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Sociolinguistique:

présentation générale
• Linguiste : intéressé par le fonctionnement de la langue en mettant en
lumière d’éventuelles caractéristiques universelles.

• Grammairien prescriptiviste : énonce les règles du bon usage

• Sociolinguiste : s’intéresse à la réalité de la langue, aux variétés qui


coexistent et qui sont indissociables de facteurs géographiques,
démographiques, politiques et sociaux
Dimension sociale de la langue chez Saussure
et Meillet
• Saussure indique à l’occasion que la langue est une institution sociale
ou encore qu’elle est la partie sociale du langage.

• Meillet : la langue est essentiellement abordée comme fait social.


• "Le langage a pour première condition l'existence des sociétés humaines dont il est de son côté
l'instrument indispensable et constamment employé ; sauf accident historique, les limites des
diverses langues tendent à coïncider avec celles des groupes sociaux qu'on nomme des nations ;
l'absence d'unité de langue est le signe d'un État récent, comme en Belgique, ou artificiellement
constitué, comme en Autriche ; le langage est donc éminemment un fait social. En effet, il entre
exactement dans la définition qu'a proposée Durkheim ; une langue existe indépendamment de
chacun des individus qui la parlent, et, bien qu'elle n'ait aucune réalité en dehors de la somme de ces
individus, elle est cependant, de par sa généralité, extérieure à chacun d'eux ; ce qui le montre, c'est
qu'il ne dépend d'aucun d'entre eux de la changer et que toute déviation individuelle de l'usage
provoque une réaction ; cette réaction n'a le plus souvent d'autre sanction que le ridicule auquel elle
expose l'homme qui ne parle pas comme tout le monde ; mais, dans les États civilisés modernes, elle
va jusqu'à exclure des emplois publics, par des examens, ceux qui ne savent pas se conformer au bon
usage admis par un groupe social donné. Les caractères d'extériorité à l'individu et de coercition par
lesquels Durkheim définit le fait social apparaissent donc dans le langage avec la dernière évidence."
• Antoine Meillet, "Comment les mots changent de sens", I, Année sociologique, 9e année, 1904-1905,
Édition de 1921.
En bref, la pensée de Meillet se résume
comme suit :
• Les langues correspondent en général à des nations (c’est-à-dire des
groupes sociaux constitués).

• Meillet reprend à Durkheim la notion que la langue est un fait social. La


langue existe au-delà des individus.

• Comme le dit Meillet dans la dernière phrase : « Les caractères


d'extériorité à l'individu et de coercition par lesquels Durkheim définit le
fait social apparaissent donc dans le langage avec la dernière évidence."
Meillet : la langue dans sa dimension
historique
• Il écrit : « en séparant le changement linguistique des conditions
extérieures dont il dépend, Ferdinand de Saussure le prive de réalité ;
il le réduit à une abstraction qui est nécessairement inexplicable ».

• Pour Meillet, on ne peut exclure le fait social et donc on doit prendre
en considération la diachronie (la dimension historique de la langue)
et non raisonner uniquement en synchronie (l’état de langue présent)
comme le préconise Saussure.
Basil Bernstein

• Code restreint

• Code élaboré
William Bright

Colloque de sociolinguistique (11-13 mai 1962) à Los Angeles (UCLA)

Diversité linguistique : 3 paramètres


• l’identité sociale du locuteur,
• l’identité sociale du destinataire
• le contexte
4 autres dimensions du domaine de la sociolinguistique

• l’opposition synchronie/diachronie ;
• les usages linguistiques et les croyances concernant ces usages ;
• l’étendue de la diversité, avec une triple classification : différences
multidialectale,multilinguale ou multisociétale
• les applications de la sociolinguistique (la sociolinguistique comme diagnostic
des structures sociales, comme étude du facteur sociohistorique et comme
aide à la planification).
William Labov
En 1963, il fait une étude de la prononciation du /r/ rétroflexe dans
trois grands magasins de New York. Ces magasins sont choisis en
fonction de la population qui les fréquente.

• - classes supérieures : Saks Fifth Avenue


• - classes moyennes : Macy's
• - classes inférieures : Klein
Prononciation du /r/ rétroflexe
Labov
Sociolinguistic patterns (1972)

La linguistique variationniste suppose qu'une mise en rapport


quantifiée des phénomènes linguistiques et sociaux dans la
structuration sociolinguistique est productive.
En 1972, Pier Paolo Giglioli publie le recueil d’articles Language and
Social Context.
La même année, Janet Holmes et J.B. Pride publient Sociolinguistics,
autre recueil d’articles également paru chez Penguin.
Deux exemples de revues :
• Language in Society (à partir de 1972)

• International Journal of The Sociology of Language (à partir de 1974)


III Exemples d’attitudes du locuteur

1- Préjugés
Ce qui va retenir l’attention du sociolinguiste, c’est :
• la représentation que l’individu ou le groupe social a de sa langue
(soit représentation valorisante soit effort pour se rapprocher du
modèle prestigieux)
• le regard que porte l’individu ou le groupe social sur la manière de
parler de l’autre (jugement porté sur l’autre fondé sur la variété de la
langue qu’il emploie)
• 2. Insécurité / sécurité

• prononciation de mots tels que tune, student, music, etc. Deux


prononciations coexistent : /ju:/ et /u:/ , la première variante
jouissant d’un plus grand prestige.
Tableau 1

Disent Disent
prononcer /tju :n/ prononcer /tu :n/
Prononcent /tju :n/ 60% 40%
Prononcent /tu :n/ 16% 84%
Tableau 2

Total Hommes Femmes

Surévaluent 13% 0% 29%

Sous-évaluent 7% 6% 7%
Evaluent
correctement 80% 94% 64%
« Et l’on comprend ainsi que, comme les sociolinguistes l’ont souvent
observé, les femmes soient plus promptes à adopter la langue légitime
(ou la prononciation légitime) : du fait qu’elles sont vouées à la docilité
à l’égard des usages dominants et par la division du travail entre les
sexes, qui les spécialise dans le domaine de la consommation, et par la
logique du mariage, qui est pour elle la voie principale, sinon exclusive,
de l’ascension sociale, et où elles circulent de bas en haut, elles sont
prédisposées à accepter, et d’abord à l’École, les nouvelles exigences du
marché des biens symboliques. »
Bourdieu Pierre, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard, 1982.
On parle de sécurité linguistique lorsque, pour des raisons sociales
variées, les locuteurs ne se sentent pas mis en question dans leur façon
de parler, lorsqu’ils considèrent leur norme comme la norme. À
l’inverse, il y a insécurité linguistique lorsque les locuteurs considèrent
leur façon de parler comme peu valorisante et ont en tête un autre
modèle, plus prestigieux, mais qu’ils ne pratiquent pas
(Calvet, 76).
• 3- Hypercorrection

L’hypercorrection petitebourgeoise qui trouve ses modèles et ses instruments de


correction auprès des arbitres les plus consacrés de l’usage légitime, académiciens,
grammairiens, professeurs, se définit dans la relation subjective et objective à la
“vulgarité” populaire et à la “distinction” bourgeoise », et il ajoute un peu plus loin
qu’en retour « l’évitement conscient ou inconscient des marques les plus visibles de la
tension et de la contention linguistiques des petits-bourgeois (par exemple, en français,
le passé simple qui “fait vieil instituteur”) peut porter les bourgeois ou les intellectuels
vers l’hypocorrection contrôlée qui associe le relâchement assuré et l’ignorance
souveraine des règles pointilleuses à l’exhibition d’aisance sur les terrains les plus
périlleux.
Bourdieu Pierre, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard, 1982
IV Variables linguistiques et variables sociales

la serpillère s’appellera :
la panosse (en Savoie et en Suisse)
la wassingue (dans le Nord)
le torchon (dans l’Est)
la since (dans le Sud-Ouest).
Martha’s Vineyard

prononciation de deux diphtongues : /ai/ et /aʊ/

L’étude de Labov révèle que la population de l’île se caractérise par une


réalisation phonétique particulière de la première voyelle de la
diphtongue (le /a/) qui se rapproche de /e/ (la voyelle est centralisée).
• Labov va ainsi distinguer trois attitudes :

• attitude positive : ceux qui souhaitent rester sur l’île

• attitude neutre : ceux qui n’ont pas d’avis

• attitude négative : ceux qui veulent quitter l’île

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