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Objectifs du cours :
Réflexion de départ
Les sciences du langage est une discipline qui s’intéresse à l’étude du langage humain
dans toutes ses dimensions, à la fois en tant que système structuré et en tant que moyen de
communication sociale. Cette discipline englobe la linguistique, la psycholinguistique, la
sociolinguistique, la pragmatique, la sémiotique, et d'autres domaines connexes.
Les sciences du langage jouent un rôle crucial dans l'enseignement des langues en
fournissant des bases théoriques solides et des perspectives empiriques sur la manière dont les
langues fonctionnent.
1.2 Panorama historique des théories linguistiques
4.1 Le Gestaltisme :
Au cours de la période 1930-1960, en s’opposant aux béhavioristes, l’école gestaltiste
fut fondée par trois chercheurs allemands : Wertheimer, Koffka et Köhler. La Gestalt est un
mot allemand signifiant «forme globale» ou «forme organisée», d’où est tiré le Gestaltisme
qui évoque les formes autant qu’éléments fondamentaux et indécomposables de l'activité
humaine.
Pour ce courant, l’apprentissage se définie comme un processus d’organisation des
éléments d’une situation, c’est aussi pouvoir donner sens à ce qu’on perçoit. C’est le résultat de
l’insight االستبصاتqui est la découverte soudaine d'une solution après une réorganisation des
éléments du problème, est la pensée créative, basée sur des restructurations et des totalités.
L’apprentissage ici passe par des opérations mentales observation, réflexion, compréhension,
solution ...
- Principes du Gestaltisme :
Lorsqu’on veut structurer une forme, notre perception obéit à des lois comme :
• La loi de la bonne forme : Un ensemble de parties informe tend à être perçu
d'abord comme une forme.
• La loi de la proximité : veut dire que des choses qui sont plus proches seront
vues comme appartenant à un même groupe.
• La loi de clôture : une forme fermée est plus facilement identifiée comme une
figure qu'une forme ouverte.
- Les limites du Gestaltisme :
• Apprendre n’est pas fondé sur des motifs scientifiques du fait que la présence de
Köhler dans les situations pilotes y introduit des variables non désirées
Le Gestaltisme schématisé
4.3 Le cognitivisme :
Le cognitivisme, dont l'appellation renvoie au terme cognition (connaissance dans le
sens de processus et de produit), regroupe tous les modèles d’apprentissage construits en
opposition plus ou moins radicale au béhaviorisme.
Il « privilégie l'étude du fonctionnement de l'intelligence, de l'origine des connaissances
ainsi que des stratégies employées pour assimiler, retenir et réinvestir les connaissances ; et
s'intéresse essentiellement à la perception, le traitement en mémoire, le langage et ce, en regard
du fonctionnement du cerveau. » (Legendre (1993), Gauthier et Tardif (2000))
Le courant cognitiviste se prolonge dans deux versions de la psychologie cognitive, donnant
naissance à la théorie du traitement de l’information et à l’apprentissage stratégique.
Traitement de l’information :
Cette théorie se fonde sur la représentation des opérations qui se déroulent dans un
ordinateur et assimile l’esprit humain à un système de traitement de l’information. Elle explique
comment la mémoire recueille, traite et emmagasine les nouvelles informations et repère, par
la suite, ces informations. Dans cette optique, on considère les processus mentaux comme
responsables de cette succession d'étapes du traitement.
Parmi les auteurs les plus influents ayant développé la théorie du traitement de
l’information on retrouve les travaux de Gagné ainsi que ceux de Ausubel.
Apprentissage stratégique
Cette théorie est fondée sur l’importance de l’appropriation graduelle et effective des
stratégies mentales cognitives et métacognitives (générales et spécifiques aux tâches
proposées), jugées nécessaires à une démarche structurée d’apprentissage. Présenté par Tardif,
ce modèle a pour objet général de susciter l'engagement cognitif et affectif (motivation
scolaire), de montrer à l'apprenant comment traiter les informations d'une façon adéquate,
d'amener l'élève à effectuer des transferts. On vise le développement d'une pensée efficace et
autonome en référant au concept de métacognition.
- Le cognitivisme schématisé :
4.4 Le Constructivisme :
Le constructivisme est une théorie d’apprentissage développée par Piaget en 1923, elle
met en valeur les capacités mentales de l’apprenant dans la construction de sa connaissance, sur
la base du milieu et l’environnement qui l’entourent. L’approche constructiviste valorise
l’activité et la capacité de chaque sujet qui lui permettent « d’appréhender la réalité qui
l’entoure»1. Avec le constructivisme, les connaissances développées par les apprenants sont
4.5 Le socioconstructivisme :
Le socioconstructivisme, qui remonte à Vygotsky (1978)3, est une approche selon
laquelle la connaissance interpersonnelle est réalisée par sa construction sociale. Le monde
2 Francis DANVERS ( 2009), S’orienter dans la vie : une valeur suprême? : Essaie d’anthropologie
de la formation, P123
Emergence de la notion :
La Pédagogie par objectifs trouve son origine aux Etats – Unis dans un contexte socio-
économique de rationalisation des processus de production industrielle (Taylor) notamment
dans l’industrie automobile. Cette méthode de travail consiste à spécialiser une tâche à
l'extrême. La mise en œuvre consiste à faire des actions répétitives simples dans un processus
de production. Ce système est bien mis en évidence dans les procédés de travail à la chaîne
(production automobile Ford, 1920).
La pédagogie par objectifs trouve également son origine dans le contexte théorique du
béhaviourisme. Cette conception rejette la référence à la conscience, elle postule qu’il faut se
centrer sur les comportements observables et mesurables que l’apprentissage permet et que l’on
peut produire n’importe quel apprentissage à condition d’utiliser les techniques adéquates.
L’idée prônée par Ralph Tyler (1935), initiateur de la pédagogie par Objectifs, est de proposer
une organisation scientifique et rationnelle de l’éducation. Celle-ci doit adapter l’homme aux
besoins et valeurs de la société et les traduire en objectifs. Il faut sortir des généralités
grandiloquentes et infécondes en matière d’action éducative. Il faut une formulation claire des
objectifs pour pouvoir les évaluer et donc pour contrôler l’enseignement. Les objectifs doivent
être définis en termes de comportements attendus, en termes de réactions externes à la
conscience. Les formulations renvoient à des activités vues du point de vue de l’élève et non du
point de vue du projet de l’enseignant. La formation est d’autant plus efficace si l’on nomme le
résultat attendu, si l’on dit ce que l’on attend exactement que l’apprenant fasse à l’issue de la
formation, dans des termes précis et sous forme de comportement observable.
Définitions des notions
Outre la notion de comportement observable, la PPO s’articule autour de deux notions
principales : l’objectif général et l’objectif spécifique
Un comportement observable s’oppose à une action mentale : c’est la manifestation externe
d’une activité interne. Un observateur peut se rendre compte par au moins l’un des cinq sens de
l’activité de la personne et attester de sa réalisation.
L’intention pédagogique exprime la direction de changement que le formateur formule pour
l’apprenant, ce qu’il sera capable de faire au terme de l’apprentissage, c’est une orientation qui
va donner du sens à la séquence pédagogique. Elle ne fournit pas d’indication précise sur les
résultats escomptés
L’objectif pédagogique exprime le résultat visible qu’un apprenant doit atteindre, ce qu’il sera
capable de faire au terme de l’apprentissage. Il objective l’effet attendu, le rend concret,
observable. C’est pourquoi il est libellé avec un verbe d’action et qu’il privilégie les faits.
L’intention concerne plus le contenu, l’objectif concerne plus la personne.
Intention et Objectif sont deux notions complémentaires, l’objectif matérialise l’intention,
l’intention donne du sens à l’objectif qui a besoin d’être mis en perspective dans une vision
globale à moyen ou long terme.
Exemple : « Je veux que les jeunes comprennent l’importance de l’argent dans la vie
quotidienne », cette phrase prononcée par un formateur de jeunes adultes exprime une intention
pédagogique. « Le jeune doit être capable d’établir un budget prévisionnel équilibré à partir des
informations suivantes… » est un objectif.
Selon des auteurs comme Hameline et Mager,
L’objectif général est un énoncé d’intentions pédagogiques décrivant en terme de capacités de
l’apprenant l’un des résultats escomptés d’une séquence d’apprentissage.
L’objectif spécifique ou opérationnel est issu de la démultiplication d’un objectif général en
autant d’énoncés rendus nécessaires pour que 4 exigences opérationnelles soient satisfaites :
- décrire de façon univoque le contenu de l’intention pédagogique
- décrire une activité de l’apprenant identifiable par un comportement observable
- mentionner les conditions dans lesquelles le comportement souhaité doit se manifester
- indiquer à quel niveau doit se situer l’activité terminale de l’apprenant et quels critères
serviront à évaluer le résultat
Les conditions de réalisation d’un objectif opérationnel sont les circonstances dans lesquels
le comportement va se manifester. Elles peuvent inclure le temps, le matériel, les supports, la
guidance,… Elles font référence à l’exécution des tâches.
Les critères de réussite d’un objectif opérationnel indiquent ce que l’on exige exactement. Ils
définissent les performances minimales exigées.
Exemple d’objectif opérationnel (d’après J.P Martin et E Savary : Formateur d’adultes)
«L’adulte sera capable de procéder dans des conditions réelles, à la mise en marche d’une
locomotive, en se conformant aux mesures de sécurité en vigueur »
Contextes et situations
Ce que l’on se propose donc désormais dans cette perspective actionnelle est de former
dans nos classes de langues, non plus un étranger de passage (comme c’est le cas des approches
communicatives) ou à l’inverse celui qui rencontre chez lui des étrangers de passage, mais un
acteur social plurilingue et pluriculturel, capable de s’adapter ou de s’intégrer dans les
différentes sociétés. Un acteur social qui, dans le cadre de sa formation universitaire et de sa
profession, doit désormais être capable de travailler en langue/culture étrangère. En d’autres
termes, l’objectif de l’enseignement/apprentissage de langues étrangères n’est plus de former
un apprenant capable de se comporter seulement dans des situations de communication
attendues mais de l’aider à devenir un utilisateur autonome et efficace de la langue/culture
étrangère.
Cette notion d’action est considérée d’après Springer comme la clé qui permet de « transformer
l’approche communicative en une matière plus noble et plus riche d’espoir pédagogique à
travers la notion d’action » (2009 : 28).
D’après cette présentation de la perspective actionnelle par le CECR, Puren (2008 : 2) observe
quatre prises de distance d’avec l’approche communicative :
- la distinction entre « apprentissage et usage » (apprenant et usager). Dans l’approche
actionnelle, la tâche de référence est la simulation dans laquelle cette distinction est
neutralisée puisqu’on demande à l’apprenant de faire précisément comme s’il était un
usager.
- l’approche communicative « privilégie les tâches langagières » et notamment les tâches
communicatives. Cependant, le CECR affirme que les tâches ne sont pas seulement
langagières.
- « l’agir de référence de l’approche communicative est l’acte de parole », qui est un agir
sur l’autre par la langue. Or l’agir de référence dans la perspective actionnelle est « l’action
sociale », à laquelle les actes de parole sont hiérarchiquement subordonnés.
- la situation de référence de l’approche communicative est « l’interaction conçue
principalement comme action réciproque de deux interlocuteurs ». Or la notion d’action
sociale dans le CECR élargit cette situation de référence à l’ensemble de la communauté,
aussi bien pour l’usage dans la société que pour l’apprentissage dans la classe.
En effet, on perçoit « des proximités, des continuités avec les approches communicatives :
conception de l’apprentissage reposant sur l’activité de l’apprenant ; souci de motiver
l’apprenant en l’impliquant dans des pratiques qui lui importent » (Coste, 2009 : 16).
Rosen (2009 : 9) établit le tableau suivant qui propose une synthèse des évolutions, réalisées
sous forme de continuum, mettant en avant moins des ruptures que des continuités marquées :
Learner
Input TASKS
role
Activities Settings
D’après ce schéma, on remarque que la conception d’une tâche exige la prise en
considération de six paramètres : les objectifs, le support de départ (input), les activités que les
apprenants doivent effectuer, les rôles respectifs de l’apprenant et de l’enseignant, et enfin la
situation. D’autres auteurs, comme Willis et Ellis ajouteront un septième paramètre : le résultat,
qui constitue pour les apprenants l’objectif de la tâche.
Le CECR considère l’approche par la tâche comme le centre de gravité de toute la
conception du processus d’enseignement/apprentissage de langues étrangères. Elle permet de
repenser l’apprentissage-enseignement en tenant compte des besoins des apprenants et en
motivant le travail par une production finale. Springer affirme que « la tâche pédagogique
communicative constitue l’élément moteur d’une rénovation pédagogique de type actionnel »
(2009 : 33).
Les tâches effectuées en classe doivent, selon Rosen, présenter les caractéristiques
globales suivantes : « elles sont généralement choisies par l’enseignant en fonction de ses
objectifs ; elles sont effectuées par un seul apprenant ou par plusieurs ; leur accomplissement
donne lieu à une évaluation qui porte sur le fond (la tâche menée à bien avec succès), mais
également sur la forme (une réalisation linguistique correcte) » (2009 : 7).
Ces tâches sont censées contribuer au développement d’une capacité à communiquer en langue
étrangère. Cependant, Coste insiste sur le fait que l’exécution doit présenter un « intérêt
intrinsèque pour l’apprenant » et lui permettre de progresser en comportant des « enjeux réels »
(2009 : 18).
Par ailleurs, par opposition aux approches communicatives qui suivent une démarche
basée sur la séquence traditionnelle : présentation, pratique, production (PPP), la perspective
actionnelle commence par expliciter le produit final de la tâche.
Dans un cours de langue, le CECR, Guide pour les utilisateurs, confirme que :
La langue assume un autre rôle par rapport aux tâches à effectuer. On attendra non seulement
des apprenants qu’ils accomplissent correctement une tâche mais, qu’en outre, ils la réalisent
en employant les termes appropriés et corrects de la langue. C'est le cas même des approches
pédagogiques qui considèrent que les tâches à accomplir dans les cours de langues doivent être
le reflet fidèle de la vraie vie - puisque après tout, l'objectif des cours de langues consiste bien
à apprendre une nouvelle langue. Même dans une telle approche, il faut insister autant sur
l'apprentissage du système formel de la langue que sur le contenu de chaque tâche. (2002 : 102)
Le recours aux tâches en classe de langues étrangères doit s’appuyer aussi sur l’imaginaire et
la créativité, ce qui facilite bien évidemment l’enseignement/l’apprentissage dans la mesure où
les apprenants sont placés dans des situations proches du réel et que la réalisation des tâches en
classe permettra aux apprenants de les réaliser dans la vie quotidienne, notamment lorsque les
apprenants sont en situation exolingue n’ayant aucun ou peu de contact avec la langue étrangère
cible. Ces tâches simulées, bien qu’elles ne soient pas toujours identiques à la vie réelle,
permettent aux apprenants de créer des interactions et des échanges comparables aux échanges
réels. Par ailleurs, l’objectif dans une tâche, selon Bérard, « est double : c’est non seulement la
tâche elle-même qui est visée mais également la correction de la langue utilisée pour la
réaliser » (2009 : 40).
Synthèse :
Apports de la perspective actionnelle :
Contextualisation de l'apprentissage : la perspective actionnelle encourage l'apprentissage
dans des contextes authentiques, favorisant ainsi une meilleure compréhension de la langue
dans des situations réelles de communication.
Motivation et engagement : les tâches communicatives et les projets concrets stimulent la
motivation des apprenants, les encourageant à participer activement et à développer des
compétences linguistiques de manière naturelle.
Développement des compétences intégrées : les apprenants sont amenés à utiliser toutes les
compétences linguistiques (écouter, parler, lire, écrire) de manière intégrée, ce qui reflète plus
fidèlement la réalité de l'utilisation d'une langue.
Focus sur la fonction communicative : la perspective actionnelle met l'accent sur la fonction
communicative de la langue plutôt que sur des structures linguistiques isolées, favorisant ainsi
une utilisation pratique des connaissances linguistiques.
Évaluation formatrice : les performances des apprenants dans des situations réelles peuvent
servir d'évaluation formative, offrant des retours immédiats pour ajuster l'enseignement.
Limites de la perspective actionnelle :
Nécessité de la planification : la mise en œuvre de tâches authentiques nécessite une
planification minutieuse, et il peut être difficile de garantir que chaque apprenant atteigne les
mêmes objectifs linguistiques.
Temps nécessaire : les tâches communicatives peuvent prendre plus de temps que les activités
traditionnelles axées sur la grammaire, ce qui peut être un défi dans le cadre d'un programme
d'enseignement limité en termes de temps.
Équilibre entre compétences et contenus : certains critiques soutiennent que la perspective
actionnelle pourrait négliger l'enseignement explicite de certaines compétences linguistiques et
structures grammaticales essentielles.
Adaptation à tous les contextes : la perspective actionnelle peut ne pas être aussi facilement
adaptable à tous les contextes d'enseignement, en particulier dans des environnements où l'accès
à des situations de communication authentiques est limité.
Évaluation formative complexe : évaluer les performances des apprenants dans des tâches
communicatives peut être plus complexe que des évaluations traditionnelles, nécessitant
souvent des critères plus souples et subjectifs.