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© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque Sainte Geneviève (IP: 193.48.70.223)
Presses Universitaires de France | « Hors collection »
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du continuisme
d’Émile Meyerson
Frédéric Fruteau de Laclos
introduction : meyerson/bachelard,
une discontinuité au cœur du xxe siècle ?
1. Cf. M. Fichant, M. Pêcheux, Sur l’histoire des sciences, Paris, Maspero, 1969.
2. Cf. Le rationalisme appliqué, Paris, puf, 1949, p. 177.
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Philosophie des sciences
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qui consisterait à figer partout et toujours le cours des phénomènes
en choses se conservant identiques à elles-mêmes. De cette mobilité
naît pour l’épistémologue la nécessité de repérer dans l’histoire des
sciences les franches ruptures par lesquelles éclate l’inventivité
scientifique. Aux continuités historiques affirmées par Meyerson,
conséquence de l’insistance de ses thèses épistémologiques sur
l’identité, répondent les discontinuités bachelardiennes, effet de son
attachement à la valeur « inductive » de la rationalité. Telle est la
grande coupure entre Meyerson et Bachelard, l’initiale disconti-
nuité, que relèvent les historiens de la tradition épistémologique
française au cœur du xxe siècle.
Dans les pages qui suivent, nous voudrions rétablir quelques
continuités. Il nous semble en effet possible de montrer que Bache-
lard n’a pas toujours été aussi anti-meyersonien qu’il y paraît ; et
que Meyerson n’est pas si pré-bachelardien qu’on le dit. Par ce
double rapprochement, nous aimerions jeter un pont entre les deux
bords de la césure si souvent décrite. L’opérateur de ce double rap-
prochement sera Henri Bergson, ou plutôt le rapport que nos deux
auteurs entretiennent avec Bergson.
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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inépuisable un caractère propre à susciter une recherche sans fin. Tout son
être réside dans sa résistance à la connaissance. Nous prendrons donc
comme postulat de l’épistémologie l’inachèvement fondamental de la
connaissance. »1
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époque pour Bachelard : son point de vue ne saurait coexister paisi-
blement avec celui de Meyerson. Là où Meyerson voit une conti-
nuité de l’effort scientifique en vue de maintenir des choses substan-
tielles au fondement des phénomènes, Bachelard instaure pour la
première fois les deux genres de discontinuité sur lesquels il ne
cessera de revenir : d’une part, l’esprit scientifique rompt avec ce
qui l’a précédé ; d’autre part, à travers cette rupture, il s’attache
moins à l’identification d’une chose qu’à la multiplication des
mises en relation rationnelles. La discontinuité historique est la
manifestation d’une diversification gnoséologique.
Pourtant, il nous semble que la critique du continuisme meyerso-
nien est l’effet second d’une attaque qui portait avant tout sur le
« continuisme » bergsonien. Entre 1929 et 1934, entre ces deux
extrêmes chronologiques d’une position conciliante et d’une posture
plus conquérante à l’égard de Meyerson, Bachelard s’est engagé dans
une profonde entreprise de contestation du bergsonisme. En décou-
vrant l’œuvre de Gaston Roupnel, à laquelle il a consacré L’intuition
de l’instant en 1932, Bachelard a accédé à une philosophie du temps
qui lui paraît incompatible avec la conception bergsonienne de la
durée : « Établir métaphysiquement – contre la thèse bergsonienne
de la continuité – l’existence de ces lacunes dans la durée devait être
notre première tâche. »2 Notre hypothèse est que la discussion du
continuisme meyersonien par Bachelard est surdéterminée par sa cri-
tique de la continuité bergsonienne. Nous en voulons pour preuve le
choix des concepts mobilisés dans les dernières pages du Nouvel
esprit scientifique, première attaque en règle contre le continuisme
meyersonien. Ces concepts sont vitalistes, et pour tout dire bergso-
niens, Bachelard projetant sur le terrain de l’épistémologie les termes
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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mique, c’est un élan spirituel, c’est un élan vital. »1
Meyerson est-il la cible réelle ou seulement apparente des coups
portés par Bachelard, ou encore la cible seconde, moyennant une
extension à l’épistémologie des thèses métaphysiques utilisées contre
Bergson – c’est-à-dire en suivant une translation de la philosophie du
temps à la philosophie de l’histoire ? Quelle que soit la réponse à ces
questions, nous pensons que Bachelard manque Meyerson. Nous
venons de voir que Bachelard n’a pas été d’emblée anti-meyersonien.
Nous souhaiterions maintenant aller plus loin, et établir qu’il n’a
jamais été anti-meyersonien, pour la simple et bonne raison que le
Meyerson qu’il décrit n’existe pas. Il est temps de montrer que
Meyerson n’est pas le pré-bachelardien si souvent dépeint. Il n’est
pas le représentant de cette philosophie prétentieuse qui ne com-
prend rien aux sciences et à leur histoire, de cette épistémologie
périmée en attente de son dépassement bachelardien. Au contraire,
Meyerson pense déjà pour son propre compte la discontinuité et les
ruptures. Rien ne le révèle mieux, par un fait presque exprès, que la
nature du différend qui opposa Meyerson et Bergson. C’est par une
double discontinuité par rapport au bergsonisme que pourra être
esquissée une étonnante continuité entre Meyerson et Bachelard.
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trations, de ces chaînes continues de raisonnements par lesquelles on
rend finalement compte des phénomènes. Mais précisément, Meyer-
son ne croit pas à une telle continuité de l’explication. Il le dit main-
tes fois : la déduction est « discontinue », elle est trouée par l’irratio-
nalité que l’expérience oppose aux visées de la pure tendance
rationnelle à l’identification2. Un philosophe comme Hegel a eu le
tort de croire que l’identification pouvait être menée à son terme,
comme si la contradiction apportée par la contingence pouvait être
dépassée selon le double mouvement, de négation et de conservation,
de l’Aufhebung3. Tel n’est pas le cas : pour Meyerson, les contradic-
tions ne sont jamais levées, la contingence jamais dépassée, et l’iden-
tité jamais retrouvée au terme du processus d’explication : « La réa-
lité se révolte »4, la diversité résiste et ne se laisse pas réduire.
Cette résistance du réel n’a pas échappé aux commentateurs.
Toutefois, ceux-ci y ont vu un reste de l’explication, une sorte de
réservoir sur lequel toute explication bute, mais auquel elle pourra
toujours puiser. Ils font ainsi comme si l’irrationnel était le pôle
opposé à la raison, juxtaposé à l’identité et ne l’empêchant guère de
valoir dans ses limites propres. Bachelard lui-même met l’accent sur
la trop grande distance qui sépare ces polarités figées de la
philosophie meyersonienne :
« Une philosophie à deux pôles éloignés, comme celle d’Émile Meyer-
son, où l’on détermine à la fois l’attachement du savant au Réel et à l’Iden-
tique ne nous semble pas manifester un champ épistémologique assez
intense. Faire du savant, à la fois, un réaliste absolu et un logicien rigou-
reux conduit à juxtaposer des philosophies générales, inopérantes. »5
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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est une philosophie du mixte et du mélange, et non une philosophie
de l’identité.
1. Discontinuité gnoséologique :
1. plausibilité et théorie du mixte
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toute connaissance comme du mélange entre hypothèses théoriques
et matière séduite. Les déductions en apparence les plus rationnelles
sont discontinues, et le mixte, l’impur – voire le trou – sont, bien
plus que le continu, des catégories maîtresses de la pensée
meyersonienne.
Cette discontinuité gnoséologique est formulable en termes
bergsoniens, ou plus exactement anti-bergsoniens. Meyerson a en
effet été amené au contact de Bergson à préciser ses arguments sur
la discontinuité. Dès 1909, Bergson avait remarqué la tension à
l’œuvre dans le premier livre de Meyerson, Identité et réalité : il se
déclarait ravi de voir que Meyerson avait fait une place à une méta-
physique du flux ou de l’irrationnel, en marge de la métaphysique
cartésienne du mécanisme, convaincue un peu trop facilement
d’être parvenue à identifier et solidifier le réel1. Bergson écrit à
Meyerson2 et lui demande de choisir son camp : il devrait prendre
nettement parti en faveur de la résistance du divers face aux préten-
tions de l’intelligence, et opposer au cartésianisme une métaphy-
sique explicitement bergsonienne. Meyerson, quoique impressionné
par l’intérêt manifesté par son illustre contemporain, refuse de se
rallier à sa métaphysique. L’épistémologie du mixte et du mélange
présentée dans Identité et réalité suppose que les deux métaphysi-
ques soient en permanence entremêlées. Le flux du devenir phéno-
ménal apparaît bien comme un « coup de sonde en direction de la
durée pure », qui met à mal les certitudes de la métaphysique carté-
sienne. Mais cette métaphysique n’en continue pas moins d’enca-
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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qu’il s’agit d’expliquer ? Néanmoins, la métaphysique de la durée
pour sa part n’explique pas davantage. Au pire, elle nous laisse
désemparés au milieu d’une masse informe de sensations, ces « don-
nées immédiates de la conscience » qui nous assaillent à tout ins-
tant. Au mieux, elle permet l’action, en prévoyant l’ordre de succes-
sion des phénomènes. Mais l’action et la prévision ne sont pas
l’explication, aux yeux de Meyerson, cet anti-positiviste et anti-
pragmatiste qui se réclame de Platon : il y a un désir de com-
prendre, et une façon de comprendre en identifiant, qui sont irré-
ductibles aux besoins de l’action et aux ressources de la prévision.
C’est sur la base de cette discussion très serrée du bergsonisme, à
travers une correspondance passionnante, que Meyerson développe
dans ses moindres implications la théorie du mélange présente dans
Identité et réalité. Ce développement conduit Meyerson à la formu-
lation du « paradoxe épistémologique » dans le chapitre final de
son second livre, De l’explication dans les sciences1.
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Philosophie des sciences
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Le conflit est dès lors inévitable entre les différentes hypothèses por-
tant sur un même faisceau de phénomènes. Comme l’écrit Meyer-
son, « il n’y a et il ne peut y avoir, dans le domaine de la science,
aucune domination d’une doctrine commune, d’une doctrine catho-
lique inébranlable »2. La raison est le théâtre d’un affrontement per-
manent. Elle est « antinomique, divisée contre elle-même dès qu’elle
tient à progresser, dès que le raisonnement a un contenu réel »3.
Telle est la théorie du « paradoxe épistémologique » repérée par
Meyerson au cœur de l’histoire des sciences. Conséquence pour la
philosophie de l’histoire de la discontinuité gnoséologique analysée
dans Identité et réalité, elle est le pendant, ou plutôt le répondant,
du « continuisme » historique tant reproché à Meyerson. On ne
pourra en effet qu’observer de franches polémiques et de grands
bouleversements dans le devenir des théories. La diversité des iden-
tifications produit une histoire des sciences riche en retournements
et en révolutions. L’esprit recherche toujours l’identité, il y a une
continuité de l’effort d’explication. De cela, les commentateurs ont
conclu à l’homogénéisation, par Meyerson, de l’histoire des scien-
ces. C’est tout le contraire qui a lieu : « L’image de la science n’est
pas fixe »4 ; « la vraie science, nous le sentons, doit être un flux,
évoluer, progresser »5. Bien loin de s’identifier entre elles parce
qu’elles naissent du même penchant, les identifications s’opposent
du fait même qu’elles se ressemblent. De la continuité d’essais pour
identifier, on ne peut nullement conclure au plat développement
d’une histoire continue ; on doit au contraire déduire une histoire
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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sophie de la durée en direction d’une théorie de l’histoire d’inspira-
tion bergsonienne. Cette conséquence théorique n’a pas échappé à
Arnaud Dandieu, jeune non conformiste fondateur du personna-
lisme athée au début des années 1930 et auteur de pages remar-
quables opposant toutes les ressources du paradoxe épistémolo-
gique à la molle continuité du spiritualisme bergsonien. Pour
Dandieu, l’ensemble du développement des sciences ne pourra pas
avoir le plat et rassurant déroulement d’une évolution créatrice. Un
tel « évolutionnisme » apparaît à Dandieu comme la transposition
pour la philosophie de l’histoire de ce qu’est l’élan vital pour la
philosophie de la vie, ou la durée pure pour la philosophie de l’es-
prit, et le personnaliste se demande « s’il n’y a pas lieu d’admettre
l’existence [...] de la discontinuité de la durée concrète »1, dans la
mesure où « la durée bergsonienne au lieu donc d’être simple,
contient à tout moment la mise en œuvre du paradoxe épistémolo-
gique meyersonien »2. Grâce à Meyerson, « la durée concrète
apparaît ici comme caractérisée par un rythme plutôt que par un
déroulement régulier et ce rythme lui-même n’est qu’un des carac-
tères de l’accomplissement d’un acte »3. De la structure du
paradoxe épistémologique, avec ses tensions insurmontables au
cœur du savoir rationnel, découle selon Dandieu une histoire
ponctuée d’actes créateurs instantanés qui mettent à mal le doux
écoulement de l’élan vital.
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Philosophie des sciences
conclusion : continuité
de la tradition épistémologique française.
de meyerson à bachelard via les personnalistes
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La mise au jour des concepts d’actes, d’instants et de rythme his-
torique le fait apparaître avec netteté : il y a bien des points de
contact entre Bachelard et Meyerson, notamment à travers leur
affrontement respectif au bergsonisme. D’autres faits attirent
encore l’attention de l’historien de la philosophie sur les rapports
entretenus par Bachelard avec les personnalistes, et par consé-
quent, plus souterrainement, avec l’épistémologie meyersonienne.
En 1936, dans La dialectique de la durée, Bachelard approfondit
son opposition à Bergson. Or, il puise dans ce livre aux mêmes
sources que les personnalistes, en particulier à Pierre Janet, que
Dandieu rapprochait volontiers de Meyerson1. Bien plus, les per-
sonnalistes sont eux-mêmes une des sources de Bachelard. Ainsi
sont cités le personnaliste Alexandre Marc, et le psychiatre Eugène
Minkowski, compagnon de route du personnalisme2.
La réaction du personnaliste Claude Chevalley à la publication
de La dialectique de la durée est particulièrement éclairante sur les
relations théoriques qui unissent Bachelard et le personnalisme, et
sur les liens secrets qui unissent Bachelard et Meyerson à travers
leur commun différend avec le bergsonisme. Mathématicien,
1. Cf. la présentation par Dandieu des textes de Janet dans son Anthologie des phi-
losophes français contemporains : « Tandis que les autres actions sont une lutte dans
l’espace, dirigées contre des objets présents, la mémoire en opposant le passé au présent
constitue une lutte contre le temps qui, dans les théories de M. Janet, se caractérise
comme dans celles de M. Meyerson par l’irréversibilité » (Paris, Éd. du Sagittaire, 1931,
p. 227).
2. Cf. La dialectique de la durée, op. cit., p. 38-51, 94-96. Il est vrai que Min-
kowski lui-même ne cessa de se réclamer de Bergson. Il n’en fut pas moins systématique-
ment lu par les personnalistes dans le cadre de polémiques anti-bergsoniennes. Cf. de
Dandieu et Marc, « Misère et grandeur du spirituel », L’Europe en formation, no 172-
173, juillet-août 1974, 15e année, p. 18-27.
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Le bergsonisme, point aveugle de la critique de Bergson
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puyant sur Meyerson et son « paradoxe épistémologique », les
deux auteurs affirment que dans les mathématiques, seuls des actes
spirituels de création sont à même de rendre raison des progrès
démonstratifs. L’épistémologie générale que les deux hommes pro-
jetaient d’écrire ne verra jamais le jour. Dandieu meurt en 1933
d’une septicémie foudroyante, et Chevalley s’efforce un temps de
reprendre seul le travail entamé, notamment leur « renversement du
bergsonisme ». Il classe les papiers de Dandieu, qui seront plus tard
confiés à la Bibliothèque nationale. Dans ces papiers se trouve un
inédit de Claude Chevalley datant des années 1930 au titre signifi-
catif : « Durée et instant »3. Chevalley vient de prendre connais-
sance du livre de Gaston Bachelard, La dialectique de la durée. Il
s’affirme alors pleinement d’accord avec les thèses philosophiques
qui y sont soutenues, et se réjouit de la convergence de vues qui
apparaît entre l’épistémologie bachelardienne et l’anti-bergsonisme
des personnalistes4.
Faut-il conclure de tout cela à une parenté entre Meyerson et
Bachelard, par le biais d’une discontinuité partagée à l’égard du
bergsonisme ? On parlera plutôt de parenté que d’identité, car
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Philosophie des sciences
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propre, en multipliant les corps de postulats. La parenté est néan-
moins indéniable. On en trouve de nombreux indices dans le cousi-
nage ou le voisinage des personnalistes des années 1930. Leurs
écrits montrent que l’on peut sans contradiction être anti-bergso-
nien, pour cela se fonder sur Meyerson, tout en se reconnaissant in
fine dans Bachelard.