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en sociolinguistique en 2000
avec des petits commentaires de
chaque reference.
Cet article propose une mise en perspective d’une méthodologie d’enquête menée
dans un milieu qui a la spécificité d’être de contact des langues parce qu’il est
question d’un espace plurilingue d’Afrique du nord : il s’agit de la ville d’Alger,
réputée de par son histoire par sa pluralité et sa richesse linguistique : « Tout comme
chez ses proches voisins du Maghreb, coexistent plusieurs variétés linguistiques ou
plutôt plusieurs sphères linguistiques » (Taleb -Ibrahimi, 1997 : 22). Il sera plus
précisément question d’une enquête menée dans l’un des quartiers dits « populaires
» de la capitale algéroise : Belouizdad appelé du temps de la colonisation et
aujourd’hui encore, par une grande partie des habitants, Belcourt. L’enquête, menée
par étape entre les années 2008 et 2010, devait répondre à des questionnements
formulés à partir d’une problématique qui s’inscrit en sociolinguistique urbaine.
Nous ambitionnons de savoir quels liens complexes, dialectiques, les habitants d’un
quartier d’Alger mis en mots dans les discours sur l'entité urbaine comme «
populaire » entretiennent entre les représentations socio - spatiales de leur quartier
et les représentations sociolinguistiques qu'ils y associent.
Si l’on est d’accord avec les sociolinguistes qui affirment que la notion de langue ne
peut modéliser les productions langagières des locuteurs dans leurs interactions
sociales, on ne peut également pas nier le fait que les fonctions que les langues
assument dans les enjeux sociaux majeurs leur offrent ces frontières contestées. En
nous appuyant sur une observation de certains aspects de la réalité sociolinguistique
mauricienne, nous avons voulu montrer, dans cet article, le rôle que joue la langue
créole dans la (dé)/ (re)structuration de la société mauricienne. Le créole qui,
pendant une courte période de l’histoire (sociolinguistique) mauricienne, a été
perçue comme l’outil pouvant assurer l’unité de la nation mauricienne est,
aujourd’hui, revendiqué comme l’instrument qui peut donner un fondement à
l’émergence du groupe ethnique créole. Seule cette analyse sociolinguistique peut
expliquer à la fois la demande sociale pour une langue dont les valeurs
instrumentales demeurent limitées dans une société qui connaît une forte mobilité
sociale et les pressions exercées sur l’Etat mauricien pour qu’elle soit standardisée.
L'auteur remet en question la manière dont nous considérons souvent une langue
comme une entité fixe et homogène. Il propose une approche alternative qui
examine la dynamique des contacts de langues et explore la complexité linguistique
qui en résulte. L'article suggère que plutôt que de se concentrer sur l'ordre
linguistique traditionnel, il est plus pertinent d'étudier le désordre linguistique qui
émerge lors des contacts entre les langues. L'approche fonctionnelle mise en avant
par l'auteur se concentre sur les fonctions que les langues et les pratiques
linguistiques remplissent dans les interactions sociales. Elle cherche à comprendre
comment les langues évoluent et se transforment en réponse aux situations de
contact. L'article propose également le concept de "linguistique douce" pour décrire
cette approche, mettant l'accent sur l'ouverture, la flexibilité et l'adaptabilité des
langues plutôt que sur des normes fixes et rigides. En explorant cette approche
fonctionnelle et le désordre linguistique résultant des contacts de langues, l'auteur
espère offrir de nouvelles perspectives théoriques en sociolinguistique. L'article met
en évidence l'importance de prendre en compte la complexité des interactions
linguistiques dans les études sociolinguistiques et de reconnaître que les langues
sont en constante évolution, influencées par les contacts et les échanges entre les
locuteurs.
Plus que toute autre langue régionale, la langue corse possède aujourd’hui un
certain droit de cité dans le paysage institutionnel national. Si l’on envisage sa
situation en fonction du point de la Charte européenne des langues minoritaires, sa
situation apparaît cependant plus précaire. Mais un second trait la singularise au
moins autant que le précédent : l’adoption à son bénéfice du concept de polynomie.
J.-B. Marcellesi définit les langues polynomiques comme des « langues dont l’unité
est abstraite et résulte d’un mouvement dialectique et non de la simple ossification
d’une norme unique, et dont l’existence est fondée sur l’affirmation massive de ceux
qui la parlent, de lui donner un nom particulier et de la déclarer autonome des
autres langues reconnues » (1984). Nous voudrions aujourd’hui faire un point sur
l’application de ce concept en milieu scolaire. A travers un certain nombre
d’interviews, conduites auprès de professeurs de collège ou de lycée, choisis en
fonction de critères particuliers, nous avons voulu savoir comment ils concevaient la
polynomie , comment ils la mettaient (ou non) en œuvre et comment ils
envisageaient son avenir. Nous avons également cherché à comprendre s’il s’agit au
bout du compte de l’enregistrement d’une situation de fait qu’il a fallu à un moment
donner théoriser, d’un objectif à atteindre ou bien encore d’un processus langagier
dont on peut éventuellement dégager une valeur paradigmatique.
Calvet, Louis-Jean, 1999, Pour une écologie des langues du monde. Paris, éd
Plon, p 304.
Un petit commentaire de la référence :
Cet ouvrage présente une réflexion théorique née de la prise en compte de terrains
sociolinguistiques aussi nombreux que variés. Il y a là le souci permanent d’allier
théorie et terrain, mérite qui participe d’évidence à la grande lisibilité du texte. Il est
important de noter que cette étroite articulation n’est pas seulement un choix
méthodologique, mais qu’elle s’impose en raison précisément de la vision théorique
proposée et défendue ici, sous l’intitulé Pour une écologie des langues du monde.