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« INSPIRATION, EXTASE, SINTHOME »

Geneviève Morel

Érès | « Savoirs et clinique »

2007/1 n° 8 | pages 221 à 229


ISSN 1634-3298
ISBN 9782749208299
DOI 10.3917/sc.008.0221
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« Inspiration, extase, sinthome »

Geneviève Morel
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Pour étudier la possession individuelle et « extase » au contraire de celui de jouissance,
la transe collective, l’anthropologie s’est que notre modernité trouve vulgaire mais dont
appuyée sur les catégories préfreudiennes de usaient les mystiques à l’âge classique. « Jouis-
l’hypnose et de la suggestion ainsi que sur la sance » inclut, chez Lacan, ce que l’extase
Massenpsychologie freudienne de 1921, notam- connote de sortie de soi et de mise entre paren-
ment l’identification d’une foule à l’idéal du thèses du moi qui déplacent le sujet sur une
moi de son leader et l’identification hysté- autre scène où peu sont capables de dire ce qui
rique 1. Il est bien difficile, en revanche, de s’y passe. On peut d’ailleurs noter que Lacan
situer dans le cadre de la psychanalyse freu- affectionne les mots commençant par « ex »,
dienne les extases solitaires et l’écriture de ceux particule qui connote l’extériorité, comme
qui en font l’expérience. « extimité » qui articule l’intime à ce qui vous
Par rapport à ces questions, qui font l’ob- revient du dehors ou « ek-sistence », caractère
jet précis de notre colloque, l’apport de Lacan du réel. L’ek-sistence du réel est en effet au
m’a paru original, parce qu’elles constituent cœur de la jouissance en tant qu’elle est insup-
une sorte de point fixe dans une œuvre qui portable, au-delà du principe de plaisir freudien
s’élabore sur presque cinquante ans, commen- qui veille, de façon impuissante, à l’équilibre
çant à l’hôpital dans les années 30 par l’étude homéostatique de l’organisme.
des « écrits inspirés » et se terminant en 1975 Or, s’interrogeant sur l’écriture, Lacan
sur l’écriture de Joyce et son articulation à la rencontre des femmes qui écrivent, folles ou
folie et au symptôme. Folie, inspiration, style, pas. Cela n’a pas été sans influencer décisive-
jouissance sont des termes qui hantent cette ment, du moins est-ce mon hypothèse, ses théo-
œuvre. On y trouve peu, d’ailleurs, le mot ries de la féminité comme de l’écriture.

Geneviève Morel, psychanalyste, Paris, Lille.

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L’écriture et l’extase

AIMÉE, L’INSPIRATION ET LE STYLE comme les affectionnent les mystiques, avait


noté Michel de Certeau – semble fasciner Lacan.
Entre 1931 et 1933, Lacan, qui n’est pas La limite entre inspiration et normalité est floue.
encore analyste, écrit deux articles sur le style À l’époque, bien qu’il loue le rythme et la
et l’inspiration, qui encadrent sa thèse sur le cas « remarquable valeur poétique » de ces écrits,
Aimée (1932). Lacan conclut dans les termes d’une psychiatrie
« Écrits inspirés. Schizographie (1931) », du déficit, très XIXe siècle : « Rien n’est en
dont le ton est délibérément psychiatrique, mal- somme moins inspiré, au sens spirituel, que cet
gré ses références à André Breton, Paul Éluard et écrit ressenti comme inspiré. C’est quand la pen-
Benjamin Péret, est l’observation de Marcelle, sée est courte et pauvre que le phénomène auto-
une institutrice insoumise de 34 ans qui paraît matique la supplée. Il est senti comme extérieur
normale mais souffre en fait d’une érotomanie parce que suppléant à un déficit de la pensée 3. »
envers son inspecteur et d’une paranoïa de Dans « Le problème du style et la concep-
revendication (elle réclame notamment des dom- tion psychiatrique des formes paranoïaques de
mages et intérêts à l’Éducation nationale pour l’expérience », paru en 1933 dans la revue sur-
privation de satisfaction sexuelle après son échec réaliste Le minotaure, le ton a changé, parce qu’il
à un examen). Elle a « le sens de l’évolution de s’agit d’éclairer l’art à partir de la paranoïa, qui
l’humanité », entend réformer les mœurs voire « met sur la table » ce que la névrose exprime à
guider les gouvernements. Son psychiatre s’inté- grand peine. Lacan cherche une solution au pro-
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resse aux troubles qui ne se manifestent que dans blème du style : celui-ci est-il le « fruit d’un
le langage écrit et les analyse phénoménologi- choix rationnel », ou une « nécessité éprouvée
quement après en avoir établi la liste. Marcelle a dont la spontanéité s’impose contre tout
en effet deux façons d’écrire, avec ou sans inspi- contrôle » ou bien encore le résultat d’un conflit
ration, et semble contrôler mystérieusement le entre les deux ? Il n’hésite pas à affirmer que
processus. Si on lui demande d’écrire une lettre l’analyse détaillée des écrits des fous constitue
normale aux médecins, elle s’exécute, mais si on une véritable révolution pour l’anthropologie et
lui dit de suivre ses inspirations, elle rajoute critique dorénavant toute théorie déficitaire. Et
imperturbablement un post-scriptum d’une toute pourtant, il exclut l’expérience vécue para-
autre teneur, écrit d’un trait et sans ratures. noïaque de « la délibération éthico-rationnelle et
Jugez-en : « Ce style que j’adresse aux autorités de toute liberté phénoménologiquement définis-
de passage, est le style qu’il faut pour bien for- sable dans la création imaginative 4 ». Autrement
mer la besace de Mouléra et de son grade d’offi- dit, l’inspiration imposée délirante n’exclut nul-
cier à gratter. […] Il rigoureuse la tougne la plus lement l’art, elle dévoile au contraire le fonde-
sotte et il se dit conforme aux droit des peintres. ment même de la création poétique, insu de
Il cancre la sougne aux oraies de la splendeur, l’artiste névrosé parce qu’enfoui dans son
pour la piloter en menin, dans le tougne qui la inconscient, de même que les grands crimes
traverse, etc. 2. » Marcelle ressent l’inspiration paranoïaques mettent tragiquement le doigt sur
comme une intrusion qui lui est imposée sous un les points névralgiques des tensions sociales,
mode déjà formulé. Elle peut toutefois y résister souvent ignorés par les acteurs politiques. Bref,
mais quand elle écrit seule, elle aime à l’ac- le fou inspiré reste fou mais il devient un sujet
cueillir. Perplexe quant à leur sens, elle est néan- supposé savoir ce qu’est l’art.
moins convaincue de la valeur de ses écrits, Ce changement de ton, outre la fréquenta-
qu’elle explique volontiers. Elle prétend créer la tion des surréalistes, est sûrement dû à la ren-
langue : « Je fais évoluer la langue. Il faut contre d’Aimée, qui avait défrayé l’actualité en
secouer toutes ces vieilles formes. » Cette maî- attaquant à coups de couteau une actrice célèbre,
trise de l’inspiration imposée – un oxymore et qui fut envoyée à l’hôpital après avoir passé

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« Inspiration, extase, sinthome »

quelques semaines en prison où son délire avait trouvée dans un platonisme radical 9 ». Cette
mystérieusement chuté. Ce qui donne à Lacan phrase de 1932 n’anticipe-t-elle pas l’intérêt du
l’occasion d’inventer une nouvelle catégorie psychanalyste pour les formes d’union sexuelle
nosographique, la « paranoïa d’autopunition », qui contournent la norme conjugale et refusent
objet de sa thèse. Il admire les écrits d’Aimée, « l’amour pour courrier du cœur » et « la chi-
refusés cependant par les éditeurs et par le prince mère génitale-oblative 10 » ? Celles qui mettent
de Galles dont elle était passionnément amou- lucidement en évidence qu’« il n’y a pas de
reuse. Aimée, Marguerite de son vrai prénom, est rapport sexuel » – maxime que Lacan universa-
d’ailleurs le prénom de l’héroïne de ses romans. lisera dans les années 70. « La satisfaction trou-
Lacan n’est pas loin de penser que si l’éditeur vée dans un platonisme radical » et « le vœu
avait accepté ses œuvres, elle ne serait peut-être inconscient de la non-réalisation sexuelle » :
pas passée à l’acte. Devenu son lecteur assidu, il ces expressions ne peuvent-elles pas, en effet,
fait l’éloge de sa plume, de la « jouissance quasi s’appliquer non seulement au platonisme de
sensible que lui donnent les mots de la langue » l’érotomanie mais peut-être aussi à la relation
en soulignant que l’inspiration est due à la psy- courtoise comme, après tout, à l’union mys-
chose dont la « valeur humaine » est ainsi réaf- tique ? Or ce thème récurrent s’introduit dans
firmée. L’inspiration chute d’ailleurs en même l’œuvre lacanienne grâce à la rencontre d’une
temps que le délire. femme follement inspirée.
Les états extatiques d’Aimée dont témoi-
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gnent ses écrits, sont dus à « une élévation de DU RAVISSEMENT À LA FOLIE
l’âme vers les grandeurs de la nature 5 » ainsi
qu’à la culture de la rêverie solitaire liée à C’est dans cette même veine, rendant
« l’expansion quasi érotique de soi-même que hommage à un écrivain inspiré que Lacan com-
l’enfant trouve dans la nature 6 ». Lyrique, mente, trente ans plus tard, en 1965, Le ravis-
Lacan n’est pas loin de faire d’Aimée un autre sement de Lol V. Stein, d’où l’on peut extraire
Rousseau. une théorie du ravissement. Je vous en rappelle
Enfin, la sexualité d’Aimée offre le le canevas.
contraste saisissant d’un platonisme érotoma- Le roman débute par un « événement », le
niaque à la Dide qui élève l’objet grâce à de bal annuel de T. Beach, où la bourgeoisie en vil-
grands élans d’écriture métaphorique et d’un légiature envoie ses filles. À 19 ans, Lol V.
idéalisme altruiste qui entraîne paradoxalement Stein, une jeune fille singulière qui a toujours
cette « fille désirable » chez laquelle « le goût paru s’absenter du monde, sort du collège et se
de l’expérience s’accommode d’une froideur fiance à Michael Richardson. Ce soir-là, une
réelle 7 » vers un comportement sexuel « dis- femme d’un certain âge, Anne-Marie Stretter,
sipé ». Aimée doit en effet « aller aux entre dans la salle et subjugue Michael Richard-
hommes », abordant les passants dans l’enthou- son. Ils repartiront ensemble à l’aube. Une amie
siasme afin de satisfaire sa grande curiosité de Lol, Tatiana Karl, a passé la nuit à ses côtés.
« des pensées des hommes 8 », qui, seule, croit- Après quelques semaines de prostration, Lol se
elle, autorisera des réformes vraiment réflé- marie avec le premier venu, dont elle a trois
chies. Prenant le contre-pied de son maître filles. Elle semble avoir oublié l’événement,
Clérambault à propos de l’érotomanie, Lacan même si elle est restée bizarre. Dix ans passent
juge que « la situation supérieure de l’objet [le avant qu’elle ne revienne habiter sa maison
prince de Galles ou l’actrice frappée], loin natale, à S. Thala. Un jour, elle voit passer un
d’être attribuable […] à “l’orgueil sexuel”, couple clandestin : Tatiana Karl, qu’elle n’a
n’est que l’expression du vœu inconscient de la jamais revue, et un homme Jacques Hold. Elle
non-réalisation sexuelle et de la satisfaction les suit jusqu’à un hôtel à la sortie de la ville et

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L’écriture et l’extase

les épie, cachée dans un champ sous leur par un objet incorporé et caché sous cette
fenêtre. Elle arrange alors une rencontre avec image, l’objet a, qui lui sert de support et lui
Tatiana lors de laquelle Jacques Hold, l’amant donne éclat et brillance 12. L’objet a se consti-
de Tatiana, tombe amoureux de Lol. Elle va tue tôt, extrait de l’objet que le sujet a été dans
alors manœuvrer Jacques Hold pour qu’il pour- le désir de ses parents. Or, Lol, à la suite de
suive ses relations avec Tatiana Karl dans le quelque accident infantile, peut-être avec sa
même hôtel, alors qu’il sait que Lol est sous mère, ne fonctionne pas selon ce schéma com-
leur fenêtre. C’est tout ce qu’elle attend de lui, mun. L’auteur nous décrit donc une fille
mais Jacques Hold, qui est médecin, veut la absente, un sujet vide au corps transparent, que
sauver et, pour exorciser le trauma du bal, la Michael Richardson emmène un jour dans ce
ramène sur les lieux où il couche avec elle. Lol même hôtel de passe où elle suivra dix ans
sombre alors dans la confusion. après d’autres amants. L’amour aurait-il alors
Dans son commentaire, Lacan distingue féminisé cet être vide ? En tout cas, son fiancé
trois ravissements : celui de Lol par le couple du lui a fait un serment d’amour et c’est là, dit
bal ; celui de Jacques Hold envoûté par Lol Duras, que Lol a commencé à « se parer », pen-
V. Stein ; celui du lecteur par Marguerite Duras. dant des mois, pour le bal 13.
Je vais me concentrer sur le premier, le plus C’est l’acte 1, celui de la « prise de robe »,
énigmatique. Qu’est-il donc arrivé à Lol ? Lacan dit Lacan, terme qui connoterait plutôt la prise
récuse l’interprétation apparente : Lol a été trau- de voile et la solennité du mariage d’une reli-
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matisée et répète l’événement dans un scénario gieuse avec Dieu. Prise de robe avec, bizarre-
pervers où elle serait le voyeur. Il n’y a pas de ment, posée par dessus (et non au dessous), sa
répétition, dit-il, et, s’il s’agit bien du regard, elle nudité qui lui donne de l’éclat. Il s’agit donc
n’est pas voyeur parce qu’elle ne voit rien. d’une structure très spéciale, on dirait
La piste proposée est celle de la robe : ce presque la mariée de Duchamp : Lol arrive au
n’est pas « la lettre volée » mais bien « la robe bal habillée pour la première fois par son union
dérobée » qu’il faut suivre, en trois actes. avec Michael Richardson et elle porte son corps
Prologue, d’abord. Lol n’est pas une jeune nu sur sa robe. C’est pourquoi elle est un piège
fille comme les autres mais un personnage à regards. Sous sa robe d’amour, à prendre les
souffrant d’une étrange « maladie ». Enfant et choses littéralement, il n’y a donc ni corps ni
adolescente, elle était vide et absente : personne sexe ni nudité, aucun objet a pour stabiliser
indifférente à la joie et au chagrin, vivant dans l’image, mais seulement un vide. En résumé,
un ennui tranquille, paraissant ignorer le quand elle entre au bal, nue sur sa robe, Lol est
manque et le désir, toujours ailleurs, dans le un fantôme habillé précairement en femme par
rien, il lui manquait quelque chose pour être là. l’amour d’un homme.
Elle semblait même perdre la mémoire de qui Acte 2, le ravissement de l’image et du
elle était 11. Sa réaction au bal n’a rien de « nor- corps par la beauté. La ravisseuse, Anne-Marie
mal » : ni désespoir, ni appel au secours, ni Stretter, entre au bal vêtue d’une robe noire. À
colère, ni douleur mélancolique de la perte de l’inverse de Lol, elle incarne la beauté d’un
l’objet aimé. Elle ne tente pas de se consoler « corps désiré » sous sa robe. Toute la nuit, elle
avec d’autres. Elle dira plus tard qu’elle avait danse enlacée avec le fiancé de Lol. Soudée du
perdu instantanément tout amour pour son regard à ce couple, Lol devient l’objet où
fiancé et qu’on s’était trompé sur « les raisons » convergent tous les regards, tache scandaleuse
de son trouble. Revenons sur la théorie laca- dans le bal (pour Lacan, la tache figure le
nienne de l’amour, du désir et du corps. On est regard). Il y a là une espèce de circuit de fuite
amoureux de l’image du corps de l’autre, i(a), du regard, de Lol vers la robe noire, dont on
qui est idéalisée, tandis que le désir est causé verra le retour plus tard. On peut imaginer que

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Lol est dépouillée brutalement de sa robe dans le seigle ». Lol recouvre d’ailleurs son
d’amour et que la robe noire de l’autre femme éclat et sa beauté et Jacques Hold en tombe
devient alors son image du corps, son moi-idéal amoureux, dès lors prêt à lui sacrifier Tatiana.
qui recouvre ce qui lui tiendra lieu, désormais, L’opération montre que la beauté fascinante
de corps et de sexe. Le ravissement de Lol est voile ou recèle un réel insupportable qui a divers
donc le transport de son image idéale, de son noms : le sexe, l’union sans raison, la pulsion de
moi et de son corps, vers cette robe noire et ce mort. Mais le roman finit mal parce que Jacques
qu’elle recouvre. Corrélativement, en elle- Hold ne saisit pas ce que cherche Lol et, en vou-
même, dit Lacan s’insinue « l’indicible de cette lant son bien d’une façon conventionnelle, il la
nudité 14 » qui lui a été dérobée et « tout s’ar- rend folle. Du ravissement stabilisé par un fan-
rête ». Lol veut suspendre la nuit du bal et tasme, Lol sombre dans la folie.
empêcher le couple de disparaître au matin, Conclusion. À partir d’un roman qui peut
parce qu’il emporte tout. Elle voudrait être avec paraître léger par rapport à la compacité des
eux au lieu de leur union. Duras parle d’un mot- témoignages mystiques, Lacan propose une
trou qui n’existe pas pour Lol et qui définirait théorie du ravissement. Le sujet qui affronte
cette conjonction à trois et, en même temps, l’union, que ce soit avec l’autre sexe ou avec
cette substitution du corps nu de l’autre femme Dieu, qui fait face à l’impossible du rapport
au sien qui disparaît 15. Un trou symbolique, sexuel, est ravi à lui-même : il perd ses habits,
donc. L’absence de ce mot rend Lol silencieuse. son image, son moi, et cela perturbe considéra-
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Et tout s’arrête pendant dix ans où elle erre en blement son rapport à son propre corps. Mais,
fantôme dévêtu, sans identité et sans désir, dans affronter l’union, qu’est-ce que ça veut dire ?
« une virtualité irréprochable 16 ». Un courant Après tout, l’absence de rapport sexuel vaut
d’air, une femme invisible qui reste suspendue pour tous, mais on y supplée ordinairement par
à un fantasme inachevé, dont la suite du roman divers artifices fantasmatiques et codes amou-
montre la construction : Lol doit trouver une reux qu’on emprunte à la société où l’on vit.
issue, la sortie de la nuit du bal. Parfois, certains s’aventurent au-delà de ces
Acte 3, Tatiana, nue sous ses cheveux semblants : c’est la théorie du franchissement
noirs. Le monde s’ébranle, dix ans après, du Beau pour affronter l’entre deux morts,
lorsque Lol rencontre ce couple qui lui évoque l’anéantissement du sujet encore vivant que
la nuit du bal, l’amie qui était alors à ses côtés, Lacan a développée dans l’Ethique 18, à partir
Tatiana en tailleur noir avec un inconnu, Jacques d’Antigone. Concernant l’union, il s’agit du
Hold. Lorsqu’elle les guette, planquée sous leur point où un sujet ne se satisfait plus d’usages
fenêtre d’hôtel, elle ne voit qu’une seule chose, convenus, mais s’avance seul dans cet espace
« Tatiana […] nue dans sa chevelure noire, [qui] vide pour inventer une nouvelle érotique : liens
traverse la scène de lumière 17 ». Soit, enfin, la en rupture, comme le mariage blanc de Gide
révélation de la nudité cachée sous la robe noire avec Madeleine, comparé à l’union de Dante à
(la chevelure). À partir de cette rencontre, Lol Béatrice, unions bâties sur des métaphores poé-
retrouve un corps et un désir précis, celui d’être tiques comme en témoignent les mystiques,
là où se célèbre cette union, comme si l’opéra- poésie de l’amour courtois qui impulse des
tion de réincarnation et de rhabillage de Lol par mœurs inédites, ou folie inspirée qui crée une
la robe-chevelure noire devait être sans cesse nouvelle langue. Ainsi, Lacan évoque tel poème
réitérée. Pour Lacan, la « réalisation » de Lol courtois pornographique qui célèbre de la façon
passe par le regard. Le regard avait fui de Lol, la plus crue le sexe d’une femme pour montrer
tache éclatante dans le bal, vers la robe noire que l’amour courtois n’est pas un recul devant
voilant la beauté. On le retrouve rayonnant de la le corps idéalisé de l’autre, mais au contraire la
chevelure noire et irradiant Lol, « tache sombre recherche inédite d’un nouveau rapport. Il com-

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pare Duras à Marguerite de Navarre, qui se tar- devient jouissance extatique du corps, tandis
guait de raconter des histoires vraies, particu- que celle de l’homme reste phallique, hors
lièrement dans une nouvelle où l’amant n’hésite corps, attachée à un fantasme et fixée à des
pas à forcer physiquement l’aimée, en contra- objets partiels qui font écran à sa partenaire.
diction avec tous les usages courtois, puis, L’écriture. En parallèle, dans « Litura-
confronté à une impossibilité, préfère la mort terre 20 », un texte sibyllin de 1971, Lacan pose
délibérée à une vie stupide. Cette « façon que la lettre est une conséquence du langage et
d’amour 19 », comme Lacan qualifie le service de la parole. L’écrit serait le ravinement, dans le
bizarre exigé de Jacques Hold par Lol, met en réel, du signifié, chaque fois que le signifiant
relief l’ingéniosité érotique. Le sérieux de comme semblant est rompu : comme les traces
l’écrivain est de transmettre l’impossible du ruissellement de la pluie lorsque des nuées
domestication de l’amour, et la sublimation se dissolvent. Le signifiant ou le symbolique,
consiste pour l’auteur à « récupérer » le regard qui sont des semblants, ce qui ne signifie pas
comme objet pour en ravir le lecteur. des illusions, sont différenciés du réel. Le bord,
le « littoral » entre réel et symbolique serait la
FÉMINITÉ ET ÉCRITURE lettre. Exemple, la folie. Le déclenchement
d’une crise psychotique est souvent lié à la rup-
Ce commentaire de 1965, qu’on pourrait ture des semblants sociaux, familiaux, ou pro-
considérer comme marginal, est en fait une fessionnels. Dans un moment d’exaltation, le
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scansion importante dans un trajet qui entre- sujet peut alors se mettre à écrire. Ainsi Aimée
croise féminité et écriture. écrit-elle fiévreusement ses romans après s’être
La féminité, d’abord. De son séminaire de déclarée au Prince de Galles par lettres et
1971, D’un discours qui ne serait pas du sem- poèmes au mépris de toute bienséance. C’est
blant à Encore, où il fignole ses « formules de l’écriture inspirée.
la sexuation », Lacan invente une nouvelle Mais la fonction de bord de l’écriture peut
figure de la féminité : la femme « pastoute » au contraire contenir la folie en lui donnant une
phallique. À partir du Ravissement, on peut sai- limite. Dans cette voie, Lacan va développer
sir l’opération théorique qu’il réalise. Il sépare une nouvelle théorie du symptôme comme
d’une part le trou symbolique auquel est nœud du réel (la jouissance), du symbolique (le
confrontée Lol, qu’il rebaptise « signifiant du langage) et de l’imaginaire, la théorie du sin-
manque dans l’Autre » et dont il fait l’essentiel thome, en 1975, avec Joyce 21.
de la sexualité féminine, et, d’autre part, le fan- À partir du Ravissement, se développent
tasme qui s’y superpose de façon secondaire et donc en parallèle une théorie de la féminité arri-
qui nécessite un homme (« l’être à trois » de mée à un trou symbolique, pastoute phallique, à
Lol). Ce fantasme, une sorte de bouchon, quali- la jouissance extatique, et diverses propositions
fie la part phallique, souvent stabilisatrice de la sur l’écriture comme bord entre le réel et le
sexualité féminine. Si la femme pastoute symbolique, limitant ou accueillant la jouis-
conjoint bien sûr ces deux parts, le paradigme sance. Il se produit alors un curieux renverse-
de la féminité devient la femme ravie par cet ment théorique : le sinthome devient l’héritier
Autre troué, le partenaire divin des mystiques du pastout, jusque-là réservé au féminin. Parce
qui n’est pas Dieu le Père. En affirmant ainsi qu’il se fabrique à partir de la langue mater-
que la castration, i.e. le phallus, n’est pas l’es- nelle, le sinthome porte la marque de la jouis-
sence de la féminité, Lacan prend ses distances sance pastoute de la mère. Par le biais de
d’avec Freud. De la folie rencontrée à l’asile, il paroles et discours équivoques, qu’interprète
extrait une part d’absence qui devient structu- l’enfant, s’y imprime ce qu’elle veut de lui.
rale, fondamentale. La jouissance féminine Donc, pour les deux sexes, le sinthome se fémi-

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« Inspiration, extase, sinthome »

nise en quelque sorte. On pourrait en déduire sublimé, y compris ma vie sexuelle, en passant
que l’écriture a toujours une part féminine. du corps profane au corps sacré. Il s’agit d’une
On aperçoit donc, dans l’œuvre de Lacan, sublimation alchimique du désir, à même la
un chassé-croisé de la folie et de la féminité chair. » Concrètement, elle avait au départ des
autour de l’écriture inspirée. On y lit des migra- visions poétiques, des couchers de soleil, pen-
tions : dant et après les relations sexuelles, puis elle se
– de l’écriture inspirée à celle qui borde la sentit foudroyée. « Mon corps est parti, j’ai
folie ; tremblé, j’ai reçu des coups de sabot dans la tête
– de la folie féminine vers une féminité exta- et je me suis transformée en cadavre. Mon âme
tique mais « pas folle du tout » ; est sortie de mon corps. » Elle est un cadavre
– de l’écriture inspirée à une écriture sinthoma- bouffé par des serpents, elle a des araignées et
tique, féminine par son enracinement dans la des vers dans le cerveau. Cette expérience de
langue maternelle, porteuse de la jouissance « décorporisation » la plonge dans l’éternité et
pastoute de la mère. elle veut mourir.
Je terminerai sur une note clinique Elle rencontre alors une psychologue et
contemporaine. poursuit ses études, en prenant des médica-
ments. Elle se tourne aussi vers Dieu : « J’ai
DU DÉMEMBREMENT À LA GRÂCE : prié et mon âme est revenue dans mon corps. »
EXTASES UNIVERSITAIRES Mais cela ne s’est pas fait d’un seul coup. Un
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jour où elle arrive à la faculté en dansant, le
Léa a 40 ans lorsque je la rencontre pour professeur de philo aurait fait cours sur le
un entretien, à l’hôpital où on l’a amenée après sublime dans le corps de la femme. Elle se sent
des tentatives de suicide à répétition. Après des visée et tombe amoureuse de lui, parce qu’il a
études de philosophie et de littérature, elle est nommé ce qui lui arrivait. Dès lors, commence
devenue professeur et supporte mal les agres- une nouvelle période, marquée d’extases mys-
sions des élèves et les remarques désobli- tiques : la grâce est venue sur elle, et elle
geantes de ses collègues. Mais cela s’étend aux recouvre un corps unifié. Elle décrit la grâce
membres de sa famille, spécialement sa mère. descendant sur elle comme une sensation de
Sensible aux paroles qu’elle interprète souvent chaleur qui l’envahit surtout au niveau de l’uté-
négativement, elle se suicide répétitivement. rus : « Un souffle qui se donnait et se retirait
Elle a subi, à 22 ans, une « incursion psy- dans ce qu’il y a de plus intime chez la
chotique », selon ses dires, au moment d’une femme. » Elle fait référence à sainte Thérèse.
intense relation amoureuse. Auparavant, il ne Son corps s’est ressoudé et elle a maigri. Puis,
s’était rien passé d’aussi radical, sauf que les tout d’un coup, son âme est revenue habiter son
relations sexuelles lui étaient difficiles parce corps. Ces phénomènes se sont répétés alterna-
qu’il lui semblait impossible d’être à la fois tivement pendant deux ans.
femme et active dans la vie. Elle atteignait Elle entre dans une troisième période avec
quelque chose de sacré en faisant l’amour : elle l’écriture d’un mémoire universitaire sur le
sortait de son corps et accédait « à quelque sublime qui lui permet d’écrire ce qui lui est
chose d’absolu, de pur, de divin ». Il en résultait arrivé. Malheureusement, elle perd alors la
un morcellement et une « désunification » qui grâce et les moments d’extase cessent – ce
l’empêchaient de travailler. Puis elle change de qu’elle impute à l’écriture. Elle vit alors « un
partenaire et commence une relation amoureuse manque atroce », compensé, cependant par un
exaltée avec un autre étudiant en philosophie. état plus apaisé et le succès du mémoire.
« J’ai appliqué Nietzsche à ma vie, j’ai voulu Actuellement, elle écrit des poèmes et rédige
faire de ma vie une œuvre d’art. J’ai tout une thèse sur « La figure de la femme » dans

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L’écriture et l’extase

certains textes littéraires, qui lui permet d’ap- mes, « accouche » et a l’impression de risquer
profondir son expérience. En effet, et on voit de sortir à nouveau de son corps. Son rapport à
l’évolution du thème universitaire, elle est pas- l’écrit est fusionnel : elle « fait corps avec le
sée du sublime à la femme, et même à la femme texte ». Elle trouve, en écrivant, le sens d’une
sublime. Son expérience des extases et de la expérience corporelle qu’elle ne veut absolu-
grâce entrant par l’utérus est coordonnée à la ment plus vivre, même si elle en a la nostalgie.
féminité : seules les femmes auraient la faculté Le texte en devient le support véritable, il
de sublimer le désir dans leur chair et d’accéder célèbre l’avènement de son nouveau corps de
au divin en incarnant le Verbe, parce que les femme incarnant le verbe. L’expérience semble
hommes sont limités, finis (son directeur de devoir être sans fin.
thèse n’était pas d’accord sur ce point). Il faut Léa n’a pas supporté la jouissance sexuelle
noter l’origine anatomique de sa théorie : l’ou- et le démembrement animal de son corps, qui
verture corporelle du sexe féminin justifie sa survint à l’occasion de sa première relation un
pénétration par le souffle divin. Elle a cepen- peu consistante. Ce qui l’a soignée, c’est l’amour
dant lu le Président Schreber et reconnaît que platonique de son professeur qui la féminise et
certains hommes accèdent aussi à des expé- qu’elle assimile inconsciemment à Dieu : il l’a
riences féminisantes, mais ils délirent et pas nommée et la grâce est venue sur elle la réunifier.
elle. Il s’agit d’une naissance ou d’un avène- L’écriture de l’expérience extatique lui permet
ment de la femme. Sa doctrine de la grâce est ensuite de se fabriquer un corps-texte de femme,
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donc personnelle et ne s’articule à aucun dogme qui tienne le coup. Il est un fait qu’elle supporte
existant. La référence aux mystiques chrétiens maintenant d’avoir un partenaire sans que se
n’est pas religieuse non plus : ils ont témoigné reproduise la catastrophe de ses 20 ans. Par
d’expériences analogues à la sienne, dit-elle, et contre elle reste ouverte et transparente à l’autre
elle y cherche un savoir qu’elle espère trans- depuis les extases qui lui ont « ouvert » le corps,
mettre à son tour. Léa considère la maternité et c’est la cause de son hospitalisation : elle inter-
comme « une maladie mentale » qui « ravale la prète les propos qui la visent comme des
femme à l’animalité » et fait obstacle au sacré. condamnations à mort. Dans le cas de Léa,
On pourrait donner ici quelques précisions bio- l’écriture est une expérience d’inspiration qui
graphiques à l’appui, elle-même se considérant accueille la jouissance, mais en même temps elle
comme « le fruit d’un viol conjugal ». la vide, la contient et la borde, non sans le cadre
L’écriture est à chaque fois une épreuve universitaire qui joue peut-être ici le rôle que
douloureuse. Elle vomit, tombe dans les pom- l’Église jouait pour les mystiques au XVIIe siècle.

NOTES
1. S. Freud, « L’identification », Psychologie des foules et analyse du moi, Essais de psychanalyse (1921), Paris, Payot, PBP, 1981, p. 167 s.
2. J. Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité suivi de Premiers écrits sur la paranoïa, Paris, Le Seuil,
1975, p. 373.
3. Idem, p. 382.
4. Idem, p. 386.
5. Idem, p. 188.
6. Idem, p. 222.
7. Idem, p. 228.
8. Idem, p. 167-169.
9. Idem, p. 264.
10. J. Lacan, « Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir », Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 754.
11. M. Duras, Le ravissement de Lol V. Stein, Paris, Folio, 1964, p. 12.
12. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XX, Encore (1972-1973), Paris, Le Seuil, 1975, p. 12.

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« Inspiration, extase, sinthome »

13. M. Duras, op. cit., p. 61.


14. J. Lacan, « Hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein », Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 193.
15. M. Duras, op. cit., p. 44-50.
16. Idem, p. 33.
17. Idem, p. 64.
18. J. Lacan, Le Séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse (1959-1960), p. 315 s.
19. J. Lacan, « Hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein », op. cit., p. 196.
20. J. Lacan, « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 11 s.
21. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XXIII, Le sinthome (1975-1976), Paris, Le Seuil, 2005. Cf. G. Morel, La loi de la mère. Essai sur le sin-
thome sexuel, Paris, Anthropos, à paraître 2007.
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