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a. La sociolinguistique et le structuralisme
Pour les structuralistes, la langue est un système clos,
homogène dont les différents éléments entretiennent des
relations. La langue en tant que fait social existe dans la
collectivité, dans la masse : C’est un système commun pour
tous les individus mais qui n’est pas complet chez aucun
d’entre eux, la langue d’un individu est celle qu’il enregistre et
non celle qu’il parle.
La parole est un acte individuel, le fait de parler ne présente
pas un fait homogène, c’est pourquoi la parole est écartée de
l’étude, elle ne sera jamais traitée au même niveau que la
langue.
Les structuralistes, par ce fait, écartent de leur analyse les
différentes variations de la langue qui risque de perturber le
système. Toutes les variantes d’une langue qui ne relèvent
d’aucune règle d’un groupe. Ils s’intéressent plutôt à l’usage le
plus fréquemment utilisé et généralisé, c’est-à-dire à tout ce qui
est commun et stable.
b. La sociolinguistique et la grammaire générative et
transformationnelle
La distance entre ces deux disciplines est assez grande dans la
mesure où elles n’ont pas le même objet d’étude ni les mêmes
approches : Chomsky fait correspondre le rapport langue /
parole à compétence / performance, dont la langue est la
compétence individuelle intériorisée par le sujet parlé qui
est un locuteur / auditeur idéal appartenant à une
communauté linguistique parfaitement homogène.
La performance est la production et la réalisation de la
compétence. Cette performance ou les données observables de
la parole sont considérées comme dégradées et ne peuvent pas
donc constituer un objet d’étude valable. On les considère
comme les erreurs de production. Cet objet d’étude qui est la
compétence oppose la grammaire générative à la
sociolinguistique.
Cette dernière (la sociolinguistique) est née pour étudier la ou les
performances des locuteurs. Les sociolinguistes estiment que la
langue n’est pas seulement porteuse d’un contenu mais elle est
le contenu :
La sociolinguistique s’efforce de déterminer qui parle ? quelle
variété ? de quelle langue ? quand ? à propos de quoi ? avec quel
interlocuteur ? Elle s’efforce également de découvrir les lois ou les
normes sociales qui déterminent le comportement linguistique
dans les communautés pour le définir vis-à-vis de la langue elle –
même.
c. La sociologie du langage
La sociologie du langage pose comme postulat d’étude des
fonctions sociales des différentes variétés d’une langue. Toute
communauté linguistique dispose d’un certain nombre de
variétés de code: variété régionale, variété sociales…
Ces variétés de code utilisées par des groupes fermés dans
certaines communautés sont reconnues comme langue distincte :
Fishman appelle cette sociologie du langage sociolinguistique
interactionnelle et il va préciser son champ d’étude en
mentionnant qu’elle s’intéresse à étudier les rapports
interpersonnels et les changements de comportement de l’actant
selon une différence sociale. Par cette définition, elle vise à
découvrir des faits socio – culturels ou autres à travers des
données linguistiques.
En conclusion, la sociologie du langage est l’étude
des faits de langue comme indice de clivages
sociaux. Elle privilégie la composante non -
linguistique.
d. La linguistique sociale
• La linguistique sociale s’occupe de l’étude du comportement
linguistique des groupes sociaux.
• Pour Marcellesi, cette linguistique sociale doit rendre compte des
comportements qui peuvent être le fait d’individus socio-
généraux, c’est-à-dire des groupes sociaux constitués de
locuteurs collectifs (unité collective réelle non partiale
directement observable et fondée sur des aptitudes collectives
continues et actives ayant une œuvre commune.
Ce qui ramène Marcellesi a formulé l’hypothèse suivante :
la division sociale est la situation conflictuelle entre les
classes qui apparaît et se fait par le langage car ce dernier
représente une échelle de valeurs dans la pratique
linguistique d’une communauté qui est parallèle à l’échelle
des classes sociales.
Pour Fishman, tous les rôles que joue un individu dans une
société se manifestent au niveau du langage. Ils ne posent pas de
problème au terme des classes sociales mais plutôt au terme
d’activités. Fishman considère que plus un actant à une activité
sociale importante et complexe, plus son répertoire est riche et
plus il connait les variétés. La maîtrise de l’ensemble du
répertoire est liée en nombre de fonctions remplies par
l’individu dans la société. Le choix de telle ou telle variété est
déterminé par la situation de parole.
Ce choix obéit à trois éléments : la nature de la
relation entre les interlocuteurs / Le lieu de parole /
le moment de parole.
a. LA PREMIERE TACHE DE LA SL :
Etudier le contact entre les différentes langues et les différentes
variétés qui combinent dans un même champ linguistique ou
appartiennent à un même répertoire verbal :
La SL décrit les langues de trois points de vue, à savoir :
• Point de vue LINGUISTIQUE
• Point de vue FONCTIONNEL
• Point de vue SYMBOLIQUE
II. Les tâches de la sociolinguistique
b. La deuxième tâche de la SL:
Déterminer ces VALEURS SYMBOLIQUES des langues et de leurs
variétés du point de vue de leurs usages ; c’est ce qui représente
cette variété pour la conscience linguistique individuelle ou
collective, c’est la façon dont une variété est perçue par les
locuteurs et les comportements qu’en gendre cette perception.
Du fait de sa FONCTION SOCIALE, chaque variété acquiert une
VALEUR SYMBOLIQUE. Tout changement qui affecte la fonction
(ou l’usage social) d’une variété affecte du même coup sa valeur
symbolique.
II. Les tâches de la sociolinguistique
Les trois points de vue (linguistique, social et symbolique)
doivent être considérés dans leur relation dialectique. Une
situation linguistique est nécessairement changeante sous la
pression des phénomènes extra-linguistiques, à savoir
politique, idéologique, socio – économique…
II. Les tâches de la sociolinguistique
Dans toutes les CL, les langues et les variétés de langue tendent à
s’autonomiser par la volonté même de leurs locuteurs. La force
d’un système linguistique (langue ou variété) réside avant tout
dans sa spécificité en tant que système unique et indépendant.
Dans les CL, où les langues sont déjà nettement distinctes, le
problème de l’autonomie ne se pose pas. L’autonomie peut
être le fait de la distance géographique et / ou linguistique. Si,
au contraire, à l’intérieur d’une même CL cohabitent deux ou
plusieurs langues fortement apparentées (degré de
différenciation faible en synchronie), chaque langue, pour
éviter d’être assimilée, absorbée et dominée, tend à prouver
sa spécificité et son autonomie.
Normalisation et autonomie sont liées à travers le même
processus politique : entre les différentes variétés d’une même
langue (nécessairement apparentées), entre différentes langues
apparentées, s’engage un combat pour l’autonomie pour la
raison fondamentale que toutes aspirent à la normalisation. En
effet, aucune variété, aucune langue ne peut prétendre à la
normalisation si elle n’est pas d’abord perçue comme un
système autonome. Ce n’est pas un hasard si l’autonomie n’est
reconnue en définitive qu’aux variétés ou qu’aux langues déjà
normalisées ou en situation de normalisation.
C. Historicité
• Une langue ou une variété, récemment normalisée ou
nouvellement promue, se cherche une légitimité historique (c’est
ce que Fishman appelle « historicité »).
• Les classes au pouvoir, qui imposent leur langue (ou une langue
de leur choix) et lui subordonnent d’autres langues plus anciennes
et historiquement fondées, se préoccupent de justifier le choix du
système linguistique, d’expliquer la nouvelle répartition des
positions et des statuts des langues en présence.
Pour s’affirmer et être acceptée, une langue a besoin, en
plus de sa normalisation et son autonomie, d’être
justifiée historiquement, puisque de toutes les langues
en concurrence au sein d’une CL, celle qui est en
principe objectivement prédisposée et candidate à la
normalisation, c’est bien la langue de la tradition
nationale historique et non la langue qui coïncide avec
l’avènement au pouvoir d’une classe ou d’une alliance
de classes.
• Pour légitimer les promotions d’une langue et atténuer son
caractère de langue nouvelle, le pouvoir crée des mythes, invente
de fausses généalogies et peut également faire valoir des
arguments tels que la position internationale d’une langue, sa
fonction de langue scientifique, la puissance de sa culture,
l’étendue de son champ d’action. Une langue peut acquérir son
historicité par le simple fait de son association et son
identification à une idéologie importante.
D. Vitalité
+ + + -
AC
- + + +
AD
- -
+ + + +
Amazighe
+ + + -
Français
+ + + -
Anglais
+ + + -
Espagnol
2-3 Variation : les types
• « La variation diachronique est liée au temps ; elle permet de contraster
les traits selon qu'ils sont perçus comme plus ou moins anciens ou récents.«
• « La variation diatopique joue sur l'axe géographique ; la différenciation
d'une langue suivant les régions relève de cette variation. Pour désigner les
usages qui en résultent, on parle de régiolectes, de topolectes ou
de géolectes »
• « La variation diastratique explique les différences entre les usages
pratiquées par les diverses classes sociales. Il est question en ce cas
de sociolectes »
• « On parle de variation diaphasique lorsqu'on observe une différenciation
des usages selon les situations de discours ; ainsi la production langagière
est-elle influencée par le caractère plus ou moins formel du contexte
d'énonciation et se coule-t-elle en des registres ou des styles différents »
M. L. Moreau, article "Variation", in Sociolinguistique. Concepts de base, Mardaga, 1997, p. 284.
3. Concept de « Communauté linguistique »
• L’ « âge »
• Le « sexe »
• La « parenté »
• Le « pourvoir symbolique »
Si, en général, une langue commune permet de définir une CL,
cette langue commune ne dépend pas de l’importance numérique
des locuteurs (communauté réduite vs variété numérique ;
communauté large vs plusieurs variétés), mais de la nature et de
la qualité des relations sociales (« je » social → « je »
linguistique). C’est dans ce sens que Fishman écrit : « Le
répertoire verbal d’une CL est le reflet de son répertoire de
rôles » (p. 47), rôles issus de la pratique sociale dominée par des
faits politiques, économiques, culturels et idéologiques.
EXEMPLES :
Parents (bénédiction ou malédiction) → Enfants
= répercussions de ces pouvoirs sur la langue
Epoux → Epouse
= ce que disent un homme et une femme dans leur intimité
Frères → Sœurs
= un garçon peut contrôler les fréquentations, les allers et
venues de sa (ses) sœur(s))
Naissance noble → Naissance obscure
= cloisonnement social qui entraîne un cloisonnement
linguistique
Fishman a emprunté à Jean Gumsperz la notion de
« domaine social » (l’ensemble des relations sociales
codifiés qui exigent l’emploi d’une langue donnée).
Par exemple, si on prend une CL1 qui met en usage deux
langues (A) et (B) dans les domaines suivants le foyer,
l’école, le travail, l’administration, la religion…, on aura
la répartition suivante :
Foyer A1 Ecole A Administration B1
Travail A2 Religion B2
Fishman résume la CL dans un ensemble de liens linguistiques communs
fondés sur des relations sociales. Cet ensemble se réalise, selon le même
auteur, soit par :
a- Des CONTACTS LINGUISTIQUES EFFECTIFS, c’est-à-dire par
l’interaction verbale, dans des conditions sociales et communautaire
à étudier toujours de la façon la plus précise et la plus exacte. Une
langue ou une variété d’une langue finit par dominer toute la
pratique linguistique et s’impose ainsi à l’ensemble des membres de
la CL qui se trouvent obligés de la maîtriser pour assurer leur
intégration matérielle.
b- De l’INTEGRATION SYMBOLIQUE, c’est-à-dire une langue ou
une variété peut être acquise de façon indirecte : sans le relais
de l’interaction verbale, sans la pression d’un désir
d’intégration symbolique à un groupe de référence (la nation, la
région). Dan ce cas, la langue nationale ou officielle, ou encore
la variété régionale représente la langue commune, celle qui
permet l’intégration symbolique.
Chaque membre de CL est mû par le désir de s’intégrer
linguistiquement; pour cela, il essaie de s’approcher
linguistiquement du groupe de référence – celui qui parle la
langue normalisée – et de se démarquer de son groupe
linguistique d’origine. La langue normalisée ou officielle est
donc vécue à la fois comme un outil et un symbole. C’est elle qui
permet la communication sur une vaste échelle entre des
membres de la CL que rien au départ ne prédispose à des contacts
linguistiques.
C’est également la langue des instances gouvernementales,
de la culture et de la promotion sociale. C’est un outil
indispensable à tout locuteur qui veut se faire une position
sociale. Mais la langue normalisée ne permet pas seulement
une intégration matérielle mais aussi symbolique dans la
mesure où elle permet de mettre la lumière sur l’histoire, la
culture et la puissance de toute une nation.
4- Multilinguisme /plurilinguisme
« On distingue le plurilinguisme du multilinguisme qui est la connaissance d’un
certain nombre de langues ou la coexistence de langues différentes dans une société
donnée. On peut arriver au multilinguisme simplement en diversifiant l’offre de
langues dans une école ou un système éducatif donné, ou en encourageant les élèves
à étudier plus d’une langue étrangère, ou en réduisant la place dominante de
l’anglais dans la communication internationale » Conseil de l’Europe, Un Cadre Européen
Commun de Référence pour les Langues : Apprendre, Enseigner, Evaluer (Paris: Editions Didier, 2001) p.11
4- Multilinguisme /plurilinguisme
BILINGUISME + + - -
DIGLOSSIE + - + -
Dans la littérature sociolinguistique américaine, bilinguisme
est opposé à la diglossie : le bilinguisme désigne l’usage
indistinct de l’une ou l’autre langue et le passage à l’une ou
le passage à l’une ou l’autre quels que soient les
circonstances et les thèmes abordés; le deuxième terme – la
diglossie – désigne la répartition des usages dans chacune
des langues selon des circonstances et des thèmes
particuliers.
5-1 Bilinguisme
• «la situation bilingue caractérise les communautés linguistiques et les
individus installés dans des régions, des pays ou deux langues
(bilinguisme) et plus (multilinguisme/plurilinguisme) sont utilisées
concurremment»..Robert GALISSON et Daniel COSTE, Dictionnaire de didactique des langues
(Paris: Editions Hachette, 1976) p. 69
• « le terme de bilinguisme recouvre des définitions multiples, et décrit à
la fois l’individu en tant que locuteur d’au moins deux langues et les
institutions et sociétés qui encadrent cet individu dans un espace
géopolitique plus large». Daniel COSTE, Danièle MOORE et Genevière ZARATE,
Compétence plurilingue et pluriculturelle in Jacques PÉCHEUR et al. , Le Français dans le monde: Numéro
spécial, Apprentissage et usage des langues dans le cadre européen (Baume-les-Dames: Editions Hachette,
Juillet 1998) p. 20
Les nombreuses typologies qui ont été proposées jusqu’à présent
pour classer les différents cas de plurilinguisme ne reposent pas
toujours sur des critères strictement scientifiques. Les chercheurs
modifient souvent le terme « bilinguisme » par une épithète qui
renvoie en réalité au point de vue adopté par les chercheurs. On
rencontre ainsi des dénominations telles que « bilinguisme
régional », « bilinguisme culturel », « bilinguisme horizontal »
(vs « bilinguisme vertical »), « bilinguisme symétrique » (vs
« bilinguisme asymétrique »).
La définition du bilinguisme repose sur des critères
hétérogènes :
L’analyse psychologique du bi / pluri ou multilinguisme
considère comme un comportement (ou attitude) qui conduit
à dégager deux séries ou grands groupes de factures :
5.1.1- Le 1er groupe concerne la formation (la genèse) de l’état
individuel du bi / pluri ou multilinguisme.
Cette importance est de deux ordres : elle est à la fois quantitative et qualitative:
Elle est QUALITATIVE quand il s’agit de valoriser effectivement les langues engagées
dans le bilinguisme / Elle est QUANTITATIVE, quand on peut situer la connaissance
qu’a un bilingue des différentes langues qu’il pratique.
Si un bilingue a la même compétence dans les deux langues qu’il pratique, on parle de
BILINGUISME SYMETRIQUE, auquel s’oppose le BILINGUISME
ASYMETRIQUE, qui souligne l’inégalité des compétences. Plusieurs cas se
présentent :
❖BILINGUISME RECEPTIF / TEUR (ou PASSIF) : la langue la moins
connue est comprise sans être parlée ou écrite;
❖BILINGUISME NON RECEPTEUR : la langue est parlée, mais très
imparfaitement comprise ;
❖BILINGUISME ECRIT : la langue la moins connue est comprise à la
lecture. Le locuteur peut à la limite l’écrire, mais il n’arrive pas à la
percevoir ;
❖BILINGUISME TECHNIQUE : la compétence de la deuxième langue est
limitée aux besoins professionnels et techniques ;
❖BILINGUISME SOCIAL : masse des locuteurs (bilinguisme massif)
❖BILINGUISME INDIVIDUEL : nombre restreint.
5-2 La diglossie
a. La diglossie arabe