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FICHE DE LECTURE

Titre : LA DYNAMIQUE DES REPRESENTATIONS SOCIOLINGUISTIQUES EN


CONTEXTE PLURILINGUE : Le cas de Tanger

Auteure : Josette VIRASOLVIT

L’Harmattan, juin 2005 Paris

Nombre de pages : 216 p

Auteure :
Josette VIRASOLVIT
Enseignante, formatrice, coordinatrice at Alliance Ecoles, CNED, INRP, Université de
Bourgogne Région de Paris, France.

Résumé :
La ville de Tanger se veut plurilingue et cosmopolite : elle offre une situation
sociolinguistique où les langues occidentales ont un statut et des fonctions spécifiques. Cette
étude s'intéresse aux facteurs sociaux de l'échange langagier, de l’influence des
représentations sociales dans les pratiques langagières et met en exergue les effets de
l’absence de dirigisme en matière de politique linguistique nationale, sur les choix et
l’utilisation des langues occidentales par les locuteurs tangérois et sur le positionnement du
français.

L es citations qui ont rapport avec mon thème:


Introduction :
 « Les représentations sont issues du passé, mais aussi construites dans les actions
récentes, présentes dans les décisions politiques et dans les choix des pratiques
langagières. Nous pensons que ces représentations jouent un rôle important dans les
motivations, actes et positionnements de l’acteur social, qu’elles ont une influence
dans les choix de langues et dans les discours produits en situation de
communication, des positionnements et actes nouveaux vis-à-vis des langues générant
à leur tour de nouvelles représentations, ce que nous essayons de faire émerger ». p 09

ANCRAGE THEORIQUE : domaine de recherche et d’analyse


 « "la sociolinguistique est [...] une linguistique qui situe son objet dans l'ordre du
social et du quotidien, privé, politique, action, interaction pour étudier les variations
dans l'usage des mots, les rituels de conversation, les situations’ de communication,
les institutions de la langue, les phénomènes collectifs liés aux
plurilinguismes...".(Boyer 1991 : p5) » p54

2.2.1- Le contact des langues :

 « La société (tangéroise, terrain de notre étude, se caractérise par un cadre


communicatif permettant des échanges de type plurilingue. […] le rapport société
langage est traditionnellement complexe et exacerbé car il contient, de par sa
constitution même, des éléments de cohabitation, des enjeux identitaires et
politiques. » p 55

 "la situation humaine dans laquelle un individu ou un groupe sont conduits à utiliser
deux ou plusieurs langues".(Dubois, Guespin; Giacomo, Marcellesi, Mevel 1973)

"deux ou plusieurs langues sont dites en contact si elles sont alternativement utilisées
par les mêmes personnes".(Garrtiadi 1981 101- 102) p55

 « Le contact des langues de la situation plurilingue devrait aussi impliquer


l'alternance codique. "L’alternance codique (code-switching) consiste à passer d’une
langue à une autre au sien d’un échange ou d’un énoncé"(Traverso 1999 :10. » P55

 « L’alternance codique dans la conversation peut se définir comme la juxtaposition à


l’intérieur d’un même échange verbal de passages où le discours appartient à deux
systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents. Le plus souvent l’alternance
prend la forme de deux phrases qui se suivent. Comme lorsqu’un locuteur utilise une
seconde langue soit pour réitérer son message soit pour répondre à l’affirmation de
quelqu’un d’autre".(Gumperz 1979 : 57) » p56

 « Dans l’interprétation des messages chargés en alternance codique il y a une part


importante de contexte verbal, de présupposés sociaux et de connaissances sous-
jacentes au locuteur et à son histoire linguistique propre (âge, mode, lieu, temps et
conditions d’acquisition), de la situation immédiate, du sujet traité, de l'attention
portée, etc. » p56

 « "L'approche sociolinguistique ne peut être dissociée- l'histoire l'a prouvé partout-


de l'approche politique ...".(Dumont, Maurer 1995 : 63)
 « Nous nous positionnons d’abord par rapport au domaine des politiques de la
langue. Une politique linguistique assigne un statut officiel à une ou des langues, est
portée et alimentée par des valeurs sociolinguistiques, des attitudes, une idéologie et
cherche généralement à modifier les représentations communautaires en usage. Elle
s'inscrit toujours dans le cadre d'un marché linguistique local, national et
international avec ses usages, ses représentations et ses tensions, ses approches plus
ou moins assumées, plus ou moins consensuelles. Interviennent aussi des dimensions
démographiques, migratoires, historiques, idéologiques, économiques et sociales. »
p 58

2.3- Les représentations :

 « L’acteur social construit, complète et fait évoluer ses représentations selon diverses
dimensions : le contexte, les relations entre les groupes sociaux, les nouvelles
idéologies et les décisions politiques. Ces représentations influent sur les formes des
discours, les choix sociolinguistiques des locuteurs. » p 62

 Ce champ des représentations sociolinguistiques est original et issu de la psychologie


sociale :

 « "On peut raisonnablement considérer que les représentations de la langue ne sont


qu'une catégorie de représentations sociales : même si la notion de représentation
sociolinguistique, d'un point de vue épistémologique, fonctionne de manière autonome
dans certains secteur des sciences du langage, il convient de situer la problématique
des "représentations" par référence son champ disciplinaire originel : la psychologie
sociale". (Boyer 1990 : 102) » p 63

 « "Cette notion des représentations sociales dont la paternité revient à E. Durkeim


doit largement sa fortune à la psychologie sociale et, en particulier, aux travaux de P.
Marcovici et à toute une tendance de cette branche de la psycholinguistique qui étudie
précisément les représentations sociales".(Calvet 1987 : 15) » p 63

 « Les représentations sociales sont :

"une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée


pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble
social".(Jodelet 1989 : 36) et

"La particularité de l’étude des représentations sociales est d’intégrer dans


l’analyse de ces processus l’appartenance et la participation sociales ou
culturelles du sujet".(Jodelet 1989 : 43) » p 63
 « Le terme de représentation est donc forcément polysémique et intéresse toutes les
sciences humaines, du psychologique au social. La représentation peut être
individuelle, sociale, collective, les unes influant sur les autres. » p 63

 « Elle est d'abord une passerelle entre le monde individuel et le monde social car
elle intervient dans l'assimilation des connaissances, l'élaboration psychologique
et sociale depuis l'enfance. Les représentations participent au codage et au
stockage des informations du savoir à long terme. Le processus individuel
d'appropriation et de restructuration du savoir est lié aux institutions sociales. »
p63

 « La représentation sociale remplit des fonctions dans le maintien de l'identité


sociale et de l'équilibre sociocognitif, dans la protection et la légitimation de la
conduite, l'ancrage de la relation sociale. En sociolinguistique elle privilégie le
caractère dynamique, actif, conflictuel, interactif de la réalité sociale. Ainsi le
stéréotype est un fait social, étroitement lié à la stratification sociale et à la
position des sujets. (Labov 1978) » p 63

Types de représentations

 L’imaginaire des langues avec un rapport affectif à la langue. P63

 «"On sait que "représentation" a partie liée, sans s'y confondre, avec mythe,
image, habitus, attitude, préjugé, etc... et qu'il est difficile de parvenir à
conceptualiser le terme. Ainsi le tiendrons-nous pour une "notion" opérante et
opératoire, à éclairer dans les différents champs où elle fonctionne. Champs des
épistémologies, ou des enquêtes et des analyses circonstanciées" . (Boyer, Peytard
1990 : 3) » p64

 « "Les notions de représentation et d'imaginaire langagiers désignent l'ensemble


des images que les locuteurs associent aux langues qu'ils pratiquent, qu'il s'agisse
de valeur, d'esthétique, de sentiment normatif, ou plus largement
métalinguistique". (Branca- Roscoff 1996 : 79) » p64

 « Une première représentation qu'a l'acteur social est la représentation


linguistique : il y a évaluation des productions linguistiques dans les pratiques
d'interaction. "Tout usage linguistique est automatiquement accompagné de sa
représentation et l’interaction entre les pratiques et la représentation de ces
pratiques constituent un ensemble indissociable". (Perrefort 1997 :52) »p64
Les représentations c'est aussi :

 « "ce que les locuteurs disent, pensent des langues qu'ils parlent (ou de la façon
dont ils parlent/ et de celles que parlent les autres ou de la façon dont les autres
les parlent". (Calvet, Moreau 1998 : 7 ) »p 64

 « Ces représentations sont issues des représentations initiales mais sont aussi "en
construction" et permettent d'intégrer la réalité sociale, les rapports sociaux en
évolution. Elles permettent à l'acteur social de spéculer, d’élaborer des stratégies
vers une meilleure efficacité de communication, vers un meilleur positionnement
social. » P64

 « Ces représentations permettent de comprendre la vie sociale en train de


changer, d'intégrer les innovations, les nouveaux éléments de connaissance par
rapport aux points de référence. Elles permettent à l'acteur social d'interpréter les
événements et les situations. » p65

 « Les représentations en évolution sont aussi alimentées globalement par les


discours médiatiques, la famille, les stratégies et les décisions politiques, et au
quotidien par l'attitude des réseaux. » p65

 « Les usages et les comportements sociolinguistiques entretiennent les


représentations et en retour, le poids des représentations sociolinguistiques sur
ces usages et comportements, sont des facteurs essentiels de la diffusion, des
attitudes standard et des idéologies. » p65

Les représentations politiques :

 « L'aspect économique des représentations est lié à ces choix et fonctions, il y a le


"prix" des langues. » p65

 « Certains groupes socioprofessionnels ont une influence déterminante sur la


diffusion et l’évolution des représentations comme les économistes, les politiciens
mais également les enseignants, les journalistes. » p65

 « Les niveaux d'acceptabilité dans les représentations en construction, c'est-à- dire la


relation entre l'habitude historique, culturelle du système tangérois et la situation
actuelle avec les bouleversements idéologiques et économiques qui affectent le
système national, leur mise en relation avec la réalité des échanges langagiers au
quotidien, devraient permettre de faire émerger, dans la société tangéroise, de
nouvelles tendances dans le positionnement des locuteurs face aux langues
occidentales. » P66

Modèles de l'analyse de la communication sociale langagière : L’analyse de contenus

 « "... l’analyse du discours doit rendre compte des systèmes de signification sociale
dont la configuration langagière témoigne à la fois des pratiques des individus en tant
qu’ils sont des acteurs sociaux, et des représentations qu’ils construisent sur ces
pratiques. Autrement dit, les actes de langage, non seulement sont porteurs des
systèmes de valeur qui circulent dans un groupe social donné, mais ils expliquent,
voire motivent les comportements".(Bonnafous, Cliarendeau 1996 : 45) » p 67

 « L’analyse des discours complets authentiques de type entretiens en face à face,


conversations naturelles, débat, textes, a permis le développement des concepts de
politesse,(Lakoff, 1975, Brown et Levinson 1978), de conflits, tensions, malentendus,
distribution du pouvoir (Fishman 1983), les stratégies, d’analyser les rituels de
communication, la "face", la pragmatique des interactions, les représentations, la
gestuelle, la proxémie, la voix, le débit, le rythme, tout ce qui est constitutif du rôle
social du langage, les stratégies discursives et la manière de les interpréter.(Gumperz,
Goffman) »p67

 « "...l’usage langagier n’est pas seulement une affaire de conformité aux normes de la
bienséance. C'est une façon de transmettre une information sur les croyances, les
valeurs et les attitudes qu’il faut d’abord découvrir par une recherche
ethnographique. Dans la vie de tous les jours, celles-ci définissent les postulats sous-
jacents qui permettent aux participants d’inférer ce qu’ils veulent dire (Blom et
Gumperz 1972)".(Gumperz 1989 : 25) » p67

 « L'acteur social parle du cadre de son discours plurilingue et des situations


d'échanges sociaux, de son positionnement face à la diversité langagière, à la façon
dont il la prend en charge, sa vision et sa gestion consciente ou non du champ d'action
des langues occidentales en présence. » p67
 « Ainsi que le dit Boyer (1996 : 25), l’échange "ne se limite pas à un mécanisme
d'encodage et de décodage d'une information circulant à travers un message limpide
entre deux partenaires "sur la même longueur d'ondes" et partageant totalement un
code linguistique homogène" et "la prise en compte des implicites est également
fondamentale pour traiter correctement l'activité de parole : qu'il s'agisse des
implicites qui tiennent à une appartenance ethno socioculturelle, ou des implicites qui
relèvent de rapports interpersonnels on ne peut négliger cette dimension souvent
déterminante de la communication". » P67

 « Les locuteurs sociaux tangérois sont appréhendés. Les groupes d'acteurs que nous
choisissons d'étudier s'inscrivent dans l'approche suivante :
Ce sont des groupes sociaux réunis par leur niveau d'étude, leur profession, leur âge,
il s'agit de groupes sociaux économiques.
 "définis par leur place dans le système de production sociale" et répartis "en rapport
étroit avec la question du lien entre structure sociale et structure linguistique".(Chiss
1978 : 107- 108 T2) » p68
 (voisins, lieux publics, rue) et professionnels. (par ethnie, par quartiers). » P68

L'articulation du modèle d'analyse

 Nous lions le système global dans ses aspects langagiers, sociaux et politiques de type
macrosociolinguistique, aux aspects microsociolinguistiques des interactions au
quotidien des groupes de locuteurs.
- La macrosociolinguistique :
 "Une analyse de type macro permet donc de dégager une sorte de norme sociale par
rapport à laquelle l'analyse des comportements et des attitudes à un niveau micro,
permet de positionner les individus".(Juillard 1995 : 79) p69
 « Les représentations sociales de type "macro", sont omniprésentes car issues du
passé, influencées par des normes sociales. C’est le sens partagé, les valeurs sociales
du développement de l’identité culturelle, des pratiques langagières de ce réseau. Il
favorise la valorisation positive de certains aspects fondamentaux et formels et les
attitudes vis-à-vis des langues. » p69

 « Du côté de la microsociolinguistique les phénomènes « micro » comprennent les


interactions langagières, les relations interpersonnelles (Gumperz1979) » p69. Les
attitudes, les actions des locuteurs sont déterminantes (évolution du genre de vie,
démographie, économie, politique) et les représentations sur les contacts, le linguiste,
les stratégies discursives l'interaction quotidienne, représentations du cadre global,
représentations ou du moins se transforment d'anciennes. » P69
 « Cette interaction langagière est dynamique, peut révéler de nouvelles variables et
tendances dans le choix des acteurs, faire émerger de nouvelles représentations, de
nouvelles dynamiques quant aux statuts, fonctions et usage de ces langues. »p70

 « Les représentations "macro" et "micro" sont portées par une structure en évolution,
celle du système. »p70
 « Les représentations positives renchérissent entre réseaux, les représentations
négatives amortissent le processus. » P70

 Les politiques linguistiques des langues occidentales en présence.


 Les politiques linguistiques de la francophonie.
 « Les représentations, associées à la langue française, entrent dans celles
du système national et du système tangérois. » p 72
 Nouvelles acceptions et nouvelles représentations. P75
 L’évolution des représentations. P76
 Le positionnement face à l'anglais. P78
 L -Arabisation et éducation. P79
 Francophonie et arabisation : deux systèmes en présence. P80
 CONCLUSION de première partie.

 « La façon dont chacun voit le système social dans lequel il vit, évolue, se modifie au
contact de l'expérience […] Les représentations influencent les motivations, les
stratégies dans les choix d'échanges langagiers, influencent l’équilibre et l'évolution
des usages, les champs d’action langagiers occidentaux en vigueur dans le système
tangérois. » P85

DEUXIEME PARTIE : ENQUETE / ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES /


SYNTHESE ET COMPARAISON AVEC L’HYPOTHESE DE DEPART

 L'objet de notre étude est de prendre la mesure de cette tradition plurilingue en


déterminant l’influence des représentations, l’influence des apports et des pertes au
système tangérois.
 Nous partons donc de la nature sociale du langage en observant l'usage que font
les acteurs sociaux tangérois des variétés linguistiques à leur disposition et ce qui
conditionne cet usage :
 Nous nous demandons comment et vers quoi les représentations, les fadeurs en jeu
dans le système tangérois font évoluer la place, le rôle respectif des langues en
présence, selon quels objectifs et pour quelles classes sociales.
 Nous nous demandons en quoi les représentations qui ont cours consolident les
représentations initiales. Nouvelles représentations peuvent, dans ce cadre tangérois,
participer en la gênant ou en l’aidant à l’utilisation et au développement d'une (de)
langue(s) étrangère(s) par rapport aux autres.
 les choix que le locuteur tangérois fait des langues, pour quelles fonctions,
 la recherche des schémas, les règles, les stratégies des interactions ;
 les motivations, influences qui interviennent dans le choix des langues à sa
disposition ;
 la représentation explicite ou en filigrane dans le discours, la conscience ou non
de ces actions, de cette situation ;
 les effets de l'appartenance du locuteur à une communauté, de l’utilisation de
plusieurs systèmes langagiers.
 Dans l’enquête de terrain, ces axes sont abordés par rapport au français : nous
cherchons à savoir comment, à Tanger, le Français est vécu et perçu, comment il est
utilisé et par qui, dans quels champs d'action, si sa position profite ou pâtit de ce
plurilinguisme et de ce libéralisme. P 91

Echantillon caractéristique :

Nous récoltons, sur le terrain, les manifestations des choix langagiers afin de :
 dégager les critères président à ces choix ; P91
 déterminer ce qu’ils révèlent du rôle, de la place, des usages, des fonctions et
partant de l’évolution de la place des langues occidentales les unes par
rapport aux autres. P92 (revoir cette partie)

L’organisation sociale : notre positionnement

 « Pour cela nous situons brièvement notre échantillon dans les caractéristiques
majeures des ensembles sociaux du système social national et explicitons certaines
ambiguïtés dans nos regroupements, les éventuels indicateurs d'une spécificité
tangéroise et leur pertinence pour notre étude. » p92

 « Nous avons pris l’expression "classe sociale" comme définissant un groupement


d’hommes ayant un sentiment d’appartenance, ayant en commun une manière d’agir,
des attitudes semblables, des représentations sociales engageant la façon de vivre de
ses membres, une échelle de prestige -où l’ethnie, la famille mais également la
profession ont une importance. » P92
 « Ces villes se caractérisaient par la juxtaposition de lignages patrilinéaires, de jeux
d’alliances, la cohésion économique et sociale du groupe, les terres et le pouvoir aux
grandes familles. Cette organisation est ainsi restée vivante, avec son caractère
ethnique par quartier, ses corps de métiers et ses chefs de corporations regroupés par
rues et par métiers. » p92

Le caractère dominant de la société dans laquelle s'insère cette étude est donc la
complexité. P93

 « En effet, les situations d'utilisation des langues occidentales étant massivement


sociales, nous ne nous adressons pas à des individus mais à des représentants de
groupes de réseaux, au fil des quartiers, des associations, également sous forme de
rencontres fortuites. » p96

 « Le secteur de Tanger concerné par nos entretiens se compose des quartiers suivants
: Centre Ville, Ville Nouvelle, Médina, Kasbah, Marshan. mais aussi le port, le front
de mer, lieux d'interaction entre les groupes. » p96
 L’enquête s’est déroulée sur deux années scolaires (98/99 et 99/00) à l'occasion de
quatre séjours annuels brefs (environ 15 jours à chaque fois) à Tanger. P97
 Présentation de l’échantillon des entretiens P98
 « Ces acteurs sociaux donnent, nous le verrons, leur propre définition d’eux- mêmes.
ont conscience de devoir beaucoup à la ville et ses représentations, sont défenseurs
des valeurs de tolérance et de pluriculturalisme. » P100
 « Les commerçants berbères : Nous nous sommes rendue compte, au fur et à mesure
des entretiens, que les commerçants berbères formaient à eux seuls un groupement
important et original mais assez peu spécifique de Tanger. » p101
 « Ces regroupements nous paraissent représentatifs de ceux qui utilisent au moins
deux langues occidentales'1 dans la vie courante. Au fur et à mesure de l’analyse nous
affinons et justifions nos choix. » P101
 « Le problème des biais : L'entretien se déroule en français. Cela entraîne bien
évidemment une présélection d’un public francophone. Mais ce point fait partie
intégrante du processus. En effet, l’étude des utilisateurs du français est au centre de
notre recherche et nous ne connaissons pas de cas de plurilinguisme de langues
occidentales qui n’inclurait pas le français. » p104
 « La société de référence est, nous le rappelons ici, une société nord-africaine et
musulmane. Nous partons de données communes aux locuteurs : un savoir^- commun,
tacite de la communication dans leur cadre social. » P104
 « La politesse se fonde sur la notion de "face" pour préserver la face positive ou la
face négative (Lakoff, Brown et Levinson 1983). Dans notre cas, elle n’est pas un
élément rajouté mais un constituant essentiel, porteur de valeurs identitaires dans le
système social. » p105
 Chaque acteur social cherche, dans la rencontre, à donner une image valorisée de
lui-même, de son groupe et à garder une maîtrise des impressions qu’il produit, ceci
afin de préserver cette "face" ». P105

L’ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES P107


La récolte des données et leur analyse associent :
 la partie macro-sociolinguistique : les représentations initiales issues du passé de
Tanger; un système de politique linguistique nationale sans légifération ; les
politiques linguistiques dont celles de la francophonie ; la langue française en
situation libérale plurilingue de langues occidentales cohabitant avec une langue
occidentale autre que l'anglais.
 et la partie micro-sociolinguistique avec les échanges plurilingues de vie courante.
En analysant le discours obtenu nous essayons de déterminer :
 -la part des valeurs, des choix associés aux langues, occidentales et -issus des
représentations initiales ;
 -la part que ces représentations initiales ont dans la répartition, l'appropriation, les
circuits de pratiques, les fonctions des langues occidentales ;
 -le lien avec les représentations en construction, leur rôle dans l’équilibre du système
tangérois ;
 -les fonctions dominantes des langues occidentales ;
 -les fonctions dominantes du français éclairé par ces langues occidentales.
 Nous croisons ces données avec celles des variables sociales, plus particulièrement
celle de l’âge (avec la diachronie suivante : les locuteurs âgés, adultes et les
adolescents) et celle des catégories sociales.
 Nous voyons si de nouvelles représentations émergent de la situation initiale,
comment elles se révèlent dans l’expansion ou la régression, l'utilisation au cours des
interactions de vie courante et dans les choix à plus long terme des langues
occidentales, comment elles transforment le système tangérois.
 Les critères de sélection de l’échantillon (utilisation courante d'au moins deux langues
occidentales) ne s'appliquent qu'au "centre", celui qui a été le plus animé durant la
période internationale et qui correspond à l'ancienne configuration de la ville. Les
autres communes des quartiers de la nouvelle immigration périphériques (où les
langues occidentales ne sont pas utilisées dans ces classes moyennes et du prolétariat)
ne participent pas à ces représentations plurilingues, n'utilisent pas les langues
occidentales en dehors des îlots spécifiques tels que les sièges administratifs avec
leurs décideurs et responsables. P 109
2.1- Variables sociales et lignes de force
 « La description des variables sociales par rapport aux langues permet de repérer les
comportements, les positionnements, les prises de décisions des locuteurs dans la
réalité de leurs pratiques véritables, l’influence des représentations initiales. Ces
informations sur les variables sociales permettent une bonne récolte sur les
représentations qui sont ainsi repérées "en creux" dans les prises de conscience
progressives des acteurs, dans les implicites du discours produit, telles qu’elles
affleurent dans le discours des entretiens. »p 110
 « Nous incluons les variables suivantes : l'âge, le sexe, la situation familiale, l'origine
ethnique, la nature du réseau, le niveau scolaire, la raison sociale, le niveau
professionnel et les revenus, les liens divers avec la culture occidentale, le style de vie
(occidental ou traditionnel), les apports extérieurs au système tangérois, sans oublier
les échanges avec les étrangers présents dans la ville et l'utilisation des langues
occidentales par les natifs tangérois entre eux. »p110
 « Les lycéens de la filière marocaine, s’ils regardent la télévision dans toutes les
langues à disposition et écoutent la radio, communiquent rarement avec les étrangers
et ne parlent pas les langues occidentales en dehors des cours de langues. »
 « Les "post lycéens marocains" ont eu une appropriation du français au cours de leur
scolarité mais ne pratiquent pas la langue, encore que ce soit très inégal en fonction
de leurs choix professionnels. » P113
 « La bourgeoisie aisée, les intellectuels, continuent de faire leurs choix sur le marché
plurilingue à disposition (filières française, espagnole et américaine), »p 116
 « Le fait que la variable âge ait une importance majeure dans l'évolution des choix,
dans l’appropriation et l'utilisation des langues occidentales semble être un indice fort
de déséquilibre du système tangérois. »p116
 « Deux données se croisent : plus les gens sont âgés, plus ils connaissent de langues et
les pratiquent ou se donnent l'occasion de les pratiquer, ceci pour toutes les couches
sociales mais plus les gens sont jeunes, moins ils connaissent de langues étrangères et
moins ils les pratiquent. » P116
 « Ce facteur de l’évolution des répartitions langagières dans l’appropriation, est
renforcé par l’aspect économique. » P117
2.2-L’équilibre plurilingue tangérois : liens entre représentations initiales,
construites et en construction
 « Nous avons vu en première partie la part importante accordée aux représentations
initiales dans les discours obtenus. Quel rôle jouent-elles encore dans l’équilibre
plurilingue tangérois ? Permettent-elles de le dynamiser ou sont-elles facteur de
fragilisation ? Quelle conscience en ont les acteurs tangérois ? Quelles passerelles
s’établissent vers les représentations en construction ? » P119
 « Etre cosmopolite c’est "entendre parler plusieurs langues dans la rue". P120

Les représentations plurilingues et le rôle des médias


 « Ce sont les médias audiovisuels et les médias écrits en langue française, anglaise ou
espagnole qui entretiennent, diffusent ces représentations initiales transmettent cet
héritage, font le lien avec le présent, interprétant les événements contemporains.
comme signes de maintien des représentations initiales. 11 en va de même pour les
médias audiovisuels de Tanger en langue française. »p123
 « Cette parole publique a un rôle d'entretien des mythes et légendes. Le rôle des
médias est doublement important car ils contribuent largement à l’appropriation du
code oral des langues occidentales, à la construction de nouvelles représentations en
lien avec les représentations initiales. » p123
 « La radio est écoutée dans les boutiques, les kiosques, les étals du marché, que ce
soit l’espagnole, la française ou l’arabe. » p123
 « Les commerçants disent écouter la radio "à longueur de journée" dans leurs
boutiques et c'est désormais leur contact majeur avec les langues étrangères Car
"l'occasion (est) rare de pratiquer de temps en temps avec les clients étrangers", "ta
radio au marché c'est important" "on écoute les matchs en français, en espagnol et
quand c'est la coupe d'Afrique en arabe" B2. P123

2.2.4- Rôle de l’alternance codique, francarabe et mélanges de Tanger


 «La compétence plurilingue tangéroise passe par un aspect original qui est le respect,
la valorisation et l’entretien de l’alternance codique (arabe, espagnol, français) et
vient ainsi renforcer les symboles de cosmopolitisme, de liberté, de tolérance. »p126

 « Shana Poplack (1988) traduit "code switching" par "parler alternant",


"l'alternance" portant sur le changement de syntaxe et "l'emprunt" sur le lexique.
Cette alternance se produit à un moment de la chaîne parlée. Il peut y avoir
l'alternance fluide, c'est-à-dire absence de signalisation dans le changement ou/et
l’alternance balisée annonçant le changement de langue. » p126
 « L’alternance et les emprunts n’ont pas le même usage ni la même ampleur selon les
catégories sociales. Il existe une pratique de l’alternance et de l’emprunt entre élites
qui est un choix délibéré fait de connivences, volonté de montrer son appartenance à
un groupe, d'y associer des modes de pensées, des valeurs, lui conférer un rôle
ludique et créatif. » P126

Alternance et norme, compétence de communication P128


 « L’acteur social procède à des choix en fonction de l'efficacité d’interaction et en
optimisant les contraintes lexicales et morphosyntaxiques de la langue, des langues
qu'il a à disposition. La pratique de cette communication est essentiellement
pragmatique. » P132

Evolution des représentations et réseaux plurilingues représentation en défaveur du


plurilinguisme, nouvelles valeurs P140
SYNTHSE ET COMPARAISON AVEC L’HYPOTHESE DE DEPART P149
 « l'autre de type macro sociolinguistique dans l’analyse des choix globaux des
locuteurs, leurs choix éducatifs et de scolarisation pour les enfants, leur
positionnement dans l’adéquation entre le système national, les systèmes occidentaux
dont celui de la francophonie et les spécificités du système tangérois. » p151
 « cosmopolitisme de Tanger sont toujours très vivaces, la délimitation même du
périmètre des entretiens, la variable âge, les conditions d’appropriation, les circuits
de parole, le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques des langues, les
comportements plurilingues actuels face au système national font apparaître des
représentations, des valeurs nouvelles et de nouveaux choix langagiers qui ne sont
pas en faveur du Si l'exploration a montré que les représentations associées au
plurilinguisme et au maintien du plurilinguisme tangérois. » P151
Impact neutralisant des représentations, banalisation des spécificités de change
langue
 « Ce qui ressort du discours des acteurs sociaux, nous l’avons vu, est que les
représentations issues du passé sont bien présentes en ce sens que les liens entre le
présent et le passé sont constamment réactivés dans le discours. » P153
 « Ces représentations font partie d'une expérience initiale, apprise et construite
historiquement, développée à travers une suite d’événements historiques, étayée par
des expériences sociales partagées par les acteurs sociaux, consolidée, confortée par
l’opinion occidentale, confrontée ensuite au quotidien, réactivant en permanence les
valeurs partagées d'un cosmopolitisme à portée universelle. » P154
CONCLUSION GENERALE P183
 « Tanger était en cela une situation riche et originale, chargée en représentations
collectives profondément ancrées dans son histoire, avec pour mode de
fonctionnement une politique linguistique libérale, sans tensions ou conflits
apparents. »
 « Tanger nous a ainsi paru offrir un terrain privilégié, en ce sens qu’il permet
d’observer et d’analyser le rôle des langues occidentales et plus particulièrement du
français, dans la relation entre les interlocuteurs, dans leurs fonctions de vie
courante, de dégager l’évolution du système tangérois, face à une politique
linguistique nationale apparemment libérale. » P185

 « Les acteurs sociaux tangérois revendiquent toujours les pratiques plurilingues,


celles de la période internationale, véhiculées par les représentations cosmopolites et
en effet, à l’issue de notre exploration Tanger apparaît comme une société autonome,
originale, formant un système équilibré, offrant une utilisation orale des langues
occidentales acquises essentiellement au contact, accessibles à toutes les catégories
sociale, en continuité avec son passé. » P186

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