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ARGUMENTAIRE DU COLLOQUE
Ces dernières années les questions de radicalisation et de violence
occupent plus que jamais le devant de la scène religieuse en Afrique
et dans le monde. En contraste avec les effets de la sécularisation
en Europe, le continent africain est marqué par l’omniprésence du
religieux caractérisé par des phénomènes multiples d’hybridation, de
recomposition, de concurrence et d’imitation, des mobilités, etc. La
gestion du religieux se pose différemment dans chaque Etat et chaque
société mais elle occupe une place centrale dans l’actualité et le débat
public. Elle interroge autant les populations qui y vivent, la société
civile, et les acteurs politiques et religieux. L’actualité liée au terrorisme
et la recrudescence des radicalisations et des violences religieuses
focalisent une multitude de discours et analyses. On constate que
les auteurs de ces radicalismes sont les produits de nos sociétés tant
africaines qu’européennes, que les conflits internationaux sont souvent à
l’origine de ces logiques destructives et que certaines interprétations du
religieux, surtout quand elles se détachent des lectures métaphorique et
symbolique constituent de puissants et dangereux leviers mobilisateurs.
Rattrapés par la fulgurance des débats, chercheurs, acteurs politiques et
religieux doivent prendre la mesure de la complexité de ces phénomènes
ainsi que les temps longs et l’épaisseur historique dans lesquels ils
s’inscrivent. Ce colloque agrégeant les analyses de spécialistes de l’islam
et du christianisme sur les terres africaines, sera l’occasion de croiser
les réflexions de chercheurs (sociologues, anthropologues, théologiens,
historiens, politologues, psychologues, philosophes) pour une approche
comparée.

Pour une majorité de théologiens et d’acteurs religieux, l’essentialisation


de la religion par le prisme de la violence n’est pas acceptable. Si du
point de vue théologique la référence à une révélation transcendante
débouche nécessairement sur des formes de radicalités tant dans les

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appartenances religieuses que dans les choix éthiques et existentiels
qui en découlent, les théologiens ont aussi la responsabilité d’identifier
et de sérier les rapprochements et correspondances entre la lecture
des trajectoires du radicalisme et leurs références scripturaires. Leurs
contributions, en débat avec d’autres disciplines, seront l’occasion
de décoder en profondeur ces balisages théologiques et glissements
herméneutiques à partir desquels les voix extrêmes composent pour
fonder religieusement leur posture.

Les approches croisées des chercheurs en sciences humaines et sociales


contribueront à mieux cerner les discours radicaux ou identitaires
et les intertextualités qui les appuient. La crispation que beaucoup
ressentent à partir des contraintes de la contemporanéité (relativisme,
sécularisation, etc.) contribue à alimenter des postures identitaires où
le champ et le texte religieux constituent un refuge sinon un prétexte.
Il s’agit dès lors d’avancer de façon critique dans le débat tout en
l’éclairant par le savoir religieux et l’argumentation complexe afférente,
qui sont au centre de ces mobilisations. Textes, contextes sociaux et
politiques, analyses de discours et de pratiques de la violence, histoires
et actualités géopolitiques, liens politico-religieux et théologico-
politiques, diversités des contextes religieux, politiques de luttes contre
le terrorisme et la radicalisation, seront parmi les entrées abordées et
débattues dans ce colloque, entre défis épistémologiques et apports de
la pluridisciplinarité.

Le Maroc, carrefour des cultures et des religions, entre l’Afrique,


l’Europe et le monde arabe, est au cœur du monde contemporain. Il
offre ainsi une plateforme idéale pour mobiliser des intellectuels de
différents horizons scientifiques, culturels ou religieux, afin d’interroger
cette complexité des formes de radicalisation et de violences religieuses
tant dans leur construction que leur impact au niveau des sociétés, et
penser des alternatives.

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L’ORGANISATION PRÉSENTATIONS DES INSTITUTIONS

VISION
La Konrad Adenauer Stiftung (KAS) est une fondation politique créée en 1962 qui porte le nom du
premier Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, Konrad Adenauer. Ses convictions en
constituent la ligne de conduite, l’idéal et l’engagement moral. Liberté, justice et solidarité sont ainsi
les principes fondamentaux qui guident notre travail. Nous voulons inciter les hommes à participer en
ce sens au façonnement de l’avenir. A travers 80 bureaux dans le monde et des projets dans plus de
120 pays, nous apportons une contribution propre à l’encouragement de la démocratie, l’Etat de droit
et de l’économie sociale de marché. Pour assurer la paix et la liberté, nous cherchons à favoriser un
dialogue permanant en matière de politique étrangère et de sécurité, de même que les échanges entre
les cultures et les régions.

NOS OBJECTIFS AU MAROC


- Promotion de démocratie et l’Etat de droit
- Développement de l’économie sociale de marché
- Décentralisation
- Renforcement de la société civile
- Débat des valeurs et dialogue interreligieux
- Relations entre l’UE et les pays méditerranéens.

NOS PARTENAIRES
La Konrad Adenauer Stiftung travaille avec un réseau de partenaires locaux et régionaux qui partagent
nos valeurs. Cette approche de partenariat favorise la durabilité de nos projets. Nous coopérons avec
nos organisations partenaires dans le cadre de projets a courte durée et de programme a longue durée.
Parmi nos partenaires se trouvent des universités, des centres de recherche, des établissements
scientifiques, des associations et organisations de la vie économique ainsi que de la société civile.

4 AVEC LE SOUTIEN DE LA BNRM, INSTITUT FRANCAIS & ZAMANE


ATELIER
N°1
Radicalité des textes
Radicalisation des discours

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

OLFA YOUSSEF
ATELIER N°1

Le Coran permet-il la violence ?


(du « qital » en islam)

Ceux qui approchent le thème de la violence dans le Coran


appartiennent à deux clans opposés : certains prônent que le Coran
ne peut permettre la violence de la guerre, d’autres arguent, par
des versets précis, que le « qital » des mécréants est licite, voire
recommandé. La violence de guerre étant l’expression majeure de la
radicalité, notre intervention se propose de lire les versets coraniques
relatifs au «qital » afin de dépasser les lectures manichéennes et de
se situer au-delà des oppositions duelles.
La radicalité, tout autant que le dit « islam modéré » ou «lecture
modérée du Coran » sont tous les deux issus d’une approche
tronquée du texte sacré révélant le refus de s’ouvrir à la présence
essentielle des contradictions, dont la prise en considération
permet de dépasser la signification éphémère pour découvrir la
source spirituelle qui ne tarit point.

Olfa Youssef est professeur d’islamologie et de civilisation arabo-musulmane à l’Université tunisienne.


Elle a écrit plusieurs ouvrages dans le cadre d’une lecture éclairée et spirituelle de l’islam dont sa thèse
d’Etat : « La pluralité de sens dans le Coran » édité chez Sahar, Tunis 2003, « Le Coran au risque de la
psychanalyse » édité chez Albin Michel, Paris 2007, « Désir, lecture spirituelle des cinq piliers de l’islam
», édité chez Sahar 2010 et Nirvana 2012 pour la traduction française.
Elle s’intéresse aussi aux études de genre, et au statut de la femme en islam , sujets sur lesquels elle a
publié plusieurs ouvrages dont les plus récents sont : Hayrat moslima (Perplexité d’une musulmane)
édité chez Sahar, Tunis 2008 et Wa laysa adhdhakaru kal-untha (De l’identité sexuelle) édité chez
Attanweer, Liban 2014.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

AMÉLÉ ADAMAVI-AHO EKUÉ


ATELIER N°1

Aux racines des mots: Vers une herméneutique


transformatrice face à la radicalisation religieuse

Le verbe provoque. Les radicalisations religieuses confrontent


avec la réalité troublante que les mots peuvent être porteurs d’un
message radical qui incite à l’ouverture vers l’autre, même dans
sa différence, et à la fois au renforcement des cloisonnements. Ce
constat est d’autant plus perturbant que les textes fondamentaux
des religions ne sont pas exempts de différentes tentatives
d’instrumentalisation en faveur des revendications sectaires. Force
est de constater que ces tentatives d’usurpation sémantique ne
relèvent pas seulement d’un danger extérieur aux textes religieux,
mais tiennent à la vulnérabilité intérieure des traditions écrites et
orales, ainsi que de leurs interprétations au sein même des systèmes
religieux. L’objectif de cette contribution est de développer une
herméneutique transformatrice à partir de la «perméabilité» et de
la traductibilité des mots formant les textes sacrés, et par la suite
de mener une réflexion sur l’apport d’une telle herméneutique à
une pensée et un agir responsables pouvant faire rempart à la
radicalisation des discours religieux.

Amélé Adamavi-Aho Ekué est théologienne, d’origine togolaise, et, depuis 2007, professeure d’éthique
œcuménique à l’Institut Œcuménique de Bossey en Suisse. Elle a occupé le poste de maître-assistante au
département de missiologie, théologie œcuménique et science des religions de la Faculté de Théologie
Protestante de l’Université de Hambourg de 1999 à 2006. Ses domaines de recherche comprennent la
religion et la violence, la genèse et les théologies des églises issues de la migration, ainsi que l’histoire
et l’inculturation du Christianisme en Afrique. Elle est également responsable du département de
l’éducation théologique œcuménique du Conseil Œcuménique des Eglises à Genève.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

GENEVIÈVE COMEAU
ATELIER N°1

La Bible : un texte qui met ses lecteurs à l’épreuve

Mon intervention portera essentiellement sur la manière dont il


est question des juifs et du judaïsme dans le Nouveau Testament,
plus particulièrement dans les Evangiles : Ces textes sont-ils
potentiellement porteurs de violence ? Comment ont-ils été lus et
comment les lire aujourd’hui ?
D’autres textes seront évoqués dans un deuxième temps - des textes
énigmatiques qui peuvent mettre en crise leurs lecteurs. Il semble
que la Bible elle-même demande à être interprétée : elle met ses
lecteurs à l’épreuve pour les inviter à un discernement.

Geneviève Comeau, religieuse xavière, enseigne la théologie fondamentale et le dialogue interreligieux


au Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris.
Derniers ouvrages publiés : S’asseoir ensemble. Les religions source de guerre ou de paix ?, Médiaspaul,
2015 ; Le pari de l’espérance, Lessius, 2016

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

ALI BEN MAKHLOUF


ATELIER N°1

La loi divine (charia) entre rigidité et flexibilité

Cette présentation vise à évaluer le concept de charia en croisant les


approches de juristes et de philosophes. L’idée majeure développée
ici est que le concept de charia est un concept épistémique qui
fut très flexible. Les musulmans étaient très conscients du besoin
de changement de la loi, et ils ont exprimé cette conscience dans
la maxime « la fatwa change avec le temps »1, ou dans la notion
explicite selon laquelle la loi est sujette à modification en raison
«  du changement des temps ou du changement des conditions de
société »2 Et ceci n’est pas particulier aux juristes. Les philosophes
ont aussi mis l’accent sur ce point. Al Fârâbî décrit par exemple
la manière dont les législateurs se suivent dans une nation où la
religion est un mode de gouvernement et indique comment le
changement est intrinsèque à la pratique législative.
1- Taghayyur al fatwa bi taghayyur al azmân ».
2- Wael Hallaq, Authority, continuity and change in Islamic law,
Cambridge University Press, 2001, chapter 6, p. 166

Ali Benmakhlouf, est agrégé de philosophie. Il est actuellement professeur à l’université de Paris Est
Val de Marne, au département de philosophie et membre Senior de l’institut universitaire de France.
Le fil directeur de ses recherches est la logique, l’histoire et la philosophie de la logique. Après s’être
intéressé aux logiciens G.Frege (1848-1925) et Bertrand Russell (1872-1970), il a parcouru l’histoire
de la logique médiévale arabe, traduisant les œuvres logiques d’Al Fârabi (Xe siècle) et d’Averroès (XIIe
siècle. Engagé actuellement dans les débats sur la bioéthique, il est membre de la société française de
philosophie et de l’Institut international de philosophie..

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L’ORGANISATION PRÉSENTATIONS DES INSTITUTIONS

Située à Rabat, l’Institut œcuménique de Théologie Al Mowafaqa est un lieu de formation, de réflexion
et de promotion du dialogue interculturel et interreligieux. Il a été créé en 2012, à l’initiative des Églises
catholique et protestante au Maroc, pour répondre à leurs besoins de formation. Inauguré officiellement
en 2013, l’Institut Al Mowafaqa (« l’accord ») forme aujourd’hui des étudiants d’une vingtaine de pays
différents, principalement du continent africain.

Les cours sont assurés par des professeurs-visiteurs (une soixantaine) venus d’Afrique et d’Europe,
auxquels s’ajoutent pour le domaine de l’islam, des universitaires marocains. L’Institut bénéficie d’une
convention de coopération internationale (formation universitaire délocalisée de 1er cycle) avec la
Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg et avec l’Institut catholique de Paris. Ses
activités s’organisent autour de 3 pôles :
- un département cultures et religions avec des sessions de formation courtes axées sur la connaissance
de l’islam et ses traditions, la sociologie et l’histoire du fait religieux en Afrique, ainsi que des cours de
langue arabe. Il dispense chaque année une formation diplômante et pluridisciplinaire d’un semestre
(Certificat Al Mowafaqa - 30 crédits)

- un département théologie qui propose une formation en théologie chrétienne et sciences religieuses
(180 crédits) avec une spécialisation sur les contextes africains et musulmans.

- un pôle culturel, point d’ancrage dans la société marocaine : lieu de création, de réflexion et de débat,
destiné à promouvoir la rencontre des cultures au travers de conférences et événements artistiques.
Outre le public des conférences, l’Institut accueille annuellement une soixantaine d’étudiants. Il
dispose aussi d’une bibliothèque spécialisée, située dans les locaux de « La Source » (ancien centre de
documentation fondé en 1981 et spécialisé sur le Maroc, le monde arabe et l’islam).

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ATELIER
N°2
Formes de radicalisation
religieuse dans l’histoire

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

DR. KARLIES ABMEIER


ATELIER N°2

Perceptions et réflexions sur la radicalisation


religieuse en Europe

Dans les débats actuels, l’on perçoit souvent en première ligne


la religion dans son côté violent et agressif. Mais pour assurer la
vie commune dans une société multireligieuse, il est essentiel de
souligner aussi les éléments pacifiques et unificateurs des religions.
La défense de la liberté religieuse, de même que la participation
de la société civile deviennent dès lors des enjeux essentiels. Les
sociétés européennes prônant aujourd’hui la liberté religieuse se
sont construites historiquement sur de fortes tensions politico-
religieuses. L’évocation de ces trajectoires historiques européennes,
la genèse de la valorisation actuelle du pluralisme religieux et de
la contribution positive des religions à l’édifice social, peuvent
fournir des éléments comparatifs intéressants pour notre contexte
maghrébin et africain.

Dr. Karlies Abmeier dirige l’équipe en charge de la politique en matière de religions, des politiques
d’intégration et de la politique familiale au sein de la Fondation Konrad-Adenauer à Berlin.
Elle a étudié l’histoire et les lettres allemandes à Münster, Munich, Cambridge et Bonn. Sa spécialité est
l’histoire du 17ième siècle (Doctorat en 1984). Karlies Abmeier a travaillé dans de nombreux instituts
de recherche en Allemagne. De 2003 à 2007 elle était collaboratrice du Président du Comité Central des
Catholiques allemands à Berlin. De 2007 à 2014, elle était coordinatrice pour les questions liées à la
religion et aux valeurs au sein de la Fondation Konrad-Adenauer.
Elle est l’auteure de nombreuses publications sur les questions éthiques dans le monde politique ainsi
que sur le rôle de la religion dans le monde moderne, en particulier en lien avec les institutions d’Etat.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

RACHID SAADI
ATELIER N°2

Pour une généalogie de l’utopie


messianico-apocalyptique de Daesh

Le récit messianico-apocalyptique est au cœur des mythes


fondateurs de Daesh, comme des grands fondamentalismes
radicaux. Notre présentation repose sur l’idée que l’approche
historique de ce fait politico-religieux (Daesh) permet d’en assurer
une plus grande intelligibilité d’un point de vue anthropologique
(schèmes récurrents) et théologique (corpus scripturaires).

Nous essayons de mettre en avant une double généalogie


messianique :

A- une généalogie conceptuelle à valeur déductive. L’eschatologie


islamique fournit les fondements scripturaires qui permettent la
construction d’une utopie narrative messianique débouchant sur
la Restauration du Califat et la destruction de l’Antéchrist (al-
Dajjal).

B- Une généalogie historique et événementielle à valeur inductive,


incarnée par des figures marquantes qui ont remodelé la figure
emblématique du Messie-Mahdi :Mahdi Ibn Toumart, Muhammed
abdelwahhab, Juhayman otaybi en 1979. Autant de figures dont
le cheminement de pensée allie croyance messianique et usage de
la violence sacrée. Les invariants structurels (méta-histoire) qui se
dégagent dans la comparaison avec le modèle Daesh dévoilent le
sens profond, car itératif, de l’histoire religieuse et politique en
Islam.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

L’expansion meurtrière de Daesh s’éclaire par la stratégie de


l’utopie auto-réalisatrice, de la violence apocalyptique qui
crédibilise les prophéties. Les figures historiques, objet d’analyse
et de comparaison, montrent comment le messianisme a été et est
encore le moteur de l’histoire musulmane.

La résurgence de cet imaginaire mortifère pose certainement


l’hypothèse d’une essence religieuse de la radicalisation islamiste
qui sévit à l’échelle planétaire. C’est dire la question des origines
de la violence et de la violence des origines.

Rachid Saadi, professeur agrégé, professeur chercheur en pédagogie interculturelle au CRMEF Oujda est
membre de Mouminoun Bila Hodoud, centre de recherche sur la réforme de la pensée islamique. Ses
travaux, dont trois ouvrages publiés, portent sur les nouvelles théologies de l’Islam, les dynamiques du
dialogue interreligieux ainsi que la question de l’Islam et de la modernité politique.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

PR JEAN PAUL MESSINA


ATELIER N°2

Christianisme et Islam entre paix et violence,


le cas des croisades au Moyen Age

La religion, par définition et dans sa réalité opératoire, a mission


de mettre l’homme en harmonie avec le cosmos dans lequel il est
immergé, avec les autres êtres humain et avec lui -même. Dans le
cadre des religions révélées ou historiques que sont le judaïsme, le
christianisme et l’islam, la quête de sens à l’existence de l’homme est
le fondement même de la vie religieuse. Cela suppose que l’homme
recherche la paix et un environnement de paix à travers la religion.
Mais en raison même du totalitarisme dogmatique dont chaque
religion est porteuse, la tendance à la persécution des incroyants,
des malcroyants et des croyants des autres religions, est souvent
observée dans l’histoire de nos sociétés. La frontière, entre la paix et
la violence, se révèle alors poreuse, au point que la conflictualité, en
lieu et place de l’harmonie recherchée, devient un danger social que
portent certaines religions.
C’est cette réalité historique que nous nous proposons d’analyser
dans cette communication à travers le phénomène des croisades au
Moyen Age.

Jean Paul Messina est titulaire de la chaire d’enseignement histoire et religions à la Faculté de Théologie
de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) et correspondant du Comité Pontifical des Sciences
Historiques à Rome. Depuis trois ans, il dispense un cours sur l’histoire du fait religieux en Afrique
à l’Institut Al Mowafaqa de Rabat. Auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques, il mène
actuellement ses recherches sur religions et société en Afrique.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

SEYNI MOUMOUNI
ATELIER N°2

Islam et radicalité dans l’histoire de l’Afrique


de l’Ouest : le djihad du cheikh Osman dan Fodio
(1754 -1817)

Le Cheikh Osman dan Fodio (1754 – 1817) est une figure de l’histoire
de la pensée islamique en Afrique de l’Ouest. Dans ses entreprises
politiques et spirituelles, il cultivait le djihad à travers la purification
morale, individuelle et collective. Le djihad lancé en 1804 contre
le roi du Gobir, Bawa Jan Gorzo, se termina par la fondation de
l’empire théocratique à Sokoto (Nigeria actuel). Le califat de Sokoto
s’appuyait sur des réseaux de petits émirats placés sous son autorité
et couvrait à la fin de sa vie (en 1817) une bonne partie de l’Afrique
de l’Ouest.

Seyni MOUMOUNI, islamologue, historien (spécialiste des manuscrits ouest-africain en écriture arabe et
ajami), est Directeur de l’Institut de Recherches en Sciences Humaines de l’Université Abdou Moumouni
de Niamey. Expert National auprès des Tribunaux de la République du Niger pour les questions
islamiques, il est membre de la sous commission Mémoire du Monde, Education et Recherche de
l’Unesco. Il est auteur et co-auteur de plusieurs articles et ouvrages dont Vie et œuvre du Cheik Uthman
dan Fodio (1754 – 1817), (L’Harmattan, 2008) et en collaboration avec Viera Pawlikova-Vilhanova,
Voice of Africa’s Past , Bratislava (Slovak Press, 2014).

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

BERNARD COYAULT
ATELIER N°2

Le «pasteur Ntumi» : genèse et mutations d’un


prophétisme guerrier au Congo Brazzaville

Le Congo Brazzaville, comme partie de l’aire culturelle Kongo,


a connu dans son histoire plusieurs mouvements prophétiques.
Dans une généalogie mythico-historique allant de la prophétesse
Kimpa Vita (17e s.) au mouvement initié en 1921 par Simon
Kimbangu, figure emblématique de la résistance à l’oppression
coloniale, le «messianisme congolais» s’est développé tout au
long du 20e siècle se ramifiant, avant et après les indépendances,
en une multitude de mouvements situés à la jonction du
religieux et du politique. S’inscrivant dans une même veine
d’émancipation collective et d’affirmation identitaire, ils puisent
leur inspiration dans la thématique biblique de l’élection du
peuple d’Israël appliquée à la nation Kongo.
Le mouvement Nsilulu dirigé par le Pasteur Ntumi (« l’Envoyé »)
- Frédéric Bitsangou, prédicateur-guérisseur issu du milieu
protestant et pentecôtiste, apparaît dans le département du
Pool en 1998 à la fin d’une décennie de guerres civiles. Pour la
première fois, un prophète congolais s’instaure libérateur du
peuple Kongo en mobilisant une armée sur la base d’idéaux
religieux.
Après avoir évoqué les conditions d’émergence et de
recrutement du mouvement ainsi que ses référents théologiques
et rituels, la présentation mettra en évidence ses mutations
successives : lutte armée, démobilisation/normalisation (2007-
2015) avec la transformation du capital prophétique du leader
en avantage politique accordée par le pouvoir, jusqu’au dernier
rebondissement avec le retour en clandestinité du pasteur
Ntumi et la reprise des combats dans le Pool en avril 2016 suite

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

au coup de force électoral du président en place. Au travers de


cette évolution on interrogera les rapports complexes entre un
mouvement militaro-religieux et le milieu religieux traditionnel
(protestantisme congolais) dont il est issu.

Bernard Coyault, est directeur de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa à Rabat où il enseigne
l’anthropologie et la sociologie des religions depuis 2013.
Docteur en anthropologie (EHESS Paris) et diplômé de l’EPHE (Paris Sorbonne), il est chercheur associé
et professeur invité au LEPOSHS (Laboratoire d’études politiques et de sciences humaines et sociales) de
l’Université internationale de Rabat. Ses recherches et publications portent sur les dynamiques religieuses
des parcours migratoires et la pluralisation religieuse en Afrique subsaharienne et au Maghreb. Il a contribué
récemment à l’ouvrage Penser la sorcellerie en Afrique (Paris, Hermann, 2015) Il est aussi spécialiste des
mouvements prophétiques d’Afrique centrale (ouvrage à paraître en 2017).

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L’ORGANISATION PRÉSENTATIONS DES INSTITUTIONS

Devenue aujourd’hui un modèle innovant dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la


Recherche, Développement et Innovation, l’UIR est une structure dynamique, reconnue et analysée au
niveau national et international.

Le Hors-les-Murs de l’UIR est une initiative proposée par Sciences-Po Rabat depuis 2015 et qui consiste
à organiser un cycle de conférences, séminaires et activités académiques en dehors de l’université et
comme service à la société. L’an dernier la thématique proposée par Farid El Asri, professeur-associé à
Sciences-Po Rabat et organisateur du Hors-les-Murs, portait sur le religieux contemporain en tensions et
était abritée à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc. Cette année académique, les questions
liées à la complexité de la radicalisation religieuse et aux questions touchants aux mouvements sociaux
et religieux, seront privilégiés.

20 AVEC LE SOUTIEN DE LA BNRM, INSTITUT FRANCAIS & ZAMANE


ATELIER
N°3
Engagement radical et
basculement dans
la violence

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

GUIBLEHON BONY
ATELIER N°3

Construction identitaire et radicalisation d’un


prophète messager en Côte d’Ivoire

Kacou Phillipe, dissident de l’Eglise catholique et de l’Eglise


protestante baptiste œuvres et mission internationale de Côte
d’Ivoire, s’est autoproclamé depuis 2002 « Prophète Messager » de
Dieu. Fondateur de la Communauté « Cri de Minuit », avec des
milliers d’adeptes, il se présente comme le nouveau « Jésus » de
son temps, le seul et unique messager envoyé et médiateur entre
Dieu et les hommes et dont la venue a été annoncée par Mathieu
25. 6 et Apocalypse 12.14. Mais il nie la divinité de Jésus. Traitant les
autres leaders religieux (catholiques, protestants, évangéliques) de
rebelles, « filets du Satan », « sorciers » ou « crabes », il rejette aussi
l’autorité de la Bible qu’il qualifie de « livre d’histoire » ou de « livre
mystique » ainsi que l’Institution chrétienne (Eglise). Il proclame
la construction d’un canon conforme à sa position, c’est-à-dire sa
propre « bible » intitulée « Kacou ». Quant à l’Islam, il le présente
comme une « religion sanguinaire et démoniaque qui doit tenir un
peuple captif jusqu’au temps marqué ». De même il ne reconnaît
pas l’autorité de l’Etat ivoirien qu’il traite de « César » ainsi que les
hommes politiques qu’il qualifie « d’Achab et de Jézabel ». Arrêté,
il purge une lourde peine de prison assortie d’une interdiction de
prêcher et de la privation de ses droits civiques pendant 5 ans. Selon
le procureur de la république, ces faits «s’inscrivent clairement dans
le contexte actuel de lutte contre le terrorisme et de radicalisme
religieux »
Cette réflexion vise à questionner ce personnage dans toute sa
dimension, afin de mieux construire son itinéraire, comprendre
sa stratégie de communication violente, sa vision religieuse et les
formes de radicalisme qui se dégagent de son message.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

Guiblehon Bony, anthropologue, est enseignant-chercheur à l’université Alassane Ouattara de Bouaké


et enseignant associé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris. Il est membre
de l’institut des mondes africains (IMAF) Paris et de la Société des africanistes (Paris). Sa thèse de
doctorat à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) Paris a été consacrée au thème de la « violence et
sexualité : la société des hommes-panthères chez les Wè (Côte d’Ivoire) ». Spécialiste d’anthropologie
religieuse, ses travaux portent plus particulièrement sur le rituel et les interférences entre le politique
et le religieux, dans divers pays d’Afrique de l’Ouest.
Il a publié plus d’une trentaine de travaux de recherches sur ces questions, dont le plus récent est Le
pouvoir-faire : religion, politique, ethnicité et guérison en Côte d’Ivoire, Paris,2011, L’Harmattan.

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

ABDERRAHMANE GHARIOUA
ATELIER N°3

Cyberspace et radicalisme religieux :


l’autre guerre médiatique

Le phénomène de radicalisation religieuse en Afrique et dans le


monde est un sujet d’une grande complexité. Face à la radicalité des
clivages idéologiques, aux crises identitaires et socio-économiques,
force est de constater que les mouvements religieux radicaux (EI, Al
Qaida..) se servent de ces failles pour créer davantage de confusion
et de rupture chez leur cible. Ces mouvements qui sévissent
dans plusieurs régions (Afrique, Moyen Orient, Europe…) en
commettant des exactions sur le terrain, mènent une autre guerre,
plus pernicieuse, plus violente à travers une nouvelle arène qu’est
le Cyberspace.
Cette présentation analysera la méthode et la stratégie de
communication des mouvements radicaux et terroristes tels que EI,
Al Qaida et autres … Comment leurs « soldats du web » travaillent-
ils leur discours ? Comment produisent-ils leurs images ? Quelle est
leur cible ? Quel rôle jouent les médias classiques dans la diffusion
de leur propagande ?

Abderrahman Gharioua est professeur habilité à Dar El Hadith El Hassania à Rabat. Après une thèse
de doctorat sur les rapports texte image, ses recherchent s’orientent vers les représentations de l’Autre
dans les médias. Auteurs de nombreux articles, il vient de cosigner un livre intitulé L’image de l’islam
dans les médias en Europe : comment sortir du stéréotype ? (Editions la Croisée des Chemins 2015).

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LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

ENOCH TOMPTÉ
ATELIER N°3

L’armée du Seigneur ou la violence gratuite


en Centrafrique

La République centrafricaine de par sa position géographique


enclavée entre des pays auparavant en guerre pendant plusieurs
années (le Tchad au Nord, le Soudan à l’Est), ne parvient pas à trouver
une stabilité durable. Elle est devenue au contraire le territoire de
prédilection des prédateurs. Les événements récents témoignent de
l’accumulation des incompréhensions et des amalgames, du fait de
l’instrumentalisation des Centrafricains par des bandes réfractaires
à toute paix. Outre les troubles engendrés par les mercenaires de
«l’ex Seleka » qui terrorisent les populations, les soldats de l’Armée
du Seigneur (LRA) qui écument l’Est de la Centrafrique plongent
les habitants dans un traumatisme et une panique perpétuels. Le
quotidien de ces hommes et ces femmes est profondément marqué
par la violence gratuite imposée par ce mouvement armé.

Enoch Tompté-Tom, maitre-assistant à la Faculté de Théologie évangélique de Bangui (FATEB) est


titulaire d’un doctorat en théologie et d’un doctorat en philosophie, ainsi que d’un diplôme d’études
approfondies (DEA) en psychanalyse. Actuellement directeur académique de la recherche et des
publications et coordinateur du programme de leadership à la FATEB, il assure également l’enseignement
de la psychologie à l’Université et à l’Ecole Normale de Bangui. Il est aussi psychologue au Village SOS
où son champ d’application concerne la prise en charge sur le plan psychosocial et thérapeutique des
enfants et des femmes traumatisés, victimes des crises récurrentes en Centrafrique.

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25
L’ORGANISATION PRÉSENTATIONS DES INSTITUTIONS

Sous la double tutelle des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et des Affaires
étrangères et du Développement international, l’Institut de recherche pour le développement (IRD)
est un organisme français de recherche, original et unique dans le paysage européen de la recherche
pour le développement. Privilégiant l’interdisciplinarité, l’IRD centre ses recherches, depuis plus de
65 ans, sur les relations entre l’homme et son environnement entre Afrique, Méditerranée, Amérique
latine, Asie et dans l’Outre-Mer tropical français. Il porte, par sa présence dans une cinquantaine de
pays, une démarche originale de recherche, d’expertise, de formation et de partage des savoirs au
bénéfice des territoires et pays qui font de la science et de l’innovation un des premiers leviers de leur
développement, et l’idée d’une science ouverte sur la société, pour éclairer et solutionner ensemble
les défis du développement durable. Les chercheurs de l’IRD travaillent au sein d’un partenariat
scientifique équitable avec les communautés d’enseignement supérieur et de recherche des pays dans
lesquels ils sont installés. La coopération de l’IRD avec le Maroc a débuté il y a 50 ans. Un accord
intergouvernemental sur les actions de coopération de l’IRD au Maroc a été signé le 18 avril 2008. Il
pose les principes généraux du partenariat et organise la concertation sur ses orientations stratégiques
prioritaires. Actuellement une vingtaine de programmes de recherche élaborés conjointement par des
chercheurs de l’IRD en affectation dans les structures de leurs partenaires marocains sont en cours.

26 AVEC LE SOUTIEN DE LA BNRM, INSTITUT FRANCAIS & ZAMANE


ATELIER
N°4
Modèles de société face
aux évolutions religieuses

27
LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

MOHAMED-SGHIR JANJAR
ATELIER N°4

Enjeux de la culture religieuse au Maroc : la


stratégie de l’Etat à l’épreuve des phénomènes de
radicalité religieuse

Au lendemain des attentats kamikazes qui ont secoué


Casablanca le 16 mai 2003, les autorités marocaines ont mis en
œuvre une stratégie globale appelée « Plan de restructuration du
champ religieux », avec plusieurs volets sécuritaires, religieux et
diplomatiques. Elle vise dans sa dimension religieuse à assurer
la maitrise par l’Etat de tous les ressorts de la culture religieuse
(formation et fonctionnarisation du personnel religieux, contrôle
des mosquées, création de médias nationaux spécialisés et
développement d’une doctrine officielle d’un islam dit marocain).

Les données empiriques d’une série d’enquêtes sociologiques


menées au Maroc au cours des dernières années, révèlent
comment la volonté de l’Etat marocain de re-territorialiser la
socialisation et la culture religieuses se heurte aux mutations
profondes d’une société marocaine de plus en plus inscrite
dans un contexte de mondialisation accélérée qui brouille les
frontières, déterritorialise les cultures et les appartenances, et
recompose le rapport des hommes au monde.

L’accent sera mis notamment sur les perceptions et pratiques


religieuses d’une jeunesse marquées par trois faits majeurs :
1) l’affirmation du recul constant du rôle des institutions
traditionnelles de socialisation religieuse de la jeunesse (zaouia,
mosquée, école, imam et famille) et l’essor inexorable de l’impact
qu’exercent les moyens de communication et d’information

28 IRD - UIR - AL MOWAFAQA - KAS - UCAC


LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

médias (TV, Internet) et à travers eux celui des pairs 2) le regain


de la pratique religieuse (prière, l’observance des rites) qui va
de pair avec l’inculture religieuse 3) l’adhésion aux slogans et
thèses des mouvements djihadistes qui est relativement plus
forte chez les jeunes âgés de 18-24 ans avec une disposition chez
les plus scolarisés d’entre eux à instrumentaliser politiquement
la religion.

Docteur en anthropologie (Université de la Sorbonne), M. S. Janjar est traducteur et auteur de


nombreuses études en sciences sociales ou relatives à la pensée arabo-islamique. Il est directeur de
la revue Prologues (revue maghrébine du livre publiée à Casablanca) et de la collection « Religion
et Société » (Editions Prologues) et codirecteur de la collection « Débats philosophiques » publiée par
les Editions Le Fennec (Maroc).Il a publié ou traduit plusieurs ouvrages et collaboré à des travaux
collectifs dont notamment :Penseurs maghrébins, Casablanca : Eddif, 1993, Mémoire du Maroc, (avec M.
Sijelmassi et A. Khatibi), Casablanca : Editions Oum, 1997, Le Maroc au XXè siècle, (avec M. Sijelmassi),
Casablanca : Editions Oum, 2001, Essai sur la formation de la mystique musulmane, Palerme : Faculté
de théologie, 2002 (en italien),ainsi que la traduction arabe de : Le politique et le religieux dans le
champ islamique, (M. Ch. Ferjani, Fayard, 2005). Casablanca : Editions Prologues, 2008.

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29
LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

RICHARD FILAKOTA
ATELIER N°4

Boko Haram, entre radicalisme islamique et


violences dans le bassin du Lac Tchad

Le passage de l’islam à dominante soufie ou confrérique, plus


proche de la culture locale et de l’establishment sociopolitique, à un
islam radical, plus contestataire, qui ambitionne de réformer toute
la société, de promouvoir un nouvel ordre politique, ne va pas sans
poser de problèmes, dans le rapport entre le politique et le religieux,
notamment en Afrique au Sud du Sahara, plus particulièrement
dans le bassin du Lac Tchad.
Depuis quelques années, le Bassin du Lac fait face à de sérieux
problèmes de violence et d’insécurité, à cause de la présence de
Boko Haram, un mouvement religieux à connotation politique.
Très actif sur la scène sociale, culturelle, religieuse et voire politique
au Nigeria, ce mouvement religieux, en marge de la grande
constellation des confessions et entités religieuses que représente le
champ religieux au Nigeria, se donne pour mission de combler le
vide laissé par un Etat en mal de gouvernance.
Cette analyse s’intéresse aux rapports conflictuels entre Boko Haram
et les institutions républicaines du Bassin du Lac Tchad, moyennant
le recours à la force, à travers laquelle dominent la violence légitime
de l’Etat, selon Max Weber, et la violence religieusement légitimée
du mouvement Boko Haram, animé par leur foi religieuse.

Professeur à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (Institut Catholique de Yaoundé). Socio-


anthropologue, il est spécialiste des faits religieux (nouveaux mouvements religieux, islamisme,
fondamentalisme religieux, néo-paganisme, syncrétisme religieux, etc.) et a publié un ouvrage sur
Le renouveau islamique en Afrique noire : le cas de la Centrafrique (L’Harmattan 2009), suivis de plus
d’une dizaine d’articles dans des ouvrages collectifs et dans des revues scientifiques.

30 IRD - UIR - AL MOWAFAQA - KAS - UCAC


LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

CÉDRIC MAYRARGUE
ATELIER N°4

La pluralisation religieuse en Afrique


subsaharienne : facteur de conflictualité ou frein à
la radicalité

La pluralisation religieuse, appréhendée comme un double


phénomène, d’une part de fragmentation des paysages religieux
et d’autre part d’interactions nouvelles entre acteurs religieux,
constitue désormais une réalité dans un grand nombre d’espaces
africains sub-sahariens. Elle produit un nouveau partage des
territoires et une porosité religieuse parfois insoupçonnée, y compris
par les acteurs eux-mêmes. Elle questionne aussi de manière
renouvelée la place du religieux dans les sociétés et recompose les
relations entre Etats, acteurs politiques et groupes religieux. On
se demandera si cette pluralisation est de nature à constituer un
terreau propice au développement de radicalités religieuses ou si,
au contraire, elle contribue à freiner la propension à la conflictualité,
en rendant visible - et vivable - la pluralité et en permettant la
coexistence religieuse. Le rôle des Etats sera ici aussi interrogé, entre
neutralité proclamée, conviction religieuse des élites au pouvoir,
instrumentalisation et clientélisme.

Cédric Mayrargue est sociologue et politologue, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le
monde (LAM, Sciences Po Bordeaux - CNRS). Ses recherches ont notamment porté sur la sociologie des
recompositions religieuses et la sociologie politique du religieux en Afrique subsaharienne. Il a enseigné
à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne et à Sciences Po Bordeaux.

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31
LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

VINCENT NTUDA-EBODÉ
ATELIER N°4

Sociétés laïques contemporaines et expressions


religieuses radicales : entre liberté de conscience
garantie et pratiques religieuses sous contrôle

Après avoir dressé une typologie des types de société, cette


communication insistera sur les spécificités d’une société laïque
tout en mettant en lumière les modalités pratiques d’encadrement
du religieux dans de telles sociétés. La communication s’achèvera
par une mise en perspective des mutations dans les pratiques
d’encadrement face aux risques de radicalisation.

Docteur en Science Politique diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Lyon, Joseph Vincent NTUDA
EBODE est professeur titulaire des Universités en Science Politique, option relations internationales et
études stratégiques (Défense et Sécurité Internationale) à l’Université de Yaounde II, où il dirige le
Centre de Recherche d’Études Politiques et stratégiques (CREPS). Il est depuis quelques mois le Directeur
de l’Institut de Gouvernance, des Sciences Humaines et Sociales de l’université Panafricaine (Union
Africaine) à l Université de Yaounde II.
Auteur de très nombreuses publications sur les questions de sécurité internationale et de Défense, il
est le Directeur du séminaire l’Afrique de la Défense à l’École Internationale de Guerre du Cameroun
depuis plus de dix ans.

32 IRD - UIR - AL MOWAFAQA - KAS - UCAC


L’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) est une institution de l’Eglise catholique, ouverte à
tous dans le respect de son caractère propre. Elle a été fondée en 1989 par l’Association des Conférences
Episcopales d’Afrique Centrale (ACERAC) qui comprend Cameroun, Congo, Guinée Equatoriale,
République Centrafricaine et Tchad.

L’UCAC comporte 3 entités :


1) L’Institut Catholique de Yaoundé, avec 2 campus (Ekounou et Nkolbisson) regroupant
- La faculté de sciences sociales et de gestion (1632 étudiants, 250 enseignants et 13 filières)
- La Faculté de Théologie
- La Faculté de philosophie
- Le Département de droit canonique

2) L’Ecole des Sciences Supérieures de la Santé de Yaoundé (ESSS)

3) L’Institut Supérieur de formation technologique (UCAC-ICAM)

S’y ajoutent 2 centres de formations professionnelles - le Centre d’Excellence pour la Gouvernance des
Industries Extractives en Afrique Francophone et la Direction de la Formation Continue, ainsi qu’un
laboratoire des langues qui a ouvert ses portes en 2016.

L’UCAC reçoit des étudiants et des enseignants de tout le continent et au delà, avec 23 nationalités
représentées : Cameroun, Gabon, Centrafrique, Tchad, Congo-Brazzaville, Nigeria, République
Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi, Burkina Faso, Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin,
Afrique du sud, France, Allemagne, Etats-Unis, Japon, Corée du sud, Madagascar.
ATELIER
N°5
Sortir de la radicalisation
religieuse

35
LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

CHÉRIF CHEIKH SIDI BRAHIM


ATELIER N°5

Les confréries soufies et les menaces des groupes


extrémistes: médiation et résistance

BAKARY SAMBÉ
ATELIER N°5

Radicalités au Sahel et dans la bassin du Lac


Tchad : donner leur chance aux résiliences
communautaires

Enseignant-chercheur au Centre d’études des religions (CER) de l’UFR Civilisations, Religions, Arts
et Communication (CRAC) de l’Université Gaston Berger à Saint-Louis du Sénégal, Bakary Sambé
coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA).

TAREQ OUBROU
ATELIER N°5

Aux sources herméneutiques de la radicalisation


contemporaine dans le monde musulman

La radicalisation est un phénomène qui s’explique, certes, par des


déterminations psychologiques, socio-économiques, politiques…,
voire ethno-psychiatriques. Mais cette communication s’intéressera
plus particulièrement au substrat religieux qui lui donne matière
jusqu’à sa forme violente la plus chaotique, aussi symbolique
que physique. On attribue souvent la radicalisation à l’islamisme,
que d’aucuns qualifient de « maladie de l’islam ». Or l’islamisme

36 IRD - UIR - AL MOWAFAQA - KAS - UCAC


LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

n’a rien inventé, il n’est qu’une importation d’un islam médiéval


inadapté à la modernité. Les racines de ce radicalisme se trouvent
au coeur d’une pensée théologico-canonique classique qu’on
enseigne encore dans les universités, les écoles et les médias du
monde musulman. En effet, l’islam étant une religion du Livre,
son interprétation ne fonctionne plus depuis le 19 siècle. Devenue
anachronique, elle engendre aujourd’hui un malaise spirituel,
intellectuel et culturel qui se trouve aux sources profondes de cette
radicalisation. Sans être naïfs ni simplistes, il faut admettre qu’il ne
suffit pas de réformer radicalement l’herméneutique des sources
scripturaires pour répondre à notre condition contemporaine,
post-moderne désormais, pour éradiquer la radicalisation, tant
qu’il y a des individus qui souffrent encore d’injustice, d’inégalité
et d’inculture. Les solutions sont plurielles et les responsabilités
doivent être partagées.

Théologien et penseur musulman T.Oubrou est Grand Imam de Bordeaux et président d’honneur et ex-
président de l’association « les imams de France ». Il est administrateur de l’observatoire PHAROS qui
a pour objet de défendre le pluralisme des cultures et des religions. Ecrivain, il est auteur de nombreux
articles et ouvrages , dont les plus récents : La Vocation de la Terre Sainte. Un juif, un chrétien et un
musulman s’interrogent,(avec David Meyer et Michel Rémaud) Édition Lessius (coll. L’Autre et les autres,
no 15), Namur, 2014 ; Le prêtre et l’imam avec Christophe Roucou (directeur du Service national pour
les relations avec l’islam (SRI), entretiens avec Antoine d’Abbundo. Bayard, Paris, 2013 et Ce que vous
ne savez par sur l’Islam, Paris, Fayard, 2016.

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37
LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

AÏCHA HADDOU
ATELIER N°5

Désamorcer la radicalisation religieuse


par l’éducation et la formation

Aicha Haddou est Directrice du Centre de Recherche et de Formation en Relations Interreligieuses de


la Rabita Mohammedia des Ulemas. Elle est membre du Conseil Supérieur de l’Enseignement, de la
Formation et de la Recherche Scientifique, et du groupe de travail pour la Réforme de l’enseignement
religieux (Maroc), elle est aussi fondatrice et vice-présidente d’EMRID (European Muslim Research on
Islam Development).

THARCISSE GATWA
ATELIER N°5

Réflexions sur les voies de sortie de la


radicalisation religieuse

Après avoir situé le triple héritage religieux africain dans son


environnement socio-culturel essentiellement différent de celui des
deux grandes religions conquérantes, cette présentation essayera de
comprendre les causes, la nature et les conséquences des radicalités
religieuses en Afrique. La radicalité sera abordée d’un côté entre
les deux familles de religions conquérantes par rapport aux
religions traditionnelles Africaines, et de l’autre côté, à l’intérieur
de ces religions conquérantes elles-mêmes. Se fondant sur quelques
narratives bibliques, théologiques et idéologiques de la violence dans
les familles disloquées et, examinant de manière critique certaines
thèses selon lesquelles la vie en Afrique serait « essentiellement
religieuse », on se demandera pourquoi la coexistence religieuse
africaine jusqu’à récemment pacifique, a finalement tourné en
radicalités exploitées par des groupes fanatiques. Serions-nous
devant les conséquences de la conceptualisation de séparation

38 IRD - UIR - AL MOWAFAQA - KAS - UCAC


LES INTERVENANTS RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET NOTICES BIOGRAPHIQUES

radicale en « noir et blanc », entre le temporel et le divin, le religieux


et le séculaire ? Ou avons-nous à faire face à l’obscurantisme d’un
autre âge dans lequel les « dieux de fabrication humaine » étaient
des manipulateurs coupables des plus atroces « criminalités » dans
la logique de défense d’intérêts personnels et de groupes ? Tout
conflit non circonscrit ni résolu finit par avoir des conséquences
tragiques inter-générationnelles ; l’analyse se ressourcera dans deux
traditions, biblique et historique. Deux axes seront proposés pour la
sortie de la crise : formation à différents niveaux et instauration des
valeurs centrales du message prophétique et néotestamentaire de
justice, équité, compassion, solidarité, empathie.

Tharcisse Gatwa, PhD [Edinburgh, UK] est professeur d’Ethique à l’Université Protestante des Arts et
Sciences Sociales [PIASS, Butare-Huye, Rwanda], directeur de la Recherche et publications pour la
même institution. Ancien Secrétaire Général du Conseil des Eglises Protestantes du Rwanda [2009-
2013] il a été Directeur Général des Editions CLE de Yaoundé [1999-2007]. Il a publié de nombreux
ouvrages en Kinyarwanda [langue maternelle], Français et Anglais qui portent notamment sur la place
des églises au Rwanda. Ses publications les plus récentes sont : God in the Public Domain: Life Giver,
Protector or Indifferent Sleeper during the Rwandan Tragedies [Brill, Exchange, Leiden 2014]; Histoire
du Christianisme au Rwanda. Des Origines à nos jours [Yaoundé, 2014]; Commemoration and Healing
the wounds of the Genocide against the Tutsi in Rwanda [CEL, 2016].

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