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Introduction

LE MULTILINGUISME EN CONTEXTE ÉDUCATIF AU 21ÈME SIÈCLE :


PERSPECTIVES CRITIQUES

Luk Van Mensel, Christine Hélot

L'Harmattan | « Cahiers internationaux de sociolinguistique »

2019/2 N° 16 | pages 9 à 17
ISSN 2257-6517
ISBN 9782343189451
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-
sociolinguistique-2019-2-page-9.htm
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INTRODUCTION

LE MULTILINGUISME EN CONTEXTE ÉDUCATIF AU


21ÈME SIÈCLE : PERSPECTIVES CRITIQUES1

MULTILINGUALISM AND EDUCATION IN THE 21ST


CENTURY: CRITICAL PERSPECTIVES

TEXTE EN FRANÇAIS
Dans le contexte actuel de mondialisation, de migration et
d’intensification des échanges commerciaux, les individus sont en contact
avec une multiplicité de langues et de pratiques langagières qui remettent en
cause les dichotomies traditionnelles de la linguistique appliquée et de la
sociolinguistique. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas une coïncidence qu’en
2014 aient été publiés deux volumes en anglais portant le même titre, The
Multilingual Turn, (Le tournant multilingue), ouvrages dirigés l’un par May
et l’autre par Conteh et Meier. Ce tournant multilingue fait référence à des
recherches qui envisagent le multilinguisme d’un point de vue différent, qui
remettent en question des notions telles que celles de langue maternelle,
locuteur natif, langue première et langue seconde, bilinguisme additif, etc.,
soit une conceptualisation réifiée des langues qui ne prend pas en compte la
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fluidité des pratiques linguistiques, leur dimension sociale, les questions
identitaires et les pratiques translangues si courantes parmi les locuteurs
plurilingues. Au cœur de ces nouvelles approches, figure le concept de
répertoire linguistique plurilingue, dynamique, hybride que mobilisent les
locuteurs en situation de migration, de mobilité ou de transnationalité et qui
s’approprient les langues selon leurs besoins, leur désir, ou leur créativité.
Comme l’expliquent Makoni et Pennycook (2012, p. 449) cités par May
(2014, p. 2), « le but de ces nouvelles approches en linguistique appliquée
est de décrire la façon dont les individus de différentes origines ou d’origine
mixte négocient et investissent leurs identités par le biais du langage ».

1
Luk VAN MENSEL, NaLTT, Université de Namur (Belgique),
luk.vanmensel@unamur.be
Christine HÉLOT, LiLPa EA 1339, Université de Strasbourg (France),
christine.helot@gmail.com

9
L’objectif de ce numéro des Cahiers internationaux de sociolinguistique
était de rassembler un ensemble de travaux récents sur la notion de
multilinguisme dans différents espaces politiques (La Réunion, le
Luxembourg, le Pays Basque en Espagne, Chypre, Malte, le Canada et les
États-Unis) en se focalisant plus spécifiquement sur la sphère éducative. Ces
recherches se situent à la jonction d’une perspective sociolinguistique post-
structurale et d’une approche critique de la linguistique appliquée qui
remettent en question le monolinguisme comme norme et l’ethnocentrisme
dans les recherches sur l’apprentissage et l’enseignement des langues et sur
l’utilisation du langage et des langues dans la vie de tous les jours. Ce
numéro thématique vise à faire connaître des recherches qui bousculent les
cadres de référence traditionnels de la linguistique appliquée, et qui nous
permettent de repenser nos perspectives ontologiques sur le langage, le
bilinguisme, le multilinguisme, ainsi que nos relations à l’enseignement et
l’apprentissage des langues dans nos sociétés multilingues et
multiculturelles.
Les sept contributions de ce numéro spécial des Cahiers internationaux
de sociolinguistique traitent des problématiques mentionnées ci-dessus de
différents points de vue. Les deux premiers articles adoptent une perspective
plus théorique et proposent plusieurs notions visant à nous aider à re-
conceptualiser le multilinguisme en contexte éducatif. L’article de Martin,
Aponte et García analyse et illustre la façon dont un positionnement
favorisant les pratiques translangagières en classe, c’est-à-dire en se basant
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sur les pratiques multilingues et dynamiques des locuteurs plutôt que sur les
langues standardisées, permet de combattre les effets des idéologies
linguistico-raciales qui délégitimisent les pratiques langagières des locuteurs
de langues minorées. Prax-Dubois, qui mène ses recherches dans le contexte
néo-colonial de La Réunion, enrichit le débat théorique en explorant la
relation entre la notion de translanguaging et un ensemble de concepts
élaborés depuis de nombreuses années dans les recherches en créolistique,
tels que l’interlecte, le rhizome, et le mélangue. Comme dans l’article de
Martin, Aponte et García, la réflexion théorique sous-tend en définitive la
question suivante : comment imaginer une pédagogie de transformation
sociale, soit une pratique pédagogique critique continue qui déconstruit les
idéologies générant l’exclusion, le racisme et les discriminations. Ensuite,
l’article de Cummins offre une synthèse des recherches menées dans le
contexte canadien. Il compare les pédagogies mises en œuvre dans les

10
classes bilingues d’immersion en français et celles développées dans les
classes fréquentées par des enfants multilingues d’origine migrante, pour
avancer combien ces dernières sont beaucoup plus élaborées. Les
contributions de Tsiplakou et de Paris et Farrugia sont de nature plus
empirique, basées sur des observations de classes comme point de départ
pour analyser selon une perspective critique comment le multilinguisme est
traité dans des environnements scolaires à Chypre et à Malte respectivement.
Ces deux articles illustrent clairement les difficultés vécues par les
enseignants qui doivent faire face aux défis que pose une classe multilingue
dans un contexte sociétal où les politiques linguistiques éducatives sont soi-
disant favorables au multilinguisme et au multiculturalisme mais restent
fondamentalement monolingues par nature. L’article de Hofmann et Hu est
également basé sur des données récoltées auprès d’une étudiante préparant
un doctorat à l’université du Luxembourg, université multilingue, et présente
une réflexion sur le multilinguisme en termes de choix de langues pour la
rédaction de la thèse. Enfin, Cenoz et van der Worp reprennent le modèle
élaboré par Cenoz et Gorter (2017), intitulé Focus on Multilingualism pour
analyser comment il peut être utilisé non seulement dans des contextes
éducatifs mais également dans les entreprises, illustrant leurs propos
d’exemples provenant du Pays Basque.
La dimension critique, à laquelle toutes les contributions font référence,
renvoie à “un processus d’engagement envers les questions de pouvoir et
d’inégalités sociales” (Makoni, 2013). Dans le domaine éducatif, les
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enseignants peuvent jouer un rôle important sur ces questions, comme l’ont
déjà montré de précédentes recherches (Menken & García, 2010, entre
autres). Dans ce volume, Martin, Aponte et García explorent la notion d’une
pédagogie critique du translanguaging dans des classes à New York, dans le
but de créer des environnements d’apprentissage plus équitables pour les
élèves minorisés, ceci avec des enseignants qui travaillent avec plutôt que
pour les communautés minorisées. Un point de vue similaire sur les champs
d’action des enseignants est exploré dans la contribution de Prax-Dubois, qui
nous rappelle que les enseignants peuvent devenir des acteurs de
changement social (De Mejía & Hélot, 2011) quand ils adoptent des
approches pédagogiques créatives et émancipatrices, certes, sans oublier
qu’une telle démarche est extrêmement complexe dans un contexte néo-
colonial où le système éducatif a des objectifs identiques à ceux de la
métropole. De même, les projets décrits dans l’article de Cummins illustrent

11
les bénéfices accrus lorsque la diversité linguistique des élèves est perçue
comme une ressource plutôt que comme une menace, et lorsque les
enseignants construisent les savoirs avec leurs élèves. Si tous ces propos
peuvent sembler abstraits, l’article de Tsiplakou, nous offre plusieurs
exemples concrets. En analysant le multilinguisme dans des écoles
Chypriotes grecques, elle montre que même dans des classes où existe en
principe une tolérance envers l’utilisation de plusieurs langues, le pouvoir et
l’autorité de la langue dominante (dans ce cas le Grec standard) est toujours
exercé au travers des pratiques linguistiques de l’enseignant. Elle nous
rappelle encore une fois combien l’idéologie du monolinguisme reste
solidement ancrée dans les pratiques. Ainsi les résultats de son analyse
révèlent combien la simple reconnaissance de la présence de multiples
langues au sein d’une classe ne suffit pas, mais qu’il est plutôt nécessaire de
s’engager de façon critique envers les différentes langues et les diverses
provenances des élèves si l’on veut développer des pédagogies plus efficaces
et surtout plus inclusives (voir l’idée mentionnée ci-dessus de pratiques
pédagogiques critiques).
Le présent numéro des Cahiers internationaux de sociolinguistique est le
premier à mettre en valeur des contributions dans quatre langues : deux
articles sont écrits en français, trois en anglais, un en allemand et un en
espagnol. Pour chacun de ces articles, un long résumé de deux pages est
proposé en français et en anglais pour ceux rédigés en français. Ce choix de
différentes langues a pour objectif d’encourager un dialogue entre des
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sociolinguistes et linguistes appliqués travaillant dans des contextes
francophones et dans d’autres contextes. Cette décision de publier un
numéro multilingue ne doit pas être interprétée comme un simple geste
symbolique. La recherche scientifique est plus que jamais internationale
aujourd’hui et menée dans des contextes où sont parlées de nombreuses
langues. Mais il est légitime de se poser la question de savoir dans combien
de langues sont disséminées ces recherches. Combien d’ouvrages et de
revues scientifiques portant sur le multilinguisme sont publiés dans des
langues autres que l’anglais ? En choisissant de diriger un numéro
multilingue des Cahiers internationaux de sociolinguistique, nous voulions
aussi encourager les jeunes chercheurs dans le monde à écrire dans leurs
langues et à partager leurs approches épistémologiques. Nous espérons que
ce choix contribuera à un échange continu d’idées et de savoirs qui

12
traversent les langues, les frontières disciplinaires, et les épistémologies 2 .
Dans la même perspective, nous considérons que l’éventail des contextes
géographiques et socio-politiques décrits dans les contributions de ce
numéro représente une richesse. Même si les circonstances spécifiques des
situations décrites appellent des approches différenciées en tant que telles,
nous restons convaincus qu’une réflexion sur le multilinguisme en termes
d’engagement ne peut que bénéficier d’une fertilisation croisée des points de
vue de chercheurs travaillant dans des contextes éducatifs et politiques très
différents.

TEXTE EN ANGLAIS
In the current context of globalization, migration, and intensification of
trade, individuals are in contact with a multiplicity of languages and
practices that challenge the classifications and dichotomies of traditional
applied linguistics and sociolinguistics. Not coincidentally, two collective
works published in English in 2014 bore the same title, The Multilingual
Turn (May, 2014; Conteh & Meier, 2014). This multilingual turn refers to
scholarship that advances multilingualism as a new standard, and that
questions notions such as mother tongue, native speaker, first language /
second language, additive bilingualism, etc., or a reified conceptualization of
languages that does not take into account the fluidity of linguistic practices,
their social dimension, issues of identity, and translanguaging practices so
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common today among multilingual speakers. At the center of these new
approaches is the concept of a multilingual and dynamic hybrid linguistic
repertoire recruited by mobile, transnational and migrant speakers who
appropriate languages according to their needs, desires, and creativity. As
expressed by Makoni and Pennycook (2012, p. 449) cited in May (2014,
p. 2), "the purpose of these new approaches to applied linguistics is to
describe the ways in which individuals of different origins and mixed origins
use, play and negotiate their identity through language."

2
Sur ce point voir Helsinki Initiative on Multilingualism in Scholarly
Communication sur https://www.helsinki-initiative.org/ et la pétition en ligne de De
Robillard, Manifeste pour la reconnaissance du principe de diversité linguistique et
culturelle dans les recherches concernant les langues sur:
https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/manifeste-reconnaissance-
principe-diversite-linguistique-culturelle/63600

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The aim of this thematic issue of the Cahiers internationaux de
sociolinguistique is to bring together a body of recent research on the notion
of multilingualism in various political spaces (La Réunion in France,
Luxembourg, The Basque Country, Cyprus, Malta, Canada and the United
States), specifically focusing on education. These works are situated at the
juncture between a post-structural sociolinguistic perspective and a critical
applied linguistics that challenge the norms of monolingualism and
ethnocentrism in research on language learning and teaching and the use of
language and languages in everyday life. The thematic issue aims to
foreground research that jostles against the standard frames of reference of
traditional applied linguistics, allowing us to rethink our ontological
perspectives on language, bilingualism, multilingualism, as well as our
relationship to language teaching and learning in the multilingual and
multicultural societies we live in.
The seven contributions in this thematic issue address the above-
mentioned issues from different vantage points. The first two contributions
adopt a more theoretical approach, proposing a number of notions intended
to help us re-conceptualize multilingualism in the classroom. The article by
Martin, Aponte and García discusses and illustrates how taking a
translanguaging stance in the classroom, i.e. centering on the speakers’
dynamic multilingual practices rather than named standard languages, can
counter the racio-linguistic ideologies that delegitimize minoritized students’
language practices. Prax-Dubois, working in the neocolonial context of La
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Réunion, adds to the conversation by exploring the relation between the
notion of translanguaging and a number of concepts already well-developed
in research on Creole-speaking countries, such as the interlect, the rhizome,
and mélangue. As in Martin, Aponte and García, the theoretical reflection
ultimately underpins the imagining of a pedagogy of social transformation,
i.e. a permanent critical practice that deconstructs ideologies generating
exclusion, racism, and discrimination. Next, Cummins provides an overview
of research conducted in the Canadian context, juxtaposing the pedagogies
applied in bilingual French immersion classes and those applied in classes
with multilingual children from immigrant backgrounds, and showing how
research is far more advanced in the latter case. The contributions by
Tsiplakou and by Paris and Farrugia are more empirically based, taking
classroom observations as a starting point to critically examine how
multilingualism is dealt with in classroom environments, in Cyprus and

14
Malta respectively. Both papers illustrate the difficulty for teachers to
navigate the challenges of a multilingual classroom in societal contexts
where education policies are purportedly multicultural and multilingual yet
fundamentally monoglossic in nature. The paper by Hofmann and Hu is
equally data-driven, presenting a reflection on multilingualism and language
choice in higher education that is based on interview data with a student
preparing a doctorate in the multilingual university of Luxembourg. Finally,
Cenoz and van der Worp discuss how the so-called Focus on
Multilingualism (Cenoz & Gorter, 2017) may be applied in educational
contexts as well as in the workplace, providing some examples from the
Basque Country.
The notion of criticality, which all contributions share, refers to “a
process of engaging with power and social inequality” (Makoni, 2013). In
education, teachers can play an important role in this respect as has already
been shown in previous research (Menken & García, 2010, among others).
In this volume, Martin, Aponte and García explore the notion of a critical
translanguaging pedagogy in a United States context as a way to create more
equitable learning environments for minoritized students, with teachers
working with, rather than for minoritized communities. A similar focus on
what teachers can do can be found in the contribution by Prax-Dubois, who
reminds us of how teachers can become ‘agents of change’ (De Mejía &
Hélot, 2011) when adopting emancipatory and creative pedagogical
approaches, even if this is very complex in a neo-colonial context where the
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education system is the same as in mainland France. Likewise, the projects
described in Cummins’ paper illustrate the benefits of constructing student
diversity as a resource rather than a threat, with teachers as knowledge-
generators. If this may all sound rather abstract, Tsiplakou, who focuses on
multilingualism in schools in Greek Cyprus, provides some concrete
examples. Her findings illustrate how even in classroom environments that
are in principle tolerant to the use of multiple languages, the power and
authority of the dominant language (in this case Standard Greek) is still
confirmed through the teacher’s language practices, thus reminding us of
how strong and pervasive a monolingual standard language ideology can be.
The study’s findings reveal that simply acknowledging the presence of
multiple languages in the classroom does not suffice, and that reflexive
engagement with these different backgrounds and languages (cf. the idea of

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pedagogy as a permanent critical practice mentioned above) may be more
useful and inclusive.
The present issue of the Cahiers internationaux de sociolinguistique is
the first to showcase contributions in various languages: two papers are
written in French, three in English, one in German and one in Spanish. For
each of the papers, an extensive two-page summary is provided in French (or
in English, for the French papers). By doing so, we wish to contribute to the
fostering of a dialogue between sociolinguists and applied linguists working
in francophone contexts and beyond. Our decision to offer a multilingual
perspective on research on multilingualism is not meant to be interpreted as
a token gesture. Scientific research is international, it is carried out in
different contexts where different languages are spoken. But how many
languages are used to disseminate research in the world today? How many
volumes of research on multilingualism are actually published in languages
other than English? By choosing to edit a multilingual issue of the Cahiers
internationaux de sociolinguistique we also wanted to support young
researchers throughout the world to write in their own languages and to think
from their own epistemological framework. We hope that this may
contribute to the survival of the exchange of ideas and knowledge across
languages, borders, epistemologies3. In this sense, we also consider the range
of geographical and socio-political contexts that form the backdrop to the
contributions in this issue an asset. Although specific circumstances may
differ and call for a differentiated approach as such, in our opinion a
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reflection on how to engage with multilingualism in the classroom can only
benefit from cross-fertilization among scholars working in very different
political and educational contexts.

BIBLIOGRAPHIE / REFERENCES
CENOZ J. & GORTER D., 2017, « Translanguaging as a pedagogical
tool in multilingual education », dans Language Awareness and

3
On this point see the Helsinki Initiative on Multilingualism in Scholarly
Communication at https://www.helsinki-initiative.org/ and the online petition of De
Robillard, Manifeste pour la reconnaissance du principe de diversité linguistique et
culturelle dans les recherches concernant les langues at:
https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/manifeste-reconnaissance-
principe-diversite-linguistique-culturelle/63600

16
Multilingualism. Encyclopedia of Language and Education (3rd ed), 1-14,
doi: 10.1007/978-3-319-02240-6_20.
CONTEH J. & MEIER G. (Dirs.), 2014, The multilingual turn in
languages education. Opportunities and challenges, Bristol (UK),
Multilingual Matters.
DE MEJÍA A.M. & HÉLOT, C., 2011, « Introduction », dans
Empowering teachers across cultures, 11-28, Frankfurt, Peter Lang.
MAKONI S., 2013, « Critical applied linguistics », in The encyclopedia
of applied linguistics, New York, Blackwell.
MAKONI S. & PENNYCOOK A., 2012, « Disinventing
multilingualism: From monological multilingualism to multilingual
francas », dans M. Martin-Jones, A. Blackledge & A. Creese (Dirs.), The
Routledge handbook of multilingualism, 439-453, New York, Routledge.
MAY S., 2014, The multilingual turn: Implications for SLA, TESOL and
bilingual education, New York, Routledge.
MENKEN K. & GARCÍA O. (Dirs.), 2010, Negotiating language
policies in schools: Educators as policy makers, New York, Routledge.
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