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VARIATION

ET LANGUE
La notion de variation est au cœur de
la problématisation sociolinguistique;
en quelque sorte, elle en est le point
de départ avec notamment les
travaux de William Labov montrant
que, même si l'on savait déjà que les
pratiques linguistiques n'étaient pas
1. NOTIONS unanimement partagées, il y avait –
et il y a toujours – des corrélations
entre le changement linguistique et
l'appartenance des locuteurs à tel ou
tel groupe social.
Parler de variation fait sens de la prise en
compte des multiples réalisations
langagières dans un groupe social.
On perçoit ainsi qu'il peut y avoir deux façons
d'envisager ce concept:

1. D'un point de vue finalement normatif 2. d'un point de vue effectivement


voire prescriptif (et donc pas vraiment sociolinguistique considérant qu'il est peu
sociolinguistique) où l'on trouve en possible d'envisager la variation comme
filigrane une conceptualisation de la un fait socio-langagier parmi d'autres et
langue comme un tout indépendant de ses où ce qui fait sens est autant une pratique
usages, composé d'une forme unique de dont on doit percevoir et analyser ses
référence et de ses multiples réalisations, réalisations qu'une représentation (un
d'une part, et, d'autre part... ensemble de représentations) permettant
de les mettre en mots.
Les langues changent dans
le cadre de faits qui
relèvent de la variation et
les identités se
maintiennent ou se
(re)produisent parce que
sont socialement pertinents
des faits relevant de la
variation.
Le concept de « variation » ne peut être
dissocié de celui de « norme ».

On ne peut pas concevoir autrement les rapports entre variation et norme


d’une langue que comme une des manifestations des changements sociaux
dans une communauté donnée.
2. Les facteurs
externes de la
variation d’une
langue
L’approche fondatrice de William Labov
William Labov
Lower East Side est un quartier de New York
situé dans Manhattan. C'est un quartier pauvre
dans l’ensemble avec peu de représentants de
classes élevées. Il est cependant représentatif
pour les autres groupes tant sociaux
qu’ethniques (ce qui revient à poser des
systèmes linguistiques divergents voire
complètement distincts) : dans l’actuelle
approche des faits urbains, c’est un lieu seuil
(lieu où passe des membres de communautés
exogènes) pour de nouveaux immigrants et un
lieu de changement social rapide (ces mêmes
immigrants restent peu longtemps car leur
situation se bonifie
L'hypothèse posée par William Labov était que
New York pouvait intégrer toutes ces
influences extérieures sans en être affectée en
tant que communauté urbaine. Son idée:
décrire la structure linguistique d'un sous-
ensemble de cette communauté dès lors
linguistique dont il faut supposer que les
membres partagent les mêmes normes
linguistiques.
Stratification sociale et
stylistique

L’enquête a porté directement sur la


variation sociale de la langue (les
différents usages de différents
locuteurs dans une communauté
linguistique).

Cette variation représente-t-elle un


changement en cours? L'illustration
de la variable 'r' va-t-elle refléter les
différences sociales au sein de la
communauté?
Pour ce faire, William Labov a
choisi trois magasins
distingués par leur localisation
et leurs clients (différenciation
sociale et locative : le lieu
inscrivant le social dans un
effet de territoire).
Sa méthode d’investigation est la suivante : l'enquêteur (William Labov)
se présente à l'employé comme un client demandant des renseignements
(264 employés sur trois magasins ont ainsi été testés).

- Excuse me, where are the women's shoes?


- Fourth floor
- Excuse me?
- Fourth floor

Voici ce que l'étude fait apparaître : les Noirs occupant des postes élevés prononcent le "r" de la même
façon que les Blancs. Les Noirs qui occupent des postes subalternes prononcent moins le "r". La langue
varie selon le statut social de l'interlocuteur et dans le sens de la variété de langue associée à ce statut.
La variation stylistique
(différents usages d'un
même locuteur) est aussi
socialement déterminée: elle
est la réponse du groupe de
locuteur à la crainte
symbolique exercée par
l'interlocuteur dans le
rapport (présumé) qu'il (le
locuteur) entretien avec la
norme légitime.
En fait, la variation
stylistique agit dans le
même sens quelle que soit
la classe sociale : plus le
contexte est formel, plus
apparaissent chez tous les
locuteurs les variations de
prestige, celles attribuées
aux classes dites
supérieures.
Par ailleurs apparaissent
des phénomènes
d'hypercorrection.
Pendant deux années (de 1965 à 1967), Labov dirige à
Harlem une enquête ayant pour finalité d’étudier le
vernaculaire noir-américain (Black english). Dans Pour faire vite, la conclusion essentielle
l’intention de rendre compte de l’échec scolaire des que tire William Labov de cette recherche
élèves noirs et notamment de leurs difficultés en est la suivante : les causes majeures de
matière de lecture (difficultés décrites en termes l’échec scolaire sont les conflits sociaux ,
racistes de différence génétique dans les discours conflits qui prennent corps dans les
dominants du temps…), le projet initial était de préciser fonctionnements langagiers.
les différences entre l’anglais langue quotidienne des
bandes d’adolescents noirs du centre sud de Harlem et
l’anglais standard ou du moins l’anglais scolaire.
William Labov
considère que les problèmes linguistiques ne peuvent être résolus qu’en faisant appel à des variables
sociales : il tire ses données (en fait il faut davantage parler là de corpus) de la communauté linguistique
elle-même, en tant qu’ensemble de locuteurs partageant les mêmes attitudes envers la norme (on
comprendra que le seul fait d’employer les mêmes formes linguistiques n’est pas suffisant pour être
d’une communauté linguistique) et une même maîtrise (globalement) de différents sous-systèmes sur
lesquels portent par ailleurs les dites attitudes.
L’objet d’étude de William Labov,
est la variation d’une part stylistique car dans la pratique courante, la
langue n’est jamais parfaitement identique d’un locuteur à un autre et
sociale, car la langue n’est jamais identique d’un groupe social à un
autre. En fait, la variation est un phénomène récurrent et permanent.
Selon William Labov, coexistent
trois types de règles :

les règles catégoriques qu’aucun locuteur les règles semi-catégoriques reconnaissables par le discours
ne peut enfreindre et qui sont le produit de prescriptif « dites mais ne dites pas » (dites « aller chez le
l’apprentissage fondamental de la langue. coiffeur » mais ne dites pas « aller au coiffeur ») ; par des
infractions fréquentes interprétées socialement comme
populaires et condamnées par la norme.

les règles à variables caractérisant la concurrence de


deux ou plusieurs formes dans le même contexte,
l’emploi de « ne … pas » ou « pas » en français pour
signifier la négation à l’oral.
Typologie de la variation :
externe ou interne ?
Partant du constat que les langues changent ou ne sont jamais toujours exactement
les mêmes dans leurs usages, il faut reconnaître l’existence de variétés
linguistiques[6] : co-existent des formes différentes de ce que les locuteurs vont
identifier comme leur(s) langue(s) pour exprimer tantôt consciemment, tantôt
délibérément non seulement des signifiés, des sens identiques mais encore leur
propre identité, la nature du lien social, le type d’interaction.
Dans une communauté sociolinguistique donnée, la
perception sociale de la variation dépend des
attributs assignés à telle ou telle pratique.

Exemple:
pour le cas du français, la forme de référence est presque toujours le français
scolaire (de France) écrit, qui n’est, en tant que tel, qu’une variété parmi d’autres de
la langue française.
Pour comprendre ce qu’est la variation, il convient de détailler l’ensemble de ses cinq
dimensions, dimensions qui valent au moins pour les constats faits dans les usages
francophones :
RÉFÉRENCE
BULOT, T.(2011). "Variations et normes d'une langue", dans BULOT, T., BLANCHET, P., 2011, Dynamiques de
la langue française au 21ième siècle : une introduction à la sociolinguistique, www.sociolinguistique.fr, consulté le
08/01/2020

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