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Synthèse
Introduction
Saussure a établi des concepts fondamentaux, notamment la distinction entre langage, langue et
parole. Le langage est la faculté commune à tous les hommes, se manifestant sous forme de langue
(produit social) et de parole (acte individuel). La langue est un phénomène social, un code commun
à une communauté linguistique, imposé à l'individu, tandis que la parole est un acte individuel de
volonté et d'intelligence. Saussure donne le primat à la langue sur la parole.
Le signe linguistique, selon Saussure, est une entité psychique à deux faces, le signifiant (image
acoustique) et le signifié (concept). Il souligne l'arbitraire du lien entre eux, ainsi que leur nature
immuable et mutable dans le temps.
Saussure aborde les rapports syntagmatiques et paradigmatiques, où les premiers se basent sur la
successivité des signes dans la chaîne parlée, et les seconds sur les associations associatives entre
les mots.
1. Les débuts de l'apprentissage des langues : Le texte évoque les débuts de l'apprentissage
des langues par les Akkadiens, qui ont appris la langue des Sumériens après leur conquête,
ainsi que les préoccupations similaires des civilisations égyptienne, grecque et romaine. Les
Romains, après la conquête de la Grèce, ont introduit le grec dans leur système
d'enseignement.
3. La Méthode Grammaire-Traduction (MGT) : La MGT, qui a été utilisée pendant trois siècles
à partir de la Renaissance, est présentée. Elle se concentre sur l'enseignement des règles
grammaticales à travers des livres de grammaire, des textes littéraires et des exercices de
traduction.
4. La méthode Directe (MD) : Apparue à la fin du XIXe siècle, la MD rejette la traduction et les
explications grammaticales, mettant l'accent sur la communication orale.
6. La méthode Audio-Orale (MAO) : La MAO est introduite comme une méthode développée
pendant la Seconde Guerre mondiale, basée sur la linguistique structurale américaine et la
psychologie béhavioriste. Elle met l'accent sur l'acquisition rapide de la langue orale.
8. L'Approche Communicative (AC) : Apparue dans les années 1970, l'AC marque un tournant
en mettant l'accent sur la communication orale et la compréhension dans des situations
authentiques. Elle rejette l'application directe de la linguistique et favorise l'intégration de
diverses disciplines comme la sociolinguistique, la psycholinguistique et la pédagogie.
L'approche syntaxique des méthodes précédentes cède la place à la sémantique dans l'AC,
privilégiant la production et l'utilisation d'énoncés en fonction du sens. Les théories de la
psychologie cognitive, notamment celles de Piaget, influencent l'AC, favorisant un enseignement
centré sur l'apprenant et sa participation active au processus d'apprentissage.
Les pratiques de classe dans l'AC évoluent vers des activités axées sur le sens, la créativité et
l'interaction, utilisant des documents authentiques pour refléter des situations réelles. Le texte
évoque également l'approche actionnelle, issue d'une rénovation de l'enseignement des langues
vivantes, centrée sur les compétences orales et basée sur le Cadre Européen Commun de
Référence pour les Langues (CECRL).
La perspective actionnelle privilégie l'apprenant en tant qu'acteur social accomplissant des tâches,
dépassant les activités langagières pour inclure des tâches non langagières. Elle insiste sur la
compétence plurilingue et pluriculturelle, encourageant le travail de groupe et les projets
pédagogiques signifiants dans la vie quotidienne. Bien que différente de l'approche
communicative, la perspective actionnelle ne rompt pas totalement avec elle, conservant la
compétence communicative comme fondement.
La sociolinguistique
1. Qu’est-ce que la sociolinguistique ?
William Labov considère la sociolinguistique comme une extension de la linguistique, soulignant que
toutes les études linguistiques ont un lien direct ou indirect avec la société. Il remet en question la
vision de Ferdinand de Saussure, affirmant que la langue est un système autonome, et insiste sur
l'interdisciplinarité de la sociolinguistique
Le rôle du sociolinguiste.
Le sociolinguiste engage des réflexions sur l'enseignement de la langue, établit des politiques
linguistiques (langue officielle, secondaire, nationale), et organise des débats publics pour traiter
l'impact du langage sur la société. Globalement, le sociolinguiste mène une étude scientifique
expliquant le comportement langagier d'une communauté linguistique spécifique sur l'échelle
sociale, débutant par le constat, l'enregistrement du corpus, l'analyse, la comparaison, et aboutissant
à la promulgation de normes et de lois régissant un système langagier particulier. Le sociolinguiste
est ainsi un physicien social, un technicien qui décrypte les dynamiques linguistiques au sein de la
société.
CHAPITRE II :
La langue, selon Ferdinand de Saussure, est un système de signes conventionnels utilisé par un
groupe d'individus pour la communication. Elle émerge souvent en tant que dialecte qui réussit à
s'imposer politiquement et socialement, doté d'une graphie standardisée et normalisé par une
grammaire. Par exemple, l'arabe classique est officiel dans les pays arabes malgré son absence
comme langue maternelle.
Le dialecte, dérivé du bas latin "dialectus", est une variété linguistique propre à un groupe
d'utilisateurs. Contrairement à la langue, il n'a pas acquis de statut culturel et social, restant en
évolution et sans fixation normative. Les dialectes, tels que le dialecte marocain de l'arabe classique,
sont des langues parlées sans normes formelles définies.
Le rapport entre la langue et le dialecte est souvent controversé. Certains linguistes estiment qu'il n'y
a pas de critères clairs pour les distinguer, tandis que d'autres s'appuient sur des facteurs sociaux tels
que l'existence d'une norme, d'une littérature écrite, l'expansion géographique, et l'influence
institutionnelle pour justifier cette distinction.
En fin de compte, la différence entre la langue et le dialecte est complexe et souvent liée à des
considérations sociales et institutionnelles, tout en reconnaissant que la linguistique appliquée,
notamment la sociolinguistique, joue un rôle crucial dans l'analyse et la compréhension de ces
variations linguistiques
Selon le Toupictionnaire, le mot "communauté" trouve ses racines dans le latin "communis,"
signifiant "ensemble" et "munus," signifiant "charge" ou "dette." Ainsi, il évoque des charges
partagées et des obligations mutuelles. Le philosophe italien Roberto Esposito partage une
perspective similaire en décrivant la communauté comme un vide, une dette, un don envers les
autres, soulignant notre altérité constitutive.
Dans ce contexte, la communauté est définie comme le caractère commun partagé par
différentes personnes ou entités. Cependant, la question se pose quant à la communauté
linguistique et si elle conserve son essence linguistique ou explore d'autres disciplines. Il sera
nécessaire d'explorer ces interrogations et d'autres afin de comprendre si la communauté
linguistique maintient son focus sur la linguistique ou si elle s'aventure vers d'autres domaines
connexes
CHAPITRE IV : LA DIGLOSSIE
La diglossie, introduite par Jean Psichari dans les années 1920, se réfère à la
coexistence de deux variétés linguistiques dans une même communauté, ayant des statuts sociaux
distincts, l'une étant considérée comme supérieure à l'autre. Psichari l'utilise initialement pour
décrire la dualité entre la langue des puristes et l'idiome populaire en Grèce.
Charles Ferguson redéfinit le concept de diglossie en 1959, en soulignant la distinction entre deux
variétés génétiquement parentes au sein d'une communauté. L'une représente le prestige, associée
aux fonctions nobles de la forme écrite, tandis que l'autre est utilisée dans la vie quotidienne.
Ferguson expose les fonctions complémentaires de ces variétés au sein de la société, citant des
exemples tels que l'arabe du Coran par rapport aux dialectes arabes.
Joshua Fishman, à son tour, étend le modèle diglossique aux situations où deux langues, même non
apparentées génétiquement, coexistent avec une distribution fonctionnelle complémentaire. Il
oppose le bilinguisme individuel à la diglossie en tant que fait social. Fishman suggère quatre cas de
figure, dont la diglossie et le bilinguisme peuvent coexister, et explore des contextes tels que la
migration ou les pays en développement.
Ainsi, la diglossie devient un concept englobant des réalités sociolinguistiques variées, mettant en
lumière la distribution fonctionnelle des langues au sein des sociétés et soulignant la nécessité de
considérer à la fois les aspects individuels et sociaux dans l'analyse linguistique.
CHAPITRE V : LE PLURILIGUISME
Le plurilinguisme, en sociolinguistique, est une notion centrale qui englobe une variété de
phénomènes, usages, pratiques et attitudes sociolinguistiques au niveau macro. Il se réfère à la
capacité linguistique d'un individu à communiquer dans plusieurs langues selon le contexte et le type
de communication requis. Cependant, les définitions fournies par les sociolinguistes divergent
souvent, créant une certaine confusion.
Selon Jean Dubois, le plurilinguisme concerne un individu qui utilise plusieurs langues au sein d'une
même communauté, en fonction du type de communication (famille, relations sociales, interactions
avec l'administration, etc.). Cependant, sa définition semble manquer de nuances, ne distinguant pas
clairement le plurilinguisme du multilinguisme, les considérant même parfois comme des
synonymes.
Pourtant, de nombreux sociolinguistes insistent sur la distinction entre plurilinguisme et
multilinguisme. Le plurilinguisme se réfère à l'état linguistique de l'individu, tandis que le
multilinguisme colore la situation communautaire d'un pays. Sylvie Wharton et Jacky Simonin, par
exemple, soulignent cette distinction en utilisant le terme "plurilinguisme" comme hyperonyme,
opposé au "multilinguisme". Ils expliquent que le multilinguisme concerne la collectivité (un pays est
multilingue), tandis que le plurilinguisme se rapporte à l'individu (une personne est plurilingue).
Ainsi, la littérature francophone tend à distinguer ces deux notions.
CHAPITRE VI : LE BILINGUISME
Le bilinguisme, étudié en sociolinguistique, est défini comme l'usage alterné ou confondu de deux
systèmes de signes différents. Le monde, plurilingue par nature, présente une diversité linguistique
constante due aux contacts entre les communautés linguistiques.
Les origines du bilinguisme sont liées à des facteurs historiques et culturels, tels que l'unification
politique, les situations postcoloniales, l'immigration, et le cosmopolitisme.
Le bilinguisme dans une communauté révèle les forces linguistiques internes, avec des individus
devenant bilingues pour faciliter la communication avec d'autres langues.
Cela joue un rôle crucial dans l'intégration sociale, où la langue devient un symbole d'identification à
un groupe. Les facteurs tels que le nombre de locuteurs bilingues, le poids social de la langue
seconde, et les contextes géopolitiques et historiques influencent la dynamique du bilinguisme au
sein d'une société. Des exemples de diglossie et de triglossie illustrent la cohabitation de plusieurs
langues dans différentes sphères de la vie quotidienne.
La variation linguistique est un phénomène complexe observé chez une même personne au cours
d'une journée, influencée par les interlocuteurs, le contexte de communication, le milieu social,
l'histoire personnelle, la géographie, et d'autres facteurs. William Labov, pionnier de l'approche
variationniste, souligne l'importance de considérer le contexte social dans l'étude d'une langue.
Les grands types de variation linguistique comprennent la variation diachronique, liée au temps et
observant les changements linguistiques à travers les époques. La variation diatopique, basée sur
l'axe géographique, concerne les variations linguistiques dans différentes régions, donnant lieu à des
régiolectes ou géolectes. La variation diastratique se focalise sur les différences entre les usages
linguistiques des différentes classes sociales, formant des sociolectes. Enfin, la variation diaphasique,
ou situationnelle, se produit lorsque les usages linguistiques varient en fonction du contexte de
discours, créant des registres ou des styles différents.
Chaque type de variation linguistique est associé à des facteurs extralinguistiques tels que la classe
sociale, le sexe, l'âge, la race, les attitudes des locuteurs, et les circonstances de la communication.
Ainsi, l'étude de la variation linguistique permet de comprendre comment la langue évolue dans le
temps, l'espace, les groupes sociaux, et les contextes de communication.
L'accent, dans le contexte linguistique, se réfère à une coloration spécifique dans la façon de parler,
une trace laissée par le mouvement de la langue et de la bouche. Il représente une intonation
distinctive associée à une communauté linguistique ou à un milieu social particulier. Par exemple, on
peut reconnaître l'origine d'une personne en écoutant son accent, comme dans le cas où l'on
suppose qu'une personne est Italienne en raison de son accent.
À l'intérieur d'un même groupe linguistique, l'accent implique l'existence d'une norme, une langue
de prestige à laquelle les locuteurs se conforment sous l'influence de la coercition sociale. Cela
suggère que la perception de l'accent est liée à des normes linguistiques et sociales.
Le terme accent est souvent associé à la reconnaissance de l'origine géographique ou sociale d'un
locuteur. Parfois, lorsque l'on a du mal à identifier cette origine et à qualifier quelqu'un d'étranger,
on dit qu'il n'a pas d'accent. Cette distinction entre "parler" et "accent" souligne que l'accent englobe
l'intonation et le rythme, tandis que le parler englobe l'ensemble des mots, la grammaire et la
prononciation utilisés par un groupe de personnes dans une langue. Certains accents peuvent être
associés à des préjugés, et l'absence d'accent est parfois perçue comme une échappatoire à la
stigmatisation
L’Accent et la prononciation
La confusion persiste entre les termes « accent » et « prononciation », malgré leur distinction
étymologique et conceptuelle. Le mot « accent », apparu en anglais en 1538, signifiait à l'origine «
mode particulier de prononciation », dérivé du latin accentus, faisant référence à l'intonation. En
revanche, le terme « prononciation », datant de 1430 en anglais, se réfère à la manière dont on
prononce un mot.
La distinction fondamentale réside dans le fait que la prononciation concerne l'adoption des
inflexions et des particularités audibles spécifiques à une langue lorsqu'elle est parlée. Cette dernière
peut être évaluée comme bonne ou mauvaise, correcte ou incorrecte, ou relever d'une variation ou
d'un dialecte régional. D'un autre côté, l'« accent » se manifeste lorsque les inflexions et les
particularités audibles caractéristiques d'une langue sont appliquées à une autre. Par exemple, une
personne peut parler anglais avec un accent français ou français avec un accent anglais.
La distinction entre ces deux termes peut toutefois être complexe, car il est possible de parler une
langue spécifique avec des accents régionaux, ce qui semble contredire l'idée que la prononciation
est limitée à une seule langue, tandis que l'accent associe les particularités d'une langue à une autre.
La question des dialectes peut également ajouter une couche de complexité, transformant la
prononciation en accent dans un contexte régional. Malgré ces nuances, il reste crucial de
reconnaître que, dans le domaine linguistique, « accent » et « prononciation » conservent des
significations distinctes.
CHAPITREX IX : L’ALTERNANCE CODIQUE
L'alternance codique, également connue sous le terme de code-switching, est un phénomène complexe
résultant du contact entre langues. Les définitions de ce concept se chevauchent, avec des perspectives
variées. Certains, comme Lûdi et Py, le définissent comme un passage d'une langue à l'autre dans une
situation de communication bilingue. Gumperz le décrit comme la juxtaposition, au sein d'un même
échange verbal, de passages appartenant à deux systèmes grammaticaux différents.
L'alternance codique comprend divers phénomènes, dont le code-switching et le code-mixing. Le
code-mixing, également appelé parler mixte, implique une interaction entre deux ou plusieurs codes
linguistiques dans une situation de contact de langue. Contrairement au code-switching, le code-
mixing représente une fusion indissociable des éléments et des règles de deux langues dans une même
phrase ou conversation. Les codes linguistiques ne sont pas clairement discernables, car ils sont
superposés au lieu d'être séparés.
Gumperz et Blanc soulignent que le code-switching n'est pas simplement un mélange aléatoire de
codes linguistiques, mais plutôt une ressource et une "stratégie de communication". Le code-switching
se différencie également de l'emprunt, de l'interférence et du code-mixing.
l’emprunt
L'emprunt se réfère à l'utilisation collective et quasi-systématique d'un mot ou d'une expression
emprunté à une autre langue, intégré dans le système grammatical de la langue d'accueil. En revanche,
l'interférence implique le transfert souvent inconscient d'éléments d'une langue source dans une langue
cible, résultant d'une connaissance limitée et inconsciente de la langue utilisée.
L'alternance codique peut être classée en trois types majeurs selon Poplack : inter-phrastique, intra-
phrastique et extra-phrastique. L'inter-phrastique implique l'alternance de langues au niveau d'unités
plus longues, telles que des phrases ou des fragments de discours. L'intra-phrastique se produit lorsque
des structures syntaxiques appartenant à deux langues coexistent à l'intérieur d'une même phrase.
L'extra-phrastique implique l'insertion de segments alternés dans des expressions idiomatiques ou
figées.
Gumperz distingue l'alternance situationnelle, liée au changement des circonstances de la
communication, de l'alternance conversationnelle, qui se déroule automatiquement au sein d'une même
discussion sans changement de situations de communication. L'alternance conversationnelle
correspond à l'utilisation de deux codes différents comme stratégie de communication.
Au niveau morphologique, la langue d'accueil adopte souvent le genre du nom tel qu'il
est dans la langue source. Par exemple, les mots "tagine", "hadith" et "safran"
conservent leur genre masculin en arabe et en français. Cependant, certains mots
comme "henné" et "calife" changent de genre lors de leur passage de l'arabe au
français.