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Université Mohamed Boudiaf – M’sila Faculté des Lettres et des Langues Département des Lettres et langue française

Module : Sémiologie Niveau : Master 1 (SDL) Dre. HADJAB Lamia

SEMESTRE I

RAPPEL SUR DES NOTIONS DE BASE

I. Sémiologie et linguistique

La sémiologie et la linguistique sont deux disciplines qui possèdent des rapports privilégiés. Si l’on
considère les langues comme des systèmes de signes, la linguistique peut facilement être envisagée
de façon sémiologique. Elle sera alors une branche de la sémiologie, celle qui étudie les langages
verbaux. Cette idée est fortement soutenue par le linguiste Ferdinand de Saussure qui pense que
« les signes entièrement arbitraires réalisent mieux que les autres l’idéal du procédé sémiologique ;
c’est pourquoi la langue, le plus complexe et le plus répandu des systèmes d’expression, est aussi le
plus caractéristique de tous ; en ce sens la linguistique peut devenir le patron général de toute
sémiologie, bien que la langue ne soit qu’un système particulier ».

L’histoire de la sémiologie montre que cette discipline s’est développée en étroite collaboration
avec la linguistique. Elle a emprunté des concepts à la phonologie et elle s’est inspirée des travaux
de Roman Jakobson et de Louis Trolle Hjelmslev.

- L’importance de la « langue »

Selon de nombreux sémiologues, la langue était considérée le plus important comme des systèmes
de signes. Roland Barthes, par exemple, proposait d’inclure la sémiologie dans la linguistique. Pour
lui, les signes non linguistiques sont en fait fortement déterminés par le langage. C’est pourquoi,
dans les années soixante, la linguistique a été considérée comme la discipline de base des sciences
humaines, celle au moyen de laquelle on pouvait analyser tout langage, quel qu’il soit.

La sémiologie a ainsi exercé une influence importante dans certains domaines traditionnellement
inclus dans la linguistique : l’analyse formelle du texte littéraire, par exemple. Elle a également
contribué à attirer l’attention sur des domaines un peu marginaux de la linguistique : l’analyse de la
communication non verbale (langage des gestes), par exemple.

Le rôle de la sémiologie a été capital dans le développement de la linguistique après 1945. Sous
l’influence du « patron » que pouvait constituer la linguistique, la sémiologie s’est
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considérablement étendue, au point d’englober presque toutes les sciences humaines. La


linguistique, de son côté, a diversifié son approche du langage et de la langue. (Siouffi, 2009, p. 73).

Cependant, Dans leur Dictionnaire encyclopédique des Sciences du langage (1972), Ducrot et
Todorov voient que la sémiologie demeure un ensemble de propositions plus qu’un corps de
connaissances constitué, car « elle est, d’une certaine manière, écrasée par la linguistique »
(Ducrot et Todorov, 1972, p. 120).

Partant de ce point de vue, le langage est, en effet, le seul système de signes à l’aide duquel on peut
parler d’autres systèmes de signes et donc de lui-même.

Dans ce même ordre d’idée, Christian Baylon et Paul Fabre considèrent que « la sémiologie ne peut
pas passer pour un raccourci menant à la linguistique et qu’on ne peut, à son sujet, énoncer le vœu
que l’on se serve moins de la linguistique et qu’en même temps on en fasse davantage ». (Baylon et
Fabre, 1975, p. 9).

Ainsi, les rapports de la sémiologie avec la linguistique sont considérés différemment d’un
chercheur à un autre :

- Pour Ferdinand de Saussure, la sémiologie est définie comme « la science qui étudie la vie
des signes au sein de la société sociale » (De Saussure, 1990, p. 33).
- Pour Roland Barthes, la sémiologie serait une branche de la linguistique, et non l’inverse,
car « tout système sémiologique se mêle de langage ». (Barthes, 1964, n°4, pp. 91-135). La
pauvreté des champs offerts à toute sémiologie (code de la route, par exemple) montre que
chaque ensemble sémiologique important demande à passer par la langue.
- Si Saussure privilégie le langage et la société, la fonction sociale du signe, la
communication ; Barthes, au contraire s’intéresse essentiellement à la signification, aux
modes de signifier.

II. La notion du signe

L’idée du « signe » renvoie généralement à la relation entre les systèmes d’expression quels qu’ils
soient et la réalité du monde. La définition du terme comme concept n’est pas aussi aisée comme
parait son emploi dans le langage courant. Aujourd’hui, le concept est utilisé dans deux grandes
disciplines : la sémiotique et la linguistique.

II. 1. Le signe linguistique


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Le signe linguistique doit sa première formalisation à Ferdinand de Saussure. Celui-ci propose une
définition du concept comme résultat de la combinaison entre deux éléments appelés
respectivement signifiant et signifié : (Siouffi, 2009, p. 106).

Signe = ↓ Signifiant ↑
-------------
Signifié

Ainsi, le mot livre [livR] peut-il être décrit comme un signe linguistique : il est formé d’une part
d’une suite de phonèmes à l’oral constituant son image acoustique, c'est-à-dire sa forme concrète,
représentée secondairement à l’écrit par la suite de graphèmes (le signifiant) ; d’autre part, d’un
composante notionnelle, constituant son concept (le signifié). (Neveu, 2017, p. 128). Produit de
l’association d’une image acoustique et d’un concept, le signe linguistique est donc une
représentation mentale, une entité psychique et non physique.

Le signe linguistique possède trois caractéristiques essentielles :

- Le signifiant et le signifié forment pour Saussure une entité biface, définie par une relation
de réciprocité : le signifiant présuppose le signifié, lequel présuppose le signifiant. Pour
présenter cette spécificité, Saussure utilise la métaphore de la feuille de papier : o ne peut en
découper le recto sans en même temps en découper le verso.
- Le signe est arbitraire dans la mesure où la relation entre le signifiant et le signifié est
conventionnelle. Elle n’est motivée par aucune relation nécessaire de cause à effet. Par
exemple, il n’existe aucun rapport interne entre le concept représenté, celui de « livre » et la
suite de phonèmes qui le présente /l/ + /i/ + /v/ + /R/. La preuve apparait dans la variation
des dénominations de langue à l’autre pour une même réalité signifiée : français livre,
anglais book, italien libro, etc. De même, à partir du moment où l’on s’est entendu pour
appeler un livre un livre, on est contraint d’utiliser ce mot pour se faire comprendre. Il n’est
pas possible de le remplacer, de sa propre initiative, par le mot cahier, sous peine de
contresens flagrants. Le lien qui unit le signifiant au signifié résulte donc d’une convention
tacite entre les locuteurs d’une même langue, qui se trouve établie du fait même de l’usage
de la langue.
- Le signifiant est linéaire en ce que l’articulation des phonèmes à l’oral, et la suite des
graphèmes à l’écrit, sont deux opérations nécessairement subordonnées à la successivité,
successivité temporelle à l’oral, successivité spatiale à l’écrit.
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Enfin, il est important de souligner que l’utilisation linguistique du concept de signe est étroitement
dépendante de celle du concept saussurien de langue. Or, dans la mesure où cette conception de la
langue est peu exploitée par les théories linguistiques contemporaines, le concept de signe, même
linguistique, est utilisé aujourd’hui notamment dans son acception sémiotique.

II.2. Le signe en sémiotique

Selon le philosophe et logicien américain Charles Sandres Peirce (1839-1914), la science du signe
étudie une relation à trois termes entre le signe, l’objet représenté – auquel le signe se substitue – et
l’effet que le signe produit. Cette science comporte une part d’interprétation dans la mesure où un
signe pourrait, par exemple, représenter plusieurs objets ou encore produire plusieurs effets. Dans
l’ensemble des signes, on peut distinguer les symboles, les icônes et les indices :

II. 2. 1. Le symbole

Le signe qui renvoie à son objet par une convention est considéré comme symbole : le drapeau
rouge est signe que la baignade est dangereuse ; ce signe ne renvoie au danger que par convention ;
il sera considéré comme un symbole. De même, les mots d’une langue peuvent être considérés
comme des symboles.

II. 2. 2. L’icône

Le signe qui procède par la mise en exergue de propriétés identiques à celles de l’objet représenté
est considéré comme icône : par exemple, une tache bleue pour la couleur bleue.

II. 2. 3. L’indice

Un signe qui signifie du fait de sa proximité ou de son analogie avec l’objet représenté est considéré
comme indice. Dans son ouvrage Clefs pour la linguistique (1971), Georges Mounin donne
l’exemple du ciel d’orage : le ciel d’orage n’a pas l’intention de communiquer avec le
météorologiste, mais il est cependant l’indice d’une pluie possible. (Mounin, 1971, p. 35).

Dans leur ouvrage Initiation à la linguistique (1975), Paul Fabre et Christian Baylon établissent le
tableau suivant afin de distinguer entre le signe linguistique et le signe sémiotique :
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(Fabre et Baylon, 1975, p. 5)

Selon le tableau ci-dessus, on distingue :

- l’indice, qui se produit sans aucune intention de communication (exp : le ciel d’orage) ;
- le signal, qui se produit dans une intention de communication et qui peut être soit symbole
(exp : le panneau de signalisation), soit signe linguistique.

Exercice
Observez les images ci-dessous puis distinguez l’indice, le symbole et l’icône.

Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3


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III. Langage et communication

Au XXe siècle, les théories linguistiques et les théories de la communication ont connu un
développement remarquable, ce qui invite à se poser la question des liens qui existent entre langage
et communication, d’une manière générale, et entre les deux grandes disciplines qu’on appelle
aujourd’hui linguistique et communication, d’une manière spécifique.

III.1. Le schéma de la communication

« Dans un sens très large, on pourra dire que tout langage est communication et que tout
mode de communication est un langage » (Siouffi, 2009, p. 16). Dans ce même ordre d’idée,
l’anthropologue Claude Lévi-Strauss pense que la vie sociale se définit par un ensemble de
communication de trois ordres : le premier est relatif à l’échange d’informations (par le langage) ; le
deuxième concerne l’échange de biens (par l’économie) ; et enfin l’échange de personnes qui se
réalise par des rites tels que le mariage. Ainsi, la communication (dont relève le langage) peut être
associée à la communication d’information. C’est autour de cette dernière notion que se sont
développées les théories techniques de la communication ainsi que certaines des modélisations les
plus connues du langage.

Il est important de rappeler que les premières théories de la communication ont été d’abord
élaborées par des ingénieurs qui se sont intéressées à construire des réseaux de télécommunications
(le téléphone, le télégraphe, etc.). Afin de réaliser ces réseaux, les ingénieurs ont proposé de
modéliser la communication sur la base d’un schéma simple comportant un émetteur, un récepteur
et un message. Pour qu’il soit communiqué, le message doit se présenter sous la forme d’un code et
d’un canal, moyen par lequel le message est transmis. Le but général de la communication est de
transmettre l’information.

C’est ainsi que des linguistes comme Roman Jakobson ont proposé d’adapter ce schéma de
la communication pour décrire le fonctionnement du langage. Jakobson considère que dans toute
situation de communication où le langage verbal intervient, il est possible d’identifier un destinateur
(émetteur), un destinataire (récepteur) et un message, qui ne peut être communiqué que par la
présence d’un code, d’un contexte et d’un mode de contact. Dans le cas du langage verbal par
exemple, le code est la langue, le contexte est la situation dans laquelle le message doit jouer un
rôle, le mode de contact peut être soit le contact acoustique, s’il s’agit d’un échange oral, ou
l’écriture s’il s’agit d’un échange écrit.
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III.2. Toute communication est-elle langage ?

Toute communication est considérée comme langage à condition que les signes émis
puissent s’articuler. Cette caractéristique propre à la communication humaine permet de l’opposer à
la communication animale. Dans les systèmes de communication animale, il semble que, chaque
fois qu’il y a un message, l’unité la plus petite de ce message soit le message tout entier, dans
globalité, chaque message s’opposant aux autres. Au contraire, la communication humaine est
langage dans la mesure où elle utilise des unités articulées entre elles : phonèmes et morphèmes.
(Siouffi, 2009, p. 17).

IV. Linguistique et communication

Considérer le langage sous l’angle de la communication suppose qu’on lui reconnaisse la


mission de transmettre une information. Or, le langage verbal humain ne peut se réduire à un
processus de transmission d’information. D’une part, parce que les langues naturelles ne sont pas
des codes, à proprement parler, du fait qu’elles possèdent beaucoup d’ambiguïtés ; d’autre part,
parce que dans l’échange verbal, le contexte joue un rôle très important. Il arrive souvent que, dans
sa réception des énoncés produits par l’émetteur, le récepteur s’intéresse moins au contenu
informationnel strict qu’à ce qu’il recouvre en termes d’intention. À titre d’exemple, une phrase
aussi simple au niveau de l’information que « il fait chaud », pourra être interprétée comme une
invitation indirecte à aérer la salle. Ainsi, pour analyser la portée réelle des énoncés, le récepteur est
souvent amené à séparer leur apport d’information et leur fonction de communication.

La linguistique considère donc la notion de communication en deux sens : le premier est


relatif au rattachement à la notion de transmission d’information ; le second est plus large et
recouvre la description de tous les processus qui interviennent lorsque deux ou plusieurs locuteurs
se trouvent dans une situation de communication en utilisant le langage verbal.

Ainsi, la communication possède des caractéristiques qui dépassent la simple transmission


d’information, et qui peuvent être de plusieurs ordres (émotif, par exemple). La communication
s’attache donc à décrire l’ensemble de ces processus, notamment lorsqu’ils se produisent dans un
cadre institutionnel (les médias, par exemple, ou un contexte professionnel).

V. La communication linguistique et la communication non linguistique

Lorsque deux interlocuteurs en présence sont engagés dans une interaction verbale, le
message est transmis généralement selon deux types d’éléments dans la communication : des
éléments verbaux et des éléments non verbaux.
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Le message émis est généralement composé d’une chaîne de segments (des phonèmes et des
morphèmes), c’est ce qu’on appelle série segmentale. À cette dernière s’ajoutent des éléments
prosodiques (les unités d’intonation, les accents phonétiques, les accents d’intensité), c’est la série
suprasegmentale. Tous ces éléments relèvent de la communication verbale.

À côté du message verbal, l’acte de communication est constitué d’autres éléments non
verbaux comme les gestes, les mimiques ainsi que les objets qui, dans la situation de la
communication, sont impliqués par le message.

V. 1. La communication linguistique

« La communication linguistique implique l’utilisation du langage articulé, système de signes


directs, phoniques, oraux, vocaux, ou celle du langage écrit. Code de signes substitutifs du langage
parlé » (Baylon et Fabre, 1975, p. 29).

A la lumière de cette citation, nous supposons que la double articulation (phonèmes et


monèmes) permet de distinguer la communication linguistique humaine de la communication non
linguistique animale. En effet, dans le système de communication animale, l’unité la plus petite est
le message global, l’énoncé complet, et que chaque message s’oppose à tous les autres,
globalement. Quant à la communication linguistique humaine, Saussure explique le passage du
message par un schéma qui met en valeur des facteurs physiques et psychiques :

V.1.1 Le schéma de la communication linguistique (F. de Saussure).


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Dans son interprétation du schéma ci-dessus, F. de Saussure précise les faits suivants :

- (1) et (5) sont psychiques ;


- (2) et (4) sont physiologiques ;
- (3) est physique.

Pour F. de Saussure, seule l’allusion à la propagation des ondes sonores (3) est correcte. Toutes les
autres relèvent d’une psycho-physiologie très dépassée.

V.1.2. Les termes constitutifs de toute communication verbale (R. Jakobson)

Se fondant sur le schéma de la communication établie par F. de Saussure, Jakobson propose une
analyse des termes constitutifs de tout procès verbal, de toute communication verbale :

Le schéma de la communication (R. Jakobson)

Le destinateur (ou locuteur) envoie un message au destinataire (auditeur). Pour être compris, le
message requiert un contexte linguistique ou une situation extra-linguistique auquel ou à laquelle il
renvoie, et un code (disons plutôt langue commune au destinateur et au destinataire). Enfin, le
message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le locuteur et
l’auditeur, contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication. ((Baylon et Fabre,
1975, p. 32).

V.1.3. Les fonctions du langage

A chaque terme constitutif du procès linguistique est rattachée une fonction, comme le montre le
schéma ci-dessous :
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Les fonctions du langage

- la fonction expressive ou émotive est centrée sur le locuteur et « vise à l’expression directe
de l’attitude du sujet à l’égard de ce dont il parle » ;
- la fonction conative est centrée sur l’auditeur ;
- la fonction référentielle correspond à la visée du référent, de l’objet dont on parle ;
- la fonction poétique où l’accent est mis sur le message pour son propre compte ;
- la fonction phatique vise au maintien du contact acoustique entre le locuteur et l’auditeur ;
- la fonction métalinguistique qui consiste à utiliser le langage pour acquérir, analyser, ou
vérifier le code.

V.2. La communication non linguistique (sémiologique)

Dans l’acte de communication, l’interaction verbale n’est pas le seul moyen pour faire
passer le message. Consciemment ou non, les messages sont également transmis entre les
interlocuteurs par les gestes et les mimiques qui constituent des éléments relevant de la
communication non verbale. Cette dernière a certes peu intéressé les linguistes. Or, les travaux de
l’ « école de Palo Alto » ont souligné l’importance de la composante corporelle dans l’acte globale
de la communication.

V.2.1. Le non-verbal à l’oral et à l’écrit

Il est bien évident que la présentation des éléments verbaux et non verbaux diffère selon le
type de la communication (orale ou écrite).

A l’oral, les éléments verbaux et non verbaux se présentent simultanément aux interlocuteurs.
Autrement dit, les gestes et le contexte apportent leurs informations en même temps que les
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éléments segmentaux (les mots) et les éléments suprasegmentaux (intonation, accents, etc.). A titre
d’exemple, le message verbal transmis par Attention ! peut être appuyé par un geste de l’index.
Ainsi, le non-verbal vient confirmer le passage.

A l’écrit, les éléments verbaux et non verbaux apparaissent tous sous la forme de mots : le non-
verbal intègre donc le linguistique. Soit la séquence « Pauvre garçon, murmure la vieille femme el
lui posant la main sur l’épaule ». Dans cette séquence, les éléments segmentaux sont dissociés des
éléments suprasegmentaux. En effet le ton de la voix de la femme est décrit par le verbe murmure,
qui apparait à la suite des paroles prononcées. Les éléments non-verbaux sont également dissociés
des paroles : la description du geste protecteur (la main sur l’épaule) suit les mots retranscrits. Du
fait de la linéarité du discours, les éléments verbaux et non verbaux sont donc présentés les uns à la
suite des autres. (Siouffi, 2009, p. 188).

V.2.2. Une autre théorie de la communication : l’école de Palo Alto

L’école dite de Palo Alto qui se localise près de San Francisco, regroupe des scientifiques de
plusieurs disciplines : des sociologues, des anthropologues, des psychiatres et des linguistes. Les
théoriciens de cette école développent et proposent une théorie de la communication assez
particulière. Refusant le modèle traditionnel de la communication (un émetteur qui envoie un
message à un récepteur qui, à son tour, devient émetteur …), les scientifiques recourent à la
métaphore de l’orchestre.

- Le langage du corps

Selon ce nouveau modèle, la communication est conçue comme un système à canaux multiples
auquel l’individu, en tant qu’acteur social, participe à tout instant, consciemment ou non. Sa
participation se traduit par ses paroles certes, mais aussi par ses gestes, ses regards, ses silences, son
habillement, voire même ses absences. A travers son appartenance à une certaine culture, le sujet
parlant fait partie de la communication de la même manière que le musicien fait partie de
l’orchestre. Cependant, cet orchestre culturel ne comporte ni chef ni partition, qui ne pourra jamais
être restitué que par un observateur extérieur. (Siouffi, 2009, p. 189).

- Corps et communication

Le principe fondamental de l’école de Palo Alto est qu’ « on ne peut pas ne pas communiquer ».
Même si l’individu s’arrête de parler, son corps tout entier sert toujours de médium de
communication. L’anthropologue Ray L. Bridwhistell a tenté de décrire le langage corporel sur les
mêmes principes du langage verbal. Il distingue des unités de mouvements équivalant au phonème
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et au morphème. Ainsi, le kinème est une unité distinctive du mouvement (comme « œil gauche
fermé ») ; le kinémorphème est une unité significative issue de la combinaison de kinèmes : la
combinaison de « œil gauche fermé » + « pincement de l’orbite de l’œil gauche » donne le
kinémorphème « clin d’œil ».

Comme toute communauté possède une langue, elle possède aussi un système gestuel propre à elle.
Un même Sé (« salut ! ») peut avoir d’innombrables Sa gestuels. Les mêmes Sa (/ hocher la tête /),
(/ se toucher le front /) peuvent avoir des Sé différents selon les cultures. C’est pourquoi, il est
important pour un élève qui apprend une langue étrangère, de lui faire réaliser une culturation
globale comprenant un apprentissage kinésique.
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