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Plan du travail :
Introduction
Lors du 1er congrès international des linguistes en 1928 à La Haye, Jakobson a rédigé une
sorte de manifeste qui, une fois remanié et discuté, est paru sous l’intitulé : « Thèses du Cercle
Linguistique de Prague » dans le premier volume des célèbres : « Travaux du Cercle
Linguistique Prague ». Ce manifeste, divisé en propositions, contient les idées forces du
mouvement. Le Cercle Linguistique de Prague va donner naissance au structuralisme
linguistique qui devait se propager en Europe et dans le monde.
1
En linguistique, un trait est une caractéristique d'un élément donné. Il s'agit d'un terme générique fédérant un
grand nombre de termes techniques plus spécialisés. L’acoustique est la science du son ; le son est une vibration
mécanique d'un fluide, qui se propage sous forme d'ondes longitudinales grâce à la déformation élastique de ce
fluide. Les êtres humains, comme beaucoup d'animaux, ressentent cette vibration grâce au sens de l'ouïe. Les
traits distinctifs acoustiques (fréquence, amplitude, spectre, formants, durée) correspondent aux traits
articulatoires pour décrire la production de la parole.
2
Les articulatoires sont des traits distinctifs du point de vue de l'articulation et pertinents du point de vue de
l'opposition phonologique des phonèmes du français sont : Pour les voyelles :
Labialité (écartée/arrondie)
Antériorité (antérieure/postérieure)
Roman Jakobson est un penseur russo-américain qui devint l'un des linguistes les plus
influents du XXe siècle en posant les premières pierres du développement de l'analyse
structurelle4 du langage, de la poésie et de l'art. La linguistique de l'époque est essentiellement
celle des néogrammairiens5 et affirme que la seule manière scientifique d'étudier le langage
3
En linguistique, un trait est une caractéristique d'un élément donné. Il s'agit d'un terme générique fédérant un
grand nombre de termes techniques plus spécialisés. Type de traits : trait acoustique : fréquence, amplitude,
spectre, formants, durée.
4
Le structuralisme est un ensemble de courants de pensée holistes apparus principalement en sciences humaines
et sociales au milieu du XXe siècle, ayant en commun l'utilisation du terme de structure entendue comme modèle
théorique (inconscient, ou non empiriquement perceptible) organisant la forme de l'objet étudié pris comme un
système, l'accent étant mis moins sur les unités élémentaires de ce système que sur les relations qui les unissent.
5
Les néogrammairiens (en allemand Junggrammatiker) forment une importante école linguistique,
essentiellement allemande, qui s'est constituée à la fin des années 1870 à l'université de Leipzig autour du
slaviste August Leskien. Leurs plus grands apports concernent la phonétique historique.
6
La phonologie est la branche de la linguistique qui étudie l'organisation des sons au sein des différentes langues
naturelles. Elle est complémentaire de la phonétique, qui s'intéresse aux sons eux-mêmes, indépendamment de
leur emploi. La phonétique s'intéresse aux sons en tant qu'unités acoustiques produites par un mécanisme
physiologique ; la phonologie, aux sons en tant qu’éléments d'un système.
7
La phonétique historique (ou phonologie diachronique) est une branche de la linguistique historique qui décrit
en diachronie (évolution des faits linguistiques dans le temps) les modifications subies par les systèmes
phonologiques des langues au cours de leur histoire.
8
Les notions « synchronie » et « diachronie », introduits dans la linguistique par le linguiste suisse Ferdinand de
Saussure, fondateur du structuralisme, et traités dans son Cours de linguistique générale publié après sa mort, en
1916, se réfèrent à deux aspects fondamentaux d’une langue. La synchronie est l’état d’une langue à un moment
donné, et son étude synchronique se réfère à tous ses aspects à ce moment-là, effectuée par la linguistique
descriptive. La diachronie est pratiquement l’histoire de la langue, l’étude diachronique faisant l’objet de la
linguistique historique. Dans la page 8 des Thèses du cercle linguistique de Prague, l’on nous fait comprendre
que l’étude diachronique n’exclu pas les notions de système et de fonction sinon elle serait incomplète ; et la
description synchronique ne peut non pas exclure absolument la notion d’évolution.
En 1907, il se lance dans l'étude typologique historique comparée des grammaires des
langues. Troubetskoï s’oppose à Ferdinand de Saussure11. Cette opposition se base sur la
théorie de l'eurasisme12 dont Troubetskoï est l'un des principaux représentants. La
conséquence la plus importante pour la linguistique est que contrairement à la théorie la plus
répandue dans ce domaine, les intellectuels eurasistes saisissent des langues évoluant
conjointement dans des cadres géographiques déterminés, s’apparentant par convergence
d’affinités, même si leurs origines sont différentes, d'où la notion de Sprachbund, marques
d’une mentalité commune unifiée par une finalité commune.
9
En linguistique, la morphophonologie est une discipline dont le domaine constitue une zone d’interférence de la
morphologie et de la phonologie. Elle étudie les facteurs phonologiques qui affectent les morphèmes,
respectivement les facteurs morphologiques qui affectent les phonèmes. Ce domaine comprend la constitution
phonologique des morphèmes, les différences phonologiques entre variantes de morphèmes et les changements
phonologiques dans la zone de contact de deux morphèmes.
10
Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola
11
Ferdinand de Saussure, né à Genève le 26 novembre 1857 et mort à Vufflens-le-Château le 22 février 1913, est
un linguiste suisse. Reconnu comme le précurseur du structuralisme en linguistique, il s'est aussi distingué par
ses travaux sur les langues indo-européennes.
12
L’eurasisme est une doctrine géopolitique et une idéologie politique qui considère l’ensemble formé par la
Russie et ses voisins proches, slaves, roumains, grecs ou musulmans, comme une « entité continentale » à part
entière, appelée Eurasie. Selon cette conception, l’Eurasie ne désigne plus l’ensemble formé par l’Europe et
l’Asie, mais un espace intermédiaire à cheval sur l’Europe et l’Asie.
La phonologie est née presque simultanément en 1925, aux États-Unis, avec les travaux
d’Edward Sapir13 puis ceux de Léonard Bloomfield 14 et, en 1928, en Europe, avec les travaux
du Cercle linguistique de Prague, dont Troubetzkoy et Jakobson furent les principaux
animateurs. Mais, avant ces débuts officiels, la phonologie avait été largement pressentie, soit
par des précurseurs, comme Saussure ou Baudouin de Courtenay15, et Edward Spencer
Dodgson16, qui auraient véritablement influencé la pensée du cercle linguistique de Prague.
Élargissant sa problématique à l'apprentissage du langage par l'enfant et à l'aphasie17,
Aussi, « la fonction du langage émerge dans le courant praguois à partir de plusieurs sources :
la psychologie gestaltiste inspirerait en partie les Principes de phonologie historique (1931)
de Jakobson, qui retient que la forme linguistique est une fonction de plusieurs variables,
donnant ainsi sans doute l’un de ses sens à la notion de structure. Et Husserl — dont certains
membres du cercle ont été les élèves — est souvent cité avec la phénoménologie, sans qu’il
soit possible de mesurer une influence directe. »
13
Edward Sapir (26 janvier 1884 – 4 février 1939) est un linguiste et anthropologue américain originaire de
Poméranie. Son travail porta essentiellement sur le langage en tant que fait culturel à part entière.
14
Leonard Bloomfield (1 avril 1887 - 18 avril 1949) est un linguiste américain qui a mené à un grand
développement de la linguistique structurale aux États-Unis dans le courant des années 1930 et 1940. Il est
considéré comme le père fondateur du distributionnalisme.
15
Jan Niecislaw Baudouin de Courtenay (13 mars 1845 - 3 novembre 1929) est un linguiste polonais, connu
pour sa théorie du phonème et de l'alternance phonétique.
16
Né en 1857 en Angleterre, il s'intéresse à la langue basque à partir de 1886 et se consacrera à cette étude
jusqu'à sa mort. Il réédite de nombreux textes basques anciens, notamment religieux, ainsi que de nouvelle
traduction.
17
C'est un regard de linguiste que R. Jakobson porte sur la pathologie du langage, et plus précisément sur sa
déperdition : l'aphasie.
-La démarche méthodologique du linguiste : -elle doit être synchronique car elle doit avoir
recours au «sentiment direct» du locuteur, mais elle ne doit pas négliger la diachronie.
Comme l’affirmait Saussure, le sujet n’a conscience que d’un état de langue donné qui ne
peut être que le sien.
L’appel à l’introspection n’est pas un choix de méthode facile, cet appel procède avant tout
d’une considération philosophique essentielle: la conscience du sujet est le lieu où se fonde
l’analyse linguistique.
Toutefois, le CLP va considérer que, pour étudier les changements d’une langue il faut tenir
compte du système dans lequel ils interviennent. Pas de diachronie sans synchronie donc.
-Un des objectifs du CLP est de réaliser une typologie des systèmes que constituent les
langues: Le CLP souhaite étudier les moyens mis en œuvre par chaque langue pour répondre
aux besoins de la communication. Les linguistes vont donc étudier les phénomènes qui
concourent à une meilleure communication de l’information en insistant sur leur aspect
Pour ce qui s’agit des fonction du langage d’après l’école de Prague on a, entre autres, la
fonction expressive ou émotive (expression des sentiments du locuteur), fonction conative
(fonction relative au récepteur), fonction phatique (mise en place et maintien de la
communication), fonction métalinguistique (le code lui-même devient objet du message),
fonction référentielle (le message renvoie au monde extérieur), et la fonction poétique (la
forme du texte devient l'essentiel du message).
Il s'agit de la fonction relative à l'émetteur18. Elle est utilisée par le destinateur pour informer
le récepteur19 sur sa propre personnalité20 ou ses propres pensées : pour Jakobson, « elle vise à
18
Dans les domaines de la linguistique et de la communication, un émetteur ou destinateur est une personne ou
une entité qui crée un message - et souvent le conceptualise au moyen de signes linguistiques - et le transmet
ensuite à un récepteur ou destinataire par le canal d'un média
19
Le récepteur, le receveur, ou le destinataire est la personne ou l’entité qui reçoit le message (souvent formé de
signes linguistiques) envoyé par un émetteur par le canal d’un média, et tente de le comprendre
20
La personnalité est une combinaison de caractéristiques émotionnelles, d'attitudes et de comportements d'une
personne.
C'est la fonction relative au destinataire. Elle est utilisée par l'émetteur pour que le récepteur
agisse sur lui-même et s'influence : -formes vocatives ou impératives (colère, énervement,
ironie…) ; -actes perlocutoires : verbes performatifs (je te baptise, je déclare la séance
ouverte, je vous nomme, adjugé…) ; -les actes de communication qui visent à transformer la
réalité ou les êtres, qui vise à affecter le cours des événements.
La fonction phatique (fonction de mise en phase) est utilisée pour établir, maintenir ou
interrompre le contact physique et psychologique avec le récepteur. Elle permet aussi de
vérifier le passage physique du message. Il s'agit de rendre la communication effective avant
la transmission d'information utile et d'en confirmer la bonne réception. Ce sont les fonctions
que remplissent par exemple le « Allô » d'une communication téléphonique, le « entendu »
qui clôt un échange, ou les hochements de tête de l'interlocuteur attentif.
Fonction métalinguistique
C'est la fonction relative au code, le dictionnaire, le mode d'emploi. Avant d'échanger des
informations il peut être important que l'échange porte d'abord sur le codage utilisé pour le
message. Ainsi les partenaires vérifient qu'ils utilisent un même code. Cette fonction consiste
donc à utiliser un langage pour expliquer ce même langage ou un autre langage. On l'appelle
parfois « traduction ».
Fonction référentielle
21
Roman Jacobson, « Closing statements: Linguistics and Poetics », Style in langage, T.A. Sebeok, New-York,
1960. Pour la traduction de Nicolas Ruwet : « Linguistique et poétique », Essais de linguistique générale,
Éditions de Minuit, Paris, 1963, p. 138
La fonction référentielle oriente la communication vers ce dont l'émetteur parle, vers le sujet
sur lequel on informe, vers des faits objectifs, à savoir les référents (personnes, objets,
phénomènes, etc.,) sans lesquels il n'y aurait pas de communication possible. La fonction
référentielle englobe les informations objectives que véhicule le message. Par exemple,
l'énoncé de faits qui se produisent quelque part.
La fonction poétique
Pour Jakobson, « la visée (Einstellung) du message en tant que tel, l'accent mis sur le message
pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction poétique du langage. Cette fonction
ne peut être étudiée avec profit si on perd de vue les problèmes généraux du langage [...]. La
fonction poétique n'est pas la seule fonction de l'art du langage, elle en est seulement la
fonction dominante, déterminante, cependant que dans les autres activités verbales elle ne
joue qu'un rôle subsidiaire, accessoire ».23
Conclusion : Il est très rare qu’un énoncé remplisse une seule de ces fonctions. Plusieurs
fonctions sont mises en jeu dans une phrase normale et souvent toutes les fonctions sont mises
en jeu en même temps mais en général apparaît une dominante
22
Le terme « contexte » se réfère à l’origine au texte écrit. C’est l’ensemble d’un texte par rapport à l’une de ses
entités, dans la mesure où cet ensemble constitue une totalité qui donne un certain sens à l’entité en cause, ce
sens pouvant être différent de celui que cette entité a lorsqu’elle est prise isolément ou dans un autre texte.
L’entité considérée peut être un mot, une phrase simple, une phrase complexe ou un passage constitué par
plusieurs phrases. Dans le langage courant, une telle entité est d’habitude le mot, dont on dit qu’il n’a de sens
que dans un contexte.
23
Idem, Roman Jacobson, « Linguistique et poétique », Essais de linguistique générale.
Il existe trois modes d’approche possibles du son, « le son comme fait physique objectif, le
son comme image ou représentation et le son comme élément d’un système fonctionnel »26.
La phonologie concerne la langue ; et son champ d’action est l’étude des phonèmes
segmentaux et suprasegmentaux ; son domaine c’est la phonématique et la prosodie ; et enfin
elle s’applique à des sons abstraits (représentations mentales) ou des phonèmes, à des tons,
accentuations et mélodies. Elle s’intéresse à certaines images acoustiques en tant qu’éléments
pertinents dans le système phonologique de la langue parlée par le sujet.
II.2.1. Phonétique
Elle se consacre à l’analyse des sons produits par la parole dans n’importe quelle langue sur la
base de leurs caractéristiques articulatoires (degré d’ouverture de la bouche, participation ou
non des lèvres, du palais, du nez..) ou de leurs traits acoustiques (harmoniques, hauteur…)
-la phonétique auditive : étudie la manière dont les sons sont perçus ;
-la phonétique articulatoire étudie la manière dont les sons sont produits.
24
Le son est un phénomène physique perceptible par le sens de l’ouï.
25
Cf. WWW. Forgotten books. Com, p. 39
26
Ibid., p. 10
Le point d’articulation: les sons font appel à certains organes (poumon, pharynx bien
sûr mais aussi glotte, langue, palais, cavité nasale, dents et lèvres).
Le mode d’articulation: c’est le degré d’ouverture des organes (explosives, fricatives,
sourdes, sonores.) La discipline qui va étudier ces articulations s’appellera la
phonématique.
Création et développement de la phonématique: Les lois d’organisation des phonèmes
qu’on essaie de dégager dans chaque langue s’appelle la phonématique. Tous les
phonèmes qui ont le même mode d’articulation constituent une série. Tous ceux qui
ont le même point d’articulation en constituent une autre.
II.2.2. La Phonologie
Elle s’intéresse à certaines images acoustiques en tant qu’éléments pertinents dans le système
phonologique de la langue parlée par le sujet. Le phonologue s’intéresse au phonème, le
phonéticien s’intéresse au son.
La diachronie phonemics reste une discipline essentiellement descriptive qui, limitant ses
recherches à ce qui change en quoi, se refuse d'explorer le pourquoi des phonèmes
diachroniques.1B Il est utile de rappeler que l'école de Prague ne voyait dans une équation
diachronique qu'un point de départ, la formulation d'un problème dont la solution devait
résulter d'une interprétation basée sur le mécanisme des phénomènes et de leur causation.
conclusion