquième déclinaison alignée sur la première (face >

facia). Certains types proviennent également d’étymons latins en –e (cinere, mater,

etc.). Le [e] central du français est, dans ce type de cas (la cendre, la mere, etc.), une

voyelle de soutien nécessitée par le groupe consonne + –r.

Nombre Singulier Pluriel

CS la rose les roses

CR la rose les roses

2.2. Type 2 : les féminins à –s de flexion au CS singulier

Ces substantifs féminins, qui se terminent par une consonne ou par une voyelle

accentuée, proviennent de substantifs de la troisième déclinaison latine,

imparisyllabiques, parisyllabiques ou mixtes, qui se sont alignés sur le type

parisyllabique (flos, floris > floris, floris ; civitas, civitatis > civitatis, civitatis).

Nombre Singulier Pluriel

CS la flors*1 les flors

la citez*2 les citez

CR la flor les flors

la cité les citez

*1Le –s désinentiel est instable et le type tend à s’aligner sur celui du type 1 par des

formes sans –s de flexion au CS singulier.

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*2 L’addition du –s à la suite d’une dentale (citez < civitatis) peut provoquer des

altérations phonétiques et, par conséquent, des changements graphiques : le –s final

devient alors un –z (cf. pp. 17-18).

2.3. Type 3 : les féminins à double base/ alternance radicale

Ces substantifs sont, pour la plupart, des féminins qui présentent un élargissement

suffixal en –ain, pendant du suffixe masculin –on : ante, antain ; pute, putain ; Aude,

Audain ; Berte, Bertain ; Eve, Evain ; Morgue, Morgain ; etc. L’alternance radicale

s’explique par un déplacement de l’accent tonique dans le passage du nominatif aux

autres cas de la déclinaison.

Nombre Singulier Pluriel

CS la none les nonains

CR la nonain les nonains

À ces substantifs en –ain s’ajoute un cas isolé, qui s’explique également par un

déplacement de l’accent (suer, seror < sóror, sorórem) :

Nombre Singulier Pluriel

CS la suer les serors, les sereurs

CR la seror, la sereur les serors, les sereurs

2.4. Les féminins invariables

Ces substantifs féminins (croiz, empereriz, foiz, pais, soriz, voiz, etc.) présentent un

radical qui se termine par une sifflante –s ou –z.

Nombre Singulier Pluriel

CS la pais, la croiz les pais, les croiz

CR la pais, la croiz les pais, les croiz

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L’ADJECTIF
Bazin-Tacchella : pp. 39-44 ; Joly : pp. 33-44 ; Moignet : pp. 26-32 ; Raynaud de Lage : pp. 64-69

® Objectif : identifier la classe, le cas, le genre, le nombre et la fonction d’un adjectif

au sein de la phrase ; décliner un adjectif ; expliquer la particularité de l’adjectif

épicène.

1. Classe 1 : les adjectifs variables en genre

Ces adjectifs, dont la flexion correspond à celle du type 1 des substantifs masculins et

féminins, proviennent des adjectifs latins de la première classe (bonus, a, um).

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin* Neutre Masculin Féminin

CS buens, bons buene, bone buen, bon buen, bon buenes, bones

CR buen, bon buene, bone buens, bons buenes, bones

*Plusieurs adjectifs féminins présentent une consonne finale différente de celle de

l’adjectif masculin lorsqu’elle est suivie de –e. L’évolution phonétique peut conduire

à des phénomènes de sonorisation (vif, vive) ou de palatalisation (franc, franche ; larc,

large) de la dernière consonne du radical se trouvant en position intervocalique au

sein de la séquence.

……….

Ne possédant pas de déclinaison propre en ancien français, les adjectifs indéfinis (qui

peuvent également fonctionner comme pronoms) se déclinent selon le modèle des

adjectifs qualificatifs. Sur le modèle de la première classe se déclinent les indéfinis

suivants :

• uns et ses composés < unus, a, um : cf. tableau de l’article indéfini (p. 4).

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• tanz < tantus, a, um ; quanz < quantus, a, um

Singulier Pluriel

Nombre

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS tanz, tans tante tant tant tantes

quanz, quans quante quant quant quantes

CR tant tante tant tanz, tans tantes

quant quante quant quanz, quans quantes

• nus < nullus, a, um

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS nus nule nul nul nules

CR 1 nul nule nul nus nules

CR 2 nului, nelui neli

• toz < totus, a, um

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS toz, tous tote, toute tot, tout tuit totes, toutes

CR tot, tout tote, toute tot, tout toz, tous totes, toutes

……….

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Au sein de cette première classe, des adjectifs en –re (destre, meigre, senestre, etc.),

provenant d’adjectifs latins à nominatif masculin singulier en –er (dexter, macer,

sinister, etc.) sans –s de flexion au nominatif latin, présentent une déclinaison

similaire à celle des substantifs masculins de type 2 et des substantifs féminins de

type 1.

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS meigre(s) meigre meigre meigre meigres

CR meigre meigre meigre meigres meigres

L’adjectif indéfini altre < alter se décline également selon ce modèle :

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS altre(s), autre(s) altre, autre altre, autre altre, autre altres, autres

CR 1 altre, autre altre, autre altre, autre altres, autres altres, autres

CR 2 altrui, autrui altri, autri

2. Classe 2 : les adjectifs épicènes°

Ces adjectifs à féminin sans –e proviennent des adjectifs de la deuxième classe de la

déclinaison latine (fortis, fortis, forte). La déclinaison des adjectifs masculins

correspond à celle des substantifs masculins de type 1 et la déclinaison des féminins

à celle des substantifs féminins de type 2. Au sein de cette catégorie figurent des

adjectifs à suffixe –al (feal < fidelem, leal < legalem, real < regalem, etc.), –el (cruel <

crudelem, mortel < mortalem, etc.), –il (gentil < gentilem, vil < vilem, etc.), ainsi que des

adjectifs de la deuxième déclinaison latine – adjectifs épicènes – se terminant par une

labiodentale (grief < gravem, souef < suavem) ou par une dentale (fort < fortem, grant <

grandem, tranchant < trinicatem, vaillant < valentem, etc.).

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Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS granz/s granz/s ou grant grant granz/s

grant

CR grant grant* granz/s granz/s

* Des formes féminines en –e se créeront progressivement dès l’afr, par analogie avec

les adjectifs de la première classe (se développe en mfr, et généralisation

complètement achevée au XVIe siècle).

L’adjectif indéfini tels < talis, is, e se décline également selon ce modèle :

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS tels, teus, tieus tels, teus, tel tel tels, teus,

tieus tieus

tel

CR tel tel tel tels, teus tels, teus,

tieus

3. Classe 3 : les adjectifs à alternance radicale

Ces adjectifs sont essentiellement des adjectifs comparatifs issus des adjectifs

comparatifs latins synthétiques° en –ior, –iorem. Ils peuvent également provenir

d’adjectifs d’origine germanique à élargissement suffixal en –on (bris, bricon ; fel,

felon ; etc.)

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Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS mieudre(s) mieudre ou mieuz meillor meillors

meillor

CR meillor mieudre ou meillors meillors

meillor

Les adjectifs suivants se déclinent également sur le même type :

- pire(s), peior ; neutre : pis ;

- graindre(s), graignor (–eur) ;

- maire, maior (–eur) ;

- mendre, menor (–eur) ; neutre : meins, moins.

4. Les adjectifs invariables

Rares sont les adjectifs invariables. Parmi ceux-ci figurent toutefois les adjectifs vieux

et deputaire (« de mauvaise race, de mauvaise sorte, pervers » Godefroy, vol. 2, p. 521),

ce dernier étant tantôt variable, tantôt invariable.

À lire…

Les degrés de comparaison de l’adjectif


Joly : pp. 51-52 ; Moignet : pp. 31-32 ; Raynaud de Lage : pp. 68-69

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LES CONSÉQUENCES PHONÉTIQUES

DE L’AJOUT D’UN –S DE FLEXION


Bazin-Tacchella : p. 35 ; Joly : pp. 45-52 ; Moignet : pp. 19-20 ; Raynaud de Lage : pp. 24-26

L’addition d’un –s final, qu’elle porte sur un substantif, un adjectif, un pronom ou

une forme verbale, peut amener certaines conséquences phonétiques :

• Combinaison de la consonne finale du mot avec le –s de

flexion : transformation de la consonne finale en une affriquée notée –z (qui

sera remplacée par –s au XIIIe siècle) :

® –t + s > z : mot, moz ; nuit, nuiz ; sergent, sergenz ; vaslet, vaslez ; etc.

® (cons. +) n + s > z : an, anz ; cor(n), corz ; jor(n), jorz ; etc.

® –ing + s > inz : coing, coinz ; compaing, compainz ; poing, poinz ; etc.

® –il + s > iz : fil, fiz ; sorcil, sorciz ; etc.

® –st + s > z : forest, forez ; fust, fuz ; ost, oz ; etc.

• Effacement de la consonne finale du mot devant le –s de flexion :

® labiales p, b et m appuyé sur r + s > s : champ, chans ; drap, dras ; enferm,

enfers ; ferm, fers ; gab, gas ; etc.

® labiodentale f + s > s : cerf, cers ; chief, chiés ; soif, sois ; vif, vis ; etc.

® vélaire c ([k]) + s > s : clerc, clers ; duc, dus ; franc, frans ; etc.

® l précédé de i, u ou eu + s > s : gentil, gentis ; nul, nus ; seul, seus ; etc.

• Vocalisation en [u] du –l final suivi du –s de flexion, qui crée une

diphtongue ou une triphtongue de coalescence avec la voyelle précédente :

® –al + s > aus : cheval, chevaus ; mal, maus ; etc.

® –ail + s > aus : travail, travaus/travauz ; etc.


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® –el + s > eaus, iaus : bel, beaus (biaus) ; chastel, chasteaus (chastiaus) ; etc.

® –el + s > eus, ieus : ostel, osteus (ostieus) ; tel, teus (tieus) ; etc.

® –eil + s > euz (picard : aus) : conseil, conseuz, consaus ; vermeil, vermeuz,

vermaus ; etc.

® –eil + s > ieuz (picard : iaus) : ueil, ieuz, iaus ; etc.

® –iel + s > ieuz (picard : iauz) : viel, vieuz, viauz ; etc.

® –ol + s > ous (picard : aus) : col, cous, caus ; fol, fous, faus ; etc.

® –oil + s > ouz (picard : aus) : genoil, genouz, genaus ; etc.

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L’ADVERBE DE MANIÈRE
Moignet : pp. 33-35

Certains adverbes sont caractérisés par un -s final, dit « -s adverbial » : certes, gaires,
primes, volentiers. Ce morphème résulte peut-être de l’extension analogique du -s de
certains adverbes latins : ainsi mais (< magis), plus, pis, mieux (< melius)… Il pourrait
aussi provenir d’un accusatif féminin latin : certas > certes, primas > primes (‘en
premier, d’abord‘).

La majorité des adverbes de manière sont des adverbes en –ment, formés sur la base de

l’association de la forme féminine du CR de l’adjectif associée au suffixe -ment, issu du

substantif latin mente (mens, mentis, ‘esprit’, à l’ablatif : bella mente ’avec un bel esprit’,

‘d’une belle manière’).

— Pour les adjectifs de 1re classe, les formes sont semblables au FM : *Bellus, bella, bellum :

bella + mente > bellement ; ainsi, lieement (< laeta, ‘joyeuse’), hardiement, veraiement, bonement…

— Pour les adjectifs de 2e classe (épicènes), tenir compte du fait que le féminin est

identique au masculin : fortis, fortis, forte, au CR masc. et fém. = fort —> lat. forte + mente (au

fém., à l’ablatif) > afr fort + ment ‘ avec un esprit fort’ > forment ; forment sera plus tard

refait en fortement sur la base de la nouvelle forme féminine de l’adjectif, refaite par analogie

(a suivi la réfection du fém. des adj. épicènes, voir supra : réfection achevée au XVIe s.).

Même chose pour grantment (< grandis), loiaument, briement (brief)…

Plusieurs formes du frm montrent que cet alignement n’a pas été généralisé et gardent la trace

de l’origine épicène de l’adjectif : gentiment, vaillamment, méchamment, prudemment…

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LE POSSESSIF
Bazin-Tacchella : pp. 54-57 ; Joly : pp. 65-75 ; Moignet : pp. 40-42 ; Raynaud de Lage : pp. 45-51

® Objectif : identifier le cas, la personne, le genre et le nombre d’un déterminant ou

d’un adjectif possessif ; décliner un déterminant ou un adjectif possessif ; distinguer

le déterminant de l’adjectif possessif, les formes atones des formes toniques ;

identifier les formes dialectales.

1. Le déterminant possessif (formes atones)

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

1e pers. CS mes ma mi mes

(mis AN5) (me pic.)

CR mon ma mes mes

(mun AN ; (me pic.)

men pic.)

2e pers. CS tes ta ti tes

(tis AN) (te pic.)

CR ton ta tes tes

(tun AN, (te pic.)

ten pic.)

5 Abréviations : AN = anglo-normand ; pic. = picard ; wall. = wallon. Cela vaut également pour le
tableau des pronoms personnels.
20
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

3e pers. CS ses sa si ses

(sis AN) (se pic.)

CR son sa ses ses

(sun AN, (se pic.)

sen pic.)

4e pers. CS nostre(s) nostre nostre noz, nos,

(nos pic.) (no, noe pic.) (no pic.) nostres

(nos, noes pic.)

CR nostre nostre noz, nos noz, nos,

(no pic.) (no, noe pic.) (nos pic.) nostres

(nos, noes pic.)

5e pers. CS vostre(s) vostre vostre voz, vos,

(vos pic.) (vo, voe pic.) (vo, pic.) vostres

(vos, voes pic.)

CR vostre vostre voz, vos voz, vos,

(vo pic.) (vo, voe pic.) (vos pic.) vostres

(vos, voes pic.)

6e pers. CS lor, leur lor, leur lor, leur lor, leur

(lur AN, (lur AN, (lur AN, (lur AN,

lour Est) lour Est) lour Est) lour Est)

CR lor, leur lor, leur lor, leur lor, leur

(lur AN, (lur AN, (lur AN, (lur AN,

lour Est) lour Est) lour Est) lour Est)

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

Comme dans le cas de l’article la, les formes du fém. s’élident devant un mot

commençant par une voyelle : par ma ame > par m’ame (=frm ‘par mon âme’) t’arme (=

ta arme), s’amie (= sa amie)…

Comment expliquer, au sing., le passage de la forme féminine du possessif à celle

du masc. que l’on observe en frm ?

afr m’ame > frm mon ame ; t’amie > ton amie etc…

L’analogie s’est opérée sur les autres prédéterminants qui, devant les mots

commençant par une voyelle donnent, à l’oral, l’impression qu’il y a une forme

unique au masc. et au fém. :

l’ami, l’amie ;

cet ami, cette amie [à l’oral : cet ami, cet’amie],

et en afr cel ami, cele amie [à l’oral : cel ami, cel’amie…].

D’où : son ami, son amie, qui instaure le même parallélisme que celui qu’on

observe pour les autres déterminants à l’oral, et repose sur une logique de

système à l’intérieur de cette classe.

En revanche la forme féminine ma, ta, sa s’est maintenue devant un mot

commençant par cs : sa fille.

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

2. L’adjectif possessif (formes toniques pouvant s’associer avec l’article défini,

indéfini ou démonstratif)
Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Masculin Féminin

1e pers. CS miens meie, moie mien meies, moies

(mens AN) (meie AN, (men AN) (meies AN, mieues,

mieue, miue miues pic.)

pic.)

CR mien meie, moie miens meies, moies

(men AN) (meie AN, (mens AN) (meies AN, mieues,


mieue, miue miues pic.)

pic.)

2e pers. CS tuens toe, toue, teue tuen toes, toues, teues

(tuns AN, toens (tue AN, tieue, (tun AN, (tues AN,
Ouest) tiue pic.) toen Ouest) tieues, tiues pic.)

CR tuen toe, toue, teue tuens toes, toues, teues

(tun AN, (tue AN, tieue, (tuns AN, toens (tues AN,

toen Ouest) tiue pic.) Ouest) tieues, tiues pic.)

3e pers. CS suens soe, soue, seue suen soes, soues, seues


(suns AN, soens (sue AN, sieue, (sun AN, (sues AN,

Ouest) siue pic.) soen Ouest) sieues, siues pic.)

CR suen soe, soue, seue suens soes, soues, seues

(sun AN, soen (sue AN, sieue, (suns AN, soens (sues AN, sieues,

Ouest) siue pic.) Ouest) siues pic.)


4e pers. CS

CR

5e pers. CS Formes identiques à celles du

CR tableau des déterminants possessifs

6e pers. CS

CR

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avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

LE DÉMONSTRATIF
Bazin-Tacchella : pp. 57-66 ; Joly : pp. 76-82 ; Moignet : pp. 42-44, 150-155 ; Raynaud de Lage : pp. 52-

62 ; Hélix, fiche 41

® Objectif : identifier le cas, le genre et le nombre d’un déterminant ou d’un

pronom démonstratif au sein de la phrase ; décliner un déterminant ou un pronom

démonstratif ; distinguer les démonstratifs de proximité des démonstratifs

d’éloignement ; identifier les formes archaïques et dialectales.

1. Le démonstratif de proximité (i)cist < latin *ecce-iste

Ce démonstratif, qui peut être employé comme déterminant ou comme pronom, est

qualifié « de proximité » car il concerne ce qui appartient à l’univers du locuteur et

de l’allocuteur. Il peut avoir une fonction déictique (il situe les êtres et les objets dans

l’espace, désignant dès lors ce qui est à proximité de la personne qui parle ou de son

interlocuteur) ou une fonction de rappel.

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS (i)cist (i)ceste (i)cest (i)cist (i)cestes

((i)chis pic.)

CR atone (i)cest (i)ceste (i)cest (i)cez, (i)ces (i)cestes

CR (i)cestui (i)cesti (i)cez, (i)ces (i)cestes

tonique*

* Le CR atone est davantage perçu comme le régime universel du déterminant

démonstratif et le CR tonique comme celui du pronom démonstratif.

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

2. Le démonstratif d’éloignement (i)cil < latin *ecce-ille

Ce démonstratif, qui peut être employé comme déterminant ou comme pronom, est

qualifié « d’éloignement » car il concerne ce que le locuteur considère comme étant

hors de l’univers de l’interlocution, et notamment ce qui appartient à la personne non

présente, la personne troisième, objectivée. Il peut avoir une fonction déictique (il

situe les êtres et les objets dans l’espace, désignant dès lors ce qui est à une certaine

distance du locuteur et de son interlocuteur) ou de rappel.

Nombre Singulier Pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre*1 Masculin Féminin

CS (i)cil, cis, (i)cele (i)cel, (i)ce (i)cil (i)celes

cieus, cius

((i)chils,

(i)chis,

(i)chieus,

(i)chius pic.)

CR atone (i)cel (i)cele, (i)cel, (i)ce (i)cels, (i)celes

(i)ceus

((i)chiaus

pic.)

CR (i)celui*2 (i)celi*2 (i)cels, (i)celes

tonique (i)ceus

((i)chiaus

pic.)

*1Les formes neutres cest et cel sont rares en dehors du domaine anglo-normand. Les

formes usuelles sont iço (forme archaïque) et ice (forme classique) : (i)che, (i)chou

(picard), (i)ceu (Est), (i)ceo (anglo-normand), cen (Ouest).

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

*2La confusion entre les formes cestui et cesti, celui et celi est fréquente.

[Remarque] : lorsque le démonstratif fonctionne comme déterminant, deux formes

viennent s’ajouter à celles du tableau: (i)ce au CR atone masculin singulier et (i)ces ou

(i)cez aux CR atones masculin et féminin pluriels, ainsi qu’au CS féminin pluriel.

ÉVOLUTION DU SYSTÈME DES DÉMONSTRATIFS :

1) En afr, l’opposition entre les formes de cil (ecce+ ille), et celles de cist (ecce+
iste) est d’abord d’ordre sémantique (proximité vs éloignement), comme c’était le
cas en latin entre iste et ille. Les formes des deux séries pouvaient occuper les places
de prédéterminant et de pronom.

2) Progressivement, cette opposition sémantique va s’estomper au profit d’une


distribution des formes selon leur emploi morpho-syntaxique
(déterminant/pronom), et en frm, l’opposition est devenue d’ordre grammatical
(mais cette évolution s’observe dès le mfr) : les produits de (ecce) iste > cist (>ce, cet,
cette, ces) ne sont désormais plus que des formes de déterminants ; les formes
issues de (ecce) ille > cil, cele etc (celui, celle, ceux) ne se trouvent plus qu’en emploi
pronominal.

3) L’opposition sémantique originelle peut être réintroduite par l’utilisation


d’adverbes compensatoires : cette femme-ci, cet homme-là ; celui-ci, celui-là…

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

LE PRONOM PERSONNEL
Bazin-Tacchella : pp. 67-75 ; Joly : pp. 56-64 ; Moignet : pp. 36-39, 126-150 ;

Raynaud de Lage : pp. 71-88

® Objectif : identifier la personne et le cas d’un pronom personnel ; décliner les

pronoms personnels ; justifier le cas d’un pronom personnel par l’identification de sa

fonction au sein de la phrase ; distinguer les pronoms atones des pronoms

toniques ; analyser et expliquer l’ordre des pronoms au sein de la phrase ; identifier

et décrire les formes contractées du pronom personnel ; identifier les formes

archaïques ou dialectales.

1. Personnes 1, 2, 4, 5, 6

Les pronoms personnels se déclinent selon des formes faibles (atones) et des formes

fortes (toniques). Les formes atones n’ont aucune autonomie : elles doivent faire

corps avec le verbe, qu’elles précèdent ou suivent directement, et ne peuvent donc

pas apparaitre en tête de proposition ou être régies par une préposition. Les formes

toniques permettent quant à elles de mettre le pronom en relief. Cette distinction

vaut également pour les pronoms personnels de la troisième personne.

Nombre Singulier Pluriel

Personne 1e pers. 2e pers. 3e pers. 1e pers. 2e pers.

CS je tu nos, nous vos, vous

(jo, jou (te pic.) (nus AN, (vus AN,

pic., Est) Est)

ju wall.,

jo, jeo AN,

gé, gié)

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

CR tonique mei, moi tei, toi sei, soi nos, nous vos, vous

(mi pic.) (ti pic.) (si pic.) (nus AN, (vus AN,

Est) Est)

atone me te se nos, nous vos, vous

(nus AN, (vus AN,

Est) Est)

2. Personne 3

Personne Troisième personne du singulier Troisième personne du

pluriel

Genre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

CS il, i ele il il, i eles

(ilh wall.) (el Ouest) (el Ouest) (ilh wall.) (els, eus

Ouest)

CR tonique lui li els, eus eles

(lei Est, ((e)aus, iaus (els, eus

lié Ouest) Nord, Est, Ouest)

Centre)

CR atone lo, le la lo, le les les

direct (lu AN, (le pic.) (lu AN,

lou Est) lou Est)

CR atone li li lor, leur* lor, leur*

indirect (lur AN, (lur AN,

lour Est) lour Est)

*Dans l’Est et le Centre-Est, cette forme atone est fréquemment employée en position

tonique derrière une préposition.

28
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

[SYNTAXE]
1) Le sujet pronominal est fréquemment omis dans la phrase en ancien français (Bazin-
Tacchella : p. 71 ; Ménard : pp. 38-39 ; Moignet : p. 128 ; Raynaud de Lage : p. 75).

2) Lorsque deux pronoms conjoints se rapportent au même verbe, l’ordre de ces pronoms
dans la phrase en ancien français est toujours le suivant : complément d’objet direct –

complément d’objet indirect : ces armes, qui les te bailla ?/ Le rois, fet il, les me donna (Conte du
Graal, vv. 1373-1374). On notera que l’ordre est inverse en français moderne, mais

seulement lorsque l’objet indirect est un pronom de la 1re ou de la 2e pers. (du sg ou du

pl.) ; en revanche, avec la 3e pers., l’ordre ancien se conserve. Comparer : il me

(te/nous/vous) les donna et il les lui donna. (Bazin-Tacchella : pp. 71- 73 ; Ménard : pp. 36-37 ;
Raynaud de Lage : p. 81).

3) L’usage de la préposition demande la forme tonique du pronom.


4) En ancien français, la phrase ne peut jamais commencer par un élément atone. Dans les
phrases interrogatives, dans les phrases impératives, ainsi que dans les phrases

énonciatives où il y a ellipse ou inversion du sujet, le pronom complément est placé après

le verbe : Dis me tu verité ? (‘Me dis-tu vrai ?’, Orson de Beauvais, v. 1885) ; Diseient li : « Sire,

rendez le nus » (‘Ils lui disaient’ : « Seigneur, rendez-le nous », Ch. de Roland, v. 2560) ; Ot le

Guillelmes (‘Guillaume l’entend’, Couronnement de Louis, v. 1403).

5) En ancien français, le pronom sujet peut être exprimé dans des constructions verbales à
l’impératif : Ne doutez vous ja ces garçons (Roman de Thèbes, v. 4875) (Moignet : p. 213).

6) Notez la structure pronom + verbe + infinitif, de règle en ancien français : Nus ne le puet
conforter (‘Personne ne peut le réconforter’, Aucassin, VII, 4) : « Quand le pronom est cplt

[— ou comme ici, sujet —] d’un infinitif qui dépend lui-même d’un verbe à un mode

personnel, l’ancienne langue considère les deux verbes comme un ensemble et place le
pronom en tête du groupe » (Ménard, §41 rq). Cette structure régulière de l’afr qui amène l’
antéposition du promom devant le verbe introduisant l’infinitif est extrêmement très fréquente
dans les textes. Elle vaut aussi pour les adverbes pronominaux en et y : ex : se Renart i puet main
tandre)

29
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

Par un phénomène d’enclise, le pronom personnel peut présenter des formes

contractées qui résultent de la soudure du pronom personnel le ou les et du

monosyllabe qui le précède :

® je + le > jel ® qui, ki + le > quil, kil

® je + les > jes ® qui + les > quis

® tu + le > tel ® se + le > sel

® ne + le > nel, nul, no, nou, nu ® se + les > ses

® ne + les > nes ® si + le > sil

® que + le > quel ® si + les > sis

® que + les > ques

À lire…

Le pronom « on » ; les pronoms interrogatifs-relatifs ; les pronoms indéfinis ; les adverbes


pronominaux « en » et « i »
Moignet : pp. 39, 44-49, 147-150, 155-173 ; Raynaud de Lage : pp. 88-113

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

LE SYSTÈME VERBAL
Bazin-Tacchella, pp. 77-107 ; Joly : pp. 97-212 ; Moignet, pp. 52-82, 126-150 ; Raynaud de Lage, pp. 114-

152

® Objectif : identifier la personne, le mode et le temps d’un verbe ; identifier la

valeur du temps au sein de la phrase ; distinguer les types forts des types faibles

pour les formes verbales au passé simple.

1. Indications liminaires

• Dans l’analyse d’une forme verbale, il faut distinguer la base (radical, élément

lexical propre à chaque verbe) des morphèmes verbaux, qui peuvent être de

plusieurs types : morphèmes de classe (qui distinguent les différents types de

conjugaison) ; morphèmes caractéristiques de certains temps (–r pour le futur

et le conditionnel, –s pour le subjonctif imparfait) ; morphèmes de personne

(désinence verbale).

• Dans la morphologie verbale de l’ancien français, il faut également distinguer

les verbes à une base des verbes à deux bases ou alternance radicale, et des

verbes à trois bases. Une alternance vocalique ou syllabique peut en effet

apparaitre entre les formes fortes du radical (quand celui-ci porte l’accent

tonique) et ses formes faibles (quand l’accent tonique porte sur un autre

morphème). Ces alternances radicales sont donc liées à la place de l’accent

dans les étymons latins et à l’évolution phonétique.

® Verbes sans alternance radicale : chanter, conoistre, dire, dormir, metre,

mordre, naistre, ocire, oïr, partir, rire, rompre, sembler, sentir, sortir, vendre,

vestir, etc.

® Verbes à alternance vocalique due à une diphtongaison de la voyelle

tonique : é/ a : il léve, nous lavóns ; ié/ é : il fiért, nous feróns ; ói/ e : il bóit,

nous bevóns ; í/ oi : il príe, nous proións ; úe/ o : il múert, nous moróns ; óu, éu/
31
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

o : il plóure, nous ploróns ; úi/ oi : il enúie, nous enoións ; áim, áin/ am, an : il

áime, nous amóns ; ién/ en : il tiént, nous tenóns ; éin/ en : il méine, nous

menóns.

® Verbes à alternance vocalique due à un affaiblissement de la voyelle

prétonique : á/ e : il acháte, nous achetóns ; ó/ e : il coróce, nous coreçóns.

® Verbes à alternance vocalique due à une syncope de la voyelle

prétonique : ó/ Ø : il paróle, nous parlóns ; ú/ Ø : il aiúe, nous aidóns.

Des processus de lissage ont eu lieu au cours de l’histoire.

— Tantôt, l’ensemble du paradigme est refait sur les formes accentuées (crois,

creons—> crois, croyons etc) ;

— tantôt, l’analogie s’est opérée sur les formes faibles (parole, parlons —> parle,

parlons ; manducare : manjue, manjues… manjons —> manje, … manjons) ;

— mais l’alternance vocalique peut aussi s’être maintenue, d’où les nombreux verbes

« irréguliers » du frm : tient/tenons ; vient/venons ; lève/levons ; vaut/ valons ; meurt (afr

muert)/ mourons ; et même alternance triple : peux-puis/ pouvons etc

Cf. Moignet pp. 52-53

2. L’infinitif

En ancien français, il existe quatre types d’infinitif (trois dits « faibles » et un dit

« fort »), appartenant à trois groupes différents :

• 1er groupe : aimer, changier, chanter, durer, etc.

® infinitifs en –er, –ier < –are latin.

• 2e groupe : choisir, fenir, partir, etc.

® infinitifs en –ir (participe passé en –issant) < –īre latin (verbes gagnés par

l’infixe –iss).

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

• 3e groupe : boivre, clore, faire, manoir, metre, movoir, plaindre, pooir, rire, tenir,

venir, veoir, voloir, etc.

® infinitifs en –ir (participle passé en –ant) < –īre latin (verbes non gagnés par

l’infixe –iss).

® infinitifs en –eir, –oir < –ēre latin non précédé d’un phonème palatal ou

palatalisé.

® infinitifs en –re < –ӗre latin.

3. L’indicatif présent

• 1er groupe :

® change ; changes ; change(t) ; chanjons ; changiez/-ies ; changent

® dur ; dures ; dure(t) ; durons ; durez/-es ; durent

• 2e groupe :

® fenis ; fenis ; fenist ; fenissons ; fenissez/-iez/-es/-ies ; fenissent

• 3e groupe :

® dorm ; dors ; dort ; dormons ; dormez/-es ; dorment

® muef ; mues ; muet ; movons ; movez/-es ; muevent

® offre ; offres ; offre(t) ; offrons ; offrez/-es ; offrent

® ri ; ris ; rit ; rions ; riez/-es ; rient

® voi ; vois ; voit ; veons ; veez/-es ; voient

4. L’impératif présent

• 1er groupe :

® change ; chanjons ; changiez/-ies

® dure ; durons ; durez/-es

• 2e groupe :

® fenis ; fenissons ; fenissez/-iez/-es/-ies

33
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

• 3e groupe :

® dorm ; dormons ; dormez/-es

® muef, movons, movez/-es

® offre ; offrons ; offrez/-es

® ri ; rions ; riez/-es

® voi ; veons ; veez/-es

5. Le subjonctif présent

• 1er groupe :

® change ; changes ; change(t) ; chanjons ; changiez/-ies ; changent

® dur ; durs ; durt ; durons ; durez/-es ; durent

• 2e groupe :

® fenisse ; fenisses ; fenisse(t) ; fenissons/-iens ; fenissiez/-ies ; fenissent

• 3e groupe :

® dorme ; dormes ; dorme(t) ; dormons ; dormez/-es ; dorment

® mueve ; mueves ; mueve(t) ; movons ; movez/-es ; muevent

® offre ; offres ; offre(t) ; offrons ; offrez/-es ; offrent

® rie ; ries ; rie(t) ; riiens/-ions ; riiez/-ies ; rient

® voie ; voies ; voie(t) ; voiiens/-ions ; voiiez/-ies ; voient

6. L’indicatif imparfait

• 1er groupe :

® dureie/-oie ; dureies/-oies ; dureit/-oit ; duriiens/-iions ; duriiez/-iies ;

dureient/-oient

• 2e groupe :

® fenisseie/-oie ; fenisseies/-oies ; fenisseit/-oit ; fenissiiens/-iions ; fenissiiez/

-iies ; fenisseient/-oient

• 3e groupe :

® veeie/-oie ; veeies/-oies ; veeit/-oit ; veiiens/-iions ; veiiez/-iies ; veeient/-oient

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7. L’indicatif futur (1) et la forme du conditionnel présent (ou futur

hypothétique) en –roie (2)

• 1er groupe :

® (1) durerai ; dureras ; durera ; durerons ; durereiz/-oiz/-ez; dureront

(2) dureroie ; dureroies ; dureroit ; dureriiens/-iions ; dureriiez/-iies ;

dureroient

• 2e groupe :

® (1) fenirai ; feniras ; fenira ; fenirons ; fenireiz/-oiz/-ez ; feniront

(2) feniroie ; feniroies ; feniroit ; feniriiens/-iions ; feniriiez/-iies ; feniroient

• 3e groupe :

® (1) bevrai ; bevras ; bevra ; bevrons ; bevreiz/-oiz/-ez ; bevront

(2) bevroie ; bevroies ; bevroit ; bevriiens/-iions ; bevriiez/-iies ; bevroient

® (1) dormirai ; dormiras ; dormira ; dormirons ; dormireiz/-oiz/-es ;

dormiront

(2) dormiroie ; dormiroies ; dormiroit ; dormiriiens/-iions ; dormiriiez/

-iies ; dormiroient

® (1) morrai ; morras ; morra ; morrons ; morreiz/-oiz/-es ; morront

(2) morroie ; morroies ; morroit ; morriiens/-iions ; morriiez/

-iies ; morroient

® (1) movrai ; movras ; movra ; movrons ; movreiz/-oiz/-ez ; movront

(2) movroie ; movroies ; movroit ; movriiens/-iions ; movriiez/

-iies ; movroient

® (1) offrerai ; offreras ; offrera ; offrerons ; offrereiz/-oiz/-ez ; offreront

(2) offreroie ; offreroies ; offreroit ; offreriiens/-iions ; offreriiez/-iies ;

offreroient

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8. Le passé simple/ prétérit défini

I. Les passés simples de type faible

Une forme verbale est dite « faible » lorsque l’accent, fixe, porte sur une voyelle qui

suit le radical. En effet, la base des passés simples de type faible étant

systématiquement atone, ils sont accentués à toutes les personnes sur la désinence

(Joly : p. 174). Parmi ces formes faibles, il existe plusieurs types :

a) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –a (< parfaits latins

en –ávi)

Latin classique => Latin postclassique6 => Ancien français


cantavi cantái chantái
cantavisti cantásti chantás
cantavit cantáuet > cantáut chantá
cantavimus cantámos chantámes
cantavistis cantástes chantástes
cantaverunt cantáront chantérent

Exemples :

chanjai ; chanjas ; chanja ; chanjames ; chanjastes ; changierent

cuidai ; cuidas ; cuida ; cuidames ; cuidastes ; cuidierent

donai ; donas ; dona ; donames ; donastes ; donerent

Quels sont les verbes concernés ? Ce type est celui de la quasi-totalité des verbes en

–er, –ier du 1er groupe, sauf ester et arester (cf. types forts en –u).

6Lorsque cela est plus éclairant, nous passons par des formes reconstruites du latin postclassique ou
du latin tardif.
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b) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –i (< parfaits latins

en –ívi et –dedi)

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


finivi fin-í fení*
finivisti fin-ísti fenís
finivit fin-ít fení(t)
finivimus fin-ímmos fenímes
finivistis fin-ístes fenístes
finiverunt fin-íront fenírent
*Le passage du [i] initial à [e] central s’explique par un phénomène de dissimilation

par rapport à la voyelle accentuée.

Exemples :

dormi ; dormis ; dormi(t) ; dormimes ; dormistes ; dormirent

parti ; partis ; parti(t) ; partimes ; partistes ; partirent

Quels sont les verbes concernés ? Ce type est celui de la plupart des verbes en –ir du

2e groupe, parmi lesquels essentiellement ceux qui présentent un suffixe en –iss- ; il se

rencontre également pour quelques verbes du 3e groupe en –oir (cheoir, …) et en –re

(batre, defendre, descendre, perdre, rompre, tendre, …), à l’exception de gesir, loisir, nuisir,

plaisir, taisir (cf. types forts en –u), tenir et venir (cf. types forts en –i) et morir (cf. types

forts en –ui).

Notons que parmi ces formes, certaines présentent une alternance –i/–ié. C’est le cas

de verbes en –re (batre, naistre, rompre, vivre, etc.), à l’exception de prendre et des

verbes signalés comme appartenant au type fort en –s.

Exemples :

perdi ; perdis ; perdie(t) ; perdimes ; perdistes ; perdierent

tendi ; tendis ; tendie(t) ; tendimes ; tendistes ; tendierent


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avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

c) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –u (< parfaits forts

latins en –ui)

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


parui par-úi parúi
paruisti par-ústi parús
paruit par-úet parú
paruimus par-úmos parúmes
paruistis par-ústes parústes
paruerunt par-úeront parúrent

Quels sont les verbes concernés ? Ce type, peu représenté, se rencontre dans

quelques verbes en –ir (corir, morir, …), en –oir (chaloir, doloir, paroir, valoir, …) et en

–re (corre, criembre, moldre, …).

II. Les passés simples de type fort — Caractéristiques

Les passés simples de type fort sont caractérisés par un accent mobile. Celui-ci se

place, selon les personnes, tantôt sur le radical du verbe, tantôt sur la désinence. Ces

passés simples présentent donc une alternance de deux bases toujours accentuées :

ð Si l’accent est placé sur le radical de la forme verbale latine, cela aboutira en

ancien français à une forme brève et forte, accentuée sur le radical (1ere, 3e et 6e

personnes).

ð Si l’accent est placé sur la désinence de la forme verbale latine, cela aboutira en

ancien français à une forme longue et faible, accentuée sur la voyelle

thématique de la désinence (2e, 4e et 5e personnes).

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

III. Les passés simples de type fort

§ Type en –i

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


vidi víd-i ví
vidisti ved-ísti* veïs7
vidit víd-et vít
vidimus ved-ímos veïmes
vidistis ved-ístes veïstes
viderunt víd-eront vírent
*Le passage de [i] initial à [e] central s’explique par un phénomène de dissimilation

par rapport à la voyelle accentuée.

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


veni vín-i* vín
venisti ven-ísti venís
venit vín-et vínt
venimus ven-ímos venímes
venistis ven-ístes venístes
venerunt vín-eront víndrent
*Le [e] accentué, suivi d’un [i] final, est lui-même passé à [i] : ce phénomène s’est

observé dans le radical de quelques parfaits au sein desquels le [e] initial était en

position libre (BOURCIEZ, Phonétique française, § 55).

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


teni tín-i* tín
tenisti ten-ísti tenís
tenit tín-et tínt
tenimus ten-ímos tenímes
tenistis ten-ístes tenístes
tenerunt tín-eront tíndrent
*Explication identique à celle du tableau de la forme venir.

7Les lettres surplombées d’un tréma correspondent aux voyelles accentuées. Cette remarque est
valable pour tous les tableaux où ce type de cas se présente.
39
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

Quels sont les verbes concernés ? Ce type, peu fréquent, apparait essentiellement

dans les verbes tenir, venir, veoir, voloir et leurs éventuels dérivés.

§ Type en –s, accentué sur une voyelle thématique en –i (< parfaits latins à

base sigmatique° en –s/–x (ex. : presi ; dixi) ou en [k] (ex. : feci))

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


feci fídz-i* fís
fecisti fedz-ísti fesís (feïs)
fecit fídz-et físt
fecimus fedz-ímos fesímes (feïmes)
fecistis fedz-ístes fesístes (feïstes)
fecerunt fídz-eront fírent
*Explication identique à celle du tableau de la forme venir.

Latin classique => Latin tardif => Ancien français


presi prís-i* prís
presisti pres-ísti presís (preïs)
presit prís-et príst
presimus pres-ímos presímes (preïmes)
presistis pres-ístes presístes (preïstes)
preserunt prís-eront prísdrent, prístrent
*Explication identique à celle du tableau de la forme venir.

Exemples :

clos ; closis ; clost ; closimes ; closistes ; closdrent/clostrent/clorent

dis ; desis ; dist ; desimes ; desistes ; distrent

mes ; masis ; mest ; masimes ; masistes ; mesdrent/mestrent

mis ; mesis/meïs ; mist ; mesimes (meïmes) ; mesistes (meïstes) ; misdrent/mistrent/mirent

ocis ; ocesis ; ocist ; ocesimes ; ocesistes ; ocistrent

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

Quels sont les verbes concernés ? Ce type se rencontre dans de nombreux verbes qui

remontent généralement à des parfaits latins sigmatiques en –si (dire, faire, manoir,

mettre, ocire, plaindre, querre, rire, seoir, traire) et leurs éventuels dérivés.

c) Les passés simples forts accentués sur une voyelle thématique en –u

§ Type présentant une alternance entre des formes à base en –o et des formes à

base en –eü (< parfaits forts latins en –ui avec base en –a (ex. : habui) ou en –o

(ex. : potui)

hábu-i > ói* pótu-i > pói


habu-ísti > oüs/ eüs*2 potu-ísti > poüs/ peüs
hábu-it > ót pótu-it > pót
habu-ímus > oümes/ eümes potu-ímus > poümes/ peümes
habu-ístis > oüstes/ eüstes potu-ístis > poüstes/ peüstes
hábu-erunt > órent pótu-erunt > pórent

sápu-i > sói plácu-i > plói


sapu-ísti > soüs/ seüs placu-ísti > ploüs/ pleüs
sápu-it > sót plácu-it > plót
sapu-ímus > soümes/ seümes placu-ímus > ploümes/ pleümes
sapu-ístis > soüstes/ seüstes placu-ístis > ploüstes/ pleüstes
sápu-erunt > sórent plácu-erunt > plórent

*Pour les verbes présentés, le [u] va progressivement se fermer en la semi-consonne

[w] qui va engendrer une labialisation du [a] initial en [o] (Joly : p. 152).

*2 Pour les verbes présentés, ce même [w], issu de la fermeture du [u], va également

labialiser le [i] accentué en [u] aux personnes 2, 4 et 5 (Joly : p. 152).

Quels sont les verbes concernés ? Les principaux verbes de ce type sont présentés

dans le tableau. On peut ajouter à cette liste les verbes paistre, plaisir, taire, …

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

§ Type qui présente une alternance entre des formes à base en –u et des formes à

base en –eü (< parfaits forts latins en –ui à base en –e (ex. : debui), –a (ex. : jacui),

–i (ex. :*bibui) ou –o (ex. : *movui).

débu-i > díbu-i > dúi* recípu-i > reçúi


debu-ísti > deüs*2 recipu-ísti > receüs
débu-it > díbu-it > dút recípu-it > reçút
debu-ímus > deümes recipu-ímus > receümes
debu-ístis > deüstes recipu-ístis > receüstes
débu-erunt > díbu-erunt > dúrent recipu-érunt > reçúrent

* Pour les verbes présentés, le [w] issu de la fermeture du [u] va labialiser le [i] initial

en [u] aux personnes 1, 3 et 6 (Joly : p. 152).

*2 Pour les verbes présentés, ce même [w] va labialiser le [i] accentué en [u] aux

personnes 2, 4 et 5 (Joly : p. 152).

Quels sont les verbes concernés ? Les principaux verbes de ce type sont boire,

connoistre, croire, devoir, ester, estovoir, gesir, lire, movoir, reçoivre, …

9. Subjonctif imparfait (types en –asse, –isse, –usse)

Le subjonctif imparfait présente trois types de flexion :

• Type en –asse : verbes du 1er groupe à passé faible en –ai

® amasse ; amasses ; amast ; amissons/-ssiens ; amisseiz/-ssoiz/-ssez ;

amassent

• Type en –isse : verbes à passé faible en –i (1) et verbes à passé fort en –i (2) et

en –s (3)

® (1) partisse ; partisses ; partist ; partissons/-ssiens ; partisseiz/-ssoiz/-ssez ;

partissent

® (2) veïsse ; veïsses ; veïst ; veïssons/-ssiens ; veïsseiz/-ssoiz/-ssez ; veïssent


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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

® (3) fesisse/feïsse ; fesisses/feïsses ; fesist/feïst ; fesissons/-ssiens/ feïssons/

-ssiens ; fesisseiz/-ssoiz/-ssez/ feïsseiz/-ssoiz/-ssez ; fesissent/feïssent

® (3) plainsisse ; plainsisses ; plainsist ; plainsissons/-ssiens ; plainsisseiz/

-ssoiz/-ssez ; plainsissent

• Type en –usse (flexion analogique à celle du verbe estre) : verbes à passé faible

en –ui (1) et verbes à passé fort en –u (2)

® fusse ; fusses ; fust ; fussons/-ssiens ; fusseiz/-ssoiz/-ssez ; fussent

® (1) parusse ; parusses ; parust ; parussons/-ssiens ; parusseiz/-ssoiz/-ssez ;

parussent

® (2) coneüsse ; coneüsses ; coneüst ; coneüssons/-ssiens ; coneüsseiz/-ssoiz/

-ssez ; coneüssent

® (2) eüsse ; eüsses ; eüssons/-ssiens ; eüsseiz/-ssoiz/-ssez ; eüssent

10. Le verbe avoir

® Indicatif présent : ai ; as ; a ; avons ; avez ; ont

® Subjonctif présent : aie ; aies ; ait ; aiiens (aions) ; aiiez (aiez) ; aient

® Impératif présent : aie(s) ; aiiens (aions) ; aiiez (aiez)

® Indicatif imparfait : avoie ; avoies ; avoit ; aviiens (avïons) ; aviiez (avïez) ;

avoient

® Futur : avrai ; avras ; avra ; avrons ; avrez ; avront

® Futur hypothétique/conditionnel présent : avroie ; avroies ; avroit ;

avriiens (avrïons) ; avriiez (avrïez) ; avroient

® Prétérit défini/passé simple : oi ; eüs ; ot (out) ; eümes ; eüstes ; orent

(ourent)

® Subjonctif imparfait : eüsse ; eüsses ; eüst ; eüssons (eüssiens) ; eüssez

(eüssiez) ; eüssent

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

® Participe présent : aiant

® Participe passé : eüz

11. Le verbe estre

® Indicatif présent : sui ; es (ies) ; est ; somes ; estes ; sont

® Subjonctif présent : soie ; soies ; soit ; soiiens (soions) ; soiiez (soiez) ; soient

® Impératif présent : soies ; soiiens (soions) ; soiiez (soiez)

® Indicatif imparfait :

(1) ere ; eres ; ere (ert) ; eriiens ; erïez ; erent

(2) iere ; ieres ; iere (iert) ; eriiens ; erïez ; ierent

(3) estoie ; estoies ; estoit ; estiiens (estïons) ; estiiez (estïez) ; estoient

® Futur :

(1) er ; ers ; ert ; [ermes; peu usité] ; // ; erent

(2) ier ; iers ; iert ; [iermes]; // ; ierent

(3) serai ; seras ; sera ; serons ; serez ; seront

(4) esterai/ estrai, esteras/estras, estera/estra, esterons/estrons,

esterez/estrez, esteront/estront

® Futur hypothétique/conditionnel présent : seroie ; seroies ; seroit ; seriiens

(serïons) ; seriiez (serïez) ; seroient

® Prétérit défini/passé simple : fui ; fus ; fu ; fumes ; fustes ; furent

® Subjonctif imparfait : fusse ; fusses ; fust ; fussons ; fussez (fussiez) ;

fussent

® Participe présent : estant

® Participe passé : esté

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

À lire…

Le verbe : la voix et l’aspect


Moignet : pp. 182-194 ; Raynaud de Lage : pp. 153-162

Les fonctions de l’infinitif


Bazin-Tacchella : pp. 109-110 ; Joly : pp. 339-358 ; Ménard : pp. 70-74 ; Moignet : pp.
194-201 ; Raynaud de Lage : pp. 162-168

Le participe passé
Joly : pp. 208-212 ; Ménard : pp. 77-79 ; Moignet : pp.204-207 ; Raynaud de Lage : pp.
135-136

Les formes en –ant (participe présent et gérondif)


Joly : pp. 206-208, pp. 359-366 ; Ménard : pp. 74-77

La valeur et les emplois des temps


Bazin-Tacchella : pp. 111-120 ; Joly : pp. 367-403 ; Ménard : pp. 62-70 ; Moignet : pp.
252-261 ; Raynaud de Lage : pp. 173-186

Conjugaison des verbes les plus usuels


Moignet : pp. 80-82 ; Raynaud de Lage : pp. 137-152

Les altérations de la consonne finale du radical


Raynaud de Lage : pp. 121-122

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

LA PHRASE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE SYNTAXE

1. Le système bicasuel (Joly : pp. 225-240 ; Ménard : pp. 13-16 ; Moignet : pp. 87-99)

® Objectif : justifier le cas d’un élément dans la phrase.

• L’ancien français est une langue flexionnelle qui se caractérise par un système

bicasuel. Il existe en effet deux cas morphologiques – le cas sujet et le cas

régime – qui correspondent chacun à plusieurs fonctions.

• Généralement, le cas sujet recouvre les fonctions suivantes : sujet grammatical

du verbe au mode personnel ; sujet réel du verbe au mode impersonnel (sauf

s’il s’agit du verbe avoir, pour lequel le cas régime est employé) ; apposition au

sujet ; attribut du sujet ; apostrophe (dès la seconde moitié du XIIe siècle, le cas

régime sera utilisé pour cette fonction, surtout lorsqu’il s’agit de noms

propres) ; etc.

• Généralement, le cas régime recouvre les fonctions suivantes : complément

d’objet direct ou indirect du verbe transitif ; complément circonstanciel ;

complément suivant une particule présentative (voi ci, vez ci, ez, ez vos, etc.) ;

apposition à l’objet ; attribut de l’objet ; complément du nom (ou déterminatif)

à valeur d’appartenance ; prédicat de la phrase nominale ; complément

introduit par une préposition ; etc.

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

2. L’ordre des mots dans la phrase (Bazin-Tacchella : pp. 132-137 ; Moignet : pp. 343-368 ;
Raynaud de Lage : pp. 232-236)

® Objectif : identifier, comprendre et justifier la place des éléments au sein de la

phrase.

• La phrase en ancien français s’ouvre obligatoirement par un élément tonique

(adjectif, substantif, forme forte d’un pronom, verbe, adverbe). En tête de

proposition, un élément atone (par exemple, la forme faible d’un pronom) sera

nécessairement précédé d’un adverbe ou d’une particule tonique.

• Si la phrase débute par un complément (direct, indirect, circonstanciel) ou un

adverbe, il y a nécessairement postposition du sujet derrière le verbe (à

l’exception des adverbes certes, neporquant, ne portant, neporec).

• Le verbe occupe fréquemment une place centrale : Li espreviers vaut un tresor (Le

Bel Inconnu, v. 1588). Toutefois, il existe également, d’une part, des séquences à

verbe initial : [V + S] : Si est dires de cest castiel (Le Bel Inconnu, v. 1581) ;

[V + C] : Illuec ont asis l’esprevier (Le Bel Inconnu, v. 1585) ; [V + C + S] : Ot le li

rois, le sens cuide changier (Le Charroi de Nîmes, v. 102) ; d’autre part, des

séquences à verbe final : [S + C + V] : Uns vallés son escu li tent (Le Bel Inconnu,

v. 2068) ; [C + S + V ] : N’i a celui cui il n’anuit (Le vair palefroi, v. 1260).

3. La construction du complément déterminatif (Bazin-Tacchela : pp. 47-48 ; Joly : pp.


234-240 ; Ménard : pp. 15-16 ; Moignet : pp. 306-307 ; Raynaud de Lage : pp. 30-32)

® Objectif : identifier et expliquer les différentes constructions du complément

déterminatif (ou complément du nom).

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

En ancien français, il existe trois manières différentes d’exprimer le complément du

nom à valeur d’appartenance, de parenté, de possession ou de dépendance :

a) la construction directe (sans préposition) ou cas régime absolu : le

commandement le roy

Ce type de construction réclame du déterminant :

® qu’il réfère à un être humain de rang social élevé (empereur, roi, prince), à

Dieu ou à ses saints ;

® qu’il soit au singulier ;

® qu’il soit déterminé (nom propre ou nom commun précédé de l’article

défini ou du possessif).

N.B. En français archaïque, dans cette construction directe, le déterminant

peut précéder le déterminé : li Deo inimi, li Deo menestier (‘les ennemis de

Dieu ; le service de Dieu’, Eulalie, v. 3 et 10). Cet ordre déterminant/déterminé

subsistera dans des locutions figées (la Dieu merci, la pais Dieu) ou avec certains

pronoms (l’autrui doleur, ‘la douleur d’autrui’, le roi de France, cui cusin ere

(‘dont/de qui il était cousin’, Villehardouin). L’ordre usuel présente cependant

le déterminé suivi du déterminant.

Si une de ces trois conditions n’est pas remplies (référent marquant une situation

sociale peu prestigieuse ou déterminant indéterminé ou pluriel, déterminant

inanimé), deux autres constructions doivent être envisagées :

b) la construction prépositionnelle avec a : les chevaus a nos gens ; Fiz sont a contes

Ce type de construction est généralement privilégié lorsque :

® le déterminant a une valeur générale ou n’est pas identifié (fille a baron) ;

® le déterminant désigne un animé, mais pas une personne (le cri au

chien) ;

® le déterminant animé est au pluriel (la fille au seignor).

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

c) la construction prépositionnelle avec de : Filz sui d’un riche roi puissant ; le

prince de Moree

Ce type de construction est privilégié lorsque :

® le déterminant présente un référent inanimé (le fonz d’une valee) ;

® le déterminant est un nom de lieu (la cité de Kamaalot) ;

® le déterminant est un terme générique (cors d’ome) ;

® le déterminant est un pronom personnel (la douçour de li).

À lire…

L’ordre des éléments de l’énoncé


Joly : pp. 215-224 ; Bazin-Tacchella : pp. 132-137 ; Moignet : pp. 343-368

La phrase
Raynaud de Lage : pp. 232-252

La syntaxe des propositions subordonnées et relatives


Ménard : pp. 87-99 ; Raynaud de Lage : pp. 187-236

La phrase complexe : juxtaposition, coordination et subordination


Bazin-Tacchella : pp. 137-145

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

BIBLIOGRAPHIE

Les outils suivants, dont la liste n’est pas exhaustive, sont à votre disposition :

I. DICTIONNAIRES

1. O. BLOCH et W. VON WARTBURG, Dictionnaire étymologique de la langue française,


Paris, 1964 ; dern. éd. Paris, PUF, 2004 (Quadrige).

2. W. MEYER-LÜBKE, Romanisches etymologisches Wörterbuch (REW), Heidelberg, 1935.

3. W. VON WARTBURG, Französisches etymologisches Wörterbuch, Bonn, 1928.

4. Fr. GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, Paris,
1881-1938 (10 vol.).

5. Fr. GODEFROY, Lexique de l’ancien français, publié par J. Bonnard et A. Salmon, Paris,
Leipzig, 1901 ; rééd. Paris, 1995.

6. A. TOBLER et E. LOMMATZSCH, Altfranzösisches Wörterbuch, Berlin, Wiesbaden, 1936-


2002.

7. A. J. GREIMAS, Dictionnaire de l’ancien français, La langue du Moyen Âge de 1080 à


1350, Paris, Larousse, 1969 (dern. éd. 2007).

8. A. J. GREIMAS et T. M. KEANE, Dictionnaire du Moyen français, La langue de la


Renaissance de 1340 à 1611, Paris, Larousse, 1992 (dern. éd. 2007).

9. K. BALDINGER, Dictionnaire étymologique de l’ancien français (DEAF), Tübingen,


Niemeyer, Paris, Klincksieck, Laval, P.U., 1974— (voir la présentation sur le site
http:/www.deaf-page.de/fr/, qui redirige aussi vers la version électronique, à
l’adresse http:/deaf-server.adw.uni-heidelberg.de/).

10. LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française, publié sous la dir. d’A. REY,
Paris, 1re éd. 1992 (2 vol.) ; rééd. petit format 1998 (3 vol.).
11. Sur le Net : Dictionnaire du moyen français (1330-1500 [=DMF] de l’ATILF (Analyse
et traitement informatique de la langue française) : http://www.atilf.fr/dmf/

50
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

II. LANGUE : MORPHOLOGIE, SYNTAXE, VARIÉTÉS DIALECTALES, PHONÉTIQUE

1. N. ANDRIEUX et E. BAUMGARTNER, Manuel du français du Moyen Âge, 3. Systèmes


morphologiques de l’ancien français, A. Le verbe, Bordeaux, Sobodi, 1983.

2. S. BAZIN-TACCHELLA, Initiation à l’ancien français, Paris, Hachette, 2001 (Hachette


supérieur).

3. H. BONNARD et Cl. RÉGNIER, Petite grammaire de l’ancien français, Paris, Magnard,


1989.

4. Cl. BURIDANT, Grammaire nouvelle de l’ancien français, Paris, Sedes, 2000.

5. Fr. DUVAL, Le français médiéval, Turnhout, Brepols, 2009 (L’Atelier du médiéviste,


11).

6. A. FOULET, Petite syntaxe de l’ancien français, Paris, Champion, 1966 (CFMA


Manuels), [3e éd. revue et rééd. ult.].

7. G. JOLY, Précis d’ancien français, Paris, Armand Colin, 1998 (Coll. U).

8. Ph. MÉNARD, Syntaxe de l’ancien français, Bordeaux, Éditions Bière, 4e éd. 1994.

9. G. MOIGNET, Grammaire de l’ancien français, Paris, Klincksieck, 1re éd. 1973 (Initiation
à la linguistique, B2).

10. G. RAYNAUD DE LAGE, Introduction à l’ancien français, nouvelle éd. revue par G.
HASENOHR, PARIS, SEDES, 1990.

11. G. ZINK, Morphologie du français médiéval, Paris, PUF, 1989 (Linguistique nouvelle).
--------------------------------
12. Chr. MARCHELLLO-NIZIA, La langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, Nathan,
1997.

13. R. MARTIN et M. WILMET, Syntaxe du moyen français, Bordeaux, Sobodi, 1980.

14. P. FOUCHÉ, Le verbe français. Étude morphologique, Paris, Klincksieck, 1967.


---------------------------------
15. F. BRUNOT, Histoire de la langue française des origines à nos jours, 14 vol., Paris, 1966.
Voir en part. t. I, pp. 311-325.

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Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

16. Ch. Th. GOSSEN, Grammaire de l’ancien picard, Paris, Klincksieck, 1re éd. 1970 ; 2e éd.
1976 (Bibliothèque française et romane).

17. L.-F. FLUTRE, Le moyen picard, Amiens, Société de Linguistique picarde, 1970.

18. M.K. POPE, From latin to modern french with especial consideration of anglo-norman :
phonology and morphology, Manchester, Manchester University Press, 1934.

19. L. REMACLE, Le problème de l’ancien wallon, Liège, Bibliothèque de la Faculté de


Philosophie et Lettres, 1948.

20. L. REMACLE, La différenciation dialectale en Belgique romane avant 1600, Liège,


Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres, 1992, diff. Droz.
---------------------------------
21. E. et J. BOURCIEZ, Phonétique française, Paris, Klincksieck, 1971 (et rééd. suivantes).

22. P. FOUCHÉ, Phonétique historique du français, 3 vol., Paris, Klincksieck, I.


Introduction, 1952 — II. Les voyelles, 1969 — III. Les consonnes, 1966.

23. J.-M. PIERRET, Phonétique du français. Notions de phonétique générale et phonétique


historique du français, Louvain-la-Neuve, 1983.

24. G. ZINK, Phonétique historique du français, Paris, PUF, 1991 (Linguistique nouvelle).

III. LITTÉRATURE

1. G. GRENTE et al. Dictionnaire des lettres françaises : I. Le Moyen Âge , éd. Robert
BOSSUAT et al., Paris, 1964. Éd. revue et mise à jour par G. HASENOHR et M. ZINK,
Paris, Le Livre de Poche, 1992 (Pochothèque, Encyclopédies d’aujourd’hui).

2. E. BAUMGARTNER, Histoire de la littérature française du Moyen Âge, 1050-1486, Paris,


Bordas, 1987.

3. O. BOUTET, Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Paris, Champion, 2003


(Coll. Unichamp-Essentiel, 12).

4. N. LABÈRE, Littératures du Moyen Âge, Paris, PUF, 2009.

5. M. ZINK, Littérature française du Moyen Âge, Paris, PUF, 2004 (Quadrige) [1re
éd. : 1992].

52
Initiation à l’étude de textes français du Moyen Âge,
avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

TABLE DES MATIÈRES

ARTICLE ET NUMÉRAUX 2

1. Défini 2

2. Indéfini 4

3. Numéraux 5

SUBSTANTIFS MASCULINS 6

1. SUBSTANTIFS MASCULINS 6

1.1. Type 1 : les masculins à –s de flexion 6

1.2. Type 2 : les masculins sans –s de flexion au CS singulier 7

1.3. Type 3 : les masculins à double base/ alternance radicale 7

— Substantifs à alternance radicale (par un déplacement d’accent) 8

— Substantifs à alternance radicale (par une évolution phonétique

différente) 9

1.4. Les masculins invariables 9

2. SUBSTANTIFS FÉMININS

2.1. Type 1 : les féminins avec –e final 10

2.2. Type 2 : les féminins à –s de flexion au CS singulier 10

2.3. Type 3 : les féminins à double base/ alternance radicale 11

2.4. Les féminins invariables 11

L’ADJECTIF 12

1. Classe 1 : les adjectifs variables en genre 12

2. Classe 2 : les adjectifs épicènes° 14

3. Classe 3 : les adjectifs à alternance radicale 15

4. Les adjectifs invariables 16

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avec une introduction aux méthodes de la philologie (LROM0122-1) – N. HENRARD

LES CONSÉQUENCES PHONÉTIQUES DE L’AJOUT D’UN –S DE FLEXION 17

L’ADVERBE DE MANIÈRE 19

LE POSSESSIF 20

1. Le déterminant possessif (formes atones) 20

2. L’adjectif possessif (formes toniques pouvant s’associer avec l’article défini,


indéfini ou démonstratif 23

LE DÉMONSTRATIF 24

1. Le démonstratif de proximité (i)cist < latin *ecce-iste 24

2. Le démonstratif d’éloignement (i)cil < latin *ecce-ille 25


Evolution du système 26

LE PRONOM PERSONNEL

1. Personnes 1, 2, 4, 5, 6 27

2. Personne 3 28
Syntaxe du pronom 29

Enclise 30

LE SYSTÈME VERBAL 31

1. Indications liminaires 31

2. L’infinitif 32

3. L’indicatif présent 33

4. L’impératif présent 33

5. Le subjonctif présent 34

6. L’indicatif imparfait 34

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7. L’indicatif futur (1) et la forme du conditionnel présent (ou futur

hypothétique) en –roie (2) 35

8. Le passé simple/ prétérit défini 36

I. Les passés simples de type faible

a) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –a (< parfaits

latins en –ávi) 36

b) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –i (< parfaits

latins en –ívi et –dedi) 37

c) Les passés simples faibles accentués sur une désinence en –u (< parfaits forts

latins en –ui) 38

II. Les passés simples de type fort — Caractéristiques 38

III. Les passés simples de type fort — Conjugaisons 39

a) Type en –i 39

b) Type en –s, accentué sur une voyelle thématique en –i (< parfaits latins à

base sigmatique° en –s/–x (ex. : presi ; dixi) ou en [k] (ex. : feci)) 40

c) Les passés simples forts accentués sur une voyelle thématique en –u 41

— Type présentant une alternance entre des formes à base en –o et

des formes à base en –eü (< parfaits forts latins en –ui avec base en –a

(ex. : habui) ou en –o (ex. : potui) 41

— Type qui présente une alternance entre des formes à base en –u et

des formes à base en –eü (< parfaits forts latins en –ui à base en –e

(ex. : debui), –a (ex. : jacui), –i (ex. :*bibui) ou –o (ex. : *movui) 42

9. Subjonctif imparfait (types en –asse, –isse, –usse) 42

10. Le verbe avoir 43

11. Le verbe estre 44

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LA PHRASE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE SYNTAXE 46

1. Le système bicasuel 46

2. L’ordre des mots dans la phrase 47

3. La construction du complément déterminatif 47

BIBLIOGRAPHIE 50

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