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COMMENT L'INTERCULTUREL BOUSCULE LES CULTURES

Gilles Verbunt

Érès | « Les Cahiers Dynamiques »

2012/4 n° 57 | pages 22 à 28
ISSN 1276-3780
ISBN 9782749239477
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-dynamiques-2012-4-page-22.htm
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LES CAHIERS DYNAMIQUES ■ N° 57

r e p è r e s
GILLES V ERBUNT

Comment l’interculturel
bouscule les cultures
Comment penser les interactions et questions culturelles à l’heure
de la mondialisation et de la modernité ? L’interculturalité n’est pas
une pratique nouvelle, mais si elle offre un prisme de lecture per-
tinent, l’adoption de sa démarche implique un engagement des
acteurs et leur compréhension des concepts en jeu. Comment
construire l’interculturel ? Et si on commençait par un nouveau
regard sur la notion de « cultures » ?

« Il faut les intégrer en respectant leur culture 1. » La formule est équili-


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brée. Elle paraît particulièrement pertinente à propos des jeunes issus
de milieux culturels non hexagonaux que l’on rencontre dans le cadre
de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Il faut les aider à trouver
une place dans la société française, mais ils
[…] l’interculturel sont aussi porteurs de spécificités culturelles
ne pourra jamais que les éducateurs ont intérêt à respecter et à
être réalisé sans prendre en compte. Dans cette double mission,
révolution dans nous nous heurtons souvent à des contradic-
la compréhension tions : faut-il décider pour l’un ou l’autre ?
Pour l’intégration ou pour le respect de ce que
de la notion
l’on appelle la culture d’origine ? Si le modèle
de culture. interculturel est une solution à cette difficulté,
s’il importe de mettre l’accent sur son préfixe

Gilles VERBUNT, docteur en sociologie, formateur – spécialiste des questions interculturelles.


Depuis de nombreuses années, il réconcilie théorie et pratiques professionnelles en proposant
des repères et supports de réflexion sur la thématique de l’interculturalité. Il est notamment
l’auteur de Penser et vivre l’interculturel, publié aux éditions Chronique Sociale (2011)
et Manuel d’initiation à l’interculturel, Chronique Sociale, 2011.
1. L’expression est attribuée à Michel Rocard mais l’idée était récurrente dans les
premiers textes du Haut Conseil de l’Immigration et les discours du ministre de la Santé
de 1988 à 1991, Claude Evin.
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« inter », qui désigne la primauté de la relation, ce dernier ne pourra
néanmoins jamais être réalisé sans révolution dans la compréhension de
la notion de culture.

De la conception essencialiste à la conception existentialiste

Les discours conventionnels sur la culture sont en général essencia-


listes et mènent à une impasse. La culture y est conçue comme un
parapluie sous lequel s’abritent, en s’articulant les unes aux autres,
toutes les façons de faire et de parler des activités humaines : les
croyances, les lois, les langues, les coutumes, les institutions, les struc-
tures sociales, les perceptions du corps, du temps et de l’espace, etc.
Toutes ces activités sont censées se référer aux mêmes principes et
valeurs morales pour constituer un système homogène. Ce système
donnerait une physionomie particulière à la communauté, qui en
marquant ainsi son originalité, permettrait aux individus qui lui appar-
tiennent d’exhiber une identité et une différence et de parler en termes
de « nous » et « eux ». On l’appelle conception essencialiste, parce que
la culture aurait la nature d’une essence, une réalité immuable surplom-
bant la réalité sensible.
Cette vision a été promue à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle
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aux États-Unis dans un contexte colonial dans lequel les uns avaient à
cœur de marquer la supériorité de la civilisation européenne et, quelques
décennies plus tard, de protéger les communautés « indigènes » contre
l’expansion culturelle des colonisateurs. Beaucoup de discours 2 se
situent encore dans cette approche culturaliste, oubliant que nous
avons changé d’époque. La modernité et la mondialisation ne permet-
tent plus de raisonner dans des schémas qui ont servi dans un monde
composé principalement de sociétés communautaires ou nationales.
D’où la proposition de concevoir la culture sur un mode existentialiste.
Cela veut dire : prendre appui sur ce qui se passe en réalité, sur l’exis-
tence au lieu d’essayer d’installer les questions culturelles dans un cadre
préétabli. Nous partons de quelques constats.

Se construire dans la diversité

Dans la grande majorité des sociétés, l’homogénéité culturelle est


cassée. Une culture n’est plus un système cohérent. Les idées et les valeurs

2. Le plus connu de ces discours est celui de l’Américain Samuel P. Huntington sur Le
choc des civilisations (Odile Jacob, 2001). On en trouve de nombreuses traces dans les
propos tenus autour du débat sur l’identité nationale ou par le ministre de l’Intérieur
sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
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qui inspirent au sein d’une même société, qu’il s’agisse de l’activité


politique, l’économie et l’écologie, ne sont pas identiques et ne s’har-
monisent pas dans un même ensemble. Les religions y ajoutent leur
grain de sel, et les modes d’alimentation s’inspirent davantage de ce qui
se fait à l’étranger que de principes culturels particularistes immuables.
Si l’on demandait à plusieurs personnes de définir la culture française
on récolterait des opinions contrastées selon les générations, les genres,
les couches sociales, les individus… Par contre, ce qui existe toujours,
c’est un patrimoine culturel spécifique à notre pays, avec sa langue, ses
expressions artistiques, ses aptitudes intellectuelles, ses capacités scien-
tifiques. Or, dans la vision essencialiste, la culture est réduite au patri-
moine culturel. La grande préoccupation est alors de la conserver, de la
transmettre, de la mettre à l’abri des influences étrangères. Et plaignons
les pauvres enfants d’immigrés qui ne savent pas sur quelle culture
s’appuyer, parce que dans leurs familles, à l’école et parmi les copains
on ne parle pas le même langage et l’on ne se comporte pas selon les
mêmes règles !
Depuis quelques décennies déjà des critiques se font entendre 3. On
constate que la « double culture » des enfants n’est pas nécessairement un
handicap : elle peut être un atout pour être à l’aise en dehors d’un milieu
restreint. Le métissage crée souvent des êtres et des choses « au-dessus de
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la moyenne », (re)produisant des richesses inspirées de plusieurs milieux
culturels. Mais surtout, les individus n’ont plus envie de se laisser enfermer
dans un système d’idées et de valeurs par une communauté à laquelle ils
« appartiennent ». Ils préfèrent pratiquer en toute liberté le « zapping
culturel », aidés en cela par leurs pratiques en réseaux.
En affirmant qu’« Il faut les intégrer en respectant leur culture », il est
clair que le dernier mot de l’affirmation pose de sérieux problèmes.
« Qu’entend-on par leur culture » ? Quels sont leurs langages : ceux de
leur famille, de leur école, des copains, des réseaux, de leur religion ?
Chaque milieu, auquel ils sont (plus ou moins lâchement) rattachés, a
ses codes. Les individus essayent d’y mettre un peu de cohérence et de
stabilité. Ils ont le droit de le faire. Ils ne sont pas obligés de reproduire
un modèle. Quand ils avancent une opinion manifestement apprise, il
peut être utile de leur demander : « Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? »
La réussite éducative ne se mesure plus à la reproduction du savoir des
anciens, mais à la capacité de penser et d’agir en autonomie, de se fabri-
quer une synthèse avec les morceaux culturels qui leur viennent de tous
côtés. L’aide d’un éducateur peut évidemment les aider à y voir plus clair.

3. Sur ce sujet il est possible de se référer aux ouvrages de Martine Abdallah-Pretceille


et de Fred Dervin.
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Faut-il respecter les cultures ?

Dans l’impossibilité d’attribuer une seule culture homogène à


quiconque, il devient difficile de « respecter la culture de l’autre ». Par
contre, il est possible de respecter telle ou telle coutume, telle ou telle
institution, tel ou tel langage. Le patrimoine culturel dont nous héritons
est une collection hétérogène de composantes culturelles, que plus
jamais ne forme un quelconque système : chaque secteur d’activité
dispose d’autonomie. Lorsqu’on discute avec un jeune sur le code vesti-
mentaire qu’il doit adopter, il doit savoir dans quel secteur culturel il va
se trouver : casquette à l’envers avec les copains, casquette à l’endroit avec
ses familiers, pas de casquette à l’école… Et s’il va voir un employeur
pour faire un stage, quelle tenue adopter ?
Au lieu de parler de respect des cultures, mieux vaut parler de codes
et normes à respecter, et parfois de codes et normes à ne pas respecter.
Le traditionnel respect des cultures implique un
Au lieu de parler respect des structures sociales, donc souvent
une acceptation de la gérontocratie patriarcale
de respect
et de la minorisation des femmes. Faut-il
des cultures, respecter les crimes commis pour sauver l’hon-
mieux vaut parler neur bafoué ou la peine capitale au nom de la
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de codes et normes culture, des pratiques qui sont justifiées au
à respecter […] nom de la culture ancestrale du peuple ? C’est
là qu’il devient important de faire la distinction
entre sphères culturelles, au lieu de rejeter toute
pratique culturelle des autres au nom d’une
différence sectorielle. Ce n’est pas parce que les Américains acceptent
encore, dans leur majorité, la peine de mort, qu’ils deviennent pour nous
des barbares. Chacun a encore de quoi balayer devant sa propre porte.
Ce qui importe, dans des cas moins dramatiques, comme les modes
vestimentaires, culinaires ou linguistiques, c’est de parler en codes, c’est-
à-dire de rester sur un plan fonctionnel, sans engager les cultures ou les
valeurs. Porter la casquette à l’endroit ne vaut pas mieux que de la porter
à l’envers, mais chaque contexte dicte ses conventions, qui ne sont que
des conventions. Les jeunes ont parfois du mal à comprendre qu’un
langage qui passe très bien dans la rue ne passe pas dans la vie familiale
ou professionnelle. Pour cela, mieux vaut parler de sphères culturelles
que de culture. Une sphère culturelle est liée à un milieu précis, à un
milieu professionnel, sportif, idéologique ou religieux… Le mot
« culture » autrefois n’était par ailleurs pas utilisé sans adjectif ou
complément : on parlait de culture des belles lettres, de culture des
sciences, de culture politique et de culture religieuse. Cet usage qui
insiste sur l’activité permet de comprendre ce qu’est la culture au-delà
de son sens réducteur de patrimoine.
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La culture, c’est le dynamisme

À l’origine du mot culture il y a une amputation, opérée par Cicéron


il y a deux mille ans. Avant lui existait le mot agriculture. Cicéron coupe
le mot en deux et parle de cultura animi, mettant l’esprit, l’âme à la place
des champs. Si à l’époque on avait parlé de culture tout court, les gens
n’auraient pas compris. « Culture de quoi ? » auraient-ils demandé.
On dirait aujourd’hui : la culture est l’acte de cultiver quelque chose,
d’en prendre soin, de la développer, de la faire grandir. Au Moyen Âge,
une culture indique un champ semé où poussent des végétaux destinés
à arriver à maturation. Une fois la récolte effectuée, il n’y a plus de
culture. Ce qui compte dans l’acte de cultiver ce n’est pas le résultat, mais
le processus, le déploiement de facultés humaines pour obtenir un
résultat qui améliore le sort de l’humanité et permet le vivre-ensemble
dans la paix.
Remontons très loin en arrière dans l’histoire de l’humanité. Les
communautés néolithiques étaient probablement plus préoccupées par
des questions de survie que par des problèmes de cohérence culturelle.
Comment faire pousser le blé ? Comment dresser les chevaux ?
Comment se défendre contre les prédateurs et les ennemis ? Comment
résoudre les conflits entre les membres ? Pour cela, ils inventaient des
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traditions et des structures au fur et à mesure que ces communautés se
laissaient instruire par l’expérience et la réflexion. Selon les relativistes
culturels 4 de la première moitié du XXe siècle, les communautés
humaines ont ainsi développé des ensembles de pratiques caractérisant
chaque communauté et appelées cultures. On finit par oublier que ce
qui importait, était l’activité humaine qui consiste à inventer, à résoudre
des problèmes, à créer, pour remplacer ce dynamisme par la sacralisa-
tion d’idées et de pratiques héritées des ancêtres.
Ces idées (l’idéologie) et ces pratiques sont peu à peu devenues des
signes d’appartenance, des marqueurs d’identité. Ce que l’on appelait
la culture permettait de se distinguer d’autres groupes humains, marqués
par d’autres cultures. Ainsi, l’anthropologue américaine Ruth Benedict,
dans les années 1930, définissait la culture comme : « Un modèle de
penser et d’agir qui traverse les activités d’un peuple et le distingue de
tous les autres peuples 5. » Ce modèle a fait son temps. L’époque des
communautés homogènes séparées les unes des autres par des frontières
culturelles est révolue. Si aujourd’hui il y a des communautés, elles ne

4. Nous nous référons ici à Franz Boas, Ruth Benedict, Margaret Mead ou encore
Melville Herskovits.
5. R. Benedict, Patterns of Culture, traduit en France sous le titre Échantillons de civili-
sations, Paris, Gallimard, 1950.
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se distinguent des « autres » que sur certains points communs, précis
(valeurs ou capacités ou pratiques ou institutions) avec lesquels elles ont
plus de points en commun que de différences. Des oppositions fonda-
mentales existent, mais elles traversent les communautés (ou ce qui en
reste) et les territoires et font que des groupes humains d’un bout à
l’autre du monde peuvent se sentir proches, alors que des voisins dans
l’espace semblent vivre sur une autre planète. La mondialisation par les
échanges, la suppression des distances et l’intensité des réseaux sociaux
ont sonné le glas des communautés culturelles territoriales. Ce qui les
distingue des autres est aussi ce qu’elles partagent : la gastronomie
française est à la disposition de toutes les sociétés du monde ! La spéci-
ficité, la différence ne sont pas là pour se distinguer des autres par l’exclu-
sion, mais pour apporter une contribution particulière au patrimoine
mondial.
Renvoyer les jeunes issus de l’immigration – et pas seulement eux ! –
à une certaine culture « d’origine » a de moins en moins de sens.
Supposer chez les jeunes une référence à cette culture, en faire un
passage obligé pour se construire une identité, est une entreprise plus
que risquée, même si leur socialisation les a incités au respect de
certaines pratiques et certains préceptes. Au lieu de leur assigner une
conduite à tenir ou d’interpréter cette conduite avec des schémas cultu-
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rels particuliers, il est préférable de les aider à se situer en tant qu’hu-
mains avant de se définir comme membres de telle ou telle
communauté, à se servir de façon consciente des antagonismes qui
traversent le monde pour se constituer une identité, de s’intégrer à la
communauté écologique qui se bat pour la survie de la planète… Il est
préférable qu’ils voient les différences culturelles comme d’autres possi-
bilités de penser et d’agir au lieu d’en faire des outils pour se distinguer
des « autres ». Il est préférable qu’ils découvrent un monde où les
relations ne sont pas d’abord « nous et eux », mais « nous et vous ».

Changer le vocabulaire

Une autre façon de comprendre la culture implique une adaptation


du langage courant. Peut-on encore parler de « rencontres (ou : dialogue)
des cultures », sachant que ce sont des êtres vivants qui se rencontrent
dans des situations concrètes et singulières, et non des cultures ; mais
encore que les rencontres se situent toujours dans une sphère culturelle
précise et non entre des entités globales, embrassant toute l’existence ?
Peut-on encore parler de « respect des cultures » comme si les cultures
étaient des êtres parfaits, sacrés, échappant à l’histoire alors que toutes
les sphères culturelles sont en perpétuelle évolution les unes sous
l’influence des autres ? Peut-on encore attribuer « une » culture à une
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société, et ne serait-il pas plus exact de toujours préciser de quelle


culture il s’agit : de la culture politique, de la culture économique, de
la culture écologique, de la culture sportive… ? Il serait bon de réserver
le terme de culture, avec un article défini au singulier, au dynamisme à
l’œuvre dans les activités humaines.
Enfin, il serait utile de revoir le sens de notions souvent associées à
celle de culture : dans une perspective interculturelle, que deviennent
l’identité, la communauté, la différence… ? La sortie du monde de la
culture traditionnelle et l’entrée dans une modernité mondialisée nous
obligent à réviser encore bien des idées reçues !
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