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Linguistique synchronique du français

0. Introduction

1. Distinguer ce qu’on appelle linguistique des autres disciplines qui sont proches.

- André Martinet = linguiste français du 20 ème siècle qui a mis en place un grand nombre
de concepts et de méthodes qui vont être employées pendant ce cours.
- Les linguistes ont fondé :
- le structuralisme : Théorie selon laquelle l'étude d'une catégorie de faits (notamment en
sciences humaines) doit envisager principalement les structures.
- le fonctionnalisme : ensemble de courants qui, insistant sur le rôle essentiel de la langue
comme instrument de communication, se donnent pour objectif de caractériser dans
cette perspective les diverses fonctions des éléments linguistiques.
- La linguistique : La linguistique est une discipline scientifique s’intéressant à l’étude du
langage. Elle n'est pas prescriptive mais descriptive. La prescription correspond à la
norme, c'est-à-dire ce qui est jugé correct linguistiquement par les grammairiens.

« L’histoire nous montre que, jusqu’à une date fort récente, la plupart de ceux qui se sont
occupés du langage ou des langues l’ont fait avec des intentions prescriptives, proclamées ou
évidentes » – A. Martinet
 On remarque qu’il se positionne.
Prescriptif : qui incite le récepteur à agir d’une certaine façon. Qui donne un commandement,
un ordre.

 La grammaire française : désigne l'usage courant contemporain de la langue française,


soit plus précisément « l’étude systématique des éléments constitutifs et du
fonctionnement » de la langue française.

 La grammaire scolaire est considérée comme la « police de la langue » et un « mauvais


usage » de cette grammaire pourrait mener à une sanction sociale (scolairement, auprès
d’un employeur…).
 La grammaire ne serait pas une science puisqu’un jugement est exercé.
1
 Elle serait plutôt une sorte d’art qui enseignerait aux gens à écrire et à parler sans faute.
Si on l’envisage comme ça, la grammaire n’est pas une discipline scientifique, ce n’est
pas une discipline qui est fondée sur un raisonnement méthodique qui permet de
construire une théorie falsifiable.

2. La pression sociale, la norme


Il y a une pression sociale extérieure qui opère sur la langue qu’on appelle la norme. Cette
norme va être à l’origine de pression qui vont contraindre voire faire changer la langue. Un
exemple très concret de cela est l’utilisation du point médian dans ce qu’on appelle l’écriture
inclusive (ex : étudiant.e).
Dans l’histoire du français, la norme à suivre a été, de tout temps, dictée par des facteurs socio-
culturels et politiques.

/ ! \ Une norme linguistique se définit comme un ensemble de recommandations déterminées


par une partie de la société et précisant ce qui doit être reconnu parmi les usages d'une langue
afin d'obtenir un certain idéal esthétique ou socioculturel.

3. Langue et normes
Pour échanger des informations, il faut que la langue soit compréhensible de tous.
Au 17ème siècle, l’Académie Française est un organe politique qui va utiliser la langue comme
facteur de définition de l’État et plus tard, cette idée sera reprise plus tard en utilisant la langue
comme facteur de définition de la nation.

4. Le bon usage, une sorte de norme


 Au 17es, les membres de l’Académie considéraient que ce qu’on appelait le « bon
usage », l’usage qu’il fallait promouvoir était l’usage de la Cour, des bons auteurs. Ce
qui permettait de distinguer les gens bien éduqués des gens du peuple et des femmes.
Nous avons donc un facteur social de pression qui est en même temps un facteur de
division sociale.

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5. Le point de référence de la norme change au cours de l’histoire.
Au 19ème siècle, la norme devient l’usage de la bourgeoisie cultivée de Paris (= héritage de
la Révolution française).
De nos jours, la pression exercée par Paris continue à être très importante, en particulier par
le biais des médias (concentration de création à Paris). Il reste donc une grande influence au
niveau de Paris qui n’est plus liée à une norme explicitement imposée, c’est une norme de fait,
c’est-à-dire que comme c’est eux qu’on entend le plus, c’est eux qui sont le plus diffusés
(facteurs non linguistiques)  c’est eux qui dominent le « marcher de la langue »
La prescription qui se fonde sur une norme opère et réalise une sélection

6. Prescription va avec norme et norme va avec sélection


Quand on dit qu’on choisit une norme (on choisit une variété), les autres variétés (qui n’ont pas
été choisies) sont mises de côté.
La langue varie selon différents axes de variation (diachronique, diatopique, diastratique,
diaphasique). Ces facteurs (variations) font que nous n’utilisons pas la langue française de la
même façon partout, à tout moment, avec n’importe qui  il y a variation.
 / !\ La prescription consiste à corriger les énoncés d'autrui pour les conformer à une norme
linguistique. Cette attitude prescriptive s'oppose au point de vue descriptif, par lequel le
linguiste décrit les usages langagiers dans leur diversité, sans chercher à les corriger.

Prescription  norme  sélection  rejet


 Avec l’idée de rejet, apparaît l’idée de faute, de corruption et d’échec social et scolaire.

7. Description <> prescription


/ !\ La description linguistique consiste à analyser et à décrire objectivement l’utilisation
actuelle ou historique de la langue par des groupes de population ou par une communauté
linguistique.
Les premiers textes qui décrivent le fonctionnement des normes sont du type « il faut parler
d’une certaine manière et je vais vous dire comment il faut parler » (prescriptif). Finalement,
les premières grammaires ont beaucoup de mal à se détacher d’un objectif scolaire qui consiste
à apprendre comment parler sans faire de faute.
 Il faut attendre le 19ème siècle pour qu’apparaisse une distinction nette entre la prescription
et la description. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas de description avant, parce que

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finalement pour expliquer aux gens qu’ils ont faits des « fautes », il faut les mentionner, un peu
les décortiquer, des autres formes qu’on peut utiliser à la place … autant de manière qui sont
de la description de la langue. Il y avait donc déjà de la description mais l’intention/l’idée était
prescriptive et normative.

8. Tournant majeur
Au 19ème siècle a lieu un tournant majeur de la linguistique engendré par les néogrammairiens1
Ils essayent de décrire ce qu’il s’est passé d’un point de vue historique (c’est de la description).
Leur idée principale est de faire une reconstruction à partir des faits observés.
La figure de proue de ce tournant est Ferdinand de Saussure qui, au début du 20ème siècle,
donne des cours de linguistique générale. Ses étudiants prennent des notes et finissent par les
publier. Ce qui est très présent dans l’approche de Saussure est justement cette approche
descriptive.

9. La linguistique
/ !\ La linguistique est une discipline scientifique s’intéressant à l’étude du langage. Elle n'est
pas prescriptive mais descriptive. La prescription correspond à la norme, c'est-à-dire ce qui est
jugé correct linguistiquement par les grammairiens.
 On distingue donc la grammaire scolaire/normative/traditionnelle et la description et
l’explication. La linguistique va donc avoir une posture scientifique où la langue n’est plus le
but à atteindre (on n’essaie pas d’atteindre un état de la langue qui est considéré comme
meilleur) mais un objet d’étude à part entière. Cette posture a comme conséquence immédiate
que les notions de faute et de corruption n'ont plus lieu d’être. De la même manière, on ne va
plus dire qu’un mot n’existe pas mais plutôt qu’un mot est nouveau.
Tout fait linguistique est intéressant et tout fait linguistique peut être décrit. En linguistique il
s’agit bien de décrire et pas de hiérarchiser.

10. Différents types de grammaire


Grammaire ne veut pas systématiquement dire « grammaire scolaire, approche normative … ».
Il y a plusieurs collocations du mot grammaire qui permettent de montrer qu’on a des approches
différentes.

1
Personnes comparant le latin, le grec, le sanskrit… pour essayer de trouver la racine commune qui permettrait
de reconstituer l’indo-européen.

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/ !\ Grammaire historique = linguistique historique  La grammaire historique décrit et
compare les états d'une même langue à des époques différentes. Elle étudie une langue dans
son développement, marqué par une suite de changements et transformations linguistiques.
Le terme grammaire est employé comme synonyme de linguistique dans certains cas. Les
premiers linguistes étaient des gens qui faisaient de la grammaire historique.

La linguistique est en réalité divisée : il n’y a pas UNE seule linguistique mais bien plusieurs
manières de faire de la linguistique. Dans ce cas-là, grammaire veut encore dire linguistique
puisque les personnes qui étudient cela n’ont pas une approche prescriptive mais bien
descriptive et explicative de la langue.
On utilise parfois aussi le mot grammaire pour décrire ce que les gens ont dans la tête qui leur
permet de parler, c’est-à-dire toutes les règles que nous avons en tête qui nous permettent de
créer des phrases bien formées (ex : dire « j’ai faim » plutôt que « faim avoir moi »). Avec cela
revient le concept d’erreur mais sous un autre aspect puisque l’évaluation sert plutôt à savoir si
les propos sont compréhensibles et permettre d’être compris (ce qui est très différent de la limite
définie par la norme).
Enfin, l’analyse grammaticale, comme apprise l’année passée, est orientée vers la description
des rapports grammaticaux entre les mots. L’analyse grammaticale sert à décrire un certain type
de relation entre les mots donc il ne s’agit pas non plus de prescription.

Les démarches d’observation et de prescriptions de la langue sont, en réalité, souvent


entremêlées au départ et le grand apport de Saussure et des autres personnes ayant participées
au tournant de la linguistique a été d’autonomiser le point de vue descriptif par rapport au point
de vue normatif.

11. Qu’est-ce que la philologie ? Comment la définir par rapport à la linguistique ?


/ ! \ Consiste en l'étude d'une langue et de sa littérature à partir de documents écrits. C'est une
combinaison de critique littéraire, historique et linguistique. C'est une combinaison de critique
littéraire, historique et linguistique. Elle vise à rétablir le contenu original de textes connus par
plusieurs sources, c’est-à-dire à sélectionner le texte le plus authentique possible, à partir de
manuscrits, d'éditions imprimées ou d'autres sources disponibles : fragments (citations par
d’autres auteurs), graffiti anciens... Ainsi, le philologue compare les versions conservées de ces
textes, ou rétablit le meilleur texte en corrigeant les sources existantes.

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 La philologie porte (globalement) sur tous ces aspects-là : comment allons-nous faire, à
partir d’un document, pour rendre ce document lisible pour un publique donné.

12. Quelle est la différence entre la philologie et la linguistique ?


L'objet de la philologie, c'est « l'étude critique des monuments du langage », donc l'étude des
textes ; en contraste, la linguistique « étudie les éléments constitutifs du langage articulé »

/ ! \ Le linguiste : Spécialiste de la langue et du langage, le linguiste décortique des sons,


découpe des syllabes, analyse la grammaire, comprend la structure des mots, pour voir comment
les différentes langues se sont constituées au fil du temps et comment elles vont évoluer dans
l'avenir.
La linguistique observe la langue et pour cela il faut que l’objet devienne observable. Pour le
rendre observable, il faut le traduire, le transcrire, le rendre lisible, il faut faire quelque chose
qui le rende matériellement accessible et observable. En pratique, pour le linguiste, il y a deux
possibilités :
o Le linguiste observe SA propre langue ou une de ses propres langues et il
considère qu’à lui seul il est capable de construire tous les énoncés de cette
langue. Dans ce cas, il travaille en suivant une démarche introspective.
o Cette démarche d’introspection a été défendue par les générativistes et en
premier lieu par Chomsky qui est le linguiste le plus lu. Il est à l’origine de tout
un courant de pensées qu’on appelle la Grammaire Générative et
Transformationnelle.
o Il a contribué à mathématiser (très fort) la description du fonctionnement de la
syntaxe. Noam Chomsky préfère que le linguiste construise lui-même les
énoncés sur lesquels il travaille et son idée est que même en observant et en
recueillant tous les énoncés de la vie de tous les jours, on ne ferait jamais le tour
de ce que la langue est capable de produire, de ce que le système grammatical
est capable de produire/de construire.

o Le linguiste a recours à une sélection d’observables qu’il va pouvoir regarder


sans regarder à l’intérieur de lui-même, des observables extérieurs à lui. Il va le
faire en enquêtant auprès des locuteurs si ce sont des variétés qui existent encore
soit en aillant recours à des éditions. Ces éditions sont le résultat d’un véritable
travail interprétatif mais, tout de même, les mots s’enchaînent de la même
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manière qu’à l’époque. Ces éditions sont rassemblées dans de larges corpus
(ensemble d’observables qui pourra être décrit). Le philologue établit l’édition.
Pour faire de l’analyse linguistique, on a besoin d’une édition qui soit le plus
proche de cet objectif-là (ex : pour faire de l’analyse historique, on a besoin
d’une édition qui soit la plus proche de cet objectif historique).
1
o Textes anciens qui ont été conservés dans des manuscrits et reconstruits pour
qu’ils soient accessibles
o 1
La philologie est la science de l’établissement d’un texte dont le but est de faire
en sorte qu’il puisse être lu pour un public particulier, pour effectuer une tâche
donnée.

13. Le travail descriptif de la linguistique peut se faire selon trois axes principaux :
 / ! \ études en synchronie et diachronie : l'étude synchronique d'une langue s'intéresse
seulement à cette langue à un moment donné de son histoire, à un seul de ses états,
tandis que l’étude diachronique s'intéresse à son histoire, à son évolution, la situe dans
une famille de langues, et décrit les changements structurels qu'elle a subis dans le
temps ;
 études théoriques et appliquées : la linguistique théorique étudie la création de structures
permettant la description individuelle de langues ainsi que les théories cherchant à
dégager des invariances ou des symétries ;
 études contextuelles et indépendantes : l'étude contextuelle avec la sociolinguistique
indique qu’on s’intéresse aux interactions et aux relations entretenues entre le langage
et le monde, tandis que l'étude indépendante indique qu’on considère le langage pour
lui-même, indépendamment de ses conditions extérieures.

14. Changement à la retranscription


 On pensait qu’il n’y avait pas de ponctuation dans les textes médiévaux mais en réalité, les
formes de ponctuations n’ont pas été recopiée des textes originaux (fin 19ème début 20ème siècle)
afin de gagner du temps mais il existait bien des formes de ponctuation dans ces textes (il en
reste d’ailleurs quelques traces).

De la même manière, en voulant étudier la phonétique historique, en cherchant à étudier des


éditions de textes à destination d’historien ou de littéraire, on pourra constater qu’il y a des
choses à dire.

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On ne verra peut-être pas que tout une série de voyelle qui sont présentes à l’écrit sont en fait
dans des abréviations au départ puisque ça a été reconstitué (Ex : segn𝞪 qui est sensé transcrire
seigneur ou seignor ou seignour et il est impossible de savoir de quelle manière il fallait l’écrire,
donc si on ne note pas qu’il y a eu cette transposition et qu’on étudie cette correspondance
graphophonétique, le résultat est biaisé). Il faut faire attention à l’aspect de la transcription. Les
éditions qui sont constituées sont destinées à des publics différents. Nous avons besoin que les
éditions nous permettent d’approcher des phénomènes linguistiques.
Ex : Comment transcrire la langue orale ? Employiez d’orthographe traditionnelle,
d’orthographe phonétique ?... Quelles sont les questions linguistiques qu’on va se poser
et en fonction de la manière dont on fait l’édition, on va pouvoir se poser certaines
questions et d’autres pas du tout (quand on fait la transposition d’un texte oral en
orthographe traditionnelle, on ne peut jamais se poser la question de savoir comment ça
a été prononcé par contre si on le fait en orthographe, il va être compliqué de faire de
l’analyse syntaxique).  Il y a des objectifs et le philologue va transformer ses sources
qui, au départ, prennent la forme de parchemins manuscrits, de bandes sonores, ou
même de graffitis, de suites de mots encodés de l’une ou l’autre manière (tirés du net
éventuellement) … En bref : on a un public particulier et on doit se conformer à ce que
ce public attend.
15. Le philologue
Le philologue : personne qui est spécialiste des langues écrites.
pour le philologue, il est essentiel de comprendre la langue dont il est en train de recopier des
énoncés. Il doit donc déterminer la langue. Pour les mots difficile  il faut faire un glossaire.

 Le philologue qui travaille sur des textes médiévaux accompagne ses éditions d’un
glossaire, d’une description linguistique et donc, de ce fait, il utilise la linguistique
comme science auxiliaire.  On ne peut pas faire de linguistique sans philologie et
inversement. Il y a une dépendance très forte entre les deux.

 Il y a une dialectique et cette dialectique se déploie non seulement dans le texte qui est
analysé mais aussi historiquement et progressivement au fur et à mesure que les éditions
et les études linguistiques se produisent. C’est comme ça que ces deux « sciences »
(même si la philologie est plus une technique qu’une science) avancent en s’aidant l’une
et l’autre.
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Pour conclure cette introduction sur la différenciation entre linguistique d’une part et,
d’autre part, grammaire et encore philologie, on a trois approches différentes du même
objet, trois approches différentes de la langue :
 Approche prescriptive = grammaire
 Approche descriptive = linguistique
 Approche « pour le texte » = philologie
Cela nous montre qu’une discipline ne se définit pas par son objet, sinon nous n’aurions pas
trois postures différentes qui se rapportent au même objet. Une discipline se définit par le regard
qu’elle porte sur son objet, par la posture épistémologique qu’elle définit. Nous nous
focaliserons sur ce qu’est la linguistique et nous resterons dans le champ de la linguistique.

Notions fondamentales :
 Distinction entre synchronie et diachronie ;
Est dite « diachronique » une approche qui s’intéresse à l’évolution d’une langue au
cours de son histoire. Une approche « synchronique » ne prend au contraire en compte
qu’un seul et unique état de la langue considérée.
 Distinction entre langue et parole ;
 Notion de signe linguistique, qu’est-ce qu’un signe linguistique et quelles sont les
caractéristiques du signe linguistique ;
 Évocation de la double articulation (principe que l’on doit au linguiste André
Martinet).

1. Distinction entre linguistique historique et linguistique synchronique

Jusqu’ici, les exemples étaient notamment tirés des cours vu l’année passée. Ici, dans le cadre
du cours de linguistique synchronique du français, les notions de linguistiques synchronique et
diachroniques vont être réexpliquées afin de ne pas se tromper par la suite et pour ne pas faire
de digression inutile.

C’est Ferdinand de Saussure qui, au début du 20ème siècle, pose cette distinction fondamentale
entre deux manières de décrire une langue. Il distingue plutôt la linguistique synchronique de

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la linguistique diachronique 2 . Synchronique = à un moment donné >< diachronique = à
plusieurs époques différentes. La linguistique synchronique ne tient donc pas compte de
l’évolution ni du changement de la langue. Elle étudie la langue selon ce que Arrivé appelle
l’axe des simultanéités  description d’un état de langue donné à un moment donné sur la
ligne du temps. On l’appelle l’axe des simultanéités car toutes les caractéristiques de la langue
sont représentées à un moment t (que ce soit en niveau des sons de la langue, des constructions,
de la formation des mots, du sens de ces mots…)
Cette approche là est la plus importante d’après Saussure car c’est elle qui va faire émerger une
notion fondamentale dans son approche qui est la notion de système. Ce mot système veut dire
en linguistique que nous sommes face à un ensemble d’unité linguistiques dont le
fonctionnement est cohérent dans son ensemble  Les unités de la langues sont considérés
comme des pièces d’une machine qui fonctionne « tout ensemble » et donc si une pièce est
retirée de la machine, on n’a plus exactement la même chose, la même langue ; si on ajoute une
pièce ce n’est plus exactement la même machine (langue) non plus et certaines pièces sont plus
importantes que d’autres, si on les enlève plus rien ne fonctionne. Par exemple (exemple que
Saussure et les structuralistes reprennent) le jeu d’échec. Le jeu comporte un certain nombre de
cases, de deux couleurs différentes, des pièces/pions qui ont à la fois des formes et une couleur
et les pièces bougent et agissent de certaines façons et il y a des règles qui nous permettent de
gagner. Il n’est pas possible de faire des coups qui ne sont pas prévu par les règles. Il y a plein
de petites règles et il y en a qui n’existent pas. Cette idée que la langue est proche d’un jeu
d’échec revient à dire que la langue est régie par des règles strictes et formelles dont on ne peut
pas sortir sinon ça ne fonctionne plus et elle fixe les rapports entre les unités qu’elles définissent.

On rentre dans trois notions intéressantes : notion de valeur, notion d’opposition et notion de
distinction.
 Il est nécessaire d’apprendre que les « pièces » sont distinctes les unes des autres. Pour
ce faire, on repère des oppositions entre elles : les pièces ne sont pas les mêmes car elles
peuvent être distinguées les unes des autres par des oppositions (ex : le cavalier a une
forme de cheval, le roi a une croix au-dessus de sa couronne alors que la reine à une
boule)  On a toute une série d’oppositions observables qui permettent de distinguer
les pièces et donc de déterminer comment elles fonctionnent, c’est-à-dire leur valeur.

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Un peu d’étymologie : vient du grec chronos = temps, sum = ensemble et dia évoque la séparation.  il y a le
temps « un » et le temps fragmenté.

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 De même, il est nécessaire d’observer toute une série de distinctions permettant
d’opposer les clans (blancs et noirs). Ce qui nous importe n’est pas COMMENT sont
distingués les deux ensembles de pièces mais plutôt que cette opposition soit explicité
quelque part pour nous permettre de faire la distinction et nous permet donc de trouver
la valeur spécifique de chacun des ensembles de pièces (celles du joueur A et celles du
joueur B).
 Il faut que l’opposition soit claire. Ces oppositions doivent permettre d’associer des
propriétés spécifiques, la valeur à ces différentes pièces. Ça veut dire que pour pouvoir
déterminer comment fonctionne une pièce, il suffit de mesurer sa différence par rapport
aux autres. Les éléments du jeu se définissent de manière négative par rapport à ce qu’ils
ne sont pas.

Exemple linguistique : En transposant cette démarche aux sons de la langue française, nous
avons plusieurs manières de prononcer le R en français. Suivant les variétés certaines personnes
disent [R] et d’autres disent [r]. Ces deux manières de prononcer ne change rien à la manière
dont les oppositions sont réparties. La seule chose qui compte c’est de dire r et pas t (il y avait
des rats à la cave >< il y avait des tas à la cave). Ils vont être distincts de toutes les autres
consonnes. Comme dans le système phonologique du locuteur qui dit [R], le son [R] n’existe
pas (il ne l’utilise jamais), il n’y a pas de problème pour comprendre ce qu’il dit  aucun
problème.
Inversons la situation, un locuteur du japonais apprend le français : en japonais, il n’y a pas de
distinction entre le son [l] et le son [r], c’est la même chose (son entre le r roulé et le l). Si un
francophone arrive et prononce tous les mots [l] au lieu de [r], le japonais comprendra tout mais
si lui confond le [l] et le [r] la distinction aura une importance et aura une incidence sur la
compréhension (s’il dit la au lieu de rat, le mot n’a pas la même signification). Suivant les
langues, il y a des jeux d’oppositions qui sont différents, qui définissent les valeurs des sons les
uns par rapport aux autres et quand on passe d’une langue à l’autre, ces jeux d’oppositions
change. Le système n’est pas le même

 La linguistique synchronique décrit des systèmes où les unités sont en oppositions les
unes par rapport aux autres, ce qui permet de les distinguer. Ce qui permet, en bout de
course, de leur assigner une valeur particulière. Cette valeur est celle qui permet de
reconnaitre les mots différents (la, rat, pas…)

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Le fait qu’il puisse y avoir certaines variations dans la prononciation de certains phonèmes nous
montre que ce qui a été décrit dans le cours d’histoire des langues romanes, le diasystème,
continue à exister en synchronique puisqu’on peut continuer à prononcer les mots de manière
légèrement différente sans casser le système. La variation est possible dans un même
système.

Remarquons, il est possible de faire de la linguistique synchronique du français, ou de comparer


le français à d’autres langues à un moment donné. Dans ce cas, il s’agit de faire de la
linguistique dite contrastive mais il s’agit toujours d’une approche synchronique. Travailler
sur la ponctuation dans les documents administratifs du 13ème siècle écrits en français, c’est
toujours faire de la linguistique synchronique. Faire l’analyse synchronique d’un état de langue
ancien SANS tenir compte de l’évolution c’est faire de la linguistique synchronique. Il faut bien
faire attention de ne pas confondre cela à la linguistique diachronique.
La linguistique diachronique étudie non pas à un moment donné dans le temps mais un certain
laps de temps. Elle étudie l’évolution de la langue et s’occupe de l’axe non plus des
simultanéités mais des successivités  Comme la phonétique historique par exemple.

Synchronie = axe des simultanéités


« Que s’est-il passé à un moment t ? »

Diachronie = axe des successivités « En quelques sortes : reconstitution


d’une pseudo-continuité en fonction
de jalons temporels »

 Succession d’étude
systèmes en regarde UN
phénomène particulier

À propos de cette linguistique diachronique, Saussure nous dit que cette linguistique
diachronique est inférieure à la linguistique synchronique, cette linguistique diachronique est
complètement inapte à rendre compte des systèmes. On regarde simplement comment change

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tel ou tel son, on regarde comment change l’expression du sujet... ; On n’arrive pas à montrer
comment fonctionne l’ensemble.

Dans les faits, la linguistiques diachronique historique moderne prend en considération la


succession des systèmes mais pour Saussure, la linguistique diachronique historique devait être
considérée comme inférieur à la linguistique synchronique pour que l’ensemble des gens avec
lesquels il discutait (les linguistes de l’époque) se rendent compte de l’importance de ces
systèmes  rupture épistémologique forte qui met au premier plan la linguistique
synchronique.

Cela va servir à dégager le concept de langue pour l’opposer (deuxième opposition) pour
l’opposer à la parole. Quand on parle de la linguistique synchronique et de sa démarche de
description qui vise à faire émerger les systèmes, c’est le système de la langue qu’on essaie de
mettre en évidence. Saussure part du principe que la langue est une convention sociale partagée
dont on va se servir en tant qu’individu locuteur pour communiquer. Cette convention n’est pas
observable en tant que tel : le système dont on vient de parler, il va falloir le décrire parce qu’il
est caché. Il y a toute une série d’opposition (comme la, rat, tas, pas, …) qui sont cachés et
qu’il faut décrire et qui sont parfois très complexes. Le travail du linguiste est de décrire les
relations d’oppositions qui sont cachés dans tout ce que nous entendons, tout ce que nous lisons
dans une langue donnée c’est-à-dire les manifestations de cette langue qu’on appelle la parole.
Saussure dit que la parole est personnelle, la parole est contextuelle, la parole n’est pas l’objet
de la linguistique (l’objet de la linguistique c’est la langue) mais c’est le matériel observé, le
seul matériel disponible.

Il faut bien différencier le système de la langue en tant que tel, ce qu’il permet de faire et
comment on s’en sert et comment on va créer des énoncés avec lui. Utiliser le terme parole
renvoi à l’oralité. Saussure nous met en garde face à l’écriture qui, d’après lui, nous trompe face
à l’oralité (ex : oiseau = /wazo/  cette grande différence nous trompe). L’écrit, le scripte,
implique une certaine forme d’artificialité qui fait qu’on s’éloigne complètement de la naturalité
de la langue et des matériaux (naturalité de la langue exprimée sous forme de parole).

 Pour Saussure, il est essentiel qu’on observe des matériaux oraux et qu’on va, en
particulier, ne pas utiliser les paroles écrites comme matériaux sinon on risque de se
tromper.

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2. Distinction entre langue et parole

La langue est conventionnelle (convention partagée), la langue est orale et la langue est
également arbitraire. Contrairement à d’autres systèmes qui font sens (systèmes sémiotiques3).
On peut exprimer du sens de différentes manières et parfois de manières qui ne sont pas
linguistique (ex : panneau de sortie de secours, symbole sur les toilettes homme/femme, …).
Il peut ou non avoir un lien entre la représentation et l’état du monde (icône/symbole – signe
arbitraire ou non). La langue fonctionne en générale de manière complètement arbitraire.

On a parlé de manière un peu floue du signe parce qu’il a déjà été expliqué dans d’autres cours
de linguistique mais cette notion va être revue et approfondie. La notion de signe linguistique
est aussi une notion que Saussure pose dans sa démarche de définition de ce qu’est la
linguistique. Ferdinand de Saussure pose la notion de signe qui va permettre de fonder non
seulement la linguistique mais aussi ce qu’on appelle la sémiotique, c’est-à-dire la science de
la vie des signes au sein de la vie sociale. Dans le cours de linguistique générale de Saussure,
en même temps que la linguistique moderne (structuraliste) naît, une certaine forme de
sémiotique naît aussi. Il faut savoir qu’il y a désormais plusieurs manières de faire de la
sémiotique et ce n’est pas nécessairement la manière Saussurienne qui prévaut toujours mais
on aura toujours la même idée que le signe sémiotique est biface. On va voir ce que signifie,
dans la tête de Saussure et dans la tête de ses continuateurs (dont Hjelmslev) ce qui va nous
permettre de préciser d’avantage la notion.

Chez Saussure, le signe associe essentiellement trois éléments : support matériel, objet auquel
renvoie ce support matériel et ce que Saussure appelle l’aspect sous lequel le support matériel
renvoie à l’objet. Le support matériel est nommé signifiant qui est constitué, en accord avec ce
qui a été présenté précédemment, de son. On parle spécifiquement du signe linguistique tel que
la linguistique a été pensée par Saussure c’est-à-dire reposant sur la forme orale de la langue.
Le support matériel est quelque chose que l’on peut percevoir concrètement.

3
“Science générale des modes de production, de fonctionnement et de réception des différents systèmes de
signes qui assurent et permettent une communication entre individus et/ou collectivités d’individus » d’après
larousse.fr consulté le 4 octobre 2022,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/s%C3%A9miotique/72010#:~:text=1.,%2Fou%20collectivit%C3
%A9s%20d'individus.&text=2.,domaine%20particulier%20de%20la%20communication.

14
Pourquoi distinguer l’objet auquel il renvoie et l’aspect sous lequel le support matériel renvoie
à l’objet ?
 Saussure considère que le signe peut être envisagé de manière interne à la langue. Il y a
une distinction entre une relation interne à la langue et une relation plutôt externe. Le
signe va pouvoir établir une relation entre ce qu’on appelle le signifiant et ce qu’il veut
dire, qu’on appelle le signifié = première relation interne à la langue, interne au signe
linguistique. Une deuxième relation existe entre l’ensemble interne et quelque chose qui
ne fait pas partie de la langue mais qui fait partie de l’univers qui nous entoure qu’on
appelle le référent.
Signifié

Référent
Signifiant

Externe Interne
(“monde”) (langue)

Chez Saussure, qui considère le signe de façon interne à la langue, il y a une relation à un objet
du monde qui est référentiel et qui a une relation de l’extérieur vers l’intérieur et inversement.
Cette relation permet de lier la langue au monde qui nous entoure pour parler du monde qui
nous entoure. Cette relation est moins importante qu’une relation interne qui va lier le signifiant
et le signifié et précisément quand nous parlons du système de la langue, le signifié est la valeur
de notre signe. La valeur du signe est l’aspect systématisé par la langue selon lequel le signe
renvoie à l’objet. Il est important de comprendre qu’il y a de l’abstraction dans la notion de
signifé, c’est abstrait, c’est quelque chose qui ne correspond pas à un objet du monde qui nous
entoure mais plutôt à la manière dont la langue a conceptualisé les objets qui nous entoure.
Prenons un exemple : Des chaises et des fauteuils nous entourent. La différence, dans
notre langue française, entre les chaises et les fauteuils, est la présence d’accoudoirs 
Lorsqu’on dit le mot fauteuil, ça correspond à toute une série d’objets du monde qui m’entoure
qui sont pourvu d’accoudoirs. Mais je peux définir fauteuil et je peux définir de manière
différente chaise. On peut formuler ce genre de définition sans les accoler immédiatement à un
objet qui m’entoure, je peux dire ça de manière générale sans avoir de chaise ou de fauteuil
autour de moi  si je suis capable de les définir de manière abstraire, je suis capable de dire ce
que veut dire le mot chaise de manière abstraite. Il s’agit ici du signifié = la valeur du signe, sa
définition. Tandis que, quand nous pensons à définir l’objet chaise, nous allons peut-être le faire

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de manière visuelle, pas nécessairement en ayant une idée des mots à utiliser pour le faire mais
néanmoins nous aurons une idée restrictive de ce que c’est une chaise.
 Nous avons une relation interne qui s’établit entre la suite de sons [ʃɛz] et a définition
de ce qu’est une chaise de manière générale. Cette relation s’appelle la relation de
signification interne à la langue qui correspond enfaite à l’abstraction qu’est le signe, à
l’établissement de l’unité signe au travers/à la jonction entre signifiant et signifié. Tout
ça est relativement abstrait. Le signifiant et le signifié relève de ce qu’on va appeler une
forme.

Le signifiant n’est pas seulement un ensemble de sons mais plutôt la formalisation d’un
ensemble de son bien sélectionné. Le signifiant n’est pas simplement un ensemble de sons mais
une sélection/formalisation de certains d’entre eux de manière systématique et formalisée.

De la même manière, le signifié n’est pas l’objet chaise mais une sorte de concept et le lien
avec l’objet est extérieur à la langue.

En partant de cette idée-là, Hjelmslev constate qu’il y a, notamment, un problème avec le


signifiant parce qu’entre la relation entre le signifié qui est abstrait et le référent qui est concret
et l’unité signifiant qui est sensé être une image acoustique, il n’y a pas cette distinction entre
l’abstrait et le concret  elle n’est pas assez clairement marquée. Hjelmslev établit, pour

⚠️
compléter l’idée de signe, une triade :
- Matière ;
- Substance ;
- Forme.

Matière, forme et substance sont trois composantes qui sont à des niveaux d’abstractions
différents : le plus concret étant la matière, le plus abstrait étant la forme et entre les deux, il y
a la substance. La matière correspond à tout ce qu’on peut percevoir. L’ensemble de tout ce qui
est perceptible autour de nous est constitué de matière.
Pour communiquer avec les personnes qui nous entourent, nous nous servons de la matière qui
nous entoure. En articulant les sons, la manière de positionner la langue, d’ouvre la bouche, …
sont des considérations matérielles  Il se passe quelque chose dans la bouche de quelqu’un,
ces considérations matérielles sont à prendre de manière individuelle. C’est le monde
perceptible et sensible et tout cela constitue la matière qui nous entoure. Le physique (dans

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lequel nous nous trouvons actuellement), à ce stade, n’est pas considéré comme de la
linguistique.

Hjelmslev dit que ce qui fait que notre matière va pouvoir être comprise, intégrée par un système
linguistique est l’existence d’une forme (différence entre /ɑ/, /ɐ/ et /ɑ̃/). Les différences sont
perçues de manière concrète mais si on y arrive, c’est parce que nous avons intériorisé ce genre
de différence dans un système qui nous permet de distinguer un /ɑ/, un /ɐ/, une voyelle nasalisée
/ɑ̃/. Cette triade a été intériorisée de manière abstraire et générale avant même de nous en rendre
compte (intuitif ?)  exemple d’opposition de forme. La forme est quelque chose de très
abstrait.

La matière, à côté de ça, est quelque chose de très concret. Quelque chose se passe entre
l’abstrait et le concret (ou inversement) qui permet de faire le lien, ce qu’on appelle la
substance.

D’après Hjelmslev, la substance est la partie de la matière qui est saisie par la forme. La
forme est permanente mais la matière est variable : chaque fois qu’on prononce le même mot,
la matière est différente mais la forme restera identique.

Exemple non linguistique aidant à la compréhension :


Pour faire des sablés, nous prenons une pâte brisée (matière) et des moules en forme de sapin
(forme). Lorsqu’on découpe la forme de petit sapin dans la pâte brisée, on a extrait une partie
de de sapin (substance) et nous allons le refaire à plusieurs reprises. Le moule (la forme) sera
toujours le même mais la partie de la pâte brisée sera sans cesse différente (matière) et la
substance sera légèrement différente (puisque ce ne sera pas exactement le même bout de pâte
que le précédent mais que la « forme » de sapin est identique).  La substance est en quelque
sorte le résultat de la matière associée à la forme (forme+matière = substance).

Pour parler, il faut mobiliser la matière (idée des choses à dire), cette matière est saisie par notre
système linguistique/par la forme (la parole) et donc nos phrases, les mots que nous
employons… vont avoir une substance (signification).

 À partir de cette triade, au lieu de parler de signifé et de signifiant, Hjelmslev va parler


d’expression et de contenu et il va nous dire, qu’il y a pour le linguiste d’une part la

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forme du contenu (éléments de définition qui vont pouvoir être combiné), d’autre part
la forme de l’expression ainsi que la substance du contenu et de la substance de
l’expression. Nous nous concentrerons principalement sur la forme et la substance de
l’expression. Pour Hjelmslev, il y a vraiment une opposition entre le contenu et
l’expression (signifié >< signifié) qui, à chaque étage, est divisé en forme et en
substance, c’est-à-dire en caractères abstraits et caractères un peu plus concret. On
pourrait également parler de matière mais puisqu’on parle de substance, c’est de de la
matière a été saisie.
CONTENU EXPRESSION
↙️↘️ ↙️↘️
Forme Substance Forme Substance

Éléments linguistiques : les conventions


On décrire le systèmes de la langue française : parler des sons, mots, groupes de mots, phrases
sont des unités que nous allons devoir identifier précisément et dont on va devoir parler et devoir
écrire. À chaque fois qu’on va écrire à propos de ces unités, il faudra se poser la question de ce
dont on parle par rapport au signe. Pour demander à quelque d’écrire cela en 4 lettres, il faut
absolument mettre le mot cela en mention, c’est-à-dire en italique OU le souligner.

Italique = mention. Équivalent à un mot souligné. On n’utilise pas le mot pour ce qu’il veut dire
mais juste pour parler de lui-même. Le mot est en mention et pas en usage  mention >< usage.
On parle d’emplois autonymique (le nom de soi-même).

[] = notation phonétique  plus concrète. Ce qui compte est la RÉALISATION. Permet de


noter des phones : [səlɑ]

< > = notation graphique  convention de notation des lettres, des graphèmes : <c>, <e>, <l>,
<a>.

/ / = notation phonologique  plus concrète. Cette notation est uniquement consacrée à la forme
de l’expression phonique. Ce qui compte est la VALEUR dans le système et pas la réalisation.
Permet de noter des phonèmes : /slɑ/.

Le signe est biface (car signifié + signifiant = signe)


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Exemple : Le son [s] qui correspond à la réalisation du phonème /s/ dans le mot cela se note
<c> parce qu’il est suivit de la lettre <e>. Dans d’autres cas, le son [s] se prononce /s/ avec la
lettre <s> ou à l’aide des deux lettres <ss> qui se suivent.

Après avoir parlé du plan de l’expression, nous allons parler du plan du contenu avec une
distinction entre référent et signifié. Soit on est dans une relation de signification, soit on veut
simplement désigner quelque chose qui est à l’extérieur du signe qu’on peut appeler une
relation de désignation. Quand on désigne quelque chose, on ne parle pas du sens du signe
mais on utilise le signe pour parler des objets qui m’entoure. Il est possible d’expliquer le sens
du signe de manière générale sans pour autant être en train de parler du signifié de manière
abstraite et générale.
Par exemple : « je te parle de la table qui se trouvait dans la pièce précédente », on est en train
de construire une phrase tout à fait normal où le mot table est employé et où l’on commence à
décrire l’environnement de la table de manière référentiel. En disant : « le mot chat peut être
employé pour désigner tous ces mammifères qui nous entourent », il faudra souligner le mot
chat mais « tous ces mammifères qui nous entourent » correspond aussi à une valeur
référentielle mais ça reste de l’utilisation normale de la langue  dans ces cas-là, il n’y a pas
de notation/convention particulière pour parler de ce que le signe sert à désigner. Il y a une
notation particulière quand on parle du signifié, quand on commence à définir les signes. Dans
ces cas-là, il faut utiliser des guillemets. Pour un linguistes, quand il y a des guillemets, ça veut
dire qu’on parle du SENS des unités et qu’on en parle de manière générale  domaine du
signifié.

En général, on utilise les guillemets français « ». Mais souvent, en tant que linguiste, nous
utiliserons les guillemets anglais “ “ ou des guillemets simple ‘ ’pour, exclusivement décrire
le sens des unités. Nous réserverons les guillemets français aux citations (mentionner du texte
qui vient d’un autre texte que le nôtre).

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