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Semestre : 6
Module : Sociolinguistique
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Plan du cours
Introduction
Conclusion
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Introduction
La sociolinguistique est l’une des sciences du langage. William Labov, l’un des
pères fondateurs de la discipline considère « qu’il s’agit tout simplement de
linguistique » (Labov, 1976, p. 259). Avec cette affirmation, il prend position contre
les linguistes qui suivent la tradition saussurienne et les enseignements du Cours de
linguistique générale de F. de Saussure. Pour lui, ces derniers « s’obstinent à rendre
compte des faits linguistiques par d’autres faits linguistiques, et refusent toute
explication fondée sur des données antérieures tirées du comportement social »
(Labov, 1976).
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Ce module tentera de questionner plusieurs concepts sociolinguistiques,
notamment la communauté linguistique, les statuts et fonctions des langues, les
variétés linguistiques, le bilinguisme et le plurilinguisme, la politique linguistique,
l’aménagement linguistique, etc. Des concepts que nous attacherons tout
particulièrement au paysage linguistique marocain de par la diversité des langues
en présence et qui sont aussi en concurrence (conflits entre les langues).
1. Le contexte épistémologique
Le contact entre les disciplines a permis de dépasser les frontières qui les
séparaient jadis. L’interdisciplinarité devient un fait indéniable. La jonction entres
différentes disciplines permet d’aboutir à de nouvelles combinaisons, la
sociolinguistique, à titre d’exemple.
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- L’absence d’accord entre les chercheurs quant à la nature du rapport langue/
société aboutit à un ensemble de recherches aux appellations multiples : sociologie
du langage, sociolinguistique, ethnolinguistique, géolinguistique, linguistique
sociale, anthropologie linguistique, etc.
2. Le contexte historique
- les deux chocs pétroliers qui ont entraîné une accélération de l’inflation, une hausse
des prix, un ralentissement de la croissance accompagnés d’une aggravation du
chômage frappant les minorités linguistiques.
- chômage,
- poussée nationaliste-sécuritaire;
- xénophobie;
- problèmes d’intégration;
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II. Les limites du structuralisme
1. Le structuralisme
- Langue/parole
La langue est un système abstrait que se partagent les individus au sein d’une
communauté linguistique donnée. Quant à la parole, c’est la concrétisation de ce
code dans diverses situations de communication de la part de tel ou tel individu.
Une dualité qui rappelle celle de compétence et de performance.
- Signifiant /signifié
Le signifiant est l'image acoustique d'un mot. Ce qui importe dans un mot, ce
n'est pas sa sonorité en elle-même, mais les différences phoniques qui le
distinguent des autres. Sa valeur découle de ces différenciations. Le signifiant est
l'outil que nous utilisons à l'oral ou à l'écrit pour faire référence à une idée, à un
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concept, afin que la personne qui recevra l'information (le destinataire) comprenne.
Quant au signifié, c’est le concept, c'est-à-dire la représentation mentale d'une
chose.
- Synchronie/ diachronie
2. Le structuralisme et la sociolinguistique
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III. Définitions de la sociolinguistique
- La sociolinguistique (le pluriel serait peut-être plus adéquat) est bien une
linguistique de la parole, c’est-à-dire une linguistique, qui sans négliger les acquis
de l’approche structuraliste des phénomènes langagiers, situe son objet dans
l’ordre du social et du politique, de l’action et de l’interaction, pour étudier aussi
bien les variations dans l’usage des mots que les rituels de conversation, les
situations de communication que les institutions de la langue, les pratiques
singulières du langage, que les phénomènes collectifs liés au plurilinguisme. (Boyer,
1991).
Labov prend ainsi position contre les linguistes qui suivent dogmatiquement
la tradition saussurienne et les enseignements du Cours de linguistique générale de
F. de Saussure (pour lui « la grande majorité »), et «ne s’occupent nullement de la
vie sociale : ils travaillent dans leur bureau avec un ou deux informateurs, ou bien
examinent ce qu’ils savent eux-mêmes de la langue.
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Ils s’obstinent à rendre compte des faits linguistiques par d’autres faits
linguistiques, et refusent toute explication fondée sur des données “extérieures”
tirées du comportement social » (Labov, 1976).
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IV. La sociolinguistique à l’intersection des disciplines
1. La linguistique
Ex 2 : Avez-vous l’heure, s’il vous plaît ? (le même lycéen à son professeur, par
exemple ou tout simplement à l’égard d’un adulte de façon générale, notamment
un passant dans la rue).
Ainsi le linguiste fait-il porter son attention sur le locuteur en tant que membre
d’une communauté, en tant que sujet dont le langage peut caractériser l’origine
ethnique, la profession, le niveau de vie, l’appartenance à une classe sociale…
2. La sociologie
On a fait observer qu’il n’existe pas de sociologie tout court : la sociologie est
médicale, politique, juridique, familiale, urbaine…Malgré cette genèse incertaine et
cette diversification, il existe cependant « un mode de pensée sociologique », une
façon de poser les problèmes et d’expliquer les faits appuyée par des techniques de
recherche nouvelles ».
- La notion de rôle : le sujet social est assimilé à un acteur amené, dans le cours
d’une même journée, à remplir des rôles très divers (père de famille, enseignant,
membre d’un syndicat ou d’une association, etc.).
Les enquêtes sociologiques sont le résultat d’un processus qui commence par la
définition des buts et des hypothèses de travail, s’ensuit la détermination de la
population de l’enquête, c’est-à-dire l’ensemble des sujets à interroger et enfin
l’élaboration d’un questionnaire d’essai regroupant plusieurs types de questions,
notamment les questions fermées et les questions ouvertes. Une pré-enquête
(application du questionnaire d’essai à un petit nombre de sujets représentatifs de
la population de l’enquête) permet, entre autres, une redétermination de la
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population et la rédaction du questionnaire définitif, suivi de l’enquête proprement
dite et du dépouillement de l’analyse des résultats. Les résultats obtenus sont
croisés avec ceux des autres techniques : l’observation directe et l’entretien non
directif.
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V. La sociolinguistique : disciplines annexes
1. L’ethnolinguistique
a. L’ethnologie
b. L’ethnolinguistique
a. La géographie linguistique
b. La dialectologie urbaine
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VI. Les concepts fondamentaux de la sociolinguistique
1. Communauté linguistique
a. Une communauté linguistique existe dès l’instant où tous ses membres ont
au moins en commun une seule variété linguistique, ainsi que les normes de son
emploi correct. Ainsi, une communauté linguistique peut se réduire à un groupe de
personnes fermé sur lui-même, dont tous les membres sont bien d’accord
ensemble, ayant besoin les uns des autres dans des circonstances déterminées.
Aucune de ces limitations, cependant, n’est caractéristique du monde entier, pas
plus que des communautés linguistiques étudiées par le sociolinguiste. (Fishman,
Sociolinguistique)
- l’intensité de la communication ;
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l’intensité de la communication :
2. Variation linguistique
- La notion de la norme
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- La notion d’usage
La variété des usages d’une langue est liée à plusieurs facteurs, à savoir :
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le patois est un système linguistique essentiellement oral, utilisé dans des
espaces réduits par une communauté déterminée, et souvent perçue
comme inférieur à la langue officielle nationale ;
l’idiome est un terme général qui se définit par l’ensemble des instruments
de communication linguistique utilisé par une communauté. Cette
terminologie très générique recouvre donc aussi bien les notions de langue,
de patois et de dialecte;
la langue vernaculaire est la langue locale communément parlée au sein
d’une communauté. Ce terme s’emploie souvent en opposition avec les
termes de langue véhiculaire, standard, classique.
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Dans certaines conditions socio-historiques, la société peut-être un lieu de
création, de « naissance » d’une langue et de sa structuration : c’est le cas de ce que
l’on a coutume d’appeler des « langues mixtes », des langues naturelles empruntant
certains traits à une langue et certains traits à d’autres. On range sous cette
appellation […] des parlers dans des fonctions ou à des stades d’évolution
différents : pidgin, sabir, lingua franca, créole… Ces langues suscitent la plus grande
attention à la fois chez les linguistes et chez les sociolinguistes :
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pidgins par une plus grande complexité fonctionnelle et structurelle et par
leur stabilité d’emploi. (Baylon, 1991)
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VII. Bilinguisme/plurilinguisme et diglossie
1. Bilinguisme/plurilinguisme
Le terme le plus répandu dans la littérature française pour désigner aussi bien
une situation de contact de langues que l’individu ou le groupe qui utilisent deux ou
plusieurs langues est celui de bilinguisme, terme qui tend à être supplanté par les
termes plus généraux de plurilingue et plurilinguisme.
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bilinguisme est en même temps biculturalisme. Ce n’est que dans ce sens que le
bilinguisme, plutôt que représenter un obstacle pour le développement de
l’individu représente un enrichissement de la personnalité. Evidemment, l’idéal
d’un parfait équilibre entre deux langues et deux cultures est pratiquement hors
d’atteinte »
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Le bilinguisme soustractif : contrairement au bilinguisme précédant, la
langue maternelle dans ce cas, est dévalorisée dans le milieu socioculturel de
l'enfant. L’appropriation de la deuxième langue se fait au détriment de la
première. Par conséquent, le développement cognitif du locuteur risque
d'être ralenti : la langue seconde risque de submerger et d’engloutir la langue
initiale.
Il n’est pas nécessaire de maîtriser les langues couramment pour être qualifié
de plurilingue. Il suffit d’être en mesure de mobiliser les ressources linguistiques
suffisantes pour communiquer avec différents interlocuteurs.
Le degré :
Le degré de bilinguisme peut être testé, sur la base de "mesures comparatives",
en examinant notamment les compétences langagières dans chacune des langues.
Il est toutefois important de préciser que le concept de compétence, qui est lui
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même multidimensionnel, ne peut définir la langue que comme système de signe
et non comme moyen de communication. L'examen des degrés de compétence a
révélé qu'il est très rare de trouver une compétence égale dans les deux langues.
Généralement la compétence en L2 est moins forte qu'en L1. Il y a fréquemment
des carences dans la maîtrise de L2 tant au niveau du parler (prononciation,
grammaire, lexique, orthographe…) qu'au niveau de la doxa (culture, vision au
monde, expérience…).
Les fonctions :
Il s'agit de l'étude des facteurs psychosociologiques qui favorisent ou obligent
au bilinguisme. Les fonctions du bilinguisme peuvent être ou "internes" ou
"externes" :
Les fonctions externes sont déterminées par le nombre des zones de contact des
deux langues. Elles sont relatives à l'entourage tel que :
La famille : dans un foyer unilingue par exemple, la langue du foyer est différente
de celle de la communauté ;
La communauté : les relations de voisinage, les groupes de travail, le commerce, le
tourisme, les loisirs…obligent parfois à l'usage d'une deuxième langue ;
Le milieu scolaire produit une situation de bilinguisme même si l'école est unilingue
: la langue de l'enseignement est différente de celle du foyer ;
Les médias : la TV. , la presse écrite et radiodiffusée, le cinéma, la vidéo, le
web…sont sources de bilinguisme.
Les fonctions internes : sont relatives à l'individu. L'aptitude au bilinguisme dépend,
en effet, de :
L'âge : on estime que les enfants de moins de neuf ans ont une disponibilité plus
grande à apprendre une 2ème langue ;
Le sexe : les femmes semblent plus que les hommes disposées à apprendre une
langue seconde considérée comme prestigieuse ;
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L'intelligence et la mémoire ne sont pas proportionnellement équivalentes chez
tous les individus ;
La motivation est variable en fonction de l'intérêt que l'on tire de L2. La motivation
est plus grande si la raison de L2 est plutôt professionnelle, économique ou
artistique…Elle est moins forte si elle est liée au plaisir.
c. Impacts et incidences du bilinguisme
Sur le plan cognitif :
2. Diglossie
a. Quelques définitions
Dans un sens large, la diglossie existe dans toutes les sociétés où l’usage
quotidien diffère sensiblement de la norme officielle, il faut que chaque variété soit
utilisées de manière systématique : par exemple, une variété est employée dans les
domaines formelles, comme l’administration, la religion, la poésie, alors que l’autre
est réservée à la conversation courante, aux discussions informelles, à la
correspondance non officielle. Fergusson qualifie ces deux variétés l’une haute et
l’autre basse.
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[…] Il y a diglossie lorsque la distribution linguistique repose sur une délimitation
claire et nette entre les fonctions de la variété ou de la langue A (dite encore
« haute ») et celles de la variété ou de la langue B (dite encore « basse »).
- La notion de prestige, on se place ici au niveau de l’attitude des locuteurs qui ont
tendance à qualifier H de supérieure de plus belle, de plus logique, de plus apte à
exprimer les pensées importantes. Ils affirment aussi qu’ils préfèrent entendre un
discours politique dans cette variété. La variété L est considérée comme étant
inférieure, incapable d’exprimer un discours littéraire ;
- La littérature étant rédigée dans la variété haute, elle contribue à ce que cette
dernière soit tenue dans sa plus haute considération ;
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- La stabilité : la situation de diglossie est passagère, soumise à l’évolution. Le
rapport entre une langue H et une langue L est ponctuel, éphémère, susceptible
d’évolution.
Il peut y avoir bilinguisme sans diglossie : ce serait le cas dans les situations
de migration (comme aux Etats- Unis). Les migrants vivent un état de transition : ils
doivent s’intégrer dans la communauté d’accueil avec la langue d’accueil même s’ils
conservent la connaissance et une certaine pratique de la langue d’origine.
Par ailleurs de plus en plus de pays ou régions optent pour une forme
particulière du bilinguisme sans diglossie, que l’on pourrait appeler un bilinguisme
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institutionnel, notamment la Belgique avec la région de Bruxelles. Dans une
configuration de bilinguisme institutionnel, deux langues co-existent, chacune des
deux langues pouvant couvrir tous les emplois, et les individus communiquent dans
l’une ou l’autre de ces deux langues au choix, les individus peuvent aussi ne
connaitre qu’une des deux langues en présence. On peut toutefois observer que
dans une situation comme celle de Bruxelles, région institutionnellement bilingue
de Belgique, le système éducatif vise à faire des Bruxellois des individus bilingues,
c’est-à-dire des individus connaissant deux langues, mais seule l’institution a
l’obligation de pratiquer les deux langues (d’où un affichage bilingue dans les lieux
publics, des textes bilingues émis par l’administration, etc.).
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VIII. Les politiques linguistiques
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de passer au stade de planification, de mettre en pratiques ses choix
politiques.
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IX. Le paysage linguistique marocain
- l’historicité : les langues douées d’une historicité sont celles qui ont une
origine naturelle, par opposition aux langues artificielles, notamment
l’esperanto ;
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Des langues dotées de statuts à la fois différents et complémentaires :
- L’arabe standard :
- L’arabe dialectal :
- L’amazighe :
Langue maternelle pour les Marocains pour qui l’arabe dialectal est langue
véhiculaire ;
Langue nationale, un statut que lui confère la constitution mais il est loin de
remplir les mêmes fonctions que l’arabe standard.
- Le français :
- L’espagnol :
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Des langues dont les fonctions sociolinguistiques diffèrent tel que le
rappelle Boukouss :
- L’arabe standard :
- L’arabe dialectal :
- L’amazighe :
- Le français :
Langue de modernité ;
Langue enseignée à tous les niveaux du système éducatif.
- L’espagnol :
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Conclusion
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Quelques références bibliographiques
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