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Chargé de la matière : Mr.

Ouali Salim
Matière : Sciences du langage. Champs, domaines et débouchés
Niveau : 1ère année Master. LMD
TD : N°4
Thème : Les grands paradigmes s’articulant autour de la langue
- Le structuralisme en linguistique
- Le fonctionnalisme en linguistique
- Le formalisme en linguistique
- Le cognitivisme en linguistique

En se référant à la conception saussurienne de la linguistique avec la langue comme objet d’étude et de


la dichotomie langue/ parole à laquelle il a fait référence ; ce dernier a indiqué dans son cours de
linguistique générale ce qui suit :
« L’étude du langage comporte donc deux parties : l’une, essentielle, a pour objet la
langue, qui est sociale dans son essence et indépendante de l’individu ; cette étude est
uniquement psychique ; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’est-
à-dire la parole y compris la phonation : elle est psycho-physique » (1995 :37)
Il ajoute un peu plus loin :
« On peut à la rigueur conserver le nom de linguistique à chacune de ces deux
disciplines et parler d’une linguistique de la parole. Mais il ne faudrait pas la confondre avec
la linguistique proprement dite, celle dont la langue est l’unique objet » (1995 : 39)

Par conséquent, à la lumière de ces deux citations, nous déduisons la présence de deux
linguistiques, la première est la linguistique de la langue (à proprement parler) et la deuxième, qui
permet la distinction langue/parole, est la linguistique de la parole. A cet effet, nous essayerons de
définir, dans ce cours, les principaux paradigmes prenant pour objet la langue et dans le cours
prochain les paradigmes prenant pour objet d’étude la parole.

Remarque N°1 :
Selon De saussure :
1995 : 116 « La multiplicité des signes, déjà invoquée pour expliquer la continuité de la langue,
nous interdit absolument d’étudier simultanément les rapports dans le temps et les rapports dans le
système. Voilà pourquoi nous distinguerons deux linguistiques ».
1995 :117 « Mais pour mieux marquer cette opposition et ce croisement de deux ordres de
phénomènes relatifs au même objet, nous préférons parler de linguistique synchronique et de
linguistique diachronique. Est synchronique tout ce qui se rapporte à l’aspect statique de notre
science, diachronique tout ce qui a trait aux évolutions. De même synchronie et diachronie
désignerons un état de langue et une phase d’évolution ».
Schéma récapitulatif
Synchronie
Langue
Langage Diachronie
Parole
Selon Paveau- Sarfati 2003 :84
« Le terme de système (du grec sustema) désigne un assemblage, et, depuis le 17e siècle, un
ensemble constituant un tout organique. C’est à peu près dans ce sens que Saussure utilise le terme
dans le CLG pour donner une première caractérisation de la langue (« système de signes »). A bien
considérer cette définition très générale, elle ne dit rien de la manière dont est organisé le « tout
organique » que constitue un système donné (linguistique ou autre).
C’est à cet endroit qu’intervient le concept de structure, puisqu’il vient désigner et qualifier un
certain type de rapport entre les éléments dont se recomposent « tout organique » en question. De
fait, la définition complète du mot système inclut une spécification supplémentaire : un système est
un ensemble constituant un tout organique possédant une structure. […] par exemple, une certaine
loi de combinaison qui régit le rapport des éléments qui le constituent ».

Les grands paradigmes s’articulant autour de la langue

1- Le structuralisme

1.1 Remarque N°2 :


Trois principes saussuriens ont inspiré l’avènement de linguistique structuraliste, à savoir
premièrement, il faut étudier le langage en lui-même avant de considérer ses rapports à d’autres
systèmes (historiques, sociologiques ou psychologiques) ; les structures internes passent avant les
structures externes. Deuxièmement, la parole, manifestation perceptible du langage, doit être
décomposée en un nombre fini d’éléments minimaux, tels les phonèmes au niveau phonologique.
Troisièmement, les éléments d’un langage doivent être définis par leurs relations mutuelles. Ces
relations sont de deux types : relations paradigmatiques entre les éléments qui peuvent se
substituer les uns aux autres ; relations syntagmatiques entre les éléments qui peuvent se combiner
les uns avec les autres.

[1.2 Principes généraux :

Les écoles structuralistes en linguistique se développent à partir des années 1920


essentiellement à Prague, Copenhague et aux États-Unis. Genève et Paris (les deux villes où
Saussure enseigna) donnèrent plutôt naissance à des personnalités originales, informées, mais
relativement isolées. Le point de vue structural, dans ses différentes versions, dominera l'avant-
garde des recherches linguistiques jusqu'au début des années 1960 et l'apparition du générativisme
de Noam Chomsky.

1.3 Le structuralisme linguistique


Le structuralisme ne constitue pas à proprement parler une communauté de doctrine. Il se
caractérise plutôt par le partage d'un ensemble de principes très généraux qui peuvent orienter ou
infléchir les recherches dans des directions différentes : attention portée au signifiant phonique,
tentative pour rendre compte de la langue en termes de pure combinatoire, réflexion sur
la forme dans les phénomènes linguistiques, prise en compte de la diversité des codes et des
normes qui règlent la langue (écrit et oral), etc. Seule, d'ailleurs, cette orientation méthodologique
et épistémologique du structuralisme linguistique assure la continuité réelle à partir de Ferdinand
de Saussure : le Cours de linguistique générale (publié en 1916) propose une réflexion sur les
conditions de possibilité les plus générales d'une connaissance des langues plutôt qu'une doctrine
linguistique développée.]1

1
https://www.universalis.fr/encyclopedie/structuralisme/1-le-structuralisme-linguistique/
2 –Le fonctionnalisme
2.1 Remarque : le fonctionnalisme est un courant structuraliste, car il est issu du structuralisme
européen élaboré notamment par Saussure et par Troubetzkoy.

2.2 [On regroupe sous le terme « fonctionnalisme » un ensemble de courants qui, insistant sur le
rôle essentiel de la langue comme instrument de communication, se donnent pour objectif de
caractériser dans cette perspective les diverses fonctions des éléments linguistiques. La question
fondamentale pour un fonctionnaliste est donc la suivante : à quoi tel élément de la langue sert-il –
en d'autres termes, quelle est sa fonction ? Contrairement aux courants formalistes, auxquels les
fonctionnalistes s'opposent sur bien des points, ces derniers s'inscrivent, pour l'essentiel, dans une
tradition d'inspiration européenne.

Depuis Ferdinand de Saussure (1857-1913), trois générations d'approches fonctionnalistes de la


langue se sont succédé. La première s'est constituée à l'origine autour de l'école dite de Prague,
dans les années 1930. Représentée notamment par Nikolaï Troubetzkoy (1890-1938), auteur des
Principes de phonologie (1939), et par Roman Jakobson (1896-1982), elle s'est essentiellement
consacrée à l'étude des structures phonologiques et à l'identification des fonctions du langage. La
démarche des phonologues fonctionnalistes a été doublement novatrice. D'une part, elle a instauré
un principe d'abstraction en retenant comme seuls pertinents pour la communication les traits
phonétiques à valeur « distinctive ». D'autre part, elle a mis au point la méthode appelée «
commutation » qui a été ensuite très largement utilisée par les distributionnalistes : par exemple,
en français, “tu” est constitué des deux phonèmes /t/ et /y/ (correspondant au « u ») parce qu'il
commute d'une part avec du ou lu, et d'autre part avec ta ou ton – c'est-à-dire qu'il entre dans un
double système d'oppositions.]2

2.3 Martinet 1989 : 37


« Chaque science est caractérisée, moins par le choix des objets que par le choix de certaines
caractéristiques de ces objets. Chaque science est fondée sur une pertinence. En linguistique
fonctionnelle, nous estimons que la pertinence est la pertinence communicative. »

3. Le formalisme

3.1 [Le terme formalisme russe désigne une école de linguistes et de théoriciens de la littérature qui,
de 1914 à 1930, révolutionna le domaine de la critique littéraire en lui donnant un cadre et une méthode
novatrice. On peut distinguer le groupe de Moscou mené par Roman Jakobson, et celui de Saint-
Pétersbourg, l'OPOYAZ, conduit par Victor Chklovski.

3.2 Histoire du formalisme

Les formalistes russes auront une influence considérable sur la sémiologie et la linguistique du xxe
siècle, notamment par le biais du structuralisme.
Ce courant de critique littéraire se développe en Russie entre 1915 et 1930, mais ce mouvement n'a été
découvert en France que vers 1960.

2
https://www.universalis.fr/encyclopedie/fonctionnalisme-
linguistique/#:~:text=On%20regroupe%20sous%20le%20terme,diverses%20fonctions%20des%20%C3%A9l%C3%A9ments
%20linguistiques.
Il commence par la création en 1915 du Cercle linguistique de Moscou pour « Promouvoir la
linguistique et la poétique ». Il est aidé ensuite par la collaboration de l'OPOYAZ, qui aide les
formalistes par l'apport des poètes futuristes comme Vladimir Maïakovski.
La revue Poetica est publiée avec l'aide des formalistes par l'institut d'État d'histoire des arts. Le mot «
formaliste » est d'abord une critique qui leur est adressée, mais dont ils se défendent, affirmant préférer
« les qualités intrinsèques du matériau littéraire ».]3
3.3 Selon Patrick Flack, dans son article en ligne intitulé « Le Formalisme russe dans l’histoire de
la linguistique », ce dernier déclare :
« Mon objectif ici sera de réévaluer positivement l’importance théorique du Formalisme pour le
structuralisme, et notamment pour la linguistique structurale. Pour ce faire, je compte indiquer très
brièvement que certaines des idées constitutives les plus radicales du tout premier Formalisme – la
notion de langage poétique, la perceptibilité de la forme poétique, le mot comme chose (vešč) concrète
et expressive – ont contribué à forger chez Jakobson une conception de la linguistique structurale qui est
fort différente de celle proposée par Saussure. Démontrer de la sorte l’originalité « formaliste » de la
linguistique structurale jakobsonienne est un élément essentiel dans la défense du potentiel linguistique
du Formalisme russe. La linguistique structurale (et en particulier la phonologie), en effet, constitue un
modèle théorique scientifiquement rigoureux, qui peut fournir une base cohérente aux idées littéraires
souvent vagues et immatures des formalistes. De surcroît, elle fut la matrice du développement du
structuralisme comme paradigme des sciences humaines. »4

4. Le cognitivisme
4.1 [Le tournant cognitif et le paradigme cognitiviste en linguistique

« […] Revenons à présent à ce que l’on est convenu d’appeler le « tournant cognitif » en
linguistique. En 1956 aux États-Unis, des représentants de plusieurs disciplines scientifiques différentes
se réunissaient (lors de deux conférences, l’une à Cambridge, l’autre à Dartmouth) autour d’un projet
épistémologique commun, connu sous le nom de « programme cognitiviste » : le linguiste Noam
Chomsky côtoyait le psychologue Herbert Simon et le spécialiste d’intelligence artificielle Marvin
Minsky dans cette entreprise pluridisciplinaire, qui visait à caractériser le fonctionnement de l’esprit à
travers les facultés qu’il développe, et notamment à travers la faculté de langage. L’hypothèse
fondatrice de ce projet était que, de façon générale, la cognition humaine pourrait être définie, à la
manière d’une machine, en termes de calculs (« computations »), correspondant au traitement des divers
types d’informations reçues par l’humain. » C’est ainsi que la linguistique s’est trouvée – par
l’intermédiaire des tenants d’une approche formelle de la langue – partie prenante de l’entreprise «
cognitiviste » dès ses débuts, participant à ce que d’aucuns qualifient parfois de « révolution des
sciences cognitives » (selon les termes de Gardner 1985).

Il convient toutefois de rappeler que l’étape de 1956, réputée marquer la naissance de la linguistique
cognitive, avait été précédée, dès le tournant des années 1940, par la période de la « cybernétique »,
dont les pères fondateurs ont pour noms von Neumann, Wiener, Turing, McCulloch. La cybernétique
visait à instaurer une nouvelle « science de l’esprit » en s’appuyant notamment sur la logique
mathématique (pour décrire le fonctionnement du raisonnement), sur la théorie des systèmes (pour
formuler les principes généraux gouvernant tout système complexe) et sur la théorie de l’information
(comme théorie statistique du signal et des canaux de communication) : voir sur ce point les ouvrages
introductifs de Varela (1988) et de Dupuy (1994). L’idée même d’une pensée fonctionnant comme un
calcul, à l’instar d’une machine, et d’un cerveau dont les constituants incarneraient des principes
logiques, est constitutive de l’approche cybernétique : de là procèdera l’invention de l’ordinateur, selon
les principes de von Neumann. Or c’est à cette tradition que se rattachent les tout débuts de la
3
https://fr.wikipedia.org/wiki/Formalisme_russe#:~:text=Le%20terme%20formalisme%20russe%20d%C3%A9signe,cadre%
20et%20une%20m%C3%A9thode%20novatrice.
4
https://hiphilangsci.net/2015/04/23/le-formalisme-russe-dans-lhistoire-de-la-linguistique/
linguistique dite « computationnelle », c’est-à-dire du courant s’inspirant de l’étude des langages
formels pour élaborer des traitements automatiques des langues ; si, en la matière, on évoque
habituellement la grammaire générative de Chomsky (et notamment son article de 1956 sur la parenté
entre théorie des grammaires et théorie des automates), il ne faut pas oublier que c’est à Harris (dont
Chomsky fut l’élève) que l’on doit la notion de « structures mathématiques du langage » (reprise dans le
titre d’un ouvrage ultérieur de 1968).

À l’approche cybernétique avait donc succédé le « cognitivisme » des années 1950. Si celui-ci
reprenait l’idée de calcul, en revanche la nature de ce calcul avait changé : il s’agissait désormais d’un
calcul sur des représentations symboliques ; d’où le nom de « paradigme computo-représentationnel
symbolique » donné au paradigme épistémologique constitutif du courant cognitiviste classique. Les
calculs y sont définis en termes d’opérations sur des symboles, c’est-à-dire sur des éléments qui
représentent ce à quoi ils sont censés correspondre. Les symboles sont considérés comme ayant une
réalité à la fois physique (ils seraient « inscrits » dans le cerveau) et sémantique (ils « représenteraient »
le monde objectif). Dans cette perspective, la cognition se laisse caractériser comme un traitement
d’informations mettant en jeu (au niveau symbolique) des règles de manipulation de symboles
caractérisés comme des éléments physiques (au niveau neurobiologique) et représentant adéquatement
le monde réel (au niveau sémantique). On remarquera au passage que si le cognitivisme des années
1950 se fondait largement sur la métaphore de « l’esprit-machine » (partagée par la psychologie
cognitive, la philosophie cognitive, et l’intelligence artificielle), en revanche l’analogie avec le cerveau
[…] n’a été massivement exploitée que vers la fin des années 1980, dans le cadre du rapprochement
avec les neurosciences cognitives. Celles-ci, de leur côté, avaient également connu un tournant cognitif
vers la fin des années 1950 : F.O. Schmitt organisa au MIT pendant une décennie des réunions
pluridisciplinaires autour des neuroscientistes internationaux les plus réputés, à l’origine des «
Neurosciences Research Programs » ; et en 1960 se tenait à Paris la première réunion de l’«
International Brain Research Organisation » : les neurosciences cognitives se sont développées à mesure
que progressait la connaissance des réseaux neuronaux.

Le paradigme computo-représentionnel symbolique est le paradigme théorique auquel se rattachent, en


linguistique, la grammaire chomskienne (Chomsky 1965, 1981, 1995) et, à sa suite, un certain nombre
d’autres modèles formels en grammaire (« grammaires d’unification » : cf. Abeillé 1993) qui, tous,
accordent une place centrale à la notion de « système formel ». ]5

5
https://books.openedition.org/editionsmsh/7059?lang=fr#tocfrom1n4

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