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Université Mohamed Boudiaf – M’sila Faculté des Lettres et des Langues Département des Lettres et langue française

Module : Langues et société Niveau : M1 SDL Dre. HADJAB Lamia

CHAPITRE I : LANGUES ET SOCIÉTÉ


Il est bien évident qu’il n’existe pas une société sans langue ni de langue sans société qui parle.
Cela implique qu’il y a une parenté profonde, une implication réciproque entre le linguistique et le
social.
Une société ne peut subsister sans moyen de communication entre ses membres ; de même, la
langue ne peut pas se constituer en dehors du processus de communication qu’il est possible
d’identifier à la vie sociale elle-même.

I. 1. Définition de la sociolinguistique

À partir de la double implication du linguistique et du social est née la sociolinguistique,


discipline définie par le Dictionnaire de linguistique comme l’« étude de la co-variance des
phénomènes linguistiques et sociaux ». (Dictionnaire de linguistique, éd. Larousse, p. 444).
La définition de la sociolinguistique était largement partagée par plusieurs sociolinguistes :
Calvet en 1993, Marcellesi en 2003, Blanchet, Calvet et Robillard en 2007, Blanchet en 2012 et
2013, etc. Le point commun entre toutes les définitions proposées consiste à considérer la
sociolinguistique comme étant une discipline qui représente l’un des grands axes théoriques
méthodologique au sein des sciences du langage. Elle s’intéresse à envisager les langues comme des
pratiques sociales infiniment variées et variables, indissociablement tissées dans et par les autres
pratiques sociales. Autrement dit, il n’y a pas de langues sans les acteurs sociaux qui les produisent
et les reproduisent dans des contextes sociaux : culturels, éducatifs, économiques, politiques, etc. À
partir de ce point de vue, on considère que tout ce qui est linguistique est aussi social et que tout ce
qui est social est aussi linguistique. Les travaux des sociolinguistes cherchent donc à identifier,
expliquer et comprendre les effets réciproques des contextes sociaux sur les pratiques linguistiques
et ces mêmes contextes sociaux à travers leur facette linguistique. La sociolinguistique représente
donc ce vaste projet théorique et méthodologique qui englobe des travaux d’orientation plus
linguistique, d’autres d’orientation plus sociologique, certains davantage à finalité de construction
théorique, d’autres à finalité d’étude de cas détaillée notamment sur des terrains circonscrits, etc.,
mais toujours selon les principes d’un cadre sociolinguistique.

I.2. Sociolinguistique et sociologie du langage


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L’interrogation sur les liens entre langue et société était abordée par des linguistes (comme
Meillet) et par des sociologues (comme Bourdieu). Or, s’agit-il d’interroger la société à l’aide de la
langue ou interroger la langue à l’aide de la société ?

À propos de cette question, le linguiste américain Ralph Fasold a publié deux ouvrages conçus
comme complémentaires : The Sociolinguistics of Society (1984) et The Sociolinguistics of
Language (1990). Dans la préface du premier ouvrage, Fasold expliquait cette partition en
précisant que : « L’une de ces subdivisions prend la société comme point de départ et la langue
comme problème social et comme corpus […]. L’autre grande division part de la langue, et les
forces sociales sont considérées comme influençant la langue et comme contribuant à une
compréhension de sa nature […]. Une autre façon de voir ces subdivisions est de considérer ce
volume comme consacré à une forme spéciale de sociologie et le second comme consacré à la
linguistique d’un point de vue particulier. » (R. Fasold, The Sociolinguistics of Society, 1984).
Dans ce même ordre d’idée, le linguiste espagnol José Pedro Rona distinguait entre la
sociolinguistique proprement linguistique, qui sert à étudier la répartition interne de l’ensemble
constitué par la langue, ses dialectes et ses patois, et une sociolinguistique « alinguistique », qui se
fixe comme objectif l’étude des effets de la société sur l’ensemble précédent. (J. P., Rona, A
Structural View of Sociolinguistics, 1970).

Dans leur ouvrage intitulé Pratiques langagières et registres discursifs, publié en 1976,
Boutet, Fiala et Simonin Grumbach défendaient une sociologie du langage dont la tâche serait de «
décrire la formation langagière dans une formation sociale donnée » (J., Boutet et J., Simonin-
Grumbach, « Sociolinguistique ou sociologie du langage ? », in Critique, 1976, n° 344, p. 84).
C’est en 1993 que Pierre Achard publiait un ouvrage intitulé La Sociologie du langage, dans
lequel il avait réparti les tâches de la linguistique « sociolinguistique variationniste pour ce qui
concerne la langue, énonciation pour ce qui concerne le discours » et de la sociologie « sociologie
des langues, sociologie du discours ». (P. Achard, La Sociologie du langage, 1993. p.19).

Ainsi, on aboutit deux approches différentes qui, sous des noms variés, se ramènent toujours
à la même distinction de base : d’une part, il y a la langue, d’autre par la société, et il n’existe
aucune démarche heuristique qui peut considérer ces deux ensembles d’un même point de vue.
C’est ce que confirme d’ailleurs Joshua Fishman qui, après avoir longuement présenté la
«sociolinguistique » il précise : « La sociologie du langage est tout aussi intéressante pour qui
étudie de petites communautés que pour qui s’occupe de l’intégration nationale et internationale.
Elle doit clarifier la transition d’une situation de contact direct à une autre. Elle doit éclairer les
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différentes convictions et les divers comportements en ce qui concerne la langue de groupes entiers
ou de classes entières de la société. Dans certains cas, il faut mettre l’accent sur la variation entre
des variétés étroitement apparentées ; d’autres fois, on étudie la variation entre des langues
nettement différentes. » (J. Fishman, Sociolinguistique, 1971, p. 69). La langue peut être considérée
comme fait social certes, mais en lui conservant son autonomie, et en conservant également à la
linguistique son autonomie.
Ce point de vue est aussi partagé par le linguiste espagnol Humberto Morales Lopez qui
distingue, lui aussi, deux grands groupes dans les études consacrées à la sociolinguistique : les unes
servent à décrire les aspects linguistiques de la société, et elles sont les plus fréquentes ; les autres
étudient les phénomènes linguistiques en relation avec certaines variables sociales. Il écrit : « Les
différences, qui sautent aux yeux, procèdent de l’objet d’étude sélectionné : la langue ou la société
[…]. Le fait d’accepter la (socio)linguistique comme une discipline linguistique rendrait vaine toute
discussion de son objet d’étude, celui-ci ne pouvant être autre chose que la langue. Dans toute
recherche de cette nature, la langue est la variable dépendante. Mais la langue entre aussi en jeu
dans des recherches d’un autre ordre. Il est clair qu’ici sa grammaire ou son lexique, qui
constituent le matériel d’analyse du linguiste, ne nous intéressent plus ; ce ne sont plus que des
entités homogènes qui font partie de structures sociales plus larges. » (H. M. Lopez,
Sociolinguistica, 1989, p. 25-26).
Pour lui, même s’il existe des phénomènes liés aux langues qui concernent l’étude des sociétés
(comme par exemple le nombre de langues, leurs fonctions, le nombre de leurs locuteurs, etc.), mais
il ne s’agit que de la description de l’aspect linguistique de la société, que l’on pourrait décrire sous
d’autres aspects différents (du point de vue de la religion, du droit, des arts populaires, etc).
Ainsi, on peut voir dans toutes ces discussions que les distinctions entre sociolinguistique et
sociologie du langage, n’ont aucune pertinence théorique. Louis-Jean Calvet ajoute que même si
elles possèdent une valeur méthodologique : « on peut selon les cas travailler sur de grands
groupes ou sur quelques locuteurs, étudier les réalisations d’une variable ou l’alternance codique,
analyser les sentiments linguistiques et la forme des langues utilisées, calculer la statistique
d’apparition des langues sur un marché ou décrire la syntaxe d’une langue , mais toutes ces
approches ne peuvent pas constituer des sciences séparées puisque leur objet est unique », car
l’objet d’étude de la linguistique n’est pas seulement la langue ou les langues mais la communauté
sociale sous son aspect linguistique. (J.-L., Calvet, La sociolinguistique, p. 162).
A cet égard, il n’y a plus lieu de distinguer entre sociolinguistique et linguistique, et encore moins
entre sociolinguistique et sociologie du langage.
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I.3. Méthodologie de la sociolinguistique

Afin de préciser la méthodologie d’un chercheur en sociolinguistique, nous nous intéressons


à proposer l’analyse d’un acte d’énonciation selon le point de vue du linguiste, du sociologue et du
sociolinguiste.
a. Analyse d’un acte d’énonciation
Tout acte d’énonciation intéresse à la fois le linguiste, le sociologue et le sociolinguiste mais dans
des mesures différentes.
Soit le message linguistique : [vzaveloer ?] (Vous avez l’heure ?).
Cet acte d’énonciation intéresse le sociologue parce qu’il s’intègre à l’essentiel des relations que le
locuteur entretient avec les autres membres de la communauté.
Par ailleurs, il intéresse le linguiste parce qu’il est spécifique du langage humain (puisqu’il
appartient à telle langue), et parce qu’il possède une syntaxe, une intonation, des éléments de
première et deuxième articulation (phonèmes et monèmes).
Le sociologue prend le message en bloc et retient son contenu (but du message, intention du
locuteur, son rapport avec l’auditeur). Quant au linguiste, il brise l’unité du message afin de
l’analyser en éléments pour établir le code dont ils relèvent.
Comment le sociolinguiste analyse-t-il ce même acte d’énonciation ?
Le sociolinguiste s’intéresse au rapport qui existe entre l’organisation du message que détermine
l’analyse linguistique, et l’implication sociale de ce même message.
Le message linguistique [vzaveloer ?] s’exprime en fonction des conventions sociales :
1. « T’as l’heure, fils ? » (s’il s’agit d’un élève à son camarade de classe, par exemple).
2. « Avez-vous l’heure, s’il vous plaît ? » (s’il s’agit du même élève à son enseignant, par
exemple).
Ainsi, le sociolinguiste porte son attention sur le locuteur en tant que membre de la
communauté, en tant que sujet dont le langage peut caractériser l’origine ethnique, la profession, le
niveau de vie, l’appartenance à une classe sociale, etc. Il focalise son attention également sur le
destinataire, sur les conditions de la communication, sur le niveau socioculturel du message, sur le
contenu sémantico-social du discours (comme le cas du langage politique, par exemple), etc.
Les champs d’étude du sociolinguiste sont, comme le souligne F. Gadet, vastes et la difficulté de
leur appréhension est faite des mêmes éléments que celle de l’appréhension de toute science
humaine : choix des sujets, choix du nombre des sujets, choix des situations contextuelles, choix du
corpus, etc. (cf. F. Gadet, « Recherches récentes sur les variations sociales de la langue », Langue
française, pp. 77-81 : « Méthodologie »).
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b. Les principes généraux de la démarche du sociolinguiste

Les principes généraux de la démarche du sociolinguiste se répartissent en deux démarches


successives :
- Une description de la structure linguistique, et indépendamment, une description de la
structure sociologique.
- Une confrontation des deux structures établies préalablement.

c. Le but d’un chercheur en sociolinguistique

Le but d’un chercheur en sociolinguistique se présente généralement dans la connaissance de la


société, par le biais du langage. Quant à sa démarche, elle varie selon le sujet étudié mais aussi
selon sa position idéologique.

I. 4. Domaines de la sociolinguistique

La sociolinguistique est la discipline qui fait intervenir « l’état social de l’émetteur, l’état
social du destinataire, les conditions sociales de la situation de communication (genre du discours),
les du chercheur (explications historiques, par exemple), la différence entre les manières dont on
utilise la langue et ce qu’on pense du comportement verbal, l’étude de la variation géographique,
enfin, en sociolinguistique appliquée, les problèmes du “planificateur linguistique” (linguiste,
éducateur, législateur, qui s’occupent de freiner ou de contrôler les variations de la langue) ».
(Marcellesi, dans Langue française, n° 3, p.3-4).
Suite à cette définition, Marcellesi précise que les domaines de la sociolinguistique sont vastes
et variés. Mais on peut dégager quelques directions essentielles de cette discipline et les illustrer par
des exemples :
a. Étude des rapports entre une langue donnée et la vision du monde de ceux qui la parlent
(exp. les champs sémantiques, les concepts, les structures, etc.)
b. Étude des réflexions du locuteur sur le langage et les langues (exp. interprétation particulière
des signes, etc.)
c. Étude de la communication (types des langues, types des discours, plurilinguisme, diglossie
et culpabilité linguistique…).
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Afin d’illustrer les rapports entre la langue et tel groupe social, l’une des préoccupations
majeures de la sociolinguistique, nous pouvons se référer à un exemple intéressant de diglossie dans
le territoire français : il s’agit de l’usage du français et de la langue occitane dans plusieurs
départements français.

I.4.1. Étude de cas : l’occitan en France


Dans le tiers sud de la France, on constate un exemple intéressant de diglossie 1 qui se présente
dans l’utilisation du français et de l’occitan.2
Ce parler a entraîné un certain nombre de comportements linguistiques, et l’usage du français a fait
naître chez les sujets occitans un certains nombre de sentiments :
- Sentiment d’une supériorité du français (parce que c’est la langue enseignée à l’école, la
langue des interdits – « ne dites pas ceci mais dites cela… »-, la langue des classes sociales
aisées, etc.).
- Sentiment de culpabilité linguistique (les classes sociales abandonnent de tour à tour la
langue occitane) :
L’étude du cas de l’occitan en France aboutit aux résultats suivants :
- La bourgeoisie abandonne la langue, puis l’accent ; dans les classes laborieuses (milieu du
travail).
- Les femmes abandonnent leur langue avant les hommes par souci de mode et d’élégance,
etc.
- C’est ainsi que la conséquence sociale d’une diglossie linguistique mise en relief pour des
raisons historiques et politiques a défavorisé la langue et donné à toute une communauté
humaine une véritable culpabilité culturelle.

I.4.2. Registres et niveaux de langue

La sociolinguistique s’intéresse également aux types de langues. C’est pourquoi, les registres et
les niveaux de langue représentent l’un de ses préoccupations majeures.
Dans son article intitulé « Les registres : Enjeux stylistiques et visées pragmatiques », Gilles
Philippe voit que la catégorie de « registre » entre en concurrence avec la catégorie de « niveau ».

1
Situation d’une communauté linguistique qui pratique deux langues ou deux variétés d’une même langue, chacune
d’elles ayant un statut et des fonctions différents.
2
Langue romane à laquelle est rattachée le catalan et comprenant l’ensemble des parlers gallo-romans du sud de la
France dont certains ont des ramifications hors du territoire français (Piémont en Italie et Val d’Aran en Espagne). Elle
s’étend sur 33 départements français et on évalue à environ 2 millions le nombre de locuteurs des parlers occitans en
France. (Dictionnaire Le Petit Robert de la langue française, 2014).
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La première prend acte « d’une spécialisation non hiérarchisée du vocabulaire selon les univers
discursifs de référence, généralement technique » ; la seconde « d’une hiérarchisation des pratiques
lexicales voire grammaticales (familières ou soutenues, par exemple) ». 3

a. Le niveau de langue

En français, on ne s’exprime pas de la même manière selon qu’on rédige un rapport


administratif, un article scientifique ou un courriel à un ami, ou selon qu’on parle lors d’une
conférence ou à ses enfants dans le cadre familial. La langue connait des variétés en fonction de la
situation d’énonciation, du contexte, du destinataire, etc. Ces variations constituent un ensemble de
critères qui caractérisent le niveau de langue. La définition du niveau de langue n’est pas univoque,
et la perception du niveau de langue l’est encore moins : elle varie grandement en fonction du
locuteur, de ses connaissances linguistiques, de sa culture, de ses habitudes personnelles, de
l’époque, etc.

On distingue généralement les niveaux de langue suivants :

- Très haut niveau : langue écrite littéraire

- Haut niveau : langue écrite soignée / langue parlée soutenue

- Niveau moyen : langue écrite courante / langue parlée courante

- Niveau bas : langue familière ou « vulgaire ».

Quant à Henri Bonnard 4, il donne comme exemple de la multiplicité des niveaux de langue la série
suivante :

Langue littéraire Langue tenue Langue familière Langue populaire


Un soufflet Une gifle Une claque Une beigne

Or, l’auteur lui-même souligne que cette catégorisation constitue à la fois une échelle trop fine
« toutes les lexies n’ont pas trois équivalents de niveaux différents » et insuffisante : « par exemple
une tarte se situe entre claque et beigne».5 C’est pourquoi, une tripartition assez large entre langage

3
Philippe, Gilles, «Les registres : Enjeux stylistiques et visées pragmatiques », Gaudi-Bordes, Lucile et Salvan,
Geneviève (dir.), Les registres : Enjeux stylistiques et visées pragmatiques. Hommage à Anna Jaubert, n° 11, Academia
Bruylant, 2008, p. 28.
4
Bonnard, H., Procédés annexes d’expression, Magnard, 1986, p. 81.
5
Stolz, C., Initiation à la stylistique, Ellipses, 2006, pp. 95-96.
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soutenu, langage courant (ou familier) et langage populaire (ou argot) est finalement la plus
opérationnelle.

Il est important de préciser ici que les marques des niveaux de langage ne sont pas uniquement
d’ordre lexical, mais elles concernent aussi la morphologie et la syntaxe.

- Quelques oppositions entre la langue soutenue et la langue familière (ou populaire)

La langue soutenue se caractérise par l’emploi :

- de car au lieu de parce que ; de afin que au lieu de pour…


- du participe présent et de la subordonnée participiale, …
- du passé simple et du subjonctif imparfait et plus que parfait.

Quant à la langue familière ou populaire, elle se caractérise :

- par l’utilisation d’appuis du discours (si tu veux, tu vois, euh, ben, etc.) ;
- par une tendance vers l’abréviation des mots (apocope quand on abrège la fin : télé, pub,
restau ; aphérèse quand on abrège le début : les Récains). Cette tendance à abréger les mots
reflète une certaine familiarité entre les interlocuteurs, car la modification des mots crée une
sorte de langage codé (même mécanisme pour l’argot, par exemple) ;
- par des formes de redondance : (« ce gâteau, il est délicieux » ; « tu l’as eu, ton
concours ?) ;
- par le recours à la conjonction que vide de sens pour éviter l’inversion du sujet dans une
phrase interrogative (« pourquoi que tu boudes ? » ou dans une incise (« Exprimez-vous,
qu’il disait ») ;
- par la négation abrégée ; par la tendance à employer la parataxe à la place de l’hypotaxe ;
par le refus d’employer le passé simple et les subjonctifs imparfait et plus-que-parfait.

Ainsi, les notions de niveau de langue et de registre sont importantes pour décrire un sociolecte
(qui désigne les spécificités linguistiques d’une communauté socioculturelle, par exemple le
sociolecte des médecins, des politiciens ou des « banlieues »), ou un idiolecte (qui désigne les
spécificités linguistiques d’un individu).

b. Le registre de langue
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À l’intérieur de ces niveaux de langue, on peut distinguer également des « registres » de style
(on dit aussi couramment simplement « style ») dont le plus important à connaitre est la langue
familière (ou registre familier), qui est une forme de la langue parlée utilisée dans des contextes
non officiels, surtout perceptible par un vocabulaire dit « familier ». Elle est à utiliser avec
prudence, si les connaissances en français sont moyennes. Il y a également le style littéraire,
poétique, etc. La limite entre langue parlée et langue familière n’est pas toujours très nette (et elle
est appréciée différemment selon les locuteurs ou les chercheurs). On peut dire en simplifiant que le
caractère familier se voit surtout dans le vocabulaire plus que dans la grammaire, mais il existe
aussi des constructions grammaticales typiques du registre familier.

1- Des « faits de niveau » socioculturel, qui manifestent une méconnaissance de la langue de


référence, et qui n’apparaissent que chez certains locuteurs, quelle que soit la situation
d’énonciation ;
2- Des « faits de registre » qui ne sont significatifs que dans une situation d’énonciation sans
contrainte, et qui sont utilisés par n’importe quel locuteur, même le plus cultivé, dans cette
situation d’énonciation.

Quant à Claire Stolz6, elle associe le concept de « registres » aux « différents domaines
référentiels couverts par un groupe de lexies ». On aura ainsi des registres ou bien des vocabulaires
variés : religieux, technique, scientifique, affectif, moral, politique, etc. En littérature romanesque,
tous ces registres sont exploités et souvent mêlés. Par exemple chez Zola, le vocabulaire technique
est omni présent, mais il existe également dans ses œuvres d’autres registres.

- Essais et recherches

1. Existe-il des cas de diglossie linguistique en Algérie ?


2. Montrez comment une diglossie linguistique peut-elle défavoriser une langue et mettre ses
locuteurs dans une situation de culpabilité linguistique et culturelle.
3. Soit les énoncés suivants, prononcés par des locuteurs occitanophones parlants français :
a) Il faut que je rentre, la femme m’attend.
b) Hier, je suis été à la vigne.
c) Ce lait sent à vache.
d) Ils [ils] chantent.
e) Cette veste, il me la faut laver.

6
Sotz, Claire, Initiation à la stylistique, Paris, Ellipses, 2006.
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Quelles remarques pouvez-vous faire sur la notion de « faute de français » ?

4. Identifiez à quel niveau de langue appartiennent les énoncés linguistiques suivants :

a. Le patron que je travaillais pour m’est rentré dedans question pognon.


b. Un arbre bleu de lune, sans attache avec la terre, et qui semblait planer sur la surface plane
des étangs.
c. Le prof m’a déjà collé pour jeudi prochain.
d. Je vous prie d’agréer, cher monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments.
e. Mais je vous en prie, Madame Legris, acceptez notre invitation, vous nous comblerez de
joie.
f. C’est Julien ? Allo, oui ! Bon, tu nous ferais plaisir d’accepter.
g. Nous passons de bonnes vacances, les enfants jouent tout le jour et s’en donnent à cœur joie.
Nous vous embrassons bien fort. À bientôt de vos bonnes nouvelles.

5. Identifiez la profession que dénote chacun des énoncés suivants :


a. Vous corrigerez les deuxièmes sur le marbre ; comme ça nous tirerons plus vite.
b. Passe-moi la gouge et la varlope
c. Le phonème est la petite unité de la chaîne parlée qui ait une valeur distinctive.
d. Il faut mettre la gomme, toute la gomme, et passer au freinage.
e. Il faut cintrer correctement la fourche pour obtenir une chasse convenable et, par là, une
bonne stabilité.

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