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« Mondes méditerranéens »

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Gilles FERRÉOL
&
Abdel-Halim BERRETIMA

POLARISATION ET ENJEUX
DES MOUVEMENTS MIGRATOIRES
ENTRE LES DEUX RIVES DE
LA MÉDITERRANÉE

E.M.E.
SOMMAIRE

Introduction
Gilles Ferréol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Première partie :
Éléments de cadrage et de problématisation

Chapitre 1
Classer, désigner et dénommer. De l’étranger illégitime à l’immigré
Smaïn Laacher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Chapitre 2
Expériences migratoires et épistémologies sédentaires
Michèle Leclerc-Olive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Chapitre 3
Exil et créativité, ou la subjectivité en question chez Jean Amrouche
Tassadit Yacine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Chapitre 4
Abdelmalek Sayad. D’une rive à l’autre :
à propos de l’œuvre d’un sociologue
Monique de Saint Martin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Chapitre 5
L’impact de la crise économique sur les flux migratoires
des pays du Sud vers les pays du Nord
Noreddine Cherif-Touil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

Chapitre 6
Migrations et migrants dans l’espace méditerranéen
Marie-Antoinette Hily . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Chapitre 7
De la matrice coloniale à la matrice globalisée :
le cas de l’émigration algérienne
Djinina Ouharzoune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Deuxième partie :
Illustrations et témoignages

Chapitre 8
Candidature à la nationalité française et violences symboliques
Jean-Yves Causer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

Chapitre 9
Diversification des destinations et nouvelles stratégies
de départ en Méditerranée occidentale
Bruno Laffort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

Chapitre 10
L’immigration algérienne en France.
À propos de quelques enjeux
Gérard Noirel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

Chapitre 11
L’immigration algérienne : rétrospective et perspectives
Ahsène Zehraoui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

Chapitre 12
Les intellectuels algériens : entre exil et précarité
Abdel-Halim Berretima . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

Chapitre 13
La migration africaine en Algérie : une éventuelle intégration ou
un passage à l’autre rive de la Méditerranée ?
Massika Lanane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

Chapitre 14
L’émigration irrégulière dans l’Algérie du XXIe siècle.
La production sociopolitique de l’exil à domicile
Salim Chena . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219

6
CHAPITRE 13

LA MIGRATION AFRICAINE EN ALGÉRIE :


UNE ÉVENTUELLE INTÉGRATION OU
UN PASSAGE À L’AUTRE RIVE DE LA
MÉDITERRANÉE ?
Massika LANANE *

Le phénomène des mouvements migratoires devient aujourd’hui universel


du fait qu’il se développe partout et avec une intensité variable touchant plus
particulièrement les pays se trouvant de part et d’autre de la Méditerranée. Si
les populations et les territoires ont toujours été le théâtre de flux migratoires,
depuis quelques années l’Algérie, un pays d’émigration, est devenu aussi
un pays de transit des migrants en provenance de l’Afrique subsaharienne,
notamment des pays du Sahel (Lanane, 2011).

Cette migration intracontinentale se caractérise par une


multiplication des itinéraires et une diversification croissante des lieux
de destination à partir de la rive Sud de la Méditerranée vers le Nord, des
mouvements qui s’accompagnent d’un accroissement considérable des
personnes qui s’installent ou qui transitent par l’Algérie. Cette métamorphose
a bouleversé « les classifications rationnelles entre pays d’émigration et pays 
d’immigration » (Brédeloup et al., 2005).

Pour atteindre les objectifs assignés, nous avons emprunté, dans le


cadre de l’élaboration de notre thèse de doctorat que nous avons soutenue en
2011, une démarche empirique d’investigation se basant sur deux hypothèses.
La première se penche sur les facteurs de la migration africaine alors que la
seconde se focalise sur la question de l’intégration des Africains subsahariens
au sein de la société algérienne, les causes de leur mobilité et l’éventuelle
existence d’une diaspora africaine en Algérie (Lanane, 2011).

La présence de cette migration de plus en plus massive nous conduit


à nous demander si la migration subsaharienne est objectivement abordée en
Algérie. Confrontée à la précarité, la minorité noire immigrée préfère-t-elle
transiter ou y rester ? Quels sont les liens que ces migrants entretiennent avec
le milieu professionnel ? Comment s’effectue leur insertion sociale ? Et sur
quelle logique rationnelle leurs projets d’installation reposent-ils ?

* Maître de conférences en sociologie, Université de Béjaïa.


I. PRÉSENTATION ET IDENTIFICATION DE LA
POPULATION ÉTUDIÉE
Notre recherche a été menée en 2004 entre Adrar et Tamanrasset, deux villes
du grand Sud algérien. La répartition de notre population d’enquête en trois
groupes – les étudiants, les travailleurs dans le secteur informel (les Africains
praticiens de la médecine traditionnelle, les herboristes, les maçons, les
cordonniers) et les sorciers – se justifie par le fait que nous avions besoin
d’informations riches et diversifiées. À ce titre, il fallait obtenir les récits
des personnes occupant des positions différentes dans la société algérienne.
C’est pourquoi des outils de collecte des données spécifiques ont été conçus
pour chaque groupe cible. Dans un premier temps, nous nous sommes basée
sur une enquête quantitative menée auprès de trois groupes de Subsahariens
séjournant à Adrar et à Tamanrasset. L’objectif de la partie quantitative
était avant tout de pouvoir mieux cerner les thématiques à aborder au cours
des entretiens. Pour cela, nous avons distribué un questionnaire traitant du
contexte de l’émigration, des raisons de la venue en Algérie, des projets de
vie et des réseaux d’émigration. Un effectif de 200 personnes a été saisi à
travers cette première enquête. À partir des résultats, des entretiens de
plusieurs heures ont été menés avec 16 étudiants, 13 immigrés travaillant
dans le secteur informel et 10 dans le secteur formel.

Les données qui ont contribué à la présente réflexion sont le fruit d’une
observation participante vécue pendant six ans auprès de cette population, de
2004 jusqu’en 2011. Nos investigations ont été réalisées grâce aux 30 voyages
effectués entre le nord et le sud de l’Algérie qui nous ont permis de côtoyer les
migrants africains et vivre leur quotidien. Ces migrants – hommes ou femmes –
ne sont pas tous des déshérités fuyant une condition de misère dans les pays
d’origine. Les entretiens biographiques nous ont permis de reconstituer leurs
trajectoires, les événements marquants de leur aventure migratoire, perçue
comme un projet, explorant les aspects culturel, social, politique, économique
et démographique. Ces différentes trajectoires sont souvent parsemées
d’embûches et impliquent de multiples réseaux de sociabilité aux logiques
variées. Les personnes ont été choisies en fonction de leur statut, comme celui
du plus ancien guérisseur, Boubaker Amadou, 67 ans, arrivé du Sénégal il y a
40 ans pour assister au mariage de son cousin. Se plaisant à Adrar, il s’y installa
par la suite. Actuellement, il est marié à Melha Belkbir, qui appartient à une
famille très connue et respectée dans cette ville.

II. MIGRATION AFRICAINE : LES RAISONS DE LA


CIRCULATION DES PERSONNES
Appréhender la complexité du phénomène migratoire subsaharien en Algérie
ne peut se faire sans évoquer les causes multiples qui en sont à l’origine. Ces

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raisons s’entrelacent pour dévoiler les mutations, les tensions de la société
d’accueil et sa stratégie d’opposition aux nouveaux migrants. Les motifs
de départ de cette migration africaine restent liés au désir de partir ailleurs
(facteurs push) et à l’attraction de l’Europe du fait de l’influence qu’exerce
ce continent sur l’Afrique subsaharienne (facteurs pull) (Ravenstein, 1885).

La migration subsaharienne, notamment celle en provenance du Mali


ou du Niger, est un phénomène millénaire car les mouvements migratoires,
à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Afrique, ont toujours marqué l’histoire des
populations africaines, mélangées souvent avec celles des pays arabes ou
venues du Moyen-Orient. L’émigration s’est poursuivie après l’indépendance
des pays africains. On comprend, de cette logique dialectique que les
migrations pour des motifs économiques, connues sous le nom de « migrations 
de  travail », sont déterminées essentiellement par les déséquilibres que
provoque le marché du travail en termes de précarité, d’écarts de salaires et
d’incertitude en matière d’emploi dans les pays d’origine (Plat, 2003). Les
principaux foyers d’origine des migrations illustrent ce constat, car 45,7 %
des travailleurs gagnent moins d’un dollar par jour en Afrique subsaharienne.
Les pays de cette région sont extrêmement pauvres (Fall, 2010). Le Niger
et le Mali sont, par exemple, des pays parmi les plus démunis de la planète,
classés respectivement 176e et 174e sur l’échelle du développement humain.
En 2002, l’espérance de vie ne dépassait pas 46 ans au Niger et 48,5 ans au
Mali. Dans ces deux pays du Sahel, les services de santé sont insuffisants et
les enfants n’ont pas tous accès à l’éducation : entre 2001 et 2002, le taux de
scolarisation ne dépassait pas 19 % pour le premier et 26 % pour le second
(Marfaing, 2007).

Il est donc logique que, dans de telles conditions, le candidat à


l’émigration soit attiré par les conditions de vie des sociétés occidentales
telles qu’elles sont relayées par les médias (Lahlou, 2001). Pour d’autres,
la décision d’émigrer est une affaire de famille. Ce n’est pas toujours
l’individu qui fait le choix de partir, mais sa famille, sa communauté
qui veut échapper à l’incertitude, une famille rurale dont les revenus
peuvent chuter en cas d’intempéries ou de sécheresse et qui envoie un de
ses membres à l’étranger pour subvenir à ses besoins (Choplain, 2001) :
« Ils étaient bien contents mes parents que je parte, parce qu’ils savaient 
que j’allais être malheureuse là-bas, de par la société, de par tout. Pour 
eux,  même  l’Algérie  est  peut-être  un  pays  d’espoir [...].  Ils  pensaient 
que  je  souffrirais  si  je  devais  rentrer  au  Nigéria  ;  en  tant  que  femme 
dans ma situation, j’allais être obligée de revivre dans la famille chez les 
parents, la société n’étant pas une société faite pour une femme. J’aurais 
beaucoup  de  difficultés  dans  tous  les  domaines  [...].  Ils  espèrent  que  je 
puisse  régulariser  ma  situation  pour  faire  ramener  ma  sœur »  [Tanija,
jeune Nigérienne, 24 ans, divorcée. Elle travaille actuellement comme
caissière dans une superette à Adrar.]

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A. Émigration africaine et besoins financiers

À la recherche des ressources, la migration joue le rôle d’assurance contre les


intempéries que connaissent les pays d’Afrique subsaharienne, dont ceux du
Sahel. Cette migration se substitue aux aides publiques et à tout ce qui, dans
les pays développés, permet de faire face au risque économique (Borgogno
et Vollenweider-Andresen, 1998). Il faut y ajouter le développement de l’idée
du projet migratoire, amplifié par les informations transmises par les premiers
migrants et les cadeaux qu’ils apportent quand ils rentrent au pays. Le Plan
spécial pour le développement du Sud algérien est une des principales mesures
ayant incité les migrants africains à tenter leur aventure dans cette région
(Plan des Nations Unies de Développement, Algérie, 2007-2011). Ce plan
d’investissement, initié par le gouvernement algérien, intervient suite à la
hausse, pour des raisons politiques, du chômage en Libye et en Côte d’Ivoire
et répond à la disponibilité de l’argent à dépenser et des emplois à fournir,
surtout que certaines tâches sont délaissées par les Algériens venus du nord
du pays, occupant généralement des postes de cadres et d’administrateurs. Ce
plan de développement attire les Subsahariens, les Maliens et les Nigériens,
conséquence de l’insuffisance des revenus dans cette région, raison principale
du projet migratoire (Latrèche, 2001).

B. Migration africaine : quelles perspectives ?

L’instabilité et l’oppression politique ont toujours été des facteurs


déterminants dans le mouvement des populations vers les pays stables. Entre
les coups d’État, les guerres civiles et les troubles politiques, les mouvements
migratoires engendrent des flux considérables de réfugiés et de personnes
déplacées entre les pays d’Afrique ou de ces pays vers les pays européens
ou d’Amérique. Entre 2004 et 2006, l’Office des migrations internationales
(OMI) dénombrait 9,2 millions de réfugiés (Branger, 1993). En effet,
plusieurs événements ont contribué à accentuer ces mouvements migratoires.
Initialement, ces migrations sont provoquées par l’instabilité politique et les
guerres civiles dans des pays comme la République démocratique du Congo,
la Sierra Leone, le Libéria ou la Côte d’Ivoire. Cependant, depuis 2000, les
migrants sont devenus une potentialité de ressources économiques pour des
pays d’origine de plus en plus divers, comme le Nigéria, le Sénégal, la Gambie,
le Mali, le Ghana, le Burkina Faso, le Niger, le Soudan, la Centrafrique ou le
Cameroun. Récemment, des migrants originaires des pays asiatiques, comme
l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh, ont transité également par l’Algérie
via la route saharienne. Ils prennent généralement l’avion de l’Asie vers les
capitales ouest-africaines, empruntant le chemin transsaharien habituel via
le Niger, arrivent en Algérie et émigrent vers le Maroc. Ce qui explique que
plusieurs dizaines de milliers de Subsahariens émigrent annuellement vers
l’Espagne à travers le Maroc, ou de la Tunisie vers l’Italie. Ces migrants
sont généralement des demandeurs d’asile, des réfugiés, qui optent dans leur
grande majorité pour la migration de travail (Bériane, 2007).
202

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C. L’aventure migratoire volontaire ou imposée

Les motivations personnelles du projet migratoire chez les Africains de notre


enquête sont largement influencées par les membres de la famille immédiate,
pour impliquer la famille élargie ou la communauté à laquelle le candidat
appartient (Sayad, 1999). Dans certains cas, c’est le village d’origine et la famille
du candidat à l’émigration qui supportent tous les frais inhérents au déplacement
jusqu’à ce que celui-ci soit en mesure de se prendre en charge, voire de rembourser
l’investissement initial consenti. Bien souvent, on attend de la diaspora implantée
dans le pays d’accueil une aide à l’installation du nouvel arrivant, donnée qui est
devenue un critère du choix de la destination privilégiée en fonction de la région,
voire du groupe ethnique déjà installé ailleurs. C’est pourquoi on émigre souvent
pour voir « un cousin qui a réussi » dans un autre pays (Barre, 1995).

Notre enquête nous a permis de montrer que la présence de membres


de la famille, ou plus généralement de compatriotes, est un facteur important du
choix du pays ou de la ville de migration. En effet, nous avons constaté que près
de la moitié de nos enquêtés (46,5 %), des migrants de travail, ont eu une aide
décisive de leurs compatriotes en matière de logement, et ce avant leur arrivée
au pays de destination. À cette migration volontaire et collectivement soutenue
s’ajoute une nouvelle catégorie de migrants non prise en compte par la convention
de Genève : les réfugiés environnementaux, un mouvement qui s’est accéléré ces
dernières années en Afrique. Plus précisément en Afrique de l’Ouest et dans les
pays sahéliens, la dégradation de l’environnement et les conditions climatiques
défavorables ont contribué à augmenter l’insécurité alimentaire et, de ce fait,
les migrations vers les pays du Nord. Rappelons que la montée du niveau des
océans et son impact sur la production alimentaire, induits par le réchauffement
climatique, provoqueraient la migration de plus de 150 millions de personnes
d’ici 2050 (Ma Mung et al., 2004).

Face à toutes ces mutations, l’Afrique reste le continent où la


sécheresse et les catastrophes naturelles guettent les populations, qui
s’exposent quotidiennement au spectre de la famine et aux situations
d’exécution, de pillage et d’extermination. Ce sont ces situations qui ont fait
de ce continent un espace où les mouvements migratoires intracontinentaux
ou intercontinentaux sont en continuelle mobilité, des milliers de personnes
étant décédées, déplacées ou disparues.

Nous assistons aujourd’hui à la mobilité des candidats à l’émigration


du Sud vers le Nord, en passant par des pays qui vivent une certaine
émancipation économique, incitant ces Africains à transiter obligatoirement
par la côte méditerranéenne, comme c’est le cas en Algérie, afin de tenter
une traversée vers l’autre rive. Ces tentatives aboutissent, dans certaines
situations, à l’échec du projet migratoire, et les migrants optent, pour des
raisons multiples, pour l’installation définitive dans le pays de transit, comme
c’est le cas aujourd’hui pour les migrants maliens en Algérie.
203

203
III. L’AFRIQUE : UN ESPACE CONTINENTAL DES
MOUVEMENTS MIGRATOIRES
Si l’équation économique universelle classifie les pays de départ comme pays
pauvres ou « en voie de développement » et les pays de destination comme pays
« riches », car fortement développés et industrialisés, la circulation des personnes
entre le bloc Nord et le bloc Sud pose la problématique de la situation politique
du phénomène migratoire en Algérie. L’enjeu de cette migration africaine exige
une éventuelle définition de la condition des déplacés, à la recherche d’un statut,
non défini dans la législation algérienne actuelle. Cette situation paradoxale
traduit la logique de domination que vivent les pays du Sud, une domination
rappelant l’influence de l’héritage colonial des pays du Nord qui continuent
d’instrumentaliser l’aliénation économique et politique des pays d’émigration
(Sayad, 1999). Ce rapport dominants/dominés est devenu un atout de négociation
et de politisation pour les pays du Nord de la rive méditerranéenne adhérant
collectivement à la stratégie d’enfermement, une position renforcée par des
mesures juridiques restrictives empêchant les flux migratoires venant des pays
du Sud. Au centre de cette situation, l’Algérie est devenue, à travers son histoire
d’émigration, un pays de transit pour les nouveaux migrants africains, intégrant
en même temps les enjeux qu’induisent les migrations internationales. Il s’agit
donc d’une confrontation réciproque et paradoxale dans les stratégies de mobilité
entre les pays situés de part et d’autre de la Méditerranée (Caselli et al., 2003).

Dans ce contexte, le nombre de migrants internes, permanents ou


saisonniers, en Afrique est estimé à plusieurs millions. Les raisons de ces flux
internes sont les guerres fratricides et les conflits armés que plusieurs pays
africains vivent aujourd’hui. À cela s’ajoute la fermeture des frontières imposée
par certains pays qui redoutent la propagation des conflits ethniques et tribaux
ayant été la cause des milliers de morts, une fermeture des frontières mise en
place pour dissuader la fuite des cerveaux et des élites vers les pays du Nord.
Depuis les années 1970 jusqu’à nos jours, on compte entre deux et six millions
de personnes déplacées parmi ces candidats à l’asile ou de réfugiés chassés par
les guerres ou la famine (Amadou, 2012).

Âgé de 27 ans, Jean Batiste est un immigré du Congo arrivé en


Algérie en mai 2002. Il a été arrêté deux fois au Maroc pour tentative de
fuite vers l’Espagne. Nous l’avons interviewé sur le chantier de son travail en
2006 : « Je suis là parce que je fuyais la misère et la pauvreté. J’avais un rêve 
de partir un jour en France pour terminer mes études, avoir un diplôme qui 
me permettrait d’avoir un bon boulot, et pourquoi pas me marier avec une 
Française et décrocher la nationalité ! Malheureusement, regardez où je me 
trouve ! Traîner dans les rues comme un clochard et bosser toute la journée 
comme un esclave pour avoir un sandwich comme paie ! Ce qui me fait de 
la peine, c’est la foi de ma famille en moi. J’étais une sorte d’espoir, chaque 
membre a mis tous ses épargnes pour réaliser mon projet de migration. »

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204
D’après ce témoignage, on comprend que l’Algérie soit devenue,
depuis le milieu du xxe siècle, l’un des principaux pays d’accueil de la
migration africaine et asiatique, notamment chinoise. La problématique de
l’émigration nous interpelle sur l’actualité politique incitant les pouvoirs
publics à prendre les mesures pénalisant les candidats algériens à l’aventure
de l’émigration illégale, la harraga, tout en pourchassant les candidats à
l’émigration en provenance d’un pays subsaharien.

Le décret n° 1963-274 du 25 juillet 1963 fixant les modalités


d’application de la convention de Genève a permis l’installation d’un Bureau
algérien pour les réfugiés et les apatrides (BAPRA). Par ce décret est créée
une commission de recours réunissant des représentants du ministère de la
Justice, du ministère des Affaires étrangères et du ministère du Travail et des
Affaires sociales. À cette législation s’ajoute la loi algérienne 08-11 sur la
condition des étrangers : modification des règles juridiques et de leur impact
sur la migration irrégulière en juin 2008, l’administration pouvant prendre un
arrêté d’expulsion ou un arrêté de reconduite à la frontière. Cette loi établit la
reconduite aux frontières (par arrêté du wali compétent, le préfet) de l’étranger
qui entre illégalement en Algérie ou qui se trouve en situation irrégulière au
regard du séjour (sauf régularisation de sa situation administrative). En dépit
de l’existence d’un Office pour les réfugiés, l’Algérie ne dispose toujours pas
d’une législation ni d’une procédure spécifique. Le Haut Commissariat aux
réfugiés (hcr) se charge donc d’attribuer le statut de réfugié et de soutenir les
personnes sous son mandat, en particulier les Subsahariens se trouvant depuis
les années 1970 dans les camps du Sud-Ouest algérien. À l’exception des
nouveaux réfugiés maliens, les réfugiés africains sont difficilement protégés
et généralement considérés par le gouvernement comme des immigrés
irréguliers (Di Bartolomeo et al., 2010). Située en Afrique du Nord, l’Algérie
constitue dès lors une destination privilégiée de passage ou d’installation des
Africains, synonyme de leurs mouvements entre leurs pays d’origine et la
rive Sud de la Méditerranée (Marfaing et Wippel, 2003, p. 17).

A. La présence de la minorité noire en Algérie

Dès l’instant où la question des minorités noires est traitée de façon sommaire
en Algérie, les spécialistes de l’immigration africaine font rarement allusion
à sa présence ou à son installation dans la société algérienne, surtout que
cette immigration est devenue une composante ignorée sur le plan culturel
et social. En dépit de ce désintérêt sociologique pour la minorité noire,
l’Algérie est devenue la destination privilégiée de l’émigration clandestine
que connaissent les pays du sud de la Méditerranée (King et Ruiz-Gelices,
2003).

Pendant notre séjour à Adrar et à Tamanrasset, nous nous sommes


interrogée sur les enjeux de l’installation ou du passage à l’autre rive de la
Méditerranée des Africains que nous avons interviewés. Aujourd’hui, les
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raisons et les perspectives de cette migration subsaharienne constituent un
sujet de débat politique entre l’Algérie et les pays du Sud de la Méditerranée,
plus particulièrement la France (Laacher, 2012).

Cette migration ne se résume plus à la circulation des personnes


ou à leurs conditions d’installation, mais elle devient un sujet crucial
pour son devenir dans les régions du Sud algérien où elle est vouée à
intégrer la population locale dont la majorité est noire. Cette intégration
évoque les bouleversements qui peuvent intervenir dans la vie familiale,
professionnelle et culturelle de ces nouvelles minorités noires qui ne sont
pas majoritairement musulmane du fait de leur appartenance à différents
pays sahéliens comme le Mali, le Niger ou d’autres pays d’Afrique
subsaharienne à confessions diverses. À cet égard, les tentatives des
migrants pour s’adapter à l’organisation du mode de vie que dictent
les structures économiques et sociales mises en place dans les régions
d’accueil ne peuvent pas toujours répondre à leurs espoirs. Confrontés
à une exclusion multidimensionnelle, ils ne sont que rarement invités
à faire partie de la communauté avec laquelle ils sont contraints de
cohabiter pour survivre. D’après nos investigations empiriques avec ces
migrants, nous avons constaté que l’insertion socioprofessionnelle de
certains d’entre eux révèle les enjeux de leur vie quotidienne, comme
l’explique Kouli Bali Okendi, 53 ans, ouvrier, de nationalité nigérienne,
garagiste à Tamanrasset : « Les  premiers  contacts,  c’était  difficile. 
Quand  on  se  ramène  avec  une  culture  différente,  je  me  suis  comporté 
sévèrement au début avec les gens, avec les voisins. Je n’étais pas bien, 
je parlais de n’importe quoi et de rien sans savoir. J’ai donc eu du mal à 
me faire des amis. Ce n’est pas seulement un problème de langue, c’est 
un  mode  de  vie  tout  à  fait  différent.  Il  suffit  de  voir  comment  les  gens 
nous regardent, comment ils nous parlent et comment ils nous traitent : 
ils nous haïssent. »

Divorcée avec deux enfants, Isabelle, 30 ans, est arrivée en


Algérie en provenance du Mali il y a trois ans. Elle voulait partir en
France chez sa tante pour assurer une bonne scolarisation à ses enfants :
« J’ai  travaillé  chez  quelqu’un  comme  bonne  pendant  18  mois,  puis 
un jour la maîtresse de maison m’a surpris avec son mari dans son lit, 
dans  sa  chambre.  Elle  m’a  frappée,  insultée  et  m’a  jetée  dans  la  rue. 
Depuis  ce  jour,  je  suis  devenue  une  prostituée,  je  donne  mon  corps, 
et  en  contrepartie  je  passe  une  nuit  chaude  dans  une  maison  ou  dans 
une chambre à l’hôtel. » Le but de survivre ou de mieux vivre avec un
revenu plus décent dans un pays voisin plus riche s’explique par l’écart
significatif du produit intérieur brut (pib) par habitant. Isabelle ajoute :
« Avant  de  débarquer  en  Algérie  j’étais  aussi  une  femme  de  ménage  ; 
je  n’étais  pas  bonne  à  l’école,  alors  vous  savez  où  est  ma  place.  Je 
gagnais  peu.  Je  suis  venue  parce  que  je  voulais  que  mes  enfants  aient 
une meilleure vie que la mienne. »
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B. Les étudiants subsahariens sont-ils une composante dissimulée ?

Si les migrants analphabètes sont souvent destinés à exercer des métiers


manuels, il existe parmi ces Africains des étudiants qui ont émigré tout en
cherchant à travailler. Cette nouvelle composante dans la population enquêtée
nous a révélé la corrélation entre la mobilité et les raisons qui ont incité les
étudiants à abandonner leurs études en cherchant à travailler irrégulièrement.
Parfois, les études supérieures sont un des principaux motifs de mobilité.
Des formations ont également été mises en place dans les pays africains
pour inciter ces jeunes candidats à l’émigration à rester dans leur pays
d’origine. Mais ces tentatives d’insertion économique n’ont pas pu satisfaire
les besoins de ces étudiants qui ont emprunté les voies des flux migratoires,
refusant de rester dans leur pays d’origine où l’économie est défavorable au
développement depuis une vingtaine d’années (Chaouite, 2003) : « C’est 
vrai que le projet d’aller au-delà, il se nourrit dans l’esprit des jeunes. Déjà 
au  lycée,  on  parlait  de  partir,  d’aller  voir,  de  vivre  l’image  de  l’Occident, 
de  la  modernité.  Dès  mon  jeune  âge,  je  voyais  la  France  comme  un  pays 
de liberté. Même avec ce qui se passe maintenant, la crise économique, les 
restrictions,  le  chômage,  elle  reste  toujours  un  pays  d’accueil,  un  pays  où 
on  trouve  différentes  cultures  ;  n’importe  qui  peut  vivre  en  harmonie  avec 
l’autre » [Sossoko Diabété, 24 ans, étudiant à l’université africaine d’Adrar.]

Faisant écho aux étudiants africains qui ont renforcé la migration


du travail, ce témoignage traduit la conversion des jeunes étudiants en main-
d’œuvre à exploiter, renforçant la présence de la communauté noire en
Algérie.

VI. LES SUBSAHARIENS : UNE MINORITÉ PRÉSENTE


EN ALGÉRIE
Si les minorités sont généralement désignées par leur appartenance
linguistique, ethnique, religieuse, raciale, culturelle ou politique, celles
originaires d’Afrique subsaharienne nous renvoient à une réalité d’installation
confuse et ambiguë au sein de la société algérienne. La situation des groupes
minoritaires africains ne dépend pas seulement de leur représentation
sociodémographique ou de leur dispersion géographique, mais elle est
également conditionnée par des liens de structuration groupale signifiant
la combinaison de la réciprocité de leurs intérêts que dictent les stratégies
conventionnées au sein de la tribu d’origine (Labelle et al., 2007). Sachant
que l’Afrique subsaharienne est le continent qui compte le plus grand nombre
de pays pauvres dans le monde, les jeunes migrants qui tentent l’aventure
migratoire fuient les conséquences précaires de cette hausse démographique,
ce qui produit un potentiel à risque pour les candidats à l’émigration qui
se trouvent parfois victimes de la domination et de l’exploitation patronale

207

207
dans les régions du Sud algérien. Parallèlement à cette précarisation, certains
candidats aventuriers ont trouvé la mort après s’être égarés dans le désert
algérien sans aucun soutien humain, logistique ou matériel. Empruntant des
itinéraires pénibles, ces jeunes migrants font tout pour fuir la misère qu’ils
ont vécue dans leur pays d’origine, cherchant par tous les moyens d’atteindre
l’autre rive de la Méditerranée, des tentatives qui se soldent souvent par
l’échec de leur parcours migratoire. En provenance du Cameroun, du Mali,
du Sénégal, du Niger ou d’autres pays, la plupart d’entre eux tombent dans la
mendicité ou dans des réseaux de prostitution.

Kumba, 27 ans, est originaire du Niger : « Mon  père  était 


mécanicien auto et ma mère infirmière ; ma vie dans mon pays n’était pas 
aussi  malheureuse  que  maintenant. » Après avoir eu son baccalauréat, il
voulait faire des études de sociologie. Mais son rêve depuis qu’il est enfant
était de regagner l’Europe, comme ses cousins. Son pays étant politiquement
instable, il le quitte pour partir à l’aventure : « J’ai  franchi  les  frontières 
du  Niger,  puis  j’ai  traversé  le  désert  pour  me  retrouver  en  Algérie.  Après 
avoir passé cinq années à me déplacer entre les villes du Sud algérien, j’ai 
décidé  de  m’installer  à Adrar. » Depuis, il y vit en situation irrégulière au
regard du séjour, sa demande de statut de réfugié auprès du hcr lui ayant
été refusée : « Pas de travail stable, j’ai travaillé comme serveur de thé, j’ai 
été ramassé, avec d’autres Subsahariens, dans plusieurs rafles de police et 
j’ai même été en prison. » Malgré ses tribulations, faute de pouvoir partir en
Europe, Kumba ne veut pas entendre parler d’un éventuel retour dans son
pays d’origine. Toujours vendeur ambulant, il se sent mieux en Algérie que
dans son pays : « Ici au moins, les possibilités de travail existent, même si 
elles sont minimes ou précaires, et les Algériens ne sont pas trop méchants 
même s’ils se méfient souvent de nous. Le fait que j’ai appris l’arabe m’a 
beaucoup  aidé  ;  je  me  fais  passer  pour  un  Touati » (un originaire de la
région de Touat, dans la région d’Adrar). Lorsque nous l’avons rencontré,
Kumba avait un seul objectif : trouver un travail stable pour décrocher un
titre de séjour. Un parcours du combattant que peu de migrants sans papiers
accomplissent jusqu’au bout.

A. Les Africains : présentation et représentations dans la société


algérienne

Les Africains subsahariens – dont les Nigériens et les Maliens – qui


émigraient vers l’Algérie n’étaient pas seulement des commerçants, mais
ils étaient aussi des saisonniers qui travaillaient dans les oasis du Sud. On
peut qualifier cette migration de migration « alternante » ou « saisonnière » :
certains migrants viennent en Algérie et retournent dans leur pays d’origine à
la fin de la saison de récolte ou de commerce, en optant pour les circulations
occasionnelles. Ce circuit migratoire fonctionnait tout à fait normalement.
Par exemple, les Maliens, les Nigériens et les Algériens touaregs de l’extrême
Sud ont toujours circulé librement dans le Grand Sahara (Bensaad, 2005).
208

208
Afin de stabiliser cette migration, l’Algérie a depuis institutionnalisé cette
libre circulation sur son territoire en arrêtant un cadre légal. Plusieurs traités
bilatéraux entre l’Algérie et certains pays voisins ont institué la circulation
des nomades (particulièrement les Touaregs) dans la zone du Sahel que
partagent le Mali, le Niger et l’Algérie, une zone autorisant l’« économie de 
troc » : « Les Touaregs ont toujours circulé librement en Algérie, ils étaient 
nos clients, nos voisins, nos amis et même, on se permet de le dire, faisaient 
partie de nos familles. Mais récemment, l’immigration des ressortissants de 
pays subsahariens a chuté considérablement après que les États du Maghreb 
ont accepté d’être le bouclier de l’Europe pour stopper ou, au moins, réduire 
le  flux  migratoire.  La  coopération  avec  les  États-Unis  d’Amérique  s’est 
renforcée cette année [2004], une grande coopération avec les pays du Sahel 
s’est  instituée  dans  le  cadre  de  l’initiative  américaine  pour  la  lutte  contre 
le  terrorisme.  Au  Sud,  en  prononçant  le  mot  “Touareg”,  beaucoup  nous 
considèrent comme des terroristes islamistes, des bandits ou des trafiquants 
de cigarettes et de drogue, des rebelles mauritaniens de retour vers la Libye »
[Djamel, 45 ans, policier des frontières, rencontré lors de l’enquête menée
dans le cadre de notre thèse de doctorat en avril 2004.]

Les populations touaregs en déplacement peuvent circuler entre


plusieurs pays, vendre et acheter des marchandises, sans la moindre
contrainte ni la moindre formalité douanière ou policière à accomplir. Le
système de l’« économie frontalière » est maintenu car l’Algérie a contribué
à sa régulation avec les pays voisins. Plusieurs arrêtés ont fixé les conditions
et les modalités d’importation et d’exportation de marchandises dans le cadre
du commerce de « troc » frontalier avec le Niger et le Mali. Dans les années
1990, et en contrôlant les mouvements de libre circulation, devenus suspects,
l’Algérie a voulu protéger ses frontières des mouvements de passeurs
d’armes, de contrebandiers, de trafiquants et de terroristes. Ces mouvements
suspects sur la frontière du Sud algérien ont provoqué le dysfonctionnement
de ce système, et ceci s’est naturellement répercuté sur les flux migratoires
en provenance du Sud.

B. La minorité africaine en Algérie : intégration ou marginalisation ?

L’intégration des migrants subsahariens noirs débute par l’apprentissage de la


langue et des valeurs du pays d’accueil. Chez les migrants dont les dialectes
sont multiples et diversifiés, nombreux sont celles et ceux qui ont émigré en
Algérie du seul fait que la population de ce pays du Maghreb est à majorité
francophone (Lessault et Beauchemin, 2009).

C’est le cas de Marie, 16 ans, de nationalité congolaise, qui s’est


enfuie après avoir frappé son beau-père lorsque celui-ci a essayé de la violer.
Aujourd’hui, elle travaille comme réceptionniste dans l’hôtel Thabet à Adrar : 
« Je suis venue en Algérie parce qu’ici on peut parler français. » Asaf, 25
ans, l’ami de Marie qui l’a aidée à venir en Algérie et qui travaille comme
209

209
herboriste, explique que « l’héritage culturel commun est un facteur du choix 
de destination ». Ceci peut se traduire par le fait que, pendant la colonisation
des pays africains, le français est devenu la langue officielle des institutions
tant à l’écrit qu’au quotidien, conséquence du « paternalisme » culturel que
les ex-colonisateurs ont eu à l’égard des Africains. L’usage au quotidien de
cette langue en Algérie et l’apprentissage des outils d’une bonne insertion
dans une société qui utilise le français comme un moyen de communication
dans la gestion administrative et économique, parallèlement à la langue arabe,
révèlent les paradoxes auxquels sont confrontés aujourd’hui les migrants
africains.

L’Algérie, pays d’accueil, essaie d’instaurer une politique facilitant


l’intégration de ces migrants par le biais de l’attribution d’une carte de résidence
ou par l’accès à la nationalité algérienne (à travers le mariage). Mais pour la
plupart de ces migrants, la réussite de l’intégration ne passe que par un emploi
régulier et stable. Toutefois, ces multiples mesures n’empêchent pas que le taux
de chômage moyen des Africains subsahariens en Algérie reste très élevé (Héran,
2002). En effet, sur le plan professionnel, ces migrants vivent une situation
de malaise, la majorité d’entre eux sont dans l’insécurité et dans l’exclusion,
leur quotidien étant devenu plus précaire que dans leur pays d’origine. À ces
difficultés de présence territoriale s’ajoute la crise de logement qui ne facilite
pas leur intégration dans les tissus urbains algériens. Les conditions de logement
des immigrés sont globalement inférieures à celles des « Algériens noirs » et des
« Algériens blancs » habitant les régions du Sud. Un immigré sans permis de
travail n’a pas le droit au logement. Le loyer est trop cher et en général inexistant.
La situation est encore pire en ce qui concerne les femmes immigrées. Agnès,
deux enfants, 31 ans, originaire du Congo, coiffeuse et mariée à un Algérien
d’origine kabyle, habite une belle maison à Tamanrasset : « Ils ne nous louent 
pas parce qu’on est étrangers. On a vécu une longue souffrance. Je ne me suis 
stabilisée qu’après une longue souffrance de vagabondage. »

L’accès au logement et la répartition résidentielle de la population


noire migrante, minoritaire d’un point de vue ethnique et culturel, sont basés
sur la discrimination qui ne se manifeste pas sous la forme d’une discrimination
directe à l’égard de ces groupes qui en sont la cible (Le Doyen, 2001). En plus
de la discrimination spatiale, un autre genre de ségrégation apparaît. Il s’agit de
l’intolérance religieuse, ce que nous a expliqué Aisslam, une Malienne de 42
ans, musulmane, mariée à un chrétien, ancienne institutrice arrivée avec son
mari en Algérie il y a six ans et aujourd’hui installés dans la wilaya (préfecture)
de Tamanrasset : « Après avoir épousé un chrétien, mon mari actuel, Étienne 
Kouako, nous  nous  sommes  enfuis  parce  que  nous  avions  eu  peur  de  ma 
communauté musulmane. Nous voulions partir en France pour avoir la paix de 
l’âme, mais comme nous n’avions pas assez d’argent nous sommes venus ici [en
Algérie] pour nous cacher. Dès le début, je n’ai pas parlé de la religion de mon 
mari aux yeux des voisins. Je dis qu’on est tous les deux musulmans, je porte 
même le foulard. »
210

210
Les seuls avantages auxquels ont accès ces migrants sont ceux
garantis par la Sécurité sociale algérienne (remboursement des frais des
soins). La législation du travail n’évoque pas le cas des travailleurs migrants
irréguliers. C’est seulement en 2004 que l’Algérie a ratifié la Convention
internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille, adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation
des Nations Unies dans sa résolution 45/158 du 18 décembre 1990, mais elle
n’est pas encore mise en application. En attendant, on continue à appliquer
les lois anciennes (Di Bartolomeo et al., 2010).

À travers nos investigations, nous avons constaté que 35 % des


enquêtés n’entretiennent pas de relations avec les autochtones de la région
du Sud et que 60 % ont de mauvaises relations avec leurs voisins et leurs
collègues de travail. Seuls 5 % déclarent avoir de bons contacts avec leur
voisinage. Cela est dû aux mutations et aux fragmentations sociales qu’a
connues l’Algérie au cours des deux dernières décennies. La violence de la
guerre civile a développé une certaine suspicion entre les communautés et les
tribus, plus particulièrement à l’égard des migrants africains, musulmans ou
chrétiens : « Cela fait un bon temps que je suis là. Aucun voisin ne m’a invité 
chez lui ; pour eux, on est des K’haleches [Noirs] portant le sida. Ils pensent 
que  s’ils  s’approchent  de  nous  ils  vont  attraper  la  maladie » [Obanguo,
40 ans, arrivé en Algérie de la Côte d’Ivoire en 1997, aide-praticien de la
médecine traditionnelle à Aoulef, dans la commune d’Adrar.]

Depuis les années 1970, l’Algérie a accueilli bon nombre


d’étudiants noirs-africains, mais aussi des Chiliens et des Portugais. Ce
mélange de couleurs de peau ne posait aucun problème pour l’interaction
des communautés avec les populations locales (Ben-Ari et al., 1999). Mais
depuis les événements qu’a connus l’Algérie, les nationaux sont devenus plus
réticents à la présence des étrangers. Ainsi, alors que l’arabisation du système
d’enseignement a eu comme conséquence le fait que les Noirs-Africains
soient de moins en moins nombreux à venir poursuivre leurs études dans
les universités algériennes, les migrants qui viennent dans la perspective de
transiter par l’Algérie, optant parfois pour accepter des emplois précaires,
pénibles et occasionnels, sont de plus en plus nombreux. Cette présence
ne peut que compliquer le rôle de l’administration algérienne dans la prise
en charge institutionnelle de cette population se trouvant généralement en
situation irrégulière au regard du séjour.

C. Présence migratoire et rapports à l’administration algérienne

Selon les chiffres du ministre de l’Intérieur, de 2009 à 2011 l’Algérie a refoulé


près de 41 000 Africains subsahariens clandestins, et au cours du premier
semestre de l’année 2012 les mesures de refoulement n’ont touché que 900
migrants illégaux. L’absence de statistiques de cette migration irrégulière ne
permet de la comptabiliser qu’à travers le nombre d’arrestations effectuées
211

211
par les autorités. Entre 2001 et 2006, 5 000 arrestations d’immigrés irréguliers
présents sur le territoire algérien ont été transcrites. Ces immigrés sont répartis
sur 22 wilayas et vivent principalement dans l’extrême Sud, notamment à
Tamanrasset et à Adrar où nous avons mené nos enquêtes. Cette répartition
témoigne d’une forte présence de migrants maliens et nigériens. Au Nord, et
plus précisément dans les villes de l’Ouest (Oran, Tlemcen et Maghnia), on
trouve les migrants congolais et angolais.

Par ailleurs, les immigrés subsahariens se plaignent depuis


longtemps des pratiques policières les soumettant à des contrôles d’identité
injustes et discriminatoires. Selon Obangou, qui fait beaucoup de voyages à
Mniaa (ville située au nord d’Adrar) pour acheter des plantes médicinales, les
migrants africains sont fréquemment victimes des comportements maladroits
des policiers à leur égard : « Bonjour,  contrôle  d’identité,  vous  avez  vos 
papiers ? Mais ils arrivent en disant : “OK les gars, donnez-moi vos papiers 
et fermez-la.” Donc, on les leur donne et on la ferme. »

Les contrôles d’identité effectués par les policiers algériens ne sont


pas effectués au faciès, d’après l’apparence ou la couleur de la peau, car il existe
également des Algériens noirs dans les zones où ces Africains subsahariens
sont en interaction. Ces contrôles interviennent suite à des actes de violence,
de vols, de délits ou suite à des contrôles de routine dans des zones très
sensibles, c’est-à-dire des contrôles intervenant lors des actions flagrantes.
Lorsqu’ils sont en situation irrégulière au regard du séjour, les Subsahariens
ou les personnes perçues comme « Noires » (d’origine subsaharienne) sont
contrôlées par la police ou les agents de la douane brutalement, contrairement
aux personnes perçues comme « Blanches ». Ces jeunes se plaignent du fait
que les policiers les traitent durement et avec mépris et ne demandent qu’à
être traités comme des êtres humains (Mucchielli, 2003).

D. L’Algérie est-elle devenue une destination finale ?

Selon nos résultats, 40 % des enquêtés sont venus en Algérie pour étudier
et 40 % pour travailler. Pour certains migrants originaires d’Afrique
subsaharienne, l’Algérie est devenue la destination finale de leur projet
migratoire. Mais ont-ils l’intention de retourner dans leur pays un jour ? La
question reste posée. En revanche, il est évident qu’une partie de ces immigrés
voudraient rentrer chez eux mais, faute de moyens, ils ne peuvent le faire.

Dans l’impossibilité de gagner l’Europe, ils sont bloqués en Algérie


et se retrouvent en situation de grande détresse, une situation qui poserait
problème au pays d’accueil qui commence à penser à mettre en place un
dispositif d’aide au retour pour ceux qui le souhaitent. Surtout que ce ne
sont pas tous les Africains qui se trouvent en situation irrégulière. Pour ceux
qui sont dans la clandestinité, il leur est pratiquement impossible de franchir
la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Selon les données disponibles
212

212
relatives aux titres de séjour irréguliers de ces Africains, ceux-ci – dans leur
majorité – étaient en situation régulière, mais depuis l’expiration de leur
permis de séjour ils sont rentrés dans la clandestinité.

E. Rester en Algérie ou partir vers l’Europe

Pour atteindre l’Europe en transitant par le nord du Maroc, certains migrants,


désireux de gagner l’autre rive de la Méditerranée, ont tenté de partir depuis
les ports du Sahara occidental. Mais à la suite des événements d’octobre
2005 à Ceuta et Melilla, les contrôles aux frontières du Maroc se sont
intensifiés. Il faut rappeler que le 28 septembre 2005, plus de 800 clandestins
africains prennent d’assaut la double clôture de six mètres de haut protégeant
la frontière pour entrer à Melilla qui fait partie du territoire de l’Union
européenne. Une centaine d’entre eux parviennent à traverser le territoire
espagnol, six ont été tués par la gendarmerie marocaine. Les immigrés ont
été ensuite transférés aux îles Canaries. Ces nouvelles contraintes instaurées
sur les routes migratoires ont alors entravé les remontées vers le Maroc et
provoqué un changement dans les stratégies migratoires.

Parmi les candidats à l’émigration vers l’Europe, rares sont ceux


qui parviennent à passer la Méditerranée dès leur arrivée. La majorité
d’entre eux restent quelque temps en Algérie, car ils cherchent une
opportunité de départ et s’attachent à collecter la somme nécessaire au
paiement de leur passage, qui se solde généralement par un échec. Environ
40 % de nos enquêtés se trouvent en Algérie en transit, en espérant émigrer
un jour vers l’Europe. D’autres sont entrés légalement sur le territoire
algérien, tel Camara, un Ivoirien âgé de 25 ans : « Je suis là pour étudier 
la sociologie à Bejaïa. Une fois les études terminées, le visa expiré, je suis 
venu à Tamanrasset chez un cousin pour trouver une solution. » Son père
voulait l’engager dans l’armée et il a fui le pays par peur d’être tué. Il
voulait devenir un homme, mais ailleurs que sur le champ de bataille. Il ne
rêvait plus que de partir. Son frère n’était pas un modèle de réussite pour la
famille. Installé depuis des années, il ne donne plus signe de vie à sa famille
restée au Niger. Alors, en choisissant de faire des études, Camara est allé à
Bejaïa pour descendre dans le Sud où il existe une communauté nigérienne
installée à Adrar. De l’Algérie, il ne savait pas grand-chose. Il savait que
c’était un État arabe où l’on parlait le français. Il savait surtout que l’Europe
y serait plus proche que de la Côte d’Ivoire.

Quant aux Nigériens et aux Maliens rencontrés lors de notre enquête,


certains déclarent qu’ils prolongent souvent leur séjour après l’expiration de
leur visa : « On n’a pas besoin de visa pour voyager en Algérie, mais la durée 
de notre séjour légal sans visa est limitée avant à six mois. Mais au début des 
années 2000, le visa s’est allongé à deux ans » [Muhamed, 42 ans, originaire
de Mali, actuellement cordonnier à Tamanrasset.]

213

213
Dans l’espoir de traverser un jour la Méditerranée vers l’Europe,
certains immigrés peuvent rester en situation de transit pendant plus de deux ans.
Ceux déjà installés en Algérie vont alors jouer les intermédiaires entre la société
locale et les nouveaux arrivants. C’est pourquoi des circuits informels se mettent
en place entre les migrants originaires du même pays et leurs compatriotes déjà
installés en Algérie. Chaque communauté a un représentant chargé d’accueillir
et d’aider les nouveaux arrivants (Choplin, 2001). C’est le cas de ce guérisseur
sénégalais très respecté, marié à une jeune femme chorfa (noble) à Adrar. Connu
pour sa pratique de la médecine traditionnelle, il reçoit, conseille et parfois trouve
des petits emplois dans le bâtiment aux jeunes Sénégalais fraîchement arrivés :
« Quitter son pays, c’est comme ôter à son cœur les raisons de battre, c’est le 
sentiment qui s’empare de tous les jeunes qui portent en eux les balafres d’une 
misère commune à l’instant où ils partent à l’aventure. On est tous ici en exil, et 
c’est mon devoir envers mes compatriotes de les aider, comme ceux qui m’ont 
précédé l’ont fait avec moi. »

Anciens et nouveaux migrants ont constitué leur propre territoire, créant


de nouvelles centralités d’échanges et d’interactions dynamiques et rappelant
la présence des Africains subsahariens. 20 % de nos enquêtés souhaitent
retourner dans leur pays d’origine, mais n’ayant pas les moyens financiers, ils
ne peuvent tenter l’aventure du retour, devenue controversée pour les proches
restés au village (Sayad, 1999). On comprend, en définitive, que ces candidats
à l’émigration envisagent un séjour à durée limitée hors de leur pays d’origine
et qu’ils se soucient d’y rapatrier leurs épargne. Cette épargne a pour objectif
d’améliorer le quotidien de la famille restée au pays, à travers l’investissement
dans l’immobilier (achat d’une maison pour la retraite) ou la satisfaction des
besoins des autres membres de la famille ou la communauté.

Toutefois, les étudiants africains ne sont pas tous venus s’installer pour
poursuivre leur formation en Algérie et rentrer ensuite chez eux définitivement.
Au contraire, leur projet migratoire est beaucoup plus complexe et peut se
poursuivre désespérément, surtout en ce qui concerne ceux qui souhaiteraient
obtenir le statut de réfugié. En 2006, le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés a enregistré 600 demandes d’asile en Algérie déposées par des
ressortissants de différents pays d’Afrique noire. Ce renversement de situation
transforme l’Algérie en un pays où les candidats subsahariens à l’émigration
qui souhaiteraient émigrer vers l’Europe, actuellement en crise économique,
deviennent des immigrés en transit permanent qui chercheraient à trouver une
solution définitive mais désespérée à leur séjour en Algérie. Il leur devient donc
impossible, surtout avec le renforcement des contrôles policiers aux frontières, de
gagner l’autre rive de la Méditerranée.

\
Les résultats de notre étude ont démontré que l’émigration subsaharienne
vers l’Algérie diffère complètement de celle à laquelle était confronté ce pays

214

214
dans un passé récent. L’Algérie constituait jusque-là un pays de migration
d’échange, puis de migration de main-d’œuvre et actuellement un pays de
transit pour les Africains désireux de gagner l’Europe. Ces migrants fuient
aujourd’hui les situations que connaissent les pays d’origine, la mort les
guette chaque fois que les conflits, les exécutions et les guerres font rage entre
les ethnies et les tribus. Face à cette situation, le gouvernement algérien, pour
des raisons humanitaires et pour ne pas mettre leur vie en danger, s’oppose
actuellement à la décision de refouler ces migrants vers leur pays d’origine,
plus particulièrement les Maliens.

Par ailleurs, pour contrôler ces flux migratoires clandestins, en


provenance essentiellement du Mali, du Niger ou encore de Libye, un plan
d’action a été instauré. Le gouvernement algérien a institué des subventions
et une aide logistique, une action accordée surtout dans les wilayas du Sud
(Adrar, Illizi et Tamanrasset), où sont concentrés ces immigrés, regroupés
dans des camps d’hébergement, afin de satisfaire leurs besoins en matière
« d’hébergement, de couverture sanitaire et alimentaire ». En conséquence,
il convient de se poser la question suivante : en transitant par l’Algérie et
en y restant, ces immigrés ne transforment-ils pas ce pays du Sud en un
pays d’émigration ? Le processus migratoire des Africains subsahariens
vers l’Algérie prend actuellement de l’ampleur, faisant de ce pays une zone
où les circulations des personnes se croisent et parfois s’immobilisent pour
transformer cette destination en un pays de transit dont le passage vers
l’Europe devient paradoxal pour ces migrants en provenance de l’Afrique
subsaharienne ou du Sahel.

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Dans la même collection
Sous la direction de Gilles Ferréol

FERRÉOL Gilles et DENIEUIL Pierre-Noël, avec la collaboration de


Nourredine HAKIKI, La Violence scolaire : acteurs, contextes, dispositifs.
Regards croisés France-Maghreb, 2013. ISBN 978-2-8066-1025-6. 26,00 €.
ID EME E1046018.

ODDEN Gunhild, Migrants dans la ville. Une étude socio-anthropologique


des mobilités migrantes en Espagne, 2013. ISBN 978-2-8066-1095-9.
26,00 €. ID EME E1046032.

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