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Maurice Pergnier
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General linguistics and translatology are more often divergent than convergent in their
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traductologie. Force est de constater que les rameaux les plus vigou-
reux de cette nouvelle discipline se sont plus souvent développés
à l’écart de la linguistique, voire contre elle, qu’en continuité
avec elle. Il n’est pas rare de lire sous la plume de traductologues
que la traduction n’a rien à voir avec la linguistique et que la
théorisation de la traduction doit être conçue comme une éman-
cipation vis-à-vis d’elle. À l’inverse, l’existence de quelques titres
prestigieux (à l’examen desquels nous consacrerons plus loin
l’attention qu’ils méritent) masque mal le fait que les linguistes
dans leur ensemble consacrent fort peu d’attention à la traduc-
tion, laquelle ne figure généralement dans les traités que comme
un appendice prolongeant des considérations générales sur la
non-coïncidence des découpages du réel par les langues. C’est
pourtant un linguiste, et non l’un des moins réputés, qui pro-
clama dès le milieu du siècle écoulé que « l’équivalence dans la
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tes alors que les études linguistiques raisonnent sur des systèmes de
signes. Simple différence de perspective, sans incidence sur le fond
des choses, pensent la plupart des linguistes n’ayant pas travaillé
sur les problèmes théoriques et pratiques de la traduction,
puisque – postulent-ils implicitement – les textes sont composés
de signes, et que ce qui s’applique aux segments linguistiques
considérés dans le système de la langue doit s’appliquer ipso facto
aux ensembles qui intègrent ces segments dans la parole. Aussi
ont-ils une propension naturelle à restreindre l’étude de la tra-
duction à une approche comparative ou contrastive des langues en
présence. Les traducteurs, pour leur part, même s’ils ne répudient
pas ce mode d’approche, font valoir qu’il tient fort peu de place
dans leur pratique, dont la réussite est assujettie à de tout autres
considérations, tenant à la nature des textes, au mode d’insertion
des mots dans la dynamique de ces textes, et où les questions
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2. Peut-être l’ouvrage a-t-il été desservi par son titre, qui a pu laisser croire qu’il
s’agissait d’un traité sur une période de l’histoire de la traduction et non d’une réflexion
générale sur celle-ci.
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3. Il est sans doute inutile de préciser ici que l’auteur de ces lignes s’est modestement
employé à essayer de construire ce pont indispensable (Maurice Pergnier, Les fondements
sociolinguistiques de la traduction, 1993, Presses Universitaires de Lille [1978], 282 p.).
Traduction et linguistique : sur quelques malentendus 21
4. Voir par ex. Danica Seleskovitch, 1975, Langage, langues et mémoires, Paris, Minard,
272 p.
5. J. C. Catford, 1965, A Linguistic Theory of Translation, Londres, Oxford University
Press.
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