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Cours 3 Histoire et épistémologie de la linguistique

Epistémologie des sciences du langage

Pathologie des sciences du langage : travailler sur une partie des données, et donc créer une
surgénéralisation.

Principes et axiomes

Un principe se transforme en axiome puis devient un dogme.

Principes méthodologiques : façon générale d’aborder les choses. Cadre qui est transformé en vérité
première. Que l’on met en œuvre dans la recherche.

Axiome : vrai par définition, acquis et qui ne peut pas être remis en cause

Le lien entre les deux : comment j’analyse les données, comment je repère des choses dans les
données.

Il ne faut pas mélanger la synchronie et diachronie. Deux notions qui apparaissent chez Saussure car
il ne faut pas les mélanger. La linguistique est née dans la diachronie.

SAUSSURE : on n’a pas le droit de mélanger les mécanismes diachroniques et les mécanismes
synchroniques. Selon lui, la linguistique est une branche de la sémiotique/sémiologie. Il introduit la
notion de signes (signifiant/signifié). L’arbitraire du signe est pour lui, un critère fondamental.

Principe de linéarité : la langue est linéaire. Deux phonèmes ne peuvent être réalisés en même
temps.

La non-linéarité du signe existe tout le temps. Les signes linéaires sont non-arbitraires.

Saussure a passé toute la fin de sa vie à faire des permutations, lui-même est revenu sur son principe
de linéarité.

Principe d’arbitralité : rupture épistémologique

L’arbitraire du signe est abordé dans le Cratyle de Platon. Ce texte questionne le fait que les signes
soient iconiques ou non. Le principe d’arbitralité est la conclusion de Platon. (Exemple : siffle et
souffle). C’est ici que l’idée d’imitation intervient.

Platon pour arriver à sa conclusion, a introduit plusieurs hypothèses, notamment sur la variation de
forme. Il admet que si deux mots sont la variante d’un même signe, alors il est arbitraire.

Les linguistes vont transformer la notion de « arbitraire du signe » en « arbitraire du mot ».

Pas d’iconicité au niveau du signe fondamental.

Neurone miroir : quand on voit/entend quelque chose, le cerveau va imaginer ce qu’il se passerai en
nous si nous vivions ce que nous voyons/entendons.

UNE grammaire : combinaisons de signes minimaux pour obtenir des mots.

Toute combinaison de signes linguistiques est expliquée par la syntaxe.

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Certaines règles de syntaxe ne fonctionnent pas en morphologie. Ce qui a créé une deuxième
grammaire sur la morphologie à partir de 1970.

Discipline poubelle : nouvelle discipline créée pour regrouper tout ce qu’une autre ne sait pas
expliquer.

Dogme : même chose qu’un axiome mais de plus forte intensité. Qui ne peut être contredit sous
aucun prétexte et qui ne sera jamais remis en cause.

Pour faire la syntaxe du français, il faut faire la syntaxe mot par mot.

Modèle grammaire-lexique : x-barre. Décrire les mots un par un.

Pendant 50 ans, la grammaire a occupé une place secondaire dans la linguistique. A partir de 1950, le
modèle dominant devient un modèle grammaire. C’est une période grammaticalo-centrée.

A partir des années 1970, développement de sémantique autonome. Idée que la langue va du son au
sens (et la grammaire au milieu).

Distinction entre la générativité faible et générativité forte

Générativité de la linguistique : créer un nombre infini de phrases qui définissent la compétence


linguistique. La langue consiste à extraire des règles de ce qu’on l’entend pour produire les règles de
ce que l’on n’a pas encore entendu.

Générativité faible : idée qu’il y a un stock de règles et un stock d’idées, et on utilise le stock de
règles sur le stock d’idées pour générer un nombre infini d’utilisation de ces règles.

Générativité forte : Capacité qu’ont les parlant à créer de nouvelles règles et de nouvelles unités à
partir de quelque chose qui a été produit.

Un nouveau mot est interprétable s’il se base sur un autre mot connu. (Exemple :
« angertainement » est interprétable car on voit très bien qu’il est créé sur la base de
« entertainement », « anger » et « enter » vont donc être désormais liés.)

- Si un mot peut être interprétable, cela suppose qu’il existe des règles, et qu’elles peuvent
être ré-utilisées.

La langue n’est pas formée pour communiquer mais elle se forme dans des situations de
communication. La communication créé un stock pour créer et faire évoluer la langue.

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Distinction langue/dialecte

Le statut social ou politique n’a rien a voir dans le fait qu’une langue est une langue, le nombre de
locuteurs n’a pas non plus de conséquences.

La distinction entre dialecte et langue est technique.

Dialecte : variante d’une langue (français de Genève est une variante du français).

Pour qu’une langue soit la variation d’une autre, il faut de l’intercompréhension entre deux locuteurs
de ces « langues ». Le taux d’interprétabilité doit être élevé entre les deux langues. (Par exemple,
entre le français et l’espagnol, le taux est à 59%). L’un des critères est la standardisation (exemple :
les bretons en Bretagne. Il y avait plein de dialectes bretons tous très différents, il n’y avait pas de
dialecte standard. Ils ont donc inventé un « breton standard » au début des années 20, que personne
ne parlait, mais qui piochait dans plusieurs dialectes.) Ce phénomène a créé la dialectologie.

Dialectologie : repose sur un maillage systématique village par village (de toute la France par
exemple). Etude de toutes les possibilités dialectales pour un mot donné. (Exemple : crayon de
papier, crayon de bois, crayon gris etc.…)

Le français chimique

Comment le français standard est-il apparu ?

Jusque 1870, le français standard n’existe pas, il n’existe que la langue d’oïl et la langue d’oc. Avant
cela, le français des écrivains n’est pas partagé par la majorité des Français.

L’Académie française a eu pour rôle de créer ce français chimique. Ils se basent sur le
français des écrivains, cela suppose que les écrivains français écrivaient tous de la même façon.

En 1870, pendant la guerre, les officiers et les soldats ne se comprenaient pas car ils ne parlaient pas
le même français, c’est donc pour cette raison qu’il a été décidé de standardiser le français et de
rendre l’école obligatoire.

La langue est une construction sociale et politique. Les langues actuelles sont très souvent
standardisées.

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Les paradigmes en linguistique

Paradigme : cadre de travail partagé.

Le premier paradigme en linguistique a été le structuralisme (1900-1950). Cette approche


veut que les faits linguistiques soient uniquement des faits relationnels. (Par exemple, les sons
n’existent que parce qu’ils sont dans un système, ils n’existent que par leurs relations avec les autres
sons). Cette approche a été transposée dans plusieurs domaines des sciences sociales mais elle a
échoué en sémantique. C’est le paradigme que les linguistes ont vendu aux autres sciences humaines.
Il va ensuite disparaitre car on voit apparaitre le paradigme générativiste mais également car il va être
remis en cause par les structuralistes eux-mêmes. DESCRIPTIVISTE

Le paradigme générativiste repose sur le fait qu’une langue est une grammaire, que du
son/sens est associé à la grammaire, la grammaire est centrale en linguistique, c’est donc un
paradigme qui analyse de façon combinatoire. A partir de signes minimaux, il va pouvoir être générer
un nombre infini de combinaisons de ces signes. Ce paradigme, comme le précédant va échouer en
sémantique. Ce paradigme se développe au début des années 60, il est lié à CHOMSKY et va avoir un
impact très important. C’est la première approche formelle. EXPLICATIVISTE

Ce paradigme a évolué entre 1960 et 1980 :

- Avant 1970 c’est la grammaire transformationnelle


o Distinction entre structure de surface structure profonde
 Exemple : « vas-y » : structure de surface : « vas-y » ; structure profonde :
« je te demande d’y aller ».

- A partir de 1970, on voit apparaitre des modèles dans lesquelles on enrichit la partie
sémantique ou, à l’inverse on la réduit.

Linguistique cognitive : c’est le premier paradigme en linguistique qui met la sémantique en premier.

Construction : Structure grammaticale à laquelle est associée une interprétation.

A partir de 1975, on peut faire de la sémantique à la même hauteur que la syntaxe, ce qui va donner
la linguistique cognitive et, plus tard la linguistique de construction.

Le changement de paradigme est lié à l’inversement langue/parole.

Selon SAUSSURE, la langue n’est pas affectée par la façon dont les locuteurs utilisent la langue, elle
n’est pas altérée par son utilisation.

Le linguiste associé à ce paradigme est BENVENISTE, il va créer ce nouveau paradigme qui est la
linguistique d’énonciation. « Rien n’est dans la langue qui n’est d’abord dans l’énonciation ». Selon
lui, le berceau des langues sont les discours, les conversations etc…Tout démarre dans les échanges.

= pragmatique d’amont.

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Ce paradigme se répand au début des années 70, et en France elle concerne 80% des linguistes.

Macrosyntaxe : régie par la pragmatique. Adoptée dans toutes les linguistiques de l’oral (travail sur
données orales, notamment des échanges).

Microsyntaxe : régie par la sémantique

Linguistique cognitive : apparait au milieu des années 70 avec des personnes telles que LANGACKER,
FILMORE, LAKOFF… Ils pensent que la sémantique des séquences grammaticales est essentielle et
que la grammaire a un rapport avec la cognition, que la linguistique est une branche des sciences
cognitives. Approche qui est orienté vers la grammaire (association sémantique/structure).

On pense les choses à partir de la cognition et non plus des interactions.

Le paradigme suivant est le paradigme fonctionnaliste. C’est un paradigme ancien, qui existe
depuis 1930, il n’a jamais été dominant ou très peu (en république-tchèque par exemple). Avant 1975-
80, c’était le modèle concurrent aux Etats-Unis. En France, il est fortement associé au linguiste
MARTINET. Ce paradigme a pour idée que les éléments linguistiques ont des fonctions et que
l’analyse se fait avec les fonctions. C’est un paradigme transdisciplinaire.

Le dernier paradigme est l’approche d’unification. C’est un mécanisme mathématique


spécifique avec des langages informatiques (prolog est le premier langage de l’intelligence
artificielle). A partir des années 1980, se développe la grammaire d’unification qui repose sur ce
mécanisme mathématique. Ces mécanismes sont non-linéaires.

Appartenir à un courant, c’est accepter plusieurs principes de travail, l’introduction d’un certain
nombre de principes.

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VARIA

Questionnement scientifique : méthodes pour répondre à la question.

Lorsque l’on avance une réponse, il faut trancher, cette réponse est-elle valide ?

Validation des réponses : travail de la preuve.

Il peut y avoir des dizaines d’années entre la proposition de réponse et sa validation.

La notion de trace : quand on observe des choses, des données que l’on imagine un mécanisme qui
explique ces données. Si le mécanisme est valable, il prévoit des choses en plus des données
introduites, il laisse d’autres traces en plus.

Tous les modèles ont une théorie des traces.

Dans la vie concrète d’un chercheur, il y a toute la partie communication des résultats scientifiques.

L’activité scientifique s’organise autour de deux réunions collectives qui sont soit des conférences
thématiques (avec un questionnement précis) soit des colloques disciplinaires (avec une thématique
précise).

Cela commence avec des appels à communication, avec une date limite pour envoyer la soumission
(résumé de ce que l’on veut présenter), puis il y a une phase de sélection pour désigner les théories
qui peuvent être présentées ou non.

La valeur scientifique : validation de la théorie proposée.

Dans un colloque ou une conférence, il y a quatre types de communications :

- Communication normale : communication qui, en sciences du langage, est sous le format de


30 à 40 minutes réparties en 20 minutes de présentation, et 10 ou 20 minutes de questions.

- Communication plénière : dure une heure, ce sont des personnes invitées à parler. Forme de
reconnaissance que la personne est scientifiquement au-dessus des autres. Leurs frais de
déplacements sont payés par les organisateurs de la conférence/ colloque.

- Les posters : poster A3 sur lequel est résumé la théorie avancée. Souvent pour des
chercheurs juniors. Echanges plus riches que les autres types de communication.

- Les panels : ensemble de communications standards autour d’un thème. Réunion de gens
compétents, peut se faire en ligne.

Quand on fait une communication, on doit expliquer le cadre de travail, les méthodes, les
résultats et les conclusions, le tout en 20 minutes. Lors de la présentation, tout doit être organisé et
les résultats doivent être claires. Ce n’est pas l’histoire de comment on est arrivé aux résultats mais
les résultats directs. Le discours scientifique est créé par la situation de communication avec les gens
qu’il faut convaincre. Suite a la conférence, il y a des remarques, des objections, des
questionnements. Cela se passe généralement de façon très poli mais il arrive que cela se passe mal.

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L’étape suivante est la publication. Il est possible de passer directement à la publication sans
passer la communication.

3 types de publications :

- Actes de colloques : compilation des communications présentées au colloque. Il peut y avoir


une phase de sélection s’il y a beaucoup de communications.

- Ouvrage collectif : livre consacré a un sujet avec un ensemble d’auteurs.

- Envoi direct d’un article scientifique a une revue spécialisée : envoi pour évaluation.
Proposition collective. Deux réponses sont possibles : soit l’article n’est pas validé, soit il est
validé mais nécessite des changements, des précisions sur certains points qui méritent d’être
retravaillés avant publication.

Cette partie est régie par le principe d’objections. Le scientifique doit avoir réponse à ses objections.
Lorsque l’on fait une thèse, on créé un catalogue d’objections possibles et on travaille constamment à
répondre à ces objections.

La valeur scientifique est une valeur sociale, elle dépend de la capacité à publier.

La science est unité de l’intelligence collective, on est plus intelligent collectivement que seul.

La dernière étape est la thèse. En sciences du langage, elle se déroule en 4 ans. C’est un
questionnement scientifique dans lequel on définit une question, des données, les méthodes
utilisées... Pour se faire, un jeune chercheur a trois obligations :

- Définir son questionnement (en sciences du langage, partie très compliquée car théorique,
prend généralement toute la première année).
- Rassemblement des données, le chercheur va définir d’où extraire les données nécessaires, il
va y avoir des problèmes quantitatifs (combien de données), qualitatifs (comment extraire les
données), purement techniques (est ce que le chercheur sait manipuler les logiciels
informatiques nécessaires).
- Etat des lieux. Qu’est ce qui s’est dit à présent sur ce sujet, reprendre le travail la où il a été
arrêté.

La deuxième phase est l’analyse des données. Il y a un problème : il faut évaluer les données que l’on
a, lesquelles sont attendues et lesquelles ne sont pas utiles. C’est une sorte de diagnostics sur les
données. Cette phase est menée en parallèle à un travail de rédaction scientifique (rédiger état des
lieux, questionnement et méthodes, données...)

La dernière partie est la discussion des résultats. Soit les résultats confirment ce que les autres
disaient avant nous, soit ils les contredisent. Puis ouverture sur d’autres questions nouvelles qui
méritent de s’y intéresser mais que l’on n’a pas le temps de traiter.

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Après la soutenance, il y a la phase de qualifications (la thèse servant à devenir chercheur). Deux
personnes élues par les linguistiques de France vont décider si le candidat peut enseigner en
université ou non.

Lorsque l’on enseigne en université , on est soit maitre de conférence (dès qu’on est recruté) soit
professeur (vers 40 ans).

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