Vous êtes sur la page 1sur 27

L’IDENTITE LINGUISTIQUE MISE EN DISCOURS

EN CONTEXTE MULTILINGUE ALGERIEN.


QUELLES ACTIONS POUR QUEL
DEVELOPPEMENT DURABLE ?
Mohammed Zakaria Ali-Bencherif

To cite this version:


Mohammed Zakaria Ali-Bencherif. L’IDENTITE LINGUISTIQUE MISE EN DISCOURS EN CON-
TEXTE MULTILINGUE ALGERIEN. QUELLES ACTIONS POUR QUEL DEVELOPPEMENT
DURABLE ?. Repères- Dorif : autour du français : langues, cultures et plurilinguisme, 2020, 1 (22).
�hal-04417508�

HAL Id: hal-04417508


https://hal.science/hal-04417508
Submitted on 25 Jan 2024

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
N° 21, Langues, linguistique et développement en milieu
francophone. Des terrains africains
Coordonné par Giovanni Agresti & Françoise Le Lièvre

L’IDENTITE LINGUISTIQUE MISE EN DISCOURS EN CONTEXTE


MULTILINGUE ALGERIEN. QUELLES ACTIONS POUR QUEL
DEVELOPPEMENT DURABLE ?

Mohammed Zakaria ALI-BENCHERIF


Dylandimed – Université de Tlemcen / CRASC Oran – (Algérie)

Résumé : Prenant appui sur la complexité de la situation sociolinguistique algérienne et le


discours médiatique dédié au débat (polémique) engagé sur la question linguistique, nous
interrogeons ce qui ressort comme positions idéologiques à l’égard des langues en présence. Nous
présenterons tout d’abord les éléments du corpus d’étude et le paradigme qui préside à notre
réflexion, à savoir la linguistique du développement social, pour mieux dégager le fil de la
réflexion autour de la gestion de la diversité linguistique et le développement qu’elle sous-tend.
Nous focaliserons ensuite sur les discours tenus par les journalistes, les contributeurs
occasionnels et les internautes afin de dégager leurs orientations idéologiques et leurs postures
quant au débat sur les questions linguistique et identitaire. Les articles et commentaires
analysés montrent les positions des auteurs à l’égard de la promotion, de la (dé)valorisation et
du rejet de certaines langues présentes dans le paysage sociolinguistique algérien.

1
Introduction
De la haine de soi latente à la prise de conscience manifeste face à la
pluralité que recèle l’algérianité1 linguistique et anthropologique, les
spécialistes et les non-spécialistes mettent en discours et en mots la
question identitaire, souvent posée en termes de revendications voire de
tensions. Elle est aussi bien liée à l’imaginaire linguistique
(CASTORIADIS 1999 ; HOUDEBINE-GRAVAUD 2002) qu’à
l’idéologie que promeut la politique linguistique adoptée au lendemain de
l’indépendance. Suite aux décisions prises à l’égard du tamazight comme
langue nationale (2003) et officielle (2016), nous constatons une
conscience linguistique (ALI-BENCHERIF et MAHIEDDINE 2016) à
l’égard des langues locales, et ce malgré les paradoxes des idéologies
dominantes et les discriminations manifestes qui alimentent les discours
circulants. Par ailleurs, des sociolinguistes et des didacticiens se sont
engagés dans un débat portant sur le rôle des langues maternelles comme
vecteur de citoyenneté (ELIMAM 2004) et de développement. D’autres
se sont penchés sur le rôle que peut jouer l’anglais comme langue « hyper-
centrale ». Le français et l’anglais sont « deux langues rivales »
(BENRABAH 2014) qui opposent arabophones et francophones. Suite à
la révolte pacifique (baptisée hirak) qu’a connue l’Algérie à partir du 22
février 2019, le débat autour du français et de l’anglais a resurgi avec
acuité.

De ces discours émanent plusieurs catégories de sujets-locuteurs : les


(socio)linguistes, les intellectuels (journalistes, écrivains, hommes
politiques et universitaires) et les locuteurs-citoyens ordinaires non-
linguistes2 (BREKLE 1989 ; PAVEAU 2007), dont les attitudes sont
nourries des discours sociaux circulants ou encore des préjugés nés des
conflits et des discriminations linguistiques. Ils sont tous d’une manière
ou d’une autre engagés, conservateurs ou neutres. Ainsi, nous dirons que

1 L’adjectif « algérianité » est utilisé pour qualifier une Algérie plurielle, prospère et
indépendante de toute implication idéologique à caractère géopolitique, plus
particulièrement la maghrébinité, l’arabité ou encore la méditerranéité.
2 Qui affichent des postures pas loin de celles des linguistes. Ce qui va dans le sens de la

linguistique populaire.

2
face à la pluralité linguistique qui caractérise le contexte sociolinguistique
algérien, où la hiérarchisation des langues n’est pas du tout claire, se
creusent des écarts importants entre les différents discours tenus à l’égard
des langues en présence. Malgré la prise de conscience du rôle capital que
joue chaque langue dans la vie quotidienne des citoyens, on continue à
prôner l’arabité linguistique3, en niant l’algérianité représentée
principalement par l’arabe algérien et le tamazight (langues de la première
socialisation langagière et de la communication quotidienne). La
perspective choisie, à savoir appréhender la gestion des langues à travers
le discours des acteurs sociaux (linguistes, non-linguistes et journalistes),
induit une approche qui considère ces discours comme une participation
au développement social4. Signalons qu’en Algérie la question des langues
a toujours été au centre des débats politiques et sociaux, et elle continue à
susciter un intérêt majeur parmi les sociolinguistes algériens (TALEB
IBRAHIMI 1995 ; BENRABAH 1999 ; CHACHOU 2013, entre autres),
de même qu’elle aiguise la curiosité des non-spécialistes et capte
l’attention du commun des locuteurs.

Nous nous demandons à ce propos si les discours des spécialistes et des


non-spécialistes recèlent des indicateurs qui renseignent sur les
traumatismes (BENRABAH 1999) et « la frénésie » provoqués par les
idéologies linguistiques qui caractérisent les discours sur les langues et qui
amènent, par conséquent, à déterminer d’éventuelles attitudes
glottophobes et/ou de haine de soi.

Par cette contribution, nous voudrions apporter un regard nouveau sur la


nature des discours tenus à l’égard des langues locales ainsi que sur la
mise en mots et en discours de l’identité linguistique (DOURARI 2004),
et ce dans le but d’envisager des plans de développement social fondé sur
la (les) langue(s).

Le paradigme du développement va permettre de (re)penser la langue à la


fois comme un patrimoine et une richesse exploitable pour le bien-être de
la société. Cela dit, nous pouvons, à l’aune des mutations sociopolitiques,

3 L’arabité linguistique n’est qu’une des composante de l’identité algérienne.


4 Ce qui va dans le sens de la linguistique du développement social d’obédience
africaniste (METANGMO-TATOU 2019).

3
considérer la langue comme l’un des catalyseurs du développement
durable qui repose sur le rôle du locuteur-citoyen à perpétuer le bien-
fondé de la diversité linguistique. Au-delà de la dimension écolinguistique
qui considère la langue comme « un ensemble de pratiques et de
représentations » (CALVET 1999 : 165) et dont l’objectif est d’étudier
« […] les rapports entre les langues et leur milieu, c’est-à-dire d’abord les
rapports entre les langues elles-mêmes, puis entre ces langues et la
société » (Ibid. 17), l’approche développementale tente de cerner la
complexité (socio)linguistique au regard des inégalités (les rapports de
force notamment) imposées par la mondialisation. De ce fait, la
(socio)linguistique pourrait contribuer au développement5 durable dans la
mesure où les locuteurs sont à considérer comme des acteurs
glottopolitiques par leur implication consciente dans les actions
(socio)linguistiques par lesquelles ils visent le bien-être6.

Pour tenter de comprendre les contours de cette équation


écologique (langues, espace, locuteurs et développement), nous nous
basons sur l’examen d’un corpus composé d’articles de presse écrits par
des linguistes, des politiques, des philosophes, des pédagogues, des
intellectuels algériens, des journalistes et des citoyens engagés dans des
actions sociales et nationales. Nous examinerons également le discours
réactif7 des citoyens locuteurs ordinaires non-spécialistes, et ce afin
d’analyser leurs dires relatifs à la question linguistique et identitaire,
notamment les commentaires postés sur les réseaux sociaux. Étant donné
que certains éléments sont encore à l’état d’hypothèse, nous posons le
problème en termes de questionnement en nous limitant à l’interprétation
des données pertinentes.

5 Précisons que le terme développement est pris ici dans un sens général qui peut
concerner le développement social, en relation avec le bien-être (voir infra).
6 Ce qui évitera l’aliénation (BLANCHET 2019) qui résulte des décisions qui visent à
transformer les locuteurs en profondeur en leur imposant une langue qui n’est pas la
leur ou qui laisse peu de place aux langues qu’ils pratiquent, celles qui représentent leur
identité linguistique.
7 Nous considérons les discours idéologiques tenus sur les langues en Algérie comme
des discours déclencheurs de la polémique. Cela dit, le discours réactif qui amorce et
justifie cette polémique est doublé par les positions d’individus qui s’engagent à
défendre, valoriser et promouvoir leur(s) langue(s).

4
Voici les principales questions qui vont aiguiller notre réflexion :

 Quels éléments sont mis en mots dans les discours tenus sur
l’identité linguistique en Algérie : l’État, le citoyen, la nationalité,
l’unité nationale, l’idéologie, les droits et les obligations ou
l’appartenance ethnonationale ?
 En quoi les politiques linguistiques peuvent-elles contribuer au
développement social ?
 Peut-on parler de dynamique des discours circulants relatifs à
l’idéologie linguistique ?
 Quels défis relever pour atteindre un développement social qui
repose sur la gestion des langues maternelles et du
plurilinguisme ?

Autant de questions qui nous conduisent à interroger la problématique de


l’identité linguistique, d’abord à travers des discours idéologiques tenus
sur les langues en présence, à l’aune des mutations socio-politiques,
ensuite par l’examen des postures qui se dégagent de ces mêmes discours.
Si la question des langues et de leur gestion a été largement débattue en
Algérie, l’analyse des discours idéologiques tenus à son égard fait, à notre
connaissance, défaut.

1. Méthodologie : démarche, outils et corpus


Analyser les discours circulants suppose une démarche méthodologique à
visée compréhensive8. Pour ce faire, nous nous basons sur l’analyse du
contenu afin de dégager les éléments significatifs qui mettent en avant les
attitudes des uns et des autres envers les langues, la diversité linguistico-
culturelle, l’identité linguistique et le rôle du plurilinguisme comme
moteur du développement. Seront donc interrogés deux types de discours
médiatiques, à savoir les articles de la presse écrite et les commentaires
laissés par des internautes sur Facebook et les blogs.

8 Notre démarche se veut émique puisqu’elle repose sur l’examen de la subjectivité et de


la perception des acteurs sociaux. Les journalistes professionnels et occasionnels
impliqués dans le débat public ainsi que les internautes qui livrent leurs avis, précisent
leurs positions et participent au débat autour des langues. C’est à travers cette
participation que l’on pourra comprendre l’orientation du développement social.

5
Précisons que notre corpus9 est composé de quatre-vingts articles de la
presse algérienne d’expression française et arabe10, écrits par des
journalistes professionnels et des rédacteurs et contributeurs occasionnels
(intellectuels, universitaires, sociolinguistes, didacticiens, anthropologues,
pédagogues, sociologues, philosophes, etc.) ainsi que des commentaires et
réactions des internautes sur les réseaux sociaux. De ce fait, nous
prendrons en considération les commentaires qui font autorité en dépit
de leur teneur discursive en tant que discours réactif ou déclencheur11.
Les articles sélectionnés traitent sous différents angles la question des
langues en Algérie : la question identitaire, le remplacement du français
par l’anglais, la survalorisation de l’arabe standard, le plurilinguisme et
l’enseignement, le plurilinguisme et le développement, les langues et la
science, etc.

L’une des particularités du corpus se situe au niveau de la controverse


(AMOSSY 2014) qui nourrit le débat public sur la question identitaire. Ce
qui va, à notre sens, renseigner sur la dynamique des discours tenus sur
les langues en Algérie au regard des idéologies linguistiques en
concurrence. Cela dit, la dynamique des discours12 contribue-t-elle à
tempérer le débat idéologique à l’égard des langues et amène-t-elle à
envisager un développement social fondé sur la diversité ? À côté de cela,
d’autres faits marquants nécessitent une attention particulière comme
l’appartenance ethnonationale, l’algérianité, la promotion des langues
maternelles et l’introduction de l’anglais dans les systèmes éducatif et
universitaire. Des éléments qui, comme nous le verrons, sont récurrents
dans la plupart des articles.

9 Voir en annexe un tableau qui reprend une partie des journaux d’expression française.
Il s’agit principalement de titres qui révèlent les différents thèmes qui étaient au cœur
du débat depuis plusieurs années. Certains journaux d’expression arabe sont cités à
titre d’exemple pour illustrer nos propos.
10 Articles publiés entre 2009 et 2019.
11 Des discours qui se caractérisent par la mise en mots des faits problématiques et par

l’emploi de la terminologie savante (les commentaires métalinguistiques).


12 La polémique n’est pas prise ici comme un genre de discours (AMOSSY 2014) mais

comme une « stratégie de discours » (CHARAUDEAU 2017).

6
Bien que l’engagement ou encore l’implication des universitaires soit
l’action concrète pour répondre à une demande sociale, il n’en reste pas
moins que leurs positions ne vont pas toujours dans le sens d’une
argumentation13 rationnelle et partagée. De l’intersubjectivité qui
caractérise leur discours se dégagent des convictions et des
responsabilités qui justifient leur engagement en tant que citoyens
(posture de dénonciation). Chez certains universitaires, il s’agit plutôt de
reproduction de discours en lien avec leur implication en tant que
scientifiques (ce qui va dans le sens du devoir de vérité). Ce qui revient à
dire qu’ils optent, contrairement à ceux qui portent les deux casquettes à
la fois, – celle de l’universitaire et celle du militant – pour un engagement
voire un discours qui prône le débat rationnel et les solutions empreintes
de réalisme, visant ainsi le bien-être de la société (posture de neutralité).

À cet effet, d’autres questions s’imposent à nous. Les sociolinguistes


(auteurs de plusieurs articles sur la question des langues) reproduisent-ils
un discours académique fondé sur des constats et des commentaires
métalinguistiques ou sur une description de la réalité entendue comme
une sorte de construction humaine ? Affichent-ils les mêmes convictions
et le même engagement que les militants ? S’agit-il d’un engagement
citoyen ou d’une implication scientifique qui repose sur une certaine
éthique ?

2. Langues et développement
En linguistique du développement, le terme de développement « […] est
pris dans son sens économique et social » (METANGMO-TATOU 2019
: 37). Il s’agit d’une orientation scientifique qui repose essentiellement sur
le rapport entre développement et communication et se doit de cerner la
complexité linguistique. Par ailleurs, Léonie METANGMO-TATOU
(2019 : 158) affirme que « L’approche de la linguistique du
développement est nécessairement transversale puisqu’elle nécessite

13 La polémique est la source des blocages de l’argumentation (CHARAUDEAU 2017).


En ce sens, nous pouvons dire qu’il s’agit plutôt d’une controverse et c’est par celle-ci
« […] que commence la possibilité d’une participation lucide et responsable à la vie
sociale et politique, c’est par la controverse que peut se développer et s’entretenir une
“culture du dissensus”, fondement même du dialogue social » comme le précise
Patrick CHARAUDEAU (2017 : 107).

7
l’étude de problématiques diverses – santé, écologie, élevage, agriculture,
etc. – liées au développement social, étant donné que la vulgarisation
s’opère dans tous les domaines ». C’est avec l’idée de la transversalité que
la linguistique du développement prend son essor puisque les pratiques
linguistiques sont omniprésentes partout dans la société de même que les
pratiques sociales ne sont pas détachées de la langue.

Pendant longtemps, la langue était étudiée indépendamment de tout


aspect social qui la caractérise encore moins comme émanant d’un sujet
parlant réel entendu comme un acteur social. Depuis l’avènement de la
sociolinguistique de la fin des années 50 (LABOV 1976 ; MARCELLESI
& GARDIN 1974, entre autres), le social est ramené au linguistique et
vice versa. Qui dit social, dit langue, société, culture, environnement et
développement social. C’est dans ce sens que nous allons nous intéresser
à la langue en tant que vecteur de développement.

La sociolinguistique ne peut faire abstraction de la langue


comme capital humain (GRIN et VAILLANCOURT, 1997) en rapport à la
fois avec le patrimoine immatériel et le bien-être induit par la qualité de
vie qui est un des indices importants du développement
humain14 (CALVET & CALVET 2013 ; BENRABAH 2009). À côté de
ces considérations, nous pouvons prendre appui sur les critères
composants du baromètre des langues de Louis-Jean CALVET et Alain
CALVET (2013) conçu pour mesurer le poids des langues. Ce dernier est
un paradigme intéressant qui permet non seulement de dégager la valeur
qu’on accorde aux langues, mais aussi de préciser leur rôle dans la vie
quotidienne, la vie publique et internationale (CALVET 2017).

En s’intéressant à la réalité de la langue arabe, Mohammed BENRABAH


(2009) envisage des défis qui permettraient à l’arabe de devenir une
langue mondiale dominante. Il est parti de plusieurs facteurs qui font

14 Louis-Jean CALVET et Alain CALVET (2013) proposent plusieurs facteurs décrivant


le poids des langues qu’ils classent dans deux catégories : les facteurs intrinsèques à la
langue et les facteurs contextuels. Dans cette deuxième catégorie figure l’indice du
développement humain qui « […] est un indice composite prenant en compte le
produit national par individu, l’espérance de la vie à la naissance et le niveau
d’éducation. » (Ibid. : 80).

8
écho aux critères retenus dans le baromètre calvétien des langues. Nous
en retiendrons quatre qui sont à nos yeux importants pour comprendre
les catalyseurs du développement : le nombre de locuteurs15, l’économie,
la culture et l’éducation.

Les sociolinguistes préconisent que l’avenir des langues dépend du


nombre de locuteurs qui les emploient tant à l’oral qu’à l’écrit. On peut
déduire de ces propos que l’arabe algérien a du poids en Algérie mais son
devenir en tant que langue dominante est flou16 face au pouvoir de l’arabe
standard et des autres langues en présence, en l’occurrence le français.
William Francis MACKEY (2003 : 64) affirme que « […] Si une langue
n’est plus parlée, ni lue, l’avenir pour elle est sombre. L’avenir d’une
langue est déterminé par le nombre de personnes qui l’utilisent » (cité par
Mohammed BENRABAH2009). William Francis MACKEY met l’accent
sur l’oral et sur l’écrit. Dans le cas de l’Algérie, au-delà même de la
diglossie inhérente à la coexistence de ces deux langues, l’arabe standard
ne semble pas une langue aussi dominante que l’arabe algérien. L’une est
beaucoup plus réservée à l’écrit, et l’autre, en tant que langue vernaculaire,
est la langue des échanges oraux quotidiens par excellence. Ceci nous
permet de souligner en ce sens un autre paradoxe de la domination
linguistique. L’arabe standard est-il dominant d’un point de vue
démographique ? Comment peut-on envisager un développement face à
ces rapports de pouvoir ?

Par développement, on entend la prise en compte des besoins


communicatifs en rapport avec les langues maternelles, minoritaires ou
non-reconnues officiellement (minorisées) et qui devraient bénéficier
d’une intervention (décision/action) qui leur accorde un statut ainsi que
des fonctions supplémentaires au-delà du fait qu’elles soient considérées
comme de simples moyens de communication au sein de la société. Statut
et fonction sont deux facteurs qui permettent d’associer à ces langues des
attributs émanant à la fois des représentations valorisantes et de la réalité
des usages qu’en font les locuteurs. De façon générale, nous considérons
le paradigme du développement comme une entrée nécessaire pour

15 Le critère démolinguistique est aussi important car le nombre de locuteurs est une
force sociale qui contribue à la vitalité sociolinguistique des langues en présence.
16 Étant une langue principalement orale, l’arabe algérien court le danger du glottocide.

9
préciser les fonctions et la place de chaque langue. L’angle d’attaque pour
aborder la question du développement est la prise en compte du
plurilinguisme en tant que capital humain où les langues maternelles
devraient occuper une place importante. En Algérie, les langues
maternelles sont dévalorisées et passent souvent sous silence dans le
débat public, alors que d’autres langues sont hyper-valorisées et font
l’objet de polémiques et/ou de controverses.

De ce fait, nous dirons que le développement durable est consubstantiel à


la nécessité de valoriser les langues maternelles, de déterminer le rôle des
langues officielles-nationales et de préciser le statut des autres langues, en
l’occurrence le français et l’anglais. Ceci va amener les Algériens à se
recentrer par rapport à leur culture et avoir une perception plus claire de
leur identité. Un recentrage qui va permettre en tout état de cause une
certaine maîtrise du développement socioculturel et socioéconomique.

3. Des langues et des discours : positions, oppositions et


engagements
Le discours sur les langues connaît depuis quelques années une évolution
notable en lien avec les mutations sociopolitiques. Ainsi, (socio)linguistes,
militants engagés, anciens hommes politiques et bien d’autres individus
s’inscrivent dans une perspective d’ouverture fondée sur des refontes
possibles qui pourraient mettre fin aux débats houleux. Les désaccords
sont abordés de manière explicite par l’évocation des problèmes
socioéconomiques et politiques actuels. Dans beaucoup d’articles de
presse, les questions des langues maternelles et leur rôle dans le
développement social/sociétal sont passées sous silence et les seules
allusions faites à l’identité linguistique et nationale prennent appui sur
l’unité et rappellent les constantes nationales. Il découle de cette situation
que les discours tenus sur les langues se basent sur des idéologies
conjoncturelles et des données d’ordre socio-communicationnel
(CHARAUDEAU 2006) qui déterminent le positionnement de
l’énonciateur et son identité discursive17. À bien y voir, l’identité

17 Nous nous limiterons volontairement, dans notre contribution, à ne traiter que les
dires relatifs à l’identité linguistique et à sa mise en discours sans pour autant nous
intéresser à l’identité éditoriale des journaux.

10
discursive d’une partie des auteurs d’articles de presse consacrés à la
question linguistique et identitaire est foncièrement teintée d’idéologies.

4. Le discours des universitaires : puristes, (socio)linguistes ou


militants ?
Le discours des universitaires18, conformément à une vision
émancipatrice, dynamique et réaliste, appelle à un réaménagement
linguistique qui prend en compte la pluralité et la diversité en tant que
vecteurs de développement. Le développement, dans son volet
(socio)linguistique, ne peut se réaliser, selon leurs propos, qu’à travers la
reconnaissance des langues maternelles (arabe algérien et tamazight) et
des langues hyper-valorisées au nom de leurs domaines d’emploi dans la
société (l’arabe standard, le français ou encore l’anglais). Le discours des
universitaires (qu’ils soient militants ou non) est tempéré et ne pose pas le
problème en termes de conflits ou de concurrences linguistiques mais
précise entre autres des interventions qui prennent en charge les
problèmes de l’écriture de ces langues et de leur enseignement19. Ils
soulignent également le rôle que jouent ces langues sur le plan culturel20.
On peut déduire de leurs propos que le devenir de ces langues dépend
des actions glottopolitiques qui devraient être relayées par une véritable
gestion s’appuyant sur l’évaluation des politiques linguistiques en vigueur.

Certains auteurs d’articles (les sociolinguistes notamment) ne prennent


pas parti, ils offrent à l’opinion publique un panel d’idées rappelant les
pièges de l’idéologie, jusque-là dominante, qui est faite de toute pièce sur
le modèle jacobin. On peut déduire de leur discours qu’il est question
d’une idéologie linguistique à sens unique qui valorise une seule et unique

18 Nous utilisons « discours des universitaires » par référence aux enseignants-chercheurs


qui contribuent par des articles qui traitent de la question linguistique. On les appelle
communément rédacteurs ou contributeurs occasionnels.
19 Il faut préciser que l’arabe algérien et le tamazight sont présents dans le quotidien des

Algériens (au sein des familles, le paysage linguistique urbain, les médias, la culture,
etc.).
20 Notons que l’arabe standard ne présente qu’une des composantes de la culture

algérienne liée à la religion. L’arabe algérien et le tamazight sont des vernaculaires


dominants et véhiculent la culture populaire qui contient le génome de l’identité
algérienne.

11
langue, même si dans sa nouvelle apparence le tamazight ressort comme
deuxième langue nationale et officielle21. Les adeptes de cette posture
cherchent une adhésion légitimant la pluralité qui accorde la priorité aux
langues maternelles. Ils s’inscrivent, comme dans leurs recherches
académiques, dans une perspective descriptive-compréhensive. Il s’agit
donc d’un engagement dans la polémique qui anime le débat public et que
l’on pourra définir comme un devoir de vérité. Les propos de Merieme
Stambouli (Le Quotidien d’Oran, 17-09-2015) illustrent bien cette position :
« Les langues maternelles, minoritaires à l’école, mais majoritaires dans la société,
représentent le vécu et doivent être traitées avec plus de conscience ».

Cependant, dans notre corpus, les questions de l’idéologie linguistique ne


manquent pas de surgir sous plusieurs facettes, notamment dans les
articles qui rappellent les décisions prises au lendemain de l’indépendance.
Les articles dont les titres mettent en valeur la polémique autour de la
langue anglaise sont nombreux22 et divisent les auteurs en trois catégories
: les adeptes de la promotion de l’anglais, les détracteurs de cette
promotion et les rationnels (neutres). La question de l’anglais est aussi
abordée en filigrane dans d’autres articles qui portent essentiellement sur
l’enseignement des langues locales et leur rapport avec la problématique
de l’identité et de la citoyenneté. Implicitement, les auteurs montrent les
dérives d’un tel débat ainsi que le contournement et les manœuvres
politiques servant surtout à légitimer telle ou telle idéologie.
Contrairement aux deux premières catégories, celles des adeptes et des
détracteurs de l’arabisation, les plus rationnels s’attaquent aux vrais
problèmes qui concernent l’identité ainsi que les fluctuations et les
divisions qu’elle génère au sein de la société. Nous pouvons citer à titre

21 Sur le terrain, que ce soit à travers la réalité ou à travers les textes, la co-officialité ne
semble pas avoir été concrétisée.
22 Nous pouvons citer quelques titres d’articles qui mettent en valeur cette polémique.

« Langues et (in)culture politique », Mustapha Hammouche, Liberté, 23 juillet 2019 ;


« Le choix de l’anglais : l’autre lecture », Bouchikhi Nourredine, Le quotidien d’Oran, 24
juillet 2019 ; « Le faux débat sur les langues en Algérie », Farouk Lamine, Le quotidien
d’Oran, 22 juillet 2019 ; « L’anglais opposé au français : l’autre diversion », Abdelghani
Aichoun, El Watan, 3 juillet 2019 ; « Le problème est en soi, pas dans le français »,
Abdelaziz Boubakir, El Watan, 2 novembre 2019 ; « Les langues étrangères interdites
dans les documents officiels », Souhila Hammadi, Liberté, 24 juillet 2019 ; « L’identité
otage de croyances identitaires », Abdou Elimam, Le Quotidien d’Oran, 29 juillet 2019.

12
d’exemple : les fonctions du tamazight, le statut ambigu du français, la
place de l’arabe algérien ainsi que la question ethnonationale.

À l’examen du corpus, nous avons remarqué aussi que le débat sur la


question linguistique est lié à la fois à l’imaginaire ethnosocioculturel et à
l’identité nationale. En effet, les auteurs recourent implicitement ou
explicitement à l’histoire récente de l’Algérie indépendante en rappelant
soit les différents tournants, soit les stigmates idéologiques qui
caractérisent la politique linguistique d’arabisation. Dans la majorité des
articles, les tenants et les adversaires de l’arabisation s’attardent sur les
détails du vieux débat des idéologies linguistiques qui ont passionné les
esprits et qui ne cessent d’opposer les arabophones et les francophones23.
Les premiers sont qualifiés d’islamistes et les seconds de « hizb fransa » (le
parti de la France), comme le montrent beaucoup d’articles de la presse
d’expression arabe et française. Le discours portant sur le développement
(aux plans social, culturel et économique) se manifeste soit en tant que
discours d’opposition (un contre-discours) qui traduit le désaccord entre les
deux « camps»24, soit en tant que discours raisonné qui problématise l’objet
langue en rapport avec l’environnement, les locuteurs-citoyens, et le
progrès. Les réactions qui surgissent de part et d’autre prônent les langues
dites étrangères (français et anglais) au détriment des langues maternelles.
D’autres réactions les considèrent (le français et l’anglais) comme de
véritables langues d’ouverture et de développement social25. Or, le
paysage linguistique algérien n’est pas limité à l’arabe et/ou aux langues
étrangères (plus particulièrement le français), il est situé bien au-delà. Il
est plus riche et diversifié. On a l’impression que l’idéologie linguistique
des années 1960 fondée sur l’arabisation et la carte des langues étrangères
demeure bien prégnante dans l’imaginaire de certains (socio)linguistes et
intellectuels. Il faut rappeler que les politiques ont toujours tenté de

23 Le Matin d’Algérie, 25 juillet 2015, Rachid Brahimi : « Le multilinguisme est une richesse ;
opposer donc arabophones aux francophones relève d’un débat clos et faux ».
24 Nous utilisons volontairement le terme « camps » du fait de la polémique qu’ils

génèrent et de la violence symbolique qui en résulte.


25 Cf. L’article d’Ali Derbala paru dans le quotidien El Watan du 17 juillet 2013, intitulé

« L’arabe, le français et l’anglais ne peuvent-ils pas interagir en symbiose » illustre cet état de fait.
L’auteur se demande « Les trois langues arabe, français et anglais ne peuvent-elles pas cohabiter en
Algérie pour émanciper le peuple en culture, en pédagogie et en recherche ».

13
nourrir un faux clivage à base idéologique afin de brouiller les opinions au
sujet de l’arabisation en se servant pour cela soit du français, soit de
l’anglais pour argumenter et plaider en faveur d’une seule langue nationale
et officielle, qui selon eux, porte le génome de l’identité algérienne.
L’article de Rachid Ould Bousekaya intitulé « Le français est la cause de notre
sous-développement » (Echorouk online, 27 juin 2019) plaide pour
l’introduction de l’anglais qu’il qualifie de langue internationale nécessaire
pour faire progresser les universités algériennes.

5. Les langues maternelles : vers quel développement durable ?


Pour en revenir aux langues maternelles, la presse écrite a ouvert le
champ pour une large participation à ce débat26 à vocation ethnonationale
et identitaire. À ce sujet, le débat sur les langues maternelles a déchaîné
les passions notamment autour de l’introduction de l’arabe algérien dans
le système éducatif. Aussi bien au niveau des titres qu’à celui des
contenus, on peut souligner une mise en mots et en discours des mêmes
positions et idées émanant des discours des arabophones et/ou des
francophones. Au lieu de s’attaquer aux problèmes qui devraient
permettre de repenser la question linguistique en termes de progrès et de
développement, ils s’attardent sur les causes de l’échec des politiques
linguistiques27 éducatives. Il n’empêche que certains auteurs
sociolinguistes (Taleb Ibrahimi, Abdou Elimam, Merieme Stambouli,
entre autres) traitent le problème suivant une ligne de conduite qui relève
de leurs orientations et convictions scientifiques. Ceux-là sont davantage
dans le constat que dans le débat et s’appuient sur la réalitédu terrain. Ils
sont prudents dans leurs propos et parlent d’éventualités et de devenir
pour ce qui est de l’arabe algérien28. Leur discours tourne beaucoup plus

26 Pour la grande majorité des articles portant sur la promotion des langues maternelles,
les auteurs affichent une attitude favorable quant à leur introduction à l’école afin
d’assurer une formation initiale efficiente. Les spécialistes de la question parlent de
pédagogie convergente ou de solutions en termes d’actions didactiques.
27 Celles-ci n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation sérieuse pour ouvrir un chantier de

réflexion.
28 Voir l’article de Hatem Youcef paru dans le quotidien Liberté du 6 août 2015 :

« Apprendre dans sa langue maternelle » ou encore celui de Nacira Zellal paru dans le
quotidien El Watan du 2 juillet 2015 : « La langue maternelle, déjà acquise, n’est pas à

14
autour des solutions pédagogiques et du développement cognitif de
l’enfant-apprenant que sur la place de cette langue dans le système
éducatif, langue qui est loin d’être reconnue par un statut valorisant. Ils
précisent dans la plupart des articles que l’arabe algérien est resté à
l’ombre de l’arabe standard en évoquant les causes et les conséquences de
la minorisation. Les tenants de l’arabisation considèrent l’introduction de
l’arabe algérien en tant que langue d’enseignement comme une
hérésie29 et une manœuvre pour promouvoir le français (Voir quelques
titres en annexe qui font référence à cela).

Se trouvant en désaccord, les deux catégories d’auteurs tiennent tantôt


des discours déclencheurs tantôt des discours réactifs. Ils recourent à des
arguments qui montrent bien les oppositions et les positions
idéologiques. Ce hiatus émanant de ces deux types de discours montre
que le débat est stérile et disqualifiant. Revenir sur les manœuvres du
passé pour reproduire30 le même discours d’exclusion et de minorisation
est une dérive qui ne permet ni de justifier une position ni de légitimer un
quelconque discours. Il s’agit, à notre avis, d’un discours du paraître qui
semble moderne dans son apparence mais figé à travers les termes et les
commentaires stéréotypés qui le caractérisent.

Les articles traitant du tamazight31 et de son enseignement font écho à


ceux consacrés à l’arabe algérien et mettent en valeur l’amazighité comme
une composante essentielle de l’identité algérienne. Leurs auteurs se
montrent engagés et militent pour la cause de la langue et de la culture
amazighes. Voici quelques titres qui illustrent cet état de fait : « L’identité
otage de croyances identitaires », par Abdou Elimam (Quotidien d’Oran),

réapprendre à l’école », pour saisir la nature du débat sur la question des langues
maternelles.
29 Si leurs discours ne sont pas glottophobes, leur portée n’est pas plus neutre puisque

l’idéologie qu’ils recèlent est celle des adeptes de l’arabisation radicale et de l’arabité
tant revendiquée. Ils avancent aussi l’idée selon laquelle la promotion des langues
maternelles est un projet pour affaiblir l’arabe standard.
30 « L’anglais… pour reproduire les désastres de l’arabisation », Par Mouloud Meddi, étudiant et

blogueur, El Watan 19 août 2019.


31 Voir l’article d’Ahmed Tessa (pédagogue) paru dans le quotidien Liberté du 11 mai

2015 : « Tamazight à l’école ou le test de l’algérianité ».

15
« Plaidoyer pour l’enseignement des variantes de la langue amazighe » par Hafid
Azzouzi (El Watan du 30 novembre 2018).

Ainsi, les articles consacrés à l’école et à l’éducation évoquent à juste titre


le traumatisme linguistique, la haine de soi et la crise identitaire
algérienne. Dans la majorité des articles examinés, le discours semble clair
puisqu’il est présenté sous forme de diagnostics portant sur les politiques
éducatives et linguistiques, sans incriminer l’école qui a pourtant réussi
dans une certaine mesure le processus d’arabisation. Ce faisant, ils
associent le plurilinguisme à la citoyenneté en envisageant des actions
stratégiques pour le développement social (cf. article : « Vers des avenirs
durables grâce à l’éducation multilingue », Rachid At Ali Qasi, Le Matin
d’Algérie, 14 février 2017).

Ainsi, nous dirons que les plus optimistes parlent d’algérianité et de


pluralité en se projetant dans l’avenir et les pessimistes parlent de crise
identitaire et de haine de soi, et reviennent sur un passé marqué par des
instabilités et des paradoxes à différents niveaux. Les premiers sont plus
favorables au plurilinguisme et à la diversité, les seconds (arabophones
et/ou francophones), exhortent le monolinguisme. Nous pouvons
souligner une mise en discours de deux postures, celle des francophones-
francophiles par opposition aux francisants et celle arabophones-
arabophiles en les opposant aux arabisants, « les vrais » comme l’écrit
Mohammed Maïz dans le quotidien Liberté (7 août 2019). On peut, à juste
titre, citer l’exemple du romancier et universitaire arabisant Amine Zaoui
qui s’est tourné depuis son exil en France vers le français, et ce malgré les
traductions de son œuvre en treize langues. Ces positions affichées à
l’égard de l’arabe et du français justifient la catégorisation « arabophones »
et « arabisants » qui ressort dans plusieurs articles. Amine Zaoui intitule
son article « La guerre entre le français et l’anglais en terre d’Apulée sur un fond
islamique ! », paru dans le quotidien Liberté du 8 août 2019 qui cible la
question de l’introduction de l’anglais à l’université, relate l’origine de
cette controverse. Amine Zaoui observe une tendance à l’idéologisation
linguistique similaire à celle des années 1970. Il précise : « Comme au temps
de la fièvre de l’arabisation des années 70, les milices du populisme anglophile et leurs
canons sont orientés vers l’école algérienne » ; il ajoute par ailleurs que : « cet appel
au remplacement du français par l’anglais a été lancé par les baâtistes, dans les années

16
1990 ». Par cette mise en mots et en discours récurrente de la guerre
linguistique, Amine Zaoui s’attaque à la question du développement
social en le ramenant aux problèmes sociopolitiques. Il précise, s’agissant
de certains pays africains, que « L’anglais n’a pas sauvé les populations de ces
pays de la famine, des maladies, de la pauvreté, de la violence, des guerres brutales. La
langue anglaise n’a pas libéré ces populations des pouvoirs politico-
financiers corrompus ». Toutefois, les deux positions émanant des partisans
« du tout français » ou « du tout anglais » ne devraient pas nier le rôle de
la diversité linguistique comme moteur du développement durable au sein
d’une société plurilingue. Dans un article intitulé « “Les francophiles” sont
ceux qui résistent le plus à la langue anglaise en Algérie » (Echurouk, 28 juillet
2019), outre la valorisation de l’anglais qu’elle met en avant, Tsouria
Tidjani (sociologue), revient sur la posture de résistants qu’affichent les
francophiles face à ceux qui veulent promouvoir cette langue. Il faut
remarquer par ailleurs que les discours normatifs et les commentaires
métalinguistiques ne manquent pas. Cette posture puriste concerne
exclusivement l’arabe standard et le français et dénote une vision partiale.
C’est une posture qui a longtemps reçu une grande audience du fait de la
survalorisation de ces deux langues comme langues d’enseignement au
détriment des langues locales (maternelles) considérées comme des
variétés basses. Le discours est souvent moralisateur et s’accompagne de
propos violents. On y trouve : « les Algériens, analphabètes bilingues », « semi-
linguisme », « Les Algériens puisent dans la langue arabe ou française les mots qui
leur plaisent, puis les triturent, les maltraitent, les torpillent, jusqu’à en faire de
nouveaux termes, qui ne peuvent être compris par quelqu’un ne vivant pas sur la
planète Algérie » (El Watan du 28 septembre 2011).

6. Apologie de la polémique autour du français et de l’anglais : le


faux débat
En raison de sa valeur en tant que langue hypercentrale, l’anglais ne cesse
de séduire certains États qui veulent l’introduire dans leurs systèmes
éducatifs et universitaires en vue d’une reconnaissance à une échelle
mondiale. Tel est le cas en Algérie. Comme il a été souligné plus haut, la
question des langues étrangères a souvent été au cœur des débats
linguistiques. Le français comme l’anglais sont utilisés pour catalyser le
débat. L’été 2019 a connu un hirak linguistique suite au sondage lancé par
le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à

17
propos du remplacement du français par l’anglais. À certains égards, cette
initiative, prise dans un contexte de crise, apparaît davantage comme une
manœuvre, face aux revendications sociales et politiques du hirak. Les
articles de presse écrits à ce sujet abondent et traitent la question avec
ferveur (voir annexe). Se dessine alors une nouvelle guerre de langues
inutile qui s’oppose à notre avis à la révolte populaire qui se veut
pacifique, souriante et plurilingue (MORSLY 2019).

7. Les journalistes : d’une guerre de langues à une guerre autre


Outre la ligne éditoriale de chaque journal, les journalistes tout comme
certains universitaires prennent position et avancent les arguments qui
vont dans le sens de leurs convictions. Le fait même de distinguer des
catégories de journalistes sous-entend des postures d’analyse et des
positions divergentes. Même si la majorité est limitée aux constats de
dénonciation qui rejoignent les différentes idéologies dans leurs grandes
lignes, elle représente d’une manière ou d’une autre les catégories dont
nous avons parlé, à savoir les puristes, les sociolinguistes et les plus
rationnels. En tout état decause, certains journalistes contribuent à faire
admettre que la question linguistique en Algérie ne peut être pensée qu’en
termes de diversité et de reconnaissance par un statut qui précise la place
de chacune d’elles au sein de la société. Une autre catégorie de
journalistes prend position et rejoint la polémique induite par une
idéologie qui se veut dominante. Leurs discours se veulent plus persuasif
et manipulateur. En évoquant la guerre des langues née des idéologies
concurrentes, les promoteurs de ce genre de discours provoquent une
guerre autre, celles des médias en compétition. Ainsi, le contexte, les
enjeux du débat et l’identité discursive des journalistes déterminent la
nature des arguments, l’implication et les intentions. La guerre des
langues se révèle virulente dans les textes tirés de la presse d’expression
arabe et des articles écrits par les arabophones arabophiles, dans un
discours disqualifiant marqué par un ton de tension et de rejet
catégorique. Dans un article32 intitulé « L’anglais est la langue de la recherche
scientifique et du développement technologique » de Faudel Saïd (inspecteur
central au Ministère de l’Éducation nationale), il est bien question de
développement, mais l’auteur s’attarde sur des questions idéologiques qui

32 Paru dans le journal arabophone Echorouk du 4 juillet 2019.

18
concernent le maintien du français et le rejet du projet de l’introduction
de l’anglais comme première langue étrangère dans l’éducation nationale
lancé au début des années 1990. Dans un autre article intitulé « L’anglais
est la langue de la science et du business, c’est une nécessité et non pas un choix »,
paru dans le quotidien Echorouk du 28 août 2019, la journaliste Wahiba S
revient sur la crise politico-économique du pays et montre le bien-fondé
de l’anglais comme langue de la science, de l’économie et du
développement.

8. Les internautes : des voix participatives à une linguistique


du développement
Le discours des internautes (qu’ils soient activistes ou non) porte les
germes des idéologies ambiantes qui rejoignent celles des arabophones,
des arabisants, des francophones, des francisants, des amazighophones,
des militants engagés, etc. Notre approche s’est voulue émique et a pris
en considération les dimensions subjectives et perceptives des locuteurs-
acteurs qui (ré)-agissent face aux polémiques et/ou controverses qui
surgissent du discours journalistique. Ces commentaires sont une
véritable action glottopolitique et s’inscrivent dans la lignée de la
linguistique du développement de par leur dimension participative. Cette
participation au débat social portant sur la question linguistique est une
véritable implication du citoyen à la promotion et à la valorisation des
langues jugées utiles dans la vie de la société.

Une des catégories des internautes qui prend part au débat sur les langues
se montre très consciente du rôle du plurilinguisme et défend les langues
maternelles en les associant à l’algérianité. La fréquence de ce genre de
commentaires montre à quel point certains internautes sont conscients de
l’existence d’une identité linguistique algérienne fondée sur la pluralité.
Les commentaires métalinguistiques et les images associées aux langues le
confirment. Dans cette catégorie, nous n’avons pas noté de rejet
catégorique des langues mais une posture de linguistes qui se manifeste
par l’utilisation d’une terminologie savante en lien avec les phénomènes
socio-langagiers comme identité linguistique, politique linguistique, haine
de soi, langue comme vecteur de progrès, etc. Ils expliquent, définissent
et tentent d’apporter des précisions quant à leur emploi et avancent des
arguments pour justifier leurs positions. D’autres commentaires élogieux

19
permettent de comprendre l’orientation idéologique et la teneur
discursive des propos avancés. Les internautes valorisent certaines
langues plus que d’autres sans discréditer les langues qu’ils estiment
moins importantes. Nous soulignons toutefois une forme de violence
verbale dans les commentaires échangés entre certains internautes qui se
rapportent aux différentes orientations idéologiques. Voici quelques
extraits qui illustrent les différentes positions tirés de plusieurs pages
Facebook (Mostefa Bouchachi, El Bahith, Ouled El djebas, entre autres) :
« Les Algériens parlent trois langues l’arabe, le tamazight et le français », « vous
défendez une cause nationale avec une langue non nationale », « notre génération est
inscrite dans la mondialisation, elle a besoin de toutes les langues », « je suis dans mon
pays et je parle ma langue. Je peux te traduire mes paroles en français, en anglais ou en
allemand… », « l’arabe c’est notre langue », « l’anglais est une langue de la science et
de l’économie mondiale », « le français est une langue du sous-développement », « les
problèmes économiques de l’Afrique subsaharienne sont dus au français », etc.

Les commentaires des internautes présentent une autre guerre des langues
et des idéologies. L’examen des commentaires qui suivent les articles de
presse révèle l’existence de différentes catégories : celles qui tiennent un
discours d’opposition en tant que résistants, celles qui défendent une
langue mais sans rejeter les autres, et une autre catégorie qui propose des
solutions. Quoi qu’il en soit, ces commentaires témoignent d’une
conscience linguistique très aiguisée et d’un plurilinguisme qui suppose
une évaluation des politiques linguistiques qui débouche sur une
hiérarchisation des langues en présence. Cependant, nous pouvons
remarquer dans d’autres catégories des fluctuations en rapport avec la
crise identitaire. Il importe de noter ici que les internautes n’ont pas
manqué de porter leur attention sur le rôle de chaque langue, la place que
chacune d’elles occupe et les valeurs qui leur sont associées.

9. La mise en mots des images associées à l’identité et aux langues


Les articles qui thématisent l’identité linguistique sont abondants, ils
mettent en mots et en discours des images positives convergentes
appelant à l’institution d’une véritable algérianité linguistique, laquelle
algérianité serait fondée, selon leurs propos, à la fois sur l’unité et la
diversité. Il faut rappeler que la mise en mots de l’algérianité est
significative aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. Plusieurs

20
articles dont les titres contiennent le terme langues maternelles, arabe
algérien, darija, tamazight renforcent une image favorable aux langues en
question qu’ils associent à l’identité. On y trouve par exemple : « nos
langues », « notre identité », « l’identité algérienne », « algérianité », « langues
algériennes », « école algérianisée », « langues locales », etc. Ces éléments suscitent
un intérêt de la part des auteurs et des lecteurs qui les approuvent sans
conteste et adhèrent aux arguments et à cette mise en mots de l’identité.
Les commentaires laissés par les internautes illustrent bien cela.
Visiblement, les internautes ont tendance à associer l’arabe algérien et le
tamazight à l’algérianité. Les avis sont mitigés voire ambivalents à propos
du français et de l’anglais. Nous relevons chez certains internautes des
expressions qui traduisent une image positive à l’égard du français, telles
que : « langue d’ouverture », « de mobilité », « des affaires », « de progrès », « cette
belle langue », « de l’enseignement supérieur », etc. Chez d’autres, les opposants
au français, cette langue n’est pas à même d’assurer le développement. Ils
la comparent à l’anglais qu’ils considèrent comme « langue internationale »,
« langue de la science et de la technologie », rejoignant ainsi les avis des
journalistes qui, dans plusieurs articles, avancent des arguments
disqualifiant le français et valorisant l’anglais. En tout état de cause, les
commentaires des internautes, en tant que discours ordinaire, révèlentdes
postures similaires à celles des sociolinguistes et des journalistes
(professionnels et/ou occasionnels).

Conclusion
L’examen des deux corpus (articles de presse et commentaires laissés sur
les réseaux sociaux) a permis d’identifier deux types de discours, l’un
disqualifiant et l’autre consensuel. Le premier se caractérise par une
orientation qui reflète le vieux débat idéologique sur les langues en
Algérie et qui est, à notre sens, stérile car il ne débouche pas sur des
solutions qui visent le développement humain. Au contraire ce sont des
discours qui augmentent davantage la tension entre les sphères de
décisions et les adeptes de telle ou telle idéologie linguistique. Le second
se caractérise par une vision rationnelle qui vise un développement dans
le long terme et appelle à une renaissance qui met l’algérianité, comme
vecteur de l’unité, au centre du débat. Ils prônent le pluralisme comme
ciment de l’identité où les langues peuvent occuper les places qui leur
reviennent naturellement selon les fonctions qu’elles remplissent et les

21
besoins de communication des groupes ou des locuteurs qui les
pratiquent.

En nous référant aux différentes postures (des linguistes, non-linguistes,


puristes et rationnels), et outre les deux catégories de discours, nous
pouvons dégager une typologie relative aux différentes postures qui se
dégagent aussi bien des articles de presse que des commentaires des
internautes :

 Des postures ambivalentes se situant entre le sentimentalisme, le


« socio-linguistico-politiquement correct », la schizophrénie
linguistique et la haine de soi.
 Des postures réductrices et minimalistes.
 Des postures protestataires (de résistance et de tension).
 Des postures rigoristes rejetant les langues maternelles et les
langues étrangères.
 Des postures tempérées et constructives (réalistes, rationnelles et
prospectives).

De ces postures relatives aux différents discours de polémique et/ou de


controverse se dessinent des perspectives entendues à la fois comme des
stratégies ou des défis face aux enjeux économiques, géopolitiques et
géostratégiques. Outre les idéologies extrémistes et conservatrices, les
autres positions, bien que concurrentes, portent les germes d’un
développement qui repose sur la langue. Nous pouvons envisager, en
nous appuyant sur le discours des journalistes (professionnels et
occasionnels) et des internautes, des actions concrètes qui reposent sur la
consolidation de l’unité nationale à travers la gestion de la pluralité des
langues, tout en écartant les discours discriminatoires de divisions et de
tensions. À cet effet, les instances compétentes doivent définir des
objectifs fondés sur des évaluations cycliques des politiques linguistiques
qui prennent en compte les représentations, les pratiques langagières et
les besoins langagiers des locuteurs.

Références bibliographiques
ALI-BENCHERIF, Mohammed Zakaria. & MAHIEDDINE, Azzeddine.
« Représentations des langues en contexte plurilingue algérien », Circula -

22
Revue d’idéologies linguistiques, n.3, 2016, Sherbrooke, Les Éditions de
l’Université de Sherbrooke (EDUS), p. 163-196.
URL : http://hdl.handle.net/11143/9705
AMOSSY, Ruth, Apologie de la polémique, Paris, PUF, 2014.
BENRABAH, Mohammed, « Competition between four ‘‘world’’ languages in
Algeria », Journal of World Languages, n. 1, 1, 2014, p 38-59.
BENRABAH, Mohammed, Devenir langue dominante mondiale. Un défi pour l’arabe,
Genève, Librairie DROZ, 2009.
BENRABAH, Mohammed, Langues et pouvoir en Algérie. Histoire d’un
traumatisme linguistique, Paris, Séguier, 1999.
BREKLE, Herbert Ernest, « La linguistique populaire », in AUROUS Sylvain.
(Dir.) Histoire des idées linguistiques, Liège, Mardaga, 1989, p. 39-44, 1989.
BLANCHET, Philippe, « Face à la glottophobie, une politique de droits
linguistiques », in BOUDET Martine (dir.), Langues-cultures, moteurs de
démocratie et de développement, Vulaines sur Seine,Éditions du Croquant,
2019, p. 265-276.
CALVET, Louis-Jean, Les langues : quel avenir ? Les effets linguistiques de la
mondialisation, Paris, CNRS Éditions, 2017.
CALVET, Louis-Jean & CALVET, Alain, Les confettis de Babel. Diversité linguistique
et politiques des langues, Paris, Éditions Ecritures, 2013.
CALVET, Louis-Jean, Pour une écologie des langues du monde, Paris, Plon, 1999.
CASTORIADIS, Cornélius, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1999.
CHACHOU, Ibtissem, La situation sociolinguistique d’Algérie : pratiques plurilingues et
variétés à l’œuvre, Paris, L’Harmattan, 2013.
CHARAUDEAU, Patrick, « Un modèle socio-communicationnel du discours.
Entre situation de communication et stratégies d’individuation », in
MIEGE Bernard (dir.), Médias, discours, outils de communication, pratiques :
Quelle(s) pragmatique(s) ? Paris, L’Harmattan, 2006, p. 15-39.
CHARAUDEAU, Patrick, Le débat public entre controverse et polémique. Enjeu de vérité,
enjeu de pouvoir, Limoges, Lambert-Lucas, 2017.
DOURARI, Abderezak, Le malaise de la société algérienne, crise des langues et crise
d’identité, Alger, Casbah éditions, 2004.
ELIMAM, Abdou, Langues maternelles et citoyenneté en Algérie, Oran, Éditions Dar
El Gharb, 2004.

23
GRIN, François, & VAILLANCOURT, François, « La langue comme capital
humain : définitions et applications », Policy Options, juillet-août, 1997, p.
69-72.
HOUDEBINE-GRAVAUD, Anne-Marie, L’imaginaire linguistique, Paris,
L’Harmattan, 2002.
LABOV, William, Sociolinguistique, Paris, Minuit, 1976.
MARCELLESI, Jean-Baptiste. & GARDIN, Bernard, Introduction à la
sociolinguistique. La linguistique sociale, Paris, Larousse, 1974.
METANGMO-TATOU, Léonie, Pour une linguistique du développement. Essais
d’épistémologie sur l’émergence d’un nouveau paradigme en sciences du langage,
Québec, Éditions science et bien commun, 2019.
MORSLY, Dalila, « Un plurilinguisme souriant pour révolution joyeuse », Le soir
d’Algérie du 2 avril 2019.
PAVEAU, Marie-Anne, « Les non-linguistes font-ils de la
linguistique ? », Pratiques, n. 139-140, décembre 2007, p. 93-111.
TALEB IBRAHIMI, Khaoula, Les Algériens et leur(s) langue(s). Éléments pour une
approche de la société algérienne. Dar El Hikma, Alger, 1997.

24
Annexe : Quelques titres d’articles de la presse écrite d’expression
française

 « Langues, école, identité ou l’auberge  « C’est le métissage des langues qui fait
espagnole (1ère partie) », Nadir notre identité algérienne depuis des
Marouf, Le quotidiend’Oran, 22 – 7 – siècles », Nadjia
2009 Bouzeghrane. El watan, 8 – 3 – 2019
 « Arabité et identité : réponse à  « Arabisation- baragouinisation »,
Djamel Labidi », Lahouari Addi, Le Mustapha Hammouche, Liberté, 3 – 7
Quotidien d’Oran, 7 – 1 – 2010 –2019
 « Langues, école, identité ou l’auberge  « La compétition entre le français et
espagnole (Suite et fin) », Nadir l'anglais en Algérie : quelques autres
Maarouf, Le quotidien d’Oran, 1 – 7 – éléments du débat », Belkacem Tayeb-
2013 Pacha, Le Quotidien d’Oran 24 – 7 –
 « De la problématique algérienne des 2019
langues d’enseignement », Rachid  « L’anglais… pour reproduire les
Brahmi (universitaire). Le Matin désastres de l’arabisation », Mouloud
d’Algérie, 30 – 7 – 2013 Meddi, El Watan, 19 – 8 – 2019
 « Enseignement de la langue anglaise :  « L’anglais à l’université, aucune
lancement d’un nouveau programme nécessité identifiée », Arezki
stratégique au profit de l’Education Amokrane, El Watan 27 – 8 – 2019
nationale », DJ H, Le temps d’Algérie,  « L’anglais pour remplacer le français :
10 – 9 – 2014 lecture et point de vue », Mohamed
 « Tamazight à l’école ou le test de Maiz, Quotidien Liberté 7 –8 – 2019
l’algérianité », Ahmed Tessa, Quotidien  « Langue : du conflit à la
Liberté, 11 – 5 – 2015 coopération », Kadour Naïmi, Le
 « L’autre histoire et la transformation Matin d’Algérie, 9 – 1 – 2018
linguistique », F. Hamitouche, Le  « Langues et (in)culture politique »,
Quotidien d’Oran, 14 – 11 – 2015 Mustapha Hammouche, Liberté, 23 – 7
 « Le choix des langues – 2019
d’enseignement et d’apprentissage :  « Le choix de l'anglais : l’autre
est-ce la principale cause d’échec lecture », Bouchikhi Nourredine, Le
scolaire de l’enfant ? », Meriem quotidien d’Oran, 24 – 7 – 2019
Stambouli, Le Quotidien d’Oran, 17 – 9  « Le faux débat sur les langues en
– 2015 Algérie », Farouk Lamine, Le quotidien
 « En Algérie, comment les pouvoirs d’Oran, 22 – 7 – 2019
des langues sont-ils partagés ? »,  « L’anglais opposé au français : l’autre
Amin Zaoui, Liberté, 2 – 7 – 2015 diversion », Abdelghani Aichoun, El
 « Apprendre dans sa langue Watan, 3 – 7 – 2019
maternelle », Hatem Youcef, Liberté, 6  « Le problème est en soi, pas dans le
– 8 – 2015 français », Abdelaziz Boubakir, El
 « La daridja, langue populaire Watan, 2 – 11 – 2019

25
algérienne, comme une marche »,  « Les langues étrangères interdites
Farouk Lamine, Le Matin d’Algérie, 17 dans les documents officiels », Souhila
– 8 – 2015 Hammadi, Liberté 24 – 7 – 2019
 « La langue maternelle, déjà acquise,  « Que nos autorités commencent
n’est pas à réapprendre à l’école », d’abord par instaurer l’enseignement
Nacira Zellal. El Watan, 2 – 8 – 2015 de la langue à l’école », Nacira
 « La première étape de l’excursion Zellal, el watan, 1 – 9 – 2019
linguistique en marche en Algérie »,  « Remplacer une langue conquise par
Rachid Brahmi, Le matin d’Algérie, 25 une langue à conquérir », Tayeb
– 8 – 2015 Kennouche, El watan, 10 – 7 – 2019
 « Cette langue n’est pas mienne mais  « La guerre entre le français et l’anglais
mon butin de guerre », Ali Akika, Le en terre d’Apulée sur un fond
Matin d’Algérie, 2 – 9 – 2016 islamique ! », Amin Zaoui, LeQuotidien
 « Plaidoyer pour la langue arabe (1) », Liberté, 18 – 7 – 2019
Maaradji Mohammed, Le Quotidien  « La langue n’est pas le seul facteur
d’Oran, 23 – 8 – 2016 déterminant dans les performances
 « Plaidoyer pour la langue arabe (2) », des systèmes éducatifs », Khaoula
Maaradji Mohammed, Le Quotidien Taleb Ibrahimi, El Watan, 10 – 7 –
d’Oran 24 – 8 – 2016 2019
 « Taqbaylit vs. amazigh/Tamazight »,  « École : arrêtons les massacres.
Mohand Tilmatine. Le Matin ‘’L’inglizia rahmat Rabi’’ » (1re partie),
d’Algérie le 23 – 3 – 2017 Ahmed Tessa, Le Soir d’Algérie, 04 – 9
 « Vers des avenirs durables grâce à – 2019
l’éducation multilingue », Rachid At  « La compétition entre le français et
Ali Qasi, Le Matin d’Algérie, 14 – 2 – l’anglais : pour un regard pragmatique
2017 de la question », Belkacem Tayeb-
 « L'identité otage de croyances Pacha, Le Quotidien d’Oran, 23 – 7 –
identitaires », Abdou Elimam, Le 2019
Quotidien d’Oran, 29 – 7 – 2019  « Des chercheurs dénoncent une
 « Plaidoyer pour l’enseignement des diversion : « Les promoteurs de
variantes de la langue amazighe », l’anglais obéissent à leurs maîtres du
Hafid Azzouzi, 30 – 11 – 2018 Golfe », Iddir Nadir, el watan, 6 – 8 –
 « Vers la suppression des langues 2019
étrangères », Fatima Aït Kkhaldoun-
arab, El Watan, 3 – 7 – 2018

Pour citer l’article :


Mohammed Zakaria ALI-BECHERIF (2020) : « L’identité linguistique mise en discours en
contexte multilingue algérien. Quelles actions pour quel développement durable ? », Repères
DoRiF, n° 21, Langues, linguistique et développement en milieu francophone. Des terrains
africains, DoRiF Università, Roma. (np.). [en ligne] : https://www.dorif.it/reperes/mohammed-
zakaria-ali-bencherif-lidentite-linguistique-mise-en-discours-en-contexte-multilingue-algerien-
quelles-actions-pour-quel-developpement-durable/

26

Vous aimerez peut-être aussi