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Auteure :
Josette VIRASOLVIT
Enseignante, formatrice, coordinatrice at Alliance Ecoles, CNED, INRP, Université de
Bourgogne Région de Paris, France.
Résumé :
La ville de Tanger se veut plurilingue et cosmopolite : elle offre une situation
sociolinguistique où les langues occidentales ont un statut et des fonctions spécifiques. Cette
étude s'intéresse aux facteurs sociaux de l'échange langagier, de l’influence des
représentations sociales dans les pratiques langagières et met en exergue les effets de
l’absence de dirigisme en matière de politique linguistique nationale, sur les choix et
l’utilisation des langues occidentales par les locuteurs tangérois et sur le positionnement du
français.
"la situation humaine dans laquelle un individu ou un groupe sont conduits à utiliser
deux ou plusieurs langues".(Dubois, Guespin; Giacomo, Marcellesi, Mevel 1973)
"deux ou plusieurs langues sont dites en contact si elles sont alternativement utilisées
par les mêmes personnes".(Garrtiadi 1981 101- 102) p55
« L’acteur social construit, complète et fait évoluer ses représentations selon diverses
dimensions : le contexte, les relations entre les groupes sociaux, les nouvelles
idéologies et les décisions politiques. Ces représentations influent sur les formes des
discours, les choix sociolinguistiques des locuteurs. » p 62
« Elle est d'abord une passerelle entre le monde individuel et le monde social car
elle intervient dans l'assimilation des connaissances, l'élaboration psychologique
et sociale depuis l'enfance. Les représentations participent au codage et au
stockage des informations du savoir à long terme. Le processus individuel
d'appropriation et de restructuration du savoir est lié aux institutions sociales. »
p63
Types de représentations
«"On sait que "représentation" a partie liée, sans s'y confondre, avec mythe,
image, habitus, attitude, préjugé, etc... et qu'il est difficile de parvenir à
conceptualiser le terme. Ainsi le tiendrons-nous pour une "notion" opérante et
opératoire, à éclairer dans les différents champs où elle fonctionne. Champs des
épistémologies, ou des enquêtes et des analyses circonstanciées" . (Boyer, Peytard
1990 : 3) » p64
« "ce que les locuteurs disent, pensent des langues qu'ils parlent (ou de la façon
dont ils parlent/ et de celles que parlent les autres ou de la façon dont les autres
les parlent". (Calvet, Moreau 1998 : 7 ) »p 64
« Ces représentations sont issues des représentations initiales mais sont aussi "en
construction" et permettent d'intégrer la réalité sociale, les rapports sociaux en
évolution. Elles permettent à l'acteur social de spéculer, d’élaborer des stratégies
vers une meilleure efficacité de communication, vers un meilleur positionnement
social. » P64
« "... l’analyse du discours doit rendre compte des systèmes de signification sociale
dont la configuration langagière témoigne à la fois des pratiques des individus en tant
qu’ils sont des acteurs sociaux, et des représentations qu’ils construisent sur ces
pratiques. Autrement dit, les actes de langage, non seulement sont porteurs des
systèmes de valeur qui circulent dans un groupe social donné, mais ils expliquent,
voire motivent les comportements".(Bonnafous, Cliarendeau 1996 : 45) » p 67
« "...l’usage langagier n’est pas seulement une affaire de conformité aux normes de la
bienséance. C'est une façon de transmettre une information sur les croyances, les
valeurs et les attitudes qu’il faut d’abord découvrir par une recherche
ethnographique. Dans la vie de tous les jours, celles-ci définissent les postulats sous-
jacents qui permettent aux participants d’inférer ce qu’ils veulent dire (Blom et
Gumperz 1972)".(Gumperz 1989 : 25) » p67
« Les locuteurs sociaux tangérois sont appréhendés. Les groupes d'acteurs que nous
choisissons d'étudier s'inscrivent dans l'approche suivante :
Ce sont des groupes sociaux réunis par leur niveau d'étude, leur profession, leur âge,
il s'agit de groupes sociaux économiques.
"définis par leur place dans le système de production sociale" et répartis "en rapport
étroit avec la question du lien entre structure sociale et structure linguistique".(Chiss
1978 : 107- 108 T2) » p68
(voisins, lieux publics, rue) et professionnels. (par ethnie, par quartiers). » P68
Nous lions le système global dans ses aspects langagiers, sociaux et politiques de type
macrosociolinguistique, aux aspects microsociolinguistiques des interactions au
quotidien des groupes de locuteurs.
- La macrosociolinguistique :
"Une analyse de type macro permet donc de dégager une sorte de norme sociale par
rapport à laquelle l'analyse des comportements et des attitudes à un niveau micro,
permet de positionner les individus".(Juillard 1995 : 79) p69
« Les représentations sociales de type "macro", sont omniprésentes car issues du
passé, influencées par des normes sociales. C’est le sens partagé, les valeurs sociales
du développement de l’identité culturelle, des pratiques langagières de ce réseau. Il
favorise la valorisation positive de certains aspects fondamentaux et formels et les
attitudes vis-à-vis des langues. » p69
« Les représentations "macro" et "micro" sont portées par une structure en évolution,
celle du système. »p70
« Les représentations positives renchérissent entre réseaux, les représentations
négatives amortissent le processus. » P70
« La façon dont chacun voit le système social dans lequel il vit, évolue, se modifie au
contact de l'expérience […] Les représentations influencent les motivations, les
stratégies dans les choix d'échanges langagiers, influencent l’équilibre et l'évolution
des usages, les champs d’action langagiers occidentaux en vigueur dans le système
tangérois. » P85
Echantillon caractéristique :
Nous récoltons, sur le terrain, les manifestations des choix langagiers afin de :
dégager les critères président à ces choix ; P91
déterminer ce qu’ils révèlent du rôle, de la place, des usages, des fonctions et
partant de l’évolution de la place des langues occidentales les unes par
rapport aux autres. P92 (revoir cette partie)
« Pour cela nous situons brièvement notre échantillon dans les caractéristiques
majeures des ensembles sociaux du système social national et explicitons certaines
ambiguïtés dans nos regroupements, les éventuels indicateurs d'une spécificité
tangéroise et leur pertinence pour notre étude. » p92
Le caractère dominant de la société dans laquelle s'insère cette étude est donc la
complexité. P93
« Le secteur de Tanger concerné par nos entretiens se compose des quartiers suivants
: Centre Ville, Ville Nouvelle, Médina, Kasbah, Marshan. mais aussi le port, le front
de mer, lieux d'interaction entre les groupes. » p96
L’enquête s’est déroulée sur deux années scolaires (98/99 et 99/00) à l'occasion de
quatre séjours annuels brefs (environ 15 jours à chaque fois) à Tanger. P97
Présentation de l’échantillon des entretiens P98
« Ces acteurs sociaux donnent, nous le verrons, leur propre définition d’eux- mêmes.
ont conscience de devoir beaucoup à la ville et ses représentations, sont défenseurs
des valeurs de tolérance et de pluriculturalisme. » P100
« Les commerçants berbères : Nous nous sommes rendue compte, au fur et à mesure
des entretiens, que les commerçants berbères formaient à eux seuls un groupement
important et original mais assez peu spécifique de Tanger. » p101
« Ces regroupements nous paraissent représentatifs de ceux qui utilisent au moins
deux langues occidentales'1 dans la vie courante. Au fur et à mesure de l’analyse nous
affinons et justifions nos choix. » P101
« Le problème des biais : L'entretien se déroule en français. Cela entraîne bien
évidemment une présélection d’un public francophone. Mais ce point fait partie
intégrante du processus. En effet, l’étude des utilisateurs du français est au centre de
notre recherche et nous ne connaissons pas de cas de plurilinguisme de langues
occidentales qui n’inclurait pas le français. » p104
« La société de référence est, nous le rappelons ici, une société nord-africaine et
musulmane. Nous partons de données communes aux locuteurs : un savoir^- commun,
tacite de la communication dans leur cadre social. » P104
« La politesse se fonde sur la notion de "face" pour préserver la face positive ou la
face négative (Lakoff, Brown et Levinson 1983). Dans notre cas, elle n’est pas un
élément rajouté mais un constituant essentiel, porteur de valeurs identitaires dans le
système social. » p105
Chaque acteur social cherche, dans la rencontre, à donner une image valorisée de
lui-même, de son groupe et à garder une maîtrise des impressions qu’il produit, ceci
afin de préserver cette "face" ». P105