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: Du grec. Di : deux-, glosa : parler, communiquer, langue.
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: Du latin, Bi : deux, langues
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: Une définition qu’il a proposée à partir de la situation sociolinguistique de la Grèce, marquée par une concurrence
sociolinguistique entre deux variétés du grec : Le katharevoussa, variété savante imposée par les puristes comme seule
langue écrite et le démotiki, variété usuelle utilisée par la majorité des Grecs.
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(high) donc valorisée, investie de prestige par la communauté : elle est essentiellement utilisée à
l’écrit (dans la littérature en particulier) ou dans des situations d’oralité formelle, et elle est
enseignée. L’autre, considérée comme « basse » (low), est celle de communications ordinaires, de la
vie quotidienne, et réservée à l’oral.
Bibliographie :
- Calvet, L.J. (1993) : La Sociolinguistique, Que sais-je ?, Paris, PUF.
- Ferguson Ch. A. (1959). «Diglossia », Word, XV
- Fishman J.A. (1971. Sociolinguistique, Paris, Nathan et Bruxelles, Labor.
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Département des langues étrangères
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Analyse de la pluralité linguistique
3. l’alternance codique ou le code switching
L’alternance codique (code- switching) :
Les langues sont appelées à se transformer et de subir de perpétuel changements. Dans la communauté
multilingue, l’accent est mis sur la perspective intercommunautaire et interlinguistique. En ce sens, on dit
que les locuteurs « switch » où ils emploient deux langues à la fois dans le même énoncé. L’alternance
codique implique l’usage alternatif de deux ou de plusieurs langues dans le même énoncé ou la même
conversation.
La notion d’alternance codique (code-switching), ou alternance de langues, est issue des études sur le
bilinguisme et le contact de langues. Elle peut se définir, selon J.J. Gumperz comme « la juxtaposition, à
l'intérieur d'un même échange verbal, de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-
systèmes grammaticaux différents ». Ce phénomène est très courant dans les mondes créoles, dans des
communautés marquées par des situations de plurilinguisme.
1. Alternance intraphrastique dans laquelle deux langues sont employées dans la même phrase.. Ex.
demain (fesba7)
2. Alternance interphrastique : est une alternance de langues au niveau d’unités plus longues, de
phrases ou de fragments de discours, dans les productions d’un même locuteur ou dans les prises de
parole entre interlocuteurs.
Ex. Ce n’est pas sûr, [balek manʒiʃ]
Ex. L1 : tu viens demain ?
L2 : [balek]
3. Alternance extraphrastique lorsque les segments alternés sont des expressions idiomatiques,
des proverbes (on parle aussi, pour ces cas, d’étiquettes).
L’alternance codique, c’est-à-dire les passages dynamiques d’une langue à l’autre, est l’une des
manifestations les plus significatives du parler bilingue.
Bien sûr, l’alternance codique ne doit pas être confondue avec le mélange de codes (code mixig) (stratégie
de communication dans laquelle le locuteur mêle les éléments et les règles des deux langues), mais elle ne
doit pas non plus être uniquement analysée comme la manifestation d’un manque de maitrise dans l’une des
deux langues concernées. Maitrisée, elle est au contraire la marque d’une compétence bilingue, celle-ci
entendue comme une compétence originale, spécifique et complexe et non comme l’addition de deux
compétences linguistiques séparées.
Bibliographie :
- Boyer H. (2001). Introduction à la sociolinguistique, Paris, Dunod
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La communauté linguistique (CL)
Avant de définir qu’est-ce qu’une communauté linguistique, il est nécessaire de formuler quelques
questions de départ. Ce faire est nécessaire dans la mesure où les critères et les caractères qui servent de
moyen pour la définir, diffèrent d’une situation à une autre, (voir d’une école à l’autre).
-Est- ce que la CL est constituée de gens ayant la même langue maternelle ?
-Est-ce que la CL pourrait être un ensemble de gens qui se comprennent grâce à la même langue ?
-Est-ce que la CL peut être constitue de gens qui pensent ou qui veulent appartenir à la communauté ?
1. Définitions :
Le mot communauté est dérivé du mot communal, état ou caractère de ce qui est commun. Même s’il
existe plusieurs types de communautés, on parle généralement de communautés humaines, que ce
soit dans un sens historique ou sociologique.
Dans son usage actuel le plus courant, le mot communauté évoque des collectivités historiques ou
culturelles.
Le mot communauté est plus polysémique, qu’il prend son sens selon l’adjectif qui le qualifie. On
parle donc d’une communauté religieuse, une communauté historique, une communauté linguistique,
une communauté écologique, etc.
2. Terminologie
Au sens étymologique originel : cum munus. La communauté est donc un groupe de personnes (« cum ») qui
partagent quelque chose (« munus ») — un bien, une ressource, ou bien au contraire une obligation, une
dette.
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concevoir la communauté linguistique comme un ensemble de locuteurs employant les mêmes formes. On la
décrit mieux comme étant un groupe qui partage les mêmes normes quant à la langue. »
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Bibliographie/ Sitographie
Bloomfield L., 1966, Le langage, Payot, Paris.
Boukouss A., Dynamique d’une situation linguistique : Le marché linguistique au Maroc. livre électronique
22/12/05, 14:22:51
Calvet Louis-Jean, (1993), La sociolinguistique. PUF, Paris.
Dictionnaire de linguistique. Larousse 1989
Labov William, (1976), Sociolinguistique, Editions de Minuit.
Martinet A. 1960. Elements de linguistique générale., Armand Colin, Paris.
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Cours
Variations et normes d’une langue
2. La norme
La conscience de ce qu’est la langue française est étroitement liée à l’idée de norme. Au 17e
s., Claude de Vaugelas (1585-1650) propose d’aligner cette norme sur le français parlé à la Cour et
dans les œuvres de quelques grands écrivains choisis. La norme définit donc une forme de langue,
historiquement exprimée dans le « bon usage » (basé sur des critères subjectifs, esthétiques et
sociaux).
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Marie-Louise Moreau (1997) rend compte d’un modèle à cinq types fondé sur une double
conceptualisation de la langue – courante en sociolinguistique – qui est à la fois une pratique
(perçue par le locuteur ou autrui comme plus au moins prescrite, contrôlée, conforme) du discours
et à la fois un discours sur la pratique (une capacité à produire dans des circonstances spécifiques
des attitudes langagières, des jugements évaluatifs).
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Les facteurs externes de la variation d’une langue
Variation
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1- L’origine géographique
L’origine géographique (le plus souvent en relation avec l’appartenance soit au milieu urbain soit
au milieu rural) est un élément de différenciation sociolinguistique, souvent très repérable, et
aussi souvent matière à cliché. Certaines prononciations (ex. septante-huit, auto, manger, poulet),
certains mots (savoir/pouvoir “ Je ne sais plus marcher”, “ on ne sait pas savoir si le chômage va
diminuer ”, souper, bonsoir, tantôt, kermesse, loque, farde), certaines constructions grammaticales
(“ Le Beaujolais, j’y aime ” pour “ Le Beaujolais, j’aime ça! ” au lieu de “ Le Beaujolais, je l’aime ” ;
“ On était rendu en moins d’une heure ”), certaines expressions (koter, avoir dur, faire des affaires
(pour chichis ou histoires), une fois, etc.), certains accents, etc. permettent d’associer tel locuteur à
telle ou telle zone géographique.
2- L’âge
L’appartenance à une certaine génération d’usagers de la langue est également un facteur de
diversification. Il y a en quelque sorte coexistence de plusieurs synchronies. Par ex. le “ français
des jeunes ” ou le “ parler jeune ” (accentué dans le “ parler jeune des cités ”).
Exemple 1: la troncation. Les jeunes utilisent de nombreuses apocopes (“ deg ” pour dégueulasse),
et plus fréquemment encore des aphérèses (“ leur ” pour contrôleur, “ zic ” pour musique).
Exemple 2 : la verlanisation (parler verlan, à l’envers) fréquente chez les jeunes (“ meuf ” pour
femme, “ keum ” pour mec, “ reum ” pour mère, etc.
Exemple 3 : prédilection pour certaines suffixations, comme “ -os ” (les musicos, ou même les “
zicos ”).
3- Le sexe
Plusieurs auteurs ont noté l’asymétrie homme/femme face à la langue.
Labov, par ex. a observé que “ les femmes, plus sensibles que les hommes aux modèles de
prestige, utilisent moins de formes linguistiques stigmatisées, considérées comme fautives, en
discours surveillé ” En réalité, Labov constate une sorte de paradoxe : “ les femmes emploient les
formes les plus neuves dans leur discours familier, mais se corrigent pour passer à l’autre extrême
dès qu’elles passent au discours surveillé ”. Ultérieurement, Labov revient toutefois sur cette
première interprétation du conformisme linguistique des femmes : “ il est possible d’interpréter le
conformisme linguistique des femmes comme étant le reflet de leur plus grande responsabilité
dans l’ascension sociale de leurs enfants ” (Labov, 1998, p.32).
4- L’origine sociale
On parle de variation sociolectale lorsque c’est l’origine sociale (L’appartenance à tel ou tel milieu
socioculturel) qui est en cause. On parlera par exemple du “ parler populaire ” ou du parler
pédant “ petit-bourgeois ”
Exemple1: le décumul du relatif. “ C’est la personne que je t’ai parlé d’elle ” au lieu de “ C’est la
personne dont je t’ai parlé ”. Le français populaire ne souscrit pas au système complexe du relatif
en français normé qui comporte toute une série de morphèmes (dont, où, lequel, auquel, duquel,
etc.) qui ont pour caractéristique le cumul de deux fonctionnements grammaticaux : outil de
subordination (introduisant une proposition relative) et pronom (donc substitut), comme dans “
Voilà la personne dont je t’ai parlé ”. A cette construction, le français populaire (considéré comme
fautif) préfère une construction à deux éléments correspondant aux deux fonctionnements
grammaticaux distincts : “ C’est la personne que je t’ai parlé d’elle ”. Si bien que le morphème “
que ” devient omniprésent en français populaire, dans les phrases avec relative. “ C’est une ville
qu’il fait bon y vivre ”, “ Vous verrez un panneau qui fait marqué dessus de tourner à gauche ”
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Exemple 2 : hypercorrection fautive “ Voilà la façon dont nous pensons que la culture doive
évoluer ”, par utilisation excessive d’une forme de prestige (le subjonctif).
En somme, la langue est un système qui manifeste un ensemble de variations dans ses usages, et
dont l’approche sociolinguistique permet de décrire la structuration, en relation avec les
représentations partagées (normes, valeurs, attitudes) par la communauté linguistique.
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Introduction
Dès son enfance, l’individu essaye de donner un sens au monde qui l’entoure dans le but de comprendre et
d’expliquer son environnement, le monde dans lequel il vit, est d’une telle complexité qu’on comprend
aisément qu’il nous faille en permanence sélectionner, simplifier et réduire à des dimensions claires les
informations multiples qui nous parviennent et que nous devons traiter rapidement.
Le terme de représentations collectives n’est plus utilisé aujourd’hui. On lui préférera celui de
« représentations sociales » qui indique qu’elles se constituent dans un milieu social et orientent les
conduites sociales, autrement dit, puisque l’individu est liée à son groupe de référence, il y a de l’influence
et de l’interaction et par conséquent, les représentations sont acquises au sein de l’environnement social.
C’est pourquoi, l’on dit que les représentations sont avant tout sociales.
C’est à Moscovici (1961), que l’on doit reprise et renouveau des acquis durkheimiens. Selon lui, «
les représentations sont des formes de savoir naïf, destinées à organiser, les conduites et orienter les
communications »2. Ces savoirs naturels constituants les spécificités des groupes sociaux qu’ils les ont
produits. N’étant pas figées, les représentations se constituent dans un contexte social et culturel qui est en
évolution de manière permanente. Moscovici a voulu appréhender au travers les représentations « Une vie
sociale en train de se faire plutôt que déjà là »3. Il confère ainsi à l’étude, un caractère non plus statique,
mais dynamique.
Définition
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Elles se constituent à partir de nos expériences et nos informations, nos savoirs, les modèles de pensée reçus
et transmis, elles sont à rapprocher de ce que l'on appelle communément les préjugés et les stéréotypes.
Certaines langues sont jugées positivement alors que d'autres le sont négativement. Ces jugements peuvent
toucher la nature esthétique de la langue, ils peuvent concerner le système lui même comme ils peuvent se
porter sur la valeur de la langue sur le marché linguistique.
- Elles offrent aux personnes un code commun
Elles participent à la construction d'une réalité commune à un ensemble social ou culturel, elles dotent les
acteurs sociaux d'un savoir commun et partagé qui facilite la communication. Cette communication va
permettre de comprendre et d'expliquer la réalité.